Dictionnaire Infernal Ou Répertoire Universel

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Dictionnaire infernal, ou

Répertoire universel des


êtres, des personnages, des
livres, des faits et des choses
qui [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Collin de Plancy, Jacques-Albin-Simon (1794-1881). Auteur du
texte. Dictionnaire infernal, ou Répertoire universel des êtres, des
personnages, des livres, des faits et des choses qui tiennent aux
apparitions, à la magie, au commerce de l'enfer, aux démons, aux
sorciers, aux sciences occultes... (3e édition entièrement
refondue) / par J. Collin de Plancy. 1844.
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DICTIONNAIRE
INFERNALE
PARIS. — 1MPIUMKUIIÏ l)li 1UÎTIIUNK Kï P1,0N.
REPERTOIRE UNIVERSEL

' ftPIPîSOUVÊE S» RIS ©] © El S S 11 '& M H M H L*«3S©W E^/Ê-g) W S BE iPftKOS.

A PARIS,
CHEZ PAUL MELL1EK, EDITEUR
il, w.AC!-: SAINT-ANI>IIK-I>I:S-AIITS;

Eï A LYON,
CHEZ r.lJVOT, Dllll AIRE,
:ï!l, OUANI>E KUR M»:ticii:ui:.

18Zl(i.
DENIS-AUGUSTE AFFRE, par la miséricorde divine et la grâce du
saint Siège Apostolique, Archevêque de Paris.

Nous n'avons rien vu de contraire a la loi et aux moeurs dans la troi-


sième édition de l'ouvrage intitulé Dictionnaire Infernal, que nous avons fait
examiner avec soin.

Donné a Paris, sous le seing de noire Vicaire général le sceau de nos


,
armes et le contre-seing de noire Secrétaire, le vingt-sept juillet mil huit
cent quarante-quatre.
F. DUPANLOUP, Vicaire yênhal.

Par Mandement de Monseigneur


l'Archevêque de Paris.

E. HIRON Chan. lion., pro-senr'êtaire.


,
PREFACE.

Comme un colosse immense, enjambant les deux mers,


La superstition règne sur l'univers.
THOMAS.

Lorsqu'on s'arrête un instant à considérer les différents peuples qui chargent la


terre et que l'on parcourt les annales des nations qui ont passé, on irouve partout
une religion et un culte; mais, à.toutes les époques et dans tous les pays où l'orgueil
éloigne l'homme des règles que Dieu lui a données, les idées mêmes de la Divinité
s'ensevelissent dans un chaos d'où sortent mille superstitions absurdes.
Dans l'ère ancienne, il n'y a qu'un petit peuple à qui Dieu reste connu : c'est le
peuple d'Israël. Depuis la venue de Jésus-Christ, tous les enfants de son Église,.ré-
pandue sur toute la terre, le connaissent et le comprennent. Cependant, encore chez
nous comme chez les anciens Juifs, les abus superstitieux n'ont pas tous disparu. C'est
que la superstition, oeuvre de l'ancien ennemi, peut dénaturer souvent dans les coeurs
gâtés la religion même dont elle se couvre, et servir ensuite de thème à ces enfants de
Satan qui l'aident à lutter contre l'Église.
Dans les vieilles mylhologies, c'est la superstition qui, obscurcissant la notion de
Dieu, ht adorer à sa place le parricide et l'inceste, la cruauté, la vengeance, la pro-
slilution et le vol, sous les images de Jupiter, de Mars, de Juiion, de Vénus et de
Mercure. Quelquefois même l'esprit du mal eut un triomphe plus brutal et plus auda-
cieux lorsqu'il s'appela tîaal, Moloch, liélial, et qu'il régna effrontément sur des
,
autels baignés de sang humain. Ces abominables excès, châtiments de grands crimes,
disparurent devant l'Évangile, et les démons repoussés durent imaginer des impos-
tures plus timides.
Les superstitions qu'ils entretinrent, triomphantes chez les peuples étrangers à la
foi, ne purent s'attacher au catholicisme que comme des scories impures. Mais elles
ont cherché plusieurs fois à le miner ; et, quoique les philosophes se vantent, il est
bien établi que c'est l'Église qui a toujours fait le plus pour extirper les superstitions,
dont on peut trouver la source dans quatre causes que les docteurs chrétiens n'ont
jamais cessé de combattre ; l'ignorance, l'orgueil, le fanatisme et la peur.
Les maladies inconnues, les accidents peu communs, les phénomènes, les événe-
ments qui passaient le cours ordinaire des choses, furent expliqués d'une manière
prodigieuse; et, sans les lumières que l'Église ne cessa de répandre, nous serions,
comme les peuples de l'Orient, sous l'empire des génies et des magiciens qui occupent
la première place dans les récits des M Mo et une Nuits.-
Le désir de dominer produisit les devins et les astrologues. Puis, a côté de ceux qui
lisaient dans le cours des astres le sort de l'homme avec toutes ses variations, se dres-
sèrent les habiles qui, sans chercher les choses de la terre dans lès signes du ciel,
I
2 PUE FACE.
virent dans les songes, dans le vol des oiseaux, dans les entrailles des victimes, dans
le mouvement de l'eau dans les feuilles agitées du vent, dans le chant du coq, dans
,
la main dans les miroirs, et plus récemment dans les cartes, dans les rides du front,
,
dans les traits du visage, dans les tubérosités du crâne, toutes les nuances du carac-
tère de l'homme, ses pensées, les secrets impénétrables de son avenir, et se mirent à
distribuer aux mortels les espérances et les craintes, les bonnes et les mauvaises
destinées.
11 y eut des magiciens et des sorciers libres de tout système
; ils se vantaient de
commercer avec les puissances invisibles et n'étaient le plus souvent que des impos-
teurs. A côté des sorciers qui se donnaient pour tels, l'ignorance et la peur en fai-
saient tous les jours qui ne l'étaient guère. Des mathématiciens, des artistes, des
bateleurs passèrent pour sorciers.
La magie est très-ancienne. Plusieurs croient que Cham la pratiquait. On voit des
magiciens à la cour de Pharaon. Circô, Médée, Amphiaraùs, Tirésias, Abaris, Tris-
mégiste, Orphée se mêlaient de sorcellerie.
On a dit, après lioileau, Sainle-Foix et quelques autres, que les fables antiques
étaient plus riantes que les modernes; c'est inexact. Au contraire, nous n'avons de
sombre dans nos superstitions que ce qui nous reste des époques de ténèbres anté-
rieures à la venue N. S. Jésus-Christ. Les enchanteurs de la Table-Jlonde, de l'ère de
Charle.inagne et des temps de la chevalerie, les fées et les lutins sont aussi gracieux
que les fables antiques; la reine Bazine n'est comparable en rien à l'affreuse Médée.
On s'est récrié encore sur le fait exagéré des sorciers brûlés au seizième siècle. A
l'exception de quelques juges imbéciles qui sont; de tous les temps, si l'on veut étudier
les documents historiques, on reconnaîtra que les sorciers mis à mort autrefois, chez
nos pères, étaient des bandits que les lois actuelles condamneraient en d'autres termes.
Platon, dans son Traité des Lois, veut qu'on chasse les magiciens de la société,
après qu'on les aura sévèrement châtiés, non-seulement pour le mal qu'ils peuvent
opérer par la vertu de leurs prétendus charmes, mais encore pour le mal qu'ils vou-
draient faire. Dom Calmel, dont personne ne révoquera en doute la mansuétude,
remarque fort bien que la magie, les impiétés et les malélices sont généralement la
suite des désordres de l'imagination, et que les gens qui s'y adonnent ne sont que des
vauriens -, des impudiques et des voleurs.
La superstition est une source d'erreurs ; et elle est d'autant plus dangereuse qu'elle
cherche à se confondre avec la religion même. 11 en résulte quelquefois que ceux qu'on
éclaire sur de fausses croyances qui paraissent se rapporter de près ou de loin a des
choses religieuses, sentent ensuite leur foi ébranlée dans les hmiles que la religion
lui pose^ La superstition produit le dualisme, ou Croyance plus ou moins vicieuse de
deux principes. Elle engendre le fatalisme dans ceux qui trouvent partout écrite une
destinée inévitable. Elle est fille de la peur, et rend lâches et pusillanimes des coeurs
qui oubient trop qu'ils sont sous la garde de Dieu. Les hommes superstitieux vivent
dans l'effroi ; la nuit même ne leur donne pas le repos.
« Le sommeil fait oublier à l'esclave
la sévérité de son maître et au malheureux
prisonnier la pesanteur des fers dont il est garrotté; l'inflammation d'une plaie, la
PREFACE. 3

malignité d'un ulcère, les douleurs les plus aiguës laissent quelque, relâche pendant la
nuit à ceux qui en sont tourmentés; mais, dit Plularque, la superstition ne donne
pas de trêve, elle ne permet pas à une âme de respirer un seul moment; et les gens
superstitieux, lorsqu'ils sont éveillés, s'entretiennent encore de leurs illusions et ne
peuvent concevoir qu'il n'y ait rien de réel dans ces fantômes qui les épouvantent. »
La superstition, qui consiste dans des croyances et des pratiques qui sortent
des règles fixées par l'Eglise, se rattache encore aux hérésies, aux schismes,
aux excès de tout genre. Ce n'est pourtant pas à elle qu'il faut attribuer, comme
l'ont fait les calvinistes, le massacre de la Saint-Barlhélemi, coup d'Etat tout poli-
tique dont l'histoire n'est pas redressée encore; ni les carnages reprochés aux
premiers conquérants de l'Amérique, crimes des passions humaines ; ni l'inquisition
,
institution jugée chez nous jusqu'ici sur les données les plus perfides et les plus
fausses.
L'auteur de ce livre, dans les deux premières éditions qu'il en a faites, est tombé
lui-même d'une manière déplorable dans les écarts qu'il condamne ici. Entraîné hors
du sein de l'Eglise centre unique de la vérité il s'est égaré dans les sentiers d'une
, ,
-philosophie menteuse, et il a semé ses écrits d'erreurs qu'il déteste et désavoue,
jlenli'é dans l'Eglise romaine par une grâce de la bonté de Dieu dont il n'était
pas digne, il a pu reconnaître depuis que l'Eglise seule a les moyens de combattre
efficacement, comme elle les a toujours combattus, les égarements superstitieux-et les
travers absurdes de l'imagination.
Pour ne citer que quelques témoignages, saint Augustin dit que les superstitions
sont l'opprobre du genre humain. Origènc les condamne avec plus de force; que les
encyclopédistes mêmes, et surtout avec plus de poids. Le pape Léon X notait d'infamie
ceux qui se livraient aux divinations et autres pratiques superstitieuses. Le quatrième
concile de Carthage les exclut de l'assemblée des fidèles. Le concile provincial tenu à
Toulouse en 1590 ordonne aux confesseurs et aux prédicateurs de déraciner, par de
fréquentes exhortations et par des raisons solides, les pratiques superstitieuses que l'i-
gnorance a introduites dans la religion. Le concile de Trente, après avoir condamné
diverses erreurs, enjoint formellement aux évêques de défendre aux fidèles tout ce qui
peut les porter à la superstition et scandaliser le prochain.
Ce qui peut-être n'a pas été remarqué suffisamment au milieu des clameurs inté-
ressées des philosophes c'est que les seuls hommes qui vivent exempts de supersti-
,
tions sont les fidèles enfants de l'Église, parce qu'eux seuls possèdent la vraie lumière.
Les douleurs au contraire semblent tous justifier cette grande parole, que ceux qui se
séparent de Dieu ont l'esprit fourvoyé;.car, parmi eux les plus incrédules sont aussi
,
les plus superstitieux. Ils repoussent les dogmes révélés; et, comme Johnson, ils
croient aux revenants; comme Rousseau, ils ont peur du nombre 13 ; comme Bayle,
ils ont un préjugé contre le vendredi; comme Volney, ils recherchent l'explication des
songes ; comme Helvétius, ils consultent les tireuses de cartes ; comme Ilobbes ils
,
étudient l'avenir dans des combinaisons de chiffres; comme Voltaire, ils redoutent; les
présages. On a cité un savant de nos jours qui poursuit l'élixir de vie ; un malhémali-.
cien célèbre qui croit les éléments peuplés par les essences cabalistiques ; un phiio-
4.
h PREFACE.
sophe qui ne sait pas s'il croit à Dieu et qui exécute les cérémonies du grimoire pour
faire venir le diable.
Jamais les égarements superstitieux n'ont été plus saillants qu'aux époques les pius
irréligieuses; et je ne sais trop si l'on ne pourrait pas répéter, aujourd'hui même, ce
que disait autrefois le curé Thiers dans la préface de son Traite- des Superstitions :
'« Elles sont si généralement répandues, que tel les observe qui n'y pense nulle-
ment ; tel en est coupable qui ne le croit pas. »
H est donc utile, nous le pensons du moins, de donner, dans un meilleur esprit,
une nouvelle édition de ce livre pour dissiper les erreurs et les superstitions répréhen-
sibles, et pour exposer aux curieux les croyances bizarres ou singulières qui ne sont
que poétiques (comme on dit à présent) sans être dangereuses.
Les ouvrages qui traitent de ces matières ne sont généralement que d'indigestes
amas d'extravagances, ou d'incomplètes compilations, ou de froides discussions mal
coordonnées. Les personnes qui veulent connaître un peu ces matières et faire la
collection des ouvrages rares et curieux dont elles sont le sujet, doivent pour cela dé-
penser de grandes sommes et passer plusieurs années dans ces recherches. On croit
pouvoir leur épargner tous ces frais et toute celle peine dans cette nouvelle édition,
entièrement refondue, du Dictionnaire infernal,. Les curieux y trouveront tout ce
qui concerne les démons, les esprits, les lutins, les farfadets, les fantômes, les reve-
nants, les spectres, les vampires, les gholes, les sorciers, les>lamies, le sabbat, les
loups-garous, les possédés, les charmes, les maléfices, les enchantements, les bohé-
miens, les francs-maçons, les magiciens, les gnomes, les sylphes, les salamandres,
les fées, les ogres, les génies, les évocations, les secrets merveilleux, l'alchimie, la
cabale, les talismans, l'astrologie judiciaire, la physiognomonie, la chiromancie, la iné-
toposcopie, la crânologie, le magnétisme, la baguette divinatoire, les horoscopes, les
songes, la cartomancie et les autres moyens de dire la bonne aventure, les erreurs et
les préjugés populaires, les fausses opinions, etc., et, en un mot, le résumé de tous
les livres écrits sur les superstitions, la notice des démons et des sorciers, et des ar-
ticles sur les démonographes. On y pourra juger ce que sont les fatras, dangereux
malgré leurs sottises, que de pauvres insensés recherchent encore : le Grand et te
Petit Albert) les Grimoires, io Dragon rouge, les Clavicules de Salomon,
l'Eneliind-ioii., attribué si effrontément au pape Léon III, etc., etc., etc.
Dans des sujets qu'une adresse salaniqtie a si souvent accolés à la religion, il se
présentera quelquefois, pour l'écrivain, des rencontres perfides et des passes délicates.
Puisse l'esprit de sagesse le diriger! Si dans certains articles il se trompe, il déclare
d'avance que, fils soumis de la sainte Église, et soumis sans restriction et sans ré-
serve , il désavoue, condamne et déleste tout ce que l'Église pourrait désapprouver
dans son livre.
DICTIONNAIRE INFERNAL.

A
Aamon, —V01J. A MON. rapidité d'un oiseau; ce qui a fait que les
Aaron, — magicien du Bas-Empire, qui Grecs l'ont appelé V Aérobaie. Il fut maître de
vivait du temps de l'empereur Manuel Corn- Pylhagore, qui lui vola sa flèche, dans la-
nène. On conte qu'il possédait les clavicules quelle on doit, voir quelque allégorie. On dit
de Salomon, au moyen de'quoi il avait àses qu'Abaris prédisait l'avenir, qu'il apaisait les
ordres des légions de dénions; et se mêlait de orages, qu'il chassait la peste ; on dit môme
nécromancie. Ou lui fit crever lesyeux, après qu'il vivait sans boire ni manger. Avec les os
quoi on lui coupa encore la langue. Mais de Pélops. il fabriqua une figure de Minerve,
n'allez pas croire que ce fût une victime de qu'il vendit aux Troyens comme un talisman
quelque fanatisme ; car on trouva chez lui un descendu du ciel : c'est le Palladium, qui ren-
homme qui avait les pieds enchaînés, le coeur dait imprenable la ville où il se trouvait 1.
percé d'un clou, et d'autres abominations. Abdel-Azys,—astrologuearabe du dixième
(Nicétas, Annales, liv. 4.) siècle, plus connu en Europe sous le nom
Abaddon, — ou le Destructeur, chef des d'Alchabitius. Son Traité d'astrologie judi-
démons de la septième hiérarchie. C'est l'ange ciaire- a été traduit en latin par Jean de Sé-
exterminateur dans l'Apocalypse. \\\\e(Uïspalemis). L'édition la plus recherchée
de ce livre : Alchabitius, cum commenlo, est
Abadie (JEANNETTE) , —jeune fille du vil-
lage de Siboure en Gascogne. IJelanere, dans celle de Venise, 4 503, in-4" de 140 pages.
son Tableau de l'inconstance des démons, ra- Abdias de Babylone. — On attribue à Un
conte que, Jeannette Abadie dormant un di- écrivain de ce nom l'histoire du combat mer-
manche, pendant la messe, dans la maison de veilleux que livra saint Pierre à Simon le
son père, un démon profita du moment et magicien. Le livre d'Abdiasa été traduit par
l'emporta au sabbat (quoiqu'on ne fit le sab- Julius Africanus, sous ce titre : THstoria cer~
bat ni le dimanche, ni aux heures des saints taminis apostolici, <l5fifi, in-8°.
offices, temps où les démons ont peu envie de Abeilard. —11 est plus célèbre aujourd'hui
rire). Elle trouva au sabbat grande compa- par ses tragiques amours que par ses ouvrages
gnie, et vit que celui qui présidait avait à la théologiques, qui lui attirèrent justement les
tête deux visages, comme Janus. Du reste,
censures de sainlBernard, elqut étaient.pleins
elle ne fit rien de criminel, et fut remise à son d'erreurs très-dangereuses. Il mourut en J142.
logis par le même moyen de transport qui Vingt ans après lléloïse ayant été ensevelie
l'avait emmenée. Elle se. réveilla alors et ra- ,
dans la même tombe, on conte qu'à son ap-
massa une petite relique que le diable avait proche la cendre froide d'Abeilard se ré-
eu la précaution d'ôler de son cou avant de chauffa tout à coup, et qu'il étendit les bras
l'emporter. Il paraît que lo bon curé à qui
elle confessa son aventure lui fit comprendre pour recevoir celle qui avait été sa femme.
Leurs restes étaient au Paraclet, dans, une
qu'elle n'avait fait qu'un mauvais rêve ; car précieuse tombe gothique que l'on a trans-
elle ne fut aucunement recherchée, quoique portée à Paris en 1799.
Delancre dise qu'elle avait commencé là le
métier de sorcière. Foi/. CRAPAUD. Abeilles. — C'était l'opinion de quelques
démonographes que si une sorcière, avant
Abalam, —prince de l'enfer, très-peu d'être prise, avait mangé la reine d'un essaim
connu. Foi/. PAYMON. d'abeilles, ce cordial lui donnait la force de
Abano, — VOIJ. PlEIUtE D'APOKR. supporter la torture sans confesser'2; mais
Abaris, —• magicien scythe, grand-prêtre cette découverte n'a pas faitprincipe. — Dans
d'Apollon, qui lui donna une flèche d'or sur
laquelle il chevauchait par les airs avec la r Héroiote. Jamblique, Clément d'Alexandrie,etc.
-' Wierus, De Priestigiis, lib. Y!, cap. 7,
ABE — 6 — ABR
-
certains cantons de la Bretagne, on prétend à Coulommiers, et brûlé comme voleur, sor-
que les abeilles sont sensibles aux plaisirs cier, c magicien, noueur d'aiguillettes 1. Foi/, les
comme aux peines de leurs maîtres, et. qu'el- ait. a SAUIIAT, LIGATURES, etc.
les ne réussissent point si on néglige de leur Aben-Bzra, o'OJ/.' MACIIA-HAU.A.
faire part des événements qui intéressent la
maison. Ceux qui ont cette croyance ne man- Aben-B,ag-el, — astrologue arabe né à
d'attacher à leurs ruches
Cordoue
, au commencement du cinquième
quent pas un mor- siècle. Il laissé livre d'horoscopes d'après
a un
ceau d'étoffe noire lorsqu'il y a une mort jl'inspection des étoiles, traduit
chez eux, et un morceau d'étoffe rouge lors- en latin sous
le litre ,'ùe Judiciis seu faits ste.Ua.rum, Ve-
qu'il y a un mariage ou toute autre fête 1. •— nise,
1485; très-rare. On dil que ses prédic-
Les Circassiens, dans leur religion mêlée de tions,
quand il en faisait, se distinguaient par
christianisme, de mahomélisme et d'idolâtrie, très-estimable.
honorent la mère'de Dieu sous le nom de Mé- une certitude
riôme ou de Melissa. Ils la regardent comme Abigor, — démon d'un ordre supérieur,
la patronne des abeilles, dont elle sauva la grand-duc dans la monarchie infernale.
ordres 2.
race en conservant l'une d'elles dans sa man- Soixante légions marchent sous ses
che alors que le tonnerre menaçait d'exter- 11 se montre sous la figure d'un beau cavalier
miner tous les insectes. Les revenus que les portant la lance, l'étendard ou le sceptre; il
Circassiens tirent de leurs ruches expliquent répond habilement sur tout ce qui concerne-
leur reconnaissance pour le bienfait qui les les secrets de la guerre, sait l'avenir, et en-
leur a conservées. — Solin a écrit que les seigne aux chefs ies moyens de se faire aimer
abeilles ne peuvent pas vivre en Irlande, que du soldat.
celles qu'on y amène y meurent tout à coup, Abîme, — et plus correctement abysme.
et que si l'on porte- de la terre de cotte île C'est le nom qui est donné dans riCcriturc
dans un autre pays, et qu'on la répande au- sainte: 1° à l'enfer, 2° au chaos ténébreux
tour des ruches, les abeilles sont forcées d'a- qui précéda la création.
bandonner la place, parce que cette terre leur Abou-K,yhan, — autrement appelé Mo-
est mortelle. On lit aussi cela dans les Ori- hammed-ben-Ahmed, astrologue arabe, mort
yines d'Isidore. — « Faut-il examiner, ajoute 330, qui passe pour avoir possédé à un
en
le père Lebrun 2, d'où peut venir celte mali- très-haut degré le don de prédire les choses
gnité de la terre d'Irlande? —Non, ,car il futures. On lui doit introduction à l'as-
suffit de dire que c'est une fable, et qu'on trologie judiciaire.
une
trouve en Irlande beaucoup d'abeilles. »
Abracadabra. — Avec ce mot d'enchan-
Abel, — fils d'Adam. Des docteurs musul- tement, qui est très-célèbre, on faisait, sur-
mans disent qu'il avait quarante-huit pieds tout en Perse et en Syrie, une figure magique
de haut. Il se peut qu'ils aient raisonné d'a- à laquelle
ou attribuait le don de.charmer di-
près un tertre long de cinquante-cinq, pieds, maladies et de guérir particulièrement
verses
que l'on montre auprès de Damas, et qu'on la fièvre. Il ne fallait que porter autour du
nomme la Tombe d'Abel. Les rabbins ont écrit cou celle sorte de philaclôru écrit dans celle
beaucoup de rêveries sur son compte. Nos disposition
anciens, qui croyaient tant de choses, lui at- :
tribuent un livre d'astrologie judiciaire qui A » H A C A 1) A 1! B A
lui aurait été révélé, et qu'il renferma dans A 11 11 A C, A )) A B lt
A I! It A C A 1) A 11
une pierre. Après le déluge, Hermès Trismé-
A li H A C A 1) A
gisle le trouva : il y apprit l'art de faire des
talismans sous l'influence des constellations. A H 11 A C, A 1) .
Ce livre est intitulé : Liber de virtutibus pla- A II lt A C A .
A B lt A f.
netarum al omnibus rerum munclanarum vir-
tutibus. Voy. le traité De Essentiis essentia— A 1! B A

rum, qu'on décore faussement du nom de'


ABU
A B
saint Thomas d'Aquin, pars 4, cap. 2. Foi/,
A
aussi Fabricius, Codex pseud. Vet. Testam.
Abracax OU Abraxas, — l'un des dieux
Abel de ï,a B,ue, — dit le Casseur, save- de quelques théogonies asiatiques, du'nom
tier et mauvais drôle qui fut arrêté en 1582,
1 L'histoire d'Abel de La Rue ressemble à beaucoup
T Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II, p. 1G. d'autres de ee temps-là, que nous réunissons à pari dans
3 Histoire criti'iue des pratiques superstitieuses, -unKccuoil de légendes infernales.
iv. 1, chap. 3. * Wierus, in Psoudomonarchia, etc.
ABR — 7 — ABS
duquel on a lire le philaclôre nbracadabra. Limbourg, un méchant pâtre, nommé Pierron,.
11 est représenté sur des amulettes avec un conçut; un amour violent pour une jeune fille
fouet à la main. Les démonographes ont fait de son voisinage. Or cet homme mauvais était
d'Abracax un démon qui a la tête d'un roi et marié ; il avait, même de sa femme un petit
pour pieds des serpents. Les basilidiens, hé- garçon. Un jour qu'il était occupé de la cri-
rétiques du deuxième siècle, en faisaient leur minelle pensée de son amour la jeune fille
qu'il convoitait lui apparut dans ,
dieu suprême. Comme ils: trouvaient que les la campa-
sept lettres grecques dont ilsformaienlsonnom gne : c'était un démon sous sa figure. Pierron
faisaient en grec le nombre 305, qui est celui lui découvrit sa passion ; la prétendue jeune
des jours de l'année, ils plaçaient sous ses fille promit d'y répondre s'il se livrait à elle
ordres plusieurs génies qui présidaient aux et s'il jurait, de lui obéir en toutes choses. Le
trois cent soixante-cinq deux, et auxquels pâtre ne refusa rien, et son abominable amour
ils attribuaient trois cent soixante-cinq ver- fut accueilli. —Peu do temps après, la jeune
tus, une pour chaque jour. Los basilidiens fille, ou le démon qui se faisait appeler Abra-
disaient encore que Jésus-Christ n'était qu'un hel par son adorateur, lui demanda, pour
fantôme bienveillant envoyé sur la terre par gage de son attachement, qu'il lui sacrifiât
Abrncax. Ils s'écartaient de la doctrine do son fils. Le pâtre reçut une pomme qu'il de-
leur chef. Voy. BASIUDE. vait faire manger à l'enfant; l'enfant, ayant
Abraham.-—Toullemondecoimaîll'hisloire mordu dans la pomme, tomba mort aussitôt.
de ce patriarche,-écrite dans les livres saints ; Le désespoir de la mère fil tant d'effet sur
mais on ignore peut-être les contes dont il a Pierron qu'il courut à la recherche d'Abra-
été l'objet. Les Orientaux voient dans Abra- hel pour en obtenir réconfort. Le démon pro-
ham un habile astrologue et un puissant mit de rendre la vie à l'enfant si le père vou-
magicien. Ils le mettent en rapport avec le lait lui demander cette grâce à genoux, en
diable et le constituent juge à la porte de lui rendant le culte d'adoration qui n'est dû
l'enfer. Suidas et Isidore lui'attribuent l'in- qu'à Dieu. Le pâtre se mit à genoux, adora,
vention de l'alphabet et de la langue des Hé- et aussitôt l'enfant rouvrit les yeux. On le
breux. Les rabbins font Abraham auteur d'un frictionna, on le réchauffa; il recommença à
livre De l'Explication des songes, que Joseph, marcher et à parler. Il était le même qu'au-
disent-ils, avait étudié avant d'être vendu par paravant, mais plus maigre, plus hâve, plus
ses frères. On met aussi sur son compte un défait, les yeux battus et enfoncés, les mou-
ouvrage intitulé Jelzirah, ou la Création, que vements plus pesants. Au bout d'un an, le
plusieurs disent écrit par le rabbin Akiba : démon qui l'animait l'abandonna avec un
voy. ce nom. Les Arabes possèdent ce livre grand bruit; l'enfant tomba à la renverse....
cabalistique, qui traite de l'origine du monde : — Cette histoire décousue et incomplète se
ils l'appellent le Sepher. On dit que Vossius, termine par ces mots dans la narration de
qui raisonnait tout de travers là-dessus, s'é- Nicolas Remy: « Le corps de l'enfant, d'une
tonnait de ne pas le voir dans les livres cano- puanteur insupportable, fut tiré avec un croc
niques. Postel l'a traduit en latin': on l'a im- hors de la maison de son père et enterré dans
primé à Paris en 1552 ; àMantouo en 1502, avec un champ. » Il n'esl plus question du démon
cinq commentaires; à Amsterdam en 1(>i2. succube, ni du pâtre.
On y trouve de la magie et de l'astrologie. Absalon. — On a écrit bien des choses
— « C'est un ouvrage cabalistique très-ancien supposées à propos de sa chevelure. Lepelle-
et très-célèbre, dit le docteur Itossi. Quelques- tier, dans sa dissertation sur "la grandeur de
uns en font auteur Akiba ; d'autres le croient l'arche'de Noé dit que toutes les fois qu'on
composé par un écrivain antérieur au Thal- coupait les cheveux,
à Absalon, on lui en
mud, dans lequel il en est fait mention. » ôlail trente onces.....
-—
Le titre del'ouvrage porte le nom d'Abraham ;
mais ajoutons qu'il y a aussi des opinions qui Abstinence. — On prétend qu'Abaris no
le croient écrit par Adam lui-môme 1. mangeait pas et que les magiciens habiles
peuvent s'abstenir de manger et, de boire.
Abrahelj — démon succube, connu par •—Sans parler des jeûnes merveilleux dont il
une aventure que raconte Nicolas Remy dans est fait,mention dans la vie de quelques saints,
sa Démonoldlric, et que voici : — En l'année Marie Pelet, de Laval, femme du Hainatit,
158-1, dans le village de Dalhem, au pays de vécut trente-deux mois (du G novembre 1754
au 25 juin 1757) sans recevoir aucune nour-
1 Les rabbins ont conté d'Abraham une foule do cho- riture, ni solide, ni liquide. Anne Harley,
ses prodigieuses. On en trouvera le résumé dans les Lé-
gendes de l'ancien Testament.. d'Orival près de Rouen, se soutint vingt-six-
ACM
— 8 — AD A
ans en buvant, seulement un peu de lait qu'elle Achérusie. — Marais d'Kgypto près d'IIé-
vomissait quelques moments après l'avoir liopolis. Les morts le traversaient dans une
avalé. •— Dans les idées des Orientaux, les barque lorsqu'ils avaient été jugés dignes des
génies ne se nourrissent que de fumées odo- honneurs de la sépulture. Les ombres des
rantes qui ne produisent point de déjections. morts enterrés dans le, cimetière voisin er-
Accidents. —Beaucoup d'accidents peu or- raient, disait-on, sur les bords de ce marais,
dinaires, mais naturels, auraient passé autre- que quelques géographes appellent un lac.
fois pour des sortilèges. Voici ce qu'on lisait Acbmet. — Devin arabe du neuvième siè-

dans un journal de IS'il : — «Mademoi- cle, auteur d'un livre De l'Interprétation des
selle Adèle Mercier (des environs de Saint- songes, suivant les doctrines de l'Orient. Le
Gilles), occupée il y a peu de jours à ar- texte original de ce livre est perdu ; mais
racher dans un champ des feuilles de mû- Rigaull en a fait imprimer la traduction grec-
rier, fut piquée au bas du cou par une grosse que et latine à la suite de YOnirocritique.
mouche qui, selon toute probabilité, venait de d'Arlémidorc ; Paris, 1003, in-4".
sucer le cadavre putréfié de quelque animal, Aconce (JACQUES) , — curé du diocèse de
et qui déposa dans l'incision faite par son Trente, qui, poussé par la débauche, embrassa
dard une ou quelques gouttelettes de suc mor- le protestantisme en 1557, et passa en Angle-
bifique dont elle s'était repue. La douleur, terre. La reine Elisabeth lui fil une pension.
d'abord extrêmement vive, devint insuppor- Aussi il ne manqua pas de l'appeler dira
table. Il fallut que mademoiselle Mercier fût Elisabeiha en lui dédiant son livre Des Stra-
conduite chez elle et qu'elle se mît au lit. La tagèmes de Satan'. Mais nous ne mention-
partie piquée s'enfla prodigieusement en peu nons ce livre ici qu'à cause de son litre : ce
de temps: l'enflure gagna.Atteinte d'une fièvre n'est pas un ouvrage de démonomanie c'est
algide qui acquit le caractère le plus violent, une mauvaise et détestable diatribe contre ,
le
malgré tous les soins qui lui furent prodigués catholicisme.
cl quoique sa piqûre eût été cautérisée et al- Adalbert, hérétique qui fit. du bruit
calisée, mademoiselle Mercier mourut le len- dans les Gaules —
au huitième siècle, regardé
demain dans les souffrances les plus atroces. » parles
uns comme un habile faiseur de mira-
— Le Journal du liliùna racontait le 3 juin : cles et par les autres comme un grand caba-
« Un jeune paysan des environs de Bourgoin, lisle. Il distribuait les rognures de, ses ongles
qui voulait prendre un repas de cerises, com-
et de ses cheveux, disant que c'étaient de
mit l'imprudence, lundi dernier, de monter puissants préservatifs il contait qu'un ange,
;
sur un cerisier que les chenilles avaient quitté des extrémités du monde, lui avait ap-
venu
après en avoir dévoré toutes les feuilles. Il y porté des reliques cl dos amulettes d'une sain-
avait vingt minutes qu'il satisfaisait son ca- teté prodigieuse. On dit môme qu'il se consa-
price ou son appétit, lorsque presque instan- des autels à lui-même et qu'il se fitadorer.
cra
tanément il se sentit atteint d'une violente Il prétendaitsavoir l'avenir, lire dans la pensée
inflammation à la gorge. Le malheureux des-
et connaître la confession des pécheurs rien
cendit en poussant péniblement ce cri : J'é- qu'en les regardant. Il montrait impudemment
touffe! j'étouffe! Une demi-heure après il était
uno lettre de notre Seigneur Jésus Christ, di-
mort. Les chenilles, ajoute notre correspon- sant qu'elle lui avait été apportée par saint
dant, déposent dans celle saison sur les ceri- Michel
5; et il enseignait à ses disciples une
ses qu'elles touchent une substance que l'oeil prière qui commençait ainsi,: —«Seigneur,
distingue à peine, mais qui n'en est pas moins
un poison. C'est donc s'exposer que de man- De Stratagematibus Sataïue in religionis negotio,
1

ger ces fruits sans avoir pris la sage précau- per sperstitionem, errorem , hu:resim, odium , calum-
niam, schisma, etc., lib. vin. Baie, 1505. Souvent réim-
tion de les laver. » primé et traduit en plusieurs langues. *
Accouchements prodigieux. — Voy. 1M A- francs, Jïaln-/.e,dansson Appendice auxCapituluircsdes rois
?-
a publié cette lettre, dont voici le titre : —«Au
m NATION, COUCHES, AÉTITE, etc. nom de Bien : Ici commence la lettre de notrequi Seigneur
Jésus-Christ, qui est tombée à Jérusalem, et a été
Acham, — démon que l'on conjure le jeudi. trouvée par l'Archange saint Michel, lue et copiée par
Voy. CONJURATIONS. d'un prêtre nommé Jean, qui l'a envoyée à la
la main
ville de Jérémie à un autre prêtre nommé Talasius; et
Acharaï-Kioho, •—
chef d03 CllferS chez Talasiusl'a envoyée en Arabie à un autre prêtre nommé
les Yakouls. Voy. MANG-TAAB. Léoban; et Léoban l'a envoyée à la ville de lïetsamie,
où elle a été reçue par le prêtre Macavius, qui l'a ren-
Adiéron,—fleuve de douleur, dont les eaux voyée à la nronlagne du saint Archange Michel ; et par le
sont amères; l'un des fleuves de l'enfer des moyen d'un ange, la lettre est at-rivée à la ville de nome,
au sépulcre de saint Pierre, où sont les clefs du royaume
païens. Dans des relations du moyen âge, des eieux ; et les don'/.e prêtres qui sont à lïome ont l'ait
des veilles de trois jours, avec des jeûnes cl des prières,
l'Achéron est un monstre. Voy. FONDAI,. jour cl nuit, o etc.
ADA — 9 — A DE
Dieu tout-puissant, père de, notre Seigneur el disparut, derrière nous. Il laissait une cor-
Jésus-Christ, Alpha et Oméga, qui êtes sur le laine odeur qui pouvait bien être du soufre.
troue souverain, sur les chérubins et les séra- — Odeur do brouillard , marmotta l'autre.
phins, sur l'ange Criel, l'ange Ragiiel, l'ange
— Le diable reparut bientôt, et, cette fois,
Cabuel, l'ange Michel, sur l'ange Inias, l'ange c'était un chevalier noir qui s'avançait vers
Tabuas, l'ange Simiel et l'ange Sabaoth, je nous pareillement. — Eloigne-toi, lui criai-je
vous prie de m'accorder eu que je vais vous d'une voix étouffée. Pourquoi m'allaques-lu ?
dire. » — C'était, comme on voit, très- Il passa encore, sans avoir l'air de s'occuper
ingénieux. Dans un fragment conservé des de nous. Mais il revint une troisième fois
mémoires qu'il avait écrits sur sa vie, il ra- ayant la forme d'un homme grand et pauvre,
conte que sa mère, étant enceinte, de lui, crut avec un cou long el maigre. Je fermai les
voir sortir de son côté droit un veau ; ce qui yeux et ne le revis que quelques instants plus
était, dil-il, le pronostic des grâces dont il fut tard sous le capuchon d'un petit moine. Je
comblé en naissant par le ministère d'un ange. crois qu'il avait sous son froc, une rondache
•—
On arrêta le cours des extravagances de dont il me menaçait. — Mais interrompit
cet insensé en renfermant dans une prison où ,
l'autre, ces apparitions ne. pouvaient-elles pas
il mourut. être des voyageurs naturels? —Comme si on
Adam, — le premier homme. Sa chute ne savait pas s'y reconnaître ! comme si nous
devant, les suggestions de Satan est un dogme ne l'avions pas vu derechef sous la figure d'un
de la religion chrétienne. Les Orientaux font pourceau, puis sous celle d'un âne, puis sous
d'Adam un géant démesuré, haut d'une lieue; celle d'un tonneau qui roulait dans la campa-
ils en font aussi un magicien un cabaliste ;
,
gne, puis enfin sous la forme d'une roue de
les rabbins en font de plus un alchimiste et charrette qui, si je ne me trompe pas, me
un écrivain. On a supposé un testament de renversa, sans toutefois me faire aucun mal.
lui ', et enfin les musulmans regrettent tou- — Après tant d'assauts, la route s'était ache-
jours dix traités merveilleux que Dieu lui avait vée sans autres malencontres L
dictés. 11 avait aussi inventé l'alphabet. Voyez. Adamantius, •—médecin juif, qui se fit
AllHAUAM ". chrétien, à Constanlinople, sous le règne de
Adam (I.'AHIIÉ). —Il y eut un temps où Constance, à qui il dédia ses deux livres sur
l'on voyait le diable en toutes choses et par- la Vhysiognomonie ou l'art de juger les hom-
tout, et peut-être n'avait-on pas tort. Mais il mes par leur figure. Cet ouvrage, plein de
nous semble qu'on le voyait trop matérielle- contradictions el de rêveries, a été imprimé
ment. Le bon el naïf Césaire d'Heislerbach a dans quelques collections, notamment dans
fait un livre d'histoires prodigieuses où le- dia- les Seriptores physiognomoniai vêleras, grec
ble est la machine universelle; il se montre et latin, cura J.-G.-F. Franzii ; Altembourg,
sans cesse et sous diverses figures palpables. 1780, in-8°.
C'était surtout à l'époque où l'on s'occupait
Adamiens OU Adamites, — hérétiques dll
en France de l'extinction des Templiers. Alors second siècle dans l'espèce des basilidiens.
un certain abbé Adam, qui gouvernait l'ab- ,
Us se mettaient nus et. professaient la promis-
baye du Vaux-de-Cernay, au diocèse de Paris, cuité des femmes. Clément d'Alexandrie dit
avait l'esprit tellement frappé de l'idée que le qu'ils se vantaient d'avoir des livres secrets
diable le guettait, qu'il croyait le reconnaître
à chaque pas sous des formes que sans doute
de Zoroastre, ce qui a fait conjecturer à plu-
le diable n'a pas souvent imaginé de prendre.
sieurs qu'ils étaient livrés à la magie.
—Un jour qu'il revenait de visiter une de ses Adelgreif(JEAN-ALIIEUT),—fils na tu rel d'un
petites métairies, accompagné d'un serviteur pasteur allemand , qui lui apprit le latin , le
aussi crédule que lui, l'abbé Adam racontait grec, l'hébreu et plusieurs langues modernes.
comment le diable l'avait harcelé dans son Il devint fou et crut avoir des visions; il disait
voyage. L'esprit malin s'était montré sous la que sept anges l'avaient, chargé de représen-
ligure d'un arbre, blanc de frimas, qui sem- ter Dieu sur la terre et de châtier les souve-
blait venir à lui.—C'est singulier! dit un de rains avec des verges de fer. 11 se donnait les
ses amis ; n'étiez-vous pas la proie de quel- noms d'empereur universel, roi du royaume,
que illusion causée par la course de votre des cieux, envoyé de Dieu le père, juge des vi-
cheval ? — Non ; c'était Satan. Mon cheval vants et des morts. 11 causa beaucoup de
s'en effraya; l'arbre pourtant passa au galop troubles par ses extravagances, qui trouvè-
rent, comme toujours, des partisans. On lui
1 Voyez Fabricius, Codex pseud.
a Voyez les Légendes de l'ancien Testament. 1 lîobert Gagnin, Philipp,
ADR — 10 — M\'
attribua des prodiges, et il fui brûlé à Kce.nigs- effet. — On lui attribue en Ecosse la con-
berg comme, magicien, hérétique et perturba- struction de la muraille du Diable. Ful-

teur, le 11 octobre 1(536. Il avait prédit avec gose, qui croyait beaucoup à l'astrologie,
assurance qu'il ressusciterait le troisième rapporte, comme une preuve de la solidité de
jour; ce qui ne s'est pas du tout vérifié. cette science, que l'empereur Adrien, qui était
Adélites , — devins espagnols qui se van- très-habile astrologue, écrivait tous les ans,
taient de prédire, par le vol ou le chant des le, premier jour du premier mois, ce qui lui
oiseaux, ce qui devait arriver en bien ou en devait arriver pendant l'année, el que, l'an
mal. qu'il mourut, il n'écrivit que jusqu'au mois
Adelung (.liîAN-CunisToi'ins), — littérateur do sa mort, donnant à connaître par son si-
allemand, mort- à Dresde en 1800. Il a laissé lence qu'il prévoyait son trépas. Mais ce, livre
un ouvrage intitulé : Histoire des folies hu- de l'empereur Adrien, qu'on ne montra qu'a-
maines, ou Biographie des plus célèbres né- près sa mort, n'était qu'un journal.
cromanciens, alchimistes, exorcistes, de- Aéromancie, — art de prédire les choses
vins, etc.. sept parties; Leipzig, 1785-1780. futures par l'examen des variations et des
Adeptes, •— nom que prennent les alchi- phénomènes de l'air L C'est en vertu de cette
mistes qui prétendent avoir trouvé la pierre divination qu'une comète annonce la mort
philosophale et l'élixir de vie. Us disent qu'il d'un grand homme. Cependant ces présages
y a toujours onze adeptes dans ce monde; et, extraordinaires peuvent rentrer dans la iéra-
comme l'élixir les rend immortels, lorsqu'un toscopie. —François de La Torre-Blanca * dit
nouvel alchimiste a découvert le secret du que l'aéromancie est l'art de dire la bonne
grand oeuvre, il faut, qu'un des onze anciens aventure en faisant apparaître des spectres
lui fasse place et se relire dans un autre des dans les airs, ou en représentant, avec l'aide
mondes élémentaires. des- démons, les événements futurs dans un
Adès, — roi de l'enfer. Ce mot est pris nuage, comme dans une lanterne magique.
« Quant aux éclairs et au tonnerre, ajoule-
souvent, chez quelques poêles anciens, pour
l'enfer même. l-il, ceci regarde les augures, elles aspects
du ciel el des planètes appartiennent à l'as-
Adhab-Algab,—purgatoire des musul- trologie. »
mans, où les méchants sont tourmentés par
les anges noirs Munkir el Nékir. Aétite, — espèce de pierre qu'on nomme
aussi pierre d'aigle, scion la signification de
Adjuration, — formule d'exorcisme par ee mot grec, parce qu'on prétend qu'elle
laquelle on commande, au nom de Dieu, à trouve dans les nids des aigles. On lui attribue se
l'esprit malin de dire ou de faire ce qu'on la propriété de faciliter l'accouchement, lors-
exige do lui. qu'elle est attachée au-dessus du genou d'une
Adonis, —démon brûlé. Selon les démo- femme, ou de le retarder si on la lui met à la
nologues, il remplit quelques fonctions dans poitrine.'—Dioscoride" dit qu'on s'en servait
les incendies a. Des savants croient (pie c'est, autrefois pour découvrir les voleurs. Après
le même que le démon Thamuz des Hébreux. qu'on l'avait broyée, on en mêlait la cendre
Adramclech, — grand-chancelier des en- dans du pain fait exprès; on en faisait man-
fers, intendant de la garde-robe du souverain ger à tous ceux qui étaient soupçonnés. On
des démons, président du haut conseil des croyait que, si peu d'aétite qu'il y eût dans
diables. 11 était, adoré à Sôpharvaïm, ville des le pain , le voleur ne pouvait avaler le mor-
Assyriens, qui brûlaient des enfants sur ses ceau. Les Grecs modernes emploient encore
autels. Les rabbins disent, qu'il se montre celte vieille superstition, qu'ils rehaussent de
sous la figure d'un mulet et quelquefois sous quelques paroles mystérieuses.
celle d'un paon. iEvoli (CÉSAR), — auteur ou collecteur
Adrien. —Se trouvant en Mésie, à la tête d'un livre peu remarquable, intitulé : Opus-
d'une légion auxiliaire vers la (in du règne cules sur les attributs divins et sur le pouvoir
,
de Domilien, Adrien consulta un devin (car il qui a été donné aux démons de connaître les
croyait aux devins et à l'astrologie judiciaire), choses secrètes et de tenter les hommes.
lequel lui prédit qu'il parviendrait un jour à Opitscula de. divinis altributis et de modo et
l'empire. Ce n'était pas, dit-on, la première
fois qu'on lui faisait cette promesse. Trajan Wierus, De Prjest. d:em., Hb. n, eap. 12.
1

2 Franc. Torrc Bhmea Cordnb. Epit. delict. sive de


qui était son tuteur, l'adopta, el il régna en, Magia, lib. i, cap. 20, post Piclorium et Psellum.
;1 Cité par le père Lebrun, Hist. dosPratiquossuperst..
1 Wicros, Oc Prast. diem., lil). i. liv. ], chap. M.
AGL AGR
—. 11 —
potestdte quant doemones liaient inlelligendi et malin. Ce mot se compose des premières let-
passiones animi excilandi, in-/*-0: Venise, tres de ces quatre mots hébreux : Alliait ya-
158!). bor leolam, Adonuï; « Vous êtes puissant et
Agaberte. — « Aucuns parlent, dit Tor- éternel, Seigneur. » Ce charme n'était pas
quémada d'une certaine femme nommée seulement employé par les Juifs et les caha-
,
Agaberte, fille d'un géant qui s'appelait Ya- lisles, quelques chrétiens hérétiques s'en sont
gnoste, demeurant aux pays septentrionaux, armés souvent pour combattre les démons.
laquelle était grande enchanteresse. El la L'usage en était fréquent au seizième siècle ',
force de ses enchantements était si variée, el plusieurs livres magiques en sont pleins,
qu'on ne la voyait presque jamais en sa pro- principalement Y Enehiridion, attribué ridi-
pre figure : quelquefoisc'était une petite vieille culement au pape Léon 111. Voy. CAIIAUE.
fort ridée, qui semblait ne se pouvoir remuer, Aglaophotis, — sorte d'herbe qui croît
ou bien une pauvre femme malade et sans dans les marbres do l'Arabie, el donl les ma-
forces; d'autres fois elle était si haute qu'elle giciens se servaient pour évoquer les dé-
paraissait toucher les nues avec, sa tête. Ainsi mons-. Ils employaient ensuite l'anancilide
elle prenait telle forme qu'elle voulait aussi et la syrrochile, autres ingrédients qui rete-
aisément que les auteurs écrivent d'Urgande naient les démons évoqués aussi long-temps
la Méconnue. Et, d'après ce qu'elle faisait, qu'on le voulait. Voy. BAAIIAS.
le monde avait opinion qu'en un instant elle
pouvait obscurcir le soleil, la lune et les Agnan, — démon qui tourmente les Amé-
ricains par des apparitions eldes méchan-
étoiles, aplanir les monts, renverser les mon-
cetés : il se montre surtout au Brésil cl chez
tagnes , arracher les arbres, dessécher les les Topinamboux, et paraît sous toutes sortes
rivières, et faire autres choses pareilles si de formes, de façon que ceux qui veulent le
aisément qu'elle semblait tenir tous les dia-
voir peuvent le rencontrer partout:!.
bles attachés el sujets à ses volontés ». » —
Celle femme ne serait-elle, pas la même Agobard, — archevêque (le. Lyon au neu-
qu'Ar.iiAKÉNA"? Voy. ce mol. vième siècle. 11 a écrit contre les épreuves ju-
diciaires et contre plusieurs superstitions du
Agarcs, — grand-duc de la contrée orien-
tale des enfers. Il se montre sous les traits son époque.
d'un seigneur à cheval sur un crocodile, Agraféna-ShigansUaïo.— L'une (les mala-
l'éporvier au poing. 11 l'ail revenir à la charge dies les plus générales sur les côtes nord-est
les fuyards du parti qu'il protège et met l'en- de la Sibérie,, surtout parmi les femmes, est
nemi en déroule. 11 donne les dignités, en- une extrême délicatesse de nerfs. Celle ma-
seigne tontes les langues, et fait danser les ladie, appelée mirak dans ce, pays, peut être
esprits de la terre. Ce chef des démons est causée par le défaut, absolu do tonte nourri-
de l'ordre des vertus : il a sous ses lois Ironie ture végétale; mais la superstition l'attribue
et une légions-. à l'inlluence d'une magicienne nommée Agra-
Agate, —• pierre précieuse à laquelle les féna Shiganskaïa, qui, bien que moi te depuis
anciens attribuaient des qualités qu'elle n'a plusieurs siècles, continue à répandre l'effroi
pas, comme de fortifier le coeur, de préserver parmi les habitants cl passe, pour s'emparer
de la pesle, el de guérir les morsures du de la malade. —M. deVYrangel, qui rap-
scorpion et de la vipère. porte ce l'ail dans le récit de son expédition
Agatbion, —• démon familier qui ne se au nord-est de la Sibérie, ajoute que parfois
monlre qu'à midi. Il paraît en-forme d'homme on trouve aussi des hommes qui souffrent du
ou de bête ; quelquefois il se laisse enfermer
mirak ; mais ce sont dos exceptions.
dans un talisman, dans une, bouteille on dans Agrippa (HENIH-COIINEIU.E), médecin el,
un anneau magique 8. philosophe, contemporain d'Erasme, l'un des
Agathodèmon; — on bon démon, adoré plus savants hommes de son temps, donl on
des Egyptiens sons la figure d'un serpent à' l'a appelé le Trismégiste, mais doué d'extra-
tète humaine. Les dragons ou serpents ailés, vagance ; né à Cologne en 1486, mort, en 1535,
que les anciens révéraient, s'appelaient aga- aprèsunecarrièreorageuse,chez le receveur-
Ihodemones, ou bons génies. général de Grenoble, et non à Lyon, ni dans
Agla, — mot cabalistique auquel les rab- un hôpital, comme quelques-uns l'ont écrit. 11
bins attribuent le pouvoir de chasser l'esprit
1 Leloyer, Bise, et hist. des spectres, liv. vm, eh. (1.
1 Examéron de Torquémada, traduit Gabriel y Pline, Hist. nat., liv. ,\-\-lv, ehap. 17.
Cliappuïs, Tourangeau, sixième journée. par :i Wierus, De Pnoslig.. lil). I, cap. 22. Thcvet.Obs.
3 Wierus, in Pseudomonurch. diem.
3 Leloyer, Disc, et hist. des sur l'Aménquc, eh. 30 ei 3n. Hogoel. Disc des sorciers,
spectres, ]iv. in, cil. 5. rh. 7.
AGR — 12 — AGR
avait été lié avec tous les grands personnages pondent,
|
qu'il n'est pas étonnant qu'un pa-
et recherché- de tous les princes de son épo- reil ; compère ail défendu ceux qui prati-
que. Chargé souvent de négociations politi- quaient la magie, puisqu'il la pratiquait lui-
ques, il fit de nombreux voyages, que Thevet, même.-— Ils ajoutent, que, tandis qu'il profes-
dans ses Vies des hommes illustres, attribue sait à l'université de Louvain, il infecta ses
à la manie « do faire partout, des tours de son écoliers d'idées magiques. «Un de ses élèves,
métier de magicien, ce qui le faisoil recon- lisant auprès de lui un certain livre de conju-
noistre et chasser incontinent. » — Les démo- rations fut étranglé par le diable. Agrippa,
,
nologues, qui sont furieux contre lui, disent craignant qu'on ne le soupçonnât d'être l'au-
qu'on ne peut le représenter que comme un teur ou la cause de celle morl arrivée dans sa
hibou à cause de sa laideur magique ; et de chambre, commanda à l'esprit malin d'en-
,
crédules narrateurs ont écrit gravement que trer dans le corps qu'il venait d'étouffer, do
dans ses voyages il avait coutume de payer ranimer le jeune homme et de lui faire faire
ses hôtes en monnaie fort bonne en appa- avant de le quitter sept ou huit tours sur la
rence, mais qui se changeait, au bout de quel- place publique. Le diable obéit, et le corps
ques jours, en petits morceaux de corne, de dû jeune étranglé , après avoir paradé pen-
coquille ou de cuir, el quelquefois en feuilles dant quelques minutes, tomba sans vie devant
d'arbres. — 11 est vrai qu'à vingt ans il la multitude de ses camarades, qui crurent
travaillait à la chrysopée ou alchimie ; mais que ce n'était là qu'une mort subite i. » —Ce
il ne- trouva jamais le secret du grand oeuvre. ne fut pas pourtant à cause de semblables
Il est vrai aussi qu'il était curieux de choses faits qu'il partit de celle ville savante. Ce fut
étranges, el qu'il aimait les paradoxes : son parce qu'il s'y était fait des ennemis, à qui il
livre de la Vanité des sciences, que l'on con- donna un prétexte par la publication de son
sidère comme son chef-d'oeuvre, en est une ouvrage de \a.Philosophie occulte. On accusa
preuve. Mais au chapitre xin de ce livre il ce livre d'hérésie et; de magie; et, en atten-
déclame contre la magie el les arts supersti- dant qu'il fût jugé, l'auteur passa une année
tieux. Si donc il fut obligé plus d'une fois de dans les prisons de Bruxelles. 11 en fut tiré par
prendre la fuite pour se soustraire aux mau- l'archevêque de Cologne, qui avait accepté la
^ vais traitements do la populace, qui l'accu- dédicace du livre, dont il reconnut publique-
sait de sorcellerie, n'esl-il pas permis de ment que l'auteur n'était pas sorcier. Les pen-
croire ou que son esprit caustique, et peut- sées de ce livre et celles que le même savant
être ses moeurs mal réglées, lui faisaient des exposa dans son commentaire In artem bre-
ennemis, on que son caractère d'agent diplo- vem Jtaymundi L-ullii ne sont que des rê-
matique le mettait souvent dans des situations veries. Ce qui surtout ,a fait passer Agrippa
périlleuses, ou que la médecine empirique, pour un grand magicien, c'est un fatras plein
qu'il exerçait, l'exposait à des catastrophes; à de cérémonies magiques et superstitieuses
moins qu'il ne faille croire, en effet, que cet qu'on publia sous son nom vingt-sept ans
homme avait réellement étudié la magie dans après sa mort, qu'on donna comme ie qua-
ces universités mystérieuses dont nous ne sa- trième livre de sa Philosophie occulte, el qui
vons pas encore les secrets? Voy. UNIVERSITÉS. n'esl qu'un ramassis de fragments décousus :
Quoi qu'il en soit, Louise de Savoie, mère de de Pierre d'Apone, de Piclorius et d'autres
,
François 1er, le prilpoursonmédecin. fille vou- songes-creux2.—CependanlDelan?re ne porte
lailqu'ilfùtaussison astrologue, cequ'ilrefusa. son accusation que sur les trois premiers li-
Et pourtant on soutient qu'il prédisait au vres. « Agrippa, dit-il *, composa trois livres
trop fameux connétable de Bourbon des succès assez grands sur la magie démoniaque; mais
contre la France. Si celle allégation est vraie, il confessa qu'il n'avait jamais eu aucun com-
c'était semer la trahison et Agrippa était un merce avec le démon et que la magie et la
, ,
fripon ou un fourbe.— Mais on établit encore sorcellerie (hors les maléfices) consistaient
l'éloignement d'Àgrippa pour le charlatanisme seulement en quelques prestiges au moyen
des sorciers en rappelant ce fait, que, pen- desquels l'esprit malin trompe les ignorants.»
dant le séjour qu'il fit à Metz, remplissant les — Thevet n'admet pas ces palliatifs. « On ne
fonctions de syndic ou avocat-général (car cet peut nier, dit-il, qu'Agrippa n'ait élé ensor-
homme fit tous les métiers) il s'éleva très- celé de la plus fine et exécrable magie, de
,
vivement contre le réquisitoire do Nicolas laquelle, au vu et au su de chacun il a fait
,
Savin, qui voulait faire brûler comme sorcière profession manifeste. Il étoit si subtil, qu'il
une paysanne. La spirituelle et vive.éloquence 1 Delrio, Disquisit. mag., lib. il, quoest. 39.
d'Agrippa fit absoudre cotte fille. A cela les' s Voyez Apone.
partisans de la sorcellerie d'Agrippa ré- d 'rableau de l'inconstance des démons; liv. Y,
AGR — 13 — A1G
qrippoit de ses mains crochues des trésors Aguapa , — arbre des Indes orientales
que beaucoup de vaillants capitaines ne pou- dont d on prétend que l'ombre est venimeuse.
-voient gagner par le cliquetis de leurs armes Un
X homme vêtu, qui s'endort sous cet arbre,
et leurs combats furieux. Il composa le livre sse relève tout enllé ; et l'on assure qu'un
de la Philosophie occulta, censuré par les 1homme nu crève sans ressource. Les habitants
chrétiens pour lequel il fut chassé de Flan- attribuent i à la méchanceté du diable ces cruels
,
dre, où il ne put dorénavant ôlre souffert; de effets. c Voyez BOIION-UPAS.
manière qu'il prit la route d'Italie, qu'il em- Agucrre. — Sous Henri IV, dans cette
poisonna tellementque plusieurs gens de bien partie j des Basses-Pyrénées qu'on appelait le
lui donnèrent encore la chasse, et il n'eut rien pays | de Labour, on fil très-gravement le pro-
de plus hâtif que de se retirer à Dôle. Enfin il cès < en sorcellerie à un vieux coquin de
se rendit à Lyon, dénué de facultés ; il y em- soixante-treize
< ans, qui se nommait Pierre
ploya toutes sortes de moyens pour vivoter, d'Aguerre, i el qui causait beaucoup de maux
remuant le mieux qu'il pouvoit la queue du par empoisonnements dits sorliléges. On
bâton ; mais il gagnoit si peu, qu'il mourut en avait arrêté, en même temps que lui, Marie
un chétif cabaret, abhorré de tout, le monde, d'Aguerre et Jeanne d'Aguerre, ses petites-
el délesté comme un magicien maudit, parce filles ou ses peliles-nièces, avec d'autres
que toujours il menoit en sa compagnie un jeunes filles, et les sorcières qui les avaient
diable sous la figure d'un chien noir. » — Paul menées au sabbat. Jeanne d'Aguerre exposa
Jove ajoute qu'aux approches de sa mort, les turpitudes qui se commettaient dans les
comme on le pressait de se repentir, il ôta à grossières orgies où on l'avait conduite; elle
ce chien, qui élait son démon familier, un y avait vu le diable en forme de bouc. Marie
collier garni de clous qui formaient des in- d'Aguerre déposa que le démon adoré au
scriptions nécromantiques, et lui dit: Va-t'en, sabbat s'appelait Léonard, qu'elle l'avait vu
malheureuse bêle, c'est toi qui m'as perdu ; en sa forme de bouc sortir du fond d'une
qu'alors le chien prit aussitôt la fuite vers la grande cruche- placée au milieu de l'assem-
rivière de Saône, s'y jela la tête en avant et blée,qu'il lui availparu prodigieusemenlhaut,
ne reparut plus. — Delancre rapporte autre- cl qu'à la fin du sabbat il était rentré dans sa
ment celle mort, qui n'eut pas lieu dans un cruche. — Deux témoins ayant affirmé qu'ils
cabaret de Lyon, mais, comme nous l'avons avaient vu.Pierre d'Aguerre remplir au sab-
dit, à Grenoble. « Ce misérable Agrippa, dit- bat le personnage de maître des cérémonies,
il, fut si aveuglé du diable, auquel il s'éloit qu'ils avaient vu le diable lui donner un bâlon
soumis, qu'encore qu'il connût très-bien sa doréaveclequel il rangeait, comme un meslre-
perfidie el. ses artifices, il ne les put éviter, de-camp, les personnes et les choses, et qu'ils
étant si bien enveloppé dans les rets d'icelui l'avaient vu à la fin de l'assemblée rendre au
diable, qu'il lui avoit persuadé que, s'il vou- diable son bâton de commandement ', Pierre
loit se laisser tuer, la mort n'auroit nul pou- d'Aguerre fut condamné à mort comme sor-
voir sur lui, et qu'il le ressusciteroit et le ren- cier avéré. Voy. Boue, et SAHIIAT.
drait immortel ; ce qui advint autrement, car Aigle. — L'aigle a toujours été un oiseau
Agrippa s'étant fait couper la tète, prévenu de présage chez les anciens. Valère-Maxime
de celte fausse espérance le diable se mo- rapporte que la vue d'un aigle sauva la vie
,
qua de lui et ne voulut (aussi ne le pouvoil- au roi Déjotarus, qui ne faisait rien sans con-
il) lui redonner la vie pour lui laisser le moyen sulter les oiseaux : comme il s'y connaissait.,
de déplorer ses crimes. » — Wiérus qui fut il comprit que l'aigle qu'il voyait le détour-
,
disciple d'Agrippa, dit qu'en effet cet homme nait d'aller loger dans la maison qu'on lui
avait beaucoup d'affection pour les chiens, avait préparée, et qui s'écroula la nuit sui-
qu'on en voyait constamment deux dans son vante. De profonds savants ont dit que

élude, donl l'un se nommait Jlfonsj'cu?' et l'au- l'aigle a des propriétés surprenantes, entre
tre Mademoiselle, et qu'on prétendait que ces autres celle-ci, que sa cervelle desséchée, mise
deux chiens noirs étaient deux diables dé- en poudre, imprégnée de suc de ciguë et
guisés. — Tout, cela n'empêche pas qu'on ne mangée en ragoût, rend si furieux ceux qui
soit persuadé, dans quelques provinces arrié- se sont permis ce régal, qu'ils s'arrachent les
rées, qu'Agrippa n'est pas plus mort que Ni- cheveux el se déchirent, jusqu'à ce qu'ils aient
colas Flamel, et qu'il se conserve dans un coin, complètement achevé leur digestion. Le livre
ou par l'art magique, ou par l'élixir de lon- qui contient celle singulière recette - donne
gue vie'. Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
1 Delancre,
' On peut voir la légende d'Agrippa dans les Lé- liv. Il, discours 'i.
gendes infernales. ' Admirables secrets d'Albert-le-Grand, liv. il, ch. 3.
A1M — U A1M
pour raison de ses effets que « la grande cha- quoiqu'elle nous ail été transmise par Salin,
leur de la cervelle de l'aigle forme des illu- Pline, Plularque, Malhiolo, etc. Toutes les
sions fantastiques en bouchant les conduits expériences l'ont démentie. Un fil d'archal
des vapeurs et. en remplissant la tète de fu- rougi, puis éteint dans le jus d'ail, ne laisse
mée. «C'estingénieuxelclair.V'oi/.Piiaititjiu'Ai- pas de conserver sa vertu polaire; un mor-
Gi.iï. — On donne en alchimie le nom d'aigle à ceau d'aimant enfoncé dans l'ail aura la
différentes combinaisons savantes. Vaigle cé- même puissance attractive qu'auparavant ;
leste est une composition de mercure réduit des aiguilles laissées dans l'ail jusqu'à s'y
en essence, qui passe pour un remède uni- rouiller n'en retiendront pas moins cette force
versel ; Yaigle de Vénus est une composition d'attraction. —On doit porter le même ju-
de vcrl-de-gris et de.sel ammoniac, qui for- gement, do celle autre assertion, que le dia-
ment un safran; Yaigle noir est une compo- mant a la vertu d'empêcher l'attraction de
sition de celle cadmie vénéneuse, qui se nomme l'aimant. Placez un diamant (si vous en avez)
cobalt, et que quelques alchimistes regardent entre l'aimant et l'aiguille, vous les verrez se
comme la matière du mercure philosophique. joindre, dussent-ils passer par-dessus la
Aiguilles. —Voici, dans quelques localités, pierre précieuse. Les auteurs que nous com-
une divination par les aiguilles. — On prend battons ont sûrement pris pour des diamants
vingt-cinq aiguilles neuves; on les met dans ce qui n'en était pas. — Mettez sur la mémo
une assiello sur laquelle on verse do l'eau. ligne , continue Iiroxvn , celle autre merveille
Celles qui s'all'ourchent les unes sur les autres contée par certains rabbins, que les cadavres
annoncent autant d'ennemis. On conte qu'il humains sont magnétiques, et que, s'ils sonl
est aisé de faire merveille avec de simples étendus dans un bateau, le bateau tournera
aiguilles à coudre, en leur communiquant jusqu'à ce que la tète du corps mort regarde
une vertu qui enchante. Kornmannécrilcoci ! : le septentrion. — François Rubus, qui avait
o Quant à ce (pic les magiciens et les en- une crédulité très-solide, reçoit comme vrais
chanteurs font avec l'aiguille dont- on a cousu la plupart, de ces faits inexplicables. Mais tout
le suaire d'un cadavre, aiguille au moyen de ce qui lient du prodige, il l'attribue aux pres-
laquelle ils peuvent lier les nouveaux mariés, tiges du démon J, et c'est un moyen facile de-
cela ne doit pas s'écrire, de crainte de l'aire sortir d'embarras. — Disons un mot du tom-
naître la pensée d'un pareil expédient... » — beau de Mahomet. Beaucoup dé gens croient
Aiguillette. — On appelle nouemcnl do qu'ild'aimant esl suspendu, à Mécline, entre deux pier-
l'aiguillette un charme qui frappe tellement res placées avec art, l'une.au-dessus
l'imagination de deux époux, ignorants ou cl l'autre au-dessous; mais ce tombeau est
bâti sur
superstitieux, qu'il s'éiève entre eux une sorte de pierre comme tous les autres, et
d'antipathie donl. les accidents sont très- le pavé du temple. — On lit quelque, part, à
divers. Ce charme esl jeté par des malveil- la vérité, que les mahomélans avaient conçu
lants qui passent pour sorciers. Voy. LIGA- un pareil dessein; ce qui a donné lieu à la
fable que le temps el l'ôloignemenl des lieux
TUIIES.
ont fait passer pour une vérité, el que l'on a
Aimant (MAGNES),
— principal producteur ess:iyé d'accréditer par des exemples. On voit
de la vertu magnétique ou attractive. — Il dans Pline l'architecte Dinocharès com-
que
y a sur l'aimant quelques erreurs populaires mença de voûter, avec des pierres d'aimant,
qu'il est bon de passer en revue. On rapporte le temple d'Arsinoé à Alexandrie, afin de
des choses admirables, dit le doelcnrBrown -, pendre sus-
l'air la statue de cette reine; il
d'un certain aimant qui n'attire pas seulement mourut en avoir exécuté
le 1er, mais la chair aussi. C'est un aimant échoué.
sans ce projet, qui eût
— Il u fini conte que dans le temple
très-faible, composé surtout de terre glaiso de Sera pis il avait chariot de fer que
y un
Semée d'un petit nombre de lignes magnéti- des pierres d'aimant tenaient suspendu;
cl ferrées. La terre glaise qui est la que,
ques en pierres ayant été otées, le chariot tomba
base fait qu'il s'attache aux lèvres, comme ces el se brisa. Bède rapporte également, d'après
l'hématite ou la terre de Lemnos. Les méde- des contes anciens, le cheval de Belléro-
que
cins qui joignent celle pierre à Tactile lui phon, qui était de fer, fut suspendu
donnent mal à propos la vertu de prévenir deux pierres d'aimant.
entre
lesavorlenienls. — On a dit, de toute espèce la qualité minérale de l'aimant — C'est sans doute à
qu'il faut, at-
d'aimant, que l'ail peut lui enlever sa pro- tribuer qu'assurent quelques-uns,
priété attractive; opinion certainement fausse, blessures ce que les
faites avec des armes aimantées
• DoMirab. morl-, pars V, cap. 22. ] .Discours sur les pierres précieuses don' il est l'ait
2 Essai sur les cireurs, etc., liv. 2. cil. 3. mention dans l'Apocalypse.
A1M
— 15 — A Kl
sonl plus dangereuses et plus difficiles à gué- ces sortes de choses qu'il ne faut croire que
rir, ce qui est détruit par l'expérience; les in- les faits éprouvés.
cisions faites par des chirurgiens avec des in- Aimar, — VOIJ. BAOVJKTTE.
struments aimantas ne causent aucun mauvais Ajournement. —On croyait assez généra-
effet. Mangez dans la même classe l'opinion lement autrefois que si quelque opprimé, au
qui fait de l'aimant un poison, parce que des
le placent dans le catalogue moment de mourir, prenait Dieu pour juge,
auteurs des poi-
Gardas de lluerla, médecin d'un vice-roi et s'il ajournait son oppresseur au tribunal
sons. suprême, il se faisait toujours une manifesta-
espagnol, rapporte au contraire que les rois tion du temporel de la Provi-
Ceylan avaient gouvernement
de coutume de se faire servir dence. Nous parlons de l'ajournement du
dans des plats de pierre d'aimant, s'imugi- grand-maître ne des Templiers qui cita le pape
nanl par là conserver leur vigueur. — On ne et le roi de France
peut attribuer qu'à la vertu magnétique ce cet ajournement été que pour remarquer que
a inventé après coup.
quedit jElius, que, si un goutteux tient quel- Voy.
TEMI'LIJÎKS. Mais lé roi d'Aragon Fer-
que temps dans sa main une pierre d'aimant, dinand IV fut ajourné par deux gentilshommes
il ne se sent plus de douleur, ou que du moins .
injustement condamnés, et mourut au bout
il éprouve un soulagement. C'est à la môme de
trente jours. —Énéas Sylvius raconte que
verlu qu'il faut rapporter ce qu'assure Mai- François 1er. duc de Bretagne, ayant fait
cellus Empiricus -que l'aimant guérit les sassiner as-
de tête. Ces
,
effets merveilleux son frère (en LiiiO) , ce prince, en
maux ne sont mourant, ajourna son meurtrier devant Dieu,
qu'une extension gratuite de sa vertu attrac- et
tive, donlloulle mondeconvienl. Les hommes, autrefois que le duc expira au jour fixé. — On'avait
grande confiance en ces ajourne-
s'élant aperçus de celle force secrèle qui at- ments, et les dernières paroles des mourants
tire les corps magnétiques, lui ont donné étaient redoutées. On cite même
attraction d'un ordre différent, la une foule
encore une d'exemples qui feraient croire qu'uu con-
vertu de tirer la douleur de toutes les parties damné peut toujours, à dernière heure, en
du corps; c'est ce qui a fait ériger l'aimant appeler ainsi d'un juge inique; si sa
phi lire. On dit aussi l'aimant ce n'était
en — que res- qu'une idée, clans les temps barbares elle
serre les noeuds de l'amitié paternelle et. de pouvait être salutaire. Mais n'était-ce qu'une
l'union conjugale, en même temps qu'il est idée? Delancro dit qu'un innocent
peut
très-propre aux opérations magiques. Les ajourner juge, mais que l'ajournement
basilidiens en faisaient des talismans pour d'un coupable son
est sans effet. Comme les sor-
chasser les démons. — Les fables qui regar- ciers ajournaient leurs condamnaleurs, il ra-
dent les vertus de celle pierre sonl en grand conte, d'après Paul ,Iove, Gonzalve de
nombre. Dioscoride assure qu'elle est pour Cordoue ayant condamné à que
les voleurs un utile auxiliaire; quand ils veu- sorcier, mort un soldat
ce soldat s'écria qu'il mourait injus-
lent piller un logis, dit-il, ils allument du feu tement, qu'il ajournait Gonzalve à
et compa-
aux quatre coins et y jettent des morceaux raître devant le tribunal de Dieu. « Va, -va,
d'aimant. La fumée qui en résulte est si in- lui dit Gonzalve, hâle-loi d'aller et fais in-
commode que ceux qui habitent la maison struire le procès
: mon frère Alphonse, qui
sont forcés de l'abandonner. Malgré l'absur- est dans le ciel, comparaîtra pour moi. » —
dité de cette fable, mille ans après Diosco- L'ajournement lui fut pas fatal.
ride, elle a été adoptée par les écrivains qui ne
ont compilé les prétendus secrets merveilleux Akhmin, — ville do la moyenne Thébaïdc,
d'Albeii-le-Grand. •— Mais on ne trouvera qui avait autrefois le renom d'être la demeure
plus d'aimant comparable à celui de Laurent des plus grands magiciensJ. Paul Lucas parle,
Guasius. Cardan affirme que toutes les bles- dans son second voyage 2, du serpent mer-
faites des frottées de veilleux d'Akhmin, que les musulmans hono-
sures avec armes cet
aimant ne causaient aucune douleur. — En- rent comme un ange et que les chrétiens
croient être le démon Asmodée. Voy : IIAIUDI.
core une fable : je ne sais quel écrivain assez
grave a dit que l'aimant fermenté dans du Aklba, — rabbin du premier siècle de
sel produisait et formait le petit poisson ap- noire ère, qui, de simple berger, poussé par
pelé rémora, lequel possède la verlu d'attirer l'espoir d'obtenir la main d'une jeune fille
l'or du puits le plus profond. L'auteur de celle dont il était épris, devint un savant renommé.
recette savait, qu'on ne pourrait jamais le Les juifs disent, qu'il fut instruit.par les esprits
réfuter par l'expérience * ; et c'est bien dans élémentaires, qu'il savait conjurer, et qu'il
' D'IIorbelot, Bibliothèque orientale.
1 Brown, au lieu cite. ' Liv. v, t..H, p. 83.
AL» — 16 — AL»
ouf, dans ses jours d'éclat, jusqu'à quatre- in-fol. lin les parcourant on admire un sa-
vingt mille disciples... On croit qu'il est au- vant chrétien ; on ne trouve jamais rien qui
teur du Jetzirah ou livre de la création, al- ait pu le charger de sorcellerie. 11 dit formel-
Iribué par les uns à Abraham, et par d'autres lement au contraire : « Tous ces contes de
à Adam même. Voy. ABRAHAM. » démons qu'on voit rôder dans les airs, et de
Alain de l'isle (INSULENSIS), — religieux » qui on lire le secret des choses futures, sont
bernardin, évoque d'Àuxerre au douzième » des absurdités que la saine raison n'admel-
siècle, auteur de l'Explication des prophéties » Ira jamais '. » — C'est qu'on a mis sous
de Merlin [Explanalionesin proplwtias Mer- son nom des livres de secrets merveilleux,
Uni Angli; Franclort, 4G08, in-8"). 11 com- auxquels il n'a jamais eu plus de part qu'à
posa ce commentaire en 4 470, à l'occasion l'invention du gros canon et du pistolet que
du grand bruit que faisaient alors lesdites lui attribue Matthieu de Luna. — Mayer dit
prophéties. Un autre ALAIN OU ALANUS, qui qu'il reçut des disciples de saint Dominique
vivait dans le môme siècle, a laissé pour les le secret de la pierre philosophalc, et qu'il le
alchimistes un livre intitulé : Dicta de lapide communiqua à saint Thomas d'Aquin ; qu'il
philosophico, in-8°; Leyde, 4 000. possédait une pierre marquée naturellement
admira-
Alary (FKANÇOIS), — songe-creux, qui a d'un serpent, et douée de celle vertu
l'ail imprimer à Rouen, en 4 701 la Prophétie ble, que si on la mettait dans un lieu que les
du comte llombastc, chevalier de la /(ose - serpents fréquentassent, elle les attirait tous;
Croix, neveu de Paracelse, publiée en l'an- qu'il employa, pendant trente ans, toute sa
née'1609,sur la naissance de Louis-le-Grand. » science de magicien et d'astrologue à faire,
de métauxbien choisis, cl sous l'inspection des
Alastor, — démon sévère, exécuteur su- astres, un automate doué de la parole, qui lui
prême des sentences du monarque infernal. servait d'oracle el résolvait toutes les
Il fait les fonctions de Némésis. Zoroaslre tions qu'on lui proposait c'est
ques-
: ce qu'on ap-
l'appelle le bourreau; Origène dit que c'est pelle Yandroïde d'Albert-le-Grand;
qu'Azazel; d'autres le confondent
que cet
le môme automate fut anéanti par saint Thomas d'A-
avec l'ange exterminateur. Les anciens appe- quin, qui le brisa à coups de bâton, dans l'idée
laient les génies malfaisants Alastores, et c'était un ouvrage ou un agent du diable.
Plutarque dit que Cicéron, par haine contre On seul
que
que tous ces pefitsfaits sont des contes.
Auguste, avait eu le projet de se tuer auprès On donné aussi à Virgile, au Sylves-
du foyer de ce prince pour devenir son alastor.
a pape
tre 11, à Roger Bacon, de pareils àndroïdes.
Albert-le-Grand, •— Albei'l-le-TeutOlliquC, Vaucanson a montré que c'était un pur ou-
Albert de Cologne, Albert de Ralisbonne,. vrage de mécanique. — Une des plus célèbre»
AlberlusGrokis, car on le désigne sous tous sorcelleries d'Alberl-le-Grand eut lieu à Co-
ces noms (le véritable était Albert de G root), logne. Il donnait un banquet, dans son cloître,
savant et pieux dominicain, mis à tort au à Guillaume II, comte de Hollande el roi des
nombre des magiciens par les démonogra- Romains; c'était dans le coeur de l'hiver, el
phes, fut, dit-on, le plus curieux de tous les la salle du festin présenta, à la grande sur-
hommes. Il naquit dans la Souabo, à Lawi- prise de la cour, la riante parure du prin-
gen sur le Danube, en 4 203. D'un esprit fort temps; mais, ajoutc-l-on, les Heurs se flétri-
grossier dans son jeune âge, il devint, à la suite rent à la fin du repas. A une époque où l'on
d'une vision qu'il eut de la sainte Vierge, no connaissait point les serres cliaudes, l'élé-
qu'il servait tendrement et qui lui ouvrit les gante prévenance du bon et savant religieux
yeux de l'esprit, l'un des plus grands doc- dut surprendre. — Ce qu'il appelait lui-même
tours de son siècle. Il fui le maître de saint ses opérations magiques n'étaient ainsi que
Thomas d'Aquin. Yieux, il retomba dans la de la magie blanche. —Finissons en disant
médiocrité, comme s'il dût être évident que que son nom d'Alberl-le-Grand n'est pas un
son mérite et sa science étendue n'étaient nom acquis par la.gloire, mais la simple tra-
qu'un don miraculeux et temporaire. — D'an- duction deson nom de famille, Albert de Grool.
ciens écrivains ont dit, après avoir remarqué
— On lui attribue donc le livre intitulé : les
la dureté naturelle de sa conception, que Admirables secrets d'Alberl-lo-Grand, conte-
d'âne il avait été transmué en philosophe ; nant plusieurs traités sur les vertus des herbes,
puis, ajoutent-ils, de philosophe il redevint des pierres précieuses et des animaux, etc.,
âne. — Albert-le-Grand fut évoque de Ralis- augmentés d'un abrégé curieux de la physio-
bonne et mourut saintement à Cologne, âgé nomie cl d'un préservatif contre la poste, les
de quatre-vingt-sept ans. Ses ouvrages n'ont
été publiés qu'en 4 051 ; ils forment 24 vol. Du Soin», et vig., lib. ni, tract. 1, cap. B.
1
ALB — 17 — AL»
lièvres malignes, les poijons et l'infection de :lient,
les moyens d'évoquer le diable. On y
l'air, tirés el traduits des anciens manuscrits voit- la manière de nouer el de dénouer l'ai-
de l'auteur qui n'avaient pasencore paru,etc., guillelle, la composition de divers philtres,
in-48, in-24, in-42. Excepté du bon sens, on l'art de savoir en songe qui on épousera, des
trouve de tout dans ce fatras, jusqu'à un secrets pour faire danser, pour multiplier les
traité des fientes, qui « quoique viles et mé- pigeons, pour gagner au jeu, pour rétablir le
» prisables sonl cependant en estime, si on vin gâté, pour faire des talismans cabalisti-
» s'en sert aux usages prescrits. » Le récol- ques, découvrir les trésors, se servir de la
lecleur de ces secrets débute par une façon main de gloire, composer l'eau ardente et. le
de prière ; après quoi il donne la pensée du feu grégeois, la jarretière et le bâton du
prince des philosophes, lequel pense que voyageur, l'anneau d'invisibilité, la poudre
l'homme est ce qu'il y a de meilleur dans le de sympathie, For artificiel, el enfin des re-
monde, attendu la grande sympathie qu'on mèdes contre les maladies et des gardes pour
découvre entre lui et les signes du ciel, qui les troupeaux.
est au-dessus de nous et, par conséquent, Albert d'Alby, — voy. CAKTOMAKCIK.
nous est supérieur. — Le livre 1er traite
principalement, et de la manière la plus in- Aïbert de Saint-Jacques, — moillO du
dix-septième siècle, qui publia un livre inti-
convenante, de l'influence des planètes sur tulé : Lumière aux vivants par l'expérience
la naissance des enfants, du merveilleux effet
des morts, ou diverses apparitions des âmes
des cheveux de la femme, des monstres, de
du purgatoire de noire siècle. In-8°, Lyon,
la façon de connaître si une femme enceinte
4673.
porte un garçon ou une fille, du venin que les
vieilles femmes portent dans les yeux, sur- Albigeois, — espèce de manichéens très-
tout si elles y ont de la chassie, etc.; toutes perlides, dont l'hérésie éclata dans le Langue-
ces rêveries grossières sonl fastidieuses, ab- doc, el eut pour centre Albi. Ils admettaient
surdes el fort, sales.— On voit, dans le livre 11, deux principes, disant que Dieu avait/produit
les vertus de certaines pierres, de certains de lui-même Lucifer, qui était ainsi son lils
animaux, et les merveilles du monde, des aîné; que Lucifer, (ils de Dieu, s'était révolté
planètes el des astres. — Le livre 111 présente contre lui; qu'il avait entraîné dans sa rébel-
l'excellent traité des fientes, de singulières lion une partie des anges; qu'il s'était vu alors
idées sur les urines, les punrises, les vieux chassé du ciel avec les complices de son crime ;
souliers el la pourriture; des icrels pour qu'il avait, dans son exil, créé ce monde que
amollir le fer, pour manier les métaux, pour nous habitons, où il régnait el où foui allait
dorer l'élain et pour nettoyer la batterie de mal. Ils ajoutaient que Dieu, pour rétablir
cuisine. —Enfin, le livre IV est un traité de Tordre, avait, produit, un second fils, qui était
physiognomonie, avec des remarques sa- Jésus-Christ. Ce singulier dogme se présen-
vantes, des observations sur les jours heureux tait avec des variétés, suivant les différentes
el malheureux, dos préservatifs contre la fiè- sectes. Presque toutes niaient la résurrection
vre, des purgatifs, des recettes de cataplasmes de la chair, l'enfer et le purgatoire, disant
el autres choses de môme nature. Nous rap- que nos âmes n'étaient que des démons logés
porterons en leur lieu ce qu'il y a de curieux dans nos c*orps en châtiment de leurs crimes.
dans ces extravagances; et le lecteur trou- — Les albigeois avaient pris, dès la fin. du
vera, comme nous, étonnant qu'on vende douzième siècle, une telle consistance, et de
chaque année par milliers d'exemplaires les se- si odieux excès marquaient leur passage, que,
crets d'Albert-le-Grand aux pauvres habitants les remontrances et les prédications étant vai-
des campagnes. •— Le solide Trésor du Petit nes, il fallut faire contre eux une croisade,
Albert, ou secrets merveilleux de la magie dont Simon de Montforl fut le héros. On a dé-
naturelle el cabalistique, traduit exactement naturé et faussé parles plus insignes menson-
sur l'original latin intitulé : « Alberli Parvi ges l'histoire de cette guerre sainte ; on a ou-
Lucii liber de mirabilibus naturoearcanis, » en- blié que, si les albigeois eussent triomphé,
richi de figures mystérieuses, el la manière l'Europe retombait dans la barbarie. 11 est
de les faire (ce sont des figures de talismans). vrai que leurs défenseurs sont, les protestants,
Lyon, chez les héritiers de Beringos fratres, héritiers d'un très-grand nombre de leurs er-
à l'enseigne d'Agrippa. In-48, 634 6 (année reurs.
cabalistique). — Albert-le-Grand est égale- Albigérius. — Les démonographes disent
ment étranger à cet aulre recueil d'absurdités, que les possédés, par le moyen du diable,
plus dangereux que le premier, quoiqu'on n'y tombent quelquefois dans des extases pendant
trouve pas, comme les paysans se l'imagi- lesquelles leur âme voyage loin du corps et
AL» — 18 — ALC
l'ail à son retour desrévéjaliuns de choses se- Alborack, — 00\J. BoilACK.
crètes. C'est ainsi, comme dit, Leloyer, que les Albumazar, — astrologue du neuvième
corybanles devinaient et prophétisaient. Saint siècle, né dans le Khorassan, connu par
Augustin parle, d'un Carthaginois, nommé Al- traité astrologique intitulé Milliers d'aimées, son
bigérius, qui savait, par ce moyen tout ce qui où il affirme le monde n'a pu être créé
que
se faisait, hors de chez lui. Chose plus étrange, que quand les sept planètes se sont trouvées
ajoule-l-il, cet Albigérius, à la suite de ses
en conjonction dans le premier degré du Bé-
extases, révélait, souvent ce qu'un autre son- lier, el que la fin du monde aura lieu quand
geait dans le plus secret de sa pensée. Était-
ces sept planètes (qui sonl aujourd'hui au
ce du magnétisme? Saint Augustin cite un nombre de douze)
frénétique qui, dans grande fièvre, se rassembleront dans le
autre une dernier degré des Poissons. On a traduit en
étant possédé, du mauvais esprit, sans extase, latin el imprimé d'Albumazar le Traclatus
mais bien éveillé, rapportait fidèlement tout florum aslrologiu!; in—1°, Augsbourg, 4488.
ce qui se faisait loin de lui. Lorsque le prêtre On peut voir dans Casiri, IHbUoth. arab.
qui le soignait était à six lieues de la maison, hispan., tome lUr, 35-1, le catalogue de
le diable, qui parlait par la bouche du ma- p. ses
lade, disait aux personnes présentes en quel ouvrages.
lion était le prêtre à l'heure, qu'il parlait et Albunée , — voyez SlHVI.LliS.
ce qu'il faisait, etc. Ces choses-là sont surpre- Alchabitius, — VOljez Ani)BL-AzyS.
nantes. Mais l'âme immortelle , selon la re- Alchimie. •— L'alchimie ou chimie par ex-
marque d'Arislole, peut quelquefois voyager cellence, qui s'appelle aussi philosophie her-
sans le corps 1. métique, est cette partie éminenle de la chi-
Albinos, — nom que les Portugais ont mie qui s'occupe de l'art de transmuer les
donné à des hommes d'une blancheur ex- métaux. Son résultat, en expectative, est la
trême, qui sont ordinairement enfants de nè- pierre philosophale. Votjez PIIÎIUUS PJIILOSO-
gres. Les noirs les regardent comme des l'IlAUi.
monstres, et les savants ne savent à quoi at- Alobindus, — que Wiérus 1 met. au nom-
tribuer celle blancheur. Les albinos sont, pâles bre des magiciens, mais que Delrio - se con-
comme des spectres; leurs yeux, faibles el tente de ranger parmi les écrivains supersti-
languissants pendant le jour, sonl brillants à tieux, était un médecin arabe du onzième
la clarté de la lune. Les noirs, qui donnent siècle, qui employait comme remède des pa-
aux; démons la peau blanche, regardent les roles charmées et des combinaisons de chif-
albinos comme des enfants du démon. Ils fres. Les démonologues l'ont déclaré suppôt
croient, qu'ils peuvent les combattre aisément du diable à cause de son livre intitulé :
pendant le jour; mais que la nuit les albinos Théorie des arts magiques, qu'ils n'ont point
sont les plus forts et se vengent. Dans le lu ; car Jean Pic de la Mirandole dit qu'il ne
royaume de Loango, les albinos passent pour connaît que trois hommes qui se soient occu-
des démonschampêtres et obtiennent, quelque pés de la magie naturelle el permise : Alchin-
considération à ce titre. — Vossius dit qu'il y dus, Roger Bacon el Guillaume de Paris. AL-
a dans la Guinée des peuplades d'albinos. chindus était simplementun peu physicien dans
Mais comment ces peuplades subsisleraienl- des temps d'ignorance.-—A son nom arabe, Al-
elles, s'il est vrai que ces infortunés ne se re- cendi, qu'on a latinisé, quelques-uns ajoutent
produisent point'? Il paraît que les anciens le prénom de Jacques. Mais on croit qu'il
connaissaient les albinos. « On assure, dit était mahomélan.— On lui reproche d'avoir
Pline, qu'il existe en Albanie des individus écrit dos absurdités. Par exemple, il croit ex-
qui naissent avec des cheveux blancs, des pliquer les songes en disant qu'ils sonl. I'OUT-
yeux de perdrix ,'et ne voient clair que pen- vrage des esprits élémentaires qui se mon-
dant la nuit. » 11 ne dit pas que ce soit une trent à nous dans le sommeil el nous repré-
nation, mais quelques sujets affectés d'une sentent diverses actions fantastiques, comme
maladie particulière. « Plusieurs animaux ont des acteurs qui jouent la comédie devant le
aussi leurs albinos, ajoute M. Saignes; les na- public.
turalistes ont observe des corbeaux blancs, Alooran, — t'Ol/a: KoilAN.
des merles blancs, des taupes blanches; leurs Alcyon. — Une vieille opinion, qui sub-
yeux sont rouges, leur peau est plus pâle el siste encore chez les habitants des côtes, c'est
leur organisation plus faible -. que l'alcyon ou marlin-pochcur est une gi-
1 Leloyer, îîist. et dise, des spectres, liv. iv. 1 3)e Pnestigiis, lib. il, cap. 3.
7 I)es Erreurs et des préjugés, etc., t. 1^, p. 479. ?- Disquisit. Magicee, lib. I, eap. 3.
ALE — 19 — ALE
rouelle naturelle, et que, suspendu par le bec, dans ( chacun de ces espaces une lettre de
il désigne le côté d'où vient, le vent en tour- l'alphabet
1
; on mettait sur chaque lettre un
nanl sa poitrine vers ce point de l'horizon. Ce grain s d'orge ou de blé; on plaçait ensuite, au
qui a mis celte croyance en crédit parmi le milieu i du cercle, un coq dressé à ce manège;
peuple, c'est l'observation qu'on a faite que on <
observait sur quelles lettres il enlevait le
l'alcyon semble étudier les vents et lesdevi- grain ; ; on en suivait l'ordre ; et ces lettres
ner lorsqu'il établit son nid sur les Ilots, vers rassemblées formaient un mol qui donnait la
le solstice d'hiver. Mais celle prudence est- solution :
de ce que l'on cherchait à savoir. Des
elle dans l'alcyon une prévoyance qui lui soit devins, parmi lesquels on cite Jambliquc, vou-
particulière? N'est-ce pas simplement un in- lant, connaître le successeur de l'empereur
stinct de la nature qui veille à la conservationi Valons, employèrent, l'alectryornancie; le coq
de cette espèce? «Bien des choses arrivent., tira les lettres ihéod.... Valons, instruit, de
,
dit. Brown, parce que le premier moteur l'ai cette particularité fil mourir plusieurs des
,
ainsi arrêté, el la nature les exécute par dess curieux qui s'en étaient occupés, et. se délit
voies qui nous sont, inconnues. » — C'est en- même, s'il faut en croire Zonaras, de tous les
core une ancienne coutume de conserver les5 hommes considérables dont le nom commen-
alcyons dans des coffres, avec l'idée qu'ils3 çail par les lettres fatales. Mais, malgré ses
préservent des vers les étoffes de laine. Oni efforts, son sceptre passa à Théodose-le-
n'eut peut-être pas d'autre but. en les pendant,t Grand. — Cette prédiction a été faite après
au plafond des chambres. « Je crois même,:, cou]). Ammien-Marcellinraconte la chose au-
ajoute Brown, qu'en les suspendantpar le becc trement. Il dit que sous l'empire de Valens on
on n'a pas suivi la méthode des anciens, quiii complaît, parmi ceux qui s'occupaient de ma-
les suspendaient par le dos, afin que le becc gie, beaucoup" de gens de qualité et. quelques
marquât les vents. Car c'est ainsi queKirker :r philosophes. Curieux de savoir quel serait le
a décrit l'hirondelle de mer. » Disons aussi si sort de l'empereur régnant, ils s'assemblèrent
qu'autrefois, en conservant cet oiseau, onn pendant la nuit dans une des maisons affec-
croyait que ses plumes se renouvelaient it lées à leurs cérémonies; ils commencèrent par
comme s'il eût été vivant, et c'est ce qu'Al- I- dresser un trépied de racines el. de rameaux
berl-le-Gi'Ond espéra inutilement dans ses ex- >c-
de laurier qu'ils consacreront par d'horribles
périences 1. —-Outre les dons de prédire le imprécations ; sur ce trépied ils placèrent, un
vent et de chasser les vers, on attribue encore re bassin formé de différents métaux, el ils ran—
à l'alcyon la précieuse qualité d'enrichir son )ii gèrent autour, à distances égales, tontes les
possesseur, d'entretenir l'union dans les fa- i- lettres de l'alphabet. Alors le sorcier le plus
milles el de communiquer la beauté aux fem- n- savant de la compagnie s'avança, enveloppé
mes qui portent ses plumes. Les Tarlares cl d'un long voile, la tète rasée, tenant à la main
les Ostiaks ont, une très-grande vénération DU des feuilles de verveine, et faisant à grands
pour cet oiseau. Ils recherchent ses plumes es cris d'effroyables invocations qu'il accpmpa-
avec empressement, les jettent dans un grand nd gnaif de convulsions. Ensuite, s'arrêlanf tout
vase d'eau, gardent avec soin celles qui sur- r— à cou]) devant, le bassin magique, il y resta
nagent, persuadés qu'il suffit de loucher quel- el- immobile, tenant un anneau suspendu par un
qu'un avec ces plumes pour s'en faire aimer. îi'. fil- C'était de la daelylomancie. A peine il
Quand un Ostiak est. assez heureux pour pos- is- achevait de prononcer les paroles du sortî-
séder un alcyon, il en conserve le bec, les tes lége, qu'on vil le trépied s'ébranler, l'anneau
pattes et la peau, qu'il met dans une bourse, ;e, se remuer, et frapper tantôt une lettre, tantôt
et, tant qu'il porte ce trésor, il se croit,, à une autre. A mesure que ces lettres étaient,
l'abri de tout malheur*. C'estpour lui un la- ta- ainsi frappées, elles allaient s'arranger d'elles-
lisman, comme les fétiches des nègres. mêmes, à côté l'une de l'autre, sur une table
Aldon,-—V01J. GllANSON. où elles composèrent des vers héroïques qui
étonnèrent toute l'assemblée.-—Valons, in-
Alectorienne (PlEIlUE), —voy. COQ. formé de celle opération el n'aimant pas
Alectryomancie OU Alectromancîe, —- di- ch- qu'on.interrogeât les enfers ,
sur sa destinée,
vination par le moyen du coq, usitée chez les punit les grands et les philosophes qui avaient
anciens. Voici quelle était leur méthode : —On On assisté à cet acte de sorcellerie ; il étendit
traçait sur le sable un cercle que l'on divisait sait même la proscription sur tous les philosophes
en vingt-quatre espaces égaux. On écrivait 'ait cl. tous les sorciers de Home. 11 en péril une
multitude;-et les grands, dégoûtés d'un art
1 Brôvn, Erreurs populaires, liv. m, ch. 10.
qui les exposait à des supplices, abandonné^
,It
^ M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés, t. 1H,
P- 374. l'eut la inagio à la populace et aux vieilles,
ALK — 20 ALLI
qui ne la firent plus servir qu'à de petites in- domestiques, n'ayant fait, du reste le moindre
trigues et à des maléfices subalternes.— Voy. mal à personne 1. Efail-ce une hallucination
COQ, MAIIIAGE, etc. déjeunes gens ivres ou une espièglerie?
Aies (ALEXANDMÏ),—ami de Mélanchlhon, Aleuromanoie, — divination qui se prati-
né en 4 300 à Edimbourg. Il raconte que quait avec de la farine. On mettait des billets
dans sa jeunesse étant monté sur le sommet roulés dans un tas de farine; on les remuait
, neuf fois confusément. On partageait ensuite
d'une très-haute montagne, il fil un faux pas
et roula dans un précipice. Comme il était près la masse aux différents curieux, el chacun se
de s'y engloutir, il se sentit transporter en un faisait un thème selon les billets qui lui étaient
autre lieu, sans savoir par qui ni comment, et échus. Chez les païens, Apollon était appelé
se retrouva sain el sauf, exempt de contusions Aleuromantis, parce qu'il présidait à celle di-
et de blessures. Quelques-uns attribuèrent ce vinolion. Il en reste quelques vestiges dans
prodige aux amulettes qu'il portait au cou, certaines localités , où l'on emploie le son au
selon l'usage des enfants de ce temps-là. lieu de farine. C'esl une amélioration.
Pour lui, il l'attribue à la foi et aux prières Alexander ab Alexandro , — voy. ÀI.1ÎS-
de ses parents, qui n'étaient pas hérétiques. SAKBHO.
Alessandro Alessandri, •—en latin Alexan- Alexandre-Ie-Grand , — roi de Macé-
dar ab Alexondro, —jurisconsulte napolitain, doine, etc. Il a été le sujet de légendes pro-
mort en lo^S. 11 a publié un recueil rare de digieuses chez les Orientaux, qui ont sur lui
dissertations sur les choses merveilleuses L 11 des contes immenses. Ils l'appellent Iskender.
y parle de prodiges arrivés récemment, en Les démonographes disent qu'Arislote lui en-
Italie, de songes vérifiés, d'apparitions et de seigna la magie ; les cabalisles lui attribuent
fantômes qu'il dit avoir vus lui-même. Par la un livre sur les propriétés des éléments ;
suite, il a fondu ces dissertations dans son les rabbins écrivent qu'il eut un songe qui
livre Genialiuin dierum, où il raconte toutes l'empêcha de maltraiter les Juifs lorsqu'il
sortes de faits prodigieux. Nous en citerons un voulut entrer en conquérant dans Jérusalem.
qui lui est personnel. — Il dit qu'il fil un — La figure d'Alexandre-le-Grand gravée
,
soir la partie d'aller coucher, avec quelques en manière de talisman sous certaines in-
amis, dans une maison de Rome que des fan- fluences, passait autrefois pour un excellent
tômes el des démons hantaient depuis long- préservatif. Dans la famille des Macriens,
temps. Au milieu do la nuit, comme ils étaient, qui usurpèrent l'empire du temps de Valérien,
rassemblés dans la môme chambre avec plu- les hommes portaient, toujours sur eux la fi-
sieurs lumières, ils virent paraître un grand gure d'Alexandre; les femmes en ornaient
spectre, qui les épouvanta par sa voix terri- leurs coiffures, leurs bracelets, leurs anneaux.
ble et par le bruit qu'il faisait en sautant sur Trebellius Pollio dit que celle figure est d'un
les meubles et en cassant les vases de nuit. grand secours dans toutes les circonstances
Un des intrépides de la compagnie s'avança de la vie, si on la porte en or on en argent.
plusieurs fois avec de la lumière au-devant du Le peuple d'Anlioche pratiquait cette super-
fantôme; mais, à mesure qu'il s'en appro- stition, que saint Jean-Chrysoslomeeut beau-
chait, l'apparition s'éloignait; elle disparut coup de peine à détruire..— Voy., dans les
entièrement après avoir tout dérangé dans la légendes, la légende d'Alexandre-le-Grand.
maison. — Peu de temps après, le môme Alexandre de Faphlagonie , — imposteur,
spectre rentra par les fentes de la porto. Ceux né au deuxième siècle, en Paphlagonie, dans
qui le virent se mirent à crier. Alessandro, le bourg d'Àbonolique. Ses parents, qui étaient
qui venait de se jeter sur un lit, ne l'aperçut pauvres, n'ayant pu lui donner aucune éduca-
point d'abord, parce que le fantôme s'était tion, il profila, pour se pousser dans le monde,
glissé sous la couchette; mais bientôt il vit un de quelques dons qu'il tenait de la nature. 11
grand bras noir qui s'allongea sur la table, avait le teint blanc, l'oeil vif, la voix claire
éteignit les lumières el. renversa les livres avec la taille belle, peu de barbe el peu de che-,
tout, ce qui s'y trouvait. L'obscurité rendit veux mais un air gracieux el doux. Se sen-
l'effroi plus violent encore. Les amis d'Ales- tant des ,
dispositions pour le charlatanisme
sandro hurlèrent. Pendant qu'on apportait médical, il s'attacha presque enfant, à une
des flambeaux, il remarqua que le fantôme sorte de magicien qui, débitait des secrets el
ouvrit la porte et s'échappa sans être vu des des philtres pour produire l'affection ou la
haine, découvrir les trésors, obtenir les suc-
1 Alexrmdri jurisperiti neapolilani Dissertationes
,
quatuor de rébus adminibilibus, etc. Rome, sans date ,
in-4°. 1 Genialium dierum, lib. v, cap. 23.
ALE — 21 — ALE
cessions, perdre ses ennemis, et autres résul- vrail \ et. se fermait par un fil caché. Avec celle
lais de ce genre. Cet homme ayaul reconnu tôle t et le serpent apprivoisé qu'il avait acheté
dans Alexandre un esprit adroit, une mémoire en c Macédoine, el qu'il cachait, soigneusement.,
vive el beaucoup d'effronterie, l'initia aux il i prépara un grand prodige. Il se transporta
ruses de son métier.—Après la mort, du vieux de ( nuit à l'endroit où l'on creusait, les fonde-
jongleur, Alexandre se lia avec un certain ments i du temple, el cacha, dans une fontaine
Coconasj dont les récils font un chroniqueur voisine, ' un oeuf d'oie où il avait enfermé un
byzantin el un homme aussi malin qu'auda- pelil | serpent qui venait de naître. Le lende-
cieux. Ils parcoururent ensemble divers pays, main i malin il se rendit sur la place publique,
étudiant l'art de faire des dupes. Us rencon- l'air agité, tenant sa faux à la main et couvert
1

trôrent une vieille femme riche, que leurs pré- seulement d'une écharpe dorée; il monta sur
i

tendus secrets charmèrent, et qui les (if voya- un ' autel élevé, et s'écria que ce lieu était ho-
ger à ses dépens depuis la Bithynie jusqu'en noré do la présence d'un dieu. A ces mots,
Macédoine. — Arrivés en ce pays, ils remar- le peuple accouru pour l'entendre commença
quèrent qu'on y élevait, de grands serpents si à faire des prières, tandis que l'imposteur pro-
familiers qu'ils jouaient avec les enfants sans nonçait des mots en langue phénicienne, ce
leur faire de mal ; ils en achetèrent un des qui servait, à redoubler l'élonnemenl général.
plus beaux pour les scènes qu'ils se propo- — Il courut ensuite vers le lieu où il avait
saient de jouer. Us avaient conçu un projet caché son oeuf, el, entrant dans l'eau, il com-
hardi. L'embarras était de décider quel lieu mença à chanter les louanges d'Apollon el
serait leur théâtre. Coconas préférait Calcé- d'Esculape elà inviter ce dernier à se montrer
doine, ville de Paphlagonie, à cause du con- aux mortels ; puis, enfonçant une coupe dans
cours de diverses nations qui l'environnaient. la fontaine, il en relira l'oeuf mystérieux; le
Alexandre aima mieux son pays, Abonotique, prenant dans sa main il s'écria : « Peuples
esprits étaient plus grossiers. voici dieu
,
Toute foule ,
attentive
parce que les y votre ! » la
— Son avis ayant prévalu , les deux fourbes poussa des cris de joie en voyant Alexandre
cachèrent des lames de cuivre dans un vieux- casser l'oeuf et en tirer un pelil serpent, qui
temple d'Apollon qu'on démolissait, et. ils s'entortilla dans ses doigts. Chacun se répan-
avaient écrit dessus qu'Esculape et son père dit en bénédictions, les uns demandant au dieu
viendraient bientôt s'établir dans la ville. la santé, les autres les honneurs ou des ri-
Ces lames ayant élé trouvées, le bruit s'en chesses. — Enhardi par ce succès, Alexandre
répandit aussitôt dans les provinces ; les ha- fait annoncer le lendemain que le dieu qu'ils
bitants d'Abonolique se hâtèrent de décerner avaient vu si polit la veille avait repris sa
un temple à ces dieux, et ils en creusèrent les grandeur naturelle. Il se plaça sur un lit,
fondements.—Coconas mourut alors de la a])iès s'être revêtu de ses habits prophéti-
morsure d'une vipère. Alexandre se hâta de ques, el, tenant dans son sein le serpent qu'il
le remplacer et, se déclarant prophète avant de avait apporté de Macédoine il le laissa voir
,
se rendre au lieu de sa naissance, il se montra entortillé autour de son cou el traînant une
avec une longue chevelure bien peignée, une longue queue ; mais il en cachait la tôle sous
robe de pourpre rayée de blanc ; il tenait dans son aisselle et faisait paraître à la place la
,
sa main une faux, comme on en donne une à léte postiche à figure humaine qu'il avait pré-
Persée, dont il prétendait descendre du côté parée. Le lieu de la scène était faiblement
de sa mère ; il publiait un oracle qui le disait éclairé ; on entrait par une porte et on
fils de Podalyre lequel, à la manière des sortait par une autre, sans qu'il fût. possible
,
dieux du paganisme avait épousé sa mère de s'arrêter long-lemps. Ce spectacle dura
,
en secret ; il faisait débiter en même temps quelques jours ; il se renouvelait toutes les
une prédiction d'une sibylle qui portait que, fois qu'il arrivait quelques étrangers. On fit
des bords du Ponl-Euxin il viendrait un li- des images du dieu en cuivre et en argent. —
,
bérateur d'Ausonie.—Dès qu'il se crut con- Le prophète, voyant les esprits préparés, an-
venablement annoncé, il parut dans Abono- nonça que le dieu rendrait des oracles, el
tique où il sévit accueilli comme un dieu. qu'on eût à lui écrire des billets cachetés.
,
Pour soutenir son personnage , il mâchait la Alors, s'enfermant dans le sanctuaire du tem-
racine d'une certaine herbe qui le faisait écu- ple qu'on venait de bâtir, il faisait appeler
mer, ce que le peuple attribuait à l'enthou- ceux qui avaient donné des billets , el les leur
siasme surhumain dont il était possédé. —II rendait sans qu'ils parussent avoir été ouverts,
avait préparé en secret une tête habilement mais accompagnés de la réponse du dieu. Ces
fabriquée, dont les traits représentaient la bihels avaient été lus avec tant d'adresse
face d'un homme, avec une bouche qui s'ou- qu'il était impossible de s'apercevoir qu'on
ALE — 22 — ALG
eût. rompu le cachet. Des espions et dos émis- Alexandre de Tralles , — médecin né à
saires informaient le prophète de tout ce qu'ils Tralles, 1 dans l'Asie-Mineuro, au sixième siè-
pouvaient, apprendre, el l'aidaient à rendre cle. t On dil qu'il était, très savant; ses ouvra-
ses réponses , qui d'ailleurs étaient toujours £ges prouvent au moins qu'il était très-crédule.
obscures ou ambiguës, suivant la prudente 1Il conseillait à ses malades les amulettes el les
coutume des oracles. On apportait des vie- paroles ] charmées. Il assure, dans sa médecine
finies pour le dieu et des présents pour le pro- pratique ] 1, que la figure d'Hercule étouffant
phètè.—Voulantnourrir l'admiration par une - 1le lioii de la foret de Némée , gravée sur une
nouvelle supercherie, Alexandre annonce un pierre i et. enchâssée dans un anneau, est un
jour qu'Esculape répondrait en personne aux excellent, •
remède contre la colique. Il prétend
questions qu'on lui ferait : cela s'appelait dés aussi qu'on guérit parfaitement la goutte , la
réponses de la propre bouche du dieu. On pierre el les fièvres par des philaclères et des
opérait cette fraude parle moyen de quelques charmes. Gela montre au moins qu'il ne savait
artères de grues qui aboutissaient d'un côté à pas les guérir autrement.
la tête du dragon postiche, et de l'autre à la Alexandre su,—roi d'Ecosse, qui épousa
bouche d'un homme caché dans une chambre en 4 285 Yoletle, fille du comte de Dreux. Le
voisine. — Lés réponses se rendaient en prose soir de la solennité du mariage, oii vit. entrer
ou en vers, mais toujours dans un style si va- à la fin du bal, dans la salle où la cour était
gue qu'elles prédisaient, également le revers rassemblée, un spectre décharné qui se mil à
ou le succès. Ainsi l'empereur Marc-Aurèle , danser. Les gambades du spectre troublèrent
faisant la guerre aux Germains, lui demanda les assistants : les fêtes furent suspendues; et
un oracle. On dit même qu'en 4 71 il fit venir des habiles déclarèrent que cette apparition
Alexandre à Rome, le regardant comme le dis- annonçait la mort prochaine du Roi. En effet,
pensateur de l'immortalité. L'oracle sollicité la même année, dans une partie de chasse,
disait qu'il fallait. après des cérémonies pres- Alexandre, montant un cheval mal dressé, fut
crites, jeter deux lions vivants dans le Danube, jeté hors de selle, el 'mourut de la chute
aurait l'assurance d'une -.
el qu'ainsi l'on paix
prochaine, précédée d'une victoire éclatante. tifeAlexandre VI, — élu.pape en 4 492 ; pon-
qui a été jugé souvent avec beaucoup
On exécuta la prescription. Mais les deux lions
d'exagération. Quelques écrivains affir-
traversèrent le lleuve à la nage ; les barbares menlqu'ilavait à ordressots démon familier 3
les tuèrent el mirent ensuite l'armée de l'em- qui ses un
déroute à quoi le prophète répli- passa ensuite au service de César Borgia.
pereur en ;
qua qu'il avait annoncé la victoire, mais qu'il Alfader , — dieu très-important dans la
n'avait pas désigné le vainqueur.-—Une autre théogonie Scandinave. Avant de créer le ciel
fois un illustre personnage fil demander au el la terue, il était prince des géants. Les âmes
dieu quel précepteur il devait donner à son des bons doivent vivre avec lui dans Simle ou
fils. 11 lui fut répondu : — Pythagore el Ho- Wingolff; mais les méchants (lassent à Ilôlan,
mère. L'enfant mourut quelque temps après. de là à Nillheim , la région des nuages infé-
L'oracle annonçait la chose dit le père rieurs au neuvième monde. L'Edda lui donne
•— , , divers noms : Nikar (le sourcilleux), Svidrer
en donnant ail pauvre enfant deux précepteurs
morts depuis long-temps. S'il eût vécu, on l'eût (l'exterminateur), Svider (l'incendiaire), Oske
instruit avec les ouvrages de Pythagore et ( celui qui choisit les morts), etc. — Le nom
d'Homère, et l'oracle aurait encore eu raison. d'Alfader a été donné aussi à Odin.
— Quelquefois le prophète dédaignait d'ouvrir Alfares,—-génies Scandinaves. Les bons
les billets lorsqu'il se croyait instruit de la sont appelés lias ou lumineux, les méchants
demande par ses agents; il s'exposait à de1 docks ou noirs.
singulières erreurs. Un jour il-donna Un re-[ Alfridarie espèce de science qui tient
mède pour le mal de côté en réponse à une de l'astrologie, — qui attribue successivement
lettre qui lui demandait quelle était véritable- quelque influence et
sur la vie aux diverses pla-
ment la patrie d'Homère. —On ne démasqua nètes, chacune régnant à certain
point cet imposteur, l'accueil de Marc- nombre d'années. Voy. PLANÈTES. son tour un
que
Aurèle availentourédevénération.Il avait pré-
dit qu'il mourrait à cent cinquante ans, d'un! Algol, — des astrologues arabes ont donné
coup de foudre , comme Esculape : il mourutt, ce nom au diable.
dans sa foixanle-dixièmeannée, d'un ulcère à
* Liv. x, cli. I"'.
la jambe ; ce qui 'n'empêcha pas qu'après sa.
Hector de Boe'ce, in Âimalibus Scot.
mort il eut, comme un demi-dieu, des statuesb -*

3 Curiosités,de la littérature, trad. de l'anglais par


et des sacrifices; Bertin, t. !«•-, p, 61.
ALI, — 23 — ALM
Alis de Télieux, —nonne du monastère de ver , el nous le renvoyons aux automates mu-
Saint-Pierre de Lyon qui s'échappa de son siciens de Vaucanson, qui n'étaient pas des
,
couvent, au commencementdu seizième siècle, harpes éoliennes).—Quoi qu'il en soit, pour- .
mena mauvaise vie el mourut, misérablement. suit, le biographe, ce concert étrange causa de
Son âme revint après sa mort. Celle histoire a la rumeur parmi la population superstitieuse
été écrite par Adrien de Monlalembert, aumô= de la ville d'Aix ; Allix fut accusé de magie, et
nier de François Ier '. le Parlement fit instruire son procès. Jugé par
Alkalalaï,.— cri d'allégresse des Kamts- la chambre de la Tournelle il ne put faire
,
chadales ; ils le répètent trois fois à la fête des comprendre que l'effet merveilleux de son au-
balais, en l'honneur de leurs trois grands tomate n'était qùela résolution d'un problème
dieux,' Filiat-Choul^Ghi, le père; Touita, son mécanique. L'arrêl du Parlement le condamna
fils, et Ga'êlch, son petit-fils. La fêle des ba- à être pendu el brûlé en place publique, avec
lais consiste, chez ces peuples sales, à balayer le squelette complice de ses sortilèges ; la
avec du bouleau le foyer de leurs cabanes. sentence fut exécutée en 4 664. »
Aliette, — V01J. liTTlïILA. Almanach. •— Nos ancêtres du Nord tra-
Alléluia, — mot hébreu qui signifie louange çaient le cours des lunes pour louie l'année
à Dieu. Les bonnes gens disent encore dans sur un petit morceau de bois entré qu'ils ap-
plusieurs provincesqu'on fait pleurer la sainte pelaient al-nlon-agt (observation dé toutes les
Vierge lorsqu'on chante alléluia pendant leca- limes) : telles sont, selon quelques auteurs, l'o-
rêine3.—Il y avait à Chartres une singulière rigiiie des almanachs et l'étymologie de leur
cou tu me. A l'époque où l'on cesse le chant, l'al- nom. D'autres se réclament des Arabes, chez
léluia était personnifié el représenté par une qui al-manack veut dire le mémorial. — Les
loupie qu'un enfant de choeur jetait au milieu Chinois passent pour les plus anciens faiseurs
de l'église et poussait dans la sacristie avec un d'alinaiiachs.Nous n'avons que douze constel-
fouet. Cela s'appelait VAlléluia fouetté. •—On lations ; ils en otit-vingt-huit. Toutefois leurs
appelle trèlle de l'alleluia une plante qui almanachs ressemblent à ceux de Matthieu
donne, vers le temps de Pâques, une petite Laensbergh par les prédictions èl les secrets
fleur blanche étoilée. Elle passe pour un spé- dont ils sont farcis 1. Bayle raconte l'anecdote
cifique contre les philtres. Voy. ALKALALAÏ. suivante, pour faire voir qu'il se rencontre des
Aliix. —Voici un de ces traits qui accusent hasards puérils qui éblouissent lés petits es-
l'ignorance et la légèreté des anciens juges de prits sur la vanité de l'astrologie. Marcelin» ,
parlement. —Allix, mathématicien, mécani- professeur de rhétorique au collège de Lisieux,
cien et musicien vivait à Aix en Provence avait composé en latin l'éloge du maréchal de
, , Gassion, morl d'un coup de mousquet au siège
vers le milieu du dix-septième siècle ; il fit de Lens. Il était près de la réciter en public,
un squelette qui, par un mécanisme caché ,
jouait de la guitare. Bonnet, dans son His- quand on représenta au recteur de l'Univer-
toire, âe là Musique, page 82, rapporte l'his-
sité que le maréchal était mort, dans la reli-
toire tragique de ce pauvre savant. Il mellait gion prétendue réformée et que son oraison
,
funèbre ne pouvait être prononcée dans une
au cou de son.squelette une guitare accordée université catholique. Le recteur convoqua
à l'unisson d'une autre qu'il tenait lui-même
dans ses mains, et plaçait les doigts de l'au- une assemblée où il fut résolu, à la pluralité
des voix que l'observation était juste: Mai'-
tomate sur le manche ; puis par un temps
calme et serein, les fenêtres et,
la porte étant
cellus ne ,put donc prononcer son panégyriqlio ;
ouvertes, il s'installait dans un coiii de la et les partisans de l'astrologie triompheront
chambre et jouait sur sa guitare des passages en'faisant remarquer à tout le inonde qiié,
dans l'Almanach de Pierre Larrivèy pour celle
que le squelette répétait sur là sienne. Il y a même année 4 648 , entre autres prédictions
lieu de croire que l'instrument résonnait à la ,
il se trouvait écrit en gros caractères : LATIN
manière des harpes éoliemies, et que le mé-
canisme qui faisait mouvoir les doigts du sque- PERDU !
lette n'était pour rien dans la production des Almanach du Diable,:—contenantdès pré-
sons. (Nous citons M. Félisà sans l'approu* dictions très-curieuses pour les années 4737 et
4738, aux enfers, in-24. Celte plaisanterie
^ La merveilleuse Histoire de l'esprit qui depuis lia- contre les jansénistes était l'ouvrage d'un
iriière s'est
apparu aumonastère des religieuses deSaiiit-
Pievre de Lyon, ete., par Ad. de Montalembert.Paris,
1528, petit in-4" gothique. Voyez dans les Lég'cndës'in- 1 L'Almanach de Matthieu Laensbergh commença ~à
iernaîes Alis de Télieux. paraître en 1636. Mais avant lui oii avait déjà des an-
:> Thiors, Traité des superstitions.
nuaires de même nature. Fischer a découvert àMayence,
1 Biographie universelle des musiciens.
en 1804, un almanach imprimé pour l'157; tout à fait à
là naissance de l'imprimerie; ' -
ALP A LU
— 1h —
certain Quesnel, joyeux quincaillier de Dijon, ceau c de pain d'orge. Celui qui l'avalait sans
affublé du nom que lo fameux appelant n tant, peine \ était innocent ; le criminel se trahissait
attristé. Elle est.devenue rare, attendu qu'elle par ] uno indigestion L C'est même de col usage,
fut supprimée pour quelques prédictions Irop employé ( dans les épreuves du jugement de
hardies. Nous ne la citons qu'à cause de son Dieu 1
,
qu'est venue l'imprécation populaire :
litre. Les jansénistes y répondirent par w\ — Je veux si je vous trompe, que ce mor-
,
lourd et slupide pamphlet, dirigé contre les je- rceau de pain m'étrangle!—Voici comment
suites el supprimé également.. 11 était intitulé : sse praliquecette divination, qui, selon les doc-
Almanach de Dieu, dédié à SI. Carré de. Mont- tes, t n'est d'un effet certain que pour décou-
geron, pour l'année 4738, in-24, au ciel vrir
' ce qu'un homme a de caché dans le coeur.
Almoganenses,—nom que les Espagnols On prend de la pure farine d'orge; on la pé-
donnent, à certains peuples inconnus qui, par trit ' avec du lait, et du sel ; on n'y met pas de
le vol cl le chant.des oiseaux, parla rencor.- 'levain ; on enveloppe ce pain compacte dans
Ire des hèles sauvages et par divers autres un papier gras, on le fait cuire sous la cendre ;
moyens, devinaient tout ce qui devait arriver. ensuite on le frotte de feuilles de verveine et.
.
« Ils conservent avec soin, dit Laurent Yalla, on le l'ail manger à celui par qui on se croit
des livres qui traitent de. cette espèce de trompé, et qui ne digère pas si la présomption
science, où ils trouvent des règles pour lotîtes est fondée. — Il y avait, près de Lavinium, un
sortes de pronostics. Leurs devins sont divi- bois sacré où l'on pratiquait l'alphilomancie.
sés en deux classes : l'une de chefs ou de maî- Des prêtres nourrissaient dans une caverne
tres, et l'autre de disciples et d'aspirants. »— un serpent, selon quelques-uns ; un dragon ,
On leur attribue aussi l'art d'indiquer non- selon d'autres. À certains jours on envoyait
seulement par où ont passé les chevaux et les des jeunes filles lui porter à manger; elles
autres bêtes de somme égarées, mais encore lo avaient les yeux bandés et. allaient à la grotte,
chemin qu'auront pris une ou plusieurs per- tenant à la main un gâteau fait par elles avec
du miel el de la farine d'orge. « Le diable
sonnes ; ce qui est. très-utile pour la poursuite ,
des voleurs. Les écrivains qui parlent des Al- dit Delrio les conduisait leur droit chemin.
,
ie
moganenses ne disent ni dans quelle province
Celle dont serpent refusait de manger le gâ-
ni dans quel temps ont, vécu ces utiles devins. teau n'était pas sans reproche. »
Almuchéfi,-—voy. BACON. Alphonse x, — roi de Caslille el de Léon ,
le Philosophe, mort
Almulus (SALOSION),— auteur d'une expli- surnommé l'Astronome et Tables Alphonsincs.
cation des songes en hébreu. ln-S°. Amster- en 4284. On lui doit les
dam, -1643. C'est lui qui disait que, si Dieu l'avait appelé
à son conseil au moment, de la création, il eùl
Alooer, —puissant démon, grand-duc aux pu lui donner de bons avis. Ce prince extra-
enfers; il se montre vêtu on chevalier, monté vagant croyait, à l'astrologie. Ayant fait tirer
sur un cheval énorme ; sa figure rappelle les l'horoscope à ses enfants, il apprit/que le ca-
traits du lion ; il a le teint enflammé, les yeux det serait plus heureux
ardents; il parle avec gravité; il enseigne les que l'aîné, el le nomma
son successeur au trône. Mais malgré la sa-
secrels de l'astronomie et des arts libéraux ; de cet homme, qui se jugeai! capable
il domine trente-six légions. gesse
de donner des conseils au créateur, l'aîné tua
Alogricus, — Voy. ALVCUV. son frère cadel, mil son père dans une étroite
Alomancie , — divination par le sel, dont prison et s'empara de la couronne; tontes
les procédés sont peu connus. C'est en vertu choses que sa science ne lui avait pas ré-
de l'alomancie. qu'on suppose qu'une salière vélées.
renversée esld'un mauvais présage. Alpiel, — ange ou démon qui, selon le
Alopécie, — sorte de charme par lequel on Talmud, préside aux arbres fruitiers.
fascine ceux à qui l'on veut nuire. Quelques
Alrlnaoh, —déîiion de l'Occident, que les
auteurs donnent le nom d'alopécie à l'art de démonograplies font présider aux tempêtes,
nouer l'aignillelle. Loi/. LIGATUIOES.
aux tremblements de terre , aux pluies', à la
Alouette, — voy. C.ASSO. grêle, etc. C'est lui qui submerge les navires,
Alphitomanoie , — divination par le paini Lorsqu'il se rend visible il paraît sous les
,
d'orge ; celle divination importante est. Irès- traits et les habits d'une femme.
ançienne. Nos pères, lorsqu'ils voulaient, dans5 Alrunes , —démons succubes ou sorcières,
plusieurs accusés reconnaître le coupable et qui furent mères des Huns. Elles prenaient
obtenir de lui l'aveu de son crime, faisaientt ' '
manger à chacun des prévenus un rude mor- 1 Delrio disquisil, magie., lib. rv, cap. 2, qmcsl. 7-
AMA — 25 — AMI)
toutes sortes de formes, mais ne pouvaient avec r une armée contre Amalaric. La justice
changer de sexe. — Voy. aussi MANIMAGOMÏS. des C hommes fut prévenue par la justice éter-
(DAVID), magicien juif, cité nelle:
' tandis que le bourreau de Clotilde s'a-
Alray — par vançait au-devant, des Francs, il tomba percé
Benjamin de Tudèlo ; il se disait de la race ^
d'un trait lancé par une main invisible. Des
de David . et se vantait, d'être le messie desr- jlégendaires
tiné à ramener les Juifs dans Jérusalem. Lo ont écrit que celle mort était l'ou-
du diable; mais le trail no venait pas
roi de Perse le fit mellro en prison, mais il s'é- vrage
chappa en se rendant invisible. Il ne daigna d'en ( bas '.
se remontrer qu'en arrivant aux bords de la Amalaric ( MADELKIMS ), — sorcière qui
mer. Alors il étendit son écharpe sur l'eau, allait '• au sabbat et qui, accusée de onze ho-
planta ses pieds dessus el passa la mer d'une micides,' fut mise à mort à soixante-quinze
légèreté incroyable, sans que ceux qu'on en- ;ans dans la baronnie de La Trimouille, à la
vova avec des bateaux à sa poursuite le pus- ' du seizième siècle 2.
fin
sent arrêter. — Cela le mil en vogue comme Amaranthe, — fleur que l'on admet parmi
grand magicien ; mais enfin Sclieick-Aladin les symboles de l'immortalité. Los magiciens
,
prince turc et sujet du roi de Perse, fil tant à attribuent aux couronnes faites d'amaranthe
force d'argent avec le beau-père du magi- de grandes propriétés el surtout la vertu de
cien qu'il fut poignardé dans son lit. C'est concilier les faveurs et la gloire à ceux qui les
toujours la fin de telles gens, et les Juifs n'en portent.
ont pas meilleur marché que les autres magi- Amasis. — Hérodote raconte qu'Amasis,
ciens, quelque fort que leur persuadent leurs roi d'Egypte, eut l'aiguillette nouée, et qu'il
lalinudisl.es qu'ils sonl. obéis de l'esprit ma- fallut employer les plus solennelles impréca-
lin. Car c'est encore un secret du Talmud des tions de là magie pour rompre lo charme.
Juifs qu'il n'est rien de difficile aux sages, Voy. LlGATU'UKS.
maîtres et savants en leurs lois que les es- Amazones, -—• nation de femmes guerriè-
,
prits d'enfer el célestes leur cèdent, el que res, dont Strabon regarde à tort l'existence
Dieu même (ô blasphème !) ne leur peut ré- comme une fable. François de Torre-Blanca
sister 1 » — Ce magicien est appelé encore dit 3 qu'elles étaient sorcières; ce qui est plus
dans de vieux récits Alogricus. Foy. COKBEAU. hasardé : elles se brûlaient le sein droit pour
Altangatufun, — idole des Kalmoucks, qui mieux tirer de l'arc; el le père Meneslrier
avait le corps et la tête d'un serpent, avec croit que la Diane d'Éphôse n'était ornée de
quatre pieds de lézards. Celui qui porte avec tant de mamelles qu'à cause que les amazones
adoration son image est invulnérable dans les lui consacraient celles qu'elles se retran-
combats. Pour en faire l'épreuve, un khan fit chaient.. On dit que celle république sans
suspendre celle idole attachée à un livre et hommes habitait la Cappadoce et les bords du
l'exposa aux coups des plus habiles archers , Thermodoii. Les modernes ont. cru retrouver
;
leurs traits ne purent atteindre lo livre, qu'ils des républiques d'Amazones en voyant des
percèrent au contraire dès que l'idole en fut femmes armées sur les bords du Maragnon,
détachée. C'esl là une légende de Cosaques. qu'on a nommé pour cela le fleuve des Ama-
zones. Des missionnaires en placent une na-
Alvéromanoie , —VOIJ. ÀMSUllOMAN'CIE.
tion dans les Philippines, et Tbévenot une
Amadeus,— visionnaire qui crut connaî- autre dans la Mingrelie. Mais, dit-on, une ré-
tre par révélation deux psaumes d'Adam : le publique de femmes ne subsisterait pas six
premier en transport de joie à la création do mois et ces états merveilleux
la femme, le second on triste dialogue avec fictions , ne sont que
inventées pour récréer l'imagination.
Eve après leur chute -. Cependant i>oy. THKMISCYIOE.
Amaïmon, —t/OJ/. AilOYMON. Ambrosius ou Ambroise, roi d'Angleterre.
Amalaric, — roi d'Espagne, qui épousa la — Foy. MKIIUN.
princesse Clotilde, soeur du roi des Francs Amdusclas, — grand-duc aux enfers. Il a
Cluldebert. La pieuse reine, n'approuvant pas la forme d'une licorne mais lorsqu'il est
;
les excès de son mari, tombé dans l'aria- évoqué il
se montre sous une figure lui—
nisme, le barbare lui fit crever les yeux.
Clotilde envoya à son frère un mouchoir teint 1 Lamberlini de Cruz-Houen, Thcatrum regium his-
de son sang, et Childebert marcha aussitôt panicum, ad ann. 510.
?- ïlil;ius. Disc, sommaire des sortilèges, vénéfices,
idolâtries, tiré des procès criminels jugés au siège royal
;; T Leloyer, Discours des spectres,.liv. iv, cli. 4. (le Montmoriilon, en Poitou la présente année 1599,
,
- y- Ces deux psaumes sont imprimés dans le Codex p. 29.
Pseudepigraphusveteris Testament! de Fabricius. ?' lîpit. "Oeliet. sive de magiâ, lib. I, cap. S.
AME
— 26 — AME
maine. Il donne des concerts si on les lui qu'il i
faut en croire, dit Leloyer ', comme de
commande; on entend alors, sans rien voir, toutes les autres bourdes el Laveries des rab-
le son des trompettes el des autres instru- bins. »
— Les juifs croient, au rapport du
ments de musique. Les arbres s'inclinent à sa Hollandais lloornbeeck, que les âmes ont
.voix; il commande vingl-neuf légions. foules été créées ensemble, et par paires
Ame. — Tous les peuples ont reconnu d'une âme d'homme el d'une âme de femme ;
l'immortalité de l'âme; les hordes les plus de sorte que les mariages sont, heureux et
barbares ne l'ont jamais été assez pour se accompagnés de douceur el de paix lorsqu'on
rabaisser jusqu'à la brute. La brûle n'est at- se marie avec l'âme à laquelle on a été ac-
tachée qu'à la terre : l'homme seul élève ses couplé dès le commencement; mais ils sont
regards vers un plus noble séjour. L'insccle malheureux dans le cas contraire. On a à lut-
est à sa placedans la nature ; l'hommen'est pas ter contre ce malheur , ajoule-l-il, jusqu'à
à la sienne. Chez certains peuples, on atta- ce qu'on puisse être uni, par un second ma-
chait les criminels à des cadavres pour ren- riage, à l'âme dont on a été fait le pair dans
dre leur mort plus affreuse : le! est ici bas le la création ; et celle rencontre est rare. —
sort, de l'homme. Celle âme qui n'aspire qu'à Philon, juif, qui a écrit aussi sur l'âme, pense
s'élever, qui est étrangère aux accidents du que, comme il y a de bons et de mauvais
corps, que les vicissitudes du temps ne peu- anges, il y a aussi de bonnes et de mauvaises
vent altérer, ne s'anéantira pas avec la ma- âmes, et que les âmes qui descendent dans,
tière. — La conscience, les remords, ce désir les corps y apportent leurs bonnes ou mau-
de pénétrer dans un avenir inconnu, ce res- vaises qualités. Toutes les balivernes des hé-
pect que nous portons aux tombeaux, cet effroi rétiques et des philosophes el toutes les doc-
de l'autre monde, celle croyance aux âmes, trines qui n'oul pas leur base dans les
qui ne se distingue que dans l'homme, tout enseignementsde l'église, brillent par de sem-
nous instruit, quand niênie la révélation ne se- blables absurdités. — Les musulmans sonl
rait pas là pour repousser nos doutes. Les ma- persuadés que les âmes demeurent jusqu'au
térialistes qui voulant loutjugerparlesyeuxdu jour du jugement, dans le tombeau, auprès
corps, nient l'existence de l'âme, parce qu'ils du corps qu'elles ont animé. Les païens
ne la voient point, ne voient pas non pluslesom- croyaient que les âmes séparées de leurs
meil, ils ne voient pas les vents ; ils ne com- corps grossiers cl terrestres conservaient
prennent pas la lumière, ni cent mille autres après la mort un corps plus subtil et plus délié,
faits que. pourtant ils ne peuvent nier. —' On de la figure de celui qu'elles quittaient, mais
a cherché de loul temps à définir ce que c'est plus grand et plus majestueux ; que ces corps
que l'âme, ce rayon de la Divinité : selon les étaient lumineux et de la nature des aslres;
uns, c'est la conscience, c'est l'esprit; selon que les âmes gardaient de l'inclinationpoiir les
d'autres, c'est, cet. espoir d'une autre vie qui choses qu'elles avaient aimées pendant ieur
palpite dans le coeur de tons les hommes; vie, el que souvent elles se montraient, au-
c'est, dit Léon l'Hébreu le cerveau avec ses tour de leurs tombeaux. Quand l'âme de Pn-
el le mouvo-> trocle se leva devant Achille, elle avait sa
,
deux puissances, le sentiment
ment volontaire. C'est une flamme, a dit un voix, sa taille, ses yeux, ses habits, du moins
autre. Dicéarque affirme que l'âme est une en apparence, mais non pas son corps pal-
harmonie et une concordance des quatre élé1- pable. — Origène pense que ces idées ont.
menls. •— Quelques-uns sont allés loin, et une source respectable, et que les âmes doi-
oui voulu connaître la figure de l'âme. Un vent avoir en effet un corps subtil; il se fonde
savant a même prétendu, d'après les dires sur ce qui est dit dans l'Evangile du Lazare
d'un revenant, qu'elle ressemblait à un vase et du mauvais riche, qui ont tous deux des
sphériquo de verre poli, qui a dus yeux de corps puisqu'ils se parlent et se voient, et que
tous les côtés. — L'âme, a-t-on dit encore, le mauvais riche demande une goutte d'eau
est comme une vapeur légère et transparente, pour rafraîchir sa langue. Saint îi'énée, qui
qui conserve la figure humaine. Un docteur est de l'avis d'Origène, conclut du même
talmudique, vivant dans un ermitage avec exemple que les âmes se souviennent après
son fils elquelques amis, vil un jour l'âme d'un la mort de ce qu'elles ont fait en cette vie. —
do ses compagnons qui se détachait tellement Dans la harangue que fil Titus à ses soldais
de sou corps qu'elle lui faisait déjà ombre à pour les engager à monter à l'assaut, de la
la tôle. 11 comprit que son ami allait mourir, tour Anlonia, au siège de Jérusalem, on
el fil tant par ses prières- qu'il obtint que remarque une opinion qui est à peu près celle
cette pauvre âme rentrai dans le corps qu'elle des anciens Scandinaves. « Vous savez, leur
abandonnait. « Je crois de celte bourde ce Leloyer, Disc, et hist. des spectres, liv. v, cli. 1".
1
AME — 27 — AME
dit-il, que les âmes de ceux qui meurent à la la vraie lumière. — On a vu parfois, s'il faut
guerre s'élèvent jusqu'aux astres, el. sont re- recevoir tous les récits des chroniqueurs, des
çues dans les régions supérieures, d'où elles âmes errer par troupes. Dans le onzième siè-
apparaissent, comme de bons génies; tandis cle, on vit. passer près de la ville de Narni
que ceux qui meurent dans leur lit, quoique une multitude infinie de gens vêtus de blanc,
ayant vécu dans la justice, sont plongés sous el qui s'avançaient du côté de l'Orient; celle
terre dans l'oubli et les ténèbres1. » — Il y a, troupe défila depuis le matin jusqu'à trois
parmi les Siamois, une secte qui croit que les heures après midi ; mais sur le soir elle di-
âmes vont cl. viennent où elles veulent après minua considérablement. Tous les bourgeois
la mort; que celles des hommes qui oui bien montèrent, sur les murailles, craignant que ce
vécu acquièrent une nouvelle force, une vi- ne fussent des troupes ennemies ; ils les virent
gueur extraordinaire, et qu'elles poursuivent, passer avec une extrême surprise. Un citadin,
attaquent et maltraitent celles des méchants plus résolu que les autres, sortit de la ville
partout où elles les rencontrent. —Platon dit, remarquant dans la foule mystérieuse un
dans le neuvième livre de ses Lois, que les homme de sa connaissance, il l'appela par
âmes de ceux qui ont péri de mort violente son nom, et lui demanda ce que voulait dire
poursuivent avec fureur, dans l'autre monde, celte multitude de pèlerins; l'homme blanc
les âmes de leurs meurtriers. Celle croyance lui répondit : « Nous sommes des âmes qui,
s'esl reproduite souvent el n'est pas éteinte n'ayant point, expié tous nos péchés el n'étant
partout. — Les anciens pensaient que toutes pas encore assez pures, allons ainsi dans les
les âmes pouvaient revenir après la mort, ex- lieux sainls, en esprit de pénitence : nous ve-
cepté les âmes des noyés. Servi us en dit la nons de visiter le tombeau de saint Martin,
raison : c'est que l'âme, dans leur opinion, el nous allons à Noire-Dame de Farfe. » Le
n'était autre chose qu'un feu qui s'éteignait bourgeoisdeNarnifullellenienteffrnyédecetle
,
dans l'eau, comme si le matériel pouvait dé- vision qu'il demeura malade pendant un an.
truire le spirituel. —' On sait que la mort est Toute la ville de Narni, disent de sérieuses
la séparation de l'âme d'avec le corps. C'esl relations, fut témoin de celle procession mer-
une opinion de tous les temps et de tous les veilleuse, qui se lit en plein jour. — N'ou-
peuples que les âmes en quittant ce monde blions pas, à propos du sujet, qui nous occupe,
liassent dans un autre meilleur ou plus mau- une croyance très-répandue en Allemagne :
vais, selon leurs oeuvres. Les anciens don- c'est qu'on peut vendre son âme au diable.
naient au batelier Caron la charge de con- Dans tous les pactes faits avec l'esprit de
duire les âmes au séjour des ombres; on ténèbres, celui qui s'engage vend son âme.
trouve une tradition analogue à celle croyance Les Allemands ajoutent, même qu'après cet.
chez les vieux Bretons : ces peuples plaçaient horrible marché lo vendeur n'a plus d'om-
le séjour des âmes dans une île qui doit se bre. On conte, à ce propos, l'histoire d'un étu-
trouver entre l'Angleterre el l'Islande. Les diant qui fil pacte avec le diable pour devenir
bateliers el pêcheurs, ditTzetzès, ne payaient l'époux d'une jeune dame dont, il no pouvait,
aucun tribut, parce qu'ils étaient chargés de obtenir la main. Il réussit avec l'aide du dia-
la corvée de passer les âmes; el voici com- ble. Mais au moment de la célébration du
ment cela se faisait : — Vers minuit ils en- mariage, un rayon do soleil frappa les deux
tendaient frapper à leur porte, ils suivaient, époux qu'on allait unir ; on s'aperçut avec
sans voir personne jusqu'au rivage; là ils effroi que le jeune homme n'avait pas d'om-
trouvaient des navires qui leur semblaient bre : on reconnut qu'il avait vendu son âme,,
vides, mais qui étaient chargés d'âmes ; ils el tout fut rompu. •— Généralement les insen-
les conduisaient à l'île des ombres où ils ne sés qui vendent leur âme font leurs condi-
,
voyaient rien ; mais ils entendaient les âmes tions un certain nombre d'années après le
anciennes cpii venaient recevoir et compli- pacte. Mais si on vend sans fixer de terme,
menter les âmes nouvellement débarquées ; le diable, qui est pressé de jouir, n'est pas
elles se nommaient par leurs noms, recon- toujours délicat; et voici un trait qui mé-
naissaient leurs parents, etc. Les pécheurs, rite attention : — Trois ivrognes s'entrete-
d'abord étonnés, s'accoutumaient à ces mer- naient, en buvant, de l'immortalité de l'âme
veilles et reprenaient leur chemin. — Ces et des peines de l'enfer. L'un deux commença
transports d'âmes, qui pouvaient bien cacher de s'en moquer, et dit là-dessus des stupi-
une sorte de contrebande, n'ont plus lieu dités dignes de la circonstance. Celait dans
depuis que le christianisme est venu apporter un cabaret de village. Cependant survient un
1 Josephe, D.eBellojud-, lib. vi,cap. 1, cité dausCal- 1 DeCurâ p:o niortuis, cité parCalmet, première par-
Niet, première partie, ch. 1(1. tie, ch. M.
AMP
AMN — 28 —
homme de haute stature, valu gravement, aimnios. Les sages-femmes présidaient, le sort,
qui s'assied près des buveurs, et leur de- f'utur du nouveau-né par l'inspection de celle
mande de quoi ils riaient. Le plaisant villa- cloilfe; elle annonçait d'heureuses destinées si
geois le. met au fait, ajoutant qu'il fait si peu £;lle était, rouge, el. des malheurs si elle pré-
de cas de son âme qu'il est prêt à la vendre ssentait une couleur plombée. Foy. COIFFE.
au plus offrant et à bon marché, et qu'ils en Amon ou Aamon , — grand el puissant
boiront l'argent. « El combien me la veux- imarquis de l'empire infernal. Il a la figure
lu vendre? » dit. le nouveau venu. Sans mar- cl'un loup avec une queue do serpent; il vo-
chander, ils conviennent du prix ; l'acheteur imit, de la flamme; lorsqu'il prend la forme
en compte l'argent, et ils le boivent. C'était humaine, sa tète ressemble à celle d'un hi-
1

joie jusque-là; mais, la nuit venant, Facile- 1bou qui laisse voir des dents canines très-
leur dit : 11 est temps, je pense, que chacun effilées. C'est le plus solide des princes des
<

se retire,chez soi; celui qui a acheté un clic- démons : il sait le passé et l'avenir, et récon-
<

val n'a—l—il pas le droit de l'emmener. Vous cilie, quand il le veut, les amis brouillés. Il
(

permettrez donc que je prenne ce qui esl à commande à quarante légions L


i

moi. Or, ce disant, il empoigne son vendeur Amour. — Parmi les croyances supersti-
tout tremblant, el l'emmène où il n'avait pas tieuses qui se rattachent innocemment à l'a-
cru aller si vile; de telle sorte que jamais mour, nous citerons celle-ci, qu'un homme est
plus lo pays n'en ouït nouvelles. Foy. MONT. généralement aimé quand ses cheveux frisent
Ame des bêtes. — Dans un petit ouvrage naturellement. A Boscoff, en Bretagne, les
très-spirituel sur l'âme des bêles, un père jé- femmes après la messe balaient la poussière
suite a ingénieusement développé cette sin-^;^\de la chapelle de la Sainle-Union, la soui-
guliôre idée.de quelques philosophes anciens, llent du côté par lequel leurs époux ou leurs
que les bêtes étaient animées par une partio amants doivent revenir, et se flattent, au
des démons moins coupables, qui faisaient moyen de ce doux sortilège, de fixer le coeur
ainsi leur expiation. F'oy. Ai.iuoiiois. do ce qu'elles aiment 2. Dans d'autres pays, on
croit stupidement se faire aimer en attachant
Améthyste, — pierre précieuse, d'un vio- à son cou certains mots séparés par des croix.
let foncé, autrefois la neuvième en ordre sur
le pectoral du grand-prêtre des juifs. Une Foy. Pim/niES. Foy. aussi HIIOMIIUS. —H y
vieille opinion populaire lui attribue la verlu a eu des amants passionnés qui se sont don-
de garantir de l'ivresse. nés au démon pour être heureux. On conte
qu'un valet vendit son âme au diable pour
Amiante, — espèce de pierre incombusti- devenir l'époux do la fille do son niaitre, ce
ble, que Pline et les démonographes disent qui le rendit très-infortuné. On attribue aussi
excellente contre les charmes de la magie L à l'inspiration des démons certaines amours
Amilcar , — général carthaginois. Assié- monstrueuses, comme la passion de Pygma-
geant Syracuse, il crut entendre, pendant son lion pour sa statue. Un jeune homme devint
sommeil, une voix qui l'assurait qu'il souperait pareillement éperdu pour la Vénus de Praxi-
le lendemain dans la ville. En conséquence, il tèle; un Athénien se tua de désespoir aux pieds
fil donner l'assaut de bon malin, espérant de la statue de laForlune, qu'il tronvailinsensi-
enlever Syracuse el y souper, comme le lui ble. Ces traits iiesont que des folies déplorables.
promettait son rêve. 11 fut pris par les assié- Amoymon OU Amaïmon, — l'un des quatre
gés el y sotipa en effet, non pas en vainqueur, rois de l'enfer, dont il gouverne la partie
ainsi qu'il s'y était attendu, mais en captif, orientale. On l'évoque le malin de neuf heu-
ce qui n'empêcha pas le songe d'avoir prédit res à midi, el le soir, de trois à six heures.
juste'-. Hérodote conte qu'Amilcar, vaincu par Asmodée est. son lieutenant cl le premier
Gélon, disparut vers la fin de la bataille, et prince de ses états r\
qu'on ne le retrouva plus; si bien que les Car-
thaginois le mirent au rang de leurs Dieux et Ampbiaraùs, — devin de l'antiquité, qui
lui offrirent des sacrifices. se cacha pour ne pas aller à la guerre de
Thèbes, parce qu'il avait prévu qu'il y mour-
Ammon, — VOIJ. JuP-lTIÏR-AsiMON. rait; ce qui eut lieu lorsqu'on l'eut découvert,
A.mniomano'e, — divination sur la coiffe et forcé à s'y rendre; mais il ressuscita. On
ou membrane qui enveloppe quelquefois la lui éleva un temple dans l'Altique, près d'une
tète des enfants naissants, ainsi nommée de fontaine sacrée par laquelle il était revenu
celle coiffe, que les médecins appelaicnlengrec
1Wierus, in Psendomonarcliiâ d:em.
1 Delanc're, De l'Inconstance, etc., liv. iv, dise. 3., J Voyage de M. Cambry dans le Finistère, t I*'1'.
'J Valère-Maxime, 'Wierus in Pseudomonarcliiâdoem.
A MU
A MU — 21y —
des enfers. 11 guérissait les malades en leur avait aux prétendus génies gouverneurs du
indiquant des remèdes en songe; il rendait monde. Tbiers ' a rapporléungroiidnonibrede
aussi par ce moyen des oracles, moyennant passages des Pères à ce sujet el les canons do
argent. Après les sacrifices, le. consultants'en- plusieurs Conciles. — Les lois humaines con-
dormail sur une peau de mouton, et il lui damnèrentaussi l'usage des amulettes. L'em-
venait un rêve qu'on savait toujours interpré- pereur Constance défendit d'employer les
ter après l'événement. On lui attribue des amulettes et. les charmes à la guérison des
prophéties écrites en vers, qui ne sont pas maladies. Cette loi, rapportée par Amniien
venues jusqu'à nous. Voy. PVHOMANCIE. Marcellin, fui exécutée si sévèrement, que
Amphion, — Pausanias, Wierus et beau- Valentinien lit punir de mort une vieille femme
qui ôlail la lièvre avec des paroles charmées,
coup d'autres mettent Amphion au rang des
habiles magiciens, parce qu'il rebâtit les murs et qu'il fit couper la tôle à un jeune homme
de Tliôbes au son de sa lyre. qui louchait un certain morceau de marbre
en prononçant sept lettres de l'alphabet, pour
Amphisbène, —• serpent auquel on attri- guérir le mal d'estomac
~. — Mais comme il
bue deux fêles aux deux extrémités, par les- fallait des préservatifs,
on trouva moyen d'é-
quelles il mord également. Le docteur Brown luder la loi;
on fit des amulelles avec dos
a combattu celte erreur, que Pline avait, adop- morceaux de papier chargés de versets de
tée. « On ne nie point, dit Brown ', qu'il n'y l'Écriture sainte. Les lois montrèrent moins
se
ail ou quelques serpents à deux têtes, donl rigides contre celle coutume, el
on laissa aux
chacune était à l'extrémité opposée. Nous prêtres le soin d'en modérer les abus. Les
trouvons dans Abdovrand un lézard do celle Grecs modernes, lorsqu'ils sont malades, —
même forme, et tel était peut-être l'amphis- écrivent le
nom de leur infirmité sur un pa-
bône doiit. Cassien du Puy montra la ligure pier triangulaire qu'ils attachent à la porte
au savant Faber. Cela arrive quelquefois aux de leur chambre. Ils ont grande foi à celle
animaux qui font plusieurs petits à la fois, amulette. Quelques personnes portent sur

et surtout aux serpents, dont les oeufs étant elles le commencement, de l'Évangile de saint
attachés les uns aux autres ne peuvent s'u- Jean
comme un préservatif contre le tonnerre;
nir sous diverses formes el s'éclore de la et qui est assez particulier, c'est que les
ce
sorte. Mais ce sonl là des productions mon- Turcs ont confiance à celle même amulette, si
strueuses, contraires à celle loi suivantlaquelle l'on en croit Pierre Leloyer s. On lit dans

toute créature engendre son semblable, et qui Tliyrîuus 6 qu'en '15(58, le prince d'Orange con-
sonlmarquéescomme irrôgulièresdanslecours damna un prisonnier espagnol à mourirdans le
général de la nature. Nous douterons donc que diocèse de Juliers:
que ses soldais l'attachèrent
l'amphisbène soit une race de serpents à deux à arbre el s'efforcèrent de le tuer à coups
tètes jusqu'à ce que le l'ait soil confirmé. » un

Amulette, — préservatif. On appelle ainsi Traité des superstitions, liv. V, ch. î.


1

Voyez Animieii<Murccllin,lib. xvi, xix, xxix, elle


certains remèdes superstitieux que l'on porte Y.?-Lebrun, liv. in, cil-"2.
sur soi ou que l'on s'attache au cou pour se •t
« Une autre question est de savoir si c'est une su-
préserver do quelque, maladie ou de quelque perstition de porter sur soi les reliques des saints, unu
danger. Les Grecs ies nommaient phylactères, croix, une image, une chose bénite par les prières de
Péglise, un aynvs-Dc.î, etc., et si l'on doit mettre ces
les Orientaux talismans. C'étaient des images choses au rang des amulettes , comme le prétendent les
Nous reconnaissons que si l'on attribue à
capricieuses (un scarabée chez les Égyptiens), protestants.
ces choses la vertu surnaturelle de préserver d'accidents,
des morceaux de parchemin, de cuivre, d'é- de mort subite, de mort dans l'état de péché, e'e., c'est
superstition.Kilo n'est pas du même genre que celle
tain, d'argent, ou encore des pierres particu- une des amulettes, dont le, prétendu puuvoir ne peut pas se
lières où fou avait tracé de certains caractères rapporter à Dieu ; mais c'est ce que les théologiens ap -
pellcllt vaine observance, parce que l'on attribue à des
ou decertainshiéroglyphes. — Comme cette su- choses saintes et respectables un pouvoir que Dieu n'y
perstition est née d'un attachement excessifà la a point attaché. Un chrétien bien instruit ne les envisage
ainsi il sait que les saints ne peuvent nous se-
vie et d'une crainte puérile de tout ce qui peut point -,
courir que par leurs prières et par leur intercession au-
nuire, le christianisme n'esl pas venu à bout près de Dieu ; c'est pour cela que l'liglise a décidé qu'il
de la détruire universellement Dès les pre- est utile et louable de les honorer et de les invoquer. Or
-. c'est un signe d'invocation et de respect à leur égard de
miers siècles de l'église, les Pères et les Con- porter sur soi leur image ou leurs reliques; de mémo
ciles défendirent aux fidèles ces pratiques du que c'est une marque d'aiTeetion et de respect pour une
personne que de garder son portrait on quelque chose
Paganisme. Ils représentèrent les amulettes qui lui ait appartenu. Ce n'est donc ni qu'en une vaine obser-
considéra-
vance ni une toile confiance d'espérer
comme un reste idolâtre de la confiance qu'on tion de l'aflectioli et du respect que nous témoignons a
un saint, il intercédera et priera pour nous. » 11 en est
de môme des croix et des aijnus- Oci. lîcrgier, Diction-
1 Essai sur les erreurs, liv. m, eh. 15. naire théologique.
- Bergier, Dictionnaire Uiéologique. Disp. de Dcemoniac, pars 3, cap. 'lu.
»
ANA — 30 — ANA
d'arquebuse, mais que leurs balles ne l'atteigni- frère : l'Asne d'or, el le père d'Orléans dé-
rent, point. On le déshabilla pour s'assurer s'il couvrit, dans celui du père Proust: Pur soi. —
n'avait pas sur la peau une armure qui arrc- Un nommé André Pujon, delà baule Auver-
làl le coup, on trouva une amulette portant gne, passant par Lyon pour se rendre à Paris,
la ligure d'un agneau; on la lui ôla, el le rêva la nuit que l'anagramme de son nom
premier coup de fusil retendit roide mort. -— était pendu à Riom. En effet, on ajoute que
On voit, dans la vieille chronique de dom le lendemain il s'éleva une querelle entre lui
Ursino, que quand sa mère l'envoya, tout pe- cl un homme de son auberge, qu'il tua son
tit, enfant qu'il était, à Saint-Jacques de Com- adversaire, el fui pendu huit jours après sur
postclle, elle lui mil au cou une amulette que la place publique de Kiom. — C'est un vieux
son épouxavailarrachée à un chevalier maure, conte renouvelé. On voit dans Delancre J que
La vertu de cette amulette était d'adoucir la le pendu s'appelait Jean de Pruom, dont, l'a-
fureur îles bêles cruelles. En traversant une nagramme est. la même. — J.-B. Bousseau,
forêt, une ourse enleva le petit prince des qui ne voulait pas reconnaître son père parce
mains, tle sa nourrice et l'emporta dans sa que ce n'était qu'un humble cordonnier, avait
caverne; mais, loin de lui faire aucun mal, pris le nom de Verniefles, dont l'anagramme
elle l'éleva avec tendresse ; il devint par la fut faite; on y trouva Tu le, renies. On fil de
suite très-fameux sous le nom de dom Ur- Pierre de Ronsard, rose de Pindare. On donna
sino, el fut reconnu par son père, à qui la lé- le nom de cabale à la ligue des favoris de
gende dit qu'il succéda sur le Irène de Na- Charles 11 d'Angleterre, qui étaient, Clifford,
varre. —• Les nègres croient beaucoup à la Ashley, Buckingham, Arlinglon, Lauderdale,
puissance des amulettes. Les lias-Bretons leur parce que les initiales des noms de ces cinq
attribuent le pouvoir de repousser le démon. minisires formaient, le mot cabal. On voulut
Dans le Finistère, quand on porte un enfant présenter comme une prophétie cet ana-
au baptême, on lui met. au cou un morceau gramme de Louis quatorzième, roi de France
de pain noir, pour éloigner les sorts el. les et de Navarre : « Ya, Dieu confondra l'armée
maléfices que les vieilles sorcières pourraient qui osera le résister » — Les juifs caba-
jeler sur lui. Foy. Ai.Ès. lisles ont fait des anagrammes la troisième
Amy, — grand président aux enfers, el partie de leur cabale : leur but est de trou-
l'un dos princes de la monarchie infernale. Il ver, dans la transposition des lettres ou des
parait là-bas environné do flammes, mais ici mots, des sens cachés ou mystérieux. Foy.
ONOMANC.IE.
sous des traits humains, il enseigne les se-
crets de l'astrologie et des arts libéraux; il Anamelech,— démon obscur , porteur de
donne de bons domestiques; il découvre, à mauvaises nouvelles. Il était adoré à Sephar-
.
ses amis, les trésors gardés par les démons; vaïm, ville des Assyriens. Il s'est montré sous
il est préfet de trente-six légions. Des anges la figure d'une caille. Son nom signifié, à ce
déchus el des puissances sont sous ses ordres. qu'on dit, bon roi; eldes doctes assurent que
11 espère qu'après deux cent mille ans il re- ce démon est la lune, comme Adranielech est
tournera dans le ciel pour y occu per le septième le soleil.
Irène; ce qui n'est pas croyable, dit Wierus L Anancitide , — VOy. AGLAOI'HOTIS.
Amyraut (MOÏSE), théologien protestant, Anania OU Anagni (JlSAïS ))'), — juriscon-
né dans l'Anjou, en 1596, mort en IGC-'t. sulte du quinzième siècle, à qui on doit quatre
On lui doit un Traite des songes aujourd'hui livres De la Nature des démons 2, cl un irai lé
,
peu recherché. De la Magie et des maléfices 3. Ces ou vrages sonl
Anagramme. —- Il y Cllt des gens, SUl'Iolll pou connus. Anania mourut en Italie en 'I -i 15S-
dans les quinzième el seizième siècles, qui Ananisapta.—Les cabalislos disent que.ee
prétendaient trouver des sens cachés dans les mot écrit sur un parchemin vierge est un ta-
mois qu'ils décomposaient, et une divination lisman très-efficace contre les maladies. Les
dans les anagrammes. On cite comme une des lettres qui le composent sonl, à leur avis,, les
plus heureuses celle que l'on lit sur le meur- initiales de tous les mots qui forment celle
trier de Henri Ilf, Frère dit Jacques Clément, prière : Antidolum Nazarcni Auferal Necem
où l'on trouve : C'est l'enfer qui m'a créé. -— Intox icationis, Sanctificel Alimenta Pocula-
Deux religieux en dispute, le père Proust et le que Trinitas Aima.
père d'Orléans, faisaient des anagrammes; le
père Proust trouva dans le nom do son con- 3 L'Incrédulité et mccréaiice, etc., traité 5.
-
De Naturâ ikemonum, lib. iv,in-12; îvleapoli, lDti2.
1 In Pseudomon. dannonum. ! De Magiâ et maleïiciis, in-4" ; Lugduni, 16G9.
ANA — 31 -— AND
Anansié.—C'esl le nom do l'araignée gi- luire, qu'il faut enfoncer avec un marteau dont
gantesque el toute-puissante à qui les nègres le manche soit de bois de cyprès, el on dit
je la Côte d'Or attribuent, la création do quelques paroles prescrites rigoureusement
l'homme. à col effet. Alors le voleur se trahit par un
grand cri.— S'il s'agit d'une sorcière, el qu'on
Anarazel,—l'un dos démons chargés de la veuille seulement ôler le maléfice pour le re-
garde des trésors souterrains, qu'ils transpor- jeter celle qui l'a jeté, on prend le samedi,
dérober sur
tent d'un lieu à tin autre pour les aux avant le lever du soleil,
recherches des hommes. C'est. Anarazel qui, drier d'une année, une branche de cou-
Gazicl elFécor, ébranle et on dit l'oraison suivante:
avec ses compagnons
maisons, excite les « Je te coupe, rameau de celle année, au nom
les fondements des tem- de celui que je veux blesser comme je te
pêtes, sonne les cloches à minuit., fait paraître » blesse. On
» » met la branche sur la table, en
les spectres el inspire les terreurs nocturnes. répétant trois fois une cerlaine prière qui se
Anathème.—Cemol, tiré du grec, signifie termine par ces mots : Que le sorcier ou la sor-
expose, signalé, dévoué. On donnait, chez les cière soit anathème, el nous saufs ' ! »
païens le nom d'anathômes aux filets qu'un Anatoljus, — philosophe platonicien, maître
pêcheur déposait sur l'autel des nymphes de de Jamblique, el auteur d'un traité des Sym-
la mer, au miroir que Laïs consacra à Vénus, pathies et des antipathies, dont Fabricius a
aux offrandes de coupes, de vêlements, d'in- conservé quelques fragments dans sa Biblio-
struments et de figures diverses. On l'appli- thèque grecque.
qua ensuite aux objets odieux que l'on expo- Anaxiias,— philosophe pythagoricien qui
sait dans un autre sens, comme la tête ou les vivait sous Auguste. On l'accusa de magie,
dépouillesd'un coupable ; et l'on appela ana- qu'il faisait de mauvaises expériences
thème la victime vouée dieux infernaux. parce
aux de physique, et Auguste le bannit. Il fut l'in-
Chez les juifs l'analhème a été généralement venteur du flambeau infernal, qui
consiste à
pris ainsi en mauvaise part. Chez les chré- brûler du soufre dans
tiens c'est la malédiction ou l'être maudit. mière, un lieu privé de lu-
ce qui rend les assistants fort laids.
L'homme frappé d'analhème est retranché de
la communion des fidèles. Il y a beaucoup Anderson (Al.liXANDUlî). —VOIJ. VAMI'IIUJS.
d'exemples qui prouvent les effets de l'ana- Andrade,—médecin qtu cul des révélations
lhème ; el comment expliquer ce fait constant, en 8153. Elles sont peu curieuses: cependant
que peu d'excommuniés ont prospéré? —voy. Ducliesiie les a recueillies dans sa Collection
EXCOMMUNICATION PIEHIUÏS ms MALÉDIC- des historiens français 2.
,
TION, etc.—Les magiciens el les devins em- Andras, — grand marquis aux enfers. On
ploient une sorte d'analhème pour découvrir le voit
les voleurs et les maléfices voici celle super- avec le corps d'un ange, la lôte d'un
: chat-huanl, à cheval sur un loup noir, el por-
stition. Nous prévenons ceux que les détails tant à la main
un sabre pointu. 11 apprend à
pourraient scandaliser qu'ils sont extraits des tuer ses ennemis, maîtres el serviteurs; c'est
grimoires. On prend de l'eau limpide; on ras- lui qui élève les discordes et les querelles; il
semble aulant de petiles pierres qu'il y a de commande treille légions.
personnes soupçonnées;on les failbouillii'daus André (Toiuii), — auteur d'un livre sur le
celte eau; on les enterre sous le seuil de la. •pouvoir des mauvais
porle par où doit passer le voleur ou la sor- cherché Dix-septième anges, rare et peu re-
cière, en y joignant une lame d'élain sur la- 5. siècle.
quelle sont écrits ces mots : Christus vincil, Andreoe (JEAN-VAMïNTiN), — luthérien, né
Christus régnât, Christus imperal. On a eu dans le duché do Wurtemberg en MJ96, mort
soin de donner à chaque pierre le nom de l'une en <I6O4. Ses connaissances, son activité, les
des personnes qu'on a lieu de soupçonner. mystérieuses allusions qui se remarquent dans
— ses premiers
On ôte le tout de dessous le seuil de la porle au ouvrages l'ont fait regarder
lever du soleil; si la pierre qui représente le comme le fondateur du fameux ordre des
coupable est brûlante, c'est déjà un indice. Boses^Groix. Plusieurs écrivains allemands lui
Mais, comme le diable est sournois, il ne faut attribuent au moins la réorganisation de cet
pas s'en contenter; on récite donc les sept ordre secret, affilié depuis à celui des Francs-
psaumes de la Pénitence, avec les Litanies
1 Wierus, De Pi-oestijr. d'ami., lib.
des Saints : on prononce ensuite les prières de v, cap. 5.
, * Kx-ccrpla libri rcvelatiomim Andradi medici aimd
l'exorcisme contre le voleur ou la sorcière ; Sô3, tomo Ii, Scriptoruni And. Ducllesne. ,
'
: on écrit son nom dans un cercle ; on plante sur Kclorum ^ Tobiic Andrete Bxereitationes philosopliicai de
an-
""." cû nom un clou d'airain de forme triangu-
, 1001.
nialortim
- .
potentia in corpora, in-12; Amstcl:,
A NI ANli
Maçons, qui révèrent la mémoire d'Audiem. cet animal était honoré dans l'Arabie.— Cer-
•—Ses ouvrages, au nombre de cent, prêchent tains peuples trouvaient quelque chose de
généralement la nécessité dessociélés secrètes, mystérieux dans celle innocente bête, el on
surtout la République Chrislianopolilaine, la pratiquait autrefois une divination dans la-
Tour de Babel, le Chaos des jugements portés quelle on employait une fête d'âne. •— Voy.
sur la Fraternité delà Rose-Croix, l'Idée d'une KÉPiiAi.oNOMANciE. — Ce n'est pas ici le lieu
Société Chrétienne, la Réforme générale du de parler de la fête de l'âne. Mais relevons
Monde, el les Noces chimiques de Chrétien une croyance populaire qui fait de la croix
Rosencreulz.•—On attribue à Andréa; des voya- noire qu'il porle sur le dos une distinction ac-
ges merveilleux, une existence pleine de mys- cordée à l'espèce, à cause de l'ànessc de
tères el des prodiges qu'on a copiés récem- Belhphagé. C'est un fait singulier. Mais Pline,
ment dans la peinture qu'on nous a faite des qui était presque contemporain de l'ânesse qui
tours de passe-passe de Caglioslro. porta notre Seigneur, elqui a rassemblé avec
soin tout ce qui concerne l'âne, ne. parle d'au-
Andriague,—animal fabuleux, espèce de
cheval ou do griffon ailé, que les romanciers cune révolution survenue dans la distribution
de la couleur et du poil de cet animal ; on
de la chevalerie donnent quelquefois aux ma-
doit donc croire que les ânes ont toujours
giciens el à leurs héros, et qu'on retrouve
porté cette marque.—Chez les Indiens du
aussi dans des contes de fées.
Maduré une des premières castes, celle des
,
Androalphus , — puissant démon, marquis cavaravadouks, prétend descendre d'un âne ;
de l'empire infernal ; il se montre sous la li- ceux de cette caste traitent les ânes en frères,
gure d'un paon à la voix grave. Quand il pa- prennent, leur défense, poursuivent, en justice
rait avec la forme humaine, on peut le con- el font condamner à l'amende quiconque les
traindre à donner des leçons de géométrie. Il charge trop ou les bal el les outrage sans rai-
est astronome, el enseigne à ergoter habile- son. Dans les temps de pluie, ils donneront
ment. 11 donne aux hommes dos ligures d'oi- le couvert à un âne et le refuseront à son con-
seaux ; ce qui permet, à ceux qui commercent ducteur, s'il n'est, pas de certaine condition 1.
avec lui d'éviter la griffe des juges. Trente lé- -—
Voici une. vieille fable sur l'âne : Jupiter
gions sont sous ses ordres a. venait de prendre possession de l'empire; les
Androgma. — Bodin el Dclancre content. 2 hommes, à son avènement, lui demandèrent
qu'en lb3(i, à Casai, en Piémont, on remar- un printemps éternel, ce qu'il leur accorda ;
qua qu'une sorcière nommée Androgina en- il chargea l'âne de Silène do porter sur la
trait dans les maisons, et que bientôt après terre ce présent. L'âne eut soir, el s'appro-
on y mourait. Elle fut prise el livrée aux ju- cha d'une fontaine; le serpent qui la gardait,
ges, elle confessa que quarante sorcières, ses pour lui permettre d'y boire, lui demanda lo
compagnes, avaient composé avec elle le ma- trésor dont il était porteur, el le pauvre ani-
léfice. C'était un onguent dont elles allaient mal troqua le don du ciel contre un peu d'eau.
graisser les loquets des portes; ceux qui lou- C'est depuis ce temps, dit-on, que les vieux
chaient ces loquets mouraient en peu de jours. serpents changent de peau et rajeunissent
.-—« La môme chose advint à Genève en'1063, perpétuellement. — Mais il y a des ânes plus
ajoute' Delancre, si bien qu'elles y mirent la adroits que celui-là : à une demi-lieue du
peste, qui dura plus de septans. Ccntsoixanle- K.aire se trouvait, dans une grande bourgade,
dix sorcières furent exécutées à Rome pour un bateleur qui avait un âne si instruit que
cas semblable sous le consulat de Claudius les manants le prenaient pour un démon dé-
MarceUus el de YaleriusFlacons: mais la sor- guisé. Son maître le faisait danser-; ensuite il
cellerie n'étant pas encore bien reconnue, on lui disait que le Soudan voulait construire un
les prenait simplement alors pour des empoi- bel édifice, et qu'il avait résolu d'employer
sonneuses »
tous les ânes du Kaire à porter la chaux, le
Androïdcs,-—automates à figure humaine. mortier et la pierre. Aussitôt l'âno se laissait
tomber, raidissait les jambes el fermait les
— Foy. MÉCANIQUE et AL1SEI\T-I.IÎ-GRANI). yeux comme s'il eût été mort. Le bateleur se
Ane. — Les Égyptiens traçaient son image plaignait de la mort de son âne, et priait, qu'on
sur les gâteaux qu'ils offraient à Typhon, dieu lui donnât un peu d'argent pour en acheter
du mal. Les Romains regardaient la rencon- un autre. — Après avoir recueilli quelque
tre de l'âne comme un mauvais présage. Mais monnaie : « Ah ! disait-il, il n'est pas mort,
mais il a fait semblant de l'être parce qu'il
1 Wierus, in Pscudonu.n. dtemon.
* Démonomanie, Hv. iv, ch. -1. Tableau de l'incons-
tance, etc., liv. n, dise. -t. ! Sainl-Fuix, t. II (les Essais sur Paris.
ANC ANC
— 315 —
sait, que je n'ai pas le moyen de le nourrir. il publia deux volumes, el dont il en promet-
Lève-loi, » ajoutait-il. L'âne n'en faisait rien. tait vingt-quatre, sous le litre do Lumière
Ce que voyant, le maître annonçait que le magique ou origine, ordre et gouvernement
,
Soudan avait fait crier à.son de trompe que le de toutes les choses célestes, terrestres et in-
peuple eût. à se trouver le lendemain hors de fernales, etc. 1. Mongilorc en parle dans le
la ville du Kaire, pour y voir de grandes ma- tome F' 1' de sa Bibliothèque sicilienne.
gnificences. «11 veut, ajoulail-il, que les plus Angélique, — plante qui passe pour un
nobles dames soient montées sur des ânes...» préservatif contre les fascinations delà magie.
L'âne se levait, à ces mots, dressant la tète On la meltailen manière d'amulette au cou des

et les oreilles en signe de joie. .« 11 est vrai, petits enfants pour les garantir des maléfices.
ajoutait, le bateleur, que le gouverneur de mon Angerbode ou Angurbode, — femme gi-
quartier m'a prié de lui prêter le mien pour gantesque qui se maria avec le diable selon
,
sa femme, qui est une vieille roupilleuse l'opinion des Scandinaves, et qui enfanta trois
édcnlée. » L'âne baissait aussitôt les oreilles monstres : le loup Fenris, lo serpent Jormun-
et commençait à clocher comme s'il eût été gandur el la démone Héla, qui garde le
boiteux 1. — Ces ânes merveilleux, disent les inonde souterrain.
démoiiographes,étaient, sinon des démons, au Anges. — Les Juifs, à l'exception des sa-
moins des hommes métamorphosés, comme ducéens, admettaient el honoraient les anges,
Apulée, qui fui, ainsi qu'on sait, transmué en en qui ils voyaient, comme nous, des substan-
âne. Vincent de Beauvais parle 2 de deux ces spirituelles, intelligentes, et les premières
femmes qui tenaient une petite auberge au- en dignité entre les créatures. •— L'Ècri-
près de Rome, el qui allaient vendre leurs lure sainte a conservé quelquefois aux dé-
hôles au marché après les avoir changés en mons le nom d'anges, mais anges de ténèbres
cochons de lait, en poulets, en moulons. Une ou mauvais anges. Leur chef est appelé le
d'elles, ajoule-t-il, changea un comédien en grand dragon el. l'ancien serpent, à cause
âne, el, comme il conservait ses talents sous de la forme qu'il prit, pour tenter la femme.
sa nouvelle peau, elle le menait dans les foi- — Zoroaslre enseignait l'existence d'un
res des environs, où il lui gagnait beaucoup nombre infini d'anges ou d'esprits média-
d'argent. Un voisin acheta très-cher cet âne teurs, auxquels il attribuait non-seulement
savant; en lo lui livrant, la sorcière se borna un pouvoir d'intercession subordonné à la
à lui recommander de ne pas le laisser entrer providence continuelle de Dieu. mais un
dans l'eau, ce que le nouveau maître de l'âne pouvoir aussi absolu que celui que les païens
observa quelque temps. Mais un jour le pau- prêtaient à leurs dieux a. C'est, le culte rendu
vre animal , ayant trouvé moyen de rompre à des dieux secondaires que saint. Paul a con-
son licou , se jeta dans un lac, où il reprit sa damné 5. Les musulmans croient que les hom-
forme naturelle, au grand élonnemenl de son mes oui chacun deux angiR: gardiens, dont
conducteur. L'affaire fui porlée au juge, qui fil l'un écrit le bien et l'autre ie mal. Ces anges
châtier les deux sorcières. — Les rabbins font sont si bons, ajoutent—ils, que, quand celui
très-grand cas de l'ànessede Balaam. C'est, qui est sous leur garde fait une mauvaise ac-
disent-ils, un animal privilégié que Dieu forma tion, ils le laissent dormir avant de l'enregis-
à la lin du sixième jour. Abraham se servit trer, espérant qu'il pourra se repentir à son
d'elle pour porter le bois destiné au sacrifice réveil. — Les Persans donnent à chaque
dTsaac; elle porta ensuite la femme el le fiis homme cinq anges gardiens, qui sont placés :
do Moïse dans le désert. Ils assurent que celte le premier à la droite pour écrire ses bonnes
ânesse est soigneusement nourrie et réservée actions, le second à sa gauche pour écrire les
dans un lieu secret jusqu'à l'avènement du mauvaises le troisième devant lui pour lo
Messie juif, qui doit la monter pour soumettre conduire ,le quatrième derrière pour le ga-
toute la terre. Voy. BOKACK. rantir des, dénions, et le cinquièmedevant son
tenir son esprit élevé vers le pro-
Angat. — Nom du diable à Madagascar, front pour
où il est regardé comme un génie sanguinaire phète. D'autres portent le
nombre, des anges
et cruel. On lui donne la figure du serpent.
gardiensjusqu'à cent soixante.— Les Siamois
divisent les anges en sept ordres, et les char-
Angclieri, — Sicilien du dix-septième
siècle, qui n'est connu que par un fatras dont. Lux magica ncadenrica, coelestium , terrestrium et
1

infernornrnorigo, ordo et subordinatio eunctorum quoad


esse, fieri et operari, XXIV volunïinibus divisa. Pars 1,
Venise, 1GS6. sous le nom de Livio Betani; pars 2, Ve-
' Lcon AfriCalius, part. 8 délia Afrien, ciié dans Le- nise, le'87. Ces deux vol. sont in—1".
loyer. ? Bcrgier, Dictionnaire théoîogique,
1 In Specul. natur., lib. ni, 3 Coloss., cap. 2, vers. 1S.
cap. 109.
3
ANC — Mi
— A NI
gent de la garde des planètes, des villes, des près d'elle. Quand un Groenlandais tombe
personnes. Ils disent, que c'est, pendant, qu'on malade c'est encore l'anguekkok qui lui sert
,
éternue que les mauvais anges écrivent les de médecin, el qui se charge également de
fautes des hommes. — Les théologiens ad- guérir les maux du corps el ceux de l'âme '.
mettent neuf choeurs d'anges en trois hiérar- Foy. TORJS'GAUSUK.
chies : les Séraphins, les Chérubins,, les Trô-
Anguille. — Les livres de secrets prodi-
nes; — les Dominations, les Principautés, les gieux donnent à l'anguille des vertus surpre-
Vertus des Cieux; — les Puissances, les Ar-
nantes. Si on la laisse mourir hors de l'eau,
changes el les Anges. — Parce que des an- qu'on mette ensuite son corps entier dans du
ges en certaines occasions où Dieu l'a voulu, fort vinaigre el. du sang de vautour, el qu'on
ont secouru les Juifs contre leurs ennemis, les place le tout, sous du fumier, celle composi-
peuples modernes ont quelquefois attendu le tion « fera ressusciter loul ce qui lui sera pré-'
même prodige. Le jour de la prise de Con- sente et lui' redonnera la vie comme aupa-
slanlinople par Mahomet II, les Grecs schis- ,
ravant 2. »— Des autorités de là même force
maliques, comptant sur la prophétie d'un de disent encore que celui qui mange le. coeur
leurs moines, se persuadaient que les Turcs tout chaud d'une anguille sera saisi d'un in-
n'entreraient pas dans la ville, mais qu'ils se- stinct prophétique et prédira les choses futu-
raient arrêtés aux murailles par un ange armé
d'un glaive qui les chasserait et. les repousse- res.— Les Égyptiens adoraient l'anguille, que
leurs prêtres seuls avaient droit, de manger.
rait jusqu'aux frontières de la Perse. Quand On a beaucoup parlé dans le dernier siècle,
l'ennemi parut sur la brèche, le peuple et des anguilles formées, de farine ou de jus de
l'armée se réfugièrent dans le temple de
mouton. Foy. NISJÎDHAM. —N'oublions pas le
Sainte-Sophie, sans avoir perdu tout espoir; petil Iraitd'un avare, rapporté par Guillaume
mais l'ange n'arriva pas el la ville fui sac- de Malmesbury, doyen d'Iïlgin, dans la pro-
cagée. — Cardan raconte qu'un jour qu'il vince de Murray en Kcosse, qui fut changé en
était à Milan, le bruit se répandit loul à anguille el mis en mateloter'.
coup qu'il y avait un ange dans les airs
au-dessus de la ville. 11 accourut el vil, Animaux. —llsjouenl un grand rôle dans
ainsi que deux mille personnes rassemblées les anciennes mylhologies. Les païens en ado-
un ange qui planail dans les nuages, armé
, raient plusieurs, ou par terreur, ou par re-
d'une longue épée el les ailes étendues. Les connaissance, ou par suile des doctrines de la
habitants s'écriaient que c'était l'ange ex- métempsycose. Chaque dieu avait un animal
terminateur; el la consternation devenait, gé- qui lui élail dévoué. Les anciens philosophes
nérale lorsqu'un jurisconsulte fil remarquer avaient, parfois, au sujet des animaux, do sin-
, gulières idée. Celse, qui a été si bien battu
que ce qu'on voyait n'élail que la représen-
tation qui se faisait dans les nuées d'un ange par Origône . soutenait très - sérieusement
de marbre blanc placé au haut du clocher de que les animaux ont plus de raison , plus de
Saint-Golhard. Foy. AHMÉES pitoniGiiicsics. sagesse, plus de verlu que l'homme (peul-êlre
jugeait-il d'après lui-même), el qu'ils sont
Angeweiller, •— VOy. FÉES. dans un commerce plus intime avec la Divi-
AngueUUok,—espèce de sorcier auquel nité. Quelques-uns oui cherché dans de telles
les Groenlandais ont recours dans lotis leurs idées l'origine du culte que les Egyptiens ren-
embarras. Ainsi, quand les veaux marins ne daient à plusieurs animaux. Mais d'autres
se montrent pas en assez grand nombre, on va mythologues vous diront que ces animaux
prier l'Anguekkokd'aller trouver la femme qui, étaient révérés parce qu'ils avaient prèle leur
selon la tradition, a traîné la grande île de peau aux dieux égyptiens en déroute et obli-
Disco de la rivière de Baal, où elle était située gés à se travestir. Foy. AME DES HÈTES.
autrefois, pour la placer à plus de cent lieues •—
Divers animaux sont très-réputés dans la
de là, à l'endroit où elle se trouve aujour- sorcellerie, comme le coq, léchai, le crapaud,
d'hui. D'après la légende, celle femme habile le loup, le chien, ou parce qu'ils accompa-
au fond de là mer, dans une vaste maison gnent les sorcières au sabbat, ou pour les pres-
gardée par les veaux marins; des oiseaux de. sages qu'ils donnent, ou parce que les magi-
mer nagent dans sa lampe d'huile de poisson, ciens et les démons empruntent leurs formes.
et les habitants de l'abîme se réunissent au- Nous en parlerons à leurs articles.particuliers.
tour d'elle, attirés par sa beauté, sans pou-
voir la quitter, jusqu'à ce que l'anguekkok la 1 Expédition du capitaine Graali dans le Groenland.
saisisse par les cheveux, et, lui enlevant sa 2 Admirables secrets d'Albert le Grand, liv. il, eh. 3.
coiffure, rompe le charme qui les retenait au- 3 Cité par M. Salgues, Des Erreurs et des préjugés,
t. I", p. 323
AÎNN — 35 — ANN
—Dix animaux sont admis dans le paradis de généralement soin de courber le doigt annu-
Mahomet : la baleine de Jonas, la fourmi de laire au moment où elles reçoivent l'anneau,
Salomon, le bélier d'Ismaël, le veau d'Abra- de manière à l'arrêter avant la seconde join-
ham, l'âne d'Aasis, reine de Saba, la cha- ture.—Les Anglaises, qui observent la même
melle du prophète Salèh, le boeuf de Moïse, le superstition, font le plus grand cas de l'anneau
chien des sept dormants, le coucou de Belkis d'alliance, à cause de ses propriétés. Elles
et l'âne de. Mahomet. Foy.-BOIIACK. — Nous croient qu'en mettant un de ces anneaux dans
ne dirons qu'un mol d'une erreur populaire un bonnet de nuit, et plaçant le tout sous leur
qui, aujourd'hui, n'est plus très-enracinée. On chevet., elles verront en songe Je mari qui leur
croyait, autrefois que loules les espèces qui est destiné. — Les Orientaux révèrent les an-
sont sur la terre se trouvaient aussi dans la neaux el les bagues, et croient aux anneaux
mer. Le docteur Brown a prouvé que celte enchantés. Leurs coules sont pleins de pro-
opinion n'était pas fondée. .«11 serait bien diges opérés par ces anneaux. Ils citent sur-
difficile, dit-il, de trouver l'huître sur la terre; tout, avec une admiration sans bornes, Van-
et la panthère, le chameau, la taupe ne se neau de Salomon, par la force duquel ce prince
rencontrent pas dans l'histoire naturelle des commandaitàloulela nature. Le grand'nom-de
poissons. D'ailleurs le renard, le chien, l'âne, Dieu est gravé sur cette bague, qui est gardée-
le lièvre de nier ne ressemblent pas aux ani- par des dragons dans le tombeau inconnu de;
maux terrestres qui portent, le même nom. Le Salomon : celui qui s'emparerait de cet anneau
cheval marin n'est pas plus un cheval qu'un serait maître du monde el aurait tous les gé-
aigle; le boeuf de mer n'est qu'une grosse nies à ses ordres. Foy. SAKHAII. —A défaut'
raie; le lion marin, une espèce d'écrevisse ; et de ce talisman prodigieux, ils achètent à des
le chien marin ne représente-pas plus le chien magiciens des anneaux qui produisent aussi
de terre que celui-ci ne ressemble à l'étoile des merveilles.—HenriV11I bénissait des an-
Sirius, qu'on appelle aussi le chien '. » — Il neaux d'or, qui avaient, disait-il, la propriété
serait long el hors de propos de rapporter ici de guérir de la crampe1.—-Les faiseurs de
toutes les bizarreries que l'esprit humain a secrets ont inventé des bagues magiques qui
enfantées par rapport aux animaux. Foy. BÊ- ont plusieurs vertus. Leurs livres parlent de
TES, EXCOMMUNICATION,etc. Vanneau des voyageurs. Cet anneau, dont le
Anjorrand, — VOy. DliNIS. secreln'est pas bien certain, donnait à celui qui
le portait le moyen d'aller sans fatigue de
Anneau. —Il y avail autrefois beaucoup Paris à Orléans; et de revenir d'Orléans à
d'anneaux enchantés ou chargés d'amulettes ; Paris dans la même journée.—Mais on n'a
les magiciens faisaient des anneaux constellés perdu le secret do Vanneau d'invisibilité.
lias
avec lesquels on opérait des merveilles. Foy. Les cabalisles ont laissé la manière de faire
Ki.ÉAzAii.—Celle croyance était si répandue
cet anneau, qui plaça Gigès au trône de Lydie.
chez les païens, que leurs prêtres ne pouvaient 11 faut entreprendre cette opération
un mer-
porter d'anneaux, à moins qu'ils ne fussent si credi de printemps, sous les auspices de Mer-
simples qu'il était évident qu'ils ne conte- lorsque cette planète se trouve.en con-
naient pas d'amulettes -. •— Les anneaux ma- jonction cure,
avec une des autres planètes favora-
giques devinrent aussi de quelque usage chez bles, la Lune, Jupiter, Vénus elle
les chrétiens, et même beaucoup de supersti-
comme
.; Soleil. Que l'on ail de bon mercure fixé et
tions se rattachèrent au simple anneau d'al- purifié : on en formera une bague où puisse
liance. On croyait qu'il y avail dans le qua-
entrer facilement le doigt du milieu; on en-
trième doigt, qu'on appela doigt annulaire, châssera dans le chaton
directement une petite pierre que
une ligne qui répondait au coeur; l'on trouve dans le nid de la huppe, elon gra-
on recommanda de mettre l'anneau d'alliance autour de la bague ces paroles -. Jésus
vera
vi ;> ce seul doigt. Le! moment où le mari'donne passant -J- le milieu d'euoe -|- s'en allait;
1 anneau à sa jeune épouse devant lé prêtre,
par
puis, ayant posé le tout sur une plaque de
ce moment, dit un vieux livre'de secrets, est fixé, on fera le parfum de Mercure;
de la plus haute'importance. Si le'mari arrête mercure
;

on enveloppera l'anneau dans un taffetas de la


:; l'anneau à l'entrée du doigt et ne passé pas
couleur convenable à la planète, on le por-
fi 'a seconde jointure', la femme sera maîtresse';
tera dans le nid de la huppe d'où l'on a tiré
mais s'il enfonce l'anneau jusqu'à l'origine du la pierre, on l'y laissera neuf jours; et quand'
doigt, il sera chef et souverain. Celle idée est
on le retirera, on fera encore le parfum comme
encore en vigueur, et les jeunes mariées ont la première fois; puis
; ;
on le gardera dans une-
,; ' Brown, Des Erreurs populaires, liv. ni, eh. 2Ï:
* Aulu-Gelle, lili. S, cap; 25. 1 Misson, Voyage d'Italie, t. 111, p. 16, à la marge.-
ANIS —
36 — ANN
petite Doue laiie avec au mercure uxe, puur naient à une mine d'argent dont il avait lil
s'en servir à l'occasion. Alors on mettra la a;arde. C'est un démon méchant et terrible.
bague, à son doigt; en tournant la pierre au 1I
se montre surtout en Allemagne; on dil qu'il
dehors de la main, elle a la vertu de rendre ili la figure d'un cheval, avec un cou immense
invisible aux yeux des assistants celui qui la e:f des yeux effroyables L
porte; et quand on veut être vu, il suffit de Année.— Plusieurs peuples ont célébré par
rentrer la pierre en dedans de la main, que cles cérémonies plus ou moins singulières le
fou ferme en formé de poing.—Porphyre, t•elour du nouvel on. Chez les Perses, un jeune
Jamblique, Pierre d'Apone et Agrippa, ou du jibmiiie s'approchait du prince et lui faisait
moins les livres de secrets qui leur sont allri- ,des offrandes, en disant qu'il lui apportait la
bues,, soutiennent qu'un anneau fait de la ma- ,nouvelle année de la part de Dieu. Chez nous,
niôre suivante a la même propriété. 11 faut ,on donne encore des étrennes. Les Gaulois
prendre des poils qui sont au-dessus de la tête ,commençaient l'année par la cérémonie du
de l'hyène , et en faire de petites tresses gui .
de chêne, qu'ils appelaient le gui de l'an
avec lesquelles on fabrique un anneau, qu'on neuf ou du nouvel an. Les druides, accompa-
porle aussi dons le nid de la huppe; on le gnés du peuple, allaient dans une forêt, dres-
laisse là neuf jours; on le passe ensuite dans saient autour du plus beau chêne un autel
des parfums préparés sous les auspices de triangulaire de gazon et gravaient sur le
,
Mercure. On s'en sert, comme de l'autre an- tronc el sur les deux plust;grosses branches de
neau, exceplé.qu'on l'ùlo absolument du doigt l'arbre révéré les noms des dieux qu'ils
quand on ne veut plus être invisible. — Si, croyaient les plus puissants : Theulatés, Esus,
d'un autre côté, on veut se précaulioiiner con- Taranis, Belenus. Ensuite, l'un d'eux, velu
tre l'effet de ces anneaux cabalistiques, on d'une blanche tunique, coupait le gui avec-
aura une bague faite de plomb rafiiné et purgé; une serpe d'or; deux autres druides étaient là
oii enchâssera dans le chaton un oeil de jeune pour le recevoir dans un linge, et prendre
beletle qui n'aura porté des petits qu'une fois ; garde qu'il ne touchât la terre. Ils distri-
sur le contour on gravera les paroles suivan- buaient l'eau où ils faisaient tremper ce nou-
tes : Apparuit Dominus Simoni. Celle bague veau gui, et persuadaient au peuple qu'elle
se fera.un jour de samedi, lorsqu'on connaîtra guérissailde plusieurs maladies el qu'elle était,
que Saturne esl en opposition avec Mercure. efficace contre les sortilèges -.— On appelle
On l'enveloppera dans un morceau de linceul année platonique un espace de temps à la
mortuaire où on le laissera neuf jours; puis, fin duquel tout doit se retrouver à la même
l'ayant retirée, on fera trois fois le parfum de place:i. Les uns comptent quinze mille ans
Saturne, et on s'en servira. — Ceux qui ont pour celle révolution, d'autres trente-six
inventé ces anneaux ont raisonné sur le prin- mille. Il y en eut aussi qui croyaient, ancien-
cipe de l'antipathie entre les matières qui les nement qu'au bout de cette période le monde
composent. Rien n'est plus antipathique à serait renouvelé, et que les âmes rentreraient
l'hyène que la belette, et Saturne rétrograde dans leurs corps pour commencer une nou-
presque toujours à Mercure; ou, lorsqu'ils se velle vie sembable à la précédente. On conte
rencontrent dans le domicile de quelques si- là-dessus celle anecdote . —Deux Allemands,
gnes du zodiaque, c'est toujours un aspect étant au cabaret et parlant de celte grande
funeste el de mauvais augure 1. — On peut année platonique où toutes les choses doivent
faire d'autres anneaux sous l'influence des retourner à leur premier état, voulurent per-
planètes, et leur donner des vertus au moyen suader au maître du logis qu'il n'y avail rien
de pierres et d'herbes merveilleuses. « Mais de si vrai que celte révolution ; « desorle, di-
dans ces caractères, herbes cueillies, constel- saient-ils, que, dans seize mille ans d'ici, nous
lations et charmes, le diable se coule, » comme serons à boire chez vous à pareille heure et
dit Leloyer. « Ceux qui observent les heures dans celle môme chambre. » Là-dessus, ayant
des astres, ajoute-t-iî, n'observent que les peu d'argent, en vraisAllemands qu'ils étaient,
heures des démons qui président aux pierres, ils le prièrent de leur faire crédit jusque-là.
aux herbes el aux astres mêmes. » — Et il est Le cabaretier leur répondit qu'il le voulait
de fait que ce ne sont ni des saints ni des bien.« Mais, ajouta-t-il, parce qu'il y a seize
coeurs honnêtes qui se mêlent de ces supersti-
tions. * Wierus, De Pnest., lib. I, cap. 22.
.
2 Saint-Foix, Essais, etc., t. II.
Anneberg, —démon des mines; il tua un 3 Quelques-uns disaient que les corps célestes seule-
jour de son souffle douze ouvriers qui travail- ment se retrouveraient au même point au bout de la
grande aimée. Cicéron, dans un passage de son Horten-
sius, conservé par Servies, fait celte grande année de
> Petit Albert,
douze mille neuf cent cinquante-quatre des nôtres.
.
A'NO
— 37 — ANT
mille ans, jour pour jour, heure pour heure, paroles, selon les croyances populaires des
que vous étiez à boire ici, comme vous faites, et Corses, mais dans un sens très-bizarre, les
que vous vous en allâtes sans payer, acquittez puissances mystérieuses qui président à l'a-
le passé et je vous ferai crédit du présent...« nocchialura ayanlla singulièrehabiluded'exé-
préjugé des années climatèriques sub- culer le contraire de ce qu'on souhaite. Aussi,
— Le
siste encore, quoiqu'on en ait démontré l'ab- dans la crainte de fasciner les enfants en leur
surdité. Auguste écrivait à son neveu Caïus adressant des bénédictions on des éloges, le
pour l'engager à célébrer le jour de sa nais- peuple qui leur veut du bien le leur prouve
sance, attendu qu'il avait passé la soixante- par des injures et des souhaits d'autant plus
troisième année, — cette grande climatérique favorables qu'ils sont plus affreusement ex-
si redoutable pour les humains.—Beaucoup primés 1.
de personnes craignent encore l'année climaté-
rique ; cependant une foule de relevés prou- Anpiel, — l'un des anges que les rabbins
vent qu'il ne meurt pas plus d'hommes dans
chargent, du gouvernement des'oiseaux; car
créée sous la pro-
la soixante-troisième année que dans les an- ils mettent chaque espèce
nées qui la précèdent. Mais un préjugé se dé- tection d'un ou de plusieurs anges.
truit avec peine. Selon ces idées, quePylha- Anselme de Parme , — astrologue , lié à
gore fil naître par ses rêveries sur les nom- Parme, où il mourut en -1440. Il avait écnitdes
bres, notre tempérament éprouve tous les sept Institutions astrologiques, qui n'ont pas été
ans une révolution complète ; quelques-uns imprimées. Wierus2et quelques démonogra-
disent même qu'il se renouvelle entièrement; phos le mettent au nombre des sorciers. Des
d'autres prétendent que ce renouvellement n'a charlatans qui guérissaient les plaies au moyen
lieu que lotis les neuf ans : aussi les années de paroles mystérieuses inventées par lui ont
climatèriquesse comptent par sept et par neuf. pris le nom d'anselmistes; et, pour mieux en
Quarante-neuf et quatre-vingt-un sont très- imposer, ils se vantaient de tenir leur vertu
importantes, disent les partisans de celte doc- de guérir, non d'Anselme de Parme, mais de
trine; mais soixante-trois est l'année la plus saint Anselme de Canforbéry.
fatale, parce que c'eslla multiplication de sept
par neuf. Un Normand disait :« Encore un âosupcromin , •—sorcier des environs de
des miens pendu à quarante-neuf ans! el qu'on Saint-Jean-de-Luz, qui, selon des informa-
dise qu'il ne faut pas se méfier des années cli- tionsprisessousllenri IV parleconseillerPierre
matèriques ! » « On ne doil pourtant pas porter De.lanc.ro 3, fut vu plusieurs fois an sabbat, à
trop loin, dit M. Saignes, le mépris de la pé- cheval sur un démon qui avait forme de bouc,
riode septénaire, qui marque les progrès du etjouantdela flûte pour la danse des sorcières.
développement et de l'accroissement du corps
Antoeus. —Il y a , comme dit Boguet, des
humain. Ainsi, généralement, « les dents de familles où il
se trouve toujours quelqu'un qui
l'enfance tombent à sept ans, la puberté se devient loup-garou. Evanlhes, et après lui
manifeste à quatorze, le corps cesse de croître Pline, rapportent dans la race d'un cer-
à vingt-un. » —Mais celle observation n'est tain Anlbams, Arcadien, que
on choisissait par le
pas exacte. sort un homme que l'on conduisait près d'un
Annius de Viterbe (JlîAN N'ANNl), —Savant étang. Là, il se dépouillait, pendait ses habits
ecclésiastique, né à Viterbe en 4 432. 11 a pu- à un chêne ; et, après avoir passé l'eau à la
blié une collection de manuscrits pleins de fa- nage, s'enfuyait dans un désert où, transformé
bles attribuées à Bérose, à Fabius Pictor, à en loup, il vivait et conversait avec les loups
Caton, à Archiloque, à Manéthon, etc., el pendant neuf ans. Il fallaitque durantce temps
connu sous le nom à'Antiquités d'Annius. Ce il no vil point d'hommes ; autrement le cours
recueil a peu de crédit.—On. doit encore à des neuf ans eût recommencé. Au bout de ce
Annius un Traité de l'empire des Turcs et un terme il retournait vers le môme étang, le tra-
livre des Futurs triomphes des chrétiens sur les versait à la nage et rentrait chez lui, où il ne
Turcs el les Sarrasins, etc. Ces deux ouvrages se. trouvait pas plus âgé que le jour de sa trans-
sont desexplications de l'Apocalypse. L'auteur mutation en loup, le temps qu'il avait passé
pense que Mahomet est l'antechrist, et que la sons celte forme ne faisant pas compte dans
fm du monde
aura lieu quand le peuple des le nombre des années de sa vie.
saints (les chrétiens) aura soumis entièrement
les juifs et ies mahométans.
1 P. Mérimée, Colomba.
Anocchiatura, — fascination involontaire In libro apologetico.
?-

qui s'exerce, soit par les yeux, soit par les 3 Tableau de l'inconstance des démons, liv. lu,
dise. 4. >
A NT
— 38 — -
A NT
Antamtapp, —- enfer des Indiens, plein de tranchants ti qui sortira de sa bouche. —Quel-
chiens enragés et d'insectes féroces. On y est ques-uns q prétendent que le règne de l'Anté-
couché sur des branches d'épines et continuel- christ c durera cinquante ans; d'autres, qu'il ne
lement caressé par des corbeaux qui ont des ne.durera n que trois ans et demi ; après quoi les
.becs de fer. LesBramesdisentque les supplices anges a feront entendre les trompettes du dernier
de «et enfer sont éternels. jugement.
j Le mot de passe des sectateurs de
Antéchrist. — Par Antéchrist on entend l'Antéchrist 1 sera, dit Boguet : Je renie le bap-
'ordinairement un tyran impie et cruel, ennemi tême.—Cequi 1 est assez grotesque, assurément,
de Jésus-Christ; il doit régner sur la terre lors- <c'est que les protestants, ces précurseurs de
que le monde approchera de sa fin. Les per- 1l'Antéchrist, donnent le nom d'Antéchrist au
séculions qu'il exercera contre les élus seront 1pape, comme les larrons qui crient au voleur
la dernière et la plus terrible épreuve qu'ils pour ] détournerd'eux les recherches.—Pendant
auront à subir ; el même notre Seigneur a dé- 'un moment dans le peuple on a craint que Na-
claré que les élus y succomberaient si le temps poléon ] ne fût l'Antéchrist. Nous mentionnons
n'en était abrégé en leur faveur; car il se don- cette '
petite circonstance comme un simple fait.
nera pour le Messie et fera des prodiges ca- — Le troisième traité de Vllistoire des trois
pables d'induire en erreur les élus mêmes. — possédées de Flandre, par Sébastien Michaëlis,
Leloyer ' rapporte cette opinion populaire, que donne des éclaircissements sur l'Antéchrist,
les démons souterrains ne gardent que pour .d'après les dires des démons exorcisés. « Il
-
lui les trésors cachés au moyen desquels il sera méchant comme un enragé. Jamais si
,
pourra séduire les peuples. C'est à cause des méchantecréature ne fut sur terre. 11 fera des
miracles qu'il doit faire que plusieurs l'ap- chrétiens ce qu'on fait en enfer des âmes ; ce
pellent le singe dé Dieu. — L'Antéchrist aura ne sera pas un martyr humain, mais un mar-
beaucoup de précurseurs ; il viendra peu de tyr inhumain. Il aura une foule de noms de
temps avant la fin du monde. Saint Jérôme synagogue ; il se fera porter par les airs quand
dil que ce sera un homme fils d'un démon ; il voudra ; Belzébut sera son père. » — Une
d'autres ont pensé que ce serait un démon re- sorcière, qui avail des visions, déclara que
vêtu d'une chair apparente et fantastique. l'Antéchrist parlerait en naissant toutes sortes
Mais,, suivant saint Irénée saint Ambroise, de langues, qu'il aurait des griffes au lieu de
,
saint Augustin et plusieurs autres pères, pieds et ne porterait pas de pantoufles ; que
l'Antéchrist doit, être un homme de la même Belzébut, son père se montrera à ses côtés
,
nature que tous les autres, de qui il ne diffé- sous la figure d'un oiseau à quatre pattes,
rera que par une malice et par une impiété di- avec une queue , une lèle de boeuf très-
gnes de l'enfer.— Il sera Juif, elde la tribu de plate, des cornes, et un poil noir assez rude;
"Dan, selon Malvenda'2, qui appuie son senti- qu'il marquera les siens d'un cachet qui re-
mentsur ces parolesde Jacob mourante ses fils : présentera celle figure en petit. — Nous
Dan est un serpent dans lesenlier 3; sur celles- pourrions citer beaucoup de choses pareilles
ci de Jérémie : Les armées de Dan dévoreront, sur l'Antéchrist, mais les détails burlesques
la terre; etsurlechapitre7deTylpoGaJypse,où et les plaisanteries ne vont, qu'à moitié dans
saint Jean a omis la tribu de Dan dans l'énu- une pareille matière. — On a raillé l'abbé
mération qu'il fait des autres tribus. —« L'An- Fiard qui regardait Voltaire et les ency-
,
téchrist sera toujours en guerre ; il fera des clopédistes comme des précurseurs de T An-
miracles qui étonneront la terre ; il persécu- téchrist. Il est possible que les railleurs aient
tera les justes, et, comme le diable marque tort.
déjà ses sujets, il marquera aussi les siens
d'un signe au front ou à la main 4. —Élie et Antesser, •—démon. Foy. BLOKTJLA.
Enoch viendront enfin, suivant Malvenda et Anthropomanoie,—divinationpar l'inspec-
, tion des entrailles d'hommes ou de femmes
convertiront les Juifs. L'Antéchrist leur fera
donner la mort, qu'ils n'ont pas encore reçue, éventrés. Cet horrible usageétailtrès-ancien.
et qu'ils ne doivent recevoir que de lui. Alors Hérodote dit que Ménélas , retenu en Egypte
Jésus-Christ, notre Seigneur, descendra des par les vents contraires, sacrifia à sa barbare
cieux et tuera l'Antéchrist avec l'épée à deux curiosité deux enfanls du pays , et chercha à
savoir ses destinées dans leurs entrailles, lïé-
1 Discours des spectres, liv. rv, cil. 15.
liogabale pratiquait cette divination. Julien
2 Dans un long et curieux ouvrage en 13 livres sur l'Apostat, dans ses opérations magiques et
l'Antéchrist, Raban-Muur , au neuvième siècle , a fait dans les sacrifices nocturnes, faisait tuer, dit-
aussi un livre sur la Vie et les moeurs de l'Antéchrist.
?' Genèse, çh. 49. on, un grand,nombre d'enfants pour consulter
* Boguet, Discours des sorciers, cil. 50.
leurs entrailles. Dans sa dernière expédition,
ANT
_ 39 — A NT

étant, à Carra en Mésopotamie il s'enferma souffrir lit vue d'une rose, pas même en pein-
,
dans lo temple de la Lune el, après avoir fait ture, et elle aimait toute autre sorte de fleurs.
ce qu'il vou lui avec les complices de son im- Le cardinal Henri de Cardonne éprouvait, la
piété, il scella les portes, et y posa une garde même antipathie el tombait en syncope lors-
qui ne devait être levée qu'à son retour. 11 qu'il sentait l'odeur des roses. Le maréchal
fui tué dans la bataille qu'il livra aux Perses, d'Albret se trouvait mal dans un repas où
et ceux qui entrèrent dans le temple de Carra, l'on servait un marcassin ou un cochon de
sous le règne de Jovien , son successeur, y lait. Henri III ne pouvait rester seul dans une
trouvèrent une femme pendue par les che- chambre où il y avail un chat. Le maréchal de
veux , les mains élendues, le ventre ouvert el Schomberg avail la même faiblesse. Ladislas,
le foio arraché. roi de Pologne, se troublait el prenait la fuite
Anthropophages. — Le livre attribué à quand il voyait des pommes. Scaliger frémis-
Enoch dit que les géants nés du commerce des sait à l'aspect du cresson. Érasme ne pouvait
anges avec les filles des hommes furent les sentir le poisson sans avoir la fièvre. ïycho-
premiers anthropophages. Marc-Paul dit que Brahé sentait ses jambes défailliràla rencontre
de son temps, dans la Tarlarie, les magiciens d'un lièvre ou d'un renard. Le duc d'Epernon
avaient le droit de manger la chair des cri- s'évanouissaità la vue d'un levraut. Cardan ne
minels el des écrivains observent qu'il n'y a pouvait souffrir les oeufs ; le poète Arioste, les
,
que les chrétiens qui n'aient pas été anthropo- bains ; le lîls de Crassus , le pain ; César de
phages. Lescalle, le son de la vielle. — On trouve
la cause de ces antipathies dans les
Antide. — Une vieille tradition populaire souvent premières sensations de l'enfance. Une dame
rapporte que saint Antide évoque de Besan-
, qui aimait beaucoup les tableaux et les gra-
çon , vit un jour dans la campagne un démon
s'évanouissait lorsqu'elle en trouvait
fort, maigre el fort, laid, qui se vantait d'avoir vures
dans un livre ; elle en dit la raison : élant en-
porté le trouble dans l'église de Borne. Le
saint appela le démon lo fit. mettre à quatre core
petite, son père l'aperçut un jour, qui
feuilletait les livres de bibliothèque pour y
pâlies, lui sauta sur le dos, se fil. ainsi trans- chercher des images; sa
,
il les lui retira brus-
porter à Borne, répara le dégâl dont fange
des mains, et lui dit d'un-Ion terri-
déchu se montrait si fier, el s'en revint en son quement
ble qu'il y avail dans ces livres des diables
diocèse par la même voiture '.
qui l'étrangleraient si elle osait, y toucher...
Antioohus, — moine de Séba qui vivait au Ces menaces absurdes, ordinaires à certains
commencement du septième siècle. Dans ses parents, occasionnent toujours de funestes ef-
190 homélies, intitulées Pandecies des divines fets qu'on
ne peut plus détruire. — Pline as-
Ecritures, la 84e' de Insomniis, roule sur les. sure qu'il
y a une telle antipathie entre le
visions el les songes 2. loup el le cheval que si le cheval passe où
,
Antipathie. — Les aslrologues prétendent le loup a passé, il seul aux jambes un engour-
que ce sentiment d'opposition qu'on ressent dissement qui l'empêche de marcher. Un che-
pour une personne ou pour une chose est produit val sentie tigre en Amérique, el refuse obsti-
par les astres. Ainsi, deux personnes nées sous nément de traverser une forêt où son odorat
le même aspect auront un désir mutuel de
se lui annonce la présence de l'ennemi. Les
rapprocher, et. s'aimeront sans savoir pour- chiens sentent aussi très-bien les loups avec
quoi ; de même que d'autres se haïront sans qui ils ne sympathisent pas ; et peut-être se-
motif, parce qu'ils seront nés sous des con- rions-nous sages de suivre jusqu'à un certain
jonctions opposées. Mais comment explique- point, avec les gens que nous voyons la pre-
ront-ils les antipathies que les grands hommes mière fois, l'impression sympathique ou an-
ont eues pour les choses les plus communes? tipathique qu'il nous font éprouver; car l'in-
on en cite un grand nombre, auxquelles on ne stinct existe aussi chez les hommes mêmes,
peut rien comprendre.—Lamothe-Levayer ne qui le surmontent cependant par la raison.
pouvait souffrir le son d'aucun instrument, et
goûtait le plus vif plaisir au bruit du tonnerre. Antipodes. — L'existence des antipodes
César n'entendait pas le chant du
coq sans
était regardée naturellement comme un conte
lrissonner. Le .chancelier Bacon tombait
en
dansje temps où l'on croyait que la terre élait.
y avail une plaie. Mais il n'est pas vrai , comme on l'a
défaillance toutes les fois qu'il
éclipse do lune. Marie de Médicis
ne pouvait
écrit, que le prêtre Virgile fut excommunié
parle pape Zacharie pour avoir soutenu qu'il
Voyez les Bollaudistes, 25 juin, etc. y avail des antipodes ; ce Virgile au contraire,
' Voyez, t. XII de la Bibliotheca patrum,ed. Lngdnii. à cause do sa science, fut comblé d'honneurs
APO — 40 — APO |

et, nommé à l'évèché do. Salzbourg'. piquants, on est aussi peu avancé
— La aperçuesa \
plupart; des hommes à qui l'éducation n'a pas que q le premier jour. Newton a échoué, comme
étendu les bornes de l'esprit croient encore les k autres, dans l'interprétation de l'Apoca-
que la terre n'est qu'un grand plateau ; et il lypse. 1; Ceux qui l'ont lu comme un poème her-
" serait difficile de leur persuader qu'on trouve métique ont leur excuse dans leur folie. Pour
n
au-dessous de nous des hommes qui ont la nnous, attendons que Dieu lève les voiles. 11 y
tête en bas, et les pieds justement opposés a eu plusieurs Apocalypsessupposées, de—•saint
aux nôtres 2. — Les anciens mythologues ci- Pierre, I de saint Paul, de saint Thomas, de
lent, dans un autre sens, sous le nom d'An- saint s Etienne, d'Esdras, do Moïse, d'Élie,
tipodes des peuples fabuleux de la Libye à d'Abraham, ( de Marie femme de Noé, d'Adam
, ,
qui on attribuait, huit doigts aux pieds, elles même. i Porphyre a môme cité une Apocalypse
pieds tournés en dehors. On ajoute qu'avec de ( Zoroaslre.
cola ils couraient, comme le vent.
Antoine. — Saint Antoine est célèbre par Apollonius de Tyanes, — philosophe py-
les tentations qu'il eut à subir de la part, du thagoricien, 1 né à Tyanes en Cappadoce, un
diable. Ceux qui ont mis leur esprit à la - peu de temps après notre Seigneur .lésus-
torture pour donner à ces faits un côté plai- Christ. Phi lustrale, au commencement du
sant n?ont pas toujours eu autant, d'esprit troisième siècle, plus de cent ans après la
qu'ils ont voulu en montrer. Ils n'égalent cer- mort d'Apollonius, dont personne ne parlait
tainement pas le bon légendaire qui conte plus, imagina le roman de sa vie pour oppo-
qu'Antoine, ayantdompté Satan, le contraignit ser quelque chose de prodigieux à l'Evangile.
à demeurer auprès de lui, sous sa forme la Il dit qu'il écrit sur des mémoires laissés par
plus convenable qui était celle d'un cochon. Damis, ami et secrétaire d'Apollonius. On
Voy. A «DENTS.
, peut juger du degré de confiance que méri-
taient ces écrivains par ce trait de Damis,
Apantomancie,—•divination tirée des ob- qui
jets qui se présentent à l'improviste. Tels sont assure avoir vu, en traversant le Cau-
case les chaînes de Prométhée encore fixées
les présages que donne la rencontre d'un liè- ,
rocher, Philostrate admit tout, et embellit
au
vre ou d'un aigle, etc. les récits de Damis. — La mère d'Apollonius
Aparciiens, — peuples fabuleux que d'an- fut avertie de sa grossesse par un démon ; un
ciens conteurs ont placés dans le Septentrion. salamandrefui son père, selon les cabalistes.
Ils étaient transparents comme du cristal, et Les cygnes chantèrent, quand il vint au monde,
avaient les pieds étroits et tranchants comme et la foudre tomba du ciel. Sa vie fut une
des patins, ce qui les aidait merveilleusement suite de miracles. 11 ressuscitait les morts,
à glisser. Leur longue barbe ne leur pendait délivrait les possédés, rendait des oracles,
pas au menton, mais au bout du nez. Ils n'a- voyait des fantômes, apparaissait à ses amis
vaient point de langue, mais deux solides râ- éloignés, voyageait dans les airs porté par
teliers de dents qu'ils frappaient musicalement des esprits, et se montrait le môme jour en
l'un contre l'autre pour s'exprimer. Ils ne sor-' plusieurs endroits du monde. Il comprenait le
taient que la nuit, et se reproduisaient par le chant des oiseaux. •—Philosirate conte qu'é-
moyen de la sueur qui se congelait et formait tant venu au tombeau d'Achille, à qui il vou-
un petit. Leur dieu était un ours blanc 3. lait parler, Apollonius évoqua ses mânes;
Apocalypse. — Dans celte clôture redou- qu'après un tremblement de terre autour du
table du livre qui commence par la G-onèse', tombeau, il vit paraître d'abord un jeune
l'esprit de l'homme s'est souvent égaré. La homme de sept, pieds et demi ; que le fan-
manie de vouloir tout expliquer, quand nous. tome, qui était d'une beauté singulière, s'é-
sommes entourés de tant de mystères que,[. leva ensuite à dix-huit pieds.
Apollonius lui
nous ne pouvons comprendre, a fourvoyé bien fit des questions
frivoles; comme le spectre
des esprits. Après avoir trouvé la bête à septt répondait grossièrement, il comprit, qu'il était
lètes et l'Antéchrist dans divers personnages., possédé d'un démon, qu'il chassa; après quoi
jusqu'à Napoléon, qui prête du moins à desI il eut sa conversation réglée. —Un jour qu'il
était à ïtome, où il avait rendu la vie à une
1 D'ailleurs lu pape Zacharie savait probablement t jeune fille morte le matin de ses noces, il y
qu'il y a des antipodes, puisqu'avant lui Origène.le ° eut une éclipse, de lune accompagnée de- ton-
pape saint Clément et d'antres en avaient parlé. Saint
Basile, saint Grégoire de Nyssc, saint Atbanase et-la a ne.rre. Apollonius regarda le ciel, et dit d'un
plupartdes pères n'ignoraient pas la l'orme sphériqne de. prophétique: « Quelque chose de grand ar-
la terre.YoyezP!n!oponns,DcMundi créât., lib. v, c. 13.,' ton

' ? M. Salgues, Des Erreurs et des préjugés, t. II, p. 72.


rivera et n'arrivera pas. » Trois jours après la
3 Supplément à l'histoire véritable de Lueien. foudre tomba sur la table de Néron el ren-
,
APO — M — APP
versa la coupe qu'il portail à sa bouche ; ce tours; le fantôme qui lui apparut en traver-
qui était l'accomplissement de la prophétie.^ sant le Caucase, à la tentation du diable
Dans la suite l'empereur Domilîen, l'ayant dans le désert, etc. « Ces parallèles montrent
goupçonné de sorcellerie, lui fit raser le poil la malice grossière et la finesse mal tissue de
pour s'assurer s'il ne portait pas les marques Philostrate (pillard de Lucien i ), et le cas
du diable, comme dit Pierre Delancre; mais qu'on doit faire de ces fables n'est pas de les
Apollonius disparut sans qu'on sût par où rapporter à la magie, comme a fait François
il s'était sauvé. Ce n'était pas la première Pic, mais de les nier totalement 2 comme des
fois qu'il s'échappait ainsi. Sous Néron, on stupidités grossières. » •— Hiéroclès, qui osa
avait dressé contre lui un acte d'accusation ; faire sous Dioclétien dans un écrit spécial,
,
le papier se trouva tout blanc au moment où la comparaison d'Apollonius et de notre Sei-
le juge voulut, en prendre lecture. •— De Rome gneur Jésus-Christ, a été réfuté par lïusôbe,
il se rendit à Éphôse. La peste infestait celle qui veut, bien regarder Apollonius comme un
ville; les habitants le prièrent de les en déli- magicien. Leloyer pense que ce fut Simon qui
vrer. Apollonius leur commanda de sacrifier lui enseigna la magie noire ; et Ammien-Mar-
aux dieux; après le sacrifice, il vit le diable cellin se contente de le mettre dans le nom-
en forme de gueux tout déguenillé; il com- bre des hommes qui ont été assistés de quel-
manda ou peuple de l'assommer a coups de que démon familier, comme Socrate etNuma.
pierre, ce qui fut fait; lorsqu'on ôfa les pier- •— On soit peu de chose sur la lin de la vie
res, on ne trouva plus à la place du gueux d'Apollonius. On assure qu'à l'âge de cent ans
lapidé qu'un chien noir qui fut. jeté à la voi- i! fut emporté par le diable, qui était son
rie, et la peste, cessa. — Au moment où Do- père, quoîqu'Hiéroclès ait eu le front de sou-
milien périt, Apollonius, au milieu d'une dis- tenir qu'il avait été enlevé au ciel. Vopiscus
cussion publique s'arrêta et, changeant de dit que, par la suite, le spectre d'Apollonius
, ,
voix, s'écria, inspiré par le diable : « C'est bien apparut à l'empereur Aurélien qui assiégeait
fail, Etienne, courage ! lue le tyran. >: Ensuite, Tyanes, et lui recommanda d'épargner sa
après un léger intervalle, il reprit : « Le tyran ville, ce que fit Aurélien. — 11 y a eu des
est mort. » Etienne en ce moment assassinait gens qui ont, trouvé Apollonius vivant au dou-
Domilien. — Ce fut alors, à ce qu'on croit, zième siècle, l'oi/. AHTEPHIUS.
que le sorcier Yespésion, pour montrer qu'il Apomazar. —• Des significations et événe-
pouvait, enchanter les arbres, commanda à un ments des songes selon la doctrine des In-
orme de saluer Apollonius; ce que l'orme fit, ,
diens, Perses et Égyptiens, par Apomazar. Vol.
mais d'une voix grêle et efféminée L C'était in-8" ; Paris, '1580. Fatras oublié, mais rare.
bien excusable de la part d'un orme.—: Apol-
lonius était, dit-on, habile faiseur de talis- Apone,— i>oy. PIERRE D'APONE.
mans ; il en fit un grand nombre à Tyanes, à Apparition. — On ne peut pas très-bien
Home, à lîyzance, à Antioche, à Babylone et préciser ce que c'est qu'une apparition. Dom
ailleurs, tantôt contre les cigognes et les Calmetditque, si l'on voit quelqu'un en songe,
scorpions tantôt contre les débordements et c'est une apparition. «Souvent, ajoule-t-il, il
,
les incendies. 11 fut regardé par les uns
n'y a que l'imagination de frappée; ce n'en
comme un magicien, comme un dieu par les est pas moins quelquefois un fait surnaturel
autres; on l'honora môme après sa mort. quand il a des relations. » — Dans la rigueur
Mais sa vie, nous le répétons, n'est qu'un ro- du terme une apparition est la présence subite
man calculé. Apollonius est annoncé par un d'une personne ou d'un objel contre les lois
démon. Les cygnes chantent à sa naissance, de la nature : par exemple, l'apparition d'un
tous les autres prodiges sont combinés ainsi mort, d'un ange, d'un démon, etc. —Ceux
de manière à pouvoir être comparés, avec qui nient absolument les apparitions sont té-
cette différence que ceux d'Apollonius ne méraires. Spinosa, malgré son athéisme, re-
\ méritaient pas même le peu de succès qu'ils connaissait qu'il ne pouvait nier les appari-
ont eu. — La foudre qui tombe du ciel est tions ni les miracles. On ne raisonne pas
opposée à-l'étoile qui parut en Bethléem; les mieux lorsqu'on dit, qu'une chose qui est, ar-
lettres de félicitation que plusieurs rois é'eri- rivée autrefois devrait arriver encore. 11 y a
.4 virent à la mère d'Apollonius répondent ù bien des choses qui ont eu lieu jadis et qui
s l'adoration des mages ; les discours qu'il pro- ne se renouvellent pas, dans le système même
', «onçail fort jeune dans le temple d'Esculape, des matérialistes. — Nous devons admettre
;!; ii la dispute de Jésus enfant parmi les doc- et croire les apparitions rapportées dans les
ii *. Jacques d'Autun, l'Incrédulité savante et la crécîu- 1 Dans Alexandre de PapMagouîe.
:- ,.liti! ignorante. :'- Naudé, Apol. pour les grands personnages, eli. 12.
APP — Ù2 — APP
saintes Ecritures. Nous ne sommes pas tenus apparaissent; m nuu plutôt que ie jour, et la
à la môme foi dans les simples histoires ; et il nuit ) du vendredi au samedi de préférence à
y a des apparitions qui, réelles ou inlellec- Itoute autre, comme le témoigne Jean Bodin.
luelles, sont fort surprenantes. On lit dans la — Les apparitions des esprits, dit Jamblique,
vie de saint Macaire qu'un homme, ayant, reçu sonl ' analogues à leur essence. L'aspect des
un dépôt le cacha sans rien en dire à sa femme, habitants des cieux est consolant, celui des
et mourut subitement. On fut très-embarrassé archanges terrible, celui des anges moins sé-
;
quand lemaîlre du dépôtvintle réclamer. Saint vère, celui des démons épouvantable. H est
Macaire pria, dit la légende, et le défunt ap- assez difficile ajoutent—il, de se reconnaître
,
parut à sa femme, à qui il déclara que l'ar- dans les apparitions des spectres ; car il y en
gent redemandé était enterré au pied de son a de mille sortes. — Delancre donne pour-
lit, ce qui fut trouvé vrai.
--- Ce sont les ap- tant les moyens de ne point s'y tromper. «On
paritions des morts, chez les anciens, qui ont peut distinguer les âmes des démons, dit-il,
donné naissance à la nécromancie. Voy. NÉCRO- parce qu'ordinairement elles apparaissent en
MANCIE. —^ Nous ne songeons à nous occuper hommes portant barbe, en vieillards, en en-
ici que des apparitions illusoires ou douteuses, fants ou en femmes, bien que ce soit en habit
et le. nombre en est immense. Nous suivrons et en contenance funeste. Or les démons peu-
un moment: les écrivains qui ne doutent de vent se montrer ainsi. Mais, ou c'est l'âme
rien. Quelquefois, disent-ils, les apparitions ne d'une personne bienheureuse, ou c'est l'àme
sonl que vocales : c'est, une voix qui appelle. d'un damné. Si c'est l'âme d'un bienheureux
Mais dans les bonnes apparitions l'esprit se et qu'elle revienne souvent, il faut tenir pour
montre. — Quand les esprits se font voir à un certain que c'est un démon, qui, ayant man-
homme seul, ajoutent les cabalistes, ils ne qué son coup de surprise, revient plusieurs
présagent rien do bon; quand ils apparais- fois pour le tenter encore. Car une âme ne
sent, a deux personnes à la fois, rien de mau- revient plus quand elle esl satisfaite, si ce
vais ; ils ne se montrent guère à trois person- n'est par aventure une seule fois pour dire
nes ensemble. — Il y a des apparitions merci. — « Si c'est une âme qui se dise l'âme
imaginaires causées par les remords; des d'un damné, il faut croire que c'est un dé-
meurtriers se sont crus harcelés ou poursuivis mon, vu qu'à grande peine laisse-t-on jamais
par leurs victimes. Une femme, en 172G, ac- sortir l'àme des damnés. » Voilà les moyens
cusée, à Londres, d'être complice du meurtre que Pierre Delancre donne comme aisés 1. 11
de son mari, niait le fait; on lui présente dit un peu plus loin que le spectre qui appa-
l'habit du mort, qu'on secoue devant elle ; raît sous une peau de chien ou sous toute autre
son imagination épouvantée lui fait voir son forme laide est un démon ; mais le diable est
mari même; elle se jette à ses pieds et déclare si malin, qu'il vient aussi sous des traits
qu'elle voit son mari. Mais on trouvera des qui le font prendre pour un ange. Il faut
chosesplusinexplicàbles.—Lesapparitions du donc se défier. Voy., pour les anecdotes ,
diable, qui. a si peu besoin de se montrer VISIONS, SPECTRES, FANTÔMES, ESPRITS, LU-
pour nous séduire, faibles que nous sommes, TINS , VAMPIRES , REVENANTS., SONGES, AR-
ont donné lieu à une multitude de contes MÉES piïomciEusES, etc. —Voici, sur les ap-
merveilleux. Des sorciers, brûlés à Paris, ont paritions, une petite anecdote qui a eu lieu à
"dit en justice que, quand le diable veut se La Rochelle et que les journaux rapportaient
faire un corps aérien pour se montrer aux en avril -1843. « Depuis quelque temps la
hommes, « il faut que le vent soit favorable population se préoccupait de revenants qui
» et que la lune soit pleine. » El. lorsqu'il ap- apparaissaient tous les soirs sous la forme de
paraît, c'est toujours avec quelque défaut né- flammes phosphorescentes, bleuâtres et mys-
cessaire, ou trop noir, ou trop pâle, ou trop térieuses. Ces revenants ont été pris au tré-
i
rongé, ou trop grand, ou trop petit, ou le. buchet : c'étaient cinq gros réjouis de paysans
pied fourchu, ou les mains en griffes, on lai des environs qui, grimpés tous les soirs sur
queue au derrière et les cornes en lète, etc.;; des arbres très- élevés, lançaient des boulettes
à moins qu'il ne prenne une forme bizarre. pbosphoriques avec un fil imperceptible. Pen-
C'est ainsi qu'il .parlait à Simon le magicieni dant la nuit, ils donnaient le mouvement et la
et à d'autres, sous la figure d'un chien; à Py- direction qu'ils voulaient à leurs globes de
thagore, sous celle d'un fleuve; à Apollonius, feu, et quand les curieux couraient après une
sous celle d'un orme *, etc. —Excepté less flamme, elle devenait aussitôt invisible; mais,
démons de midi, les démons et. les spectress à l'instant, il en surgissait une autre sur un
1 Gabriel Kaudé Apoî. pour les grands pers: images,
,
eliap. XII. ' "L'Inconstance des démons, liv. v, dise. 2.
APP — h?, — APU
point opposé pour détourner l'attention. Ce jeu mêmes merveilles se répétèrent la nuit sui-
s'effectuait ainsi pendant quelques instants vante; après quoi il y eut deux nuits paisi-
successivement, et puis simultanément, de bles. L'esprit se remit à faire du bruit le 26 ;
manière à produire plusieurs flammes à la il verrouilla les portes, dérangea les meubles,
fois. — Celle jonglerie trompa bien des in- ouvrit les armoires; el, pendant que M. de
crédules; mais enfin il se trouva un esprit g*-» iremblait de tous ses membres, l'esprit,
fort. Caché derrière une haie , il observa at- saisissant l'occasion, lui parla enfin à l'oreille
tentivement la mise en scène et devina le se- el lui commanda de faire certaines choses
cret de la comédie. Suffisamment édifié, il qu'il tint secrètes, et qu'il fit quand il fut sorti
alla quérir la gendarmerie, et les cinq mysti- de l'évanouissement que la peur lui avait
ficateurs furent arrêtés au moment où ils don- causé. L'esprit revint au bout de quinze jours
naient une nouvelle représentation. Quel était pour le remercier, et frappa un grand coup
leur but? On l'ignore; le. plus curieux de de poing dans une fenêtre en signe d'actions
l'histoire, c'est qu'une commission scientifique de grâces. — Et voilà la fameuse aventure
avait déjà préparé un rapport sur l'étonnant de l'esprit de Sainl-Maur, que M. Pouparl a
phénomène météorologique de ces mauvais le bon esprit de regarder comme l'effet d'un
plaisants. — Dissertation sur ce qu'on doit cerveau visionnaire. Voy. MEYISU.
penser de l'apparition des esprits à l'occasion Apulée , •— philosophe platonicien , né en
de l'aventure arrivée à Sainl-Maur en 170(5, Afrique, connu par le livre de l'Ane d'or. 11
y>ar M. Pouparl, chanoine de Sainl-Maur, vécut au douzième siècle soùs les Antonins.
près Paris. Paris, 1707. —• L'auteur croit, On lui attribue plusieurs prodiges auxquels,
avec la modération convenable, aux appari- sans doute, il n'a jamais songé. —11 dépensa
tions. 11 raconte l'aventure de Sainl-Maur; tout bien en voyage, et. mil tous ses soins
elle a fait tant de bruit à Paris dans sa nou- à
son
se faire initier dans les mystères des diver-
veauté, que nous ne pouvons la passer sous religions; après quoi il fut ruiné. Comme
ses
silence. M. de S***, jeune homme de vingt- il était bien fait, instruit et.spirituel, il captiva
cinq ans, fixé à Saint-Maur, entendit plusieurs l'affection d'une riche de Çarlhage,
veuve
fois la nuit heurter à sa porte, sans que sa nommée Pudentilla, qu'il parvint à épouser.
servante, qui y courait aussitôt, trouvai per- Il était encore jeune, el, sa femme avait
sonne. On tira ensuite les rideaux de son lit; soixante ans. Cette disproportion d'âge et la
et le 22 mars 4706 , sur les onze heures du pauvreté d'Apulée firent soupçonner qu'il
soir, étant dans son cabinet avec trois do- avait employé la magie el les philtres. On
mestiques, tous quatre entendirent distincte- disait môme qu'il avait composé
ces philtres
ment feuilleter des papiers sur la table. On des filets de poissons, dos huîtres et des
avec
soupçonna d'abord le chat de la maison ; mais pattes d'écrevisses. Les parents, à qui ce
on reconnut qu'il n'était pas dans le cabinet. mariage ne convenait pas, l'accusèrent de
Ce bruit recommença quand M. de S*** se.
sortilège; il parut devant ses juges, et, quoi-
l'ut retiré dans sa chambre; il voulut rentrer
que les chimères de la magie fussent alors en
dans le cabinet avec une lumière, et sentit grand crédit, Apulée plaida si bien
derrière la porte une résistance qui finit par qu'il la sa cause
gagna pleinement ]. — Boguel a et
céder; cependant il ne vit rien, seulement il d'autres démonographes disent qu'Apulée fut
entendit frapper un .grand coup dans un coin métamorphosé âne, comme quelques au-
en
contre la muraille; ses domestiques accouru- tres pèlerins, le moyen des sorcières de
cri qu'il jeta, mais ne
ils firent par
rent au aucune Larisse, qu'il était allé voir pour essayer si la
découverte. Tout le monde s'élant peu à peu chose était possible et faisable r\ La femme
rassuré, on se mit au lit. — A peine M. de qui le changea âne, le vendit, puis le ra-
S*** commençait-il à s'endormir qu'il fut en
cheta. Par la suite il devint si grand magi-
éveillé subitement par une violente secousse ; cien qu'il se métamorphosait lui-même, au
il appela; on rapporta deux flambeaux el il besoin, en cheval, en âne, en oiseau; il se
vit avec surprise son lit déplacé au moins de perçait le d'un coup d'épée sans se
corps
quatre pieds. On le remit en place, mais blesser il
aussilôl tous les rideaux s'ouvrirent d'eux- bien servi ; se rendait invisible, étant très-
mêmes et le lit courut tout seul vers la che- par son démon familier. C'est
même pour couvrir son asinisme, dit encore
minée. En vain les domestiques tinrent les
Pieds du lit pour le fixer; dès que M. S*** s'y 1 Sa défense se trouve dans ses oeuvres, sous le titre de
couchait, le lit se promenait parla chambre. Oratio de magia.
Celte aventure fut bientôt publique; plusieurs Discours des sorciers, cil. 53.
:*

personnes voulurent en. être témoins, el, les liv.3 îv, Delancre.Tableau de l'inconstance dts dém )ns, etc.,
ch. !''•.
ARA — l\li — ARA
Delancre, qu'il a composé son livre de l'Ane gnée à côté de son lit: La vue de l'insecte lui
d'or. » Taillepied prétend que tout cela est fit, plaisir; il se hâta d'assurer la bonlé du
une confusion, et. que s'il y a un âne mêlé dans présage en l'écrasant; il avait saisi sa pan-
l'histoire d'Apulée, c'est qu'il avait un esprit toufle ; mais l'émotion qu'il éprouvait fit man-
qui lui apparaissait sous la forme d'un âne '. quer le coup, l'araignée disparut. 11 passa
Les véritables ânes sont ici Delancre et Bo- deux heures à la chercher en vain; fatigué
guet. •— Ceux qui veulent jeter du merveil- de ses efforts inutiles, il se jeta sur son lit
leux sur tontes les actions d'Apulée affirment avec désespoir : « Le bonheur était là, s'é—
que, par un effet de ses charmes, sa femme oria-l-il, et je l'ai perdu! Ah! ma pauvre
était obligée de lui tenir la chandelle pendant, tragédie! » Le lendemain il fut tenté de reti-
qu'il travaillait; d'autres disent que cet office rer sa pièce; mais un de ses amis l'en em-
était rempli par son démon familier. Quoi pêcha; la pièce alla aux nues, et l'auteur
qu'il en soit, il y avail de la complaisance n'en demeura pas moins persuadé qu'une
dans celle femme ou dans ce démon. —Outre araignée porte bonheur lorsqu'on l'écrase i.
son Discours sur ht magie, Apulée nous a — Dans le bon temps de la loterie, des fem-
laissé encore un pelil traité du démon de So- mes enfermaient le soir une araignée dans une
crale, Dedeo Socratis, réfuté par saint Augus- boîte, avec les quatre-vingt-dix numéros
tin ; on en a une traduction sous le litre : De écrits sur de petits carrés de papier. L'arai-
l'Esprit familier de Sacrale, avec des remar- gnée, en manoeuvrant la nuit, retournait
ques, in-12. Paris, 1698. quelques-uns de ces papiers. Ceux qui étaient
Aqùîel, •— démon que l'on conjure le di- retournés de la sorte étaient regardés, le
manche. Voy. CONJURATIONS. lendemain matin, comme numéros gagnants.
— Cependant, les toiles d'araignées sont utiles ;
Aquin (MAI\I)OCHÉE n'), — rabbin de Car- appliquées sur une blessure, elles arrêtent le
pentras, mort en 1650, qui se fit chrétien, et el empêchent que la plaie ne s'enflamme.
changea au baptême son nom de Mardochée sang Mais il ne faut peut-être pas croire, avec
en celui de Philippe. On recherche de lui l'auteur des Admirables secrets d'Alberl-le-
l'Interprétation de l'arbre de la cabale des Grand,
Hébreux; Paris, in-8°, sans date. que l'araignée pilée et mise en cata-
plasme sur les tempes guérisse la fièvre
Arachula, —méchant esprit de l'air chez tierce -. — Avant que Lalande eût fait voir
les Chinois voisins de la Sibérie. Voy. LUNE. qu'on pouvait manger des araignées, on les
Arael, — l'un des esprits que les rabbins regardait généralement comme un poison. Un
du Talmud font, avec Anpiel princes et religieux du Mans disant la messe, une arai-
, gnée tomba dans le calice après la consécra-
gouverneurs du peuple des oiseaux.
tion ; le moine, sans hésiter, avala l'insecte.
Araignées. — Les anciens regardaient On s'attendait à le voir enfler;
présage funeste les toiles d'arai- ce qui n'eut
comme un lieu. — H y a de vilaines histoires sur le
gnées qui s'attachaient aux étendards et aux pas
araignée compte des araignées; n'oublions pourtant
statues des dieux. Chez nous, une dans son cachot, Polisson en avait
qui court ou qui file promet de l'argent ; les pas que,
apprivoisé une que Delille a célébrée. Mais la
uns prétendent que c'est de l'argent le malin, tarentule est aussi araignée!.... —Le
et le soir nouvelle; d'autres contraire une
une au maréchal de Saxe, traversant un village, cou-
vous citerons ce proverbe-axiome : Araignée
cha dans une auberge infestée de revenants
du matin, petit chagrin; araignée de midi, qui étouffaient
les voyageurs. On citait des
pelil, profit; araignée du soir, petit espoir. exemples.
11 ordonna à son domestique de
« Mais, comme dit M. Salgues '
2 , si les arai- veiller la moitié de la nuit, promettant de lui
gnées étaient le signe de la richesse, personne céder
ensuite son lit et de faire sentinelle à sa
ne serait plus riche que les pauvres. » — place. A deux heures du malin, rien n'avait
Quelques personnes croient aussi qu'une arai-
gnée est toujours l'avant-courcur d'une nou- encore paru. Le domestique, sentant ses yeux
s'appesantir, va éveiller son maître, qui ne
velle heureuse si on a le bonheur de l'écra- répond point; il le croit assoupi et le secoue
ser. M. de T*** qui avail celte opinion,
inutilement. Effrayé, il prend la lumière, ou-
,
donna, en 1790, au théâtre de Saint-Péters- les draps, et voit le maréchal baigne dans
bourg, une tragédie intitulée Abaeo et Moïna. vre Une araignée monstrueuse lui su-
La nuit, qui en précéda la représentation-,.au son sang.
çait le sein gauche. Il court prendre des pin-
moment do se coucher, il aperçut une arai-
1 Annales dramatiques, ou Dictionnaire des théâtres,
1 De l'Apparition des esprits, eh. 15. par une société de gens de lettres, 1.1'-', au mot Aùctco.
3 Des F.n-eurs et des préjugés, t. I' 1, p. 510. 'J T-.es Admirables secrets d'Albert le Grand, liv. ni.
ARC — /t5 — ARD
cottes pour combattre cet ennemi d'un non- . signe d'alliance; et comment allribuera-l-on
veau genre, saisit l'araignée et la jette au à l'arc-en-ciel ce passage d'Isaïe : J'ai mis
feu. Ce ne fut qu'après un long assoupisse- mon arc et ma flèche dans les nues ?
ment que le maréchal reprit ses sens; et Ardents (MAL DES), —appelé aussi feu in-
depuis lors on n'entendit plus parler de reve-
fernal. C'était au onzième el au douzième siècle
nants dans l'auberge. -— Nous ne garantis-
celte anecdole, conservée dans plu- une maladie non expliquée qui se manifestait,
sons pas
sieurs recueils. Au reste, l'araignée a de quoi comme un feu intérieur et dévorait ceux qui
en étaient frappés. Les personnes qui voyaient
se consoler de nos mépris. Les nègres de la
là un effet de la colère céleste l'appelaient feu
Côte d'Or attribuent la création de l'homme à
araignée qu'ils Anansié,
sacré; celles qui l'attribuaient à l'inlluence
une grosse nomment des astres le nommaient, sidération. Les reli-
et ils révèrent les plus belles araignées comme
des divinités puissantes. ques de saint Antoine, que le comte de Josse-
lin apporta de la Terre Sainte à La Molhe-
Arbres.— On sait que dans l'antiquité les Sainl-Didier, ayant guéri plusieurs infortunés
arbres étaient consacrés aux dieux : le cyprès atteints de ce mal, on le nomme encore feu
àl'lulon, elc. Plusieurs arbres et. piaules sont de Saint-Antoine. On fêtait à Paris sainte Ge-
encore dévoués aux esprits de l'enfer : le poi- neviève des Ardents, en souvenir des cures
rier sauvage, l'églantier, le figuier, la ver- merveilleuses opérées alors par la chà-se de
veine, la fougère, etc.-—Des arbres ont parlé; la sainte '.
chez les anciens, dans les forêts sacrées, on a
entendu des arbres gémir. Les oracles de Do- Ardents, — exhalaisons enflammées qui
done étaient des chênes qui parlaient. On en- paraissent, sur les bords des lacs et des ma-
tendit: dans une forêt d'Angleterre, un arbre rais, ordinairement en automne, et qu'on
qui poussait des gémissements; on le disait, prend pour des esprits follets, parce qu'elles
enchanté. Le propriétaire du terrain lira beau- sont à Heur de terre et qu'on les voit quelque-
fois changer de place. Souvent on en est ébloui
coup d'argent de tous les curieux qui venaient
voir une chose aussi merveilleuse. A la fin, el on se perd. Leloyer dit que lorsqu'on ne
quelqu'un proposa de couperl'arbre; le mailre peut s'empêcher de suivre les ardents, ce sonl
du terrain s'y opposa, non par un motif d'in- bien en vérité.des démons 2. 11 y eut, sous le
térêt propre, disail-il, mais de peur que celui règne de Louis XIII, une histoire de revenant
qui oserait y mettre la cognée n'en mourût, qui fit'assez de bruit à Marseille: c'était une
subitement; on trouva un homme qui n'avait espèce de feu ardent ou d'homme de l'eu. Le
de la subite, et qui abattit Par- comte el la comtesse d'Alais voyaient toutes
pus peur mort
lires à coups de hache: alors on découvrit un les nuits un spectre enflammé se promener
tuyau, qui formait une communication à plu- dans leur chambre, el aucune force humaine
sieurs loises sous terre, et par le moyen du- ne pouvait le forcer à se retirer. La jeune
quel on produisait les gémissements que l'on dame supplia son mari de quitter une maison
avait remarqués. el une ville où ils ne pouvaient plus dormir.
Le comte, qui se plaisait à Marseille, voulut
Aro-en-ciel. —Le chapitre Ode la Genèse employer d'abord tous les moyens pour l'ex-
semble dire, selon des commentateurs, qu'il pulsion du fantôme. Gassendi fut consulté ; il
n'y eut point d'arc-en-ciel avant le déluge : conclut que ce fantôme de feu qui se prome-
mais je ne sais 1 où l'on a vu qu'il n'y en aura nait toutes les nuits était formé par des va-
plus quarante ans avant la fin du monde, peurs enflammées que produisait le souille du
« parce que la sécheresse qui précédera l'em- comte et de la comtesse; d'autres savants
» brasement de l'univers consumera la ma- donnèrent des réponses aussi satisfaisantes.
» lière de ce météore. » C'est pourtant une On découvrit enfin le secret. Une femme de
opinion encore répandue chez ceux qui s'oc- chambre, cachée sous, le lit, faisait paraître
cupent de la fin du monde. -— L'arc-en-ciel un phosphore à qui la peur donnait une taille
; a son principe dans la nature; et croire qu'il et des formes effrayantes; et la comtesse elle-
': n'y eut point d'arc-en-ciel avant le déluge, même faisait jouer cette farce pour obliger
parce que Dieu en fit le signe de son alliance, son mari à partir de Marseille, qu'elle n'aimait.
c'est comme si l'on disait qu'il n'y avait point
pas ....
d'eau avant l'institution du baptême. Et puis,
Dieu ne dit point,
au chapitre 9 de la Genèse, T Le vial (tes ardents, qui se nommait aussi feu in-
llu il place son arc-en-ciel, mais son arc en fernal., tiVfcu Sainl-Anlohic, était A Paris une affreuse
maladie épidémique, une sorte de lèpre brûlante, dont
on dut la gnérison à sainte Geneviève.
Urown, Erreurs populaires, liv. vu, ch. 5, 2 Discours des spectres, liv. I'r, ch. 7.
ARG — 46 — ARG
Argcns (Boviui »'), — marquis, né en 1704, par cette voie injuste, la somme de cent livres.
à Aix en Provence. On trouve des choses cu- Ayant serré cet argent dans un sac de cuir,
rieuses sur les gnomes, les sylphes, les ondins il alla avec un de ses amis faire provision de
et les salamandres, dans ses « Lettres Caba- vin pour continuer son trafic; mais, comme il
listiques, ou Correspondance philosophique était près d'une rivière, il tira du sac de cuir
historique et critique entre deux cabalistes,, une pièce de vingt, sous pour une petite em-
divers esprits élémentaires el le seigneur As- plette; il tenait le sac dans la main gauche el
tarolh. » La meilleure édition est. de 1769, la pièce dans la droite ; incontinent un oiseau
7 vol. in-12. Ce livre, d'un très-mauvais es- de proie fondit sur lui et lui enleva son sac,
prit, est infecté d'un philosophisme que l'au- qu'il laissa tomber dans la rivière. Le pauvre
teur a désavoué ensuite. homme, dont loule la fortune se trouvait ainsi
Argent.-—L'argent qui vient, du diable est, perdue, dit à son compagnon : « Dieu est
ordinairement de mauvais aloi. Delrio conte juste : je n'avais qu'une pièce de vingt sous
qu'un homme, ayant reçu du démonune bourse quand j'ai commencé à voler, il m'a laissé mon
pleine d'or, n'y trouva le lendemain que des bien, et m'a ôté ce que j'avais acquis injuste-
charbons et du fumier. Un inconnu passant ment. ' » — Un étranger bien vêtu, passant au
, mois de septembre 1606 dans un village de la
par un village, rencontra un jeune homme de
quinze ans, d'une figure intéressante et. d'un Franche-Comté,acheta unejumentd'un paysan
extérieur fort simple. Il lui demanda s'il vou- du lieu pour la somme de dix-huit ducatons.
lait être riche; le jeune homme ayant, répondu Comme il n'en avait que douze dans sa bourse,
qu'il le désirait, l'inconnu lui donna un papier il laissa une chaîne d'or en gage du reste,
plié, et lui dit qu'il en pourrait faire sortir qu'il promit de payer à son retour. Le ven-
autant, d'or qu'il le souhaiterait tant, qu'il ne deur serra le tout dans du papier, et le len-
le déplierait pas, el que s'il domptait, sa cu- demain trouva la chaîne perdue, el douze pla-
riosité il connaîtrait avant peu son bienfai- ques de plomb au lieu des ducatons 2. —Ter-
teur. Le jeune homme rentra chez lui, secoua minons en rappelant un stupide usage de quel-
son trésor mystérieux, il en tomba quelques ques villageois qui croient que, quand on l'ail
pièces d'or Mais, n'ayant, pu résister à la des beignets avec des oeufs, de la farine et
tentation de l'ouvrir, il y vit des griffes de chat, de l'eau, pendant la messe de la Chandeleur,
des ongles d'ours, des pattes de crapauds, el do manière qu'on en ail de faits après la messe,
d'autres figures si horribles qu'il jeta le pa- on a de l'argent pendant toute l'année'. On
pier au feu, où il fut une demi-heure sans en a toute l'année aussi quand on en porto
pouvoir se consumer. Les pièces d'or qu'il en sur soi le premierjour où l'on entend léchant
avait tirées disparurent, et il reconnut qu'il du coucou, el tout le mois si on en a dans sa
avait, eu affaire au diable.-—Un avare, de- poche la première fois qu'on voit la lune'nou-
venu riche à force d'usures, se sentant à l'ar- velle.
ticle de la mort, pria sa femme do lui apporter Argent potable. — Si vous êtes versé dans
sa bourse, afin qu'il pût la voir encore avant les secrets de l'alchimie el que vous souhai-
de mourir. Quand il la tint, il la serra ten- tiez posséder ce panacée, prenez du soufrebleu-
drement, et ordonna qu'on l'enlerràl avec lui, céleste ; mettez-le dans un vase de verre ; versez
parce qu'il trouvait l'idée de s'en séparer dé- dessus d'excellent esprit-de-vin; faites digé-
chirante. On ne lui promit rien précisément rer au bain pendant vingt-quatre heures ; et
et il mourut en contemplant, son or. Alors on quand l'espril-de-vin aura attiré le soufre par
lui arracha la bourse des mains ce qui ne se distillation, prenez unepart de ce soufre; versez
,
fit pas sans peine. Mais quelle fut la surprise dessus trois fois-son poids d'esprit blanc mer-
de la famille assemblée lorsqu'en ouvrant le ciiriel extrait du vitriol minéral ; bouchez bien
sac on y trouva, non plus des pièces d'or, le vase; faites digérer au bain vaporeux jus-
mais-deux crapauds! Le diable était venu, qu'à ce que le soufre soit réduit en liqueur ;-
et en emportant l'âme de l'usurier il avait alors versez dessus de très-bon esprit-de-vin
emporté son or, comme deux choses insépa- à poids égal ; digérez-les ensemble pendant
rables et qui n'en faisaient qu'une l. — Voici quinze jours; passezle tout par l'alambic ; re-
autre chose : un homme qui n'avait que vingt lirez l'esprit par le bain tiède, et il restera une
sous pour loule fortune se mit à vendre du liqueur qui sera le vrai argent potable ou
vin aux passants ; pour gagner davantage, soufre d'argent, qui ne peut plus être remis, en
il mellait autant d'eau que devin dans ce qu'il
vendait. Au bould'un certain temps, il amassa, 1 Saint Grégoire de Tours, livre des Miracles.
z Bognet, Discours des sorciers.
1 Cjesarii llist. do morienlibus, cap. 39 nvirac.,Hb. il. 3 Thiers, Traité des superst., etc.
AIU — hl — A RI

corps. Cet élisir blanc est un remède à peu avertir ses parents, qui arrivèrent pour le
iirès universel, qui fait merveilles en méde- faire enterrer; mais on ne trouva plus le
cine fond l'hydropisie et guérit tous les maux corps. — Toute la ville était en grande sur-
,
intérieurs 1. prise, quand des gens qui revenaient de quel-
voy. FÉES. que voyage assurèrent qu'ils avaient rencon-
Argouges , — tré Arislée sur le. chemin de Crotone 1. Il paraît
Arignote.—Lucien conte qu'à Corinlhe , que c'élait une espèce de vampire. Hérodote
dans le quartier de Cranaiis, personne n'osait ajoule qu'il reparut au bout de sept ans à
habiter une maison qui était visitée d'un spec- Proconèse y composa un poème et, mourut
tre. Un certain Arignole, s'élanl muni de li-
,
de nouveau. Loloyer, qui regarde Arislée
vres magiques égyptiens, s'enferma dans celle comme un sorcier à extases cite une auto-
-,
maison pour y passer la nuit, et se mit à lire rité d'après laquelle,à l'heure même où ce vam-
tranquillement dans la cour. Le spectre parut, pire disparut la seconde fois, il aurait été
pour
bientôt, ; pour effrayer Arignole, il prit d'a- transporté en Sicile, où il se fit maître d'école.
bord la figure d'un chien, ensuite celles d'un Il se montra encore trois cent quarante ans
taureau el d'un lion. Mais, sans se troubler, après dans la ville de Métaponte el il y fil.
Arignole prononça dans ses livres des conju- élever des monuments qu'on voyait ,
du temps
rations qui obligèrent le fantôme à se retirer d'Hérodote. Tant de prodiges engagèrent les
dans un coin de la cour, où il disparut. Le Siciliens à lui consacrer un temple où ils l'ho-
lendemain on creusa à l'endroit où le spectre noraient
squelette comme un demi-dieu.
s'était enfoncé ; ou y trouva un au-
quel on donna la sépulture , el rien ne parut Aristodème ,—roi des Messéniens. Voy.
plus dans la maison. —Celle anecdote n'esl Ol'JIIONEUS et Ol.OLYGMANCIIÎ.
autre chose que l'aventure d'Athénodore, que Aristolochie — ou paille de sarrasin ou
Lucien avait lue dans Pline , et qu'il accom- plutôt espèce de . ,
plante appelée pislolocbe,
mode à sa manière pour divertir ses lecteurs. avec laquelleApulée prétendait qu'on pouvait
Arïmane, •—prince des enfers chez les an- dénouer l'aiguillette, sans doute en l'em-
riens Perses, source du mal, démon noir, en- ployant à des fumigations, l'oy. LIGATURES.
gendré dans les ténèbres 2, ennemi d'Oro- Aristomène — général messénien, si ha-
maze, principe du bien. Mais celui-ci est éter- bile et si adroit, que, toutes les fois qu'il tom-
nel, tandis qu'Arimane est créé et doit périr bait au pouvoir des Athéniens, ses ennemis, il
un jour. trouvait moyen de s'échapper de leurs mains.
Arioch ,— démon de la vengeance, selon Pour lui ôler celte ressource , ils le firent
quelques démonographes; différent d'Alaslor, mourir ; après quoi on l'ouvrit et on lui trouva
cl occupé seulement des vengeances particu- le c.oiur tout velu el. tout couvert de. poils r\
lières de ceux qui l'emploient.
Aristote , — que l'arabe Averro'és appelle
Ariolistes , — devins de l'antiquité, dont le comble de la perfection humaine. Sa phi-
le métier se nommait ariolatio, parce qu'ils losophie a toujours été en grande vénération,
devinaient par les autels {ab aris). Ils consul- et son nom ne peut recevoir trop d'éclat. Mais
taient les démons sur leurs autels, dit Dangis' ; il ne fallait pas se quereller pour ses opinions
ils voyaient, ensuite si l'autel tremblait ou s'il
et. emprisonner dans un temps ceux qui ne
s'y faisait quelque merveille et prédisaient les partageaient
, pas , pour emprisonner dans
ce que le diable leur inspirait. un autre ceux qui les avaient adoptées. Ces
Aristèe, — charlatan de l'île de Proconèsc, querelles, au reste, n'ont été élevées que par
'lui vivait du temps de Crésus. 11 disait que les hérétiques. — Delancre semble dire qu'A-
son âme sortait de son corps quand il voulait, ristote savait, la magie naturelle '', mais il ne
fil qu'elle y retournait ensuite. Les uns content parle en homme superstitieux dans aucun de
qu'elle s'échappait, à la vue de sa femme et ses écrits. Quant à la vieille opinion, soutenue
do ses enfants,, sous la figure d'un cerf, Wierus parProcope et quelques autres, qu'Aristote, ne
dit sous la figure d'un corbeau '\
— Hérodote pouvant comprendre la ruison du flux et du
nipporte, dans son quatrième livre que cet. reflux de l'Euripe s'y précipita en faisant
,
Arislée, entrant un jour dans la boutique ,
d'un de désespoir ce mauvais calembourg : « Puis-»
loulon tomba- mort; que le foulon courut
, y
1 Pluturque, dans la "Vie de ltomnlus.
1 ruité de chimie philosoph. el hermétique, p. 1GS. 2 Discours des spectres, liv. IV, ch. 21,
' lMutarqne, sur Isis et Osiris. -1' Vulère-Maxime, liv.
!"', ch. S, oxt. n'' 15.
Traité sur la magie,, etc.,.p. (36. -1 Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc.,

' De Pnestigiis diem., lib. l, eap. 1'!. liv. YI, dise. 2.


ARM — /|8 — ARM.
que je ne puis le saisir, saisis-moi ' ; » celle entendit, t.ialayer le grenier a minuit, n sembla
opinion est aujourd'hui un conte méprisé. — même que les démons qui prenaient celle
Nous ne citeronsici des ouvrages d'Arislole que peine, avaient un tambour et faisaient ensuite
ceux qui ont rapport aux matières que nous des évolutions militaires. La dame , -effrayée ,
traitons : 1° De la Divination par les songes ; quitta Amiens pour retourner à Paris; c'est,
2°DuSommeilet de la veille, imprimésdansses ce que voulait, la femme de chambre. Il n'y
oeuvres. On peut consulter aussi les remarques eut plus de maléfice dès lors, et l'on a eu Ion.
de Michel d'Ephèse sur le livre de la Divina- de voir là autre chose que de. la malice.
tion parles songes", el la Paraphrase de Thé- Armées prodigieuses. •— Au siège de Jéru-
mislius sur divers traités d'Arislole, principa- salem Titus, et dans plusieurs autres cir-
lement sur ce même ouvrage 5. par
constances, on vil dans les airs des armées ou
A rîthmancie OU Arithmomancie, — divi- des troupes de fantômes, phénomènes non en-
nation par les nombres. Les Grecs exami- core expliqués et qui jamais ne présagèrent
,
naient le nombre et la valeur des lettres dans rien de bon. Plutarque raconte, dans la Vie
les noms de deux combattants et en augu- de'fhémislocle, que pendant, la bataille de Sa-
,
raient que celui dont le nom renfermait plus lamine, on vit. en l'air des armées prodigieuses
de lettres el d'une plus grande valeur rempor- el, des figures d'hommes, qui, de l'île d'Egïnc,
terait la victoire. C'est en vertu de celle tendaient les mains a.u-d.evanl des galères
science que quelques devins avaient -prévu grecques. On publia que c'étaient les Eacides,
qu'Hector devait être vaincu par Achille. — qu'on avail invoqués avant la bataille.—Quel-
Les Cbaldéens , qui la pratiquaient aussi , quefois aussi on a rencontré des troupes de re-
partageaient leur alphabet en trois parties,' venants el de démons allant par bataillons et
chacune composée de sept lettres qu'ils attri- par bandes. Voy. KIÎTZ, etc.— En 1123, dans
buaient aux sept planètes pour en tirer des le comlé de Worms, on vi.l, pendant plusieurs
présages. Les platoniciens et les pythagori- jours une multitude de gens armés à pied
,
ciens étaient forl adonnés à celle divination , el à cheval, allanlet, venant avec grand bruit,
qui comprend aussi une partie de la cabale cl qui se rendiiienttous les soirs, vers l'heure
des Juifs 4. de noue, à une montagne qui paraissait le lieu
Arius , — fameux hérétique qui niait la di- do leur réunion. Plusieurs personnes du voi-
vinité de Jésus-Christ. Voici comment on ra- sinage s'approchèrent de ces gens armés en les
conte sa mort : — Saint Alexandre , évoque, conjurant, au nom de Dieu, de leur déclarer ce
de Byzance , voyant, que les sectateurs d'A- que signifiait cette troupe innombrable el quel
était, leur projet. Un des soldats ou fantômes ré-
nus voulaient le porter en triomphe, le lende- pondit: «Nousne sommes pas ce quevousvous
main dimanche, dans le temple du Seigneur,
pria Dieu avec zèle d'empêcher le scandale , imaginez, ni de vraisfanlômes, ni de vraissol-
de peur que, si Arius entrait dans l'église, il dats ; nous sommes les âmes de ceux qui ont
1

été tués en cet endroit dans la dernière ba-


ne semblât que l'hérésie y fût entrée avec lui ;
et le lendemain dimanche, au moment où l'on! taille. Les armes el les chevaux que vous
s'attendait à voir Arius , l'hérétique ivrogne, voyez sonl les instruments de notre supplice,
sentant un certain besoin , fut obligé d'aller comme ils l'ont été de nos péchés. Nous som-
feu, quoique vous ne voyiez rien
aux lieux secrets, où il creva par le milieu du] mes tout en
ventre , perdit les intestins , et mourut d'une3 en nous qui paraisse enflammé. » — On dit
mort infâme et malheureuse , frappé, selonj qu'on remarqua en leur compagnie le comte
quelques-uns, par le diable, qui dut en rece- Enrico et plusieurs autres seigneurs tués de-
voir l'ordre, car Arius était de ses amis. puis peu d'années, qui déclarèrent qu'on pou-
vait les soulager par des aumônes et des
ArrnanvJlle. — Une dame d'Armanville, à prières 1. Foi/. APPARITIONS PHÉNOMÈNES,
Amiens fut battue dans son lit en 1746 ; sa1 VISIONS AURORE BORÉALE etc. ,
,
servante altesla que le diable l'avait maltrai- , ,
tée ; la cloche de la maison sonna seule ; ona Armide. — L'épisode d'Armide, dans le
Tasse est fondé sur une tradition populaire
,
1 Si quidem ego non capio te, tu capiesme. qui esl rapportée par Pierre Delancre 2. Cette
7- Mîchaelis Ephcsii Annotationes in Aristotelem, de? habile enchanteresse était fille d'Arbilan roi
soiïino, id est, de divinalione per somnum. Venise, in-S", ,
1527. de Damas ; elle fut élevée par Hidraote son
,
3 Themistii Paraphrasis in Aristotelem de memoriâ â oncle, puissant magicien, qui en fit une grande
et reminiscentiâ, de insomniis, de divinalione per som-
num. latine, interprète Ilermolao Barbare Baie, in-81'. ' Chronique d'TJrsperg.
1530i
<1Delancre, Incrédulité et mécréaîice du sortilège
;e '' Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc.,
pleinement convaincue, traité 5. liv. l.
A UN
— 49 — ARN
sorcière. La nature lavait si nien partagée , :11e mourut, quinze jours ou trois semaines
qu'elle surpassait en attraits les plus belles iprôs. » Voilà !
femmes de l'Orient. Son oncle l'envoya comme Arnaud de Villeneuve , — médecin , as-
un redoutable ennemi , vers la puissante ar- .rologue et alchimiste, qu'il ne faut pas con-
mée chrétienne que le pape Urbain XI avait fondre, comme on l'a fait quelquefois, avec le
rassemblée sous la conduite de Godefroi de précédent. Il était né auprès de Montpellier ;
Bouillon ; et là comme dit Delancre, « elle il mourut dans un naufrage en 4314. — La
,
charma en effet quelques chefs croisés ; » mais chimie lui doit beaucoup de découvertes ; il
elle ne compromit pas l'espoir des chrétiens. ne cherchait, à la vérité, que là pierre philo-
Armomancie — divination qui se faisait sophai e et ne songeait qu'à faire de l'or, mais
par l'inspection
,
des épaules 1. On juge encore il trouva les trois acides sulfurique, muria-
aujourd'huiqu'un homme qui aies épaules lar- tique el nitrique ; il composa le premier de
l'alcool el du ratafia ; il ht connaître l'essence
ges est plus fort qu'un autre qui les a étroites.
de térébenthine, régularisa la distillation, etc.
Arnaud de Bresse , — moine du douzième Il mêlait à
siècle, disciple d'Abeilard. Turbulent et am- ses vastes connaissances en méde-
cine des rêveries astrologiques, et il prédit la
bitieux il se fit chef de secte. Il disait que fin
, du monde pour l'année 1335. — On l'ac-
les bonnes oeuvres sont préférables au sacri-
fice de la messe ; ce qui est absurde, car le sa- cusa aussi de magie. François Pegna dit
qu'il devait au démon tout ce qu'il savait d'al-
crifice de la messe n'empêche pas les bonnes chimie, etMariana
1 lui reproche d'avoir es-
oeuvres, il les ordonne au contraire ; et sa com- sayé de former un homme avec de certaines
paraison n'avait pas le sens commun. Il avait drogues déposées
dans une citrouille. Mais
jeté le froc comme tous les réformateurs. Delrio justifie
Arnauld de "Villeneuve de ces
Ayant excilé de grands troubles, il fui pris el le Clément V ne l'eût pas
brûlé à Rome en 4185. On l'a mis au rang accusations, et pape
pris pour son médecin s'il eût donné dans la
des sorciers; il ne Fêlait guère, mais il fit
magie. — L'inquisition de Tarragone fit pour-
beaucoup de mal.
tant brûler ses livres, empreints de plusieurs
Arnauld (ANGÉLIQUE). —Apparition de la sentimentshérétiques, trois ans après sa mort.
mère Marie-Angélique Arnauld, abbesse de On recherche o" Arnauld de Villeneuve un

Port-ltoyal de Paris peu avant la mort de traité de l'explication des songes
, - mais on
la soeur Marie-Dorothée Perdereau, abbesse met sur son compte beaucoupd'ouvrages d'al- ,
intruse de ladite maison; rapportée dans une chimie ou de magie auxquels il n'a pas eu la
lettre écrite en 4685 par M. Dufossé, à la moindre pari. Tels sont : le livre des Ligatu-
,
suite de ses mémoires sur Port-ltoyal.—« Deux res physiques*, qui est une traduction d'un
religieuses de Port-ltoyal, étant à veiller le livre arabe et celui des l'alismans des douze
:
Saint-Sacrement pendant la nuit, virent tout signes du zodiaque'1. On lui attribue aussi
d'un coupla feue mère Angélique, leurancienne faussement le livre des Trois imposteurs.
abbesse, se lever du lieu où elle avait été in-
humée ayant en main sa crosse abbatiale, Amoux, •— auteur d'un volume in-12, pu-
, blié à Bouen, en 1G30, sous le titre des Mer-
marcher tout le long du choeur et s'aller as-
seoir à la place où se met l'abbesse pendant veilles de l'autre monde, ouvrage écrit dans un
les vêpres. Étant assise elle appela une goût bizarre et propre à troubler les imagina-

religieuse qui paraissait au ,même lieu, et lui lions faibles , par des coules de visions el de
ordonna d'aller chercher la soeur Dorothée, la- revenants.
quelle ou du moins son espril, vint se pré- Arnuphis,—sorcierégyptien.Voyant Marc-
,
senter devant la mère Angélique,qui lui parla Aurèle et son armée engagés dans des défilés
pendant quelque temps, sans qu'on pût enten- dont les Quades leur fermaient l'issue el
dre ce qu'elle lui disait ; après quoi, tout dis- mourant de soif sous un ciel brûlant, il fil tom-
parut. — On ne douta point qu'elle n'eût cité ber, par le moyen de son art, une pluie pro-
la soeur Dorothée devant Dieu : et c'est la ma- digieuse qui permit aux Romains de se dés-
nière dont elle l'interpréta elle-même, lorsque altérer, pendant que la grêle et le tonnerre
'es deux religieuses qui avaient été témoin fondaient sur les Quades et les contraignaient
de celte apparition la lui rapportèrent. Elle
s'écria : Ah ! je mourrai bientôt, » et en effet,
1 Ilorum hispanic. lib.
xiv, cap. 9.
- Arnaldi de Villanova libellas de somniorum inter-
1 Du mot latin arinus, épaule Les anciens appli- pretatiohe somnia Danielis, in-4". Ancienne édition
et
quaient surtout cette divination aux animaux. Ils ju- très-rare,
geaient par l'armomancie si la victime était bonne pour 3 De Phj-sicis ligaturis.
te dieux. 4 De Sigillis duodecim signoram,
L
ART — 50 — ART
à rendre les armes. -C'est ce que racontent eût déjà été dicté par quelque enfant d'Israël ;
quelques auteurs païens. D'autres font hon- car ce serait un prodige trop grand que Salo-
neur de ce prodige aux prières de Marc-Au- mon eût lu le manuscrit de saint Jérôme. Mais
rèl'e ; mais les auteurs chrétiens l'attribuent les faiseurs d'écrits de ce genre ne reculent
unanimement, et avec plus de raison, à la pas pour si peu. GillesBpurdin a publié au
prière des soldais chrétiens qui se trouvaient seizième siècle — un grimoire obscur sous le
dans l'armée. litre de l'Art notoire; il n'esl pas probable
Arnus, — devin tué par Hercule, parce que ce soit la bonne copie, qui sans doute est.
qu'il faisait le métier d'espion. Apollon vengea perdue. Delrio dit que de son temps les maîtres
la mort d'Arnus, qu'il inspirait, en méfiant la de cet. art ordonnaient à leurs élèves une cer-
peste dans le camp des Héraclides : il fallut, taine sorte de. confession générale, des jeûnes,
pour faire cesser le fléau, établir des jeux en des prières , des retraites, puis leur faisaient
l'honneur du défunt. entendre à genoux la lecture du livre de l'Art
notoire, el leur persuadaient qu'ils étaient de-
Arot, — voy-. MAROT.
venus aussi savants que Salomon, les prophè-
Arphaxat,—sorcierperse, qui fut tué d'un tes et les apôtres. Il s'en trouvait qui le
coup de foudre, si l'on en croit Abdins de Ba- croyaient. — Ce livre a été condamné par
bylone 1, à l'heure même du martyre de saint le pape PieV. Mêlant les choses religieuses à
Simon et de saint Jude. — Dans une posses-
ses illusions, l'auteur recommande entre au-
sion qui fit du bruit à Loudun, on cite un dé- tres choses de réciter tous les jours, pendant
mon Arphaxat. sept semaines, les sept psaumes de la péni-
Art de saint Anselme, •— moyen de guérir tence et de chanter tous les malins, au lever
superstitieux, employé par des imposteurs qui du soleil, le Veni Creator, en commençant un
prenaient le nom d'anselmisles. Ils se conten- jour de nouvelle lune, pour se préparer ainsi
taient de loucher, avec certaines paroles les à la connaissance de Y Art notoire i. 'Érasme,
-
linges qu'on appliquait sur les blessures., Ils qui parle de ce livre dans un de ses colloques,
devaient le secret de leur art, disaient-ils, à dit qu'il n'y a rien compris ; qu'il n'y a trouvé
saint Anselme de Canlorbéry. Mais Delrio as- que des figures de dragons, de lions, de léo-
sure que leur véritable patron est Anselme de pards , des cercles, des triangles, des ca-
Parme. ractères hébreux grecs latins et qu'on
, , ,
Art de sain* Paul. — Moyen de prédire les n'a jamais connu personne qui eût rien ap-
choses futures, prétendu enseigné à saint pris dans tout cela. — Des doctes préten-
Paul dans son voyage au troisième ciel., et dent que le véritable Àrs notoria n'a jamais
dont quelques charlatans ont eu le front de se été écrit, et que l'Esprit le révèle à chaque
dire héritiers. -. aspirant préparé ; il leur en fait la lecture
Art des esprits, — appelé aussi art angé- pendant le sommeil s'ijs ont sous l'oreille le
lique. 11 consiste dans le talent d'évoquer les nom cabalistique de Salomon , écrit sur une
esprits et de les obliger à découvrir les choses lame d'or ou sur un parchemin vierge. Mais
cachées. D'autres disent que l'art angélique d'autres érudils soutiennent quel'-^rs notoria
est l'art de s'arranger avec son ange gardien existe écrit, et qu'on le doit à Salomon. Le
de manière à recevoir de lui la révélation de croira qui.pourra.
tout ce qu'on veut savoir. Cef art supersti- Art sacerdotal.— C'est, selon quelques
tieux se pratique de deux manières, ou par adeptes, le nom que les Égyptiens donnaient
extases dans lesquels on reçoit des avis, ou à l'alchimie. Cet art, dont le secret, recom-
par .entretiens avec l'ange que l'on évoque, qui mandé sous peine de mort, était écrit en lan-
apparaît et qui, en celte circonstance, n'est gue hiéroglyphique , n'était communiqué
pas un ange de lumière. Foi/. ÉVOCATION. qu'aux prêtres, à la suite de longues épreuves,
Art notoire , •— espèce d'Encyclopédie in- Artémidore,—Éphésien qui vécut du temps
spirée. Le livre superstitieux qui contient les d'Antonin-le-Pieux: On lui attribue le traité
principes de l'art notoire promet la connais- des songes intitulé One'iroeriliçon, publié pour
sance de toutes les sciences en quatorze jours. la première fois en grec, à Venise, 4 51 S, m-8°.
L'auteur du livre dit effrontémentque le Saint- On recherche la traduction latine'de Itigaut 2
Esprit le dicta à saint Jérôme. Il assure en- et quelques traductions françaises s.
core que Salomon n'a obtenu la sagesse et la
science universelle que pour avoir lu en une 1 Franc. Torreblanca, cap. 14, epist, de mag.
seule nuil ce merveilleux livre. Il faudrait qu'il 2 Artemidori Epliesii Oncirocritica.; seu de somnio-
i-um interpretatione, groec.-lat. cum nolisNic. Eigaltii,
in-4°. Paris, 1603.
1 Ccrta-.v.inis aposlolici, lib. vi. 3 Artémidore,De l'Implication des songes, avec le 3i^
ART — 51 — ASC
Artéphius , — philosophe hermétique du granit entassés, comme étant les débris,de
douzième siècle, que les alchimistes disent ses vastes murailles. 11 s'y trouve, dit-on, des
avoir vécu plus de mille ans par les secrets trésors gardés par des démons qui souvent
de la pierre philosophale. François Pic rap- traversent les airs sous la forme de feux fol-
porte le sentiment de quelques savants qui af- lets, en poussant des hurlements répétés par
firment qu'Arléphius est le même qu'Apollo- les échos du voisinage '. L'orfraie, la buse et
nius de Tyanes, né au premier siècle sous ce le corbeau sonl les hôtes sinistres qui fréquen-
nom, et mort au douzième sous celui d'Arlé- tent ces ruines merveilleuses, où apparaît
phius. On lui attribue plusieurs livres extra- l'âme d'Arthus de temps en temps avec sa cour
vagants ou curieux : 1° V Art d'allonger sa vie enchantée. Voy. MERLIN.
[De vilâ propagande), qu'il dit dans sa pré- Arundel (THOMAS).— Comme il s'était op-
face avoir composé à l'âge de mille vingt-cinq posé (quatorzième siècle) aux séditions des
ans ; 2° la Clef de la sagesse, suprêmei ;. 3° un wickletlil.es, Chassaignon, dans ses Grands et
livre sur les caratères des planètes, sur la si- redoutables jugements de Dieu, imprimés à
gnification du chanldes oiseaux, sur les choses Morgesen 1381, chez Jean Lépreux, imprimeur
passées et futures el sur la pierre philoso- des trôs-puissanls seigneurs de Berne, Chas-
,
phale -. —Cardan, qui parle de ces ouvrages, saignon, réformé el défenseur de tous les hé-
au seizième livre de la "Variété des choses , rétiques, d'il qu'il mourut cruellement, la lan^-i
croit qu'ils oui été composés par quelque plai- gue tellement enflée qu'il ne pouvait plus
sant qui voulait se jouer de la crédulité des parler, « lui qui avail voulu empêcher dans
partisans de l'alchimie. la bouche des disciples de "Wickleff, le cours
Arthémia, — fille de l'empereurDioctétien. de la sainte parole » Mais il n'ose pas re-
Elle fui possédée d'un démon qui résista aux
chercher si Thomas Arundel fui, commeWick-
leff, étranglé par le diable.
exorcistes païens el no céda qu'à saint Cyria-
que, diacre de l'église romaine. — L'idée de Aruspices ,—devins du paganisme, dont
rire el de plaisanter des possessions el des l'art se nommait aruspioine. Ils examinaient
ex.orci.-mes de l'Église est venue quelquefois à les entrailles des victimes pour en tirer des-
des esprits égarés, qu'il eût été bon peut- présages ; il fallait être de bonne maison pour
être d'exorciser eux-mêmes. exercer cette espèce de sacerdoce. Ils prédi-
saient, 1° par la simple inspection des victi-
ArtUus, — roi des Bretons, célèbre dans les vivantes ; 2»-par l'état de leurs entrailles,
de mes
romans la Table Bonde, et dont la vie est après qu'elles étaient ouvertes; 3"
entourée de fables. On prétend qu'il revient la flamme qui s'élevait de leurs chairs brûlées.
par la
nuit, dans les forêts de l'Angleterre et de la' La victime qu'il fallait amener avec vio-

Bretagne, chasser à grand bruit avec des lence, ou qui s'échappait de l'autel, donnait'
chiens, des chevaux et des piqueurs, qui ne des présages sinistres; le
coeur maigre, le foie
sonl que des démons ou des spectres, au sen- double ou enveloppé d'une double tunique, et
timent de Pierre Delancre 5. Quand le grand- surtout l'absence du coeur ou du foie,
annon-
veneur apparut à Henri IV dans la forêt de çaient de grands maux. On croirait que les.
Fontainebleau, quelques-uns dirent que c'é- aruspices étaient habiles dans l'art d'escamo-
tait la chasse du roi Arlhus. — La tradition ter, le coeur manqua aux deux boenfs im-
car
conserve, aux environs de lluelgoat, dans le molés le jour qu'on «assassina César.— C'était
Finistère, le souvenir curieux de l'énorme mauvais signe quand la flamme ne s'é-
château d'Arlhus. On montre des rochers de levait encore
pas avec force et n'était pas transpa-
rente et pure ; et si la queue de la bête se
vre d'Augustin Nyphus, Des Divinations, in-lfi. lïouen, courbait en brûlant, elle menaçait .de. grandes
lit G; édition augmentée, 1604. — Epitome des cinq li- difficultés dansles affaires. Voy. HÉPATOSCOPIE.
vres d'Arténiidore, traitant des songes, traduit du grec,
par CharlesFontaine; avec un recueil deValère-Maximc Arzels» Voy. CHEVAL.
sur le même sujet, traduit du latin, in-8°. Lyon , 1555.
1 Clavis majoris sapientite, imprimé dans le Théâtre Asaphins, — devins ou sorciers chaldéens,
chimique. Francfort, 1614, in-8°, on Strasbourg,'lbu9, qui expliquaient les songes el tiraient les ho^
in-12.
2 De Characteribus planetarum cantu et motibus
,
roscopes.
avium, rerum prceteritarum. et futurarum, lapide que
philosoplnco. Le Traité d'Artéphius sur la pierre philo- Ascaroth. — C'est lo nom que donnent les
sophale a été traduit en français par P. Arnauld, et im- démonogràphes à un démon peu connu qu>
pr'nr.é avec ceux de Sinésius et île Flamel. Paris 1612
,
1059, 1682, in-d". On attribue encore à Artéphiusle Mi-, protège les espions et les délateurs. Il dépeu
roir des miroirs, Spéculum speculorum, et le Livre se- du démon Nergal.
cret, Liber secretus.
3 Tableau de l'inconstancedes mauvais
anges, liv. iv,
dise. 3. 1 Cambry, Voyage dans le Pirùstère, t. ïcv, p. 277.
4
ASM — ,V2 — ASM
Ascik-pacha,— démon turc, qui favorise quel i a un temple dans le désert de Ryanneh.
les intrigues secrètes, facilite les accouche- On ajoute que ce serpent se coupe par mor-
ments, enseigne les moyens de rompre les ceaux, et qu'un inslanlaprès il n'y paraît pas.
charmes ', etc. — Cet Asmodée est, selon quelques-uns, l'an-
Eve. Les juifs, qui
Asolétarion,—sorcier qui prédit à l'empe- cien serpent qui séduisit
l'appellent
reur Domitien qu'il serait mangé des chiens; des démons,Asmodaï, faisaient de lui le prince
sur quoi l'empereur le fil tuer, « ce qui ne phrase comme on le voit dans la para-
chaldaïque. C'est aux enfers, selon
» l'empêcha pas d'être mangé des chiens, ca-
Wierus, un roi fort el puissant, qui a trois
» suellement, après sa mort 2. »
têtes : la première ressemble à celle d'un tau-
Aselle. —L'aselle aquatique, espèce de clo- reau, la seconde à celle d'un homme, la troi-
porte, était révérée des Islandais, qui croyaient sième à celle d'un bélier. Il a une queue de
qu'en tenant cet insecte dans la bouche, ou serpent, des pieds d'oie, une haleine enflam-
son ovaire desséché sur la langue, ils obte- mée ; il se montre à cheval sur un dragon,
naient, tout ce qu'ils pouvaient désirer. Ils ap- portant
en main un étendard et une lance. Il
pelaient son ovaire sec pierre à souhaits. est soumis cependant, par la hiérarchie infer-
Ashmole (Éi.iiï), —antiquaire et alchimiste nale, au roi Amoymon. — Lorsqu'on l'exor-
anglais, né en 1617. On lui doit quelques ou- cise, il faut être ferme sur ses pieds, et l'ap-
vrages utiles, elle Musée ashmoléen.d'Oxford. peler par son nom. Il donne des anneaux
Mais il publia à Londres, en 4 052, un volume constellés; il apprend aux hommes à se rendre
in-4°, intitulé : Theairum chemicum briian— invisibles et leur enseigne la géométrie, l'a-
nicum contenant différents poèmes des phi- rithmétique, l'astronomie et les arts mécani-
,
losophes anglais qui ont écrit sur les mystères ques. Il connaît aussi des trésors qu'on peut le
hermétiques. Six ans après, il fil imprimer le forcer à découvrir; soixante-douze légions lui
.
Chemin du bonheur, in-4°, 1G5S. Ce traité, qui obéissent 1. On le nomme encore Chammadaï
n'est pas de lui, mais auquel il mil une pré- et Sydonaï. Le Sage a fait d'Asmodée le héros
face, roule aussi sur la pierre philosophale. d'un de ses romans (le Diable boiteux).
Foy. ALCHIMIE. Asmond et Aswîth,—compagnons d'armes
Asile. — Les lois qui accordaient droit d'a- danois, liés d'une étroite amitié, convinrent,
sile aux criminels dans les églises exceptaient par un sermentsolennel, dene s'abandonner ni
ordinairement les sorciers, qui d'ailleurs ne à la vie ni à la mort. Aswith mourut le premier
cherchaient pas là leur recours. et, suivant leur accord, Asmond, après avoir
enseveli ami, avec son chien et son che-
Asima,—démon qui rit quand on fait le val dansson grande
mal. Il a été adoré àÉinath, dans la tribu de provisions une caverne, y porta dos
pour une année el s'enferma dans
Nephlali, avant que les habitants de cette tombeau. Mais, ajoute gravement un histo-
ville fussent transportés à Samarie. ce
rien 2, le diable, qui était entré dans le corps
Asmodée, — démon destructeur, le même du mort, tourmenta le fidèle .Asmond, le dé-
que Sama'él, suivant les rabbins. 11 est aux chirant, lui défigurant le visage et lui arra-
enfers surintendant des maisons de jeu, selon chant même une oreille, sans lui donner de
l'esprit de quelques démonomanes, qui ont raisons de sa fureur. Asmond, impatienté,
écrit comme s'ils eussent fait en touristes le coupa la tête du mort, croyant rogner aussi
voyage de l'autre monde. Il sème la dissipation le diable qui s'était logé là. — Sur ces entre-
et l'erreur.-—Les rabbins content qu'il détrôna faites, précisément, le roi de Suède, Éric, pas-
un jour Salomon, mais que bientôt Salomon le sant devant la caverne murée et entendant
chargea de fers, et le força de l'aider à bâtir le du vacarme, crut qu'elle renfermaitun trésor
temple de Jérusalem.—Tobie, suivant les mê- gardé par des démons. Il la fit ouvrir, et fut
mes rabbins, l'ayant expulsé, avec la fumée du bien surpris d'y trouver Asmond, pâle, ensan-
fiel d'un poisson, du corps de la jeune Sara glanté, auprès d'un cadavre puant; il lui fit
qu'il possédait, l'ange Raphaël l'emprisonna conter son histoire, et, ravi de sa fidélité et de
aux extrémités de l'Egypte.'Paul Lucas dit son courage, il l'obligea par de bons procédés
qu'il l'a vu dans un do ses voyages. On s'est à le suivre à sa cour.
amusé de lui à ce sujet; cependant on a pu lire Asmoug,—l'un desdémons qui, sous les
dans le Courrier de l'Egypte que le peuple de ordres d'Arimane, sèment Perse les dis-
en
ce pays adore encore le serpent d'Asmodée, le- sensions, les procès et les querelles.
3 Wicrus, De Praist. drcm., lib. I, cap. 6. 1 WicrtiB, in Pseudomoiiai'chiâ dîemoîii
a Boguct, Discours des sorciers, ch. 01. 2 Saxo Grammat. Daiiiao liist, lib, T.
A SX — 53 -- ASX
Asoors. — C'est le nom que'les Indiens l'adorèrent. Il est, dit-on, grand-trésorier aux
donnent à certains mauvais génies qui font enfers, el donne de bons avis quand on émet
tomber les voyageurs dans des embûches. des lois nouvelles. Wierus nous apprend qu'il
sait le passé, le présent el l'avenir, qu'il ré-
Aspamc. — « Zorobabel était épris d'un si pond volontiers
fol amour pour Aspame, qu'elle le souffletait aux questions qu'on lui fait
les choses les plus secrètes, et qu'il est fa-
comme un esclave et lui ôlait le diadème pour sur
fêle indigne d'un tel ornement, cile de le faire causer sur la création, les fau-
en orner sa
la chute des anges, donl il sait loule
dit Delancre '; elle le faisait, rire et pleurer, tes el
,

quand bon lui semblait, le tout par philtres l'histoire ; mais il soutient que pour lui il a
été puni injustement. Il enseigne à fond les
et fascinations. » Les belles dames font tous
les jours d'aussi grands excès sans fascina- arts libéraux el commande quarante légions;
tion ni philtre. celui qui le fait venir doit prendre garde de
s'en laisser approcher, à cause de son insup-
Aspiculette (MAIIIE n).— sorcière d'An- portable puanteur. C'est pourquoi il faut tenir
daye, dans le pays de Labour, sous le règne narines un anneau magique en ar-
de Henri IV. Elle fut arrêtée à l'âge de dix-neuf sous ses
qu'on l'avait menée sabbat, gent, qui est un préservatif contre les odeurs
ans, et- avoua au fétides des démons *. Astaroth a figuré dans
que là elle avait, baisé le derrière du diable
plusieurs possessions.
au-dessous d'une grande queue, el que ce der-
rière élail fait comme le museau d'un bouc 2. Astarté, — femelle d'Astaroth, selon quel-
démonomanes; elle porte des cornes, non
AspidomancJe,—divination peu connue ques difformes comme celles des autres démons,
qui se pratique aux Indes, selon quelques
mais façonnées en croissant. Les Phéniciens
voyageurs. Delancre. dit 3 que le devin ou sor- adoraient la lune
cier trace un cercle s'y campe assis sur un don, c'était la même sous le nom d'Astarté. A Si-
, que Vénus. Sanchonialon
bouclier, marmotte des conjurations devient dit qu'elle eut deux fils : le Désir et l'Amour.
,
hideux, et ne sort de son extase que pour an- On l'a
souvent représentée avec des rayons,
noncer les choses qu'on veut savoir, el que ou avec
le diable vient de lui révéler. une léte de génisse. Des érudils pré-
tendenlqu'Aslarolh,qui donne les richesses, est
Asrafil, -— ange terrible qui, selon les mu- le soleil, et Astarté la lune; mais dans les an-
sulmans, doit sonner de la trompette et ré- ciens monuments orientaux Astarté est le
veiller tous les morts pour le jugement der- même qu'Astaroth, et Astaroth lemême qu'As-
nier. On le confond souvent avec Asra'él. tarté.
Assa-foetida.— Les Hollandais appellent Astiages , — roi des Modes. Quand Cyrus
celle piaule fiente du diable (duivelsdrek). eut vaincu l'Asie, on publia qu'Asiiages, son
Assassins,—secte d'Ismaéliens qu'on eni- grand-père, avait songé en dormant que dans
vrait de hrachick et à qui on faisait un dogme le sein de sa .fille Mandane croissait une vigne
(le tuer. Le souverain des Assassins s'appe- qui de ses feuilles couvrait l'Asie entière; pré-
lait le cheick ou vieux de la Montagne. 11 est sage de la grandeur de Cyrus, fils de Mandane.
célèbre dans l'histoire des croisades. Voy. Astragalomanoie,—divination par les dés.
TlUIGfiISME. Prenez deux dés, marqués comme d'usage des
Assheton (GUILLAUME),—théologien angli- numéros 1, %, 3, 4, 5, 6. On peut jeter à vo-
can, mort en 1711. Il publia en 1691 un petit lonté un dé seul, ou les deux dés à la fois; on
ouvrage peu recherché, intitulé : la Possibi- a ainsi la chance d'amener les chiffres 1 à 12.
lité des apparitions. Vous voulez deviner quelque affaire qui vous
embarrasse, ou pénétrer les secrets de l'ave-
Astaroth, •—grand-duc très-puissant aux nir;
enfers. 11 a la figure d'un ange fort laid, et se posez la question sur un papier que vous
montre chevauchant sur un dragon infernal ; aurez
passé au-dessus de la fumée du bois
il tienlà la main droite vipère. Quelques
de genièvre; placez ce papier renversé sur la
une
Magiciens disent qu'il préside à l'Occident, table, et jetez les dés. —Vous écrirez les let-
qu'il procure l'amitié des grands seigneurs, et tres à mesure qu'elles se présentent En se
qu'il faut l'évoquer le mercredi. Les Sido- combinant, elles vous donneront la réponse :
niens, les Philistins et quelques sectes juives 1 vaut la lettre A; 2 vaut E;' 3 vaut, I, ou Y;
4 vaut 0 ; 5 vaut II; G vautB, P, ou V; 7 vaut
C, K, ou Q ; 8 vaut D, ou T; 9 vaut F, S, X,
Incrédulité et mécréance du sortilège, etc.
' Incrédulité et mécréance, etc., tr. 5. ou Z; 10 vaut G. ou .1; 11 vaut L, M, ou N;
Delancre, Tableau de l'inconstance des mauvais
'"'Ses, etc., ljv. il, dise. 1. 1 Wierus, in Pseudomonarchiadaim.
AST — 5/i — AST
ht vaut R. — Si la réponse est obscure, il ne labe. « Le ciel, disaient-ils, est, un livre dans
faut pas s'en étonner ; le sort est capricieux. lequel on voit le passé, le présent cl l'avenir ;
Pans le cas où vous n'y pouvez rien com- pourquoi ne pourrait-on pas lire les événements
prendre, recourez à d'autres divinations.— de ce monde dans un instrument qui repré-
La lettre H n'est point marquée, parce qu'elle sente la situation des corps célestes ' ? »
n'est pas nécessaire. Les règles du destin se Astrologie, — art de dire la bonne aven-
dispensent de celles de l'orthographe. Pli s'ex- ture et de prédire les événements, par l'as-
prime fort Bien par la lettre F, et CH par la pect, les positions et les influences des corps
lettre X.'—Lés anciens pratiquaient l'asfra- côlesles.—On croit que l'astrologie, qu'on ap-
galomancie avec des osselets marqués des lel- pelle aussi astrologie judiciaire,
parce qu'elle
I res de l'alphabet, et les lettres que le hasard
consiste en jugements sur les personnes et sur
amenait faisaient les réponses. C'est par ce les choses, pris naissance dans la Chaldée,
rendaient, les oracles d'Hercule a
moyen que se. d'où elle pénétra en Egypte, en Grèce el en
en A ch aïe. On mettait les lettres dans une Italie. Quelques antiquairesattribuent l'inven-
urne, et on les lirait comme on lire les numé- tion de celte science à Cham, fils de Noe; le
ros des loteries. commissaire de Lamarre, dans son Traité de
Astres. — La première idolâtrie a com- police, litre 7, chap. 1er, ne repousse pas les
mencé par le culte des astres. Tous les peu- opinions qui établissent qu'elle lui a été en-
ples les adoraient., au temps de Moïse. Lui seul seignée par le démon. Diogèno Laërce donne
dit aux Hébreux : « Lorsque vous élevez les à entendre que les Égyptiens connaissaient la
yeux vers le ciel, que vous voyez le soleil, la rondeur do la terre et la cause des éclipses.
lune et les autres astres, gardez-vous de tom- On ne peut leur disputer l'habileté en astro-
ber dans l'erreur el de les adorer, car c'est nomie; mais, au lieu de se tenir aux règles
Dieu qui les a créés » (Deuléronome, ehnp.-i). droites de ce lie science, ils en ajoutèrent d'au-
Ceux qui ne croient pas à la révélation de- tres qu'ils fondèrent uniquementsur leur ima-
vraient nous apprendre comment Moïse a été gination ; ce furent là les principes de l'art
plus éclairé que les sages de toutes les na- de deviner et de tirer des horoscopes. Ce sont
tions dont il était environné '. — Mahomet dit, eux, dit Hérodote, qui enseignèrent à quel
dans, le Koran, que les étoiles sont les senti- dieu chaque mois chaque jour esl consacré,
nelles du ciel, el qu'elles empêchent les dé- qui observèrentles, premiers sons quel ascen-
mons d'en approcher et de connaître les se- dant un homme esl né, pour prédire sa l'or-
crets do Dieu. Il y a des sectes qui prétendent lune, ce qui lui arriverait dans sa vie et do
que chaque corps céleste est la demeure d'un quelle mort il mourrait.-—«J'ai lu dans les
ange.—:Les Arabes avant Mahomet, ado- registres du ciel tout ce qui doit vous arriver
raient les astres. Les , anciens en faisaient des à vous et à votre fils, » disait à ses crédules
èlres animés; les Égyptiens croyaient qu'ils enfants Bélus prince deBabylone. Pompée,
voguaient dans des navires à travers les airs César, Crassus, croyaient à l'astrologie. Pline
comme nos aéronaules; ils disaient que le so- en parle comme d'un art respectable. Celte
leil, avec son esquif, traversait l'Océan toutes science gouverne encore la Perse el une grande
les nuits pour retourner d'occident en orient. partie de l'Asie. « Rien ne se fait ici, ditTa-
-—D'autres physiciens ont prétendu que les vernier dans sa Relation d'Ispahan, que de
étoiles sont les yeux du ciel, et que les larmes l'avis des astrologues. Ils sont plus puissants
qui on tombent forment les pierres précieuses. et plus redoutés que le roi, qui en a-toujours
C'est, pour cela, ajoulenl-ils, que chaque étoile quatre attachés à ses pas, qu'il consulte sans
a sa pierre favorite. cesse et qui l'avertissent du temps où il doit
Astrolabe, — instrument dont oh se sert se promener, de l'heure où il doit se renfer-
pour observer les astres et tirer les horosco- mer dans son palais, se purger, se vêtir de ses
pes. Il est souvent semblable à une sphère ar- habits royaux, prendre ou quitterlesceplre, etc.
millaire. L'astrologue, instruit du jour, de Ils sont si respectés dans cette cour que le roi
l'heure, du moment où est né celui qui le con- Schah-Sophi étant accablé depuis plusieurs
sulte, ou pour lequel on le consulte, mel les années d'infirmités que l'art ne pouvait gué-
choses à la place qu'elles occupaient alors, et rir, les médecins jugèrent qu'il n'était tombé
dresse son thème suivant la position des pla- dans cet état de dépérissement que par la faute
nètes et des constellations.—Il y a eu des des astrologues, qui avaient mal pris l'heure
gens autrefois qui faisaient le métier de dé- à laquelle il devait être élevé sur le trône. Les
couvrir les voleurs par le moyen d'un astro-
1 Le père Lebrun, Hist, des pratiques superst., t. p'1,
J Bergier, Dict. ihéolog., au mot Autres. p. 220.
AST — 55 — AST
astrologues reconnurent leur erreur : ils s'as- sous la Balance., Munich sous le Scorpion,
semblèrent rde'nouveau avec les médecins, Slultgord sous le Sagittaire, Aùgsbourg sous
cherchèrent dans le ciel la véritableheure pro- le Capricorne, Ingolstadl sous le Verseau, et
pice, ne manquèrent pas de la trouver ; et Sa Ratisbonne sous les Poissons. — Hermès a dit
cérémonie du couronnement fut renouvelée, à que c'est parce qu'il y a sept trous à la tête,
la grande satisfaction cleSchah-Sephi,qui mou- qu'il y a aussi dans le ciel sept planètes pour
rut quelques jours après. » Il en est de même présider à ces trous : Saturne et Jupiter aux
à la Chine, où l'empereur n'ose rien entre- deux oreilles. Mars et Vénus aux deux narines,
prendre sans avoir consulté son thème natal. le Soleil et la Lune aux deux yeux, et Mer-
— La
vénération des Japonais pour l'astrolo- cure àda bouche. Léon l'Hébreu, d'anssa Phi-
gie est plus profonde encore; chez eux per- losophie d'amour, traduitepar le sieur Duparc,
sonne n'oserait construire un édifice sans Champenois, admet celte opinion, qu'il précise
avoir interrogé quelque astrologue sur la d'u- très-bien : « Le Soleil préside à l'oeil droit, dit-
rée du bâtiment. Il y en a môme qui, sur la il, et la Lune à l'oeil gauche, parce que tous
réponse des astres, se dévouent et se tuent les deux sont les yeux du ciel.; Jupiter gou-
pour le bonheur de ceux qui doivent habiter verne l'oreille gauche; Saturne, la droite;
la nouvelle maison '. — Presque tous les an- Mars, leperluis droit du nez; Vénus, le portais
ciens, Hippocrale Virgile Horace, Tibère, gauche; el Mercure, la bouche, parce qu'il
,
croyaient à l'astrologie. Le ,moyen âge en fui préside à la parole. » — Ajoutons encore que
infecté. On lira l'horoscope de Louis XIII et Saturne domine sur la vie, les changements,
do Louis XIV; elBoileau dit qu'un téméraire les édifices elles sciences; Jupiter, sur l'hon-
auteur _n'atteint pas le Parnasse, si son astre neur, les souhaits, les richesses et la propreté
mnaissanlne l'a formé poète —En astro- des habits; Mars, sur la guerre, les prisons,
logie, on ne connaît dans le ciel que sept pla- les mariages, les haines; le Soleil, sur l'espé-
nètes, eldouzecoiislelialiousdans le zodiaque. rance, le bonheur, le gain, les héritages ; Vé-
Le nombre de celles-ci n'a pas changé; mais nus, sur les amitiés et les amours; Mercure,
il y a aujourd'hui douze planètes. Nous no sur les maladies, les perles, les dettes, le com-
parlerons que des sept vieilles employées par merceetla crainte; la Lune, sur les plaies, les
les astrologues. Nous n'avons, disent-ils, au- songes el les larcins. Aussi, du moins, le dé-
cun membre que les corps célestes ne gou- cide le livre dos admirables secrets d'Albert-
vernent. Les septplanètessonl, comme on sait, le-Grand.—lîn dominant de la sorte tout, ce
le Soleil, la Lune, Vénus, Jupiter, Mars, Mer- qui arrive à l'homme, les planètes ramènent
cure et Saturne. Le Soleil préside à la tèle;la le même cours de choses toutes lesfois qu'elles
Lune, au bras droit; Vénus, au bras gauche; se retrouvent dans le ciel au lieu de l'horos-
Jupiter, à l'estomac; Mars aux parties sexuel- cope. Jupiter se retrouve au bout de douze
les; Mercure, au pied droit, et Saturne au pied ans au même lieu, les honneurs seront les
gauche; ou bien Mars gouverne là tête, Vénus mômes; Vénus, au bout de huit ans, les amours
le bras droit, Jupiter le liras gauche, le Soleil seront les mêmes, etc., mais dans un autre
l'estomac, la Lune les parties sexuelles, Mer- individu.— N'oublions pas non plus que cha-
cure le pied droit el Saturne le pied gauche. que planète gouverne un jour de la semaine :

«Parmi les constellations, le Bélier gou- le Soleil le dimanche la Lune le lundi, Mars
,
verne la tète; le Taureau, le cou; les Gé- le mardi, Mercurele mercredi, Jupiter le jeudi,
meaux, les bras elles épaules; Tlicrevisse, la Vénus le vendredi, Saturne le samedi ; que le
poitrine el le coeur; le Lion l'estomac; la jaune est la couleur du Soleil, le blanc celle
,
Vierge, le ventre ; la Balance, les reins et les do la Lune, le vert celle de Vénus, le rouge
fesses; le Scorpion, les parties sexuelles ; le celle de Mars, le bleu celle de Jupiter, le noir
Sagittaire, les cuisses; le Capricorne, les ge- celle de Saturne, le mélangé celle de Mer-
noux ; le Verseau, les jambes ; elles Poissons, cure; que le Soleil préside à l'or, la Lune à
les pieds. « On a mis aussi le monde, c'est- l'argent, Vénus à l'étain, Mars au fer, Jupiter

à-dire les empires elles villes, sous l'influence à l'airain, Saturne au plomb, Mercure, au vif-
des constellations. Des astrologues allemands argent, etc. —Le Soleil est bienfaisant et fa-
au seizième siècle avaient déclaré Francfort vorable; Saturne, triste, morose et froid; Ju-
sous l'influence'du Bélier, Wurtzbourg sous piter, tempéré et, bénin ; Mars, ardent; Vénus,
celle du Taureau, Nuremberg sous l'es'Gé- bienveillante;Mercure, inconstant: là Lune,
meaux,. Mâgdèbourg sous l'Êerevisse, TJlm mélancolique.—Dans les constellations, le
sous le Lion,îîeidelbergsouslà Vierge, Vienne Bélier, le Lion et le Sagittaire sont chauds,
1 Essai sur les erreurs et, les superstitions, par secs et ardents ; le Taureau, la Vierge et le
% M- L. C„ eh. 5. ' Capricorne, lourds, froids cl secs ; Tes Gé-
AST —- 50 — AST
meau-x, la Balance et le Verseau, légers, trésors el des biens de patrimoine. — La cin-
chauds et humides; l'Ecrivisse, le Scorpion quième maison est celle du Lion, dite la de-
el les Poissons, humides, mous el froids. — meure des enfants; c'est la maison des legs el
Au moment de la naissance d'un enfant dont des donations. —La sixième maison est celle
on veut tirer l'horoscope , ou bien au jour de de la Vierge, on l'appelle l'amour de Mars.
l'événement dont on cherche à présager les C'est la maison des chagrins, des revers et
suites, il faut d'abord voir sur l'astrolabe des maladies. —La septième maison est celle
quelles sont les constellations et planètes qui de la Balance, qu'on appelle l'angle occidental.
dominent rlans le ciel, et tirer les conséquences C'est la maison des mariages et des noces. —
qu'indiquent leurs vertus leurs qualités el La huitième maison est celle du Scorpion ap-
,
leurs fondions. Si trois signes do la même pelée la porte supérieure. C'esi la maison de
nature se rencontrent dans le ciel, comme, l'effroi, des craintes et de la mort. —La neu-
par exemple , le Bélier, le Lion el le Sagit- vième maison est celle du Sagittaire, appelée
taire, ces trois signes forment le irin aspect, l'amour du soleil. C'est la maison de la piété,
parce qu'ils partagent le ciel en trois, et qu'ils de la religion, des voyages el de la philoso-
sont séparés l'un de l'autre par trois autres phie.— La dixième maison est celle du Ca-
constellations. Cet aspect est bon et favo- pricorne, dite le milieu du ciel. C'est la mai-
rable. Quand ceux qui partagent le ciel par son des charges, des dignités et des couronnes.
sixième se rencontrent à l'heure de l'opéra- — La onzième maison est celle du Verseau
tion, comme le Bélier avec les Gémeaux, le qu'on appelle l'amour de Jupiter. C'est la mai-,
Taureau avec l'Ecrevisse, etc., ils forment son des amis, des bienfaits et de la fortune.
Vaspcet scxlil, qui est médiocre. Quand ceux — La douzième maison est celle des Poissons,
qui partagent le ciel en quatre, comme le Bé- appelée l'amour de Saturne. C'est la plus mau-
lier avec l'Ecrevisse, le Taureau avec le Lion, vaise de toutes el la plus funeste ; c'est la
les Gémeaux avec la Vierge, se rencontrent maison des empoisonnements, des misères,
dans le ciel, ils forment Y aspect carré, qui est de l'envie, de l'humeur noire el de la mort
mauvais. Quand ceux qui se trouvent aux par- violente.—LeBélier et le Scorpion sonl les mai-
ties opposées du ciel, comme le Bélier avec la sons chéries de Mars; leTaureau et la Balance,
Balance, le Taureau avec le Scorpion, les Gé- celles de Vénus; les Gémeaux et la Vierge,
meaux avec le Sagittaire, etc., se rencontrent celles de Mercure; le Sagittaire et les Pois-
à l'heure de la naissance, ils forment Vaspect sons, celles de Jupiter; le Capricorne et le Ver-
contraire, qui est méchant et nuisible. Les seau, cellesdeSaturne; le Lion, celle du Soleil;
astres sont en conjonction quand deux pla- l'Ecrevisse, celle delà lune. -—11 faut exami-
nètes se trouvent réunies dans le même signe ner avec soin les rencontres des planètes avec
ou dans la même maison, el en opposition les constellations. Si Mars, par exemple,
quand elles sont à deux points opposés. — se rencontre avec le Bélier à l'heure de la
Chaque signe du zodiaque occupe une place naissance, il donne du courage, de la fierté
qu'on appelle maison céleste ou maison du so- et une longue vie; s'il se trouve avec le Tau-
leil ; ces douze maisons du soleil coupent ainsi reau, richesses et courage. En un mot, Mars
le zodiaque en douze parties. Chaque maison augmente l'influence des constellations avec
occupe trente degrés, puisque le cercle en a lesquelles il se rencontre, et y ajoute la valeur
trois cent soixante. Les astrologues représen- et la force. •— Saturne, qui donne les peines,
tent les maisons par de simples numéros, dans les misères, les maladies, augmente les mau-
une figure ronde ou carrée, divisée on douze vaises influences et gâte les bonnes. Vénus,
cellules. —La première maison est celle du au contraire, augmente les bonnes influences
Bélier, qu'on appelle Vangle oriental, en ar- el affaiblit les mauvaises. — Mercure aug-
got asliologique. C'est la maison de la vie mente ou affaiblit les influences suivant ses
,
parce que ceux qui naissent quand cette con- conjonctions. S'il se rencontre avec les Pois-
stellation domine peuvent vivre long-temps. sons,, qui sont mauvais, il devient moins bon;
— La seconde maison est celle du Taureau, s'il se trouve avec le Capricorne, qui est fa-
qu'on appelle la porte inférieure. C'est la mai- vorable, il devient meilleur. — Ba Lune joint
son des richesses et des moyens de fortune. la mélancolie aux constellations heureuses;
— La troisième maison est celle des Gémeaux elle ajoute la tristesse ou la démence aux con-
appelée la demeure des frères. C'est la maison stellations funestes. Jupiter, qui donne les ri-
des héritages et des bonnes successions. — chesses et les honneurs, augmente les bonnes
La quatrième maison esl. celle de l'Ecrevisse. influences et dissipe à peu près les mauvaises.
On l'appelle le fond, du ciel, l'angle de la terre, Le Soleil ascendant donne les faveurs des
la demeure des parents. C'est la maison des princes; il a sur les influences presque autant
AST — 57 — AST
d'effet que Jupiter; mais descendant il pré- amena le domestique, qu'on venait de prendre
sao-e des revers.— Ajoutons que les Gémeaux, enfin, malgré la protection de Mercure. —
la Balance ella Vierge donnent la beauté par Les astrologues tirent vanité de deux ou trois
excellence; le Scorpion, le Capricorne el les de leurs prédictions accomplies, quoique sou-
Poissons donnent une beauté médiocre. Les vent d'une manière indirecte, entre mille qui
autres constellations donnent plus ou moins n'ont point eu de succès. L'horoscope du poète
la laideur. — La Vierge, la Balance, le Ver- Eschyle portait qu'il serait écrasé par la chute
seau el les Gémeaux donnent une belle voix; d'une maison ; il s'alla, dit-on, mettre en plein
l'Ecrevisse, le Scorpion el les Poissons don- champ, pour éviter sa destinée ; mais un aigle,
nent une voix nulle ou désagréable; les autres qui avail enlevé une tortue, la lui laissa tom-
constellations n'ont pas d'influence sur la voix. ber sur la tête, et il en fut tué. Si ce conte
—Si les planètes et les constellations se trou- n'a pas été fait après coup, nous répondrons
vent à l'Orient, à l'heure de l'horoscope, on qu'un aveugle, en jetant au hasard une mul-
éprouvera leur influence au commencement titude de flèches, peut atteindre le but une fois
de la vie ou de l'entreprise; on l'éprouvera au par hasard. Quand il y avait en Europe des
milieu si elles sont au haut du ciel, et à la fin milliers d'astrologues qui faisaient tous les
si elles sont à l'Occident.—Afinque l'horos- jours de nouvelles prédictions, il pouvait s'en
cope ne trompe point, il faut avoir soin d'en trouver quelques-unes que l'événement, par
commencer les opérations précisément à la cas fortuit, justifiait; et celles-ci, quoique ra-
minute où l'enfant est né, ou à l'instant précis res, entretenaient la crédulité que des millions
d'une affaire dont on veut savoir les suites.— de mensonges auraient dû détruire. L'empe-
Pour ceux qui n'exigent pas une exactitude si reur Frédéric-Barberousse, étant sur le point
sévère, il y a des horoscopes toul dressés, de quitter Vicence, qu'il venait de prendre
d'après les constellations de la naissance. d'assaut, défia le plus fameux astrologue do
Voy. IIOUOSCOPB.—Telssont, en peu de mots, deviner par quelle porte il sortirait le lende-
les principes de cet art, autrefois si vanté si main. Le charlatan répondit au défi par un
,
universellement répandu et maintenant un tour de son métier; il remit à Frédéric un
,
peu tombé en désuélude. Les astrologues con- billet cacheté, lui recommandant de ne l'ouvrir
viennent que le globe roule si rapidement qu'après sa sortie. L'empereur fit abattre,
que la disposition des astres change en un mo- pendant la nuit, quelques toises de mur, et
ment. Il faudra donc, pour tirer les horos- sortit par la brèche; il ouvrit ensuite le billet,
copes, que les sages-femmes aient soin de re- et ne fut pas peu surpris -d'y lire ces mots :
garder attentivement les horloges, de marquer « L'empereur sortira par la porte neuve. »
exactement chaque point du jour, el de con- C'en fut assez pour que l'astrologue et l'astro-
sorver à celui qui naît ses étoiles comme son logie lui parussent infiniment respectables.—
patrimoine.« Mais combien de fois, dilBarelai, Un homme, que les aslres avaient condamné '
le péril des mères empêche-t-il ceux qui sont en naissant à être tué par un cheval, avait
autour d'elles de songer à cela! El combien grand soin de s'éloigner dès qu'il apercevait
de fois ne s'y Irouve-t-il personne qui soit as- un de ces animaux. Or un jour qu'il passait
sez superstitieux pour s'en occuper! Supposez dans une rue, une enseigne lui tomba sur la
cependant qu'on y ait pris garde, si l'enfant lêlo, et il mourut du coup : c'était l'enseigne
est long-temps à naître, et si, ayant montré d'un auberge où était représenté un cheval
la tête, le reste du corps no paraît pas de suite, noir.
— Mais il y a d'autres anecdotes. Un
comme il arrive, quelle disposition des astres bourgeoisde Lyon, riche et crédule, ayant fait
sera funeste ou favorable? sera-ce celle qui dresser son horoscope, mangea tout son bien
aura présidé à l'apparition de la tête, ou celle pendant le temps qu'il croyait avoir à vivre.
qui se sera rencontrée quand l'enfant est en- N'étant pas mort à l'heure que l'astrologue lui
tièrement né? »
— Voici quelques anecdotes avail assignée , il se vit obligé de demander
sur le compte des astrologues : Dn valet ayant l'aumône, ce qu'il faisait en disant : " Ayez
volé son maître s'enfuit avec l'objet dérobé. pitié d'un homme qui a vécu plus long-temps
On mil des gens à la poursuite, et, comme on qu'il ne croyait. » — Une dame pria un astro-
ne le trouvait pas, on consulta un astrologue. logue de deviner un chagrin qu'elle avait dans
Celui-ci, habile à deviner les choses passées, l'esprit. L'astrologue, aprèslui avoir demandé
répondit que le valet s'était échappé parce l'année, le mois, le jour et l'heure de sa nais-
que la lune s'était, trouvée, à sa naissance, en sance, dressa la figure de son horoscope, et
conjonction avec Mercure, qui protège les vo- dit beaucoup de paroles qui signifiaient peu
leurs, et que do plus longues recherches se- de chose. La daine-lui donna une pièce de
raient inutiles. Comme il disait ces mots, on quinze sous. « Madame, dit alors l'astrologue,
ATH — 58 — ATI
je découvre encore dans votre horoscope que morts, i traduit du grec en français par Gaus-
vous n'êtes pas riche. — Cela est vrai, répon- sarl, s prieur de Sainte-Foy, Paris, 1574, et
dit-elle. —Madame, poursuivit-il on considé- par | Duferrier, Bordeaux, 1577, in-8°.
ranl de nouveau les figures des astres, n'avez- Athéuaîs, —sibylle d'Erythrée. Elle pro-
vous rien perdu? —J'ai perdu, lui dit-elle, phétisait du temps d'Alexandre. Voy. SIBYLLES.
l'argent que je viens de vous donner.» — ,
Darah, l'un, des quatre fils du grand-mogol Athénoaore,—philosophestoïcien du siècle
Schah-Géhan, ajoutait beaucoup de foi aux d'Auguste. On conte qu'il y avait à Athènes
prédictions des astrologues. Un de ces doctes une fort belle maison où personne n'osait de-
lui avait prédit, au péril de sa tôle, qu'il por- meurer, à cause d'un spectre qui s'y montrait
terait la couronne. Darah comptait là-dessus. la nuit. Athénodore, étant arrivé dans celte
Comme on s'étonnait que cet astrologue osât ville, ne s'effraya point de ce qu'on disait de
garantir sur sa vie un événement aussi incer- la maison décriée, el l'acheta. — La première
tain :. «Il arrivera de deux choses l'une, ré- nuit qu'il y passa, étant occupé à écrire, il
pondit-il, ou,Darah parviendra au trône, et entendit tout à coup un bruit de chaînes, et il
vieillard hideux, chargé de fers,
ma fortune est faite ; ou il sera vaincu, et dès aperçut un
lors sa mort est certaine, et je ne redoute pas qui s'approchait de lui à pas lents. Il continua
sa vengeance. »—Heggiage, général arabe
d'écrire. Le spectre l'appelant du doigt, lui
fit signe de le suivre. Athénodore répondit à
sous le calife Valid , consulta, dans sa der-
nière,maladie, un astrologue qui lui prédit l'esprit, par un autre signe, qu'il le priait d'at-
. tendre, et continua son travail ; mais le spectre
une mort, prochaine. « Je compte tellement sur fit
votre habileté, lui répondit Heggiage, que je retentir ses chaînes à ses oreilles, et l'ob-
séda tellement que le philosophe, fatigué, se
veux vous avoir avec moi dans l'autre mondé, détermina
et. je vais vous y envoyer le premier, afin que à voir l'aventure. Il marcha avec
je puisse me servir de vous dès mon arrivée. » le fantôme, qui disparut dans un coin de là
Et il lui fit couper la têle, quoique le temps cour. Athénodore étonné arracha une poignée
fixé par les astres ne fût pas encore arrivé.— de gazon pour reconnaître le lieu, rentra dans
L'empereur Manuel, qui avait aussi des pré- sa chambre, el le lendemain il fit part aux
tentions à la science de l'aslrologio, mit eh magistrats de ce qui lui était arrivé. On fouilla
dans l'endroit indiqué; on trouva les os d'un
mer, sur la foi des astres, une flotte qui de- cadavre
vait faire des merveilles et, qui fut vaincue, avec des chaînes, on lui rendit, les
brûlée et coulée.bas. — Henri VII, roi d'An- honneurs de la sépulture, et dès ce moment,
gleterre, demandait à un astrologue s'il savait ajoute-l-on, la maison fut tranquille V Voy.
où il passeraitles fêtes de Noël. L'astrologue AYOLA et AniGNOTis.
répondit qu'il n'en savait rien. « Je suis donc Atinîus.— Tite-Live raconte que, le matin
plus habile.que toi, répondit le roi ; car je sais d'un jour où l'on représentait les grands jeux,
que Iules passeras dans la Tour de Londres. » un citoyen de Rome conduisit un de ses es-
Il l'y fit conduire en même temps. H est vrai claves à travers le cirque en le faisant battre
que c'était une mauvaise raison. •—Un astro- de verges; ce qui divertit ce grand peuple
logue regardant au visage Jean Galéas, duc romain. Les jeux commencèrent û la suite de
de Milan, lui dit : « Seigneur, arrangez vos celte parade; mais quelques jours après Ju-
affaires, car vous ne pouvez vivre long-temps. piter Capilolih apparut la nuit, en songe, à
— Comment le sais-lu ? lui demanda le duc. un homme du peuple nommé Atinius -, et lui
—: Par la connaissance des astres. —
Et loi, ordonna d'aller dire de sa part aux consuls
combien dois-tu,vivre?—Maplanète me pro- qu'il n'avait pas été content de celui qui me-
met une longue vie.— Oh bien ! lu vas voir nait la danse aux derniers jeux, et que l'on
.qu'il ne faut'pas se fier aux planètes ; » et il recommençât la fêle avec un autre danseur.—
le fit pendre sur-le-champ. Le Romain, à son réveil, craignit de se rendre
Astronomancie,—divination, par les as- ridicule en publiant ce songe; et le Tende-
tres.C'est la même chose que l'astrologie. main son fils, sans être malade, mourut su-
bitement.
Astyle,.— devin fameux dans l'histoire des rut de La nuit suivante, Jupiter lui appa-
Centaures. On trouve dans Plutarque un autre nouveau et lui demanda s'il se trou-
devin nommé Astyphile. Foy. CIMON. vait bien d'avoir méprisé l'ordre des "dieux,
ajoutant que s'il n'obéissait il, lui arriverait
Aswith, — voy. ASMOND. pis. Atinius, ne s'étant pas encore décidé à
Athénagore,—philosopheplatonicien, qui
1 Plin. jun., Epist., lib. vu, ep.'27, adSuram.
embrassa le christianisme au deuxième siècle.
" Plutarque le nomme Tu-us Lalinus dans la Vie de
On peut lire son Traité de la résurrection clés Coriolap.
>
AUB — 59 AUG
parler aux magistrats, fut frappé d'une para- Aubry (NICOLE), — possédée do Laon au
lysie qui lui ôla l'usage de ses membres. seizième siècle. Boulvôse, professeur d'hébreu
Alors il se fit porter en chaise au sénat, el ra- au collège de Montaigu, homme qui croyait
conta tout ce qui s'était passé. Il n'eut pas tout, a écrit l'histoire de celle possession, qui
plus tôt fini son récit qu'il se leva, rendu à la fit grand bruit en 1566. — Nicole Aubry, de
la santé. — Toutes ces circonstances parurent Vervins, fille d'un boucher el mariée à un tail-
miraculeuses. On comprit que le mauvais leur, allait prier sur le tombeau de son grand-
danseur élail l'esclave battu. Le maître de cet père, mortsansavoirpufairesa dernièreconres-
infortuné fut recherché el puni ; on ordonna sion ; elle crut le voir sortir du tombeau, lui de-
aussi de nouveaux jeux qui furent célébrés mandant de faire dire des messes pour le repos
avec plus de pompe que les précédents, l'an de son âme, qui était dans le purgatoire. La
de Homo 265. jeune femme en tomba malade do frayeur.
avait pris la
Atropos, — l'une des trois Parques ; c'est On s'imagina alors que le diable
elle qui coupait le fil. Hésiode la peint comme forme de Vieilliot, grand-père de Nicole, et
très-féroce ; on lui donne un vêlement noir, qu'elle était maléficiée. Si celle femme jouait
des traits ridés el un maintien peu séduisant. une comédie, elle la joua bien; car elle fit
croire à toute la ville de Laon qu'elle était
Attila, — dit le Fléau do Dieu, que saint possédée de Belzébut, de Ballazo el de plu-
Loup, évoque deTroyes, empêchade ravager sieurs autres démons. Elle disait
Champagne. Comme il s'avançait que vingt-
la sur Rome neuf diables, ayant formes de chats et taille
pour la détruire, il eut une vision : il vit en de moutons gras, l'assiégeaient de temps en
songe un vieillard vénérable, velu d'habits temps. Elle obtint qu'on l'exorcisât; et on pu-
sacerdotaux, qui, l'épôo nue au poing, le me- blia les démons s'étaient enfuis, Astaroth
naçait de le tuer s'il résistait aux prières du que
Léon le lendemain, quand le sous la figure d'un porc, Cerberus sous celle
pape ; el pape d'un chien, Belzébut sous celle d'un taureau.
vint lui demander d'épargner Rome, il répon- On
dit qu'il le ferait, et ne passa pas plus avant- ne sait trop comment juger ces faits in-
concevables, si fréquents au seizième siècle.
Paul Diacre dit, dans le livre xv de son Histoire
Nicole Aubry parvint à se faire, présenter, le
de Lombardie, que ce vieillard merveilleux
27 août 1 o66, au roi Charles IX, qui lui donna
n'était autre, selon l'opinion générale, que
dix écus d'or.
saint Pierre, prince des apôtres. — Des légen-
daires ont écrit qu'Attila était le fils d'un dé- Angerot, — sorcier. Voy. CHOHHOPIQUIS.
mon. Augures.— Les augures étaient chez les
Attouchement. — Pline dit que Pyrrhus Romains les interprôles des dieux. On les
guérissait les douleurs de rate en touchant les consultait avant toutes les grandes entrepri-
malades du gros doigt do son pied droit; et ses : ils jugeaient du succès par le vol, le
l'empereur Adrien, en touchant les hydropi- chant et la façon de manger des oiseaux: On
ques du bout de l'index, leur faisait sortir l'eau ne pouvait élire un magistrat, ni donner une
du ventre. Beaucoup de magiciens et de sor- bataille, sans avoir consulté l'appétit des pou-
ciers ont su produire également des.cures lets sacrés ou les entrailles des victimes.
merveilleuses par le simple attouchement. Annibal pressant le roi Prusias de livrer ba-
Voy. CHAUMES, ÉCUOUIÎLLUS, etc. taille aux Romains, celui-ci s'en excusa, en
AuKignè (NATHAN n'), — en latin Albineus, disant que les victimes s'y opposaient. « C'est-
fils du fameux huguenot d'Aubigné. Il était à-dire, reprit Annibal, que vous préférez l'a-
partisan de l'alchimie. Il a publié sous le ti- vis d'un mouton à celui d'un vieux général. »
tre de Bibliothèque chimique ', un recueil de — Les augures prédisaient aussi l'avenir, par
divers traités, recherché par ceux qui croient le moyen du tonnerre et des éclairs, par les
à la pierre philosophale. éclipses, et par les présages qu'on tirait de
l'apparition des comètes. Los savants n'étaient
Aubrey (JUAN), — Alberius, savant anti- pas dupes de leurs cérémonies, et Cicéïon di-
quaire anglais, mort, en 1700. Il a donné, en sait qu'il ne concevait pas que deux augures
1G9G, un livre intitulé : Mélanges sur les sujets
suivants : Fatalité de jours, fatalité de lieux, pussent se regarder sans rire.— Quelques-
présages, songes, apparitions, merveilles et uns méprisèrent, il "est vrai, la science dés
prodiges; réimprimé en 1721, avec des addi- augures ; mais ils s'en trouvèrent mal, parce
tions. que le peuple la respectait. On vint dire'.à
Claudius Pulcher, prêt à livrer bataille aux
''Bibliotheca chimica contracta ex delcctu et emen-
Carthaginois, que les poulets sacrés refusaient
iRtione Nattais Albinei, in-S". Genève, 1654 et 1673. de manger. « Qu'on les jette à la mé'r, répon-
Al) G — 60 — AU G
dit-il, s'ils ne mangent pas, ils boiront. » Mais jijeun, on tournera unanimement, ue cnevai
l'armée fut indignée de ce sacrilège, et Clau- dans c la journée, pourvu qu'on aiile à cheval.
dius perdit la bataille. — Les oiseaux ne sont Voy. 1 ORNITHOMANCIE, AIGLE, COIINIÏILLE, HI-
pas, chez nos bonnes gens, dépourvus du don BOU, i AnuswcES, etc.
de prophétie. Le cri de la chouette annonce la
Le cbànt du rossignol de joie; Auguste. — Leloyor rapporte, après quel-
mort. promet la anciens, que la mère de l'empereur Au-
le coucou donne de l'argent quand on porte ques étant enceinte de lui, eut un songe où
guste,
,
sur soi quelque monnaie le premier jour il• lui sembla que ses entraillesétaient portées
qu'on a le bonheur de l'entendre, etc. Si une dans le ciel, qui présageait la future
corneille vole devant vous, dil Cardan, elle (deur de ce gran-
son fils. Ce nonobstant, d'autres dé-
présage un malheur futur ; si elle vole à droite, monographes disent qu'Auguste élait enfant
un malheur présent ; si elle vole à gauche, un du diable. Les cabalistes n'ont pas manqué
malheur qu'on peut éviter par la prudence; si de faire de — diable
ellovolesurlalôte, elleanuoncela mort,pourvu merveillesce une Salamandre. Il y a des
dans le destin d'Auguste; etBoguel
toutefois qu'elle croasse : car, si elle garde le d'autres bons hommes, que cet
silence, elle ne présage rien. — On dil que la
conte, avec
empereur, étant sur le point de se faire procla-
science des augures passa des Cbaldéens chez maître et seigneur de tout le monde, en fut
les Grecs et ensuite chez les Romains. Elle empêché mer
par une vierge qu'il aperçut en l'air
est, défendue aux Juifs par le chapitre 29 du bras un enfant 1. — Auguste était
tenant
Lévilique. — Gaspard Peucer dil que les au- superstitieux Suétoneen ses
; rapporte '- que, comme
gures se prenaient de cinq choses : 1° du on croyait de son temps que la peau d'un
ciel ; 2° des oiseaux ; 3° des bêtes à deux
marin préservait de la foudre, il était
pieds; 4° des bêtes à quatre pieds; b,J de ce veau toujours muni d'une peau de veau ma-
qui arrive au corps humain, soil dans la mai- rin. Il eut
hors de encore la faiblesse de croire qu'un
son, soit la maison. Mais les anciens poisson qui sortait hors de la le, ri-
livres auguraux approuvés par Maïole dans mer, sur
, vage d'Actium, lui présageait le gain d'une
le. deuxième colloque, du supplément à ses bataille. Suétone
ajoute qu'ayant ensuite ren-
Jours caniculaires, portenl les objets d'augures contré ànier il lui demanda le nom de son
à douze chefs principaux selon le nombre âne; un
, que l'ânier lui ayant répondu que son
des douze signes du zodiaque : 1° l'entrée âne s'appelait Nicolas, qui signifie vainqueur
d'un animal sauvage ou domestique dans une des peuples, il
maison; 2° la rencontre d'un animal sur la route ne douta plus de la victoire; et
que, par la suite, il fil ériger des statues
ou dans la rue; 3" la chute du tonnerre; d'airain à l'ânier, à l'âne et au poisson sau-
i° un rat qui mange une savate, un renard qui tant. 11 dil même statues furent pla-
étrangle une poule, un loup qui emporte une cées dans le Capitolo. que ces
— On sait qu'Auguste
brebis, etc.; !5° un bruit inconnu entendu fui proclamé dieu de vivant, et qu'il eut
dans la maison, et qu'on attribuait à quelque des temples et dos prêtres. son
lutin; 6° le cri de la corneille ou du hibou,
(saint),—évêque d'Hippone, l'un
un oiseau qui tombe sur le chemin, etc.; desAugustin
7° un chat ou tout autre animal qui entre par plus illustres pères de l'Église. On lit
trou dans la maison; le prenait dans Jacques de Voragines une gracieuse lé-
un on pour gende
un mauvais génie; 8° un flambeau qui s'éteint sur ce grand saint : un jour qu'il était
tout seul, ce que Ton croyait une malice d'un plongé dans ses méditations, il vit passer de-
démon ; 9° le feu qui pétille. Les anciens pen- vant lui un démon qui portait un livre énorme
saient, que Vulcain leur parlait alors dans le sur ses épaules, il l'arrêta et lui demanda à
foyer; 10° ils tiraient encore divers présages voir ce que contenait ce livre. « C'est le re-
lorsque la flamme élincelail d'une manière gistre de tous les péchés des hommes, répond
extraordinaire; 11° lorsqu'elle bondissait, ils le démon ; je les ramasse où je les trouve, et
s'imaginaient que les dieux Lares s'amusaient[ je les écris à leur place pour savoir plus ai-
à l'agiter; 12° enfin, ils regardaient comme sèment ce que chacun me doit. — Montrez-
motif d'augure tristesse qui leur \ moi, dit le pieux, évêque d'Hippone, quels
un une sur- péchés j'ai faits depuis
venait tout à coup. Nous avons conservé quel- ma conversion?... »
Le démon ouvrit le livre, chercha l'article
ques traces de ces superstitions, qui ne sont. de saint Augustin, où il et
pas sans poésie '.— Les Grecs modernes tirent. cette petite note ne se trouva que
des augures du cri des pleureuses à gages. : « Il a oublié tel jour de

Ils disent que si l'on enlend braire un âne à? dire les compiles. » Le prélat ordonna au
1 Discours des sorciers, ch. 7,
1 Dictionnaire philosophique, au mot Augures. * lu Angusto, cap. ?(>.
A.UP
— fi] — A TIR
diable de l'attendre un moment; il se rendit L'évoque de Limoges envoya un membre de
à l'église, récita les compiles, et revint auprès l'officialilé pour assister, avec le vice-sénéchal
du démon, à qui il demanda de lire une se- et le conseiller de Peyrat, à l'audition du sor-
conde fois la noie. Elle se trouva effacée. — cier. — Interrogé s'il n'a pas été au sabbat
«Ah! vous m'avez joué, s'écria le diable,... de Menciras, s'il n'y a pas vu Antoine Dumons
maison ne m'y reprendraplus... » En disant ces de Saint-Laurent, chargé de fournir des chan-
mots, il s'en alla peu content1.,— Nous avons delles pour l'adoration du diable ; si lui,
dit, que saint Augustin avait réfuté le petit livre Pierre Aupetit, n'a pas tenu le fusil pour les
du Démon de Socrate, d'Apulée. On peut lire allumer, etc. ; il a répondu que non, et qu'il
aussi de ce père le traité de l'anlechrist et priait Dieu de le garder de sa figure, ce qui
divers chapitres de la Cité de Dieu, qui ont signifie, au jugement de Delancre, qu'il était
rapport au genre de merveilles dont nous nous sorcier. — Interrogé s'il ne se servait pas de
occupons. graisses, el si, après le sabbat, il n'avait pas
Aumône. — Le peuple croit en Angleterre lu dans un livre pour faire venir une troupe
que, pour les voyageurs qui ne veulent pas de cochons qui criaient et lui répondaient :
s'égarer dans leur roule, c'est une grande im- « Tiran, tiran, ramassien, ramassien, nous
prudence de passer auprès d'une vieille femme » demandons cercles et cernes pour faire
sans lui donner l'aumône, surtout quand elle » l'assemblée que nous t'avons promise; » il
regarde en face celui dont elle sollicite la pi- a répondu qu'il ne savait ce qu'on lui de-
tié 2. — Nous rapporterons sur l'aumône une mandait. — Interrogé s'il ne sait pas embar-
anecdote qui ne tient pourtant pas aux supers- rer ou désembarrer, et se rendre invisible
titions. C'est celle de cet excellent père Bri- étant prisonnier, il répond que non. •— Inter-
daine, missionnaire toujours pauvre parce rogé s'il sait dire des messes pour obtenir la
qu'il donnait tout. Un jour il alla demander à guérison des malades, il répond qu'il en sait
coucher au curé d'un village, qui n'avait dire en l'honneur des cinq plaies de notre
qu'un lit, et qui ie lui fit partager. Le père Seigneur et de monsieur saint Côme. — Pour
liridaine se leva au point du jour, selon son tirer de lui la vérité, selon les usages d'alors,
usage, pour aller prier à l'église ; en sortant on l'appliqua à la question. Il avoua qu'il
du presbytère il trouva un pauvre mendiant était allé au sabbat; qu'il lisait dans le gri-
qui lui demanda l'aumône. « Hélas ! mon ami, moire; que le diable, en forme de mouton,
je n'ai plus rien, » répondit le bon prêtre en plus noir que blanc, se faisait baiser le der-
touchant cependant son gousset, où il fut rière; que Gratoulet, insigne sorcier, lui avait
Irès-élonnê de sentir quelque chose, car il appris le secret d'embarrer, d'élancher et
n'y avait rien laissé. Il fouille vivement, d'arrêter le sang; que son démon ou esprit
trouve un. petit rouleau de quatre écus, crie familier, s'appelait Belzébut, et ,qu'il avait
miracle, donne le rouleau au mendiant, et va reçu en cadeau son petit doigt. Il déclara
remercier Dieu. Au bout d'un instant le curé qu'il avait dit la messe en l'honneur de Bel-
arrive : le père Bridaine, dans l'obscurité, zébut, et qu'il savait embarrer en invoquant
avait mis la culotte du curé pour la sienne. le nom du diable, et en mettant un liard dans
Les quatre écus étaient le bien, le seul trésor une aiguillette; il dit, de plus , que le diable
: peut-être du pauvre curé. Mais le mendiant parlait en langage vulgaire aux sorciers, et
avait disparu, il fallut bien qu'il se consolât que, quand il voulait envoyer du mal à quel-
(le la perte de
son argent, et le père Bridaine qu'un, il disait ces mots : « Vach, veeh, slest,
de la perte de
son pelil miracle. -— Une sty, stu! » 11 persista jusqu'au supplice dans
aventure semblable est attribuée à un bon ces ridicules révélations mêlées d'indécentes
curé de Bruxelles au dix-sepliôme siècle. grossièretés *. Pour comprendre ces choses,
,
Aupetlt (PIEUKE),—prêtre sorcier, du voy. l'article SABBAT.
village deFossas, paroisse de Paias, près la Aurore boréale, — espèce de nuée rare,
ville'' de Chalus, transparente, lumineuse, qui paraît la nuit
en Limousin, exécuté à l'âge
de cinquante du côté du nord. On ne saurait croire, dit
ans, le 25 mai 1598. —Il ne
voulut pas d'abord répondre au juge civil ; il Saint-Foix, sous combien de formes l'igno-
en fut référé au parlement de Bordeaux, qui rance el la superstition des siècles passés nous
ordonna que le jugelaique connaîtraitde cette ont présenté l'aurore boréale. Elle produisait
affaire, sauf à s'adjoindre
un juge d'église. des visions différentes dans l'esprit des peu-
ples, selon que ces apparitions étaient plus
,.' I-cgenda aurea Jac. de Voragine, aucta à Clau-
(hnoàKota,leg. 119.
'' Helding, Tom Jonnés, liv. xiv, ch. 2, 1 Delancre, Tableau de l'inconsUincc des mauvais
uVigcs, liv. Vi, dise. 4.
AUX — 62 — AVI
ou moins fréquentes, c'est-à-dire, selon qu'on Autun (JACQUES D'), — voy. CIIEVANES.
habitait'dés pays plus ou moins éloignés du Avenar, — astrologue qui promit aux
pôle. Elle fut d'abord un sujet d'alarmes pour Juifs, sur la foi des planètes, que leur Messie
lés peuples du nord; ils crurent leurs campa- arriverait sans faute en 4 414, ou au plus tard
gnes en feu, et l'ennemi à leur porte. Mais ce en 4 464. « II. donnait pour ses garants Sa-
phénomène devenant presque journalier, ils turne, Jupiter, l'Ecrevisse et les Poissons.
s'y sont.accoutumés. Ils disent que ce sont Tous les Juifs tinrent leurs fenêtres ouvertes
des esprits qui se querellent et qui combat- pour recevoir l'envoyé de Dieu, qui n'arriva
tent dans les airs. Celte opinion est surtout pas, soit que l'Éer.evisse eût reculé, soit que
très-accrédilée en Sibérie. Les Gro'énlandais, les Poissons d'Avenar nefussenlque des pois-
lorsqu'ils voient uneauroreboréale,s'imaginent sons d'avril '. »
que ce sont les âmes qui jouent à la boule dans Avenir. — C'est pour en pénétrer les se-
le ciel avec une (êle de baleine. — Les ha- crets qu'on a inventé tant de moyens de dire
bitants des pays qui tiennent le milieu entre la bonne aventure. Toutes les divinations ont
les terres arctiques elTexlrémjlé méridionale principalement pour objet de connaître l'a-
de l'Europe n'y voient que des sujels tristes venir.
ou menaçants, affreux ou terribles ; ce sont Averne, — marais consacré à Pluton, près
des armées en feu qui se livrent de sanglantes de Bayes. 11 en sortait des exhalaisons si in-
batailles, des tètes hideuses séparées de leur
fectes qu'on croyait que c'était l'entrée des .

tronc, des chars enflammés, des cavaliers qui enfers.


se percent de leurs lances. On croit voir des
pluies de sang, on entend le bruit de la nious- Averroès, — médecin arabe, et le plus
quelerie, le son des trompettes, présages grand philosophe de sa nation, né à Cor-
funestes de guerre et de calamités publiques. doue.dans le douzième siècle. Il s'acquit une
Voilà ce que nos pères ont aussi vu et en- si grande réputation de justice, de vertu et
tendu dans les aurores boréales. Faut-il s'é- de sagesse, que le roi de Maroc le fit juge de
tonner, après pela, des frayeurs affreuses que toute la Mauritanie. 11 traduisit Aristote en
leur causaient ces sortes de nuées quand elles arabe et composa plusieurs ouvrages sur la
,
paraissaient? -— Là Chronique de Louis XI philosophie et la médecine. Quelques démo-
l'apporte qu'en 1465 on aperçut à Paris une nographes ont voulu le mettre au nombre des
aurore boréale qui fit paraître toute la ville en magiciens, et lui donner un démon familier.
feu. Les soldats qui faisaient le guet en furent Malheureusement Averroès était un épicu-
épouvantés, et un homme en devint fou. On rien, mahométan pour la forme, et ne croyait
en porta la nouvelle au roi, qui monta à pas à l'existence des démons 2. L'empereur de
cheval et courut sur les remparts. Le bruit se Maroc, un jour, lui fit faire amende honora-
répandit que les ennemis qui étaient devant ble à la porte d'une mosquée, où tous les
Paris se retiraient et mettaient le feu à la passants eurent permission de lui cracher au
vihe. Tout le monde se rassembla en désor- visage, pour avoir dit que la religion de
dre, et on trouva que ce grand sujet dé ter- Mahomet était une religion de pourceaux.
reur n'était .qu'un phénomène.". Avicenne, — célèbre médecin arabe, mort
Ausitif, — démon peu connu qui est cité vers le milieu du onzième siècle, fameux par
dans la possession de Loudu.n, en 1643. le grand nombre et l'étendue de ses ouvra-
Auspices, —augures qui devinaient, surtout ges et par sa vie aventureuse. On peut en
quelque sorte le comparer à Agrippa. Les
par le Vol et le cha.nl des oiseaux. Voy. AU- Arabes croient qu'il maîtrisait les esprits, et
GURES, AIÎUSI'ICES, ORNITHOMANCIE, etc. qu'il se faisait servir par des génies. Comme
Automates.— On croyait autrefois que ces il rechercha la pierre philosophale, on dit en-
ouvrages de l'art étaient l'oeuvre du démon. core dans plusieurs contrées de l'Arabie qu'il
Voy. ALI)EI\T--LE-GKAND, BACON, ENCHANTE- n'est pas mort; mais que, grâce à l'élixir de
MENTS, MÉCANIQUE, etc. longue vie et à l'or potable, il vit dans une
Autopsie,— espèce d'extase où des fous retraite ignorée avec une grande puissance.
se croyaient en commerce avec les esprits. ' ——
Il a composé divers traités d'alchimie re-
cherchés des Son traité de la
Autruche. — Il est bien vrai qu'elle avale Congélation desonge-creux. la pierre et Tractatuhs de
du fer; car .elle avale tout ce qu'elle rencon- son
tre. Mais il n'est pas vrai qu'elle le digère, et 1 M. Salgues,Desi£rreursctdespréjugés,t.ler,p.90.
l'expérience a détruit cette opinion erronée ». 2 Magiam daemoniacam pleno ore ncgârunt Averroès
et alii epicurei, qui, una cnm saduceeis doemones esse
1 VoyezBrown, Des Erreurs populaires, liv. ni, ch,22, ncgarmit, (Torrehlanca, Délits magiques, Uy. li, ch. 5.1
AYM — 63 — AZA
Alchimia se trouvent dans les deux premiers Aymon (LES QUATHI! FILS). — Siècle de
volumes de YArs aurifera, Bâle, 1610. Son Charlemagne. Ils avaient un cheval merveil-
4rs chimica a été imprimé à Berne, 1572. On leux. Voy. BATAUD.
lui attribue encore, deux opuscules herméti- Ayola (YASQUÎÎS DE). —Vers 1870, un
ques insérés dans le Theatrum chimicum, et jeune homme nommé Yasquès de Ayola étant
un volume in~8°. publié à Bâle en 1372, sous allé à Bologne, avec deux de ses compagnons,
le titre de la Porte des éléments, Por(a ele- pour y étudier en droit, et n'ayant pas trouvé
menlorum. — Les livres de secrets merveil- de logement dans la ville, ils habitèrent une
leux s'appuient souvent du nom d'Avicenne grande et belle maison, abandonnée parce
pour les plus absurdes recettes. qu'il y revenait un spectre qui épouvantait
Axmomancie, — divination par le moyen tous ceux qui osaient y loger. Mais ils se
d'une hache ou cognée de bûcheron. Fran- moquèrent de tous ces récils et s'y installè-
çois de Torre-Blanca, qui en parle ', né nous rent. — Au bout d'un mois, Ayrola, veillant
dil, pas comment les devins maniaient la ha- un soir seul dans sa chambre, el ses compa-
che. Nous ne ferons donc connaître que les gnons dormant tranquillementdans leurs lils.
deux moyens employés ouverlemenldansl'an- entendit de loin un bruit de chaînes qui
tiquité et pratiqués encore dans certains pays s'approchait el qui semblait venir de l'escalier
du Nord. — 1° Lorsqu'on veut découvrir un de la maison; il se recommanda à Dieu, prit
trésor, il faut se procurer une agate ronde, un bouclier, une épée, el, tenant sa bougie en
faire rougir au feu le fer de la hache, et la main, il attendit le spectre, qui bientôt ouvrit
poser de manière que le tranchant soit bien la porle et parut. Celait un squeiette qui
perpendiculairement en l'air. On place la n'avait que les os ; il était, avec cela, chargé
pierre d'agate sur le tranchant. Si elle s'y de chaînes. Ayola lui demanda ce qu'il sou-
tient, il n'y a pas de trésor; si elle tombe, haitait: le fantôme, selon l'usage, lui-fit signe
elle roule avec rapidité ; on la replace trois de le suivre. En descendant l'escalier, la bou-
fois, et, si elle roule trois fois vers le même gie s'éteignit. Ayola eut le courage d'aller la
lieu, c'est qu'il y a un trésor dans ce lieu rallumer, et suivit le spectre, qui le mena le
môme; si elle prend à chaque fois une roule long d'une cour où il y avait un puits. Il crai-
différente, on peut chercher ailleurs. gnil qu'il ne voulût l'y précipiter, et s'ar-
— rêta ; l'esprit lui fit signe de continuer à le
2" Lorsqu'on veut découvrir des voleurs, on
pose la hache à terre, le fer en bas, et le bout suivre, et ils entrèrent dans le jardin, où le
du manche perpendiculairement en l'air. On spectre disparut. — Le jeune homme arra-
danse en rond alentour, jusqu'à ce que le cha quelques poignées d'herbe pour recon-
bout du manche s'ébranle et que la hache naître l'endroit; il alla ensuite raconter à ses
s'étende sur le soi. Le bout du manche indique compagnons ce qui lui était arrivé, et le len-
la direction qu'il faut prendre pour aller à la demain matin il en donna avis aux princi-
recherche des voleurs. Quelques-uns disent paux de Bologne. Ils vinrent sur les lieux et
que pour cela il faut que le fer de la hache y firent fouiller. On trouva un corps décharné,
; soit fiché en un pot rond : « Ce qui est ab- chargé de chaînes. On s'informa qui ce pou-
surde loul à fait, comme dit Delancre 2; car vait être; mais on ne put rien découvrir do
quel moyen de ficher une cognée dans un certain. On fit faire au mort des obsèques
pol rond, non plus que coudre ou rapiécer ce convenables, on T'enterra, et depuis ce temps
pot, si la cognée l'avait une fois mis en pièces! » la maison ne fut plus inquiétée. Ce fait, rap-
porté par Antoine de Torquemada, est encore
Aym, — voy. HAliOnïM.
une copie des aventures d'Athénodore et d'A-
\. Aymar (JACQUES), -— paysan né à Saint- rignotc.
Véran, en Dauphiné, le 8 septembre 4662,
AyperoB, — comte de l'empire infernal.
entre minuit et une heure. De maçon qu'il C'est le même qu'Ipôs. Voy. ce mot.
était il se rendit célèbre par l'usage de la
baguette divinatoire, Quelques-uns ont attri- Aïael, — l'un des anges qui se révoltèrent
bué son contre Dieu. Les rabbins disent qu'il est
rare talent à l'époque précise de sa enchaîné sur des pierres pointues, dans un
naissance; car son frère, né dans le même
mois, deux ans plus tard, endroit obscur du désert, en attendant le ju-
ne pouvait rien gement dernier.
luire avec la baguette. Voy. BAGUETTE
D.IVI-
,
KATOIHE. Aïariel, — ange qui, selon les rabbins du
Talmud, a la surintendance des eaux do la
l-pist. delict. sive de magia, lib. terre. Les pêcheurs l'invoquent pour prendre
! L'Incrédulité et mécréance, etc, i,traité
cap. 24.
5. de gros poissons.
Il A A BAA
— (iZi —
Azazel, — démon du second ordre, gar- Aicr, — ange du feu élémentaire selon les
dien du bouc. A la fête de l'Expiation, que les Guèbres. Azer esl encore le nom du père de
Juifs célébraient le dixième jour du septième Zoroastre.
mois *, on amenait au grand-prêtre deux
boucs qu'il tirait au sort; l'un pour le Sei- Azraêl ou Azraïl, — ange de la mort. On
gneur, l'autre pour Azazel. Celui sur qui tom- conte que cet ange , passant un jour sous une
bait le sort du Seigneur était immolé, et son forme visible auprès de Salomon, regarda fixe-
sang servait pour l'expiation. Le grand-prêtre ment un homme assis à côté de lui. Cet
mettait ensuite ses deux mains sur la tête de homme demanda qui le regardait ainsi, el
l'autre, confessait ses péchés et ceux du peu- ayant appris de Salomon que c'était l'ange do
ple, en chargeait cet animal, qui était alors la mort : « Il semble m'en vouloir, dit-il;
conduit dans le désert et mis en liberté; et le ordonnez, je vous prie, au vent de m'empor-
peuple, ayant laissé au bouc d'Azazel, appelé ler dans l'Inde. » Ce qui fut fait aussitôt.
aussi le bouc émissaire, le soin de ses iniqui- Alors l'ange dit à Salomon : « Il n'est pas
tés, s'en retournait en silence. — Selon Mil- étonnant que j'aie considéré cet homme avec
Ion, Azazel est le premier porte-enseigne des tant d'attention ; j'ai ordre d'aller prendre
armées infernales. C'est aussi le nom du dé- son âme dans l'Inde, el j'étais surpris de le
mon dont se servait, pour ses prestiges, l'hé- trouver près de toi en Palestine. » Voy. MORT,
rétique Marc. AMIÎ, etc.
— Mahomet citait celte histoire
1 Le septième mois chez les Juifs répondait à sep-
pour prouver que nul ne peut, échapper à su
tembre. destinée.

Baal, — grand duc dont la domination est mont Liban. Ils disent qu'elle paraît au mois
très-étendue aux enfers. Quelques démono- de mai, après la fonte des neiges. La nuit, elle
manes le désignent comme général en chef des jette de la clarté comme un petit flambeau,
armées infernales. Il était adoré des Chal- mais elle est invisible le jour; et même, ajou-
déens, des Babyloniens el des Sidoniens ; il le lent-ils, les feuilles qu'on a enveloppées dans
fut aussi des Israéliteslorsqu'ilstombèrent dans des mouchoirs disparaissent, ce qui leur fait
l'idolâtrie. On lui ofTraildesvictimeshumaines. croire qu'elle est ensorcelée, d'autant plus
On voit dans Arnobe que ses adorateurs ne lui qu'elle transmue les métaux en or, qu'cllo
donnaientpoint de sexe déterminé. Souvent, en rompt les charmes et les sortilèges, etc.—Jo-
Asie, il a été pris pour le soleil. sèpho qui admet beaucoup d'autres contes,
,
Baalbérith,—démon du second ordre, parle de celte plante dans son histoire de In
maître ou seigneur de Valliance. Il esl, selon guerre des Juifs'1. « On ne la saurait toucher
quelques démonomanes, secrétaire général sans mourir, dit-il, si on n'a dans.la main do
et conservateur des archives de l'enfer. Les la racine de la même plante ; mais on a trouvé
Phéniciens, qui.l'adoraient, le prenaient à té- un moyen de la cueiliir sans péril : on creuse
moin de leurs serments. la terre tout alentour, on attache à la racine
mise à nu un chien qui, voulant suivre celui
Baalzephon , — capitaine des gardes ou
sentinelles de l'enfer. Les Egyptiens l'ado- qui l'a attaché, arrache la plante et meurt
raient et lui reconnaissaient le pouvoir d'em- aussitôt. Après cela on peut la manier sans
pêcher leurs esclaves de s'enfuir; Néanmoins, danger. Les démons ,qui s'y logent, et qui sont
disent les rabbins, c'est pendant un sacrifice les âmes des méchants, tuent ceux qui s'en ein-
que Pharaon faisait à celte idole que les Hé- parent autrementqu e par le moyen qu'on vient
breux passèrent la mer Rouge; et on lit dans d'indiquer ; et, ce qui est merveilleux, ajoulo
le Targum que l'ange exterminateur, ayant encore Josèphe c'est qu'on met en fuite les
,
brisé les statues de tous les autres dieux ne démons des corps des possédésaussitôt qu'on
laissa debout, que Baalzephon. approche d'eux la plante baaras. »
Baaras,—plante merveilleuse, que les Ara-
1 Liv. vu, cli. 25. Elien, De Animal., liv. xlv, ch. Hi
bes appellent herbe d'or, et qui croît sur le accorde les mêmes vertus à la plante aglapliotis.
BAC — <)5
— BAC
Babailanau , —«01/. 0,\TALONOS. tiques
I de leurs bacides, « qui étaient, trois in-
Babau, — espèce d'ogre ou de fantôme , signes ; sorciers très-connus 1. »
dont les nourrices menacent les petits enfants Bacon (ROGER) — parut dans le treizième
dans les provinces du midi de la France, siècle. s
C'était un cordelier anglais. Il passa
comme on les effraye à Paris de Croquerai- ]pour magicien, quoiqu'il ait écrit contre la ma-
taine , et en Flandre de Pier-Ian Claes. Mais gie, i parce qu'il étudiait la physique et qu'il
lîab-au ne se contente pas de fouetter, il mange faisait des expériences naturelles. On lui at-
en salade les enfants qui sont méchants. tribue l'invention de la poudre. Il paraîtrait
même qu'on lui doit aussi les télescopes et les
Babel. — La tour de Babel fut élevée cent lunettes longue
quinze ans après le déluge universel. On mon-
à vue. Il était versé dans les
les ruines de cette tour auprès de Bagdad. beaux-arts, et surpassait tous ses contempo-
tre
On sait que sa construction amena la con- rains par l'étendue de ses connaissances et
— par la subtilité de son génie. Aussi on publia
fusion des langues. Le poète juif Emmanuel
, qu'il devait sa supériorité aux démons, avec
à propos de celte confusion, explique dans un
de ses sonnets comment le mol, sac est reslé qui il commerçait. — Ce grand homme croyait
à l'astrologie et à la pierre philosophale. Del-
dans tous les idiomes. « Ceux qui travaillaient
rio, qui n'en fait pas un magicien, lui repro-
à la tour de Babel avaient, dit-il, comme nos
che seulement des superstitions. Par exemple,
manoeuvres, chacun unsacpoursespetitespro- François Pic dit avoir lu dans
visions. Quand le Seigneur confondit leurs lan- , son livre des
six sciences qu'un homme pourrait devenir
gages, la peur les ayant pris, chacun voulut prophète ,
prédire les choses futures par le
s'enfuir, et demanda son sac. On ne répétait et
partout que ce mot; et c'est, ce qui l'a fait, moyen d'un miroir, que Bacon nomme ahnu-
chefi, composé suivant les règles de perspec-
passer dans toutes les langues qui se formè- tive
rent alors. » , «
pourvu qu'il s'en serve, ajoute—t-il,
sous une bonne constellation , et après avoir
Bacchus.—Nous ne rapporterons pas ici tempéré son corps par l'alchimie. » —Cepen-
les fables dont l'ancienne mythologie a orné dant AViérus l'accuse do magie goétique, et
son histoire. Nous ne faisons mention do Bac- d'autres doctes assurentque l'Antechistse ser-
chus que parce que les démonographes le re- vira de ses miroirs magiques pour faire des
gardent comme l'ancien chef du sabbat, fondé miracles. Bacon se fit, dit-on, comme Albert-
par Orphée-, ils disent qu'il le présidait sous le-Grand une androïde. C'était, assurent les
le nom de Sabaxius. « Bacchus dit Leloyer, conteurs,,
, une tète de bronze qui parlait dis-
n'était qu'un démon épouvantable et nuisant , tinctement et même qui prophétisait. On
ayant cornes en tète et javelot en main. C'é- ajoute que,, l'ayant consultée pour savoir s'il
tait le maître guide-danse 1 et dieu des sor- serailbon d'entourciT Angleterre d'un gros mur
,
ciers et des sorcières ; c'est leur chevreau, c'est d'airain, elle répondit : 11 est temps. —Les cu-
leur bouc cornu, c'est le prince des bouquins, rieux recherchent, do Roger Bacon le petit
,
satyres et silènes. Il apparaît toujours aux sor- traité intitulé Spéculum Alchiinioe, traduit en
ciers et sorcières, dans leurs sabbats, les cor- français par .1. Girard de Tournus, sous le ti-
nes en tète; et hors des sabbats, bien qu'il tre àe Miroir d'alchimie, in-12 et in-8°, Lyon,
montre visage d'homme, les sorcières ont. tou- <1ob7; Paris, '1612. Le même a traduit l'Ad-
jours confessé qu'il a le pied difforme tantôt mirable puissance de l'arkel delà nature, in-S°,
,
de corne solide comme ceux du cheval, tantôt Lyon, >155*7 Paris, '1629. Depoleslatamirabili
;
i'endu comme ceux du boeuf 2. » — Les sor- arlis et nalwee ". On ne confondra pas Ro-
ciers des temps modernes l'appellent plus gé- —
ger Bacon avec François Bacon , grand chan-
néralement Léonard, ou Satan, ou le bouc, ou celier d'Angleterre, mort
en 4 026, que Wal-
maître Rigoux. •—Ce qui sans doute appuie pole appelle
« le prophète des vérités que
celte opinion, que le démon du sabbal est le » Newton est venu révéler aux hommes.
»
même que Bacchus c'est le souvenir des or-
,
gies qui avaient lieu, aux bacchanales. Bacoti, — nom commun aux devins et aux
sorciers du ïunquin. On interroge surtout le
Baois, —devin deBéotie.Plusieurs de ceux bacoti pour savoir des nouvelles des morts. Il
qui se mêlèrent de prédire les choses futures bat le tambour, appelle le mort à grands cris,
>
portèrent le môme nom de Bacis 3. Leloyer dit se tait ensuite pendant que le défunt lui parle
'
,
que les Athéniens révéraient les vers prophé-
.
r Discours des spectres, liv. vu, cb. 2.
1 Discours des spectres, liv. vil, cli. 3. * Ce n'est qu'un chapitre de l'ouvrage intitulé : Epis-
tola luatris Rogerii Baconis de .secretis operibus artis et
J Discours des spectres, liv. vin, cli. 5. luitur-ïe et de nuUitate inagia\ In-d°. Paris, 10-J2 ; ïïam-
3 Cicerc, Do Divin., lib.,1, liourg, 1G0S et 1018, in-S".
ç cap. 34.
BAC — fi(i BAC
à l'oreille, sans se laisser voir, et donne ordi- à l'aide duquel on découvre les métaux , les
nairement de bonnes nouvelles parce qu'on sources cachées, les trésors, les maléfices et
,
les paie mieux. les voleurs. •—Il y a long-temps qu'une ba-
Bad, — génie des vents et des tempêtes guette est réputée nécessaire à certains pro-
chez lès Persans. 11 préside au vingt-deuxième diges. On en donne une aux fées et aux sor-
jour de la lune. cières puissantes. Médée Circé Mercure
, ,
Bacchus, Zoroaslre, Pythagore, les sorciers,
BaducUe, — plante dont on prétend que le de Pharaon, voulant singer la de Moïse,
fruit, pris dans du lait, glace les sens. Les ma- avaient verge
une baguette ; Romulus prophétisait
giciens l'ont quelquefois employé pour nouer avec un bâton augurai. Les Alains, et d'au-
l'aiguillette. Il suffit, dit-on, d'en faire boire tres peuples barbares,.consultaientleurs dieux
une infusion à celui qu'on veut lier. en fichant, une baguette en terre. Quelques
Bael,-—démon cité, dans h; Gnmd Grimoire, devins de village prétendent encore deviner
en tète des puissances infernales. C'est aussi beaucoup de choses avec la baguette.'Mais
par lui que "YViérus commence l'inventaire de c'est, surtout à la fin du dix-septième siècle
sa fameuse Pseudomonarchia doemonwn. Il qu'elle fit le plus grand bruit : Jacques Aymar
appelle Bael le premier roi del'enfer ; ses états la mit en vogue en 1692. Cependant, long-
sont, dans la partie orientale. Il se montre avec temps auparavant, Delrio ' avait, indiqué,
trois tètes, dont l'une a la figure d'un crapaud, parmi les pratiques superstitieuses, l'usage
l'autre celle d'un homme , la troisième celle d'une baguette de coudrier pour découvrir les
d'un chat. Sa voix est rauque ; mais il se bat voleurs; mais Jacques Aymar opérait des
très-bien. 11 rend ceux qui l'invoquent lins et prodiges si variés et qui surprirent tellement
rusés, et leur apprend le moyen d'être invi- que le père Lebrun - et le savant Malebran-
sibles au besoin. Soixante-six légions lui obéis- che 5 les attribuèrent au démon, pendant que
sent. Est-ce le même que Baal? d'autres les baptisaient du nom de physique
Boetiles •— pierres que les anciens consul- occulte ou d'électricité souterraine. — Ce ta-
taient, comme des oracles, et qu'ils croyaient lent de tourner la baguette divinatoire n'est,
,

animées. C'étaient quelquefois des espèces do donné qu'à quelques êtres privilégiés. On peut
talismans. Saturne, pensant avaler Jupiter, éprouver si on l'a reçu de la nature; rien n'est
dévora une de ces pierres emmailloltée. 11 y plus facile. Le coudrier est surtout l'arbre le
en avait de petites, taillées en forme ronde , plus propre. Il ne s'agit que d'en couper une
que l'on portail au cou ; on les trouvait sur des branche fourchue , et de tenir dans chaque
montagnes où ellestombaient avec le tonnerre. main les deux bouts supérieurs. En mettant
Souvent les baMiles étaient des statues ou le pied sur l'objet qu'on cherche, ou sur les

mandragores ; on en cite de merveilleuses, vestiges qui peuvent, indiquer cet objet, la ba-
qui rendaient des oracles, et dont la voix sif- guette tourne d'elle-même dans la main , et
flait comme celle des jeunes Anglaises. On as- c'est un indice infaillible. — Avant Jacques
sure même que quelques bieliles tombèrent di- Aymar, on n'avait employé lu baguette qu'à la
rectement du ciel; telle était la pierre noire recherche des métaux propres à l'alchimie.
de Phrygie que Soi pion Nasica amena à Rome A l'aide de la sienne, Aymar fil des merveilles.
11 découvrait les eaux souterraines, les bornes
en grande pompe.—On révérait à Sparte,
dans le temple do Minerve Chalcidique, des déplacées, les maléfices, les voleurs et les as-
Iweliles de la forme d'un casque, qui, dit-on, sassins. Le bruit de ses lalentss'étanl répandu,
s'élevaient sur l'eau au son de la trompette, il fut appelé à Lyon en 4C72 pour dévoiler
et plongeaient dos qu'on prononçait le nom un mystère qui embarrassait la justice. Le.
des Athéniens. Les prêtres disaient ces pierres 5 juillet de cette même année, sur les dix
trouvées dans l'Enrôlas '. heures du soir, un marchand dê'vin et sa
femme avaient été égorgés à Lyon, enterrés
Bagoé, — devineresse que quelques-uns
croient être la sibylle Erythrée. C'est, dil-on, dans leur cave, et lotit leur argent avait été
la première femme qui ait rendu des oracles. volé. Cela s'était fait si adroitement, qu'on ne
Elle devinait en Toscane, et jugeait surtout soupçonnait pas même les ailleurs'du.crime.
des événements par le tonnerre. Foi/. BIGOÏS. Un voisin fil venir Aymar. Le lieutenant cri-
Bague , — voy. ANNEAU. 1 Disquisit. magie, lib. ni, sect. ult.

Baguette divinatoire,—rameau fourchu losophes 2 Dans ses Lettres qui découvrent l'illusion des phi-
de coudrier, d'aune, de hêtre ou de pommier, mes, in-12, sur la baguette et qui détruisent leurs systè-
Paris, 1093, et dans son Histoire des prati-
ques superstitieuses.
1 Tome lll 1' dey Mémoires de l'Académie des inscrip- 3 Dans ses réponses au père Lebrun. On écrivit une
tions. multitude de brochures sur cette matière.
BAC — (il1 — BAC
minci et le procureur du roi le conduisirent en i passant sur un endroit où un meurtre avait
dans la cave. 11 parut très-ému en y entrant; été
<
commis; ce mal ne se dissipait qu'avec u'ir
son pouls s'éleva comme dans une grosse fiè- verre de vin'. — Aymar faisait tant de prodi-
vre;sa baguette, qu'il tenait à la main, tourna ges qu'on publia bientôt des livres sur sa ba-
rapidementdans les deux endroilsoù l'on avait guette et ses opérations. M. de Vagny, pro^
trouvé les cadavres du mari 'et de la femme. cureu-r du roi à Grenoble, fit imprimer une
Après quoi, guidé par la baguette ou par un relation intitulée : Histoire merveilleuse d'un
sentiment intérieur, il suivit les rues où les as- maçon qui, conduit par la baguette divina-
sassins avaient passé entra dans la cour de toire, a suivi un meurtrier pendant quarante-
l'archevêché, sortit, de, la ville par le pont, du cinq heures sur la terre et plus de trente sur
Rhône, et prit à main droite le long de ce l'eau. Ce paysan devint le sujet de tous-les
lleuve. — Il fut éclairci du nombre des assas- entretiens. Des philosophes ne virent, dans
sins en arrivant à la maison d'un jardinier, où les prodiges de la baguette qu'un effet des
,
il soutint opiniâtrement qu'ils étaient trois émanations des corpuscules;d'autres les attri-
qu'ils avaient entouré une table et vidé une, buèrent à Satan. Le père Lebrun fui de ce nom-
bouteille sur laquelle la baguette'tournait. Cos bre, elMalebrancheadoplason a vis.—Lefils d'il
circonstances furent, confirmées par l'aveu de grand Condé, frappé du bruit de tant de mer-
deux enfants de neuf à dix ans, qui déclarè- veilles, fit, venir Aymar à Paris. On avait volé
rent qu'en effet trois hommes de mauvaise mine à mademoiselle de Condé deux petits flam-
étaient entrés à la maison et avaient vidé la beaux d'argent. Aymar parcourut quelques
bouteille désignée par le paysan. On continua rues de Paris en faisant tourner la baguette ;
de poursuivre les meurtriers avec plus de il s'arrêta à la boutique d'un orfèvre, qui nia
confiance. La trace de leurs pas, indiquée sur le vol, else trouva très-offensé de l'accusation.
le sable par la baguette, montra qu'ils s'é- Mais le lendemain on remit à l'hôtel le prix
taient embarqués. Aymar les suivit par eau des flambeaux: quelques personnes dirent
,
s'arrètant à tous les endroits où les scélérats que le paysan l'avait envoyé pour se donner
avaient pris terre, reconnaissant les lits où ils du crédit. — Dans de nouvelles épreuves la
avaienteouché, les tables où ils s'étaient assis, baguette prit des pierres pour de l'argent ,
;
les vases où ils avaient, bu. Après avoir elle indiqua de l'argent où il n'y en avait point.

iong-lemps étonné ses-guides, il s'arrêta enfin En un mot, elle opéra avec si peu de succès
devant la prison deBeaucaire, et assura qu'il qu'elle perdit son renom. Dans d'autres expé-
y avait là un des criminels. Parmi lus prison- riences la baguette resta immobile quand il
niers qu'on amena, un bossu qu'on venait lui fallait tourner. Aymar, un peu confondu,,
d'enfermer ce jour même pour un larcin com- avoua enfin qu'il n'était qu'un imposteur
mis à la foire fui celui que la baguette dési- adroit, que la baguette n'avait aucun pouvoir,
gna. On conduisit, ce bossu clans tous-les lieux et qu'il avait cherché à gagner de l'argent par
qu'Aymar avait visités : partout il fui reconnu, ce petit charlatanisme...—Pendant ses pre-
lîn arrivant à Bagnols, il finit, par avouer quei mierssuccôs, une demoisellede Grenoble, à qui
deux Provençaux l'avaient engagé, comme; la réputation d'Aymar avait persuadé qu'elle
-
lotir valet, à tremper dans ce crime ; qu'il n'y' était douée aussi du don de tourner la ba-
avait pris aucune-pari; quesesdeux bourgeois; guette craignant que ce don ne lui vint de
avaient fait le meurtre et le vol, et lui avaientt l'esprit, malin, alla consulter le père Lebrun
donné six éctis et demi. ,
— Ce qui sembla plus 3 qui lui conseilla de prier Dieu en tenant la
étonnant encore, c'est que Jacques Aymar ne; baguette. La demoiselle jeûna et prit la ba-
,
pouvait, se trouver auprès du bossu sans éprou- guette en priant. La:baguette ne tourna plus; 1
ver de grands maux de coeur, et qu'il ne pas- d'où l'on conclut que c'était le démon m l'i-
sait pas sur un lieu où il sentait qu'un meur- magination troublée qui l'agitait. On douta
h'e avait élé commis sans se sentir l'envie deB

un-peu de la médiation du diable dès que le
vomir.— Comme les révélations du bossu con- fameux devin fut reconnu pour un charlatan.
armaientles découvertes d'Aymar, les uns ad- On lui joua surtout un tour qui décrédita-con-
, : miraient
son étoilè,'etcriaient au prodige, tan-;-; sidérablement la baguette. Le procureur du
dis que d'autres publiaient qu'il était sorcier. roi au Châtelet de Paris fit conduire Aymar
.-..
Cependant on
ne put. trouver les deux assas- dans une rue. où l'on avait assassiné un archer
s'iis, et le bossu fut
rompu vif. Dès lors plu- du guet.. Les meurtriers étaient arrêtés , oh
H ; sieurs personnes furent douées du talent do le connaissait les rues qu'ils avaient suivies, les
j Jacques Aymar, talent ignoré jusqu'à lui. Des ;s lieux où ils s'étaient cachés : la baguette resta
femmes mêmes firent tourner la baguette. Elles immobile. On fit venir Aymar dans la rue de
is
avaient des convulsions et des maux de coeur la Harpe, où l'on avait saisi
îr un voleur en fla-
'5.
BAG — (58 — BAG
g-rant délit; la perfide baguette trahit encore fortement entre ses mains? D'ailleurs, pour-
toutes les espérances.—Néanmoinsla baguette quoi le môme' homme trouvo-l-il des fontai-
divinatoire ne péril, point ; ceux qui prétendi- nes, des métaux, des assassins et des voleurs,
rent la faire tourner se multiplièrent même ; quand il est dans son pays, et ne trouve-l-il
et ce talent vint jusqu'en Belgique. Il y eut à plus rien quand il est à Paris? Tout cela n'est
Heigne près de Gosselies un jeune garçon que charlatanisme. Et ce qui détruit totale-
, ,
qui découvrit les objets cachés ou perdus au ment le merveilleux de la baguette, c'est que
moyen de la baguette de coudrier. Celle ba- tout le monde, avec un peu d'adresse, peut la
guette, disait-il, ne pouvait pas avoir plus de faire tourner à volonté. Il ne s'agit que de te-
deux ans de pousse.—Un homme, voulant nir les extrémités de la fourche un peu écar-
éprouver l'art de l'enfant de Heigne, cacha un tées, de manière à faire ressort. C'est alors la
écu au bord d'un fossé le long d'un sentier force d'élasticité qui opère le prodige. » —
,
qu'on ne fréquentait presque pas. Il fit appe- Cependant on croit encore à la baguette divi-
ler le jeune garçon, et lui promit un cscalin natoire dans le Dauphiné et dans leHainaul;
s'il pouvait retrouver l'argent perdu. Le gar- les paysans n'en négligent pas l'usage, et elle
çon alla cueillir une branche de coudrier ; el a trouvé des défenseurs sérieux. Formey, dans
tenant dans ses deux mains les deux bouts de VEncyclopédie, explique ce phénomène par le
cette baguette, qui avait la forme d'un Y, magnétisme. Ri lier, professeurde Munich, s'au-
après avoir pris différentes directions, il mar- torisait récemment des phénomènes du galva-
cha devant lui el s'engagea dans le petit sen- nisme, pour soutenir les merveilles de la ba-
tier. La baguette s'agitait plus vivement. 11 guette divinatoire; mais il n'est pas mort sans
passa le lieu où l'écu était caché; la baguette abjurer son erreur.—L'abbé de Lu Garde écri-
cessa de tourner. L'enfant revint, donc sur ses vit au commencement avec beaucoup de. foi
pas; la baguette sembla reprendre un mouve- l'histoire dos prodiges de Jacques Aymar ; en
ment très-vif; elle redoubla vers l'endroit •\ (>92 même, Pierre Garnier, docteur-médecin
qu'on cherchait. Le devin se baissa, chercha de Montpellier, voulut prouver que les opé-
dans l'herbe et trouva le petit écu, à l'admira- rations de la baguette dépendaientd'une cause
tion de tous les spectateurs. — Sur l'observa- naturelle 1; celte cause naturelle n'était, selon
tion que le bourgeois fit, pour essayer la ba- lui, que les corpuscules sortis du corps du
guette, qu'il avait perdu encore d'autre argent, meurtrier dans les endroits où il avait fait le
le jeune garçon la reprit, mais elle ne tourna meurtre et dans ceux où il avait passé. Les
plus. — On se crut, convaincu de la réalité du galeux et les pestiférés, ajoute—l—il, ne transpi-
talent de l'enfant. On lui demanda qui l'avait rent pas comme les gens sains, puisqu'ils sorit
instruit. « C'est le hasard, dit-il ; ayant un contagieux ; de même les scélérats lâchent des
jour perdu mon couteau, en gardant les trou- émanations qui se reconnaissent ; el si nous
peaux de mon père, et sachant tout ce qu'on ne les sentons pas, c'est qu'il n'est pas donné à
disait de la baguette de coudrier, j'en fis une tous les chiens d'avoir le nez.fin. Ce sont là. dit-
qui tourna, qui me fit retrouver ce que je cher- il, page 23, des axiomes incontestables. « Or,
chais et ensuite beaucoup d'autres objets per- ces corpuscules qui entrenl dans le corps de
dus. » C'était très-bien. Malheureusement l'homme muni de la baguette l'agitent telle-
d'autres épreuves, examinées do plus près, ne ment que de ses mains la matière subtile
réussirent pas, et on reconnut que la baguette passe,dans la baguelle même, et, n'en pouvant
divinatoire était là aussi une supercherie. Mais sortir assez promplement, la fait tourner ou
on y avait cru un siècle, et des savants avaient la brise : ce qui me parait la chose du monde
fait imprimer cent volumes pour l'expliquer. la plus facile à croire..; »—Le bon père Mé-
— « Faut-il rassembler des arguments pour nestrier, dans ses Réflexions sur les indica-
prouver l'impuissance de la baguette divina- tions de la baguette, Lyon, 1604, s'étonne du
toire? ajoute M. Saignes 1. Que l'on dise quel nombre de gens qui devinaient alors par ce
rapport il peut y avoir entre un voleur, une moyen à la mode. « A combien d'effets, pour-
source d'eau, une pièce de mêlai et un bâton suit-il, s'étend aujourd'hui ce talent! Il n'a
de coudrier. On prétend que la baguette tourne point de limites. On s'en sert pour juger de la
en vertu de l'attraction. Mais par quelle vertu bonté des étoffes et de la différence de leurs
d'attraction les émanations qui s'échappent prix, pour démêler les innocenlsdescoupables,
d'une fontaine, d'une- pièce d'argent ou du pour spécifier le crime. Tous les jours celte
corps d'un meurtrier tordent-elles une bran- verlu fait de nouvelles découvertes inconnues
che de coudrier qu'un homme robuste tient
1Dans sa Dissertation physique en forme de lettre a
M. deSèvre, seigneur de Fléchèrcs, etc. ln-12. Lyon ,
1 Des Erreurs et des-préjugés, etc., t. l,v, p. 1G5. 1682.
BAG — 69 — BAI
jusqu'à présent. »—Il y eut-même en 4700,à baguette ; et Cardan cite une sorcière de Pa-
Toulouse, un brave homme qui devinait avec vie qui tua un enfant en le frappant douce-
la baguette ce que faisaient des personnes ab- ment sur le dos avec sa baguette magique: '—
sentes. Il consultait la baguette sur le passé, C'est aussi avec leur baguette que les sorciers
!o présent el l'avenir; elle s'abaissait pour ré- tracent les cercles, font les conjurations et
pondre oui el s'élevait pour la négative. On opèrent de toutes les manières. Celte baguette
pouvait faire sa demande de vive voix ou doit être de coudrier, de la pousse de l'année.
mentalement; « Ce qui serait bien prodigieux, Il faut la couper le premier mercredi de la
dit le père Lebrun, si plusieurs réponses (lisez lune, entre onze heures el minuit, en pronon-
la plupart) ne s'étaient trouvées fausses 1. »— çant certaines paroles *-. Le couteau doit être
Un fait qui n'est pas moins admirable c'est neuf et retiré en haut quand on coupe. On
,
que la baguette ne tourne que sur les objets bénit ensuite la baguette., disent les formu-
où l'on a intérieurement l'intention de la faire laires superstitieux ; on écrit au gros bout le
tourner. Ainsi, quand on cherche une source, mot Agio, -]-, au milieu On f ; et Tetragam-
elle ne tournera pas sur autre chose, quoiqu'on maton -|- au petit bout, et l'on dit : Co?ijuro te
passe sur des trésors enfouis ou sur des traces cilo milii obedire, etc.
do meurtre. Pour découvrir une fontaine, il Bahaman, — génie qui, suivant les Perses,
faut mettre sur la baguette un linge mouillé : apaise la colère et, en conséquence, gouverne
si elle tourne alors c'est une preuve qu'il y les boeufs, les moutons et tous les animaux
,
a de l'eau à l'endroit qu'elle indique. Pour susceptibles d'être apprivoisés.
trouver les métaux souterrains, on enchâsse Bahir, •— titre du plus ancien livre des
successivement à la tète de la baguette di- rabbins où, suivant Buxtorf, sont traités les
verses pièces do métal, et c'est, un principe profonds mvstères de la haute cabale des
constant que la baguette indique la qualité Juifs.
du métal caché sous terre, en touchant pré-
cisément ce même métal. — Nous répétons Baïau. — Wiérus el vingt autres démono-
qu'on ne croit plus à la baguette et que graphes content que Baïan ou Bajan, fils de
cependant on s'en sert encore dans quelques , Siméon, roi des Bulgares, étaitsi grand magi-
provinces. 11 fallaitaiilrefoisqu'elle fût de cou- cien qu'il se transformait en loup quand il
drier ou de quelque autre bois spécial ; depuis, voulait pour épouvanter son peuple, et qu'il
on a employé toute sorte de bois, et même
pouvait prendre toute autre figure de bête fé-
des côtes de baleine ; on n'a plus même exigé roce, el même se rendre invisible ; ce qui n'est
possible sans l'aide de puissants démons,
que la baguette fût en fourche. — Secret de la pas
baguette divinatoire et moyen delà faire tour- comme dit Ninauld dans sa Lycanthropie.
ner, lire du Grand Grimoire, paye 872. — Baïer (JEAN-GUILLAUME),— professeur de
Dès le îno ment que le soleil paraît sur l'horizon, théologie à Altorf, mort en 4729. Il a laissé
vous prenez de la main gauche une baguette une thèse intitulée : Dissertation sur Bahe-
vierge de noisetier sauvage et la coupez de inolh et IJ.viuihan, l'éléphant et la baleine,
la droite en trois coups en , disant Je te d'après le livre de Job, chap. 40 et 44, avec la
, : «
ramasse au nom d'Éioïm, Miilralhon, Adonny réponse de Sliebcr 2. Baïer ne voyait que deux
el Sémiphoras, afin que tu aies la vertu de la animaux monstrueux dans Behemolh el Lé-
verge de Mcïse et de Jacob pour découvrir "vialhan.
tout ce que je voudrai savoir. »lil pour la l'aire Bâillement. — Les femmes espagnoles
tourner, il faut dire,- la tenant serrée dans ses lorsqu'elles bâillent, ne manquent pas de se,
mains, par les deux bouts qui font la fourche : signer quatre fois la bouche avec le
ponce, de
« Je te commande, au nom d'Kloïm, Muthra- peur que le diable n'y entre. Cette supersti-
Hion, Adonay elSémiphoras,de me révéler... tion remonte à des temps reculés et chez
»
{on indique ce qu'on veut, savoir). beaucoup de peuples on a regardé ,le bâille-
Baguette magique. — On "voit, comme ment comme une crise périlleuse.
nous l'avons dit, que toutes les.fées ou sor- Bailly (PIEMVB) , -— médecin auteur d'un
cières ont une baguette magique avec laquelle livre publié à Paris en 4634, ,in-8^, sous le
elles opèrent. Bogue.t rapporte '•, que Fran- litre de-,Songes de Pheslion, paradoxes phy-
': çoise Secrélain et Thévenne Paget faisaient siologiques, suivis d'un dialogue sur l'immor-
| mourir les bestiaux en les louchant de leur talité de l'âme.

Bistoire despratiquessuperstitieuses, t. 1T, 35". 1 Voyez Yerge roudroyante.


p. '- Dissertatio de Beliemoth et de LcviaUiau, eleplias
* Ce secret est aussi dans le Dragon
rouge, p. 85. et balrena, e .lob. 40, 41. Rcspond. G. Stcpli. Stieber
/ ' P^cours dos sereiers, cli. 30. ln-1". Altorf, 1708.. .
BAL — 70 — BAL
Balaam, —, fameux nécromancien madia- le 1 présent et l'avenir. -— Ce démon, qui était
•nite, quiHérissait vers Pan du monde 2,545. autrefois i de l'ordre des dominations, et qui
Lorsque les Israélites.errants dans le désert commande ( aujourd'hui quarante légions in-
se disposaient à passer le Jourdain , Balac, 1fernales, enseigne les ruses, la finesse, et le
roi de Moab, qui les redoutait, chargea Ba- îmoyen commode de voir sans être vu ».
laam de les maudire. Mais le magicien, ayant, septième signe du zodiaque. ;
Balance,
consulté le Seigneur, qu'il connaissait, quoi- .Ceux qui naissent —
( sous cette constellation ai- ;
qu'il servît d'autres dieux, recul une défense ment généralement l'équité. C'est, dit-on,
;
précise de céder à celle invitation ; et cepen- être né sous le signe de la Balance qu'on
pour
dant, les magnifiques présents du roi l'ayant donna à Louis X11I le
surnom de Juste. —
séduit, il se rendit à son camp. On sait que Les Persans prétendent qu'il aura au der-
y
l'ange du Seigneur arrêta son ânesse, qui lui nier jour une balance, dont les bassins seront. :
parla. Balaam après s'être irrité contre la plus grands et plus larges que la superficie
,
bêle, aperçut l'ànge, se prosterna., promit- de ries cieux, el dans laquelle Dieu pèsera les ï
>

faire ce que commanderait le Dieu d'Israël, et oeuvres des hommes. Un des bassins de cette \
parut au camp de Balac, très-embarrassé. balance s'appellera le bassin de lumière,
Lorsqu'il fut devant l'armée des Israélites,, en l'autre le bassin de ténèbres. Le livre des
présence de la cour de Balac fort surprise, bonnes oeuvres sera jeté dans le bassin de
pendant qu'on s'attendait à entendre des ma- lumière, plus brillant
que les étoiles; et le
lédictions, il se sentit inspiré d'un enthou- livre des mauvaises dans le bassin de ténè-
siasme divin et prononça malgré lui, une bres, plus horrible qu'une nuit d'orage. Le
, ,
magnifique prophétie sur les destinées glo- lléau fera connaître qui l'emportera, el à
rieuses du peuple de Dieu. 11 annonça même quel degré. C'est après cet examen que les
le Messie. Balac, furieux, le chassa; et par la corps passeront le pont étendu sur le l'eu
suite les Hébreux, ayant vaincu les Madia- éternel.
nites, firent Balaam prisonnier et le tuèrent. ...
Balcoin (MAUIE), — sorcière du pays de
Balai. — Le manche à balai est, la monture Labour qui allait, au sabbat du temps de
ordinaire des sorcières lorsqu'elles se rendent Henri TV. ,
On lui fit son procès, où elle fui !
au sabbat. Rémi conte à ce sujet que la femme convaincue d'avoir mangé, dans une assem-
d'un cordonnierallemand, ayant, sanslesavoir, blée nocturne, l'oreille d'un petit enfant 2. Elle
fourré le bout de son manche à balai dans un fut sans doute brûlée.
pot qui contenait l'onguent des sorcières, se mit
machinalement aussitôt à califourchon sur ce Baleine. — Mahomet place dans le ciel la
manche, et se sentit, transportée à Brnch, où baleine de Jouas.
se faisait le sabbat *. Elle profita de l'occa- Bali, — prince des démons et roi de l'en-
sion, se fit sorcière, et peu après fut arrêtée, fer, selon les croyances indiennes. Il sebaltit
comme telle. — Il y a sur le balai d'autres autrefois avec Wishnou, qui le précipita dans
croyances. Jamais, dans le district de Lesne- l'abîme, d'où il sort une fois par an pour faire
ven, en Bretagne , on ne balaie une maison la du mal aux hommes ; mais Wishnou y met
nuit : on y prétend que c'est en éloigner le ordre.— Les Indiens donnent aussi le nom de
bonheur1; que les âmes s'y promènent, et que Bali aux farfadets, à qui ils offrent du riz,
les mouvements d'un balai les blessent et les que ces lutins ne manquent pas dé venir man-
écartent. Ils nomment cet usage proscrit ba- ger la nuit.
laiementdes morts. Ils disent que la veille du Balles. — On a cru autrefois que certains
jour des Trépassés (2 novembre) il y a plus guerriers avaient un charme contre 1les balles,
dfâmes dans chaque maison que de grains parce qu'on tirait sur eux sans les atteindre.
de sable dans la mer et sur le rivage 2. Pour les tuer, on mettait dans les cartouches
Balan, — roi grand et terrible dans les en- des pièces d'argent, car rien ne peut ènsor-
fers.. Il a trois tôles : l'une faite comme celle, celer la monnaie,: ...-,.:--
d'un taureau, l'autre comme celle d'un homme, Baltazo, — l'un des démons de la posses-
la troisième comme colle d'un bélier. Joignez' sion de Laon. Voy. Auimy.-Il paraît que ce
à cela une queue de serpent et des yeux quii démon, ou quelque chenapan qui se fit passer
jettent de la flamme. Il se montre à cheval sur pour tel, alla souper avec le mari de Nicole
un ours, et porte un épervier au poing. Sa voix£ Aubry, la possédée, sous prétexte de combi-
est rauque et violente. Il répond sur le passé, *
>
ï, Wiems, inPseudomonarclna da?m.
.' llemigius, lib. ti. Daunon., cap. 3. - Delaucre, Tableau de l'inconstance des démons,etc.,
2 Voyage de M. Gambry dansleFinislL'ic, t, 11, p. Z'1.
!, p. 19(5, liv. l!i.
BAP — 71 — BAH
ner sa délivrance,
qu'il n'opéra pas. On re- qui
i
la passent pour la première fojs une cé-
marqua en soupant qu'il buvait très-sec; ce rémonie qu'ils appellent le baptême de la li-
qui prouve, dit Leloyer, que l'eau est con^ gne,
.
et qui consiste en une aspersion plus ou
traire aux démons '. moins désagréable, dont on évile souvent les
Balthazar, — dernier roi de Babylone, pe- ennuis par une générosité. Les personnages
tit-fils de Nabuchodonosor. Un soir qu'il pro- qui font la plaisanterie se travestissent; le
fanait dans ses orgies les vases sacrés de Jé- Père la Ligne arrive dans un tonneau, escorté
rusalem il aperçut une main qui traçait sur par un diable, un courrier, un perruquier et
,
la muraille, en lettres de feu, ces trois mots : un meunier. Le passager qui ne veut pas
Mane, ihecel, phares. Ses devins et ses astro- donner pour boire aux matelots est arrosé ou
logues ne purent expliquer ces caractères ni baigné, après avoir été poudré el frisé. On
en interpréter le sens. Il promit de grandes ne sait trop l'origine de cet. usage, ni pour-
récompenses à qui lui en donnerait Tinterprê- quoi le diable y figure.
liilion.-Ce fut Daniel qui, méprisant ses ré- Barat, — maladie de langueur, ordinaire-
compenses, lui apprit qne les trois mots si- ment le résultai d'un sort, jeté, qui conduit in-
gnifiaient que ses années étaient comptées, failliblement à la mort, et qui, selon les opi-
qu'il n'avait plus que quelques moments à nions bretonnes, est guérie par les eaux de la
vivre, el que son royaume allait être divisé. fontaine de Sainte-Candide, près de Scaer,
Tout se vérifia peu après. dans le Finistère. Il n'est pas d'enfant qu'on
Baltus (JEAN-FRANÇOIS), — savant jé- no trempe dans cette fontaine quelques jours
suite, mort en 4743. Lisez sa Réponse à l'His- après sa naissance ; on croit, qu'il vivra s'il
toire des oracles de Fontenelle, in-8°, Stras- élend les pieds, et qu'il mourra dans peu s'il
bourg, 4709, où il établit que les oracles des les relire '.
anciens étaient l'ouvrage du démon, el qu'ils Barbas, — démon. Foi/. MAIUSAS.
furent réduits au silence lors de la mission de
Jésus-Christ sur la terre. Barbatos, — grand et puissant démon,
comte-duc aux enfers, type de Robin-des-
Banians, — Indiens idolâtres répandus sur- Bois; il se montre sous la figure d'un archer
tout dans le Mogol. Ils reconnaissent un Dieu ou d'un chasseur; on le rencontre dans les
créateur; mais ils adorent le diable, qui est forêts. Quatre rois sonnent, du cor devant lui.
chargé, disent-ils, de gouverner le monde. Ils 11 apprend à deviner par le. chant des oi-
le représentent sous une horrible ligure. Le
seaux , le mugissement des taureaux , les
prêtre de ce culte marque au front, d'un si- aboiements des chiens et les cris des divers
gne jaune, ceux qui oui adoré le diable, qui animaux. Il connaît les trésors enfouis par les
dès lors les reconnaît el n'est plus si porté a magiciens. 1! réconcilie les amis brouillés. Ce
leur faire du mal 2. démon, qui était autrefois dans l'ordre des
Baptême, -r- On dit que les sorcières, dans Vertus des cieux et de celui des Dominations,
leurs cérémonies abominables, baptisent au est réduit aujourd'hui à commander trente
sabbat des crapauds el de petits enfants. Les légions infernales. 11 connaît le passé cl le
crapauds sont habillés de velours rouge, les futur -.
petits enfants de velours noir. Pour celle opé-
:;
Barbe. — Los Humains gardaient avec un
:
ration infernale, le diable urine dans un trou ; soin superstitieux leur première barbe. Néron
on prend de celte déjection avec un goupillon faisait conserver la sienne dans une boîte d'or
noir, on en jette sur la tôle de l'enfant ou du enrichie de pierreries 3.
crapaud, en faisant des signes de croix à re-
bours avec la main gauche, et disant : In Barbe-à-Dieu. — Thiers-, dans son Traité
;
rtomine patriça, mairica, araguâco petrica des superstitions, rapporte la prière dite la
agora, agora Vàlentia; ce qui veut dire : « Au Barbe-à-Dieu; c'est une prière superstitieuse
encore populaire, et qui se trouve dans divers
K
:-: nom de Patrique, de Malrique, Rôtrique-
:, d'Aragon, à cette heure, à cette heure, Va-
recueils. La voici : « Pécheurs et pécheresses,
";)
lentia. » Cette slupide impiété s'appelle le venez à moi parler. Le coeur me dut; bien
baptême du diable. trembler au. ventre, comme fait la feuille au
A
tremble, comme fait la Loisonni quand elle
Baptême de la ligne. — Lorsqu'on traverse voit qu'il faut venir sur une petite branche,
..; 'a ligne, les matelots font subir aux personnes qui n'est plus grosse ni plus membre que trois
Bise, et-liist. des spectres, liv. ni, cil. 10.
:-

„/' lïistoiredela religion desBanians,tirée de leurlivre 1 Cambry, Voyage dans le lMuis'.ère, t. HT. p. 157.
' ?'??i,. elc-. traduit dcTanglais
'-
thl;7 I.-. ° de Henry
J
Lord. Paris,
'
3-

3
Wicrus, in Pseudomonarchiad;-em.
M. Nisard, Stace.
BAH — 72 — BAR
cheveux de femme grosse ensemble. Ceux qui Barblori. — Dialogues sur la mort, el sur
la Barbe-à-Dieu sauront par-dessus la plan- les âmes séparées : Dialoghi délia morte e
che passeront, et ceux qui ne la sauront, au deW anime separate, di Barbieri. In 8°. Bo~
bout, de la planche s'assiseront, crieront,, braie- logna, 4 000. ;
ronl: « Mon Dieu, hélas! malheureux étal! » Barbu. — On appelle démon barbu le dé-
Est comme petit enfant celui qui la Barbe-à- mon qui enseigne le secret de la pierre philo-
Dieu n'apprend. » sophale. On le connaît peu. Son nom semble-
Barbeloth. — Des gnostiques , appelés rait indiquer que c'esl le même que Barbalos,
bai'bcliols ou barboriens, disaient qu'un Éon qui n'a rien d'un démon philosophe. Ce n'est
immortel avait eu commerce avec un esprit pas non plus Barbas, qui se mêle de méca-
vierge appelé Barbeloth, à qui il avait suc- nique. On dit que le démon barbu est ainsi
cessivement accordé la prescience, l'incorrup- appelé à cause de sa barbe remarquable.
tibilité et la vie éternelle; que Barbeloth un Yoy. BEIUTII.
jour, plus gai qu'à l'ordinaire, avait engendré Bareste (EUGÈNE), — auteur de la Fin des
la lumière qui, perfectionnée par l'onction de Temps et de quelques idées prophétiques dont
l'esprit, s'appela Christ; que Christ désira l'avenir dira la valeur.
l'intelligence el l'obtint.; que l'intelligence, la impos-
l'aison, l'incorruptibilité el Christ's'unirent; Barkokebas OU Barchochebas , —
Messie juif sous
que la raison et l'intelligence engendrèrent teur qui se lit passer pour le
Autogène ; qu'Autogène engendra Adamas
l'empire d'Adrien. Après avoir élé voleur de
l'homme parfait, et sa femme la connaissance, grand chemin, il changea soncelui nom de Bar-
koziba, fils du mensonge, en de Barko-
parfaite; qu'Adamas et sa femme engendrè-
kebas, fils de l'étoile, et prétendit qu'il était
rent bois ; que le premier ange engendra l'étoile annoncée
le
le Saint-Esprit, la sagesse ou Prunic; que par Balaam. 11 se mil à l'aire
des prodiges. Saint Jérôme raconte qu'il vo-
Prunic engendra Prolarchonle ou premier
missait du feu par la bouche au moyen d'un
prince, qui fut-insolent el sol; que Prolar- allumées qu'il se mettait,
chonle el Arrogance engendrèrent les vices et morceau d'éloupes
leurs branches. dans lus dents, ce que font maintenant les
toutes Les barbeliots débi- charlatans des foires. Les Juifs le reconnurent
taient ces merveilles en hébreu, el leurs cé-
pour leur Messie; il se fit couronner roi, ras-
rémonies n'étaient pas moins abominables que
leur doctrine était extravagante '. sembla une armée, et soutinl contre les Bo-
mains une guerre assez longue. Mais enfin,
Barbier. — Pline le jeune 2 avait un affran- en l'année 13fi, l'armée juive fut passée au
chi nommé Marc, homme quelque peu lettré, fil de l'épée el Barkokebas tué. Les rabbins
qui couchait dans un même lit avec son jeune assurent que, lorsqu'on voulut enlever son
frère. Mare dans le sommeil. crut voir une corps pour le porter à l'empereur Adrien, un
,
personne assise au chevet, du lit qui lui cou- serpent se présenta autour du cou de Barko-
pait les cheveux du haut de la tète. A son ré- kebas, et le fit respecter des porteurs el du
veil il se trouva rasé, el ses cheveux jetés au prince lui-même.
milieu de la chambre.
— La même chose ar- — médecin protestant
riva, dans le môme temps, à un jeune garçon duBarnaud
(NICOLAS),
seizième siècle, qui rechercha la pierre
qui dormait avec plusieurs autres dans une
philosophale. 11 a publié sur l'alchimie divers
pension. Il vit entrer par la fenêtre deux petits traités recueillis dans le troisième vo-
hommes vêtus de blanc, qui lui coupèrent les
lume du Theatrum chimiewn-, compilé par
cheveux comme il dormait. A son réveil, on
Zetzner; Strasbourg, 4639.
trouva ses cheveux répandus sur le plancher.
A quoi cela peut-il être attribué, dit Barrabas. — « Quand les sorcières sont
— «
D. Calmel:i, si ce n'est à des follets? » ou entre les mains de la justice, dit Pierre De-
aux compagnons de lit,'? — 11 y a quelques lancre ', elles font semblant d'avoir le dé-
diable-
lutins, du genre de ceux-là qui ont fait pa- leur maître en horreur, et l'appellent par
Les contes dain Barrabas ou Barrabam. »
,
reillement les fonctions de barbiers.
populaires do l'Allemagne vous apprendront Bartholin (TIIOMAS), — né à Copenhague
que les revenants peuvent ainsi faire la barbe en 4 64 9. On recherche de lui le livre De un-
aux vivants 4. gvmto armario. Ce traité de la poudre de
sympathie se ressent du temps et de la cré-
* lîergier, T)icl. tliéolog., au mot. Barbdiox. dulité de l'auteur. On y trouve cependant des
ï-ib. XVI, epist. 27.
''
: Dissertation sur les apparitions, eh. 33, l'" part. 1 Tableau de l'inconstance des mauvais ai'gf.F, etc.,
t Voyez les légendes infernales, liv. vi, dise. 3, Paris, 1012.
BAS — 73 — BAS
choses singulières et qui ne sont pas indignes Basile-Valentin, — alchimiste qui est
de quelque attention. pour
] les Allemands ce que Nicolas Flamel est
Bartbole,—juriconsulte, mort à Pérouse pour 1 nous. Sa vie est mêlée de fables qui ont
4 35(3. Il commença à mettre de l'ordre
fait croire à quelques-uns qu'il n'a jamais
en existé. On le fait vivre au douzième, au trei-
dans la jurisprudence; mais on retrouve les '
bizarreries de son siècle, dans quelques-uns zième, au quatorzième et au quinzième siè-
cle. On ajoute même, sans preuve, qu'il
de ses ouvrages. Ainsi , pour faire 'connaître
la marche d'une procédure , il imagina un
était bénédictin à Erfurl. C'est lui qui, dans
procès entre la sainte Vierge et le Diable, ses expériences chimiquesf découvrit Van-
juïé par notre Seigneur Jésus-Christ'. Les timoine, qui dut son nom à cette circons-
parties plaident en personne : le Diable de- tance, que, des pourceaux s'étant prodigieu-
mande que le genre humain rentre sous son sement engraissés pour avoir avalé ce résidu
obéissance; il fait observer qu'il en a élé le de métal, Basile en fit prendre à des religieux,
maître' depuis Adam ; il cite les lois qui éta- qui en moururent. — On conte que long-,
blissent que celui qui a élé dépouillé d'une temps après sa mort, une des colonnes de la
longue possession a le droit d'y rentrer. La cathédrale d'Erl'url s'ouvrit comme par mira-
sainte Vierge lui répond qu'il est un posses- cle, et qu'on y trouva ses livres sur l'alchi-
mie. Les ouvrages de Basile, ou du moins
seur de mauvaise foi, et que les lois qu'il cile
noie concernentpas. On épuise des deux cô- ceux qui portent son nom, écrits en haut al-
tés toutes les ressources de la chicane du qua-
lemand, ont. été traduits en latin, et quel-
torzième siècle, et le diable est débouté de ques-uns du latin en français. Les adeptes
recherchent, de lui l'Azoth J, les Douze Clefs
ses prétentions, de la philosophie de h'èré Basile Valenlin
Barton (ELISABETH), — religieuse de Kent traitant de la vraie médecine métallique 2, à,
qui prévit et révéla en 4 523 les excès où la suite de la traduction de l'Azoth, in-12,
tomberait bientôlle schisme qu'elle voyait naî- 4 600 ; in-8" 4 (369 ; Y Apocalypse chimique r,_.
,
tre en Angleterre. Les partisans de Henri VIII la Bévélation des mystères des teintures es-
s'écrièrent qu'elle, était possédée du diable. sentielles des sept métaux et de leurs vertus
La protection de Thomas Morus, loin de la médicinales'', in-4°, Paris, 4 6-46; du Micro-
sauver, la perdit : en 4 533, celte pieuse et cosme, du grand mystère du monde et de la
sainte fille fut mise à mort avec beaucoup Médecine do l'homme »; Traité chimico-phi-
d'autres, sous prétexte de sorcellerie, par les losophique des choses naturelles et surnatu-
réformés qui se vantaient d'apporter la lu- relles des minéraux et des métaux e ; Iialio-
mière el la liberté. graphie, de la préparation, de l'usage et des
Bas. — Qui a haussé un de ses bas à l'en- vertus de tous les sels minéraux, animaux et
végétaux, accueillis par Antoine Solmincius
vers, recevra dans la journée un conseil, —
probablement celui de le retourner. dans les manuscrits de Basile Valentin 7, etc.
La plupart de ces ouvrages ont fait faire des
Sasoanie, — sorte de fascination employée pas à la chimie utile.
par les magiciens grecs ; elle troublait telle— Basilic, — petit serpent, long d'un demi-
ment les yeux, qu'on voyait tous les objets à mètre, qui n'a été connu que des anciens. Il
rebours, blanches les choses noires, rontles
avait deux ergots, une tête et une crête de
les choses pointues, laides les plus jolies figu-
coq, des ailes, une queue de serpent ordi-
res , et jolies les plus laides. naire, etc. Les uns disent qu'il naît de l'oeuf
.Basile. — Michel Glycas - raconte que d'un coq couvé par un serpent ou par un cra-
l'empereur Basile, ayant perdu son fils bien-
:; aimé, obtint de le revoir peu après sa mort, ' Azoth. sive aurelûe philosopliorum. Francfort, 1613.
In-4", traduit en français en 1660.
par le moyen d'un moine magicien; qu'il le 'J- Practiea.una cum duodecim clavibus et appendice.
.
.:
vil.en effet et le tint embrassé assez long- Francfort, 1618. In-4".
l-cmps, jusqu'à ce qu'il disparût d'entre ses •' Apocalypsis chimica. Erfnrt, 1624. In-S".
,
bras. « Ce n'était donc qu'un fantôme qui -1 Manifestatio artificiorum etc. Erfurt, 1624. Tn-4"
pa- La traduction dont on indique le titre est de J. Israël.
x
.;
fut sous la forme de son fils \ » ' De microscomo, de que nragno rmrndi mysterio et
medicina hominis. Marpurg, 1G09. In-8v
Ce singulier ouvrage, inlitulé Processus Satame
1
(; Tractatus chimico-philosophicus de rébus natura-
y- L'°ntra VTirginem curam indice .lesu, est imprimé dans libus et proeternaturalibusmetallorum et mineralium.
>e Processas juïis jocoserius. In-8". Hanau, 1611, Francfort, 1676. In-8".
r.;.; ' Annal., part. 4. . 7 1-Ialiograpliia, de proeparatione, usu ac virtutibus
omnium salium mineralium, animalium ac vegetabi-
;v-f ,' 1}-
Cli. 16,
Calmet, "Dissertationdes revenants en corps, lium, ex manuscriptis Basilii Yaîenlini collecta ab An-
-
tonio Salmineio. Bologne, 1644. In-S".
BAS — 7 Ci —- -
BAS
paud. Bogue!;,, au chapitre 4 4 deses Discours autresa nations, il y eut des querelles el des
des sorciers, le fait produire, de l'accouple- guerres,
g el le mal fit de grands progrès. Dieu,
ment du crapaud et du coq, comme le mulet ou o l'Etre supérieur, touché des misères d'ici-
naît d'un âne et d'une jument. — C'est une bas, 1: envoya Jésus, son premier fils, ou la-pre-
opinion encore répandue dans les campagnes mièreinlelligence
n créée, poursauver le monde.
que les vieux coqs pondent un oeuf duquel Il I prit la figure d'un homme, fil les miracles
naitun serpent; ce petit oeuf imparfait n'est, qu'on c raconte, et, pendant la passion, il donna
comme on sait, que l'effet d'une maladie chez ssa figure à Siméon le Cyrénéen, qui fut cru-
les poules, et l'absurdité de ce conte bleu n'a cifié c pour lui, pendant que sous les traits do
plus besoin d'être démontrée. —Il est posst iSiméon il se moquait des Juifs; après quoi
bje que les anciens, dans leurs expériences, ili remonta aux cieux sans avoir été précisé-
aient pris des oeufs de serpent pour des oeufs iment connu. » — Basilide, à côté de ce sys- ;
de coq. Vog. COQ. — Quoi qu'il en soit, on 1tome étrange, enseignait encore la niélem- S
croit que le basilic lue de ses regards ' ; et psycose, et il donnait aux hommes deux âmes, t
l'on cite je ne sais quel historien qui raconte pour accorder les combats qui s'élèvent sans
qu'Alexandre-le-Grand, ayant, mis le siège, cesse entre là raison el les passions. 11 était
devant une ville d'Asie, un basilic se déclara très-habile, ojoule-l-on, dans la cabale des
pour les assiégés, se campa dans un trou des juifs, et c'est lui qui inventa le puissant talis-
remparts, et lui tua jusqu'à deux cents soldats man AbracadaUra, dont nous avons parlé, el
par jour. Une batterie de canons bien servie dont, l'usage fui long-lemps extrêmement ré-
n'eût pas fait mieux. — « il est vrai, ajoute pandu. 11 fil un évangile apocryphe el des
M. Salgues,-, que.si le basilic peut nous don- prophéties qu'il publia sous les noms.de Bar-
ner la mort, nous pouvons lui rendre la pa- cabas et- de Barcoph. 11 plaçait Dieu dans le
reille en lui présentant la surface polie d'un soleil et. révérait prodigieusement, les Irois
miroir; les vapeurs empoisonnées qu'il lance cent soixanlc-cinq révolutions de cet astre
de ses yeux iront frapper la glace el, par ré- autour de la terre. Vmj. AUIUCAX. '
flexion, lui renverront la mort qu'il voudra
Basillus. — 11 y eut à Home,'du temps de
donner. C'est Arislole qui nous apprend cette saint Grégoire, sénateur de bonne et an-
un
particularité. » — Des savants ont regardé en cienne famille, nommé Basilius, magicien,
face le serpent qu'on appelle aujourd'hui ba- scélérat sorcier, lequel, s'éianl rendu moine
el
silic, et qui n'a pas les accessoires dont les. éviter la peine de mort, fut enfin brûlé
anciens l'ont embelli, et, malgré tous les vieux pour
avec son compagnon Prélextatus, comme lui
contes, ils sont sortis bien portants de cette sénateur romain et de maison illustre
épreuve. Mais nous le répétons, le reptile au qui : « Ce
montre, dit Delancre i, que la sorcellerie
quel les modernes donnent le nom de basilic n'est
n'est sans doute pas le basilic des anciens; rustiques pas une tâche de simple .femmelette,
el idiots. »
car vail des races perdues.
Bassantin ( JACQUES ), — astrologue ÔCOS-
Basilide, —hérétique du deuxième siècle, sais qui, en 4 562 prédit à sir Boberl Mclvïl,
qui se (il un système en mêlant les principes ,
si l'on- en croit les mémoires de Jacques Mel-
de Pythagore et dé Simon, les dogmes des v.il, son frère, une partie des événements ar-
chrétiens et les croyances des juifs. 11 préten- rivés depuis à Marie Sfuart, alors réfugiée en
dit que le monde avait été créé par les an- Angleterre. Il ne fallait que pour cela que
ges, a Dieu (Abracax), disait-il, produisit l'In- quelque connaissance du temps et des hom-
telligence, laquelle produisit le Verbe, qui mes. Les autres prédictions de Bassantin ne
produisit la Prudence. La Prudence eut deux se réalisèrent pas. Son grand traité â'Astro-
iilles, la Puissance et la Sagesse, lesquelles
nomie, ou plutôt d'Astrologie, a été publié en
produisirent les vertus, les princes de l'air et français eten latin.On cherche l'édition lalinede
les anges. Les anges étaient de trois cent Genève, 4599, que les éditeurs appellent in-
soixante-cinq ordres; ils créèrent trois cent gens et doclum vohmien. Tous ses ouvrages
soixante-cinq cieux; les anges du dernier ciel présentent un mélange d'heureuses observa-
firent le monde sublunaire ; ils s'en partagè- tions et d'idées superstitieuses
rent l'empire. Celui auquel échurent les Juifs,
\
étant puissant, fit pour eux beaucoup de pro- 1 Delancre, De l'Tncoiistance des démons, etc., liv. iv,
diges ; mais, comme il voulait soumettre les p. 416.
2Astronomia Jacobi Bassantini Scoti, etc. In-fol. Ge-
nève, 1599. Paraplirase de l'astrolabe, avec une cxpli-
1 Matliiole demande comment on a su que le basilic: cation de l'usage de cet instrument. In-S". Faris, 1617.
tuait par sou regard, s'il a tué tous ceux qui l'ont vu! Super matllematica genctïiliaca; arithmetica; musica
- Des Erreurs et des préjugés, etc., t. I'-'-, p. 413. secundum Flatonem ; de mathesi in génère, etc.
BAX — 75 — BAX
Bateleurs, •— faiseurs de tours en plein air, Bayard, — cheval des quatre fils Aymon.
avaleurs de couleuvres el de baguettes, qui Il avait la laille d'un cheval ordinaire lors-
passaient autrefois pour sorciers, comme les qu'il ne portait qu'un des frères, et s'allon-
escamoteurs et même les comédiens. geait lorsqu'il les fallait porter tous quatre.
Bathym, — voy. MAltTllYM. On conte beaucoup de merveilles sur celte
Bâton du diable. — On conserve, dit-on, monture célèbre, qui se distinguait surtout,
à Tolentino, dans la marche d'Aucune, un par une
vitesse incroyable, et qui a 'laissé la'
hàlon dont on prétend que le diable a fait trace d'un de ses pieds dans la forêt de Soi-
usage. gne en Brabant.
Bâton du ton voyageur. — « Cueillez le Bayemon. — Le grimoire attribué stupide-
lendemain de la Toussaint une forte branche ment au pape Honorius donne ce nom à un
de sureau, que vous aurez soin de ferrer par roi do l'occident infernal; on le conjure par
le bas; ôtez-en la moelle; mettez à la place celle prière : « 0 roi Bayemon, très-fort, qui
les yeux d'un jeune loup, la langue et le règnes aux parties occidentales, je l'appelle et
coeur d'un chien, trois lézards verts et trois invoque au nom de la Divinité; je le com-
coeurs d'hirondelles, le tout réduit en poudre mande, en vertu du Très-Haut, de m'en-
par la chaleur du soleil, entre deux papiers voyer présentement devant ce cercle ( on
saupoudrés de salpêtre ; placez par-dessus nomme l'esprit- dont on veut se servir Passiel,
tout cela, dans le coeur du bâton, sept feuil- Bosus, etc.) et les autres esprits qui te sont
les de verveine cueillies la veille de la Saint- sujets, pour répondre à. tout ce que je leur
Jean-Baptisle, avec une pierre do diverses demanderai. Si lu no le fais, je le tourmen-
eouleui'squi se trouve dans.le nid delà huppe; terai du glaive du feu divin ; j'augmenterai
bouchez ensuite le bout du bâton avec une les peines ettebrùlerai. Obéis, roi Bayemon '. »
pomme à votre fantaisie, el soyez tissure que Bayer. — lin ]!%(.>, un curé du diocèse de
ce bâton vous garantira des brigands, des Constance., nommé Bayer, pourvu de la cure
chiens enragés, des bêtes féroces, des ani- de lUilheim, l'ut inquiété par un spectre ou
maux venimeux, des périls, el vous procurera mauvais génie qui se montrait sous la forme
la bienveillance de ceux chez qui vous loge- d'un mal velu, de mauvaise mine et
paysan
tels très-puant. Il vint frapper à
rez. ' » —: Le lecteur qui dédaigné de sa porte; étant
secrets ne doit pas oublier qu'ils ont eu,grand entré dans son poêle, il lui dit qu'il était en-
crédit, et qu'on cherche encore, dans beau- voyé le prince de Constance, son évo-
par
coup de villages, à se procurer le bàlon du que, pour certaine commission qui se trouva
bon voyageur..'... fausse. 11 demanda ensuite à manger. On lui
Batraohyte, — pierre qui, suivant que l'in- servit de la viande, du pain el du vin. Il prit
dique son nom grec, se trouve dans le corps la viande à deux mains el la dévora avec les
de la grenouille, el qui a, disent les bonnes os, disant : « Voyez comme je mange la chair
gens, de grandes vertus contre les poisons et el les os ; faites-vous de même - ? » Puis il prit
les maléfices. le vase où était le vin el l'avala d'un irait;
,
Batscum-bassa OU Batscum-pacha, — dé- il en demanda d'autre qu'il but de même.
mon turc que l'on invoque en Orient pour Après cela, il se retira sans dire adieu; el la
avoir du beau temps ou de la pluie. On se le servante, qui le conduisait à la porte, lui
rend favorable en lui offrant des tartines de ayant demandé son nom, il répondit : « Je suis,
pain grillé, dont, il est très-friand 5. né. à Bulsingue, et mon nom est George Bau-
Baume universel, — élixir composé par lin ; » ce qui était faux encore. Il passa le resle
les alchimistes : c'est, disent-ils, le remède du jour à se faire voir dans le village, et re.-*.
souverain et infallible de toutes les maladies ; vint le soir à minuit à la porte du curé en
il peut même au besoin ressusciter des morts, criant d'une voix terrible : « Monsieur Bayer ,
l'o';/. ALCHIMIE. je vous montrerai qui je suis. » — Pendant,
trois ans, il revint tous les jours vers quatre
Bavan (MADELEINE), — sorcière célèbre nuits ayant.l.e
dans les fastes du sabbat au dix-seplième heures après midi, el toutes, les
siècle. Yoy. SABBAT. point du jour. Il paraissait sous diverses for-
( mes, tantôt sous la figure d'un chien.barbet,
Baxter, — écrivain anglais qui publia, à tantôt sous celle d'un lion ou d'un autre anW.
a fin du dix-septième siècle, un livre, inti- mal terrible ; quelquefois sous la forme d!un
tulé : Certitude du monde des esprits.
1 Grimoire du pape Honorius.
1 Secrets merveilleux du Petit Albert, p. 92. :'- Dora Calmet, Traité sur les apparitions, etc., t. II,
'- Joannis Cuspiniani, De l'urcor. relig. ch. 1S.
BAZ — 76 — BEH
homme ou sous celle d'une femme ou bien sième si fois. 11 vilà la seconde fois desours et des
,
il faisait dans la maison un fracas semblable loups,
h el à la troisième des chiens el d'autres
à celui d'un tonnelier qui relie des tonneaux ; pelilsanimaux
p qui s'entre-déchiraient. —« Les
certains jours, on aurait dit qu'il voulait ren- prodiges
p que vous avez vus, lui dit-elle, sont
verser le logis par le grand bruit qu'il y eau- xune image de l'avenir : ils représentent le ca-
sait. Pour avoir des témoins, le curé lil venir ractère T de toute notre postérité. Les lions el
le marguillier et d'autres personnes du vil- 1les licornes désignent le fils qui naîtra de nous;
lage. Le spectre répandait partout une odeur 1lés loups elles ours sont ses enfants, princes
insupportable mais ne s'en allait pas. On eut vigoureux \ et avides de proie ; et les chiens,
,
recours aux exorcismes, qui ne produisirent c'est t le peuple indocile au joug de ses maîtres,
aucun effet; on résolut de se munir d'une soulevé s contre ses rois, livré aux passions des
branche,bénite le dimanche des Hameaux, et grands s el malheureuse victime des uns et des
d'une épôeaussi bénite, et de s'en servir con- autres i '. » — Au res'e, on ne pouvait mieux
Ire le spectre. On le fit deux fois, et depuis caractériser
t les rois de cette première race;
ce temps il ne revint plus. Ces choses, rap- et i
si la vision n'est qu'un conte, il est bien
portées par Dom Calmet, peuvent s'expliquer imaginé 8.
par les frayeurs qu'un garnement aura cau- Béai, — voy. BÉIHTII'.
sées au curé, frayeurs qui onl pu. lui donner
des visions. Beauvoysde Chauvincourt, —gentilhomme
angevin, fil imprimer 4 599 un volume in-
Bayer (JEAN), — ministre prolestant, né à litulé Discours de la en
1
Lycanthropie ou de la
-Augsbourg au seizième siècle. On recherche :
transmutation des hommes en loups.
de lui une thèse sur celte question : « Si l'exis-
tence des anges peut se démontrer par les seu- Bèbal,— prince de l'enfer, assez inconnu,
les lumières naturelles ' ? » loi/. PATMON.
Bayle '(FRANÇOIS), •—professeur de méde- vicules Bèehard, — démon désigné dans les Cla-
de Salomon comme ayant puissance
cine à Toulouse, mort en 1709. Nous ne cite-
les vents et les tempêtes. Il fait grêler,
rons de ses ouvrages que la Relation de l'état sur tonner el pleuvoir au moyen d'un maléfice
de quelques personnes prétendues possédées,
faite de l'autorité du parlement de Toulouse, ' qu'il ,
compose avec des crapauds fricassés et
' autres.drogues.
in—12 ; Toulouse, 4 682. Il veut prou ver que less n
démoniaques, s'ils ne sont, pas des charlatans, Bèchet, — démon que l'on conjure le ven-
sont Irès-souvent des fous ou des malades. dredi, l'o?/. COMUItATIONS.
Bazine, — célèbre reine des Tongres, qui!i Bède (LE VÉXKUAIÎI.E) , — né au septième
épousa Childéric et qui fut mère de Clovis.; siècle, dans le diocèse du Durham, en Angle-
à soixante-trois ans. On dit
s terre. mourut
Elle est représentée par les vieux historiens Il
comme une habile magicienne. On sait qu'elle e
qu'il prévit l'heure précise de sa mort. Un
était femme de Bising, roi de Tongres ; quee instant avant d'expirer, il dictait quelques
Childéric, chassé de ses états par une révolu- ,. passages qu'il voulait extraire des oeuvres de
tion et réfugié à la cour de Bising, plut à sa ;a
saint Isidore; le jeune moine qui écrivait le
femme ; que, lorsqu'il fut rétabli sur son trône, pria de se reposer parce qu'il parlait avec
Bazine quitta toul pour venir le trouver. Chil- l' peine : « Non, répondit Bède, prenez une au-
-,

déric l'épousa. Le soir de ses noces, quand lfj tre plume, et écrivez le plus vite que vous
elle fut seule avec lui, elle le pria de passer3r pourrez. » Lorsque le jeune homme eut dit :
la première nuit dans une curieuse observa- ,_ « C'est fait, — Vous avez dit la vérité, » répli-
tion. Elle l'envoya à la porte de son palais en
,n qua Bède; et il-expira. Peu de temps après sa
lui enjoignant de venir rapporter ce qu'il y Y
mort, on dit qu'il se fit voir à un moine nommé
aurait vu.— Childéric, connaissant le pouvoir )jr- Gamèle, à qui il témoigna le désir d'être en-
magique de Bazine, s'empressa d'obéir. Il ne le terré à Durham auprès de saint Culhbort. On
fut pas plutôt dehors qu'il vit d'énormes ani-;_ se hâta de le satisfaire, car on avait un grand
maux se promener dans la cour; c'étaient des es respect pour sa mémoire,
léopards, des licornes, des lions. Étonné de ce Béhémoth , —démon lourd etslupido, mal-
spectacle, il vint en rendre compte à son on gré;ses dignités. Sa force est dans ses reins,
épouse; elle lui dit, du ion d'oracle qu'elle
avait pris d'abord, de ne point s'effrayer, et les1 licornes Selon d'antres chroniques-, elle dit que les lions et
représentaient Clovis, les loups et les ours
de retourner une seconde fois et même une troi- ses enfants, et les cliiens les derniers rois de la race, qui
seraient un jour renversés du troue par les grands et le
1 An Angelorum existentia à solo luminc naturali peuple, dont les petits animaux étaient la figure.
possit demonstrari'l In-l". WiUebcrgîe, 165S. :' Dreux du Radier, Tablettes des reines de France
BEK.
- — 77 — BltK
ces domaines sont la gourmandise et les plai- « On eut beau lui dire, en prose el en vers
,
sirs du ventre. Quelques démonomanosdisent qu'il avait tort de l'attaquer, attendu qu'il lui
qu'il.est aux enfers sommelier el grand échan- ressemblait beaucoup, étant d'une laideur
son. Bodin croit 1 que'Béhémolh n'est autre horrible : rien ne l'arrêta; il commença par
chose que le Pharaon d'Egypte qui persécuta nier absolument le pouvoir de Satan, et s'en-
les Hébreux. Il est parlé de Béhémolh dans hardit jusqu'à soutenir qu'il n'existe pas. « S'il
Job, comme d'une créature monstrueuse. Des y avait un diable, disait-il, il se vengerait de
commentateurs prétendent que c'est la ba- la guerre que je lui fais. » Les ministres ses
,
leine, el d'autres que c'est l'éléphant; mais il confrères, prirent le parti dé Satan el dépo-
y eut d'autres monstres dont
les races ont sèrent Bekker. » Il avait déjà fait l'esprit
disparu. On voit dans le procès d'Urbain Gran- fort dons de précédents ouvrages. Dans l'un
dier que Béhémolh est bien un démon. Delan- de ses catéchismes, le Mets de carême-1, il
cre dit qu'on l'a pris pour un animal mons- réduisait les peines de l'enfer au désespoir des
trueux parce qu'il se donne la forme de toutes damnés, et il en bornait la durée. On l'accusa
les grosses bêtes. Il ajoute que Béhémoth se dé- de sociniànisme, et son catéchisme fut con-
guise aussi avec perfeclion en chien, en renard damné par un synode. — L'auteur alla s'éta-
et en loup. Si Wiérus, noire oracle en ce qui blir à Amsterdam, où il publia, à l'occasion de
concerne les démons, n'admet pas Béhémolh la comète de 1C80, des Recherches sur les co-
dans son inventaire de la monarchie infernale, mètes imprimées en flamand, in-8», Leu-
il dit, livre 1"'', des Prestiges des démons, cha- warde,, 4 683. — 11 s'efforce de prouver que
pitre 24,.que Béhémoth ou l'éléphant pourrait ces météores ne sonl pas des présages de mal-
bien être Satan lui-même dont on désigne heurs, el combat les idées superstitieuses que
,
ainsi la vaste puissance. Enfin, parce qu'on le peuple attache à leur apparition. Cet ou-
lit dans le chapitre 40 de Job que Béhémolh vrage fut reçu sans opposition. Il n'en fut pas
mange du foin comme un boeuf, les rabbins de même de son livre De Betooverde ivereld
ont fait, de lui le boeuf merveilleux réservé (le monde ensorcelé), imprimé plusieurs fois,
pour le festin de leur Messie. Ce boeuf est si et traduit en français sous ce titre : « LeMojule
énorme, disent-ils, qu'il avale tous les jours enchanté, ou examen des communs sentiments
le foin de mille montagnes immenses, dont il touchant les esprits, leur nature, leur pou-
s'engraissedepuislecommencemenldu monde. voir, leur administration el leurs opérations,
Il ne quitte jamais ses mille montagnes, où et touchant les effets que les hommes sont ca-
l'herbe qu'il a mangée le jour repousse la nuit pables de produire par leur communication el
pour le lendemain. Ils ajoutent que Dieu tua leur vertu ; divisé en qualre livres ; » 4 forts
la femelle de ce boeuf au commencement ; car volumes petit in-12, avec le portrait de l'au-
on ne pouvait laisser multiplier une telle race. teur 2, Anislerdam, 4 694. — L'auteur, dans
:
Les Juifs se promettent bien de la joie au festin cet ouvrage, qui'lui fit perdre sa place de mi-
où il fera la pièce de résistance. Ils jurent nistre 5, cherche à prouver qu'il n'y a jamais
par leur part du boeuf Béhémolh.
T 11 publia deux espèces de catéchisme en langue hol-
Béhérit, -— démon sur lequel on a très- landaise, Vaste, spize ile Mets de carême}, et Gesneden
brood [le Pain coupé).
peu de renseignements, à moins qu'il ne soit ?- Belîlîcr était si laid que La Monnoye fit sur lui
le même que Bérith. Voy. ce mot. 11 est cité cette épigramme :
dans la possession de Loudun. 11.avait même Oui, par toi, de Satan la puissance est bridée;
promis d'enlever la calotte du sieur commis- Mais tu n'as cependant pas encore assez fait :
Pour nous ôter du diable entièrement l'idée,
saire, et de la tenir en l'air à la hauteur de Beliker, supprime ton portrait.
deux piques; ce qui n'eut pas lieu, à sa honte 2. 3 Pendant que les ministres d'Amsterdam prenaient
le parti du diable, un ami' de. l'auteur le défendit dans
BekUer (B.M.TiiASAn), — docteur en théo- un ouvrage intitulé : Le Diable triomphant, parlant
sur le mont Parnasse ; mais le synode, qui avait déposé
.,-' logie réformée, et ministre à Amsterdam, né Bekker, ne révoqua pas sa sentence. On écrivit contre
lui une multitude de libelles. BenjaminBinet l'a réfuté
: :
en 1.634. « Ce Balthasar Bekker, grand ennemi dans un volume intitulé : Traité historique des dieux
de l'enfer éternel et du diable, et encore plus du paganisme, avec des remarques critiqués sur le sys-
:
île la précision dit Voltaire, fit beaucoup de tème de Balthasar Belilier. Delft, 1696. In-12. Ce vo-
v lume se joint ordinairement aux quatre.de Bekker-, il a
.
bruit en son temps aussi été imprimé sous le titre d'Idée générale de la
:; par son gros livre du Monde théologie païenne, servant de réfutation au système de
';'. enchanté. » Alors la sorcellerie, les posses- Balthasar Belilier, etc. Amsterdam et Trévoux, 1699.
sf>
sions, étaient en vogue dans toute l'Europe, Les autres réfutations du Mondceuchanté sont : Mel-
chioris Leydelilieri dissertatio de vulgato nuper Bek-
-y ce qui le détermina à combattre le diable. keri volumine, etc.ln-S". TJltrajecti, 1693. Bievis me-
ditatio academica de spirituum actionibus in liomines
Bémonomanie des sorciers, liv. I, cli. 1. spiritualibus, cujus doctrinal usùs contra Belikerum et
alios fanuticos exhibitur a J. Zipellio. In-S°. Francor-
Saint-Albin,Histoire des diables de Loudun. furti, 1701, etc.
BEL — 78 — 'BEL s
eu ni possédés ni sorciers ; que tout ce qu'on dil des possédées de Loudun, avec Isaacarnm et
des esprits malins n'est que superstitions, etc. Béhémoth: on le força de déloger '.
Un-peu plus tard pourtant, dans une défense de
opinions, if Belbaoh OU Belbog. — Voy. BlîI.ZÉlRiTlI.
ses admit l'existence du diable ;
mais il ajouta qu'il le croyait enchaîné dausles Béléphantès, — astrologue chaldéen qui
enfers -et'hors d'état de nuire. —Il ne fallait prédit à Alexandre, selon Diodore -de Sicile-,
pas poursuivre si sérieusement un livre que que son entrée à Babylone lui serait, funeste :
sa prolixité seule devait rendre inlisible. « 11 ce qui advint, comme chacun sait.
y a grande apparence, dil encore Voltaire, Belette. — Les anciens croyaient que la
qu'on ne le Condamna que par le dépit d'a- belette faisait ses petits par la gueule, parce
voir perdu soii temps à le lire. « qu'elle les porte souvent entre ses lèvres,
— Dans le
livre Ie""-, où premier volume, qui a quatre comme font les chattes. Plularque remarque
cents pages, l'auteur examine les sentiments que lesTliébains honoraient la belette, tandis
que les peuples ont eus dans tous les temps que les autres Grecs regardaient sa rencontre
et qu'ils ont encore aujourd'hui touchant Dieu comme un présage funeste. On prétend que sa
et les esprits ; il parle dès divinations, de l'art cendre, appliquée en cataplasme, guérit, les
magique, des manichéens et des illusions du migraines et les cataractes ; et le livre dés
diable ; il entre en matière dès le tome se- Admirables Secrets d'Alberf-le-Grand assure
cond. Ce tome ou livre second a 733 pages que, si on fait manger à un chien le coeur et
énormes'. L'auteur traite de la puissance des la langue d'une belette, il perdra incontinent
esprits, de leur influence, des effets qu'ils sont la voix. Il ajoute imprudemment un secret
capables de produire. Il prétend qu'il n'y a qu'il dit éprouvé, et qu'il certifie infaillible :
aucune raison de croire qu'il y ait des démons c'est'qu'utr amateur n'a qu'à manger le coeur
ou anges, ou vice-dieux; il s'embarrasse ce- d'une belette encore palpitant pour prédire
pendant avec les anges d'Abraham et deLoth; les choses à venir2....
il dit que le serpent qui tenta nos premiers Eèlial, — démon adoré des Sidoniens. L'en-
parents n'était pas un diable, mais un vrai fer n'a pas reçu d'esprit plus dissolu,. plus
serpent; il soutient que la tentation de No'tre- crapuleux, plus épris du vice pour le vice
Seigheur par le diable esl une allégorie, ainsi même. Si
son âme est hideuse et vile, son
que le combat du diable avec saint Michel ; extérieur est séduisant. Ha le maintien plein
que.lob ni saint Paul n'ont été louriheiil.es cor- de grâce et de dignité. 11 eut
un culte à-Sp-
porelleiiienl par diable ; il dit que les pos- dome el dans d'autres villes; mais jamais
le
on
sédés sont des malades, que les vrais diables n'osa trop lui ériger des autels. Delancre dit
sont les hommes méchants, etc. — Dans le (lue son nom signifie rebelle ou désobéissant.
troisième volume, Bekker veut démontrer, •—Wièrus, dans
son inventaire de la monar-
dans le même style prolixe, que le commerce chie de Satan, lui grand, article.
consacre un
avec le diable el les pactes des sorciers sont, « On croit, dit-il, que Béhal, l'un des i;pis de
des idées creuses ; if remarque que les livres l'enfer, été créé immédiatement après Lu-
saints ne font aucune mention d'actes de so- cifer, ela qu'il entraîna la plupart des
ciété avec le diable, que les devins de l'anti- dans la révolte aussi il fut renversé duanges ciel
:
quité étaient dés imbéciles sans talent el sans
un des premiers. Lorsqu'on l'évoque, on l'o-
pouvoir. Il se moque, dans le quatrième vo- blige par des offrandes à répondre
lume, de ceux qui croient à la. magie, et des cérité avec sin-
aux questions qu'on lui fait. Mais il
juges qui condamnent les sorciers. conte bien vite des mensonges si on ne l'ad-
Bel, — divinité suprême des Chaldéens. jure pas, au nom de Dieu, de ne direque la
W'iérus dit que c'est un vieux démon dont la vérité. Il se montre quelquefois sous la ligure
voix sonne le creux 1. Les peuples qui en d'un ange plein de beauté, assis dans un char
firent un dieu contaient qu'au commencement de feu ; il parle avec aménité; il.procuré les
le monde'n'était qu'un chaos habité par des dignités et lès faveurs, fait vivre les amis en
monstres; que Bel les tua, arrangea l'univers, bonne intelligence, donne d'habiles serviteurs.
se fil couper la tête par un de ses serviteurs, Il commande quatre-vingts légions de l'ordre
détrempa la terre avec son sang et en forma des Vertus et de l'ordre dés Àhges. Il est exact
les animaux ot les hommes. à secourir ceux qui se soumettent à lui ; s'il y
démon manquait, il est facile de le châtier,- comme fit
Belaam,, — dont on ne sait rien
sinon qu'en 4.63% il entra dans le corps d'une
1 Histoire des diables de Loudun,
* Les Admirables Secrets d'Albert-le-Grand, liv. n,
1 De Prastigiis dtem., lib. i, cap. 5. ch. 3.
Blîli — 79 — BEL
Siilornon, qui l'enferma dans une bouteille cette <
herbe avec de grandes cérémonies. Les
avec foules ses légions, » lesquelles font Une femmes
1 des druides choisissaient une jeune
année de cinq cent vingt-deux mille deux vierge qui déposait-ses vêlements èl marchait
cent qua'lre-vi'rigls démons. Il fallait, que la ià la tête des autres femmes, cherchanLl'herbe
bouteille fût de grande taille. — Mais Salomon sacrée; i quand elle l'avait trouvée, elle là
était-si puissant que, dans une autre occasion, déracinaitavecle
i
petit doigt de la main droite ;
il emprisonna pareillement six mille six cent en même temps ses compagnes coupaient dès
soixante-six millions de diables qui ne pu- branches d'arbres et les portaient à la main
rent lui résister. —Des doctes racontent en- en la suivant jusqu'au bord d'une rivière voi-
core que Salomon mit la bouteille où était sine; là on plongeait dans l'eau l'herbe pré-
lîélial dans un grand puits, qu'il referma d'une cieuse, on y trempait aussi les branches que
pierre, près de Babylone ; que les Babyloniens l'on secouait sur le visage de là jeune fille.
descendirent dans ce puits croyant y trouver Après celte cérémonie, chacun se retirait en
un trésor ; qu'ils cassèrent la bouteille , que sa maison ; seulement la jeune vierge était
tous les diables s'en échappèrent, et que Bé- obligée de faire à reculons le reste du chemin.
linl, qui avait peur d'être repris, se campa Selloc (I IÎANNIÏ), — sorcière du pays de La-
dans une idole qu'il trouva vide, et se mil à bour, prise à vingt-quatre ans, sous Henri IV.
rendre des oracles ; ce qui fit que les Baby- Pierre Delancre qui l'interrogea dit qu'elle
loniens l'adorèrent 1. ,
d'aller ,
commença au sabbat dans l'hiver
Beliohe. — C'est le nom qu'on donne au de •! 609 ; qu'elle fut présentée au diable, dont
diable à Madagascar. Dans les sacrifices,, on elle baisa le derrière, car il n'y avait que lès
;
lui jette les premiers morceaux de l'a victime, notables sorcières qui le baisassent au visage.
avec la persuasion qu'il ne fait point de mal Elle conta que le sabbat est une espèce de
tant qu'il a de quoi mettre sous la dent. bal masqué où les uns se promènent en leur
Bélier. — Le diable s'est quelquefois trans- forme naturelle, tandis que d'autres sont
mué en bélier, et des maléficiés ontsubi celle transmuées en chiens, en chats, en ânes, en
métamorphose. C'est môme sur une vieille pourceaux et autres bêtes. Voy. SAHHAT.
tradition populaire qu'-llamillon a bâti son Belmonte, — conseiller du parlement de
conte du Bélier. — 11 parait que le bélier a Provence, qui eut au pied une petite plaie où
des propriétés magiques ; car, lorsqu'on ac- la gangrène se mil; le mal gagna vite, et il en
cusa Léonora Galigaï femme du maréchal mourut. Comme il avait poursuivi les sorciers
,
d'Ancre, d'avoir l'ait, des sorcelleries, on pré- protestants et les perturbateurs réformés, lés
tendit que,.pendant qu'elle s'occupait des ma- écrivains calvinistes virent dans sa mort
léfices elle ne mangeait que des crêtes de
,
prompte un châtiment et un prodige i. C'était
coq et des rognons de bélier. au seizième siècle.
Belin (Auuïivr), — bénédictin né à Besan- Bélornanoie. — Divination par le moyen
con en 4 64 0. On recherche.parmi sus ouvra-' des flèches. On prenait plusieurs flèches, sur
-;cs : /)« le Traité des talismans, ou Figures lesquelles on écrivait des réponses relatives
astrales, dans lequel il est montré que leurs à ce qu'on voulait demander. On en mettait
effets ou vertus admirables sont naturels, en- de favorables et de contraires ; ensuite oh
semble la manière de lesfaire et de s'en servir mêlait les flèches, et on les tirait au ! hasard :
a\ec profit, in-42, Paris, 4 674. On a joint à celle que le sort' amenait était regardée
1 édition de
4 709 un traité du même auteur, comme l'organe dé la volonté des dieux. —
de la Poudre de sympathie justifiée 2° les C'était surtout avant les expéditions militaires
;
Aventures du philosophe inconnu en la recher- qu'on faisait usage de la bélomancie. Lès
l c/ie et invention de la pierre philosophale, di- Chaldéens avaient grand'foi à cette divina-
;
Msées en qu'aire livres,
au dernier desquels tion. Les Arabes devinent encore par trois
| 'I est parlé si clairement de la manière de la flèches qu'ils enferment dans un sac. Ils écri-
faire que jamais oh n'en traité
a avec tant de vent sur l'une; : Commandez-moi, Seigneur ;
< candeur. In-12; Paris, 461)4 et 467-1. sur l'autre : Seigneur, empêchez-moi, et n'é-
r Selinunoia, herbe consacrée à Belenus, crivent rien sur la troisième. La première
dont les Gaulois — flèche qui sort du sac détermine la résolution
« employaient le suc,pour em-
poisonner leurs flèches. Ils lui attribuaient la sur laquelle on délibère. Voy. FLÈCHES.
^ei'lu de faire tomber la pluie. Lorsque le Belphégor, — démon des découvertes et
P-iys était affligé d'une sécheresse, cueillait des inventions.ingénieuses. Il prend souvent
on
1 Voyez Chassanion, Des Grands et redoutables ju-
,
' Wionis, in Pseiutomôn.ateinon.' gements de Dieu. M'orges, 15SÎ, p. Gl.
BEL — 80 — BEN
un corps de jeune femme ; il donne des ri- voient v aussi sous les traits d'une femme. — 1JR ;
chesses. Les Moabites. qui l'appelaient Baal- monarque
11
des enfers, dit Palingène, in Zo-
phégor, l'adoraient sur le mont Phégor. Des diaco o vitoe, est une taille prodigieuse, assis :
rabbins disent qu'on lui rendait hommage sur s un trône immense, ayant, le front ceint
sur la chaise percée , el qu'on lui offrait l'i- d'unc bandeau de feu, la poitrine gonflée, le
gnoble résidu de la digestion. C'était digne visage > boulli, les yeux élincelants, les sourcils ;
de lui. C'est pour cela que certains doctes ne élevés( el l'air menaçant. Il a les narines ex- '
voient dansBelphégor que le dieu Pet ou Cre- 1 reniement larges, et deux grandes cornes sur 1
pilus; d'autres savants soutiennent que c'est la 1 tète; il est noir comme un Maure : deux
;
Priape. — Selden, cité par Banier, prétend grandes : ailes de chauve-souris sont attachées i
qu!on lui offrait des victimes humaines, dont à; ses épaules; il a deux larges pattes de ca- '
ses prêtres mangeaient la chair. Wiérus re- nard , une queue de lion, et de longs poils l
marque que c'est un démon qui a toujours la depuis la tète jusqu'aux pieds. — Les uns \
bouche ouverte;-observation qu'il doit sans disent que Belzébuth est encore Priape ; ;
doute au nom de Phégor, lequel signifie, selon d'autres, comme Porphyre, le confondenl avec i
Leloyer, crevasse ou fendasse, parce qu'on Bacchus. On a cru le retrouver dans le Bel- S
l'adorait quelquefois dans des cavernes, el bog, ou Belbach (dieu blanc.) des Slavons, '
qu'on lui jetait des offrandes par un soupirail. parce que son image ensanglantée était loti- ï
Bélus, •—-premier roi des Assyriens; on jours couverte de mouches, comme celle do '
dit qu'il se fil adorer dans des temples de Belzébuth chez les Syriens. On dit aussi que
c'est le même que Platon. 11 est plus vrai- :
son vivant. Il était grand astrologue : « J'ai
lu dans les registres du ciel tout ce qui doit semblable do croire que c'est Baël, que Wié- -
fait empereur des enfers; d'autant mieux ',
vous arriver, disait-il à ses enfants, et je vous rus
dévoilerai les secrets de vos destinées. » 11 que Belzébuth ne figure pas sous son nom :
rendit des oracles après sa mort. Bélus pour- dans l'inventaire de la monarchie infernale.
rait être le même que Bel. —On voit, dans les Clavicules de Salomon, i
que Belzébuth apparaît quelquefois sous do. '
Belzèhuth OU Belzèbub OU Beelzébuth,— monstrueuses formes, comme celles d'un veau
prince des démons, selon les Ecritures 1; le énorme
ou d'un bouc suivi d'une longue
premier en pouvoir el en crime après Satan, souvent, néanmoins, il se montre sous
queue;
selon Millon; chef suprême de l'empire infer- là figure d'une mouche d'une extrême
gros-
nal, selon la plupart des démonographes. — Quand il est en colère, ajoute-t-on, il
seur.
Son nom signifie, seigneur des mouches. Bodin 2 vomit des flammes et hurle
comme un loup.
prétend qu'on n'en voyait point, dans son Quelquefois enfin Astarolh apparaît à
ses i
temple. C'était la divinité la plus révérée des côtés,
sous les traits d'un âne. j

peuples de Chanaan, qui le représentaient


quelquefois sous la figure d'une mouche, le Bénèdiot (JEAN), — médecin allemand dit
plus souvent avec les attributs de la souve- seizième siècle. On lui doit un livre sur te
raine puissance. Il rendait des oracles, et le Visions el les révélationsnaturelles et, surnatu-
roi Ochozias le consulta sur une maladie qui relles, qui n'est presque pas connu '.
l'inquiétait; il en fut repris par le prophète Benoit VIII,-—cent quarante-huitième
Elisée, qui lui demanda s'il n'y avait point
pape, élu en 4 04 2, mort en 4 024. On lit dans
de Dieu en Israël, pour aller ainsi consulter Platine, cité par Leloyer et par AViérus!,
Belzébuth dans le pays des Philistins. On lui que quelque temps après sa mort, Benoît VIII
attribuait le pouvoir de délivrer les hommes apparut, monté sur un cheval noir, à un saint
des mouches qui ruinent les moissons. — évoque dans un lieu solitaire et écarté ; que
Presque tous les démonomaues le regardent l'évêque lui demanda comment il se faisait
comme le souverain du ténébreux empire ; et qu'étant mort il se montrât ainsi sur un
chacun le dépeint au gré de son imagination. cheval noir. A quoi le pape répondit que,
Millon lui donne un aspect, imposant, et une pendant vie, il avait été convoileux d'a-
haute sagesse respire sur son visage. L'un le sa
masser des biens; qu'il était en purgatoire;
fait haut comme une tour ; l'autre d'une taille mais qu'il n'était pas damné, parce qu'il avait
égale à la nôtre; quelques-uns se le figurent fait des aumônes. 11 révéla ensuite le lieu oii
sous la forme d'un serpent; il en est qui le il avait caché des richesses, et pria le saint
1 Notre Seigneur Jésus-Christ même lui donne ce
nom isaint Matthieu, ch. 12, v. 24; saint Luc, ch. 11, r Joannis Bencdicti Libellas de visionibus et reveK'i-
l»j0'
v. lui. Les scribes reprochaient au Sauveur qu'il chas- tionibus naturalibus et divinis. In-8°. Moguntioe,
sait les diables au nom de Belzébuth, prince des démons. 2 Leloyer, Discours des spectres, liv. \'l,ch. 13. VYIC-
2 Démonomanic des sorciers, liv. IV, ch. 3. rus, De Prrest., lib. ï, cap. 16.
BEN — 81 BRU
/•vèque de les distribuer aux pauvres. — aussi
; Noclicula, liérodias ou la Lune. On
Apres cela, le fantôme (selon le récit) se mon- voit, dans dos manuscrits do l'église de Cou-
ini pareillement au pape son successeur,
el sérans,
; que des dames au quatorzième siècle
le supplia d'envoyer en diligence un courrier
avaient
i le renom d'aller à cheval aux courses
•i
Odilon, abbé de Cluny, pour l'avertir qu'il nocturnes de Bensozia. Toutes, comme les
i

priât Dieu pour le repos de son âme. Odilon sorcières au sabbat, faisaient inscrire leur
:

le fit; et peu de jours après on vil un


homme nom sur un catalogue, et après cela se
lumineux entrer dans le cloître, avec d'autres croyaient fées. On remarquait encore au der-
personnes habillées de blanc, et se mettre à nier siècle, à Monlmorillon en Poitou, sur le
«enoux devant Odilon. Un religieux demanda portique d'un ancien temple, une femme en-
qui était cet homme de si haute apparence, levée par deux serpents dans les airs. C'était
qui faisait tant d'honneur à l'abbé. Il lui fut sans doute le modèle de la contenance des
répondu que c'était Benoît VIII qui, par les sorcières ou fées dans leurs courses de nuit 1.
prières d'OdiIon, jouissait de la gloire des Benthaméléon. —Titus, ayant pris Jéru-
bienheureux. salem, publia un édil. qui défendait aux .luifs
Benoit ixc, — cent cinquantième pape, élu d'observer le sabbat el de se circoncire, et
en 4 033, dans un temps
de troubles, où les qui leur ordonnait de manger toute espèce
partis se disputaient Borne. Il eut à lutter de- viande. Les Juifs consternés envoyèrent à
contre des antipapes qui l'ont fort noirci. On Titus le rabbin Siméon, qui passait pour un
a dil qu'il était magicien, et que,
renversé du homme très-habile. Siméon s'élant mis en
saint-siège par ses ennemis, il y remonta chemin avec le rabbin lîlôazar, ils rencon-
deux fois par son pouvoir magique. C'est un trèrent un diable, nommé Benthaméléon, qui
peu niais. On a dit encore avec autant de
demanda à les accompagner, leur avouant
lion sens qu'il prédisait les choses futures, et quelle était sa nature, mais se disant enclin
qu'il était habile enchanteur 1. — L'auteur à rendre service el leur promettant d'entrer
calviniste des grands el redoutables juge- dans le corps de la fille de Titus, eld'en sortir
ments de Dieu ajoute même qu'il l'ut étran- aussitôt qu'ils le lui commanderaient, afin
glé par le diable, el qu'après sa mort, son qu'ils pussent gagner l'empereur par ce pro-
âme fut condamnée à errer dans les forêts, dige. Les doux rabbins acceptèrent sa pro-
sous la l'orme d'une hèle sauvage, avec un position avec empressement; et, Benthamé-
corps d'ours à longs poils, une queue de chat léon ayant tenu parole, ils obtinrent en effet
el. une tête d'âne. Un ermite qui le rencontra la révocation de l'édil.
lui demanda pourquoi il avait celle figure. Hérande, — sorcière brûlée à Maubefi,
« .l'étais un monstre, répondit. Benoît, el vous près Beaumonl de Lomaignie, en 4 377. En
voyez mon âme telle qu'elle a toujours élé. » allant au supplice, elle accusa une demoiselle
C'est très-gracieux. Mais Benoît IX, au con- d'avoir élé au sabbat; la demoiselle le nia;
traire, mourut dans la retraite sous le cilice, Bérande lui dit : « Ne sais-tu pas que la
pieusement et saintement, en 4 Oui. C'est en- dernière fois que nous fîmes la danse, à la
core là une des victimes de la calomnie his- Croix du pâté, tu portais le pot de poison?... »
torique. lïl la demoiselle fut réputée sorcière, parce
Bensozia. — Certains canonisl.es des dou- qu'elle ne sut que répondre 2.
zième cl treizième siècles s'élèvent fortement Berbiguler. — Alexis-Vincent-Charles
contre les femmes d'alors qui allaient à une Berbiguier de Terre-Neuve du Thym, né à
espèce de sabbat, sur lequel il no nous est Carpentras, est un auteur qui vivait encore
parvenu que très-peu de notions. On disait il y a peu de temps, et qui a publié en 4 824
(pie des fées ou des démons transformés en un ouvrage dont voici le litre : Les Farfadets,
femmes s'associaient toutes les dames qui Ou tous les démons
ne sont pas de l'autre
voulaient, prendre part à leurs plaisirs; et monde, 3 vol. in-S°, ornés de huit lithogra-
(lue toutes, dames et fées ou démons, montées phies et du portrait, de l'auteur, entouré
sur des bêtes ailées, allaient de nuit faire des d'emblèmes, surmonté de cette devise : Le
: courses et des fêtes dans les airs. Elles Fléau des Farfadets. L'auteur, qui était

avaient pour chef la diablesse ou fée Benso- fou, débute par une dédicace à tous les em-
7-ia, à qui il fallait obéir aveuglément avec pereurs, rois, princes souverains des quatre
'me soumission sans réserve. C'était, dit-on parties du monde. « Réunissez vos efforts aux
,
'a Diane des anciens Gaulois ; on l'appelait
1 Dont Martin, Religion des Gaulois, t. II, p. 59 et 65.
;-
!>.ar.de, Apologie pour tous les grands personnages ?- M. Jules Garinct, Histoire de la magie en Prance,
:
«mpcoimés de magie, ch, 19. p. )3>.
fi
Blitt BEI!
— 82 ;

miens, leur dil-il, pour détruire l'influence r lYaîchissemeiils et des comestibles ; car ,
des démons, sorciers et farfadets qui désolent L urs entrailles étaient dévorées par le feu de
les malheureux habitants de vos Etals. » 11 V mfor. Elles eurent besoin de rubans de dil- :

ajoute qu'il est tourmenté par le diable depuis f renies couleurs, qu'elles ne m'ont jamais j
vingt-trois ans : et. il dil que les farfadets se r indus. Pendant huit jours que dura leur ma- !
métamorphosent sous des formes humaines E e, je fus d'une tristesse accablante. Le ï
pour vexer les hommes. Dans le chapitre 2 c uatriome jour, elles se métamorphosèrent i
de son livre, il nomme tous ses ennemis par ( a chats, venant sous mon lit pour me tour- \
leur nom, soutenant que ce sont des démons i tenter. D'autres l'ois elles venaient en chiens: \
déguisés, des agents de Belzébuth ; qu'on les j étais accablé par le miaulement des uns et
appelant infâmes et coquins, ce n'est pas eux 1 aboiement des autres. Que ces huit jours
qu'il insulte, mais les dénions qui se sont ! irent longs ! » Berbiguier s'adressa à un li-
emparés de leurs corps. « On me fait passer eur de caries, qui se chargea de combattre
pour fou, s'ôcrie-l-il ; mais si j'étais fou, mes is deux sorcières; mais il ne lui amena que
ennemis ne seraient pas tourmentés comme e nouveaux tourments. Dans les chapitres
ils le sont tous les jours par mes lardoires, uivanls, l'auteur se l'ail dire encore sa bonne
mes épingles, mon soufre , mon sel, mon vi- venlure e! se croit obsédé; il entend sans
naigre el mes coeurs de boeuf. » — Les trois :esso à ses oreilles des cris de bêtes affreuses ;
volumes sont en quelque sorte les Mémoires I a des peurs el des visions. 11 vient à Paris
de railleur, que le diable ne quille pas. Il lotir un procès, fait connaissance d'une nou-
établit le pouvoir dos farfadets; il conte, au velle magicienne, qui lui lire les caries. « Je
chapitre i, qu'il s'esl fait, dire la bonne aven- ui demandai, dit-il, si je serais toujours mal-
ture en 1796 par une sorcière d'Avignon, îcureux; elle me répondit que non; que, si
appelée la Mansotte, qui se servait pour cela !e voulais, elle me guérirait des maux pré-
du jeu de tarots. « Elle y ajouta, dit-il, une sents et à venir, et que je pouvais moi-même
cérémonie qui, sans doute, est ce qui m'a l'aire le remède.—Il faut, me dit-elle, ache-
mis entre les mains des farfadets. Elles ter une chandelle de suif chez la première
étaient deux disciples femelles de Satan ; marchande dont la boutique aura deux issues,
elles se procurèrent un tamis propre à pas- et lâcher, en payant, de vous faire rendre
ser de la farine, sur lequel on fixa une paire deux deniers. » Elle me recommanda do sor-
de ciseaux par les pointes. Un papier blanc tir ensuite par la porle opposée à celle par
plié était posé dans le tamis. La Mansotte et laquelle je serais entré, et de jeter les deux
moi nous tenions chacun un anneau des ci- deniers en l'air : ce que je fis. Je fus grande-
seaux , de manière que le tamis était, par ce ment surpris d'entendre le son de deux écus
moyen, suspendu en l'air. Aux divers mou- au lieu de celui des deux deniers. L'usage
vements du tamis, on me faisait des questions qu'elle me dit de faire de la chandelle l'ut
qui devaient servir de renseignements à ceux d'allumer d'abord mon feu, de jeter dedans
qui voulaient me mettre en leur possession. du sel, d'écrire sur un papier le nom de la
Les sorcières demandèrent trois pois : dans première personne qui m'a persécuté, de pi-
l'un elles enfermèrent quelques-uns des la- quer ce papier dans tous les sens, d'en enve-
rots jetés sur la table, et préférablemenl. les lopper la chandelle en l'y fixant avec une
caries à figures. Je les avais tirées du jeu les épingle, el de la laisser brûler entièrement
yeux bandés. Le second pol fut garni de sel, ainsi. Aussitôt que j'eus tout exécuté, ayant
do poivre et d'huile; le troisième de laurier. eu la précaution de m'armer d'un couteau
Les trois pots, couverts, furent déposés dans en cas d'attaque, j'entendis un bruit effroya-
une alcôve, el les sorcières se retirèrent pour ble dans le luyau de ma cheminée; je m'ima-
attendre l'effet... Je rentrai chez moi à dix ginai que j'étais au pouvoir du magicien Mo-
heures du soir ; je trouvai mes trois croisées reau, que j'avais consulté à Paris. Je passai
ouvertes , et j'entendis au-dessus de ma tête la nuit à alimenter le feu, en y jetant de
un bruit extraordinaire. J'allume mon flam- grosses poignées de sel et de soufre, pour
beau ; je ne vois rien. Le bruit que j'entendais prolonger le supplice de mes ennemis... » —
ressemblait au mugissement des bêtes féroces ; M. Berbiguier fit neuf jours de suite la même
il dura toute la nuit. Je souffris trois jours opération, sans se voir débarrassé des farfa-
diverses tortures, pendant lesquelles les deux dels et magiciens. — Les trois volumes sont-
sorcières préparaient leurs maléfices. Elles partout de cette force, et nous ne dirons rien
ne cessèrent, tant que dura leur manège, de de trop en rangeant cet ouvrage parmi les
me demander de l'argent. 11 fallait aussi que plus extravagantes productions. L'auteur se
je fusse là pour leur donner du sirop, des croyait en correspondance avec des sorciers
BIÏR — s:i — BEI!
et des démons. 11 rapporte des lettres faites à cheval à l'entrée d'une forêt du Mans, ren-
par des plaisants assez malhabiles , el qu'il versa un vieux berger qui croisait sa roule,
attribue à Lucifer, à Bolhomago ol à d'autres et ne s'arrêta pas pour relever le bon homme.
dont elles portent les signatures. En voici une Le berger, se tournanl vers le voyageur, lui
qu'il a transcrite scrupuleusement : cria qu'il se souviendrait de lui. L'homme à
cheval ne fil pas d'abord attention à cette
A M. Berbiguier.
menace; mais bientôt, réfléchissant que le
« Abomination
de la déteslalion, tremble- berger pouvait lui jeter un maléfice, el tout
ment de terre, déluge, tempête, vent, comète, au moins l'égarer, il eut regret de n'avoir pas
planète, Océan, (lux, reflux, génie, sylphe, élé plus honnête. — Comme il s'occupait de
faune, satyre, Sylvain, adriadeel amadriade! ces pensées, il entendil marcher derrière lui :
» Le mandataire du
grand génie du bien el il se retourne et entrevoit, un spectre nu, hi-
du mal, allié de Belzébuth el de l'enfer, com- deux, qui le poursuit... C'est sûrement un
pagnon d'armes d'Aslarolh, auteur du péché fantôme envoyé par le berger... Il pique son
originel el ministre du Zodiaque, a droit de cheval, qui ne peut plus courir. Pour comble
posséder, de tourmenter, de piquer, de pur- de frayeur, le spectre saule sur la croupe
ger, de rôtir, empoisonner, poignarder et lili- du cheval, enlace de ses deux longs bras le
fier le très-humble el Irès-patient vassal corps du cavalier, el se met à hurler. Le
Berbiguier, pour avoir maudit la Irès-hono- voyageur fait de vains efforts pour se dégager
rable et. indissoluble société magique: en foi du monstre, qui continue de crier d'une voix
de quoi nous avons fait apposer les armes de rauque. Le cheval s'effraie el cherche à jeter

la société. à terre sa double charge ; enfin une ruade do
» Eail au soleil, en face de la lune, le grand l'animal renverse le spectre, sur lequel le
officier, ministre plénipotentiaire, le 5848e cavalier ose à peine jeter les yeux. Il a une
jour et la 581 i)e heure de nuit, grand'eroix el barbe sale, le teint pâle, les yeux hagards;
tribun de la société magique. Le présent pou- il fait d'effroyables grimaces... Le voyageur
voir aura son effet sur son ami Coco. (C'était fuit au plus vile : arrivé au prochain village,
l'écureuil de M. Berbiguier.) il raconte sa mésaventure. On lui apprend
»TllÉSAUl\OClIHYSO.MCOCIIKYSIl)KS. que le spectre qui lui a causé tant de frayeur
» Par son excellence le secrétaire,
est un fou échappé qu'on cherche depuis
PlNClllClll-PlNCllI. quelques heures 1. — Les maléfices de ber-
»
"30 mars ISIS. gers ont ou quelquefois des suites plus fâ-
i;P. S. Dans huit jours lu seras en ma puis- cheuses. Un
boucher avait acheté des mou-
malheur à toi si tu fais paraître ton tons sans donner le pourboire au berger de
sance; la ferme. Celui-ci se vengea; en passant le
ouvrage ! »
pont qui se trouvait sur leur roule, les mou-
Bérenger, — hérétique du onzième siècle. lons se ruèrent dans l'eau la lète la première.
Guillaume de Malmesbury raconte ' qu'à son On conte aussi qu'un certain berger avait
lil de mort Bérenger recul la visite de son —
fait un sort avec la corne des pieds de ses
ancien ami Fulbert, lequel recula devant le bêtes, comme cela se pratique parmi eux
lit où gisait le malade, disant qu'il n'en pou- pour conserver les troupeaux en santé. 11
vait approcher, parce qu'il voyait auprès de portail ce sort dans sa poche
: un berger du
lui un horrible et grand démon très-puant. voisinage parvint à le lui escamoter; et,
Les uns disent qu'on chassa ce démon; d'au-
comme il lui en voulait depuis long-temps, il
tres assurent qu'il tordit le cou à l'hérétique mit le sort en pondre cl l'enterra dans une
mal converti et l'emporta. fourmilière avec une taupe, une grenouille
Bergers. — On est encore persuadé, dan- verte et une queue de morue, en disant. :
beaucoup de villages, que les bergers com- maudilion, perdition, destruction; et au bout
mercent avec le diable, et qu'ils font adroi- de neuf jours il déterra son maléfice ol le se-
tement des maléfices. Il est dangereux, as- ma dans l'endroitoù devait paître le troupeau
sure-l-on, de passer près d'eux sans le: de son voisin, qui fut détruit. — D'autres
saluer ; ils fourvoient loin de sa roule le voya- bergers, avec trois cailloux pris en différents
geur qui les offense, font naître des orage: ; cimetières et certaines paroles magiques, don-
devant ses pas et des précipices à ses pieds nent des dyssenleries, envoient la gale à leurs
On conte là-dessus beaucoup d'histoires ter ennemis et font mourir autant d'animaux
l'ibles. Voy. DAMS. j
— Un voyageur, passai! l qu'ils souhaitent. C'est toujours l'opinion des
lu Historiâ Anglôr. sub Gulliclmo I, 1 MadameGabrielledcP'*',lIist. dcsFantOrnes,elc,
p. 9.05.
G.
BER — S/i- — . BEI!
gens de village. Quoique ces pauvres gens vailles qui lui valaient, quelque chose
>
»
ne sachent pas lire, on craint si fort leur sa- — L'historien semble croire que ce lutin était ;
voir et leur puissance, dans quelques lia- une i mandragore i. Les cabalisles n'y voient
meaux, qu'on a soin de recommander aux autre : chose qu'un sylphe. \
voyageurs de ne pas les insulter, et de passer Berna.(BJÏNEI)ETTO), —sorcier qui, au rap- î
auprès d'eux sans leur demander quelle heure port de Bodin 2 et de quelques autres démo- i
il est, quel temps il fera, ou telle autre chose nographes,
semblable, si l'on ne veut avoir des nuées, avoua, à l'âge de quatre-vingts
ans, qu'il avait eu des liaisons pendant qua- \
être noyé par des orages, courir de grands rante années démon qu'il nommait i
avec
périls, et se perdre dans les chemins les plus llermione Hermeliue, et qu'il menaitun
ou I
ouverts. —Il est bon de remarquer que, dans tout avec lui sans que personne l'aperçûtpar-il ï
1ous leurs maléfices, les bergers emploient s'entretenait fréquemment, dil-on
:

avec cet i
des Pater, des Ave, des neuvaines de chape- esprit, qu'on ,
voyait, pas ; de manière qu'on
let. Mais ils ont d'autres oraisons et des priè- le prenait ne fou (et
S

pour un ce n'était pas autre l


res pour la conservation des troupeaux. Voy. chose). 11 confessa aussi avoir humé le sang l
Tnoui'EAux; et pour l'histoire des bergers de de divers petits enfants, et fait plusieurs nié- \
Brie, voy. HOCQUK. chancelés exécrables. Pour ces faits il fut
brûlé.
Bérith, •— duc aux enfers, grand el terri-
ble. Il est connu sous trois noms ; quelques- BernacheOU Bernacle, •—VOy. MACREUSES.
uns le nomment Béai, les Juifs Bérith et les Bernard. — Cardan pense que la sorcelle-
nécromanciens Bolfri. Il se montre sous les rie ne l'ut souvent qu'une espèce de maladie
traits d'un jeune soldat habillé de rouge des hypocondriaque, causée par la mauvaise
pieds à la tête, monté sur un cheval de nourriture des pauvres diables que l'on pour-
même couleur, ayant une couronne sur le suivait comme sorciers. Il raconte que son
front; il répond sur le passé, le présent el père sauva un jour un paysan nommé Ber-
l'avenir. On le maîtrise par la vertu des an- nard, que l'on allait condamner à mort pour
neaux magiques; mais il ne faut pas oublier sorcellerie, en lui changeant sa façon ordi-
qu'il est souvent menteur. Il a le talent de naire de vivre : il lui donna le matin quatre
changer tous les métaux en or ; aussi on le oeufs frais, el autant le soir avec de la viande
regarde comme le démon des alchimistes. 11 el du vin ; le bon homme perdit son humeur
donne des dignités et rend la voix dos chan- noire, n'eut plus de visions et évita le bûcher.
teurs claire et déliée. Vingt-six légions sont à Bernard (SAMUEL), — VOy. PoiILE NOIRE.
ses ordres. -— C'était l'idole des Sichemjt.es, de Thnringe , — ermite qui VCl'S
el peut-être est-ce le même que le Bérulh de le Bernard milieu du dixième siècle annonçait la fin du
Sanchoniaton, que des doctes croient être Pal-
las ou Diane. L'auteur du Solide trésor du monde. 11 appuyait son sentiment sur un pas-
Petit Albert, conte de Bérith une aventure qui sage de l'Apocalypse, qui porte qu'après mille
ferait croire cpie ce démon n'est plus qu'un ans l'ancien serpent sera délié. Il prétendait
follet ou lutin, si toutefois c'est le même Bé- que ce serpent était l'Antéchrist; que par con-
rith. — « Je me suis trouvé, dit-il, dans un séquent l'année 690 étant révolue, la venue
château où se manifestait un esprit familier, de l'Antéchrist était prochaine. Il disait que
qui depuis six ans avait pris soin de gouver- quand le jour de l'annoncialion de la sainte
l'horloge d'étriller les chevaux. Je fus "Vierge se rencontrerai avec le Vendredi saint
ner et
curieux un malin d'examiner ce manège : ce sérail une preuve certaine de la fin du
élonnement fut grand de voir courir l'é- monde ; cette prédiction a eu vainement des oc-
mon
trille sur la croupe du cheval, sans être con- casions de se vérifier.
duite par aucune main visible. Le palefrenier Bernard-le-Trévisan, — alchimiste dil
me dit qu'il avait attiré ce farfadet à son ser- quinzième siècle, que quelques-uns croient
vice, en prenant une petite poule noire, qu'il avoir été sorcier, né à Padoue en 4 406. Il a
avait saignée dans un grand, chemin croisé; beaucoup travaillé sur le grand oeuvre, et ses
que du sang de la poule, il avait écrit sur un ouvrages inintelligiblessont recherchés des al-
morceau de papier : « Bérith fera ma besogne chimistes; ils roulent tous sur la pierre philo-
pendant vingt ans, et jeté récompenserai; >;
sophai s.
qu'ayant ensuite enterré la poule à un pied
de profondeur, le même jour le farfadet avait 1 Admirables secrets du Petit Albert, p. 122.

pris soin cle l'horloge et des chevaux, et que 2 Démono-manie des sorciers, liv. n, p. 279.
Philosopbiâhermetiefi, lib. iv. Strasbourg, 1507,
de temps en temps lui-même faisail des trou- 1682De
3
; Nuremberg, 1643. — Opus historico-dogmaticnirs
BEIl
— 85 — BE1\
Bcrnold, —VOy. BERTIIOI.I). basanée.
h Ils l'appelèrent : « Recommandez à
Berquïn (Louis), — gentilhomme artésien, nos n amis, dirent-ils, de prier pour nous. »
conseiller de François Ie1', qui se mit à décla- Berthold I le promit. Revenu à lui, il fit faire la
mer contre les moines et à donner dans le lu- commission, c tomba derechef en extase et, re-
théranisme. Ses livres furent brûlés, et la tournant I en purgatoire, il trouva à la porte
protection du roi le sauva seule d'une abju- Ebbon I avec les autres prélats qui en sortaient
ration publique: niais on le reprit bientôt. Il habillés de blanc el qui le remercièrent. 11 vit
1

pe mêlait aux orgies des sorciers; on le cou- ensuite


f l'âme du roi Charles-le-Chauve éten-
vainquit d'avoir adoré le diable; on produisit due c dans un bourbier et tellement décharnée,
contre lui de si tristes griefs, que le roi n'osa qu'on c pouvait compter ses os el ses nerfs. «Priez
plus le défendre, ol il fut brûlé en place de 1 l'archevêque Hinemar de me soulager dans mes
Grève le 47 avril 4 52-9. imaux, » dit le roi. — « Volontiers, » répondit
Berrid, — VOU. PURGATOIRE. Berthold. Il fit encore la commission, el le roi
Charles
( fui soulagé. De plus, il fil écrire aux
Berson, — docteur en théologie cl prédica- du jeune monarque défunt l'état dé-
parents
tour visionnairedelà cour sousllenri 111, qui s'i- plorable où il trouvait.
,

maginait être Enoch, et qui voulait aller por- Berthold se — Un peu plus loin,
avait vu Jessé, évoque d'Orléans,
ter l'Evangile dans le Levant avec un prêtre quatre démons plongeaient alternative-
flamand qui se vantait d'être Elie. Taillepierl que
ment dans la poix bouillante el dans l'eau
dit avoir entendu Berson prêcher celte bizar-
glacée. « Ami, priez les miens de s'intéresser
rerie devant le frère du roi, à Château-Thierry '.
à moi, » dit-il à Berthold : le bon homme s'en
Berthe, —1)01/. RoilERT, roi. chargea encore ; et il vil le comte Othaire qui
Mcrthier (GUILLAUME-FRANÇOIS), — célè- étail dans les tourments. Il lit dire à la femme
bre jésuite, mort en 4782. Voltaire, a publié la d'Olhuire, à ses vassaux el à ses amis de
relation de la maladie, de la mort et de l'ap- l'aire des prières el des aumônes pour lui.
parilion du jésuite Bcrthier; mais ce n'est Berthold, après tout cela, se porta mieux et
qu'une assez mauvaise plaisanterie. Le père vécut encore quatorze ans, comme le lui avait
Bcrthier vivait encore. promis celui qui l'avait conduit devant tous ces
personnages '
Berthold. — Après la mort de Charles-le-
Chauve, un bourgeois de Reims, nommé Ber- Berthomé du Lignon, dit Champagnal, —
thold ou Bernold, gravement malade, ayant sorcier jugé à Mont-morillon, en Poitou, dans
reçu les sacrements, fut quatrejours sans pren- l'année 4 599. 11 avoua que son père l'avait
dre aucune nourriture et se sentit alors si fai- mené au sabbat dès sa jeunesse ; qu'il avait
ble qu'à peine lui lrouva-l-on un pou de promis au diable son âme el son corps; qu'à
palpitation et de respiration. Vers minuit, la Saint-Jean dernière, il avait eu un grand
il appela sa femme, et. lui dil.de faire
promp- sabbat, où le diable les faisait danser en rond;
temenl venir son confesseur. Le prêtre était qu'il se meilailau milieu de la danse, en forme
encore dans la cour, que Berthold dit : « Met- do bouc noir, donnanlà chacun une chandelle
tez ici un siège; car le prêtre vient. » 11 en- allumée, avec laquelle ils allaient lui baiser
tra, el dit quelques prières auxquelles Ber- le derrière; que le diable lui octroyait à cha-
thold répondit : puis il tomba en extase ; et que sabbat quarante sons en monnaie eldes
quand il en sortit, il raconta un voyage que poudres pour faire des maléfices ; que quand
son âme venait de faire. — Il était allé en il le voulait, il appelait le diable qui venait
purgatoire, conduit par un esprit, et y avait à lui comme un tourbillon de venl ; que la nuit
vu beaucoup de gens qu'on faisait geler et dernière il était venu le visiter en sa prison,
bouillir tour à tour. Parmi lés prélats se trou- et lui avait dit qu'il n'avait
pas moyen de le
vaient Ehbon, archevêque de Reims, Léopar- tirer d'où il étail; que le diable défendait à
..' ''elle ou Pardulo, évoque de Laon et l'évoque tous de prier Dieu, d'aller à la messe et de
l'-iiée, qui étaient vêtus d'habits déchirés
et faire les Pâques; et que lui avait fait mourir
l'oussis; ils avaient le visage ridé, la figure plusieurs personnes el bêtes, au moyeu des
poudres qu'on lui donnait.au sabbat 2.
!'''' ,'''l5'mcias, cnm J.-F. Pici libris tribus do auro.
-rsullis, 159S. in-S°.
— Tractatus de secretissimo plii-
''-"l'iiorum opère cliimico, et responsio ad Tbomniii de 1 Hincmari arclliep. Fpist., t. II, p. 806. Leloyer,
«nomâ. Bille, 1G00. — Opnscula cliemica de lapide Disc, et llist. des spectres, liv. vi, cli. 13. Bon Calnîet,
] '':"sol>llorum,
en français. Anvers 1567. — Bernardus Traité sur les apparit., cli. 46. M. Garinet, Histoire de
v'tr 'VUSi vel opus de clûmi-ù, bistorico-dogmaticum, ù ]a magie en France, p. 50.
M'Hici, i„ latinum
versum. Francfort, 1G25. A Discours sommaire des sortilèges et vénéfices tiré
^ sycliologie ou Traité de l'apparition des esprits, des procès criminels jugés au siège royal de ^lontmoril-
I
Ion, en Poitou, en l'année 1599, p. 2'J.
BET — 86 — -
BEV
Berthomcede I>a Bcdouche, —voy. Box- Cependant, C lepèreGaslon Pardies, de la même
NliVAULT. société
SI de Jésus, avait écrit, quelque temps
auparavant,
'? que les bêles onl une certaine
Bcruth, VOy. BÉRITH. âme ', el on ne l'avait pas repris. Mais on '
Bêtes. — Il y a, dans les choses prodigieu- ppensa qu'auprès de certains esprits l'ingénieux
ses de ce monde, beaucoup de bêles qui fi- amusement a du père Bougeant pouvait faire '
gurenl avec distinction. — Les bêtes ont élé naître r, de fausses idées.
long-temps des instruments à présages : les Beurre. — On croit, dans plusieurs villa-
sorciers et les démons ont emprunté leurs for- ges, empêcher le beurre de se faire en récitant i
£
mes; et souvent on a brûlé des chais el des à; rebours le psaume Nolite fwri 2. Bodin ;
chiens dans lesquels on croyait reconnaître un ajoule que, par un effet d'antipathie nalu- .
.]
démon caché ou une sorcière. — Dans les relie, on obtient le même résultai en niellant
-
campagnes on effraie encore les enfants de la ,un peu de sucre dans la crème; el
il conte
menace de la Bêle à sept têtes, dont l'imagi- qu'étant , à Chelles en Valois, il vit, une cham- %

' nation varie en fous lieux la laideur. L'opi- brière qui voulait faire foueller un petil la-
nion de celte bête monstrueuse remonte à la quais, parce qu'il l'avait tellement maléficiée, '?
Bêle de l'Apocalypse. — Des personnes accou-
en récitant à rebours le psaume cité, que de-
tumées aux choses extraordinaires ont vu puis le matin elle ne pouvait faire son beurre.
quelquefois des spectres de bêles. On sait la Lelaquaisrécita alors naturellementle psaume,
nelite anecdote de ce malade à qui son méde- et le beurre se lit 3. Dans le Finistère, dit-
cin disait : « Amendez-vous, car je viens de —
on, l'on ensorcelle encore le beurre. On croit
voir le diable à voire porte. — Sous quelle aussi dans ce pays que si l'on offre du beurre à
forme? demanda le moribond. —- Sous celle sainlllervô, les bestiaux qui onl fourni la crème
d'un âne. — Bon, répliqua le malade, vous n'ont rien à craindre des loups, parce que ce
avez eu peur de voire ombre. » — Dos sainlélanlaveuglesefaisailguiderparunloup''.
docles croient encore que les animaux, à des sorcières. -— Le diable donnait
qui ils n'accordent point d'âme, peuvent re-
Beurre
aux sorcières de Suède, outre autres animaux
venir, et on cite des spectres de ce genre. — destinés à les servir, des chais qu'elles appe-
Meyer, professeur à l'Université de Halle, laient emporleurs, parce qu'elles les envoyaient,
dans son Fssai sur les apparitions, § 4 7, dit voler dans le voisinage. Ces emporlenrs, qui
que les revenants el les spectres ne sont peut- étaient très-gourmands, profitaient, de l'occa-
être que les âmes des bêles qui, ne pouvant, sion pour se régaler aussi, el quelquefois ils
aller ni dans le ciel ni dans les enfers, restent s'emplissaient, si fort le ventre qu'ils étaient
ici ^rrantes ot diversement conformées. Pour obligés en chemin de rendre gorge. Leur vo-
qu0 celte opinion eût quelques rondement, il missement se trouve habituellement dans les
faudrait croire, avec les péripaléliciens, que jardins potagers. Il a une couleur aurore, et
«
les bêles ont une âme quelconque : ce qui s'appelle le beurre des sorcières '•'. »
n'est pas facile. — Les pythagoriciens sont al- Beveriand (ADRIEN). — avocat hollandais,
lés plus loin, ils ont cru que par la métem- de Middelbourg, auteur de Recherches philoso-
psycose les âmes passaient successivement du phiques sur le péché originel", pleines de gros-
corps d'un homme dans celui d'un animal. Ils sièretés infâmes. Les protestants mêmes ses
respectaient les brutes, el disaient au loup : co-religionnaires s'en indignèrent et mirent ,
« Bonjour, frère. » — Le père Bougeant, de 1
cet homme
,
prison à Leyde ; il s'en échappa
la compagnie de Jésus, dans un petit ouvrage' en
et mourut fou à Londres en 4 742. Sa folie était
plein d'esprit, VAmusement philosophique sur do croire constamment poursuivi, par doux
le langage des bêles, adopta par plaisanterie se
[ cents hommes qui avaient juré sa mort 7.
un système assez singulier. Il trouva aux bêtes 5

trop d'esprit cl de sentiment pour n'avoir pas5 ' Dans sou Disc, de la connaissance des bêles. Paris,
une âme; mais il prétendit qu'elles étaientl .l"éd., 1696.
animées par des dénions qui faisaient péni- * 'J'biers, Traité des superstitions, t. I1'1"-
:: Démonomanie des sorciers, liv. Il, ch. I'1".
tence sous celte enveloppe en attendant le
e S Cambry,Voyage dans le Finistère, 1.I'1', p. 14 et 15.
jugement dernier, époque où ils seraient plon- •' Bekltor, Le Monde enchanté, liv. 1Y, cli. 29.
gés en enfer. Ce système est soutenu de la„I (' Bndrinni Jïeverlandi peccatum originale pliilolo-
gicè elueubratum, à Themidis alumno, Eleutlieropoji,
manière la plus ingénieuse : ce n'était qu'unII in horto Hespelidum, lypis Adami et. Kvrc, terne iil.
amusement; on le prit, irop au sérieux. L'au- ln-8". 1678. La .lusta deteslatio libclli scoleratissinu
_ HadrianfBeverlandi de peccato originali. In-8". Gorin-
teur fut gravement réfnlé et obligé de désa-- chemii, 1C80, est une rélutation de cet écrit détestable,
publiquement des opinions qu'il n'avait dont ou a publié en 1734, in-12, une imitation mêlée de
vouer jf
contes aussi méprisés.
mises au jour que comme un délassement. — — : Gabriel Feigncit, Dict. des livres condamnés au leu,
BUS — 87 — BIL
Bcyrevra, — démon indien, chef des âmes veilles de l'époux de Bielka , déclara que le
uni errent dans l'espace, changées en démous prétendu revenant, était le démon qui lui ap-
aériens. On dil qu'il a de grands ongles liés— partenait, le renferma de nouveau dans une
crochus. Brahma ayant un jour insulté un dieu bague el le remporta en Italie on assurant
, ,
supérieur, Beyvera chargé de le punir lui qu'il eût causé de Irôs-grandsmaux en Polo-
coupa une tête avec son ongle. Brahma hu- gne s'il l'y eût laissé.i. De sorle-que la pauvre
milié demanda pardon; et le dieu Eswara lui Bielka en fut pour trois années de mariage
promit, pour le consoler, qu'il ne serait, pas avec un démon. Le fait est raconté par un
moins respecléavee les quatre lèfes qui lui rcs- écrivain qui croit fermement a ce prodige
,
laienl, qu'il ne l'était auparavant, avec cinq. et qui s'étonne seulement do ce que ce démon,
Biaule, — berger sorcier. Voy. HOCQUL. était assez matériel pour l'aire lous les jours
Des critiques n'ont vu là
Bible du diable. — C'est sans doute le gri- ses trois repas. supercheries
qu'une suite de à partir de la
moire ou quelque autre fatras de ce genre. ,
Mais Delancre dit que le diable fait croire aux
prétendue strangulation de l'homme qui fit
sorciers qu'il a sa Bible ses cahiers sacrés ensuite le revenant.
, ,
sa théologie el ses professeurs; el un grand Hifrons, — démon qui paraît, avec la figure
magicien avoua, étant sur la sellette au parle- d'un monstre. Lorsqu'il prend forme humaine
ment de Paris, qu'il y avait à Tolède soixante- il rend l'homme savant en astrologie, el lui
treize maîtres en la faculté de magie, lesquels enseigne à connaître les influences des pla-
prenaient pour texte la Bible du diable 1. » nètes; il excelle dans la géométrie; il connaît
Bibliomancïe, — divination, ou sorte d'é- les vertus des herbes , des pierres précieuses
des plantes ; il transporte les cadavres d'un
preuve employée autrefois pour reconnaître et
les sorciers, fille consistait à mettre dans un lieu à un autre. On l'a vu aussi allumer des
des côtés d'une balance, la personne soupçon- llambeaux sur les tombeaux des morts. Il a
née de magie, et dans l'autre la Bible; si la vingt-six légions à ses ordres.
personne pesait moins, elle étail innocente. Si Bifrost. — L'iïddn donne ce nom à un pont
elle pesait plus, elle élait jugée coupable : ce tricolore, qui va de la terre au cieux el qui
,
qui ne manquait guère d'arriver, car bien n'est que l'arc-en-ciel, auquel les .Scandinaves
peu d'in-folio pèsent un sorcier. — On con- attribuaient la solidité. Ils disaient, qu'il est ar-
sultait encore la destinée ou le sort, en ou- dent comme un brasier, sans quoi les démons
vrant la Bible avec une épingle d'or, et en ti- l'escaladeraient tous les jours. Ce pont sera
rant présage du premier mot qui se présentait. mis en pièces à la fin du monde, après que les
Bietka. — 11 y avait, on 4 597 à AVilna, en mauvais génies sortis de l'enfer l'auront tra-
Pologne, une fille nommée Biclka qui était versé à cheval Voy. SUIITUR.
,
recherchée par un jeune homme appelé 7A\- Bigoïs ou Bigotis, — sorcière toscane qui,
charie. Les parents de Zacharie ne consentant dit-un, avait rédigé un savant livre sur la con-
point à son mariage il tomba dans la mélan- naissance des pronostics donnés par les éclairs
,
colie cl s'étrangla. Peu de temps après sa el le tonnerre. Ce savant livre est perdu et
mort, il apparut à Bielka, lui dit qu'il venait sans doute Bigoïs est la même que Bagoé.,
s'unir à elle el lui tenir sa promesse de ma- suis. — Les Madécasses désignent sous ce
riage. Elle se laissa persuader ; le mort l'é-
nom certains démons , qu'ils appellent aussi
pousa donc, mais sans témoins.—Celte sin- anges du septième ordre.
gularité ne demeura pas long-temps secrète,
on sut bientôt le mariage de Bietka avec un
Billard (PIERRE), —Né dans le Maine en
esprit, on accourut de tontes parts pour voir 4 653, mort en 4726, auteur d'un volume in-42,
la mariée; et son aventure lui rapporta beau- intitulé la Bêle à sept têtes, qui a paru en 4 G!)3.
Cet ouvrage dirigé contre les jésuites est
coup d'argent, car le revenant se montrait et , ,
rendait des oracles ; mais il no donnait ses très-absurde el très-niais. Selon Pierre Bil-
réponses que du consentement de sa femme lard, la bête à sept tôles prédite par l'Apoca-
qu'il fallait gagner. 11 faisait aussi beaucoup, lypse étail. la société do Jésus.
de tours ; il connaissait tout le présont, el pré- BUlis, — Sorciers redoutés en Afrique, où
disait un peu l'avenir.-—An bout de trois ans, ils empêchent, le riz de croître et do mûrir. Les
un magicien italien ayant laissé échapper de- nègres mélancoliques deviennent quelquefois
puis ce temps un esprit qu'il avait long-temps sorciers ou b'illis ; le diable s'empare d'eux
maîtrisé, vint, en Pologne, sur le bruit des mer- dans leurs accès de tristesse, et leur apprend
1 Delancre, Incrédulité et mécréauce du sortilège, 1Adrien lïegenvolsius, Systenia llistorico-clironologi.
^le., traité 7. "Voyez tlnivcrsilé. cuin ecclesiarumsclavunicarum. VJlrccht, 1652, p. 'J5.
Bill — 88 — BLA
alors, disent-ils, à faire des maléfices el à con- S'il avait reçu les sacrements do l'église « ,10
,
naître les vertus des plantes magiques. les ai reçus, dit-il du curé votre prédécos- :
,
Binet. — On recherche de Claude. Binol, seur. » On lui fit dire avec peine le Pater el
avocaldu seizième siècle, les Oracles des douze Y Ave, parce qu'il en élail empêché, à ce
sibylles extraits d'un livre antique, avec les qu'il assurait, par le mauvais esprit, qui ne
figures des,
sibylles portraites au vif par Jean lui permettait pas de dire au curé beaucoup
Babel, traduit du latin de Jean Dorai en vers d'autres choses. —Le curé, qui élail un pré-
français. Paris, 4 586, in-folio.— On peut voir montré de l'abbaye de Toussainls, se rendit
aussi de Benjamin Binet Vidée de la théologie à son couvent afin de prendre l'avis du su-
périeur. On lui donna trois religieux pour
payenne, servant de réfutation au système de
Balthasar Bekker, louchant l'existence et les l'aider de leurs conseils. Ils se rendirent à la
opérations des démons, in-12. Amsterdam, maison , cl dirent à Humbert de frapper la
4 699.
muraille ; il frappa assez doucement. « Allez
chercher une pierre, lui dil-on alors, el frap-
Biragues (FLAMINIO nr.),-—auteur d'une plus fort. » Ce qu'il fit. Quelqu'un dit à
facétie intitulée : l'Enfer de la mère Cardine, pez l'oreille de son voisin lo plus bas possible :
traitant de l'horrible bataille qui fui aux en- Je souhaite qu'il ,
frappe
fers aux noces du portier Cerberus et de Car- sitôt « sept fois; » el aus-
l'âme frappa sept fois. On dil le lende-
dine, in-8», Paris, 4 585 et. 4 597. C'est une main les trois le revenant avait
satire qui ne tient que si on le veut bien, à demandées messes que
la démonographie. P. Didot l'a réimprimée à pèlerinage qu'il ; on se disposa aussi à faire un
avait spécifié dans le dernier
cent exemplaires en 4793. L'auteur était ne- entretien qu'on avait eu avec lui. On promit
veu du chancelier de France Kené de Bira- de faire, les aumônes au premier jour, et, dès
gues. que ses dernières volontés furent exécutées,
BircU ( UijMisiîivr), — notable bourgeois llumberl Birck ne revint plus 1 —Celle
d'Oppenheim et maître do pension mort en histoire n'est pas autrement expliquée.
novembre 4 620, peu do jours avant , la Saint- Bisoar (JEANNETTE), — sorcière boiteuse du
Martin. Le samedi qui suivis, ses obsèques, on Labour, le diable en forme de bouc trans-
ouït certains bruits dans la maison où il avait portait que
au sabbat, où, pour lo remercier, elle
demeuré avec sa première femme, car, étant faisait des culbutes des cabrioles 2.
devenu veuf, il s'était remarié. Son beau-frère
el
soupçonnant que c'était lui qui revenait, lui Biscayens,—vagabonds de l'espèce des
dil : « Si vous êtes llumberl frappez trois Bohémiens , qui disaient la bonne aventure
fois contre le mur. » En elfel, on entendit trois dans les villes et dans les villages.-
,

coups seulement; d'ordinaire il on frappait Bîthies, — sorcières fameuses chez les Scy-
plusieurs. Il se faisait entendre aussi à la fon- thes. Pline dil qu'elles avaient le regard si
taine où l'on allait puiser de l'eau, et troublait dangereux, qu'elles pouvaient tuer ou ensorce-
le voisinage, se manifcslanl par des coups re- ler ceux qu'elles fixaient. Elles avaient à l'un
doublés, un gémissement, un coup de sifflet des yeux la prunelle double, l'autre prunelle
ou un cri lamentable. Cela dura environ six était marquée, de la ligure d'un cheval 5.
mois. —Au bout d'un an et peu après son Bitru , — voy. SYTIVY.
,
anniversaire, il se fit entendre de nouveau plus
fort, qu'auparavant. On lui demanda ce qu'il
Blanc-d'oeuf (DIVINATION PAU LIi), VOIJ.
OOMANCIE.
souhaitait; il répondit d'une voix rauque ol
basse : « Faites venir, samedi prochain, le Blanchard (ÉlISAliliTII ), l'une des (lélllO-
curé et mes-enfants. » Le curé étant malade niaques de Loudun. Elle se disait possédée de
Belzébuth, Pé-
ne put venir que le lundi suivant, accompagné plusieurs démons : Astarolh,
de bon nombre, de personnes. On demanda au rou etMarou, etc. Voy. GRANDIE».
morls'il désirait des messes : il en désira trois : Blasphème. —Souvent il est arrivé mal-
s'il voulait qu'on fît des aumônes ; il dil : « Je heur aux gens grossiers qui blasphémaient.On
souhaite qu'on donne aux pauvres huit mesu- en a vu, dans des accès de colère, mourir su-
res de grain ; que ma veuve fasse dos cadeaux bitement. Étaient-ils étouffés par la fureur?
à tous mes enfants, el qu'on réforme ce qui a ou frappés d'un coup d'apoplexie? ou châ-
élé mal distribué dans ma succession, somme tiés par une puissance suprême? ou, comme
qui montait à vingt florins. » — Sur la demande
qu'on lui fit, pourquoi il infestait plutôt, celte Livre des prodiges, édit. de 1S21, p. 75.
7

maison qu'une autre; il répondit qu'il élait 7 Delancre


,
Tableau de l'inconstance des mauvais
etc.. liv. n, dise. <i.
forcé par dos conjurations et des malédictions. anges, ^ Pline, liv. vil, ch. 2,
BLO — 89 — BOB
en l'a
dit quelquefois, étranglés par lo diable? relation, on leur prépare une fêle ; ils se don-
'l'orqiiemada parle, dans la troisième journée nent au diable, qu'ils jurent de servir ; ils se
do son J'Jxaméron, d'un blasphémateur qui fut font une piqûre au doigt elsignent de leur sang
lue un jour par le tonnerre; et l'on reconnut, un engagement ou pacte ; on les baptise eu-
avec stupeur que la foudre lui avait arraché suite au nom du diable, qui leur donne des
la langue. Si c'est un hasard, il est singulier. raclures de cloches. Ils les jettent dans l'eau
Monslrelet conte dans le tome II de ses his- en disant, ces paroles abominables : « De môme
,
toires, qu'un bourgeois de Paris, plaidant au que celte raclure ne retournera jamais aux clo-
palais, reniait Dieu, lorqu'une pierre tomba de ches dont elle est venue, ainsi que mon âme ne
la voûte et, sans blesser personne, mil. en fuite puisse jamais entrer dans le ciel. » —La plus
les juges, les plaideurs et l'audience. C'csl en- grande séduction que le diable emploie est la
core un hasard bizarre. Au reste, le blasphème bonne chère ; el il leur donne un superbe fes-
a toujours clé en horreur. tin, qui se compose d'un polage aux choux et
Blendic.—Onexorcisa à Soissons, en 4 582, au lard, de bouillie d'avoine, de beurre, de lait
cinq énergumènes. La relation de leurs répon- et de fromage. Après le repas, ils jouent et se
ses et de leurs convulsions a été écrile par
battent; el si le diable est de bonne humeur il
Charles Blendic, Artésien. les rosse tous avec une perche, « ensuite de quoi
Bletton, — hydroscope , qui vers la fin du illeur se met à rire à plein ventre. » D'autres fois il
dernier siècle renouvela à Paris les prodiges joue de la harpe. Les aveux que le tribunal
de la baguello divinatoire, appliquée à la re-
obtint apprirent que les enfanlsqui naissaient
cherche des sources et des métaux. Sa gloire du commerce des sorcières avec les démons
s'est promplemenl évanouie.
étaient des crapauds ou des serpents. —Des
sorcières révélèrent encore celte particularité,
Bloemardme , — femme de Bruxelles qui qu'elles avaient vu quelquefois le diable ma-
,
au commencementdu quatorzième siècle, trou- lade et qu'alors il se faisait appliquer des ven-
bla leBrabanl, où elle établit une sorte de sainl- touses
simonisme abolissanllo mariage et les moeurs par les sorciers do la compagnie. — Le
, diable enfin leur donnait des animaux qui les
el donnant à ses disciples dissolus le nom do servaient el faisaient leurs commissions, à l'un
frères el de soeurs du libre esprit. Elle avait un
un corbeau, à l'autre un chat, qu'ils appelaient
fauteuil d'argent que ses adoptes regardaient
talisman puissant emporteur, parce qu'on l'envoyait voler ce
comme un en prodiges. qu'on désirait, et. qu'il s'en acquilail habile-
Blokula. — Vers l'année 4G70 , il y eut en ment. 1! leur enseignait à traire le lait par
Suède, au village de Mohra, dans la province charme, de cette manière : lo sorcier plante
d'Hlfilalen une affaire de sorcellerie qui lit
, un couteau dans une muraille, attache à ce
grand bruit. On y envoya des juges. Soixante- couteau un cordon qu'il lire comme le pis
dix sorcières furent condamnées à mort; une d'une vache : elles bestiaux qu'il désigne dans
fouie d'àulres furent, arrêtées, et quinze enfants
sa pensée sont traits aussitôt jusqu'à épuise-
se trouvèrent mêlés dans ces débats.—On di- ment.. Ils employaient lo même moyen pour
sailqne les sorcières se rendaient de nuit dans nuire à leurs ennemis, qui souffraient des dou-
mi carrefour, qu'elles y évoquaient lo diable à leurs incroyables pondant toul lo temps qu'on
l'entrée d'une caverne, en disant (rois fois : lirait le cordon. Ils tuaient même ceux qui leur
« Aulesser, viens ot nous porte à Blokula. » déplaisaient, en frappant l'air avec un couteau
C'était le lieu enchanté et inconnu du vulgaire de bois. Sur
ces aveux on brûla quelques cen-
où se faisait le sabbat. Le démon Anfesser leur taines de sorciers, sans que pour cela il y en
| apparaissaitsous diverses formes, mais le plus eût moins en Suède '. —Voilà des faits ; poul-
J' souvent en justaucorps gris, avec des chaus- ies comprendre, voy. SAISISAT.
|: ses rouges ornées de rubans, des bas bleus
J une barbe rousse, un chapeau pointu. Il les, Eohln (NICOLAS),—sorcierjugé a Mont-
s emportait à travers les airs à Blokula aidé morillon, en Poitou, dans l'année 4 599.11 fit à
| d'un nombre suffisant de démons pour la , plu- peu près la même confession que Berthomé du
t • Part travestis en chèvres ; quelques sorcières
Lignon. 11 étail allé comme lui, au sabbat, et
%
l'Ius hardies accompagnaient le cortège à che- s'était donné au diable, qui lui avait fait renier
j va! sur des manches à balai. Celles qui Dieu, le baptême et ses parents. 11 conta qu'a-
me-
I liaient des enfants plantaient une pique dans près l'offrande le diable se montrait quelque-
I lo derrière de leur chèvre tous les enfants s'y fois en forme 'd'homme noir, ayant la voix
;
jp Perchaient à califourchon, à la suite de la sor- cassée d'un vieillard; que, quand il appelait
| oierc, et faisaient le voyage sans encombre.
Balthav.ar Beklicr, Le Monde enchanté, liv. IV,
|;- — Quand ils sont arrivés à Blokula, ajoute la cli. '20, d'après les relations originales.
T
JiOD
... 90 — liOD
le diable, il venait, à lui en homme ou OP. bouc ; Boâin (.IISAN), —savant jurisconsulte et
que lorsqu'il allait au sabbat, il y était, porté dômonographe angevin , mort de la peste en
par un vent; qu'il y rendait, compte de l'usage 'lu96. L'ouvrage qui lit sa réputation fut su
de ses poudres, qu'il avait, toujours lidèlcmenl République, que La Harpe appelle le germe
employées à mal faire ; qu'il portait, la marque ùcVEspritdcslois. Sa Démonomaniehù donne
du diable sur l'épaule; que quand il donnait ici une place ; mais il est difficile de juger Bo-
des maladies il les donnait au nom du diable, . din. On lui attribue un livre intitulé : Collo-
et les guérissait au même nom; qu'il en avait quiwn heplaplomeron de abditisrerum subli-
fait mourir ainsi, et. guéri plusieurs'.... mhtm. arcanis, dialogues en six livres, où
sept, interlocuteurs de diverses religions dis-
Bocal,—sorcier, qui fut arrêté àvingt-sept putent leurs croyances, do manière que ',
sur
ans dans le pays de Labour, sous Henri IV, les chrétiens cèdent souvent l'avantage aux
comme convaincu d'avoir été vu au sabbat, musulmans, aux juifs, aux déistes. Aussi l'on
vêtu en prêtre, et servant, de diacre ou de dilquelîodin était à la fois protestant, déiste, ?
a
sous-diacre les nuits des trois jours qui précé- sorcier, juif et aillée. Pourtant, ces dialogues
dèrent sa première messe dans l'église de Si- sont-ils vraiment de lui "? On ne les commit
bour (car ce malheureux était, prêtre); et, des copiesmanuscrit.es; car ils n'ont,
que par
comme on lui demandait pourquoi il disait, jamais été imprimés. — Sa Dèmonomanie dus
plutôt la messe au sabbat, qu'à l'église, il ré- sorciers parut in—i°, à Paris, en 'loS'l ; on en
pondit que c'était pour s'essayer et voir s'il l'ail des éditions sous le titre de Fléau des ;
a
ferait bien les cérémonies. Sur la déposition démons et des sorciers (Niort, 46'16). Cet ou-
de vingt-quatre témoins, qui disaient, l'avoir est divisé en quatre livres; tout ce
vrage
vu au sabbat,, chantant la messe , il fut con- qu'ils contiennent de curieux est. cité dans ce '
damné a mort après avoirété dégradé. Lors- dictionnaire. L'auteur définit le sorcier celui
qu'il allait être exécuté, il était tellement, tendu qui —
se pousse à quelque chose par des moyens
à rendre so?i âme au diable, auquel il l'avait diaboliques. .11 démontre que les esprits peu- :
promise, que jamais il ne sut- dire ses prières vont s'associer et commercer avec les hom-
au confesseur qui l'en pressait. Les témoins ont mes; il trace la différence d'humeurs et de
déclaré que la mère, les soeurs et. tonte la fa- formes qui dislingue les bons esprits des mau-
mille de Bocal étaient, sorciers, et. que quand il vais; il parle des divinations que les démons
tenait le bassin des offrandes an sabbat., il opèrent, des prédictions licites
, ou illicites.—
avait donné l'argent desdil.es offrandes à sa Dans le livre 11, il recherche ce que c'est que
mère, en récompense, sans doute, de ce qu'elle la magie; ii fait, voir qu'on peut, évoquer les
l'avait, dèssn naissance, voué au diable, comme malins esprits faire pacte
; avec le diable; èlro
font la plupart des autres mères sorcières -, porté en corps au sabbat; avoir au moyen dos
Bodeau (.ljïANMî), — sorcière du pays de démons des révélations par extases ; se chan-
Labour qui, au l'apport de Pierre Delaiicre, ger en loup-garou ; il termine par de longs
conta qu'à l'abominable cérémonie appelée la récits qui prouvent que les sorciers ont, pou-
messe du sabbat, on faisait, l'élévation avec voir d'envoyer les maladies,
stérilités grêles
,
et tempêtes, et de tuer les bêtes et les hom-
une hostie noire de forme triangulaire '•'.
mes. — Si le livre 11 traite dés maux que
Bodilis. — Cambry, dans son Voyage au peuvent, faire les sorciers on voit dans lo
Finistère, parle de la merveilleuse fontaine livre 111 qu'il y a manière , de les prévenir :
de Bodilis, à trois quarts de lieue de Landi- qu'on peut obvier aux charmes et. aux sorcel-
visiau. Les habitants croient qu'elle a la pro- leries; que les magiciens guérissent les ma-
priété d'indiquer si une jeune fille n'a pas lades frappés par d'autres magiciens. Il indi-
fait de faute. Il faut dérober à celle dont, que les moyens illicites d'empêcher les malé-
on veut apprécier ainsi la sagesse l'épine qui fices. Rien ne lui est étranger. 11 assure que,
attache sa collerette en guise d'épingle, et la par des tours de leur métier, les magiciens
poser sur la surface, de l'eau : tout va bien peuvent obtenir les faveurs des grands et de
si elle surnage; mais si elle s'enfonce, c'est la fortune, les dignités, la beauté et les hon-
qu'il y a blâme. neurs. — Dans le livre IV, il s'occupe de la
manière do poursuivre les sorciers, de ce qui
1 Discours sommaire dos sortilèges et vénéfiecs tirés
les l'ail reconnaître, des preuves qui établis-
des procès criminels jugés au siège royal de Montmo-
rillon, en Poitou, en l'année lfj99, ]>. 30.
sent le crime de sorcellerie, des tortures,
comme excellent, moyen de faire avouer. Un
^ Delancre, Tableau <'el'inconstance desdémnns, etc.,
liv. v], page 420. long chapitre achève l'oeuvre, sur les peines
;: lbi-L, liv. vi, dise. 3. que méritent les sorciers. 11 conclut à 1». mort
J101Ï
— 91 -
cruelle; et.il dit qu'il y en a tant, que les ju- forment l'o plus de cinquante volumes inintelli-
«es ne
suffiraient à les juger ni les bourreaux gibles, gi ne sont pas connus en France, excepté
j'ï les exécuter. « Aussi, ajoule-l-il, n'advient- et que Saint-Martin en a traduit : L'Aurore
ce
il pas que de dix crimes il y en ait un puni naissante;
ni les Trois principes et la Triple vie.
par les juges, et ordinairementon ne voit que Ce G songe-creux étailanlhropomorphite' et ma-
des bélîtres condamnés. Ceux qui ont des amis ni nichéen; il admettait pour deuxième principe
ou do l'argent
échappent. »—L'auteur consa- du d monde la colère divine ou le mal, qu'il
cre ensuite une dissertation à réfuter .lean faisait ft émaner du nez de Dieu. On recherche,
Wierus, sur ce qu'il avait dit. que les sorciers parmi p ses livres d'alchimie, son Miroir tem-
sont, le plus souvent des malades ou des fous, porel
p de l'éternité, ou do la Signature des cho-
et qu'il ne fallait pas les brûler. « Je lui ré- ses, si traduit en français, in-S°; Francfort,
pondrai, dilBodin, pour la défense des juges '1669 1 2. Ses doctrines philosophiques ont. en-
qu'il appelle bourreaux. » L'auteur do la Dé- core c des partisans en Allemagne.
monomanie avoue que ces'horreurs lui font
le poil la tête, déclare Boeuf. — Le boeuf de Moïse esl un des dix
dresser en et i! qu'il
animaux que Mahomet place dans son para-
faut exterminer les sorciers et ceux qui en ont
dis. — On attache à Marseille quelques idées
pitié, et brûler les livres de Wierus *.
superstitieuses au boeuf gras qu'on promène,
Bodry , •— VOIJ. REVENANTS. dans
t cette ville, au son des flûtes et des tim-
Boèoc,.— l'un des plus illustres Romains bales, 1
non pas comme partout le jour du car-
du sixième siècle, auteur dos Consolations de naval, mais la veille et le jour de la Fêle-Dieu.
la philosophie. Il s'amusait, dans ses moments Des savants ont cru voir là une trace du pa-
-
de loisir à faire des instruments do malhé- ganisme; d'autres ont prétendu que c'était un
!
; ,
matiques, dont il envoya plusieurs pièces au usage qui remontait au boue émissaire des
roi Clolaire. Il avait, eonslruildescadrans pour Juifs. Mais Rulli, dans son Histoire de Mar-
tous les aspects du soleil, cl, des clepsydres seille, rapporte un acle du quatorzième siècle
qui, quoique sans roues sans poids et sans qui découvre l'origine réelle de celte coutume.
ressorts, marquaient aussi le cours du soleil, Les confrères du Saint-Sacrement, voulant ré-
,

de la lune et des astres, au moyen d'une cer- galer les pauvres, achetèrent un boeuf et en
;
laine quantité d'eau renfermée dans une avertirent le peuple en le promenant par la
houle d'étain qui tournait, sans cesse, entraî- ville. Ce festin fil. tant de plaisir qu'il se renou-
née, dit-on, par sa propre pesanteur. C'était vela tous les ans; depuis il s'y joignit, de pe-
donc le mouvement perpétuel. Théodoric avait tites croyances. Les. vieilles femmes crurent
lairprésenl d'une de ces clepsydres à Gonde- préserver les enfants de maladie en leur
baud, roi des Bourguignons. Ces peuples s'i- faisant baiser ce boeuf; tout, le monde s'em-
maginèrent'que quelque divinité, renfermée pressa d'avoir de sa chair, et on regarde en-
dans celle machine, lui imprimait le mouve- core aujourd'hui comme très-heureuses les
; ment : c'est là sans doute l'origine de l'erreur maisons à la porte desquelles il vent bien,
où sont tombés ceux qui l'ont accusé de magie. dans sa marche, déposer ses excréments. —
Us en donnent pour preuve ses automates ; car Parmi les bêles qui ont parlé on peut compter
on assure qu'il avait fait des taureaux qui des boeufs. Fulgose rapporte qu'un peu avant
mugissaient, des oiseaux qui criaient et des la mort de César un boeuf dit à son maître,
serpents qui sifflaient.. Mais Delrio dit 5 que qui le pressait do labourer : « Les hommes
ce n'est là que de la magie naturelle. manqueront aux moissons, avant, que la mois-
Bochm (.TACOI!) — né en <157o, dans la son manque aux hommes. » On voit, dans
,

,
Haute-Lusace. De cordonnier qu'il était, il se Tite-Live et dans Valôre-Maximo, que pen-
fit alchimiste, homme à extases, et chef d'une dant là seconde guerre punique un boeuf cria
secte qui prit le nom de boehmistes. 11 publia, en place publique : « Rome, prends garde à
en 161'2, un livre de visions el de rêveries
[ toi » François de Torre-Blanca pense que
!

intitulé VAurore naissante, que l'on poursui- ces deux boeufs étaient possédés de quelque
vit. H expliquait le système du monde par la démon 3. Le père Engelgrave (Lux evange-
philosophie hermétique, et présentait Dieu
1
comme un alchimiste occupé à tout produire ^
Les niuhropomorphitcs étaient des hérétiques qui
T

Par distillation. Les écrits de cet illuminé, qui ~l donnaient à Dieu la forme humaine.
?- On peut voir encore .Tacobi lloehmi, alias dicti teu-
tonici philosophi, clavis proecipuarum rerumqmein re-
' .leanuis Bodini universte natura; theatrum, in quoo liquis suis seriptis occurrunt pro ineipientibus ad ulte-
crum omnium eflecti'ices et fines eonlemplantur, viorem consideralionem levelationis divime eonscripta.
"i-b". Lugduni, Eonssin,causai
1S9B. 162-i, un vol. in-4".
- Dis'ïuisillon. magie, p. 40. * lipit. delïr.tnr. sive de magiâ, )ib. l!, cap. 25.
BOG BOL]
— <J2 —
lica, p. 286 des Dominicales) cite un autre des marques sous leur chevelure, lesquelles
p |
boeuf qui a parlé. Voy. BÉIIÉMOTH.
i

se
:
découvrent si on les rase; que les sorciers |
Sogaha, — arbre-dieu de l'île de Ceylan. et les magiciens ont tous le talent de se chan-
On conte que cel arbre traversa les airs afin ger en loups ; que sur le simple soupçon mal
de se rendre d'un pays très-éloigné dans celte lavé d'avoir été au sabbat, même sans autre
île sainte, et qu'il enfonça ses racines dans le maléfice, on doit les condamner; que tous
sol pour servir d'abri au dieu Budhou qu'il méritent d'être brûlés sans sacrement, el, que
,
couvrit de son ombrage lotit le temps quo ce ceux qui ne croient, pas à la sorcellerie sont
dieu demeura sur la terre. Quatre-vingt-dix- criminels. Il faut remarquer qu'en ces choses
neuf rois ont eu l'honneur d'être ensevelis au- ce n'était pas le clergé qui était sévère, mais
près du grand arbre-dieu. Ses feuilles sont les juges laïques qui se montraient violents et
un excellent préservatif contre tout maléfice féroces. — A la. suite de ces discours viennent
etsorlilége.Un nombre considérablesdehutles les Six avis, dont voici le sommaire :

l'environnent pour recevoir les pèlerins ; el 'I" Les devins doivent, être condamnés au feu,
les habitants plantent, partout, de petits bo- comme les sorciers el les hérétiques, el celui
gabas, sous lesquels ils placent des images et qui a été au sabbat est digne de mort. 11 faut |
allument des lampes. Cet arbre, au reste, ne donc arrêter sur la plus légère accusation la
porto aucun fruit., el n'a de recommandablo personne soupçonnée de sorcellerie, quand
que le culte qu'on lui rend. même l'accusateur se rétracterail ; el l'on peut
Bogarmiles, Sogomiles et. 3ongoxrsiles, — admettre en témoignage contre les sorciers
sorte de manichéens qui parurent à Constan- toutes sortes de personnes. On brûlera vif,
linople au douzième siècle. Ils disaient quo dit-il, le sorcier opiniâtre, et, par grâce, on
ce n'est pas Dieu mais un mauvais démon se contentera d'étrangler celui qui confesse.
qui avait créé le monde. Us étaient icono- — 2° Dans le crime do sorcellerie, on peut
clastes. condamner sur de simples indices, conjectures
présomptions ; on n'a pas besoin pour de
Boguet (HENRI),— grand-juge de la terre et
de Saint-Claude au comté de Bourgogne, mort tels crimes de preuves très-exactes. — 3° Le
crime de sorcellerie est directement contre
en 1019, auteur d'un livre pitoyable, plein Dieu (ce
d'une crédulité puérile et d'un zèle outré con- qui est vrai dans ce crime existe
tre les sorciers. Ce livre, publié, au commen- réellement, puisque c'est une négation de
Dieu el un reniement) : aussi il faut le punir
cement du dix-septième siècle, est intitulé :
Discours des Sorciers, avec six advis en fait sans ménagement ni considération quelcon-
de sorcellerie et. une instruction pour un juge que... — i° Les biens d'un sorcier condamné
doivent être confisqués comme ceux des hé-
en semblable matière '. — C'est une compi-
lation des procédures auxquelles, comme juge, rétiques ; car sorcellerie est pire encore qu'hé-
l'auteur a généralement présidé. On y trouve résie , en ce que les sorciers renient Dieu.
l'histoire de Louise Maillai, possédée de cinq Aussi on remet quelquefois la peine à l'hé-
démons à l'âge do huit, ans; de Françoise 5e- rétique repenti ; on ne doil jamais pardonner
crefain, sorcière qui avait envoyé lesrlils dé- au sorcier... — o° On juge qu'il y a sorcelle-
des sorciers Gros-.lacque; Willor- rie quand la personne accusée fait métier de
mons; et deviner, ce qui est l'oeuvre du démon; les
moz, dit le Baillu; de Claude Gaillard, de blasphèmes
Rolande Dnvernois et de quelques autres. et imprécations sont encore des
L'auteur détaille les abominations qui se font indices. On peut poursuivre enfin sur la cla-
publique. — 6" Les fascinations, au
au sabbat; il dit que les sorciers peuvent meur
faire tomber la grêle; qu'ils ont une poudre moyen desquelles les sorciers éblouissent les
aveclaquelleilsempoisonnent; qu'ils se grais- yeux, faisant paraître les choses ce qu'elles ne
sent les jarrets avec un onguent pour s'en- sont pas, donnant des monnaies de corne ou
voler au sabbat,; qu'une sorcière tue qui elle de carton pour argent de bon aloi , sont ou-
veut, par son souffle seulement; qu'elles ont vrages du dia%le ; et les fascinaleurs, esca-
mille indices qui les feront reconnaître : par moteurs et autres magiciens doivent être pu-
exemple, que la croix de leur chapelet est nis de mort. — Le volume de Boguet est
cassée, qu'elles ne pleurent pas en présence terminé par l'instruction pour un juge en fait
du juge, qu'elles crachent, à terre quand on de sorcellerie'. Cet autre morceau curieux est
les force à renoncer au diable, qu'elles ont connu sous le nom de Gode des sorciers. Voy.
CODE.
' Un vol. in-S". Paris 1003 ; Lyon, 1002, 1607, 1608, Bohémiens. — 11 n'y a personne qui n'ait
1610; Rouen, 1606. Toutes ces éditions sont très-rares,;
,
entendu parler des Bohémiennes, et de ces
parce que la famille de Boguet s'euorça d'en supprimer,
les exemplaires. bandes vagabondes qui, sous le nom do Boljé-
BOI-1
— 9:5 BOii
niions, de ih'sc n'unis el d'Egyptiens ou Gilanos, tant se renier, ils convinrent de dire que
se
répandirent au quinzième siècle sur l'Eu- leurs pères habitaient autrefois. l'Egypte,
rope, dans l'Allemagne surtout, la Hollande, ce qui est vrai des juifs; el que leurs ancê-
lu Belgique, la France et l'Espagne, avec la tres avaient été chassés de leur pays pour
prétention de posséder l'art de dire la bonne n'avoir pas voulu recevoir la Vierge Marie et
nventure et d'autres secrets merveilleux. Les son fils Jésus. — Le peuple comprit ce refus,
Flamands les nommaient heyden, c'est-à-dire du temps où Joseph'emmena le divin Enfant
païens , parce qu'ils les regardaient comme en Egypte pour fe soustraire aux recherches
des gens sans religion. On leur donna divers d'IIérode; au lieu que les vagabonds juifs
mitres sobriquets. — Les historiens les ont l'entendaient de la persécution qu'ils avaient
fait venir, sur de simples conjectures, de l'As- soufferte cinquante ans auparavant. De là
syrie, de la Cilicie, du Caucase, de la Nubie, vient le nom d'Egyptiens qu'on leur donna et
de l'Abyssinie, de la Chaldée. Bellon incer- sous lequel l'empereur Sigismond leur accorda
,
tiiin de leur origine, soutient qu'au moins ils un passe-port.— Ils s'étaient formé un argot
n'étaient pas Egyptiens; car il en rencontra eu un jargon déguisé, mêlé d'hébreu et de '
an Caire, où ils étaient regardés comme étran- mauvais allemand, qu'ils .prononçaient avec
gers aussi bien qu'en Europe. Il eût donc élé un accent étranger. Des havants, qui ne
plus naturel de croire les Bohémiens eux- voyaient pas plus loin, furent flattés de re-
mêmes sur leur parole, et de dire avec eux trouver certains termes de la langue alle-
que c'était une race de juifs mêlés ensuite de mande dans un patois qu'ils prenaient pour de
chrétiens vagabonds. Voici ce que nous pen- l'égyptien. Ils dénaturaient aussi plusieurs ap-
sons être la vérité sur ces mystérieux no- pellations; ils appelaient un enfant un criard,
mades. — Vers le milieu du quatorzième siè- un manteau un pireneur de vent, un soulier
cle, l'Europe, et principalement les Pays-Bas, un marcheur, un oiseau un volant. Toutefois,
l'Allemagne et la France, étant ravagée par la la multitude de mots hébreux qui est restée
peste, on accusa les juifs, on ne sait pour- dans le langage des Bohémiens suffirait seule
quoi, d'avoir empoisonné les puits et les fon- pour trahir leur origine juive. — Ils avaient
taines. Celte accusation souleva la fureur pu- des moeurs particulières et s'étaient fait des
blique contre eux. Beaucoup de juifs fuirent lois qu'ils respectaient. Chaque bande se choi-
et se jetèrent dans les forêts. Ils se réunirent sissait un roi, à qui tout le monde était tenu
pour être plus en sûreté et se ménagèrent des d'obéir. Quand parmi eux une femme se ma-
souterrains d'une grande étendue. On croit riait, elle se bornait, pouf toute cérémonie, à
que ce sont eux qui ont creusé ces vastes ca- briser un pot de terre devant l'homme dont
vernes qui se trouvent encore en Allemagne et elle voulait devenir la compagne; et elle le
que les indigènes n'ont jamais eu intérêt à respeclail comme son mari autant d'années
fouiller.
— Cinquante ans après, ces proscrits que le vase avait produit de morceaux. Au
ou leurs descendants ayant lieu de croire que bout de ce temps, les époux élaienl libres de
ceux qui les avaient tant haïs étaient morts, se quitter ou de rompre ensemble un nou-
quelques-uns se hasardèrent à sortir de ieurs veau pot de terre. On citerait beaucoup de
tanières. Les chrétiens étaient alors occupés bizarreries de ce genre. — Dès que les nou-
des guerres religieuses suscitées
par l'hérésie veaux Egyptiens virent qu'ils n'étaient pas
fie .lean Uns. C'était une diversion favorable. repoussés, ils implorèrent la pitié des Alle-
Sur le rapport de leurs espions, les juifs
ca- mands. Pour ne pas paraître à charge, ils as-
chés quittèrent leurs cavernes, sans aucune suraient que, par une grâce particulière du
ressource il est vrai pour se garantir de la ciel, qui les protégeait encore en les punis-
misère; mais, pendant leur demi-siècle de so- sant, les maisons où ils étaient une fois reçus
litude, ils avaient étudié les divinations et n'étaient plus sujettes à l'incendie. lisse mi-
particulièrement l'art de dire la bonne aven- rent aussi à dire la bonne aventure, sur l'in-
'.; ture par l'inspection de la main ; ce qui ne spection du visage des signes du corps et
demande ni instrument, ni appareil, ni dé- principalement sur , l'examen des lignes de, la
pense aucune; et ils comptèrent bien que la main et des doigts. Ils annonçaientde si belles
chiromancie leur procurerait quelque argent. choses, et leurs devineresses déployaient tant
,:. - — Ils se choisirent d'abord un capitaine, d'adresse, que les femmes et les jeunes filles
nommé Zundel. Puis, comme il fallait déeia- les Irai lôrent dès lors avec bienveillance.—Ce-
;: rer ce qui les amenait en Allemagne, qui ils pendant la fureur contre les juifs s'était apaisée;
;.'; étaient., d'où ils venaient, et qu'on pouvait ils furent admis de nouveau dans les villages,
,

'es questionner aussi


sur leur religion ; pour ne puis dans les villes. Mais il resta toujours de
'-. Passe découvrir trop clairement, ni pour- ces bandes vagabondes qui continuèrent la vie
BOll — 9A. — BOJ
nomade, découvrant partout l'avenir, etjoi- son s nom vienldu mot hébreu bohu, désolation I
gnanf à cette profession de nombreuses Tri- à; ce que dit. Leloycr. C'est le démon du niai.
ponneries plus matérielles. Bientôt, quoique la Bohmius (.IEAN). — Quelques-uns recher-
nation juive fût le noyau de ces bandes, il s'y chent , sa Psychologie ou Traité des esprits, pu-
fit un tel mélange de divers peuples qu'il n'y bliée en '1(535 à Amsterdam ', livre qui
]
ne
eut pas plus entre eux de religion dominante manque pas d'hérésies.
qu'il n'y avait de patrie. Ils parcoururent les Bohon-ïïupas, arbre poison qui croit

Pays-Bas el passèrent en France, où on les dans l'île de lava, à trente lieues de Batavia.
appela Bohémiens parce qu'ils venaient de la , Les criminels condamnés allaient autrefois
Bohême. — Pasquier clans ses recherches , recueillir une gomme qui en découle, el qui
,
raconte à peu près ainsi leur apparition mys- est un poison si prompt el si violent, que les
térieuse sur le sol français el leur arrivée aux oiseaux qui traversent l'air au-dessus de
cet
portes de Paris en '1457 : — Ils étaient au arbre tombent morts, du moins ces choses ont
nombre de cent vingt; l'un de leurs chefs été contées. Après leur sentence était
que
portait, le titre de duc, un autre celui de comte ; prononcée, lesdits criminels pouvaient choi-
ils avaient dix cavaliers pour escorte. Ils di- sir, de périr de la main du bourreau ou de
ou
saient qu'ils venaient de la Basse-Egypte, tenter de rapporter boîte de gomme de
une
chassés de leur pays par les Sarrasins ; qu'ils l'hupas. Foersech rapporte qu'ayant interrogé
étaient allés à Rome confesser leurs péchés
péni- un prêtre malai qui habitait ce lieu sauvage,
au pape, qui leur avait enjoint pour cet homme lui dit qu'il avait vu passer envi-
tence d'errer sept ans par le monde, sans ron sept cents criminels, sur lesquels il n'en
coucher sur aucun lit. (Les gens éclairés n'a- était vingt-deux; qu'il n'y avait
joutèrent sans doute pas foi à ce conte.) — On
revenu que
pas plus de cent ans que ce pays était habile
les logea au village de La Chapelle, près Pa- peuple qui se livrait aux iniquités de
par un
ris ; et une grande foule les alla voir. — Ils Sodome et de Gomorrhe;
que Mahomet ne
avaient les cheveux crépus, le teint basané el. voulut souffrir plus long-temps leurs
pas
portaient aux oreilles des anneaux d'argent.
moeuçs abominables ; qu'il engagea Dieu à les
Comme leurs femmes disaient la bonne aven- punir el
; que Dieu fil sortir de terre le bolion-
ture el se livraient à des pratiques supersti- hupas, qui détruisit les coupables et rendit le
tieuses et mauvaises, l'évèque de Paris les à jamais inhabitable. Les Malais regar-
pays
excommunia, défendit qu'on les allât consul- dent cet arbre
comme l'instrument de la co-
ter et obtint leur éloignemenl. — Le seizième lère du prophète; el la mort qu'il procure,
siècle fut infecté de Bohémiens. Les étals passe chez honorable ; voilà pour-
eux pour
d'Orléans, en 4560, les condamnèrent au ban- quoi les criminels qui vont chercher le poison se
nissement, sous peine des galères s'ils osaient revèLenten général de leurs plus beaux babils*.
reparaître. Soufferts dans quelques contrées
Bois. Les anciens avaient une divina-
que divisait l'hérésie, chassés en d'autres tion qui — pratiquait
lieux comme descendants de Cham, inventeur se par le moyen de quel-
do la magie, ils ne paraissaient nulle part que ques morceaux de bois. Foi/. ZYLOJIANCIIÎ. Ils
plaie. On disait Flandre qu'ils croyaient, les forêts habitées de divinités bi-
comme une en
ôtaienl si experts en sorcellerie que dès qu'on zarres; et dans les pays superstitieux, on y
leur avait donné une pièce de monnaie, toutes redoute encore les lutins. Les Kamslchadales
celles qu'on avait en poche s'envolaient aus- disent que les bois sont pleins d'esprits mali-
sitôt el allaient rejoindre la première, opinion cieux. Ces esprits ont des enfants qui pleu-
populaire qui peut se traduire en d'autres rent sans cesse pour attirer les voyageurs,
qui dire les Bohémiens qu'ils égarent ensuite el à qui 'ils ôtent quel-
termes et veut que quefois la raison. Enfin, c'est généralement
étaient des escrocs. — Leurs bandes dimi- —
nuèrent au dix-septième siècle. Pourtant on dans les bois que les sorciers font le sabbat.
en voyait encore quelques rares détachements Bois de vie.— C'est le nom que les alchi-
il y a soixante ans. Sous les nouvelles lois de mistes donnent à la pierre parfaite du grand
police des fêlais européens, les sociétés bohé- couvre, plus clairementappeléebaumeuniver-
' miennes sont dissoutes. Mais il y a toujours sel ou panacée, qui guérit tous les maux et
çà et là des individus qui disent la bonne assure à ceux qui la possèdent une jeunesse
aventure , el des imbéciles qui vont les con- inaltérable. — Les Juifs nomment bois de via
sulter. Voy. CHIROMANCIE.
1 Johannis Bohmii Psychologia, cum verâ applica'
Bohînum, — idole des Arméniens qui était tione Johannis Angeli. In-24,. Amstel., 1632.
'A extrait des Voyages de M. Foersech, Hollandais,
faite d'un métal noir, svmbole de la nuit; Mélanges do la littérature étrangère, 1.1. p, 63.
lïOL — 95 — BON
ic5 deux bâtons qui tiennent la bande roulée <
le Bolofoo sont chargés, disent-ils, des meil-
écrit, le livre de leur loi. Ils eurs fruits et toujours couverts des plus belles
sur laquelle esl
1

I leurs, qui renaissent toutes les fois qu'on les


sont persuadés que l'attouchement de ces bâ-
tons affermit la vue et rend la santé. Ils croient (
vieille. Ce séjour divin estrempli d'animaux im-
aussi qu'il n'y a pas de meilleur moyen de i
mortels que l'on ne tue que pour la nourriture
faciliter l'accouchement des femmes, que de des dieux el des élus ; mais aussitôt qu'on en
leur faire voir ces bois qu'il ne leur esl pas lue un, un autre le remplace.
permis de toucher. Bona (JEAN), — savant et pieux cardinal,
Boistuau OU Boaistuau (PlEIUlE), dil Lau- mort en 4 074. On recherche de lui un Traité
,ifl,yj — Nantais, mort à Paris en '1566. Ou
du discernement des esprits in-4 2 publié en
, ,
recherche de lui deux ouvrages rares et cu- 4 673 et traduit par l'abbé Leroy de Haulefon-
rieux : '1° Histoires prodigieuses, extraites laine, 4C76. Le chapitre 20 de cet ouvrage
de divers auteurs, in-S°, 1564. Aux quarante traite avec beaucoup de lumières de ce qu'il
histoires de Boistuau, Tesseranl en ajouta y a de plus difficile dans la matière des visions
quinze. Belleforêl, lloyer et Marionville les fi- el des révélations particulières '.
rent réimprimer avec une nouvelle continua- Bonasses, —V01J. GuLMÏTS.
tion, en 4 573, six vol. in-4 6;— 2°Histoires
tragiques, extraites des oeuvres italiennes de Bonati (Gui), — astrologue florentin du
liandel, et. mises en langue française, 4 568 et treizième siècle. Il vivait, dit-on, d'une ma-
années suivantes, 7 vol. in—IG. Il n'y a que
nière originale, et possédait l'art de prédire
l'avenir. Les troupes de Rome, sous le ponti-
les six premières histoires du premier volume
qui aient été traduites par Boistuau ; les au-
ficat de Martin IV, assiégeaient Forli, vide
de la Romagnc, défendue par le comte de
tres sont de la traduction de Belleforêl, qui
lui était bien inférieur. Voy. VISIONS, SYM-
Monlferral. Bonati, qui s'y était retiré, voyant
Al'PAHITlONS. la ville prête à faire une sorlie, annonça au
PATHIE,
comte qu'il sérail blessé dans la mêlée. L'é-
Bojanl (MICHEL).
— On peut lire de lui une vénement justifia la prédiction; et le comte
Histoire des songes ', publiée en 4 587. Nous de Montferrat, qui avait porté avec lui ce,
ne la connaissons que par le litre. qu'il fallait pour panser sa blessure, fit depuis
Solacrè (GILI.ES), •—bonhomme qui habi- le plus grand cas de l'astrologie. Bonati, sur
tait une maison d'un faubourg de Tours, où il la fin de sa vie, reconnut pourtant la vanité
prétendit qu'il revenait des esprits qui l'em- de sa science, se fil franciscain, et mourut
pêchaient de dormir. C'était ou seizième siè- pénitent en 4300. Ses ouvrages ont été re-
cle. 11 avait loué celte maison ; et comme il cueillis par Jacques Caulerus, sous le titre de
s'y faisait un bruil el tintamarre d'esprits in- Liber aslronom-icus, in-4° rare. Augsbourg,
visibles, sabbats et lutins, qui ne lui laissaient 4 494.
aucun repos, il voulut à toute force faire résilier Bonioa, •—île imaginaire de l'Amérique,
le bail. La cause fut portée devant le siège
où Deotatus, médecin spagirique, place une
; pi'ésidial à Tours, qui cassa le bail. Le pro- fontaine dont les eaux, plus délicieuses que
priélaire en appela au parlement de Paris ; le meilleur vin,
> ont la vertu de rajeunir.
son avocat, maître René Chopin, soutint que
Boniface élu le 24 décem-
': les visions d'esprits n'étaient autre chose
que bre 1294. OnVUE, — pape,
X contes de vieilles, épouvantails de petits en- a conté que, n'étant encore que
', lanls. Le parlement ne décida rien el renvoya cardinal, il fit percer une-muraille qui avoi-
' 'a cause au tribunal de la Totimelle, qui par sinail le lit du pape Célestin , et lui cria, au
V son arrêt maintint la résiliation du bail 5. moyen d'une sarbacane, qu'il eût à déposer
la tiare s'il voulait être sauvé; que le bon
Bolfri, —voy. BÉRITII.
pape Célestin obéît à celle voix, qu'il croyait
Bolingbroke, — TOI/. GLOCESTEU. venir du ciel, et céda la place à Boniface. —•
Bolomancie. C'est la Bélomancie. Foy.ce Mais ce récit n'est qu'une imposture eiilièrer

j..
™ot. ment, supposée par les protestants, qui ont
y Kolotoo, île imaginaire où les naturels imaginé celle calomnie comme tant d'autres.

f des îles de Tonga placent leur paradis. Ils La vérité est que le pape Célestin déposa la
f I croient que les âmes de leurs chefs y devien- tiare pour s'occuper uniquement de son âme.
!; "dit des divinités du second ordre. Les arbres Le cardinal Cajetan (depuis Boniface Y11I) n'y
fut pour rien,
,::
' MichaelisBojani.Ilistoria de Somniis. In-4". Wit-
1 Jouîmes cardinalis]3ona,Dc disetetionc spiri.mum.
Lcloycv, Disc, des spectves, liv. In-12. Paris, 1072.
-
VI, cli. 15.
BON1 — 96 — Bon
Sonne aventure. — Les diseurs de bonne n'avait pins pouvoir sur lui. —Malhnrin Bon-
.
aventure étaient devenus si nombreux à Rome nevault, parent des deux précédents, accusé
du temps des premiers empereurs, qu'ils y comme eux de sorcellerie, fut visité par ex-
avaient une confrérie; et le lendemain du perts. On lui trouva sur l'épaule droite une
jour où fut lue Caligula, il y avait, des magi- marque, de la figure d'une petite rose, dans
ciens venus d'Egypte et de Syrie qui devaient laquelle on planta une longue épingle sans
donner sur le théâtre une représentation des qu'il en ressentit aucune douleur, d'où on le
enfers 1. Pour l'art de. dire la bonne aventure, jugea bien sorcier. 11 confessa qu'ayant, épousé
voy. CHIROMANCIE , CARTOMANCIE, ASTROLO- en premières noces Berlhomée de La Bédou-
GIE, MÉroi'oscoi'iiï,HOROSCOPES, CRANOLOGIE, che, qui était- sorcière comme ses père et
cl les autres manières. mère, il l'avait vue faire sécher au four des |
Bonnes. •— On appelle bonnes, dans cer- serpents el des crapauds pour des maléfices;
taines provinces, des fées bienveillantes, des qu'elle ie mena alors au sabbat, el qu'il y vit
espèces de farfadets femelles sans malice qui le diable, ayant des yeux noirs ardents comme
aiment les enfants et qui se plaisent à les une chandelle. Il dit que le sabbal se louait
bercer. On a sur elles peu de détails; mais quatre fois l'an : la veille de la Sainl-Jean-
c'est d'elles, dit-on, que vient aux berceuses Bapfiste, la veille de Noël, le mardi-gras el
le nom de bonnes d'enfants. Habondia esl leur la veille de Pâques. On le convainquit d'avoir
reine. fait mourir sept personnes par sortilège: se
voyant, condamné, il avoua qu'il était, sorcier
Bonnet (JEANNE), —sorcière de Boissy en depuis l'âge de seize ans. —Il y aurait, de
Forez, brûlée le 15 janvier 4 583 pour s'être curieuses études à faire
sur tous ces procès,
vantée d'avoir eu des liaisons avec le diable. si nombreux pendant les troubles de la ré-
Bonnet 5jleu, —voy. DÉVOUEMENT. forme.
Bonnet pointu , — ou Esprit au bonnet ; Bonzes. —- Les bonzes chinois font géné-
«ui/. IIECDECKIN. ralement, profession do prédire l'avenir et
Bonnevault. — Un sorcier poitevin du sei- d'exorciser les démons; ils chercher.l.aussila
zième siècle, nommé Pierre Bonnevault, fut. pierre philosophale. Lorsqu'un bonze promet
arrêté parce qu'il allait au sabbat. Il confessa de faire pleuvoir ; si dans l'espace de six
que la première fois qu'il y avait, été mené jours il n'a pas tenu sa promesse, on lui
par ses parents, il s'élail donné au diable, lui donne la bastonnade. — Il existe des bonzes
permettant de prendre ses os après sa mort; au Congo. Oh croit que leurs âmes sont er-
mais qu'il n'avait pas voulu donner son âme. rantes autour des lieux qu'ils ont habités.
Un jour, venant de Monlmorillon, où il avait, Quand on voit un tourbillon balayer la plaine
acheté deux charges d'avoine qu'il emportait cl faire lever la poussière el le sable, les na-
sur deux juments, il entendit des gens d'ar- turels s'écrient que c'est l'esprit des bonzes.
mes sur le chemin; craignant, qu'ils ne lui Bophomet, V01J. TÈTJÏ DE BOI'HOMET.
prissent son avoine, il invoqua le diable, qui
vint à lui comme un tourbillon de vent, et le Borak, —jument de Mahomet, qu'il a mise
dans son paradis- Elle avait une face humaine
transporta , avec ses deux juments, à son lo- s'allongeait à chaque pas aussi loin que la
gis. H avoua aussi qu'il avait fait mourir di- el
poudres; enfin il
meilleure vue peut s'étendre.
verses personnes avec ses
fui condamné à mort. Voy. TAILLETROUX.— Borax, — sorte de pierre qui se trouve,
Jean Bonnevault, son frère, fut, aussi accusé disent les doctes, dans la tète des crapauds;
de sorcellerie; el, le jour du procès, devant on lui attribue divers effets merveilleux,
l'assemblée, il invoqua le diable, qui l'enleva comme celui d'endormir. Il est rare qu'on
do terre environ quatre ou cinq pieds, et le la puisse recueillir, el il n'est pas sur qu'elle
laissa retomber sur le carreau comme un sac soit autre chose qu'un os durci.
de laine, sans aucun bruit, quoiqu'il eût aux Borborites, —UOl/. GÉNIES.
pied,s des entraves. Étant relevé par deux
archers, on lui trouva la peau de couleur Bord! ou Al-Bordi,-—-montagne qui, selon
bleu tirant sur le noir; il écumait et souffrait les Perses, est l'oeuf de la terre; ils
disent
beaucoup. Interrogé là-dessus, il répondit qu'elle était d'abord très-petite, qu'elle gros-
monde et
qu'ayant, prié le diable de le tirer de peine, sit au commencement, produisit le
il n'avait pu l'enlever, attendu que, comme
s'accrut tellement, qu'elle supporte aujour-
il avait prêté serment à la justice, le diable
d'hui le soleil sur sa cime. Ils la placent aïi
milieu de notre globe. Ils disent encore qu'au
1 Granier de Cassagnac, Littérature des esclaves.
bas de cette montagne fourmillent quantité
150 R -
de dives ou mauvais génies; el qu'au-dessous recueil
97 —
i
liOt'J
de dix lettres, dont les deux premières
c;|. un pont où les âmes passent pour aller roulent
1 sur les esprits élémentaires. L'abbé
dans l'autre monde, après qu'elles ont rendu de
( Yillars en a donné un abrégé dans l'ou-
compte de ce qu'elles ont fait dans celui-ci. vrage intitulé : Le Comte de Gabalis.
Borgia (CÉSAR). — On lui attribue l'hon- Bos (FRANÇOISE). — Le 30 janvier 1606, le
jjuge de Gueille procéda contre une femme de
neur d'avoir eu un démon familier.
Borri (JOSEI'H-ERANÇOIS), — Imposteur et mauvaise ' vie, que la clameur publique accu-
alchimiste du dix-septième siècle, né à Milan sait s
d'avoir un commerce abominable avec un
1627. Il débuta des actions qui l'obli- démon incube. Elle était mariée else nommait.
en par !
Françoise Bos. De plus elle avait séduit plu-
gèrent à chercher refuge dans une église
jouissant du droit d'asile. Il parut depuis sieurs de ses voisines et les avait engagées à
changer de conduite; puis il se dit inspiré se souiller avec ce prétendu démon, qui avait
l'audace de se dire capitaine du Saint-Esprit, ;
du ciel, et préfendit que Dieu l'avail choisi
réformer les hommes el rétablir mais qui, au témoignage desdiles voisines,
pour pour était fort puant. Cette dégoûtante affaire se
son règne ici-bas. H ne devait y avoir, disait-
termina par la condamnation de Françoise
il, qu'une seule religion soumise au pape, à
Bos, qui fui brûlée le 14 juillet 1606. — On
qui il fallait des armées, dont lui, Borri, se-
présume, par l'examen des pièces, que le sé-
rait le chef, pour exterminer tous les non
catholiques. 11 montrait une épée miraculeuse
ducteur était un misérable vagabond.
que saint Michel lui avait donnée; il disait . Boso (JEAN nu), — président de la cour des
avoir vu dans le ciel une palme lumineuse aides de Rouen, décapité comme rebelle en
qu'on lui réservait. 11 soutenait que la Sainte- 1562. On a de lui un livre intitulé : Traité de
Vierge était de nature divine, conçue par in- la vertu el des propriétés du nombre septénaire.
spiration égale à son fils el présente comme Botanomancie, — divination par le moyen
,
lui dans l'Eucharistie; que le Saint-Esprit des feuilles
ou rameaux de verveine el de
s'était incarné dans elle, que la seconde et la bruyère, sur lesquelles les anciens gravaient
troisième personne de la Trinité sont infé- les noms el les demandes du consultant. On
rieures au Père, que la chute do Lucifer en- devinait, encore de celle manière lorsqu'il —
: y
traîna celle d'.un grand nombre d'anges qui avait eu un grand vent pendant, la nuit,
on
habitaient, les régions de l'air. 11 disait que allait voir de bon matin, la disposition des
c'est par le ministère de ces anges rebelles feuilles tombées, et 'des charlatans prédisaient
que Dieu a créé le monde et animé les bru- ou déclaraient là-dessus ce que le peuple, vou-
tes, mais que les hommes ont une âme divine, lait, savoir.
(pie Dieu nous a faits malgré lui, etc. 11 finit
Botis, — voy. O'ris.
l«ir se dire lui-même le Saint-Esprit incarné.
— 11 fut. arrêté après la mort d'Innocent X,
Botris ou Botride,—plante dont les feuil-
et, le 3 janvier 4 661, comdanmé comme hé- les sont, velues el découpées el les Heurs en
rétique et comme coupable de plusieurs mé- petites grappes. Les gens à secrets lui attri-
faits. Mais il parvint à fuir dans le nord, et buent des vertus surprenantes, et particuliè-
il fil dépenser beaucoup d'argent à la reine rement celle de faire sortir avec facilité les en-
Christine, en lui promettant la pierre philoso- fants morts du sein de leur mère.
phale. 11 no lui découvrit cependant pas ses Bounenhcren, — voy. PACTE.
secrets. 11 voulait passer en Turquie, lorsqu'il Bouc. — C'est sous la forme d'un grand

fut arrêté dans un petit village comme con- bouc noir aux yeux élincelants, que le diable
l spirateur. Le nonce du pape le réclama, et. il se fait adorer au sabbat; il prend fréquem-
fui conduit à Borne, où il mourut on prison
ment colle figure dans ses entrevues avec les
le 4 0 août 4G915. '— Il est l'auteur d'un livre sorcières, et le maître des sabbats n'est pas
intitulé : La Clef du cabinet du chevalier
autrement désigné, dans beaucoup de procé-
Horri, où l'on trouve diverses lettres scienti- dures, que sous le nom de bouc noir ou grand
fiques, chimiques et très-curieuses, ainsi que bouc. Le bouc le
des instructions politiques, autres choses di-
et manche à balai sont aussi
la monture ordinaire des sorcières, qui par-
<J»e de curiosité, et beaucoup de beaux secre/s.
V
Genève, 4 684, petit in-42 '. Ce livre esl un
tent par la cheminée pour leurs assemblées
- nocturnes. — Le bouc, chez les Égyptiens,
-l. La Chiave del gttbinctto del cavnglierc G. F. Borri,
représentait le dieu Pan, et plusieurs démo-
_ nographes disent que Pan est le démon du
sabbat. Chez.les Grecs on immolait le bouc à
Bacchus; d'autres démonomanes pensent que
7
BOt) — 98 — «on
le démon du sabbat est Bacohus. Enfin le relier de Blois, à l'enseigne du Cygne, chez
bouc émissaire des Juifs (Azazel ) hantait les qui elle était servante, lui avait fait gouver-
forêts et lieux déserts consacrés aux démons : ner trois mois celle marionnette ou mandra-
voilà encore, dans certaines opinions, les mo- gore, qu'elle lui donnait à manger avec frayeur
tifs qui ont placé le bouc au sabbat. Voy. S.-ui- d'abord, car elle était fort méchante, que
IIAT: —L'auteur des Admirables secrets d'Al— quand son maître allait aux champs, il lui di-
berl-le-Grand dit, au chapitre 3 du livre II, sait : « Je vous recommande ma bêle, el que
que si on se frotte le visage de sang de bouc personne ne s'en approche que vous. » Elle
qui aura bouilli avec du verre et du vinaigre, conta qu'une certaine fois Jehan étant allé en
on aura incontinent, des visions horribles et voyage, elle demeura trois jours sans donner à
.

épouvantables. On peut procurer le même manger à la bête, si bien qu'à son retour, elle le
plaisir à des étrangers qu'on voudra troubler. frappa vivement au visage... Elle avaitla forme
Les villageois disent que le diable se montre d'une guenon, que l'on cachait bien, car elle
fréquemment en forme de bouc, à ceux qui était si hideuse, que personne ne l'osait re-
le font venir avec le grimoire. Ce fui sous la garder. Sur ces dépositions, le juge (il mettre
ligure d'un grand bouc qu'il emporta Guil- la femme Bouchey à la question , et plus tard
laume-le-Roux, roi d'Angleterre. — Voici une le parlement de Paris la condamna comme
aventure de bouc qui peut tenir ici sa place. sorcière 1. 11 est assez probable que la ma-
Un voyageur, couché dans une chambre d'au- rionnette était simplement une vraie guenon.
berge avait pour voisinage, sans le savoir, Souillon du sabbat. — Pierre Del ancre
,
une compagnie de chèvres et de boucs dont
, assure, clans l'Incrédulité el mècréancedu sor-
il n'était, séparé que par une cloison de bois tilège pleinement convaincue, traité dixième,
fort mince, ouverte en plusieurs endroits. 11 les sorcières, au sabbat, font bouillir des
que
s'était couché sans examiner son gîte el dor- enfants morts el de la chair de pendu qu'el-
mait paisiblement, lorsqu'il reçut, la visite les joignent des poudres ensorcelées, ,
du
d'une y
d'un bouc son voisin; il avait profilé millet.noir, des grenouilles; qu'elles tirent, de
ouverture pour venir le voir. Le bruit doses tout cela un bouillon qu'elles boivent, en di-
sabots éveilla l'étranger, qui le prit d'abord sant
: « J'ai bu du lympanon -, et me voilà
pour un voleur. L'animal s'approcha du lit el professe en sorcellerie. » On ajoute qu'après
mit ses deux pieds dessus. Le voyageur, ba- qu'elles ont.bu bouillon, les sorcières pré-
lançant entre le choix d'une prompte retraite ce
disent l'avenir, volent, dans les airs, et possè-
ou d'une attaque vigoureuse, prit le parti de
dent le pouvoir de faire des' sortilèges.
se saisir du voleur prétendu. Ses pieds, qui
d'abord se présentent au bord du lit, com- Boullé (THOMAS), — vicaire de Picard,
mencent à l'intriguer; son effroi augmente, sorcier comme lui, el impliqué dans l'affaire
lorsqu'il touche une face pointue, une longue de Madeleine Bavan. On le convainquit d'a-
barbe,.des cornes... Persuadé que ce ne. peut voir noué et dénoué l'aiguillette, de s'être mis
être que le diable, il saute de son lit tout sur des charbons ardents sans se brûler, et
troublé. Le jour vint seul le rassurer, en lui d'avoir fait plusieurs abominations. Il-souffrit
faisant, connaître son prétendu démon. Voy. la question sans rien dire, parce qu'il avait le
GRIMOIRE.' sort de taciturnilé, comme l'observe Boisro-
Boucher. — Ambroise Paré raconte, dans ger. Cependant, quoiqu'il n'eût rien avoue,
qu'il avait la marque des sorciers et
son livre des Monstres, chapitre 28, qu'un parce
valet, nommé Boucher, étant plongé dans des qu'il avait commis des actes infâmes ; il fut,
pensées impures, un démon ou spectre lui après amende honorable, brûlé vif, à llouen
apparut sous la figure d'une femme. Il suivit sur le Vieux-Marché, le 22 août 4 6-47 3.
le tentateur ; mais incontinent son ventre el Soulieno (JACQUES) , — astrologue à Bou-
ses cuisses s'enflammèrent, tout son corps logne-la-Grasse, né au diocèse, de Dol en
s'embrasa, et il en mourut misérablement. Bretagne. Il fil plusieurs traités d'astrologie
Bouchey (MAIUÎUKKITERAGUM), — femme que nous ne connaissons pas; il prédit les
d'un maçon de la Sologne, vers la fin du sei- troubles de Paris sous Charles VI, ainsi que
zième siècle ; elle montrait une sorte de ma- la prise de Tours par le Dauphin. Il fit aussi,
rionnette animée, que les gens experts dé-
couvrirent être un lutin. En juin 4 603, le juge 1 Arrêts notables de P. Delancre.
ordinaire de Romoranlin, homme avisé, se s Ce bouillon se met dans nne outre de pean de bouc,
mit en devoir de procéder contre la marion- qui sert quelquefois de tympanon on de tambour.
M. Jules Gaiïnct, Histoire de la magie en France,
nette. Elle confessa que maître Jehan, caba- p. 246. •'•
HOU
— 99 — BOV
dit-on, l'horoscope de. Portion deSainfrailles, qu us appelaient ie moine uourru ; n parcou-
en quoi on assure
qu'il rencontra juste '. rait les rues pendant, la nuit, tordait le cou à
Boulvèse, — professeur d'hébreu au col- ceux qui niellaient la tête à la fenêtre, el fai-
lège de Monlaigu. Il a écrit l'histoire do la sait nombre de tours de passe-passe. Il paraît
possession deLaon, en 4SS6 ; c'est, l'aventure quo c'était une espèce de lutin. Les bonnes et
de Nicole Aubry. C'était un homme excessi- les nourrices épouvantaient les enfants de la
vement crédule. menace du moine, bourru. Croque-mitaine lui
Boundschcsch, — Livre de l'éternité, très- a succédé.
révérô des anciens Persans. C'est, là qu'on Bourreau. — Le maître des hautes-oeuvres
voit qu'Ormusd est l'auteur du bien el du avait jadis diverses prérogatives. On lui at-
monde pur, Arimane l'auteur du mal et du tribuait même, dans plusieurs provinces, le
monde impur. Un jour qu'Ormusd l'avait privilège de guérir certaines maladies, en les
vaincu, Arimane, pour se venger, tua un boeuf louchant de la main, lorsqu'il revenait d'une
qu'Ormusd avait créé : du sang de ce boeuf exécution de mort 1. On croit encore, dans
naquit le premier homme, sur lequel Ormusd nos campagnes, que le bourreau est un peu
répainlil la force et la fraîcheur d'un adoles- sorcier, el il n'est pas rare que des malades
cent de quinze ans, en jetant, sur lui une superstitieux se fassent traiter par lui, quoi-
goutte d'i'aw de santéel une goutte ù'eau-de-vie. qu'il n'ait plus de graisse de pendu.
Ce premier homme s'appela Kaid-Mords; il
vécut milleans elen régna cinq cent soixante. Kousanthropie,:—maladied'esprit qui frap-
11 produisit un arbre des fruits duquel naquit
pait certains visionnaires, et leur persuadait
le genre humain. Arimane, ou le diable, sous
qu'ils étaient changés en boeufs. Mais lesbou-
la figure d'un serpent, séduisit le premier santhropes sont bien moins communs que les
couple el le corrompit; les premiers hommes loups-garous ou lycanlhropes, dans les annales .
déchus se couvrirent alors de vêlements noirs de la superstition. Voy. LYCANTHUOPIE.
et attendirent tristement la résurrection ; car, Bouton de bachelier. •— Les jeunes pay-
ils avaient introduit le péché dans le monde. sans anglais prétendaient autrefois savoir
On voit, là une tradition altérée delà Genèse. d'avance quels seraient, leurs succès auprès
Bourignon (ANTOINETTE), — visionnaire, des jeunes filles qu'ils voulaient rechercher en
née à Lille en 4 64 6 morte en 1680 dans la mariage, en porlantdans leur poche une plante
,
frise. Elle élail si laide, qu'à sa naissance on nommée boulon de bachelier, de l'espèce des
hésita si on ne l'ôloufferail pas comme un lychnis, cl dont la (leur ressemble à un bou-
monstre. Elle se consola de l'aversion qu'elle: Ion d'habit. Ils jugeaient s'il fallait espérer
inspirait par la lecture mal digérée de livresï ou désespérer, selon que ces boutons s'épa-
qui enflammèrent son imagination vive et. ar- nouissaient ou non -.
dente. Elle eut des visions el des extases. A
vingt ans, comme elle élail riche, il se trouva
BoviHe Bovelles, BovillltS (ClIAItl.ES
OU
1 DE), —Picard, mort vers 4 iio3.11 veut établir,
un homme qui voulut bien l'épouser ; mais, an' dans son livre De sensu, celle opinion que le
moment d'aller à l'autel, elle s'enfuit déguisée'' monde esl un animal, opinion d'ailleurs an-
en garçon. Elle voyait partout des démons el cienne renouvelée plusieurs fois depuis et
des magiciens. Elle parcourut la Hollande et1 ,
fréquenta les hérétiques, les rabbins, les sor- assez récemment par Eélix Nogaret 3. On cite
ciers ; car il y avait alors à Amsterdam des encore de Bovïllus ses Lettres '', sa Vie de
3 llaymond Luile, son Traité des douzenombres
sorciers de profession. Ses nombreux ou-
— et ses Trois dialogues sur l'immortalité de
vrages, qui furent Ions imprimés sous sess l'âme, la résurrection el la Fin du monde •'.
: yeux, en français, en flamand et en allemand,
combattent tout culte extérieur et toute litur-
Rie, en faveur d'une perfection mysliqw 1 Tliiers, Traité des superst., t. I"1', p. 443.
inadmissible. Les plus célèbres de ses écrit 2 Smitli, Kotes aux Joyeuses commères de Sliaks-
peare, acte III.
sont le traité du Nouveau Ciel el du règne d " Dans un petit volume intitulé : La Terre est un
I Antéchrist, animal.
et. son livre de VAveuglement de
hommes el de la lumière née 4 Epistola; complures super malbcmaticum opus qua-
en ténèbres. dripartitum, recueillies avec les trnitésDe duodechn nu-
Boary, — voy. FLAQUE. meris, de numeris perfectis, etc., à la suite du Liber de
intellcctu,de sensu, etc.In-i'ol., rare. Paris, H.lïstienne,
Bourru. — Les Parisiens faisaient autrefoi 1510.
beaucoup de contes
sur un fantôme imaginair 5 Vita lïaymundi ercmitEc, a la suite du Commenta-
rius in primordiale evangelium .loannis. In-4°. Paris,
1514. — Dialogi 1res de anima; inmiortalitate, de resnr-
extrait d'un manuscrit de la Bibliothèque du ro rectione, de mundi excidio etilliusinstauratione.ln-8'\
ra!>P°rlC. à la fin des lîemarquesde Joly sur Bayle. Lyon, Gryplnus, 1552.
B1LY
— 10 0 — Bill
Boxhorn.(MAnc ZUERIUS), —critique hol- qui fut dans son temps le fléau des sorciers,
landais, né à Berg-op-Zoom, en 4 64 2. On re- regarde les brahmanes comme, d'insignes ma-
cherche de lui un Traité des songes, qui passe giciens qui faisaient le beau temps et la pluie
pour un ouvrage rare el curieux '. en ouvrant ou fermant, deux tonneaux qu'ils
Bracoesoo (JEAN), — alchimiste de Brescia, avaient en leur puissance. —• Leloyer assure,
qui fiorissait au seizième siècle. 31 commenta page 337, que les brahmanes, ou brahmines,
l'ouvrage arabe de Geber dans un fatras vendent, toujours les vents par le moyen du
aussi obscur que le livre commenté. Le plus diable ; et ii cite un pilote vénitien qui leur en
,

curieux de ses traités est Le bois de vie, où acheta au seizième siècle.


l'on apprend la médecine au moyen de laquelle Brandebourg. — On assure encore, dans
?ios premiers pères ont vécu neuf cents ans s. les villages de la Poméranie et de la Marche
alchimiste Electorale, que toutes les fois qu'il doit mou-
Bragadini (MAUC-ANTOINE)
, —
originaire de Venise, décapité dans la Bavière rir quelqu'un de la maison de Brandebourg,
esprit.apparaît dans les airs, sous l'appa-
en 4 595, parce qu'il se vantail de faire de un d'une grande
l'or, qu'il ne tenait que des libéralités d'un rence statue de marbre blanc.
démon, comme disent les récils du temps. Son Mais c'est une femme animée. Elle parcourt
supplice eut lieu à Munich, par l'ordre du duc les appartements du éhâleau habité par la
Guillaume II. On arrêta aussi deux chiens personne qui doit mourir, sans qu'on ose ar-
noirs qui accompagnaient partout Bragadini, rêter sa marche. 11 y a très-long-temps que
et que l'on reconnut être ses démons fami- cette apparition a lieu ; et l'on conte qu'un
liers. On leur fil leur procès; ils furent tués page ayant eu l'audace un jour do se placer
place publique à d'arquebuse. devant la grande femme blanche, elle le jeta
en coups à terre avec tant de violence, qu'il resta mort
Brahmanes.— Brames et Brnmines, secta- sur la place.
teurs de Brahma dans l'Inde. Ils croient que
l'àme de Brahma passa successivement dans 3ras-de-Fer,—bergei'SOrcier.l'oi/.llOCQUK.
quatre-vingt mille corps différents, et s'arrêta Brebis. -— Voy. ÏUOUI'EAUX.
un peu dans celui d'un éléphant blanc avec Brennus, -— général gaulois. Après qu'il se
plus de complaisance, aussi révèrent-ils l'é- fut emparé de Delphes, et qu'il eut profané le
léphant blanc. Ils sont la première des qua- temple d'Apollon, il survint tremblement
un
tre castes du peuple qui adore Brahma. Ces de. terre accompagné de foudres et d'éclairs
philosophes, dont on a conté tant de choses, el d'une pluie de pierres qui tombait, du
,
vivaient autrefois en partie dans les bois, où mont Parnasse
: ce qui mit ses gens en tel dé-
ils consultaient, les astres el. faisaient de la sarroi, qu'ils laissèrent, vaincre; et Brennus,
sorcellerie, et en parlie dans les villes pour déjà blessé, se donna la mort.
se
enseigner la morale aux princes indiens.
Quand on allait les écouter dit Slrabon on Briffaut, — démon peu connu, quoique
silence. Ce- chef de légion, qui s'était logé dans le corps
, ,
devait le faire dans le plus grand
lui qui toussait ou crachait était exclus. Les d'une possédée de Beau vais au commencement
brahmanes croient à la métempsycose, ne du dix-septième siècle.
mangent que des fruits ou du lait, elne peu- Brigitte. — Ilyo, dans les révélations de
vent toucher un animal sans se rendre im- sainte Brigitte, d'épouvantables peintures de
mondes. — Us disent que les bêtes sont ani- l'enfer. Les ennemis de la religion ont trouvé
mées par les âmes des anges déchus, système dans ces écrits un thème à leurs déclamations.
dont le père Bougeant a tiré un parti ingé- Mais ce ne sont pas des livres canoniques;
nieux. — Les brahmanes de Siam croient l'église n'ordonne pas de les croire, et ils ne
que la terre périra par le feu, et que, de sa s'adressent pas à toute sorte de lecteurs.
cendre, il en renaîtra une autre qui jouira Brinvilliers (MARIE-MAUGUERITE, MARQUISE
d'un printemps perpétuel.— Le juge Boguet, DE),
— femme qui, de 4 666 à 1C72, empoi-
sonna, sans molifs de haine, quelquefois même
1 Marci Zuerii Boxhornii Oratio de somniis. Lugdnni
IBatav., 1639, vol. in-4". sans intérêt, parents, amis, domestiques; elle
?- Lcgno délia vita, nel quaîc si dicbiara la medicina allait jusque dans les hôpi taux doimerdu poison
perlaqnateinorstnprimi padri vivevano nove cento anni. aux malade?. 11 faut attribuer tous ces crimes à
Rome, 1542. In-8". — La esposizione di Geber iilosofo,
nella quale si dichiarano molli nobilissimi seereti délia une horrible démence ou à cette dépravation
natura.In-8"."Venise,1514.—Cesdeux ouvrages, traduits atroce, dont on ne voyait autrefois d'autre ex-
en latin, se trouvent dans le recueil de Gratarole, Vera plication que la possession du diable. Aussi
alchemioe doctrina. et dans le tome I'' de la Bibliothè-
1'

que chimique de Manget; ils sont aussi publiés séparé- a-t-on dit qu'elle s'était vendue à Satan. Dès
ment sous le titre : De Alchemia dialogi duo. ln-d", l'âge de sept ans, la Brinvilliers commença,
Lugil., 151S.
BRI — 101 — BllO
dit-on, sa carrière criminelle, el il a été per- BrocéHande, — forêt enchantée. Voy.
mis à des esprits crédules de redouter en elle MERLIN.
un affreux
démon incarné. Elle fut brûlée en
Brohoo. (JEAN), — médecin de Coutances,
,| 676. Les
empoisonnements continuèrent après seizième siècle. Des amateurs recherchent
au
l'Almanach de lui 4° Description d'une merveilleuse el
sa mort, Voy. YOISIX. — Dans :
prophétique de 4843, M. Eugène Bareste a prodigieuse comète, avec un traité présagique
tenté de justifier la marquise de Brinvilliers : el des comètes, in-S°. Paris, .1568. 2° Alma-

il n'eslpasimpossiblequ'onne l'ail fort noircie. nach, ou Journal astrologique, avec les juge-
Brioché (JEAN), — arracheur de dents qui, ments pronostiques, pour l'an 4 572-, Rouen,
vers l'an 4 650 , se rendit- fameux par sou ta- 4574 , in-12.
lent dans l'art de faire jouer les marionnettes. Brollo (CORNEILLE) , —jeune garçon du
Après avoir amusé Paris et les provinces, il pays de Labour, que Pierre Delancre interro-
passa en Suisse, et s'arrêta à Soleure, où il gea comme sorcier au commencement du dix-
donna une représentation en présence d'une septième siècle. Il avoua qu'il fut violenté
assemblée nombreuse, qui ne se doutait pas pour baiser le derrière du diable. « Je ne
de ce qu'elle allait voir, car les Suisses ne sais s'il dit cela par modestie, ajoute Delan-
connaissaient pas les marionnettes. A peine cre. ; car c'est un fort civil enfant. Mais il ajouta
eurent-ils aperçu Pantalon, le diable, le mé- qu'il soutint au diable qu'il aimerait mieux
decin, Polichinelle et leurs bizarres compa- mourir que lui baiser le derrière, si bien qu'il
gnons, qu'ils ouvrirent des yeux effrayés. De ne le baisa qu'au visage; el il eut beaucoup
mémoire d'homme on n'avait point entendu de peine à se tirer du sabbat, dont il n'ap-
parler dans le pays d'êtres aussi petits, aussi prouvait pas les abominations 1. »
agiles et aussi babillards que ceux-là. Ils s'ima-
ginèrent que ces petits hommes qui parlaient, Erossier (MARTHE) , — fillo d'un tisserand
de Komoranlin, qui se dit possédée et. convul-
dansaient, se battaient et se disputaient si bien,
pouvaient être qu'une de lutins sionnaire en 1569, à l'âge de vingt-deux ans.
ne troupe aux Elle
ordres de Brioché. — Cette idée se confir- su fil exorciser; les effets de la posses-
les' confidences les sion devinrent de plus en plus merveilleux.
mant par que spectateurs
quelques-uns Elle parcourait les villes ; et. le diable, par su
faisaient entre eux, coururent bouche, parlait hébreu
se.
chez le juge, et lui dénoncèrent le magicien. ,. grec , latin, an-
glais elc. On disait aussi qu'elle découvrait
Le juge, épouvanté, ordonna à ses archers ,
— les secrets. On assure que dans ses cabrioles
d'arrêter le sorcier, et l'obligea à comparaître
devant lui. On garrotta Brioché, on l'amena ' elle
s'élevait quelquefois à quatre pieds de
terre. L'offieial d'Orléans, qui se défiait
devant les juges, qui voulurent voir les pièces -—
du procès; on apporta le théâtre et les dé-
d'elle, lui dit qu'il allait l'exorciser, el conju-
touchait qu'en gua, dans Despautère, les verbes nexo et lexo;
nions de bois, auxquels on no à où elle
frémissant; et Brioché fut condamné à être le démon aussitôt la renversa terre,
brûlé avec son attirail. Celte sentence allait lit ses contorsions. Charles
Miron, évêquo
elle fut conduite, la fit
être exécutée, lorsque survint un nommé Du- d'Angers, devant qui
capitaine des gardes suisses service garder dans une maison de confiance. On mit,
monl, au
ihi roi de France; curieux de voirie magicien à son insu, de l'eau bénite dans sa boisson
,
français, il reconnut, le malheureux Brioché qui n'opéra pas plus d'effet que l'eau ordi-
'lui l'avait tant fait rire à Paris. Il se rendit naire ; on lui en présenta dans un
bénitier,
qu'elle crut-bénite, et- aussitôt elle tomba par
en hâte chez le magistrat. Après avoir fait
suspendre d'un jour l'arrêt, il lui expliqua terre, se débattit- el fit les
grimaces accoutu-
l'affaire, lui fil comprendre le mécanisme ries mées. L'évêque, un Virgile à la main, feignit
marionnettes, el obtint, l'ordre de mettre Brio- de vouloir l'exorciser, et prononça d'un ton
l'lié en liberté. Ce dernier revint à Paris, se grave Arma virumque cano. Les convulsions
promenant bien dé ne plus songer à faire rire
de Marthe ne manquèrent pas de redoubler.
'es Suisses dans leur pays K Certain alors dé l'imposture, Charles Miron
chassa la prétendue possédée do son diocèse,
Srizomantie, — divination par l'inspira- comme on l'avait chassée d'Orléans. A Paris,
hon de Brizo, déesse du sommeil; c'était l'art les médecins furent d'abord partagés sur son
de deviner les choses futures ou cachées par étal mais bientôt ils prononcèrent qu'il y
;
les songes naturels. Foi/. ONÉIROCIUTIQUE. avait beaucoup de fraude, peu de maladie
,

?J'-ttrcs de Saint-André sur la magie, Déinoniana, J Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc.,
Pli
.
!-"Çui>mi!iirc d'anecdotes suisses, P. 75,
BRO — 102 — BRU
et que le diable n'y était pour rien. Nihil a troisième livre est consacré aux animaux, <.(.
doemone, multa ficta, a morbo pa.uca. Le paiv combat les merveilles qu'on débile sur lotir
lemenl. prit connaissance de l'affaire, et con- compte et les propriétés que des charlatans
pamna Marthe à s'en retourner à Romorantin, donnent à quelques-unes de leurs parties ou
chez ses parents, avec défense d'en sortir, de leurs sécrétions. Le quatrième livre traite
sous peine de punition corporelle. —Cepen- des erreurs relatives à l'homme. L'auteur dé-
dant elle se fit conduire quelque temps après truit la vertu cordiale accordée au doigt an-
devant l'évêque de Glermont qu'elle espérait nulaire, le conte populaire qui fait, remonter
tromper ; mais un arrêt du parlement la mit l'origine de saluer dans les élernumenls à une
en fuite. Elle se réfugia à Rome, où elle fut épidémie dans laquelle on mourait en éter-
enfermée dans une communauté; là finit sa nuant, la puanteur spéciale des juifs, les
possession. On peut voir sur celte affaire les pygmées, les années climalériques. — Le
lettres du cardinal d'Ossal, et une brochure cinquième livre est consacré aux erreurs qui
intitulée : Discours véritable sur le. fait de nous sont venues par la faute des peintres;
Marthe Brossiar, par le médecin Marescot, comme le nombril de nos premiers pa-
qui assista auxexorcismes. (In-S°.Paris, 4599.) rents, le sacrifice d'Abraham, où son fils
Brouoolaques, — UOl/. "VAMPIUES. lsaac est représenté enfant, tandis qu'il avait
Brouette de la mort. — C'est une opinion quarante ans. L'auteur discute clans le livre
généralement reçue parmi les paysans de la sixième les opinions erronées ou hasardées
Basse-Bretagne que, quand quelqu'un est des- qui ont rapport à la cosmographie el à l'his-
tiné à rendre bientôt le dernier soupir, la toire. 11 combat, les jours heureux ou malheu-
brouette de la mort passe dans le voisinage. reux, les. idées vulgaires sur la couleur des
Elle esl couverte d'un drap blanc, el des spec- nègres. Le septième livre enfin esl consacré à
tres la conduisent; le moribond entend même l'examen de certaines traditions reçues, sur
le bruit de sa roue 1. Dans certains cantons, la mer Morte, la tour de Babel, les rois de
l'Epiphanie, etc. Le savant, ne se montre pas
cette brouette est le char de la Mort, carriole[
'.

crédule.; cependant il croyait, comme tout


an Nanlcou, et le cri de la fresoie annonce chrétien, sorciers et aux démons. Le doc-
son passage °. aux
leur llulchinson cite de lui un fait à ce sujet
Brown (THOMAS) médecin anglais, mort. dans
combattit ,
les dans son Essai sur la sorcellerie. -En 4 661,
en' 1682. Il erreurs un sa- deux
personnes accusées de sorcellerie allaient
vant ouvrage 3 que l'abbé Souchay a traduit
français, le titre d'Essai les
être jugées à Norwich ; le grand jury consulta
en sous sur er- Brown, dont on révérait l'opinion elle savoir.
reurs populaires, ou examende plusieurs opi- Brown signa une attestation, dont, on a con-
nions reçues comme vraies et qui sont fausses serve l'original, dans laquelle il reconnaît
ou douteuses. % vol. in-42. Paris, 4733 et l'existence des sorciers el l'iiilluence du dia-
-1745. Ce livre, utile quand il parut, l'est en-
ble ; il y cite même des faits analogues à ceux
core aujourd'hui, quoique beaucoup de ces qui faisaient poursuivre les deux accusés, el
erreurs soienl dissipées. Les connaissances du qu'il présente comme incontestables.. Ce fut
docteur Brown sont vastes ses jugements
, cette opinion qui détermina la condamnation
souvent justes; quelquefois cependant il rem- des prévenus.
place une erreur par une autre. — L'Essai '.7. L

sur les erreurs populaires esl divisé en sept Brownie, —lutin écossais. Le roi Jacques
livres. On recherche dans le premier la source regardait Brownie comme, un agent de Satan:
des erreurs accréditées ; elles doivent nais- Kirck en fait un bon génie. Aux îles d'Arkney,
sance à la faiblesse de l'esprit humain, à la on fait encore des libations de lait dans là ca-
curiosité, à l'amour de l'homme pour le mer- vité d'une pierre appelée la pierre de Brownie,
veilleux, aux fausses idées, aux jugements pour s'assurer de sa protection. Le peuple
précipités. Dans le second livre on examine de ces îles croit Brownie doux el pacifique;
les erreurs qui attribuent certaines vertus mais si on l'offense il ne reparaît plus.
merveilleuses aux minéraux-et aux plantes
telles sont les qualités surnaturelles qu'oi Bruhesen (PlERBE VAN), —docteur et 8S-
trologue de la Campine,.morlà Bruges en 4 571.
donne à l'aimant, et le privilège de la rose d( Il publia dans celte ville, en 1550, son Grandit
Jéricho, qui-dans l'opinion des bonnes gem perpétuel almanach, où il indique scrupuleuse-
fleurit tous les ans la veille de Noël. —Li
ment, d'après les principes de l'astrologie ju-
1 "Voyage de M. Cambry dans le Finistère, t. Ils\ diciaire, les jours propres à purger, baigner,
2 M. ILeratry, Le Dernier des Beauman.oiïr, ch. 20.
a Pseudodoxia epidemica or enquiries tlle vulgar er
raser, saigner, couper les cheveux et appliquer
rors, etc. In-l'ol. Londres, 1616. les ventouses. Ce modèle de l'almanach de
BllU
— 103i — nue,
Liège fit d'autant plus de rumeur ù Bruges vière accompagné de Brunon évèque de
, , ,
que le magistral, qui donnait dans l'astrologie, Wurtzbonrg, el de quelques autres seigneurs.
fit très-expresses défenses à quiconque exer- Comme il passait près du château de Grein,
çait en sa ville le métier de bafberie, do rien il se trouva en danger imminent de se noyer
entreprendre sur le menton de ses concitoyens lui et les siens dans un lieu dangereux; ce-
pendant les jours néfastes. François Rapaè'rl, pendant, il. se lira heureusement de ce péril.
médecin de Bruges, publia alors contre Brti- Mais incontinent on aperçut au haut d'un ro-
hesen le grand el perpétuel almanach, ou 'fléau cher un homme noir qui appela Brunôn, lui
des empiriques et des charlatans 1. Mais Pierre disant : « Évoque, sache que je suis un diable,
ilaschaert, chirurgien, partisan de l'astrologie, et qu'en quelque lieu que tu sois, lu es à moi.
défendit Bruhesen dans son Bouclier astrologi- Je ne puis aujourd'hui le mal faire ; mais lu
que contre le fléau des astrologues de François me verras ayant peu. » Brunon, qui était
Rapaërl 2; el depuis on a fait des almanachs homme de bien, fit le signe de la croix ,et après
sur le modèle de Bruhesen , el ils n'onl pas qu'il eut conjuré le diable, on ne sut ce qu'il
cessé d'avoir un débit immense. devint. Mais bientôt comme l'empereur dînait
Brulefer. —C'est le nom que donnent les à Ébersberg, avec sa compagnie, les poutres
Véritable!; clavicules de Salomon à un dé- et plafond d'une chambre basse où ils étaient,
mon ou esprit qu'on invoque quand on veut s'écroulèrent ; l'empereur tomba dans une
se faire aimer. cuve où il ne se fit point de mal, el Brunon
Brunehaut,—reined'Austrasie, au sixième eut en sa chute tout le corps tellement brisé
siècle accusée d'une multitude de crimes et qu'il en mourut.—De ce Brunon ou Bruno nous
victime historique do beaucoup de avons quelques commentaires sur les Psau-
,
peul-èlre
calomnies. Dans le siècle où elle vécut, on ne mes. ' » — H n'y a qu'un petit malheur dans
doit pas s'étonner de trouver au nombre de ce conte rapporté.par Loloyer, c'est que tout
ses forfaits la sorcellerie et les maléfices. en esl faux.
Bruno , — philosophe , né à Noie dans le Srutus. — Plutarque rapporte que peu do
royaume de Naples, au milieu du seizième siè- temps avant la bataille de Philippe» Brutus
cle. 11 publia à Londres, en 4 581, son livre de ,
étant seul et rêveur dans sa lente, aperçul un
l'Expulsion de la bête triomphante 5. Ce livre fantôme d'une taille démesurée qui se pré-
l'ut supprimé. C'est une critique slupide dans ,
senta devant lui en silence, mais avec un re-
le fond, maligne dans les détails, de toutes les gard menaçant. Brutus lui demanda s'il était
religions, et spécialement de la religion chré- dieu ou homme el. ce qu'il voulait. Le spectre
tienne.—L'auteur ayant voulu revoirsa patrie, lui répondit : Je ,
suis ton mauvais génie, et je
«
fut arrêté à Venise en 4 598, transféré à Rome, l'ultendsauxehampsdePhilippes. » «Eh bien
condamné el brûlé le 47 février do l'an 4 600, ,
nous nous y verrons ! » répliqua Brutus. Le fan-
pour ses impiétés flagrantes et ses mauvaises tôme disparut; mais on dit qu'il se montra de-
moeurs. Il avait consumé beaucoup de temps rechef au meurtrier de César la nuit qui pré-
à l'étude des rêveries hermétiques ; il a môme céda la bataille de Philippes, où Brutus se tua
laissé des écrits sur l'a'chiinie *, el d'antres ou- de sa main.
vrages dont quelques-uns ont partagé son
bûcher 5. On s'étonnera peut—être de cette BucailSe (MARIE),—jeune Normande de
ligueur, mais alors les crimes que l'on pour- Valogno, qui, au dernier siècle, voulutse faire
suivait ainsi et qui troublaient la société in- passer pour béate. Mais bientôt ses visions et
spiraient, plus d'horreur que n'en inspire au- ses extases devinrent suspectes; elle s'était
jourd'hui chez nous l'assassinat. dite quelquefois assiégée par les démons ; elle
Srunon. — « L'empereur Henri III allait en se faisait accompagner d'un prétendu moine,
' bateau sur le Danube en son duché de Ba- qui disparut dès qu'on voulut, examiner les
, faits1; elle se proclama possédée. Pour s'assu-
1 Magnum et perpetunm almanach,
seu empiriconun rer de la vérité des prodiges qu'elle opérait,
't medic.astrorum llagellum. In-12, 1551. on la fit enfermer au secret. On reconnut que
- Clypeus astrologicus contra llagellum asirologorum
l'rancisci les visions de Marie Bucaille n'étaient que four-
Eapardi. In-12, 1561.
I' Spàccio de la bestia trin'niphanle,proposto rîà-Giove, beries ; qu'elle n'était, en commerceni avec les
°.fletu:lto cl al conseglo, revelato da Merçurio, recitaio da
^"fia, udiio da Sauîino, registrato dal Noinno, diviso in anges ni avec le diable. Elle fui fouettée et
irc tlialogi, snbdivisi in tre parti. In Parigi. Londres, marquée et tout fut fini 2.
1584. in-8». ,
'île compcndio.sa architcxtnra et co:vplemento arlis
'-'ilbi, etc. In-lo. Paris, 1582, etc. 1 Loloyer, "Disc, et hist. des spectres, liv. lu, cil. 16.
'' Particulièrement La C'ena de le oeneri descrita in " Let.uvs ilo médecin Saini-Anclré sur la magie et sur
munie dialogi, etc. In-8". Londres, lôSi. ,
.
les maléfices, p. 18S et 131.
BIJD — lU/it — BUN
Buoer (MARTIN), —grand partisan de Lu- lait, f dit Pierre Delancre 1, un magicien élève
thor, mort à Cambridge en 4 554. « Étant, aux des ( Brahmanes, et en plein commerce avec
abois de la mort, assisté de ses amis, le dia- les ' dénions. Un jour qu'il voulait faire je ne
ble s'y trouva aussi l'accueillant avec une sais s quel sacrifice magique, le diable l'enleva
figure si hideuse, qu'il, n'y eut personne qui, de ' terre el lui tordit le cous : digne récom-
de frayeur, n'y perdit presque la vie. Icelui pense de la peine qu'il avait prise de rétablir
1

diable l'emporta rudement, lui creva le ventre par le manichéisme la puissance de Satan !
]

el le tua en lui lordant le cou, et emporta son Buer,— démon de seconde classe, prési-
âme, qu'il poussa devant lui, aux enfers1. » dent aux enfers ; il a la forme d'une étoile ou
Suckingham (GEORGE VlLUERS, DUO Dli), d'une roue à cinq branches, et s'avance en
—favori de Jacques Ier, mort à Porlsmoulh en roulant sur lui-même. Il enseigne la philoso-
4 628 illustre surtout par sa fin tragique. — phie, la logique el les vertus des herbes mé-
On sait,
qu'il fut assassiné par Feiton, otBcier dicinales. Il donne de bons domestiques, rond
à qui il avait fait dos injustices. Quelque la santé aux malades, el commande cinquante
temps avant sa mort, Guillaume Parker, an- légions .
cien ami de sa famille, aperçut à ses côtés en Bugaot (ETIENNE),-—gentilhomme delà
plein midi le fantôme du vieux sir George chambre de Louis XIV, auteur d'un livre rare
Villiers, père du duc, qui depuis long-temps intitulé : Histvire récente pour servir de preuve
ne vivait plus. Parker prit d'abord celte ap- à la vérité du purgatoire, vérifiée par procès-
parition pour une illusion de ses sens ; mais verbaux dressés en 4 663 et 4 601, avec un
bientôt il reconnut la voix de son vieil ami, Abrégé de la Vie d'André Bugnol, colonel d'in-
qui le pria d'avertir le duc de Btickingham fanterie, et de son apparition après sa mort.
d'être sur ses gardes, el disparut. Parker, de- ln-4 2, Orléans, 4 065. Cet André Bugnol élail
meuré seul, réfléchit, à cette commission, et, frère d'Etienne. Son apparition et ses révéla-
la trouvant difficile, il négligea de s'en acquit- tions n'ont rien d'original.
ter. Le fantôme revint une seconde fois el joi- Buisson d'épines. —Selon une coutume as-
gnit les menaces aux prières, de sorte que singulière, quand il y avait un malade
sez
Parker se décida à lui obéir ; mais il fut traité dans
une maison, chez les anciens Grecs, on
de fou, et Buckingham dédaigna son avis. Le attachait à la
porte un buisson d'épines pour
spectre reparut une troisième fois, se plaignit éloigner les esprits malfaisants.
de l'endurcissement de son lils et tirant un
poignard de dessous sa robe : « ,Allez encore, Bullet (JEAN-BAPTISTE),-—académicien do
dit-il à Parker ; annoncez à l'ingrat que vous Besançon, mort, en 4 775. On recherche ses Dis-
avez vu l'instrument qui doit lui donner la sertations sur la- mythologie française et sur
mort,. » Et de peur qu'il ne rejelal ce nouvel plusieurs points curieux del'hisloiredeFranee.
avertissement, le fantôme révéla à son ami un In-4 2, Paris, 4774.
des plus intimes secrels du duc.— Parker re- Bune , •—démon puissant, grand-duc, aux
tourna à la cour. Buckingham. d'abord frappé enfers. H a la forme d'un dragon avec trois
de le voir instruit de son secret, reprit bientôt têtes dont la troisième seulement est celle d'un
le ton de la raillerie, el conseilla au prophète homme. Il ne parle que par signes; il déplace
d'aller se guérir de sa démence. Néanmoins, les cadavres, hante les cimetières et rassem-
quelques semaines après, le duc de Bucking- ble les démons sur les sépulcres. Il enrichit
ham fut assassiné. On ne dit. pas si le couteau el rend éloquents ceux qui le servent; on
do Feiton élail ce même poignard que Parker ajoute qu'il ne les trompe jamais Trente
avait vu dans la main du fantôme. On peut, légions lui obéissent 4. Les démons soumis

du reste, expliquer cette vision. On savait que à Bune, et appelés Bunis, sont redoutés des
le duc avait, beaucoup d'ennemis, et quelques- Tartares, qui les disent très-malfaisants.Il faut
uns de ses amis, craignant pour ses jours, avoir la conscience nette pour être à l'abri de
pouvaient fort bien se faire des hallucinations. leur malice; car leur puissance est grande et
Bucon, — mauvais diable, cité dans les leur nombre est immense. Cependant, les sor-
Clavicules de Salornon. Il sème la jalousie et ciers du pays les apprivoisent, et c'est par lo
la haine. moyen des Bunis qu'ils se vantent de décou-
vrir l'avenir.
JSudas, —hérétique qui fut maître de Mâ-
nes, et auteur de l'hérésie manichéenne. C'é- 1 Discours des spectres, liv. vin, eh. 5.
y Socrate, lïistor. eccles.,îib. I, cap. 21.
1 IXlancre, Tableau de l'inconstancede-'dém-.ns,ele '' Wierus, iu Pseudontonarchiâ chmnon.
liv. v, dise. 1. ,
i Wierus, in Fseudonfinirchiâ ilrcmoii.
BOB. — 10; — ML
Bungey (THOMAS), —moine anglais, ami Burton (ROHEIVT), — aulcur d'un ouvrage
de, Roger Bacon , avec qui les démonographes intitulé : Anaiomie de la mélancolie, par Dé-
l'accusent d'avoir travaillé sept, ans à la mer- mocrile la jaune, in-l°, 1624; mort en 4 639.
veilleuse lête d'airain qui parla, comme on L'astrologie était de son temps très-respecléo
sîiit «. On ajoute que Thomas était magicien, en Angleterre, sa patrie. Il y croyait et vou-
et on en donne pour preuve qu'il publia un li- lait qu'on ne doutât pas de ses horoscopes.
vre de la magie naturelle, De ma.giâ naluruli, Avant prédit publiquementlejour de sa mort,
aujourd'hui peu connu. Mais Delrio l'absout de quand l'heure fut venue il se lua pour la gloire
l'accusation de magie-, et il avoue que. son de l'astrologie et pour ne pas avoir un démenti
livre ne contient, qu'une certaine dose d'idées dans ses pronostics. Cardan et quelques autres
superstitieuses. Une autre preuve qu'il n'était personnageshabiles dans la science des astres
pas magicien, mais seulement un peu mathé- ont fait, à ce qu'on croit, la même chose 1.
maticien, c'est qu'on l'élut provincialdes fran-
Eusas, — prince infernal. Voy. PIUJFI.AS.
ciscains on Angleterre '.
Butadieu,—démonrousseau, cité dans des
Bunis, — uoi/. BUNE. procédures du dix-septième siècle.
Buplage ou Buptage. — « Après la bataille Buxtorf (JEAN) ,—Weslphalien,savant dans
donnée entre le roi Anliochus el, les Romains, la littérature hébraïque, mort en 4 629. Les
un officier nommé Buplage, mort dans le com- curieux lisent son Abrégé du Talmud, sa Bi-
bat, où il avait-reçu douze blessures mortelles, bliothèque rabbinique et sa Synagogue judaï-
se leva tout d'un coup au milieu de l'armée que-. Cet ouvrage, qui traite des dogmes et
romaine victorieuse et cria d'une voix grêle des cérémonies des Juifs, est plein des rêve-
,
a l'homme qui le pillait : ries des rabbins, à côté desquelles on trouve
Cesse, soldat romain, de dépouiller ainsi des recherches curieuses.
Ceux qui -sont descendus dans l'enfer obscurci...
» ajouta en vers que la cruauté des Ro-
Il Byleth, — démon fort et terrible, l'un des
mains serait bientôt punie, et qu'un peuple rois de l'enfer, selon la Pseudonionorchie de
sorti de l'Asie viendrait désoler l'Europe; ce Wierus. Il se montre assis sur un cheval blanc,
qui peut marquer l'irruption des Francs ou précédé de trompettes et.de musiciens de tout
%

i.- celle des Turcs sur les terres de l'empire. genre. L'exorciste qui l'évoque a besoin de
Apres cela, bien que mort, il monta sur un beaucoup de prudence, car il n'obéit qu'avec
chêne, et, prédit qu'il allait être, dévoré par un fureur. 11 faut, pour le soumettre, avoir à la
luup ; ce qui eut lieu quoiqu'il fil l sur un chêne: main un bâton de coudrier; cl, se tournant
quand le. loup eut avalé le corps, la lèle parla vers le point, qui sépare l'orient du midi, tra-
encore aux Romains et. leiir-defendil.de lui cer hors du cercle où l'on s'est placé un trian-
donner la sépulture. Tout cela paraît très-in- gle ; on lit ensuite la prière qui enchaîne les
,' croyable '•. Ce ne furent pas les peuples d'Asie esprits, el Bylelh arrive dans le triangle avec
mais ceux du nord qui renversèrent l'empire soumission. S'il ne parait, pas, c'est que l'exor-
romain. ciste est sans pouvoir, et que l'enfer méprise
sa puissance. On dit aussi que quand on donne
E

Burgot (PIERRE), loup-garou brûlé à Be- à Bylelh un verre de vin, il faut le poser dans
ï sançon en 4 524 avec Michel Verdun. le triangle; il obéi (plus volontiers, el sert bien
| Burrough (GEORGE), —ministre de la re- celui qui le régale. 11 faut avoir soin, lorsqu'il
I ligion anglicane à Salem, dans la Nouvellc-An- parait, de lui faire un accueil gracieux, de le
;
Sdelcrre pendu comme sorcier en 4 692. On complimenter sur sa bonne mine, de montrer
,
::
l'accusait d'avoir maléficiô deux femmes qui qu'on fait cas de lui et, des autres rois ses frè-
'- venaient de mourir. La mauvaise habitude
.
res : il est sensible à toul cela. On ne négli-
v,, qu'il avait de se vanter sottement qu'il savait gera pas non plus, tout le temps qu'on passera
; 'oui ce qu'on disait de lui en son absence fut avec lui, d'avoir au doigt du milieu de la main
v admise comme preuve qu'il communiquait gaucho un anneau d'argent qu'on lui présen-
f' avec le diable 3. tera devant la face. Si ces conditions sont dif-
ficiles, en récompense celui qui soumet By-
' Voyez Bacon.
lelh devient le plus puissant des hommes. —
'
j :'Disquisit. magie, lib. i, cap. 3, qu. 1.
' "^audii, Apol. pour les grands personnages, etc., 1 Curiosités delà littérature, Irad. de l'anglais, par
Bértin, t. I' 1, p. 51.
* Operïs talmudici brevis reeensio et Bibliotlieca rab-
'"'' ! traité dogmatique des apparitions, t. 11, p. 153.
f ,'^oyer, binica. hi-S". Bfde, 1013. — Synagoga jndaïca. ln-S».
p. 253. llâle. 1003, en allemand et en latin. Hanan , 16C4,
.:;: '' Goctwin, Vie des Nécromanciens. Bàlc, 10..11.
CAR — i 06 — CAB
11 était autrefois de l'ordre des puissances; il voyage dans la Grèce, qui fréquente les socié-
espère un jour remonter dans le ciel sur le sep- tés d'Athènes ,,qui parcourt le monde, qui se
tième trône ce qui n'est, guère croyable. 11 marie pour sucer sa femme. Les vampires de
,
commande quatre-vingts légions. Moravie étaient extrêmement redoutés; mais
3yron. — Le Vampire, nouvelle traduite de ils avaient moins de puissance. Celui-ci quoi-
l'anglais de lord Byron, par H. Faher; in-8°, qu'il ail. l'oeil gris-mort l'ail des conquêtes.
Paris, 4 84 9. Celle nouvelle, publiée sous le C'est, dit-on, une historiette populaire de la
nom de lord Byron, n'esl pas l'ouvrage de ce Grèce moderne que lord Byron raconta dans
poète, qui l'adésavouée. L'auloum'a passuivi un cercle et qu'un jeune médecin écrivit à
les idées populaires sur les vampires, il a beau- tort; car il, remit à la mode un instant, dos
,
coup trop relevé le sien. C'est un spectre qui horreurs qu'il fallait laisser dans l'oubli.

Gaaba,—WI/. KAAHA. doit, durer quarante-neuf mille. Les Juifs con-


Caaorinofaas, — nommé aussi Gaassimolar servent, la cabale par tradition orale; ils
cl Giassialabolas, grand président aux enfers. croient que Dieu l'a donnée à Moïse au pied
Il se présente sous la forme d'un chien el il du mont. Sinaï; que le roi Sa'omon, auteur
, d'une figure mystérieuse que l'on appelle
en a la démarche, avec des ailes de griffon. Il
donne la connaissance des arl libéraux, et, Varbre de la cabale des Juifs, y a été trôs-ex-
par un bizarre contraste, il inspire les homi- pert, el qu'il faisait des talismans mieux que
cides. On dit. qu'il prédit bien i'avenir. Ce dé- personne. Toslat dit même que Moïse ne fai-
mon rend l'homme invisible el commande sait, ses miracles avec sa verge, que parce quo
trenle-six légions'. — Le grand Grimoire le le grand nom de Dieu y était gravé. Valdc-
nomme Classyalabolas et n'en fait qu'une es- rame remarque, que les apôtres faisaienl-pa-
pèce de sergent qui sert quelquefois do mon- reillement des miracles avec lé nom de Jésus,
ture à Néhiros ou Naberus. Voy. CERJÎÈRE. el les partisans de ce système citent plusieurs
Cabadès, — 1)0)/. ZoiiHDADEYIill. saints dont le nom ressuscita des morts.—
La cabale grecque, inventée, dit-on, par Py-
Cabale on Cabbale.—Pic de La Mirandolo thagore et par Platon, renouvelée par lesYa-
[

dit que ce mot. qui, dans son origine hébraï-


lenfiniens lira sa force des lettres grecques
que, signifie tradition, est le nom d'un héré- combinées,, el fit des miracles avec l'alphabet.
que qui a écrit contre Jésus-Christ, el dont
les sectateurs furent nommés cabalistes — La grande cabale, ou la cabale dans le sons
— moderne proprement dite, est l'art de com-
L'anciennecabale desJuils est, selon quelques-
uns, une Sorte de maçonnerie mystérieuse; mercer avec les esprits élémentaires; elle lire,
selon d'autres ce n'est que l'explication mys- aussi bon parti de certains mots mystérieux.
, Elle explique les choses les plus obscures par
tique de la Bible, l'art de trouver des sens ca- les nombres, par le changement de l'ordre des
chés dans la décomposition des mots, et la ma-
lettres et par des rapports dont les cabalislcs
nière d'opérer des prodiges par la vertu de ces
mots prononcés d'unecerlainefaçon. Voy. Tnî> se sont formé des règles. Or, voici quels sont,
selon les cabalistes, les divers esprits élémen-
MIJRA el T11É0.MANCIE. Cette science merveil-
leuse, Si l'on en croit les rabbins, affranchit taires.—Les quatre éléments sont habités cha-
ceux qui la possèdent des faiblesses de l'hu- cun par des créatures particulières, beaucoup
plus parfaites que l'homme, mais soumises
manité, leur procure des biens surnaturels,
leur communique le don de prophétie, le pou- comme lui aux lois de la mort. L'air, cet es-
voir de faire des miracles, et l'art de trans- pace immense qui est entre la terre et les doux,
muer les métaux en or, ou la pierre philoso- a des hôtes plus nobles que les oiseaux et les
phale. Elle leur apprend aussi que le monde moucherons ; ces mers si vastes ont d'autres
sublunaire ne doit durer que sept mille ans, habitants que les dauphins et. les baleines ; la
profondeur de la terre n'est pas pou ries taupes
et quo tout ce qui esl supérieur à la lune en seulement; et l'élément du feu, plus sublime
1 Wierus, in Pseudomunarchiadicm. encore que les trois autres, n'a pas été fa 1'
CAB — 107 — CAR
pour demeurer inutile el vide.-—Les salaman- avec nous quand nous les appelons. Les ca-
dres habitent la région du feu ; les sylphes, le balistes assurent que les déesses de l'antiquité,
va;;ue. de l'air ; les gnomes , l'intérieur de la 3t ces nymphes qui prenaient des époux..parmi
lerre ; et les ondins ou nymphes, le fond des les mortels, et ces démons incubes et succubes,
eaux. Ces êtres sont, composés des plus pures et ces fées, qui dans les lemps modernes se
parties des éléments qu'ils habitent. Adam, montraient au clair de la lune, ne sont que
plusparfailqu'enx tons, élail leur roi naturel; des sylphes, ou des salamandres, ou des on-
mais depuis sa faute étant devenu impur et dins. Il y a pourtant des gnomes qui aiment
,
orossier, il n'eut plus de proportion avec ces mieux mourir que risquer, en devenant im-
substances, il perdit tout l'empire qu'il avait mortels, d'être aussi malheureux que les dé-
sur elles el. en ôla la connaissance à sa pos- mons. C'est le diable (disent toujours nos au-
térité.—Qu'on se console pourtant, on a trouvé teurs) qui leur inspire ces sentiments; il n'y
dans la nature les moyens de ressaisir ce pou- a rien qu'il ne fasse pour empêcher ces pau-
voir perdu. Pour recouvrer la souveraineté sur vres créatures d'immortaliser leur âme par
les salamandres , et les avoir à ses ordres, notre alliance.'—Les cabalisles sont obligés de
qu'on attire le feu du soleil, par des miroirs renoncer à tout commerce avec l'espèce hu-
concaves, dans un globe de verre; il s'y for- maine , s'ils veulent pourtant no pas offenser
mera une poudre solaire qui se purifie elle- les sylphes el les nymphes dont ils recher-
même des autres éléments, et qui, avalée, est chent l'alliance. Cependant, comme le nombre
souverainementpropre à exhaler le feu qui est des sages cabalisles est fort petit, les nymphes
en nous , et à nous faire devenir pour ainsi et les sylphides se montrent quelquefois moins
dire, de matière ignée. Dès lors, les habitants délicates, et emploient, toutes sortes d'artifices
de la sphère du feu deviennent nos inférieurs, pour les retenir. — Un jeune seigneur de Ba-
ci ont pour nous toute l'amitié qu'ils ont pour vière était inconsolable de la mort de sa
leurs semblables, tout le respect qu'ils doivent femme. Une sylphide prit la figure de la dé-
au lieutenant de leur créateur. Do même, funte, el s'alla présenter au jeune homme dé-
pour commande]' aux sylphes , aux gnomes , solé, disant que Dieu l'avait ressuscitéc pour
aux nymphes, qu'on emplisse d'air, de terre le consoler de son extrême affliction. Ils vé-
ou d'eau , un globe de verre, el. qu'on le laisse, curent ensemble plusieurs années, mais le
bien fermé, exposé au soleil pendant un mois. jeune seigneur n'était pas assez homme de
Chacun de ces éléments ainsi purifié esl un ai- bien pour retenir la sage sylphide : elle dis-
mant qui attire les esprits qui lui sont propres. parut un jour, el, ne lui laissa que ses jupes
—Si on en prend tous les jours durant quelque et le repentir do n'avoir pas voulu suivre ses
mois, on voit bientôt dans les airs la républi- bons conseils. — Plusieurs hérétiques ries pre-
que volaille des sylphes, les nymphes venir en miers siècles mêlèrent la cabale juive aux idées
foule au rivage, et les gnomes, gardiens des du christianisme, el ils admirent entre Dieu et
trésors el des mines, étaler leurs richesses. On l'homme quatre sortes d'êtres intermédiaires,
ne risque rien d'entrer en commerce avec eux, dont on a fait plus lard les salamandres les
,
on les trouvera fort honnêtes gens savants sylphes, les ondins et les gnomes. Les Chal-
,
bienfaisants et craignant Dieu. Leur àmo est, déens sont, sans doute les premiers qui aient
mortelle et. ils n'ont pas l'espérance de jouir rêvé ces èlrcs; ils disaient que les esprits
un jour de l'Etre Suprême, qu'ils connaissent étaient les âmes des morts, qui pour se mon-
et qu'ils adorent. Ils vivent fort long-temps, et, trer aux gens d'ici-bas, allaient prendre un
ne meurent qu'après plusieurs siècles. Mais corps solide dans la lune. La cabale des Orien-
qu'est-ce que le temps auprès de l'éternité?... taux est encore l'art de commercer avec les
Il n'est pourtant génies qu'on évoque par des mois barbares.
pas impossible de trouver du ,
remède à ce mal ; car, de même que l'homme, Au reste, toutes les cabales sont différen-
l'iir l'alliance qu'il a contractée avec Dieu a tes pour les1' détails ; mais elles se ressem-
été fait participant de la divinité les sylves ,
blent beaucoup dans le fond. — On conte sili-
, ,
les gnomes les nymphes et les salamandres ces matières une multitude d'anecdotes? Ou
deviennent ,participants de l'immortalité dit qu'Homère, Virgile, Orphée furent de sa-
, en
contractant alliance avec l'homme ; (nous tran- vants cabalistes." — Parmi les mots les plus
scrivons les docteurs cabalistes). Ainsi, une puissants en cabale, le fameux mol agla esl
nymphe ou une sylphide devient immortelle surtout révéré. Pour retrouver les choses per-
quand elle est assez heureuse pour se marier, dues, pour apprendre par révélations les nou-
''un sage; et un gnome ou un sylphe cesse velles des pays lointains, pour faire paraître
<l être les absents, qu'on se tourne vers l'orient, el
mortel, du moment qu'il épouse une fille
!les hommes. qu'on prononce à haute voix le grand nom
— Aussi ces êtres se plaisent-ils
CAO — 108 — GAG
agio! il opère toutes ces merveilles, même tés. l Les anciens en faisaient des talismans F
lorsqu'il est invoqué par les ignorants, l'oy. qui assuraient la victoire.
<
|
AGEA. — On peut puiser sur les rêveries do
Caous, — espèce d'ogre de l'antiquité. 1| f
la cabale des instructions plus étendues dans élail. fils rie Vulcain el vomissait du feu I
divers ouvrages qui en traitent spécialement, gueule. Ce monstre, de taille gigantesque,
mais qui sont peu recommandables : 4° Le moitié homme et moitié bouc, mangeait les 1
par la
|
comte de Gabalis ou Entretiens sur les scien- passants dans sa caverne, au pied du mont |
ces secrètes; par l'abbé de Yillars. La meil- Avenlin, el accrochait, les tètes à sa porte. j
,
11
leure édition est de 4712. in—12; 2° Les Gé- fut étranglé par Hercule. Cacus a été peint
nies assistants, suite du Comte de Gabalis, quelquefois avec une tète —
de bête sur un
in-lî, même année ; 3° Le Gnome irréconci- corps d'homme.
liable, suite des Génies assistants ; 4° Nou-
entretiens les sciences secrètes, suite Cadavre. — Selon la loi des Juifs, quicon-
veaux sur avait louché un cadavre était souillé ; il
nouvelle du Comte de Gabalis, même année ; que devait se purifier avant de se présenter au
5° Lettres cabalistiques, par le marquis d'Ar— tabernacle du Seigneur. Quelques censeurs
gens; La Haye, -1714, (5 volumes in-4'2. 11
des lois de Moïse ont jugé que cette ordon-
faut, lire dans cet ouvrage, plein comme les
était superstitieuse. 11 nous parait, au
précédents de passages condamnés, les lettres nance contraire, dit Bergier, qu'elle était très-sage.
du cabalisfe Abukiback. Voy. GNOMES, OX- C'était précaution contre la superstition
SALAMANDRES, SYLPHES. ZKDKCHUS, etc.
une
BINS, des païens, qui interrogeaient les morts pour
Cabires, — dieux des morts, adorés très- apprendre d'eux l'avenir ou les choses ca-
anciennementen Egypte. Bochord pense qu'il chées; abus sévèrement interdit aux Juifs,
faut entendre sous ce nom les trois divinités mais qui a régné chez la plupart des nations.
infernales : Pluton," Proserpiue et Mercure: Voy. AIMANT.
d'autres ont. regardé les Cabires comme des Cadmfre OU Cadmie , -—qu'on appelle plus
magiciens qui se mêlaient, d'expier les crimes généralement calamine, fossile bitumineux
des hommes', et qui furent, honorés après leur qui donne une teinte jaune au cuivre rouge,
mort. On les invoquait dans les périls et, dans et, que certains chimistes emploient pour l'aire
les infortunes. 11 y a de grandes disputes sur de l'or.
leurs noms, qu'on ne déclarait qu'aux seuls
initiés '. Ce. qui est certain, c'est, que les Ca- Cadière, •— V01J. GlRAlVD.
bires sont, des démons qui présidaient autre- Caducée. — C'est avec cette baguette ornée
fois à une sorte de sabbat. Ces orgies qu'on de deux serpents entrelacés, que Mercure con-
appelait fêtes des Cabires, ne se célébraient , duisait les âmes aux enfers et qu'il les en li-
que la nuit : l'initié-, après des épreuves ef- rait au
besoin.
frayantes, était ceint d'une ceinture de pour- Cadulus, •— pieux soldat, dont la légende
pre, couronné de branches d'olivier el placé rapporte qu'il était obsédé par le diable en
sur "un trône illuminé pour représenter le forme d'ours '. Il s'en délivra par la prière.
maîlre du sabbat, pendant qu'on exécutait Coeculus, — petit démon né d'une étincelle
autour de lui des danses hiéroglyphiques. qui vola de la forge de Vulcain dans le sein
Cacodémon, — mauvais démon. C'est le de Prenesta. Il fut, élevé parmi les bêles sau-
nom que les anciens donnaient aux esprits vages. On le reconnut à celte particularité,
malfaisants; ils appelaient spécialement ainsi qu'il vivait, dans le l'eu comme dans son élé-
un monstre effrayant, un spectre horrible, ment. Ses yeux, qui étaient fort petits, étaient
qui n'était pas assez reconnaissabie-pourêtre seulement un peu endommagés par la fumée.
désigné autrement. Chaque homme avait son Les cabalisles font, de lui un salamandre.
bon et son mauvais démon dicodèmon. Les Caf, — voy. KAE.
,
astrologues appelaient aussi la douzième mai- Cagliostro. — Joseph Balsamo, célèbre
son' du soleil, qui esl la plus mauvaise de aventurier du dix-huitième siècle,
connu sous
toutes, cacodémon, parce que Saturne y ré- le nom d'Alexandre, comte de Cagliostro, na-
pand ses malignes influences, el qu'on n'en, quit, dit-on, à Palerme
en 4743, de parents
peut tirer que des pronostics redoutables. obscurs. Il montra, dans ses premières an-
Cactonite, — pierre merveilleuse qui, se- nées, un esprit porté à la friponnerie; ton'
lon quelques-uns, n'est autre chose que la jeune il escroqua soixante onces d'or à un or-
cornaline. On lui attribue de grandes proprié- fèvre, en lui promettant- de lui livrer un li'é-

! .Peîamlinc, 1/Kn!'ur des pvuples anciens, ch. 10. 1 Bolhuidi Acta sancloium, "21 anrilis,
CAO
- 4.09 — GAI
s0r enfoui dans une grollo sous la garde des de celle dame, que l'on trouva effectivement
esprits infernaux ; il le conduisit dans cette dans la même altitude, la même occu-
«rôtie, où le bonhomme, fut assommé, de coups pation, et avec les mêmes personnes. — On
de bâton. Cagliostro s'enfuit, alors el voyagea rapporte aussi que dans des soupers qui ont
avec un alchimiste, nommé Ailholas, en Grèce, fait, grand bruit à Paris, il invoquait les morts
en
Égvp'e-, en Arabie, en Perse, à lîhodes, à illustres : tels que Socratc, Platon, Corneille,
jlallc. Ayant perdu là son compère, il passa d'Alemberl, Voltaire, etc. Dans sa Leltre au
en Anglererre, et.
d'Angleterre en France, peuple français, dalée de Londres, le- "20 juin
vivant du produit de ses compositions chimi- 478G, il prédit que la Bastille serait détruite.
ques (il donnait dans la pierre philosophale), Mais depuis long-temps on en avait le projet.
ou de jongleries el
d'intrigues ignobles. 11 se — Cagliostro était trôs-lié avec un joueur do
rendit à Strasbourg, où il fut reçu, on 47S0, gobelets qui se disait assisté d'un esprit, le-
avec une sorte de triomphe ; il y guérit cer- quel esprit, à ce qu'on prêt en ri , était l'âme
lains malades qui l'attendaient, avec une d'un juif eabaliste qui avait tué son père par
adresse si prompte, que l'on a cru qu'ils art magique avant, la venue de notre Sei-
étaient apostés et leur mal supposé, à moins gneur. 11 disait elfrontémenl que les prodiges
que le diable ne fût aux ordres de Cagliostro, qu'il opérait étaient l'effet d'une protection
comme beaucoup l'ont, dit, et comme le faisait spéciale de Dieu sur lui...; que l'Etre Suprême,
penser sa physionomie patibulaire. — Les pour l'encourager, avait daigné lui accorder
uns l'ont regardé comme un homme extraor-
la vision béatifique, etc.; qu'il venait conver-
dinaire, un inspiré; d'autres comme un vil tir les incrédules. — 11 se vantait d'avoir as-
charlatan; quelques-uns ont vu en lui un sisté aux noces de Cana ;... il était par consé-
membre voyageur de la maçonnerie lempliôre, quenlcontemporaindenolreSeigneur.ilesl dit
constamment opulent par les secours nom- ailleurs que Cagliostro était né avant le dé-
breux qu'il recevait des diverses loges de l'or- luge l. — Il fut. arrêté à Borne, en 4789, et
dre ; mais le plus grand nombre s'accorde à condamné comme pratiquant à l'ombre de la
donner au faste qu'il étalait une source moins franc-maçonnerie. 11 s'étrangla dans sa* pri-
honorable encore. •— Il se vantail de conver- son en 4795. Il a écrit, dit-on, la relation de %
ser avec les anges; el il faisait entendre en quelques opérations prétendues magiques,
rase campagne (par venlriloquie) des voix ainsi que d'une transmutation de mélaiix vils
venant du ciel. Il institua une espèce de ca- en or, faites à Varsovie en 47SO. — On met
bale égyptienne. De jeunes garçons el de jeu- sur son compte une plate brochure qui appre-
nes filles,-qu'il appelait ses pupilles, ou co- nait aux vieilles femmes à trouver les numé-
lombes, se plaçaient, dans l'étal d'innocence ros de la lolerie dans leurs rêves. On vendait
devant, une carafe de cristal, el là, abrités tous les ans, à Paris, un grand nombre d'exem-
d'un paravanl, ils obtenaient, par l'imposition plaires de ce fatras, dont voici le litre : Le
des mains.du grand cophte (c'était lui qui vrai Cagliostro ou le Régulateur des action-
était le grand cophte), la faculté de commu- naires de la lolerie. augmenté de nouvelles
niquer avec les esprits : ils voyaient dans cabales failes par Cagliostro, etc., in-8°, avec
cette carafe tout ce qu'ils voulaient voir. — le portrait de l'auteur, au bas duquel on a mis
les travaux de ces pupilles ou colombes ne se ces treize syllabes : Pour savoir ce qu'il est,
bornaient pas à celle cérémonie ; Cagliostro il faudrait être lui-même.
leur enseignait encore à découvrir les choses
Çaïn — Les rabbins disent quo, ne sachant
: occultes, les événements à venir et les matiè- comment s'y prendre pour tuer son frère
res curieuses. On ajoute qu'il a fait paraître 'Abel, Caïn vit venir à lui le diable, qui lui
uix grands seigneurs de Paris et de Versail- donna une leçon de meurtre en mettant un
les, dans des glaces, sous des cloches de verre
oiseau sur une pierre et en lui écrasant la tôle
et dans des bocaux, des spectres animés et
avec une autre pierre. — 11 y a eu, dans le
; se mouvant, ainsi que des personnes mortes deuxième siècle, une secte d'hommes effroya-
' qu'on lui demandait à voir. On fait même ce blesqui glorifiaient le crime et qu'on a appelés
; conte. •— Un jour que Cagliostro se trouvait caïnites. Ces misérables avaient une grande
; ' en compagnie avec plusieurs de ses amis, ils vénération pour Caïn, pour les horribles ha-
lemoignèrent l'envie de connaître ce que fai- bituais de Sodôme, pour Judas el pour d'au-
sait en ce moment une dame de leur société.
-.
Aussitôt tres scélérats. Ils avaient un évangile de Ju-
-•. il forma sur le parquet un carre, das, el mettaient la perfection à commettre'
: Passa les mains dessus, et l'ont vit se tracer sans honte les actions les plus infâmes.
la figure de la dame jouant
,., aux tressetles
;: avec trois de ses amies. On envova au loafis 1 Charlatans célèbres, t. l,r, p. 215.
CAL
— 410(J — CAL
Caïnan. -— On attribue à Caïnan, fils d'Ar- durerait dix ans et qui exigea le sacrifiée
phaxad un traité A'Astronomie gravé sur d'Iphigénie. Apollon ,
,
lui avait donné la con-
deux colonnes par les enfants rie Selïi, el qu'il naissance du passé, du présent et de l'avenir.
retrouva après le déluge el transcrivit. On Il sérail curieux de savoir s'il aurait prédit
prétend aussi que Caïnan découvrit encore aussi la prise de la Bastille. Sa destinée élail
certains ouvrages écrits par les géants,, les- de mourir lorsqu'il aurait trouvé un devin plus
quels ouvragesne sont pas venus jusqu'à nous'. sorcier que lui. Il mourut en effet de dépit,
Caïumarath OU Kaid-Mords. — Le pre- pour n'avoir pas su deviner les énigmes de
mier homme selon les Persans. Voy. Borxns- Mopsus.
CHESClr. Caleguejers. —Les plus redoutables d'entre
Cala (CIIARI.ES), -— Calabrais qui écrivait les génies chez les Indiens. Ils sont de taille
au dix-septième siècle. On recherche son Mé- gigantesque, et habitent ordinairement le pa-
moire sur l'apparition des croix prodigieu- lala ou enfer.
ses 2, imprimé à Naples en 4CGI. Calendrier.—L'anciencalendrier despaïens
Calamités. — On a souvent attribué aux tenait pour beaucoup au culte des astres, el
démons ou à la malice des sorciers les cala- presque toujours i! était rédigé par des astro-
mités publiques; Pierre Delancre dit que les logues. — Ce serait peut-être ici l'occasion de
calamités des bonnes âmes, sont les joies et parler du Calendrier des bergers, de VAlma-
fesloiements des démons pipeurs 5. nach du bon laboureur, du Messager boiteux
Calaya. — Le troisième des cinq paradis de Baie en Suisse, et de cenl autres recueils
indiens. Là réside Ixora ou Eswara, toujours où l'on voit exactement marqués les jours où
à cheval sur un boeuf. Les morts fidèles le il fait bon rogner ses ongles el prendre mé-
servent le rafraîchissant avec des éventails, decine ; mais ces détails mèneraient trop loin.
d'autres portant devant lui la chandelle pour Voy. ALMANACH.
l'éclairer la nuit; il en est qui lui présentent Calï,—reine des démons el sultane de
des crachoirs d'argent quant il veut expec- l'enfer indien. On la représente tout à fait
,
torer. noire, avec un collier de crânes d'or. On lui
Calcerand-B.pcb.ez.— Pendant que Hugues offrait autrefois des victimes humaines.
de Moncade élail vice-roi de Sicile, pour le roi Calice du Sabbat — On voit, dans Pierre
Ferdinand d'Aragon, .un gentilhomme, espa- Delancre, que lorsque les prêtres sorciers di-
gnol, nommé Calcerand-llochez, oui une vi- sent la messe au sabbat, ils
se servent d'une
sion. Sa maison élail située près du port de hostie el d'un calice noirs, et qu'à l'élévation
Païenne. Une nuit qu'il ne dormait pas, il ils disent ces mots : Corbeau noir! corbeau
crut entendre des hommes qui cheminaient et noir! invoquant le diable.
faisaient grand bruit dans sa basse-cour; il
Caligulfl. — On prétend qu'il fut empoi-
se leva, ouvrit la fenêtre et vit, à la clarté du sonné assassiné
crépuscule, des soldats et des gens de pied en ou par sa femme. Suétone dit
bon ordre, suivis de piqneurs '' ; après eux qu'il apparut plusieurs fois après sa mort, et
venaient des gens de cheval divisés en esca-, que sa maison fut infestée de monstres el tic
drons, se dirigeant vers la maison du vice-roi. spectres , jusqu'à ce qu'on lui eût rendu les
Le lendemain, Calcerand conta le tout à Mon- honneurs funèbres. 1.
cade, qui n'en tint compte; cependant, peu Calmet (DOM AUG-USTIN), — bénédictin de
après, le roi Ferdinand mourut, et ceux de la congrégation de Saint-Vannes, l'un des
Palerme se révoltèrent. Cette sédition dont savants lesplus laborieux et les plus utiles du
la vision susdite donnait clair présage, ,ne fut dernier siècle, mort en 4757, dans son abbaye
apaisée que par les soins de Charles d'Autri- de Senones. Voltaire même mit ces quatre
che (Charles-Quint)s, vers au bas de son portrait :
Calchas, — fameux devin de l'antiquité, Bes oracles sacrés que Bien daigna nous rendre
Son travail assidu perça l'obscurité;
qui prédit aux Grecs que le siège de Troie Il lit plus, il lés crut avec simplicité,
Bt fut, pa): ses vertus, digne de les entendre.
Nous le citons ici pour sa Dissertation sur te
1 Joël, au commencement dé sa Chronographie,
?- Syncelli Chvonograpliia:, p. 80. apparitions dés anges, des démons et des esprits,
3 Memorie ltistoriche dell' apparitione délie croci pro- et sur les revenants et vampires de Hongrie,
digiose da Carlo Cala. In-4°. In Napoli, 1661. de Bohême, de Moravie et de Silésie, in-42>
't Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc.,
liv. T, p. 25. 3 Belandine, Enfer des peuples anciens, ch. 11, p-3^'"
r' Leloyer, Bise, et hisl. des spectres, p. 272. Delancre, L'Inconstance,des démons, etc., liv. vl, p- '^1-
Ç.AM -M* CA.M
— •

Paris, 1716. La meilleure édition esl de 4 7ivl ; lui, avait toujours agi de telle sorte que per-
Paris, 2 vol. in-12. Ce livre esl. fait avec bonne sonne ne lui refusait l'aumône 1.
lui: l'auteur esl peut-être trop crédule, il Caméléon. — Démocrile , au rapport de
admet facilement les vampires. Il est vrai Pline avait fait un livre spécial sur les su-
qu'il rapporte ce qui est contraire à ses idées ,
perstitions auxquelles le caméléon a donné
avec autant de candeur que ce qui leur est lieu. Un plaideur était sur de gagner son
favorable. Voy. VAMPIRES. procès, s'il portait avec lui la langue d'un ca-
Calundronius, — pierre magique dont on méléon arrachée à l'animal pendant qu'il vi-
ne désigne ni la couleur ni la forme, mais qui
vait. On faisait tonner et pleuvoir en brûlant
a la vertu
d'éloigner les esprits malins, de sa tète et son gosier sur un feu de bois de
résister aux enchantements, do donnera celui chêne, ou bien en rôtissant son foie sur une
qui la porte l'avantage sur ses ennemis, et de tuile rouge. Boguet n'a pas manqué de re-
chasser l'humeur noire. marquer celle merveille, clans le chapitre 23
de ses Discours des sorciers. L'a;il droit d'un
Calvin (JEAN). •—l'un des chefs de la ré- caméléon vivant, arraché el mis dans du lait
forme prétendue, né à Noyon en 4 509. Ce de chèvre, formait un cataplasme qui faisait
hideux fanatique, qui fit brûler Michel Servcl, tomber les laies des yeux ; sa queue arrêtait
son ami, parce qu'il différait d'opinion avec le cours ries rivières. On se guérissait de toute
lui, n'était, pas seulement hérétique : on l'ac-
.
frayeur en portant sur soi sa mâchoire, etc.
cuse encore d'avoir été magicien. « II'faisait
des prodiges à l'aide du diable, qui quelque- — Des curieux assurent encore que celte es-
pèce rie lézard ne se nourrit que de vent. Mais
lois ne le servait pas bien : car un jour il vou- il esl constant, qu'il mange des insectes; el
lut faire croire qu'il ressuscitait- un homme comment aurait-il un estomac et tous les or-
qui n'était pas mort; el, après qu'il eut fait
ganes de la digestion , s'il n'avait pas besoin
ses conjurations sur le compère, lorsqu'il lui rie digérer? Comment encore, s-'il ne mange
ordonna de se lever celui-ci n'en fil rien et pas, produit-il les excréments, dont les an-
, ,
on trouva qu'icelui compère était, mort loul ciens faisaient un remède magique pour nuire
de bon pour avoir voulu jouer cette mauvaise à leurs ennemis? — La couleur du caméléon
comédie !. » Quelques-uns ajoutent que Cal- parait varier continuellement, selon la ré-
vin fut étranglé par le diable ; il ne l'aurait flexion des rayons du soleil el, la position où
,
pas volé. l'animal se trouve par rapport, à ceux qui le
Cambions, — enfants des démons. Delancre regardent : c'est ce qui l'a fait comparer à
el Boriin pensent que les démons incubes peu- l'homme de cour. — Delancre dit, d'un autre
vent, s'unir aux démons succubes, et qu'il naît côté, que le caméléon esl l'emblème des sor-
de leur commerce des enfants hideux qu'on ciers, el. qu'on en trouve toujours dans les
nomme cambions, lesquels sont beaucoup plus lieux où s'est, tenu le sabbat.
_
pesants que les autres, avalent loul sans en Camérarius ( JoAciiui ), — savant allemand
cire plus gras et tariraient trois nourrices, du seizième siècle. On recherche son traité
.- ,
'. qu'ils n'en profiteraient pas mieux a. Luther, De la-nature el des affections des démons - et
qui était
très-superstitieux, dit dans ses Col- son Commentaire sur les divinations 3. -—
loques que ces enfanls-là ne vivent que sept Nous indiquerons aussi, de Barthélemi Came-
fus; il raconte qu'il en vit un qui criait dès rario, Bénéventin, mort en 4 561, un livre sur
qu'on le touchait, et qui ne riait que quand il le feu du Purgatoire '' ; les Centuries de Jean
{ arrivait dans la maison quelque chose de si- Rodolphe Camérarius médecin allemand du
,
nislro —Maïole rapporte qu'un mendiant ga- dix-septième siècle, sur les horoscopes et l'a-
licien excitait la pitié publique avec
un cam- strologie ', et le fatras du môme auteur sui-
bion ; qu'un jour
un cavalier, voyant ce gueux te secrets merveilleux de la nature G. Enfin
y très-embarrassé pour passer un fleuve, prit;
l'îtr compassion, le petit enfant sur son cheval,
; 1 Boguet, Discours des sorciers, cli. 11.
t mais qu'il était si lourd que le cheval pliait - Do natura et afl'ectionibus daiinonum Hbri duo.
'r. sous le poids. Peu de temps après, le men- Lipshe, 157G. ln-S°.
(liant, étant, pris, Commentarius de generibus divinntionum, acgriecis
avoua que c'était un pet.il
-1
i: latinisque eaium vocabulis. Lipsiai, lb7(>. Inr8°.
;;
do démon qu'il portait ainsi, et
que cet af- f> De purgatorio igné, lîonne, 1557.

\ '''eux marmot, depuis qu'il le traînait avec 5 Horarum natulium centuriie II pro certitudine as-
trologie. In-4". Francfort, 1607 et 1B10.
15 Syllogc inemorabilium mediciiue et mirabilium
tloguet, Discours des sorciers, cli. 18. na-
., turai arcanorum centuriïe XII. In-12. Strasbourg, 1624.
liv
elî}ncre) Tableau de l'inconstance des démons, L'édition in-8" de.Tubingue, 1GS3, est augmentée et
3 -
'u, à la fin. Bodin, Démonomunie,liv. n, ch. 7. contient XX centuries.
CAN — 113
.
Éiie Camérarius, aulne rêveur de Tubingue, a pied une caverne ou les mauvais gemo? fai_ i
écrit, en faveur de la magie el des apparitions, saienl leur résidence, el les chevaliers qui
des livres que nous ne connaissons pas. s'en approchaient étaient sûrs d'être en-
Campanella (THOMAS), — homme d'esprit, chantés s'il ne leur arrivait pas pis.
mais de peu de jugement, né dans un bourg Cancer ou l'Ecrevisse,— l'un des signes du
de la Galabre- en 41568. Tout, jeune, il ren- zodiaque. Voy. Honoscoiuïs.
contra, dil-on, un rabbin qui l'initia dans les Cang-Hy, — dieu des cïeux inférieurs
secrets de l'alchimie, et qui lui apprit, toutes chez les Chinois. Il a pouvoir de vie el de
les sciences en quinze jours, au moyen rie mort. Trois esprits subalternes sont ses mi-
l'Art Notoire. Avec ces connaissances , Cam- nistres : Tankwam qui préside à l'air, dis-
panella entré dans l'ordre des dominicains, pense la pluie ; Tsuilcwam ,
,
qui gouverne la
,
se mil à combattre la doctrine d'Arislole alors mer el les eaux, envoie les veffls et les orage»;
en grande faveur. Ceux qu'il attaqua l'accu- Teikwam qui préside à la terre surveille
sèrent de magie ; et il fut obligé de s'enfuir l'agriculture , ,
et se mêle des batailles.
de Naples. On s'empara de ses cahiers ; l'in-
quisition y trouvant ries choses répréhensi- Canicule, —constellation qui doit son nom
le chien et qui domine
bles, condamna ,
l'auteur à la retraite dans un à l'étoile Syritis ougrandes chaleurs. ,
dans le temps des Les Ro-
couvent: notez que c'était l'inquisition d'Etat mains persuadés de la malignité de
et que la vraie cause, qui lui fit imposer le si- fluences , ses in-
lence dans une sorte de. séquestration, fut une lui sacrifiaient tous les ans un chien
,
roux. Une vieille opinion populaire exclut les
juste critique qu'il avait, faite dans son Traité remèdes
de la monarchie espagnole, des torts graves
pendant cette saison , el remet à ht
guérison de toutes les maladies. Ces
de celte nation, dominéealors par un immense nature la 1.

aussi une croyance encore répandue, mais dé-


orgueil. 11 sortit, de sa retraite par ordre du
vint Paris, nuée de fondement, qu'il est dangereux de se
pape, en 4 62C el à où il mourut
de la rue Sainl-Honoré, le baigner dans
, la canicule.
chez les jacobins
24 mai 4 639. On a dit qu'il avait prédit l'é- Canidia, — magicienne dont parle Horace;
poque de sa mort. Nous ne citerons de ses elle enchantait avec des figures de cire, et par
ouvrages que ses quatre livres Du. sens des ses conjurations magiques forçait la lune à des-
choses et de la magie ', et ses six livres d'«- cendre du ciel.
slrologie 2; l'auteur, qui faisait cas rie celte Canterme donnaient les an-
science, s'efforce d'accorder les idées astrolo- ciens à certains , —nom que
enchantements et maléfices.
giques avec la doctrine de saint Thomas.
Cantwel ( AjïDlUi-S.OIUliX-MlCHF.I.),—lïlOI't
Campetti, — hydroseope, qui renouvela à bibliothécaire des Invalides le 9 juillet 4 802.
la fin du dernier siècle les merveilles de la ba- 11
esl. auteur d'un sot roman intitulé : le Châ-
guette divinatoire. 1! était né dans le Tyrol.
teau d'Albert ou le Squelette ambulant, 47!)!),
Mais.il a fait moins de bruit que Jacques Ay-
% vol. iii-4S.
mar. Au lieu de baguette pour découvrir les
sources, les trésors cachés, et les traces de vol Caous. —Les Orientaux donnent ce nom à
ou de meurtre, il se servait d'un petit pendule des génies malfaisants qui habitent les caver-
formé d'un morceau rie pyrite, ou de quelque nes du Caucase.
autre substance métallique suspendue à un fil Capnomancie, — divination par la fumée.
qu'il tenait à la main. Ses épreuves n'ont pas Les anciens faisaient souvent usage : on
en
eu de suites. brûlait de la verveine et d'autres plantes sa-
Camuz ( PHILIPPE ), — romancier espagnol crées ; on observait la fumée de ce feu, les figu-
du seizième siècle. On lui attribue la Vie de res et la direction qu'elle prenait, pour en ti-
Jioberl-le-Diable', qui fait maintenant partie rer des présages. On distinguait deux sorles
de la Bibliothèque Bleue. de capnomancie : l'une qui se pratiquait en
Canate, ^montagne d'Espagne., fameuse jelant sur des charbons ardents des grains
de
dans les anciennes chroniques ; il y avait au jasmin ou de pavot, et en observant la fumée
qui en sortait ; l'autre, qui était la plus usitée,
z De sensu rerum et magialibriiv, etc. In-1°. Franc- se pratiquait par la méthode que nous avons
fort, 1620. indiquée, elle consistait aussi à examiner la
* Astr.ologicorumlibi'iYl.In-'T'-Lyon, 1G29. L'édition fumée, des sacrifices. Quand celte fumée était
de pranclort, 1630, e t plus recherchée, parce qu'elle
contient un septième livre intitulé De lato syderali vi- légère et peu épaisse, c'était bon augure. On
tàndc. respirait même celte fumée ; et l'on pensait
^ La "Vida de Eoberto elDiabio, etc. In-folio. Séviiie,
1029. qu'elle donnait des inspirations.
CAO — M3 — CAR
Cappautas, - grosse pierre brute qui, dans pirenl même de l'horreur, parce qu'ils font
]

les croyances populaires, guérissait de. la l'ré- ries cordes, autrefois instruments de mort et
<

nésie ceux qui allaient s'y asseoir ; elle se d'esclavage. Ils ne s'alliaient jadis qu'entre
ti'ouvailà trois stades de Gylheum en Laconie. eux, et l'entrée des églises leur était interdite.
Ce préjugé commence à se dissiper; cepen-
Capperon , — doyen de Sainl-Maixaiil. Il
publia, dans le Mercure de 4726, une lettre sur dant ils passent encore pour sorciers. Ils pro-
les fausses apparitions, que Lenglet-Dufresnoy
filent de ce renom : ils vendent des talismans
réimprimée dans son recueil.,-11 montre peu qui rendent invulnérable, des sachets à l'aide
a desquels on est invincible à la lutte; ils pré-
de crédulité et combat les faussés apparitions
disent l'avenir ; on croit aussi qu'ils jettent de
avec des raisons assez bonnes. Il conte « qu'un mauvais vents. On les disait, au quinzième siè-
jour il fut consulté sur une femme qui disait
voir chaque, jour, à midi, un esprit en ligure cle, juifs d'origine, et séparés par la lèpre du
d'homme, vêtu de gris, avec des boutons jau- reste des hommes. Le duc de Bretagne,.Fran-
çois II leur avait enjoint de porter une mar-
nes, lequel la maltraitait fort, lui donnant, de,
même de grands soufflets ; ce qui paraissait que drap rouge sur un endroit apparent
d'autant plus certain qu'une voisine protes- de leur robe. On assure que le vendredi saint
tait qu'ayant mis sa main contre la joue de lotis les eaquoux versent du sang par le nom-
celle femme dans le temps qu'elle se disait
bril. Néanmoins on ne fuit plus devant les
maltraitée, elle avait senti quelque chose d'in- cordiers ; mais on ne s'allie pas encore aisé-
visible qui la repoussait. Ayant reconnu que ment, avec leurs familles ». N'est-ce pas ici la
celle femme était fort sanguine, Capperon môme origine que celle des cagolhs? Voy. ce
conclut qu'il fallait lui faire une saignée avec mol.
,
' la précaution de lui en cacher le motif; ce qui Carabia OU Bécarabia, — démOll peu COnilU,
ayant été exécuté, l'apparition s'évanouit. » quoiqu'il jouisse d'un grand pouvoir au som-
— Tous les traits qu'il rapporte, et tous ses
bre empire ; car il est. roi d'une partie de l'en-
raisonnements, prouvent que les vapeurs ou fer, et comte d'une autre province considéra-
l'imagination troublée sont la cause de la plu- ble. !1 se présente sous la ligure d'une étoile
part des visions. 11 admet les visions rap- à cinq rayons. Il connait les vertus des plan-
portées dans les livres saints ; mais il repousse tes el des pierres précieuses; il domine sur les
les autres assez généralement. 11 parle encore oiseaux, qu'il rend familiers. Trente légions
d'une, autre femme à qui un esprit venait tirer sont à ses ordres 2.
toutes les nuits la couverture. 11 lui donna de Caracalla. — L'empereur Caracalla venait
l'eau en lui disant d'en asperger son lit., et d'être tué par un soldat; au moment où l'on
,
ajoutant que cette eau , particulièrement bé- n'en savait encore rien à Borne, on vit un dia-
nite contre les revenants, la délivrerait de sa ble en forme humaine qui menait un âne
vision. Ce n'était que de l'eau ordinaire; mais tantôt au Capitule, tantôt au palais de l'em-,
l'imagination de la vieille femme se rassura
pereur, en disant tout haut qu'il cherchait un
par ce petit statagème, qu'elle ne soupçonnait maître. On lui demanda s'il cherchait Cara-
; pas, et elle ne vit. plus rien. calla; il répondit que celui-là était mort, sur
Capricorne, — l'un des signes du zodiaque. quoi il futpris pour èlrc envoyé à l'Empereur,
:
Voy HOHOSCOPES. et il dit ces mots : « Je m'en vais donc, puis-
Capucin. —Ce sont les protestants qui ont qu'il le faut, non à l'empereur que vous pen-
;
mis à la mode ce slupide axiome superstitieux, sez, mais à un autre ; » et là-dessus on le con-
que la rencontre d'un capucin élail un mau- duisit do Home a Capoue où il disparut,
,
,
vais présage. Un jour que l'abbé de Voisenon sans qu'on ait jamais su ce qu'il devint 3.
;.
était allé à la chasse sur un terrain 1res—gi— Caractères.—La plupart dos talismans doi-
;.,. «oyeux, il aperçut un capucin. Dès ce mo- vent leurs vertus à des caractères sacrés que
; ment il ne lira plus un coup juste, et comme les anciens regardaient comme de sûrs pré-
on se moquait de lui : « Vraiment, messieurs servatifs. Le fameux anneau de Salomon, qui
('it-il, vous en parlez forl à votre aise ; vous, soumit les génies à la volonté de ce roi ma-
avez pas rencontré un capucin '. »
11 gicien, devait toute sa force à des caractères
s Caqueux ou Cacoux. Les èordiers, nom- cabalistiques. Ongène condamnait chez quel-

: relégués
mes caqueuic ou COCOIMC, en Bretagne sont
,
ques-uns des premiers chrétiens l'usage de
:
dans certains cantons du pays comme
£ TOS espèces de parias ; on les évite ; ils ins- T Cambi-y, A7oyagc dans le Finistère, t. III, p. 146;.
t. I-'", etc.
-' rnq' Sa,S"es, Des Erreurs et des préjugés, etc., 1.1, ?- Wierus, in PseudomonarcMâ daim.
li 3 Leloyer, Hisl. et dise, des spectres, liv. 111, cli. 16.
8
CAU Ll/i ClAll

Certainesplaques (le cuivre ou d'éfain chargées fou que fui), ayant l'air de gens de quarante
de.caraclôres, qu'il appelle des restes de l'idolâ- ans, velus de soie , avec des capes à la grec-
trie. VEnchiridion du pape Léon 111, le Dragon que, des chaussures rouges el des pourpoints -

Jlouge, les Clavicules de Salomon, indiquent cramoisis; qu'ils se dirent hommes aériens
dans tous leurs secrets magiques des caractè- assurant qu'ils naissaient el mouraient; qu'ils
res incompréhensibles, tracés dans des trian- vivaient trois cents ans; qu'ils approchaient
gles ou dans des cercles, comme des moyens beaucoup plus de la nature divine que les ha-
puissants et certains pour l'évocation des es- bitants de la terre ; mais qu'il y avait néan-
prits. Souvent aussi des sorciers se sont, ser- moins entre eux et Dieu une distance infinie.
vis de papiers sur lesquels ils avaient écrit Ces hommes aériens étaient sans doute des
avec du sang des caractères indéchiffrables ; sylphes. — Il se vantait d'avoir, comme So-
et ces pièces, produites dans les procédures, crale, un démon familier, qu'il plaçait entre
ont été admises en preuve de maléfices jetés. les substances humaines et la nature divine,
Nous avons dit quel était le pouvoir des mots el qui se communiquait- à lui par les songes.
agla, abracadabra;, etc. Voy. TALISMANS. Ce démon était encore un esprit élémentaire:
Cardan (JIÎH OMIS), — médecin, astrologue car, dans le dialogue intitulé Tetini, et dans
el visionnaire, né à Pavie en 4b04, mort à le traité De libris propriis, il dit que son dé-
Home en 4 S76. Il nous a laissé une histoire de mon familier tient de la nature de Mercure et
sa vie où il avoue sans pudeur tout ce qui de celle de Saturne. On sent bien qu'il s'agit
peut tourner à sa honte. 11 se fit beaucoup ici des planètes. Il avoue ensuite qu'il doit
d'ennemis par ses moeurs; du reste, ce fut tous ses talents, sa vaste érudition elses plus
un des hommes habiles de son temps. Il fil heureuses idées à son démon. Tous ses pané-
faire des pas aux mathématiques, el il paraît gyristes, en faisant- son éloge, ont fait la part
qu'il était, savant médecin ; mais il avait, une de son démon familier, ce qu'il est bon de re-
imagination presque toujours délirante, et on marquer pour l'honneur des esprits. Cardan
l'a souvent excusé en disant qu'il élail fou. assurait aussi que son père avait été servi
— Il rapporte, dans le. livre De vita propria, trente ans par un esprit
familier. — Comme
que, quand la nature ne lui faisait pas sentir ses connaissances en astrologie'étaient gran-
quelque douleur, il s'en procurait lui-même des, il prédit à Edouard VI, roi d'Angleterre,
en se mordant les lèvres, ou en se tiraillant plus de cinquante ans de règne, d'après les
les doigts jusqu'à ce qu'il en pleural, parce règles de l'art. Mais Edouard VI mourut à
que, s'il lui arrivait d'être sans douleur, il res- seize ans. — Ces nièmes règles lui avaient
sentait des saillies et des impétuosités si vio- l'ait voir clairement qu'il ne vivrait que qua-
lentes, qu'elles lui étaient plus insupportables rante-cinq ans. Il,régla sa fortune en consé-
que la douleur môme. D'ailleurs, il aimait le quence; ce qui l'incommoda fort le reste rie
mal physique à cause du plaisir qu'il éprou- sa vie. Quand il se vil trompé dans ses calculs,
vait ensuite quand ce mal cessait. Il dit, dans il refit son thème, el. trouva qu'au moins il ne
le livre .8 de la Variété des choses, qu'il tom- passerait pas la soixante-quinzième année.
bait en extase quand il voulait, et qu'alors La nature s'obstina encore à démentir l'astro-
son âme voyageait hors de son corps, qui de- logie. Alors , pour soutenir sa réputation , et
meurait impassible et comme inanimé. — Il ne pas supporter davantage la honte d'un dé-
prétendait avoir deux âmes, l'une qui le portait menti (car il pensait que l'art est. infaillible el
au bien et à la science, l'autre qui l'entraînait que lui seul avait pu se tromper), on assure
au mal et à l'abrutissement. — 11 assure que, que Cardan se laissa mourir de faim. — « De
dans sa jeunesse, il voyait clair dans les ténè- tous les événements annoncés par les astro-
bres; que l'âge affaiblit en lui celle faculté; logues, je n'en trouve qu'un seul qui soit réel-
que cependant, quoique vieux . il voyait en- lement arrivé tel qu'il avait été prévu , dit un
core en s'ôveillanl au milieu de la nuit, mais écrivain du dernier siècle », c'est la mort de
moins parfaitement que dans son âge tendre. Cardan, qu'il avait lui-même prédite et fixée
Il avait cela de commun, disait-il, avec l'em- à un jour marqué. Ce grand jour arriva : .Car-
pereur Tibère; il aurait pu dire aussi avec les dan se porlait bien; mais il fallait mourir ou
hiboux. — Il donnait dans l'alchimie, et on avouer l'insuffisance et la vanité de son art:
voit, dans ses ouvrages, qu'il croyait à la ca- Cardan ne balança pas; et, se sacrifiant à la
.

bale et qu'il faisait grand cas des secrets ca- gloire des astres, il se tua lui-même; il n'a-
balistiques. Il dit quelque part que, la nuit vait pas expliqué. s?il périrait par une maladie
du 4 3 au 4 i août 1194, sept démons ou es- ou par un suicide. » — Il faut rappeler, .parmi
prits élémentaires de haute stature apparu- les extravagances astrologiques de Cardan.
rent, à Fazio Cardan, son pore (presque aussi 7 Kssai sur les superstitions par M. L. C. Tn-12.
,
CAR 115 CAR
qu'il avait dressé l'horoscope de noire Soi- plus ] jeune de ses fils : « Souviens-toi d'aver-*
irneui' Jésus-Christ, qu'il publia en Italie et tir
1 ton père que je reviendrai dans trois jours,
pnFrance. Il trouvait, dans la conjonction de et (
qu'il se. tienne prêt.... » Quand'l'archi-
Mars avec la Lune au signe de la Balance, le diacre
i rentra chez lui, son fils lui raconta
«enre. de mort de Jésus; et le mahométisme celte i
circonstance. Carlostad épouvanté se rnit
dans la rencontre de Saturne avec le Sagit- au :
lit, et trois jours après , le 25 décembre
taire, à l'époque de la naissance du Sauveur. 1541, le diable, dit-on, lui tordit le cou. L'é-
]in somme, Jérôme Cardan fut un homme vénement eut lieu dans la ville de Bâle '.
superstitieux, qui avait plus d'imagination Carmentes, •— déesses tutélaires des en-
que de jugement. Ce qui est bizarre, c'est que, fants chez les aneiens. Elles ont été rem-
croyant à tout, il croyait ma! aux seules mer- placées par nos fées; elles présidaient à la
veilles vraies, celles que l'Église admet. On naissance, chantaient l'horoscope du nouveau
le poursuivit comme magicien et comme im- né,, lui faisaient un don, comme les fées en
pie... •—Delancre dit qu'il avait été bien in- Bretagne, et recevaient de petits présents de
struit en la magie par son père, lequel avait la part des mères. Elles ne se montraient pas;
eu trente ans un démon enfermé dans une cependant on leur servait à dîner dans une
cassette, et discourait avec ce démon sur- chambre isolée pendantles couches. On don-
toutes ses affaires '. — On trouve donc des nait, aussi, chez les Romains, le nom de car-
choses bizarres dans presque tous ses ouvra- mentes (ou charmeuses) aux devineresses cé-
ges, qui ont été recueillis en 10 volumes in- lèbres; et l'une.des plus fameuses prophé-
folio, principalement dans les livres de la fesses de l'Arcadie s'est nommée Carmenlie.
Variété des choses, de te Subtilité des dé- On l'a mise dans le ci-devant Olympe.
vions, etc., et dans son Traité des Songes 5.
,

Voî/CsMÉTOl'bSCOl'Ilï. Carnaval MASCARADES.


, — VOIJ.
Oornoet , —VOIJ. TllOU BU CHATEAU.
Carenus (ALEXANDRE),—auteur d'un Traité
des songes 5 publié à Padoue en 4 575. Camus, — devin d'Acarnanie, qui, ayant
prédit, de grands malheurs sous le règne de
Carlostad (ÀiSBMî BODESSTIÏIN J>E), — ar- Codrus fut tué à coups de flèches comme
chidiacre de Wurtemberg, d'abord partisan ,
, magicien. Apollon envoya la peste pour ven-
ensuite ennemi de Luther. 11 nia la présence
réelle de notre Seigneur Jésus-Christ dans ger sa mort.
l'eucharistie, après avoir gagé avec Luther, le Caron. — La fable du batelier des enfers
verre à la main, qu'il soutiendrait celte er- vint, dit-on, de Memphis, en Grèce. Fils de
l'Érèbe et de la Nuit, il traversait le Cocyte
reur. Il abolit la confession auriculaire, le
précepte du jeûne et l'abstinence des viandes. et l'Achéron dans une barque étroite. Vieux
Il fut le premier prêtre qui se maria publique- et avare , il n'y recevait que les ombres de .
ment en Allemagne; il permit aux moines de ceux qui avaient reçu la sépulture et qui lui
sortir de leurs monastères et de renoncer à payaient le passage. Nul mortel pendant, sa
leurs voeux ; il lit do mauvais ouvrages, au- vie ne pouvait y entrer à moins qu'un ra-
,
jourd'hui méprisés de toutes les sectes, et voici meau d'or consacré, à Proserpine ne lui servît,
ce qui lui arriva, selon le récit de Mostrovius : de sauf-conduit; et le pieux Énée eut besoin
— Le jour que Carlostad prononça son der- que la sibylle lui en fil présent lorsqu'il voulut
nier prêche, un grand homme noir, à la figure pénétrer dans le royaume de PÏuloii. long-
ti'isteet décomposée, monta après lui dans la temps avant le passage de ce prince, le nocher
chaire et lui annonça qu'il irait le voir dans infernal avait été exilé pendant un an dans
trois jours. D'autres disent que l'homme noir un lieu obscur du Tartare, pour avoir reçu
se tint devant lui, le regardant, d'un oeil fixe, dans son bateau Hercule, qui no. s'en était pas
à quelques pas de la chaire. Quoi qu'il
en soit,
muni. — Mahomet, dans le JToran, clïap: 28,
Carlostad se troubla; il dépêcha son prêche, a confondu Caron avec Coré, que la terre
et, au sortir de la chaire, il demanda si l'on engloutit lorsqu'il outrageait Moïse. L'Arabe
connaissait l'homme hoir qui venait de sortir Mutardi, dans son ouvrage sur l'Egypte, fait
du temple mais personne de Caron un oncle du législateur des Hébreux,
; que lui ne l'avait
vu-— Cependant le môme fantôme noir était et, comme il soutint toujours son parti avec
a'lé à la maison dé Carlostad, et avait dit zèle, ce dernier, dit-il, lui apprit l'alchimie et
au
L'Incrécmlilé et mécréance,etc., traité Ie1',p. 13,etc. 1 Celte anecdote se trouve encore dans les écrits de
* JUeronymus Cardanlis De Somniis. Bâle, 15S5. Luther, et dans un livre dû dernier siècle, intitulé : La
i j , Babylone démasquée, ou Entretiens de deux dames
hollandaises sur lareligion catholique romaine, etc.,
Alex. Carenus, De Somniis, in-d". Patavii, 1675,
p. 226; édition de Pépie, rue St-Jacques, à Paris, 1727.
"8." ""' '"'"'"'
CAR — lit CAIl I
le secret du grand oeuvre , avec lequel il poteaux que les sorciers ou les dénions en- E
amassa des sommes immenses. Hérodote nous lotiraient' de lanternes pendant la fêle noc- §
a indiqué l'opinion la plus sûre : Caron fut lurne. On fait remarquer aussi sur le soi un i
d'abord un simple prêtre de Vulcain, mais large rond où les démons dansaient, et, l'on ï
qui sut usurper en Egypte le souverain pou- prétend que l'herbe ne peut, y croître. C'est
voir. Parvenu au faîte de la grandeur, il aussi dans un carrefour qu'on lue la poule
voulut rendre son nom immërtel par un ou- noire pour évoquer le diable.
vrage qui pût attester, dans tous les siècles, Gartagra — région du purg:-,;oi;'e Vlnj.
l'étendue de sa magnificence. Le tribut qu'il GAMYGVN.
, ,
imposa sur les inhumations lui fournit des
trésors qui facilitèrent son dessein. C'est à lui Cartes, — VOIJ. C.AliïOMAÏVeiE.
que l'on doit ce labyrinthe égyptien, qui fut Carticeya , — divinité indienne qui com-
d'abord le palais qu'il se plut à habiter, et. mande les armées des génies et des anges;
qui passa ensuite dans l'opinion vulgaire pour i! a six faces, une multitude d'yeux et un
faire partie des enfers *. grand nombre de bras armés de massues, de
Carpentier (RICIIAUB), — bénédictin an- sabres et de flèches. Il se prélasse à cheval
glais du dix-septième siècle. On recherche de sur un paon.
lui : '1° la Ruine de V Antéchrist, in-8°, 4 C4 S ; Cartomancie, — divination par les cartes,
2° Preuves que l'astrologie est innocente, utile plus connue sous le nom d'art de tirer ks
et précise, in-4°, Londres, 1C53. Il a publié cartes. — On dit, que les cartes ont été inven-
une autre singularité intitulée « la Loi parfaite tées pour amuser la folie de Charles VI; mais
de Dieu, sermon qui n'e.-t pas sermon, qui a Allietle, qui écrivit, sous le nom d'Ettéilki,
été prêché et n'a pas été prêché, 4 652. » nous assure que la cartomancie, qui est. l'ail
de tirer les cartes, est bien plus ancienne. Il
Carpooratiens, — hérésiarques du deuxiè- fait remonter cette divination au jeu des bâ-
me siècle, qui reconnaissaient pour chef Car- tons d'Alpha (nom d'un Grec fameux exilé en
poerate, professeur de magie, selon expres- 1
Espagne, dit-il). 11 ajoute qu'on a depuis per-
sion de saint Irénée. Ils contaient que les anges
venaient de Dieu par une suite de générations fectionné cette science merveilleuse. On s'est
infinies, que lesdits anges s'étaient avisés un servi de tablettes peintes; et quand Jacquc-
inin Gringoneur offrit les cartes au roi Charles
jour de créer le monde et les âmes, lesquelles le Bien-Aimé, il n'avait eu que la peine du
n'étaient unies à des corps que parce qu'elles
avaient oublié Dieu. Carpocrate prétendait transporter sur des cartons ce qui était connu
des plus habiles devins sur des planchettes.
que lout ce que nous apprenons n'est, que ré- 11 est fâcheux que cette assertion ne soit ap-
' miniscence.il regardait les anges comme nous
les démons ; il les disait ennemis de l'homme, puyée d'aucune preuve. — Cependant les
et croyait leur plaire en se livrant à toutes cartes à jouer sont, plus anciennes que Char-
les VI. Boissona.de- a remarqué que le petit
ses passions et aux plaisirs les plus honteux. Jehan de Sainfré ne fut honoré de la faveur
Ses disciples cultivaient la magie, faisaient
des enchantements et avaient des secrets mer- de Charles Y que parce qu'il ne jouait ni aux
veilleux. Us marquaient leurs sectateurs à cartes ni aux dés. 11 fallait, bien aussi qu'el-
les fussent connues en Espagne lorsque Al-
l'oreille et commettaient beaucoup d'abomi-
phonse XI les prohiba en 1332, dans les sta-
nations. Cette secte ne subsista pas long-
tuts de l'ordre de la Bande. — Quoi qu'il en
temps. soit, les curies, d'abord tolérées, furent en-
Carra (JEAN-LOUIS), — aventurier du der- suite condamnées; et c'est une opinion encore
nier siècle, qui se fit girondin, et fut guillotiné subsistante dans l'esprit de quelques person-
en '1793. lia laissé, entre outres ouvrages, nes crédules que qui lient les caries tient le
un Examen physique du magnétisme animal, diable. C'est souvent vrai, au figuré. « Cens
in-8°, 1785. qui font des tours de cartes sont sorciers le
Carrefours , — lieux où quatre chemins plus souvent, » dit Boguel. Il cite un comte
aboutissent. C'est aux carrefours que les sor- italien qui vous mettait en main un dix de
ciers se réunissent ordinairement pour faire pique, et vous trouviez que c'était un roi de
le sabbat. On montre encore, dans plusieurs coeur ]. Que diraiL-il des prestidigitateurs ac-
provinces, quelques-uns de ces carrefours re- .
tuels?— 11 n'est pas besoin de dire qu'on a
doutés, au milieu desquels étaient placés des trouvé lout dans les cartes,-histoire, sa-
béisme, sorcellerie. Il y a même eu des doc-
* z Delandine, Enfers des peuples anciens cli. 9. "Voyez,
dans les Légendes infernales , la légende de Caron, d'a-
près Pau! Lucas. 1 Discours des sorciers, cli. 53.
CAJ.Ï — 117 — CAR
virent toute l'alchimie dans les ligures ; faires; le huit, mauvaise nouvelle; s'il es*
les qui
i
certains cabalisles ont prétendu y recon- suivi ; du sept de carreau, pleurs et discordes.
ei.
naître les esprits des quatre éléments. Les 1Le sept, querelles el tourments, à moins qu'il
carreaux sont les salamandres, les coeurs ne i soit accompagné de coeurs. — Les huit trè-
z0nl les sylphes , les trèfles les ondins, et les fles.
1
— Le roi est un homme juste, qui vous
niques les gnomes. Arrivons à l'arl de tirer rendra i
service; s'il est renversé, ses inten-
les cartes. — On se sert, pour la cartomancie, tions honnêtes éprouveront du relard. La
d'un jeu de piquet de trente-deux caries. Les dame est une femme qui vous aime; une
coeurs et les trèfles sont généralement bons femme jalouse, si elle est renversée. Le valet
ci heureux ; les carreaux et les piques, géné- promet un mariage qui ne se fera pas sans
ralement mauvais et malheureux. Lés figures embarras préliminaires, s'il est renversé.
en coeur et en carreau annoncent
des per- L'as, gain, profil, argent à recevoir; le dix,
sonnes blondes ou châtaines - blondes; les succès; s'il est suivi du neuf de carreau, re-
ligures en pique ou en trèfle annoncent des tard d'argent; porte s'il se trouve à côté du
personnes brunes ou châtaines-brunes. Voici neuf de pique. Le neuf, réussite; le huit, es-
ce que signifie chaque carte ; — Les huit pérances fondées; le sept, faiblesses; et s'i 1
coeurs. — Le roi de coeur est, un homme ho- est suivi d'un neuf, héritage.—Quatrerois de
norable qui cherche à vous faire du bien ; s'il suile, honneurs; Irois rois de suite, succès
est renversé, il sera arrêté dans ses loyales dans le commerce ; deux rois de suite bons
,
intentions. La dame de coeur est une femme conseils. -— Quatre dames de suite, grands
honnête et généreuse de qui vous pouvez at- caquets; trois dames de suile, tromperies;
tendre des services ; si elle est renversée, c'est deux dames de suite, amitié. — Quatre valets
le présage d'un retard dans vos espérances. de suite, maladie contagieuse ; trois valets de
Le valet de coeur est un brave jeune homme, suite, paresse. ; deux valets de suite, dispute.
souvent un militaire qui doit entrer clans — Quatre as de suite, une mort ; trois as de
,
votre famille et, cherche à vous être utile ; il suite, libertinage; deux as de suite, inimitié.
en sera empêché s'il est, renversé. L'as de :— Quatre dix de suite, événements désa-
coeur annonce une nouvelle agréable; il re- gréables; trois dix de suile, changement
présente un festin ou un repas d'amis quand d'état ; deux dix de suite perte. — Quatre
,
il se trouve enlouré de figures. Le dix de coeur neuf de suile, bonnes actions; trois neuf de
est une surprise qui fera grande joie; le neuf suite, imprudence ; deux neuf de suite, argent.
promet.une réconciliation, il resserre les liens — Quatre huit de suite, revers; trois huit de
entre les personnes qu'on veut brouiller. Le suite, mariage; deux huit de suite, désagré-
liuil promet de la satisfaction de la part, des ments. — Quatre sept de suite, intrigues;
enfants. Le sept annonce un bon mariage.— trois sept de suite, divertissements; deux sept
les huit carreaux. —Le roi de carreau est un de suile, petites nouvelles. —Il y a plusieurs
liommeassez important.,qui pense à vous noire, manières do tirer les cartes. La plus sûre mé-
et qui vous nuira s'il est renversé. La dame est thode-est do les tirer par sept, comme il suit:
«ne méchante femme qui dit du mal de vous — Après avoir mêlé le jeu, on compte les
cl qui vous fera du mal si elle est, renversée. — caries de sepl en sept, mettant de côté la
l-o valet est un militaire ou un messager qui septième de chaque paquet. On répèle l'opé-
vous apporte des nouvelles désagréables, et ration jusqu'à ce qu'on ait produit douze car-
s'il est renversé des nouvelles fâcheuses; l'as tes. Vous étendez ces douze cartes sur la table
(le carreau annonce une lettre; le dix de car- les unes à côté des autres, selon l'ordre dans
reau, un voyage nécessaire et, imprévu ; le lequel elles sonl venues ; ensuite vous cher-
neuf, un retard d'argent; le huit, des démar- chez ce qu'elles signifient, d'après la valeur
i
('lies qin surprendront de la part d'un jeune et la position de chaque carte, ainsi qu'on l'a
homme; le sept,
un gain de loterie; s'ilse trouve expliqué. — Mais avant de tirer les cartes, il
•ivecl'asde carreau, bonnes nouvelles. —Les ne faut pas oublier de voir si la personne pour
huit piques.—Leroi représente commissaire laquelle on les lire est sortie du jeu. On prend
un
on un homme de robe avec qui on aura desdis- ordinairement le roi de coeur pour un homme '
"races; s'il est renversé, perte d'un procès. La blond marié ; le roi de trèfle pour un homme
(lame est une
veuve qui cherche à vous trom- brun marié ; la dame de coeur pour une dame
P°r ; si elle est renversée, elle vous trompera. ou une demoiselle blonde ; la dame de trèfle
un jeune homme qui vous causera pour une dame ou une demoiselle brune; le
ij0 valet est
"es désagréments ; s'il est renversé présagei valet do coeur pour un jeune homme blond ;
''c trahison. L'as, grande tristesse;, le dix, le valet de trèfle pour un jeune homme brun.
emprisonnement; le neuf, retard, dans les af- — Si la carte qui représente la personne pour
CAR — 118 CAS
qui on opère ne se trouve pas dans les douze tière. lit Citons encore VOraele parfait-, ou non- I
caries, que le hasard vient d'amener, on la velle vc manière de tirer les cartes au moyen §
,
cherche dans le reste du jeu et on la place de de laquelle chacun peut faire son horoscope. I;
simplement à la fin des douze, cartes sorties. In-12, In Paris, '1802. Ce petit livre, de 92 pages, I
Si au contraire elle s'y trouve, on fait tirer à es dédié au beau sexe par Albert d'Alby. 1
est
la personne pour qui on travaille (ou l'on tire L'éditeur
L est M. de Valemberl, qui fait ob-
soi-même si c'est pour soi que l'on consulte) server se que l'Oracle parfait, devait paraître i
une treizième carte à jeu couvert. On la place en ei 1788 ; que la censure l'arrêta, el qu'on n'a
pareillement à la fin des douze, cartes étalées, pu p qu'en 4 802 en gratifier le public. La nié- i
parce qu'il est reconnu qu'il faut treize car- IlIhode de ce livre esl embrouillée; l'auteur
tes. — Alors on explique sommairementl'en- veut v qu'on emploie vingt caries disposées par
semble du jeu. Ensuite, en parlant de la carte cinq, c. de cette manière: une au milieu, une
qui représente la personne pour qui on inler- au-dessus,
a une au-dessous, el une de chaque
roge le sort, on compte sept et on s'arrête ; côté, c ce qui fait une croix. La carie d'en haut
on interprète la valeur intrinsèque el relative signifie
s ce qui doit arriver bientôt, la carte
de la carte sur laquelle on fait station ; ou àde droite arrivera dans un temps plus éloi-
compte sept de nouveau, el de nouveau on gné; fi la carie d'en bas est pour le passé; la
explique parcourant ainsi lout le jeu à plu- carie c de gauche pour les obstacles; la carte
,
sieurs reprises jusqu'à ce qu'on revienne pré- du c milieu pour le présent. On explique ensuite
cisément à la carie de laquelle on est parti. d'après c les principes. — Mais c'en est assez
On doit déjà avoir vu bien des choses. Il reste sur ' la cartomancie. Nous n'avons voulu rien
cependant une opération importante. — On laisser 1 ignorer de cette science aux dames
relève les treize cartes on les mêle, on fait qui ( consultent leurs caries et qui doutent de
,
couper de la main gauche. Après quoi on les Dieu. Cependant nous les prierons d'observer
•dispose à couvert sur six paquets, '1° pour la que.
i ce grand moyen de lever le rideau qui
personne, 2° pour la maison ou son intérieur, nous cache l'avenir s'esl trouvé quelquefois
3° pour ce qu'elle attend, i° pour ce qu'elle en défaut. Une des plus fameuses tireuses de
n'àllèhd pas, 5° pour sa surprise, 6° pour sa cartes fit. le jeu pour un jeune homme sans
consolation' ou sa pensée. Les six premières barbe qui s'était déguisé en fille. Elle lui

cartes ainsi rangéessur la table, il en reste sept promit un époux riche et bien fait, trois gar-
dans la main. On fait un second tour, mais çons, une fille, des couches laborieuses mais
.
on ne met une carte que sur chacun des cinq sans danger. — Une dame qui commençait à
premiers paquets. Au troisième tour, on pose hésiter dans' sa confiance aux caries se fit un
les deux dernières caries sur les numéros I jour une réussite pour savoir si elle avait dé-
et, 2. On découvre ensuite successivement cha- jeuné. Elle était, encore à table devant les
que paquet, et on l'explique en commençant plats vides, elle avait l'estomac bien garni;
par le premier, qui a trois cartes ainsi que le toutefois les cartes lui apprirent, qu'elle était
deuxième, et finissant parle dernier qui n'en à jeun, car la réussite ne put avoir lieu.
a qu'une. — Voilà lout entier l'art de tirer les Casaubon (MÉpÉiuc), fils d'IsaacCasaubon,
caries; les méthodes varient, mais les résul- né à Genève en 1599. On a de lui un Traité
tats ne varient pas. — Noirs terminerons en de l'Enthousiasme, publié en'1655; in-8". Cet
indiquant là manière de faire ce qu'on appelle
ouvrage est dirigé contre .ceux qui attribuent
la réussite. •— Prenez également un jeu de l'enthousiasme à
une inspiration du ciel ou à
piquet de Irenle-deux cartes. Faites huit pa-
une inspiration du démon. On lui doit aussi
quets à couvert de quatre cartes chacun, et un Traité de la crédulité el de V incrédulité
les rangez sur la table ; retournez la première dans les choses spirituelles, in-8°, Londres,
carte de chaque paquet; prenez les cartes de 4 670. Il y établit, la réalité des esprits, des
la môme valeur deux par deux, comme deux merveilles surnaturelles et des sorciers h
dix, d'eux rois, deux as, etc., en retournant Nous citerons aussi sa Véritable el fidèle relu-
toujours à découvert sur chaque paquet la lion de ce qui s'est passe entre Jean Dée d
càrLe qui suit celle que vous enlevez. Pour que cerlaïni; esprits, 1659, ih-fol.
là réussite soit assurée, il faut epie vous reli-
riez de la sorte toutes les cartes du jeu, deux Casi.—C'est le nom d'une pagode fameuse
sur les bords du Gange. Les Indiens recher-
par deux, jusqu'aux dernières. — Oii fait ces; client le privilège d'y mourir; car Eswara ne
réussites pour savoir si un projet ou une af-
manque pas de venir souffler dans leur oreille
faire aura du succès, ou si une chose dont on
doute a eu lieu. — Allielle, sous le nom d'Et- * Cet ouvrage est connu aussi sous le titre de Trait"

teilla, a publié oh long traité sur celte ma des esprits, des sorciers et des opérations sumat,urelics'
^ en anglais. Londres, 1672. In-8'\
CAS 119 — CAS
droite ou dernier instant pour les purifier : Castaigne (GrAHiiiEi, Dis), — aumônier de
aussi ont-ils grand soin de mourir couchés Louis X11I, cordelier et alchimiste. On lui
sur le côté gauche. doit l'Or potable qui guérit de tous maux,
Casrnann (OiHoix), — savant Allemand du in-S°, rare, Paris, 4 614 ; le Paradis terrestre^
seizième siècle, auteur d'un livré sur les an- où l'on trouve la guérison de toute maladie,
cres, intitulé : Angélographie i. Il a laissé un
in-8u, Paris, 4 CI '6; «le Grand Miracle de na-
autre ouvrage, que quelques personnes re- » ture métallique, que, en imitant icelle sans
cherchent, sur les mystères de la nature -. » sophistiqueries, tous les métaux imparfaits
Cassandre, — fille de Priafn, à qui Apol- » se rendront en or fin, et les maladies incu-
lon donna le don de prophétie pour la » râbles se guériront, » in-8°, Paris, 464 5.
séduire; mais quand elle eut le don, elle ne Castaljé, — fontaine d'Antioche, au fau-
voulut pas répondre à la tendresse du dieu bourg de Daphné; ses eaux étaient prophé-
et. le dieu discrédita ses pronostics. Aussi, , tiques, et il y avait auprès un oracle célèbre
quoique grande magicienne et sorcière, qui prédit l'empire à Adrien. Quand cet ora-
cle fut accompli, Adrien fit boucher la fon-
comme dit Delancrc s, elle ne put, pas empê-
cher la ruine de Troie, ni se garantir elle- taine avec de grosses pierres, de peur qu'un
même des violences d'Ajax. autre n'y allât chercher la môme faveur qu'il
Cassais de Parme. — Antoine venait de
avait obtenue.
perdre la bataille d'Actium ; Cassius de Par- Cdstellini (Luc), — frère prêcheur du dix-
me, qui avait suivi son parti, se relira dans septième siècle. On trouve des prodiges in-
Athènes : là au milieu de la nuit, pendant fernaux dans son Traité des miracles i.
,
que son esprit s'abandonnait aux inquiétudes, Castor. -— C'est une opinion très-ancienne
il vil paraître devant lui un homme noir qui el très-commune que le castor se mutile pour
lui parla avec agitation. Cassius lui demanda se dérober à la poursuite des chasseurs. On
qui il étàil. « Je suis ton démon *, » répondit la trouve dans les hiéroglyphes des Égyp-
le fantôme. Ce mauvais démon était la peur. tiens, dans les fables d'Ésope, dans Pline,
A celle parole, Cassius s'effraya et appela dans Arislote, dans lîlieh. ; mais cette opinion
ses esclaves ; mais le démon disparut sans se n'en est pas moins une erreur aujourd'hui
laisser voir à d'autres yeux. Persuadé qu'il reconnue 2.
rêvait, Cassius se recoucha et chercha à se Castor et Pollux , —: fil's de Jupiter et. do
rendormir; aussitôt qu'il fut seul, le démon Léda. On en fil dés dieux marins; et, daiîs
reparut avec les mêmes circonstances. Le l'antiquité, les matelots appelaient feux de
llomain n'eut pas plus de force que d'abord; Castor el Pollux ce que nos marins appellent
il se fit apporter des lumières, passa le reste feux Saint-Elme. Les histoires grecques et
de la nuit au milieu de ses esclaves, el n'osa romaines sont remplies d'apparitions de Cas-
plus rester seul. Il fut tué peu de jours après tor et Pollux. Pendant
que Paul-Émile faisait
par l'ordre du vainqueur d'Actium 3. la guerre en Macédoine, Publius Vatinius,
Casso ou Alouette. —- On assure que celui revenant à Home, vit subitement, devant lui
qui portera sur soi les pieds de cet oiseau ne deux jeunes gens beaux et'bien faits, montés
sera jamais persécuté; au contraire, il aura sur des chevaux blancs, qùralùi annoncèrent
toujours l'avantage sur ses ennemis. Si on que le roi Persée avait été fait prisonnier la
enveloppe l'oeil droit de l'alouette dans un veille. Vatinius se ha la de porter au sénat
morceau do la peau d'un loup, l'homme qui cette nouvelle ; mais les sénateurs, croyant
le portera sera doux, agréable et plaisant; el déroger à la majesté dé leur caractère en
si oit le met dans du vin, on se fera chérir de s'arrêtanl à des puérilités, firent mettre cet
la personne qui le boira °. homme en prison. Cependant, après qu'on
Cassotiàe, —fontaine de Delphes, dont la eut reconnu par les lettres du consul que le
vertu prophétique inspirait des femmes qui y roi de Macédoine avait été effectivement pris
rendaient des oracles. ce jour-là, on tira Vatinius de sa prison, on
1 Aiigelograpliia, 2 vol. in-8". Francfort, 159" et 160S. le gratifia de plusieurs arpents de terre, et
? Nucleus mvsteriorum naturec enneleatus 1605. le sénat reconnut que Castor et Pollux étaient
In-8". ,
, les protecteurs de la république. Pausanias
" Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc.,
v'iv. !••>-, dise. 3. explique cette apparition : « C'étaient, dit-il,
L'original porte cacodaimon, mauvais démon. Chez des jeunes
es Grecs daimon simplement signifiait un yénic, une, gens revêtus du costume des Tyn-
Qnne intelligence, comme le démon de Socratc el nuel- dandes, el apostés pour frapper les esprits
Vies antres.
\ alèrc-Maxime, et d'autres anciens. Tractatus de miraculis. lîome, 1620.
' Admirables secrets d'Albcrt-lc-Gnuul, 1

- Voyez Brown, Des Erreurs populaires, liv. ill,cll.4.


CAT 120 — CAT
crédules. » — On sait, que Caslor el, Pollux ^ufui^D, et rieut.! to, jji;uii-nib un ULMUIII l'c'r-
sont devenus la constellation des Gémeaux. rlinand, vil brûler, saccager el, ruiner son p.'
'
Castro (ALPHONSE DE), — célèbre prédica- pays'. )

teur né au Pérou, el l'un des plus savants Catalonos OU Sabailanas, -— prêtresses


théologiens du seizième siècle, auteur d'un li- des Indiens des îles Philippines. Elles lisent,
vre contre les magiciens '. dans l'avenir el prédisent ce qui doit arriver.
Catabolitrues. — « Ceux qui ont, lu les an- Quand elles ont annoncé le bien ou le mal à
ciens savent, que les démons cataboliques ceux qui les consultent, elles font, le sacrifice :
sont des démons qui emportent, les hommes, d'un cochon qu'elles tuent d'un coup de lance
les tuent, brisent et fracassent, ayant cette et qu'elles offrent en dansant aux mauvais
puissance sur eux. De ces démons cataboli- génies el aux âmes des ancêtres, lesquelles, i
ques, Fulgence raconte qu'un certain Cam- dans l'opinion des Indiens, fixent, leurs de-
pesler avait écrit un livre particulier qui meures sous de grands arbres.
BOUS servirait bien si nous l'avions, pour ap- Catanancée, —plante que les femmes de
prendre au juste comment ces diables trai- Thessalie employaient dans leurs philtres.
taient leurs suppôts les magiciens et sor- On en trouve la description dans Dioscoride.
ciers 2. »
Cataramonachia , — aiialhème que fulmi-
Catalde, — évoque de Tarente au sixième nent les
siècle. Mille ans après sa mort, on raconte la Murée,papas grecs. Dans quelques îles de
qu'il se montra une nuit, en vision, à un fièvre lente on dil que cet anathème donne une
.

dont on meurt en six semaines.


jeune Tarentin du seizième siècle , et le
chargea de creuser en un lieu qu'il lui dési- Catelan ( LAUMÏNT ), -— pharmacien de
gna, où il avait, caché cl enterré un livre Montpellier au dix-septième siècle. 11 a laissé
écrit de sa main pendant qu'il était au monde, une Histoire de la nature, chasse, vertus,
lui disant qu'incontinent, qu'il aurait recouvré propriétés et usages de la Licorne, Montpel-
lier, in-8", 4G2i, el un Rare et curieux Dis-
ce livre, il ne manquât point de le faire tenir
à Ferdinand roi d'Aragon el de Naples, qui cours de lu plante appelée Mandragore, Paris,
régnait alors., Le jeune enfant, n'ajouta point, in-12, 4 639.
de foi d'abord à celte vision, quoique Catalde Catharin (AMISKOISE) , — dominicain de
lui apparût, presque tous les jours pour Florence, mort à Home en 4 553, auteur d'une
l'exhorter à l'aire ce qu'il lui avait ordonné. réfutation des prophéties do Savonarole 2, et
Enfin, un matin avant le jour, comme il fai- d'un Traité de, la mort, et de la résurrection.
sait, sa prière, il aperçai Catalde en babil Catherine, — VOIJ. REVENANTS.
épiscopal, lequel lui dit, avec une contenance
sévère : « Tu n'as lias tenu compte de cher- Catherine (SAINTE), -— VOIJ. liSCOMIWST!-
cher le livre que je l'avais enseigné el de BI.KS.
l'envoyer au roi Ferdinand; sois assuré, cette Catherine de sviédjcss, — célèbre reine de
fois pour toutes, que si lu n'exécutes ce que France, née à Florence en 4519, morte en

je t'ai commandé, il l'en adviendra mal. « — 4 589. Elle croyait non-seulementà l'astrologie
L'enfant, intimide de cesmenac.es, publia sa judiciaire, mais encore à la magie. Elle por-
vision.à lout le monde; le peuple ému s'as- tait, dit-on, sur l'estomac une peau de vélin,
sembla pour l'accompagner nu lieu .marqué. d'autres disent d'un enfant égorgé, semée de
On y arriva, on creusa la terre; on trouva un figures, de lettres el de caractères de différen-
petit coffre de plomb si bien clos et, cimenté tes couleurs. Elle était persuadée que cette
que l'air n'y pouvait pénétrer, el au fond du peau avait, la vertu de la garantir de foule
coffre se vit le livre où toutes les misères qui entreprise contre sa personne. Elle fil faire la
devaient arriver au royaume de Naples, au colonne do l'hôtel de Soissons 8, dans le fût
roi Ferdinand et à ses enfants, étaient dé- de laquelle il y avait un escalier à vis,
crites en forme de prophétie, lesquelles ont pour monter à la sphère armillaire qui est
eu lieu ; car Ferdinand fut, tué au premier au haut. Elle allait y consulter les astres
conflit; son fils Alphonse, à peine maître du avec ses astrologues, dont elle s'entoura
trône, fut mis en déroule par ses ennemis, el
r Histoires prodigieuses de Boistnanx, tom. lCr.
mourut, en exil. Ferdinand, le puîné, périt mi- Discorso conlra la dottrinaele profelie di GirolaiW'
'-'-
sérablement à la fleur de son Age, accablé de Savonavola, da Ambrosio Catarino polito. Ïn-S°. Venise.
1S48. Thomas Neri combattit cet ouvrage dans un Ih'ri:
intitulé : Apologin di Tomaso Neri, in difesu délia ciet-
1 De Sortilegis ac maleiicis, cornmque puniiione. trina di Girolamo fSavonarola. In-8". Florence, 1Ô6-Î.
Lyon, luOS. ;; Cotte colonne existe encore à Paris; elle est adosser
2 Leloycr, liisï. cl dise, des spectres, liv. vu, cli. 4. à la Halle au blé.
CAT — 121 — CAU
jusqu'à sa mort. — Celle princesse, que l'on divination, autrelois fort répandue. (Jiiand on
di
•i
fort noircie, eut beaucoup d'ennemis, sur- a l'ail une perte, essuyé un vol, ou reçu quel-
[oui h's réformés, qui n'ont reculé devant ques
q coups clandestins dont on veut connaîlre
aucune calomnie. Ils la représentent comme l'auteur,
1' on va trouver le sorcier ou devin,
avant été très-versée dans l'art, d'évoquer les q introduit le consultant dans une chambre
qui
esprits; ils ajoutent, que sur la peau d'enfant à demi éclairée. On n'y peut entrer qu'avec •
qu'elle portail au cou, étaient représentées uun bandeau sur les yeux. Le devin fait, les
plusieurs divinités païennes. Etanl tombée évocations, é cl le diable montre dans un miroir
iiravement malade, elle remit, disent-ils, à le passé, le présent et le futur. Malgré le ban-
1<

j[. de Mesmes une boite hermétiquement ddeau les crédules villageois, dans de telles
, ,
fermée, en lui faisant promettre de ne jamais occasions,
o ont la tôle tellement montée qu'ils
l'ouvrir cl de la lui rendre si elle revenait à yne manquent pas de voir quelque chose. —
la vie. Long-temps après, les enfants du dé- ( se servait autrefois, pour celte divination,
On
posilnire ayant, ouvert, la boîte, dans l'espoir d'un t miroir que l'on présentait, non devant,
d'v trouver des pierreries ou un trésor, n'y mais
i derrière la tète d'un enfant, à qui l'on
découvrirent, qu'une médaille de forme anli- avait ; bandé les yeux. — Pausanias parle d'un
que, large et ovale, où Catherine de Médicis autre
; effet de la catoptromancie. « Il y avait
é-lail représentée à genoux, adorant les Furies à; Palras, dit-il, devant le temple de Cérès,
el leur présentant une offrande. Ce conte iune fontaine séparée du temple par une mu-
donne la mesure de. vingt- autres. Catherine raille;
i là on consultait un oracle, non pour
do Médicis survécut à M. de Mesmes, et elle tous les événements, mais seulement pour les
n'aurait, pas manqué de retirer la cassette.-— maladies. Le malade descendait dans la fon-
fille avait- attaché à sa personne plusieurs as- taine un miroir suspendu à un fil, en sorte
trologues, parmi lesquels il ne faut-pas oublier qu'il ne louchai la surface de l'eau que par
l'illustre Luc Gauric. Ils lui prédirent, que sa base. Après avoir prié la déesse et brûlé
Saint-Germain la verrait, mourir. Dès-lors des parfums, il se regardait, dans ce miroir,
ellene voulut.plus demeurer à Snint-Germain- et-, selon qu'il se trouvait le visage hâve el
en-Laye ; et on dit qu'elle n'y coucha jamais défiguré ou gras et. vermeil, il en concluait
depuis. Mais Nicolas do Saint-Germain, évo- très-certainement que la maladie était mor-
que de Nazareth, l'ayant assistée à l'heure de telle ou qu'il en réchapperail. »
sa mort, on regarda la préd;ction comme ac- Cattani (FRANÇOIS),— évoque de Fiésol,
complie.
mort en 41395, auteur d'un livre sur les super-
Catho ( AXGKI.O ), — savant habile dans stitions de la magie '.
l'astrologie, qui prédit, à Charles-le-ïéméraire
mort, funeste. Le duc de Bourgogne n'en Cauchemar. — On appelle ainsi un embar-
sa
lini compte, et perdit tout, comme on sait. ras daiis la poitrine , une oppression el une
Malheureusement rien ne prouve que la pré- difficulté de respirer qui surviennent
pendant
diction ail, été faite en temps utile. Louis XI le sommeil, causent des rêves fatigants, el no
estimait, tant Angelo Catho, à cause de sa cessent, que quand on se réveille. On ne sa-
science, qu'il lui donna l'archevêchédcYienne vait pas trop, au quinzième siècle, ce que
c'é-
eiiDauphiné. tait que le cauchemar, qu'on appelait, aussi
alors chauche-poulet. On en fil un monstre;
Catillus, — voy. GIUSIÎKT. c'était un moyen prompt de résoudre la dif-
Catoblebas,—serpent qui donne la mort à ficulté. Les uns voyaient, dans cet accident
ceux qu'il regarde, si on en veut bien croire. une sorcière ou un spectre qui pressait le ven-
;.
Pline. Mais la nature lui a fait la tète fort tre des gens endormis, leur dérobait la parole
'i liasse, de manière qu'il lui est difficile de fixer el la respiration, el les empêchait de crier et
quelqu'un. On ajoute que col animal habile de s'éveiller pour demander du secours ; les
près de la fontaine Nigris, en "Ethiopie, que autres, un démon qui étouffait les gens. Les
l'on prétend être la source du Nil. médecins n'y voyaient guère plus clair; on
, .
Caton le Censeur. — Dans son livre, ])a ne savait d'autre remède pour se garantir
;, lie Rustica, il enseigne, parmi divers remèdes, du cauchemar, que de suspendre une pierre
j- h> manière de
remettre les membres démis, creuse dans l'écurie de sa maison; et Delrio,
,; rt donne même les paroles enchantées dont il embarrassé, crut décider la question en disant
J-, 'tint se servir. que Cauchemar était un suppôt de Belzébu Ib ; il
X Catoptrornancie, — divination par le moyen l'appelle ailleurs incubus morbus. —Dans les
'•' d'un miroir. On trouve encore, dans beaucoup '
i ^ villages,
1

des devins qui emploient colle .1562.


>
Supra la superstitiono dolF arte nragiea. Florence.
CAY — 122 — GAZ
guerres de la république française en Italie , e n tète do l'histoire de Faust. Les hugueneis
on caserna dans une église abandonnée un dlont il avail abandonné le parti, l'accusèrent,
régiment français ; les paysans avaient averti dl'avoir fait, pacte avec le diable, pour qu'il
les soldatsque la nuit on se sentait presquesuf- hui apprît, les langues ; c'était alors une grande
foqué dans ce lieu-là, et, que l'on voyait pas- ilnjure; Cayet. s'en vengea vivement dans un
ser un gros chien sur sa poitrine ; les soldats en iiivre où il défendit contre eux la doctrine du
riaient. Ils se couchèrent après mille plaisan- rourgaloirc '.
leries. Minuit arrive, tous se sentent oppres- Caym,—démon de classe supérieure, grand
•'

ses, ne respirent plus el voient chacun sur son président aux enfers; il se montre habituelle-
estomac un chien noir, qui disparut enfin, el jment sous la figure d'un merle. Lorsqu'il pa-
leur laissa reprendre leurs sens. Ils rappor- ,raît en forme humaine il répond du milieu
,
lèrenl le fait à leurs officiers, qui vinrent y d'un ( brasier ardent; il porte à la main un
coucher eux-mêmes la nuit suivante, et furent sabre , effilé. C'est, dit-on, le plus habile so-
tourmentés du même fantôme. Comment expli- phiste de l'enfer ; et il peut, par l'astuce do
,

quer ce fait? « Mangez peu , tenez le ventre ses arguments, désespérer le logicien le plus
,
libre, ne couchez point, sur le dos, et. votre aguerri. C'est avec lui que Luther eut celle
cauchemar vous quittera sans grimoire, » dit fameuse dispute dont, il nous a conservé les
M. Salgues 1. Il est certain que dans les pays circonstances. Caym donne l'intelligence du
où l'on ne soupe plus, on a moins de cauche- chant des oiseaux, du mugissement des boeufs, ';
mars.— Bodin conte2 qu'au pays de Valois, de l'aboiement des chiens el du bruit dos
en Picardie, il y avail de son temps une sorte ondes. Il connaît l'avenir. Ce démon qui fui
de sorciers et de sorcières qu'on appelait cau- autrefois de l'ordre des anges commando ,
à i
chemares, qu'on ne pouvait chasser qu'à force présent trente légions aux enfers 2. ,
;
de prières. Cayol, — propriétaire à Marseille, mort au
Cauchon (Piiïiuui), — évoque de Beauvais commencement de ce siècle. Un de ses fermiers
au quinzième siècle. 11 poursuivit .leanne lui apporta un jour douze cenls francs, dont .

d'Arc comme sorcière, et la fil brûler à llouen. il promit, la quittance pour le lendemain, parce
Il mourut subitement en 4 443. Le pape Ca- qu'il était occupé. Le paysan no revint qu'au
lixte IV excommunia après sa mort ce prélat bouL de quelques jours. M. Cayol venait de
déshonoré, dont le corps fut déterré el jeté à mourir d'apoplexie. Son fils avail pris posses-
la voirie. sion de ses biens, il refuse de croire au fait que,
Causathan,—démon ou mauvais génie que le paysan raconte, et réclame les douze cents
Porphyre se vantail d'avoir chassé d'un bain francs en justice. Le paysan fut condamné h
public. payer une seconde, fois. Mais la nuit qui suivit
M. Cayol apparut à son (ils
Causimomancïe, — divination par le feu, celte sentence,
employée chez les anciens mages. C'était un bien éveillé, et lui reprocha sa
conduite : « J'ai
heureux présage quand les objets combusti- été payé,
ajoula-t-il; regarde, derrière le mi-
la cheminée de ma chambre,
bles jetés dans le feu venaient à n'y pas brûler. roir qui est sur
tu y trouveras mon reçu. » Le jeune homme
Cayet ( PIEIUIK-YICTOH-PALMA); — savant se lève tremblant, trouve la quittance de son
écrivain tourangeau du seizième siècle. Outre père el se hâte de payer les frais qu'il avail
la Chronologie novennaira et la Chronologie faits au pauvre fermier, en reconnaissant ses
septennaire, il a laissé l'Histoire prodigieuse torts 5.
el lamentable du docteur Faust, grand ma- Cazotte ( JACQUES), — né à Dijon en 4720,
gicien, traduite de l'allemand en français, guillotiné 4793, auteur du poème d'Olivier,
Paris, 4 603, in-42 ; et l'Histoire véritable où beaucoup en
d'épisodes roulent, sur les mer-
comment l'âme de l'empereur l'rajan a été dé- veilles magiques. Le succès qu'obtint celle
livrée des tourments de l'enfer par les prières production singulière le décida à faire paraître
de saint. Grégoire-le-Grand, traduite du latin le Diable amoureux. Comme il y "a dans cet
d'Alphonse Chacon, in-8°, rare; Paris, 4607. des conjurations et autres propos de
ouvrage
— Cayet rechercha toute sa vie la pierre phi-
losophai, qu'il n'eut pas le talent de trouver ; La Fournaise ardente et le four du réverbère po"
1 1

débita aussi qu'il était magicien, mais .évaporer les prétendues eaux de Siloê, et pour corrobo-
on on rer le purgatoire contre les bérésies, calomnies, faussetés
peut voir qu'il ne pensait guère à se mêler de et cavillations ineptes du prétendu ministre Dumoulin.
magie, dans l'épîlre dédicatoire qu'il admise Paris, 1603. ln-S". Dumoulin, venait de publier !l?
Eaux de Siloé pour éteindre lé feu du purgatoiriN
contre les raisons, d'un cordelier portugais. ln-S", !Gn:'-
1 M. Salgues,Des Erreurs et des préjugés, t.I, p. 332. * YVicrus, in Psendomonarcliià diem.
'x Pémonomaniodes sorciers, liv. u, ch. 7. Iiifemaliana, p. '226,
;-!
CISN
CEC — 12; —
orimoire, un étranger alla un jour le prier de travaux et lui donnait de bons conseils, ce qui
lui apprendre à conjurer le diable, science ne
l'empêcha pas de faire des livres ridicules.
due Cazolle ne
possédait pas. — Ce qui lui Cécile. — Vers le milieu du seizième siècle,
obtient encore place dans ce recueil, c'est sa une femme, nommée Cécile, se montrait en
prophétie rapportée par La Harpe, où l'on a spectacle à Lisbonne ; elle possédait l'art de
cru long-lemps
qu'il avait pronostiqué la ré- si bien varier sa Voix, qu'elle la faisait partir
volution dans la plupart de ses détails. Mais tantôt de son coude, tantôt de son pied, tantôt
on
n'avait imprimé, ait-on, qu'un fragment de de son ventre. Elle liait conversation avec un
celle pièce. On a cru, plus tard, la découvrir être invisible, qu'elle nommait Pierro-.lean, et
plus entière, et quelques-uns pensent à pré- qui répondait à toutes ses questions. Cette
sent que la prophétie a été supposée. femme ventriloque fut réputée sorcière et
bannie dans l'île Saint-Thomas1.
Cébus ou Céphus, •—monstre adoré des
Égyptiens. C'était une es|)èce de satyre ou Ceintures magiques. •— Plusieurs livres de
singe qui avait, selon Pline, les pieds et les secrets vous apprendront qu'on guérit toutes
mains semblables à ceux de l'homme. Dio- sortes de, maladies intérieures en faisant por-
dore lui donne une tête de lion, le corps d'une ter au malade une ceinture de fougère
cueillie
jianlhère el la taille d'une chèvre. Ou ajoute la veille de la Saint-Jean , à midi, et tressée
Pompée fit venir à Borne, el qu'on de manière à former le caractère magique
que en un
n'en a jamais vu que celle fois-là. HVÏY. Le synode tenu à Bordeaux, en 4 600,
a condamné ce remède, et la raison le con-
Cecoo d'Ascoli (FllANÇOIS STAMLI , dit), — damne tous les jours.
professeur d'astrologie, né dans la marche Celse, — philosophe éclectique du deuxième
d'Ancôneau treizième siècle. 11 se mêlait aussi siècle, ennemi dos chrétiens. En avouant les
de magie et d'hérésie. On dit, ce qui n'est pas miracles de.lésus-ChrisI, il disait, qu'ils avaient
certain, qu'il fut brûlé en 4 327, avec son livre été opérés la magie, el que les chrétiens
par
d'astrologie, qui est, à ce qu'on croit, le com- étaient des magiciens. Il été réfuté par Ori-
a
mentaire sur la sphère de Sacrobosco '. 11 di- gène.
sait qu'il se formait dans les cieux des esprits
; Celsius (A.M)iu'v), •—• suédois mort en 4744,
malins qu'on obligeait, par moyen des con-
le les comètes, publiée
auteur d'une Lettre
stellations, à faire des choses merveilleuses. à Upsal l'année de sur
Il assurait que l'influence des astres était ab-
sa mort.
solue, et reconnaissait le fatalisme. Selon sa Cenchroboles, — nation imaginaire dont
parle Lucien. Il dit que les Cenchroboles al-
doctrine, Noire-Seigneur Jésus-Christ n'avait.
été pauvre et, n'avait souffert- une mort igno-
laient au combat montés sur de grands oi-
d'herbes vivaces au lieu de
minieuse que parce qu'il était né sous une seaux couverts
plumes.
constellation qui causait nécessairement cet,
effet...; au contraire, l'anlechrisl sera riche Cendrée. — On soutenait, dans le dix-sep-
ot puissant, parce qu'il naîtra sous une con- tième siècle, entre autres erreurs, qu'il y avait,
,
stellation favorable. On demandait jour des semences de reproduction dans les cada-
— un
à Cecco ce que c'était que la lune ; il répon- vres, dans les cendres des animaux et môme
dit : « C'est une terre comme la nôtre, ul terra des plantes brûlées ; qu'une grenouille , par
terra est. » On a -beaucoup disputé sur cet exemple, en se pourrissant, engendrait des
astrologue, connu aussi sous le nom de Cecus grenouilles, elque les cendresdes roses avaient
Asculan, el, plus généralement sous celui de produit d'autres roses. Foy. PALINUI'ÎNKSIB.—
Chicus JEsculanus. Delrio ne voit en lui qu'un Le Grand Albert dit que les cendres de bois
homme superstitieux, qui avail la tête mal aslringenl resserrent, et qu'on se relâche avec
timbrée. Naudô le regarde comme Un fou sa— des cendres de bois contraire. « Et, ajoule-
: vani. Quelques auteurs, qui le mettent nu t-il, Dioscoride. assure que. la lessive de cen-
nombre des nécromanciens, lui prêtent un dres de sarments, bue avec du sel, est un
esprit familier, nommé Floron, de l'ordre des remède souverain contre la suffocation de
chérubins, lequel Floron l'aidait dans ses poitrine. Quant à moi, ajoute-t-il, j'ai guéri
plusieurs personnes de la peste, en leur fai-
l Commentant in splueram .loamiis »le Sacrobosco.
sant boire une quantité d'eau où j'avais fait
i't-fol. liàle, 1486. Une que Cecco était fou, amortir de la cendre chaude, et leur ordon-
— a preuve
'Usent Naudé et Delrio, c'est, l" qu'il interprète le livre nant de suer après l'avoir bue 2. »
f e Sacrobosco dans
le sens des astrologues, nécroman-
eiens et chiroseopistes; 2" qu'il cite grand nombre d'au-
"u's talsifiés, comme les Ombres des idées de Salomon, • M. Saignes, Des Erreurs, etc., t. II, p. 227.
? Livre des. esprits d'Hipparchus les Aspects des 2 Les admirables secrets d'Albert-le-Grand,liv. ut,
M°Uc5, d'IIjppocrate,etc. » , cli. 1.
CE 11 — i-2Ui — CEI!
Cénéthus, —-second roi d'Ecosse. Désirant On ( voit, que ce n'est- plus le Cerbère des an-
ériger la mort de son père, tué par les Pict.es, ciens, ce redoutable'chien à trois tôles, por. v
<

1 exhortait les seigneurs du pays à reprendre lier I incorruptible des enfers, appelé aussi lu \
es armes; mais, parcequ'ils avaient, été mal- bête aux cent, tètes, cenliceps bellua, à cause 1
1

leureux aux précédentes batailles, les sel- de la multitude de serpents dont ses trois che-
<

meurs hésitaient. Cénéthus, sous prétexte de velures étaient, ornées. Hésiode lui donne cin- •''
es entretenir des affaires du pays, manda les quante tètes de chien ; mais on s'accorde «i- I
plus braves chefs à un conseil. Il les fit loger néralemenl à ne lui en reconnaître que trois. >
dans son château, où il avait, caché dans un Ses dents étaient, noires el, tranchantes, et sa I
ieu secret quelques soldats accoutrés de vê- morsure causait une prompte mort. On croit i
lements horribles, faits de grandes peaux de que la fable de Cerbère remonte aux Egyp- t
loups marins, qui sont très-fréquents dans le liens, qui faisaient garder les tombeaux par *

pays à cause de la mer. Ils avaient à la main des dogues. — C'est principalement ici du dé-
gauche un bâton de ce vieux bois qui luit la mon Cerberus qu'il a fallu nous occuper. En
nuit, et dans la droile une corne de boeuf 4 5S6, il fil pacte d'alliance avec une Picarde
percée par le bout. Ils se tinrent reclus jus- nommée Marie Martin. Voy. MARTIN.
qu'à ce que les seigneurs fussent, ensevelis Cercles magiques. — On ne peut guère ."'

dans leur premier sommeil : alors ils commen- évoquer les démons avec sûreté sans s'être X
cèrent à se montrer avec leurs bois qui éclai- placé dans un cercle qui garantisse de leur
raient, et firent résonner leurs cornes de atteinte, parce que leur premier mouvement
boeufs, disant qu'ils étaient envoyés pour leur serait d'empoigner, si l'on n'y mettait ordre. "
annoncer la guerre contre les Pietés ; leur vic- Voici ce qu'on lit, à ce propos dans le fatras
toire, ajoutaient-ils, était écrite dans le ciel. intitulé : Grimoire du pape Honorim : « Les

Ces fantômes jouèrent bien leur rôle, et s'éva- cercles se doivent faire avec du charbon, de >
dèrent sans être découverts. Les chefs vin- l'eau bénite aspergée, ou du bois de la croix
rent trouver le roi, auquel ils communiquèrent bénite... Quand ils seront, faits de la sorte, et
leur vision ; et ils assaillirent si vivement les quelques paroles de l'Evangile écrites autour
Pietés, qu'ils ne les défirent pas seulement, en du cercle, on jettera (le l'eau bénite en disant
balai lie, mais qu'ils en exterminèrentla race 1. une certaine prière superstitieuse... On récite,
Céphalonomancie. — VOIJ. KÉPIIALONO- après celte prière, quelque formule de conju-
MA.NCII:.
ration, elles esprits paraissent. » Voy. Cox.ir-
liATio.N. — Le Grand Grimoire ajoute qu'en
Cèram, — l'une des îles Mo'.uques. On y entrant dans cercle il faut n'avoir sur soi
méridionale, ce
remarque, sur la côte une mon- aucun métal impur, maissonlemenl de l'or ou
tagne où résident, dit-on, les mauvais génies. do l'argent, jeter la pièce à l'esprit.. On
Les habitants de l'île d'Amboine, qui sont pour
plie colle pièce dans un papier blanc, sur le-
tous Irès-superslit.ienx, ne passent guère à la quel on n'a rien écrit; on l'envoie à l'esprit
de
vue celte montagne sans faire une offrande pour l'empêcher do nuire et, pendant qu'il
;
à ces mauvais génies, qu'ils empêchent ainsi
se baisse pour la ramasser devant le cercle,
de leur susciter des tempôles. Le jour, ils dé-
on prononce la conjuration. Le Dragon rougi
posent des fleurs el une petite pièce de mon- recommande les mêmes précautions. 1

Il
naie dans une coque de coco; la nuit, ils y —
reste à parler des cercles que les sor-
mettent de l'huile avec de petites mèches al- nous ciers font, au sabbat pour leurs danses. On en
lumées, et ils laissent flotter colle coque au montre
gré des vagues. encore dans les campagnes ; on les ap-
pelle cercle du sabbat ou cercle des fées,
Cèraunoscopîe. — Divination qui se prati- parce qu'on croyait que les fées traçaient de
quait, chez les anciens, par l'observation do ces cercles magiquesdans leurs danses au clair
la foudre el des éclairs, et par l'examen des de la lune. Ils ont, quelquefois sept ou huit
phénomènes de l'air. toises de diamètre-, el contiennent un gazon
Cerbère. — Cerberus ou Naberus est chez pelé à la ronde de la largeur d'un pied, avec
milieu. Quelquefois aussi
nous un démon. Wierus le met au nombre des un gazon vert au
marquis de l'empire infernal. 11 est fort et tout le milieu est aride et desséché, et la bor-
puissant ; il se montre sons la forme d'un cor- dure tapissée d'un gazon vert. Jessorp cl •
beau ; sa voix estrauque : néanmoins il donne Walker, dans les Transactions philosopl»-
l'éloquence et. l'amabilité ; il enseigne les ques, attribuent ce phénomène au tonnerre '
,

beaux arts. Dix-neuf légions lui obéissent. — ils en donnent pour raison que c'est le pi'15
souvent après des orages qu'on aperçoit «*
1 Bolstuaux, lii-'. ir.s prodigieuses, t. lrl'. cercles. -—D'autres savants ont prétendu (jll(i
CKR — 12"i — CEH
ces
cercles magiquesélaient.l'ouvi'agedes four- dit que la vie de l'homme finit, à quatre-vingt-
mis, parce qu'on trouve souvent ces insectes seize ans : que celle de la corneille est neuf
oui vlravaillenlen foule. — On regardeencore fois plus longue, et que la vie du cerf est.
aujourd'hui, dans les campagnes peu éclai- quatre fois plus longue que celle de la cor-
rées, les places arides comme le rond du sab- neille. Suivant ce calcul, la vie du cerf est de
bat ; dans la Lorraine, les traces que forment trois mille quatre cent cinquante-six ans.
sur le gazon les tourbillons des vents el les Pline rapporte que cent ans après la mort
sillons de la foudre passent toujours pour les d'Alexandre on prit dans les forêLs plusieurs
.
vestiges de la danse des fées, et les paysans cerfs auxquels ce prince avail attaché lui-
ne s'en approchent qu'avec terreur '. même des colliers. On trouva, en 4 037, dans
Cercueil. — L'épreuve ou jugement, de Dieu la forêt rie Senlis, un cerf avec un collier por-
par le cercueil a été long-temps en usage.
tant ces mois : Caisar hoc me donavil. « C'est
Lorsqu'un assassin, malgré les informations, César qui me l'a donné ; » mais quel César?
restait inconnu, on dépouillait entièrement le Ces circonstances ont fortifié loulefois le conte
d'Hésiode. Les cerfs ne vivent pourtant que
corps de la victime ; on mettait ce corps sur
trente-cinq à quarante ans. Ce que l'on a dé-
un cercueil, et tous ceux qui étaient soup-
çonnés d'avoir eu part au meurtre étaient bité de leur longue vie, ajoute Butfoii, n'est
obligés de le loucher. Si l'on remarquait un appuyé sur aucun fondement; ce n'est qu'un
mouvement, un changement dans les yeux, préjugé populaire, dont Arislole lui-même a
dans la bouche ou dans toute autre partie du, relevé l'absurdité. Le collier-du cerf de la
mort, si la plaie saignait, — celui qui louchait forèl de Senlis ne peut- présenter une énigme
le cadavre dans ce mouvement extraordinaire qu'aux personnes qui ignorent, que tous les
était regardé et. poursuivi comme coupable. empereurs d'Allemagne ont, élé désignés par
Kicliard Coeur-de-Lion s'était révolté contre le nom de César. — Une autre tradition tou-
Henri II son père, à qui il succéda. On rap- chant le cerf, c'est que- la partie destinée à la
porte qu'après la mort, de Henri, Richard génération lui tombe chaque année. Après
s'éUuit rendu à Fontevraull, où le feu roi avail, avoir ainsi observé ce qui a lieu par rapport,
ordonné sa sépulture, à l'approche du fils re- à son bois, on s'est persuadé, que la môme
belle, le corps du malheureux père jeta du chose arrivait à la partie en question. L'expé-
sang par la bouche et par le nez, el que ce rience et la raison détruisent également une
sang jaillit sur le nouveau souverain. On cite opinion si absurde '.
plusieurs exemples semblables, dont la ter- Cérinihe, —hérétique du temps des apô-
rible morale n'était pas trop forte dans les tres. 11 disait que Dieu avait créé des génies
temps barbares. chargés de gouverner le monde ; qu'un de ces
Cerdon, — hérétique du deuxième siècle, génies avail l'ail tous les miracles do l'histoire
'. chef des cerdoniens. 11 enseignait que le des Juifs ; que les enfants de ces esprits
monde avait été créé par le démon, et, ad- étaient, devenus des dénions, et cpie le fils de
mettait deux principes égaux en puissance. Dieu n'était venu sur la terre que pour ruiner
Cérès. — Qu'élaienl-ce que les mystères
le pouvoir des mauvais anges. Il avait écrit
de Cérès à Eleusis, sinon les symboles de la des révélations qu'il prétendait lui avoir élé
.-
sorcellerie, de la magie et du sabbat? A ces faites par un ange, avec qui il se vantait, de
orgies, on dansait au son du clairon, comme converser familièrement. « Mais cet ange,
au sabbat des sorcières, el il s'y passait des comme dit Leloyer, é.ail un vrai démon, el
autre chose. »
choses abominables, qu'il était défendu
aux pas
profôs de révéler 2. On voit, dans Pausa- Cerne , — mot vieilli. C'était, autrefois le

nias, que les Arcadiens représentaient Cérès nom qu'on donnait au cercle que les magi-
avec un corps de femme et une tête de cheval. ciens traçaient avec leur baguette pour évo-
— On a donné le nom de Cérès à une planète quer les démons.
découverte par Piazzi
- en 4 804. Celle planète Oéromaucie ou Ciromancïe — Divination
n a encore aucune influence sur les horosco- ,
par le moyen de la cire, qu'on faisait fondre
pes. Voy. ASTROLOGIE. et qu'on versait goutle à goutte clans un vase
Cerf. — L'opinion qui donne une très- d'eau, pour en tirer, selon les ligures que for-
longue vie à certains animaux,
. meiit et principale- maient ces gouttes, des présages heureux ou
: aux cerfs, est fort ancienne. Hésiode malheureux. Les Turcs cherchaient surtout à
1Madame Elise Toïart, Notes au livre 1<"' de la 1 Brown, Essais sur les erreurs, etc., t. I'1'', liv. ni,
™rge d'Arduène. cli. 10. M. Saignes, Des Erreurs ci des préjugés, t. JT,
,
'U'loyer, Disc, et hist. des spectres, 6SO, 768.
p, p. 215. Bufton, Hist. nat., etc.
CES — 126 — CES
découvrir ainsi les crimes et les larcins. Ils Césalpin, C particulièrement consulté, répoiniii
faisaient fondre un morceau de cire à petit par p le livre que nous citons. Il commence par :
-

feu, en marmottant quelques paroles, puis e: exposer une immense multitude de faits attri-
ils étaient cette cire fondue de dessus le bra- bués b aux démons el à la magie. Ensuite il
sier, et. y trouvaient des figures qui indiquaient discute d ces faits ; il avoue qu'il y a des démons
le voleur, sa maison el sa retraite. Dans l'Ai- mais n qu'ils ne peuvent guère communiquer
sace, au seizième siècle, el peut-être encore matériellement, n avec l'homme; il termine en
aujourd'hui, lorsque quelqu'un est malade el se s soumettant à la croyance de l'église. 11 dé.
que les bonnes femmes veulent découvrir qui clare c que la possession des religieuses de Pise
lui a envoyé sa maladie, elles prennent au- est e surnaturelle; que les secours de la mé-
tant de cierges d'un poids égal qu'elles soup- decine c y sont insuffisants, et qu'il est bon de
.çonnenl d'êtres ou de personnes ; elles les recourir r au pouvoir des exorcistes.
allument, el celui dont le cierge est le premier César (CAÏUS JULIUS). •— On a raconté de
consumé passe dans leur esprit pour l'auteur cet c homme fameux quelques merveilles sur-
du mal '. prenantes.
I Suélone rapporte que. César étant
Cervelle. — On fait merveille avec la cer- iavec son armée sur les bords du Kubicon que
velle de certaines bêtes. L'auteur des Admi- 'ses soldats hésitaient à traverser, il apparut
râbles secrets d'Alberl-le-Grand dit, au liv. 3, lun inconnu de taille extraordinaire, qui s'a-
que la cervelle de lièvre fait sortir les dents 1vança en sifflant vers le général. Les soldats
aux enfants, lorsqu'on leur en frotte les gen- accourent « pour le voir; aussitôt le fantôme
cives. Il ajoute que les personnes qui ont peur saisit s la trompette de l'un d'eux, sonne la
des revenants se guérissent, de leurs terreurs charge, ' passe le lleuve; et César s'écrie, sans
paniques, si elles mangent souvent de la cer- délibérer ' davantage : « Allons où les présages
voile de lièvre. La cervelle de chat ou de des ' dieux et l'injustice de nos ennemis nous
chatte, si on s'en frotte les dehors du gosier, appellent. j » L'armée le suivit avec ardeur.
guérit, eu moins de deux jours les inflamma- ;— Lorsqu'il débarqua en Afrique pour faire
lions qui s'y l'ont sentir, mais après une crise la guerre à .luba, il tomba à terre. Les Ho-
de fièvre violente. — Les premiers hommes mains se troublèrent de ce présage; mais Cé-
ne mangeaient, la cervelle d'aucun animal, sar rassura les esprits en embrassant le sol
par respect pour la tète, qu'ils regardaient et en s'écriant, comme si sa chute eût été vo-
comme le siège de la vie el du sentiment. lontaire : « Afrique, lu es à moi, car je le
liens dans bras. » — On a vanté l'éton-
Cèsaire OU Césarius (Pllïltlllî),—moine de nante forcemes de ses regards; on a dit que, des
Cileaux, mort, en 4 240. On lui doit un recueil côtes des Gaules, il voyait
de miracles' où les démons figurent très-sou- dans l'île des Bretons. ce qui se passait
Roger Bacon, qui ne
vent -. Ce recueil a été mis a l'index en Es- doute pas de ce fait, dit que Jules César
pagne. Il est cité plusieurs fois dans ce dic- n'examinait ainsi loul ce qui se faisait dans
tionnaire. les camps et dans les villes d'Angleterre
Césaire (ST), — VOy. MlItAillJ.lS LI11IÏH. qu'au moyen de grands miroirs destinés à cet
Césalpi-n (AKDIU'Î), —médecin du seizième usage. —On assure que plusieurs astrologues
siècle, né à Arezzo en Toscane, auteur des prédirent à César sa mort funeste; que sa
Jkcherches sur les Démons, où l'on explique femme Calpurnie lui conseilla de se défier des
le passage d'Hippocrate, relatif aux causes ides de mars ; que le devin Artémidorc tâ-
surnaturelles de certaines maladies 5. Ce traité, cha également de l'effrayer par de sinistres
composé à la demande de l'archevêque de présages lorsqu'il se rendait au sénat, où il
Pise, parut au moment où les religieuses d'un devait être assassiné, toutes choses contées
couvent de celle ville étaient obsédées du dé- après l'événement.-—On ajoute qu'une comète
mon. L'archevêque demandait à tous les sa- parut à l'instant de sa mort. On dit encore
vants si les contorsions de ces pauvres filles qu'un spectre poursuivit Brutus, son meur-
avaient une cause naturelle ou surnaturelle. trier, à la bataille de Philippes; et que, dans
la même journée, Cassius crut voir au forl de
1 Delancre Incrédulité et mécréance du sortilège
la mêlée César accourir à lui à toute bride,
,
pleinement convaincue, traité 5. Delrio, liv. iv. avec un regard foudroyant. C'est, dit-on, ef-
?- Jllnstrium miraculorum et bistoriarum memorabi- frayé de celte vision terrible qu'il se perça de
lium hbri xu, a Ciesario Iïeislérbacbeeiisi, ordinis cis-
tcr'ciensis, etc. In-8°. Antverpiaï, 1605. Nuremberg, 14SI. son épée. Quoi qu'il en soit, Jules César fut
In-l'ol. Cologne, 1599. ln-S". Douay, 1604. mis au rang des dieux par ordre d'Auguste,
3 Dïenoomim investigatio peripatelica, in
qua cxpli- qui prétendit que Vénus avait emporté son
catnr loeus Hippocratis si quid divinum in morbis lia-
beatur. ln-4". Florence, 15S0. âme au ciel. On le représentait dans ses lera-
CMA
— 12? 13 — CIIA
n|0s avec une étoile sur la lé le, à cause de la i leur du traité traduit par Cayet ; Comment,
comète qui parut au moment de sa mort. l'âme de Trajan fui délivrée de l'enfer i.
césar, — charlatan qui vivait à Paris sous; Chagran, — tonnerre de "Wishnou. Les
Henri IV astrologue, nécromancien chiro- Indiens le représentent sous la figure d'un
, ,
mancien, physicien, devin, faiseur de tours; cercle qui vomit du feu de tous côtés, comme
magiques ; il disait la bonne aventure parr nos soleils d'artifice.
l'inspection des lignes de la main; il guéris-
Chaîne du diable. — C'est une tradition
sait en prononçant des paroles et par des at- parmi les vieilles femmes de la Suisse que
touchements. Il arrachait les dents sans dou- saint Bernard lient le diable enchaîné dans
leur, vendait assez cher de petits joncs 1
d'or quelqu'une des montagir-s qui environnent
éînaillésde noir, comme talismans qui avaient l'abbaye de Clairvaux
; et c'est sur celle tra-
des propriétés merveilleuses contre toutes less dilion qu'est fondée la coutume des màré-
maladies. Il escamotait admirablement fai-
el 7 chaux du de frapper tous les lundis,
pays
sait voir le diable avec ses cornes. Quant àÎ* avant de se mettre en besogne, trois coups de
dernière opération il semble qu'il voulait'
sa , marteau suii'enclume pour resserrer la chaîne
punir les curieux d'y avoir cru ; car ils en re- du diable, afin qu'il ne puisse s'échapper.
venaient toujours si bien rossés par les sujets
de lîelzébulh, que le magicien lui-même était it, chais (PiEmiiî),— ministre protestant, né à
obligé de leur avouer qu'il était fort, impru- Genève en 1704. Dans son livre intitulé le
, dent, de chercher à les connaître. Le bruit _ Sens littéral de l'Ecriture Sainte, etc., traduit
it
courut à Paris, en 4 614 que l'enchanteur ]r de l'anglais, de Stackhouse, 3 volumes in-8°,
,
César et un autre sorcier de ses amis avaient n,t 1738, il a mis une curieuse dissertation, dont
élé étranglés par le diable. On publia .même, i! est l'auteur, sur les démoniaques.
3
dans un petit imprimé, les détails de cette Ie chalcèdome. —On conte qu'après que les
aventure infernale. Ce qu'il y a de certain, 'h Perses eurent ruiné Cbalcédoine, sur le Bos-
c'est que César cessa lout à coup de se mon- '_"" phore, Constantin-le-Grand voulut la rebâtir,
,
lier; il n'était cependant point mort, il n'avait lll: parce qu'il en aimait le séjour; mais des ai-
même pas quille Paris. Mais il était devenu ,u gles vinrent, qui, avec leurs serres, enlevèrent
invisible, comme quelques autres que l'Étal se 5e les pierres des mains des ouvriers ; ce prodige
charge de loger '.
;
se répéta tant de fois qu'il fallut, renoncer à
césara. — Les Irlandais croient remonter er reconstruire la ville, si bien que l'empereur
à Césara petite-fille de Noé qui se réfugia ;ia alla bâtir Constantinople....
, ,
dans leur île, où, par grâce spéciale elle fut
ut
, chaldêens. — On prétend qu'ils trouvèrent
: à l'abri des eaux du déluse. l'astrologie ou du moins qu'ils la perfection-
Céaonie — femme de Caligula. Suétone
,
ne nôrent. Ils étaient aussi habiles magiciens.
conte que, pour se faire aimer de son auguste Cham,— troisième fiisdeNoé, inventeur
époux, ellclui fit boire un philtre qui acheva
de lui faire perdre l'esprit. On prétend qu'il ou conservateur de la magie noire. Il perfec-
tionna les divinations et les sciences supersti-
y avail dans ce philtre de l'hippomane, qui tieuses. Cecco d'Ascoli dit, dans le chapitre i
«si un morceau de chair qu'on trouve quelque-
de son Commentaire, sur la Sphère de Sacro-
fois, dit-on, au front du poulain nouveau-né.
bosco, avoir vu un livre de magie composé par
foi/. llll'POMANE.
Cham, et contenant les Eléments el la pra-
Ceurawats, —- sectaires indiens, qui ont si tique de la nécromancie. Il enseigna cette
grand'pour de détruire des animaux, qu'ils science redoutable à son fils Misraïm qui,
,
se couvrent la bouche d'un linge pour ne pas pour les merveilles qu'il faisait, fut appelé
avaler d'insectes. Ils admettent un bon et un Zoroaslre, et composa, sur cet art diabolique,
mauvais principe, et croient à des transmigra- cent mille vers selon Suidas, et trois cent
:
lions perpétuelles dans différents corps d'hom- ,
mille, selon d'autres. — Les monstruosités de
mes ou de bêles. Cham lui attirèrent, dit-on, un châtiment ter-
Ocylan. — Les habitants croient que cette rible; il fut emporté par le diable à la vue de
ses disciples. —Bérose prétend que Cham est
-
"e fut le lieu qu'Adam et Eve habitèrent,
i après avoir été chassés du jardin de délices. le même que Zoroastre; Annius de Viterbe,
dans ses notes au texte supposé de cet écri-
Ghacon (ALPHONSE), en latin Ciaconius, vain pense que Cham pourrait bien être le
dominicain espagnol du seizième siècle, au- — ,
;:
T Tractatns deliberatione animie Trajani imperaloris.
' Charlatans célèbres, 1.1". p. 202. a peenis inferni, etc. Home, 1576. ïleggîo, 158o;'-;
Cil A 128 CHA
type du Pan des anciens païens L Kirclterdil. gnilie i le dieu caché, c'est-à-dire Plulon, dont
que c'est leur Saturne el leur Osiris, d'autres la demeure est aux enfers.
1

prétendent que c'est, lui qui fut, adoré sous le Chamomllard , — iioueur d'aiguillette qui
nom de Jupiter Ammon. — On dit encore que fut condamné, par arrêt- du parlement (|(,
j ;
Cham a inventé l'alchimie, el qu'il avail laissé ;Paris, 4 597, à être pendu et. brûlé, pour
en '
une prophétie dont l'hérétique Isidore se ser- avoir maléficic une demoiselle de la Barrière ? -.
,
vail pour faire des prosélytes. Nous ne la con- Voy. LIGATUIIKS.
naissons pas autrement que par un passage de ;
Sand, qui dit que Cham, dans celle prophétie, Champ du aire. — Aiinibal, lorsqu'il l'ai-
...
annonçait l'immortalité de l'âme 2. sait le siège de Borne se relira dit-on dc :
, , ,
devant, celle ville, épouvanté de vaines 1er- '
chamans, — piètres sorciers des Yacouts. reurs el de fantômes qui troublèrent ses es-
Voy. MAXG-ÏAAH. v
prits. Les Romains, lui voyant lever le siégo. «
Chambresinfestées, —VOy. DlîSlIOULliilUïS, poussèrent de tels cris de joie et firent de si ;
DESPII.LIEHS, ATIIÉNAGOKE. AVOLA, etc. grands éclals de rire que le lien d'où il dé- '-
chameau. — Les musulmans onl pour cet campa s'appela le Champ du Bire.
animal une espèce de vénération ; ils croient Champicr ( SYMPHONIE* ), — Lyonnais du ;
que c'est un péché de le trop charger ou de quinzième siècle, qui a publié en 4503 la Aej
le faire travailler plus qu'un cheval ; la raison des Daines vertueuses, en quatre livres mêlés '-
de ce respect qu'ils onl pour le chameau, c'est, de prose et, de vers, dont le troisième contient :
qu'il est surtout commun dans les lieux sacrés les prophéties des sibylles. On l'a soupçonne
de l'Arabie, el que c'est, lui qui porte le Koran à tort d'être l'auteur du livre des Trois lm- •
quand on va en pèlerinage à La Mecque. Les posteurs; mais il a laissé un petit livre inli-
conducteurs de ces animaux après les avoir lulé : De Triplici disciplina, in-8°, Lyon 4bOS. ',
,
fait boire dans un bassin, prennent l'écume On lui doit aussi des Dialogues sur la néces- ',
qui découle de. leur bouche et s'en frottent dé- site de poursuivre les magiciens '.
votement la barbe, en disant: " 0 père pè- Chainpignoia. — Les Hollandais appellent :
lerin! ô père pèlerin » Ils croient que celte le champignon pain du diable ( duivelsbroodj. \
!

cérémonie les préserve de niéchef dans leur


voyage. — On voit dans les AdmirablesSecrets Chandelle. — Cardan prétend que, pour
d'Àlberl-le-Grand, livre II, chap: 3, que « si savoir si un trésor est enfoui dans un soûler- :

le sang du chameau est, mis dans la peau d'un rain où l'on creuse pour cela , il faut avoir
taureau pendant que les étoiles brillent, la une grosse chandelle, faite de suif humain,
fumée qui en sortira fera qu'on croira voir un enclavée, dans un morceau de coudrier, en
géant donl la tôle semblera toucher le ciel forme de croissant-, de manière à figurer avec
Hermès assure l'avoir éprouvé lui-même. Si, les deux branches une fourche à trois ra-
quelqu'un mange de ce sang il deviendra meaux. Si la chandelle, étant allumée dans le
lampe qui lieu souterrain , y l'ail beaucoup de bruit en
,
bientôt fou ; el si l'on allume une
aura élé frottée de ce même sang, on s'ima- pétillant avec éclat, c'est une marque qu'il y
ginera que tous ceux qui seront présents au- a un trésor ; plus on approchera du trésor,
ront des têtes de chameau, pourvu cependant plus la chandelle pétillera; enfin elle s'éteindra
qu'il n'y ail point d'autre lampe qui éclaire la quand elle en sera tout à fait, voisine. Ainsi il
chambre. » Voy. JEAN-BAPTISTE. faut, avoir d'antres chandelles dans des lan-
ternes, afin de ne pas demeurer sans lumière,
Chammadaï, -— le même qn'Asmodée. Quand on a des raisons solides pour croire
chamos, —démon delà flatterie, membre que ce sont les esprits des hommes défunts qui
du conseil infernal. Les Ammonites et. les gardent les trésors, il est bon d'avoir des
Moabiles adoraient le soleil, sous le nom de cierges bénits au lieu de chandelles communes;
:
Chamos, Kamosch ou Kemoscb; el Mdton el on les conjure de la part de Dieu de dé-
l'appelle Vobsièm terreur des enfants de Moab. clarer si l'on peut faire quelque chose pour
D'autres le confondent avec Jupiter Ammon. les mettre en lieu de repos ; il ne faudra jn-
Vossius a cru que c'était le Cornus des Grecs; mais manquer d'exécuter ce qu'ils auront
el des Romains, qui était le dieu des jeux demandé "... — Les chandelles servent à pi"'
des danses el des bals. Ceux qui dérivent ce,i d'un usage. On voit dans tous les démonogra-
,

mol de l'hébreu Kamos prétendent qu'il si- phes que les sorcières, au sabbat, vont baiser

1 Comment, ad Berosi lib. in. Wicrus, De Prrestigiis, J DialoguR in magiearum artium destruction^111'
dit que Pan est le prince des démons incubes. , In-40. Lyon, Balsann, sans date [vers 1507).
* Ghristoph. Sandii lib. de Origine animre, p. 99. 2 Le Soiide trésor du Petit Albert.
CHA — 129 — CIIA
|e derrière du diable avec une
chandelle noire Le oueur eu a tire parti uans su ueue gâterie
a la
main. Boguet dit qu'elles vont allumer Ces de saint Bruno.
chandelles à un flambeau qui est sur la tête Chapuis ( G-AimïÉi. ), — né à Amboise en
de bouc du diable , entre ses deux cornes, et !'546. Nous citerons de ses ouvrages celui qui
qu'elles s'éteignent el s'évanouissent dès qu'on porte ce titre : tes Mondes célestes, terrestres
les lui a offertes '. — N'oublions pas que trois •il infernaux, etc., tiré des Mondes de Dohi,
chandelles ou trois bougies sur une table sont in-8", Lyon, 4 583. C'est un ouvrage satirique.
du plus mauvais augure ; et que quand de
petits charbons se détachent de la lumière Char de la mort , — voy. BllOIIETTE.

d'une chandelle , ils annoncent, selon quel- Charadrius, — oiseau immonde que nous
ques-uns, une visite 2 ; mais, selon le senti- ne connaissons pas ; les rabbins disent qu'il
ment plus général, une nouvelle, agréable s'ils est merveilleux , el que son regard guérit, la
augmentent la lumière, fâcheuse s'ils l'affai- jaunisse. II faut, pour cela, que le malade et
blissent. l'oiseau se regardent fixement ; car si l'oiseau
Chant du coq. — 11 dissipe le sabbat.
détournait la vue, le malade mourrait aussitôt.
Voy. COQ. Charbon d'impureté , — l'un des délllOllS
Chaomancie , — art de prédire les choses de. la possession de Loudun. Voy. GIUNDIEII.
futures par le moyen des observations qu'on charlatans.—On attribuait trop souvent
fait sur l'air. Cette divination est employée autrefois aux sorciers ou au diable ce qui n'é-
par quelques alchimistes qui ne nous en onl tait que l'ouvrage des charlatans. Si nous pen-
pas donné le secrel. sions comme au seizième siècle, tous nos es-
Chapeaux venteux, —VOtJ. ElVIC camoteurs seraient sorciers.—Voici ce qu'on
Chapelet. — On a remarqué pertinemment lit dans le Voyage deSehouienaux Indes-orien-
tous les chapelets de sorcières avaient tales: « 11 y avait au Bengale un charlatan qui,
que une
croix cassée ou endommagée : c'était même en faisant plusieurs tours de souplesse, prit
un indice de sorcellerie qu'une croix de cha- une canne longue de vingt pieds, au bout de
pelet qui n'était pas entière. laquelle était une petite planche large de trois
ou quatre pouces; il mit cette canne à sa,cein-
Chapelle du Damné. — Raymond Diocres,
ture après quoi une fille de vingt-deux ans
chanoine de Notre-Dame de, Paris, mourut en ,
réputation de sainteté vers l'an 108-4. Son
lui vint sauter légèrement par derrière sur les
porté
épaules, et, grimpant au haut de la canne,
corps ayant été dans le choeur de la ca- s'assil dessus, les jambes croisées et les bras
thédrale il leva la tète hors du cercueil à ces
, étendus. Après cela, l'homme, ayant les deux
mois de l'office des morts: liesponde mihi
bras balancés, commença à marcher à grands
(plantas habes iniquiial.es, etc., et dit : Justo toujours celle fille sur le bout de
fudicio Dei accusalus sum. ( J'ai été cité de- pas, portant
la canne, tendant le ventre pour s'appuyer,
vant le juste jugement de Dieu.) Les assistants 1

effrayés suspendirent le service et le remirent et


regardant sans cesse en haut pour tenir la
machine en équilibre.. La fille descendit adroi-
au lendemain. En attendant, le, corps du
chanoine fut déposé dans une chapelle clé tement, remonta ensuite et se pencha le ventre
Notre-Dame, qu'on appelle ,depuis la Cha- sur le bâton , en frappant, des mains et des
pelle, du Damné.
pieds les uns contre les autres. Le charlatan
— Le lendemain on recom- ayant mis alors le bâlon
,
mença l'office, et lorsqu'on fut au même verset, tenir sur sa tête sans le
le mort parla de ni des mains ni des bras, cette même
nouveau , et dit : Justo Dei
jviliciojudicatussum. ( J'ai fille et une aulre petite Moresque de quinze
été jugé au juste
j jugement de Dieu. ) On remit encore l'office.
ans montèrent dessus l'une après l'autre;
ï au jour suivant; et
l'homme les porta ainsi autour de la place, en
au même le
verset, mort courant et penchant,
s'écria : Justo Dei judicio condemnaius sum. se sans qu'il-leur arrivât
, (J'ai
été condamné au juste jugementde Dieu.) le moindre mal. Ces deux mêmes filles mar-
: Là-dessus, dit la chronique, jeta chèrent sur la corde la tête en bas, el firent
on lé.corps
; a
la voirie; et ce miracle fut cause selon une multitude d'autres tours de force très-
V 1u.flques-uns de la retraité de saint'Bruno,
,, nïerveilleux. Mais, quoique plusieurs d'entre
,
y, lui s'y trouvait présent. Quoique cette anec- nous crussent-que tous ces tours de souplesse
faits par art diabolique, il me semble
j; «ote soit contestée, elle est consacrée par des fussent
;;
monijments. La peinture s!en est emparée, et qu'ils pouvaient se faire naturellement; car
ces filles, qui étaient Irès-adr'oitès, subtiles,
J,. Discours des sorciers, cil. 22. et dont lesrnembresétaièntgrandementagilës,
| 2^ Brown, liv. v,ch. 23. "
faisaient tout cela à force de s'y être- accou-
9
.cm — 13.0
— ciîA ;

lumées ;el exercées.'» — Il y a eu des char- donné le jour à un fils, lequel, par la sniij. i;
latans de toutes les espèces :, en .47.28 , du élu pape sous le nom de Léon III, couronna ;
temps de La\v,le plusfameux des charlatans, Charlemagne empereur d'Occident./— H:S(S
un autre, hqmmé Yillars, confia à quelques rait long de rapporter ici tous les prodiïes '
; aifus que son oncle, qui avait vécu près de qu'on raconte de Cliarlemagne. Son règne est
cent ans,,et qui n'était mort que par accident, l'époque chérie de nos. romans chevaleres-
'lui. avait laissé le secret d'une eau qui pou- ques. On voit toujours auprès de lui des en-
vait aisément jirdlonger là vie jusqu'à cent chanteurs, des géants, des fées..On a même ''-
cinquante années, pourvu qu'on fût sobre. dit qu'il ne porta la guerre en Espagne que ;
..Lorsqu'il voyait passer un enterrement, il le- parce quesainlJacques lui apparut pour l'aver- -,
vait les épaules de pitié.- « Si le défunt, disait- tir qu'il retirât son corps des mains des Sar- \
il,, avait bu de mon eau, il ne serait pas où il rasins. Ses guerres de Saxe ne sont.pas moins \
est. » Ses amis, auxquels il en donna géné- fécondes en merveilles, et. les circonstances
reusement, et qui observèrent un peu le ré- de sa vie privée sont rapportées également
.girîie prescrit, s'en trouvèrent.bien elle prô- d'une manière extraordinaire par les chroni-
nèrent; alors il,vendit la bouteille six francs; queurs. — On dit qu'en sa vieillesse il devint
le débit eh fut. prodigieux. C'était de l'èïin de si éperduinent épris d'une Allemande, qu'il
Seine avec un peu de hitfe. Ceux qui eii pri- en négligea non-séulementles affaires de son
rent et qui s'astreignirent du régime, surtout royaume, mais même le soin de sa propre
s'ils étaient nés avec un bon tempérament, personne. Cette femme étant morte, sa pas-
recouvrèrent en peu de jours une santé par- sionne s'éteignit pas, de sorte qu'il continua
faite. Il disait aux autres : « C'est votre faute d'aimer son cadavre, dont il ne voulait passe
si vous n'êtes pas entièrement guéris. » On séparer. L'archevêque Turpia, ayant appris
sut enfin "que"l'eau- de Yillars n'était que de la durée de cette effroyable passion, alla un
l'eau de rivière; on n'en voulut plus et on alla joui', pendant l'absence du prince, dans la
à d'autres charlatans. Voy. ANE, CuisvnE , chambre, où était le cadavre afin de voir s'il
,
ALEXASDUE DE PAPIILAGONIE etc. n'y trouverait pas, quelque sort ou maléfice
, qui Tût la cause de ce dérèglement. II visita
charlès-niârtel.—Saint Euèlier, évoque exactement le
d'Orléans j eût une vision dans laquelle il se corps mort, et trouva en effet,
, sous la langue, un anneau, qu'il emporta. Le
crut transporté par un arige dans le purga- même jour Ch'arlemagrie, étant rentré dans
toire. Là, il vil Charles-Martel; qui expiait lés palais, fut fort étonné d'y trouver une
son
pillages qu'il avait faits el ceux qu'il avait si puante ;,el, se réveillant'comme
carcasse
soufferts. — A cette'vision, on ajoute ce conté, d'un profondsommeil, il la fit ensevelir
promp-
que iè tombeau de Chàrles-Marlel fut ouvert témeiit.. Mais l'a passion qu'il avait éne
et qu'on y trouva un serpent, lequel n'était —
pour le cadavre, il1 l'eut alors pour l'arciië'vè-
qu'un' démon. Et là-dessus les philosophes, q'ù'e Turpih, qui portait l'anneau il le' suivait
:
s'en prenant au clergé, l'ont'accusé de fraudés. partout, et jMiyaii lé quitter. Lé prélat,
Mais' le ne
tombeau de Charles-Martel' n'a été effrayé dé celte nouvelle folié, et craigiianl
" ouvert à Sàint-Dërii's que par les
profanateurs
que l'anneau ne tombât en des mains qui en
de 4793. pussent abuser, le jeta dans un lac afin que
charlemagne. •— On lit, dans: la légende ^personne ti'feh pût faire usagé à1 i'ayëhir. Des
de Berthe au grand pied, que Pépin-le-Bref lors Charlemagne devint amoureux du lac,
voulant épouserBerlhe, fille du comte deLaon, rie voulut plus s'en éloigner, y bâtit auprès
,
qu'il ne connaissait pas, ceux qui la lui ame- uii palais et ûri monastère, et y fonda la ville
naient lui substituèrent une autre femme que d'Aix-la-Gliap'ellè, ou il voulut être enseveli.
Pépin épousa. Ils avaient chargé des.assaSr- Oh sent que tout ce récit n'est qu'un cbnlc.
sins de tuer.la princesse dans la.forêt des Ar,- Voy. VÉTIN, etc.
dennes. Ayant ému. leur pitié, elle en obtint la Charlës'-ie-ëlhàuvè,'—- deuxième 'du non)
yie,s à condition, de se laisser passer pour dé ChàMes/pàrmi les.rois ries Fràhcs. Ifeul
morte. Elle se réfugia chez un, meunier,où la vision suivante, dont.oh prétend qu'il a éprit
elle vécut plusieursannées. ---.Un jour Pépin, lui-même,j'ë détail. La nuit d'un 'diiiiancliPi

.
égaré à la chasse, vint chez ce meunier; son 'à'iï retour dès matines, commè'ii allait se re-
astrologue lui annonça qu'il se trouvait là une poser, une voix terrible vint frapper à Ç
S)lle destinée g. quelque chose de grand. Berthe oreilles \ « Charles, lui, ult cettQ'yblx, tones:
fut reconnue, rétablie dans ses droits,; elle prit" va' êô'rtir de torï corps; tu 'viendras W
devint.: mère de Charlemagne.^-La; légendç verras les jugementsde Dieu, qui. te serviroiit
ajoute que la première épouse de Pépin avait ou de préservatif ou de présage. Ton espnl,
fillA — 131 —- CHA
néanmoins, le sera renuu quelque lemps quoique c rempu ue îournaises arcieni.es. ,ie;
iprès » A l'instant il fut ravi en esprit; celui 1trouvai: le côté opposé Irôs-éclairé et- fort
nui l'enleva était d'une blancheur éclatante. 11 agréable.
; Je m'attachai particulièrement à
lui mil dans la main tuv peloton de fil qui je- examiner
«
le côté obscur : j'y vis des rois de'
tait une lumière extraordinaire : « Prends ce ma i race tourmentés par d'étranges supplices.
iLe coeur serré d'ennui et de tristesse, je
(il. lui dit-il, et l'attache fortement àupoùcë
de la main droite, par ce moyen je te condui- croyais
i
à tout moment me voir précipité moi-
rai dans les labyrinthes infernaux,. séjour de même dans Ces gouffres par de noirs géants.'
peines el de souffrances. » Aussitôt le guide La frayeur ne m'abandonna pas. De l'autre
marcha devant lui avec : vitesse, en dévi- côté du- vallon je remarquai deux fontaines,
dant- le peloton de fil lumineux; il le condui- dont l'une était d'une eau très-chaude, et
sil dans des vallées'profondes remplies de l'autre plus douce et plus tempérée. Je vis
feux et, pleines de puits enflammés, où l'on deux tonneaux remplis l'un et l'autre de ces
voyait bouillir de la poix, du soufre, du plomb, eaux; et dans l'un je reconnus mon père,'
de la cire et d'autres matières. •— « Je re- Louis-le-Débonnaire, qui y était plongé jus-
marquai, dit le monarque, des prélats qui qu'aux cuisses. Il ne laissa pas de me rassu-
avaient servi mon père et mes aïeux. Quoi- rer, et me dit : « Mon fils Charles, ne crai-
que tremblant, je ne laissai pas de les inter- gnez rien, je sais que votre esprit retournera
roger pour apprendre d'eux quelle était, la dans votre corps; Dieu a permis que vous,
cause de leurs tourments; ils me répondi-' vinssiez ici pour voir les peines que nies pé-
rent : « Nous avons élé lès officiers de votre chés ont méritées. Si, par des prières et des,
père et de vos aïeux; et, au,lieu de les por- aumônes, vous me secourez, vous, mes fidèles
ter eux et. leurs-peuples à la paix et à l'union, évoques el tout l'ordre ecclésiastique-, je ne
nous avons semé parmi eux la discorde et. le larderai guère à.être délivré de ce tonneau.
trouble : c'est pourquoi nous sommes dans ces Mon frère Lolhaire et Louis,son fils jouissent
souterrains. C'est ici que viendront ceux qui à présent du paradis. — Regardez a votre
vous environnent el nous imitent dans le gauche, ajouta mon. père. » A l'instant je tour-
mal: » —- Pendant que, tout tremblant, le. roi' nai la tôle, je remarquai deux grands ton-
considérait ces choses, il vit fondre sur lui neaux d'eau bouillante. « Voilà ce qui vous est
d'affreux démons, lesquels, avec, des crochets destiné, continiia-l-il, si vous ne vous corri-
de- fer enflammé; voulaient- se saisir de son gez et ne faites pénitence. » — Mon guidé me
peloloiïde fil elle lui enlever des mains; mais dil alors : «Suivez-moi dans la partie qui est
l'extrême lumière qu'il jolait les empêchait de à droite de ce vallon, où se trouve toute la.
le: happer. Ces 'mêmes démons 1 voulurent gloire du paradis. Je ne marchai pas long-,
prendre le roi el le précipiter dans les puits temps sans voir au milieu des plus illustres,
(le soufréi; son conducteur le débarrassa dès rois mon oncle Lothaire, assis sur une.topaze
V (imbûcbesqu'on lui tendait, et le mena sur de d'une, grandeur extraordinaire et couronné
liantes montagnes d'où sériaient des torrents d'un riche diadème; son fils, Louis, était dans
(le feux qui faisaient fondre el bouillir toutes un éclat aussi brillant. A peine m'eut-il
; sorles de métaux. « Là , dit le roi ,je trouvai aperçu, que, d'une voix fort douce, il m"ap-r
les âmes des seigneurs qui avaient servi mon pela et me parla en ces termes : « Charles,
pui o et mes frères : les uns y étaient plongés qui êtes mon troisième successeur dans l'em-
jusqu'au menton, el d'autres à mi-corps. Ils pire romain approchez. lésais, continuâ-
s'écrièrent, on s'adressant à moi :' « Mêlas ! t-il,-que.vous ,
êiesvenu voir les lieux de sup-
Charles, vous voyez comme nous sommes pu- plices et de peines où votre père et mon frèrç
nis pour avoir malicieusement semé le troublé gémissent encore pour, quelque temps.. Mais,
et la division entré'votre'père, vos frères et,: par l'a miséricorde dé Dieu, ils seront bientôt
vous... » Je ine pouvais, dit le monarque (qui a délivrés de leurs souffrances, comme .nous-
lout l'air de faire là uhe'broclwreqïdlitiqùe, mêmes en ayons .été retirés, a ^^ prière de
dans l'esprit de son époque), je né pouvais
; saint Pierre, de saint Denis et de saint Reiiiï,
m enipêcherde gémir de leurs peines. Je vis; que Dieu à établis les patrons des rèis et du
^"ir à moi dès draa-ons dont la gueule eh^1 peuple français Sachez aussi que. vous ne
"iniinee cherchait.à^m'englûiitir;; mon.guide3 tarderez pas1 à être détrôné, après quoi vous
roe fortifia, par le fil. du; peloton lumineuxs vivrez peu. » Et Louis,-se tournant vers iVvoi :
™!l '1 m'snioura,, et ;çette. clarté offusqua sii « L'empire romain, clil-.il, que .vous avez pos-
, Ç'i-les dangereux animaux qu'ils ne purent it sé'd'é, doit passer incessammententré les mains
111 atteindre.
— Nous descendîmes dans unee de Louis, fils de ma fille. ». — A l'instant j'a-
Vallée dont
un côté.était obscur et ténébreux,;, perçus ce jeune enfant. » Bemellez-lui l'aulo-
9.
CHA —132 !
-• CHA
rite souveraine, continua Louis, et lui en don- dre,
< «Sauvez le roi, » Charles dut la vie;,
nez les marques en lui confiant ce peloton la
1 présence d'esprit de la duchesse de Berri
que vous tenez. » Sur-le-champje le détachai qui
i
le couvrit, de son manteau et arrêta la
de ma main pour le lui donner. Par là il se flamme.
'
— L'état du roi empirait tous les
trouva revêtu de l'empire, et lout le peloton jours;
; le duc d'Orléans fut soupçonné de l'a-
passa dans sa main. A peine en fut-il maître, voir ensorcelé. Jordan de Mejor, de Divin.,
qu'il devint tout brillant de lumière, el mon cap. A3, écrit, que ce duc, voulant, exlerirri!
esprit rentra dans mon corps. — Ainsi, tout le ner la race royale, confia ses armes el son
monde doit, savoir que, quoi qu'on fasse, il anneau à un apostat, pour les consacrer au
possédera l'empire romain que Dieu lui a diable et les enchanter par des prestiges;
destiné, et quand je serai passé à une autre qu'une matrone évoqua le démon dans la tour
vie, c'est ce qu'exécutera le Seigneur, dont de Montjoie, près Ligny ; qu'ensuite le duc se
la puissance s'étend dans tous les siècles sui- servit des armes ensorcelées pour ôler la rai-
tes vivants et les morts '. » Nous le répétons : son au roi Charles, son frère, si subtilement,
brochure politique. qu'on ne s'en aperçut pas d'abord. Le pre-
mier enchantement se fil près de Beauvais; il
Charles VI, —roi de France. Ce prince, fut si violent que les ongles et les cheveux
chez qui on avait déjà remarqué une raison tombèrent au roi. Le second, qui eut lieu
en
affaiblie, allant faire la guerre en Bretagne, dans le Maine, fut plus fort
fut saisi en chemin d'une frayeur qui acheva encore ; personne
ne pouvait assurer si le roi vivait ou non.
de lui déranger entièrement le cerveau. 11 vil Aussitôt qu'il revint à lui : « Je vous supplie,
sortir d'un buisson, dans la forêt du Mans, dit-il, enlevez-moi cette épée, qui me perce, le
un inconnu d'une figure hideuse, vêtu d'une le pouvoir de mon frère d'Or-
corps par
robe blanche, ayant la tête et les pieds nus, léans. C'est, toujours Mejer qui parle. Le
qui saisit la bride de son cheval, et lui cria médecin» qui avait, guéri le roi n'existait plus;
d'une voix rauque : « Koi, no chevauche pas (it venir du fond de la Guienne un char-
plus avant; retourne, tu es trahi ! » Le mo- latan qui on
se disait sorcier, el qui s'était vanté
narque, hors de lui-même, tira son épée et de guérir le roi d'une seule parole ; il appor-
ôla la vie aux quatre premières personnes tait lui un grimoire qu'il appelait Sima-
qu'il rencontra, en criant : « En les avec
avant sur gorad, par le moyen duquel il était maître
traîtres ! » Son épée s'élanl rompue el ses de la nature. Les courtisans lui demandèrent
forces épuisées, on le plaça sur un chariot, et de qui il tenait livre, il répondit effronté-
ce
on le ramena au Mans. — Le fantôme de la ment, que « Dieu, pour consoler Adam do la
forêt est encore aujourd'hui un problème dif- mort, d'Abel, le lui avait, donné, et
ficile à résoudre. Etait-ce un insensé qui se que ce li-
vre, par succession, était venu jusqu'à lui. » H
trouvait là par hasard? était-ce un émissaire traita le roi pendant six mois et fit qu'irri-
du duc de Bretagne contre lequel Charles ter la maladie. ne
— Dans ses intervalles luci-
marchait? Tous les raisonnements du temps des, le malheureux prince commandait qu'on
aboutissaient au merveilleux ou au sortilège. enlevât, tous les instruments dont il
Quoi qu'il en soit, le roi devint tout à fait rail frapper. pour-
« J'aime mieux mourir, di-
fou. Un médecin de Laon, Guillaume dellar- sait-il, de faire du mal. » Il se croyait de
sely, fut appelé au château de Creil, el, après bonne que foi ensorcelé. Deux moines empiri-
six mois de soins el de ménagements, la santé
ques, à qui on eut l'imprudence de l'aban-
du roi se trouva rétablie. — Mais en 4393 donner, lui donnèrent des breuvages désa-
, ,
son état devint désespéré à la suite d'une gréables, lui firenldes scarifications magiques;
aulre imprudence. La reine, à l'occasion du puis ils furent pendus, comme ils s'y étaient
mariage, donnait un bal masqué. Le roi y obligés
en cas que la santé du roi ne fût
vint déguisé en sauvage, conduisant avec lui point rétablie bout de six mois de traite-
de jeunes seigneurs dans le même costume, ment. Au reste, la mode de au
ce temps-là était
attachés par une chaîne de fer. Leur vêtement d'avoir près de soi des sorciers
était fait d'une toile enduite de poix-résine, latans, ou des char-
comme depuis les grands eurent des
sur laquelle on avail appliqué des éloupes. fous, des nains et des guenons '.
Le duc d'Orléans, voulant connaître les mas-
approcha flambeau la flamme Charles IX,— roi de France. Croirait-on
ques, un : se qu'un des médecins astrologues de Charles IX
communiqua avec rapidité, les cinq seigneurs
furent brûlés ; mais un cri s'élanl fait enlen- lui ayant assuré qu'il vivrait autant do joins
qu'il pourrait tourner de fois sur son talon
1 Visio Curoli Calvi de lods poemirum et felicilate
jnslorum. Mumiscripta Bihî. reg., n° 2247, p. ISS. ' M. Giuïnet, Histoire de la magie en Franco, r>. 9'-
CHA — iô'd — CHA
dans l'espace d'une heure, il se livrait tous fpersonnes qui étaient, dans la chambre à dan-
les matins à cet
exercice solennel pendant cet sser devant lui. «Ces sortes de charmes, dit-il,
intervalle de temps, et que les principaux ss'opèrent ordinairement par des paroles qui
officiers de l'État, les généraux, le chancelier, ffont agir le diable. » — Toute l'antiquité a
les vieux juges pirouettaient tous sur un seul iremarqué que les sorciers charmaient les ser-
pied pour imiter le prince el lui faire leur ]pents, qui quelquefois tuent le charmeur. Un
ssorcier de Salzbourg, devant lout le
cour ' ! — On assure qu'après le massacre de
peuple,
la Sainl-Barlhélenii, Charles IX vil des cor- fit
I assembler en une fosse lous les serpents
beaux sanglants, eut ries visions effroyables, d'une <
lieue à la ronde, et là les fit lous mou-
et reçut par d'affreux tourments le présage rir, i hormis le dernier, qui était grand, lequel
dosa mort prématurée. On ajoute qu'il mou- :sautant furieusement contre le sorcier le tua.
ml au moyen d'images de cire faites à sa res- « En quoi, il appert que ce n'est pas le mot
semblance, et maudites par art magique, que hipokindo, comme dit Paracelse, ni autres
ses ennemis, les sorciers protestants, faisaient mois semblables ni certaines paroles du
,
fondre tous les jours par les cérémonies de psaume 94. qui font seules ces prodiges; car
l'envoûtement, et qui éteignaient la vie du comment, les serpents eussent—ils ouï la voix
roi à mesure qu'elles se consumaient 2. En d'un homme d'une lieue à la ronde, si-le dia-
ces temps-là, quand quelqu'un mourait de ble ne s'en fût mêlé '? » — Nicolas indique
consomption ou de chagrin, on publiait que les à ce propos un charme qui s'opère sans le
sorciers l'avaient envoûté. Les médecins ren- secours des paroles : « On tue un serpent, une
daient les sorciers responsables des malades vipère et tout animal portant aiguillon , dit-
qu'ils ne guérissaient, pas. il, en crachant dessus avant déjeuner »
Charlcsli,—ducdeLorraine. T'OJ/.SAKBAT. Figuier prétend-qu'il a tué diverses fois des
de celle manière, mouillant de sa
Charles-le-Téméraire,— duc de Bourgo- serpents salive un bâton ou une pierre, et en donnant
gne. Il disparut après la bataille de Moral;
un coup sur la tète du serpent —-.On cite
et, parmi les chroniqueurs, il en est. qui disent
qu'il fut emporté par le diable, comme Ro- un
grand nombre d'autres charmes dont les
drigue ; d'autres croient qu'il se réfugia en
effets sont moins vrais qu'étonnants. Dans
solitude ermite. Celle tradition quelques villages du Finistère, on emploie ce-
une et se fil a lui-ci
fait le sujet du roman de M. d'Arlincourl, : on place secrètement sur l'autel qua-
intitulé le Solitaire. tre pièces de sixliards, qu'on pulvérise après
la messe; et, celle poussière avalée dans un
Charles II, •— roi d'Angleterre. Quoique verre de vin, de cidre ou d'eau-de-vie, ,
rend
forl, instruit, Charles 11 était, comme son père, invulnérable à la course et à la lutte 5. Ces
plein de confiance dans l'astrologie judiciaire. charmes
H recherchait aussi :1a pierre philosophale.
se fout au reste à l'insu du curé ;
car l'Eglise a toujours sévèrement interdit ces
Voy. ALCHIMIE.
superstitions. — Le grand Grimoire donne un
Charmes, — enchantement, sortilège, cer- moyen de charmer les armes à feu et d'en
tain arrangement de paroles, en vers ou en rendre l'effet infaillible ; il faut dire en les
prose, dont on se sert pour produire des effets chargeant : « Dieu y ait part, et le diable la
merveilleux. Une femme, de je ne sais quelle sortie; » el, lorsqu'on met en joue, il faut
contrée, ayant grand mal aux yeux, s'en alla dire en croisant la jambe gauche sur la droite:
à une école publique et demanda à un écolier Non Iradas-... Mathon. Amen, etc. —La plu-
quelques mots magiques qui pussent charmer part des charmes se font ainsi par des paroles
; son mal et le guérir, lui promettant récom- dites ou tracées dans ce sens; charme vient
v pense. L'écolier lui donna un billet enveloppé du mot latin carmen qui signifie non-seule-
bans un chiffon, et lui défendit de l'ouvrir, ment des vers et de ,la poésie, mais une for-
lîlle le porta et guérit. Une des voisines ayant mule de paroles déterminées dont
on ne doit
tu la même maladie porta le billet, el guérit pas s'écarter. On nommait carmina les lois,
Pareillement. Ce double incident excita leur les formules des jurisconsultes, les déclara-
,
curiosité; elles développent le chiffon et li- lions de guerre, les clauses d'un traité, les
> sent -. « Quele diable l'écarquille les deux évocations des dieux 5. Tite-Live appelle lex
.s yeux et te les bouche avec de la boue.... ». — horrendi carminis la loi qui condamnait à
helrio cite
; un sorcier qui, en allumant une mort Horace meurtrier de sa soeur. — Quand
\: certaine lampe charmée, excitait toutes les

Curiosités la littérature, triulnît de l'anglais par Bodin, Démonomanie, etc., liv. n, cli. 2.
v
i „"«h», t. I-r, de249. Cambry, VQyage dans le Finistère, t. III, p. 195.
p. '
' Delrio, Pisquisit, mag., lib. m, cap. 1, quoest. 3. ' liergier, Dictionnaire théologiqne, an mot Charme.
CHA — ,13Zi.
— CHA
les Turcs Onl perdu un esclave qui s'esl en- Ghartier (ALAIN), —-[poète du COmm'eilGo-.
fui,ils écrivent une conjuration sur un jîapier menf
n du quinzième siècle. On lui -attribue, un
qu'ils attachent à la porte de la hutte ou cet- traité
ti sur la Nature du feu de l'Enfer, qUc
Iule de cet esclave, et il est forcé de revenir nous
n ne sommes pas curieux'de connaître.,
au plus vite .devant une main invisible qui chartumins, — sorciers chaldéens, qU|
le poursuit à grands coups de bâton d. Pline étaient
i eii grand crédit du'temps du pfôphèlc
dit que, de son temps, par le moyen de cer-
Daniel.
j
tains charmes, on éloignait les incendies, on
arrêtait le sang des plaies, on remettait les Chasdins, — astrologues de la Chaldéo. ]|s
membres disloqués, on guérissait la goutte, liraient
l l'horoscope, expliquaient les songes ci
on empêchait un char de verser, etc. — Tous lès
! oracles, et présidaient l'avenir par; divers
les anciens croyaient fermement aux charmes, '
moyens.
dont la formuleconsistailordinairementencer- Chassamon (JKAN Wiï) — écrivain protes-
tains vers grecs ou latins.—Bodin rapporte, au tant
t du seizième siècle., On lui doit le- livre
chap. 5 du liv. 3 de la Démonomanie qu'en
, «, Des grands el redoutables jugements et
Allemagne les sorcières tarissent par charmes punitions de Dieu advenus au monde, princi-
«
le lait des vaches, et qu'on s'en venge par un palement
i sur les grands, à cause de leurs
contre-charme qui est tel : on met, bouillir méfaits. » ln-S° ; Morges,'1581. Dans cet ou-
dans un pot du lait de la vache tarie, en ré- vrage très-partial, il se fait de grands mira-
citant certaines paroles (Bodin ne les indique cles en faveur des protestants. Ghassanion ;i
pas) et frappant sur le pot avec un bâton. En ,
écrit aussi un volume sur les géants 1.
même temps le diable frappe la sorcière d'au-
tant de coups, jusqu'à ce qu'elle ait été le Chasse. — Secrets merveilleux pour k
charme. — On dit encore que si, le- lendemain chasse. Mêlez le sucre de jusqu'iàmeavec le
du jour où l'on est mis on prison, on avale à sang el la peau d'un jeune lièvre ; cette coin-
jeun une croûte de pain sur laquelle on aura position attirera tous les lièvres des environs.
écrit : Senozam, Gozoza, Gober, Doin-, el — Pendez le gui de chêne avec une aile d'hi-
qu'on dorme ensuite sur le côté droit, on sor- rondelle à un arbre; lous les oiseaux s'y ras-
tira avant trois jours. — On arrête les voilu- sembleront de'deux lieues et demie. On dit
aussi qu'un crâne d'homme, caché dans mi
res en mellant au milieu du chemin un bâton colombier, y attire tous les pigeons dîalcn-
sur lequel soient écrits ces mots : Jérusalem, tour. — Faites tremper une graine, colle que
omnip.olens, etc., convertis-toi,arrête-toi là. Il
faut ensuite'traverserle chemin par où l'on voit vous voudrez, dans la lie de vin, puis jelez-ln
arriver les chevaux. — On donne à un pisto- aux oiseaux : ceux qui en, làleronl. s'enivre-
let la portée de cent, pas, en enveloppant la ront, el se laisseront prendre à,la main. Elle
balle dans un papier où l'on a inscrit le.nom Petit, Albert ajoute : «. Ayez un hibou que vous
des trois rois. On aura soin en ajustant,,de attacherez à un arbre; allumez tout près un
retirer son haleine, el de dire, : « Je le conjure gros flambeau, faites du .bruit avec un tam-
d'aller droit où je veux tirer. » — Un soldat bour; tous lés oiseaux viendront, enfouie pour
faire la guerre au hibou el on en tuera au-
peut se garantir de l'atteinte des armes à feu ,
tant, qu'on voudra avec du menu'plomb. » —
avec un morceau de peau de loup ou de bouc, Pour chasse de Suini-Hiiberl, voy. YEKKUB,
sur lequel on écrira, quand le soleil entre et, pour les chasseurs merveilleux, voij. \v.-
dans le signe du Bélier : «Arquebuse, pisto- LAi'0«ÊT,'elc.'
let, canon ou autre arme à feu je le com- NEUH, Aivriiys, M. n'is
,
mande que tu ne puisses tirer de par chassen (NICOLAS),:—petit sorcier :de Fra-
l'homme, etc.» —On guérit un cheval encloué nelcer, au dix-septième siècle, ,qui. se, distingua
en--mettant trois' fois les pouces en croix sur à l'âge de seize, ans. Ce. jeune homme, Ilollan;
son pied, en prononçant le nom du dernier dais et calviniste,, étant à l'école faisait des
assassin mis à mort, en récitant tr-ois;fois cerT grimaces étranges, rquiajijes; yeux,. eLse çoiir
taines prières - il y aune infinité d'autres tournait Ipu.tde corps;/il,,niontrait à ses ca-
charmes. — On distingue le charme de l'en- marades des .cerises mûres au milieu,de l'hi-
chantement, en ce que celui-ci se faisait par ver;, puis, quand il les.leur avait.pffertes, il
.des chants. Souvent on les a confondus. Voy. les reprenait el les mangeait. Dans le proche,
CONTRE-CHARMES ENCUASTEMEINTS MALÉFI- où les écoliers avaient une place à part, il fai-
, ,
CES, TALISMANS, PAUOLES, PIIICACTÈUES, LI- sait .sortir de l'argent, du banc où .il.était assis-
GATURES, CHASSE, Pnii/rniïs, etc.
? De Gigaiitibus' éorumqùé reliqniis atqne iis <lll!C
1 Leloyer, Hist. et dise, des spectres, liv. iv, cli. 21. ante annos aliquot noslra aîtate. in Gàllia reperta suit1-
''• Xhiers-, Traité des superstitions, etc.. Jn-8". Bâle, ).r>80.
CHA CHA
— •!» 5= —
H
disait qu'il opérait tous ces tours par le composés. Celte sorcière fut condamnée , el
moyen d'un esprit malin qu'il appelait Sertig. ces morceaux
de cire brûlés avec elle*.
jiallhazar Bekker dit, dans le Monde en—
_.
chanté', qu'étant allé à cette école, il. vit, sur Chasteté, -r- Les livres de secrets merveil-
plancher, un cercle fait de craie,, dans le- leux, qui ne respectent rien, indiquent des poê-
le
quel on avait tracé des signes dont l'un res- lions qui,
selon eux, onl pour effeL de révéler
scuiblait à la tête d'un coq, et quelques la chasteté, mais qui, selon l'expérience, ne
chiffres au milieu; il remarqua aussi une li- révèlent rien
du lout.
»ne courbe comme la poignée d'un, moulin Le chai tient sa place dans l'his-
à bras : tout cela .était à demi effacé. Les Chat. —
écoliers avaient vu Cinissen. faire ces ca-
toire de la superstition, Un soldat romain ayant
magiques. Lorsqu'on lui demanda tué, par mégarde, un chat en Egypte, toute la
ractères souleva fui en vain que le roi inr
signifiaient, ville se ; ce
ce qu'i]s
il se tut d':abor,d ; il dit
lei-céda pour lui, il ne put le sauver do la fu>
ensuite qu'il les, avait faits pour jouer. Oh
voulul savoir comment il avait des cerises et reur
du peuple. Observons que les rois d'E-
de l'argent; il répondit que l'esprit les lui gypte avaient rassemblé , dans Alexandrie ,
donnait. « Qui-est cet esprit?,— Beehèbul,, » une bibliothèque immense, et qu'elle était pu-
Égyptiens cultivaient les sciences-
répondit-il. Il ajouta que, le diable lui. appa- blique ; les
raissait sous forme humaine quand il avait et n'en adoraient pas
moins les chats2.—Ma-
envie de lui faire du bien d'autres fois sous honiel avait beaucoup
d'égards pour son chat.
,
forme de bouc ou de veau ; qu'il avait toujours
L'animal s'étail un jour couché sur la manche
pied contrefait; Mais, dit Bekker, pendante de la veste du prophète, et semblait
un etc. on
liait par reconnaître que loul cela n'était qu'un y méditer si profondément que Mahomet,
jeu que Chassen avait essayé pour se rendre
pressé de se rendre à la prière et n'osant le
considérable parmi les enfants de son âge; on tirer de son extase, coupa, dit-on, la manche
s'étonne seulement qu'il ait pu le soutenir de- de sa veste. A son retour, il trouva son chat
qui revenait de son assoupissement, et qui,
vant- tant, de personnes d'esprit pendant plus
d'une année. s'apercevunl de l'attention de son maître se
leva pour lui faire, la révérence, et plia le ,dos
Chassi, — démon auquel les habitants des en arc. Mahomet, qui comprit ce que cela
iles Mariannes attribuent le pouvoir de tour- signifiait, assura au chat, qui faisait le gros
menter ceux qui tombent dans ses mains. dos, une place dans son paradis. Ensuile, pas-
L'enfer est, pour eux la maison de Chassi. sant trois fois la main sur l'animal, il lui im-
prima, par cel attouchement, la vertu de ne
chastenet (LÉONAIU)E),—vieille femme de jamais tomber que sur ses pattes. Ce conte
quatre-vingts-ans, mendiante en Poitou, vers n'esl pas ridicule chez les Turcs. — Yoici une
-IliO'l, et. sorpière, Confrontée avec Malhurin anecdote où le chat joue un mauvais rôle :
!" llonnevault, qui soutenait l'avoir vup au sab-
— Un uide-de-camp du maréchal de: Luxem-
bat, elle confessa qu'elle y était allée avec son bourg vint loger dans une auberge donl la ré-
mari ; que le diable, qui s'y montrait en forme putation n'étail pas rassurante. Le diable, di-
de.bouc, était une bêle fort puante. Elle nia sait-on venait toutes les nuits dans une cer-
; ,
qu'elle eût, fait aucun maléfice. Cependant taine chambre, tordait le cou à ceux qui osaient
elle fut convaincue, par dix-neuf témoins, y coucher, el les laissait étranglés dans leur
(l'avoir fait mourir cjnq laboureurs et plu- lit. Un grand nombre de voyageurs remplis-
sieurs bestiaux.—Quand elle se vit condam- sant l'auberge qua,nd l'aide-de-camp y en-
née, elle confessa qu'elle avait fait pacte avec tra, on lui dit qu'il n'y avait de vide que la
=
le diable, lui avait donné de
ses clieveux el chambre fréquentée parle diable, où. per-
promis de faire tout le mal qu'elle pourrail. sonne ne voulait prendre gîte. « Qh ! bien ,
i--
'-Ile ajouta
que la nuit, dans sa prison, le dia- moi, répondit-il, je ne serai pas fâché de
:-
We était
venu à eilp en foinne rie chat, auquel lier connaissance avec lui ; qu'on lassé mon
ay<uit dit qù'élie' voudrait être morte,, icelui lit dans la chambre en question, je me charge
,; diable lui avail présenté deux nip'rçêàux de du resté. » Vers minuit, l'officier vitdescendre
Î; c're, lui disant qu'elle en mangeât et'.qu'elle le diable par la cheminée, sous la ligure d'une
i'; mourrait;
ce qu'elle n'avait voulu faire; Elle bêle furieuse, contre laquelle il fallut se dé-
; avait ces morceaux de cire; on les visita et
|..: Ul> ne put juger de quelle matière ils étaient
,
1 Discours sommaire îles sortilèges et vénélices, tirés
des procès criminels jugés an siège royal de Montmo-
rillon, en Poitou, en l'année În9îl, p. 19.
;. : tome IV, p. 15t. :' Saint-Poix, lissais sur Paris, t. II, p. 300.
CHA — 186 — CHA
fendre. Il y eut un combat acharné, à coups qu q eues loin Bouillir sur un \eu ue verveine
de sabre de la pari du.militaire à coups de et, e d'autres plantes magiques.
,
griffes et de dents de la part, de la bêle;
dura chaudron (MAGpKi.iïiisE-MicuEi.i.E ),—Ge-
celte lutte une heure; mais le diable nevoise accusée d'être sorcière en 1652. On
finit par rester sur la place; l'aide-de-camp , ,
dit qu'ayant rencontré le diable en sortant de,
appela du monde, on reconnut un énorme chat c,la ville réformée,
il reçut son hommage, el im- >'
sauvage qui, selon le rapport de l'hôte, avait prima sur sa lèvre supérieure son seing on
déjà étranglé quinze personnes1.—On lil dans :
Ce petit seing rend la peau insensi-
la Démonomanie do Bodin 2 que des sorciers marque.
,ble, comme l'affirment les démonographes.—
de Yernon, auxquels on fit le procès en '1566,
fréquentaient et s'assemblaient, ordinairement Le , diable ordonna à Michelle Chaudron d'en-
dans un vieux château sous la forme d'un nom- sorceler deux filles , elle obéit; les parents
bre infini de chats. Quatre hommes, qui avaient l'accusèrent de diablerie, les filles interrogées
résolu d'y coucher, se trouvèrent, assaillis par attestèrent qu'elles étaient possédées. On ap-
pela ceux qui passaient pour médecins ; ils
celle multitude de chats l'un de ces hommes cherchèrent
fui lue, les autres
;
blessés; néanmoins ils sur Michelle Chaudron le sceau
y du diable, que lé procès-verbal appelle les
blessèrent aussi plusieurs chattes, qui se trou- sala-niques; ils y enfoncèrent une ai-
vèrent après en fornie de femmes mais bien marques guille. Michelle fit connaître par ses cris que
,
réellement mutilées. — On sait que les chais les
assistent au sabbat, qu'ils y dansent avec les sensible.—Les marques sataniques ne rendent point in-
sorcières,, et que lesdites sorcières, aussi bien complète, lui firent donner
juges, ne voyant pas de preuve
la question. Cette
que le diable leur maître, prennent volontiers malheureuse, cédant, à la violence des
la figure de cet. animal. On lit dans Boguel tour-
confessa tout, ce qu'on voulut. Elle fut
qu'un laboureur près de Strasbourg fut assailli ments, brûlée après avoir élé pendue et étranglée.
par trois gros chats, et.qu'en se défendant il ,
les blessa sérieusement. Une heure après, le chaudron-du-Biable,—gouffreq ni se trouve
juge fit demander le laboureur et le mil en pri- au sommet du pic de Ténérifie. Les Espagnols
son pour avoir maltraité trois dames de la ont donné le nom de Chaudron-du-Diable à ce
ville. Le. laboureur étonné assura qu'il n'avait gouffre, à cause du bruit que l'on entend lors-
maltraité que des chats, el en donna les preu- qu'on y jelle une pierre ; elle y retentit, comme
ves les plus évidentes : il avail, gardé de la un vaisseau creux de cuivre contre lequel on
peau. On le relâcha, parce qu'on vit que le frapperait, avec un marteau d'une prodigieuso
diable était coupable en celte.affaire. — On ne grosseur. Les naturels de l'île sont persuadés
finirait, pas si on rappelait tout, ce que.les dé- que c'est l'enfer, cl que les âmes des méchants
monomanes ont. rêvé sur les chats. Boguel dit y l'ont leur séjour i.
encore que la chatte, étant- frottée d'une herbe chauve-souris. — Les Caraïbes regardent
appelée népeta conçoit sur-le-champ celle les chauves-souris' comme de bons anges qui
herbe suppléant, au défaut du rnâles. Les ,
sor- veillent à la sûreté des maisons durant la nuit;
ciers se servent aussi de la cervelle des chats les tuer, chez eux, est un sacrilège : chez nous,
pour donner la mort ; car c'est un poison, se- c'est un des animaux qui figurent au sabbat.
lon Bodin et quelques autres''. Voy: BLOKULA,
Chavigny (JEAN-AIMÉ DE) — astrologue,
BEUBIIK DES SOHCIÈHES, MJ'STASIOIIIMIOSKS,etc. disciple de Noslrad'amus, mourut ,
en 4 604. Il a
château du'siaMe. — Plusieurs vieux ma- composé : la Première face du Junus français,
noirs portent ce nom dans des traditions el contenant les troubles de France depuis 'I531
des contes populaires. ' jusqu'en 1589 ; Fin de la maison valésicnne,
, .
extraite el colligée des centuries et commentai-
Chàt-huant , — VOiJ.. HlliOl! CHOUETTE res de Michel Nostradamus (en latin et en fran-
CHASSE, CHEVESCUE, etc. , ,
çais), Lyon 459-i, in-S°; et nouvelle édition,
,
chaudière. C'est ordinairement dans augmentée, sous le titre de Commentairessur
— une
de fer que, de temps immémo- les centuries et pronostiçatioiis de.Nostrada-
,
chaudière
rial, les sorcières;composent leurs maléfices, mus , Paris , in-8°, rare ; les Pléiades , di-
visées en sept livres, prises des ancienne
prophéties, et conférées avec les oracles de A'os-
1 Gabrielle do V"", Tlist. des Fantômes et dis dé-
mons, etc., p. 203.
tradamus, Lyon, 4603 ; la plus ample édition
' Chap. 4, liv. n, p. :-.57. est de 4606. C'est un recueil de prédictions,
•:Discours des sorciers, cli.'1-1, p. .SI.
i Bodin, Démonomanie des sorciers, liv. -il!, ch. 2,;, ' La Harpe, Abrégé de l'Histoire générale des voya-
p. 32B. ges, t. p',
CHE — 137 CHE
dans lesquelles l'auteur promet à Henri IV avec attention leurs hennissements el leurs fré-
l'empire de l'univers. Voy. NOSTIIADAMUS. missements. Il n'y avail pas de présages aux-
quels les prêlres et les principaux de la nation
Ohax ou Soox, — démon. Voy. Scox.
ajoutassent plus de foi. — On voit encore que
Cheke, — professeur de grec à Cambridge, chez certains peuples on se rendait les divinités
mort en 4 557. Il a écrit un livre ' qu'il adressa favorables en précipitant des chevaux dans les
au roi
Henri "VIII, et qu'il plaça a la lôte de fleuves. Quelquefois contentait de les
on se
ja traduction latine du Traité de Plutarque de laisser vivre en liberté dans les prairies voi-
la Superstition. Il avail des connaissances en sines après les avoir dévoués. Jules César,
astrologie, el croyait fermement à l'influence ,
de passer le Rubicon, voua à ce lleuve
avant
des astres, quoiqu'ils lui promissent du bon- grand nombre de chevaux, qu'il aban-
un
heur tout juste dans les occasions où il était donna dans les pâturages des environs.-—Une
le plus malheureux. tradition superstitieuse portait qu'une espèce
Chemens, — génies ou esprits que les Ca- de chevaux qu'on nommait a-rsels, et qui ont
,
raïbes supposent chargés de veiller sur les une marque blanche au pied de derrière du
hommes. Ils leur offrent les premiers fruits, et coté droit, était malheureuse-et funeste dans
placent ces offrandes' dans un coin de leur les combats. Anciennement on croyait aussi
Imite, sur une table faite de nattes, où ils pré- que. les chevaux n'avaient pas de fiel ; mais
tendent que les génies se rassemblent pour c'est une erreur aujourd'hui presque généra-
boire et manger; ils en donnent pour preuve lement reconnue. Voy. DRAPÉ, BAVAUD, TROU-
le mouvement des vases el le bruit qu'ils se PEAUX, etc.
persuadent que font ces divinités en soupant.
Chevalier Impérial, — VOIJ. Esi'AGNET.
chemise de nécessité. — Les sorcières al-
lemandes portaient autrefois une chemise faite Chevaliers de l'Enfer.—Ce Sont des dé-
d'une façon détestable et chargée de croix mons plus puissants que ceux
qui n'ont aucun
,
mêlées à des caractères diaboliques par la litre, mais moins puissants que les comles, les
, marquis et les ducs. On peut les évoquer de-
vertu de laquelle elles se croyaient garanties
do tous maux 2. On l'appelait la chemise de
puis le lever de l'aurore jusqu'au lever du so-
nécessité. —Les habitants du Finistère con- leil, el depuis le coucher du soleil jusqu'à la
nuit 1.
servent encore quelques idées superstitieuses
sur les chemises des jeunes enfants. Ils croient chevalier ( GUIIXATJSIE ), — gentilhomme
que si elles enfoncent dans l'eau de certaines béarnais, auteur d'un recueil de quatrains
fonlaines' l'enfant meurt dans l'année'; il vil moraux, intitulé' : Le Décès ou Fin du monde,
long-temps, au contraire, si ce vêlement, sur- divisé en trois visions, in-4°, 4 584.
nage.
Chevanes ( JACQUES ),—Capuchl, plllS COllUU
Chériourt, — ange terrible, chargé de pu- sous le nom de Jacques d'A-ulun, du lieu de
nir le crime et de poursuivre les criminels.,
selon la doctrine des guèbres.
sa naissance, mort à Dijon en 4 67,8. On a de
lui l'Incrédulité savante et la crédulité igno-
Chesnaye des B.ois (FliANÇOIS-ALEXANDKE- rante, au sujet des magiciens et des sorciers.
AiiBEii'i' DE LA),—capucin, mort en 4784. On s Lyon, 4 674., in-4°. Ce recueil plein d'extra-
(le lui, l'Astrologue dans le puits, 4740, in-12 vagances curieuses, dont nous rapportons
et Lettres critiques, avec des songes moraux, on leur lieu les passages remarquables , est
' sur les songes philosophiques de l'auteur de: s une réponse à l'apologie de Naudé pour tous
>
Lettres juives (le marquis d'Argens), in-42 les grands personnages soupçonnés de magie.
;, 1745. Heureusement. pour l'auteur, dit l'abbé Pa-
Cheteb OU Chereb, voy. DEBER. pillon l'irascible Naudé était mort depuis
,
long-temps quand ce livre parut.
Cheval.—Cet animal était, chez les anciens
un instrument à présages pour-la guerre. Le s Chevesche ,— espèce de chouette, que
Suèves, qui habitaient la Germanie, nourris Torqnemada définit un oiseau nocturne fort
>...-
saienl à frais communs, dans des bois sacrés bruyant, lequel lâche d'entrer où sont les en-
v des chevaux donl ils liraient des augures. L e, fants; et, quand il y est, il leur suce le sang
':. "rand-prôtre et le chef de la n'alion étaient le s du corps et le boit. Les démonographes ont
\ seuls qui pouvaient les toucher : ils les alla donné le nom de chevesche aux sorcières,
;;, cliaient aux chariots sacrés, et observaiei it parce que, semblables à cet oiseau, elles su-
cent le sang de ceux qu'elles peuvent saisir,
De Snperstitione, ad regem Henricum.
hodin, Démoiiomiinie, liv. Wierus, in Pseudomouarcli. rlann., ad iiue-tn.
';. ' ç", cit. 3, 1
CI1E — 138 — CM
et. principalement des petits enfants 1. C'est avait la pierre. » El le diable, qui parfois aiirip :'
sans doute là l'idée mère des vampires. Les à se divertir, chevilla un jour la seringue d'un
sorcières'qui sucent le sang ont aussi quelque apothicaire en fourrant sa queue dans le pis- ':
analogie avec les gnôles des Arabes. Voy. L.\- ton. l'"oy. NOALS.—Pour empêcher l'effet de
:
WIES. ce charme il faut cracher sur son soulier '
,
Cheveux. — « Prenez des cheveux d'une du pied droit avant que de s'en chausser. Ce
femme dans ses jours de maladie ; mettez-les qui approche de ce qu'on lit dans Tibulle, que -'
sous une terre engraissée de fumier, au com- les anciens crachaient dans leur sein par trois ;
mencement du printemps, et, lorsqu'ils seront fois, pour se désensorcelerou empêcher le sorti- ;
échauffés par la chaleur du soleil, il s'en for- . lége. On voit dans un livre, intitulé l'Urotopé. \
mera- des serpents?..... » —. Quelques con- gnie ou chevillement, que les tonneaux, les ;'
teurs assurent.que les mauvais anges étaient fers, les fours, les lessives, les moulins à. vent i
amoureux des cheveux des femmps, el que el ceux qui sont sur les ruisseaux et rivières,
les démons, incubes s'attachent de préférence peuvent être pareillement liés el maléficiés.
aux femmes qui onl de beaux cheveux. Les Voy. 'LIGATURES.
sorcières donnent de leurs cheveux au diable, Ces animaux. étaient fort ré- ;
Chèvres. —
comme: arrhes du' contrat qu'elles font avec vérés à Mondés en Egypte. Il étail défendu i
lui ; le démon les coupe très-menu, puis les
d'en tuer, parce qu'on croyait que Pan, la
mêle avec certaines poudres : il les remet aux grande divinité de cette ville s'était caché ':
sorciers qui s'en servent pour faire tomber la figure d'une chèvre; aussi,
le repré-
,
la grêle ; d'où vient qu'on trouve .ordinaire- sentait-on sous
ment dans la grêle de petits poils, qui n'ont immolait des avec une face de chèvre, et on lui '.
brebis. —Souvent des démons
pas une autre origine..... On fait encore, avec
ou des sorciers ont pris la forme de chèvre.
ces mêmes cheveux, divers maléfices 5. — On Claude Chappuis de Saint-Amour, qui suivit
croit en Bretagne qu'en soufflant des cheveux l'ambassadeur
de Henri 111 près la 'sublime
en l'air on les métamorphose en animaux ;
les petits garçons de Plougasnou, qui font des
Porte, conte qu'il vil sur une place publique
Constant!nople des bateleurs qui faisaient
échanges entre eux, confirment la cession en de
faire à des chèvres plusieurs tours d'agilité
soufflant au vent un cheveu parce que ce
de passe-passe tout à fait admirables,
cheveu était autrefois l'emblème ,
de la pro- el
quoi, leur mettant une éeuelle à la bou-
priété. Des cheveux, dans les lenips modernes, après
été che, ils leur commandaient d'aller demander,
ont même trouvés sous des sceaux : te-
ils
leur entretien, tantôt au plus beau on au
naient lieu de signatures f. — Enfin il y a des pour
plus laid, tantôt au plus riche ou au plus vieux
personnes superstitieuses, qui croient qu'il faut
de la compagnie : ce qu'elles faisaient, doxtra-
observer les temps pour se couper les cheveux
ment, entre quatre à cinq mille personnes,
et se rogner les ongles.—Autrefois on vénérait façon telle qu'il semblait, qu'elles
le toupet, par lequel les Romains juraient, et et avec une
voulussent parler. Or qui ne voit clairement
qu'on 'offrait aux dieux. Il paraît qu'ils étaient
sensibles à ces présents, puisque, quand Bé- que ces chèvres étaient hommes ou femmes
ainsi transmués, ou dénions déguisés"?
rénice eut offert sa chevelure, ils en firent une
constellation. Chez les Francs, c'était une po- l'"oi/.;Bpi;c.
litesse de donner un de ses cheveux, et les chibados, •— secte de sorciers qui foui
familles royales avaient seules le privilège de merveille au royaume d'Angola.
les laisser pousser dans lout leur développe- Chiodta, — oiseau des îles Tonga qui a
ment. l'habitude de descendre du haut des airs ci;
chevillement,—sortede maléfice employé poussant de grands cris. Les naturels son!
par les sorciers et surtout par lès bergers. Il persuadés qu'il a-lé don de prédire l'avenir;
empêche d'uriner. Le nom de ce maléfice lui quand il s'abaisse près d'un passant,..on croit
vient de ce-: que pour le faire on, se. sert d'une que c'est pour lui annoncer quelque--malheur.
cheville de bois ou de fer qu'on plante dans Chious .rEsculanus,-—-vdy'. CliCCO lï'Ascoil.
la muraille,, en faisant maintes conjurations.
Chien. •— Les chiens étaient ordinaire-
« J'ai connu une personne ,, dit Wecker, qui ment les compagnons' fidèles des magiciens;
mourut du chevillement : il est vrai qu'elle c'était le diable
qui les suivait sous celle
forme, pour donner moins à soupçonner;
Xprquemada, Ilexainéron, troisièmejournée.
1

'-. Secrets d'AÏljert-le-Grund, p. 27.


mais on le reconnaissait malgré ses déguise-
;t Boguet, Discours des sorciers, ch. 25, p. 15G.
'< M. Cambry, Voyage clans le Finistère, t. I'1', p. 17-1 3 Delancre , Incrédulité et mécréance <lu sortil4'e
et 195. pleinement convaincues, traité 6, p. 318.
cm 139 - cm
menls. Léon de Chypre écrit que le diable aboiements i pour des marques de sa bienveil-
sortit un jour d'un possédé, sous la figure lance ou de sa colère. — Les guèbres ont
d'un chien noir. — C'est surtout la couleur une grande vénération pour les chiens. On
noire qui dénoie le diable sous une peau de lit dans 'l'avernier que, lorsqu'un guèbre est
chien. Des bonnes gens se noient, assez fré- à l'agonie, les parents prennent un chien
quemment à'Quimper; les vieilles et les en- dont iTs appliquent |a gueule sur la bpnçbedu
fants assurent que c'est le'diable, en forme mourant., afin qu'il reçoive son âme avec son
de gros chien noir, qui précipite les passants dernier soupir. Le chien leur sert encore à
dans la rivière <; 11 y a beaucoup de super- faire connaître-si le défunt est'parmi les'élus.
stitions qui. tiennent au chien dans le Finis- Avant d'ensevelir le corps, on le pose à terre :
tère, où les idées druidiques ne sont pas tou- on amène un chien qui n'ait pas connu le
les éteintes. On croit encore, dans le canton mort, et, au moyen d'un morceau de pain,
sauvage de Saint-Ronal, que l'âme des scélé- on-l'attire le plus près du corps qu'il est pos-
rats passe dans le corps d'un chien noir.' — sible. Plus le chien en approche, plus le dé-
Les anciens mages croyaient aussi que les funt est heureux. S'il vient jusqu'à monter
démons se montraient en forme de chiens.; sur lui el à lui arracher de la bouche un
el Plutarque, dans la vie de Ciinon, raconté morceau de pain qu'on y a mis, c'est pno
qu'un mauvais génie, travesti en chien noir, marque assurée que le défunt est dans le
vint, annoncer a Cimon qu'il mourrait-bienlot. paradis des guèbres. Mais l'éloignement du

Un eliarlatan, dir temps de Juslinieri, avait chien est .un préjugé qui fait désespérer du.
un chien si habile, que, quand toutes les per- bonheur du mort.— Il y a aussi des gens
sonnes d'une assemblée avaient mis- à terre qui tiennent à honneur de descendre d'un,
: leurs anneaux,
il les rendait sans se tromper, chien. Les royaumes de Pégu et de Siam' re-
l'un après l'autre, à qui ils appartenaienL-Ce connaissent un chien pour chef de leur race.
,'-. (iiiçn distinguait aussi dans la foule, lorsque A Pégu el à Siam on a donc grand respect,
son maître le lui ordonnait, les riches el les pour les chiens, si maltraités ailleurs L— On
pauvres, les gens honnêtes et. les fripons : a toutefois honoré quelques individus de celle
« Ce qui fait voir, dit Leloyer, qu'il
y'avail race : tel est le dogue espagnol Barecillo qui
;
là de la magie, el que ce chien était un'déj- dévorait les Indiens à Sainl-pomuigue, et qui
; mon '?..»'— De 1 -ncro conté qu'en -1530 le dè- ayail,,'parjour, la paye, de trois soldats... —
: mon, parle moyen d'un miroir, découvrit, à 11.' y aurait encore bien des choses à dire sur

un pasteur de Nuremberg',' des trésors cachés les chiens. En Bretagne surtout, les hurle-
' dans une. caverne près de la ville, et enfermés ments d'un chien égaré annoncent la mort. Il
;
dans des vases 1 do cristal : le pasteur prit fau.ï que le chien de la mort soit noir;,et s'il
; avec lui un de ses amis pour lui servir de aboie tristement à minuit, c'est, une mort
compagnon; ils se mirent a fouiller et. décou- inévitable qu'il annonce à quelqu'un de la fa-
la vrirent une espèce de coffre auprès duquel mille pour la personne qui l'entend. — Wié—.
; était couché un énorme chien noir. Le p'as- rus dit qu'on chasse à jamais les démons en
;.- ieiirs;avança avec empressement pour se sai- frottant les murs de la chambre qu'ils infes-
;' sir-du trésor; mais' à peine fut-il entré dans tent avec le fiel ou le sang d'un chien hoir t.
la caverne qu'elle s'enfonça sobs ses pieds l-oi/.- Aomi'i'A, BRAGAUINI, DORMANTS, etc.
et l'engloutit 5. Notez que c'est un conUv et
;
Chifflet '(JEAN ), — chanoine de Tournay,
' t] ne p'ersonnen;a vu ce grand chien. Mais on
né à Besançon vers 4/641.'Il a publié ': Joan-
i peut juger par ces traits quelle idée avaient nis Macarii Abràxas, seu- apïslopistus, quev
j des chienslès peuples niai civilisés.: Chez les
est- antiquurïa de gemmis basilidianis disquisi-
' .anciens, on appelait les Furies les chiennesde lio commentariis illust., Anvers, 4 C57, in-4°.
j l'enfer; on sacrifiait des - chiens noirs aux di- Cette dissertation traite, des. pierres grayées
' vinités infernales-. Chez -nos -pères on pendait le nom cabalistique, abraxas, par. le-
portant
/ outre deux chiens lès 'plus1 grands criminels; quel .Jîasilide, hérétique du. deuxième siècle,
;\ Quelques peuples pensaient 1 pourtant autre- désignait le. Rieu'créateur, et conservateur., „
: ment;- onamême honoré le chien d'une ma- Elle est curieuse, elle commentaire que Chif-
Hière distinguée. Élien parle d'un pays d-'-É-
:
Uiiopie dont les habitants avaient
flet y a joint est estimé,
pour roi
chija ou Chaja- ( AunAiiAiL BEN ), — rab-
:

s "n chien'; ils prenaient ses caresses et ses


bin espagnol du onzième siècle. 11 a écrit, en.
' Cavnbry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 22.
-
Leloyer, Hist..et dise, des spectres, liv. y;<, ch. S. Hexaméron de Torquemada, traduit par G. Chap-
T
.
"ir**1^1™' Gabrielle de.P"*,-Histoire dès fantômes, puis, premièrejournée.
- n 2 15e Prrest. dicm., lit', v, cap; 21.
CM — lui —
i
CHU
hébreu \e Volume du Révélateur, où il traite
, .,
Chion, —. philosophe d'Héraclée,: disciple
de l'époque où viendra le Messie, et de celle de Platon. Il fut averti en songe de lue
où se fera la résurrection générale. Pic de la Cléarque, tyran d'Héraclée-, qui était son
Mirandôle cite cet ouvrage dans son traité ami.. Il-lui sembla voir une femme qui lui mil
contre les astrologues. devant les yeux la bonne renommée qu'il ac-
querrait par le meurtre du lyran ; et, poussé
Childéric Ier, — voy. BASINE "et CMSTAL-
par celte vision, il le tua. Mais ce qui prouve
LOMANCIE.
que c'était une vision diabolique, c'est que
Childéric m, — fils de Chilpéric II. et
Cléarque, tyran tolérablc, ayant été tué, l'm
dernier des rois de la première race. Il pu- remplacé par Satyre, son frère, bien plus
blia, en.742, un édil contre les sorciers, où cruel que lui, et que rien ne pouvait adoucir.
il ordonne que chaque-évêque, aidé du ma- Chiorgaur, — VOY. GAUIUE.
gistrat défenseur' des églises., mette tous ses CWriàirellès, — démon qui secourt les
soins à empêcher le peuple de son diocèse de
dans leurs besoins, et qui leur en-
tomber dans les superstitions païennes. Il dé- voyageurs
seigne leur chemin lorsqu'ils sont égarés. On
fend les sacrifices aux mânes, les sortilèges,
les philtres, les augures, les enchantements,
dit qu'il se montre à ceux qui l'invoquent
les divinations, etc. sous la forme d'un passant à cheval.
Chiromancie, — art de dire la bonne aven-
Chilpéric Ier, — roi de France, fils de Lo- ture par l'inspection des lignes de la main.
Ihàire I01'. Saint Grégoire de Tours rapporte, Celte science, que les Bohémiens ont rendue
sur le témoignage de Gontrand, frère de célèbre, est, dil-on très ancienne. Nous en
Chilpéric, cette vision merveilleuse. Gon- exposons les principes ,
à l'article MAIN.
trand vit l'âme de son frère Chilpéric liée et
chargée de chaînes qui lui fut présentée par chodar , — démon que les nécromanciens
trois évoques. L'un, était Tétricus, l'autre nomment aussi Bélial ; il a l'Orient pour dis-
Agricola le troisième Nicétius de Lyon. Agri- trict , et commande aux démons des prestiges.
,
cola et Nicétius, plus humains que l'autre, Choquet ( Louis ), — auteur d'un mystère
disaient : « Nous vous prions de le détacher, très-rare, intitulé : VApocalypse saint Jean
et, après l'avoir puni, de permettre qu'il s'en Zébèdéc, où sont comprises les visions et révé-
aille. » L'évêque Tétricus répondit avec amer- lations qu'icelui saint Jean eut en l'île de
tume de coeur : « Il ne sera pas ainsi; mais il Patmos; in-fol., Paris, <1541.
sera châtié à cause de ses crimes. » Enfin, dit Chorropique (MAIUE) , — sorcière borde-
Gontrand, le résultat fut do précipiter cette laise du temps de Henri IV, qui confessa s'ê-
pauvre âme dans une chaudière bouillante tre donnée au diable par le. moyen d'un
que j'aperçus de loin. Je ne pus retenir mes nommé Augerot d'Armore, qui la mena dans
larmes lorsque je vis le misérable état de
Chilpéric jeté dans la chaudière, où tout à vêtu une lande où elle trouva un grand, seigneur
de noir, dont la figure était'voilée. Il
coup il parut fondu et dissous. ' » était entouré d'une infinité de gens richement
chimère, — monstre imaginaire, né en habillés. Marie Chorropique ayant prononcé
.
Lycie que les poètes disent avoir été vaincu le nom de Jésus,:tout disparut incontinent.
, Son guide ne vint la reprendre que trois
par Bellérophon ; il avait la tête et l'estomac :

d'un lion,, le ventre d'une chèvre et la queue heures après, la tança d'avoir prononcé le-
d'un dragon. Sa gueule béante vomissait des nom de Notre-Seigneur, et la conduisit au
flammes. Les démonographes disent que c'é- sabbat, près d'un moulin, où elle retrouva
tait un démon. le même seigneur noir, avec un nommé Men-
join qui portait un pot de terre où il y avait
Chimie.—; On la confondait autrefois avec de grosses ,
araignées -.enflées. d'une drogue
;
l'alchimie. La chimie selon les Persans, est blanche, et deux crapauds qu'on tua à. coup*
,
une science superstitieuse qui lire ce qu'il y a de gaule, et, qu'on chargea Marie d'écorcher.
de plus subtil dans les corps terrestres pour Ensuite, Augerot pila ces araignées, dans un
s'en servir aux usages magiques. Ils font Ca- mortier avec les crapauds. Ils jetèrent celle
ron ( le Coré du Penlateuqué ) inventeur de composition sur quelques pâturages pour faire
cette noire science qu'il apprit, disent-ils, de mourir les bestiaux. Après quoi,: ils-s'en al-
Moïse. lèrent au bourg d'Irauris, où ils prirent sans
bruit un enfant au berceau : Augerot. et Me""
1 Greg. Turon., Hist., Franc.; lib. vin, cap. 5.— join l'étranglèrent, et le mirent entre son pert
Lenglet-Dtilresiioy, Recueil de dissertations sur les ap-
paritions, p. 72 de lu préfacée. et sa mère qui dormaient, afin que le péri'
cri ft -—
î/ii — cic
que sa; femme l'avait étouffé. Ils en em-
(..rùt
Chris toval de la Garrade, — vmj. MAUIS-
poisonnèrent d'autres; et,, à toutes ces exé-^ SAIN'E.
entions, Marie Chorropique les atlendait à la Chrysoilthe,— pierre précieuse qu'Alberl-
porte des maisons. Que penser de ces
récils? le-Grand regarde comme un préservatif con-
Elle dit encore que , dans un autre sab- tre la folie. Elle a encore, dit-il, la vertu de

bat , elle vit deux sorcières qui apportèrent mettre le repentir dans le coeur de l'homme
le coeur d'un enfant, dont la mère
s'était fait qui a fait des fautes...
avorter, et qu'elles le gardèrent pour en faire
diable. Celle.sorcière fut brû- chrysomallon, — nom,-du fameux bélier
un sacrifice au qui portail la toison d'or. On, dit qu'il volait
lée le % octobre '1I57G '. dans les airs, qu'il nageait en perfection,
Chouette , — espèce de hibou de la gros- qu'il courait avec la légèreté d'un cerf, et
seur d'un pigeon, qui ne paraît qu'au point que Neptune, dont, il était fils, l'avait cou-
du jour ou à l'approche de la nuit. Chez les vert de soie d'or au lieu de laine. Il avait
Athéniens et lès Siciliens, cet oiseau était aussi l'usage de l'a parole, et donnait de bons
d'un bon augure; partout ailleurs, la rencon- avis. Il est le premier signe du zodiaque.
tre d'une chouette était d'un mauvais pré-
Chrysopée, — oeuvre d'or. C'est le noni
sage. Celte superstition vit encore dans plu-
sieurs pays. grec que les alchimistes donnent à la pierre
philosophale, ou à l'art dé transmuer tous les
Choun , — divinité adorée chez les Péru- métaux en or pur.
viens, qui racontaient ainsi son histoire. Il Chrysopole,—démon. Voy. OLIVE.
vint des parties septentrionales du monde un
homme qui avait un corps sans os et sans çhrysoprase, — pierre précieuseà laquelle
muscles, et qui s'appelait Choun; il abaissait la superstition attachait la propriété de forti-
les montagnes, comblait les vallées, et se fier la vue, de réjouir l'esprit et de rendre
frayait un chemin dans les lieux inaccessi^ l'homme libéral et joyeux.
Mes. Ce Choun créa les premiers habitants Cicèron ( MAUCUS TUI.LIUS ). — Leloyer dit
du Pérou, il leur apprit à se nourrir des her- qu'un spectre apparut à la nourrice de Ci-
bes et des fruits sauvages. Mais un jour, of- cèron : c'était un démon de ceux qu'on appelle
fensé par quelques Péruviens, il convertit en génies familiers. Il lui prédit qu'elle allaitait
sables arides une partie de la terre-, aupara-
un enfant, qui, un jour à venir, ferait grand
vant très-fertile ; il arrêta la pluie, dessécha bien à l'Etat. «Mais d'où tenait-il tout cela,
les plantes ; et ensuite, ému de compassion,
il ouvrit les fontaines et fit couler les rivières,
me dira—t-on ? Je répondrai : C'est la cou-
tume du diable de bégayer dans les choses
pour réparer le mal qu'il avait fait... futures. » Cicéron devint en effet ce qu'on
Choux. — C'est une croyance qui n'est sait '-. — C'est lui qui disait qu'il ne concevait
pas extrêmement rare qu'on ne doit pas pas que deux augures pussent se regarder
manger de choux le jour de. Saini-Etienne, sans rire. Il a, combattu les idées supersti-
s'était caché dans un carré dç
parce qu'il tieuses dans plusieurs de ses ouvrages, sur-
choux pour éviter le martyre2.... Conte stu- tout dansles trois livres de la-Nature des dieux,
: l'ide et superstition, absurde. dans leS'Tuscu/anesy et dans les deux livres
de la Divination. —Valère-Maxime conte que
Chrisolytes, —hérétiques du sixième siè- Cicéron, ayant été proscrit par les triumvirs,
l c'ft qui disaient que Notre-Seigneur avait se retira dans sa maison de Formies, où les
laissé son corps et son âme aux enfers, et
;
qu'il n'était remonté aux cieux qu'avec sa di-
satellites des tyrans ne tardèrent pas à le
.
1-, v'nité.
poursuivre. Dans ces moments de trouble , il
vit un corbeau arracher l'aiguille d'un cadran :
Christophe. — Autrefois, d'après une opi- c'était lui annoncer que sa carrière était,finie.
"ion exprimée Le corbeau s'approcha ensuite.; de lui, comme
*:; par ce vers :
Chrisîophorum yideas, postea tutus eas, pour lui, faire sentir qu'il allait :bientôl être
sa proie, et le prit par le bas de sa robe, qu'il
:;:

J on croyait que celui qui avait vu quelque ne cessa de tirer que quand un esclave vint
:,
'mage de saint Christophe le matin était en dire à l'orateur romain que des soldais arri-
y- sûreté toute la journée. vaient pour lui donner la mort. Les corbeaux
d'aujourd'hui sont plus sauvages.-
ï/. .jP^ncre, Tableau de l'inconstancedes démons, etc.,
,, ? Leloyer, Hist. et dise, des, spectres, liv. II, cil. 5;
••
ÏMers, Traité des superstitions, t. I'-'. liv. m. cil. 17.
RîL ~- 1/i2 — GIIVL
Ciel: —Un tel article ne-peutentrër dans cimeriês, — grand et puissant démon-, mar-
,
ce dictionnaire qu'à propos de quelques folles quis q de l'empire: infernal.'Il commande aux
croyances. Les musulmans admettent, neuf parties p africaines; il,enseigne la grammaire, -
l
cieux ; ily eut, pâriiiiles chrétiens des hé-^ l'a 1; logique et la rhétorique. 11 découvre H-s
,
reliques qui en àrinonçaietiltrois cent soixante- trésors: ti et révèle les choses cachées ; il rem]
cinq, avec des anges spécialement maîtres de l'homme T léger à la course, et donne aux bour-
chaque ciel. Eoy. BASUJD'E. Bodin,assure qu'il geois g la tournure fringante des militaires. Le
yr a dix cieux, qui sont marqués par les dix marquis
r Gimeriès, capitaine de vingt légions,
courtines du tabernacle, et par ces mots : est
1 e toujours-à cheval'sur.un grand palefroi
« Les cieux sont les oeuvres de tes doigts , » noir
i '.
qui sont au nombre dé dix.'1. — Les rabbins cimetière. —Il n'était pas permis en Es-
prétendenti!que lé ciel tourne sans cesse et
qu'il y a au bout du monde un lied où le ,ciel pagne, . au quatrième siècle , d'allumer des
cierges en plein jour dans les,cimetières, rff.
touche: la terre. On lit dans le Talmiul que ( d'inquiéter les esprits. On croyait que les
peur
le rabbin Bàr-Chana s'ôtànl arrêté en cet âmes des trépassés fréquentaient.les cime-
\
,
endroit pour se reposer, mil son chapeau sur tières où leurs étaient enterrés 2. —On
des fenêtres, du ciel, et que, l'ayant voulu croit corps,
une encore aujourd'hui, dans les campagne?,
reprendre; un moment après, il ne le retrouva les âmes du purgatoire reviennent.dans
plus,, les cieux l'ayant emporté dans leur que les cimetières; on dit même que les démons
course ; de sorte qu'il fallut qu'il attendît la aiment à s'y montrer, et'que c'est pour les
révolution des mondes pour le rattraper. écarter qu'on y piaule des Croix. On'conte des
cierges. — Oh allume deux cierges à Scaer anecdotes ell'ray ailles; peu de villageois tra-
au monienl du mariage ; on eiï place U'nde- verseraient le cimetière'à minuit. Ils ont. tbh-
vant le mari",; l'autre devant la femme: là jours l'histoire dé l'un d'entre eux qui a été
lumière la moins brillante indique celui des rossé par une âme ( ou plutôt pat; un mauvais
deux qui doit mourir le premier. L'eau elle plaisant) qui lui à reproché dé'troubler sa
feu, comme chez les anciens, jouent un grand péiiitèhce., Voy. API'ÀIUTIONS. —Henri Es-
rôle dans la Bretagne : du côté de Guingamp, lienhe et les ennemis du catholicisme ont conté
et ailleurs,,, quand on ne peut découvrir le. aussi dès aventures'facétieuses':',où ils attri-
corps d'un noyé,, on met un cierge allumé sur buent dé petites, fraudes aux gens d'église
un pain, qu'on abandonne au cours de l'eau; pour niàintemr celle croyance j'rhàis ces liis-
on trouve, dit-on , le cadavre dans ;l'e,ndroit' torietles sont dès inventions: — On a vu quel-
où le pain s'arrête quefois, dans les grandes chaleurs; des exha-
..
Cigogne.— On croit qu'elle préserve des laisons enflammées sortir dés cimetières; on
incendies les maisons où elle se relire ; celte sail aujourd'hui qu'elles-ont une cause natu-
erreur n'est plus trèSH'épandue. On a dit aussi, relle.
que les cigognes né s'établissaient que dans
:;.-:.
Égyptiens, Cimnïérie.ns, — peuples qui habitaient au-
les Etats libres,; mais les qui eu- tour dès Palus-M'éolidès, et dont les Ciriihte
rent toujours des rois, lui.rendciient.un culte';: sohl les descendants. Beaucoup de savants ont
et c'était un, crime capital en: Thessalio, qui placé dans ce pays l'àiitré-pàr lequelÔh allait
était.monarchique,de tuer une cigogne, parce, enfers. Leloyer dit rpie: lès Cimmériens
aux
que le pays est plein de serpents, et queies élaient de grands sorciers, et qu'Ulysse-ne les
cigognes les détruisent. Elles sont enfin très-' alla trouver interroger, par lotir
que pour
communes'en-Turquie^ eh Egypte et en Perse, moyen, les esprits de,l'enfer.
où l'on ne songe guère aux idées républi- v-,

caines'.. Cimon; —igénéral athénien, fils de Mil-


.. tiade. Ayant vu en songe une chienne irritée
Cilanb'(G;EOitGES-CuiÙ!'rilCN-MATERÏ<lJS DE),

Hongrois du dix-huitième siècle, qui écrit qui aboyait contre lui, et lui disait d'une voix
— a humaine : « Yiens, lu, me feras plaisir, à moi
lin livre-d'é l'origine et de là célébration des
saturnales chez lès Romains *, et, sous le nom et à mes petits, » il alla consulter un de
devin
iFAntolrie Signalelli, des Recherches'sur les nommé Astyphile, qui ':in'lërprrét'àiLs'à vision
géants-'*.
' cette manière : «,Le chiemesl ennemi de çeli"
contre, lequel il aboie ; or, on ne pourrait faii*
1 Préface de la Démonomanie des sorciers. à son ennemi un plus grand plaisir, que de
' ? "Voyage de Càmbry dans le Finistère, V. jtl, p. i'59'. mourir, et ce mélange de la voix humain6
De3 saturnali'tim origiiieet ccleorandi rïtùapù'd Ro-
manos. 1759.
'<* De Giganlibus nova disquisitio historien et crilica, 1 Wicrns, in Pseudomonarchiadiem.
175(1. ?- Dom Calmet, Traité sur les apparitions, etc. cli. M'
C1R — 1/iP, — CLA
,vco l'aboi
dénote un Mode qui vous tuera. » et ( faire périr ceux qu'elles avaient pour en-
IJ.5 Grecs
étaient en guerre avec les Perses et nemis.
i On décapita a Paris; eh 1574, un gen-
](>=
Mècles. Malheureusement pour le devin tilhomme''chez-qui
I l'on trouva Une petite
,
le songe ne s'accomplit pas, et Cimon ne image
i de cire ayant l'a place du ccfiiir p'èfcée
ijioni'ut que de maladie. d'un
i
poignard. Voy. ENVOÛTEMENT'. ' -:

Cîncinnatulus ou. Cincinnatus ( le petit cïruélo ( PiÈiiRE ), — savant àragoh'ais du


frisé ), — esprit qui „ au rapport de Rhodi- quinzième siècle, à qui l'on doit un livré
l'inus, parlait par la bouche d'une femme d'astrologie', où il défend les astrologues et.
'nommée Jocaba, laquelle était ventriloque. leur science contre lès raisonnements de Pic
cinq. — Les Grecs modernes se demandent de la Mirandole.
excuse en prononçant le nombre cinq, qui est Citation, — formulé employée pour appeler
du plus mauvais augure, parce qu'il exprime les esprits el les forcer à paraître. EOJ/. EVO-
un nombre indéfini, réprouvé par les caba- CATION.
listes. Citù, — fête au Pérou, dans laquelle lotis
Ciones.-—' Voy. IClONES. les habitants se frottaient d'une.pâte'où'ils
avaient mêlé tin peu de sang tiré de l'énlre-
Cippus Venelius, — chef d'une partie,de enfants, ils pen-
l'Italie qui, avoir assisté;') combat dêux des sourcils de leurs
, pour un saient par là se préserver,, pour tout le mois,
de' taureaux et avoir eu toute la nuit l'inia-
sjinalion occupée de cornes, se trouva un front
de tout malaise. Des prêtres faisaient ensuite
des conjurations afin'd'éloigner les maladies,
cornu le lendemain. D'autres disent que ce cl les Péruviens croyaient
prince,, entrant victorieux à Home, s'aperçut que loutes les fiè-
regardant dans le Tibre qu'il lui était poussé vres étaient chassées à cinq où six lieues de
en leurs habitations'.
des cornes; il consulta les devins,pour savoir
ce que lui présageait une circonstance si ex-
clairon, ( CLAIIIE-JOSÈPIIE-LEÏBIS HE LA--
traordinaire. Oh pouvait, expliquer ce prodige .ï'ynis, connue sôus.le nom dilippolyle)-,.—
de plusieurs façons ; on lui dit seulement que tragédiemie française, :moule,en 1803. Dans
c'était Une marque qu'il régnerait dans Rome ; ses Mémoires, publiés .en '1799, elle raconte
mais il n'y voulut plus entrer. Cette modéra- l'histoire d'un revenant qu'elle croit être l'âme
lion est plus merveilleuse que les cornés. délit, de S...., fils d'un négociant de Bre-
tagne, dont elle avait rejeté les voeux à cause
Ciroé, — fameuse magicienne qui changea
les compagnons d'Ulysse en pourceaux. Elle
de son humeur haineuse et mélancolique.,
quoiqu'elle |ui eut accordé son amitié. Cette
savait composer des potions magiques et-des
passion malheureuse l'avait, conduit au tom-
enchantements-par lesquels, au moyen du
diable, elle troublait l'air, excitait les grêles
beau. 11 avait souhaité de la voir dans ses
derniers moments; mais on avait-'dissuadé
et les tempêtes, et donnait aux hommes des
Clairoii de faire cette démarche ;
| maladies de corps et d'esprit. Saint .lean- -mademoiselle
Chrysostome regarde la métamorphose des et il s'était écrié avec désespoir : « Elle n'y
gagnera rien je la poursuivrai autant après
compagnons d'Ulysse comme une allégorie. ,
, ma mort que je l'ai poursuivie pendant ma
Circondelïibns, '— fanatiques du quatrième vie !... Clairon
» — Depuis lors, mademoiselle
i, siècle, de la secte des dbnàtisles. Ils parurent entendit, vers les onze heures du soir, pen-
V Cl> Afrique. Armés d'abord de bâtons qu'ils dant plusieurs mois, un cri aigu ; ses gens,,
appelaient b'âttinâ d'Israël, ils commettaient amis, ses voisins; la police même, enten-
,
| ions les brigandages sous prétexte dte rétablir dirent ses
ce bruit toujours à la même heurte:,
'égalité. Ils prirent bientôt des armes plus toujours
; parlant soùs ses fenêtres, el ne par
.; offensives pour tuer les catholiques. Oh les
raissant sortir que du vague de l'air. Ces cris
i appelait aussi' scolbpèles; ils faisaient grand cessèrent quelque temps ; mais ils furent rem-
c»s du diable' et l'honoraient en se coupant là placés, toujours à onze heures du soir, par
Sorge en se noyant, eh se jetant eux et leurs
-
femmes , un Coup de fusil tiré dans ses fenêtres ; sans
...
dans lies précipices. A là suite dé Frê;- qu'il en résultât aùbu'iv dommage. Là rue lut
*„,
"eric Barberousse, 'du treizième siècle, 'on vit remplie d'espions'; et ce bruit fût énïen'dh;,
"'. reParaitre des circoncellibnsqùi damnaient lés frappant toujours à la même heure; dans le
catlioliqUes. Ces violents sectaires
ne "cïuré- même carreau de vitre, sans que jamais per-
\ rei|t pas long-temps. '' sonne ait pti voir de qùei'endroit il partait. A
Cire. —C'est avec de là ciréqtfè lès sof- ces explosions succéda un claquement > dé
;
?
C10''es composaient les petites figurés hlàgi1-
T Apotolesmata astrologiïe humanaî, lioc est dé mut-
•;
(l<ies qu'elles faisaient fondre pour envoûter' tationibus lemporum. Alcala, 1521
GLA GLl«:
— 1/Ui. —
mains, puis des sons mélodieux. Enfin tout prodiguer 1 argent. Il rend complaisance pom
,
cessa après, un-peu plus de deux ans et demi '. complaisance à qui l'appelle '.
— Voilà, ce. que disent les Mémoires publiés Clauzette. — Sur la fin de 4681, une fili0
par mademoiselle Raucourt. Ce qui n'empêche insensée, Marie Ciauzette, se mit à courir fe
pas que ce fait n'est qu'une mystification, qui champs aux environs de Toulouse, en se ré-
eût fait plus de bruit à Paris si c'eût été autre clamant du nom de Robert, qu'elle disait être
chose. le maître de tous les diables. On la crut poj..
-
Clarus. — Saint Augustin rapporte qu'un sédée, et tout le monde voulut la voir. Qua-
jeune homme de condition, nommé Clarus, tre jeunes filles, qui assistèrent aux premiers
s'étant donné à Dieu dansun monastère d'Hip- exorcismes,se crurent possédées pareillement.
pone, se persuada qu'il avait commerce avec Le vicaire-général de Toulouse, voulant
les anges; il en parla dans le couvent. Comme, éprouver si la possession était vraie, fit em-
les frères refusaient de le croire, il prédit, que: ployer d'abord des exorcisines feints; el l'eau
la. nuit suivante. Dieu lui enverrait une robe commune, la lecture d'un livre profane, le
blanche avec laquelle il paraîtrait au milieu ministère d'un laïque habillé en prêtre, agitè-
d'eux. En effet, vers minuit, le monastère.fut rent aussi violemment les prétendues possé-
ébranle, la cellule du jeune homme parut dées, qui n'étaient pas prévenues, que si un
brillante de lumière, on entendit, le bruit de prêtre eût lu le rituel avec des aspersions
plusieurs personnes qui allaient, venaient et d'eau bénile. Les médecins déclarèrent que
parlaient entre elles, sans qu'on pût les voir. le diable n'était pour rien dans celte affaire,
Clarus sortit de sa cellule et montra aux frères Les possédées vomissaient des épingles cro-
la tunique dont il était vêtu : c'était une étoffe chues ; mais on remarqua qu'elles les ca-
d'une blancheur admirable el d'une finesse chaient dans leur bouche pour les rejeter de-
,
si extraordinaire qu'on n'avait jamais rien vant les spectateurs. Le parlement de Toulouse
vu de semblable. On passa le reste de la nuit proclama la fraude et dissipa cette ridicule
à chanter des psaumes en actions de grâces ; affaire.
ensuite on voulut conduire le jeune homme à Clavicules de Salomon, —: 1)0;/. SA1.0510S,
saint Augustin; mais il s'y opposa, disant que
les anges le lui avaient défendu. Cependant on Clay (JEAN), — littérateur allemand, mort
neTécouta point; et, comme on l'y conduisait en 1592. On rechercheson Allcumislica, petit
malgré sa résistance, la tunique disparut aux poème en vers allemands, contre la
folie des
des assistants; qui, fit juger le alchimistes et faiseurs d'or.
yeux ce que
tout n'était qu'une illusion de l'esprit de té- Clèdonism.ancie, — divination tirée de cer-
nèbres. taines paroles qui, entendues:ou prononcée;
Classyalabolas, —: 1)01/. CAAÇIUNOLAAS. en diverses rencontrés, étaient regardées
comme bon ou mauvais présage. Celte divi-
iCtaude, —prieur de Laval, fit imprimer à nation était surtout, en usage à Smyrne ; il y
lafindu seizième siècle un livre intitulé : Dia- avait un temple où c'était ainsi qu'on rendait
logues de la Ly.canthropie. les oracles.. Un nom seul offrait quelquefois
Clauder (GAIHUE!,), —savant saxon, mort l'augure d'un bon succès. Léotychide,, pressé
en '1691, membre de l'académie des Curieux par un Samien d'entreprendre la guerre con-
delà Nature. Il a laissé, dans les Mémoires de tre les Perses , demanda' à ce Samien son
cette société, divers opuscules singuliers : tels nom; et, apprenant qu'il s'appelait Hégési-
sont : « le Remède diabolique du délire, » el « les slrale, mot qui signifie conducteur d'armée, il
Vingt-cinq ans de séjour d'un démon sur la répondit : « J'accepte l'augure-, d'Hégési-
terre 2. » Son neveu, Frédéric-Guillaume Clau- strale. » Ce qu'il y av.ail.de commode en tout
der, a donné, dans les Éphémérides de la ceci, c'est qu'on était libre d'accepter ou de
même académie, un petit traité surles nains:). refuser le mol.à présagé. S'il était saisi par
clauneck.,;—démon qui a puissance sur celui qui l'entendait et qu'il frappât soninw;
mais si
les biens, sur les richesses; il fait trouver des gination, il avait toute son, influencefaisait
;

trésors à celui qu'il sert.en vertu d'un pacte. l'auditeur.le laissait tomber, on n'y
pW

Il est aimé de Lucifer, qui le laisse maître de une prompte attention, l'augure était
sa»;
force.
1 Mémoires d'Hippolyte Clairon, édit. de Buisson, Clef d'or. — On a publié, sous le titre *
p. 167. la Clef d'or, plusieurs petits volumes stupMe:
De Diabolicodelirii remedio. — De Diabolo per vi-
2
ginîi quinque annos fréquentante cum mulierc nulla; qui enseignent les moyens infaillibles de fa"*
vcncficii-opera.
3 De nanoruin geueratione. 1 Obediasilli,etoliediet.Clavicules de SiUomon, !'lj'
CLE — 1/I5 — CLE
fortune avec la loterie, et qui, quand la lote- Cléonice. — Pausnnias, général lacédé-
rie existait, ne faisaient que
des dupes. La i lonien, ayant tué à Vicence une vertueuse
Olf.f d'or ou le Véritable trésor de la fortune, j unie fille, nommée Cléonice, qui lui avait re-
nui se réimprimait de temps en temps à Lille, i sté, vécut dans un effroi continuel et ne
chez Casliaux, n'est pas autre chose que la i ossa de voir, jusqu'à sa mort,
le spectre de
découverte des nombres sympathiques, que • elle jeune fille à ses côtés. Si l'on connaissait
l'auteur se vante d'avoir trouvés, ce qui lui a e qui a précédé les visions, on en trouverait
valu trois cent mille francs en deux ans et ouvent la source dans les remords.
demi. Il est mal de mentir aussi impunément cléopâtre. — C'est, dit-on, une erreur que
pour engager les pauvres gens à se
ruiner opinion où nous sommes que Cléopâtre se fit
dans les loteries. Or, les cinq nombres sympa- nourir avec deux aspics. Plularque dit, dans
thiques ne manquent pas de sortir, dil-il ef- a vie de Marc-Antoine, que personne n'a ja-
frontément, dans les cinq tirages qui suivent nais su comment elle était morte. Quelques-
la sortie du numéro indicateur. Il faut donc îns assurent qu'elle prit un poison qu'elle
les suivre pendant cinq tirages seulement ivait coutume de porter dans ses cheveux.
pour faire fortune. Par exemple , les
nombres 3n ne trouva point d'aspic dans le lieu où elle
sympathiques de 4sont30, 40, S0, 70,7(5. Ces 3taii morte; on dit seulement qu'on lui re-
cinq numéros sortiront dans les cinq tirages marqua au bras droit deux piqûres imper-
qui suivrontla sortie de 4, non pas tous à la fois 3epfibles; c'est là-dessus qu'Auguste hasarda
peut-être, mais au moins deux ou trois ensem- l'idée, qui est devenue populaire, sur le genre
ble. Du reste les nombres sympathiques sont de sa mort. 11 est probable qu'elle se piqua
imaginaires, et chacun les dispose à son gré. avec une aiguille empoisonnée *.
OlèidomancieOU Cleidonomanoie,—divina- Clèromanoie, — art de dire la bonne aven-
tion par le moyen d'une clef. On voit dans Del- ture par le sort jeté, c'est-à-dire, avec des
rio etDelancre qu'on employait celle divination dés, des osselets, des fèves noires ou blan-
pour découvrir l'auteur d'un vol ou d'un meur- ches. On les agitait dans un vase, et après
tre. On tortillait autour d'une clef un billet con- avoir prié les dieux on les renversait sur une
tenantle nom de celui qu'on soupçonnait ; puis table et l'on prédisait l'avenir d'après la dis-
on attachait.celte clef à uneBible, qu'une
fille position des objets. 11 y avait à Bura, en
viergesoutenaildesesmains. Le devin marmol- Achaïe, un oracle d'Hercule qui se rendait
taitensuitetoutbasle nomdes personnessoup- sur un tablier avec des dés. Le pèlerin, après
çonnées, et on voyait le papier tourner el se avoir prié, jetait quatre dés dont le prêtre
mouvoir sensiblement. — On devine encore considérait les points, et il en lirait la conjec-
d'une autre manière par la cléidomancie. On ture de ce qui devait arriver. 11 fallait que ces
attache étroitement une clef sur la première dés fussent faits d'os de bêles sacrifiées -. Le
page d'un livre; on ferme le livré avec une plus souvent on écrivait sur les osselets ou
;,
corde, de façon que l'anneau de la clef soit sur de petites tablettes qu'on mêlait dans une
;. dehors ; la personne qui a quelque secret à urne; ensuite on faisait tirer un lot par le
; découvrir par ce moyen pose le doigl dans premier jeune garçon qui se rencontrait; et si
;.
l'anneau de la clef, en prononçant tout, bas le l'inscription qui sortaitavaildu rapport avec ce
! nom qu'elle soupçonne. S'il est innocent, la qu'on voulait savoir, c'était une prophétie cer-
clef reste immobile; s'il est coupable, elle taine. Cettedivinationétait communeenEgypte
tourne avec une telle violence, qu'elle rompt et chez les Romains ; el l'on trouvait fréquem-
la corde qui attache le livre l. Les Cosaques ment des cléromanciens dans les rues et sur les
et les Russes emploient souvent celle divina- places publiques, comme on trouvedans nos fê-
.
;: lion, mais ils mettent la clef en travers et non tes des cartomanciens. Voy. ÀSTIIAGALOJIANCIE.
; a
plat, de manière que la compression lui fait
élèves. — On dit que le diable est chef de
'. 'aire le quart de tour. Ils croient savoir par là
cette noble maison et père des comtes de
'(. S1 la maison où ils sont est riche, si leur fa-
Clèves. Les cabalistes prétendent que ce fut
ni'He se porte bien en leur absence, si leur
'•
un sylphe qui vint à Clèves par les airs, sur
<
l)ere vit encore, etc. Ils en font usage surtout navire merveilleux traîné par des cygnes,
t Pour découvrir les trésors. On les plu- un
a vus midi, la vue
ï sieurs fois en France recourir à cet oracle de et qui repartit un jour, en pleinnavire àaérien.
de tout le monde sur son
;:; a clef sur l'Évangile de saint Jean, durant. à
V "mvasionde 48U. « Qu'a-t-il fait aux docteurs qui les oblige

»l',!)*,ltKi Incrédulité et 1 Voy<izlBrown,Dcslîrrairs populaires, liv. v,cli.l2.


mécrdalice du sortilège
- r-uanement convaincue, traité 5., 2 Delancre, l'Incrédulité et mécréance, etc.; traité 6.
10
GLO _ lift — OU)
l'ériger en démon? » dit. l'abbé de A'illars '. parce que leur mouvement a peu d'intensii;',.
C'est en mémoire de celte origine merveil- mais le bruit seul agite l'air avec violence, cj
leuse, diversement expliquée, qu'on avait le son du tambour sur un lieu''élevé i'ertiji
érigé, au pays de Clèves, l'ordre des cheva- peut-être le môme effet d'attirer la foudre. On
liers du Cygne. a cru encore, dans certains pays, qu'on s(.
Climatérique, — VOIJ. As.NÉE. mettait à l'abri de toute atteinte des ora^s
en portant sur soi un morceau de la corde
Clistheret, — démon qui l'ail paraître la attachée à la cloche au moment do son ban-
nuit au milieu du jour, et. le jour au milieu de lême. Il nous reste à dire un mot de |;l
•—
la nuit, quand c'est, son caprice, si vous en Cloche du Diable. Dusaulx visitant les Pyré-
croyez les Clavicules de Sahmon. nées à pied, son guide, qui élait un franc
Cloches. •— Les anciens connaissaient les montagnard, le conduisit dans un marécage,
cloches, dont on attribue l'invention aux Egyp- comme pour lui montrer quelque chose de
tiens. Elles étaient connues à Athènes el chez curieux. 11 prétendit qu'une cloche avait jadis
les Boniains. Les musulmans n'ont point de été enfoncée dans cet endroit ; que cent ans
cloches dans leurs minarets; ils croient que après, le diable, à qui appartenaient alors ions
le son dès cloches enraierait les âmes des les métaux souterrains, s'était emparé de celle
bienheureux dans le paradis. — Les cloches cloche, et qu'un pâtre depuis peu de temps
l'avait entendu sonner pendant la nuit de
ne furent généralement en usage, dans les
églises chrétiennes, que vers le septième siè- Noël dans l'intérieur de la montagne. « Fort
cle. On voit, dans Alcuin que la cérémonie bien, dit. Dusaulx; ce qu'on a pris pour le son
du baptême qui les consacre ,
avait lieu déjà d'une cloche ne viendrait-il pas plutôt des
du temps de Charlemagne. — C'est, dit-on, eaux soulerraines qui s'engouffrent dans quel-
parce qu'elles sont baptisées que les cloches que
cavité? —Oh! crue non, » répliqua le
sont odieuses à Satan. On assure que quand guide. — 11 y a des cloches célèbres, (lu
le diable porte ses suppôts au sabbat, il est respecte beaucoup, dans les Pyrénées, la clo-
forcé de les laisser tomber s'il entend le son che do la vallée; on lui donne toutes sortes
des cloches-. Torquemada raconte dans son d'origines merveilleuses : la plus commune,
Hexaméron, qu'une femme revenant ,
(lu sab- c'est qu'elle a été fondue par les anges. On
bat, portée dans les airs par l'esprit malin, l'entend, ou peut-être on croit l'entendre
entendit la cloche qui sonnait VAngehis. Aus- quelquefois ; mais on ne sait pas où elle est
sitôt le diable l'ayant lâchée, elle tomba dans suspendue. C'est celle cloche qui -doit, à ce
une haie d'épines au bord d'une rivière. Elle que disent les montagnards, réveiller leurs
aperçut un jeune homme à qui elle demanda patriarches endormis dans les creux des ro-
secours, et qui, à force de prières, se décida chers, et appeler les hommes au dernier ju-
à la reconduire en sa maison. Il la pressa tel- gement. •—• Lorsque Ferdinantl—le—Catholique
lement de lui avouer les circonstances de son fut attaqué de la maladie dont il mourut, la
aventure qu'elle la lui apprit; elle lui fit en- fameuse cloche de la Villela (qui a dix bras-
suite de petits présents, pour l'engager à ne ses détour) sonna, dit-on, d'elle-même; ce
rien dire; mais la chose ne manqua pourtant qui arrive quand l'Espagne est menacée de
pasdesô répandre.— On croit, dans quelques quelque malheur. On publia aussitôt qu'elle
contrées, que c'est le diable qui excite les annonçait la mort du roi, qui mourut effecti-
tempêtes, el que, par ainsi, les cloches con- vement peu après.
jurent les orages. Les paysans sonnent donc Clofye, — oiseau d'Afrique, noir et gro-
les cloches dès qu'ils entendent le tonnerre,
comme un étourneau. C'est pour les nègres un
ce qui maintenant est reconnu pour une im- oiseau de présage. Il prédit, les bons événe-
prudence. Citons à ce sujet un fait consigné ments lorsqu'en chantant il s'élève dans le.;
dans les Mémoires de l'Académie des scien- airs; il on pronostique de mauvais s'il s'a-
ces : « En l'7;l8 , le 15 août, un vaste orage baisse. Pour annoncer à quelqu'un une morl
s'étendit sur la Basse-Bretagne: lé tonnerre funeste, ils lui disent le clofye. a chaulé
tomba sur vingts-quatre églises situées entre sur lui-.. que
Landernau et'Sainl-Pol-de-Léon ; c'était pré-
cisément celles où l'on sonnait pour écarter la Clotho. — L'une des trois Parques et lu
foudre ; celles où l'on ne sonna pas furent plus jeune. C'est, elle qui file les destinées;
épargnées. » M. Saignes pense cependant que on lui donne une quenouille d'une hauteur
le son des cloches n'attire pas le tonnerre, prodigieuse. La plupart des mythologues to
placent avec ses soeurs à la porte du repaie
1 L'abbé de Yillars, dans le Comte de Gnbalis,
de Pluton. Lucien la met dans la barque»
GOB — Mxl — COC
r.aron; mais nularqueclitqu elle est clans la es reins. « Cette sorte de démons eslprésen-
lune, dont elle dirige les mouvements. emenl assez plaisante, car tantôt vous les
quelques verrez rire, tantôt se gaudir, tantôt sauter
.clou. -—Il y a, sur les clous, pe- le joie et faire mille tours de singe;'ils
con-
tites superstitions dont on fera son profit. Les Irel'eronl et imiteront les singes, et feront tant
Grecs modernes sont persuadés qu'en fichant
3l plus les embesognés, combien qu'ils ne fas-
le clou d'un cercueil à la porte d'une maison
sent rien du tout. A cette heure, vous les
infestée, on en écarte à jamais les revenants
fantômes. Bogue! parle d'une verrez bêcher dans les veines d'or ou d'ar-
et les — sor- gent, amasser ce qu'ils auront bêché, et le
cière qui, pour un cheval blessé, disait cer- mettre des corbeilles et autres vaisseaux
forme d'oraison, el piaulait,e.tj^,,;, en
tains mois en
clou qu'elle relirait jamais. Le1p|;: pour cet effet préparés, tourner la corde et
terre un ne là poulie afin d'avertir ceux d'en haut de ti-
Romains, pour chasser la peste, fichaient un rer le mêlai, et fort rarement voit-on-qu'ils
clou dans une pierre qui était au côté droit, offensent les ouvriers, s'ils ne sont: gran-
du temple de Jupiter; ils en faisaient autant dement provoqués de brocards, injures et ri-
contre les charmes et sortilèges, et pour apai- sées dont ils sont, impatients. Alors ils jette-
ser les discordes qui survenaient entre les ci- premièrement de la terre el des petits
ront
toyens. « 11 y en a pareillement, qui, se vou- cailloux aux yeux des pionniers, el quelque-
lant prévaloir contre leurs ennemis, plantent fois les blesseront.i.
»
un clou clans un arbre. Or, quelle force peut
avoir ce clou ainsi planté •? » j Coboli, —génies ou démons révérés par
les anciens Sarmales. Ils croyaient
ciovïs, — fils de Chilpéric Ier. Il ne restait esprits habitaient les parties les plus que ces
secrètes
à Chilpéric que ce fils de sa première femme;
des maisons, el même les fentes du bois. On
il fut assez indiscret pour s'expliquer sans
leur offrait les mels les plus délicats..Lors-
ménagement sur Frédégonde, qu'il regardait qu'ils avaient, l'intention de se fixer dans une
comme son ennemie. Elle résolut de s'en dé- habitation, ils en prévenaient ainsi le père de
barrasser. Clovis aimait une jeune fille de famille assemblaient, des las de
: la nuit ils
basse extraction : un émissaire de Frédégonde
vint dire au roi que c'était la fille d'une ma- copeaux
el répandaient de la fiente de divers
les artifi- animaux dans les vases de l'ait; gracieuses
gicienne; que Clovis avait employé
manières de s'annoncer. Si le lendemain le
ces do cette femme pour se défaire de ses maître de la maison laissait ces copeaux en
deux frères (empoisonnés, à ce qu'on croit) el
faisait boire à sa famille le lait
qu'il tramait la mort de la reine. La vieille un las, et
ainsi souillé, alors les cobolis se rendaient vi-
femme, mise à la question, fui forcée d'avouer
sibles et habitaient, désormais avec lui; mais
qu'elle était sorcière. Clovis, convaincu, fui
s'il dispersait les copeaux et jetait le lait, ils
dépouillé de ses riches vêlements el conduit
dans une prison où des assassins le poignar-
allaient chercher un autre gîte.
dèrent, si les historiens disent vrai; el on fit" Cocconas, — V01J. ALEXANDRE DE PAIUILA-
accroire au monarque qu'il s'était tué lui— G0NI1Î.
' même. La magicienne, dont la fille venait Cochon. -— Est-il vrai, comme le croit le
aussi d'èlrc mise à mort, fut épouvantée de
peuple, que de tous les animaux le cochon
ses aveux, qu'elle rétracta ; mais on se hâta
de lui imposer silence en la conduisant au soit celui dont 'l'organisation ait le plus.de
Mieher. C'est du moins ainsi que racontent ressemblance avec celle de l'homme? « Sur
les choses, des chroniqueurs favorables, ce point, dit M. Saignes, on ne saurait mieux
peu faire que do s'en rapporter à Cuvier. Or, voici
i'est vrai, à Frédégonde.
ce que lui onl révélé ses recherches. L'esto-
Cobaies, ~ génies malins et trompeurs 'de mac de l'homme et celui du cochon n'ont
'a suite de Bacchus, dont ils étaient à la fois
.;
les gardes et les bouffons. Selon Leloyer, les
aucune ressemblance : dans l'homme, :ce vis-
cère a la forme d'une cornemuse ;•dans le.co-
Cobales,
connus des Grecs, étaient des dé- chon, il est globuleux ;:dans l'homme, le foie
mons doux et paisibles, nommés par quel- est divisé en trois lobes;, dans le cochon,, il
ques-uns bonhomets ou petits -Bonshommes est divisé en quatre; dans l'homme,, la rate
G<=s montagnes
parce qu'ils se montrent en est courte et ramassée; dans le cochon, elle
v'cux nains de, basse stature ; ils sont vêtus est longue et plaie.; dans l'homme, le canal
.
court, demi-nus, la manche retroussée intestinal égale sept à huit fois la longueur du-
s«l! 1' l'épaule,
et portent un tablier de cuir sur
1 Leloyer, Hist. et "Disc, des spectres, etc., p. 345 ;
15°giu>t, Discours des sorciers, ch. 40, post Wiernin, De praïst., lib. i, cap. 22. -
10. .
coc 1/18 — COI
corps; dans le cochon, il.égale quinze à dix- pable d'un meurtre. H est. probable que ces
huit fois la même longueur. Son coeur pré- prophéties n'ont élé faites qu'après coup.
__
sente des différences notables avec celui de Coclès a écrit sur la physiognomonie et -l;i
l'homme; el j'ajouterai, pour la satisfaction chiromancie ; mais son livre a subi des modi-
des savants,et des beaux-esprits, que le vo- fications. L'édition originale est: P'hysiogno-
lume de son cerveau est aussi beaucoup mica aeg^romancice Anastasis, sive compen-
moins considérable, ce qui prouve que ses dium ex pluribus et ptmb infinitis aulorVms,
facultés inlellecluelles sont inférieures à celles cum approbatione Alexandri AchiUini,]ioh-
de nos académiciens. » — Il y aurait bien des gne, "1504, in-fol. La préface est d'Acidifiai.
choses à dire sur le cochon. Le diable s'est
quelquefois montré sous sa figure. On conte, ;jW«ucoio, — démon succube, adoré aux Indes
Naples, qu'autrefois il apparaissait souve^p dentales et mentionné par Bodin 1.
avec cette forme dans le lieu même où l'église Cooyte , — l'un des fleuves de l'enfer des
de Sainte-Marie-Majeure a depuis été bâtie , anciens. Il entourait le ïartare el n'était
ce qui réjouissait peu les Napolitains. Dès formé que des larmes des méchants.
que l'église fui commencée, la singulière ap-
parition ne se montra plus. C'est en mémoire Code des Sorciers, voy. SoRCIEHS.
de cet événement que l'évêque Pomponius fil
faire le pourceau de bronze qui est encore sur Codronohi (BAPÏISTIS), — médecin d'imola
seizième siècle. Il a laissé un traité des an-
le portail de cette église. — Camérarius ra- au nées climalériques, de la manière d'éviter le
conte que, dans une ville d'Allemagne, un danger, des d'allonger sa vie 2.
Juif malade étant venu chez vieille, et el moyens
une
lui ayant demandé du lait de femme, qu'il Coeiicoles, — secte juive qui adorait les as-
croyait propre à le guérir, la sorcière s'avisa tres, et les anges gardiens des astres.
de traire une truie- el en porta le lait au^.luif,
qui le but. Ce lait, commençant à opérer, le Coeur. — Des raisonneurs modernes ont cri-
Juif s'aperçut qu'il grognait el devina la ruse tiqué ce qui est dit dans VEcclèsiaste, que le
de la sorcière, qui voulait sans doule lui faire coeur du sage est au côté droit, et celui de
subir la métamorphose des compagnons d'U- l'insensé au côté gauche. Mais il faut enlendre
lysse. Il jeta le reste du lait sans le boire, et. cette maxime comme le mot de Jouas, à pro-
incontinenttous les cochons du voisinage mou- pos de ceux dés Ninivites qui ne savaient pas
rurent * faire la différence de leur main droite et de leur
main gauche, c'est-à-dire du bien et du mal.
Codés (BARTHÉLÉMY) , — chiromancien du Que le coeur de l'homme soit situé au côté
•—
seizième siècle. Il avait aussi des connaissan- gauche de la poitrine, c'est
un sentiment qui,
ces, en astrologie el en physiognomonio. 11 à la rigueur, peut être réfuté par l'inspection
prédit à Luc- Gauric, célèbre astrologue du seule, dit le docteur Brown; car il est évident
même temps, qu'il subirait injustement une la base et le centre du coeur sont exacte-
peine douloureuse et infamante, Luc Gau- que
et ment placés au milieu. La pointe à la vérité
ric fut en effet condamné au supplice de l'es- incline du côté gauche; mais on dit de l'ai-
trapade par Jean Bentivoglio, tyran de Bo- guille d'un cadran qu'elle est située au cen-
logne, dont il avait pronostiqué l'expulsion
tre, quoique la pointe s'étende vers la circon-
prochaine. Coclès prophétisa qu'il serait lui- férence du cadran. —'Nous rappellerons que
même assassiné, el périrait d'un coup sur la quelques hommes ont oii le
coeur velu, foi/,
tête ; son horoscope s'accomplit ponctuelle- AllISTOMÈNE.
ment, car Hermès de Bentivoglio , fils du ty-
ran, ayant appris qu'il se mêlait aussi de Coiffe. — On s'est formé différentes idées
prédire sa chute, le fit assassiner par un bri- sur la membrane appelée coiffe, qui couvre
gand: nommé Caponi, le 24- septembre '1804 2. quelquefois la tête des enfants lorsqu'ils soi'-*
On assure même que, connaissant le sort qui tent du sein de leur mère. Les personnes su-
le menaçait, il portait depuis quelque,temps perstitieuses la conservent avec soin, comme
une calotte de fer, et qu'il ne sortait qu'armé un moyen de bonheur, el on dit d'un homme
d'une épé'e à deux mains. On dit encore que heureux qu'il est né coiffé. On a même dit que
celui qui devait l'assassiner étant venu le cette coiffe étend ses effets favorables jusque
consulter peu auparavant, il lui prédit qu'a- sur ceux qui la portent avec eux. Spartien
vant vingt-quatre heures il se rendrait cou-
Démonomanie,liv. cli. 7.
1 H,
De annis climaiericis, neç non de ratione vitali'j
2
1 Camérarius, Denat. et afîect. doemcjn., in prcemio. eorum pcricula, itemqne de modis vitam productif 1

a M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés. domrnentarius. In-S". Pologne, 1620'.


COL — 1A9 — COL
parle de cette ~,,..~.„.i :i:.... dans
~ superstition .}.,,.„ la .,:« d'An-
i., vie .t'A.. y trouve i art cie
^.„ i»—i ,i_ dresser
.i .__.. sortes
toutes i~tKx
i-- ae mêmes
tonin ; il dit que les sages-femmes vendaient d'horoscopes, avec des exemples de nativités
ordinairement ces coiffes naturelles à des ju- calculées.
risconsultes crédules, qui en attendaient d'heu- (GABRIEL BE),—mathématicien
leurs affaires. Us étaient Collanges
reux résultats pour né en Auvergne en 4 1524. Il n'employa ses con-
persuadés que ce talisman leur ferS(^agner qu'à la recherche des secrets de la
disputait chez naissances
toutes les causes 1. On se les nous cabale el des nombres. 11 est traducteur de
siècle. Dans quelques provinces
au seizième , la Polygraphic et, universelle Écriture caba^-
croyait, que la coiffe révélait une vocation
on lislique d.e Trilhàme, Paris, 4 86/1, in-4°. On
à la vie monastique 2. Les sages-femmes Pj£^»
^HH[ fr.ile plusieurs ouvrages de lui, dont aucun n'a
disaient aussi, chez nos pères, le sort de Ifeé imprimé, non plus que sa version de la
faut qui apportait la coiffe sur la tête. -^g^^
^Philosophie occulte d'Agrippa. Il a laissé ma-
AMNIOMANCIB.—Avantque l'empereur Macrin
le trône, femme lui donna nuscrit un Traité de l'heur et malheurdu nia-*
montai sur sa un riage.
fils qui naquit coiffé. On prédit qu'il s'élève-
rait au rang suprême, et on le surnomma Dia- Collehîtes, — pierre que l'on assure être
Jcmahis. Mais quand Macrin fui tué, il arriva propre à chasser les démons el à prévenir les
de Diadematus qu'il fut proscrit et tué comme charmes '. Mais on aurait dû la désigner.
son père.
Colleman (JEAN),— astrologue, né à Or-
Coirières (CLAUDE),-—sorcière du sei- léans ; le roi Charles VU en faisait grand cas.
zième siècle. Pendant qu'elle était, détenue en LouisXI, dit-on, lui donna des pensions, parce
prison, elle donna une certaine graisse à un qu'il lui apprit à supputer- des almanachs.
nommé François Gaillard, pareillement pri- On dit que Colleman étudiait si assidûment le
sonnier, lequel, s'en étant, frotté les mains, fut cours de la lune, qu'à force d'application il en
enlevé de sa prison par l'assislance du diable, devint lépreux 2
qui toutefois le laissa reprendre 3.
Collyre. — On voit dans la Lycanthropie
Colarbasse , — hérétique valenfinien , qui de Nynauld qu'un sorcier faisait un cerlain
prêchait la cabale et l'astrologie comme scien- collyre avec le fiel d'un homme, les yeux d'un
ces religieuses. Il était disciple doValénlin.
.
11
chat noir et, quelques autres choses qu'il ne
disait que la génération et la vie des hommes lequel faisait voir et, apparaître
dépendaient des sept planètes ; que foule la
nomme pas; «
en l'air ou ailleurs les ombres des dé-
perfection et la plénitude de la vérité était
mons. »
dans l'alphabet grec puisque Jésus-Christ
,
était nommé Alpha et Oméga''. Colokyntho-Pirates, — pirates fabuleux ,
(ANTIBE) ,—sorcière du seizième qui, dans l'histoire véritable de» Lucien , na-
Colas viguaient sur de grandes citrouilles ou colo-
siècle, qui, avecle'diable, qu'elle nommait Li-
zabei, fut appréhendée et mise en prison, sur
quintes longues de six coudées. Lorsqu'elles
l'avis de Nicolas Milliôre, chirurgien. Elle étaient sèches ils les creusaient ; les grains
,
leur servaient de pierres dans les combats, et
confessa qu'étant détenue à Beloncourt, le
diable s'était apparu à elle en forme d'homme les feuilles de voiles ,
qu'ils attachaient à un
noir, et l'avait sollicitée à se jeter par une fe- mât de roseau.
nêtre, ou bien à se pendre; mais qu'une au- Colombes. •— Il y avait dans le temple de
Ire voix l'en avait dissuadée. Convaincue d'ê- Jupiter, à Dodone, deux colombesque l'on gar-
Ire sorcière celle femme fut brûlée à Dôle dait soigneusement; elles répondaient d'une
,
en 1599 5, et c'esl ainsi que se terminent or- voix humaine lorsqu'elles étaient consultées.
dinal rement les histoires racontées par Boguet. Biais on voit dans Pausanias que c'étaient des
Jouîmes prêtresses qu'on appelait colombes do-
Coley (HENRY),—astrologueanglais, mort doniennes.—LesPerses, persuadés que le so-
en 1690. On a de lui, la Clef des éléments de horreur les colombes blanches,
l'astrologie, Londres, 1673 in-S°. C'est un leil avait en
, les regardaient comme des oiseaux de mauvais
traité complet de celte science fantastique. On
augure, et n'en souffraient point dans leur
pays,
1 Brown, Des Erreurs popul., t. II, p. 88.
Salgues, Des Erreurs et des préjugés. Delancre, Tableaudel'Inconstance desdémons^ etc.,
*
" Boguet, Discours des sorciers, ch. 52, p. 327. liv. iv, p. 297.
* Bergier,
Dict. tliéolpg. 2 Ancien manuscritde la Bibliothèqueroyale,,Voyez
'' Signet, Discours des sorciers, çli. 13, p. 325, Joly, Remarques sur-Baylc, à la un.
.
» Goionne du Biabie,. — Un conserve a rra- pourlesuns, uesl heureux pour les antres, pnis. ;
gue trois pierres d'une colonne que le diable3 qu'en accablant ceux-ci d'une grande défaite, il
apporta de Home pour écraser un prêtre avec3 donneà ceux-là une grande victoire.—Cardan <
lequel il avait fait pacte et le tuer pendant,t explique ainsi les causes de l'influence des eo-
qu'il disait la messe. Mais ,
saint Pierre s'il1 môtes sur l'économie du globe:: « Elles rendent ':.
faut en croire la légende populaire, élant ,sur- l'air plus subtil et moins dense dit-il, en i'é- :
,
venu, jeta trois fois de suite le diable et saa chauffant plus qu'à l'ordinaire : les personnes s
colonne dans la mer, et celte diversion donna a qui vivent au sein delà mollesse, qui ne don- i;
au prêtre le temps de sorepentir. Le diable e nent aucun exercice à leur corps, qui se notir-
en fut si désolé qu'il rompit la colonne et see rissent trop délicatement, qui sont d'une santé
.-

sauva 1. ||t
JlflfUible,
,r
d'un âge avancé el d'un sommeil peu {
^•©'tranquille, souffrent dans un air moins animé, f
Corokadaxus, — divinité dormante des Ja-ï"
ponais. C'était un bonze dont, ils racontent l'a- et meurent souvent par excès de faiblesse.
.,
necdote suivante A huit ans, il fit construire Cela arrive plutôt aux princes qu'à d'autres, \
. à cause (lu genre de vie qu'ils mènent; el, il
un lemple magnifique; et, prétendant être las
Js suffit, que la superstition ou l'ignorance aient
de la vie, il annonça qu'il voulait, se retirer
dans une caverne et y dormir dix mille ans : attaché aux comètes un pouvoir funeste, pour ,
;I_

qu'on remarque, quand elles paraissent, des


en conséquence, il y entra; l'issue fui scellée 6
sur-le-champ : les Japonais le croient encoree accidents qui eussent, été fort naturels en tout
vivant. autre lemps.—On ne devrait pas non plus s'é-
tonner de voir à leur suite la sécheresse et lu
Comédiens. — « Il serait bon comme dit it peste puisqu'elles dessèchent, l'air, el ne lui
, ,
Boguet, de chasser nos comédiens et. nos jon- i- laissent, pas la force d'empêcher les exhalai-
gleurs, attendu qu'ils sont pour la plupart sor- :- sons pestiférées. Enfin les comètes produisent
ciers el magiciens, n'ayant, d'autre but que de le les séditions el les guerres en échauffant le
vider nos bourses et de nous débaucher. » coeur de l'homme el, en changeant, les hu-
,
Boguet n'est pas loul à fait dans son tort. meurs en bile noire. » — On a dit de Cardan
qu'il avait deux âmes, l'une qui disait, des
Coincnius (JlïAN AjlOS),—philologue du choses raisonnables,.l'autre qui
dix-septième siècle. 11 a laissé la Lumière dans ne savait que
"s déraisonner. Après avoir parlé comme on
les ténèbres, Hollande, 4 657, in-i", idem aug- ''- vient de voir, l'aslrologue retombe dans ses
mentée de nouveaux rayons, 1.665, 2 vol. in- "~ visions. Quand une comète paraît auprès de
4°, fig. C'est une traduction latine des pré-
tendues prophéties et. visions de Kotlcr, de Saturne, dit-il, elle présage la peste, la mort
'.""
des souverains pontifes et les révolutions dans
Dabricius el de Christine Poninlowska, habi- "~ les gouvernements; auprès de Mars, les guer-
les gens que lions ne connaissons point.
res ; auprès du soleil, de grandes'calamités
Comètes. -—On a toujours vu dans les co- 3_ sur tout le globe ; auprès de la luné, des i-non-
mètes les signes avant-coureurs des plus tris- s_ dations et quelquefois des sécheresses ; auprès
tes calamités. Duo comète]iarut quand Xerxès ;es
de Vénus, la mort des princes et des nobles ;

vint en,Europe avec dix-huit cent mille hom- n_ auprès de Mercure, divers malheurs en fort
mes (nous ne les avons pas comptés); elle ]|e grand nombre.—Wiston a fait de grands ca'-
prédisait la défaite de Salamine. 11 en parut ni culs algébriques pour démontrer que les eaux
une, avant la guerre du Péloponèse; une, ie extraordinaires du déluge furent amenées pur
avant la défaite des Athéniens en Sicile; une,le une comète, et que quand Dieu décidera la lin
avant la victoire que les Thébains remportè- lé_ du inonde, ce sera une comète qui le bni-
rent,sur les Lacôdémoniens; une, quand Phi- iii_ lera....
lippe vainquit les Athéniens; une, avant la Comlers (CLAUDE), — docteur en théologie,
prise de Cartilage:par Scipion ; une, avant la mort
- en 4 693. Il est auteur d'iro Traité des
guerre civile de César et de Pompée: une,, àa prophéties, vaticinations, prédictions et pr»'
la mort de César ; une, à la prise de Jérusa- ;a~ gnostications. 11 a écrit aussi sur la baguette
lem; par Titus; Une avant la dispersion de divinatoire et sur. les sibylles.
,
l'empire romain par les Goths ; u ne, avant l'in-
vasion de Mahomet, etc. ; une enfin, avant, lai |a Comprtales,-—fêtes des dieux Lares ou l""
chute de Napoléon.—Tous les peuples regar- tins du foyer, chez les anciens Romains. On
ar_ leur sacrifiait dans
dent également les comètes comme un mauvais,„;„ l'origine des enfants, aus-
présage; cependant, si le présage est funeste lgle
quels Brufus substitua des têtes de pavois.
Comtes de l'Enfer , — .démoiis.d'un ordre
1 Yoyugesdu docteur Patin. supérieur dans la hiérarchie infernale, et I" 1
— 151 —
COS CON
commandent de nombreuses légions. On les JyUllb i exilât; i uiJJtuue;, ]JUUI uni c »w m iv; w-
évoque à toute heure du jour, pourvu que ce mon du corps des possédés, on emploie cer-
soil dans un lieu sauvage, que les hommes taines formules ou exorcismes, des aspersions
n'aient pas coutume de fréquenter '. d'eau bénite, des prières et des cérémonies
instituées à ce dessein *-.—-Les personnes su-
Conclarnation — cérémonie romaine du perstitieuses et criminelles qui s'occupent de
, ,
icmpsdu paganisme. Elle consistaità appeler à magie abusent du mot, el nomment conjura-
«rancis cris l'individu qui venait, do mourir, tions leurs sortilèges impies. Dans ce sens, la
iilin d'arrêter l'âme fugitive, ou delà réveiller conjuration est un composé de paroles el de
si elle était attachée au corps. cérémonies, détestables ou absurdes, adoptées
Bondé. — On ht dans une lettre de ma- par les sorciers pour
évoquer les démons. On
placer dans le cercle magi-
dame de Sévignô au président de Monceau commence par se
trois semaines avant la mort du grand que [voy. CERCLE) ; puis on récite les formules
que,
Coudé, pendant qu'on l'attendait à Fontaine- suivantes. Elles sont extraites d'un Grimoire.
bleau, M. de Veniillon, l'un de ses gentils- — Conjuration universelle pour
les esprits.
hommes, revenant, de la chasse sur les trois « Moi (on se nomme) , je le conjure ,
esprit
heures, et approchant du château de Chan- (on nomme l'esprit qu'on veuf évoquer), au
tilly (séjour ordinaire du prince), vit, à une nom du grand Dieu vivant, etc., etc., je te
' fenêtre de son cabinet, un fantôme revêtu
conjure de m'apparaître, comme dessus dit;
d'une armure, qui semblait garder un homme sinon, sainl Michel archange, invisible, te fou-
enseveli ; il descendit de cheval, el s'appro- droiera dans le plus profond des enfers; viens
cha, le voyant toujours; son valet vit. la même donc (on nomme l'esprit,), pour faire ma vo-
chose et l'en avertit. Ils demandèrent la clef lonté. » •— Conjuration d'un livre magique.
du cabinet an concierge ; mais ils en trouvè- « Je le conjure et ordonne, esprits, tous et
rent les fenêtres fermées, el un silence qui aulanl que vous êtes, de recevoir ce livre en
n'avait pas élo troublé depuis six mois. On bonne part, afin que toutes fois que nous, li-
conta cela au prince, qui en fut un peu frappé, rons ledit livre, ou qu'on le lira étant approuvé
qui s'en moqua cependant ou parut s'en mo- et, reconnu être en forme et en valeur, vous
quer; mais lotit le monde sut cette histoire et ayez à paraître en belle forme humaine, lors-
trembla pour ce prince, qui mourut trois se- qu'on vous appellera , selon que le lecteur le
maines après jugera, dans toutes circonstances, etc. ; je vous
conjure de venir aussitôt la conjuration faite,
Condormants, —sectaires qui parurent en afin d'exécuter, sans retardement, tout ce qui
Allemagne au treizième.et au seizième siècle, est écrit et mentionné en son lieu clans ce
et qui durent leur nom à l'usage qu'ils avaient dit livre : vous obéirez, vous servirez, en-
(!o coucher tous ensemble sous prétexte de seignerez, donnerez, ferez tout ce qui est en
,
charité. On dit que les premiers adoraient, voire puissance en utilité de ceux qui vous
,
une image de Lucifer et qu'ils en liraient des ordonneront, le louf. sans illusion. —El si par
oracles. hasard quelqu'un des esprits appelés parmi
Conférentes — dieux des anciens dont vous ne pouvait venir ou paraître lorsqu'il se-
qui étaient, dit Leloyer, des rait requis, il sera tenu d'en envoyer d'autres
, ,
parle Arnobe, el
démons incubes. revêtus'do son pouvoir, qui jureront solen-
nellement d'exécuter tout ce que le lecteur
Confucius. — On sait que ce philosophe est pourra demander ; en vous conjurant tous
révéré comme un dieu à la Chine. On lui of- par les très-saints noms du tout-puissant Dieu,
fre surtout en sacrifice de la soie, dont les res- vivant, etc..
» — Conjuration des démons,
;.- les sont distribués aux jeunes filles, dans la ii Alerte, venez tous, esprits. Par la vertu et
i
persuasion où l'on est que, tanl qu'elles con- le pouvoir de votre roi, et. par les sept cou-
:,'•' fervent ces précieuses amulettes, elles sont à
ronnes et chaînes de vos rois, tous esprits des
;_
l'abri de tous dangers. enfers sont obligés d'apparaître a moi devant
Conjurateurs,-—magiciens qui s'attribuent ce cercle, quand je les appellerai. Venez tous,
à mes ordres, pour faire tout ce qui est à, vo-
f IR pouvoir de conjurer les démons et les lem- ire pouvoir, étant recommandés; venez donc
;-• l'êtes.
de l'orient, midi, occident el septentrion ; je
I Conjuration, exorcisme, paroles et c.éré- vous conjure et ordonne, par la vertu et, puis-

;: munies par lesquelles on chasse les démons. sance de celui, etc. »—Conjurationspour cha-
COIN
-- 152 — CON
que jour de la semaine. Pour le lundi, à Lu- ppar lous les noms écrits dans ce livre, que sans
cifer. Celle expérience se fait souvent depuis ddélai lu sois ici loul prêt à m'obéir, elc. »
heures jusqu'à -_
onze douze et depuis trois Conjuration
C très-forte, pour tous les jours el à
,
heures jusqu'à quatre. 11 faudra du charbon, Ptoute heure du jour et de la nuit, pour les tré-
de la craie bénite, pour faire le cercle, autour ssors cachés tant par les hommes que par les
duquel on écrira certains mots magiques. En- esprits. e « Je vous commande, démons qui ré-
suite on récite la formule suivante : — « .le le sidez s en ces lieux , ou en quelque partie du
conjure Lucifer, par le Dieu vivant, elc. » monde
i que vous soyez, et quelque puissance
,
—Pourlemardi,à Nambrolh. Celle expérience qui c vous ait été donnée de Dieu et des saints
se fait, la nuit, depuis neuf heures jusqu'à dix; anges
j sur ce lieu même, je vous envoie au
on lui doit donner la première pierre que l'on plus i profond des abîmes infernaux. Ainsi, allez
trouve, pour être reçu en dignité el honneur. ttous, maudits esprits et damnés, au feu éternel
On procédera de la façon du lundi ; on fera qui
( vous est préparé et à tous vos compagnons;
un cercle autour duquel on écrira : « Obéis- si ; vous m'êtes
rebelles et désobéissants, je vous
moi, Nambrolh, obéis-moi, etc. » On récite, contrains < et commande par foules les puissan-
à la suite, cette formule : — « Je le conjure ,ces de vos supérieurs démons, de venir, obéir
Nambrolh, el le commande par tous les noms el répondre positivement à ce que je vous or-
,
par lesquels tu peux être contraint el lié, elc. » donnerai
i au nom de J.-C, etc. » Voy. Piiiimi;
—Pour le mercredi, à Aslarolh. Cette expé- D'APONE, etc.—Nous n'avons fait qu'indiquer
rience se fait la nuit, depuis dix heures jus- ces stupidités inconcevables.Les commentaires
qu'à onze ; on le conjure pour avoir les bonnes sont inutiles.
grâces du roi et des autres. On écrira dans le
cercle : « Viens, Aslarolh; viens, Aslaroth ; Constantin.—Tout le monde sait que,
viens, Astarolh ; » ensuite on récitera celte frappé de l'apparition d'une croix miracu-
formule : — « Je le conjure Aslarolh mé- culeuso, et do l'avis qui lui était donné qu'il
chant esprit, par les paroles, el vertus ,
de vaincrait parce signe, Conslanlin-le-Graiid
Dieu, elc. » — Pour le jeudi, à Acham. Cette se convertit el mit la croix sur ses étendards.
expérience se fait la nuit, de trois heures à — Jusqu'au seizième siècle, aucun écrivain
quatre; il parait en forme de roi. 11 faut, lui n'avait attaqué la vision de Constantin ; lous
donner un peu de pain, afin qu'il parte. On les monuments contemporains attestent ce mi-
écrira autour du cercle : « Par le Dieu racle. Mais les protestant?, voyant qu'il pou-
saint, etc. ; » ensuite on récite la formule qui vait servir à autoriser le culte de la croix, ont
suit : — « Je le conjure, Acham ; je te com- entrepris d'en faire une ruse militaire Les
mande par tous les royaumes de Dieu; agis, philosophes du dernier siècle n'ont pas man-
je l'adjure, etc. » — Pour le vendredi, à bê- qué de copier leurs déraisonne-monts. —
che l." Celle expérience se fait la nuit, de onze J.-B. Duvoisin évêque de Nantes, et l'abbé
,
heures à douze; il lui faut donner une noix. On dé l'Estocq, docteurs en Sorbonne, ont pu-
écrira dans le cercle : « Viens, Béchet; viens, blié des dissertations sur la vision de Con-
Béchet; viens, Béchet; » el ensniteon dira cette stantin.
conjuration : — « Je te conjure, Béchet, et le
contrains de venir à moi ; je le conjure dere- Constantin Copronyme, •— empereur iCO-

chef, etc. »—Pour le samedi, à Nabam. Celle


noclasle de Conslantinople. Il était, dit-on,
magicien. Il conjurait habilement les démons,
expérience se. fait de nuit,. de onze heures à
dit Leloyer; il évoquait les
douze, el sitèt qu'il paraît il lui faut donner des sacrifices détestables,, morts, et faisait
invocations du
du pain brûlé, ellui demander ce qui lui fait el
diable. Il mourut d'un feu qui le saisit par
plaisir : on écrira dans son cercle : « N'entre
tout.le corps et dont la violence était telle,
pas, Nabam ; n'entre pas, Nabam ; n'entre pas, ,
Nabam ; » et puis on récitera la conjuration
qu'il ne faisait que crier '.
suivante : — « Je te conjure Nabam, au nom Constellations. — Il y en a douze, qui
de Satan au nom de Béelzébuth au nom sont les douze signes du zodiaque, et, que les
d'Astaroth, el au nom de tous les esprits,
,
elc. » astrologues appellent les douze maisons du
— Pour le dimanche, à Aquiel. Cette expé- soleil, savoir : le bélier, le taureau , les gé-
rience se fait la nuit, de minuit à une heure; meaux, l'écrevisse, le lion, la vierge, la ba-
il demandera un poil de votre tête; il lui faut lance, le scorpion, le sagittaire, le capricorne,
donner un poil de renard; il le prendra. On le verseau et les poissons. On les désigne
écrira dans le cercle : «Viens, Aquiel; viens,
Aquiel ; viens, Aquiel. » Ensuite on récitera la
Leloyer, llist. des spectres et des apparitions tics
conjurationsuivante :—« Je le conjure, Aquiel, esprits, liv. iv, ch. 6, p. 302.
1
CON
— is: — COQ
Irés-bien dans ces deux vers techniques, que gances dont leur folle imagination est rem-
lout le monde connaît : plie.— Tout le inonde a entendu parler des
convulsions et des merveilles absurdes qui
Çimt arics, taurus, gemini, cancer, leo, virgo,
J.iliraquc, scorpius, nrcitenens, caper, amphora, pisccs. eurent lieu, dans la capitale de la France,
__
On dit la bonne aventure par le. moyen de sur le tombeau du diacre Paris, homme in-
CP5
constellations. Voy. HOROSCOPES-et As- connu pendant sa vie, et trop célèbre après
rnOl.OGIE. sa mort i. La frénésie fanatique alla si loin,
Contre-Charmes , — charmes qu'on em- que le gouvernement fut, obligé, en 1732, de
ploie pour détruire l'effet d'autres charmes.
fermer le cimetière Sainl-Médard, où Paris
Quand les charmeurs opèrent sur des ani-
était enterré. Sur quoi un plaisant fit ces
deux vers :
maux ensorcelés, ils font des jets de sel pré-
parés dans une écuelle avec du sang lire De par'lc roi, défense à Dieu,
animaux maléficiés. Ensuite ré- D'opérermiracle en ce lieu.
d'un des on
cite pendant neuf jours certaines formules. — Dès lors les convulsionnâmes tinrent leurs
séances dans des lieux particuliers, et se don-
Voy. GHATIAKNE AMULETTES, SOUT, MALÉ-
LIGATURES
,
etc. nèrent en spectacle certains jours du mois. On
nciis, , accourait pour les voir, el leur réputation
Convulsions. —Au neuvième siècle, des
déposèrent dans surpassa bientôt celle des bohémiens; puis
porsonnes suspectes une elle tomba, tuée par le ridicule.
église de Dijon des reliques qu'elles avaient,
disaient-elles, apportées de Rome, et qui Copernic, — astronome célèbre, mort en
On dit communément que son système
étaient d'un saint dont elles avaient oublié 1543.
le nom. L'évèque Théobald refusa de rece-
fut condamné par la cour de Rome : ce qui est
voir ces reliques sur une allégation aussi va-
faux et controuvé. Il vivait à Rome d'un bon
Néanmoins, elles faisaient des prodiges. canonical, et y professait librement l'astro-
gue.
Ces prodiges étaient des convulsions dans
nomie. Mais voyez à ce sujet l'article GA-
ULÉE.
ceux qui venaient les révérer. L'opposition
de l'évèque fit bientôt de ces convulsions une Coq. — Le coq avait, dit-on, le pouvoir
épidémie; les femmes surtout s'empressaient du mettre en fuite les puissances infernales;
de leur donner de la vogue. Théobald con- et comme on a remarqué que le démon, qu'on
sulta Amolon archevêque de Lyon dont il appelle le lion d'enfer, disparaît dès qu'il voit
, ,
était suffragant. « Proscrivez, lui répondit ou entend le coq, on a répandu aussi cette
l'évèque, ces fictions infernales, ces hideuses opinion que le chant ou la vue du coq épou-
merveilles, qui ne peuvent, être que des pres- vante et fait fuir le lion. C'est du moins le
tiges ou des impostures. Vit-on jamais, aux sentiment de Pierre Delancre. « Mais il faut
tombeaux des martyrs, ces funestes prodiges répondre à ces savants, dit M. Salgues -, que
qui, loin de guérir les malades, font souffrir nous avons des lions dans nos ménageries;
les corps el troublent les esprits?... »
— Celte qu'on leur a présenté des coqs ; que ces
espèce de manie fanatique se renouvela quel- coqs ont chanté, et qu'au lieu d'en avoir
quefois; elle fit grand bruit au commence- peur, les lions n'ont témoigné que le désir de
ment du dix-huitième siècle, et on prit encore croquer l'oiseau chanteur ; que toutes les fois
pour des miracles les convulsions el les grima- qu'on a mis un coq dans la cage d'un lion,
ces d'une foule d'insensés. Les gens mélanco- loin que le coq ait tué le lion, c'est au con-
liques et atrabilaires ont beaucoup de dispo- traire le lion qui a mangé le
coq. » — On sait
silions à ces jongleries; surtout si dans le que tout disparaît au sabbat aussitôt que le
temps que leur esprit est dérangé ils s'ap- coq chante. On cite plusieurs exemples d'as-
.
pliquent à rêver fortement, ils finissent ,
tou- semblées de démons et de sorcières que le
jours par tomber
en exlase, et se persuadent premier chant du coq a mises en déroute; on
! qu'ils peuvent aussi prophétiser. Cette mala- dit même que ce son qui est pour nous par
,
'"' (|ie se communique aux esprits faibles, et le une sorte de miracle perpétuel, une horloge
| corps s'en ressent. De là vient, ajoute Brueysi, vivante, force les démons, dans les airs, à
c que dans le fort de leurs accès les convul-
sionnaires se jettent par terre, où ils demeu- 1 Carré de Montgeron a recueilli ces merveilles en
i
\:_ vent quelquefois assoupis. D'autres fois, ils
trois gros volumes in-4°, avec figures. Yoici un de ces
miracles rapporté .dans une chanson de madame la du-
:- s agitent exlraordinairement; el c'est en ces chesse du Maine:
i
uifiérents états qu'on les entend parler d'une Un décrolteur à la royale,
Du talon gauche estropié,
«
vo'x étouffée el débiter toutes les extrava- Obtint, pour grâce spéciale.
, D'être boiteux de l'autre pié.
l'térace de l'Histoire du Fanatisme. ** Des Erreurs ctdes préjugés, etc., préface.
COR 3 54
— COU
laisser tomber ce qu'ils portent : c'est à peu carter i les mauvais génies. Marsile Fiein pvj.
]),rès la vertu qu'on attribue au son des do- l fend que le corail éloigne les terreurs pani.
ches. Pour empêcher le coq de chanter peu- ' ques et préserve de la foudre et de la grêle.
i
danl leurs assemblées nocturnes, les sorciers, Liceti en donne celte raison, que le corail
instruits par le: diable, ont soin de lui frotter hale une-vapeur chaude qui, s'élevanlex-
en
la lêlc et le front d'huile d'olive, ou de lui l'air, dissipe tout ce qui peut causer la grêle
mettre au cou un collier'de-s'arment.-—Beau- ou le tonnerre. Brown, dans ses Essais sm-
coup d'idées superstitieuses se rattachent à les erreurs populaires, dit, qu'il est tenté de
cet oiseau, symbole du courage et de la vigi- croire que l'usage de mettre clés colliers de
lance, emblème des Français. On dit qu'un co.raii au cou des enfants dans l'espérance
jour Vilellius rendant, la justice à Vienne en de leur faire sortir les dents, ,
a une origine
Dauphiné, un coq vint se percher sur son superstitieuse, et que l'on se servait autrefois
épaule ; ses devins décidèrent aussitôt que du corail comme d'une amulette ou préserva-
l'empereur tomberait sûrement sous un Gau- tif contre les sortilèges.
lois; et, en effet, il fut vaincu par un Gaulois
Corbeau, —oiseau de mauvais augure, I
de Toulouse. — On devinait les choses futu-
res par,le moyen du coq (voy. AMSCTRYOM-AN- qui, dans les idées superstitieuses, annonce i
CIE). On dit aussi qu'il se forme dans l'es- des malheurs et quelquefois la mort. 11 a I
lomac des coqs une pierre qu'on nomme pourtant des qualités merveilleuses. Le livre I

pierre aleclorienne, du nom grec de l'ani- des Admirables secrets à"Albert-le-Granddit I
mal. Les anciens accordaient à celte, pierre que si l'on fait cuire ses oeufs, et qu'ensuite
la propriété de donner le courage et la force : on les remette dans le nid où on les aura
c'est à sa vertu qu'ils attribuaient la force pris , aussitôt le corbeau s'en ira dans uuo
prodigieuse de Milon de Crolone. On lui sup- île ou Al'ogricus, autrement appelé Alruy, a
posait encore le don. d'enrichir, et quelques- été enseveli, et il en apportera une pierre
uns la regardaient comme un philtre qui mo- avec laquelle, touchant ses oeufs, il les fera
dérait la soif. — On pensait autrefois qu'il y revenir dans leur premier étal;, « ce qui est
avait dans le coq des vertus propres à la sor- tout- à fait surprenant. » Celte, pierre se
cellerie. On disait qu'avant d'exécuter ses nomme pierre indienne, parce qu'elle se
.maléfices, Léonora Galigaï ne mangeait que trouve ordinairement aux Indes. — On a de-
des crêtes de coq et des rognons de bélier viné par le chant du corbeau, si son croasse-
qu'elle avait fait charmer. On voit, dans les ment peut s'appeler chant. M. Bory Saint-
accusations portées contre elle, qu'elle sacri- Vincent trouve que c'est un langage. On l'in-
fiait des coqs aux démons '. Certains Juifs, la terprète en Islande pour la connaissance dos
veille du chipur ou jour du pardon chargent affaires d'étal. Le peuple le regarde comme
de leurs péchés un coq blanc qu'ils ,étranglent instruit de tout ce qui se passe au loin, et an-
ensuite, qu'ils font rôtir, que personne ne nonçant aussi très-bien l'avenir. Il prévoit
veut manger, et dont ils exposent les entrail- surtout les morts qui doivent frapper une fa-
les sur le toit de leur maison. On sacrifiait, mille, et vient se percher sur le toit delà
dans certaines localités superstitieuses, un maison, d'où il part pour faire le tour du ci-
coq à sainl Christophe, pour en obtenir des metière, avec un cri continu et dès inflexions
guérisons. — On croyait enfin que les coqs de voix. Les Islandais disent qu'un de leurs
pondaient des oeufs, et que, ces oeufs étant savants avait le don d'entendre l'idiome du
maudits, il en sortait un serpent ou un basi- corbeau, el qu'il était, par ce moyen, instruit
lic. « Cette superstition fut très—répandue en des choses les plus cachées. — Hésiode dit
Suisse ; et dans une petite chronique de Bâle, que la corneille vit huit cent soixante--quali'e
Gross raconte sérieusement qu'au mois d'août ans, tandis que l'homme ne doit vivre que
4 474'un coq dé' cette ville-, ayant été accusé quatre-vingt-seize ans, et il assure que le
et convaincu de ce crime, fut condamné à corbeau-vit trois fois plus que la corneille:
mort. Le bourgeois, le brûla publiquement ce qui fait deux mille cinq cent quatre-vingt-
avec son oeuf, dans Un endroit nommé Ka- douze ans.... ^ On croit dans la Bretagne
blenberg, à la vue d'une grande multitude de quedeux corbeaux président à chaque mai-
personnes2. » Voy. BASILIC,:MARIAGE etc. son, et qu'ils annoncent la vie et la mort. Les
,
Corail. -— Quelques auteurs ont écrit que habitants du Finistère assurent encore que
le corail a la vertu d'arrêter le sang et d'é- l'on voit, sur un rocher éloigné du rivage,
les âmes de leur roi Graion et-de sa fille Ba-
M. Garinet,Histoire de la magie l7rance,
hut, qui leur apparaissent sous la forme de
1 en p. 100. deux corbeaux ; elles disparaissent à l'oeil
- Dictionnaire d'anecdotes;suisses, p. 114.
COU — 15:5 — COR
de ceux qui. s'en approchent >. Voy.. OIMN, honorable pour avoir supposé de fausses ap-
Oir.ÉiioN, AUGURES , elc. paritions ('1.534}. —• Une preuve que celle
Corde de pendu. — Les gens crédules pré-
faute était individuelle, c'est qu'elle fut con-
tendaient autrefois qu'avec de la corde de damnée par l'autorité ecclésiastique, et que
pendu on échappait à tous les dangers, el
les huit condamnés, dont deux seulement
qu'on était heureux au jeu. On n'avait qu'à
étaient coupables, le gardien el le custode,
les tempes corde de pendu furent, bannis sans que personne n'appelât ni
se serrer avec une
pour se guérir de la migraine. On portail un
ne réclamât.
morceau do cette, corde dans sa poche pour Coré, — compagnon de Dalhan et. d'Abi-
se garantir
du mal de dents. Enfin, on se sert ron. Les mahomôtans, qui le confondent avec
de celte expression proverbiale , avoir de la le batelier Caron, le font cousin-germain de
corde de pendu, pour indiquer un bonheur Moïse, qui, le voyant pauvre, lui enseigna
constant, et les Anglais du menu peuple cou- l'alchimie, par le moyen de laquelle il acquit
rent encore après la corde de pendu -. de si grandes richesses qu'il lui fallait qua-
Cordeliers d'Orléans. -— Oïl a fait grand rante chameaux pour porter son or et son ar-
bruit de l'affaire des cordehérs d'Orléans, qui gent. 11 y en a d'autres qui prétendent même
eut lieu sous François Ier. Les protestants s'en que plusieurs chameaux étaient chargés seu-
emparèrent ; et d'un tort qui est assez mal lement des clefs de ses coffres-forts. Moïse
établi, on lit un crime aux moines. C'était ayant ordonné aux Israélites de payer la
peut-être faire leur éloge que de s'étonner dîme de tous leurs biens, Coré refusa d'o-
qu'ils ne fussent pas lous des anges. Voici béir, se souleva môme contre son bienfai-
l'histoire. -— Le seigneur de Sainl-Mesmin teur jusqu'à répandre sur lui des calomnies
prévôt d'Orléans, qui donnait dans lès er- qui allaient-lui faire perdre son autorité
,

reurs do Luther, devint veuf. Sa femme était


parmi le peuple, si Moïse ne s'en fût plaint à
Dieu qui lui permit de punir l'ingrat; alors
comme lui luthérienne en secret. Il la fil en- ,
terrer sans (lambeaux et sans cérémonies; Moïse lui donna sa malédiction, et ordonna
elle n'avait pas reç;u les derniers sacrements. à la terre de l'engloutir, ce qui s'exécuta.
,
Le gardien et le custode des cordeliers d'Or- Corneille. — Le chant de la corneille était
léans, indignés de ce scandale, firent cacher, regardé des anciens comme un très-mauvais
dit-on, un de leurs novices dans les voûtes présage pour celui qui commençait une entre-
de l'église, avec des instructions. Aux ma- prise; ils l'invoquaient avant le mariage,
tines, ce novice fil du bruit sur les voûtes. parce qu'ils croyaient que les corneilles, après
L'exorciste, qui pouvait bien n'être pas.dans la mort de l'un ou de l'autre couple, obser-
le secret, prit le rituel, et, croyant que c'é- vaient une sorte de veuvage. Voy. CORDEAU.
tait un esprit, lui demanda qui il était? Point
Cornélius, •— prêtre païen de Padoue,
— S'il était muet? — Il frappa dont parle Aulu-Gelle. Il avait des exlases, el
' (le réponse.

/ trois coups. On n'alla pas plus loin ce jour- son âme voyageait hors de son corps; le jour
là. Le lendemain et le surlendemain le de la bataille de Pharsale, il dit en présence
,
;;
même incident se répéta. « Fantôme ou es- de plusieurs assistants qu'il voyait une forte
prit, dit alors l'exorciste, es-tu l'âme d'un bataille, désignant les vainqueurs et les
tel? »—Point do réponse.—« D'un tel ? » Point fuyards; et, à la fin, il s'écria tout à coup
'le réponse. On nomma successivement plu- César avait vaincu '.
, sieurs personnes enterrées dans-l'église. Au que
nom de Louise de Mareau, femme de Fran- Comes. — Tous les habitants du ténébreux
eois de Sainl-Mesmin, prévôt d'Orléans, l'es- empire portent des cornes; c'est une partie
;'. Pdt frappa trois coups. « Es-tu dans les essentielle de l'uniforme infernal. — On a vu
flammes?»—-Trois coups. «Es-tu damnée des enfants avec des cornes, et Bertholin cite'
— religieux du monastère de Saint-.lusl.in qui
', pour avoir partagé les erreurs de Luther? »r— un
.

Lois grands coups. Les assistants étaient en avait deux à la tête. Le maréchal de Lâ-
dans l'effroi. On vardin amena au roi un homme sauvage qui
.. se disposait à signifier au portail des
g; seigneur de -Sainl-Mesmin d'enlever de l'é- cornes. On montrait à Paris, ou
t Suse sa luthérienne ; mais il ne se déconcerta 1699, un Français, nommé Trouillon, dont le
| ;
Pis. Il courut à Paris et obtint des commis- front était armé d'une corne de bélier -. —
<: sarres du conseil d'Étal un arrêt qui condam-
Dans le royaume de Naples et dans d'autres
% m"l huit cordeliers d'Orléans à faire amende
1 Leloyer, Histoire des spectres, Appar. des esprits,
ou
liv. lv, ch. 26, p. 456.
4î Carn1,ry, Voyage dans leFinistère, t. II, p. 261.
•,y ,- Saignes, Des Erreurs des préjugés, - M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés, tome III,
et t; I, p. <133. p. 128.
COS —• 15b — COU
contrées, les cornes'passent pour un préser- Côte. — Dieu prit une côte d'Adam, pUut ;
vatif contre les sortilèges. On a dans les mai- en faire notre mère Eve. Mais il ne fautnils :;
sons des cornes ornées; et dans la rue ou croire pour cela, comme fait le vulgaire, qU(! -
dans les conversations, lorsqu'on soupçonne dans les descendants d'Adam les hommes ont
un sorcier, on lui fait discrètement des cor- une côte de moins que les femmes.
nes avec les doigts pour paralyser ses inten- Cou. — On regardait chez les anciens
tions magiques. On pend au cou des enfants, favorable une palpitation ''
comme un augure
comme ornement, une paire de petites cornes. dans la partie gauche du cou el comme fu- \-
,
Cornet d'Oldenbourg,— -uoy. OuiENBOUUG. nesle celle qui avait lieu dans la partie droite.
Correspondance — avec l'enfer. l'Oi/. BlSR- Couches. —On prétendait,, en certains pavj
11IGUIEII. faire accoucher aisément les femmes en liant
Corsned, — sorte d'épreuve chez les Anglo- leur ceinture à la cloche de l'église, et en son- ;
Saxons, qui consistait à fairemangerà l'accusé liant trois coups. Ailleurs la femme en couches '
à jeun une once de pain ou de fromage con- mettait la culotte de son mari. Voy. AÉTITE, i
sacré, avec beaucoup de cérémonies. Si l'ac- Coucou. — On croit, en Bretagne, qu'en
cusé était coupable cette nourriture devait comptant, le chant du coucou, on y trouve i
,
l'étouffer en s'arrèlant dans le gosier ; mais l'annonce de l'année précise où l'on doit
se ;
si elle passait aisément, l'accusé était déclaré marier '. S'il chaule trois Ibis, on se mariera
;
innocent. dans trois ans, etc. — On croil aussi, dans la
Corybantjasme,— espèce de frénésie. Ceux plupart des provinces, que si on a de l'argent
qui en étaient attaqués s'imaginaient voir des avec soi la première fois qu'on entend le chant \
fantômes devant leurs yeux ; et entendaient du coucou, on on aura foule l'année. — Le i
continuellement des sifflements ; ils ouvraient coucou de Belkis, dont nous ne savons guère )
les yeux lorsqu'ils dormaient. Ce délire san- que le nom, est un des dix animaux que Ma-
guin a souvent été jugé possession du diable homet place dans son paradis.
par les démonomanes. Coucoulampons, — anges du deuxième
Uosingas, — prince des Cerrhéiiiens, peu- ordre, qui, quoique matériels selon les ha-
ples de Thrace, el prêtre de .lunon. 11 s'avisa bitants de Madagascar, sont invisibles ,
el, ne
d'un singulier expédient pour réduire ses su- se découvrent qu'à ceux qu'ils honorent d'une
jets rebelles. 11 ordonna d'attacher plusieurs protection spéciale. 11 y en a des deux sexes;
longues échelles les unes aux autres, et fit ils contractent, le mariage entre eux, et sont
courir le bruit qu'il allait monter au ciel, vers sujets à la mort ; mais leur vie est bien plus
Junon, pour lui demander raison de la dés- longue que celle des hommes, et leur sanlé
obéissance de son peuple. Alors les Thraces, n'est, jamais troublée par les maladies. Leur
superstitieux et grossiers se soumirent à Co- corps est à l'épreuve du poison et de tous les
singas, et s'engagèrent par, serment à lui rester accidents.
fidèles.
Coudrier. — Les branches de cet, arbre ont
Costiuinomnncie,—sorte de divination qui servi à quelques divinations. Foy. BAGUETTE.
se pratique au moyen d'un crible, d'un sas , Couleurs. — Pline le naturaliste nous ap-
ou d'un tamis. On mettait un crible sur des prend que les anciens liraient des augures et
tenailles, qu'on prenait avec deux doigts; en-
des présages de la couleur des du so-
suite on nommait les personnes soupçonnéesde leil, de la lune, des planètes, derayons l'air, etc. Le
larcin ou de quelque crime secret, et on ju-
noir est le signe du deuil, dit Rabelais,, parce
geait coupable celle au nom de qui le crible c'est la couleur des ténèbres,. qui sont
tournait ou tremblait, si celui qui que
te- tristes, el l'opposé du blanc, qui est la cou-
comme
nait les tenailles ne pouvait pas remuer le leur de la
crible à sa volonté ! — Au lieu du crible on lumière el de la joie.
met aussi ( car ces divinations se pratiquent
, Coupe ( divination par la )-, — très—usitée
tamis pivot, connaître en Egypte dès le temps de Joseph, employée
encore un
) sur un pour
l'auteur d'un vol ; on nomme de même les encore aujourd'hui. Foi/. HYDROMANCIE.
personnes soupçonnées, et le tamis tourne au Coups. — « En 1582, dit Pierre Delaiicre 4.
nom du voleur. C'est ce qu'on appelle, dans il arriva qu'à Constantinople, à Borne et a
les campagnes, tourner le sas. Cette supersti- Paris, certains démons et mauvais esprits
tion est surtout très-répandue dans la Bre-
tagne 1. 1 M. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. I*'1', p- 1' 0'
z Incrédulité et mécréance du sortilège, etc., traite h
1 M. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 48. p. 37.
COI)
COU — 157
rrappaient des coups aux portes des maisons, Belzébulh. — Pinel père, médecin à la Salpô-
c'était un indice de la mort d'autant de trière, ! représentant de Satan. — Bonnel, em-
cl.
personnes qu'il y avait de coups. » ployé à Versailles, représentant d'Eurynome.,
Bouge, associé de Ixiclilas, représentantde
dé- —
eoUr Infernale. —•
"Wierus et d'autres Plulon. —Nicolas, médecin à Avignon, repré-
iiionomanes, versés dans l'intime connaissance sentant de Moloch. — Baptiste Prieur, de
dos enfers, ont
découvert qu'il y avait là des Moulins, représentant de Pan. —Prieur aîné,
princes, des nobles, des officiers, etc. Ils ont son frère , marchand droguiste, représentant
même compté le nombre des démons, et dis- de Lilith. — Etienne Prieur, de Moulins, re-
tingué leurs emplois, leurs dignités et leur présentant de Léonard. — Papon-Lominy,
puissance. — Suivant ce qu'ils ont écrit, Satan cousin des Prieur, représentant de Baalberith.
n'est plus le souverain de l'enfer; Belzébulh — Jeannelon
Lavaletle, la Mansolte et la
: rès;ne
à sa place. Voici l'état actuel du gou- Vaudeval, représentanl l'archidiablesse Pro-
vernement infernal.— Princes el grands di- serpine, qui a voulu mettre trois diablesses à
gnitaires. —Belzébulh , chef suprême de mes trousses, elc. ' » Voy. BERBIGUIER.
l'empire infernal, fondateur de l'ordre de la Courlis, petits démons ou sorciers ma-
Mouche. Satan, chef du parti de l'opposition, —
lins, corrompus et danseurs, dont M. Cambry
linrynome, prince de la mort, grand'croix de a trouvé la croyance établie sur les côtes du
l'ordre de la Mouche. Moloch, prince du pays Finistère. On les rencontre
grand'croix de l'ordre. Pluton, au clair de la lune,
des larmes, sautant autour des pierres consacrées ou des
prince du feu. Léonard, grand-maître des monuments druidiques; s'ils vous saisissent
Sabbats, chevalier de la Mouche. Baalberilh,
des alliances. Proserpine archidia- par la main, il faut suivre leurs mouvements,
maître , ils vous laissent exténués sur la place quand
: blesse, souveraine princesse des esprits ma- ils la quittent. Aussi les Bretons, dans la nuit,
lins. — Ministères. — Adrameleck grand- évitent avec soin les lieux habités par celte
,
r.liancelier, grand'croixde l'ordre de la Mouche. espèce de démons. On ajoute les Courils
que
Astaroth, grand trésorier. Nergpl, chef de la perdirent une grande partie de leur puis-
police secrète. Baal, général en chef des ar- à l'arrivée des apôlres du catholicisme
niées infernales, grand'croix de l'ordre de la sance
; dans le pays.
Mouche. Léviathan, grand-amiral, chevalier
de la Mouche. —Ambassadeurs. —Belphégor, Couronne nuptiale. — Chez les habitants
ambassadeur en France. Mammon, ambassa- de l'Entlebuch, en Suisse, le jour des noces,
:

deur en Angleterre. Belial, ambassadeur en après le festin el les danses, une femme vêtue
Turquie. Bimmon ambassadeur en Russie. de jaune demande à la jeune épousée la cou-
Thamuz, ambassadeur ,
en Espagne. Hutgin, ronne" virginale,
qu'elle brûle en cérémonie.
ambassadeur en Italie. Martinet., ambassa- Le pétillement du feu est, dit-on, de mauvais
(leur en Suisse. Justice.—Lucifer, gand- augure pour les nouveaux mariés '.
: —
justicier. Alaslor, exécuteur des haules ceu- Courroie de soulier. —-Celait Ull mauvais
i. vres. — Maison des princes. —Verdelet, présage, chez les Bomains, de rompre la cour-
; maître des cérémonies. Succor Benoth chef roie de son soulier en sortant de chez soi.
,
'les eunuques. Chamos grand-chambellan Celui qui avait ce malheur croyait ne pouvoir
, ,
chevalier de la Mouche. Melchom, trésorier- terminer une affaire commencée, et ajournait
: payeur. Nisroch, chef delà cuisine. Béhemolh, celles qu'il s'était proposé d'entreprendre.
;.; grand-échanson. Dagon grand-panetier. Un gentilhomme breton,
,
Mullî'n, premier valet de chambre. Courtinïère. —
— Menus- nommé M. de La Courlinière, ayant reçu un
plaisirs. Kobal, directeur des spectacles. jour dans

Asmodée surintendant des maisons de jeu. son château plusieurs seigneurs ses
^\bhas, ,grand-paradiste. Antéchrist, esca- voisins, les traita bien pendant quelques
jours. Après leur départ, il se plaignit à sa
moteur et nécromancien. Boguet l'appelle le
femme de ce qu'elle ne leur avait pas fait
">utje de Dieu. On voit que les démonomanes
se montrent assez gracieux envers les habi- assez bon visage ; et, quoiqu'il fît ces remon-
tants du noir séjour. Dieu Veuille qu'après trances avec des paroles
honnêtes-, cette
répondit
tant de rêveries ils n'aient pas mérité d'aller femme, d'une humeur hautaine, ne
leur tenir compagnie! M. Berbiguier a écrit mot, mais résolut intérieurementde se venger.
dor-
en 1824, après avoir transcrit cette liste des — M. de La Courlinière s'étant couché etavoir
Princes de la cour infernale : Cette cour a mant profondément, la dame, après
«
aussi ses représentants sur la terre : Moreau
1 Les Farfadets, etc t. I'-1-, p.A et 5.
magicien et sorcier à Paris, représentant de, ,
.^ -Dictionnaire d'anecdotes suisses, au mot jtfoces.
C11A
— 15:8 — en A
corrompu deux de ses domestiques , leur fil chaleur à travers une peau extrôninmem
égorger son mari, dont, ils portèrent, le corps mince qui la contient. Elle ne se- dissout_ \]\
dans un cellier, lis y firent une fosse, l'en- dans le vinaigre, ni dans l'eau, ni dans l'cspi-ii.
terrèrent, et ils placèrent, sur la fosse un ton- de-vin; mais si on la renferme dans un vas»
neau plein de chair de porc salée. — La bien scellé, elle s'y dissout d'elle-même on
dame, le lendemain, annonça que son mari une eau puante. Les philosophes henné»,
élail allô faire un voyage; peu après elle dit ques la recueillent avant le lever du soleil, ;
qu'il avait été tué dans un bois, eu porta le avec du verre ou du bois, el en tirent. une
deuil, montra du chagrin et fil faire des ser- espèce de poudre blanche semblable à l'a.
vices dans les paroisses voisines. — Mais ce midon, qui produit ensuite ou ne produit pj; :i
crime ne resta pourtant pas impuni : le frère la pierre philosophale. -;'

du défunt, qui venait consoler sa belle-soeur Cr&nologie,-—VOIJ. PllnÉ.NOI.OGIE. ;


el veiller à ses affaires, se promenant, un jour Crapaud. — Les crapauds tiennent une ::
dans lejai'din du château, et contemplant un place dans la sorcellerie. Les sorcières le;
parterre de Heurs en songeant, à son frère , aiment et les choyent. Elles ont toujours soi»
fut pris d'un saignement de nez qui l'élonna, d'en avoir quelques-uns, qu'elles habituent j ,-
n'ayant jamais éprouvé cet accident. Au même les servir, el quelles accoutrent de livrées du
instant il lui sembla voir l'ombre de M. de La velours vert. Pierre Delancre dit que 1K

Courlinière qui lui faisait signe de le suivre. grandes sorcières sont ordinairementassistées
Il suivit le spectre jusqu'au cellier, où il le vil de quelque démon, qui est toujours sur leur
disparaître. Ce prodige lui ayant donné des épaule gauche, en forme de crapaud, ayant
soupçons, il en parla à la veuve,.qui se montra deux petites cornes en tête ; il ne peul être vu
épouvantée. Les soupçons du frère se léni- que de ceux qui sont ou qui oui été sorcier*.
fiant, de. ce trouble, il lit creuser dans le lieu
— Le diable baptise ces crapauds au sabbat,
où il avait vu disparaître le fantôme. On dé- Jeannette Abadie el d'autres femmes ont
, ,
couvrit le cadavre, qui fut levé et reconnu par révélé qu'elles avaient de
vu ces crapauds lia-
le juge de Quimper-Corenfin. Les coupables, Lillés de velours rouge, et quelques-uns tic
arrêtés furent condamnés la veuve (Marie velours noir ; ils portaient une sonnette, au
,
do Sornin ), à avoir la fêle, tranchée et tous cou et une autre aux jambes de derrière. —
les membres de son corps dispersés, pour être Au mois de septembre '1(34 0, un homme se
ensuite brûlés et les cendres jetées au vent; promenant dans la campagne, près de Bazas,
les deux domestiques, à avoir la main droite vit un chien qui se totirmenlait devant un
coupée et, après être pendus et étranglés trou ; ayant l'ait creuser, il trouva deux grandi
, , ,
leurs corps aussi brûlés'.—"Cet événement pots renversés l'un sur l'autre, liés ensemble
eut li'eu vers la (in du seizième siècle. à leur ouverture et enveloppés de toile; le
Craca, — magicienne qui, au rapport de chien ne se calmant-pas, on ouvrit les pots,
Saxon-le-Grammairien, changeait les viandes qui se trouvèrent 'pleins de son, au dedans
en pierres ou aulres objets aussitôt qu'elle duquel reposait un'gros crapaud vêtu de taf-
les voyait posées sur une table. fetas, vert 1. C'était à coup sûr une sorcière
qui l'avait mis là pour quelque maléfice. Non;
Crachat. — Lorsque les sorciers renoncent rions de ces choses à présent; mais c'étaient
au diable, ils crachent trois fois à terre ; ils choses sérieuses au seizième siècle, et dont
assurent que le diable n'a plus alors aucun l'esprit ne nous est pas bien expliqué. Le
pouvoir sur eux ; ils crachent encore lorsqu'ils peuple est persuade, dit M. Saignes 2, — le
guérissent des écrouelles. -— Les anciens crapaud la faculté de faire évanouirque ceux
a
avaient l'habitude de cracher trois'fois dans qu'il regarde fixement, et cette assertion est
leur sein pour se préserver de tous charmes accréditée certain abbé llousseau, qui
par un
el fascinations. — Cracher sur soi: mauvais a publié, dans le cours du dernier siècle,
présage. Voy. CHEVALEMENT. quelques observations d'histoire naturelle; il
Crachat de la lune. •—Les alchimistes ap- prétend que la vue seule du crapaud pro-
pellent ainsi la matière de la pierre philoso- voque, des spasmes, des convulsions, la mort
phale avant sa préparation. C'esl une espèce môme. Il rapporte qu'un gros crapaud, qu'il
d'eau congelée, sans odeur et sans saveur, de. tenait renfermé sous un bocal, l'ayant regarde
couleur verte,. qui sort de terre pendant la fixement, il se sentit aussitôt saisi de 'palpita-
-.' nuit ou après un orage. Sa substance aqueuse tions, d'angoisses, de mouvements convulsils,
est très-volatile , et s'évapore à la moindre
3 Delancre, Tableau d.e l'inconstance des démons,etc.,

1 Arrêt du parlement de Bretagne, t. II desDisserta-


liv. il,.dise, i, p. 133.
tions de Lenglet-Dufresnoy; et Leloyer, liv. m, ch. -r. 'J Des lîn-ours et des préjugés, etc., 1.1, y. 423.
CMC — loi ) — CRI
(ni'ii serait mort infailliblement si l'on n'é- Crible. — Parler au crible est un ancien
,
faire danser un tamis
nil venu à son secours — Elion, Diosco- proverbe qui signifiait
,j(le îsicandre,
/Elius, Gesner, ont encore par le moyen de paroles mystérieuses. Théo-
écrit que l'haleine du crapaud était
) mortelle, crite nommait les gens qui avaient ce pouvoir
cl.qu'elle infectait les lieux où il respire. On crible-sorciers ou sorciers du crible. —.le me
cité l'exemple de deux amants qui, ayant suis trouvé, dit Bodin *, il y a vingt ans, dans
•i
pris de la sauge sur laquelle un crapaud s'était une
maison à Paris où un jeune homme fit
,
promené, moururent aussitôt; mais ce sont là mouvoir un tamis sans y loucher, par la vertu
contes, démentis, commetanld'aulres, par de certaines paroles françaises, el cela devant
des
les expériences. — Sur
les bords de l'Oré- une société; et la preuve, dit-il, que c'était
noque, sans doute pour consoler le
crapaud par le pouvoir de l'esprit malin, c'est qu'en
de nos mépris, des Indiens lui
rendaient les l'absence de ce jeune homme on essaya d'o-
honneurs d'un culte; ils gardaient soigneuse-
pérer en prononçant les mêmes paroles. Voy.
ment les crapauds sous des vases pour en CoSOni.N'OJlAKClli.
obtenir de la pluie ou du beau temps, selon Criérîens, •— fantômes des naufragés, que
leurs besoins ; el ils étaient tellement per- les habitants de l'île de Sein, en Bretagne,
suadés qu'il dépendait de. ces animaux de croient, entendre demander la sépulture à tra-

».
l'accorder, qu'on les fouettait chaque l'ois que vers ce bruit sourd qui précède les orages.
la prière n'était pas promptement exaucée ,;. Les anciens Bretons disaient : « Fermons les
Crapaudine, — pierre qui se trouve dans la portes, on entend les crierions, le
tourbillon
tôle des crapauds ; les sorcières la recherchent
les suit.
pour leurs maléfices. Plusieurs écrivains as- Cristalomancie,—divinationpar le moyen
surent que c'est un objet très-rare ; mais du cristal. On lirait des présages des miroirs
quelques-uns nientd'existence de celte pierre. el des vases de cristal, dans lesquels le dé-
1 Cependant Thomas Brown ne croit pas le fait mon faisait, dit-on, sa demeure. Le roi Chil-
impossible, puisque, dit-il, tous les jours on déric cherchait l'avenir dans les prismes d'un
trouve des substances pierreuses dans la tête petit, globe de cristal. Voy. CHIEN. — Les de-
des morues, des carpes, des gros limaçons vins actuels prédisent encore par le miroir.
sans coquilles. 11 en est qui pensent que ces L'anecdote suivants fera connaître leur mé'-
empaudines sont dès concrétions minérales thode. — Un pauvre laboureur de Sé/.amie, à
que les crapauds rejettent après les avoir ava- qui on avait volé six cents francs, alla con-
lées, pour nuire à l'hommes. Mais ce ne sont sulter le devin en 1807. Le devin lui fit donner
là encore que des conles ridicules. douze francs, lui mil trois mouchoirs plies sur
les yeux, un blanc, un noir et un bleu, lui dit
Crapoulet, •— VOy. ZOZO. de regarder alors dans un grand miroir où il
Cratéis,—déesse des sorciers et des en- faisait venir le diable el tous ceux qu'il vou-
chanteurs, mère de la fameuse Scylla. laif évoquer. « Que voyez-vous? lui demanda-
Là dessus
Creseence,—cardinal,légal du Saint-Siège t-il. —Bien , » répondit le. paysan. il
an concile de ïrenle, qui mourut paisiblement
le sorcier parla fort et long-temps ; recom-
eii'18a3. Jean de Chassanion, huguenot, n'ai- manda an bonhomme
de songer à celui qu'il
prince del'Église, parcequ'ils'élait soupçonnait capable de l'avoir volé, de se re-
:.. 'mint pasce présenter les choses et les personnes. Le
elové contre les protestants, a écrit que le dia-
Me, forme noir, était venu le voir paysan se monta la tète, et, à travers les trois
en de chien
:
a son dernier -moment et l'avait étranglé 5, ce
mouchoirs qui lui serraient les yeux , il crut
,
ll'ii n'est pas vrai. Mais voy. CMVLOSTAD et voir passer dans le miroir un homme qui avait
'; LAITHEH. un sarrau bleu, un chapeau à grands bords
et des sabots. Un moment après jl crut le re-
Crespet (PIEIUIE),—religieuxcélestin, mort connaître et s'écria qu'il voyait son voleur-
;;. en d 594, auteur d'un traité contre la magie
,
, ci
Eh bien! dit le devin, vous prendrez, un
"ilifulé : Deux livres de la- haine de Satan et
.: coeur de boeuf et soixante clous à lattes,, que
::; «es malins esprits contra l'homme, elc. Paris, planterez en croix dans ledit coeur; vous
vous
ï: '':J90, in-s°. Cet ouvrage est rare et curieux. le ferez bouillir dans un pot îieuf.ayec un cra-
paud et unefeuille d'oseille : troisjours •après.i
'
Vons' Voyage à la partie orientale de la terre fermé le voleur, s'il n'est pas mort, viendra vous ap-
"«IAmérique méridionale, t. I.
1
-.

J10111-15 Brown, Essai populaires, porter votre argent., ou bien il sera ensor--
'"
| l
'•*i -liv. m, ch. 13, p. 312.
sur les cireurs celé. » — Le paysan fit tout ce qui lui était
i p, oc S Graluls °t- redoutables jugements de Dieu, £)émonomanie des sorciers, liv. n, p. 15a.
1
CHO — 160 — GUI î
recommandé, mais son argent, ne revint pas ; Crois: (ÉPREUVES DE LA),—«01/. ÉpnEUVPs
d'où il conclutqueson voleur pouvait bien èlre Croix (MADELEINK DE LA.),— religieuse (],,
ensorcelé... Cordoue, qui mena mauvaise vie au seizième
Critomancie, — divination qui se pratiquait siècle, se disant sorcière et se vantant d'avoir -;;
parle moyen des viandes et des gâteaux. On pour familier un démon. François de Torrc.
considérait la pâte des gâteaux qu'on offrait Blanca raconte qu'elle avait à volonté des
ro-
en sacrifice, et la farine d'orge qu'on répan- ses en hiver, la neige au mois d'août, et qu'elle
dait sur les victimes pour en tirer des pré- passait, à travers les murs, qui s'ouvraient '
, '
sages. devant elle. Elle fut arrêtée par l'inquisition-
Crocodiles. — Les Égyptiens modernes as- mais ayant tout confessé, elle fut admise àp(>-
,
surent que. jadis les crocodiles étaient des ani- nitence 1; car les inquisiteurs n'avaient pa; \
maux doux, et ils racontent de la manière la férocité que leur ont prêtée les livres. '
suivante l'origine de leur férocité, llumeth,
d'Egypte Croméruach, — idole principale des Irlan-
gouverneur sous Gisar Al-Mulacil, ca- dais avant l'arrivée de saint Patrice
life de Bagdad, ayant fait mettre en pièces la en leur
pays. L'approche du saint la fit tomber, di-
statue de plomb d'un grand crocodile que l'on sent les légendes, tandis
avait trouvée en creusant les fondements d'un férieures s'enfoncèrent dans que les divinités in-
la terre jusqu'au
ancien temple de païens, à l'heure même de
menlou. Suivant certains récits, en mémoire
cette exécution les crocodiles sortirent du Nil, de ce prodige, on voit encore leurs tètes à fient
et ne cessèrent, depuis ce temps, de nuire de terre dans plaine, qui ne se trouve plus.
une
par leur voracité '. — Pline et Plutarque
témoignent que les Égyptiens connaissent, Cromniomancie — divination par les
,
par l'endroit où les crocodiles pondent leurs oignons. Ceux qui la pratiquaient mettaient la
oeufs, jusqu'où ira le débordement du Nil ; veille de Noël des oignons sur un autel; ils
mais il serait difficile, dit Thomas Brown, de écrivaient au-dessus le nom des personnes
comprendre comment ces animaux ont pu de- dont on voulait avoir nouvelle. L'oignon qui
viner un effet qui, dans ses circonstances, dé- germait le plus vite annonçait que la personne
pend de causes extrêmement éloignées, c'est- dont il portait le nom jouissait d'une bonne
à-dire delà mesure des rivages dans l'Ethiopie. santé. —Cette divination est en usage dans
—Les habitants de Thèbes el du lac Moeris ren- plusieurs cantons de l'Allemagne, parmi les
daient un culte particulier aux crocodiles ; ils jeunes filles, qui cherchent à savoir ainsi qui
leur mettaient aux oreilles des pierres pré- elles auront pour époux !.
cieuses et ornements d'or, et les nourrissaient Croque-Mitaine, espèce d'ogre dont on
de viandes consacrées. Après leur mort, ils épouvante à Paris les—petits enfants indocile-.
les embaumaient et les déposaient en des ur- Aujourd'hui que ses dents sont tombées, il se
nes que l'on portait dans le labyrinthe: qui contente de les mettre au cachot et de leur
servait, de sépulture aux rois. Les Ombites donner le fouet, malgré les lumières du siècle.
poussaient même la superstition jusqu'à se Voy. BABAU.
réjouir de voir leurs enfants enlevés par les
crocodiles ; mais ces animaux étaient en hor- Cruscmbourg (GuY 1)E) — alchimiste,
,
dans le reste de l'Egypte. Ceux qui les Voy. ALCHIMIE.
reur
adoraient disaient que, pendant les sept jours Cubooeanoie, — divination par le moyen des
consacrés aux fêtes de la naissance d'Apis, dés. Auguste et Tibère avaient grande con-
ils oubliaient leur férocité naturelle, et ne fai- fiance en cette manière de. consulter le sort.
saient aucun mal ; mais que le huitième jour, Les Grecs s'en servaient aussi. C'est à peu
après midi, ils redevenaient furieux. près la même chose que l'astragalomancie.
;
Croix.—Les croix que les sorcières portent Voy. ce mot.
au cou et à leurs chapelets , et celles qui se Cuivre.—-Théocrite assure que le cuivre
trouvent aux lieux où se fait le sabbat, ne sont naturellement la vertu de chasser les
jamais entières, comme on le voit par celles pur a
l'on spectres et fantômes; c'est pourquoi les La-
que trouve dans les cimetières infestés dé cédémoniens frappaient chaudron
sorciers, et dans les lieux où les sabbats se toutes les fois qu'un de leurs rois venait a sur un
tiennent. La raison en est, disent les démo- mourir.
nomanes, que le diable ne peut approcher
d'une croix intacte.
» François de Torre-Blaiica, Epit. delict., etc., p-1S)
et 146.
1 Leloyer, Hist, et dise, des spectres, etc., liv, îV, '' Delancre, Incrédulité et rrtécrétmce, etc., trail«^ i
eh. 21, p. 417. " p. 261.
OUR — Ifil — CYR
Culte. — Les démons recevaient un culte font il mourut "..11 est probable que ce conte
par tout l'univers, avant le christianisme. Ju- i
été fait après coup pour un aulre Curtius.
piterelles autres dieux n'étaient véritablement 01/. DÉVOUEMENT.
nne(lesdémons; mais le diablea reçu un culte Cylindres, — sortes d'amulettes circulaires
iiliis spécial de gens qui savaient bien qu'ils [lie les Perses el les Égyptiens portaient au
s'adressaient à lui el non à un dieu. Ainsi, les :ou, et qui étaient ornées de figures et d'hié-
sorciers au sabbat adorent le diable par son •oglyplies.
nom..Le culte qu'ils lui rendent consiste prin- Cymbale , — c'est le nom que les sorciers
cipalement à lui baiser le derrière, à genoux, lonnenl au chaudron dans lequel ils mangent
avec une chandelle noire à la main. — Cer- eur soupe au lard dans les assemblées du
tains peuples de l'Afrique ne rendent aiieun sabbat.
culte à Dieu, qu'ils croient bon, et font des
sacrifices au diable pour la raison contraire. Cynanthropie , — espèce de frénésie dont
ceux qui en sont attaqués se persuadent qu'ils
eunégonde, —femme de Henri II, empe- sont changésen chiens. C'est, comme labousan-
reur d'Allemagne. Elle fut soupçonnée d'adul- fhropie, une nuance de l'état de loup-garou.
tère, et se purgea de l'accusation en marchant Voy. LYCANTHROW-E.
pieds nus, sans accident, sur des socs de Cynobalanes, — nation imaginaire, que
charrue rougis au feu. Voy. ÉPREUVES.
Lucien représente avec des museaux de chien,
Cupai, — voy. KUPAI. et montés sur des glands ailés.
Cureau de la Chambre,— habile médecin, Cynocéphale , — singe que les Egyptiens
mort en 1669. On a de lui un discours sur les nourrissaient dans leurs temples pour con-
principes de la chiromancie el de la méiopos- naître le temps de la conjonction du soleil et
eopie. Paris, -1053, in-8°. On l'a aussi imprimé de la lune. On était persuadé que, dans celte
sous le titre de l'Art de connaître les hommes. circonstance, l'animal, devenu aveugle re-
fusait toute nourriture. Son image, placée, sur
Curma. — Du temps de saint Augustin un les clepsydres, était purement hiéroglyphi-
paysan des environs d'Hippone, nommé On prétendait qu'à chaque heure du jour
Curma, mourut un matin et demeura deux que. le cynocéphale criait très-exactement.
ou trois jours sans sentiment. Comme on al-
lait l'enterrer, il rouvrit les yeux el demanda Cyprien. — Avant de se convertir au chris-
tianisme saint Cyprien s'occupait de magie.
ce qui se passait chez un autre paysan du voi- ,
sinage qui, comme lui, se nommait. Curma : On voit, dans la Légende dorée, 'qu'il évoquait
on lui répondit que ce dernier venait de mou-
les démons et que ce furent les épreuves qu'il
rir à l'instant où lui-même était ressuscité. fit de leur impuissance contre le simple signe
de la croix qui l'amenèrent à la foi.
« Cela ne me surprend pas, dit-il; on s'était
trompé sur les noms ; on vient de me dire que Cyrano de Bergerac,-—écrivain remar-
ce n'était pas Curma le jardinier., mais Curma quable du dix-seplième siècle. On trouve, dans
; le maréchal, qui devait mourir. » Il raconta ses oeuvres, deux lettres sur les sorciers. Nous
en même temps qu'il avait entrevu les enfers ; n'avons pas besoin d'indiquer ses histoires des
.'
et il mena depuis meilleure vie. empires du soleil et de la lune. Il a fail aussi
>. Ourson, — VOy. PlIRSAN. un Voyage aux enfers; c'est une plaisanterie.:
— « Je. me suis trouvé cette nuit aux enfers,
? Curtius,—fils d'un gladiateur romain. On dit-il ; mais ces enfers-là m'ont paru bien dif-
dit qu'un spectre lui annonça ainsi sa mort. férents des nôtres. J'y
trouvai les gens fort
Il accompagnait
un lieutenant du gouverneur sociables; c'est pourquoi je me mêlai à leur
:
ç.
de l'Afrique, n'ayant aucun garde auprès de
compagnie. On était occupé alors à changer
'ui ; il vit. un jour, dans une galerie le spec- de maison
:-...
, tous les morts qui s'étaient plaints
;,:: h'e d'une femme de haute stature qui lui dit d'être mal associés l'un d'eux, voyant
,
qu'elle était l'Afrique, et qu'elle venait ; que
lui an- j'étais étranger, me prit par la main et me
;'' noncer le bonheur. Elle l'assura qu'il aurait conduisit à la salle des jugements. Nous
de grands honneurs à Rome; et qu'il revien- nous
:;,- plaçâmes toul proche de la chaire du juge,
'M cirait en Afrique, non comme valet, mais en pour bien entendre les querelles de toutes les
;.; qualité de commandant en chef, et qu'il y parties. — D'abord j'aperçus Pythagore qui,
<" Mourrait. Celte prédiction s'accomplit entiè- très-ennuyé'd'une compagnie de comédiens ,'
'•}. renient; Curtius fut questeur, puis préleur;
représentait que leurs caquets continuels le
'•
i eut les privilèges du consulat, et fut envoyé détournaient de ses hautes spéculations. Le
f] fouine gouverneur en Afrique; mais en dé-
£ marquant il se sentit frappé d'une maladie prits, 1 Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des es-
liv. m, Ai. 1G, p. 208.
11
DAD '' 16: > DAG
•— —
juge lui dit que, l'estimant homme de grande dre à conduire le (il. Néron choisit Erostrate
mémoire puisque après quinze cents ans il ce fameux insensé qui brûla le temple de Diane
,
s'était souvenu d'avoir été au siège de Troie aimant comme lui à se chauffer de gros bois,
,
on l'avait appareillé avec des personnages qui Achille prit la main d'Eurydice : « Marchons
n'en sont pas dépourvus. On entendit toute- lui dit-il, marchons; aussi bien ne saurait-on
fois ses raisons, et on le fit marcher ailleurs. mieux nous assortir, puisque nous avons tous
— Arislote, Pline, /Elian, et beaucoup d'au- deux l'àmc au talon. » — Il ne fut jamais pos-
tres naturalistes, lurent mis avec les Maures, sible de séparer les Furies des épiciers, tant
parce qu'ils ont connu les botes . le médecin elles avaient peur de manquer de flambeaux.
Dioscoride,.avecles Lorrains, parce qu'il con- Les tireurs d'armes furent logés avec les cor-
naissait parfaitementlessimples. Ésope et Apu- donniers d'autant que la perfection du mé-
,
lée ne firent qu'un ménage, à cause de la con- tier consiste à bien faire une botte; les bour-
formité deleurs prodiges; car Esope d'un âne a reaux, avec les médecins, parce qu'ils sont
fait un homme en le faisant parler, et Apulée payés pour tuer; Echo, avec nos auteurs mo-
d'un homme afait'un âne en le faisant braire.— dernes, d'autant qu'ils ne disent, comme elle,
Caligula voulut être mis dans un appartement que ce que les autres ont dit; Orphée, avec
plus magnifique que celui de Darius, comme les chantres du Pont-Neuf, parce qu'ils avaient
ayant couru des aventures plus glorieuses; car, su attirer les bêtes. — On en mit quelques-uns
dil-il, moi, Cahgula,j'ai fait mon cheval consul, à part, entre lesquels fut Midas, le seul homme,
et Darius a été fait empereur par le sien. Dé- qui se soil plaint d'avoir été trop riche ; Pho-
dale eut pour confrères les sergents, les huis- cion, qui donna de l'argent pour mourir; et
siers, les procureurs personnes qui comme Pygmalion, pareillement, n'eut point de com-
,
lui volaient pour se sauver. Thésée suivit quel- pagnon, à cause qu'il n'y a jamais eu que lui
ques tisserands, se promettant de leur appren- qui ail épousé une femme muette »

Babaïda. — Les naturels de Panama ont Dagobert x01', — roi de France, mort, en
une idole dé ce nom, qui était née de race 638 à l'âge de trente-sept ans. Une vieille lé-
mortelle, et qu'on déifia après sa mort. Quand
gende conte qu'après qu'il fut mort un bon
il tonne ou qu'il fait des éclairs, c'est Dabaïda
ermite, nommé Jean, qui s'était retiré dans
qui esl fâchée,; alors on brûle des esclaves en
une petite île voisine des côtes de la Sicile,
son honneur. vit en songe, sur la mer, l'âme du roi Dago-
Baotylomanoie, — divination qui se pra- bert enchaînée dans une barque, et des dia-
tiquait au moyen de bagues ou anneaux fon- bles qui la maltraitaient en la conduisant vers
la Sicile, où ils devaient, la précipiter dans les
dus sous l'aspect de certaines constellations,
et auxquels étaient, attachés des charmes etgouffres de l'Etna. L'âme appelait à son se-
des caractères magiques [voy. ALECTUYOMAN- cours saint Denis, saint Maurice et saint Mar-
CIE). C'est, dil-on, avec un de ces anneaux tin, que le roi, en son vivant, ..avait -fort ho-
que Gygès se rendait invisible, en tournant norés ; les trois saints -descendirent revêtus
le chaton dans-sa main. Clément.d'Alexan- d'habits lumineux, assis sur un nuage bril-

drie parle de deux anneaux que possédaient lant,; il.sse jetèrentsur les malins esprits, leur
les tyrans delà Phocide, et qui les avertis- -enlevèrent la pauvre âme, .et'l'emportèrent
saient par un son du temps propre à certai- ,au ciel-'. — Un monument curieux, le tom-
nes affaires,; ce qui ne les empêcha pas ide beau de Dagobent,. sculpté vers le temps de
tomber dans les griffes du démon, lequel leurs.aint.Lpuis, retrace ces circonstances merveil-
tendait iwpége par -ses.artifices i. Voy. AN-leuses, La .principale façade est divisée en
NEAUX. trois ibandes. .Danslaipremière-onvoit quatre
.

.3»a!djaL, — nom de d'antechrist chez-les diables (deux,ont des .oreilles d'âne) qui em-
Ctraldéens; il signifie dans leur langue le mènent Pâme du:roi dansune.barque; la se-
menteur et l'imposteur par excellence. conde.représentesaint Denis, saint Maurice <sl

saint Martin, accompagnés de deux anges.


1 -Delancre, -Incrédulité et lïiécréaïic.es du sortilège
pleinement convaincues, traité 5, p.^2fil. ' Gesta Pogorjerti régis, etc.
DAN ili'à DAN

.,ver. le
bénitier el, le goupillon, qui chassent chapelle, c sans qu'il put le faire avancer; qu'il
les démons. Sur la troisième bande on voit, avait
a vu sur ces entrefaites un berger qu'il
l'âme qui s'enlève, et une main sort d'un nne connaissait pas, lequel lui avait dit :
nnaae pour l'accueillir. Les farceurs ont « Monsieur, retournez chez vous, car votre
glosé sur cette poésie du moyen âge, sur cette cheval
c n'avancera point. » Cet homme, qui
légende, et le monument, qui est à Saint-Denis; lui
1 parut âgé d'une cinquantaine d'années,
mais quel ma! y a-l-il donc dans ces récils était de haute taille, de mauvaise physiono-
c"

que l'église n'a jamais imposés, et qui sont mie, i la barbe el les cheveux noirs, ayant la
toutefois des fleurs? Ce qu'il y a de mal, c'est 1houlette à la main, el deux chiens noirs à
que ces fleurs tombent quelquefois devant des courtes
<
oreilles auprès de lui. — Le jeune
pourceaux. homme
1
se moqua du propos du berger; ce--
Bagon,-—démon de second ordre, bon- pendant 1 il ne pul faire avancer son cheval et
langer et grand panetier de la cour infernale.
fut obligé de le ramener parla bride à la mai-
Les Philistins l'adoraient sous la forme d'un son, ! où il lomba malade, car le sorcier lui avait
monstre réunissant, le buste de l'homme à la -
jeté un sort.—M. de la Richardière le père fit
mille choses pour la guérison de son fils.
queue de poisson. Us lui attribuaient l'inven-
tion de l'agriculture, qu'on a attribuée à tant Comme un jour ce jeune homme rentrait seul
d'autres. — On voit, dans le premier livre dans sa chambre, il y trouva son vieux berger
des Rois, que les Philistins s'étanl rendus assis dans un fauteuil, avec sa boulette et
maîtres de l'arche du Seigneur, et, l'ayant ses deux chiens noirs. Celle vision l'épou-
placée dans leur temple d'Azol, à côté de l'i- vanta; il appela du monde; mais personne
dole de Dngon, on trouva le lendemain cette que lui ne voyait, le sorcier. II soutint toute-
idole mutilée, et sa tète avec ses deux mains fois qu'il le voyait très-bien ; il ajouta même
sur le seuil de la porte. « C'est pour cela, dit que ce
berger s'appelait Danis, bien qu'il
l'auteur sacré, que les sacrificaleurs de Dagon .• ignorât qui pouvait lui avoir révélé son nom.
el tous ceux qui entrent dans son temple ne H continua de le voir tout seul. Sur les six
marchent .point sur le seuil de la porto. » heures du soir, il tomba à lerre en disant
Bahut, — voy. Is. que le berger était sur lui et l'écrasait; et, en
présence de tous les assistants qui ne voyaient
Bamnctus, OU Bamadms, —loup-garou rien, il lira de sa poche un couteau pointu,
de l'antiquité. On conte qu'ayant, mangé le dont il donna cinq ou six coups dans le vi-
ventre d'un petit enfant sacrifié à Jupiter Ly- sage du malheureux par qui il se croyait as-
cicn, en Arcadie, il fut changé en loup ; mais sailli. Enfin, au bout, de huit semaines de
il reprit sa première forme au boni de dix

souffrances, il alla à Sainl-Maur, avec con-
ans; il remporta même le prix de la lulle fiance qu'il guérirait ce jour-là. 11 se trouva
aux jeux olympiques '. mal trois fois; mais, après la messe, il vit
Baniel, — l'un des quatre grands prophè- sainl Maur debout, en habit de bénédictin, et
tes. On lui attribue un traité de Y Art des son- le berger à sa gauche, le visage ensanglanté
ges. Les Orientaux le regardent aussi comme de cinq coups de couteau, sa houlette à la
'' l'inventeur de la géomancie. main, et ses deux chiens à ses côtés. 11 s'écria
qu'il était guéri, et. il le fut en effet dès ce
: Banis, —sorcier du dernier siècle. Le Quelques jours après, chassant
! vendredi, 1er mai '1705, à cinq heures du moment. —
soir, Denis Milanges de la Richardière, fils dans les environs de Noisy, il vit effective-
«"un avocat au parlement de Paris, fut .atta- ment son berger dans une vigne; cet aspect
qué, à dix-huit ans, de léthargies et de dé- lui
fit horreur; il donna au sorcier un coup
do crosse de fusil sur la tête : « Ah! mon-
mences si singulières que les médecins ne
surent qu'en dire. On lui donna de l'éméli-
sieur, vous me tuez! » s'écria le. berger en
°,ue, et ses parents l'emmenèrent à leur mai-
fuyant; mais le lendemain il vint trouver
M. de la Richardière, se jeta à ses genoux,
son à Noisy-le-Grand, où son mal devint plus
'"ri; si bien qu'on déclara qu'il était ensor- lui avoua qu'il s'appelait Danis , qu'il était
celé. On lui demanda s'il n'avait sorcier depuis vingt ans, qu'il lui avait-en ef-
pas eu de fet donné le sort dont il avait été affligé, que
démêlés avec quelque berger; il conta le
que ce sort devait durer un an ; qu'il n'en avait
'•8 avril précédent, il traversait à
comme été guéri au bout de huit semaines qu'à la
cheval le village de Noisy, cheval s'était
son
arrêté court dans la rue Feret, vis-à-vis la' faveur des neuvainès qu'on avait faites; que
le maléfice était retombé sur lui Danis, et
IJolancre, Tableau de l'inconstancedesdémons, etc., qu'il se recommandait à sa miséricorde. Puis,
.'""',
dise. 3, p..207. ' comme les archers le poursuivaient, le; ber-
DAN — 'lb7i — DAN
ger tua ses chiens, jeta sa houlette, changea sait pourquoi alors elles prirent le nom do dan.
d'habits, se réfugia à Torcy, fil pénitence, et ses macabres. On fil (les images de ces danse,
mourut au bout de quelquesjours. — Le père qui furent révérées par le peuple. — |,C;
Lebrun, qui rapporte 1 longuement,cette aven- danses macabres se multiplièrent à l'infini
ture, pense qu'il peut bien y avoir là sorti- au quinzième el, au seizième siècle: les ar-
lège. tistes les plus habiles furent emploN es à les
Danse des Espriis. — Olaiis Magnus, au peindre dans les vestibules des cou\eiils oj
troisième livre de son Histoire des peuples sur les murs des cimetières. — La Danse des
septentrionaux, écrit qu'on voyait encore de morts de Baie fut d'abord exécutée dans
son temps, en beaucoup de ces pays-là, des celle ville en 1435 par l'ordre du concile qui
esprits et fantômes dansant et sautant, prin- y élail rassemblé. Ce qui l'a rendue célèbre
cipalement de nuit, au son de toutes sorles c'est qu'elle fut ensuite refaite par llolhein.
d'instruments de musique. Celle danse est « L'idée de celte danse, est juste et vraie,
appelée, par les gens du pays, chorea elva- disait, il y a quoique temps, un rédacteur
rwm (danse des elfes). Saxon-le-Grammairien
distingué du Journal des Débats : ce monde-
fail mention de ces danses fantastiques dans ci est un grand bal où la mort donne le
son Histoireide Danemarclc.Pomponius Mêla, branle. On danse plus ou moins de contre-
en sa description de l'Ethiopie, dit qu'on a vu danses, avec plus ou moins de joie; mais
au delà du mont Atlas des (lambeaux, et en- cette danse enfin, c'est toujours la mort qui
tendu des (lûtes et clochettes, et que le jour la mène ; el ces danseurs de lous rangs cl de
venu on n'y trouvait plus rien '2. On ajoutait tous états, que sont-ils? Des mourants à plus
que les fantômes faisaient danser ceux qu'ils ou moins long terme. — Je connais deux
rencontraient sur leur chemin, lesquels ne Danses des morts, poursuit le même écri-
manquaient pas de se tenir pour avertis qu'ils vain, l'une à Dresde, dans le cimetière au-
mourraient bientôt. On ne rencontre plus de delà de l'Elbe; l'autre en Auvergne, dans
ces choses-là. Foi/. FOLLETS.
l'admirable église de la Chaise-Dieu. Cette
dernière esl une fresque que l'humidité ronge
Danse des Fées. — On prétendait chez nos chaque jour. Dans
pères que les fées habitaient les forêts déser- ces deux Danses des
qu'elles venaient danser le morts, la mort esl en tête d'un choeur d'hom-
tes, et sur gazon mes d'âges et d'états divers il
clair de la lune. Foy. FÉES. : y a le roi et
au le mendiant, le vieillard el le jeune homme,
Danse des Géants. — Merlin, voulant faire et, la mort les entraîne lous après elle. Ces
une galanterie de courtisan, fit venir, dit-on, deux danses des morts expriment l'idée po-
d'Irlande en Angleterre, des rochers qui pri- pulaire de la manière la plus simple le génie
:
rent des figures de géants, et s'en allèrent en d'Holbein a fécondé celte idée dans sa fa-
dansant former un trophée pour le roi Am- meuse Danse des Morts du cloître des Domi-
brosius. C'est ce qu'on appelle la danse des nicains. A Bâle, c'était une fresque, et elle a
géants. Des écrivains soutenaient, il n'y a pas péri comme périssent peu à les fresques.
peu
.
long-temps, que ces rochers dansaient encore 11 en reste au Musée de Bâle quelques débris
à l'avènement des rois d'Angleterre. el, des miniatures coloriées. La danse d'Hol-
Danse des Morts. — L'origine des danses bein n'est pas, comme celles de Dresde el delà
des morts, dont on fit le sujet de tant de Chaise-Dieu, une chaîne continue de danseurs
peintures, date du moyen âge ; elles ont été menés par la Mort; chaque danseur a sa mort
long-temps en vogue. D'abord on voyait fré- costumée d'une façon différente selon l'clat
quemment, pendant le temps du carnaval, du mourant; de cette manière, la danse d'Hol-
des masques qui représentaient la mort; ils bein esl une suite d'épisodes réunis dans le
avaient le privilège de danser avec tous ceux même cadre ; il y a quarante et une scène;
qu'ils rencontraient en les prenant par la dans le drame d'Holbein, et dans ces quarante
main, el l'effroi des personnes qu'ils forçaient et une scènes, une variété infinie. Dans aucun
de danser avec eux amusait le public. Bien- de ces tableaux vous ne trouverez la même
tôt ces masques eurent l'idée d'aller dans les pose, la même attitude, la même expression,
cimetières exécuter leur danse en l'honneur Holbein a compris que les hommes ne se res-
des -trépassés. Ces danses devinrent ainsi un semblent pas plus dans leur mort que dans
effrayant exercice de dévotion ; elles étaient leur vie , et que , comme nous vivons tous'S
accompagnées de sentences lugubres, et l'on ne notre manière, nous avons tous aussi noir*
manière de mourir. — Holbein costume le I 8'11
1 Histoire des pratiques superstitieuses, 1.1'-'', p.281. et vilain squelette sous lequel nous nous H[][
K Taillepied, Psychologie, p. 170. rons la mort de la façon du monde In Pllli
DAN — 1G5 — 1>AI>

bouffonne, exprimant, par les attributs qu'il écoutée


éc< ; dans le combat enfin, où elle court
lui donne, le caractère et les habitudes du en tète des bataillons, et, pour se faire suivre,
personnage qu'il veut représenter. Chacun de elle s'est noué le drapeau autour du cou.... »
ell
ccs tableaux est un
chef-d'oeuvre d'invention.
incroyable l'ex- Danse du Sabbat.—PierreDelancre assure
jl est avec quel art il donne
les danses du sabbat rendent les hommes
_- de la vie et du sentiment à que
pression ces sque- ^furieux, et font avorter les femmes. Le diable,
lelleshideux, à ces figures décharnées. Toutes
vivent, dit-on,
.. apprenait différentes sortes de danses
morls pensent, respirent; toutes sorciers de Genève ; ces danses étaient
p(!3
geste, la physionomie, j'allais presque fort
aux
ont ICJ

regards les couleurs de la vie. f rudes puisqu'il se servait de verges et


dire les et — de ,
, 5 bâtons, comme ceux qui font danser les
llolbein avait ajouté à l'idée populaire de la
animaux. 11 y avait dans ce pays une jeune
Danse des Morts; le peintre inconnu du l'ont
femme
„ à qui le diable avait donné une ba-
de Lucerne a ajouté aussi à la danse d'Hol-
guette
? de fer, qui avait la vertu de faire danser
jjein. Ce ne sont pas des peintures de prix
les personnes qu'elle touchait; elle se mo-
que les peintures du Pont de Lucerne mais
quait des juges durant son procès, et leur
,
elles ont un mérite d'invention fort remar-
^
protestait qu'ils ne pourraient la faire mourir ;
miaule. 1-e peintre a représenté, dans les trian- '
mais elle déchanta 1. — Les démons 2 dan-
nies que forment les poutres qui soutiennent
je toit du Pont, les scènes ordinaires de la vie, sent avec les sorcières en forme de bouc ou
de , ' tout autre animal. —On danse générale-
cl comment la mort les interrompt brusque- rond dos à clos, rarement seul ou à
Dans Holbein la mort prend le ment en
: ment. ,
cos- deux. ,
,
11 y a trois branles : le premier se
tume et les attributs de tous les états, montrant le branle à la bohémienne ; le second
soumis à né- nomme
par là que nous sommes tous sa s'exécute comme celui de nos artisans dans
cessité. Au Pont de Lucerne, la mort vit avec
,les campagnes, c'est-à-dire en sautant tou-
nous; faisons-nous une partie de campagne , jours, le dos tourné dans le troisième branle,
elle s'habille en cocher, fait claquer son fouet; ^ ;
on se place tout en long, se tenant par les
ies enfants rient et pétillent : la mère seule
mains et avec certaine cadence. On exécute
se plaint que la voilure va trop vile. Que
danses au son d'un petit tambourin, d'une
voulez-vous? C'est la mort qui conduit; elle ces '
flûte, d'un violon, ou d'unautre instrument que
n liâle d'arriver. Allez-vous au bal, voici la ,l'on frappe avec un bâton ; c'est la seule mu-
! mort qui entre en coiffeur, le peigne à la main.
sique du sabbat; cependant des sorciers ont
i Hâtez-vous, dit la jeune fille, hûtez-vons ! Je "
assuré qu'il n'y avait pas de concerts' au
no veux point arriver trop lard. — Je ferai c
monde mieux exécutés.
; vile ! Elle fait vile : car à peine a-t-ellc touché
du bout de son doigt décharné le front de la Dause du Soleil. — C'est une croyance en-
danseuse, que ce front de dix-sept ans se (core répandue dans beaucoup de villages que
dessèche aussi bien que les fleurs qui devaient 1le soleil danse le jour de Pâques. Mais celte
?
le parer.
— Le Pont de Lucerne nous montre |
gracieuse tradition populaire n'est que de la
la Mort à nos côtés et partout : à table, où elle poésie,
! comme les trois soleils qui se lèvent
n la serviette autour du cou le verre à la 'sur l'horizon le matin de la Trinité.
,
main et porte des santés; dans l'atelier du
<
ï peintre, où en garçon barbouilleur elle tient siècle Danses épidèmiques. — Au quatorzième
il y eut une secte de danseurs qui par-
la palette et broie les couleurs; dans le jardin
:
où, vêtue en jardinier, l'arrosoir à la main,
coururent le Luxembourg, le pays de Liège ,
le Hainaut et les provinces lUiénanes, dansant
elle mène le maître voir si ses tulipes sont
:'
fureur et se prétendant favorisés pendant
ecloses; dans la boutique où, en garçon mar- avec
chand assise, leurs danses de visions merveilleuses. On
, sur des ballots d'étoffe, elle a croit qu'ils étaient possédés, puisqu'on ne les
,V l'air engageant et appelle les pratiques; dans
le corps-de-garde, où le tambour
guérit que par les exorcismes.
j en main elle
liât le rappel dans le carrefour où
; en faiseur Daphnéphages, — devins qui, avant de ré-
de tours elle rassemble les badauds
: ; au bar- pondre aux questions qu'on leur faisait, man-
Î rcau où, vêtue en avocat, elle prend des con- geaient des feuilles de laurier, parce que, cet
clusions, le seul avocat (dit la légende arbre étant consacre à Apollon ils se
en ,
mauvais vers allemands placés au bas de croyaient de la sorte inspirés de ce dieu.
v.i chaque tableau ) qui aille vite et qui gagne
•: ; toutes ses causes; dans l'antichambre du mi-
1 Delancre.Tablemi do l'inconstancedes démons, etc.,
<j ; nisire où, en solliciteur, l'air humble et le dos !iv. m, dise, i, p. 201.
;
-courbé, elle présente une pétition qui seraI 2 Bodin, Pérnpnomimie, ljv. i«'r, cli. 4.
DAY. 166 — ni-;c
Daphnomancîc, -r— divination par le lau- vide. 'v On le signala ; mais il changeait de non,;
rier. On en jetait une brandie dans le feu ; pour ] se mettre à couvert des poursuites. On
si elle pétillait en brûlant, c'était un heureux croyait
c qu'il avait intelligence avec les oi-
présage ; mais si elle brûlait sans faire de bruit, sseaux ; car il parlait avec eux en différentes
le pronostic était fâcheux. Ilangues, et ces oiseaux lui portaient parfois

Dards magiques. — Les Lapons, qui pas- de ' la proie pour ses aliments. A Bàlo il se
,
saient autrefois pour de grands sorciers, et • fil appeler Jean Brucli, se disant neveu c](.
qui le sont à présent, bien peu, lançaient, Dieu, qu'il appelait son oncle, ajoutant toute-
dit-on, des dards de plomb, longs d'un doigt, fois qu'il était né en Hollande. Il voulut aussi
contre leurs ennemis absents, et croyaient se faire passer pour le prophète Daniel, que
leur envoyer, avec ces dards enchantés, des Dieu envoyait en ce monde afin de rétablir le
maladies et des douleurs violentes. royaume ri'lsraè'l et le tabernacle de Jacob.
11 ensorcelait les esprits, dit Delancre, tandis
Daroudji. — C'est le nom que les Persans les sorciers ensorcelaient les corps.
donnent à la troisième classe de leurs mauvais que autres
génies. Au bout de treize ans qu'il séjourna à Bàlo
il mourut, ayant abusé tellement le peuple
Daugis, — auteur peu connu d'un livre qu'on lui fit de magnifiques obsèques, et qu'il
contre les sorciers, intitulé Traité sur la magie, fut enterré en l'église de Saint-Léonard. Ses
le sortilège, lés possessions, obsessions et malé- disciples furent étonnés de sa mort, car ils le
fices, où l'on en démontre la vérité et la réa- croyaient immortel ; il avait prédit qu'il
res-
lité, avec une méthode sûre et facile pour les susciterait trois jours après son trépas. Comme
discerner, et. les règlements contre les devins, on vit que celte prophétie au bout de trois
sorciers, magiciens, etc. ; Paris, in-<12, '1732. ans ne s'accomplissait point, on le reconnut
Dauphin. — On ne sait trop sur quoi est pour imposteur; on le lira de son cercueil, el
fondée cette vieille croyance populaire, que le on le porta sur un échafaud où il fut brûlé
,
dauphin est ami de l'homme. Les anciens le avec les livres qu'i 1 avait composés, le 26 août,
connaissaient si imparfaitement, qu'on l'a -155!) ».
presque toujours représenté avec le dos courbé David-Jones. — Les malclolsanglais appel-
en arc, tandis qu'il a le dos plat comme les lent de ce nom le mauvais génie qui préside
autres poissons. On trouve, danslîlien etclans à lous les esprits malfaisants de la mer. 11
d'autres naturalistes, des enfants qui se pro- est dans tous les
ouragans; on l'a vu quel-
mènent en mer à cheval sur des dauphins quefois d'une taille giganlesqae, montrant
apprivoisés; ce sont de ces merveilles qui ne trois rangs de dents aiguës dans sa bouche
sont plus faites pour nous. On saitque le dau- énorme, ouvrant de. grands yeux effrayants,
phin est le symbole de la rapidité : et c'est et de larges narines, d'où sortaient des flammes
dans un sens emblématique, pour rappeler- bleues.
qu'il faut se hâter avec prudence, qu'on a
peint le dauphin entortillé à une ancre; car Deber. — Des théologiens, hébreux disent
il est faux que par affection pour l'homme il que
Deber signifie le démon qui offense la
la conduise au fond de la mer, comme le con-
nuit; et Chefeb ou Chereb, celui qui offense
taient nos pères '. en plein midi.
David. — Selon les Orientaux, ce prophète- Decarabia , — VO\j. C.MUH1A.
roi se faisait obéir des poissons, des oiseaux Dèoius (Promis). — Pendant la guerre
et des pierres; ils ajoutent que le fer qu'il des Romains contre les Latins les consuls
,
tenait daiis ses mains s'amollissait, et que les Publias Décius elMarilius Torqualus, campés
larmes qu'il versa pendant les quarante jours près du Vésuve, eurent, tous deux le même
qu'il pleura son péché faisaient naître des songe dans la même nuit : ils virent en dor-
plantes. Adam, disent les musulmans, avait mant un homme d'une figure haute, qui loi"'
donné soixante ans de la durée de sa vie pour dit que l'une désdeux armées devaildeseendro
prolonger celle de David, dont il prévoyait le chez les ombres, et que celle-là seraitviclo-
règne glorieux. torieuse dont le général se dévouerait aux
David-George,— vitrier de Gand, qui, en puissances de la mort. Le lendemain. les
consuls, s'étant raconté leur songe, firent un
<lo25, se mit à courir les Pays-Bas, en disant
sacrifice pour s'assurer encore de la volonté
qu'il était le Messie envoyé sur la terre pour
remplir le ciel, qui avait beaucoup trop de des dieux, et les entrailles des victimes con-

T Brown, Des Erreurs popuL, liv. v, ch. 2.


1
liv. v, p. 337,
...
Deîanci-c/rab'enu del'incousUtncedes démons, etc-'
DV.L — 107 ~ DKL
lirinèrent ce qu'ils avaient vu. Ils convinrent sacré à Y attouchement, on voit ce que peuvent
donc entre eux que le premier qui verrait plier faire les sorciers par le toucher, bien plus
,
bataillons s'immolerait au salut de la puissant que le regard. Le traité, quatrième
; sc5 *
pairie. Quand le combat fut engagé, Décius ,-
où il s'agit du scopélisme, nous apprend que,
nui vit fléchir l'aile qu'il commandait, se dé- par celte science secrète, on maléficie les gens
voua, et avec lui toute l'armée ennemie, aux en jetant simplement dès pierres charmées
dieux infernaux, et se précipita dans les rangs dans leur jardin. Le traité suivant détaille
toutes les divinations. Au sixième traité, on
.
des Latins , où il reçut la mort en assurant à
Home une victoire éclatante '. — Si ce double s'instruit de tout ce qui lient aux ligatures. Le
songe des consuls et les présages dos victimes septième roule sur les apparitions. L'auteur,
publiés dans les deux armées n'étaient qu'un qui ne doute de rien, en rapporte beaucoup.
coup de politique, le dévouement de Décius Il tombe, dans le huitième traité, sur les juifs,
fiait un acte de patriotisme bien grand, même apostats et athées, Dans le neuvième, il s'é-
chez les Romains lève contre les hérétiques, dont l'apparition
dans tous les temps a produit des fanatismes
Becremps, — escamoteur du dernier siècle,
ijui publia un Traité de la magie blanche. plus ou moins absurdes ou abominables. 11 se
l'incré-
Bodschail,—lediable chez plusieurs tribus récrie , dans le dernier traité, contre de
dulité et mécréance des juges en fait sor-
arabes.
cellerie. Le tout est suivi d'un recueil d'Arrêts
Déiphobe,—sibylle de Cumes. Voy. Si- notables contre les sorciers. 2° Tableau de

IIÏU.ICS. l'inconstance des mauvais anges et dénions,
Déjections. — Le médecin de Ilae'n dans où il est amplement traité de la sorcellerie et
,
le demie" chapitre de son Traité de la magie, des sorciers ; livre très-curieux et très-utile
,
dit que si l'on voit sortir de quelques parties avec un discours contenant la procédure faite
que ce soit du corps humain, sans lésion con- par les inquisiteurs d'Espagne et de Navarre
sidérable des choses qui naturellement ne à cinquante-trois magiciens, apostats, juifs et
,
puissent y entrer, comme des couteaux des sorciers, en la ville de Logrogne en Caslille,
,
morceaux de verre, du fer, de la poix des le 9 novembre 1610 ; en laquelle on voit com-
,
touffes decrin, des os, des insectes, dé grosses bien l'exercice de la justice en France est plus
épingles tordues, des charbons, etc., on doit juridiquement traité et avec de plus belles
attribuer tout cela au démon et à la magie, formes qu'en tous autres empires, royaumes,
l'oi/. EXCRÉMENTS. républiques elElals, par P. Delancre,conseiller
Delanore ( PIKIUIE ), — démonographe re- du roi au Parlement de Bordeaux ; Paris, Ni-
nommé, né à Bordeaux dans le seizième siècle. colas Buon, 1642, in—4,J d'environ 800 pages 1,
H fut chargé d'instruire le procès de quantité
très-recherché surtout lorsqu'il est accom-
: ,
de vauriens accusés de sortilèges; son espril pagné de l'estampe qui représente les céré-
crédule en demeura convaincu de toutes les' monies du sabbat. Cet ouvrage est divisé en
: six livres : le premier contient trois discours
: extravagances du sabbat et des sorciers. I ,

v mourut à Paris, vers 4630. On a de lui deu; sur l'inconstance des démons, le grand nombre
ouvrages recherchés sur ces matières : — ries sorciers et le penchant des femmes du
ï '1° l'Incrédulité et méoréance du sortilégt pays de Labour pour la sorcellerie. Le second
'. livre traite du sabbat, eh cinq discours. Le.
; pleinement convaincues, où il est amplemen
? et curieusement traité de la vérité ou illusioi troisième roule sur la môme matière et sur les
du sortilège, de la fascination, de l'altouche pactes des sorciers avec le diable, pareille-
ment, du scopélisme, de la divination, de 1; ment en cinq discours. Le quatrième livré,
r, ligature qui contient quatre discours, est consacré aux
: ou liaison magique, des apparition
°l d'une infinité d'autres rares et nouveau: loiips-g'arous ; le livre cinquième, en trois
discours, aux superstitions et apparitions; et
; Sl|jels, par P. Délaiicré, conseiller du roi e: le sixième, aux prêtres sorciers, en cinq dis—
? : son conseil d'État. Paris, Nicolas Biion, 1612
, in-io c]e près^ 900 pageS) assez rare, dédi
au roi Louis XIII; divisé en dix traités. Dan
'l cours.
— Tout ce que ces ouvrages présentent
de curieux tient sa place dans ce Diction-
,;
><• premier, l'auteur
naire.
prouve que tout ce qu'o
:, ('it des sorciers est véritable. Le second, in - Delangle (Louis), — médecin espagnol et
if ululé De la fascination, démontre que les soi grand astrologue. On raconte qu'il prédit au
;• Cle|,es ne fascinent, en ensorcelant, qu'au roi Charles VII la journée de Frémigny, en
r moyen du diable. Par le troisième traité, coii- 1450 ; il prédit aussi, selon quelques ailleurs,
'$..' 'îTite-LiveetValère-Maxime. 1 Tl y a une préface de Jean d'Espagnet.
DEM — 168 — ])E!U
l'emprisonnement du petit prince de Piémont, qui < raconte qu'appelé par les' Abrlérilnins :
ainsi que la peste de Lyon l'année suivante. pour | guérir la folie prétendue de ce philoso-
On l'accusa de superstition, quoiqu'il ne se dît phe, il le trouva occupé à la lecture de
|
qu'astrologue. Le roi le retint à quatre cents itains livres et à la dissection de quelques cer-
livres de pension, et l'envoya pratiquer sa animaux : ; ce qu'il n'eût point fait s'il eût èlé
science à Lyon. 11 fit plusieurs livres, et tra- aveugle. De jeunes Abdérilains, sachant
.duisil, d'espagnol en latin, les Nativités, de Démocrite s'était enfermé dans un sépulcre q^.
Jean de Séville. On ajoute qu'il prévit le jour écarté de la ville pour philosopher, s'habil-
de sa mort. Il fil faire, dit-on, quinze jours lèrent un jour en diables avec de longues
ro-
d'avance, son service, que l'on continua jus- bes noires, et portant des masques .hideux;
qu'à l'heure marquée, où en effet il mourut '. puis l'allôrent trouver, et se mirent à danser
Delrio (MAIITIN-ANTOINE),— né à Anvers autour de lui ; Démocrite n'en parut point ef-
en 4 561, savant jésuite, auteur d'un livre in- frayé, il ne leva pas même les yeux de des-
titulé : Recherches magiques*-, en six livres, sus son livre et continua d'écrire 1. Il riaii
où il est traité soigneusement des arts cu- de tout, nous dit-on, mais son rire était mo-
rieux et des vaines superstitions; in-i", Lou- ral, et il voyait autrement que les hommes
vain, 1599, souvent réimprimé. Ce livre ré- dont il se moquait. Croyons donc, avec Scn-
lèbre, qui eut dans son temps beaucoup de liger, qu'il était aveugle moralement, quùd
vogue, a été abrégé et traduit en français par aliorum more oculis non ulerelw. — On a
André Duchesne, Paris, in—1°, elin-8°, 2 vol., dit qu'il entendait le chant des oiseaux, et
1611, très-recherché. L'auteur se montre gé- qu'il s'était procuré, cette faculté merveilleuse
néralement un peu crédule, mais plus éclairé en mangeant un serpent engendré du sang
que la plupart des écrivains de son siècle. mélangé de certains oisillons ; mais que n'a-
Son ouvrage est divisé en six livres : le pre- t-on pas dit! On a dit aussi qu'il commerçai!
mier traite de la magie en général, naturelle avec le diable, parce qu'il vivait solitaire.
et artificielle, et des prestiges; le second, de Démon barbu. —voy. BAIIHU.
la magie infernale ; le troisième, des maléfi-
Démoniaques, — voy. PossiiDKS.
ces; le quatrième, des divinations et prédic-
tions; le cinquième, des devoirs du juge et Démonocratie, — gouvernement des dé-
de la manière de procéder en fait de sorcel- mons, influence immédiate des esprits mal-
lerie ; le sixième, des devoirs du confesseur faisants, religion de quelques peuplades amé-
et "des remèdes permis ou prohibés contre la ricaines, africaines, asiatiques, sibériennes,
sorcellerie. En général, ces disquisitions ma- kamlschadales, etc., qui révèrent le diable
giques sont un recueil de laits bizarres, mêlés avant tout.
de raisonnements et de citations savantes. Démonographie, — histoire et description
Déluge. — Voy. Is, NOÉ, etc. de ce qui regarde les démons. On appelle dé-
nionograpbes les auteurs qui écrivent sur ce
Démocrite, — philosophe célèbre, qui llo- sujet,
rissail en Grèce environ trois cents ans après comme Delancre, L'eloyer, Wiérus, etc
la fondation de Rome. Les écrivains du quin- Dèmonolatrie, culte des démons. On a pu-
zième et du seizième siècle l'ont accusé de blié à Lyon, vers 4 819, un volume in-12, in-
magie; quelques-uns lui ont même attri- titulé : Superstitionscl Bémonoldtrie des phi-
bué un traité d'alchimie. Psellus prétend qu'il losophes. Ce livre a le tort d'être trivial quel-
quefois, mais il contient de bonnes choses.
ne s'était crevé les yeux qu'après avoir
souf/lé tout son bien à la recherche de la Démonologie, — discours et traité sur les
pierre philosophale. La cécité de Démocrite démons pour la démonologie du roi Jacques.
a embarrassé bien des personnes. Tertullien Voy. ce nom. Voy. aussi WALTEn SCOTT.
dit qu'il se priva de la vue parce qu'elle était
Démonomancie,— divi nation par le moyen
pour lui une occasion de mauvaises convoiti- des démons. Cette divination lieu pur les
a
ses. Plutarque pense que c'était pour philoso- oracles qu'ils rendent, ou
pher plus à son aise, et c'est le sentiment qu'ils font à par les réponses
le plus répandu, quoiqu'il soit aussi dénué de ceux qui les évoquent.
fondement que les autres. — Démocrite ne fut Démonomanie , — manie de ceux ci 111
point aveugle, si l'on en croit llippocrate, croient à tout ce qu'on raconte sur les dénions
et les sorciers, comme.Bodin, Leloyer, De-
1 Ancien manuscrit de la IJibliotliècpie du roi, rap-
lancre, elc. L'ouvrage de Bodin porle le lit1'"
purlé à In fin des Remarques de Joly sur ISayîr.
> Pisquisitiomnn magicamm libri seN tir., auotore
e ' T.eloyer, Histoire des spectres ou apparition oVS
iMartino Delrio, etc. ,
esprits, liv. t-', ch. 9, p. SU.
DEM —• 169 — DEM
,ic ])èmonomame
des sorciers ; mais la ce mot 1er a luigueit; us osèrent, se croire aussi
^jnni'fie diablerie. Voy. -BODIN. grands que leur Créateur et enlraînôrent
,
dans leur crime partie de l'armée des
Démons. — Ce que nous savons d'exact une
;ur les
dénions se borne à ce que nous en en- anges. Satan, le premier des Séraphins et
jgjffiic l'Église : que ce sont des anges tom- le plus grand de tous les êtres créés J, s'était
liés. qui privés de la vue de Dieu depuis leur
misa la tète des rebelles. Il jouissait dans le
révolte, ne respirent plus que le mal et ne ciel d'une gloire inaltérable et ne reconnaissait
l'Éternel. Une folle ambi-
cherchent qu'à nuire. Ils ont commencé leur d'autre maître que
tion causa sa perle; il voulut régner sur la
ri«>iie sinistre par la séduction de nos pre-
miers pères; ils continuent de lutter contre
moitié du ciel, et siéger sur un trône aussi
élevé que celui du Créateur. L'archange Mi-
les anges fidèles qui nous protègent, et ils
Iriomphenl de nous quand nous neleur résistons chel et les anges restés dans le devoir lui li-
vrèrent combat. Satan fut vaincu et précipité
pas avec courage. —Nous ne pouvons faiie ici
dans l'abîme avec tous ceux de son parli 2.—
un traité dogmatique sur les démons. Nous
devons nous borner à rapporter les opinions
Dieu exila les anges déchus loin du ciel, dans
bizarres et singulières auxquelles ces êtres un lieu que nous nommons l'enfer ou l'abîme.
maudits ont donné de l'intérêt. — Les anciens — Quelques opinions placenl l'enfer au cen-
admettaient trois sortes de démons, les bons, tre de notre globe. Plusieurs rabbins disent
les mauvais et les neutres. Mais ils appelaient que les démons habitent l'air, qu'ils remplis-
ilénion tout esprit. Nous entendons par démon sent. Saint Prosper les place dans les brouil-
lards. Swinden a voulu démontrer qu'ils lo-
un ange de ténèbres, un esprit mauvais. —
Presque toutes les traditions font remonter geaient dans le soleil ; d'autres les ont logés .
l'existence des démons plus loin que la créa- dans la lune. Bornons-nous à savoir qu'ils
tion du monde matériel. Parmi les rêveurs sont dans les lieux inférieurs, bien loin du
juifs, Aben-Esra prétend qu'on la doit fixer soleil et de nous, comme dit Millon, et que
Dieu leur permet toutefois de (enfer les hom-
mi second jour de la création. Manassé lien-
Israël, qui suit la même opinion, ajoute qu'a- mes qui sont sur la terre, et de les porter au
près avoir créé l'enfer et les démons, Dieu les mal. — Tout chrélien connaît la dure et in-
plaça dans les nuages et leur donna le soin conlcstablehistoire du péché originel, réparé,
de tourmenter les méchants '. L'homme n'é- dans ses effets éternels, par la divine rédemp-
tait pas créé le second jour; il n'y avait donc tion. On sait aussi que depuis la venue du
point de méchant à punir. Les démons d'ail- Messie le pouvoir des démons, resserré dans
leurs ne sont pas sortis noirs de la main du d'étroites limites, se borne à un rôle vil et
l'i'éntenr; ils ne sont que dos anges de lu- ténébreux, qui a produit quelques tristes ré-
mière devenus anges de ténèbres par leur cits mêlés souvent de mensonge. •— On ne
tliuie. Origèno et quelques philosophes sait trop se figurer le nombre des démons.

soiiiiciuu'iil que les bons cl les mauvais es- Wiérus, toutefois, comme s'il les avait comp-
prils sont plus vieux que notre monde ; qu'il tés, dit qu'ils se divisent en six mille six cent
n'est, pas probable que Dieu se soit avisé [ou t. soixante-six légions, composées chacune de
•l'un coup, il six mille six centsoixante-six anges ténébreux ;
y a seulement sept ou huit mille il
ans 5, de tout créer pour la première fois, que en élève ainsi le nombre à quarante-cinq
les anges et les démons étaient restés hnmor- millions, ou à peu près, et leur donne soixante-
:
icls après la ruine des mondes qui ont pré- douzeprinces, ducs, marquis, prélats ou com-
'ode le nôtre etc. Manès, ceux qu'il a co— tes. — Mais il y en a bien davantage, el ils ont
ont adopté son système, font leur bonne part dans le mal qui se fait ici-bas,
|i:és et ceux qui ,

1
le diable éternel
et le regardent comme le puisque les mauvaises inspirations viennent
Principe du mal, ainsi Dieu est le prin- d'eux seuls. Honte et malheur à qui les écoute !
que
été suffisamment réfuté, — Selon Michel Psellus, les démons se divi-
:
lîipo du bien. Il
:. a
-^'ous devons donc
nous en tenir sur les dé- sent les en six grandes sections. Les premiers
"ions au sentiment de l'Église universelle. sont démons du feu, qui on habitent les
[ "ieu avait créé les choeurs des anges. Toute
. régions éloignées ; les seconds sont les démons
de l'air,
;:
cette milice céleste était
pure et non portée pouvoir qui volent autour-de nous, et ont le
;,u mal. Quelques-uns d'exciter les orages ; les troisièmes
: se laissèrent al-
sont les démons de la terre, qui se mêlent
I>e lîesurrectione
mortitorum, lib. ut, cap. 0. avec les hommes et s'occupent de les tenter;
dix |Jd-V0rK* 011 ^os Septante donne air monde quinze ou
""•" Ce,lls ans ,le 1>,,1S lll:o nous, tes Grecsmodernes 1 Quique crcatime proefulsit in ordinc primus.... Aie.
(JIII1 »mvi
ce calcul, et. lu- ]>. Pezron l'a un peu réveillé Avili poem., lib. il.
I «>ni nous dans l'Antiquité
rétablie. 2 Apocalypse, cil. v, vers. 7 et i).
DEM — 170 — DEN
les quatrièmes sont les démons des eaux, qui Démons blancs, —foy. FEMMES IILANCIIKS. [
habitent la mer et les rivières, pour y élever Démons familiers, — démons qui s'appiv
des tempêtes et causer des naufrages; les voisent et plaisent à vivre avec les hom-
se
cinquièmes sont les démons souterrains, qui
mes, qu'ils aiment assez à obliger. Voy. Bi;-
préparent les tremblements de terre, souillent Un historien suisse rapporte qu'un
iirrii. —•
les volcans, font écrouler les puits et tour- baron de Begensberg s'était retiré dans
une
mentent les mineurs; les sixièmes sont les tour de son château de Bâle pour s'y adonner
démons ténébreux, ainsi nommés parce qu'ils
avec plus de soin à l'étude de l'Ecriture
vivent loin du soleil et ne se montrent pas Sainte et
aux belles-lettres. Le peuple était
sur la terre. On ne sait trop où Michel Psel- d'autant plus surpris du choix de cette re-
lus a trouvé ces belles choses ; mais c'est traite,
que la tour était habitée par un démon,
dans ce système que les cabalisl.es ont ima- qui jusqu'alors n'en avait permis l'entrée à
giné les salamandres, qu'ils placent dans les
personne; mais le baron était au-dessus d'une
régions du feu ; les sylphes, qui remplissent telle crainte. Au milieu de ses travaux, lo
l'air ; les onclins, ou nymphes, qui vivent démon lui apparaissait, dit-on, en habit sécu-
dans l'eau, et les gnomes, qui sont logés dans lier, s'asseyait à
ses côtés, lui faisait des
l'intérieur de la terre. — Des doctes ont pré- questions
sur ses recherches, et s'enlrelenail
tendu que les démons multiplient entre eux
avec lui sur divers objets, sans jamais lui faire
comme les hommes ; ainsi , leur nombre doit aucun mal. L'historien crédule ajoute que, si
s'accroître surtout si l'on considère la durée le baron eût voulu faire des questions dé-
au
de leur vie, que quelques savants ont bien
mon, il en eût tiré beaucoup d'éclaircisse-
voulu supputer; car il eh est qui ne les font ments utiles i. Voy. ESIMIITS, LUTINS, FAII-
' pas immortels. Hésiode leur donne une vie de
EADETS. etc.
six cent quatre-vingt mille quatre cents ans.
Plutarque, qui ne conçoit pas bien qu'on ait Démons de midi. — On parlait beaucoup
chez les anciens de certains démons qui se
pu faire l'expérience d'une si longue vie, la
réduit à neuf mille sept cent vingt ans montraient particulièrement vers midi à ceux
— avec lesquels ils avaient contracté familiarité.
Il y aurait encore bien des choses à dire sur
les démons et sur les diverses opinions qu'on Voy. A>ÎATIIION. Ces démons visitent ceux à
s'est faites d'eux. On trouvera généralement qui ils s'attachent, en forme d'hommes ou de
choses, leurs articles, dans bêles, ou en se laissant enclore en un caractère,
ces à ce diction- vide et
naire. — Les Moluquois s'imaginent que les chiffre, fiole, ou bien en un anneau
démons s'introduisent dans leurs maisons par creux au dedans. « Ils sont connus,
ajoute.
l'ouverture du toit, et apportent un air infect Leloyer, des magiciens qui s'en servent, et,
à

qui donne la petite-vérole. Pour prévenir ce mon grand regret., je suis contraint de dire
malheur, ils placent à l'endroit où passent ces que l'usage n'en est que trop
commun 1. »
démons certaines petites statues de bois pour Voy. EMPUSE.
les épouvanter, comme nous hissons des hom- Denis Anjorrand , •— docteur de Paris,
mes de paille sur nos cerisiers pour écarter médecin et astrologue au quatorzième siècle.
les oiseaux. Lorsque ces insulaires sortent le Ce fut lui qui prédit la venue du prince (lo
soir ou la nuit, temps destiné aux excursions Galles, et qui configura d'avance par astrolo-
des esprits malfaisants, ils portent toujours gie la prise du roi Jenirâ Poitiers; mais on
sur eux un oignon ou une gousse d'ail, avec n'en tint pas compte. Néanmoins, après que
un couteau et quelques morceaux de bois ; et la chose fut advenue, il fut grandement estime
quand' les mères mettent leurs enfants au lit, à la cour '.
elles ne manquent pas de mettre ce préser- Denis-lc-chartreux, — écrivain pieux du
vatif sous leur tèle. — Les Chingulais, pour quinzième siècle, né dans le pays de Liège.
empêcher que leurs fruits ne soient volés, an- Nous ne citerons que son ouvrage Des Qiwm
noncent qu'ils les ont donnés aux démons. dernières fins de l'homme, où il traite, selon
Dès lors, personne n'ose y toucher. — Les les idées de son temps et de son pays, d"
Siamois ne connaissentpoint d'autres démons purgatoire et de l'enfer.
que les âmes des méchants qui, sortant des
enfers où elles étaient détenues, errent un Denis de vîneennes, — médecin de la Fa-
culté do Montpellier etgrand astrologue. Appelé
certain temps dans ce monde et font aux
hommes tout le mal qu'elles peuvent. De ce
nombre sont encore les criminels exécutés, les 1Dictionnaire d'anecdo'.es suisses, p. 82.
* Histoire des spectres, liv. m, ch. 4, p. 108.
enfants mort-nés, les femmesmortes en couches' 3 Ancien manuscrit de la ïîibliollièqne (lu roi, clte
et ceux qui ont été tués en duel. Voy. DIAISI.I;. par -Toly, Remarques sur Baylc.
DEN — 171 — DES
.]Se.rvieediiduc,Lomsd Anjou,îlhitiorlexpert en lhonneur de saint Laurent. C est une su-
,
ses jugements particuliers, entre lesquels perstition. — Los racines d'asperges sont, dit-
en
jj lit un audit duc, qui était gouverneur du on, un très-bon spécifique : séchées et appli-
cn
pulit roi Charles VI, au moyen duquel il trouva
quées sur les dents malades, elles les arrachent
trésor du roi Charles V, qui était seulement sans douleur. Nous ne l'avons pas éprouvé.
e
^|a connaissance d'un nommé Errart deSer- .Dérodon (DAVID), — dialecticien du dix-
reu/.e, homme vertueux,
discret et sage. 11 y septième siècle. On conte qu'un professeur,
avait dans ce trésor, que Denis de Yincennes pressé par un argumentateur inconnu, lui dit
découvrit par son art, dix-huit millions d'or. sur le point de se rendre : « Tu es le diable,
Aucuns (attendu que ce roi avait toujours eu ou tu es Dérodon. » Ce savant a laissé un
lafiierre) disent que Jean de Meung,.auteur Discours contre l'astrologie judiciaire, in-8°,
du roman de la Rose, lui avait amassé ce (ré— -1663.
jor par la vertu
de la pierre pbilosophale *. Dersail, — sorcier du pays de Labour, qui
Bnnts.—Il y a aussi quelques histoires mer- portait le bassin au sabbat vers l'an '1610.
veilleuses sur les dénis; et d'abord on a vu
Plusieurs sorcières ont avoué l'y avoir vu re-
des enfants naître avec des dénis ; Louis XIV
cevant les offrandes à la messe du sabbat, et
avait deux lorsqu'il vint monde. Pyr- assurèrent qu'il employait cet argent pour les
au
avait au lieu de dents affaires des sorciers et pour les siennes '.
en
rhus, roi des Épirotes,
os continu en haut de la mâchoire et un Desbordes, — valet de chambre du duc de
un
pareil en bas. 11 y avait même en Perse une Lorraine Charles IV. Ce valet fut accusé, en
race d'hommes qui apportaient ces os-là en
'1628, d'avoir avancé la mort de la princesse
naissant 2; la république des Gorgones devait Christine, mère du duc, et causé diverses ma-
cire bien laide, comme dit M. Salgues, s'il est ladies que les médecins attribuaient à des
vrai que ces femmes n'avaient pour elles toutes maléfices. Charles IV avait conçu de violents
qu'un oeil et qu'une denl, qu'elles se prêtaient, soupçons contre Desbordes depuis une partie
l'une à l'autre. —En 1S91 le bruit courut de chasse où il avait servi un grand dîner au
, tombées
en Silésie que, les dents étant à un duc, sans autres préparatifs qu'une petite
'I enfant de sept
ans, il lui en était venu une boîte à trois étages, dans laquelle se trouvait
d'or. On prétendait qu'elle était en partie na- un repas exquis. Dans une autre occasion, il
turelle et en partie merveilleuse et qu'elle s'était permis de ranimer trois pendus (car il
,
avait été envoyée du ciel à cet enfant pour faisait toujours tout par trois )qui, depuis trois
consoler les Chrétiens affligés par les Turcs, jours, étaient attachés au gibet; et il leur
quoiqu'il n'y eût pas grand rapport entre avait ordonné de rendre hommage au duc,
celle dent et les Turcs et qu'on ne voie pas après quoi il les avait renvoyés à la potence.
,
quelle consolation les chrétiens en pouvaient On vérifia encore qu'il avait ordonné aux per-
.
tirer. Cette nouvelle occupa plusieurs savants sonnages d'une tapisserie de s'en détacher et
:' et éleva plus d'une dispute entre les grands de venir danser dans le salon
.
Charles IV,
Iiommes du temps, jusqu'à ce qu'un orfèvre effrayé de ces prodiges, voulut qu'on infor-
' ayant examiné celte dent, il se trouva que
. mât contre Desbordes. On lui fit son procès et
- c'était une dent ordinaire à laquelle on avait il fut condamné au l'eu .
\ appliqué une feuille, d'or avec beaucoup d'a- Descartes (HiiNÉ), •— l'un des hommes les
dresse : mais on commença par disputer et plus célèbres du dix-septième siècle. 11 fut
'aire des livres, puis on consulta l'orfèvre.— persécuté en Hollande lorsqu'il publia pour
; ;<ous ajouterons que dans le village de Senli- la première fois ses opinions. Voët ( Voetius)
.; ecs il y a une fonlaine publique dont on dit qui jouissait de beaucoup de crédit à Utrechl,
) lll|e l'eau fait tomber les dents sans fluxion et l'accusa d'athéisme; il conçut, même le des-
;: s'<ms douleur. D'abord elles branlent dans là sein de provoquer sa condamnation sans lui
bouche comme le battant d'une cloche, en- permettre de
se défendre, et, avec la man-
suite elles tombent naturellement. Il y a dans suétude protestante, de le faire brûler à
i ,:e village plus de la moitié des habitants qui Ulrecht sur un bûcher très-élevé, dont la
;
manquent de dents 3.
— On voit dans les flamme serait aperçue de toutes les Provinces-
i Mmirahles secrets d'Albert-lc-Grand qu'on Unies 3
Mime le mal de dents
; en demandant l'aumône
1 Delancrc,Tableau de l'Inconstancedes démons,etc.;
etc.. p 90.
' Torquemada, Hexaméron, p. 29. 2 M. Salgues, Des Erreurs et des préjugés, et M. Ju-
;

;
' Sidnt-Foix, Essais, t. I"-. les Garinet, Histoire de la magie en Franco, p. 204.
5- "Manuscrit de la Bibliothèque, cité par Joly dans ''' Curiosités de la littérature, trad. de l'anglais, pa'r
«Remarques surBayle. Berlin, t. I'', p. 52.
. .
DES — 172! — DES
Déserts. — C'est surtout dans les lieux dé- sur s l'eau, il secoua si rudement le jarrei
serfs et abandonnés que les sorciers font leur qu'il q me donna un grand coup dans la poi-
sabbat, et les démons leurs orgies. C'est clans trine, l et me jeta au fond de la rivière qui esl
de tels lieux que le diable se montre à ceux là très-profonde. »
1
— Desfontaines raconta
qu'il veut acheter ou servir. C'est là aussi ensuite c à son ami beaucoup d'autres choses.
qu'on a peur et qu'on voit des fantômes. Vo;/. Bezuel 1 voulut l'embrasser, mais il ne trouva
aussi CAIIREKOUHS. qu'une
( ombre; cependant, son bras était si
Desfontaincs. — En 169b un certain 1fortement tenu qu'il en conserva une dou-
M. Bezuel ( qui depuis fut curé ,de Valogne), leur. Il voyait continuellement le fantôme, un
1

étant alors écolier de quinze ans fit connais- peu plus grand que de son vivant, à demi nu;
1
,
sance des enfants d'un procureur nommé d'A- il portait, entortillé dans ses cheveux blonds, -;
baquône, écoliers comme lui. L'aîné était de un écrileau où Bezuel no put lire que le mot
son âge; le cadet, un peu plus jeune, s'appe- in. 11 avait le même son de voix; il ne pa-
lait Desfontaincs; c'était celui des deux frères raissait ni gai ni triste, mais dans une Iran- ?
que Bezuel aimait davantage. Se promenant quillilé parfaite ; il pria son ami, quand son *

tous deux en 4 696, ils s'entretenaient d'une frère serait revenu, de le charger de dire
lecture qu'ils avaient faite de l'histoire de certaines choses à son père et à sa mère; il
deux amis qui s'étaient promis que celui qui lui demanda de réciter pour lui lessept psaumes
mourrait le premier viendrait dire des nou- qu'il avait eus en pénitence le dimanche pré-
velles de son état au survivant. Le mort re- cédent, et qu'il n'avait pas encore récités; en-
vint, disait-on, et conta à son ami des choses suite il s'éloigna en disant : Jusqu'aurevoir,qui
surprenantes. Le jeune Desfontaines proposa était, le terme ordinaire dont il se servait quand
à Bezuel de se faire mutuellement une pa- il quittait ses camarades. — Celte apparition

reille promesse. Bezuel ne le voulut pas d'a- se renouvela plusieurs fois. On l'expliquerait
bord; mais, quelques mois après, il y con- peut-être par les pressentiments, la sympa-
sentit au moment où son ami allait partir thie, etc. L'abbé Bezuel en raconta les détails
pour Caen. Desfontaines tira de sa poche deux dans un dîner, en 1708, devant l'abbé de
petils papiers qu'il avait tout prêts, l'un signé Saint-Pierre, qui en fait une longue mention
de son sang, où il promenait, en cas de mort, dans le tome iv de ses OEuvres politiques.
de venir voir Bezuel ; l'autre où la même pro-
élaitécrile,futsignée Desforges ( PIËMIE-JEAN-BAI'TISTE CIIOU-
messe par Bezuel .Desfon-
taines partit avec son frère, et les deux amis
BAUD),
— né à Paris en 4746, auteur plus que
frivole. les Mille et un souvenirs ou
entretinrent correspondance. — Il y avait six Veillées Dans
conjugales, livre immoral qu'on lui
semaines que Bezuel n'avait reçu de lettres,
lorsque, le 31 juillet 4697, se trouvant dans attribue, il raconte plusieurs histoires
de

prairie à heures spectres qui ont été reproduites par divers


une deux après midi, il se recueils.
sentit tout d'un coup élourdi et pris d'une fai-
blesse, qui néanmoins se dissipa ; le lende- Deshoulièrcs.— Madame Deshoulières étant
main, à pareille heure, il éprouva la même allée passer quelques mois dans une terre, à
chose; le surlendemain, il vit pendant son af- quatre lieues de Paris, on lui permit de choi-
faiblissement son ami Desfontaines qui lui sir la plus belle chambre du château ; niais
faisait signe de venir à lui. Comme il était on lui en interdisait une qu'un retenant visi-
assis, il se recula sur son siège. Les assistants tait toutes les nuits. Depuis long-temps ma-
remarquèrent ce mouvement. Desfontaines dame Deshoulières désirait voir des reve-
n'avançant pas, Bezuel se leva pour aller à nants ; et, malgré les représentations qu'on
sa rencontre ; le spectre s'approcha alors, prit lui fit, elle so logea précisément dans la cham-
son ami par le bras gauche et le conduisit à bre infestée. La nuit venue, elle se mit au lit,
trente pas de là, dans une rue écartée. « Je: prit un livre selon sa coutume ; et, sa lecture
vous ai promis, lui dit-il, que si je mourais finie, elle éteignit sa lumière et s'endormit.
>
avant vous, je viendrais vous le dire : je me; Elle fut bientôt éveillée par un bruit qui se fil
suis noyé avant-hier dans la rivière, à Caen,, à-lavporte; elle se fermait mal; on l'ouvrit,
vers cette heure-ci. l'étais à la promenade; il1 quelqu'un entra, qui marchait assez fort. Elle
faisait si chaud, qu'il nous prit envie de nous3 parla d'un ton très-décidé;, car elle n'avait
baigner. Il me vint une faiblesse dans la ri- pas peur. On ne lui répondit point L'esprit
vière, et je coulai au fond. L'abbé de Ménil- lit tomber un vieux paravent qui lira les J'i-
Jean, mon camarade, plongea; je saisis sonn deaux du lit avec bruit ; elle harangua encore
pied, mais soit qu'il crût que ce fût un sau- l'âme, laquelle s'avanç.ant toujours lentement
mon, soit qu'il voulût promplemenl remonter ir et sans mot dire, passa dans la ruelle du li'i
DÉU
DES — )7;î —
,eiiversa le guéridon et s appuya sur la cou- pour
i savoir quel pouvait être l'auteur de celte
verlure. Ce fut là que madame Deshoulières farce
î un peu sombre. Plusieurs soldats de
fit paraître foule sa
fermeté. « Ah! dit-elle, patrouille
] el de garde en avaient élé épou-
;c saurai
qui vous êtes! » Alors, étendant vantés ; mais enfin la terreur cessa ; un in-
'scg deux mains vers l'endroit où clic enten- trépide eut le courage de s'avancer sur la
dait le spectre , elle saisit deux oreilles ve- place; il empoignade S|)ecfre et le conduisit
lues, qu'elle eut la constance de tenir jusqu'au au corps-de-garde, où l'on reconnut que ce
mutin. Aussitôt qu'il fut jour, les gens du revenant était le frère de Desrues,, riche au—
château vinrent voir si elle n'était pas morte. bergisle de Senlis, qui était devenu fou de
Il se trouva que le prétendu revenant était un désespoir.
r»ros chien,
qui trouvait plus commode de Destinée, — Voy. FATALISME.
coucher dans cette chambre déserte que dans
la basse-cour.
Desvignes, — parisienne qui avait, au
commencement du dix-septième siècle , des
BespïUiers. — Le comte Despilliers le père, attaques de nerfs dont elle voulut tirer parti
qui mourut avec le grade de maréchal-de- pour se faire une ressource. Les uns la di-
camp de l'empereur Charles VI, n'était en- saient sorcière ou possédée, les autres la
core que capitaine de cuirassiers, lorsque se croyaient prophétesse. Le père Lebrun, qui
trouvant en quartier d'hiver en Flandre, un de parle d'elle dans son Histoire des superstitions,
ses cavaliers vint un jour le prier de le chan- reconnut comme les médecins qu'il y avait
ger de logement, disant que toutes les nuits il dans son fait une grande fourberie. Le bruit
revenait dans sa chambre un. esprit qui ne le qu'elle avait fait tomba subitement.
laissait pas dormir. Despilliers se moqua de
simplicité le mais le militaire Deuil. — Les premiers poètes disaient que
sa et renvoya ; les âmes après la mort allaient dans le sombre
revint au bout de quelques jours, el répéta la
empire : c'est peut-êlre conformément à ces
même prière; il fut encore moqué. Enfin il
idées, dit Saint-Foix, qu'ils crurent que le
revint une troisième fois, et assura à son ca-
noir était la couleur du deuil. Les Chinois et
pitaine qu'il serait obligé de déserter si on
qui les Siamois choisissent le blanc, croyant que
ne le changeait pas de logis. Despilliers,
les morts deviennent des génies bienfaisants.
connaissait cet homme pour bon soldat, lui
En Turquie, on porte le deuil en bleu ou en
dit en jurant : « Je veux aller cette nuit cou-
Sur violet; en gris, chez les Éthiopiens; on le por-
cher avec toi, et voir ce qui en est. » —
tait en gris de souris au Pérou quand les
les dix heures du soir, le capitaine se rend
Espagnols y entrèrent; le blanc, chez les Ja-
au logis de son cavalier, el, ayant mis ses pis-
ponais, est la marque du deuil, et le noir est
tolets armés sur la table, il se couche tout
celle de la joie ; en Caslille, les vêtements de
velu, son épée à côté de lui. Vers minuit il
deuil étaient autrefois de serge blanche. Les
entend quelqu'un qui entre dans la chambre,
qui, en un instant, met le lit sens dessus des-
Perses s'habillaient de brun, et se rasaient
enferme le capitaine le soldat, avec loute leur famille et tous leurs animaux.
; sous, et et sous ,' Dans la Lycie, les hommes portaient dos ha-
le matelas et la paillasse. Après s'être dégagé
:- bits de femme pendant tout le temps du deuil.
[; de son mieux le comte Despilliers qui était
, , Chez nous, Anne de Bretagne, femme de
cependant très-brave, s'en retourna tout con- Louis XII,
fus et fit déloger le cavalier. Il raconta de-
changea en noir le deuil, qui jus-
puis son aventure, pensant bien qu'il avait eu
que-là avait élé porté en blanc à la cour..—
A Argos, on s'habillait de blanc et on faisait
affaire avec quelque démon. Néanmoins il se
de grands festins. A Délos, on se coupait lès
t. trouva que le lutin n'était qu'un singe. cheveux, qu'on mettait sur la sépulture du
Desrues, — empoisonneur, rompu et brillé mort. Les Égyptiens se meurtrissaient la poi-
's- à Paris, en 4777, à l'âge de trente-deux ans. trine et se couvraient le visage de boue. Ils
t 11 avait été exécuté depuis quinze jours, lors- portaient des vêtements jaunes ou feuille-
ir que lout à coup le bruit se répandit qu'il iè- morte. Chez les Romains, les femmes étaient
?; venait toutes les nuits sur la place de Grève. obligées de pleurer la mort de leurs maris, et
|. Onyoyaitunhommeenrobedechambre,tenant les enfants celle de leur père, pendant une
;; un crucifix à la main, se promenantlentement année entière. Les maris ne pouvaient pleu-
t: autour de l'espace qu'avaient occupé son rer leurs femmes, ni lès pères leurs enfants
Çchafaud et
son bûcher, ets'écriant d'une voix s'ils n'avaient pas trois ans. — Le grand
!;:: lugubre : Je viens chercher ma chair et mes; deuil des Juifs dure un an il a lieu à la mort
,
»i os- Quelques nuits se passèrent ainsi, sans; des parents. Les enfants ne s'habillent pas de
f; Vie personne osât s'approcher d'assez prèss noir; mais ils sont obligés de porter toute l'an-
bEt) —
iih

Mv
née les habits qu'ils avaient à la mort de leur Devaux, — sorcier du seizième siècle j
père, sans qu'il leur soit permis d'en changer, qui l'on trouva une marque sur le dos delà
quelque déchirés qu'ils soient. Us jeûnent forme d'un chien noir. Lorsqu'on lui enfonçait
tous les ans à pareil jour. Le deuil moyen une épingle dedans, il n'en éprouvait aucune
dure un mois ; il a lieu à la mort des enfants, douleur; mais lorsqu'on se. disposait à y plan,
des oncles et des taules. Ils n'osent, pendant ter l'aiguille, il se plaignait beaucoup, quoj.
ce temps, ni se laver, ni se parfumer, ni se qu'il ne vît pas celui qui portait les doigls au-
raser la barbe, ni même se couper les on- dessus de la marque '.
gles ; ils ne mangent point, en famille. Le pe- Devins, — gens qui devinent et prédisent
tit deuil dure une semaine : il a lieu à la mort les choses futures. Dans un siècle aussi éclairé
du mari ou de la femme. En rentrant des fu- que le nôtre prétend l'être, il est encore des
nérailles, l'époux en deuil se lave les mains, personnes qui croient aux devins; souvent -;
déchausse ses souliers, et s'assied à terre, se même ces personnes si crédules ont reçu uni.
tenant toujours en celle posture, el ne faisant éducation qui devrait les élever au-dessus
que gémir et pleurer, sans travailler à quoi que des préjugés vulgaires. — Deux dames d'un
ce soit jusqu'au septième jour. — Les Chinois rang distingué entendirent parler d'une devi-
en deuil s'habillent de grosse toile blanche, el neresse pour qui l'avenir n'était point caché:
pleurent pendant trois mois. Le magistral elles résolurent de la consulter, et se rendi-
n'exerce pas ses fonctions; le plaideur sus- rent chez elle en allant au spectacle, c'est-à-
pend ses procès. Les jeunes gens vivent dans dire dans loute leur parure. Les bijoux qu'el-
la retraite, et ne peuvent se marier qu'après les étalaient frappèrent la sorcière : « Mes-
trois années. — Le deuil des Caraïbes con- dames, leur dit-elle, si vous voulez lire dans
siste à se couper les cheveux el à jeûner l'avenir, il faut vous armer de courage. Ap-
rigoureusement jusqu'à ce que le corps soit prenez que nous avons tous, dans ce monde,
pourri; après quoi, ils font la débauche, pour un esprit qui nous accompagne sans cesse,
chasser toute tristesse de leur esprit. Chez mais qui ne se communique qu'autant qu'il y
certains peuples de l'Amérique, le deuil élait est forcé par une puissance supérieure. 11 no
conforme à l'âge du mort. On était inconsola- tient qu'à moi de vous procurer un entretien
ble à la mort des enfants, el on ne pleurait particulier avec le vôtre; mais il ne cédera
presque pas les vieillards. Le deuil des en- point à mes conjurations si vous ne consentez
fants, outre sa durée, était commun, et ils à certaines conditions absolument nécessai-
étaient regrettés de tout le canton où ils res. » Les dames demandèrent avec empres-
étaient nés. Le jour de leur mort, on n'osait sement quelles étaient ces conditions : « Les
point approcher des parents, qui faisaient un voici, poursuivit la vieille ; il s'agit de dé-
bruit effroyable dans leur maison, se livraient pouiller les vêlements qui vous couvrent, et
à des accès de fureur, hurlaient comme des de déposer un instant ces ouvrages de luxe,
désespérés, s'arrachaient les cheveux, se mor- qui prouvent, combien le genre humain s'est
daient, s'égratignaient tout le cor]>s. Le lende- perverti. Adam était nu quand il conversait
main, ils se renversaient sur un lit qu'ils avec les esprits. » — Les deux daines hési-
' trempaient de leurs larmes. Le troisième jour, tent; elles sont d'abord tentées de se retirer;
ils commençaient les gémissements qui du- mais elles s'encouragent, et la curiosité l'em-
raient toute l'année, pendant laquelle le père porte. Les robes et les bijoux sont déposés
et la mère ne se lavaient jamais. Le reste de dans une chambre, et chacune des dames
la ville, pour compatir à leur affliction, pleu- passe dans un cabinet séparé. Elles y restè-
rait trois fois le jour jusqu'à ce qu'on eût rent deux heures dans une impatience difli-
porté le corps à la sépulture '. Voy. FUNÉ- cile à exprimer. Enfin, ne voyant point pa-
nAILLES. raître l'esprit, elles commencent à croire
Deumus ou Deumo, — divinité des habi- qu'elles ont été trompées. La frayeur les sai-
tants de Calicul, au Malabar. Celle divinité, sit, elles poussent des cris ; leurs gens, les
qui n'est qu'un diable adoré sous le nom de voisins accourent, et on les lire de leur pri-
Dèumus, a une couronne quatre cornes à la son. La prétendue sorcière, après les avoir
,
tête et quatre dents crochues à la bouche, qui enfermées, avait déménagé avec leurs hardes
est-fort grande ; .elle.a le nez pointu et crochu, et les siennes ». —Un plat d'argent ayante'6
les pieds en pattes de coq, et tient entre elles dérobé dans la maison d'un grand seigneur,
une âme qu'elle semble prête à dévorer ?. celui qui avait la charge de la vaisselle s en
1 Muret, Des Cérémonies funèbres, etc. 1 Delancre,Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
? Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des es- liv. ut, p. 185.
prits, liv. m, cli. 4, p, 207". * Madame Gabriélle de P»**, Démoniaua, p. '-'
DÉV
— 175
avalé
-DÉV
nj|rj avec un de ses compagnons trouver une a tout son drap. L'inquisiteur, ayant as-
vieille qui gagnait sa vie à deviner. Croyant . semblé si le conseil, .fit creuser la tombe. On
déjà avoir découvert le voleur el recouvré le trouva que le suaire était déjà avalé el di-
ti
niât, ils arrivèrent de bon matin à la maison géré.
g A ce spectacle, un archer tira son sabre,
de la devineresse, qui, remarquant en ouvrant ccoupa la tèle au cadavre, la jeta hors de la
;
sa porte
qu'on l'avait salie de boue el d'or- tombe,
ti et la peste cessa. Après une enquête
(jure, s'écria tout en colère : « Si je connais- exacte,
e on découvrit que cette femme avail été
:
saisie gredin qui a mis ceci à ma porte peu- adonnée a à la magie etaux sortilèges 1. Au reste,
dant la nuit, je lui rejetterais tout au nez. » celte
c anecdote convient au vampirisme. — On
Celui qui la venait consulter regardant son lit ce qui suit dans les Grands el redouta-
1

compagnon .: « Pourquoi, lui dit-il, allons- bles


-
l jugements de Dieu, de Chassanion : « Un

nous perdre de l'argt ni? cette vieille nous soldat


s qui passait par l'Allemagne, se sentant
pourra-t-elle dire qui nous a volé, quand malade, i demeura dans une hôtellerie, et donna
elle ne sait, pas les choses .qui la touchent 4? » son
s argent à garder à son hôtesse ; quelques
|'()l/. ÇlUSÏ'ALLOMAKCIE, ASTROLOGIE, ClIIllO- jjours après qu'il fut guéri, il le redemanda à
S1ASCIIÎ, CABTOJIAN'CIE, PnÉMCTIO.NS. cette
( femme, laquelle avait déjà délibéré avec
Bévouement, — mouvement de ceux qui son mari de le retenir ; elle le lui nia donc et
.
s

i
se dévouent, ou sort de ceux qu'on dévoue.
l'accusa comme s'il lui eu l fait injure.. Le soldat
1

les histoires grecque et romaine fournissent de son côté taxa l'hôtesse d'infidélité.; ce que
i

beaucoup de traits de dévouement. Nous ne l'hôte ayant entendu, il jeta le pauvre homme
' rappellerons pas ici le dévouement de Décius hors de sa maison lequel tira son épée et en
,
; (Toi/, ce nom), ni celui de Codrus, ni tant donna de la pointe contre la porte. L'hôle
".' d'autres. Il y avait aussi des villes où l'on commença à crier au larron, disant qu'il vou-
':-. donnait des malédictions à un homme pour lait forcer sa maison ce qui fut cause que le
,
î lui faire porter tous les maux publics que le soldat fut mis en prison et son procès fait par
I.; peuple avait mérités. Valère-Maxime rapporte le magistrat, qui le voulut condamner à mort.
>'- l'exemple d'un chevalier romain, nomméCur-
— Le jour étant venu que la sentence devait
k lius, qui voulut attirer sur lui-même tous les être prononcée el exécutée, le diable entra en
| malheurs dont Rome était menacée. La terre la prison, ol annonça au prisonnier qu'il était
.;
s'était épouvantablement ent.r'ouverle au mi~ condamné à mourir; toutefois, que s'il se
":' lieu du marché ; on crul qu'elle ne repren- voulait donner à lui, il lui promettait qu'il
v (Irait son premier état que lorsqu'on verrait n'aurait aucun mal. Le prisonnier répondit
? quelque action de dévouement extraordinaire. qu'il aimerait mieux mourir innocent que
Le jeune chevalier monte à cheval, fait le d'êlre délivré par ce moyen. Le diable dere-
.f tour de la ville :à
toute bride, et se jette dans chef lui ayant, représenté le danger où il était,
v
le précipice que l'ouverture de la terre avail et voyant qu'il perdait sa peine, lui promit de
fi produit, ol qu'on vit.se refermer ensuite pres- l'aider gratis, disant qu'il ferait tant qu'il le
a! que en un moment. — On voit dans Servius, vengerait de ses ennemis. Il lui conseilla,
,-: sur Virgile, qu'à Marseille, dès qu'on aper.ee- lorsqu'il serait appelé au jugement, de re-
:.
vait quelque commencement de peste, on montrer son innocence, en déclarant le tort
:.. nourrissait un pauvre homme des meilleurs qui lui était fait; et que, pour cette cause, il
-..:
aliments; on le faisait promener par toute la priait le juge de lui bailler pour avocat celui
;
ville en le chargeant hautement de malédic- qu'il verrait là présent avec un bonnet bleu :
tions, et on le chassait ensuite afin que la c'est à savoir, lui, démon, qui l'assisterait.
i pesle et tous les maux sortissent avec lui 2. — Le prisonnier accepta celte offre. Étant donc
| Les Juifs dévouaient
un bouc pour la rémis- au jugement, après qu'il eut entendu l'accu-
'y sion de leurs péchés, Voy,. AZAZEL.
— Voici sation qui lui était faite, il ne faillit point à
?'des traits plus modernes : Un inquisiteur, en demander l'avocat qui s'était présenté à lui :
'% Lorraine, ayant visité
un village devenu pres- ce qui lui fut accordé. Alors ce fin docteur ès-
;: que désert par une mortalité, apprit qu'on lois commença à plaider et à défendre, subti-
V attribuait ce fléau à.unefemmeensevelie,qui lement sa partie, disant qu'elle était fausse-
> ''valait peu à peu le drap ..mortuaire dont elle ment accusée, et par conséquent mal jugée ;
% Mail enveloppée. On lui dit encore-'que le que l'hôte lui retenait son argent et l'avait
leau de la mortalité cesserait lorsque la forcé; et il Conta comme le tout s'était passé.
,-:

y lnt"'te, qui avait dévoué le village, aurait Qui plus est, il déclara le lieu où l'argent
*^atclai, dans l'Argents. avait été mis. L'hôte, étonné, ne s'en défen-
i,
p. .113
I;im
i
His.toire fes superstitions, t. Ier, cliap. 4,
1 Sprenger, Maliens malèfic, part, lj qtiiest. 15,
DIA — 176 — DIA
dail pas moins fort el ferme, et niait impu- sacs de procès à la main, entra et proposa '
demment, en se donnant, au diable; c'était là la dame de jouer quelques pistoles avec e||c'.•• j
ce qu'attendait le g.mlil docteur au bonnet elle accepta le défi et gagna : le masque W i
bleu, qui, ne demandant pas plus, laissa la senta encore plusieurs pièces d'or, qu'il
.,or_ ;
cause, empoigna l'hôte, l'emporta hors du dil sans dire mol. Quelques personnes avi™ '
parquet et l'éleva si haut en l'air que jamais voulu jouer contre lui perdirent; il ne se hm. '';
depuis on n'a pu savoir ce qu'il est devenu. sait gagner que lorsque la dame jouait On
Ainsi le soldat fut délivré de peine, et mis fit d'injurieux soupçons sur la cause qui |'Cn. J
hors de' procès par un moyen étrange, au gageailà perdre. « Je suis le dieu des richesses
grand étonnement de tous les assistants '. — dil alors le masque en sortant, de ses poche;
On cite beaucoup d'histoires de ce genre, en- plusieurs bourses pleines de louis, .le joue tout =î
tre, autres l'avenlure d'une riche demoiselle cela, madame, contre tout ce que vous avis
d'Anvers, coquette et orgueilleuse, qui vivait gagné. » La dame trembla à celte proposition ''
au temps où le duc d'Alençon dominait pour et refusa le défi en femme prudente. Le mas-
quelques jours en Brabanl. Irritée de certains que lui olfrit cet or sans le jouer ; mais elle
contretemps survenus à sa toilette, dont elle ne voulut pas l'accepter. Celte aventure com-
s'occupait fort, elle, se mit en fureur et. se mençait à devenir extraordinaire. Une dame
donna au diable dans son emportement. Elle âgée, qui se trouvait présente, vint à s'imasi-
tomba étranglée. Voy. ENVOÛTEMENT. ner que ce masque pouvait bien être le diable,
Diable. — C'est le nom général que nous Celte idée se communiqua dans l'assemblée, ci
donnons à toute espèce de démons. Il vient comme on disait à demi-voix ce qu'on pensaii
d'un mot grec qui désigne Satan, précipité du le masque qui l'entendit se mil à parler, plu-
ciel. Mais on dit le diable lorsqu'on parle sieurs langues pour les confirmer dans celle
d'un esprit malin, sans le distinguer particu- opinion; puis il s'écria tout à coup qu'il était
lièrement. On dit le diable pour nommer spé- sorti de l'enfer pour venir prendre une dame
cialement l'ennemi des hommes.-—On a fait qui s'était donnée à lui, et qu'il ne quitterait
mille contes sur le diable. Nous n'en citerons point la place qu'il ne se fût emparé d'elle,
que deux ou trois.-—Un chartreux, étant en quelque obstacle qu'on voulût y apporter...-
prières dans sa chambre, sent tout à coup Tous les yeux se fixèrent sur la dame. Le
une faim non accoutumée, el aussitôt il voit gens crédules étaient saisis de frayeur, les an-
entrer une femme, laquelle n'était qu'un dia- tres à demi épouvantés ; la maîtresse du logis
ble. Elle s'approche de la cheminée allume se mit à rire. Enfin le faux diable leva son
,
le feu, et, trouvant des pois qu'on avait don- masque , et se fil reconnaîtrepour le mari delà
nés au religieux pour son dîner, les fricasse, dame, qui jeta un cri de joie en le reconnais-
les met dans l'écuelle et disparaît. Le char- sant. « ,1'apporte avec moi l'opulence, » dit-il.
treux continue ses prières, puis il demande au Puis se tournant vers les joueurs : « Vous êtes
supérieur s'il peut manger les pois que le dia- des dupes, ajouta-l-il; apprenez à jouer. »ll
ble a préparés. Celui-ci répond qu'il ne faut leur rendit leur argent, et le bal continua.-
jeter aucune chose créée de Dieu, pourvu Un vieux négociant des Étals-Unis , relire de
qu'on la reçoive avec action de grâces. Le re- commerce, vivait paisiblement de quelques
ligieux mangea les pois, et assura qu'il n'avait rentes acquises par le travail II sortit un soir
jamais rien mangé qui fût mieux préparé -.— pour toucherdouze cents dollars qui lui étaient
Nous ne dirons rien de ce petit trait. En voici dus. Son débiteur, n'ayantpas davantage pont
d'aulres qui font voir qu'on a pris souvent le moment., ne lui paya que la moitié de la
pour le diable des gens qui n'étaient pas de somme. En rentrant chez lui, il se mit à comp-
l'autre monde. — Un marchand breton s'em- ter'l'argent qu'il venait de recevoir. Pendant
barqua pour le commerce des Indes, et laissa qu'il s'occupait de ce soin, il entend quelque
à sa femme le soin de sa maison. Celte femme: bruit, lève les yeux, et voit descendre de sa
était sage ; le mari ne craignit pas de prolon- cheminée dans sa chambre le diable en per-
ger le cours de son voyage et d'être absentt sonne. Il était en costume : tout son corps,
plusieurs années.—Or, un jour de carnaval, couvert de poils rudes et noirs, avait six pied;
la dame voulant s'égayer donna à ses pa- de haut. Do grandes cornes surmontaientson
rents et à ses amis un petit bal qui devait être. front, accompagnées d'oreilles pendantes; «
suivi d'une collation. Lorsqu'on se mil au jeu, avait dès pieds fourchus, des griffes au l'6"
,
un masque babillé en procureur, ayant des3 de mains, une queue, un museau connue'"1
n'en voit point, et des yeux comme on n'"11
T Chassunion, liv. l*-'1', p. 170, après Wierus, liv. III,
eh. 17. ' voit guère. — A la vue de ce personnage, Ie
'-*-Le cardinal Jacques de Vilry. vieux marchand eut le frisson. Le diable s aP"
DIA — 177 — DIA
nroclia et lui dit : « 11faut que tu me donne « uu jeu ... ))
.iu VUUA anvun si lu ira <r i ujjr uuvu
sur l'heure
douze cents dollars, si lu ne veux Le diable recula, et chercha à gagner la porte.
pas que Ie
l'emporte en enfer. » — « Hélas ! ré- « Fais-toi connaître bien vite, ou tu es mort... »
pondit le négociant, je n'ai pas ce que vous de- Le démon se hâta de se démasquer et de met-
rnandez:... » «Tu mens, interrompit brusque- tre bas son costume infernal. On trouva, sous
ment lo diable ; je sais que tu viens de les ce déguisement, un voisin du bon marchand,
recevoir à l'instant. » « Dites que je devais les qui faisait quelquefois des dupes et qu'on n'a-
recevoir, mais on nem'en a pu donner que six vait pas encore soupçonné. 11 fut jugé comme
cents. Si vous voulez me laisser jusqu'à de- escroc, et le négociant apprit par là que ie
main, je prometsde vous compter la somme... » diable n'est pas le seul qui soit disposé à nous
«Kh bien! ajouta le diable après un moment de nuire.—Nous nous représentons souvent le
réflexion, j'y consens; mais que demain, à dix diable comme un monstre noir ; les nègres lui
heures du soir, je trouve ici les douze cents dol- attribuent la couleur blanche. Au Japon, les
lars bien comptés, ou je t'entraînesans miséri- partisans de la secte de Sintos sont persuadés
corde. Surtout que personne ne soit instruit de que le diable n'est que le renard. En Afrique
notre entrevue, si tu tiens à la vie. »—Après le diable est généralement respecté. Les nè-
avoir dit ces mots, il sortit par la porte. Le len- gres de la Côte-d'Or n'oublient jamais, avant
demain matin le négociant, qui était de bonne de prendre leurs repas, de jeter à terre un
,
pâte, comme on voit, alla trouver un vieil ami, morceau de pain qui est destiné pour le mau-
et le pria de lui prêter six cents dollars. Son ami vais génie. Dans le canton d'Auté, ils se le re-
:
lui demanda s'il en était bien pressé? « Oh! présentent comme un géant d'une prodigieuse
; oui,
très-pressé, il me les faut avant la nuit. grosseur, dont la moitié du corps est pourrie,
H y va de ma parole et peut-être d'autre el qui cause infailliblement la mort par son at-
chose. » « Mais n'avez-vous pas reçu hier touchement ; ils n'oublient rien de ce qui peut
-
!;
une somme? » « .l'en ai disposé. » « Cepen- détourner la colère de ce monstre. Ils expo-
* dant je ne vous connais aucune affaire, qui sent de tous côtés des mets pour lui. Presque
nécessite absolument de l'argent. » « Je vous tous les habitants pratiquent une cérémonie
i: dis qu'il y va de ma vie... » Le vieil ami, bizarre et extravagante, par laquelle ils pré-
étonné, demande l'éclaircissementd'un pareil tendent chasser le diable de leurs villages :
.,
mystère. On lui répond que le secret ne peut huit jours avant celle cérémonie, on s'y prépare
';- se trahir. « Considérez, dit-il, au négociant, par des danses, des festins, etc; il est permis
'- que personne ne nous écoute; dites-moi votre d'insulter impunément les personnes même les
affaire : je vous prêterai les six cents dollars. » plus distinguées. Le jour de la cérémonie ar-
« Sachez donc que le diable est venu me voir ; rivé le peuple commence dès le matin, à
qu'il faut que je lui donne douze cents dollars
, ,
pousser des cris horribles ; les habitants cou-
ce soir, et que je n'en ai que six cents.—L'ami rent de lous côtés comme des furieux jetant
du négociant ne répliqua plus ; il savait l'ima- ,
devant eux des pierres et toul ce qu'ils trou-
i çination de ce pauvre ami facile à effrayer. vent, sons leurs mains ; les femmes furèlent
' 11 tua de
son coffre la somme qu'on lui, de- dans tous les coins de la maison, et récurent
;
mandait, et la prêta de bonne grâce; mais à toute la vaisselle, de peur que le diable ne
huit heures du soir, il se rendit chez le vieux
i se soit fourré dans une marmite ou autre
marchand. « le viens vous faire société, lui ustensile. La cérémonie se termine quand
dil-il, et attendre avec vous le diable, on a bien cherché et qu'on s'est bien fatigué;
que je
no serai pas fâché de voir. » Le négociant, ré- alors on est persuadé que le diable est loin.
pondit que c'était impossible ou qu'ils s'ex- Lès habitants des îles Philippines se van-
•—
poseraient à être emportés , tous les deux. tent d'avoir des entretiens avec le diable ; ils
Api es des débats, il permit
que son ami at- racontent que quelques-uns d'entre eux, ayant
tendit l'événement dans hasardé de parler seuls avec lui, avaient été
un cabinet voisin. —
^ dix heures précises, tués par ce génie malfaisant : aussi se ras-
un bruit se fait enten-
oie dans là cheminée; le diable paraît dans semblent-ils en grand nombre lorsqu'ils veu-
, son costume de la veille. Le vieillard mit, lent conférer avec le diable. Lès insulaires
se
°'i tremblant, à compter les écus. En même des Maldives mettent tout en usage lors-
wiups l'homme du cabinet entra. Es-tu bien qu'ils sont malades pour se rendre le dia-
«
je diable? ble favorable. Ils lui sacrifient des coqs et des
» dit-il à celui qui demandait de
la'gent... Puis, voyant qu'il poules. —On a publié à Amsterdam une His-
ne se pressait
Pis de répondre, et toire du diable, 2 vol. in-12, qui est une es-
que son ami frissonnait,
1 hra de
sa poche deux longs pistolets, et les pèce de mauvais roman, où les aventures du
!" tentant à la diable sont accommodées à la fantaisie de l'au-
gorge du diable, il ajouta :
12
D1D
— 178 — niN
teur. M. Frédéric Soulié a prodigué, dans les rait; i s'il guérissait, c'était un miracle. Did^,.
Mémoires du Diable, beaucoup de talent à n'était i pourtant qu'un magicien el sorcier
faire un livre immoral, qui aurait pu être fort (comme dit Pierre Delaucre ; car si quelqu'un
singulier el fort piquant, si l'auteur avait res- disait ( du mal de lui en secret, il le lui repro-
pecté ce que respectent tous les coeurs lion- chait c lorsqu'il le voyait; ce qu'il ne pouvait
notes. Voy. DÉMONS. savoir
I que par le moyen du démon qui lui al-
Diable: de-mer- •— « Grand bruit parmi les lait ' révéler tout ce qui se passait. Pour mieux
matelots; on a crié tout d'un coup : Voilà le tromper ! le public, il avait un capuchon1 et une
diable, il faut l'avoir. Aussitôt tout s'est ré- robe de poil de chèvre. 11 était, sobre devant
veillé, tout a pris les armes. On ne voyait que le monde, mais lorsqu'il était en particulier,
piques,.harpons'et mousquets ; j'ai couru moi- il mangeait tellement qu'un homme n'aurait
même-pour-voir lediable, et j'ai vu un grand pu. supporter la viande qu'il avalait. Enfin ses
poisson* qui ressemble à une raie, hors qu'il a fourberies ayant été découvertes, il-fut arrêté
deux cornes comme un taureau. 11 a fait quel- et chassé de la ville de Tours ; et on n'entendit
ques caracoles, toujoursaccompagnéd'un pois- plus parler de lui.
son.blanc qui ,.de temps en temps va à la pe- Dldron, —savant, archéologue qui a publié
,
tite guerre, et vient se remettre sous le diable. une curieuse Histoire du diable,
Entre ses deux cornes, il porte: un petit pois- ÏHdyme, — VO\j. POSSÉDÉES DE FLANDHE.
son gris, qu'on appelle le pilote du diable , Diémats. — Petites images chargées de ca-
parecqu'ille conduit, elle pique quand: il voit ractères que les guerriers de l'île de .lava por-
du; poisson ; et alors le diable part comme un tent
comme des talismans, et avec lesquelles
trait. Je vous conte lotit- ce que je viens de ils se croient invulnérables persuasion qui
:
voir '-. » ajoute à leur intrépidité.
Diamant-. — La superstition lui attribuait a;gky>—foi et imposteur, connu sous le
des vertus merveilleuses contre le poison la nom du Docteur Sympathique. Il avait le
se-
peste, les terreurs paniques, les insomnies, , les cret d'une poudre sympathique avec laquelle
prestiges et les enchantements. 11 calmait la co- il guérissait les malades sans lès voir, el don-
lère-et entretenait'l'union entre les époux, ce nait la fièvre aux arbres. Celle poudre com-
qui lui avait fait donner le nom de pierre de posées de rognures d'ongles, d'urine ou de
réconciliation. Il avait en outre cette propriété cheveux du malade el placée dans arbre,
un
talismanque dé rendre invincible celui qui le communiquait, disait-il, ,
la maladie à l'arbre'.
portail, pourvu que sous la planète de Mars, Bindarte (MARIE),—jeune sorcière de dix-
la-figure de ce dieu, ou celle d'Hercule sur-
sept ans, qui confessa avoir été souvent, au
montant l'hydre, y fut gravée. On a élé jus- sabbat. Quand elle trouvait seule et que
se
qu'à prétendre que les diamants en engen- les voisines étaient déjà parties absentes, le
draient d'autres; et lluérus parle sérieusement diable lui .donnait ou
d'une princesse de Luxembourg qui en avait frottait, et sur-le-champ un onguent dont elle se
elle se transportait
d'héréditaires, qui en produisaient d'autres en1 les airs. Elle voyageait ainsi la nuit du
certains temps 2: par
27 septembre 1609 ; on l'aperçut et on la prit
Diambiliohe, — nom du diable dans l'île dei le lendemain. Elle confessa aussi avoir mené
Madagascar. 11 y est plus révéré que les dieuxi des enfants au sabbat, lesquels se trouvèrent
mêmes : les prêtres lui offrent les prémicess marqués de la marque du diable 2. Voy. SAIIDAT.
de tous les sacrifices. Dindons.—On a dit long-temps que les din-
Didier,.— imposteur bordelais du sixièmee dons nous ont été apportés des Indes-par les
siècle, qui parut vers ce temps-là, dans la villee pères jésuites.-; c'est pourtant une erreur. Les
de Tours. Il se vantait de communiquer avecc poules d'Inde furent apportées en Grèce l'a"
saint Pierre et saint Paul ; il assurait même. e. du monde 3SS9, comme le prouvent les-niar-
qu'il.était plus puissant, que saint Martin et ;t lires d'Arundel -, et elles se naturalisèrent en
,
se disait égal aux apôtres,. Ayant.su:gagner :r Béotie. Aristotoamème dècvilVHistoire phij-
le peuple, onlui amenait de tous-côtés des IMT- i- sique.el morale.des dindons-; les Grecs les ap-
lades à guérir; et .-voici;, par. exemple, com- - pelaient.méléagrides, parce,qu'ils avaient été
ment il irai tailles paralytiques. Il faisait éten-^
i^ introduits dans leur pays-par. le roi Méléagrç.
dre le. malade à terre, puis.lui faisait tirer:lesîS' 1s étaient'fréquents chez les Romains ; ma'3
membres si fort- que quelquefois il en mou- i- eur race, par la suite, devint plus rare enlîu-
T- L'abbé de Cîioisy, Relation, de l'ambassade de Siam.
n, T Charlatans célèbres, de M. Gouriet, t. Iùl', p.. 2"3-
2 Incrédulité et mécréancedu sortilège, etc., traite 7-,
7; 2 Delancre, Tableau de l'inconstancedes démons, etc.,
p. 37, iv. iv, ]>, ]17.
DÏO — 179 DIS
stantinople à Catane en un seul jour, ce qui
rope, el on les montrait comme aes Dotes eu- s
lieuses au commencement du seizième siècle. lui acquit tout d'un coup, parmi le peuple, une
1

i rjS
premiers qu'on vit en France y furent ap- grande t réputation ; mais ayant' été pris, mal-
portés par Jacques Coeur, en VloO. Améric gré
; son habileté et. sa puissance, on le jeta en
Vcspuce ne les fit connaître que cinquante- un i four ardent où il fut brûlé '.
(iiialre ans après. .On en attribua ensuite l'im- Dion de Syracuse.—Etant une nuit. COI1-
portation aux jésuites, parce qu'ils en en- ché sur son lit, éveillé et pensif, il entendit un
(
vovèreril beaucoup en Europe 1. grand bruit, et leva pour voir cequi pouvait
,

ninscops, — sorcière et sibylle du pays de le produire. 11 aperçut au bout d'une galerie


CJéves. dont parle Bodin en son quatrième li- une femme de haute taille, hideuse comme les
Elle ensorcelait et maléficiait tous ceux Furies, qui balayait sa maison. Il fit appeler
vre.
aussitôt, ses amis et les pria de passer la nuit
vers qui elle étendait, la main. On la brûla ; et
quand sa main sorcière et endiablée fut bien auprès de lui ; mais le spectre ne reparut plus,
cuite, tous ceux qu'elle avail frappés de quel- et quelques jours après le fils de Dion se pré-,
sanlé. cipila d\me fenêtre el se tua. Sa famille fut
que mal revinrent en
Dioctétien. — N'étant encore que dans les de dire, en
détruite peu de jours, et, « par manière
l'armée, réglait jour ajoute Leloyer, balayée et extermi-
grades inférieurs de il un
cabarelière de ïo.ngres, née de Syracuse, comme la Furie, qui n'était
ses comptes avec une qu'un diable avait semblé l'en avertir par
dans la Gaule Belgique. Comme celle femme, ,
le balai. »
qui était druidesse, luireprochaild'être avare :
Je serai plus généreux lui dit-il en riant, Dyonisio dal Borgo, — astrologue italien
« , qui professait la théologie à l'université de
quand je serai empereur. — Tu le seras, ré-
pliqua la druidesse, quand lu auras tué un Paris au treizième siècle. Villani conte. (livreX)
sanglier. » Dioctétien, étonné, sentit l'ambi- qu'il prédit, juste la mort de Caslruccio, tyran
tion s'éveiller dans son âme, el. chercha sé- de Pisloie.
rieusement à presser l'accomplissement de Diopite, — bateleur, né à Locres, qui,
celle prédiction, qui nous a été conservée par après avoir parcouru la Grèce, se présenta 1

Yopiscus. Il se livra- particulièrement à la sur le théâtre de Thèbes pour y faire des


citasse du sanglier. Cependant il vit plusieurs tours. 11 avait sur le corps deux peaux de bouc,
princes arriver au trône sans qu'on songeât à l'une remplie de vin, el l'autre de lait, par le"
l'y élever ; el il disait sans cesse : « Je lue moyen desquelles il faisait sortir de ces deux
bien les sangliers; mais les autres en ont le liqueurs par sa bouche, si-bien qu'on l'a mis au
profit. » Il avail élé consul, el il occupait, des rang des sorciers 2.
fondions importantes. Quand Numérien eu télé
Discours.—Discours des esprits follets, pu-
lue par son beau-père, Arrius Aper, toute
blié dans le Mercure galant do '1680. — Dis-
les espérances de Dioclélien se réveillèrent :
i
cours épouvantable d'une étrange apparition
! l'armée le
porla au trône. Le premier usage de démons en la maison d'un gentilhomme
qu'il fil de son pouvoir fut de tuer lui-même, ,
cnSilésie, in-8.°,Lyon, par Jean Gazeau, 1609,
';: de son épée, le perfide Aper, dont le nom est
brochure de 7 pages. — Discours sur ki va-
;' celui du sanglier, en s'écriant qu'il venait en-
fin de tuer le sanglier fatal .—On sai t
nité des songes, et sur l'opinion de ceux qui
que Dioclé-
lien fut ensuite
croient que ce sont des pressentiments. Voy.
un des plus grandspersécuteurs SONGES.
de l'Église.
•:.
Disputés. —
L'abominable Henri V111 avait
Siocres,—VOIJ: CllAPELUE.'DU DAMNÉ.
une telle passion de l'argumentation, qu'il né
Biodore de Catane,—sorcier et. magicien, dédaigna'pas d'argumenter avec un pauvre
dont le peuple de Catane garda long-temps le argumentateur nommé Lambert. Une assern^
y-
'.' souvenir. C'était le-plus grand magicien de blèe extraordinaire avait été assemblée à Wes-
; s"n temps; il fascinait' tellementles personnes' minsler pour juger des coups. Le roi voyant'
qu'elles se persuadaient être changées en bê- qu'il avait affaire àforte partie, et ne voulant
v
j: tës; il faisaitvoir en'un instant, aux curieux; pas avoir lé dernier, donna à Lambert le choix
;•- ce qui se passait dans.les pays les plus éloi- d'être de son avis ou d'être pendu. C'est ainsi
: Siies. Comme on l'eût arrêté en qualité de ma- qu'un dey d'Alger, faisant un cent de piquet
: :
S'cièn, il voulutse faire passer pourfaiseur
avec son vizir, lui disait : v. Joue coeur ou je
K;- de miracles. Il
se fit donc transporter, par le
| «aille, de Catane à Conslantinople, et de Con- 1 Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des
-,
esprits, liv. m, eh. S, p. 310.
M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés, t. III,
p. 37. 2 Ibïd., liv. l, p. G3.
DOI 180 — DOM
t'élrangle. » Lambert ne joua pas coeur; il.fut fut d'un vaisseau, d'une artère ou d'une vein(.
étranglé. qui lui esl communiquée par le coeur, et, nit
Dives. — Les Persans nomment ainsi les celle raison , qu'il mérite prélérablement aux
mauvais génies; ils en admettent de mâles el autres doigts de porter l'anneau. LevinU5
de femelles, et disent qu'avant la création Lemnius assure que ce vaisseau singulier est
d'Adam Dieu créa les Dives ou génies mâles, une artère, et non pas une veine, ainsi que
et leur confia le gouvernement du monde le prétendent les anciens, il ajoute que les
pendant sept mille ans ; après quoi, les Péris anneaux qui sont portés à ce doigt influent sur
le coeur; que dans les évanouissements il avait
ou génies femelles leur succédèrent, et pri-
rent possession du monde pour deux autres accoutumé de frotter ce doigt pour tout mé-
mille ans, sous l'empire de Gian-ben-Gian, dicament; que la goutte l'attaque rarement
leur souverain ; mais ces créatures étant mais toujours plus tard que les autres doipis.
tombées en disgrâce pour leur désobéissance, et que la fin est bien proche quand il vient
Dieu envoya contre eux Eblis, qui, étant à se nouer.
d'une plus noble nature, et formé de l'élé- Dojartzabal, —jeune sorcière de quinze à
ment du feu, avait été élevé parmi les anges. seize ans qui confessa, vers 1609, avoir élé
Eblis, chargé des ordres divins, descendit du menée au sabbat par une autre sorcière, la-
ciel, et fit la guerre contre les Dives el les quelle était détenue en prison ; ce que celle-
Péris, qui se réunirent pour se défendre; ci niai-, disant qu'étant attachée à de grosses
Éblis les défit et prit possession de ce globe, chaînes de fer et surveillée, elle ne pouvait
lequel n'était encore habile que par des gé- être sortie de la prison; el que, si elle en
nies. Éblis ne fut pas plus sage que ses pré- était sortie, elle n'y serait pas rentrée. La
décesseurs; Dieu, pour abattre son orgueil, jeune personne expliqua toutefois que, comme
fit l'homme, et ordonna à tous les anges de. elle était couchée près de sa mère, cette sor-
lui rendre hommage. Sur le refus d'Eblis, cière l'était venue chercher sous la forme d'un
Dieu le dépouilla de sa souveraineté el le chat...., pour la transporter au sabbat, et que,
maudit. Ce ne sont là, comme on voit, que malgré leurs fers, les sorcières peuvent aller
des altérations de l'Écriture sainte. à ces assemblées, bien que le diable ne puisse
Divinations. — Il y en a de plus de cent les délivrer des mains de la justice. Elle as-
sortes. Voy. ALECTUYOMANCIE , AUMUTOMAN- sura encore que lo diable, qui la faisait en-
lever ainsi d'auprès de sa mère, mettait en
CIE, ASTHAGALOJIANCIE, ASTROLOGIE, BoTA-
NOMANCIE, CAIITOJJANCIIÎ, CATOPTKOMANCIE , sa place une figure qui lui ressemblait. Celle
ClIIItOMANClE, CniSTAU.OMANCIE, CllANOLOGIE, prétendue sorcière qui n'exerçait probable-
,
DAPJINOSMNCIE, G.\STnOMANCIE,llYI)Il05IANCIl!, ment qu'une petite vengeance, ne fut pas
LAMPADOMANCIE MÉToroscopiiï, MIMIQUE, châtiée.
,
NÉCIIOLOOIE, ONOJIANCIIÏ, OHNITIIOMANCIE, Domfront ( GuÉitiN ms ), — fils de Guil-
PHVSIOGÏS'OMONIE, PYHOMANCIE, BAHDOMANCIE, laume de Bellême, seigneur de Domfronl;
TIIÉOMANCIE, etc., etc. ayant traîtreusement fait couper la tète à son
Dogdo, ou Dodo, et encore Dodu, — voy. ennemi endormi chez lui, il fut, dit-on, éloulîé
ZOUOASTIIE. par le diable 2.
Doigt. •— Dans lo royaume de Macassar, Bomingina-Maletana,—Sorcière qui, dfllIS
si un malade est à l'agonie, le prêtre lui prend une joute qu'elle fit avec une autre, sorcière,
la main et lui frotte doucement le doigt du sauta , du haut de la montagne de la llhune,
milieu,: afin de favoriser par cette friction un qui borne les trois royaumes de France, d'Es-
chemin à l'âme, qui sort toujours, selon eux, pagne et de Navarre, et gagna le prix 5.
par le bout du doigt. — Les Turcs mangent Domitien. •— Un jour qu'il donnait un feslin
quelquefois du riz avec les doigts ; mais lors- aux sénateurs de Rome, à l'occasion de son
que cela arrive, ils n'emploient que les trois triomphe sur les Daces , Domitien les fit en-
premiers doigts, parce qu'ils sont persuadés trer dans une salle qu'il avait fait tendre en
sé-
que le diable mange avec les deux autres. — noir, et qui était éclairée par.des lampes
Dans certaines contrées de la Grèce mo- pulcrales. Chaque convive se trouva p!aG0
derne, on se croit ensorcelé qnand on voit vis-à-vis d'un cercueil, sur lequel il vit son
quelqu'un étendre la main en présentant les
cinq doigts. J Delanere, Tableau de l'inconstance des dém., c'c:'
liv.il, p. 101.
Doigt annulaire. — C'est une opinion re- Mémoires de Thébaut de Champassais sur la Vi"e
'>
de Domfront.
çue que le quatrième doigt de la main gauche 3 Delancre, Tableau de l'ineonsiancedesdémons,ctC'i
a une vertu cordiale, que celte vertu vient liv. m, p. 210.
DOR. — 181L — DOU
nom écrit-'-- U"etroupe d'enfants barbouillés Seigneur
S ioO, les sept'Dormants se réveillè-
de noir représentaient une danse pour figurer rent
r< et entrèrent dans la ville d'Éphèse,
les ombres infernales. La danse finie, ils se croyant
c n'avoir fait qu'un bon somme; mais
dispersèrent, chacun auprès du convive qu'il ils il trouvèrent tout bien changé. Il y avait
devait servir. Les mets furent les mêmes que 1long-temps que les persécutions contre le
ceux que l'on offrait aux morts dans les céré- christianisme
c étaient finies ; des empereurs
jnonies funèbres. Un morne silence régnait chrétiens c occupaient les deux trônes impé-
dans cette assemblée. Domitien parlait seul; riaux
i d'Orient et d'Occident. Les questions
il no racontait que des histoires sanglantes et des
c frères el l'élonnemenl qu'ils témoignèrent
n'entretenait les sénateurs que de morl. Les ;aux réponses qu'on leur fil surprirent tout le
convives sortirent enfin de la salle du festin, inonde.
i Ils contèrent naïvement leur histoire.
et furent accompagnés, chacun à leur maison Le
1 peuple, frappé d'admiration, les conduisit
respective, par des hommes velus de noir. à; l'évèque, celui-ci au patriarche et le pa-
armés et silencieux. — A peine respiraient- triarche l à l'empereur. Les sept Dormants
ils, que l'Empereur les fit redemander; mais révélèrent i les choses du monde les plus sin-
c'élail pour leur donner la vaisselle qu'on gulières, •
et en prédirent qui ne Fêlaient pas
avait servie devant eux, et à chacun un de moins. : Ils annoncèrent, entre autres l'avé-
,
ces petits esclaves qui avaient joué le rôle de nemenl do Mahomet, l'établissement et les
démons. — C'était bien là un plaisir de tyran. succès
' de sa religion comme devant avoir lieu
deux cents ans après leur réveil. Quand ils
Boppet (FnANÇois-AsiÉi)ÉE), — membre
du conseil des Cinq-Cents, auteur d'un Traité eurent satisfait la curiosité de l'empereur, ils
théorique et pratique du magnétisme animal; se retirèrent de nouveau dans leur caverne
Turin, 178-i, un vol. in-8° ; d'une Oraison- et y moururent tout de bon : on montre encore
funèbre de Mesmer, avec son testament ; Ge- celte grotte auprès
d'Éphèse. Quant à leur

nève, 178b, in-8° ; d'une Médecine occulte ou chien Kratim ou Katmir, il acheva sa carrière
Traité de la magie naturelle et médicinale et vécut autant qu'un chien peut vivre, en ne
I7SG, in-4».
. comptant pour rien les deux cents ans qu'il
avait dormi comme ses maîtres. C'était un
Dorée ( CATHERINE ), — sorcière du dix- animal dont les connaissances surpassaient
septième siècle, quifutbrùlée vive pour avoir celles de
tous les philosophes, les savants el.
tué son enfant par ordre du diable ; elle jetait les
beaux-esprits de son siècle; aussi s'em-
dos- poudres el guérissait les ensorcelés en
pressail-on de le fêter et de le régaler ; el. les
leur mettant un pigeon sur l'estomac. —Barbe
musulmans le placent dans le paradis de Ma-
Dorée, autre sorcière, était parente do Ca- homet,
therine. entre l'âne de Balaam el celui qui
portait Notre Seigneur le jour des Rameaux.
Dormants. — L'histoire des sept Dormants — Celle historiette a tout, l'air d'une contre-
est encore plus fameuse chez les Arabes que partie de la fable d'Épiménides de Crète, qui,
chez les chrétiens. Mahomet l'a insérée dans s'élant endormi sur le midi dans une caverne
son Koran et les Turcs l'ont embellie. Sous en cherchant une de ses brebis égarée, ne se
,
;
l'empire de Décius, l'an de notre ère 250 il réveilla que quatre-vingt-sept ans après, et
,
y eut une grande persécution contre les chré- se remit à chercher ses brebis comme s'il
tiens. Se.pt jeunes gens, attachés au service n'eût dormi qu'un
peu de temps. — Delrio dit
de l'empereur, ne voulant pas désavouer leur qu'un
paysan dormit un automne et un hiver
croyance, et craignant le martyre, se réfugiè- sans se réveiller 4.
rent dans une caverne située à quelque di- Dourdans, — V01J. ESPRITS.
:.. slance d'Éphèse ; et, par une grâce particu-
lière, ils y dormirent d'un sommeil profond Dourlet ( SlMOiNE ) , — 1)01/. POSSÉDÉES DE
FLANDRE.
pendant, deux cents ans. Les mahométans as-
surent que, durant ce sommeil, ils eurent des Douze, — c'est un nombre heureux. Les
:
révélationssurprenantes, et apprirenten songe apôtres étaient douze, dit Césaire d'Hester-
:
?- tout ce que pourraient savoir des hommes qui
bach, parce que le nombre douze est composé
,- auraient employé un pareil espace de temps de quatre fois trois , ou de trois fois quatre.
Ils ont été élus douze, ajoute—t-ïl, pour an-
;. a étudier assidûment. Leur chien, ou du
moins celui d'un d'entre
eux, les avait suivis noncer aux quatre coins du monde la foi de
dans leur retraite, et mit à profit, aussi bien la sainte Trinité. Les douze apôtres, dit-il
-
:

lu eux, le temps de son sommeil. Il devint le encore , sont les douze signes du Zodiaque ,
J
g.,
«"en le plus instruit du monde. —Sous le les douze mois de l'année , les douze heures
tf, i'èS'iQ de Théodose-le-Jeune, l'an de Notre * Bans les Disquisitionsmagiques,
DRA — L82 DM
du jour, .les douze étoiles de la couronne de ,tmettait,bonnerécompense à celui qui pourrait i
l'épouse. Les douze apùlres so.nl encore les jen délivrer la.contrée. Il se présente; ou j
douze fils de .Jacob, les .douze fontaines du l'admet à combattre le monstre, el on lui
désert, les douzepiei;resdu Jourdain, les douze promet sa grâce s'il parvient à le détruire.
bosufs de .la mer d'airain, les douze fonde- Couvert d'un masque-de verre et armé de
ments de la Jérusalem céleste. toutes pièces, l'intrépide soldat va à l'antre
Draç, — <uoj/. OGRES. obscur où se tient le monstre ailé, qu'il trouve
Draponites ou Dracontia, — pierre fabu- endormi. Réveillé par une première blessure,
leuse que; Pline el quelques naturalistes an- il se lève, prend son essor et vole contre l'a-
ciens ont placée dans la tôle du dragon ; pour gresseur. Tous les spectateurs se retirent, lui
se la procurer, il fallait l'endormir avant de seul reste et l'attend de pied ferme. Le dragon
lui couper la tête. tombe sur lui et le terrasse, de son poids;
Dragon. — Les dragons -1 ont fait beaucoup mais au moment qu'il ouvre la gueule pour
de bruit, et. parce que nous n'en voyons plus le dévorer, le soldat saisit l'instant de lui en-
les sceptiques les ont niés ; mais Cuvier et les foncer son poignard dans la gorge. Le monstre
géologues modernes ont reconnu que les dra- tombe à ses pieds. Le brave soldat allait re-
gons avaient existé. C'est seulement une race cueillir les fruits de sa
victoire,lorsque, poussé
perdue. C'étaient des sortes de serpents ailés. par une fatale curiosité , il ôta son masque
Philoslrate dit que pour devenir sorciers et pour considérer à son aise le. redoutable en-
devins, les Arabes ,mangeaient, le coeur ou le nemi dont il venait de triompher. Déjà il en
foie d'un dragon volant. —On montre auprès avait fait le tour, quand le monstre blessé
de Beyrouth le lieu où saint Georges tua un mortellement,' et nageant dans son sang, re-
monstrueux dragon; il y avail sur ces lieux cueille des forces qui paraissaient épuisées,
consacrés par le courage de saint Georges une s'élance subitement au cou de son vainqueur,,
église qui ne subsiste ' plus ?. —Il est fait et lui communique un venin si malfaisant
.mention de plusieurs dragons dans les lé- qu'il périt au milieu de son triomphe. — On
gendes, il est possible que quelques-unessoient voyait encore, il y a peu de temps , dans le
des allégories. — Le diable porte souvent lo cimetière de l'hôpital de Niort, un ancien tom-
nom d'ancien dragon, et quelquefois il a pris beau d'un homme tué par le venin du serpent.
la forme de cet animal merveilleux : c'est Est-ce une allégorie?—A Mons, on vous
ainsi qu'il se montra à sainte Marguerite. On coulera l'histoire du dragon qui dévastait le
dit que le dragon dont, parle Possidonius cou- Hainaut, lorsqu'il fut tué par le vaillant Gilles
vrait un arpent de terre, et qu'il avalait comme de Chin, en !<132. Et que direz-vous du dragon
une pilule un cavalier tout armé ; mais ce de Rhodes? •— l7o?j. TROU DU CHÂTEAU DIS
n'était encore qu'un petit dragon en compa- CARNOET.
raison de celui qu'on découvrit dans l'Inde Dragon rouge. •—
Le Dragon rouge, ou
et qui, suivant Maxime de Tyr, occupait, cinq, l'art de commander les esprils célestes, aé-
arpents de terrain. — Les Chinois rendent riens, terrestres, infernaux, avec le vrai se-
une espèce de culte aux dragons. On en voit cret de faire parler les morts, de gagner
sur leurs vêtements, leurs livres, dans leurs toutes les fois qu'on met aux loteries, do dé-
tableaux. Ils le regardent comme le principe couvrir les trésors cachés, etc., etc., in—1S,
de leur bonheur ; ils s'imaginent qu'il dispose \ 521. — Fatras qu'on réimprime souvent et
des saisons et fait à son gré tomber la pluie dont on trouvera l'essence clans ce Diction-
et gronder le tonnerre. Ils sont persuadés que naire. Foy. CONJURATIONS,BAGUETTE, EVO-
tous les biens de la terre ont été confiés à sa CATIONS, PACTES, LOTERIES, etc., etc.
garde, et qu'il fait son séjour ordinaire sur On donne à Aiguës-Mortes le
les montagnesélevées. — Lé dragon était aussi
Drapé. —
nom de Lou Drapé, à un cheval fabuleux qui
très-important chez nos aïeux; et tous nos est la terreur des enfants, qui les relient n"
contes de dragons1 doivent remonter à une l'aile de leurs parents, et réprime la
peu sous
haute antiquité. Voici la chronique du dragon négligence des mères. Oh
assure que quand
dé Niort5.—Un soldat avait été condamné à Lou Drapé vient à ilramasse sur son
passer,
mort pour crime de désertion ;' il apprit qu'à dos, l'un après l'autre, tous les enfants égares;
Niort,! sa patrie un énorme dragon faisait
, et que sa croupej d'abord de taille ordinaire,
depuis trois mois des ravages, et qu'on pro- s'allonge besoin jusqu'à contenir cinquante
au
Lenglct Dufresnoy, Recueil de dissertations et cent enfants, qu'il emporte on ne sait où.
1 sur les
apparitions, etc., t. 1, p. exiv. Briff, donné à la pierre de Huil-
- 2 Voyage de Monconis, de Thévcnot et du V. Goujon. — nom
3 Voyage dans le Finistère, t. J II, p. 112. ier, à laquelle on attribuait là propriété d'ïfl-
DIVU 183 — DUE
(irer le venin ; elle était,
dit-on, composée de missements de femmes i ; ce qui n'est pas
merveille dans une déroute.
mousse formée sur des têtes de mort, de sel
marin, de vitriol cuivreux empâté avec de la Bryden ( JEAN ), — célèbre .poêle anglais,
colle de poisson. On a poussé le merveilleux mort en 1707. Oii rapporte qu'il tirait aux
jusqu'à prétendre qu'il suffisait de toucher dés, le jour de la naissance de ses .enfants,
cette pierre du bout de la langue pour être pour deviner leur sexe; et sa prédiction rela-
ïiicri des maladies les plus redoutables. Van- tive à son fils Charles se réalisa 2, ce qui
llelmonl en fait de grands éloges. n'est pas fort étonnant. Voy. ASTHAGALO-
Brollcs. — Les drolles sont des démous ou SIANCIIÎ.
lutins qui, dans certains pays du nord, pren- Dualisme. — Il y a des tremblements de
nent soin de panser les chevaux, font tout ce terre, des tempêtes, des ouragans, des débor-
qu'on leur commande et avertissent des dan- dements de rivières, des maladies pestilen-
«ers. Voy. EAUEADETS, BÉIUTII, etc. tielles, des bêles venimeuses, des animaux
Bruides, — prêtres des Gaulois. Ils ensei- féroces, des hommes naturellement méchants,
snaienl la sagesse et la morale aux principaux perfides et cruels. Or, un être bienfaisant,
personnages de la nation. Ils disaient que les disaient les dualistes, ne peut être l'auteur du
âmes circulaient éternellement de ce monde- mal ; donc il y a deux êtres, deux principes :
ci dans l'autre; c'est-à-dire que ce qu'on ap- l'un bon, l'autre mauvais, également, puis-
pelle la mort est l'entrée dans l'autre monde, sants, coéternels, et qui ne cessent point de se
et ce qu'on appelle la vie en esl la sortie pour combattre. — Dieu a donné à l'homme le li-
revenir dans ce monde-ci i. — Los druides bre arbitre : c'est à lui de choisir entre le
d'Aului) attribuaient une grande vertu à l'oeuf bien el le mal. L'homme sans passions, et
de serpent; ils avaient pour armoiries dans obligé de faire le bien sans pouvoir faire le
leurs bannières, d'azur à la couchée de ser- mal, serait vertueux sans mérite. Dons un
pents d'argent, surmontée d'un gui de chêne monde sans dangers el sans besoins, l'homme
liarni (le ses glands de. sinople. Le chef dos vivrait sans plaisirs. La vertu ne brille que
druides avait des clefs pour symbole -. — par le contraste du vice; et Dieu ayant placé
Dans la petite île de Sena, aujourd'hui Sein, les mortels dans ce monde comme dans un
vis-à-vis la cèle (le Quimper, il y avait un lieu d'épreuves, on ne récompense point une
collège de druidesses, que les Gaulois appel- machine qui ne va bien que parce qu'elle est
." lent Senes (prophélessés). Elles étaient au bien montée. -— Si l'on réfléchit bien sur le
; nombre de neuf, gardaient une
perpétuelle dualisme, dit Saint-Eoix, je crois qu'on lo
'" virginité, rendaient des oracles, et, avaient lo trouvera encore plus absurde que l'idolâtrie.
; pouvoir de retenir les vents el. d'exciter
les Les Lapons disent que Dieu avant de pro-
,
tempêtes ; elles pouvaient aussi prendre la duire la terre, se consulta avec l'esprit malin,
forme de toute espèce d'animaux, guérir les afin de déterminer comment il arrangerait
<

:
maladies les plus invétérées et prédire l'ave- chaque chose. Dieu se proposa donc de rem-
•:
nir. 11 y avait d'autres druidesses qui se ma- plir les arbres de moelle, les lacs de lait, et de
v
riaient, mais elles ne sortaient qu'une fois charger les plantes et les arbres de tons les plus
i dans l'année, el. ne passaient qu'un seul jour beaux fruits. Par malheur, un plan si conve-
;> avec leurs maris s. nable à l'homme déplut à l'esprit malin, et il
Brusus, —• chargé par l'empereur Auguste en résulta que Dieu ne fit pas les choses aussi
; du commandement de l'armée romaine qui bien qu'il l'aurait voulu ^— Un certain
.;_'-
luisait la guerre en Allemagne. Drusus se pré- Ptolomée soutenait que le grand Etre avait
-: parait à passer l'Elbe, après avoir déjà rcm- deux femmes; que, par jalousie, elles so
porté plusieurs victoires, lorsqu'une femme contrariaient sans cesse, et que le mal, tant
':.. majestueuse lui apparut et lui dit : «
Où cours- dans le moral que dans le physique, venait
;
tu si vite, Drusus? ne seras-tu jamais las de uniquement de leur mésintelligence, l'une se
:
vaincre? Apprends que tes jours .touchent à plaisant à gâter, à changer ou à détruire tout
ï: leur terme..... » Drusus troublé tourna bride, ce que faisait l'autre.
' ''t sonner la retraite et mourut au bord du SSufay (ClIAhl.ES-JÉROMEDE ClSTERNAv), •—
,
miin. On vit en même temps deux chevaliers chimiste, quoique homme de guerre. Il s'oc-
V "icomms qui faisaient caracolerleurs phevaux cupait du grand oeuvre, et dépensa beaucoup
S ''"'our des tranchées du camp romain, fit on d'argent à la recherche de la pierre philoso-
entendit aux environs des plaintes el des gé- phais. 11 mourut en 1723.
' Wodore de Sicile.
c
f ', saint-l?r,ix. Essais, etc., t. II. 1 Dion Cassius.
j; - Saint-Poix, lissais sur Paris, t. III, p. 3S4. :'- liertin, Curiosités de la littérature, t. !<-'-, p. 248.
EAU — 18/i — EAU
Duffus, — roi d Ecosse. Pendant une ma- songes de la vie et de la mort. Paris, ici;;
ladie de ce prince, on arrêta plusieurs sor- in-12; Lyon, 1620, in-8°.
ciers de son royaume qui rôtissaient, auprès partie de l'enfer japonais où
d'un petit feu, une image faite à la ressem- les méchants Dsigofk, —
blance du roi, sortilège qui, selon leurs con- bre sont tourmentés suivant le nom-
fessions, causait, le mal du monarque. En ou la qualité de leurs crimes. Leurs sur,,
plices durent qu'un certain temps, au bout
effet, après leur arrestation, la santé de Duf- duquelneleurs âmes
fus se rétablit 1. sont renvoyées dans le
monde, pour animer les corps des animaux
Dulot,—magicien. Ko;/. MARIGNV. impurs dont les vices s'accordent avec ceux
Dumons ( ANTOINE), — sorcier du dix- dont ces âmes s'étaient souillées; de là elles
septième siècle, accusé de fournir des chan- passent successivement dans les corps <lcs
delles au sabbat pour l'adoration du diable. animaux plus nobles, jusqu'à ce qu'elles ren-
Dunoanius, — HO!/. PACTE. trent, dans les corps humains, où elles peuvent
ïïupleix (SCIPION), — conseiller d'Étal et mériter ou démériter sur nouveaux frais.
historiographe de France, mort en '1061. Bysers, — déesses des anciens Celtes, que.
Parmi ses ouvrages très-remarquables,on peut Ton supposait, employées à conduire les âmes
voir la Cause de la veille, el du, sommeil, des des héros au palais d'Odin où ces âmes bu-
vaient de la bière dans des, coupes faites des
Leloyer. Hist. et dise, des spectres, etc., liv. IV,
1
cli. 15, p. 369. crânes de leurs ennemis.

Batuas, — dieux subalternes des Olaïliens, renverser quelques gouttes. Les cabalistes
enfants de leur divinité suprême Taroataihé- peuplent, l'eau d'Ondins. Voy. ce mot.
toomoo, et du rocher Lepapa. Les Éatuas, Eau amère (El'REUYE DE I.'). — Elle avait
dit-on, engendrèrent le premier homme. Ces lieu ainsi chez les anciens Juifs : lorsqu'un
dieux sont des deux sexes : les hommes ado- homme soupçonnait sa femme en mal, il de-
rent les dieux mâles, et les femmes les dieux mandait qu'elle se purgeât selon la loi. Le
femelles. Ils ont des temples où les personnes juge envoyait les parties à Jérusalem, au
d'un sexe différent ne sont pas admises, quoi- grand consistoire composé de soixante vieil-
qu'ils en aient aussi d'autres où les hommes lards. La femme élail exhortée à bien regar-
et. les femmes peuvent entrer. Le nom d'Katua der sa conscience avant de se soumettre au
est aussi donné à des oiseaux, tels que le hé- hasard de boire les eaux amères. Si elle per-
ron et le martin-pêchenr. Les Olaïilens et sistait à dire qu'elle était nette de péché, on
les insulaires, leurs voisins font une atten- la menait à la porte du Saint des Saints, et on
,
tion particulière à ces oiseaux, ils ne les tuent la promenait afin de la fatiguer et de lui don-
point el ne leur font aucun mal ; mais ils ne ner le loisir de songer en elle-même. Ou lui
leur rendent aucune espèce de culte, et pa- donnait alors un vêtement noir. Un prèlrc
raissent n'avoir à leur égard que des idées était chargé d'écrire son nom et toutes les
superstitieuses, relatives à la bonne ou mau- paroles qu'elle avait dites; puis, se faisant
vaise fortune, telles que le peuple parmi nous apporter un pot de terre, il versait dedans
en a sur le rouge-gorge et sur l'hirondelle. avec une coquille la valeur d'un grand verre
Les Olaïliens croient que le grand Éatua lui- d'eau ; il prenait de la poudre du tabernacle
même est soumis aux génies inférieurs à qui avec du jus d'herbes amères, raclait le nom
il a donné l'existence qu'ils le dévorent sou- écrit sur le parchemin, et le donnait à boire
,
vent, mais qu'il a le pouvoir de se recréer. à la femme, qui, si elle était coupable, aussi-
Eau. — Presque tous les anciens peuples tôt blêmissait ; les yeux lui tournaient, et elle
ont fait une divinité de cet élément, qui, sui- ne lardait pas à mourir • ; mais il ne lui arn-
vant quelques philosophes, était le. principe de vait rien si elle était innocente.
.
toute chose : les Guèbres le respectent; un de Eau bénite. — C'est une coutume.lrès-an-
leurs livres sacrés leur défend d'employer cienne dans l'Église, et de tradition apostoli-
l'eau la nuitel de jamais emplir tout à fait un
1 Leloyer, Kist. des spectres et des apparitions rie-
vase d'eau pour la faire bouillir, de peur d'en esprits, liv. IV, cli. 21, p. 40S.
ECU
EAU — 18a —
nue \ de oemr par nés prières, des exorcis- Eau lustrale. — Eau commune dans la-
tes et des cérémonies, de l'eau dont on fait quelle on éteignait un tison ardent tiré du
des aspersions sur les fidèles el sur les choses foyer des sacrifices. Quand il y avait un mort
qui sont à leur usage. Par cette bénédiction, dans une maison, on mettait à la porte un
,
réalise demande à Dieu de purifier du péché grand vase rempli d'eau lustrale apportée
ceux qui s'en serviront, d'écarter d'eux les de quelque autre maison où il n'y avail point
embûches de l'ennemi du salut et les fléaux de mort. Tous ceux qui venaient à la maison
de ce monde 2. Dans les constitutions aposto- de deuil s'aspergeaient de celte eau en sor-
liques, l'eau bénite est appelée un moyen tant. Les druides employaient l'eau lustrale à
d'expier le péché et de mettre en fuite le dé- chasser les maléfices.
mon. — On se sert aussi au sabbat d'une eau Ébérard, •— archevêque de Trêves, mort
bénite particulière. Le sorcier qui fait les
sacrilèges qu'on appelle la en 1067. Ayant menacé les Juifs de les chas-
fondions ( messe ser de sa ville, si dans un certain temps qu'il
du sabbat) est chargé d'en asperger les assis- leur accorda
pour se faire instruire, ils n'em-
tants :l. brassaient le christianisme, ces misérables,
Eau bouillante (ÉPREUVE nE 1,'). — On qui se disaient réduits au désespoir, subor-
l'employait autrefois pour découvrir la vérité nèrent sorcier qui, pour de l'argent, leur
un
dans les tortures qu'on appelait téméraire- baptisa du
nom del'ôvôque uneimagedecire, à
ment jugements de Dieu. L'accusé plongeait laquelle ils attachèrentdes mèches et des bou-
la main dans un vase plein d'eau bouillante gies ; ils les allumèrent le samedi saint, comme
pour y prendre un anneau suspendu plus ou le prélat allait donner le baptême. Pendant
moins profondément. Ensuite on enveloppait qu'il était occupé à celle sainte fonction la
la main du patient avec un linge sur lequel statue étant à moitié consumée, Ébérard se
,
le juge et la partie adverse apposaient, leurs sentit extrêmement mal; on le conduisit dans
sceaux. Au bout de trois jours on les levait ; la sacristie, où (dit la chronique] il expira
s'il ne paraissait point démarques de brûlure, bientôt après '.
l'accusé étail renvoyé absous. Voy. EPREUVES.
Éblis, nom que les mahométans donnent
Eau d'ange. •— Pour faire de bonne eau —
d'ange, ayez un grand alambic, dans lequel au diable. Ils disent qu'au moment de la nais-
sance de leur prophète, le Irène d'Éblis fut
vous mettez les drogues suivantes benjoin,
:
précipité an fond de l'enfer, et que les idoles
quatre onces; styrax, deux onces; sandal
cilrin, une onre ; clous de girofle, deux drach- des
gentils furent renversées.
mes; deux ou trois morceaux d'iris de Flo-
ébroin. — On lit ceci dans Jacques de Vo-
rence; la moilié d'une écor.ce de citron ; deux ragine(!egenda 114) : —Unepetite troupe
de
noix muscades; cannelle, demi-once; deux pieux cénobites regagnait de nuit le monas-
pintes de bonne eau déroche; chopine d'eau tère. Ils arrivèrent au bord d'un grand fleuve,
(le fleurs d'orange; chopine d'eau de mélilol ; el s'arrêtèrent sur le gazon pour se reposer
vous mettez le tout dans un alambic bien un instant. Bientôt ils entendirent plusieurs
scellé et distillé au bain-marie; el. celle dis- rameurs qui descendaient le fleuve avec une
tillation sera une eau d'ange exquise '', ainsi grande impétuosité. L'un des moines leur de-
nommée parce que la recette en fut ensei- manda qui ils étaient : « Nous sommés des
gnée par un ange démons, répondirent les rameurs, et nous em-
d'Ébroïn, maire du
Eau froide (ÉPREUVE DE I,'). — Elle était portons aux enfers l'âme
fort en usage au neuvième siècle, et s'étendait palais, qui tyrannisa la France et qui aban-
non-seulement aux sorciers et aux héréti- donna le monastère de Saint-Gallpourrentrer
ques, mais encore à tout accusé dont le crime dans le monde.
"'était pas évident. Le coupable, ou prétendu Ébron, — démon honoré à Tournay du
•ol, était jeté, la main droite liée au pied
gau- temps de Clovis. Il est cité parmi les démons
^10, dans
un bassin ou dans une grande cuve dans le roman de Godefroid de Bouillon, vieux
pleine d'eau,
sur laquelle on priait pour poème dont l'auteur était du Hainaut.
qu'elle ne pût supporter
un criminel : de fa- Echo. — Presque tous les physiciens ont
çon que celui qui enfonçait était déclaré inno- attribué la formation de l'écho à une réper-
-
cent. cussion de son, semblable à celle qu'éprouve
Lel?. Lebrun, Explication des cérém., t. I'1', p. 7G. la lumière quand elle tombe sur un corps
,
; ' Ilcrgicr,
Dict. tlniolog. poli. L'écho est donc produit par le moyen
f lioguet, Discours des sorciers, cli. 22, p. 141, ctDe-
),Jncre, d'un ou de plusieurs obstacles qui intercep-
V Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
lu; VI, dise. 3, 457.
V
p.
< Secrets du Petit Albert,
p. 162, i Histoire des archevêques de Trêves, en. 57,
ECL — 1-8.6 — ECL
lent le son el le font rebrousser en arrière. — .<devenaient, par là, plus propres aux soriilô-,
Il y a ,des échos simples e.l des échos compo- gesdes enchanteurs. Pour délivrer la lune de *
sés. Dans les premiers on entend une simple son 1
tourment et pour éluder la force du :;
répétition du son;, dans les autres, on l'en- charme, on empêchait qu'elle n'en entendit
tend une, deux, Irais, ;quatre fois el davan- les paroles en faisant un bruit horrible. Une ':
tage. Il en est qui répètent plusieurs mots de éclipse annonçait qrdinairement.de grands '~-:
suite les,uns après les autres ; ce phénomène malheurs, et on voit souvent, dans l'antiquité
a lieu.toutes les fois qu'on se trouve à une des armées refuser de se battre à cause d'une -
distance .de l'écho, telle qu'on ail le temps de éclipse.— Au Pérou, quand le soleil s'éclip-
prononcer plusieurs mots avant que la répé- sait, ceux du pays disaient qu'il était lâché '
tition du premier soit parvenue à l'oreille. contre eux, et se croyaient menacés d'un l
Dans la grande avenue du château de Ville- grand malheur. Ils avaient encore plus de
bèrlain, à deux lieuesde.Troyes, on entend un crainte dans l'éclipsé de lune. Ils la croyaient ;
écho qui répôle deux fois un vers de douze malade lorsqu'elle paraissait noire, et ils
syllabes.—Quelqueséchos ont acquis une sorte comptaient qu'elle mourrait infailliblement si
de célébrité. On cite celui de la vigne Simo- elle achevait de s'obscurcir; qu'alors elle :
netla, qui répétait quarante fois le même mot. tomberait du ciel, qu'ils périraient tous,et
A:Woodstock, en Angleterre, il y en avait que la fin du monde arriverait ; ils en avaient '
un qui répétait le même son jusqu'à cinquante une telle frayeur, qu'aussitôt qu'elle commun- '
fois! À quelques lieues de Glascow, en Ecosse, çai.t à s'éclipser ils faisaient un bruit terrible
il se trouve un écho encore plus singulier. Un avec des trompettes, des cornets et des lani- ;
homme joue un air de trompette de huit à dix bptirs ; ils fouettaient des chiens pour les faire
notes; l'écho les répèle fidèlement, mais une aboyer, dans l'espoir que la lune, qui avail
tierce plus bas, et cela jusqu'à trois fois, in- de l'affection pour ces animaux aurait pitié
,
terrompues par un petit silence.—11 y eut des de leurs cris et s'éveillerait de l'assoupisse-
gens assez simples pour chercher des oracles ment que sa maladie lui causait. En même
dans les échos. Les écrivains des derniers siè- temps, les hommes, les femmes el les enfants
cles nous .ont conservé quelques dialogues de la suppliaient, les larmes aux yeux et avec de
mauvais goût sur ce sujet. —Un amant : Dis- grands cris, de ne point se laisser mourir, de
moi, cruel amour, mon bonheur est-il éva- peur que sa mort ne fût, cause de leur perte
noui? — L'écho : Oui. — L'amant : Tu ne universelle. Tou,f.ce bruilne cessait que quand
parles pas ainsi quand tu séduis nos coeurs, la lune, reparaissant, ramenait le calme dans
el que les promesses les .entraînent dans do les esprits épouvantés. — Les Talapoins pré-
funestes engagements. — L'épho ; Je mens. — tendent que quand la lune s'éclipse c'est un
L'amant • Par pitié, ne ris pas de ma peine. dragon qui la dévore, et que quand elle re-
Jiép.on.ds-mpi, me reste-l-il quelque espoir ou paraît, c'est le dragon qui rend son dîner. —
non ? — L'écho : Non. — L'amant, : lïh bien J Dans les vieilles mythologies germaniques,
c'en est fait, tu veux ma mort, j'y cours. — deux loups poursuivaient sans cesse le soleil
L'écho : Cours. — L'amant : La contrée, in- et la lune; les éclipses étaient des luttes con-
struite de les rigueurs, ne sera plus assez in- tre ces monstres. — Les Européens crédules
sensée pour dire de loi un mot. d'éloges. — aussi regardaient autrefois les éclipses comme
L'écho : Déloge ! — Les anciens Ecossais des signes fâcheux; une éclipse de soleil, qui
croyaient que l'écho était un esprit qui se plai- arriva le -13 août 1 Gti-i, fui annoncée comme
sait à répéter les sons. Vpy. LAVISAIU. l'avant-coureur d'un déluge semblable a ce-
lui qui élail arrivé du de Noé, ou plu-
Éclairs. On rendait autrefois une espèce tôt d'un déluge de feutemps qui devait amener la

de culte aux éclairs on faisant du bruit avec fin du monde. Cette prédiction épouvanta tel-
la bouche; et les Romains honoraient, sous lement qu'un curé de (ç'esj "»
le nom de Papysma, une divinité champêtre, petit conte campagne»
que nous rapportons), ne pouvant
pour qu'elle en préservât les biens de la suffire à confesser tous ses paroissiens, q'"
terre. Les Grecs de l'Orient les redoutent craignaient de mourir dans cette circonstance-!
beaucoup. et sachant que tout pe qu'il pourrait leur dire
Éclipses. de raisonnable à cet égard ne prévaudrait p"5
— C'était une opinion générale,
chez les païens, que les éclipses de lune pro- contre les prédictions fâcheuses, fut contrai"'
cédaient de la vertu magique de certaines pa- de leur annoncer au prône qu'ils ne se pres-
roles, par lesquelles oh arrachait la luné du sassent pas tant, et. que l'éclispe avait été re-
ciel, et on l'attirail vers la terre pour la con- mise à quinzaine 1 Indes on
— Dans les
traindre de.jeter l'écume sur les herbes, qui 1Lcgull., Calend. véritnble, p. 4G.
EÇR — 18"7 — ECU
e4 persuadé, quand le soleil et la lune s'é- esl évident encore, poursuit Lavater, que cha-
clipsent, qu'un .certain démon aux griffes noi- que tableau, que.chaque.figure détachée, et,
res les
étend sur les astres dont il veut ,se aux yeux de l'observateur et du connaisseur,
saisir ; pendant ce temps, on voit les rivières chaque lrailconser.ve.nl et rappellent l'idée du
rouvertes de têtes d'Indiens qui sont dans peinli;e.— Que cent .peintres, que tous les
l'eau jusqu'au cou. — Les Lapons sont con- écoliers d'un même maître dessinent la même
vaincus aussi que les éclipses de lune sqnt .figure, que .toutes ces copies ressemblent à
l'ouvrage des démons. — Les Chinois préten- l'original de la manière la plus'frappante,
daient, avant l'arrivée des missionnaires, que elles n'en auront pas moins, .chacune, un .ca-
les éclipses étaient occasionnées par un mau- ractère particulier, une leinte et une louche
: vais
génie qui cachait le soleil de sa main qui les feront distinguer. — Si l'on est flbli.gé
droite et la lune de sa .main gauche. Cepen- d'admelti'e.uneexpression.caractéris.tiquep,qu,r
dant celte opinion n'était pas générale, puis- les ouvra.ges.de peinture pourquoi voudrait-
.
que quelques-uns d'entre eux disaient qu'il y on .qu'elle .-disparût entièrement dans les des-
avail au milieu du soleil un grand trou, et sins et dans les figures que nous traçons sur
que,
quand la -lune se rencontrait vis-à-vis, le papier? Chacun de rions a son écriture pro-
elle devait naturellement être privée de lu- pre, individuelle et inimitable, ,ou qui du moins
mière. — Dieu, disent les Persans, tient le ne saurait, être contrefaiteque très-difficilement
soleil enfermé dans un tuyau qui s'ouvre et se et très-imparfaitement. Les exceptions sont en
..
ferme au bout par un volet. Ce bel oeil du trop petit nombre pour délruirela règle.—.Cette
' monde éclaire l'univers et l'échauffé par ce diversité incontestabledos écritures ne serait-
trou ; et quand Dieu veut punir les hommes elle point fondée sur la différence réelle,du .ca-
par la privation de la lumière, il envoie l'ange ractère moral ? -— Ou objectera que le même
Gabriel fermer le volet, ce qui produit les homme, qui pourtant n'a quî.un seul et même
: éclipses. — Les Mandingues, nègres maho- caractère , peut diversifier son écriture: Mais
métans qui habitent, l'intérieur de l'Afrique, cet homme, malgré son égalité de caractère,
attribuent les éclipses de lune à un chai gi- agit ou du moins parait agir souvent de mille
;
«iintesque qui met sa patte entre la lune et la manières .différentes. De même qu'un -esprit
." terre; et, pendant tout le temps que durel'é- doux se livre quelquefois à des emportements,
: clipse, ils ne cessent de chanter et de danser de même aussi la plus belle main se permet,
' en l'honneur de Mahomet. •— Les Mexicains, dans l'occasion une écriture négligée ; mais
effrayés, jeûnaient pendant les éclipses. Les ,
alors encore celle-ci aura un caractère tout
femmes se maltraitaient, el les filles se liraient à fait différent du griffonnage d'un homme qui
',' du sang des bras. Ils s'imaginaient que la écrit toujours mal. On reconnaîtra la belle
lune avail été blessée parle soleil pour quel— main du premier jusque dans sa plus mau-
v
\ que querelle de ménage. vaise écriture, tandis:qu.e l'écriture la plus soi-
Écrègores, pères des géants, suivant un gnée du second se ressentira toujours de son

livre apocryphe d'Enoch. Les anges qu'il
barbouillage.—Cette diversité de l'écriture
. d'une seule et même personne ne fait que conr
nomme ainsi s'assemblèrent sur le mont lié— firmer la thèse ; il résulte de là que la dispo-
]" "ion du temps du partiarche Jared et s'en-
sition d'esprit où nous nous trouvons influe sur
gagèrent par des anathèmes à ne , se point
;
séparer qu'ils n'eussent enlevé les filles des notre écriture. Avec la même encre , avec la
hommes. même plume, et sur le même papier, l'homme
: façonnera tout autrement son écriture quand
Ecriture.—Art, déjuger les hommes par il traite une affaire désagréable, ou quand il
V leur écriture, d'après Lavater.—Tous les mou- s'entretient cordialement avec son ami.—Cha-
,
vcments de notre corps reçoivent leurs modi- que nation , chaque pays , chaque ville a son
-;.
licalions du tempérament et du caractère. Le écriture particulière, tout comme ils ont.une
r; mouvement du sage n?est pas celui de l'idiot, physionomie et une forme qui leur sont pro-
'..;
'e port et la marche diffèrent sensiblement du pres. Tous ceux qui ont un commerce de let-
f colérique-au flegmatique, du sanguin au mé- tres un peu étendu pourront vérifier la justesse
"colique.—De tous les mouvements du corps, de celle remarque. L'observateur intelligent
.y u n'en est point d'aussi variés que ceux de la ira plus, loin, et il jugera déjà du caractère de
.
main et des doigts et, de tons les mouvements son correspondant sur la seule adresse {j'en-
. ; ;
r "c la main et des doigts, les plus diversifiés sont-, tends l'écriture de l'adresse, car le style four-
;.,
'eux qne nous fajsons en écrivant. Le moindre nit des indices plus positifs encore), à peu
.
j. '""tjelé surlepapior, combien depoints, coin- près comme le titre d'un livre nous l'ait con-
I '"en de courbes ne renferme-t-il pas!.:. —Il| naître souvent la tournure d'esprit de Tailleur.
ECR 188 — EDll
— Une belle écriture suppose nécessairement touchant. t Les anciens rois d'Angleterre, suu
une certaine justesse d'esprit, et en parlicu- vaut i certains auteurs, avaient ce pouvoir i
lier l'amour de l'ordre. Pour écrire avec une (Quand Jacques II fut reconduit de Rochestcri ï
belle main il faut avoir du moins une veine White-Hall, on proposa de lui laisser fajr„ ;
,
d'énergie, d'industrie, de précision et de goût, quelque acte deroyauté, comme de lottcherles '
i
chaque effet supposant une cause qui lui est ecrouelles. Il neseprésenla personne.—On ;i|.
i ;.
analogue. Mais ces gens, dont l'écriture est si tribua aussi aux rois de France le don d'enlever
belle el si élégante la peindraient peut-être les ecrouelles par l'imposition des mains "
,
encore mieux si leur esprit était plus cultivé Louis XIII, en -1639, loucha, à Fontainebleau
et plus orné. — On dislingue, dans l'écriture, douze cents scrofuleux. On Tait remonter celle
la substance et le corps des lettres, leur forme prérogative jusqu'à Clovis. Voy. LANCINET.
et leur arrondissement, leurhauteuretleurlon- Ecureuils. — Les Sirianes, peuplades du |a
gueur, leur position , leur liaison, l'intervalle Russie d'Europe, ont pour la chasse de l'écu-
qui les sépare, l'intervalle qui est entre les li- reuil une superstitieuse idée qu'on ne peut dé-
gnes , la netteté de l'écriture, sa légèreté ou raciner. Us ne cherchent, dans toute la jour-
sa pesanteur. Si tout cela se trouve dans une née les écureuils qu'au haut des sapins rouges
parfaite harmonie, il n'est nullement difficile si le, premier tué le malin s'est trouvé
sur un
de découvrirquelque chose d'assez précis dans arbre de cette espèce et ils sont fermement
;
le caractère fondamental de l'écrivain.-—Une convaincus qu'ils
en chercheraient en vain
écriture de travers annonce un caractère faux, ailleurs. Si c'est au contraire sur un sapin si/l-
dissimulé, inégal. Il y a la plupart du temps veslris qu'ils ont
aperçu leur premier écureuil,
une analogie admirable entre le langage, la ils ne porteront leurs regards que sur celte
démarche et l'écriture. —Des lettres inégales, sorte d'arbres pendant tout le jour de chasse.
mal jointes mal séparées, mal alignées et
,
jetées en quelque ,
sorte séparément sur le pa- logie Edeline (GUILLAUME), — docteur en théo-
du quinzième siècle, prieur de Sainl-
pier, annoncent un naturel flegmatique, lent, Germain-en-Laye. 11 fut exposé et admonesté
peu ami de l'ordre el de la propreté. — Une
publiquement Évreux, s'être donné an
écriture plus liée, plus suivie, plus énergique diable afin de àsatisfaire pourpassions mondai-
et plus ferme annonce plus de vie, plus do ses
Il qu'il s'était transporté au sabbat
chaleur, plus de goùl. 11 y a des écritures qui nes. avoua balai 2; et que, de sa bonne volonté, il
dénotent la lenteur d'un homme lourd et d'un sur un
esprit pesant. — Une écriture bien formée avail l'ait hommage à l'ennemi, qui était sous
la forme d'un mouton qu'il lui semblait
bien arrondie, promet de l'ordre, de la préci-, ,
lors baiser brutalement sous la queue en signe
sion et du goût. Une écriture exlraordinaire-
de révérence et d'hommage 3. Le jour du ju-
ment soignée annonce plus de précision et gement étant arrivé, il fut conduit
plus de fermeté mais peut-être moins d'es- sur la place
,
prit.-—Une écriture lâche dans quelques-unes
publique, ayant une mitre de papier sur la
de ses parties, serrée dans quelques autres,
tête; l'inquisiteur l'engagea à se repentir, cl
puis longue, puis étroite puis soignée puis
lut la sentence qui le condamnait à la prison,
, , au pain et à l'eau. « Lors, ledit maître Guil-
négligée laisse entrevoir un caractère léger,
à gémir et à condouloir de
incertain, el flottant.—Uneécriture lancée, dos laume commença
lettres jetées, pour ainsi dire, d'un seul trait, son méfait, criant merci à
Dieu à révoque
,
et à justice i. »
et qui annoncent la vivacité de l'écrivain, dé-
Édris
— nom que les musulmans
signent un esprit ardent, du feu et des capri- donnent
,
ces.—Une écriture un peu penchée sur la à Enoch ou Ilénoch , sur lequel ils ont forge
droite, et bien coulante, annonce de l'activité diverses traditions. Dans les guerres conti-
et de la pénétration. Une écriture bien liée, nuelles que se faisaient les enfants de Selh et
coulante et presque perpendiculaire promet de Caïn, Ilénoch, disent-ils, fut le premier qui
de la finesse et du goût. Une écriture ,originale introduisit la coutume de faire des esclaves; »
et hasardée d'une certaine façon , sans mé- avait reçu du ciel, avec le don de science et de
thode mais belle et agréable, porte l'em- sagesse, trente volumes remplis des connais-
preinte, du génie, etc. — Il est inutile d'obser- sances les plus abstraites ; lui-même en coni-
ver combien, avec quelques remarques judi-
cieuses ce système est plein d'exagérations. 1Polydore Virgile.
, Edoctus scopam sumere, et inter femora erjuin5
Voy. PlIÏSlOOXOMONIK. ?-
instar ponerc, quo volebat brevi momento, etc. Gaguin,
Ecrouelles. — Delancre dit que ceux qui liv. X.
naissent légitimementseptième mâle, sans mé- 3 Monstrelet, Alain Charticr, à l'année 1453:
4 Monstrelct, cité par M. Garinet, Histoire <1° 'l
langes de filles, guérissent les ecrouelles en les magie eu France, p. 107,
ELE — 189 — ELE
beaucoup d'autres aussi peu connus que A peine le démonTavait-il flairée, qu'il jetait
Lno=a
premiers. Dieu l'envoya aux Caïnites pour le possédé par terre et l'abandonnait. Le ma-
ramener dans la bonne voie ; mais ceux-ci gicien récitait ensuite des paroles que Salo-
ie3
ivanl refusé de l'écouler, il leur fil la guerre, mon avait laissées par écrit; et, au nom de
ei réduisit leurs femmes et leu rs enfants en es- ce prince, il défendait au démon de revenir
clavage. Les Orientaux lui attribuent
l'inven- dans le même corps ; après quoi il remplis-
^on de la couture et de l'écriture, de
l'astro- sait une cruche d'eau , el commandait audit
nomie, de l'arithmétique , et encore plus démon de la renverser. L'esprit
malin obéis-
inartieulièrement de la géomancie. On dit de sait; ce signe était la preuve qu'il avait quitté-
nlus qu'il fut la cause innocente
de l'idolâtrie. son gile.
;VJn de ses
amis affligé de son enlèvement, Éléazar de Garniza, — auteur hébreu , qui
,
dorma de lui, par l'instigation du démon, une a laissé divers ouvrages dont plusieurs ont
représentation si vivement exprimée, qu'il été imprimés et d'autres sont restés manu-
s'entretenait des jours entiers avec elle, et lui scrits. On distingue ,
de lui un Traité de l'âme,
i rendait des hommages particuliers, qui peu à cité par Pic de La Mirandole dans son livre
; non
dégénérèrent en superstition. Voy. HÉ- contre les astrologues, et un Commentaire ca-
N0CH. balistique sur le Peniaieuque.
1 Effrontés, — hérétiques qui parurent dans Éléments. — Les éléments sont peuplés de
la première moitié du seizième siècle. Ils substances spirituelles, selon les cabalistes.
niaient le Saint-Esprit, pratiquaient diverses Le feu est la demeure des salamandres ; l'air,
superstitions, rejetaient le baptême et le rem- celle des sylphes ; les eaux, celle des ondins ou
plaçaient par une cérémonie qui consistait à nymphes, et la terre celle des gnomes.—Se-
se racler le front avec un
clou jusqu'à effusion lon les démonomanes, les éléments sont abon-
:' de sang, puis à le panser avec de l'huile. C'est damment peuplés de démons et d'esprits.
celte marque qui leur restait qui leur a fait Éléphant. — On a dit des choses merveil-
•' donner leur nom d'effrontés. leuses de l'éléphant. On lit encore dans de
Égérie,—nymphe qui seconda Numa Pom- vieux livres qu'il n'a pas de jointures, et que,
;
pilius dans son projet de civiliser les Romains.
par cette raison, il est obligé de dormir debout,
Les démonomanes en ont fait un démon suc- appuyé contre un arbre ou contre un mur ;
:' cube, et les cabalistes un esprit élémentaire, s'il tombe, il né peut se relever. Celle
que,
}. une ondine selon les uns une salamandre se- été accréditée par Diodore de Sicile-,
, erreur a
lon les autres qui la disent fille de Y esta.
par Strabon et par d'autres écrivains. Pline
Eo;/. ZOROASTRE et NUMA. dit aussi que l'éléphant prend la fuite lorsqu'il
;
Ég'.pans, démons que les païens disaient entend un cochon : et, en effet, on a vu en
: —
/i!habiter les bois et- les montagnes, et qu'ils 17G9 qu'un, cochon ayant élé introduit dans
,
-i représentaient comme de petits hommes ve- la ménagerie de Versailles, son grognement
nins, avec des cornes et des pieds de chèvre. causa une agitation si violente à un éléphant
les anciens parlent de certains monstres de qui s'y trouvait, qu'il eût rompu ses barreaux
;
Libye, auxquels on donnait le même nom ; si l'on n'eût relire aussitôt l'animal immonde.
ils avaient
un museau de chèvre avec une —iElien conte qu'on a vu un éléphant qui avait
queue de poisson : c'est ainsi qu'on repré- écrit des sentences entières avec sa trompe,
sente le capricorne. On trouve celte môme el même qui avait parlé ;, Christophe Àcosta
figure dans plusieurs monuments égyptiens et
assure la même chose '. Dion Cassius prête à
romains. cet animal des sentiments religieux. Le matin,
Egithe, — sorte d'épervier boiteux , dont dit-il, il salue le soleil de sa trompe ; le soir
"ne. idée bizarre avait répandu l'opinion chez il s'agenouille; et, quand la nouvelle lune pa-
"s anciens, que sa rencontre était, du plus raît sur l'horizon, il rassemble des fleurs pour
heureux présage
pour les nouveaux mariés. lui en composer un bouquet. On sait que les
Blaïs, —Une des filles d'Annius, laquelle,
éléphants ont beaucoup de goût pour la mu-
"'i qualité de sorcière, changeait en huile tout sique ; Arrièn dit qu'il y en a eu un qui faisait
<* qu'elle touchait.
danser ses camarades au son des cymbales. On.
vit à Rome des éléphants danser la pyrrhique,,
Slèaïar — magicien, juif de nation, qui
attachait au, et exécuter des sauts périlleux sur la corde...
nez-des possédés un anneau où Enfin, les fêtes données par Germani-
eta't enchâssé avant
une racine dont Salomonse cus, douze éléphants en costume dramatique,
- *«vait, et que l'on présume être la squille 1;
1 Thomas Brown, Essais sur les erreurs populaires,
"oâin, Démnnninanie. pte,. liv. ror. r.h. 3. n, RS. liv, m, ch. Ie'-, p. 241.
.EUS — 190 — ELE
..
exécutèrent un ballet en action ; ,on leur servit faisait pas sur M. SmithsonTelfet d'un chasseur
énsùile-uiie'collglion1; ils prirent place avec dé- bien habile : les éléphants blancs se trouvent
cence sur des lits-qui-leur avaient, élé.préparés. en très-petit nombre dans des retraites d'eaux
Les éléphants-mâles étaient revêtus de la toge ; et de bois d'un accès très-difficile. Mais i-îotl
lés.femelles,dela tunique. Ils se comportèrent ne put changer la résolution de Tungug, (]Uj
avec toute -L'urbanité de convives bien éle- serrant avec reconnaissance une petite somme
vés, choisirent les mets avec discernement, et d'argent dont son maître le gratifia, pariji
ne se firent pas moins rémarquer par leurso- avec un arc, des flèches , -et une mauvais
briélé que par leur politesse *.—Dans le Ben- paire de pistolets. — M. Smithson, que jo vais
gale l'éléphant.blanc a les honneurs de la di- laisser parler, me disait donc l'autre soir
vinité ;, il .ne mange jamais que .dans de la « Cinq mois après, je me réveillai air bruit du:
vaisselle de, vermeil. Lorsqu'on le conduit à la tous les tambours de l'armée du roi ; un tin-
promenade dix personnes de distinction portent tamarre affreux remplissait la ville. Je m'iia-
un-dais sur sa tôle. Sa marche est une espèce bille et descends dans la rue, où des 'hommes,
.de.irjoniplie., et tous les instruments du pays des femmes, des enfants couraient en poussant
l'accompagnent. Les mêmes cérémonies s'ob- des cris de joie. Je m'informai'de la cause de
servent lorsqu'on le mène boire. Au sortir de tous ces bruits; on me répondit que l'éléphant
la,rivière, un seigneur de la cour lui lave les blanc arrivait. Curieux d'assister à la' récep-
pieds dans un bassin d'argent. —Voici, sur tion de ce grand et haut personnage, je me
l'éléphant blanc, des détails plus étendus :
— rendis à la porte de la ville, que précède une
Une personne établie à Calcutta dépuis deux place immense entourée d'arbresetdeeanaux;
ans écrivait dernièrement au Sémaphore de la foule la remplissait. Sous un vaste dais,
i
Marseille une lettre dont le passage suivant des officiers richement vêtus attendaient l'em-
rappelle une des plus étrangessuperstitions desi pereur, qui a bientôt paru avec lous: ses mi-
peuples de l'Inde. — « Je veux vous envoyer nistres et ses esclaves : on agitait devant lui
le récit que vient de me Taire M. Smithson un vaste éventail de plume. — L'éléphant sa-
,
voyageur anglais, arrivé tout récemment de cré, arrivé la veille, avait passé la nuit sous
t
>
Jullua, capilàledu royaume de Siam. M. Smilh- une tente magnifique dont j'apercevais les
sorï m'a beaucoupamuséaux dépensde ces Sia- banderoles. Peu après, les gongs, les tam-
mois qui continuent toujours à adorer leurs3 bours, les cymbales retentirent avec leurs sons
éléphants blancs. Depuis plusieurs mois la tris-'- aigres et perçants ; j'étais assez-commodément
lesse était à la cour'et parmi tous les habi- placé ; un cortège de talapoins commença à
tants de' .Tulliia : un seul éléphant blanc avaitt défiler, ces prêtres avaient l'air grave et s'a-
survécu à une espèce de contagion qui s'étaitt vançaienl lentement; une triple rangée de
glissée dans' les écuries sacrées. Le roi fit pu- soldats entourait le noble animal, qui avait
blier à son de trompe qu'il donnerait dix es- un air maladif et marchait difficilement,—On
claves, autant d'arpents de terre'qu'un été-, - cria à mes côtés : Voilà celui qui l'a pris. —
pliant'pourrait en parcourir dansun jour, et•X Je regardai et vis un petit homme borgne cl
uflè'd'e ses filles en mariage à l'heureux Sia- [- bossu, qui tenait un des nombreux rubans do-
mois qui' trouverait un autre éléphant blanc.;. rés passés au cou de l'éléphant ; cet homme
— M. Smithson avait pris à son service, pourr était mon domestique, Tungug-Poura. Le voilà
lui faire quelques commissions dans la ville donc gendre du roi. Il vint me voir un jour en
un pauvre hère borgne , bossu' , tout exténué é, palanquin et nie parut fort content de sa nou-
de misère, qui's'appelle Tungug-Poura. Ce ,e velle position. —L'éléphant blanc, qui a fait
Tuiigug-Poura avait louche le coeur compa- sa fortune, se présenta à lui à cinquante jour-
tissant du voyageur anglais, qui l'avait fait la- i- nées démarche de Juthia, daiisiin marais où il
ver, habiller, et le nourrissait dans sa cuisine. ;. était couché, abattu par une fièvre à laquelle
Tuiigug,' malgré sa chélive et stupidè appa- i- les animaux de celte espèce sont sujets ; «"'
rence, nourrissait une v'aslc'a'nim'tiôn'daiis'sa ;a leur' couleur blanche est, comme oh sait, le
chemise de 'toile; son unique Vêtement; il en- i- résultat d'une'maladie. Tungug-Poura's'ap-
tendit' la proclamation de l'empereur de Siam,. i,. prêcha- de l'éléphant, le- nettoya , versa de
et-vint, d'un'air recueilli, se présenter à l'eau sur les plaies et les boutons du'dosvet
M-. Smithson; qbi rit beaucoup en l'entendant nt prodigua tellement ses soins et ses caresses a
lui"déclarer' qu'il allait chercher un éléphant at' l'intelligente bête que celle-ci -lécha- Tungug
blanc,'et-qu'il-était,' décidé à' nioùrif s'il ne ie de sa trompe , et'se mit à le suivre avec la
trouva'itpâs'l'animal sacré: Tungùg-Pburà ne ie docilité d'un petit chien. Tungug-, est ainsi
parvenu, favorisé d'abord par un hasard
1 M. Saignes, Des Erreurs, etc. t.•' lîlj'-p. 190. presque inespéré', a1 s- emparer d'un éléj)Mnt
1
ELI — 191—
ElVIlV '
.
blanc- Le pauvre
bossu a niaintenant des es- ]prenant tous les matins une cuillerée. l_,e si-
.'ives ! e 1,
possède la princesse dont le nom rrop prolonge la vie, rétablit la' santé contre
.ji-nilie en langue siamoise (es yeux de la t[otites sortes de maladies, même la goutte,
iiùi'l-
» ' (dissipe la chaleur des entrailles ; et quand" il
ne'resterait dans lê'co'rps qu'un1 petit morceau
plfcs, — génies Scandinaves. On croit, 'de
de la Baltique qu'il roi ' poumon et que le reste serait gâté,'il
.„ix
bords
, y a-un maintiendrait le bon et rétablirait le mauvais ;
,]rt Elfes qui règne à la fois sur l'île de '
,
celle de celle de Rugen. il guérit les douleurs d'estomac, la sciatique,
Stem, sur Moe et sur :

char attelé de quatre étalons noirs. 11


les vertiges, la migraine; et généralement les
H a un
d'une île à l'autre traversant les douleurs internes. — Ce secret' a élé'don'né
,'5'eiiva en
' jiis: alors on dislingue très-bien le hennisse- par un pauvre paysan de Calnbre à celui qui
de chevaux, et la est toute noire. fut nommé par Charles-Quint' pour général
ment ses nier
grande armée à ordres de cette belle année navale qu'il' envbya'cn
Ce roi a une ses ; ses
toldiils ne sont autre chose que les 'grands
Barbarie. Le bonhomme était âgé de cent
trente-deux ans, a ce qu'il assura à cë'gérié-
iliènes qui parsèment l'île. Le jour ils-sont
condamnés à vivre sous une écorec d'arbre; ral, lequelétait' allé loger' chez lui et, le voyant
la nuit, ils reprennent leur casque et d'un si grand âge, s'informa-de sa manière
mais
de vivre et de plusieurs de ses voisins; qui
leur épée, et se promènent fièrement au clair
. étaient presque tous âgés comme lui *. -=- On
de la lune. Dans les temps de guerre, le, roi
les assemble autour de lui. On les voit errer
conte qu'un charlatan apporta un jour a l'em-"
dé la Chine Li-con-pan, un êlixiriiier-
au-dessus de la côte, et alors malheur à celui pereur
veilleux, el l'exhorta à' le boire, en lui pro-
qui tonterail'd'envabirlepays'M l'"oy. DAISSIÎS
I-SI'KITS.
mettant que ce bréuvàge'le rendrait immortel.
IIKS
Un ministre, qui était présent, ayant tenté
Éligor,—le môme qu'Abigor. Yoy. ABIGOU.
inutilement de désabuser le souverain, prit la
Élinas,—roi d'Albanie. Voy. Mihïusirviî. coupe et but là liqueur. Li-con-pan, irrité de
Élixir de vie. -— L'éxilir dé vie n'est autre celle hardiesse, condamna à niorl le manda-
-
chose, selon Trévisan, que la réduction de la riiij qui lui dit d'un air tranquille : « Si ce
pierre .philosophait: en eau mercurielle ; on breuvage donne l'immortalité vous ferez de
,
: l'appelle aussi or potable. 11 guérit toutes sor- vains efforts pour me faire mourir ; et-s'il ne
tes de maladies et prolonge la vie bien au la donne pas, auriez-vous l'injustice démo
delà des bornes ordinaires, h'élixir parfait- faire mourir pour un si frivole larcin? » Ce
ou rouye change le cuivre, le plomb, le foret- discours calma l'empereur, qui loua la sa-
.

Ions les métaux en or plus pur que celui des gesse el la prudence dèson ministre -:
-
mines. V élixir parfait au- blanc, qu'on-ap- Éloge de l'Enfer,
— ouvrage critique,
pelle encore /ii«7c de talc, change tous les historique el moral ; nouvelle édition, La
métaux en,argent très-fin. —Voici la recette Haye, 17159, 2 vol. in-1'3, fig. —C'est un
il'un autre élixir de vie'. Pour faire cet élixir, livre satirique trôs-pesainment écrit.
..
iuenez huit livres de suc mercuriel, deux li- Élossite, —pierre qui a la vertu de guérir
vres de suc de bourrache, tiges et feuilles,
douze livres de miel de Narbonne ou autre, les maux de tête. On ne sait pas trop bien où
elle se trouve.
le meilleur du
pays; mettez le tout à-bouillir
ensemble un bouillon pour l'écumer, passez- Blxaï ou Elcésaî, — chef des eleésaïles,
le par la chausse à hypocras, et clarifiez- hérétique du deuxième siècle, qui faisait du
le. Mettez à part infuser, pendant vingl-qua- Saint-Esprit.une femme, et qui proposait une
; 'reheures, quatre onces de racine de gentiane
liturgie dont les prières étaient des jure--
coupée par tranches dans trois chopines de nients absurdes.
vin blanc, sur des cendres chaudes,.agitantde Émaguinquilliers,— race de géants, ser-
; vous passerez ce vin dans
temps en temps viteurs d'ianien, dieu de la mort chez les In-
u'i linge sans l'exprimer; mettez cette cola- diens, ils sont chargés de tourmenter les;
t»re dans lesdils
, sucs avec le miel, faisant méchants dans les enfers.
bouillir doucement le tout et cuire
; en consist- Embarrer,— VOIJ. LIGATURES.
ance de sirop; le ferez rafraîchir dans
vous Bmbungala, — prêtre idolâtre du Congo.
''ne terrine vernisée, ensuite le déposerez
<la|is des bouteilles 11 passe chez.les noirs de ces- contrées pour
que vous conserverez en

Ul>lieu tempéré, servir, •un si grand sorcier,.qu'if peut 1 d'un, coup de
pour vous-en enen
' Marinier, Traditions de la Baltique.
r Admirables secrets du Petit Àlbeit, p. 1G3.
'i
2 Bibliothèque-dèsodété,t. IJÏ.
.
EMP — 192 — ENC
silliet taire venir devant lui qui bon lui semble, leormes, do chien, de lemme, ae boeuf, dcvi-Bj
s'en servir comme d'un esclave, et le vendre p1ère, qui a le regard atroce, un pied (lVinoBl
même s'il le juge à propos. eJt un pied d'airain, une flamme autour delaKl
Émeraude. — La superstition a long-temps t<été, et qui ne cherche qu'à faire du nial.-lB
attribué à cette pierre des vertus miracu- LLes paysans grecs el russes, qui ont conservé»
leuses, telles entre autres que celles d'empô- d3es idées populaires attachées à ce monstre
cher les symptômes du mal caduc, el de se ttremblent au temps des foins el des moissons»
-
briser lorsque la crise est trop violente pour àà la seule pensée de l'Empuse, qui, dit-on B
qu'elle puisse la vaincre. La poudre de franche rrompt bras et jambes aux faucheurs elausK
émeraude arrêtait, disait-on, la dyssenlerie imoissonneurs s'ils ne se jettent la face en»;
et guérissait la morsure des animaux veni— tterre lorsqu'ils l'aperçoivent. On dit même cul
meux. Les peuples de la vallée de Manta, au Russie 1 que l'Empuse et les démons de midi î
Pérou, adoraient une émeraude grosse comme qui sont soumis à cet horrible fantôme, par-i
<

un oeuf d'autruche, et lui offraient d'autres courent, quelquefois les rues à midi en habits
<

émeraudes. de veuve, et rompent les bras à ceux qui


<

Emma, — Tille de Richard II, duc de Nor- osent ' les regarder en face. —Le moyen de
niandie. Celle princesse épousa Éthelr'ed, roi conjurer' l'Empuse et de s'en faire obéir chez I
d'Angleterre et en eut deux fils, dont l'un les anciens, c'était de lui dire des injures;!
,
régna après la mort de son père ; c'est saint chacun a ses goûts. —Vasco de Gama , cité
Edouard. Ce prince écoulait avec déférence par Leloyer ', rapporte qu'il y a dans la ville
les pieux avis de sa mère ; mais Godwin, de Calicul un temple consacré à des démons
comte de Kent, qui était son ministre, et qui qui sont des espèces d'Empuses. Personne
voyait avec peine son autorité partagée avec n'ose entrer dans ces temples, surtout le mer-
Emma, chercha à perdre cette princesse : il credi, qu'après que le midi est passé ; car si
l'accusa de différents crimes, et il eut l'adresse on y entrait à celte heure-là, on mourrait à
de faire appuyer son accusation par plusieurs l'instant même.
seigneurs mécontents comme lui du pouvoir Énarque. — Il revint de l'autre monde ( ou
d'Emma. Le roi dépouilla sa mère de toutes d'une syncope) après avoir passé plusieurs]
ses richesses. •— La princesse eut recours à jours en enfer, et raconta à Plutarque lui-1
Ahvin, évoque de Winchester, son parent. même tout ce qui concernait Pluton Minos,
,
Le comte de Kent, voulant écarter un protec- Éaque, les Parques, etc. 2.
teur aussi puissant, accusa la princesse d'un Encens. — « En la région Sachalile , qui
commerce infâme avec ce prélat: celte odieuse n'est autre que le royaume de Tartas, l'en-
accusation, appuyée par les ennemis delà cens qui s'y recueillait se mettait à grands
princesse et de l'évêque, fil impression sur monceaux en certaine place, non loin du port,
l'esprit d'Edouard ; il eut la faiblesse de mettre où les marchands abordaient. Cet encens n'é-
sa mère en jugement, elle fut condamnée à se tait gardé de personne, parce que le lieu était
purger par l'épreuve du feu. —La coutume assez gardé des démons ; et ceux qui abor-
de ce temps-là voulait que l'accusé passât nu- daient près de la place n'eussent osé, en ca-
pieds sur neuf coulres de charrue rougis au chette ni ouvertement, prendre un seul grain
feu, et la condamnation portait qu'Emma fe- d'encens et le mettre en leur navire sans la
rait sur ces coulres neuf pas pour elle-même licence et permission expresse du prince ; au-
et cinq pour l'évêque de Winchester : elle trement leurs navires étaient retenus par la
passa en prières la nuit qui précéda cotte puissance secrète des démons, gardiens de
périlleuse épreuve; puis elle marcha sur les l'encens, et ne pouvaient se mouvoir ni partir
neuf coutres au milieu de deux évoques, du port 5. »
habillée comme une simple bourgeoise el les , Enchantements. On entend enclian-

jambes nues jusqu'aux genoux. Le feu ne lui lement l'art d'opérer des prodiges par des pa- par
!
fil aucun mal, de sorte que son innocence fut roles chantées mais
; on a beaucoup étendu le
reconnue. sens de ce mot. — On voyait, au rapport de
Bmodes, — démon de Madeleine de La Léon l'Africain, tout au haut des principales
Palud. Voy. GAUFRIDI. tours de la citadelle de Maroc, trois pommes
Emole,.— génie que les basilidiens invo- d'or d'un prix inestimable, si bien gardées par
quaient dans leurs cérémonies magiques. enchantement que les rois de Fez n'y <>nt
Empuse, — démon de midi, qu'Aristophane, 1 Histoire des spectres, etc., liv. ni, ch. 14.
dans sa comédie des Grenouilles, représente 2 M.Salgues.DesErreursetdespréjugés, t. Ier, p-31d'
comme un spectre horrible, qui prend diverses 3 Leloyer, Disc, etliist. des spectres,
p. Wo,
ENC EN F
— 19. ; —
iois pu loucher, quelques efforts qu'ilsaient Bnergumène. — On appelait énerguiïièiies
d'or ne sont. plus. —Marc ceux qui étaient possédés du démon.
j. Ces pommes pris huit
tll conte que des Tarlares ayant, Enfants. — Croirait-on que des savants en
ulaiies de Zipangu, avec qui ils étaient en démence et des médecins sans clientèle ont
cne, se disposaient à les décapiter;
mais recherché les moyens de s'assurer du sexe
n'en purent venir à bout, parce que ces d'un enfant qui n'était pas né , et qu'on a
ulnires portaient au bras droit, entre cuir fait, autour de ce thème absurde, des livres
chair, une petite pierre enchantée qui les niais qui trouvent des lecteurs? Voy. SEXE.
ndiiîl insensibles au tranchant du cimeterre ; Enfants , — VOXJ. SlîXE.
;
sorte qu'il fallut les assommer pour les Enfants du Biable , —V01J. CAMBIONS.
ire mourir. Voy. PAROLES MAGIQUES, CIIAU- Enfers, — lieux inférieurs où les méchants
TOUR-ENCHANTÉE, etc.— subissent après leur mort le châtiment dû à
I.S, FASCINATION,
entend souvent par enchantement quelque leurs crimes. Nier qu'il y ait des peines et
n
luise de merveilleux. Les arls ont aussi pro- des récompenses après le trépas, c'est nier
uit des enchantements, mais naturels et ré- l'existence de Dieu ; puisqu'il ne peut être
unies comme oeuvre de magie, par ceux-là que nécessairement juste. Mais les tableaux
euls qui lui attribuent gratuitement tout ce que certains poètes et d'autres écrivains nous
|iii est extraordinaire.— M. Van Estin, dit ont faits des enfers ont, été souvent, les fruits
leciemps, dans sa Magie blanche dévoilée de l'imagination. On doit croire ce que l'église
,
mus fil voir son cabinet de
machines. Nous enseigne, s'égarer dans des détails que
sans
entraînes dans une salle, bien éclairée pai- Dieu n'a pas jugé à propos de révéler. Les
dôme, —
lle grandes fenêtres pratiquées dans le anciens, la plupart des modernes, et surtout
dit-il, tout ce que j'ai pu les cabalisfes, placent les enfers au centre de
i Vous voyez, nous
rassembler de piquant el de curieux en mé- la terre. Le docteur Swinden, dans ses re-
caniques; » cependant, nous n'apercevions de cherches sur le feu de l'enfer, prétend que
tout côté que des tapisseries sur lesquelles l'enfer est dans le soleil, parce que la soleil
étaient représentéesdes machinesutiles, telles est le feu perpétuel. Quelques-uns oui ajouté
que des horloges, des pompes,
des pressoirs, les damnés entretiennent ce feu dans une
que
îles moulins à vent, des visd'Archimède, etc. activité continuelle, el que les taches qui pa-
c
Toutes ces pièces ont apparemment beau- raissent dans le disque du soleil, après les
coup de valeur, d'il en riant
M. Ilill ; elles grandes catastrophes, ne sont produites que
peuvent récréer un instant la vue, mais il
par l'encombrement...—-Dans Milton (c'est
parait qu'elles ne produirontjamais de grands du moins de la poésie) l'abîme où fui préci-
cll'uls par leurs mouvements. » M. Van Estin pité Satan est éloigné du ciel trois fois autanl
répondit par un coup de sifflet: aussitôt les le centre du monde l'est de l'extrémité
que
quatre tapisseries se lèvent et disparaissent, du pôle, c'est-à-dire, selon les calculs des
la salle s'agrandit, el nos yeux éblouis voient
astronomes, à 990,000,000 de lieues1.—
,

ce que l'industrie humaine a


inventé de plus L'enfer de Milton est
un globe énorme, en-
étonnant: d'un côté, des serpents qui ram- touré d'une triple voûte de feux dévorants; il
pent, des fleurs qui s'épanouissent, des oi- est placé dans le sein de l'antique chaos et
seaux qui chantent; de l'autre, des cygnes de la nuit informe. On y voit cinq fleuves : le
qui nagent, des canards qui mangent et qu Slyx source exécrable consacrée à la Haine ;
(ligéienl, des orgues jouant d'elles-mêmes e ,
l'Acliéron, lleuve noir et profond qu'habite la
des automates qui touchent du clavecin Douleur ; le Cocyle, ainsi nommé des sanglots
il. Van Estin donna un second coup de sifflet perçants qui retentissent sur ses funèbres ri-
i-i tous les mouvements furent suspendus.—
vages ; le fougueux Phlégéton, dont, les' flots •
h'n instant après, nous vîmes un canard na- précipités en torrents de feu portent la rage
' Séant et barbotant dans un vase , au
miliei dans les coeurs ; et le tranquille Lélbé, qui
duquel était un arbre. Plusieurs serpents ram roule dans un lit tortueux ses eaux silen-
paient autour du tronc, et allaient successi- cieuses. — Au delà de ce lleuve s'étend une
vement se cacher dons les feuillages. Dan déserte, obscure et glacée, perpétuelle-
zone
:
"ne cage voisine, étaient deux serins qrj ment battue des tempêtes el d'un déluge de
plantaient en s'accompagnanl, un homme qv. grêle énorme qui, loin de se fondre en tom-
jouait de la flûte, un autre qui dansait, u
bant, s'élève en monceaux, semblable aux
;,-
l'élit chasseur et un sauteur chinois, tou ruines d'une antique pyramide. Tout autour
artificiels et obéissant au commandemeii!
WWîCANIQCK. 1 Le poète dit que la chute de Satan dura neufjours :
d'où il suivrait que Satan aurait fait 1,200 lieues par
Eucràridion,
— Voy. LÉON. seconde.
13
ENF — 19/ik — ' EN1 F

sont des gouffres horribles, des abîmes de pelle, ] les habitants des ombres éternelles 1,1
neige et de glace. Le froid y produit les effets Taiiare s'ébranle dans ses gouffres noirs J.
du feu, et l'air gelé brûle et déchire. C'est là profonds; l'air ténébreux répond par de Ion»!
qu'à certains temps fixés tous les réprouvés gémissements. Soudain les puissances de \\\
i

sont traînés par les Furies aux ailes de Har- bîme accourent à pas précipités : quels specJ:
pies. Ils ressentent tour à tour les tourments 1res étranges, horribles, épouvantables! l4l'
des deux extrémités dans la température, terreur et la mort habitent, dans leurs yeux
;>
tourments que leur succession rapide rend quelques-uns, avec une figure humaine, onij','
encore plus affreux. Arrachés de leur lit de des pieds de bêtes farouches; leurs cheveux',
feu dévorant, ils sont- plongés dans des mon- sont entrelacés de serpents ; leur croupe in,- '
ceaux de glaces ; immobiles, presque éteints, mense el fourchue se recourbe en replis tor-
ils languissent, ils frissonnent el sont de nou- tueux. — On voit d'immondes Harpies des
,
veau rejelés au milieu du brasier infernal. Ils Centaures, des Sphinx, des Gorgones, des[
vont et reviennent ainsi de l'un à l'autre sup- Scylles qui aboient et dévorent ; des Hydres,|
plice et, pour le combler, ils franchissent à des Pythons, des Chimères qui vomissent des '
,
chaque fois le Lélhé : ils s'efforcent, en le torrents de flammé et de fumée; des Poly-
traversant, d'atteindre l'onde enchanteresse ; phonies , des Géryons , mille monstres plus
ils n'en désireraient qu'une seule goutte, elle bizarres que jamais n'en rêva l'imagination, 1

suffirait, pour leur faire perdre, dans un doux mêlés et confondus ensemble. Ils se placent:.
oubli, le sentiment de tous leurs maux. Hélas i les uns à la gauche les autres à la droite de
,
Méduse, aux regards terribles, à la lèle hé- leur sombre monarque. Assis au milieu d'eux, ;

rissée de serpents, s'oppose à leurs efforts ; il lient d'une main un sceptre rude el. pesant;!
el, semblable à celle que poursuivait si vai- son front superbe, armé de cornes, surpasse 1
nement Tantale, l'eau fugitive se dérobe aux en hauteur le roc le plus élevé, recueil le plus \
lèvres qui l'aspirent... — A la porte de l'enfer sourcilleux : Calpé, l'immense Atlas lui-même,
sont deux figures effroyables : l'une qui re- ne seraient auprès de lui que de simples col-
présente une femme jusqu'à la ceinture, finit lines1.— Une horrible majesté empreinte
en une énorme queue de serpent, recourbée sur son farouche aspect, accroît la terreur et
à longs replis écailleux, el armée, à l'extré- redouble son orgueil. Son regard, tel qu'une
mité, d'un aiguillon mortel. Autour de ses funeste comète, brille du feu des poisons dont |

reins esl une meule de chiens féroces, qui, ses yeux sont abreuvés. Une barbe longue,
sans cesse ouvrant leur large gueule de Cer- épaisse , hideuse , enveloppe son menton et
bères frappent perpétuellement les airs des descend sur sa poitrine velue ; sa bouche dé-
,
plus odieux hurlements. Ce monstre est. le gouttante d'un sang impur s'ouvre comme un
Péché, fille sans mère, sortie du cerveau de vaste abîme : de celle bouche empestée s'ex-
Satan ; il tient les clefs de l'enfer. L'autre halent un souffle empoisonné el des tourbil-
ligure ( si l'on peut appeler ainsi un spectre lons de flamme et de fumée. Ainsi l'Etna, de
informe un fantôme dépourvu de substance ses flancs embrasés, vomit avec un bruit af-
,
et de membres distincts ), noire comme la freux de noirs torrents de soufre et de bitume.
nuit, féroce comme les Furies, terrible comme Au son de sa voix terrible, l'abîme tremble,
l'enfer, agite un dard redoutable; et ce qui Cerbère se tait épouvanté, l'Hydre est muette,
semble être sa tète porte l'apparence d'une le Cocyte s'arrête immobile 2. — Voici quel-
couronne royale. Ce monstre est la Mort, fille ques voyages aux enfers, empruntés aux
de Satan et du Péché. —Nous suivons tou- chroniqueurs du moyen âge et. qui sont moins
jours Milton, ce grand poète. Après que le agréables que les tableaux des poètes, mai?
premier homme fut devenu coupable, la Mort qui ont pourtant aussi leur charme de naïveté.
>,
et le Péché construisirent un solide et large' \ —Le landgrave de Thuringe venait de mou-
chemin sur l'abîme. Le gouffre enflamméreçut• \rir. Il laissait après lui deux fils à peu près
patiemment un pont, dont l'étonnante lon-- 'du même âge, Louis et lïermann. Louis, qui
gueur s'étendit du bord des enfers au pointt qui était l'aîné et le plus religieux (puisqu'il
le plus reculé de ce monde fragile. C'est ài esl mort dans la première croisade ), publia
l'aide de cette facile, communication que less cet édit, après les funérailles de son père :

esprits pervers passent et repassent sur lai « Si quelqu'un.peut m'apporter des nouvelles
terre pour corrompre ou punir les hommes. certaines de l'état où se trouve maintenant
—Mais si le séjour des réprouvés est un sé- l'âme de mon père, je lui donnerai une bonne
jour hideux ses hôtes ne le sont pas moins.
, Milton donne à Satan quarante mille pieils de liant.
Citons à présent le Tasse. Quand d'un son 3
a Kt plilcgetontecu rea.uierimt murmura ripïe.
rnuque et lugubre l'infernale trompette ap- 'Cl.AUDIEM.
ENF — 195< — ENF
fprme.... » Un pauvre soldat, ayant, entendu toi t ce, malheureux prince qui fut ton maître ,
«aller de celle promesse, alla trouver son el
i qui voudrait maintenant n'avoir jamais
1 frère, qui passait pour un clerc distingué, et régné.... » Le clerc répondit : « Voire fils est
|
q(1i
avait exercé pendant quelque temps la curieux de savoir ce que vous faites ici, et s'il
i nécromancie
; il chercha à le séduire par l'es- .peut vous aider en quelque chose? — Tu sais
\ noir de la ferme qu'ils partageraient amica- où j'en suis, reprit, l'âme du landgrave, je n'ai
î
lemeiil. « .l'ai quelquefois évoqué le diable, guère d'espérance; cependant, si mes fils
répondit le clerc, et j'en ai tiré ce que j'ai veulent restituer certaines possessions que je
ï voulu ; mais le métier de nécromancien est te vais nommer, el. qui m'appartenaient in-
i trop dangereux el il y a long-temps que j'y justement, ils me soulageront. » Le clerc ré-
,
ai renoncé. » Cependant l'idée de devenir pondit. : « Seigneur, vos fils ne me croiront
,
riche surmonta les scrupules du clerc : il ap- pas.—Je vais te dire un secret, répliqua le
pela le diable, qui parut aussitôt, el demanda landgrave, qui n'est connu que de moi et de
,
ce
qu'on lui voulait. « Je suis honteux de mes fils. » En même temps il nomma les pos-
l'avoir abandonné depuis tant de temps, ré- sessions qu'il fallait restituer, el il donna le
pondit finement le nécromancien; mais je re- secret qui devait, prouver la véracité du clerc.
viens à loi. Indique-moi, je le prie, où est — Après cela, l'âme du landgrave rentra dans
;; l'àme du landgrave,
mon ancien maître '? — le goulfre; le puits se referma, el le nécro-
; Si lu veux venir avec moi, dit le
diable, je le mancien revint dans la Thuriiige, monté sur
la montrerai. —J'irais bien, répondit le clerc, son démon. Mais, à son retour de l'enfer, il
; mais
je crains trop de n'en pas revenir. •— Je était si défait et si pâle, qu'on avait peine à
: le jure par le Très-Haut, et. par ses décrets le reconnaître. Il raconta aux princes ce qu'il
'formidables, dit le démon, que si lu le fies à avait vu et entendu ; et cependant ils ne vou-
î moi, je te conduirai sans méchef auprès du lurent point consentir à restituer les posses-
:
landgrave, el que je le ramènerai ici 1. » Le sions que leur père les priait de rendre. Seu-
:
nécromancien, rassuré par un serment aussi lement le landgrave Louis dit au clerc : « Je
solennel monta sur les épaules du démon reconnais que lu as vu mon père, et que lu
, ,
i qui prit son vol el le conduisit à l'entrée de ne me trompes point; aussi le vais-je donner
' l'enfer. Le clerc eut le courage de considérer la récompense que j'ai promise. •— Gardez
'. à la porte
ce qui s'y passait, mais il n'eut pas votre ferme, répondit, le clerc; pour moi je
la force d'y entrer. Il n'aperçut qu'un pays ne dois plus songer qu'à mon salut. » Et il se
' ; horrible, et des damnés tourmentés de mille fit moine de Cîteaux L — On voit que le lé-
manières. Il remarquasurloulun grand diable, gendaire no désigne pas bien si les lieux que
' d'un aspect effroyable assis sur l'ouverture son héros a cru visiter sont le purgatoire ou
,
.
..'l'un puits, qui était fermé d'un large cou- l'enfer. Citons encore un bon religieux anglais
;
vérole, el ce spectacle le fit trembler. Cepen- dont, le voyage a été écrit par Picrre-le-Vé-
I tant le grand diable cria au démon qui por- nérable, abbé de Cluiii, et par Denys-le-Char-
; toit le clerc
: « Que porles-lu
là sur tes treux -. Ce voyageur parle à la première
épaules? viens ici que je te décharge.
— Non, personne : « J'avais saint Nicolas pour con-
,
répondit le démon ; celui que je porte est un ducteur, dit-il; il me fit parcourir un chemin
de nies amis je lui ai juré que je ne lui cau- plal jusqu'à un espace immense, horrible,
: ;
serais aucun mal ; et je lui ai promis que Vous peuplé de défunts qu'on tourmentait de mille
j ! auriez la bonté, de lui faire voir l'âme du manières affreuses. On me dit que ces gens-là
;
landgrave son ancien maître, afin qu'à son n'étaient pas damnés, que leur supplice fini-
,
retour dans le monde il publie partout votre rail avec le temps, el que je voyais le purga-
' j Puissance. » Le grand diable ouvrit alors son toire. Je ne m'attendais pas à le trouver si
:
l'uils, el sonna du cornet 2 avec tant de vi- rude; tous ces malheureux pleuraient à chau-
\ Sueur et de force, que la foudre et les trem-
des larmes et poussaient de grands gémisse-
\ Moments de terre ne seraient qu'une musique ments. Depuis que j'ai vu toutes ces choses ,
;
fort douce
en comparaison. En même temps je sais bien que si j'avais quelque parent dans
' 'G puits vomit des torrents de soufre enflammé, le purgatoire , je souffrirais mille morts pour
] "l, au bout d'une heure, l'âme du landgrave, l'en tirer. —-Un peu plus loin , j'aperçus une
\ 'lui remontait du gouffre au milieu des tour- vallée où coulait un épouvantable fleuve de
-;
"'Hons élincelants, montra
sa tète au-dessus feu qui s'élevait en tourbillons à une hauteur
;
"ll trou et dit au clerc : « Tu vois devant
, 1 Césarins. moine d'Heisterbach, de l'ordre de Cî-
i."! 111" 0 tilii Àltissimum, et per tremendum ejus teaux, Miracles illustres,liv. i,;C, ch. 3<i.
-: ;.
' 'litiuin quia,,per
si iidei meoe te commiseris, etc. 2 Pétri Veneralùlis, de miracul., et Dyonisii cartlui-
'- '-

*
^Uceinavit tam valide. SialvijDe quatuor novissimis, urr, 47.
i. -^
13.
ENF — 196! — ENF
énorme. Au bord de ce fleuve il faisait un vertueuses, formaient la quatrième divisîn,
froid si glacial qu'il est impossible de s'en des enfers; il fallait traverser l'Érèbe pourv
<
faire une idée. Saint Nicolas m'y conduisit, parvenir.
' —Chez lesjuifs modernes, le$jusi,\ "
et me fit remarquer les patients qui s'y trou- seront heureux , les méchants seront tour-,
i

vaient, en me disant que c'élait encore le mentes en enfer, et ceux qui sont dans un*
purgatoire. — En pénétrant plus avant, nous état mitoyen, tant juifs que gentils, descen-
arrivâmes en enfer. C'était un champ aride dront dans un abîme avec leurs corps, et fo
couvert d'épaisses ténèbres, coupé de ruis- pleureront pendant douze mois, en montante!
seaux de soufre bouillant ; on ne pouvait y en descendant d'un lieu moins pénible à un
faire un pas sans marcher sur des insectes lieu plus rigoureux. Après ce terme, leurs
hideux, difformes, extrêmement gros el jetant corps seront consumés, leurs âmes brûlées
du feu par les narines. Ils étaient là pour le el le vent les dispersera sous les pieds des
supplice des pécheurs qu'ils tourmentaient justes. Les rabbins ajoutent que, le premier
de concert avec les démons. Ceux-ci, avec des jour de l'an, Dieu fait un examen du nombre
crochets, happaient les âmes punies el les et de l'état des âmes qui sont en enfer.—
jetaient dans des chaudières, où ces âmes se L'enfer des Romains était divisé en sept pro-
fondaient avec les matières liquides ; après vinces différentes : la première renfermait,|K
cela on leur rendait, leur forme pour de nou- enfants mort-nés, comme ne devant être ni.
velles tortures. —Ces tortures se faisaient en récompensés ni punis; ia seconde était, des-
bon ordre et. chacun était tourmenté selon tinée aux innocents condamnés à mort; la
ses crimes. » •—Il voit ensuite des prélats, des troisième logeait les suicides ; dans la qua-
chevaliers des dames des religieux des trième erraient les parjures; la cinquième
, , ,
princes. Mais toutes ces relations se ressem- province était habitée par les héros dont la
blent un peu. Foy.VÉïINjBEM'IIOLD.ClIARLES- gloire avait été souillée par la cruauté ; la
LE-CHAUVE ENGELBIIECHT etc. — Il serait sixième était le Tartare ou lieu des tour-
, ,
très-long de rapporter les sentiments des dif- ments, et la septième les Champs-Elysées
férents peuples sur l'enfer. — Les Drnses di- comme chez les Grecs. — L'enfer des mu-
sent que tout ce qu'on mangera dans les enfers sulmans a sept portes, et chacune a son sup-
aura un goût, de fiel et d'amertume, et. que plice parliculier. Cet. enfer est rempli de tor-
les damnés porteront sur la lé te , en signe rents de l'eu el, desoufre, oùles damnés chargés
d'une éternelle réprobation, un bonnet de poil de chaînes de soixante-dix coudées seront
de cochon d'un pied et demi de long. — Les plongés et replongés continuellement par de
Grecs représentaient l'enfer comme un lieu mauvais anges. A chacune des sept portes il
vaste et obscur, partagé en plusieurs régions, y a une garde de dix-neuf anges, toujours
l'une affreuse où l'on voyait des lacs dont prêts à exercer leur barbarie envers les
l'eau infecte et bourbeuse exhalait des va- damnés el surtout envers les infidèles, qui se-
peurs mortelles, un fleuve de feu , des tours ront à jamais dans ces prisons souterraines,
de fer et d'airain des fournaises ardentes, où les serpents, les grenouilles et les corneilles
,
des monstres et des furies acharnés à tour- aggraveront encore les tourments de ces mal-;
menter les scélérats ; l'autre riante, paisible, heureux. Les mahométans n'y demeureront!
destinée aux sages et aux héros. Le lieu le au plus que sept mille ans ; au bout de ce!
plus voisin de la terre était l'Érèbe ; on y temps, le prophète obtiendra leur délivrance.]
voyait le palais de la Nuit, celui du Sommeil On ne donnera aux damnés que des fnrils
et des Songes; c'était le séjour de Cerbère, amers, ressemblant à des têtes de diables;
des Furies et de la Mort ; c'est là qu'erraient leur boisson se puisera dans des sources
pendant cent ans les ombres infortunées dont d'eaux soufrées et brûlantes, qui leur procu-
le corps n'avait pas reçu les honneurs de la reront des tranchées douloureuses. — Quel-
sépulture; et lorsqu'Ulysse évoqua les morts, ques Japonais prétendent que la peine des
ceux qui apparurent ne sortirent, que de l'É- méchants est de passer dans le corps d'un
rèbe. L'autre enfer était l'enfer des méchants : renard. — Les Guèbres disent que les mé-
c'est là que chaque crime était puni, que les chants sont les victimes d'un feu dévorant
remords dévoraient leurs victimes et que se qui les brûle sans les consumer. Un dès tour-
faisaient entendre les cris aigus de ,la douleur. ments de leur enfer esl l'odeur infecte qu'ex-
Le Tarlare proprement dit venait après l'en- halent les âmes scélérates ; les unes habitent
fer : c'élait la prison des dieux; environné d'affreux cachots où elles seront étouffées p»r
d'un triple mur d'airain, il soutenait les vastes une fumée épaisse et dévorées par les n101'
fondements de la terre et des mers. Les sures d'un nombre prodigieux d'insectes et *
Champs-Elysées, séjour heureux des ombres reptiles venimeux ; les autres seront plonge
ÉNI
FNG — 197 —
jusqu'au cou dans les Dois noirs et glacés Engelbrecht (JEAN), — visionnaire aile- \
d'un fleuve; celles-ci seront environnées de i
oiand mort en 1642 ; il était prolestant et
,
diables furieux qui les déchireront à coups de i
d'un naturel si mélancolique, qu'il tenta sou-
dénis ; celles-là seront suspendues par les vent de s'ôler la vie. Un soir, vers minuit, il
pieds, et dans cet état on les percera dans lui sembla que son corps était transporté au
(ous les
endroits du corps avec un poignard. milieu des airs avec la rapidité d'une flèche. -
On croit, dans l'île Formose, que les Après un voyage très-court, il arriva à la /
_ porte de- l'enfer, où régnait une obscurité pro-
liommes , après leur mort, passent sur un
pont étroit de bambous, sous lequel il y a une fonde el d'où s'exhalait une puanteur à la-
,
: (osse
profonde pleine d'ordures. Le pont se- quelle il n'y a rien à comparer sur la terre.
: croule sous
les pas de ceux qui ont mal vécu, Il entendit les cris et les gémissements des
; et ils sont précipités dans cette
horrible fosse. damnés. Une légion de diables voulut l'en-
; —
Les Cafres admettent treize enfers et vingl- traîner dans l'abîme ; il se débarrassa de leurs
i sept
paradis, où chacun trouve la place qu'il griffes, pria et tout cet horrible spectacle
,
I
a
mérité d'occuper, suivant ses bonnes ou s'évanouit. Le Saint-Esprit lui apparut, dit-
: mauvaises actions. Les sauvages du Mississipi il sous la forme d'un homme blanc et le
,
;
croient que les coupables iront dans un pays conduisit en paradis. Quand Engelbrecht eut
malheureux, où il n'y a point de chasse. Les goûté les délices du séjour divin, un ange lui
;
-
Virginiens placent l'enfer à l'Occident, et pré- ordonna de retourner sur la terre pour an-
j cisément à l'un des bouts du monde.
— Les noncer ce qu'il avait vu , entendu et senti,
Floridiens sont persuadés que les âmes cri- avec la charge d'exhorter les hommes à la
:
rainelles sont transportées au milieu des mon- pénitence. Engelbrecht revint à la vie, et ra-
\ tagnes du nord ; qu'elles restent exposées à la conta sa vision. Dans un de ses ouvrages,
': voracité des ours et à la rigueur des neiges ( car il a fait des ouvrages, quoiqu'il ne sût
des frimas. — Les Kalmouks ont un enfer pas lire ), il dit que tous les assistants, pen-
; et
s pour
les bêles de somme; et celles qui ne dant son récit, sentirent la puanteur horrible
s'acquittent pas bien de leurs devoirs ici-bas de l'enfer, et que lui-même, en sortant de
s sont condamnées, selon eux,
à porter sans son lit, en était encore infecté ; mais personne,
relâche dans l'autre monde les fardeaux les excepté lui, ne sentit, les parfums suaves de
| pins pesants. — L'enfer du Dante est célèbre, la demeure des bienheureux. 11 annonça dès
i La forme de cet enfer ressemble à un enlon— lors qu'il avait été mort et qu'il était ressus-
;
noir ou à un cône renversé. L'espace qui se cité et il fonda sur ces prodiges la vérité do
,
: trouve depuis la porte de l'enfer jusqu'au sa mission. — 11 eut encore d'autres visions;
'-. lleuve Achéron se divise en deux parties : il entendit pendant quarante nuits une mu-
*
dans la première sont les âmes de ceux qui sique céleste si harmonieuse, qu'il ne put
vécurent sans réputation ; ils sont tourmentés s'empêcher d'y joindre sa voix. Les ministres
,
par des frelons qui leur piquent le visage : ces protestants crurent reconnaître en lui quelque
1 damnés courent après une bannière qui tourne chose de surnaturel ; mais dès qu'il leur eut
; sans cesse autour
d'un cercle. Dans la seconde reproché leur avarice, ils déclarèrent que tout
: se
trouvent les enfants morts sans baptême ; n'était que l'oeuvre du démon. Parcourant la
: ces ombres poussent des gémissements con- Basse-Saxe, il prêchait,,disait-il, comme il
;
tinuels. 11 y a des cercles concentriques au- en avait reçu l'ordre d'en haut. Un jour qu'il
v
tour de l'enfer. Le second cercle renferme les racontait ses extases, il dit qu'il avait vu les
luxurieux; ils sont sans cesse agiles, trans- âmes des bienheureux voltiger autour de lui,
,:; portés çà el là sur des tourbillons de vent. Le sous la forme d'étincelles, et que, voulant se
troisième est rempli par les gourmands élen- mêler à leur danse, il avait pris le soleil d'une
\ dus dans la (ange et continuellement exposés main et la lune de l'autre. Toutes ces absur-
i a un déluge épouvantable de pluie, de neige dités ne l'empêchèrent pas de faire des pro-
; cl de grêle. Le quatrième contient les prodi- sélytes parmi les réformés. 11 a laissé divers
i. Sues et les avares ; ils sont condamnés à rouler ouvrages : 1° Véritable Vue et histoire du ciel,
i éternellement les uns contre les autres des Amsterdam, 1690, in-i° : c'est le récit de son
l Poids énormes. Les autres cercles sont par- excursion en enfer et en paradis ; 2» Mandat
'% 'âgés aussi bien: cl ordre' divin et céleste délivrés par la chan-
t sngast.rirnisme — art des ventriloques, cellerie céleste, Brème, 1625 , in-4° ; cet écrit
| ,
(|ne Ion attribuait- autrefois à la magie. manque dans le recueil intitulé : OEuvres,
I ^ngastrimithes OU Engastrimaudres,— Visions et Révélations de Jean Engelbrecht-,
|| devins qui faisaient entendre leurs réponses
«tus leur venfre. Voy. VENTRILOQUES.
Amsterdam 4 680, in-4°.
Énigme ,— On lit dans de vieilles histoires
ENL '198;)8 ÉON
— —
de Naples que, sous le règne de Robert G-uis- son dîner, el porté trois fois autour de Mâcon
card, on trouva une statue qui avait la tète à la vue de tous les habitants, qui assurent *
dorée, et sur laquelle, était écrit : Aux ca- ne l'avoir pas vu revenir 1. Voy. Aoiur-iu,
lendes de mai, quand le soleil se lèvera, j'aurai
la- télé toute d'or. Robert chercha long-lemps
SIMON G-AIHUELLE D'ESTIVÉKS LTJTHEH
, , S
^
Enoch,—voy. Emus.
à deviner le sens de celle énigme ; mais ni
lui ni les savants de son royaume ne purent Ensorcellement. — Bien des gens se sont
la résoudre. Cependant un prispnnierdeguerre, crus ensorcelés, qui n'étaient que le jouet de î'
Sarrazin de nation promit au roi de l'inter- quelque hallucination. On lisait ce l'ail dans le
préter s'il lui accordait ,
la liberté sans rançon. Journal des Débats du 'à mars 1844. — « 11 y., |
11 avertit donc le prince d'observer
trois jours, M. Jacques Coquelin, demeurant
aux pre- du Marché Saint-Jean n° 21 à Paris
;
miers jours de mai l'ombre de la tête de la rue , , '
slatue, au lever du soleil, el de faire bêcher logé au troisième étage, rentrait chez lui vers ',

la terre à l'endroit où tomberait celle ombre. onze heures du soir, la tête échauffée par le ,
Robert suivit ce conseil et, trouva de grands vin. Arrivé sur-le palier du deuxième étage, ':
trésors qui lui servirent dans ses guerres d'I- il se croit dans son domicile; il se déshabille
talie ; il récompensa le Sarrazin, non-seule- tranquillement, jette une à une ses bardes par
ment en lui accordant la liberté, mais encore une large fenêtre donnant sur la cour el que
dans ivresse il prend pour son alcôve ;
en lui donnant de bonnes sommes d'argent. puis ilson fait :

Il y a beaucoup d'énigmes dans les divi- se un bonnet, de nuit avec sa cra-



nations. On petit voir le traité des énigmes va te, el n'ayant plus que sa chemise sur le :
du père Menestrier, de la compagnie de Jésus, corps, il se lance lui-même par la fenêtre, :

intitulé : la Philosophie des images ènigma- croyant se jeter sur son lit Ce ne fut que j
tiques, où il esl traité des énigmes, hiérogly- le lendemain , vers six heures du malin , que 1!
phiques oracles prophéties, sorts divina- les autres habitants de la maison s'aperçu- j
,
tions, loteries, ,
talismans, , renl de ce. malheureux événement. Le corps
songes, centuries de l'infortuné Coquelin était étendu sans mou-1
de Noslradamus et de-la baguette. Lyon, 1694,
in-12. vemenl sur les dalles de la cour. Pourtant cet j
ne'parloiis homme, âgé seulement de vingt-sept ans, et i
Enlèvement. — Nous ici que de doué d'une grande force physique, n'était
1
lias ]
ceux qui ont été enlevés par le diable. Une' mort, quoique
Allemande avait, contracté l'habitude de jurer tilé. son corps fût, horriblement mu- \

Transporté chez lui, il vécut deux jours


et de dire des mots de corps-de-garde ; elle
fut bientôt le modèle de quelques femmes deI encore; mais son étal était désespéré et
1
il
:
expira après soixante heures des plus cruelles
son pays, el il fallut un exemple pour arrêter
le désordre. Un jour qu'elle prononçait avec souffrances. » —Dans d'autres temps ou dans
d'autres pays, on eût vu là un ensorcellement.
énergie ces paroles, qui sont, tristes surtout
Voy. toutefois SOKÏIU'ÏGES PAIIOLES BEH-
dans, la bouche d'une femme : Que le diable"' , ,
m'emporte!.... le diable arriva et l'emporta '. GEHS , etc., etc.
' Enthousiastes. On a donné ce nom à
— On lit en beaucoup de livres qu'un certain —
comte de Mâcon homme violent el impie certains sectaires qui, étant agités du démon,
de tyrannie contre les,' se croyaient inspirés.
,
exerçait une espèce
ecclésiastiques el contre ce qui leur apparte- Envoûtement. — Les sorciers font, dit-on,
nait, sans se mettre on peine de cacher ni deB la figure en cire de leurs ennemis, la piquent, j

colorer ses violences. Un jour qu'il, était assiss la tourmentent, la fondent devant le feu, afin
dans son palais, bien accompagné on y vitII que les originaux vivants et animés ressen-
,
entrer un inconnu à cheval, qui s'avança jus- tent les mêmes douleurs. C'est ce que l'on
qu'auprès du comte, el lui dit : « Suivez-moi,j appelle envoûter, du nom de la figure vols
,
j'ai à vous parler. » Le comte'le suit, entraînéé ou vou.rt ; voyez ce mot. Voy. aussi Dui'i'us ,
par un pouvoir surnaturel. Lorsqu'il arrive à CHAULES IX, &I,OCESTEI\, elç.
la porte, il trouve un cheval préparé, le monte, :, Éon de l'Etoile. Dans.le douzième siè-
Èon — l'Étoile,
et il est transporté dans les airs, criant d'une ie cle un certain de gentilhomme
,
voix terrible, à ceux qui étaient présents « A breton abusant de la manière dont on pro-
et nonçait, ces paroles : Per cum qui venturus est
.
moi ! au secours !.... » On le perdit de vue,
on ne. put douter que le diable ne l'eût em- - ( on prononçaitpar Eon ), prétendit qu'il était
porté. — Dans la même ville il y eut un bailli lli le Fils de Dieu qui doit venir juger les vivants
qui fut aussi enlevé par le diable, à l'heure de le et les morts,.se donna pour tel, eut des adhc-
1 Wierus, de PrEest. doem., lib. 2; Bodin, Démono- o- ' Jean d<; Chussanion, huguenot, Des grands et re-
manie, liy. ur, cli. 1er. doutablesjugements de Dieu advenusau monde, p- !*"•
El'H — 199 — 'EPR
IO-IIIS
qu'on appela Éoniens, et qui se mirent Épicure. — « Qui pourrait ne pas déplorer
j piller les églises et les monastères. li sort d'Kpicure, qui a le malheur de passer
>.

Éons. — Selon les gnosliques, les Éons sont F our avoir attaché le souverain bien auxplai-
èlres vivants el intelligents que nous ap- s irs des sens, et dont à celle occasion on a
(i0à
élri la mémoire ? Si l'on fait réflexion qu'il a
liions des esprits. Les Grecs les nommaient
écu soixante-dix ans, qu'il a composé plus
dénions ; ce mot a le même sens. Ces lions N

nrôiendus étaient ou des attributs de Dieu per- ( l'ouvrages qu'aucun des autres philosophes,
;omiifiés, ou des mots hébreux tirés de l'Écri- l [u'il se conteniail de pain et d'eau , et que
des mots barbares forgés à discrétion. ( [uand il voulait dîner avec Jupiter il n'y fai-
lure, ou
Ainsi de PUroma la divinité, sorlaientSophia '
llit ajouter qu'un peu de fromage, on re-
'iendra bientôt de celte fausse prévention.
la sagesse, Nous l'intelligence, Sif/é le si-
Logos le verbe, Achamolh la )uo l'on consulte Diogène Laërce, ou trouvera
lence, pru- lans écrits la vie d'Épicure ses lettres
dence, etc. L'un de ces Eons avait, formé le ses , ,
monde, l'autre avait gouverné les juifs et fa- ;on testament,
:
el l'on se convaincra que les
'ails que l'on avance contre lui sonl calom-
Inique leur loi, un troisième était venu parmi
le de Fils de Dieu nieux. Ce qui a donné lieu à celte erreur,
les hommes, sous nom ou s'est que l'on a mal pris sa doctrine ; en effet,
: de Jésus-Christ. 11 n'en coûtait rien pour les
il ne faisait pas consister la félicité dans les
multiplier ; les uns étaient, mâles et les autres
.femelles, el de leur mariage il était, sorti une
plaisirs du corps mais dans ceux de l'âme
, ,
nombreuse famille. Les Éons étaient, issus de et dans la tranquillité que selon lui on ne peut
pieu par émanation et par nécessité de na-
obtenir que de la sagesse et do la vertu 1. »
Les inventeurs de rêveries disaient C'est ce que disent quelques critiques com-
ture. ces battus par d'autres.
encore que l'homme a deux âmes, l'une sen-
sitive qu'il a reçue des Éons, et l'autre intel- Epilepsie. —Les rois d'Angleterre ne gué-
ligente et. raisonnable que Dieu lui a donnée rissaient pas seulement les ôcrouelles mais
,
pour réparer les bévues des Éons maladroits '. encore ils bénissaient, des anneaux qui pré-
Épaule de mouton.—Giraild Cité par servaientde la crampe el du mal caduc. Celte
, cérémonie se faisait le vendredi-saint. Le roi,
SI. Gautrel, dans son Mémoire sur la part
:

'. les Flamands prirent à la conquête de pour communiquer aux anneaux leur vertu
ipie-
l'Angleterre par les Normands dit que les salutaire, les frottait, entre ses mains. Ces
Flamands qui vinrent en Angleterre connais- anneaux, qui étaient d'or ou d'argent, étaient
,

saient l'avenir el le passé par l'inspection de


envoyés dans toute l'Europe, comme dos pré-
l'épaule droite d'un mouton dépouillée de la servatifsinfaillibles ; il en est fait mention (lans
, différents monuments anciens-. Il y a d'au-
viande non rôtie, mais cuite à l'eau : a par -^
tres moyens naïfs de traiter l'épilepsio qui
un art admirable el vraiment prophétique ,
ajoute le. même écrivain, ils savent les choses
, n'obligent pas à passer la mer. On croyait en
ipii, dans le moment même, se passent loin guérir chez nos aïeux en attachant au bras
.
d'eux ; ils annoncent avec la plus grande cer- du malade un clou tiré d'un crucifix. La môme
titude d'après certains signes, la guerre et cure s'opérait en lui niellant sur la poitrine ou
, dans la poche los noms des trois rois mages
la paix, les
massacres et les incendies, la Gaspar, Balihasar, Mekhior. Cette ,
maladie el la mort du roi. C'est à tel point recelte
qu'ils prévirent, un an auparavant, le boule- est indiquée dans des livres anciens.
versement de l'État après la mort de Henri Ier, Gaspar tert rayrrlinm, tlius Melcliior, Baïtliazar aurum,
H;ec tria qui secum portalnt nomina rogum
vendirent, tous leurs biens, et échappèrent à Solvitur à morbo, Christi pietate, eaduco. ,
leur ruine en quittant le (royaume avec leurs L'épreuve gothique qui ser-
; Epreuves. —
— Pourtant on voit dans les his- vait à reconnaître les sorciers a beaucotip.de
richesses.' »
toriens; du temps que ce fait avancé par Gi-
rapport avec la manière judicieuse que le
ranci n'est pas exact, el qu'il arriva au con- peuple emploie pour s'assurer si un chien est
;
i, 'faire à ces Flamands beaucoup de Choses enragé ou ne l'est pas. La foule se rassemble
;' n'avaient pas prévues.
'in'ils
et tourmente, autant que possible, le chien
Ephialtes OU îïyphiaites, Bphélès, — nom qu'on accuse de rage. Si l'animal dévoué se
j. 'l»o donnaient les Éoliens à une sorte de dé- défend et mord, il est condamné, d'une voix
: "ions incubes 2. unanime, d'après ce principe qu'un chien
,
1 Brown, "Essais sur les erreurs, etc., liv. vu, ch. 27,
';' Hergicr, Dict. tliéolog., au mot Gnosliques. p. 323.
-
' 1-eloycr, Hist.des spectres ou ap. des esprits, liv.n, Lebrun, llist. des pratiques superstitieuses, t. Il,
| .
™-5,p.'lH7.
2
l). 128.
Eiur 200 — ESC
enragé mord tout ce qu'il rencontre. S'il lâche, de ( leurs voeux. Si.Peau venait à bouillonner 1
au contraire, de s'échapper et de fuir à toutes c'était< un pronostic heureux. '['
jambes, l'espérance de salut, est perdue sans Érotylos, — pierre fabuleuse dont Démo-l
ressource ; on sait de reste qu'un chien enragé crite , el Pline après lui vantent la propriété i
court avec force et tout droit devant lui sans
détourner. pour la divination. ]
se •— La sorcière soupçonnée était,
plongée dans l'eau, les mains et les pieds for- Erreurs populaires. — Lorsque le Baille î
tement liés ensemble. Surnageait-elle, on publia son Enfer, la simplicité de son siècle :
l'enlevait aussitôt pour la précipiter dans un le reçut comme une véritable narration de sa -
bûcher, comme convaincue d'être criminelle, descente dans les sombres manoirs. A Fépoquo
puisque l'eau des épreuves la rejetait de son où l'Utopie de Thomas Morus parut pour la
sein. Enfonçait-elle son innocence était dès première fois, elle occasionna une plaisante
cette justification lui méprise. Ce roman poétique donne le modèle '
,
lors irréprochable ; mais
coûtait la vie1.-—Il y avait bien d'autres d'une république imaginaire dans une île qui !
épreuves. Celle de la croix consistait généra- est. supposée avoir été nouvellement décou- !
lement, pour les deux adversaires, à demeurer verte en Amérique. Comme c'était le siècle, .
les bras étendus devant une croix, celui qui dit Granger, Buddoeus el d'autres écrivains, '
y tenait le plus long-temps gagnait sa cause. prirent le conte pour une histoire importante véritable, .'.
Mais le plus souvent les épreuves judiciaires et regardèrent comme une chose i
qu'on envoyât des missionnaires dans celle li
se faisaient autrefois par l'eau ou le feu.
Voy. EAU BOUILLANTE, CERCUEIL, FEU CHAUD, île. — Ce ne fut que long-temps après la pu-
',

OIIDALIE etc. blicalion dos Voyages de Gulliver, par Swift,


, qu'un grand nombre de ses lecteurs demeura ,

Érèbe.
— fleuve des enfers : on le prend convaincu qu'ils étaient fabuleux L •— Les ci- '
aussi pour une partie de l'enfer et pour l'enfer populaires sont en si grand nombre, \
môme. Il y avait un sacerdoce particulier pour reurs
qu'elles ne tiendraient pas toutes dans ce livre.
les âmes qui étaient dans l'Erèbe.
Nous ne parlerons pas des erreurs physiques [
Ergenna , — devin d'Étrurio daiis l'anti- ou des erreurs d'ignorance : nous ne nous
quité. élèverons ici que contre les erreurs enfantées f
Éric au chapeau venteux. — On lit dans par les savants. Ainsi Cardan eut des parti- [
Hector de Boëce que le roi de Suède, Éric sans lorsqu'il débita que, dans le Nouveau- ;
ou Henri, surnommé le Chapeau venteux, Monde , les gouttes d'eau se changent en pe-
faisait changer les vents en lournaiilsoii bonnet tites grenouilles vertes. Cédrénus a écrit ;
sur sa lête, pour montrer au démon, avec qui très-merveilleusementque tous les rois francs
il avait fait pacte, de quel côté il les voulait; de la première race naissaient avec l'épine
el le démon était si exact à donner le vent du dos couverte et hérissée d'un poil de san-
que demandait le signal du bonnet, qu'on au- glier. Le peuple croit fermement, dans cer-
rait pu , on toute sûreté, prendre le couvre- taines provinces, que la louve enfante, avec,
chef royal pour une girouette. ses louveteaux, un petit chien qu'elle dévore j
Érichtho sorcière qui, dans la,
aussitôt qu'il voit le jour. — Voyez la plupart
, — guerre des articles de Dictionnaire.
entre César et Pompée, évoqua un mort le- ce
quel prédit toutes les circonstances de la ba- Brus ou Er, — fils de Zoroastrc. Platon
taille de Pharsale 2. assure qu'il sortit de son tombeau douze jours
Éroconopes, peuples imaginaires que après avoir élô'brùlé sur un bûcher, et. qu'il
•—
Lucien représente comme d'habiles archers, conta beaucoup de choses sur le sort des bons
montés sur des moucherons-monstres. et des méchants dans l'autre inonde.
On l'a pris quelquefoispour
Brocordacès, — autre peuple imaginaire la Escamotage. •—
sorcellerie; le diable, dit Leloyer, s'en est
que le même,auteur représente combattant
des guise de flèches. souvent mêlé. Delrio (liv. 2, quesl. 2) rap-
avec raves en porte qu'on punit du dernier supplice, à Trê-
Éromantîe, —une des six espèces de di-
ves, une sorcière très-connue qui faisait venir
vinations pratiquées chez les Perses par le le lait de toutes les vaches du voisinage eu
moyen de l'air. Ils s'enveloppaient la tète un vase placé dans le mur. Sprenger assure
d'une serviette, exposaient à l'air un vase pareillement que certaines sorcières se pla-
rempli d'eau, cl proféraient à voix basse l'objet cent la nuit dans
un coin de leur maison,
tenant un vase devant elles; qu'elles plante"1
3 Goldsmitli, lassai sur les hommes et sur les moeurs.
? Wierus, de pra-stig. floem., lib. 2, cap. 11, ' Merlin, Curiosités de la littérature, t. 1e'', !>• 3tU'
ESI' - 201
instrument dans le Apulée, môme chaque famille et chaque
ESP
0 couteau ou tout autre homme, a son esprit qui le guide et qui veille
mur; qu'elles tendent la main pour traire, en
"invoquant le diable, qui travaille avec elles à sur
: sa conduite. Tous les peuples avaient du
"traire telle ou telle vache qui paraît la plus respect pour eux, et les Romains les révé-
masse et la mieux fournie de lait; que lo raient. Ils n'assiégeaient les villes et n'entre-
ijjnion s'empresse de presser les mamelles de prenaient leurs guerres qu'après que leurs
; lu
vache-, et de porter le lait dans l'endroit prêtres avaient invoqué le génie du pays. Ca-
Ioîi
se trouve la sorcière qui l'escamote ainsi, ligula môme fit punir publiquementquelques-
foi/. FASCINATION , CHARMES , AGRIPPA, etc. uns de ceux qui les avaient maudits L — 11
Dans les villages, les escamoteurs ont encore y a eu des philosophes qui se sont imaginé
]c nom de sorciers. que ces esprits n'étaient que les âmes des
Eschyle,—'tragique grec à qui on avait morts qui, étant une fois séparées de leurs
prédit qu'il mourrait de la chute d'une maison ; corps, erraient incessamment sur la terre. Ce
qui (ît qu'il s'alla loger pleine sentiment leur paraissait d'autant plus vrai-
ce en campagne ;
semblable qu'ils s'imaginaient voir des spec-
mais le conte ajoute qu'un aigle, qui portail
tortue dans la laissa tomber tres auprès des tombeaux dans les cimetières,
une ses serres
pensant que ce dans les lieux où l'on avait lue quelques per-
,
sur la tète chauve du poète,
fiil un rocher ; el la prédiction s'accomplit. sonnes. «Les esprits, dil Wecker, sont les
seigneurs de l'air; ils peuvent exciter les lem-
Esdras. — Pour les écrits qu'on lui attribue, pêtes, rompre les nues et les transporter ou
FOI/. PlC DE EA MlIlANDOLE. ils veulent avec de grands tourbillons; en-
Hspagnet (JEAN i)'), — philosophe hermé- lever l'eau de la mer, en former la grêle et
tique qui a fait deux traités intitulés : l'un tout, ce que. bon leur semble. » —11 y a dans
,
Bichiridion de la physique rétablie; l'autre, l'intérieur de l'Amérique septentrionale des
Scc-rel de la philos.p>liie hermétique ' ; encore peuplades sauvages qui s'imaginent, que lors-
lui contesle-l-on ce dernier, que l'on attribue qu'un homme est enterré sans qu'on place
à un inconnu qui se faisait appeler le cheva- auprès de lui tout ce qui lui a appartenu, son
lier impérial 2. Le Secret- de la philosophie esprit revient sous forme humaine, et se
renferme la pratique du grand oeuvre, el montre sur les arbres les plus près de sa
\'Knchiridion la théorie physique sur la- maison, armé d'un fusil; on ajoute qu'il ne
quelle repose la transmutabilité des métaux. peut jouir du repos qu'après que les objets
D'Kspagnel esl encore auteur de la préface qu'il réclame ont. été déposés dans sa tombe.
qui précède le Traite de l'inconstance des dé-
— Les Siamois admettent une multitude d'es-
mons de Pierre Delancre. On. lit dans cette prits répandus dans l'air, dont la puissance
préface que les sorcières ont coutume de voler esl fort grande, et qui sont très-malfaisants.
les petits enfants pour les consacrer au dé- Ils tracent certaines paroles magiques sur des
mon. feuilles de papier, pour se prémunir contre
Espagnol ( JEAN I,' ), — docteur en tbéo- leur malice. Lorsqu'ils préparent une méde-
lugic, grand-prieur de Saint-Hemi de Reims, cine, ils garnissent le bord du vase d'un grand
auteur d'un livre intitulé : Histoire notable de- nombre de ces papiers, de peur que les esprits
lu conversion des Anglais, etc.
; in-8°, Douai,
n'emportent la vertu des remèdes. — Les ail-
Ki'li. La vingtièmeannotation, qui commence leurs cabalistiques ont prétendu que les esprits
à la page 2Ô(i et
va jusqu'à la 306°, est un étaient des créatures matérielles , composées
traité sur les apparitions des esprits, où, avec de la substance la plus pure des éléments ;
(les choses passables et médiocres, on trouve que plus cetle matière était subtile , plus ils
de bonnes observations s. avaient de pouvoir et d'action. Ces auteurs en
; Esprits. — Les anciens ont cru que les es- distinguent, de deux sortes, de supérieurs et
prits, qu'ils appelaient démons ou génies, d'inférieurs : les supérieurs sont ou célestes
'.
Étaient des demi-dieux. Chaque nation dit ou aériens ; les inférieurs sont ou aquatiques
, ou terrestres. Ceux qui ont cru que ces es-
:
] Enriclndion pliysicaï restrtutïe. Arcanum pliiloso- prits étaient des créatures matérielles, les ont
l'niic lierincliece.
:

'~ Ce chevalier, très-révéré des alchimistes, est vncn-


assujettis à la mort comme les hommes. Cardan
;
; |!i>lmé
souvent dans la Trompelle française, petit vo- dit que les esprits qui apparurent à son père
'} il'-'ile contenant
une Prophétie de Bomharl sur la nais-
Miicc tfc XOKI'S XIV. On a, du Chevalier impérial, te
lui tirent connaître qu'ils naissaient et qu'ils
'iroir Ues alchimistes, avec instructions aux dames mouraient comme nous ; mais que leur vie
î'^llr dorénavant être belles sans plus était plus longue et plus heureuse que la nôtre.
'«nirncux, 1G09. ln-16. user de leurs lards

;
.'. Lenglet-Dufresnoy, Catalogue des auteurs (jui ont
' cr!t sur les apparitions. 1 Djscourssurlcs espritsfollets,Mercure galant, ltîSQ.
ESP — 20: ! •- ESP
— Guillaume de Paris écrit que, l'an 1447, il nuit en alarmes, el le matin on aperçoitS(lr
y avait un esprit à Poitiers dans la paroisse le toit de la maison un gros singe qui, ;irn)j
de Saint-Paul, lequel rompait, vitres et ver- " du goupillon le plongeait dans l'eau de la
rières et frappait à coups do pierres sans gouttière et ,en arrosait, les passants. —];Al
blesser, personne 1. Coesarius écrit que la fille 1210, un bourgeois d'Èpinal, nommé Hugues
d'un prévôt de Cologne était si tourmentée fut visité par un esprit qui faisait des choses
d'un esprit malin, qu'elle en devint frénétique. merveilleuses, et qui parlait sans se montrer.
Le père fui averti do faire aller sa fille au On lui demanda son nom el de quel lieu i|
delà du Rhin et do la changer de lieu ; ce venait? Il répondit qu'il était l'esprit d'un
qu'il fil. L'esprit fut obligé d'abandonner la jeune homme de Clérentine, village à sept
fille, mais il battit tant le père qu'il en mourut lieues d'Èpinal; et quo sa femme vivait, en- ;
trois,jours après 2. •—Nous rapporterons quel- core. Un jour, Hugues ayant ordonné à son
ques histoires d'esprits. « Au commencement valet de seller son cheval el de lui donner à
du règne de Charles IV, dit le Bel, l'esprit manger, le valet différa de faire ce qu'on lui
d'un bourgeois, mort depuis quelques années, commandait; l'esprit fil son ouvrage, au grand
parut s.ur la place publique d'Arles en Pro- élonnemenl de tout le monde. Un autre jour,
vence ; il rapportait des choses merveilleuses Hugues, voulant.se faire saigner, dit à sa fille
de l'autre monde. Le prieur des Jacobins de préparer des bandelettes. L'esprit alla
d'Arles, homme de bien, pensa que cet esprit prendre une chemise neuve dans une autre
était, un démon déguisé. 11 se rendit sur la chambre, la déchira par bandes, el vint, la ,
place ; soudain l'esprit découvrit qui il était, présenter au maître en lui disant, de choisir
,
et, pria qu'on le tirât du purgatoire. Ayant les meilleures. Un autre jour, la servante du
ainsi parlé, il disparut.; et, comme on pria logis ayant, étendu du linge dans le jardin pour
pour son âme, il ne fut- oncques vu depuis 3. » le faire sécher, l'esprit, le porta au grenier et
— En 1750, un officier du prince de Conti, le plia plus proprement que n'aurait pu faire
étant couché dans le château de'l'Ile-Adanr, la plus habile blanchisseuse. Ce qui est ro- .-
sentit lotit à coup enlever sa couverture; il la marquable, c'est que, pendant six mois qu'il
retire. On renouvelle le manège, tant qu'à la fréquenta cette maison, il n'y fit aucun mal à
fin l'officier, ennuyé, jure d'exterminer lo personne, et, ne rendit que de bons offices,
mauvais plaisant, met l'épée à la main, cher- contre l'ordinaire de ceux de son espèce.
che clans tous les coins et ne trouve rien. Voy. HECHEKIN. — Sur la fin de l'année 17-i(i,
Etonné, mais brave, il veut, avant de conter on entendit comme des soupirs qui parlaient
son aventure, éprouver encore le lendemain d'un coin de l'imprimerie du sieur Lahard,
si l'importun reviendra. Il s'enfermeaveesoin, l'un dos conseillers de la ville de Constance.
se couche, ôco.ule long-temps et finit par s'en- Les garçons de l'imprimerie n'en firent que
dormir : alors on lui joue lo même tour que rire d'abord. Mais dans les premiers jours de :
la veille. 11 s'élance du lit, renouvelle ses me- janvier, on distingua plus de bruit qu'aupa-
naces, et perd son temps en recherches. La ravant,. On frappait, rudement contre la mu-
crainte s'empare de lui ; il appelle un frotleur, raille, vers le même coin où l'on avait d'abord
qu'il prie rie coucher dans sa chambre, sans entendu des soupirs ; on en vint jusqu'à
lui dire pour quel motif; mais l'esprit, qui donner des soufflets aux imprimeurs" el à jeter ;
avait fait son tour, ne parait plus. La nuit sui- leurs chapeaux par terre. L'esprit continua <;

vante, il se fait accompagner du frotleur, à son manège pendant plusieurs jours, donnant r
qui il raconte ce qui lui esl arrivé, el ils se des soufflets aux uns, jetant des pierres aux "

couchent tous deux. Le fantôme vient bientôt, autres; en sorte que les compositeurs furent r'
éteint la chandelle qu'ils avaient, laissée allu- obligés d'abandonner ce coin de l'imprimerie, j
mée, lesdéco.uvreets'enfuit. Commeils avaient •—11 se fit beaucoup d'autres tours dans les-
entrevu cependant un monstre difforme, hi- quels les expériences de la physique amusante \
deux el gambadant, le frotteor s'écria que entrèrent probablement pour beaucoup; et
c'était le diable et courut chercher de l'eau enfin cette farce cessa. Voy. REVENANTS, AP-
bénite; mais au moment qu'il levait le gou- PARITIONS, DHOLI.ES, etc.'—Voici l'histoire
pillon pour asperger la chambre, l'esprit le d'un esprit qui fut cité en justice. — En 176-I, :
lui enlève el disparaît.... Les deux champions un fermier de Southams, dans le comté de j
poussent des cris ; on accourt ; on passe la Warwick ( Angleterre ), fut assassiné en rc- ;
venant chez lui : le lendemain, un voisin vint- ,
1 Eodîn Démonomauîe des sorciers liv. îll, la femme de ce fermier et lui demanda
, , p 393. trouver
-' Id., ibid.
3 Leloyer, Hist. des spectres et apparitions des
si son mari était rentré ; elle répondit que noi'i
es-
prits. et qu'elle en était dans de grandes inquiétudes.
ESP — 20;S — ETE
inquiétudes., répliqua cet homme, ne d'esprits divers. Les Salamandres habitent le.
yos
feu ; les Sylphes,l'air;.les Gnomes, la terre;
)CUvonf égaler les miennes; car, comme j'é-
Ls couché celte nuit, sans être encore en- l'eau est le séjour, des O'ndins ou Nymphes.
ilorini, voire mari m'est apparu couvert de
Voy. ces mots.
hic=sures, et m'a dit qu'il avait été assassiné Esprits familiers. — Scaliger, Cecco d'As- :
,ai-son ami John Djck, et que son cadavre coli, Cardan et plusieurs autres visionnaires
avait été jeté dans une marnière. » — La fer- ont eu, comme Socrale, des esprits familiers.
îniére, alarmée, fit des perquisitions. On dé- Bodin dit avoir connu un homme qui était
couvrit dans la marnière le corps blessé aux toujours accompagné d'un esprit-familier, le-
endroits que le voisin avait, désignés. Celui quel lui. donnait un petit coup sur l'oreille
oue le revenant
avait accusé fut saisi et mis gauche quand il faisait bien, et le lirait par
entre les mains des juges, comme violemment l'oreille droite quand il faisait
mal. Cet. homme
soupçonné du meurtre. Son procès fut instruit était, averti de la même façon si ce qu'il vou-
à YVarwick ; les jurés l'auraient condamné lait manger était bon ou mauvais, s'il se trou-
aussi témérairement que le juge de paix l'a- vait avec un honnête homme ou avec un co-
vait arrêté, si lord Raymond, le principal quin, elc. C'était très-avantageux.
juge, n'avait suspendu l'arrêt. « Messieurs , Esprits follets, — VOy. FlïUX FOLLETS-
dit-il aux jurés, je crois que vous donnez plus
de poids au témoignage d'nn revenant qu'il
Esséniens, — secte célèbre parmi les Juifs.
n'en mérite. Quelque cas qu;on fasse de ces
Les Esséniens avaient des superstitions par-
séries d'histoires, nous n'avons aucun droit
ticulières. Leurs devins prétendaient connaî-
de suivre nos inclinations particulières sur ce tre l'avenir par l'élude des livres saints faite
point. Nous formons un tribunal de justice, avec certaines préparations ; ils y trouvaient
ci nous devons nous régler sur la loi ; or, je môme la médecine et toutes les sciences, par
:
' connais aucune loi existante qui admette des combinaisons cabalistiques.
ne
le témoignage d'un revenant; et quand il y en Esterelle, — voij. FÉES.
aurait une qui l'admettrait, le revenant ne
Etang de la vie. •— Au sortir du pont OÙ
parait pas pour faire sa déposition. Huissiers, fait la séparation des élus et dos réprou-

' ajouta—L-ïl, appelez le revenant. » — Ce que
se
vés, les docteurs persans font descendre les
l'huissier fit par trois fois, sans que le reve- bienheureux dans
;
cet étang, dont les eaux
\ nanl parût. —«Messieurs, continua lord Ray- sont blanches et douces comme le miel. Pour
; mond le prisonnier qui est à la barre est, la commodité des âmes, il
, y a tout le long de
: suivant le témoignage de gens irréprochables, l'étang des cruches semblables aux étoiles
d'une réputation sans tache, el il n'a point toujours pleines de cette eau : les fidèles en
' paru, dans le cours des informations, qu'il y boiront avant d'entrer dans le paradis, parce
ait eu aucune espèce de querelle enlre lui et c'est l'eau de la vie éternelle, et que si
que
, lo mort. Je le crois absolument innocent, el, l'on en boit seulement une goutte, on n'a plus
comme il n'y a nulle, preuve contre lui, ni rien à désirer.
directe ni indirecte, il doit être renvoyé. Mais
plusieurs circonstances qui, m'ont frappé Éternument- — On vous salue quand
par
vous élernuez, pour vous marquer, dit Aris-
i
'' dans le procès, je soupçonne fortement la per-

sonne qui a vu le revenant d'être le metiiv lote, qu'on, honore votre cerveau, le siège du
trier; auquel il n'est difficile de coft- bon sens et de l'esprit. Cette politesse s'étend
cas pas
les jusque chez les peuples que nous traitons de
-
cc-voir qu'il ait pu désigner la place
blessures, la marnière et le reste, sans aucun , barbares Quand l'empereur du Monomotapa
surnaturel; conséquence de élernuait, ses sujets en étaient avertis par un
:
secours en ces
signal convenu, et il se faisait des acclama-
: soupçons, je me crois en droit de le faire
] arrêter, jusqu'à ce que Ton fasse de plus am- tions générales dans toussesôtals. Le père Fa-
1 ('les informations.. Cet homme futeffecli- mien Strada prétend que pour trouver l'ori-
» —
i vement arrêté
gine de ces salutations, il faut remonter
; on fit des perquisitions dans
: sa maison ; trouva, les de jusqu'à Prométhée ; que cet illustre contre-
on preuves son facteur de Jupiter,
] crime, la
qu'il avoua lui-même à fin, el il fut ayant dérobé un rayon
'! exécuté assises suivantes. solaire dans une pelile boîte pour animer sa
aux
statue, lui insinua dans les narines comme
Esprits élémentaires. — Les cabalîstes
} Peuplent les éléments, comme on l'a dit '-,
une prise de tabac, ce qui la fit é'teruuer aus-
sitôt. — Les rabbins soutiennent que c'est à
Adam qu'il faut faire honneur du premier
! Recueil de dissertations de Lenglet-Dufresnoy,
'•
3 t' 'U, p. 64.
éternument. Dans l'origine des temps, c'était,
ET1 20/i EUC
dit-on, un mauvais pronostic el. le présage de Le I. diable se relira sans se montrer, el maiiic '
la mort. Cet état continua jusqu'à Jacob, qui, Etienne ï n'invoqua plus ce nom f. Voy. Guuio '. ;
rie voulant pas mourir pour cause aussi lé- Etna. — Le christianisme chassa de l"Etn;i * i
gère, pria Dieu de changer cet ordre de afedes ( îles de Lipari Vulcain, les Cyclopes elles
choses ; el c'est de là qu'est venu selon ces (Géants; mais les démons se mirenl à leur
,
docteurs, l'usage de faire des souhaits heu- place
, ; et quand on institua la fêle des morts
-

reux quand on éternue. — On a trouvé une afin; d'enlever au purgatoire et de rendre au


cause plus probable de celte politesse ; c'est paradis j une foule d'âmes souffrantes, on en- '
que, sous le-pontificat de saint Grégoire-le- tendit, i comme le raconte un saint ermile, des ;
Grand, il y eut en Italie une sorte de peste bruits affreux dans l'Etna et des détonations '
qui se manifestait par des éternuments ; tous étourdissantes dans les îles voisines. C'était
les pestiférés élernuaient-; on se recommanda Satan et toute sa cour, Satan el tout son
peu- •
à Dieu, et c'est de là qu'est venue l'opinion pie de démons qui hurlaient de désespoir et
populaire que la coutume de se saluer tire redemandaient à grands cris les âmes
que la
son origine d'une maladie épidémique qui em- nouvelle foi venait de leur ravir 2. >
portait tous ceux dont la membrane pilui— Etoiles. •— Mahomet dit que les étoiles sla- \
taire était stimulée trop vivement. — En gé- blés el les étoiles qui filent sont les sentinol- !
néral, réternumenl chez les anciens était les du ciel, qui empêchent les diables d'ap-
pris tantôt en bonne, tantôt en mauvaise part, procher de connaître les secrets de Dieu.
suivanl les temps, les lieux et les circonstan- . Les Romains et —
voyaient des divinités dans les
ces; un bon éternumenl était, celui qui ar- étoiles. Les Étéens observaient, un certain
rivait depuis midi jusqu'à minuit, et quand jour dans —
l'année, le lever de l'étoile Sirius
la lune était dans les signes du taureau, du si elle paraissait obscure, ils croyaient qu'elle:
lion, de la balance, du capricorne et des annonçait la
peste. I
poissons; mais s'il venait do minuit à midi,
si la lune était dans le signe de la vierge, du Étraphill, — l'un des anges des musul-
Il se lient toujours debout : c'est, lui
verseau, de l'écrevisse, du scorpion, si vous mans.
sortiez du lit ou de la fable, c'était alors le qui embouchera la trompette pour annoncer lo
cas de se recommander à Dieu L — L'éler-
jour du jugement.
nument, quand on l'entendait, à sa droite, Etrennes. — Dans les temps reculés, chez
était regardé chez les Grecs et les Romaii s nos pères, loin de se rien donner mutuelle-,
comme un heureux présage. Les Grecs, en nient dans les familles le premier jour de
parlant d'une belle personne, disaient que les l'an, on n'osait même rien prêter à son voi-
amours avaient éternué à sa naissance. —• sin ; mais chacun mettait à sa porte des lu-
Lorsque le roi de Sennaar élernuail, ses cour- bies chargées de viandes pour les passants.
tisans lui tournaient le dos, en se donnant de On y plaçait aussi des présents superstitieux ,
la main une claque sur la fesse droite. pour les esprits. Peut-être était-ce un reste ;
de ce culte que les Romains rendaient, le- pre- l
Ethnophroiies, — hérétiques du septième mier jour de l'année, aux divinités qui pré-
siècle qui joignaient au .christianisme les su- sidaient aux petits cadeaux d'amis. Quoi qu'il ,
perstitions païennes, l'astrologie, ies augures, en soit, l'Église fut obligée sous Charleimi-
les expiations, les jours- heureux et malheu- gne, d'interdire les présents ,
superstitieux
reux, les divinations diverses. que nos ancêtres déposaient sur leurs tables.
Etienne. — Un homme, qui s'appelait Les canons donnent à ces présents le nom |
à'étrennes du diable. \
Etienne, avait la mauvaise habitude de par-
ler à ses gens comme s'il eût parlé au diable, Etteilla. •— On a publié sous ce nom dé-
ayant toujours le diable à la bouche. Un jour,! guisé, qui est l'anagramme d'Allietle,
plu—

qu'il revenait de voyage, il appe'a son valet sieurs traités do cartomancie.


en ces termes : « Viens çà, bon diable, lire- Eubius, — auteur d'un livre intitulé : Ap-
moi mes chausses. » A peine eut-il prononcé» parilions d'Apollonius, ou Démonstration dus
ces paroles , qu'une griffe invisible délia ses; apparitions d'aujourd'hui. In-i°, Anisler-
caleçons, fil tomber ses jarretières et lira lesj dam, 1738. (fin latin.)
chausses jusqu'aux talons. Etienne, effrayé, Eucharistie. — « L'épreuve par l'Eucha-
s'écria : « Retire-loi, Satan, ce n'est pas toi,, ristie se faisait en recevant la communion-
mais bien mon domestique que j'appelle. », Ainsi Lolhaire, roi de Lotharingie, jura, Cl!

1 M. Saignes, Des erreurs et des préjugés, t. lir,


r ' Gregorii inagni dialug., lib. 3, cap. 'iO.
p. 391. > M. Didrun, Histoire du diable.
EVO — 20 a
grevant la communion de la main du pape emparer, e mais il n'en put venir à bout, parce
Adrien II, qu'il avait renvoyé Yaldrade, sa que
(
le coffre rentrait dans le rocher dès qu'il
concubine ; ce qui était faux. Comme Lolhaire s'en
£ approchait. 11 vint, dire aux chevaliers ce
mourut, un mois après, en 808, sa mort f^t qui
< lui arrivait, el demanda un peu de vin
(illribiiée à ce parjure sacrilège. Cette épreuve pour
1
reprendre des forces. On lui en donna.
!Quelque temps après il ne revenait
fut défendue par le pape Alexandre 11 '. » , comme
point, on alla voir ce qu'il faisait.; on le trouva
Bumèces, — caillou fabuleux, ainsi étendu mort, ayant sur toute sa chair des
nommé de sa forme oblongue, et que l'on di-
sait, se trouver dans la Bnclriane ;-on lui at-
coups de canif représentant une croix. Les
chevaliers portèrent son corps nu bord de la
tribuait la vertu d'apprendre à une personne
s'était mer, et l'y précipitèrent avec, une pierre au
endormie ce qui passé pendant son
sommeil, si elle avait dormi avec cette pierre cou '. — Pour l'évocation des âmes, voy. NÉ-
CU05IANCIE.
posée sur sa tête.
Exacl, — le dixième des premiers hom-
Eurynome, — démon supérieur, prince de mes; il prit aux hommes, selon le livre d'E-
la mort, selon quelques démonomanes. Il a de noch, l'art de fabriquer des armes et des ma-
: grandes et longues dents, un corps efi'roya- chines de guerre, les ouvrages d'or el d'argent
; ble, tout rempli de plaies, et pour vêtement qui plaisent aux femmes, et l'usage des pier-
une peau de renard. Pausanias dit qu'il se res précieuses , ainsi que le fard.
repaît de charognes et de corps morts. Il -
avait, dans le temple de Delphes, une statue Excommunication.— Il y a eu quelquefois
qui le représentait avec un teint, noir, nion-
des abus, de la pari des hommes, dans l'u-
liant ses grandes dents comme un loup affamé, sage des excommunications ; et on est parti
de là pour crier contre ces excommunications, •
et assis sur une peau de vautour.
. qui ont cependant rendu de si grands services
Évangile de saint Jean.—Oll Croit (lailS les à la société dans des siècles barbares. Mais
ranipagnesque celui cpii porte sur soi l'évan- on ne trouverait pas facilement, dans l'his-
gile de saint Jean, In principio eraiv'erbum, toire, un excommunié, frappé régulièrement
écrit sur du parchemin vierge, et renfermé
par le Saint-Siège, qui ait prospéré jusqu'au
dans un tuyau de plume d'oie, le premier di- bout. Napoléon même peut fournir un exem-
manche do l'année, une heure avant le lever ple récent. — On lit dans les Menées desGrecs,
du soleil, sera invulnérable et se garantira de
au 15 octobre, qu'un religieux du désert do
quantité de maux s. Schété, ayant été excommunié par son supé-
Eve. rieur pour quelque désobéissance, sortit du
— Les musulmans et les lalmudistes
lui donnent, comme à notre premier père, désert, et vint à Alexandrie, où il fut. arrêté
une taille d'une lieue. Foi/. SAMAEI.. par le gouvernement de la ville, dépouillé du
évocations. saint habit, puis vivement sollicité de sacri-
— Celui qui veut évoquer le fier aux faux dieux. Le solitaire résista géné-
diable lui doit le sacrifice d'un chien, d'un
', chat ou d'une poule, à condition que ces trois reusement; il fui tourmenté en diverses ma-
; animaux soient sa propriété; il jure ensuite nières, jusqu'à ce qu'enfin on lui tranchât la
fidélité el obéissance éternelles, et reçoit tête ; on jeta son corps hors de la ville. Les
-
de laquelle il jouit Chrétiens l'enlevèrent la nuit, et l'ayant en-
-• une marque, au moyen
(l'une puissance absolue sur trois esprits in- veloppé de linceuls,l'enterrèrent dans l'église
fernaux, l'un de la terre, l'antre de. la mer, comme martyr. — Mais pendant le saint sa-
le troisième, de l'air 3. crifice de la messe, le diacre ayant crié tout
— On peut aussi faire haut à l'ordinaire : Que les catéchumènes et
venir le diable en lisant certaines formules
,.
du grimoire. Voy. CONJURATIONS.
— Deux
ceux qui ne communient pas se retirent, on
\ chevaliers de Malle- avaient un esclave qui se
vit tout à coup le tombeau s'ouvrir de lui—
''; vantail de posséder le secret d'évoquer les; .même, et le corps du martyr se retirer dans le
démons et de les obliger à découvrir les eho- vestibule de l'église. Après la messe il rentra
i Ms cachées. On le conduisit dans un vieux: de lui-môme dans son sépulcre. Un pieux
? château, où l'on soupçonnait des trésors en-
vieillard ayant prié pendant trois jours, ap-
;
'°uis. L'esclave descendit dans un souterrain, prit par révélation que ce religieux avait en-
:
"t ses évocations : un rocher s'ouvrit, et il enj couru l'excommunication pour avoir désobéi
ç s»i'tit un coffre. Il tenta plusieurs fois de s'en1
à son supérieur, et qu'il demeurait lié jusqu'à
ce que ce même supérieur lui eût donné l'ab-
Bergier, Dictionnaire tliéotogiquc. solution. On alla donc au désert, et l'on en
•' 2 Tliicrs, Traité des superstitions,1. Ier.
i 3 Danicus Forliaiiis. 1 D. Calmet et Guyot-Delamarre.
EXC — 206 — EXO
amena le supérieur, qui fit ouvrir le cercueil pourrissent pas en terre, mais qu'ils s'y C0I|_
du martyr et lui donna l'absolution, après quoi servent noirs et puants. En Angleterre \f
il demeura en paixdansson tombeaul. C'est tribunal des doctors commons excommunie

— en.
un fait merveilleux, que nousneprélendonspas core; el, en 1837, il a frappé de cette ])eim
s
'
donner comme incontestable.—Dans le second un marchand de.pain d'épices, nommé Stiul-
concile de Limoges, tenu en 1031, l'évêque de berry, pour avoir dit une parole injurieuse;!
Cahors raconte une aventure qui lui était par- un autre paroissien dans une sacristie aiHj.
ticulière, et qu'il présenta comme foute ré- cane. Voy. INI'EMUT.
cente : « Un chevalier de notre diocèse, dit Excréments.-—On sait que le dalaï-Uima :
ce prélat, ayant élô lue dans l'excommunica- chef de la religion des Tarlares indépendants,
tion, je ne voulus pas céder aux prières de
amis, qui suppliaient vivement est regardé comme un dieu. Ses excréments
ses me de lui conservés comme des choses sacrées.
donner l'absolution : je voulais en faire un sont
Après qu'on les a l'ait sécher et réduits en
exemple, afin que les autres fussent touchés
de crainte; il fut enterré par quelques gentils- poudre, on les renferme dans des boites d'or
enrichies de pierreries, et on les envoie nus
hommes, sans cérémonies ecclésiastiques et
des-prêtres, plus grands princes. Son urine est un élixir
sans l'assistance dans une église
dédiée à saint Pierre. — Le lendemain ma- propre à guérir toute espèce de maladie. —
tin, on trouva son corps hors de terre et jeté Dans le royaume de Iioulan, on fait, sécher
également les plus grossières déjections du roi,
nu loin de son tombeau qui était demeuré
entier, et sans aucune marque , et après les avoir renfermées dans de petites
qui prouvât boîtes,
qu'on y eût touché. Les gentilshommes qui on les vend dans les marchés pour sau-
l'avaient enterré n'y trouvèrent, que les lin- poudrer les viandes. Voy. DÉJECTIONS, FIEN-
où i! avait été enveloppé; ils l'enterrè- TES, TANCHEWI, etc.
ges
rent une seconde fois, el couvrirent la fosse Exorcisme, •— conjuration, prière à Dieu
d'une énorme quantité de terre et de pierres. el commandement fait au démon de sortir du
— Le lendemain ils trouvèrent de nouveau corps des personnes possédées. Souvent il est
le corps hors du tombeau sans qu'il parût, seulement destiné à les préserver du danger.
,
qu'on y eût travaillé. La même chose arriva On regarde quelquefois exorcisme et conju-
jusqu'à cinq Ibis; enfin ils l'enterrèrent, raiim comme synonymes ; cependant la con-
connue ils purent, loin du cimetière, dans une juration n'est que la formule par laquelle en
terre profane; ce qui remplit les seigneurs commande au démon de s'éloigner ; l'exor-
voisins d'une si grande terreur qu'ils vinrent cisme est la cérémonie entière ». — Les gens
tous demander la paix 2. » — Jean Bromlon qui s'occupent de magie ont aussi leurs exor-
raconte dans sa chronique que saint Augustin, cisines pour évoquer et renvoyer. Voy. Co.\-
apôtre de l'Angleterre, ayant dil devant tout JiuiATioNS. •— Voici une légende bizarre sur
le peuple, avant de commencer la messe : un exorcisme : on lit dans Césaire d'Hesler-
« Que nul excommunié n'assiste ou saint sa- bach, que Guillaume, abbé de Sainte-Agathe,
crifice ! » on vit sortir aussitôt de l'église un au diocèse de Liège, étant allé à Cologne
i
mort qui était enterré depuis longues années. avec deux de ses moines, fut Obligé de tenir
Après la messe, saint Augustin, précédé de. tête à une possédée. Il fit à l'esprit malin des
la croix, alla demander à ce mort pourquoi il questions auxquelles celui-ci répondit comme
1

était sorti. Le défunt répondit qu'il était mortl il lui plut. Le diable faisant autant do mon- |
dans l'excommunication. Le saint pria cet ex- songes que de réponses l'abbé s'en aperçut
,
communiéde lui dire où était enterré le prêtre; et le conjura de dire la vérité il obéit. H
,
qui avait porté contre lui la sentence. On s y apprit au bon abbé comment se portaient plu-
transporta. A_ugustin pria le prêtre de se lever : sieurs défunts dont il voulait savoir des non-
il le fit, et à la demande du saint évoque il[ velles. Un des frères qui l'accompagnaient
donna l'absolution à l'excommunié, et les deux voulut lier conversation avec le diable. « Tais-
{,
morts retournèrent dans leurs tombeaux. — loi , lui dit l'esprit malin tu as volé hier
,
Les critiques vont se récrier, nous adresserr douze sous à ton abbé; ces douze sous sont
quelque froide plaisanterie ; nous les avertis- maintenant dans ta ceinture. » — L'abhCi
sons que nous ne rapportons cette légende3 ayant entendu ces choses, voulut bien en don-
que comme une tradition populaire que nous3 ner l'absolulion à son moine ; après quoi '>
ne garantissons pas. —• Les Grecs schismati- ordonna au diable de quitter la possédée.
ques croient que les corps excommuniés ne3 « Où voulez-vous que j'aille? demanda le de-
1 D. Calrnct, Dissertation sur les revenants, p. 329. \ CiesariiIIeisterbacl\Miracul.,liv. v, cli. 29 et Shel-
1 Concil., t. IX, p. 902. len, De Diabol., liv. vu.
i FAB — 20 7 — FAB
mon- —
J° va'â ouvrir ma bouche, répondit d'un prêtre qui paraissait mort à volonté, el
i
l'abbé, lu entreras dedans si lu peux. — Il
,
qui resta mort, très-involontairement sans
i fait trop chaud répliqua le diable ; vous doute, dans une de ses expériences. S'il fit le
,
\
avez
communié. -—
Eh bien! mets-loi ici; et mort, il le fit bien. Ce prêtre se nommait
i l'abbé qui était gai tendait son pouce.—Merci, Prétextai; il ne sentait rien de ce qu'on lui
doigts sont sanctifiés. —En ce cas, va où faisait souffrir pendant son extase. •— Los
vos
voudras, mais pars. — Pas si vite, repli— démônômanes appellent l'extase un transport,
-
":
|U
jnii le
diable ; j'ai permission de rester ici en esprit seulement, parce qu'ils reconnaissent
5 drux ans encore. » —
L'abbé dit alors au le transport en chair et en os, par l'aide el
\ diable : « Montre-toi à nos yeux dans ta forme assistance du diable. Une sorcière se frotta
1 naturelle.
— Vous le voulez? — Oui. — de graisse; puis tomba pâmée sans aucun sen-
i Voyez. » En même temps la possédée com- timent; et trois heures après elle retourna en
l mença de grandir et de grossir d'une ma- son corps, disant nouvelles de plusieurs pays
l niére effroyable.; en deux minutes, elle était qu'elle ne connaissait point, lesquelles nou-
ï déjà haute comme une tour de trois cents velles furent par la suite avérées >. — Cardan
* nieds, ses yeux devinrent ardents comme des dit avoir connu un homme d'église qui tom-
fournaises el ses trails épouvantables. Les bait sans vie et sans haleine toutes les fois
i deux moines tombèrent évanouis; l'abbé, qui qu'il le voulait; cel étal durait ordinairement
,,

seul avait conservé du courage, adjura le quelques heures; on le tourmentait., on le


:
J; diable de rendre à la possédée la taille et la frappait, on lui brûlait les chairs sans qu'il
s forme
qu'elle avait d'abord. Le diable obéit éprouvât aucune douleur; mais il entendait
'-- encore et dit à Guillaume : « Vous faites bien confusément, él comme à une distance fort
-,' d'être pur, car nul homme ne peut-, sans moti- éloignée, le bruit qu'on faisait autour de lui.
l rir, me voir tel que je suis s'il esl souillé. » — Cardan assure encore qu'il tombait lui-même
i Nous pourrions citer beaucoup de contes sau- en extase à sa volonté; qu'il entendait alors
5 promis de ce genre ;
mais à quoi bon ? les voix sans y rien comprendre, et qu'il ne
1: Expiation. — Les anciens Arabes coupaient sentait, aucunement les douleurs. — Le père
}': l'oreille à quelque animal el le lâchaient au dePrestanlius, après avoirmangé un fromage
i;_ Iravcrs des champs
en expiation de leurs pô- maléficié, crut qu'étant devenu cheval il avait
I chés. —• Un Juif, dit Saint-Foix, s'arme d'un porté de Irôs-pesanles charges, quoique son
i: couteau, prend un coq, le tourne trois fois corps n'éùt pas quitté le lit; et l'on regarda
;,; autour de sa tête, el lui coupe la, gorge en lui comme'une extase, produite par sortilège, ce
disant. : « .le te charge de mes péchés; ils sont qui n'était qu'un cauchemar causé par une
-,
( à présent à toi : tu vas à la mort, et moi je suis indigestion.
rentré dans le chemin de la vie éternelle... » Ézéchiel. Les musulmans disent que les
y.
| Extases. — L'extase (considérée comme ossements desséchés —
que ranima le prophète
|: crise matérielle) esl un ravissement d'esprit, Ézéchiel étaient les restes de la ville de Da-
?': une suspension des
sens causée, par une forte vardan. que la peslè avait détruite et qu'il
t contemplation de quelque objet extraordinaire releva par une simple prière.
'-. «t surnaturel. Les mélancoliques peuvent
avoir des extases. Saint Augustin fait mention Bodin, dans la Démonomanie.
1

Paal, — nom que les habitants de Sainl- S"abert (ABRAHAM;,-—.desimple soldat, il de-
Joi*n-d'Acre donnent à
un recueil d'obserya- vint maréchal de France, et s'illustra sous
ll°ns astrologiques, qu'ils consultent dans Louis XIV. C'était si extraordinaire, qu'on
"saucoup doccasions. l'accusa de devoir ses succès à un commerce
Palier (ALBERT-OTIION), médecin de avec le diable ».

iimbourg, au dix-septième siècle; il écrit
a Curiosités de la littérature, trad. de l'anglais, par
1
Wflqucs rêveries sur l'or potable.
}
Berlin, 1.1«, p. 51.
FAN — 2' )8 — FAN ;

Pabre (PIEHHE-.IEAS), — médecin de Mont- natismo outré dans les hérésies et dans la sor-
pellier, qui fit faire des pas à la chimie au cellerie. — Sous le règne de Louis Xll, vu,
commencement du dix—septième siècle. 11 y écolier de l'université de Paris, persuadé que
mêlait un peu d'alchimie. Il a écrit sur celte la religion d'Homère était la bonne, arracha
matière etsurla médecine, spagyrique.Son plus la sainte hostie des mains d'un prêtre qui ia
curieux ouvrage est l'Alchimistechrétien (Al- consacrait, el la foula aux pieds. Voilà du
chi-mista chrislianus,}\n-8" ; Toulouse, 4G32. fanatisme. — Les Juifs en oui fourni de nom-
breux exemples. II. y a enfin un très-grand
Fabricius (JEAN-AUSKICT),—bibliographe
allemand, né à Leipsig en 16G8. Il y a des fanatisme, chez beaucoup de philosophes mo-
choses curieuses sur les superstitions et les dernes. « Il y a un fanatisme politique, un
fanatisme littéraire, un fanatisme guerrier, un
contes populaires de l'Orient dans son recueil
des livres apocryphes que l'Eglise a repoussés fanatisme philosophique '. » On a nommé
de l'Ancien et du Nouveau Testament l. d'abord fanatiques les prétendus devins qui
rendaient leurs oracles dans les temples, fana.
Faïrfas (ÉBOUAIU) ), poêle anglais du sei- Aujourd'hui on entend par fanatisme tout zèle
zième siècle, auteur d'un livre intitulé la Dé- aveugle.
monologia, où il parle de la sorcellerie avec
assez de crédulité.
Fanoius (CAÏUS), —historien qui-mourut,
de peur on composant un ouvrage contre Né-
FairfoiUs, — espèce de farfadets qui se ron. 11 en avait terminé trois livres, et il com-
mollirent en Ecosse, el qui sont à peu près mençait le quatrième, lorsque Néron, dont il
nos fées. avait l'imagination remplie, lui apparut en
iF.akone, •—• lac du Japon, où les habitants songe, et, après avoir parcouru les trois pre-
placent- une espèce de limbes habités par tous miers livres de son ouvrage, se retira sans
les enfants morts avant l'âge de sept ans. Ils loucher au quatrième qui était en train. Ce
sont persuadés que les âmes de ces enfants rêve frappa Fannius ; il crut y voir que son
souffrent quelques supplices dans ce lieu-là, ouvrage, ne serait pas achevé, el il mourut en
el qu'ils y sont, tourmentés jusqu'à ce qu'ils effet peu après.
soient rachetés par les passants. Les bonzes Fautasmagoriana, — litre d'un recueil (le
vendent des papiers sur lesquels sont écrits contes populaires où les apparitions et les
les noms de Dieu. Comme ils assurenlqueles 'spectres jouent, les premiers rôles. Ces coules
enfaiitséprouventquelqueallôgemenllorsqu'on
sont, pour la plupart, traduits de l'allemand,
jette ces papiers sur l'eau, on en voit les bords 2 vol. in—'12 ; Paris, 1812.
du lac couverts. — 11 est, aisé de reconnaître
dans ces -usages des traditions altérées de l'É- Fantasmagorie, — spectacle d'optique, du
glise. genre des lanternes magiques perfectionnées,
et qui, aux yeux des ignorants, peut paraître
Falconet (NOEI,),—médecin, mort, en -1734. de la sorcellerie.
Nous ne citerons de ses ouvrages que ses Let-
tres et remarques sur l'or prétendu potable; Fantômes, — esprits ou revenants de mau-
elles sont assez curieuses. vais augure, qui effrayaient fort nos pères,
quoiqu'ils sussent bien qu'on n'a aucunement
Fanatisme. — L'Eglise l'a toujours con- peur des fantômes si l'on tient dans sa main
damné, comme elle condamne tous les excès. de l'ortie avec du millefeuille -. — Les juifs
Les actes de fanatisme des conquérants du prétendent que le fantôme qui apparaît ne
Nouveau Monde étaient commis par des scé-
peut, reconnaître la personne qu'il doit effrayer
lérats, contre lesquels le clergé s'élevait de si elle a un voile sur le visage; mais quand
toutes ses forces. On peut le voir dans la vie cette personne est coupable, ils prétendent,
el, dans les écrits deBarthélemi de Las Casas,
au rapport de Buxtorf, que le masque tombe,
— Les écrivains philosophes ont souvent ap- afin que l'ombre puisse la voir el la poursui-
pelé fanatisme ce qui ne l'était pas. Ils s( 1
sont trompés ou ils ont trompé lorsque, pai vre. •— On a vu souvent des fantômes venir
exemple, ils ont attribué le massacre de k annoncer la mort; un spectre se présenta
Sainl-Barthélemi à la religion, qui y fut étran- pour cola aux noces du roi d'Ecosse Alexan-
dre III, qui moUrulpeu après.— Cnmeraruis
gère; lorsqu'ils ont défendu les fanatiques de; ' rapporte que, de son temps, on voyait quel-
Cévennes, etc. 11 y a eu très-souvent du fa- quefois dans les églises des fantômes sans
1 Codex psendepigrapîms veteris Testamenti,collée- tête, vêtus en moines et en religieuses, assis
tns, eastigatns, testimoniisque censnris et animadver-
sionibns ilhistratus. In-8". Hambourg et Leipsig, 1713
— Codex apocryplius novi Testamenti, etc. Hambourg
\ ' Borgier, Dict. tliéolog.
1719. In-8°. 2 Les Admirables secrets d'Albert-le-Grand.
FAN — 20ÇI — FAK
stalles des vrais moines el des soeurs terrible fantôme, dont elle entend le frotte-
lins les
ni devaient
bientôt mourir. — Un chevalier ment des chaînes contre la muraille. Elle
' a°nol avait osé concevoir une passion cri- aperçoit enfin une faible clarté, el, reconnais-
minelle pour une religieuse. Une nuit, qu'il sant la porte du concierge, elle y frappe el
traversait l'église du couvent dont il s'était tombe évanouie sur lo seuil; il vient ouvrir,
niocuré la clef, il vit des cierges allumés et la fait transporter sur son lit et lui prodigue
]e3 prêtres,
qui lui étaient inconnus, occupés tous les secours qui sont eu son pouvoir. Elle
à célébrer
l'office des morts autour d'un tom- raconta ce qui lui était arrivé. « Hélas ! s'é-
beau. H s'approcha
de l'un d'eux et demanda cria le concierge, notre fou aura brisé sa
qui on faisait le service. « Pour vous, » chaîne et se sera échappé! » Ce fou était un
pour
lui dit le prêtre. Tous les autres lui
firent la parent du maître du château, qu'on gardait
même réponse; il sortit effrayé, monta à che- depuis plusieurs années. Il avait effective-
val, s'en retourna à sa maison, et deux chiens ment profité de l'absence de ses gardiens, qui
l'étranglèrent à sa porte L — Une dame étaient allés à la noce, pour détacher ses
vovageant seule dans une chaise de poste fut chaînes, et le hasard avait conduit ses pas à
surprise par la nuit près d'un village où l'es-' la chambre de la voyageuse, qui en fut quitte
sieu de sa voilure s'était brisé. On était en pour une grande peur!. Voy. APPARITIONS,
automne, l'air était froid el pluvieux; il n'y ESPIUTS, REVENANTS, SPECTRES, DESHOULIÈ-
avait point d'auberge dans le village; on lui RES, etc., etc.
indiqua le château. Comme elle en connais- Fantôme volant. — On croit, dans la
sait le maître, elle n'hésita pas à s'y rendre, Basse-Bretagne, entendre dans les airs lors-
,
be concierge alla la recevoir, et lui dit qu'ils qu'il l'ail un orage, un fantôme volant, qu'on
avaient dans ce moment beaucoup de monde accuse de déraciner les arbres et de renver-
qui était venu célébrer une noce, el qu'il al- ser les chaumières.
lait informer le seigneur de son arrivée. La Fapisia, —. herbe fameuse chez les Portu-
fatigue, le désordre de sa toilette el le désir gais, qui l'employaient comme un excellent
de continuer son voyage engagèrent la voya- spécifique pour chasser les démons 2.
geuse à prier le concierge de ne point déran- - FaUir. — Il y a dans l'Inde des fakirs qui
ger son maître. Elle lui demanda seulement sont d'habiles et, puissantsjongleurs. On lit ce
une chambre. Toutes étaient occupées à l'ex- • qui suit dans l'ouvrage de M. Osborne, inti-
ception d'une seule, dans un coin écarté du tulé : la Cour et le Camp de Ilundjet-Sing : —
château, qu'il n'osait lui proposer à cause de
« A la cour de ce prince indien, la mission
son délabrement; mais elle lui dit qu'elle s'en anglaise eut l'occasion de voir un personnage
contenterait, pourvu qu'on lui fît un bon lit et "appelé le fakir, homme enterré el ressuscité
un bon feu. Après qu'on eut fait ce qu'elle dont les prouesses avaient fait du bruit dans
désirait, elle soupa légèrement et, s'étanlbien les provinces de Punjab. Ce fakir est en
réchauffée, elle se mit au lit. Elle commençait grande vénération parmi les Sihks à —
cause de
à s'endormir, lorsqu'un bruit de chaînes el la facullé qu'il a de s'enterrer tout -vivant
des sons lugubres la réveillèrent en sursaut. pendant un temps donné. Nous avions, ouï ra-
Le bruit approche, la porto s'ouvre, elle voit,
conter de lui tant d'histoires que notre curio-
à la clarté de son feu, entrer un fantôme sité était, excitée. "Voilà plusieurs années qu'il
couvert de lambeaux blanchâtres ; sa figure fait le métier de se laisser enterrer. Le capi-
pule el maigre, sa barbe longue et touffue, les taine AVade nie dit avoir été témoin d'une de
chaînes qu'il portait autour du corps, tout
ses résurrections, après un enterrement de
annonçait un habitant d'un autre monde. Le quelques mois. La cérémonie préliminaire
fantôme s'approche du feu,
se couche auprès avait eu lieu en présence de llundjet-Sing,
tout de son long, se tourne de tous côtés en
du général Ventura et des principaux sirdars.
garnissant, puis, à un léger mouvement qu'il
Les préparatifs avaient duré plusieurs jours,
entend près du lit, il se relève promptement avait arrangé un caveau tout exprès. Le
cfs'en approche. Quelle amazone eût bravé fakir termina on
;
ses dispositions finales en pré-
un tel adversaire1? Quoique notre voyageuse
sence du souverain ; il se boucha avec de la
"e manquât pas de courage, elle n'osa Fat—
tendre, se glissa dans la ruelle du lit, et,
cire les oreilles, le nez et tous les autres ori-
; fices par lesquels l'air aurait pu entrer dans
jtj'cc une agilité dont la frayeur rend capa-

son corps. Il n'excepta que la bouche. Cela
'e» les moins légères, elle se sauve en che-
V
sc.1S°à l0lUeS Jambes< enflle de lonSs
fait, il fut déshabillé et mis dans un sac de
et ob-
|"s corridors, toujours poursuivie par le 1 Spectriana, p. 79.

ÏOTqtiemada, » Delaiicre, Tableau de l'inconstance dos démons, etc.,


Hcxamérôn. liv. iv, page 297.
u
FAÎi -•- 2l( FAS
toile après qu'il se.fut retourné la langue pour enlsousdes figures d'animaux, le plus grand
fermer le passage de la gorge , et qu'il se fut ombre restent invisibles. Ils rendent générale-
posé dans une espèce de. léthargie ;. le sac fut lenl de bons offices. Des voyageurs, crédules
fermé, et cacheté du sceau de. Runjet-Sing et ni prétendu que les Indes étaient pleines u„
déposé dans une boîte de sapin qui, fermée es esprits bons ou mauvais, el qu'ils avaient
el scellée également, fut descendue dans, le m commerce habituel avec les hommes du
caveau.. Par dessus on répandit et on foula de- lays. — Voici l'histoire d'un farfadet :, « ]ÏU
là terre, on sema de l'orge et on plaça des 'année 12-21 vers le temps des vendantes
,
sentinelles. Il paraît que le maha-rajah., très- e frère, cuisinier d'un monastère de Cileaus
sceptique sur cette mort., envoya deux fois chargea deux serviteurs de garder les vignes
des gens pour fouiller la terre, ouvrir le. ca- lendant la nuit. Uu soir, l'un de ces deux
veau et visiter le cercueil. On trouva chaque; î.ommes, ayant grande envie de dormir, an-
fois le fakir dans la même position et avec jela le, diable à haute, voix el promit de le
tous les. signes d'une suspension de vie. Au oi.en payer s'il voulait garder la vigne à sa
bout de dix mois, terme fixé, le capitaine place. Il, achevait à peine ces mois, qu'un far-
Wadè accompagna le maha-rajah pour as- radet parut. » « Me voici prêt, di.l-i.l à.celui
sister à l'exhumation : il examina attentive- qui l'avait demandé. Que me donneras-tu si
ment par lui-même l'intérieur de la tombe; je. remplis la charge'? — Je te donnerai un pa-
il vit ouvrir les serrures, briser les sceaux et nier de raisin, répondit le serviteur, à condi-
porter la boîte ou cercueil au grand air. Quand tion que lu veilleras jusqu'au matin. » — Le
on en lira le fakir, les doigts posés, sur son farfadet accepta l'offre, el le domestique, ren-
artère et sur son cceur ne purent percevoir tra, à la maison pour s'y reposer. Le frère
aucune pulsation. La première chose qui fut cuisinier, qui était,encore debout, lui. demanda
faite pour le rappeler à la vie, et la chose ne pourquoi il avait quitté la vigne?; « Mon com-
se fit pas sans peine, fut de ramener la lan- pagnon la garde, répondit-il, et il la gardera
gue à sa place naturelle. Le capitaine Vfade bien. —-Va, va, reprit le cuisinier, qui n'en
remarqua que l'occiput était brûlant, mais le savait pas davantage, ton compagnon peut
reste du corps très-frais el très-sain. On l'ar- avoir besoin de toi. » Le valet n'osa répliquer
rosa d'eau chaude, et au bout de deux heu- et sortit; mais il se garda bien de paraître
res le ressuscité était aussi bien que dix mois dans la vigne. Il appela l'autre valet, lui
auparavant. Il prétend faire dans son caveau conta le procédé dont il s'était avisé; et tous
les rêves les plus délicieux : aussi redoule- deux, se reposant sur la bonne garde du lu-
t—il d'être réveillé de sa léthargie. Ses ongles tin, entrèrent dans une petite grotte qui était
et ses cheveux cessent de croître : sa seule auprès de la vigne, et s'y endormirent. Les
crainte est d'être entamé par des vers ou des choses se passèrent aussi, bien qu'on pouvait
insectes ; c'est pour s'en préserver qu'il fait l'espérer; le farfadet fut fidèle, à son posic
suspendre au centre du caveau la boîte où il jusqu'au malin, et on lui donna le panier,de
repose. •— Ce fakir eut la maladroite fantai- raisin promis. Ainsi finit le conte 1. Foy. BJÎII-
sie de faire l'épreuve de sa mort et de sa ré- Bi.GuiEK, BÉUITH, ESPRITS, FEUX VOLUSTS, On-
surrection devant la mission anglaise lors- TH.ON, etc.
qu'elle arriva à Lahore. Mais les Anglais, Farmer (HUGUES), —- théologien anglican,
avec une cruelle méfiance, proposèrent de lui mort en 4787. On a de lui un Essai sur te
imposer quelques précautions de plus : ils démoniaques du Nouveau Testament, 1775, où
montrèrent des cadenas à eux appartenant, et il cherche à prouver, assez gauchement, que
parlèrent de mettre au tombeau des faction- les maladies attribuées à des possessions du
naires européens. Le fakir fil d'abord de la démon sont l'effet de causes naturelles, et non
diplomatie ; il se troubla, et finalement refusa l'effet de l'action de quelque malin esprit.
de se soumettre aux conditions britanniques.
KunjetrSing se fâcha. « Je vois bien, dit le Fascination, — espèce de 'charme qui ftif
qu'on ne'y'oitpas les choses telles qu'elles sont.
fakir au capitaine Osborne, que vous voulez
sortirai vivant Un Bohémien sorcier, cité par Bogtiét, chan-
me perdre, et que je ne pas foin en pourceaux, et te
de mon tombeau. Le capitaine, ne voulant geait dès bottes de toutefois
vendait comme, tels en avertissant
pas avoir à se reprocher là mort du pauvre l'acheteur de rie laver ,
charlatan, renonça à l'épreuve. » Voy. J'A- ce bétail dans aucune
eau ; mais un acquéreur de la denrée du Bo-
MAMISUXES. conseil, vit, s°
hémien, n'ayant pas suivi ce
Farfadets, — esprits ou lutins ou démons lieu de des boites de foin nasf
familiers, que les personnes simples croient pourceaux, 1'

voir ou entendre lannil. Quelques-unsse-mon- 1 Ciesarius Hcisterbacheensisill. vniracul., lil». V.


FAT — 211 — F AU
peau où il voulait décrasser ses bôles. nnarier, de suivre tel où tel genre dé vie?
.„,. Iïst-il rien de plus fortuit que de périr par le
Dclrio coule qu'un certain magicien, au moyen
d'un certain arc el
d'une certaine corde ten- fèr, de se noyer, d'être malade?... L'homme
à cet arc, tirait une certaine llôcbe, faite \,'erlueux, qui parvient par de grands efforts
due
; d'un
certain bois, el faisait tout d'un coup pa- ci vaincre ses passions, n'a donc plus besoin
'
,,((,(. devant lui un lleuve
aussi large que le cle s'étudier à bien faire; puisqu'il ne peut-être
jol de celle
llèche. Et d'autres rapportent- "i.'icieux?... C'est un peu la doctrine de Calvin.
qu'un sorcier juif dévorait des hommes et Faunes, —• dieux rustiques inconnus aux
des charretées de foin,
coupait des fêles, et (3 recs. On les distingue des satyres et sylvains,
démembrait des persounes vivantes, puisse-* ,quoiqu'ils aient aussi des cornes de
chèvre où
-
niellait loul en fort bon état.—Dans la guerre- (
de bouc, et la figure d'un bouc depuis la cein-
du duc Vladislas contre Grémozislas, duc
de (ture jusqu'en bas; mais ils ont les traits moins
Bohême, une vieille sorcière dit à son beau- hideux, une figure plus gaie que celle des sa-
fils, qui suivait le parti de Vladislas, que son tyres et moins de brutalité. D'anciens pères
maître mourrait dans la bataille avec la plus les regardent comme des dénions incubes 1; el
«randc partie de son armée, et que, pour lui, voici l'histoire qu'en donnenllès docleursjuifs :
il pouvait se sauver du carnage en faisant ce « Dieu avait déjà créé les âmes des faunes el.
qu'elle lui conseillerait; c'est-à-dire, qu'il'tuât des satyres, lorsqu'il fui interrompu par le jour
le premier qu'il rencontrerait dans la mêlée ; du sabbat, en sorte qu'il ne pul les unir à des
qu'il lui coupât les deux oreilles, et les mît ' corps, et qu'ils restèrent ainsi de purs esprits
dans sa poche ; puis qu'il fit, avec la pointe et des créatures imparfaites. Aussi, ajoutent-
-. de son épée, une
croix sur la lerre entre les ils, ces esprits craignent le jour du sabbat, et
pieds de devant de son cheval, et qu'après se cachent dans lés ténèbres jusqu'à ce qu'il
avoir baisé cette croix il se hâtât de fuir. Le. soit passé; ils prennent quelquefois des corps
jeune homme, ayant accompli toutes ces cho- pour épouvanter les hommes; mais ils sont
ses, revint sain el sauf de la bataille, où péri— sujets à la mort. Cependant ils peuvent ap- .
:
rent Vladislas et le plus grand nombre de ses procher si près des intelligencescélestes, qu'ils
troupes; mais en rentrant dans la maison de sa leur dérobent quelquefois la connaissance de
marâtre ce jeune guerrier trouva sa femme, certains événements futurs, ce qui leur a fait
qu'il chérissait uniquement., percée d'un coup produire des prophéties, au grand élonneinenl
d'épée, expirante et sans oreilles... — Les des amateurs. »
femmes maures s'imaginent qu'il y a des sor- (JEAN 1,,fameux magicien allemand,
leur seul regard, et Faust
tais qui fascinent par né à Weiinar au commencement du seizième,
tuent les enfants. Cette idée leur est' commune siècle. Un génie plein d'audace, curiosité
les anciens Romains, qui honoraient le une
avec indomptable un immense désir de savoir -.
dieu Fascinas, à qui l'on attribuait, le pouvoir ,
telles étaient ses qualités prononcées, 11 apprit
de garantir les enfants des fascinations et ma-
la médecine, la jurisprudence, la théologie ; il
léfices. Voy-. OEIL, CHAUMES, ENCHANTEMENTS/
approfondit la science des astrologues; quand
l'iuïSTiGES, etc.
il eut épuisé les sciences naturelles, il se jeta
Fatalisme ,-— doctrine, de ceux qui recon- dans la magie :. du moins loules ses histoires
naissentune destinée inévitable.—Siquelqu'un le disent. On le confond souvent avec Fusl,
rencontre un voleur, les fatalistes disent que l'associé de Gullemberg dans l'invention de
"" celait sa destinée d'être tué par un voleur. l'imprimerie; et l'on sait que quand les, pre-
Ainsi cette fatalité a assujetti le voyageur au miers, livres imprimés, parurent, on cria à la
fer du voleur, et a donné long-temps aupa- magie! on soutint qu'ils étaient l'ouvrage du
1 dya.ni au voleur l'intention et la force afin diable ; et, sans la protection de Louis XI et
qu'il eûl, au temps, marqué, là volonté , et le de la Sorb.onne, l'imprimerie, en naissant,
pouvoir de tuer celui-ci. Et si-quelqu'un est était étouffée à Paris. Quoi qu'il en soit, voici
ecvasé parla chute d'un bâtiment,; le mur est les principaux traits de la légende de,Faust.
tombé parce que cet homme était destine à •—Curieux de se lier avec les, êtres d'un
être enseveli sous les ruines.dé sa'maison..... monde supérieur, il découvrit la terrible for-
U1les plutôt, qu'il'a étéaccablésouslés ruines, mulé qui évoque les dénions. Il-s'abstint d'a-
Pareeque le: mUr/est tomber.
_ Où serait la bord d'en faire usage ; mais un jour, se pro-
inerte des hommes, s'il leur était impossible menant dans ' là Campagne avec son ami
cv'ler une fatalité aveugle, une destinée1 iné- VVàgner, il aperçut, un barbet noir qui for-
vitable?—-Est-il rien de plus libre
que de se
1 Btîlaiicré, Tableau de l'inconstancedes démons/etc.,
' tavelai, dans l'-Argcnis. Ï>.21<1. '-.'' -:: •
-
U.
EAU — 2112= — FAlj
niait des cercles rapides en courant, autour de lui. Do son côlé, Faust s'abandonnait au dja_
lui; une trace ardente brillait à la suite du ble, sans réserve d'aucun droit, à la rédemp-
chien. Faust, étonné s'arrête; les cercles que tion ni de recours futur à la miséricorde di-
formait le chien devenaient toujours plus pe- vine. Le démon lui donna, pour arrhes de
ce
tits ; il s'approche bientôt de Faust et le flatte. traité, un coffre plein d'or ; dès lors, Faust fui
Le savant s'en retourne pensif, el le barbet le maîlredu monde, qu'il parcourut avecéckt
suit. — Faust ne se retrouva seul que pour se Il allait partout, lorsqu'il ne voyageait pas à.
livrer à de noires idées. Le chien, son nouveau travers les airs, dans de riches équipages,
compagnon , les interrompait par des hurle- accompagné de son démon. Il vit un jour, au
ments. Faust le regarde , s'étonne de le voir village de ltosenlhal, une jeune fille ingénue,
grandir, -s'aperçoit qu'il a reçu un démon, que Widnian représente comme surpassant
saisit son livre magique, se place dans un en grâces toutes les beautés de la terre, et
cercle, prononce la formule et ordonne à l'es- qu'il appelle Marguerite. Il en devint épris
prit de se faire connaître. Le chien s'agite, une mais elle était vertueuse. Méphislophelès,
fumée l'environne, et à sa place il voit un dé- pour le détourner de cette passion qu'il re-
mon sous le costume d'un jeune seigneur vêtu doutait, le mena à la cour. Charles-Quint, sa-
avec élégance. C'élait le démon Méphistophe- chant ses talents magiques, le pria de lui faire
lès, le second des archanges déchus, et, après voirAlexandre-le-Grand ; Faust obligea aus-
Satan, le plus redoutable chef des légions in- sitôt le fameux roi de Macédoine à paraître.
fernales... — Les divers légendaires rappor- Il vint sous la figure d'un petit homme trapu,
tent cet événement avec des variantes. Wid- haut en couleur, avec une espèce de barbe
nian dit. qu'étant décidé à évoquer un démon, rousse, le regard perçant et la contenance
Faust alla dans l'épaisse forêt de Mangeall, fière. 11 fit à l'empereur une révérence, et lui
près de Wiltemberg ; là il fil à terre un cer- adressa même quelques mots dans une langue
cle magique, il se plaça au milieu el prononça que Charles-Quint n'entendait point. D'ailleurs
la formule do conjuration avec tant de rapi- il lui était défendu de parler. Tout ce qu'il
dité qu'il se lit. autour de lui un bruit effroya- put faire fut de le bien considérer, ainsi que
ble. Toute la nature parut s'ébranler. Les ar- César et quelques autres que Faust ranima
bres pliaient jusqu'à terre, de grands coups un instant pour lui. — L'enchanteur opéra
de tonnerre interrompaient les sons lointains mille merveilles semblables. A en croire ses
d'une musique solennelle, à laquelle se mê- historiens, il usait sans discrétion de son pou-
laient des cris, des gémissements, des clique- voir surnaturel. Un jour, se rencontrant à ta-
tis d'épées. De violents éclairs déchiraient le ble dans un cabaret avec douze ou quinze
voile noir qui cachait le ciel. Une niasse en- buveurs qui avaient entendu parler de se»
flammée parut, se dessina peu à peu, et forma prestiges ils le supplièrent de leur en faire
,
un spectre qui, s'approchanl du cercle sans voir quelque chose. Faust perça la table avec
parler, se promena alentour, d'une marche un foret, et en lit sortir les vins les plus déli-
inégale, pendant un quart d'heure. L'esprit cats. Un des convives n'ayant pas mis la coupe
revêtil enfin la figure elle coslume d'un moine assez vivement sous le jet, la liqueur prit feu
gris et entra en conversation avec Faust.—Le en tombant à terre, el ce prodige effraya
docteur signa de son sang, sur un parchemin quelques-uns des assistants. Le docteur sut
vierge avec une plume de 1er que lui pré- dissiper leur trouble ; et ces.gens, qui avaient
,
senta démon, un pacte par lequel Méphis- la tête échauffée, lui demandèrent unanime-
le
lophelôs s'obligeait à le servir vingt-quatre ment qu'il leur fit voir une vigne chargée do
ans, après quoi Faust appartiendrait à l'enfer. raisins mûrs. Ils pensaient que, comme on
Widnian, dans son Histoire de Faust, rapporte: élail alors en décembre il ne pourrait pro-
,
les conditions de ce pacte, dont on assure: duire un tel prodige. Faust leur annonça qu'à
qu'on trouva le double parmi les papiers dui l'instant, sans sortir de table, ils allaient voir
docteur. Il était écrit sur parchemin en ca- une vigne telle qu'ils la souhaitaient, mais à
ractères d'un rouge foncé, et portait : 4 ° quei condition que tous ils resteraient à leurs plo-
l'esprit viendrait toujours au commandqment. ; ces, et attendraient, pour couper les grappes do
de Faust, lui apparaîtrait sous une figure sen- raisin, qu'il le leur commandât, les assurant
sible et prendrait celle qu'il lui ordonneraiti que quiconque désobéirait, courait risque de
,
de revêtir; 1° que l'esprit ferait tout ce quei la vie. Tous ayant promis d'obéir, le magicien
Faust lui commanderait; 3° qu'il serait exactt fascina si bien les yeux de ces gens, qui étaient
et soumis comme un serviteur ; 4° qu'il arri- ivres, qu'il leur sembla voir une très-belle
verait à quelque heure qu'on l'appelât; 8° qu'ài vigne chargée d'autant de longues grappes de
la maison il ne serait vu ni reconnu que dei raisin qu'ils étaient de convives. Cette vue le»
FAU — 213 — FEE
-ivit' Hs pri''ei11' leurs couteaux et se mirent par le-diable.—On dit encore qu'il'débitait
' devoir de couper les grappes au premier en Allemagne des almanachs qui, dictés par
sii'iial de Faust. Il se fit un plaisir de les te- Méphislophelès, -prédisaient toujours juste, et
nir quelque temps dans celle posture, puis, avaient, par conséquent, plus de succès en-
tout à coup, il fit disparaître la vigne el les core que. Matthieu Laensberg, qui se trompe
raisins ; et chacun de ces buveurs, pensant quelquefois. Mais on ne retrouve aucun de ces
avoir en
main sa grappe pour la couper, se almanachs. — La vie de Faust et de Christophe
trouva tenant d'une main le nez de son voi- Wagner, son valet, sorcier comme lui, a été
sin, et de l'autre le couteau levé, de sorte que écrite par Widnian, Francfort, 15S7, in-8°,
s'ils eussenl coupé les grappes sans attendre traduite en plusieurs langues," et en français
l'ordre de Faust, ils se seraient coupé le nez par Victor Palma Cayet; Paris, 1G03, in-12-
les uns aux autres.—On a dit que Faust avait, Adelung lui a consacré un grand article dans
comme Agrippa, l'adresse de payer ses créan- son Histoire des folies humaines. Tous les dé-
ciers en monnaie de corne ou de bois, qui pa- monographes ont parlé de lui ; Goethe a mis
raissait bonne au .moment où elle sortait de ses aventures en un drame bizarre ou chro-
sa bourse, el
reprenait, au bout de quelques nique dialoguée. MM. Desaur et do Saint-
jours, sa véritable forme. Mais le diable lui Geniès ont publié, en 1825, les Aventures de
donnait assez d'argent pour qu'il n'eût pas Faust et, sa descente aux enfers, roman en 3
besoin d'user de ces fraudes. Wecker dit qu'il vol. in-12, où l'on ne trouve pas tout le mer-
n'aimait pas le bruit, el que souvent il faisait veilleux des légendes allemandes. M. Mar-
luire, par la force de sa magie, les gens qui inier a donné aussi une curieuse légende do
lo fatiguaient, « témoin ce certain jour qu'il Faust.
lia la bouche à une demi-douzaine de paysans Fechner ( .IE.VN), — auteur d'un traité latin
ivres, pour les empêcher do babiller et de sur la pneumatique, ou doctrine des esprits
piailler comme ils faisaient. » — Il n'avait selon les plus célèbres philosophes de son
pas renoncé à son projet chéri d'épouser temps. Breslau, in-12, 1698.
.Marguerite; mais le démon l'eu détournait
d'autant, plus comme dit Widnian, qu'ap- Fécondité- — De graves écrivains affir-
partenant à l'enfer par son pacte , il n'avait ment que vent
, le produit des poulains et des
plus le droit de disposer do lui ni de former perdrix. Varron dit qu'en certaines saisons
le vent rend fécondes les juments elles poules
mi nouveau lien. Méphislophelès l'en éloignait
donc sans cesse. Faust allait au sabbat; il pour- do Lusilanie. Virgile, Pline, Columelle, ont
suivait, lo cours de sa destinée infernale. Lors- adopté ce conte, et le niellent au nombre des
faits constamment vrais, quoiqu'on n'en puisse
que le temps du pacte fut accompli, il fris-
dire la raison. •— On a soutenu autrefois
sonna à la pensée du sort qui lui était main-
tenant réservé. Il voulut s'enfuir dans une beaucoup d'impertinences de ce genre, qui
église ou dans fout autre lieu saint, pour im- aujourd'hui sont reconnues des erreurs. On a
plorer la miséricorde divine ; Méphislophelès publié un arrêt donné en 1537 pur le parle-
l'en empêcha ; il le conduisit tremblant sur la ment de Grenoble, qui aurait reconnu la fé-
plus haute montagne de la Saxe. Faust voulut condité d'une femme produite par la seule
se recommander à Dieu : «Désespère et meurs,
puissance de l'imagination^ Cet arrêt supposé
lui dit le démon, lu es maintenant à nous. n'est qu'une assez mauvaise plaisanterie.
»—
A ces mots, l'esprit des ténèbres apparut
aux Fées. — Si les histoires des génies sont an-
yeux de Faust sous la forme d'un géant haut i tiennes dans l'Orient, la Bretagne a peut-être
comme le firmament ; ses yeux enflammés lan- ; le droit de réclamer les fées et les ogres. Nos
çaient la foudre, sa bouche vomissait, du feu, fées ou fades ( falidicoe ) sont assurément les
ses pieds d'airain ébranlaient la terre. Il sai- druidesses de nos pères. Chez les Bretons, de
sit sa victime avec un: éclat de rire qui reten- temps immémorial, et dans tout le reste des
tit comme le tonnerre., déchira son corps en Gaules, pendant la première race des rois
lambeaux, et précipita
son âme dans les en- .francs, on croyait généralement que les drui-
— Apprenez par là, frères, que tout n'est desses pénétraient les secrets delà nature, et
fers.
Pas gain en mauvaise compagnie.--Nous disparaissaient du monde visible. Elles res-
avons dil que la découverte de l'imprimerie semblaient en puissance aux magiciennes.des
"l poursuivre Faust, comme sorcier ; on assu- Orientaux ; on en a fait les fées. On disait
'>"l que l'encre rouge de ses Bibles était du qu'elles habitaient au fond des puits, au bord
a"g;il est vrai qu'elle a un éclat particulier, des torrents, dans des cavernes sombres. Elles
et qu on a pu croire
au moins, dans un siècle avaient le pouvoir de donner aux hommes des
"'jj'iorance, que le secre(, en avait été donné formes d'animaux, et faisaient quelquefois
FEE 21Û — FE1
dans les forêts les mômes fonctions que les neille de Kenipen assure que, du temps dc
nymphes du paganisme. Elles avaient une Lolhaire il y avait en Frise quantité de féK
,
reine qui les convoquait tous les ans en assem- qui séjournaient dans lès grottes, autour dcs
blée générale, pour punir celles qui avaient montagnes, et qui ne sortaient qu'au clair dç
abusé de leur puissance et récompenser celles la lune. Olnùs Magnus dit qu'on en voyait
qui avaient fait du bien. Dans certaines con- beaucoup en Suède de son temps. « Elles oui
trées de l'Ecosse, on dit que les fées sont char- pour demeure, ajoule-l-il, des antres obscurs
gées de conduire au ciel les âmes des enfants clans le plus profond des forêts; elles se mon-
nouveau-nés, et qu'elles aident ceux qui les trent quelquefois, parlent à ceux qui les con- V

invoquent à rompre les maléfices de Satan. —• suflenl, el s'évanouissent subitement. » On


On voit dans tous.les contes .et dans les vieux voit, dans Froissard, qu'il y avait également
romans de chevalerie, où les fées jouent, un si une multitude de fées dans l'île de Céplru- ï
grand rôle, que, quoique immortelles elles lonie; qu'elles protégeaient le pays contre
,
étaient assujetties à une loi qui les forçait à tout niéchef, et qu'elles s'entretenaient fami-
prendre tous les ans, pendant quelques jours, lièrement avec les femmes de l'île. — Les
la forme d'un animal, el les exposait, sous femmes blanches de l'Allemagne sont encore i
celle métamorphose, à tous les hasards, mémo des fées; mais celles-là étaient presque loti- \-
à la mort, qu'elles ne pouvaient recevoir que jours dangereuses. Leloyer conte que les •
violente. On les distinguait en bonnes el mé- Écossais avaient des fées, ou fairs, ou fuh-
chantes fées; on était persuadé que leur folks, qui venaient la nuit dans les prairies. ;
amitié ou leur haine décidait du bonheur ou Ces fées paraissent être les slriges, ou magi- -
du malheur des familles. —A la naissance de demies, dont parle Ausone. Hector de lloëce,
leurs enfants, les Bretons avaient grand soin dans ses Annales d'Ecosse dit que trois do
,
de dresser, dans une chambre écartée, une ces fées prophétisèrent à Banquo, chef des
table abondamment servie, avec trois cou- Stuarls, la grandeur future de sa maison ,
verts, afin d'engager les mères, ou fées, à leur Shakspearo, dans son Macbeth, en a l'ail trois
être favorables, à les honorer de leur visite, sorcières. Il reste beaucoup de monuments

à
el clouer le nouveau-né de quelques qua- de la croyance aux fées : telles sont, les grottes
lités heureuses. Us avaient, pour ces êtres mys- du Chablais, qu'on appelle les grottes des fées.
térieux le môme respect que les premiers On n'y aborde qu'avec peine. Chacune des
Romains pour les cannentes, déesses tulé- trois grottes a, dans le fond, on bassin dont
lai'res dès enfants, qui présidaient à leur nais- l'eau passe pour avoir des vertus miracu-
sance, chantaient leur horoscope el recevaient leuses. L'eau qui distille dans la grotte supé-
des parents un culte. — On trouve des fées rieure, à travers le rocher, a formé, dans lu
chez tous les anciens peuples du Nord et voûte, la figure d'une poule qui couve ses
c'était une opinion partout adoptée que, la poussins. A côlé du bassin, on voit un rouet,
grôle el les tempêtes ne gâtaient pas les fruits ou tour à filer, avec la quenouille. « Les
dans les lieux qu'elles habitaient-. Elles ve- femmes des environs, dit un écrivain du-der-
naient le soir, au clair de la lune, danser dans 'nier siècle, prétendent avoir vu autrefois,
les prairies écartées. Elles se transportaient dans l'enfoncement, une femme pétrifiée au-
aussi vite que la pensée partout où elles sou- dessus du rouet. Aussi on n'osait guère ap-
haitaient, à cheval sur un griffon ou sur un procher de ces grottes; mais depuis que la
,
chat d'Espagne, ou sur un nuage.'—On assu- figure de la femme a disparu, on est devenu
rait même que, par un autre 'caprice do leur moins timide. » — Auprès de Ganges, en Lan-
destin, les fées étaient aveugles chez elles, et guedoc; on montre une autre grotte des focs,
avaient cent yeux dehors. Frey remarque qu'il ou grotte des demoiselles, dont on fait des
y avait entre les fées, comme parmi les contes merveilleux. Oii voit à. Merlingen, en
hommes, inégalité de moyens et de puissance. Suisse, une citerne noire qu'on appelle te,
Dans les romans de chevalerie et clans les puits de la fée. Non loin deBord-Sainl-Georgci,
contes, on voit souvent une bonne-fée vaincue à deux lieues de Chambon:, on respecte en-
par une méchante, qui a plus de pouvoir. — core les débris d'un vieux puits qu'on appelle
Les cabalisles ont aussi adopté l'existence des aussi le -puits des fées, ou fades, et sept bas-
fées, mais ils prétendent qu'elles sont des syl- sins qu'on a nommés les creux des fades. On
phides, ou esprits de l'air. On vit, sous Char- voit près de là, sur la roche de Beaune, deux
lemagne et sous Louis-le-Débonnaire, une empreintes dé pied humain : l'une est celle du
multitude de ces esprits, que les légendaires pied de saint Martial ; l'autre appartient, sui-
.
appelèrent des démons les cabalisles des vant la tradition, à la reine desd'ées;, qui, dans
,
sylphes, et nos-chroniqueurs des fées. Cor- un moment de fureur;, frappa, si fortement le
Fiïii 215 — FEL
roClier do son pied droit qu'elle-èn laissa la qui
i
déroba au prince de Salm Ta bague qu'il
marque. On ajoute que, mécontente des ha-- avait
; au doigt, un jour qu'il le trouva assoupi
bitanls du canton , elle tarit les sources mi- ":"pour avoir trop bu. Ce
M. de Pânge avait
ivraies qui remplissaient les creux des fées , quarante mille écus de revenu ; il avait de
elles fit couler à Évàux, où elles sont encore. belles terres ; il était, surintendant des fi-
On voyait, près de Domrenïy, l'arbre dos nances du duc dé Lorraine. Cependant à son
_- retour d'Espagne, où il ne réussit à rien, quoi-
pées ; Jeanne d'Arc fut même accusée d'avoir
eu dos
relations avec les fées qui Venaient qu'il y eut fait pendant long-temps bien de la
danser sous cet arbre. On remarque dans Ta dépense (il était ambassadeur chargé d'ob-
petite île de Goncourie, à unelieue dé Saintes, tenir une fille du roi Philippe II pour sô;n
mie haute butte de terre,
qu'on appelle 7e maître), il trouva fout son bien dissipé, il
moiil des Fées. !La Bretagne est pleine de ves- mourut de regret, et ses trois filles qu'il avait
li;'ës semblables ; plusieurs fontaines y sont mariées furent abandonnées de leurs maris'.
encore consacrées à des fées qui métamor- — On ne saurait dire de quelle matière sont
phosent en or, en diamant, la main des in- ces dons de la fée. Ils sont grossiers. On ra-
discrets qui souillent l'eau de leurs sources. conte que Diane de Dampmartin, marquise
Tallemant de.; Kéaux rapporte une mer- d'Havre, de la maison de Croy, ayant laissé

veilleuse histoire de fée, qui se rattache à tomber le gobelet en le montrant,, il se cassa
l'origine dos maisons de Croy, de Salm et de en plusieurs pièces. Elle les ramassa, les remit «
liiissonipierre. — Le cointe d'Angeweiller, dans l'étui en disant : « Si je ne puis l'avoir
marié avec la comtesse de Kirispein allait entier, je l'aurai au moins par morceaux ; »
,
habituellement à la chasse ; quand il revenait elle lendemain, en ouvrant l'étui, elle trouva
.
tard ou qu'il voulait partir de grand matin le gobelet aussi entier que devant...—Voilà,
sans l'éveiller sa femme, il
couchait dans Une ajoute Tallemant, une belle petite fable. — On
petite chambre, au-dessus de la porte d'en- lit, dans la légende de saint Armenlaire, écrite
trée'de son château. On avait mis là pour lui en l'an '1300, quelques détails sur la fée Es-
une couchette de bois, bien travaillée selon le terelle, qui vivait auprès d'une fontaine où les
temps; —Or'un lim'di, en montant à sa chom- Provençaux lui apportaient des offrandes. Elle
bresur le portail, il y trouva une fée endormie. donnait des breuvages enchantés aux femmes.
-,' Il ne l'a troubla point; et durant quinze ans Le monastère de Notre-Dame-de-1'Ësterel
elle revint là tous lés lundis, jusqu'à un cer- était bâti sur le lieu qu'avait habité cette fée.
tain jour que là comtesse, étant entrée dans — Mélusine était encore une fée; il y
avait
; celle chambre,
y vit le couvre-chef delà fée dans son destin cette particularité , qu'elle
ei le dérangea. La fée, se voyant découverte, était obligée tous les samedis de prendre la
'-, dit au comte qu'elle ne reviendrait plus et lui forme d'un serpent clans la partie inférieure
donna un gobelet, une cuiller et une bagiie, de son corps. La fée qui épousa le seigneur
lui recommandant de partager ces trois dons d'Argouges, au commencement du quinzième
a li ois filles qu'il avait. «Ces gages, dit-elle, siècle, l'avait, dit-on, averti de ne jamais
porteront le bonheur dans les maisons où ils parler de la mort devant elle ; mais un jour
entreront tant qu'on Tes y gardera ; et font qu'elle s'était fait long-temps attendre, son
malheur arrivera à qui dérobera un de ces mari, impatienté, lui dit qu'elle serait bonne
oh)els précieux. » la Téë s'en à aller chercher la mort. Aussitôt la fée dis-
— A près ces mots,
alla, et le comte d'Angeweiller ne la revit parut en laissant les traces de ses mains sur
limais plus. 11 maria ses trois filles avec trois les murs, contre lesquels elle frappa plusieurs
ligueurs des maisons de Croy, de Salm et dé fois de dépit. C'est depuis ce temps que la
liassompierre et leur donna à chacune une noble maison d'Argougesporte dans ses armes
,
h'ire et uh gagé de la fée. Croy eut le "gobelet trois mains posées en pal, et une fée pour
cl la terre tl'Auge'vveillër ; -Salin eut Ta bagué cimier. L'époux de Mélusine la vit également
d la l'erré de Fenes'irarigè et Bassompierré disparaître pour n'avoir pu vaincre la curio-
,
fut la cuiller avec litiTerre d'Âns\vëiiler:'Trois sité de la regarder à travers la porte dans sa
abbayes étaient dépositaires dé ces gagés métamorphose du samedi. —La reine des fées
<|uand les enfants étaient iiiînëurs!, Nivelles eslTitania, épouse du roiObéron, qui a inspiré
pour Croy, Bemetiecour pouT Salm, Èpi'ri'àT à Wiéland un poème célèbre en Allemagne.
pour Bassompierre; et en effet ces 'trois'. mai- Feïgenhaver ( PAUL ), — visionnaire alle-
^'is prospérèrent long-temps. —Quant à mand du seizième siècle. 11 se .vantait d'avoir
uiiig pi-êdicSo'n de Ta fée relativement au reçu de Dieu la connaissance du présent,
,
on 'en rec'onniit la vèi-ilédahs. du passé et de l'avenir ; il prêchait un esprit
|°1 (le ces oh'jets,
l,'i>ïinsoi] de:Sf:-de fàngé, seigtietir lorrain astral, soumis aux régénérés, lequel esprit"
i
Y EU — 216 — FEU
astral, soumis aux régénérés a donné aux les toupet et le.crin des chevaux, qu'ils peu
,
prophètes et aux apôtres le pouvoir d'opérer g:neuf et qu'ils tressent ensuite fort propre,
des prodiges et de chasser les démons. Ayant nlent; ces femmes blanches, ajoute le mèro8 !
été mis en prison à cause de quelque scan- a uleur, sont aussi nommées sibylles et féeSi
dale qu'il avait causé il composa un livre -— En Bretagne,, des femmes blanches, qu'on
,
où il prouvait la divinité de sa mission par ses appelle lavandières ou chanteuses de nuit '
souffrances. 11 y raconte une révélation dont 1;avent leur linge en chantant, au clair de lj
le Seigneur, disait-il, l'avait favorisé. Ses hune, dans les fontaines écartées ; elles invi,
principaux ouvrages sont : ! ° Chronologie ou hent les passants à tordre leur linge et cas-
efficacité des années du inonde, sans désigna- s;ent le bras à qui les aide de mauvaise grâce. \ .,
tion du lieu d'impression, 1620, in-40. 11 pré- — Érasme parle d'une femme blanche célèbre '."
tend y démontrer que le, monde est de 238 ans c3ii Allemagne, et dont voici le conte: «La
plus vieux qu'on ne le croit ; que Jésus-Christ c;hose qui est presque la plus remarquable Ï-:
est né l'an 423b de la Création ; et il trouve cTans notre Allemagne, dit-il, est. la femme '
de grands mystères dans ce nombre, parce 1blanche qui se fait voir quand la mort est :;

que le double septénaire y est contenu ; or, \prèle à frapper à la porte de quelque prince, ;
le monde ne pouvant pas subsister plus de et non-seulement en Allemagne, mais aussi ;
<
six mille ans, il n'avait plus en 4 620 à (en Bohême. En effet, ce spectre s'est montré
, ,
compter que sur une durée de 4 4b ans. Le à: la mort de la plupart des grands de Neu- ;
jugement dernier était très-proche et Dieu Ihaus et de Kosemberg, et il se montre encore
,
lui eu avait révélé l'époque, qui était '176b. aujourd'hui. GuillaumeSlavata, chancelier de
;
2° Miroir des temps, dans lequel, indépendant-- ce royaume, déclare que cette femme ne peut
i
ment des admonitions adresséesà tout le monde, être retirée du purgatoire tant que le château I
i
-

on expose aux yeux ce qui a été et est parmi de Neuhaus sera debout ; elle y apparaît, non-j
tous les Etats, écrit par la grâce de Dieu et seulement quand quelqu'un doit mourir, mais
par l'inspiration du Saint-Esprit, 020 , aussi quand il se doit faire un mariage ou
<l

in-4° ; 3° Postillon ou Nouveau calendrier et qu'il doit naître un enfant ; avec cette diffé-
prognosticon astrologico-prophelicum, pré- rence que quand elle apparaît avec des vê-
senté à tout l'univers et à toutes les créatures, tements noirs, c'est signe de mort; et, au
h060 in-'l2 ( en allemand). contraire, un témoignage de joie quand on la
,
voit tout en blanc. Gerlanius témoigne avoir
Femmes. — Il y eut une doctrine, adoptée ouï dire
par quelques hérétiques, que les femmes de l'empereur au baron d'Ungenaden, ambassadeur
à la Porte, que cette femnio
étaient des brutes, mulieres non esse homines.
Un concile de Mâcon foudroya cette extrava- blanche apparaît toujours en habit noir lors-
Nous qu'elle prédit en Bohême 5a mort de quel-
gance. — ne rapporterons ici
pas toutes qu'un de la famille de Rosemberg. Le sei-
les mille et une erreurs qu'on n débitées con-
femmes. gneur Guillaume de Kosemberg s'élanl allié
tre les Delancre et Bodin assurent
qu'elles sont bien plus aptes que les hommes aux quatre maisons souverainesde Brunswid,
à la sorcellerie, et que c'est une terrible chose de Brandebourg, de Bade et de Pernstein,
qu'une femme qui s'entend avec le diable. — l'une après l'autre, et ayant fait pour cela de
])'anciens philosophes disent aussi que la pré- grands frais, surtout aux noces de la princesse
des femmes certains jours lait de Brandebourg, la femme blanche s'est
sence en tourner
le lait, teruit les miroirs, dessèche les cam- rendue familière à ces quatre maisons
elà
engendre des quelques autres qui lui sont alliées. — A l'é-
pagnes , serpents et rend les gard de
chiens enragés. Les philosophes sont bien ses manières d'agir, elle passe quel-
niais. quefois très-vite de chambre en chambre,
ayant à sa ceinture un grand trousseau do
Femmes blanches. — Quelques-uns don- clefs, dont elle ouvre et ferme les portes aussi
nent le nom de femmes blanches aux syl- bien de jour que de nuit. S'il arrive tjue
phides aux nymphes, et à des fées qui se quelqu'un la salue, pourvu qu'on la laisse
,
montraient en Allemagne ; d'autres entendent faire, elle prend un ton de voix de femme
par là certains fantômes qui causent plus de veuve et une gravité de personne noble, et,.
peur que de mal. 11 y a une sorte de spectres après avoir fait une honnête révérence de 1»

peu dangereux , dit Delrio, qui apparaissent tête, elle s'en va. Elle n'adresse jamais de
en femmes toutes blanches, dans Tes bois et mauvaises paroles à personne; au contraire,
les prairies; quelquefois môme on les voit dans elle regarde tout le monde avec modestie el
les écuries, tenant des chandelles de cire allu- avec pudeur. Il est vrai que souvent elle s'est
mées, dont ils laissent tomber des gouttes sur fâchée, et que même elle a jeté des pierre?
FER — 217 — 1 FEU
ceux à qui elle a entendu tenir des discours sortir s
du palais, il voulut que la sentence fût
convenants, tant contre Dieu que contre son exécutée, ( quoique les accusés protestassent
ci-vice ; elle se montre bonne envers les pau- de
i
leur innocence, cl. quoiqu'il n'y eût aucune
reS] et se
tourmente fort quand on ne les ]preuve contre eux. Alors, disent les historiens
idc pas à sa fantaisie. Elle en donna des de
i ce temps, les deux frères ajournèrent Fer-
«arques lorsqu'après que les Suédois eurent dinand i
à comparaître dans trente jours au
,rjs le château, ils oublièrent de donner aux tribunal du juge des rois; et, précisément
ouvres le repas de bouillie qu'elle a institué, trente jours après, le roi s'étant retiré, après
le. son vivant. Elle fit un si grand charivari le dîner, pour dormir, fut trouvé mort dans
pie les soldats qui y faisaient la garde ne sa- son lit.
'oient où se cacher. Les généraux mêmes ne Femond ( ANTOINE ), '— jésuite espagnol,
'uroiil pas exempts de ses imporlunités, jus- auteur d'un commentaire assez curieux sur
]u'à ce qu'enfin un d'eux rappelât aux autres les visions et. révélations de Y Ancien Testa-
qu'il fallait faire de la bouillie et la distribuer ment, publié
été en '1017 l.
aux pauvres; ce qui ayant fait, tout fut
tranquille. » Ferragus, — géant dont parle la chronique
de l'archevêque Turpin. Il avait douze pieds
Fer chaud ( ÉPREUVE DU ). — Celui que de haut, et la peau si dure qu'aucune lance
l'on condamnait à l'épreuve du fer chaud était ou épée ne la pouvait percer. 11 fut vaincu
obligé de porter, à neuf ou douze pas une par l'un des preux de ChaiTemagne.
,
barre de fer rouge pesant environ trois livres. Ferrier ( AUGIÎH ), — médecin et astrolo-
Cette épreuve se faisait aussi en mettant la gue, auteur d'un livre peu connu, intitulé :
'main dans un gantelet de fer sortant de la Jugements d'astronomie sur les nativités, ou
fournaise, ou en marchant sur du fer rougi. horoscopes, in-16, qu'il dédia à la reine Ca-
Toi/. EMMA. — Un mari de Didytnotèque, therine de Médicis. Auger Ferrier a laissé en-
soupçonnant la fidélité de sa femme, lui pro- petit traité latin, De somnits, imprimé
core un
posa d'avouer son crime ou de prouver son à Lyon en 4549 avec le traité d'Hippocrate
innocence par l'attouchement d'un fer chaud. les insomnies.
,
sur
: Si elle avouait, elle était morte; si elle tentait

l'épreuve, elle craignait d'être brûlée. Elle Fétiches, — divinitésdesnègres de Guinée.


Ces divinités varient : ce sont des animaux
;0ut recours à l'évèque do Didymotèquc, prélat
rccommandable ; elle lui avoua sa IV.ule en desséchés, des branches d'arbres, des arbres
pleurant et promit de la réparer. L'évèque, mêmes, des montagnes, ou toute autre chose ,
Rassuré de son repentir, lui dit qu'alors elle
ils en ont de petits qu'ils portent an cou ou
pouvait sans crainte se soumettre à l'épreuve. au bras, tels que des coquillages. Ils honorent
Tille prit un fer rougi au feu, fit trois fois le un arbre qu'ils appellent l'arbre des fétiches;
ils placent au pied une table couverte de vins
tour d'une chaise, l'ayant toujours à la main,
cl. le mari fut pleinement rassuré. Ce trait eut
de palmier, de riz et de millet. — Cet arbre
lieu sous Jean Cantacuzèno. Sur la côte du est un oracle que l'on consulte dans les occa-

Malabar, l'épreuve du fer chaud était aussi sions importantes; il ne manque jamais de
faire connaître sa réponse par l'organe d'un
en usage. On couvrait la main du criminel
(Tune fouille de bananier, et l'on y appliquait chien noir, qui est le diable, selon nos démo-
nographes. — Un énorme rocher nommé Ta-
un fer rouge; après quoi le surintendant des
'blanchisseurs du roi enveloppait la main de bra, qui s'avance dans la mer en forme do
l'accusé avec une serviette trempée dans de presqu'île, est le grand fétiche du cap Corse.
l'eau do riz ; il la liait, avec des cordons ; puis On lui rend des honneursparticuliers, comme
le roi appliquait lui-même son cachet sur le au plus puissant des fétiches. Au Congo, per-
noeud. Trois jours après on déliait la main et sonne ne boit sans faire une oblation à son
on déclarait le prévenu innocent, s'il ne res-
principal fétiche, qui est souvent une défense
tait aucune marque de.brûlure; mais s'il en d'éléphant.
était autrement, il était envoyé au supplice. Feu. — Plusieurs nations ont adoré cet élé-
— Au reste l'épreuve du fer chaud est fort ment. En Perse, on faisait des enclos fermés
,
ancienne ; car il en est question dans YElectre de murailles et sans toit, où l'on entretenait
«e Sophocle. du feu. Les grands y jetaient des essences et
Ferdinand TV (dit l/AlOURMÏ), — roi dfl des parfums. Quand un roi de Perse était' à
yislillo et de Léon, né en 42S5. Ayant con- l'agonie, on éteignait le feu dans les villes
' ainné à mort deux frères que Ton accusait
1 Antonii Fernandii, etc. Coirilïientarii.jiivisioncs ve-
('ilvoir assassiné
' un seigneur castijlau au teris Testament!. Lugd., 1617,
FEU — 2165 — FEU \
principales du royaume, pour ne le rallumer bouillir le tout, jusqu'à ce qu'un morceau d(, V
qu'an, couronnement de son successeur. — toile qu'on aura jeté dedans soit consumé-, '
(111
Certains Tarlaros n'abordent jamais les étran- le remue avec une spatule de fer. 11 nu i;,ut \
gers qu'ils n'aient passé entre deux feux pour pas s'exposer à faire celle composition (la,,.
se purifier ; ils ont bien soin de boire la face mie chambre, mais dans'une cour; parce nuè
tournée vers le midi, en l'honneur du feu. Les si le feu prenait, on serait très-embarrasséde
Jagoùs, peuple de Sibérie, croient qu'il existe l'éteindre'1. — Ce n'est sans 'doute pas là ic
dans le l'eu un être qui dispense le bien et le feu grégeois d'Archimècîe.
mal ; ils lui offrent des sacrifices perpétuels. Feu Saint-Elme, OU feu Saint-Germain
— On sait que, selon les cabalistes, le feu est. OU feu Saint-Anselme. — Le prince if,
;

l'élément des salamandres. Voy. ce mot. — llâdzivill, dans son Voyage de Jérusalem
Parmi les épreuves superstitieuses qu'on ap- parle d'un feu qui parut plusieurs fois au luuit
pelait jugements de Dieu, l'épreuve du feu ne du grand mât du vaisseau sur lequel il était
doit pas être oubliée. Lorsqu'il fallut décider monté; il le nommait feu Saint-Germain,
en Espagne si l'on y conserverait la liturgie d'autres feu Saint-Elme, et feu Saint-An-
mozarabique ou si l'on suivrait le rit romain, selme. Les païens attribuaient ce prodige à
on résolut d'abord de terminer le différend Castor et Pollux, parce que quelquefois il pa-
par un combat où les deux liturgies seraient rait double. Les physiciens disent que ce n'est
représentées par deux champions ; mais en- qu'une exhalaison enflammée, Mais les an-
suite on jugea qu'il était plus convenable de ciens croyaient y voir quelque chose de sur-
jeter au feu les deux liturgies et de retenir naturel et de divin 2.
celle que le feu ne consumerait pas; ce pro-
dige futopéré, dit-on, en faveur de la liturgie Feux follets. — On appelle feux follets,
mozarabique '. Voy. FER CHAUD. ou esprits follets, ces exhalaisons enflammées
que la terre, échauffée par les ardeurs de
Feu de la Saint-Jean. — Eli '1634, à l'été, laisse échapper de son sein, principale-
Quimper, en Bretagne, les habitants mettaient ment dans les longues nuits de l'Avent; cl,
encore des sièges auprès des feux de joie de comme ces flammes roulent naturellement vers
la Sainf-.lean pour que leurs parents morts les lieux bas et les marécages, les paysans,
,
pussent en jouir à leur aise. — On réserve, en qui les prennent pour de malins esprits, s'i-
Bretagne, un tison du feu de la Saint-Jean maginent qu'ils conduisent au précipice le
.
pour se préserver du tonnerre. Les filles, pour voyageur égaré que leur éclat éblouit, et qui
être sûres de se marier dans l'année, sont prend pour guide leur trompeuse lumière.
obligées de danser autour de neuf feux de Olaiis Magnus dit que les Voyageurs et les
joie dans cette même nuit : ce qui n'est pas bergers de son temps rencontraient des esprits
difficile, car ces feux sont tellementmultipliés follets qui brûlaient tellement l'endroit où ils
dans la campagne qu'elle paraît illuminée. passaient, qu'on n'y voyait plus croître ni
,
On conserve ailleurs la même opinion qu'il herbes ni verdure 3. —- Un jeune homme re-
faut garder dès tisons du feu de la Saint-Jean venantdo Milan pendant une nuit Toit noire,
comme d'excellents préservatifs qui, de plus, fut surpris en chemin par un orage; bienlolil
portent bonheur. —A Paris, autrefois, on crut apercevoir dans le lointain une lumière
jetait deux douzaines de petits chats ( em- et entendre plusieurs voix à sa gauche; peu
blèmes du diable sans doute ) dans le feu de après il distingua un char onllamme qui ac-
la Saint-Jean, parce qu'on était persuadé que courait à lui, conduit, par des bouviers dont
les sorciers faisaient leur grand sabbat cette les Cris répétés laissaient entendre ces mots:
nuit-là. On disait aussi que la nuit, delà Saint- Prends garde à loi ! Le jeune homme épou-
Jean était la plus propre aux maléfices, et vanté pressa son cheval ; mais plus il courait,
qu'il fallait recueillir iilùrs toutes Tes herbes plus le char le serrait dé près. Enfin, 'après
dont on avait besoin pour les sortilèges. une heure de course, il arriva, èn.se recom-
Feu grégeois. — Du terrible feu grégeois mandant à Dieu de toutes ses forces', à 1».
et de la manière de le composer. Ce "feu est si porte d'Une église 'où Tout s'engloutit. Celle
violent qu'il brûle tout ce qu'il .louche, sans vision, ajoute Cardan, était le présage d'une
;

pouvoir être éteint, si ce n'est avec de l'urine, grande pesle qui rie larda pas à se faire sentir,
do fort vinaigre ou du sable. On le compose: accompagnée de plusieurs autres fléaux ''•
avec, du soufre vif, du tartre, de la sarcocole.' ' Admirables secrets du l'etit Albert, p. S'S.
de la picole, du sel commun recuit, du pen- 2 Dom Calmct, Dissertât, sur les apparitions,
8S-
1>.

tréole et de l'huile commune ; on fait, biei: 1 ;


Dom Calmet,DisscrtatiorisurlosapparitioiiK, I"1,
''• 1>.

Cardan était entant lorsqu'onlui raconta cette


*
)i's"

' licrgicr, Dicl. lliéolog. toire, 'de sorte qu'il peutaisémentl'avoir dénaturée-1,
FIA — 219) — vw,
jYves. —
Pylhagoro défendait à ses élèves de i
vrais sorciers. 11 met. dans la même liste
,1e manger
des fèves, légume pour lequel il Robertson, Olivier et tous les escamoteurs. 11
i.jjumo vénération particulière, parceqn'elles prétend que Voltaire était un démon et qui
,
cctvaient n ses opérations magiques et qu'il sait?
Vivait bien qu'elles étaient animées. On dit Ficino (MARSILE), — philosophe florentin,
mi'il les faisait bouillir ; qu'il les exposait en- né en 1433. Un jour qu'il disputait avec Mi-
suite quelques nuits à la lune , jusqu'à ce chel Mercali, son disciple sûr l'immortalité
,
mi'elles vinssent à se convertir en saiig, dont de l'âme, comme ils ne s'entendaient pas, ils
il se
servait pour écrire sur un miroir convexe convinrent que le premier qui partirait du
ce que
bon lui semblait. Alors, opposant ces monde en viendrait donner des nouvelles à
lettres à la face de la lune quand elle était l'autre ; peu après ils se séparèrent. Un soir
pleine, il faisait voir à ses amis éloignés, dans que Michel, bien éveillé , s'occupait de ses
le disque de cet astre, tout ce qu'il avait
écrit éludes, il entendit le bruit d'un Cheval qui
sur son
miroir. — Pythagore avait puisé ses venait grande hâte à sa porte, et en môme
Égyptiens qui en
idées sur les fèves chez les , temps la voix de Marsile qui lui criait : —
touchaient pas à ce légume, s'imaginant
ne « Michel, rien n'est plus vrai que ce qu'on dit
qu'elles servaient de refuge à certaines âmes. de l'autre vie. » —Michel ouvrit la fenêtre, et
On conte qu'il aima mieux se laisser tuer par vit son maître Ficino monté sur un cheval
ceux qui le poursuivaient que de se sauver
à blanc, qui s'éloignait au galop. Il lui cria de
travers un champ de fèves. C'est du moins s'arrêter ; mais Marsile continua sa course
une légende borgne
très-répandue. — Quoi jusqu'à qu'on ne le vît plus. Le jeune
ce
qu'il en soit, on offrait chez les anciens des homme, stupéfait, envoya aussitôt chez Fi-
fèves noires aux divinités infernales. Il y avait cino, et apprit qu'il venait d'expirer. —Mar-
Egypte, aux bords du Nil, de petites sile Ficino publié
en
des fèves, lesquelles a sur l'astrologie , sur l'al-
pierres faites comme chimie, sur les apparitions et sur les songes,
niellaient en fuite les démons. Festus prétend divers ouvrages devenus rares.
que la fleur de la fève, a quelque chose de lu-
gubre et que le fruit ressemble exactement Fidélité. — On lit dans les Admirables se-
aux
,
portes de l'enfer.... — Dans Y Incrédulité crets d'Albert-le-Grand qu'en mettant un
et inècrèancc du sortilège pleinement, con-
diamant sur la tète d'une femme qui dort, on
vaincue, page 263, Delancre dit qu'en pro- connaît si elle est fidèle ou infidèle; parce
menant une fève noire, avec les mains nettes, que, si elle est infidèle, elle s'éveille en sur-
par une maison infestée, et la jetant ensuite
saut et de mauvaise humeur ; si, au contraire,
derrière le dos en faisant du bruit, avec un elle est. fidèle, elle a un réveil gracieux. — Le
pot de cuivre, et priant neuf fois les fantômes
Petit Albert dit qu'on peut èlre bien sur de la
de fuir, on les force de vider le lorrain. — Les fidélité d'une femme quand on lui a fait
jeunes filles de Venise pratiquaient, avec des manger la moelle de l'épine du dos d'un loup '.
.fèves noires, une divination qui n'est pas en- Fien (THOMAS), — anversois, auteur d'un
; core passée de mode. Quand on veut savoir livre curieux sur les effets prodigieux de l'i-
de plusieurs coeurs quel sera le plus fidèle, magination, De viribus im-aginalionist Lon-
on prend des fèves noires on leur donne à dres T6S7.
,
chacune le nom d'un des jeunes gens par qui
Fientes. Des vertus et propriétés de plu-
on est recherchée, on les jette ensuite sur le •—
sieurs sortes de pentes. Comme l'homme est la
carreau : la fève qui se fixe en tombant an-
plus noble créature, ses excréments ont aussi
nonce l'amant certain; celles qui s'écartent
avec bruit sont des amants volages. une propriété particulière pour guérir plu-
sieurs maladies ; Dioscoride et Gaîien en font
Piard, — auteur des Lettres philosophiques cas et assurent qu'ils enlèvent les maux de
s,tr la magie, in-8°; de-te France trompée gosier ou esquinancies. Voici la manière de
pur les magiciens ci démonolâlres du dix- les préparer : on donnera à manger à un
huitième siècle, ih-8° de Ta Superstition et jeune homme de bon tempérament des lupins
: ;
«cmonolàtrie des philosophes, in-42, ouvrages pendant trois jours et du pain bien cuit, où
Publiés il
y a quarante ans. Rien de plus cré- il y aura du levain et du sel ; on lui fera boire
™le que
,
ce bon abbé , qui voit dans Caglio- du.vin clairet, et on gardera les excréments
s,1'°, Mesmer, Saint-Germain,
ces Charlatans, qu'il rendra après trois jours de ce régime.
On les mêlera avec autant de miel, et on les
ll,01n™c 1ui eut la vision n'avait

util que vingt ans ; il
lii'ii-ft^1'' '' ava^,J éprouvé une grande Trayeur. Quant à fera boire et avaler comme do l'opiaf, ou bien
- r'^'v^.lui suivit, elle était occasionnée,aussi bien que
ul,uson, par une année de. chaleurs extraordinaires. 1 -T.e Knlùlp l.résfir Hit Pelît Albert n. 24.
FIE — 2"20 — FIÉ
on les appliquera comme un cataplasme: le clcs durs et de clous, si on la détrempe avef
remède est infaillible, nous ne dirons pas s'il du vinaigre et qu'on l'applique sur la douleur
est agréable De la fiente de chien. Si.on
— De la fienie des pigeons ramiers et des pu
enferme un chien et qu'on ne lui donne peu- yeoyis domestiques. Pour les douleurs de \\
dant trois jours que des os à ronger, on ra- ischion la fiente des pigeons ramiers ou do-
,.
massera sa fiente, qui, séchée et réduite en mestiques est admirable, étant mêlée avec de
poudre, est un admirable remède pour la la graine de cresson d'eau ; et lorsqu'on
dyssenlerie. On prendra des cailloux de ri- faire mûrir une tumeur ou une fluxion,veut
on
vière qu'on fera chauffer, ensuite on les jettera peut user d'un cataplasme dans lequel enir<.
clans un vaisseau plein d'urine dans lequel une once de cette fienie deux drachmes jt,
onmettra un peu de cette fiente, de chien ré- graine de moutarde et de, cresson, une once.
duile en poudre ; on en donnera à boire au d'huile distillée de vieilles tuiles. 11 est sur
malade deux fois la journée, pendant trois que plusieurs personnes ont été guéries
par
jours, sans qu'il sache ce qu'on lui donne. —• cette fienie, mêlée avec de l'huile de noyaux
Cette fiente est aussi un des meilleurs dessic- de pêches. Galien dit que la fiente d'oie est

catits pour les vieux ulcères malins et invé- inutile à cause de son âcreté; mais on est
térés.....—De la fienie de loup. Comme on certain, qu'elle guérit aussi de la jaunisse
sait que cet animal dévore souvent les os a\ec lorsqu'on la détrempe dans du vin blanc et
la chair de sa proie , on prendra les os que qu'on en boit pendant neuf jours. Diosco-
l'on trouvera parmi sa fiente, parce que,.piles ride dit que la fiente de poule ne—peut être
bien menu, bus dans du vin, c'est un spéci- efficace que pour guérir de la brûlure, lors-
tique contre la colique.... —De la fienie de qu'elle est mêlée avec de l'huile rosaf ; mais
boeuf et de vache. La fiente de boeuf ou de Galien et Eginetle assurent que, mêlée avec
vache, récente et nouvelle, enveloppée dans de l'oximel, cette fiente apaise la suffocation
des feuilles de vigne ou de chou, et chauffée et soulage ceux qui ont mangé des champi-
dans les cendres, guérit les inflammations eau- gnons ; car elle fait vomir tout ce qui emhar-

sées par les plaies. La môme fiente apaise la rasse le coeur. Un médecin du temps de Galion
sciatique. Si on la mêle avec du vinaigre, elle guérissait la colique avec celte fiente mêlée
a la propriété de faire suppurer les glandes d'hypocras Tait de miel et de vin..— La fient?.
scrofuleuses et écrouelles. Galien dit qu'un de souris, mêlée avec du miel, fait revenir le
médecin de Mysieguérissait toutes sortes d'hy- poil lorsqu'il est tombe, pourvu qu'on en.fiolte
dropisies en mettant sur l'enflure de la fiente l'endroit avec cette mixtion....
— Pour con-
chaude de vache. Cette fienie aussi appli- server la beauté, voici un secret très-impor-
quée sur la piqûre des mouches, à miel, ire- tant au beau sexe : c'est une manière défaire
Ions et autres, en enlève aussitôt la douleur. le fard. On prendra de la fienie de petils lé-
— Fiente de porc. Cette fienie guérit, les cra- zards, du tartre de vin blanc, de la raclure
chemenls de sang. On la fricasse avec autant de corne de cerf, du corail blanc et de la fa-
de crachats de sang du malade, y ajoutant du rine de riz, autant de l'un que de l'autre; on,
beurre frais, et on la lui donne à avaler.... broiera le tout dans un mortier, bien menu,
— Fiente de chèvre. La fiente de. chèvre a la on le fera tremper ensuite dans de l'èau dis-
vertu de faire suppurer toutes sortes de tu- tillée d'une semblable quantité d'amandes,
meurs. Galien guérissait fort souvent ces tu- de limaces de vigne ou de jardin, et de fleurs
meurs et les duretés des genoux, mêlant cette do bouillon-blanc, après cela, on y mêlera
fiente avec de la farine d'orge et de l'oxicrat, autant de miel blanc, et l'on broiera encore
et l'appliquant en forme de cataplasme sur la le tout ensemble. Cette composition doit être
durelô ; elle est admirable pour les oreillons conservée dans un vase d'argent ou de verre,
mêlée avec du beurre frais et de la lie d'huile, et l'on s'en servira pour se frotter le visage et
de noix. Ce secret semblera ridicule ; mais il les mains '. — Voilà une singulière pliarma-
est véritable; car on a guéri plus de vingt copée.
personnes de la jaunisse , leur faisant boire
.
Fièvre. — Quelques personnes croient en-
tons les malins , pendant huit jours , à jeun , core se guérir de la fièvre en buvant de l'eau
cinq petites crottes de chèvre "dans du vin bénite la veille de Pâques ou la veille de 1»
blanc.... — De la fiente de brebis. Il ne faut Pentecôte. En Flandre, on croyait autrefois
jamais prendre celle fiente parla bouche, que ceux qui sont nés un vendredi ont reçu
comme celle des autres animaux ; mais l'ap- de Dieu le pouvoir de guérir la fièvre -.
pliquer extérieurement sur le mal ; elle a les
mêmes propriétés que la fiente de chèvre. [ Sec-ets d'Aibert-ie-Grand, p. 167.
** i i M * Doiancrc, Incrédulité et mecreanec du sortiitV
Elle guérit toutes sortes
-
de verrues, cle furon- pleinement convaincue, p. î&r,
.
Fi G — 22!I — FIN
figures du diable. — Le diable change français se trouvant, au dix-seplièmc siècle,
couvent de formes , selon le témoignage
lie dans le royaume d'Ardra, en Afrique, alla
miantilé de sorcières. Marie d'Aguère con- faire une visite au chef des prêtres du pays.
|c6Sn
qu'il sortait, en forme de bouc, d'une II aperçut, dans la chambre du pontife, une
cruche placée au milieu du sabbat. Françoise grande poupée blanche, el demanda ce qu'elle
Secrétain déclara qu'il avait la forme d'un représentait. On lui répondit, que c'était le
crrand cadavre. D'autres sorcières ont dit qu'il diable. « Vous vous trompez, dit bonnement
5C
faisait voir sons les traits d'un tronc d'arbre, le Français, le diable est noir. •— C'est vous
sans bras et sans pieds, assis dans une chaire, qui êtes dans l'erreur, répliqua le vieux prêtre ;
avant cependant quelque forme de visage hu- vous ne pouvez pas savoir aussi bien que moi
main. Mais plus généralement c'est un bouc quelle est la couleur du diable : je le vois tous
ayant deux cornes par devant et deux par les jours, et je vous assure qu'il est blanc
derrière. Lorsqu'il n'a que trois cornes , on comme vous*. » Voy. SABBAT, DÉMONS, etc.
voit une espèce de lumière dans celle du mi- Fils de la vierge. — Les bonnes gens
lieu laquelle sert à allumer les bougies du croient
, que ces flocons blancs cotonneux, qui
sabbat; il a aussi une espèce de bonnet ou nagent dans l'atmosphère et descendent du
chapeau au-dessus des cornes. — On a pré- ciel. sont des présents la Sainte-Vierge
diable que
tendu que le se présente souvent sous nous fait, et que c'est de sa quenouille cé-
l'accoutrement d'un homme qui ne veut pas leste qu'elle les détache. Le physicien La-
se laisser voir clairement, et qu'il a le visage marck prétend que ce ne sont pas des toiles
rouge comme du feu '. D'autres disent qu'il a d'araignées ni d'aulres insectes fileurs, mais
deux visages à la tête, connue Janus. — De- des filaments atmosphériques qui
luncre rapporte que dans les procédures de la
se remar-
quent dans les jours qui n'ont pas offert de
Tournelle on l'a représenté en grand lévrier brouillard. Selon le résultat
des observations
noir, et parfois comme un boeuf d'airain cou- de ce savant, les fils de la Vierge ne sont
ché à terre. Il prend encore la forme d'un
qu'un résidu des brouillards dissipés, et en
dragon. Quelquefois c'est un gueux qui porte quelque sorte réduits et condensés par l'ac-
les livrées de la misère, dit Leloyer. D'autres
tion des rayons solaires, « de sorte qu'il ne
fois il abuse de la ligure des prophètes ; et
du lemps de Théodose il prit celle de Moïse
nous faudrait qu'une certaine suite de beaux
soleils el de brouillards secs pour approvi-
pour noyer les juifs de Candie, qui comptaient sionner nos manufactures el nous fournir un
selon ses promesses traverser la mer à pied
colon tout filé beaucoup plus beau que celui
sec -. — Le commentateur de Thomas Val- tirons du Levant 2. »
,
singliain rapporte que le diable sortit du corps que nous
d'un diacre schismalique sous la -figure d'un Fin du monde. — Hérodote a prédit que
âne, et qu'un ivrogne du comté de Warwick le monde durerait '10,800 ans; Dion, qu'il'du-
lut long-temps poursuivi par un espril malin rerait 13,98-i; Orphée, 120,000 ; Cassander,
déguisé en grenouille. Leloyer cite quelque I ,800,000. Il serait peut-être mieux de croire
part un démon qui se montra à Laon sous la à, ces gens-là, dont les prédictions ne sont
ligure d'une mouche ordinaire. Ces figures pas encore démenties, qu'à une foule de pro-

diverses, que prennent les dénions pour se phètes, maintenant réputés sots dans les an-
faire voir aux hommes, sont multipliées à nales astrologiques. Tel fut Aristarque, qui
l'infini. Quand ils apparaissent
avec un corps prédisait la débâcle générale du genre humain
(l'homme, on les reconnaît à leurs pieds de en l'an du monde 3484; Darélès, en l'an 5352;
houe ou de canard, à leurs griffes el à leurs Arnauld de Villeneuve, en Tan de Notre-Sei-
(•ornes, qu'ils peuvent bien cacher en partie gneur -1395; .lea'n Hilten , allemand , en 16151.
mais qu'ils ne déposent jamais entièrement., L'Anglais Vv'islons, explicaleur de l'Apoca-
ce signale- lypse, qu'il voulait éclaircir par la géométrie
Ctesarius d'Heisterbach ajoute à
ment, qu'eu prenant la forme humaine le el l'algèbre, avait conclu, après bien des
diable n'a ni dos, ni derrière, de sorte qu'il supputations, que le jugement dernier aurait
se garde de montrer ses talons. (Miracul., lieu en 1715, ou au plus tard en 1716. On
.. 'm. 3. )
., '^renient — Les Européens représentent ordi- nous a donné depuis bien d'autres frayeurs.
1 le diable avec un teint noir et Le 18 juillet 181G devait être le dernier jour.
brûlé; les nègres soutiennent
au contraire M. de Krudener l'avait remis à 1819, M. de
,: 1ue le diable a la peau blanche. Un.officier Libenstein à 1823, M. do Sallmard-Montfort
Tableau de l'inconstancedes démons, ' te. Anecdotes africaines de la côte des Esclaves, p. 37.
:
"' ,,ailcrc)
li-"il). 70.
1

'184.
M. Saignes. Des Erreurs et des préjugés, t. 111,
* SoCTa(Ci Hist_ ccclij ]iv. VIT) c)iani 23, p.
FI'O — 22Î2 — FLA.
à 1830, el d'autres prophètes, sans plus de Fiorina, — Voy. Fl.OHINE.
succès, au 0 janvier 1840. — Attendons : Flaga, — fée malfaisante des Scandinaves '
mais, si nous sommes sages, tenons-nous quelques-uns disent ce n'était qu'une ma-
prêts. —Non loin d'Avignonet, village qui est gicienne qui avail que f
un aigle pour monture
auprès de Villefranche en Languedoc est
un petit monticule situé au milieu d'une,
des Flambeaux. — Trois flambeaux alluma
plus fertiles plaines de l'Europe; au haut.de dans la môme chambre, sont un présage (le
ce monticule sont placées les pierres de Nau- mort. Ayez donc soin d'en avoir deux ou
rause, c'est-à-dire deux énormes blocs de quatre.
granit qui doivent avoir été transportés là du Fiamel (NICOLAS) , —. célèbre alchimiste du
temps des druides. Or, il faut que vous sa-^- quatorzième siècle. On ne connaît ni la date
chiez (tous les gens du pays vous.le diront) ni le lieu de sa naissance; car il n'est pus
que quand ces deux pierres viendront à se certain qu'il soit né à Paris ou à Ponloise. Il
baiser, ce sera le signal de la fin du monde. fut écrivain public au charnier des Innocents,
Les vieilles gens disent que, depuis un siè- libraire juré, poêle, peintre, mathématicien
cle elles se sont tellement rapprochées qu'un architecte; enfin; de pauvre qu'il était., il
,
gros homme a tout au plus le passage libre, dovinl riche , par le bonheur qu'il eut dc
tandis qu'il y a cent ans un homme à che- trouver la pierre philosophale. Une nuit, dit-
val y passait, sans difficulté. Voy. BEI\NAIU> on , pendant son sommeil un ange lui appa-
,
DIS TllUIllKGlï, FliLGF.NlIAVKK, liCl.SPSES
,
ClC rut, tenant un livre assez remarquable, cou-
Pinnes. — On lit dans Albert Kranlz i, que vert do cuivre bien ouvragé, les feuilles
les Finiies ou Finlandais sont sorciers, qu'ils d'écorce déliée, gravées d'une iris-grande in-
ont le pouvoir de connaître l'avenir cl les dustrie, et. écrites avec une pointe de fer. Une
choses cachées; qu'ils tombent en extase, et inscription en grosses lettres dorées contenait
qu'à leur réveil ils racontent ce qu'ils ont vu, une dédicace faite à la gent des Juifs, par
et apportent, en témoignage de la vérité, Abraham le Juif, prince , prêtre, astrologue
une bague, un bijou , que leur âme a pris en et philosophe. — « Fiamel, dit l'ange, vois
voyageant dans les pays éloignés. — Delan- ce livre auquel lu ne comprends rien : pour
cre dit que ces sorciers du Nord vendent les bien d'autres que toi, il resterait inintelligi-
vents dans des outres aux navigateurs, les- ble; mais lu y verras un jour ce que tout
quels se dirigent alors comme ils veulent. autre n'y pourrait voir. » A ces mots, Fiamel
Mais un jour, un maladroit, qui ne savait ce tend les mains pour saisir ce présent-précieux;
que contenaient ces outres, les ayant crevées, mais l'ange et le livre disparaissent, el, il voit
il en sortit une si furieuse tempête que le des Ilots d'or rouler sur leur trace.— Nicolas
vaisseau y périt. — Olau's Magnus dit que se réveilla ; mais le songe tarda si long-temps
certains de ces magiciens vendaient aux na- à s'accomplir, que son imagination s'élail
vigateurs trois noeuds magiques serrés avec beaucoup refroidie, lorsqu'un jour, dans un
uiie courroie. En dénouant le premier de ces livre qu'il venait d'acheter en bouquinant, il
noeuds on avait des vents doux et favorables; reconnut l'inscription du même livre qu'il
le second en élevait de plus véhéments ; le avail vu en songe, la même couverture, la
troisième excitait les plus furieux ouragans. même dédicace, cl le même nom d'auteur.
Ce livre avait pour objet la transmutation
Pinskgalden, — espèce de magie en usage, métallique, el les feuillets, étaient nombre
chez les Islandais; elle a été apportée en Is- de 21, qui font le mystérieux nombre de trois au.
lande par un magicien du pays, qui avait fois
sept. Nicolas se mit à étudier; mais, ne
fait à ce dessein un voyage en Laponie; elle pouvant comprendre les ligures, il lit
ul1
consiste à maîtriser un esprit, qui suit le sor- disent les conteurs hermétiques,, pour
cier sous la forme d'un ver ou d'une mou- voeu, posséder l'interprétation d'icelles, qu'il n'ob-
che, et, lui fa.i^faire merveilles. tint pourtant que d'un rabbin.; Le pèlerinage
Pioravanti (LÉONARD), -r- médecin , chirur- à Saint-Jacques eut lieu aussitôt, et Fiamel
gien et alchimiste du seizième siècle. On. en revint, tout à fait illuminé. Voici, selon les
,
remarque parmi ses ouvrages, qui sont nom- mêmes conteurs.,, la prière qu'il; avait fait"
breux le /résume des secrets qui regardent, la pour obtenir la lumière tout-puis-
, : — « Dieu
médecine, la chirurgie et l'alchimie*, Veni- sant éternel, père de-la lumière-, de qui
,
se, :1571, in-S°, 4G66; Turin, 15S0. viennent:tous les biens et tous les dons par-
faits,, j'implore votre miséricorde infinie; lais-
1 Leloyer, Hist. des spectres et apparitions des es-
prits, liv. lv, p. 450. sez-moi connaître votre éternelle sagesse,
2 Compendio dei secreti, etc. elle qui environne voire trône, qui a créé cl
»,-, qui
FLA -
conduit et conserve tout. Daignez le
223 —
1
FLA
titre de Transformation métallique, trois
' l'envoyer du ciel, votre sanctuaire el du traités
t en rhylbme français : la Fontaine des
c ,
lônc de votre
gloire, afin qu'elle soit et amoureux <
des sciences; les Remontrances de
nl]'elle travaille en mo,i; car c'est elle qui est nature
? à l'alchimiste errant, avec la réponse,
maîtresse de tous.les a;rts célestes el occul- par ] Jean de Meung, el le Sommaire philoso-
I
ÎK qui possède la science et l'intelligence phique
j .-attribué à Nicolas "Fiamel.-Oh met
de toutes choses ;
faites qu'elle m'accompagne. aussi ; sur son compte le Désir désiré, ou Tré-
de philosophie, autrement le Livre des six
dans toutes mes oeuvres ; que par son esprit :sor

j'aie la véritable intelligence; que je procède paroles,


;
qui se trouve avec le Traité du sou-
infailliblement dans, l'art noble auquel je me fre, du cosmopolite, et l'oeuvre rovale de
suis consacré, dans la recherche de la mira- Charles VI, Paris, 1618, 1629, ih-8». On le
culeuse pierre des sages que vous avez cachée fait encore auteur du grand Eclaircissement
monde, mais que vous avez coutume au de la pierre philosophale pour la transmuta-
nu
moins de découvrir à vos élus ; que ce grand tion de tous métaux, in-8°, Paris, 1628.
oeuvre que j'ai à faire
ici-bas, je le com- L'éditeur promettait la Joie parfaite de moi,
mence, je le poursuive et je l'achève heureu- Nicolas Fiamel, cl de Pernelle, ma femme,
sement; que, content, j'en jouisse à toujours. lequel n'a point paru; on a donné enfin lu
Je vous le demande par Jésus-Christ, la pierre Musique chimique., opuscule, très-rare, et
céleste, angulaire, miraculeuse, et fondée de d'autres fatras qu'on ne recherche plus. —
toute éternité , qui commande et règne avec Au résumé, Fiamel était un homme laborieux,
vous ', » etc. — Cette prière eut tout son qui fit quelque fortune en travaillant avec les
effet, puisque Fiamel convertit d'abord du juifs; et, comme il en fit mystère, on l'attribua à
mercure en argent, et bientôt du cuivre en des moyens merveilleux. — L'abbé de Villars
or. — 11 ne se vit pas
plutôt eu possession fil de Fiamel, dans le Comte de Cabalis, un
de la pierre philosophale, qu'il voulut que chirurgien qui commerçait avec les esprits
des monuments publics attestassent sa piété. élémentaires. On a débité sur lui mille contes
et sa prospérité. 11 n'oublia pas aussi de faire singuliers ; el, de nos jours un chercheur de
mettre partout ses slafues el son image, scu.lp- dupes, ou peut-être un plaisant, répandit, en
lées, accompagnées d'un écusson où une main mai 1818 dans les cafés de Paris, une espèce
,
tenait une écriloire en forme d'armoirie. Il fit d'avertissement où il déclarait qu'il était le
graver aussi le portrait de sa femme, Pernelle, fameux Nicolas Fiamel, qui recherchait la
qui l'accompagna dans ses travaux alchimi- pierre philosophale au coin de la rue Mari-
ques. •— Fiamel fut enterré dans l'église de. vaux, à Paris, il y a plus de quatre cents
Samt-Jacques-la-Boucherie, à Paris. Après ans; qu'il avait voyagé dans tous les pays du
sa mort, plusieurs personnes se,sont imagi- monde, et qu'il prolongeait sa carrière depuis
né que toutes ces peintures et sculptures quatre siècles par le moyen ùo.Yélixir de vie,
'.. allégoriques étaient autant de symboles caba- qu'il avait le bonheur de posséder. Quatre
j. lisliques qui renfermaient un sens qu'on pou- siècles de recherches l'avaient rendu, disait-
v:
vait mettre à profit. Sa maison vieille rué de
,
il, très-savant, el le plus savant des alchi-
Marivaux, n» 1(5, passa dans leur imagina- mistes. Il faisait de l'or à volonté. Les curieux
:
bon pour un lieu où l'on devait trouver des pouvaient se présenter chez lui, rue de Cléry,
:
trésors enfouis.; un ami du défunt s'engagea, n° 22-, et y prendre une inscriplinn qui coû-
'. dans cet espoir, à. la restaurer gratis il brisa tait trois cent mille francs, moyennant quoi
;
;
tout et ne. trouva rien. -—D'autres ont pré- ils seraient initiés aux secrets du maître et
tendu que Fiamel n'était pas mort, el qu'il ,
se feraient sans peine un un million huit cent
'.. avait encore, mille ans à vivre; il pourrait mille francs de rente....
même vivre plus, en vertu du baume univer- Plaque (LOUIS-EUGÈNE) sorcier jugé à
sel qu'il avait découvert. Quoi qu'il en", soit, , —
?
Amiens en 1825. On l'accusa d'escroqueries
le voyageur Paul
,
Lucas, affirme., dans, une de à l'aide d'opérations magiques et cabalisti-
,:
SK relations., avoir parlé à un, derviche:, ou ques, de complicité avec Boury, teinturier,
moine turc, qui.avait rencontré Nicolas Fia-
, logé rue des Hautes-Cornes, à Amiens, et
mel et sa femme s'embarquant
pour les In- encore avec François Russe, laboureur do
:•-. (les. — On ne s'est pas contenté de, faire de Conti. — Au mois de mars 1825, la cour
l'iamel
un adepte on. en a fait aussi un au^ royale d'Amiens confirma un jugement par
,
(eur. En 1561, cent quarante-trois ans après; lequel il appert que les trois individus s'us-
s» mon, Jacques Gohorry publia, in-18
x
,
sous> nommés ont, par des manoeuvres frauduleu-
^roliciis sppMcns aquarium sapiont. Bibt. ses , persuadé à des particuliers l'existence
'; sou
l"lm-'teMimget1t'.'TI,p.557.
cliim d'un pouvoir mystérieux surnaturel ; sur quoi,
FLA — 22Z|I
et pour en user, l'un desdils particuliers re- cinq (
- FLA
miuutes, avec Boury et Flaque, avam *
mit à Boury la somme de cent quatre-vingt- de ( bailler les 400,000 francs : l'un des sor- '"
douze francs; el Boury présenta le consultant ciers i perdit un de ses souliers dans la course ^
à un individu déguisé en démon dans le Aussitôt Pâque aperçut une table el des chnn- '
bois de. Naours. Le démon promit au parti- délies dessus; il poussa un cri : « Tais-loi ''..
culier huit cent mille francs, qui n'arrivèrent lui dit Flaque ton affaire est manquée. »_I ï
jamais. Boury, Flaque et Russe n'en gardèrent Pâque s'enfuit, à travers le bois et revint de-
pas moins les cent quatre-vingt-douze francs; vant le diable, qui lui dit : « Scélérat, lu as
•:

mais le bailleur les poursuivit. Boury fut con- traversé le bois au lieu d'en faire le tour
damné à quinze mois de prison, Flaque et Retire-toi sans te retourner, ou je te tords le ;
Russe à une année, à l'amende de cinquante cou. » — Une autre opération eut encore lieu *'
francs, et au remboursement des frais, etc. dans le même bois; et quand le pauvre Pâque ï
— Voici ce qu'on apprit dans les débats. demanda l'argent, le diable lui dit ; « Adresse- -
Boury exerçait l'état de chirurgien dans la toi au bureau.» — C'était un buisson.... Coin-
commune de Mirvaux; et d'abord, n'étant me il n'y avait rien , le démon promit que la \
<

pas toujours heureux dans ses cures, il per- somme se trouverait le lendemain dans la
suadait à ses malades que l'on avait jeté un cave de Flaque; Pâque s'y rendit le lende-
sort, sur eux , el leur conseillait de chercher main avec sa femme et celle du bonhomme
un devin plus savant que lui ; cependant il qui avait donné les cent quatre-vingt-douze
se faisait payer et se retirait. Ces escroqueries francs pour la première affaire. Mais Boury
n'étaient que le prélude de facéties plus gra- les mit à la porte en annonçant qu'il allait se
ves. En 182-0 le charron Louis Pâque, ayant plaindre au procureur du roi. Pâque recon-
besoin d'argent, se rendit à Amiens, et en nut qu'il était trompé, et se retira avec son
emprunta à un menuisier. Boury dit qu'il pro- argent perdu.... — Nous sommes cependant
curerait de l'argent à meilleur compte, moyen- dans le dix-neuvième siècle, et nous avons
nant quelques avances. Le charron alla le les lumières du dix-huitième!
trouver, et Boury lui déclara que le meilleur Flauros, — grand-général aux enfers. Il
moyen était de se vendre au diable. Il lui de- se fait voir sous la figure d'un terrible léo-
manda deux cents francs pour assembler le pard ; et lorsqu'il prend la forme humaine,
conseil infernal ; Louis Pâque les donna. il porte un visage affreux, avec des yeux en-
Boury s'arrangea de façon à toucher ainsi flammés; il connaît le passé, le présent, el
sept à huit mille francs. •— Enfin il fut con- l'avenir, soulève tous les démons ou esprits
venu qu'en donnant encore quatre louis Pâ- contre ses ennemis les exorcistes, et com-
que obtiendrait cent mille francs ; malheureu- mande vingt légions J.
sement il n'en put donner que deux. Il partit Plavia-Vénéria-Bessa, —- femme qui fil
néanmoins avec Boury, Flaque et un sieur bâtir
de Noyencou.rt, pour le bois de Saint-Gervais. une chapelle en l'honneur des anciens
de l'enfer,,.Plulon et Proserpine,
Boury lira d'une de ses poches un papier écrit monarques suite d'un avertissement qu'elle avait eu
qu'il fil tenir aux assistants, chacun par un par
songe 2.
coin : il était minuit ; Flaque fit trois conjura- en
tions. Le diable ne parut pas. Noyencourt et Plavin, — auteur d'un ouvrage intitulé
Boury dirent alors que le diable était occupé l'Etat des âmes trépassées, in-8°, Paris, 1579.
ce jour-là , et on prit un autre rendez-vous FlaxbWer. — Le professeur Hanov, bi-
au bois de Naours. Pâque mena sa fille avec bliothécaire à Dantzick, après avoir combattu ,

lui ; Boury lui avait dit qu'il fallait que son les apparitions et les erreurs des différents
premier-né assistât à l'opération. Flaque et peuples louchant les revenants et les spectres,
Boury appelèrent le diable en latin. Le diable raconte toutefois le fait suivant : — « Flav-
parut; il avait une redingote rougeâlre-bleuâ- binder, plus connu sous le nom de Johann®
tre, un chapeau galonné ; il portait un sabre. de Curiis, passa les années de sa jeunesse
Sa taille était d'environ cinq pieds six pou- dans l'intempérance et la débauche. Oh, soir,
ces. Le nom de ce démon était Robert ; et; tandis qu'il se plongeait dans l'ivresse des
celui du valet qui l'accompagnait,, Saday. — plus sales plaisirs, sa mère vit un speclreqw
Boury dit au diable : « Voici un homme que» ressemblait si fort, par la figure et la conte-
je te présente, il désire avoir quatre centt nance, à son fils, qu'elle le prit pour lui—
mille francs pour quatre louis, peux-tu less même. Ce spectre était assis près d'un bureau
lui donner? » —Le diable répondit : « il les3
T Wierus, de prïcstîg. dïem, p. 929.
aura. » — Pâque lui présenta l'argent, et le^ Leloyer, Hist, des spectres ou apparitions,t. l'i
diable lui fit faire le tour du bois en quaranle- p. "439.
FLO — 225 — FON
ouvert de livres, et paraissait, profondément Plotilde — Ce personnage est inconnu ;
ccupé à méditer et à lire tour à tour. Per- nnais ses visions ont élé conservées. On les
uadée qu'elle voyait son fils, et agréablement tirouve dans le Recueil de Duchesne 1.
urprise, elle se livrait à la joie que lui don- FJots. — Cambry parle d'un genre de di-
ail ce changement inattendu , lorsqu'elle en- yvination assez curieux, qui se pratique dans
endit, dans la rue, la voix de ce même j,les environs de Plougasnou : des sorciers ou
"laxbinder qui était dans la chambre. Elle cdevins interprètentles mouvements de la mer,
ut horriblement
effrayée ; on le serait à \les fiols mourants sur la plage, et prédisent
noins : cependant, ayant observé que celui 1l'avenir d'après cette inspection 2.
mi jouait le rôle de son fils ne parlait pas, l'un des principaux dieux
hagard taciturne, Fo ou Poè, —
îu'il avail l'air sombre, el-
des Chinois. Il naquit dans les Indes, envi-
conclut devait être spectre; (
>Ile que ce un mille ans avant noire ère. Sa mère, étant
redoublant ron
sa terreur, enceinte de lui,
il, celle conséquence songea qu'elle avalait un
:ille se bâta de faire ouvrir la porte au véri- éléphant blanc, conte qui a donné lieu aux
table Flaxbinder. Il entre, il approche; le !

Flaxbinder, pé- honneurs que les rois indiens rendent aux


spectre ne se dérange pas. éléphants de celle couleur. Il finit ses jours à
trifié à ce spectacle forme, en tremblant, la
,
de soixante-dix-neuf ans. Les bonzes assurent
résolution de s'éloigner du vice renoncer qu'il est né huit mille fois, et qu'il passé
, a
à ses désordres, d'étudier enfin , et d'imiter successivement dans le d'un grand nom-
peine a-t-il louable corps
le fantôme. A conçu ce bre d'animaux, avant de s'élever à la divi-
dessein que le spectre sourit d'une manière
nité. Aussi est-il représenté dans les pagodes
un peu farouche comme les savants,
ferme
sous la forme d'un dragon, d'un éléphant,
les livres el s'envole.... » d'un singe, etc. Ses sectateurs l'adorent com-
Flèches. —Voici une divination qui se pra- me législateur du genre humain.
tique chez les Turcs par le moyen des flèches. général aux enfers. Il se mon-
entreprendre Pocalor, —
S'ils doivent aller à la guerre,
acheter quelque marchandise, tre sous les traits d'un homme ayant des ailes
un voyage, ou de griffon. Sous celle forme il tue les bour-
ils prennent quatre flèches qu'ils dressent en geois el les jette dans les Ilots; il commande
pointe l'une contre l'autre, el les font tenir
à la mer, aux vents, el renverse les vaisseaux
par deux personnes ; puis ils mettent sur un de guerre II espère rentrer au ciel dans mille
coussin une épée nue devant eux, et lisent
certain chapitre du Koran; alors les llèches ans, mais il se trompe; il commande à trente
un légions, et obéit en rechignant à l'exorciste 3.
se battent durant quelque temps , el enfin les
unes moulent sur les autres ; si les victorieu- Follet, — voy. FEUX FOLLETS, LUTINS ,
ses ont été nommées chrétiennes (car ils en FARFADETS etc.
,
appellent deux les Turcs, et donnent aux Fong-Chwi, — Opération mystérieuse qui
deux autres le nom de leur ennemi), c'est
se pratique dans la Chine, dans la disposi-
signe que les chrétiens vaincront; si autre- tion des édifices, et surtout des tombeaux. Si
ment, c'esl une marque du contraire1...., quelqu'un bâtit par hasard dans une position
l'oi/. BÉLOMANCIlî. contraire à ses voisins, et qu'un coin de sa
Plins. — Les anciens Vandales adoraient maison soit opposé au côté de celle d'un au-
sons ce nom une grosse pierre, qui repré- tre, c'esl assez pour faire croire que tout est
sentait la Mort couverte d'un long drap, perdu. Il en résulte des haines qui durent .
tenant un bâton à la main, el une peau de aussi longtemps que l'édifice. Le remède con-
lion sur les épaules. Ces peuples croyaient siste à placer dans une chambre un dragon ou
que celte divinité pouvait les ressusciter après quelque autre monstre de terre cuite, qui
leur trépas. jette un regard terrible sur le coin de la fa-
Florent de Villiers ,—1)01/. YlLLIEHS. tale maison , et qui repousse ainsi toutes les
influences qu'on en peut appréhender. Les
Plorine, — Florhia et Florinde, noms d'un voisins qui
démon familier qui, de Pic de La prennent celte précaution contre le
au rapport
«lirandole, fréquenta long-temps un sorcier danger, ne manquent pas chaque jour de vi-
nommé Pinet.
siter plusieurs fois le monstre chargé de veil-
ler à leur défense. Ils brûlent, de l'encens de-
Ploron, démon familier de Cecco d'Às-

c°li- Il est de l'ordre des chérubins damnés.
j 1 FlotiUîie visiones, in tom. 2 Script, Hist. franc.
And. Duchesne, 1836.
4!yfkrunj Hist, des pratiques superstitieuses, t. Il, 2 Voyage dans le Finistère, t. l^*,', p. 195.
t 3 Wierus, De preestigiis doem, p. 926,
FOU — 226:i — FOU
.
|
vaht lui, où piutôl devant l'esprit qui le gou- devant d Louis XIV, un cheval chargé de
soi s
verne, et qu'ils croient sans cesse occupé de cavalier.
c Il "alla trouver mie autre fois un mlu
ce soin. réchal-ferranl,
r il lui donna un fer deehevaj !'-
Fong-Onhang, — oiseau fabuleux auquel àl forger. Celui-ci s'étanl un peu éloigné, BaN t
les Chinois attribuent à peu près les mêmes sahas £ prit l'enclume el la cacha sous su,, *
propriétés qu'au phénix. Les femmes se pa- manteau. ' Le maréchal se retourne bientùi
rent d'une figure de cet oiseau, qu'elles por- 1pour battre le fer; il esl tout, étonné de m,
>

lent en or, en argent ou en cuivre, suivant pi 1 us trouver son enclume, el bien plus sur- '
leurs richesses et leurs qualités. pris
1 encore de voir cet officier- la remelli-c
difficulté à sa place. Un, Gascon, qllL, :
Fontaines, — On prétend encore dans la sans i
Barsabas avait offensé dans une compagnie,
Bretagne que les fontaines bouillonnent quand
,lui fit un défi : Très-vo.lunliers, répondit Bar_
le prêtre chante la préface, le jour de la Sainte- '
Trinité 1. Voy. Hydromancie. — Il y avait, au
baras; touchez là. Il prit la main du Gaston, ;
château de Coucy, en Picardie, une fontaine et la lui serra si forl que Ions les doigts eu
furent, écrasés. 11 le mil ainsi hors d'état de
appelée Fontaine de la mort, parce qu'elle se
battre. — Le maréchel de Saxe était de
tarissait lorsqu'un seigneur de la maison de se
même calibre. — Dans les anciens jours, on
Coucy devait mourir.
regardait comme possédés par le diable tous ;
Pontenettes (CHAULES), — auteur d'une les gens doués d'une force extraordinaire.
Dissertation sur une fille de Grenoble, qui de-
puis quatre ans ne boit ni ne mange, '1737, in- Forêts. — Les forèls sombres sont des
4°, prodige qu'on attribuait au diable, el dont lieux où, comme dit Leloyer1, les diables se
Fontenelles explique les causes moins téné- mêlent avec les sorciers. Ces diables y l'ont
breuses. leurs orgies commodément sous la feuillée, cl
il n'y a de lieux où ils se rendent, plus volon-
Foray OU KEorax , -— VOIJ. MoitAX. tiers visibles.
Forças, Porras OU Furcas , — chevalier, Porneus, •— marquis infernal, semblable
grand président des enfers ; il apparaît sous
à marin. Il instruit l'homme dans
la forme d'un homme vigoureux, avec une lesun monstre
plus hautes allai res, l'ai t du bien à ses amis
longue barbe el des cheveux blancs; il est
du mal à ses ennemis; il a sous son pou-
inpntô sur un grand cheval el lient, un dard et
voir vingt-neuf légions de trônes et d'anges2.
aigu. Il connaît les vertus des herbes el des
pierres précieuses ; il enseigne la logique, l'es- Forras, —VOy. FoilCAS.
lélhique, la chiromancie, la pyromancie el, la Fortes Epaules. — Le peuple de Dijon croit
rhétorique; il rend l'homme invisible, ingé- à l'existence d'une espèce de lutin de ce nom.
nieux et beau parleur: il fail retrouver les qui porte des fardeaux et qui. rappelle le
choses perdues; il découvre les trésors, et a ibrte-echine.de madame d'Aulnoy. dans le
sous ses ordres vingt-neuf légions de démons-. conte du chevalier Fortuné.
Force. —Milon de Crolone n'eut pas seul Fo«dre. — L'empereur Auguste gardait
une force prodigieuse. Louis deBoufflers, sur- soigneusement une peau de veau marin pour
nommé le Fort, au quatorzièmesiècle, possédait se mettre à l'abri de la foudre.
— Tibère
une force et une agilité extraordinaires. Quand portail dans la même vue une couronne de
il avait croisé ses deux pieds, il était impossible laurier. — Quand la foudre était, partie de
de le. faire avancer ou reculer d'un pas. 11 bri- l'orient, et que n'ayant fail qu'effleurer quel-
sait sans peine un fer à cheval; et lorsqu'il qu'un elle retournait du môme côlé, c'était
,
saisissait un taureau par la queue, il l'entraî- le signe d'un bonheur parfait. — Les Grec-
nait où il voulait. 11 enlevait un cheval et modernes chassent les chiens et les chats
l'emportait sur ses épaules. On l'a vu souvent, quand il tonne, parce que leur présence est
armé de lonles pièces, sauter à Cheval sans censée attirer la foudre sur les maisons.
s'appuyer et sans mettre le pied dans l'élrier.
Sa vilesse à la course n'était pas moins re- vaises
Fougère. — « Personne n'ignore les mau-
marquable, puisqu'il dépassait le cheval d'Es- el diaboliques façons dont on se sert
pour cueillir la fougère. Le 23 juin veille de
pagne le plus léger, dans un espace de deux la saint Jean-Baptiste, après un , jeûne de
cents pas. — Un certain Barsabas qui ser- quarantejours, plusieurssorciers, conduitspar
,
vait au commencement du dix-huitième siècle Satan, recueillent pendant nuit la grain"
dans les armées françaises, emporta un jour, cette

Cambry, Voyage dans le Irmistère, t. Iî, p. 15. 1 Leloyer, Hist. des spectres ou apparitions, chap- '
1
p. 314.
?- Wierus, de Prïestig., p. 921. y Wierus, de Prêcstigiis. ;
FM — 227 — FI1A

, cette
herbe, qui n'a ni lige, ni Heur, ni se- i ité est que la franc-maçonnerie, comme so-
qui renaît de la même racine ; qui :iélô secrète créée au commencement du
ipiice, et, i
,
i,|S (,3t, ;
le malin se joue de ces misérables <
lernier siècle par un Anglais, lord Montagne,
lorriers
en leur apparaissant cette nuit-là, au" l'est autre chose que le protestantisme par-
Milieu des tempêtes, sous quelque forme l'enu à l'état d'indifférence , et une sourde
monstrueuse, pour les épouvanter davantage. îonspiration contre le catholicisme. :—Quand
ns croient s'en défendre parleurs exorcismes, a franc-maçonnerie, qui détruit à présent,
1(>S
cercles et. caractères qu'ils l'ont sur la terre jonslruisail, il n'y avail qu'un seul grand-
uilour d'eux ; ensuite ils mettent une nappe maûrcqm résidaiten Angleterre; aujourd'hui
neuve de fin lin ou de chanvre sous la l'ou-
chaque pays a le sien. — Les assemblées des
"ére, qu'ils croient voir fleurir en une heure, maçons se nomment communémentloges. Une
loge doit être au moins composée de sept
pour en recevoir la graine. Ils la plient dans
un taffetas ou
dans du parchemin vierge, el membres. Le président de la loge porte le
lu gardent soigneusement pour deviner les nom do vénérable. 11 a au-dessous de lui deux
soimes et faire paraître les esprits. Le démon, surveillants, qui font exécuter les règlements
par ses malices el menleries, leur persuade
de l'ordre. — Dans les assemblées solennel-
que celle semence n'est pas seulement propre
les, chaque frère a un tablier de peau ou de
:i deviner, et que si on mel de l'or ou de l'ar- soie blanche,, dont, les cordons sont blancs
gent dans la bourse où l'on doit garder la se- aussi et d'étoffe pareille à celle du tablier; les
mence fougère, le nombre en sera doublé le apprentis le portent tout uni, les compagnons
jour suivant.. Si l'événement n'a pas lieu , les l'entourent des couleurs de la loge, les maîtres
magiciens vous accuseront, de mauvaise foi, y l'ont broder une équerre, un compas, deux
ou ils diront que vous avez commis quelque
colonnes el les divers ornements de l'ordre.
crime tant nous nous laissons aller à ces Les maîtres portent aussi un cordon bleu, au-
,
abominables impostures de Satan'.» quel pendent une équerre el un compas. —
Foulques. — Au temps de la guerre des Dans le repas, les lumières doivent, être en
Albigeois, vivait, un méchant comte Foulques, triangle, la fable servie a trois, cinq., sept,
lequel avait. Ta coutume détestable (le jurer neuf couverts et plus, suivant le nombre des
et maugréer. Un jour qu'étant à cheval, il
convives mais toujours en nombre impair.
,
blasphémait, furieusement, il lui jeté à bas de Tous les termes qu'on y emploie sont em-
ra monture el, ne se releva point. On pense,
pruntés de l'artillerie, comme ceux qu'on em-
qu'il avait été assommé par le diable, son ploie dans les travaux sont empruntés de l'ar-
lU'aml ami. chitecture. On porte la première santé au
prince à qui on obéit, ia seconde au grand-
Fourberies, -— VOIJ. SoilClEKS , SAHISAT , maître la troisième
oie., elc. — Voy. aussi.CAOI.IOSTHO et les au- , au vénérable de la loge.
On boit ensuite aux surveillants, aux nou-
tres imposteurs.
veaux reçus el à tous les frères. — Le fils
Fourmis. — Les Thessaliens honoraient, ces d'un franc-maçon est Loufton ' il peut être
;
animaux, dont ils croyaient tirer leur origine.
Les Grecs étaient si sottement vains, qu'ils
reçu à quatorze ans. Le fils d'un profane-
(celui qui n'est pas franc-maçon) ne peut
aimaient, mieux descendre des fourmis de la l'être qu'à vingt et un ans. — Entre plu-
lorôl.d'ligino, que de reconnaître qu'ils étaient
sieurs signes mystérieux qui se voient dans
(les colonies dépeuples étrangers..—La fourmi
les loges on remarque au milieu de Yéioile
était un attribut de Cérès; elle fournissait flamboyante, , ,
un 07, première lettre de God
matière aux observations des augures.
(en anglais, DIEU). -— 11 y a dans la maçon-
Francs-Maçons.— Les francs-maçons l'ont nerie Irois principaux grades. Il faut être ap-
remontée leur origine jusqu'au temps de Sa- prenti avant d'être compagnon, et compa-
lomon el l'entourent de contes merveilleux,
, gnon avant d'être maître. Les maîtres n'en-
h est un ordre qui paraît avoir pris naissance trent en loge qu'avec le geste de l'horreur a.
,,; en Angleterre et qui avait pour but dans le el cela eu mémoire de la mort ù'Adoniram
,
P'incipe la construction des églises. Mainte- ou liiram, dont on. raconte diversement l'iiis-
nant ce goût de maçonnerie est. purement ai- loire. — Celle histoire ou ce conte n'est que
|-. '-'gotique, el il a bien changé.de destination: pour amuser les niais. On peut appeler ainsi
;." orm,,,. |c C03ur) v£gler l'esprit, rappeler le
) 0" ordre, voilà, disent les La plupart des Français disent improprement hou-
2 maçons, ce qu'on velcau.
1

entend par le compas et Yéquerre. Mais la vô-


K
?- Le.s lamentations des maîtres sur la mort deHiram,
décédé il y a bientôt trois mille ar.s, rappellent, eh,
j.l'ivucre.,.Tableau de l'inconstance des dém., etc., quelque sorte , les têtes funèbres d'Adonis chez les
t ,, païens.
15.
l'UA — 2.'.V-i — l'IU {-
ceux qui se parent des trois grades dont nous leau. i Le coup n'ayant pas été assez vio|enl £
venons de parler, et qui ne sont pas initiés pour le renverser, Adoniram s'enfuit vers h
aux grands secrets réservés aux dignitaires porte du nord, où il trouva le second qui |Uj
supérieurs. — Les uns vous diront que clans en fit autant. Cependant ce second coup ]aj
ce récit il s'agit de Uiram, roi de Tyr, qui fil laissant encore quelques forces, il tenta de ;
alliance avec Salomon el lui fui d'un grand sortir par la porte de l'orient, où le troisième,
,
secours pour la construction du temple. -— après lui avoir l'ait la même demande que les !
D'autres content que ce Uiram élail un ex- deux premiers, acheva de l'assommer. Lts
cellent, ouvrier en or, en argent et. eu cuivre ; assassins enfouirent le corps sous un tas de *
qu'il était fils d'un Tyrien, et d'une femme de pierres, el quand la nuit fut venue,ils le Irons-
la tribu de Nephtali * ; que Salomon le fit ve- portèrent sur une montagne où ils l'enter- '
nir de Tyr pour travailler aux ornements du rèrent ; et, afin de pouvoir reconnaître l'en-
temple, comme on le voit au quatrième livre droit, ils plantèrent une branche d'acacia sur
des Bois; qu'entre autres ouvrages, il con- la fosse. — Salomon, ayant, été sept, jours ;
struisit, à l'entrée du temple, deux colonnes sans voir Adoniram, ordonna à neuf maîtres '
de cuivre, qui avaient, chacune dix-huit cou- de le chercher. Ces neuf maîtres exécutèrent
dées de haut et quatre de diamètre ; qu'il fidèlement l'ordre ; après de longues el vaines
donna le nom de Jakin à l'une près de la- recherches, trois d'entre eux qui se'trouvaient
quelle on payait les apprentis, ,et le nom de fatigués s'élanl assis par hasard à l'endroit
,
Booz- à l'autre, près de laquelle on payait les où Adoniram avail été enterré, l'un des trois
compagnons , etc. Mais voici l'histoire d'yMo- arracha machinalement la branche d'acacia,
niram- ou de Uiram, suivant l'opinion la el s'aperçut que la terre, en cet endroit, avail
plus commune chez les francs-maçons. Ils été remuée depuis peu. Les trois maîtres, cu-
prétendent qu'elle a été puisée dans le Tal- rieux d'en savoir la cause, se mirent à fouil-
mud, où on lit que le vénérable Uiram. donna ler el trouvèrent le corps d'Adoniram. Alors
l'habit et le caractère de maçon à Salomon ils appelèrent les autres, et ayant tous re-
qui se fil honneur de le porter. — Adoniram,, connu leur chef, dans la pensée que quelques
que Salomon avait chargé de diriger les Ira- compagnons pouvaient bien avoir commis le
vaux de son temple, avait un si grand, nom- crime, el qu'ils avaient peut-être tiré d'Ado-
bre d'ouvriers à payer, qu'il ne pouvait les niram le mot. de maître, ils le changèrent sur
connaître tous. Pour ne pas risquer de payer le champ ', et allèrent rendre compte à Salo-
l'apprenti comme le compagnon, et le com- mon de celle aventure. Ce prince en fui tou-
pagnon comme le maître, il convint avec les ché; il ordonna à lotis les maîtres de Irans-
maîtres de mots et d'attouchements qui ser- porter le corps d'Adoniram dans le temple,
viraient à les distinguer do leurs subalternes où on l'enterra en grande pompe. Pendant lu
,
et donna pareillement aux compagnons des cérémonie, tous les maîtres portaient des ta-
signes de reconnaissance qui n'étaient point bliers et des gants de peau blanche, pour
connus des apprentis. — Trois compagnons, marquer qu'aucun d'eux n'avait souillé ses
peu satisfaits de leur paye, formèrent, le des- mains du sang de leur chef. •— Telle est l'his-
sein de demander le mol. de maître à Adoni- toire d'Adoniram. — L'ordre des franes-niii-
ram, dès qu'ils pourraient le trouver seul, ou çons a des prétentions à la gravité, quoiqu'il
de l'assassiner s'il ne voulait pas le leur dire. soit pétri et nourri de ridicules. Ce sérail peu
Ils l'attendirent un soir dans le temple, el se s'il n'avait pas en religion de pernicieuses ten-
postèrent, l'un au nord, l'autre au midi, le dances. Aussi le Saint-Siège, par quatre ac-
troisième à l'orient. Adoniram étant entré tes différents, a-t-il formellement condamné
seul par la porte de l'occident, el voulant, sor- la franc-maçonnerie. Les mystérieuses jon-
tir par celle du midi, un des trois compa- gleries de leurs loges leur ont donné la réputa-
gnons lui demanda le mot de maître, en le- tion de sorciers dans les campagnes. — Outre
vant sur lui le marteau qu'il tenait à la main. les ordres de chevalerie qu'ils ont créés pour
Adoniram lui dit qu'il n'avait pas reçu le mot leur amusement, il y a chez eux plusieurs
de maître de celte façon-là. Aussitôt le com- schismes et on citerait beaucoup de sociétés
,
pagnon lui porta sur la tète un coup de mar- secrètes de ce genre plus ou moins absurdes.
Les mopses, en Allemagne, étaient des francs-
1 Salomon tulit ITiram de Tyro. filium rmilieris vi- maçons qui avaient pour emblème un boule-
duic de tribu Nepiitali, artificcm Ecrarimn, etc. dogue. Une antre secte s'appelle l'ordre délit
lii:o., lib.
iv.
2 L'L'crituro nous apprend que celui qui conduisait
les travaux du temple de Salomon s'appelait Adoni- 1Le mot de maître était Jchovah. Celui qu'on a pris
ram. Josèphe, dans son Histoire des Juifs, le nomme depuis signifie, selon les francs-maçons, le corps est cor-
Adoram. rompu.
FRA — 22 ) — FRI
liberté eL *'s regardent Moïse comme leur pos faisant soupçonner que la tète de cet
fondateur. Les chevaliers prussiens font re- homme était dérangée, on attendit que le chi-
i

monter leur origine à la tour de Babel, d'au- rurgien fût arrivé..— Monsieur, lorsqu'il le
Noé. — On ne reçoit les femmes chez vit entrer, s'écria le tonnelier, j'implore votre
tres à
les francs-maçons que
dans les loges d'adop- secours, je suis un homme mort! — Sachons
tion, loges où l'on donne des bals el festins. d'abord, lui dit le chirurgien, de quoi il s'agit.
On change
alors les mots el les signes, pour — Ah! faut-il que je sois forcé, en vous di-
ne, pas exposer
les secrets de l'ordre. sant d'où parlent mes douleurs, de déshono-
répondit le pauvre
Frank ( CiiiiiSTiAT*), — visionnaire qui rer ma femme môme !
mourut en 1590; il changea souvent de reli- homme, mais elle le
mérite, el, dans mon
gion, ce qui le fit surnommer Girouette. Il étal, je n'ai plus rien à ménager. Apprenez
crevait, la religion japonaise meilleure que donc qu'en rentrant chez moi ce soir, après
les autres, parce qu'il avait lu que ses minis-
avoir passé deux heures au plus chez le mar-
avaient des extases. chand de vie. du coin, ma femme, qui me
Ires
croiltoujours ivre, m'ayant trop poussé à bout,
Frank (SÉBASTIEN),— autre visionnaire du je suis vu forcé, pour pouvoir me coucher
seizième siècle, sur la vie duquel de me
on a peu
données positives, quoiqu'il ail dans son temps en paix, d'être un pieu rude à son égard ; sur
quoi, après in'avoir menacé de sa vengeance,
excité l'attention du public. 11 donna en 1531
elle s'est sauvée du logis; je me suis désha-
nu traité de Y Arbre de la science
du bien cl du
billé pour gagner mon lit; mais au moment
mal, dont Adam a mangé la- mort, et dont, en- d'y monter... Dieu ! la méchante créature! une
core aujourd'hui tous les hommes la mangent. main, pour ne pas dire une barre de fer, plus
Le péché d'Adam n'est selon lui qu'une allô—
brûlante qu'un tison, est tombée sur ma fesse
uorie, eli'arbre que la personne, la volonté,
la vie d'Adam. Frank droite, et la douleur que j'en ai ressentie ,
In science mourut en jointe à la qui m'a saisi, m'a fait man-
,
•1515. On a encore de lui une traduction al- peur
lemande de Y Eloge de la folie, par Erasme ; quer le coeur au point que je ne crois pas y
vanité sciences, YJiloge
survivre !.... Mais vous en riez, je crois? eli
le Traité de la des et bien ! messieurs, voyez si tonte autre main
de. l'âne, traduit (l'Agrippa en allemand; Pu— , pût jamais appli-
celle de Lucifer même
rudoxa ou deux cent quatre-vingts discours que
miraculeux lires de l'Ecriture sainte, Ulm quer une pareille claque! — Au premier as-
,
de l'Ecriture ,
les pec.l de la plaie, de sa noirceur el des griffes
153.-!, in-8n. Témoignage sur qui semblaient y être imprimées, la plupart,
bons el. les mauvais anges 1535, in - 8", etc.
, des assistants furent saisis, et, le petit Piron
N'élait-il pas le père du précédent"?
voulut se sauver. Mais on rassura le malade
Pranzotius , -— auteur d'un ouvrage inti- sur les idées qu'il avail, conçues tant contre
tulé : De la divination des anges, iii-l0, Franc- ,
sa femme que contre la prétendue sorcière;
fort ou Venise, 1632. le chirurgien lui appliqua les remèdes conve-
Frayeur. — Piron racontait souvent, qu'il nables : on le laissa un peu dans son effroi,
avait, environ dix ans, lorsqu'un soir d'hiver, ce qui le corrigea légèrement de son ivrogne-
soupant en famille chez son père, on entendit rie. Ce remède avait été employé par la
des cris affreux qui partaient de chez un ton- femme (au moyen d'un parent qu'elle avait
nelier voisin ; on alla voir ce que c'était. Un l'ait cacher dans la maison), pour corriger l'im-
petit garçon transi de peur conduisit les cu- lempérance du tonnelier.
rieux dans la chambre d'où venaient, les cris, EVibourg.— M. Lucien Brun a publié celle
qui redoublèrent bientôt. -— Ah ! messieurs curieuse légende des deux Fribourg.—"Wil-
,
dit le tonnelier tremblant, couché en travers frid de Thanenburg, un des riches gentils-
sur son lit, daignez au plus tôt faire appeler hommes de Fribourg en lîrisgaw, fêtait ses
«a chirurgien, car je sens que je n'ai pas accordailles avec la noble héritière de Rosen-
long-temps à vivre. Le père de Piron, après berg. Les vins du Rhin des meilleurs crus,"

|<voir chargé un domestique de remplir les coulaient largement dans, des coupes souvent
'Montions du prétendu malade, s'élanl appro- vidées. — Le vieux bourgmestre Conrad de
ché de lui, et l'ayant interrogé sur la cause Blumenlhal céda doucement à une impulsion
.

do sa maladie
: — Vous voyez, mon cher voi- communicative, et ne manqua pas, après des
Sm répondit le tonnelier, l'homme le plu: révélations que l'histoire n'a pas conservées,
i
malheureux! Ah! maudite femme! on m'a- d'épancher quelque dose de mauvaise humour
v«il bien dit que tes liaisons avec la, plus dé- contre l'archevêque Adhémard, qui lui ro-
testable sorcière de la Bourgogne ne tarde gnait ses privilèges. Les convives se récrièrent,
''aient guère à être fatales.... ,
«y — Ces pro- sur ce courage inconnu, dontils firent, dii reste,
FIU — 23'0 — FliO
tous les honneursau tokay,elchacti!ide rappe- sans but arrêté el en devisant, de choses
ler au bourgmestre les prétentions de l'arche- d'autres. —Ils remontèrent ainsi le Rhin n]s^ei
vêque, suiviesd'autant de soumissionsdu digne qu'à Bâle, non sans admirer les riches pliiim>5
magistral. — Par saint Conrad, Messeigneurs ! de l'Alsace; puis, prenant un peu à droite
s'écria-1-il aiguillonné, nesaurai-je donc pas ils s'avancèrent, dans la Suisse. Satan ùV
mettre un frein à ses empiétements?—Eh! courait toujours. — 11 est tout à coup inler-
mais, nous avons tout lieu de le croire! lui dit rompu par un ébranlement subit du fardeau
un de ses voisins. —Eh bien! je veux que que son jeune compagnon avait cessé de sou-
Satan nous emporte cl, avec nous la moitié tenir. A la vue du gouffre au-dessus duquel
de notre bonne ville,, si hier déjà je ne lui ai il planait, tout entouré de rochers à pic
el
fait sentir combien son arrogance me déplaît, de noires forêts suspendues sur l'abîme
au
el demain...— En ce moment un éclat de fond duquel grondait un torrent écumanl,
si
rire moqueur, la chute de quelques vases el Satan comprit que l'autre avait été soudai-
d'un riche bahut, interrompirent le. bourg- nement effrayé de l'aspect sauvage de celle
mestre:.—Qui ose rire? s'écria-l-il exaspéré, nature inculte, et que ce mouvement d'hor-
quoiqu'un peu inquiet, du mensonge qu'il ve- reur avait causé sa chule. 11 se précipita lèlc
nait de faire ; qui veut que je lui prouve ce baissée avec lui ; Fribourg les suivait. — Lu

que j'avance? — C'est, toi qui fais tout ce malheureuse ville ne fui cependant pas gra-
bruit! dit Wilfrid à un vieux serviteur ef- vement endommagée. Elle se posa un peu
frayé.— Non, monseigneur, mais quand on rudement sur le liane du ravin et roula de ci
a parlé du diable, j'ai senti... —Le brûlé , je de là au fond de l'entonnoir. Cette ville est
parie, s'écriaAVilfrid en riant; eh bien ! donne- maintenantFribourg en Suisse, où vous voyez
nous du vin et. laisse le diable en paix, s'il (chose parfaitement explicable sans légende)
peut y rester. — Celle saillie détourna l'at- des maisons superposées el des rues courant
tention, et les convives eurent bientôt oublié sur les toits. Satan el son compagnon, voyant
la colère de Blumenlhal el, le court incident la ville prendre possession de l'endroit, trou-
qui en était résulté ; ils s'amusèrent beaucoup vèrent, original d'être les fondateurs de celte
toutefois de la figure bouleversée du vieil cité qui tombait des nues, et laissèrent les
échanson, qui affirma très-positivement qu'il convives et la colonie reconnaître leurs do-
avait, vu fuir les forêts cl failli se heurter à maines. — Et cependant vous lirez partout
la lune qui n'était pas à hauteur d'homme. qu'en l'an 1178 Berlhold V de Zajliringen
,
— Or voici ce qui ce passait..— Le bourg- érigea en ville Fribourg, dans l'OEchtlaïKl,
mestre avait, été pris au mot par Satan lui- sans que des ouvrages du reste fort esti-
même, qui faisait voyager, pour son instruc- mables, vous disent un ,mot du fondateur.—
tion, un jeune diable. «Mon (ils, lui avait-il dit, Ce que c'est que l'histoire!

quand lu sauras qu'il y a chez un jeune fou Frisson des cheveux. — On disait autrefois
un projet de fêle, invile-loi sans crainte, le dans certaines provinces que le frisson des
diable n'est jamais déplacé dans une orgie, cheveux annonçait la présence
ou le passage
an contraire. » Et ils s'en étaient allés chez d'un démon.
Wilfrid de Thanenburg. — On a su ce qui
précéda et suivit les paroles du bourgmestre. Front. — Divination par les rides du front.
Satan fit un signe à son élève, et l'un de Voy. MI'ÎTOPOSCOPIE.
droite, et l'autre de gauche, ils prirent, joyeu- EVotbon. — On lit. dans Albert Krantz que
sement la moitié de Fribourg la plus éloignée Frolhon roi de Danemark, fut lue par une
de la cathédrale el, s'enfuirent comme des sorcière ,transformée en vache. Ce roi croyait
larrons. C'était leur joie et ce brusque, mou- à la magie, el entretenait à sa cour une in-
vement qui avaient interrompu le bourg- signe sorcière qui prenait à son gré la forme
mestre. — Les deux démons ne savaient trop des animaux. Elle avait un fils aussi méchant
que faire de ce riche butin ; ils avaient en- qu'elle, avec qui elle déroba les trésors (lu
levé Fribourg en vrais voleurs qui prennent roi, et se relira ensuite. Frolhon s'étanl
par goût, par instinct, sans songer que la aperçu du iarcin el ayant appris que la
porte de l'enfer, quelque vaste qu'elle fût, et sorcière et son fils s'étaient absentés, ne
cpioique donnant passage à des consciences douta plus qu'ils n'en fussent coupables. Il
d'une largeur remarquable, ouvrait inutile- résolut d'aller dans la maison de la vieille-
ment ses deux battants devant, une demi- La sorcière, voyant entrer le roi chez elle,
ville d'une dimension presque égale et d'une cul recours aussitôt à son art, se changea en
nature beaucoup moins élastique et compres- vache et son fils eu boeuf. Le roi s'étanl bais*.'
sible. Ils suivaient donc leur route aérienne pour contempler la vache plus a son aise-
FO.M — 231. — FUS
(,n5iinl bien que c'était la sorcière, la vache niée,
1
je me lie toujours à la plus belle '. » —
rua avec impétuosité sur lui, el lui donna On dit en Champagne que la fumée du foyer,
!;,-,
(
'uli si grand coup dans les flancs qu'elle le tua quand
<
elle s'échappe, s'adresse aux plus gour-
sur-le-champ». mands.
Fruit défendu , —voy. TAIïAC, PoMMJi 1)'A- Fumée (MARTIN) ,— sieur de Génillé; il a
DAM, ADAM,
etc. publié, comme traduit d'Athénagore, un ro-
Fruitier. — Celui qui faille fromage el le man dont, il esl l'auteur, intitulé : J)u vrai el
beurre dans le Jura est le docteur du canton,
parfait amour. Tout insipide qu'est ce roman,
lin l'appelle, le fruitier ; il est, sorcier, comme
Fumée irouva le moyen de le faire rechercher
,1e juste. La richesse publique est dans ses
des adeptes par diverses allusions et, surtout
mains; il peut à volonté faire avorter les fro- par un passage curieux, où, sous le voile de
mnaes, el en accuser
les éléments. Son au- l'allégorie, il peint la confusion du grand
torité suffit pour ouvrir ou fermer en ce pays oeuvre. Ce passage, devenu célèbre chez les
les sources du Pactole ; on sent quelle consi- enfants de l'art, se trouve à la page 3io, de
dération ce pouvoir doit lui donner, et quels l'édition de '1613, moins rare que la pre-
ménagements on a pour lui ! Si vous ajoutez mière , ainsi que dans YHarmonie mystique
à cela qu'il esl nourri dans l'abondance, el de David Laigneau Paris, 1630, in-8°.
,
qu'une moitié du jour il n'a rien à faire qu'à Fumigations. — Quelques doctes pensent
songer' aux moyens d'accaparer encore plus que les bonnes odeurs chassent les démons,
de confiance ; qu'il voit tour à tour, en parti- gens qui puent et qui nepeuveni. aimer, comme
culier, les personnes de chaque maison , qui a dit une grande sainte.— Los exorcistes em-
viennent faire le beurre à la fruiterie; qu'il ploient diverses fumigations pour chasser les
passe, avec elles une matinée tout entière; démons ; les magiciens les appellent égale-
qu'il peut les faire jaser sans peine, et par ment, par des fumigations de fougère el de
elles apprendre, sans même qu'elles s'en dou- verveine ; mais ce ne sont que des cérémonies
tent, les plus intimes secrets de leurs familles accessoires.
ou de leurs voisins; si vous pesez bien toutes Funérailles , —VOy. MoitT.
ces circonstances, vous ne serez point étonné
d'apprendre qu'il est presque toujours sorcier, Furcas (le même que Forças), — voy. ce
nu moins devin ; qu'il esl consullé quand on nom.
n perdu quelque chose qu'il prédit l'avenir, Furfur, —comte aux enfers. Il se fait voir
,
qu'il jouit enfin dans le canton, d'un crédit sous la forme d'un cerf avec une queue en-
,
très-grand, cl que c'est l'homme qu'on ap- flammée ; il ne dit que des mensonges, à
préhende le plus d'offenser 2. moins qu'il ne soit enfermé dans un triangle.
Fumée.—Dans toutes les communes du 11 prend souvent, la figure d'un ange, parle
Finistère, on voit à chaque pas, ditCambry, d'une voix rauque, et entretient l'union entre
(les usages antérieurs à la religion catholique. les maris elles femmes. Il fail tomber la fou-
Oimnd un individu va cesser d'être, on con- dre, luire les éclairs et gronder le tonnerre
sulte la fumée. S'élôve-t-elle avec facilité, le dans les lieux où il en reçoit l'ordre. Il répond
mourant doit, habiter la demeure des bien- sur les choses abstraites. Vingl-six légions
heureux. Est-elle épaisse, il doit descendre sont, sous ses ordres 5.
dans les antres du désespoir, dans les ca-
Furies, —divinités infernales chez les an-
vernes de l'enfer..—C'est, une espèce de pro- ciens ministres de la vengeance des dieux
verbe en Angleterre que la fumée 's'adresse , ,
toujours à la plus belle personne. Et quoique et chargées d'exécuter les semences des juges
de l'enfer.
cet le opinion ne semble avoir aucun fonde-
ment dans la nature, elle est pourtant fort Fusely (Hiîivm), — célèbre peintre anglais,
ancienne. Viclorin et Casaubou en ont fail la qui affectionnait les sujets infernaux el qu'on
''-marque à l'occasion d'Un personnage d'A- appelait le peintre ordinaire du diable, parce
lliénée, où un parasite se dépeint ainsi : .le qu'il l'avait peint souvent. Il disait à ses
«
"Uis toujours le premier arrivé aux bonnes amis : -— Ah ! si j'avais pu peindre le diable
labiés, d'où quelques-uns se sont avisés de comme je l'ai vu ! j'aurais surpassé Michel-
|" appeler soupe. 11 n'y a point de porte que Ange, el vous seriez tous morts de peur et
je n ouvre comme un bélier ; semblable à un d'admiration.
lonetjje m'attache à tout, el,
comme la fu-
1 Tliomas Brown, Essais sur les erreurs, etc., cli. 22.
l-eloyer, Hist. cl Disc, des spectres, etc., 1-12, p. SO.
p.
l--f)uinio, Voyage dans le Jura, t. II, 3Gl>.
p. - Wierus, In Pseudomonarchia d<um.
G A13 G AL

Gaap (autrement dit Tap), —voy. TAC-. trés


i
parmi les hommes, in-12, 1819; cl <]u
Gabinius OU Gabienus. — Dans la guerre Dcmoniana , ou Anecdotes sur les apparitions -
de Sicile, entre Octave el, Sextus-Pompée. un de '
démons, de lutins el de, spectres, in-18,
des gens d'Octave, nommé Gabinius ayant 4 820.
,
été fait prisonnier, eut la tète coupée. Un Gaeth, — dieu des morts chez les Kanils- ;

loup emporta cette tôle ; on l'arracha au loup, chadales. Voy. LIJZAIIDS.


el sur le soir on entendit ladite tète qui se Gaffarel (JACQUES) , — hébra'isanl et orien-
plaignait et demandait n parler à quelqu'un. taliste, né en Provence en 1601, mort en 4681.
Ou s'assembla autour; alors la bouche de Ses principaux ouvrages sont : Mystères se-
celle tête dit aux assistants qu'elle était ve- crets de la cabale divine, défendus contre les
nue des enfers pour révéler à Pompée des paradoxes des sophistes, Paris, 1 S2b', in-4».
choses importantes. Pompée envoya aussitôt Curiosités inouïes sur la sculpture talismani-
un de ses lieutenants , à qui le mort déclara que des Persans, l'horoscope des patriarches
que Pompée serait, vainqueur. La fêle chanta cl la Lecture des Etoiles, Paris, (52!), in-S».
-1

ensuite dans un poème les malheurs qui me- Index de '19 cahiers cabalistiques dont s'etl
naçaient Rome; après quoi elle se tut, à ce servi Jean Pic de La Mirandole, Paris, 16111,
que disent Pline et Valère Maxime. — Si ce in-8°. Histoire universelle du mo?ule souter-
trait a quelque fondement, c'était une four- rain, contenant la description des plus beaux
berie inventée pour relever le courage des antres el des plus rares grottes, caves, voûtes,
troupes; mais elle n'eut point de succès : cavernes et spélonques de la terre. Le pro-
Sextus-Pompée, vaincu el sans ressource, spectus de ce dernier ouvrage fui imprimé à
s'enfuit en Asie, où il fut tué par les gens de Paris, 1666, in-folio de, S "feuillets : il est
Marc-Antoine. très-rare. Quant au livre, il ne parut pas à
GabUar. — Les Orientaux croient à une cause de la mort, de l'auteur. On dit que
ville fabuleuse appelée Gablcar, qu'ils disent c'était un monument de folie et d'érudition.
située dans le désert habité par les génies. 11 voyait des grottes jusque dans l'homme,

Gabriel (GILLES), — a écrit, au dix-septiè- dont le corps présente mille cavités; il par-
me siècle un essai do la morale chrétienne courait les cavernes de. l'enfer, du purgatoire
comparée à la morale du diable : Specimina el des limbes, elc.
moralis chrislianoe et moralis diaholicoe in Gaïlan. — Les Arabes appellent ainsi une
praxi. Bruxelles, 1075, in-'12. espèce de démon des forêts, qui lue les hom-
Gabrielle. — Dans le Vexin français, le mes cl les animaux.
bourgeois qui a quatre filles el. vent avoir un Gaillard, —Vmj. CoiUlÈRKS.
garçon, nomme la dernière Gabrielle, charme Gaius,— aveugle guéri par un prodige,
qu'il croit de nature à lui amener infaillible- du temps d'Antonin. Esculape l'avertit, dans
ment un fils. un songe, de venir devant son autel, de s'y
Sabrielle d'Elstrées, — maîtresse de Hen- prosterner, de passer ensuite de la droite a
ri IV, morte en 1 599. Elle cherchait à épouser la gauche, de poser ses cinq doigts sur l'au-
le roi, el se trouvait, logée dans la maison de tel, de lever la main el de la mettre sur ses
,
Zamel, riche financier de ce temps. Comme yeux. 11 obéit, et recouvra la vue en présence,
elle se promenait clans les jardins, elle fut du peuple, qui applaudit avec transport. C'é-
frappée d'une apoplexie foudroyante. On la tait une singerie qu'on faisait pour balancer
porta chez sa tante, madame de Sourdis. Elle les miracles réels du christianisme.
eut une mauvaise nuit ; le lendemain elle Galachide ou Garachide, — pierre noirâ-
éprouva des convulsions qui la firent devenir tre à laquelle des auteurs ont attribué plu-
toute noire ; sa bouche se contourna, el. elle sieurs ,
vertus merveilleuses, celle entre autres
expira horriblement défigurée. On parla di- de garantir celui qui la tenait des mouches
versement de sa mort; plusieurs en chargè- el autres insectes. Pour en faire épreuve, on
rent le diable. On publia qu'il l'avait étranglée. frottait un homme de miel pendant l'été, et
«Sabrielle DES?., — auteur de VHistoire on lui faisait porter celle pierre dans la main
:

des Fantômes el des Démons qui se sont mon- droite; quand cetle épreuve réussissait, O' 1
GAL — 233 — GAL
.connaissait que la pierre était véritable. On em impose dans ces récits infidèles. Galilée
.retendait aussi qu'en la portant dans sa bou- 1:le fut pas censuré comme astronome, mais
,|1C on
découvrait les secrets des autres. cMime mauvais théologien ; car il voulait
îxpliquer la Bible. Ses découvertes, à l'appui
dalonta, — sorcière du seizième siècle. (lu système de Copernic, lui eussent
vile donna un jour une pomme à goûter à la
( ne pas
du suisse de l'église du Saint-Esprit à ' ait plus d'ennemis qu'à cet autre savant. Ce
lillu
1iïil son entêtement à vouloir concilier, à sa
llayonno, qui désirait en avoir trois paniers.
fille n'eut pas plutôt mordu la pomme, ' manière, la Bible et Copernic, qui le fit re-
Cette
qu'elle tomba du haut-mal, el la force du 'shercher par l'inquisition. En même temps
lui vivaient à Rome plusieurs hommes
maléfice fut telle qu'elle en fut tourmentée 'que
vie. Aussilôl qu'elle voyait la sor- célèbres, et le saint-siège n'était pas entouré
toute sa d'ignorants. En 4 641, pendant son premier
cière, les accès lui prenaient très-violemment :
a été confirmé devant nos yeux, voyagea Home, Galilée fut admiré el comblé
« ce qui
»
dit Delancre. De nos jours on n'attri- d'honneurs par les cardinaux el les grands
comme découvertes.
buerait pas cela au sortilège; mais alors on seigneurs auxquels il montra ses
poursuivit, la sorcière. Lorsqu'il y retourna, en 4 64B, le cardinal
Delmonle lui traça le cercle dans lequel il
Galien. — Le plus grand médecin des temps
Ilippocrate. On attribue devait prudemment se renfermer. Mais son
passés après lui un ardeur et vanité l'emportèrent. « 11 exi-
Traité des enchantements, et les médecins sa
geait, dit Guichardin , que-le pape et le
empiriques ont souvent abusé de son nom. saint-office déclarassent le système de Co-
Galigaï (LiiONoiu), — épouse du maréchal pernic fondé sur la Bible. » Il écrivit à ce
d'Ancre Concino Concini, qui fut. tué par la sujet mémoires sur mémoires. Paul V, faligué
jiopulace en 1617. On la crut sorcière. On de ses instances, accorda que cette contro-
publia que par ses maléfices elle avait, en- verse fût jugée dans une congrégation. Malgré
sorcelé la reine; surtout lorsqu'on eut trouvé tout l'emportementqu'y mit Galilée , il ne fut
chez elle trois volumes pleins rie caractères point intéressé dans le décret rendu par la
magiques, cinq rouleaux de velours destinés' congrégation, qui déclara seulement que le
à dominer les esprits des grands des amu- système de Copernic ne paraissait pas s'ac-
,
lettes qu'elle se. mettait au cou, des agnus corder avec la Bible. Avant son départ, il
que l'on prit pour des talismans el une lettre eut une audience très-gracieuse du pape, et
que Léonora avail ordonné d'écrire à une Bellarmin se borna, sans lui interdire aucune
sorcière nommée Isabelle. Il fut établi au hypothèse astronomique . à lui interdire ses
procès que le maréchal et sa femme se ser- prétentions théologiques. — Quinze ans après,
vaient, pour envoûter, d'images de cire qu'ils 4 632, sous le pontificat d'Urbain VIII, Ga-
gardaient dans de petits cercueils ; qu'ils con- lilée imprima en
ses célèbres dialogues Délie due
sultaient des magiciens, des astrologues et massime sisleme del mondo, avec une per-
(les sorciers; qu'ils en avaient l'ait venir de
mission el une approbation supposées ; per-
Nancy pour sacrifier des coqs, el que dans réclama. 11 fit reparaître ses mé-
mangeait sonne ne
ces cérémonies Galigaï ne que des moires écrits en 4 64 6 où il s'efforçait d'ériger
frêles de coq et des rognons de bélier qu'elle ,
la rotation du globe sur son axe en question
luisait charmer auparavant. Elle fui encore
de dogme. Ses bravades le firent citer à Home.
convaincue de s'èlre fait exorciser par un Il y arriva le 3 février 4 633. 11 ne fut point
certain Matthieu de Monlanay, charlatan sor- logé à l'inquisition, mais au palais de l'envoyé
cier. Sur ses propres aveux, dit-on, elle eut
de Toscane. Un mois après il fut mis, non
la tète tranchée, el fut brûlée en 4 617. Ce-
dans les prisons de l'inquisition, comme tant
pendant le président Courtin lui demandant de menteurs l'ont écrit, mais dans l'apparte-
pnr quel charme elle avait ensorcelé la reine, du fiscal. Au bout de dix-huit mois,
elle répondit fièrement
ment
: « Mon sortilège a été s'élant rétracté, c'esl-à-dire ayant renoncé
'(! pouvoir que les âmes fortes ont sur les
à sa conciliation de Copernic el de la Bible,
«mes faibles. » seule question qui fût en cause, il s'en re-
Galilée. — Les protestants, copiés par les tourna dans sa patrie. Voici ce qu'il écrivait
jansénistes, ont beaucoup déclamé contre la en 4 633, au P. Récénéri, son disciple : —
Prétendue persécution qu'essuya Galilée, à « Le pape me croyait digne de son
estime.
cause de ses découvertes astronomiques. On Je fus logé clans le délicieux palais de la Tri-
<i fait fracas de
sa prétendue condamnation nité du Mont, Quand j'arrivai au saint-office,
au tribunal de l'inquisition romaine. Mais il deux pères dominicains m'invitèrent très-hon-
esl prouvé, depuis long-temps déjà, qu'on nêtement à faire mon apologie, l'ai été obligé
G\M - 23/i — GAN
de rélracler mon opinion en bon catholique- cependant, là-bas, trente légions lui sonl son, ;
Pour me punir, on m'a défendu les dialogues, mises 1.
et- congédié après cinq mois de séjour à Rome. Gandillon (Piiïnnjî), — sorcier de la l<i;uK
Comme la peste régnait à Florence, on m'a che-Comlé, qui fut brûlé vers 1610, pUUr
assuré pour demeure le palais de mon meil- avoir couru la nuit en forme de lièvre 2.
leur ami, monseigneur Piccolomini, archevê- Gandreid, — sorte de magie en usage chez
que de Sienne, où j'ai joui d'une pleine tran- les Islandais, laquelle magie donne la faculté
quillité. Aujourd'hui, je suis à ma campagne de dans les airs; elle esl, dit-on
vovager
d'Arcèlre où je respire un air pur auprès de d'invention nouvelle, quoique le
, nom en suit
ma chère patrie '. » — Néanmoins les philo- depuis des temps reculés. Mais on al-
sophes rebelles continueront, à faire de Galilée connu tribtiail autrefois les cavalcades aériennes un
une victime de la superstition et du fanatis- diable cl à de certains esprils. Les Islandais
me. — Dans tout cela, nous ne jugeons pas prétendent aujourd'hui que ce sont des
le système de Galilée, sur lequel il n'est pas sor-
cières montées sur des côtes de cheval et des
impossible que le dernier mot, ne soit pas dit. tibia, on guise de, manche à balai, qui se
— On vient de retrouver les manuscrits de promènent par les airs. — Les sorcières de
Galilée que l'on avail dit brûlés par l'inqui- Basse-Saxe du duché de Brunswick se
,
sition. Que no peut-on retrouver, à l'usage
et
mettent à califourchon sur la même monture;
des ennemis de l'Église la bonne foi !
, et tous les autres ossements qui se trouvent
Gamahè ou Camaïeu, — espèce de talis- dans la campagne, se pulvérisent à l'appro-
man qui consiste dans des images ou des ca- che de l'un de ces cavaliers nocturnes. L'ail
ractères naturellement gravés sur certaines de préparer leur équipage consiste dans une
pierres, auxquels la superstition a fait attri- courroie d'une espèce de cuir qu'ils appellent
buer de grandes vertus parce qu'elle les Gandreid—Joum, sur laquelle ils impriment
,
croit produits par l'inlluence des esprits. Gal- leurs runes ou caractères magiques 3.
farel dit qu'Alberl-le-Grand avail. une de ces Ganga-Gramma,— démon femelle que les
pierres, sur laquelle était un serpent qui Indiens craignent beaucoup, el par consé-
avait celle admirable vertu d'attirer les aubes quent auquel ils rendent de grands honneurs.
serpents lorsqu'on la plaçait dans le lieu où 1! a une seule tête el, quatre bras; il lient
ils venaient. D'autres pierres, ajoule-t-il dans la main gauche une pelitc jatte, et dans
,
guérissent, les morsures et chassent les venins. la droite une fourchette à trois pointes. On le
George Agricole rapporte qu'on en voit de la mène en procession sur un char avec beau-
forme de quelques pallies du corps, ou de coup de pompe, et quelquefois il se trouve
quelques plantes, et qui oui des vertus mer- des fanatiques qui se l'ont écraser par dévo-
veilleuses; ainsi celles qui représentent du tion sous ses roues. Les boucs sonl les victi-
sang arrêtent les perles, etc. mes ordinaires qu'on lui immole. Dans les
maladies ou dans quelque autre danger, il se
Gamoulis, — esprils qui, selon les habi- trouve des Indiens qui l'ont s'ils en ré-
tants du Kamlschalka, produisent les éclairs chappent do pratiquer voeu,
lançant, dans leurs querelles en l'honneur de Gan-
en se les tisons ,
ga-Gramma la cérémonie suivante. On leur
à demi consumés qui ont chauffé leurs bulles.
enlonce dans la peau du dos des crochets,
Lorsqu'il tombe de la pluie ce sont les Ga-
moulis qui rejettent le superflu . par le moyen desquels on les élève en l'air;
de la boisson. là ils l'ont, quelques tours d'adresse en pré-
Gamygyn, •— grand marquis dos enfers; sence, dos spectateurs. 11 se trouve des fem-
c'esl, un puissant démon. On le voit, sous la mes simples et crédules, à qui l'on persuade
forme d'un petit cheval; mais dès qu'il prend que cette cérémonie est agréable à Ganga-
celle d'un homme, il a une voix rauquo et Gramma el qu'elle ne cause aucune (Ion-
,
discourt sur les arts libéraux; il fail paraître leur. Lorsqu'elles la sentent, il n'est plus
aussi devant l'exorciste les âmes qui ont péri temps de s'en dédire, elles sont déjà en l'air,
dans la mer, et celles qui souffrent dans celle el, les cris des assislanls étouffent leurs plain-
partie du purgatoire qui est appelée Cartagra tes. Une autre sorte de pénitence, toujours
(c'est-à-dire affliction des âmes); il répond en l'honneur du même démon, consiste a se
clairement à toutes les questions qu'on lui laisser passer une ficelle dans la chair, <' a
fait ; il reste auprès de l'exorciste jusqu'à ce danser pendant, que d'autres personnes lîi-cnt
qu'il ait exécuté tout ce qu'on lui ordonne ;
' Wierus, de Pricst. drom.,p. 920.
1 M. Garinot, Hist. de la. magie en France, !>• ,fil''
1 Bcrgier, Dict. de théologie, ail mot Sciences. J A'-oyagc en Islande, traduit du danois, ele, ISO-
G A 11
— 23; i — GAS
.plie ficelle. La nuit qui suit le jour de sa ici uno allégorie. Des historiens rapportent
«le on lui sacrifie un buffle dont on recueille que , du temps de saint, Romain, la ville de
i(, fang
dans un vase; on le place devant Rouen fut, menacée d'une inondation ; que ce
l'idole, el l'on assure que le lendemain il se saint prélat eut le bonheur de 1'arrêler par
li-oiive vide. Des auteurs
disent qu'autrefois, ses soins et par ses prières. Voilà l'explication
au lieu
d'un buffle on immolait une victime toute simple du miracle de la gargouille. Ce
,
iiumaino. niot, dans noire vieille langue, signifie irrup-
Ganguy (SIMONE), ^— dite la Petite-Mère, tion , bouillonnement,
de l'eau. Des savants
sorcière, amie de, Madeleine Bavan. 11 ne auront rendu le mol hydra par celui de dragon.
parait pas qu'elle ail été brûlée. Garibaut (.llïANKIï), — SOrC.iÔre, V01J. GlUi-
Gaona, — devineresse germaine ; elle avail NIIÏH, el
PIEMIK-LABOUHA.NT. ''•"
succédé à Velléda ; elle fil. un voyage à Garinet (JULES), — auteur de YHistoire
itifine. où elle reçut de grands honneurs de
.
de la magie en France, Paris, 1818, in-8". On
Domilien '. trouve à la fêle de cel ouvrage une description
Gantière . — sorcière. En 158'2 , le parle- du sabbat, une dissertation"sur les démons el
ment.de Paris confirma la sentence de mort un discours sur les superstitions qui se ratta-
du bailli delà Ferlé contre la femme Gantière.
chent à la magie chez les anciens et. les mo-
tille avouait, que la Lofarde l'avait transportée
dernes. L'auteur, fort, jeune lorsqu'il publia
au sabbat; que le diable l'avait marquée;
ce livre, lui a donné une teinte philosophique
qu'il était velu d'un habit, jaune; qu'il lui et, immorale que son esprit élevé doit, désap-
avait donné huit sous pour payer sa taille; prouver aujourd'hui.
mais que de retour dans son logis, elle ne les Garnier (GILLES), — lonp-garou , con-
avait plus trouvés dans son mouchoir. damné à Dèlc sous Louis XIII, comme ayant
dévoré plusieurs.enfants. On le brûla vif cl
Garde des troupeaux, — voy. Tnoui'liAlJX.
son corps réduit en cendres fut dispersé au
Gargantua, — héros populaire de taille gi- vent. « Henri
Camus, docteur en droit et

gantesque, dont la légende ne s'accorde pas conseiller du roi, exposa que Gilles Garnier
avec le roman de Rabelais. Quoique les ré- avait pris dans une vigne une jeune fille de
cils qui se font dans les campagnes sur ce dix ans, l'avait tuée et occise, l'avait traînée
géant prodigieusement vorace ne soient que jusqu'au bois de La Serre, ci-que
non content
des contes bleus, on montre aux environs d'en manger, il en avait, apporté à sa femme;
d'Aigues-Morles une vieille tour appelée la qu'un autre jour étant
en forme de loup ( tra-
tour de Gargantua ; el. on n'ose en approcher vestissement horrible qu'il prenait doute
la iiuii, de peur d'être empoigné par un bras
sans
pour Sir chasse ), il avait également tué et dé-
(le vingt-cinq mètres.
voré un jeune garçon, à une lieue de Dolo
,
Gargouille. — « Que vous dire de la gar- entre Grédisans et Monotée ; qu'en sa forme
gouille de Rouen? Il esl certain que, tous les d'homme et non de loup il avail pris un autre
ans, le chapitre métropolitain de celte ville jeune garçon de l'âge de douze à treize ans,
présentait au parlement le jour de l'Ascension, el, qu'il l'avait emporté dans le bois pour l'é-
un criminel qui obtenait sa grâce en l'hon- trangler.... 1 »
,
neur de saint Romain et de ia gargouille. La
tradition portail qu'à l'époque où saint Hu- Garosmanoie, — V01J. GASTllOMANClli.
main occupait le siège épiscopal de Rouen Garuda, —oiseau fabuleux qu'on repré-
nu dragon, embusqué à quelque distance de
, sente souvent avec la tête d'un beau jeune
la ville, s'élançait, homme, un collier blanc el le corps d'un aigle.
sur les passants el les dé- Il
vorait ; c'est ce dragon qu'on appelle la
gar- sert de monture à Wishuou comme l'aigle
gouille; saint Romain, accompagné d'un cri- en servait à Jupiter. Les ludions racontent
minel condamné à mort, alla attaquer le qu'il naquit d'un oeuf que sa mère Rili avail
monstre jusque dans sa caverne; il l'enchaîna pondu el qu'elle couva cinq ans.
«t je conduisit
sur la place publique, où il fut Gastrocnémie , — pays imaginaire dont
brûlé, à la grande satisfaction des diocé- parle Lucien, où les enfants étaientportés dans
sains-. » — On a conleslé celte légende en le gras de la jambe ; ils en étaient extraits au
.

niant les dragons dont les géologues actuels moyen d'une incision.
,
'Connaissent pourtant/pie l'existence a élé Gastromancie OU Garosmancîe, — divina-
'Wilie. 11 se peut toutefois
que ce dragon soit tion qui se pratiquait en plaçant entre plu-
' TMI'C, Annal. 65.
J M- 1 M. .Iules Garinet, Histoire de la magie en France,
Saignes, Des Erreurs, t. III, p. 370.
p. 1Ï9.
GAU
sieurs bougies allumées des vases de verre qu'il
— 236 — GAU
lisait un livre de magie; ils entrèrent -;;
|
<
,
ronds et pleins d'eau claire ; après avoir in- conversation
< et firent connaissance. Le prùir0 ^
voqué et interrogé les démons à voix basse, se f livra au diable par un pacte en rè-^le ë

on faisait regarder attentivement la superficie condition qu'il lui donnerait le pouvoir de su' ''
de ces vases par un jeune garçon ou par une borner et de séduire, en soufflant au visa™
jeune femme; puis on lisait la réponse dans Le diable y consentit d'autant plus voloufieV ;'
des images tracées par la réfraction de la lu- qu'il trouvait dans ce marché un double avun-
mière dans les verres. — Une autre espèce dé tage. — L'apostat s'éprit de la fille d'un gc„. ^
Gastromancie se pratiquait par le devin qui tilhomme, Madeleine de La Palud, dont Fïîï
répondait sans remuer les lèvres, en sorte toire est devenue célèbre. Mais bientôt |a f
qu'on croyait entendre une voix aérienne. Le demoiselle effrayée se relira dans un conveni "
nom de celte divination signifie divination par d'Ursulines. Gaufridi furieux y envoya, disent
le ventre; aussi pour l'exercer, il faut être les relations du temps, une légion de diables- t
ventriloque ou possédé ou sorcier. Dans le la sorcellerie du prêtre fut prouvée. Un arrêt
dernier cas, on allume des flambeaux autour du parlement de Provence le condamna au
,
de quelques verres d'eau limpide, puis on feu en avril 1611.
,
agite l'eau en invoquant un esprit qui ne Gauric, — génie ou lutin que la supersti- )
tarde pas à répondre d'une voix grêle dans le lion des villageois bas-bretons croit voir danser
ventre du sorcier en'fonction. — Les charla- autour des amas de pierres ou monuments
tans trouvant, dans les moindres choses, des druidiques, désignés dans la, langue des an-
,
moyens sûrs d'en imposer au peuple el de ciens insulaires par le mot chiorguur que l'on
réussir dans leurs fourberies, la venl.rilo'quie a traduits par ceux-ci : chorea giganlum
doit être pour eux d'un grand avantage.
— ou danse des géants.
Un marchand de Lyon étant un jour à la Gaurio ( Luc ), — astrologue napolitain, né
,
campagne avec son valet, entendit une voix en 4476 qui, selon Mézeray el le président
qui lui ordonnait, de la part du ciel, de donner de Thou , annonça positivement que le roi
;
une partie de ses biens aux pauvres, et de Henri II serait tué dons un duel et mourrait
récompenser son serviteur. 11 obéit, et regarda d'une blessure à l'oeil, ce qui fut vrai. Mais
comme miraculeuses les paroles qui sortaient ne prédit-il pas après coup? Catherine de
du ventre de son domestique. On savait si peu —
Médicis avait en Luc Gauric la confiance la
autrefois ce qiie c'était qu'un ventriloque, que plus entière, lîentivoglio seigneur de Bo-
les plus grands personnages attribuaient tou- logne, le condamna à cinq, tours d'estrapade,
jours ce talent à la présence des démons. pour avoir eu la hardiesse de lui prédire qu'il
Photius patriarche de Constanlinople, dit, serait, chassé de ses États; ce qui n'était pas
dans une, de ses lettres : On a entendu le malin difficile à prévoir, vu la disposition des esprils
esprit parler dans le ventre d'une personne, qui délestaient ce seigneur. Gauric mourut
et il mérite bien d'avoir l'ordure pour logis. en 1558. On a de lui une Description de la
Gâteau des Rois. •— La part des absents, sphère céleste, publiée dans ses OEuvres, Bàle,
quand on partage le gâteau des rois, se garde 1575, 3 vol. in-fol. On y trouve aussi un Eloge
précieusement ; dans certaines maisons su- de l'astrologie. — On attribue à son frère
perstitieuses elle indique l'étal de la sanlé de Pomponius Gauric un livre dans lequel on
ces personnes absentes, par sa bonne conser- traite de la physiognomonie, de l'asirologh
vation; une maladie, par des taches ou des naturelle, etc. *; mais il ne parait pas que
ruptures. cet ouvrage soit de Pomponius, il serait plutôt
de Luc.'-—Le traité astrologique - de Luc
Gâteau triangulaire de Saint-ILoup. -—• Garnie est
Les personnes supersliLieuses l'ont ce gâteau un livre assez curieux; pour prou-
le 29 juillet, avant le lever du soleil; il est ver
la vérité de l'astrologie il dresse l'ho-
,
composé de pure farine de froment,, de seigle roscope de tous les personnages illustres, dont
il a pu découvrir l'heure de la naissance; il
el d'orge, pétrie avec trois oeufs et trois cuil- démontre
lerées de sel, en forme triangulaire. On le que tout ce qui leur esl arrivé se
donne par aumône, au premier pauvre qu'on
trouvaitprédit dans leur horoscope, — comme
si on n'y trouvait pas tout ce qu'on veut !
rencontre, pour rompre les maléfices.
Pomponii Ganrici Neapoîitani tractatu.s de sym!'lc"
Gaufridi ( LouIS-JjJAN-BAPTISTE ) — CUl'Ô triis, lineamentis et physiognomonia,
1

ejusqne specie-
,
de Marseille qui, infidèle à ses devoirs, tomba bus, etc., Argentor.,1630,aveclaChiromancie de Jean»»
lndagine.
dans le désordre el se fît passer pour sorcier 2 Lucoe Gaurici geoplionensis episcopi cîvitatensî=
vers la fin du seizième siècle. — On raconte tractatus a^trologicns iu quo agitur de proeteritis mu;
le diable lui jour, pendant torum liominum aeeidentibus per proprias eorumeein
que apparut un tqras, ad un.gu.em examinalis Venetiis. In-4", 1&&^'
GAZ 257 GEL
gnutbier (JEA.N), — alchimislc. CharleslX, Géants. —Les géants de la fable avaient
loinpé- par ses promesses, lui fit. donner cent le regard farouche et effrayant, de longs che-
.ji,ir[ mille
livres,, el l'adepte se mit. à l'ou- veux , une grande barbe , des jambes et des
vrage; mais après avoir travaillé huit jours pieds de serpent, el quelques-uns ceni bras et
il se sauva avec
l'argent du monarque : on cinquante tôles. Homèrereprésente lesÀloïdes,
courut, à sa poursuite , on l'attrapa et il fut géants remarquables, comme étant d'une taille
pendu. si prodigieuse qu'à l'âge de neuf ans ils
,
Gauthier, — conspirateur écossais , voy. avaient neuf coudées de grosseur, trente-six
Vv'Al.TKN-
de hauteur, el croissaient chaque année d'une
coudée de circonférence et d'une aune de haut.
Gauthier de Bruges. — On COnle que ce
cordelier, nommé évoque par le pape Ni- — Les talmudistes assurent qu'il y avait des
géants dans l'arche. Comme ils y tenaient
colas III, et déposé par Clément Y, appela à
de cette déposition et demanda qu'en beaucoup de place, on fut obligé, disent-ils,
Dieu
l'inhumant on lui mît son acte d'appel à la
de faire sortir le rhinocéros, qui suivit l'arche
main. Quelque temps après sa mort, le pape
à la nage. — Aux noces de Charles-le-Bel,
roi de France, on vil. une femme de Zélande
Clément V étant venu à Poitiers, et se trou-
d'une taille extraordinaire, auprès de qui les
vant logé au couvent des Cordelière, désira
hommes les plus hauts paraissaient des en-
visiter les restes de celui qu'il avait déposé ;
ajoute qu'il fil ouvrir le tombeau et fants; elle était si forte, qu'elle enlevait de
on se , chaque main deux tonneaux de bière, et por-
qu'il fui effrayé en voyant Gauthier de Bruges
agitant son acte d'appel d'une main dessé-
tait aisément huit hommes sur une poutre '.
chée '. » — Il est certain qu'il y a eu, de tout temps,
des hommes d'une taille et d'une force au-
Gazardiel,.— ange qui, selon le Talmtid
, dessus de l'ordinaire. On trouva au Mexique
préside à l'Orient, afin d'avoir soin que le
levait des os d'hommes trois fois aussi grands que
soleil se lève, et de l'éveiller s'il ne se
nous, et, dit-on , dans l'île de Crèle un ca-
-
pas. davre de quarante-cinq pieds.... Hector de
Gaze (ïnÉonoiuî DK), — propriétaire d'une Boèc.e dit avoir vu les restes d'un homme qui
ferme dans la Campanie, au seizième siècle ; avait, quatorze pieds. -— Pour la force nous
il la faisait cultiver par un fermier. Comme citerons iMilon de Crotone tant de fois vain-
ce bonhomme travaillait un jour dans un
,
queur aux Jeux olympiques ; ce Suédois qui,
champ, il découvrit un vase rond où étaient tua dix soldats armés; ce Mila-
: sans armes,
enfermées les cendres d'un mort; aussitôt il nais qui portait un cheval chargé de blé ; ce
,
lui apparut un spectre qui lui commanda de
Barsabas qui, du temps de Louis XIV, enle-
remettre en terre le môme vase avec ce qu'il vait cavalier avec son équipage et sa mon-
un
contenait, sinon qu'il ferait mourir son fils
ture ; ces géants et ces Hercules qu'on montre
aine. Le fermier ne tint compte de ces me-
lotis les jours au public. Mais la différence
naces, et, peu de jours après, son fils aîné fut qu'il y a entre eux el le reste des hommes esl
trouvé mort dans son lit. Quelque temps plus pelile, si on compare leur taille réelle à la
lard, le môme spectre lui apparut, lui réité- taille prodigieuse les traditions donnent
rant le même commandement, et le menaça que
aux anciens géants.
(le faire mourir
son second fils. Le laboureur Geber, — roi des Indes, et grand magicien,
' avertit de lotit ceci Théodore de Gaze, qui
vint lui-même à sa métairie et fil remettre auquel on attribue un traité absurde du rap-
le tout à , port des sept planètes aux sept, noms de Dieu,
sa place : sachant bien, dit Leloyer, et quelques autres opuscules inconnus *.
qu'il l'ait mauvais jouer avec les morts....
Gaziel, .— démon chargé de la garde des Gédi, — pierre merveilleuse qui, dans l'o-
trésors souterrains, qu'il transporte d'un lieu pinion des Gèles avait la vertu, lorsqu'on la
,
il un autre pour les soustraire aux hommes.
trempait dans l'eau, de changer l'air el d'ex-
^ est lui qui ébranle les fondementsdes mai- citer des venls et des pluies orageuses. On ne
':: sons el fait souffler des vents accompagnés de
connaît plus la forme de celle pierre.
"lamines. Quelquefois il forme des danses qui Gello ou Gilo, —-c'étaitune fille qui avait la
disparaissent tout à manie d'enleverdespelits enfants. On ditmême
coup ; il inspire la ter-
î, four par un grand bruit de cloches et de clo- que parfois elle les mangeait, et qu'elle em-
eneltes ; il ranime les cadavres, mais pour un porta un jour le petit empereur Maurice ; mais
s moment.
1 Jonsthoni thaumatogrnpliia.
l'm
'"'ce'
^ M'irchangy, Tristan lo voyageur, ou la * Naudé, Apologie pour tous les grands personnages
soupçonnés de magie, chap. 14. p. 360.
au quatorzième siècle, t. I", chap. 4, p. 6S.
GM — 2SSI — GlïN \
qu'elle ne put lui faire aucun mal, parce qu'il se : venger sans se compromettre. Les (ioctr
avait, sur lui des amulettes. Son fantôme er- n'indiquent i pas où se trouve celle pierre cul '-
rail dans l'île de Lesbos, où comme elle étail rieuse. i
,
jalouse de toutes les mères, elle faisait mourir Génies. —La Iraditioiv des anges parvenu,,
dans leur sein les enfants qu'elles portaient, altérée chez les païens,
en a fait, des génies
un peu avant qu'ils fussent à terme '. On Chacun avail son génie. Un magicien d'ï;l
voit que c'était Tépouvanlail du sixième siècle. gypte avertit Marc-Antoine
que son gé„;c,
Géloscopie,—Espèce de divination qui se était vaincu par celui d'Octave; et Antoine
lire du rire. On prétend acquérir ainsi la con- intimidé se relira vers Cléopâlre '. Néron
naissance du caractère d'une personne, el de àuns Britannicus, dit en parlant de sa mère-
ses penchants bons ou mauvais. Un rire Mon génie étonné tremble devant le sien.
franc n'annonce certainement pas une- âme
fausse et on peut se défier quelquefois d'un — Les borboriles, hérétiques des premiers
, siècles de l'Eglise, enseignaient que Dieu ne
rire forcé. Voy. PHYSIOGNOMONIE.
être l'auteur du mal ; que, pour gou-
Gematrie. — C'est une des divisions de la peut le
cabale, chez les juifs. Elle consiste à prendre verner cours du soleil, des étoiles et des
les lettres d'un moi. hébreu pour des chiffres
planètes, il a créé une multitude innombrable
nombres arithmétiques, de génies, qui ont été, qui sonl el seront
ou el à expliquer
chaque mol par la valeur arithmétique des toujours bons et bienfaisants ; qu'il créa
lettres qui le composent. Selon d'autres, c'est l'homme indifféremment avec tous les autres
animaux, el que, l'homme n'avait qup des pâlies
une interprétation qui se fail par la transpo-
sition des. lettres. comme les chiens ; que. la paix et la concorda
régnèrent sur la terre pendant plusieurs siè-
Gemma (CoiuxÉuus), — savant professeur cles el qu'il ne s'y commettait aucun dé-
de Louvain auteur d'un livre intitulé: Des sordre ,
; que malheureusement un génie prit
,
caractères divins, et des choses admirables*, l'espèce humaine en affection, lui donna dis
publié à Anvers, chez Christophe Planlin, mains, el que voilà l'origine et l'époque du
architypographe du roi, 1575, in-12. mal. — L'homme alors se procura des forces
Génération,—VO]j. 1ÏNKANT3. artificielles, se fit des armes, attaqua les
Gengues, — devins japonais qui font, pro- autres animaux fil, des ouvrages surprenante,
,
fession de découvrir les choses cachées et de et l'adresse de ses mains le rendit orgueil-
retrouver les choses perdues. Ils habitent des leux ; l'orgueil lui inspira le désir de la pro-
bulles perchées sur le sommet des monta- priété, el de posséder certaines choses à
l'exclusion des autres ; les querelles et les
gnes , et sont tous extrêmement laids. 11 leur
est permis de se marier, mais seulement avec guerres commencèrent ; Ta victoire lit des
des femmes de leur caste et de leur secte. tyrans et dos esclaves, des riches el de;
Un voyageur prétend que le signe caracté- pauvres. -—11 est vrai, ajoutent les borbo-
ristique de ces devins est. une corne qui leur riles, que si l'homme n'avait jamais eu que
des pattes, il n'aurait point bâti des villes,
pousse sur la tête. Il ajoute qu'ils sont tous
vendus au diable qui leur souffle leurs oracles; ni des palais, ni des vaisseaux ; qu'il n'aurait
quand leur bail est fini, le diable leur or- pas couru les mers; qu'il n'aurait pas in-
donne de l'attendre sur une certaine roche. venté l'écriture, ni composé des livres; cl
A midi, ou plus souvent vers le soir, il passe qu'ainsi les connaissances de son esprit ne
seraient point étendues ; mais aussi il
au milieu de l'assemblée; sa présence cause se n'aurait éprouvé que les maux physiques et
une vive émotion. Due force irrésistible en- corporels, qui
traîne alors ces malheureux, qui sont préci- ne sont pas comparables à ceuv
pités à sa suite el ne reparaissent plus. d'une âme agitée par l'ambition, l'orgueil,
l'avarice, par les inquiétudes et les soins
Géniane , —pierre fabuleuse à laquelle on pour élever une famille, et par la crainte du
attribuait la vertu de chagriner les ennemis l'opprobre, du déshonneur, de la misère et des
de ceux qui la portaient. On pouvait, de très- châtiments. Aristofe observe

l'homme
loin, en frottant sa pierre, vexer de toute fa- n'est — que
pas supérieur aux animaux parce qu il
çon les amis dont on avail à se plaindre, et a une main; mais qu'il a une main parce
qu'il eslsupérieuraux animaux. —Les Arabes
T Delrio, Disquisitions magiques ; Wierus, de Praist.,
p. 466. ne croient pas qu'Adam ail été le prenm' 1'

2 Dénaturai dieinis cliaracterismis; seu raris et ad- être raisonnable qui ail habile la terre ,. m»ld
mirandis speelaculis, causis, indiciis, proprietatïbns
recum in.partibus singulis universi îibri 2, auctore Cor-
nelio Gemma, etc. 1 Plntarque, Vie de Marc-Antoine.
&ELN 2;i9j — GI50

père de tous les hommes acluel- Gennadius,—pat.riarche.de Conslantinople.
^pment le
i 'ment existants. Ils pensent que la terre Allant
i à son église, il rencontra un spectre
couplée, avant la création d'Adam, par 1hideux. Il reconnut que, c'était le diable, le
était
è'ires d'une espèce supérieure à la nôtre ; <
conjura et entendit une voix qui lui dit : « Je
,)Cs
la composition de ces êtres , créés t'avertis, l Gennadjus que durant ta vie je ne
dans ,
nue
pieu comme nous, il enlrait plus de feu j pourrai nuire à l'église grecque; mais après
,ie la ruinerai. » Le patriarche se mit à
divin et moins de limon. Ces êtres qui ont 1 ta mort je
,
habité la terre pendant plusieurs milliers de \genoux, pria pour son église, et mourut.peu
siècles, sont les génies, qui ensuite furent après ', Ceci se passait tandis que Mahomet 11
renvoyés dans une région particulière, mais faisait la conquête de
I
l'empire.
d'où, il n'es'' pas impossible de
les évoquer Geoffroi d'ïden. — Au treizième siècle
ei de les
voir paraître encore quelquefois, le seigneur-Humberl, fils de Guichard de
par la force
des paroles magiques et des ta- lîélioc, dans le diocèse de Maçon, ayant dé-
lismans. 11 y a deux sortes de
génies,, ajou- claré la guerre à d'autres seigneurs de son
tent-ils, les péris, ou génies bienfaisants, et voisinage, Geoffroi d'ïden reçut dans la mêlée
les clives, ou génies
malfaisants. Gian-ben- une blessure dont il mourut sur-le-champ.
wiaii, du nom de qui ils furent appelés ginnes Environ deux mois après, Geoffroi apparut à
ou
génies, est le premier comme le plus fa- Milon d'A.nla el le pria de dire à Humberl de
,
meux de leurs rois. Le Ginnistan est un pays Bélioc, au service duquel il avait perdu la
de délices el de merveilles , où ils ont été re- vie, qu'il était dans les tourments pour l'avoir
légués par ïaymural, l'un des plus anciens aidé dans mie guerre injuste, et.pour n'avoir
rois de Perse. — Ce sont encore là des ves- pas expié avant sa mort ses péchés par la
tiges altérés de l'ancienne tradition. — Les pénitence; qu'il le priait d'avoir compassion
Chinois oui des génies qui président, aux eaux, de lui et de son propre père Guichard, qui
aux montagnes; et chacun d'eux esl
honoré lui avait laissé de grands biens dont il abu
par des sacrifices solennels.-—Voy. sait, el dont une grande partie était mal ac-
FJÎIÎS
,
ANGES, elc. quise ; qu'à la vérité, Guichard, père de
Humberl, avait embrassé la vie religieuse à'
Génirade, — médecin matérialiste, ami de Cluny. mais qu'il n'avait eu le temps ni de sa-
saint Augustin et très-connu à Cartilage pour tisfaire entièrement à la justice de Dieu, ni de
sa grande capacité. Il doutait qu'il y
eût un réparer ses torts envers le prochain; qu'il le
::utre monde que celui-ci. Mais une nuit, il conjurait donc de faire offrir, pour son père
vil en songe un jeune homme qui lui dit : elpour lui, le, sacrifice de la messe, d.e faire
«Suivez-moi. » Il le suivit el se trouva dans des aumônes el d'employer les prières des
une ville où il entendit une mélodie admi- gens de bien pour leur procurer à; l'un el à
rable.— Une autre fois il vit le même jeune l'autre une prompte délivrance des peines
homme qui lui dil : « Me connaissez-vous? — qu'ils enduraient, il ajouta : « Dites-lui que
Fort bien, lui répondit-il. —Et d'où me con- s'il écoute pas, je serai contraint
ne vous
naissez-vous?— Génirade lui raconta ce qu'il d'aller moi-même lui annoncer ce que je,
lui avait fait voir dans la ville où il l'avait viens de
vous prescrire. » — Milon d'Anta
conduit. Le jeune homme ajouta : « Est-ce en s'acquitta de
sa commission ; llumbert en fut
songe ou éveillé que vous avez vu tout cela? effrayé mais il n'en devint pas meilleur.'
— C'est en songe, répondit le médecin. Le
,
Toutefois, craignant que Guichard, son père,
jeune homme dit :
— Où est à présent votre ou Geoffroi d'ïden, ne vinssent l'inquiéter, il
corps?— Dans mon lit. Savez-vous bien que n'osait demeurer seul , surtout, pendant la

vousne voyez rien à présentdes yeux du corps? nuif; il voulait toujours avoir auprès de. lui
— Je le sais.:—Quels sont, donc les yeux par quelqu'un de ses gens. — Un matin donc,
esqnels vous me voyez?... Comme le médecin qu'il était tout éveillé dans son lit, il vit pa-
hésitait et ne savait quoi répondre, le jeune raître
en sa présence Geoffroi, armé comme
nomme lui dit encore : De même que vous me
un jour de bataille, qui lui montrait la bles-
voyez et m'entendez, à présent que vos yeux
sure mortelle qu'il avait reçue, et qui pa.rais-
sont fermés et vos sens engourdis; ainsi après sait-encore toute fraîche. 11 lui fit de vifs re-
votre mort vous vivrez, vous verrez,- vous proches de
son peu de pitié envers lui et
entendrez-, mais des yeux de l'esprit. Ne
envers son propre père, qui gémissait dans
"citez donc plus. »
— Génirade conclut que les tourments. « Prends garde ajouta—t-il,
;
,
. 81 mue pouvait voyager ainsi dans le som-
™e», elle n'était donc pas liée à la matière ;
1 T Leloyer, Hist, des spectres et. apparitions des es-
>1 cl se convertit.
.: prits, p. 270. - : -
GER — 2Z|0i — CEY l
que Dieu ne le traite dans sa rigueur, et ne Gersôn ( JlîAN ClIAltI.IF.ll Mi).—Chailcelio,. -.'
te retire la miséricorde que lu nous refuses, pieux j et savant, de l'université de Paris, m0r! :
et. surtout garde-loi bien d'exécuter la réso- t 1429, auteur de Y Examen des esprits' «;
en
lution que lu as prise d'aller à la guerre avec l'on 1 trouve des règles pour discerner |0< ?
le comle Amédée ; si lu y vas lu y perdras ffausses révélations des véritables, el de 1' |s.
,
la vie et les biens.»—Humberl se disposait /Irologie réformée, qui eut un grand succè< ;
à répondre au fantôme, lorsquel'écuyer Ri- ]Nous ne parlons pas ici de ses ouvrages de ï
chard de Marsay, conseiller de. Humberl, piété. ]

arriva venant de la messe ; aussitôt le mort Gert (BEKTIIOMINE DE) , — sorcière de la -


disparut. Dès ce moment Humberl travailla ville de Préchac en Gascogne, qui confessa
sérieusement à soulager son père et Geoffroi, vers 1608 que lorsqu'une sorcière revenant du
et il fit le voyage de Jérusalem pour expier ses sabbal était tuée dans le chemin, le diable
péchés.— Ce fait est rapporté par Pierre le avait l'habitude de prendre sa figure, el de
Vénérable. la faire reparaître el mourir dans son lo<.j5
Géomancie OU Géomancc , — divination pour la tenir en bonne réputation. Mais si
par la terre. Elle consiste à jeter une poignée celui qui l'a tuée a quelque bougie ou clian- ;
de poussière ou de terre, au hasard, sur une délie de cire sur lui, et qu'il en fasse une
table, pour juger des événements futurs, par croix sur la morte, le diable ne peut, malgré
les lignes et les figures qui en résultent, c'est toute sa puissance, la tirer de là, et par con-
à peu près la môme chose que le marc de café. séquent est forcé de l'y laisser 3.
Voy. MAIIC DE CAFÉ. — Selon d'autres elle se Gervais, — archevêque de Reims, mort
pratique, tantôt en traçant par terre des lignes en 4007, dont on conte celle aventure. Un
el des cercles, sur lesquels on croit pouvoir chevalier normand qui le connaissait voulant,
deviner ce qu'on a envie d'apprendre ; tantôt, pour le besoin de son âme aller à Rome vi-
,
en faisant au hasard, par terre le
ou sur pa- siter les tombeaux des saints apôtres, passa
pier, plusieurs points sans garder aucun ordre; par Reims, où il demanda à l'archevêque sa
les figures que le hasard forme alors fondent bénédiction, puis il reprit son chemin, dont
un jugement sur l'avenir ; lanlôt enfin en ob- il s'était écarté. 11 arriva à Rome, et fit ses
servant les fentes et les crevasses qui se l'ont oraisons. Il voulut ensuite aller au monl
naturellement à la surface de la terre, d'où Saint-Ange. Dans son chemin, il rencontra
sortent, dit-on, des exhalaisonsprophétiques, un ermite qui lui demanda s'il connaissait
comme de l'antre de Delphes. Gervais archevêque de Reims ; à quoi le
,
Gerbert. — Voy. SïLVESTltE II. voyageur répondit qu'il le connaissait. —
Gervais est mort, reprit l'ermite. — Le Nor-
Géréahs. — Les habitalanls de Ceylan mand demeura stupéfait; il pria l'inconnu de
croient les planètes occupées par autant d'es- lui dire comment il savait celle nouvelle.

prits qui sont les arbitres do leur sort. Ils leur L'ermite lui répondit, qu'ayant passé la nuit
attribuent le pouvoir de rendre leurs favoris en prières dans sa cellule, il avait entendu
heureux en dépit des démons. Ils forment au- le bruit d'un foule de gens qui marchaient le
tantd'imagesd'argile appelées Géréahs, qu'ils long de sa cellule en faisant beaucoup de
supposent d'esprits mal disposés, et leur don- bruit ; qu'il avait, ouvert sa fenêtre, et de-
nent des figures monstrueuses; le festin qui mandé où ils allaient; que l'un d'eux lui avait
suil en cette occasion est accompagné de répondu :
— Nous sommes les anges de
Sa-
tambours el de danses jusqu'au point du tan nous venons de Reims. Nous emportions
jour ; les images sont jetées sur les grands l'âme ,
de Gervais ; mais à cause de ses bon-
chemins, où elles reçoivent les coups el épui- nes oeuvres, on vient de. nous l'enlever, ce
sent la colère des démons malintentionnés. qui nous fâche cruellement.
— Le.pèlerin re-
Germanicus, — général romain qui fut marqua le temps el le jour où il avait appi's
empoisonné par Plancine. On ne dit pas si ce tout cela, el, de retour à Reims, il trouva
fut par des parfums ou par le poison ; mais que l'archevêque Gervais était mort à la mê-
ce qui est certain, dit Tacite, c'est que l'on me heure 3.
trouva dans sa demeure des ossements et' des Geyserio, — démoniaque golh, dont l'atno
cendres de morts arrachés aux tombeaux, et fut emportée par le diable en enfer, après que
le nom de Germanicus écrit sur une lame de
1 De probatione spirituum, etc.
plomb qu'on avait dévouée à l'enfer *. eK'j
2 Delancrc,Tableau de l'inconstance des démons,
p. 455.
1 Leloyer, Hist. des spectres el apparitions des es- 3 Manuscrit de la Bibliothèque royale, rapporte pat
prits, p. 370. Lcnglet-Dufrcsnoy, Dissertations,t. Itr.
GJL — 2/|1 GUI
corps eût crevé , comme ceux de Ruecr et Gi!o , — vmj. GF.U.O.
Vvrius, pendant qu'il était au lit'. Gimi ou Gimin, — génies que. les musul-
Ghiloul ou GUgul. — Chez les juifs mo- mans croient d'une nature mitoyenne entre
dernes, c'est la
métempsycose ou transmigra- l'ange et l'homme. Ce sont nos esprits follets.
lion des
âmes en d'autres corps, doctrine Ginguérers, — cinquième tribu des géants
(.pue dans quelques-unes de
leurs sectes. ou génies malfaisants, chez les Orientaux.
GhirardelH (COUNKII.MS), — franciscain, né Ginnes, — génies femelles chez les Per-
à Bologne vers
la fin du seizième siècle. 11 qui les disent maudites par Salomon,
sans
étudia l'astrologie el la méloposcopie; on con- ,
et formées d'un feu liquide el bouillonnant.,
naît, de lui des discours
astrologiques,.des avant la création de l'homme.
nlmanachs comme celui de Matthieu Loens- imaginaire, où les gé-
Physionomique, Ginnistan,—pays
ber" enfin la Céphalonie nies soumis à Salomon font leur résidence,
avec cent lètes dessinées, et des jugements
selon les opinions populairesdes Persans. Voy.
sur chaque figure ,
lesquels jugements sont GÉNIES.
renfermés en un sonnet rehaussé d'un disti-
in-4", 4630. Ginnungagap, — nom de l'abîme, partie
que; de l'enfer, chez les Scandinaves.
Gholes. —La croyance aux vampires, aux
"holes, aux lamies, qui sont à peu près le Gioeminca-'Vedur. — Les Islandais.appel-
même genre de spectres, est répandue de lent de ce nom le pouvoir magique d'exciter
temps immémorial chez les Arabes, chez les
des orages et des tempêtes, et de faire périr
Perses, dans la Grèce moderne et dans tout des barques el des bâtiments en mer. Celle
l'Orient. Les Mille el une Nuits, et plusieurs idée superstitieuse appartient autant, à la ma-
autres contes arabes, roulent sur celle ma- gie moderne qu'à l'ancienne. Les ustensiles
licre el maintenant encore cette terrible su- que les initiés emploient sont très-simples :
,
perstition porte l'épouvante dans plusieurs par exemple , une bajoue de tète de poisson,
contrées de la Grèce moderne et de l'Ara- sur laquelle ils peignent ou gravent différents
bie. caractères magiques, entre autres la tête du
Ghoolée-ïîoenban, — vampire , ou lamie , dieu Tiior, de qui -ils ont emprunté cette es-
ou ghole. Les Afghans croient, que chaque so-
pèce de magie. Le grand art consiste à n'em-
litude, chaque désert de leur pays, est- ha- ployer qu'un ou deux caractères el tout leur
,
bité par un démon, qu'ils appellent le ôhoo- secret est que les mots 27io?-, hafot ou hafut
iée-Beenban, ou le spectre de la solitude. Ils puissent être lus devant eux ou en leur ab-
désignent souvent la férocité (l'une tribu en sence sans être compris de ceux qui ne sont
disant qu'elle est sauvage comme le démon pas admis à la connaissance de ces mystères.
du désert. Giouriasch, —pierre mystérieuse que les
Giall, — fleuve des enfers Scandinaves; on Turcs orientaux croient avoir reçue de main
le passe sur un pont appelé Giaïïar. en main de leurs ancêtres, en remontant jus-
Gian-Ben-Gian, —VOIJ. GÉNIES. qu'à Japhet, fils de Noé, et qu'ils prétendent
C«bel, — montagne- volcanique, au sommet avoir la vertu de leur procurer de la pluie
,
de laquelle se trouve an cratère d'où l'on en- quand ils en ont, besoin.
tend, lorsqu'on prêle l'oreille, des gémisse- Girard (.1 F.AN-BAPTISTE), —• jésuite, lié à
ments el un bouillonnement effroyable. Les Dôle en KiSO. Les ennemis de la société de
Grecs jetaient, dans ce soupirail, des vases Jésus n'ont négligé aucun effort pour le pré-
d'or el d'argent, el. regardaient comme un senter comme un homme de scandale. Ils
hou présage lorsque la flamme ne les repous- l'ont accusé d'avoir séduit une fille nommée
sait pas ; car ils pensaient apaiser par là les Catherine Cadière ; et sur ce thème ils ont bâti
dieux de l'enfer, dont ils croyaient que celte
tous les plus hideux romans. Cette fille, folle
ouverture était l'entrée - ou malade, sembla possédée dans les idées
Gilbert, — démon dont parle Olaus Ma- du temps, ou le fui peut-être, et on dut l'en-
gnus. 11 se montrait chez les Oslrogolhs; et il fermer aux Ursulines de Brest. Sur quelques
avait enchaîné dans une caverne le savant divagations qu'elle débita,
Catillus, nécromancien suédois qui l'avait in-
un procès fut in-
tenté par le parlement d'Aix. Mais toutes
sultés. choses examinées et pesées, il fallut se bor-
_iJelancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc., ner à rendre Catherine Cadière à sa famille.
On ne put pas même trouver moyen d'impli-
c!ipms,
-..
eloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
quer le père Girard dans celte affaire, comme;

p. 5o. coupable, quoiqu'on eût ameuté trois partis.
3 Wiorus, De
pt-Ecsl., p. dOS.
Ifi
GLO - -
2/,2 G NO
violents contre lui les jansénistes, le parle- en cire, dans l'idée que les forces de
,
ment et les -philosophes. -— Ce qui n'a pas-em- prince s'épuiseraient à mesure que la circ
(>„

pêché les écrivains anti-religieux de faire fondrait, et qu'à sa totale dissolution la vie
revivre sur son compte des calomnies con- de Henri VI serait terminée. Une telle accu-
damnées. sation devait s'accréditer sans peine dans
ce
Girtanner, — docteur de Goltingue qui a siècle crédule ; plus elle s'éloignait du bon
annoncé que dans le dix-neuvième siècle sens, plus elle semblait, digne de foi. Tous
tout le monde aurait le secret de la transmu- trois furent déclarés coupables , el ni le rano
tation des métaux ; que chaque chimiste sau- ni l'innocence ne purent les sauver. La du-
rait faire de l'or ; que les instruments; de - chesse fut condamnée à un emprisonnement
cuisine seraient d'or et d'argent; ce qui con- perpétuel, Roger Bolingbrocke pendu , et Ma-
tribuera beaucoup dit-il, à prolonger la rie Gardemain brûlée dans Smilhfield '.
vie, qui se trouve, aujourd'hui compromise, Glubbdubdrib, — île des sorciers, dans
par les oxydes de cuivre, de plomb et de fer les voyages de Gulliver. Swift y fait des con-
que nous avalons avec notre nourriture '. Les tes très-piquants.
bons chimistes actuels partagent cet avis. Voy.
ALCHIMIE. •'
Gnomes, — esprits élémentaires amis de
l'homme, composés des plus subtiles parties
Gïtanos, — mol espagnol qui veut dire de la terre, dont ils habitent les entrailles,
Egyptiens. Voy. BOHÉMIENS. selon les cabalistes. -— La terre, disent—ils,
Kiwoa ,— esprit japonais. Les habitants est presque jusqu'au centre remplie de gno-
croient, qu'il veille particulièrement, à la con- mes, gens de petite stature, gardiens des
servation de leur vie., et qu'il peut les pré- trésors, des mines et des pierreries. Ils aiment
server de tout accident fâcheux, comme des les hommes, sont ingénieux , el faciles,à gou-
chutes des mauvaises rencontres, des ma- verner. Ils fournissent aux cabalistes (oui
ladies,, et surtout de la petite vérole. Aussi l'argent qui leur est nécessaire , et ne deman-
ont-ils coutume de placer sur la porte de dent guère, pour prix de leurs services, que
leurs maisons l'image de Giwon. la gloire d'être commandés. Les gnomides,
leurs femmes, sont petites, mais agréables,
Gramàlle,— curé anglican d'Abbey-Church d'une manière fort curieuse -. —
à Bath mort en 'I6SO.O11 lui attribue un el vêtues
, Les gnomes vivent et meurent à peu près
traité des Visions el, apparitions, in-8°, Lon-
dres, '1700; mais il est, certainement auteur comme les hommes; ils ont des villes et se
d'un ouvrage intitulé : Considérations philo- rassemblent en sociétés. Les cabalistes pré-
sophiques touchant l'existence des sorciers et,
tendent que ces bruits qu'on entendait, au
la sorcellerie, '1666,, 'm-l°. rapport d'Aristote, dans certaines îles, où
pourtant on ne voyait personne, n'étaient
Gia-phyra,, — épouse d'Alexandre, fils de nuire chose que les réjouissances et. les fêtes
cet-effroyableHérode qu'on a appelé llérode- de
noces de.quelque gnome. Ils ont une âme
ie-Grancl. Celle princesse ayant perdu Alexan- mortelle mais ils peuvent,
; se procurer l'im-
dre, se maria avec Archélaiis, son beau- mortalité en contractant des alliances avec
frère, et mourut, la nuit même de ses noces., les hommes. Voy. CAMUS, PVGMÉES, NAIKS.
l'imagination troublée par la vision de son
premier époux, qui semblait lui reprocher ces Gnostjojues, —hérétiques qui admettaient
secondes noces avec son frère -.. une foule de génies producteurs de tout dans
le monde. Leur nom signifie illuminés; ils
Glasialabolas ,— voy. CAACIUNOLAAS. l'avaient pris parce qu'ils se croyaient plus
Glocester. — Sous Henri VI, les ennemis éclairés que les autres hommes. Ils parurent
de la duchesse de Glocester voulant la per- au premier et au second siècle, principale-
dre, l'accusèrentd'être sorcière. On prétendit ment dans l'Orient. Ils honoraient, parmi les
qu'elle avait eu des entretiens secrets avec génies, ceux qu'ils croyaient avoir rendu au
Roger Bolingbrocke, soupçonné de nécroman- genre.humain les bons offices les plus impor-
cie et Marié Gardemain, réputée sorcière. tants. Ils disaient que le génie qui avait
On ,déclara que ces trois personnes réunies appris aux hommes à
manger le fruit de l'ar-
avaient, à l'aide de cérémonies diaboliques, bre dé l'a'science du bien et du mal avait
placé sur un fou lent une effigie du roi faite fait pour nous quelque chose de très-signalé.•

1 Philosophie magique, t. VI, p. 383, citéedaps les f Goldsmitli, Hist. d'Angleterre.


Curiosités de la littérature, t. P'Vp. 262. '- '
,. -]i yA apparence que ces contes de'gnomes; cloivcnl
2 Leloycr, Hist. des spectres et des apparitions des leur origine aux relalions de quelques anciens voyil-
esprits, clinp. 23, p. -!3r>, geurs on Laponie. '
GO!) — 2'i:1 — %
COU
Ils
S'honoraient sous la figure qu'il avait prise, jour que, dans le cabaret, il avait raillé lès
(enaienl un serpent, enfermé dans une cage : pèlerins qui faisaient le saint voyage, lêïir
I
lorsqu'ils célébraient leurs mystères ils ou- disant, : « Il faut convenir que vous êlès''fousr
vraient la cage el appelaient le serpent, qui d'aller traverser les mers et risquer votre vie,
moulait sur une table où étaient les pains, et tandis que, pour cinq marcs d'argent, je reste
g'enlorlillait alentour. C'est ce qu'ils appe- dans ma maison, et que j'aurai aillant de
laient leur eucharistie... — Les gnostiques, mérite que vous , » il advint Ce qui suit : —
auxquels se rattachaient les basilidiens, les De retour en son logis,-le meunier s'étànt
opliites, lessimoniens, les carpocraliens, etc., couché entendit tourner' la meule de son
,
(entèrent contre le catholicisme de grands moulin, et toute la machine se mettre en
olforls. Leur serpent, non plus que les nu- mouvement d'elle-même, .avec le lirait, ac-
Ires, n'y put faire qu'user ses dents. Ko;/,
coutumé. 11 appela le garçon, etluidit d'aller
'j'ih'iî DE BOI'HOMEÏ, BONS, etc. voir qui faisait tourner le moulin. Celui-ci y
roi des démons de midi. On peut alla ; mais il fui si effrayé qu'il rentra sans
Goap, — trop savoir.ee qu'il avait vu. «Ce qui se passe
l'évoquer de trois heures du malin à midi, et
soir minuit'. dans voire moulin m'a tellement épouvanté,
de neuf heures du à
répondit—il', que, quand on m'assommerait,
Gobbino , — VOy. IMAGINATION. je n'y retournerais point. » — « Fût-ce le.dia-
Gobelins, — espèce de lutins domestiques ble, s'écria le meunier, j'irai et je le verrai. »
qui se, retirent dans les endroits cachés de la — 11 saule donc à bastlu lit; il met ses chaus-
maison, sous des las de bois. On les nourrit ses, il ouvre la porte
de son moulin, il entre
des mets les plus délicats, parce qu'ils ap- el voit- deux
grands chevaux noirs gardés par
1r6rip.nl à leurs maîtres du blé volé dans les un nègre, qui lui dit : « Monte;ce cheval, il
greniers d'autrui. — On dit que la manufac- est préparé pour toi. » — Le
meunier, trem- '
ture des Gobe-lins à Paris doit son nom à
blanl, cherchait, à s'esquiver; le diable lui
quelques Ibllels qui, dans l'origine venaient cria d'une voix terrible : « Plus de retard!
travailler avec les ouvriers el leur apprendre Ole la robe , et suis-moi.... » Or, Godeslas
,

â faire de beaux tapis. C'est d'eux ajoute-t-


portait une petite croix attachée à sa robe;
on qu'on tient le secret des riches ,
couleurs. il ne réfléchit point, .que' ce-signe le garantis-
, sait ; il fil ce qu'on lui commandait, el grimpa
Gobes. — On appelle gobes , dans la eam- le cheval noir, ou plutôt sur le déiribn
sur
l'iigne, des boules sphôriques que .l'on trouve qu'on lui disait de monter. Le. diable se jeta
quelquefois dans l'estomac des animaux ru— l'autre cheval, el ces quatre personnages
iniiuinls, et qui sont formées de poils avalés sur
s'éloignèrent, allant aux enfers. Là on fit voir
spontanément, mêlés de fourrages el agglu- meunier une chaise enflammée , où l'on
persuaderait ou
tinés par les sucs gastriques. On pouvait attendre ni tranquillité, ni repos,
dillicileni.enf à la plupart, des gens de la cam-
ne
l'effet, d'un et on lui dit : « Tu vas retourner dans la mai-
pagne, que ces boules ne sonl pas son , tu mourras dans trois jours, el lu re-
' sort-. viendras ici pour y passer l'éternité tout
Godeslas. — Lorsqu'on prêcha la première entière sur celle chaise brûlante. » A.ces ..pa-
croisade dans le diocèse de Maastricht, une roles le diable reconduisit Godeslas à son
,
bulle permettant aux vieillards el aux.infir- moulin. Sa femme, qui trouvait son absence
mes de s'exempter du voyage de Terre-Sainte: longue se leva enfin et fut étonnée .de le
, ,
inoyennant.une certaine contrilmlion, un meu- voir étendu/sur le carreau , mourant depeur.
nier, nommé Godeslas ..qui était .en .même, Comme il parlait.de l'enfer, duidiable delà
, ,
temps riche vieux el, usurier, s'arrangea de: mort, d'une chaise ardente, on envoya .cher-
,
.manière qu'il ne donna que cinq marcs d'ar- cher un prêtre pour le rassurer. «Je: n'ai
gent pour avoir la liberté de rester à sonî pas.ibesoin de me confesser, dit^il au.pi'ê-
•iioulin. Ses voisins .rapportèrent à celui quii -ire-, mon sort est fixé. Ma chaise est.prèle,
levuit. l'impôt
que le meunier.-Godeslas pou- ma mort arrive dans trois jours ; ma peine
vait donner quarante marcs .sans se gêner, et,t est Inévitable. » Kl ce malheureux mourut.
sans diminuer l'héritage de ses enfants;,.maiss sans vouloir se reconnaître '.
'' soutint Je contraire et persuada si .bien le
, Gqdwîn, — écrivain anglais qui a publié
wsp.ensaieiir,.qu'on le laissa tranquille. Son
la Vie des Nécromanciens, ou histoire (lesper-
""posture, dit la légende, fui punie. — Un
sonnages les plus célèbres auxquels on a atlri-
Wicrus, In Pseudomonarchiadamton. 1Csesarii KeisterlKicli. rie contritione, lib, 2, ^iirac.1,
Si.lgues, jjes Vivreurs et des préjugés, t. II, p. 14. cap. 7. '"'
ia
G ON
— 2/| h — GRA
bue, dans les différents âges, une puissance venir, cl le même homme d'armes lui li[
,]„
surnaturelle. nouveau un pont de son épée. La hèle pas.;,
Goétie, — art d'évoquer les esprits mal- une seconde fois el. s'en retourna à la bouche
faisants, pendant la nuit obscure, dans des du dormeur, oi'i elle rentra. 11 se réveilla alors-
cavernes souterraines à la proximité des tom- et comme on lui demandait s'il n'avait p0j„'j
beaux et des ossements des morts, avec rêvé pendant- son sommeil, il répondit tpi'il
sacrifice de victimes noires, herbes magiques, se trouvait fatigué et pesant, ayant, fait
uIK,
lamentations, gémissements, et offrande de longue course et passé deux fois sur un pont
jeunes enfants dans les entrailles desquels on de fer. Mais ce qui est plus merveilleux,
cherchait l'avenir. Voy. TIIÉUUGIIÎ. c'est qu'il aila par le chemin qu'avait suivi
Goguîs,.— démons de forme humaine qui la belette; qu'il bêcha au pied d'une putiio
accompagnent les pèlerins du Japon dans colline el qu'il déterra un trésor que son âme
leurs voyages, les font entrer dans une ba- avait vu en songe.... — Le diable, dit "VYïe.
lance et les contraignent de dire leurs péchés. rus, se sert souvent de ces machinations pour
Si les pèlerins taisent une de leurs fautes tromper les hommes el leur faire croire que
dans cet examen , les diables font pencher la l'âme est corporelle el meurt avec le corps;
balance de sorte qu'ils ne peuvent éviter do car beaucoup de gens ont cru que celte bète
tomber dans un précipice où ils se rompent blanche était l'âme de ce soldat, tandis que,
tous les membres i. c'était une imposture du diable....
épreuve par le moyen do pilules
Goitres. —Les Arabes prétendent; guérir deGoo , —
papier que les jammabos, fakirs du Ja-
celle infirmité avec des amulettes. Le docteur
Abernelhy, que l'on consultait sur la manière pon , font avaler aux personnes soupçonnées
de dissiper un goitre, répondit : « .le crois d'un vol ou de quelque autre délit. Ce papier
le meilleur topique serait de siffler... est rempli de caractères magiques et do re-
que » présentations d'oiseaux noirs; le Uinimahosv
Gomory, — fort, el puissant duc des enfers ; met ordinairement
il apparaît sous la forme d'une femme une persuadé son cachet. Le peuple est
, que si celui qui prend celte pilulu
couronne ducale sur la lêle, el monté sur un est. coupable, il ne peut la digérer cl soufVrc
chameau; il répond sur le présent, le passé cruellenieiil jusqu'à
el l'avenir; il fait découvrir les trésors ca- me. Voy. KmuiANO-Goo. ce qu'il confesse son cri-
chés; il commande à vingt-six légions 2. G-orson, — l'un des principaux démons,
Gonderic, •— roi des Vandales qui fut, à roi de l'Occident ; il est. visible le malin à
l'exemple de Geyseric el de Bucer, éventré neuf heures >.
par le diable, el dont l'âme , selon les chro- Gouffres, — On en a souvent fait des ob-
niqueurs fui conduite en enfer '". jets d'effroi. Sur une montagne voisine de
,
Gonm. — Les Français d'autrefois don- Yillofranche, on trouve trois gouffres ou élangs
naient le nom de maître-gonin à leurs petits considérables qui sont toujours le théâtre des
sorciers, charmeurs, escamoteurs et faiseurs orages ; les habitants du pays croient, que le
de tours de passe-passe s. diable est au fond, el qu'il ne faut qu'y jeter
Gontran. — llelinand conle qu'un soldat une pierre pour qu'il s'élève aussitôt une tem-
nommé Gontran, de la suite de Henry, arche- pête.
vêque de Beims, s'étanl endormi en pleine Goul, — espèce de larves ou sorcières-
campagne, après le dîner, comme il dormait, vampires qui répondent aux empuses des an-
la bouche ouverte, ceux qui l'accompagnaient, ciens. C'est la même chose que tjhole.
el qui étaient éveillés , virent sortir de sa Giouieho •— génie de la mort chez les ha-
bouche une bêle blanche semblable à une bitants des , {les des Amis, 11 gouverne une
petite belette, qui s'en alla droit à un ruis- sorte de royaume sombre où se rendent les
seau assez près de là. Un-homme d'armes la âmes.
voyant monter et descendre le bord du ruis- Graa, —sorte d'immortelle (plante) q'll!
seau pour trouver un passage, lira son épée les Islandais employaient autrefois à la magie
et en lit un petit pont sur lequel elle passa et pour écarter les sorciers.
el courut plus loin. —Peu après'on la vitre- Grains bénits..— On se sert encore dans
les campagnes (et celle coutume est désap-
1 Leloyer, Histoiredes spectres ou appav. des esprits,
eh. 11, p. 33G. prouvée par l'Église comme superstitieuse)
2 Wierus, In Psetulomon. darmonum, de certains grains bénilsquiontla propriété de
3 Delancrc, Tabl. de l'inconstance des démons, etc., délivrer les possédés par l'attouchement,Ac"
p. 5.
4 Bodin, DéiïionoîriaiîK', p, Uti. 1 Wierus, Pscudom. dami., p, 931.
GJ1A
— 2/ii i5 — G MA
leindrc les incendies el les embrasements, de reuses, et faisait sous le voile de l'anonyme des
,,,,1'antir du tonnerre, d'apaiser les tempêtes, chansons el des pamphlets. On lui attribue la
|jc .'iiérir la pesle, la fièvre, la paralysie, de brochure politique intitulée la Cordonnière de
délivrer des scrupules, des inquiétudes d'cs- Loudun, petit écrit dirigé contre Richelieu.
.j|.j(., des tentations contre la foi, du déses- Mignon, généralement reconnu pour un homme
poir, des magiciens el des sorciers1. de bien, fui choisi par les religieuses pour la
Grains de blé, — divination du jour de direction do leurs consciences. Grandier, qui
Nioé'l. Bans plusieurs provinces du Nord, on eùl voulu avoir accès auprès de ces da-
fail le jour de Noël, une cérémonie qui ne doit mes , échoua dans lotis ses efforts : aucune
pas manquer d'apprendre au juste combien ne voulut même le voir. La haine qu'il por-
ou aura
de peine à vivre dans le courant de tail à Mignon, et le dépit qu'il conçut dès-
l'année. Les paysans surtout pratiquent celle lors conlro les Ursulines l'entraînèrent dans
divination. On se rassemble auprès d'un une manoeuvre dont on ne le croyait pas ca-
l'rand feu on fa il. rougir une plaque de 1er pable. Le procès qui survint l'en convainquit,
,
londe, et, lorsqu'elle est, brûlante, on y place bien qu'il n'ait,jamaisavoué que son fait fùl une
douze grains de blé sur douze points mar- oîiivre de magie noire. — Citons ici'une ré-
qués à la craie, auxquels on a donné les noms flexion de l'éditeur du livre que nous suivons 1 :
des douze mois de l'année. Chaque grain qui « Le principal motif qui faisait nier la posses-
lirùlo annonce disette et cherté dans le mois sion de Loudun, était l'impossibilité ou l'ab-
qu'il désigne; el si tous les grains disparais- surdité prétendue des phénomènes allégués
sent, c'est, le. signe assuré d'une année de en preuve. Celle impossibilité ou celle absur-
misères. Triste divination ! dité peut-elle être légitimement opposée, main-
Graisse des sorciers. — On nsSlll'O que le tenant que les plus incrédules reconnaissent,
diable se serl.de graisse humaine pour ses ou du moins n'osent pas contester la réalité
maléfices. Les sorcières se frottent, de'celle do lanl d'autres phénomènes analogues loul
caisse pour aller au sabbat par la cheminée; aussi extraordinaires , tout aussi bizarres ,
mais celles de France croient, qu'en se niel- tout aussi prodigieux, qui, dit-on, se produi-
lant, un balai enlrc les jambes, elles sont sent, chaque jour par le moyen du magné-
transportées sans graisse ni onguents. Celles tisme '? » -— Donc, pour trancher le mol, Ur-
d'Italie ont toujours un bouc à la porte pour bain Grandier résolut, non pas de magnétiser
les transporter. les Ursulines (le mol n'existait pas encore),
G;ralon •— roi/. ls. mais de les ensorceler, de leur donner des'
,
Grandier (UUISAIN).— L'histoire d'Ur- diables, de les rendre possédées, de les livrer
bain Grandier est encore une de ces tristes à des convulsions, el. d'amener surtout cet ef-
intrigues dont nous n'avions pas eu jusqu'ici fet qu'elles devinssent.éprises de lui, quoi-
la clef. La relation des possessions où il fut qu'elles ne le connussent, pas. Il exécuta son
impliqué a été entreprise par plusieurs écri- dessein de cette sorte : une branche de rosier
vains, presque tous ignorants ou malintention- chargée de plusieurs roses l'ut jetée dans le
nés, surtout le calviniste Saint-André, dont couvent; toutes colles qui les flairèrent furent
\'Histoire des diables de Loudun a trompé beau- saisies d'esprits malins, el livrées à un charme
coup de monde. Heureusement aujourd'hui qui les faisait soupirer après Urbain Grandier,
nous avons d'autres guides. On a publié en
qu'elles n'avaient jamais vu, Dieu permettant
182!), du bon et pieux père Surin, ainsi cette plaie et cette perturbation de leurs
un livre jus-
(|ue-là resté inédit 2, et qui nous permel- sens, pour des raisons que nous n'avons ni le
ii'H d'être plus vôridique. Un couvent d'Ur- droit ni le besoin d'approfondir. Elles étaient
sidines avait été établi à Loudun
en 4 626.'_ comme en démence, se retiraient, dans les
Sept ans après, il éclata de sinistres lieux écartés, appelaient Grandier; et lors-
y symp- soit par une hallucination, soit par un
tômes. Il avait
y eu do grands procès entre\ que,
deux chanoines de la collégiale de Sainle- acte de Satan, la figure imaginaire ou réelle
'roix de Loudun. L'un était M. Mignon,homme de Grandier paraissait devant elles subite-
,
s;ige et vertueux, et l'autre Urbain Grandier, ment, elles le fuyaient avec horreur; car le
nomme lettré, spirituel, caustique et plus dis-'_ coeur de ces pauvres filles restait pur ; leurs
S1l>e que
ne comportait sa condition , comme3 sens étaient seuls assiégés. Aucune d'elles ne
disent les écrits du
temps. Il se répandait danss consenliljamais aux suggestions qui les éprou-
pas des moeurs fort rigou- vaient. Mignon, assisté d'un sage curé, exor-
lc monde, n'affectait

' l^brrm, cisa la prieure, qui étaiten proie à d'étranges


Hist. des superstitions, t. I™, p. 897.
I riomphe de l'Amour divin sur les rmissances dee r Triomphe do l'Amour divin, etc. Avis do l'éditeur
(. ™lra.
' Avignon, Seguin aîné, 1S39. 1 vol. in-12.
p. xi.
GRA — 2u(5 — S GKÂ
crises, el. dont le corps parfois restait élevé Grange du diable. — 11 n'y a presque u;\-
de ferre par une puissance occulte. La chose ride province où l'on ne montre dans quelim,,
fil bientôt tant, de bruit, qu'on dut la déférer ferme f écartée une grange mal famée 'qu'on
aux magistrats ordinaires. Le roi même, in- appelle ; la Grange du diable. Par suite d'un
slruil do ce qui se passait, ordonna à Martin. pacle \ avec.un paysan dans l'embarras, c'esi
de Laubardemonl, intendant de la justice toujours le diable qui l'a bâlie en une nuit
1

dans la province, de prendre la conduite du el partout le chant du coq l'a fait fuir avant
<

procès. Cei homme, trop noirci, mil. dans qu'il i n'eût gagné son pari ; car il y a un [rou
l'instruction la lenteur et la modération la qui n'est pas couvert, ou quelque autre chose
i
plus louable. 11 assembla pour juger un cas qui manque à toutes les granges. On en cite
si grave quatorze juges de divers présidiaux une fameuse dans le Braisant 1.
voisins, Poitiers, Angers, Tours, Orléans, Granson. — Paul Diacre (llisl. Lonyub.)
Cliinon, La Flèche, elc. Un bon religieux ré- fait
ce conte. Deux seigneurs lombards nom-
collet, le père'Laclance, exorcisait, les possé- més Aldon et Granson, ayant déplu à Cuni-
dées en présence de l'évèque de Poitiers et bert, roi de Lombardie, ce prince résolut de
d'un grand concours d'hommes éclairés, pen- les faire mourir. Il s'entretenait de ce projet
dant que les juges recueillaient les déposi- avec son favori, lorsqu'une grosse mouche,
tions à la charge de Grandier. On trouva sur vint planter
se sur son front et le piqua vive-
son corps les marques dont les sorciers ne ment; Cunibert. chassa l'insecte, qui revint à
manquaient jamais d'èlro tatoués. 11 fui dé- la charge, cl qui l'importuna jusqu'à le niei-
montré qu'il était l'auteur de la possession ti'odnns une {fraude colère. Le favori, voyant
des pauvres soeurs ; el quand même il n'eût son maître irrité, ferma la l'eiièlre pour
em-
pas été sorcier, l'enquête eût prouvé du moins pêcher l'ennemi do sortir, et se mil à pour-
sa mauvaise vie el ses mauvaises moeurs. On suivre la mouche, pendant, que le roi tira son
saisit dans ses papiers un livre scandaleux poignard pour la tuer. Après avoir sué bien
qu'il écrivait contre le célibat des prêtres. long-temps, Cunibert joignit l'insecte fugitif,
.Mais on n'y trouva pas comme l'ont dit do le frappa; mais il no lui coupa qu'une patte,
,
mauvais plaisants, l'original du pacle qu'il et la mouche disparut. Au même instant

avait pu faire avec le diable; et les pièces Aldon et. Granson, qui étaient ensemble, viienl
qu'on a publiées dans ce genre ont été fabri- apparaître devant eux une espèce d'homme
quées après coup. Grandier fredonnai!, dans sa qui semblait épuisé de l'aligne el qui avait
prison une chanson du temps : L'heureux sé-
une jambe de bois. Cet homme les avertit du
jour de l'arthénioe el d'Alidor, lorsqu'on vint projet du roi Cunibert, leur conseilla de fuir,
lui annoncer qu'il était condamné au feu; ce et s'évanouit tout aussitôt. Lus deux seigneurs
qui fui exécuté sur le grand marché de Lou- rendirent grâces à l'esprit de ce qu'il faisait
dun. Une bande de corbeaux, dont quelques- pour eux ; après quoi ils s'éloignèrent comme
uns ont fait une troupe de pigeons, voltigeaient l'exigeaient les circonstances'.
autour du bûcher, il parait qu'il mourut mal. Gratarole (Guiu.AUMii ), — médecin du
Après sa mort, la possession n'étant pas
seizième siècle, mort en 1568. 11 est auteur
vaincue, les exorcismes continuèrent. Les dé-
d'un ouvrage intitulé : Observationsdes diffé-
mons qu'il fallait chasser sont nommés As-
Béhémolh,
:
Elimi, Grésil, rentes
parties du corps de l'homme pour juger
modéè, Lévialhan,
Âslarotli, de ses facultés morales-. Bâle, '1884, in-8". H
Aman, Easas, Zabulon elc. Le
, composé aussi sur l'Antéchrist, un ouvrai
père Laclance mourut de fatigue; il fui rem- a
placé par le père Dupin ; et enfin le roi char- que nous ne connaissons pas; Enfin des traités
les jésuites de dompter cette hydre. Un sur l'alchimie et sur l'art de faire dos alma-
gea nachs.
très-saint homme el très-instruit, le père Su-
rin, qui prêchait avec grands succès à Maron- Gratianne (.lliAN'NlïTTIî), — habitante de
Sibour ou Siboi'O, au commencement du dix-
nes, fui.chargé decellé opérationdifficile.Celait j,

un-homme frêle et maladif, mais d'une grande; septième siècle; accusée de sorcellerie à l'âge
piété. 11 finit par obtenir une. victoire complète. de seize ans, elle déposa qu'elle avait été nic-
Toutefois il ne sortit pas do celte lutté sansj née an sabbat ; qu'un jour le diable lui avail
arraché un bijou-de cuivre qu'elle portail an
en porter de rudes cicatrices ; car pendantt, poing
longues années, par la permission de Dieu, cou ; ce bijou avait la forme d'un
dont les secrels ne.nous sont pas tous connus, serré, le pouce passé entre les doigts, co q»e
le père Surin vécut obsédé et souffril des pei-
Voyez les légendes infernales.
nes qui oiit fail de sa vie un martyre. Voy.
1

Uc prâidictione hu.runi uaturàruinipio lioniin11"


1

son livre que nous avons indiqué.


:>

l'Ucili ex inspéclione pârlium corpuris.


GRE — 2/i7'— G1.U

l,s l'enimcs du pays regardaient comme un ju justice enfin est écrite par un protestant
n'^ervalif contre tonte fascination et sorti- (Voigl). (Y

/„re. Aussi le
diable ne le put emporler, mais Grêle. — Chez les Romains, lorsqu'une
le laissa
près de la porte. Elle assura aussi nuée m paraissait disposée à se résoudre en
(in'cn revenant un jour du sabbat, elle vil le grêle,
gr on immolait des agneaux, ou par quel-
diable en l'orme d'homme noir avec six cornes qi que incision à un doigt, on en faisait sortir du
sur la lèle, une queue au
derrière, deux vi- sa sang, dont la vapeur, montantjusqu'à la nuée,
-n"cs, elc. ; qu'ayant été présentée à lui, elle p, l'écarlail ou la dissipait entièrement: ce que
eu recul une grosse
poignée d'or ; qu'il la fit SiSénôque réfute comme une folie 1.
renoncer à son Créateur, à la Sainte-Vierge, Grenier (.IIÎAK), — loup-garou qui llorissait
à tous les saints et à tous ses parents '. vers
Vl l'an KiOO. Accusé d'avoir mangé des en-
Giratidia, — devineresse qui trompa Pom • fants h par Jeanne Garibaul, el par d'autres,
née, comme le rapporte Horace : car lui quoiqu'il q eût à peine quinze uns il avoua
,
avant demandé l'issue de la guerre de Pbar- qu'il q était fils d'un prêtre noir (prêtre du sab-
sale, elle l'assura qu'il serait victorieux; né-an- bal) b qui portait une peau de loup -, el qui lui
moins il fut vaincu 2. avait
a appris le métier. On ne sait ce que de-
Gratoulet, — insigne sorcier qui apprenait vint v ce jeune homme. -— Voy. Ponuiïit et
le secret d'embarrer ou nouer l'aiguillette , et
''
Piiiuiui LA HOCHANT.

iiin s'était, vendu à


Uelzébuth. 11 donna des Grenouille.—Ouifignore pas cetadmirable
lirons de sorcellerie à Pierre Aupetil, cou- secret s des paysans, que la grenouille des buis-
damné en 1598. ssons, coupée et mise sur les reins, l'ait telle-
uriner que les hydropiques en sont gué-
Grcatrakcs (VALKNTIN) , —empirique qui ment '
ris
lit du bruit, en Angleterre dans le dix-sep- ' — Voy. MESSIE DES JUIFS, TIIK.UIILE-
lit'ino siècle; il était né en Irlande en I02S. 11ENTS DE TKl'.liE ClC.
- ,
On ignore la dale de sa mort. Il remplit de GriEfon. — Bro\vnr' assure qu'il y a des
brillants emplois, mais il avait la lèle déran- grillons, c'est-à-dire des animaux mixtes, qui
'
:;ée ; en 1662, il lui sembla entendre une voix par-devant ressemblent à l'aigle el par der-
lui dire qu'il avait le don de guérir les rière au lion, avec des oreilles droites, quatre
éiTOiielles ; il voulut en user el se crut même pieds el une large queue.
appelé à Irailer toutes les maladies : ce qui Grigri, — Démon familier que l'on voit
'ni attira une grande célébrité. Cependant une chez les Américains, et surtout dans les l'u-
sentence de la cour de l'évéquc de Lismore rèls du Canada el de la Guinée ''.
lui défendit de guérir. Sa méthode consistait (ïrillandus (PAUL), —Castillan, auluur
à appliquer les mains sur la partie malade et. d'un traité des maléfices (De male/iciis), pu-
à faire de légères frictions de haut en bas. 11 blié à Lyon en 4 838, d'un traité des Sortilè-
louchait même les possédés, qui tombaient ges, des Landes, de la Torture etc., Lyon,
,
dans des convulsionsaussitôt qu'ils le voyaient <lo3(>, el do quelques autres ouvrages de ce
ou l'entendaient parler. Plusieurs écrivains se genre. Il conte quelque pari qu'un avocat
moquèrent de lui. Saint-Êvremonl. écrivit ayant été noué par un puissant maléfice, que
contre la crédulité qu'on lui accordait.. Mais nul art de médecine ne pouvait secourir, eut
Ureatrakes a eu des défenseurs, el Deleuze, recours à un magicien qui lui fil prendre,
;: dans son Histoire du magnétisme animal, l'a avanl.de dormir, une certaine potion el lui
présenté sous un jour qui fait voir que c'était dit do ne s'effrayer de rien. A onze ,heures
magnétiseur. et demie de la nuit, survint un violent orage
.. un
Grégoire VII (saint), l'un des plus grands; accompagné d'éclairs; il crut d'abord que la
papes, sauva l'Europe au onzième siècle. maison lui tombait sur le dos ; il entendit bien-
:,. Comme il fïl de grandes choses pour l'unité tôt de grands cris, des gémissements, et. vit
,
il eut des ennemis dans tous les hérétiques, cll dans sa chambre, une multitude de personnes
•' m dernier lieu dans les protestants, qui l'ac- qui se meurtrissaient à coups de poing el à
•-,
«usèrent de magie el même de commerce avec3 coups de pied, et se déchiraient avec les on-
le diable. Leurs
mensonges ftirenlslupidement l . gles et les dents; il reconnut une certaine
l'opélés par les catholiques. Ce saint pape3 femme d'un village voisin, qui avait la répu-
vent d'être vengé ; car l'histoire qui lui rend
.1

1 Lebrun, t. ïtl-, p 376.


Oeîancre, Tabî. de l'ineonstanee des démons, etc., v M. Jules Garinct, Histoire de la magie en France ,
"v- 'v, p, 132. '' p. 173.
Uelanere,'J'abl. de l'inconstance des démons, etc., ;; .Essai sur les erreurs, etc.. t. I'1', p. 294.
; "v-'Vi...5a. '' Wierus, de Pneslig.. i>. US.
GRL — 2/ic — i GIU
talion de sorcière et, qu'il soupçonnai!, de lui à table el dansent, mais au coup de iiiiimii.
avoir donné son mal ; elle se plaignait plus tout disparaît. — On trouve dans le même
que tous et s'était elle-même déchiré la face livre beaucoup de bêtises de ce genre. qlK! 1
el arraché les cheveux. Ce mystère dura jus- nous rapportons en leur lieu. —Grimorimn
qu'à minuit; après quoi le maître sorcier en- verum, vel probalissimoe Salomonis clavi- 1
tra; tout disparut; il déclara au malade qu'il culce rabbini hebraici, in quibus tum nutu- 1
était guéri: ce qui fut vrai 1. ralia tum supernaluralia sécréta, licei abiù !
modo operator
Griaiaïdi. — Sous le règne de Louis-le- iissima, impromptu, apparent,
Débonnaire, il y eut. dans toute l'Europe une pernecessaria el contenta facial; sciai tcmim
maladie épidémique qui s'étendit sur les trou- oporlei daimonum poteniia dumtaxal per-
Le bruit répandit dans le peuple agantur : traduit de l'hébreu, par Plaingière,
peaux. se
que Grimaldi, duc de Bênévent, ennemi de avec un recueil de secrets curieux. A Mem-
Charlemague avait occasionné ce'dégât en phis , chez Alibeck l'Egyptien, 4 517, m-u
faisant répandre ,
de tous côtés une poudre ( sic omnia ), et sur le revers du titre : IB
meurtrière par ses affidés. On arrêta un grand véritables clavicules de Salomon, à Mempliis,
nombre dé malheureux, soupçonnés de ce chez Alibeck l'Egyptien, 1817. — Le grand
crime; la crainte el la torture leur firent Grimoire avec la, grande clavicule de Salo-
confesser qu'ils avaient en effet répandu celle mon, et la magie noire ou les forces infernales
poudre qui faisait mourir les troupeaux. Saint du grand Agrippa, pour découvrir les trésors
Agobard, archevêque de Lyon, prit leur dé- cachés el se faire obéir à tous les esprits;
fense el démontra que nulle poudre n'avait la suivis de tous les arts magiques, in-18, sans
ni nom de lieu. — Ces deux grimoires
vertu d'infecter l'air ; etqu'en supposant même date
contiennent, comme l'autre, des secrets que
que tous les habitants de Bênévent, hommes,
femmes, jeunes gens, vieillards et enfants, se nous donnons ici aux divers articles qu'ils
fussent dispersés dans loute l'Europe, chacun concernent — Voici une anecdote sur le gri-
suivi de trois chariots de celle poudre, ils n'au- moire : — Un petit seigneur de
village venait
raient, jamais pu causer le mal qu'on leur at- d'emprunter à son berger le
livre du grimoire,
tribuait '-. avec lequel celui-ci se vantait de forcer le
diable à paraître. Le seigneur, curieux de
Qrimoire. —Tout le monde sait, qu'on fait, voir le diable, se retira dans sa chambre el se
venir le diable en lisant, le Grimoire ; mais il mil à lire les paroles qui obligent l'esprit de
faut avoir soin, dès qu'il parait, de lui jeter ténèbres à se montrer. Au moment où il pro-
quelque chose à la lète, une savate, une sou- nonçait, avec agitation, ces syllabes puis-
ris, un chiffon ; autrement on risque d'avoir santes, la porte, qui était mal fermée, s'ouvre
le cou tordu. •— Le terrible petit volumeconnu brusquement: le diable paraît, armé de ses
sous le nom de Grimoire, autrefois tenu secret, longues cornes et tout couvert de poils noirs...
était brûlé très-justement dès qu'il était saisi. Le curieux seigneur perd connaissance el
Nous donnerons ici quelques notes sur les trois tombe mourant de
peur sur le carreau, en
Grimoires les plus connus. — Grimoire (sic) faisant le signe de la croix. Il resta long-
du pape Jfonorius, avec un recueil des plus temps —
sans que personne vînt, le relever. Enfin
rares secrets ; sous la rubrique de Rome, 670, il rouvrit les yeux et se retrouva avec sur-
<l

in-4 G orné de figures el de cercles. Les cin- prise dans sa chambre. Il visita les meubles,
quante premières pages.ne contiennent, que pour voir s'il n'y avait rien de dégradé : .un
des conjurations ; voyez OormmATiOKS et EVO- grand miroir qui était sur une chaise se trou-
CATIONS. Dans fe .Recueil des plus rares se- vait, brisé, c'était l'oeuvre du diable. Malheu-
crets on trouve celui qui force trois demoi- reusement pour la beauté du conte, on vint
selles, à venir danser le soir dans une chambre. dire un instant après à ce pauvre seigneur que
Il faut que tout soit lavé dans.celle chambre; son bouc s'était échappé, et qu'on l'avait re-
qu'on n'y remarque rien d'accroché ni de pris devant la porte de cette même pièce où
pendu qu'on mette sur la table une nappe il avait si bien représenté le diable. Il avait'
,
blanche, trois pains de froment, trois sièges vu dans le miroir un bouc semblable à lui
,
trois verres d'eau ; on récite ensuite une cer- el avait brisé la glace
en voulant combattre
taine formule de conjuration, el les trois per- son ombre ».
sonnes qu'on veut voir viennent, se mettent .

G-risgris, •— nom. de certains fétiches chez


les Mores d'Afrique, qui les regardent comme
T: Belancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc.,
.
p. 356. des puissances subalternes. Ce sont de petits
^ M. Saignes, Des erreurs et des préjugés t. Ier,
,
p. 288. 1 Histoire des fantômes'et des démons, p. 214.
GUA — -1LY.)
— GUI
Kjllels s'"' lesquels sont tracées des figures séjour ténébreux, discutais, leur arrache les
n„j(|ucs ou des pages du Koran en caractères gémissements plaintifs qu'on entend au dehors.
iraïios; ces billets sont vendus assez cher, et Les Indiens du gouvernement de Cumana
,
jpj habitants les croient des préservatifs as- non convertis à la foi, ont encore du respect
curés contre tous les maux. Chaque grisgrisa pour celle opinion. Parmi ces peuples jusqu'à
forme et sa propriété.- deux cents lieues de la caverne, descendre au
cri
aroenjeUe.—11 y a, sur les côles de la Bal-
Guacharo est synonyme de mourir.
liqiie, comme dans la plupart des contrées Guayotta, — mauvais géiiie que les habi-
monlagncuses de l'Europe, des chasseurs dé- tants de l'île Ténérifie opposent à Achguaya-
funts condamnés pour leurs méfaits à courir Xérac, qui est chez eux le principe du bien.
éternellement à travers les marais et les taillis. Guécuba, — esprit du mal chez les Arau-
Les habitants du Slernsklinl. entendent sou- cans, voy. TOQUI.
vent le soir les aboiements des chiens de Gueldre. — On trouve ce récit dans les
Grcenjelle, ils le voient passer dans la vallée, historiens hollandais : Un nioiislre affreux
«
le chasseur réprouvé, la pique à la main ; et d'une grandeur prodigieuse ravageait la cam-
ils déposent devant leur perte un peu d'avoine pagne . dévorant les bestiaux elles hommes
pour son cheval, afin que dans ses courses mêmes ; il empoisonnait le pays de son souille
il ne foule pas aux pieds leurs moissons 1. empesté. Deux braves gens, YVichard et Lu-
Grossesse. — On a cru long-temps à Paris pold, entreprirent de délivrer la contrée d'un
qu'une femme enceinte qui se regarde dans fléau si terrible, et y réussirent. Le monstre ,
nu miroir croit voir le diable ; fable autorisée en mourant, jeta plusieurs fois un soupir qui
par la peur qu'eut de son ombre une femme semblait exprimer le mot ghelre. Les deux
grosse, dans le temps qu'elle s'y mirait, cl vainqueurs voulurent qu'en mémoire de leur
persuadée par son accoucheur qui lui dit qu'il triomphe, la ville qu'ils bâtirent prît le nom
était, toujours dangereux de se regarder en- de ghelre dont, nous avons fait Gueldre. »
,
ceinle. On assure aussi qu'une femme grosse Gui de chêne, — plante parasite qui s'al-
qui regarde un cadavre, aura un enfant pâle tache au chêne, el qui élail regardée comme
• et. livide 2. Dans certains canlons du Brésil, sacrée chez les druides. Au mois de décembre,
aucun mari ne lue d'animal pendant la gros- qu'on appelail le mois sacré, ils allaient la
sesse de sa femme, clans l'opinion que le fruit cueillir en grande cérémonie. Les devins mar-
'jii'elle porte s'en ressentirait. Voy. IMAGINA- chaient les premiers en chantant, puis le hé-
TION. — On ignore encore le motif pour lequel raut venail, Ktiivi.de trois druides portant les
quelques églises particulières refusèrent long- choses nécessaires pour le sacrifice. Enfin pa-
temps la sépullure aux femmes qui mouraient raissait le chef des druides, accompagné de
enceintes, c'était sons doule pour engager les tout le peuple; il moulait sur le chêne , cou-
,
femmes à redoubler de soins envers leurs en- pait, le gui avec une faucille d'or, le plongeait
:
l'unis? Un concile tenu à Rouen on 1074, a dans l'eau lustrale el criait : « Au gui de l'an
ordonné que la sépulture, en terre sainte ne neuf (ou du nouvel an). » On croyait, que

fût nulle pari refusée aux femmes enceintes l'eau charmée ainsi par le gui de chêne élail
ou mortes pendant l'accouchement. très-efficace contre le sortilège et, guérissait
Grosse-Tête ( îloiiEiiT ), — évèque de Lin- de plusieurs maladies. Voy: GUTHEYL. —
; coin, auquel Gouvérus donne une androïde Dans plusieurs provinces on ost, persuadé que
V
comme celle d'Alberl-ïe-Grand. si on pend le gui de chêne à Un arbre avec
f Suacharo. — Dans la montagne de Tumé- une aile d'hirondelle, tous les oiseaux s'y ras-
réquiri, située quelque distance de Cumana, sembleront de deux lioues el demie.
« à
so trouve la caverne de Guacharo, fameuse
Guido. —Un seigneurnommé Guido, blessé
;' parmi les Indiens. Elle est immense el sert
à mort dans un combat, apparut autrefois loul
il'liabilation à d'oiseaux armé à un prêtre nommé Etienne, quelque
; des milliers noc-
turnos dont la graisse donne l'huile de gua- temps après son décès, el le pria de dire à
x
} eharo. 11 en sort une assez grande rivière ; son frère Anselme de rendre un boeuf que lui
°'> entend dans l'intérieur le cri lugubre de
Guido avait pris à un paysan, et de réparer
f-os oiseaux, cri que les Indiens attribuent aux
le dommage qu'il avait fait à un village qui
<
,
«mes, qu'ils croient forcées d'entrer dans celle ne lui appartenait, pas, ajoutant qu'il avait
.;, caverne, pour passer dans l'autre monde. Ce oublié de déclarer ces deux péchés dans sa
dernière confession et qu'il en était tour-
,
' Marinier, Trad. delà Baltique. menté. Pour assurance de ce que je vous dis,
v
v:: * wn> Essai sur les erreurs popul., p. 101. conlinua-t-il, quand vous serez retourné à
-
G un
GUI — 250 —
votre logis, vous trouverez qu'on vous a volé ;\ toules heures de jour et de nuit, s"v pUu_
l'argent, que vous destiniez à faire le voyage >.'aient trouver ; il l'a depuis rédigée par éei'n
de Sainl-Jacques. Etienne, do retour, trouva (311 tables astrologiques '.
en effet son coffre forcé et son argent enlevé ; Guillaume-ie-B.oux, — fils de Guillaume,
mais if ne put 's'acquitter de sa commission ]le-Conquéranl, el lyran de l'Angleterre dans
,
parce qu'Anselmeétait absent. — Peu de jours le onzième siècle; c'était, un prince abomi-
après, le môme Guido lui apparut de nou- nable, sans foi, sans moeurs, athée, blasphé-
veau, el lui reprocha sa négligence. Etienne mateur cl cruel. 11 fil beaucoup do mal
s'excusa comme il put, et il alla trouver An- l'église d'Angleterre ; il chassa l'archevêqueu
selme, qui lui répondit, durement qu'il n'était de Cantoibéry, et ne voulut point que ce sié;>e
pas obligé défaire pénitence pour les péchés lui rempli de son vivant, afin de profiler des
de son frère. Le mort apparut une troisième revenus qui y étaient attachés. 11 laissa les
fois au prêtre, et lui témoigna son déplaisir prêtres dans la misère el.condamna les moines
du peu de compassion que son frère avait de à la dernière pauvreté. Il entreprit des guerres
lui; puis il le pria de le secourir lui-même injusles el se lit généralement, détester. ij»
dans celle extrémité. Etienne restitua le prix jour qu'il était à la chasse ( en l'année — 110»,
du boeuf, dil des prières, lit des aumônes, dans la quarante-quatrièmede son âge et la
recommanda l'âme aux gens de bien de sa treizième de son règne), il fui lue d'une llèclii!
connaissance ; el. Guido ne reparut plus '. lancée par une main invisible; pendant qu'il
Guillaume, — doniésliquc de Mynheer rendait le dernier soupir, le comte de Cor-
Cla'lz, gentilhomme du duché de .luliers, au nouailies, quis'clailunpeuécarté de la chasse,
quinzième siècle. Ce Guillaume fui possédé vil un grand bouc noir et velu, qui emportai!
du diable et demanda pour exorciste un pas- un homme défiguré el percé d'un Irait de part
leur hérétique, nommé Bartholomée f'anen , en pari Le comte troublé de ce spectacle,
homme qui se faisait payer pour chasser le cria pourtant au bouc de s'arrêter, et lui de-
diable, el. qui, dans cette circonslanee fut manda qui il était, qui il portait, où il allait?
,
penaud. Comme le démoniaque pâlissait, que Le bouc répondit : — « .le suis le diable, j'em-
son gosier enflail, el. qu'on craignail qu'il ne porte Guillaume-le-lvoux, el je vais le pré-
lui suffoqué entièrement, l'épouse, du seigneur senter au tribunal de Dieu , où il sera con-
Clalz, dame pieuse ainsi que toule sa famille, damné pour sa tyrannie; cl il viendra avec
se mil, à réciter la prière de Judith. Guillaume nous -. »
alors se prit à vomir, entre autres débris, la Guillaume de Paris. — 11 CSl cilé par les
ceinture d'un bouvier, des pierres, des pelo- démonographes pour avoir fail des statues
tons de fil, du sel, des aiguilles, des lambeaux parlantes, à l'exemple de lloger Bacon, chose
de l'habit d'un enfant, des plumes de paon qui ne peut, être fuite que par les opérations
que huit jours auparavant il avait arrachées •diaboliques 5.
de la queue du paon môme. On lui demanda
la cause de son mal. Il répondit que, passant Gullets ou Bonasses , — démons qui ser-
chemin, avait rencontré femme vent les hommes dans la Norvège, et qui se.
sur un il une de chose. Ils pansenl les che-
inconnue qui lui avait souillé au visage el louent pour peu
, vaux les étrillent, les frottent, les brident,
que loulson mal datait, de ce moment. Cepen- ,
dressent leurscrinsetleurs queues,
dant lorsqu'il fui rétabli, il nia le fait, et les sellent, meilleur palefrenier : ils font même
le
ajouta que le démon l'avait forcé à faire cet comme
les plus viles fondions de la maison''. Voy. 1)E-
aveu, que toutes ces
el, matières n'étaient pas
dans son corps ; mais qu'à mesure qu'il vo- KlTll.
missait, le démon changeait ce qui sortait de Gurme, — chien redoutable, espèce de Cer-
sa bouche '- bère de l'enfer des Celtes. Pendant l'existence
du monde, ce chien est attaché à l'entrée
Guillaume de Carperrtras , — astrologue d'une mais dernier jour il doit
qui lil pour le roi Mené de Sicile et. pour le caverne ; au
duc de Milan, des sphères astrologiques, être lâché, attaquer le dieu Tyr ou Thor, ri
sur le Incr.
lesquelles on lirait les horoscopes. 11 en lil
Une pour le roi Charles Vil! qui lui coula 1 }\\-traii (l'un ancien manuscrit, cité a la fin (les re-
,
douze cenls écus; celle sphère contenait plu- marques de .loly sur Bayle.
sieurs utilités, el. élail. fabriquée de telle ma- * Muttlioei Tyiïipii prainia virtutum. — Matthieu
nière que tous les mouvements des planètes Paris, llisloria major, t. JI.
, Naudé, Apol. pour les grands personnages accu^"
••*

de magie, chap. 17, p. 493.


1 Pierre le Vénérable, Livre des Miracles. •' Leloyer, 1-iist. des spectres ou apparitions de;; .'-'
? Wierus, De prrest., lib. 3, cap. 0. prils, p. 3:19.
11AI1
— 251I — MAC

ts-nsoyn.
—grand-duc aux enfers. Il appa- rent n à frapper Gnymond, qui pourtant se po-
i soUs la forme d'un chameau. Il répond sait
s; en incrédule. Dans l'instant que , tout
.'
|e présent, le passé, l'avenir, et, découvre troublé, il regardait piquer des épingles dans
11

choses cachées. 11 augmente les dignités hla gorge d'une jeune fille : « Vous êtes bien
.

l
l'affermit les honneurs. Il commande à qua- empressé,
e lui dit la sorcière, à vous éclaircir
ranle-c,inq légions'1. d ce qu'on fail ici. Puisque vous êtes si cu-
de
(ju6taph, — voy. ZoiioASTKi;. rieux,
i' apprenez que vous mourrez dans trois
fiutbeyl ou Guthyl, — nom sous lequel les ijours. » Ces paroles firent sur Gnymond une
licrmains vénéraient le gui dé chêne. Ils lui impression
' étonnante, il tomba dans une pro-
attribuaient des vertus merveilleuses, parti- fonde rêverie; et cette prédiction, aussi bien
culiérement contre l'épilepsie, el. le cueillaient que
l ce qu'il avait vu, causa en lui une telle
les mêmes cérémonies que les Gaulois. révolution,
' qu'il tomba malade el mourut en
avec
Dans certains endroits de la Haute-Allemagne,
effet
( au bout de trois jours, !e 1A février 17(i0.
eciic superstition s'esl conservée, el les habi- Gyromancie, — sorte de divination qui se
tants sont encore aujourd'hui dans l'usage de pratiquait en marchant en rond, ou en tour-
]

courir (le maison en maison et de ville en nant autour d'Un cercle, sur la circonférence
ville, en criant : « Gutheyl ! Gutheyl ! » — duquel étaient tracées des lettres. A force de
DesSeplenlrionauxs'imaginaientqu'unhomme tourner on s'étourdissait jusqu'à se laisser
muni de gui de chêne non-seulement ne pou- tomber, et de l'assemblagedes caractères qui
vait être blessé, mais était sûr de blesser lous se rencontraient aux divers endroits où l'on
iras contre lesquels il lançait une flèche. C'est avait fail des chutes, on lirait des présages
a cause de ces vertus
magiques attribuées au pour l'avenir. Voy. ALhxrr.YOjiATscii;.
nui de chêne, qu'on l'appelle en Alsace Ma- Gymnosophistes,— philosophes ainsi nom-
n'iitahein : c'èsl-à-dire arbrisseau des spec- més parce qu'ils allaient uns ou sans habits.
tres. Chez les déinonnmaiies les gymuosophistes
Guymond de X«a Touche , — poète dra- sont des magiciens qui obligeaient les arbres
maliqtit!, philosophe du dernier siècle. 11 élail à s'incliner cl à parler aux gens comme des
allé, le 11 février (1760, chez une sorcière, à créalures raisonnables. Thespesion l'un do
,
Paris, dans le dessein de s'en moquer el de ces sages, ayant commandé à un arbre de
découvrir les ruses qu'elle mettait en usage. saluer Apollonius, il s'inclina, el, rabaissant
Il accompagnait une grande princesse, qui le sommet do sa lèle cl ses branches les plus
montra en celte occasion plus de force d'es- hautes, il lui fil, des compliments d'une voix
prit que lui. L'appareil religieux de chaque distincte mais féminine, ce qui surpasse la
expérience, le silence dés spectateurs, l'effroi magie naturelle '.
dont quelques-mis étaient saisis, commencè-
1 llelancre, Incrédulité et mécréance du sortilège
' Wierus, in Pseudomonarcliiad;em. pleinementconvaincue, p. 33.

Haagenti, — grand-président aux enfers. Haborym, — démon des incendies, appelé


1! parait
sous la figure d'un taureau avec des aussi Ayin. 11 porte aux enfers le litre de duc;
ailes de griffon. Lorsqu'il se montre portant il se, montre à cheval sur une vipère, avec
lace humaine, il rend l'homme habile à toutes trois lètes, l'une de serpent,, l'autre d'homme,
choses ; il enseigne en perfection l'art de trans- la troisième de chat. 11 tient à la main une
muer tous les métaux en or, el de faire d'ex- torche allumée. 11 commande vingt-six lé-
eelleni vin avec de l'eau claire. 11 commande gions. Quelques-uns disent que c'est le même
trente-trois légions '. que Ilainn ; Ce qui nous parait douteux.
Habondia, -— reine des fées, des femmes Haceldama OU Haheldama, -— qui signifie
blanches, des bonnes, des sorcières, des lar-
héritage ou porlion de sang. Ce mot osl de-
ves, des furies et des harpies, comme l'assure
lierre Delancre en son livre de 'l'Inconstance venu commun à toutes les langues du chri-
-'es Démons.
stianisme, depuis le récit sacré qui nous ap-
prend qu'après que .ludas se fut pendu les
,
" ierus, in Pseudom. da?.in. prêtres juifs .achetèrent, des trente pièces d'ar-
IIA Q — 252 —! iiAR ;:
genl qu'ils lui avaient données pour trahir lorsque ses sujets s'élanl révoltés contre |uj
1 ï-
notre Seigneur, un champ qui fut destiné à la il consulta l'oracle d'Odin qu'on révérait, iUl' ;»
i

sépulture des étrangers, el qui porta le nom près d'Upsal. 11 lui fut répondu que s'il von, ï
d'IIaceldama. On montre encore ce champ lait sacrifier le seul fils qui lui restai, il v;_ ],
aux étrangers. 11 est petit et couvert d'une vrail el régnerait encore soixante ans. H v ;
voûte, sons laquelle on prétend que les corps consentit, el ses dieux lui tinrent parole, liiei,
«
qu'on y dépose sont consumés dans l'espace plus , sa vigueur se ranima à l'âge de cent
de trois ou quatre heures '. cinquante ans; il eut un fils el successivement
Haleine. •— Une haleine forte el violente cinq autres, depuis cent cinquante ans jusqu'à :
est la marque d'un grand esprit, dit un sa- cent soixante. Se voyant près d'arriver à son
vant,, el au contraire, ajoute—t—il, une haleine terme, il lâcha encore de le prolonger ; et les
faible esl la marque d'un tempérament usé el oracles lui répondirent que s'il sacrifiait l'ainé
d'un esprit faible. de ses enfants, il régnerait encore dix ans; il
le fil. Le second lui valut dix autres années
Hallucination, VOIJ. VISIONS.
de règne, el ainsi de suite jusqu'au cinquième.
Halphas, — grand comte des enfers. Il Enfin, il
paraît sous la forme d'une cigogne, avec une élail d'une ne lui restait plus que celui-là; il
caducité extrême, mais il vivait
voix bruyante. 11 bâtit des villes, ordonne les
toujours; loisqu'ayunl voulu sacrifier ce der-
guerres et. commande vingt-six légions 2. C'est nier rejeton de sa race, le peuple, lassé du
peut-être le même que Malphas.
monarque et de sa barbarie, le chassa du
Haltias. — Les Lapons donnent ce nom Irène; il mourut et son fils lui succéda.—
aux vapeurs qui s'élèvent des lacs , el qu'ils Delancre dit que ce monarque élail grand sor-
prennent pour les esprits auxquels esl com- cier, el combattait ses ennemis à l'aide des
mise la garde des montagnes. éléments. Par exemple, il leur envoyait de la
Hamlet, •— prince de Danemark, à qui ap- pluie ou de la grêle.
parut le spectre de son père pour demander Haridi, -— serpent honoré à Akhmin, ville
une vengeance dont il se chargea. Sbakspeare de la Haule-Egyple. Il y a quelques siècles
a illustré celle sombre histoire. On montre qu'un derviche y mourut ; on lui éleva un
toujours sur une colline voisine d'Iilseneur la tombeau surmonté d'une coupole au pied do
tombe d'Ilamlel, que des croyances peureu- la montagne, les peuples vinrent lui adresser
ses entourent el protègent. des prières. Un autre derviche profita de leur
Handel, — célèbre musicien saxon ; se crédulité el leur dit que Dieu avait fait pas-
trouvant en 1700 à "Venise dans le temps du ser l'esprit du défunt dans le corps d'un ser-
carnaval, il joua de la harpe dans une mas- pent. Il en avait apprivoisé un de ceux qui
carade. H n'avait alors que seize ans, mais sont communs dans la Thébaïde el qui ne font
son nom dans la musique était déjà très- point, de mal ; ce reptile obéissait à sa voix.
connu. Dominique. Scarlati, habile musicien Le derviche mit à l'apparition de son serpent
d'alors sur cet instrument, l'entendit et s'é- tout l'appareil du charlatanisme éblouit le
,
cria : Il n'y a que le Saxon Handel ou le dia- vulgaire el prétendit guérir tontes les mala-
ble qui puisse jouer ainsi.... dies. Quelques succès lui donnèrent la vogue.
Hanneton. •— 11 y a dans la Cafrerie une Ses successeurs n'eurent pas de peine à sou-
sorte do hanneton qui porte bonheur quand il tenir une imposture lucrative; ils enchérirent
entre dans une hutte. On lui sacrifie des bre- en donnant à leur serpent l'immortalité, et
bis. S'il se pose sur un nègre, le nègre en de- poussèrent l'impudence jusqu'à en faire un
vient tout fier. essai public; le serpent fut coupé en mor-
général carthaginois, distin- ceaux en présence de l'émir, et déposé sous
Hannon , —
gué par cette fourberie : il nourrissait des oi- un vase pondant deux heures. A l'instant

le vase fut levé les serviteurs du derviche
seaux à qui il apprenait à dire : Uamion est-
eurent sans doute, l'adresse d'en substituer un
un dieu. Puis il leur donnait la liberté. semblable; on cria au prodige, et l'immortel
Eaquin. — Les anciennes histoires Scan- Haridi acquit un nouveau degré de considé-
dinaves font mention d'un vieux roi de Suède, ration. Paul Lucas raconte que. voulant

nommé Haquin, qui commença à régner au s'assurer des choses merveilleuses que l'on
1
troisième siècle et ne mourut qu'au cinquième, racontait de cet animal, il fit le voir le
i
âgé de deux cent dix ans, dont cent quatre- voyage d'Akhmin; qu'il s'adressa à Assan- pour
vingt-dix de règne. 11 avait déjà cent ans, Boy,-qui fil venir le derviche avec le serpe"'
i

1 L'abbé Prévost, Manuel lexique. on l'ange, car tel esl le nom qu'on lui doiinaif;
2 Wicrus in Pseudomonarchia dîcm. que ce derviche lira de son sein, en sa pro-
HAR — 253 — HAT
coure,
l'animal qui était une couleuvre de ilessures qu'ils ont reçues aux mêmes pailles
médiocre grosseur el, qui paraissait forldouce1. les corps dont ils se sont revêtus, el dans
Chez les Calédoniens, lorsqu'un esquels ils apparaissent. » Le plus croyable
Harpe. —
oiierrier célèbre élail exposé à un grand péril, iur celte histoire peu avérée est que c'est un
rendaient d'elles-mêmes lu- jonle. — Voy. YAMI'IIUÎS.'
]QS harpes un son
gubre et prophétique; souvent les ombres des .HarvilHers (JEANNE), — sorcière des envi-
Jiïeux du guerrier en pinçaient les cordes. Les oiis de Compiôgne, au commencement, du
bardes alors commençaient, un chanl de mort, seizième siècle. Dans son procès, elle raconta
cans lequel aucun guerrier n'était
admis dans :jue sa mère l'avait présentée au diabledôsl'âge
le palais de nuages, el dont l'effet, était si salu- le douze ans; que c'était un grand nègre velu
taire que les fantômes retournaient dans leur de noir; qu'il arrivait quand elle le voulait,
demeure pour y recevoir avec empressement boité, éperonné et ceint d'une épée; qu'elle
et revêtir de ses armes fantastiques le héros seule le voyait ainsi que son cheval, qu'il
décédé. laissait à sa porto. La mère de Jeanne avait
Harppe.—ThomasBartholin, qui écrivait été brûlée comme sorcière; elle, qui du resle
dix-septième siècle, raconte, après avait commis d'autres crimes, fui également
au une
ancienne magicienne nommée Landela dont
brûlée, à l'âge de cinquante ans, le dernier
n'a jamais été imprimé, ,
Irait qui jour d'avril de l'année 1578 4. — Voy. Sou-
l'ouvrage un
doit être du treizième siècle ou du quatorzième. cions.
—Un homme du nord qui se nommailHarppe, Hasard. — Le hasard, que les anciens ap-
étant àl'articledela mort, ordonna à sa femme pelaient la Fortune, a toujours, eu un culte
de le faire enterrer loul debout, devant la étendu quoiqu'il nu soit rien par lui-même.
,
porte de sa cuisine, afin qu'il ne perdit pas Les joueurs, les guerriers, les coureurs d'a-
tout à l'ait l'odeur des ragoûts qui lui étalent ventures, ceux qui cherchent la forlune dans.
chers, el qu'il pût voir à son aise ce qui se les roues de la lolerie, dans l'ordre des cartes, -
passerait dans sa maison. La veuve exécuta dans la chute des dés, dans un tour de rou-
docilement et fidèlement ce que son mari lui lel.le ne soupirent qu'après le hasard. Qu'est-
avait commandé. — Quelques semaines après ce donc que le hasard '? Un événement for-
la mort de Harppe, on le vil souvent apparaî- tuit amené par l'occasion ou par dos causes
,
tre sous la forme d'un fantôme hideux qui qu'on n'a pas su prévoir, heureux pour les uns,
luail les ouvriers et. molestait tellement les malheureux pour les autres. — Un Allemand
voisins, que personne n'osait plus demeurer saulanl en la ville d'Agen sur le gravier, l'an
dans le village. Un paysan, nommé Olaus Pu, 1597, au saut de l'Allemand, mourut tout
fut assez hardi pour attaquer ce vampire ; il lui roide au troisième saut. Admirez le hasard ,
; porta un grand coup de lance, et laissa la lance la bizarrerie el la rencontre du nom, du saut
dans la plaie. Le spectre disparut, cl le len- el, du sauteur, dit, gravement Delancre : Un
; demain Olaus fit ouvrir le tombeau du mort; Allemand saute au saut de l'Allemand, el la
il trouva sa lance dans le corps de Harppe au mort, au troisième saut, lui fait faire le soûl
même endroit, où il avait frappé le fantôme. de la mort..... On voit qu'au seizième siècle

Le cadavre n'était, pas corrompu: on le lira même, on trouvait aussi des hasards mer-
i de terre, on le brûla, on jeta ses cendres à la veilleux dans des jeux de mots.
i mer, et on fut, délivré de ses funestes appari-
Hatton XX, — surnommé BONOSE, usurpa-
lions 2.
— « Le corps de Harppe, dit ici Doni teur du siège archiépiscopal de Mayence, qui
1

£ Calmet (si l'on admet la vérité de ce fait), vécut en 1074. Il avait refusé de nourrir les
?; était donc réellement sorti de lerre lorsqu'il
dans un temps de famine, el avait
apparaissait. Ce corps devait être palpable el pauvres même fait brûler une grange pleine de gens
i vulnérable, puisqu'on trouva la lance dans la qui lui demandaient du pain il périt miséra-
plaie. Comment sortit-il de son tombeau el ;
';•
, blement. On rapporte que cet intrus, étant
y comment y rentra-l-il ? C'est la difficulté ; car tombé malade dans une tour qui esl située en
\ qu'on ait trouvé la lance et la blessure sur son
corps, cela ne doit pas surprendre, puisqu'on
une petite île sur-les bords du lihin, y avait
'. assure que les sorciers qui se mélamorpho- été visité de tant de rats, qu'il fut impossible
•:,

de les chasser. Il se fit transporter ailleurs


senl en chiens, en loups-garous, eu chats,
dans l'espoir d'en être délivré, mais les rats,,
i: ele,, portent dans leurs corps humains les s'étant multipliés passèrent à la
,
nage, le
Paul Lucas, Deuxième joignirent et le dévorèrent. — Poppiel II, roi
f voyage, liv. v, t. II, p. 83.
" ^rtlioliui, De causa coiiteinplusmunis, etc., lib. 2,
,x c ' Histoire O.c la magic en France, p. 133.
HEC — 2:Vih -- H El, l
de Pologne souillé de crimes fut pareille- tons, t le voyant de jour en jour plus faini[j(,f >
, ,
menl dévoré par les rais. s divertissaient en sa compagnie. — Mais,,,. %
se
Sîaussy (MARIE DIÎ), sorcière du seizième soir, s un d'eux se porta contre lui aux injures' S'
siècle, qu'une autre sorcière déclara dans sa quelques-uns ' disent même aux voies de f;^' ;,
confession avoir vue danser au sabbat avec un Le déinon en colère s'alla plaindre au niaîti^
-
sorcier de la paroisse de.Faks, lequel .adorait d'hôtel, de qui il ne recul aucune satisfaction- *•
' ,:

le diable 1. alors il crut pouvoir se. venger. Il étouffa lj


!
::
.
marmiton, en assomma quelques autres, rossa
Hécate, — diablesse qui préside aux rues le maîlre-d'liôlel, et sortit de la maison *
et aux carrefours. Elle est chargée aux enfers n'y plus repar„itre'. ptmi
de la police des chemins el de la voie publi-
Bile trois visages le droit de cheval, Hérode. — On dil en Catalogne que la dan- ,-:
que. a :
le gauche de chien le mitoyen de femme. seuse homicide d'Hérodc se noya dans le Se- ;
Delrio dil : « Sa présence fait trembler la gré, fleuve qui passe, .à
, Lé'rida, et causedt
temps en temps des dévastations. Les bonnes i
terre, éclater les feux, et aboyer les chiens. » femmes ajoutent qu'Hérode y est enseveli avec
— Hécale, chez les anciens, était aussi la tri-
elle. -

ple Hécate : Diane sur la terre, Proserpine


aux enfers, la Lune dans le ciel. Ce sont, au Hehugaste , — sylphide qui se familiari-
dire des astronomes les trois phases de la sait-avec l'empereur Auguste. Les cabalistes ;
, disent qu'Ovide fut relégué à Tomes pour
lune.
avoir surpris Auguste en tête à tête avec elle;
Hécia.— Les Islandais, prétendaient au- la sylphide fut si piquée de ce que ce
'.

trefois que l'enfer était, dans leur île et le que


, prince n'avait pas donné d'assez bons ordre;
plaçaient, dans le gouffre du mont, Hécla. Ils
croyaient.aussi que le bruit produit par les pour qu'on ne la vît point, qu'elle l'aban-
donna pour toujours 2.
glaces, quand elles se choquent el s'amoncel-

lent sur leurs rivages, vient des cris des dam- Kékacontalithos. —pierre qui en renferme
nés tourmentés par un froid excessif, et qu'il soixante autres diverses, que les Troglodïles
offraient- au diable dans leurs sorcelleries-.
y a des âmes condamnées à geler éternelle-
ment, comme i! y en a qui brûlent dans des Héla, — reine des trépassés chez les an-
feux éternels. Cardan dit. que celle montagne ciens Germains. Son gosier toujours ouvert
esl. célèbre par l'apparition des spectres el. des ne se remplissait jamais. Elle avait le même
esprits. Il pense avec Leloyer'2 que-c'est dans nom que l'enfer. — Loi/. ANGEUBODH.
celle montagne d'Hécla que les âmes des Hélène, —reine des Adiabénites, dont le
sorciers sont punies après leur mort. tombeau se voyait à Jérusalem, non sans ar-
Hecdekin. — En l'année 1430, un démon tifice, car on lie pouvait l'ouvrir et le fermer
que les Saxons appelaient Ileedelcin, c'est-à- qu'à certain jour de l'année. Si on l'essayait
dire Vespril cm bonnet, à cause du bonnet dans un autre temps, tout élail rompu'».
dont il élail coiffé, vint, passer quelques mois Kélénéion , — plante que Pline fail naître
dans la ville dTlildesheim en Basse-Saxe. des larmes d'Hélène auprès du chêne où elle
,
L'évêque d'ilildesheim en était aussi le sou- fut. pendue et qui avait la vertu d'embellir
verain. En raison de ces deux titres, le dé- les femmes ,et de rendre gais ceux qui en met-
mon crut, devoir s'attacher à sa maison. 11 se taient dans leur vin.
posta donc clans le palais et s'y fil bientôt con- Kelgafell, — montagne et canton d'Is-
naître avantageusement, soil en se montrant lande, qui a joui long-temps d'une grande ré-
avec complaisance à ceux qui avaient besoin putation dans l'esprit des Islandais. Lorsque |
de lui, soit--en disparaissant avec prudence des parties plaidaient
: sur des objèls.douteiis, i
lorsqu'il devenait importun, soit en faisant, et qu'elles
ne pouvaient s'accorder, .elles s'en
des Choses remarquables el difficiles. Il allaient, à Helgafell pour y prendre conseil;
— I

donnait, dcbons conseils dans les affaires di- on s'imaginait


que tout ce qui s'y décidait
plomatiques, portail de l'eau :à la cuisines et; devait avoir une pleine réussite. Certaines fa-
servait les cuisiniers. La chose .s'est passée; milles avaient aussi la persuasion.qu'après
dans le douzième siècle; les. moeurs étaientt leur mort elles devaient revenir habiter ce
alors plus simples qu'aujourd'hui. Il fréquen-
tait clone la cuisine, et, le salon ; :et les marmi- 3 Trithême, Chronique d'Hirsangc.
J- Lettres cabalistiques, t. Ier, p. 6-1.
3 Del ancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.
1 Delancre-,. Tableau de l'inconstance, des démons, p.,1.8.
p. 144. ,
*. Lcloyftr, Hist. des spectres et. apparitions des es-
'-' Histoire des spectres, p. 519. prits, p. 01.
IIEL — 25: i — Il EN

..pion. La nioniagne passait pour un lieu à ses babils. Au môme instant, il fil le signe
inl. Personne
n'osait la regarder qu'il ne de la croix et le diable inconliiienl, disparut- »
j fût lavé le visage et les mains, Hèiiogabale, — empereur de Home et.né-
lîélias. — «Apparition admirable el pr.o- cromancien qui
méprisait toute religion. Ijo-
din assure qu'il allait au sabbat el qu'il y ado-
ijrieuse arrivée à Jean llélias, le premier
oiirde l'an 1623, au faubourg Saint-Germain roi! le diable.
-,
Paris. » — C'est .un .gentilhomme qui Héliotrope. — On donnait ce nom à une
unie 5 ; «Étant allé le dimanche, premier jour pierre précieuse, verte et tachetée ou veinée
(]e l'année 4
623 sur les quatre heures après de rouge , à laquelle les anciens ont attribué
,
midi, à Notre-Dame, pour parler à M. le un grand nombre de verdis fabuleuses,.comme
orand-pénitencier sur la conversion de Jean de rendre invisibles ceux qui la portaie.nl. —
llélias, mon laquais, ayant décidé d'une.heure L'héliotrope, piaule qui suit, dit-on, le cours
nom1 le faire
instruire, parce qu'il quittait son du soleil, a été aussi l'objet de plusieurs con-
hérésie pour embrasser la vraie religion, je tes populaires.
m'en fus passer le reste du jouit-1 chez M. de lïénoch. — Les rabbins croient qu'IIénoch,
Siiinle-Foy, docleur en Sorbonne, et. me re- transporté au ciel fui reçu au nombre des
,
lirai sur les six heures. Lorsque je rentrai, anges, el que c'est lui qui esl connu sous le
j'appelai mon laquais avant de monter dans nom de Mélralon el de Michel, l'un des pre-
ma chambre ;
il ne me répondit point. Je de- mi ers princes du ciel, qui tient registre ,des
qnandai s'il n'était pas à l'écurie; on ne m'en mérites el des péchés des Israélites. Sis.ajou-
sut rien dire, .le montai, éclairé d'une ser- tent qu'il eut Dieu et Adam pour maîtres. —
'vaille; je trouvai les deux portes fermées, Saint Judo, dans son Epîlre, parlant de plu-
les clefs sur les serrures. En entrant dans la sieurs chrétiens mal convertis, dit: «C'est
première chambre j'appelai encore mon la- d'eux qu'IIénoch, qui a été le septième;depuis
quais, qui ne répondit point; je le trouvai ;i Adam, a prophétisé en ces termes: Voilàle
;-i!eini couché auprès du feu, la lèle appuyée Seigneur qui va venir avec la multitude de ses
;-coiiire la muraille, les yeux et la bouche ou- saints pour exercer son jugement sur'tous les
;:verls; je crus qu'il avait du vin dans la lèle; hommes, el pour convaincre tous les impies.»"
'.et le poussant du pied, je lui dis; Levez-vous, Ces paroles de Sainl-Jude ont donné lieu de
ivrogne! — Lui, tournant les yeux sur moi : forger, dans le deuxième siècle, un prétendu
;
Monsieur, me dil-il, je suis perdu, je suis Livre d'ilcnoch, rempli de visions el défailles
MMI'I, le diable tout à l'heure voulait, iri'em- louchant la chute des anges. — Voy. EDH:S.
porter. 11 poursuivit qu'étant entré dans la Henri xxi. — [ils de Catherine de Médicis;
M'Iiambre, ayant, fermé les portes sur lui et il élail infatué des superstitions de sa mère.
allumé le feu, il s'assit auprès, lira son cha- Ses contemporains le représentent, comme
pelet, de sa poche el vil tomber de la chemi- sorcier. Dans un des pamphlets qu'on répan-
;
née un gros charbon ardent entre les chenets: dit contre lui, on lui reproche d'avoir tenu au
aussitôt on lui dil:
, — Eh bien, vous voulez Louvre des écoles de magie et d'avoir, reçu
donc me quitter? Croyant d'abord que c'était en présent des magiciens un esprit familier,
moi.qui parlais, il répondit:
— Pardonnez- nommé Terragon, du nombre des soixante es-
iinoi, monsieur, qui vous a dit cela? Je prits nourris en l'école de Soliman. Cette ac-
l'ai bien vu,, dil, le diable,

vous êtes allé tan- cusation rie sorcellerie mit le poignard dans
lél à l'église. Pourquoi voulez-vous
me quit- les mains de Jacques Clément. Les ligueurs
ter ? je suis bon maître ; tenez, voilà de l'ar- avaient tenté auparavant de faire mourir
' "eut: prenez-en tant qu'il
-vous plaira. — Je Henri 111, en piquant des images de ce mo-^
v nen veux point, répondit llélias. Le diable narque, ce qui s'appelait envoûter. —"Voici
i^oyani..qu'il refusait son argent,, voulut lui l'extrait d'un pamphlet intitulé : Les sorcelle-
r-foire donner
son chapelel. — Donnez-moi ces ries de Henri de Valois, cl les ablations qu'il
:-
grains que vous avez dans la poche, dil-il, faisait au diable dans le bois de Vinccnnes
pubien jetez-les au feu. Mon laquais rê- (Didier - Millot, '15.89), pamphlet qui parut

l.l'Midil: Dieu ne commandeipoinl cela, je ne quelques mois avant l'assassinat de Henri III.
vHnix pas vous 0]3éir. Alors le diable se mon- Henri de Valois, d'Epernon et les autres
jfii a lui, — ,
et voyant qu'il était tout noir, Ilé- mignons, faisaient quasi publiquement pro-
S; u,5lui dil; .— Yous n'êtes pas mon maître, fession de sorcellerie, étanl commune à la
<Cilv il porte
une fraise blanche ,el du clinquant cour entre iceux et plusieurs personnes dé-
voyées de la religion catholique; on a..trouvé
V t j, "ceueil (le jDissertations de Lenglet-Dufresnoy,
' Bergier, Dictionnaire- tliéologique.
H EN
— 2565 — 11ER H

chez d'Epernon un coffre plein de papiers de lalans. 1; Au rapport d'Evelyn, dans ses Y,
sorcellerie, auxquels il y avait, divers mots mismala, ? Henri IV fut, réduit à un tel de,,,.",
d'hébreu, chaldaïques, latins et plusieurs ca- de ( besoin par ses folles dépenses, qu'il
cj,°l "'
ractères inconnus, des rondeaux ou cernes, cha c à remplir ses coffres avec les secours i\f
desquels alentour il y avait diverses figures 1l'alchimie. L'enregistrement de ce sinmili;.,
el écritures, même des miroirs, onguents ou projet | contient les protestations les plus s^ '-
drogues, avec des verges blanches, lesquelles 1lennelles el les plus sérieuses de l'existei^
semblaient être de coudrier, que l'on a in- el i
des vertus de la pierre philosophale, avec =
continent brûlés pour l'horreur qu'on en avait. des encouragements à ceux qui s'occuperont
bois de sa recherche, el leur affranchissement ^ ;
— On a encore trouvé dernièrement, au
deVincennes deux satyres d'argent de la hau- toute espèce de contrariétés de la part, des ;
teur de quatre pieds. Ils étaient au-devant statuts et prohibitionsantérieures. Voy. LVI.I.I;, »
d'une croix d'or, ou milieu de laquelle on •— On avait prédit à Henri IV qu'il mourrait '
avait enchâssé du bois de la vraie croix de à Jérusalem : il tomba malade subilcmeni
notre Seigneur Jésus-Christ. Les politiques di- dans l'abbaye de Westminster el y mourut
sent que c'étaient des chandeliers. Ce qui l'ait dans une chambre appelée Jérusalem.
croire le contraire, c'est que dans ces vases il Henri ïv, — roi de France. On fil une
n'y avait, point d'aiguille qui passai pour y recherche assez curieuse sur le nombre qua-
mettre un cierge ou une petite chandelle. Ces torze relativement à Henri IV. Il naquit
monstres diaboliques oui été vus par messieurs quatorze ,
siècles, quatorze décades, et qua-
de la ville. Outre ces deux diables, on a trouvé torze ans après l'ère chrétienne. 11 vint
au
une peau d'enfant, laquelle avait été cor- monde le '14 décembre el mourut le 14 mai.
royée el sur icelle y avait aussi plusieurs Il a vécu quatre fois quatorze ans, quatorze
,
mots de sorcellerie et divers caractères. — semaines, quatorze jours. Enfin, dans son
Le fail est que les Valois s'occupaient de nom de Henri de Bourbon, il y avait- qua-
sciences occultes. Voy. TEIUUGO?;. torze lellres.
Henri XEI, — empereur d'Allemagne.Elanl XSépaioscopie OU X-ïiérôscopie —- divina-
,
encore très-jeune, Henri 111 obtint d'un clerc tion qui avait lieu par l'inspection du fuie
une petite canule d'argent avec laquelle les des victimes dans les sacrifices chez les Ko-
enfants s'amusent à jeter de l'eau ; pour l'en- mains. — Quelques sorciers modernes cher-
gager à lui l'aire ce modique présent, il pro- chaient aussi l'avenir dans les entrailles de;
mit à ce clerc que, dès qu'il sérail monté sur animaux. Ces animaux étaient ordinairement,
le trône, il ne manquerait, pas de le faire évo- ou un chat, ou une taupe, ou un lézard, on
que. C'était à une époque où le Saint-Siège, une chauve-souris, ou un crapaud , ou une
ne cessait de travailler à éteindre la Simonie, poule noire. Voy. AICUSWCES.
fréquente surtout, en Allemagne. Henri devint Kèraïde, —VOIJ. llKlWlAWlilOMTES.
empereur en -M39, il se souvint de sa parole Herbadiila. — « Autrefois il y avait à ia
el l'exécuta. Mais il ne larda guère à tomber place du lac de Grand-Lieu en Bretagne, un
dans une fâcheuse maladie, il fut trois jours vallon délicieux et fertile, qu'ombrageail la
.
à l'extrémité sans aucun sentiment. Un faible forêt de Verlave. Ce fui là
que -se réfugièrent
mouvement du pouls lit juger seulement qu'il les plus riches citoyens de Nantes, el qu'il;
y avait encore quelque lueur d'espérance de sauvèrent, leurs trésors de la rapacité des
le ramener à la vie. Le prince recouvra en légions de César. Ils bâtirent ci lé qu'on
y une
effet la santé. Aussitôt il fil appeler ce prélat,
nomma Herbadilla, à cause de la beauté des
qu'il avait fail si précipitamment évoque, el, prairies qui l'environnaient. Le commerce
de l'avis de son conseil, il le déposa. Afin.de centupla leurs richesses; mais même temps
en
justifier un jugement aussi bizarre, il assura le luxe charria jusqu'au sein de leurs muis
que pendant les trois jours de sa léthargie, les les vices des Romains. Ils provoquèrent le
dénions se servaient de cette même canule du ciel. "On jour que saint Martin,
courroux
d'argent, qui avait été le prix de l'évèché, fatigué cle ses courses apostoliques, se repo-
pour lui souffler un feu si violent que notre sait près d'I-lerbadilla à l'ombre d'un chêne,
feu élémentaire ne saurait lui êlre comparé. voix lui cria ,
Fidèle confesseur de lu /("
une :
Ce fait, qui n'est peul-êlre qu'une hallucina- éloigne-loi de la cité pécheresse. Saint Martin
tion, est rapporté par Guillaume de Malmes- s'éloigne, et soudain jaillissent
avec un b™ 1'
bury, historien du douzième siècle. affreux des eaux jusqu'alors inaperçues, A et

HenrMV, — roi d'Angleterre. 11 poursuivit qui faisaient irruption d'une caverne pro-
les sorciers; mais il encouragea d'autres char- fonde. Le vallon où s'élevait la Bàbylone m
H EH — 257' — HÉPx

(.tons fut fout à coup submergé. A la sur- du i


désert de Zara un peuple d'androgynes.
u ,
de celle onde sépulcrale vinrent aboutir ! Les lois romaines mettaient les hermaphrodi-
ce
i-,
'.,',. milliers des bulles d'air, derniers soupirs tes au nombre des monstres, elles condam-
i',,
ceux qui expiraient dans l'abîme. Pour
naient à mort. ïite Live et Eulrope rappor-
érpéluer le souvenir du châtiment, Dieu tent qu'il naquit auprès de Borne, sous le
I

nermel que 'on entende encore au fond de consulat de


Ciaudius Néron, un enfant pourvu
abîme les cloches de la ville engloulie, et de deux sexes; que le sénat, effrayé de ce
'et,
l'orage y vive familièrement. Auprès est prodige, décréta qu'il fallait le noyer; on
nue
une île au
milieu de laquelle est une pierre enferma l'enfant dans un coffre, on l'embar-
d'obélisque. Cette pierre ferme l'en- qua sur un bâtiment et on le jeta en pleine
en forme
trée du gouffre qui a vomi les eaux du lac, mer. Leloyer parle longuement d'une femme
el ce gouffre est
la prison où un géant formi- de Macédoine, nommée Héraïde, qui se maria
dable pousse d'horribles rugissements. — comme femme, et devint homme ensuite dans
A quatre lieues de cet
endroit, vers l'est, on une absence de son mari. C'était, dans les
trouve une grande pierre qu'on appelle la
vieilles opinions, un hermaphrodite. Mais on
vieille de saint Martin; car il esl bon de sa- ne voit plus d'hermaphrodites aujourd'hui. —
voir que cette pierre, qui pour bonne raison Les hermaphrodites, dans les contes plus an-
carde figure humaine, fut- jadis une femme ciens, avaient les deux sexes, deux têtes,
véritable, laquelle s'élant retournée malgré quatre bras et quatre pieds. Les dieux, dit
,
la défense en sortant de la ville d'Ilerbadilla, Platon, avaient d'abord formé l'homme avec
Fut transformée en statue ' » Voy. Is. deux corps et les deux sexes. Ces hommes
Herbe qui égare. •— 11 y a , dit-OIl, Une doubles étaient d'une force si extraordinaire
certaine herbe qu'on ne peut fouler sans s'é- qu'ils résolurent de faire la guerre aux dieux.
Jupiter irrité les partagea pour les affai-
garer ensuite de manière à ne plus retrouver
chemin. Cette herbe qui n'est pas con- blir, et Apollon seconda le père des dieux
son ,
nue, se trouvait abondamment aux environs dans l'exécution de ses volontés. Voy. POI.Y-
du château de Lnsignan bâti par Mélusine ; cniïis.
,
ceux qui marchaient dessus erraient dans de Hermeline , —• démon familier qui s'appe-
longs circuits, s'efforçaient en vain de s'éloi- lait aussi llermione et. llermelinde, et qui
gner, et se retrouvaient dans l'enceinte re- fréquenta quarante ans Benedollo Berna, dont
doutée jusqu'à ce qu'un guide préservé de François Pic de La iVlirandole rapporte lui-
l'enchantementles remit dans la bonne voie. même l'histoire. « Cet homme, dil-il, buvait,
Herbe de coq. — Les habitants de Panama mangeait, parlait avec sonqu'on le, cjui
démon l'ac-
vantent beaucoup une, herbe qu'ils appellent compagnait partout sans
vît ; de
herbe do coq, el, dont ils prétendent que l'ap- sorte que le vulgaire ne pouvant comprendre
plication est capable de guérir sur-le-champ le mystère de ces choses -, se persuadait qu'il
était fou '.
un poulet à qui l'on aurait coupé la fêle, en
respectant une seule vertèbre du cou. Des Kermès. — On vous dira qu'il a laissé
voyageurs sollicitèrent en vain ceux qui fai- beaucoup de livres merveilleux; qu'il a écrit
saient ce récit de leur montrer l'herbe ; ils sur les démons et sur l'astrologie. C'est lui
ne purent l'obtenir, quoiqu'on leur assurât qui a décidé que, comme il y a sept trous à
qu'elle était commune : d'où l'on doit conclure la tête il y a aussi sept planètes qui président
,
'lue ce n'est qu'un conte populaire 2. à ces trous, savoir : Saturne et Jupiter aux
Hérenberg (JlîAN-CllMSTOl'Hlî), — auteur deux oreilles, Mars et Vénus aux deux nari-
de Pensées philosophiques et chrétiennes sur les nes , le soleil el la lune aux deux yeux, et
Vampires, -1733. Voy. VAMPIRES. Mercure à la bouche.
-
Hermialites — ou Hermiens, disciples
Hermaphrodites. — Long-lemps avant An- d'un hérétique , du deuxième siècle nommé
toinette Bourignon, qui soutint cette singulière
thèse au dix-septième siècle, il s'était élevé Hermas ;
ils honoraient l'univers-Dieu, disant
à la fois que ce monde est Dieu et que ce
sens le pontificat d'Innocent III une secte de monde l'enfer..
novateurs qui enseignait qu'Adam était, à sa
esl
naissance, homme et femme tout à la fois, Hermione , — «01/. IÎEM1ELINE.
i'ine assure qu'il existait en Afrique, au delà [
Hermotime. — On sait que Cardan et une
foule d'autres se vantaient de faire voyager
^e Mfirchangy, Tristan le voyageur, tom.l,
r, ur
1 Lenglet-Dulïesnoy, Dissertations sur les appavit.,
ï^arPc, Abrégé de l'Hist. générale des "Voyages, tom. I", p. 159, H Bodin, Démononiainc des sorciers,
'
t ^iîï
*> h p. 106 de l'édit. in-12. p.279.
r 47
ÎIJB
— 25S — r> il ir
leur âme sans que le corps fût de la partie. un ui colombier. Les anciens Francs coudant ï
L'âme d'Hermolime de Clazomène s'absentait naienl m à une forte amende quiconque tuait :'
on
de son corps lorsqu'il le voulait, parcourait volait
vc le hibou qui s'était réfugié dans le
co..
des pays éloignés, el racontait à son retour lombier
lo de son voisin L — On ne peut passe,. '"

des choses surprenantes. Apparemment que sous se silence les vertus surprenantes de
cet '
Hermotime eut des ennemis. Un jour que son oiseau. oi Si l'on met son coeur avec son pie,|
âme élail allée en course, et que son corps d: droit sur une personne endormie, elle dira
était comme de coutume semblable à un ca- aussitôt ai ce qu'elle aura fait et répondra aux
davre, ses ennemis le brûlèrent el osèrent demandes
d qu'on lui adressera ; de plus sj
ainsi à l'âme le moyen de rentrer dans soii on o met les mêmes parties de cet. oiseau sous
étui. k aisselles, les chiens ne pourront aboyer
les
Héron, — ermite qui, après avoir passé après a, la personne qui les portera ; et enfin
plus de cinquante ans dans les déserts de la si s on pend le foie à un arbre, tous les oiseaux
Thébaïde, se laissa persuader par le diable, se s rassembleront dessus -.
sous la.figure d'un ange, de se jeter dans un ï-siérarohie. —Agrippa disait qu'il y avait
puits, aliendu que, comme il était en bonne autant a de mauvais anges que de bons, qu'il
grâce avec Dieu il ne se ferait point de mal. y en avait neuf hiérarchies de bons el. neuf
,
Il ajouta foi, dit-on aux paroles du diable d mauvais. Wierus, son disciple a fait, l'in-
de
, , ,
et, se précipitant d'un lieu élevé, dans la ^ ventaire de la monarchie de Satan, avec les
persuasion que les anges le soutiendraient, noms r, et surnoms de Ti princes et de plu-
il tomba dans le puits, d'où on le relira dis- sieurs
s millions de diables, nombres fantasti-
loque; il mourut trois jours après'. ques
Ç qui ne sont appuyés sur d'autres raisons
,
HerviUiers (JEANNE). — C'est la même que que sur la révélation de Satan même. Foi/.
Jeanne Ilarvilliers. ,
COUR INFERNALE MONARCHIE etc.
, ,
, Hiéroglyphes. — Les Egyptiens avaient
Heure, — voy. MINUIT. — Anges ou dé- beaucoup i d'idées superstitieuses, s'il faillies
nions des heures, voy. PIERRE D'APONE.
juger par leurs hiéroglyphes. Ils expriment le
-

Hibou, — oiseau de mauvais augure. On sexe s masculin par un vautour, dit un ancien,
le regarde vulgairement, comme le messager parce j que tous les vautours sont femelles, et
de la mort; el les personnes superstitieuses qui que
( le vent seul féconde leurs oeufs : ils re-
perdent quelque parent ou quelque ami, se présentaient
] le coeur par deux drachmes,
ressouviennent toujours d'avoir entendu le parce que le coeur d'un enfant d'un an ne
]
cri du hibou ; sa présence, selon Pline pré- pèse que deux gros. Une femme qui n'avait
]
,
sage la stérilité. Son oeuf, mangé en orne- qu'un i enfant, ils la figuraient par une lionne,
lelle, guérit un ivrogne de l'ivrognerie. — parce que cet animal ne fait qu'un petit, (dii
]
Cet oiseau esl mystérieux parce qu'il recher- moins ils le croyaient de la sorte). Ils figu-
,
che la solitude, qu'il hante les clochers, les raient l'avortement par un cheval qui donne
tours et les cimetières; on redoute son cri, un coup de pied à un loup, parce que, di-
parce qu'on ne l'entend que dans les ténè- saient-ils, une cavale avorte si elle marche
bres; cl, si on l'a vu quelquefois sur la mai- sur les traces d'un loup 5 elc. M. Champol-
,
son d'un mourant, il y était peut-être attiré lion donne d'autres explications.
par l'odeur cadavéreuse, ou parle silence qui Hiéromnénon, — pierre que les anciens
régnait dans cette maison. — Un philosophe employaient dans leurs divinations, mais dont
arabe, se .promenant dans la campagne avec ils ne nous ont laissé aucune description.
un de ses disciples, entendit une voix détes-
table qui chantait un air plus détestable en- Hiéroscopie. — Voy. HÉPATOSCOPIE.
core. « Les gens superstitieux, dit-il, préten- Hipokindo, — mol qui, prononcé d'une
dent que le chant du hibou annonce la mort certaine façon charme les serpents el les
,
d'un homme; si cela était vrai, le chant de empêche de nuire. Paracelse en parle.
cet homme annoncerait la mort d'un hibou. » Hipparchus. — On lui attribue un ouvrage
— Cependant si le hibou esl regardé comme intitulé : le Livre des Esprits.
un mauvais présage chez les gens de la cam- ïïippocrate, — père de la médecine. Les
pagne quand on le voit perché sur le haut légendes du moyen âge font de lui un grand
d'une maison, il est aussi regardé comme d'un
bon auguré quand il vient se réfugier dans M. Salgucs, Des erreurs et des préjugés, etc., t. I'rî
T

p. 439.
1 Leloyer, Hist. des spectres et apparitions ,:les es- - Des Admirablessecrets d'Albert-le-Grand,p. 10'-
prits, p. 286. ?' Brown, Essai sur les erreurs populaires,-1, II, !' ™'
111P — 259) — HOC
iia"ieien, el lui prêtent des aventures dans Hirigoyen , —sorcier du commencement
celles qu'elles allribuenl à Vir- du dix-seplième siècle que l'on a vu danser
i, ,rpnre de ,
„;|c. On met sous son nom un Traité des son- au sabbal avec le diable, qu'il adorait '.
°ies dont on recherche les éditions accompa-
Hirondelles. — Plularque cite l'histoire'
gnées des commentaires de Jules-César Souli- d'un nommé Bossus qui avait tué son père et
er: in—8™, Gnesse, 1610; el un autre livre dont, on ignorait le crime. Étant un jour près
jnlilulé 1ns Aspects des étoiles. d'aller à un souper, il prit une perche avec
Hippogriffe, — animal fabuleux, composé laquelle il abattit un nid d'hirondelles. Ceux
du cheval et du griffon, que l'Arioste elles
qui le virent en furent indignés, el lui de-
autres romanciers donnent quelquefois pour mandèrent pourquoi il maltraitait ainsi ces
moulure aux héros des romans do chevalerie. pauvres oiseaux. Il leur répondit qu'il y avait
excroissance charnue assez long—temps qu'elles lui criaient qu'il
Hippomaiie, — que avait lue père. Tout stupéfaits dé celle
la tète naissant, son
les ponliûns apportent à en réponse, ces personnes la rapportèrent au
ci que la mère mange aussitôt. Les anciens juge, qui ordonna de prendre Bessus et de
donnaient, le nom iYhippomane à certains
le mettre à la torture. Il avoua son crime et
philtres, parce qu'on prétend qu'il y entrait fut pendu —Brown dans soii Essai sûr
de celle excroissance. Hippomane est aussi . ,
les erreurs populaires, dil que l'on craint de
le nom (l'une herbe qui fait entrer les chevaux tuer les hirondelles quoiqu'elles soient incom-
en fureur lorsqu'ils en broutent '. — On ra- modes parce qu'on esl persuadé qu'il en
conte qu'une cavale de bronze, placée auprès ,
résulterait quelque malheur. Élien nous ap-
du temple de Jupiter olympien, faisait hen-
vivante, prend que, les hirondelles étaient consacrées
nir les chevaux comme si elle eût été
qui lui élail. communiquée l'hippo- aux dieux Pénales, el que par celte raison oii
vertu par s'abstenait de les tuer. On les honorait, dit-il,
niane qu'on avait mêlée avec le cuivre en la
fondant. Voy. PHILTRES.
comme les hérauts du printemps; él, à lîho-
des, on avait une espèce de chant pour cé-
Hippomancie,—divination (les Celtes. Ils lébrer le retour des hirondelles.
formaient leurs pronostics sur le hennisse- Histoire. — 11 y a, dans la bibliographie
ment el le trémoussement, de certains che- infernale, beaucoup d'histoires prodigieuses
vaux blancs, nourris aux dépens du public publiées sans nom d'auteur. Nous n'en cite-
dans des forêts consacrées, où ils n'avaient,
rons que quelques-unes.-—Histoire d'une Ap-
d'autre couvert que les arbres. On les faisait parition avec, des réflexions qui prouvent la
marcher immédiatement après le char sacré. difficulté, de savoir la vérité sur le retour des
i Le prêtre el le roi, ou chef du caillou ob- esprits, in-S°; Paris, chez Saugrin , 1722,
,
',;'- servaient tous leurs mouvements, et en li- brochure, de 24 pages. — Histoire prodigieuse
raient des augures auxquels iis donnaient une nouvellement arrivée à Paris, d'une jeune
ferme confiance, persuadés que ces animaux fille agilée d'un esprit fantastique, in-8°. •—
élaienl confidents du secret des dieux lundis Histoire du Diable, in-12, Amsterdam, 4729,
,
qu'ils n'étaient eux-mêmes que leurs îni- 3 vol.; cl Rouen, 1730,2 vol. Histoire
,':. nislres. Les Saxons liraient aussi des pronos-

miraculeuse advenue en La Rochelle-, ville de
-.-
lies d'un cheval sacré nourri dans le temple Mauriennc en Savoie, d'une jeune fille ayant
\ i'e leurs dieux, et qu'ils en faisaient sortir été enterrée dans un jardin en temps de peste-,,
| avant de déclarer la guerre à leurs ennemis. l'espace de quinze ans, par lequel son esprit;
! Onaïul le cheval avançait d'abord le pied
est venu rechercher ses os par plusieurs évi-
j droit, l'augure était favorable ; sinon le pré- dents signes miraculeux; in-8°. Lyon. His-
'- sage était mauvais et ils renonçaient à leur
, —
toire remarquable d'une femme dôcédée de-
i' entreprise.
,
puis cinq ans, laquelle est revenue trouver
y Kippomyrmèoes —peuple imaginaire, son mari, et parler à lui au faubourg Saint-
,
placé par Lucien dans le globe du soleil. C'é- Marcel, Paris, 4GIS , etc. Voy. APPARI-
j talent des hommes montés sur des fourmis TIONS.
| "'lées, qui couvraient deux arpents de leur Hocque.— Après l'édit de 1682 pour lài
ombre, et qui combattaient de leurs cornes. punition des maléfices, la
';;
race des sorciers
H;ppopodes — peuple fabuleux qui avait malfaisants diminua sensiblement en France.
| f,

4
,
"ospieds de cheval, el que les anciens gêo- Mais il restait encore, dans lu Brio, aux:
Sylphes placent au nord de l'Europe.
1 De l'inconstance, e!c, p. 141.
v -tunnel lexique de l'abbé Prévost. 3- Taillcpied, Appaiilions des esprits, p. 40.
47.
HOC — 260 — HOL
environs de Paris, une cabale de bergers Cette letlrc écrite, Hocque s'endormit.
qui faisaient mourir les bestiaux, attentaient Mois à son réveil, les fumées du vin A.[;I_
à la vie des hommes, commettaient plusieurs dissipées, el réfléchissant sur ce qu'il avilj..
autres crimes, el. s'étaient rendus formidables l'ait, il poussa des cris et des liurletiieiiu
à la province. 11 y en eut enfin d'arrèlés ; le épouvantables, se plaignant que Béatrix l'a. ;;
juge de Pacy instruisit le procès ; el, par les vail trompé, et qu'il serait cause de sa mori
preuves, il parut évident que- lotis ces maux Il se jeta en même temps sur lui, et voulus
étaient commis par maléfices et. sortilèges. l'étrangler ; ce qui excita les antres forçais
Les sorls el les poisons dont ces bandits se contre Béalrix, en sorle qu'il fallut que le
servaient pour faire mourir les bestiaux con- commandant de la Tounicllc vînt avec se; "
sistaient dans une composition qu'ils avouè- gardes pour apaiser ce désordre, el tirer
rent au procès, el qui est rapportée dans les Béalrix de leurs mains. — Cependant la lettre
;
faettniis, mais remplie de sacrilèges, d'im- fui. envoyée au seigneur, qui la fit remelireà
piétés d'abominations et d'horreurs en son adresse. Bras-de-Fer vint à Pacy, entra
, ,
même temps que de poisons. Ils mettaient dans les écuries; el, après avoir fait des
cette composition dans un pot de terre, et ligures et des imprécations, il Irouva effecti-
l'enterraient, ou sous le seuil de la porte des vement le sort qui avait été jeté sur les che-
étubles aux bestiaux, ou dans le chemin par vaux: el les vaches; il le leva, et le jeta au
où ils passaient; et tanl que ce sort, demeurait feu, en présence du fermier et de ses domes-
en ce lieu, ou que celui qui l'avait posé était, tiques. Mais à l'instant il parut chagrin, té-
en vie, la mortalité ne cessait point; c'est moigna du regret de ce qu'il venait do l'aire,
ainsi qu'ils s'en expliquèrent dans leurs in- et dit que le diable lui avait révélé que c'était
terrogatoires. Une circonstance singulière de Hocque son ami. qui avait posé le son en
,
leur procès fit croire qu'il y avait un vrai cet. endroit, el qu'il était, mort à six lieues de
pacle entre eux el le diable pour commettre Pacy au moment que ce sort venait d'être levé.
tous ces maléfices. Ils avouèrent qu'ils avaient — lïn effcl, par les observations qui furent fai-
jeté les sorls sur les bestiaux du fermier de tes au château de la Tournelle, il y a preuve
la ferre de Pacy, près de Brie-Conile-lloberl, qu'au môme jour el, à la même heure que Bras-
pour venger l'un d'entre eux que ce fermier de-Fer avait commencé à lever le sort, Hocque.
avait chassé et mis hors de son service. Ils qui était un homme des plus forts el des plus
firent le récit exact de leur composition ; niais robustes, était mort en un instantdans des con-
jamais aucun d'eux ne voulut découvrir le vulsions étranges, et se lourmenlant comme
lieu où ils avaient enferré le sort, et on ne un possédé, sans vouloir entendre parler de
savait, après de semblables aveux d'où pou- Dieu ni de confession. —Bras-de-Fer avait
,
vait venir leur réticence sur ce dernier fait. été pressé de lever aussi le sort, jeté sur les
Le juge les pressa de s'en expliquer ; ils dirent moulons : mais il dit qu'il n'en ferait rien,
que s'ils découvraient ce lieu , el qu'on levât parce qu'il venait d'apprendre que, ce sort
le sort, celui qui l'avait posé mourrait à l'in- avait, élé posé par les enfants de Hocque, et
stant.— L'un de leurs complices, nommé qu'il ne voulait pas les faire mourir comme
Etienne Hocque moins coupable (pie les au- leur père. Sur ce refus, le fermier cul recours
,
tres, et qui n'avait été condamné qu'aux ga- aux juges du lieu. Bras-de-Fer, les deux fils
lères, était à la chaîne dons les prisons de la el la fille de Hocque furent arrêtés avec deux
ïournelle : on gagna un autre forçat nommé autres bergers, leurs complices, nommés Jar-
lîéalrix, qui était attaché avec lui. Ce dernier, din et le Petit-Pierre ; leur procès instruil.
à qui le seigneur de Pacy avait fait tenir de Bras-de-Fer, .lardin el, le Petit-Pierre furent
l'argent, fil un jour tant boire Hocque qu'il condamnés à êlro pendus et brûlés, et les
l'enivra, et en cet étal le mil sur le cha- trois enfants de Hocque bannis pour neuf
pitre du sort de Pacy. Il lira de lui le secrol ans '-'.
qu'il n'y avait qu'un berger nommé Bras-de- Hoffmann , — célèbre autour allemand de
Fer, qui demeurait près de Sens, qui pût lever contes fantastiques, où le surnaturel occupe,
le sort par ses conjurations. Béatrix, profilant d'une manière très-originale, la plus grande
de ce commencement de confidence, engagea place.
le vieux berger à écrire à son fils une lettre
Holda. — La holda était, chez les ancien;
par laquelle il lui mandait d'aller trouver Gaulois, une espèce de sabbat nocturne où
Bras-de-Fer, pour le prier de lever ce sort, des sorciers faisaient, leurs orgies avec des
el, lui défendait surtout de dire à Bras-de-Fer
démons transformés en danseuses. l'oy. Bi*
qu'il lut condamné el emprisonné, ni que
c'était lui, Hocque, qui avait posé le sort. 1 Le commissaire Del amarre, Traité de la police-
11OL — 2<H1 —- UOM
]4- —
On parle encore en Allemagne de de l'Apocalypse, dont il trouva foules les pré-
liihlu, '" bonne fileuse (sorte de fée qui rem- dictions en train de s'accomplir. Il mourut
ulace dans les opinions populaires une divi- en KiljS. —Ses visions sont très-bizarres. Il
nité antique). Elle visite sans être vue la vil, un jour sept animaux: un crapaud qui
maison du laboureur ; elle charge do laines chaulait comme un perroquet; un chameau
les fuseaux des ménagères diligentes et ré- qui portail des reliques ; un être qui tenait du
,)imd l'abondance autour d'elle 1. cheval hennissant el du chien aboyant ; un
Hollandais errant. — C'eSl UI1 vaisseau grand serpent plein de fiel qui avalait des
fanlastiquc qui apparaît, dil-on, dans les âmes ; un pourceau énorme qui se vautrait
dans la fange el qui allait de travers; un
parafes du cap de Bonne-Espérance. Ce vais-
sanglier qui exécrait, et enfin une septième
seau déploie toutes ses voiles lorsqu'aucun na- bête, morte et sans nom. Barthélémy vit en-
vire n'oserait en risquer une seule. On esl
partagé d'opinion sur la cause de ce prodige; suite une monarchie, deux sièges, el un ar-
d'après la version la plus répandue, c'était change qui se promenait, entre plusieurs fau-
dans l'origine un navire richement chargé , à
teuils: il vil un roi à cheval sur le Danube,
bord duquel se commit un horrible forfail. puis plusieurs petits vers qui allaient en man-
l,n peste s'y déclara , el les coupables errè- ger un grand, lorsqu'un chat vint qui chassa
rent vainement de port en port, offrant, leur tous les petits vers el délivra le grand '.
riche cargaison pour prix d'un asile. On les Hommes. — 11 paraît, qu'il n'y a que
repoussait partout de. peur de la contagion; l'homme à qui la nature ail donné une figure
et les malelols disent que In Providence, pour droite et la faculté de contempler les deux.
perpétuer le souvenir de ce. châtiment, per- Seul parmi les animaux il a l'épine du dos et
met que le Hollandais errant apparaisse en- l'os de la cuisse en ligne droite. C'est un l'ait,
core dans ces niersoù la catastrophe eut lieu. dil Aristole, que si l'homme est le seul à qui
Cette apparition est considérée comme, uu il arrive des illusions nocturnes c'est, parce
,
mauvais augure par les navigateurs2. qu'il n'y a proprement que lui qui se. couche
Hollère,— magicien danois qui s'était ac- sur le dos , c'est-à-dire de manière que l'é-
quis, au treizième siècle, la réputation d'un pine el la cuisse fassent une ligne droile, el
lionnne à miracles, et qui n'était qu'un sor- (pie Tune. et. l'autre avec les bras soient pa-
cier adroit. Pour passer la mer, il se servait rallèles à l'horizon. Or les animaux ne peu-
d'un os gigantesque marqué de quelques vent pas se coucher ainsi ; quoique leur épine
charmes el caractères magiques. Sur ce sin- soit parallèle à l'horizon, leurs épaules sont
gulier esquif il traversait l'Océan comme s'il détournées, el forment deux angles. •—Lisez
eût été aidé de voiles el poussé par les vents. Xénophon, Hérodote, Plularquoelautreshisto-
Il fut, maltraité par les autres sorciers, ses riens, vous verrez qu'il existe des contrées fa-
envieux, qui l'obligèrent à quitter le pays 3. buleuses où les hommes ont une tète de dogue
Holzhauscr (BAUTIIÉUÎMY) •— visionnaire ou de bichon,des pays où ils n'ont qu'un oeil,
allemand, né en (164 3. Le diable , d'autres où ils n'ont qu'un pied sur lequel ils
apparut à sa
naissance sous la forme d'un laid chien noir; sautent, de sorte que, quand ils veulent courir,
le nouveau-né,
s'écria qu'il no le craignait ils sonl obligés de se meLIre deux el de se
tenir par le bras ; d'autres enfin où ils n'ont
— En étudiant le
point et le diable décampa.
latin, il fut attaqué de la pesle qui régnait à point de lèle 2, etc.
Cologne. Comme il était sur son lit, il senlil Homme noir. — L'homme noir qui promet
quelqu'un lui donner un souille!. Il se tourna, aux pauvres de les faire riches s'ils se veulent
no vit, personne; mais le soufflet l'availguéri; donner à lui, n'est autre que le diable. — On
il retourna
en classe.—Il alla faire sa phi- lil ce qui suit dans la Légende dorée : — Un
losophie à Ingolsladt, eut des visions chevalier qui jouissait, d'une grande fortune
sans
nombre, fui vexé par les démons, pourchassé el qui la dépensait en libérables, devint bien-
l>ar des spectres; il délivra des possédés, pro- tôt si pauvre qu'il manquait du nécessaire.
phétisa et publia
ses visions. —El d'abord, il Comme il n'avait pas le courage de recourir à
""tau jour son Voyage aux enfers..—11 fit pa- ses amis, et que ses amis ne paraissaient pas
raiirc ensuite un recueil de diverses petites
usions peu remarquables et son explication
1 Biograplriavenerabilis servi Pei Bartliolonnci Hol-
y.hauser, etc., Bamberg.e, 1784, in-S". Accédant ojusdem
^ï- Ozanam, De rétablissementdu christianisme en in Apocalypshn commentariiplane admirabiles. — Yi-
.„
A!leinanm... siones venerabilis servi Dei Bartholomrci Iloly.hauser,
;' Walter Scott, Matllilde do Koltcby, chant 2'. etc., digna aivi nostri memoria ad cjus Biographiam ap-
pendix, Bambergar, 1793, m-S°.
" JiisemeiHs de Dieu, (le Cliassagnon, ÏU.
p, 2 M. Saignes, Des .Erreurs et des préjugés, 1.1''1", p. 10.
1-lOîM
— 262l — iiUM
disposés à se souvenir de lui, il lomba dans Notre-Dame,
I qui, après lui avoir rcproi-l,,-.
une grande tristesse, qui redoubla encore à son s égarement indigne, le reconduisit à !';,_
l'approche de son jour natal, où il avait cou- glise i où sa femme dormait encore. Les dwix
tume de faire le magnifique. Occupé de ses époux rentrèrent chez eux, ils se dépouillorem '
<

chagrins, il s'égara dans une solitude, où il dos richesses qu'ils tenaient du diable ; ])Mjs
(
vil paraître devant lui un homme vêtu de iils n'en furent pas plus pauvres, parce qu'ils ,,
noir, d'une taille haute, monté sur un cheval reconnurent, que les biens matériels ne soin
i
Superbe. Ce cavalier, qu'il ne connaissait pas, pas les vraies richesses. — Le père Abram
lui demanda la cause de sa douleur. Après rapporte l'anecdote suivante, dans son îlif.
qu'il l'eut apprise, il ajouta : « Si vous vou- ioire manuscrite do l'université de Ponl-ù_
lez me rendre hommage, je vous donnerai Mousson : « Un jeune garçon do bonne fa-
plus de richesse que vous n'en avez perdu. » mille, mais peu fourni d'argent, se, mit ;,
— Cette proposition n'avait rien d'extraor- servir dans l'année parmi les valets. De là
dinaire dans un temps où la féodalité était ses parents l'envoyèrent aux écoles; mais ne i
en usage. Le chevalier promit, à l'étranger de s'accommodant pas de l'assujettissement que '
faire ce qu'il exigerait, s'il pouvait lui rendre demandent les études, il résolut de retourner
sa fortune, a Eh bien! reprit le diable (car à son premier genre de vie. En chemin, ||
c'était lui), retournez à voire maison, vous rencontra un homme velu d'un habit, de soie
trouverez dans le! endroit de grandes sommes noire, mais de mauvaise mine, qui lui de-
d'or el une quantité de pierres précieuses. manda ou il allait, et pourquoi il avait l'air
Quant à l'hommage que j'allends de vous, si triste. « -le suis, njouta-l-il, en 61 al de vous
c'est que vous ameniez votre femme ici dans mettre à voire aise, si vous voulez vous don-
un an. » -— Le chevalier s'engagea, regagna ner à moi. » Le jeune homme, croyant qu'il
sa maison, trouva les trésors indiqués, el re- parlait de l'engager à son service, lui de-
prit sou habitude do largesses qui lui ra- manda un moment pour y penser; mais, com-
mena ses bons amis.—A. la fin de l'année, mençant à se délier des magnifiques promesses
il songea à tenir sa promesse. Il appela sa que l'étranger lui luisait, il le considéra de plus
femme. « Vous allez monter à cheval el venir près, et ayant remarqué qu'il avait, le pied gau-
avec moi, lui dil-il, car nous avons un polit che fendu comme celui d'un boeuf, il futsnisi de
voyage à faire. Celait une dame pieuse, qui frayeur, lit, le signe delà croix et invoqua le nom
avait grande dévotion à la Sainte-Vierge. Elle de.lésus. Aussi lotie spectre s'évanouit.—Trois
lil sa prière el suivit son mari sans deman- jours après, la même ligure lui apparut de
,
der où il la conduisait. — Après avoir marché nouveau, ol lui demanda s'il avait pris sa ré-
plus d'une heure, les deux époux rencontrè- solution; le jeune homme répondit qu'il n'a-
rent une église. La dame voulant y entrer, vait pas besoin do maître. L'homme noir jeta
descendit do cheval ; son mari l'allendil à la à ses pieds une bourse pleine d'écus, dont
porte. A peine fut-elle entrée dans l'église quelques-uns paraissaient d'or el, nouvelle-
qu'elle s'endormit en commençant à prier; la ment frappés. Dans la même bourse il y avait
Sainte-Vierge ayant pris sa figure, rejoignit une poudre (pie le spectre disait très-suhlile.
le chevalier el partit avec lui au rendez-vous. 11 lui donna ensuite des conseils abominables,
-—Lorsqu'ils arrivèrent au lieu désigné, le et Vexhorta à renoncer à l'usage (le l'eau bé-
prince des dénions y parut avec, fracas. Mais nite et à l'adoration de l'hostie. Le jeune
dès qu'il aperçut la dame que le chevalier lui homme eut horreur de ces propositions; il lil
amenait, il commença à trembler de tous ses le signe do la croix sur son coeur, et en nicnie
membres, et, ne trouva plus de force pour temps il se sentit jeté si rudement contre
s'avancer au-devant d'elle. « Homme perfide, terre qu'il y demeura une demi-heure. S'é-
s'écria-t-il, est-ce ainsi que lu devais recon- tant relevé, il retourna chez ses parents, lit
naître mes bienfaits? .le l'avais prié de m'a- pénitence el, changea de conduite. Les pièces
mener ta femme, et lu viens ici avec la mère qui paraissaient d'or el nouvellement frap-
de Dieu, qui va me renvoyer aux enfers!....» pées, ayant, été mises au feu, ne se trouverai!
— Le chevalier, stupéfait, ne savait quelle être que du cuivre '. » Ainsi, bonnes gens,
contenance garder ; la Sainte-Vierge dit au défiez-vous de l'homme noir. Voy. AIUIKXT.
diable : « Méchant esprit, oserais-tu bien Vojy. aussi IIUGUIÎS.
faire du mal à une femme que je protège"? Homme rouge, — démon des tempêtes-
Rentre dans l'abîme, et souviens-loi de ne'
« La nuit, dans les affreux déserts des
colcs
jamais chercher à nuire à ceux qui niellent de la Bretagne, près Saint-Paul-de-Léon,
1

en moi leur confiance... » Le diable se retira.


Le chevalier éperdu se jeta à genoux devant L ' Cambry, Voyage dans le Finistère, t. I'1'.
11011 — 2(i;; — H OR

(],,.; fantômes
hurlants parcourent le rivage. soustraire à sa mauvaise planète ; il le pria
boiinno rouge en fureur commande aux élé- d'entrer dans la cage de for.-—Le fils, un
miMitsetprécipitedansles ondes le voyageurqui peu plus instruit que son père, pensa que,
double ses secrets el la solitude qu'il aime. » loin de le garantir du tonnerre, cette cage
On croit dans le peuple qu'un petit homme ne servirait au contraire qu'à l'attirer ; il
rouge apparut à Napoléon pour lui annoncer s'obstina à rester dans sa
chambre où il se
,
mil à réciter l'Évangile de saint Jean. Cepen-
f(B revers.
Hongrois , — voy. OfiKKS. dant les nuages s'amoncellent, le temps se
couvre, le tonnerre gronde, l'éclair brille, la
lîonorius, —V01J. GlllJIOlBJÎ.
foudre tombe sur la cage de fer et la réduit
Horey, — nom que les nègres de la cèle en poudre.. Le maréchal surpris bénit pour la
occidentale d'Afrique donnent au diable, qui première fois le ciel d'avoir rendu son fils
,,'est sans doute qu'un nègre aposlô parles désobéissant, cl, vit loulefois l'oracle accompli.
marabouts. Les cérémonies de la circoncision Du moins tel est le coule. Voy. ASTHOI.OGIIÏ.
ne manquent
jamais d'être accompagnées des Horoscopes tout faits, ou moyen de con-

imiirjssenienls du Horey. Ce bruit ressemble naître sa destinée par les constellations de la
au son le plus bas do la voix humaine. Il se naissance. Nous emprunlons ces plaisanteries
l'ait entendre à peu de dislance, el cause une aux divers livres sur la matière, traitée par
frayeur extrême aux jeunes gens. Dès qu'il Jacques de ilngen et par cent autres du Ion
commence, ies nègres préparent des aliments le plus grave. — Les auteurs qui ont écrit, sur
pour le diable, et les lui portent sous un les horoscopes oui établi plusieurs systèmes
arbre. Tout ce qu'on lui présente esl dévoré, semblables à celui-ci pour la forme, et tout
dit-on, sur-le-champ, sans qu'il eu reste un différents pour les choses. Les personnes qui
os. Si la provision ne lui suffit pas, il trouve se trouvent ici nées avec le plus heureux na-
.

le moyen d'enlever quelque jeune homme non turel, seront ailleurs des êtres abominables.
encore circoncis. Les nègres prétendent qu'il Les astrologues ont, fondé leurs oracles sur
garde sa proie dans son ventre, et que plu- le caprice de leur imagination et chacun
,
sieurs jeunes gens y ont passé jusqu'à dix ou d'eux nous a donné los fiassions qui se sont
douze jours. Après sa délivrance, la victime rencontrées sous sa plume au moment qu'il
qui a élô avalée demeure muette autant de écrivait. Qui croira aux présages de sa con-
jours qu'elle en a passé dans le ventre du stellation, devra croire aussi à tous les pro-
diable. Les nègres parlent avec effroi de cet nostics de. l'aliiianach journalier, et avec plus
esprit malin el l'on ne peut (prêtre surpris do raison encore, puisque les astres ont sur
,
de la confiance avec laquelle ils assurent la température une influence qu'ils n'ont pas
avoir été non-seulement, enlevés, mais avalés sur nous. Enfin, si la divination qu'on va lire
par ce monslre. élail fondée, il n'y aurail.dans les hommes
Horoscopes. — Un maréchal ferrant do el. dans les femmes que douze sorles de na-
.
lleauvais avait, fait, tirer l'horoscope de son turels, dès lors (pie Ions ceux qui naissent
lils. L'astrologue après avoir examiné les
, sous le même signe ont les mêmes passions
divers aspects des astres découvrit que l'en- et doivent subir les mêmes accidents ; el, tout
,
lïuil était menacé de mourir à quinze ans le monde sait si dans les millions de mortels
d'un coup de tonnerre. 11 désigna en même qui habitent la surface du globe, il s'on trouve
(
! temps le mois, le jour el l'heure où l'événe- souventdeux donlles destinées se ressemblent.
!-.
ment, (levait, avoir lieu ; mais il ajouta qu'une — 4U La Balance. (C'est la balance do
ïhéinis
fa»o de fer sauverait le jeune homme. Quand qu'on a mise au nombre des constellations.
le temps arriva le père chercha comment la Elle donne les procès.) La Balance domino
,
cage de 1er pourrait éviter à son fils une mort dans le ciel depuis le 22 septembre jusqu'au
51 prématurée
; il pensa que. le sens de l'o- 24 octobre. Les hommes qui naissent dans
riiele, était probablement d'enfermer ce jour- cet espace de temps, naissent sous le signe de
une cage de 1er bien fer- la Balance. —Ils sont ordinairement querel-
la son enfant dans
;
: oiee. Il se mil à travailler à la construction leurs; ils aiment les plaisirs, réussissent dans
j de celle cage, sans en parler à personne. Le le commerce, principalement sur les mers,
moment arriva. Une nuée paraissait se former el, feront de grands voyages. Ils ont en par-
;,-
dans le ciel, et justifiait jusqu'alors le dire tage la beauté, des manières aisées, des ta-
'te l'aslrologue. Il appelle donc
y, son fils el lui lents pour la parole ; cependant, ils manquent
annonce que son étoile le condamnait à être à leurs promesses, et ont. plus de bonheur
j l,|e du tonnerre, un peu avant midi, s'il n'a- que de soin. Ils auront, do grands héritages.
l Vj|1- heureusement trouvé le moven de le — Ils seront veufs de leur première femme ,
HOU — 26/ii —- 110R
et n'auront pas beaucoup d'enfants. Qu'ils se long-temps
lo dans le même pays. Elle sera p,.j t
défient des incendies cl de l'eau chaude.— somptueuse,se el. douée de quelques qualiié-
La femme qui naît sous celle constellation l£ lant de l'esprit que du coeur. — Elle se ma-
sera aimable, gaie, agréable, enjouée, assez ri riera à dix-neuf ou à vingt-quatre ans. );|ie
lieureuse. Elle aimera les fleurs ; elle aura de si sera bonne mère. -— 4° Le Capricorne. (C'est
bonnes manières ; la douce persuasion coulera Lla chèvre Aniallbée qui allaita Jupiter, el.
qui
de ses lèvres. Elle sera cependant susceptible fifut mise au nombre des constellations. lïne
et querelleuse. — Elle se mariera à dix-sepl ddonne l'élourderie.) Le Capricorne domine
ou à vingt-trois ans. Qu'elle se défie du feu ddans le ciel du 22, décembre au 21 janvier.
et de l'eau chaude. — 2° Xe Scorpion. (C'est — Celui qui naît sous celte constellation sera
Orion que Diane changea en cel animal, et d'un c naturel irascible, léger, soupçonneux :
qu'on a mis au nombre des constellations. Il ami a des procès et des querelles ; il aimera le :
donne la malice el la fourberie.) Le Scorpion travail, t mais il hantera de mauvaisessociétés.
domine dans le ciel du 22 octobre au 21 no- 'Ses excès le rendront malade. Bien n'est plus
vembre. — Ceux qui naissent sous cette cou- iinconstant que cet homme, s'il est né dans lu
slellalion seront hardis, effrontés, flatteurs, nuit. i Usera enjoué, actif, el fera quelquefois
fourbes, el cachant la méchanceté sous une du < bien. Son étoile le rendra heureux sur
aimable apparence. On les entendra dire une imer. Il parlera modérément, aura la tète
chose, tandis qu'ils en feront une autre. Ils petite ] el les yeux enfoncés. — 11 deviendra
seront généralement secrets et dissimulés. riche ' et avare dans les dernières années de
Leur naturel emporté les rendra inconstants. sa vie. Les bains, clans ses maladies, pour-
Ils penseront mal des autres, conserveront ront, lui rendre la santé.
— La femme qui
rancune, parleront beaucoup, et auront des naît- sous celle constellation sera vive, légère,
accès de mélancolie. Cependant ils aimeront et cependant tellement timide dans ses jeunes
à rire aux dépens d'aulrui, auront quelques années, qu'un rien pourra la faire rougir;
amis, et l'emporteront sur leurs ennemis.— mais son caractère deviendra plus ferme et
Ils seront sujets aux coliques, el peuvent s'at- plus hardi dans l'âge plus avancé. Elle se
tendre à de grands héritages. — La femme montrera jalouse, tout en voulant cacher su
qui naît sous celte constellation sera adroite jalousie. Elle parlera beaucoup, el fera des
et trompeuse.- Elle se conduira moins bien inconséquences. Elle aimera à voyager.—
avec son premier mari qu'avec son second. Elle ne sera fias d'une grande beauté. —
Ella aura les paroles plus douces que le coeur. V>" Le Verseau. (C'est, Ganyniède, filsdeTros,
Elle sera enjouée, gaie, aimant à rire, mais que Jiipi 1er enleva pour verser le nectar aux
aux dépens des autres. Elle fera des incon- dieux, et, qu'on a mis au nombre des con-
séquences, parlera beaucoup, el pensera mal stellations. 11 donne la gaieté.) Le Verseau do-
de tout le monde. Elle deviendra mélanco- mine dans le ciel du 22 janvier au 21 février.
lique avec l'âge. — Elle aura un cautère aux — L'homme qui nail sous cette constellation
épaules à la suite d'une maladie d'humeurs. sera aimable, spirituel, ami de la joie, cu-
— 3° Le Sagittaire. (C'est Chiron le Cen- rieux , sujet à la lièvre, pauvre dans la pre-
taure, qui apprit à Achille à tirer de l'arc, mière partie de sa vie, riche ensuite, mais
et qui fui mis au nombre des constellations. modérément. 11 sera bavard el léger, quoique
11 donne l'amour de la chasse et des
voya- discret. 11 fera des maladies, courra des dan-
ges.) Le Sagittaire domine dans le ciel, du 22 gers. Il aimera la gloire; il vivra long-temps.
novembre au 21 décembre. — L'homme qui Il aura peu d'enfants. — La femme qui nail
naît sous cette constellation aimera les voya- sous celle constellation sera constante, géné-
ges et s'enrichira sur les mers. Il sera d'un reuse, sincère el libérale. Elle aura des cha-
tempérament robuste, aura de l'agilité el.se grins, sera en butte aux adversités, et fera
montrera d'un esprit attentif. Il se fera des de longs voyages. Elle sera fidèle, sage et
amis dont il dépensera l'argent. 11 aura un enjouée. — 6° /-es Poissons. (Les dauphi'15
goôl déterminé pour l'équitalion, la chasse^ qui amenèrent Amphitrite à Neptune furent
les courses, les jeux de force et d'adresse et; mis au nombre des constellations. Ils donnent
les combats. Il sera juste, secret, fidèle, la- la douceur.) Les Poissons dominent dans le
borieux, sociable, et aura autant d'amour- ciel du 22 février au 22 mars. — Celui qui
propre que d'esprit.— La femme, qui naîtt naît sous celte constellation sera officieux,
sous cette constellation sera d'un esprit in- gai, aimant à jouer, d'un bon naturel, lie 11"
quiet et remuant; elle aimera le travail. Soni reux hors de sa maison. Il ne sera pas !'icb°
âme s'ouvrira aisément à la pitié ; elle aurai dans sa jeunesse. Devenu plus aisé, il p 1'6'1"
du goût pour les voyages, el ne pourra resterr dra peu de soin de sa fortune, et ne profitera
MOU — 265< — 110 II

.,5
îles leçons do l'expérience. Des paroles il
i ne s'appauvrira point. Il sera rusé, gai,
idisn'èles lui attireront quelques désagré- enjoué < ; il aura des dispositions pour les arts.
nuits, 'i senl présomptueux. — La femme — La femme qui nait sous cette constellation
nui naît sous cette
constellation sera belle, esti
aimante el belle. Elle aura le coeur doux
Klle éprouvera
des ennuis et des peines dans et simple. Elle négligera peut-être un peu
s'.,
jeunesse, Elle aimera à faire du bien, Elle trop ses affaires. Les beaux-arts, principa-
sera
sensée discrète, économe, médiocre- lement le dessin et la musique, auront beau-
,
ment sensible, et fuira le monde. Sa santé, coup de charmes pour elle. •— <l 0» L'Écre—
faible jusqu'à vingt-huit ans, deviendra alors visse. (C'est le cancre ou l'éçrevisse qui piqua
plus robuste. Elle aura cependant de temps Hercule tandis qu'il tuait l'hydre du marais
on temps
des coliques. —7° Le Bélier. (C'est de Lerne, et qui fut mise au nombre des
le bélier qui portait la toison d'or, et qui fut constellations. Elle donne les désagréments.)
mis au nombre des constellations. 11 donne L'Ecrevisse domine dans le ciel du 22 juin au
les emportements. ) Le Bélier domine dans le 21 juillet.
— Les hommes qui naissent sous
ciel du 23 mars au '24 avril. — Ceux qui cette constellation sont sensuels. Ils auront
naissenlsouscette constellationsont irascibles, des procès et. des querelles, dont ils sortiront
prompts, vifs, éloquents, studieux, violents, souvent à leur avantage; ils éprouveront de
menteurs, enclins à l'inconstance. Ils tiennent grands périls sur mer. Cel horoscope donne,
rarement leur parole et oublient leurs pro- ordinairement un penchant à la gourmandise;
messes. Ils courront des dangers avec les che- quelquefois aussi delà prudence, de l'esprit,
vaux. Ils aimeront la pêche et la chasse.— une certaine dose de modestie. — La femme
La femme qui naît sous cette constellation qui naît sous celle constellation est assez belle,
sein jolie, vivo et curieuse. Elle aimera les active , emportée , mais facile à apaiser. Elle
nouvelles, aura un grand penchant pour le ne deviendra jamais très-grasse ; elle aimera
mensonge, et ne sera pas ennemie de la à rendre service, sera timide et un peu trom-
bonne chère. Elle aura des colères, sera mé- peuse. M" Le Lion. (C'est, le lion de la
disante dans sa vieillesse et jugera sévère- forêt de Némée, qu'Hercule parvint à étouffer,
ment les femmes. Elle se mariera de bonne el qui fut mis au nombre des constellations.
heure et aura beaucoup d'enfants. — S" Le. Il donne le courage.) Le Lion domine dans le
Taureau. (C'est le taureau dont .Jupiter prit ciel du 22 juillet au 21 août. — Celui qui
lu forme pour enlever Europe', et qui fut. mis naît sous cette constellation est brave, hardi
nu nombre des constellations. 11 donne la magnanime, lier, éloquent el orgueilleux. Il,
hardiesse et la force.) Le Taureau domine aime la raillerie. Il sera souvent entouré de
(huis le ciel du 22 avril au 21 mai. dangers ; ses enfants feront sa consolation et

L'homme qui nait sous celle constellation est son bonheur. Il s'abandonnera a sa colère et
audacieux ; il aura des ennemis qu'il saura s'en repentira toujours. Les honneurs et les
mettre hors d'état de lui nuire. Le bonheur dignités viendront le trouver ; mais aupara-
ne lui sera point étranger. Il voyagera dans vant il les aura cherchés long-temps. 11 aura
(les pays lointains. Sa vie sera longue el peu de gros mollets. — La femme qui naît sous
sujette aux maladies.—La femme qui naît cette constellation sera vive, colère et hardie.
sous cette constellation est douée de force el Elle gardera rancune. Elle parlera beaucoup,
(l'énergie. Elle aura du courage ; mais elle et ses paroles seront souvent a mères. Au
sera violente et emportée. Néanmoins elle reste, elle sera belle; elle aura la tête grosse.
saura se plier à son devoir el obéir à son — Qu'elle se tienne, en garde contre l'eau
uwi'i. On trouvera dans cette femme un fonds bouillante et le feu. Elle sera sujette aux co-
de raison et de bon
sens, lïlle parlera pour- liques d'estomac. Elle aura peu d'enfants. —
tant un peu trop. Elle sera plusieurs fois veuve '12° La Vierge. (C'est Astrée qu'on a mise au
('t aura quelques enfants, à qui elle laissera nombre des constellations. Elle donne la pu-
•les richesses.
— 9° Les Gémeaux. (Les Gé- deur.) La Vierge domine dans le ciel du 22
meaux sont Castor et Pollnx qu'on a mis au août au 21 septembre. — L'homme qui naît
"ombre des constellations. Ils donnent l'a- sous celle constellation est bien l'ait, sincère,
mitié.) Les Gémeaux dominent dans le ciel généreux spirituel, aimant les honneurs. 11
,
11 ne saura garder le secret des
"1" 22 mai
au 21 juin..— Celui qui naît sous sera volé.
Celle constellation
aura un bon coeur, une autres ni le sien. 11 aura de l'orgueil, sera
j'elle figure, de l'esprit, de la prudence et de décent dans son maintien, dans son langage,
a générosité. Il
: sera présomptueux, aimera et fera du bien à ses amis. Il sera compatis-
•s courses et les voyages, et ne cherchera pas sant aux maux des autres. Il aimera la pro-
boaMcoup
à augmenter sa fortune ; cependant preté et la toilette. —La femme qui naît sous
HUG — 266 HUL
cette constellation sera chaste, honnête, ti- le riche des riches ; si tu veux croire en i11(Jj
mide, prévoyante et spirituelle. Elle aimera je te ferai vivre. » Quoique ce capitaine t*ù
à faire et à dire du bien. Elle rendra service été assez dérangé dans sa vie, il lit. le signe \
,j(,
toutes les fois qu'elle le pourra ; mais elle sera la croix. Aussitôt cette bande de diables ï
un peu irascible. Cependant sa colère ne sera dissipa on fumée '.
S(!

ni dangereuse ni de longue durée. —On peut ïïuiie bouillante. •— Les habitants de Ccv-
espérer que le lecteur ne s'arrêtera à celle lan el des côtes de Malabar emploient l'lmj'|r,
ridicule prescience que pour se divertir un bouillante comme épreuve. Les premiers
m.
instant. s'en servent, que dans les affaires de grandi; '
Hortilopits (JJÎANNE DE), — sorcière du importance, comme lorsqu'ils ont des procès
pays de Labour, arrêtée comme telle en pour leurs terres, et qu'il n'y a point de lé-
1603, dès l'âge de 14 ans, et châtiée pour moins. — On se servait autrefois en Europe
avoir été au sabba1. de l'épreuve par l'huile bouillante pour !es
Houille. — Le charbon de terre qui se affaires obscures. L'accusé mettait le point,
trouve dans le llainaut et dans le pays de dans la chaudière; s'il le retirait sans brû-
Liège, et que l'on y brûle communément, lure, il était absous.
porte le nom de houille, à cause d'un certain Huile de baume. — L'huile de baume, ex-
maréchal nommé Prudhomme-le-Houi lieux, traite du marc de l'eau céleste, dissipera la
qui, dit-on, en lit la première découverte au surdité, si on en met dans les oreilles trois
onzième siècle; et des doctes assurent qu'un gouttes de temps en temps, en bouchant, les
fantôme, sous la figure d'un vieillard habillé oreilles avec du coton imbibé de ce baume.
de blanc, ou d'un ange, lui montra la pre- 11 guérit toute sorte de gale el de teigne la
mière mine et disparut. plus invétérée, apostèmes, plaies, cicatrices,
Houmani, — génie femelle qui gouverne la ulcères vieux el nouveaux; toutes sortes de
région des astres chez les Orientaux. Voy. morsures venimeuses, de serpents, scor-
ScilADA-SciIIVAOUN. pions, etc. ; toutes fistules, crampes et érysi-
Houris, — vierges merveilleuses.du para- pôles; toute palpitation de coeur et, des autres
dis de Mahomet; elles naîtront des pépins de membres , par fomentation el emplâtre. Crol-
lius en fait tant d'estime qu'il le nomme par
toutes les oranges servies aux fidèles croyants
dans ce séjour fabuleux. Il y en aura do excellence huile mère de baume 2.
blanches, de jaunes, de vertes et de rouges. Huile de talo. —Le talc est la pierre phi-
Leur crachat sera nécessairement parfumé. losophait» fixée au blanc. Les anciens ont. beau-
Hubner (lÎTiiiNNic), — revenant.de Bohème. coup parlé de l'huile de talc, à laquelle ils
Plusieurs auteurs ont. dit qu'il parut, quelques attribuaient tant de vertus que presque Ions
temps après sa mort dans sa ville el qu'il les alchimistes ont mis en oeuvre loul leur sa-
embrassa même de ses amis qu'il rencontra , voir pour la composer. Ils onl calciné, puri-
'. fié, sublimé le talc, et n'en onl jamais pu ex-
Hugon, — e;pèce de fantôme malfaisant traire cette huile précieuse. Quelques-uns
à l'existence duquel le peuple de Tours croit
entendent, sous ce nom, l'élixir des philoso-
très-fermement. Il servait d'épouvanlail aux phes hermétiques.
petits enfants, pour qui il était une manière
de Croquemitaine. C'est de. lui, dit-on, que Ha-Jum-Sin,— célèbre alchimiste chinois
les réformés sont appelés huguenots, à cause qui trouva, dit-on, la pierre philosophai!'.
du mal qu'ils faisaient et de l'effroi que semait Ayant lue un horrible dragon qui ravageait
leur passage au seizième siècle, qu'ils ont . le pays, Hu-,lum-Sin attacha ce monslro «
ensanglanté. une colonne qui se voit encore aujourd'hui, ci
s'éleva ensuite dans le ciel. Les Chinois, par
Hugues, — bourgeois d'Epinal. Voy. Es- reconnaissance, lui érigèrent temple dons
un
l'IUTS. l'endroit môme où il avait tué le dragon.
Hugues-ïe-Graiid, — chef des Fronçais, Hulin, petit marchand de bois d'Or-

-. père de Ïiugues-Capel, Gualberl-lladulphc léans; étant ensorcelé à mort, il envoya
rapporte qu'il était guetté par le diable à chercher sorcier qui se vantait d'enlever
un
l'heure de la mort. Une grande troupe d'hom- toutes les maladies. Le sorcier répondit qu'il
mes noirs se présentant à lui, le plus appa- ne pouvait le guérir, s'il ne donnait la mal 8"
rent lui dit : « Me connais-tu? — Non, ré- die a son fils qui était à la mamelle.
pondit Hugues ; qui peux-tu être? — .le suis, encore
dit l'homme noir le puissant des puissants, 1 Lc;lo3rer, Histoire des spectres apparitions'-'L
, ou
esprits, liv. r.i, p. 273
1 Lenglet-Dufresnoy Dissert., t. I"'. 2 Le Petit-Albert, p. 112.
,
HDP — 267/ — 11YD
,„',|.(3 y consentit. La
nourrice, ayant en- yeux sur l'estomac, on se réconciliera avec tous
' , ('ln cela, s'enfuil avec l'enfant pendant que i ses ennemis; et. de peur d'être trompé parquel-
ii sorcier louchait le père pour lui ôler le mal. que marchand, on a sa tète dans une bourse'1.
Ouand il eut, fait, il demanda où était l'en- Hutgin, — démon qui prend plaisir à obli-
r..iil. Ne 1° trouvant pas,
il commença à s'é- les hommes, se plaisant en leur société,
ger
'.,.j,,r
: «
Je suis mort, où est l'enfant? » puis répondant à leurs questions, el leur rendant
jl's-en alla mais il n'ont pas plutôt mis les
: service quand il le peut, selon les traditions
njedshorsla porte, que le diable le tua sou- de la Saxe. Voici une des nombreuses com-
dain. 11 devint aussi noir que si on l'eût noirci
plaisances qu'on lui attribue : — Un Saxon
délibéré ; car la maladie était res- parlant
de propos pour un voyage, et se trouvant fort
iée sur lui '. inquiet sur la conduite de sa femme, dit à
Huroma, — dieu souverain des Cafres, qui Hutgin : « Compagnon , je te recommando ma
fait tomber la pluie, souiller les vents, el qui femme, aie soin de la garder jusqu'à mon re-
donne le froid et le chaud. Ils ne croient pas tour. » La femme, aussitôt que son mari fut.
qu'on soit obligé de lui rendre hommage, parce parti, voulut se donner des licences; mais le
,iiie. disent-ils . il les brûle de chaleur el
de démon l'en empêcha. Enfin le mari revint;
sécheresse, sans garder la moindre proportion. Hutgin courut au-devant, de lui et lui dit : « Tu
Eôméric. — Avant la persécution d'Huiié- fais bien de revenir, car je commence à me
rir, lils de Genserie, roi des Vandales, qui fut lasser de la commission que lu m'as donnée.
si violente contre les catholiques d'Afrique, Je l'ai remplie avec toutes les peines du mon-
plusieurs signes annoncèrent, dit-on, cefora- de ; el je le prie de ne plus l'absenter, parce
^e. On aperçut sur
le mont Ziquon un homme que j'aimerais mieux garder tous les pourceaux
de haute stature, qui criait à droite et à gau- de la Saxe que ta femme -. » On voit que ce
cho : « Sortez, sortez. » On vit aussi à Car- démon ne ressemble guère aux autres.
tilage, dans l'église de Sainl-Fausto, une ïlvergeimer,— fontaine . infernale. Voy.
a-amie troupe d'Éthiopiens qui chassaient les
Nll'MllïlM.
saints comme le pasteur mène ses brebis. Il
n'v mit guère de persécution d'hérétiques con- Hyacinthe, — pierre précieuse que l'on
pendait, au cou pour se défendre do la peste.
tre les catholiques plus forte que celle-là -.
Do plus elle fortifiait le coeur, garantissait île
Huns. — Les anciens historiens donnent à
la foudre, el augmentait les richesses et les
ces peuples l'origine la plus monstrueuse, .lor-
honneurs.
aundès raconte 3 que Philimcr, roi des Goths,
entrant dans les terres géliques, n'y trouva Hydraotl»,—magiciencélébré parlo'J'asse ;
il était, père du roi de Damas, et oncle d'Ar-
que des sorcières d'une laideur affreuse; qu'il
les chassa loin de son armée; qu'elles errè- mide, qu'il instruisit dans les arts magiques '•.
rent seules dans les déserts, où des démons Hydromancie OU ïlydroscopie , — Orl de
s'iinirenl avec elles. C'est de ce commerce prédire l'avenir par le moyen de l'eau : on en
infernal que naquirent les Huns, si souvent attribue l'invention aux Perses. On en dislin-
appelés les enfants ilu diable 4. Ils étaient gue plusieurs espèces :
— '1° lorsqu'à la suite
d'une difformité horrible. Les historiens di- des invocations el autres cérémonies magi-
sent qu'à leurs yeux louches el sauvages, à ques, on voyait, écrits sur l'eau les noms des
;
leur figure lorse, à leur barbe de bouc, on ne personnes ou des choses qu'on désirait de.
\ pouvait s'empêcher de les reconnaître pour connaître; ces noms se trouvaient écrits à re-
\ enfants de démons. Voy. OGIUÏS. bours; — 2" on se servait, d'un vase plein
Huppe, — oiseau commun, nommé par les d'eau et. d'un anneau suspendu à un fil, avec
l'Iuddéens Bori, et par les Grecs kcm. Celui lequel ou frappait un certain nombre de l'ois
l 'lui le regarde devient gros; si on porte ses;
les côtés du vase ; 3" on jetait successivement
el à de courts intervalles trois petites pierres
' Bodin, Démonovnanie, p. 330. dans une eau Iran ;uille et. dormante ; el des
?.-. ' Leloyer, Hist. des spectres, p. 272. cercles qu'on formait la surface, ainsi que de
•' De rebns
> gothicis. leur intersection, on lirait des présages ; —
> ' tk'soltlus prétend après Servin, que le nom de! 4" on examinait attentivement les divers mou-
',.
.
J'tnis vient d'un mot tvtdesquc, ou celtique, ou barbare,
f ',ln ^gnine imissants par la magie, grands magiciens. vements el l'agitation des Ilots de la mer. Les
,^ dit, dans son Histoire (le France, que les3
(''nmiire '"
,j!, 's' veilimt l'aire la guerre à Clierebert, ou Caribert,
ï: ''y'-Jit attaqués près de la rivière d'Elbe par Sigcbert, 1 Secrets d'Albert-le-Grand, p. 111.
K ^il e Metz, et que les Francs furent obligés de çom- »- Wierus, De proestigiisdiom., etc.
},'!l, (:01llre les Huns et contre les spectres dont ces
?- Delancre, Tableau de l'inconstancedes démons, etc.,
^' e-.' '-r("S :iV:Ucrit rempli l'air,
un effet delà magie ;1 •'
t 't'" rendit leur victoire plus par distinguée. liv.l, p. 57.
JJil — 268 — i
1CH
Siciliens el les Ëubéens étaient fort adonnés petits
| cailloux qu'on jotail'dans l'eau. Le„0 >
à celte superstition ; — 5° on lirait des pré- du
i
voleur ne s'effaçait pas. Voy. Oojuxcir.
sages de la couleur de l'eau el des figures Hyène. — Les Egyptiens croyaient qUc
qu'on croyait y voir. C'est ainsi, selon Var- l'hyène changeait de sexe chaque année.
ron, qu'on apprit à Borne quelle serait l'is- On donnait le nom de pierres d'hyène à dp. ^
sue de la guerre contre Milhridale. Certaines pierres qui, au rapport de Pline, se trouvom
rivières ou fontaines passaient chez les an- dans le corps de l'hyène, lesquelles, placée
ciens pour être plus propres que d'autres à
sous la langue, attribuaient à celui qui jK
ces opérations; — G" c'était encore par une porlail le don de prédire l'avenir.
espèce d'hydromancie que les anciens Ger-
mains éclaircissaientleurs soupçons sur la fi- Hyméra. — Une femme de Syracuse, nUin.
délité des femmes : ils jetaient dans le Rhin, niée Hyméra, eut un songe pendant lequel
,
sur un bouclier, les enfants dont elles venaient elle crut monter au ciel, conduite par m,
d'accoucher; s'ils surnageaient, ils les tenaient jeune homme qu'elle ne connaissait poim
pour légitimes, el pour bâtards s'ils allaient Après qu'elle eut vu tous les dieux etadniirf.
au fond ; —7» on remplissait d'eau une coupe les beautés de leur séjour, elle aperçut, atta-
ou une lasse, el, après avoir prononcé dessus ché avec dos chaînes de fer, sous le Irène de
certaines paroles, on examinait si l'eau bouil- Jupiter, un homme robuste, d'un teint roux
lonnait et se répandait par-dessus les bords; et le visage tacheté de lentilles. Elle demanda
—S" on niellait do l'eau dans un bassin de à son guide quel était cet homme ainsi
verre ou de cristal ; puis on y jetait une enchaîné. Il lui fut répondu que c'était le
goutte d'huile, el l'on s'imaginait voir dans mauvais destin de l'Italie et de la Sicile, et
celte eau, comme dans un miroir, ce dont on que, lorsqu'il serait délivré de ses fers, il cau-
désirait d'être instruit; — 9" les femmes des serait de grands maux. Hyméra s'éveilla là-
Germains pratiquaient une neuvième sorte dessus, et le lendemain elle divulgua son
d'hydromancie, en examinant, pour y deviner rêve. — Quelque temps après, quand Denys-
l'avenir, les tours et détours et le bruit que le-Tyran se fut emparé du trône de la Sicile,
faisaient les eaux des fleuves dans les gouf- Hyméra le vit entrer à Syracuse et s'écria
fres ou tourbillons qu'ils formaient ; — 10" en- que c'était l'homme qu'elle avait vu enchaîné
fin, on peut rapporter à l'hydromancie une dans le ciel. Le tyran, l'ayant, appris, la lit
superstition qui a long-temps été en usage en mourir l.
Italie. Lorsqu'on soupçonnait des personnes
d'un vol, on écrivait leurs noms sur autant de 1 Valère-Maxime.

Ialysiens,— peuple dont parle Ovide, et dont la présence bénit, disent-ils, les travaux
dont les regards avaient la vertu magique de champêtres, et qu'ils révèrent comme un
gâter tout ce qu'ils fixaient. Jupiter les chan- symbole d'innocence.
gea en rochers et les exposa aux fureurs des Ichneumcm, — raldu Nil, auquel les Egyp-
Ilots. tiens rendaient un culte particulier; il avait
ibis, •— oiseau d-Égypte qui ressemble à la ses prêtres et. ses autels. Bulfon dit qu'il vit
cigogne. Quand il met sa tète el son cou sous dans l'étal de domesticité, et qu'il sert comme
ses ailes, dit Élien, sa figure est à peu près les chats à prendre les souris. Il est plus for'
celle du coeur humain. On dit que cet oiseau que le chai, s'accommode de tout, chasse nus
a introduit l'usage des lavements, honneur oiseaux, aux quadrupèdes, aux serpents et
qui est réclamé aussi par les cigognes. Les aux lézards. Pline dit qu'il fait la guerre au
Égyptiens autrefois lui rendaient les honneurs crocodile, qu'il l'épie pendant son sommeil,
divins, et il y avait peine de mort pour ceux et que si ce vaste reptile était assez impru-
qui tuaient un ibis, môme par mégarde. De dent pour dormir la gueule ouverte, l'iclincu-
nos jours, les Egyptiens regardent encore mon s'introduirait dans son estomac et 'ul
comme sacrilège celui qui tue l'ibis blanc, rongerait les entrailles. M. Denon assure flllC
11)0 — 269> — ILL
vsi une
fable; ces deux animaux n'ont ja- venir \ s'il le permet. » Jl prit alors un papier
'lis rien à démêler ensemble, ajoule-l-il, sur e lequel il écrivit : « Grégoire à Satan. Ren-
misqu'ils n'habitent pas les mômes parages; tre.
I » •— Le sacrificateur porta ce billet dans
v 1, Pas ^e crocodiles dans la basse ison temple, fil ses sacrifices, el les démons y
on no 0'
l'.'r'vpte, on ne voit pas non plus d'ichneu- revinrent.
i Mais, réfléchissant alors à la puis-
mons dans
la haute ». :sance
de Grégoire, il retourna vers lui, se
Icl,thyomancie,.—divination très-ancienne fit instruire clans la religion chrétienne et de-
nuise pratique par l'inspection des entrailles vint son disciple. — Porphyre avoue que les
dénions s'enfermaient dans les idoles pour re-
des poissons. Polydamas, pendant la guerre
de Troie , el Tirésias s'en sont servis. On dit
cevoir le culte des gentils. « Parmi les idoles,
de. la fontaine d'Apollon à dit-il, il y a des esprits impurs, trompeurs et
une les poissons
yiiré étaient prophètes, et Apulée fut. aussi malfaisants, qui veulent passer pour des dieux
accusé- de s'en être servi 2. el se faire adorer par les hommes; il faut les
On voit dans la légende de la bien- apaiser, de peur qu'ils ne nous nuisent. Les
Ida. —
Ida de Louvain quelques pâles ap- uns, gais el enjoués, se laissent gagner par
heureuse des spectacles et des jeux ; l'humeur sombre
paritions du diable, qui cherche à la troubler
des autres veut l'odeur de la graisse el se re-
et qui n'y parvient pas. { Bollavdistcs. 13
paît des sacrifices sanglants. »
avril.)
ifurin , — enfer des Gaulois. C'était une
Idiot. —En Ecosse, les gens du peuple ne région sombre et terrible, inaccessible aux
voient pas comme un malheur un enfant idiot
rayons du soleil, infectée d'insectes venimeux,
dans une famille. Ils voient là au contraire un de reptiles, de lions rugissants et. de loups
signe de bénédiction. Celle opinion est parta- carnassiers. Les grands criminels étaient en-
gée par plusieurs peuples de l'Orient, el nous chaînés dans des cavernes encore plus horri-
nous bornons à la mentionner sans la juger. bles, plongés dans un étang plein de couleu-
idoles. — L'idole est une image, une li- vres el brûlés par les poisons qui distillaient
gure, une représentation d'un être imaginaire sans cesse de la voûte. Les gens inutiles, ceux
ou réel. Le culte d'adoration rendu à quelque qui n'avaient, fait ni bien ni mal, résidaient
idole s'appelle idolâtrie. — Si les idoles onl au milieu des vapeurs épaisses et pénétrantes
fait chez les païens des choses qu'on pouvait élevées au-dessus de ces hideuses prisons.
appeler prodiges, ces prodiges n'ont eu lieu Le plus grand supplice était un froid très-ri-
que par le pouvoir des démons ou par le char- goureux.
,"' latanisme. — Saint Grégoire le thaumaturge,
Néocésarén, fut surpris par l'a Ignorance. •—• Ceux qui enseignèrent que
; se rendant à l'Océan était salé de pour qu'il ne se corrom-
nuit et par une pluie violente qui l'obligea
pît, et que les marées étaient faites pour con-
d'entrer dans un temple d'idoles, fameux dans
duire nos vaisseaux dans les ports, ne savaient
j le pays à cause des oracles qui s'y rendaient.
sûrement pas que la Méditerranée a des ports
I II invoqua le nom de .Jésus-Christ, fil des si-
cl point do rellux. Loi/. IÏRIUÏUUS, MIÎHVKIL-
; gnes de croix pour purifier le temple, el passa
une partie de la nuit à chanter les louanges
i.iïs, Puonioiis, etc., etc., etc.
(le Dieu suivant son habitude. Après qu'il fut îles. — Il y a dans la Baltique des îles
;•; parti, le prêtre des idoles vint au temple, se
rapprochées que les pécheurs croient avoir
disposant à faire les cérémonies de son cu'te. été faites par îles enchanteurs qui vou-
,
Les démons, dit-on, lui apparurent aussitôt, laient s'en aller plus facilement d'un lien à un
-.
:. et lui dirent qu'ils ne pouvaient plus habiter autre, el qui établissaient ainsi dos stations
te lieu depuis qu'un saint évoque y avait sé- sur leur route '.
journé. Il promit bien des sacrifices Illuminés, — sorte de francs-maçonsd'Al-
: pour les en-
Sagerà tenir ferme sur leurs autels; mais la lemagne, qui croient avoir la seconde vue et
;
puissance de Satan s'était éclipsée devant Gré- qui prophétisent. On connaît peu leur doc-
-" goire. Le prêtre furieux, poursuivit l'évèqne trine, qui est vague el libre, mais ils ont eu
(le Néocésarée, , le
'- et menaça de le faire punir des prédécesseurs. En 1375, Jean de Yillal-
i Juridiquement s'il ne réparait le mal qu'il pando et une carmélite nommée Catherine de
% ^nait de causer. Grégoire, qui l'écoutaitsans Jésus, établirent une secte d'illuminés, que
| ^mouvoir, lui répondit : « Avec l'aide de l'inquisition deCordoue dispersa. Pierre Guérin
ï l,eu, qui chasse les démons, ils pourront re- les ramena en France en '1(334. Ils préten-
daient que Dieu avait révélé à l'un d'entre
| ^ M. Saignes, Des Erreurs, III,
etc., t.
' Helancre, Incrédulité et mécréant», p. 361.
Marinier, Trad. de la mer Baltique.
% etc., p, 267. 1
1HA — 270 JMA
eux , le frère Antoine Bocquet , une pratique seaux qui entraient dans le Pirée, el, (lcii)ila:t l
de vie et do foi suréminenle, au moyen de ses ordres en conséquence. Horace parle uV
laquelle on devenait tellement saint qu'on ne autre fou , qui croyait toujours assister à „,' l
faisait, plus qu'un avec Dieu et qu'alors on spectacle, et qui, suivi d'une troupe de coinf.
pouvait sans péché se livrer à toutes ses pas- diens imaginaires, portail un théâtre dans s,
sions. Ils se flattaient d'en remontrer aux tète où il était tout à la fois el l'acteur et |'(
,
apôtres, à tous les saints et à toute l'Église. spectateur. On voit, dans les maniaques. d(,.
Louis XIII dissipa celte secte de fous. choses aussi singulières; tel s'imagine être n,,-
Images de cire, — VolJ. ENVOIÎTEMEKT. moineau, un vase de terre., un serpent
autre se croit un dieu, un orateur, un llerculi'
Imagination. — Les rêves, les songes, les El parmi les gens qu'on dil sensés, en esl-i! '
chimères, les terreurs paniques, les supersti- beaucoup qui maîtrisent leur imagination.
tions, les préjugés, les prodiges, les châteaux se montrent exempts de faiblesses el d'er-vi
en Espagne, le. bonheur, la gloire, el tous ces reurs ? — Plusieurs personnes mordues Kn
contes d'esprits el de revenants, de sorciers des chiens ont été Irès-malades parce que
et. de diables, sont les enfants de l'imagination. les supposant atteints de la rage, elles si' :
Son domaine est immense, son empire est des- croyaient menacées ou déjà affectées du mèim.
potique; une grande force d'esprit peut seule mal. La société royale des sciences de Mont- '
on réprimer les écarts. Un Athénien, ayant pcllior rapporte, dans un mémoire publié en
rêvé qu'il était devenu fou, en eut l'imagina- 1730, que deux frères ayant été mordus
par
tion tellement frappée qu'à son réveil il fil
un chien enragé, l'un d'eux partit, pour la liul-
des folies comme il croyait devoir en l'aire lando, d'où il ne revint qu'au bout de dix ans.
,
et perdit en effet la raison.—On connaît Ayant appris, à son retour, que son frèro était
l'origine de la fièvre de Sainl-Vallier. A celte mort, hydrophobe, il mourut lui-même enra.Lv
occasion Pasquier parle de la mort d'un bouf- par la crainte de l'être.—Voici un fait qui
fon du marquis de Kerrare, nommé Gonelle, n'est pas moins extraordinaire : un jartliiiici
qui, ayant entendu dire qu'une grande peur rêva qu'un grand chien noir l'avait mordu. Il
guérissait, de la lièvre, voulut, guérir de la ne pouvait montrer aucune trace de morsure:
fièvre quarte le prince son maître, qui en était et sa femme, qui s'élail levée au premier cri,
tourmenté. Pour cet effet, passant avec lui lui assura que toutes les portes étaient, bien
sur un pont, assez étroit, il le poussa et le lit, fermées el qu'aucun chien n'avait pu entrer.
tomber dans l'eau au péril de sa vie. On re- Ce fut en vain ; l'idée du gros chien noir res-
pêcha le souverain, et il fut guéri ; mais, ju- tait toujours présente à son imagination, il
geant que l'indiscrétion de Gonelle méritait croyait le voir sans cesse : il en perdit le som-
quelque punition, il le condamna à avoir la meil el, l'appétit, devint, triste, rêveur, lan-
tôle coupée, bien résolu cependant, de no pas guissant. Sa femme qui, raisonnable au com-
le l'aire mourir. Le jour de l'exécution, il lui mencement, avait fait Ions ses efforts pour lr
lit. bander les yeux, et ordonna qu'au lieu d'un calmer et le guérir de son illusion, finit pm
coui) de sabre on ne lui donnât, qu'un petit, s'imaginer que, puisqu'elle n'avait pas réussi,
coup de serviette mouillée ; l'ordre fui exécuté il y avait quelque chose de réel dans l'idée
el Gonelle délié aussitôt, après, mais le mal- de son mari, el qu'ayant été couchée à roté
heureux bouffon était, mort de peur. —1-16— de lui, il était fort possible qu'elle eût été aussi
quel parle d'un homme qui, s'élanl couché mordue. Celle disposition d'esprit développa
avec les cheveux noirs, se leva le malin avec chez elle, les mêmes symptômes que chez son
les cheveux blancs, parce qu'il avait, rêvé qu'il mari, abattement, lassilude frayeur, in-
était condamné à un supplice cruel et, infa- somnie. — Le médecin, voyant, échouer toutes
mant. Dans le Dielioimuire de police de Des les ressources ordinaires de son art contre
Essarls, on trouve l'histoire d'une jeune fille à celle maladie de l'imagination, leur conseilla
qui une sorcière prédit, qu'elle serait pendue ; d'aller en pèlerinage à Saint-Hubert. — l'1'5
ce qui produisit, un tel effet sur son esprit ce moment les deux malades furent plus tran-
qu'elle mourut suffoquée la nuit suivante. — quilles : ils allèrent à Saint-Hubert, y subi-
Athénée raconte que quelques jeunes gens rent le traitement usité, et revinrent guéris.
d'Agrigento étant ivre-, dans une chambre de — Un homme pauvre.;..et malheureux s'était
cabaret, se crurent sur une galère, au niilieu tellement frappé l'imagination de l'idée d-
do la mer en furie, et jetèrent par les fenê- richesses, qu'il avait fini par se croire dai»
tres tous les meubles de la maison, pour sou- la plus grande opulence. Un médecin le gucnl.
lager le bâtiment. — Il y avait, à Athènes, et il regretta sa folie. — On a vu, en Angle-
un fou qui se croyait maître de tous les vais- terre, un homme qui voulait absolument u*
îiU/i — '27 i — ÏM A
l'affligeât dans ce monde. Jîn vain on a l'ail le pendant, du pasquino, autre bénitier
.-in ne
j
annonçait un événement fâcheux ; il s'ob- de Gabriel Cagliari. — Une femme enceinte
I
liiuiil à lo nier. Sa femme étant morte, il n'en
jouait, aux caries. Eu relevant son jeu elle
,
(itilut rien croire. 11 faisait mettre à table le voit que, pour faire un grand coup, il lui
rouvert de la défunte , el s'entretenait avec manque l'as do pique. La dernière carte qui
„ll(. comme
si elle eût été présente ; il en lui rentre était, effectivement celle qu'elle at-
nuirait de même lorsque son fils était absent. tendait. Une joie immodérée s'empare de son
n'iès de sa dernière heure, il soutint, qu'il esprit, se communique, comme un choc élec-
n'était pas malade, et mourut avant d'en avoir trique, à toute son existence ; et l'enfant qu'elle
]e démenti. —Voici une autre anecdote : mil au monde porta dans la prunelle de l'oeil
PU
pu maçon , sous
l'empire d'une monomanie la forme d'un as de pique , sans que l'organe
uni pouvait dégénérer en folie absolue, croyait
de la vue lui d'ailleurs offensé par celle con-
avoir avalé une couleuvre ; il disait la sentir formation extraordinaire. — « Le traitsuivant
remuer dans son ventre. M. .Jules Cloquel. est encore plus étonnant, dit Lavater. Un de
chirurgien de l'hôpital'Saint-Louis, à qui il mes amis m'en a garanti l'authenticité. Une
fut amené, pensa que le
meilleur, peut-être dame de condition dullhinthal voulut assister,
le seul moyen pour
guérir ce monomane, était dans sa grossesse, au supplice d'un criminel
de se prêter à sa folie. Il offrit en conséquence qui avait été condamné à avoir la tète tran-
d'extraire la couleuvre par une opération chi- chée et, la main droite coupée. Le coup qui
rurgicale. Le maçon y consent; une incision abattit la main effraya tellement la femme
(munie, mais superficielle, est faîte à la région enceinte, qu'elle détourna la tète avec un mou-
de l'estomac ; des linges, des compresses, des vement d'horreur, et se relira sans attendre
,
bandages rougis par le sang sont, appliqués. la (in de l'exécution. Elle accoucha d'une fille
La tète d'une couleuvre dont on s'était pré- qui n'eut qu'une main, et, qui vivait encore
cautionné est passée avec adresse entre les lorsque mon ami me fil part de celle anec-
,
la plaie. « Nous la tenons enfin dote; l'autre main sortit séparément, d'abord
j bandes el ,
s'écrie l'adroit, chirurgien; la voici. » En après l'eiifanlement. »—11 y a du reste, sur les
:
même temps, le patient arrache son bandeau ; accouchements prodigieux bien des contes.
;, ,
[ il veut voir le reptile qu'il a nourri dans son « J'ai lu, dans un recueil de faits merveilleux,
l1 sein. Quelque temps après une nouvelle mé- dit 51. Saignes ( Dus Jyrreurs el des préjugés
! lancolie s'empare de lui : il gémit, il soupire ;
répandus dans la société), qu'en i*;78, un
i le médecin esl rappelé : « Monsieur, lui dit-il chat, né à Slap en Normandie, devint épris
avec anxiété, si elle avait fait des petits? — d'une poule du voisinage et qu'il lui fit une
,
: Impossible ! c'est un mâle.» — On attribue cour assidue, lai fermière ayant mis sous les
; ordinairement à l'imagination des femmes la
ailes de la poule (les oeufs de cane qu'elle vou-
'- production des foetus monstrueux. M. Salgues lait faire couver, le chai s'associa à ses Ira-
a voulu prouver que l'imagination n'y avait vaux maternels. 11 détourna une partie des
.
aucune part, en citant quelques animaux qui oeufs el les couva si tendrement qu'au bout,
oui produit des monstres el par d'autres de vingt-cinq jours il en sortit de petits êtres
,
.
;
preuves insuffisantes. Plessman, dans sa Mè- amphibies, participant de la cane el du chai,
devine puerpérale liarling, dans une thèse;
; tandis que ceux de la poule étaient des ca-
:
Demungeon, dans ses Considérations physio- nards ordinaires. Le docteur Yimond atteste
Iwjues sur le pouvoir de l'imagination ma- qu'il a vu connu tenu le père et la mère de
, ,
ternelle dans la grossesse soutiennent l'opi- celle singulière famille, et les petits eux-
,
nion générale. —Les femmes enceintes défi- mêmes. Mais on dil au docteur Yimond :
.! gtircMit leurs enfants, quoique déjà formés, « Aviez-vous la vue bien nette quand vous
:. 'disque leur imagination est violemment frap- avez examiné vos canards amphibies? vous
H'ce. Malebranche parle d'une femme qui,, avez trouvé l'animal velu d'un poil noirâtre,
';: wanl assisté à l'exécution d'un malheureux touffu et soyeux : mais ne savez-vous pas que
i condamné à la roue en fut si affectée qu'elle c'est le premier duvet des canards? Croyez-
,
:
"ut au monde un enfant dont les bras les vous que l'incubation d'un chai puisse déna-
l fusses et les jambes étaient rompus à l'en- ,
turer le germe renfermé dans l'oeuf? Alors
r
droit où la barre de l'exécuteur avait frappé le pourquoi l'incubation de la poule aurait-elle
;. condamné.
— Le'peintre Jean-Baptiste Itossi été moins efficace et n'aurait-elle pas produit
r,
"'surnommé Gobbino, parce qu'il était agréa- des êtres moitié poules et moitié canards? »
:
wment gobbo, c'est-à-dire bossu. Sa mère
— On rit aujourd'hui de ces contes, on n'ose-
/ ''^it enceinte de lui lorsque son père sculp- rait plus écrire ce que publiaient les journaux
ï '"' '° gobbo, bénitier devenu célèbre et qui de Paris, il y a soixante ans, qu'une chienne
1MA — 272! — 1MA i
du faubourg Sainl-llonoré venait de mettre ebée <
d'un chat noir ; le chat fut brûlé coim.
au jour quatre chats et trois chiens. —Élien, produit,
]
d'un démon '. —Le même Torm,.-,

'
dans le vieux temps, a pu parler d'une truie mada que nous avons cité énumèro beaucom
qui mit bas un cochon ayant une tête d'élé- d'accouchements extraordinaires : une, l'einim.
phant et d'une brebis qui mil bas un lion. qui mil au monde sept enfants à la l'uis ;
,
Nous le rangerons à côté doTorquemada, qui Médina del Campo ; une autre femme de Sa-
rapporte, dans la sixième journée de son Exa- lamanque qui en eut neuf d'une seule couche-
méron, qu'en un lieu d'Espagne, qu'il ne puis une Italienne qui donna le jour à soixante-
nomme pas, une jument était tellement pleine dix enfants d'une même portée. El comme on
qu'au temps de mettre bas son fruit elle creva, pourrait être surpris du nombre il rappelle
,
et qu'il sortit d'elle une mule qui mourut in- ce que conte Alberl-le-Grand, qu'une Alle-
continent., ayant comme sa mère le ventre si mande enfanta, d'une seule couche, cent cin-
gros el si enflé que le maître voulut voir ce quante enfants, grands comme le doigl, irés.
qui était dedans. On l'ouvrit et on y trouva bien formés el tous enveloppés dans une
une autre mule de laquelle elle était pleine... pellicule. On ne dit pas ce que devini ccnc
— Voici une autre anecdote. Un duc de Man- petite
famille. Mais avouez qu'il n'y a que les
toue avait dans ses écuries une cavale pleine Allemandes pour faire de ces choses-là.—
qui mit bas un mulet. Il envoya aussitôt aux Une Hollandaise pourtant fil plus encore.
plus célèbres astrologues d'Italie l'heure de Voy. MAIIGUEUITE. — « Ces faits sont difficiles
la naissance de celle bêle les priant de lui à croire à qui ne les a pas vus , » dit, Tor-
,
faire l'horoscope d'un bâtard né dans son pa- quémada ; et il parle, de visu, d'un enfant ni
lais sous les conditions qu'il indiquait. Il prit en Italie avec une barbe de bouc; comment
bien soin qu'ils ne sussent pas que c'était d'un a-t-il reconnu que celle barbe était précisé-
mulet qu'il voulait, parler. Les devins firent, ment, une barbe de bouc?-—Yolalerranus
de leur mieux pour flatter le prince, ne dou- parle d'un enfant qui naquit homme jusqu'à
tant pas que ce bâtard ne fût du prince. Les la ceinlure, et chien dans la partie inférieure
uns dirent qu'il serait général d'armée ; les du corps. Un autre, enfant monstrueux naquit,
autres en firent mieux encore, el tous le com- sous le règne do Constance , avec deux bou-
blèrent de dignités. — Mais rentrons dans les ches, quatre yeux, deux petites oreilles et de
accouchements prodigieux. On publia au sei- la barbe. — Un savant professeur de Louvain,
zième siècle qu'une femme ensorcelée venait Cornélius Gemma, écrivant à une époque où
d'enfanter plusieurs grenouilles. De telles nou- l'on admettait tout, rapporte qu'en <lbio une
veautés étaient reçues alors sans opposition. dame de noble lignée mit au monde, dans la
Au commencementdu dix-huitième siècle, les Belgique, un garçon qui avait, au-dire des
gazettes d'Angleterre annoncèrent, d'après le experts, la tète d'un démon avec une trompe
certificat du chirurgien accoucheur, appuyé d'élépbanl au lieu de nez, des pattes d'oie au
de l'analomisle du roi, qu'une paysanne ve- lieu de mains, des yeux de chat au milieu du
nait, d'accoucher de beaucoup de lapins ; el ventre, une tôle de chien à chaque genou,
le public le crut, jusqu'au moment où l'ana- deux visages de singe sur l'estomac et une
lomisle avoua qu'il s'était prêté à une mysti- queue de scorpion longue d'une demi-aune
fication. — On fit courir le bruit, en 1471, de Brabanl. Ce pelil monstre ne vécut que
qu'une femme, à Pavie, avait mis bas un quatre heures, et poussa des cris en mourant
chien; on cita la Suissesse qui, en 15Î78, avait par les deux gueules de chien qu'il avait ans
donné le jour à un lion, el la femme que Pline genoux *. — Nous pourrions multiplier ces
dit avoir été mère d'un éléphant. — On voit contes ridicules, fondés sur quelques phéno-
dans d'autres conteurs anciens qu'une autre mènes naturels que l'imagination des femmes
Suissesse, se délivra d'un lièvre; uneïhurin- enceintes a produits. Arrêtons-nous un ino-
gienne, d'un crapaud; que d'autres femmes; ment aux faits prodigieux plus réels. Tels sont
mirent bas des poulets '. Ambroise Paré citei lesenfanls nés sans tôle, ou plutôt dont la te' 13
un jeune cochon napolitain qui portait unei n'est.pas distincte des épaules. Un de ces
tête d'homme sur son corps de cochon. Boguet; enfants vint au monde au village de Sc.lime-
assure, dans ses Discours des exécrables sor- chten, près de Paderborn, le <1G mai 186b; "
ciers, qu'une femme malèficiéc mit au jour ài avait la bouche à l'épaule gauche et une seule
la fois, en 4 531, une tète d'homme, un ser- oreille à l'épaule droite. Mais en compensation
pent à deux pieds el un pclit pourceau. Bayles de ces enfants sans tête, une Normande ac-
parle, d'une femme qui passa pour être accou-- coucha le 20 juillet 1684, d'un enfant m*
,
!'•101S'
1 Biiyle, République des lettres, 1G84, t. III, p. «2, * Baylo, République des lettres, 1086, t. III,
cité par M. Saignes. , ?- Cornelii Gemma: cosmocriticte, lib. 1, cap.8-
LU A — 273 — 1MP

tout la ,l',e
semblait double. Il avait quatre i: i cochon, un lièvre, etc., puisqu'ils n'avaient,
jeux nez crochus, deux bouches, deux E icune figure distincte. On prend souvent pour
innfiies et seulement deux oreilles. L'intérieur i ne cerise, ou pour une fraise, ou pour un
1X

,'cnfnrmait deux cerveaux deux cervelets et 1 oulon de rose, ce qui n'est qu'un seing plus
,
nois coeurs ; les autres viscères
étaient sim- 1 irge el plus coloré qu'ils ne le sont ordinai-
nies. Ce garçon vécut une heure ; et peut-être i îmenl. Voy. FIÎATEUUS , etc.
^il-jl vécu plus long-temps, si la sage-femme ime, — géant. Voy. NAINS.
oui eu avait peur ne l'eût
laissé tomber. — Immortalité. — Ménandre, disciple de Si-
j,e phénomène
des êtres bicéphales est moins ] îon le magicien se vantait de donner un
celui des acéphales. On présenta ' apiètne qui rendait , immortel.. On fut bien
rare que
à l'Académie des sciences de Paris, ile détrompé. — Les Chinois sont persuadés
en '1779,
lézard à deux tôles, qui se servait égale- tu'il y a quelque part une eau qui empêche
un
ment bien de toutes les deux. Le journal de le mourir ; et ils cherchent toujours ce breu-
médecine du mois de février 1808 donne des rage d'immortalité, qui n'est pas trouvé en-
détails curieux sur un enfant né avec deux ;ore. — Les Strulldbruggs ou immortels de
tètes, mais placées l'une au-dessus de l'autre, ïulliver sont fort malheureux de leur immor-
de sorte que la première en portail une se- alité. La même pensée se retrouve dans cette
conde; cet enfant était né au Bengale. A son égende des bords de la Baltique. -— A Fal-
entrée dans le monde , il effraya tellement, la iler, il y avait autrefois une femme fort riche
saïe-iémme que, croyant tenir le diable dans pii n'avait point d'enfants. Elle voulut faire
les mains, elle le jeta au feu. On se hâta de m pieux usage de sa fortune, el elle bâtit une
l'en retirer, mais il eut les oreilles endomma- église. L'édifice achevé, elle le trouva si bien,
gées. Ce qui rendait le cas encore plus singu- qu'elle se crut en droit de demander à Dieu
lier, c'est que la seconde tête était, renversée, une récompense. Elle le pria donc de la laisser
le front en bas et le menton en haut. Lorsque vivre aussi long-temps que son église subsis-
l'enfant eut atteint l'âge de six mois, les deux terait. Son voeu lui exaucé. La mort passa
lèies se couvrirent d'une quantité à peu près devant sa porte sans entrer ; la mort frappa
égale de cheveux noirs. On remarqua que la autour d'elle voisins, parents, amis, et ne lui
; tôle supérieure ne s'accordait pas avec l'infé- montra pas seulement le bout de sa faux. Elle
rieure ; qu'elle fermait, les yeux quand l'autre vécul au milieu de toutes les guerres, de toutes
les ouvrait, et s'éveillait quand la tète prin- les pestes, de tous les fléaux qui traversèrent
cipale était endormie; elle avait alternative- le pays. Elle vécut, si long-temps, qu'elle ne
ment d.cs mouvements indépendants et des trouva plus un ami avec qui elle pût s'entre-
mouvements sympathiques. Le rire de la tenir ; elle parlait toujours d'une époque si
bonne tôle s'épanouissait sur la tête d'en ancienne, que personne ne la comprenait. Elle
liant. ; mais la' douleur de celle dernière ne avait bien demandé une vie perpétuelle, mais
s
passait pas à l'autre, de sorle qu'on pouvait elle avait oublié de demander aussi la jeu-
la pincer sans occasionner la moindre sensa-
' nesse ; le ciel ne lui donna que juste ce qu'elle
tion à la tète d'en bas. Cet enfant mourut d'un voulait avoir, et la pauvre femme vieillit, ; elle
accident à sa quatrième année. — Ce que perdit,ses forces, puis la vue, el l'ouïe et la
nous venons de rapporter n'est peut-être pas parole. Alors elle se fit enfermer dans une
impossible. Mais remarquez que ces mer- caisse de chêne el porter dans l'église. Chaque
veilles viennent, toujours de très-loin. Cepen- année à Noël, elle recouvre pendant une
: dant nous avons vu de nos jours llilla-Chris- heure,, l'usage de ses sens, et chaque ,
année,
«
tina, celte jeune fille à deux têtes, ou plutôt à cette heure-là le prêtre s'approche d'elle
,
;. ces deux jeunes filles accouplées. Nous avons pour prendre ses ordres. La malheureuse se
'; vu aussi les jumeaux Siamois deux hommes lève à demi dans son cercueil et s'écrie : « Mon
,
:;' qu'une partie du ventre'rendait inséparables église subsiste-t-elle encore? — Oui, répond
et semblait réunir en un seul être. Pour le le prêtre. —Hélas ! dit-elle. » Et elle s'affaisse
ry3le, le plus sur est de rejeter en ces nia- poussant un profond soupir, et le coffre de.
. en
hères ce qui n'est pas certifié par de suffisants chêne referme
se sur elle i.
F tCm°ignages.
— Dans ce genre de faits, on impair. Une crédulité superstitieuse a
attribuait autrefois au diàble'tout ce qui sor- attribué, dans —
tit du cours ordinaire de la nature. — Il est gatives nombre tous les temps, bien des préro-
au impair. Le nombre pair
certain qu'on exagère ordinairement ces phé-
passait, chez les Romains, pour mauvais,
ri()nièiies. On
a vu des foetus monstrueux, à parce que ce nombre, pouvantêtre divisééga-
(llu on donnait gratuitement la forme d'un
Toulon et qui étaient aussi bien
, un chien, 1 Marmiev, Tract, de la Baltique..
BIP — Tihi — IMP
lenient., est le symbole de la mortalité el de la diables. ( Soudain voici celui qu'il avait j;i.,
destruction; c'est pourquoi Numa corrigeant de fois appelé qui, le vint étrangler, et \\m
<
,
l'année de llomulus, y ajouta un jour, afin de porta. — L'an mil cinq cent, cinquante el.
]
ia!.
rendre impair le nomlire de ceux qu'elle con- près Mégalopole, joignant Voilsiadt, il advinl
]
tenait. C'est en nombre impair que les livres encore, durant les fêtes delà Pentecôte, ain5;
i
magiques prescrivent leurs opérations les plus que lé,peuple s'amusait à boire, qu'une tem.
i
mystérieuses. L'alchimiste d'Espagnet, dans me, qui était de la campagne nommait
, or-
sa Description du Jardin des Sages, place à dinairement le diable parmi ses jurements
l'entrée une fontaine qui a sept sources. Il lequel, à celle heure, en la présence 'd'un •

faut, dit-il, y faire boire le dragon par le chacun, l'enleva par la porte de la maison
nombre magique de trois fois sept, et l'on doit el l'emporta en l'air. Ceux qui étaient pré-
y chercher trois sortes de fleurs, qu'il faut y sents sortirent incontinent tout étonnés, pour
trouver nécessairement pour réussir au grand voir où celle femme était ainsi transportée
;
oeuvre. Le crédit du nombre impair s'est établi laquelle ils virent, hors du village, pendue
jusque dans la: médecine : l'année climatérique quelque temps en l'air bien haut, dont, elle
esl, dans la vie humaine, une année impaire. tomba en bas, et la trouvèrent à peu près
Xmpostures. — On lit dans Leloyer qu'un morte au milieu d'un champ. -— Environ ce
valet, par le moyen d'une sarbacane, en- temps-là, il y eut un grand jureur en une
gagea une veuve d'Angers à l'épouser, en le ville de Savoie, homme fort vicieux et qui
lui conseillant de la part de son mari défunt. donnait beaucoup de peine aux gens de bien,
qui, pour le devoir de leur charge, s'em-
— Un roi d'Ecosse, voyant que ses troupes ployèrent à le reprendre et l'admonestèrent
ne voulaient point combattre contre les Pie-
tés, suborna des gens habillés d'écaillés bril- bien souvent, afin qu'il s'amendât : à quoi il
lantes, ayant en main des bâtons de bois ne voulut oncqUes entendre. Or, advinl que,
luisant, qui les excitèrent à combattre, com- la peste étant en la ville, il en fut frappé et
me s'ils avaient été des anges, ce qui eut le se relira en un sien jardin, avec sa femme et
succès qu'il souhaitait i. — Nous aurions un quelques parents. Là, les ministres de l'église
gros volume à faire , si nous voulions ciler ici ne cessèrent de l'exhorter à repenlance, lui
foules les impostures de l'histoire. Voy. APPA- remontrant ses fautes et péchés pour.le ré-
duire au bon chemin. Mais tant s'en fallut
HITIONS , FANTÔMES, BOHÉMIENS, JET/EU , etc.
qu'il fût louché par tant.de bonnes et saintes
2mpréoation8. — Ce qui va suivre est de qu'au contraire il ne fit que
Chassanion, huguenot, en ses Grands juge- remontrances,
*. .

s'endurcir davantage en ses péchés. Avançant


ments de Dieu : « Quant à ceux qui sont adon- donc
nés à maugréer, et qui, comme des gueules son malheur, un jour, comme ce méchant
d'enfer, à tout propos dépitent Dieu par d'hor- reniait Dieu et se donnait au diable et l'appe-
voilà le diable qui le
rihles exécrations, et sont si forcenés que de lait tant qu'il pouvait,
le renier pour se donner au diable, ils méri- ravit soudainement et l'emporta en l'air; sa
femme le virent passer par-
tent bien d'être abandonnés de.Dieu et d'être dessus et sa parente
livrés entre les mains de Satan pour aller leurs tôles. Étant ainsi transporté,
lui perdition son bonnet lui tomba do dessus la tête, cl
avec en ; ce qui est advenu visi- Le magistrat,
blement à certains malheureux de noire temps fui trouvé auprès du Ehône.
qui ont été emportés par le diable, auquel ils averti de cela , vint sur le heu, et s'informa
s'étaient donnés. —11 y a quelque temps qu'en du fait, prenant attestation de ces deux fem-
Allemagne un homme de mauvaise vie était mes
de ce qu'elles avaient vu. — Voilà de»
si mal embouché, que jamais il ne parlait
événements terribles, épouvantables, pour
donner crainte et frayeur à tels ou, semblables
sans nommer les diables. Si en cheminant il jureurs mon*
lui advenait de faire quelque faux pas ou de et renieurs de Dieu, desquels le
heurter, n'est que trop rempli aujourd'hui. Réfrénez
se aussitôt il avait les diables dans donc, misérables
gueule. De que vous êtes vos langue»
sa quoi combien que plusieurs fois infernales; ,
il eût, été repris par ses voisins, et admonesté départez-vous de toutes méclian-
de se chûlier d'un si méchant et détestable mez'à les paroles et exécrations, et vous accoutu-
vice, toulefois ce fut en vain. Continuant louer et glorifier Dieu tant de hou*
fait '. » -—Quand les femmes grecque
dans cette mauvaise et da.mnable coatumo, il que de
advint un jour qu'en passant sur un pont il entendent des imprécations comme, il S'M
trébucha et, étant, tombé du haut en bas, pro- fait dans les chaudes colères de leur pays i

féra ces paroles : Lève-loi par tous les cent elles se hâtent de mouiller leurs seins
aï*

1 Hector de Boù'cc. * Chassanion, Jugements de Dieu, p. 169.


INC — 275>— INC
, „r
palivo de peur qu'une partie de ces ma- secrets
i
de ces procédés, en a publié un dans
pdir'lions , tombent
ne sur elles '. Voy. .IUIIE- ses Entretiens sur la physique expérimentale.
MKN'I'5-
Ceux qui font métier,' dit-il, de manier le
Inceodîcs. — En 4807, un professeur de feu el d'en tenir à la bouche, emploient quel-
bYunsvvick annonça qu'il vendait de la poudre quefois un mélange égal d'esprit de soufre,
incendies, comme apothicaire vend de sel ammoniac, d'essence de romarin et de
aux un
île
la poudre aux vers ; il ne s'agissait, pour suc d'oignon. L'oignon est en effet regardé, par
les gens de la campagne, comme un préser-
sauver un édifice, que de le saupoudrer de
(ùiclques pincées de cette poudre deux
; onces vatif contre la brûlure. Dans le temps où le
suffisaient par pied carré ; el comme la livre P. liegnaull s'occupait de ces recherches, un
iie coûtait que sept à huit sous, el qu'un chimiste anglais, nommé llichardson rem-
,
superficie, plissait toute l'Europe du bruit de ses expé-
homme n'a que quatorze pieds de
pouvait, pour 17 sous ou six deniers (vieux riences merveilleuses. 11 mâchait des .char-
on
stvle), se rendre incombustible. Quelques bons ardents sans se brûler ; il faisait fondre
nëns crédules achetèrent, la poudre du doc- du soufre, le plaçait tout animé sur sa main,
leur. l-.es gens raisonnables crurent qu'il vou-
el le reportait sur sa langue, où il achevait
lait attraper le public, et se moquèrent de
de se consumer; il mettait aussi sur sa lan-
lui 2. J'oy. APPARITIONS. gue des charbons embrasés, y faisait cujre
incombustlbjes. — Il y avait jadis en Es- un morceau de viande ou une huître, et souf-
hommes d'une supérieure frait, sans sourciller, qu'on allumât le feu
pagne des trempe
qu'on appelait Saludadores, Sanliguadores, avec un soufflet; il tenait un fer rouge dans
Ensahnadores. Ils avaient non-seulement la ses mains, sans qu'il y reslâl aucune trace
de brûlure prenait ce 1er dans ses dents, et
vertu de guérir toutes les maladies avec leur ,
salive, mais ils maniaient le feu impunément;
le lançait, au loin avec une force étonnante;
il avalait de la poix el du verre fondus du
ils pouvaient avaler de l'huile bouillante, ,
marcher sur les charbons ardents, se pro- soufre et de la cire mêlés ensemble, et tout
à l'aise milieu dos bûchers enflam- ardents, de sorte que la flamme sortait de sa
mener au bouche comme d'une fournaise. Jamais, dans
més. Ils se disaient parents do sainte Cathe-
rine el montraient sur leur chair l'empreinle toutes ces épreuves, il ne donnait le moindre
d'une roue, signe magnifeslede leur glorieuse signe de douleur. — Depuis le chimiste lli-
origine. 11 existe aujourd'hui un France,
chardson, plusieurs hommes ont essayé com-

en Allemagne el dans presque loule l'Europe, me lui de manier le feu impunément. En <177i,
des hommes qui ont les mêmes privilèges et on vit à la forge de Laune un homme qui
qui pourtant évitent avec soin l'examen des
, marchait sans se brûler sur des barres de fer
savants el des docteurs. Léonard Vair conte
ardentes, lenail sur sa main des charbons, et
qu'un de ces hommes incombustibles ayant les soufflait avec sa bouche; sa peau était
été sérieusement enfermé dans un four très- épaisse el. enduite d'une sueur grasse onc-
,
chaud, on le trouva calciné quand on rouvrit tueuse , mais il n'employait aucun spécifique.
le four. Il y a quelques années qu'on vit à Tant, d'exemples prouvent qu'il n'est pas né-
Paris un Espagnol marcher pieds nus sui- cessaire d'être parent de sainte Catherine
:
des barres de fer rougies au feu promener pour braver les effets du feu. Mais il fallait,
(les lames ardentes sur ses bras, el sur sa que quelqu'un prît la peine de prouver, pai-
langue, se laver les mains avec du plomb lles expériences décisives, qu'on peut aisé-
fondti, etc. ; on publia ces merveilles. Dans ment opérer tous les prodiges dont l'Espagnol
un autre temps l'Espagnol eût passé pour un
incombustible a grossi sa réputation ; ce phy-
homme qui avait ,
des relations avec le dé- sicien s'est trouvé à Naples. —M. Semenlini,
mon ; alors, on se contenta de citer Virgile,
premier professeur de chimie à l'université
'lui dit que les prêtres d'Apollon de celle ville, a publié à ce sujet des recher-
au mont So-
.
racte marchaient sur des charbons ardents ; ches qui ne laissent rien à désirer. Ses pre-
°n cita Varron, qui affirme que ces prêtres' mières tentatives ne furent pas lieureuses,
,: avaient le secret d'une composition qui les,
mais il ne se découragea point. Il conçut que
* rendait pour quelques instants inaccessibles ; ses chairs ne pouvaient acquérir subitement
\- a l'action du feu. Le P. Regnault, qui les mêmes facultés que celles du fameux Lio-
— a nelti, qui était alors incombustible; qu'il était
î; ; hit quelques recherches pour découvrir les
nécessaire de répéter long-temps les mêmes
ûln.c-Fariane, Souvenirs du Levant. tentatives et que, pour obtenir les résultats
'-' 91' ' ^aloues» ^ea erreurs et des préjugés, tome III, qu'il cherchait, il fallait beaucoup de cons-
1)
tance. A force de soins il réussit. Il se fil, sur
18.
INF — 27Cii — 1NO
le corps des frictions sulfureuses, elles ré- que, c pendant les trois jours de le sépiiip,.,
péta si souvent, qu'enfin il put y promener de r Noire-Seigneur, son âme , descendue ,| '
impunément une lame de fer rouge. 11 essaya le lieu où les damnés souffrent, y fut
1 *
|0ll
de produire le même effet avec une dissolu- menlée i avec ces malheureux >.
lion d'alun, l'une des substances les plus pro- Infidélité. — Quand certaines pcuplauy
pres à! repousser l'action du feu : le succès d'Egypte
c soupçonnaient leurs femmes d*iufil
fut encore plus complet. Mais quand M. Se- délité, ( ils leur faisaient, avaler de l'eau sou-
mentini avait lavé la partie incombustible, il frée f dans laquelle ils mettaient de la pous,
perdait aussitôt tous ses avantages, et deve- sière ,
s et de l'huile de lampe, prétendant qUe
nait aussi périssable que le commun des mor- si elles étaient coupables, ce breuvage légi-
<
tels. Il fallut donc tenter de nouvelles expé- férait souffrir des douleurs insupportables
1

riences. Le hasard servit M. Sement.ini à espèce d'épreuves connue sous le nom de •


, c<i-
souhait. En cherchant jusqu'à quel point Ike du soupçon.
l'énergie du spécifique qu'il avait employé Influence des astres. — Le Taureau do-
pouvait se conserver, il passa sur la partie mine sur le cou les Gémeaux les épau-
frottée un morceau de savon dur. el l'essuya les; l'Ecrevisse
; sur
sur les bras et sur les mains-
avec un linge : il y porta ensuite une lame le Lion sur la poitrine, le coeur el le dia-
1
de fer. Quel fut son étonnemeiit de voir que phragme; la Vierge l'estomac, les intes-
sur
sa peau avait non-seulement conservé sa tins, les côtes et les muscles; la Balance sur
première insensibilité, mais qu'elle en avait les reins le Scorpion sur les parties secrètes-
;
acquis une bien plus grande encore Quand le Sagittaire
!
sur le nez et. les excréments; le
on est heureux , on devient entreprenant : Capricorne sur les genoux; le Verseau sur les
M. Semenlini tenta sur sa langue ce qu'il ve- cuisses le Poisson
; sur les pieds. — Voilà eu
nait d'éprouver sur son bras, et sa langue peu de mots ce qui regarde les douze signes
répondit parfaitement à son attente; elle sou- du Zodiaque touchant les différentes partir?
tint l'épreuve sans murmurer ; \m 1er élince- du corps. 11 est. donc très-dangereux-d'offen-
lanl n'y laissa pas là moindre empreinte de
ser quelque membre, lorsque la lune est dans
brûlure. — Yoilà donc-les prodiges de l'in- le signe qui le domine, parce
que la lune en
combustJbililé réduits à des actes naturels el augmente l'humidité,
comme on le verra si
vulgaires 1. Voy: FEU. on expose.de la chair fraîche pendant la nuit
Incrédules. — On a remarqué, par de tris- aux rayons de la lune; il s'y engendrera des
tes expériences , que les incrédules, qui nient vers, et surtout dans la pleine lune -. foi/.
les fails de la religion croient aux fables su- ASTKOLOÙIIÏ.
,
perstitieuses, aux songes, aux cartes, aux inis Pail, — nom d'une pierre fameuse at-
présages aux plus vains pronostics, — com- tachée encore aujourd'hui sous le siège où
,
me pour montrer que l'esprit fort est surtout l'on couronnait dans l'église de Westminster
un esprit faible. les rois de la Grande-Bretagne. Celle pierre
* Incubes , — démons qui séduisaient les du destin , que dans la légende héroïque (le
femmes. Servius Tullius, qui fui. roi des Ro- ces peuples les anciens Ecossais avaient ap-
mains, était le fils d'une esclave et de Vul- portée d'Irlande, au quatrième siècle, devait
cain selon d'anciens auteurs; d'un salaman- les faire régner partout où elle serait placée
,
dre, selon les cabalisl.es; d'un démon incube, au milieu d'eux.
selon les démonograpbes. Inquisition. — Ce fut vers l'an 1200 que
Inoubo, — génie gardien des trésors de le pape Innocent III établit le tribunal de l'in-
la terre. Le petit peuple de l'ancienne Home quisition pour procéder contre les Albigeois,
croyait que les trésors cachés dans les en- hérétiques perfides qui bouleversaient la so-
trailles de la terre étaient.gardés par des es- ciété. Déjà, en 1484, le concile de Vérone
prits nommés Incubones, qui avaient de petits avait ordonné aux évoques de Lombardie de
chapeaux dont il fallait d'abord se saisir. Si rechercher les hérétiques, el de livrer au ma-
on. avait ce bonheur, on devenait leur maître, gistrat civil ceux qui seraient opiniâtres. U
et on les contraignait à déclarer et à décou- comté de Toulouse adopta ce tribunal en 132!);
vrir où étaient ces trésors. Grégoire IX, en 4 233, le confia aux domini-
Infernaux. — On nomma ainsi dans le cains. Les écrivains qui ont dit que saint Do-
seizième siècle les partisans de Nicolas'Gal- minique fut le premier inquisiteur-général,
les et de .Jacques Smidelin , qui soutenaient ont dit la chose qui n'est pas. Saint Domim-
1 M. Saignes, De* livreurs et des préjugés, t. Il, p, 180 1 Bergier, D'tct. théolog.
cîstiiv. 2 Admirablessecrets d'Albcrt-le-Grand, p. 18*
WO — 27'7 — 1NQ
ne fut jamais inquisiteur; il était mort seulement que des prêtres puissent prononcer
'!,il221.Lo
nie
premier inquisiteur-général fut des jugements de mort. — H y a dans l'his-
h, légat
Pierre de Castelnau que les Al- toire de France un grand fait qui n'est pas
,
bigeois assassinèrent. Le pape Innocent IV assez observé, c'esl celui des templiers ; ces
/tendit l'inquisition dans toute l'Italie, à infortunés, coupables ou non (ce n'est point
l'exception de Naples. L'Espagne y fut sou- de quoi il s'agit, ici), demandèrent expressé-,
mise do 4 430 à 1484, sous le règne de Fer- ment, d'être jugés par le tribunal de l'inquisi-
dinand et d'Isabelle ; le Portugal l'établit tion ; car ils savaient bien, disent les histo-
en1u57. L'inquisition parut depuis dans les riens, que s'ils obtenaient de tels juges, ils
pays où ces
puissances dominèrent; mais elle ne pouvaient, plus être condamnés à mort....
's'est exercée dans aucun royaume que du —Le tribunal de l'inquisition était composé
ne
consentement elle plus souvent à la demande d'un chef nommé grand-inquisiteur, qui était
des souverains *. Elle a été repoussée en toujours archevêque ou évêque; de huit con-
France et en Belgique. — « Si l'on excepte un seillers ecclésiastiques, dont six étaient tou-
très-petit nombre d'hommes instruits, dit. jours séculiers, et de deux réguliers, dont
Joseph de Maislre, il ne vous arrivera guère l'un était toujours dominicain en vertu d'un
,
de parler de l'inquisition sans rencontrer dans privilège accordé par le. roi Philippe 111 '. »

chaque tète trois erreurs capitales, plantées — Ainsi les dominicains ne dirigeaient donc
et comme rivées dans les esprits, au ptiinl pas l'inquisition , puisque l'un d'eux seulement
qu'elles cèdent, à peine aux démonstrations en faisait partie par privilège. — « On ne voit
les plus évidentes. — On croit que l'inquisi- pas bien précisément, dit encore .Joseph de
licn est un tribunal purement ecclésiastique: Maislre, à quelle époque le lribunal.de l'in-
cela est faux. On croit que les ecclésiastiques quisition commença à prononcer la peine de
qui siégeai dans ce tribunal condamnent cer- mort. Mais peu nous importe ; il nous suffit
tains accusés à la peine de mort : cela est de. savoir, ce qui est incontestable, qu'il ne
faux. On croit qu'ils les condamnent, pour de pul acquérir ce droit qu'en devenant royal,
simples opinions : cela esl faux. — Le tribu- el. que tout jugement de mort demeure, par
nal espagnol de l'inquisition était purement sa nature, étranger au sacerdoce. » — La te-
royal. C'était le roi qui désignait, l'inquisiteur neur des jugements établit ensuite que les
général, e! celui-ci nommait à son tour les confiscations étaient faites au profil de lu
inquisiteurs particuliers, avec l'agrément du chambre royale el du fisc de Su Majesté.
mi. Le règlement constitutif de ce tribunal o Ainsi, encore un coup le tribunal esl pu-
,
lui publié on l'année 1484 par le cardinal rement royal, malgré la fiction ecclésiastique,
Toitjiiemada,de concert avec le roi 2. — Doux, et toutes les belles phrases sur l'avidité sa-
tolérant., charitable, consolateur dans lous les cerdotale tombent à terre 2. » Ainsi l'inquisi-
pays du monde, par quelle magie le gouver- tion religieuse n'était, dans le fond, comme
nement ecclésiastique sévirait-il en Espagne, dit Garnier, qu'une inquisition politique s. Le
au milieu d'une nation éminemment noble et rapport des Cortès de 1812 appuie ce juge-
généreuse? Dans l'examen de toutes les ques- ment.
— « Philippe 11, le plus absurde des
lions possibles, il n'y a rien de si essentiel princes, dit ce rapport, fut le véritable fon-
que d'éviter la confusion des idées. Séparons dateur de l'inquisition. Ce fut sa politique
donc et distinguons bien exactement, lorsque raffinée qui la porta à ce point de hauteur où
nous raisonnons sur l'inquisition la part du elle était montée. Les rois onl toujours re-
,
gouvernement de celle de l'Église. Tout ce poussé les avis qui. leur étaient adressés con-
i|uo le tribunal montre de sévère et d'ef- tre ce tribunal, parce qu'ils sont, dans lous
frayant, el la peine de mort surtout, appar- les cas maîtres absolus de nommer, de sus-
tient au gouvernement; c'est son affaire; c'est pendre , ou de renvoyer les inquisiteurs, et
;i lui, et c'est à lui seul qu'il faut en .deman- qu'ils n'ont, d'ailleurs, rien à craindre de
der compte. Toute la clémence au contraire, l'inquisition, qui n'est terrible que pour leurs
'U'i joue un si grand rôle dans le tribunal de sujets » — Ainsi tombent ces contes bleus
;
i inquisition
est l'action de l'Église qui ne de rois d'Espagne qui s'apitoyaient sur des
, ,
'. se mêle de supplices que pour les supprimer condamnés sans pouvoir leur faire grâce,
v m les adoucir. Ce caractère indélébile n'a quand il est démontré que c'étaient ces rois
:
jamais varié. Aujourd'hui, ce n'est plus une eux-mêmes qui condamnaient. — On a dit
|v e>'rciir, c'est un crime de soutenir, d'imaginer
1 Joseph de Maistrc, Lettres à un gentilhomme russe
; ' Bcrgier, Dict'. théolog. sur l'huruisition espagnole.
'i/ )°5'G-le rapport officiel eu vertu duquel :in<]tiisi- 2 M., ilrid. -
-;--
:
"im r«t supprimée
par les cortès de 1812,
3 Hist. de François 1er, t. XI, chap. 3.
INQ — 278 - INQ'
que depuis trois siècles l'histoire était une c;inq millions le nombre des personnes (iU(v \
vaste conspiration contre le catholicisme. On Yl'inquisition a fait périr en Espagne. C'est, ,\f
ferait un volume effrayant du catalogue des r.plus de quatre millions et neuf cent, mille, .
mH,
mensonges qui ont été prodiguésdans ce sens erreur,
c — pour ne pas dire plus. •— Rappor-
par les historiens. La plupart'viennent de la tons t maintenant quelque procédure de l'in-
réforme ; mais les écrivains catholiques les quisition.
( Le fait qui va suivre est tiré (|(1
copient tous les jours sans réflexion. C'est la 1l'histoire de l'inquisition d'Espagne, faite, à
réforme qui la première a écrit l'histoire de 1Paris sur les matériaux fournis par 1). j,i0.
l'inquisition; on a trouvé commode de trans- rente, i matériaux qu'on n'a pas toujours em-
crire son odieux roman qui épargnait des ployés comme Llorenlc l'eût voulu ; car on ;
,
recherches. Vous trouverez donc partout des a fait de son livre un pamphlet. — « L'inqui-
faits inventés qui se présentent avec une ef- sition faisait naturellement la guerre aux
fronterie incroyable. Nous en citerons deux francs-maçons et aux sorciers. A la fin du
ou trois.-— « Si l'on en croit quelques histo- dernier siècle, un artisan fut arrêté au nom
riens Philippe III, roi d'Espagne obligé du saint-office pour avoir dit dans quelques
, ,
d'assister à un auto-da-fé (c'est le nom qu'on entreliens qu'il n'y avait ni diables, ni aucune,
donne aux exécutions des inquisiteurs), fré- autre espèce d'esprits infernaux capables de se
mit, et ne put retenir ses larmes en voyant, rendre maîtres des âmes humaines. Il avoua,
une jeune Juive et une jeune Maure do quinze dans la première audience, tout ce qui lui
à seize ans qu'on livrait aux flammes, et qui était imputé, ajouta qu'il en était alors per-
n'étaient coupables que d'avoir été élevées suadé pour les raisons qu'il exposa, et déclara
dans la religion de leurs pères et d'y croire. qu'il était prêt à détester de bonne foi son
Ces historiens ajoutent que l'inquisition fit un erreur, à en recevoir l'absolution el à faire,
,
crime à ce prince d'une compassion si natu- la pénitence qui 'ui serait imposée. « .l'avais
relle ; que le grand inquisiteur osa lui dire vu (dil-il en se justifiant) un si grand nombre
que pour l'expier il fallait qu'il lui en coulât de malheurs, dans ma personne, ma famille,
du sang, que Philippe 111 se iaissa saigner, mes biens cl. mes affaires, que j'en perdis
el que le sang qu'on lui tira fut brûlé par la patience, cl que, dans un moment de déses-
main du bourreau.... » — C'est Sainl-Eoix poir, j'appelai le diable à mon secours : je
qui rapporte ce tissu d'absurdes faussetés, lui offris en retour ma personne et mon unie.
dans ses Essais sur Paris, sans songer qu'au- ,1e renouvelai plusieurs fois mon invocation,
cun historien ne rapporte vraiment ces faits; dans l'espace de quelques jours, mais inuti-
qu'ils ont été imaginés quatre-vingts ans après lement, car le diable ne vint point. Je m'a-
la mort de Philippe III; que Philippe 111 était dressai à un pauvre homme qui passait, pour
maître de faire grâce el de condamner; que sorcier; je lui lis part de ma situation. 11 me
l'inquisition ne brûlait pas les .Juifs et les conduisit chez une femme, qu'il disail beau-
Maures, coupables seulement, d'avoir été éle- coup plus habile que lui dans les opérations
vés dans la leligion de leurs pères el d'y de la sorcellerie. Cette femme me conseilla de
croire ; qu'elle se contentait de les bannir me rendre, trois nuits de suite, sur la colline
pour raisons politiques, etc. —Vous lirez ail- des VistUlas de saint François, et d'appeler
leurs que le cardinal 'l'crquemada qui rem- à grands cris Lucifer, sous le nom d'ange de-
,
plit dix-huit ans les fonctions rie grand-inqui- lumière, en reniant. Dieu et. la religion chré-
siteur, condamnait dix mille victimes par an, tienne', el. en lui offrant mon âme. Je lis tout
ce qui ferait cent quatre-vingt mille victimes. ce que celte femme m'avait conseillé, mais
Mais vous verrez pourtant ensuite qu'il mou- je ne vis rien : alors elle me dit de quitter le
rut ayant fait dans sa vie six mille poursui- rosaire, le scapnlaire et les autres signes de
tes, ce qui n'est pas cent quatre-vingt mille; chrétien que j'avais coutume de porter sur
que le pape lui fit trois fois des représenta- moi, et de renoncer franchement et de toute
tions pour arrêter sa sévérité ; vous trouverez mon âme à la foi de Dieu pour embrasser
,
dans les jugements assez peu de condamna- le parti de Lucifer, en déclarant que je rc-
tions à mort. Les auto-da-fé ne se faisaient; connaissais sa divinité et sa puissance pour
que tons les deux ans ; les condamnés à mort supérieures à celles de Dieu même; et, après
attendaient longuement leur exécution, parce• m'être assuré que j'étais véritablement dans
qu'on espérait toujours leur conversion ; et ces dispositions, de répéter, pondant, tro13
vous regretterez de rencontrer si rarement laL autres nuits, ce que j'avais fait la premier"
vérité dans les livres. — On savant ouvrages fois. J'exécutai ponctuellement ce que celle
qui vient de paraître (le Dictionnaire univer- femme venait, de me prescrire ; cependant
sel de la Géographie et de l'Histoire) ..porte àt l'ange de lumière ne m'apparut point- L'1
INQ — 2791 — IiNV
vieille me recommanda de prendre de mon I lecture de la sentence fui souvent inter-
La
-1U2, et
de m'en servir pour écrire sur du rompue r par de grands éclats de rire, auxquels
papier que j'engageais mon âme à Lucifer, se s joignait le mendiant lui-même. Le coupa-
•oinnie à son maître et à son souverain ; de ble
1 fut, en effet, promené par les rues, mais
porter cet écrit au lieu où j'avais fait mes inon fouetté; pendant la route, on lui offrait
invocations, et, pendant que je le tiendrais à du
<
vin et des biscuits pour se rafraîchir.... »
la main , de
répéter mes anciennes paroles : — Nous pourrions rassembler beaucoup de
j(! fis tout ce
qui m'avait été recommandé, traits 1 pareils, qui peindraient l'inquisition tout
mais toujours sans résultai. — Me rappelant autrement ; que ne la montrent des livres meil-
alors tout ce qui venait de se passer, je rai- tleurs. Voy. TniiîtjNAL SFXRET.
sonnai ainsi : S'il y avait des diables, et s'il Ensensibïlitè. — On prétendait que le dia-
était vrai qu'ils désirassent de s'emparer des ble rendait les sorciers insensibles à la ques-
âmes humaines, il serait impossible de leur tion ou torture. Mais ce fait ne s'esl jamais
en offrir une
plus belle occasion que celle-ci, vu du moins avec certitude.
puisque j'ai véritablement désiré de leur don- ,
interdit, de l'Église qui suspend -
n'est donc pas vrai qu'il y — censure
ner la mienne. 11 les ecclésiastiques de leurs fonctions, el. qui
ail des démons; le sorcier et la sorcière n'ont prive le peuple de l'usage des sacrements, du
donc fait aucun pacte avec le diable, et ils service divin et de la sépulture en terre sainte.
ne peuvent, être que des fourbes el des'char- L'objet de l'interdit n'était, dans son origine,
latans l'un et l'autre. » — Telles étaient en
que de punir ceux qui avaient causé quelque
substance les raisons qui avaient fait aposta- scandale public, et de les
l'artisan .Jean Pérez. Il les ramener au devoir
sicr exposa, en les obligeant à demander la levée de l'in-
confessant sincèrement son péché. On entre- en terdit. — Ordinairement l'interdit arrêtait les
prit de lui prouver que tonl ce qui s'était dérèglements des monastères, empêchait les
passé ne prouvait rien contre l'existence des
hérésies de s'étendre, était un frein aux sei-
démons, mais faisait voir seulement que le
lyranniques, aux criminels puissants,
diable avait manqué de se rendre à l'appel, gneurs
ré- aux perturbateurs de la paix publique. Ainsi,
Dieu le lui défendant quelquefois, pour
quelques bonnes
après le massacre des vêpres siciliennes, Mar-
compenser le coupable, de tin IV mit en interdit la Sicile et les états de
oeuvres qu'il a pu faire avant rie tomber dans
Pierre d'Aragon. Grégoire VII, qui fit grand
l'apostasie. Il se soumit à tout ce qu'on vou-
do l'interdit, sauva plus d'une fois par
lut, recul l'absolution el fut condamné à une usage
année de prison à se confesser el à commu-
celle mesure la cause de l'humanité. -— L'in-
,
la
terdil doit être prononcé dans les mêmes for-
nier aux fêles de Noël, de Pâques et de
Pentecôte, pendant le reste de ses jours, sous mes que l'excommunication, par écrit, nom-
mément, avec l'expression de la cause el après
lu conduite d'un prêtre qui lui serait donné
trois mondions. La peine de ceux qui violent
pour directeur spirituel; à réciter une partie l'interdit est de tomber dans l'excommunica-
du rosaire el à l'aire lous les jours des acles
tion.
(le foi, d'espérance, de charité, de contri-
tion etc. Tel fut son châtiment. Voici Snvisibiîlté. — Pour être invisible, il ne

maintenant l'histoire d'un autre épouvantable faut que mettre devant soi le contraire de la
,

auto-da-fé, extraite du Voyage en Espagne lumière; un mur, par exemple 1. — Mais le


pendant les années 4786 et 4 787, par Joseph petit Albert et les Clavicules de Salomon nous
l'ovnsend, recteur de Pewsey : — « Un men- découvrent des secrets importants pour l'invi-
diant, nommé lgnazio llodriguez, fut mis en sibilité. On se rend invisible en portant sous
jugement au tribunal de l'inquisition pour son bras droit le coeur d'une chauve-souris,""
avoir distribué des philtres amoureux dont celui d'une poule noire ou celui d'une gre-
les ingrédients étaient tels que l'honnêteté ne nouille; ou bien, disent ces infâmes petits li-
permet pas de les désigner. En adminislra.nl vres de secrets slupides, volez un chat noir,
le ridicule remède (il paraît achetez un pot. neuf, un miroir, un briquet
que le prédicant ,
anglais n'est pas sévère), il prononçait quel- une pierre d'agate, du charbon et de l'ama T
les paroles de nécromancie. Il fut bien con- dou, observant d'allerfontaine; prendre de l'eau au
staté que la poudre avait été. administrée à coup de minuit à une après quoi al-
''os personnes de tout llodriguez fut lumez votre feu metlez le chat dans le pot,
rang, ,
.
condamné à être conduit dans les rues de et tenez le couvert de là main gauche sans ja-
Madrid, monté âne, et à être fouetté. mais bouger ni regarder derrière vous, quel-
sur un
;- un lui imposa de plus quelques pratiques de, que bruit que vous entendiez ; el après l'avoir
lc'igiou et l'exil de la capitale pour cinq ans.
- 1 Le comte de Gabalis.
1NV
— 280.) — IS S

fait bouillir vingt-quatre heures, toujours Xo. — Celle femme que Junon changea en
sans bouger et sans regarder derrière vous, génisse
e esl traitée de sorcière dans les (lé„ -
-
mettez-le dans un plat neuf, prenez la viande monographes.
i Delancre assure > que c'éi;^
el la jetez par-dessus l'épaule gauche, en di- iune magicienne qui se faisait voir tantôt. sous
sanl ces paroles •• Accipe quod tibi do et nihil . 1les traits d'une femme, tantôt sous ceux d'unj,

amplius; puis mettez les os l'un après l'autre vache avec ses cornes.
sous les dents, du côté gauche , en vous re- Ipés ou Ayperos, — prince et comte de
gardant, dans le miroir ; el si l'os que vous le- ]l'enfer
; il apparaît sous la forme d'un an«c
nez n'est pas le bon, jetez-le successivement, quelquefois
, sous celle d'un lion , avec, la tùie
en disant les mêmes paroles jusqu'à ce que et les pattes d'une oie et une queue de lièvre-
vous l'ayez trouvé; sitôt que vous ne vous il connaît le passé el l'avenir, donne du gé-
verrez plus dans le miroir, retirez-vous à re- nie el de l'audace aux hommes, et commande
culons. — On peut encore, pour se rendre trente-six légions 2.
.invisible, faire cette opération que l'on com-
Irlande. — Parmi beaucoup d'opinions
mence un mercredi avant, le soleil levé ; on poétiques ou bizarres, les Irlandais croient
se munit de sept fèves noires, puis on prend qu'une personne qui doit mourir naturelle-
une tête de mort; on met une fève dans la ment ou par accident, se montre la nuit à
bouche, deux dans les narines, deux dans les quelqu'un, ou plutôt son image, dans un drap
yeux et deux dans les oreilles; on fait ensuite mortuaire. Cette apparition a lieu dans les
sur cette tête la figure d'un triangle, puis on trois jours qui précèdent la mort.
l'enterre la face vers le ciel ; on l'arrose pen-
dant neuf jours avec d'excellente eau-de-vie, I«. — ville bretonne, gouvernée par le roi
de bon matin, avant le soleil levé. Au hui- Gralon ; toute espèce de luxe et de débauche
tième jour, vous y trouverez un esprit ou dé- régnaient dans cette opulente cité. Les plus
saints personnages y prêchaient en vain les
mon qui vous demandera, Que lais-lu là? vous
lui répondrez J'arrose ma plante. Jl vous moeurs el la réforme. La princesse Bahut,
dira, Donne-moi , fille du roi, oubliant la pudeur el. la modéra-
cette bouteille, je l'arroserai
moi-môme; vous lui répondrez que vous ne tion naturelle à soii sexe y donnait l'exem-
,
le voulez pas. Il vous la demandera encore ple de tout genre de dépravation. L'heure de
, la vengeance approchait : le calme qui pré-
vous la lui refuserez jusqu'à ce que, tendant cède les plus horribles tempêtes, les chants,
la main, vous verrez dedans une figure sem-
blable à celle que vous avez faite sur la tôle : la musique, le vin, toute espèce de spectacle
el de débauche enivraient, endormaient les
vous devez être assuré que c'est, l'esprit véri- habitants endurcis de la grande ville. Le roi
table de la tète : n'ayant plus de surprise à
craindre, vous lui donnerez votre fiole, il arro- Gralon seul n'était pas insensible à la voix du
ciel; un jour le prophète Guénolé prononça
sera lui-même el vous vous en irez. — Le len- d'une voix sombre ces mots devant le roi Gra-
demain, qui est le neuvième jour, vous y re-
tournerez ; vous y trouverez vos fèves mûres, lon : « Prince, le désordre est au comble, lu
bras de l'Éternel se lève, la mer se gonlle, la
vous les prendrez , vous en mettrez une dans cité d'Is va disparaître : parlons. » Gralon
votre bouche , puis vous regarderez dans un
miroir : si vous ne vous y voyez pas, elle sera monte aussitôt, à cheval, et s'éloigne à toute
bonne. Vous en ferez de même de toutes les bride; sa fille Dahut le suit en croupe.... La
main de l'Éternel s'abaisse; les plus hautes
autres; celles qui ne vaudront rien doivent
être enterrées où esl la tète. •— Pour celle tours de la ville sont englouties, les (lois pres-
expérience, ayez toutes les choses bien prépa- sent en grondant le coursier du saint roi, qui
rées avec diligence et avec toutes les solen- ne peut s'en dégager ; une voix terrible se lait
nités requises.... Soyez sûr qu'il y a de mal- entendre : « Prince, si lu veux le sauver, ren-
heureux niais qui croient à ces procédés. J'oiy. voie le diable qui le suit en croupe. » La belle
ANNEAU.
Dahut perdit la vie, se noya près du lieu
qu'on nomme Poul-Dahut. La tempête cessa,
invocations. — Agrippa dit que pour in- l'air devint calme, le ciel serein; mais, de-
, puis.ce moment, le vaste bassin sur lequel
voquer le diable el l'obliger à paraître, on se
sert de paroles magiques : Dies mies, jesquet s'étendait une partie de la ville d'Is fut cou-
benedo efel douvema enitemaiis ! Mais Pierre vert d'eau. C'est maintenant la baie de
Leloyer dit que ceux qui ont des rousseurs au Douarnenez 3.
visage ne peuvent faire venir les démons,
quoiqu'ils les invoquent. Voy. ÉVOCATIONS el. 1 Tableau de l'inconstance des démons, p. 48.
?- Wierus, in PseiHlonïonarcliia diein.
CC\'.H:LUTIONS.
3 M. Cajnbry, Voyage dans le ï"inistère., t. II, P- 2Si'
JAD — 28 1 — JAM
isanoorum , — l'un des adjoints de Levia- Ksparetta,— idole principale des habitants
dans la possession de Loudun. de la côte du Malabar. Antérieurement à loule
Hin
Islandais, — Les Islandais sont si experts création, Isparelta se changea en un oeuf, d'où
]nns l'art
magique, dit un voyageur du der- sortirent le ciel et la terre et tout ce qu'ils con-
nier siècle,
qu'ils font voir aux étrangers ce tiennent. On le représente avec trois yeux et
nl]j se passe dans
leurs maisons, même leurs huit mains, une sonnette pendue au cou, une
aères, mères, parents et amis vivants ou
demi-lune et des serpents sur le front.
morts ' • Xsrafil OUAsrafil, — voy. ÂSRAFIL.
js]e en Jourdain (MAhNFROY DE h'), •— ha-
Ijjle devin qui découvrit par l'astrologie l'hor-
Ithyphalle, — nom d'une espèce d'amu-
rible conduite de deux chevaliers, Philippe et
lettes que l'on pendait au cou des enfants et.
Gauthier d'Aunoy, lesquels étaient amants des veslales; on leur attribuait de grandes
pun (le Marguerite de Navarre femme de
,
vertus.- Pline dit que c'était un préservatif
,
Louis-le—Hutin, et l'autre de Blanche, femme pour les empereurs mêmes , qu'il protégeait
de Charles- le-Bel ; on prouva encore qu'ils
contre les effets de l'envie.
envoûtaient les maris de ces deux dames. Iwan Basilowitz, — VOy. JjSAN.
C'étaient les deux frères de Philippe de Va-
lois. Le roi Philippe en fil, justice; les deux Iwangis, — sorciers des îlesMoluques,qui
chevaliers furent écorchésvifs et pendus, et les font aussi le métier d'empoisonneurs. On pré-
deux dames périrent en prison 2.
tend qu'ils déferrent les corps morts el s'en
nourrissent; ce qui oblige les Moluquois à
i Nouv. voyage vers le septent., 1708, chap. G6. monter la garde auprès des sépulturesjusqu'à
Manuscrit de la Bibliothèque, cité par Joly dans
2
sus lïaiwiqucs sur Bayk. ce que les cadavres soient pourris.

Jabamîah , — mot puissant de la cabale iïaliises, — esprits malins répandus dans


élémentaire, lequel prononcé par un sage ca- l'air chez les Japonais. On célèbre des fêtes
balisle restitue les membres tronqués. pour obtenir leurs bonnes grâces.
Jacobins de Berne, — VOy. JliTZiïR.. Jamambuxes, -— espèces de fanatiques ja-
Jacques Ier. — Le roi d'Angleterre Jac- ponais qui errent dans les campagnes et pré-
ques I", que Henri 1Y appelait si plaisam- tendent converser familièrement avec le dia-
ment maître Jacques, ne se contentait pas de ble. Quand ils vont aux enterrements,ils en-
faire brûler partout, les sorciers, il a fait en- lèvent, dit-on, le corps sans qu'on s'en aper-
core, sous le titre de Dèmonologie, un gros vo- çoive, et ressuscitent les morts. Après s'être
lume pour prouver que les sorciers entretien- meurtris do coups de bâton pendant trois mois
nent un commerce exécrable avec le diable. ils enlrenlen nombre dans une barque, s'avan-
On trouve dans
ce livre toutes les idées de cent en pleine mer, font un trou à la barque,
son temps, dont quelques-unes sont étroites. el se noient, en l'honneur de leurs dieux. Cette
Jade, — pierre à laquelle les Indiens attri- sorle de fakirs fait profession, à ce qu'on as-
buaient, entre autres propriétés merveilleuses,
sure, entre les mains du diable même, qui se
celles de soulager les douleurs de reins, quand montre à eux sous une forme terrible. Ils dé-
11,1 l'y appliquait, et de faire écouler le sable couvrent les objets perdus ou dérobés ; pour
de la vessie. Ils la regardaient aussi cela ils font asseoir un petit garçon à terre
comme ,
un remède souverain contre l'épilepsie, et les deux pieds croisés ; ensuite ils conjurent le
s'étaient persuadé diable d'entrer dans le corps du jeune homme,
que, portée en amulette,
fi'lc était un préservatif contre les qui écume, tourne les yeux, et fait des con-
morsures
des bêtes venimeuses. Ces prétendues torsions effrayantes. Le jamambuxe, après
priétés lui avaient donné la
pro-
vogue à Paris, il l'avoir laissé se débattre, lui recommande de
Y a quelques années s'arrêter et, de dire où est ce qu'on cherche ;
; mais celte pierre pro-
"'oK'iisea perdu le jeune homme obéit, et prononce d'une voix
sa réputation, et ses grandes
? TC'his sont mises au rang des fables. enrouée le nom du voleur, le lieu Où il a mis.
JAR' — 282 — JEA
l'objet volé, le temps où il l'a pris, ella ma- largeur de deux pouces, YOUS en ferez j
un rc_
nière dont on peut le faire rendre. doublé dans lequel vous coudrez ladite lier!).,. !
.Tamblique ,— philosophe platonicien du et les porterez aux jambes. Il n'y a point de •
quatrième siècle, né en Syrie sous le règne cheval qui puisse suivre lùrig-temps un homme
de Constantin le Grand. 11 fut disciple d'Ana- de pied qui est muni de ces jarretières. — o,, ;

tole et de Porphyre. II admettait l'existence bien vous prendrez un morceau de cuir de la


d'une classe de démons ou esprits d'un ordre peau d'un jeune loup, dont vous ferez deus
inférieur; médiateurs entre Dieu et les hom- jarretières sur lesquelles vous écrirez avec
mes. 11 s'occupait des divinations, et on a vu votre sang les paroles suivantes : Abumaliih
à l'article Àleclryomancie, que c'est lui qui cados ; vous serez étonné de la vitesse avec
prédit par celle divination l'avènement au laquelle vous cheminerez étant muni de ces
trône de Théodose. On ignore où, quand el jarretières à vos jambes. De peur que l'écri-
comment il mourut; mais Bodin assure qu'il ture ne s'efface, il sera bon de doubler la jar-
s'empoisonna lui—même pour éviter le sup- retière d'un padoue de fil blanc du côlé de
plice que Vulens réservait aux magiciens. l'écriture. — « Il y a encore une manière de

On conle qu'étant un jour dans la ville de Ga- faire la jarretière, que j'ai lue dans un vieux
dare en Syrie, pour faire voir sa science ma- manuscrit en lettres gothiques. En voici la
gique, il fit sortir en présence du peuple deux recelte. Vous aurez les cheveux d'un larron
génies ou démons d'une fontaine ; il les nom- pendu , desquels vous ferez des tresses dont
mait Amour et Contre-Amour ; l'Amour avait vous formerez des jarretières que vous cou-
les cheveux dorés, tressés el flottants sur les drez entre deux toiles de telle couleur qu'il
épaules ; ils paraissaient éclatants comme les vous plaira ; vous les attacherez aux jambes
rayons du soleil ; l'autre était moins brillant; de derrière d'un jeune poulain ; puis vous
ce qui attira l'admiration de toute la popu- laisserez échapper le poulain, le ferez courir
lace. Leloyer dit 2 encore que c'estJamblique à perle d'haleine , el vous vous servirez avec
et Maximus qui onl perdu Julien l'apostat. plaisir de ces jarretières '. •— On prétendait
On recherche de Jamblique le traité des — autrefois que les magiciens pouvaient donner
Mystères des Egyptiens, des Chaldéens et. des une jarretière enchantée, avec laquelle on
Assyriens 3. 11 s'y montre crédule pour toutes faisait beaucoup de chemin en peu de temps.
les rêveries des astrologues. C'est là peut-être l'origine des bottes de sept
lieues.
tfambrès et Janoeès, —• sorciers égyptiens
les plus anciens que les saints livres nous fas- Jaunisse. — Les rois de Hongrie croyaient
sent connaître par leur nom après Cham. Ils avoir le privilège de guérir la jaunisse par
faisaient apparaître des grenouilles, des ser- l'attouchement5.
pents; ils changeaient l'eau du Nil en sang Jayet d'Islande. — Les anciens Islandais
el tâchaient d'anéantir par leurs prestiges la, attribuaient des vertus surnaturelles à ce
vérité des miracles que Dieu faisait par l'or- jayel, qu'ils regardaient comme un ambre
gane de Moïse''. noir. Sa principale qualité était de préserver
Jamma-ï.ocon, — enfer indien d'où, après de toul sortilège, celui qui en portait sur soi.
certain lemps.de peine et.de souffrance, les En second lieu, ils le croyaient un antidote
âmes reviennent, en ce monde pour y animer contre le poison. Sa troisième propriété était
le premier corps où elles peuvent entrer. de chasser les esprits et les fantômes, lors-
qu'on en brûlait dans une maison ; la qua-
Jarretière. •— Secret- de la jarretière pour trième, de préserver de maladies épidémiques
les voyageurs. Vous cueillerez de l'herbe
que les appartements qui en étaient parfumés.
l'on appelle armoise, dans le temps que le
so- La plupart de ces idées superstitieuses sub-
leil fait son entrée au premier signe du Ca- sistent
pricorne; vous la laisserez un peu séchera encore.
l'ombre, et en ferez des jarretières avec la Jean (ÉVANGILE DE SAINT) , — V01J. B'"
peau d'un jeune lièvre, c'est-à-dire qu'ayant BUOMANCIE.
,

coupé la peau du lièvre en courroie de la( Jean, — magicien sectateur d'Apollonius


deïyane. Il courait de ville en. ville, faisant
1 Éros et Àirtéros,
le méfier de charlatan, et portait une chaîne
* Hist. des spectres ou apparitions des esprits, liv. IV, de fer au cou. Après avoir séjourné quelque
p. 312. temps à Lyon, il acquit une si gronde cele-
3 Jamblichus, Do mysteriis yEgyptiorum, Chaldaro-
rum, Assyriomm, avec d'autres opuscules. In-16, 1007.
3 Leloyer, Hist. des
spectres ou apparit. des esprits, - Secrets du Petit Albert, p. 00.
liy. il, p. 129. 3 Saignes, Des erreurs et des préjugés, t. I, p. -7-
,IEA — '283 — ; JEA
riié pt' 1' ses cl]ves merveilleuses, que le sou- troisième
t voyage ; son corps jeta une puan-
teur si infecte qu'on ne pouvait l'approcher ;
i
.'.,,•„, du pays l'admit en sa présence. Jean l

inniia à ce
prince une superbe épôc enchan- ce qui fil penser que son âme avait été em-
i

,',r elle s'entourait merveilleusement, dans portée par le diable; d'autant plus que son
hf'omhat, de cent quatre-vingts couteaux ti- corps disparut le jour fixé pour l'enterrement *
i -
donna aussi bouclier portant Jean-Baptiste. Il des qui
.;,5, 11 lui un un — y a paysans
miroir, qu'il disait avoir la vertu de divul- croient qu'il est né dans un chameau. Voy. à
guer les
plus grands secrets. Ces armes dis- l'article TROUPEAUX, la garde contre la gale.
parurent un jour ou furent volées; sur quoi Jean d'Avras, — écrivain français dn qua-
pelancre conclut 1 que si les rois de France torzième siècle, qui compila le roman de Me-
dressaient, comme les ducs d'Italie, des nr- lusine. Voy. ce mot.
seniiux de vieilleries (ce qu'ils font à présent), Jean d'Estampes. — D'anciennes chroni-
on y
trouverait de ces armes enchantées el ques rapportent que Jean d'Estampes, l'un
fabriquées par quelque magicien ou sorcier. des gardes de Charlemagne,-mouruten 1J 31),
jeon, — patriarche schismatique de Con- après avoir vécu 336 ans; mais d'autres di-
"' stantinople. Zona ras conle que l'empereur sent qu'il ne vécut que 2130 ans : malheureu-
;rec Théophile, se voyant obligé de mettre à sement son secret do longévité n'est connu do
la raison une province révoltée sous la con- personne 2.
duite de trois capitaines, consulta le palriar- Jean deHCeung, — astrologue qui com-
die Jean, habile enchanteur. Celui-ci fit faire posa le roman de la /{ose, où il montre bien
trois gros marteaux d'airain, les mit entre les son savoir, quoiqu'il ne fùl âgé que de dix-
mains de trois hommes robustes, et conduisit neuf ans lorsqu'il le fil. Il est aussi l'auteur
ces hommes au milieu du cirque, devant, une d'un livre intitulé : Traité sur la direction des
!.
statue de bronze à trois têtes. Ils abattirent nativités et-révolutions des ans; il traduisit le
:, deux do ces têtes avec leurs marteaux, et fi- livre des Merveilles d'Irlande. On prétend
rent pencher le cou à la troisième sans l'a- que c'est, lui qui a prédit les hauts faits d'ar-
/ battre. Peu après une bataille se donna entre mes du connétable de France Bertrand du
;;- Théophile el les rebelles deux dos capitaines
: Guesclin 3.
;; fiirenl tués, le troisième fut blessé et mil hors Jean de Milan, — astrologue du quinzième
:: (le combat, el tout rentra dans l'ordre. siècle, qui prédit à Velasquez , gouverneur
Jean xxil, — pape, mort en <lJ3i, après d'Ilispaniola ou Saint-Domingue, l'heureuse
! un pontificat de dix-huit ans. On lui attribue issue de la guerre du Pérou entreprise par
,
:
les Taxes de la chambre apostolique, traduites Fernand Corlez.
; en français sous le litre de Taxes des parties Jean de Sicile, — habile astrologue et théo-
;' amielles de la boutique d-upape. C'est une sup- logien qui prédit le couronnement do l'empe-
v
position d'un protestant faussaire. On attribue reur Sigismond. C'est encore lui qui annonça
encore à Jean XX.Il VElixir des philosophes à Boucicaull ce qui lui devait advenir, el qui
,
(m Art. 1ransmut.a1.oire des métaux, livre qu'il l'avertit de. la trahison que firent aux Fran-
;
n'a pas fait. Ce livre a été traduit du latin çais le marquis de Montferraf el le comte
; MI français; in—12, Lyon, 4BI57.
— On dit Francisque, trahison qu'il évita en fuyant'1.
; encore que Jean XXII ou Jean XXI s'oecu- Jeanne d'Aro, — dite la Pucelle d'Orléans,
pail d'astrologie et s'amusait a supputer les née on Champagne, à Domrémi près de Vau-
changements de temps. On a fait là-dessus do coulcurs sur la lisière de la Lorraine, en 4 il 0.
i- petits contes imaginaires. Jamais la France ne fui accablée de calamités
aussi grandes que durant le demi-siècle qui
!
Jean OU ïwan Basilowitz — grand-duc
,
j- do Moseovie, an quatorzième siècle, tyran précéda l'année mémorable où l'on vil le cou-
'i l;r"td; à l'article de la mort, il tomba, dit-on, rage abattu de ses guerriers, près de subir
dans des pâmoisons terribles et
son âme fit le joug de l'étranger, se ranimer à la voix
5: ;
•-.
do pénibles
voyages. Dans le premier, il fut
d'une jeune fille de dix-huit ans. Charles VU
f tourmenté en un lieu obscur, pour avoir tenu
,
était sur le point de céder Chinon à l'ennemi,
lorsque Jeanne d'Arc parut dans celle place
•;
un cachot des prisonniers innocents ; dans la
(
: seconde excursion, il fut encore plus tour-
mente pour avoir accablé le peuple d'impôts; 1 Leloyer. Hist. des spectres et des apparitions des
?; esprits, liv. iv, p. 301.
S °t-son successeur Théodore eut soin de l'en >

1 2 Legall, Calond. véritab., p. 140.


j. décharger
en partie. Iwan mourut dans le3 ' Manuscrit de la Bibliothèque du roi, cité dans les
Remarques sur JBaylc.
'* 1'.
3iV U ^u l'inconstance des démons, etc., liv. v,
,
i Manuscrit de ta Bibliothèque du roi; extrait du li-
vre de .loly..
,1EA — 284'! -— J1ÏA. %

vers la fin de février J4'2i). Ce f


n'était qu'une fendre celle place contre le duc de Bourgo;.,,,, ;
simple paysanne. Son père se nommait .lac- elle e fut prise par un gentilhomme ]jicarti qui
ques d'Arc; sa mère , Isabelle Romée. Dès sa la vendit à Jean de Luxembourg, lequel |»
1;

plus tendre enfance elle avait montré une li- revendit


r aux Anglais. Pour se venger de en
midité sans exemple et fuyait le plaisir pour qu'ellec les avait trop souvent vaincus, ceux-ci ':

se livrer tout entière à Dieu ; mais elle s'exer- l'accusèrent d'avoir employé les sortilèges m
1

çait à manier les chevaux, et l'on remarquait la magie à ses triomphes. On la traduisit de-
1

déjà en elle l'ardeur martiale qui devait si- vant i un tribunal corrompu, qui la déclara
gnaler la libératrice des Français. A l'âge de fanatique et sorcière. Ce procès serait ridicule
1

seize ans, le coeur de Jeanne s'exalta. Vers s'il n'était atroce. Ce qu'il y a de plus hor-
s

l'heure de midi, elle croyait voir dansle jar- rible,i c'est que l'ingrat monarque qui lui de-
din de son père l'archange Michel el l'ange vait sa couronne l'abandonna ; il crut n'avoir
Gabriel, sainte Catherine et. sainte Margue- plus besoin d'elle. — Le procès se poursuivit
rite tout resplendissants de lumière. Ces avec activité ; à la treizième séance, on voulut
,
saintes la guidaient dans ses actions. Les voix lui faire comprendre la différence qui existait
(car elle s'exprimait ainsi) lui ordonnèrent entre l'église triomphante el l'église militante
d'aller en France, et de faire lever le siège On lui demanda ce qu'elle en pensait. « Je nie
d'Orléans. Malgré les avis contraires, elle soumets au jugement du Saint-Siège, «ré-
obéit et se rendit d'abord à Vaucouleurs. Jean pondit-elle. On lui demanda si, dès son en-
de Metz se chargea de la présenter au roi. Ils fance, les saints qui lui apparaissaient par-
arrivèrent lous deux, le 24 février 44-29, à laient anglais ou français, s'ils avaient, des
Chinon, où Charles tenait sa cour. Jeanne boucles d'oreilles des bagues, etc. « Vous
,
s'agenouilla devant lui. « Je ne suis pasle roi, m'en avez pris une, dit-elle pour toute ré-
lui dit-il pour l'éprouver ; le voici, ajouta- ponse, rendez-la-moi.—Les saints sont-ils
l-il en lui montrant un des seigneurs de nus ou habillés? —Pensez-vous que Dion
sa suite. — Gentil prince, lui dit la jeune n'ait pas de quoi les vêtir V » •—Comme on
vierge, c'est vous et non un autre ; je suis insistait sur la chevelure do saint Michel,
envoyée de la part de Dieu, pour prêter se- elle dit : « Pourquoi la lui aurait-on coupée?
cours à vous et à votre royaume, et vous — Avez-vous vu des fées? — Je n'en ai point
mande le roi des cieux par moi que vous serez vu j'en ai entendu parler.; mais je n'y
,
sauvé, el couronné en la ville de Reims, et ajoute aucune foi. — Avez-vous une mandra-
serez lieutenant du roi des cieux qui est. le gore? qu'en avez-vous fait?—Je n'en ai
vrai roi de France. » — Charles surpris la point eu ; je ne sais ce que c'est. On dit. que
tira à Pécari, et, après un court entretien, c'est une chose dangereuse el criminelle. »
il déclara que Jeanne lui avait dit des choses
— Quelquefois plusieurs juges l'interrogeaient
si secrètes, que nul ne pouvait le savoir que à la fois. « Beaux pères, disait-elle, l'un après
Dieu et lui : ce qui attira la confiance de la l'autre, s'il vous plaît. » Durant l'instruction,
cour. Cependant un doute, restait à éciairar, Lignv—Luxembourg vint la voir, accompagné
c'était de savoir si elle était pure: ce qui fut de Warwick et de Si raifort : « Je sais bien,
reconnu; si elle était inspirée du ciel ou de leur dit-elle , que ces Anglais me feront
l'enfer: ce qui sembla devoir être interprété en mourir, croyant qu'après ma mort ils gagne-
faveur du ciel. Après plusieurs consultations, ront le royaume rie France; mais, seraient-
on lui donna des chevaux et des hommes ; on ils cent mille avec ceux qu'ils sont, à présent,
l'arma d'une épée que, sur sa révélation, on ils n'auront pas ce royaume. » — Fatiguée de
1

trouva enterrée dans l'église de Sainte-Cathe- mauvais traitements, elle tomba dangereuse-
rine de Fierbois ; elle se rendit aussitôt sous ment malade. Bedforl, Wincester, Warwick
les murs d'Orléans, et, combattit avec un chargèrent deux médecins d'en avoir soin, cl
courage qui éclipsa celui des plus grands ca- leur enjoignirent de prendre garde qu'elle ne
pitaines. Elle chassa les Anglais d'Orléans, mourût de sa mort naturelle ; le roi d'Angle-
fit ensuite, selon l'ordre qu'elle avait reçu, terre Lavait, trop cher achetée pour être prive
sacrer son roi à Reims, lui rendit Troyes, de la joie de la faire brûler. — Le 24 moi,
Châlons, Auxerre, et la plus grande partie on la conduisit à la place du cimetière de
de son royaume. Après quoi, elle voulut se l'abbaye de Rouen. Guillaume Érard dé-
retirer, disant que sa mission était accomplie. clama contre le roi de France et contre les
Mais elle avait donné trop de preuves de sa Français; puis, s'adressant. à la Pucelle:
vaillance, on ne voulut pas lui aco-rder celle o C'est à toi, Jeanne, que je parle, el te dis
liberté. Ce fut la cause de ses malheurs ; bien- que Ion roi est hérétique el schismatique- "
tôt, s'élanl jetée dans Compiôgne pour dé- L'exécuteur attendait la victime à l'exlién*
JEA — 285 — JEA
charrette , pour la con- ;'ieve, pour que îe peuple entier put la voir.
de la place, avec une
duire au bûcher. Mais tout cet
effrayant ap- — Lorsqu'elle sentit que la flamme appro-
pareil n'avait pour but que de lui arracher chait, elle avertit les deux religieux de se
des aveux.
On lui lut une formule par laquelle retirer. Tant qu'elle- conserva un reste de vie,
elle promellail de ne
jamais monter à cheval, au milieu des gémissements que lui arrachait
de laisser croître ses
cheveux, de .ne plus la douleur, on l'entendit prononcerle nom de.
porter les armes à l'avenir. Il
fallait mourir Jésus, en baisant une croix de bois qu'elle
ou sipner
cet écrit. Elle signa, mais on avait tenait do ses mains enchaînées. Un dernier
substitué une côdule, par laquelle elle se re- soupir, longuement prolongé, avertit qu'elle
connaissait dissolue, hérétique, séditieuse, venail d'expirer.—Alorsle cardinal de Win-
invocatrice des démons et sorcière. Celte su- cester fit rassembler ses cendres, el ordonna
percherie servit de base au jugement. Elle qu'elles fussent jetées dans la Seine. Son
fut condamnée à passer le reste de ses jours coeur fut respecté par les flammes ; on le
dans une prison perpétuelle, au pain de dou- trouva sain et entier. En face du bûcher se
leur et à l'eau d'angoisse. Les juges, après trouvait un tableau portant une inscription
l'arrêt, furent poursuivis à coups de pierres qui qualifiait Jeanne de meurderesse, invo-
parle périple; en même temps les Anglais catrice des démons, apostate et mal créante
voulaient les exterminer, les accusant de n'a- de la foi de Jésus-Christ. — Louis XI fil ré-
voir reçu l'argent du roi d'Angleterre que habiliter la mémoire de Jeanne d'Arc. Deux
pour le tromper. « Ne vous embarrassez pas, do ses juges furent brûlés vifs, deux autres
dil l'un d'eux; nous la rattraperons bien.— exhumés pour expier aussi dans les flammes
Jeanne avait promis de ne plus porter d'ha- leur jugement inique; mais le procès de la
bits d'homme, et repris ceux de son sexe. La Pucelle n'eu sera pas moins a jamais un sujet
nuit, les gardes de sa prison enlevèrent ses d'opprobre pour les Anglais, el aussi pour les
habits et y substituèrent des habits d'homme. Français de l'époque.
Lorsque le jour vint, elle demanda qu'on la Jeanne Bibisson, •— sorcière arrêtée à Fàge
déferrât, c'est-à-dire qu'on relâchât la chaîne de vingt-neuf ans : on l'avait vue plusieurs
qui l'attachait par le milieu du corps. Puis", fois danser au sabbat; elle disait que ceux
vovant des babils d'homme, elle supplia qu'on qui y vont trouvent le temps si court, qu'ils
lui rendît ses vêtements du jour précédent, n'en peuvent sortir sans regret. 11 ne paraît
mais on les lui refusa. Elle resta couchée qu'elle ait été brûlée '.
pas
jusqu'à midi. Alors elle fut. forcée do s'habiller sorcière saisie à l'âge
qu'elle eût à dis- Jeanne du Hard, —•
avec les seuls vêlements sa de cinquante-six ans. On la trouve impliquée
position. Des témoins aposlés entrèrent pour dans l'affaire de Marie Chorropique, pour lui
constater sa désobéissance ; les juges accou- avoir touché le bras, lequel devint comme
rurent. Incontinent, elle fut. condamnée comme mort. Nous
relapse, hérétique, sorcière, excommuniée, ne dirons pas si elle fui brûlée 2.
rejetée du sein de l'Eglise. On lui lut sa sen- Jeanne (MÈRE). — Une vieille fille véni-
tence de mort, qu'elle enlenclilavecconstance, tienne , connue sous
le nom de mère Jeanne,
lïlle demanda qu'il lui fui permis de s'appro- infat.ua tellement Guillaume Postel de ses rê-
cher de l'eucharistie : ce qui lui fut accordé. veries, qu'il soutint, dans un livre é<ril à son
Massieu, curé de Sainl-Claude de Rouen, qui sujet, que la rédemption des femmes n'avait
avait la charge de la conduire devant ses pas encore été achevée, el que cette Véni-
: juges, lui permettait de faire sa prière devant
tienne devait accomplir le grand ouvrage.
la chapelle. Celte indulgence lui attira de san- Celait la mère que cherchent les saint.s-si-
-
glanls reproches. Jeanne alla an supplice moniens. J'oy. POSTEL.
- —
le 30 mai, sous l'escorte de cent vingt hommes. Jeanne Southcott, — visionnaire anglaise
i On l'avait revêtue d'un habit dé'femme; sa du dernier siècle, qui se fit une secte avec
tète était chargée d'une mitre en carton, sur des cérémonies bizarres. De temps à autre
laquelle étaient écrits ces mots : Hérétique, on entend encore parler de cette fanatique.
relapse, apostate, idolâtre: Deux pères do- Une centaine de seclairesse sont réunis dans
minicains la soutenaient; elle s'écriait sur la un bois , il y a une trentaine d'années, auprès
roule-. « Ali! Rouen Rouen, seras-lu ma de Sydenham, et ont commencé leur culte
dernière demeure ?», On avait élevé deux superstitieux par le sacrifice d'un petit cochon
wliafauds
sur la place du. Vieux-Marché.' Les
luges attendaient leur victime chargée de 1 Delancrc, Tableau dé l'inconstance des démons, etc.,

,ers' Son visage était baigné de pleurs : on liv, il, p. 127,


?- Delancre, Tableaudel'inconstancedes démons, etc.,
la fil monter'
sur le bûcher, qui était fort liv. n, p. 107.
JÉS 286 — JEU
—•
noir, qu'ils oui brûlé pour répandre ses cen- Jetzer. —• Celle affaire des Jacobins Ur. '
dres sur leurs fêles. Ces fous disenl et croient Berne 1 a fait un grand bruit ; et les ennemi,
que Jeanne Southcotl, qu'ils appellent la fille de < la religion l'ont travestie avec une m$\«l
deSion, est moulée au ciel, el qu'elle re- mauvaise i foi. Voici toute l'histoire : Les ho.
viendra avec le Messie. minicains
i ou Jacobins ne s'accordaient I);K
Oféobiel, —rabbin el cabalisle. Eoi/. LAMPE ''avec les
Cordelierssur le fait de l'immaculé
conception
' de la Irès-Sainle-Vierge. Les Do-
MEllYEll.LEUSIî.
employé minicains ne l'admettaient pas. Or, au com-
Jehovah. — Ce nom auguste esl du seizième siècle, il y avait
juifs. On le mencement
souvent chez les cabalisles trouve
couvent des Dominicains de Berne, alors
an
l'on
dans les odieuses et absurdes conjurations de relâché, quatre mauvais moines, qui im;i<>j_
la magie noire. lièrent, une affreuse jonglerie, pour faire croire
Jenounes , — sortes de génies intermé- la Sainte-Vierge se prononçait contre \Cf
que
diaires entre les anges el les diables : ils fré- Cordeliers, qui défendaient une de ses plu.;
quentent les bosquets elles fontaines, cachés belles prérogatives. Ils avaient parmi eux
un
sous la forme, de divers reptiles, exposés à jeune moine simple el crédule, nommé Jel-
être foulés sous les pieds des passants. La zer; ils lui firent ,
apparaître pendant la nuit
plupart des maladies sont le résultat de leurs des âmes du purgatoire, et lui persuadèrent
vengeances. Lorsqu'un Arabe esl. indisposé, qu'il les délivrerait en restant couché en croix
il s'imagine avoir outragé un de ces agents dans
aussitôt à magi- une chapelle, pendant le temps qu'on cé-
invisibles ; il a recours une lébrerait la sainte messe ; on lui lit voir ensuite
cienne qui se rend à une source voisine, y sainte Barbe, à laquelle il avait beaucoup de
brûle de l'encens, et sacrifie un coq ou une dévotion, et qui lui annonça qu'il était destiné
poule, un bélier ou une brebis, suivant le sexe, à de grandes choses. Par une nouvelle im-
la qualité du malade, ou la nature de la ma- posture sacrilège, le sous-prieur, qui était un
ladie. des quatre moines criminels, fil le personnage
Jérôme (SAIXT). — On a ou le front de lui de la Sainte-Vierge, s'approcha la nuit de
attribuer des livres de nécromancie, el parti- Jetzer el lui donna trois gouttes de sang, di-
culièrement Y Art. notoire. Foi/, ce mot. sant que c'étaient trois larmes que Jésus-
Jérusalem.-—Avant la destruction de Jé- Christ avaient répandues sur Jérusalem. Ces
rusalem par Titus, fils de Vespasien , on dis- trois larmes signifiaient que la Sainte-Vierge
tingua, dit-on. une éclipse de lune pendant était resiée trois heures dans le péché originel.
douze nuits de suite. Un soir, vers le coucher Celle explication était rehaussée de diatribes
du soleil, on aperçut dans l'air des chariots contre les Cordeliers. Jetzer, qui étaitde bonne
de guerre, des cavaliers, des cohortes de foi el, qui avait l'unie droite, s'inquiétait de
gens armés, qui, mêlés aux nuages, cou- la passion qui perçait dans cette affaire, cl
vraient toute la ville et l'environnaient de se troublait surtout de reconnaître la voix du
leurs bataillons. Pendant le siège , el peu de sous-prieur dans la voix de la Sainte-Vierge.
jours avant, la ruine de la ville, on vit tout à Pour le raffermir, on l'endormit avec un breu-
coup paraître un homme absolumentinconnu, vage et on voulut le stigmatiser; puis, comme
qui se mil à parcourir les rues el les places il ne répondait pas à l'espoir qu'on avait mi*
publiques, en crianl sans cesse pendant trois en lui, on voulut l'empoisonner, el on l'en-
jours et trois nuits: « Malheur à loi, Jérusa- ferma mais il trouva moyen de s'échapper:
,
lem ! On le fit battre de verges, on le déchira il s'enfuit à Rome, où il révéla toute l'in-
de coups, pour lui faire dire d'où il sortait; trigue. Le Saint-Siège fil poursuivre les moine»
mais, sans pousser une seule plainte, sans scélérats. Les quatre Dominicains coupables
répondre un seul mol, sans donner le moindre furent brûlés le 31 mars 1509 à la porto de
témoignage de souffrance, il criait toujours: Berne. Mais le malheur de ces, grandes pro-
« Malheur à loi, Jérusalem! »
Enfin, le troi- fanations, c'est que les ennemis de l'E^lis?
sième jour, à la même heure où il avait paru oublient la réparation ou la taisent, el n'en
pour la première fois, se trouvant sur le rem- gardent que le scandale *.
part, il s'écria : « Malheur à moi-même! » et Jeudi.—Les sorciers' font ce jour-la un
un instant après, il fut écrasé par une pierre de leurs plus abominables sabbats, s'il faut en
que lançaient les assiégeants. croire les démonomanes.
Jésabel, — reine des Israélites, que Jéhu Jeu. —Prenez une anguille morte par fauto
fil manger aux chiens après l'avoir fait pré-' d'eau le fiel d'un taureau qui awa
cipiter du haut d'une tour, el que Bodin mot ; prenez
au nombre des sorcières. ' Gaillard, Histoire de François l,r.
.ÎOU — 2t 1 — -J Ci-
,i', tué par
la fureur des chiens; mettez-le blées ces jours-là 1 ; mais ce. Sentiment n'est
, „s la peau de celle anguille , avec un pas général. —Si on rogne ses ongles les jours
l'iclinie de sang de vautour; liez la peau de la semaine qui oui un r, comme le mardi,
r.'uu'tiille
par les deux bouts avec de la corde le mercredi el le vendredi, il viendra des en-
cela dans du fumier vies aux doigts. Il n'est pas facile d'en donner
l, pendu , et niellez
•liiiud l'espace de quinze jours; puis vous le la raison, — Suivant une autre croyance, en
cz
sécher dans un four chauffé avec de la ne coupant ses ongles que le vendredi, on n'a
01i«ère cueillie la veille de la Saint-Jean; jamais mal aux dents. — On.a fait des tables
mjj vous en ferez un bracelet, sur lequel des jours heureux el malheureux pour chaque
0us écrirez avec une
plume de corbeau et de mois. Mais comme elles varient toutes, le joui-
Mire propre sang ces quatre lettres
IIVTV, heureux de l'une étant malheureux dans
t portant ce bracelet autour de voire bras, l'autre, nous laissons aux amaleurs le soin
cous ferez
fortune dans tous les jeux '. de dresser ces tables à leur gré pour leur
jooehim, — abbé de Elore en Calabre, usage.
passa pour prophète pendant sa vie et,
laissa Josué Ben-Lévi, — rabbin si rusé et si
des livres de prédictions qui onl élô con- sage, qu'il trompa le ciel et l'enfer tout en-
damnés en 4248, par le concile de Lalran. semble. Comme il était près de trépasser, il
On lui attribue aussi l'ouvrage intitulé : VE- gagna si bien le diable, qu'il lui fil promettre
r.anyilc éternel. de le porter jusqu'à l'entrée du paradis, lui
disant qu'il ne voulait que voir le lieu de l'ha-
job. — Des alchimistes disent que Job, bitation divine
el qu'il sortirait du monde
après son affliction , connut le secret de la ,
plus content. Le diable ne voulant pas lui
pierre pbilosophale et devint si puissant, qu'il ,
pleuvait chez lui du sel d'or; idée analogue à
refuser cette satisfaction le porta jusqu'au
,
guichet du paradis ; mais Josué s'en voyant si
celle des Arabes, qui tiennent que la neige
près se jeta dedans avec vitesse, laissant le
el les pluies qui tombaient chez lui étaient
précieuses. — Isidore place dans l'Idumée la
diable derrière, et jura parle Dieu vivant
fontaine de Job, claire trois mois de l'année
qu'il n'en sortirait point. Dieu, disent les rab-
trouble trois mois, verte trois mois, el. rouge
, bins, fil conscience que le rabbin se parjurât,
trois autres mois. C'est peut-être celle fon- et consentit qu'il demeurai avec les justes.
taine que, selon les musulmans, l'ange Ga-
Voy. MESSIIÎ DES JUIFS.
briel fit sortir en frappant du pied et dont il
,
Judas Isoariote. — Après sa trahison in-
lava Job el le guérit. fâme, il fut possédé du diable et se pendit à
Jocaba, — VOJJ. CllSXINNATULUS. un sureau. Les Flamands appellent encore les
excroissances parasites de l'écorce du sureau
Johnson ( SAMUEL ). — Johnson, incrédule de Judas.
sueur
pour tout ce qui n'était qu'extraordinaire
adoptait avec plus de confiance tout ce qui, Jugement de Bieu, — -1)01/. Él'IUïliVES.
sentait le miracle, traitant de fable, par exem- Juif errant. —• On voit, dans la légende du
ple, un phénomène de la nature, et écoulant Juif errant, que ce personnage était cordon-
volontiers le récit d'un songe; doutant du nier de sa profession et qu'il se nommait
tremblement de terre de Lisbonne pendant six Ahassuérus, mais la complainte l'appelle Isaac
mois, et allant à la chasse du revenant de Laquedom. A l'âge de dix ans, il avait en-
Cock-Lane ; rejetant les généalogies et les tendu dire que trois rois cherchaient le nou-
poèmes celtiques, et se déclarant prêt à ajoutei veau roi d'Israël ; il les suivit el visita avec,
loi à la seconde
vue des montagnards d'Ecosse. eux la sainte é.table de Bethléem. Il allait
Eu religion, plusieurs de
ses opinions étaien souvent, entendre noire Seigneur. Lorsque
pins que libérales, et
en même temps il vi- Judas eut vendu son maître, Ahassuérusaban-
vait sous la tyrannie de certaines pratique donna aussi celui qu'on trahissait. Comme on
superstitieuses 2. conduisait Jésus au Calvaire, chargé de l'in-
JoK-Bois, — voy. VEUDELET. strument de sa mort, le bon Sauveur voulut
se reposer un instant devant la boutique du
Jours. — Les magiciens et sorciers no peu cordonnier, qui, craignant de se. compro-
venl rien deviner le vendredi ni le dimanche
inelques-uns disent même que le diable n '! mettre, lui dit : « Allez plus loin, je ne veux
'fit pas ordinairement pas qu'un criminel se repose à ma porte. »
ses orgies et ses assem Jésus le regarda et lui répondit : « Je vais, et
1 Admirables secrets du Petit Albert, 25. reposerai ; niais vous marcherez et vous ne
p.
toiii
.^ft9S!*'<*y
i
Samuel Johnson et ses contempe
r Delancre, Tableau de l'inconstance (les démons, etc.
.IIJI — 2885 — .IIJI
reposerez pas ; vous marcherez tant que le l'i l'on employait pour les découvrir, il en
monde durera el au jugement, dernier vous singulier si rapporte Tostat, dans sonij/
(>Si

,
me verrez assis à la droite de mon père. » di
que
des Démons; c'était une tête d'airain, J :
— Le cordonnier prit, aussitôt un bâton à. la androïde
ai qui, en Espagne, dit-il, révélait iK
main el se mil à marcher sans pouvoir s'a'r- Juifs Ji cachés...... -—Ils iaisaienl l'usure eid;,'
rêler nulle part. Depuis dix-huit siècles il a pouillaienl
p largement les chrétiens dans L
parcouru toutes les contrées du globe, sous le contrées c< où ils étaient soufferts; puis, quay '
nom du Juif errant. 11 a affronté les combats, ils il avaient tout ravi les princes qui avaient h
,
les naufrages, les incendies. Il a cherché par- besoin b d'argent les faisaient regorger avec
tout la mort el ne l'a pas trouvée. Il a tou- violence.v Dans de tels cas, ils essuyèrent su,,
jours cinq sous, dans sa bourse. Personne ne tout ti de grandes vexations chez les Anglais. i,(,
peut se vanter de l'avoir vu ; mais nos grands- roi r Jean fit un jour emprisonner les riche
pères nous disent que leurs grands-pèresl'ont Juifs J de son royaume pour les forcer à \^
connu, et qu'il a paru, il y a plus de cent ans, donner c de l'argent ; un d'eux, à qui on ar-
dans certaines villes. Les aïeux de nos grands- racha r sept dénis l'une après l'autre, en l'en-
pères en disaient autant, et les bonnes gens sgageant de la sorte à contribuer, paya mille
croientà l'existence personnelle du Juif errant, marcs i d'argent à la huitième. Henri II] tjra
1— Ce n'est pourtant qu'une allégorie ingé- d'Aaron,
c juif d'York, quatorze mille mare
nieuse, qui représente toute la nation juive, d'argent, ( et dix mille pour la reine. Il vendit
errante et dispersée depuis l'anathème tombé les 1 autres Juifs de son pays à son frère lli- >
sur elle. Leur race ne se perd point, quoique chard , pour le terme d'une année , afin que :
<
confondue avec les nations diverses, el leurs ce comte évenlrât ceux qu'il avait déjà écor-
<
richesses sont à peu près les mômes dans tous chés, comme dit Mathieu Paris.... — En gé-
<
les temps aussi bien que leurs forces. La re- néral, i lorsqu'on tolérait les Juifs, on les dis-
ligioh qu'ils-professent les a jusqu'ici dislin- tinguait des autres habitants par des marque;
I
gués des autres hommes, et en fera toujours infamantes. Philippe-le-Hardi les obligea en
i

un peuple isolé au milieu du monde. France à porter une corne sur la tête : il leur
Juifs. — Indépendamment de ce coup de était défendu de se baigner dans la Seine ; cl.
foudre qui marque partout les Juifs et les fait quand on les pendait, c'était toujours entre
partout, reconnaître ; il y a sur eux plusieurs deux chiens. — Le jour de la fêle de Pâques,
signes de l'abandon où les a jetés la malédic- c'était un vieil usage à Toulouse de, donner un
tion de Dieu. Tant qu'ils ont été le peuple soufflet à un Juif de la ville.On raconte qu'Ay-
fidèle, ils ont conservé intact le dépôt des meric, vicomte de llochechouart, accompagné
saintes écritures. Depuis leur crime, les en- de Hugues son chapelain, se trouvant à Tou-
seignements de Moïse sont étouffés chez eux louse, le dimanche de Pâques, les chanoines
par les incroyables absurdités du Thalmud el chargèrent Hugues de cette cérémonie. Le
le sens n'est plus avec eux. ;—La Terre-Sainte, chapelain donna un coup si violent, au Juif,
qui était le plus fertile et le plus beau pays qu'il lui fil sauter la cervelle; ce malheureux
du monde, maudite avec la nation qu'elle por- tomba mort: ce qui est faux. Les Juifs de
tait, est devenue si horrible, qu'elle ne nourrit Toulouse l'enlevèrent de la cathédrale el l'in-
plus ses rares habitants. Partout en exécration, humèrent dans le cimetière de leur synagogue
les Juifs, qui avaient massacré et torturé les sans oser se plaindre, ajoute Dulaure 1, qui
chrétiens toutes les fois qu'ils avaient élé les était un menteur. Le vrai de ce fait, el nous
plus forts, se sont vus en tous lieux haïs et sommes loin de l'excuser, c'est que le soulltoi
mal lolérés. On vous dira que souvent on les renversa le Juif. Voy. BOHÉMIENS. — « Avant
poursuivit pour des crimes imaginaires ; mais de quitter Jaffa je vous parlerai d'une cou-
,
on ne prête qu'aux riches, et leur histoire est tume que vous ignorez peut-être et qui est
sérieusementpleine de crimes trop réels. On établie chez les Grecs de cette ville. Chaque
les chassa violemment del'Espagne, qu'ils vou- soir, pendant le carême, les petits enfants des
laient dominer ; mais sans les mesures vio- familles grecques vont à la porle des maison:
lentes des rois chrétiens, la Péninsule serait chrétiennes, et demandent avec des cris mo-
aujourd'hui la proie des Juifs et des Maures. notones, qu'on prendrait pour,une complaiiilc.
— Quelquefois sans doute on mit peu d'hu- du bois ou des paras ( demi -cents disent' ) po"1'

manité dans les poursuites exercées contre acheter du bois : « Donnez, donnez
,
eux; mais on ne les bannissait pas sans leur » ils ; el l'an prochain vos enfants seront ma'
donner trois mois pour s'expatrier, et ils s'obs- » ries; et leurs jours seront heureux ; et vou-
tinaient à demeurer dans les pays où leurs » jouirez long-temps de leur bonheur. » L°
tètes étaient, proscrites..Parmi les moyens que 1 Dulaure, Principaux lieux de France, t, II; !'• "'"'
JUL — 28C) — JUP
i0i<qiie sollicitent ces enfants esl destiné à irenies des prétextes pour faire son éloge. Ce
Irûlrr l"s Juifs- C'est, le soir du jeudi saint sage i
consultait Apollon el sacrifiait aux dieux
,\Qi Grecs
qu'on allume les feux ; chaque pe- de pierre, quoiqu'il connût, la vérité. Les dé-
liio troupe
allume le sien. On fabrique un monomanes l'ont mis au nombre des magi-
homme de paille avec le costume juif, et la
ciens ; et il esl vrai qu'avec Maximus et Jam-
victime en effigie est ainsi conduite devant le blique il évoquait les esprits et recherchait
rCU) au
milieu des clameurs el des huées. Les l'avenir par la nécromancie. 11 avait des vi-
enfants délibèrent gravement sur le. genre de sions ; Àmmien Marcellin rapporte que, peu
supplice auquel il faut condamner l'Israélite ; avant sa mort, comme il écrivait dans sa lente,
les uns disent: Crucifions-le,il a crucifié.!ésus-
à l'imitation de Jules César, il vît paraître,
Clirisl; les autres : Coupons-lui la barbe et devant lui le génie de Home avec un visage
les bras, puis la lèle ; d'autres enfin : Fendons-
blême.-—11 fui tué par un trait que personne ne
le. déchirons-lui les entrailles, car il a tué vil venir, à l'âge de trente-deux ans. Ennemi
notre Dieu. Le chef de la troupe, prenant alors acharné de Jésus-Christ, il recueillit,dit-on, en
la parole : « Qifest-il besoin, dit-il,
de re- tombant un peu de son sang dans sa main et
courir à lous ces supplices '? Il y a là un l'eu le lança vers le ciel, en disant : « Tu as vaincu,
tout allumé; brûlons le juif. » El le juif est Galiléen 1 » — Après sa mort, on trouva, dans
jeté dans les flammes. « Feu, feu , s'écrient le palais qu'il habitait, des charniers et des
les enfants, ne l'épargne pas, dévore-le ; il a cercueils pleins de têtes el de corps morts. En
souffleté Jésus-Christ: il lui a cloué les pieds la ville de Carres de Mésopotamie, dans un
et les mains. » El les enfants énumèrent ainsi temple d'idoles, on trouva une femme morte
toutes les souffrances que les Juifs firent en- pendue par les cheveux, les bras étendus, le
durer au Sauveur. Quand la victime est con- ventre ouvert, el vide. On prétend, que Julien
stimée, on jette au vent ses cendres avec des l'avait immolée pour apaiser les dieux infer-
imprécations; el puis chacun se retire, satis- naux auxquelsil s'était voué, et pour apprendre
fait d'avoir puni le bourreau du Christ. — De par l'inspection du foie de celle femme le ré-
semblables coutumes portent avec elles leur sultat de la guerre qu'il faisait alors contre les
caractère, et n'ont pas besoin d'être accom- Perses. — La mort de l'Apostat fut signifiée,
jiagnées de réflexions '. » — Les diverses reli- dit-on dans plusieurs lieux à la fois, el au
? ,
: «ions sont plus ou moins tolérées dans les étals même moment qu'elle advint. Un de ses do-
des Turcs el des Persans. Des juifs, à Con- mestiques, qui allait le trouver en Perse,
stantinople, s'avisèrent, de dire, en conversa- ayant élé surpris par la nuit, el obligé de
lion qu'ils seraient les seuls qui entreraient s'arrêter dans une église faute d'auberge, vit
,
dans le Paradis. « Où serons-nous donc, nous en songe des apôtres et des prophètes assem-
autres? » leur demandèrent quelques Turcs blés qui déploraient les calamités de l'Église
avec qui ils s'entretenaient. Les.Iuifs, n'osant sous un prince aussi impie que Julien, et un
pas leur dire ouvertement qu'ils en seraient d'entre eux, s'élanl levé assurables autres
,
; exclus, leur répondirent qu'ils seraient dans qu'il allait, y porter remède. La nuit suivante,
les cours. Le grand-vizir, informé de celle ce valet, ayant vu dans son sommeil la même
..
dispute, envoya chercher les chefs de la sy- assemblée, vil venir l'homme de la veille qui
nagogue, el leur dil que, puisqu'ils plaçaient annonça la mort de Julien. Le philosophe Di-
les musulmans dans les cours du paradis, il dyme d'Alexandrie vit aussi en songe des
était juste qu'ils leur fournissent des tentes, hommes montés sur des chevaux blancs, et
afin qu'ils ne fussent
pas éternellement ex- courant dans les airs en disant : « Annoncez à
posés aux injures de l'air. On prétend que Didyme qu'à celle heure Julien l'apostal est
c'est depuis ce temps-là
; que les juifs , outre tué. »
le tribut ordinaire, paient
une somme consi- Jung, — auteur allemand, vivant encore
v dérahle pour les lentes du grand-seigneur et
('e toute sans'; doute ; il a écrit sur les esprits un
sa maison quand il va à l'armée 2. ouvrage'intitulé Théorie de Geister-Kunder,
; Julien l'Apostat, né en 331, empereur Nuremberg, <IS08, in-8°.
J romain, mort en 363.

— Variable dans sa
; l)lll'osophie, inconstant dans sa manière de 3upiter-Ammon. — Les Egyptiens por-
f.
Penser, après avoir été chrétien, il retomba taient sur le coeur, comme un puissant pré-
'' !r"S 'e l)aëan>sme. Les ennemis seuls de l'É- servatif, une amulette ou philactère, qui était
&l*v ont trouvé dans quelques qualités
appa- une lame sur laquelle ils écrivaient le nom de
:
Jupiler-Ammon. Ce nom était si grand dans
ï j *IlcUiiua et Poujoulat, Correspondance de l'Orient, leur esprit, el même chez les llomains. qu'on
•i »amt-]?oij£, Essais, t. II. en croyait l'invocation suffisante pour obtenir
4!)
JUK. — 290
toutes sortes de biens. On sait que .lupiter- vous \ corriger 1 » — Un avocat gascon
!

Àmmon avait des cornes de bélier. Sa statue, recours aw,


r aux grandes figures, pour éniotivèi.
adorée à Thèbes, dans la Haule-Égypie, était ses
s juges. 11 plaidait au quinzième siècle, ti;,,,.
un automate qui faisait des signes de tôle. ces
c temps où les jugements de Dieu ctsifeii'i
Jurement. — a C'est une chose honteuse, dit encore
( en usage. Un jour qu'il défendait, h
un bon légendaire, que d'entendre si souvent (cause d'un Manceau cité en justice pour UM\
répéter le nom du diable sans nécessité. Un somme •
d'argent dont il niait la dette, comrm.
père en colère dit à ses enfants : « Venez ici, il' n'y avait aucun témoin pour éclaireir raf_
mauvais diables. » Un autre s'écrie: « Te faire, ' les juges déclarèrent qu'on aurait
rc_
"voilà, bon diable ! » Celui-ci, qui a froid, vous cours
( à une épreuve judiciaire. L'avocat <|(.
l'apprend en disant : « Diable! le temps est la partie adverse, connaissant l'humour m.,,
rude-. » Celui-là qui soupire après la table dit belliqueuse du Gascon, demanda que les avo-
]

qu'il a une faim de diable. Un autre, qui s'im- cats subissent, l'épreuve, aussi bien que leurs
patiente, souhaite que le diable l'emporte. Un clients;
'
le Gascon n'y consentit qu'à condition
savant de société quand il a proposé une que l'épreuve fût à son choix. — La chose se
, passait au Mans. Le jour venu, l'avocal.gascon
énigme, s'écrie bravement : « .le me donne au
diable si vous devinez cela. » Une chose pa- ayant longuementréfléchi sur les moyens qu'il
raît-elle embrouillée, ou vous avertit que le avait à prendre pour ne courir aucun péril
diable s'en môle. Une bagatelle est-elle per- s'avança devant les juges, et demanda qu'a-
due, on dit qu'elle est à tous les diables. Un vant de recourir à une plus violente'ordalie,
homme laborieux prend-il quelque sommeil, on lui permît d'essayer d'abord celle-ci, c'est-
un plaisant vient vous dire que le diable le à-dire qu'il se donnait hautement et ferme-
berce. — Ce qu'il y a de pis c'est que des ment au diable, lui et sa partie, s'ils avaient
,
gens emploient le nom du diable en bonne louché l'argent dont ils niaient la detle. Les
part; ainsi on vous dira d'une chose mé- juges, étonnés de l'audace du Gascon, se per-
diocre : « Ce n'est pas le diable. » Un homme suadèrent là-dessus qu'il était nécessairement
fait-il plus qu'on ne demande, on dit qu'il fort de son innocence et se disposaient à l'ab-
travaille comme le valet du diable. Que l'on soudre ; mais , auparavant, ils ordonnèrent à
voie passer un grenadier de cinq pieds dix l'avocat de la partie adverse de prononcer le
pouces, on s'écrie : « Quel grand diable ! » môme dévouement que venait de faire l'avocat
D'un qui vous étonne par son esprit., par son gascon. « Il n'en est pas besoin, » s'écria aus-
adresse ou par ses talents, vous dites : « Quel sitôt du fond de la salle une voix rauque. lin
diable d'homme! » On dit encore : « Une force même temps on vit paraître un monstre noir,
de diable, un esprit de diable, un courage de hideux , ayant des cornes au front, des ailes
diable; un homme franc est un bon diable; de chauve-souris aux épaules, et avançant
un homme qu'on plaint, un pauvre diable ; les griffes sur l'avocat gascon... Le champion,
un homme divertissant a de l'esprit en dia- tremblant, se hâta de révoquer sa parole, en
ble etc. ; et une foule de mots semblables. suppliant les juges et les assistants de le tirer
,
.— Un père en colère dit un jour à son (ils : des grilles de l'ange de ténèbres. « .le ne cé-
« Va-t'en au diable. » Le (ils étant sorti peu derai, répondit le diable, que quand le crime
après rencontra le diable, qui l'emmena; et sera révélé....» Endisantcesmots, il s'avança
on no le revit plus 1. Un autre homme irrité encore-sur le plaideur manceau et sur l'avocat
contre sa fille, qui mangeait trop avidement gascon. Les deux menteurs interdits se hâtè-
une écuelle de lait, eut l'imprudence de lui rent d'avouer; l'un, qu'il devait la somme
dire : « Puisses-tu avaler le diable dans ton qu'on lui demandait; l'autre, qu'il soutenait
ventre » La jeune fille sentit aussitôt la pré- sciemment une mauvaise cause. Alors le diali c
1

sence du démon, et elle fut possédée plusieurs se relira , mais on sut par la suite que le
mois 2. Un mari de mauvaise humeur donna second avocat, sachant combien le Gascon
sa femme an diable ; au môme instant, comme était peureux , avait été instruit de son idée;
s'il fût sorti de la bouche de l'époux, le démon qu'il avait en conséquence affublé son domes-
entra par l'oreille dans le corps de cette pauvre tique d'un habit noir bizarrement taillé, t't
dame. Ces contes vous font rire, puisseiïtals l'avait équipé d'ailes et de cornes, pour dé-
couvrir la vérité par ce ministère.
1 Cmsarii lïeisterb. miracul., lib. fj, cap. 12.
2 Bjusdum, cap. 2, ibid. 1 Bjusrîem, cap. 2, ibid.
RAI-' m ÎCAM

Itoalia. — Ce lieu célèbre à La Mecque, Kaha. -—maléfice employé aux îles Mar-
dans l'enceinte du temple , est, dit-on, la quises. Les habitants attribuent au Kaha la
maison d'Abraham, bâtie par lui, selon les plupart de leurs maladies. Voici comment il
croyances musulmanes. Le seuil est un bloc se pratique : «(Quelque sorcier aura attrapé
de pierre qui a été, disent les Arabes, la sta- de votre salive, el puis il vous a lié du ter-
tue de Saturne, autrefois
élevée sur la Kaaba rible Kaha on maléfice du pays, en envelop-
même, et renversée par un prodige ainsi que pant celle salive dans un morceau de feuille
toutes les autres idoles du lieu , au moment d'arbre el la conservant en sa puissance. 11
du la naissance de Mahomet. — La Kaaba tient là votre âme cl votre vie enchaînées. A.
est un petit édifice d'une quinzaine de pieds. ce mal voici le remède : ceux qui ont eu le
Les musulmans l'appellent la maison carrée pouvoir de vous jeter le charme ont aussi le
et la maison de Dieu ; dans le Koran, elle est pouvoir de vous l'ôter. moyennant quelque
désignée comme le lieu le plus saint de la présent. Le sorcier vient donc se coucher près
terre : aussi les bons musulmans se tournent- de vous; il voit, ou il entend le génie du mal
ils toujours dans leurs prières vers la Kaaba, ou de la maladie quand il entre en vous et
et il faut être peu dévot pour n'en pas faire quand il sort, car il paraît que ces génies se
au moins une fois en sa vie le pèlerinage. On promènent souvent; et il l'attrape comme au
v révère la fameuse pierre noire qui servait vol, ou bien il le saisit en vous frottant le bras,
d'échalaud à Abraham lorsqu'il maçonnait la et il l'enferme à son tour dans une feuille,
maison carrée. On conte qu'elle se haussait et ou il peut le détruire '. »
se baissait d'elle-même, selon les désirs du Kaidniords, — nom du premier homme
patriarche, Elle lui avait été apportée par qui sortit de la jambe de devant d'un tau-
l'ange Gabriel; et on ajoute que cette pierre, reau selon la doctrine des il fut lue
abandonnée après qu'on n'eut plus , mages;
se voyant par les Dives; mais il ressuscitera le jour du
besoin d'elle, se mil à pleurer; Abraham la jugement. On invoque àmç .chez les Guè-
son
consola en lui promettant qu'elle serait extrê- bres. Voy. 1Ï.OUNI)SCIIKS.GH.
mement vénérée des musulmans ; et il la plaça
X.a!pa-Tarou, — arbre fabuleux sur le-
en elfet près de la porte, où elle est baisée
les pèlerins. quel les Indiens d'autrefois cueillaient tout ce
par tous
qu'ils pouvaient désirer.
Kache.r, — vieux magicien qui, dans l'his-
toire fabuleuse des anciens rois de Cachemire, BLamlat, — opération magique en usage
transforma le lac qui occupait ce beau pays chez les Tarlares de Sibérie, el qui consiste à
en un vallon délicieux, et donna aux eaux
évoquer le diable au moyen d'un tambour
une. issue miraculeuse en coupant une mon-
magique ayant la forme d'un tamis, ou plutôt.
tagne nommée Baraboulé. d'un tambour de basque. Le sorcier qui fait
le Kamlat marmotte quelques mots tarlares
Iiaf, — montagne prodigieuse qui entoure court de côlé et d'autre, s'assied, relève,,
l'horizon de tous côtés, à ce que disent les se
fait d'épouvantables grimaces et d'horribles
musulmans. La terre se trouve au milieu de contorsions, roulant
les yeux, les fermant, et
celte montagne, ajoutent-ils, comme le doigt
gesticulant comme un insensé. Au bout d'un
an milieu de l'anneau. Elle a pour fondement
la pierre Sakhraf, dont le moindre fragment quart d'heure, il fait croire que par ses con-
opère les plus grands miracles. C'est celle
jurations il évoque le diable, qui vient tou-
pierre, faite d'une seule émeraude qui ex- jours du côlé de l'Occident, en forme d'ours,
lui révéler ce qu'il doit répondre; il fait
cite les tremblements de terre, en , s'agilanl pour
selon que Dieu le lui ordonne. Pour arriver entendre qu'il est quelquefois maltraité cruel-
'a lemént par le démon, et tourmenté jusque
i.. a montagne de Cafa, il faut traverser de dans le sommeil. Pour
en convaincre ses au-
.y
castes régions ténébreuses, ce qu'on ne peut diteurs, il feint de s'éveiller
J\ teii'e que sous la conduite d'un être supérieur. criant en sursaut en
,jKl, dit-on, comme un possédé.
4; la demeure des génies. Il est
ï; souvent parlé de celle montagne dans les con-
1 Lettres du P. Matliias Gracia sur les iles Marqui-
1. tes orientaux, Vmj. SAKIIRAT.
ses, lettre G"".
19.
KAT — 20:1 — KEL
Kamosoh et Kemosoh, — VOXJ. CllAMOS. l'en ailles; reste assis là; j'ai des allai,.,,,
K.arra-Kalf, — le plus haut degré de la dont il est nécessaire que je m'occupe, mais
magie en Islande. Dans les temps modernes, je reviendrai dans une heure et je le. dirai
lorsqu'on pratiquait le karra-kalf, le diable quelque chose. » Le berger donc l'attendit, ],,
paraissait sous la forme d'un veau nouvelle- katakhanès s'en alla à environ dix milles (u
ment né et non encore, nettoyé par sa mère. là, où vivaient deux jeunes
époux nouvelle
Celui qui désirait d'être initié parmi les ma- ment mariés; il les égorgea tous deux. A son
giciens était obligé de nettoyer le veau avec retour, le berger s'aperçut que les mains du
langue; parvenait à vampire étaient souillées de sang, et qu'il nm.
sa el, par ce moyen , il
portait un foie dans lequel il souillait, comme
la connaissance des plus grands mystères.
l'ont les bouchers, pour le faire paraître plUs
Katakhanès. — C'est le nom que les ha- grand. « Asseyons-nous, compère, lui clîLle
bitants de l'île de Candie donnent à leurs katakhanès, et mangeons le foie que j'ap-
vampires. En aucune contrée du Levant la porte.» Mais le berger fit semblant de manscr-
croyance aux vampires ou katakhanès n'est il n'avalaii que le pain et laissait tomber le;
aussi générale que dans celle île, où l'on croit morceaux de foie sur ses genoux. Or

aussi aux démons des montagnes, de l'air cl quand le moment de se séparer fut venu |t.
des eaux. Voici un récit fait il n'y a pas long- katakhanès dit au berger : « Compère , re
temps à un voyageur anglais,-M. Pashley, que tu as vu, il'ne faut point en parler, ,car.
qui le rapporte comme il lui a été raconté. si tu le fais, mes vingt ongles se fixeront dans
Nous l'empruntons à la 7ieui(« britannique la ligure et dans celles de tes enfants. »

(mars 1837) : — » Un jour le village de Ka- Malgré cela, le berger ne perdit point de
likrali; dans le district de, Sfakia, fut visité temps; il alla sur-le-champ loul déclarera
par un katakhanès ; les habitants s'efforcè- des prêtres et à d'autres personnes; et on se
rent de découvrir qui il était et d'où il venait. rendit au tombeau, dans lequel on trouva le
Ce katakhanès tuait non-seulement les en- corps du katakhanès précisément dans l'élal
fants, mais encore les adultes , el il étendait où il était quand on l'avait enterré ; tout le
ses ravages jusqu'aux villages des environs. monde fut convaincu que c'était lui qui était
Il avait été enterré dans l'église de Saint- cause des maux qui pesaient sur le pays. On
George à Kahkrali, el une arche avait été rassembla une grande quantité de bois que
construite au-dessus de sa tombe. Un berger, l'on jeta dans la tombe et on brûla le cada-
gardant ses moulons el ses chèvres auprès de vre. Le berger n'était pas, présent; mois quand
l'église, fut surpris par une averse, et vint se le katakhanès fut à moitié consumé, il arriva
réfugier sous l'arche du tombeau. Après avoir pour voir la fin de la cérémonie, et alors le
ôté ses armes pour prendre du repos, il les vampire lança un crachat; c'était une gonllc
posa en croix à côlé de la pierre qui lui tenait de sang qui tomba sur le pied du berger; ce
lieu d'oreiller. — La nuit vint. Le katakha- pied se dessécha comme s'il eût été consumé
nès, sentant alors le besoin de sortir pour faire par le feu. Quand on vil. cela, on fouilla avec
du mal aux hommes, dit au berger : « Com- soin dans les cendres, el. on y trouva encore
père, lève-toi de là, car j'ai des affaires qui l'ongle du pelil doigt du katakhanès ; on le
m'obligent de sortir. » Le berger ne répondit réduisit en poussière. — Telle est la terrible
ni la première fois, ni la seconde, ni la troi- histoire du vampire de Kalikatri. C'est sans
sième ; il supposa que le katakhanès était doute au goul qu'on suppose à ces êlres mal-
Fauteur de tous les meurtres commis dans la faisants pour le foie humain qu'il faut attri-
contrée. En conséquence, la quatrième fois buer celle exclamation que Tavernier attribue
qu'il lui adressa la parole, le berger dit : — à une femme candiote : « .l'aimerais mieux
« le ne me lèverai point de là, compère, car je manger le foie de mon enfant ! » Voy. VAM-
crains que tu ne vailles pas grand'chose, et PIRES.
tu pourrais me faire du mal ; mais s'il faut K.aybora, — esprit des forêls, à l'existence
que je me lève, jure par ton linceul que tu ne duquel croient encore les Américains ; ils di-
me loucheras pas, et alors je me lèverai. » Le sent que cet esprit enlève les enfants, 1M
katakhanès ne prononça pas d'abord les pa- cache dans les
roles qu'on lui demandait ; mais le berger per- rit L creux des arbres et les y nour-
sistant à ne point se lever, il finit par faire le
serment exigé. Sur cela le berger se leva et Xelby, — esprit qu'une superstition écos-
difle-
ôta ses armes du tombeau ; le katakhanès saise suppose habiter les rivières sous
sortit aussitôt, et après avoir salué le berger, rentes formes, mais plus fréquemment sous
il lui dit: « Compère, il ne faut pas que lu 1 A7oy;tge an Brésil, par 1e père Nenwicd,!. IL (:-
KOIS — 2a; ; — EUT
•elle du cheval.
Il esl regardé comme mal- doivent être peu joyeuses : patron des comé-
faisant el porte quelquefois une torche. On diens.
îliribue aussi à ses regards un pouvoir de fas-
Koran,—vmj. MAOMIUTII.
cination.
démons les dé- Koughas, — démons ou esprits malfai-
Itélen et Wysrook, — que sants, redoutés des Aléotes, insulaires voi-
muiiograplies l'ont présider aux débauches, sins du Kamtschalka. Ils attribuent leur état
orgies.
aux danses, aux d'asservissementel leur détresse à la supério-
Benne, — pierre fabuleuse qui se forme rité des koughas russes sur les leurs; ils s'i-
dans l'oeil d'un cerf, et à
laquelle on attribue maginent aussi les étrangers, qui parais-
les venins. que
des vertus contre sent curieux de voir leurs cérémonies, n'ont
ïCéphalonoraancJe,— divination qui se pra- d'autre intention que d'insulter à leurs koug-
tiquait en faisant diverses cérémonies sur la has, et de les engager à retirer leur protection
li'ie, cuile d'un âne. Elle étaitfamilière aux Ger- au gens du pays.
mains. Les Lombards y substituèrent une tète
Delrio de Kratim ou K.atmîr. •— C'est le nom qu'on
de chèvre. soupçonne que ce genre donne au chien des sept Dormants. Voy. DOR-
divination, en usage chez les juifs infidèles,
MANTS.
donna hou à l'imputation qui leur fut l'aile
d'adorer un âne. Les anciens la pratiquaient K.uhlma;in (Qumixcs), — l'un des vision-
en niellant sur
des charbons allumés la tète naires du dix-septième siècle, né à Breslau en
d'un âne, en récitant, des prières superstitieu- 1(531. H était doué d'un esprit vif; étant
tombé malade à l'âge de huit ans, il éprouva
ses, en prononçant les noms de ceux qu'on
soupçonnait d'un crime et- en observant le un dérangement dans ses organes, et crut
,
moment où les mâchoires se rapprochaient avoir des visions. Une fois il s'imagina voir le
avec un léger craquement. Le nom prononcé
diable escorté d'une foule de démons subal-
en cet instant désignait le coupable. — Le
ternes: un autre jour, il se persuada que
diable arrivait aussi quelquefois sans se mon- Dieu lui avait apparu : dès ce moment, il ne
trer pour répondre aux questions qu'on avait cessa de voir à côté de lui une auréole écla-
à lui faire. tante de lumière. 11 parcourut le nord escorté
HLhuoeano-Goo , — sorle d'épreuve en d'une très-mauvaise réputation ; il escroquait
de l'argent à ceux qui lui montraient quel— '
usage au .lapon. On appelle goo un petit pa-
llier rempli de caractères magiques, de figu- que confiance, pour l'employer, disait-il, à
de corbeau el d'autres oiseaux. On pré- l'avancement du royaume de Dieu. 11 fut
res
tend que ce papier est un préservatif assuré chassé de Hollande au commencement de
contre la puissance des esprits malins, et les
l'année 1(575 ; il voulut se lier avec Antoinette
Japonais ont soin d'en acheter pour les expo- Bourguignon , qui rejeta ses avances. Il fut
arrêté en Russie pour des prédictions sédi-
ser à l'entrée de leurs maisons; mais parmi
ces goos ceux qui ont la plus grande vertu
tieuses, el brûlé à Moscou le 3 octobre. 1689.
viennent d'un certain endroit nommé Kuh- Il a publié à Lubeck un Traité de la sagesse
mano; ce qui fait qu'on les appelle Kuhmano-
infuse d'Adam et de Salormm 1; on lui doit une
goos. — Lorsque quelqu'un est accusé d'un
quarantaine d'opuscules qui n'ont d'autre mé—
crime et qu'il n'y a pas de preuves suffisan- rile que leur rareté.
tes pour le condamner, on le force à boire K.upay, — nom que les Péruviens don-
une certaine quantité d'eau dans laquelle on naient au diable. Quand ils prononçaient son
met un morceau do khumano-goo. Si l'accusé nom, ils crachaient par terre en signe d'exé-
est innocent, celte boisson ne produit sur lui cration. On l'écrit aussi Cupai, et c'est encore
aucun effet; mais s'il était coupable, il se sent le nom que les Floridiens donnent au souve-
attaqué de coliques qui le forcent à avouer. rain do l'enfer.
''«!/• aussi Goo.
. Kutuktus. — Les Tarlares-Kalkas croient
Kijoun, — nom d'une idole que les Israé- que leur souverain pontife, le kutuktus, est
•ilss honorèrent dans le désert, et qui paraît immortel; et, dans le dernier siècle, leurs
avoir été le soleil. Le prophète Amos en parle fakirs firent déterrer el jeter à la voirie le
: au clmp. V. corps d'un savant qui dans ses écrits avait
Kiones, — idoles communes en Grèce paru en douter.
,
\. fl'n ne consistaient qu'en pierres oblongues en
lormo de colonnes d'où vient leur 1 De Sapientia infusa Adamca Salomoneaque. — Ar-
,
nom. canummierocosmicum;Paris, 1G81. — Prodromus quin-
1 Kobai,.— démon perfide qui mord.en riant, quennii mirabilis. In-Su ; Leyde, 1674. Ou n'a qu'un vo-
directeur général des farces de l'enfer, qui lumemille de cet ouvrage, qui devaiten avoir trois et contenir
5; CGnt inventions curieuses,etc
LAC 294 LAC

IL

Labadie (JEAN), •— fanatique du dix-sep- avait de son temps dans le. l'erry un lac. de
tième siècle, né en Kilo à Bourg sur la Dor- mauvaise renommée, qu'on appelait le |,lc
dogne. Il se crut un nouveau .lean-Bapliste des Démons, l'oy. PII.ATE, lliiiunmi.i.A, etc.
envoyé pour annoncer la seconde venue du X,acaiUe (DiïNYsiî Hiï). En 1012, la ville de
Messie, et s'imagina qu'il avait des révéla- Beauvais fui le théâtre d'un exorcisme sur le-
tions. 11 assurait que Jésus-Christ lui avait quel on n'a écrit que dos facéties sans auto-
déclaré qu'il l'envoyait sur la terre comme rité. La possédée était une vieille nommée bc-
son prophète ; il poussa bientôt la suffisance nyse de Lacaille. Nous donnons la pièce sui-
jusqu'à se dire revêtu de la divinité et par- vante on résumé; nous ne la croyons pas très-
ticipant du nom el de la substance de noire sérieuse : — Exlrai1 de la sentence donnée ara-
Seigneur. Mais il joignit à l'ambition d'un ire les démons qui sont sortis du corps de De-
sectaire le goût des plaisirs; il faisait servir nyse de Lacaille. — « Nous, étant dûment in-
à ses odieux projets le masque de la religion, formés que plusieurs démons el malins es-
el il ne fut qu'un détestable hypocrite. 11 prits vexaient, et tourmentaient une certaine
mourut en 1674. Voici quelques-unes de ses femme, nommée Denyse de Lacaille, de ht
productions : Le Hérauld du grand roi Jésus, Landelle, nous-avons donné à Laurent Lepot
Amsterdam, 1667, in-12. Jx Véritable exor- toute puissance de conjurer lesdils malins es-
cisme ou l'unique moyen de chasser le diable prits. Ledit Lepot, ayant pris la charge, a l'ail
du monde chrétien; le Chant royal du roi Jé- plusieurs exorcismes et conjurations, desquels
sus-Christ. Ces ouvrages sont condamnés. plusieurs démons sont sortis, comme le pro-
ï-ahour, — pays de Gasgogne dont les ha- cès-verbal le démontre. Voyant, que, de jour
bitants s'adonnaient au commerce du diable, en jour, plusieurs diables se présentaient;
et entreprenaient de longs voyages. Pendant comme il est certain qu'un certain démon,
que les hommes étaient absents, Delancre tlil nommé Lissi, a dit posséder ladite Denyse,
que les femmes devenaient sorcières. HenrilV nous commandons, voulons, mandons, or-
envoya en ICO!) ledit Pierre Delancre, con- donnons audit Lissi de descendre aux enfers,
seiller au parlement de Bordeaux, pour pur- sortir hors du corps do ladite Denyse, sans
ger le pays do ses sorciers, qui, instruits de jamais y rentrer; et, pour obvier à la reve-
son arrivée, s'enfuirent en Espagne. 11 en fil nue des autres dénions, nous commandons,
toutefois brûler quelques-uns. voulons mandons et ordonnons que Belzé-
,
bufh, Satan, Molelu et Briffault, les quatre
Labourant. —«oy. Pllillllli LAIIOUIIANT. chefs, et aussi les quatre légions qui sont sous
K.ac. — Grégoire de Tours rapporte que leur puissance, et lous les autres, tant ceux
dans le Gévaudan il y avait une montagne qui sont de l'air, de l'eau, du l'eu, de la terre
appelée llélanie au pied de laquelle était el autres lieux, qui ont encore quelque puis-
,
un grand lac; à certaines époques de l'année, sance de ladite Denyse de Lacaille, compa-
les villageois s'y rendaient de toutes parts rent maintenant et sans délai, qu'ils aient a
pour y faire des festins, offrir des sacrifices, parler les uns après les autres, à dire leurs
et jeter dans le lac, pendant trois jours, une noms de façon qu'on les puisse entendre,
infinité d'offrandes de toute espèce. Quand ce pour les faire mettre par écrit. — El à défaut
temps était expiré, selon la tradition que rap- de comparoir, nous les niellons el les jetons
porte Grégoire de Tours, un orage mêlé d'é- en la puissance de l'enfer, pour être tour-
clairs el de tonnerre s'élevait; il était suivi mentés davantage que de coutume; et faute
d'un déluge d'eau el de pierres. Ces scènes de nous obéir, après les avoir appelés par
durèrent jusqu'à la fin du quatrième siècle. trois fois, commandons, voulons, mandons
Cent ans avant l'ère chrétienne, il y avait que chacun d'eux reçoive les peines imposées
aussi à Toulouse un lac célèbre consacré au ci-dessus, defendanl.au même Lissi, et à tous
dieu du jour, et clans lequel les Teclosages je- ceux qui auraient possédé le corps de ladite
taient en offrandes de. l'or, de l'argent en pro- Denyse do Lacaille, d'entrer jamais dans au-
fusion, tant en lingots el monnayé cpie mis en cun corps, tant de créatures raisonnables que
oeuvre el façonné. — On lit, dans la Vie de d'autres. — Suivant quoi ledit Lissi, ma'1"
saint Sulpice, évoque de Bourges, qu'il y esprit, prêta sortir, a signé ces présentes.
LAM — 29; —
»
LA H
Itclzébuth paraissant, Lissi s'est retiré au bras Heur de terre. On s'avisa de leur donner là
ilroîl-1 lequel Beizébulh a signé; pareillement chasse, et quelques jeunes gens en tuèrent
|j..jzébulh s'élant retiré, Satan apparut, et a plusieurs à coups d'arquebuse: il se trouva
,
;j,.iié pour sa légion,-se retirant au bras gau- le lendemain, que ces lamies n'étaient plus
jlie; Molelu, paraissant, a signé pour foute la que des loups et des hyènes. —Il se rencontré
tienne, s'élant retiré à l'oreille droite; incon- des lamies, très-agiles à la course, dans l'an-
tinent, Brillault est comparu , el a signé ces cienne Libye: leur voix est un sifflement de
présentes. — Signé Lissi ; BEIJSÉIIUTII ; SA- serpent. Quelle que soit, la demeure des la-
TAN; MOTIÏLU; Bl'.H'FAULT. mies, il est certain, dit Leloyer, qu'il en
ji
Le, signe et la marque de ces cinq démons existe, puisque celle croyance était en vigueur
sont appposés à l'original du procès-verbal. chez les anciens. Le philosophe Ménippe fut
,<
Peauvais, le 12 décembre 1612. » épris d'une lamie. Elle l'attirait à elle; heu-
qu'il fut averti de s'en défier, sans
inchonoptcres, — animaux imaginaires reusement quoi il eût été dévoré. Semblables aux sor-
Lucien place dans le globe de la lune.
[|ue
C'étaient de grands oiseaux couverts d'herbes
cières, ajoute Ltloyer ', ces démons sont très-
de plumes. friands du sang des petits enfants. —Tous les
nu lien
démonomanes ne sont pas d'accord sur la
ï,achu6, — génie céleste, dont les Basili- forme des lamies; Torquemada dans son
diens gravaient le nom sur leurs pierres d'ai- Hexnmeron (lit qu'elles ont une ,
figure de
mant magique : ce talisman préservait des .
femme et des pieds de cheval ; qu'on les
euehanlenienls. nomme aussi chevesches, à cause du cri et de
Laci (JEAN), — auteur d'un ouvrage inti- la friandise de ces oiseaux pour la chair fraîche.
tulé Avertissements prophétiques. publié en Ce sont, des espèces de sirènes selon les uns;
HO», un vol. in-8° ; il parut différents ou- d'autres les comparent aux gholes de l'Arabie.
vrages de celte sorte à l'occasion des pré- — On a dit bien des bizarreries sur ces femmes
tendus prophètes des Cévennes. singulières. Quelques-uns prétendent qu'elles
Laensbergh (MATHIEU),— Liégeois célèbre ne voient, qu'à travers une lunette 2. Wierus
qui passe parmi le peuple pour le plus grand
parle beaucoup de ces monstres, dans le troi-
nuilliémalicien, astrologue el prophète des sième livre de son ouvrage sur les Prestiges.
Il a môme consacré aux Lamies un ouvrage
temps modernes. Ses prédictions trouvent en-
particulier "'.
core, dans les campagnes, de bonnes gens qui
se feraient scrupule d'en douter, et.qui, quand Lomottc le Vayer ( Fi'.ANÇOIS ), — littéra-
son almnnaeh prédit, de la pluie pour un jour teur, né à Paris en 1iiS8, el mort en 1672.
do beau temps, se contentent de dire; « Il pleut C'était, selon Naudé, lePlutarque de la France,
ailleurs. » Le premier almnnaeh de Mathieu ressemblant-aux anciens par ses opinions el
l.aensbergh a paru en 1636. ses moeurs. Il a laissé des Opuscules sur le
liafm (JACQUES-), — sorcier qui fut accusé Sommeil et les Songes, in-S°, Pans, 1643.
il envoûtement
; on dit même qu'on trouva sur Lampadomuncie , — divination dans la-
lui des images de cire qu'il faisait parler '. quelle, on observait la forme, la couleur et les
iaica. — Nom de fées chez les Péruviens. divers mouvements de la lumière d'une lampe,
Les laieas étaient ordinairemenlbieiifaisanl.es, afin d'en tirer des présages pour l'avenir.
:ui lieu que la plupart des autres magiciennes Lampe merveilleuse. —11 y avait à Paris,
niellaient leur plaisir à faire du mal. du temps de saint. Louis, un rabbin fameux,
littînia,—reine do Libye, qui fendait le nommé Jéchiel, grand faiseur de prodiges, et
ventre des femmes grosses pour dévorer leurs si habile à fasciner les yeux par les illusions
h'tiils. Elle a donné son nom aux lamies. do la magie ou de la physique, que les Juifs
S-smùes, — démons qu'on trouve dans les le regardaient comme un de leurs saints, el
déserts sons des figures de femmes, ayant des les Parisiens comme un sorcier. La nuit, quand
lelcs de dragon au bout des pieds. Elles han- tout le monde, était couché, il travaillait, à la
'cnl aussi les cimetières, y déterrent les ca- clarté d'une lampe merveilleuse, qui répan-
davres, les mangent, el dait dans sa chambre une lumière aussi pure
ne laissent des morts
(I"« les ossements. que celle du jour. 11 n'y mettait point d'huile ;
— A la suite d'une longue
""erre on aperçut dans la Syrie, pendant
plusieurs, Hist. des. spectres ou Apparit. des esprits, liv. u î
nuits, des troupes de lamies qui dé- 1
,
fraient les cadavres des soldais inhumés à p. 199.
7- INaudé, Apol. pour les grands personnages, etc
chap. S. .
^l. Garinet, Hist. de la magie en Traitée, p. 173. •.;i .}. Wieri de Lumiis liber. In-4° ; Bâte, 1577.
LAM 296 -- LAN
elle éclairaitconlinuellement,sans jamais s'é- erreur populaire fondée sur ce que les larn,
teindre, el sans avoir besoin d'aucun aliment. proies ont sur le , côté de la tète des cavités
On disait que le diable enlrelenaitcelle lampe, qui n'ont aucune communication avec le cei-I
et venait passer la nuit avec Jéchiel. Aussi veau 1.
tous les passants heurtaient à sa porte pour ï-anoinet. — Les rois de France ont, de
l'interrompre. Quand des se gneurs on d'hon- temps immémorial revendiqué l'honneur
nêtes gens frappaient, la lampe jetait une guérir les écrouelles. , de
Le premier qui fut,
lueur éclatante, et le rabbin allait ouvrir ; fut chevalier nommé Lancinet. Voici g»^
mais toutes les fois que des importuns fai- ment un com-
le fait est conlé. — Il était un cavalier
saient du bruit pour le troubler dans son tra- Lancinet, rie l'avis duquel le roi Clovis
vail, la lampe pâlissait; le rabbin, averti, vait ordinairement lorsqu'il était question se ser-
de
donnait un coup de marteau sur un grand clou faire la à ses ennemis. Étant affligé de
fiché au milieu de la chambre; aussitôt la terre guerre
celle maladie des écrouelles, et s'élant voulu
s'entr'ouvrait et engloutissait les mauvais plai- servir de la recette dont parle Cornélius Celstis.
sants i. — Les miracles de la lampe inextin- qui dit les écrouelles se guérissent si l'on
guible étonnaient tout Paris. Saint Louis, en que
mange un serpent, l'ayant essayée par deux
ayant entendu parler, fil venir Jéchiel, afin fois, el ce remède ne lui ayant point réussi,
de le voir; il fut content, disent les Juifs, de
la science étonnante de ce rabbin. un jour, comme le roi Clovis sommeillait, il
lui fut avis qu'il louchait doucement le cou ;\
X«ampes perpétuelles. — En ouvrant quel- Lancinet, et qu'au même instant ledit Lan-
ques anciens tombeaux, tels que celui de la cinet se trouva guéri sans que même il parût
fille de Cicéron, on trouva des lampes qui ré- aucune cicatrice.
— Le roi s'élant levé plus
pandirent un peu de lumière pendant quelques joyeux qu'à l'ordinaire, tout aussitôt qu'il fil
moments, et même pendant quelques heures; jour, manda Lancinet, el essaya de le guérir
d'où l'on a prétendu que ces lampes avaient en le touchant, ce qui fut. fait; et toujours de-
toujours brûlé dans les tombeaux. Mais com- puis, celle vertu el faculté a été comme hé-
ment le prouver? dit le père Lebrun ; on n'a réditaire aux rois de France, el s'est transmise
vu paraître des lueurs qu'après que les sé- à leur postérité 2. — Voilà sans contredit ira
pulcres ont été ouverts el qu'on leur a donné prodige : mais on représentera que personne
de l'air. Or il n'est pas surprenant que dans no se nommait Lancinet du temps de Clovis;
les urnes qu'on a 'prises pour des lampes il que ni Clovis, ni Clotaire, ni le roi Dagoberl,
y eût une matière qui, étant exposée à l'air, ni aucun des Mérovingiens, ne se vantèrent
devînt lumineuse comme les phosphores. On de guérir les humeurs froides ; que ce secret
sait qu'il s'excite quelquefois des flammes dans fut également inconnu aux Carlovingiens, ci
les caves, dans les cimetières, et dans tous les qu'il faut descendre aux Capétiens pour en
endroits où il y a beaucoup de sel el de sal- trouver l'origine 5.
pêtre. L'eau de la mer, l'urine, et certains
iE.ar.dela, — magicienne. Voy. lLvnvii.
bois, produisent de la lumière el même des
flammes, et l'on ne doute pas que cet effet ne Langeac , •— ministre de France , qui em-
vienne des sels qui sont en abondance dans ployait beaucoup d'espions, el qui fut souvent
ces sortes de corps. — Mais d'ailleurs Ferrari accusé de communiquer avec le diable 1.
a montré clairement, dans une savante dis- langue. — On lit dans Diodore de Sicile que
sertation, que ce qu'on débitait sur ces lam- les anciens peuples de la Taprobane avaient
pes éternelles n'était appuyé que sur des contes une langue double, fendue jusqu'à la racine,
el des histoires fabuleuses. ce qui animaifsingulièrementleurconversation
lampon , — devin d'Athènes. On apporta el leur facilitait le plaisir de parler à deux
un jour à Périclès, de sa maison de campagne, personnes en môme temps 5. Mahomet vil dans
un bélier qui n'avait qu'une corne Irès-forie son paradis des anges bien plus merveilleux;
au milieu du front; sur quoi Lampon pronos- car ilsavaienlchacunsoixante-dixmilletètes;
tiqua (ce que tout le monde prévoyait ) que à chaque tête soixante-dix mille bouches, et
la puissance, jusqu'alors partagée en deux dans chaque bouche soixante-dix mille lan-
factions, celle de Thucydide et celle de Péri-
clès se réunirait dans la personne de celui r Brown, Des Erreurs popul., t. I1'1', liv. in, p. 319.
,, 3 Delancre, Traité de l'attouchement, p. 159 ; Força-
chez qui ce prodige était arrivé. tel, De Imper, et pllilosop. gall.
3 M. Salgucs,Des Erreurs etdes préjugés, etc., t.Iiri
Lamproies, — poisson à qui Pon a donné
neuf yeux ; mais on a reconnu que c'était une p. 4273. IBertin, Curiosités de la littérature, t. Il'r, p.5l-
5 M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés, t. H'i
1 Sauvai, Antiquités de Paris, etc. p. 119,
LAP — 291 — LAR
lil(,3(|ui parlaient chacune soixante-dix mille anneaux de laiton attachés ensemble par une
idiomes différents. chaîne de même métal. Il frappe sur ce tam-
bour avec un marteau fourchu fait d'un os
tangue primitive. — On a cru autrefois do telle , ,
abandonnait les enfants à l'instruc- sorte que ces anneaux se remuent.
mie si on
tion de la nature
ils apprendraient d'eux- Le curieux chante en même temps, d'une voix
mêmes la langue primitive, c'est-à-dire celle
distincte, une chanson que les Lapons nom-
due
parlait Adam, que l'on croit être l'hébreu. ment jonk ; tous ceux qui sont présents, hom-
Mois malheureusement l'expérience a prouvé mes et femmes, y ajoutent.chacun leur cou-
que celle
assertion n'était qu'une erreur po- plet, exprimant de temps en temps le nom
pulaire '. Les enfants élevés par des chèvres du lieu dont ils désirent savoir quelque chose.
parlent l'idiome des boucs , et il est impossible Le Lapon qui frappe le tambour le met ensuite
d'établir que le langage n'a pas été révélé. sur sa tète d'une certaine façon, et tombe
curé Saint-Sulpice, aussitôt par terre, immobile, sans donner au-
tnnguet, — de qui avait de vie. Les assistants continuent
talent tout particulier pour l'expulsion de cune marque
un de chanter jusqu'à ce qu'il soit revenu à lui;
certains esprits malins; quand on lui amenait
(le prétendues possédées qui ont donné car si on cesse de chanter, l'homme meurt,
une ces disent-ils, ce qui lui arrive également si quel-
inaltéré tant
à de scandales, il accourait avec qu'un essaie de l'éveiller
en le louchant de la
grand bénitier plein d'eau commune, qu'il
un main ou du pied. On éloigne même de lui les
lui versait sur la lôtc, en disant. : « Je t'adjure
mouches et les autres animaux qui pourraient
de te rendre loul à l'heure à la Salpêtriôre, le faire revenir. — Quand il reprend ses sens
sans quoi je t'y ferai conduire à l'instant. » de lui-même, il répond aux questions qu'on
La possédée ne reparaissait plus.
lui fait sur le lieu où il a été envoyé. Quel-
I,anthila, — nom que les habitants des Mo- quefois il ne se réveille qu'au bout de vingt-
luques donnent à un être supérieur qui com- quatre heures', selon que le chemin qu'il lui
mande à tous les Néfos ou génies malfaisants.
a fallu parcourir a été long ou court ; el pour
Lapalud , — voy. P.M.UU. ne laisser aucun doute sur la vérité de ce qu'il
distinguent raconte, il se vante d'avoir rapporté du pays
Lapons. — Les Lapons se un où il été la
peu des autres peuples. La hauteur des plus
a marque qu'on lui a demandée,
grands n'excède pas un mètre et demi ; ils comme un couteau, un anneau, un soulier ou
quelqu'autre chose. — Les Lapons so servent
ont la tète grosse, le visage plat, le nez écrasé,
les yeux petits la bouche large, une barbe
aussi du môme tambour pour savoir la cause
épaisse qui leur pend sur l'estomac. Leur d'une maladie, ou pour faire perdre la vie ou
,

habit d'hiver est une peau de renne, taillée la santé à leurs ennemis, — Parmi ces peu-
ples certains magiciens ont une espèce de
comme un sac, descendant sur les genoux, et ,
rehaussée sur les hanches avec une ceinture gibecière de cuir, dans laquelle ils tiennent
ornée de plaques d'argent ; ce qui a donné des mouches magiques ou des démons, qu'ils
lieu à plusieurs historiens de dire qu'il y avait lâchent de temps en temps contre leurs en-
(les hommes vers le nord velus comme des nemis, ou contre leur bétail, ou simplement
bêtes, et- qui ne se servaient point d'autres pour exciter des tempêtes et faire lever des
habits que ceux que la nature leur avait vents orageux. Enfin ils ont une sorle de dard
i
donnés. —• On dit qu'il y a chez eux une école qu'ils jettent en l'air, et qui, dans leur opinion,
(le magie, où les pères envoient leurs enfants, cause la mort à tout ce qu'il rencontre. Ils se
persuadés que la magie leur est nécessaire servent, encore, pour ce même effel, d'une pe-
pour éviter les embûches de leurs ennemis
lote nommée tyre, de la grosseur d'une noix,
qui sont eux-mêmes grands magiciens. Ils font, fort légère, presque ronde, qu'ils envoient
passer les dénions familiers dont ils se servent contre leurs ennemis pour les faire périr ; si
,'^

on héritage à leurs enfants, afin qu'ils les em- par malheur cette pelote rencontre en chemin
ploient, à surmonter les démons des autres quelque autre personne , ou quelque animal,
familles qui leur sont contraires. Ils elle ne manque pas de lui causer la mort 1.
— se ser- Voy. FINNES.
ont souvent du tambour pour les opérations
de leur magie. Quand ils ont envie d'apprendre 'tares. — Les lares étaient, chez les anciens,
ce qui se passe en pays étranger, un d'entre des démons ou des génies, gardiens du foyer.
,; cux bat ce tambour, mettant dessus, à l'en— Cicéron traduisant le Timée de Platon ap-
droit où l'image du soleil , ,
est dessinée , des pelle lares ce que Platon nomme démons.
Feslus les appelle dieux ou démons inférieurs,
'Thomas Brown, Essais sur les erreurs, t. II, c]i. 23,
„!' 9Û, ' 1 Dom Calmel, Sur les "Vampires,
LAR — 298 —>
LAV
gardiens des toits et des maisons. Apulée dit arèle, a prédiction qui ne fut, pas accompli, '
que les lares n'étaient autre chose que les Les I almanachs qui continuent, de porter ^
so,
âmes de ceux qui avaient bien vécu et bien nom sont, encore
1
Irès-eslimés dans le midi dn
rempli leur carrière. Au contraire, ceux qui 1la France, comme ceux de Matthieu Laen<- 1

avaient mal vécu erraient vagabonds el épou- bergh dans le nord.


1

vantaient les hommes. Selon Servius, le culte Larves, — âmes des méchants, que l'on dit
des dieux lares est venu de ce qu'on avait errer ç,à et, là pour épouvanter les vivants-
{ :
coutume autrefois d'enterrer les corps dons les on ,
les confond souvent avec les lémures, HIUK
maisons ; ce qui donna occasion au peuple cré- les larves ont quelque chose de plus effrayant'
dule de s'imaginer que leurs âmes y demeu- Lorsque Caligula fut assassiné, on dit m,,,

raienl aussi comme des génies secourables et son palais devint inhabitable, à cause des \
propices, et de les honorer en cette qualité. larves qui l'occupaient, jusqu'à ce qu'on, foi \
On peut ajouter que, la coutume s'élant intro- eût. décerné une pompe funèbre. Vuy. FAX. '
duite plus lard d'inhumer les morts sur les TOMES, Sl'KCTlUÏS, Ole. '
grands chemins, ce pouvait bien être de là (JEAN ), célèbre docteur de Sot-
Z.ounay
qu'on prit occasion de les regarder comme les bonne, né le 21 décembre'1603 —
à Valdérie
dieux des chemins. C'était le sentiment, des diocèse de Coulanccs. Il laissé
platoniciens, qui des âmes des bons faisaient pédanlesque intitulé: Dissertation a un ouvrai,
les lares et les lémures des âmes des mé- sion de Simon Slolcius, sur la vi-
chants. On ,
plaçait leurs slalues dans un ora- 1653 un vol. in-S"; Paris
toire que l'on avait soin de tenir proprement.
et 4G63.
Cependant quelquefois on perdait, le respect à x.àurier,—arbre qu'Apulée met au ran»
leur égard, comme à la mort de quelques per- des plantes qui préservent les hommes des
esprits malins. On croyait aussi chez les an-
sonnes chères ; on les accusait tic n'avoir pas
bien veillé à leur conservation et de s'être ciens qu'il garantissait do la foudre.
laissé surprendre par les esprits, malfaisants. x,authu, •—magicien lunquinois, qui pré-
Caligula fil jeter les siens par la fenêtre, parce tendait avoir été porté soixanle-dix ans dans
que, disait—il, il était mécontent de leur ser- le sein de sa mère. Ses disciples le regardaient
vice. Quand lesjeunes garçonsélaienldevcnus comme le créateur de toutes choses. Sa mo-
assez grands pour quitter les bulles qu'on ne rale est très-relâchée ; c'est celle que suit le
portait qu'en la première jeunesse, ils les pen- peuple, tandis que la cour suit, celle de Con-
daient au cou des dieux lares. Les esclaves y fucius.
pendaient aussi leurs chaînes lorsqu'ils re- Ziavater (Louis), — théologien protestant,
cevaient la liberté. Voy. LAHVES. né à Kybourg On 1527, auteur d'un traité sur
Larmes. —Les femmes accusées de sor- les Spectres, les Lémures ' , etc. Zurich, -11570,
cellerie étaient regardées comme véritable- in-42, plusieurs fois réimprime.
ment sorcières lorsqu'elles voulaient pleurer Lavater (.IlîAN-GASI'AIin), — né à Zlllicll
et, qu'elles ne le pouvaient. Une sorcière, dont en 4 744, mort en 4801, auteur célèbre de l'art
parle Boguel dans son premier avis, no put déjuger les hommes par la physionomie, foi/.
jeter aucune larme, bien qu'elle se lut plu- PlIYSIOGNO.MONIK.
sieurs fois efforcée devant son juge: « Car il z.avisari. — Cardan écrit qu'un Italien
à été reconnu par expérience que les sorciers nommé Lavisari, conseiller et secrétaire d'un
ne jettent point do larmes: ce qui a donné prince, se trouvant une nuit seul dans un
occasion à Spranger, Grilland el Bodin de soutier, le long d'une rivière, et
-
ne sachant
dire que l'une des plus fortes présomptions
ou était le gué pour la passer, poussa un cri,
que l'on puisse élever contre le sorcier est dans l'espoir d'être, entendu dos environs. Son
qu'il ne larmoie point ''. » cri ayant, été répété par une voix de l'aulre
ï.arrivey ( Piiïnniï ), — ancien poète dra- côté de l'eau il se persuada que quelqu'un
,
matique du seizième siècle, né à Troycs en lui répondait, el demanda : Dois-je p«s«i'
.
!
1596. Il s'est fait connaître par un Almanach: ici? la voix lui répondit : Ici. 11 vil alors qu'il
aveu grandes prédictions, le lotit diligemment était sur le bord d'un gouffre où l'eau se ju-
calculé, qu'il publia de 4G4 8 à I6'i7. 11 pré- tait en tournoyant. Épouvanté du danger que
céda ainsi Mathieu Laensbergh. Il ne man- ce gouffre lui présentait, il s'écrie encore mj 0
geait point de poisson, parce que, selon soni fois : Faut-il que je passe ici? la voix lui re-
horoscope, il devait mourir étranglé par une
3 De;speetris, lemuribus el magms atque iiisolit'
5

iragoribus et pnesagilionibtis qua; obituiu lionumua»


1 Boguct, Premier avis, n° 00, p. 20. cîades, mulat'ionesitue iinperioruiupneeedunt, oie,
LEC — 2<Ki) — 'LUC
«nidit : Passe ici. Il n'osa s'y hasarder, et dail
i
dans cette eau y voyait, ce qu'on vou-
'ueiitint l'écho
pour le diable, il crut qu'il lait savoir, ou co qu'elle voulait y voir. —
voulait le faire périr et retourna sur ses. pas *. Ou bien on remplissait d'eau un vase d'ar-
toxare (DÈNYS), — prince de Servie qui gent pendant un beau clair de lune; ensuite,
vivait en l'année de l'hégire 788. Il est auteur on réfléchissail la lumière d'une chandelle
d'un ouvrage
intitulé les Songes, publié en dans le vase avec la lame d'un couteau et
,
,|(i8fi, '' Y0'- '"-S0- H prétend avoir eu des l'on y voyait co qu'on cherchait à connaître.
visions nocturnes dans les royaumes de Slê- — C'est encore par la léeanqmancie que chez
nlian, de Mélisch et de Prague.
les anciens on niellait dans un bassin plein
X,eaupartie, —seigneur normand d'un es- d'eau des pierres précieuses el des lames
prit épais, qui fit paraître en 4738 un mé-
d'or et d'argent gravées de certains carac-
moire pour établir la possession el l'obsession
tères dont on faisait offrande aux démons.
,
Après les avoir coujurés par certaines paro-
de ses enfants et de quelques autres filles
qui avaient, copié les extravagances de ces
les, on leur proposait la question à laquelle
désirait une réponse. Alors il sortait du
jeunes demoiselles. — Il envoya à la Sorbonne on
fond de l'eau une voix basse, semblable à un
el à la faculté de médecine de Paris des ob-
servations pour savoir si l'étal des possédées sifflement de serpent, qui donnait la solution,
pouvait s'expliquer naturellement. 11 exposa désirée. Glycas l'apporte que Ncctanébus, roi
les possédées entendaient le latin; qu'elles d'Egypte, connut par ce moyen qu'il serait
que
étaient malicieuses; qu'elles parlaient en hé- détrôné; et Delrio ajoute que, de son temps,
rétiques; qu'elles n'aimaient, pas le son des cette divination était encore en vogue parmi
cloches; qu'elles aboyaient comme des chien- les Turcs. Elle était anciennement, familière
l'aboiement de l'une d'elles aux Chaldéens aux Assyriens et aux Egyp-
nes; que ressem- ,
blait à celui d'un dogue; que leur servante tiens. Yigenère ajoute qu'on jetait, aussi du
Anne îséel, quoique fortement liée s'était plomb fondu tout bouillant dans un bassin
dégagée pour se jeler dans le puits : ce qu'elle plein d'eau ; et par les figures qui s'en for-
,

ne put exécuter, parce qu'une personne la


maient, on avait, la réponse à ce. qu'on de-
suivait; mais que, pour échapper à cette mandait '.
poursuite, elle s'élança contre une porte fer- Lechies, — démons des bois, espèces de
mée et passa au travers etc.
, — Le bruit s'é- satyres chez les Russes, qui leur donnent un
lanl répandu que les demoiselles de Leauparlie corps humain depuis la partie supérieure jus-
étaient possédées, un curé nommé Hourtin, fai- qu'à la ceinture, avec des cornes, des oreil-
ble ou intrigant, s'empara de l'affaire, causa les, une barbe de chèvre, et, de la ceinture
(lu scandale, fit des extravagances. Mais M. de
en bas, des formes de bouc. Quand ils mar-
Ltiynes, évoque de Bayeux, le fit renfermer chent dans les champs, ils se rapetissent au
dans un séminaire ; et les demoiselles ayant niveau des herbages; mais lorsqu'ils courent
été placées dans des communautés religieuses, ,
dans les forêts, ils égalent en hauteur les ar-
se trouvèrent immédiatement paisibles. bres les plus élevés. Leurs cris sont effroya-
Lebrun (CnAitLiis), — célèbre peintre, né bles. Ils errent sans cesse autour des prome-
à Paris en 4 049, mort en 4090. On lui doit neurs , empruntent une voix qui leur est
mi Traité sur la physionomie humaine com- connue, et les égarent vers leurs cavernes,
parée avec celle des animaux, 4 vol. in-folio. où ils prennent plaisir à les chatouiller jusqu'à
Lebrun (PiEiiRiî), — oraloi'ien né à lîri-
la mort.
gnoiles en 4 604, mort en 4729. On, a de lui Lecocj, — sorcier qui fut exécuté à Sau-
:
1° Lettres qui découvrent l'illusion des philo- mur, au seizième siècle, pour avoir composé
sophes sur la baguette et qui détruisent leurs des vénéfices el poisons exécrables contre les
systèmes, 4 693, in—13 ; 2° Histoire critiqua enfants. Le bruit courait dans ce temps-là
«fis pratiques superstitieuses qui ont séduit les que, lui et d'autres sorciers ayant jeté leur
Vcuphs et embarrassé les savants, 4702 3 vol. sort diabolique sur les lits do plume, il devait
.
In-1'2, avec un supplément, 4737, in-42. , s'y engendrercerlainsserpenls qui piqueraient
— et tueraient les bonnes
Nous
avons occasion de le citer souvent. gens endormis; si bien
ï-écanomancie, divination par le moyen
qu'on n'osait plus se coucher. On attrapa Le-
— coq, et on le brûla , après cpioi on alla dor-
"<- l'eau. On écrivait des paroles magiques
sur des lames de cuivre, qu'on niellait dans
mir 2 : ce que vous pouvez faire aussi.
ul> vase plein d'eau, et
,
une vierge qui regar- ' Delancre,. Incrédulité et mécréance tlu sortilège,
' Lc'iglct-Diifrcsnoy, Dissert., 1,
pleinement eonvaincuos, p. 26S.
t. p. 1G9. 2 Nynauld Discours de la Lycanthvopie,p. 5.
,
LEnl — 300 — LliO F
X,crloux (MADEMOISELLE) , — tireuse de car- lémures, — génies malfaisants ou àm0i v
tes , dont on fit le procès à Paris le 4 4 juil- d es morts damnés qui (selon les crovatifK
let 4848; elle fut condamnée à deux ans s uperstitieuses) reviennent tourmenter les vu
d'emprisonnement el à douze francs d'amen- v'anls, et dans la classe desquels il faut vn,ei. ;
de pour avoir prescrit à une jeune demoi- lre les vampires. On prétend que le nom ilc
selle d'aller la nuit en pèlerinage au Calvaire, I..émure est une corruption de Ilémure, (|u; ï
près Paris, el d'y porter quatre queues de v,'ient à son tour du nom do llémus, tué |)ai. -
morue enveloppées dans quatre morceaux 1:\omulus, fondateur de Home; car après sj
d'un drap coupé en quatre, afin de détacher, inort les esprits malfaisants se répandirent
par ce moyen cabalistique, le coeur d'un jeune <Jans Home '. Voy. LAUES, LARVES, SI'ECTUES
homme ricbo de neuf veuves et demoiselles YAMI'HIES, etc.
qui le poursuivaient en mariage 1. Lenglet-Bufresnoy (NiCOLAS) , — né j
JCcgendre (GILBEKT-CHABLES),—-marquis !Beauvais en 4074, el mort en 4755. On lui '
de Sainl-Aubin-sur-Loire,né à Paris en 4 088, idoit 4" une Histoire de la philosophie hermé-
mort en 4740. On a de lui un 'Traité de l'Opi- tique, accompagnée d'un catalogue raisonné
nion , ou Mémoires pour servir à l'histoire de des écrivains de cette science, avec le véritable
l'esprit humain, Paris, 4733, 6 vol. m-4 2; philaléte, revu sur les originaux, 4742, 3 vol.
ouvrage dont M. Saignes a tiré très-grand in-12; 2" un Traité historique et. dogmati-
parti pour son livre Des erreurs et des préjugés que sur les apparitions, visions cl révélations
répandus dans la société. particulières, avec des observations sur les
légions. — Il y a aux enfers six mille six dissertai ions du R. P. Dom Calmel sur les
cent soixante-six légions de démons. Chaque apparitions et les revenants, 4751, 2 vol.
légion de l'enfer se compose de six. mille six in-4 2; 3° un Recueil de Dissertations ancien-
cent soixanle-six diables, ce qui porte le nes et nouvelles sur les apparitions, les vi-
nombre de tous ces démons à quarante-qua- sions et les songes, avec une préface histori-
tre millions quatre cent trente-cinq mille cinq que et un catalogue des auteurs qui ont, écrit
cent cinquante-six, à la tète desquels se trou- sur les esprits, les visions, les apparitions,
vent soixante-douze chefs, selon le calcul de les songes et les sortilèges; 4 752 , 4 vol. in-12.
Wierns. Mais d'autres doctes mieux informés Nous avons puisé fréquemment dans ces ou-
élèvent, bien plus haut le nombre des démons. vrages.
Leleu (AUGUSTIN),-—contrôleurdes droits Le formant (MAKTIN) , — astrologue qui
du ducde Chaulnes sur la chaîne de Piquigny, fut apprécié par le roi Jean , auquel il prédit
qui demeurait à Amiens, rue de l'Aventure, la victoire qu'il gagna contre les Flamands 8.
et dont la maison fut infestée de dénions pen- Lenormaut (MADEMOISELLE), — sibylle qui
dant quatorze ans. Après s'être plaint, il exerçait
avec bruit au faubourg Saint-Ger-
avait, obtenu qu'on fil la bénédiction des mai- main l'empire el sous la restauration.
sous
sons infestées, ce qui força les diables à dé- Elle devinait par les caries et par le marc de
taler*. café. Morte en 4843. Elle a publié des mé-
Lemia , — sorcière d'Athènes, qui fut pu- moires el des souvenirs sibylliens. On a donné
nie du dernier supplice, au rapport de l)é- aussi sous son nom depuis sa mort, de pré-
mosthène, pour avoir enchanté, charmé et tendues prophéties. , Le seul fait vrai en tout
fait périr le bétail; car dans celte république cela, c'est que sous l'empire mademoiselle
on avait établi une chambre de justice des- Lenormanf était un des organes de la police.
tinée à poursuivre les sorciers 3. de Napoléon.
Xiemnius OU Lcmnicn: (LlYIN) — lié Cil
,
4 i30b à Ziriczée en Zélande, médecin et théo-
s.èon m,
— élu pape en 795. On a eu
l'effronterie de lui attribuer un recueil de pla-
logien publia un livre sur ce qu'il y a de titudes et de choses ridicules, embrouillées
vrai et, de faux en astrologie, et un autre sur dans des figures et des mots mystiques et
les merveilles occultes de la nature 4. inintelligibles, composé par un visionnaire,
plus de trois cents ans après lui, sous le tih'Ç
' M. Garinet, Hist. do la magie en France, p. 291. à'EnchiridionLeonispapas -1. On a ajouté qu'il
?- Lenglet-Dufresnoy, Dissertations sur les npparit.,
t. III, p. 213.
3 M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 14. r Leloyer, Hist. des spectres ou Appar. des esprits,
4 De astrologia liber tinus, in quo obiter indicatur cil. 5.
qnid illa veri, quid ficli falsiqtte habeat et quatenus ?- Manuscrit cité à la fin des rem. de Joly sur 13a)"l1'-
arti sit habonda !î 'es ; Anvers. 1554. In-S°. — Df oc- 3Encliiridion Leonis papre serenissimo iinponvt°ri
cuttis naturar miraetUis libri JI; Anvers, 1559. In-12. Carolo Magno in mtmus pretiosum datum, nuperrinve
Réimprimé chez Plantin en quatre livres ; Anvers, 156t. mendis omnibus purgatum etc.
,
LÉO LES
— 301 —
nil envoyé ce livre à
Cliarlemagne. — Voici i ans la nappe, ce qu'il refusa on faisant le
i "titre exact, de cet ouvrage : Enchiridion t gne
de la croix. Le diable s'en retourna
Léon, donné comme un présent pré- t infus chez Léopold, qui ne le quitta point
ht nupe cela; car, pendant la maladie à la suiio
;ui
sérénissime empereur Cliarlemagne, our
jelis
Veninient purgé de toutes ses fautes. Home, e laquelle il mourut, s'étanl levé un jour
1670. in-42 long, avec un
cercle coupé d'un jr son séant, il commanda à son magicien
irimHo pour vignette, el à l'entour ces mots u'il tenait à gages d'appeler le diable, le-
léL'ende : formation, réformaiion , trans- uel se montra sous la forme d'un homme
eu
formation. Après un avis aux sages cabalis- oir et hideux; Léopold ne l'eut pas plutôt
le livre commence par l'Evangile de saint u, qu'il dit : « C'est assez, » et il demanda
l,v u'onle recouchât dans son lit, où il trépassa'1.
Jean, que suivent les secrets et oraisons pour
conjurer le diable. Voy. CONJURATIONS, etc. Lesage, — t'Ol/. LuXEMIiOURG.
Léonard, •— démon du premier ordre, l-oscorière (MAME) , — vieille sorcière ar-
orand maître des sabbats, chef des démons èlée au seizième siècle, à l'âge de quatre-
subalternes, inspecteur général de la sorcel- 'ingl-dix ans. Elle répondit dans son iuter-
lerie, de la magie noire et des sorciers. On •ogaloire qu'elle passait pour sorcière sans
l'appelle souvent le Grand Nègre. Il préside 'être ; qu'elle croyait en Dieu, l'avait prié
au sabbat sous la figure d'un bouc de haute ournellement, et avait quitté le diable depuis
taille; il a trois cornes sur la tête, deux oreil- ong-lemps ; qu'il y avait quarante ans qu'elle
.

les de renard les cheveux hérissés, les yeux l'avait élé au sabbat. Interrogée sur le sab-
,
ronds, enflammés et fort ouverts, une barbe lai, elle, dit qu'elle avait vu le diable en forme
de chèvre et un visage au derrière. Les sor-
,
l'homme et de bouc, qu'elle lui avail cédé
cières l'adorent en lui baisant ce visage infé- les galons dont elle liait ses cheveux, que le
rieur avec une chandelle verte à la main. diable lui avait donné un écu qu'elle avait
Quelquefois il ressemble à un lévrier ou à un mis d'ans sa bourse ; que le diable lui avait
lioeiif, où à un grand oiseau noir, ou à un surtout recommandé de ne pas prier Dieu , de
tronc, d'arbre surmonté d'un visage téné- nuire aux gens de bien , et lui avail donné
breux. Ses pieds, quand il en porte au sab- pour cela do la poudre dans une boite; qu'il
bat, sont toujours des pâlies d'oie. Cependant était venu la trouver en forme de chat, et
les experts, qui ont vu le diable au sabbat,
que, parce qu'elle avait cessé d'aller au sab-
observent qu'il n'a pas de pieds quand il bat, il l'avait meurtrie à coups de pierre; que
prend la forme d'un tronc d'arbre, el dans quand elle appelait le diable, il venait à elle
d'autres circonstances extraordinaires.— Léo- en forme de chien pendant le jour et en for-
nard est'taciturne el mélancolique;mais dans
me de chat pendant la nuit; qu'une fois elle
lotîtes les assemblées de sorciers el de diables l'avait prié de faire mourir une voisine, ce
' où il est obligé de figurer, il se. montre avan- qu'il avail fait ; qu'une autre fois passant par
tageusement el montre une gravité superbe !. un village, les chiens l'avaient suivie et mor-
Léopold, —fils de l'empereur Rodolphe. due; que dans l'instant elle avait appelé le
11 embrassa la magie et étudia les arts du diable, qui les avait tués. Elle dit aussi qu'il
diable, qui lui apparut plus d'une fois. Il ar- ne se faisait autre chose au sabbat sinon
;
riva que son frère Frédéric fut pris en ba- honneur au diable, qui promettait ce qu'on lui
. :
taille en combattant contre Louis de Bavière. demandait : qu'on lui faisait offrande le bai-
l.eopold voulant lui envoyer un magicien, sant au derrière, ayant chacun une chandelle
j pour le délivrer de la prison de l'empereur à la main 2.
' sans payer rançon , s'enferma avec ce magi- Lescot, — devin de Parme , qui disait in-
\. cicn dans une chambre, en conjurant et ap- différemment à tout homme qui en voulait
pelant le diable, qui se présenta à eux sous
;. faire l'essai : « Pensez ce que vous voudrez, et
loi'iiie et costume d'un messagerde pied, ayant
;; je devinerai ce que.vous pensez, » parce qu'il
ses souliers usés et rompus, le chaperon en était servi par un démon 3.
5> lele; quant ou visage, il avait les yeux chas-'
sieux. Il leur promit, sans que le magicien Lespèce, -—Italien, qui fut avalé pendant
v.
dérangeât, Frédéric d'embarras le séjour de la flotte française au port de
s. Se de tirer
V Pourvu qu'il y consentît. Il se transporta de
, Zanle, sous le règne de Louis XII. Il était
ir suite dans la prison, changea d'habit et de
1 Lcloycr, Histoire des spectres, p. 304.
.t orme, prit ceue d'im écolier, avec une nappe procès
?- Discours des sortilèges et vénétices, tirés des
s 'tutour du cou, et invita Frédéric à entrer criminels, p. 32.
3Delancre, Incrédulité et mécreance de la divina-
|V ' «clrio, Delancre, Tîodin, etc. tion, du sortilège, p. 30d.
LiiV — 30: 2 -~ Lift
dntis le briganlin de François de Grammonl. est tenace, ferme à son poste el difficile.
Un jour; après avoir bien bu il se mit à exorciser. — On donne aussi le nom do if,'
,
jouer aux dés, et perdit tout son argent. 11 viathan à un poisson immense, que les ral^
maugréa Dieu, les saints, la vierge Marie, bins disent destiné au repas du Messie, p.,
mère de Dieu, et invoqua le diable à son poisson est si monstrueux /qu'il en avale d'u'i
aide. La nuit venue, comme l'impie commen- coup un autre qui, pour être moins grand
on,,
çait à ronfler, un gros el horrible monstre, lui, ne laisse pas d'avoir trois lieues de Ion.,
aux yeux élincelaiits, approcha du briganlin. Toute la niasse des eaux est portée sur Lévia'.
Quelques matelots prirent celte bêle pour un Iban. Dieu, au commencement, en créa deux
monstre marin, el voulurent l'éloigner; mais l'un mâle et l'autre femelle ; mais, de peu,
elle aborda le navire, el, alla droit à l'héréti- qu'ils ne renversassent la terre el qu'ils
ne
que, qui fuyait de tous côtés. Dans/sa fuite remplissent l'univers de leurs semblables
il trébucha, el tomba dans la gueule de cet Dieu disent encore les rabbins, tua la fe-
horrible serpentl. ,
melle et la sala pour le repas du Messie qui
,
Lêthé, — fleuve qui arrosait une partie du doit venir. — En hébreu, Léviallian veut dire
Tarlare, et allait jusqu'à l'Elysée. Ses ondes monstre des eaux. 11 parait que c'est le nom
faisaient oublier aux ombres, forcées d'en de la baleine dans le livre de Job, chap. il.
boire, les plaisirs el les peines de la vie Samuel Bochard croit que c'est aussi le nom
qu'elles avaient quittée. — On surnommait le du crocodile.
Lélhé le lleuve d'Huile, parce que son cours Lewis (MATiiiEU-GnÉGoiiuî), — auleiir tic
était paisible, et par la même raison Lùcaiii romans el de pièces de théâtre, né en 47?:i
l'appelle Deus tacitus, le dieu du silence ; et mort en 4 848. On a de lui le Moine, 1795,
car il ne l'ait entendre aucun murmure. C'é- 3 vol. in-12, production effroyable et dange-
tait aux bords du Lélhé que les âmes des mé- reuse, qui lit plus de bruit qu'elle ne mérite:
chants après avoir expié leurs crimes par de le Spectre du château, opéra ou drame en
,
longs tourments, venaient perdre le souvenir musique, etc.
de leurs maux, et puiser une nouvelle vie.
Sur ses rives, comme sur celles du Cocyte, on crainte Lézards. — Les Kamtscliadales en ont une
uniquailauTurlure superstitieuse. Ce sont, disent-ils, les
voy ai lune porte ni
q connu 2.
espions de Gaelh (dieu des morts), qui vien-
Lettres sur les diverses apparitions d'un nent leur prédire la fin de leurs jours. Si on
bénédictin de Toulouse, in-4°, 4(579. — Ces les attrape
on les coupe en petits morceaux
apparitions étaient, dit-on, des supercheries ,
qu'ils n'aillent rien dire, au dieu des
de quelques novices de la congrégation de morts. Si
pour
un lézard échappe, l'homme qui
Saint—Maur, qui voulaient tromper leurs su- l'a tombe dans la tristesse, et meurt quel-
périeurs. On les fil sortir de l'ordre. vu
quefois de la peur qu'il a de mourir. — Les
Letires infernales, — ou Lettres des cam- nègres qui habitent, les deux bords du Séné-
pagnes infernales, publiées en 4734. Ce n'est gal ne veulent pas souffrir au contraire qu'on
qu'une satire contre les premiers généraux. tue les lézards autour de leurs maisons. Ils
Hueuce-Carin, — hérétique du second siè- sont persuadés que ce sont les âmes de leur
cle auteur apocryphe d'un livre intitulé : père, de leur mère et de leurs proches pa-
,
Voyages des apôtres. 11 y conte dos-absurdités. rents , qui viennent faire le folgar, c'est-à-
E.eucophj'iie, — plante fabuleuse qui, selon dire se réjouir avec eux '.
les anciens, croissait dans le Phase lleuve de Libanius, — magicien né en Asie, qui,
,
la Colchide. On lui attribuait la vertu d'em- pendant le siège rie Kavenne par Constance,
pêcher les infidélités ; mais il fallait la cueillir envoyait des moyens magiques en place d'ar-
avec de certaines précautions , et on ne la mes pour vaincre les ennemis 2.
trouvait qu'au point du jour, vers le commen- Libanomancie , — divination qui se faisait
cement du printemps, lorsqu'on célébrait les par le moyen de l'encens. Voici, selon Dit'»
mystères d'Hécate. Çossius, les cérémonies que les anciens pra-
Xiéy.iathau, —grand amiral de l'enfer, se- tiquaient dans la libanomancie. On prend:
lon les demonoman.es. "Wiertis l'appelle le dit-il, de l'encens, et, après avoir l'ait des
grand menteur. H s'est mêlé de posséder, de prières relatives aux choses que l'on deman-
tous temps, les gens qui courent le monde. de on jette cet encens dans le feu, afin 1"e
,
sa fumée porte les prières ' jusqu'au ciel.| ^
'
11 leur apprend à mentir et à en imposer. Il
Ci

1 D'Autou, Histoire de Louis 1X11. 1 Abrégé des voyages, par de La Harpe, t. H, P- *° '
' 9- Delandiue, l'Enter dés anciens, p. 281. ?- Leloyer, Hist. et dise, des spectres, etc., p. "'-"
LIÉ JJ03 LÎG
— —
souhaite doit arriver, l'encens s'al- Maimonide, qui les rapporte à l'art de cens
(.«'on
sur-le-champ, quand même il serait qui abusent des événements pour les convertir
i nie
hors du feu le l'eu semble l'aller cher- en signe heureux ou sinistre. Chez les Grecs
nulle , modernes, si un lièvre croise le chemin d'une
'e consumer ; mais si les voeux
•lier T>our remplis, elle fera halte jusqu'à, ce qu'un
.,,'on a
formés ne doivent pas être caravane,
tombe pas dans le feu ou le passant, qui ne l'ait pas vu , coupe le charme
l'encens ne , la même route1.
,,,
éloigne et ne le consume pas. Cet en traversant
feu s'en
oracle, ajoute—t-il, prédit tout, excepté ce Lièvre (LE GBAND). — Les Chipiouyans,
regarde la mort el le mariage. peuplade sauvage qui habile l'intérieur de
„,ii
l'Amérique septentrionale , croient que le
libertins, — fanatiques qui s'élevèrent en Grand Lièvre, nom qu'ils donnent à l'Etre su-
Flandre au milieu du seizième siècle et qui prême , étant porté sur les eaux avec tous les
répandirent en France où ils eurent pour quadrupèdes qui composaient sa cour, forma
s(! ,
tailleur picard nommé Quinlin. Ils
clief un
des la lerre d'un grain de sable tiré de l'Océan ,
professaient exactement le panthéisme les hommes des corps des animaux ; mais
et
philosophes de nos jours, et les rêveurs alle- le Grand Tigre, dieu des eaux, s'opposa aux
mands les copient. Ils regardaient le paradis desseins du Grand Lièvre. Voilà, suivant eux, •
et,l'enfer comme des illusions, et se livraient les principes qui se combattent perpétuelle-
à leurs sens. Le nom qu'ils se donnaient., com- mont. Voy. aussi SAKIHOUNI. '
affranchis, est devenu une injure.
me Ligature. — On donne ce nom à un malé-
Licorne. — La corne de licorne préserve fice spécial, par lequel on liait et on paraly-
des sortilèges. ïorquemnda, dit-on, en
avai sait quelque faculté physique de l'homme ou
toujours une sur sa table. Les licornes du caj de la femme. On appelait chevillement le sor-
i de Bonne-Espérance sont décrites avec de; tilège qui fermait un conduit et empêchait par
lèlcs de cheval, d'autres avec des têtes di exemple les déjections naturelles. On appelait
cerf. On dit que le puits du palais de Saint- embarrer l'empêchement magique qui empê-
'. Marc ne peut être empoisonné, parce qu'oi chait un mouvement. On appelait, plus spé-
; v a jeté des cornes de licornes. On est d'ail cialement ligature le maléfice qui affectait
f leurs indécis sur ce qui concerne ces animaux d'impuissance un bras, un pied ou tout autre
i? dont la race semble perdue. Voy. CORNES. membre. — Le plus fameux de ces sortilèges
pourquoi les Fit est celui qui est appelé, dans tous les livres
:; Lierre. — Nous ne savons où il s'agit de superslitions, dans le cmé
; mands. appellent le lierre /?/ du diuble (Dui
vels-Naaigaren). Tliiers, dans le père Lebrun et dans tous les
ï:
autres, le nouement de l'aiguillette ou l'ai-
tièvre, — On raconte des choses merveil guillette nouée , désignation honnête d'une
i leuses du lièvre. Evax et Àaron disent que chose honteuse. C'est, au reste, le terme po-
S' l'on joint ses pieds avec la lête
d'un merle pulaire. — Celle matière si délicate , que nous
•;
ils rendront l'homme qui les portera si har< aurions voulu pouvoir éviter, lient trop de
qu'il ne craindra pas même la mort. Cet place dans les abominations superstitieuses
; qui se les attachera au bras ira partout
où pour être passée, sous silence. — Les rabbins
; voudra, el s'en retournera sans danger. Qt attribuent à Cham l'invention du nouement
si on en fait manger à un chien , avec le coei de l'aiguillette. Les Grecs connaissaient ce
d'une belette, il est sûr qu'il n'obéira janiai, maléfice. Platon conseille à ceux qui se ma-
quand même on le tuerait 1. — Si desviei rient de prendre garde à ces charmes ou liga-
I; lards aperçoivent un lièvre traversant t tures qui troublent la paix des ménages '. On
y grand ghemin, ils ne manquent guère d'i nouait aussi l'aiguillette chez les llomains;
):. augurer quelque mal. Ce n'est pourtant, ; cet usage passa des magiciens du paganisme
lond, qu'une menace des anciens augure
f aux sorciers modernes. On nouait surtout
:
Exprimée en ces termes : Inauspicaiuni à beaucoup au moyen âge; plusieurs conciles
""' oblalfus lepus. Cette idée n'avait app frappèrent d'anathème les noueurs d'aiguil—
remnient d'autre fondement, si ce n'est q ' lelles ; le cardinal du Perron fit même insérer
flous devons craindre cpiand un animal limi dans le rituel d'Evreux des prières contre
l'asse devant nous ; comme un renard s'i
'
, l'aiguillette nouée ; car jamais ce maléfice ne
passe aussi, nous présage quelque impostui fut plus fréquent qu'au seizième siècle. -—
* observations superstitieuses étaient d
tendues aux Juifs,-comme « Le nouement de l'aiguillette devient si com-
on le voit di 3
1 Erown, Erreurs populaires.
1 Secrets d'A-lbert-le-Grand,
p. 10S, •
a Platon, Des Lois, liv. il, - -
L1G 304 LIG
mun, dit Pierre Delancre, qu'il n'y a guère qu'ils les emploient, el qu on laisse vondr
d'hommes qui s'osent marier, sinon à la dé- publiquement les livres qui les donnent.
robée. On se trouve lié sans savoir par qui, On trouve, dans Ovide et dans Virgile |,„ \ ^ %

et de tant de façons que le plus rusé n'y com- procédés employés par les noueurs d'aimi,^
prend rien. Tantôt le maléfice est pour l'hom- lette de leur temps. Ils prenaient une po
me, tantôt pour la femme, ou pour tous les figure de cire qu'ils entouraient de rubans on
deux. Il dure un jour, un mois, un an. L'un de cordons ; ils prononçaient sur sa tôle '
H(,.
aime et n'est pas aimé ; les époux se mor- conjurations en serrant les cordons l'un aprjs '.
dent, s'égralignenl et se repoussent; ou bien l'autre; ils lui enfonçaient ensuite à la pla(„ j
le diable interpose entre eux un fantôme, etc. » du foie, des aiguilles ou des clous,, el le char-
Le démonologue expose tous les cas bizarres me était achevé. — Bodin assure qu'il v
a
et embarrassants d'une si fâcheuse circon- plus de cinquante moyens de nouer l'aiguil-
stance. — Mais l'imagination, frappée de la lette. Le curé Thiers rapporte plusieurs de
peur du sortilège, faisait le plus souvent tout ces sortes de moyens, qui sont encore usités
le mal. On attribuait aux sorciers les acci- dans les villages. — Contre l'aiguillette noué?,
dents qu'on ne comprenait point, sans se — On prévient ce maléfice en portant m
.
donner la peine d'en chercher la véritable anneau dans lequel soit enchâssé, l'oeil droit
cause. — L'impuissance n'était donc généra- d'une belette; ou en niellant du sel dans sa
lement occasionnée que par la peur du malé- poche, ou des sous marqués dans ses sou-
fice, qui frappait les esprits et affaiblissait liers, lorsqu'on sort du lit; ou, selon Pline,
les organes; et cet étal ne cessait que lorsque en frottant de graisse de loup le seuil et les
la sorcière soupçonnée voulait bien guérir poteaux de la porte, qui ferme la chambre
l'imagination du malade en lui disant qu'elle à coucher. — Hincmar, archevêque de Keiins,
le restituait. Une nouvelle épousée de Niort, conseille avec raison aux époux qui se croient
dit Bodin ', accusa sa voisine de l'avoir liée. maléficiés du nouement d'aiguillette la prati-
Le juge fil mettre la voisine au cachot, x^u que des sacrements comme un remède efli-
bout de deux jours, elle commença à s'y en- cace; d'autres ordonnaient le jeûne et l'ai:-
nuyer, et s'avisa de faire dire aux mariés mône. — Le Petit Albert conseille contre l'ai-
qu'ils étaient déliés; et dès lors ils furent, dé- guillette nouée de manger un pivert rôti avec
liés. — Les délails de ce désordre sont pres- du sel bénit, ou de respirer la fumée de la
que toujours si honteux qu'on ne, peut mettre dent d'un mort jetée dans un réchaud. —Dans
sous les yeux d'un lecteur honnête cet enche- quelques pays on se flatte de dénouer l'aigui!-
nillement, comme l'appelle Delancre -. — letle en mettant deux chemises à l'enveis
Les mariages ont rarement lieu en Hussie l'une sur l'autre. Ailleurs on perce un ton-
sans quelque frayeur de ce genre. « J'ai vu neau de vin blanc, dont, on fait passer le pre-
un jeune homme, dit un voyageur r', sortir mier jet par la bague de la mariée. Ou bien,
comme un furieux de la chambre de sa fem- pendant neuf jours, avant le soleil levé, en
me , s'arracher les cheveux el crier qu'il était écrit sur du parchemin vierge le mol aviga-
ensorcelé. On eut recours au remède employé zirtor. Il n'y a, comme on voit, aucune ex-
chez les Husses, qui est de s'adresser à des travagance qui n'ait été imaginée. —Voici,
magiciennes blanches, lesquelles, pour un avant de finir, un exemple curieux d'une ma-
peu d'argent, rompent le charme el dénouent nière peu usitée de nouer l'aiguillette : « Une
l'aiguillette ; ce qui était la cause de l'état où sorcière, voulant exciter une haine mortelle
je vis ce jeune homme. » — Nouement. de Vai- entre deux futurs époux, écrivit sur deux bil-
guillette. — Nous croyons devoir rapporter la lets des caractères inconnus, et les leur fit
stupide formule suivante, qu'on lil au chapi- porter sur eux. Comme ce charme ne produi-
tre premier des Admirables secrets du petit sait, pas assez vite l'effet qu'elle désirait, elle
Albert :— « Qu'on prenne la verge d'un loup écrivit les mêmes caractères sur du fromage
nouvellement tué, qu'on aille à la porte de qu'elle leur fit manger; Ipuis, elle prit un
celui qu'on veut lier et qu'on l'appelle par poulet noir qu'elle coupa par le milieu, en
son propre nom. Aussitôt qu'il aura répondu, offrit une partie au diable, et leur donna
on liera la verge, avec un lacet de fil blanc, l'autre, dont ils firent leur souper. Cela les
et le pauvre homme sera impuissant aussi- anima tellement, qu'ils ne pouvaient, plus se
tôt. » •— Ce qui est surprenant., c'est que les regarder l'un l'autre. — Y a-l-il rien de si
gens de village croient à de telles formules, ridicule, ajoute Delancre, persuadé pouria"1
de la vérité, du fait, et peut-on reconnaître
1 Démonomame des sorciers, ]iv. IV, ch. 5. cela quelque chose qui puisse forcer deux
7- L'Incrédulité et mécréance, etc., tr. 6.
en
3 Nouveau "Voyage vers le Septentrion, 170S, cit. 2, personnes qui s'entr'aimentà se haïr à mort. »
LIN
LÏG — 305 —
les sorciers ont coutume d'enterrer 3.ilith. — Wierus et plusieurs autres dé-
m dit- âne
lèles et des peaux de serpents sous le seuil inonomanes font de Lilith le prince ou la
l„5
la porte, ou dans les coins de la maison , ]irincesse des démons succubes. — Les démons
IC
d'y semer la haine el les dissensions ; ssoumis à Lilith portent le même nom que leur
C,,
ne soin que les marques visibles des i;hef, et, comme les Lamies, cherchent à
nlais ce
conventions qu'ils ont faites avec Satan, le- 1 'aire périr les nouveau-nés; ce qui fait que
le maître el, auteur du maléfice de
i la es Juifs pour les écarter, ont coutume d'ô-
miel est ,
Parfois, conlinue-t-il, le diable ne ;rire aux quatre coins de la chambre d'une
haine. —
avant, et contente, au lieu de la femme nouvellement accouchée : « Adam, Eve,
va pas
si se
haine d'apporter seulement
de l'oubli, met- hors d'ici Lilith '. »
tant les maris en tel oubli
, de leurs femmes tilly (WILLIAM), astrologue anglais du dix-
qu'ils en perdent tout à fait la mémoire, com- septième siècle, qui se fit une réputation en
me s'ils ne
s'étaient jamais connus. Un jeune publiant l'horoscope de Charles Ier. Il mourut
homme
d'ftli'nrie devint si épris d'une sor- en 4 681. Sa vie, écrite par lui-même, con-
cière, qu'il abandonna sa femme et ses en- tient des détails si naïfs et en même temps
fants pour venir demeurer avec
elle, et con- une imposture si palpable, qu'il est impos-
tinua jusqu'à ce que sa femme,
avertie du sible de distinguer ce qu'il croit vrai de ce
maléfice. Fêlant venue trouver, fureta si exac- qu'il croit faux. C'est lui qui a fourni la partie
tement dans la maison de la sorcière qu'elle la plus considérable de l'ouvrage intitulé Folie
découvrit sous son lit le sortilège, qui était des Astrologues. Les opinions de Lilly et sa
crapaud enfermé dans un pot, ayant les prétendue science avaient tant de vogue dans
un
veux cousus et bouchés,
lequel elle prit, et, son siècle, que Galaker fut obligé d'écrire
iui ayant ouvert les yeux elle le fit brûler. contre celle déception populaire. Parmi un
,
Aussitôt l'amour el l'affection qu'il avait au- grand nombre d'écrits ridicules, dont le titre
trefois pour sa femme et ses enfants revinrent indique assez le sujet, nous citerons de Lilly:
; tout à coup dans la mémoire du jeune homme, ']" le jeune Anglais Merlin, Londres, 4 664;
: qui s'en retourna chez lui honteux et. repen- '2° h Messager des étoiles, 4 645 ; 3" Recueil
tant, et passa dans de bons sentiments le de prophéties, 4 646.
reste de ses jours. » — Delancre cite d'autres Limaçons. Les limaçons ont de grandes
exemples bizarres des effets de ce charme, propriétés —
pour le corps humain, dit l'auteur
comme dos époux qui se détestaient de près
: des Secrets d'Alberl-le-Grand, et il indique de
i el qui se chérissaient de loin. Ce sont de ces suite quelques stupidités. Beaucoupde person-
choses qui se voient aussi de nos jours, sans cloutent si les limaçons ont des yeux. On
qu'on pense à y trouver du maléfice. Le nes
,: — s'est guéri de ce doute par le secours des mi-
P. Lebrun ne semble pas croire aux noueurs croscopes les points ronds et noirs de leurs
d'aiguillette; cependant il rapporte le trait de :
leurs yeux el il est certain qu'ils
l'abbé Guilbert de Nogenl, qui raconte 1 que cornes sont ,
en ont quatre.
son père et sa mère avaient en l'aiguillette
nouée pendant sept ans, et qu'après cet in- Limbes. — C'est le mot consacré parmi les
;;
: lervalle pénible une vieille femme rompit le théologiens pour signifier le lieu où les âmes
' maléfice cl leur rendit l'usage du mariage. — des saints patriarches étaient détenues en
}- Nous le répétons, la peur de ce mal, qui n'a attendant la venue de Jésus-Christ. On donne
guère pu exister que dans les imaginations aussi le nom de Limbes aux lieux où vont les
,
laibles, était autrefois très-répandue. Per- âmes des enfants morts sans baptême.
;,-isonne aujourd'hui ne s'en plaint dans les vil— Ljmyre, —fontaine de Lycie, cjui rendait
?
te ; mais on noue encore l'aiguillette dans des oracles par le moyen de ses poissons.
'es villages; bien plus, on se sert encore des Les consultants leur présentaient à manger.
procédés que nous rapportons ici, car la su- Si les poissons se jetaient dessus le présage
,
perstition n'eslpas progressive. Et tandis qu'on était favorable ; s'ils le refusaient, surtout
nous vante à grand bruit l'avancement des s'ils le rejetaient avec leurs queues, c'était
lumières, nous vivons à quelques lieues de un mauvais indice.
l'Jnyres paysans qui ont leurs devins, leurs Linurgus, — pierre fabuleuse qui se trou-
sorciers, leurs présages, cpii ne se marient vait, dit-on, dans le fleuve Àrcbélous. Les
'ju'en tremblant, et qui ont la tète obsédée
anciens l'appelaient Lapis lineus : on l'enve-
e teneurs infernales. Voy. CIIEVILLEMENT, loppait dans un litige, et lorsqu'elle devenait
«AGIXATIONS MALÉFICES etc.
, ,
1 Dom Calmet, Dissertation Bur les apnarit., t. II,
1 Dl*Vitasuft,lib. l,cap. 11, p. 74.
20
LIT
blanche, on se promettait bon succès dans ses qu'on
-
306i —
q
LOI?
poussait l'un contre l'autre, el, dont !.
projets de mariage. son
s> plus ou moins clair ou aigu donnait
à
liion. —Si on (ait des courroies de sa peau, connaître la volonté des dieux. On rapport
celui qui s'en ceindra né craindra point ses encore à celle divination la superstition d,,,
ennemis ; si on mange de sa chair, ou qu'on ceux qui croient que l'améthyste a la vertu de
boive de son urine pendant trois jours, on faire „ connaître à ceux qui la possèdent it„
guérira de la fièvre quarte.... ; si vous portez événements
, futurs par les songes. On disait
les yeux de cet animal sous l'aisselle, lotîtes aussi si on arrose l'améthyste avec de
'l'eau, quequ'on
les bêles s'enfuiront devant vous en baissant el l'approche de l'aimant, elle
la tète '. — Le diable s'est montré quelquefois répondra aux questions qu'on lui fera, niais
d'une voix faible, comme celle d'un enfant'.
sous la forme d'un lion, disent les démono-
graphes. Un des dénions qui possédèrent Eli- X.ituus, — baguette d'augure, recourbée
sabeth Blanchard est désigné sous le nom du .dans .1 le bout le plus fort et le plus épais. Le
Lt07i d'enfer. Voy. MESSIE DES JUIFS. 1lituiis, dont
on fit usage à l'élection doNunia,
ï.issi, — démon peu connu , qui posséda second roi de Borne, était conservé dans le
'
Denise de La Caille, el signa le procès-verbal temple de Mars. On conte qu'il fui trouvé en-
d'expulsion. tier après l'incendie général de Rome 2.
.
Litanies du sabbat. — Les vendredis et Livres. — Presque tous los livres qui con-
mercredis, on chantait au sabbat les litanies tiennentles secrets merveilleux el les manières
suivantes, s'il faut en croire les relations: d'évoquer le diable ont été attribués à de
Lucifer, prenez pitié de nous. grands personnages: Abel, Adam, Alexandre,
Belzébuth, prenez pitié de nous. Alberl-le-Grand, Daniel, Hippocrale, (Ju-
Lévialhan, prenez pitié de nous. lien, Léon 111, Hermès, Platon, saint Tho-
Baal, prince des séraphins, priez pour mas, saint Jérôme, passent, dans l'idée des
nous. imbéciles, pour ailleurs de livres magiques.
Baalbérilh, prince des chérubins, \ — La plupart de ces livres sont inintelligibles,
Astarolh, prince des trônes, .
1
et d'autant plus admirés des sots qu'ils en
Kosier, prince des dominations, sont moins entendus. Voyez ces grands hom-
Carreau, prince des puissances, mes à leurs noms. — Le Livre des prodiges,
Bélios, prince des vertus, | ou Histoires et Aventures merveilleuses et re-
Perrier, prince des principautés, I. marquables de spectres, revenants, esprits,
Olivier, prince des archanges, fantômes, démons, etc., rapportés par des
.limier, prince des anges, \ personnes dignes de foi. 4 vol. in-12, B" édi-
tion, Paris, 1824. —Compilation sans objet.
Sarcueil, î
| Voy. MuiAiiiLis LIHKK.
Fume-Bouche, '
Pierre-de-Feu, "g Lizabet , — tlélllOIl. Toi/. Col.AS.
Garni veau, g' Eiooiti. •— Chez les Scandinaves, les trem-
Terrier, "g 1 blements de terre étaient personnifiés dans
Coulellier, / B.
un dieu, un dieu mauvais, un démon nommé
Candélier, g ,
Locki. Après avoir répandu le mal dans toute
Béhémolli, S la Scandinavie, comme un semeur une graine,
,
Odette, 1
Locki fui a la fin enchaîné sur des roches
Belphégor, !
aiguës. Lorsqu'il se retourne, ainsi qu'un
Sabathan, malade, sur son lit de pierres coupantes, la
Garandier, terre tremble ; lorsqu'il écume cl répand sur
Dolers, ses membres sa bave, qui est un poison,
Pife'rre-ForI, ses nerfs entrent en convulsion et la terre
Axaphal, s'agite :i.
Prisïor, Kiofârdë, •— sorcière qui fut accusée en
Kakos, '1582 par sa compagne la femme Gantière, de
Lueesmè 2, | l'avoir menée au sabbat où le diable l'avait
ï.ithottianoie, —divination parles pierres. marquée, lequel était vêtu d'un hilarctjaunc
Elle se faisait au. moyen de plusieurs cailloux
1 Bnnvn, Erreurs populaires, t. Itr, p;.102:
1 Admirablessecrets d'Albert-le-Grarrd, p. 109. * Lebrun, Traité des superstitions, t. lï, p. 39<I.
* M. Garinet, Hist. de la magie en France. ' M. Didron Histoire dtt diable.
,
LO.N
— 30', ' — LOT
ï,0lima»i — fabuliste célèbre de l'Orient berg, âgé do cent quarante-six ans. La der-
.mi vivait, dit-on, vers
le temps de David ; il nière fois qu'il se maria, il avait cent onze
(ni
surnommé le Sage. Les Perses disent qu'il ans, cl il en avail. cent trente quand sa femme
trouva le secret de faire revivre les morts, et mourut, fl devint épris d'une jeune, fille de
mi'il usa de ce secret pour lui-même; ils lui dix-huit ans qui le refusa; do dépit, il jura
iccordeiil une longévité de trots cents ans : de vivre garçon, el il tint parole. — En 4 670,
iiiiekuies-uns prétendent qu'il en vécut mille. sous Charles II, mourut dans l'Yorlcshiro
Il a laissé un
grand nombre d'apologues qui Henri Jenkins, né en 1504, sous Henri VIL
jouissent d'une grande célébrité, Les écri- Il se rappelait à merveille d'avoir été de l'ex-
vains de l'Asie lui attribuent la plupart des pédition do Flandre sous Henri VIII, en 1513.
actions que les Grecs attribuent à Esope. 11 mourut à cent soixanle-neuf ans révolus,
avoir vécu sous huit rois, sans compter
iollard (GAUTIIIEH),—hérétique qui com- après le règne de Cromwell. Son dernier métier
mença eu 1315 à semer ses erreurs, qu'il avait
Albigeois. enseignait les dé- était celui de pêcheur. Agé de plus de cent
prises des 11 que
avaient été chassés du ciel injustement, ans, il traversait la rivière à la nage. Sa
mons petite-fille mourut à Cork à cent treize ans.
qu'ils y seraient un jour rétablis cl que saint
Michel et les autres anges seraient alors éter- — Voy. DoiiMAxrs, FLAMEL, JEAN D'ESTAM-
nellement damnés. Il prêchait des moeurs cor- PES, LoKMAX. ZOKOASTIIE, ClC.
rompues. Ses disciples firent beaucoup de iLooia — oiseau qui, dans l'opinion des
,
mal; pour lui, il fut brûlé à Cologne en 1322. habitants des îles des Amis, mange à l'instant
de la mort, les âmes des gens du peuple, el
Longévité. — On a vu, surtout dans les qui, pour cet ell'el, se promène sur leurs
pavs du Nord, des hommes qui ont prolongé lombes 1.
leur vie au delà des fermes ordinaires. Celle
longévité ne peut s'attribuer qu'à une consti- E.oray, — voy. On AV.
,
tution robuste, à une vie sobre et active, à Loterie.— La loterie doit son origine à
un air vif et pur. Il n'y a pas cinquante ans
un Génois. Elle fut établie à Gènes en 1720,
(|iie Kol'/ebtie rencontra en Sibérie un vieil-
en France en 1758. Elle est supprimée depuis
lard bien portant, marchant.el travaillant en- peu. Entre plusieurs moyens imaginés par les
visionnaires pour gagner à la loterie, le plus
core, dans sa cent trente-deuxième année.
Des voyageurs, dans le Mord, trouvèrent commun était celui des songes. Un rêve, sans

au coin d'un bois un vieillard à barbe grise, que l'on en sache la raison, indiquait à celui
qui pleurait à chaudes larmes. Ils lui deman-
qui l'avait failles numéros qui devaient sortir
dèrent le sujet de sa douleur. Le vieillard ré- au prochain tour de roue. Si l'on voit en songe
pondit que son père l'avait battu. Les voya- un aigle, disent les livres qui enseignent cette
geurs surpris Je reconduisirent à la maison
science, il donne : S, 20, 4(1. Un ange : 30,
paternelle, et intercédèrent pour lui. Après 40, 50. Un bouc: 10, 13, 90. Des brigands:
quoi, ils demandèrent, au père le motif de la 1, 4 9, 33. Un champignon : 70, 80, 90. Un
punition qu'il avait'infligée à son fils.— « Il chal-hunnl : 43 85. Un crapaud : 4, 46. Le
,
a manqué de respect à son grand-père, » ré-
diable : f, 70, 80. Un dindon : S, 40, 66.
pondit, le vieux bonhomme. Les chercheurs Un dragon : 8, 12, 43, 60. Des fantômes:
— 4, 22, 52. Une femme : h 9, 22. Une fille:
(le merveilles ont ajouté les leurs à celles de
lu nature. Torquemada conte qu'en 1531 20, 35, 58. Une grenouille, : 3, 4 9, 27. La
un lune
vieillard de Trente, âgé de cent ans, rajeunil : 9, 46, 79, 80. Un moulin : 4 5, 49, 02.
(l vécut encore cinquante ans; et Langitis dit Un ours : 24 , 50, 63. Un pendu : 47, 71.
ll»e les habitants de l'île Bonica, en Amé- Dos puces : 45, 57, 83. Des rais : 9, 40, 56.
''''l'ic, peuvent aisément s'empêcherde vieillir, Un spectre : 31, 43 , 74, etc. — Or, dans cent
parce, qu'il y a, dans cette île, une fontaine mille personnes qui niellaient à la loterie, il
<l"i rajeunit pleinement. Voy. HAQUIN. y avait cenl mille rêves différents, el il ne
—• sortait que cinq numéros; de plus, aucun
Lorsque Charles-Quint envoya armée
une na- système
i' vain en Barbarie, le général qui commandait ne se ressemblait. Si Cagliostro don-
celle expédition passa par un village de la nait pour tel rêve les numéros 11, 27, 82, uir
indiquait des numéros tout opposés.—
Lnlabi'o, où
presque tous les paysans étaient autre Secret pour gagner à la loterie. — Croirait-on
{- "gosdecenl trente-deux ans, et tous aussi
.

^atns «t dispos que s'ils n'en avaient eu que que les lives de secrets merveilleux donnent
"ente. C'était, disent les relations, un sorcier gravement ce procédé? 11 faut avant do se
mourut près coucher réciter trois fois la formule qui va
. ;
..;.
(jlli 'es rajeunissait. —En 1773
(|e Copenhague
... un matelot nommé Draken- 1 Voyages de Coel;.

.20.
LOU — £08 — LOC
suivre; après quoi vous la mourez sons l o- nom
n se trouvaient uans ta maison cl lispan,,,,
reiller, écrite sur un parchemin vierge ; et peu- /
Anne el Loys étaient de la même taillo ;
dant le sommeil le génie de votre planète condition
c était égale; ils étaient nés la m(;m{,
vient vous dire l'heure où vous devez prendre année
a et le même mois.
voire billet et vous révéler en songe les nu- Louis xxv, — voy. ANAGRAMMES. ;
méros. Voici la formule : — « Seigneur, mon- Louis de Hongrie. — Peu de temps avant
trez-moi donc un mort mangeant de bonnes la | mort do ce prince, arrivée en 4 526, connue
viandes, un beau pommier ou de l'eau cou- ilj dinaît, enfermé dans la citadelle de Binle
ranle, tous bons signes : et envoyez-moi les on vit paraître à sa porte un boiteux niai
anges Uriel, llubiel ou Barachiel, qui m'in- vêtu qui demandait avec grande instance;'!
struisent des nombres que je dois prendre parler ,
celui qui viendra juger les , au roi. Il assurait qu'il avait des cho-
pour gagner, par [
ses de la dernière importance à lui communi-
vivants et les morts et le siècle par le feu. » On le méprisa d'abord, el l'on ne dai-
Dites alors trois Pater et trois Ave pour les quer.
gna pas l'annoncer. Il cria plus haut et. pro-
âmes du purgatoire testa qu'il ne pouvait découvrir qu'au roi seul
Loudun. — Pour la possession de Loudun, ce dont il était chargé. On alla dire à Louis
voy. GHANDIEH. — L'histoire des diables de ce qui se passait. Le prince envoya le plus
Loudun est l'ouvrage d'un calviniste très- apparent des seigneurs qui étaient auprès de
partial. lui, et qui feignit d'être le roi ; il demanda à
Louis Ie'', —surnommé le Débonnaire, fils cet homme ce qu'il avail. à lui dire. Il répon-
de Cliarlemagne, né en 778, mort en 810. dit : « Je sais que vous n'êtes pas le roi ; mais
Les astrologues jouirent, dit-on , d'une grande puisqu'il méprise de m'enlendre, dites-lui
faveur à sa cour. A l'article de la mort, on qu'il mourra certainement bientôt. » Ayant
raconte qu'au moment où il recevait la béné- dit cela il disparut, el le roi mourut peu
diction il se tourna du côlé gauche, roula les après '.
yeux comme une personne en colère el pro- Louise de Savoie , — (lucllCSSO d'Allgoll-
féra ces mots allemands: hutz, hulz!!'. (de- lème, mère de François ll!'', morte en 1535.
hors dehors ! ). Ce qui fil conclure qu'il •Elle avait quelques préjugés superstitieux, el
,
s'adressait au diable, dont il redoutait les redoutait surtout les comètes. Brantôme ra-
approches i. conte que trois jours avant sa mort, ayant
Louis XI, — roi de France, né en 4 423, aperçu pendant, la nuit une gronde clarté
mort en 4483. Un astrologue ayant, prédit la dans sa chambre, elle fit tirer son rideau, el
mort d'une personne qu'il aimait, el celle fut frappée de la vue d'une comète: «Ali!
personne étant morte en effet, il crulque la pré- dil-elle alors, voilà un signe qui ne paraît pas
diction de l'astrologue en était la cause. 11 le pour une personne de basse qualité; refermez
fit. venir devant lui avec le dessein de le faire la fenêtre. C'est une comète qui m'annonce la
jeter par la fenêtre. « Toi qui prétends être mort ; il faut donc s'y préparer. » Les méde-
né si habile homme, lui dit-il, apprends-moi cins l'assuraient néanmoins qu'elle n'en élail
quel sera ton sort?» Le prophète, qui se doutait pas là. « Si je n'avais vu dit-elle le signe
du projet du prince, lui répondit : « Sire, je de ma mort, je le croirais,, car je ne, me sens
prévois que je mourrai trois jours avant votre point si bas.» —Celle comète n'eslpasla seule
majesté. » Le roi le crut, el se garda bien de1 qui ait épouvanté Louise de Savoie. Comme
le faire mourir. Du moins tel est le conte sur elle se promenait dans le bois de Bomoran-
ce roi si bizarre. tin la nuit.du 28 août 4544, elle en vil une
Louis xnr, — roi de France, né en 1604, vers l'occident, et s'écria: « Les Suisses! lc=
mort en 4 644, surnommé le Juste parce qu'ili Suisses ! » Elle resta persuadée que c'élail un
était né sous le signe de la Balance. Lorsqu'il1 avertissement que le roi serait en grande af-
épousa l'infante Anne d'Autriche, on prouva,, faire contre eux 2.
dit Sainl-Foix, qu'il y avait entre eux unei Loup. — Chez les anciens Germains et
merveilleuseet très-héroïque, correspondance. chez les Scandinaves, le diable ou le mauvais
Le nom de Loys de Bourbon contient treize5 principe était représenté par un loup énorme
lettres. Ce prince avait treize ans quand le3 et béant. A Quiniper, en Bretagne, les lia-

mariage fut résolu ; il était le treizième roii bilanls mettent dans leurs champs un trépied
de France du nom ùc- Loys. Anne d'Autriche3 ou un couteau fourchu, pour garantir le l'c"
avail aussi treize lettres en son nom; son âgee
était de treize ans, et treize infantes du même^ ' Lcunclavhis, Paiulec'ïe hist, tnreicre et sunc1-!
p. 597.
3 M. Garinet, Hist. do la magie, en France, p 41, * M, Woiss, uiogrfipliie universelle,
LOY — 309 — LUC
nil des loups et autres bêles féroces'. — in-4°. Ce volume singulier est dédié Deo op-
nline dit que si un loup aperçoit un homme iimomaximo, il est divisé en huit livres. Le
nanlqu'il en soitvu, cet homme deviendraen- premier contient la définition du spectre ; la
roué et perdra la voix; fable qui est en vigueur réfutation des saducéens, qui nient les appa-
dans toute l'Italie. — En Espagne, on parle ritions et les esprits ; la réfutation des épicu-
couvent de sorciers qui vont faire des courses riens, qui tiennent les esprits corporels etc.
,
à cheval sur des loups, le dos tourné vers la Le livre second traite, avec la physique du
lèle de la bêle, parce qu'ils ne sauraient aller temps, des illusions de nos sens, des presti-
autrement à cause de la rapidité. Ils font cent ges, des extases et métamorphoses des sor-
lieues par heure. La queue de ces loups est ciers, des philtres. Le troisième livre établit
roide comme un bâton, et il y a au bout une les degrés, charges, grades et honneurs des
chandelle qui éclaire la roule. — 11 n'y a esprits; les histoires de Philinnion et de Po-
pas un homme
à la campagne qui ne vous lycrile, et diverses aventures de spectres et
assure que les moulons devinent, à l'odorat de démons. Dans le livre suivant, on apprend
la présence du loup; qu'un troupeau no fran- à quelles personnes les spectres apparais-
chira jamais le lieu où l'on aura enterré quel- sent; on y parle des démoniaques, des pays
mie portion des entrailles d'un loup ;
qu'un où les spectres et démons se montrent plus vo-
violon monté avec dos cordes tirées des in- lontiers. Le démon de Socratc, les voix pro-
testins d'un loup mettrait en fuite tout le ber- digieuses les signes merveilleux les songes
, ,
cail. Des hommes instruits et sans préjugés diaboliques, les voyages de certaines âmes
eut vérifié toutes ces croyances et en ont re- hors do leurs corps tiennent place dans ce
connu l'absurdité. Kirker a répété à ce sujet livre. Le cinquième'traite de l'essence do
des expériences démonstratives; il a même l'âme do son origine de sa nature, de son
, ,
poussé l'épreuve jusqu'à suspendre un coeur étal après la mort, des revenants. Le livre
de loup au cou d'un mouton et le pacifique sixième roule tout entier sur l'apparition des
,
animal n'en a pas moins brouté l'herbe -.Voy. âmes ; on y démontre que les âmes des dam-
Oll.MSOX nu Loui1. nés et des bienheureux ne reviennent pas
,
koup-G-arou OU Lycanlhrope , — hommo mais seulement, les âmes qui soutirent en
ou femme métamorphosé en loup par en-
purgatoire. Dans le septième livre, on voit '
chantementou sorcellerie. V'o;/. LYCANTIIKOPIE. que la pylhonisso d'iïndor fit paraître le dia-
ble sous la figure de l'âme de Samuel. 11 est
bouviers (POSSESSION Dli), — WO|/. PlCAltl).
traité en ce livre de la magie do l'évocation
Loyer (PiEiutE UÏ), — sieur de la Brosse, ,
des démons, des sorciers, etc. Le dernier livro
conseiller du roi au siège présidial d'Angers,
est employé à l'indication dos exorcismes, fu-
ol démonograpbe, né à 11 uilié dans l'Anjou migations prières et autres moyens anlidia-
e:i 1550, auteur d'un ouvrage intitulé : 7JÎS- ,
boliques. — L'auteur, quia rempli son ouvrage
coto's el histoire des spectres, visions et appa- de recherches cl de science indigôrée com-
ritions des esprits, anges, démons et. âmes se bat le sentiment ordinaire qu'il faut ,donner
montrant visibles aux hommes; divisé en quelque chose au diable pour le renvoyer,
huit livres, desquels, par les visions merveil-
o Quanta ce qui est do donner
quelque chose
leuses el prodigieuses apparitions avenues en
au diable, dit-il, l'exorcisme ne le peut faire,
tous les siècles, tirées el recueillies des plus
célèbres auteurs tant sacrés que profanes, non pas jusqu'à un cheveu de la tète, non
jusqu'à un brin d'herbe d'un pré; car la terre
est manifestée la certitude des spectres el vi-
sions des esprits, et sont baillées les causes el tout ce qui habile en elle appartient à
des diverses sortes d'apparitions d'iceux
Dieu. »
leurs effets, leurs différences, les moyens, Lubin , •— poisson dont le fiel servit à To-
pour reconnaître les bons et les mauvais, et bie pour recouvrer la vue. On dit cm'il a con-
chasser les démons; aussi est traité des ex- tre l'ophlhalniie une grande puissance, el que
tases et ravissements; do l'essence, nature son coeur serl à chasser les démons 1.
et origine des âmes, otde leur étal après le Lucifer , •— nom de. l'esprit qui préside à
décès de leurs
corps; plus des magiciens el l'Orient, selon l'opinion des magiciens. Luci-
sorciers ; de leur communication avec les ma- fer était évoqué le lundi dans un cercle au
'"'s esprits ; ensemble des remèdes pour se milieu duquel était son nom. Il se contentait
préserver des illusions et impostures diabo- d'une souris pour prix de ses complaisances.
'"lues. Paris, chez Nicolas Buon, 4 605,1 vol. On le prend souvent pour le roi des enfers,
Voyage an Finistère, t. III, 35, Lcloyer, Hist. des spectres ou apparit. des esprits,
p. T

:. Salyues, Des ^Erreurs et des préjugés, t, I1'1", p. 9. liv. vm, p. 833.


LUI) ' — 34(1) — L'UN
Lucifer commande aux Européens el. aux ne se prêtant plus à aucune des demande-
Asiatiques. Il apparaît, sous la forme el la fi- qu'on lui fait. '.
gure du plus bel enfant. Quand il est en co- Lugubre , —oiseau du Brésil, dont le Cr:
lère, il a le visage enflammé, mais cependant funèbre, ne se fait entendre que la nuii;Co
rien de monstrueux. C'est, selon.quelque.sde- qui le fait respecter des naturels, qui
SOll(
mqnographes, le grand justicier des enfers. persuadés qu'il est chargé de leur apporte,,
Luoifériens, —nom donné aux partisans des nouvelles des morts. Léry, voyageur
de Lucifer, évoque schismatiq.ue doCagliari, français, raconte que, traversant un village
au quatrième siècle. il en scandalisa les habitants pour avoir ricie
Lucumoriens, —' sujets du czar de Mosco- l'attention avec laquelle ils écoutaient le cri
vie, qui, à l'instar de la marmotte, depuis le de cet oiseau. « Tais-loi, lui dit rudement
mois d'octobre jusqu'à la fin du mois d'avril un vieillard, ne nous empêché pas d'entendre
suivant, demeurent comme morts, au dire de les nouvelles que nos grands-pères nous en-
Leloyer 1. voient. »
îUucien, — écrivain grec dont, on ignore ^Lumière merveilleuse. — Prenez quatre
l'époque de la vie el de la mort. On a dit qu'il onces d'herbe appelée serpenlinette, mettez-
fui changé en âne , ainsi qu'Apulée , par les la dans un pot de terre bouché, puis faites-la
sorciers de Larisse, qu'il élail allé voir pour digérer au ventre de cheval, c'est — à —dire
essayer si leur art magique était visible; de dans le fumier chaud , quinze jours ; elle se
sorte qu'il devint sorcier'-. changera en de petits vers ronges , desquels
Ludlam, — sorcière, fée ou magicienne vous tirerez une huile selon les principes de
très-fameuse, dont les habitants du comté de l'art : de. cette, huile vous garnirez une lampe,
Surrey, en Angleterre, placent l'habitation et lorsqu'elle sera allumée dans une cham-
dans une caverne voisine du château de Farn- bre., elle provoquera au sommeil el endor-
bam, connu dans le pays sous le nom de Lu- mira si profondément ceux qui seront dans
dlam's Hole caverne de la mère Ludlam. La ladite chambre, cpie l'on ne pourra en éveil-
porte que celle sorcière ler aucun tant que la lampe brûlera -.
,
tradition populaire
n'était point un de ces êtres malfaisants qui Lune, la plus grande divinité du sa-

tiennent une place distinguée dans la démo- béisrne après le soleil. Pindare l'appelle l'oeil
nologie ; au contraire elle faisait du bien à de la nuit, et Horace la reine du silence. Une
,
tous ceux qui imploraient, sa protection d'une partie des Orientaux l'honoraient, sous le litre
manière convenable. Les pauvres habitants d'Urauie. C'est l'Isis des Égyptiens, l'Aslartc
du voisinage manquant, d'ustensiles de cui- des Phéniciens, la Mylilta des Perses, l'Alilat
,
sine ou d'instruments de labourage, n'avaient des Arabes, la Séléné des Grecs, et la Diane,
qu'à lui manifester leurs besoins, ils la trou- la Vénus, la Junon des Romains.- César ne
vaient disposée à leur prêter ce qui leur était donne point d'autres divinités aux peuples
nécessaire. L'homme qui voulait avoir un de du nord el aux anciens Germains que le l'eu,
ces meubles se rendait à la caverne à mi- le soleil el la lune. Le culte de la lune passa
nuit, en faisait trois fois le tour, et disait en- dans les Gaules, où lu lune avait un oracle
suite : «Bonne mère Ludlam, ayez la bonté de desservi par des druidessesdans l'île de Sein,
m'envoyor telle chose ; je vous promets de sur la côte méridionale de la Gasse-Bielagno.
vous la rendre dans deux jours.» Celle prière Les magiciennes do Thessalie se vantaient
faite on se retirait; le lendemain de grand d'avoir un grand commerce avec la lune, el
, ,
malin, on retournait à la caverne, à l'entrée de pouvoir, par leur enchantement, la déli-
de laquelle on trouvait In chose demandée. vrer du dragon qui voulait ia dévorer (lors-
Ceux qui invoquaient la mère Ludlam ne se qu'elle était éclipsée), ou la faire à leur gré
montrèrent pas toujours aussi honnêtes qu'elle; descendre sur la ferre. L'idée que cet astre
un paysan vint la prier une fois,'de lui prêter pouvait être habité a donné lieu à des fictions
une grande chaudière, et la garda plus long- ingénieuses : telles sont entre autres les
temps qu'il ne l'avait promis; la mère Ludlam, voyages de Lucien, de Cyrano de Bergerac,
offensée de ce manque d'exactitude, refusa et la fable de TArioste, qui place dans la lune
de recevoir.sa chaudière lorsqu'on la lui rap- un vaste magasin rempli de fioles étiquetées
porta; et depuis ce temps elle se venge en où le bon sens de chaque individu est ren-
fermé. On a récemment publié sous le nom
1 Leloyer, Hist. des spectres ou appnrit. des esprits, ,
liv. iv, p. 455.
?- Delancre,Tableaudorinconstaneedesdémons, etc., ' M. Noël, Dictionnaire de la Fable.
.liV. IV, p. 231. '
(
2 Le Petit Albert, p. 152.
LUN — 311 — LUT
I
iierschell, une plaisante description des pré- c! tins quelques villages, c'est, que la lune ra-
icndus habitants de la lune. — Les Péruviens i: imail les vampires. Ainsi, lorsqu'un de ces
rp,rai'(laient la lune comme la soeur et la s [lectres, poursuivi dans ses courses noclur-
femme du soleil, et comme la mère de leurs i es,
était frappé d'une balle ou d'un coup de
qu'il pouvait mourir une
juras; ils l'appelaient mère universelle de 1 ince, on pensait
lotîtes choses, el avaient pour elle la plus s econde fois; mais qu'exposé aux rayons de
crande vénération. Cependant ils ne lui 1
t lune, il reprenait ses forces perdues et le
avaient point élevé de temple, el ne lui of- ] ouvoir de sucer de nouveau les vivants.
fraient point de sacrifices. Ils prétendaient Lundi. — En Russie, le lundi passe pour
aussi que les marques noires qu'on aperçoit , m jour malheureux.
Parmi le peuple et les
dans la lune avaient été fuites par un renard . icrsonnes superstitieuses, la répugnance à
qui, ayant monté au ciel, l'avait embrassée ( uilreprendre ce jour-là quelque chose sur-
si étroitement qu'il lui avail fait ces taches à
,
| out un voyage, est si universelle, que
le pe-
force de la serrer. Suivant, les Taïtiens, les il nombre de personnes qui ne la partagent
taches que nous voyons à la lune sont des las s'y soumet par égard pour l'opinion gé-
bosquets d'une espèce d'arbres qui croissaient lérale.
autrefois à Taïti ; un accident ayant détruit
arbres, les graines furent portées par des Lure (GUILLAUME), — docteur en théologie
ces pti l'ut condamné comme sorcier, à Poitiers,
pigeons à la lune, où elles ont prospéré 1, —
Les mahomélans ont. une grande vénération •n 4 453, convaincu par sa propre confession,
la lune; ils manquent jamais de la par témoins el pour avoir été trouvé saisi
pour ne d'un pacte fait avec le diable par lecpiel il
saluer dès qu'elle parait, de lui présenter ,
leurs bourses ouvertes, et do la prier d'y
renonçait à Dieu et se donnait à icelui dia-
faire multiplier les espèces à mesure qu'elle
ble'.
croîtra. — La lune est la divinité des Nica- Siusignan. — On prétend que la maison do
borins, habitants de .lava. Lorsqu'il arrive Lusignan descend en ligne directe de Méhi-
une éclipse de lune, les Chinois idolâtres, voi- sine. Voy. MÉLUSINE.
sins de la Sibérie, poussent des cris et des (MAIITIK) le plus fameux nova-
Z.uther —
hurlements horribles, sonnent les cloches, leur religieux du seizième siècle, né ,
chaudrons, en 4 4S4
frappent contre du bois ou des el Saxe, et. mort en Vâhti. 11 fut d'abord,d'une
en
louchent à coups redoublés sur le.s timbales condition misérable, dut
son éducation à la
de la grande pagode. Ils croient que le mé- charité des moines, et entra chez les Augu.s-
chant esprit de l'air Arachula attaque la lune, tius d'iîi'furl. Devenu professeur de théologie,
et que leurs clameurs.doivent, l'effrayer. —
il s'irrita do ne pas être le judas des indul-
Il y a des gens qui prétendent que la lune est.
gences, c'est-à-dire de n'en pas tenir la
douée d'un appétit, extraordinaire; que son
bourse ; il écrivit contre le papo el .prêcha
estomac, comme celui de l'autruche, digère contre l'iîglise romaine.
des pierres; en voyant un bâtiment vermoulu, — Luther devint
épris de .Catherine Bore , religieuse ; il l'en-
ils disent que c'est la lune cpii l'a ainsi mu-
leva de son couvent avec huit autres soeurs,
tilé, et que ses rayons peuvent ronger le mar-
se hâta de l'épouser, et publia un écrit ,011 il
— Combien de personnes n'osent couper comparait ce rapt à celui que Jésus-Christ fit,
ine.
leurs cheveux dans le décours de. la lune ! dit
M- Saignes 2. Mais les médecins sont conve-
le jour de la passion, lorsqu'il arracha les
âmes de la tyrannie de.Satan.... — Quant à
nus que la lune influe sur le corps humain. La ennemis ont assuré que le diable,
plupart des peuples ont cru encore que le le- sa mort, ses
l'avait étranglé ; et d'autres, qu'il était morl
ver de la lune était, un signal mystérieux au- subitement
'l'icl les spectres sortaient de leurs tombeaux. en allant à la garde-robe, comme
Los Orientaux content que les lamies el les
Arius, après avoir trop soupe; que, son tom-
gholes vont déterrer les morts dans les cime- I beau ayant
été ouvert le lendemain de son
fi&res, et faire leurs horribles festins au clair enterrement, on n'y avait pu trouver son
l'e la lune. Dans certains cantons de l'orient ' Corps , et
qu'il en était sorti une odeur de
('o l'Allemagne,
soufre insupportable. -— George Lapôtre a
on prétendait que les vampi- ^ dit qu'il était, fils d'un démon cl d'une sor-
j 'es ne commençaient leurs infeslations qu'au cière. A la morl de Luther, disent le.s rela-
lever de la lune, et qu'ils étaient obligés do —
i tions les plus répandues, une troupe de dé-
rentrer en terre au chant du coq. L'idée la
Plus mons en deuil vint chercher cet ami de l'en—
>; extraordinaire, el cette idée fut adoptée
i V
' v°yagcs de Coolt.
' Dos Erreurs et des préjugés, etc., t. IV, p. 240. 1 Delancre, Tableau de l'inconstance des déni., etc.
liv. VI, p. 495.
LUT — 312! — LUX. ;
fer; ils étaient habillés en corbeaux. Us assis- origine. ( — L'abbé Cordemoy pense , ;iV(, ]
tèrenl invisiblemenl aux funérailles; el'Thy- beaucoup ! d'apparence de raison, que certaj,,, l
raeus ajoute qu'ils emportèrent ensuite le dé- critiques < ont tort de prétendre.que celle pi(.(.c f
funt loin de ce monde, où il ne devait que n'est pas de Luther. Il est constant qu'il était
passer. — On conte encore que le jour de sa très-visionnaire.
mort, tous les démons qui se trouvaient, en Xmtins. — Les lutins sont du nombre des '-
une. certaine ville de Brabant sortirent des démons qui ont plus de malice que de noirc ;
corps qu'ils possédaient, cl y revinrent le méchanceté. Ils se plaisent à tourmenter les
lendemain ; et comme on leur demandait où
gens, à faire des fours de laquais, el se con- <
ils avaient passé la journée précédente, ils tentent de donner plus de
peur que de mal. ;
répondirent, que par le commandement de, Cardan parle d'un de ses amis qui, couchant
leur prince, ils s'étaient rendus aux funé- dans
une chambre que hantaient les lutins
railles de Luther. •— Le valet, de Luther, qui sentit une main froide et molle comme du col
l'assistait à sa mort, déclara, en conformité de ton passer sur son cou el son visage, el cher-
ceci, qu'ayant mis la tète à la fenêtre pour cher à lui ouvrir la bouche 11 se garda bien
prendre de l'air au moment du trépas de son de bâiller ; mais, s'éveillant en sursaut, il
en-
maître, il aperçut plusieurs esprits hideux et tendit de grands éclats de rire sans rien voir
horribles qui sautaient el dansaient autour de autour de lui. Leloyer raconte que de son
la maison, et des corbeaux qui accompa- temps il avail de mauvais garnements qui —
y
gnaient le corps en croassant jusqu'à "Wit- faisaient leurs sabbats et leurs lulincries dans
temberg.... — La dispute de Luther avec le les cimetières, pour établir leur réputation et
diable a fait beaucoup de bruit. Un religieux faire craindre, et que, quand ils y étaient
vint un jour frapper rudement à sa porte, en se
parvenus, ils allaient, dans les maisons bufl'e-
demandant à lui parler. Le renégat ouvre; le ter le bon vin. Les lutins s'appelaient

prétendu moine regarde un moment le réfor- ainsi parce qu'ils prenaient quelquefois plai-
mateur, el lui dit : «J'ai découvert, dans vos sir à lutter avec les hommes. 11 y en avait un
opinions certaines erreurs papisliques, sur à Therinesse qui se battait avec tous ceux qui
lesquelles je voudrais conférer avec vous. — arrivaient dans cette ville. Au reste, disent
Parlez, répond Luther » L'inconnu propose de bons légendaires, les lutins ne mettent ni
d'abord quelques discussions assez simples, tlurelé ni violence dans leurs jeux...
que Luther résolut aisément: mais chaque Eoutschin. — Au pied du Lulschin, rocher
question nouvelle était plus difficile que la la Suisse, coule un torren!,où
précédente, el le moine supposé exposa bien- gigantesque de fratricide en voulant laver son
tôt des syllogismestrès-embarrassants.Luther se noya un
poignard ensanglanté. La nuit, à l'heure où
offensé lui dit brusquement: — «Vos questions
le meurtre fut commis, on entend encore prés
sont trop embrouillées ; j'ai pour le moment du des soupirs et comme le râle d'un
répondre. torrent
autre chose à faire que de vous » homme qui se meurt. On dit aussi que l'àini)
Cependant il se levait pour argumenter en-
du meurtrier rôde dans les environs, cher-
core, lorsqu'il remarqua que le religieux avait chant
le pied fendu, el les mains armées de grilles. un repos qu'elle no peut trouver.
N'es-tu pas,.lui dit-il, celui dont la nais- lutteurs — démons qui aiment la lutte
« ,
sance du Christ a dû briser la tôle?» El le dia- cl les petits jeux de main. C'est de leur nom
ble, qui s'attendait avec son ami à un combat qu'on a nommé les lutins.
d'esprit et non à un assaut d'injures, reçut Luxembourg (FllANÇOIS DIS MONTMOIUÎNCY),
dans la figure l'encrier de Luther, qui était — maréchal de France, né en 4 62,8 , mort en
de plomb 1. On montre encore sur la muraille 4 695. On l'accusa de s'être donné an diable
à Wittemberg les éclaboussures de l'encre. Un de ses gens, nommé Bonard, voulant re-
On trouve ce fait rapporté avec quelque dif- trouver des papiers qui étaient égarés, s'a-
férence de détails dans le livre de Luther sur dressa à un certain Lesage pour les rccoti-
la messe privée, sous le litre do Conférence! vrer. Co Lesage était un homme dérangé qt»
de Luther aveclediable*. Il èoiile que, s'élant[, se mêlait de sorcellerie et de divinations- H
éveillé un jour vers l'heure de minuit, Satani lui ordonna d'aller visiter les églises, de réci-
disputa avec lui, l'éclaira sur les erreurs dui ter des psaumes; Bonard se soumit à lotit co
catholicisme, et l'engagea à se séparer dut qu'on exigeait de lui, el les papiers ne se re-
pape. C'est donner à sa secte une assez triste> trouvèrent pas. Une fille, nommée la Dupi'b
les retenait,.. Bonard, sous les yeux de Lesage,
1 Melanchton. deExamin. theolog. operum, t. Ier.
fil une conjuration au nom du maréchal dû
3 Colloquium Lntlierum inter etdiabolnm, ab ipso
.Luthero conscriptnm, inciuç HbroDemissa
nrivata, etc. Luxembourg; la Dupjn ne rendit-rien. Déses-
LUX — 31 3 — LYC
/ré. Bonard fît signer un pacte au maréchal Lycanthropie, — transformation d'un
ni se donnait au
diable. A la suite de ces homme en loup. Le lycanthrope s'appelle
îcnécs, la Dupin fut trouvée assassinée. On communément loup-garou. Les loups-garous
; accusa le maréchal. Le pacte fut produit ont été bien long-temps la terreur des cam-
procès. Lesage déposa que le maréchal pagnes, parce qu'on savait que les sorciers ne
,,„
salait adressé au diable et à lui pour faire pouvaient se faire loups que par le secours
mourir la Dupin. Les assassins de celle fille du diable. Dans les idées des démonographes,
•ivouèrent- qu'ils l'avaient découpée en quar- un loup-garou est un sorcier que le diable
tiers- et jetée dans la rivière par les ordres dir lui-même transmue en
loup, el qu'il oblige à
maréchal. La cour des pairs devait le juger; errer dans les campagnes en poussant d'af-
mais Louvois, qui ne l'aimait pas , le fil en- freux hurlements. L'existence des loups-ga-
fermer dans un cachot. On mit de la négli- rous est attestée par Virgile, Solin, Slrnbon,
gence à instruire son procès ; enfin on lui con- Pomponius Mêla, Dionysius Afer, Vairon, el.
;
fronta Lesage et un autre sorcier, nommé par tous les jurisconsultes el. dénionoinancs
Davattx, avec lesquels on l'accusa d'avoir fait des derniers siècles. A peine commençait-on
des sortilèges pour faire mourir plus d'une à en douter sous Louis XIV. L'empereur Si-
personne. — Parmi les imputations horribles gisniond fit débattre devant lui la question des
qui faisaient la base du procès Lesage dit, loups-garous, et il fut unanimement résolu
,
mie le maréchal avait l'ait un pacte avec le que la transformation des loups-garous était
:" diable pour pouvoir allier un de ses fils avec ia un fait positif et constant — Un garnement..
famille de Louvois. Le procès dura quatorze qui voulait faire des friponneries mettait ai-
,
mois. 11 n'y eut de jugement ni pour ni contre. sément les gens en fuite en se faisant passer
: Lu Voisin, la Vigoureux el Lesage, compromis pour un loup-garou. Il n'avait- pas besoin pour
; dans ces crimes, furent brûlés à la Grève. Le cela d'avoir la figure d'un loup , puisque les
;;
maréchal de Luxembourg fut élargi, passa loups-garous de réputation étaient arrêtés
;
quelques jours à la campagne, puis revint à comme tels, quoique sous leur ligure humaine.
la cour, et reprit ses fonctions de capitaine On croyait alors qu'ils portaient le poil do
f des gardes. loup garou entre cuir et chair. — Poncer conte
ï.iisembo-arg (LA MAMÎCIIAUÎ 1)1Ï). — «Ma- qu'en Livonie, sur la lin du mois de dé-
(hune la maréchale do Luxembourg avail cembre il se trouve tous les ans un bélître
,
\ pour valet, de chambre un vieillard qui la ser-
. qui va sommer les sorciers de se rendre en
vait depuis long-temps, cl auquel elle était certain lieu; el, s'ils y manquent, le diable
; attachée. Ce vieillard tomba tout à coup dan- les y mène de force, à coups si rudement
LTieusement malade. La maréchale était dans appliqués que les marques y demeurent. Leur
l'inquiétude. Elle no cessait d'envoyer de- chef passe devant, et quelques milliers le sui-
mander des nouvelles de cet homme, cl sou- vent, traversant une rivière, laquelle passée,
\: vent allait elle-même en savoir. Se portant ils changent leur figure en celle d'un loup, se
très-bien, elle s'éveille au milieu de la nuit jettent sur les hommes et sur les troupeaux,
;': avec une agitation singulière ; elle veut sou— ci, font mille dommages. Douze jours après
,
pour demander fait valet de ils retournent au même fleuve cl redeviennent
5 lier ce que son
! chambre ; elle, ouvre les rideaux de son lil ; à
hommes. — On attrapa un jour un loup-garou
1 instant, l'imagination
fortement frappée, elle qui courait dans les rues de Padouo ; on lui
> croit apercevoir dans son appartement un fan- coupa ses pattes de loup, el il reprit au môme
j. tome couvert d'un linceul blanc; elle croit instant la forme d'homme, mais avec les bras
cn-
J tendre ces paroles:
— «Ne vousinquiélezpûint el les pieds coupés, à ce (pie dit Fincel. —
x de moi, je ne suis plus de ce monde, et avant L'an 4 oSS, en un village distant de deux lieues
; ut Pentecôte vous viendrez me rejoindre. La d'Apchon dans les montagnes d'Auvergne,
» ,
':; fièvre s'empara d'elle,
et elle fut bientôt à un gentilhomme, étant sur le soir à sa fenêtre,
; toute extrémité. Ce qui contribua le plus à aperçut un chasseur de sa connaissance, el le
; '"ignienler sa terreur, c'est qu'à l'instant pria de lui rapporter de sa chasse. Le chas-
' même où elle fut frappée de celte vision, seur en fit promesse, et, s'élant avancé dans
en question venait effectivement la plaine, il vit devant lui un gros loup qui
homme
=

-
d expirer, La maréchale cependant survécu
a venait à sa rencontre. Il lui lâcha un coup
,. a la prédiction du fantôme imaginaire, et celle d'arquebuse et le manqua. Le loup se jeta
l résurrection fait furieusement de torl
!l>ectves pour l'avenir '.
aux
aussitôt sur lui et l'attaqua fort-vivement. Mais
l'autre, en se défendant, lui ayant coupé la
f- »
palto droite avec son couteau de chasse, le
Hist. des revenants prétendus tels, t. I, loup estropiés'enfuit et ne revint plus. Comnie
i, ou p. 174.
LY-C
— 31,(t — LYC
la nuit approchait,-le chasseur gagnala-maison loup; mais ce duc, ayant préparé deux
de son ami, qui lui demanda s'il avait fait gués, les fit lancer contre ce misérable du
bonne chasse. Il lira de sa gibecière la patte aussitôt fut mis en pièces. On amena an
(|,,
-—
qu'il avait coupée au prétendu loup ; mais il médecin Pomponace un paysan atteint de iv_
fut, bien étonné de voir celte patte convertie canthropie qui criait à ses voisins de s'eiifim.
,
en main de femme, et à l'un des doigts un s'ils ne voulaient pas qu'il les mangeât. Comme
anneau.d'or que le gentilhomme reconnul être ce pauvre homme n'avait rien de la fonne
celui de son épouse. Il alla aussitôt la trouver. d'un loup, les villageois, persuadés
pouriam
Elle était auprès du feu et cachait son bras qu'il l'était, avaient commencé à l'écorchcr
,
droit sous son tablier. Comme elle refusait de pour voir s'il ne portail pas le poil sous la
l'en tirer, il lui montra la main que le chas- peau. Pomponace le guérit; ce n'était qu'un
seur avait rapportée; celle malheureuse éper- hypocondre. — 3. deNynauld a publié en lopj
due avoua que c'était elle en effet qu'on avait un traité complet de la Lycanthropie, cptil
poursuivie, sous la figure d'un loup-garou ; ce appelle aussi Folie louvière et lycaonie, niais
qui se vérifia encore en confrontant la main dont il admet incontestablement la réalité.
avec le bras dont elle faisait partie. Le mari Un sieur de Beauv.oys-de-Chauvincourt. gen-
courroucé livra sa femme à la justice; elle tilhomme angevin a fait imprimer en lijgij
fut brûlée. — On ne sait trop que penser d'une (Paris, petit in-12) ,
un volume intitulé :
telle histoire, qui est rapportée par Boguel, Discours de la lycanthropie, ou de la. tram-
comme étant de son temps. Était-ce une abo- mutation des hommes en loups. Claude, prieur
minable trame d'un mari qui voulait, comme de Laval avait publié quelques aimées
au-
disent les Wallons, être quille de sa femme ? paravant ,un autre livre sur la nièinc matière,
— Les loups-garous étaient fort communs intitulé : Dialogues de la lycanthropie. Ils
dans le Poitou; on les y appelait la bêle bi- afth'menl.tousqu'il y a certainement des loups-
gourne qui court la galipodc. Quand lesbonnes garous.— Ce qui est plus singulier, c'est
gens entendent, dans les rues, les hurlements qu'il n'y a peut-être pas de-village qui n'ait
du loup-garou, ce qui n'arrive qu'au milieu encore ses loups-garous; celui donl on va
de la nuit, ils se gardent de mettre la tête à parler est peut-être encore aux galères, lise
la fenêtre, parce que, s'ils le faisaient, ils au- faisait appeler Maréchal, el demeuraiten ISOi
raient le cou tordu. — On assure dans cette au village de Longueville, à deux lieues de
province -qu'on peut forcer le loup-garou à Môry-sur-Seine. 11 était bûcheron, faisait des
quitter sa forme d'emprunt en lui donnant un fossés, et s'occupait de divers métiers qui
coup de fourche entre les deux yeux. — On s'exercent dans la solitude et. sont par consé-
sait que la qualité dislinctive des loups-garous quent, propres à la sorcellerie.
— Avec l'aide
est un grand goût pour la chair fraîche. De- du diable, il se changeait, toutes les nuits en
lancre assure qu'ils étranglent les chiens et les loup ou en ours, el, faisait de grandes peurs
enfants; qu'ils les mangent de bon appétit; qu'ils aux bonnes gens.
— Un jeune paysan s'arma
marchen ta quatre pattes; qu'ils hurlent comme d'un fusil et l'attendit une nuit. Il aperçut un
de vrais loups, avec de grandes gueules, des monstre à quatre paltes, qui venait lourdement
yeux étincelants et, des dents crochues. — à lui. 11 le coucha en joue et. le manqua. Le
Bodin raconte sans rougir qu'on 4S42 on vit loup-garou, qui avait aussi un fusil, lira à son
un matin cent cinquante loups-garous sur une tour sur le paysan et le blessa à la jambe.
place publique de Constanlinopie.— On trouve Celui-ci, stupéfait de se trouver en face d'un
dans le roman de Persilès el Sigismonde, le loup.qui lirait des coups de fusil, se mil à fuir.
dernierouvrage de Cervantes, des îles de loups- —- A la fin, la justice informée .s'empara de
garous et des sorcières qui se changent en l'homme. On ne trouva dans le prétendu sor-
louves pour enlever leur proie; comme on cier qu'un vaurien coupable de vols el (le
,
trouve dans Gulliver une île de sorciers. Mais brigandages qu'il exerçait dans, ses courses
,
au moins ces livres sont des romans. — De- nocturnes. On le condamna aux galères per-
lancre propose ', comme un bel exemple co pétuelles. — Le.lecteur fera sans doute ici une
trait d'un duc de Russie, lequel, averti qu'un ,
réflexion toute naturelle: comment se fail-i'
sien sujet se changeait en toutes sortes de qu'un loup-garou épouvante une contrée pen-
bêtes, l'envoya chercher, et, après l'avoir en^- dant trois ou quatre o.ns sans que Ja. justice
chaîné, lui commanda de faire une expérience l'arrête? C'est encore une des misères de nos
de son art; ce qu'il fit, se transformant en paysans. Comme il y a chez eux beaucoup do
méchants ils se craignent entre eux ils ou'
, ,
1 Tableau de l'inconstancedes mauvais un discernement el une expérience qui ici"
anges,liv. lv,
p. 304. apprennent que la justice n'est pas toujours
MA»
cl ils disent: «Si nous dénonçons un
]iSie;
.
- 3 5 — MAC
corps hideux, et portail une peau de loup

coupable e.l que ce coupable ne poil pas mis pour vêlement*.
hors d'étal
de nuire, c'est un ennemi im- Iiyohnomancie, — divination qui se faisait
placable que nous allons nous faire. — Les par .l'inspection-de la flamme d'une lampe; il
Lysans sont vindicatifs. Après dix ans de ga-
on reste quelques traces. Lorsqu'une étincelle
liii'es, ils reviennent se venger de leurs dé- se détache de la mèche, elle annonce une
nonciateurs. .1.1 faudrait peùl-èlre qu'un cou- nouvelle et la direction de celle nouvelle. —
pable qui sort des galères n'eût pas le droit Voy. LAMI>A»QMAKCIIÏ.
do reparaître dans la contrée qui a été !e Lynx. — Les anciens disent des merveilles
lliéùtre de ses crimes. Voy. CVNANTIHIOWE du lynx. Non-seulement ils lui attribuent ,1a
,
ltorsANTimopiE, IUOLMÎT, etc. faculté de voir à travers les murs, mais encore
la vertu de produire des pierres précieuses.
ï,ycaon, — fils de Plioronée, roi d'Arcadie, Pline raconle sérieusement que les filets de
I'I
laquelle il donna le nom de Lycaonie. Il
bâtit sur les montagnes la ville de Lycosure, son urine se transforment en ambre, en rubis
la plus ancienne, de toute la Grèce, et y éleva
et en escarboucles; mais il ajoute que, par un
sentiment de jalousie, cet animal avare a.soin
un autel à Jupiter Lycoeus , auquel il com-
de nous dérober ces richesses, en couvrant de
mença à sacrifier des victimes humaines. Il
faisait mourir, pour les manger, tous les étran- terre ses précieuses évacuations. Sans cela
gers qui passaient dans ses Etals. Jupiter étant nous aurions pour rien l'ambre, les rubis et
allé loger ehe/. lui Lycaon se prépara à lui les escarboucles
, .
oter la vie pendant que son hôte serait en- Lysimachie, —plante ainsi nommée parce
dormi ; mais auparavant il voulut s'assurer si que, posée sur le joug auquel les boeufs et
ce n'était pas un dieu, et lui fil servir à souper.autres animaux étaient attelés, elle avait la
les membres d'un de ses hôtes, d'autres di- vertu de les empêcher de se battre.
sent d'un esclave. Un feu vengeur allumé par tysimaque, — devin donl parle Démétrius
l'ordre de Jupiter consuma bientôt, le palais, de Phalèro dans son livre de Socrale, lequel
cl J.ycaon fut changé en loup : c'est le plus gagnait sa vie à interpréter des songes par
ancien loup-garou. le moyen de certaines tables .astrologiques. 11
démon de Tliémèsc chassé se tenait ordinairement auprès du temple de
Lycas, — ,
par Bacchus z.
le champion Eulhyniius, et qui fui en grande
renommée chez les Grecs. Il élail extrême- 1 Leloyer, Histoire des spectres, p. 19S.

ment noir, avait le visage et, tout le reste du


'
M. Saignes, Des Erreurs, etc. t.. II, p. 103.
» Plutarque, "Vie d'Aristide, § L'XYl.
,

Ma , — nom japonais qui signifie esprit avec elle, de Swerl. insista .pour qu'elle en
malin; on le donne au renard, qui cause de parlât à révoque, ce qu'enfin elle accorda;
grands ravages au Japon, où clos sectaires après la conférence, qui embarrassa tout le
n'admettent qu'une espèce de dénions, uni- monde, elle s'en alla de la maison en disant :
'liiemenl destinés à animer le renard. .« S'ils savaient que je sais ce que je sais, ils
lviab, — reine des fées dans Shakspeare. diraient que je suis une sorcière. » Gn finit
Maberthe. — On lit dans ,
l'Histoire des par découvrir de grandes abominations dans
possédés de Flandre, lome II, page 3,75, qu'il cette fille. Lorsqu'on lui parlait de se con-
y a eu, en quelque royaume de l'Europe, vertir, elle répondait : «J'y penserai; il y a
lllle jeune fille nommée Maberthe, menant vingl-quatreheuresau jour. » On croit qu'elle
«ne vie célèbre, qui fut reçue en pitié dans finit par être brûlée.
'a maison du seigneur de .Swerl, l'an 4-648. Macha-Halla OU Ktessa-Hala, — astro-
W'O se faisait
passer pour sainte, et se vantait logue arabe du .huitième siècle de notre
lue son Dieu lui parlait souvent. Mais elle ère. On a de lui plusieurs ouvrages dont on
'efusa de conférer de
ces merveilles avec un trouve la liste dans Casiri. On a traduit en
"'eque. Comme on disait qu'un jour le diable latin les principaux : if Un traité des Elé-
«iva.it prise
par la main et s'était promené ments et des choses célestes ; 2° un autre,.De
MAC -— SICi — MAG
;
la {{évolution des années du monde: 3" mi en ei la présence du seigneur du lieu, el qif0
troisième De la Siynificat.ion des planètes y trouva une quantité énorme de vers;
, maj.
pour les nativités, Nuremberg, '1549. La bi- ce
ci qui surprit singulièrement l'honorable ha. ,
bliolhèque Bodléienne a parmi ses manuscrits round n et les spectateurs, c'est que plusieurs :
une traduction hébraïque de ses Problèmes de d ces vers commençaient à prendre la foiï,J, '
astrologiques, faite par Aben-Ezra. d'oiseau
d que les uns avaient des plumes M
,
OTachlyes, —• peuple fabuleux d'Afrique f' les autres étaient encore tout rouges. f> 5
que
que Pline prétend avoir eu les deux sexes et phénomène f parut si étonnant., que l'on déposa
,
deux mamelles, la droite semblable à celle la '; pièce de bois dans l'église voisine., où elle '
d'un homme et la gauche à celle d'une fut ' conservée, lîoëlius ajoute qu'il fut luj, J
, môme témoin d'un prodige semblable : que le
leinnie. ,:
ministre d'une paroisse voisine, des bords (]c <;
Macreuses, — oiseaux de la famille des ila
canards, qui sont très-communs sur les côtes mer ayant péché une grande quantité d'al-
d'Angleterre, d'Ecosse el d'Irlande. Ils ont <gués *
et do roseaux , il aperçut, à l'extrémité
leurs racines, des coquillages singuliers
été le sujet de bien des contes. Plusieurs au- de
qu'il les ouvrit el y trouva au lieu de poisson
teurs ont assuré que ces oiseaux sont produits oiseau. L'auteur assure que le pasteur lui
oeufs les les font venir des coquilles filun
sans ; uns j part de celle merveille , et qu'il fut lui-
qui se trouvent dans la mer ; d'aulres ont mémo
témoin de la vérité du ce fait
avancé qu'il y a des arbres semblables à des
saules, dont le fruit se change en macreuses, SEacrodor, — médecin écossais dont voici
elque les feuilles de ces arbres qui tombent l'aventure: «En l'année 4 574-, un nomme
sur la terre produisent des oiseaux, pendant, ,Trois-Rieux s'obligea envers un médecin écos-
que celles qui tombent dans l'eau deviennent sais nommé Macrodor (tous deux habituais
des poissons. 11 est surprenant, dit le P. Le- de '
Bordeaux) de lui servir de démon après
brun que ces pauvretés aient été si souvent sa mort; c'est-à-dire que son esprit viendrait
,
répétées, quoique divers auteurs aient re- lui obéir en tontes choses el lui faire con-
marqué el -assuré que les macreuses étaient naître ce qui était caché aux hommes. Pour
engendrées de la même manière que les autres parvenir à ces fins, ils signèrent un pacte en
oiseaux. Alberl-le-Gnmd l'avait déclaré en lettres de sang sur un parchemin vierge. 0
termes précis et depuis un voyageur a Macrodor était, regardé comme sorcier el ma-
trouvé, au nord ,
de l'Ecosse de grandes gicien ; il eut une fin misérable, ainsi que
troupes de macreuses et les oeufs qu'elles de- toute sa famille. On surprit chez lui l'obliga-
,

vaient couver, dont il mangea. — « 11 n'y a tion que nous venons do mentionner, avec
pas trois ans qu'un journal de Normandie une platine de cuivre ronde, de médiocre
laquelle étaient gravés les sept
nous racontait sérieusement, dit M. Saignes ', grandeur, sur
qu'on venait de pécher, sur les côles de noms de Dieu, sept anges, sept planètes et
Granville, un mal do vaisseau qui dormait plusieurs autres figures, caractères, lignes,
depuis plus de vingt ans sous les eaux ; que points, lous inconnus '.
l'on fut fort étonné de le trouver enveloppé Biagares, — sorciers de Mingrélie, fort re-
d'une espèce de poisson fort singulier, que les doutés des gens du pays parce qu'ils nouaient
Normands nomment bernach ou bernaehe. Or, l'aiguillette. Aussi la cérémonie du mariage
cebeniaeheoubernucleeslunlong boyau rem- se faisait toujours en secret, et sans qu'on en
pli d'eau jaunâtre au bout duquel se trouve sût le jour, de peur que ces prétendus sor-
.
une coquille qui renferme unoiseau, lequel pro- ciers ne jetassent quelques sortilèges fâcheux
duit une macreuse. Cette absurde nouvelle se sur les époux.
répandit; et les Parisiens, ajoute M. Salgues, Mages, — sectateurs de Zoroaslro, ado-
furent, bien étonnés d'apprendre qu'il y avait rateurs du feu el grands magiciens. C'est d'eux
des oies qui naissaient au bout d'un boyau que la magie ou science des mages tire son
.
dans une pelite coquille. » — .ïohnston dans nom. Ils prêchaient la métempsycose astro-
,
sa Thawnalograpliie naturelle, rapporte que nomique ; c'est-à-dire que, selon leur doc-
les macreuses se forment dans le bois pourri, trine les âmes au sortir de ce monde allaient
,
que le bois pourri se change en ver et le ver habiter successivement toutes les planètes
en oiseau. Bo'élius est celui dont l'autorité lui avant de revenir sur la terre.
paraît la plus imposante. Or ce savant rap- ïffiagle et Magiciens. — La magie esl l'11'1
porte qu'en -1490 on pécha sur les côtes d'E- de produire dans la nature des choses a«-
cosse une pièce de bois pourri , qu'on l'ouvrit
1 Delancrc, Tableau de l'inconstance des déni., etc.»
1 Des Erreurs et des préjugés, t. !•=•. p. 443. liv. il, p. 174.
M AG —217 — M AG
pouvoir des hommes, par le secours ; ttribué à cel art noir bien des accidents qui
(lu
35H5
i
démons, ou en employant certaines céré- i l'en ont pas été le produit; elil estconsîant
, .
«nies que 'a religion interdit. Celui qui < pie les écrivains des siècles passés ont en-
xerce cel arl est
appelé magicien. On dis- I ouré les historiens magiques d'une crédulité
magie noire, la magie naturelle, la l rop étendue. La magie, disent-ils, donne à
ijntrue la
r0|eslialis, c'est-à-dire l'astrologie judiciaire, < :eux qui la possèdent une puissance à laquelle
coeremonialis ; celle dernière consiste ien ne peut résister; d'un coup de baguette,
„l la
(jan5
l'invocation des dénions, en conséquence l'un mot. d'un signe, ils bouleversent les élé-
d'un pacte
formel ou tacile fait avec les puis- iients, changent l'ordre immuable de la na-
sances infernales. Ses diverses
branches sont ,ure, livrent le monde aux puissances infer-
la cabale,
l'enchantement, le sorlilôge, l'é- nales, déchaînent les tempêtes, les vents et
vocation des morts el des esprits malfaisants, les orages, en un mot, font le froid et le
la découverte des trésors
cachés cl des plus chaud. Les magiciens et, sorciers dit Vecker,
,
urands secrets; la divination, le don de pro- sont portés par l'air d'un très-léger mouve-
phétie, celui de guérir par des ternies ma- ment, vont où ils veulent, et cheminent sur
nques et par des pratiques mystérieuses les les eaux comme Oddon le pirate, lequel vol-
maladies les plus opiniâtres, de préserver de tigeait çà, et là en haute mer, sans esquif ni
,
Ions maux, de tous dangers, au moyen d'a- navire
— — On conte qu'un magicien coupa
mulettes, de talismans; la fréquentation du la lèie d'un valet en présence de plusieurs
sabbat, etc. — La magie naturelle, selon les personnes qu'il voulait divertir, el dans le
(lcmonograpb.es, est l'art de connaître l'avenir dessein de la remettre ; mais pendant qu'il so
cl de produire des effets merveilleux par des disposait à rétablir celte tôle, il vit un autre
:.
moyens naturels , mais au-dessus de la portée magicien qui s'obstinait à le contrecarrer,
du commun des hommes. La magie artificielle quelque prière qu'il lui adressât; il fit naître
: est l'art de fasciner les yeux et d'étonner les loul d'un coup un lys sur une table, el en
hommes, ou par des automates, ou par des ayant abattu la tôle, son ennemi tomba par
escamotages, on par des tours de physique. terre sans tête el sans vie. Puis il rétablit
La magie blanche est l'art de faire des celle du valet, el s'enfuit. —Mais voici un fait

opérations surprenantes par révocation des moins grotesque. —Les habitants d'IInmel sur
'; bons anges, ou simplement par adresse et le Wéser, en Basse-Saxe, étant, en l'année
'; sans aucune évocation. Dans le premier cas, '1284, tourmentés d'une quantité surprenante
j on prétend que Salomon en est l'inventeur; de rats et de souris, jusque-là qu'il ne leur
r dans le second , la magie blanche est la môme restait pas un grain qui ne fût endommagé,
'£-"- chose que la magie naturelle, confondue avec el, plusieurs d'entre eux songeant aux moyens
f la magie artificielle.— La magie noire ou de se délivrer de ce fléau , il apparut tout
i} diabolique, enseignée par le diable,'et pra- d'un coup un homme étranger, d'une taillé
-;': tiquée sous son influence, est l'art do com- extraordinaire, qui entreprit, moyennant une
\ mercer avec les dénions, en conséquenced'un somme d'argent dont on convint, de chasser
;. pacte fait avec eux, et de se servir de leur mi- sur l'heure toutes les souris hors du territoire
~ nislcre pour faire des choses au-dessus de la de la ville. Après que le marché fut conclu,
v
nature. C'est de celle magie que sont entichés il lira une flùle de sa gibecière, et se mita
y ceux qu'on appelle proprement magiciens. en jouer. Aussitôt tous les rats qui se trou-
r Chain en a été, dit—on, l'inventeur ou plutôt vaient dans les maisons, sous les toits, dans
i le conservateur ; car Dieu n'envoya le déluge, les planchers., sortirent par bandes, en plein
J disent les dénionomanes, que pour nettoyer jour, cl suivirent le joueur de flûte jusqu'au
V la terre des magiciens ot des sorciers qui la Wéser, où ayant relevé ses habits il entra
ïj'i souillaient. Cham enseigna la magie et la sor- dans la rivière, et les rats qu'il entraînait s'y
|: cellerie à son fils Misraïm, qui, pour les noyèrent. — Lorsqu'il eut ainsi exécuté sa
j; Srandes merveilles qu'il faisait, fut appelé promesse, il vint demander l'argent dont on
» ''Oroaslre. Il composa cent mille vers sur ce était convenu avec lui ; mais il ne trouva plus
j sujet, et fut emporté par le diable en pré- les bourgeois dans la disposition de le lui
% sence de ses disciples.
— Il n'est pas néces- compter. Celle mauvaise foi le rendit furieux;
|; K«re d'établir ici la vérité des faits rapportés il les menaça d'une vengeance terrible s'ils
Il *uis l'Ecriture sainte sur la magie elles ma~ ne le satisfaisaient sur-le-champ. Les bour-
1 B'cietis. Us ne sont contestés que par la mau- geois se moquèrent de lui et de ses menaces.
,{
Y'sefoides incrédules qui ont leur parti pris •—Mais, le lendemain le magicien leur ap-

|
g "enier. C'est plus tôt fait. Tous les peuples ont parut, avec une mine, effrayante, sous la
rt*onnu l'existence de la magie. Mais
on a figure d'un chasseur ;il avait un chapeau dé
MA G MAC
— 3'i 8 —
!

pourpre sur la tête; il joua d'une autre flûte statue au doigt de qui lu as mis Ion anneau
tout à fait différente de la première, et tous —Le jeune époux, effrayé, révéla la chose'
les enfants de la ville, depuis quatre ans jus- ses parents. Son père lui conseilla i\'-à\\^
qu'à douze, le suivirent spontanément. 11 les trouver Lexilis dans son cachot; il lui en rc,
mena dans une caverne, sous une montagne mil la clef. Le jeune hommes'yrendit et irouva
hors la ville, sans que depuis ce temps-là on le magicien endormi sur une table. Ani-j*
en ait jamais revu un seul, et, sans qu'on ait avoir attendu long-temps sans qu'il s'éveillât
appris ce que tous ces enfants étaient deve- il le tira doucement par le pied ; le pied avec
nus.—Depuis cette surprenante aventure, on la jambe lui demeura dans les mains
__
a pris, dansliamei, la coutume de compter Lexilis, s'éveillant alors , poussa un cri-. ]a
les années depuis la sortie des enfants, en porte du cachot se referma d'èllé-nième. I.c
mémoire de ceux qui furent perdus de cette marié tremblant se jeta aux genoux du nW_
manière ; el les annales transylvaines disent gicien, lui demanda pardon de sa maladresse,
que, vers ce temps-là , il arriva en Transyl- et implora son assistance. Le magicien pro_
vanie quelques enfants dont on n'entendait mil de le débarrasser de la statue, moyen-
pas la langue, et que ces enfants, s'y étant nant qu'on le mît en liberté. Le marché fait,
établis, y perpétuèrent aussi leur langage, il rajusta sa jambe, à sa place, et sortit.—
tellement qu'encore aujourd'hui on y parle Quand il fut libre, Lexilis écrivit une lettre
allemand-saxon. — La première preuve, de qu'il donna au jeune homme : « Va-t'en ;ï
celte histoire consiste dans la vitre d'une minuit, lui dit-il, dans le carrefour voisin où
église d'ilamel, sur laquelle elle est. peinte, aboutissent quatre rues ; attends debout ci
avec quelques lettres que le temps n'a pas en silence ce que le hasard t'amènera. Tu
encore effacées. La seconde preuve était sur n'y seras pas long-temps sans voir passer
la porte appelée la Neuve, où l'on voyait des plusieurs personnages, chevaliers piétons,
,
vers latins qui apprenaient qu'en HÏSi un laquais, gentilshommes ; les uns armés, les
magicien enleva aux habilanls cent trente autres sans armes; les uns tristes, les autres
enfants, et les emmena sous le mont Coppen- gais. Quoi que lu voies el que tu entendes,
berg. — Ces inscriptions ne prouvent, pas tout garde-loi de parler ni de remuer. Après celle
à fait que celle histoire soit vraie, mais seu- troupe, suivra ««• certain puissant de laiile,
.
lement qu'on le croyait ainsi. — Moucheni- assis sur un char ; tu- lui remettras la lettre,
berg, dans la suite de l'Argenis, raconte les sans dire un mol, et tout ce que lu désires
aventures singulières du magicien Lexilis. Ce arrivera. » —Le jeune homme fit ce qui lui
magicien ayant été mis en prison par ordre était proscrit, et vit passer un grand cortège.
du souverain de Tunis (le fait a eu lieu quel- Le maître dé la compagnie venait le dernier,
que lemps avant la splendeur de Kome), il moulé sur un char triomphal. Il passa devant
arriva dans ces entrefaites une étrange aven- le fils du geôlier ; et, jetant sur lui des re-
ture au fils du geôlier de la prison où Lexilis gards terribles, il lui demanda de quel front
était détenu. Ce jeune homme venait de se il osait se trouver à sa rencontre?'Le jeune
marier, et les parents célébraient les noces homme, mourant de peur, eut pourtant le
hors de la ville. Le soir venu, on joua au courage d'avancer la main et de présenter sa
ballon. Pour avoir la main plus libre, le jeune le;Ire. L'esprit, reconnaissant le cachet, la
marié ôla de son doigt l'anneau nuptial, et le lut aussitôt et s'écria : « Ce Lexilis sera-t-il
mit au doigt d'une statue qui était près de là. long-temps encore sur la terre!... Dn-instant
>:
Après avoir bien joué, il retourne vers la après, il envoya un de ses gens ôter l'anneau
statue pour reprendre son anneau ; mais la du doigt de la slalue, et le jeune époux cessa
main s'était fermée, et il lui fut impossible d'ôlre troublé. — Cependanl le geôlier fit an-
de le retirer. Il ne dit rien de ce prodige ; mais noncer au souverain de Tunis que Lexilis
quand tout le monde fut rentré dans la ville, s'était échappé. Tandis qu'on le cherchait de
il revint seul devant la statue, trouva la toutes parts, le magicien entra dans le palais,
main ouverte et étendue comme auparavant, suivi d'une vingtaine de jeunes filles qui
toutefois sans la bague qu'il y avait laissée. portaient des mets choisis pour le prince.
Ce second événement le jeta dans une grande Mais, tout en avouant qu'il n'avait rien mang"
surprise-. Il n'en alla pas moins rejoindre sa de si délicieux, le roi de Tunis n'en renouvela
famille. Mais il voulut inutilement se rap- pas moins l'ordre d'arrêter Lexilis. Les gardes
procher de sa femme. Du corps solide se pla- voulant s'emparer de lui ne trouvèrent à sa
çait continuellement devant lui. -—• « C'est moi place qu'un chien mort, sur le ventre duquel
que tu dois embrasser, lui dit-on enfin, puis- ils avaient tous la main... — Ce prestige ©"
que lu m'as épousée aujourd'hui': je suis la cita la risée générale. Après qu'on se f" 1
M.AG
— 31' —
i) RI A Ci

v.-ilniu, on
a"a a 'a maison du magicien ; il saisi, avec sa mâchoire, l'extrémité du fouet,
-.'inii
à sa fenêtre, regardant venir son monde. s'enleva pareillement. L'enchanteur, comme
.vùssilôl
que les soldais le virent, ils couru- s'il eût voulu retenir son bidet,' le prit par la
leiil à sa porte, qui se ferma incontinent. De queue, el fut emporté de même. La femme
«tir I» ,-OT'i 'e capilainp. des gardes lui com- de cet habile magicien empoigna à son tour
')iai](la de
-:
se rendre , le menaçant d'enfoncer les jambes de son mari, qu'elle suivit ; enfin ,
li porte s'il refusait
d'obéir. « El si je me la servante s'accrocha aux pieds de sa maî-
rends, dit Lexilis, que ferez-vous de moi? tresse, le valet aux jambes de la servante,
'_Nous vous conduirons courtoisement au et bientôt le fouet, le petit cheval, le sorcier-
prince. —".lo vous remercie de votre cour- la femme, la cuisinière, le laquais, s'enle-
toisie; mais par où irons-nous au palais? — vèrent si haut qu'on ne les vit plus. — Pen-
:
Par celte rue, » reprit le capitaine, en la mon- dant que tous les assistants demeuraient tout,
trant du doigt. El en même temps il aperçut stupéfaits d'admiration il survint un homme
,
un
grand fleuve qui venait à lui en grossis- qui leur demanda pourquoi ils bayaient aux
suit ses eaux, et rempissaif la rue qu'il venait corneilles ; et quand il lesut : « Soyez en paix,
:
de désigner, tellement, qu'en moins de rien ils leur dit-il, votre sorcier n'est pas perdu, je
en eurent
jusqu'à la gorge. Lexilis, riant, leur viens de le voir à l'autre bout de la ville,
:.
criait : « Retournez au palais, car pour moi qui descendait à son auberge avec tout
je no nie soucie pas d'y aller en barbet. » — son monde d. » Voy. IIOQUI;, AGHIPPA
- ,
l.e prince ayant appris ceci résolut de perdre FAUST, etc., etc. — On raconte qu'llemmiri-
la couronne plutôt que délaisser le magicien gius, théologien célèbre, cita mi jour deux
-impuni, il s'arma lui-même pour aller à sa vers barbares dans une de ses leçons , et
poursuite, el le trouva dans la campagne qui ajouta, pour se divertir, qu'ils pouvaient
se promenait paisiblement.
Les soldats l'en- chasser la fièvre, parce qu'ils étaient magi-
;
lourèrent pour le saisir; mais Lexilis faisant ques. L'un de ses auditeurs en fit l'essai sur
'. un geste, chaque soldat se trouva la tôle en- son'valet, el le guérit. Puis après on fit courir
.;-.
gagée entre deux piquets, avec deux cornes le remède, et il arriva que plusieurs fébrici-
île cerf qui l'empêchaient de se retirer. lis res- laiils s'en trouvèrent bien. Hemmingius, après
..
;- lurent long-temps dans cette posture, pendant. cela, se crut obligé de dire qu'il n'avait parlé
qucdesenfaiils leur donnaientdegràndScoups de la sorte qu'en riant, el que ce n'était qu'un
-

\ (le lioussiiiê sur les cornes... — Le magicien jeu d'esprit. Dès lors le remède tomba ; mais
'{ saillait d'aise à ce spectacle et le prince était il y en eut beaucoup qui ne voulurent point
,
.
furieux. Ayant aperçu à terre, aux pieds de se dédire de la confiance qu'ils y avaient ajou-
Lexilis, un morceau de parchemin carré sur tée. — Les maladies n'existent souvent que
; ,
lequel étaient tracés des caractères, le roi de dans l'imagination: telle personne guérira avec
;
5 Tunis se baissa et le ramassa, sans être vu un charlatan en qui elle a confiance ; telle autre
;
du magicien. Dès qu'il eut
ces caractères dans ne guérira point avec un excellent médecin
lu main, les soldats perdirent leurs
.;, cornes; de qui elle se défie. — Il y a eu de fous temps,
les piquets s'évanouirent Lexilis fui pris, chez tous les peuples peu éclairés, grand
p
| enchaîné, mené en prison, el de là sur l'ê- nombre de magiciens, et on a beaucoup écrit
:

;; cliafaud pour y être rompu. Mais ici il joua contre eux. Nous citerons ici quelques-uns
f encore un tour de son métier ; car, comme le des mille et un volumes qui traitent de celle
liourreau déchargeait la barre de fer
« sur lui, matière ex professa : 'I " le Traité de la magie
;
le coup tomba
sur un tambour plein de vin, blanche, ou de l'escamotage, de Decremps ;
V, (l"i se répandit sur la place, et Lexilis ne re- 2° la Magic naturelle de Porta ; 3° la Véritable
l'arut plus à Tunis..... Voici une autre magie noire ou le Secret, des secrets, ma-
,
histoire contée — ,
I
par Wierus. — Un magicien nuscrit trouvé à Jérusalem , dans le sépulcre
:,
'le Magdebourg gagnait
sa vie en faisant des de Salomon , contenant quarante-cinq talis-
tours de
; son métier, des enchantements, des mans, avec la manière de s'en servir et leurs
fascinations
:; el des prestiges, sur un théâtre merveilleuses propriétés; plus, tous les ca-
"i public Un jour qu'il montrait, pour quelque ractères magiques connus jusqu'à ce jour,
\.. monnaie, un petit cheval à qui il faisait exé- traduit de l'hébreu du mage lroé-Grego,
l; Ul|er, par ia force de sa magie, des choses Rome, '17:30. Cet ouvrage slupide est donné
g 'Croyables, après qu'il eut fini son jeu, il comme un écrit de Salomon. On y trouve sur-
I ' Qci''a qu'il gagnait trop peu d'argent avec tout des conjurations ; 4° Trinum magicum,
- »3hommes, et qu'il allait monter au ciel... ou Traité des secrets magiques, contenant des
;>- |!ant donc jeté
son fouet en l'air, ce fouet recherches sur la magie naturelle, artificielle
f "mnienca de s'enlever. Le petit cheval ayant 1 Wierus, De prïest-, lib. u, cap. 7.
MAG
— 320 — MAI
el superstitieuse, les talismans, les oracles solitaire, la rate dérangée el une fouie d'an.
de Zoroaslre, les mystères des Égyptiens, 1res maladies. On cria merveille;
Hébreux, Chaldéens, etc., in-8°. Francfort, lendemain, lorsqu'on voulut achever niais l'opéra.
|t
4 673; 5° Lettres de Saint-André, conseiller- lion le Gascon troubla l'allégresse générale
médecin ordinaire du roi, à quelques-uns de « Le, vide dont je vous ai parlé, dit-il,
ses amis, au sujet de la magie, des malé- dans ma bourse ; j'étais malade de n'avoir C5l

fices et des sorciers etc., Paris, in-42, 172b ; pas d'argent; je viens d'obtenir ma place, ».
,
G0 Traité sur la magie, le sortilège, les
pos- suis guéri et reconnaissant de la bonne chère
sessions, obsessions el maléfices, etc. ; par que vous m'avez faite, car je n'avais
M. Daugis; Paris, in-12, -1733.— Voy. UODIN, crédit. pas du
» — Les partisans du magnétisme
DELANCBE, LOVIÎH WIERUS, etc. peuvent lire VHistoire critique du maynè-
,
,»_ . islandaise.—La
BSagie . . , . T ., magie
première . de
,
Paris, ,„,„;
tisme animal, par M. Deleuze, 2 vol. in-S'-
_ . 4 84 3. Les incrédules -J i consulteront '

••„,-,
ces-peuples
„„

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aériens, el a les faire
„„„ s en servir. 1^,1
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consiste
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, „ , 7 el, doutes
Recherches
animal,
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M.
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Ihouret,
rrl . in-12,
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IvS-L
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' l ' '
la magie des grands ; cependant ces derniers Mfagoa, — l'un des plus puissants démon?,
en avaient une seconde, qui consistait à in- roi de l'Orient ; on l'évoque par l'oraison sui-
lerpréler le chant des oiseaux, surtout des vante, prononcée au milieu d'un cercle, Kilo
corneilles, les oiseaux les plus instruits dans peut- servir tous les jours et à toute heure,
la connaissance des affaires d'Élat el les plus dit un Grimoire :
— « Je te conjure el invo-
capables de prédire l'avenir ; mais, comme il q»e, ô puissant Magoa, roi de l'Orient, jc
n'en existe point en Islande, les corbeaux le fais commandement d'obéir, à ce que lu
remplissaient cet office : les rois ne faisaient aies à venir ou m/envoyer sans retardement
pasmêiiiescrupuledeseservirdecellemagie. Massayel, Asiel, Saliel, Arducl, Acorib, et
Magnétisme. — Science occulte, pratiquée sans aucun délai, pour répondre à tout ce
autrefois par 1 hérétique Marc, renouvelée je veus savoh, el faire e|c_.
par Mesmer pour la guérison des maladies, «taillât (LOUISE),
perfectionnée pour la pratique manuelle par 1l" vivi,U en '' 598 : elle Perd,,n u,sa8e do fK
- petite démoniaque,

Puyséaur, et qui produit des effets surpre- membres; on la trouva possédée de cinq dî-
nants, dit-on, mais quelquefois ténébreux; mons> ^l s appelaient loup, chat, clmn,
carions ne supporlcnlpas la lumière. Plgaull- ioh^ Wnff™. Deux de ces démons sortirent
Lebrun, qui ne crevait à rien, croyait au ma- d abord Par sa ,boucl.,° e» lormo de Pololos
gnétisme. Un Gascon, venu à Paris en oc- §rosses ?omme le Pomg; 1 une rouge comme
lobre 4819, pour solliciter une place, alla du feui et ,,aulre ^m elaiL le cl,al' s0!'"1
>
trouver un magnétiseur illustre. « Monsieur toule nolreî les autres parurent avec moins
le comte, lui di'l-il, je suis atteint d'un mal de violence, lous ces démons elanl hors du
j'ai cor'ls de la Jeun° personne , firent plusicur,
où les médecins ne peuvent rien
sans cesse des besoins.... des inquiétudes.... ,ours auPrès du fcn > disparurent. On a a.
j'éprouve un vide insupportable.... un grand cluo, c ela' 1 l'™nçoiso Secrelam qui avait rail
f
appétit.... je suis d'humeur enjouée, el je me avaler ?es dlables a cellf Pelîte /'lle 'l""'"
-
désole.... » Cette maladie sembla si em- mlc croUle de Pam de coulour de fum,c; '
brouillée qu'on négligea les autres cures pour Maîmon, — chef de la neuvième hierai"
' s'en occuper. On fil dîner le Gascon qui man- chie des démons, capitaine de ceux qui sont
,
L-ea honorablement: le soir même on voulut tentateurs, insidialeurs , dresseurs de pièges,
le magnétiser. On l'endormit si bien qu'il lesquels se tortillent autour de chaque pei"
n'éprouva aucune crise de somnambulisme, ,
sonne pour contrecarrer le bon ange",
et qu'il ne put répondre à rien. L'expérience Kîain.—Les gens superstitieuxprétendent
fut répétée plusieurs fois sans que le malade qu'un signe de croix fait de la main gaurlic
voulût jamais parler dans son sommeil ma- n'a pas de valeur, la main droite
gnétique. Il n'en parut que plus intéressant; est. destinée parce que
aux oeuvres pieuses; c'est pour'
on le soigna mieux, el, pour apprendre enfin quoi on habitue les enfants à loul faire de l'1
la cause du mal qui le tourmentait, on le main droite et à regarder la gauche comme
conduisit éveillé devant une dame qui se fai- nulle. Ce serait pourtant avantage quelle
sait magnétiser quelquefois, qui, dans ces pouvoir se servir également des deux nia'11'' un

grand
P
talent.,
,,,.,,
sortes de circonstances, devinait avec le plus
„,,,„, Llle
-r... n i ... ,louche
, eut, pas plutôt
le Oascon quelle secria qu il avait le ver îiv., Delancre,
i '
„,
i, p. 22.
„,, ,,,.".
' M. Garmct.Hist.de la magie en France, „
lalMeau de rnieoristar.ee ries
p. ,M
iw-
J<„, etc.
.„ ciem,,
MAI — 321I — MAI
1 es
nègres ne rorlcnl jamais les morceaux elle finit, sous la racine du petit doigl. — II y
riabjiiche que de la main droite, parce que, a aussi sept lubérosilés ou montagnes, qui
ra'ulre étant destinée au travail, il serait in- portent le nom des sept planètes. Nous les
décenl, disent-ils , qu'elle louchât le visage , désignerons tout à l'heure. — Pour la chiro-
et c'est
sacrilège chez eux que de blesser ce mancie , on se sert toujours de la main gau-
préjugé- Les habitants du Malabar ne sont che, parce que la droite, étant plus fatiguée,
pas moins
scrupuleux : c'est chez eux un cri- présente quelquefois dans les lignes des irré-
me de
loucher les aliments de la main gau- gularités qui ne sont point naturelles. On
che. Dès les temps anciens, les Perses el les prend donc la main gauche lorsqu'elle est re-
Modes faisaient toujours serment de la main posée, un peu fraîche el sans aucune agita-
droite; les Romains lui donnaient une si haute tion , pour voir au juste la couleur des lignes
préférence sur la gauche, que lorsqu'ils se el la forme des traits qui. s'y trouvent. La
niellaient à table ils se couchaient sur le côté figure de la main peut déjà donner une idée,
aiuche pour avoir l'autre entièrement libre ; sinon du sort futur des personnes, au moins
ils
se défiaient tellement de la main gauche ,
de leur naturel et de leur esprit. En général,
que quand ils voulaient représenter
l'amitié une grosse main annonce un esprit bouché, à
,
ils la figuraient par deux mains droites réu- moins que les doigts ne soient longs et un peu
nje3. — Arislote cite l'écrevisse comme un déliés. Une main potelée, avec des doigts qui
être privilégié d'une patte droite beaucoup plus se terminent en fuseaux, comme on se plaît
«rosse que la gauche *. Voy. GÉNIES. — Voici à en souhaiter aux femmes, n'annonce pas
les principes de l'art de dire la bonne aven- un esprit trôs-ôtendu. Des doigts qui rentrent
ture dans la main, science célèbre parmi les dans la main sont le signe non équivoque
sciences mystérieuses. appelée par les adep- d'un esprit lent, quelquefois d'un naturel on
tes chiromancie el chiroscopie, et cultivée clin à la fourberie. Des doigts qui se relèvent
spécialement par les bohémiennes. — Il y a au-dessus de la main annoncent des qualités
dans la main plusieurs parties qu'il est im- contraires. Des doigts aussi gros à l'extrémité
portant de distinguer : la paume ou dedans qu'à la racine n'annoncent rien de mauvais.
do la main ; le poing ou dehors de la main, Des doigts plus gros à la jointure du milieu
lorsqu'elle est fermée; les doigts, les ongles, qu'à la racine n'annoncent rien que de bon.
les jointures les lignes et les montagnes.
•—•
—Nous donnons sérieusement ces détails, ne
,
11
y a cinq doigts, le pouce, l'index, le doigl pensant pas qu'il soit nécessaire de les réfu-
du milieu l'annulaire, l'auriculaire ou pelil ter. — Une main large vaut mieux qu'une
,
doigl. 11 y a quinze jointures : trois au petit main trop étroite. Pour qu'une main soit, belle,
doigt, trois à l'annulaire, trois au doigl du il faut qu'elle porte en largeur la longueur du
milieu trois à l'index, deux au pouce et une doigt du milieu. —Si la ligne de la jointure,
,
entre la main et le bras. — Il y a quatre li- qui est quelquefois double , est vive el colo-
gnes principales. La ligne de la vie, qui est rée, elle annonce un heureux tempérament.
':
;
la plus importante, commence au haut de la Si elle est droite, également marquée dans
main entre le pouce et l'index, el se pro- toute sa longueur, elle promet des richesses
longe, au bas de la racine du pouce, jusqu'au
:
el du bonheur. Si la jointure présentait qua-
milieu de la jointure qui sépare la main du tre lignes visibles, égales et droites, on peut
bras; la ligne de la santé et de l'esprit, qui s'attendre à des honneurs, à des dignités, à
.' a la même origine que la ligne de vie, enlre de riches successions. Si elle est traversée do
le pouce cl l'index
coupe la main en deux el trois petites lignes perpendiculaires, ou mar-
finit au milieu de ,la base de la main, entre, quée de quelques points bien visibles, c'est
'a jointure du poignet et l'origine du pelil le signe certain qu'on sera trahi. Des lignes
;: ,
i, (l°igl; la ligne rie la fortune ou du bonheur, qui partent de la jointure et se perdent le
s qui commence à l'origine de l'index, finit sousi long du bras annoncent qu'on sera exilé. Si
la base de la main,
en deçà de la racine dui ces lignes se perdent dans la paume de la
f polit doigl; enfin la ligne do la jointure, quii main, elles présagent de longs voyages sur
S est la moins importante, se trouve sous lei terre- et sur mer. — Une femme qui porte la
bras, dans le
% passage du bras à la main;; figure "d'une croix sur la ligne de la jointure
c est plutôt un pli qu'une, ligne. remplie d'honneur et do
t;
— On remar- est chaste,- douce ;
j que une cinquième ligne qui ne se trouve pass sagesse; elle fera le bonheur de son époux.
| lais Unîtes les mains; elle se nomme ligne3 —Si la ligne dévie, qui se nomme aussi li-
un triangle,
parce que, commençant au mi- gne du coeur, est longue, marquée, égale,
| j.
lc« de la jointure, sous la racine du pouce, vivemenlcolorée,elleprésage une vie exempte
M.
,
de maux et une belle'vieillesse. Si celle ligne
ïj Salgucs, Des Erreurs et des préjugés, p. 123.
21
MAI — 3222 — MAI •

est sans couleur, tortueuse, courte, peu ap- absolument ; nue, unie, sans rameaux ni:,,
parente, séparée par de petites lignes trous- prépare la misère et l'infortune. — S'il ^
] i
versâtes, elle annonce une vie courte, une trouve une petite croix sur la ligne de la
l
fo',,

mauvaise santé. Si cette ligne est étroite, tune, c'est la marque d'un coeur libéral, an ;
I

mais longue et bien colorée, elle désigne la de la véracité, bon affable, orné de toutp
i
,
sagesse, l'esprit ingénieux. Si elle est large et les vertus. — Si la ligne du bonheur ou de j."

pâle, c'est le signe quelquefois de la sottise. fortune, au lieu de naître où nous l'avon'-
Si elle est profonde et. d'une couleur inégale, dit, prend racine entre le pouce et l'index
elle dénote la malice, le babil, la jalousie, au même lieu que la ligne de santé, de faon,',
lu présomption. Lorsqu'à son origine, entre que- les deux lignes forment ensemble un ân_ '
le pouce el l'index, la ligne- de vie se sépare glo aigu on doit s'attendre à de grands pé-
,
eh deux, de manière à former la fourche, rils, à des chagrins. Si la ligne de santé n..
c'est le signe de l'inconstance. — Si celle ligne se trouvait pas au milieu de la main, et qu'il
est coupée vers le milieu par deux petites li- n'y eût que la ligne de vie et la ligne de la
-
gnês transversales bien appareilles, c'est le fortune ou du bonheur, réunies à leur origine
signe d'une mort prochaine. Si la ligne de de manière à former un angle, c'est le pré-
vie esl entourée de petites rides qui lui don- sage qu'on perdra la tète à la bataille, eu
nent la forme d'une branche chargée de ra- qu'on sera blessé mortellement dans quelque
meaux, pourvu que ces rides s'élèvent vers affaire. — Si la ligne de la fortune est droite
le haut de la main c'est le présage des ri- el déliée dans sa partie supérieure, elle donne-
,
chesses. Si ces rides sont tournées vers le bas le talent do gouverner sa maison et de faiie
de la main , elles annoncent la pauvreté. Tou- une face honnête à ses affaires. Si cette ligne
tes les fois que la ligne de-vie est interrom- esl interrompue vers le milieu par de petites
pue , brisée, c'est autant de maladies. — La lignes transversales, elle indique la duplicité.
ligne de la santé et de l'esprit est aussi appe- — Si la ligne de la fortune esl pâle dans toute
lée ligne du milieu. Lorsqu'elle esl droite, sa longueur, elle promet la pudeur el la cha;-
bien marquée, d'une couleur naturelle, elle lelé. — La ligne du triangle manque dans
donne la santé el l'esprit, le jugement sain, beaucoup de mains, sans qu'on en soit plis
.une heureuse mémoire et une conception vive. malheureux. Si la ligne du triangle esl droite,
Si elle est longue, on jouira d'une santé par- apparente (car ordinal renient elle paraît peu],
faite. Si elle est tellement courte qu'elle n'oc- el qu'elle s'avance jusqu'à la ligne de la sauté,
cupe que la moitié de la main, elle dénote elle promet dé grandes richesses. Si elle se
.

la timidité , la faiblesse , l'avarice — Si la li- prolonge jusque vers la racine du doigt (lu
gne de santé est tortueuse , elle donne le goût milieu , elle donne les plus heureux succès.
du vol; droite, au contraire, c'est la marque Mais si elle se perd au-dessous de la racine
d'une conscience pure el d'un coeur juste. Si du petit doigt, vers le bas de la main, elle
cette ligne s'interrompt vers le milieu pour amène des rivalités. Si elle esl tortueuse,
former une espèce de demi -cercle, c'est le inégale, de quelque côté qu'elle se dirige,
présage qu'on sera exposé à de grands périls elle annonce que l'on ne sortira pas de lu
avec les bêles féroces. — La ligne de la for- pauvreté. — L'ômineiice qui se trouve à la
tune ou du bonheur commence, comme nous racine du pouce el s'étend jusqu'à la ligue de
.

l'avons dit, sous la racine de l'index, et se la vie se nomme la montagne de Vénus. Quand
termine à la base de la main , en deçà de la celte lubérosilê est douce unie, sans rides,
,
racine du petit doigt: elle est presque paral- c'est l'indice d'un heureux tempérament. &
lèle à la ligne de santé. Si la ligne de la for- celte montagne est ornée d'une petite ligne
tune esl égale, droite, assez longue el bien parallèle à la ligne de vie , et voisine de celle
i
marquée, elle annonce un excellent naturel, ligne, c'est le présage dès richesses. — Si 1(-

la force, la modestie et la constance dans le; pouce est traversé dans sa longueur de peli-
,

bien. Si, au lieu de commencer sons la racinei tes lignes qui se rendent de l'ongle à la join-
.
de l'index , entre l'index el le doigl du mi- ture, ces lignes promettent un grand héritage
lieu elle comnieiice presqu'au haut de lai Mais si le pouce esl coupé de lignes transvei-
,
main, c'est le signe rie l'orgueil. Si elle estl sa'es, comme le pli des jointures, c'esl le si-
très-rouge dans sa partie supérieure, elle dé- gne qu'on fera des voyages longs et périlleux-
note l'envie. — Si l'a ligne de la fortune est.t. Si le pouce ou là racine du pouce présenf-' 11'

chargée de petites'-lignes- formant dès ra- des, points ou des étoiles c'est la gaieté.^~
,
meaux qui s'élèvent vers le haut de la main, L'éniinence qui se trouve à la racine de 1in'
,
elle présage les dignités, le bonheur, la puis- des se nomme la montagne de Jupiter. Qua|1(l
sance et les richesses : mais si cette ligne estI, cette lubérosilê est unie et agréablement M"
MAI — 323 — MAI
înréc, c'esl 'e s'g'ne c''im heureux naturel el. uLiai, doux el net, il esl le caractère du vrai
d'un coeur
porté à la vertu. Si elle est. char- cL'ourage el de celle bravoure que la prudence
„,',(. de
petites lignes doucement marquées, aaccompagne toujours. S'il esl fortement co-
recevra des honneurs el des dignités im- hloré, il désigne l'audace, la témérité. — Lors-
on
iioiiaiiles. —• La lubérosilê qui s'élève dans la qque la montagne de Mars esl chargée de
paume de la main à la racine du doigl, du ggrosses rides, ces rides sont autant de dan-
milieu se nomme la montagne de Saturne. Si £gers plus ou moins grands, suivant la profon-
PPlte éminence est unie et naturellement co- deur
c et la longueur des rides; c'est, aussi le
Itirée, elle marque, la.simplicité et l'amour du présage
] d'une mort possible entre les mains
li-avail; mais si elle est chargée de petites ri- des
( brigands, si les lignes sont livides; elles
de?, c'est le signe de l'inquiétude, c'est l'in- ïsont l'indice d'un trépas funeste si elles sont
dire d'un esprit, prompt, à se chagriner. — Si 1fort
rouges, d'une mort, glorieuse au champ
la jointure qui sépare la main du doigt du de
i
bataille si elles sont droites. Des croix-
miiieu présente des plis tortueux, elle désigne sur
:
la montagne de Mars promettent dès di-
nu jugement
lent, un esprit paresseux une gnités ; el des commandenïeirls. — N'oublions,
,
conception dure. Une femme, qui aurait sous pas les signes des ongles. — De petits signes
le doigt du milieu, entre la seconde jointure blanchàlres sur les ongles présagent des crain-
el la jointure voisine de l'ongle, la figure d'une tes; s'ils sont noirs, ils annoncent des frayeurs
petite croix, porterait là un signe heureux et des dangers ; s'ils sont, rouges, ce qui est
pour l'avenir. La lubérosilê qui se trouve à plus rare, des malheurs et des injustices;
la racine du doigt annulaire se nomme la s'ils sont d'un blanc pur, des espérances et,
montagne du Soleil. Si celle montagne est du bonheur. — Quand ces signes se trouvent
chargée de petiles lignes naturellement mar- à la racine de l'ongle, l'-accomphsseriient de
quées, elle annonce un esprit vif el heureux, ce qu'ils présagent esl éloigné. Ils se rappro-
de l'éloquence, des talents pour les emplois, client avec le temps, et- se'trouvent à là som- .
un peu d'orgueil. Si ces lignes ne sont qu'au mité do l'ongle quand les craintes el les es-
nombre de deux elles donnent moins d'élo- péi ances se justifient par l'événement. — Pour
,
quence, mais aussi plus de modestie. Si la qu'une main soit parfaitement heureuse, il
racine du doigt annulaire est chargée de li- faut qu'elle ne soit pas trop potelée, qu'elle
gues croisées les unes sur les autres, celui soit un peu longue, que les doigts ne so'ient
qui porte ce signe sera victorieux sur ses en- pas trop arrondis, que l'on dislingue les noeuds
nemis et l'emportera sur ses rivaux.
— L'é- des
jointures. La couleur eh' sera fraîche et
' ininoiice qui s'élève dans la main à la racine douce, les ongles plus longs cpie larges; la
:
(In pelil doigt, se nomme la montagne de Mer- ligne de la vie bien marquée, égale, fraîche,
fiii'c. Si celle éminence est unie, sans rides, ne sera point interrompue et s'éteindra dans
(inaura un heureux tempérament, de la con- la ligne de la jointure. La ligne de la santé
slance dans l'esprit et dans le coeur; les hom- occupera les trois quarts de l'étendue de lu
' mes, de la modestie; les femmes, delà pudeur. ïna'ui. La ligne de là fortune sera chargée de
Si celte éminence est traversée par deux li- rameaux et vivement colorée. •— On voit, dans
gnes légères qui se dirigent vers le pelil doigt, tous les livres qui traitent do la chiromancie,
c'est la marque de la libéralité.
— L'espace que les doctes en collé matière reconnais-
" <|"i se trouve sur le bord inférieur de. la main saient deux sortes de divinations par le moyen
au-dessous de la montagne de Mercure, de- de la main : la chiromancie physique, qui,
puis la ligne du bonheur jusqu'à l'extrémité par'la simple inspection de. la main, devine
(le la ligne de l'esprit,
se nomme la monta- le caractère et les destinées dès personnes ;
<JM de la Lune. Quand cet espace esl uni, et la chiromancie astrologique, qui examine
•—
f'oux, net, il indique la paix de l'âme et
:.. un lès influences des planètes sur les lignes de
? °5prit naturellement tranquille. Lorsqu'il est la main, et croit pouvoir déterminer le carac-
''ri coloré c'est le signe de la tristesse, d'un tère el prédire" ce qui doit arriver en' calcu-
,
esprit chagrin
5 et morose, et d'un -tempéra'- lant ces influences. Nous nous sommes plus
;. ment mélancolique. Si cet espace est chargé appesantis sur les principes de la chiromancie
(,o rides, il annonce des voyages et des dan- physique, parce que c'esl la seule qui soit
Î Sers sur nier. •— L'espace qui se trouve sur encore eiî usagé. C'est aussi la plus claire' et
f le bord inférieur de la main en deçà de la la plus ancienne. — Aristole regarde la' chi-
I n,0ntagne de la Luiie depuis, l'extrémité de: romande comme une science certaine; Au-
| ,
la ligne de l'esprit jusqu'à l'extrémité infé- guste disait lui-même laboiineaventure dans
, jioure de la ligne de la jointure, se nommei la main ; mais Torquemada pense qu'on ne
.i; " montagne de Mars. Quand cel espace estt peut pas être chiromancien sans avoir aussi
' 21.
MAI — 32û Mil
un peu de nécromancie, el que ceux qui de- humeur vive el enjouée, rencontra en sor.iér,
vinent juste, en vertu de celle science sont une femme qu'on avait fait venir pour ii,.„,
inspirés par quelque mauvais esprit ,'. — des horoscopes. 11 présente sa main la vieilli
« Gardez-vous en chiromancie, dit M. Sal- le regarde en soupirant : « Quel ,dominai
,
gues 2, des lignes circulaires qui embrasse- qu'un homme si aimable n'ait plus qu'un mol-
raient la totalité du pouce ; les cabalisies les à vivre! «Quelque temps après, il s'échauffe
nomment l'anneau de Gygès, el Ad'ien Sicler à la chasse, la fièvre le saisit, son imagina,
nous prévient que ceux qui les portent cou- lion s'allume, cl la prédiction de la bohé-
rent risque qu'un jour un lacet fatal ne leur mienne s'accomplit à la lettre.... »
serre la jugulaire ; pour le prouver, il cite
Jacquin Gaumonf, enseigne de vaisseau qui Moin de gloire. —Ce que les sorciers an.
,
fui pendu pour ne s'être pas assez méfié de pellenlmain de gloire e.slla main d'un pendu,
cette funeste figure. — Ce sérail bien pis si ce qu'on prépare de la sorte : on l'enveloppe
cercle-était double en dehors et simple en de- dans un morceau de drap mortuaire, lu
en
dans: alors nul doute que votre triste carrière pressant bien pour lui faire rendre le peu de
,
ne se terminal sur une roue. Le même Adrien sang qui pourrait y être resté; puis on la met
Sicler a connu à Nîmes un fameux impie, qui dans un vase de terre, avec du sel, du sal-
fut roué en 1B59, et qui portail ce signe mor- pêtre, du zimal et du poivre long, le (oui
tel à la première, phalange. Il n'est pas pos- bien pulvérisé. On la laisse dans ce pot l'es-
sible de vous tracer toutes les lignes décrites pace de quinze jours; après quoi on l'expose
et indiquées par les plus illustres chiroman- au grand soleil de la canicule, jusqu'à ce
ciens pour découvrir la destinée et fixer qu'elle soil parfaitement desséchée ; si le. so-
l'horoscope de chaque individu; mais il est leil ne suffit pas, on la met dans un four
bon que vous sachiez qu'lsoac Kim-Ker a chauffé de fougère et de verveine. On com-

donné soixante-dix figures de mains ou pu- pose ensuite une espèce de chandelle, avec
blic ; le docte Melampus, douze ; le profond de !a graisse de pendu, de la cire vierge et
Compotus, huit; Jean de Hagen, trcnle-sepl; du sésame de. Laponie; et on se sert de lu
le subtil Piomphilius, six; l'ôriidit Corvieus, main de gloire, comme d'un chandelier, pour
cent cinquante; Jean Cirus,-vingt; Patrice tenir celte merveilleuse chandelle allumée.
Tricassus, quatre-vingts; Jean Belot, quatre; Dans tous les lieux où l'on va avec ce funeste
Traisnerus, quarante, et Perruche, six; ce instrument, ceux qui y sont demeurent im-
qui fait de bon compte quatre cent vingt-trois mobiles, et ne peuvent non plus remuer que
mains sur lesquelles votre sagacité peut s'ils étaient morts. —11 y a diverses manières
s'exercer. -— Mais, dites-vous, l'expérience de se servir de la main de gloire, que les
et les faits parlent en faveur de la chiroman- scélérats connaissentbien; mais, depuis qu'on
cie. Un Grec prédit à Alexandre de Médicis, ne pend plus chez nous, ce doit être chose
duc de Toscane, sur l'inspection de sa main, rare. Deux magiciens, étant venus loger

qu'il mourrait d'une mort violente; el il fut dans un cabaret pour y voler, demandèrent
en effet assassiné par Laurent de Médicis, à passer la nuit auprès du feu ; ce qu'ils ob-
son cousin. De tels faits ne prouvent rien; tinrent. Lorsque tout le monde fut couché, la
car si un chiromancien rencontra juste une servante, qui se défiait de la mine des deux
fois ou deux il se trompa mille- fois. A quel voyageurs, alla regarder par un trou delà
,
homme raisonnable persuadera-1—on en effet porte pour voir ce qu'ils faisaient. Elle vil
que le soleil se mêle de régler le mouvement qu'ils tiraient d'un sac la main d'un corps
de son index (comme le disent les maîtres en mort, qu'ils en oignaient les doigts do je ne
chiromancie astrologique)? que Vénus a soin sais quel onguent, el les allumaient, à l'ex-
de son pouce, et Mercure de son petit doigt? ception d'un seul qu'ils ne purent allumer,
Quoi ! Jupiter est, éloigné de vous d'environ quelques efforts qu'ils fissent; et cela parce
cent cinquante millions de lieues dans sa que, comme elle le comprit, il n'y avait
moindre distance; il est quatorze cents fois qu'elle des gens de la maison qui ne dormi'
plus gros que le petit, globe que vous habitez, point; car les autres doigts étaient allumes
et décrit dans son orbite des années de douze pour plonger dans le plus profond somiM"
ans, et vous voulez qu'il s'occupe de- votre ceux qui étaient déjà endormis. Elle alla aus-
doigt médius!... —Le docteur Bruhier, dans sitôt à son maître pour l'éveiller, mais elle no-
son ouvrage des Caprices de l'imagination, put en venir à bout, non plus que des autre-''
rapporte qu'un homme de quarante ans, d'une personnes du logis, qu'après avoir éteint les
T Hexameron, 4l journée.
doigts allumés, pendant que les deux voleur»
2 Des erreurs et des préjugés, etc., (. Tr, p. '19 e'. suiv. commençaient à faire leur coup dans i"lC
MAI — 32 5 — MAL
hnnibre voisine. Les deux magiciens , se qui fil quelque bruit. On vit tout à coup voler
voyant découverts, s'enfuirent au plus vite, en l'air des bouteilles, depuis la cave jusqu'au
et on ne
les trouva plus '. — Les voleurs ne grenier; plusieurs personnes furent blessées,
peuvent se servir de la main de gloire quand les débris de bouteilles restèrent entassés dans
la précaution de frotter le seuil de la le jardin sans que la foule des curieux pût
on a eu
porte avec un onguent composé de fiel de découvrir d'où provenait ce phénomène.
chat noir, de graisse de poule blanche el de On consulta des physiciens et des chimistes,
Jnii^de chouette, lequel onguent doit être fuit ils ne purent pas même dire de quelle ma-
dans la canicule 2. nufacture venaient les bouteilles qu'on leur
Alain invisible. — Gaspard Scliotter, dans montra. Les gens du peuple.se persuadèrent
Magie universelle livre 4, page 407, rap- qu'elles venaient de la manufacture du diable,
sii ,
porte le fait suivant, dont il a été témoin dans el, que colle aventure ne pouvait être que
enfance, cl qu'il a entendu raconter à l'ouvrage des sorciers ou des revenants; les
cou
des témoins plus âgés que lui : Deux compa- personnes plus instruites, loul aussi crédules,
gnons sortaient d'une ville, armés cl portant ne surent que penser. La police découvrit en-
leur bagage, pour aller travailler dans une fin que ces revenants n'étaient que des habi-
autre contrée. L'un d'eux, ayant trop bu , at- tants de la maison voisine, aidés d'un physi-
cien de leurs amis, qui au moyen de l'élec-
taque l'autre, qui refuse de se battre avec
Mais il reçut un coup à la Iricilé, el d'un trou imperceptible pratiqué .

un homme ivre.
[èlc; voyant couler son sang, il riposta el clans le mur, parvenaient à faire mouvoir à
perça do part en partie malheureux ivrogne.
leur gré les meubles de la maison préfendue
On accourt aussitôt de la ville, cl parmi les ensorcelée. Ils avaient pour objet d'empêcher
assistants se trouve la femme même du mort. le propriétaire de la vendre; ils se, vengeaient
Dans le moment qu'elle donne des soins à son en même temps d'une personne dont ils
époux, le meurtrier, qui s'enfuyait, se sentit croyaient avoir à se plaindre '. l'oy. Ai.iis-
saisi par une main invisible, el fut entraîné SANDIIO, AïIlÉNODORIÎ, Al'OJ.A, BoLACIlÉ, CtlAM-
auprès du magistrat-, lequel le fil mettre en MIIÏS i.N-FESTiiiïs, REVENANTS, etc.
prison. Qu'était-ce que cette main invisible? Malade. — a Divers sont les jugements qui
Celle du mort, qui revenait dégiisé. se l'ont d'aucuns, si un malade doit vivre ou
Hïainfroi OU Manfred, — roi (le NapleS, mourir; mais je publierai ce présent signe
tpii légua dans les Deux-Siciles de '1234 à infaillible, duquel se pourra servir un chacun,
HGti, lils naturel de l'empereur Frédéric IL cl en faire un ferme jugement : prenez une
Lorsqu'il fut excommunié, il s'occupa, dit- ortie, et la mettez dans l'urine du malade
on, de la magie. Pic de La Mirandolc conte incontinent après que le malade l'aura faite
que Mainfroi, étant en guerre contre Charles el. avant qu'elle soit corrompue ; laissez l'ortie
d'Anjou voulut savoir du diable l'événement dans ladite urine l'espace de vingt-quatre
,
delà bataille qu'il allait lui livrer, et que le heures; et après, si l'ortie se trouve verte,
démon pour le tromper ne lui répondit qu'en c'est un signe de vie -. » — Dclancre 5 nous
paroles ambiguës, quoique cependant, il lui conseille de ne pas admettre l'opinion des
;
prédît sa mort; et en effet, malgré le secours gnostiques, qui disent que chaque maladie a
qu'il reçut des Sarrasins, il fut lue dans le son démon, et d'éviter l'erreur populaire qui
cjmbal par un soldat. — On remarque que prétend que tous ceux qui tombent du haut-
Charles d'Anjou écrivit à Mainfroi avant la mal sont, possédés. — Les maladies ont sou-
bataille
: « Aujourd'hui je l'enverrai en enfer vent causé de grands désordres. Le P. Lebrun
s>lu ne m'envoies pas en paradis. »
— On a at- rapporte l'exemple d'une femme attaquée
tribué à Manfred un livre latin intitulé : la d'une maladie de l'oeil, qui lui faisait voir
l'om me philosophique, où il traite de la science
une foule d'images bizarres el effrayantes ;
'le l'alchimie qu'il dit être la
,
soeur germaine elle se crut ensorcelée : un habile oculiste
(lo la magie l'opéra et guérit en même temps son oeil et
3.
,
Maison ensorcelée.-—A la fin de nivôse son imagination. — La plupart des sorciers,
an '13 (4805), il s'est passé à Paris, rue loups-garous et possédés n'étaient que des
;
Nolre-Oame-de-Nazarelh, dans une ancienne malades.
,
<
maison de religieuses Cordelières, une scène OTalafar, —1)01/. YALA.FA.II.

..:
Delrio, Disquisilions magiques. 1 M. Saignes, Des erreurs et des préjugés.
£ * Le Solide trésor du Petit Albert. 2 Le Petit Albert, p. 172.
^ i,r';, °yer, Hist. des spectres et apparitions des es- 3 Tableau de l'inconstance des dém., sorc. ctvnagic.,
FUs, liv.u-,
, p. 303. liv. iv,p. 284.
MAL — 32t
!<i
— MAL
îSalaingha, —nom général des anges du dessein de nuire aux hommes, aux animaux
premier ordre chez les habitants de Mada- ou aux fruits de la terre ; on appelle encore
gascar. Ces anges font mouvoir les cieux, les maléfices les maladies el autres accidents mal-
étoiles, les planètes;, et sont chargés du gou- heureux causés par un art infernal, et qui
llc
vernement des saisons : les hommes sont con- peuvent s'enlever que par un pouvoir stn-na.
fiés à leur garde ; ils veillent sur leurs jours, I.urel. Il y a sept principales sortes de malé-
détournent les dangers qui les menacent., et fices employés parles sorciers : 1" ils niellent
écartent les démons. dans le coeur une passion criminelle; '2° i)s
Biai caduc -- Pour guérir ce mal on se sert inspirent des sentiments de haine ou d'envie
d'un anneau dont, voilà la recette : Vous ferez à une personne contre une autre ; 3° ils jet-
un auneau de pur argent, dans le chaton du- tent des ligatures ; 4° ils donnent des mala-
quel vous enchâsserez un morceau de corne, dies ; S0 ils font mourir les gens ; 6" ils ôtcnl
de pied d'élan. ; puis vous choisirez un lundi l'usage de la raison; 7" ils nuisent dans les
du -printemps auquel la lune sera en aspect biens et appauvrissent leurs ennemis. Les an-
bénin ou en conjonction avec Jupiter ou Vénus, ciens se préservaient, des maléfices à venir
el à l'heure favorable de la constellation 'vous en crachant clans leur sein. —lïn Allemagne,
graverez en dedans de l'anneau ce qui suit : quand une sorcière avait rendu un homme
+ Dabi, + Habi, -f Haber, + llabi. Soyez ou un cheval impotent et maléficié, on prenait
assuré qu'en portant habituellement cet an- les boyaux d'un_autre homme ou d'un cheval
neau au doigt du milieu de la main , il vous mort, on les traînait jusqu'à quelque logis,
garantira du mal caduc '. Si vous n'y croyez sans entrer par la porte commune, mais par
pas, moi non plus. le soupirail de la cave, ou par-dessous terre,
Maldonat, — célèbre jésuite, né en 1534, et on y brûlait ces intestins. Alors la sorcière
à Casas de la Reina dans PEsIramadure. Il qui avait jeté le maléfice sentait, dans les en-
étudia à Salamanque el entra chez les jé- trailles , une violente douleur, el s'en allait
,
suites de Rome en '1562. Deux ans après, il droit à la maison où l'on brûlait les intestins
ouvrit, au collège de Clcrmont, à Paris, un pour y prendre un charbon ardent, ce cpii
faisait cesser le mal. Si on ne lui ouvrait
cours de philosophie, dans lequel il obtint les
plus brillants succès quoiqu'il n'eût encore promptement la porte, la maison se remplis-
que treille ans. Ayant ,
formé le dessein de sait de ténèbres avec un tonnerre effroyable,
travailler à un commentaire sur les quatre et ceux qui étaienl dedans étaient contraints
évangélistes, il .crut voir, pendant quelques d'ouvrir pour conserver leur vie '. —Les sor-
nuits, un homme qui l'exhortait à finir promp- ciers, en étant un sorl on maléfice, sont, obligés
lement cet ouvrage et qui l'assurait qu'il de le. donner à quelque chose de plus consi-
l'achèverait, mais qu'il ,
survivrait peu dejours dérable que l'être ou l'objet à qui ils l'ôlciil:
à sa conclusion ; cel homme lui marquait en sinon le maléfice retombe sur eux. Mais un
,
même temps un. certain endroit du ventre, qui sorcier ne peul ôler un maléfice s'il est entre
fut le même où Maldonat sentit les vives dou- les mains de la justice; il faut, pour cela qu'il
leurs dont il .mourut en '1583 peu de temps soit pleinement libre.- Voy. HOCQUE. -*- On a
après avoir achevé son ouvrage. , regardé souvent les épidémies comme (les
maléfices. Les sorciers, disait-on, mettent
Maie-tête, —-..monstre qui passait autre- quelquefois, le seuil de la bergerie ou de
fois, daps l'opinion du peuple de Toulouse, l'élable qu'ils veulentsous
ruiner, une touffe (le
pour courir les rues la nuit. La.superstition
' cheveux, ou un crapaud avec trois maudis-
avait fait croire que tous ceux qui rencon- ,
faire mourir éliquesles
sons, pour moulons et
traient ,oii envisageaient la male-bôle, mou- les bestiaux qui dessus : on n'arrête
lendemain. passent
raient le le mal qu'en étant le maléfice. Delancre dit
Malébranche ( NICOLAS ), — savant prêtre> qu'un boulanger de Limoges voulant faire (lu
de l'Oratoire né à Paris en 4-638, mort en1 pain blanc suivant sa coutume, sa pâle fut
,
<I7'I3. On trouve dans sa Recherche de la Fe- tellement charmée et maléficiée par une sor-
-
rilé de fort bonnes choses sur la sorcellerie cière, qu'il fit du pain noir, -insipide et infect.
qu'il regarde comme une maladie d'imaginar-- ,
— Uiie magicienne pu sorcière, pour gagner
tion. — On dit qu'il n'osait pas se moucher, le-coeur d'un jeune homme,marié:, mit sous
>
parce qu'il était pers.ua.de cp.i'i.1 lui pendait .un1 son lit, dans un pot bien bouché, un crapaud
gigot de mouton au bout dii nez. qui avait les yeux fermés ; le jeune homme
Maléfices..-~- On appelle- maléfices toutess quitta sa femme et ses enfants pour s'attacher
pratiques superstitieuses employées dans les à la sorcière; mais la femme trouva le inale-
1 Le Petit Albert, page 15(1. 1 Bodin, Démonomanie, liv. iv.
MAL
MAL — 327 —
|e lit. brûler, et son mari revint à clic '. -r- Boguel coule encore qu'une jeune fille en-
,:,.,,
__Un pauvre jeune homme- ayant quitté ses
( sorcelée rendildo petits lézards, lesquels s'en-
s'ibots pour monter à une échelle, une sor- volèrent par un trou qui se fit au plancher.-
cière y
-mil quelque poison, sans qu'il s'en V'oi/. CHAUMES, ENCHA-NTESIENTS MAGICIENS*
,
iiperçùt, el le jeune homme, en descendant, Son ci Ens, etc.
hélant-donné une entorse, fut boiteux toute Malices du Démon. — On trouve sur ce
01
vie2- —Une iêmme ensorcelée devint si chapitre des légendes bien naïves. 11 y avait
•rasse, dit Delrio, que c'était une boule dont à Bonn, dilCésaire d'Heisterbach , un prêtre
voyait, plus le visage, ce qui ne laissait remarquable pureté, sa bonté et sa dé-
i,n no par sa
pas d'être
considérable. De plus, on entendait votion. Le diable plaisait à lui jouer de
les
se
dans ses entrailles le même bruit, que font petits tours de laquais; lorsqu'il lisait son bré-
poules, les coqs, les canards, les moulons, les viaire, l'esprit malin s'approchait sans se
litculs, les chiens, les cochons el. les chevaux, laisser voir, mettait sa griffe sur la leçon du
de façon qu'on aurait pu la prendre pour une bon curé el l'empêchait de finir; une autre
basse-cour ambulante. —Une sorcière avait fois il fermait le livre, ou tournait le feuillet
rendu un maçon impotent el tellement courbé à conlre-temps. Si c'était la nuit., il soufflait
qu'il avait presque la tète entre les jambes. 11 la chandelle. Le diable espérait,se donner la
accusa la sorcière du maléfice qu'il éprouvait ; joie d'impatienter son homme ; mais le bon
un 1 arrêta, et
le juge lui dit qu'elle ne se sau- prêtre recevait tout cela si bien el résistait si
verait qu'en guérissant le maçon. Elle se fit constamment à l'impatience, que l'importun
apporter par sa fille un petit paquet de sa esprit fut obligé de chercher une autre dupe].
maison, el, après avoir adoré le diable, la face Cassien parle de plusieurs esprits ou dé-
: en terre, en marmottant
quelques charmes, —
mons de la môme trempe qui se plaisaient à
elle donna le paquet au maçon, lui commanda tromper les passants, à les"détourner de leur .
de se baigner et de le mettre dans son bain chemin et à leur indiquer de fausses roules ,
,
en disant : Va de par le
diable! Le maçon le le tout, malicieux divertissement". — Un
par
lit, et guérit. Avant de mettre le paquet dans baladin avait un démon familier, qui jouait
.; le
bain, on voulut savoir ce qu'il contenait; on lui et se plaisait à lui faire des espiè-
avec
- y trouva
trois petits lézards vifs; et quand le gleries. Le malin il le réveillait en tirant les
mnron fui dans lebain, il sentit.sous lui comme couvertures, quelque froid qu'il fit ; et quand
', trois grosses carpes, qu'on chercha un moment
\
après sans rien trouver — Les sorciers niel-
lent parfois le diable dans des noix, elles don-
le baladin dormait trop profondément, son
démon remportait hors du lit et le déposait
au milieu de la chambre 3. — Pline parle do
nent aux petits enfants, qui deviennent malé- quelques jeunes gens qui furent tondus par le
;;.
liciés. Un de nos démonographes (c'est, je diable. Pendant, que ces jeunes gens dor-
\ pense, Bogiiet ) rapporte que, dans je ne sais maient, des esprits familiers, vôtus de blanc,
; quelle ville, un sorcier avait mis sur le parapet entraient dans leurs chambres, se posaient
t. (l'un pont une pomme maléliciée, pour un de sur leur lit, leur coupaient les cheveux pro-
y; ses ennemis, qui était, gourmand de lotit ce
prement, el s'en allaient après les avoir ré-
'lu'il pouvait trouver sans.desserrer la bourse.
pandus sur le plancher'1.
'- Heureusement le sorcier fut aperçu par des
gens expérimentés, qui .défendirent prudem- Malin. — C'est, une des épithôles qu'on
'j
nient à qui que ce fût d'oser porter la main à donne volontiers au démon, appelé souvent
:.
la pomme,
sous peine d'avaler le diable. 11 l'esprit malin.
fallait pourtant Fêter, à moins qu'on ne voulût
,> Malîebronohe, — marqueur de jeu de
lui donner des gardes. On fut long-temps à
5 paume, demeurant en la rue Sainte-Gene-
j-
délibérer, sans trouver aucun moyen de s'en viève, à Paris, lequel fut, le \ 1 décembre lli'l 8,
? délaire; enfin il se présenta un champion qui, visité par un revenant. C'était sa femme
!: muni d'une perche, s'avança à une distance depuis cinq Eile lui donna de ,
bons
i ()P la pomme et la poussa dans la rivière, où morte ans.
conseils qui redressèrent sa mauvaise vie,
i\ ('h»u tombée on en vil sorlir plusieurs petits mais parla montrer..On a fait là-dessus
sans se
i diables en forme de poissons. Les spectateurs une brochure in-'fî intitulée : 'Histoire nou-
| Prirent des pierres et les jetèrent à la tôle de velle et remarquable, de l'esprit d'une femme
J; C(,s petits démons, qui ne se montrèrent plus...

1 Coesarii Heisterb. n.iracuî., lib. Y, cap. 53.


,;;. nelrio, Disqiûsitions magiques. 'J- Cassiani collât. 7, cap. 32.
|. ' Delaiicre, De l'Inconstance, etc. ;! Guillelmi Parisiensis, partis 2.princip., cap. 8.
% ' ijodin, Bémonomanie. '' Pline, Hb. .YYI, epit. 27.
MAN
— 3288 — MAN
qui-s'est apparue au faubourg Saint-Mar- le Petit Albert que, voyageant en Flandres et
cel, etc. ; Paris, '1618. passant par Lille, l'auteur de cel ouvrage fm !

invité par un de ses amis à raccompat>nCr


Xffalphas — grand président des enfers
qui apparaît, sous la forme d'un corbeau., chez une vieille femme qui passait pour une
Quand il se montre avec la figure humaine, grande devineresse, el dont il découvrit la
le son de sa voix est rauque : il bâtit des ci- fourberie. Celte vieille conduisit les deux amis
tadelles et des tours inexpugnables, renverse dans un cabinet obscur, éclairé seulemem
les remparts ennemis, fait trouver de bons d'une lampe, à la lueur de laquelle on voyait,
ouvriers, donne des esprits familiers, reçoit sur une table couverte d'une nappe, une es-
des sacrifices, et trompe les sacrificateurs ; pèce de petite statue ou mandragore, assise
quarante légions obéissent à ses commande- sur un trépied, ayant la main gauche étendue
ments 1. et tenant de celle main un cordon do soie très,
déiiô, au boni duquel pendait une petite
Mammoo, — démon de l'avarice : c'est lui, mouche de fer bien poli. On avait placé au-
dilMillon, qui, le premier, apprit aux hommes dessous
un verre de cristal, en sorte que la
à déchirer le sein delà lerro pour en arracher mouche
so trouvait, suspendue au-dessus de
les trésors.
ce verre. Le mystère de la vieille consistait à
Mammouth, — animal dont la race est commander à la mandragore de frapper la
perdue; il est un sujet de vénération parmi mouche contre le. verre, pour rendre témoi-
les peuples de laSibérie, qui lui donnenlqunlre gnage de ce. que l'on voulait savoir. Ainsi elle
ou cinq mètres de longueur; sa couleur est disait, en s'adressant à la statue : « .le t'or-
grisâtre, sa lête fort longue et son front large; donne, mandragore, au nom de celui à qui lu
il lui sort des deux côtés, au-dessus des yeux, dois obéir, que si monsieur doit être heureux
des cornes qu'il remue et croise à son gré, dans le voyage qu'il va faire, lu fasses frapper
disent les Sibériens ; ils ajoutent qu'il a la trois fois la mouche contre le verre. » La mou-
faculté de s'étendre considérablement en mar- che frappait, aussitôt les trois coups demandés,
chant, et de se rétrécir en plus petit volume; quoique la vieille ne louchât aucunement ni
ses pattes ressemblent à des pattes d'ours 2. au verre, ni au cordon de soie, ni à la mouche,
Man, — ennemi de Somniona-Codom. Les ni à la statue; ce qui surprenait les specta-
Siamois le représentent comme une espèce do teurs, lit afin de mieux duper les gens par lu
monstre, avec une tête hérissée de serpents, diversité de ses oracles, la vieille faisait de
nouvelles questions à la mandragore, el lui
un visage fort large et des dents horriblement
grandes. défendait de frapper, si telle ou telle chose
devait ou ne devait pas arriver ; alors la
Mancanas, •—• imposteur qui, dans les îles mouche restait immobile. Voici en quoi
Mariannes, s'attribuait le pouvoir décom- consistait tout l'artifice de la vieille la —
mander aux éléments, de rendre la santé aux che de fer, qui était suspendue dans: le mou-
verre,
malades, de changer les saisons el de pro- étonl fort légère et bien aimantée, quand la
curer une récolle abondante ou d'heureuses vieille voulait qu'elle frappât contre le verre,
pêches. elle mettait à un de ses doigts une bague dans
Manche à balai. — Quand les sorciers et laquelle était enchâssé un assez gros morceau
les démons faisaient le sabbat, les sorcières d'aimant. On sait que la pierre d'aimant a la
s'y rendaient à cheval sur un manche à balai. vertu d'attirer le fer : l'anneau de la vieille
Mandragores, — démons familiers assez niellait en mouvement la mouche aimantée,
débonnaires; ils apparaissent sous la figure et la faisait frapper autant.do fois qu'on vou-
de petits hommes sans barbe, avec les che- lait contre le verre. Lorsqu'elle désirait que
la mouche ne frappât point, elle ôlait la bague
veux épars. Un jour qu'un mandragore osa so
montrer à la requête d'un sorcier qu'on tenait de son doigl sans qu'on s'en aperçût.avaient
Ceux
qui étaient d'intelligence avec elle
en justice, le juge ne craignit pas de lui ar- qu'il»
racher les bras et de les jeter dans le feu 3. soin de s'informer des affaires de ceux
Ce qui explique ce fait, c'est qu'on appelle' lui menaient, et c'est ainsi que tant de per-
aussi mandragores de petites poupées dans sonnes furent trompées. — Les anciens qu'ils Gcr-
lesquelles le diable se loge, et que les sorciers' mains avaient aussi des mandragores
consultent en cas d'embarras. On lit dans' nommaient Àlrunes : c'étaient des figures
de
— bois qu'ils révéraient, comme les Romains
1 Wierus, tn Pseudomonarchiâdoem.
leurs dieux Lares, et comme les nègres leurs
2 Laliarpe, Hist. clés Voyages, t. 11, p.'.lol.
fétiches. Ces figures prenaient soin des mai-
* Delrio, Disquisit:(ms magiques. sons et des personnes qui les habitaient- 0n
MAH
MAN — 32 —
E>

fiiisait des racines les plus dures, surtout tés el occupés à nuire. Leloyer ' dit que les
,,.
la mandragore : on les habillait propre- mânes étaient des démons noirs et hideux,
|B
ment, on les couchait mollement dans de po- comme les diables et les ombres infernales.
dis coffrets ; toutes
les semaines on les lavait Yoy. LÉsiuniis.
,,vec du
vin et de l'eau et. à chaque repas Manfred, — «01/. MA1KFB.0Y.
,
servait, à boire el à manger; sans
0„ leur Mang-Taar, espèce d'enfer des Ya-
,nioi elles auraient jeté des cris comme des —
qui souffriraient la faim el la soif, kouls habité par huit tribus d'esprits mal-
enfants ce ,
eût attiré des malheurs; enfin, les te- faisants ces esprits ont un chef, dont le nom
(ni on :
renfermées dans lieu secret, d'où est Acharaï Rioho, le puissant, Le bétail
nait un on
retirait les consulter. Dès dont le poil est entièrement blanc est sacré
ne les que pour
soi de pour les Yakouls, comme dévoué au grand
•—
qu'on avait le bonheur d'avoir chez
pareilles figures (hautes de huit à neuf pouces), Acharaï. Les Yakouls croient que dès que
croyait heureux, craignait plus leurs cbamaiis (prêtres sorciers) meurent, ils
on so on ne
réunissent à ces esprits.
aucun danger, on en attendait toutes sortes se
de biens, surtout la santé et la guérison des Manichéens, —seclaleursde l'hérésiarque
maladies les plus rebelles. Mais ce qui était Manès, né dans la Perse en 240. Ils recon-
encore plus admirable, c'est qu'elles faisaient naissaient deux principes également puissants,
connaître l'avenir : on les agitait pour cela, et également éternels, Dieu, auteur du bien, et
ou croyait attraper
leurs réponses dans des le diable auteur du mal.
,
hochements de fête que le mouvement leur C'est le nom que les nègres
imprimait. On dit que cette superstition des Manitou. —
donnent au diable. Voy. MATCIII-MANITOU.
anciens Germainssubsiste encore aujourd'hui
parmi le peuple de la Basse-Allemagne du Manto, — sibylle thessalienno, à qui on
,
fianemarck et do la Suède. — Les anciens altiibua cette prophétie appliquée à noire
attribuaient de grandes vertus à la plante ap- Seigneur .lésus-Chrisl : « Celui qui est grand
pelée mandragore. Les plus merveilleuses de viendra, il traversera les montagnes elles eaux
ces racines étaient celles qui avaient, pu ôlie du ciel ; il rognera dans la pauvreté et domi-,
nera dans le silence; el il naîtra d'une vier-
.,
arrosées de l'urine d'un pendu; mais on ne
pouvait l'arracher sans mourir. Pour éviter ge 2. »
ce malheur, on creusait la terre tout autour, faux prophète el peintre célèbre
Many,
on y fixait, une corde attachée par l'autre ex-
-—
; parmi les Orientaux, qui fonda en Perse une
tréiniié au cou d'un chien ; ensuite, ce chien
secte dont l'existence des deux principes éter-
^ étant chassé arrachait la racine en s'enfuyani,
nels du bien et du mal, la métempsycose,
il succombait à l'opération; mais l'heureux
;,;
l'abstinence des-viandes, la prohibition du
; mortel qui ramassait alors cette racine ne meurtre de tout animal, sont les dogmes prin-
courait plus le moindre danger, el possédait
cipaux.
au trésor inestimable contre les maléfices.
-
l'oi/. BOUCIUÎY, BRIOCHÉ etc. Maoridath, — préservatif contre les en-
, chantements. C'est le nom que les musulmans
f Mânes, — dieux des morts, qui présidaient donnent aux deux derniers chapitres du Ko-
\ t'iix tombeaux chez les anciens; mais plus ran qu'ils récitent souvent pour se garantir
f souvent encore les mânes sont les âmes des des ,sortilèges et de toutes autres mauvaises
inorls. Le nom de mânes en Italie était par- rencontres.
y.
heiilièreiiienl attribué aux génies bienfaisants grand président des
.;
Marbas ou Barbas, —
5; el secourablos. Ces dieux pouvaient sortir des enfers ; il se montre sous la forme d'un lion
( enfers
> avec la permission de Summanus, leur furieux; lorsqu'il est en présence d'un exor-
souverain. Ovide rapporte que, dans une
, ciste il prend ia figure humaine et répond
1 Ksle violente, on vit les mânes sortir des ,
choses cachées ; il envoie les mala-
tombeaux et sur les
errer dans la ville et les champs dies; il donne la connaissance des arts mé-
;,
| °" jetant des hurlements affreux. Ces
"''uns
appa- caniques; il change l'homme en différentes
ï: ne cessèrent avec la peste,'suivantet métamorphoses; il commande trente-six lé-
l'oote, que lorsqu'on eut établi les fêtes fèra-
ç
| cs. instituées
par Numa , et qu'on eut rendu
b ,u,x ombres le culte ordinaire qu'on avait de
gions 3.

| luis quelque temps interrompu.


— Lorsqui
!
1 Hist. des spectres, etc.
3 Magnusveniet, et transibit monteset aquas coeli et
s Cs mânes étaient nommés Lémures ou Rému- regnabit in panpertate et in silentio dominabitur, nas-
| esi on les regardait
comme des génies irri-
ceturque ex utero virginis.
3 Wierus, in Pseudomonarchiâ dremon
M Ait 3.30 MALI

Marc. — L'hérésiarque Valenli.n eut entre rie.
1
Les paroles n'ont pas ici vertu. Si un l(,s
autres disciples un nommé Marc, qui exerçait ajoute,
; ce n'est que pour donner à l'oeuvre,
une espèce de magnétisme par lequel il pré- quelque
1
solennité, el pour contenter les gens
tendait communiquer le don de prophétie. qui
1
veulent que tout se fasse en cérémonie
Quand une femme à qui il avait promis ce
don lui disait: — Mais je nesuispasprophé- — Le marc de café, après qu'on l'a vorsj
dans
1
l'assiette, y laisse donc diverses figures.
tessc ; il faisait sur elle des invocations afin de Il s'agit de les démêler ; car il y a des cour-
l'étonner, el lui disait- : — Ouvre la bouche bes des ondulations, des ronds des ovales,
et dis tout ce qui le viendra, tu prophétiseras. des ,carrés, des triangles, etc. —Si ,
le nombre
La pauvre femme se hasardait el, se croyait des ronds ou cercles, plus ou moins parfails
prophétesse. -^ Il donnait dans la cabale; et l'emporte sur la quantité des autres ligures
sans doute ses sectateurs tenaient de lui celle ce signe, annonce que la personne recevra (|c
doctrine, que les vingt-quatre lettres de. l'al- l'arge::t. S'il y a peu de ronds il y a de la
phabet sont vingt-quatre éons ou esprits qui ,
gène dans les finances de la personne. quj
dirigent toutes choses. On ajoute que dans ses consulte. — Des figures carrées annoncent
prestiges, car il faisait aussi de la magie, il des désagréments en raison de leur nombre.
était secondé par le démon Azazel. Des figures ovales promettent du succès dans
Marc de café ( A HT UE BI.BE LA IIONKIÎ les affaires quand elles sont nombreuses on
AVENTunis l'Ait uî). •— Les préparatifs de distinctement, marquées. — Des lignes gran-
VAride lire les choses futures dans le marc de des ou petites, quand elles sont, saillantes ou
café sont fort simples. Vous laisserez dans la multipliées, présagent une vieillesse heureuse.
cafetière le marc que le café y a laissé; qu'il Les ondulations ou lignes qui serpentent an-,
soit- vieux ou frais, il a des résultats, pourvu noncent des revers et des succès entremêlés.
qu'il soit à peu près sec quand vous voudrez — Une croix au milieu des dessins de l'as-
l'employer. -Vous jetterez un verre d'eau sur siette promet une mort douce. Trois eioix
ce marc; vous le ferez chauffer jusqu'à ce présagent des honneurs. S'il se trouve dans
qu'il se délaie. Vous aurez une assiette blan- l'assiette un grand nombre de croix, on re-
che, sans tache, essuyée et séchée. Vous re- viendra à Dieu après la fougue des passions.
muerez d'abord le marc avec une cuiller, — Un triangle promet un emploi honorable.
vous le verserez sur l'assiette, mais en petite Trois triangles à peu de distance l'un de l'au-
quantité et de façon qu'il n'emplisse l'assiette tre sont, un signe heureux. ]£n général, colle-
qu'à moitié. Vous l'agiterez en tc-us sens, avec figure esl de bon présage. Une figure qui au-
légèreté, pendant une minute-; ensuite vous rait la forme- d'un 11 annonce un empoisonne-
répandrez doucement tout le liquide dans un ment. Un carré long bien distinct promet des
autre vase. — Par ce moyen il ne reste discordes dans le ménage. — Si vous aper-
dans l'assiette que des particules, de marc de cevez au milieu des dessins de l'assiette une
café disposées de mille manières el formant raie dégagée, c'est un chemin qui annonce un
,
une foule de dessins hiéroglyphiques. Si ces voyage. Il sera long si ce chemin s'étend; fa-
dessins sont trop brouillés, que le marc so.il cile si le chemin est net; embarrassé si le
trop épais, que l'assiette ne ressemble à rien, " chemin esl. chargé de points ou de petites li-

vous recommencerez l'opération.. On ne peut gnes. — Un rond dans lequel on trouve qua-
lire les secrets de la destinée que si les des- tre points promet un enfant. Deux ronds de
sins de l'assiette sont clairs el distincts, quoi- celle sorte en promettent deux et ainsi de
que pressés. — Les bords sont ordinairement suite. — Si vous découvrez dans, l'assiette la
plus épais ; il y a même souvent des parties figure d'une maison à côté d'un cercle, atten-
embrouillées dans ,1e milieu; mais on ne s'en dez-vous à posséder celle maison- lïlhi sci;l
inquiète point; on peut deviner quand la ma- à la ville si vous voyez un X dans le voisinage.
jeure partie de l'assiette est déchiffrable. — Elle sera à la campagne si vous distinguez
11 y a des sibylles qui prétendent qu'on doit auprès de ce signe la forme d'un arbre ou
dire certaines paroles mystérieuses ' en ver- d'un arbuste, ou quelque plante quelconque.
sant .l'eau dans la cafetière., en remuant le Celle maison vous sera donnée ou vous l'au-
marc avec la cuiller devant le feu, et en le rez par héritage, si elle esl accompagnée de
répandant sur l'assiette : c'est une superche- triangles. Vous y mourrez si elle est surmon-
tée d'une croix. peut-être
Les voici. En jetant l'eau sur le marc : Aqua hnra-
— Vous trouverez
1 la forme d'une couronne, elle vous annonce
xit vr.nias curajos; en remuant le marc avec la cuiller :
Fixalur «i patricam explinobit lornare ; en répandant le des succès à la cour. — On rencontre souve»1
marc sur l'assiette : JJax vcriicalinc, pax funlus 7llaro- la figure d'un ou de plusieurs petits poissons;
bum, mai. destinatiu;, vcktapoyol. Ces paroles ne signi-
fient rien, ne s'adressent.à personne, et sont sans utilité. ils annoncent qu'on sera invité à quelque- ta-
M AU
— c'a I — MAR
figure d'un animal à quatre pâlies laleme.nl l'aumône à une pauvre femme qui
„,,., La
nidinct- (les peines. La figure d'un oiseau pré- avait plusieurs enfants el lui ayant reproché
un coup de bonheur. Si l'oiseau semble sa fécondité , celle pauvresse lui prédit
'.,„e
pl-'ïsdans un filet, c'esl. un procès. La figure qu'elle-même aurait autant d'enfants qu'il y
(l'un reptile annonce une
trahison. La figure a de jours dans l'an. Elle accoucha en effet
(l'une rose promet la santé ; la forme d'un de trois cent soixante-cinq enfants qui furent
saule pleureur, une mélancolie; la figure d'un présentés sur deux grands plats à Loosduy-
buisson, des retards. La forme d'une roue esl le nen prés de La Haye, où celte histoire n'est
sj.'ne d'un accident. Une fenêtre ou plusieurs pas mise en doute, et où les deux plats ont
carrés joints ensemble de manière à former été conservés ainsi que le tombeau des trois
une espèce
de croisée vous avertissent que cent soixante-cinq enfants , morts aussitôt
,
vous serez volé. — vous voyez une tèle ou après leur baptême.
Si
une l'orme
de chien à côté d'une figure hu- Marguerite, — Italienne, qui avait un es-
maine, vous avez un ami. Si vous voyez un prit familier. Lenglel-Dufresnoyrapporte ainsi
homme monté sur un cheval ou sur tout au- son histoire, sur le témoignage de Cadrau : —
lic quadrupède , un homme estimable fait « Il y avait à Milan une femme,
nommée Mar-
pour vous de grandes démarches. Quand guerite qui publiait partout qu'elle avait un
vous apercevez trois figures l'une auprès de esprit familier qui la suivait et l'ac-
,
diable ou
l'autre, attendez quelque emploi honorable. compagnait partout, mais qui pourtant s'ab-
Si vous distinguiez une couronne de croix, un sentait deux ou trois mois de l'année. Elle
liommo de vos parents mourrait dans l'année. trafiquait de cet esprit, car souvent tille était
Une couronne de triangles ou de carrés an- appelée en beaucoup de maisons, et i.nconlis-
nonce la mort d'une de vos parentes égale- nent qu'on lui avait fait commandement d'é-
ment dans l'année qui couit. Un bouquet esprit, elle courbait la lète ou
voquer son
composé do quatre Heurs, ou d'un plus grand l'enveloppait de son tablier, et commençait à
nombre, esl le plus heureux de tous les pré- l'appeler et adjurer en sa langue italienne; il
sages. Voilà. se présentait soudain à elle el répondait à son
Marchocias, — grand marquis des enfers; évocation ; la voix de cel esprit ne s'entendait,
il se montre sous la figure d'une louve féroce,
pas auprès d'elle, mais loin , comme si elle
avec des ailes de griffon et une queue de ser- fût sortie de quelque trou de muraille; et si
pent.. Il vomit des flammes. Lorsqu'il prend la quelqu'un se voulait approcher du lieu où la
ligure humaine, on croit voir un grand soldat; voix do cet esprit résonnait, il était étonné
il obéit aux exorcistes, est de l'ordre des do- qu'il ne l'entendait plus en ce lieu , mais en
minations, et commande trente- légions 1. quelque autre coin de la maison ; quant à sa
Marcionttes, -— hérétiques du cinquième voix , elle n'était point articulée ni formée do
siècle, qui avaient pour chef Marcion. Ils manière qu'on la put entendre ; mais elle était
étaient dualistes et disaient que Dieu avait grêle el faible, de sorte qu'elle se pouvait dire
ruée nos âmes, mais que le diable, jaloux avait, plutôt un murmure qu'un son de voix; et
aussitôt créé nos corps, dans lesquels il avait après que cet. esprit avait ainsi sifflé et mur-
emprisonné lesdiles âmes. muré celte vieille lui servait de truchement,
,
Mardî. — Si on .rogne ses ongles les jours et faisait entendre aux autres ce qu'il avait
dit.. Elle a demeuré en quelques maisons où
(le la semaine qui ont
un ]\, comme le mardi,
le mercredi et le vendredi, il viendra des il y a des 'femmes qui ont observé ses façons
en- de faire, qui disent qu'elle enferme quelque-
vies aux doigts.
esprit, en un linceul, el, qu'il a cou-
Margaritomancie, — divination par les fois cel
l'erles. On en pose une auprès du feu on la tume do lui mordre la bouche tellement qu'elle
;
a presque toujours les lèvres ulcérées. Celte
«-'ouvre d'un vase renversé ; on l'enchante en
récitant les noms de ceux qui sont suspects.
misérable femme est en si grande horreur à
le monde à cause de cet esprit, qu'elle ne
*>} quelque
chose a été dérobé au moment, touL
"•u le nom du larron est prononcé, la perle
trouve personne qui la veuille loger ou fré-
tondit en haut et quenter avec elle '. » Nous n'ayons pas be-
perce le tond du.vase pour soin d'ajouter que- c'était là un tour de v.e.nl.r.i-
b0rlir; c'est ainsi qu'on reconnaît le coupable2.
loquie.
Marguerite,— princesse hollandaise qui
IVi"l au treizième siècle. Ayant refusé bru- Mariacho de Molères, — insigne sorcière
qui l'ut accusée par une jeune fille nommée
' VU-
lorns, in Pseudpmonarchiâ drem.
^ tî'ancre, Incrédulité et. mécréance du sortilège
iilt.;»
"cmt'»ient convaincue, 270. 1 lîecueil de Dissertât, de Lenglet-Dufi-esnoy, t. 1T,
p. p. loti.
MAR 332 MAR
Marie Aspiculetle, âgée de dix-neuf ans, de divination s'appelle en russe mosl masiiiei
l'avoir menée au sabbal, remportant sur son
— On lit dans les admirables secrets du pe'_
cou après s'être frottée d'une eau épaisse et lit. Albert, cette manière de connaîlre avec qui
verdâtre, dont elle se graissait les mains, les on s'unira. Il faut avoir du corail pulvérisé
hanches et les genoux *. el
de la poudre d'aimant, les délayer ensemble
du sang de pigeon blanc; on fera un ne.
Mariagrane (MAIUE), — sorcière qui dit avec
avoir vu souvent le diable, et qui se trouve lit peloton de. pâle qu'on enveloppera d'ans un
citée dans Delancre. morceau de taffetas bleu , on se le pendra au
cou; on mettra sous son chevet une branche
Mariage. — On a plusieurs moyens de de myrte vert, et on verra en songe la per-
connaître quand el avec qui on se mariera. sonne qu'on doit épouser. Les filles ou veuves
M. Chopin conte qu'en Russie les jeunes filles obtiennent le même résultat en liant une
curieuses de connaître si elles seront mariées branche de peuplier avec leurs chausses sous
dans l'année forment un cercle dans lequel le chevet, et se frottant les tempes avant de
chacune répand devant soi une pincée de dormir d'un peu de sang do huppe. — On
grains d'avoine. Cela fait, une femme placée croit, aussi dans plusieurs provinces que les
au centre, et tenant un coq enveloppé, tourne époux qui mangent ou boivent avant la célé-
plusieurs fois sur elle-même en fermant les bration du mariage ont des enfants niuets.
yeux et lâche l'animal, qu'on a eu soin d'affa- TS/îarigny (Ex GUI; nu A Ni) m.'), —ministre de
mer; il ne manque pas d'aller picoler le grain. Louis X, roi de France. Alix de Mons, femme
Celle dont l'avoine a été la première enlaniée d'Enguerrand, et la dame de Canteleu,
su
peut compter sur un prochain mariage. Plus soeur, furent accusées d'avoir eu recours aux
le coq y met d'avidité et plus promplement sortilèges pour envoûter le roi, messire Char-
l'union pronostiquée doit ,
se conclure. •— S'il les son frère et autres barons, cl d'avoir fait
est naturel à une jeune fille russe de désirer des maléfices pour faire évader Enguerrand
le mariage il ne l'est pas moins qu'elle sou- qui était emprisonné. On lit arièler les deux
,
haite de connaître celui qui sera son époux. dames. Jacques Dulot, magicien, qui élail
Le moyen suivant satisfait sa curiosité. Elle censé les avoir aidées de ses sortilèges, fut
se rend à minuit dans une chambre écartée mis en prison; sa femme fui brûlée, et son
où sont préparés deux miroirs placés parallè- valet pendu. Dulot, craignant pareil supplice,
lement vis-à-vis l'un de l'autre et éclairés de se tua ou fut tué dans son cachot. Le comte
deux flambeaux. Elle s'assied et prononce par de Valois, oncle du roi, lui fit considérer que
trois fois 2 ces mots : Klo moy soujnoy kt.o la mort volontaire du magicien était une
moy riajnoy, tôt polmjetsia mnie. <c Que celui grande preuve contre Marigny. On montra au
qui sera mon époux m'apparaisse ! » Après monarque lés images de cire ; il se laissa per-
quoi elle porte ses regards sur l'un des mi- suader et déclara qu'il ôtail sa main do Mari-
roirs, et la réflexion lui présente une longue gny, et qu'il l'abandonnailà son oncle. On as-
suite de glaces ; sa vue doit se fixer sur un es- sembla aussitôt quelques juges ; la délibéra-
pace éloigné et plus obscur, où l'on prétend tion ne fut pas longue : Marigny fut condamné,
que se fait l'apparition. On conçoit que plus malgré sa qualité de gentilhomme , à èlrc
ie lieu observé paraît éloigné, et plus il est fa- pendu
comme sorcier; l'arrêt fut exécuté la
cile à l'imagina lion déjà préoccupée de se faire veille de l'Ascension, et son corps fut attaché
une illusion. On se sert du môme procédé au gibet de Monlfaucon, qu'il avait fait rele-
pour savoir ce que font des personnes absen- ver durant son ministère. Le peuple, que l'in-
tes. — Ceux qui désirent apprendre (toujours solence du ministre avait irrité, se'montra
chez les Russes) si une jeune fille se mariera touché de son malheur. Les juges n'osèrent
bientôt, font un treillage en forme de pont avec condamner sa femme et sa soeur; le roi lui-
de petites branches entrelacées, et le mettent même se repentit d'avoir abandonné Marigny
sous son chevet sans qu'elle s'en aperçoive. à ses ennemis ; el dans son testament il laissa
Le lendemain on lui demande ce qu'elle a vu une somme considérableà sa famille, en con-
en songe; si elle raconte avoir passé un pont sidération dit-il, de la grande infortune qui
,
avec un jeune homme, c'esl un signe infailli- lui était arrivée 2.
ble qu'elle lui sera unie la même année. Cette
Marionnettes. — On croyait autrefois que
dans les marionnettes logeaient de petits de-
1 Delancre, TabU au de l'inconstance des dém., etc.,
liv. il, p. 116.
2 Les Busses supposent au nombre trois une vertu i M. Chopin, Do l'État actuel de la Russie, ou Coup-
particulière. Bug lionbit f.ruitzon e t un dicton popu- d'oeil sur Sainl-Pétersbourg, p. 82.
laire qui signilie : Dieu aime le nombre trois. 2 M. Garinet, Hist. de la magie en France.
M AU — 333 ~d'un petit croissant
MAR
d'une griffe
mous-!""?/• Bniociiiï, BOVCIIEY, MANDUAGO- Ime ou r ou
f.ïs,'clc." d'une paire de cornes qui font la fourche..
jyînrlssane. — Un jeune homme de quinze Marquis de l'enfer. — Les marquis de
seize ans nommé Christoval de la Garrade l'enfer, comme Phoenix, Cimeries, Andras
nu ,
graisse ni onguent, par Ma- sont, ainsi que chez nous, un peu supérieurs
fui enlevé . sans
fissane de Tariras, sorcière, laquelle déporta aux comtes. On les évoque avec fruit depuis
ni loin et
si haut, à travers les airs , qu'il ne trois heures du soir jusqu'à la chute du jour 1.
put reconnaître le lieu du
sabbat; mais il Marthym OU Bathym, — duc aux enfers,
avoua qu'il avait été bien
étrillé pour n'avoir grand el fort; il a l'apparence d'un homme
pas voulu y
prendre part, et sa déposition fut robuste, et au derrière, une queue de serpent.
une des preuves
qui firent brûler la sorcière ; Il monte un cheval d'une blancheur livide. Il
pourtant il pouvait n'avoir fait qu'un rêve. connaît les vertus des herbes et des pierres
Yoy. RAI.DE. précieuses. Il transporte les hommes d'un
Htarius. — Il menait ayec lui une sorcière pays dans un autre avec une vitesse incroya-
scythe qui lui pronostiquait le succès de ses ble. Trente légions lui obéissent.
entreprises. Martin -— Un jour que sainl Martin de
KEarot. — Mahomet cite l'histoire des deux Tours disait la messe, le diable entra dans
anges Arol et Marot pour justifier la
défense l'église avec l'espoir de le distraire. — Celte
qu'il fait de boire du vin. « Dieu, dit-il, char- naïve historiette de la Légende dorée, repré-
gea Arot et Marot
d'une commission sur la sentée dans une église de 'Brest,'parut à
terre. Une jeune dame les invita à dîner, et Grosnet un trait si joli qu'il le mil en vers.
i'3 trouvèrent le vin si bon qu'ils s'enivrèrent. Le diable était, selon cet ancien poète, dans
l!s remarquèrent alors que leur hôtesse était un coin de l'église, écrivant sur un parchemin .
belle, s'éprirent d'amour et se déclarèrent. les caquets des femmes el les propos incon-
Celte dame, qui était sage, répondit qu'elle venants qu'on tenait à ses oreilles pendant
ne les écoulerait que quand
ils lui auraient les saints offices. Quand .sa feuille fut remplie,
:
appris les mots dont ils se servaient pour mou- comme il avail encore bien des notes à pren-
ler au ciel. Dès qu'elle les sut, elle s'éleva dre, il mit le parchemin entre ses dents et le
jusqu'au trône de Dieu, qui la transforma, tira de toutes ses forces pour l'allonger ; mais
; pour prix de sa vertu , en une étoile brillante la feuille se déchira et la tête du diable alla
,
[c'est l'étoile du malin), el qui condamna les frapper contre un pilier qui se trouvait der-
deux anges ivrognes à demeurer jusqu'au rière lui. Sainl Martin, qui se retournait alors
:
jour du jugement suspendus par les pieds pour le Dominus vobiscum, se mil à rire de
dans le puits de Babel, que les pèlerins mu- la grimace du diable, el perdit ainsi le mérite
sulmans vont visiter encore auprès de Bag- de sa messe, au jugement du moins de l'es-
; dad. » prit malin, qui se bâta de fuir.
Marque du diable. — On Snil que les SOr- Martin (MAME), — sorcière du bourg de
-
clercs qui vont au sabbal sont marquées par La ÎNciil'villc-lc-lloi, en Picardie, qui fut or-
J; le diable, et ont particulièrement un endroit rê'ée pour avoir fait mourir des bêles el des
j; insensible, que les juges ont fait quelquefois hommes par sortilège. Un magicien qui pas-
% sonder avec de longues épingles. Lorsque les sait par là la reconnut ; et, sur son avis, la
% prévenues ne jettent aucun cri et ne laissent sorcière fut rasée. On lui trouva la marque
v voir aucune souffrance, elles sont, réputées sor- du diable, ayant l'empreinte d'une palte de
£ cicres et condamnées comme telles, parce chat. Elle dit au juge qu'elle se reconnaissait
| que c'est une preuve évidente de leur trans- coupable. Traduite à la prévôté, elle avoua
it port au sabbat. Delancre * ajoute que tontes qu'elle était sorcière, qu'elle jetait des sorts
| celles qui ont passé par ses mains ont avoué au moyen d'une poudre composée d'ossements
S toutes ces choses lorsqu'elles furent jetées au de trépassés ; que le diable Cerbérns lui par-
g feu. Bodin prétend que le diable ne-marque lait ordinairement. Elle nomma les personnes
A point celles qui
se donnent à lui volonlaire- qu'elle avait ensorcelées et les chevaux qu'elle
s ment et qu'il croit fidèles; mais Delancre re- avait maléficiés. Elle dit que, pour plaire à
| '«le cette assertion en disant que toutes les
I pl'is grandes sorcières qu'il a vues avaient jours avant
Cerbérus elle n'allait pas à la messe deux
,
de jeter ses sorts, qu'elle a été au
JJ «ne ou plusieurs marques, soit à l'oeil, soit chapitre tenu par Cerbérus, et qu'elle y a été
j ailleurs
; ces marques ont d'ordinaire la
for- conduile'la première fois par l ouise Morel,

| Tableau de l'inconstance des démohs, p. 103. 1 Wierus, In Pseudomon, dïem.


MAS — ?,?,/ii — MAS
sa tante. Dans son second interrogatoire, elle ils nommaient le dernier Salhan , et sim™
déclara que la dernière fois qu'elle avait été saienf i que les deux frères se faisaient UI,,
au sabbat, c'était à Varipon, près Noyon ; guerre continuelle, mais qu'un jour ils d„
que Cerbérus , vêtu d'une courte robe noire, vaient se réconcilier '.
ayant une barbe noire, coiffé d'un chapeau à Mastication. — Les anciens croyaient qup
forme haute, tenait son chapitre près des haies les morts mangeaient dans leurs tombeaux.
dudit Varipon, el qu'il appelait par leurs On sait pas s'ils les entendaient mâcher.
ne
noms les sorciers et sorcières. Elle fut con- mais il est certain qu'il faut attribuer à l'idpp
damnée par le conseil de la ville de Monldi- qui conservait morts la faculté de mander
dier à être, pendue, le 2 juin 11580. Elle en l'habitude des aux
repas funèbres qu'on servait^,
appela au parlement de Paris, qui rejeta le temps immémorial, el chez tous les
peuples
pourvoi. Son exécution eut lieu le 2b juillet la tombe du défunt. — L'opinion que fe
même année '. sur
spectres se nourrissent est encore répandue
Martinet, •— démon familier, qui accompa- dans le Levant. l\ y a long-temps que les
gnait les magiciens et leur défendait de rien Allemands sont persuadés que les morts mâ-
entreprendre sans sa permission, ni de sortir chent, comme des porcs dans leurs tombeaux,
d'un lieu sans le congé de maître Martinet. et qu'il est. facile de les entendre grogner en
Quelquefois aussi il rendait service aux voya- broyant ce qu'ils dévorent. Philippe Kherius,
geurs, en leur indiquant les chemins les plus au dix-septième siècle, el Michel Baiilït, au
courts; ce qui était de la complaisance. commencement du dix-huitième, oui mène,
Mascarades. — Les Gaulois croyaient que publié des Traités sur les morts qui mâchent
Mylhras présidait aux constellations; ils l'a- dans leurs sépulcres-. Ils disent qu'en quel-
doraient comme "le principe do la chaleur, de ques endroits de l'Allemagne", pour empêcher
la fécondité, et des bonnes et mauvaises in- les morts de mâcher, on leur nicl dans le cer-
fluences. Les initiés à ses mystères étaient cueil une molle de terre sous le menton ; ail-
partagés en plusieurs confréries, dont cha- leurs on leur fourre dans la bouche une pelile
pièce d'argent, el d'autres leur serrent forte-
cune avait pour symbole une constellation ;
les confrères célébraient leurs l'êtes, et. fai- ment la gorge avec un mouchoir. — Ils citent
saient leurs processions el leurs festins, dé- ensuite plusieurs morls qui ont! dévoré loin-
guisés en lions, en béliers, en ours, en propre chair dans leur sépulcre. On doit s'é-
chiens, etc., c'est-à-dire sous les ligures qu'on tonner de voir des savants trouver quelque
suppose à ces constellations. Voilà sans doute, chose de prodigieux dans des faits aussi na-
selon Saint-Foix, l'origine de nos mascarades. turels. Pendant la nuit qui suivit les funérailles
On demandait à Turc d'Europe du comte Henri de Salm, on entendit dans
— un revenu l'église de l'abbaye de Hnute-Seille, où il était
ce qu'il y avait vu de remarquable. « A Ve-
nise, répondit-il, ils deviennent fous pendant enterré , des cris sourds que les Allemands
un lemps de l'année ; ils courent, déguisés par d'une auraient sans doute pris pour le grognement
les rues, el cette extravagance augmente au personne qui mâche ; et. le lendemain,
.
point que les ecclésiastiques sont obligés de le tombeau du comte ayant été ouvert, on le
l'arrêter; de savants exorcistes font venir les trouva morl, mais renversé el le vhago en
malades un certain jour ( le mercredi des bas, au lieu qu'il avait été inhumé sur le dos-
Cendres ), el, aussitôt qu'ils leur ont répandu On l'avait, enterré vivant, comme on en a en-
terré tant d'autres. — Oii doit attribuer à une
un peu de cendres sur la tète, le bon sens
leur revient, et ils retournent à leurs affaires.» cause semblable l'histoire rapportée parRaufïl,
d'une femme dcBohème, qui en 134B mangea,
Tfiassaliens OU KSessaliens, — illuminés des dans fosse, la moitié de son linceul sépul-
sa
premiers siècles qui croyaient que chaque cral. Dans le dernier siècle,
homme lire de s; s parents et apporte en lui un pauvre homme
ayant été inhumé précipitamment dans le ci-
un démon qui ne le quille pas. Ils faisaient melière, on entendit pendant l'a nuit du bn"'
de longues prières pour le dompter ; après dans tombeau : on l'ouvrit le lendemain,
quoi ils dansaient et se livraient à des con- et son
oh trouva qu'il s'était mangé les chairs de»
torsions et à des gambades, en disant, qu'ils bras. Cet homme,
sautaient sur le diable. — Une autre secte de ayant bu de l'eau-dé-vu:
avec excès, avait été enterré vivant. — un"
Massaliens au dixième siècle admettait deux demoiselle d'Augsbuiifg étant tombée
en lé-
dieux, nés d'un premier être; le plus jeune thargie, la fui"11'
gouvernait le ciel, l'aîné présidait à la terre; on crut morte, et son corps

1 Dictionnaire théolog. de Bergier.


1 Garinet, Hist. delà magie enPrànee, p. 1-IG. 2 De Masticatione mortuorum in t'.imùlis.
iMiî/V — ,)da; — MEC
j
.|.,iiç; nn caveau
profond, sans être rouvert de vançait
\ le canard-automate de Vaucanson
,
icrre. On entendit bientôt quelque bruit dans qui
c barbollait, voltigeait., cancanait et digé-
qon
lonibeati ; mais on n'y fil pas attention, rait.
i Aiilu-Gelle rapporte qu'Arehitas, dans
Deux ou
trois ans après, quelqu'un de la fa- l'antiquité', avait construit lïti pigeon qui pre-
1

mille mourut: on ouvrit le caveau, et l'on nait


i son Vol, s'élevait à une certaine hauteur
iroiiva le corps de la demoiselle auprès de la et
( revenait à sa place. Oh attribue à Boger
pierre qui en fermait l'entrée. Elle avait ini'i- Bacon une tôle qui prononçait quelques pa-
1

lilcinent lente de déranger celle pierre, d roles. Yaucanson fil un joueur de il'ûle qui
f|le n'avait plus de doigts à la main droite, exécutait plusieurs airs. Jacques Droz son
i
,
qu'elle s'était dévorée de désespoir, Voy. VAM- contemporain, fît au dernier"'siècle un a'ulo-
pini;s. tïialé qui dessinait el un autre qui jouait du
Kastiphal, —c'est.le nom qu'on donne au clavecin. Dans le même temps, l'abbé Mica!
prince des démons dans un livre apocryphe construisit deux tètes de bronze qui, comme
cité par Cedrenus, et qui a pour litre : la pe- l'audroïde de Roger Bacon, prononçaient des
tite Genèse. paroles. Mais ce qui fit plus d'effet encore
,
Matohi-Bïanitou, — esprit malfaisant, au- ce fut le joueur d'échecs du baron de Kem-
quel les sauvagesde l'Amérique septentrionale pelen. C'était un automate rnu par des res-
attribuent tous les maux qui leur arrivent. Ce sorts, qui jouait aux échecs contre les plus
mauvais génie n'est autre que la lune. Plu- forts joueurs et les gagnait quelquefois. On
sieurs de ces sauvages s'imaginent que les ignorait, il est vrai, que le mécanisme était
orages sont causés par l'esprit de la lune. Ils
dirigé par un homme caché dans l'armoire à
jettent à la mer ce qu'ils ont de plus précieux laquelle l'automate était adossé. Mais ce n'en
dans leurs canots, espérant apaiser par ces était pas m'oins un travail admirable. — Au-
(ilfrandes l'esprit irrité. trefois, nous le" répétons on ne voyait dans
,
Matignon ( JACQUKS GOYON Dlï), — geiltil- les androïdes que l'oeuvre d'une science oc-
homme, qui servit, Henri 111 et. Henri \\'. Ses culte. Aujourd'hui, par un revirement incon-
:

envieux, apparemment pour le décrier, di- cevable , on semble faire peu de cas de ces
saient que l'esprit, l'habileté, la prudence, le efforts du génie de la mécanique. On a laissé
courage n'étaient point naturellement en liii,
périr lous les automates célèbres, et nos mu-
mais qu'ils lui venaient (l'un pacte qu'il avait sées el nos conservatoires, qui font encombrés
fait avec le diable. 11 fallaitque ce diable fût de tant de futilités, ne possèdent pas d'an-
\ une bonne créature dit SainH-oix, puisque
droïdes.
,
Matignon donna dans toutes les occasions Méoosphins , — sorciers chaldéens qui
, , ,
(les marques d'un caractère plein de douceur usaient d'herbes, de drogues particulières et
et d'humanité '. d'os de morts, pour leurs opérations supersti-
Matzou,—divinité chinoise. C'était, sui- tieuses.
vant quelques auteurs, une magicienne. Méchant. — Le diable esl appelé souvent
* Maùry ( .IKAN-SIKFRÉIN')- •— Un colpor- le méchant, le mauvais et le malin. 11 est le
teur, on 47'J2, pour mieux piquer la curiosité principe en effet et le père de la méchanceté.
(lu peuple de Paris, criait, en vendant ses Mechtildë ( SAINTE'). —Elle parut environ
pamphlets : Mort de l'abbé Maury ! L'abbé cent ans après sainte llildcgarde. Elle était
passe, s'en approche, lui donne un soufflet el soeur de sainte Gertrude. Ses visions et révé-
k l"i dit : « Tiens, si je suis mort, au moins lu lations ont été imprimées en 4543. C'esl un
t croiras aux revenants. » recueil assez curieux et assez rare, qui con-
't Mécanique. — Ainsi que foules les sciences tient le livre du Pasteur et les Visions du
<-,
compliquées, l'a mécanique a produit des com- moine Vetin, réimprimées depuis par le père.
% «maisons surprenantes qui ont été reçues Mabillon, au quatrième livre de ses Actes de
| autrefois comme des prodiges. Ce qui a le Saint-Benoît, partie première. On y trouve
| plus étohiié les esprits; c'est l'automate qu'on aussi l'es révélations- de sainte Elisabeth de
j appelait aussi androïde. Nous avons parlé de Schonavv, qui contiennent cinq livres, aussi
i l'audroïde d'Albert-te-Grand, qui.passa aux bien-que celles de sainte Mechtildë.- Celles de
yeux do ses contemporains pour une oeuvre
:
sainte Gertrude viennent ensuite, et sont sui-
i ('Û magie. Jean' Millier, savant du quinzièmei vies des visions du frère Robert, dominicain,
« S|ecle, plus connu sons le nom de Regiomon- qui vivait en 1330. SainleMechtildeestmorte
I jpnus, fît, dit-on, un aigle-automate qui avaitL en l'an 4284 ou '13'86 «. On trouve dans ce re-
I la 'acuité de se diriger dans les airs ; il de- cueil beaucoup de descriptions de l'enfer.
i Hist. de l'ordre du Bt -Esprit, promotion dé 1579. ' Lenglet-Diifrcsnoy,Traité des apparitions, 274.
MÉG
— 336i — M EH
Médéc, — enchanteresse de Colchide, qui parfaitement
i semblable à l'Amour de mai-h-•
rendit Jason victorieux de tous les monstres, mais
1
pâle- el blanc comme lui. ïurquen,ai,,'
et guérit Hercule de sa fureur par certains irapporte qu'une Italienne des environs du ]\
remèdes magiques. Elle n'est pas moins ce- rence,
i s'étanl frappé l'esprit d'une iinaoe-rV
lèbre par ses vastes connaissances en magie 1Moïse, mit
au monde un fils qui avait m'-p
que par le meurtre do ses enfants. Les dé- 1longue barbe blanche. On peut
se rappelé,,
nionographesremarquent qu'elle pouvait bien isur
le même sujet., une foule d'anecdotes
être grande magicienne, parce qu'elle avait non
moins singulières; peut-être quelques-uno-
appris la sorcellerie de sa mère, Hécate.— soul-elles exagérées. l'oy. ÀCCO«CIIE.MEXTS
Les songe-creux lui attribuent un livre de con- •—En 4 802, une paysanne enceinte, arrivant
juration quiporlecnefletson nom. Voy.MI'SLVE. à Paris pour la première fois, fut menée :
Mèdie. •— On trouvait, dit-on, chez les spectacle par une soeur qu'elle avait dans;mla
Mèdes, des pierres merveilleuses, noires ou capitale. Un acteur qui jouait le rôle d'un )ii(„s
la frappa si fortement, que son fils fut idiot
vertes, qui rendaient la vue aux aveugles et
guérissaient la goutte, appliquées sur le mal slupide et semblable au personnage forcé
que
dans une compresse de lait de brebis. la mère avait vu avec trop d'attention.
Puisque —
— l'imagination des femmes esl si
Meerman, — homme de mer. Les habitants puissante sur leur fruit, c'est de cette puis,
des bords de la mer Baltique croient à l'exis- sauce qu'il faut profiter, disent les professeur
tence de ces hommes de mer ou esprits des de mégalanthropogénésie.Ornez la chambre
eaux , qui ont la barbe verte et les cheveux des femmes de belles peintures durant toute
tombant sur les épaules comme des liges de la grossesse n'occupez leurs regards que de
nénuphar ». Ils chaulent le soir parmi les beaux anges, et de sujets gracieux; évitez de
vagues, appelant les pêcheurs. Mais malheur les conduire aux spectacles de monstres, etc.
à qui se laisse séduire par eux; leur chant A Paris, où les salons de peinture occupent
précède les tempêtes. les dames, les enfants sont bien plus jolis que
Mégalanthropogénésie, —moyen d'avoir dans les villages, où l'on voil rarement des
de beaux enfants et des enfants d'esprit. On choses qui puissent donner une idée de la
sait quels sont, les effets de l'imagination sur beauté. Chez les cosaques, où tout esl gros-
les esprits qui s'y laissent emporter ; ces effets sier, tous les enfants sont hideux comme leurs
sont surtout remarquables dans les femmes pères. — Pour obtenir des enfants d'esprit, il
enceintes, puisque souvent l'enfant qu'elles n'est pas nécessaire que les parents on aient,
portent dans leur sein est marqué de quel- mais qu'ils en désirent, qu'ils admirent ceux
qu'un des objets dont l'imagination de la mère qui en ont, qu'ils lisent de bons livres, que la
a été fortement occupée pendant sa grossesse, mère se frappe des avantages que donnent
l'esprit, la science, le génie; qu'on parle sou-
— Quand Jacob voulut avoir des moutons de
diverses couleurs, il présenta aux yeux des vent de ces choses, qu'on s'occupe peu de
brebis des choses bigarrées, qui les frappè- sottises. Foi/. IMAGINATION. On a publié il y

rent assez pour amener le résultat qu'il en a quelques années un traité de Mégalanthro-
espérait. L'effet que l'imagination d'une brebis pogénésie qui est un peu oublié, 2 vol. in-S0-
a pu produire doit agir plus sûrement encore
sur l'imagination incomparablement plus vive Mnhdi. — Les journaux d'avril 4 841 ait"
d'une femme ; aussi voyons-nous bien plus de nonçaienl l'apparition en Arabie d'un nou-
variété dans les enfants des hommes que dans veau prophète appelé Mehdi. « Ceux qui
les petits des animaux. — On a vu des femmes croient en lui ( disaient ces journaux), cl ils
mettre au monde des enfants noirs et velus; sont nombreux, comptent la nouvelle èremii-
.
el lorsque l'on a cherché la cause de ces effets, homélane du jour de son apparition. Us di-
on a découvert que, pendant sa grossesse, la sent qu'il entrera à La Mecque dans sa qua-
femme avait l'esprit occupé de quelque ta- rantième année, que de là il ira à Jérusalem,
bleau monstrueux. — Les statues do marbre et régnera avec puissance et grandeur jus-
et d'albâtre sont quelquefois dangereuses. Une qu'à ce que Dedschail, le démon du mal, s"
jeune épouse admira une petite statue de l'A- soiHevé contre lui et l'ait vaincu. Alors Jésus,
mour en marbre blanc. Cel Amour était si le prophète des chrétiens, viendra à son se-
gracieux, qu'elle en demeura frappée; elle cours avec soixante-dix mille anges. Toute la
conserva plusieurs jours les mêmes impres- terre reconnaîtra Mehdi, et après la conver-
sions, el accoucha d'un enfant plein de grâces, sion dès païens, des juifs et des chrétiens^J
l'islamisme commencera l'empire des m*
,
1 M. Marinier, Traditions de la Baltique. et mille années. Ce prophète a fait battre A&
MEL — 837' — MEL
l0iinait'.s, sur lesquelles il s'inlilule : hnan princesse.—
\ Mélusine fut l'aînée de trois
deux continents et des deux mers. » Toute- filles,
I que sa mère, Pressine, femme d'Élinas
i,s
r0i3 on ne
parla de Mehdi qu'un moment, et roi d'Albanie, eut d'une seule couche. Pres- .

ignorons ce qu'il est devenu. sine


:
avait exigé d'Elinas qu'il n'entrerait
nous
leur d'un Traité de l'art point dans sa chambre jusqu'à ce qu'elle fût
jaélompus, — au relevée. Le désir de voir ses enfants le fit
déjuger les inclinations et le sort futur des
l'inspection des seings grains manquer à sa promesse.. Pressine, qui était
liommes par ou
beauté. Voy.'SEINGS. une sylphide ou une fée, fut donc forcée de le
de quitter; ce qu'elle fit, ayant emmené avec
Eîclanchton, — disciple de Luther, mort elle ses trois filles, auxquelles d'une haute
on
1568 : il croyait aux revenants comme son montagne elle montrait le pays albanais, où
maître, el ne croyait pas à l'Église ; il rap- elles eussent régné sans la fatale curiosité
porte dans un de ses écrits , que sa tante de leur père. Les trois soeurs, pour s'en ven-
,
avant perdu son mari lorsqu'elle était en- ger, enfermèrent leur père dans la montagne
ceinte et près de son terme, vit un soir, étant de Brundelois. — Pressine aimait encore son
assise auprès de son feu. deux personnes en- mari; elle les punit par différents châtiments;
trer dans sa chambre , l'une ayant la figure celui de Mélusine fut d'être moitié serpentions
de son époux défunt, l'autre celle d'un fran- les samedis, el d'être fée jusqu'au jour du ju-
ciscain de la ville. D'abord elle en fui effrayée ; gement, à moins qu'elle ne trouvâtun chevalier
mais son mari la rassura, el lui dit qu'il avait
.
qui voulûtêtre sou mari, el qui ne vît jamais
quelque chose d'important à lui communi- sa forme de serpent. IUiimondin, fils du comte
quer; ensuite il fil un signe au franciscain de de Forez, ayant rencontré Mélusine dans un
; passer un moment dans la pièce voisine, en bois, l'épousa; celte princesse bâtit le châ-
attendant qu'il eût fait connaître ses volontés teau de Lusignan. Son premier enfant fut
;

à sa femme ; alors il la pria de lui faire dire un fils nommé Yriam, en tout bien formé, .

des messes, et l'engagea à lui donner la main excepté qu'il avait le visage court et large en
sans crainte; elle donna donc la main à son travers ; il avait un oeil rouge el l'autre bleu ,
mari, etellela relira sans douleur, mais brûlée, et les oreilles aussi grandes que les manilles
; de sorte qu'elle en demeura noire fout le reste d'un van. Le second fut Odon , qui était beau
': de ses jours ; après quoi le spectre rappela le et bien formé ; mais il avait une oreille plus
;i franciscain, el lous deux disparurent. grande que l'autre.- Le troisième fut Guion,
Mélancolie. — Les anciens appelaient la qui fut bel enfant ; mais il eut un oeil plus
.;
mélancolie le bain du diable, à coque disent haut que l'autre. Le quatrième fut Antoine:
; quelques déinonomanos. Les.personnes mé- nul plus bel enfant no fut vu ; mais il apporta
lancoliquesétaientau moins maléficiéesquand en naissant une griffe de lion sur la joue. Le
elles n'étaient pas démoniaques ; et les choses cinquième fut llegnaull ; il fut bel enfant,
;
;'; (|ui dissipaient l'humeur mélancolique, comme mais il n'eut qu'un oeil, dont il voyait si bien
î: faisait la musique sur l'esprit de Saiil, pas- qu'il voyait de vingt-une lieues. Le sixième
fut Geofîroi, qui naquit avec une grande dent
; saient pour des moyens sûrs de soulager les qui lui
i possédés. sortait de la bouche de plus d'un
Plusieurs d'héré- pouce, d'où il fut nommé Geofi'roi à la grande
Melohisédeoh. — sectes
tiques, qu'on appela Melchisédéchiens, lom-
denl. Le septième fui Eroimond, assez beau ,
j. qui eut sur le nez une petite tache velue
i: lièrent dans do singulières erreurs à propos
n'é- comme la peau d'une taupe. Le huitième fut
h de ce patriarche. Les uns crurent qu'il trois des-
'l 'ait pas un homme, mais la grande vertu de grand à merveille , il avait milieuyeux, du front.
X Dieu, et supérieur à Jésus-Christ ; les autres
quels il s'en trouvait un au
I dirent qu'il était le Saint-Esprit. Il y en eut Yriam et Guion étant allés avec une armée
\ qui soutinrent qu'il était Jésus-Christ même. secourir le roi de.Chypre contre Yriam les Sarrasins,
el les ayant taillés en pièces, épousa
u»e de ces sectes avait soin de ne toucher
| Hermine, fille et héritière du roi de Chypre.,
-';

Personne de peur de se souiller.


, et Guion, la belle Florie, fille du roi d'Ar-
— démon qui porte la bourse ; ménie. Antoine- et Regnaull étant allés au se-
s Moiohom,
î> '' est aux' enfers' le paveur des employés cours du duc de Luxembourg, Antoine épousa
1 Publics. Christine, fille de ce prince, et llegnault, Ai-
j Ktéiusinc. — Jean d'Arrâs ayant recueilli, glanline , fille et héritière du roi de Bohême.
S SUl"la fin du quatorzième siècle, tous les Des quatre autres fils de Mélusine, un fut
I filles qu'on faisait sur Mélusine, en com- roi de Bretagne, l'autre seigneur de Lusi-
s Posa, ce qu'il appelle la chronique de celte gnan , le troisième comte de Parthenay, et le
MÏil 338 M EN

dernier se lit religieux. — Ilaimondin ne lint 1bon coup d'épée, et pouvaient, -comme (l'ail
pasla promesse qu'il avait faite à Mélusine 1res,-recevoir-la
t mort, pourvu qu'elle fût \i0.
de ne jamais la voir le samedi ; il fit. une ou- lente-).-
1 Mélye évita le coup en changeant de
vertur'e avec son épée dans la porte de la place ] avec la plus grande agilité ; et, commc
chambre où elle se baignait ; il la vit en plie ( se vit pressée, elle parul s'abirner dans
formé de serpent. Mélusine ne put dès lors un i antre qui vomit aussitôt des flammes'.-1
demeurer avec lui, el s'envola par une fe- TJrgande qui reconnut- Mélye au portrait
,
nêtre sous la même forme: elle demeurera fée que i
les chevaliers lui en firent, voulut la voii-
jusqu'au jour du jugement; et lorsque'Lusir el conduisit Esplandian et quelques chevaliers
gtian change de seigneur, ou qu'il doit mourir dans une prairie, au bout de laquelle ils trou-
quelqu'un de sa lignée, elle paraît trois jours vèrent'Mélye assise sur ses talons el absorbée
avant sur lès tours du château, et y pousse dans une profonde rêverie. Celte fée possédait
de grands cris. J. •— Selon quelques démono- un livre magique, dont TJrgande désirait de-
manes , Mélusine était un démon de la nier; puis long-temps la possession ; Mélye, aper-
Paracelse prétend que c'était une nymphe ca- cevant TJrgande, composa son visage, ac-
balistique; le plus grand nombre en fait une cueillit l'a fée avec aménité, el la fil entier
fée puissante.-—Le beau château de Lusignan dans sa grotte. — Mais à peine y avait-elle
passa dans le domaine royal. Hugues-le-Brun pénétré que, s'élançant sur elle la méchante
,
avait fait à Philippe-le-Bel des 'legs considé- fée la renversa par terre en lui serrant la
rables Guy son frère irrilé, jeta le tesla^- gorge avec violence ; les chevaliers, les en-
, ,
ment au feu-. Le roi le fil accuser de 'conspi- tendant se débattre, entrèrent dans la grotte:
ration et confisqua le château de Lusignan. A le pouvoir des enchantements les fil tomber
celte occasion , l'ombre de Mélusine se la- sans connaissance ; le seul Esplandian, que
menta sur la plate-forme du château pen- son épée garantissait de tous les pièges ma-
dant douze nuits consécutives 2.-—On dit ail- .giques, courut, sur Mélye, et retira TJrgande
leurs que celte Mélusine ou Mcrliuc était de' ses mains. Au même instant Mélye prit
une clame fort absolue, et commandait avec celui de ses livres qui portail le nom de Âlf-
une telle autorité que, lorsqu'elle envoyait dée, et. formant une conjuration, le ciel s'ob-
des lettres ou patentes scellées de son sceau scurcit et il sortit d'un nuage noir un chariot
ou.cachet, sur lequel était gravée une sirène, attelé de deux dragons qui vomissaient des
il ne fallait plus songer qu'à obéir aveuglé- flammes. Tout à coup Mélye, enlevant Ui-
ment. C'est de là qu'on a pris sujet de dire gande la plaça dans le chariot et disparut
,
qu'elle était magicienne, et qu'elle se chan- avec elle. Elle l'emmena dans Thésyphanlc,
geait quelquefois en sirène. et l'enferma dans une grosse tour, d'où Es-
Mélye. — 11 y avait, dans les fées comme plandian parvint à la tirer quelque temps
dans les hommes, une inégalité de moyens et après.
de puissance. On voit, dans les romans de Ménandre, — disciple de Simon le ma-
chevalerie et dans les contes merveilleux, que gicien, qui profita des leçons de son maître,
souvent une fée bienfaisante était gênée dans et qui enseigna la même doctrine-que lui. Il
ses bonnes intentions par une 'méchante fée professait la magie. Simon se faisait appeler
dont le pouvoir était plus étendu. — La cé- la grande vertu. Ménandre dit que, quant à
lèbre fée TJrgande, qui protégeait si généreu- lui, il était envoyé sur la terre par les puis-
sement Amadis, avait donné au jeune Esplan- sances invisibles pour opérer le salut des
dian fils de ce héros, une épée enchantée hommes. Ainsi, Ménandre et Simon doivent
,
qui devait rompre tous les charmes. Un jour être mis au nombre des faux .messies plutôt
qu'Esplandiah et, les chevaliers chrétiens se qu'au rang des hérétiques. L'un et l'autre
battaient en Galalie, aidés de la fée Drgande, enseignaient que la suprême intelligence.,
ils 'aperçurent la fée Mélye, leur ennemie im- qu'ils nommaient Ennoïa, savait, donné l'clf
placable, qui, sous la figure la plus hideuse, à flm ;grand nombre .de génies qui avaient
était assise sur la pointe d'un rocher, d'où elle formé le monde st la îiacB des hpmmes. Ya-
protégeait les armes des Sarrasins. Esplan- leiitin, qui vint plus tard, trouva là ses. éons 1.
dian courut à elle pour purger la terre de Ménandre donnait un baptême qui âpvai!
cette furie (car, bien qu'immortelles de leur rendre immortel... -
nature,'les fées n'étaient pas à l'épreuve d'un
Wenasseh ten Israël, —: savant Juif PP1'"
3 Uliillcl, Dissertations sur la mythologie française. l'ugais", né vers 1604. Il a beaucoup écrit sur
2 En Belgique, Mélusine passe pour êtr^ la protee- leThalmud. Il y a quelques faits merveille»*
triee de la maison de Gavre. On croyait qu'elle ne quit-
tait jamais le cliàtean d'Iingliien. (M. Jules de Saint-
Génois, La Cour (le'Scan IV, t. 1", p. 82.) 1 Uergier, TMclionn. tliéologique.
MÉP nlER
.— 334J —
diiiià ses
trois livres de la Résurrection .des e plus redoutable chef .de l'enfer .. Voy.
morts '• Son ouvrage de l'Espérance d'Israël 2 i'AUST. ;

esl, curieux.
Un juif renégat de Villaflor en .
Mercatï(MlClIlïL) ,!=-UOI/. F-ICINO.
Portugal,- Antoine Monlesini, étant venu à
publia .qu'il avait Mercier,— auteur d'un Tableau de Paris,
.\inslerdam vers 164-9., vu, jui à fait quelque bruit, et de Songes philoso-
dans l'Amérique méridionale,.de nombreuses n'hiquès, où l'on trouve deux ou trois songes
traces des anciens Israélites,. Menasse!) ben
jà-rdessus qui roulent sur lès.vampires et les reve-
Israël s'imagina, (avait-il tort?),
dix tribus .enlevées Salmanazar nants.
nue les par
étaient allées .s'établir dans ce pays-là, et Mercredi. — Ce jour est celui où les sor-
ciers jouent au sabbat leurs mystères,et chan-
que telle était l'origine des habitants de l'A-
mérique ; il publia son Spes Israelis pour le tent leurs litanies. .Voij. LITANIES .pu SABBAT.
regardent le rnercredi comme
prouver,. Pans la troisième partie de son livre — Les Persans
.

Souffle de vie1-, il traite des esprits et des un jour blanc , c'esl-.à-djre heureux, parce
déliions, selon les idées des rabbins de son que. la lumière fut créée ce jour-là ;!ppurtant
ils exceptent le dernier mercredi du mois de
temps ; et, dans la quatrième partie, de la
métempsycose,qui est pour beaucoup de Juifs séphar, qui répond à'février, qu'ils appellent
une croyance. Il avait commencé ,uii traité de
mercredi du pialheur, et qui est. le plus re-
lu science des--lhalmud.isles et un autre de la '
douté de leurs jours npirs.
philosophie .çabbinique., qui n'ont pas été Mercure, — 11 e.-l chargé dans l'ancienne
achevés. mythologie de- conduire les ânijîs des morts à
Menestrier'(CLAtipi>FlUNÇOIs) — Jésuite leur destination dernière..
, ,
auteur d'un .livre intitulé : la Philosophie des Merle, — oiseau commun, dont la vertu
images ènigmatiqms, où il traite des énigmes, est admirable Si l'on pend'lès plumes de
hiéroglyphes, oracles, prophéties, sorts, di- son aile droite", avec un fil rouge, au milieu
vinations, loteries, talismans, songes, centu- d'une maison où l'on n'aura pas encore ha-
ries de Nostradamus et do baguellc divina- bité, personne n'y pourra sommeiller tant
,
toire, iii-12, Lyon, 1694. qu'elles y seront pendues ; si l'on met son
Meneurs de loups. -— Près du château de coeur sous la tète d'une personne endormie
\ Lusignan ancienne demeure de Mélusine, on et qu'on l'interroge, elle dira tout haut ce
,
j rencontre de vieux bergers, maigres et tai— qu'elle aura fait dans la journée si on le
l deux comme dès spectres ; on dit qu'ils mè- jette dans l'eau'de- puits avec le sang d'une
l nent dés troupeaux de loups. Celle supersli- huppe et qu'on frotte do ce mélange les
,
j lion esl encore accréditée dans quelques pays, tempes dé quelqu'un, il tombera malade eten
:. entre auilres dans le.Nivernais"2. danger rie mort. On se sert de ces secrets soir-
une planète favorable et propre, comme
Bîenippe , — conipagp.on .d'Apollonius de celles dé Jupiter et de Vénus, et, quand on
ï Thyane. Visité d'une, larme qu: démon suc-
fut délivré -veut faire dut mal, celles de Saturne et de
I cube, il ,en par Apollpnius 5.- Mars2.— Le diable s'est quelquefois montré
ïSensong*. — Le diable est appelé dans sous la forme de cet oiseau. — On sait aussi
l l'Évangile le père ;du imensonge. qu'il y à des mer.les 'blancs.
Méphistoplièlès, — démon de Faust; on Merlin.-—Merlinri' est pasné en Angleterre,
j
\ le ieconnait a «a fioide methancote, a ce me çp.mmê on le dit communément,mais en Basse-
i araci qui insulte aux larmes a la joie ieioce ; Bretagne, dans l'île de Sein. Hélait fils d'un
i que lui cause 1 aspect des douions C est démon et d'une druid'esse, fijle d'uniroi desBa's-
ï 'ai qui pai la laiîlene attaque les \eitu», Brelons. Les cabalist.es disent que'le père de
'• ibieu\e de mepns les talents, fait moidie Merlin était un'"sylphe. Que ce fût un sylphe
\ ^r 1 éclat de la glone la îouulle de la ea- : oî.1 un démon, llèleva'son fils, dans toufesTes.
1
lomnie II était
n pas inconnu a Yoltaiie, a ' scienceset le rendit -habité à opérer des pro-
l'atnv et a quelques autre» C'est
i après Satan diges. -^'Cè qui ;a fait ci-oire à: quelques-uns
".que" Merlin était Anglais, c'est qu'il fut porté
^>n deResurrectionemortuornrr Amsterdam dans ce pays quelques jours après sa Nais-
- u^b in 8°trt-sTjpisct ^umptibus auctons Voici l'occasion, de 'ce'voyage. —Wor-
,
'Spes Israelis Amsterdam ICoO m 12 sance.
1 En hébreu
Amsteldam, 5112 (10o2) in 4°
tigern, roi d'Angleterre, avait résolu de faire
tl'
M de Mnrclnngj Tnstanle ojageur ouïr Fiance
au q lltorzieme sierlc
-Lelojer Histoire des spee r^s et des tinparitions des
T MM. Desaiir et de Saint-Génies, les Aventures -do
Faust, t.ï"r. " -'"'-
"'"s lu n p 310 .
2 Albert-le-prand, Admirables secrets, p. 115.
.

• ' " 2^
'_
MER — 3/i > — MER
bâtir une tour inexpugnable où il pût so met- ne 'construisit le Pandémoniuni des enfers
_
tre en sûreté contre les bandes de pirates Après une foule de choses semblables, Merlin
qui dévastaient ses-États. Lorsqu'on en jeta jouissant de la réputation la plus étendue
et
les fondements, la terre engloutit pendant la de l'admiration universelle pouvait étonner
nuit tous les travaux de la Journée. Ce phé- le monde et s'abandonner ,aux douceurs de
nomène se répéta tant de fois que le roi as- la gloire ; il aima mieux agrandir ses con-
sembla les magiciens pour les consulter; naissances et sa sagesse. Il se retira dans
ceux-ci déclarèrent qu'il fallait affermir lès une forêt de la Bretagne, s'enferma dans une
fondements de la tour avec le sang d'un grotte, et s'appliqua sans relâche à l'élude
petit enfant qui fût né sans père. — Après des sciences mystérieuses ; son père le visi-
beaucoup de récherches dans le pays et hors tait tous les sept jours et sa mère plus fré-
le pays, on apprit qu'il venait de naître "dans quemment encore ; il fît, sous eux des pro-
,
l'île de Sein un petit enfant d'une druidesse grès étonnants et les surpassa bientôt l'un et
et qui n'avait point de père connu : c'était l'autre. — Onsa lu, dans les histoires dis |a
Merlin; il présentait les qualités requises par chevalerie héroïque, les innombrables aven-
lés magiciens ; on l'enleva et on l'amena de- tures de Merlin. Il purgea l'Europe de plu-
vant le roi Wortigern. — Merlin n'avait que sieurs tyrans; il protégea les dames, et bien
seize jours ; cependant il n'eut pas plutôt en- souvent les chevaliers errants bénirent les
tendu la décision des magiciens, qu'il se mit heureux secoure de Merlin.»Las de parcourir
à disputer contre eux avec une sagesse qui le monde, il se condamna à passer sept ans
consterna tout l'auditoire. Il annonça ensuite dans l'île de Sein. C'est là qu'il composa ses
que , sous les fondements de la tour que prophéties, dont quelques-unes ont été pu-
l'on voulait bâtir, il y avait un grand lac, et bliées. On sait qu'il avait donné à l'un des
dans ce lac deux dragons furieux. On creusa; chevaliers errants qui firent la gloire de la
les deux dragons parurent : l'un, qui était France une épée enchantée avec laquelle
rouge, représentait les Anglais; l'autre, qui on était invincible ; un autre avait reçu un
était blanc, représentait les Saxons ; ces deux cheval indomptable à la course. Le sage en-
peuples étaient alors en guerre et les deux chanteur avait aussi composé pour le roi
dragons étaient leurs génies prolecteurs. Ils Arlhus une chambre magique où ne pouvaient
commencèrent, à la vue du roi et de sa cour, entrer que les braves , une couronne transpa-
un combat terrible, sur lequel Merlin se mit rente qui se troublait sur la lête d'une co-
à prophétiser l'avenir des Anglais. — On pense quette et une épée qui jetait des étincelles
bien qu'après ce qui venait de se passer, il ne dans les mains des guerriers intrépides.—
fut plus question de tuer le petit enfant ; on Quelques-uns ont dit qu'il mourut dans une
se disposa à le reconduire dans son pays, et extrême vieillesse; d'autres, qu'il fut. emporté
on l'invita à visiter quelquefois l'Angleterre. par le diable; mais l'opinion la plus répandue
Merlin pria qu'on ne s'occupât point de lui; aujourd'hui en Bretagne, c'est que Merlin
il frappa la terre, et il en sortit un grand oi- n'est pas mort, qu'il a su se mettre à l'abri
seau sur lequel il se plaça; il fut en moins de la fatalité commune et qu'il est toujours
d'une heure dans les bras de sa mère, qui plein de vie dans une forêt du Finistère nom-
l'attendait sans inquiétudeparce qu'elle savaii mée Brocéliande, où il est enclos et invisible
ce qui se passait. — Merlin fut donc,élève à l'ombre d'un bois d'aubépine. On assure
dans les sciences et dans l'art des prodiges que messire Gauvain et que!ques chevaliers
par son père et par les conseils de sa mère de la Table-Bonde cherchèrentvainemenlpar-
qui était prophélesse ; on croit même qu'elle tout ce magicien célèbre ; Gauvain seul l'en-
était fée. Quand il fut devenu grand, il si tendit, mais ne, put le voir dans la forêt de
lia d'amitié avec Ambrosius, autre roi de: Brocéliande. Voy. GARGANTUA,
Anglais.,Pour rendre, plus solennelle ï'entréi Mérovée, — troisième,roi des Francs, dont
de ce prince dans sa capitale, il fît venir d'Ir- la naissance doit être placée vers l'an 410; il
lande xsn Angleterre plusieursrochers qui ac- monta sur le trône en 440 et mourut en 458'
compagnèrent en dansant le cortège royal, e Des chroniqueurs rapportent ainsi sa nais-
formèrent-en s'arrêtant une espèce de trqplié sance. « La femme de Clodion-le-Chevelu se
à la gloire du monarque. On voit encore ce i promenant un jour au bord de la nier fu'
rochers a: quelques lieues de Londres, et o i surprise par un monstre qui sortit des flols;
assure qu'il y a: des temps où ils s'agiter t elle en eut. un fils qni'fut nommé Mérovée,
par une .suite du. prodige de Merlin ; on d t et qui succéda à Glodion: « Sauvai croit que
même que pour ce roi, son ami, il bâtit u i cette fable fut inventée " par Mérovée lu';
palais de fées en moins de temps que Sata i mêmepour imprimer -du respect-dans l'espr'1
MES — 341
(|PS siens en s'atlribuant une origine si ex- ] irésenta ses découvertes. — Il vint à Paris:
[raordinàire. Des chroniqueurs ont dit que son 1
e peuple et la cour eurent quelque temps les
nom
Mer-Wech signifie veau marin ; 'eux éblouis par ce nouveau: genre- de cures.
3n nomma des docteurs pour examiner le
jîcrveilles. — Pline assure que les insu- }
nagnétisme animal, et on publia des écrits
Inires de Minorque demandèrent un secours ionfre Mesmer, qui fut contraint de quitter
do troupes à l'empereur Auguste contre les
(

a France, emportant avec lui une somme


lapins qui renversaient leurs maisons et leurs le 300,000 francs. 11 alla vivre incognito en
arbres. Aujourd'hui on demanderait à peine Angleterre, ensuite en Allemagne, où il mou-
un secours
de chiens. — Un vieux chroni-
rut. Il reste de lui : 4-° De I-'influence des pla-
queur conte qu'il y avait à Cambaya, dans nètes 1, Vienne, 4766, in—42 ; 2° Mémoire
l'Indouslan, un roi qui se nourrissait de ve-
sur la- découverte du magnétisme animal->
nin, et qui devint si parfaitement vénéneux Paris, 4779 in—12 ; b° Précis historique des
qu'il tuait de son haleine ceux qu'il voulait faits relatifs, au magnétisme animal, jusqu'en
faire mourir. — On lit dans Pausanias que avril 4 781 Londres, 4781 in-8» ; 4° His-
,
quatre cents ans après la bataille de Mara- toire abrégée, ,
du, magnétisme animal, Paris
thon, on entendait toutes les nuits, dans l'en- 1783,in-8°; S° Mémoire de F.-A. Mesmer,
droit où elle se donna, des hennissements de
sur ses découvertes, Paris, un VU (4799),
chevaux et des bruits de gens d'armes qui se in-8".
battaient. Et ce qui est. admirable c'est que
ceux qui y venaient exprès, ,
n'entendaient Messa-Hala , — LOI/. MACIIA-HALLA.
rien de ces bruits ; ils n'étaient entendus que Messe du niable. — On a vu, par diffé-
de ceux que le hasard conduisait en ce lieu. rentes confessions de sorciers, que le diable

Alberl-le-Grand assure qu'il y avait, en fait aussi dire des messes au sabbat. Pierre
Allemagne deux enfantsjumeaux dont l'un Àirpetit', prêtre apostat du village de Fossas '
, , ,
ouvrait les portes en les touchant-avec son en Limousin , fut brûlé pour y avoir célébré
:
bras droit ; l'autre les fermait, en les touchant lés'.mystcres. — Au lieu de dire les saintes
avec son bras gauche. — Paracelse dit qu'il paroles de la consécration, on dit au sabbat:
a vu beaucoup de sages passer vingt années lielz-ébuth-, Behébulh, Behébuth ; le diable
.
sans manger quoi que ce fût. Si on veut se vole sous la forme d'un papillon autour de
;,
donner celte satisfaction qu'on enferme de celui qui dit la messe, et qui mange une
,
la terre dans un globe de verre, qu'on l'ex- hostie noire, qu'il faut mâcher pour l'avaler 2.
) pose, au soleil jusqu'à ce qu'elle soit pétrifiée, Messie des Juifs. — Quand le Messie vien-
>:
qu'on se l'applique sur le nombril, et qu'on la dra sur la terre (disent les rabbins dans lo
renouvelle quand elle sera trop sèche, on se Talmud), comme ce prince sera revêtu de la
i'
passera de manger et de boire, sans aucune force toute-puissante de Dieu aucun tyran no
peine, ainsi que Paracelse lui-même assure lui résister. Il
,
remportera-de grandes
avoir fait l'expérience pourra
pendant six mois, victoires
en
sur tous ceux qui régneront dans le
l'oy. la plupart des articles de ce diclion-
monde et tirera d'entre leurs mains tous les
;i nairo. Israélites qui gémissent sous leur domination.
' Mesmer ( ANTOINE), — médecin: allemand, Après les avoir rassemblés, il les mènera en
% fameux par la doctrine du magnétisme ani- triomphe à la terre de Chanaan , où ils trou-
mal, né en 17,34,'mort en 4,84.5. — Il a laissé veront les habits les plus précieux, qui se
\ plusieurs ouvrages dans lesquels il soutient feront d'eux-mêmes, et s'ajusteront à toute
S que les corps célestes, en vertu de la même sorte de grandeur et de taille ; ils y auront
force qui produit.leurs attractions mutuelles, aussi toutes les viandes qu'on peut souhaiter,
3 exercent une influence sur les corps animés, que le pays produira cuites et bien apprêtées,
| et principalement sur le système nerveux, un air pur et. tempéré, qui les, conservera
| l'iir l'intermédiaire d'un fluide subtil qui pé- dans une santé robuste, et prolongera.leur vie
\ .nèlro tous les corps: et remplit tout l'univers. au. delà de celle qui a.été accordée, aux pre-
% Il alla s'établir à Vienne, et tenta de guérir miers patriarches. —Mais tout cela n'est rien,
S lw le magnétisme;minéral,en appliquant, des en,comparaison du festin que leur, fera le
\ amants sur les parties malades. Ayant trouvé Messie, où, entre autres viandes , seront ser- ,

l -un rival dans cet art, iLse restreignit au ma- vis le boeuf Behemoth, qui s'engraisse depuis
> S'iétisme. animal, c'est-rà-dire à l'application . le commencementdu monde, et mange cha-
| ('6s mains seulement.sur le corps, ce qui le fil que jour toute l'herbe qui. croît sur mille
garder comme un-fou et un-visionnaire par 'i De pîanctarum inflexu.
ji .lusdifférentes, académies: de -médecine: où il .
Delançre, Incrédulité.ef méi;ré;uïce; etc. ,.p, 506,
.. :
MliT —-
3/i2!
— MET
montagnes; le poisson Loviallian, qui occupe qu'un q jeune homme' de l'île de Chypre fui
une nier tout entière ; et l'oiseau- fameux qui,' ehangée! en âne par Une sorcière, parce qu'j|
en étendant seulement ses ailes,; obscurcit le avaitun a penchant pour l'indiscrétion. Si 1K
soleil. On raconte qu'un jour cet oiseau ayant sorcières s étaient encore puissantes, bien dos
laissé tomber un de ses oeufs, cet oeuf abattit jijeunes gens d'aujourd'hui auraient les oreilles
parsà chute trois cents gros cèdres," et inonda, longues. I On lit quelque part qu'une sorcière
eii se crevant, soixante villages. — Avant de métamorphosar en grenouille un cabmelicr
mettre ces animaux à la broche, le Messie qui e mettait de L'eau dans son vin. Ko;/. p|';ES
les fera battre ensemble pour donner à son MÉLYE,
,
peuple un plaisir agréable et nouveau : car,
1
....
etc.
Métempsycose.—La mort, suivant celle
outre la monstrueuse grosseur de ces animaux doctrine, i
n'était autre chose que le passagede
qui s'entre-choqueronl, il est rare de voir lé ]l'âme dans un autre corps. Ceux qui croyaient
eombat d'un animal terrestre, d'un poisson à la métemspycose disaient que les âmes,
et d'un oiseau. Mais aussi faut-il que toutes étant, sorties des corps , s'envolaient sous la
les actions de ce Messiesoienl extraordinaires. conduite, de Mercure dans un lieu souterrain
Il tiendra dans son palais pour marque de sa où étaient d'un côté le Tartare, et de l'autre
grandeur, un corbeau et ,un lion qui sont des les Champs-Elysées. Là, celles qui avaient
plus rares. Le corbeau est d'une force prodi- mené une vie pure étaient heureuses, et cel-
gieuse : une grenouille, grosse comme un vil- les des méchants se voyaient tourmentées par
lage de soixante maisons, ayant été dévorée les furies. Mais, après un certain temps, les
par un serpent, le corbeau du Messie mangea unes et les autres quittaient ce séjour pour
l'un et l'autre aussi aisément qu'un renard habiter de nouveaux corps, même ceux des
avale une poire, comme dit le rabbin Bahba, animaux; et, .afin d'oublier entièrement tout
présumé témoin oculaire du fait. Le lion n'est le passé, e\le§ b'uvaienl de l'eau du fleuve Lé-
pas moins surprenant -. un empereur romain thé. On peut'•.''regarder les Egyptiens comme
en ayant ouï parler et prenant ce qu'on en les premiers auteurs de cette ancienne opi-
disait pour une fable, commanda au rabbin nion de la. métempsycose, que Pythagore a
•losué de le lui faire voir. Le rabbin, ne pouvant répandue dans la suite. — Les manichéens
désobéir à de pareils ordres, serait en prières; croient à la métempsycose, tellement que les
et Dieu lui ayant accordé la permission de âmes, selon eux , passent daiis des corps de
montrer celle bêle, il alla la chercher dans pareille espèce à ceux qu'elles ont le plus ai-
le- bois d'Éla, où elle se tenait. Mais quand més dans leur vie précédente ou qu'elles ont
elle fut à quatorze cents pas de Home, elle se le plus maltraités. Celui qui a tué un rai ou
mit à mugir si furieusement que toutes les une -mouche sera contraint, par punition, de
femmes enceintes avortèrent, et que les murs laisser passer son âme dans le-corps d'un rat
de la ville furent renversés. Quand elle en fut ou d'une ympuche. L'état où l'on sera mis
à mille pas, elle rugit une seconde fois, ce après sa mort sera pareillement opposé n l'é-
qui fit tomber les dents à tous les citoyens; et tal où l'on est pendant la vie. Celui qui est
l'empereur, ayant été jeté à bas de son trône, riche sera pauvre, et celui qui est pauvre de-
fil prier .losué de reconduire au plus tôt le lion viendra riche. C'est celle dernière croyance
dans son bois. qui dans le temps Multiplia le parti des niani-
Métamorphoses. — La mylhoiogie desi chéens. Foi/. GiiiKctiî, et ÏUANSMIGI\ATION.
païens avait ses métamorphoses ; nous avons> Métoposcopie , — art de connaître les
aussi les transformations moins gracieuses des; hommes par les ridés du front. Cardan publia
sorciers. Mais nous avons aussi les fées. — dans le seizième siècle un traité de Méiopos-
Les sorciers qu'on brûla à Vérhon, en 4 566 copie, dans lequel il fait connaître au public
,
s'assemblaient dans un vieux château, sous; une foule de découvertes curieuses. Le front,
des formes de chats. Quatre ou cinq hommes, dit-il, est de toutes les: parties du: visage la
,
un peu plus hardis qu'on né l'était alors,, plus importante et la'pl.us caractéristique; un
résolurent d'y passer la huit, mais ils se2 physionomiste habïlèpèut, sûr l'inspecliondu
trouvèrent assaillis d'un si grand nombre deB front seul', deviner' lés moindres nuances du
chais que l'un d'eux fût tué" et les autress caractère d'un hoïrimé. En général, un front
grièvement blessés. Les chats, dé leur côte, très-élévé avec un visage long ef un' menton
n'étaient pas invulnérables ; et oh éii vit plu-i-, qui se terriiine en pointe est l'indicé de la iwi-
sieurs le' lendemain qui, ayant repris leur ir lite des moyens, in front très-osseux .an-
figure d'hommes èl dé femmes, portaient les :s nonce un naturel opiniâtre et querelleur;—1
marques du combat qu'ils avaient, soutenu. i. ce front est aussi tïès-c-lïarnu, il est le signe
Koi/. Loups - GA'ROVS.- — Spranger conte £ de la grossièreté. I3n- front éarré, larSe' avCC
MET =—
3/i3i — —> MET
oeil franc sans effronterie, indique- du cou- cl, avare,
;r mais qui a de meilleurs moments.
mi
rlir(i avec
de la sagesse. Un front arrondi et Fortement
Forli prononcée, elle annonce de la mo-
saillant par le haut, qui descend ensuite per- dération, déra de l'urbanité, du savoir-vivre, un
peiidiwiloiremeht sur l'oeil, et qui paraît plus penchant penc à la magnificence. — La ride de Vé-
larce qu'élevé,
annonce'du jugement, de la nus fortement prononcée est le signe d'un
mémoire, de la vivacité, mais un coeur froid, homme hom porté aux plaisirs. Brisée el inégale,
Des rides obliques au front, surtout si el- cettecette ride promet des retours sur soi-même.
_-
les se trouvent parallèles, annoncent un es- Si elle
e n'est pas du tout prononcée la com-
,
prit soupçonneux. Si ces rides parallèles sont plex
plexion est froide. — La ride de Mercure
presque droites, régulières, pas très-profon- bien marquée donne l'imagination, les inspi-
des, elles promettent du jugement, de la sa- ralic poétiques, l'éloquence. Brisée, elle ne
rations
aesse, un esprit droit. Un front, qui serait bien donne dont plus que l'esprit de conversation, le ton
ridé dans sa moitié supérieure, et sans rides de la li société. Si elle ne parait pas du tout, ca-
dans sa moitié inférieure, serait l'indice de ractère racl nul. — Enfin la ride de la Lune, lors-
quelque stupidité. — Les rides ne se pronon- qu'elle qu'e est très-prononcée, indique un tem-
cent- qu'avec l'âge. Mais avant, de paraître, péri
pérament froid, mélancolique. Inégale ef bri-
elles existent dans la conformation du front; sée, elle promet des moments de gaieté entre-
le travail quelquefois les marque dans l'âge le mèl de tristesse. Si elle manque tout à l'ait,
mêlés
plus tendre. 11 y a au front sept rides ou li- c'es l'enjouement et la bonne humeur. —
c'est
gnes principales qui le traversent d'une L'hi L'homme qui a une croix sur la ride de Mer-
tempe à l'autre. La planète de Saturne pré- cun se consacrera aux lettres et aux sciences.
cure
sido à la première, c'est-à-dire la plus haute ; Deux lignes parallèles et perpendiculaires
Dec
Jupiter préside à la seconde; Mars préside â sur le front annoncent, qu'on se mariera deux
la troisième ; le soleil à la quatrième; Vénus fois trois fois si ces lignes sont au nombre de
fois,
à la cinquième ; Mercure à la sixième ; la Lune trois, quatre fois si elles sont au nombre de
Iroi
à la septième, qui est la dernière, la plus quatre, qu;i el toujours ainsi. — Une figure qui
basse et la plus voisine des sourcils. — Si ces aura anr la forme d'un C, placée au haut du front
lignes sont petites, tortueuses, faibles, elles sur la ligne de Saturne annonce une grande
,
annoncent un homme débile et dont la vie mémoire. mé Ce signe était évident sur le front
sera courte. Si elles sont interrompues, bri- d'un d'il jeune Corse dont parle Muret, qui pou-
sées, inégales, elles amènent des maladies vai retenir en un jour et répéter sans effort
vait
,
des chagrins, des misères; également mar- dix dix-huit mille mots barbares qu'il n'entendait
quoes, disposées avec grâce où prononcées pas. pa: Un C sur la ligne de Mars présage la
fortement, c'est l'indice d'un esprit juste et l'or force du corps. Ce signe était remarquable
l'assurance d'une vie longue ef heureuse. Ile- sur sui le front du maréchal de Saxe, qui était si
marquons cependant que chez un homme à robuste roi qu'il cassait des barres de fer aussi
qui le travail ou des.revers ont sillonné le aisément
ais qu'un paysan ordinaire casse une
front de rides profondes, on ne peut plus tirer branche bn d'arbre ou un bâton de bois blanc.
de ce signe les mêmes conséquences; car alors Un C sur la ligne de Vénus promet de mau-
ces lignes étant forcées, ce n'est plus que l'in- vaises
va affaire?. Un C sur la ligne de Mercure
dico de la constance.
— Quand la ligne de annonce an un esprit mal fait, un jugement tim-
Saturne n'est pas marquée, on peut s'allen- br bré. Un 0 entre les deux sourcils, au-dessous
die à des malheurs que l'on s'attirera par im- do de la ride de la Lune, annonce un naturel
prudence. Si elle se brise au milieu du front, prompt pr à s'emporter, une humeur vindicative.
;;
c'est une vie agitée.. Prononcée fortement, Le hommes qui portent, celte figure sont or-
Les
cesl une heureuse mémoire, une patience di dinairement des duellistes, des boxeurs. Les
sage. — Quand la ride de 'Jupiter est brisée, époux qui ont le front chargé do ce signe se
ér.
? on est menacé.de faire des sottises. Si elle battent
bt en ménage.,.. — Celui qui aura en-
-
"est pas marquée, esprit faible, inconséquent, In tre les deux sourcils, sur la ligne de la Lune,
cl'ii restera dans la médiocrité.. Si.elle,
se pro- la figure d'un X, est exposé à .mourir au
i «once bien, on peut espérer les honneurs et champ cl d'honneur dans une grande bataille.
'" fortune. Celui qui porte au milieu du front, sur la
— La ligne de Mars brisée promet •TT- -rr
;; l 111 caractère inégal. Si elle né paraît point, ligne du Soleil, une petite figure carrée ou un
lii
cest un homme doux, timide et modeste. For- triangle, tr fera fortune sans peine..Si ce signe
l 'enienlprononcée, audace, colère, emporté- esta es droite, il promet une succession. S'il,est
j nieiii. .— Quand la ligne du Soleil manque à gauche, il annonce des biens mal acquis.
i cl '"égaie, elle dénote un bourru maussade bant -
j 'fuit à fait, c'est le signe de l'avarice. Brisée — Deux lignes parlant du nez el se recour-
b des deux côtés sur le front, au-dessus
,
MED — 3/iij. — MIC ï
des yeux, annoncent des procès. Si ces lignes Meyer, — professeur de philosophie à i',,. \
sont au nombre de quatre et qu'elles se re- niversité de Halle, auteur d'un Essai sur ;cs \
courbent deux à deux sur le front., on peut apparitions, traduit de l'allemand' par F. p|, v.
craindre d'être un jour prisonnier de guerre de Basr. 4748, in-42. — L'auteur convient i-
et de gémir captif sur un sol étranger.... —- qu'on est sur un mauvais terrain lorsqu'on *
Les figures rondes sur la ligne de la Lune an- écrit sur les spectres. Il avoue qu'il n'en a ja. ;
noncent des maladies aux yeux. — Si vous mais vu et n'a pas grande envie d'en voir, u f
avez dans la partie droite du front, sur la li- observe ensuite que l'imagination est pour '
gne de Mars, quelque figure qui ressemble à beaucoup dans les aventures d'apparitions, i
un Y, vous aurez des rhumatismes. Si cette «Supposons, dit-il, un homme dont la mé- '
figure est au milieu du front, craignez la moire est remplie d'histoires de revenants-
go'utle. Si elle est à gauche, toujours sur la car les nourrices, les vieilles et les premiers '
ligne de Mars, Vous pourrez bien mourir d'une maîtres ne manquent pas de nous en appren-
goutte remontée. -— La figure du chiffre 3 sur dre ; que cet homme pendant la nuit soit cou-
la figure de Saturne annonce des coups de ché seul dans sa chambre ; s'il entend devant
bâton. Sur la ligne de Jupiter, un emploi lu- sa porte une démarche mesurée, lourde el
cratif. Sur la ligne de Mars, commandement traînante, ce qui marche est peut-être un
d'un corps d'armée dans une bataille, mais le chien, mais il est loin d'y songer, et il a en-
commandant sera fait prisonnier dansleconi- tendu un revenant, qu'il pourra même avoir
-
bat. Sur la ligne du Soleil, ce signe annonce vu dans un moment de trouble. » -—L'auteur
quelque accident qui vous fora perdre le liers termine en donnant celle recette contre les
de votre fortune. Sur la ride de Vénus, dis- apparitions : 4° qu'on lâche d'améliorer son
grâces dans le ménage. Sur la ligne de Mer- imagination el d'éviter ce qui pourrait la faire
cure, elle fait un avocat. Enfin, sur la ligne exlravaguer ; 2° qu'on ne lise point d'histoi-
delà Lune, la figure du chiffre 3 annonce à res de spectres, car un homme qui n'en a
celui qui la porte qu'il mourra malheureuse- jamais lu ni entendu n'a guère d'apparitions.
ment, s'il ne réprime sa passion pour le vol. «Qu'un spectre soit ce'qu'il voudra,'ajoute
— La figure d'un Y sur la ligne de Mars an- Meyer, Dieu est le maître, et il nous sera
nonce qu'on sera soldat et qu'on mourra ca- toujours plus favorable que contraire: »
poral. La figure d'un H sur la ligne du Soleil MCichael (ELIAGIM). — Jean Dèsniarels,
ou sur celle de Saturne est le présage qu'on sieur de "Saint-Sorlin , avait publié dès Avis
sera persécuté pour des opinions politiques. du Saint-Esprit- au roi. Mais le plus éclatant
La figure d'un P est le signe, partout où elle et le plus important des avis de cette sorte est
paraît, d'un penchant à la gourmandise qui celui qui fut apporté un peu plus tard par lo
pourra faire faire de grandes fautes. — Nous grand prophète Eliacim Michael. Il nous aver-
terminerons ce petit traité par la révélation tissait, dit Baillet, que dans peu de temps on
du signe le plus flatteur : c'est celui qui a une verrait une armée de cent quarante-quatre
ressemblance plus ou moins marquée avec la mille hommes de troupes sacrées sous les or-
lettre M. En quelque partie du front, sur dres du roi, qui avait pour lieutenants les qua-
quelque ride du front que cette figure pa- tre princes des anges. Il ajoutait que LouisXlV
raisse, elle annonce le bonheur, les talents, avec celte armée exterminerait absolument
une conscience calme, la paix du coeur, une tous les hérétiques et tous les mahométans;
heureuse aisance, l'estime générale et une mais que tous ses soldats merveilleux seraient
heureuse mort. — Toutes bénédictions que je immolés 1.
souhaite au lecteur.. Miohel (MONT SAINT-). — II. y a sur le
Meurtre. — « Dans la nuitqui suivit l'en- mont Saint-Michel en Bretagne cette croyance
sevelissement du comte de Flandre Charles- que les démons chassés du corps des hommes
le-Boii:', ses meurtriers, selon la coutume des sont enchaînés dans un cercle magique sur le
•païens et des sorciers, firent apporter du pain haut de cette montagne ; ceux qui mettent le
et. un vase plein de cervoise. Ils s'assirent au- pied dans ce cercle courent toute la nuit sans
tour du cadavre , placèrent, la boisson et le pouvoir s'arrêter: aussi la nuit on n'ose tra-
pain sur le linceul comme sur une table, bu- verser le mont Saint-Michel 2.
vant et mangeant sur le mort, dans la con- Mîphel, — maréchal-ferranl de Salon on
fiance que par cotte action ils empôcheraient Provence eut une singulière aventure e»
qui que ce fût de venger le meurtre com- ,
mis >. » Année 4127. Lettre5 ces
' P. Nicole, sous le nom de Damvillicvs,Préjuge
vibioiinaires; Baillet, Jugea!,
des savants,
1 Gualbert, Vie de Cliarles-le-Bon, cliap. 18, dan litres des livres.
Va collection des Bollandistes: 2 mars. ? Cambry, Voyage dans le Finistère, t. Iv, p. 24--
MIC — 3ùo — MIL
.,697. Un spectre , disait-on , s'était montré à église;
i ce qui arriva , dit Granger. Comme il
un
bourgeois de la ville et lui avait ordonné était i un jour à l'office, il lui tomba sur la tète
d'aller parler à Louis XIV, qui était, alors à une
'
pierre qui le tua.
yn.rsnilles. Il lui avait recommandé le secret Midas. — Lorsque Midas, qui fut depuis
envers lotit autre que l'intendant de la pro- roi de Phrygie, était encore enfant, un jour
vince, sous peine de mort. Ce bourgeoiseffrayé qu'il dormait dans son berceau des fourmis
conta sa vision à sa femme et paya son indis- emplirent sa bouche de grains, de froment.
crétion de sa vie. Quelque temps après la Ses parents voulurent savoir ce que signifiait
même apparition s'étant adressée à un autre ce prodige ; les devins consultés répondirent
habitant de Salon, il eut l'indiscrétion d'en
: que ce prince serait le plus riche des hom-
] faire part à son père; et il mourut comme le
mes '. Ce qui n'a été écrit qu'après qu'il l'é-
premier. Tous les alentours furent épouvantés tait devenu.
: de ces deux tragédies. Le spectre se montra
alors à Michel, qui se rendit aussitôt chez l'in-
Midi, — V01J. DÉMON DE MIDI.
:
tendant, où il fut d'abord traité de fou; mais Wligalena, — sorcier du pays de Labour,
ensuite on lui accorda des dépêches pour le qui fut arrêté à l'âge de soixante ans el tra-
i ,
* marquis de Barbezieux lequel lui facilita les duit devant les tribunaux en même temps que
, même pays. Migalena
! moyens de se présenter au premier ministre Bocal, autre sorcier du
du roi. Le ministre voulut savoir les motifs avoua qu'il avait été au sabbat, qu'il y avait
' qui engageaient ce bonhomme à parler au fait des sacrifices abominables, qu'il y avait
-

i prince en secret. Michel, à qui le spectre ap- célébré les mystères en présence de deux
; parut de nouveau à Versailles, assura qu'au cents sorciers. Pressé par son confesseur de
:
risque de sa vie il ne pouvait rien divulguer; prier Dieu , il ne put réciter une prière cou-
; et comme
il était néanmoins pressé de lui ramment, il commençait le Pater, l'Ave, sons
; parler, il dit au ministre que, pour lui prou-
les achever, comme si le diable qu'il servait
ver qu'il ne s'agissait pas de chimères, il pou-
l'en eût empêché -.
-
: vaït demander à Sa Majesté si, à sa dernière
Milan, — oiseau qui a des propriétés ad-
; chasse de
Fontainebleau elle-même n'avait mirables. Albert-le-Grand dit que si on prend
,
pas vu un fantôme? si son cheval n'en avait sa tète et qu'on la porte devant son estomac,
,
pas élé troublé? s'il n'avait pas pris un écart? on se fera aimer de tout le monde. Si on l'at-
il si Sa Majesté, persuadée que ce n'était tache au cou d'une poule, elle courra sans
qu'une illusion, n'avait pas évité d'en parler relâche jusqu'à ce qu'elle l'ait déposée ; si ou
à personne?
— Le marquis et le ministre frotte de son sang la crête d'un coq, il no
; ayant informé le roi de ces particularités, chantera plus. Il se trouve une pierre dans
Louis XIV voulut voir secrètement Michel le
ses rognons qui, mise dans la viande que doi-
' jour même ; personne n'a jamais pu savoir ce vent mange.' deux ennemis, les rend bons
qui eut lieu dans cette entrevue. Mais Michel, amis el les fait vivre en bonne intelligence.
j après avoir passé trois jours à la cour, s'en
revint dans sa province, chargé d'une bonne Millénaires. — On a donné ce nom 4° à
i sonimed'argeiitqueluiavaitdonnée LouisXIV des gens qui croyaient que notre Seigneur, à
la fin du monde, régnera mille ans sur la
avec ordre de garder le secret le plus rigou-
reux sur le sujet de sa mission. —: On ajoute terre ; 2°
à d'autres qui pensaient que la fin
que, lo roi étant un jour à la chasse, le duc
du monde arriverait en l'an mil; 3° à d'autres
de Duras, capitaine des gardes du corps, encore qui avaient imaginé que, de mille ans
ayant dit qu'il n'aurait jamais laissé appro- en
mille ans, il y avait pour les damnés une
) cher Michel de la personne du roi s'il n'en cessation des peines de l'enfer.
avait reçu l'ordre, Louis XIV répondit: «Il Millo, —vampire de Hongrie au dix-hui-
n'est pas fou comme vous le pensez, et voilà tième siècle. Une jeune fille, nommée Sta-
-
comme on juge mal.» Mais on n'a pu décou- noska, s'étant couchée un soir-en parfaite
vrir ce mystère. santé, se réveilla au milieu de la nuit toute
Michel de Sahourspe — sorcier du pays tremb'ante, jetant des cris affreux, et disant
'-
'le Saxe, qui déclara qu'il, avait vu au sabbat que le'jeune Millo, mort depuis neuf semai-
S ll" grand et un petit diable; que le grand se nes, avait failli l'étrangler. Cette fille mourut
ï servait du petit comme d'un aide-de-camp ; au bout de trois jours. On pensa que Millo
\ el que lo derrière du grand-maître des sab- pouvait être un vampire"; il fut déterré, re-
i
"aïs était un visage.
BSiohel l'Écossais, 1 Valèrc-Maxime,
\
— astrologue du Seiziè- 2 Delancrc, Tableau de- l'inconstance des démons,
l Me siècle. Il prédit qu'il: mourrait dans une liv. v!, p. 423.
Ml ni — 3/rGi — Ml M t
connu pour tel, el décapité après avoir eu lé licile I el, en même temps la plus aisée : difli_
coeur percé d'un clou. Ses restes furent bru- cile ( tant que l'hypocrite so croit observé ; f;,_
lés et jetés dans la rivière. Ko;/. VAMI'IIOES. cile dès qu'il oublie qu'on l'observe.
<
— ç(v
Milon, — athlète grec qui était doué d'une pendant on voit tous les jours que la gravi là
force prodigieuse. Galien Mercurialis et et la timidité donnent à la physionomie la n|lls
d'autres disent qu'il se tenait, si ferme sur une honnête un aperçu de malhonnêteté. Sou- *

planche huilée, que trois hommes ne pou- vent c'est parce qu'il est. timide, et non prjj,,,
vaient la lui faire abandonner. Athénée ajoute parce qu'il est. faux, que celui qui vous l'ail un •

qu'aux jeux olympiques il porta long-temps récit ou une confidence n'ose vous regarder
sur ses épaules un boeuf de quatre ans, qu'il en face. — N'attendez jamais une humeur ï
mangea le même jour tout entier; fait.aussi douce et tranquille d'un homme qiii s'agite :
vrai que le trait de Gargantua lequel avala sans cesse avec violence, el en général ne
, craignez ni emportement, ni excès de quoi- <
six pèlerins dans une bouchée de salade 1.
de Kullan,
qu'un dont le maintien est toujours sage ci
Mimer. — En face on aperçoit posé. Avec une démarche alerte on ne peut
une colline couverte de verdure qu'on appelle ,
la colline d'Odin. C'est là, dil-on, que le dieu guère être lent el paresseux ; et celui qui se
Scandinave a été enterré. Mais on n'y voit que traîne
nonchalamment à pas comptés n'an-
le tombeau dû conseiller d'étal Schimniei- nonce pas cet
esprit d'activité qui ne craint ni
était dangers, ni obstacles pour arriver au but.
mann, qui un homme fort paisible, très- —
soucieux, je crois, de Valhalia Une bouche béante et fanée, une attitude insi-
peu monter au
et de boire le «m'ecct avec les valkyries. Ce- née lesdehors,
pide.; bras pendants et là main gauche tour-
pendant une enceinte d'arbres protège l'on— en sans qu'on en devine le motif,
droit où les restes du dieu suprême ont été annoncent la stupidité naturelle, la nullité, î
déposés; une source d'eau limpide y coule le vide, une curiosité hébétée. — La démarche j
doux murmure. Les jeunes filles dés d'un sage est différente de celle d'un idiot,
avec un
environs qui connaissent leur mythologie di- et un idiot est assis autrement qu'un homme '
c'est vraie de sagesse, sensé. L'altitude du sage annonce la médita-
sent que la source la
lasourcede Minier,pour laquelleO'din sacrifia tion, le recueillement ou le repos. L'imbécile
de Dans les beaux jours d'été, reste sur sa chaise sans savoir pourquoi ; il
un ses yeux. semble fixer quelque chose et son regard ne
elles y viennent boire 2.
porte sur rien ; son assielte est isolée comme
Mimi, — voy. Zozo. lui-même. — La prétention suppose un fond
Mimique, — art, de cwinaiire les hommes de sottise. Attendez-vous à rencontrer l'une
par leurs gestes, leurs attitudes, elc. C'est la et l'autre dans toute physionomie dispropor-
partie la moins douteuse de la physiognomo- tionnée et grossière qui affecte un air de so-
nie. La figure est souvent, trompeuse ; mais lennité el d'autorité." .lomais l'homme sensé
les gestes et les mouvements d'une personne ne se donnera des airs, ni ne prendra l'atti-
qui ne se croit pas observée peuvent donner tude d'une lèle éventée. Si son attention ex-
une idée plus ou moins parfaite dé son carac- citée, l'oblige à lover la lèle, il ne croisera
tère. Kieti n'est plus significatif, dit Lavater, pourtant pas les bras sur le dos; ce maintien
que les gestes qui accompagnent l'altitude et suppose de l'affectation,surtout avec une phy-
la démarche. Naturel ou affecté, rapide on sionomie qui n'a rien de désagréable, mais qui
lent, passionné ou froid, uniforme ou varié, n'est pas celle d'un penseur, Un air d'in-
badin;.aisé forcé, dégagé roi- -r-
grave ou ou ou certitude dans l'ensemble,' un visage qui dans
de noble ou bas, fier ou humble, hardi ou son immobilité ne dit rien dû toul.nesonl pas
,
timide, décent Où ridicule, agréable, gra- des signes de.sagesse. Un homme qui, réduit
cieux, imposant, menaçant, le geste est diffé- à son néant, s'applaudit encore lui-même avec
rencié de mille manières. L'harmonie éton- joie, qui rit comme un sol sans savoir pour-
nante qui existe entre la démarche, la voix el quoi, ne parviendra jamais à former ou à sui-
le geste, se.dément rarement. Mais pour dé- vre une idée raisonnable. La crainte d'être
mêler le fourbe, il faudrait le surprendre an distrait se remarque dans —
la bouche. Dans
moment où se croyant seul il est encore lui- l'attention elle n'ose respirer. — Un homme
même, et n'a pas eu le temps de faire, prendre vide de sens, et qui veut se donner des airs,
à son visage l'expression qu'il sait lui donner. met la main droite dans son sein et la gauche
Découvrir l'hypocrisie est la chose la plus di.f- dans la poche, de sa culotte avec un-maintien
affecté et théâtral. —Une personne qui osl :Sl

1 Brown,Kssai sarlcs erreurs popul.,1. vu, eh. xvin, .toujours écoules ne promet rien de D>C"
P- 3?4-
' aux
'
' distingué..— Quiconque sourit sons sujetavet
2 Marinier, Souvenirs danois. .
SlIM Ml M.
— 3/i7 —
une lèvre
de travers, quiconque se lient soii- s ige cl modéré. — Rappelez-vous les gens
vcnt isolé sans aucune direction, sa; s aucune c li glissent plutôt qu'ils ne marchent,- qui -re-
lendance déterminée ; quiconque salue lé r. lient- en s'avariçant, qui disent des grossiè-
corps roide, n'inclinant que la tête en avant, i res d'ûn'ê voix basse et d'un air timide, qui
(gl un foû. — Si la démarché d'une femme oiis- fixent hardiment dès que vous ne les
csl sinistre, non-séulô'ment désagréable, mais oyez plus ; et n'osent jamais vous regarder
àiiuclie, impétueuse, sans dignité, se précipi- l anquilterherit en face, qui ne disent du bien
ifint en avant el de côté d'un air dédaigneux, i e personne j sinon des méchants, qui trou-
soyez sur vos gardes. Ne vous laissez éblouir, ent des exceptions à tout et paraissent avoir
ni par le charme dé la beauté, ni par les grâ- Jujours contre l'assertion la plus simple une
esprit, ni même par l'attrait de la ôntrariiclion toute prête; et fuyezTatmo-
ces de son
confiance, qu'elle pourra vous témoigner ; sa phère où ces gens respirent. •— Celui qui
bouche aura les mêmes caractères que sa.dé- élève la tôle et la porte en arrière (que cette
marche, et ses procédés seront durs et faux ète soit grosse ou singulièrement petite); ce-
comme sa bouche ; elle sera peu touchée ui qui se miré dans ses pieds mignons do
de tout, ce que vous ferez pour elle, et se nanière à les faire remarquer ; celui qui, vou-
vengera de la moindre chose que vous aurez ant montrer de grands yeux encore pi us grands
négligée Comparez sa démarche avec les li- lu'ils ne sont, les tourne exprès de côté corn-
anes de son front et les plis qui se trouvent ue pour regarder fout par-dessus l'épaule ;
autour de sa bouche, vous serez étonné du :elui qui, après vous avoir prêté long-temps
merveilleux accord de toutes ces lignes cârac- .in silence orgueilleux, vous fait, ensuite iin'6
térisiiques. — Ayez le plus de réserve possi- réponse courte,, sèche et tranchante, qu'il ac-
;
ble eu présence de l'homme gras et d'un te'm- compagne d'un froid sourire; qui, du moment
péramerif colore qui semble toujours mâcher, qu'il aperçoit la réplique sur vos lèvres,
i
roule sans cesse les yeux autour de soi, ne prend un air sourcilleux et murmure to'iit.bas
; parle jamais de sens rassis, s'est donné c'e- d'un ton propre à veus ordonner le silence;:
pendant l'habitude d'une politesse affectée, cet homme a pour le moins trois qualités
mais traite tout avec une espèce de désordre haïssables avec tous leurs symptômes, Leri-
et d'iniproprêlé. Dans son nez rond , court, lètèment, l'orgueil, la dureté; très-probable-
: retroussé, daiïs sa bouche béante, dans les ment il y joint encore la fausseté, la fourbe-
i mouvements irrégùliers de sa lèvre inférieure, rie et l'avance. — Le corps penché en avant
do son front saillant et plein d'excroissances, annonce un homme prudent et laborieux. Le
'I dans sa démarche qui se fait entendre de loin, corps penché en arrière annonce un homme
vous reconnaîtrez l'expressiondu mépris et rie vain, médiocre et orgueilleux. — Les bor-
la dureté, des démi-lalénts avec la prétention gnes, les boiteux et surtout les bossus, ditAI-
d'un talent accompli, de la méchanceté sous berf-le-Grand, sont rusés, spirituels, un peu
une gauche apparence de bonhomie. — Fuyez malins et, passablement méchants. — L'hom-
tout homme dont la voix toujours tendue, (ou- me sage rit rarement et peu. Il se contente
:; jours montée, toujours haute et sonore, ne ordinairement de sourire. Quelle différence
cosse de décider ; dont les yeux, tandis qu'il enlre le rire affectueux de l'humanité et le
décidé, s'agrandissent, sortent de leur orbite; rire infernal qui se réjouit du mal d'aulrûi !
dont les sourcils se hérissent; les veines se Il est des larmes qui pénètrent les cieux; il en
gonflent, la lèvre inférieure se pousse en est d'autres qui provoquent l'indignation- cl
avant, dont les nïainS se tournent en poings; le mépris.— Remarquez aussi la voix (conir-
mais qui se calme tout à coup, qui reprend le me lès Italiens font dans leurs passe-ports -et
Ion d'une politesse froide, qui fail rentrer ses dans leurs signalements); distinguez si: elle est
yeux et ses lèvres, s'il est interrompu par la haute ou basse, forte ou faible, claire ou
' présence imprévued'un personnage important sourde, douce ou rude, juste ou fausse. Le
qui se trouve être votre ami. — L'homme son de la voix, son articulation , sa faiblesse
i 'dont les traits et la couleur du visage chan- el soii étendue, ses inllexions dans le haut et
| gent subitement, qui cherche avec soin: à ca- dans le bas; la volubilité et l'embarras de la
cher cette altération soudaine, et sait repren- langue, tout cela est infiniment caractéristi-
| dre aussitôt un air calme ; celui qui possède que. Le cri.des animaux lés plus courageux
l'art de, tendre et détendre les muscles de sa est simple, dit Arislole, et ils le poussent sans
j
\ touche, de les tenir pour ainsi dire en bride, effort marqué. Celui des animaux timides est
« Particulièrement lorsque l'oeil observateur se beaucoup plus perçant. Comparez,à cet égard
.;
dirigé sur lui cet homme a moins dé probité le lion, le boeuf, le coq qui chante son triom-
:
(|ie de prudence ; il est plus courtisan que phe, avec le cerf et* le lièvre ; ceci peut sîap-
MIN — 3ïi8I — MIR j
pliquer aux hommes. La voix grosse et forte Mmgrèlie. —Le christianismedansce paVs >
annonce un homme robuste; la voix faible, de schisme grec est très-corrompu. On y voit 1'
un homme timide. La voix claire el sonnante des prêtres baptiser des enfants distingués I
dénote quelquefois.un menteur; la voix ha- avec du vin. Lorsqu'un malade demande des f
bituellement tremblante indique souvent un secours spirituels-, le prêtre ne lui parle
n;iS ,
naturel soupçonneux. L'effronté et l'insolent de confession ; mais il cherche dans un livre
ont la voix haute. La voix rude est un signe la cause de sa maladie et l'attribue à la colère
de grossièreté. La voix douce el pleine, agréa- de quelqu'une do leurs images, qu'il faut apai- !
ble à l'oreille, annonce un heureux naturel. ser par des offrandes. j.
•:—Uii: homme raisonnable se met tout autre-
WCinoson,—• démon qui fait gagner à tou-
ment qu'un fat; une femme pieuse autrement tes sortes de jeux ; il dépend de Haiil, l'un
qu'une coquette. La propreté et la négligence. des plus puissants chefs de l'enfer 1.
la simplicité et la magnificence le bon et le
mauvais goût, la présomption el, la décence, Minuit. — C'est à celle heure-là que se ^
la modestie ef la fausse honte : voilà autant fait le sabbat des sorciers, et que les spectres f
de choses qu'on distinguée l'habillement seul. el les démons apparaissent. Cependant lo i
La couleur, la coupe, la façon l'assortiment diable n'aime pas uniquement l'heure de mi- i
d'un habit, tout cela est expressif,
et nuit, car il peut tenir sabbat, à midi, comme !
encore l'ont avoué plusieurs sorcières telles que
nous caractérise. Le sage est simple el uni Jeannette d'Abadie Catherine ,
dans son extérieur ; la simplicité lui est na- el de Naguille!.
turelle. On reconnaît bientôt un homme qui Mirabel (HONORÉ), fripon qui fut condamné
s'est paré dans l'intention de plaire, celui qui aux galères perpétuelles, après avoir été ap-
ne cherche qu'à briller, et celui qui se néglige p'iquô à la question, par arrêt du 18 février
soit pour insulter à la décence, soit pour se 1729. Il avait promis à un de ses amis, nom-
singulariser. — 11 y aurait aussi des remar- mé Atiguier, de lui faire trouver des trésors
ques à faire sur le choix et l'arrangement des par le moyen d.u diable. 11 fouilla, après
meubles dit Lavaler. Souvent d'après ces maintes conjurations, dans un jardin près de
bagatelles, on peut juger l'esprit et le carac- Marseille, et dit qu'il y avait là un sac de pic-
tère du propriétaire ; mais on ne doit pas toul ces portugaises que lui avait indiqué un spec-
dire. Yoy. PHYSIOGNOMONIË. tre. 11 lira en présence de plusieurs personnes
Mineurs (DÉMONS). — 11 y a de malins es- et d'un valet, nommé Bernard, un paquet en-
prits qui, sous la forme de chèvres, vont veloppé d'une serviette ; l'ayant emporté chez
tourmenter les mineurs; on dil qu'ils appa- lui, il le délia et y trouva un peu d'or, qu'il
raissent souvent aux mines métalliques et donna à Auguier, lui en promenant davan-
battent ceux qui tirent les métaux. Cependant tage et le priant de lui prêter quarante francs ;
ces démons ne sont pas tous mauvais, puis- ce qui doit sembler assez singulier. L'ami lui
qu'il y en a qui au contraire aident les ou- prêta celle somme, lui passa .un billet pur le-
vriers. Olaiis Magnus dit que ces derniers se quel il reconnaissait lui devoir vingt mille li-
laissent voir sous la forme de nains, grands vres, et lui remettait les quarante francs. Le
d'un demi-mètre ; qu'ils aident à scier les billet fut signé le 27 septembre 1726. Quelque
pierres, à creuser la terre ; mais que malgré temps après, Mirabel demanda le paiement
cela ils ont toujours une tendance au mal, el du billet; comme on le refusa , parce que le
que les malheureux mineurs sont souvent vic- sorcier n'avait donné que des espérances, il
times de leurs mauvais traitements. — Au eut la hardiesse d'intenter un procès; mais en
reste on a distingué six sortes d'esprits qui fin de cause il se vit, comme on l'a dit, con-
fréquentent les mines et sont plus ou moins damné aux galères par messieurs du parle-
méchants; quelques-uns disent qu'ils en ont ment d'Aix '.
vu dans les mines d'Allemagne qui ne lais- Mirabilis liber. —On attribue laplusgran-
saient aucun repos aux ouvriers, tellement de part de ce livre à saint Gésaire. C'est u»
qu'ils étaient contraints d'abandonner le mé- recueil de prédictions dues à des saints et a
tier ; et entre autres exemples qu'ils donnent des sibylles. Ce qui peut surprendre les esprits
de la malignité de cette engeance infernale forts, c'est que dons l'édition de 4S22 nn voit
,
on cite qu'un démon mineur tua douze arti- annoncés les événements qui ont clos si tra-
sans à la fois; ce qui fit délaisser la mine giquement-le dernier siècle, l'expulsion et
d'argent, qui était cependant très-productive 1.
Voy. A.IWERERG MONTAGNAllDS etc. 1 Clavicules de Salomon, p. 20.
, , '
liv.
Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc .
1 .Lenglet-DnCresnoy, Recueil de dissevt.. tom.l", 11,p. 60. '
y. 162. 3 3). Oalmcl, Dissertât, sur les apparitions, p. !*'•
M1R — 3 A') — MOIS
l'iiliulilio" de la noblesse, les persécutions enfin vous n'avez pas le talent d:; ressusciter,
contre ie clergé, la suppression des couvents, les morts. — Vous ne connaissez pas les
i(,
mariage des prêtres, le pillage dos églises, hommes, lui répliqua le docteur; je suis tran-
la mort
violente du roi et de la reine, etc. On quille. » L'événement justifia sa présomption.
ensuite que l'aigle venant des pays loin— 11 reçut d'abord une lettre d'un gentilhomme
v fit
inins rétablira l'ordre en France 1. du lieu; elle était ainsi conçue : — «Mon-
Miracles. —. Un certain enchanteur abattit sieur, j'ai appris que vous deviez faire une
une bosse en y passant
la main ; on cria au grande opération qui me fait trembler. J'a-
miracle !.... La bosse était une vessie enflée. vais une méchante femme, Dieu m'en a déli-
Tels sont les miracles des charlatans. — Mais vré ; et je serais le plus malheureux des hom-
parce que les charlatans font des tours de mes si vous la ressuscitiez. Je vous conjure
passe-passe qui singent les faits surnaturels donc de no point faire usage de voire secret
proprement appelés miracles (et il n'y a de dans notre ville, el d'accepter un petit dédom-
miracles que ceux qui viennent de Dieu), il magement que je vous envoie, etc. » •— Une
est absurde de- les nier. Nous vivons entourés
heure après les charlatans virent arriver chez
de miracles qui ne se peuvent expliquer quoi- eux deux jeunes gens qui leur présentèrent
qu'ils soient constants. — Nous ne pouvons une autre gratification, sous la condition de
parler ici que. des faux miracles, oeuvre de ne point employer leur talent à la résurrec-
Satan, ou fourberie des imposteurs qui ser- tion d'un vieux parent dont ils venaient d'hé-
vent ainsi la cause de l'esprit du mal. Ce qui riter. Ceux-ci furent suivis par d'autres, qui
est affligeant, c'est que les jongleries ont sou-
apportèrent aussi leur argent pour do pareil-
vent plus de crédit chez les hommes fourvoyés les craintes, en faisant la même supplication.
Enfin le juge-du lieu vint lui-même dire aux
(pie les faits extraordinaires dont la vérité est
établie, comme les superstitions ont parfois deux charlatans qu'il ne doulail nullement de
plus de racines que les croyances religieuses. leur pouvoir miraculeux qu'ils en avaient
,
On raconte l'anecdote suivante pour prou- donné des preuves par une foule de guéri-

; ver que les plus grandes absurdités trouvent sons;
mais que l'expérience qu'ils devaient
des partisans. Deux charlatans débutaient faire ie lendemain dans le cimetière avait mis
' dans une petite ville de province ; comme d'avance toule la ville en combustion, que
' Caglioslro, Mesmer et d'aulres personnages l'on craignait de voir ressusciter un mort dont
importants venaient de se présenter à Paris à le retour pourrait causer des révolutions dans
-
litre de docteurs qui guérissaient lotîtes les les fortunes, qu'il les priait de partir, et qu'il
;
maladies; ils pensèrent qu'il fallait quelque allait leur donner une attestation comme quoi
ils ressuscitaient réellement les morts.
chose de plus relevé pour accréditer leur sa- — Le
voir-faire. Ils s'annoncèrent donc comme certificat fut signé, paraphé , légalisé, dit le
; ayant le pouvoir do ressusciter les morts; et, conte; et les deux compagnons parcoururent-
afin qu'on n'en pût douter, ils déclarèrent les provinces", montrant partout la preuve lé-
qu'au bout de trois semaines, jour pour jour, gale de leur talent surnaturel....
ils rappelleraient à la vie, dans le cimetière
Miroir. — Lorsque François I"' faisait la
qu'on leur indiquerait, le mort dont on leur
guerre à Charles-Quint, on conte qu'un magi-
montrerait la sépulture, fïll-il enterré depuis cien apprenait aux Parisiens ce qui passait
dix ans, Ils demandent au juge du lieu qu'on
se
à Milan, en écrivant sur un miroir les nou-
les garde à
vue pour s'assurer qu'ils ne s'é- velles de cette ville el l'exposant à la lune,
chapperont pas, mais qu'on leur permette en de sorte que les Parisiens lisaient dans cet as-
attendant de vendre des drogues et d'exercer tre
ce que portait le miroir. Ce secret est
"
leurs talents. La proposition paraît si belle
perdu comme tant d'autres. l'oy. PÏTHAGOUE.
i qu'on n'hésite pas à les consulter. Tout le Pour la divination
{ monde assiège leur maison ; tout le monde
par le miroir, voy. CMSTAL-
L05IANCIIÏ.
s
trouve de l'argent pour payer de tels méde-
j çins. — Le grand jour approchait. Le plus Misraïm , — fils de Cham ; voy. MAGIE.
' jeune des deux charlatans qui avait moins Moensklint. — Les riverains de la mer
,
"• audace, témoigna
ses craintes à l'autre, et Baltique vous montrent avec orgueil une
j '"i dit: «Malgré toute votre, habileté, je crois grande masse de roc, toule blanche, taillée à
(lue vous nous exposez à être lapidés
; car
piC) surmontée de quelques flèches aiguës et
couronnée d'arbustes. Mais voyez, ce que le
Mirabilis liber qui proplietias revelationesque géologue appelle de la pierre calcaire, ce n'est
'; "Perle demonstrat.
,-inCnon
res mirandas, proeteritas, présentes et futnras1
ln-4°; Paris, 1522.
.

pas la pierre calcaire ; et ce qui s'élève au


* 1-e Monrle enclmitlê de llpelior haut de cette montagne sous la forme d'un
MOÇ — 350 MOI
massif d'arbres, ce n'est pas un massif d'ar- Moine.bourru , — 00)/. BourtMJ.
bres, Il y a là une jeune fée très-belle qui Moines. — On lit partout ce petit coiite
règne sur les eaux et sur l'île. Ce roc nu , T n moine, qu'une trop longue abstinence ra;.
c'est sa robe blanche qui tombe à grands re- c lit souffrir, s'avisa un jour dans sa celluti
plis dans les vagues et se diapré aux rayons J faire cuire
3 un oeuf à la lumière de sa lam
du soleil; cette pyramide aiguë qui le sur- . e. L'abbé qui faisait sa ronde, ayant ie
vu :
monte, c'est son sceptre; el ces rameaux de ., loine occupé à sa petite cuisine, l'en reprit• '
chêne, c'est sa couronne. Elle est assise au ( e quoi le bon religieux s'excus.anl dit.quô l
haut du pic qu'on appelle, le Dronnings Stol ( 'était le diable qui l'avait tenté et lui avaji
(le Siège de la Heine). De là elle veille sur r
ispiré celle ruse. Tout aussitôt parut le dia- f
son empire, elle protège la barque du pê- ; le Lui-même, qui était caché sous la table Ê
çheur et le navire du marchand. Souvent la t qui s'écria en s'adressant au moine : «TU
nuit ou a entendu sur celle côte des voix har- n as menti par ta barbe; ce tour n'est pas |
monieuses, des voix étranges qui ne ressem- le mon invention, et c?esl toi qui viens de me f
blent.pas à celles qu'on entend dans le mon- 'apprendre. » — Césaire d'Heislerbaçh donne
rle. Ce sont les jeunes fées qui chantent et ;el autre petit fait. Le moine Herman, coin-
<

>arant la rigoureuse abstinence de son ordre t


%
dansent autour de leur reine, et la reine est
là qui les regarde et leur sourit. Oh ! le peu- lux bons ragoûts que l'on mange dans le ':
ple est le plus grand de tous les poètes. Là ou îionde, vit entrer dans sa cellule un inconnu *
la science analyse et discute, il invente, il le bonne mine qui lui offrit un plat de pois-
donne la vje à la nature animée, il divinise t|
Il reçut ce présent.; et lorsqu'il voulut
les èlres que le physicien regarde comme une son. iceomnioder sou poisson il ne trouva plus |
"matière brute. 11 passe le long d'un lac et il y ,
sous sa main qu'un plat de fiente de cheval, r
voit des esprits; il passe au pied d'un roc de Il comprit qu'il venait de recevoir une lo-

craie, et il y voit une reine, et il l'appelle le çon et fut plus sobre '. |
Mamsk'int- (le rocher de la Jeune Fille) '. » ,
Mois. — Divinités de chaque mois chez h f"
Mog. —Dp ce nom peut-être est venu le païens. —.Union préside au mois de janvier;
niolimijus, magicien. On retrouve encore Neptune, à février; Mars, au mois qui porte ,•
dans l'Arménie l'ancienne région desMogs. «Le son nom; "Vénus, au mois d'avril; Plié- '
nom de Mog, dit M. Eugène Bore 2, est un bus, au mois de mai ; Mercure, au mois de
mol zend et. pelilvi qui a passé dans la Lingue juin; Jupiter, à juillet; Cérès, au mois d'août; ï
'.chaldéenne à l'époque où le symbole religieux Vulcain, à septembre; Pallas.au mois d'ocio- |
delà Perse fui adopté par le peuple de llaby- bue ; Diane, à novembre; Vesla, à décembre.
lojie. 11 représentait la classe pontificale ini- Anges de chaque mois. — Janvier esl le
, —
tiée sans doute à des doctrines secrètes dont mois de Gabriel; février, le mois de Bar-
ensuite ,
l'abus et l'iniposlure firent tomber ce chiel ; mars, le mois de Machidiel; avril, lo j
.
iitr.e en discrédit. Les prêtres ainsi désignés mois d'Asmodel ; mai, le mois d'Ambriel ; |
étaient ces anciens desservants du temple de juin le mois de Muriel ; juillet, le mois de j
Bélns, qu'avait visités et entretenus Hérodote, Yenohiel ,
; août, le mois d'Hamaliel ; sep-
et qu'il nomme Chaldéens aussi bien que le tembre le mois. d'Une! ; octobre, lo mois de
prophète Daniel. Ils avaient encore lé nom Barbiel ,; novembre, le mois d'Adnachiel; dé-
de sages ou philosophes , de voyants et- d'as- cembre, le mois d'IIanaël. —Démons de cha-
tronomes. Lorsqu'ils mêlèrent aux principes que mois, -r-Janvier est le mois de Déliai;
élevés de la science el de la sagesse les su- février, le mois de Lévialhan ; mars, le mois
perstitions de l'idolâtrie et, toutes les erreurs de Satan; avril, le mois d'Astarté; mai, le
de l'astrologie el de lu divination, ils furent mois de Lucifer; juin, le mois de Baalberiih;
appelés enchanteurs interprèles de songes, juillet, le mois' de Belzébuth; août, le mois
,
sorciers, en lin mot, magiciens. » Mais au d'Astaroth-.; septembre, le mois de Thamuz ;
dixième siècle Thomas Ardzérouni, cité par octobre; le-mois de Baal ; novembre, le mois
M. .Bore; appelle encore la contrée qu'ilsha- .d'Hécate; .décembre, le mois de Molocli. r-

draient-ils des Mogs? ' .."".'.


.bitaient le. pays des Mogs. Les Mpgols vien- Anitnau/x de chaque mois.

consacrée au mois de janvier; le cheval, au
La brebis c.-t

Mpgol. — Delancre dit qu'un empereur mois de février'; la chèvre, au.mois de mars;
mogol guérissait certaines maladies avec l'eau le bouc, au mois d'avril ; le taureau, au moi=
•dans laquelle il lavait ses pieds. de mai; le chien, au mois de juin; le cerf,f 1

,. "?
3 Mar., ier,.Traditions de la
mer Baltique. 1Coesarii lîeisterbach. De tentât., lil). IV;
"
Mir»' 1
'
De la Choldée el des Clialdéçns, cap. 87. ' "
MON
IMOK — 35 1 —
1

mois de juillet; le sanglier, au mois d'août; hommes grossièrement faits, ou des quadru-
l'jin;, au mois de
septembre; le loup, au mois pèdes, ou des oiseaux. On leur offre dos voeux
d'octobre; la biche, au mois de novembre; le el des sacrifices pour les apaiser.
ljon au
mois de décembre. •— Oiseaux de TOoloch, — prince du pays des larmes,
cftaffiii mois. — Le paon est consacré au mois membre du conseil infernal. Il étajl adoré par
5

je janvier'; le cygne, au mois de février; le les Ammonites, sous la figure d'Une statué de
niverl, au mois de mars; la colombe, au mois bronze assise sur un trône de même métal,
d'avril; le coq, au mois de mai; l'ibis, au ayant une tête de veau surmontée d'une cou-
mois de juin; l'aigle, au mois de juillet; le ronne royale. Ses bras étaient étendus pour
moineau, au mois d'août ; l'oie, au mois de recevoir les victimes humaines : on "lui sacri-
çcnlonihre ; la chouette, au mois d'octobre; fiait des enfants. DansMilton , Moloch est un
la corneille, au mois de novembre ; l'hiron- démon affreux et terrible couvert, des pleurs
rdelle. au mois de décembre. — Arbres de cha- des mères el du sang des enfants.
que,
mois. -— Le peuplier est l'arbre de jan- Momies. — Le prince de Badziville, dans
vier; l'orme, de février; le noisetier, de mars; son Voyage de Jérusalem, raconte une chose
le myrte, d'avril ; le laurier, de mai ; le cou- singulière, dont il a été le témoin. Il avait
; drier,
de juin; le chêne, de juillet; le pom- acheté en Egypte deux momies, l'une d'hom-

niier, d'août ; le buis, de septembre; l'olivier, me et l'autre de femme, el les avait enfer-
' d'octobre; le palmier, de novembre ; le pin,
mées secrètement en des caisses qu'il fit
de décembre. mettre dans son vaisseau lorsqu'il partit
:

Moïse. — Le diable selon les uns, un im-


d'Alexandrie pour revenir en Europe. Il n'y
posteur selon les autres, pour induire en
avait que lui et ses deux domestiques qui
; erreur le
peuple juif, prit la figure de Moïse sussent ce que contenaient les caisses, parce
; en 434. 11 se présenta aux Israélites de l'île que les Turcs alors permettaient difficilement
: de Candie, leur disant qu'il était leur ancien
qu'on emportât les momies, croyant que les
libérateur, ressuscité pour los conduire une chrétiens s'en servaient pour des opérations
i seconde fois à la lerre promise. Les Israélites
. magiques. —• Lorsqu'on fut en mer, il s'éleva
' donnèrent tète baissée dans le piège ; ils se -une
tempête qui revint à plusieurs reprises
:
rassemblèrent des diverses contrées. Quand avec tant de violence que le pilote désespé-
tout fui prêt pour le départ de l'île, l'armée
rait de sauver le navire; tout le monde était
iné-
! du peuple
se rendit au bord de la mer, dans dans l'attente d'un naufrage prochain et
la persuasion qu'on allait la passer à pied vitable. Un bon prêtre polonais, qui accom-
;
\ sec. Le diable, riant sous cape, conduisit les pagnait le prince de Radziville, récitait les
cohortes jusqu'au rivage. La confiance de ces prières convenables à une telle circonstance ;
i gens était si grande, qu'ils n'attendirent pas
le prince et sa suite y répondaient. Mais le
; que leur conducteur eût fait signe à la mer
pi-ètre était tourmenté, disail-il, par deux
' de se fentjre : ils se jetèrent en masse au mi- spectres (un homme et une femme) noirs et
lieu des ilôts, certains que la mer se relire- hideux, qui le harcelaient et le menaçaient.
;
j rail sous leurs pas ; malheureusement la verge On crut d'abord que la frayeur et le danger
'; de Moïse n'était pas là; plus de vingt mille du naufrage lui avaient troublé l'imagination.
Juifs, dit-on, se noyèrent, en plein jour, el le Le calme étant revenu il parut tranquille;
; ,
faux Moïse
ne se trouva plus. mais le tumulte des éléments reparut bientôt;
;
alors ces fantômes le tourmentèrent plus fort
; Mokissos, — génies révérés des habitants qu'auparavant, et il n'en fut délivre que-quand
de Loango, mais subordonnés au Dieu su-
-, on eut jeté les deux momies à la mer, ce qui
is prème. Ils pensent que ces génies peuvent 1 fil en même temps cesser la tempête '.
les
•—
| châtier,.et même leur ô'ter la vie s'ils ne sont Aj outons que de nos jours les marins dp Levant
paslidèles àleurs obligations. Lorsqu'un hom- conservent cette opinion que les momies alti-
| "ie est heureux et bien portant, il est dans!
abonnes rent les tempêtes , et on ne peut les embar-
', grâces de son mokisso. Est-il ma- quer qu?à leur insu.
; 'ade ou éprouve-t-^il des revers, il attribut' Monarchie infernale, r- Elle se Compose ,
celto calamité à la colère de son génie. Ces

'i Peuples donnent le même nom à leur souve-
5 selon Wïerus, d'un empereur, qui est Belzp-
ram,
" bulh; de sept rois, qpi régnent aux quatre
auquel ils croient un pouvoir divin e Pursà'n,,
"^naturel, comme de pouvoir faire tombeir points cardinaux et qui sont Ba'él,
•i

a pluie, et d'exterminer
Byleth, Paymon, BeliaT, Asnioday, Zapan;
« en un instant de: de vingt-trois ducs, qui spnl.Àgar.es, Bùsas,
;
milliers d'hommes, etc. — Lès mokissos son
f •'' ngures de bois qui représentent, ou ;deS ! Dom Calmel, :T)Jssert. sur les-apparitions. l
.
MON — 35;:2 — MON 1
Gusoyn., Bathyin Eligor, Yalefar, Zepar, Sy- le père en délacha deux autres, que Suturn,,,»:
,
try, Buiie, Berilh, Astarolh, Yepar, Chax, épousa pareillement. Quelque temps api(.5 W
Pricel, Murinur, Focalor, Gomory. Amdus- Saturne ayant tendu des embûches à son père p
cias, Aym, Orobas, Yapula, Hauros Alocer; l'estropia, et l'honora ensuite comme un diou'ji
de treize marquis, qui sont Aamon,, Loray,_ — Tels sont les divins exploits de Salurnc'R
Naberus, Forneus, Roneve, Marchocias, Sab- tel fut l'âge d'or. Aslarté-la-Grande régnjl:
nac, Gamigyn , Arias, .'.ndras, Androalpbus, alors dans le pays par le consentement <\M
Cimeries, Phoenix ; de dix comtes, qui sont Saturne; elle porta sur sa lèle une tète de»
Barbatos, Bolis, Morax, Ipcs, Furfur, Raym, taureau , pour marque de sa royauté, oie. >.W
Halphas, Vine, Decarabia, Zalcos; de onze Au commencement, dit Hésiode, était ]M

présidents, qui sont Marbas, Buer, Glasiala- Chaos, ensuite la Terre, leïarlare, l'Amour
bolas, Forças, Malphas, Gaap, Caym, V.o- le plus beau des dieux. Le Chaos engendra
lac, Oze, Amy, Haagenti; et de plusieurs l'Erèbe et la Nuit, de l'union desquels naquL, : •

chevaliers, qui sont Furcas, Bifrons, etc. Ses renl le Jour ef la Lumière. La Terre produisit
forces se composent de CC66 légions, chacune alors les étoiles, les montagnes et la mer.
de 6660 démons. Voy. Covm. Bientôt, unie au Ciel, elle enfanta l'Océan,
Monde. —Tout s'accorde pour donner au Hypérion, Japhel, Bbéa, Phoebé, Tliétis,
monde une origine peu éloignée. L'histoire, Mnémosyne, Thémis et Saturne ainsi que les
,
aussi bien que la Sainte-Bible, ne nous per- cyclopes, el les géants Briarée et Gygès, qui
met guère de donner au monde plus de six avaient cinquante tôles et cent bras. A me-
mille ans ; et rien dans les arts, dans les sure que ses enfants naissaient, le Ciel les!
monuments, dans la civilisation des anciens enfermait dans le sein de la Terre. La Terre, j
peuples, ne contredit cette, époque de la.créa- irritée, fabriqua une faux qu'elle donna à§
tion. Quelques sophistes ont voulu établir le Saturne. Celui-ci en frappa son père, et du j
stupide système de l'éternité du monde; d'au- sang qui sortit de celle blessure naquirent!
tres ont prétendu que le monde était, failjrar les géants el les furies. Saturne eut de Jthéa, j
le hasard; mais, indépendamment de la loi, son épouse et sa soeur, N'esta , Cérôs, Junon,
la main de Dieu paraît trop clairement dans, Pluton, Neptune et Jupiter. Ce dernier, sauvé
les chefs-d'oeuvre de la nature pour qu'on de la dent de son père, qui mangeait ses en-
puisse croire que le monde se soit fait de lui- fants, fut élevé dans une caverne et par la
,
même. — Racontons, toutefois, les rêveries suite fit rendre à Saturne ses oncles qu'il te-
des conteurs païens. Sanchonialon présente nait en prison, ses frères qu'il avait avalés,
ainsi l'origine du monde. Le Très-Haut et sa le chassa du ciel, el, la foudre à la main,
femme habitaient le sein de la lumière. Ils devint le maître des dieux et des hommes.—
eurent un fils beau comme le ciel, dont il Les Egyptiens faisaient naître l'homme et les
porta le nom , et une fille belle comme la animaux du limon échauffé par le Soleil. Les
terre , dont elle porta le nom. Le Très-Haut Phéniciens disaient que le Soleil, la Lune el
mourut tué par des bêtes féroces, et ses en- les astres ayant paru le Limon, fils de l'Air
,
fants.le déifièrent. — Le Ciel, maître de l'em- el du Feu enfanta lous les animaux ; que les
,
pire de son père, épousa la Terre, sa samr, premiershommeshabitaient la Phénicie; qu'ils
el en eut plusieurs enfants, entre autres llus furent d'une grandeur démesurée et donnè-
ou Saturne. Il prit encore soin de sa postérité rent leur nom aux montagnes du pays; que
avec quelques autres femmes ; mais la Terre bientôt ils adorèrent deux pierres, l'une con-
en témoigna tant de jalousie qu'ils se séparè- sacrée au Vent, l'autre au Feu, et leur im-
rent. — Néanmoins le Ciel revenait quelque- molèrent des victimes. Mais le Soleil fut tou-
fois à elle, et l'abandonnait ensuite de nou- jours le premier el le plus grand de leurs
veau, ou cherchait à détruire les enfants dieux. — Tous les peuples anciens faisaient
qu'elle lui avait donnés. Quand Saturne fut remonter très-haut leur, origine, et chaqM
grand, il prit le parti de sa mère, et la pro- nation se croyait la première sur la terre
tégea contre son père avec le secours d'Her- Quelques peuples modernes ont la même am-
,
mès son secrétaire. Saturne chassa son père, bition : les Chinois se disent antérieurs au
,
et régna en sa place. Ensuite, il'bâtit une déluge; les Japonais soutiennent que les dieux
ville, ef se défiant de Sadid, l'un de ses fils, dont ils sont descendus ont habité leur pays
il le tua, et coupa la tète à sa fille au grand 1 L'auteur du Monde primitif VCOMVC la clef île ce
étonnement des dieux. Cependant le, Ciel, tou- morceau dans l'agriculture ; d'antres en clicrcliçri
jours fugitif, envoya trois de ses filles à Sa- l'explication dans l'astronomie, ce qui n'est pas nioi^
ingénieux; ceux-ci n'y voient que les opinions rt-li'
turne pour le faire périr; ce prince les fit gieuses des Phéniciens touchant l'origine du moiK10;
prisonnières el les épousa. A celte nouvelle, ceux-là y croient voir l'histoire dénaturée des prenne
t
princes du pays, etc.
MON,
MON — 353 —
losieiirs millions d'années avant le règne de l le père des Lapons, qui vivent encore au-
in-Alu, fondateur de leur monarchie. — " iiu'd'hui sans s'abriter.
Iriiïène prétend que Dieu a toujours créé, Monkir et Nekir, — anges qui, selon la
,a/succession, des mondes infinis, el les a royance des musulmans, interrogent le mort
ruinés au temps déterminé par sa sagesse; à ussilôt qu'il est dans le sépulcre, et com-
;;ivoii". le monde élémentaire, de sept en sept îencenl leur interrogatoire par celle deman-
mille ans; et le monde céleste, de quarante- e : Qui est votre seigneur? et qui est votre
neuf en quarante-neuf mille ans, réunissant rophèle? Leurs fonctions sont aussi de tour-
auprès de lui tous les esprits bienheureux , ef îenler les réprouvés. Ces anges, qui ont un
laissantreposer la matière l'espace de mille spect hideux et une voix aussi terrible que
ans, puis
renouvelanttoutes choses. Le monde 3 tonnerre, après avoir reconnu que le mort
élémentaire doit durer six mille ans, ayant si dévoué à l'enfer, le fouettent avec un
en six jours, et. se reposer le septième
été l'ail ouel moitié 1er el moitié feu 1. Les mahomé-
millénaire, pour le repos du septième jour; ans ont tiré cette idée du Thalmud.
el, comme la cinquantième année était le Monsieur de Laforèt. — C'est le 110111 qu'on
grand jubilé chez les Hébreux, le cinquantiè- lonnait autrefois au fantôme, plus connu sous
me millénaire
doit être le millénaire du repos e tilre de grand Veneur, de la forêt de Fon-
pour le monde céleste. Il
n'est point parlé aincbleau. Foi/. VENEUR. Sa résidence ordi-
dans la Bible de la création des anges, parce laire était dans celte forêt; mais il s'en écar-
qu'ils étaient restés immortels après la ruine ait quelquefois. Delancre rapporte qu'un en-
: des
mondes précédents. — LesParsis ou Guè- ant, qui vivait en Allemagne, fut trouvé vêtu
lires prélendentque, pour peupler plus promp- Tune peau de loup, et courant comme un
Icment le monde nouvellement créé , Dieu petit loup-garou; il dit que c'était Monsieur
permit- qu'Eve, noire mère commune, mît au de Laforèt qui lui avait donné sa peau ; que
-
inonde chaque jour doux enfants jumeaux ; son père s'en servait aussi. Dans un interro-
ils ajoutent que durant mille ans la mort ros- gatoire col enfant avoua que si Monsieur de
; pecta les hommes, el leur laissa le temps de Laforèt, lui apparaissait, il pouvait le mettre
se multiplier. Les Lapons,
qui ne sont pas
: en fuite par des signes de croix ; qu'il lui de-
très-forts, s'imaginent que le monde existe mandait s'il voulait être à lui, qu'il lui offrait
do toute éternité, el qu'il n'aura jamais de pour cela de grandes richesses, etc.
' fin.
— Les hommes tirent plus de vanité d'une Monstres. —Méry, célèbre analomisle et

origine et d'une naissance illustre que
noble chirurgien-major des invalides vit et dissé-
d'un noble coeur et d'un mérite personnel. 1720, petit monstre
,
né à six mois
;
Les peuples de la Côfe-d'Or, en Afrique,
qua , en un
de terme, sans tète, sans bras, sans coeur,
croient que le premier homme fut produit par
sans poumons, sans estomac, sans reins ,
une araignée. Les Athéniens se disaient des-
conclus des fourmis d'une forêt de l'Allique.
sans foie, sans rate, sans pancréas, et pour-
- Parmi les tant né vivant. Cette productionextraordinaire
sauvages du Canada , il y a trois fut suivie d'une fille bien organisée, qui te-
familles principales : l'une prétend descendre
nait au petit monstre par un cordon ombili-
i d'un lièvre ; l'autre dit qu'elle descend d'une cal commun. Son observation est consignée
I- très-belle et très-courageuse femme, qui eut dans les Mémoires de l'Académie des sciences.
pour mère une carpe, dont, l'oeuf fut échauffé Comment la circulation du sang s'opérait-elle
î pur les rayons du soleil; la troisième famille dans cet individu dépourvu do coeur? Méry
donne pour premier ancêtre un oursi. Les
• se
essaya de l'expliquer dans une dissertation 2.
V 'ois des Goths étaient pareillementnés d'un En d'autres temps, ou eût tout mis sur le
' ours. Les Pégusiens sont nés d'un chien. Les
Suédois et les Lapons sont issus de deux frô-
compte du diable. Voy. IMAGINATION. — Il y
.;,
-/ l'es dont le courage était bien différent, s'il
a beaucoup de monstres dans les historiens
f»ut en croire les Lapons. Un jour qu'il s'était
des siècles passés. Torquemada rapporte qu'A-
.--. lexandre, faisant la guerre des Indes, vit plus
«levé une tempête horrible, l'un des deux frè-
-? de cent trente mille hommes ensemble qui
'':'_, ''es qui
se trouvaient ensemble fut si épou- avaient des têtes de chiens et aboyaient
i- Vi)nlé, qu'il se glissa sous une planche que
' "'ou, par pitié, convertit en maison. De ce
Poltron sont nés tous les Suédois. L'autre,
comme eux : il dit aussi que certains habi-
tants du mont Milo avaient huit doigts aux
, pieds et tournés en arrière, ce qui rendait
), l>l"s courageux, brava la furie de la tempête,
1 Delancre, Table au de l'inconstance des démons, tic.,
y stins chercher même à se cacher : ce brave
liv. îv, p. 318.
3 M. Saignes. Des erreurs et des préjugés, etc., t. III,
1 Saint-Foix, Essais, t. II. p. 110.
MON •-86/1
i —
MOiA I
ces horilirteâ extrêmement légers à la course, n'en n mourut point ; mais il eut le cou reiu f
— On voit dans des vieilles chroniques qu'il versé
v el, le visage tourné par derrière tout ly
X

y avait au nord des hommes qui n'avaient reste r de sa vie. Il y a eu des gens qui r0Ill
qu'un oeil au milieu du front; en Albanie, des vvu en cet état Ils avaient de bons yeux ' '
hommes dont les cheveux devenaient blancs Voy. 1 MINEUUS.
dès l'enfance, et qui voyaient mieux la nuit Montalembert (AnilIIïN niï), — aumônier •.
que le jour (conte produit par les Albinos) ; do ( François Ie1', auteur d'un ouvrage intitulé :
des Indiens qui avaient des têtes de chien;. La Merveilleuse histoire de Vesprit qui depuis j,
d'autres sans cou elsans tête, ayant les yeux jnaguère , s'est- apparu au monastère des reli~ |,
aux épaules; el, ce qui surpasse toute ad- gieuscs de Saint Pierre de Lyon Paris [.
( -
îiiiralion, un peuple dont le corps était velu ',1528, in-4° Rouen, '1329; Paris,, 4SsV, i.
:
el couvert de plumes comme les oiseaux, et in-12.
; '
' |
qui se nourrissaient seulement dé l'odeur des
fleurs. — On a pourtant ajouté foi à ces fables : Montan, — chef des hérétiques monta-
n'oublions pas celles qui se trouvent consi- nisles au deuxième siècle. C'était un eunuque
gnées dans le Journal des voyages de Jean phrygien. Comme il avait des attaques d'épi- ;
Slru'ys, qui dit avoir vu de ses propres yeux lepsie, il en fit des extases où s'entretenait
il
les habitants de l'île de Formose, ayant une avec Dieu. 11 reconnaissait que le Saint-Esprit
derrière, les boeufs il parle était venu ; mais il le distinguait du Parac.lct
queue au comme ;
aussi d'une espèce de concombre qui se nour- el. il disait : C'est moi qui suis le Paraclel.
rit, dit-on, des plantes voisines. Cet auteur Les montanisles admettaient les femmes à lu
ajoute que ce fruit surprenant a la figure d'un prêtrise.
agneau avec les pieds, la lèle el la queue de Montana}', — sorcier, l'oy. GAI.IGAÏ.
cet animal.distinctement formés; d'où on l'ap- Montéiumo, — voy. PllÉSAGES.
pelle, en langage du pays, banarcl ou ho- Bïorail , — démon qui a la puissance de
norez, qui signifie agneau. Sa peau est cou- rendre invisible, selon les Clavicules de Su-
verte., d'un duvet fond blanc aussi délié que lomon.
de la soie. Les Tarlares et les Moscovites en
fond grand élat, et la plupart le gardent, avec Bîorax ou Forai, — capitaine, comte el
soin dans .leurs maisons, où cet auteur en a président de plusieurs bandes infernales ; il
plusieurs. croît lige d'environ se fait voir sous la forme d'un taureau. Lors-
vu 11 sur une
(rois pieds de haut. L'endroit par où il tient qu'il prend la figure humaine , il instruit
espèce de nombril lequel l'homme dans l'astronomie et dans fous les
est une sur il se arts libéraux.-—11
tourne et se baisse vers les herbes qui lui miliers est le prince desesprits fa-
qui sont doux et sages. Il a sous ses
servent de nourriture, se séchant el se flétris-
ordres trente-six légions 3.
sant aussitôt que ces herbes lui manquent.
Les loups l'aiment et le dévorent avec avi- Moreau,—chiromancien du dix-neuvième
dité parce qu'il a le goût de la chair d'a- siècle, qui, dit-on, prédit à Napoléon sa
<

gneau ; et l'auteur ajoute qu'on lui a assuré chute ef ses malheurs. Bien d'aulres furent
que celte plante a effectivement des es, du aussi sorciers que lui. 11 exerçait à Paris, où
sang el de la chair : d'où vient qu'on l'ap- il mourut en 182a.
pelle dans le pays Zoaphilè, c'est-à-dire Morel ( LOUISE ), •— sorcière, tante do Ma-
plante animale '. rie Martin. Foi/. MAUTIN.
Montagnards, — démons qui font leur sé- BEorgane, — soeur du roi Arlhus, élève do
jour dans les mines sous les montagnes, et Merlin, qui lui enseigna la magie ; elle est fu-
tourmentent les mineurs. Ils ont trois, pieds meuse dans les romans de chevalerie par ses
de haut, un visage horrible, un air de vieil- enchantements et par les tours qu'elle joua ù
lesse, une camisole et un tablier de cuir, Genièvre sa belle-soeur. C'est dans la Bre-
ouvriers —
comme les dont ils prennent souvent tagne une grande fée l'une des propliélesses
la figure. On dit que ces démons n'élaient de l'île de Sein, et là ,plus puissante des neuf
point malfaisants, et entendaient la plaisan- soeurs druidesses.
terie; mais une insulte leur était sensible, et Marin ( Louis ), médecin de mademoi-
ils la souffraient rarement sans se venger. selle de —
Guise né au Mans en 4 615 el moi' 1

Un mineur eut l'audace dé dire des injures à 470b. Il


,
pronostiquait, Luc Gauric;
en comme
un de ces démons. Le démon indigné sauta on dit qu'il annonça le sort de Gustave-Adolpl'0
sur le mineur et lui tordit le cou. L'infortuné
1 Taillepied, Apparitions des esprits, p. 136.
* Lebrun, Hitt, des superstitions, 1.11-'-, p. 112. ?- Wierus, in Pseudomônarcliia diein,
MO 11 — 355 MOR
pl du \ chez soi, lotit le monde fuyait devant lui,
jeune Cinq-Mars, el qu'il fixa , à quel- vînt
mies légères
différences près, le jour et l'heure comme
c si c'eût été un démon ou un fantôme ;
0fi moururent
le cardinal de Richelieu et le ef c on ne lui permettait de communiquer avec
connétable de Lesdiguiôres. On lui attribue à personne
] qu'il n'eût été purifié. On était per-
tort la réponse adroite de cet astrologue qui, suadé
s qu'il devait avoir eu de grandes liai-
interrogé par Louis XL s'il connaissait lui- sons s avec les démons, puisque les bêtes ne
même l'époque de sa propre mort, répondit : l'avaient pas mangé, el qu'il avait recouvré
1

«Oui, prince, trois jours avant la vôtre. » ses


i forces sans aucun secours. —Les anciens
iKorin ( SIMON ), — visionnaire fanatique attachaient
'
tant d'importance aux cérémonies
funèbres, qu'ils inventèrent les dieux Mânes
du dix-septième siècle, né vers '1623, qui
voulut rétablir la secle des Illuminés. 11 lit pour veiller aux
sépultures. On trouve, dans
quelques prosélytes mais à la suite de plu- la plupart de leurs écrits, des traits frappants
;
qui nous prouvent combien était sacré, parmi
sieurs détentions à la Bastille, il fut condamné
brûlé après avoir fait- amende hono- eux , ce dernier devoir que l'homme puisse
;i être ,
rable comme accusé de conspiration contre rendre à l'homme. Pausanias conte que cer-
le roi ; il monta sur le bûcher le 1 h mars 1063.
tains peuples de l'Arcadie, ayant tué inhu-
C'était un agitateur qui eût bien voulu une mainement quelques petits garçons qui ne
petite révolution. ne leur faisaient, aucun mal, sans leur donner
d'autre sépulture que les pierres avec les-
Mort. « La mort, si poétique parce
— quelles ils les avaient assommés, et leurs
qu'elle louche aux choses immortelles, si
; femmes quelque temps après se trouvant
nivslôi'ieuse à cause de son silence, devait , ,
!
atteintes d'une maladie qui les faisait toutes
avoir mille manières de s'énoncer pour le
avorter, on consulta les oracles, qui com-
peuple. Tantôt un trépas se faisait prévoir par
d'elle- mandèrent, d'enterrer au plus vile les enfants
le tintement d'une cloche qui sonnait
si cruellement privés de funérailles. — Les
même; tantôt l'homme qui devait mourir en- Égyptiens rendaient de grands honneurs aux
tendait frapper trois coups sur le plancher de
religieuse de Saint-Benoît, morts. Un de leurs rois, se voyant privé d'hé-
sa chambre. Une ritiers par la mort do sa fille unique, n'é-
près (le quitter la terre, trouvait une couronne
:
d'épine blanche le seuil de cellule. Une pargna rien pour lui rendre les derniers de-
; sur sa voirs et lâcha d'immortaliser son nom par
mère perdait-elle son fils dans un pays loin- ,
la plus riche sépulture qu'il pût imaginer. Au
;
tain elle en était instruite à l'instant par ses
;
, lieu de mausolée, il lui fit bâtir un palais ; et
; songes.
Ceux qui nient le, pressentiment ne ensevelit le corps de la jeune princesse
connaîtront jamais les roules secrètes par où on dans un bois, incorruptible qui représentait
i
doux coeurs qui s'aiment communiquent d'un ,
une génisse couverte de lames d'or et revêtue
bout du monde à l'autre. Souvent le mort
de pourpre. Celte figure élait à genoux, por-
chéri, sortant du tombeau, se présentait à son
; tant entre ses cornes un soleil d'or massif, au
ami, lui recommandait de dire des prières milieu d'une salle magnifique entourée de
el
pour le racheter des flammes el le conduire cassolettes où brùlaienl continuellement des
à la félicité des élus '. »
— De tous les spec- parfums odoriférants. — Les Égyptiens em-
i 1res de ce monde, la mort est le plus effrayant.
baumaient les corps el les conservaient pré-
i Dnns une année d'indigence
, un paysan se cieusement ; les Grecs et les Romains les
] trouve au niilieu de quatre pelils enfants qui brùlaienl. Celte coutume de brûler les morts
' portent leurs mains à leurs bouches, qui de-
esl fort ancienne. — Les Égyptiens, avant, de
mandent du pain, et à qui il n'a rien à rendre à leurs rois les honneurs funèbres, les
donner.... La démence s'empare de lui; il
jugeaient devant le peuple, et les privaient
saisit un couteau ; il égorge les trois aînés ;
de sépulture s'ils s'étaient conduits en tyrans.
le plus jeune, qu'il allait frapper aussi, se
Quand le roi des Tari ares mourait, on met^-
jette à ses pieds et lui crie : « Ne me tuez pas, —
;
je n'ai Dans les armées des
tait son corps embaumé dans un chariot, et
; plus faim. «— promenait dans toutes ses provinces. Il
Perses, quand un simple soldat était maladej on le
l'extrémité,
était permis à,chaque gouverneur de lui faire
a on le portait dans quelque forêt
; quelque outrage,-pourse venger du lo.rl qu'il
'.
prochaine, avec un morceau de pain, un peu en avait reçu. Par exemple, ceux qui n'avaient
' 'l'eau et un bâton , pour se défendre contre''
'os bêtes tant qu'il aurait la pu obtenir audience maltraitaient les oreilles,
sauvages, en qui leur avaient été fermées ; ceux qui avaient
'orce. Ces malheureux étaient ordinairement.
dévorés. été indignés contre ses débauches, s'en pre-
; S'il en échappait quelqu'un qui re- naient aux cheveux, qui étaient sa principale
1 M. de Chateaubriand,Génie du ehl'islianiftmc, beauté, el lui faisaient millo huées, après
23.
MOU — 356 — «OR |
l'avoir rasé, pour le rendre laid et ridicule; sépulture le ventre des oiseaux sacrés. \i
ceux qui se plaignaient de sa trop grande dé- Plusieurs peuples de l'Asie eussent cru S(, f
i

1
_,
licatesse lui déchiraient le nez, croyant qu'il rendre coupables d'une grande impiété en ^
n'était devenu efféminé que parce qu'il avait laissant pourrir les corps; c'est pourquoi, ans- !l
trop aimé les parfums. Ceux qui décriaient sou sitôt que quelqu'un était mort parmi eux iis S
gouvernement lui brisaient Te front, d'où le mettaient en pièces et le mangeaient,, en \
étaient sorties toutes ses ordonnances lyran- grande dévotion avec les parents et les amis f"
niques ; ceux qui en avaient reçu quelque vio- C'était lui rendre honorablement les derniers |î
lence lui mettaient les bras en pièces. Après devoirs. Pythagore enseigna la métempsycose &
qu'on l'avait ramené au lieu où il était mort, des âmes ; ceux-ci pratiquaient la niélemp. 1*
on le brûlait avec une de ses femmes , un sycose des corps, en faisant passer le corps b
échanson, un cuisinier, un écuyer, un pale- des'morts dans celui des vivants.—D'autres h
frenier, quelques chevaux et cinquante es- peuples, tels que les anciens Uiberniens, les Ï
claves '. — Quand un Romain mourait, ou lui Bretons et quelques nations asiatiques, lai- )i
f ermait les yeux pour qu'il ne vît point l'afflic- saienl encore plus pour les vieillards ; ils les l
tion de ceux qui l'entouraient. Quand il était égorgeaient dès qu'ils étaient septuagénaires, "
sur le bûcher, on les lui rouvrait pour qu'il et en faisaient pareillement un festin. C'est |
pût voir la beauté des cieux qu'on lui sou- ce qui se pratique encore chez quelques peu- i
haitait pour demeure. On faisait faire ordi- plades sauvages. — Les Chinois font publier j
nairement la figure du mort, ou en cire, ou le convoi, pour que le concours du peuple soit "

en marbre, ou en pierre; et celle figure ac- plus nombreux. On fait marcher devant le
compagnait le cortège funèbre entourée de mort des drapeaux et des bannières, puis des
,
pleureuses à gages. — Chez plusieurs peuples joueurs d'instruments, suivis de danseurs re-
de l'Asie et de l'Afrique, aux funérailles d'un vêtus d'habits fort bizarres , qui sautent tout
homme riche et de quelque distinction , on le long du chemin avec des gestes ridicules.
égorge et on enterre avec lui cinq ou six de Après celte troupe, viennent des gens armés
ses esclaves. Chez les Romains, dit Saint— de boucliers et de sabres, ou de gros bâtons
Foix, on égorgeait aussi des vivants pour noueux. Derrière eux , d'antres portent des
honorer les morts ; on faisait combattre des armes à feu dont ils font incessamment des
gladiateurs devant le bûcher, et on donnait à décharges. Enfin, les prêtres crient de lotîtes
ces massacres le nom de jeux funéraires. — leurs forces , marchent avec les parents, qui
En Egypte et au Mexique, dit le même auteur, mêlent à ces cris des lamentations épouvan-
on faisait toujours marcher un chien à la tête tables ; le cortège est fermé par le peuple.
du convoi funèbre. En Europe, sur les anciens Cette musique enragée et ce mélange bur-
tombeaux des princes et des chevaliers, on lesque de joueurs, de danseurs, de soldats,
voit communément des chiens à leurs pieds. de chanteuses et de pleureurs, donnent beau-
— Les Parlhes, les Mèdes et les tbériens ex- coup de gravité à la cérémonie. On ensevelit
posaient les corps, ainsi que chez les Perses, le mort dans un cercueil précieux el On en-
,
pour cra'ils fussent au plus tôt dévorés par les terre avec lui, entre plusieurs objets de pe-
,
bêtes sauvages, ne trouvant rien de plus in- tites figures horribles, pour faire sentinelle
digne de l'homme que la putréfaction'. Les près de lui et effrayer les démons. Après quoi
Bactriens nourrissaient, pour ce sujet, de on célèbre le festin funèbre, où l'on invite de
grands chiens dont ils avaient un soin ex- temps en temps le défunt à manger et à boire
trême. Us se faisaient autant de gloire de les avec les convives. — Les Chinois croient que
nourrir grassement, que les autres peuples de les morts reviennent en leur maison, une fois
se bâtir de superbes tombeaux. Un Baclrien tous les ans, la dernière nuit de l'année. Pen-
faisait beaucoup d'estime du chien qui avait dant toute cette nuit, ils laissent leur porte
mangé son père. — Les Barcéens faisaient ouverte, afin que les âmes dé leurs parents
consister le plus grand honneur de là sépul- trépassés puissent entrer ; ils leur préparent
ture à être dévorés par les vautours ; de sorte des lits et mettent dans la chambre un bassin
que toutes les personnes de mérite et ceux plein d'eau, pour qu'ils puissent se laveries
qui mouraient en combattant pour la patrie, pieds. Ils attendent jusqu'à minuit.. Alors,
étaient aussitôt exposés dans des lieux où les supposant les morts arrivés, ils leur font com-
vautours pouvaient en faire curée. Quant à pliment, allument des cierges, brûlent des
la populace, on l'enfermait dans des tom- odeurs, el les prient, en leur faisant de pro-
beaux, ne la jugeant pas digne d'avoir pour fondes révérences , de. ne pas oublier 'euls
enfants et de leur obtenir des dieux la force,
la santé, les biens et longue vie, -—Le»
1 Muret, D.s cérémonies funèbres, une
MOR 357 MOR
Siamois brûlent les corps et mettent autour royaume de Tonquin , il est d'usage, parmi
(|U bûcher
beaucoup de papiers où sont peints les personnes riches, de remplir la bouche du
des jardins, des maisons, des animaux , des mort de pièces d'or et d'argent, pour ses be-
fruits, en un mot, tout ce qui peut être utile soins dans l'autre monde. On revêt l'homme
ol.
agréable dans l'autre vie. Ils croient que de sept de ses meilleurs habits, el la femme
ccs papiers brûlés deviennent
réellement ce de neuf. Les Galales mettaient dans la main
qu'ils représentent. Ils croient aussi que tout du mort un certificat de bonne conduite. —
Plrc, dans la nature, quel qu'il soit, un habit,
Chez les Turcs, on loue des pleureuses qui
une flèche, une hache, un chaudron, etc., a accompagnent le convoi, et on porte des ra-
une âme, el que cette âme suit dans l'autre
fraîchissements auprès du tombeau, pour ré-
monde le maître à qui la chose appartenait galer les passants, qu'on invite à pleurer el à
dans ce monde-ci. On aurait dit sérieuse- pousser des cris lamentables. — Les Gaulois
ment pour eux ces vers burlesques : brûlaient, avec lo corps mort, ses armes, ses
babils, ses animaux, cl môme ceux de ses
.l'aperçusl'ombre d'un coclier
Qui, tenant l'ombre d'une brosse, esclaves qu'il avait, paru le plus chérir. Quand
En frottait l'ombre d'un carrosse !, on découvrit le tombeau de Childéric, père
Le gibet, qui nous inspire tant d'horreur, de Clovis, à Tournay, on y trouva des pièces
telle d'or et d'argent, des boucles, des agrafes,

a passé chez quelques peuples pour une des filaments d'habits, la poignée d'une épée,
marque d'honneur, que souvent on ne l'ac- le
cordait qu'aux grands seigneurs et aux sou- tout d'or ; la figure en or d'une tête de boeuf,
verains. Les Tibaréniens les Suédois les qui était, dit-on, l'idole qu'il adorait; les os.
,
Golbs suspendaient les corps à des arbres et
, lo mors, un fer el quelques restes du harnais
les laissaient se défigurer ainsi peu à pou, el
d'un cheval, un globe de cristal dont il se ser-
servir de jouet aux venls. D'autres empor- vait pour deviner, une pique, une hache d'ar-
taient dans leurs maisons ces corps desséchés, mes , un
squelette d'homme en entier, une
et lus pendaient au plancher comme, des
autre lèle moins grosso , qui paraissait avoir
pièces de cabinet 2. Les Groënlandais, habi-
été celle d'un jeune homme, el, apparemment
do l'écuycr qu'on avait lue, selon la coutume,
tant lo pays du monde lo plus froid, ne pren-
nent pas d'autres soins des morts que de les pour accompagner et
aller servir là-bas son
maître. On voit qu'on avait eu soin d'enterrer
exposer nus à l'air, où ils se gèlent el se dur-
cissent aussitôt comme des pierres; puis, de avec lui ses habits, ses armes, de l'argent, un
cheval, domestique des (ablettes pour
peur qu'en les laissant au milieu des champs écrire, un ,
ils no soient dévorés par les ours, les parents en un mol, tout ce qu'on, croyait pou-
les enferment dans de grands paniers qu'ils
voir lui être nécessaire dans l'autre monde. •
suspendent, aux arbres. — Les Troglodiles ex-
Quelquefoismôme on enterrait avec les grands
posaient les corps morts sur une éminence, personnages leur médecin. La belle Austre-
le derrière tourné vers les assislan's ; de sorte
gilde obtint en mourunl du roi Gonlran, son
qu'excitant, par celle posture, le rire de toute mari, qu'il ferait tuer el enterrer avec elle les
l'assemblée, on se moquait du mort au lien doux médecins qui l'avaient soignée pendant
de pleurer ; chacun lui jetait des pierres, et sa maladie. « Ce sont, je crois, les seuls, dit
quand il en était couvert, on plantait au-
Sainl-Foix, qu'on ai( inhumés dans lo tom-
dessus une corne de chèvre et. on se relirait. beau des rois;.mais je ne doute pas que plu-
Los habitants des îles Baléares dépeçaient sieurs autres n'aient mérité le même hon-

le corps en petits morceaux, et croyaient ho- neur. » — On observait anciennement, en
norer infiniment lo défunt en l'ensevelissant
France, une coutume singulière aux enter-
dans une cruche. Dans certains de rements des nobles; on faisait coucher dans
— pays
rindo, la femme se brûle sur le bûcher de le lit do parade qui se portail aux enterre-
sun mari. Lorsqu'elle a dit adieu à sa famille,
ments un homme armé de pied en cap pour
0|i lui apporte des lettres pour le défunt, des
représenter le défunt. On trouva dans les
;
pièces de toile, des bonnets, des souliers, etc. comptes de la maison de Polignac : Donné
Quand les présents cessent de venir, elle cinq sous à- Biaise, pour avoir fait le chevalier
demande jusqu'à trois fois à l'assemblée si mort-, à la sépulture de Jean, fils de liandonnel-
' on n'a plus rien à lui apporter el à lui Armand, vicomte de Polignac. Quelques
re- peuples de l'Amérique enterraient—leurs morts
commander, ensuite elle fail un paquet de. tout
et l'on met le feu au bûcher. Dans le assis el entourés de pain d'eau, de fruits et
— d'armes. — A Panuco, dans ,
le Mexique, on
,} ' De Cli. Perrault, attribués mal à propos à Searron. regardait les médecins comme de petites di-
Muret, Des cérémoniesfunèbres, etc. vinités, à cause qu'ils procuraient la santé
,
MOR — 358 — MOR £
qui est le plus précieux de tous les biens. le prince que lo défunt avait choisi pour SOn j;
Quand ils mouraient, on no les enterrait pas si iccesseur ; la noblesse et le peuple siiiv;iie„i
comme les autres, mais on les brûlait avec k corps avec de grandes lamentations. |ï
;
i4i
des réjouissances publiques ; les hommes el c Dnvoi ne se mettait en marche qu'à minuii *'
les femmes dansaient pôle-mèle autour du à la lueur dos torches. Quand il était arrive
bûcher. Dès que les os étaient réduits en con- a u temple, on faisait quatre fois le tour du
dres chacun lâchait d'en emporter dans sa 1: ûcher, après quoi on y déposait le corps et '
,
maison
,
el les buvait ensuite avec du vin , c n amenait les officiers destinés à le servir :
comme un préservatif contre toutes sortes de c lans l'autre monde ; entre antres, sept jeunes i'"
maux. — Quand on brûlait le corps de quel- I illes, l'une pour serrer ses bijoux , l'autre >
que empereur du Mexique, on égorgeait d'à- | lour lui présenter sa coupe, la troisième pour I
bord sur son bûcher l'esclave qui avait eu ni laver les mains la quatrième pour lui î'j
,
soin, pendant sa vie, d'allumer ses lampes, lonner la serviette, ',a cinquième- pour faire l.
afin qu'il lui allât rendre les mêmes devoirs 5a cuisine la sixième pour mettre son cou- f.
,
dans l'autre monde. Ensuite on sacrifiait deux vert, la septième pour laver son linge. Ou lï
cents esclaves, tant hommes que femmes, el, niellait le feu au bûcher, et toutes ces mal- \h
parmi eux, quelques nains et quelques bouf- heureuses victimes, couronnées de fleurs, [•
fons pour son divertissement. Le lendemain, étaient assommées à grands coups de massue ;'
on enfermait les cendres dans une petite grolle et jetées dans les flammes. — Chez ]es sau- h
voûtée, toute peinte en dedans, et on niellait vages de la Louisiane après les cérémonies
au-dessus la figure du prince, à qui l'on faisait des obsèques, quelque, homme notable do la [',
;
encore de temps en temps de pareils sacri- nation, mais qui doit n'êlre pas do la famille ï*.
fices; car, le quatrième jour après qu'il avait du mort, fait son éloge funèbre. Quand il a '--
élé brûlé, on lui envoyait quinze esclaves en fini, les assistants vont tout nus, les uns après \
l'honneur des quatre saisons, afin qu'il les eût les autres, se présenter devant l'orateur, qui ;f
toujours belles ; on en sacrifiait cinq le ving- leur applique à chacun, d'un bras vigoureux, X,
tième jour, afin qu'il eût, toule l'éternité, une trois coups d'une lanière large de deux doigts, il
vigueur pareille à celle de vingt ans ; le soixan- en disant. : « Souvenez-vous que pour èlre un i;
tième on en immolait trois autres afin qu'il bon guerrier comme l'était le défunt, il faut \
,
ne sentît aucune des trois principales incom- savoir souffrir. » — Les prolestants luthériens |
modités de la vieillesse, qui sont la langueur, n'ont point de cimetière et enterrent iiuiis- ;
le froid et l'humidité; enfin, au bout de l'an- linclemenl les morts dans un champ, dans ;
née, on lui en sacrifiait encore neuf, qui est un bois, dans un jardin. « Parmi nous, dit ]
le nombre le plus propre à exprimer l'éternité, Simon de Paul, l'un de leurs prédicateurs, il
.
pour lui souhaiter une élcrnilô de plaisir. — est fort indifférent d'être enterré dans les ci-
Quand les ludions supposent, qu'un de leurs metières ou dans les lieux où l'on écorebe
chefs est près de rendre le dernier soupir, les les ânes. ,» « Hélas! disait un vieillard du l'a-
savants de la nation se rassemblent. Le grand- latinal, faudra-f-il donc qu'après avoir vécu
prêtre el le médecin apportent et consultent avec honneur, j'aille demeurer après ma mon
chacun la figure de la divinité, c'est-à-dire parmi les raves, pour en être éternellement
de l'esprit bienfaisant de l'air et de celui du lo gardien? » — Les Circassiens lavent le?,
feu. Ces figures sont en bois, arlislemenl (ail- corps des morts, à moins que le défunt ne soit
lées ef représentent un cheval, un cerf, un mort loyalement dans une bataille pour la
,
castor, un cygne, un poisson, etc. Tout au- défense du pays, auquel cas on l'enterre dans
tour sont suspendues des dents de castor, des son harnais, sans le laver, supposant qu'il
griffes d'ours et d'aigles. Leurs maîtres se sera reçu d'emblée en paradis *. — Les Ja-
placent avec elles dans un coin écarlé de la ponais témoignent la plus grande tristesse
cabane pour les consulter ; il existe ordinai- pendant la maladie d'un des leurs el la plus
,
rement entre eux une rivalité de réputation grande joie à sa mort. Ils s'imaginent que les
d'autorité, de crédit : s'ils ne tombent pas, maladies sont des démons invisibles; et sou-
d'accord sur la nature de la maladie, ils frap- vent ils présentent requête contre elles dans
pent violemment ces idoles les unes contre les temples. Ces mêmes Japonais poussent
les autres, jusqu'à ce qu'une dent ou une quelquefois si loin la vengeance, qu'ils ne se
griffe en tombe. Cette perle prouve, la défaite contentent pas de faire périr leur ennemi ;
de l'idole qui l'a éprouvée, et assure par con- mais ils se donnent encore la mort, pour allf'
séquent une obéissance formelle à l'ordon- l'accuser devant leur dieu et le prier cfem-
nance de son compétiteur..-— Aux funérailles
du roi de Méçhoacan, le corps était porté par 1 (Stanislas ]3elî, Voyage en Circa-ssie.
MOR 350 — MOR
brasser leur querelle ; on conte même que des pour voir si .lésns-Christ jugera bien les
veuves, non contentes d'avoir bien tourmenté hommes ; qu'après le jugement il prendra la
leur mari pendant sa vie, se poignardent, pour forme d'un mouton blanc, que tous les Turcs
avoir encore le plaisir de le faire enrager se cacheront dans sa toison , changés en pe-
après sa mort. — Quand un Caraïbe est mort, tite vermine, qu'il se secouera alors, el que
fC3 compagnons
viennent visiter le corps et lous ceux qui tomberont seront damnés* tandis
lui font mille questions bizarres accompa-
, que tous ceux qui resteront seront sauvés,
gnées de reproches sur ce qu'il s'est laissé parce qu'il les mènera en paradis. — Des doc-
inourir, comme s'il eût dépendu de lui de teurs musulmans exposent encore autrement,
vivre plus long-temps : «Tu pouvais faire si la chose : au jugement dernier, Mahomet se
bonne chère! il ne ie manquait ni manioc, ni trouvera à côté de Dieu, monté sur le Borak
patates, ni ananas ; d'où vient donc que tu es ef couvert d'un manteau fait des peaux de
mort? Tu étais si considéré! chacun avait lous les chameaux qui auront porté à la Mecque
de l'estime pour toi, chacun l'honorait, pour- le présent que chaque sultan y envoie à son
quoi donc es-tu mort?... Tes parents l'acca- avènement à l'empire. Les âmes des bien-
blaient de caresses ; ils ne te laissaient man- heureux musulmans se transformeront en
quer de rien ; dis-nous donc pourquoi lu es puces, qui s'attacheront aux poils du manteau
mort? Tu étais si nécessaire au pays ; lu l'étais du prophète, et Mahomet les emportera dans
signalé dans tant de combats, lu nous mettais son paradis avec une rapidité prodigieuse; il
à couvert des insultes de nos ennemis; d'où ne sera plus question alors que de se bien
vient donc que lu es mort? » — Ensuite, on tenir, car les âmes qui s'échapperont,.soit par
l'assied dans une fosso ronde ; on l'y laisse la rapidité du vol, ou autrement, tomberont
pendant dix jours .sans l'enterrer ; ses com- dans la mer, où elles nageront éternellement.
pagnons lui apportent tous les malins à manger — Parmi les Juifs modernes, aussitôt que le
el à boire; mais enfin, voyant qu'il ne veut malade est abandonné des médecins, on fait
point revenir à la vie, ni loucher à ces viandes, venir un rabbin, accompagné, pour le moins,
ils les lui jettent sur la tète, et, comblant la de dix personnes. Le Juif répare le mal qu'il
fosse, ils font un grand feu autour duquel ils a pu faire; puis il change de nom, pour que
dansent, avec des hurlements. —Les Turcs, l'ange de la mort qui doit le punir, ne le re-
en enterrant, les morts, leur laissenlles jambes connaisse plus; ensuite, il donne sa bénédic-
libres, pour qu'ils puissent se mettre à ge- tion à ses enfants, s'il en a, et reçoit celle de
noux quand les anges viendront les examiner ; son père s'il ne l'a pas encore perdu. De ce
ils croient qu'aussitôt que le mort est dans la moment, on n'ose plus le laisser seul, de peur
fosse, son âme revient dans son corps et que que l'ange delà mort, qui est dans sa chambre,
deux anges horribles se présentent à lui el ne lui fasse quelque violence. Ce méchant
lui demandent : « Quel est ton dieu, la reli- esprit, disent-ils, avec l'épée qu'il a dans sa
gion et ton prophète?» S'il a bien vécu, il main, paraît si effroyable, que le malade en
répond : « Mon dieu est le vrai Dieu, ma re- est tout épouvanté. De cette épée qu'il tient
ligion est la vraie religion, et mon prophète toujours nue sur lui, découlent, trois gouttes
est- Mahomet. » Alors, on lui amène une belle d'une liqueur funeste : la première qui tombe
ligure, qui n'est autre chose que ses bonnes lui donne la mort, la seconde le rend pâle et
actions, pour le divertir jusqu'au jour du ju- difforme, la dernière le corrompt el le fait de-
gement, où il entre en paradis. Mais, si le venir puant et. infect. — Aussitôt que le ma-
défunt est coupable, il tremble de peur et. no lade expire, les assistants jettent parla fe-
peut répondre juste. Les anges noirs le frap- nêlre toulel'eau qui se trouve dunsla maison :
pent, aussitôt avec une massue de feu, el l'en- ils la croient empoisonnée, parce que l'ange
foncent si rudement dans la terre, que tout de la mort, après avoir lue le malade, y a
le sang qu'il a pris de sa nourrice s'écoule trempé son épée pour en ô.ler le sang. Tous
par le nez. Là-di*sus, vient une figure très- les voisins, dans la mémo crainte, en font
vilaine ( ses mauvaises actions ) qui le lour- autant.
— Les Juifs racontent que cet ange
niente jusqu'au jour du jugement, où il entre cle la mort, était bien plus méchant autrefois ;
fn enfer. C'est pour délivrer le mort de ces mais que, par la force du grand nom cle Dieu,
:l»ges noirs, que les parents lui crient sans des rabbins le lièrent un jour et lui crevèrent
cesse : « N'ayez pas peur et répondez brave- l'oeil gauche : d'où vient que, ne voyant plus
,
ment, » — Us font une autre distinction des si clair, il ne saurait, plus faire tant de mal.
bons el des méchanls, qui n'est Dans leurs cérémonies funèbres, les Juifs
pas moins
absurde. Ils disent qu'au jour du jugement —
:

, sont, persuadés que, si on omettait une seule


' Mahomet viendra dans la vallée de Josaphat, des observations et des prières prescrites,
MOR — 36() — MOU h
l'âme ne saurait être portée par les anges Jésus, elle retomba morte, el ce fut tom j. '"'
jusqu'au lit de Dieu,. pour s'y reposer éter- de bon- I;
nellement; maisque,lrislemenlobligée d'errer Most-Mastite , — VOy MAMAGIÎ.
çà et là, elle serait rencontrée par des troupes
de démons qui lui feraient souffrir mille peines. Motelu, — démon que l'on trouve cité dans i
Ils disent qu'avant d'entrer en paradis ou en le procès intenté à Denise de Lacaille. '.

enfer, l'âme revient pour la dernière fois Mouche. — Le diable apparaît quelquefois
dans le corps et le fait lever sur ses pieds; en forme de mouche ou de papillon. On le vit !'-
qu'alors l'ange de la mort s'approche avec sortir sous cette forme de la bouche d'un (lé- i '

une chaîne dont la moitié est cle fer el l'autre moniaque deLaon'. Les démonomanes an- !"
moitié de feu el lui en donne trois coups : pellenf Belzébuth seigneur des mouches; lcS ;:
,
au premier, il disjoint, tous les os et les fait habitants de Ceylan appellent le diable Achor. !
tomber confusément à terre ; au second, il les qui signifie en leur langue dieu des mouches !
brise et les éparpille; el au dernier, il les ré- ou chasse-mouches; ils lui offrent des saeri- \
duit en poudre. Les bons anges viennent en- lices pour être délivrés de ces insectes, qui i
suite el ensevelissent les cendres. — Les Juifs causent quelquefois, dans leur pays, des ma- t
croient que ceux qui ne sont pas enterrés dons ladies contagieuses; ils disent qu'elles mou- i
la terre promise ne pourront point ressusciter; rent aussitôt, qu'on a sacrifié à Achor. —
mais que toute la grâce que Dieu leur fera, M. Éméric David , à propos de Jupiter, d'il
ce sera de leur ouvrir de petites fentes, au que les ailes de mouches qui dans quelques
travers desquelles ils verront, le séjour des monuments forment ( à ce qu'on prétend) la
bienheureux. — Cependant, le rabbin Juda, barbe de Jupiter, sont un hommage au feu
pour consoler les vrais Israélites, assure que générateur, les mouches étant produites par
les âmes des justes enterrés loin du pays de la canicule... Voy. GRANSON, MÏIAGOMJS, elc.
Chanaan, rouleront par de profondes cavernes Mouni, — esprits que reconnaissent les
qui leur seront pratiquées sous (erre, jusqu'à Indiens, quoiqu'aucun de leurs livres sacrés
la montagne des Oliviers, d'où elles entreront, n'en fasse mention ; ils leur attribuent les
en Paradis. —En Bretagne, on croit que tous qualités que les Européens accordent aux es-
les morts ouvrent la paupière à minuitJ ; et prits follets. Ces esprits n'ont point de corps,
à Plouerden, près Landemau, si l'oeil gauche mais ils prennent la forme qui leur plaît ; ils
d'un mort ne se ferme pas un des plus pro- rôdent la nuit pour faire mal aux hommes,
,
ches parents est menacé sous peu de cesser tâchent de conduire les voyageurs égarés
d'èlre 2. On dit ailleurs que tout, le monde voit dans des précipices, des puits on des rivières,
les démons en mourant, et que la Sainte- se transformant en lumière et cachant le péril
Vierge fut seule exemptée de celle vision. — où ils les entraînent. C'est pour se les rendre
Les Arméniens frottent les morts d'huile, proprices que les Indiens élèvent en leur
parce qu'ils s'imaginent qu'ils doivent lutter honneur de grossières statues colossales,
corps à corps avec de mauvais génies. Chez auxquelles ils vont adresser des prières.
les chrétiens schismatiques de l'Archipel grec,
Mouton. Le diable s'est montré plusieurs
si le corps d'un mort n'est pas bien raide, —
fois sous la forme d'un mouton. Le sorcier
c'est un signe que le diable y est entré, el on Aupefit, qui fut condamné à être brûlé vif,
le met en pièces pour empêcher les fredaines.
avoua qu'il s'était présenté à lui sous la figure
— Les Tonquinois de la secte des lettrés ren- d'un mouton plus noir que blanc, et. qu'il lui
dent un culte religieux à ceux qui sont morts avait dit les fois qu'il verrait dans
de faim ; les premiers jours do chaque se- les que toutes
nuages un mouton, ce serait le signal du
maine, ils leur présentent du riz cuit qu'ils sabbat-. Quand vous rencontrez dans un
ont été mendier par la ville. Voy. NÉcito- —
voyage des moutons qui viennent à vous,
MANCiiî, YAMPHIES, KEVKXANTS, etc. c'est un signe que vous serez bien reçu ; s'ils
Mortemart. — Un seigneur de celle fa- fuient devant vous, ils présagent un triste ac-
mille célèbre perdit sa femme, qu'il chérissait. cueil. Voy. MoitTS.
Tandis qu'il se livrait à son désespoir, le MouzouUo, —nom que les habitants du
diable lui apparut el. lui offrit de ranimer la Monomolapa donnent diable qu'ils repré-
défunte s'il voulait se donner à lui. Le mari, au ,
sentent, comme fort méchants.
dit-on y consentit ; la femme revécut. Mais
,
un jour qu'on prononça devant elle le nom de ' Leîoyer, TJist. et Disc, des spectres, elc.
' Delam-ve, Tableau de l'inconstance (les démons,etc.,
.' Cambry, Voyage dans lel7ims(ère, t. 11, p. K,. p. 503.
» Idem, ibid., t. 11, p. 170. ! Abrégé des Voyages, par de La Harpe, t.IV, p.3-1.
MOZ, -—36 •1 — MURI
pïozart. — Un jour que Mozart, célèbre pu retrouver sa trace. —Mozart se mit dans
compositeur allemand, était plongé dans la lèle que cet inconnu n'était pas un être
if?
rêveries mélancoliques, devenues habi- ordinaire, qu'il avait sûrement des relations
tuelles par l'idée de sa mort dont il s'é- avec l'autre monde, qu'il lui était envoyé
tait frappé, il entendit un carrosse s'ar- pour lui annoncer sa fin prochaine. Il n'en
r{.|er à sa porte ; on lui annonce un inconnu travailla qu'avec plus d'ardeur à son Hequiem,
(ni demande à lui parler. « Un grand per- qu'il regarda comme le monument le plus du-
sonnage m'a chargé de venir vous trouver, rable de son talent. Pendant ce travail, il
dit l'inconnu. — Quel est cet homme? inter- tomba plusieurs fois dans des évanouisse-
rompt Mozart. —Il ne veut pas être nommé. ments alarmants. Enfin l'ouvrage fut achevé
Que désire-t-il? —- 11 vous demande un avant les quatre semaines. L'inconnu revint
au terme convenu... Mozart n'était plus. —
.
Hequiem pour un service solennel. » —Mozart
.esentit frappé de ce discours, du Ion dont Saliéri en mourant avoua que c'était lui qui
il était prononcé, de l'air mystérieux qui sem- avait joué le personnage de l'inconnu et s'ac-
,
blait répandu sur celle aventure ; la dispo- cusa do la mort de Mozart, dont il était en-
sition de son âme fortifiait encore ces im- vieux.
pressions. Il promit de faire le Hequiem. Muhoiimim,— nom que les Africains don-
s
Mettez à cet ouvrage tout votre génie ; vous nent à leurs possédés; ils font des cercles,
travaillez pour un connaisseur.—Tant mieux. impriment des caractères sur le front cle ces
Combien de temps demandez-vous? — muhazimim, el le diable qui les possède dé-

Quatre semaines. — Eh bien je reviendrai loge aussitôt 1.
,
dans quatre semaines. Quel prix mettez-vous Mullcr (JEAN) , — astronome et astrologue,
à votre travail ? Cent ducats. » L'inconnu plus
— connu sous le nom de Regiomonlanus,
les compta sur la table el disparut.—Mozart né en 1436 en Franconie, mort à Borne en
reste plongé quelques moments dans de pro- 1476. Il paraît qu'il prophétisait aussi, puis-
fondes réflexions, puis tout à coup il se met à qu'on dit qu'il annonça la fin du monde en
écrire. Celte fougue de travail continua pen- même temps que Stoffler. Ces deux hommes
dant plusieurs jours. Il travailla jour et nuit firent tant de bruit que les esprits faibles
avec une ardeur qui semblait augmenter en crurent que le monde finirait infailliblement
avançant, niais son corps ne put résister à
en '1888. On dit qu'il fit deux automates mer-
relie l'aligne. 11 tomba un jour sans connais- veilleux : '1° un aigle qui volait et qui alla au-
sance. Peu do temps après, sa femme cher- devant de l'empereur lors de son entrée à
cliiuil à le distraire des sombres pensées qui Ratisbonne 2° une mouche de fer qui faisait
l'assiégeaient, Mozart lui dit brusquement: le tour d'une; fable bourdonnant à l'oreille
«Cela est certain ; ce sera pour moi que je
en
de chaque convive, ef revenait se poser sur
ferai ce Hequiem il servira à mes funérailles.
,
Rien ne put le détourner de celte idée ; il con-
» sa main. Ses contemporains voyaient dans
tinua de travailler à son Hequiem-, comme
ces deux objets désoeuvrés de magie.
llaphiièl travaillait à son tableau delà Trans- Mullîn, — démon d'un ordre inférieur,
figuiafioii, frappé aussi de l'idée de sa mort. premier valet de chambre de Belzébufh. — 11
Mozart sentait ses forces diminuer chaque y a aussi dans quelques procès cle sorciers,
jour, ol son travail avançait lentement. Les un certain maitre Jean Mullin , qui est le
lieutenant du grand-maître des sabbats.
quatre semaines qu'il avait demandées s'étant
écoulées, il vit entrer l'inconnu. « 11 m'a été Mummol.—En 578, Frédégonde perdit
impossible, dit Mozart, de tenir ma parole. un de ses fils, qui mourut de la dyssenterie.
On accusa le général Mummol, qu'elle bais-
— No vous gênez pas, dit l'étranger; quel
temps vous faut-il encore? Quatre semai- sait, de l'avoir fait périr par des charmes et'
— des maléfices. Il avait eu l'imprudence de dire
nes ; l'ouvrage m'a inspiré plus d'intérêt que
je no croyais el je l'ai étendu plus je à quelques personnnes qu'il connaissait une
j
, que ne herbe d'une efficacité absolue contre la dys-
j
voulais.—En ce cas, dit l'inconnu , il est juste
j d augmenter les honoraires. Voici cinquante senferio. Il n'en fallut pas davantage pour
| ducats de plus.
— Monsieur, reprit Mozart qu'il fût soupçonné d'être sorcier. •—La reine
toujours plus étonné, qui êtes fit arrêter plusieurs femmes de Paris, qui
vous donc? —
Lela ne fait rien à la chose. Je reviendrai confessèrent qu'elles étaient sorcières, qu'elles
,
plusieurs personnes, que Mum-
envoya sur- avaient tué
'lans quatre semaines. Mozart,
»
e-champ sa servante à la suite de cet homme mol devait périr, et que le prince avait été
^'ra ordinaire, pour savoir où il s'arrêterait ; sacrifié pour sauver Mummol. Do ces sorciè-
i m«is la servante vint rapporter qu'elle n'avait 1 Bodin, Démonomanie, p. 39G.
MUR — 362 MUS
res, les unes furent brûlées, d'autres noyées; d'une ( pierre ordinaire. Elle demeura sur U i*
quelques-unes expirèrent sur la roue. Après bord du trou pendant que la curiosité v ni H
1

ces exécutions, Frédégondè partit pour Corn- descendre le jardinier, plusieurs domestiq'nes *
i
piègne, el accusa Mummol auprès du roi '. les deux fils du gentilhomme qui s'amusèrent ^
I

Ce prince lé fit venir, on lui lia les mains quelques moments à creuser encore le fond fe
<
derrière le dos ; on lui demanda quel malé- La pierre fatale, qu'on avait négligé apparem! p
fice il avait employé pour tuer le prince ; il nient de placer dans un juste équilibre, nrji
ne voulut rien avouer de ce qu'avaient déposé ce temps pour retomber au fond du trou, et f.
-

les sorcières mais il convint qu'il avait sou- écrasa tous ceux qui s'y trouvaient. r,c
1'
,
breuvages, —
vent charmé dès onguents el des n'était là que le prélude des malheurs quc jl
pour gagner la faveur du roi et, de la reine. devait causer celte pierre. La jeune épouse i
Quand il fut relire de la torture, il appela un de l'aîné des deux frères apprit ce qui venait, É
sergent, el lui commanda d'aller dire au roi d'arriver. Elle courut au jardin, elle y arriva If
qu'il n'avait éprouvé aucun mal. Chilpéric, dans le temps que les ouvriers s'empressaient K
entendant ce rapport, s'écria : « Il faut, vrai- de lever la pierre, avec quelque espérance ï
ment qu'il soil sorcier, pour n'avoir pas souf- de trouver un reste de vie aux infortunés îi
fert de la question 1... » En même temps il fil qu'elle couvrait. Ils l'avaient levée à demi, el !';
reprendre Mummol ; on l'appliqua de nouveau l'on s'aperçut en effet qu'ils respiraient en- ;>
à la torture ; mais quand on se préparait à core, lorsque l'imprudente épouse, perdant j*'
lui trancher la lêle, la reine lui fit grâce de tout soin d'elle-même se jeta si rapidement î-
,
la vie, se contentant de prendre ses biens. sur le corps de son mari, que les ouvriers j*
On le plaça sur une charrette qui devait le saisis de son action lâchèrent malheureuse- ?
conduire à Bordeaux, où il était né.; il ne de- ment les machines qui soutenaient la pierre, ij
vait point y mourir, tout son sang se perdit et l'ensevelirent ainsi avec les autres. — Cet j
pendant la roule, et il expira d'épuisement. accident confirma plus que jamais la snpersli- Û
On brûla tout ce qui avajt appartenu au jeune lion des Écossais; on ne manqua pas del'at- ij
prince, autant à cause des tristes souvenirs tribuer à quelque pouvoir établi pour la con- S'
qui s'y attachaient que pour anéantir tout servation du mur d'Ecosse et de toutes les !:
ce qui port.ailavee soi l'idée du sortilège 2. pierres qui en sont détachées. ;
Muraille du niable.!—C'est celle fameuse Murmur, — grand-duc et comte de l'em-
muraille qui séparait autrefois l'Angleterre pire infernal, démon de la musique. 11 parait s i,

cle l'Ecosse, et dont il subsiste encore di- sous la forme d'un soldat monté sur un vau- j

verses parties que le temps n'a pas trop al- tour , et accompagné d'une multitude de (
térées. La force du ciment el la durelé des trompettes ; sa tète est ceinte d'une cou- ]
pierres ont persuadé aux habitants des lieux ronne ducale, il marche précédé du bruit des j
voisins qu'elle a été faite de la moin du clairons. Il est de Tordre des anges el de i

diable ; et les plus superstitieux ont grand celui des trônes 1.


soin d'en recueillir jusqu'aux moindres dé- Bïuspelheim. — Les Scandinaves nomment
bris, qu'ils mêlent, dans les fondements de leurs ainsi
un monde lumineux, ardent, inhabi-
maisons pour leur communiquer la même .so- table étrangers. Surtur-le-Noir y lient
lidité. Elle a été bâtie par Adrien. — Un jar-
aux
son empire ; dans ses mains brille une épée,
dinier écossais, ouvrant, la terre dans son flamboyai.te. Il viendra à la fin du monde,
jardin trouva une pierre d'une grosseur con- vaincra tous les dieux, et livrera l'univers
,
sidérable sur laquelle on lisait, en caractères aux flammes.
du pays, qu'elle était là pour la sûreté des Entre plusieurs décou-
Musique céleste..—
murs du château et du jardin, et qu'elle y vertes surprenantes que fit Pythagore, on
avait été apportée de la grande muraille, admire céleste que lui
dont elle avait, fait autrefois partie; mais qu'il
surtout celle musique
seul, entendait. Il trouvait les sept tons de la
serait aussi dangereux de l'a remuer qu'il y musique dans la distance qui est entre les
aurait d'avantage à la laisser à sa place. — planètes de la à la lune, ton de
Le seigneur de la maison moins crédule que : terre un ;
, la lune à Mercure, un demi-ton ; de Mercure
ses ancêtres , voulut la faire transporter dans à Vénus, demi-ton de Vénus au soleiL
un ;
un autre endroit, pour l'exposer à la vue, ton et demi ; du soleil à Mars, un ton; de
un
comme un ancien monument. On entreprit de Mars à Jupiter, demi-ton ; de Jupiter «
la faire sortir de terre à force de machines, un
Saturne un demi-ton el de Saturne eu zi-
et on en vint à bout, comme on l'aurait l'ait' diaque, , ton el demi. C'est à celte iiiusiq"*'
;
un
1 ChilpéricI"r.
z Grégoire de Tours, liv. IV de l'Hist. .de France. • Wierus, in Pseudomonarcliia doeir\.
NAIÏ — 363 NAG
(]C5corps célestes qu'est attachée l'harmonie qu'autrement des essaims de mouches vien-
do toutes
les parties qui composent l'univers, draient infecler leur pays sur la (in de l'été,
flous autres, dit Léon l'Hébreu nous ne pou-
,
ety porter la peste. Voy. Action, BELZÉBUTH.
voii8
entendre celte musique, parce que nous Myoam, — génie invoqué par les Basi-
rn sommes
trop éloignés, ou bien parce que lidiens.
l'habitude continuelle de l'entendre fait que
Myomancie , — divination par les rais ou
nous ne nous en apercevons point, comme
les souris ; on lirait des présages malheureux
feux qui habitent près de la mer ne s'aper-
çoivent point du bruit des vagues, parce qu'ils ou de leur cri, ou de leur voracité. Elien ra-
sont accoutumés. conte que le cri nigu d'une souris suffit à Fa-
y
bius Maximus pour l'engager à se démettre
pïusucca, —nom du diable chez quelques de la dictature ; et, selon Varon Cassius Fla-
peuples de l'Afrique. Us en ont une Irès- ,
minius, sur un pareil présage, quitta la
irrande peur, et le regardent comme l'ennemi charge de général de cavalerie. Plularquo dit
! du genre humain ; mais ne lui rendent aucun qu'on augura mal de la dernière campagne
: dommage. C'est le même que Mouzouko. de Marcellus parce que des rais avaient
,
Mycale, — magicienne qui faisaitdescendre rongé quelques dorures du temple de .lupiler.
la lune par la force de ses charmes. 1211e fut — Un Romain vint un jour fort effrayé con-
mère de deux célèbres Lapilhes, Brotéas et sulter Galon, parce que les rais avaient rongé
Orion. un de ses souliers. Caton lui répondit que c'eût
été un lout autre prodige si le soulier avait
IHyiagorus, — génie imaginaire auquel on
; attribuait la vertu de chasser les mouches rongé un rai.
pendant les sacrifices. Les Arcadiens avaient Myriceeus , —surnom donné à Apollon,
; des jours d'assemblée, et commençaient par comme présidant à la divination par les
invoquer ce dieu et le prier de les préserver branches de bruyère, à laquelle on donnait
des mouches. Les Kléens encensaient avec l'épiihèle de prophétique. On lui niellait alors
constance les autels deMyiagorus, persuadés une branche de cette piaule à la main.

«r

Nobam, — démon que l'on conjure le sa- bagatelles; mais l'ongle de Nabucbodonosor
medi. Voy. CONJURATIONS. est dans le cabinet de curiosités du roi de
Naberus, autrement Cerbère, appelé aussi Danemark.
Nèbiros, — marquis du sombre empire, ma- Sfachtrhannetje , '— OU petit homme (le
réclial-de-camp et inspecteur-général désar- nuit, nom que les Flamands donnent aux in-
mées, lise monlre sous la ligure d'un corbeau; cubes.
sa voix est rauque ; il donne l'éloquence, l'a- Dîachtvrouwtje , — ou petite femme do
mabililé, et enseigne les arls libéraux. 11 l'ait nuit,
trouver la main de gloire ; il indique les qua- cubes.
nom que les Flamands donnent auxsuc-
lités des métaux, des végélanx et de tous les
animaux purs et impurs ; l'un des chefs des Biagates, — astrologues de Ceylan. Des
nécromanciens, il prédit l'avenir. Il com- voyageurs crédules vantent beaucoup le sa-
mande à dix-neuf légions '. voir de ces devins, qui, disent-ils, font sou-
des prédictions que l'événement accom-
Wabuohodonosor, — roi de Babylone, qui vent
crut pouvoir exiger des peuples le culte et les
plit. Ils décident du sort des enfants ; s'ils
hommages qui ne sont dus qu'à Dieu et qui déclarent qu'un astre malin a présidé à leur
, naissance, les pères, qui la superstition
fol pendant sept
ans changé en boeuf. — Les étouffe la nature leuren. ôtent une vie qui doit
paradisles croient faire une grande plaisan- ,
lÇi'ie en annonçant qu'on chez être malheureuse. Cependant si l'enfant qui
verra eux
l°ngle de Nabucbodonosor parmi d'autres voit le jour sous l'aspect d'une planète con-
traire est un premier né le père le garde, en
Wierus, in Psetuloinon. dccmonum. dépit des prédictions; ce, qui prouve que l'as-
JNAI 36(i NAS ;':
— —
trologie n'est qu'un prétexte dont les pères c<outre les grues.
— Swift fait trouver à son.
trop chargés d'enfants se servent pour en dé- GJulliver des hommes hauts d'un demi-nje(i}
barrasser leur maison. Ces nngates se van- dlans l'île de Lilliput. Avant lui, Cyrano de!
tenl encore de prédire, par l'inspcclion des Biergerac, dans son Voyage au soleil, avaii'f
aslres, si un mariage sera heureux, si une v'u de petits nains pas plus hauts qua h pouce '
maladie est mortelle etc.
, -

Les Celtes pensaient que les nains élaieml-
Naglefare,—vaisseaufalal chez les Celtes; les espèces de créatures formées du corps dir
il est fait des ongles des hommes morts ; il no f>éant Ime, c'est-à-dire de la pondre do lai
doit être achevé qu'à la fin du monde., et son erre.
' Ils n'étaient d'abord que des vers ; mais 'l

|;j|
apparition fera trembler les hommes et les '_)ar l'ordre des dieux, ils participèrent à
dieux. C'est sur ce vaisseau que l'armée des aison et à la figure humaine, habitant tou-l
mauvais génies doit arriver d'Orient. lours cependant entre la terre et les rochers.-
*
—« On a découvert sur les bords do la ri-;
Naguille (CATHKRIMS),— petite sorcière -\vière Merrimak, à vingt milles de l'Ile Saint-;
âgée de onze ans, qui fut accusée d'aller au ILouis, dans les Htats-Unis, des tombeaux 1

sabbat en plein midi '. cen pierres construits avec une sorte d'art el
,
Naguille (MAMIÏ) , —jeune sorcière, soeur ' rangés en ordre symétrique, mais dont au-
de la précédente. Arrêtée à seize ans, elle ccun n'avait plus de quatre pieds de long. Les
squelettes humains n'excèdent pas trois pieds
avoua que sa mère l'avait conduite au sabbat.
Lorsqu'elles devaient y aller ensemble le 'en longueur. Cependant les dents prouvent
diable venait ouvrir la fenêtre de leur cham- , que
' c'étaient des individus d'un âge mûr.
bre, et les attendait à la porte; sa mère li- Les crânes sont hors de proportion avec le
rait un peu de graisse d'un pot, s'en oignait reste ' du corps. Voilà (lonj les pygmées re-
la tète, excepté la figure, prenait sa fille sous trouvés 1. Voy. PïGMÉE.
le bras et elles s'en allaient en l'air au sab- Wairancîe. — Espèce de divination usilée
bat. Pour revenir à la maison, le diable leur parmi los Arabes, et fondée sur plusieurs
servait de porteur, lïlle avoua encore que phénomènes du soleil et de la lune.
le sabbat se tenait à Pagole, près d'un petit
bois 2. Waliaronkir, — esprit que Mahomet envoie
dans leur sommeil aux musulmans coupa-
Nahamn, — soeur de Tubalcain. On lit bles, pour les pousser au repentir.
dans le Tbalmud que c'est une des quatre
Nambroth,
mères des diables, lïlle est devenue elle- mardi. Voy. CONJURATIONS. —
démon que l'on conjure le
même, selon les démonomanes, un démon
succube. Nan, — mouches assez communes on La-
ponie. Les Lapons les regardent comme de;
Nains. — Aux noces d'un certain roi de esprits et les portent avec eux dans des sar-
Bavière, on vil un nain si petit, qu'on l'en- cle cuir, bien persuadés
ferma dans un pâté, armé d'une lance et ils seront préservés de toute que, par ce moyen
espèce de ma-
d'une épée. Il en sortit au milieu du repas, ladies.
sauta sur la table, la lance en arrêt et excita
l'admiration de tout le monde 5. La fable dit Napoléon, — empereur des Français. Oi
que les Pygmées n'avaient que doux pieds a prétendu qu'il avait un génie familier
de hauteur, et qu'ils étaient toujours en comme Socrate et tous les grands homme
les Les Grecs, qui dont les actions ont excité l'admiration d
guerre avec grues. recon- leurs
naissaient des géants, pour faire le contraste contemporains. On l'a fait visiter pur m
parfait, imaginèrent, ces petits hommes qu'ils petit homme rouge. —On a vu aussi dan
appelèrent pygmées. L'idée leur en vint peut- Napoléon un des terribles précurseurs de l'An
être de certains peuples d'Ethiopie, appelés lécbrist. Qui sait?
Véchinics qui étaient d'une petite taille; et, Narac , — enfer des Indiens-, on y scr
,
comme les grues se retiraient tous les hivers lourmenlé par des serpents.
dans leur pays, ils s'assemblaient pour leur
faire peur, et les empêcher de s'arrêter dans Nastrande, — partie de l'enfer des Scar
leurs champs. Voilà le combat des Pygmées dinaves. Là sera un bâtiment vaste et in
fume ; la porte, tournée vers le nord, ne soi
1 Belancre, Tnlil de l'inconstance des démons, etc.,
construite que do cadavres, de serpents
]iv. 11, p. no. dont toutes les tètes, fendues à l'intérie»
v Delmicre, Tabî. de l'inconstance des démons, etc.,
1iv.ii, p,118.
* Johnson, Taumaloyrapliia nati'ralis. 1 Journal des Débats du 23 janvier 1S19.
NAY 3o'5 N1CC
(lotsde venin. 11 s'en formera un
(Oiiiiiont des I
Tbonne opinion qu'on avait de lui, et se
llpive empoisonné, dans les ondes rapides i lonner en
quelque sorte pour un dieu il ré-
,
duquel flotteront les parjures, les assassins i
olut en 16b6 d'entrer dans Bristol on plein
jl les
adultères. Dans une autre région, la our, monté sur un cheval dont un homme
(ondilion des damnés sera pire encore ; car :t une femme tenaient les rênes, suivi de
on
loup dévorant y déchirera sans cesse les luelques autres qui chantaient Ions : Saint,
corps qui y seront, envoyés. vint, saint le dieu de Sabaoth. Les magistrats
'arrêtèrent et l'envoyèrent au parlement, où
Waudé (GABIUEI.) — l'un des savants dis-
,
tingués de son lemps, né à Paris en 4 600. Il son procès ayant été instruit, il fut condamné
e 2o janvier '1657, comme blasphémateur et
lut d'abord bibliothécaire du cardinal Ma-
séducteur du peuple, à avoir la langue percée
Eiriii, ensuite de la reine Christine, et mourut
jAbbeville en 4 683. 11 a laissé une Instruc- ivec un fer chaud, et le front marqué de la
lettre B (blasphémateur), à être ensuite re-
tion à la France sur la vérité de l'histoire des
conduit à Bristol, où il rentrerait à cheval,
frères de la Rose-Croix, -1623, in-4" et in-8",
ayant le visage tourné vers la queue, ce qui
rare. Naudé y prouve que les prétendus frères fut exécuté à la lettre, quoique ce fou misé-
je la llose-Croix sont des fourbes qui cher-
rable eût désiré paraître sur un âne. Naylor
chaient à trouver des dupes, en se vantant
d'enseigner l'art de faire de l'or el d'autres
fut ensuite renfermé pour le reste de ses jours.
On l'élargit ensuite, et il ne cessa"de prêcher
secrets non moins merveilleux. Ce curieux
opuscule est ordinairement réuni à une autre ceux de sa secte jusqu'à sa mort.
brochure intitulée: Avertissement au sujet des Waxao , — séjour de peines où les habitants
frères de la Rose-Croix. On a encore de lui : du Pégu font arriver les âmes après plu-
Apologie grands hommes faussement
pour les sieurs transmigrations.
mtpçonnés de magie, 4 625, in-8°; cet ou-
vrage a eu plusieurs éditions. — 11 y prend la Nebiros, — VO\J. NAUERUS.
défense des sages anciens et modernes ac- Nécromancie, — art d'évoquer les morts
cusés d'avoir eu des génies familiers, tels que
ou de deviner les choses futures par l'in-
Socrate, Aristole, Plotin etc., ou d'avoir ac- spection des cadavres. Voy. ANTIIHOI'OJIANCIE.
,
quis par la magie des connaissances au-dessus
11 y avait à Sèville, à Tolède et à Salaman-
vulgaire.
(lu
que, des écoles publiques de nécromancie,
Mnurause (PlERlUi Mi), — UOl/. FIN DU
dans de profondes cavernes , dont la grande
MONDE.
Isabelle fil murer l'entrée. — Pour prévenir
les superstitions de révocation des mânes et
Wavius (Acciiis). —CeNavhis, étant jeune, de tout ce qui a pris le nom de nécromancie,
ilil Cicéron, fut réduit par la pauvreté à gar- Moïse avait fait de sages défenses aux .luifs.
der les pourceaux. En ayant perdu un il fit
, Isaïe condamne également ceux qui deman-
voeu que, s'il le retrouvait, il offrirait au dieu dent aux morts ce qui intéresse les vivants,
la plus belle
grappe de raisin qu'il y aurait el ceux qui dorment sur les tombeaux pour
dans l'année. Lorsqu'il l'eut retrouvé, il se
avoir des rêves. C'est même pour obvier aux
tourna vers le midi, s'arrêta au milieu d'une
vigne, partagea l'horizon en quatre parties;
abus de la nécromancie, répandue en Orient,
et, après avoir eu dans les trois premières des que chez le peuple Israélite celui qui avait
louché un mort était censé impur. — Celte
présages contraires, il trouva une grappe de
raisin d'une admirable grosseur. Ce fut le
divination était en usage chez les Grecs,
'écil de celte aventure qui donna à Tarquin et surtout chez les Thessaliens; ils arrosaient
'» curiosité de mettre à l'épreuve de sang chaud un cadavre-, et prétendaient
son lalent ensuite en recevoir des réponses certaines sur
de divination. Il
coupa un jour un caillou l'avenir. Ceux qui le consultaient devaient
avec un rasoir pour prouver qu'il devinait
bien. auparavant avoir fait les expiations prescrites
par le magicien qui présidait à cette céré-

Haylor (JAMES), — imposteur du seizième monie, et surtout avoir apaisé par quelques
S|Wîle, né dans le diocèse d'York, en An- sacrifices les mânes du défunt, qui, sans ces
Sloierre. Après avoir servi pendant quelque préparatifs,demeurait sourd à toutes les ques-
:
temps en qualité de maréchal-des-logis dans tions. — Les Syriens se servaient aussi de
:
le ''égiment
du colonel Lambert, il se retira celte divination, et voici comment ils s'y pre-
;
Parmi les trembleurs, et s'acquit tant de ré- naient : Ils tuaient de jeunes enfants en leur
putation par ses discours qu'on le regardait tordant, le cou leur coupaient la tête, qu'ils
,
Wnniie un saint homme. Voulant profiter do salaient et embaumaient, puis gravaient, sur
,
NEG _
36G — NÉR 1
une lame ou une plaque d'or, le nom de l'es- s' évanouirent ».'— Les nègres, comme c|P I
prit malin pour lequel ils avaient fait ce sa- jtîsle, font le diable blanc. I
orifice, plaçaient la tète dessus, l'entouraient j|
SfeUir,—VOIJ. MoNKIR.
de cierges, adoraient: cette sorte d'idole et 1
en tiraient des réponses *. Voy. MAGIE. — Les BJembroth , — un des esprits que les ma- li
rois idolâtres d'Israël et de Juda se livrèrent S;iciens consultent. Le mardi lui est consacré- i
à la nécromancie. Sai.il y eut recours lorsqu'il eil on l'évoque ce jour-là : il faut, pour le renl I
voulut consulter-l'ombre de Samuel. L'Église y'oyer, lui jeter une pierre. |
a toujours condamné ces abominations. Lors- Sïemrod, — roi d'Assyrie , qui ayant fait [
que Constantin , devenu chrétien, permit en- ];)âtir la tour de Babel, el voyant, disent lesi-
core aux païens de consulter leurs augures, atuteurs arabes, que celle tour, à quelqueP
pourvu que ce fût au grand jour, il ne toléra flau'leur qu'il l'eût fait élever, était encore I-
ni la magie noire ni la "nécromancie. Julien foin d'atteindre au ciel, imagina de s'y faire
f
se livrait à cette pratique exécrable. — 11 transporler dans un panier par quatre énor-
restait au moyen âge quelque trace de la rnes vautours ; les oiseaux l'emportèrent
en .-
nécromancie clans l'épreuve du cercueil. tMiel lui et son panier, mais si haut et si loin i
Keffesoliens, — secte de mahomélans qui c,]ue depuis on n'entendit plus parler de lui. I

prétendenl_être nés du Saint-Esprit, c'est-à- Hfénufar, — plante aquatique froide, dont


dire sans opérations d'homme, ce qui les fait voici un effet: Un couvreur travaillait été
-, en
tellement révérer qu'on ne s'approche d'eux sur une maison, à l'une des fenêtres de la-
<
qu'avec réserve. On prétend qu'un malade ,quelle le maître avait un flacon d'eau de fleurs !
guérit., pour peu qu'il puisse toucher un de de nénufar à purifier
, au soleil. Comme i! était !
leurs cheveux ; mais Delancre dit que ces échauffé el altéré, il prit le flacon el but de
,
saints hommes sont au contraire des enfants celle eau ; il retourna chez lui avec les sens
(
du diable, qui lâchent de lui faire des pro- glacés. Au bout de quelques jours, surpris do
,
sélyles 2. son refroidissement, il se crut ensorcelé, lise
.

îïègre.— Il est démontré que les nègres plaint du maléfice qu'on lui a fait. Le maître
ne sont pas d'une race différente des blancs, de la maison examine son flacon et le trouve
comme l'ont voulu dire quelques songe-creux ; vide. 11 reconnaît aussitôt d'où vient le ma-
qu'ils ne sont pas non plus la postérité de léfice, console le couvreur en lui faisant boire
Caïn, qui a péri dans le déluge. Les hommes, du vin de gingembre confit, et toutes choses
cuivrés en Asie, sont devenus noirs en Afri- propres à le réchauffer. 11 le rétablit enfin el
que el blancs dans le Septentrion ; et tous fil cesser ses plaintes -.
descendent d'un seul couple. Les erreurs Ktephèlim, — nom qui signifie également
plus ou moins innocentes des philosophes à géants ou brigands. Aussi est-ce celui que
ce sujet ne sont plus admises que par les l'Écriture donne aux enfants nés du commerce
ignorants. — Les sorciers appelaient quel- des anges avec les filles des hommes. Selon
quefois le diable le grand nègre. Un juriscon- l'auteur du livre d'Enoch, les néphélim étaient
sulte, dont on n'a conservé ni le nom ni le fils des géants el pères des éliuds.
pays, ayant envie de voir le diable, se fit
conduire par un magicien dans un carrefour SSequam, — prétendu prince des magi-
ciens, à qui les chroniques mayençaises at-
peu fréquenté, où les démons avaient coutume tribuent la fondation de
de se réunir. Il aperçut un grand nègre sur Mayence.
un trône élevé, entouré de plusieurs soldats SIergal, — démon du second ordre, chef
noirs, armés de lances et de bâtons. La grand de la police du ténébreux empire premiei
,
nègre, qui était le diable, demanda an ma- espion de Belzébuth, sous la surveillance de
gicien qui il lui amenait : — « Seigneur,: ré- grand justicier Lucifer. — Ainsi le disent te
pondit le magicien,, c'est un serviteur fidèle. démonomanes. Toutefois Nefgal ou Nergel lu
,r—
Si lu veux me, servir et m'açîorer, dit le une idole des Assyriens; il paraît que dani
diable au jurisconsulte, je le ferai asseoir: à celle idole-ils adoraient le feu.
ma droite. » Mais le prosélyte , trouvant la Bîéron, —+ empereur romain, dont le non
.cour infernale plus triste qu'il,ne l'avait.es- odieux est devenir la plus cruelle -injure pou
péré, fit un signe, .de la croix, et les démons les mauvais princes. Il portait
avec lui lin'
petite statue ou inandagore qui lui prédis^ 1

* -Leloyer, -Histoire des spectres ou appar. des esprits,


liv. y, p. 54-1. ;
,
, , ,
2 Delancre, Tableaudcl'inconslance dos démons, etc., s Lcgenda aiirea Jacobi de Voragine, lcg. 64.
liV.HI, p. '231. •
' ;
- Saint-André, Lettres sur la magie,
Ni F
— 36? -
avenir. On rapporte qu'en ordonnant aux ma- du séjour de la mort.. Cet enfer est une espèce
..jciens de quitter l'Italie, il comprit sous le d'1lôlellerie, ou, si l'on veut, une prison où
^,,11 de magiciens les philosophes,
parce que, so ni détenus les hommes lâches ou pacifiques
jj.ait-il, la philosophie favorisait l'art ma- qu i ne peuvent défendre les dieux inférieurs
,,ji|ue. Cependant il est certain, disent les dé- en cas d'attaque imprévue. Mais les habitants
iÙonomanes, qu'il évoqua lui-même les mânes ne: doivent en sortir au dernier jour pour être
(jc sa mère
Agrippine '. co ndamnés ou absous. C'est une idée très-
in iparfaile du purgatoire.
îîetla , — «oi/. ORTIE.
Kigromanoie, — art de connaître les cho-
Kfetos , — génies malfaisants aux Mo- se is cachées dans les endroits noirs , téné-
jaques. jj, eux comme les mines les pétrifications
, ,
Neuf. — Ce nombre est sacré chez dif- scmterraines, etc. Ceux qui faisaient des dé-
foïenls peuples. Les Chinois se prosternent C(juverles de ce genre invoquaient les démons
neuf fois devant leur empereur. En Afrique, el, leur commandaient d'apporter les trésors
en a vu
des princes supérieurs aux autres ci ichés. La nuit élait particulièrement desli-
en
puissance exiger des rois leurs vassaux n ée à ces invocations, el c'est aussi durant
de baiser neuf fois la poussière avant de leur c s temps que les démons exécutaient les com-
parler. Pallas observe que les Mogols regar- nlissions dont ils étaient chargés.
dent aussi ce nombre comme sacré, el l'Eu-
siinon de Xienclos. — On conte que, seule
rope n'est pas exemple de cette idée.
n jour devant son miroir, à l'âge dé dix-huit
Heuhaus (FlïMME BLANCHE DIî) ° ns, elle s'admirait avec une expression de
, •— VOIJ. ^ rislesse. Due voix toul à coup répond à sa
FESIJIES BLANCHES.
Ilensée et lui dit : « N'esl-il pas vrai qu'il
KJeures ou Kieuriens, — peuples de la Sar- c si bien dur d'être si jolie et do vieillir ? »
matie européenne, qui prétendaient avoir le I îlle se tourne vivement el voit avec surprise
pouvoir de se métamorphoser en loups une ;uiprès d'elle un vieux petit nain noir, qui
fois tous les ans, el de reprendre ensuite leur iéprend : «Vous nie devinez sans doute? si
première forme. ,:ous voulez vous donnera moi, je conserve-
•ai vos charmes; à quatre-vingts ans vous se-
KTew-Haven. — La barque de lu fée de
New-llaven apparaît, dil-on, sur les mers rez belle encore. » Ninon réfléchit un instant,
avant les naufrages au Nouveau-Monde.Celle
passa le marché, qui fut bien tenu ; el quel-
tradition prend sa source dans une de ces ap- ques instants avant sa mort elle vit au pied
de son lit le petit nain noir qui l'attendait....
paritions merveilleuseset inexplicables, qu'on
^ suppose être occasionnées par la réfraction de Blirudy, — roi des démons malfaisants
l'atmosphère, comme le palais de la fée Mor- chez les Indiens. On le représente porté sur
gitnc, qui brille au-dessus des eaux dans la les épaules d'un géant et tenant un sabre à
ï baie de Messine. la main.
' Mia, — degré supérieur de magie que les Wtitoès, — démons ou génies que les habi-
;.
Islandais comparaient à leur s'eidur ou magie tants des îles Moluques consultent dans les
; noire. Cette espèce de magie consistait à chan- affaires importantes. On se rassemble; on ap-
ter un charme de malédictions contre un en- pelle les démons au son d'un petit tambour,
:; ncnii. on allume des flambeaux, ell'espritparait, ou
plutôt un de ses minisires ; on l'invite à boire
Wifiheim, — nom d'un double enfer chez à manger; et, sa réponse faite, l'assemblée
Scandinaves. Ils le plaçaient dans le neu- et
- te
dévore les restes du festin.
vième monde; suivant eux, la formation en
* avait précédé de quelques hivers celle de la Bîoals (JEANNE), •— sorcière qui fut brûlée
,ei're. Au milieu de cet enfer, dit-TEdda, il
par arrêt du parlement de Bordeaux, le 20
!' u une fontaine nommée Hvergelmer. lïe là
mars 1619, pour avoir chevillé le moulin.de
«nient les fleuves suivants : l'Angoisse, l'En- Las-Coudourleiras,de la paroisse de Végenne.
"enii de la Joie, le Séjour de. la Mort, la Per- Ayant porté un jour du blé à moudre à ce
Jiliun, le Gouffre, la Tempête, le Tourbillon, moulin
avec deux autres femmes, le meunier,
'c Rugissement, le Hurlement, le Vaste celui
; Jean Deslrade, les pria d'attendre que le blé
I 11' s'appelle le Bruyant coule près des grilles qu'il avait déjà depuis plusieursjours fût mou-
lu ; mais elles s'en altèrenlmécontenles, etaus-
Suétone, Vie de Klron, cliap, 24. silôt le moulin se trouva chevillé, de façon
NOH — 368s — NOS ;;;

que le meunier ni sa femme n'en surent trou- Mostradamus (MICHIÏL), — médecin et as-1
ver le défaut. Le maître du moulin, ayant été Irologue, l né en 1503 à Sainl-Remi en \\0.\l
appelé, il s'avisa d'y amener ladite sorcière, vence, mort à Salon en 1oG6. Les lalenis qu'il \*
qui, s'élanl mise à genoux sur l'engin avec déploya pour la guérison de plusieurs main- !'
i
lequel le meunier avait coutume d'arrêter dies qui affligeaient la Provence lui altirèvem i
l'eau (il en sorte qu'un quart d'heure après la jalousie de ses collègues; il se relira de |a H
,
le moulin se remit à moudre avec plus de société. Vivant seul avec ses livres , son es. !'
vitesse qu'il n'avait jamais fait 1. prit s'exalta au point qu'il crut avoir le dn,) '
de connaîtrel'avenir. Il écrivit ses prédictions ;
Nodier (CHAULES), — spirituel auteur de dans style énigmalique
Trilby ou le lutin d'Argail (Argyle), et beau- un ; et pour leur don- i
d'écrits ner plus de poids, il les mit en vers. Il en j
coup charmants où les fées et les fol-
lets tiennent poétiquement leur personnage. composa autant de quatrains, dont il publia ;:
sept centuries à Lyon en '1555. Ce recueil eut |
Stocl (JACQC.ES), — prétendu possédé qui fit une vogue inconcevable; on prit parti pour!
quelque bruit en 4(i(i7. 11 élail neveu d'un le nouveau devin ; les plus raisonnables le re-1*
professeur de philosophie au collège d'ilar- gardèrent comme un visionnaire, les autres i*
court à Paris. Il s'imaginait sans cesse voir imaginèrent qu'il avait commerce avec le
des spectres. I! était sujet- aux convulsions diable, d'autres qu'il était véritablement pro- \
épilepliques, faisait des grimaces, des con- phète. Le plus grand nombre des gens sensés :
torsions, des cris et- des mouvements extraor- ne virent en lui qu'un charlatan qui, n'ayant ;»
dinaires. On le crut, démoniaque, on l'exami- pas fait fortune à son métier de médecin, ':
na ; il prétendit, qu'on l'avait maléficié, parce cherchait à mettre à profil la crédulité du [•
qu'il n'avait pas voulu aller au sabbat. Il as- peuple. La meilleure de ses visions est celle ''
sura avoir vu le diable plusieurs fois en dif- qui lui annonça qu'il s'enrichirait à ce métier. '
férentes formes -. On finit par découvrir qu'il 11 fui comblé de biens et d'honneurs par Ca- \?
était fou. l.herine de Médicis, par Charles IX, et par le :
peuple des pelits esprits. — Le poète Jodelle !;
Noh, — nom du premier homme selon les fit
Holtenlols. Ils prétendent que leurs premiers ce jeu de mots sur son nom :
parents enlrèrenl dans le pays par une porte Noilra damus cùm Calsa dannis, nain fallere nostrumest;
ou par une fenêtre; qu'ils furent envoyés de Ht cùm falsa daivuis, nil nisi voslru (Urmus. \

Dieu même, et qu'ils communiquèrent à leurs


Ce n'est point merveille, dit Naudé, si, parmi ;>
enfants l'art de nourrir les bestiaux avec
quantité d'autres connaissances. le nombre do mille quatrains, dont chacun \~:

parle toujours de cinq ou six choses différai- ;:


Moix. — « Un grand secret est renfermé tes, el surtout de celles qui arrivent ordinai- •'
dans les noix ; car si on les fait brûler, qu'on renient, on rencontre quelquefois un liémi- !

les pile et qu'on les mêle avec du vin el de slichc qui fera mention d'une ville prise en j;
l'huile, elles entretiennent les cheveux el les France, de la mort d'un grand en Italie, d'une J

empêchent de tomber 3. » peste en Espagne, d'un monstre, d'un embra- i

Mono , — génies malfaisants que les In- sèment, d'une victoire, ou de quelque chose ;j
diens des îles Philippines placent dans des si- de semblable. Ces prophéties ne ressemblent
tes extraordinaires entourés d'eau ; ils ne à rien mieux qu'à ce soulier de Théramène, ;
passent jamais dans ces lieux, qui remplissent qui se chaussait indifféremment par toutes ;
leur imagination d'effroi, sans leur en de- sortes de personnes. Et quoique Chavigny, j
mander permission. Quand ils sont attaqués qui a tant rêvé là-dessus, ait prouvé dans son i
de quelque infirmité ou maladie, ils portent à Janus français que la plupart des prédic-
tions de Noslradamus étaient accomplies au
ces génies en forme d'offrande du riz, du
vin du coco, et le cochon qu'on donne en- commencement du dix-septième siècle, on no
suite, à manger aux malades. laisse pas néanmoins de les remettre encore
sur le tapis. H en est des prophéties comme
Womes, — fées ou parques chez les Cel- des almanachs ; les idiols croient à lotit ce
les. Elles dispensaient les âges des hommes qu'ils y lisent, parce que sur mille mensonges
,
et se nommaient Orda (le passé), Verandi ils ont rencontré une fois la vérité. — Noslra-
(le présent), et Skalda (l'avenir). damus est enterré à Salon ; il avait prédit (le
son vivant que son tombeau changerait de
1 Delancrc, Incrédulité et mécréancc de la divina- place après sa mort. On l'enterra dans l'église
tion, dn sortilège, etc., tr. G, p. 35S.
Lettres Saint-André des Cordeliers, qui fui détruite. Alors le tom-
2 de sur la magie, etc.
3 Albert le Grand, p. i'JO. beau se trouva dans un champ, el le peup' 0
ÎNlJM — 369) — NYW
,;[
persuadé plus que jamais qu'un homme Il 1 donna à son peuple des lois assez sages,
1|Ui prédit si jusle mêrile au
moins qu'on lo qu'il ( disait tenir de la nymphe Egérie. 11 mar-
croie. cqua les jours heureux el les jours malheu-

des trois divisions de reux, etc. — Les démonomanes font de Numa


Kfoiarique, — une
cabale chez les Juifs. Elle consiste à un insigne enchanteur et magicien. Celle
I;, pren- nymphe, qui se nommait Égérie, n'était autre
di-p, ou chaque lettre d'un mot pour en
faire
chose qu'un démon qu'il s'était rendu fami-
une phrase entière ou les premières lettres ,lier, comme étant un des plus versés et mieux
,
d'une sentence pour en former un seul mol. entendus qui aient jamais existé en l'évocation
Hoyé.s. — Les marins anglais et américains des i
diables. Aussi tient-on pour certain dit
,
croient que retirer un noyé et l'amener sur le Leloyer, que ce fut par l'assistance el l'in-
pont d'un navire qui va appareiller, s'il y dustrie de ce démon qu'il lit beaucoup de
meurt, c'est un mauvais présage, qui annonce choses curieuses, pour se mettre en crédit
des malheurs el le danger de périr : supersti- parmi le peuple de Rome, qu'il voulait gou-
tion inhumaine. Aussi laissent-ils les noyés verner à sa fantaisie. — A ce propos, Denys
à l'eau. « Voici une légende qui a été racon- d'Halicarnasseraconte qu'un jour, ayant invité
Ifi! par le poète
Olïhlenschïoeger. Ce n'est à souper bon nombre de citoyens, il leur fit
iioini une légende, c'est un drame de la vie servir des viandes fort simples el communes en
réelle. Un pauvre matelot a perdu un (ils dans vaisselle peu somptueuse; mais dès qu'il eut
un naufrage, et
la douleur l'a rendu fou. Cha- dit un mot, sa diablesse le vint trouver, el
que jour il monte sur sa barque et s'en va en tout incontinent la salle devint pleine de meu-
pleine mer; là il frappe à grands coups sur bles précieux el les tables furent couvertes
, ,
un tambour, et il appelle son fils à haute voix : de toutes sortes de viandes exquises et déli-
«Viens, lui dit-il, viens ! sors de ta retraite! cieuses. — Il était si habile en conjurations
nage jusqu'ici! je le placerai à côté de moi qu'il forçait Jupiter à quitter son séjour et à
dans mon bateau ; et si lu es mort, je le don- venir causer avec lui. INuma l'ompilius fut le
,
nerai une tombe dans le cimetière, une tombe plus grand sorcier el magicien de tous ceux
entre des Heurs et des arbustes; tu dormiras qui aient porté couronne, dit Delnncre, el il
mieux là que dans les vagues. » — Mais le avait encore plus de pouvoir sur les diables
malheureux appelle en vain et regarde on que sur les hommes. Il composa des livres de
vain. Quand la nuit descend, il s'en retourne magie qu'on brûla quatre cents ans après sa
en disant : « J'irai demain plus loin , mon mort— Voy. EGÉHIIS.
pauvre (ils ne m'a pas entendu 1. » KTybbas, — démon d'un ordre inférieur,
Nuit des Trépassés. — «De tous les jours grand paradiste de la cour infernale. Il a
île l'année, il n'en est point que l'imagination aussi l'intendance des visions el des songes.
siijicrslilieuso des Flamands ail entouré de On le traite avec assez pou d'égards, le re-
plus grandes terreurs que le 401' novembre. gardant comme bateleur et charlatan.
Les mûris sortent, à minuit de leur tombe
venir, longs suaires, rappeler les Nymphes, — démons femelles. Leur nom
; |iour en vient de la beauté des formes sous lesquelles
prières dont ils ont besoin aux vivants qui les
ils se montrent. Chez les Grecs, les nymphes
i
oublient; la sorcière et le vieux berger choi- étaient partagées en plusieurs classes : les
sissent cette soirée pour exercer leurs redou-
mélies suivaient les personnes qu'elles vou-
\ tables maléfices; l'ange Gabriel soulève alors
lequel
laient favoriser ou. tromper; elles couraient
pour douze heures le pied sous il re- avec une vitesse inconcevable. Les nymphes
lient le démon captif, et rend à cet infernal
; genelyllides présidaient à la naissance, assis-
i ennemi des hommes le' pouvoir momentané taient les enfants au berceau, faisaient les
de les faire souffrir.... D'ordinaire la désolu-
lion de la nature vient encore ajouter aux
fonctions de sages-femmes, et leur donnaient
môme la nourriture. Ainsi Jupiter fut nourri
terreurs de ces croyances : la tempête mugit,
]
la nymphe Mélisse, etc. — Ce qui prouve
i l;t neige tombe avec abondance, les torrents par
souffrance que ce sont bien des démons, c'est que les
; se gonflent et débordent; enfin la -
Grecs disaient qu'une personne était remplie
cl la morl menacent de loutes parts le voya-
:
i s«ura.
de nymphespourdirequ'elleétait possédée des
» , démons ; du reste, les cabalisles pensent que
Etuma-iPompilius, — second roi de Uomo. ces démons habitent les eaux, ainsi que les
salamandres habitent le feu ; les sylphes
Marinier, Tradi ions des bords de la Baltique. l'air; elles gnomes oii pygmées, la terre, l'oj/.,
H. Berllioud, La Nuit de 3a Toussaint. OXUIKS.
9.4
OBE — 370 — OISE \
KTynauld (j. DE), auteur d'un traité De la faire périr les fruits par des poudres qu'il
;„( !
Lijcanthropie publié en 1615. tera'it au nom de Satan. Il avoua que le dh \
,
wtyol, — vicomte de Brosse, poursuivi ble les avait tous fait danser au sabbat nycci
comme sorcier à la fin du seizième siècle. II chacun une chandelle; que le diable se rcij-1
confessa qu'ayant entendu dire qu'on brûlait rail enfin el eux aussi, el se trouvaient irans_ i
les sorciers il avait quille sa maison et en portés dans leurs maisons. » Vingl-lmii té-
, —
élait demeuré long-temps absent. Ses ,voisins moins confrontés soutinrent qu'il avait la r(L
l'ayant suivi l'avaient trouvé dans une étable pulalion de sorcier, et qu'il avait fait mourir
de pourceaux; ils l'interrogèrent sur difïé- quatre hommes el beaucoup de bestiaux ',
renfs maléfices dont il était accusé ; il recou- j,^
nul qu'il était allé une fois au sabbat à la availun démon familier
( AuG.UST1N)
] _ sorcier ilalien
el barbu, dit Delan
'
{

croix de la Motte, où il avait vu le diable en W(i^ , e, lnj app,.enail l0llles cn05es


l'orme de chèvre noire, à laquelle il s'était
donné sous promesse qu'il aurait, des riches- ~
«y.™*. d<;mondu ,, , seco,,d, °,rd,;e< chef
el sérail bien heureux monde de c,,isme de Belzebnl i, seigneur de la déli-
A
ses au , «
et lui
bailla pour gage sa ceinture partie de ses cate teillal!0U el des ï)li,is,,'s de !a lable-
cheveux, et après sa mort un , de ses pouces.
Ensuite le diable le marqua Sur l'épaule : il
,lui. commanda , i donner
de , des
, maladies,
i , de
j
faire mourir les hommes et les bestiaux et av.J v,laolcuu
5
„„'....
* KiMus, Disc, sommaire des sortilèges, vénéfices,
idolâtries, etc.
<n.i.
de. inconstance des
1 . mauvais anges, et<-
, .>.

Oannès ou Oès , —monstre moitié homme et mort en 1798. Son père avait eu le môme !'

et moitié poisson, dans les vieilles mythologies goût, pour l'alchimie, qu'il appelait l'art de ]
de l'Orient, venu de la mer égyptienne, sorti perfectionner les métaux par la grâce de Dieu.
>
de l'oeuf primitif d'où tous les autres êtres Le fils voulut profiter des leçons que lui avait
avaient été tirés. Il parut, dit Bérose, près laissées le vieillard: comme sa famille était
d'un lieu voisin de Babylone. Il avait une tête réduite à l'indigence, il travailla sans relâche
d'homme sous une tète de poisson. A sa queue dans son laboratoire; mais l'autorité vint le
étaient joints des pieds d'homme et il en fermer, comme dangereux pour la sûreté pu-
, ;
avait la voix el la parole. Ce monstre de- bli'iue. Cependant il réussit à prouver queses
meurait parmi les hommes sans manger, leur opérations ne pouvaient nuire ; et il s'établit ,
;
donnait la connaissance des lettres et des chez un frère de Lavater. Depuis dix-huit j

sciences, leur enseignait les arts, l'arithmé- ans, Jacques, qui était fou, connaissait, di-
tique, l'agriculture ; en un mot, tout ce qui sait-il, une personne qu'il nomme Théunlis,
pouvait contribuer à adoucir les moeurs. Au bergère séruphique; il l'épousa dans un châ-
soleil couchant, il se retirait dans la mer, et teau, sur une montagne entourée de nuages.
passait la nuit sous les eaux. C'était un pois- « Notre mariage, dit-il, n'était ni platonique
son comme on n'en voit guère. ni épicurien, c'était un état dont le monde
Ob —démon des Syriens, qui était, à ce n'a aucune idée. » Elle mourut au bout de
qu'il paraît, ventriloque. Il donnait ses oracles trente-six jours, et le veuf se souvenant que
,

le derrière, Marsay, grand mystique de ce temps, avait


par organe qui n'est pas ordi- entonné un cantique de reconnaissance à la
nairement destiné à la parole, et toujours
d'une voix basse et sépulcrale, en sorte que mort de sa femme, il chanta à gorge déployée
celui qui le consultait ne l'entendait souvent durant toute la nuit du décès de la sienne- H

a publié, en 1776 à Âugsbourg, un traité de


pas du tout, ou plutôt entendait tout ce qu'il la Connexion ,
voulail,- originaire des esprits et «<*'
corps, d'après les principes de Newton- On
Ofeereit ( JACQUES-HERMANN) — alchimiste lui doit aussi les Promenades de GainaMi
,
et mystique, né en 172b, à Arbon en Suisse, juif philosophe, 1780.
01)0 OEU
— 371 —
Oliéron, — roi des fées el des fantômes d u cerveau est propre à rendre l'odorat plus
aériens; il joue un grand rôle dans la poésie s ublil, el que ces mêmes qualités rendent
jnglnise ; n'est l'époux de Tilania. Ils habitent 1''imagination plus vive et plus féconde, liien
l'Inde; la nuit ils franchissent les mers, el r.l'est moins sûr que celle assertion ; il n'y a
viennent dans nos climats danser au clair de yloint de peuple qui ait si bon nez que les ha-
la lune ;
ils redoutent le grand jour, el fuient Ibitants de Nigaragua, les Abaquis, les Iro-
an
premier rayon du soleil, ou se cachent cjuois ; et on sait qu'ils n'en sont pas plus
dans les bourgeons des arbres jusqu'au re- 5spirituels. — Mamurra
selon Martial, ne
,
tour do
l'obscurité. Obéron est le sujet d'un (ronsultait que son nez pour savoir si le cuivre
iioème célèbre de Wiéland. <
qu'on lui présentait était de Corinlhe.
obole,—pièce de monnaie que les Romains OEil, — voy. YEUX.
cl les Grecs mettaient dans la
bouche des morts OEnomanoie,—divinationpar le vin, dont
pour payer leur passage dans la
barque à Caron.
on considère la couleur en le buvant, et dont
obsédés. — Dom Calmet fait celle distinc- on remarque les moindres circonstances pour
tion entre les possédés el les obsédés. Dans les en tirer des présages. Les Perses étaient fort
possessions, dit-il, le diable parle, pense, attachés à celle divination.
liait pour le possédé. Dans les obsessions, il OEnothère , — géant de l'armée de Char-
se lient au dehors, il
assiège, il lourmenle, lemagne, qui d'un revers de son ôpée fau-
il harcelle. Saiil était possédé, le diable le ren- chait des bataillons ennemis commeon fauche
dait sombre; Sara qui épousale jeune Tobie, l'herbe d'un pré '.
,
n'était qu'obsédée, le diable n'agissait qu'au-
d'elle, loi/. POSSÉDÉS. OBonistice , — divination par le vol des
tour
oiseaux. Voy. AUGURES.
Occultes. — On appelle sciences occultes
lu magie la nécromancie, la cabale, l'alchi-
Oès, —voy. OANNÎCS.
, OEufs. — On doit briser la coque des oeufs
mie et toutes les sciences secrètes.
frais, quand on les a mangés, par pure civi-
Ochosias, — roi d'Israël, mort. 896 ans lité aussi cet usageest-il pratiqué par les gens
;
avant Jésus-Christ. Il s'occupait de magie et bien élevés, dit M. Salgues 2 ; cependant il
consultait Bolzôbuth, honoré à Accaron. 11
y a des personnes qui n'ont pas coutume d'en
cul une lin misérable. agir ainsi. Quoi qu'il en soit, celle loi remonte
Ooulomancie,—divination dont le but était à une très-haute antiquité. On voit, parmi
(le découvrir un larron en examinant la ma- passage de Pline, que les Romains y atta-
nière dont il tournait l'oeil, après certaines chaient une grande importance. L'oeuf était
cérémonies superstitieuses. regardé comme l'emblèmede la nature, comme
Oddon, — pirale flamand des temps an- une substance mystérieuse et
sacrée. On était
ciens, qui voguait en haute mer par magie, persuadé que les magiciens s'en servaient
«ins esquif ni navire.
dans leurs conjurations, qu'ils le vidaient el
traçaient dans l'intérieur des caractères ma-
Odin, — dieu des Scandinaves. Deux cor- giques dont la puissance pouvait opérer
beaux sont toujours placés sur ses épaules el.
beaucoup de mal. On en brisait les coques
lui disent à l'oreille tout ce qu'ils onl vu ou détruire les charmes. Les anciens se
;
pour
entendu de nouveau. Odin les lâche tous les contentaient quelquefois de le
J
jours; et, après qu'ils ont parcouru le monde,
percer avec un
. couteau, el dans d'autres moments de frap-
''s reviennent le soir à l'heure dn repas. C'est
:
per trois coups dessus. — Les oeufs leur ser-
-
pour cela que ce dieu sait tant de choses, el vaient aussi d'augure. Julie, fille d'Auguste,
'lu'on l'appelle le dieu des corbeaux.
— A la étant grosse de Tibère, désirait ardemment
'in (les siècles, il sera mangé par un loup. 11
un fils ; pour savoir si ses voeux seraient ac-
en a toujours deux à ses pieds ; beau cortège ! complis, elle prit un oeuf, le mit dans son
—les savants vous diront que l'un des cor- sein, réchauffa; quand elle était obligée de le
beaux est l'emblème de la pensée : quelle
.
quitter, elle le donnait à une nourrice pour
Pensée 1 el l'autre le symbole de la mémoire. lui
'*s doux loups figuraient la puissance. —11 y conserver sa chaleur. L'augure fut heu-
reux, dit Pline: elle eut un coq de son oeuf
•i des gens qui onl admiré ce mythe.
el mit au monde un garçon. — Les druides
°dontotyrannus — voy. SKIU'ËNT. pratiquaient, dit-on. celte superstition étrange;
. ,
Odorat. — Cardan dit, au livre 13 de la Sub-
Mitè, qu'un odorat excellent est iine marque p.-110. 1 M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés,etc.,t. l'r,
'' esprit.,
i parce.que la qnalilé chaude el sèche 2 Desl-.rreim-, el des préjugés, t. I", p. 332.
24.
0GR 3/21 — OKK
ils vantaient fort une espèce d'oeuf inconnu à popliagie
| est ancienne dans nos contrées, eilr T,
tout le monde, formé en été par une quantité le chapitre 67 de la loi salique prononce
!
un,, !-
prodigieuse de serpents entortillés ensemble, amende de deux cents écus contre tout S0N \\
qui y contribuaient tous de leur bave et de cier ou slryge cpii aura mangé un homme %
l'écume qui sortait de leur corps. Aux siffle- Quelques-uns font remonter l'existence des i-'
ments des serpents, l'oeuf s'élevait en l'air; il ogres jusqu'à Lycaon , ou du moins à ]a jv
fallait s'en emparer alors avant qu'il ne croyance où l'on était que certains sorciers se ['
,
touchât la terre : celui qui l'avait reçu devait changeaient en loups dans leurs orgies noc- k
fuir ; les serpents couraient tous après lui lurnes, et mangeaient, au sabbnl, la chair i:
jusqu'à ce qu'ils fussent arrêtés par une ri- des petits enfants qu'ils pouvaient y conduire f
vière qui coupât leur chemin '. Ils faisaient On ajoutait que, quand ils en avaient man^ \:
ensuite des prodiges avec cet oeuf. — Aujour- une fois, ils en devenaientextrêmement friands. B
d'hui on n'est pas exempt de bien des super- et saisissaient ardemment toutes les occasions u
stitions sur l'oeuf. Celui qui en mange tous de s'en repaître : ce qui est bien le naturel I
les malins sans boire meurt, dit-on, au qu'on donne à l'ogre. On voit une uiiiliîtiidu h
bout de l'an.—Il ne faut pas brûler les coques d'horreurs de ce genre dans les procès des f;
des oeufs, suivant une croyance populaire su- sorciers ; on appelait ces ogres des loups-
perstitieuse, de peur de brûler une seconde garous; et le loup du petit Ciinperon-Roti«e
fois saint Laurent, qui a élé brûlé avec de n'est pas aulre chose. — Quant, à l'origine du '
pareils coques 2. — Alberl-le-Grand nous ap- nom des ogres, l'auteur des Lettres sur le? j;
prend dans ses secrets que la coque d'oeuf, contes des fées de Ch. Perrault l'a trouvée i,
broyée avec du vin blanc et bue, rompt les sans doute. Ce sont les féroces Huns ou Hon- i:
pierres tant des reins que de la vessie.— grois du moyen âge, qu'on appelait llunni- i;
Pour la divination par les blancs d'oeufs, voy. gours, Oïgours, el ensuite par corruption ii
OOMANCIE. Ogres. Voy. FÉES, LOUPS-GAUOUS, OSIKSTKS. \i
Ogres. —Sauf le nom, ces monstres étaient Oiavou, — objet du culte des Iroquois. |i
connus des anciens. Polyphème, dans l'O- C'est la première bagatelle qu'ils auront vue !;
dyssée, n'est aulre chose qu'un ogre; on trouve en songe, un calumet, une peau d'ours, un ';
des ogres dans les Voyaoes de Sindbad le couteau, une plante, un animal, etc. Ils croient !
marin ; et un aulre passage des il/?7/e et une pouvoir, par la vertu de cet objet, opérer ce \
nuits prouve que les ogres ne sont pas étran- qu'il leur plaît, môme se transporter el se 1
gers aux Orientaux. Dans le conte du Visir métamorphoser. j

puni, un jeune prince égaré rencontre une Oïgours, — voy. OGHIÎS. I


dame qui le conduit à sa masure ; elle dit en
entrant : « Réjouissez-vous, mes fils, je vous O-seaux. —Naudé conte que l'archevêque
amène un garçon bien fait et fort gras. — Laurent expliquai fléchant des oiseaux, comme
Maman, répondent les enfants où est-il, que il en fit un jour l'expérience à Rome devant
, quelques prélats; car il entendit un petit moi-
nous le mangions? car nous avons bon ap-
pétit. » Le prince reconnaît alors que la neau qui avertissait les autres par son chant
femme, qui se disail fille du roi des Indes, est qu'un chariot de blé venait de verser à In
une ogresse, femme de ces démons sauvages porte Majeure, el qu'ils trouveraient là (le
qui se retirent dans les lieux abandonnés et quoi faire leur profit '. A la côlo du Croizic,

se servent de mille ruses pour surprendre et en Bretagne, sur un rocher au fond de la mer,
dévorer les passants ; comme les sirènes, les femmes du pays vont, parées avec re-
qui, selon quelques mythologues, étaient cer- cherche les cheveux épars, ornées d'un beau
tainement des ogresses. — C'est à peu près bouquet, de fleurs nouvelles ; elles se placent
l'idée que nous nous faisons de ces êtres ef- sur le rocher, les yeux élevés vers le ciel, et
froyables ; les ogres, dans nos opinions, te- demandent avec un chant sentimental aux oi-
naient des trois natures : humaine, animale seaux, de leur ramener leurs époux et leurs
et infernale. Ils n'aiment rien tant que la chair amants 2. Voy. CORNEILLE Hmou , AUGU-
,
fraîche ; et les petits enfants étaient leur plus RES, etc.
délicieuse pâture. Le Drac, si redouté dans OUUisik, — nom sous loque' les Hurons dé-
le midi, était un ogre qui avait son repaire signent des génies ou esprits, bienfaisants ou
aux bords du Rhône, où il se nourrissait de : malfaisants, attachés à chaque homme.
chair humaine. — 11 paraît que cette anlhrc-
1 Apol. pour les grands personnages accuses <c
1 Pline, liv. ,\.VI.V, cliap. 3. magie.
2 Thiers, Traité des snperst., etc. '
Cambry, Voyage dans le FmM're.
O.Mli — 37;3 — ONO
Oldenbourg. — « Je ne puis m'empéchcr, qu'un animal tressaille subitement, sans au-
dit lialthasar Uekker, dans le tome IV, cha- cune cause apparente , le peuple altribue ce
pitre 17, du Monde enchanté, de rapporter mouvement à l'apparition d'nn fantôme. —
ime fable
dont j'ai cherché, aussi exactement En Bretagne, les portes des maisons ne se fer-
lc; détails qu'il m'a été possible ; c'esl celle menlqti'aux approches delà tempête. Des feux
dn fameux cornet d'Oldenbourg. On dilquele follets, des sifflements l'annoncent. Quand on
comte Ollon d'Oldenbourg étant allé un jour à entendait ce murmure éloigné qui précède
lu chasse sur la montagne d'Ossemborg, fut at- l'orage, les anciens s'écriaient : Fermons les
Icint d'une soif qu'il ne pouvait élancher; il se portes, écoulez les crierions, le tourbillon les
mil. à jurer d'une manière indigne, en disant suit. Ces crierions sont les ombres, les osse-
qu'il ne se souciait pas de ce- qui pourrait lui ments des naufragés qui demandent la sépul-
arriver, pourvu que quelqu'un lui donnât à ture, désespérés d'être depuis leur mort bal-
boire. Le diable lui apparut aussitôt sous la lottés par les éléments 1. — On dit encore que
forme d'une femme qui semblait sortir de terre celui qui vend son âme au diable n'a plus
cl qui lui présenta à boire dans un cornet fort d'ombre au soleil; celle tradition, très-ré-
riche, d'une matière inconnue, et qui res- pandue en Allemagne, est le fondement de
semblait au vermeil. Le comte se doutant de plusieurs légendes.
,
quelque chose, ne voulut pas boire, et ren- Ombriel, —génie vieux et rechigné, à l'aile
versa ce qui était dans le cornet la
sur croupe pesante, à l'air refrogné. 11 joue un rôle dans
de son cheval. La force de ce breuvage em- la Roxwle de Cheveux enlevée de Pope.
]iorla tout le poil aux endroits qu'il avait
touchés. Le comte frémit ; mais il garda le Omestès, —surnom de Bacchus, considéré
cornet qui subsiste encore, dit-on, et que plu- comme chef des ogres ou
loups-garous nui
sieurs se sont vantés d'avoir vu. On le trouve mangent la chair fraîche.
représenté dans plusieurs hôtelleries : c'est un Omomancie , — divination par les épaules
grand cornet recourbé, comme un cornet à chez les rabbins. Les Arabes devinent par les
bouquin, et chargé d'ornements bizarres. » épaules du mouton lesquelles, au moyen de
,
Olive (ROBIÎKT), — sorcier qui fut brûlé à certains points dont elles sont marquées, re-
l'alaise en liiSfi. On élab'.it à son procès, présentent diverses ligures de géomancie.
que le diable le transportait d'un lieu à un Oïnphaioma-ncie,— divination par le nom-
autre ; que ce diable s'appelait Chrysopolo, bril. Les sages-femmes, par les noeuds inhé-
cl que c'élait à l'instigation dudit Chrysopolo rents au nombril de l'enfant premier-né, de-
que Robert Olive tuait les petits enfants et les vinaient combien In mère en aurait encore
jetait au feu 1. après celui-là.
Ololygmancie — divination tirée du hur- Omphalophysiques,— fanatiques do Bul-
,
lement des chiens. Dans la guerre de Mcs- garie que l'on trouve du onzième au qua-
sénio le roi Aristodème apprit que les chiens lorziôme siècle, el qui, par une singulière
,
hurlaient comme des loups, el que dn chien- illusion, croyaient voir la lumière du Thabor
dent avait poussé autour d'un autel. Déses- à leur nombril.
pérant du succès, d'après cet indice et d'autres
encore {voy. OIMIIO.NEUS) quoiqu'il eût déjà
On, — mot magique, comme télragram-
immolé sa fille pour apaiser ,
les dieux, il se
maton, dont on se sert dans les formules do
conjurations.
tua sur la foi dos devins, qui virent dans ces
signes de sinistres présages. Ondins OU Mymphes — esprits élémCIl-
laires, composés des plus, subtiles parties de
Olys, — talisman que les prêtres de Ma- l'eau qu'ils habitent. Les
dagascar donnent aux peuples pour les pré- mers cl les fleuves
sont peuplés, disent les cabalisles, de même
server de plusieurs malheurs el notamment
,
l'our enchaîner la puissance du diable.
que le feu , l'air et la terre. Les anciens sages
ont nommé Ondins ou Nymphes celle espèce
Ombre. — Dans le système de la mytho- de peuple. 11 y a pou de mâles, mais les
logie païenne,
ce qu'on nommait ombre n'ap- femmes y sont en grand nombre ; leur beauté
partenait ni au corps ni à l'âme, mais à un est extrême, et les filles des hommes n'ont
elat mitoyen. C'était celte ombre qui descen- rien de comparable -. Voy. CAIIAI.ES. — En
dit aux enfers. On croyait que les animaux Allemagne, le peuple croit encore aux On-
vnyaient les ombres des morts. Aujourd'hui dines, esprits des eaux, qui onl une assez
même, dans les montagnes d'Lcosse, lors-
1 Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II, p. 253.
tîmlin, Démononuinie, p. 108. ?- L'.aboé do Villars, dans le Comte de Gabulis.
OSO — 37ïi —
i
O'O.M
mauvaise réputation. Du fond de leurs bu- do plaisir, les Romains buvaient à" la
mides demeures elles épient le pêcheur qui de leurs belles autant de coups qu'il saut/,
i

, i y llvaj.
rêve au bord des ondes, et l'attirail dans de lettres dans leur nom. Enfin, on peut
i
ran-
un gouffre où il disparaît, pour toujours. porter à l'onomancie tous les présages qu'0n
Oneirooritique, — art d'expliquer les son- prétendait tirer des noms, soit considérés dans
ges. Voy. SOKGES. leur ordre naturel, soit décomposés et réduits
Ongles. — Les Madécasses onl. grand soin en anagrammes ; folie trop souvent renou-
de se couper les ongles une ou deux fois la velée chez les modernes. Voy. AXAOIUM.MKS
Ccelius Kbodiginus a donné la description
semaine ; ils s'imaginent que le diable s'y —
cache quand ils sont longs. C était une im-
d'une singulière espèce d'onomanciejTliéodai
piété chez les Romains que de se couper les roi desGoths, voulant connaître le succès de
la guerre qui projetait, contre les Romains,
ongles tous les neuf jours. Cardan assure dans
traité un devin juif lui conseilla de faire enfi.-rmer
son de Varielate Rerum qu'il avait
prévu par les lâches de. ses ongles, tout ce un certain nombre de porcs dans de petites
, élahles, de donner aux uns des noms golbs
qu'il lui était arrivé de singulier. Voy. Cm-
On sait qu'il des envies avec des marques pour les distinguer, et. de
noMANciiï.-— pousse les garder jusqu'à un certain jour. Ce jour
aux doigts quand on coupe ses ongles les étant arrivé,
jours qui ont. un R comme mardi, mercredi on ouvrit les élables, et l'on
, trouva morts les cochons désignés par des noms
el vendredi. — Enfin, quelques personnes golbs, co qui lit prédire au juif que les Ro-
croient, en Hollande qu'on se met à l'abri du
mal de dents en coupant régulièrement ses mains seraient vainqueurs '.
ongles le vendredi. Voy. ONYCIIOMANCIIS. Onychomancie — divination par les on-
,
gles. Elle se pratiquait en frottant avec de lu
Onguents. — Il y a plusieurs espèces d'on- suie les ongles d'un jeune qui les pré-
guents, qui onllouslcur propriété particulière. sentait garçon,
au soleil, et l'on s'imaginait y voir des
— On sait que le diable en compose de diffé- figures qui faisaient connaître
façons, ce qu'on sou-
rentes lesquels il emploie à nuire au haitait savoir. Oa se servait aussi d'huile
de
genre humain. Pour endormir, on en fait un el de cire.
avec de la racine de belladone, do la niorelle
furieuse, du sang de chauve-souris, du sang Oornancie OU Ooscopie , — (livinalion par
de huppe, de l'aconit, de la suie, du persil, les oeufs. Les devins des anciens jours voyaient
de l'opium et de la ciguë. Voy. GU.USSE. dans la forme extérieure cl dans les ligures
divi- intérieures d'un oeuf les secrets les plus im-
Onomancie OU Onomaforaancic, —
nation par les noms. Elle était fort en usage pénétrables de l'avenir. Suidas prétend que
Orphée. —
chez les anciens. Les pythagoriciens préten- cette divination fut. inventée par
daient que les esprits, les actions cl les suc- On devine à présent- par l'inspection (en- (les

cès des hommes étaient conformes à leur blancs d'oeufs; el des sibylles modernes
destin, à leur génie et à leur nom. On re- tre autres mademoiselle Lenormanl) onl ren-
marquait qu'Hippolyle avait été déchiré pui- du cette divinalion célèbre. 11 faut prendre
cela un verre d'eau casser dessus un
ses chevaux, comme son nom le portait. De pour oeuf frais et l'y laisser ,
tomber doucement. On
même on disait d'Agamemnon, que, suivant voit
devait long-temps par les figures que le blanc forme dans
son nom, il rester devant
Troie; et de Priam, qu'il devait être racheté l'eau divers présages. Quelques-unsexplique cassent
d'esclavage. Une des règles de l'onomnncie, l'oeuf dans de l'eau bouillante; on
de café.
parmi les pythagoriciens, élait qu'un nombre alors les signes comme pour le marcnouvelle;
pair de voyelles, dans le nom d'une personne, Au resle celle divination n'est pas
signifiait quelque imperfection au cô'.ô gaucho, elle est même indiquée par !ê Grimoire. —
L'opération de l'oeuf, dit ce livre, est pour
et un nombre impair quoique imperfection «
côté droit. Ils avaient règle savoir ce qui doit arriver à quelqu'un qui est
au encore pour présent lors de l'opération. On prend un cent
que, de deux personnes, celle-là était la plus d'une poule noire, pondu du jour, le casse,
heureuse dans le nom de laquelle les lettres on
grand
numérales, jointes ensemble, formaient la plus on en tire le germe; il faut avoir un claire
grande somme, Ainsi, disa'ienl-ils, Achille verre bien fin et bien net, l'emplir d'eaumet ce
devait vaincre Hector, parce que les lettres et y mettre le germe de l'oeuf; on récitnnl
numérales comprises dans le nom d'Achille verre au soleil de midi dans l'été, en doigt
le
formaient une somme plus grande que celles des oraisons et conjurations, et avec
du nom d'Hector. C'était sans doute d'après on remue l'eau du verre'pour faire tourner»'
un principe semblable que, dans les parties ' M.Nuël, Dielionnaiie de !a Fabîe.
Ot'II — 375 — ORA
serine ; o 11 'e laisse ensuite reposer un in- Ophthalmius, — pierre fabuleuse qui ren-
«liinl et on regarde sans toucher : on y voit ce dait, dit-on, invisible celui qui la portait.
qui aura rapport à celui ou à celle pour qui Ophthalmosoopie , — art de connaître le
l'opération se fait; il faut tâcher que ce soit caractère ou le tempérament d'une personno
un jour
de travail, parce qu'alors les objets par l'inspection de ses yeux. Voy. PIIYSIOGNO-
s'y présentent dans leurs occupations ordi- MONIE.
naires. Voy. OEui's '. Optimisme. — On parle d'une secte de
Opale. — Celte pierre récrée le coeur, pré- philosophes optimistes qui existaient jadis
serve de tout venin et contagion de l'air dans l'Arabie, el qui employaient tout leur
,
chasse la tristesse, empêche les syncopes, les esprit à ne rien trouver de mal. Un docteur
maux de coeur et les affections malignes. de cette secte avait une femme acariâtre, qu'il
OpalsUi, — sources d'eaux chaudes dans supporta long-temps, mais qu'enfin il étran-
le Kamlschalka. Les habitants s'imaginent gla de son mieux et il trouva que tout était
que c'est la demeure de quelque démon , el bien. Le calife fit, empaler le coupable, qui
ont soin de lui apporter de légères offrandes souffrit sans se plaindre. Comme les assis-
pour apaiser sa colère; sans cela , disent-ils, tants s'étonnaient de sa tranquillité : «Eh
il soulèverait contre eux de terribles tempêtes. mais, leur dit-il, ne suis-je pas bien empa-
Opbiomancie , — divination par les ser- lé? » — On fait aussi ce conte : Le diable em-
pents. Elle élait fort usitée chez les anciens , portait un philosophe de la même secte, et
et consistait à tirer des présages des divers
celui-ci se laissait emporter tranquillemen1.
mouvements qu'on voyait, faire aux serpents. «II faut bien que nous arrivions quelque part,
On avait tant de foi à ces oracles, qu'on nour- disait-il, et tout est pour le mieux. »
rissait exprès des serpents pour connaître Or potable, Or artificiel, etc., — t)Oy. A),-
ainsi l'avenir. Voy. SEKI'ENTS. CllIMIii.
Ophionée, — chef des démons ou mauvais Oracles. — Les oracles étaient chez les an-
génies qui se rôvoltèrent'coiitre Jupiter, selon ciens ce que sont les devins parmi nous. Toute
Phérécyde-le-Syrien. la différence qu'il y a entre ces deux espèces,
Ophioneus, — célèbre devin de Messénie, c'est que les gens qui rendaient les oracles se
aveugle de naissance, qui demandait à ceux disaient les interprètes des dieux et que les
qui venaient le consulter comment ils s'é- sorciers ne peuvent relever que du, diable. On
taient conduits jusqu'alors, et, d'après leur honorait les premiers ; on méprise les se-
réponse, prédisait, ce qui leur devait arriver. conds. — Le père Kirker, dans le dessein de
Ce n'était pas si bêle. détromper les gens superstitieux sur les pro-
•— Aristodème, roi des
Messéniens, ayant consulté l'oracle de Del- diges attribués à l'oracle de Delphes, avait
phes sur le succès de la guerre contre les La- imaginé un tuyau adapté avec tant d'art à
,
cédémoniens, il lu: fut répondu que, quand une figure automate, que, quand quelqu'un
deux yeux s'ouvriraient à la lumière et se re- parlait, un autre entendait dans une chambre
fermeraient peu après c'en serait fait des éloignée ce qu'on venait de dire, el répondait
,
Messéniens. Ophioneus se plaignit de violents par ce même tuyau, qui faisait ouvrir la bou-
maux de tête qui durèrent quelques jours, au che et remuer les lèvres de l'automate. Il sup-
bout desquels ses yeux s'ouvrirent pour se posa en conséquence que les prêtres du paga-
refermer bientôt. Aristodème, en apprenant nisme, en se servant de ces tuyaux, faisaient
celle double nouvelle, désespéra du succès et accroire aux sots que l'idole satisfaisait à leurs
se tua pour ne pas survivre à sa défaite. Voy. questions. — L'oracle de Delphes est le plus
Ol-OLYGMANGIE. fameux de tous. Il était situé sur un côté du
Ophites, — hérétiques du deuxième siècle, Parnasse, coupé de sentiers taillés dans le roc,
qui rendaient un culte superstitieux au ser- entouré de rochers qui répétaient plusieurs
pent. Ils enseignaient que le serpent avait fois le son d'une seule trompette. Un berger
•'endu un grand service aux hommes en leur le découvrit en remarquant que ses chèvres
faisant connaître le bien et le mal ils maudis- étaient enivrées de la vapeur que produisait
;
sent Jésus-Christ, parce qu'il est écrit qu'il une grotte autour de laquelle elles paissaient.
est venu dans le monde pour écraser la tète La prêtresse rendait ses oracles, assise sur un
du serpent. Aussi Origône trépied d'or, au-dessus de cette cavité; la va-
ne les regardait-il
pas comme chrétiens. Leur secte était peu peur qui en sortait la faisait entrer dans une
«ombreuse. sorte de délire effrayant, qu'on prenait pour
un enthousiasme divin. — Les oracles de la
Les trois Grimoires,
p. 66. Pythie n'étaient aulre .chose qu'une inspira-
01.1 A — 370i — OHA I
lion-démoniaque, dit Leloyer, et nc; procé- (la d aussitôt" qu'on fit sortir toutes les charroi-
t
daient point d'une voix humaine. Dès qu'elle tes te el tous les chariots de son royaume. Ton- ';
entrait en fonction, son visage s'altérait, sa tefois
te il ne put échapper au sort que l'oracle i
gorge s'enflait, « sa poitrine pantoisait et ha- avait
a si bien prévu : Pausianas, qui lui donna
lelail sans cesse; elle ne ressentait rien que la 1; mort, portait une charrette gravée à la Ê

rage; elle remuait la têle , faisait, la roue du garde


g de l'épée dont il le perça. — Ce même l
cou, pour parler comme le poète Stace, agitait- Philippe
V désirant savoir s'il pourrait vaincre i-

tout le corps, et rendait ainsi ses réponses. -— les


h Athéniens, l'oracle qu'il consultait lui ré-
Les prêtres de Dodone disaient que deux co- pondit\. :
lombes étaient venues d'Egypte dans leur fo- Avec lanees d'argent, quand tn Teras la guerre,
rêt, parlant le langage des hommes; et qu'el- Tn pourras terrasser les peuples de la terre.
les avaient commandé d'y bâtir un temple à Ce ( moyen lui réussit merveilleusement, et il
Jupiter, qui promettait de s'y trouver et d'y disait
c quelquefois qu'il était maître d'une pla-
rendre des oracles. Pausanias coule que des ce ( s'il pouvait y faire entrer un mulet chargé
filles merveilleuses se changeaient en colom- d'or.
( — Quelquefois les oracles oui dit dos
bes, et sous cette forme rendaient les célèbres vérités; qui les y contraignait? On esl surpris j
oracles de Dodone. Les chênes parlaient, dans de
i
lire dans Porphyre que l'oracle de Delphes
celte forêt enchantée (voy-, ARBURS).; et- on y répondit un jour à des gens qui lui deman-
i

voyait une slalue qui répondait à lous ceux daient ce que c'était que Dieu : « Dieu esl la
,

qui la consultaient, en frappant avec une source de la vie, le principe de toutes choses,
verge sur des chaudrons d'airain , laissant à le conservateur de tous les êtres. Tout est
ses prêtres le soin d'expliquer les sons pro- plein de Dieu ; il est partout, personne ne l'a
phétiques qu'elle produisait. — Le boeuf Apis, engendré : il est sans mère; il sait tout, cl on
dans lequel l'âme du grand Osiris s'était re- ne peut rien lui apprendre. 11 est inébranla-
tirée, était regardé chez les Egyptiens comme ble dans ses desseins, et. son nom esl ineffa-
un oracle. En le consultant, on se mettait les ble. Voilà ce que je sais de Dieu ne cherche
,
mains sur les oreilles, et on les tenait bou- pas enà savoir davantage : ta raison ne sau-
chées jusqu'à ce qu'on l'ut sorti de l'enceinte rait, le comprendre, quelque sage que tn sois.
du temple; alors on prenait pour réponse du Le méchant et l'injuste ne peuvent so cacher
dieu la première parole qu'on entendait. — devant lui; l'adresse el l'excuse ne peuvent
Les oracles présentaient ordinairement un r en déguiser-à sss regards perçants.» —
double sens, qui sauvait l'honneur du dieu et Dans Suidas, l'oracle de Sérapis dit àiïbulis,
leur donnait un air de vérité mais de vérité roi d'Egypte : « Dieu, le verbe, et l'esprit qui
,
cachée au milieu du mensonge que peu de les unit, tous ces trois ne sont qu'un : c'est le
gens avaient l'esprit de voir. — ïhéagènes de Dieu dont la force est éternelle. Mortel, adore
Thase avait remporté quatorze cents couron- el tremble, ou tu es plus à plaindre que l'a-
nes en différents jeux ; de sorte qu'après sa nimal dépourvu de raison. ».— Le comte de
mort on lui éleva une statue en mémoire de Gabalis, en attribuant les oracles aux esprits
ses victoires. Un de ses ennemis allait souvent élémentaires, ajoute qu'avant. Jésus-Christ
insulter cette statue, qui tomba sur lui et l'é- cas esprits prenaient plaisir à expliquer aux
crasa. Ses enfants, conformément aux lois de hommes ce qu'ils savaient de Dieu , et à leur
Dracon qui permettaient d'avoir action, même donner de sages conseils; mais qu'ils se reti-
contre les choses inanimées, quand il s'a- rèrent quand Dieu vint lui-même instruire les
gissait de punir l'homicide, poursuivirent la hommes, et que dès lors les oracles se turent.
statue de ïhéagènes pour le meurtre de leur — On pensera des oracles des païens ce que
père; elle fut condamnée à être jetée dans la l'on voudra,ditdomCalmetdans ses Disserla-
mer. Les Thasiens furent peu après affligés; fions sur les Apparitions; je n'ai nul intérêt à
d'une peste. L'oracle consulté répondit : Rap- les défendre, je ne ferai pas même difficulté
pelez vos exilés. Rs rappelèrent en consé- d'avouer qu'il y a eu de la pari des prêtres et
quence quelques-uns-de leurs citoyens. Maiss des prêtresses qui rendaient ces oracles beau-
la calamité ne cessant point, ils renvoyèrentt cou p de supercheries et d'illusions. Mais s'en-
à l'oracle, qui leur dit alors plus clairement : suit-il que le démon ne s'en soit jamais
Vous avez détruit- les honneurs du grand Théa- mêlé? On:ne peut disconvenir que depuis le
gènes .'... La statue fut remise à sa place ; oni christianisme les oracles ne soient tombés in-
lui sacrifia comme à un dieu; ella peste s'a- sensiblement dans le mépris, et n'aient été
paisa. — Philippe ,'roi de Macédoine, futt réduits au silence , et que les prêtres qui se
averti par l'oracle d'Apollon qu'il serait tuéé mêlaient de prédire les choses cachées et fu-
d'une charrette. C'est pourquoi il eomman- tures n'aient élé souvent forcés d'avouer que
OHP
OUI — 377 —
présence des chrétiens leur imposait silence. >ux qui nient le péché originel n'ont pour-
a
l',,,;. BAI/TUS. ant jamais pu expliquer .leur'négatiôn.
elC Origines, •—voy. MoNllE.
Orages, —«01/. C.RIERIENS, TONNERRE,
Oraison du loup. — Quand on l'a pronon- Ornithomancie, — divination qu'on lirait
ce pendant cinq jours au soleil levant, on le la langue, du vol, du cri et du chant des
peut défier les loups les plus affamés et met-
liseaux. Voy. AUGURES.
tre les chiensà
la porte. La voici, cette orai- Orobas, — grand prince du sombre em-
fon fameuse : — «
Yiens, bête à laine , C'est pire. On le voit sous la forme d'un beau che-
i.l'agneau d'humilité, je le garde. Va droit, val. Quand il paraît sous celle d'un homme,
nbèle grise, à gris gripeuse, va chercher la il parle de l'essence divine. Consulté, il donne
proie, loups el louves et louveteaux, tu n'as des réponses sur le passé, le présent et l'a-
»
»
point à venir à cette viande qui est ici. Vade venir. Il découvre le mensonge, accorde des
»nlro, o Saiana! » Voy. GARDES. dignités et des emplois, réconcilie les ennemis,
et a sous ses ordres vingt légions1-
Oray ou Z.oray, — grand marquis des en-
fers, qui se montre sous la forme d'un superbe Oromasis, — salamandre distingué que les
archer portant un arc et des flèches; il anime cabalistes donnent pour compagnon de Noé
les combats empire les blessures faites par dans l'arche.
,
les archers, lance les javelines les plus meur- Orphée, — époux d'Eurydice, qu'il prdit
trières. Trente légions le reconnaissent pour le jour de ses noces, qu'il pleura si long-temps,
dominateur cl souverain '. et qu'il alla enfin redemander aux enfers.
Orcavelle, — magicienne célèbre dans les Pluton la lui rendit à condition qu'il ne re-
romans de chevalerie, lïlle opérait des en- garderait point derrière lui jusqu'à ce qu'il
chantements extraordinaires. fût hors du sombre empire. Orphée ne put
à'ordalie à résister au désir de revoir sa femme ; il la
Ordalie. — On donnait le nom perdit une seconde fois : il s'enfonça dans un
série d'épreuves par les éléments. Elles
une
bandés déserf, jura de ne plus aimer, et chanta ses
consislaient à marcher les yeux par- douleurs d'un ton si touchant, qu'il attendrit
mi des socs de charrue rougis au feu, à tra-
les bêtes féroces. Les bacchantes furent moins
verser des brasiers enflammés à plonger le
,
main sensibles, car il fut mis en pièces par ces fu-
liras dans l'eau bouillante, à tenir à la
rieuses. — Les anciens voyaient dans Orphée
barre do 1er rouge , à avaler un morceau
une
(le pain mystérieux à être plongé les mains
un musicien habile à qui rien ne pouvait ré-
, sister. Les compilateurs du moyen âge l'ont
liées aux jambes clans une grande cuve- d'eau,
regardé comme un magicien insigne, et ont
ciilin à étendre pendant assez long-temps les
attribué aux charmes de la magie les mer-
liras devant une croix. Voy. CROIX EAU
, , veilles que la mythologie attribue au charme
I'KU etc.
, de sa voix. Orphée, dit Leloyer, fui le plus
Oreille. — On dit que nos amis parlent de grand sorcier et le plus grand nécromancien
nous quand l'oreille gauche nous tinte; et nos qui ait jamais vécu. Ses écrits ne sont farcis
ennemis quand c'est la droite. que des louanges des diables. 11 savait les évo-
Oresme (GUILLAUME), — astrologue du quer. 11 institua l'ordre des Orphéotélestes,
(pialorzième siècle, dont on sait, peu de chose. espèces de sorciers , parmi lesquels Bacchus
tenait anciennement pareil lieu que le diable
Orias, — démon des astrologues el des de- lient aujourd'hui aux assemblées du sabbat.
vins, grand marquis de l'empire infernal ; il Bacchus, qui n'élail qu'un diable déguisé, s'y
se montre sous les traits d'un lion furieux as- nommait Sabasius; c'est de là que le sabbat a
sis sur un cheval quix a la queue d'un serpent.
tiré son nom. — Après la mort d'Orphée, sa
11 porte dans chaque main
:
:
une vipère. Il con- tète rendit des oracles dans l'île de Lesbos.
;
'rail l'astronomie et enseigne l'astrologie. Il Tzetzès dit qu'Orphée apprit en Egypte la fu-
métamorphose- les hommes à leur, volonté, neste science de la magie, qui y était en grand
leur fait, obtenir des dignités et des litres, et
crédit, et surtout l'art de charmer les ser-
; commande trente légions -. , pents. Pausianas explique sa descente aux en-
Originel (PÉCHÉ), —• la source de tous les fers par un voyage en, Thesprolide , où l'on
;
"itutx qui affligent l'humanité, réparé par le évoquait par des enchantements les âmes des
nnptôme dans ses- conséquences éternelles. morts. L'époux d'Eurydice, trompé par un
fantôme qu'on lui fit voir pendant quelques
Wierus, Psenitom. tirera.
1 M™, iHcl. 1 Wiems, in Pscudom. darm.
OUR — 878i — OXY ;;
instants, mourut de regret, ou du moins re- quand ( on peut en attraper quelqu'un, on ie '[
nonça pour jamais à la société des hommes lue l sans miséricorde. ;?
et se relira sur les montagnes de Thrace. Le- Ours. — Quand les Osliacks ont tué im
clerc prétend qu'Orphée était un grand magi- ours, (
ils l'écorchent el mettent sa peau sur
cien que ses hymnes sont des évocations in- un arbre auprès d'une de leurs idoles; après
, ,
fernales, et que, si l'on en croit Apoilodore et quoi ils lui rendent leurs hommages, lui l'ont.
, -"
Lucien, c'est lui qui a mis en vogue dans la de très-humbles excuses de lui avoir donné
Grèce la magie, l'art de lire dans les astres la mort, et lui représentent, que dans le fond ;
et l'évocation des mânes. ce n'est pas à eux qu'il doit s'en prendre, \
Orpheotelest.es. — ordre de gens qui fai- puisqu'ils n'ont pas forgé le fer qui l'a percé \
,
saient le sabbat institué par Orphée, comme et que la plume qui a hâté le vol de la flèche ï
on vient- de le dire. appartient à un oiseau étranger. -— Au Cana- !
Islandais, qui da, lorsque des chasseurs tuent un ours, un '
Ortie brûlante. — Les ap- d'eux s'en approche, lui met entre les dents i
pellent cette plante Nella, croient qu'elle a
singulière écarter les sortilè- le tuyau de sa pipe, souffle dans le fourneau,et. I
une vertu pour lui remplissant ainsi de fumée la gueule et le î
ges. Selon eux , il faut eu faire des poignées
gosier, il conjure l'esprit de cet animal de ne j
de verges et en fouetter les sorciers à nu.
pas s'offenser de sa mort ; mais comme l'es- !

Os des morts. — Les habitants de la Mau- prit ne fait aucune réponse, le chasseur, pour j
ritanie ne niellent jamais deux corps dans la savoir si sa prière esl exaucée, coupe le filet '
même sépulture, de peur qu'ils ne s'escamo- qui est sous la langue de l'ours et le garde
tent mutuellement leurs os au jour de la ré- jusqu'à la fin de la chasse. Alors on fait un
su irection. grand feu dans toute la bourgade, et toute la
othon. — Suétone dit que le spectre de troupe y jette ces filets avec cérémonie : s'ils
Galba poursuivait sans relâche'Othon son y pétillent et se retirent, comme il doit, natu-
, rellement- arriver, c'est, une marque certaine
meurtrier, le tiraillait hors du lit, l'épouvan-
tait et lui causait mille tourments C'était que les esprits des ours sont apaisés; autre-
peut-être le remords. ment on se persuade qu'ils sont irrités, et que
la chasse ne sera point heureuse l'année d'a-
Otis ou Botis, — grand-président des en- près, à moins qu'on ne prenne soin de se les
fers; il apparaît sous la forme d'une vipère; réconcilier des présents et des invoca-
quand il prend la figure humaine, il a de tions par
1. •— Le diable prend quelquefois la
grandes dents, deux cornes sur la tète et un forme de cet animal. Un choriste de Cîteaux,
glaive à la main ; il répond effrontément sur s'élant légèrement endormi matines, s'é-
le présent, le passé et l'avenir. Il a autant veilla aux
en
d'amis que d'ennemis. Il commande soixante tait du choeur. Celle vision
sursaut el aperçut un ours qui sor-
commença a l'ef-
légions '. frayer quand il vit l'ours reparaître et con-
Ouahiche, — génie ou démon dont, les sidérer attentivement tous les novices, com-
jongleurs iroquois se prétendent, inspirés. me un officier de police qui fait sa ronde
C'est lui qui leur révèle les choses futures. Enfin le monstre sortit de nouveau en disant:
Ouikka, — mauvais génie qui, chez les « Ils sont bien éveillés; je reviendrai tout a
Esquimaux, fait naître les tempêtes el ren- l'heure voir s'ils dorment » Le naïf légen-
verse les barques. daire ajoute que c'était le diable qu'on avait
envoyé pour contenir les frères dans leur de-
Oulon-Toyon, — chef des vingt-sept tri- voir On croyait autrefois qui
bus d'esprits malfaisants, que les Yakouts -. — que ceux
acharnés avaient mangé la cervelle d'un ours étaient
supposent répandus dans .l'air cl à
leur nuire. 11 a une femme el beaucoup d'en- frappés detransformésdurant
vertiges lesquels ils se
fants. croyaient en ours, el en pre-
naient les manières. Voy. YISIONS.
Oupires, — iioy. VAMPIRES. Ovide. — On lui attribue un ouvrage de
Ouran et Ouran-Soangue ( HOMME EN'niA- magie intitulé le Livre de la- Vieille, que nous
iiLÉ) — sorte de magiciens de l'île Grom- ne connaissons pas.
,
boccanore, dans les Indes orientales. Ils ont peuples imaginaires de Ger-
Oxyones, —
la réputation de se rendre invisibles quand il manie, qni avaient, dit-on, la tète d'un hom-
leur plaît, et de se transporter où ils veulent. et le reste du corps d'une bête.
Le peuple les craint el les hait mortellement; me
1 La Harpe, Hisl. des Voyages, t. XV11I, p.
'S'if>-

1 Wierus, in Fseudom. dfeni. 2 Caïsarii Heistcrl.. Miracul, illustrium,lib.v, cap-*


PAC — 3 <)
— PAC
Oze , — grand-président des enfers. 11 se me, le rend insensé au point, de lui faire croire
présente sous la forme d'un léopard ou sous qu'il est roi ou empereur. Oze porte une cou-
celle d'un homme. Il rend ses adeptes habiles ronne ; mais son règne ne dure qu'une heure
dans les arts libéraux. Il répond sur les cho- par jour '.
sc5 divines el
abstraites, métamorphose l'hom- 1 "Wienis, In Pseudomon. da:mon.

Pa (OLACS), — voy. HARPPIÎ. produisaient- cet effet, ce ne pourrait être que


Pacte. — H y a plusieurs manières de faire par l'opération de l'esprit infernal. — De là
pacte avec le diable. Les gens qui donnent les théologiens concluent, que non-seulement
dans les croyances superstitieuses pensent le toute espèce de magie , mais encore toute es-
faire venir en lisant le Grimoire à l'endroit pèce de superstition renferme un pacte au
,
des évocations, en récitant les formules de moins tacite ou équivalent avec !e démon,
conjuration rapportées dans ce Dictionnaire, puisque aucune pratique superstitieuse ne petit
ou bien en saignant, une poule noire dans un
rien produire à moins qu'il ne s'en mêle C'est
grand chemin croisé, et l'enterrant avec des le sentiment de saint Augustin de saint Tho-
,
paroles magiques. Quand le diable veut bien mas et de -tous ceux qui ont traité cette ma-
se montrer, on fait alors le marché, que l'on
tière '. —Yoici l'histoire d'un pacte. Plusieurs
signe de son sang. Au reste, on dit l'ange des autres se trouvent dans ce dictionnaire : — Un
ténèbres accommodant, sauf la condition ac- gentilhomme allemand, Michel-Louisde Bou-
coutumée de se donner à lui. — Le comte do benhoren envoyé assez jeune à la cour du
,
Gabalis, qui ôle aux diables leur antique pou- duc de Lorraine, perdit au jeu tout- son ar-
voir, prétend que ces pactes se font avec les gent; dans son désespoir, il résolut de se ven-
gnomes, qui achètent l'âme des hommes pour dre au diable s'il voulait l'acheter un peu
les trésors qu'ils donnent largement; en cela, cher. Comme il se livrait à cette pensée, tout
cependant, conseillés par les hèles du som- d'un coup il vit paraître devant lui un jeune,
bre empire. •—Un pacte, dit Bergier, esl une homme de son âge, élégamment vêtu qui lui
convention expresse ou tacite faite avec le dé- donna une bourse pleine d'or, et lui , promit
mon dans l'espérance d'obtenir, par son en- de revenir le lendemain. — Louis courut re-
tremise, des choses qui passent les forces de trouver ses amis , regagna ce qu'il avait per-
du el emporta même l'argent des autres. Le
•— Un pacte peut donc être exprès
la nature.
,
el formel, ou tacite et équivalent. Il est censé jeune homme mystérieux parut de nouveau
exprès et formel 1" lorsque, par soi-même on lui demanda pour récompense du service,
invoque expressément le démon el que l'on qu'il lui avait ,rendu, Irois gouttes do son sang,
demande son secours, soit que l'on ,
voie réel- qu'il recul, dans une coquille de gland ; puis,
lement cet. esprit, de ténèbres, soil que l'on offrant une plume au jeune seigneur, il lui
i-i'oic le voir; '2n quand on l'invoque par le dicta quelques mois barbares que Louis écri-
ministère de ceux que l'on croit être en rela- vit sur deux billets différents. L'un demeura
tion et en commerce avec lui 3" quand
; on au pouvoir de l'inconnu , l'autre fut enfoncé ,
luit quelque chose dont on attend l'effet de par un pouvoir magique, dans le bras do
lui-
— Le pacte esl seulement tacite on équi-
Louis, à l'endroit où il s'était piqué pour tirer
pent lorsque l'on se borne à faire une chose les irois goutles de sang. La plaie se referma
l'e laquelle on espère un elfef qu'elle
ne peut sans laisser (le cicatrice. — « .le m'engage,
produire naturellement, ni surnaturellement dit alors l'étranger, à vous servir sept ans,
w par l'opération de Dieu, parce que alors on au bout, desquels vous m'apparliendiez. » —
!>e peut espérer cet effet
que par l'interven- Le jeune homme y consentit, quoiqu'avec une
''°n du démon. Ceux par exemple, qui pré- certaine horreur; depuis ce jour, le démon no
,
tondent guérir les maladies
par des paroles manqua pas de lui apparaître sons diverses
doivent comprendre , formes et de l'aider en toule occasion. 11
: que les paroles n'onl pas ,
;- "iiinrollement celte vertu. Dieu n'y a pas al- s'empara peu à peu de son esprit; il lui in-
l;iebc
;,• non plus celle efficacité. Si donc elles 1 Bergier, Bietioniù tliéoloyique.
PAI 380 PAL \
— —
spirail des idées neuves el curieuses qui le Pain bén't. — Du côté de Guingamp en BrC- >
séduisaient; le- plus souvent il le poussait à ltagne, el, dans beaucoup d'autres lieux, quand t
de mauvaises actions. — Le terme des sept- con ne peut découvrir le corps d'un noyé, on i
années vint vile; le jeune homme, qui avait met. i un petit cierge allumé sur un pain qi,(, |;
alors vingt-cinq ans, rentra à la maison pa- l'on a fait bénir et qu'on abandonne au cours ''
1

lernelle. Le démon auquel il s'était donné lui de l'eau ; on trouve le cadavre dans l'endroit
( !

conseilla et parvint à lui persuader d'ompoi- où le pain s'arrête ', et ce qui peut, surpren- ï
i

sonner son père et sa mère, de mettre le feu dre les curieux , c'est que ce miracle s'est fait j
i

à leur château el do se tuer lui-même après. souvent. Comment l'expliquer? — On a le [


,
11 essaya de commettre tous ces crimes : Dieu, même usage en Champagne et ailleurs. [.

qui sans doute avait encore pitié de lui, ne Pajot (MARGUERITE) , — sorcière qui fol r
permit pas qu'il réussît; le poison n'opéra exécutée à Tonnerre en 1576, pour avoir été ':
point sur ses parents. Inquiet el troublé, Louis aux assemblées nocturnes des démons el. des
eut des remords; il découvrit à quelques do- sorciers. Elle composait des maléfices et l'ai- 1.
mestiques fidèles l'état où il se trouvait, les sait mourir les hommes et les animaux. Elle i
priant de lui porter secours. Aussitôt qu'il eut avait de plus tué un sorcier qui n'avait pas f-

fait celle démarche, le démon le saisit, quoi- voulu lui prêter un lopin do bois avec lequel f
que la dernière heure ne fût pas venue, lui il faisait des sortilèges. Une remarque singii-
|
tourna le corps en arrière, et tenta de lui lière qu'on avait notée, c'est qu'elle revenait
rompre les os. Sa mère, qui élail hérétique du sabbat toujours toute froide 2. j
aussi bien que lui, fut contrainte de recourir Palingénèsie. — Ce mot veut dire renais-
aux exorcismes. Le diable parut, dit-on, avec sance. Ducbène dit avoir vu, à Cracovie, un '
les traits d'un sauvage hideux et velu et jeta médecin polonais qui conservait, dans des
,
à terre un pacte différent de celui qu'il avait fioles, la cendre de plusieurs plantes; lors-
extorqué du jeune homme, pour donner à qu'on voulait, voir une rose dans ces fioles,
croire qu'il abandonnait sa proie. Mais on ne il prenait celle où se Iruuvail la cendre du
tomba point dans le panneau; et enfin le 20 rosier, et la niellait sur une chandelle allu-
,
octobre 161)3 on força le démon à rapporler mée : après qu'elle avait un peu senti la cha-
,
la véritable cédille, contenant le parte fait leur, on commençait à voir remuer la cendre;
entre lui et. Louis de Boubenboren. Le jeune puis on remarquait, comme une petite nue
homme renonça alors au démon, abjura l'hé- obscure qui, se divisant en plusieurs parties,
résie fit- sa confession générale el il sortit venait enfin à représenter une rose si belle,
, ,
rie son bras gauche, presque sans douleur, et si fraîche cl si parfaite , qu'on l'eût jugée
sans laisser de cicatrice, le pacle secret, qui palpable et odorante , comme celle qui vient
tomba aux pieds de l'exorciste. •— On voyait, du rosier. —Celle nouveauté fut poussée plus
dans une chapelle de Molsheim, une inscrip- loin. On assura que les morts pouvaient re-
lion célèbre qui contenait toute l'aventure de vivre naturellement, et qu'on avait des moyens
ce gentilhomme.... Voy. FAUST. de les ressusciter en quelque façon. Van (1er
Pain (EPREUVE DU). — C'était un pain fait Becl. surtout, a donné ces opinions pour des
de farine d'orge, bénit ou plutôt maudit par vérités incontestables ; et dans le système qu'il
les imprécationsd'un prêtre. Les Anglo-Saxons a composé pour expliquer de si étranges mer-
le faisaient manger à un accusé non convain- veilles il prétend qu'il y a, dans le sang,
,
cu , persuadés que, s'il élail innocent, ce des idées séminales, c'est-à-dire des corpus-
pain ne lui ferait point de mal ; que s'il était cules qui contiennent en petit tout l'animal.
coupable, il ne pourrait l'avaler, ou que s'il Quelques personnes, dit-il, ont distillé dn
l'avalait, il étoufferait. Le prêtre qui faisait sang humain nouvellement tiré, et elles y ont
cette cérémonie demandait, par une prière vu , au grand étonnement des assistants saisis
composée exprès, que les mâchoires du cri- de frayeur, un spectre humain qui poussait
minel restassent roides, que son gosier se ré- des gémissements. C'est pour ces causes, ajou-
trécît, qu'il ne pût avaler, qu'il rejetât le pain lo-t-il, que Dieu a dérendu aux Juifs de mnn-
de sa bouche. C'était une profanation des ger le sang des animaux, do peur que le»
;

prières de l'Eglise '. La seule chose qui fût esprits ou idées de leurs espèces qui y sont
réelle dans celle épreuve, qu'on appelait sou- contenues ne produisissent de funestes eflcts.
vent Y épreuve du pain conjuré , c'est que , de •— Ainsi en conservant les cendres de r.os
s

toutes les espèces de pain , le pain d'orge: ancêtres, nous pourrons en tirer des fantô-
moulue un peu gros est le plus difficile à ava- mes qui nous en représenteront la fig"lC"
ler. Voy. CORSNED Au'iirroMANCisï etc. fl:in<j le Finistère
Vnv.ioe dans Irïni.;tère t. TII, ''h'
, r ï Cambry,
(^:i mhrv Voyage
,.
TTI
.
11-

J J3ergier, Dicliulin. tlléûlngique. Bodin, Démenomanie.


PAN — 381 — PAP
Oiielle consolation , dit le P. Lebrun , que
(le Sanjangairi, — ahnanach des bramines,
passer en revue son père et. ses
aïeux, sans où sonl marqués les jours heureux elles jours
dn démon et par une nécromancie malheureux, el les heures du jour et de la
IP secours ,
n^-permispl Quelle satisfaction pour les sa- nuit heureuses ou malheureuses.
vants que de ressusciter, en quelque ma- E'antades, — espèces de talismans magi-
nière, les Uomains , les Grecs, lesHébreux ques. Toute la science de la clavicule dépend
et toute
l'antiquité! Rien d'impossible à.cela, de l'usage des pantacles, qui contiennent les
il suffit d'avoir les
cendres de ceux qu'on veut. noms ineffables de Dieu. Les pantacles doi-
faire paraître. — Ce système, eut, comme tou- vent être faits le mercredi, au premier quar-
tes les rêveries, beaucoup
de partisans. On tier de la lune, à trois heures du matin, dans
piélendail qu'après avoir mis un moineau en une chambre aérée, nouvellement blanchie,
cendres, el en avoir extrait le sel, on avait où l'on habile seul. On y brûle des plantes
ciblenu, par une chaleur modérée, le résul- odoriférantes. On a du parchemin vierge, sur
tat désiré. L'académieroyale d'Angleterre es- lequel on décrit trois cercles l'un dans l'au-
saya, dit-on, celte expérience sur un homme, tre, avec les Irois principales couleurs : or,
.le ne sache pas qu'elle ait réussi.
Mais cette cinabre el vert ; la plume et les couleurs doi-
découverte, qui n'aurait pas. dû occuper un vent, être exorcisées. On écrit alors les noms
seul instant les esprits, ne tomba que quand sacrés ; puis on met le lotit dans un drap de
un grand nombre de
tentatives inutiles eut soie. On prend un pot de terre où l'on allume
prouvé que ce n'était non plus qu'une ridi- du charbon neuf, de l'encens mâle et du.bois
cule chimère. Voy. CENDRES. — La palingé- d'aloès, le tout exorcisé et purifié; puis, la
mie philosophique de Bonnet esl un système face tournée vers l'orient, on parfume encore
publié au dernier siècle et condamné ; il est les pantacles avec les espèces odoriférantes,
plus du ressort des théologiens que du nôtre. et on les remet dans le drap de soie consacré,
Palmoscopie, — augure qui s'appelait aussi pour s'en servir au besoin >.
Palmicum et qui se tirait de la palpitation Fantarbe, — pierre fabuleuse à laquelle
, calculées
des parties du corps de la victime, quelques docteurs ont attribué la propriété
à la main. d'attirer l'or, comme l'aimant attire le fer.
Falud (MADELEINE DE MENBOZ DE LA), — Philostrale dans la Vie d'Apollonius , en ra-
,
fille d'un gentilhomme de Marseille, et soeur conte des merveilles : L'éclat en esl si vif,
(lu couvent des Ursulines, qui fut ensorcelée dit-il, qu'elle ramène le jour au milieu de la
par Gaufridi, à l'âge de dix-neuf ans. Voy. nuit; mais, ce qui esl plus étonnant encore,
liAi'i-'ium. — Celte femme, quarante ans après celte lumière est un esprit qui se répand dans
1e procès de Gaufridi
,
ayant voulu se mêler la terre el attire insensiblement les pierres
encore de sorcellerie, fut condamnée, par précieuses ; plus celle vertu s'étend, plus elle
arrêt du parlement, de Provence, à la prison a de force; et tontes ces pierres dont la pan-
perpétuelle, en 1653. tarbe se fait une ceiniure ressemblent à un
Pamilius. — Pamilius de Phôres, tué dans essaim d'abeilles qui environnent leur roi. De
vin combat, resta dix jours au nombre des peur qu'un si riche trésor ne devînt trop vil,
:' niorls; on l'enleva ensuite du champ de ba- non-seulement la nature l'a caché dans la
taille, pour le porlcr sur le bûcher; mais il (erre profonde, mais elle lui a donné la fa-
revint à la vie et raconta des histoires sur- culté de s'échapper des mains 'de ceux qui
,
prenantes de ce qu'il avait vu pendant que voudraient la prendre sans précaution. On la
:> son corps était resté sans sentiment 1. trouve dans celle partie des Indes où s'engen-
Pan, — l'un des huit grands dieux, ou dre l'or. Suivant l'auteur des Amours de Ihéa-
i dieux de la première classe chez les Egyp- gène et de Chariclée, elle garantit du feu ceux
V liens. On le représentait sous les traits d'un qui la portent.
j, homme dans la partie supérieure de son Paouaouci,— enchantements ou conjura-
ï, corps, et sous la forme d'un bouc dans la par- tions au moyen desquels les naturels de la
.'; lie inférieure.
— Dans les démonographies, Virginie prétendent faire paraître des nuages
Ï test le prince des démons incubes. et tomber de la pluie.
-;'. ^andsomonium, — capitale de l'empire in- E>ape. — Les huguenots ont dit que le pape
),
fcmal, selon Milton. était l'antéchrist. C'est ainsi que les filous
Panéros. — Pline cite une pierre précieuse crient au voleur pour détourner l'attention
tte ce nom qui rendait les femmes fécondes.
— Le conte
absurde de la papesse Jeanne, in-
heinyer, lïist. des spectres ou appar. des esprits. 1 il: gie noire , n. 80.
PAR
— 882> — PAR K
venlé par les précurseurs de Luther, est main- pergée\ ; on la serrera ensuite dans un (|rnn ^ '
tenant reconnu si évidemment faux, qu'il ne de ( soie avec tous les instruments de r;u- i.
peut nous arrêter un instant '. 'Qu'aucune femme ne voie ce parchemin,
par-
Papillon. — L'image matérielle de f'âme la ce ' qu'il perdrait sa vertu. C'est sur ce par- %
plus généralement, adoptée est le papillon. chemin ' qu'on écrit ensuite les pantacles ta_ '":>
Les artistes anciens donnent à Platon une tête lismans, figures magiques, pactes el autres
avec des ailes de papillon, parce que c'est le pièces. !:
premier philosophegrec qui ait écrit sur l'im- Parfums. — On dit que si l'on se parfume 'i
mortalité de l'âme. avec de la semence de lin el de psellium ou t:
Faracelse, — né dans le canton de Zurich avec les racines de violette et d'ache, on con- B
en 4 493. 11 voyagea, vit. les médecins de naîtra les choses futures; et que pourchasser !-
presque toute l'Europe, el conféra avec eux. les mauvais esprits et fantômes nuisibles, il j;
Il se donnait, pour le réformateur de la mé- faut faire un parfum avec calament, pivoine,
decine. 11 voulut en arracher le sceptre à Hip- menthe el palma-Christi. On peut assembler :
pocrale et à Galien. Il décria leurs principes les serpents par le parfum des os de l'extré- \
et leur méthode. On lui doit la découverte de mité du gosier de cerf, el, au contraire, on les i
l'opium et du mercure, dont il enseigna l'u- peut chasser et mettre en fuite si on allume i
sage. — Paracelse est surtout le héros de ceux la corne du même cerf; la corne du pied droit I
qui croient à la pierre philosophale, et qui d'un cheval ou d'une mule, allumée dans une î
lui attribuent hautement l'avantage de l'avoir maison, chasse les souris, el celle du pied ]
possédée, s'appuyant en cela de sa propre gauche, les mouches. Si on fait un parfum i
autorité. C'était quelquefois un grand charla- avec le fiel de seiche, du thymiamas, des ro-
tan. Quant il était ivre, dit Wetlernus, qui ses el du bois d'aloès, el qu'on jette sur ce
a demeuré vingt-sept mois avec lui, il me- parfum allumé de l'eau ou du sang , la mai-
naçait de faire venir un million de diables, son semblera pleine d'eau ou de sang; et si
pour montrer quel empire et quelle puissance on jette dessus de. la terre labourée, il sem-
il avait sur eux ; mais il ne disait pas de si blera que le sol tremble '.
grandes extravagances quand il était à jeun. Paris. — Une prédiction avait annoncé que
Il avait un démon familier renfermé dans le Paris serait détruit par une pluie de feu le
pommeau de son épée. 11 disait que Dieu lui (j janvier 1840. Mais la catastrophe a élé re-
avait, révélé le secret de faire de l'or; et il se mise au cinquième mois de l'année 1900.
vantail, de pouvoir, soit par le moyen de la ^Parlements. — Le clergé n'a jamais de-
pierre philosophale, soit par la vertu de ses mandé la mort des sorciers. Ce sont les par-
remèdes, conserver la vie aux hommes pen- lements qui les ont toujours poursuivis avec
dant plusieurs siècles. Néanmoins il mourut chaleur. A la fin du dix-septième siècle, le
à quarante-huit ans en 15.51, à Sallzbourg. clergé réclamait contre l'exécution de plu-
,
Parchemin vierge. — Il est. employé dans sieurs sorcières convaincues d'avoir fait le
la magie en plusieurs manières. On appelle sabbat avec maître Verdelet : le parlement
parchemin vierge celui qui est. fait de peaux de Rouen pria très-humblement le roi de per-
de bêtes n'ayant jamais engendré. Pour le mettre qu'on brûlât incontinent le.sdites sor-
faire, on met l'animal qui doit, le fournir dans cières. On citerait mille exemples pareils.
un lieu secret où personne n'habite, on prend Paroles magiques. •— On peut charmer les
un bâton vierge ou de la sève de l'année on dés ou les cartes de manière à gagner con-
le taille en forme de couteau ; puis on écor-, tinuellement au jeu, en les bénissant en même
che l'animal avec le couteau de bois, el avec temps que l'on récite ces paroles : Contra me
le sel on sale ladite peau, que l'on met au so- ad incarte cla, à filii à lîniol, Lieber, Jirmja,
leil pendant, quinze, jours. On prendra alors Bra-guesca. On n'est point mordu des puces
un pot de ferre vernissé, autour duquel on si l'on dit en se couchant : Och och. On fa| 1
écrira des caractères magiques. Dans ce pot tomber les verrues des mains en les saluant
on mettra une grosse pierre de chaux vive d'un bonsoir le matin, et d'un bonjour le soir.
avec de l'eau bénite et ladite peau; on l'y On fait filer le diable avec ces mois : Pc VP~
laissera neuf jours entiers. On la tirera enfin, sum, et cum ipso, el in ipso. Qu'on dise :
et avec le couteau de canne on la ratissera Sista, pista, rista, xisla, pour n'avoir plu?
pour en ôter le poil ; on la mettra sécher pen- mal à la cuisse. Qu'on prononce Irois fois:
dant huit jours à l'ombre après l'avoir as- Onasagcs, pour guérir le mal de dents. ""
, prévient les suites funestes de la morsure do
1 Voyez Bergier, Dict. théolojique, au mot Pnpcssp
Jeanne. 1 Nynauld, p. 72 de la Lycantliropie.
PAT —
38$S — PAU
chiens enragés en disant : Jlax, pax, maoe. ccette chaise matérielle se remuer, quitter sa
loi/. BEURRE, CHARMES, SAHHAT, ELISAZAR , fplace et venir à lui comme soutenue en l'air.
\N.\NISAI>TA AMULETTES , etc. IIl s'écria : « Monsieur le diable les intérêts
, ,
divinités les anciens de
c Dieu à part, je suis bien votre serviteur,
parques, -— que mais je vous prie de ne me pas faire peur da-
croyaient présider à la vie et à la mort; mai- '
du sort des hommes, elles réglaient vantage.
^ » La chaise s'en retourna à sa place
tresses en elle était venue. Celle vision, dil-on
les destinées. La vie élail un fil qu'elles fi-
comme
( .
fit
' une forle impression sur l'esprit de Patris,
liiienl; l'une tenait la quenouille, l'autre le
fuseau, la troisième avec ses grands ciseaux ( ne
el contribua pas peu à le l'aire rentrer dans
coupait le fil. On les nomme Clotho, Lachésis son ' devoir.
elÀtropos. On les fait naître de la nuit, sans
Paul (Auxoim), — paysan de Médroïga ,
le secours d'aucun dieu ; Orphée, dans l'hymne village de Hongrie, qui fut écrasé par la chute
qu'il leur adresse, les appelle les filles de d'un chariot chargé de foin, vers 1728.
l'Krèbe. Trente jours après sa mort, quatre personnes
Parthénomancie , — divination ridicule moururent, subitement el de la même manière
pour connaître la présence ou l'absence de que meurent ceux qui sont molestés des vam-
la virginité. On mesurait le cou d'une fille pires. On se ressouvint alors qu'Arnold avait
avec un fil, et en répétant l'épreuve avec le souvent raconté qu'aux environs deCassova,
même fil, on lirait mauvais présage du gros- sur les frontières de la Turquie , il avait été
sissement du cou. tourmenté long-temps par un vampire turc;
mais que, sachant que ceux qui étaient victi-
îPnsétès, — magicien qui achetait les cho-
les marchander mais l'argent qu'il mes d'un vampire le devenaient après leur
ses sans ;
mort, il avait trouvé le moyen de se guérir
avait donné n'enrichissait que les yeux, car
en mangeant de la terre du tombeau du vam-
il retournait toujours dans sa bourse. Voy.
I'ISTOMÎ VOLANTE.
pire et en se frottant de son sang. On présu-
ma que si ce remède avait guéri Arnold Paul,
Passaiorynohites, — hérétiques des pre- il ne l'avait pas empêché de devenir vampire
miers siècles, ainsi nommés de deux mots à son tour ; en conséquence on le déterra
grecs qui veulent dire pieu dans le nez. Ils pour s'en assurer, et, quoiqu'il fût inhumé
croyaient qu'on ne pouvait prier convenable- depuis quarante jours on lui trouva le corps
ment qu'en se mettant deux doigts, comme ,
vermeil ; on s'aperçut que ses cheveux, ses
deux pieux dans les deux narines. ongles, sa barbe s'étaient renouvelés, et que
,
Satala , — nom de l'enfer des Indiens. ses veines étaient, remplies d'un sang fluide.
Patiniac, -— superstition particulière aux Le bailli du lieu , en présence de qui se fil
Indiens des îles Philippines. C'est un sortilège l'exhumation, el qui était un homme expert,
qu'ilsprélendentallaohéau fruit d'une femme, ordonna d'enfoncer dans le coeur de ce cada-
dont l'effet esl de prolonger les douleurs de vre un pieu fort aigu et de le percer de part
l'enfantement et même de l'empêcher. Pour en pari ; ce qui fut exécuté sur le champ. Le
lever le charme, le mari ferme bien la porte corps du vampire jeta un cri el fit des mou-
de la case, fait un grand feu tout à l'enlour, vements ; après quoi on lui coupa la tète et
quitte le peu de vêlements dont il esl ordinai- on le brûla dans un grand bûcher. On fit su-
rement couvert, prend une lance ou un sabre,
bir ensuite le même traitement aux quatre
cl s'en escrime avec fureur contre les esprits morts qu'Arnold Paul avait tués , de peur
invisibles jusqu'à ce que sa femme soit déli- qu'ils ne devinssent vampires à leur tour.
vrée. Voy. VAMPIRES.
Satris (PIERRE), poète, né à Gaen en 1883. Paule. — Il y avait au couvent des Cor-
Il fut premier maréchal-des-logis de Gaston deliers de Toulouse un caveau qui servait
de France, duc d'Orléans. L'esprit de plai- de catacombes, el où les morts se conser-
santerie lui valut sa fortune el la confiance vaient. Dans ce caveau était enterrée depuis
«ont il jouissait auprès du prince. 11 mourut à la fin du seizième siècle une femme célèbre
''fris en 1671. On raconte qu'étant au châ- dans le pays sons le nom de la belle Paule. Il
teau d'Egmont, dans une chambre où
un es- était d'usage de visiter son tombeau le jour
prit, venait de se montrer, if ouvrit la porte anniversaire de sa mort. Un jeune cordelier,
de cette chambre, qui donnait
sur une longue la tête un peu échauffée, s'était un jour en-
Calorie, au bout de laquelle se trouvait une gagé à descendre dans ces catacombes sans
• Si'ande chaise de bois si pesante que deux lumière el sans témoin, et à enfoncer un clou
'tommes avaient peine à la soulever. .11 vit sur le cercueil de Paule. Il y descendit en
PEC — 38/i —
i
PKN
effet ;: mais il attacha par mégarde au cercueil res des Troyens, le parricide de Romulm
i

un pan de sa robe; il se crut retenu par la c'est-à-dire les crimes commis par ses aïeux'
i
défunte quand il voulut s'enfuir, ce. qui lui
— Alexandre meurt au milieu de ses piuj
causa une telle frayeur qu'il tomba mort sur belles années ; après lui do sanglantes divi-
la place. sions se déclarent; des maux sans'nombre
Pausanias. — Quelques écrivains onl pré- accablent les parenls du conquérant ; les his-
tendu que les Lacédémoniens n'avaient point toriens païens attribuent sans hésiter tous ces
de sorciers parce que quand ils voulurent malheurs à la vengeance divine, qui punissait
apaiser les ,mânes de Pausanias.
,
qu'on avait les impiétés et les parjures du père d'Alexan-
laissé mourir de faim dans un temple, et qui dre sur sa famille. — Thésée dans Euripide
s'était montré depuis à certaines personnes troublé de l'attentai dont il croit son (ils cou-
, pable, s'écrie : « Quel est donc celui de 1105
on fut obligé de faire venir des sorciers d'Ita-,
lie pourchasser le spectre du défunt. Mais ce pères qui a commis un crime digne de m'nl-
trait ne prouve rien, sinon que les sorciers de lircr un tel opprobre ? » .l'omets à dessein une
Lacédémone n'étaient pas aussi habiles que foule d'autres monuments, et je m'abstiens
ceux de l'Italie.' même de citer les livres de l'ancienTestameni,
fort explicites sur ce point.
Paymon, — l'un des rois de l'enfer. S'il se — Mais parmi
témoignages et ces faits, une loi esl écrite
montre aux exorcistes, c'est sous la forme ces
d'un homme à cheval sur un dromadaire, évidemment; elle est écrite en caractères de
couronné d'un diadème étincelant de pierre- sang dans les annales de tous les peuples;
ries, avec un visage de' femme. Deux cents- c'est la loi de l'hérédité du crime et de la
légions, partie de l'ordre des anges, partie de peine. Un sentiment profond et universel lu
l'ordre des puissances, lui obéissent; si Pay- proclame. Ce cri des peuples ne saurait être
ni la fausseté ni l'injustice '. »
mon est évoqué par quelque sacrifice ou liba-
tion, il paraît accompagné des deux grands Pégomoncie, — divination par les sour-
princes Bébal et Àbalam 1. ces. Elle se pratiquait soit en y jetant un cer-
Péanite , •— pierre fabuleuse que les an- tain nombre de pierres dont on observait, les
ciens croyaient douée du-privilège de faciliter divers mouvements, soit en y plongeant des
les accouchements. vases de verre, et en examinant les efforts
que faisait, l'eau pour y entrer el chasser l'air
Peau. —Pour guérir les taches de la peau qui les remplissait. La plus célèbre des pégo-
el les verrues, il suffit, de loucher un callavrc mancies est la divination par le sort des dés,
ou de se froller les mains au clair de la lune. qui se pratiquait à la fontaine d'Abano
Voy. VERRUES 3. ,
près
de Padoue; on jetait les dés dans l'eau pour
Péohè. — Chemin do l'enfer. voir s'ils surnageaient ou s'ils s'enfonçaienl,
Péohè originel. — « Un enfant, diles-vous, et quels numéros ils donnaient; sur quoi un
ne peut naître responsable de la faute d'un devin expliquait l'avenir,
père. En êles-vous bien sûr? Au sein de l'hu- Pendus. — On sait qu'on gagne à fous les
manité un sentiment universel se manifesta; jeux quand on a dans sa poche de la corde
la vie de tous les peuples exprime par les faits de pendu.
— Un soldat de belle corpulence
les pins significatifs l'existence d'une loi ter- ayant été pendu, quelques jeunes chirurgiens
rible et mystérieuse, de la loi d'hérédité et demandèrent la permission d'analomiser son
de solidarité pour le crime et la peine entre corps. On la leur accorda, et ils allèrent à dix
les hommes. Interrogez les nations qui furent heures du soir prier le bourreau de le leur
les plus voisines des traditions primitives. En remettre. Celui-ci, qui était déjà couché,
Chine le fils est puni pour le père, une famille leur répondit qu'il ne voulait pas se lever, et
et même une ville entière répondent pour le qu'ils pouvaient l'aller dépendre eux-mêmes.
crime d'un seul. Dans l'Inde, les parents, l'in- Pendant qu'ils s'y décidaient, le plus éveillé
stituteur, l'ami du coupable doivent être pu- d'entre eux se détacha sans rien dire, courut
nis. Tout l'Orient jugeait ainsi. Il en est de devant, se mil en chemise et se cacha sous
même encore parmi les peuplades sauvages. son manteau au pied de la potence en atten-
De là aussi ces chants lugubresdes poêles qui, dant les autres. Quand ils furent arrivés, le
voyant Rome désolée par les guerres civiles, plus hardi monta à l'échelle et se mit à cou-
en donnent instinctivement pour raison qu'elle per la corde pour faire tomber le corps, ni" 13
expiait les parjures de Laomédon, les parju- aussitôt l'autre se montra et dit : « Qui èies-
-i AVierus, in Pseudomtin. du-in.
1 M. le P.
lîavignan , Conférences de 1813 J Ku'.rc-
?- Btown, Krrenrs pnpi.laires t. II. DainC de Paris,
,
PEU
PUT — 38;
jvous"? et pourquoi venez-vous enlever mon pour enseigner la bienséance aux onfantsdans
corps'?••» A ces mois el à la vue du fantôme les contrées où l'on mange beaucoup de choux
blanc qui gardait la potence, ces jeunes gens et de navels.
piétinent la fuite épouvantés; celui qui élail Petchirnancle , — divination par les bros-
à bas sans compter les éche- ses ou vergetl.es. Quand un habit ne peut pas
snr l'échelle saute
lons , pensant, que l'esprit du pendu le, tenait se vergeter, c'est un signe qu'il y aura de la
déjà. « El ne furent., ces pauvres chirurgiens, pluie.
île long-temps rassurés '. » s»etit monde. — On appelait petit monde
Pératoscopie, — divination par l'inspection une. société secrète qui conspirait en Angle-
des phénomènes el choses extraordinaires qui terre au-dernier siècle pour le rétablissement
apparaissent dans les airs. des Stuarls. On débitait beaucoup de contes
Perdrix. — On dit qu'un malade ne peut sur celle société : par exemple, on disait que
mourir lorsqu'il esl couché sur un lit de plu- le diable en personne, assis dans un grand
mes d'ailes de perdrix '-.
fauteuil, présidait aux assemblées. C'étaient
des francs-maçonâ.
Pérez (JUAN) , — voy. INQUISITION.
Périolès, — général athénien qui, se -dé- l'Allemagne Petit-Pierre. — Les contes populaires de
donnent ce nom au démon qui
liant de l'issue d'une, bataille , pour rassurer
achète les âmes el avec qui on fait pacte. 11
les siens, fil entrer dans un bois consacré à
/ l'Iuton un homme d'une taille haute, chaussé vient au lit de mort sous la forme d'un, nain
chercher ceux qu'il a achetés.
de longs brodequins, ayant les cheveux épars,
vêtu de pourpre el assis sur un char traîné Petpayaton. — Les Siamois appellent
;
,
de quatre chevaux blancs qui parut au mo- ainsi les mauvais espri's répandus, dans l'air.
,
ment de la bataille, appela Périclôs par son S'ils préparent une médecine, ils attachent au
nom, et lui commanda de combattre, l'assu- vase plusieurs papiers, où sont écrites des
;. ranl que les dieux donnaient la victoire aux paroles mystérieuses pour empêcher que les
t Athéniens. Celte voix fut. entendue.des enne- Petpayatons n'emportent la vertu du remède.
jl mis, comme venant de Philon ; el ils en eurent Pétrobusiens , — disciples de Pierre de
| une telle peur qu'ils s'enfuirent sans tirer Bruys, hérétique du Dauphiné, contemporain
t- l'épée. de la première croisade. Us reconnaissaient
Péris,— génies femelles des Persans, d'une deux créateurs, Dieu et le diable. Us disaient
beauté extraordinaire ; elles sont bienl'aisan- que les prières sont aussi bonnes dans un
; tes, habitent le Ginnislan, se nourrissent d'o- cabaret que dans une église, dans une établo
deurs exquises, el ressemblent un peu à nos que sur un autel : en conséquence, ils détrui-
fées. Elles ont pour ennemis les (Vives. Voy. saient les édifices sacrés et brûlaient les croix
'' DlYES. el les images.
Périthe, — pierre jaune qui avait, dit—on, iPettimancie, —• divination par le jet des
' lu vertu de guérir la goutte , el qui brûlait la dés. Voy.. AsTitAOAi.OMANciiï et CUISOMAXCIK. '
;
ninin quand on la serrait fortement., Peuplier. •— Les anciens regardaient le
Perlimpinpin, — VOtJ. SlïCUETS MlïlWEIL- peuplier comme un arbre dédié aux enfers et
1.KCK. aux démons.
<

Persil (MAITIIE) , — voy. VERDELET. Peur. — On prétend que pour se préseiv


ver de la peur il faut porter sur soi une épin-
;;

/.': ï*ertinax. — Trois ou quatre jours avant gle qui ail été fichée dans le linceul d'un •
*;
(pie l'empereur Pertinax fût massacré par les mort. — Un officier logé en chambre garnie, "
soldats de sa garde, on conte qu'il vit dans
. et sur le point de rejoindre son régiment,
'ni étang je- ne sais quelle figure qui le me. était encore dans son lit au petit point du
' "açaii l'épée au poing. jour, lorsqu'un menuisier, qui portait un
;•; Seste. — Les rois de Hongrie se vanlaien Cercueil pour un homme qui venait de mou-
de guérir la jaunisse, les rois de France de rir dans la pièce voisine, entra, croyant ou-
guérir les écrouelles, ceux de Bourgogne d< vrir la porte de la chambre du mort. «Voilà,
| dissiper la peste. dit-il, une ooroïc redingote pour l'hiver. »
;; Set. — Qui pèle en mangeant voit le dia- L'officier ne douta pas qu'on, ne vint pour le
(
j -" u'e en mourant.-Axiome populaire répandi voler. Aussitôt il saute à bas du lit, el s'élance
contre le prétendu voleur.... Le menuisier,
$ -,
' Leloyer, Xïist. des spe'ctres et apparit. des esprit; voyant quelque chose de blanc, laisse lom-
' t liicrs,.Traité des superstitions. -'t?7 ; ber son cercueil, et s'enfuit à toutes jambes,
f :
25
PHli — 3° Gj — PHI i;
criant que le mort était à ses.trousses.... On re cl le porte en Egypte, sur l'aulel du soleil
dit qu'il en fut malade. — Un; marchand de à Héliopolis. — Outre que tous ceux qui nAr'_ i
la rue Saint-Yiclor, à Paris, donnant un grand lent le de cet oiseau mystérieux ne l'ont point ^
souper, la servante de la maison fui obligée vu, vi el n'en parlent que par ouï-dire, qui peut ^
de descendre à la cave à dix heures du soir. êi être sûr qu'il a vécu cinq cents ans ? qui peul |
Elle était peureuse ; elle ne fut pas plutôt a: assurer qu'il soit seul de son espèce? IJ(!
1

descendue, qu'elle remonta tout épouvantée P Martini rapporte dans son Histoire de la
P. \
, ,
en criant qu'il y avait un fantôme entre deux Chine
C qu'au commencement du règne, de î
, î
tonneaux 1... L'effroi se répandit dans la mai- l'empereur
1' Xao-Hao IV, on vit paraître l'oi-
son, les domestiques les plus hardis descen- seau s du soleil, dont les Chinois regardent l'ai- ',

dirent à la cave, les maîtres suivirent, et l'on rivée


r comme un heureux présage pour le i

reconnut crue le spectre élail un mort qui y royaume.r Sa forme, dit-il, le ferait prendre j

avait glissé de la charrette de l'Hôtel-Dieu, pour un aigle sans la beauté et la variété de I


p
et était tombé dans la cave par le soupirail. son s plumage. H ajoute que sa rarelé lui fait ''

— Pour les traits qui se rapportent à la peur, croirec que cet oiseau esl le môme que le i

voy. REVENANTS, APPARITIONS, IMAGINATION, phénix.


I î

VISIONS FANNIUS etc.


, , Phénomènes, — VOIJ. MEHVEIIXES, PnOfol-
Pharmacie, — divination employée par les oiss, VISIONS, IMAGINATIONS ,ÀI»PAUITIONS, etc.
(.
magiciens et enchanteurs, lesquels devinent,
à l'aide du seul commerce qu'ils ont avec les Philinnion. — Voici un trait rapporté par
démons, qu'ils évoquent pour cela au moyen Phlégon,
1 el qu'on présume être arrivé à fly-
de fumigations faites sur un réchaud. pate
I en Tbessalie. Philinnion , fille unique de
Démocrate et de Charito, mourut en âge nu-
Phénix, — grand marquis des enfers. Il :bile;
paraît sous la forme d'un phénix avec la voix ses parents inconsolables firent enterrer
d'un enfant ; avant de se montrer à l'exor- avec
' le corps mort les bijoux el les atours que.
ciste, il rend des sons mélodieux ; il faut se la jeune fille avait le plus aimés pendant sa
boucher les oreilles quand on lui commande vie.
] Quelque temps après sa mort, un jeune
de prendre la forme humaine. Il répond sur *
seigneur, nommé Mâchâtes, vint loger chez
Démocrate, qui était son ami. Le soir, com-
toutes les sciences ; c'est, un bon poète, qui sa- !

lisfait en vers à toutes les demandes; après ]me il était dans sa chambre, Philinnion lui
mille ans il espère retourner au septième or- apparaît, lui déclare qu'elle l'aime ; ignorant
dre des trônes. Vingt légions lui obéissent 1. !sa mort, il
l'épouse en secret. Mâchâtes, pour
gage de son amour, donne à Philinnion une
Phénix. — Il y a, dit Hérodote, un oiseau '
coupe d'or, el se laisse tirer un anneau de fer
sacré qu'on appelle phénix. Je ne l'ai jamais qu'il avait au doigt. Philinnion, de son côté,
vu qu'en peinture. 11 est grand comme un lui fait présent de son collier el d'un anneau
aigle; son plumage est doré et entremêlé de d'or, et se relire avant le jour. — Le lende-
rouge. 11 vient tous les cinq cents ans en Egyp- main, elle revint à la même heure. Pendant
te, chargé du cadavre de son père enveloppé qu'ils étaient ensemble Charito envoya une
de myrrhe, qu'il enterre dans le temple du vieille servante dans la ,chambre do Mâchâtes
soleil. — Solin dit que le phénix naît en Ara- pourvoir s'il ne lui manquait rien. Cette fem-
bie; que sa gorge esl entourée d'aigrelles,
me retourna bientôt éperdue vers sa maîtres-
son cou brillant comme l'or, son corps pour- se, et lui annonça que Philinnion était avec
pre, sa queue mêlée d'azur et de rose; qu'il Mâchâtes. On la traita de visionnaire; mais
vit cinq cent quarante ans; que certains his-
toriens lui ont donné jusqu'à douze mille neuf comme elle s'obstinait à soutenir ce qu'elle
disait, quand le matin fut venu Charito alla
cent cinquante-quatre ans de vie. — Saint trouver son hôte et lui demanda si la vieille
Clément le Romain rapporte qu'on croit que
le phénix naît en Arabie, qu'il est unique ne l'avait point trompée. Mâchâtes avoua
qu'elle n'avait pas fait un mensonge, raconta
dans son espèce, qu'il vit cinq ans ; que, lors- les circonstances de ce qui-lui était arrivé, et
qu'il est près de mourir, il se fait avec de
l'encens, de la myrrhe et d'autres aromates, montra le collier et l'anneau d'or, que la mè-
re reconnut pour ceux de sa fiile. Cette vue
un cercueil où il entre à temps marqué et réveilla la douleur de la perte qu'elle avait
-
meurt; que sa chair corrompue produit un faite, elle jeta des cris épouvantables el sup-
ver qui se nourrit de l'humeur de l'animal plia Mâchâtes de l'avertir .quand sa fille re-
mort et se revêt do plumes; qu'ensuite, de- viendrait ; ce qu'il exécuta. — Le père et la
venu plus fort, il prend le cercueil de'son pè- mère la virent et coururent à elle pour l'em-
' Wierup, in Pseudomonnreliiâ (Ue-.v-.on. brasser. Mais Philinnion, baissant les yeux»
PU ii
PHI — a 8"; —
dit avec une contenance morne :
. ,tir « Hé- iliour de l'amour. Telles sont, les mouches can-
las! mon père, et vous, ma mère, vous dé- ltharides avalées dans un breuvage. Un Lyon-
nuisez ma félicité en m'empèchant, par votre nais, i
voulant se faire aimer de sa femme qui
présence importune, de vivre seulement trois 1le repoussait, lui fit avaler quatre de ces in-
jours. Votre curiosité vous sera funeste, car je sectes
i pulvérisés dans un verre de vin du
m'en retourne ou séjour delamorl,el vousme 1Rhône ; il s'attendait à être heureux : il fut-
pleurerez au tant que quandje fus portée en ter- veuf le lendemain. A ces moyens violents on
re pour la
première fois. Mais je vous avertis a' donné le nom de philtres.
que je ne suis pas venue ici sans la volonté Phlégèton . — lleuve d'enfer, qui roulait
des dieux. » — Après ces mots, elle tomba
fui la des torrents de flamme et environnait de tou-
morte ; el son corps exposé sur un lit à
de la maison. On alla visiter tes parts la prison des méchants. On lui attri-
vue de tous ceux buait, les qualités les plus nuisibles. Après un
le lombeau, où l'on ne trouva point son corps,
mais seulement l'anneau de fer el la coupe
cours assez long en sens contraire du Cocyle,
il se jetait comme lui dans l'Àchéron.
que Machales lui avait donnés.
Philosophie hermétique, — Voy. PlKllUE Phrênologie Crânologie , — ail OU
OU
science qui donne les moyens de juger les
PHILOSOPHAIS.
hommes par les protubérances du crâne.Nous
Philotanus, — démon d'ordre inférieur, ne voyons pas, comme quelques-uns l'ont dit,
soumis à llélial.
que la crânologie consacre le matérialisme ,
Philtre, — breuvage on drogue, dont l'ef- ni qu'elle consolide les funestes principes delà
fet prétendu esl de donner de l'amour. Les fatalité. Nous sommes persuadé au contraire
anciens, qui en connaissaient l'usage, invo- que les dispositions prétendues innées se mo-
quaient dans-la confection des philtres les di- difient par l'éducation religieuse surtout par
,
vinités infernales. Il y entrait différents ani- rapport, aux moeurs. Dans les arts on dit bien
maux, herbes ou matières, tels que le poisson que le génie est inné : c'est vrai en partie seu-
appelé remore, certains os de grenouilles, la lement, car il n'y a pas de génie brut qui ail
pierre aslroïleet surtout, l'hippomane. Delrio, produit des chefs-d'oeuvre. Les grands poè-
qui met les philtres au rang des maléfices, tes el les grands peintres ne sont pourtant
ajoute qu'on s'est aussi servi pour les compo- devenus grands qu'à force de travail. Le gé-
ser de rognures d'ongles, de métaux, de rep- nie, a dit Btifibn, c'est la patience; et Socra-
tiles, d'intestins de poissons et d'oiseaux, el te, né vicieux, esl devenu homme de bien. —
qu'on y a mêlé quelquefois des fragments • Avant. Gall el- Spurzheim, les vieux physiolo-
d'ornements d'église. Les philtres s'expli- gistes n'avaient jeté que des idées vagues sur
quent comme les poisons par la pharmacie. la crânologie, ou crânoscopie, ou phroenolo-
— L'hippomane esl le plus fameux de tous les gie, qui esl. l'art déjuger les hommes au mo-
philtres; c'est un morceau de chair noire et ral par la conformation du crâne et ses pro-
ronde, de la grosseur d'une figue sèche, que tubérances. Gall el Spurzheim en firent un
le poulain apporte quelquefois sur le front en système qui, à son apparition , divisa le pu-
naissant. Suivant les livres de secrets magi- blic en deux camps, comme c'est l'usage; les
ques, il fait naître une passion ardente, quand, uns admirèrent et applaudirent ; les autres
étant mis en poudre, il est pris avec le sang doutèrent et firent de l'opposition. Peu à peu
('e celui qui veut se faire aimer. Jean-Bap- on reconnut, des vérités dans les inductions
tiste Porta détaille au long les surprenantes crânologiques des deux Allemands. Le systè-
propriétés de l'hippomane ; il est fâcheux me devint une science ; la médecine légale y
(|o'on n'ait jamais pu le trouver, ni au front recourut; aujourd'hui il y a des chaires de
dn poulain naissant, ni ailleurs. Voy. IIIPPO- crânologie, et peut-être cette science, dont on
MANIÎ.
— Les philtres sont en grand nombre avait commencé par rire, deviendra un auxi-
et pluS ridicules les uns que les autres. Les an- liaire de la procédure criminelle. — On a
.
eiens les connaissaient autant que nous, et on soutenu que l'âme a son siège dans le cor-
rejetait chez eux sur les charmes magiques veau. Dans tonte l'échelle de la création, la
-
? 'es causes d'une passion violente, un amour masse du cerveau el des nerfs augmente on
.;
disproportionné le rapprochement de deux raison de la capacité pour une éducation plus
j coeurs entre qui ,la fortune avait mis une bar- élevée. La gradation a lieu jusqu'à l'homme,
rière ou que les parents ne voulaient point qui, parmi tous les êlres créés, roi de la créa-
^
i; unir.
— 11 y a de certains toniques qui en- tion, est susceptible du plus haut degré d'en-
"intiment
| les intestins, causent la démence ouî noblissement, el à qui Dieu a donné le cer-
>a mort et inspirent
s une ardeur qu'on a prise3 veau le plus parlait el proportionnellement le
PllU — 38 S — •>
Pli 11
plus grand. 11 y a dans l'homme, comme dans femelles que chez les mâles, el si on compare les
f<

les animaux certaines dispositions innées, crânes c des animaux, on le trouvera plus nru
,
L'histoire nous offre plusieurs grands hom- nonce i dans celui du singe que dans tout. au.
mes qui, dès leur tendre jeunesse, ont eu un Ire. l
•—
L'organe de Vamitié et de la fidêlii;,
penchant décidé pour tel art ou telle science. esl ( placé dans la proximité de celui des en-
La plupart, des grands peintres el des poètes Ifants ; il se présente des deux côtés par deux
distingués se sont, livrés aux beaux-arts par protubérances
i arrondies, dirigées vers l'oreil- I
cette inclination que la nature donne à ses fa- le. On le trouve dans les chiens, surtout dan,
1

voris el sont devenus fameux quelquefois le barbet el le basset. L'organe de Y hu-


, —
malgré leurs parents. Ces dispositions peu- meur querelleuse se manifeste de chaque celé
vent, être développées et perfectionnées par par une protubérance demi-globulaire, der-
l'éducation; mais elle ne les donne point, car rière el au-dessus de l'oreille. On le trouve '
les premiers indices de Ces talents commen- bien prononcé chez les duellistes.
— L'organe
cent à se montrer quand lès enfants ne sont du meurtre s'annonce de chaque côté par «ne
pas encore propres à une éducation propre- protubérance placée au-dessus de l'organe
ment dite. — Dans le règne animal , toutes de l'humeur querelleuse, en se rapprochant
les espèces ont des inclinations qui leur sont vers les tempes. On le trouve chez les ani-
particulières: la cruauté du tigre, l'industrie maux carnivores et chez les assassins.

.du castor, l'adresse de l'éléphant, sont dans L'organe de la ruse est indiqué de chaque '
chaque individu de ces espèces, sauf quelques côté par une éminence qui s'élève au-dessus '
Variations accidentelles. —De même qu'il y a du conduit extérieur de l'ouïe, entre les tem- '
dansles hommesetdans les animaux des dispo- pes et l'organe du meurtre. On le rencontre
sitions innées, de même il existe antantd'orga- chez les fripons, chez les hypocrites, chez les

nés rassemblés et placés les uns près des autres gens dissimulés. On le voil aussi chez de sa-
dans le cerveau, qui est le mobile des fonc- ges généraux, d'habiles ministres el chez dos
tions supérieures de'la vie; les organes s'ex- auteurs de romans ou de comédies qui con-
,
priment sur la surface du cerveau par des duisent, finement les intrigues de leurs fictions.
protubérances. Plus ces protubérances sont — L'organe du vol se manifeste de chaque
grandes, plus on doit s'attendre à de gran- côté par une protubérance placée au haut de
des dispositions. Ces organes, exprimés à la tempe, de manière à former
un triangle
la surface du cerveau, produisent nécessai- avec le coin do l'oeil et le bas de l'oreille. On
rement des protubérances à la surface exté- le remarque dans les voleurs et. dans quelque?
rieure du crâne, enveloppe du cerveau depuis animaux ; il esl très-prononcé au crâne de la
sa première existence dans le sein maternel. pie. — L'organe des arts l'orme une voùle
Cette tbèse au reste n'est applicable qu'aux arrondie à côté de l'os frontal, au-dessous île
cerveaux sains en général, les maladies pou- l'organe du vol; il esl proéminent sur lesciïi-
vant faire des exceptions. — Mais il ne faut nes de Raphaël, de Michel-Ange el de Ru--
pas, comme a l'ail Gall, l'appliquer aux ver- bens. — L'organe des tons el de la musique
tus et aux vices, qui seraient, sans mérite si s'exprime par une protubérance à chaqiis
les bosses du crâne les donnaient. Ce serait angle du front, au-dessous de l'organe (les
admettre une fatalité matérielle. S'il esl vrai arts. On trouve ces deux protubérances aux
qu'un voleur ait la protubérance du vol, c'est crânes du perroquet, de la pivoine, du cor-
son mauvais penchant qui peu à peu a fait beau, et de tous les oiseaux mâles chantants;
croître la protubérance en agissant sur le cer- on ne les rencontre ni chez les oiseaux et 1rs
veau. Mais la protubérance antérieure n'est, animaux à qui ce sens manque, ni même
pas vraie. Voici une notice de ce système : chez les hommes qui entendent la musique
L'instinct de propagation se manifeste par avec répugnance. Cet organe est d'une gran-
deux éminences placées derrière l'oreille im- deur sensible chez les grands musiciens, lel?
médiatement au-dessus du cou. Cet organe que Mozart, Gluck, Haydn, Viotti, Boïeldicu,
:

est plus fortement développé chez les mâlesi Rossini, Meyerbeer, etc. — L'organe de lc-
que chez les femelles. — L'amour des enfants; -ducaiion se manifeste par une protubérance
est daiïs la plus étroite union avec ces orga- au bas du front, sur la racine du. nez, entre
nes. Aussi la protubérance qui le donne est- les deux sourcils. Les animaux qui ont '"
elle placée auprès de celle qui indique l'in- crâne droit, depuis l'occiput jusqu'aux yeux,
stinct de la propagation. Elle s'annonce par comme le blaireau sont incapables d'aucune
,
deux éminences sensibles derrière la tète, au- éducation ; el cel organe se développe de pi1*
dessus de la nuque, à l'endroit où se terminei en plus dans le renard, le lévrier, lecanin"'i
la fosse du cou. Elle esl plus forte chez les5 l'éléphant el l'orang-outang,<donl le-crâne »!>'
1M-IU
— 389) — 1MIK
proche le plus des tètes humaines mal orga- de
( la nayacitù se manifeste par un renflement,
nisées. Le rang suprême est. occupé par le oblong
i au milieu du front. — L'organe de la
flâne de l'homme bien constitué. — L'organe force, de l'esprit, se manifeste par deux protu-
du sens des lieux se manifeste extérieurement
,
bérances
i demi-circulaires, placées au-des-
par deux
protubérances placées au-dessus do isous du renflement de
la méditation et sépa-
la racine du nez, à l'os intérieur des sourcils. rées par l'organe de la sagacité. On le trouve
Il indique en général la
capacité de concevoir dans Lesage, Iloile-au , Cervantes, etc. —•
les distances, le penchant pour toutes les L'organe de la bonhomie se manifeste par une
•H'ienres et- arts où il faut observer, mesurer élévation oblongue partant de la courbure du
et établir des rapports d'espace : par exem- front vers le sommet de la tête, au-dessus do
ple, le goût pour la géographie. Tous les voya- l'organe de la sagacité. On le trouve au mou-
geurs distingués ont cet organe, comme le ton au chevreuil et à plusieurs races de
,
prouvent les bustes de Cook, de Colomb et chiens. — L'organe de la piété vraie ou faus-
d'autres. On le trouve aussi chez les animaux se se manifeste par un gonflement au-dessus
eiTcinls. Les oiseaux de passage l'ont plus ou de l'organe de la bonhomie. -— L'organe de
moins, selon le ternie, plus ou moins éloigné l'orgueil et de la fierté se manifeste par une
de leurs migrations. Il esl très-sensible au protubérance ovale au haut de l'occiput. —
crâne de la cigogne. C'est par la disposition L'organe de l'ambition el de la vanité se
de cet organe que la cigogne retrouve l'en- manifeste par deux protubérances placées
droit où elle s'est arrêtée l'année précédente
,
au sommet de la tète el séparées par l'or-
el que, comme l'hirondelle, elle bâtit tous les gane de la fierté. —• L'organe de la pru-
ans son nid sur la même cheminée. — L'or- dence se manifeste par deux protubérances
gane (lu sens des couleurs forme de chaque placées à côté des protubérances de l'ambi-
côte une protubérance au milieu de l'arc des tion, sur les angles postérieurs du crâne. —
sourcils, immédiatement à côté du sens des Enfin, l'organe de la co)is/«?ice ol de la fer-
lieux. Lorsqu'il est porté à un haut degré, il meté se manifeste par une protubérance pla-
forme une voûte particulière. C'est pour cela cée derrière la tète au-dessous de l'organe
,
que les peintres ont toujours le visage 'plus de la fierté. — Ce système du docteur Gall a
jovial; plus réjoui, que les autres hommes, eu de nombreux partisans ; mais il n'a guère
parce que leurs sourcils sont plus arqués vers eu moins d'ennemis. Quelques-uns l'ont com-
le haut. Cet organe, donne la manie des Heurs paré aux rêveries de certains physionomistes,
et le penchant, à réjouir l'oeil par la diversité quoiqu'il ail, en apparence du moins, un ron-
des couleurs qu'elles offrent. S'il esl lié avec dement moins chimérique. On a vu cent l'ois
l'organe du sens des lieux il forme le pay- le grand homme el l'homme ordinaire se res-
,
sagiste. Il parait que ce sens manque aux sembler par les traits du visage, «I. jamais,
animaux, et que leur sensibilité à l'égard do dit-on, le crâne du génie ne ressemble à ce-
certaines couleurs ne provient que de l'irri- lui de l'idiot. Peut-être le docteur Gall a-l-il
tation des yeux. — L'organe du sens des nom- voulu pousser trop loin sa doctrine; et on
bres esl placé également au-dessus de la ca- peut s'abuser en donnant des règles invaria-
vité des yeux à côté du sens des couleurs, bles sur des choses qui ne sont pas toujours
,
dans l'angle extérieur de l'os des yeux. Quand constantes. — Un savant de nos jours a sou-
il existe dans un haut degré il s'élève vers tenu , contre le sentiment du docteur Gall.
,
les tempes un gonflement qui donne à la tôle que les inclinations innées n'existaient point
une apparence carrée. Cet organe esl forte- dans les protubérances du crâne, puisqu'il
ment exprimé sur un buste de Newton, et en dépendrait alors du bon plaisir des sages-
généra! il esl visible chez les grands mathé- femmes de déformer les enfants et de les
,
maticiens. Il esl ordinairement lié aux têtes modeler dès leur naissance en idiots ou en
(les astronomes avec l'organe du sens des génies; mais le.docteur Gall trouve celle ob-
— L'organe de la mémoire a son siège jection risible . parce que , quand même on
lieux.
au-dessus de la partie supérieure el posté- enfoncerait le crâne par exemple à un endroit
rieure de la cavité des yeux. Il presse les où se trouve un organe précieux cet organe
,
yeux en bas et en avant. Beaucoup de comé- comprimé se rétablirait peu à peu de lui —
'liens célèbres ont les yeux saillants par lai même et parce que le cerveau résiste à toute
; ,
disposition de cet organe. Le sens de la pression extérieure par l'élasticité des tendres
— :
méditation se manifeste par un renflementL filets, et qu'aussi long-temps qu'il n'a pas été
;.-
du crâne environ
un demi-pouce sous le bord1 écrasé ou totalement détruit, il fait une-ré-
supérieur du front. On le trouve au buste deî pression suffisante. —Cependant ôlumenbach
soerate el à plusieurs penseurs. écrit que les Caraïbes pressent le crâne do
— L'organe 3
PHV — 3i'0) — l'HY
urs enfants avec une certaine machine, et no r pas chercher à connaître les hommes par
onnent à la tôle la forme propre à ce peuple. Ileur physionomie? On juge tous les jours le
<

,cs naturalistes placent aussi les qualités de ciel c sur sa physionomie. Un marchand an- !
esprit, non dans les protubérances, mais précie ] ce qu'il achète par son extérieur, pa,.
ians la conformation du crâne ; et. plusieurs ssa physionomie — Tels sont les raisonne-
irétendent qu'un soufflet ou une pression au monts i des physionomistes pour prouver la
râne de Corneille venant, de naître, en eût sûreté s de leur science. 11 esl vrai, ajoutenl-
m faire un imbécile. On voit d'ailleurs des ils qu'on peut quelquefois s'y tromper; mais
i
,
rens qui perdent la raison ou la mémoire par une exception ne doit pas nuire aux règles,
i

in coup reçu à la tête. — Au surplus, le .l'ai vu, dit Lavaler, un criminel condamne
locleur Fodéré parle dans sa Médecine légale â la roue pour avoir assassiné son bienfaiteur
;

le voleurs el, de fous sur le crâne desquels et. ce monstre, avaitle visage ouvert et. gracieux
m n'a point remarqué les protubérances du comme l'ange du Guide. 11 ne serait pas im- !
'ol ni celles de la folie. Ajoutons que le crâne possible, de trouver aux galères des tètes de
le Napoléon avait de 1res—mauvaises bosses llé-gulus, el des physionomies de vestales dans ,
pii ont fort intrigué les phrénologistes. une maison de force. Cependant le physiono-
Phylactères, — préservatifs. LesJuifspor- miste habile distinguera les traits, quoique I
aienl à leurs manches et à leur bonnet des presque imperceptibles, qui annoncent le viee
landes de parchemin sur lesquelles étaient et la dégradation. — Quoi qu'il en soit de la
icrits des passages de la loi ; ce que Notre- physiognomonie, on voici les principes, tan-
"eigneur leur reproche dans saint Matthieu tôt raisonnables tantôt forcés: le lecteur en
,
;hap. 23. Leurs descendants suivent, la môme , prendra ce qu'il voudra. —La beauté morale
iratique et se persuadent, que ces bandes ou est ordinairement en harmonie avec la beauté
ihylaclères ,
sont.des amulettes qui les préser- physique. ( Socralc cl cent mille autres prou-
vent de tout danger, el surtout qui les gardent vent le contraire. ) Beaucoup de personnes
:onlre l'esprit, malin. — Des chrétiens ont. fait gagnent, à mesure qu'on apprend à les. con-
naître,
jsage aussi de paroles écrites ou gravées, mier quoiqu'elles vous aient déplu au pre-
?omme de phylactères et. préservatifs. L'Église aspect. 11 faut qu'il y ait. entre elles el
toujours condamné cel abus. Vo;/. Asiu- vous quelque point de dissonance, puisque,
i
(lu premier abord ce qui devait vous rappro-
,15'ITIiS. ,
cher ne vous a point, frappé. Il faut aussi qu'il
Phyllorhodomancifl, •— divination par les ail entre vous quelque rapport secrel, puis-
êuilles de roses. Les Grecs faisaient claquer y
que, plus vous vous voyez, plus vous vous
'ur la main une feuille do rose, et jugeaient, convenez. Cependant faites attention au pre-
par le son, du succès de leurs voeux. mier mouvement d'instinct que vous inspire
JPhysïognomonie , •— art de juger les houi- une nouvelle liaison. —Tout homme dont la
lles par les traits du visage, ou talent de figure, dont la bouche, dont la démarche,
L'onnailre l'intérieur de l'homme par son ex- dont, récriture est de travers, aura dans sa
térieur. •— Cette science a eu plus d'ennemis façon de penser, dans son caractère, dans
que de partisans, elle ne paraît pourtant ri- ses procédés, du louche, de l'inconséquence,
dicule que quand on veut la pousser trop loin. de la partialité, du sophistique, delà faus-
Tons les visages, toutes les formes, tous les seté, de la ruse du caprice, des contradic-
.
êtres créés différent entre eux, non-seulement, tions, de la fourberie, une imbécillité dure
dans leurs classes, dans leurs genres, clans et froide. — La tète est la plus noble partie
leurs espèces, mais aussi dans leur individua- du corps humain, le siège de l'esprit, et des
lité. Pourquoi celte diversité de formes ne facultés intellectuelles. ( Le docteur Van llcl-
serait-elle pas la conséquence de la diversité mont plaçait les facultés intellectuelles dans
des caractères ou pourquoi la diversité des l'estomac. ) Une tète qui esl en proportion avec
,
caractères ne serait-elle pas liée à celle diver- le reste du corps, qui paraît telle au premier
sité déformes? Chaque passion chaque sens, abord, qui n'est ni trop grande ni trop petite,
,
choque qualité prend sa place dans le corps annonce un caractère d'esprit plus parfait
de tout être créé ; la colère enfle les muscles : qu'on n'en oserait, attendre d'une tète dispro-
les muscles enflés sont donc un signe de co- portionnée. Trop volumineuse elle indique
,
lère?... Des yeux pleins de feu, un regardI presque toujours la grossièreté; trop petite-!
aussi prompt que l'éclair, el un esprit, vif elI elle esl un signe de faiblesse. Quelque pro-
pénélrnnlse retrouvent cent fois ensemble. Uni porlionnée que soit la tèle au corps, il Ci"1'
oeil ouvert et serein se rencontre mille fois3 encore qu'elle ne soit ni trop arrondie ni trop
avec un coeur franc et- honnête. — Pourquoii allongée : plus elle est. régulière , et plus elle
PU Y ot)ï — iMiir
„st.
parfaite. On peut appeler bien organisée généralement
i un tempérament délicat, san-
celle dont, la hauteur perpendiculaire, prise guin-ilegmalique. Les cheveux roux caracté-
depuis l'extrémité de l'occiput jusqu'à la risent, dit-on un homme souverainement
,
du nez, esl égale à sa largeur hori- bon souverainement méchant. —Les che-
pointe , ou
zontale. Une tète trop longue annonce un veux lins marquent la timidité ; rudes ils an-
homme de peu de sens, vain, curieux, en- noncent le courage (Napoléon les avait très-
vieux el crédule. La tôle penchée vers la fins), ce signe caractéristique esl du nombre
icri'C esl la marque d'un homme sage, con- de ceux qui sont communs à l'homme el aux
fiant dans ses entreprises. Une tète qui animaux. Parmi les quadrupèdes, le cerf, le
tourne de tous côtés annonce la présomption, lièvre, et la brebis, qui sont au rang des plus
la médiocrité, le mensonge, un esprit pervers, timides, so distinguent particulièrement des
lé>er, el un jugement faible. — On peuldiviser autres par la douceur de leur poil ; tandis que
le visage en trois parties, dont la première la rudesse de celui du lion et du sanglier répond
s'étend depuis le front jusqu'aux sourcils; la au courage qui fait leur caractère. En appli-
tccondo depuis les sourcils jusqu'au bas du quant, ces remarques à l'espèce humaine, les
nez; la troisième depuis le bas du nezjusqu'à
habitants du nord sont, ordinairement très-
l'extrémité de l'os du menton. Plus ces trois courageux, et ils ont la chevelure rude; les
étages sont symétriques, plus on peulcompter Orientaux sontbeaucoup plus timides, el leurs
sur la justesse de l'esprit et sur la régularité
cheveux sont plus doux. Les cheveux crépus
du caractère en général. Quand il s'agit d'un marquent un homme de dure conception.Ceux
visage dont l'organisation esl extrêmement qui ont beaucoup de cheveux sur les tempes
forle ou extrêmement délicate, le caractère et sur le front sont, grossiers et orgueilleux.—
peut être apprécié plus facilement par le profil Une barbe fournie et, bien rangée annonce un
que par la face. Sans compter que le profil se homme d'un bon naturel et d'un tempérament
prèle, moins à la dissimulation, il offre des raisonnable. L'homme qui a la barbe claire
lignes plus vigoureusement, prononcées, plus el mal disposée tient plus du naturel el des
précises, plus simples, plus pures; par con- inclinations de la femme que de celles do
séquent la signification en est aisée à saisir; l'homme. •— Si la couleur delà barbe diffère
nu lieu que souvent les lignes de la face en de celle des cheveux, elle n'annonce- rien de
plein sont, assez difficiles à démêler. Un beau bon. De môme, un contraste frappant entre la
profil suppose toujours l'analogie d'un carac- couleur de la chevelure el la couleur des
tère distingué. Mais on trouve mille profils qui, sourcils peut inspirer quelque défiance —
•sans être beaux, peuvent admettre la supé- Le front, de tontes les parties du visage, est
riorité du caractère. Un visage charnu annonce la plus importante el. la plus caractéristique.
une personne timide, enjouée, crédule et Les fronts vus de profil, peuvent se réduire
,
présomptueuse.Un homme laborieux a souvent à trois classes générales. Ils sont ou penches
le visage maigre. Un visage qui sue à la en arrière, ou perpendiculaires, ou proémi-
moindre agitation annonce un tempérament nents. Les fronts penchés on arrière indiquent,
chaud, un esprit vain et grossier, un penchant en général de l'imagination, de l'esprit et do
à la gourmandise.
— Les cheveux offrent des la délicatesse. —Une perpendiculaire com-
indices multipliésdu tempéramentdel'honime, plète, depuis les cheveux jusqu'aux sourcils,
(le son énergie, de sa façon de sentir, et aussi est. le signe d'un manque total d'esprit. Une
(le ses facultés spirituelles. Ils n'admettent pas forme perpendiculaire, qui so voûte insensi-
la moindre dissimulation;ils répondent à notre blement parle haut, annonce un esprit capable
constitution physique, comme les plantes et de beaucoup de réflexion, un penseur rassis
les fruits répondent au terroir qui les produit. et profond. Les fronts proéminents appartien-
'e suis sûr. dit Lavaler, que par l'élasticité nent à des esprits faibles et bornés, et qui no
des cheveux on pourrait juger de l'élasticité parviendront jamais à une certaine maturité.
du caractère ( très-fréquemment démenti ). Plus le front esl allongé, plus l'esprit est dé-
bes cheveux longs, plats, disgracieux n'an- pourvu d'énergie cl manque de ressort. Plus
,
noncent rien que d'ordinaire. Les chevelures il esl serré, court el compacte plus le carac-
,
d'un jaune doré, ou d'un blond tirant sur le tère est concentré, ferme el solide — Pour
hrnn, qui reluisent doucement, qui se roulent qu'un front soit heureux, parfaitement beau
facilement et agréablement, sonllesc/ieuel
i ures et d'une expression qui annonce à la fois la
nnbks (en Suisse, patrie de Lavatcr). Des richesse du jugement et la noblesse du carac-
cheveux noirs, plats, épais et gros dénotent tère, il doit se trouver dans la plus exacte
-
l'eu d'esprit, mais de l'assiduité et de l'amour proportion avec le reste du visage. Exempt
) 'le l'ordre. Les cheveux blonds annoncent de toute espèce d'inégalités et, de rides per~
Pli Y — 31)2 — Pli Y
manentês, il doit pourtant en être susceptible; de beauté chez les Arabes, tandis que les "
i
mais alors il ne se plissera que dans les mo- anciens physionomistes y attachaient l'idée '
i
îhenls d'une méditation sérieuse dans un d'un caractère sournois. La première de ces
,
mouvement de douleur ou d'indignation. Il deux opi nions est fausse, la seconde exa .lérée '
doit reculer par le haut La couleur de la peau car on trouve souvent ces sortes de sourcils '-

doit, en être plus claire que celle des autres aux physionomies les plus honnêtes et, les plus
parties du visage. Si l'os de l'oeil est. saillant, aimables. Les sourcils minces son tu ne marque 1'
c'esl le signe d'une aptitude singulière aux infaillible de flegme el. de faiblesse; ils diuii- |
travaux de l'esprit, d'une sagacité extraor- nuenl. la force el la vivacité du caractère dans ï
dinaire pour les grandes eut reprises. Mais sans un homme énergique. Anguleux et entre- t.
cet angle saillant, il y a des tètes excellentes, coupés, les sourcils dénotent l'activité d'un '
qui n'en ont que plus de solidité lorsque lo- esprit productif.—Plus les sourcils s'appro-
bas du front s'affaisse, comme un mur per- chent des yeux, plus le caractère est sérieux,
pendiculaire, sur des sourcils placés horizon- profond et solide. Une grande distance de
talement, el. qu'il s'arrondit et se voùle im- l'un à l'antre annonce une âme calme el Iran- ''
perceptiblement, des deux côtés, vers les quille. Le mouvement des sourcils est d'une
tempes. — Les fronts courts, ridés, noueux, expression infinie; il sert principalement à |

irréguliers, enfoncés d'un côté, éehanerés, ou marquer les passions ignobles l'orgueil, la
,
qui se plissent, toujours différemment, ne sonl colère, le dédain. Un homme sourcilleux esl.
pas une bonne recommandation, el ne doivent un être méprisant, el méprisable — C'esl
pas inspirer beaucoup de confiance. Les fronts surtout dans les yeux, dit. Bull'on, que se pei-
carrés, donl les marges latérales sont encore gnent les nuages de nos secrètes agitations,
assez spacieuses, et dont l'os de l'oeil est en elqu'on peut les reconnaître; l'oeil appartient à
même temps bien solide, supposent un grand l'àme plus qu'aucun autre organe; il semble
fonds de sagesseet.de courage. Tous les phy- y toucher et participer à tous ses mouvements;
sionomistes s'accordent sur ce point. Un front il en exprime les passions les plus vives el les
très-osseux et. garni de beaucoup de peau émotions les plus tumultueuses, comme les
annonce un naturel acariâtre el querelleur... sentiments les plus délicats; il les rend dans
-—Un front élevé, avec un visage long et toute leur force, dans toute leur pureté, tels
pointu vers le menton, est un signe de fai- qu'ils viennent de naître; il les transmet par
blesse. Des fronts allongés, avec une peau ries traits rapides.—Les yeux bleus annoncent
fortement tendue et très-unie, sur lesquels on plus de faiblesse que les yeux bruns ou noirs.
n'aperçoit, même à l'occasion d'une joie peu Ce n'est pas qu'il n'y ait des gens très-éner-
commune, aucun pli doucement animé. sont giques avec des yeux bleus, mais, sur la
toujours l'indice d'un caractère froid, soup- lolalilé, les yeux bruns sont l'indice plus or-
çonneux, caustique, opiniâtre, fâcheux, rem- dinaire d'un esprit, mâle; tout comme le génie,
pli de prétentions, rampant el vindicatif. Un proprement dit, s'associe presque toujours des
front qui du haut, penche en avant, et s'enfonce yeux d'un jaune tirant sur le brun — Les
vers l'oeil est, dans un homme fait, l'indice gens colères ont des yeux de différentes cou-
d'une imbécillité sans ressource.—Au-dessous leurs rarement, bleus plus souvent bruns ou
, ,
du front commence sa belle frontière le sour- verdâlres. Les yeux de cette dernière nuance
,
cil arc-en-ciel de paix dans sa douceur, arc sont, en quelque sorte, un signe dislinctil (le
,
tendu de la discorde lorsqu'il exprime le vivacité et de courage. On ne voit presque
courroux. Dos sourcils doucement arqués jamais des yeux bleu-clair à des personnes
s'accordent avec la modestie et la simplicité. colères Des yeux qui forment un angle al-
Placés en ligne droite et horizontalement, ils longé, aigu el pointu vers le nez, appartien-
se rapportent à un caractère mâle et vigou- nent à des personnes, ou très-judicieuses, on.
reux. Lorsque leur forme estmoiliéhorizontale très-fines. Lorsque la paupière d'en haut dé-
el moitiécourbée, la force de l'esprit,se trouve crit un plein cintre, c'est la marque d'un boa
réunie à une bonté ingénue. Dessourcils rudes naturel el de beaucoup de délicatesse, quel-
et en désordre sont toujours le signe d'une quefois aussi d'un caractère timide. Quand la
vivacité intraitable; mais celte même confu- paupière se dessine presque horizontalement
sion annonce un feu modéré si le poil est fin. sur l'oeil et coupe diamétralement la prunelle,
Lorsqu'ilssont épais et compactes, que les poils elle annonce souvent un homme très-adroit,
sonl couchés parallèlement, et pour ainsi dire très-rusé; mais il n'est pas dit pour cela que
tirés au cordeau, ils promettent un jugement celle forme de l'oeil détruise la droiture du
mûr el solide, un sens droit et rassis. Des coeur.— Des yeux très-^grands, d'un bleu
sourcils qui sëjoignent passaient, pour un Irait fort-clair et vus de- profil presque traiisp»-
,
Pli Y. — 31)3
1)3
— Pli Y
,„!-:, annoncent toujours
mie conception l'a- maisi il faut, que cette largeur soit un peu plus
..a,,,, étendue,
mais en môme temps un ca- sensibles vers le milieu. Le bout, ou la pomme
i-aclère extrêmement sensible , difficile à du
( nez ne sera ni dure ni charnue. De face,
manier, soupçonneux,jaloux , susceptible de iil faut que les ailes du nez se présentent dis-

prévention. — De petits yeux noirs, élince- tinctement,


i et- que les narines se raccourcis-
liints, sous des sourcils noirs el touffus, qui sent agréablement au-dessous. Dans le profil,
>.

•mraissent s'enfoncer lorsqu'ils sourient mali- le bas du nez n'aura d'étendue qu'un tiers de
l'iicnient, annoncent de la ruse, des aperçus sa hauteur. Vers le haut, il joindra do près
profonds, un esprit d'intrigue et de chicane. l'arc de l'os de l'oeil; et, sa largeur, du côlé
Si de pareils yeux ne sont pas
accompagnés de l'oeil, doit être au moins d'un demi-pouce.
d'une bouche moqueuse, ils désignent un esprit —Un nez qui rassemble toutes ces perfections
froid et pénétrant, beaucoup de goût, do exprime tout ce qui peut s'exprimer. Cepen-
l'éfeance, de la précision, plus de penchant dant nombre de gens du plus grand mérite ont
à l'avarice qu'à la générosité — Des yeux louez difforme; mais il faut différencier aussi
grands, ouverts, d'une clarté transparente, et. l'espècede mérilequi lesdislingue. Un petit-nez.
dont le l'eu brille avec une mobilité rapide échancré en profil, n'empêche pas d'êlre hon-
dans (les paupières parallèles, peu larges el. nête et. judicieux mais ne donne point le
feilement dessinées, réunissentees caractères : génie. Des nez qui, se courbent au haut de la
une pénétration vive , de l'élégance et du racine conviennent a des caractères impérieux,
»ùùt, un tempérament colère, de l'orgueil. appelés à commander, à opérer de grandes
Des yeux qui laissent, voir la prunelle tout, choses, fermes dans leurs projets et ardents
entière, et sous la prunelle encore plus oui à les poursuivre. Les nez perpendiculaires
moins de blanc, sont dans un état de tensioni ( c'est-à-dire qui approchent de cette forme,
ijiii n'est pas naturel, ou n'appartiennent qu'ài car, dans toutes ses productions, la nature
ces hommes inquiets, passionnés, à moitié; abhorre les lignes complètement droites )
l'eus; jamais à des hommes d'un jugementl tiennent le milieu entre les nez éehanerés et,
sain, mûr, précis, et qui méritent confiance. les nez arqués ; ils supposent une âme qui sait,

Certains yeux sonl Irès-ouverls, très-lni- agir el souffrir tranquillement et avec énergie.
sanls,avec des physionomies fades ; ils an- — On nez dont l'épine esl large , n'importe
noncent de; l'entêtement, delà bêtise unie ài qu'il soit, droit ou courbé, annonce toujours
des prétentions.
— Les gens soupçonneux , des facultés supérieures. Mais colle forme esl
emportés, violents, ont souvent les yeux en- très-rare. La narine petite esl le signe certain
foncés dans la têle, et la vue longue et éten- i- d'un esprit timide, incapable de hasarder la
due. Le fou l'étourdi, ont, souvent les yeux x moindre entreprise. Lorsque les ailes du nez
,
hors de la tête. Le fourbe a, en parlant, les :s sont bien dégagées, bien mobiles, elles déno-
paupières penchées el le regard en dessons. s. tenl une grande délicatesse de "sentiment, qui
Les gens fins et rusés ont coutume de tenir un n peut dégénérer en sensualité. Où vous ne
d'il et quelquefois les deux yeux à demi fer- trouverez pas une petite inclinaison , une e--
més. C'esl un signe de faiblesse. En effet, on
- pèce (renfoncement dans le passage du front
m
voit, bien rarement un homme bien énergique le au nez, à moins que le nez ne soit fortement
•l'ii soit rusé : notre méfiance envers les autres
3S recourbé, n'espérez pas découvrir le moindre
iialL du peu do confiance que nous avons en ;n caractère de grandeur. — Les hommes dont
nous. — Les anciens avaient raison d'appeler er le nez penche extrêmement vers la bouche
le nez honcslameidum fieiei. Un beau nez ne ic ne sont jamais ni vraiment bons, ni vraiment,
s'associe jamais avec un visage difforme. On )n gais, ni grands, ni nobles: leur pensée s'al-
peut être laid el avoir de beaux yeux mais lis tache toujours aux choses de la terre; ils sont
,
"n nez régulier exige nécessairement une ne réservés, froids, insensibles, peu communi-
heureuse analogie des autres traits; aussi ssi catifs, onl ordinairement l'esprit malin; ils
voil-on mille beaux yeux contre un seul nez ez sont hypocondres ou mélancoliques. — Les
parfait en beauté; et là où il se trouve, il peuples tnrtares onl généralement le nez plat
!' -appose toujours un caractère distingué : Non on et enfoncé ; les nègres d'Afriquel'ont camard ;
''Uiquam datum esl habere nusum.
— Voici,
M, les .luifs, pour la plupart, aquilin ; les An-
''après les physionomistes, ce qu'il faut pourlur glais, cartilagineux et rarement pointu. S'd"
'a conformation d'un faut en juger par les tableaux et les portraits,
nez parfaitement, beauu :
; Kl longueur doit être égale à celle du front; il; les beaux nez ne sont pas communs parmi les
d doit avoir
y une légère cavité auprès de sa Hollandais. Chez les Italiens, au contraire , ce
racine. Vue par devant, l'épine du nez doit oit trait esl dislinclif. Enfin, il esl absolument
('Ire large el is, caractéristique. pour les hommes célèbre,s-de
presque parallèle des deux côtés,
PU Y — 39 'i — PU Y i
la France et de la Belgique. —Des joues char- esprit appliqué, de l'exactitude et de la pro- f
nues indiquent l'humidité du tempérament. prêté, mais aussi de la sécheresse de coeur I
Maigres et rêlrécies, elles annoncent la sé- Si elle remonte, en môme temps, aux deux I
cheresse des humeurs. Le chagrin les creuse; extrémités, elle suppose un fond d'affectation i
la rudesse el la hètise leur impriment des et de vanité. Des lèvres rognées inclinent à la I
sillons grossiers; la sagesse, l'expérience et timidité et à l'avarice. —Une lèvre de dessus
la finesse d'esprit les enlrecoupenl de traces qui déborde un peu esl la marque distînetive i
légères et doucement ondulées. — Certains de la bonté ; non qu'on puisse refuser ahso- l
enfoncements, plus ou moins triangulaires, lumenl celte qualité jà la lèvre d'en bas qui f
qui se remarquent quelquefois dans les joues, avance; mais, dans ce cas on doit s'allen- l
,
sont le signe infaillible de l'envie ou de la dre plutôt à une froide et sincère bonhomie
jalousie. Une joue naturellement gracieuse, qu'au sentiment d'une vive tendresse. Une >

agitée par un doux tressaillement, qui la relève lèvre inférieure qui se creuse au milieu n'ap-
vers les yeux . esl le garant d'un coeur sen- partient qu'aux esprits enjoués. Regarde/,
sible. Si, sur la joue qui sourit, on voit se attentivement un homme gai dans le moment
former trois lignes parallèles el circulaires, où il va produire, une saillie le centre de sa
,
comptez dans ce caractère sur un fond de lèvre ne manquera jamais de se baisser el de
folie. — L'oreille, aussi bien que les autres se creuser un peu. Une bouche bien close, si
parties du corps humain, a sa signification toutefois elle n'est pas affectée et pointue,
déterminée ; elle n'admet pas le moindre dé- annonce le courage; cl dans les occasions où
guisement; elle a ses convenances et une il s'agit d'en l'aire preuve, les personnes môme
analogie particulière avec l'individu auquel qui ont. l'habitude de tenir la bouche ouverte
elle appartient. Quand le bout de l'oreille esl la ferment ordinairement. Une bouche béante
dégagé., c'est un bon augure pour les facultés est. plaintive une bouche fermée souffre avec
intellectuelles. Les oreilles larges et dépliées patience. — , La bouche, dit Le Brun, dans
annoncent l'effronterie , la vanité, la faiblesse sou Traité des passions , est. la partie qui, de
du jugement. — Les oreilles grandes el. grosses tout, le visage, marque lo plus particulière-
marquentun homme simple, grossier, stupide. ment les mouvements du coeur. Lorsqu'il se
Les oreilles petites dénotent la timidité. Les plaint, la bouche s'abaisse par les côtés;
oreilles trop repliées et entourées d'un bour- lorsqu'il est. content, les coins de la bouche
relet mal dessiné n'annoncent rien de bon s'élèvent on haut; lorsqu'il a de l'aversion, la
quant à l'esprit el aux talents. Une oreille bouche se pousse en avant el s'élève par le
moyenne, d'un contour bien arrondi, ni trop milieu. •— Tonte bouche qui a deux fois la
épaisse, ni excessivementmince, ne se trouve largeurdo l'oeil cslla bouche d'un sol; j'entends
guère que chez des personnes spirituelles , la largeur de l'oeil prise do son extrémité vers
judicieuses, sages et distinguées. —La bouche le nez jusqu'au bout, intérieur de son orbite,
est l'interprète de l'esprit el du coeur: elle les deux largeurs mesurées sur le même plan.
réunit, dans son état de repos et dans la — Si la lèvre inférieure, avec les dents, dé-
variété infinie de ses mouvements, un monde passe horizontalement la moitié de la largeur
de caractères. Elle est éloquente jusque dans de la bouche vue de profil, comptez suivant
,
son silence. On remarque un parfait rapport l'indicationdes nutresnuancesde physionomie,
entre les lèvres et le naturel. Qu'elles soient sur un de ces quatre caractères isolés , ou sur
fermes, qu'elles soient molles et mobiles, le tous les quatre réunis, bêtise rudesse, ava-
,
caractère est toujours d'une trempe analogue. rice , malignité. De trop grandes lèvres quoi-
,
De grosses lèvres bien prononcées et bien que bien proportionnées, annoncent toujours
proportionnées, qui présentent des deux côtés un homme peu délicat, sordide ou sensuel,
la ligne du milieu également bien serpentée quelquefois même un homme stupide ou mé-
et facile à reproduire au dessin, de telles chant,. — Une bouche, pour ainsi dire, sans
lèvres sonl incompatibles avec la bassesse ; lèvres, dont la ligne du milieu esl fortement
elles répugnent aussi à la fausseté el à la tracée, qui se retire vers le haut, aux doux
méchanceté. — La lèvre supérieure caracté- extrémités, el dont la lèvre supérieure, vue
rise le goût. L'orgueil el la colère la courbent; de profil depuis le nez, parait arquée; une
la finesse l'aiguise; la bonté l'arrondit; lei pareille bouche ne se voit guère qu'à des
libertinage l'énervé et, la flétrit. L'usage de le avares rusés, actifs, industrieux, froids, durs,
[
lèvre inférieure est de lui servir de support flatteurs et polis, mais atterrants dans leurs
Une bouche resserrée, dont la fente court eri refus. —Une petite bouche, étroite, sous do
ligne droite, et où le bord des lèvres ne parait petites narines, et un front.elliptique, esl toa-
pas, est l'indice certain du sang-froid, d'mi jours peureuse, timide à l'excès, d'une vanité
PUY —-
395 -—
PHY
nuérile, el s'énonce avec difficulté. S'il se ilnfaillible de la stupidité, tandis qu'un cou
1:lien proportionné esl une recommandation
joint à colla bouche de grands yeux saillants,
(roubles, un menton osseux, oblong, el sur- i rrécusable pour la solidité du caractère. Le
tout si la bouche se tient habituellement ou- c:ou long et la tête haute sont quelquefois le
verte, soyez encore plus sûr de l'imbécillité signé de l'orgueil et de la vanité. Un cou rai-
d'une pareille tète. — Les dents pelites el. slonnablemenl épais et un peu court ne s'as-
courtes sont regardées, par les anciens phy- s•ocie guère à la tète d'un fat ou
d'un sot. Ceux
sionomistes, comme le signe d'une constitution ( pii onl le cou
mince, délicat et allongé sont
faible. De longues dents sont, un indice de limides comme le cerf, au sentiment d'Aris-
timidité. Les dents blanches, propres et bien I ote ; el ceux qui ont le cou épais el court ont
rangées, qui, au moment où la bouches'ouvre, i:1e l'anale
ie avec le taureau irrité. Mais les
paraissent s'avancer sans déborder, et qui ne ianalogies sont fausses, pour la plupart, dit
se montrent pas
toujours entièrement à dé- Lavalcr, el jetées sur le papier sans que
couvert, annoncent dans l'homme fait un es- l'esprit d'observation les ail dictées. — Il y a
prit doux el poli, un coeur bon cl honnête. autant de diversité et de dissemblance entre
Ce n'est pas qu'on ne puisse avoir un caractère les formes des mains qu'il y en a entre les
Irès-eslimable. avec des dents gâtées, laides physionomies. Deux visages parfaitement res-
ou inégales; mais ce dérangement physique
semblants n'existent nulle part; de même vous
provient, la plupart du temps, de maladie ou ne rencontrerez pas , chez deux personnes
de quelque mélange d'imperfection morale.— différentes-, deux mains qui se ressemblent.—
Celui qui a les dents inégales est envieux. Les Chaque main dans son état naturel, c'est-à-
,
dents grosses, larges cl fortes, sont la marque dire abstraction l'aile des accidents extraor-
d'un tempérament fort, el promettent une dinaires, se trouve en parfaile analogie avec
longue vie, si l'on en croit Arislote. — Pour les corps dont elle fait partie. Les os, les
èlro en belle proportion, dit Herder, le men- nerfs, les muscles, le sang et la peau de la
ton ne doit être ni pointu, ni creux, mais main ne sont, que la continuation des os, des
uni. Un menton avancé annonce toujours quel- nerfs, des muscles, du sang et de la peau du
que chose de positif, au lieu que la significa- reste du corps. Le même sang circule dans le
tion du menton reculé est toujours négative. coeur, dans la tète el dans la main. —La
Souvent le caractère de l'énergie ou de la main contribue donc, pour sa part, à faire
non-énergie do l'individu so manifeste unique- connaître le caractère de l'individu ; elle esl,
ment par le menton. — 11 y a trois principales aussi bien que les autres membres du corps ,
sortes de menions : les mentons qui reculent, un objet de physiognomonie, objet d'autant
ceux qui, dans le profil, sonl en perpendicu- plus significatif el d'autant jilus frappant que
laire avec la lèvre inférieure, el ceux qui la main ne peut pas dissimuler, el que sa
débordent la lèvre d'en bas, ou, en d'autres mobilité la trahit à chaque instant. Sa posi-
termes, \ps menions pointus. Le menton re- tion la plus tranquille indique nos dispositions
culé, qu'on pourrait, appeler hardiment le naturelles; ses flexions, nos actions et nos
menton féminin, puisqu'on le retrouve presque passions. Dans tous ses mouvements, elle suit
à toutes les personnes de l'autre sexe, fait, l'impulsion que lui donne le reste du corps.—
toujours soupçonner quelque côté faible. Les Tout le monde sait que des épaules larges,
mentons de la seconde classe inspirent la con- qui descendent insensiblement, et qui ne re-
fiance. Ceux de la troisième dénotent un esprit montent pas en pointes, sont un signe do santé
actif et délié, pourvu qu'ils ne fassent pas et de force. Des épaules de travers influent
anse, car celte forme exagérée conduit ordi- ordinairement aussi sur la délicatesse de la
nairement à la pusillanimité et à l'avarice. complexion; maison dirait qu'elles favorisent
—Une forte incision au milieu du menton la finesse et l'activité de l'esprit, l'amour de
semble indiquer un homme judicieux, rassis l'exactitude et de l'ordre. — Une poitrine large
! et résolu à moins que ce trait ne soit démenti el carrée, ni trop convexe ni trop concave,
, ,
; l'ar d'autres traits contradictoires. Un menton suppose toujours des épaules bien constituées,
pointu passe ordinairement pour le signe de et fournil les mêmes indices. Une poitrine
;
la ruse. Cependant
on trouve celte forme chez plate , et pour ainsi dire creuse , dénote la
les personnes les plus honnêtes la
; ruse n'est faiblesse du tempérament. — Un ventre gros
i «'ors qu'une bonté raffinée.
— Cet entre-deux et proéminent incline bien plus à la sensualité
l'e la tète et de la poitrine, qui tient de l'une et à la paresse qu'un ventre plat et rétréci.
5
i ft de l'autre, est significatif comme tout ce On doit attendre plus d'énergie et d'activité,
| qui a rapport à l'homme. Nous connaissons plus de flexibilité d'esprit et de finesse, d'un
| certaines espèces de goitres qui sont le signe tempérament sec., que d'un corps surchargé
PII Y — 396 — P A- i
d'embonpoint, 11 se trouve cependant, des gens ligne que forme la bouche de la vache et du
I
f
d'une taille effilée, qui sont excessivement boeuf i est l'expression de l'insouciance, de la X

lents, et paresseux ; mais alors le caractère de stupidité cl de l'entêtement. Le cerf et \>


i l;l
leur indolence reparait dans le bas du visage. biche: timidité craintive, agilité, attention P
Les gens d'un mérite supérieur ont ordi- douce et paisible innocence La ressem- s'
—-
nairement, les cuisses maigres... Les pieds blance de l'aigle annonce une force viclo- \

plats s'associent rarement avec le génie...— rieuse. Son oeil élincelaiil a (oui le feu d0 j:
Des ressemblances entre l'homme et les ami- l'éclair. Le vautour a plus de souplesse et en E
maux. — Quoiqu'il n'y ail aucune ressem- même temps quelque chose, de moins noble. !(
blance proprement dite entre l'homme et. les Le hibou esl plus faible, plus timide que le |
animaux, selon la remarque d'Aristole, il vautour. Le perroquet : affectation do force, S:

peut, arriver néanmoins que certains traits du aigreur et babil, etc. Toutes ces sortes de i:
visage humain nous rappellent l'idée de quel- ressemblances varient à l'infini; mais elles S:

que animal. — Porta a été plus loin , puisqu'il sont difficiles à trouver. — Tels sonl les priu- |>
a trouvédanschaque figure humaine la ligure cipes de physiognomonie, d'après Arisfole, l
d'un animal ou d'un oiseau et, qu'il juge les Albert-le-Grand, Porta, etc.; mais principa-
,
hommes par le naturel de l'animal dont ils por- lement, d'après L'ivaler, qui a le plus écrit
tent les traits. Le singe, le cheval et l'éléphant sur celle matière, el qui du moins a mis quel- *

sonl lesanimaux qui ressemblent le plus à l'es- quefois un grain de bon sens dans ses essais.— !
pèce humaine, par le contour de leurs profils el 11 parle avec sagesse lorsqu'il traite des mou- j
do leur face. Les plus belles ressemblances vementsdu corps el du visage, des gestes et j

sont, celles du cheval, du lion du chien de des parties mobiles, qui expriment, sur la j
, ,
l'éléphant et de l'aigle. -— Ceux qui ressem- figure de l'homme, ce qu'il sent intérieure-
blent, au singe sont, habiles, actifs, adroits, ment et. au moment où il le seul. Mais com-
rusés, malins, avares el quelquefois méchants. bien il exlravague aussi lorsqu'il veut décidé-
La ressemblance du cheval donne le courage ment, trouver du génie dans la main! 11 juge
et lu noblesse de l'âme —Un front comme les femmes avec une injustice extrême.—Tant
celui de l'éléphant annonce la prudence el que la physiognomonie apprendra à l'homme
l'énergie. Un homme qui, par le nez el le à connaître la dignité de l'être que Dieu lui a
front, ressemblerait au profil du lion ne serait donné celte science quoique en grande
, , ,
certainement pas un homme ordinaire ( la face partie hasardeuse, méritera pourtant quelques
du lion porte l'empreinte de l'énergie, du éloges, puisqu'elle aura un but. utile el loua-
calme el. de la force); mais il esl. bien rare ble. Mais lorsqu'elle dira qu'une personne
que ce caractère puisse se trouver en plein sur constituée de telle sorte est vicieuse de sa na-
une face humaine. La ressemblance du chien ture; qu'il faut la fuir el s'en délier, etc.:
annonce la fidélité, la droiture el un grand que quoique celle personne présente un ex-
appélil '. Celle du loup, qui en diffère si peu, térieur séduisant et un air plein de boulé el
dénote un homme violent, dur, lâche, féroce, de candeur, il faut toujours l'éviter, parce
passionné, traître et sanguinaire. Celle du que, son naturel est affreux, que son visage
renard indique la petitesse, la faiblesse, la l'annonce et. que le signe en est certain , im-
ruse el la violence.— La ligne qui partage le muable , la physiognomonie sera une science
museau de l'hyène porte le caractère d'une abominable, qui établit, le fatalisme. — On a
dureté inexorable. La ressemblance du tigre vu des gens assez infatués de cette science
annonce une férocité gloutonne. Dans les yeux pour se donner les défauts que leur visage
et le mufle du tigre, quelle expression.de per- portail nécessairement., el devenir vicieux, en
fidie! La ligne que forme la bouche du lynx quelque sorte, parce que la fatalité de leur
el du tigre est l'expression de la cruauté. Le physionomie les y condamnait. ; semblables a
chat : hypocrisie, attention et friandise. Les ceux-là qui abandonnaient la vertu, parce
chais sont des tigres en petit, apprivoisés par que la. fatalité de leur étoile les empêchait
une éducation domestique. — La ressemblance d'être vertueux. Voy. MIMIQUE, KCRITOHES, etc.
de l'ours indique la fureur, le pouvoir de dé- Piaohes , — prêtres idolâtres de la côte de
chirer une humeur misanthrope. Celle du Cumana en Amérique. Pour être admis dans
,
sanglier ou du cochon annonce un naturel leur ordre, il faut, passer par une espèce no
lourd vorace et brutal. Le blaireau esl igno- noviciat qui consiste à errer deux ans dans
,
ble méfiant et glouton. Le boeuf est patient, les forêts, où ils persuadent au peuple qu'il3
,
opiniâtre, pesant., d'un appétit grossier. La reçoivent des instructions de certains esprits
qui prennent une forme humaine pour leur
1 Dans la physiognomonie de Porta, PUCon ressemble
•à\m chien de chasse. enseigner leurs devoirs et les dogmes-dc leur
PiC — 397 PIE
ridissioi). Il* (Psentque le soleil et, la lune sonl le
lalofe d'un homme mort, et brûlaient.du suif
le mari et
la femme. Pendant les éclipses, les een son honneur. Ce, démon se faisait voir aux
femmes se tirent du sang el s'égralignenl les dderniers jours des personnages importants. Si
l„as, parce qu'elles croient la lune en que- o ne l'apaisait pas , il se présentait une se-
on
relie avec son mari. Les piaches donnent un conde
c fois ; el., lorsqu'on lui donnait la peine
lalisman en forme de X comme préservatif c paraître une troisième, on ne pouvait, plus
de
contre les fantômes, lisse mêlent de prédire, 1l'adoucir que par l'effusion du sang humain.

ci il s'est trouvé des Espagnols assez crédules Lorsque


1 Picollus était content, on l'entendait,
pour ajouter foi à leurs prédictions. Ils disenl rire
i dans le temple; car il avait un temple.
que les échos sont les voix des trépassés. Kc, — oiseau de mauvais augure. En Bre-
Picard (MATHMUN) , — directeur d'un cou- tagne,
f les tailleurs sont les entremetteurs des
vent de Louviers, qui fui accusé d'être sor- mariages;
i ils se font nommer, dans celle
cier, el d'avoir conduit au sabbat. Madeleine fonction,
I basvanals; cesbasvanals, pour réus-
Bavnn, lourière de ce couvent. -— Comme il sir
: dans leurs demandes, portent un bas rouge
était mort lorsqu'on arrêta Madeleine, et et un bas bleu , el rentrent chez eux- s'ils
qu'on lui fil son procès, où il fut condamné voient, une pie, qu'ils regardent comme un
ainsi qu'elle, son corps fut. délivré à l'exécu- funeste présage L — M. Berbiguier dit que la
teur des sentences criminelles, traîné sur des pie voleuse, dont, on a fait un mélodrame-,
claies par les rues et lieux publics, puis con- était un farfadet-
duit en la place du Vieux-Marché ; là brûlé Pied. — Les Romains distingués avaient
el les cendres jetées au veut, 1647. dans leur vestibule un esclave qui avertissait
ï»i"catrix, — médecin ou charlatan arabe, les visiteurs d'entrer du pied droit. On tenait
qui vivait en Espagne vers le treizième siècle. à mauvais augure d'entrer du pied gaucho
11 se livra de bonne heure à l'astrologie, chez les dieux et chez les grands. —On en-
et se rendit si recommaiidable dans celle trait du pied gauche lorsqu'on était dans le
science que ses écrits devinrent célèbres par- deuil ou dans le chagrin 2.
mi les amateurs des sciences occultes. On dit Pierre d'aigle, — ainsi nommée parce qu'on
qu'Agrippa, étant allé en Espagne, eut con- a supposé qu'elle se trouvait dans les nids
naissance de ses ouvrages, cl prit beaucoup d'aigle. Dioscoride dit que celle pierre sert à
d'idées creuses, notamment dans le traité que découvrir les voleurs; Mallhiole ajoute que.
l'icatrix avait laissé de la Philosophie occulte. les aigles vont chercher cette pierre jusqu'aux
Pic de la Mtirandole (JEAN), — l'un des Indes pour faire éclorc plus facilement leurs
hommes les plus célèbres par la précocité el petits. C'esl là-dessus qu'on a cru qu'elle ac-
l'étendue de son savoir, né le Vi février '1463. célérait les accouchements. Voyez à leur nom
11 avait
une mémoire prodigieuse el un esprit les autres pierres précieuses. Loi/, aussi 1U:-
liès-pénélranl. Cependant, un imposteur l'a- GNEll et SAKIIIUT.
busa en lui faisant voir soixante manuscrits Pierre du diable. — 11 y a dans la vallée
qu'il assurait avoir été composés par l'ordre de Schelleneii, en Suisse des fragments de
,
(l'Esdras, et qui ne contenaient que les plus rocher de beau granit, qu'on appelle la pierre
ridicules rêveries cabalistiques. L'obstination diable : dans un démêlé qu'il y eut entre
du.
qu'il mil à les lire, lui fil perdre un temps les gens du pays el le diable, celui-ci l'ap-
plus précieux que l'argent qu'il en avait donné porta là pour renverser un ouvrage qu'il avail
et le remplit d'idées chimériques dont il ne eu, quelque temps auparavant, la complai-
fut jamais entièrement désabusé. 11 mourut sance de leur construire.
en 4.49i. On a recueilli de ses ouvrages, des pierre philosophale. — On regarde la pierre
Conclusions philosophiques de cabale el de philosophale comme une chimère. Ce mépris,
théologie, Rome, Silbert, in-fol., extrêmement disent, les philosophes hermétiques, esl
un ef-
rare; c'esl là le seul mérite de ce livre. Car, fet du juste jugement de Dieu qui ne permet
do l'aveu même de Tiraboschi, on ne peut ,
pas qu'un secret si précieux soit connu des
que gémir, en le parcourant, de voir qu'un méchants el des ignorants. Celte science fait
si beau génie, un esprit si étendu elsi labo- partie de la cabale, et ne s'enseigne que d.e
rieux se soil occupé de questions si frivoles. bouche à bouche. Les alchimistesdonnent
On d'il, qu'il avait
une
un démon familier. foule de noms à la pierre philosophale : c'est
Sichacha, -— nom collectif des esprits fol- la fille du grand secret, le soleil est son père;
lets chez les Indiens. la lune est. sa mère, le vent l'a portée dans
Sicollus, démon révéré par les anciens'
habitants de— la Prusse, qui lui consacraientI
* Cambry,Voyage dans le PinisLève, t. III, p. 47.
i M Sii,„l si.,,.,,
PIE 398 — PIE
son ventre, etc.— Le secret plus ou moins esprits
e cabalistiques, ou même, si on l'aim„ |-
chimérique de faire de l'or a été en vogue mieux, u le démon barbu dont- nous parlerons '('
-parmi les Chinois long-temps .avant qu'on ,
— On a dit aussi que saint Jean l'évangélistj i;
en eût. les premières notions en Europe. Ils avait,
s enseigné le secret défaire de. l'or;
parlent clans leurs livres, en termes inagi- een effet, on chantait autrefois dans quelques et y
I
ques, de la semence d'or et de la poudre de églises, c
,
une hymne en son honneur où sn !;
projection. Ils promettent de tirer de leurs Itrouve une allégorie que les alchimistes s'an- j-
creusets, non-seulement de l'or, mais encore pliquent ] :
un remède spécifique et universel, qui pro- Jnexhauhtum fert thesaurnm j.
cure à ceux qui'le prennent une espèce d'im- Qui de virgis facit aui-um, \-
mortalité. — Zosime qui vivait au commen- Gemmas de lapidibus. |
, D'autres disent que pour faire le grand
cement du cinquième siècle, est un des j

premiers parmi nous qui aient écrit sur l'art de oeuvre, il faul de l'or, du plomb, du fer, de 1;
\

faire de l'or et de l'argent, ou la manière de l'antimoine, du vitriol, du sublimé, de far- I:


fabriquer la pierre philosophale. Cette pierre senic, du tartre, du mercure, de l'eau, de i
est une poudre ou une liqueur formée de di- la terre et de l'air, auxquels on joint un oeuf de '..
vers métaux en fusion sous une constellation coq, du crachat, de l'urine et des excréments !
favorable. — Gibbon remarque que. les an- humains. Aussi un philosophe a dit avec rai- >.;'

ciens ne connaissaient pas l'alchimie. Cepen- son que la pierre philosophale était une sa- '}
dant on voit dans Pline que l'empereur Cali- lade , et qu'il y fallait du sel, de l'huile et du j>
gula entreprit de faire de l'or avec une vinaigre. •— Nous donnerons une plus ample I,
préparation d'arsenic, et qu'il abandonna son idée de la matière cl du raisonnement des j.
projet, parce que les dépenses l'emportaient adeptes, en présentant au lecteur quelques i-
sur le profil. — Des partisans de cette science passages du traité de chimie philosophique el '
prétendent que les Egyptiens en connaissaient hermétique publié à Paris en 472u L — « Au
tous les mystères. — Celle précieuse pierre commencement, dit l'auteur, les sages, ayant
philosophale, qu'on appelle aussi élixir uni- bien considéré, ont reconnu que l'or engen-
versel eau du soleil, poudre de projection dre l'or el l'argent, et qu'ils peuvent se mul-
qu'on a, tant cherchée et que sans doute on, tiplier en leurs espèces. — Les anciens philo-
n'a jamais pu découvrir, ', procurerait à celui sophes , travaillant, par la voie, sèche, oui
qui aurait le bonheur de la posséder des ri- rendu une partie de leur or volatil, et l'ont j

chesses incompréhensibles, une santé toujours réduit en sublimé blanc comme neige el lui-
florissante, une vie exemple de (ouïes sortes sant comme cristal ; ils ont converti l'autre
de maladies, el même au sentiment de plus partie en sel fixe; el (le la conjonction du vo-
,
d'un cabalisle, l'immortalité.... U ne trouve- latil avec le fixe, ils onl fait leur élixir.

rait rien qui pût lui résister, et sérail sur la Les philosophes modernes ont extrait de l'in-
terre le plus glorieux, le plus puissant, le térieur du mercure un esprit igné, minéral,
plus riche et le plus heureux des mortels ; il végétal el multiplicatif, dans la concavité hu-
convertirait à son gré tout en or, et jouirait mide duquel est. caché le mercure primitif on
de tous les agréments. L'empereur Rodolphe quintessence universelle. Par le moyen de cet
n'avait rien plus à coeur que cette inutile re- esprit, ils ont attiré la semence spirituelle
cherche. Le roi d'Espagne Philippe II em- contenue en l'or; et par celte voie, qu'ils ont
ploya dil-on, de grandes sommes à faire appelée voie humide, leur soufre et leur nier-
,
travailler les chimistes aux conversions des cure ont été faits : c'est le mercure des phi-
métaux. Tous ceux qui ont marché sur leurs losophes, qui n'est pas solide comme le mé-
traces n'ont pas eu plus de succès. — Quel- tal, ni mou comme le vil-argent, mais entre
ques-uns donnent celte recette comme le vé- les deux. — Ils onl tenu long-temps ce secret
ritable secret de faire l'oeuvre hermétique : caché, parce que c'est le commencement, le
Mettez dans une fiole de verre fort, au feu milieu el la fin de l'oeuvre : nous Talions dé-
de sable, de l'élixir d'aristée, avec du baume couvrir pour le bien de tous. — Il faut donc,
de mercure et une pareille pesanteur du plus pour faire l'oeuvre : 1 ° purger le mercure avec
pur or de vie ou précipité d'or, el la calcina- du sel et du vinaigre (salade); 2° le dissoudre sublimer
tion qui restera au fond de la fiole se multi- avec du vitriol et du salpêtre ; 3° le
pliera cent mille fois. — Que si l'on ne sail dans l'eau-forte; 4° le sublimer derechef ;

ù»e
comment se procurer de l'élixir d'aristée et 5° le calciner el le fixer ; 6° en dissoudre
du baume de mercure, on peut implorer les I 1 Traité de chimie philosophique et hermétique, en-
richi (les opérations les plus curieuses de l'art, su"-
1 Voyez pourtant lïay-.-olid Lullc,
— quant, à ce qui nom d'auteur. Paris, 1725, in-12, avec approbation si-
concerne l'or. gnée Autlry, docteur on médecine et priYiléfe'c du roi.
,
PIE — ;;<)9 PIE
partie par défaillance à la cave, où il se ré- position el. putréfaction des objets dont, on veut
soudra en liqueur ou huile (salade); 7° dislil- tirer l'or. La poudre blanche, qui transmue
!(,,- cette
liqueur pour en séparer l'eau spiri- les métaux blancs en argent fin. L'élixir au
tuelle l'air el le feu ; 8° mettre de ce corps
,
rouge, avec lequel on fait de l'or el on guéiit
mercuriel calciné et fixé dans l'eau spirituelle toutes les plaies. L'élixir au blanc, avec lequel
ou
esprit liquide mercuriel dislillé; 9" les pu- on fait de l'argent et on se procure une vie
tréfier ensemble jusqu'à la noirceur; puis il extrêmement longue; on l'appelle aussi la fille
s'élèvera en superficie de l'esprit un soufre blanche des philosophes. Toutes ces variétés
blanc non odorant, qui est aussi appelé sel de la pierre philosophale végètent et se mul-
(irmuniac; i 0° dissoudre ce sel armoniac dans tiplient.... » — Le reste du livre est sur le
l'esprit mercuriel liquide, puis le distiller même Ion. 11 contient tous les secrets de l'al-
jusqu'à ce que tout passe en liqueur, et alors chimie. Voy. lÎAujiiî UNivF.iisiîi., Ei.mii DK
fera fait le vinaigre des sages; -1-1° cela pa- VIE, On POTABLE , etc. — Les adeptes préten-
rachevé, il faudra passer de l'or à l'anliuioine dent que Dieu enseigna l'alchimie à Adam
Enoch, ,
par trois fois, et après le réduire, en chaux ; qui en apprit le secret à duquel il
12° mettre cette chaux d'or dansée vinaigre descendit par degrés à Abraham, à Moïse, à
très-aigre, les laisser putréfier; et, en su- Job, qui multiplia ses biens au septuple par
perficie du vinaigre, il s'élèvera une terre le moyen dé la pierre philosophale, à Para-
fouillée de la couleur des perles orientales celse, et surtout à Nicolas Elamcl. Ils citent
.
il faut subli'i er de nouveau jusqu'à ce que avec respect des livres de philosophie hermé-
celle terre soit très-pure : alors vous aurez tique qu'ils attribuent à Marie, soeur de Moïse,
fait la première opération du grand oeuvre. — à Hernies Trismégiste à Démocrite à Aris-
, ,
Pour le second travail, prenez, au nom de tote, à saint Thomas d'Aquin , etc. La boîte
Dieu, une pari de celle chaux d'or el deux de Pandore, la toison d'or de .lason le cail-
,
parts de l'eau spirituelle chargée de son sel lou de Sisyphe, la cuisse d'or de Pythagore,
armoniac; niellez cette noble confection dans ne sont, scion eux que le grand oeuvre 1. Ils
,
un vase de cristal de la forme d'un oeuf; trouvent tous leurs mystères dans la Genèse,
scellez le tout du sceau d'Hermès; entretenez dans l'Apocalypse surtout, dont, ils font un
un feu doux el continuel ; l'eau ignée dissou- poème à la louange de l'alchimie; dans l'Odi/S-
dra peu à peu la chaux d'or; il se formera sée, dans les Métamorphoses d'Ovide. Les dra-
une liqueur qui esl l'eau des sages cl leur gons (jui veillent, les taureaux qui soufflent
vrai chaos, contenant les qualités élémentai- du l'eu, sonl des emblèmes des travaux lier—
res, chaud, sec, froid el humide. Laissez pu- incliqiios. Gobineau de Monlluisant, gentil-
tréfier cette composition jusqu'à ce qu'elle homme charlrain a même donné une expli-
,
devienne noire : cette noirceur, qui esl appe- cation extravagante des figures bizarres qui
lée la tète de corbeau el le saturne des sages, ornent la façade de Noire-Dame de Paris; il
fait connaître à l'artiste qu'il est. en bon che- y voyait une histoire complète de la pierre
min.
— Mais pour oter cette
noirceur puante, philosophale. Le Père éternel étendant les
(|n'on appelle aussi terre noire, il faut faire bras, el tenant un ange dans chacune de ses
bouillir de nouveau, jusqu'à ce que:le vase mains, annonce assez, dit-il, la perfectionde
ns présente plus qu'une substance blanche l'oeuvre achevé. -— D'autres assurent qu'on ne
comme la neige. Ce degré de l'oeuvre s'ap- peut posséder le grand secret que par le se-
pelle le cygne. 11 faut, enfin fixer par le l'eu cours de la magie; ils nomment démon barbu
» celle liqueur blanche qui se calcine et se di- le démon qui se charge de l'enseigner; c'esl,
:
vise en deux paris, l'une blanche pour l'ar- disent-ils, un très-vieux démon. On trouve
gent, l'autre rouge pour l'or : alors vous aurez à l'appui de cette opinion dans plusieurs li-
,
accompli les travaux, et vous posséderez la vres de conjurations magiques, des formules
pierre philosophale. Dans les diverses opé- qui évoquent les démons hermétiques. Cédré-

rations, on peut tirer divers produits: d'ab ;rd
,!j
nns, qui donnait clans celte croyance, ra-
| h lion vert, qui est un liquide épais, qu'on conte qu'un alchimiste présenta à l'empereur
nomme aussi l'azot, el qui fait sortir l'or ca- Anastase, comme l'ouvrage de son art, un
("é dans les matières ignobles. Le lion rouge, frein d'or et de pierreries pour son cheval.
;
';. ll'ii convertit les métaux
en or; c'est une L'empereur accepta le présent et fit mettre
i poudre d'un rouge vif. La tête de corbeau, l'alchimiste dans une prison où il mourut ;
'. ™e encore la voile noire du navire de Thésée, après quoi le frein devint noir, el on reconnut
-
™pôt noir qui précède le lion vert, et dont que l'or des alchimistesn'était qu'un prestige
apparition au bout de quarante jours, pro-
| ln<H le succès, de l'oeuvre ; il sert à la decom-
T
1 Nni.dé Apologie po-.r les grands personnages,etc.
,
PIM
— /j(M)« — 'i'1'iî u
du diable. Beaucoup d'anecdotes prouvent lyn (dans ses Numismala) il chercha à
1
rem

que ce n'est qu'une friponnerie ordinaire. — plir ses coffres avec le secours de l'alchimie
m
Un rose-croix, passant à Sedan, donna à -L'enregistrement de ce singulier projet cou-
Henri Ier, prince de Bouillon, le secret de lient les protestations les plus solennelles 1
i
01
l'aire de l'or, qui consistait à faire fondre dans les plus sérieuses de l'existence el des vertus B '
un creuset un grain d'une poudre rouge qu'il de la pierre philosophale, avec des encouru- 1 '
lui remit, avec quelques onces de litharge. gements à ceux qui s'en occuperont. H annule i
-Le prince fit l'opération devant le charlatan, el condamne toutes les prohibitions anlériei:- la-
et, tira trois onces d'or pour trois grains de res; Aussitôt que celle patente royale lut pu- m.
cette poudre. ; il fut. encore plus ravi qu'étonné; bhée, il y eut tant. de. gens qui s'engagèrent à mj.
•et l'adepte, pour achever de le séduire, lui faire de l'or, selon l'attente du roi, que l'an- J»
lit présent de toute sa poudre transmutante. née suivante Henri YI publia un autre édi: j| ;
-— 11 y e!1 avait trois cent mille grains. Le dans lequel il annonçait que l'heure était pu,. fj i
prince crut posséder trois cent mille onces che où par le moyen de la pierre philoso- |
d'or. Le philosophe était pressé de partir ; il phale, il, allait payer les dettes de l'étal en or iij
allaita Venise tenir la grande assemblée des et en argent, monnayés. — Charles H d'An- | >

philosophes hermétiques; il ne lui reslail plus glelerre s'occupait aussi de l'alchimie. Les %
rien,.mais il ne demandait que'vingt mille personnes qu'il choisit pour opérer le grand î
écus; le duc de Bouil'on les lui donna el le oeuvre formaient un assemblage aussi singu-
renvoya avec honneur. — Comme en arrivant lier que leur patente était ridicule. C'était une m
à Sedan le charlatan avait fait acheter tonte réunion d'épiciers, de merciers el de mai-
la litharge qui se trouvait, chez les apothicai- chnnds de poisson. Leur patente fui accordée 18
res de cette, ville el l'avait fait revendre en- aulhoritate parlamenli. — Les alchimistes m
|
'
suite chargée de quelques onces d'or, quand étaient, appelés autrefois multiplicateurs: on la
cette litharge fut. épuisée, le prince ne fil plus le voit par un statut de Henri IY d'Angleterre, I
d'or, ne vit plus le rose-croix et en lui pour qui ne croyait pas à l'alchimie. Ce statut se ?'
ses vingt, mille écus. — Jérémie Médérus, cité trouve rapporté dans la patente de Charles 11. §
purDehio ', raconte un tour absolu nient sem- Comme il est fort court, nous le citerons :
— fj
blable qu'un autre adepte joua au marquis « Nul dorénavant ne s'avisera de multiplier |
Ernest de Bade. Tous les souverains s'occu- l'or et l'argent,, ou d'employer la supercherie
paient autrefois de la pierre philosophale; la delà multiplication, sous peine d'être traité -vi
fameuse Elisabeth la chercha long-temps. el puni comme félon. »
— On lit. dans les t'u \
Jean Gauthier, baron de Plumerolles, se van- riosités de la littérature, ouvrage traduit de i
tait de savoir faire de l'or; Charles IX, trom- l'anglais par Th. Berlin qu'une princesse de
,
pé par ses promesses, lui fit donner cent vingt la Grande-Bretagne, éprise de l'alchimie, lit
initie livres et l'adopte se mil à l'ouvrage. la rencontre d'un homme qui prétendait avoir
,
Mais après avoir travaillé huit jours, il se la puissance de changer le plomb en or. 11 ne
sauva avec l'argent "du monarque. On courut: demandait que les matériaux et le temps né- |
à sa .poursuite on l'attrapa el il fut pendu : cessaires pour exécuter la conversion. 11 fol g
, ,
mauvaise fin même pour un alchimiste. -— emmené à la campagne de sa protectrice, (à |
En 4 6-16, la ,reine Marie de Médicis donna ài l'on construisit un vaste laboratoire; el afin §
Guy de Crûsembourg vingt, mille écus pour qu'il ne fùl pas troublé on défendit que per- |
travailler dans la Bastille ù faire de l'or. 111 sonne n'y entrât. Il avail imaginé de l'aire {
s'évada au bout de trois mois avec les vingtl tourner sa porte sur un pivot, et recevait a Î
mille écus, et ne reparut plus en France. — manger sans voir, sans être vu sans que rien j
Le pape Léon X fui moins dupe. Un homme3 pût le distraire. ,
:—
Pendant deux ans il ne ;
qui se vantail de posséder le secret de laj condescendit à parler à qui que ce lui, pas i
pierre philosophale, demandait à Léon X unee même à la princesse. Lorsqu'elle fut inlro-
récompense. Le protecteur des arts le pria dee duite enfin dans son laboratoire, elle vil des
.revenir le lendemain; et il lui lit donner una alambics, des chaudières, de longs tuyaux,
grand sac, en lui disant que puisqu'il savaiti, des forges, des fourneaux et trois ou quatre
faire de l'or il lui offrait de quoi le contenir *.:. feux d'enfer allumés; elle , ne contempla P',s
— Le roi d'Angleterre Henri VI fut réduit à avec moins de vénération la figure enfumée
un tel degré de besoin . qu'au rapport d'Eve- de l'alchimiste, pâle, décharné, affaibli par
ses veilles, .qui lui révéla, dans un jargon
1 Disquisit. mag-, lîb. 1, cap. 5, quEest. 3. inintelligible, les succès obtenus ; elle vil eu
v- Le comte d'Oxenstiem at-.ribue
ce trait au pape
>0_ crut voir des monceaux d'or encore imparfait
Urbain YilT, à qui un adepte dédiait un traité d'al-
chimie. Pensées, t.l>>-, p. 172. répandus dans le laboratoire. -— Cepeadan-
PIE
PIE — uOl —
l'alchimiste demandait souvent un nouvel r turc '. — C'esl ce que surtout, le galvanisme
alambic, el des quantités énormes de char- a nènera.
bon. l'a princesse,
malgré son zèle, voyant Pierre de santé. — A Genève et en Savoie,
qu'elle avait dépensé une grande partie de c i appelle ainsi une espèce
de pyrite iiiar-
à fournir aux besoins du philoso- ( àle très-dure et susceptible d'un beau poli ;
sa fortune
plie, commença à régler l'essor de son
imagi- ( n taille ces pyrites en facettes comme lé.
nation sur les conseils de la sagesse. Elle, dé- ( istal, et l'on en
fait des bagues, des bou-
couvrit sa façon de penser au physicien : ( les et
d'autres ornements. Sa Couleur esl à
celui-ci avoua qu'il était surpris de la lenteur ^ eu près la même que celle de l'acier poli. On
de, ses progrès;
mais il allait redoubler d'ef- ] îi donne le nom de pierre de santé, d'après
foïls'el hasarder une opération de laquelle, ] i préjugé où l'on èsl. qu'elle
pâlii lorsque la
jusqu'alors, il avait cru pouvoir se.passer. ;
anlé de la personne qui la porte est sur le
|,a protectrice se retira ; les visions dorées oint, de s'altérer.
reprirent leur premier empire. — Un jour Pierre d'Apone, -— philosophe, astrologue
qu'elle élail à dîner, un cri affreux, suivi ilmédecin né dans le village d'Abano oii
,
d'une explosion semblable à celle d'un coup ipono - près de Padoue, en <12a0. C'était le
de canon, se fil entendre; elle se rendit avec dus habile magicien de son temps, disent les
ses gens auprès du chimiste. On trouva
deux lémonomanes ; il s'acquit la connaissancedès
larges retories brisées, une grande partie du iept a ris libéraux, par le moyen de sept ès-
laboratoire en flammes, et le physicien grillé irils familiers qu'il tenait enfermés dans dès
depuis les pieds jusqu'à la tète. — Elie Ash- )onteillcsou dans desboîlesde cristal. 11 avait
mole écrit, dans sa Quotidienne du .13 mai le plus l'industrie de faire revenir dans sa
Itiaii : « Mon père Baekhouse (astrologuequi )onrse (oui l'argent qu'il avait dépensé. — Il
l'avait adopté pour son fils, méthode pratiquée Tut. poursuivi comme hérétique el magicien ;
par les gens de celte espèce), étant malade si s'il eùl vécu jusqu'à la fin du procès, il y a
dans Eleel-slreel, près de l'église, de Sainl- beaucoup d'apparence qu'il eût été brûlé Vi-
Dunstan, et se trouvant, sur les onze heures vant, comme il le fut en effigie après sa mort.
du soir, à l'article de la mort, me révéla le Il mourut à l'âge de soixante-six ans. —Cet
secret de la pierre philosophale , et. me le lé- homme avait, dit-on, une telle antipathie
gua un instant avant d'expirer. «Nous appre- pour le lait, qu'il n'en pouvait sentir le goût
nons par là qu'un malheureux qui connaissait ni l'odeur. Thomazo Garsoni dit, entré autres
l'art de faire de l'or vivait cependant de contes merveilleux sur Pierre d'Âpone, que,
charités, etqu'Ashmolecroyait fermement être n'ayant point de puits dans sa maison, il com-
en possession d'une pareille recette. — Àsh- manda au diable de porter dans la rue le puits
mole a néanmoins élevé un monument curieux de son voisin parce qu'il refusail de l'eau à
,
(les savantes folies de son siècle, dans son sa servante. Malheureusement pour ces belles
Thcutrum chimicum brilannicum, vol. in-4" histoires, il paraît prouvé que Pierre d'Aponé
dans lequel il a réuni les traités des alchimis- était une sorte d'esprit forlqui ne croyait pas
les anglais. Ce recueil présente divers échan- aux démons. —Les amateurs do livres su-
tillons des mystères de la secte des Rose- perstitieux recherchent sa Géoinahcie s. Mais
Croix et Ashmole raconte des anecdoles dont
, ne lui attribuons pas un petit livre qu'on met
le merveilleux surpasse toutes les chimères sur son compte el dont voici le titre : IcsOKu-
(les inventions arabes. 11 dit de la pierre phi-
vres magiques de Henri-Corneille Agrippa,
losophale qu'il en sait assez pour so taire,
par Pierre d'Aban, latin et français,. avec
et tpi'il n'en' sait pas assez pour en parler. — des secrets oceuhes, in-24, réimprimé à Liège',
ha chimie moderne n'est pourtant pas sans 178S. — Oh dit dans ce livre que' Pierre d'A-
avoir l'espérance, pour ne pas dire la certi- ban était disciple d'Agrippa. La partie prin-
tude, dé voir un jour vérifiés les rêves dorés cipale est intitulée : Èeptaméron, ouïes Elé-
des alchimistes. Lé docteur Girtahrier de Gbt- ments magiques. Oh y trouve les sûrs moyens
\ lingue a dernièrement hasardé celte prophétie d'évoquer les esprits el de faire venir le diable.
j !ine, dans le dix-riêuviôme siècle, la trans- Pour cela il faut faire trois cercles l'un dans
mutation des métaux sera généralement con- l'àûtrc,, dont le plus grand ail neuf pieds de
[ "l|e ; que chaque chimiste saura faire de l'or;
(ine les instruments de. cuisine seront d'or et 1 Philosophiemagique, vol. (i, p. 383

| d argent,
longer
ce qui contribuera beaucoup à pro- une 2 II y a, dans le village d'A ne, aujourd'hui Abano,
c
fontaine qui prétait autrefois la parole aux muets,
| la vie, qui se trouve aujourd'hui buvaient le talent de dire la
com- et qui donnait à ceux qui yseptième
bonne aventure. Yoye?. le chant de la Phar-
t promise par les oxydes de cuivre, de fer et sale de'Lueain.
('e plomb
j que nous avalons avec notre nour- 3 Gcomantia, in-S". Yenise, 1510.
26
PIE —
/i()2
— Pi 15 g
circonférence, el se tenir dans le plus petit, roilra l'o.-pril en belle lorme qui dira : « Or- ."
où l'on écrit les noms des anges qui président donnez et demandez, me voici prêt à vous I
à l'heure, au jour, au mois, à la saison, etc. obéir en lotîtes choses. » Vous lui demanderez l*
Yoici les anges qui président aux heures ; ce que vous voudrez, il vous satisfera ; el k
notez que les heures sont indiquées ici dans après que vous n'aurez plus besoin de lui |;
la langue infernale : Yayn ou première heure, vous le renverrez en disant : « Allez en paix |;'
l'ange Micha'él ; lanor ou deuxième heure, chez vous, el soyez prêt à venir quand je f
Anaël; Nasniâ ou troisième heure, Raphaël; vous appellerai. » —Voilà ce que présentent t
Salla ou quatrième heure, Gabriel; Sadedali de plus curieux les OEuvres magiques. El lG i!
ou cinquième heure, Cassiel ; Thamus ou lecteur quj s'y fiera sera du moins mystifié. I
sixième heure, Sachiel; Ourer ou septième Voyez SECRETS OCCULTES elc.
, •
i;

heure, Samaël ; Thanir ou huitième heure, BJerre-le-Brabançon, — charlatan né dans t


Araël ; Néron ou neuvième heure, Cambiel ; les Pays-Bas. M. Salgues i rapporte de lui le i
Jaya ou dixième heure, Uriel ; Abaï ou on- fait suivant étant devenu épris d'une Pari- i
zième heure, Azaël; Nalalon ou douzième sienne, riche: héritière, le Brabançon contrefit l
heure, Sambaël. — Les anges du printemps, aussitôt, la voix du père défunt, et lui fit
pousser I
cabalistiquement nommé, Talvi, sont Spugli- du fond do sa tombe de longs gémissements j
;
guel, Caracasa Commissoros et Amotiel ; le il se plaignit des maux qu'il endurail au
de la
,
alors Amadaï, le du pur- ]

nom terre est nom gatoire, et reprocha à sa femme le refus qu'elle


soleil Abraïm, celui de la lune Agnsila. — faisait de donner sa fille à un si galant homme.
Les anges de l'été, nommé Gasmaran , sont La femme effrayée n'hésita plus; le Brabançon
Tubiel, Gargaliel, Tariel et Gaviel. La terre obtint la main de la demoiselle, mangea la
s'appelle alors Fe-stativi, le soleil Albémaï et dot, s'évada de Paris et courut se réfugier à
la lune Armalas. — Les anges do l'automne , Lyon. Un gros financier venait d'y mourir, et
qui se nommera Ardaraël, sonl Torquaret, fils se trouvait possesseur d'une fortune
son
l\a- opulente. Le Brabançon va le trouver, lie con-
Tarquam el Guabarel. La terre s'appelle
himara, lesoleil Abragini, la lunoMalafignaïs. naissance avec lui, et le mène dans un lieu
•—Losanges de l'hiver, appelé Eallas, sont. couvert el silencieux ; là', il fait entendre la
Allarib, Amabaël, Crarari. La terre se nomme voix plaintive du père qui reproche les
se
Gérenia le soleil Commutai el la lune Afl'a- malversationsqu'ila commises dans monde,,
, ce
térim. Pour les anges des mois el des jours, et conjure fils de les expier par des prières
son
voy. Mois et .louas. —Après avoir écrit les et des aumônes; il l'exhorte, d'un ton pres-
noms dans le cercle, niellez les parfums dans sant el pathétique, à donner six mille francs
un vase de terre neuf, et. dites : « le t'exor- au Brabançon pour racheter des captifs. l,e
cise, parfum, pour que tout fantôme nuisible fils hésite et remet l'affaire au lendemain. Mais
s'éloigne, de moi. » Ayez une feuille de par- le lendemain la même voix
se l'ait, entendre,
chemin vierge sur laquelle vous écrirez des et. le père déclare nettement à son fils qu'il
croix; puis appelez, des quatre coins du sera damné lui-même s'il tarde davantage à
monde, les anges qui président à l'air, les donner les six mille francs à ce brave homme,
sommant de vous aider sur-le-champ, èl dites : que le ciel lui a envoyé. Le jeune traitant ne
« Nous t'exorcisons par la mer
flottante et le lit pas dire trois fois; il compta les six
se
transparente , par les quatre divins animaux mille francs au ventriloque, qui-alla boire cl
qui vont et viennent devant le trône de la di- rire à dépens.
ses
vine Majesté; nous l'exorcisons; et si lu ne
parais aussitôt, ici, devant ce cercle, pour nous PierreXabourant, — nom que des sorciers
obéir en toutes choses, nous te maudissons el donnèrent au diable du sabbat. Jeanne Gari-
te privons de tout office, bien el joie ; nous le baut, sorcière, déclara que Pierre-Labourant
,
continuel-
condamnons à brûler sans aucun relâche dans; porte une chaîne de fer qu'il ronge
l'élang de feu et de soufre, etc. » — Cela dit lement, qu'il habite une chambre enflammée
[ où se trouvent des chaudières dans lesquelles
on verra plusieurs fantômes qui rempliron
l'air de clameurs. On ne s'en épouvanter;, on fait cuire des personnes pendant que d'au-
point, et on aura soin surtout de ne pas sortii tres rôtissent sur de larges chenets , etc.
du cercle. On apercevra des spectres qui pa- S>ierre-le-Vénérable,— abbé de Chili/,
raîtront menaçants et armés de flèches; mai;; mort en 11 iitî. Il a laissé un livre de miracles
ils n'auront pas puissance de nuire. On soui- qui contient plusieurs légendes où le diable
llera ensuite vers les quatre parties du mondi3 ne joue pas le beau rôle.
et on dira : « Pourquoi tardez-vous ? sou
mettez-vous à votre maître. » — Alors pa 1 Des erreurs et des préjugés, t I,!', p. 315.
P1L — 40 3 — PIS
Pierres d'anathèraes.—Nonloin de Patras, et C il
élail défendu, sous de fortes peines, d'y
pierres au milieu d'un champ, rien jeter. — La môme tradition se rattache
je vis des tas de i
j'appris que c'était ce que les Grecs appellent ;au lac de Pilate, vo:sin de Vienne en Dau-
pierresd'analbèmes,espôcesde trophéesqu'ils phin ] é.
élèvent à la barbarie de leurs oppresseurs. S'illal-'karras, — exorcistes ou devins du
]în dévouant leur tyran aux génies infernaux, ]Malabar, aux conjurations desquels les pê-
j|j le maudissent « dans ses ancêtres, dans cheurs , de perles ont recours, pour se mettre
son âme el dans ses
enfants ; » car tel esl le à( l'abri des attaques du requin lorsqu'ils plon-
formulaire de leurs imprécations ; ils se rcn- gent ,
dans la mer. Ces conjuraleurs.se lien—
dent dans le champ qu'ils veulent vouer à lient sur la côte, marmottent continuellement
l'analhème, et. chacun jette sur le même coin des prières et font mille contorsionsbizarres.
de terre la pierre de. réprobation. Les passants Pinet. —Pic de la Mirandole parle d'un
ne manquant pas
dans la suite d'y joindre sorcier nommé Pinel, lequel eut.
commerce
leur suffrage, il s'élève bientôt dans le lieu trente ans avec le démon Fiorina '.
voué à la malédiction un tas de pierres assez
semblables aux monceaux de cailloux qu'on PJpi (MARIE), — sorcière qui sert d'é-
chanson au sabbat; elle verse à boire dans le-
rencontre sur le bord de nos grandes routes ;
du nettoie le champ '. repas, non-seulement au roi de l'enfer, mais
qui reste
ce
accréditée encore à ses officiers et à ses disciples, qui
Pigeons. — C'est une opinion sont les sorciers et magiciens 2.
dans le peuple que le pigeon n'a point de fiel.
Cependant Aristote et de nos jours l'analomie liqueur. — A Marsanne, village du Dau-
phhié, près de Monlélimarl, on entend toutes
oui prouvé qu'il en avait un, sans compter
la fiente, de cet oiseau contient un sel in- les nuits, vers les onze heures un bruit sin-
flammable qui ne peut exister sans le fiel. — gulier, que les gens du pays appellent pi-
que, le
On coule que le crâne d'un homme caché dans queur : il semble, en effet, que l'on donne
plusieurs coups sous terre 3. — M. Berbiguier,
un colombier y attire tous les pigeons des dans
environs. son tome III des Farfadets, nous apprend
qu'en IS^'I les piqueurs qui piquaient les
Pij, — nom que les Siamois donnent aux femmes dans les rues de Paris n'étaient ni
lieux où les âmes des coupables sont punies; des filous ni des méchants, mais des farfadets
elles y doivent renaître, avant de revenir en
ou démons. .Tétais plus savant, dit-il, que
ce monde. le vulgaire qui ignore que les farfadets ne
,
Pilapiens, —peuples qui habitent une pres- font le mal que par plaisir.
qu'île sur les bords de la mer Glaciale, el qui Piripiris, — talismans en usage chez cer-
boivent, mangent et conversent familièrement tains Indiens du Pérou. Ils sont composés de
avec les ombres. On allait autrefois les con- diverses plantes ; ils doivent faire réussir la
*
sulter.Leloyer rapporte que quand un étranger chasse, assurer les moissons, amener de la
voulait savoir des nouvelles de son pays, il pluie,
i, provoquer des inondations, el défaire
s'adressail à un Pilapien, qui tombait aussitôt des armées ennemies.
' en extase, et invoquait le diable, lequel lui ï»ison. Après la mort de Germanicus, le
', révélait les choses cachées. —
bruit courut qu'il avait été empoisonné par
Pilate ( MONT ), — montagne de Suisse, au les maléfices de Pison. On fondaitles soupçons
;; sommet de laquelle est un lac ou élang cé- sur les indices suivants : on trouva dans la de-
lèbre dans les légendes. On disait que Pilate
meure de Germanicusdes ossements de morts,
s'y était jeté, que les diables y paraissaient des charmes et des imprécations contre les
«
souvent, que Pilate, en robe déjuge, s'y fai- parois des murs, le nom de Germanicus gravé
sait voir tous les ans une fois, et que celui des lames de plomb, des cendres souillées
* sur
l qui avait le malheur d'avoir cette vision mou- de sang, et plusieurs autres maléfices par, les-
! fait dans l'année. De plus, il passait pour quels dévoués
on croit que les hommes sont
ï certain que quand on lançait quelque chose! aux dieux infernaux/i.
dans ce lac, ,
j cette imprudence excitait des' Pistole volante. •—Quoique les sorciers de
; 'empotes terribles qui causaient de grands profession aient toujours vécu dans la misèreV;.,
ravages dans le pays, en sorte que, même au
| seizième siècle, on ne pouvait monter sur' 1 Lele-5'er, Hist. des spectres ou apparitions cleS:es-
1 cetlé montagne, ni aller voir ce lac, sans.une3 prits, HV. III, p. 215. '-
.
Permission du magistral de Lucerne, 2 Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
; expresse ? liv. II. p. 143.
i 3 Bibliothèque de société, t, lîf.
\ 1 M. Mtmgeavt, Souvenirs de la Morec, 1830. « Tacite.
PLO — /it)/i — PLU
on prétendait qu'ils avaient cent moyens d'ô- son s corps n'exhalait aucune mauvaise odeur, i-
viler l'indigence el le besoin. On cite entre qu'il <
était entier et comme vivant, à l'excenl '*
autres laPistole volante, qui, lorsqu'elle était lion I du nez qui paraissait flétri ; que ses che- i'
enchantée par certains charmes et paroles veux et sa barbe avaient poussé, el qu'à ]., j:
magiques, revenait toujours dans la poche de place de ses ongles, qui étaient lombes, il |U{ 1'
celui qui l'employait, au grand profit des ma- en était venu de nouveaux ; que sous la
pre.
|
giciens qui achetaient, et au grand détriment iiiièrepeau, qui paraissait, comme morte }.i
et
des bonnes gens qui vendaient ainsi en pure blanchâtre, il en croissait une nouvelle, saine
perle. T'oy. AGRIPPA, FAUST, PASÉTÈS etc. elde couleur naturelle. Ils remarquèrent aussi <-•i«
,
Pivert. —Nos anciens, dil le Petit Albert, dans sa bouche du sang tout frais, que le vain- i;:
assurent que le pivert, est un souverain re- pire avait certainement, sucé aux gens qu'il j
mède contre le sortilège de l'aiguillette nouée, avait fait mourir. On envoya chercher un pieu }'.
si on le mange rôti à jeun avec du sel bénit. pointu , qu'on lui enfonça dans la poitrine [r
d'où il sortit quantité de sang frais et vermeil,, !
Planètes. — 11 y a maintenant douze pla- de même que par le nez et
nètes : le Soleil, Mercure Vénus, la Terre, Ensuile les par la bouche. \-
,
Mars, Ycsla .Junon , Cérès, Pallas, Jupiter, bûcher, le réduisirent paysans mirent le corps sur un L
, en cendres 1 ; el il ne f
Saturne et Oranus. — Les anciens n'en con- plus.
naissaient que sept, en comptant la Lune, qui suça
|i

n'est qu'un satellite de la Terre ; ainsi les nou- Pluies merveilleuses, -- Le peuple met les ;
velles découvertes détruisent tout le système pluies de crapauds elde grenouilles au nombre !-
"de l'astrologie judiciaire. Les vieilles planètes des phénomènes de mauvais augure ; el il n'y \.
sonl: le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, a pas encore long-temps qu'on les attribuait i
Mars, Jupiter et Saturne. — Chaque planète aux maléfices des sorciers. Elles ne sonl pour- !
"gouverne un certain nombre d'années. Les tant pas difficiles à concevoir : les grenouilles \
années, où Mercure préside sonl bonnes au et les crapauds déposent leur frai en grande, j
quantité
commerce, etc.; la connaissance de cette frai vientdans lesenlevé eaux marécageuses. Si ce j
partie de l'astrologie judiciaire, s'appelle Al- à être avec les vapeurs que
fridarie. la (erre exhale, et qu'il res'.e long-temps ex-
posé aux rayons du soleil, il en naît ces rep-
Platon, —célèbre philosophe grec, né l'an tiles que nous voyons tomber avec la pluie.
430 avant .lésus-Chrisl. On lui attribue un Les pluies de feu ne sont autre chose que

livre de nécromancie. 11 y a vingt-cinq ans la succession très-rapide des éclairs el des
qu'on a publié de lui une prophétie contre les coups de tonnerre dans
un temps orageux.
francs-maçons; des doctes l'ont expliquée Des savants ont avancé que les pluies de
.—
comme celles de Noslradamus. pierres nous venaient de la lune; el celte opi-
Plats. — Divination par les plais. Qninte- nion a grossi la masse énorme des erreurs
Curce dit que les prêtres égyptiens niellaient populaires. Ces pluies ne sont ordinairement
Jupiter Ammon sur une nacelle d'or, d'où pen- que les matières volcaniques, les ponces, les
daient des plats d'argent, par le mouvement sables et les terres brûlées qui sonl portés
desquels, ils. jugeaient de la volonté du.dieu par les vents impétueux à une très-grande
et répondaient à ceux qui les consultaient, , distance : on a vu les cendres du Vésuve
tomber jusque sur les côtes d'Afrique. Lu

Plogojowits (PIERRE '),
— vampire qui ré- quantité de ces matières, la manière dont
pandit la terreur au dernier siècle dans le elles répandent dans les
village de ICisolova en Hongrie, où il était en- se campagnes, sou-
vent si loin de leur origine, et les désastres
terré depuis dix semaines. II apparut la nuit qu'elles occasionnent quelquefois, les
à quelques-uns des habitants du village pen- ont fait
dant leur sommeil, et leur serra tellement le mettre au rang des pluies les plus formidables-
—-Mais, de toutes les pluies prodigieuses, la
gosier qu'en vingt-qualre heures ils en mou- pluie de
rurent. U fil périr ainsi neuf personnes, tant sang a toujours été la plus effrayante
vieilles que jeunes, dans l'espace de huit jours. aux yeux du peuple ; et cependant elle est
chimérique. 11 n'y a jamais eu de vraie pluie
—..La veuve, de PlogojowitS: déclara,-que son d.e<
.mari lui était: venu, demander ses: souliers-; ce: approchant sang. Toutes celles qui ont paru rouges ou
de cette couleur ont été teintes
qui l'effraya tellement qu'elle quitta le village! des.terres, des poussières de minéraux ou
'de Risolova. — Ces circonstances déterminè- par d'autres matières emportées par les vents
rent les: habitants du, village à. tirer de. terre! dans- l'atmosphère où elles; sont mêlées
le corps de Plogojowits et à le brûler pour se , se
délivrer doses infestations. Ils trouvèrent que' 1 Traité des,visions et-apparitions, t. II,.p. 210-
POL — /i 05, — POL
livre l'eau qui tombait des nuages. Plus sou- i se maria avec une femme de Locrcs. Mais
il
vent encore, ce phénomène, en apparence si il
i mourut la quatrième nuit de ses noces, el
extraordinaire, a été occasionné par une la i laissa enceinte d'un hermaphrodite, dont
erande quantité de petits papillons qui ré- elle accoucha nèlif mois après. Les prêtres et
nandenl des gouttes d'un suc rouge sur les les augures ayant été consultés sur ce prodige,
endroits où ils passent 2. conjecturèrent que les Éloliens el les Locrieiis
pluton,—roi des enfers, selon les païens, auraient, guerre ensemble,parce que ce mons-
el,selon les démonomanes, archidiable,prince tre avait les deux sexes. On conclut enfin qu'il
du feu , gouverneur-général des pays en-
fallait mener la mère el l'enfant, hors des li-
flammés, cl surintendant des travaux forcés mites d'fitolie et les brûler tous deux. Corïrne
du ténébreux empire. on était, près de faire cette exécution, le spectre
de Polycrite apparut el se mil auprès de son
Plutus, — dieu des richesses. Il était mis enfant il était velu d'un habit noir. Les
; as-
au nombre des dieux infernaux, parce que sistants effrayés voulaient s'enfuir ; il les rap-
les richesses se tirent du sein de la terre. pela, leur dit de
no rien craindre, cl fil en-
Dans les sacrifices en son honneur, les signes suite, d'une voix grêle el basse,- un beau
ordinairement funestes qu'offraient les en-
discours par lequel il leur montra que s'ils
Irailles des victimes devaient, toujours s'inter- ,
brûlaient, sa femme et son fils, ils tomberaient
préter en bonne part.
dans des calamités extrêmes. Mais, voyant
Pocel, — roi de l'enfer chez les Prussiens. que malgré ses remontrances les Éloliens
Ils nomment aussi Pocol le chef des hordes étaient décidés à faire ce qu'ils avaient ré-
d'esprits aériens, et Porquel celui qui garde solu il prit son enfant, le mil en pièces el le
les forêts. Ce dernier esl le Pan des anciens2, ,
dévora. Le peuple fit des buées contre lui, el
lu;/. PlC.OLbUS et PUCEI.. lui jeta des pierres pour le chasser; if fit peu
Poirier (MARGUERITE), — petite fille de d'attention à ces insultes el continua dô man-
treize ans, qui déposa comme témoin contre ger son fils, dont il ne laissa que là tète , après
Jean Grenier, jeune loup-garou. lîlle déclara quoi il disparut. — Ce prodige sembla si ef-
qu'un jour qu'elle gardait ses moulons dans froyable qu'on prit le dessein d'aller consulter
la prairie, Grenier se jeta sur elle en forme l'oracle de Delphes. Mais la tète (le reniant,
de loup, el l'eût mangée si elle ne se fût dé- s'étant mise à parler, leur prédit, en vers, tous
fendue avec un bâton dont elle lui donna un les malheurs qui devaient leur arriver clans
,
coup sur l'échiné. Elle avoua qu'il lui avait la suite, el, disent les anciens conteurs, la
dit-qu'il se changeait en loup à volonté, qu'il prédiction s'accomplit. La tète de l'enfant do
aimait à boire le sang el à manger la chair Polycrite se trouvant exposée sur un marché
,
(les petits garçons el des petites filles ; ce- public, prédit, encore aux Éloliens', alors en
pendant qu'il ne mangeait pas les bras ni guerre contre les Acarnaniens, qu'ils per-
les épaules 5. draient, la bataille. — Ge Polycrite était un
PolUan, — Centaure de Slavons , auquel vampire ou un ogre.
on attribuait une force et une vitesse extraor-
Polyphage. — On a publié à Wjltemberg,
dinaire. Dans les anciens contes russes, on il y a vingt ou trente ans , une dissertation
le dépeint homme depuis la tête jusqu'à la sous ce litre : De Polyphago'et alio iriophago
ceinture, et cheval ou chien depuis la cein- Wiilembergensi dissertatio , in-i°. C'est l'his-
ture. toire d'un des plus grands mangeurs qui aient
jamais existé. Col homme, si distingué dans
Polyglossos, — nom que les anciens don-
naient, à un chêne prophétique de la forêt de son espèce, dévorait, quand il voulait (ce qu'il
Uodonc, qui rendait des oracles dans la lan- ne faisait toutefois que pour de l'argent) un
mouton entier, ou un cochon ou deux bois-
gue de ceux qui venaient le consulter. ,
seaux de cerises avec leurs noyaux; il brisait
Polycrite.— 11 y avait en Klolie un citoyen avec les dents, mâchait et avalait des vases
vénérable nommé Polycrite que le peuple de terre et de verre, el même des pierres
, ,
avait élu gouverneur du pays, à cause de son très-dures; il engloutissait comme un ogre
tare mérite et de sa probité. Sa dignité lui fut des animaux vivants, oiseaux, souris, che-
prorogée jusqu'à trois ans, au bout desquels nilles etc. Enfin, ce qtli surpasse toute
,
croyance, ou présenta un jour à cet avale-
Voyez l'Histoire naturelle de l'air et des météores, loui une écriloire cotiverto.de plaques de
Par l'abbé llichard.
I.eloyer, Histoire des speelres, ete., liv. m, p. 212. 1er; il la mangea avec les plumes, le canif,
" llelanere, Tabl. de l'inconstance des démons, etc.,
l'encre el le sable. Ce fait, si singulier a été
,.llv-"',
p. 257. attesté par sept témoins occulaircs, devant le
PON /iO<5 POU iî
— —
énal de Wittemherg. — Quoi qu'il en soit, e ucore que lo site où elle est placée. Le puni {,?
e terrible mangeur jouissait d'une santé vi- e st. jeté entre deux montagnes droites et. éle- f-
;oureuse , et termina ses prouesses à l'âge de v ées, sur un torrent furieux, "dont les eaux j?
;oixante ans. Alors i! commença à mener une t Duibenl par cascades sur des rocs brisés. !"
,'ie sobre et réglée, el vécut jusqu'à l'âge de ( t remplissent l'air de leur fracas et de leur :-
;oixanle-dix-neuf ans. Son cadavre fut ou- ( cume L — Le pont, de Pont-à-Mousson était F.
,'erl, et on le trouva rempli de choses ex- i mssi l'ouvrage du diable aussi bien que le, ''
.raordinaires, dont l'auteur donne la descrip- )ont de Sainl-Cloud, el le ,pont, qu'on appelait !';
lion '. Le seconde partie de la dissertation i Bruxelles le Ponl-du-Diable, el plusieurs i;
renferme l'histoire do quelques hommes de mires. L'architecte du pont de Sainl-Cloud, h
celle trempe, et l'explication de ces singula- l'ayant pas de quoi payer les maçons, se ven- f>
rités. — Mais le tout, nous semble farci de ce lit au diable, qui fit la besogne, à condition ïl
que l'on appelle, en termes de journalisme, :pi'on lui donnerait la première personne qui ï-
des canards; et il y en a beaucoup dans les traverserait, le pont. L'architecte, qui était •?
récils de merveilles. rusé, y (il passer un chat que le diable emporta \:
Polyphidée , — devin d'Hypérésie, pays d'assez mauvaise humeur. Voy. TunwrKmai. \:
d'Argos. Popoguno , — enfer des Yirginiens, dont \
Polythéisme. — Un brame de Calcutta a le supplice consiste à être suspendu entre le !"
publié, ces dernières années, une défense ciel et la terre. \

théologiqne du système des Indous, qui ad- Poppiel, — voy. IIATTON. \

mettent, trois cent cinquante millions de dieux Porom-Houngse, sorte de fakirs chez les
et. de déesses. Indiens; ils se vantent d'être descendus du
Pomme-d'Adam.—La légère protubérance ciel el de vivre des milliers d'années sans
qu'on appelle Pomme-J'Adam à la gorge des jamais prendre la moindre nourriture. Ce
hommes vient, dans les opinions populaires, qu'il y a de vrai, c'esl. qu'on ne voit jamais
d'un pépin qui s'est arrêté là quand notre un porom-houngse manger ou boire en public.
premier père mangea le fruit défendu. Porphyre, — visionnaire grec el philosophe
Pont. — Les anciens Scandinaves disaient creux du troisième siècle, que quelques-uns
que les dieux avaient l'ait, un pont qui com- de ses ouvrages ont Tait mettre au rang (les
muniquait, du ciel à la terre, el qu'ils le mon- sorciers.
taient à cheval. Quand Satan se révolta contre S'orricioe , — entrailles de la victime que
Dieu il fil bâtir un fameux pont qui allait, de les prêtres jetaient dans le feu après les avoir
, ,
l'abîme au paradis. Il est rompu. — On ap- considérées pour en tirer de bons ou de mau-
pelle Pont-d'Adam une suite de bancs de sable vais présages.
qui s'étendent presque en ligue directe entre Porta (JEAN-BAPTISTE) , —physicien célè-
l'île de Manaar el celle de Ce.ylan. C'est, selon bre qui a fait faire des pas à la science, né à
les Chingulais, le chemin par lequel Adam, Naples
vers 'IbbO. On dit qu'il composa a
chassé du paradis, se rendit sur le continent. quinze
ans les premiers livres de sa Magie
Les Indiens disent que le golfe se referma pour naturelle, qui sont gâlés par les préjugés du
empêcher son retour. siècle où il vécut. 11 croyait à l'astrologie ju-
Font-du-Diable. — Dans la vallée do diciaire, à la puissance indépendante des es-
Schellencn, en Suisse, l'imagina lion croit voir prits, elc. — On cile comme le meilleur de
partout les traces d'un agent, surnaturel. Le ses ouvrages la Physiognomonie céleste, 106-1,
diable n'est point, aux yeux de ces monta- in—4° ; il s'y déclare contre les chimères de
gnards, un ennemi malfaisant ; il s'est, même l'astrologie : mais il continue néanmoins a
montré assez bonne personne, en perçant des attribuer une grande influence aux corps cé-
rochers, en jetant des ponts sur les préci- lestes. On lui doit encore un traité de Phy-
pices, elc., que lui seul, selon les habitants, siognomonie, où il compare les figures hu-
pouvait exécuter. —On ne peut rien imaginer maines aux figures des animaux, pour en
do plus hardi que la route qui parcourt la tirer des inductions systématiques. Voy. Pnv"
vallée de Schellenen. Après avoir suivi quel- SIOC.iSOMONIE.
que temps les détours capricieux de cette E'orte. — Les Tarlares mantehoux révèrent
route terrible , on arrive à celle oeuvre de un esprit gardien de la porto, sorte de divi-
Satan qu'on appelle le Ponl-du-Diable. Cette nité domestique qui écarte le malheur de leur-
construction imposante esl moins merveilleuse maisons.
1 Extrait de t'Alntanacli historique de l'an XI. 1 Voyage en Suisse d'Iiélène-Marie Williams.
POS — ao:1 — POS
.
Portes des Songes. — Dans Virgile , Pline desquels nous vivons? — Dans tous les cas
p3l de corne, l'autre est d'ivoire. Par la porte beaucoup de possessions, et la plupart, ont
de corne passent les songes véritables, et par été soupçonnées de charlatanisme. Nous
lu porle d'ivoire les vaines illusions et les croyons que souvent, le soupçon a été fondé.
songes trompeurs. — On a beaucoup écrit sur les démoniaques,
Possédés. — Le bourg deTeilly, àlroislieues qui sont, disent les experts, plus ou moins
d'A miens, donna en 1810 le spectacle d'une fille tourmentés, suivant le cours de la lune. —
qui voulait se faire passer pour possédée. Elle L'historien.Tosèphe dit que ce ne sonl pas les
élail, disait-elle, au pouvoir de trois démons, démons, mais les âmes des méchants, qui en-
Minii,Zozû etCrapoulet. Un honnête ecclésias- trent dans les corps des possédés el les tour-
tique prévint l'autorité, qui reconnut que cette mentent.— On a vu des démoniaques à qui
lille élail. malade. On la fil entrer dans un hô- les diables arrachaient les ongles des pieds
pital, el il ne fut plus parlé de la | ossession. sans leur faire du mal. On en a vu marcher à

On trouve de la sorte dans le passé beaucoup quatre pattes, se traîner sur le dos, ramper
de supercheries, que la bonne loi de nos pères sur le ventre, marcher sur la tête. Il y en eut
n'a pas su réprimer assez tôt. Cependant il qui se sentaient, chatouiller les pieds sans sa-
y eut bien moins de scandales qu'on no le
voir par qui ; d'autres parlaient des langues
conte el, les possessions n'étaient pas de si qu'ils n'avaient jamais apprises etc. En
, , —•
libre allure qu'on le croit. —Une démoniaque l'an 'Ibl56, il se trouva à Amsterdam trente
eonimençaità faire du bruit sous Henri 111; enfants démoniaques , que les exorcismes or-
le roi aussitôt envoya son chirurgien Pigray, dinaires ne purent délivrer ; ou publia qu'ils
avec deux autres médecins, pour examiner n'étaient en cet étal que par maléfices el sor-
l'affaire. Quand la possédée fut amenée devant, tilèges; ils vomissaient des ferrements, des
ces docteurs, on l'interrogea, el elle débita des lopins de verre, des cheveux, des aiguilles
sornettes. Le prieur des Capucins lui fil des de- el autres choses semblables. On conte qu'à
mandes en latin auxquelles elle répondit fort, Home, dans un hôpital, soixante-dix filles
mal; et enfin on trouva dans certains papiers devinrent folles ou démoniaques en une seule
qu'elle avait été déjà, quelques années précé- nuit ; deux ans se passèrent sans qu'on les
demment, fûuetléeen place publique potiravoir pût. guérir. Cela peut cire arrivé, dit Cardan,
voulu se faire passer pour démoniaque ; on on par le mauvais air du lieu, ou par la mau-
la condamna à
une réclusion perpétuelle. — vaise eau, on parla fourberie, ou par suite
bu temps de Henri 111, une Picarde se disait, de mauvais déportemcnls. — On croyait re-
possédée du diable, apparemment pour se connailrn autrefois qu'une personne élail dé-
rendre formidable. L'évoque d'Amiens qui moniaque à plusieurs signes : 1" les contor-
soupçonnait, quelque imposture, la lit exor- , sions; %" l'enflure du visage ; 3U l'insensibilité
ciser par un laïque déguisé en prêtre, el lisant et la ladrerie ; 4° l'immobilité ; S0 les cla-
les épilres do Cicéron. La démoniaque, qui meurs du ventre ; (>° le regard fixe ; 7° des
savait son rôle par coeur, se tourmenta, fit réponses en français à des mots latins ; 8° les
(lesgrimaceseffroyables, des cabrioles et des piqûres de lancette sans effusion de sang, etc.
cris, absolument, comme si le diable, qu'elle — Mais les saltimbanques et les grimaciers
disait chez elle, eût été en face d'un prêtre font des contorsions, sans pour cela être pos-
lisant le livre sacré '. Elle fut ainsi démas- sédés du diable. L'enflure du visage, de la
quée. possédés ou démoniaques gorge, de la langue, est souvent causée par
— Les vrais diable,
sont ceux dont le s'esl emparé. Plu- des vapeurs ou par la respiration retenue.
sieurs aujourd'hui prétendent que toutes les L'insensibilité peut bien èlre la suite de quel-
possessions sont des monomanies, des folies que, maladie, ou n'être que factice., si la
l'Ius ou moins furieuses, plus
ou moins bi- personne insensible a beaucoup de force. Un
2arres. Mais comment expliquer ce fait qu'à jeune Lncédémonien se laissa ronger le foie
'-ilieel en Belgique où l'on traite les fous
co- par un renard qu'il venait de voler, sans don-
lonisés, on guérit les ,
fous furieux en les exor- ner le moindre signe de douleur; un enfant se
'isanl? Le savant docteur Moreau, dans la laissa brûler la main dans un sacrifice que
visiie qu'il
a l'aile à Gbee! on 1842, el qu'il faisait Alexandre, sans faire aucun mouve-
;i publiée,
a reconnu ce fait, qui ne peut être ment . du moins les historiens le disent. Ceux
'•onlcsté. Le diable serait-il donc pour quel- qui se faisaient fouetter devant l'autel de
le- chose dans certaines folies? et. connais- Diane ne fronçaient pas le sourcil. — L'im-
sl'tis-nous bien tous les mystères au milieu mobilité esl volontaire, aussi bien dans les
gestes que dans les regards. On est libre de
\ ' l'i.giay, Traité de cliinirgie. so mouvoir ou de ne se mouvoir pas, pour
PQS 408 ^~ PûS
peu qu'on ait. de fermeté dans les nerfs. Les dyme n'était pas en répulgiiqn de sainlpié, ï
clameurs et jappements que les possédés fai- mais suspecte au contraire à cause de
saient entendre dans leur ventre sont expli- moeurs fâcheuses. » On la reconnut possédée, ses i
i
qués par. nos yen tri loques.
— On attribuait el sorcière; on découvrit- le 29 mars 1617 !
aussi à. la présence du diable les piqûres d'ai- qu'elle avait sur le dos une marque faite
par-
guille ou de lancette sans effusion de sang ; le diable. Elle confessa avoir été à la syna-
mais dans les mélancoliques, le sang, qui est gogue (c'est ainsi qu'elle nommait le sabbat),
épais et grossier, ne peut souvent sortir par y avoir eu commerce avec le diable el
petite y avoir
une ouverture, et les médecins disent reçu ses marques. Elle s'accusa d'avoir fait
que certaines personnes piquées de la lan- des maléfices d'avoir reçu du diable des
cette ne saignent point. — On regardait encore poudres pour nuire., ,
elde les avoir employées
comme possédés les gens d'un estomac faible, avec certaine formule de paroles terribles.
qui, ne digérant point, rendaient les choses Elle avait, disait-elle, un démon familier de
telles qu'ils les avaient avalées. Les fous el l'ordre de Bolzêbnlh. Elle dit encore qu'elle
les maniaques avaient la même réputation. avait entrepris d'ôler la dévotion à
sa com-
Les symptômes de la manie sontsi affreux ', munauté pour la perdre; que, pour elle, elle
que nos ancêtres sont très-excusables de l'a- avait mieux aimé le diable que son Dieu.
voir mise sur le compte des esprits malins.— Elle avait, renoncé à Dieu, livrant
corps et
On a publié un traité sur les démoniaques in- âme au démon ; ce qu'elle avait confirmé en
titulé : Recherches sur ce qu'il faut entendre donnant au diable quatre épingles; convention
par les démoniaques dont il est parlé dans le qu'elle avait signée de son sang, tiré do sa
Nouveau Testament, par T. P. A. P. 0.. A. veine avec une petite lancette que le diable
B. .1. T. C. 0. S. ,in-I2, '1738, lui avait fournie. Elle se confessa encore do
Possédées de Flandre. — L'affaire des plusieurs abominations, et dit qu'elle avait
possédéesde Flandre, au dix-septième siècle, entendu parler au sabbat d'un certain grand
a fait trop de bruit pour que nous puissions miracle par lequel Dieu exterminera la syna-
nous dispenser d'en parler. Leur histoire a gogue ; et alors ce sera fait de Belzébutli qui
élé écrite en deux volumes in-8°., par les sera plus puni que les autres. Elle parla de
pères Domptais etMichaelis. —Ces possédées grands combats que lui livraient le diable et
étaient trois femmes qu'on exorcisa à Douay. la princesse des enfers pour empêcher sa con-
L'une était Didyme, qui répondait en vers et fession. Puis elle désavoua tout ce qu'elle
en prose, disait des mots lalins el des mots avait confessé, s'écrianl que le diable la per-
hébreux, el faisait des impromptus. C'était dait. Etail-ce folie? dans tous les cas celte
une religieuse infectée d'hérésie et convain- folie élail affreuse. — Marie de Sains disait
cue de mauvaises moeurs. La seconde était de son côté qu'elle s'était aussi donnée au
une fille:, appelée Simone Dourlel, qui ne ré- diable, qu'elle avait assisté au sabbat, qu'elle
pugnait pas à passer pour sorcière. La troi- y avait adoré le diable, une chandelle noire
sième était Marie de Sains qui allait au à la main. Elle prétendit que l'Antéchrist était
,
sabbat et prophétisait par l'esprit de Satan. venu , et elle expliquait l'Apocalypse. —Si-
La presse du temps a publié, un fa.et.um cu- mone Dourlel avait, aussi fréquenté le sabbat.
rieux intitulé : te Confessions de Didyme, Mais comme elle témoignait du repentir, on
sorcière pénitente, avec les choses qu'elle, a la mil en liberté car elle était arrêtée comme
,
déposées touchant la synagogue de Satan. sorcière. Un jeune homme de Yalencienn.es,
Plus, les instances que cette complice (qui de- de ces jeunes gens dont la race n'est pas
puis est. rechulée) a faites pour rendre nulles perdue, pour qui le scandale esl un attrait,
ses premières confessions : véritable récit de s'éprit alors de Simone Dourlel et voulut l'é-
tout ce qui s'est passé en.celte affaire. Paris, pouser. L'ex-sorcière y consentit. Mais ie
'1623.—On voit, dans cette pièce, que « Di- comte d'Eslaires la fit remettre en prison, où
elle fut retenue lûng-lemps avec Marie de
3 La manie universelle est le spectacle le plus hideux
et le plus terrible qu'on puisse voir. Le. maniaque a les Sains. Didyme fui brûlée. Voy. SAMUT.
yeux fixes, sanglants, tantôt liors dePorbite, tantôt en- Postel (GUILLAUME), visionnaire du sei-
foncés,'le visage ronge, les vaisseaux engorgés, les traits
' altérés, tout le corps en contraction; il ne. reconnaît zième siècle, né au diocèse d'Avranches. Il
plus ni amis, ni parents, ni enfants, ni épouse. Sombre, fut, si précoce qu'à l'âge de quatorze ans on
furieux,rêveur, cherchant la terre nue et l'obscurité; ii
s'irrite du contact de ses vêtements, qu'il déchire avec le fit maître d'école. Il ne devint absurde que
les ongles et avec les dents, même de celui de l'air et de. dans l'âge mûr. On dit qu'une lecture trop
l.â lumière, contre lesquels il;s'ép'.iise en sputations et
on vociférations. La faim, la soif, le chaud, le Iroid, de- approfondie des ouvrages'des rabbins cl la
viennent souvi-nt, pour le maniaque, des seusatioif-s in- vivacité de son imagination le précipitèrent
connues, d'autres fois exaltées.- (Le docteur Fodéré, Mé-
decine légale.) : clans des écarts qui seinèreqt.sa, vie dp trou-
POU — qt)9.) — PUE
I,|(y, cl lui causèrent de cuisants chagrins. Il
réunir lotis Chinois.
Eoii sha,- dieu de la porcelaine chez les
Des ouvriers, dit-on, ne pouvant
(.,.iil. qu'il élail appelé par Dieu à
(
1C3 hommes sous une
même loi, par la parole exécuter ( un dessin donné par un empereur,
ou par
le glaive, voulant toutefois les sou- l'un 1 deux nommé Pou-sba, dans un moment*
,
mettre à l'autorité du pape et du roi de de
( désespoir, s'élança dans le fourneau tout
l'riince, à qui la monarchie universelle ap- ardent. t 11 fut à l'instant consumé, et la por-

narienait de droit,, comme descendant en li- celaine ( prit la forme que souhaitait le prince.
irnc directe
du fils aîné de Noé. — S'étant Ce I malheureux acquit à ce prix l'honneur do
donc l'ait nommer aumônier à l'hôpital de présider,
] en qualité de dieu, aux ouvrages
Venise, il se lia avec une femme timbrée, de
i
porcelaine.
connue sous le nom de mère Jeanne, dont les Poule noire.—C'esten sacrifiant une poule
visions achevèrent de lui tourner la tète. Pos- noire à minuit, dans un carrefour, qu'on en-
te! se prétendit, capable d'instruire et de cou- ;gage
le diable à venir faire pacte. Il faut pro-
verlir le monde entier. A la nouvelle des rê- noncer une conjuration, ne se point retourner,
veries qu'il débitait il fut dénoncé comme faire un trou en terre, y répandre le sang de
hérétique ; mais on le mit hors de cause la poule el l'y enterrer. Le même jour, ou
comme fou. Après avoir parcouru l'Orient et neuf jours après, le diable vient el donne de
fait paraître plusieurs ouvrages dans lesquels l'argent, ou bien il fait présent à celui qui a
il parle des visions de la mère Jeanne, il sacrifié d'une autre poule noire qui est une
rentra clans de meilleurs sentiments, se re- poule aux oeufs d'or. Les doctes croient que
lira au prieuré de Sainl-Martin-des-Champs ces sortes de poules, données par le diable,
à Paris, el y mourut, en chrétien à quatre- sonl de vrais démons. Le juif Samuel Bernard,
vingt-seize ans, le G septembre -15S-I On lui banquier de la cour de France, mort à quatre-
attribue à tort le livre des ïVof's imposteurs. vingt-dix ans en 1739 et dont on voyait la
,
Voy. JEANNE. maison à la place des Victoires, à Paris, avait,
Pot à beurre. — Un habile exorciste disait-on, une poule noire qu'il soignait extrê-
avait enfermé plusieurs démons dans un pot mement ; il mourut peu de jours après sa
à beurre; après sa mort, comme les démons poule, laissant trente-trois millions. —La su-
faisaient du bruit dans le pot, les héritiers le perstition de la poule noire esl encore très-
cassèrent, persuadés qu'ils allaient y sur- répandue. On dil en Hretagne qu'en vend la
prendre quelque trésor; mais ils n'y trouvè- poule noire au diable, qui l'achète à minuit,
rent que le diable assez mal logé. Il s'en- et paie le prix qu'on lui en demande i.— il
vola avec ses compagnons, et laissa le pot y a un mauvais et sol petit livre dont voici le
vide '. titre : la Poule noire ou la poule aux oeufs
Pou d'argent. -— C'est la décoration que d'or, avec la science des talismans et des an-
le diable donne aux sorciers. Po;/. SAMIAT. neaux magiques, l'art de la. nécromancie et
de la cabale, pour conjurer les esprits infer-
Poudo't, — savetier de Toulouse, dans la les sylphes, les ondins, les gnomes,
maison duquel le diable cacha 1.1357. Le naux,
; se en acquérir la connaissance des sciences s( crêtes,
malin jetait, des pierres qu'il lenait. enfermées
dans un, coffre que l'on, trouva fermé à clef,
découvrir les trésors et obtenir le pouvoir de
commander à tous les èlresd déjouer tous les
cl que l'on enfonça ; mais, malgré qu'on le,
vidât, il se. remplissait toujours. Cette circotir maléfices et sortilèges, etc. En Egypte, 7<i(),
sljiiice fit beaucoup de.bruit dans la ville, et i vol. in-18. — Ce n'est qu'un fatras niais cl
incompréhensible.
le président, de la
cour de justice, M. Latomy,
vint voir cette merveille. Le diable fil sauter JPoupart , —V07J. Al'PAIUTlONS.
foti bonnet d'un conp de pierre au moment
Pra-Ariaseria ,— personnage laineux qui
wi il entrait dans la chambre où était vivait dans le royaume de Siam, du temps de
ce Sommona-Codom Les Siamois
coffre,; il s'enfuit effrayé, et on ne délogea: en font un co-
qu'avec peine cet esprit, qui, faisait des tours losse de quarante brasses-et demie de circon-
l 'le physique amusante2.
férence, et de trois brasses et demie de dia-
\ î?ouietSl —voy. AUGURES.
mètre, ce qui-paraît peu compréhensible. Il
est vrai que nous ne savons pas quelle était
Pourang, — nom du premier homme, selon
'es Japonais,.lequel sortit d'une citrouille sa forme.
-
échauffée "Préadamïtes. — En 16bo, Tsaac de la- Per-
par l'haleine d'un boeuf,.après qu'il fil imprimer, en Hollande, un livre dans
j; "<it cassé l!oeuf d'où le monde était issu. reyre
lequel il voulait établir qu'il y a eu des hommes
X l.egcnda aurea .Tac. de Voragine, leg. 88. avant Adam. Quoiqu'il n'eût pour appui que
\ M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 124. 1 Oambry, Voyage dans,1e. Finistère, t. III, p.. 16.
PRE- Zi-IOi PRÉ p
— —
les fables des Egyptiens el des Chaldéens, Prélati, — charlatan de magie. Voy. m,z. I
ce paradoxe eut un moment des sectateurs, Présages. — Celle faiblesse, qui consiste fk
comme en onl toutes les absurdités. Desma- indices de l'avenir les
'rais, qui professait à Groningue, le combattit, à regarder comme des
événements les plus simples el les plus im_ ri>
el plus tard l'auteur même se rétracta. lurels, esl l'une des branches les plus consi- l
Précy,—VOl/. BAM110UILMÎT. dérables de la superstition. Il est à remarquer i
Prédictions. -— Pompée , César el Crassus qu'on distinguait autrefois les présages des
avaient élé assurés par d'habiles astrologues augures, en ce que ceux-ci s'entendaient des r!
qu'ils mourraient, chez eux comblés de gloire, augures recherchés ou interprétés selon ios !
de biens et d'années, et tous trois périrent. règles de l'art, augurai, et que les présages
;
misérablement. Charles-Quint, François Ie''et qui s'effraient fortuitementétaient interprétés
Henri Y1II, tous trois contemporains, furent par chaque particulier d'une manière plus
menacés do mort violente, el leur mort ne fut vague et plus arbitraire. — De nos jours on
que naturelle. — Le grand seigneur Osman regarde comme d'un très-mauvais augure de
voulant déclarer la guerre à la Pologne en déchirer trois fois ses manchettes ; de trouver
1621, malgré les remontrances de ses mi- sur une table des couteaux en croix d'y voir
,
nistres, un santon aborda le sultan et lui dit: des salières renversées etc. Quand nous ren-
,
« Dieu m'a révélé la nuit dernière, dans une controns en chemin quelqu'un qui nous de-
vision que, si Ta Hautesse va plus loin, elle mande où nous allons, il faut retourner sur
est en danger de perdre son empire; Ion épée nos pas, de peur que mal ne nous arrive.—
ne peut celte année faire de mal à qui que ce Si une personne à jeun raconte un mauvais
soit — Voyons dit Osman si la prédiction songe à une personne qui ait déjeuné, le
, ,
est certaine ; » el donnant son cimeterre à un songe sera funeste à la première. 11 sera fu-
janissaire, il lui commanda de couper la tète neste à la seconde, si elle est à jeun, et que
à ce prétendu, prophète ce qui fut exécuté la première ail déjeuné. Il sera funeste à
,
sur-le-champ. — Cependant Osman réussit toutes les deux, si toutes les deux sonl à jeun.
mal dans son entreprise contre la Pologne, et 11 serait sans conséquence, si toutes les deux
perdit, peu de temps après, la vie avec l'em- ont l'estomac garni. —Malheureux générale-
pire.,— On cite encore le fait suivant, comme ment, qui rencontre le matin, ou un lièvre, ou
exemple de prédiction accomplie : — Un an- un serpent., on un lézard, ou un cerf, ou un
cien coureur, nommé Languille, s'élail retiré chevreuil, ou un sanglier ! Heureux qui ren-
sur ses vieux jours à Aubagne près de Mar- contre un loup, une cigale, une chèvre, un
seille. 11 se prit de querelle avec le bedeau crapaud! loi/. ARAIGNÉE, CHASSE, PIE, lh-
de la paroisse qui était en même temps fos- iiou, etc., etc., elc. —Cécilia, femme do
,
soyeur; celle dispute avait produit une haine Mélellus, consultait les dieux sur l'établisse-
si vive, que Languille avait signifié au bedeau ment, de sa nièce qui élail nubile. Cette jeune
qu'il ne mourrait jamais que par lui ; de sorte fille, lasse de se, , tenir debout devant l'autel
que le pauvre bedeau effrayé l'évitait comme sans recevoir de réponse, pria sa tante de lui
un ennemi formidable. —Peu de temps après, prêter la moitié de son siège. « De bon coeur,
Languille mourut, âgé desoixanie-quinze ans. lui dit. Cécilia, je vous cède même ma place
Il logeait dans une espèce de chambre haute tout entière. » Sa bonté lui inspira ces mots,
où l'on montait par un escalier étroit et très- qui furent pourtant, dit Valère-Maximo, un
roide. Quand il fut question de l'enterrer, le présage de ce qui devait arriver; car Cécilia
bedeau bien joyeux alla le chercher, et char- mourut quelque temps après, et Métcllus
gea sur ses épaules la bière dans laquelle épousa sa nièce. — Lorsque Paul-Emile tai-
était le corps de Languille, qui était devenu sait la guerre au roi Persée il lui arriva
,
assez gros. Mais en le descendant d'un air quelque chose de remarquable. Un jour, ren-
triomphal, il fit un faux pas; glissa en avant; trant à sa maison il embrassa, selon sa cou-
la bière tombant sur lui l'écrasa. Ainsi s'ac- tume, la plus jeune, de ses filles, nommée Ter-
complit la menace de Languille, autrement tia et la voyant plus triste qu'à l'ordinaire,
,
sans doute qu'il ne l'avait entendu. — Ma- il lui demanda le sujel de son chagrin. Celte
nière de prédire l'avenir. — Qu'on brûle de petite fille lui répondit que Persée était mort
la graine de. lin, des racines de persil et do (un petit chien que l'enfant nommait ainsi
violette ; qu'on se melle dans- cette fumée, venait de mourir). Paul saisit le présage; et
on prédira les choses futures '... Voy. AS- en effet, peu de temps après, il vainquit le
TROLOGIE, etc. roi Persée el entra triomphant dans nome
,
1 Weclier, des Secrets merveilleux. 1 Yalère Maxime,
PRÉ — 411 — PRIS
Un peu avant l'invasion des Espagnols au r igardé comme trôs-sinislre dans le village
_Mexique on prit au lac de Mexico un oiseau i 'Arebo, quoiqu'il soit situé dans le même
,
delà forme d'une grue, qu'on porta à l'em- r jyaume de Bénin.
iicrcur Monlézuma, comme une chose
prodi- Prescience, — connaissance certaine el in-
gieuse. Cet oiseau , dit le conte , avait, au haut j lillible de l'avenir. Elle n'appartient qu'à
iie la tète une espèce de miroir où Monlézuma ] tieu. llappelons-nous ici la maxime d'Her-
vil les deux
parsemés d'étoiles de quoi il , ey : « Mortel, qui que lu sois, examine et
,
s'étonna grandement. Puis levant les yeux au , èse tant que tu voudras ; nul sur la terre
ciel, et n'y voyant plus d'étoiles, il regarda , e sait quelle fin l'attend. »
une seconde fois dans
le miroir, et aperçut Préservatifs, —VO\J. AMULETTES, CoilNES,
,m
peuple qui venait de l'Orient, arma, com- 'IIYLACTÈUES TROUPEAUX etc.
imllunt et. tuant. Ses devins étant venus pour , ,
Pressentiment —Suétone assure que Cal-
lui expliquer ce présage, l'oiseau disparut, les
grand trouble. C'était, à avis, lurnie fut tourmentée de noirs pressenti-
laissant en « mon d'heures avant la mort de César,
mauvais démon qui venait lui neufs peu
dil Delancre, son
fin, laquelle lui arriva bientôt.» vlais que sont les pressentiments? est-ce une
annoncer sa — voix secrète el intérieure? est-ce une inspi-
Dans le royaume deioangoen Afrique, on re- ration céleste ? esl-ce la présence d'un génie
garde comme le présage le plus funeste poul- invisible qui veille destinées? Les an-
sur nos
ie roi
que quelqu'un le voie boire et manger; ciens avaient fait du pressentiment une sorte
ainsi il esl absolument seul et sans domesti-
Les de religion et de nos jours on y ajoute foi.
ques quand il prend ses repas. voyageurs, M. C. de U..., ,
après s'être beaucoup amusé
en parlant, de celle
superstition rapportent
,
de au bal de l'Opéra, mourut, d'un coup de sang
Irait barbare d'un roi de Loango : Un
nu
(ils, âgé de huit neuf étant entré en rentrant chez lui. Madame de V., sa soeur,
ses ou ans, qui l'avait quitté assez tard, fut tourmentée
imprudemment dans la salle où il mangeait,
dans le moment qu'il buvait, il leva de toute la nuit de songes affreux qui lui repré-
el se sentaient son frère dans un grand danger,
lubie, appela le grand-prêtre, qui saisit cet
fit égorger, frotta de l'appelant à son secours. Souvent réveillée
enfant, le et son sang
:
détourner les mal- en sursaut, et dans des agitations continuel-
les bras du père, pour
:
heurs dont ce présage semblait le menace:-,
les, quoiqu'elle sût que son frère était au bal
chien de l'Opéra, elle n'eut rien de plus pressé,
l-ii autre roi de Loango lit assommer un dès que le jour parut, que de demander sa
qu'il aimait, beaucoup, et qui, l'ayant un jour de courir chez l'objet de sa ten-
. voiture et
suivi, avait assisté à son dîner «. — Les hur-
lements des bêles sauvages, les cris des cerfs
dresse fraternelle. Elle arriva au moment que
sinistres le suisse avait reçu ordre de ne laisser en-
el (les singes sonl des présages pour
les Siamois. S'ils rencontrent un serpent qui
trer personne , el de dire que M. C. de lt....
:. leur
barre le chemin , c'est pour eux une solée
avait besoin de repos. Elle s'en retourna con-
raison suffisante de s'en retourner sur leurs
cl riant de sa frayeur. Ce ne fut que
laquelle ils dans l'après-midi qu'elle apprit que ses noirs
pas, persuadés que l'affaire pour pressentiments ne l'avaient point trompée .
sont sortis ne peut pas réussir. La chute do
Foi/. SONGES.
quelque meuble que le hasard renverse esl
aussi d'un très-mauvais augure. Que le ton- Pressine, •— fOl/. MÉ1.US1NIÏ
nerre vienne à tomber, par un effet naturel Prestantius , — VOlJ. EXTASES.
H commun, voilà de quoi gâter la meilleure Prestiges. •— « Il y a eu de nos jours , dil
affaire. Plusieurs poussent encore plus loin la Gaspard Peucer, en ses commentaires de Di-
superstition et l'extravagance. Dans une cir- vinations, une vierge bateleuse à Bologne,
constance critique el. embarrassante, ils pren- laquelle, pour l'excellence de son art, était
dront pour règle de leur conduite les pre-
fort renommée par toute l'Italie; néanmoins
mitres paroles qui échapperont au hasard à elle,
:
ne sut, avec toute sa science, si bien pro-
I "n passant, et qu'ils interpréteront à leur ma- longer sa vie qu'enfin, surprise de maladie,
nière.
•— Dans
le royaume de Bénin, en Afri- elle mourût. Quelque autre magicien, qui
y
ne
'l'te, on regarde comme un augure très-favo- l'avait toujours accompagnée, sachant le pro-
:;

ï l'fble qu'une femme accouche de deux enfants fil qu'elle retirait do son art pendant sa vie
jumeaux : le roi ne manque pas d'être anssilôt lui mit, ,
par le secours des esprits, quelque
'«formé de celte importante nouvelle, cl l'on
ï charme ou poison sous les aisselles, de sorte
ceièhre par des concerts et des festins un
qu'il semblait qu'elle eût vie, et commença à
; facilement si heureux. Le môme présage est
V Suiut-Foix, Essais historiques. 1 Spcctriana, p. 64.
PHI. — AI 2; — PI10 '%

se retrouver aux assembléesjouant de la har- Prodige, — événement surprenant doui t


pe, chantant, sautant et dansant, comme elle on >
ignore la cause, el que l'on esl lente de i?
avait accoutumé ; de sorte qu'elle ne différait regarder comme surnaturel. C'esl la déTiniiiôn I'
d'une personne vivante que par sa couleur qui de Bergier. Sous le consulal de Volumnu,s l;
était excessivement, pâle. Peu de jours après, on <
entendit parler un boeuf; il tomba du ciel' V'
il se trouva à Bologne un autre magicien, le- en forme de pluie, des morceaux de chair' ï
quel averti de l'excellence do l'art de. celle que les oiseaux dévorèrent en grande partie'
fille,, la voulut voir jouer comme les autres. le resfe fui quelques jours sur la terre sans ;
Mais à peine l'eul-il vue, qu'il s'écria : «Que rendre- de mauvaise odeur. Dans d'autres
faites-vous ici, messieurs? celle que, vous temps, on rapporta des événements aussi >-,Si-
voyez devant vos yeux, qui fait de si jolis extraordinaires , qui onl néanmoins trouvé
soubresauts, n'est autre qu'une charogne créance parmi les hommes : un enfant de six v
'
morte; » et à l'instant elle tomba morte à ter- mois cria victoire dans un marché de boeufs. i;
re. Au moyen de. quoi le prestige et l'enchan- 11 plul des pierres à Picenne. Dans les Gaules, 1?
teur furent, découverts. » un loup s'approcha d'une sentinelle, lui tira ['
Prétextât, — voy. EXTASES. — Une jeune l'épée du fourreau el l'emporta. Il parut en j
femme de la ville de Laon vit le diable sous Sicile une sueur de sang sur deux boucliers ; \.
la forme de son grand-père, puis sous celles el, pendant la seconde guerre punique, un j
d'une bêle velue, d'un chat, d'un escarbol, taureau dil en présence de Cneus Domilius:
d'une guêpe el d'une jeune fille >. Voy. Ap- Rome, prends garde à loi 1! Dans la ville de '
PAIIITIONS, ENCHANTEMENTS, SICIDITES, MÉTA- Galène, sous le consulal de Lépide, on en- :
MORPHOSES CHAUMES etc. lendit parler un coq d'Inde, qui ne s'appelait |
, ,
Prêtres noirs. — C'est le nom que don- pas alors un coq d'Inde; car c'élail une pin-
nent les sorciers aux prêtres du sabbat. tade. Voilà des prodiges. — Delancre parle
Prières superstitieuses. — NOUS emprun- d'un sorcier qui, de son temps, sauta du haut
d'une montagne sur un rocher éloigné de deux
tons à l'abbé Thiers el à quelques autres ces
petits chefs-d'oeuvre de niaiserie ou de naï- lieues. Quel saull... — Un homme ayant bu
veté. — Pour le mal de dénis: Sainte Apol- du lait, Schenkius dil qu'il vomit deux petits
line qui esl assise sur la pierre; sainte Apol- chiens blancs, aveugles. —Vers la fin dumois
line, que faites-vous là ? — Je suis venue, ici d'août 4C>S2, on montrait à Cbarenton une
fille qui vomissait des chenilles, des limaçons,
pour le mal de dents. Si c'esl un ver, ça s o- des araignées et. beaucoup d'autres insectes.
tcra ; si c'esl une goutte, ça s'en ira. —Con-
Les docteurs de Paris étaient émerveillés. Le
tre le tonnerre. Sainte Barbe, sainte Fleur,
la vraie croix de noire Seigneur; partout où l'ail semblait constant. Ce n'était pas en se-
c'était, devant des assemblées nombreu-
celle oraison se dira , jamais le tonnerre ne cret,
tombera. — Pour toutes les blessures. Dieu ses que ces singuliers vomissements avaient
lieu ; déjà on préparait, de toutes paris des
me bénisse et me guérisse, moi pauvre créa- dissertations pour expliquer ce phénomène,
ture , de toute espèce de blessure, quelle lorsque le lieutenant
qu'elle soit, en l'honneur de Dieu el de la criminel entreprit de
A'ierge Marie, el de messieurs saint Cosme et s'immiscer dans l'affaire. 11 interrogea la ma-
saint Damien. Amen. — Pour les maladies lôficiée, lui fil peur du fouet et du carcan,elle et
des yeux. Monsieur saint Jean passant par ici . elle avoua que depuis sept ou huit mois
s'était accoutumée.à avaler des chenilles, des
trouva trois vierges en- son chemin-. 11 leur araignées et.des insectes; qu'elle désirait de-
dit: Vierges, que faites-vous ici,?. — Nous puis long-temps avaler
guérissons de la: maille.. — Oh ! guérissez, des crapauds, mais
qu'elle n'avait pu s'en procurer d'assez petits'.
vierges, guérissez cet.oeil.. — Pour arrêter le
On a pu:lire il y a vingt, ans un fait pareil rap-
du
sang nez. Jésus-Christ: est né en, Bethléem,
porté dans les journaux. Une femme vomis-
e.l. a souffert en Jérusalem. Soiii sang s'est
troublé; je le dis el te commande, sang, que sait des grenouilles el des crapaudsvérifier ; un mé-
decin peu crédule, appelé pour le
tu.t'arrêtes par la puissance de Dieu, par. l'ai— fait,
dp: de saint Fiacre elde tous lessaints, tout pressa de questions la malade, et parvint
à lui faire avouer qu'elle avait eu recours a
ainsi que le Jourdain, danslequel saint Jean- d ar-
Baplisle baptisa notre Seigneur, s'est arrêté. cette, jonglerie pour gagner un peu
Amnom.du Père et du Fils el du.Saint-Esprit. gent-1.
Voy. OIIAISON nu LOUP, GAIIDES, BAMHÎ-A- 1Yalère Maxime.
DIIÏU, etc. 2 Diet. fies merveilles île la nature, article F.sloW-
3 M. Saignes, Des erreurs et des préjugés, t. l'>
1 Cornelii Gemmai Cosmoeriticîe, lib. .11, cap. 2. p. 34.
PRO — /ri 3) — PUC
gromêthée. — Allas et Prométhée, tous Prophètes . —- Les Turcs en reconnaissent,
lieux grands astrologues, vivaient du temps plus
\ de cent quarante mille ; les seuls que
de Joseph. Quand Jupiter délivra Prométhée nous
r devions révérer comme vrais prophètes
de l'aigle ou du vautour qui devail lui dévo- sont
£ ceux des saintes Écritures. — Toutes les
rei' les
entrailles pendant trente mille ans, le 1fausses religions en ont eu de faux comme
dieu, qui avait juré de ne le point délacher elles. i

du Caucase, ne voulut pas fausser son ser- Prophéties, — VOy. PRÉDICTIONS, SIBYL-
ment, et lui ordonna de porter à son doigt un ] LES , DEVINS , etc.
anneau où serait enchâssé un fragment de Proserpine, — épouse de Pluton selon les
ce rocher.
C'est là, selon Pline, l'origine des païens,
et reine de l'empire infernal. Selon
bagues enchantées.
,

les démonomanes, Proserpine est archidu-


Pronostics populaires. — Quand les chênes chesse et souveraine princesse des esprits
portent beaucoup de glands, ils pronostiquent malins. Son nom vient de prdserpere, ramper,
un hiver long et rigoureux. •—
Tel vendredi, serpenter ; les interprètes voient en elle le ser-
lel dimanche. Le peuple croit qu'un vendredi pent funeste.
pluvieux ne peut être suivi d'un dimanche
Prostrophies, — esprits malfaisants qu'il
serein. Racine a dit au contraire : fallait supplier avec ferveur, chez les anciens,
Ma foi svir l'avenir bien fou qui se fiera. pour éviter leur colère.
Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
Pruflas ou Busas, — grand prince et grand-
Si la huppe chante avant que les vignes ne
duc de l'empire infernal. Il régna dans Baby-
germent, c'esl un signe d'abondance de vin : lone, quoiqu'il eût la tète d'un hibou. Il ex-
De saint Paul la claire journée cite les discordes, allume les guerres, les
Nous dénote une bonne année. querelles, et réduit à la mendicité ; il répond
Si l'on voit épais les brouillards,
Mortalité de toutes parts. avec profusion à tout ce qu'on lui demande ,
S'il fait vent, nous aurons la guerre ; il a vingt-six légions sous ses ordres '.
S'il neige ou pleut, clierté sur terre;
Si beaucoupd'eau tombe en ce mois, Pséphos, — sorte de divination où l'on fai-
Lors peu de vin croître tu vois. sait usage de petits cailloux, qu'on cachait
Des étoiles en plein jour pronostiquent des in-
dans du sable.
cendies et des guerres. Sous le règne de Con- Psychomancie , — divination par les es-
stance, il y eul un jour de ténèbres pendant prits, ou art d'évoquer les morts. Voy. NÉCRO-
lequel on vil les étoiles ; le soleil à son lever MANCIE.
était aussi pâle que la lune: ce qui prégageait Psyll'es, — peuples de Libye, dont la pré-
la famine et la peste. sence seule charmait le poison le plus subtil
Du jour de saint Médard, en juin, des serpents les plus redoutables. Ils préten-
Le laboureur se donne soin ; daient aussi guérir la morsure des serpents
Car les anciens disent, s'il pleut, avec leur salive ou par leur simple attouche-
Que trente jours durer il peut.
Et s'il fait beau, sois tout certain ment.. Hérodote prétend que les anciens Psyl-
J D'avoir abondamment du grain, les périrent dans la guerre insensée qu'ils en-
Les tonnerres du soir amènent un orage ; les
treprirent contre le vent du midi, indignés
< qu'ils étaient de voir leurs sources desséchées.
tonnerres du matin promettent des vents ;
ceux qu'on entend vers midi annoncent la Psylotoxotes, •—peuple imaginaire de.Lu-
:.
pluie. Les pluies de pierres pronostiquent des cien. Ils étaient montés sur des puces grosses
i charges et des surcroîts d impôts. comme des éléphants.
] Quiconque en août dormira Pubiius, — uoy. TÊTE.
'„ Sur midi, s'en repentira. Puoel, — grande et puissant duc de l'enfer;
i Bref en tous temps je te prédi il paraît sous la forme d'un ange obscur- ;. il
t Qu'il ne faut dormir à midi.
répond sur les sciences, oecultes ; il apprend
i Trois soleils, pronostiquent un triumvirat.. On la géométrie et. les arts, libéraux ;, il cause, de
ï v't trois soleils, dit Cardan, après la mort de grands bruits et fait entendre le mugissement
| Jules César ; la môme, chose eul lieu un peu des eaux dans les lieux où il n'y en a pas. Il
s avant le règne de François I™, Charles-Quint eonimandequarante-huiliégions2.11: pourrait
et Henri VIII.
«
— Si. le soleil luit avant la bien; être le même' que Pocel..
1 -
messe le jour de la Chandeleur,, c'est, un si-"
Puoëlle d'Orléansy-^ WOÎ/,..,JEANNB D'AUG.
.8'ie que l'hiver sera, encore bien long..
5
— Qui
l se couche avec les chiens se lève avec les5 r Wierus, in Pseudomonarchiâ iiïem-.' i
i l>uces. . . . 2 Wierus, in Pseudomoiu damv.
ru.il ih —
— it\h FÏR il
Puces. — L'abbé Thiers, parmi les super- Putèorites, — secte juive dont la super -1
stitions qu'il a recueillies, rapporte celle-ci: stilion consistait à rendre des honneurs la
qu'on peut se prémunir contre la piqûre des liculiers aux puits et aux fontaines. par fi
'
puces, en disant : Och , oc/i. Pygmécs , — peuple fabuleux qu'on disaH il
Punaises. — Si on les boit .avec du bon vi- avoir existé en Thrace. C'étaient des hommes «I
naigre elles font sortir du corps les sangsues qui n'avaient qu'une coudée de haut; leurs (1
que l'on,
a avalées, sans y prendre garde, en femmes accouchaient à trois ans et étaient î|
buvant de l'eau de marais '. vieilles à huit. Leurs villes et leurs maisons Si
Purgatoire. — Les juifs reconnaissent une n'étaient bâties que de coquilles d'oeufs à |;l a
:
sorte de purgatoire qui dure pendant, toute la campagne ils se reliraient dans des trous •!
première année qui suit la mort de la per- qu'ils faisaient sous terre. Ils coupaient leurs S
sonne décédée. L'âme, pendant ces douze blés avec des cognées, comme s'il eût été il
mois a la liberté de venir visiter son corps question d'abattre une forêt. Une armée de 3
, ces
et revoir les lieux et les personnes pour les- petits hommes attaqua Hercule, qui s'était en- il
quels elle a eu pendant la vie quelque af- dormi après la défaite du géant Antée, et prît I
fection particulière. Le jour du sabbat, est pour pour le vaincre les mômes précautions qu'un 1
elle un jour de relâche. — Les Kalmoucks prendrait pour former un siège. Les deux ailes îjj
croient que les Berrids, qui sont les habitants de celle petite armée fondent sur la main du B
de leur purgatoire, ressemblent à des lisons héros; et, pondant.que le corps de bataille \{
ardents et souffrent.surtout de la faim et de la s'attache à la gauche, et que les archers tien- ?î
soif. Veulent-ils boire, à l'instant ils se voient nent ses pieds assiégés, la reine, avec ses î,;
environnés de sabres, de lances, de couteaux ; plus braves sujets, livre un assaut à la tète, k
à l'aspect des aliments, leur bouche se rétré- Hercule se réveille, et riant du projet de celte f
cit comme un trou d'aiguille leur gosier ne fourmillière, les enveloppe tous dans sa peau j;
, de lion et les porte à Eurysfhée.
conserve que le diamètre d'un fil, et leur — Les Pyg- f
ventre s'élargit et se déploie sur leurs cuisses; niées avaient guerre permanente contre les ï
comme un paquet, d'allumettes. Leur nourri- grues, qui tous les ans venaient de la Scythie !
ture ordinaire se compose d'étincelles. — les attaquer. Montés sur des perdrix, ou, se- !
Ceux qui ont dit que le purgatoire n'est sé- Ion d'aut.'es sur des chèvres et des béliers !
,
paré de l'enfer que par une grande toile d'a- d'une taille proportionnée à la leur, ils s'ar-
raignée, ou par des murs de papier, qui en for- maient de toutes pièces pour aller combattre
ment l'enceinte et. la voûte, ont dit des choses3 leurs ennemis. — Près du château de Morlaix,
que les vivants ne savent, pas. Le purgatoire, en Bretagne, il existe, dit-on, de petits hom-
que rejettent les protestants, est pourtant in- mes d'un pied de haut, vivant sous terre,
diqué suffisamment dans l'Evangile même. marchant et frappant sur des bassins. Ils éta-
Jésus-Christ parle (saint Matthieu, ch. XII)\ lent leur or et le font sécher au soleil. L'hotn-
de péchés qui ne sont remis ni clans le sièclee me qui tend la main modeslement reçoit deux
présent, ni dans le siècle futur. Quel est ce0 poignées de ce métal ; celui qui vient avec
siècle futur où les péchés ne peu venlûtre remis?9 un sac, dans l'intention de le remplir, est
Voy. dans le Dictionnaire do théologie de Ber- éconduit et maltraité : leçon de modération
gier l'article Purgatoire. Voy. ENFEII dans cee qui tient à des temps reculés 1. Voy. NAINS,
Dictionnaire. GNOMES, etc.
Purrikeh, — épreuve par le moyen dee Pyramides. — Les Arabes prétendent que
l'eau et du feu, en usage chez les Indiens ,s les pyramides ont été bâties long-temps avant
pour découvrir les choses cachées. le déluge par une nation de géants. Chacun
Pursan ou Curson, — grand roi de l'enfer. d'eux apportait sous son bras une pierre de
Il apparaît sous la forme humaine avec une IP
vingt-cinq francs.
tèle de lion ; il porte une couleuvre toujours 's Pyromancie, — divination par le feu. On-
furieuse; il est monté sur umours et précédé lé jetait dans ie feu quelques poignées do poix
continuellement du son de la: trompette; il broyée ; et, si elle s'allumait promptement,
connaît à fond le présent, le passé, l'avenir, r, on en tirait un bon augure. Ou bien on bru-
découvre les choses enfouies comme les tré- i- lait une victime et on prédisait l'avenir sur
,
la couleur et la (igure
sors. S'il prend la forme d'un homme, il est st de la flamme. Les de-
aérien ; il est le père des bons esprits fami- i- monomanes regardent le devin Amphiaraùs
liers.Vingl-deux légions reçoivent ses ordres2. -, comme l'inventeur de cette divination. — "
y avait à Athènes un temple de Minerve Po-
} Albert-le-Grand, p. 187.
•"• Wierus, Pseudom. drem, 1 Cambry, Voyage dans le Finistère, en 1794.
PYT — /il: > — PYT
ligule où se trouvaient des vierges
occupées à un boeuf qui broutait un champ de fèves; il
esaniincr les mouvements de la flamme d'une lui dit. à l'oreille quelques paroles mystérieu-
qui le firent cesser pour toujours de man-
laiive conlinuellement allumée. Delrio rap- ses,
norle que de son temps les Lithuaniens pra- ger des fèves'. On n'appelait plus ce boeuf
tiquaient une espèce de pyromancie, qui con- que le boeuf sacré, el dans sa vieillesse il ne
sistait à mettre un malade devant un grand se nourrissait que de ce que les passants lui
feu; et, s' l'ombre formée par le corps était
donnaient. Enfin, Pythagore prédisait l'avenir
droite et directement opposée au feu, c'était et les tremblements de terre avec une adresse
çi'»ne de guérison ; si l'ombre élail de côté,
merveilleuse: il apaisait les tempêtes, dissi-
c'était signe de mort. pait la peste, guérissait les maladies d'un
seul mol ou par l'attouchement.Il fil un voya-
Pyrrhus. — 11 avait forcé les habitants de enfers, où il vit l'âme d'Hésiode atta-
ge aux
j,ocres à remettre entre ses mains les trésors chée avec des chaînes à une colonne d'airain,
de l'roserpiiie. Il chargea ses vaisseaux de ce et celle d'Homère pendue à u:i arbre au mi-
liulin sacrilège et mit à la voile: mais il fut lieu d'une légion de serpents, pour toutes les
surpris d'une tempête si furieuse qu'il échoua fictions injurieuses à la divinité dont leurs
sur la côte voisine du temple.
On retrouva
poèmes sont remplis. — Pythagore intéressa
sur le rivage tout l'argent qui
avait été en- les femmes succès de ses visions, en assu-
dépôt sacré '. au
levé el on le remit dans le rant qu'il avait vu dans les enfers beaucoup
,
Pythagore,— fils d'un sculpteur de Samos. de maris 1res-rigoureusement punis pour
Il voyagea pour s'instruire : les prêtres d'K- avoir maltraité leurs femmes , et que c'était
«vpte l'initièrent à leurs mystères, les mages le genre de coupables le moins ménagé dans
de Chaldée lui communiquèrent leurs scien- l'autre vie. Les femmes furent contentes, les
ces ; les sages de Crète, leurs lumières. Il
maris eurent peur; et tout fut reçu. Il y eut
rapporta dans Samos tout, ce que les peuples encore une circonstance qui réussit merveil-
les plus instruits possédaient de sagesse et de leusement; c'est que Pythagore , au moment
:
connaissances utiles; mais, trouvant sa patrie de son retour des enfers, et portant encore
; sous le joug du tyran l'ulycrale, il passa à sur le visage la pâleur et l'effroi qu'avait dû
C.rolone, où il éleva une école de philosophie lui causer la vue de tant de supplices, savait
dans la maison du fameux athlète Milon. C'é- parfaitement tout ce qui était arrivé sur la
.
i
lait, vers le règne de Tarquin-le-Superbe. Il terre pendant son absence.
enseignait la morale, l'arithmétique la géo-
,
Pythons. — Les Grecs nommaient ainsi,
métrie et la musique. On le fait, inventeur de du nom d'Apollon Pylhien, les esprits qui ai-
:
ta métempsycose. — 11 parait que pour ôlcn- daient à prédire les choses futures, et les per-
,
\ (Ire l'empire qu'il exerçait sur les esprits, il sonnes qui en étaient possédées. La Vulgale
s
ne dédaigna pas d'ajouter le secours des pres- se sert souvent de ce terme pour exprimer les
;
tiges aux avantages que lui donnaient ses devins, les magiciens, les nécromanciens. La
; connaissances et ses
lumières. Porphyre et sorcière, qui fit apparaître devant Saiil l'om-
Jiimblique lui attribuent des prodiges; il se bre do Samuel est appelée la pythonisse
I faisait entendre et obéir des bêles mêmes. d'Endor. On dit, aussi esprit de Python pour
j 1 ne ourse faisait de grands ravages dans le esprit rie devin. Les prêlresses de Delphes
' pays des Dauniens; il lui ordonna de
se reli- s'appelaient Pylhonisses ou Pythées. — Py-
i 'or : elle disparut. Il se montra avec une cuis- thon, dans la mythologie grecque, est un ser-
; * d'or aux jeux olympiques; il se fit saluer pent qui naquit du limon de la terre après le
;
Parle fleuve Nessus; il arrêta le vol d'un déluge. Il fut lue par Apollon, pour cela sur-
aigle ; il fit mourir un serpent; il se fit voir, nommé Pylhien.

le même jour et à la même heure, à Crotone
; Les Pythagoriciens respectaient tellementles fèves,
: W à Métaponte. à
— Il vit un jour, Tarente, que
1

non seulement ils n'en mangeaient point, mais


même il
ne leuï'était pas permis de passer dans un
champ de tèves,-dc.:penr d'écraser quelque parent dont
i ! V;tîere Maxime. elles pouvaient loger l'âme.
RAB /i16 — RAI!

Queiran (ISAAC), — sorcier de Nérac, ar- fusa. Le diable, l'ayant chargé.sur son cou
rêté à Bordeaux où il était domestique, à ' voulut le noyer ; mais le pauvre garçon cria si
l'âge do ving-cinq, ans. Interrogé comment il fort que les gens d'un moulin qui était près
avait appris le métier de sorcier, il avoua de là étant accourus, le vilain noir fut obligé
qu'à l'âge de dix ou douze, ans, étant au ser- de fuir. — Enfin le diable l'enleva un soir
vice d'un habitant de la bastide d'Armagnac, dans une vigne qui appartenait à son mailre,
un jour qu'il allait chercher du feu chez une et le conduisit, au sabbat, où il dansa et man-
vieille voisine, elle lui dit de se bien garder gea comme les autres. Un petit démon frap-
de renverser deux pois qui étaient devant pail sur un tambour. Le diable, ayant enten-
la cheminée; ils étaient pleins de poison que du les coqs chanter, renvoya tout son momie.
Salan lui avait ordonné de faire. Celle cir- — Interrogé s'il n'avait pas fait quelques ma-
constance ayant piqué sa curiosité , après léfices, il répondit qu'il avait maléficié un eu- \
plusieurs questions, la vieille lui demanda s'il fant dans la maison où il avait servi ; qu'il
voulait voir le grand-maître des sabbats et lui avait mis dans la bouche une.boulette que
son assemblée. Tille le suborna de sorte qu'a- le diable lui avait donnée, laquelle rendit cet <
près l'avoir oint d'une graisse dont il n'a pas enfant muet pendant trois mois. Après avoir
vu la couleur ni senti l'odeur, il fut enlevé et été entendu en la chambre de la Tournelle,
porté dans les airs jusqu'au lieu où se lo- où il fui reconnu pour un bandit qui faisail ;
uait le sabbat; des hommes el des femmes y l'ingénu, Queiran fut condamné au supplice
criaient et dansaient; ce qui l'ayant, épou- le 8 mai 1609 '.
vanté, il s'en retourna. Le lendemain, passant I?

la métairie de maître, grand hom- Question , — voy. INSISNSIMLITI'Î. ;


par son un 1

me noir se présenta à lui, et lui demanda Queys, — mauvais génies chez les Chinois. I

pourquoi il avait quille l'assemblée où il avait Quintillianistes. — Une femme de la sucle <
promis à la vieille de rester. S'élanl excusé des oaïnisles, nommée Quinlille, vint en A Tri- s
sur ce qu'il n'y avait rien à faire, il voulut que du lemps de Terlullien et y pervertit plu- }
continuer son chemin ; mais l'homme noir lui sieurs personnes. On appela quintillianistes i
déchargea un coup de gaule sur l'épaule, en les abominables sectateurs qu'elle forma. 11
lui disant : «Demeure,je te baillerai bien chose paraît qu'elle ajoutait encore d'horribles pra- ]
qui l'y fera venir.» Ce coup lui fit mal pendant tiques aux infamies des caïnites. Voy. GAIN. ;
deux jours, et il s'aperçut, que ce grand hom-
noir l'avait marqué le bras auprès de
Quirim, — pierre merveilleuse qui, sui-
me sur vant les démonographes, placée sur la lèlc
la main ; la peau paraissait noire et tannée.
d'un homme durant son sommeil, lui fait dire
— Un autre jour le
passant sur pont de la ri- qu'il a dans l'esprit. On l'appelle aussi
vière qui est près de la bastide, le môme tout ce
pierre des traitres. \
homme noir lui apparut de nouveau, lui de-
manda s'il se ressouvenait des coups qu'il lui Delancre, Tableau de l'inconstance des déni., cti'.,
avait donnés, et s'il voulait le suivre; il re- p. 145 et suivantes.
1

Rabbats, — lutins qui font du vacarme Rabbins, — docteurs juifs, qui furent long-
dans les maisons et empêchent les gens de temps soupçonnés d'èlro magiciens et d'avoir
dormir. On les nomme rabbats parce qu'ils commerce avec les démons '.
portent une bavette à leur cravate, comme les Rabdomanoie, •— divination par les !>:>-
gens qu'on appelle en Hollande consolateurs 1 Leloyer, ITist. des spectres ou apparit. des csi'<i'il>>
des malades. p.201.
HA 11 — /il 7 — K.\J
ions- C'est une
des plus anciennes supersti- Raîz (GiLi.tis DIS LAVAL DIÎ), maréchal de
tions. Ézéchiel et Osée reprochent, aux juifs France, qui fut exécuté comme convaincu do
(I,. s'y laisser tromper. On
dépouillait d'un sorcellerie
: el d'abominations au quinzième
côlé et dans toute sa longueur une baguette siècle. Après avoir vainement cherché à faire
:

choisie, on la jetait en l'air ; si en retombant de l'or par les secrets de l'alchimie, il voulut
elle présentait la partie dépouillée , el qu'en commercer avec le diable. Deux charlatans
la jetant une seconde fois elle présentât le
abusèrent, de sa crédulité : l'un se disait mé-
côlé revêtu de l'écorce, on en lirait un heu- decin du Poitou, l'autre était Italien. Le pré-
reux présage; si au contraire, elle tombait tendu
médecin lui vola son argent et disparut.
une seconde fois du côté pelé, c'était un au- Prélali élail de Florence; il fui présenté au
gure fâcheux. Celle divination était connue maréchal comme magicien et habile chimiste.
chez les Perses, chez les Tartares el chez les Prélali n'était ni l'un ni l'autre ; c'était un
Romains. — La baguette divinatoire, qui a adroit fripon qui s'entendait avec Sillé,
fait grand bruit sur la fin du dix-septième l'homme d'affaires du maréchal. —• Prôlati
siècle, tient à la rabdomancie. Voy. 15A- fil une évocation; Sillé , habillé en diable , se
Giiiirriï. Bodin dit qu'une sorle de rabdo- présenta avec d'horribles grimaces. Le maré-
mancie était de son temps en vigueur à Tou- chal voulait avoir une conversation mais
,
louse : qu'on marmottait quelques paroles ; Sillé n'osait parler; Prélali, pour trouver du
qu'on faisait baiser les deux parties d'un temps, imagina de faire signer un pacte au
bâton fendu el. qu'on en prenait deux par- seigneur de Itaiz, par lequel il promettait au
,
celles qu'on pendait au cou pour guérir la diable de lui donner tout ce qu'il lui deman-
lièvre quarte. derait, excepté son âme et sa vie. Il s'enga-
Rachaders, — génies malfaisants des In- geait dans cet écrit, signé de son sang, à faire
diens. des encensements et des offrandes en l'hon-
diable, à lui offrir en sacrifice le
RadcliSe (ANNE) , Anglaise qui publia, il neur du main,elles
quarante des pleins de vi- coeur, une yeux el le sang d'un
y a ans, romans
sions, de spectres et de terreurs, comme les enfant. — Le jour choisi pour l'évocation , le
Mystères d'Udolphe, etc.
maréchal se rendit au lieu désigné, marmol-
tanl des formules, craignant el espérant de
Rogalomancie, — divination qui se faisait voir le diable. Prélali se fatigua vainement:
avec des bassinets, des osselets, de petiles le maréchal, malgré sa bonne volonté ne vit.
balles, des tablettes peintes, et que nul au- rien du tout. 11 paraîtrait assez, ,
par ce que
teur n'a pu expliquer 1. dit Lobineau que le maréchal était devenu
Rage. — Pour être guéri de là rage, des fou. Gilles de, llaiz s'abandonnait aux plus
écrivains superstitieux donnent ce conseil: infâmes débauches ; el, par un dérèglement
On mangera une pomme ou un morceau de inconcevable, les victimes de ses affreuses
pain dans lequel on enfermera ces mots : passions n'avaient de charmes pour lui que
Xioni, Kirioni, Ezzeza, etc.; ou bien on dans le moment qu'elles expiraient. Cet homme
brûlera les poils d'un chien enragé, on en effroyable
se divertissait aux mouvements
boira la cendre dans du vin, el on guérira -. convulsifs que donnaient à ces malheureux
loi/. IMAGINATION. les approches do la mort, qu'il leur faisait
i Raginis, — espèce de fées chez les Har- lui-même souffrir de sa propre main. Par les
monies. Elles habilenl le séjour de la joie, procès-verbaux qui furent dressés et par sa
d'où elles s'échappent quelquefois pour venir propre confession, le nombre des enfants qu'il
au secours des malheureux. Mais elles ne fît mourir dans les châteaux do Machecou et
sont pas toutes bonnes ; c'est comme chez de Chanlocé se montait à plus de cent, sans
nous. compter ceux qu'il avait immolés à Nantes,
Rahouart, — démon que nous ne connais- à Vannes et ailleurs. — Sa hideuse folie est
;
sons pas. Dans la Moralité du mauvais riche et d'autant plus constatée qu'il sortit un jour
(lu ladre, imprimée à Rouen, sans dalo, chez
: de son château pour aller voler des enfants à
Durzel, et jouée à la fin du quinzième siècle, Nantes, au lieu de prendre le chemin de Jé-
,.
Satan a pour compagnon le démon Rahouart. rusalem, comme il l'avait annoncé. —Sur le
'.
C'est dans la hotte de Itahouarl qu'ils em- cri public., le duc Jean Y le lit prisonnier ; les
portent l'âme du mauvais riche quand il estt juges de l'Église se disposèrent à le juger
mort. comme hérétique el sorcier. Le parlement de
Bretagne le décréta de prise de corps comme
1 rjelancre, Incrédulité et mécréauce du sortilège
l'ieinement convaincues, p. 278, e homicide. Il parut devant un tribunal com-
2 Lcmnius. posé de laïques et d'ecclésiastiques; il injuria
IUL — /liS — iUM '.:
ces 'derniers, voulut décliner leur juridiction: dans i
l'Amérique du sud des sauvages n-ok ^
« J'aimèràis mieux être pendu par le cou, leur fois aussi grands que les ,hommes ordinaires
disait-il, que de vous répondre. » — Mais la des i
cyclopes qui avaient les yeux aux épaules' !!
cràinle d'être appliqué à la torture le fil tout là bouche sur la poitrine el la chevelure
confesser devant j'éveque de Sàiiit-Brieuc êl milieu du dos; au v
p
lé président Pierre dé l'Hôpital. Le président Rambouillet. — Le marquis de lUim-
le pressa de dire par quel motif il avait fait boûilletet lé marquis de Précy, tous deux
périr lant d'innocents; el brûlé ensuite leurs âgés de vingt-cinq à trente ans, éfàient in- !\:-
corps ; le riiàréchttl impatienté lui dit. « Hélas ! timès amis. Un jour qu'ils s'entretenaientdes i'
monseigneur-, vous vous tourmentez, el moi affaires de l'autre monde, après plusieurs dis- ''
avec; je vous en ai dit assez pour faire mourir cours qui témoignaient assez qu'ils n'élaieni i;
dix mille hommes » — Le lendemain le ma - pas trop persuadés de tout, ce qui s'en dit. ils ï
réciial eh audience publique réitéra ses aveux. se promirent l'un à l'autre
que le premier f
II fut condamné à être brûlé vif, le 25 oc- qui mourrait, en viendrait apporter des non- j
tobre 1440. L'arrêt fut exécuté dans le pré velles à son compagnon.—Au bout de Irais l
de la Madeleine près Nantes *. mois, le marquis de Rambouillet partit pour P
,
Ralde (MAIÛÉ DE LA), — sorcière qu'on la Flandre, où Louis XIV faisait alors ht \
arrêta à l'âge de dix-huit ans, au commen- guerre ; le marquis de Précy, arrêté par une
cement du dix-septième siècle. Elle avait grosse fièvre, demeura à Paris. Six semaines [
commencé le métier à dix ans, conduite au après, Précy entendit, sur les six heures du [
sabbat pour la première! fois par la sorcière malin , tirer les rideaux de son lit ; el, se ''
Mai'issane. Après la mûri de cette femme, le tournant pour voir qui c'était, il aperçu! le !
diable ia mena lui-même à son assemblée, marquis dellambouillet, en btillle eleii bottes, i
où elle avoua qu'il se tenait en forme de il sortit de son lii, voulant, sauter à son cou |
tronc d'arbre. Il semblait être datis une et lui témoigner la joie qu'il avait de son re-
chaire, el avait (jù'elqùe ombre humaine fort tour ; mais Rambouillet, reculant de quel-
ténébreuse. Cependant elle l'a vu sous la ques pas, lui dit que ses caresses n'élaieni
figuré d'un homnie ordinaire, tantôt rouge, plus de saison qu'il ne venait que pour s'ac-
,
tantôt noir ; il s'approchait souvent des en- quitter de la parole qu'il lui avait donnée:
fants, tenant un fer chaud à la main; niais qu'il avait été tué la veille; que tout ce que
elle ignoré s'il les marquait. Elle n'avait ja- l'on disait de l'autre monde était très-certain;
mais baisé lé diable ; mais elle avait vu com- qu'il devait songer à vivre d'une autre ma-
ment on s'y prenait : le diable présentait sa nière, el qu'il n'avait pas de temps à perdre,
figure ou son derrière, le tout, à, sa discrétion parce qu'il serait tué lui-même dans la pre-
et comme il lui plaisait. Elle ajouta qu'elle mière affaire où il se trouverait. —:On ne
aimait tellement le sabbat, qu'il lui semblait peut exprimer la surprise où fut le marquis
aller à la noce, « non pas tant par la liberté el de Précy à ce discours. Ne pouvant croire ce
licence qu'on y à, mais parce que le diable qu'il entendait, il fit de nouveaux efforts pour
tenait tellement liés leur coeur et leurs vo- embrasser soii ami, qu'il croyait le vouloir
lontés, qu'à peine y laissait-il entrer nul abuser ; mais il n'embrassa que du vent ; el
autre désir. » En outre, les sorcières y enten- Rambouillet, voyant qu'il était, incrédule, lui
daient une musique harmonieuse, el lo diable montra l'endroit où il avait reçu le coup, qui
leur persuadait (lue l'enfer n'est qu'une niai- était dans les reins, d'où le sang paraissait
serie, que le feu qui brûle continuellement encore couler. Après cela, le fantôme dis-
n'était qu'artificiel. Elle dit encore qu'elle ne parut, laissant Précy dans une frayeur plus
croyait pas faire mal d'aller au s'abbàl, et que aisée à comprendre qu'à décrire. Il appela
hïêmè elle avait bien du plaisir à la célébra- son valet de chambre, et réveilla toute la
tion de là messe qui s'y disait, où le diable maison par ses cris. Plusieurs personnes ac-
se faisait passer pour lé vrai Dieu. Cepen- coururent, à qui il conta ce qu'il venait de
dant eile Voyait à l'élévation l'hostie noire 2. voir : tout le monde attribua cette vision (i
il ne paraît pas qu'elle ait été brûlée, mais l'ardeur de la fièvre qui pouvait altérer son
on ignore ce que lès tribunaux èti firent.
imagination ; on le pria de se. recoucher, lui
), remontrant qu'il fallait qu'il eût rêvé ce qu'il
Raleigh (WALTIÏH —courtisan célèbre
disait. Le marquis, au désespoir de voir
de reine
l'a Elisabeth. Il se vante d'avoir vu
qu'on le prît pour un visionnaire, répéta
llist. de. la magie en France, p..103. toutes les circonstances qu'on .vient de lire;
1 lyi. Garinet,
:j- Dclancie, Tableau de l'inconstance des dém., etc.,
mais il eut beau protester qu'il avait vu fit
liv. il, ]). 127. enlendu son ami, on demeura toujours dans
Il AU — AH) — IIKP
la même pensée, jusqu'à ce que la posle de Regard, — voy. VEUX.
l'lundres, par laquelle on apprit la mort du Regensberg, VOIJ. DÉMONS I'ÀMII.IKUS.
marquis de Rambouillet, fui arrivée. Celle
première circonstance s'élanl trouvée véri-
Regiomontanus , — VOXJ. Mui.i.EIi.
table, et de la manière que l'avait dit Précy, Remmon , — voy. Rl.MMON.
ceux à qui il avait, conté l'aventure com- Rémore, — poisson sur lequel on a fait
mencèrent à s'étonner ; Rambouillet ayant été bien 1 des contes. —« Les rémores, dit Cyra-
lue précisément la veille du jour qu'il avait no
]
de Bergerac, qui était un plaisant, habitent
dit, il était impossible qu'il l'eût appris na- vers l'extrémité du polo, au plus profond de
turellement.— Dans la suite, Précy, ayant 1la nier Glaciale; el c'est la froideur évaporée
voulu aller, pendant les guerres civiles, au de ' ces poissons, à travers leurs écailles, qui
combat de Saint-Antoine, y fut. tué fait geler en ces quartiers-là l'eau de la mer,
aaollet (JACQUES), •—loup-garou de la quoique salée. La rémore contient si éminem-
paroisse de Maumusson près de Nantes, qui ment tous les principes de la froidure, que
,
fui arrêté el condamné à mort par le parle- passant par-dessous un vaisseau, le vaisseau
ment d'Angers. Durant son interrogatoire, il se trouve saisi de froid , en sorte qu'il en de-
demanda à un gentilhomme qui était présent meure tout engourdi jusqu'à ne pouvoir dé-
s'il ne se souvenait pas d'avoir tiré, de son marrer de sa place. Lu rémore répand autour
arquebuse sur trois loups; celui-ci ayant ré- d'elle tous les frissons de l'hiver. Sa sueur
pondu affirmativement, il avoua qu'il était forme un verglas glissant. C'est un préservatif
l'un des loups et que, sans l'obstacle qu'il contre la brûlure »—Rien n'est plus sin-
,
avait eu eu cette occasion, il aurait dévoré gulier, dit le P. Lebrun , que ce qu'on raconte
une femme qui était près du lieu. Rickius dit. de la rémore. Arislole, .Eiian, Pline, assurent
que lorsque Raollel fui pris, il avait les che- qu'elle arrête loul court un vaisseau voguant
veux flottants sur les épaules, les yeux en- à pleines voiles. Mais ce fait est absurde, et.
foncés dans la tète, les sourcils rofrognés, les n'a jamais eu lieu; cependant plusieurs au-
ongles extrêmement longs ; qu'il puait lelle- teurs l'ont soutenu, cl. ont donné, pour cause
inetil qu'on ne pouvait s'en approcher. Quand de cette merveille, une qualité occulte. Ce
il se vit condamné par la cour. d'Angers, il poisson, qu'on nomme à présent succef., est
ajouta à ses aveux qu'il avait mangé des grand de deux ou Irois pieds. Sa peau est
eliarrettts ferrées, des moulins à vent, des gluante el visqueuse. 11 s'attache et se colle
avocats, procureurs et sergents, disant que aux requins, aux chiens de mer; il s'attache
celle viande était tellement dure elsi mal as- aussi aux corps inanimés; de sorte que, s'il
saisonnée qu'il n'avait pu la digérer ' s'en trouve un grand nombre collés à un na-
Rat. — Pline dit que de son temps la ren- vire, ils peuvent bien l'empêcher de couler lé-
contre d'un rat blanc, était de bon augure. gèrement sur les eaux, mais non l'arrêter.
Les boucliers de Lavinium rongés par les Remures, — l'O!/. LÉMUlIES Cl MANIÏS,
,
rais, présagèrent un événement funeste, et Renards. — Les sinloïsles, seclè du Japon,
la guerre des Marses qui survint bientôt après
donna un nouveau crédit à cette superstition. ne
reconnaissentd'autres diables que lésâmes
des méchants, qu'ils logent dans le corps des
— Le voile de Proserpine était parsemé de
renards, animaux qui l'ont beaucoup de ra-
rais brodés. —Les peuples de llassora et de
Cambaie se feraient un cas de conscience de vages en ce pays.
nuire à ces animaux. — Les matelots donnent Réparé. — Un homme qui s'appelait Ré-
aux rais une prescience remarquable : a Nous paré, cl un soldat qui se nommait Etienne-,
sommes condamnés, disent-ils, par un calme firent avant de mourir, et par une faveur spé-
l'Hit ou par quelque autre accident; il n'y a ciale, le voyage de l'autre monde; du moins
fias un seul rat à bord !... » Ils croient que . on en a écrit la légende, qui est un pelil coule
les rats abandonnent un bâtiment qui est moral. Ils virent, dans une caverne, quelques
destiné à périr. Voy. HATTON. démons qui élevaient un bûcher pour y brûler
Rauni,—grand comte du sombre empire, un défunt dont la vie était impure. Ils aperçu-
qui se présente sous la forme d'un corbeau rent un peu plus loin une maison enflammée,
lorsqu'il est conjuré : il détruit des villes, où l'on jetait un grand nombre do coupables
donne des dignités. 11 est de l'ordre des trônes qui brûlaient comme du bois sec. Il y avait
;

cl commande trente légions auprès de celte maison une place fermée de


-. hautes murailles, où l'on était continuelle-
>
' Rieldns, Discours de la Lycanlhropie, p., 1S. ment exposé au froid, au vent, à la pluie, à
2 Wierus, in Pseudom. dîem. la neige, où les patients souffraient une faim
27.
RES — ,'i-2(0 — RET %
et une soif perpétuelles sans pouvoir rien prennent une vie nouvelle. Cette opinion est I
avaler. On dit à l'homme qui se nommait Ré- une invention de la politique pour animer le ï.
paré, et au soldat qui s'appelait Éiienne, que courage des soldats. Les amanlas, docteurs \'
ce triste gîte était le -purgatoire. A quelques el philosophes du pays, croyaient la résuc- V-
pas de là, ils furent arrêtés par un feu qui rection universelle, sans pourtant que ieill, j"
s'élevait à perle de vue; ils virent arriver un esprit s'élevât plus haut que celle vie animale
diable qui portait un cercueil sur ses épaules. pour laquelle ils disaient, que nous devions I'»
Réparé demanda pour qui on allumait le grand ressusciter, el sans attendre ni gloire ni snp- I
feu. Mais le démon qui portail le cercueil dé- plice. Ils avaient un soin extraordinaire de 5
posa sa charge, et la jeta dans les flammes sans mellreen lieu de sûreté les rognures de leurs i
dire un mot. — Les deux voyageurs pas-èrent; ongles et de leurs cheveux, et de les cacher !'
après avoir parcouru divers autres lieux, où dans les fentes ou dans les trous de muraille, f'
ils remarquèrent plusieurs scènes infernales Si, par hasard les cheveux et. les ongles i1
, ,
ils arrivèrent devant un pont qu'il fallut tra- venaient, à tomber à terre avec le temps el \
verser. Ce pont était bâti sur un fleuve noir et qu'un Indien s'en aperçût, il ne manquait, pas j-
bourbeux, dans lequel on voyait barboller des de les relever de suite, el de les serrer de i'
défunts d'un aspect effroyable. On l'appelait nouveau. —Savez-vous bien, disaient-ils à ï
le Pont des épreuves, celui qui le passait, sans ceux qui les questionnaient sur cette singula- !
broncher était juste el entrait dans le ciel, au rite, que nous devons revivre dans ce monde. S
lieu que le pécheur tombait dans le fleuve. et que les âmes sortiront des tombeaux avec j
Quoique ce pont n'eût pas six pouces de lar- loul ce qu'elles auront de leurs corps? Pour [
geur, Réparé le traversa heureusement; mais empêcher donc que les nôtres ne soient en !
le pied d'Etienne glissa au milieu du chemin ; peine de chercher leurs ongles et leurs cheveux i
ce pied fut empoigné aussitôt par des hommes (car il y aura ce jour-là bien de la presse el j
noirs qui l'attirèrent à eux. Le pauvre soldat bien du tumulte), nous les mettons ici en- I
se croyait perdu ; des anges arrivèrent., saisi- semble, afin qu'on les trouve plus facilement. ;
rent Etienne par les bras, et le disputèrent aux —Gaguin, dans sa description de la Moscovie,
hommes noirs. Après de longs débats, les anges dit que, dans le nord de la Russie, les peuples
emportèrent le soldat de l'autre côté du pont. meurent le 27 novembre, à cause du grand
«Vous avez bronché, lui direnl-ils, parce que froid el ressuscitent le 24 avril : ce qui est,
,
vous'êtes trop mondain; et nous sommes venus à l'instar des marmottes, une manière for!
à voire secours, parce que vous fuites des au- commode de passer l'hiver. Voy. GAMNIUS,
mônes. » Les deux voyageurs virent alors le PAMII.IUS BE PHÈUES, THIÎSPÉSIUS YAJUM-
paradis, dont les maisons étaient d'or, et les HES, etc. ,

campagnes couvertes de fleurs odorantes; Retz. -— Le cardinal de Relz, n'étant encore


el les anges les renvoyèrent 'sur la terre, en qu'abbé, avait, l'ai lia partie de passer une soirée
leur recommandant de profiter de co qu'ils à Saint—Cloud dans la maison de l'archevê-
avaient vu. ,
que de Paris, son oncle , avec madame el. ma-
Repas du mort, — cérémonie funéraire en demoiselle de Vendôme, madame de Choisi,
le vicomte de Turenne, l'évèque de Lisions,
usage chez les anciens Hébreux el chez d'au-
tres peuples. Dans l'origine, c'était simplement- et MM. de Brion et Voilure. On s'amusa tanl
la coutume de faire un repas sur le tombeau que la compagnie ne put. s'en retourner que
de-celui qu'on venait d'inhumer. Plus tard on très-tard à Paris. La pelife pointe du jour
commençait à paraître ( était alors dans
y laissa des vivres, dans l'opinion que les morts les plus grands jours d'étéon) quand
venaient les manger. on fut- au
bas de la descente des Bons-Hommes. Juste-
Résurrection — Les Parsis ou Guèbres ment au pied le carrosse s'arrêla tout court-
,
pensent que les gens de bien, après avoir joui « Comme j'étais à l'une des portières avec
des délices de l'antre monde pendant un cer- mademoiselle de Vendôme ( dit le cardinal,
tain nombre de siècles, rentreront dans leurs dans ses Mémoires ), je demandai au cocher
corps , et reviendront habiter la même terre pourquoi il s'arrêtait? il me répondit, avec
où ils avaient fait leur séjour pendant leur une voix tremblante : « Voulez-vous que je
première vie; mais celte terre, purifiée el passe par-dessus tous les diables qui sont là
embellie, sera pour eux un nouveau paradis. devant moi ? » Je mis la tète hors de la por-
—Les habitants du royaume d'Ardra, sur la tière; et, comme j'ai toujours eu la vue fort
côte occidentale d'Afrique, s'imaginent que basse, je ne vis rien. Madame de Choisi, q«'
ceux qui sonl tués à la guerre sortent de leurs était à l'aulre portière avec M. de Turenne,
tombeaux au bout de quelques jours, elre- fut la première qui aperçut, du carrosse, la
11EV — Ifi I — RUV
cause de la frayeur du cocher; je dis du car- dormait le petit doigl de la main gauche dans
rosse, car cinq ou six laquais, qui étaient la main droite, ou était assuré de voir en rêve'
derrière, criaient : Jésus, Maria! el trem- une multitude d'ambes, de ternes el de qua-
blaient déjà de peur. M. de Turenne se jeta lernes '. — Un homme rêvait qu'il mangeait
en bas, aux
cris de madame de Choisi. Je la lune. Ce rêve le frappe, il se lève encore
crus que c'étaient des voleurs; je sautai aussi- à moitié endormi, il courl à sa fenêtre ; re-
tôt hors du carrosse, je pris l'épéod'un laquais, gardant, au ciel, il ne voit plus que la moitié
et j'allai joindre M!, de Turenne, que je trouvai de cet. astre.... il s'écrie: « Mon Dieu ! vous
regardant fixement quelque chose que je ne avez bien fait de me réveiller; car avec l'ap-
vovais point, ,1e lui demandai ce qu'il regar- pétit que j'avais, la pauvre lune, je l'aurais
dait., el il me répondit, en me poussant du mangée tout entière. » l'oy. SONGES.
bras, el assez bas : « Je vous le dirai ; mais il Rèveillc-matin. — Les Flamands appel-
ne faut pas épouvanter ces
dames, » qui. à la lent cette plante le lait du diable (I)uivels-
vérité hurlaient plutôt qu'elles ne criaient. melk).
,

Voilure commença un orennis, madame de B.évélations. — Un citoyen d'Alexandrie
Choisi poussait, des cris aigus; mademoiselle vit sur le minuit des statues d'airain se re-
de. Vendôme disait son chapelet, madame do
muer et crier à haute voix que l'on massa-
Vendôme voulait se confesser à M. de Lisieux, crait à Constanlinople l'empereur Maurice et
qui lui disait:—«Ma fille, n'ayez point de enfants : ce qui se trouva vrai ; mais la
ses
peur, vousètes en la main de Dieu. » Lecumle révélation ne fut publiée qu'après que l'évé-
de flriun avait, entonné bien tristement les
nement l'ut connu. — L'archevêque Angello-
litanies de la Sainte Vierge. Toulcela se passa, Callo (Philippe de Connues l'atteste) connut
comme on peut se l'imaginer, en même temps la mort de Charles-le-Téméraire, qu'il an-
el en moins de rien. M. de Turenne, qui avait roi Louis XI à la môme heure qu'elle
nonça au
une petite- ôpée à son côté, l'avait aussi tirée, était arrivée. — Les prodiges faux sont tou-
cl, après avoir un peu regardé, comme je l'ai jours des singeries de vrais miracles. Parei'-
déjà dit, il se tourna vers moi de l'air dont il leincnt, une foule de révélations supposées
eût donné une bataille et me dit ces paroles trouvé le moyen de se faire admettre,
, : ont
Allons voir ces gens-là '. — Quelles gens? » qu'il y a eu des révélations vraies. —
«
lui reparlis-je; el. dans la vérité, je croyais
parce
Nous ne parlons pas de la révélation qui est
que fout le monde avait perdu le sens. me un des fondements de noire foi.
11

répondit. : « Effectivement je crois que ce


, Revenants.-—On débite, comme une chose
pourraient bien être des diables. » — Comme
assurée, qu'un revenant se trouve toujours
nous avions déjà fait cinq ou six pas du côté
ile la Savonnerie, et que nous élions par froid quand on le louche. Cardan el Alessan-
conséquent plus proches du spectacle, je. dro-Alessandri sont des lémoins qui l'affir-
commençai à entrevoir quelque chose et ce ment; et Cajelnn en donne la raison, qu'il a
qui m'en parut fui une longue procession de
, apprise de la bouche d'un esprit, lequel, in-
fantômes noirs, qui me donna d'abord plus terrogé à ce sujet par une sorcière , lui ré-
(l'émotion qu'elle n'en avait, donné à M. de pondit qu'il fallait que la chose, fût ainsi.
Turenne, mais qui par la réflexion que je fis La réponse est. satisfaisante. Elle nous ap-
que j'avais long-temps cherché des esprits,
prend au moins que le diable se sauve quel-
et qu'apparemment j'en trouverais en ce lieu,
quefois par le pont aux ânes. — Dom Calmel
fît faire deux trois sauts la raconte qu'une jeune tille, nommée Catherine,
nie ou vers pro- du
cession. Les pauvres augustins déchaussés, pays des Itans, au Pérou, mourut à seize
coupable de plusieurs sacrilèges. Son
que l'on appelle capucins noirs, et qui étaient ans,
nos prétendus diables, voyant venir à eux corps, immédiatement, après sa mort, se
deux hommes qui avaient l'épée à la main trouva si infect, qu'il fallut le mettre hors du
, logis. On entendit en même temps tous les
eurent encore plus peur. L'un d'eux, se dé-
tachant delà troupe, nous cria: «Messieurs, chiens hurler ; un cheval, jusque- à fort doux, 1

nous sommes de pauvres religieux qui ne commença à ruer, à s'agiter, à frapper des
faisons de mal à personne, et qui venons , pieds, à rompre ses liens. Un jeune homme
nous couché fut tiré
'"«fraîchir un peu dans la rivière, pour noire par le bras el jeté hors de son
santé. « Nous relournâmesauearrosse,M.de lit ; une servante reçut un coup de pied à l'é--
furenne el moi, avec des éclats de rire que paule, sans voir qui le lui donnait; elle en
l'on peut s'imaginer. porta les marques plusieurs semaines. Tout
» ceci arriva avant que le corps de Catherine
Rêve. — Au bon temps de la loterie royale,
'°3 bonnes femmes croyaient que quand on 1 Musnier des Closeaux, les Mères d'actrices.
1-
RKY
— /i2:» — RKV i
fût inhumé. — Apres son enterrement, plu- dans la chambre, on lira les rideaux du lii
(q
sieurs habitants du lieu virent quantité de on aperçut la figure d'une vieille femme, noire
briques et de tuiles renversées avec grand et ridée coiffée d'un bonnet de nuil el
, qui
fracas, dans la maison où elle était décédée. faisait des grimaces ridicules. On demanda i
La servante fut traînée par le pied sans qu'il au maître de la maison si c'était bien là
c-,,
parût personne qui la louchât, ci cela en pré- mère? « Oui, s'écria 1,-il, oui, c'est elle; ah!
sence de sa maîtresse et de dix ou douze au- ma pauvre mère ! » Les valets la reconnurent
tres femmes. La même servante entrant le de même. Alors le prèlre lui jeta de l'eau lié-
,
lendemain dans une chambre, aperçut la dé- nile sur le visage. L'esprit, se sentant mouillé,
funte Catherine qui s'élevait sur la pointe du sauta à la figure de l'abbé. Tout, le monde prit
pied, pour saisir un vase.de terre posé sur la fuite en poussant des cris. Mais la coiffure
une corniche ; elle était toute en l'eu, et jetait tomba , el. on reconnut que la vieille, femme
des flammes par la bouche et par toules les n'était qu'un singe. Cet animal avait, vu sa
jointures du corps. Elle lui confessa qu'elle maîtresse se coiffer, il l'avait imitée. — L'au-
était damnée et pria la servante de jeter par teur de Paris, Versailles et les provinces au
terre et d'éteindre un cierge bénit, qu'elle te- dix-huitième siècle raconte une histoire de
,
nait à la main, disant, qu'il augmentait son revenant assez originale. M. Bodry, fils d'un
mal. La fille se sauva aussitôt; mais le spectre riche négociant de Lyon fut. envoyé, à l'âge
,
prit le vase la poursuivit el le lui jeta avec de vingt-deux ans, à Paris, avec des lettres
,
force. La maîtresse, ayant entendu le .coup de recommandation de ses parents, pour leur
,
accourut, vit la servante loule tremblante, lo correspondant, dont il n'était- pas per. onnclle-
vase en mille pièces, et reçut pour sa part un nienl connu. Muni d'une somme assez forte
coup de brique qui ne lui lit heureusement pour pouvoir vivre agréablement quelque
aucun mal. Le lendemain, une image du cru- temps dans la capitale, il s'associa pour ce
cifix, collée contre le mur, fui loul d'un coup voyage un de ses amis extrêmement gai. Mais,
arrachée en présence de tout le monde cl en arrivant, M. liodry l'utallaqué d'une lièvre
brisée en trois pièces. On reconnut là que l'es-,
violente; s-'on ami, qui resta auprès de lui la
prit était, réellement damné : on le chassa par première journée, ne voulait, pas le quitter, et
(les exorcismes.... Mais tous les revenants se refusait d'autant plus aux instances qu'il
n'ont, pas de tels symptômes. — Un Italien lui faisait pour l'engagera se dissi,er, que,
retournant à Rpme'aprôs avoir l'ail enterrer, n'ayant l'ail ce voyage (pie par complaisance
son ami de voyage, s'arrêta le soir dans une pour lui , il n'avait aucune connaissance ;i
hôtellerie où i! cou:ha. Etant seul el bien Paris. M. Bodry l'engagea à se présenter sous
éveillé, il lui sembla que son ami mort, loul son nom chez le correspondant de sa famille,
pâle et décharné, lui apparaissait el s'appro- el à lui remettre ses lettres de recommanda-
chait de lui. 11 leva la tète pour le regarder tion sauf à érlaireir comme, ils le pourraient
,
el. lui demanda en tremblant qui il était. Le l'imbroglio qui résulieiail. de celle supposition
mort ne répond rien, se dépouille, se met nu lorsqu'il se porterait mieux.—Une propo-
lit et se serre contre le vivant, comme pour se sition aussi singulière ne pouvait que plaire
réchauffer. L'autre, ne sachant de quel côté au jeune homme; elle fut acceptée : sous le
se tourner, s'agile et repousse lo défunt. Ce- nom de M. Bodry, il se rend chez le corres-
lui-ci, se voyant ainsi rebuté, regarde de Ira- pondant, lui présente les lettres apportées de
vers son ancien compagnon, se lève du lit, se Lyon, joue très-bien son rôle, el se voit par-
rhabille chausse ses souliers el sort do la faitement, accueilli. — Cependant, de retour
,
chambre, sans plus apparaître. —Le vivant au logis, il trouve son ami dans l'état le plus
a rapporté qu'ayant touché dans le lit un des alarmant-; et, nonobstant lous les secours qu'il
pieds du mort, il l'avait trouvé plus froid que lui prodigue, il a le malheur rie le perdre dans
la glace. — Cette anecdote peut n'êlre qu'un la nuit. Malgré le trouble que lui occasionnait
conte. En voici une autre qui est plus claire. ce cruel événement, il sentit qu'il n'était pas
Un aubergiste d'Italie, qui venait' de perdre possible de le taire au correspondant de la
sa mère, étant monté le soir dans la chambré maison Bodry : mais comment avouer une
de la défunte en sortit, hors d'haleine en mauvaise plaisanterie dans une si triste cir-
,
criant à tous ceux qui logeaient chez lui, quo constance"? N'ayant plus aucun moyen de I"
sa mère- était revenue et couchée dans son justifier, ne serait-ce pas s'exposer volontai-
lit; qu'il l'avait vue, mais qu'il n'avait pas rement aux soupçons les plus injurieux, sans
eu le courage de lui parler. — Un ecclésias- avoir, pour les écarter, que sa bonne, foi, <•
tique qui se trouvait là voulut y monter; laquelle on ne voudrait pas croire?... Ce-
toute la maison se mil de la partie.- On entra pendant il ne pouvait se dispenser de rester
REV — LVI:3
— RKY
pour rendre les derniers devoirs à son ami ; dont l'esprit élail d'une grande faiblesse ne
,
t,|. il était impossible de ne pas inviter le cor- doute pas qu'il n'ait eu affaire à un revenant.
respondant à celle lugubre cérémonie. -— Ces — Sur ces entrefaites, un de ses amis, vou-
différentes réflexions se mêlant avec le sen- lant lui jouer un lotir, vient le prévenir qu'un
,
timent de la douleur, le tinrent dans la plus de ses oncles, qui habite Sens, est mort il y
çirande perplexité; mais une idée originale a peu de jours, et il l'engage à se rendre sur
vint loul à coup fixer son incertitude. Pâle, les lieux pour recueillir l'héritage. Jacquemin
défait par les fatigues, accablé de tristesse, il fait faire des vêlements de deuil pour lui et
se présente à dix heures du soir chez le cor- pour, sa femme, et se met en route pour le.
respondant, qu'il trouve au milieu de sa fa- chef-lieu du département de. l'Vonne, distant
mille, et qui, frappé de celle visite à une heure de son domicile de huit lieues. Il se présente
indue, ainsi que du changement de sa figure, à la maison du défunt; la première personne
lui demande ce qu'il a, s'il lui est arrivé quel- qu'il aperçoit en entrant c'est son oncle, tran-
que malheur... — « Hélas ! monsieur, le plus quillement assis dans un fauteuil, el qui té-
grand de tous, répond le jeune, homme, d'un moigne à son neveu la surprise qu'il éprouve
loti solennel ; je suis mort ce matin, et je viens de le voir. Jacquemin saisit le bras de sa
vous prier d'assister à mon enterrement, qui femme, et se sauve, en proie à une terreur
se fera demain. » Profitant de la stupeur de qu'il ne peut dissimuler el sans donner à son
la société, il s'échappe sans que personne lasse oncle étonné aucune explication. — Cepen-
un mouvement pour l'arrêter; on veut lui ré- dant la grenouille n'avait pas abandonné la
pondre, il a disparu: on décide que le jeune demeure du paysan : elle avait trouvé une
homme est devenu fou, el le correspondantse retraite dans une fente do. plancher, el là elle
charge d'aller le lendemain, avec son fils, lui poussait fréquemment des coassements qui
perler les secours qu'exige sa situation. Ar- jetaient. Jacquemin dans des angoisses épou-
rivés en effet à son logement, ils sont troublés vantables, surtout depuis qu'il avait vu son
d'abord par les préparatifs funéraires; ils de- oncle. Il élail convaincu que c'était l'ombre de
mandent M. Bodry ; on leur répond qu'il est ce parent qu'il avait aperçue, el que les cris
mort la veille el qu'il va être enterré ce ma- qu'il entendait étaient poussés par lui, qui re-
lin.... A ces mots, frappés de la plus grande venait chaque nuit, pour l'enrayer. — Pour
terreur, ils ne doutèrent plus que ce ne fût conjurer le maléfice Jacquemin fit. faire des
,
lame du défunt qui leur avait apparu, el. re- conjurations, qui restaient inefficaces ; car les
vinrent communiquer leur effroi à toule la fa- coassements n'en continuaient-pasmoins. Cha-
mille, qui n'a jamais voulu revenir de celle que nuit lo malheureux se relevait, prenait sa
idée. — On a pu lire ce qui suit dans plusieurs couverture, qu'il mettait sur sa tète en guise
journaux : Une superstition incroyable a causé rieeapuee, el chantait devant un bahut qu'il
récemment un double suicide dans la com- avait transformé en autel. Les coassements
mune de Bussy-en-Oth , département de continuaient, toujours ! —Enfin, n'y pou-
l'Aube. Voici les circonstances de ce singulier vanl plus tenir, le pauvre Jacquemin fit part
et déplorable événement (1841) : —Un jeune à quelques personnes de l'intention où il était
homme des environs était, allé à la pèche aux de se donner la mort, et les pria naïvement
grenouilles, et en avait mis plusieurs toutes de l'y aider ; il achela un collier en fer, se le
vivantes dans un sac. En s'en revenant il aper- mil au cou, et un des amis voulut bien serrer
çoit un paysan qui cheminait à petits pas. Ce la vis pour l'étrangler, mais il s'arrêta quand
iionliomme portait une veste dont la poche il crut que la douleur aurait fait renoncer Jac-
était entrebâillée. Le pêcheur trouva plaisant quemin à son projet. Le paysan choisit un
'le prendre une do ses grenouilles el de la autre moyen el. pria une autre personne de
glisser dans la poche de la veste du paysan. l'étouffer entre deux matelas; cette, personne
Cedernier, i omnié Joachim Jacqoemin,rentre feignit d'y consentir, el s'arrêta quand elle
chez lui et se couche, après avoir mis sa veste pensa que Jacquemin avait assez souffert et
sur son lit. Au milieu de la nuit, il esl réveillé
,
que ce serait pour lui une leçon. Mais l'esprit
par un corps étranger qu'il sent-sur sa figure, de Jacquemin était trop vivement impres-
t-tqui s'agitait en poussant de petits cris inar- sionné el un malheur élail imminent. En effet,
ticulés. C'était la grenouille qui avait quille un jour, on fut étonné de ne pas l'apercevoir ;
fa retraite et qui, cherchant sans doute une on fît. des recherches dans la maison, et on le
'ssue pour se sauver, était arrivée jusque sur trouva pendu dans son grenier. Le lendemain,
le visage du dormeur et. s'était mise sa femme , au désespoir de la perle de son
a coasser,
hepaysann'ose remuer, el bientôt sa visiteuse mari, se jeta dans une mare, où elle trouva
noelurne disparait. Mais le pauvre homme aussi la mori... — On conte qu'il y avait dans
,
REV — hiti —
,
RKY p

un village du Poitou, un fermier nommé lier- ccourage autant qu'il put, et descendit avec [
vias. Le valet de cet homme pensa qu'il lui son s gendre futur. On trouva que le prétendu '
sérail avantageux d'épouser la fille de la démon ( était le valet de la maison... On n'eut f
maison, qui s'appelait Catherine et qui était pas ] besoin de lui donner des soins; sa chute, i
riche. Comme il ne possédait rien et que, pour l'avait assommé, et il mourut au bout de quel- t
1

surcroît, la main de la jeune fille était pro- ques i heures ; sort fâcheux dans lous les cas. j:
mise à un cousin qu'elle aimait, le valet ima- — Dans le château d'Ardivilliers, près de lire- t,
gina un stratagème. Un mois avant la noce, leuil, en Picardie, du temps rie la jeunesse de ï
comme le fermier se Irouvait une certaine Louis XV, un esprit faisait un bruit effroyable; j
nuit plongé dans son meilleur sommeil, il en c'étaient toule la nuit des flammes qui fai- i
fut tiré en sursaut par un bruit étrange qui saienl paraître le château en feu , c'étaient !
se fit dans sa chambre. Une main agita les des hurlemenlsépouvantables;mais cela n'ar- !

rideaux de son lit, et. il vil au fond de sa rivait, qu'en certain temps de l'année, vers la I
chambre un fantôme couvert d'un drap noir Toussaint. Personne n'osait y demeurer que i
sur une longue robe blanche. Le fantôme te- le fermier, avec qui l'esprit était apprivoisé, j
nait une torche à demi éteinte à la main droite Si quelque malheureux passant y couchait !

et une fourche à la gauche. 11 traînait des une nuit, il était si bien étrillé qu'il en por-
chaînes ; il avait une tôle de cheval lumi- tait long-temps les marques. Les paysans d'a-
neuse. Hervias poussa un gémissement, son lentour voyaient mille fantômes qui ajoutaient
sang se. glaça , el il eut à peine la force de à l'effroi. Tantôt quelqu'un avait, aperçu en
demander au fantôme ce qu'il voulait. « Tu l'air une douzaine d'esprits au-dessus du châ-
mourras dans trois jours, répondit l'esprit, si teau ; ils étaient tous de l'eu et dansaient un
tu songes encore au mariage projeté entre ta branle à la paysanne; un autre avait trouvé,
fille et son jeune cousin ; tu dois la marier, dans une prairie, je ne sais combien de pré-
dans ta maison, avec le premier homme que sidents et. de conseillers en robe rouge, assis
tu verras demain à ton lever.... Garde le si- et jugeant à mort un gentilhomme du pays
lence; je viendrai la nuit prochaine savoir la qui avait eu la lète tranchée il y avait bien
réponse. » —En achevant, ces mois le fan- cent. ans. Plusieurs autres avaient, vu, ou toul
tôme disparut. Hervias passa la nuit sans au moins ouï dire, des merveilles du château
dormir. Au point du jour, quelqu'un entra d'Ardivilliers. — Celte farce dura quatre ou
pour lui demander des ordres; c'était le valet. cinq ans, et. fil grand tort au maître du chà-
Le fermier fut. consterné de la pensée qu'il leau qui était obligé d'affermer sa ferre à
,
fallait lui donner sa fille; mais il ne témoigna très-vil prix. 11 résolut enfin de faire cesser
rien, se leva alla trouver Catherine et finit la luliiierie, persuadé par beaucoup de cir-
,
par lui raconter le tout. Catherine, désolée, ne constances qu'il y avait de l'artifice en toul
sut que répondre. Son jeune cousin vint ce cela. Il se rend à sa terre vers la Toussaint,
jour-là ; elle lui apprit la chose ; mais il ne couche dans son château, el fait demeurer
se troubla point. Il proposa à son futur beau- dans sa chambre deux gentilshommes de ses
père de passer la nuit dans sa chambre : Her- amis, bien -résolus au premier bruit ou à la
vias y consentit. Le jeune cousin feignit donc première apparition de tirer sur les esprits
de partir le soir pour la ville, el rentra après avec de bons pistolets. Les esprits, qui savent
la chute du jour dans la ferme. Il resta sur font, surent, apparemment ces préparatifs :
une chaise'auprès du lit d'Hervias, et tous pas un ne parut. Ils se contentèrent de traîner
deux attendirent patiemment le spectre. — des chaînes dans une chambre du haut, an
La fenêtre s'ouvrit vers minuit; comme la bruit desquelles la femme et les enfants du
veille, on vit paraître le fantôme dans le même fermier vinrent au secours de leur seigneur,
accoutrement, il répéta le môme ordre. Her- en se jetant à ses genoux pour l'empêcher (le
vias tremblait; le jeune cousin, qui ne crai- monter dans cette chambre. « Ah ! monsei-
gnait pas les apparitions, se leva et dit : gneur, lui criaient-ils, qu'est-ce que la force
« Voyons qui nous fait des menaces si pré- humaine contre des gens de l'autre monde'?
cises. » En même temps, il saula sur le spectre Tous ceux qui ont lente avant vous la même
qui voulait fuir, il le saisit, et sentant entre entreprise en sont revenus disloqués. » Us
ses bras un corps solide, il s'écria : « Ce n'est firent tant d'histoires au maître du château
pas un esprit. » Il jela le fantôme par la fe- que ses amis ne voulurent pas qu'il s'exposât ;
nêtre, qui était élevée de douze pieds. On en- mais ils moulèrent tous deux à celte, grance
tendit un cri plaintif. « Le revenant n'osera et vaste chambre où se faisait le bruit, le
plus revenir, dit le jeune cousin ; allons voir pistolet dans une moin, la chandelle dans l'au-
s'il se. porte bien. » — Le fermier ranima soni tre. — Ils ne virent d'abord qu'une épaisse
REY — «25» — REY
ruinée, que quelques flammes redoublaient mença i par faire du bruit dans une chambre
liai-
intervalles. Un inslanl après, elle s'é- peu [ éloignée des autres, où M. Vidi niellait
pliiircit el l'esprit parut confusément au mi- ises serviteurs malades ; la servante entendit
lieu. C'était un grand diable toul noir, qui auprès
i d'elle pousser des soupirs semblables
faisait des gambades, el qu'un autre mélange ài ceux d'une personne qui souffre, ; cepen-
de flammes et de fumée déroba une seconde dant
i
elle ne vit rien. Elle tomba malade; on
fois à la vue. Il avait, des cornes une longue l'envoya chez son père pour prendre l'air
,
queue. Son aspect épouvantable diminua un natal : elle y resta un mois. Étant revenue, on
neii
l'audace de l'un des deux champions : la mit. coucher à pari dans une autre chambre.
Il v a là quelque chose de surnaturel, dit- Elle se plaignit encore d'avoir entendu un bruit
,;
il à son compagnon; retirons-nous.-—Non, extraordinaire, et deux ou trois jours après,
non, répondit l'autre; ce n'est que de la fumée étant dans le bûcher, elle se sentit tirer par
de pondre à canon... el l'esprit ne sait son la jupe. L'après—dînée du même jour, on
métier qu'à demi de n'avoir pas encore souillé l'envoya au salut; lorsqu'elle sortit de l'é-
nos chandelles.».—Ilavance à ces mois, pour- glise l'esprit la lira si fort par derrière qu'elle
,
suit le spectre, lui lâche un coup de pistolet, dul s'arrèler. En rentrant au logis, elle fut si
ne le manque pas; mais au lieu de tomber, le
fort tirée qu'on entendit le craquement de
speclro se retourne et le fixe. Il commence l'étoile, et qu'on remarqua que les basques de
alors à s'effrayer à son tour. 11 se rassure son corps par derrière étaient hors de sa jupe ;
toutefois, persuadé que ce ne peut être un une agrafe avait même été rompue. Ma-
esprit ; et, voyant que le spectre évite de l'ap- dame Vidi frémit de peur. C'était un vendredi
procher, il se résout do le saisir, pour voir au soir. La nuit du dimanche au lundi, sitôt
s'il sera palpable ou s'il fondra entre ses mains. qu'elle fui couchée, la servante entendit mar-
L'esprit, trop pressé sort de la chambre et cher dans sa chambre, el quelque temps après
,
s'enfuit, par un petit escalier. Le gentilhomme l'esprit lui passa sur le visage une main froide
descend après lui ne le perd point de vue
, ,
comme pour lui faire des caresses. Elle prit
traverse cours et jardins, el fait, autant de son chapelet. On lui avail dit que si elle con-
leurs qu'en fait le spectre, tant qu'enfin le tinuait à entendre quelque chose, elle conjurât
fantôme, étant parvenu à une grange qu'il l'esprit, de la part de Dieu, de s'expliquer : ce
trouve ouverte, se jolie dedans et fond contre qu'elle fil mentalement, la peur lui ôlant
mi mur au moment où le gentilhomme pen- l'usage de la parole. Elle entendit marmotter
sait l'arrêter.— Celui-ci appelle du monde; à son oreille; mais rien n'était articulé.—
cl dans l'endroit où le spectre s'était évanoui, Vers trois heures du malin, l'esprit fit si grand
il découvre une trappe qui se fermait d'un bruit qu'il semblait que la maison tombât.
verrou après qu'on y était passé; il descend, On alla voir ce qno c'était : on trouva la ser-
trouve le fantôme sur de bons matelas, qui vante toute en eau , on la fil habiller ; ses
l'empêchaient de se blesser quand il s'y jetait maîtres virent une fumée qui la suivait et qui
la lèle la première. 11 l'en fait sortir, et l'on disparut un moment après. On lui dit qu'il
reconnaît sous le masque du diable le malin fallait aller à confesse et communier. Elle fui
fermier, qui avoua toutes ses souplesses et en chercher ses chausses, qui étaient dans la
fui quille pour payer à son maître les rede- ruelle du lit. Elle trouva ses souliers sur la
vances de cinq années sur lo pied de ce que fenêtre , les deux bouts se regardant, et re-
lu terre était affermée avant les apparitions. marqua qu'une des croisées était ouverte. —
le caractère qui le rendait à l'épreuve du A son retour de l'église, on lui demanda ce
pistolet était une peau de buffle ajustée à lotit qu'elle avail fait. Elle dit que, sitôt qu'elle
son corps... — Dans la Guinée, on croit que s'était mise à la sainte table, elle avait vu sa
les âmes des trépassés reviennentsur la terre, mère à son côté, quoiqu'il y eût onze ans
H qu'elles prennent dans les maisons les qu'elle était morte; qu'après la communion
choses dont elles ont besoin ; de sorln que
,
sa mère s'était mise à genoux devant elle et
Quand on a fait quelque perle, on en accuse lui avail pris les mains en lui disant : « Ma
les revenants opinion très-favorable
; aux vo- fille, n'ayez point peur, je suis votre mère.
leurs. Voy. APPARITIONS, FANTÔMIÎS, SPIÏO Votre frère fut brûlé par accident près d'É-
ïiii-s, ATHÉNAGOUE, RAMBOIIII-MÏT, SANCIIE
,
lampes. J'allai trouver M. le curé de Garan-
STEINUN etc.
— L Esprit de Dourdans, his- cières, pour lui demander une pénitence,
,
toire tirée d'un manuscrit-dé M. Barré. M. Vidi, croyant qu'il y avail de ma faute. 11 ne voulut
receveur dos tailles de Dourdans, rapporte pas m'en donner, disant que je n'étais pas
ainsi une histoire d'esprit arrivée
au tempsi coupable ; il me renvoya à Chartres, au pé-
('o Pâques de l'année 1700. L'esprit
com- nitencier, qui, voyantquejem'obstinais à vou-
RHO — /|26 — RIB i

loir une pénilence, m'imposa celle de porter voulait v corriger l'effet qu'elle avait produit o| f-
pendant deux ans une ceinture de crin ; ce que lui h en donner un contraire, le magicien la il
rc.
je n'ai pu exécuter à cause de mes grossesses prenait p et lui faisait décrire un cercle oppusé l
et maladies. Ne voulez-vous pas bien, nia àc celui qu'elle avait déjà parcouru. Les amants ''
lil|e, accomplir pour moi celle pénilence? » La malheureux
i la faisaient tourner en adressant \.
fille le lui promit. La mère la chargea ensuite ài I\émésis des imprécations contre l'objet de '
de déjeuner au pain el. à l'eau pendant quatre 1leur amour, dont ils étaient dédaignés. f
vendredis et samedis qui restaient, jusqu'à magicien fameux au lliéà-
l'Ascension prochaine, de faire dire une messe
K.hotomago, — S

(tre des ombres chinoises. M. Berbiguicr ]


eu
a Gqmeryille , de payer au nommé Laitier, fait j sérieusement une espèce de démon, qui i
mercier, vingt-six sous qu'elle lui devait pour serait le grand-maître des sorciers
du fil qu'il lui avail vendu; d'aller dans la s '. j

caye, de la maison où elle était morte, qu'elle Ribadin {.IBANNETTE), —jeune personne de !

y trouverait la somme de vingt-sept- livres dix-huit ans, dont l'histoire a fait du bruit
sous la troisième marche. Elle lui fit beau-
seizième siècle. Elle était de la paroisse de
''

coup de remontrances, lui disant surtout do


Jouin de Cernes, aux environs de Bordeaux.
prier toujours la Sainte-Vierge. Le lende- Cueillant un dimanchedes herbes dans la cam-

main, la servante fit dire une messe, el pen- pagne, elle fut réprimandée par Jean d'Eloup-
dant deux jours elle vit. sa mère à côté d'elle. pe, prêtre, qui voulut qu'elle publiai sa faute
Ses maîtres acquittèrent au plus lot ce dont en pleine assemblée, el la conduisit à la pa-
elle s'était chargée; ensuite elle alla à Char- roisse après lui avoir donné ses instructions.
tres, o.ù elle lîl dire trois misses, se confessa Un grand concours arriva ; la jeune fille an-
el communia dans la chapelle basse. En sor- nonça au peuple assemblé qu'elle avait eu
tant, sa mère lui apparut encore, en lui di- grand mal pour avoir travaillé le dimanche;
sant: « Ma fille, vous voulez donc faire tout ce qu'il fallait éviter pour ne pas s'attirer les
mêmes maux de la part de Dieu ; ensuite elle
ce que je vous ai dit"?-—Oui, ma mère.—
Eh bien! je m'en décharge sur vous. Adieu, eut des extases, se roula par terre., se releva
je vais à la gloire éternelle. » Depuis ce et prononça d'un ton prophétique que Dieu
temps, la fille ne vil, n'entendit plus rien. Elle ne voulait pas que les femmes portassent, des
porta la ceinture do crin nuil. et jour pendant manches froncées, ni les hommes des bonnets
les deux uns que sa mère lui avait recom- rouges. — L'affaire parvint aux oreilles de
mandé de le faire ; — et voilà comment s'est l'archevêque de bordeaux , qui la fit arrêter
terminée l'histoire de l'esprit de Dourdans. avec ses complices, reconnut la fraude, el lit
avouer à la fille que l'argent que les fidèles
H.hapsodomancie, •— divination qui se fai- lui donnaient pour ses prétendues révélations
sait en ouvrant au hasard les ouvrages d'un était partagé .entre trois suborneurs qui l'a-
poète, el prenant l'endroit sur lequel on tom- vaient engagée à contrefaire la sainte. Le juge.
bait pour une prédiction de ce qu'on voulait ecclésiastique la condamna à faire amende
savoir. C'était ordinairement.Ilonièreel Virgile honorable en l'église métropolitaine de Suint-
que l'on choisissait. D'autres fois on écrivait André, la torche au poing, et là demander pat-
des sentences ou des vers détachés du poète ; don à Dieu. Celte sentence fut exécutée; mais
on les remuait dans une urne; la sentence ou elle fut encore renvoyée en la cour, où, par
le vers qu'on en lirait était, le sort. On jetait arrêt donné à la Tournelle, elle fut condam-
encore des dés sur une planche où des vers née comme criminelle d'imposture, de séduc-
étaient écrits, et ceux sur lesquels s'arrêtaient tion d'impiété, d'abus et de scandale public
,
les dés passaient pour contenir la prédiction. (•15S7). Ses complices furent condamnés à la
Chez les modernes, on ouvrait le livre avec réclusion perpétuelle, comme convaincus (ie
une épingle, et on inlerprélait le vers que l'é- séductions envers celte malheureuse lill.e 2. Ce
pingle marquait.. qui fait voir que les fraudes pieuses n'étaient
pas encouragées autrefois, comme le disent les
Rhombus, — instrument magique des
Grecs, espèce de toupie dont on se servait, menteurs qui attaquent la religion.
dans les sortilèges. On l'entourait de lanières lUbenzal, — spectre dont lé peuple en Si-
tressées, à l'aide desquelles on la faisait pi- lésie place la demeure an sommet du llisem-
rouetter. Les magiciens prétendaient que le herg C'est lui, dans leur idée, qui couvre su-
mouvement de celle toupie avail la vertu de bitement cette montagne de nuages et qui ex-
donner aux hommes les passions et les mou-
Los farfadets, t. I", p. 2Ï5.
vements qu'ils voulaient leur inspirer; quand 1

3 Delïincre, Tableau de l'inconstance des déni., oU' '


on l'avait fait tourner dans un sens, si l'on. liv. vi, p. '440.
110li
[ilo les lempôles. C'est le même que ltubczahl.
L\t7 - -- ROD
pelito figure de ci e mystérieusement enve-
foi/, ce mot. loppée dans un écrin. Celle ligure représen-
ïtichelieu. — Le maréchal de Richelieu , tait Jean, duc de Normandie, fils du roi '.
étant ambassadeur à Vienne , se fit initier Robert, — roi do France. Ce monarque
dans la sociélé de quelques nécromanciens, avait épousé Berlhe, cousine issue de ger- sa
(,uilui promirent de lui montrer Belzébulh, le main. Le pape Grégoire V examina l'affaire
prince des démons; il donna dans celte chi- dans un concile ; suivant la discipline du
mère. H y eut une assemblée nocturne, des temps, le mariage fut déclaré incestueux, et.
évocations; en sorte que l'affaire éclata. — le concile décréta que les époux seraient, tenus
Un jour que le maréchal disait a Louis XV de se séparer et de faire pénitence. Le roi
que les Bourbons avaient, peur du diable, le Robert, refusant de se soumettre, fut excom-
roi lui répondit : — «C'est qu'ils ne l'ont pas munié et son royaume mis en interdit. — Un
vu comme vous. » jour qu'il élail allé faire sa prière à la porte
lUcUius (JACQUES), — auteur d'une défense d'une église; on lui présenta un petit, monslre
des épreuves par l'eau froide, publié en latin ' qui avait le cou et le dessus de la têle d'un
:i Cologne, 1097. canard. «Voyez-vous, lui dit-on, les effets de
Eimmon, — démon d'un ordre inférieur, votre désobéissance; la reine Berlhe vient
peu considéré là-bas, quoique premier méde- d'accoucher de cet enfant. » Lo roi, à ce spec-
cin de l'empereur infernal. Il élail. adoré à
tacle, répudia Berlhe, el l'excommunication
Damas sous le nom de Hemmon ou Remnon, fut levée. C'est à cause de cel incident que la
tpii, selon les uns, est Salurne, el selon les reine Berlhe, femme de Robert, fut repré-
autres, le Soleil. — On lui attribuait le pou- sentée dans ses statues avec un pied d'oie.
voir de guérir la lèpre. R.oderiU on B.odrigoe. — Roderik, dernier
Rivière (RoCIl LE 1ÎAILUE , SIEUR DE LA ) , roi des Golhs en Espagne, se rendit fameux
.


médecin empirique et astrologue, né à Fa- par ses crimes et ses débauches au commen-
laise dans le seizième siècle. 11 devint premier cement du huitième siècle ; mais il y eul.
médecin de Henri IV, fut comblé des faveurs une fin. Il était devenu épris de la fille du
île la cour, el mourut le b novembre 1605. comte Julien, l'un des grands seigneurs do
On dit que Henri eul la faiblesse de lui faire 'Espagne; il la déshonora et la renvoya en-
lirer l'horoscopede son fils, depuis LouisXllI; suite de la cour. Le comte Julien , qui élail
il s'en défendit long-temps, mais enfin, forcé alors en ambassade chez les Maures d'Afri-
par le roi, dont sa résistance avail excité la que, n'eut pas plutôt appris sa honte el le
curio.-ilé. il lui prédit que ce jeune prince s'at- malheur do sa fille, qu'il forma la résolution
tacherait à ses opinions, et que cependant il de se venger. Il fil venir sa famille en Afrique,
s'abandonnerait à celles des autres ; qu'il demanda aux Maures leur appui el promit do
luirait beaucoup à souffrir des huguenots; leur livrer toute l'Espagne. Celle proposition
qu'il ferait de grandes choses el vivrait âge' fut avidement reçue ; une armée partit sous la
d'homme. Henri IV fut affligé de celle prédic- conduite du prince Mousa cl de Julien lui-
tion, dont il aurait pu deviner aussi une par- même. Us débarquèrent en Espagne el. s'em-
— La Rivière a passé de son temps pour un parôrenl de quelques villes avant que Roderik
lie.
grand amateur de philosophienaturelle el cu- fut instruit de leur approche. — 11 y avail au-
rieux des secrets de celle science. On a de lui : près de Tolède une vieille tour déserle, que
Discours sur la signification de la comète ap- l'on appelait la ï'our enchantée. Personne n'a-
parue en Occident au signe du Sagittaire, le vait osé y pénétrer, parce qu'elle était fermée
10 novembre. Rennes 1577, in-i°, rare. de plusieurs portes de fer. Mais on disait qu'elle
,
Robert, — c'est le nom que la petite dé- renfermait d'immenses trésors. Roderik, ayant
moniaque Marie Clauzclle donnait au maître besoin d'argent pour lever une armée contre
des sabbals. les Maures, se décida à visiter cette tour, mal-
Robert, — sorcier de l'Artois, qui fut con- gré les avis de tous ses conseillers. Après en
ilainné, en 4 334, au bannissement et à la con- avoir parcouru plusieurs pièces, il fil enfoncer
fiscation de ses biens. Il avail formé le des- une grande porte de fer battu, que mille ver-
sein d'envoûter le roi, la reine et le duc de rous, dit-on, fermaient intérieurement. Il entra
Normandie. Il avait montré à un prêtre une dans une galerie où il ne trouva qu'un éter-
dard de plusieurs couleurs, sur lequel on lisait
1 nefcnsio covnpendios;i cortisone inodis astricta probe
j;t îoiputnlnr aqmc frigidui quû in exatuinatione male-
'corum judices'hodie utuntur, omnibus scitu per qnam 1 M. Garinet, Ilist. de la magie en France, p. 87.
,l(.'c'^saria, quatuor distineta capitibusj'antboreJacobo y M. Saignes, des Erreurs et des préjugés, etc., t, Ï1I,
Klckio, in-12, Colonise Agrippina:, 1597. P-m.
R01J — li'll i - ROI |
ces mots : Lorsqu'on ouvrira cette tour, les de sa figure, il leur fui aisé de le reconnaître
S

barbares s'empareront de l'Espagne.... Aboul- à ses cris el aux reproches que lui faisaient 1
kacim-Tarisla-Ben-Tarik, historien arabe, les démons. Les trois ermites gardèrent le si- I
ajoute que, malgré son effroi, Roderik, ayant lencede l'effroi à ce spectacle ; tout à coup jis i
l'ai t faire certains flambeaux que l'air de la cave virent descendre du ciel la mère de Roderik '
ne pouvait éteindre, poursuivit sa recherche accompagnée d'un vénérable vieillard, qui
suivi de beaucoup de personnes. A peine eut- cria aux démons de s'arrêter. «Que deman-
il fait quelques pas, qu'il se trouva dans une dez-vous, répondit le plus grand diable de la
belle salle enrichie de sculptures, au milieu troupe? — Nous demandons grâce pour ce
de laquelle on voyait une statue de bronze qui malheureux, répliqua la mère. — 11 a commis
représentait le Temps, sur un piédeslal de trop de crimes pour qu'on l'ôle de nos mains,
trois coudées de haut: elle tenait de la main s'écrièrent les démons ; et les saints ne peu-
droite une masse d'armes, avec laquelle elle vent l'avoir en leur compagnie. La mère de
frappait de temps en temps la terre, dont les Roderik elle vieillard qui l'accompagnait re-
coups, retentissant dans la cave, faisaient un prenaient la parole, quand la fille du comle
bruit épouvantable. Roderik , loin de s'ef- Julien parut et dit d'une voix haute : « Il ne
frayer, s'approcha du fantôme, l'assura qu'il mérite point de pitié ; il m'a perdue; il a porté
ne venait faire aucun désordre dans le lieu de le désespoir dans ma famille el la désolation
sa demeure, el lui promit d'en sortir dès qu'il dans le royaume. Je viens de mourir précipi-
aurait vu les merveilles qui l'entouraient; tée du haut d'une tour; el ma mère expire
alors la statue cessa de battre la terre. Le écrasée sous un monceau de pierres. Que ce
roi, encourageant les siens par son exemple , monstre soit jeté dans l'abîme, et qu'il se sou-
lit une visite exacte de cette salle à l'entrée vienne des maux qu'il a faits. — Qu'on le
,
de laquelle on vil. une cave ronde, d'où sor- laisse vivre quelque temps encore, reprit la
tait un jet d'eau qui faisait un sourd murmure. mère de Roderik, il fera pénilence. » Alors
Sur l'estomac de la statue du Temps élail on entendit dans les airs une voix éclatante
écrit en arabe : Je fais mon devoir; et sur le qui prononça ces paroles : «Les jours de Rode-
dos: A mon secours! A gauche on lisait ces rik sont à leur terme: la mesure est comblée;
mois sur la muraille : Malheureuxprince, ton que la justice éternelle s'accomplisse!» El aus-
mauvais destin t'a amené ici ; el ceux-ci à sitôt ceux qui étaient descendus d'en haut y
droite : Tu seras détrôné par des nations étran- remontèrent; la terre s'enlr'ouvrit, les démons
gères, et tes sujets , aussi bien que loi, seront s'engloutirent avec Roderik au milieu d'une
châties. —Roderik, ayant contenté sa curio- épaisse fumée ; et les trois anachorètes ne trou-
sité, s'en retourna; el dès qu'il eul tourné vèrent plus dans l'endroit où tout cela venait
le dos, la statue recommença ses coups. Le de se passer, qu'un sol aride et une végéta-
prince sortit, fil refermer les portes el marcha tion éteinte. — Toute celle vision n'est rap-
à la rencontre des ennemis. La bataille se livra portée que par un historien aujourd'hui peu
un dimanche, au pied delà Sierra-Moréna'". connu •, el bien des gens ne la regarderont
Elle dura huit jours; l'armée espagnole fut que comme une vision. L'histoire no parle de
taillée en pièces, el Roderik disparut du mi- Roderik qu'avec blâme , et son nom est resté
lieu des siens sans qu'on sût jamais ce qu'il impur pour la postérité 2.
était devenu. — On pensa qu'il avait été em- Rodrigue*: (IGNAZIO), — VO]J. INQUISITION.
porté par le diable, puisqu'il fut impossible de
découvrir son corps après le combat, et qu'on Rois de l'enfer. — Los rois de l'enfer sont
au nombre de sept. On peut les lier depuis
ne retrouva que son cheval, ses vêtements trois heures jusqu'à midi, el depuis neuf heu-
et sa couronne au bord d'une petite rivière. resjusqu'au soir 5. Voy. MoNAiicmii
INFERNALE.
Ce qui confirme encore cette opinion dans
l'esprit du peuple espagnol, c'est que, le len- Rois de France. — Il est rapporté dans
demain de la bataille, trois anachorètes, qui quelques chroniques que les premiers rois do
vivaient dans la pénilence à quelques lieuesde France portaient une queue comme les sin-
Tolède, curent ensemble la vision suivante ; ges; qu'ils avaient du poil de sanglier tout le
Une heure avant le retour de l'aurore, ils long de l'épine du dos, etc. On sait aussi que
aperçurent, devant eux une grande lumière et les rois de France guérissaient les écrouelles.
plusieurs démons qui emmenaient Roderik en
1 Sanctii a Cordnba liisloriarum Hispnniïe antiqna-
le traînant par les pieds ; malgré l'altération runi, lib 3, sect. 12.
Nomen ejns in ieternum putrescet..,. (Lambcrlimis
>

1 voyait encore, i' n'y a pas deux siècles, plusieurs


On de Cruz-ttowen, Tlientrum regium Hîspaniai, al) an-
milliers de croix plantées en terre, à l'endroit où s'est no 711, ad annum 717.)
livrée cette fameuse bataille. Lambertinus,'ubi intra. 3 Wierus, Tn Psendoivon. clpemon.
RL'B — h 59 — RYM
Rolande du Vcrnols. — liogllCl cite celle ce qui concerne ce lutin, qui probablement
femme comme sorcière. Elle rut convaincue est un personnage de l'ancienne mythologie
seizième siècle tout à la fois, d'être possé-
;l)i
slave. Il paraît encore, dit-on, dans quelque
dée, voleuse el ventriloque ; el fut pendue el coin éloigné; mais chaque année il perd de
brûlée. sa renommée el de sa considération. C'est le
Romulus, — celui qui éleva la ville do même que Rtbenzal.
Home. Romains était enfant du diable selon Rubis. — Les anciens lui attribuent la pro-
quelques-uns, et grand magicien selon lous priété de résister au venin de préserver de
,
les démonomanes. Mars, au fait, qui fut son la peste, dé bannir la tristesse el de détourner
pure, n'était qu'un démon. Après qu'il eut, les mauvaises pensées. S'il venait à changer
bien établi son empire , un jour qu'il faisait de couleur, il annonçait les malheurs qui de-
la revue de son armée, il fut enlevé dans un vaient arriver ; il reprenait sa teinte aussitôt
tourbillon à la vue de la multitude ', et Bodin qu'ils étaient passés.
observe que le diable, à qui il devait le jour, Rue d'Enfer, — voy. YAUVERÏ.
l'emporta dans un autre royaume 2.
Ruggieri (CosMii), — sorcier florentin et
Ronwe, — marquis el comle de l'enfer, courtisan de Catherine de Médicis, qui fut ap-
qui apparaît sous la forme d'un monstre ; il pliqué à la question en lo7i, comme prévenu
donne à ses adeptes la connaissance des lon- d'avoir attenté par ses charmes aux jours de
gues et la bienveillance de tout le monde. Charles IX qu'il voulait envoûter'.
Dix-neuf cohortes infernales sont sous ses or- ,
dres 3. Rugner, — géant Scandinave, dont la lance
énorme était faile de pierre à aiguiser. Dans
Rose-Croix. —Les Rose-Croix sonl main- un duel, Thor la lui brisa d'un coup de sa
tenant de hauts-officiersdans les grades ridi-
massue grosse comme un dôme, el en fit sau-
rules de la maçonnerie. Autrefois, c'étaient ter les éclals si loin c'est de là que vien-
que
les conservateurs des secrets de la cabale. nent loutes les pierres à aiguiser qu'on trouve
Naudé a écrit sur les Rose-Croix un petit livre dans le monde, qui paraissent évidemment
et
curieux. Voy. NAUDÉ.
rompues par quelque effort.
Rose de Jéricho, — Voy. BllOWN. Runes, — leltres ou caractères magiques,
Roux. — 11 y a chez les modernes une an- que les peuples du Nord croyaient d'une
tipathie assez générale contre les roux. On grande vertu dans les enchantements. Il y en
expliquait autrefois ainsi l'origine des barbes avait de nuisibles que l'on nommait runes
,
rousses. Lorsque Moïse surprit les Israélites amères; on les employait lorsqu'on vou-
adorant le veau d'or, il le fil mettre en pou- lait, faire du mal. Les runes secourabhs dé-
dre, mêla cette poudre dans de l'eau el la fil lournaient les accidents; les runes victorieuses
boire au peuple. L'or s'arrêta sur les barbe; procuraient la victoire à ceux qui en faisaient
(le ceux qui avaient adoré l'idole elles fitre- usage; les ?'imcs médicinales guérissaient des
connailre ; car, toujours depuis ils eurent I; maladies on les gravait sur des feuilles d'ar-
,
barbe dorée bres ; enfin, il y avaii des runes pour éviter
.
Rubezahl, — prince des gnomes , fâmeu:; les naufrages, pour soulager les femmes en
chez les habitants des monts Sudètes. 11 esl ex travail, pour préserver des empoisonnements.
trêmemenl malin, comme lous les êtres de soi , Ces runes différaient par les cérémonies qu'on
espèce, el joue mille tours aux montagnards observait en les écrivant, par la matière sur
On a écrit des volumes sur son compte i I laquelle on les traçait, par l'endroit où on les
;
est même le héros de quelques romans; Mu exposait, par la façon dont on arrangeait les
; soeus en a fait un de ses héros. Et toute- lignes, soit en cercle, soit en serpentant, soit
fois on n'a pas encore suffisamment éclaire ; en triangle, etc. On trouve encore plusieurs
de ces caractères tracés sur les rochers des
1 Denys d'iïaliearnasse, Tite-Live, Plutarque, i
mers du Nord.
n
:, ttomnlo, etc. Rymer, — géant, ennemi des dieux chez
' '' lîodin, Démonomaviic, liv. m, ch. I<r, et dans I a les Scandinaves, lequel doit à la fin du monde
; Préface.
\ •' Wierus, in Pseudomon. diem.
être le pilote du vaisseau Naglefare.
* -lérémie de Pours, la Divine mélodie du Faint Psa
mistn, p. 829. 1 M. Garinel, llist. delà magie en France, p. 431.
SA» /i30 SA 15

Sabaoth. — Les archonliqucs, secle du d'ânes ou d'autres animaux. Ce voyage, se fait F


deuxième siècle, faisaient de Sabaolh un ange toujours en l'air. Quand les sorcières s"oi;»neni
douteux qui était pour quelque chose dans les pour mouler sur le manche à balai qui doil i
alfaires de ce monde. Les mêmes disaient que les porter au sabbat, elles répètent plusieurs '
la femme élail l'ouvrage de Salan. fois ces mots : Emen-hétân ! emen-hétan ! oui '
signifient, dit Delancre.: Ici el là! ici et là! f
-S Sabasius, — chef du sabbat, selon certains
démonographes. C'était autrefois l'un des sur- — Il y avait cependant, en France, des soi- jI
cièrès qui allaient au sabbat sans bâton, ni
noms de Bacchus, grand-maître des sorciers
dans l'antiquité païenne. C'est un "gnome chez graisse, ni monture, seulement en prononçant |,
les cabalistes. quelques paroles. Mais celles d'Italie ôlil ton- \;
jours un bouc, qui les attend pour lès em- j:
SaLba, — devineresse mise au nombre des porter. Elles ont coulume, Comme les noires, fi
sibylles. On croit que c'était, celle de Cornes. de sortir généralement par la cheminée. Ceux !'•
- desSabbat. — C'est rassemblée des démons, ou celles qui manquent au rendez-vous paient !»
sorciers et des sorcières, dans leurs orgies une amende ; le diable aime la discipline. — fe
nocturnes. Nous devons donner ici l'opinion Les sorcières mènent souvent au sabbat, pour
des démonomanes sur ce sujet. On s'occupe différents usages, desenfanlsqu'ellesdérobenl.
au sabbat, disent-ils, à faire ou à méditer lé Si une sorcière promet de présenter au diable, ;
mal, à donner des craintes et des frayeurs, à dans le sabbat prochain, le fils ou. la fille de F
préparer les maléfices, à des mystères abo- quelque gueux du voisinage, et qu'elle ne f
minables. — Le sabbat se fait dans un carre- puisse venir à bout de l'attraper, elle esl [
four, ou dans quelque lieu désert et sauvage, obligée, de présenter son propre fils, ou quel- j
auprès d'un lac, d'un étang, d'un marais, que autre enfant d'aussi haut prix. Les enfants j
parce qu'on y fait la grêle el qu'on y fabrique qui plaisent au diable sont admis parmi ses |
dès orages. Le lieu qui sert, à ce rassemble- sujets de celte manière : Maître Léonard, le j

ment reçoit une telle malédiction, qu'il n'y grand nègre, président.des sabbats, et le petit
peut croître ni herbe , ni autre chose. Strùzzi diable., maître Jean Mûllin, son lieutenant,
dit avoir vu dans un champ auprès de Yi- donnent (l'abord un parrain et une marraine
,
ceiicc , un cercle autour d'un'châtaignier, à l'enfant; puis on le fait renoncer Dieu, la
dont la terre était aussi aride que les sables Vierge el les saints; et, après qu'il a renié
de la Libye, parce que les sorciers y dansaient sur le grand livre, Léonard le marque d'une
el y faisaient le sabbat. Les nuits ordinaires de ses cornés dans l'oeil gauche. Il porte celle
de la convocation du sabbat soni celles du marque pendant tout son temps d'épreuves, à
mercredi au jeudi, et du vendredi au samedi. la suite duquel, s'il s'en esl bien lire ledial le
Quelquefois le sabbat se fait en plein midi,
-,
lui administre Un autre signe qui à la figure
mais c'est rare. Les sorciers et les sorcières d'un petit lièvre j ou d'une patte de crapaud,
portent uiie marque qui leur est imprimée par ou d'un chat noir. —Durant, leur noviciat, on
le diable; celte marque par uii certain mou- charge les enfants admis de garder les cra-
,
vement intérieur qu'elle leur cause, les avertit pauds avec une gaule blanche, sur le boni
dé l'heure du ralliement. En cas d'urgence-, ,
du lac, tous les jours de sabbat; quand il*
le diable fait paraître un mouton dans une ont reçu la seconde marque, qui est pour eux
huée (lequel mouton n'est vu que dès sorciers), un brevet do sorcier , ils sont admis à la danse
pour rassembler son monde en un. instant. et au festin. Les sorciers, initiés aux mystè-
Dans les circonstances ordinaires, lorsque res du sabbat, ont coulume de dire : J'ai bu
l'heure du départ est arrivée, après que les du tdbourin j'ai màhgé du cymbale, et je suis
sorciers ont dormi ou du moins fermé un
,
fait profès. , Ce que Leloyer explique de la
oeil, ce qui est d'obligation ils se rendent au sorte : « Par le tabourin, on entend la peau do
,
sabbat, montés sur des'bâtons ou sur des bouc enflée de laquelle ils tirent le jus et con-
manches à balai, oints de graisse d'enfant ; sommé, pour boire; et, par le cymbale, le
ou bien des diables subalternes les transpor- chaudron ou bassin dont ils usent pour cuire
tent, sous des formes de boucs, de chevaux, leurs ragoùls. » Les petits enfants qui ne pro-
SA 11 — A3! — 1 S A15
niellent rien de bon sont, condamnés à èlre portant, p une sonnette au cou , el une autre aux
fiirnssés. Il y a là des sorcières qui les dé- pieds. j: On les donne aux sorcières qui ont bien
nècenl., el les font cuire pour le banquet. — mérité
i des légions infernales. Là une magi-
,
Lorsqu'on esl arrivé au sabbat, la première cienne c dit la messe du diable pour ceux qui
chose est d'aller rendre hommage à maître veulent ^ l'entendre. Ailleurs, se commettent les
|,éonard. 11 est assis sur un trône infernal, plus j révoltanteset les plus honteuses horreurs. '
(irdinairemenlsouslafigure d'un grand bouc, Ceux ( et cellesqui vont baiser le visage inférieur
[iviint trois cornes, dont celle du milieu jette du
( maître tiennent une chandelle sombre à la
éclaire l'assemblée; quelque- main. Il en esl qui forment des quadrilles avec
une lumière qui i
fois sous la forme d'un lévrier, ou d'un boeuf, des crapauds vêtus de velours et chargés de
<

ou d'un tronc
d'arbre sans pied avec une isonnettes. Ces divertissementsdurent jusqu'au
,
face humaine fort ténébreuse, ou d'un oiseau chant
' du coq. Aussitôt qu'il se fait entendre,
noir, on d'un homme tantôt, noir, tantôt rouge. tout est forcé de disparaître. Alors le grand
I

liais sa figure favorite esl celle du bouc. Alors nègre leur donne congé, el chacun s'en re-
if a ordinairement sur la tète la corne lu'mi- tourne
' chez soi '. — On conte qu'un charbon-
neuse ; les deux autres sont au cou ; il porte
nier ayant été averti que sa femme allait à'u
,
une couronne noire, les cheveux hérissés, le sabbat, résolut de l'épier. Une nuit qu'elle
visage pâle el troublé , les yeux ronds, grands, faisait semblant de dormir, elle se leva, se
fort ouverts , enflammés et hideux , une barbe frotta d'unedrogue et disparut. Le charbonnier,
de chèvre, les mains comme celles d'un qui l'avait bien examinée, en fit autant, et.
homme, excepté que les doigts sont tous égaux, fut aussitôt transporté, par la cheminée, d'à ris
courbés comme les griffes d'un oiseau de la cave d'un comte, homme de considération
proie, et terminés en pointes, les pieds en clans le pays, où il trouva sa femme et loul
pattes d'oie, la queue longue comme celle d'un le sabbat rassemblé pour une séance secrète.
àne; il a là voix effroyable et sans ton tient Celle-ci, l'ayant aperçu , fit un signe : au
,d'une môme instant
une gravité superbe, avec la contenance tout s'envola , el il ne resta dans
personne mélancolique, el porte toujours sous la cave que lo charbonnier, qui, se voyant pris
la queue un visage d'homme noir visage pour un voleur, avoua ce qui s'était passé à
,
que lous les sorciers baisent, en arrivant ail son égard, el ce qu'il avail vu dans cette
sabbat. '— Léonard donne ensuite un pou d'ar- cave -. —Un paysan se rencontrant de nuit
gent à lous ses adeptes ; puis il se lève pour dans un lieu où l'on faisait le sabbat, on lui
le festin où le maître des cérémonies place offrit à boire. Il jeta là liqueur à terre c-t
-,
loul le monde, chacun selon son rang , mais s'enfuit, emporlaiit le vase qui était d'une
,
toujours un diable à côlé d'un sorcier. Quel- matière et d'une couleur inconnues. II. fut
ques sorcières ont dit que la nappe y est dorée, donné à Henri le Vieux, roi d'Angleterre, si
cl qu'on y sert foutes sortes de bons mels, l'on en cro^l le conte "'. Mais, malgré son prix
-i avec du pain et du vin délicieux. Mais le plus el sa rareté, le vase est sans doute retourné
grand nombre de ces femmes ont déclaré au à son premier maître, — Pareillement ; un
[ contraire qu'on n'y sert que des crapaudss de boucher allemand entendit , en passant de
la chair de pendus de petits enl'anls non
,
nuit par une forêt, le bruit des danses du
baptisés, el mille autres horreurs, el que le sabbat; il eut la hardiesse de s'en approcher,
j pain du diable eslfaitde millet noir. On chante, el tout disparut. Il prit des coupes d'argent
pendant le repas, des choses abominables; et, qu'il porta au magistral, lequel fit arrêter et
;
après qu'on a mangé, on.se lève de table, on pendre toutes les personnes dont les coupes
adore le grand-maiIre; puis chacun se divertit. portaient le nom '. —: Un sorcier mena son
— Les uns dansent en rond, ayant
chacun un voisin au sabbat, en lui promettant qu'il sérail
chai pendu au derrière; D'autres rendent l'homme le plus heureux du monde. 11 le
compte des maux qu'ils ont faits, et ceux qui transporta fort loin, dans un lieu où se trou-
n'en ont pas fait, assez sont punis. Des sor- vait rassemblée une nombreuse compagnie,
' cières répondent aux accusationsdes crapaudsi au milieu de laquelle était un grand bouc. Lo
i qui les servent; quand ils se plaignent dei nouvel apprenti-sorcier appela Dieu a son
1 11 être pas bien nourris par leurs maîtresses
,
secours. Alors vint un tourbillon impétueux ;
'es maîtresses subissent un châtiment, Les
=
toul disparut ; il demeura seul, et fut trois ans
;
| correcteurs du sabbat sont de petits démons3
sans bras, qui allument un grand feu -, y jet- 1 Delancrc, Bodin, Delrio, Maiol, Leloyer, Danaius
,
tent les coupables, et les en retirent quand, Bogùet, Monstrelét, Torqnernada,etc.
2 Delrio, Disquisitions lhïigiqnes, et Bodin, p. -30.
''lo faut.''—Ici, on fait honneur à des cra- 3 Trihivm Magiciim.
pauds, habillés de velours rouge ou noir-,-, '' Joaeliim de Cambray.
SAB
— /i32> — SAB m
à-retourner dans son pays '. — « Le sabbat de di bandits qui faisaient le sabbat. Leurs in; Il
se.fait, disent les cabaiisles, quand les sages dations
li avaient heu dans un earrefoursolilair(i~ JE
rassemblent les gnomes pour les engager à où o végétait une masure qu'on appelait m 1-1

épouser les filles des hommes. Le grand Or- Chapelle C des boucs. Celui qu'on recevait SON K
phée fut le premier qui convoqua ces peuples cier c était enivré puis mis à califourchon sur B
souterrains. A sa première semonce, Sabasius, un j
u bouc de bois qu'on agitait au moyen d'un
le plus ancien des gnomes contracta alliance pivot;
,
avec une femme. C'est de ce Sabasius qu'a pris airs.
p
a
on lui disait qu'il voyageait par lPS
I! le croyait d'autant plus qu'on le des- Si
m
"
son nom cette assemblée, sur laquelle on a fait cendait
c de sa moulure pour le jeter dans uni» Si
mille contes impertinents. Les démoiiomanes orgie c qui était, pour lui le sabbat. Voy. Si'în; jft
etc. — On sait, dit Malebranche! m
.
prétendent aussi qu'Orphée, fut le fondateur BLOKULA,I
du sabbat, et que les premiers sorciers qui se que c cette erreur du sabbal n'a aucun fonde- W-
rassemblèrent de la sorte se nommaient o?'- menl; i que le prétendu sabbat des sorciers est Si"
phéotélesles. La véritable source de ces orgies l'effet
1 d'un délire et d'un dérèglement de l'i- H'
sinistres a pu prendre naissance dans les bac- magination,
i causé par certaines drogues des- f»
chanales, où l'on invoquaitBacchusen criant: quelles ( se servent les malheureux qui veulent 1
Saboé ! » — Dans l'affaire de- la possession de se s procurer ce délire. — Ce qui entretien!, la I
Louviers, Madeleine Bavan, lourière du cou- crédulité populaire, ajoute Bergier, ce sont !
<

vent de cette ville, confessa des choses sin- les I récits de quelques peureux qui, se trouvant «
guliôres sur le sabbat. Elle avoua qu'étant à égarés la nuit dans les forêts, ont, pris pour f
i
Rouen,chez unecoulurière, un magicien l'avait, le sabbal des feux allumés par les bûcherons |
engagée et conduite au sabbat; qu'elle fut ma- et les charbonniers, ou qui, s'élant endormis î
riée là à Dagon diable d'enfer; que Malhurin dans la peur, ont cru entendre et voir le sabbal, |
Picard l'éleva à ,ladignitédeprincessedusabbal dont ils avaient l'imagination frappée. — Il |
quand elle eul promis d'ensorceler toute sa n'y a aucune notion du sabbat chez les an- S

communauté; qu'elle composa des maléfices eiens pères de l'Église. Il est probable que
en se servant d'hosties consacrées; que dans c'est une imagination qui a pris naissance chez I
une maladie qu'elle éprouva , Picard lui lit les barbares du nord; que ce sont eux qui |
signer un pacte de grimoire; qu'elle vil ac- l'ont apportée dans nos climats et qu'elle s'y i
,
coucher quatre magiciennes au sabbat; qu'elle est accréditée au milieu de l'ignorance dont !
aida à égorger el à manger leurs enfants ; que leur irruption fut suivie. Les décrets des cou- f
le jeudi saint on y fil la Cène, en y mangeant ciles n'onl jamais fait mention du sabbat;
un petit enfant.; que dans la nuit du jeudi au preuve évidente qu'on a toujours méprisé i
vendredi Picard et Boulé avaient percé une cette imagination populaire. — Charles II, duc I
hostie par, le milieu, et que l'hostie jeta du de Lorraine, voyageant incognito dans ses 1
sang. De plus, elle confessa avoir assistée élals, arriva un soir daus une ferme où il se 1
l'évocation de l'âme de Picard, faite par décida à passer la nuit. 11 fut surpris de voir 1
Thomas Boulé dans une grange, pour con- qu'après son souper on préparait un second I
,
du diocèse d'Évreux. — repas plus délicat que le sien, et servi avec 1
firmer les maléfices
Elle ajouta à ces dépositions devant le par- un soin el une propreté admirables. Il de- ||
lement de Rouen, que David, premier'direc- manda au fermier s'il attendait de la compa-
teur du monastère, était magicien; qu'il avait gnie. «Non, monsieur, répondit le paysan, i
donné à Picard une cassette pleine de sorcel- mais c'est aujourd'hui jeudi ; el toutes les se- |
leries et qu'il lui avait délégué tous ses maines, à pareille heure, les démons se rus- j
,
pouvoirs diaboliques ; .qu'un jour dans le semblent dans la forêt voisine avec Ses sorciers j
,
jardin s'étant assise sous un mûrier, un hor- des environs pour y faire leur sabbat. Après |
,
rible chat noir et puant lui mit ses pattes qu'on a dansé, le branle du diable, ils se di-
sur les épaules et approcha sa gueule de sa visent en quatre bandes. La première vient
bouche; c'était un démon. -—Elle dit en outre souper ici ; les autres se rendent dans des
qu'on faisait la procession ; que le diable, fermes peu éloignées. — Et paient-ils ce qu'ils
moitié homme el moitié bouc, assislait à ces prennent? demanda Charles.—Loin de payer,
cérémonies exécrables, et que sur l'autel il répondit le fermier,. ils emportent encore ce
y avait des chandelles allumées qui étaient qui leur convient, et s'ils ne se trouvent pas
toutes noires. — On trouve généralement le bien reçus , nous en passons de dures ; mais
secret de ces horreurs dans des moeurs abo- que voulez-vous qu'on fasse contre des sor-
minables. DansleLimbourg, au dernier siècle, ciers et des démons"? » Le prince étonné vou-
il y avait encore beaucoup de bohémiens el lut approfondir ce mystère; il dit quelques
7 Torquemada, dans l'Hcxarneroii. mots à l'oreille d'un de ses écuvers, et celui"
SAC
j
SAIS
partit au grand galop pour la ville de Toul,
— A sa —
Sabéisme, — culte que l'on rend aux élé-
_
,ii n'était qu'à trois lieues. Vers
deux heures ments et aux astres, el qui, sejon quelques-
malin une trentaine de sorciers et de uns, esl l'origine de l'astrologie judiciaire.
o ,
louions entra; les uns ressemblaient à des Sabellicus (GEORGES), — farceur allemand
,iirs, les au 1res
avaient des cornes et des qui parcourait l'Allemagne au commencement
.rifles. A peine étaient-ils à table, que l'é- du dix-seplième siècle en se disant chef des
,
•uyer de Charles II reparut, suivi d'une troupe nécromanciens astrologues, magiciens, chi-
,
[logeas d'armes ; elle prince escorté, entrant romanciens, pyromanciens, etc. Il gagna ainsi
dans la salle du souper : — Des diables ne beaucoup d'argent, et fut très-révéré des
mangent pas, dit-il; ainsi vous voudrez bien vieilles femmes el des petits enfants 1.
permettre que mes gens d'armes se mettent à Sabienus. — Dans la guerre de Sicile, en-
table à votre place... Les sorciers voulurent tre César et Pompée, Sabienus, commandant
répliquer, el les démons proférèrent des me- la flotte de César, ayant été pris, fut décapité
naces.-—"Vous n'êles point des démons, leur par ordre de Pompée. Il demeura toul le jour
cria Charles : les habitants de l'enfer agissent sur le bord de la mer; sa tête ne tenant plus
plusqu'ils ne parlent, el si vous en sorliez, au corps que par un filet. Sur le soir, il pria
nous serions déjà lous fascinés par vos- pres- qu'on fit venir Pompée ou quelqu'un des siens,
tiges.-—Voyant ensuite que la bande infernale parce qu'il venait des enfers et qu'il avait
,
ne s'évanouissait pas, il ordonna à ses gens des choses importantes à communiquer. Pom-
de faire main basse sur les sorciers et leurs pée y envoya plusieurs de ses amis auxquels
patrons ; on arrêta pareillement les autres Sabienus déclara que la cause et le parti de
membres du sabbat; et. le malin, Charles II Pompée étaient agréables aux dieux des en-
se vit maître de plus de cent vingt personnes. fers, et qu'il réussirait selon ses désirs ; qu'il
On les dépouilla, el on trouva des paysans, avait ordre de lui annoncer cela, et que, pour
qui, sousces accoutrements, se rassemblaient. preuve de ce qu'il disait, il allait mourir aus-
de nuit dans la forêt pour y faire des orgies sitôt. : ce qui arriva. Mais on ne voit pas quo
abominables, et piller ensuite les riches fer- le parti de Pompée ail réussi.
miers. Lo duc de Lorraine (qui avail. géné-
payé avant de quitter Sabms, — nom des astrologues turcs.
reusement son souper
la ferme ), fil punir ces prétendus sorciers et Sable. — Les Madécasses n'entreprennent
démons comme des coquins et des misérables. jamais la guerre sans consulter leurs augu-
Le voisinage fut délivré pour le moment de - res : ceux-ci ont une petite calebasse remplie
ces craintes; mais la foi au sabbat, ne s'affai-
d'un sable quj ne se trouve, qu'en certains
blit pas pour cela dans la Lorraine. —Duluc, lieux ; ils le répandent sur une planche et y
dans ses Lettres sur l'histoire de la terre et de marquent plusieurs figures.Ils prétendent con-
l'homme, tome i, lettre 9-1 rapporte encore connaîlre par là s'ils vaincronlleurs ennemis 2.
,
ce qui suit : — «H y a environ dix ans vers
,
Sabnac ou Salmao, — grand marquis in-
176!), qu'il s'élait formé dans la Lorraine al- fernal démon des fortifications. 11 a la forme
,
lemande el dans l'électoral de Trêves une d'un soldai armé, avec une lêle de lion. Il
,
association de gens de la campagne qui avaient est monté sur un cheval hideux. 11 métamor-
secoué tout principe, de religion et de morale. phose les hommes en pierres, el bâlil des
Us s'étaient persuadés qu'en se menant à tours avec une adresse surprenante. Il a sous
.
l'abri des lois, ils pouvaient satisfaire sans ses ordres cinquante légions 3.
scrupules Imites letirs.passions. Pour se sous- Sacaras, — anges du sixième ordre chez
traire aux poursuites de la justice, ils se com- les Madécasses. Ils sont tons malfaisants.
portaient dans leurs villages avec la plus Saccilaires, — anciens charlatans qui se
grande circonspection : l'on n'y voyait aucun servaient de la magie pour s'approprier l'ar-
désordre ; mais ils s'assemblaient la nuit en
dé- gent d'aulrui.
grandes bandes, allaient à force ouverte
pouiller les habitationsécartées, commettaient Sacrifices. —L'homme, partout où il a perdu
d'abominables excès el employaient les me- leslumièresdelà révélation,s'est fait des dieux
cruels, altérés desang, avidesde carnage. Héro-
naces les plus terribles pour forcer au silence
'es victimes de leur brutalité. Un de leurs doledit que lesScylhes immolaientla cinquième
complices ayant été saisi par hasard pour partie de leurs prisonniers à Mars Extermi-
quelque délit isolé, on découvrit la trame de nateur. Autrefois les Sibériens se disputaient
cette confédération détestable, et l'on compte
1 Salgues, des Brrcurs et des préjuges.
par centaines les scélérats qu'il a fallu faire "Voyage de Madagascar, en 1722.
7-
Périr sur l'échafaud. » ;! Wierus, in Pseudom. da;m.

2.8
SAl
l'honneur de périr sous le couteau de leurs
— A3. !i
- SAl
Saint-André arrive, et, pour ne rien né;>lj_
*

prêtres. — Il y avail un temple, chez les Thra- ger, il délivre lui-même la malade. Elle ac-
ces-, où l'on n'immolait que des victimes hu- couche en effet d'un petit lapin encore vivant
maines; les prêtres de ce temple portaient un Les voisines el le docleur de crier miracle.
poignard pendu au cou pour marquer qu'ils On donne de l'argent à la mère des lapins-
étaient toujours prêts à ,tuer. Dans le temple elle, prend goût au métier, et se met indiscrè-
de Bacchus en Arcadie, el dans celui de Mi- tement à accoucher lous les huit, jours. La
,
nerve , à Lacédémone, on croyait honorer ces police, étonnée d'une si féconde maternité,
divinités en déchirant impitoyablement, à croit devoir se mêler de celle affaire. On en- !
coups de verges, de jeunes filles sur leurs au- ferme la dame aux lapins, on la surveille
tels. Les Germains el les Cimbres ne sacri- exactement, el l'on s'assure bientôt qu'elle ,
fiaient les hommes qu'après leur avoir fait s'esl moquée du public, el qu'elle a cru trou- '
endurer les plus cruels supplices. Il y avait, ver une dupe dans le docteur Saint-André 1.
dans le Pégu, un temple où l'on renfermait Saint-Aubin. — auteur calviniste de Y His-
les filles les plus belles et de la plus haute- toire des diables de Loudun, dans l'affaire
naissance; elles étaient servies avec respect ; d'Urbain Grandior. Un vol. in-42. Amster-
elles.jpuissaient des honneurs les plus distin- dam i 71 G. Ce livre esl écrit avec une grande
gués; mais lous les ans une d'elles élail so- ,
mauvaise foi.
lennellement sacrifiée à l'idole de la nation.
C'était ordinairement la plus belle qui avail Saint-Germain (LE COMTE DE) , — charla-
l'honneur d'être choisie; et le jour de ce sa- tan célèbre du dernier siècle qui se vantail, do
crifice était un jour de fêle pour loul le peu- faire de l'or, de gonfler les diamants el d'o-
ple. Le prêtre dépouillait la victime, l'étran- pérer beaucoup de choses merveilleuses. Com-
glait, fouillait dans son sein, en arrachait le me on ignorait son origine, il se disait im-
mortel par la vertu de la pierre philosophait; :
coeur, et le jetait au nez de l'idole. — Les el le bruit courait qu'il était âgé de deux mille
Mexicains immolaient des milliers de victimes
humaines au dieu du mal. Presque tous les ans. 11 avait l'art, d'envelopper ses dupes dan-;
le tissu de ses étranges confidences. Contant
peuples, hors le peuple de Dieu dans l'ère
ancienne el les chrétiens dans la nouvelle, un jour qu'il avail beaucoup connu Ponce-
Pilalii à Jérusalem, il décrivait minutieuse-
ont exercé , sans scrupule de pareilles bar-
,
baries. — On accusait les sorciers de sacrifier ment la maison de ce gouverneur romain cl
,
a'u diable, dans leurs orgies, des crapauds,
disait les plats qu'on avait servis sur sa table
.
des poules noires et de petits enfants non bap- un soir qu'il avail soupe, chez lui. Le cardinal
tisés. de ltohan, croyant n'entendre là que des rê-
veries s'adressa au valet de chambre du
Sadial ou Sadiel, — ange qui, selon les ,
comte de Saint-Germain, vieillard aux che-
musulmans, gouverne le troisième ciel et qui
veux blancs, à la figure honnête : —Mon
est chargé d'affermir la terre laquelle serait ami, lui dit-il, j'ai de la peine à croire ce
,
dans un mouvement perpétuel, s'il n'avait le
que dil votre maître. Qu'il soil ventriloque,
pied dessus.
passe; qu'il fasse de l'or, j'y consens; mais
Saignement de nez. — Quand 011 perd par qu'il ait deux mille ans el qu'il ait vu Ponce-
le liez trois gonfles do sang seulement, c'est Pilale c'est trop fort. Êtiez-vons là? — Ob!
,
un présage de mort, pour quelqu'un de la fa- non, monseigneur, répondit ingénument le
mille. valet de chambre c'est plus ancien que moi.
,
Sains (MXniiï DE), — sorcière et possédée. Il n'y a guère que quatre cents ans que je suis
Foi/. POSSÉIVÉES de FLANDRE. au service do M. le comte.
Sainokavara, —: endroit du lac Fakone où Eaint-Gille, —marchand épicier à Saint-
lès .làponais croient que les âmes des enfants Germain en Laye, qui fui présenté comme
sont retenues comme dans une espèce de ventriloque à l'Académie des sciences, le 22
limbes: décembre 4770. Il avait le talent d'articuler
Saint-André. — Ce docteur, qui a écrit des paroles très-distinctes, la bouche bien
-
contré les superstitions, fut appelé, en 4726. fermée et les lèvres bien closes, ou la bouche
par une femme qui lui fil confidence qu'elle grandement ouverte; en sorte que les spec-
était accouchée d'un lapereau. Le docteur té- tateurs et auditeurs pouvaient y plonger. 11
moigna d'abord sa surprise, mais, quelques variait admirablement le timbre, la direction
jours après, celle femme prélendit ressentir et le ton de sa voix qui semblait venir, tan-
des tranchées : elle no douta pas qu'elle, n'eût
M. Saignes, des Errons et des préjugés, cit., '• 3'
encore quelque lapin à mellre.au monde.
1

p. 111. '
S.\K — /|3à — >
SAL
d'il du milieu des airs, tantôt du loit d'une lient
] pénétrer', s'il n'est conduit par quelque
maison opposée, de la voùle d'un temple, du intelligence.
i C'esl là que les Dives ou mauvais
liant d'un arbre , tantôt du sein de la ter- génies i ont été confinés, après avoir élé sub-
re, etc. '• jugués
j par les premiers héros de la race dés
Sakhar, — génie infernal qui , suivanl'le hommes, ' et que les Péris ou fées font leur
'l'alniud, s'empara du trône de Salomon. Après demeure ' ordinaire.
avoir pris Sidon et tué le roi de celle ville, SaUimouni, — génie ou dieu , donl les lé-
Salomon emmena sa fille Téréda ; comme elle gendes des Kalmouks racontent qu'il habitait
;

ne cessait de. déplorer la mort de son père ,


le corps d'un lièvre: il rencontra un homme
il ordonna au diable de lui en faire l'image qui mourait, de faim, il se laissa prendre pour
pour la consoler. Mais celte slalue, placée satisfaire l'appétit de ce .malheureux. L'esprit
liai s la chambre de la princesse, devint l'ob- de la terre, satisfait de celle belle action,
jol de son culte et de celui de ses femmes plaça aussitôt l'âme de ce lièvre dans la lune,
Salomon, informé de celte idolâtrie par son où les Kalmouks prétendent la découvrir en-
vizir Asaf, brisa la statue, châlia sa femme core '.
olse relira dans le désert où il s'humilia devant Salamandres. — Selon les cabalistes, ce -*
Dieu : ses larmes et son repentir ne le sauvè- sont des esprits élémentaires, composés des
rent, pas do la peine que méritait sa faute. Ce plus subtiles parties du feu, qu'ils habitent.
prince élail dans l'usage de remettre, avant » Les salamandres, habitants enflammés de
d'enlrcr dans le bain, son anneau dont dé- la région du feu servent les sages, dit l'abbé
,
pendait sa couronne, à une de ses, femmes de Ydlars, mais ils ne cherche, t pas leur
nommée Amitia. Un jour, Salthar vint à elle compagnie; leurs filles el leurs femmes se font
sous les traits du roi, et, recevant l'anneau voir rarement. Delous les bêles des éléments,
de ses mains, prit, en vertu de ce talisman, les salamandres sont ceux qui vivent le plus
possession du trône, el fil. dans les lois lous long—temps. » — Les historiens disent que
lus changements dont sa méchanceté s'avisa, Homulus était fils de Mars. Les esprits loris
lin même temps Salomon dont la figure n'é— ajoutent, c'est une fable; les démohomaiies
,
lail plus la même, méconnaissable aux yeux disent : il était fils d'un incube. Nous qui con-
de ses sujets, fut obligé d'errer et de deman- naissons la nature, poursuit le même auteur,
der l'aumône. Enfin, au bout de quarante nous savons que ce Mars prétendu était un
jours, espace de temps durant lequel l'idole salamandre. Voy. CUIALE. — Il y a un animal
avail élé honorée dans son palais, le diable amphibie, de la classe dès reptiles cl du genre
prit la fuite, et jota l'anneau dans la mer. des lézards, qu'on nomme la salamandre; sa
Un poisson qui venait de l'avaler fui pris et peau esl noire, parsemée de taches jaunes,
donné à Salomon, qui retrouva sa bague dans sans écailles, el presque toujours enduite d'une
les entrailles dudit poisson, llenlré en pos- matière visqueuse qui en suinte continuelle-
session de son royaume, ce prince saisil Sak- ment. La salamandre ressemble, pour la for-
har, lui chargea le cou d'une pierre, el le me, à un lézard. Les anciens croyaient que
précipita dans le lac de Tibériade. ccl. animal vivait dans le feu. « La salamandre
Salthrat. — Il y a une montagne que les loge dans la terre, dit Bergerac, qui est tou-
mabométans croient entourer tout le globe. jours farceur, sous des montagnes de bilumè
C'est la montagne de Kaf. Elle a pour fonde- allumé, comme l'Etna, le Vésuve et le cap
ment la pierre Saillirai, dont Lokman disait Kouge. Elle sue de l'huile bouillante el crache
que quiconque en aurait seulement le poids de l'eau-forte , quand elle
s'échauffe où qu'elle
d'un grain ferait dos miracles. Celle pierre se b:tl. Avec le corps de col animal, on n'a
est l'aile d'une seule émeraude, el c'esl de sa que faire de feu dans une cuisine. Pendu à là
léllexion que le ciel nous paraît azuré. Lors- créma:ilcre , il fait bouillir et rôtir tout ce que
que Dieu veut exciter un tremblement de ter- l'on met devant la cheminée. Ses yeux êelàî^
re , il commande à celle pierre de donner le renl la nuit comme de petits soleils; et, p!aL
mouvement à quelqu'une de ses racines. La( ces dans une chambre obscure, ils y font
terre se trouve au milieu de celte montagne, l'effet d'une lampe perpétuelle.... »
comme le doigt au milieu de l'anneau ; sans; Salgues (JEAN-BAPTISTE) , — auteur, d'un
col appui, elle serait dans une perpétuelle ; livre intitulé Des erreurs et des préjugés ré-
agitation. Pour y arriver, il faut traverser uni pandus dans les diverses clauses de la société, 3
très-grand pays ténébreux; nul homme n'y,' vol. in-8°, 3e édil., Paris, 481 S. Une quatriè-
me édition a paru depuis.
1 Le ventriloque de l'abbé de La Chapelle, cité parr
lM. Garinet, Ilist. de la Maeie en France, p. 278. 1 Voyages de Pallas.
.lo
SAL — /,:;.'; —
; SAM
Salière. —- Le sel, chez les anciens, élail pratiques
| et des ligures, par lesquelles on
consacré
.
à la sagesse; aussi n'onbliail-on ja- peut] acquérir, quoique imparfaitement, tuln
mais la salière dans les repas; si l'on ne son- petite ]
partie du pouvoir que. Salomon avait
geail pas à la servir, cet oubli élail regardé sur i les esprits. Ces beaux secrets sont con-
comme un mauvais présage. — 11 élail aussi servés i dans les livres niais qu'on allribue à ce
regardé comme le symbole de ramifié; les prince, el surtout dans ses Clavicules inliiu-.
amis avaient coulume de s'en servir au com- lées : les Véritables Clavicules de Salomon
mencement des repas, el si quelqu'un en ré- in-18, à Mcmphis, chez Alibeck l'Égyptien
pandait, c'était le signe de quelque brouillerie On y trouve des conjurations et des fui-mules
future. — Aujourd'hui c'esl encore un très- magiques. Agrippa, dit-on, faisait grand cas l
mauvais augure pour les personnes supersti- de cet ouvrage. On allribue encore à Salomon
tieuses, lorsque les salières se renversent sur un Traité de la pierre philosophale, les Om-
la table. Voy. SEL. Wes des idées, le Livre des neuf anneaux, le
Salisateurs, — devins du moyen âge , qui Livre des neuf chandeliers , le Livre des trois
formaient leurs prédictions sur-le mouvement figures des esprits , des Sceaux- qui chassent
du premier membre de leur corps qui venait les démons, et un Traité de nécromancie.
à se remuer, et en liraient de bons ou mau- adressé à son fils Itoboam. Voy. CONJHIA- t
vais présages. TIONS, SAKIIAU , SlMOIlCUE, BELIAL, AsuAia., i
ASMODÉE, AllT ÎSOTOIIUÏ, elc. ['
Salive. — Pline le naturalisée rapporte com- \
Salutadores, gens qui se mêlent en Es-
me un ancien usage, celui de porter avec le guérir

certaines maladies, et qui
doigt un peu de salive derrière l'oreille, pour pagne de *>

bannir les soucis el les inquiéludes. — Mais lous oui, dit-on, de naissance, certaine mar-
n'est là la de la salive; que sur le corps en forme de demi-roue. Ils
ce pas toute vertu
elle lue les aspics, les serpents, les vipères se disent descendants de sainte Catherine, qui j S.

et les reptiles venimeux. Albert-le- n'eut pas du descendants. Voy. HOÎIMES ix-
autres ('
Grand dit qu'il faut, qu'elle soit d'un homme COMIIUSTIBI.ES.
à jeun, et qui ait demeuré long-lemps sans Salvation de Rome , — voy. YlliOILE.
boire. — Figuier assure qu'il a tué plusieurs Salverte (IÏUSÈHE), — auteur d'un Essai \
serpents d'un petit, coup de bâlon mouillé de sur la magie, les prodiges, etc., vol. in—12, j
<1

sa salive. M. Saignes ajoute qu'il esl pos.-ible Bruxelles , '18'J21, réimprimé à Paris. C'esl. un
!

de tuer les vipères avec un peu de salive, traité philosophique, dans le mauvais sens de
mais qu'il est à propos que le coup de bâlon ce mot.
qui l'accompagne soit suffisant. —Ce qui est Samael, — prince des démons, selon les
certain, c'est que Redi a voulu vérifier les rabbins. Ce fut lui qui, monté sur lo serpent,
témoignages d'Aristole, de Galion, de Lu- séduisit Eve. C'esl encore, chez plusieurs doc-
crèce, etc. Il s'est amusé à cracher, à jeun teurs juifs, l'ange, de la mort, qu'ils représen-
,
sur une multitude de vipères que lo grand- tent tantôt avec une épee, tantôt avec un aie
duc de Toscane avait fait rassembler; mais à el. des flèches.
la grande confusion de l'antiquité, les vipères Sambethe , — voy. SlHVI.LES.
ne sont pas mortes. Voy. CIIACIIAT. Samuel. — Une nécromancienne,la pylho-
Salomon. — Les philosophes, les botanis- nisse d'E :do'r, fit. voir au roi Saiil l'ombre du
tes, les devins et les astrologues orientaux prophète Samuel, qui lui prédit ses désastres.
regardent Salomon ou Soliman comme leur Menassch-ben-Israël. dans son second livre
patron. Selon eux, Dieu lui ayant donné sa de la Résurrection des morts, dit que la py-
sagesse, lui avail communiquéen même temps thonisse ne pouvait pas forcer l'âme de Sa-
toutes les connaissances naturelles et. surna- muel à rentrer dans son corps, et que le fan-
turelles; et entre ces dernières, la science la tôme qu'elle évoqua élail un démon revêtu de
plus sublime el la plus utile, celle d'évoquer la forme du prophèle. Cependant Samuel dit
les esprits et les génies el do leur commander. au roi : Pourquoi troublez-vous mon repos, en
Salomon avait, disent—ils, un anneau chargé me forçant à remonter sur la terre? Les uns
d'un talisman, qui lui donnait un pouvoir pensent que l'âme du prophèle pouvait seule-
absolu sur ces êtres intermédiaires entre Dieu prononcer ces paroles; d'autres soutiennent
et l'homme. Cet anneau exislc encore; il est que ces mois remonter sur la terre s'appliquent
renfermé dans le tombeau de Salomon, cl au corps seulement, que le diable avait pu
quiconque le posséderait, deviendrait le maî- emprunter. Le rabbin Mcyer-Gabay, qui est
tre du inonde. Mais on ne sait où trouver ce du sentiment des premiers, ajoute que Sa-
tombeau. 11 ne reste que dos formules, des muel seul pouvait dire à Saiil, devant la sor-
SAiN
— IVàl — SAT
eière qui le faisait venir : Demain, toi et tes dIre dans la grotte où l'esprit prophétique les
dis, vous viendrez me rejoindre. Crus lu el aattendait. Quoi qu'il en soit, le sang de tau-
filii iuimecum crunl. C'est aussi l'avis de la rreau n'empoisonne pas, à moins qu'il ne soit
plupart des théologiens '. vvicié; lous les jours on en fait du boudin '.
Sanaves. — Amulettes que les femmes mu- f
Pline
i assure que le sang de cheval lue aussi
dorasses portent au cou cl aux poignets; ce
l'homme;
' mais il se contredit dans un autre
Sonl des morceaux d'un bois odorant, enve- Ipassage lorsqu'il dit que les Sarmates mê-
,
loppés dans une toile; ils préservent, de l'ai- 'laient de la farine et du sang de cheval pour
teinte des sorciers. en
( faire des gâteaux fort délicats. — Enfin
les anciens qui regardaient le sang de tau-
Sanche, — serviteur de Pierre ri'Engelberl,
(pii l'avait envoyé à ses frais au secours d'Al-
reau comme un poison pour le corps, lo re-
phonse, roi d'Aragon, alors en guerre avec sexpiait lescomme
gardaient un remède pour l'âme : on
crimes en se faisant asperger de
la Caslille. Le serviteur rovinl sain et sauf,
de taureau. On immolait un taureau
quand la guerre fut finie ; mais bienlôl il tomba sang ,
on en recueillait le sang dans un vase dont
malade et mourut. Quatre mois après sa morl.
le fond était percé de petits trous, le criminel
Pierre, couché dans sa chambre, vit. OI.IITT
clair de la lune spectre à demi qui se tenait dessous, après quoi il se relirait
au un nu , purifié.
s'approcha de la cheminée, découvrit le feu
et se chauffa. Pierre lui demanda qui il élail. Sausine ,— sorcière cl prêtresse du sab-
,1e suis, répondit le fantôme d'uni! voix
bat. Elle est très-considérée des chefs de

-cassée, Sanche, voire serviteur. — Eh ! que l'Empire infernal. C'est la première des fem-
viens-tu faire ici? — .le vais en Caslille, avec mes de Satan. On l'a vue souvent dans les as-
quelques autres, expier le mal que nous y semblées qui se tenaient au pays de Labour :.
avons fait. Moi en particulier, j'ai pillé les or- Santabarenus. — Basile, empereur de Con-
nements d'une église, el je suis condamné slanlinople, ayant perdu son fils Constantin ,
pour cela à faire ce voyage. Vous pouvez nie qu'il aimait uniquement, voulut le voir à quel-
soulager par vos bonnes oeuvres; el. votre fem- que prix que ce fût. Il s'adressa à un moine
me, qui me doit huit sous, m'obligera en les hérétique nommé Santabarenus, qui. après
donnant aux pauvres en mon nom. -— Pierre quelques conjurations, lui montra un spectre
lui demanda des nouvelles (le quelques-uns semblable à son fils s.
de ses amis morts depuis pou ; Sanche le sa- Saphis, — morceaux de papiers sur les-
tisfit là-dessus. — El où esl maintenant le roi quels sont écrits des passages du Koran, et
Alphonse? demanda Pierre. Alors un autre que les Maures vendent aux nègres, comme
spectre qu'il n'avait pas vu d'abord el qu'il ayant la propriété de rendre invulnérables
, ,
aperçut dans l'embrasure de la fenêtre, lui celui qui les porte.
dit :
— Sanche ne peut rien vous apprendre Sapondomad, — génie sous la protection
louchant le roi d'Aragon; il n'y a fias assez duquel
long-temps qu'il esl, clans noire bande, pour bres, fait des souhaits
est la terre, et qui, selon les Guè-
savoir des nouvelles; mais mpi, qui suis pour celui qui la cul-
en tive, et dos imprécations contre celui qui la
mort il y a cinq ans-, je puis vous en dire néglige.
(|iielque chose. Alphonse, après son trépas,
Sarmenius-Xiapis, — pierre à laquelle on
a élé quelque temps avec nous ; mais les priè-
attribuait la vertu de prévenir les avortements.
res des bénédictins de Cluni l'en ont tiré , et
je ne sais où il esl. à présent. Sas, — divination par le sas ou tamis. Voy.
— Alors les deux COSQUINOSIANC.IK.
revenants sortirent. Pierre éveilla sa femme
et lui demanda si elle ne devait, rien à San- Sare ( MARGUERITE) ; — prévenue de sor-
— Je lui dois encore huit sous, répondit- cellerie à seize ans, elle mourut en prison à
che.
elle. Pierre ne douta plus, fit des prières et Bordeaux, où elle avait été renfermée pour
distribua des aumônes pour l'âme du défunt 2. avoir fait un pacle avec le diable 4.
— Vers
Sang de taureau. — Les anciens le regar- l'an 4G00.
daient comme un poison ; Plutarque rapporte Satan, — démon du premier ordre, chef—
que Thômistocle s'empoisonna avec ce sang ; des démons et de l'enfer, selon l'opinion géné-
l'line conte que les prêtres d'Egine ne man-
quaient jamais d'en avaler avant de- descen- 1 M. Salgues, des Erreurs et des préjugés.
2 Delancre, Tableau de l'inconstancedes dém., etc.
p. 141.
1 Voyez Bergier, Die,, de théologie, au mot pylho- 3 Michel Glycns.
l'issr..
li Delaucrc, Tableau de l'inconstance des déni,, etc.,
2 boni Çalmet, Dissertation sur les apparitions.
p. 95,
'SAT — /,38i— SCli
raie; démon de la discorde, selon les démo- lungag» lu du pays, se dirent être d'une ten(.
nonïanes, prince révolutionnaire dans l'empire d'antipodes, d où le soleil ne luisait, et n(,
de Belzébulh. Quand les anges se révoltèrent voyaient vi (pie par une lumière sombre qui
contre Dieu, Satan, alors gouverneur d'une précédait p le soleil d'orient, ou suivait celui
partie du nord dans le ciel, se mit à la lèle d'occident. d Au surplus étaient chrétiens (.(
,
des rebelles; il fut vaincu et précipité dans avaient a des églises. » — Enfin , un rabbin
l'abîme. Le nom de Snlan, en hébreu veut s'est s imaginé que les satyres et les faunes des
,
dire-ennemi, adversaire. Milton dit que Sa- anciens
a étaient en effet des hommes; mais
lan est semblable à une tour par sa taille, et, dont d la structure était restée imparfaite, par-
un peu plus loin il fixe sa hauteur à quarante ce c que dieu, lorsqu'il les faisait, surpris par
mille pieds. •— On a publié, il y a vingt ans, le soir du sabbat, avait interrompu son ou-
1

une: Lettre de Satan aux francs-maçons ; elle vrage.


\
eût pu être plus piquante. Ou voit de nos Saubodinc de Subiette, — mère de Mario
jours, à Paris, un journal intitulé Satan, de ( Naguille, sorcière, que sa fille accusa de
comme il y en a.un à Bruxelles, intitulé Mé- l'avoir i menée au sabbat plusieurs fois'.
phislophélès. Ce ne sont pas des esprits bien
spirituels qui se mettent ainsi sous lu couvert Suute-Buisson. — l'u;/. Vicr.DEl.liT.
des esprits malins. Sauterelles. — Pendant que Charles-le-
sf Satyres. — Les satyres étaient, chez, les Chauve ' assiégeait. Angers, des sauterelles, ,j

-' païens, des divinités champêtres qu'on repré- grosses comme le pouce, ayant six ailes, vin- j
sentait comme de petits hommes velus, avec rail assaillir les Français. Ces ennemis d'un [
des cornes et des oreilles de chèvre, la queue, nouveau genre volaient en ordre, rangés en \'
les cuisses et les jambes du môme animal. bataille, et se faisaient éclairer par des pi- j
Pline le naturaliste croit que les satyres étaient (pleurs d'une forme élancée. On les exorcisa,
une espèce de singes; et il assure que dans suivant, l'usage du temps, elle tourbillon, mis \
une montagne des Indes il se trouve dos singes en déroule, s'aila précipiter dans la mer*. ,
qu'on prendrait de loin pour des hommes : d'Xialie, — Charlatans qui se |
Sauveurs
ces sortes de singes ont souvent, épouvanté disent parents de saint Paul, et portent ini- j
les bergers. Les démonomanes disent que les primée leur chair une ligure de serpent j
satyres n'ont jamais été autre chose que des qu'ils donnent sur
pour naturelle. Ils se vantent !'
démons, qui ont paru sous celte ligure sau- de pouvoir être blessés par les serpents, i;
les oabalistes n'y voient des ne
vage ; que gnomes. ni par les scorpions et de les manier sans j
— Saint Jérôme rapporte que saint Antoine danger. ,
j
rencontra, dans son désert, un satyre qui lui
présenta des dattes, et l'assura qu'il était un Savon. — Dans l'île de Candie et dans la t
de ces habitants des bois que les païens avaient plupart des îles de. la Turquie et de la Grècp, \
honorés sous les noms de satyres et de faunes ; on évite d'ollïir du savon à quelqu'un. On 1
il ajouta qu'il était venu vers lui comme dé- craindrait par là d'effacer l'amitié.
puté de toute sa nation, pour le conjurer de Savonarole ( JÉHUMK ), — célèbre dOlllilli- ]

prier pour eux le Sauveur, qu'ils savaient bien cain ferrerais du quinzième siècle. Ma-
être venu en ce monde. Les satyres ne feraient chiavel dit qu'il avilit persuadé au peuple (le. —
ainsi que des sauvages, -r- Le maréchal de Florence qu'il parlait avec Dieu. Nardin, dans
Beaunuuioir, chassant dans une foret du son histoire de Florence, livre 11, dit que les
Maine, en lo99, ses gens lui amenèrent, un partisans de Savonarole étaient appelés Pia-
1

homme qu'ils avaient trouvé endormi dons un gnoni, les pleureurs, et.ses ennemis Arrabiali,
1

buisson, et dont la figure était très-singulière : les enragés ou les îndisciplinables 3. Nous ne

il avait au haut du front, deux corne:., faites' jugerons
pas ici cet homme de mérite, qui
et placées comme celles d'un bélier: il était1 put bien avoir des torts.
chauve, et avait au bas du menton une barbe
flocons, telle qu'on peint celle des Schada-Schivaoun, — génies indi IIS qui
rousse par régissent le monde. Us ont des femmes; mais
satyres. 11 conçut tant de chagrin de se voir
r
de foire foire, qu'il mourut à ce ne sont (pie des attributs personnifiés. La
promener en en ;,
Paris, au bout de trois mois. On l'enterra., principale se nomme Houmani : c'est elle qui
dans le cimetière de Saint-Côme. — « Souss., "ouverne le ciel et la région des astres.
° ''
le roi Etienne, dit Leloyer, en temps de mois-
J Delancre Tableau (le l'inconstance (les dém., son:
sons , sortirent en Angleterre deux jeunes en- ._
et magie, liv., il, p. 119.
fui.tsdecouleur verte, ou plutôt deux satyres,3> a M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 4S.
mâle et femelle, qui. après avoir appris le 'G 3 Saint-Foix, t. 111, p. 3S8.
SCI Zi3!) — -- SEC
Kchadukiam, — province du Ginni.-lan, pic.l. s'en servaient pour se mettre à l'ombre
nue le^ romans orientaux disent
peuplée de du soleil, en se couchant par terre, et levant
dives et de péris. leur pied en l'air.
Schamans, —sorciers de la Sibérie, qui Scopélisme, sorte de maléfice qu'on don-
font des conjurationspour retrouver une vache nait par le moyen de quelques pierres char-
perdue, pour guérir une maladie , et qui in- mées. On jetait une ou plusieurs pierres en-
voquent les esprits en faveur d'une entreprise sorcelées dans un jardin ou dans un champ :
ou d'un voyage. Us sont
très-redoulés. la personne qui les découvrait ou y trébuchait,
Schertr ( FERDINAND), auteur de la Mugiâ en recevait ie ma'éfice, qui faisait parfois
puslhwna, Olmulz, 1700. Foi/. VAMPIHES. mourir.
Schoumnus, — fées malfaisantes très-re- Scorpion. •— Les Persans croient, que, par
doutées des Kalmouks; elles se nourrissent le moyen de certaines pierres merveilleuses,
du sang et de la chair des humains, prennent on peut ôler le venin aux scorpions, qui se
souvent la forme de femmes charmantes, trouvent chez eux en grand nombre. — Frey
mais un air sinistre, un regard perfide dévoi- assure qu'il n'y a jamais eu ni de serpents ni
lent leur âme infernale. Quatre dents de san- de scorpions dans la ville de Ilamps, à causé
glier sortent ordinairement de leur bouche, de la figure d'un scorpion gravée sur'un talis-
qui se prolonge quelquefois en trompe d'élé- man dans les murailles de celle ville.
phanl.
à Willis- Scotopites , UOl/. ClI'.CONCELUONS.
Schroter ( UMUCII )• — lin -13153
,
suw, dans le canton de Lucerne , un joueur Scott, — Voy. WALTEII SCOTT.
de profession, nommé Ulrich Schroter, se
Scox ou chax, — duc et grand marquis
voyant malheureux au jeu, proférait des blas- des enfers. Il a la voix rauque, l'esprit porté
phèmes qui ne rendaient, pas ses parties meil-
leures. Il jura que, s'il ne gagnait pas, dans au mensonge ; il se présente sous la forme
d'une cigogne. Il vole l'argent dans les mai-
la chance qui allait tourner, il jetterait sa
dague contre un crucifix qui était sur la che- sons qui en possèdent, et ne restitue qu'au
bout de douze cents ans, si toutefois il en re-
minée. Les menaces d'Ulrich n'épouvantèrent
çoit l'ordre. Il enlève les chevaux. 11 exécute
oint celui dont il outrageait l'image; Ulrich
1
tous les commandements qui lui sont donnés,
perdit encore. Furieux, il se lève, lance sa lorsqu'on l'oblige d'agir de, suite; et quoiqu'il
ilngue, qui n'atteignit point son but sacrilège,
promette d'obéir aux exorcistes, il ne le fait
et aussitôt, disent les chroniques du temps,
pas toujours. 11 ment, s'il n'est pas dans un
une Iroupe de dénions tombe sur luiell'enlèvo, triangle; si, au contraire, il y est renfermé,
avec un bruit si épouvantable , que loule la il dit la vérité en parlant des choses surnatu-
ville en fut ébranlée '.
relles. 11 indique les trésors cachés qui. ne sont
Sciamanole, — Divination qui consiste à pas gardés par les malins esprits II comman-
évoquer les ombres des morts, pour apprendre de trente légions \
les choses futures. Elle différait de la nécro-
j
mancie et de la psychomancie, en ce que ce Scylla, — nymphe dont Glaucus fut épris.
n'était ni l'âme ni le corps du défunt qui pa- N'ayant, pu la rendre sensible, il eut recours
.
i laissait, mais seulement un simulacre. à Circé, qui jeta un charme (lads la fontaine
f Sciences Secrètes. — On donne ce nom à où Scylla avait coutume de. su baigner.' A.
la magie, à la théurgie, à l'art notoire, à la peine y fut-elle entrée, qu'elle se vit changée
plupart des divinations, aux pratiques des en un monstre qui avait douze griffes , six
grimoires, etc. gueules et six tètes; une meute de chiens lui
sortait de la ceinture. Effrayée d'elle-même ,

Scimasar. — une dos douze espèces d'an— Scylla se jeta dans la mer à l'endroit où est
; gaves que Michel Scol distingue dans son Trai- le détroit qui porte son nom. '"" "'"
té de la physionomie. 11 l'appelle Scimasar
; Nova. Lorsque vous voyez, dit-il un homme ou Sebhil ou Sebhael, — génie qui, selon les
) unoiseau derrière vous, qui vous joint et vous musulmans, lient les livres où sont écrites les
; passe, s'il passe à votre droite, c'est bon au- bonnes et mauvaises actions des hommes.
gure, etanauvais s'il passe à vclrç gauche. sorcière qui fut
Secretam (FiiANçoisiï), •—
;
Scîopodes, — peuples fabuleux de l'Élhio- brûlée à Saint-Claude, en Franche-Comté,
pie, dont parle Pline, lesquels, n'ayant qu'un
i
sous Boguet. Elle avoua qu'elle avait vu le
1 lîodin, Démonomanic, liv. nij cli. I1"'" après .lob-

Fince! el André-Muscill. 1 Wierus, in Fscutlomon. daim.
tSISC — ZI-'IO SEL
forme de chien tantôt en »eIqui opère Inutile prodiges, se fait avec un chat
forme de chat, tantôt en forme de, poule f. «icorché, nu crapaud un lézard cl un aspic
,
Secrets merveilleux. — Faites tremper pi'on met sous do bonne braise jusqu'à ce. que
Jj e tout soit, pulvérisé 5. On pourrait citer
une graine quelconque dans la lie de vin, une.
puis jetez-la aux oiseaux ; ceux qui en tïïte- ouïe de secrets pareils, car nous en avons de
JLoules les couleurs; mais ceux qu'on vient du
ront s'enivreront et se laisseront prendre à la
main. — Mangez à jeun quatre branches de lire suffisent pour donner une idée de la tola- '
rue, neuf grains de genièvre , une noix, une- lilé. l'o;/. CHAUMES, ENCHANTEMENTS, MALÉ-
figue sèche et un peu de sel, piles ensemble, FICES, PAHOI.ES MAGIQUES, SUPERSTITIONS,etc.
vous vous maintiendrez en parfaite santé, dit Segjin, — septième parlie de l'enfer chez
le Petit Albert. •— Qu'on pile et qu'on pren- les niahoniélans. On y jolie- les âmes des im-
ne, dans du vin, une pierre qui se trouve dans pies , sous un arbre noir et ténébreux, où
la tête de quelques poissons, Avicenne dit l'on ne voit jamais aucune lumière : ce qui
qu'on guérira de la pierre. Mizaldus prétend n'est pas gai.
que les grains d'aubépine, pris avec du vin Seidur, — magie noire chez les Islandais. \
blanc, guérissent de la gravelle. La grenouille Voy. NID. j
des buissons, coupée et mise sur les reins, fait
tellement uriner, si l'on en croit Cardan que Seings. — Divination à l'aide des sewijs^ j

les hydropiques en sont souvent guéris. Qu'on, adressée par Mélampiis au roi Plolémée.

plume, qu'on brûle et qu'on réduise en poudre Un seing ou grain (le beauté, au front de
la tète d'un milan, qu'on en avale dans de l'homme ou de la femme, promet dos riches-
l'eau autant qu'on en peut prendre avec trois ses. Un seing auprès des sourcils d'une fem-
doigts, Mizaldus assure qu'on guérira de la me la rend à la l'ois bonne et belle : auprès
goutte. Cardan assure encore qu'une décoc- des sourcils d'un homme, un seing le rend ri-
tion de l'écorce du peuplier blanc, appliquée che et beau. Un seing dans les sourcils pro-
la femme
sur les membres souffrants, guérit la goutte met à l'homme cinq femmes, et à à la
scialique. — Wecker déclare qu'une décoc- cinq maris. Celui qui porte un seing joue
tion de trèfle guérit les morsures des vipères. deviendra opulent. Un seing à la langue pro-
On voit dans Tbiers qu'on fait sortir les or- met, le bonheur en ménage. Un seing aux lè-
dures des yeux en crachant trois fois. Le- vres indique la gourmandise. Un seing au
— menton annonce des trésors. Un seing aux
loyer dit que, pour se garantir des enchante-
ments , il faut cracher sur le soulier du pied oreilles donne une bonne réputation. Un seing
droit, et qu'on se préserve des maléfices en au cou promet une grande fortune. Celui qui
crachant trois fois sur les cheveux qu'on s'ar- porto un seing derrière le cou pourrait bien
rache en se peignant, avant de les jeter à ter- être décapité. Un seing aux reins caractérise
Un ancien dit qu'une vierge arrête un pauvre gueux. Un seing aux épaules an-
re. — la
grêle'en en niellant trois grains dans son sein. nonce une captivité. Un seing à la poitrine ne
On empêche le mari de dormir mettant donne pas de grandes richesses. Celui qui
— en
dans le lit un oeuf d'hirondelle. — Mettez un porto un seing sur le coeur est quelquefois
oeuf dans le vin : s'il descend de suite au fond, méchanl. Celui qui porte un seing au ventre
le vin est trempé; s'il surnage, le vin est pur. aime la bonne chère. Ceux qui ont un seing
Qu'on mêle l'herbe centaurée le aux mains auront beaucoup d'enfants. Vtnj.
— avec sang CHIROMANCIE.
d'une huppe femelle, et qu'on en nielte dans
une lampe, avec de l'huile , lous ceux qui se Sel. — Le sel, dit Boguel, esl un antidote
trouveront présents se verront les pieds en souverain contre la puissance de l'enfer. Le
l'air et la tète en bas. Si on en met au nez de diable a tellement le sel en haine, qu'on ne
quelqu'un, il s'enfuira et courra de toutes ses mange rien de salé au sabbat. Un Italien se
,
forces. — Celui-ci est d'Albert-le-Grand : trouvant par hasard à celle assemblée pen-
Qu'on mette pourrir la sauge dans une phiole, dable, demanda du sel avec tant d'imporiu-
sous du fumier, il s'en formera un ver qu'on nité, que le diable fut contraint d'en faire
brûlera. En jetant sa cendre au feu, elle pro- servir. Sur quoi l'Italien s'écria : Dieu soit
duira un coup de tonnerre. Le môme Albert- béni, puisqu'il m'envoie ce sel ! et tout délo-
le-Grand ajoute que si on en mêle à l'huile gea à l'instant. — Quand du sel se répand
de la lampe, toute la lampe semblera pleine sur la-table, mauvais présage que l'on con-
de serpents. — La poudre admirable que les jure en prenant une pincée du sel répandu, et
charlatans appellent poudre de perlimpinpin le jetant, derrière soi avec la main droite par-
,
1 Boguet, Discours des exécrables sorciers, 1 Kivasseau.
SEU — hlii — SJÏR
dessus l'épaule gaucho. — Les Écossais attri-, ( u'on a continué de leur rendre dans ces con-
huent une vertu extraordinaire à l'eau saturée I rées. — Un marchand anglais, ayant trouvé
de. sel ; les
habitants des Hébrides et des Or- i in de ces serpents dans son magasin, le tua,
endos n'oublient jamais de placer un vase ( it, n'imaginant pas avoir commis une action
rempli d'eau et do sel sur la poitrine des i ibominable, le jeta devant sa porte. Quelques
morts, afin, disent-ils, de chasser les esprits I èmmes passèrent, poussèrent des cris af-
infernaux. — Le sel est le symbole de l'éler- 1 reux, et coururent répandre dans le canton
iiité et de la Sagesse, parce qu'il ne se cor- a nouvelle de ce sacrilège. Une grande fu-
rompt point, l'oy. SALIÈRE. eur s'empara des esprits; on massacra les
Sépar, — vuy. VÉl'AR. anglais; on mit le feu à leurs comptoirs, et
marchandises furent consumées par les
Sépulture. •— Quelques philosophes qui leurs flammes. —• Il y a encore des chimistes qui
voyageaient en Perse ayant trouvé un cada-
soutiennent que le serpent, en muant et en se
vre abandonné sur le sable, l'ensevelirent et dépouillant de sa peau rajeunit, croît, ac-
le mirent en terre. La nuit suivante, un quiert de nouvelles forces, ,
et qu'il ne meurt
spectre apparut à l'un de ces philosophes et
lui dit que ce mort était le corps d'un infâme
que par des accidents, et jamais de mort na-
turelle. On ne peut pas prouver par des ex-
qui avait commis un inceste, et que la terre
périences la fausseté de cette opinion ; car,
lui refusait son sein. Les philosophes se ren-
si un nourrissait un serpent, et qu'il vînt à
dirent le lendemain au même lieu pour dé- mourir, les partisans de son espèce d'immor-
terrer le cadavre, mais ils trouvèrent la be- talité diraient qu'il est mort de chagrin de
sogne faite, et continuèrent leur roule- sans n'avoir pas sa liberté, ou parce que la nour-
plus s'en occuper '. Foi/. FUNÉIUILLES.
riture qu'on lui donnait ne convenait point a
Sermons. -— Le diable, qui affecte de sin- son tempérament. Voy. ALEXANDRE DE PA-
ger fous les usages de l'Eglise, fait faire au FIILAC.ONIK, ANE, etc.
sabbat des sermons auxquels doivent assister Le grand Serpent de Mer. — Oïl Se rap-
tous les sorciers. C'est Asmodée qui est le pelle le bruit que fit, en '1837, la découverte
prédicateur ordinaire; et plusieurs sorcières du grand serpent de
mer, vu par le navire h
ont rapporté lui avoir entendu prêcher des Havre, à la hauteur des Açores.Tous les jour-
abominations.
naux s'en sont occupés; et après s'en être mon-
Serosch, — génie de la terre cbezles Par- trée stupéfaite, la presse, faisant volte-face, u
sis. C'est lui qui préserve l'homme des embû- présenté ensuite le grand serpent marin com-
ches du diable. me un être imaginaire. M. 13'. de Xivrey a
.

Serpent. — C'est sous celle figure redou- publié à ce propos, dans le .Tournai des Dé-
tée que Satan fit sa première tentation. Vuy. bats, des recherches curieuses que nous re-
SAMAEL.
—•
Le serpent noir de Pensylvanie a produisons en partie. — « Les mers du Nord,
le pouvoir de charmer ou de fasciner les oi- dit-il, paraissent être aujourd'hui la demeure
seaux et les écureuils : s'il est couché sous un
habituelle du grand serpent de mer, et son
arbre et qu'il fixe ses regards sur l'oiseau ou existence est en Norvège un fait de notoriété
l'écureuil qui se trouve au-dessus de lui, il vulgaire. Ce pays a vu souvent échouer sur
; le force à descendre et à se jeter directement ses côtes des cadavres de ces animaux , sans
dans sa gueule. Celle opinion est du moins que l'idée lui soit venue de mettre de l'impor-
irès-accrédilce, parce qu'elle, lient du mer- tance à constater ces faits. Les souvenirs s'en
veilleux : on en peut trouver la source dans sont mieux conservés lorsqu'il s'y joignait
l'effroi que le serpent noir cause à l'écureuil. quelque autre incident plus grave, comme la
Un de ces animaux, troublé par la frayeur, a corruption de l'air, causée quelquefois par la
;
]
|)u naturellement tomber de son arbre, et le
putréfaction de ces corps. Pontoppidan en a
! peuple, qui se fait des prodiges toutes les fois cité des exemples, mais jamais on n'avait
; que l'occasion s'en présente, a bien vite at- pensé à rédiger à l'occasion de pareils faits
tribué à des charmes un effet qu'il éprouve un procès-verbal. » — Celui qui fut rédigé à
j lui-même à tout instant.
•—
Il y a dans les Stronza offre les notions les plus précises que
royaumes de Juida et d'Ardra, en Afrique, l'on possède sur la figure du serpent de mer.
des serpents très-doux très-familiers, et qui Nous y voyons notamment ce signe remar-
, quable de la crinière, dont les observateurs
n ont aucun venin ; ils font une guerre con—
;
tinuelle aux serpents venimeux : voilà sans plus anciens et les récits des Norvégiens s'ac-
doute l'origine du culte qu'on commença et cordent à faire mention. Nous le trouvons dans
la lettre datée de Bergen, 21 février 1751, et
1 Agathias. où le capitaine Laurent de Ferry termine ainsi
S Fil — hU-2 SFR
sa description du serpent de mer qu'il rcn- d'analogue les traditions du moyen âge et (1B
<

contra, : « Sa tète, qui s'élevait au-dessus des l'antiquiié, je trouve dossimililudes frappantes
1

qu'Alberl-le-Grami
vagues les plus hautes , ressemblait à celle dans la description
< nous '
d'un cheval ; il était de couleur grise avec la ai laissée du grand serpent de l'Inde : « Avi-
bouche très-brune, les yeux noirs et une Ion- cenne i en vit un, dit-il, dont le cou était garni
gne crinière qui flottait sur son cou. Outre la dans toute sa longueur de poils longs el gros
i

tète de ce reptile, nous pûmes distinguer sept comme la crinière d'un cheval : Et visas est
ou huit de ses replis, qui étaient très-gros et «mis ah Avicenna, in cujus collo secunduin
renaissaient à une toise l'un de l'autre. Ayant iaiiludinem colli, erant pili descendentes lom/i
raconté cetlo aventure devant une personne et. grossi ad inodum-jubarum equi.it — Albert
qui désira une relation authentique, je la ré- ajoute que ces serpents ont à chaque mâchoire
digeai et la lui remis avec les signatures des (rois dents longues et proéminentes. — Celte
deux matelots, témoins oculaires, Nicolas Pe- dernière circonstance paraît une vague rénii-
verson Kopper et Nicolas Nicolson Anglewe- nisceiice de ce que Clésias, dans ses Indiques,
ven, qui sont prêts à attester sous serment la et d'après lui Elien , dans ses Propriétés des
description que j'en ai l'aile. » — C'est pro- animaux, ont rapporté du ver du Gange.
bablement cette crinière que Paul Egè le com- Pour la dimension ce ver est sans doute in- .
ailes dans ,
pare à des oreilles ou à des a l'érieur à la grandeur que peut atteindre le j
description du serpent marin qu'il vil dans serpent marin puisque ces auteurs grecs lui \
iuil- ,
son second voyage au Groenland : « Le C donnent sept coudées de long et une circon- j
let, nous aperçûmes un monstre qui se dressa férence telle qu'un enfant de dix ans aurait I

si haut sur les vagues, que sa tête atteignait de la peine à l'embrasser. Les deux dents dont '
la voile du grand niât. Au lieu de nageoires, ils le disent pourvu, une à chaque mâchoire,
il avait de grandes oreilles pendantes comme lui servent à saisir les boeufs, les chevaux ou les
des ailes; des écailles lui couvraient tout le chameaux qu'il trouve sur la rive du fleuve, où
corps, qui se terminait comme celui d'un ser- il les entraîne el- les dévore. — Il est à propos
pent. Lorsqu'il se reployail dans l'eau, il s'y de remarquer ici qu'un grand nombre de traits
jetait en arrière et, dans cette sorte de cul- d'Hérodote et môme de Clésias, rejetés d'a-
bute, il relevait sa queue de toute la lon- bord comme des contes ridicules, ont été plus
gueur du navire. » — « Olaiis Magnas , ar- tard repris pour ainsi dire en sous-oeuvre par
chevêque d'Upsal au milieu du seizième siè- la science, qui souvenl y a découvert des faits
cle, fait une mention formelle de cette crinière vrais el même peu altérés. Malte-Brun a plu-
dans le portrait du serpent de deux cents pieds sieurs fois envisagé Clésias sous ce point de
de long et de vingt de circonférence, dont il vue. — Nous arrivons naturellement à l'é-
parle comme témoin oculaire : « Ce serpent a pouvantable animal appelé Odontotyramw.s,
une crinière de deux pieds de long; il est dans les récits romanesques des merveilles
couvert d'écaillés et ses yeux brillent comme qu'Alexandre rencontra dans l'Inde. Tous les
deux flammes il attaque quelquefois un na- romans du moyen âge sur ce conquérant, pro-
;

vire, dressant sa tète comme un mât et sai- venant des textes grecs désignés sous le nom
sissant les matelots sur le lillac. » —. Les de Pseiido-Callisthèno, sont unanimes sur
mêmes caractères, qui se reproduisent dans YOdontotyrannus, dont, parlent aussi plusieurs
d'autres récits dont la réunion serait trop auteurs byzantins. Tous en font un animal
longue se retrouvent dans les descriptions amphibie vivant dans le Gange et sur ses
, ,
des poètes Scandinaves. Avec une tôle de che- bords, d'une taille dont la grandeur dépasse
val avec une crinière blanche el des joues toute vraisemblance : « tel, dit Palladius, qu'il
,
noires, ils attribuent au serpent marin six peut avaler un éléphant tout entier. » Quelque
cents pieds de long. Ils ajoutent qu'il se. ridicule que soit celle dernière circonstance, 0:1
dresse tout à coup comme un mal de vais- pourrait y voir une allusion hyperbolique à l«
seau de ligne, et pousse des. sifflements qui manière dont les p'.us gros serpents terrestres
1

effraient comme le ci i d'une tempête. Ici dévorent les grands quadrupèdes, comme les
i

nous apercevons bien les effets de l'exagéra- chevaux et les boeufs ; ils les avalent en eftel
tion poétique ; mais nous n'avons pas les don- sans les diviser, mais après tes avoir broyés,
nées suffisantes pour marquer le point précis5 allongés en une sorte de rouleau informe, pf"'
où elle abandonne la réalité. — En comparant1 les puissantes élreinles et les secousses terri-
ces notions ' avec ce que peuvent nous offrir bles de leurs replis. — 11 est vrai que M..Gro>
fo, par unedocle dissertation insérée dans les
1 pournies par l'auteur anglais d'un article de la J?n- mémoires de l'académie impériale des scien-
[_'
(rospcclivr. Rcview, traduit en 1835 dans la Revue bïi-
l'nilli'itic. ,: ces de Sainl-Pélersbourg, a prétendu >['x
SER — hU'i3 —- SER
yOdontolyranmis des traditions du moyen présente grand comme, une forte poutre : in mo-
à;c devait être un souvenir du mammouth. Le dum trahis validai Le mot draco, dont, se sert
pavant russe ne peut guère fonder cette singu- .,
là notre vieil historien, est le terme de la bonne
Ijére interprétation que sur les versions latines latinité, où il signifie, seulement un grand ser-
du roman à'Alexandre, dont monsignor Mai pent. —-Dans l'antiquité proprement, dite,
a publié un texte en '1818, sous le nom de Suétone nous apprend qu'Auguste publia aux
.Pilais Valerius. 11 est dit que VOdontotyran- comices, c'est-à-dire annonça officiellement,
jiiis foula aux pieds {conculcavil) un certain le découverte l'aile en Elrurie d'un serpent
nombre de soldais macédoniens. Le même ré- long de soixante-quinze pieds. — Dion Cas-
cit, se trouve dans une prétendue lettre d'A- sais dit que sons le même prince on vit dans
lexandre, à Aristole, el dans un petit traité, la môme contrée un serpent de quatre-vingt-
Des Monstres el des Bêles extraordinaires cinq pieds do long, qui causa de grands ra-
,
récemment publié. Mais dans les auteurs vages et fut frappé de la foudre. — Le plus
grecs que je viens d'indiquer, c'est-à-dire les célèbre de lous ceux dont ont parlé les auteurs
divers textes grecs inédits du Pseudo-Calli- anciens est celui qu'eut à combattre l'armée
slhène, et Palladius, Cédrène , Glycas, lia— romaine près de Cartilage sur les bords du
,
martolus on n'ajoute aucun détail figuratif à lac Bagrada pendant, le second consulat de
, ,
l'expression d'une grandeur énorme et d'une Régulas, l'an de Rome 49S, qui répond à l'an-
nature amphibie. •— Pour la qualité d'am- née 2oG avant .lésus-Chrîst. Ce serpent avait
phie, qui n'appartient certainement pas au cent vingt pieds de long et causait de grands
mammouth peut-elle s'appliquer au grand ravages dans l'armée romaine. Itégulus fut
,
serpent de mer? Sir Everard Home, en pro- obligé do diriger contre lui les batistes et les
posant de placer parmi les squales celui qui catapultes, jusqu'à ce qu'une pierre énorme
avait échoué sur la plage de Slronza, a prouvé lancée par une de ces machines l'écrasa. Le
par là qu'il le regardait comme un véritable consul, pour prouver au peuple romain la
poisson. Mais si l'on en l'ait un reptile on lui nécessité où il se trouvait d'employer son ar-
supposera par cela même une nature amphibie, mée â cette expédition extraordinaire, envoya
avec la faculté de rester indéfiniment dans à Romela peau du monstre, et on la suspendit
l'eau, el l'on pourra en même temps rappor- dans un temple où elle resta jusqu'à la guerre
ter au môme animal les exemples de serpents de Numance. Mais la dissolution du corps
énormes vus sur terre et consignés de loin en causa une telle infection qu'elle força l'armée
loin dans la mémoire des hommes.
— Le à déloger. Il n'y a peut-être pas dans l'his-
serpent de mer dont Olaiis Magnus a conservé toire de fait mieux attesté, plus circonstancié
une description était, au rapport du même el raconté par un plus grand nombre d'au-
prélat, un serpent amphibie qui vivait de son teurs. — Philoslorge parle de peaux de
temps clans les rochers aux environs de Ber- serpents de soixante-huit pieds de. long, qu'il
Son, dévorait les bestiaux du voisinage et se avait vues à Rome. •— Diodore rapporte
nourrissait aussi de crabes. — Un siècle qu'un serpent de quarante-cinq pieds de
plus tard, Nicolas Grammius ministre de long fut pris dans le Nil et envoyé vivant à
,
l'Evangile à Londen en Norvège, citait un Plolémée Philadelphe à Alexandrie. Strabon,
Ri'os serpent d'eau qui, des rivières Mios et. qui, d'après Agatharchides, parle d'autres
Hanz, s'était rendu à la mer le 6 janvier 16b6. serpents de la môme grandeur, cite ailleurs
«
On le vil s'avancer tel qu'un long mât de Posidonius qui vit dans la Célé-Syrie un ser-
j navire, renversant tout sur son passage, même pent mort de. cent vingt pieds de long el d'une
les arbres et les cabanes. Ses sifflements ou circonférence lelle que deux cavaliers sépa-
,
plutôt, ses hurlements, faisaient frissonner tous rés par son corps ne se voyaient pas. —Al-
ceux qui les entendaient. Sa tôle élait aussi léguerons-nous ce que le même Strabon rap-
; grosso qu'un tonneau et son corps, taillé en
,
porte d'après Onésicrite, que dans une contrée
'.-
proportion s'élevait au-dessus des ondes à de l'Inde, appelée Aposisares, on avait nourri
,
j "ne hauteur considérable.» — En des lemps deux serpents, l'un de cent vingt pieds, l'au-
j plus anciens, nous citerons : le serpent de tre de deux cent dix, et qu'on désirait beau-
l'île (le Rhodes, dont triompha au quatorziè- coup les faire voir à Alexandre! — Si
me siècle le chevalier Gozon qui, par suite de! nous ajoutions le serpent que Maxime deTyr
eet exploit, trop légèrement traité, de fable, prétend avoir été montré par Taxile au même
,
devint grand-maître de l'ordre de Saint-Jean- conquérant, et qui avait cinq cents pieds de
de-.Iérusalem. siècle, celui que; long, nous arriverions dans les traditions de
— Au sixième
Grégoire de Tours rapporte avoir été vu ài l'Orient, presqu'au même degré d'extension
Home dans
une inondation du Tibre, el. qu'il re- où nous avons vu les traditions scandiua-
SET m MB
ves, qui donnent six cents pieds à leur ser- nneni te pat.riai'cne sein, ins a Adam, ils (li-
peut de mer. — Mais on peul juger par ces s aient que deux anges avaient créé Caïu ui
rapprochements que l'existence de cet ani- Uiel, et débitaient, beaucoup d'aulres rèvo-
.<*

mal, bien qu'entourée souvent de traits sus- r•ies. Selon ces hérétiques, Jésus-Christ n'était
pects, est loin d'être nouvelle ; qu'elle a été amire que Se;h venu au monde une seconde
observée de bien des manières el depuis bien fbis. Ils forgèrent des livres sous le nom do
long-temps. Ce n'est pas, comme on le disait, J5elh et des autres patriarches.
un danger de plus pour les navigateurs; car Sethus. Il y avait à la suite de l'empe-

ce terrible monstre est déjà indiqué dans la reur Manuel un magicien, nommé Sethus, qui
Bible sous le nom de Lévialhan, que l'Écriture rendit f
une fille éprise de lui par le nioveii "
applique à diverses bêtes énormes, ainsi que d'une pêche qu'il lui donna, à
le remarque Bochart. Le prophète lsaïe l'ap- (Nicolas. ce que coule
-j
plique ainsi : « Léviathan. ce serpent im- -

mense, Lévialhan , ce serpent à divers plis et Sévère. — Quelques historiens rapportent


replis'.» — Dans ce siècle, la présence du qu'à ' la sortie d'Antioche l'ombre de l'empe- f
serpent de mer a été signalée en '1808, en reur Sévère apparut à Caracalla , et lui dil s,
1815, en '1817 et celle année. Il n'est pas pendant son sommeil : Je te tuerai comme tu ï
présumable qu'on le rencontre plus fréquem- as tué ion frère. f
ment à l'avenir que par le passé; du moins Sexe. — On prétend aussi reconnaître d'à- ['
l'attention publique, appelée sur ce phéno- vance, à certains symptômes, le sexe d'un j
mène par les organes de la presse, portera à enfant qui n'est pas né. Si la mère est gaie i-
la publicité des faits du même genre qui pour- dans sa grossesse, elle aura un garçon ; si elle. I:
raient survenir encore, et qui sans cela au- est pesante du côté droit, elle- aura un garçon.
raient peut-être passé inaperçus. -— L'au- Si elle se sent lourde du côlé gauche, elle
teur anglais qui le premier a publié ceux qu'il aura une fille. Si elle est pâle et pensive, elle
avait recueillis, et à qui nous devons toules aura une fille. — Àlbert-le-Grand donne à
nos citations des témoignages modernes, fait entendre qu'il naît des garçons dans un mé-
aussi connaître le moyen que les pêcheurs nage où l'on mange du lièvre, el des filles
norvégiens emploient pour se garantir du ser- dans une maison où l'on fait cas de la fressure j
pent do mer. Lorsqu'ils l'aperçoivent tout près de porc. — Voici autre chose. Ems possède ]

d'eux, ils évitent surtout les vides que laisse deux sources, la Bubenquulle el la Moedvhen- !

sur l'eau l'alternative do ses plis et replis. Si quelle, qui , selon les gens du pays, oui une,
le soleil brille, ils .rament dans la direction de vertu merveilleuse : en buvant, de l'une on
cet astre., qui éblouit le serpent. Mais lors- esl sûr d'avoir des garçons; et en buvant de
qu'ils l'aperçoivent à distance, ils font tou- l'autre, d'avoir des filles. Croyez cela el bu-
jours force de rames pour l'éviter. S'ils ne vez.... du .lohannisberg i.
peuvent espérer d'y parvenir, ils se dirigent Ehamavcdom, — l'un des quatre livres sa-
droit sur sa tête, après avoir arrosé le pont crés des Indiens. C'est celui qui contient la
d'essence de musc. On a observé l'antipathie science des augures el des divinations.
de l'animal pour ce parfum violent ; aussi les
pêcheurs norvégiens en sont toujours pour- Shelo , — VOy. SoilTllCOTE.
vus quand ils se mettent en mer pendant les Shoupeltins. — Les habitants des îles
ïnois calmes et chauds de. l'été. — Dans la Schelland appelaient ainsi des tritons ou
rencontre faite en 1837, les personnes qui hommes marins, dont les anciennes traditions
étaient à bord du Havre ont aperçu seulement el la superstition populaire ont peuplé les
les ondulations du corps de l'immense reptile, mers du Nord.
el ont évalué approximativement sa longueur sibylles. — Les sibylles étaient chez les an-
à plusieurs fois celle du navire. ciens des femmes enthousiastes qui onl laisse
Sérug, — esprit malin. Foi/. CHASSEN. une grande renommée. Leurs prophéties
élaient en vers; les morceaux qui nous en
Servius-Tullius. — Leloyer et d'autres restent sont en grand nombre supposés, s'il
prétendent que Servius était fils d'un démon. faut croire les critiques modernes un pc>u
en
Les cabalistes soutiennent de leur côté qu'il secs. Les sibylles sont nombre de dix
fût fils d'un salamandre. — au
selon Varron ; d'autres en comptent jusqu n
Sethiens OU Sethites , -— hérétiques du douze: 1° La sibylle de Perse. Elle se nom-
deuxième siècle, qui honoraient parliculière- mait Sambelhe ; on la dit bru de Noé dans des

1 lsaïe, cli. '26, verset 1, traduct. de Sacy. 1 Jacquemin, Fragments d'un voyage en AUeinagu
SI — A'i")'.
— SI F
apocryphes. — 2" La sibylle allribue aussi des prophéties sur la naissance
vers sibyllins a
libyenne. Elle voyagea à Samos , à Delphes, de.
( notre Seigneur. — 9° La sibylle phry-
baros et dans plusieurs autres pays. On gienne. f Elle rendait ses oracles à Ancyre en
i,
lui allribue des vers contre l'idolâtrie, dans Galatie.
( Elle a prédit l'annoiicialion et la nais-
lesquels elle reproche aux hommes leur sol- sance s du Sauveur. — 10° La sibylle tiburline
lise de placer leur espoir do salut dans un ou
( Allumée qui fut honorée à Tibur comme
,
dieu de pierre ou d'airain, et d'adorer les ou- iune divinité. Elle prédit que Jésus-Christ
vrages de leurs mains. — 3" La sibylle de naîtrait i d'une vierge à Bethléem et régnerait
Delphes- Elle était fille du devin Tirésias. sur i le monde. — 'Mu La sibylle d'Épire. Elle
Après la prise de Thôbes, elle fui consacrée 'a aussi prédit la naissance du Sauveur. —
au
temple de Delphes par les Epigonos, des- 12" La sibylle égyptienne a chanté également
cendants des guerriers qui prirent Thèbes la les mystères de la Passion et la trahison de
première fois. Ce fut elle, selon Diodore, qui Judas. -—Saint Jérùme pense que les sibylles
porta la première le nom de Sibylle. Elle a avaient reçu du ciel le don de lire dans l'a-
célébré dans ses vers la grandeur divine; et venir en récompense de leur chasteté. Mais
des savants prétendent qu'Homère a tiré parti il paraît que les huit livres de vers sibyllins
de quelques-unes de ses pensées. — .1° La que nous avons aujourd'hui sont en effet dou-
sibylle d'Érylhrée. Elle a prédit la guerre de teux Bergier, dans son savant Dictionnaire
Troie dans le temps que les Grecs s'embar- de lli.''ologie, les croit supposés et les attri-
quaient pour celle expédition. Elle a prévu bue dans ce cas aux Gnosliques du deuxième
aussi qu'Homère chanterait celle, guerre lon- siècle.
gue et cruelle. Si l'on en croit Eusèbeel saint Sicidites. —Leloyor coule que ce magicien,
Augustin, elle, connaissait les livres do Moïse, appuyé sur les fenêtres de l'empereur Ma-
car elle a parlé de la venue de Jésus-Christ. nuel Comnène, avec les courtisans, regardait
On lui allribue môme des vers dont les pre- le port de Conslaiitinople. II arriva une petite
mières lettres expriment, par acrostiche, Jé- chaloupe chargée de pots de. terre. Sicidites
sus-Christ, fils de Dieu. On l'a quelquefois offrit à ceux qui l'entouraient de leur faire
représentée avec un petit. Jésus el deux anges voir le potier cassant ses pots ; ce qu'il effectua
à ses pieds. — o° La sibylle cimniérienne a à l'inslant au grand divertissement des cour-
parlé de la sainte Vierge plus clairement en- tisans, qui se pâmaient de rire; mais ce rire
core que celle d'Erythrée , puisque . selon se changea en compassion quand ils aper-
Suidas, elle la nomme par son propre nom. — çurent ce pauvre homme qui se lamentait, en
li" La sibylle de Samos a prédit que les Juifs s'ai rachant la barbe, à la vue de tous ses
crucifieraient le vrai Dieu. — 7° La sibylle pois cassés. El comme on lui demandait pour-
de Cumes, la plus célèbre de toutes, faisait, sa quoi il les avait brisés de la sorte il répondit
,
résidence ordinaire à Cumes, en Italie. On qu'il avait vu un serpent à crête rouge et
l'appelait Déiphobe; elle était fille de G'.aucus étincelanlo entortillé autour de ses pots qui
, ,
et prêtresse d'Apollon. Elle rendait ses ora- les regardait la gueule ouverte el la tête
cles au fond d'un antre qui avait cent portes, levée comme s'il eût voulu les dévorer, et
d'où sortaient autant de voix qui faisaient en- qu'il n'avait disparu qu'après tous les pots
lendre les réponses de la prophélessc. Ce fut cassés. Un autre jour, pour se venger de
f elle qui offrit à Tarquin-lo-Siiperbeun recueil

quelques gens qui l'insultaient dans un bain,
;
de vers sibyllins, qui furent soigneusement il se retira dans une chambre prochaine pour
: conservés dans les archives de l'empire, au reprendre ses habits. Dès qu'il fut sorti, tous
Capitule. Cet édifice ayant été brûlé du temps
ceux qui étaient dans le bain détalèrent avec
de Sylla, Auguste fil ramasser lotit ce qu'il précipitation, parce que du fond de la cuve
;
put trouver de fragments détachés de ces du bain il sortit des hommes noirs, qui les
vers, et les fit mettre dans des coffres d'or au chassaient à coups de pied.
pied de la statue d'Apollon Palatin où l'on
allait les consulter. Petit, dans son ,Irailé De
Sidéromuncie, — divination qui se prati-
Sibyllâ., prétend qu'il n'y a jamais eu qu'une
| quail avec un fer rouge, suSequel on plaçait
tiombre^tlepetites pail-
; sibylle, celle de Cumes, dont on a partagé! avec art un certajn
les actions el les voyages. Ce qui a donnéI
leltes qu'on brûlait et qui jetaient des reflets
'ieu, selon lui, à celle multiplicité, c'est que comme les
étoiles.
cette fille mystérieuse a prophétisé en divers; Sidragasum, — démon qui a le pouvoir
pays. — s0 La sibylle hellesponline. Elle na- de faire danser les femmes mondaines.
quit à Marpèse dans ia Troade; elle prophé- Siffler le vent. — « Cette coutume de sif-
tisa du temps de Solon et de Crésus. On luii lier pour appeler le vent est une de nos su-
SIL — m :>
— si\i
lierslitions nautiques, qui, malgré son absur- quelquefois par silènes des génies familiers
dité, s'empare insensiblement, aux heures de tels que celui dont Socraia se vantait d'ètij
calme, des esprits les plus forts et les plus accompagné.
incrédules ; autant vaudrait raisonner avec la Simagorad,— Grimoire. Voy. CIIAUI.ES VI
brise capricieuse elle-même que d'essayer de
convaincre le matelot anglais que, le vent Simon-le-Magioien.— Ce Simon, qui li'esr
soufflant où il lui plaît el quand il lui plaît, connu que pour avoir voulu acheter aux apô-
il ne sert à rien de l'invoquer. En dépit de la tres le don de faire des miracles, et pour avoir
marche des intelligences, lorsquel'air manque donné son nom maudit à la Si munie, joue un \
à la voile toujours le marin sifflera '. » grand rôle dans les livres des rlémonomanes. '
, Voici quelques-uns des récils qu'on a faits de
Sigéani, — esprit qui, dans le royaume ses talents magiques ; car n'ayant pu traiter
d'Ava préside à l'ordre des éléments el lance les saints, il traita avec les dénions. Il
:

,
la foudre el les éclairs. avec
avait à sa porte un gros dogue qui dévorait
Signe de croix. -— Un juif qui se rendait ceux que son maître ne voulait pas laisser
à Fondi, dans io royaume de Naples, fut entrer. Saint Pierre, voulant parler à Simon,
surpris par la nuit, et ne trouva pas d'autre ordonna à ce chien de lui aller dire, en lan-
gîte qu'un temple d'idoles, où il se, décida, gage humain que Pierre, serviteur de Dieu,
faute de mieux, à attendre le matin. 11 s'ac- le demandait, ; le chien s'acquitta de celle
commoda comme il put dans un coin s'enve- commission au grand élonnement de ceux
,
loppa dans son manteau et se disposa à dor- qui étaient alors avec Simon. Mais Simon,
mir. Mais, au moment où il allait, fermer l'oeil, pour leur faire voir qu'il ne savait guère
il vit plusieurs démons tomber de la voûte moins que saint Pierre, ordonna à son lotir
dans le temple et se disposer en cercle autour, au chien d'aller lui dire qu'il entrât; ce que
,
d'un autel. Le roi de l'enfer descendit aussi, se le chien, dit-on, exécuta aussitôt. —Simon-
plaça sur un trône, el ordonna à lotis les le-Iilagicien disait que, si on lui tranchait la
diables subalternes de lui rendre compte de tète, il ressusciterait trois jours après. L'em-
leur conduite. Chacun lit valoir les services pereur le fit décapiter ; par ses prestiges il
qu'il avail rendus à la chose publique ; cha- supposa la tête d'un mouton à la place de, la
cun fil l'exposé de ses bonnes actions. Le sienne, el se remontra le troisième jour. Il
juif, qui ne jugeait pas comme le prince des commandait à une faux de faucher d'elle-
démons, et qui trouvait leurs bonnes actions même et. elle faisait autant d'ouvrage que le
un peu mauvaises, fut si effrayé delà mine plus habile' ,
faucheur. — Sous le règne de
des démons et. de leurs discours, qu'il se hâta l'empereur Néron Simon-le-Magicien parut
de (lire les prières el do faire les cérémonies un jour en l'air, comme ,
un oiseau , assis sur
que la synagogue met en usage pour chasser un char de feu. Mais saint Pierre, plus puissant
les esprits malins. Mais inutilement', les dé- que lui, le fit tomber, et il se cassa les jambes.
mons ne s'aperçurent pas qu'ils élaienl vus On a écrit cette aventure sous le litre de Com-
par un homme. Le juif, ne sachant plus à bat apostolique; on » souvent mis cet écrit
quoi recourir, s'avisa d'employer le signe de sous le nom d'Abdias de Babyloiie. Simon-

la croix. On lui avail dit que ce signe était le-Magicien n'était donc qu'un imposteur. 11
formidable aux démons; il en eut la preuve, eut des disciples, et on le croit le premier
dit le légendaire, car les démons cessèrent de chef des gnosliques. 11 attribuait la création
parler aussitôt que le juif commença de se aux Eons ou esprits ; il affirmait que les plus
signer. Après avoir regardé autour de lui, le parfaits des divins Eons résidaient dans sa
roi de l'enfer aperçut l'enfant d'Israël. Allez personne; qu'un autre Eon très-distingué,
voir qui est là, dit-il à un de ses gens. Le quoique de sexe féminin, habitait dans sa
démon obéit; lorsqu'il eul examiné le voya- maîtresse Hélène, dont il contait des choses
geur, il retourna vers son maître. C'est un prodigieuses; que lui, Simon, était envoyé
vase de réprobation, dit-il, mais, il vient de de Dieu sur la terre pour détruire l'empire
s'appuyer du signe de la croix. Sortons, reprit des esprits qui ont créé le monde matériel,
le diable. Nous ne pourrons plus bientôt être, ci. surtout pour délivrer Hélène de leur puis-
tranquilles dans nos temples. En disant ces sance- Saint Justin dit que Simon, après sa
paroles, le prince des démons s'envola ; tous moii, fut honoré comme un dieu par les Hu-
ses gens disparurent, et le juif se fit chrétien. mains, et qu'il eut une statue.
Silènes. — On donnait ce nom aux satyres Simon de Phares, auteur d'un recueil
lorsqu'ils étaient vieux. On entendait aussi —
d'histoires de quelques célèbres astrologues et-
hommes doctes, qu'il dédia au roi Charles VI'1-
-
T Le capitaine Bazil Hall.
SOC hkl SOtt
H ne parait pas que ce livre ait été im- lias étrangères à l'essence des démons. Il est
i)
primé !- vrai
v que les démons chez eux n'étaient pas
Slmonide. —Un jour qu'il soupaitchez un pris \\ tous en mauvaise part. Aussi disaient-
de sesamiSj on vint l'avertir que deux jeunes '. que Socrate avail un démon familier; et
ils
«eus étaient à la porte, qui voulaient lui parler
Proclus
l sou lient qu'il lui dut tonte sa sa-
d'une affaire importante. Il sort aussitôt, ne £gesse '. Peut-être les hommes trouvaient—ils
'leur compte à cet arrangement. Ils se con-
trouve personne; et, dans l'instant, qu'il veut
solaient, d'être moins vertueux que Socrate,
rentrer à la maison, elle s'écroule et écrase. s
les convives sous ses ruines. 11 dut son salut ' songeant qu'ils n'avaient, pas un appui
en
hasard si singulier, qu'on le regarda, comme l le sien.
n un
parmi le peuple comme un trait de bienveil- Soleil, — voy. DANSE nu SO'I-EIL.
,
lance de Castor et Pollux, qu'il avail chantés Somnambules. — Des gens d'une imagi-
dans un de ses poèmes. nation vive, d'un sang trop bouillant, font
Slrnorgue, — oiseau fabuleux que les Ara- souvent en dormant ce que les plus hardis
bes nomment. Anka et les rabbins Jukhneh n'osent entreprendre éveillés. Bardai parle
, , d'un professeur qui répétait la nuit les leçons
el que les Perses disent habiter dans les mon-
tagnes de Kal. Il est si grand qu'il consomme qu'il avait données le jour, et qui grondait si
pour sa subsistance tout ce qui croît, sur haut, qu'il réveillait tous ses voisins. John—
plusieurs montagnes. 11 parle, il a de la rai- ston rapporte, dans sa tliaumalographiaNa-
son, en un mol c'est une fée qui a la figure luralis, qu'un jeune homme sortait toutes les
d'un oiseau. Étant un jour interrogé sur son nuits de sont lit, vêtu seulement de sa chemise ;
âge, la Simorgue répondit: « Ce monde s'est puis, montant sur la fenêtre de sa chambre,
trouvé sept, fois rempli de créatures, el sept il sautait à cheval sur le mur, et le talonnait
lois entièrement vides d'animaux. Le cycle pour accélérer la course qu'il croyait faire.
d'Adam dans lequel nous sommes, doit durer Un antre descendit dans un puits et s'éveilla
,
:
sept mille ans, qui font, un grand cycle d'an- aussitôt que son pied eut. louché l'eau , qui
:
nées; j'ai déjà vu douze de ces cycles, sans était très-froide. Un autre moula sur une loû'r,
; que je sache combien il m'en reste à voir. » enleva un nid d'oiseaux, el se glissa à terre
\ l.n Simorgue joue un grand rôle dans les lé- par une corde, sans s'éveiller. — Un Parisien,
gendes de Salomon. de même endormi, se leva prit son épée,
,
Singe». —Ces animaux étaient vénérés en traversa la Seine à la nage, tua un homme
Egypte. Chez lesJlomains, au contraire, c'é- que la veille il
s'était proposé d'assassiner;
lait un mauvais présage de rencontrer un et, après qu'il eul consommé son crime, il
j singe en sortant de la maison. repassa la rivière, retourna à sa maison et
se mil. au lil sans s'éveiller. — On peut expli-
Sirath. — C'est le nom que donnent les quer le somnambulisme comme une activité
musulmans au ponl que les âmes passent après partielle de la vie animale, disent les philo-
) leur mort, et au-dessous duquel est un feu
sophes. L'organe actif transmet ainsi l'incita-
éternel. 11 est aussi mince que le tranchant tion
,
d'un sabre ; les justes doivent le passer avec
sur les organes voisins: et ceux-ci com-
mencent également., par l'effet de leurs rela-
lu rapidité de l'éclair,
! pour entrer dans le tions avec la représentation qui a été excitée,
! paradis. à devenir actifs et à coopérer (c'est très-clair);
sïrehade, — démon qui a tout pouvoir sur par là, l'idée de l'action représentée devient si
;
les animaux animée que même les instruments corporels
,
sistre.,. — plante qui, selon Àristole, se nécessaires pour son opération , sont mis en
trouvait dans le Scamandre, ressemblait au activité par les nerfs qui agissent sur eux
;
pois chiche, et avait la vertu de mettre à (vous comprenez?) ; le somnambule commence
l'abri de la crainte des spectres et des fan- même à agir corporèllement, et remplit l'objet

" lûmes ceux qui la tenaient à la main. qu'il s'est proposé, avec- la même exactitude
sittîm, démon indien qui habite les que s'il était éveillé ; avec celle différence
:
— néanmoins qu'il n'en a pas le sentiment gé-
; "ois sous la forme humaine. néral parce que les autres organes de la vie
Sltâlda ,
, —
VOXJ. NOHNES. animale, qui n'ont pas participé à l'activité,
So0rate. — Les anciens, qui trouvaient les reposent, et que par conséquent, le sentiment
S'andes qualitéssurhumaines, ne les croyaient n'y a pas été réveillé. Voilà. ^— Gall a connu
un prédicateursomnambule qui, très-souvent,'
' ''",Singularités
P. 313.
historiques et littéraires de D. Liron,
1 Proclus, de Anima et dtemone. Naudé, Apologie.
SON — /j/itS — SON
ayant, un sermon à faire, se levait la nuit en jour se laver. Quand les prêtres le déi-laraimu
dormant, écrivait son lexie ou en faisait la purifié, il immolait au dieu des victimes,
division, en travaillait des morceaux entiers, celle cérémonie finissait ordinairement par le 1
rayait ou corrigeait quel pies passages, en un sacrifice d'un bélier noir. Alors le cuiïeux i
mot, qui se conduisait comme s'il eût été était, frotté, d'huile par deux enfants, et. con-
éveillé, et qui cependant en s'éveillant n'avait duit, à la source du fleuve, où on lui présen-
aucun sentiment de ce qu'il venait de faire '. tait une coupe d'eau du Léthé, qui bannissait ;
Libre à vous do douter. La Fontaine a com- de l'esprit toute idée profane, et une coupe
posé dit-on, sa fable des deux pigeons en d'eau de Mnémosyne, qui disposait la mé-
,
dormant. Vous n'êtes pas obligé à le croire. moire à conserver le souvenir de ce qui allait. !
Nous en aurions trop à dire, si nous vou- se passer. Les prêtres découvraient ensuite la :

lions parler du somnambulisme magnétique. statue de Trophonins, devant laquelle il faU ;


On prétend qu'une personne magnétisée s'en- lait s'incliner et. prier; enfin, couvert d'une
dort profondément el parle aussitôt pour ré- tunique de lin et le front ceint de bandelettes, S

véler les choses secrètes prédire l'avenir et on allait à l'oracle. Il était placé sur une mon- ;
,
lire dans les coeurs, par un prodige inexpli- tagne, au milieu d'une enceinte de pierre qui i

cable. Mais ce prodige ne s'établit par aucun cachait une profonde caverne, où l'on ne pou- :

fait vraiment sérieux. vait, descendre que par une étroite oiivei'luiu
Quand, après beaucoup d'efforts, et à l'aide
Songes. — Le cerveau est le siège de la de quelques échelles,
pensée, du mouvement et du sentiment. Si le on avait eu le bonheur
n'est point troublé grande de descendre sans se rompre le cou, il fallait
cerveau par une trop
abondance de vapeurs crues, si le travail ne passer encore, de la même manière, dans une
lui a pas ôté toutes ses forces, il engendre des seconde caverne, petite et très-obscure. Là on
excités les images dont il s'est vi- se couchait à terre cl on n'oubliait pas de
songes par prendre ,
clans ses mains une espèce, de pâle,
vement frappé durant le jour, ou par des im-
pressions toutes nouvelles, que produisent faite avec de la farine, du lait el du
miel : on
dans le cerveau les affections naturelles ou présentait les pieds à un trou qui était au
accidentelles des nerfs, ou la nature du tem- milieu de la caverne, et dans
le même instant,
pérament. C'est aussi limpide que ce qu'on on se sentait rapidement emporté dans l'antre;
lu le somnambulisme. Les on s'y trouvait couché sur des peaux de vic-
a sur •— songes na- times récemment sacrifiées, enduites de
turels viennent des émotions de la journée et cer-
du tempérament. Les personnes d'un tempé- taines drogues dont les prêtres
seuls connais-
sanguin festins, les danses, saient, la vertu ; on ne tardait pas à s'endormir
rament songent les
les divertissements, les plaisirs, les jardins et profondément. :
c'était alors qu'on avait d'ad-
les fleurs. Les tempéraments bilieux songent mirables visions, et que les temps à
venir
les disputes, les querelles les combats, les découvraient tous leurs secrets. » — Ilippo-
incendies, les couleurs jaunes, ,
Les mé- crate dit que, pour se soustraire à la malignité
elc.
lancoliques songent l'obscurité les ténèbres, des songes, quand on voit, en rêvant,
pâlir
, les étoiles, on doit courir en rond; quand on
la fumée, les promenades nocturnes, les spec-
tres et les choses tristes. Les tempéraments voit pâlir la lune, on doit courir en long;
doit courir
piluiteux ou flegmatiques songent la mer, les quand on voil pâlir le soleil, on
rivières, les bains, les navigations, les nau- tant en long qu'en rond.... — On rêve feu el
flammes quand on a une bile jaune; on rêve
frages, les fardeaux pesants, etc. Les tempé-
fumée el ténèbres quand on a une bile noire;
raments mêlés, comme les sanguins-mélan-
coliques, les sanguins-flegmatiques, les bi- on rêve eau et humidité., quand onGallien. a des
lieux-mélancoliques, etc., ont, des songes qui glaires et des pituites , à ce que
dit
tiennent des deux tempéraments; — ainsi le —
Songer à la mort, annonce mariage, selon
Artémidore songer des fleurs prospérité;
dit Peurer. — Les anciens attachaient beau- ;
,
d'importance rêves l'antre de songer des trésors, peines et soucis ; songer
coup aux ; el qu'on devient aveugle, d'enfants.... Ces
Trophonins était célèbre pour celte sorte de perte
divination. Pausanias lions a laissé, d'après secrets peuvent donner une
idée de VOnéiro-
critique d'Artémidoro, ou explication des
sa propre expérience, la description des cé- rêves. Songer des bonbons et des crèmes,
rémonies qui s'y observaient. •— « Le cher- •—
cheur passait d'abord plusieurs jours dans le dit un autre savant, annonce des
chagrins ct
temple de la bonne fortune. Là il faisait ses' des amertumes; songer des
' pleurs, annonce
de la joie; songer des laitues, annonce une
expiations observant d'aller deux fois par maladie la
, ; songer or et richesses , annonce
1 Crano'.ogie du docteur GalK
misère.... 11 y a eu des hommes assez super-
SON
slilieux pour faire, leur testament, parce qu'ils
-
/|/i9 SON
i nmscretions et nanits. —Hannetons, impor-
avaient vu un médecin en songe ; ils croyaient l unilés. Homme vêtu de blanc, bonheur; vêtu
(pie c'était un présage de mort. — Explica- ( le noir, malheur; homme assassiné, sûreté.
//on de quelques-uns des principaux songes, —
Insensé. Si quelqu'un songe qu'il est de-
suivant les livres connus. —Aigle. Si on voit 'enu insensé, il recevra des bienfaits de son
en songe,
voler un aigle, bon présage; signe i iriiice. — Jeu. Gain au jeu perte d'amis. —
,
de mort, s'il tombe sur la tête du songeur. Lait. Boire du lait, amitié. Lapins blancs
.[m. Si on voit courir un âne, présage de : succès;
lapins noirs, revers; manger du la—,
malheur ; si on le voit en repos, caquets et îin, bonne santé; tuer un lapin, tromperie et
méchancetés; si on l'entend braire, inquié- perte. Lard. Manger du lard, victoire. Li-
tudes et fatigues. Arc-en-ciel. Vu du côté de maçon, charges honorables. Linge blanc,
l'orient, signe de bonheur pour les pauvres ; mariage ; linge sale, mort. Lune. Voir la lune,
du côlé de l'occident, le présage est pour les relard dans les affaires ; la lune pâle, peines ;
riches. Argent trouvé, chagrin el perles; ar- la lune obscure, tourments. — Manger à terre,
iienl perdu, bonnes affaires. — Bain dans emportements. Médecine. Prendre médecine,
l'eau claire, bonne santé; bain dans l'eau misère ; donner médecine à quelqu'un, profit.
trouble, mort de parents et d'amis. Belette Si Meurtre. Voir un meurtre sûreté. Miroir,
,
on voit une belette en songe, signe qu'on aura trahison. Moustaches. Songer qu'on a de
ou qu'on a une méchante femme. JSoire de grandes moustaches, augmentation de ri-
l'eau fraîche, grandes richesses; boire de chesses. — Navels, vaines espérances. Nuées,
l'eau chaude, maladie ; boire de l'eau trouble, discorde. — OEufs blancs, bonheur ; oeufs
chagrins. Bois. Être peint sur bois dénote cassés, malheur. Oies. Qui voit des oies en
longue vie. Boudin. Faire du boudin, présage songe, peut s'attendre à être honoré des prin-
de peines; manger du boudin, visite inat- ces. Ossements, traverses el peines inévitables.
tendue. Brigands. On est sûr de perdre quel- — Palmier, palmes, succèsethoniieurs. Paon.
ques parents ou une partie de sa fortune, si L'homme qui voit un paon aura de beaux en-
on songe qu'on est. attaqué par des brigands. fanls. Perroquet, indiscrétion, secret révélé.

Cervelas. Manger, des cervelas, bonne — Quenouille, pauvreté. — liais, ennemis ca-
santé. Champignons, signe d'une vie longue. chés. Bases, bonheur et plaisirs.-—Sauterdans
Chanter. Un homme qui chante, espérance ; l'eau, persécutions. Scorpions, lézards, che-
une femme qui chante, pleurs et gémisse- nilles, scolopendres, etc., malheurs et trahi-
ments. Charbons éteints, mort; charbons al- sons. Soufflet donné , paix et union entre le
lumés, embûches; manger des charbons, mari et la femme. Soufre, présage d'empoi-
pertes et revers. Chat-huant, funérailles. Che- sonnement. — Tempête, outrage et grand pé-
veux arrachés, pertes d'omis. Corbeau qui ril. Tête blanche, joie ; tète londtie, tromperie;
vole, péril de mort. Couronne. Une couronne tête chevelue, dignités; tète coupée, infirmité;
d'or sur la tète présage des honneurs ; une tôle coiffée d'un agneau heureux présage.
,
couronne d'argent, bonne santé ;une couronne Tourterelles, accord des gens mariés ; ma-
de verdure dignités ; une couronne d'os de riage pour les célibataires, — Vendanger,
,
morts annonce la mort. Cygnes noirs, tracas santé et richesses. Violette, succès. Violon.
(le ménage.
— Dents. Chute de dents, présage Entendre jouer du violon et des autres instru-
(le mort. Dindon. Voir ou posséder des din- ments de musique, concorde el bonne intelli-
dons, folie de parents ou d'amis.
— Enterre- gence entre le mari el la femme, etc., etc.
ment. Si quelqu'un rêve qu'on l'enterre vivant, Telles sont les exiravagances que débitent les
il peut s'attendre à une longue misère aller interprèles des songes ; et l'on sait combien
;
à l'enterrement de quelqu'un heureux ma- ils trouvent de gens qui les croient! Le monde
,
riage. Etoiles. Voir des étoiles tomber du ciel, fourmille de petits esprits qui, pour avoir en-
ehutes, déplaisirs et revers. — Fantôme blanc, tendu dire que les grands hommes étaient
;
joie el honneurs ; fantôme noir, peines el cha- au-dessus de la superstition, croient se mettre
grins. Femme. Voir une femme, infirmité; une à leur niveau en refusant à l'âme son im-
femme blanche, heureux événement; une mortalité el à Dieu son pouvoir, et qui n'en
femme noire, maladie ; plusieurs femmes ,
sont pas moins les serviles esclaves des plus
,
caquet. Fèves. Manger des fèves querelles et absurdes préjugés. On voit tous les jours d'i-
,
] procès. Filets. Voir des filets, présage de pluie. gnorants esprils-forts, de petits sophistes po-
; Flambeau allumé, récompense ; flambeau pulaires, qui ne parlent que d'un ton railleur
éteint, emprisonnement. Fricassées, caquets des saintes Écritures, et qui passent les pre-
de femmes. Gibet. Songer qu'on est condamné mières heures du jour à chercher l'explication

a être pendu, heureux succès. Grenouilles, d'un songe insignifiant, comme ils passent les
29
SON — /iâ<) — SOU
moments du soir à interroger les cartes sur nienls, ou d'une anecdote du temps, ou mK,
leurs plus minces projets '. — 11 y a des son- rencontre du hasard. Mais il y a des choses
ges, au reste, qui ont beaucoup embarrassé qui sont plus inexplicables et qu'on ne po;:| -

ceux qui ne veulent, rien voir d'inexplicable. pourlanfconlesler.— « Alexander ab Alexan-


Nous ne pouvons passer sous silence le fa- dre raconte, chap. A\ du Ie 1' livre (lèses Jours
meux songe des deux Arcadiens. Il est rap- Géniaux, qu'un sien fidèle serviteur, homme
porté par Yalôre-Maxinie et par Cicéron. — sincère et vertueux, couché dans son lit, dor-
Deux Arcadiens, voyageant ensemble, arrivè- mant profondément, commença à se plaindre
rent à Mé.gare. L'un se rendit chez un ami soupirer el lamenter si fort, qu'il éveilla Ions .•
qu'il avait en cette ville; l'autre alla loger à ceux de la maison. Son maître, après l'avoir '
l'auberge. Après que le premier fut couché, éveillé, lui demanda la cause de son cri. I.c !
il vil en songe son compagnon qui le sup- serviteur répondit : « Ces plaintes que vous '
,
pliait de venir le tirer des mains de l'auber- avez entendues ne sont point vaines, car lors-
giste, par qui ses jours étaient menacés. Celle que je m'agitais ainsi, il me semblait que je '
vision l'éveille en sursaut, il s'habille à la voyais le corps mort de ma mère passer de-
hâte, sort et se dirige, vers l'auberge où élait vaut mes yeux, que l'on portail, en terre. » .
— -
son ami. —Chemin faisant, il réfléchit sur sa On fit. attention à l'heure , au jour, à la saison '•
démarche, la trouve ridicule, condamne sa où cette vision était advenue, pour savoir si \
légèreté à agir ainsi sur la foi d'un songe ; et, celle vision annoncerait quelque désastre au i
après un moment d'incertitude , il retourne garçon : el l'on fut tout étonné d'apprendre lu ;
sur ses pas et se remet au lit. Mais à peine mort de cette femme quelques jours après; i,
a-l-il de nouveau fermé l'oeil, que son ami se s'élanl informé des jour et heure, on trouva "•

présente de nouveau à son imagination non qu'elle était morte le même jour et à la même ;
,
tel qu'il l'avait vu d'abord, mais mourant, heure qu'elle s'était présentée morte à son lils.
mais souillé de sang, couvert de blessures, el — Saint Augustin livre 12, chap. 17, sur lu i -

,
lui adressant ce discours : « Ami ingrat, puis- Genèse, raconte l'histoire d'un frénétique qui
-
que lu as négligé de me secourir vivant, ne revient à
un peu ce songe. Quelques-uns étant \;
refuse pas au moins de venger ma mort,. J'ai dans la maison de ce frénétique, ils entrèrent \\
succombé sous les coups du perfide auber- en propos d'une femme qu'ils connaissaient, \i
giste ; et, pour cacher les traces de son crime, laquelle était vivante et faisait bonne chère, j-
il a enseveli mon corps, coupé en morceaux, sans aucune appréhension de mal. Le fréné- !'
dans un tombereau plein de fumier, qu'il con- tique leur dit, : « Comment parlez-vous de j;
duit à la porte de la ville. » —Celui-ci, troublé cet te femme ? Elle est morte, je l'ai vue passer t.
de, cette nouvelle vision, plus effrayante que comme on la portail en terre. » Et un ou deux
la première, épouvanté par le discours de son jours après, la prédiction fut confirmée 1. »
ami, se lève derechef, vole à la porte de la Voy. CASSIUS, lh'.MiiHA, AMII.CA», DÉCRIS, etc. \
ville, et y trouve le tombereau désigné, dans Sorciers — gens qui, avec le secours des
lequel il reconnaît les tristes restes de son puissances , infernales,
peuvent opérer des
compagnon de voyage. Il arrête aussitôt l'as- choses surnaturelles en conséquence d'un \
sassin elle livre à la justice. — Cette aven- pacte l'ait le diable. —- Ce n'étaient, en \
avec
ture étonnante peut pourtant s'expliquer. Les général que des imposteurs, des charlatans, j
deux amis étaient fort liés el naturellement des fourbes, des maniaques, des fous, (les j
inquiets l'un pour l'autre ; l'auberge pouvait hypocondres des vauriens qui, désespé-
avoir un mauvais renom : dès lors le pre- rant de ,
ou
, se donner quelque importance par
mier songe n'a rien d'extraordinaire. Le se- leur mérite, se rendaient remarquables
propre
cond en est la conséquence dans l'imagination parles terreurs qu'ils inspiraient. Chez
tous
agitée du premier des deux voyageurs. Les les peuples trouve des sorciers. On les
on
détails du tombereau sont plus forts; il peut appelle magiciens.lorsqu'ils opèrent des
pro-
se faire qu'ils soient un effet des pressenti- diges, et devins lorsqu'ils devinent les choses
1 11 y a des gens qui ne croient à rien, et qui mettent cachées. — Il y avait à Paris, du temps de
à la loterie sur la signification des songes. Mais qui peut
leur envoyer des songes, s'il n'y a pas de Dioul... Com- Charles IX, trente mille sorciers, qu'on chassa
ment songent-ils quand leur corps est assoupi, s'ils de la ville. On en comptait plus de cent mille
n'ont point d'âmel Deux saveliers s'entretenaient sous
l'empire de matières de religion. L'un prétendait qu'on en France sous le roi Henri 111. Chaque ville,
avait eu raison de rétablir le colle ; l'autre, au conlraire
,
chaque bourg, chaque village, chaque ha-
qu'on avait eu tort. ((Mais, dit le premier, je vois bien
que tu nés pas foncé dans la politù/iierie ; ce n'est pas meau avait les siens. On les poursuivit sons
pour moi qu'on a remis Dieu dans ses (onctions, ce n'est Henri IV et sous Louis XIII ; le nombre de ces
pas pour toi
non plus c'est,
; jiaur îe pcujilc.
»— Ces deux
savetiers, avec tout leur esprit, se faisaient tirer les
cartes et se racontaient leurs sonces.l 1 Hoistuan. Visions prodigieuses.
son — 451 — SOU
misérables ne commença à diminuer que sous réellement. i Lorsqu'elles se virent en prison
Louis XIV. L'Angleterren'en était pas moins elles
<
déclarèrent qu'elles étaient plus de cent,
infestée. Le roi Jacques l1'1', qui leur faisait la cinquante
< ; que lorsqu'une femme se présen-
chasse très-duremenl, écrivit, contre eux un Itait pour être reçue dans leur soeiélé, on lui

iM'os 'ivre, sans éclairer la question. Un fait faisait renier Jésus-Christ cl sa religion. Le
es! constant, c'est que presque tous les sor- jour où celle cérémonie avail lieu, on voyait
ciers étaient des bandits qui prenaient un paraître, au milieu d'un cercle, un bouc noir,
masque diabolique pour faire le mal : c'est qui en faisait plusieurs fois le tour;-à peine
que la plupart de leurs sortilèges étaient des avail-il fait, entendre sa voix rauque, que
empoisonnements, el leurs sabbats d'affreuses toutes les sorcières accouraient, else niellaient
orgies. Ces sorciers étaient encore des restes à danser; après cela, elles venaient toutes
de bandes hérétiques, conduits d'aberrations baiser le bouc au deirière, et faisaient ensuite
en aberrations à l'adoration toute crue du un repas avec du pain, du vin et du fromage.
démon. — Les sorciers sont coupables de Lorsque le festin était fini, chaque sorcière
quinze crimes dit Bodin : -1° ils renient Dieu; s'envolait dans les airs, pour se rendre aux
,
2" ils le blasphèment ; 3° ils adorent le dia- lieux où elle voulait faire du mal. D'après leur
ble; 4° ils lui vouent leurs enfants; 5° ils les propre confession , elles avaient empoisonné
lui sacrifient souvent avant qu'ils soient, bap- trois ou quatre personnes, pour obéir aux
tisés 1; G" ils les consacrent, à Satan dès le ordres de Satan, qui les introduisait dans les
venlro de leur mère; 7" ils lui promettent maisons en. leur ouvrant les-portes el les fe-
d'attirer tous ceux qu'ils pourront à son ser- nèires, qu'il avail soin de refermer quand le
vice; 8" ils jurent par le nom du diable, et. maléfice avail eu son effet,. Toutes les nuits
s'en l'ont honneur; 9° ils ne respectent plus qui précédaient les grandes fêtes de l'année,
aucune loi et commettent des incestes: '10° elles avaient des assemblées générales, où
ils tuent les personnes, les l'ont bouillir et les elles faisaient des abominations el des impié-
.mangent; <1<l° ils se nourrissent de chair hu- tés. Lorsqu'elles assistaient à la messe, elles
maine et même de pendus ; <12° ils font mou- voyaient l'hostie noire ; mais, si elles avaient
rir les gens par le poison et. les sortilèges; déjà formé le propos de renoncer à leurs pra-
'13° ils l'ont crever le bétail; M" ils l'ont périr tiques diaboliques, elles la voyaient blanche.
les fruits el causent la stérilité; -lu" ils se — Sandoval ajoute que le commissaire, vou-
,
font en tout les esclaves du diable. —Sando- lant s'assurer de la vérité des faits par sa
val dans son Histoire de Charles-Quint, ra- propre expérience, fit prendre une vieille sor-
conte que deux jeunes filles, l'une de onze ans, cière et lui promit sa grâce, à condition
,
et l'autre do neuf, s'accusèrent elles-mêmes, qu'elle ferait, devant lui toutes ses opérations
comme sorcières, devant les membres du do sorcellerie. La vieille, ayant accepté la
conseil royal de Navarre : elles avouèrent proposition,demanda la boite d'onguent qu'on
qu'elles s'étaient fait recevoir dans la secte avail trouvée sur elle, el monta dans une tour,
des sorciers, et s'engagèrent à découvrir avec le commissaire et un grand nombre de
toutes les femmes qui en étaient si on con- personnes. Elle se plaça devant une fenêtre
senlail à leur faire grâce. Les juges l'ayant el se frotta d'onguent la paume de la main
promis, ces deux enfants déclarèrent qu'en gauche, le poignet, le noeud du coude, le des-
voyant l'oeil gauche d'une personne elles pour- sous du bras, l'aine et le cùlé gauche; ensuite
raient dire si elle était sorcière ou non, elles elle cria d'une voix forte : Es-tu là? Tous
indiquèrent l'endroit où l'on devait trouver les spectateurs entendirent dans les airs une
un grand nombre de ces femmes, el où elles voix qui répondit: Oui, me voici. La sorcière
tenaient, leurs assemblées. Le conseil chargea se mil alors à descendre le long de la tour,
un commissaire de se transporter sur les lieux la. tète en bas, se servant de ses pieds et de
; avec ces deux enfants escortés de cinquante ses mains à la manière- des lézards. Arrivée
cavaliers. En. arrivant, dans chaque bourg ou au milieu de la hauteur, elle prit son vol dans
village, il devait enfermer les deux jeunes les airs devant les assistants, qui ne cessè-
tilles dans deux, maisons séparées., et faire rent de la voir que lorsqu'elle eut dépassé
conduire devant elles les femmes suspectes - l'horizon. Dans l'élonnemeni où ce prodige
de magie, afin d'éprouver le moyen qu'elles avait plongé tout le monde, le commissaire fit
^ avaient indiqué. 11 résulta do l'expérience que publier qu'il donnerait une somme d'argent
celles de ces femmes qui avaient été signalées considérable à quiconque lui ramènerait la
par les deux filles comme sorcières l'étaient sorcière. On la lui présenta au bout de deux
jours qu'elle fut arrêtée par des bergers. Le
5 Spranger condamna à mort sorcière qui avait
une commissaire lui demanda pourquoi elle nîa—
tint mourir quarante e.t un petits enfants.
29.
SOR -652
652 — SOI!
vail pas volé assez loin pour échappe à ceuxc plice du feu ; on doit étrangler les sorciers
qui la cherchaient. A quoi elle répondit que3 les brûler après; les ioups-garous doivent êir,< 0|
'
son maître n'avait voulu la transporter qu'à lai brûlés vifs. —On condamne justement sur des f
dislance de trois lieues, et qu'il l'avait laisséeB conjectures et présomptions; mais alors on
ne '
dans le champ où les bergers l'avaient ren- brûle pas, on pond. — Le juge doit assister l
contrée. — Le juge ordinaire ayant prononcéé aux exécutions, suivi de son greffier, pour !
sur l'affaire des cent cinquante sorcières, nili recueillir les dépositions — Ce chef-d'oeu- [
l'onguent ni le diable ne purent leur donnerr vre do jurisprudence et d'humanité, ouvrage !
des ailes pour éviter le châtiment de deux-x d'un avocat, reçut dans le temps les suffrages !
cents coups de fouet, et de plusieurs annéess des barreaux, lîoguel le dédia à Daniel lloma- |
de prison qu'on leur fit subir. — Boqtiel, quiîi nez, avocat à Salins. — Notre siècle- n'est'pas \

avait tant de zèle pour l'extinction de la sor- encore exempt de sorciers. 11 y en a dans tous !

cellerie, a mis à la fin de son Discours des•s les villages. On en trouve à Paris même, où
sorciers une instruction pour un juge en fait il le magicien Moreau faisait merveilles il y a
de sorcellerie. Celle pièce curieuse, publiée enn vingt ans. Mais souvent, on a pris pour sorciers
1601, est divisée en quatre-vingt-onze arti- :- des gens qui ne l'étaient pas. — Mademoi-
cles. On la connaît plus généralement sous le ic selle Lorimier, à qui les arts doivent quel-
titre de Code des sorciers ; en voici le précis : ques tableaux remarquables se trouvant à
,
— Le juge du ressort instruit l'affaire et la Saint-I'lour en '1811 avec une autre dame
juge, sans suivre, en cas pareil, les formes 3S artiste, prenait, de la plaine, le plan de la
ordinaires. La présomption de sorcellerie suf- f- ville, située sur un rocher. Elle dessinait et
fit pour faire arrêter le suspect; l'interroga- i- faisait, des gestes d'aplomb avec son crayon,
toire doit suivre l'arrestation, parce que le Les paysans, qui voient encore partout la sor-
diable assiste les sorciers en prison. Le juge TC
cellerie, jetèrent des pierres aux deux dames,
doit faire attention à la contenance de l'ac- 3- lesarrèlèrcnlel les conduisirent chez le maire,
cusé, voir s'il ne jette point de larmes, s'il .'il les prenant pour des sorcières. Vers 1778, les
regarde à terre, s'il barbolle à part, s'il blas-.s- Auvergnats prirent pour des sorciers lesin-
phème; tout cela est indice. Souvent la honte le génieurs qui levaient le plan de la province,
empêche le sorcier d'avouer; c'est pourquoi ioi et les accablèrent de pierres. — Le tribunal
il est bon que le juge soit seul, et que le gref-;.f- correctionnel de Marseille eut à prononcer, en
fier soit caché pour écrire les réponses. — Si '1S20, sur une cause de sorcellerie. Une dé-
le sorcier a devant lui un compagnon du sab- fi- moiselle, abandonnéepar un homme qui devait
bat il se trouble. On doit le raser afin de l'épouser, recourut, à un docteur qui passait
,
mettre à découvert le sort de tacilurnilé. — Il pour sorcier, lui demandant s'il aurait un se-
faut le visiter avec un chirurgien, pour cher- •r- cret pour ramener un infidèle el nuire à une
cher les marques. — Si l'accusé n'avoue pas, is, rivale. Le nécromancien commença par se-
il faut le mettre dans une dure prison, el avoiroir faire donner de l'argent, puis une poule noire,
gens affidés qui tirent de lui la vérité. — Il puis un coeur de boeuf, puis des cious.Tl fallait
y a des juges qui veulent qu'on promette le que la poule, le coeur et les clous fussent va-
pardon, et qui ne laissent pas de passer à lés; pour l'argent il pouvait être légitimement
l'exécution; mais celle coutume me paraît •aît acquis, le sorcier se chargeait du reste. Mais
barbare. —Le juge doit éviter la torture, elle >lle il arriva que, n'ayant pu rendre à la plai-
ne fait rien sur le sorcier; néanmoins il est gnanle le coeur de son amant, celle-ci voulut
permis d'en user. —Si l'accusé se trouve saisi lisi au moins que, son argent lui fût restitué; de
or- là le, procès, dont le dénoùnient a été ce qu'il
de graisses, si le bruit public l'accuse de sor-
cellerie, ce sont de grandes présomptions qu'ilu'il devait être : le sorcier a été condamné à l'a-
est sorcier. Les indices légers sont les varia-ia- mende et à deux mois de prison comme escroc.
re, — Voici encore ce qu'on écrivait de Valognes
tions dans les réponses, les yeux fixés en terre,
le regard effaré. Les indices graves sont la en 4 841. On jugera des sorciers passés par
naissance: comme si, par exemple, le pré- ,
ré- les sorciers présents, sous le rapport del'in-
venu est enfanlde sorcier, s'il est marqué, s'il térêt qu'ils sont dignes d'inspirer ; — « Notre
blasphème. — Le fils est admis à déposer con- on- tribunal correctionnel vient d'avoir à juger des
tre son père. Les témoins reprochables doivent ent sorciers de Brix. Les prévenus, au nombre de
être entendus comme les autres. On doit aussi jssi sept, se trouvent rangés dans l'ordre suivant :
entendre les enfants. Les variations dans les Anne-Marie, femme do Leblond, dit le Mar-
réponses du témoin ne peuvent faire présumer ner quis, âgée de soixante-quinze ans ( figure
en faveur de l'innocence du prévenu, si tout oui d'Alropos ou d'une sorcière de Macbeth ); Lu-
l'accuse d'être sorcier. — La peine est le sup-mp- blond, son mari, âgé de soixante-onze ans
suit — noc1 — SOR
Charles Lemomiier, maçon, âgé de vingt-six ont tout vendu ; leurs bardes, parce qu'elles
dus; Drouet, maçon, âgé de quarante-quatre étaient ensorcelées comme leur personne, ils
nns; Thérèse Leblond, dite la Marquise, âgée les ont données; ils ont arraché jusqu'à leur
de quarante-huitans ( teint fiévreux ou animé plant de pommiers pour en faire un peu d'ar-
par la colère ) ; Jeanne Leblond, sa soeur, gent el rassasier l'hydre
insatiable qui les dé-
également surnommée la Marquise, âgée de vorait; 2,000 fi\, tel est peut-être le chiffre
trente-quatre ans, femme de Lemonnier; et des sommes que l'accusation reproche aux
Lemonnier, mari do la précédente, équarris- prévenus d'avoir escroquées à ces pauvres
setir, âgé de trente-trois ans, né à Amf'reville, gens. — Cependant ceux-ci avouent à peine
tous demeurant à Brix. — Divers délits d'es- 250 fr. qu'ils auraient pu remettre pour prix
croquerie à l'aide de manoeuvres frauduleuses de médicaments qui les ont, disent-ils, radi-
leur sont, imputés; les témoins, dont bon nom- calement guéris. Ils ne confessent aucuns dé-
lire figurent parmi les dupes qu'ils ont faites, tails, n'accusent personne. Ils rendent grâce
comparaissent successivement et reçoivent une au contraire du bien qu'on leur a fait. Les
ovation particulière à chaque aveu de leur malheureux tremblent encore en présence de
crédulité.—Les époux llalley, dit Morbois, ceux qu'ils ont appelés auprès d'eux, et dont
cl leur frère et beau-frère Jacques i.cgouche, le regard semble toujours les fasciner ! — Un
des Moiticrs-en-Bauptois, se croyaient ensor- nommé Henri Lejuez, derToUemahville-tlague
celés, et même encore ils ne savent trop au- (arrondissement de Cherbourg), vient ensuite
jourd'hui s'ils ne l'ont pas été. Or il n'était raconter avec la même bonne foi et le même
bruit à dix lieues à la ronde que des Marquis air do simplicité les tours subtils de magie
de lîrix. On alla donc les supplier d'user de dont il a été victime. Chevaux et porcs, chez
leur pouvoir en faveur de braves gens dont la lui tout mourait : ce n'était point naturel ; mais
maison, remplie de myriades de sorciers, n'é- aux grands maux les grands remèdes. Il so
tait plus habitable. Le vieux Marquis se met mit donc en recherche de les trouver, « Un
aussitôt en roule avec sa fille Thérèse, et com- jour, dil-il, que j'étais à l'assembléede Vaste-
mande des tisanes. Mais il en faut bientôt de ville, je trouvai un homme qui me dit que je
plus actives, et la société, composée de ses ferais bien d'aller à Brix . chez un nommé le
deux lilles et des frères Lemonnier, qui se sont Marquis. J'y allai; or, quand je lui eus dit
entremis dans Ui guérison, apportent des bou- mon affaire et qu'il eut lu deux pages dans
teilles tellement puissantes que toute la famille un livre que sa femme alla lui chercher dans
les a vues danser dans le panier qui les con- l'armoire, il me répondit : « Ce sont des ja-
tenait. — Il faut en effet de bien grands re- loux; mais je vais vous butter ça; baillez-moi
mèdes pour lever le sort que le curé, le vicaire o fr. bO c. pour deux bouteilles de drogues, et
et le bedeau de la paroisse ont jeté sur eux, je ferai mourir le malfaiteur. — Nenni, que
au dire des Marquises. 11 faut en oulre du je lui dis, je n'en demande pas tant; domptez-
temps cl de l'argent. Deux ans se passent en le seulement de façon qu'il ne me fasse plus
opérations, et avec le temps s'écoule l'argent. de mal, c'en est assez. » Quinze jours après,
Mais enfin une si longue attente, do si nom- j'y retournai, et j'apportai vingt-cinq kilo-
breux sacrifices auront un terme, et ce terme, grammes de farine, deux pièces de '6 francs,
c'est la nuit de Pâques fleuries, dans laquelle et environ deux kilogrammes de filasse que sa
le grand-maître sorcier viendra débarrasser bonne femme m'avait demandés. Il n'y avait
les époux llalley des maléfices qu'ils endurent. point d'amendement chez mes avers, et je le
Ce qui avait été promis a lieu ; non pas pré- lui dis en le priant de travailler comme il faut
cisément la guérison, mais l'arrivée de plu- l'homme qui m'en voulait. Enfin , après un
sieurs membres de la compagnie de lîrix. Que autre voyage que je fis encore, il fut convenu
s'est-il passé dans la maison? c'est ce que des que sa fille Thérèse viendrait à la maison. Ello
voisins assignés ne peuvent, nous dire, parce y vint donc et fit sa magie avec une.poule
qu'ils n'ont osé ni regarder ni entendre. Ua qu'on happa sans lui ôter une plume du corps.
seul rapporte, lorsque les sorcierssont repartis, Sur le coup elle la saignit, et quand elle eut
avoir ouï une voix s'écrier ; « Il faut qu'ils ramassé son sang dans un petit pot avec le
soient plus bêles que le chevalqui nous traîne ! » coeur, elle le fit porter à la porte de l'homme
— D'autres racontent la ruine de celte maison que nous
soupçonnions. Pendant que le sang
qui date des fréquents voyages de la compa- s'égoutlerait notre homme devait dessécher ,
gnie. Les llalley et les Legoucho étaient dans à ce qu'elle disait. Après cela elle nous de-
mie parfaite aisance avant qu'il fût question manda vingt-cinq aiguilles neuves qu'elle mit
do les désensorceler. Leurs meubles, leurs dans une assiette et sur laquelle elle versa de
bestiaux, leur jardin, leur peu de terre, ils l'eau. Autant il y en aurait qui s'affoufehe-'
son — /iâ/i SOU |
raieni les unes sur les autres, autant il y aurait jvoir renvoyé de l'action la vieille femme Le- î
;
d'ennemis qui nous en voudraient. 11 s'en (cou- blond prononce son jugement, qui condamne i
,
va trois. — Tout cela fait, elle emporta la aux peines qui suivent les co-prévenus :
poule el revint quelques jours après avec Thérèse Leblond, dix années d'emprisonne- —.
Jeanne, sa soeur. Mais il se trouva qu'il leur ment; Jeanne Leblond, femme'Lemonnier, six
manqua quelque chose pour arriver à leur ans; Jacques Leblond, dit le Marquis, cinq
>

définition : c'était des drogues qu'avec 23 fr. ans; Charles Lemonnier, un an et un jour-
que je leur donnai et que j'empruntai en par- Pierre-Amable Drouet, six mois; Pierre Le- !
i^

tie, elles allèrent quérir à Cherbourg, elqu'elles monnier, un mois ; les condamne chacun
devaient rapporter le soir, avec deux mou- outre, en 50 fr. d'amende, et solidairement , en

choirs que ma femme leur prêta; mais elles aux dépens, et dit qu'à l'expiration dp leur
ne revinrent plus. Pour lors j'eus l'idée qu'elles peine ils resteront pendant dix ans sous la
n'étaient pas aussi savantes qu'on le disait. surveillance de la haute police. » Voy. Siciw- f
Pour m'en assurer, j'allai consulter une bat- TIÏS, AGIUI'PA, FAUST, el une foule do petits
teuse-de cartes du Limousin, et je l'amenai articles sur divers sorciers. ',
chez Thérèse. Là-dessus les deux femelles se On appelle, sort ou sortilège certai-
prirent de langue : la Limousine traita la Mar- Sort. —
paroles, caractères, drogues, etc., pur
quise &' agrippeu.se el le Marquis à'agrippeur. nes lesquels les esprits crédules s'imaginent qu'on ;
Ça fit une brouille et les affaires en restèrent
peut produire des effets extraordinaires, en !;
là. A quelque temps do là cependant, ma fem-
vertu d'un pacte supposé fait avec le diable;
me revit dans une boutique à la Pierre-Bu- ce qu'ils appellent jeter un sort. La supersti-
la
tée avec Charles Lemonnier, qu'elle appelait tion populaire attribuait
,
homme. surtout celte faculté
son Elle lui paria de ce qu'elle lui nuisible bergers; et celle opinion était,
avail. donné, de trois chemises que j'oubliais, sinon fondée, aux
au moins excusée par la soli- j
de. deux draps de lits, d'un canard el d'une
tude et l'inaction où vivent, sortes de gens.
poule que je lui avais portés moi-même; elle Voy. MALÉFICES, CHAUMES,ces SCOPÉMSME etc.
lui demanda aussi ce qu'était devenue la ,
Les hommes ont, de tout temps consulté le
poule qu'elle avail saignée pour sa magie. —
Sur-le-champ Thérèse répondit qu'après l'a- n'a rien
sort, ou, si l'on veuf, le hasard. Cet usage
de ridicule lorsqu'il s'agit de déter-
voir fait rôtir elle s'était dressée sur table el miner
avait chanté trois fois comme un coq. « C'est un partage, do fixer un choix dou-
teux, etc. Mais les anciens consultaient le
vrai , reprit Charles Lemonnier, car quand je sort comme un oracle; et quelques moder-
l'ai vue, ça m'a fait un effet que je n'ai pas
osé en manger. » •— Les Marquis el compa- divinationsnes se sont montrés aussi insensés. Toutes les
donnent les prétendus moyens de
gnie n'appliquaient pas seulement leurs la- consulter le
lents à la guérison des sorts, mais encore, à sort.
la découverte des trésors. —Tels sont les prin- Sortilèges, — VOy. SORT.
cipaux faits qui amènent les différents préve- Sotray, — nom que les Solognols et les
nus devant le tribunal , et auxquels on pour- Poitevins donnent à un lutin qui tresse les
rait ajouter celui relatif au vol de deux pièces crinières des chevaux.
de fil el de deux livres de piété, imputé à la Souad , —goutte noire, germe de péché,
même Thérèse, lors do sa visite, au préju- inhérente au coeur de l'homme, selon les
dice de la femme Helland et celui d'escro- musulmans, etdoiit, Mahomet se vantait d'avoir
,
querie reproché au vieux sorcier le Marquis, été délivré par l'ange Gabriel.
à raison de ses sortilèges sur la fille d'un Sougai Toyon, •— dieu du tonnerre chez
nommé Yves Adam, do Brix. •—M. le substi- les Yakonts; il est mis
par eux au rang des
tut Desmortiers rappelle les fâcheux antécé- esprits malfaisants. C'est le ministre des ven-
dents, d'abord de Thérèse, condamnée par geances d'Oulon-Toyon chef des esprits.
un premier jugement, pour vol, à un an et un Soulié ( FRÉDÉRIC).
,
Dans les Mémoires
*
jour d'emprisonnement, par un second juge- du diable, l'auteur employé —
a un très-beau
ment de la cour d'assises de la Manche, en talent à faire malheureusement mauvais
sept années de travaux forcés-, de sa soeur, un
ensuite condamnée pareillement en six années livre en morale.
de la même peine; de Leblond père, dit le Souris. — Le cri d'une souris était, chez les
Marquis, qui a subi deux condamnations cor- anciens, de si mauvais augure, qu'il rompait
rectionnelles dont la durée de l'une a été de les auspices. Foy. BATS.
neuf ans; de.Drouet enfin, condamné à un Souterrains (DÉMONS}, — démonsdont parle
an et un jour de prison. Le tribunal, après Psellus, qui, duveiit.de leurjlialeinc, -rendent:
SPE 455 —
— /i5ii SPO
le visage bouffi , de manière,i était, suivi en tous lieux par le spectre de sa
nlix hommes
qu'ils sont méconnaissables. Foy. MINEIÎIIS, victime!... Suétone dit que le spectre dô
,
'j'KimiïS'rniîS, etc. Galba poursuivait sans relâche Olhon, son
meurtrier, lu tiraillait hors du lit,, l'épouvan-
Southoote (JEANNE), visionnaire anglaisee lait el lui causait mille tourments. Foy. APPA-
de ces derniers temps. Elle avait annoncé^
FANTÔMES, FLAXHINDEII PIIILINNION,
qu'elle accoucherait d'un nouveau messie 1; RITIONS, ,
mais elle est morte sans avoir rempli sa pro-
POM'CRITE, REVENANTS, YAMPIIOES, etc.
messe; ce qui n'empêche pas ses crédules s Speotriana,—recueil mal fait d'histoires et
disciples d'attendre sa résurrection, qui seraa d'aventures surprenantes , merveilleuses et
suivie de l'accouchementtant, désiré. Les sec- ;- remarquables de spectres, revenants, esprits,
tateurs de celle prétendue prophélesse portent, l, fantômes, diables el démons ; manuscrit trouvé
dans leurs processions, des cocardes blanches, ;, danslescatacombes.Paris, 4817; 4 vol. in-48.
et. des éloles en ruban jaune sur la poitrine.
Le ruban jaune est, selon eux, la couleur de
' Spéculaires, — nom que l'anliquilé don-
nait aux magiciens ou devins qui faisaient voir
Dieu ; leur messie se nommera le Shelo. dans un miroir les personnes ou les choses
Souvigny. — Une tradition populaire at- L- qu'on désirait connaître.
tribue aux fées la construction de l'église de }e Spée. •— Leibnitz remarque que le P.
Souvigny. Au milieu de la délicieuse vallée 3e Spée, jésuite allemand, auteur du livre in-
qu'arrose la petite rivière appelée la Queune- ', I iltilô : Caulio criminalis circa processus contra
une laitière vit surgir cette église d'un brouil- '~ sagas, déclarait qu'il avait accompagné au
lard du matin avec ses aigu Iles dentelées, 5> supplice, beaucoup de criminels condamnés
,
ses galeries festonnées , el son portail à jour, '"' comme sorciers; mais qu'il n'en avait pas
à une place où , la veille encore, s'élevaient nt trouvé un seul duquel il pût croire qu'il fût
de beaux arbres el coulait une fontaine. °- véritablement sorcier, ni qui fût allé vérita-
Frappée de stupeur, la pauvre femme devint "t- blcmenl au sabbat. 11 ne faut pas croire pour
pierre ; on montreencoresa tôle placée à l'angle ï'e cela que les gens fussent injustement punis,
d'une des tours. Il y a bien , en effet, quelque uc car ils avaient fait du mal. Seulement, on
chose de féerique dans l'église de Souvigny. Y- leur appliquait sans doute des peines trop
Un jour qu'il allait s'y livrer à ses éludes, 15 sévères.
)
IL Achille Allier y découvrit, un curieux sup- '
ogivique: c'était femme Sphinx, — monstre fabuleux, auquel les
port de nervure une anciens donnaient ordinairement un visage
d'une délicatesse do formes presque grecque'.'., de femme avec un corps de lion couché. Il
qui se tordait et jouait avec une chimère; il
devinait les énigmes.
lui sembla voir l'intelligence de l'artiste créa-
teur de ce temple fantastique aux prises avec <er Spinello, —peintre né à Arezzo, dans la
son caprice '.
Toscane, au quatorzième siècle. A -l'âge de
soixanlc-dix-sepl il s'avisa de peindre la
Sovas-MCumisin — ( empoisonneurs el, su- chute des mauvais ans, 11 représenta Lucifer
anges.
ceurs de sang), espèces de vampires, chez' sous la forme d'un monstre tellement hideux
lesQuojas; esprits ou revenants qui se plaisent ' qu'il en fut lui-même frappé. Une nuit, dans
,
à sucer le sang des hommes ou des animaux.
Ce sont les broucolaques de l'Afrique. un songe , il crut apercevoir le diable tel qu'il
était dans son tableau, qui lui demanda,
Spectres, — sorlo de substance sans corps, Ps> d'une voix menaçante où il l'avait vu pour
, ,
qui se présente sensiblement aux hommes, îs, e peindre si effroyable? Spinello, interdit et
contre l'ordre de la nature , et leur cause des les tremblant, pensa mourir de frayeur, et eut
frayeurs. La croyance aux spectres et aux )ux toujours, depuis ce rêve, l'esprit troublé et la
revenants, aussi ancienne que les sociétés 'tés vue égarée.
d'hommes estime preuve de l'immortalité de Spirinx (JEAN), astrologue belge du
même temps un monument de; jla quinzième siècle qui—
, '
l'àme, el en prédit à Charlcs-le-Té-
faiblesse de l'esprit humain, abandonné' àa méraire ,
hii-mèine Olaiis-Magnus
que, s'il marchait contre les Suisses,
— assure que, sur il lui en arriverait mal ; à quoi le duc répondit
les confins de la mer Glaciale, il y a des peu- ell~ que la force de son épée vaincrait les influences
ples, appelés Pylapiens, qui boivent, man- a"~ des astres : ce que lui, son épée et toute sa
RCnl et conversent familièrement avec les puissance ne purent pas faire, puisqu'il s'en-
spectres. JElien raconte qu'un vigneron ayant allt suivit sa défaite el sa mort,
h'é, d'un coup de bêche, un aspic fort long, ng, Spodomantie OU Spodanomancie, . r-
-— divi-
1 -Iules Duvernay, Incursion d'artiste 1S41. nation par les cendres des sacrifices, chez les
en
STA 456 STJ5
anciens. 11 en reste quelques vestiges en Aile- occupait c son corps apparaissait, sous la forum
magne. On écrit du bout du doigt, sur la d'un ( pourceau couvert d'ordureetforlpuanti,
cendre exposée à l'air, ce que l'on veutsavoir; stanoska , — jeune fille de Hongrie, dont
on laisse la cendre ainsi chargée, de. lettres à ,on raconte ainsi l'histoire. Un défunt nommé
l'air de la nuit, et le lendemain matin, on jMillo élail devenu vampire; il reparaissait les
examine les caractères qui sont restés lisibles, nuits, el suçait les
, gens. La pauvre Slanoska
et on en lire des oracles. Quelquefois le diable qui ,
s'était couchée en bonne santé se réveilla
vient écrire la réponse. Foy. CENDRES. ,
au milieu de la nuit en s'écrianl que Mille
I

Spurina.-—Suétone assureque l'astrologue mort depuis neuf semaines, était venu pour
Spurina prédit à César que les ides de mars l'étrangler. De ce moment elle languit, et
lui seraient funestes. César se moqua de lui, mourut au bout de trois jours. Ce vampirisme
et fut assassiné dans la journée. pouvait bien n'être que l'effet d'une imagina-
Squelette. — Un chirurgien , qui était au tion effrayée ? Foy. YAMPIIUÏS.
service du czar Pierre-lc-Grand, avait un Stauffenberger. — famille allemande qui
squelette qu'il pendait dans sa chambre auprès compte parmi ses grand'môres une ondine
ou
de sa fenêtre. Ce squelette se remuait tontes esprit des eaux, laquelle s'allia au treizième
les fois qu'il faisait du vent. Un soir que le siècle à
un Stauffenberger. t
chirurgien jouait du luth à sa fenêtre, le
charme de celle mélodie attira quelques stre- Stéganographié OU Sténographie , -— art [
litz ou gardes du czar qui passaient parla. d'écrire en chiffres, ou abréviations, d'une
,
Ils s'approchèrent ,
entendre manière qui no puisse être devinée que par [
pour mieux ; el, qui en ont la clef. Trithème a fait un f
comme ils regardaient attentivement ils ceux
virent que le squelette s'agitait. Cela les épou- , traité de stéganographié, que Charles de
,
vanta si fort, que les uns prirent la fuite hors Bouelles prit pour un livre de magie, et l'au-
d'eux-mêmes, tandis que d'autres coururent teur pour un nécromancien. On attribuait au-
à la cour, et rapportèrent à quelques favoris trefois à la magie tous les caractères qu'on ne
du czar qu'ils avaient vu les os d'un mort pouvait comprendre; el. beaucoup de gens, à
danser à la musique du chirurgien... La chose cause de son livre, ont mis le bon abbé Tri-
fut vérifiée par des gens que l'on envoya thème au nombre des sorciers.
exprès pour examiner le fait, sur quoi le chi- Steinlin (JEAN).— Le 9 septembre.46*25,
rurgien fut condamné à mort comme sorcier. Jean Sfeinlin mourut à Altheim , dans le, dio-
Il allait être exécuté, si un boyard qui le pro- cèse de Constance. C'était un conseiller de la
tégeait, el qui était en faveur auprès du czar, ville. Quelques jours après sa mort, il se lit
n'eût intercédé pour lui, et représenté que ce voir pendant la nuit à un tailleur nommé
chirurgien ne se servait de ce squelette, et ne Simon Bauh , sous la forme d'un homme en-
le conservait dans sa maison que pour s'in- vironné de flammes de soufre, allant el venant
struire dans son art par l'élude des différente dans la maison, mais sans parler. Bauh, que
parties qui composent le corps humain. Ce- ce spectacle inquiétait, lui demanda ce qu'on
pendant, quoi que ce seigneur put dire, le pouvait faire pour son service; el le 4 7 no-
chirurgien fui obligé d'abandonner le pays, vembre suivant, comme il se reposait la nuit,
et le squelette fut traîné par les rues et brûlé dans son poêle, un peu après onze heures du
publiquement '. ,
soir, il vit entrer le spectre par la fenêtre,
Stadius, — chiromancien qui, du temps de lequel dit d'une voix rauque : « Ne me pro-
Henri 111, exerçait son art en publie. Ayant mettez rien , si vous n'êtes pas résolu d'exé-
jour été conduit devant le roi, il dit cuter vos promesses. — Je les exécuterai si
un au elles
prince que tous les pendus avaient une raie ne passent pas mon pouvoir, répondit le
l'esprit,
au pouce comme la marque d'une bague. Le tailleur. — Je souhaite donc, reprit
[

roi voulut s'en assurer, et ordonna qu'on' que vous fassiez dire une messe à la chapelle
visitât la main d'un malheureux qui allait être de la Vierge de ltotembourg ; je l'ai vouée
exéculé; n'ayant trouvé aucune marque, le[ pendant ma vie, et ne l'ai pas fait acquitter;
sorcier fui regardé comme un imposteur et1 de plus, vous ferez dire doux messes à Mlheini,
logé en prison -. l'une des défunts, et l'autre de la Sainte-
Yierge et comme je n'ai pas toujours exac-
Stagirus, — moine hérétique, qui était tement ; payé domestiques, je souhaite
souvent possédé. On rapporte que le diable qui1 qu'on distribue mes
aux pauvres un quarteron do
1 Doemoîiiana, 193, après Perry.
blé. — Le tailleur promit de satisfaire à tout,
p.
7- DeUuicie, Tableau '-Icrinconstanccdcstlémons,etc.,
]jv, 111, p. 187, 1 Saille Ji'tfn-Clu'ysostome.
...
STR A 57 STU
i;cspril lui tendit la main, comme pour s'as- cotres, c c'étaient des sorcières ou des spectres
jurer de sa parole ; mais Simon , craignant qui c mangeaientles vivants. Il y a même, dans
,|ii'il ne lui arrivât quelque chose, présenta la 1 loi salique, un article contre ces monstres :
le banc où il était assis, el le spectre, l'ayant «< Si une slryge a mangé un homme, et qu'elle
louché, y imprima la main, avec les cinq en ( soil convaincue, elle paiera une amende
doigts et les jointures, comme si le feu y avait de ( huit mille deniers, qui font deux cents sous
pusse el y eùt'laissc une impression profonde, d'or.
( » 11 paraît que les slryges étaient com-
Après cela, il s'évanouit avec, un si grand munes i au cinquième siècle, puisqu'un autre
bruit qu'on l'entendit trois maisons plus loin. article
i de la même loi condamne à cent qua-
,
Ce fait est rapporté dans plusieurs recueils. tre-vingt-sept
i sous et demi celui qui appellera
Stemomancic, — divination par le ventre. une femme libre slryge ou prostituée. Comme
Ainsi on savait les choses futures lorsque l'on ces slryges sont punissables d'amende, on
contraignait un démon ou un esprit à parler croit généralement cpie ce nom devait s'ap-
dans le corps d'un possédé, pourvu qu'on en- pliquer, non à des spectres insaisissables,
tcndil. distinctement'. C'était ordinairement mais exclusivement à des magiciennes.—Il y
de la venlriloquie. eut, sous prétexte de poursuites contre les
Stoffler , — mathématicien et astrologue slryges, dos excès qui frappèrent Charlema-
allemand, qui llorissait vers la fin du quinzième gne. Dans les capitulâmes qu'il composa pour
siècle. 11 annonça qu'il y aurait un déluge les Saxons, ses sujets de conquête, il con-
universel au mois de février 4b2i; Saturne, damne à la peine de mort ceux qui auront
Jupiter, Mars et les Poissons devaient être en fait brûler des hommes ou des femmes accusés
conjonction. Celte nouvelle porta l'alarme dans d'être slryges. Le texte se sert des mots stryga
l'Europe.: tous les charpentiers furent requis vel masca ; et l'on croit, que ce dernier terme
signifie comme larva, un spectre, un fan-
pour construire galiotcs , nacelles et bateaux ; ,
chacun se munissait de provisions, lorsque le tôme ,
peut-être un loup-garou. — On peut
mois de février 4b3i arriva. Il ne tomba pas remarquer, dans ce passage des capilulaires1,
c'était une opinion reçue chez les Saxons
une goutte d'eau; jamais il n'y avail eu de que
mois plus sec. On se moequadeSloIller; mais qu'il y avait des sorcières et des spectres
on n'en fut pas p'us raisonnable: on continua
(dans ce cas des vampires) qui mangeaient
du croire aux charlatans, et Slolller continua ou suçaient les hommes vivants; qu'on les
de prophétiser ;. brûlait; el que, pour se préserver désormais
;
de leur voracité, on mangeait la chair de ces
Stoïchéomancie , — divination qui se pra-
tiquait en ouvrant les livres d'Homère ou de
slryges ou vampires. Quelque chose de sem-
blable s'èsl vu dans le traitement du vampi-
Virgile, et prei.ant oracle du premier vers
risme au dix-huitième siècle. Ce qui doit
qui se présentait. C'est une branche de la
rhapsodomancie. prouver encore que, les slryges des anciens
étaient quelquefois des vampires, c'est que,
stolas, — grand prince des enfers, qui ap- chez les Paisses, el. dans quelques contrées do
paraît sous la forme d'un hibou; lorsqu'il la Grèce moderne où le vampirisme a exercé
prend celle d'un homme, el qu'il se montre ses
ravages, on a conservé aux vampires le
devant l'exorciste, il enseigne l'astronomie. Il nom de slryges. Voy. YAMPIIUÏS.
connaît les propriétés des plantes et la valeur
des pierres précieuses. Yingt-six légions le Stuffe (FitÉDÉnic). — Sous Rodolphe do
reconnaissent pour général 3. Habsbourg, il y eut, en Allemagne, un ma-
gicien qui voulut se faire passer pour le prince
stolisomaucie, — divination par la manière'' Frédéric Sluffe. Avec le secours des diables
de s'habiller. Auguste se persuada qu'une' ,
',
il avait tellement gagné les soldais que les
sédition militaire lui avaitétô prédite le matin,
'
; troupes le suivaient au moindre signal, et il
par la faule de son valet, qui lui avait chaussé J s'était fait aimer en leur fascinant les yeux.
le soulier gauche au pied droit. On ne doutait plus que ce ne fût le vrai Fré-
; Strasite, — pierre fabuleuse à laquelle oni déric, lorsque Rodolphe, fatigué des brigan-
attribuait la vertu de faciliter la digestion. dages que ce sorcier exerçait, lui fit la guerre,
Strjges. — C'étaient de vieilles femmess Le sorcier avait pris la ville de Cologne ; mais,
chez les anciens. Chez les Francs nos an- ayant été contraint de se réfugier à AVelzJar,
; - il fui assiégé, et
y comme les choses étaient
1 Delancre Incrédulité et mécrémice. du sortilègee aux dernières extrémités, Rodolphe fit dé-
,
Pleinement convaincues, p. 279. clarer qu'on eût à lui livrer le faux prince
2 M. Salgues. Des Erreurs et des préiueés, etc., I*'r,
t.
1>.88.
; J Wierus, inJ?scudorn. clîeiu. 1 Çapilul. Caroli Mag. p.ro parlibus Snxoniai, cap. 6,
SUP û-58 — sur
pieds et poings liés, el qu'il accorderait la iune uub ecievissub qut; i un tiviui. uuuue (JQ
paix. La proposition fut acceptée : l'imposteur iretirer 1, el. l'imposture fut découverte : mais
fut conduit devant Rodolphe, qui le condamna (ce petit conte rie Henri Eslienne est une do
à être brûlé comme sorcier '. (ces malices que les protestants ont, inventées
Siyx, —fontaine célèbre dans les enfers en ' si grand nombre.
des iiaïens. Superstitions. — Saint Thomas définit lu
Suooor-Bènoth, — chef des eunuques de superstition : un vice opposé par excès à la
Relzébuth, démon de la jalousie. religion, un écart qui rend un honneur divin
Succubes, —démons qui prennent des fi- à qui il n'est pas dû on d'une manière qui
gures des femmes. On trouve dans quelques n'est pas licite. — Une chose est supersti-
écrits, dit le rabbin Elias, que, pendant cent tieuse, 4° lorsqu'elle est accompagnée de cir--''
trente ans Adam fut visité par des diablesses, constances que l'on sait n'avoir aucune vertu
qui accouchèrent de démons, d'esprits, de naturelle pour produire les effets qu'on en
lamies, de spectres, de lémures et de fantô- espère; 2° lorsque ces effets ne peuvent être
mes. — Sous le règne de Roger, roi de Sicile, raisonnablement aliribués ni à Dieu ni à la
,
un jeune homme, se baignant, au clair de la nature ; 3" lorsqu'elle n'a été instituée ni de ;'.

lime, avec plusieurs autres personnes, crut Dieu, ni de l'église; i° lorsqu'elle se fait en
voir quelqu'un qui se noyait-, courut à son vertu d'un pacte avec le diable. La supersti-
secours, el ayant retiré de l'eau une femme, tion s'étend si loin, que celte définition, qui
en devint épris, l'épousa et en eut un enfant. est du curé 'Piliers, est très-incomplète. — Il
Dans la suite, elle disparut avec son enfant, y a des gens qui jettent la crémaillère hors du
sans qu'on en ait depuis entendu parler, ce logis pour avoir du beau temps; d'autres met-
qui a fait croire que cette femme était un dé- tent une épée nue sur le mât d'un vaisseau,
mon succube. — Hector de lioëce, dons son pour apaiser la tempête; les uns ne mangent
histoire d'Jïcosse rapporte qu'un jeune hom- point de tètes d'animaux, pour n'avoir jamais
,
me d'une extrême beauté, était poursuivi par mal à la tète; les autres louchent avec les
une jeune démone, qui passait à travers sa dents une dent de pendu ou un os de mort,
porte fermée el venait lui offrir de l'épouser. ou mettent du fer enire leurs dénis, pendant
Il s'en plaignit à son évèque qui le fit jeû- qu'on sonne les cloches, le Samedi Saint, pour
,
ner, prier et se confesser, et la beauté d'en- guérir le mal de dents; il en est qui portent,
fer cessa de lui rendre visite. — Delancre dit contre la crampe, un anneau fait pendant
qu'en Egypte, un honnête maréchal ferrant, qu'on chante la Passion ; ceux-ci se mettent
étant occupé à forger pendant la nuit, il lui au cou deux noyaux d'aveline joints ensem-
apparut un diable, sous la forme d'une belle ble, contre la dislocation des membres; ceux-
femme. Il jela un fer chaud à la face du dé- là niellent du fil filé par une. vierge ou du
,
mon, qui s'enfuit. —Les cabalistes ne voient plomb fondu dans l'eau, sur un enfant, tour-
dans les démons succubes que des esprits élé- menté par les vers. On en voit qui découvrent
mentaires. Foy. INCIUIIÏS. le ioil de la maison d'une personne malade
Sueur. •— On dit qu'un morceau de pain lorsqu'elle ne meurt pas assez facilement,
placé sous l'aisselle d'une personne qui trans- que son agonie est trop longue, el qu'on dé-
pire devient, un poison mortel ; et que si on sire sa mort; d'autres enfin chassent les mou-
,
le-donne à manger à un chien, il devient ches lorsqu'une femme est en travail d'en-
aussitôt enragé. C'est une erreur. La sueur fant , de crainte qu'elle n'accouche, d'une fille.
de l'homme ne tue pas plus que sa salive. •—Certains Juifs allaient à une rivière et s'y
Summanus, — souverain des mânes dans baignaient, en disant, quelques prières ; ils
étaient persuadés que, si l'âme de leur père
l'ancienne mythologie.
ou de leur frère était on purgatoire, ce bain
Supercherie. —Henri Eslienne raconte que la rafraîchirait. Voici diverses
,^_dc son temps un curé de village, répandit pen- perstitieuses. —Malheureux opinions su-le
dant la nuit des écrevisses sur le dos des- — qui chausse
quelles il avail attaché de petites bougies. A pied droit le premier. — Un contenu donné
la vue de ces lumières errantes, tout le vil- coupe l'amitié. — 11 ne faut pas mettre les
lage fut effrayé et courut chez le pasteur. Il couteaux en croix , ni marcher sur des fé-
fil. entendre que c'étaient sans doute les âmes
tus croisés. Semblablemeiit, les fourchettes
du purgatoire qui demandaient des prières. croisées sont d'un sinistre présage. — Grand
Mais malheureusementon trouva le lendemain
malheur encore qu'un miroir cassé, une sa-
lière répandue, un pain renversé, un tison
1 Lcloyer, Hist. des spectres ou appar. des esprits,
p. 303. 1 Henri B^tienne, Apol. pour Hérodote.
SUR S>V lî
— Zi59> —
dérangé!... — Certaines gens trempent, un Surtur, — génie qui doit, selon les Celles,
balai dans l'eau, pour faire pleuvoir. — La revenir, i à la fin du monde, à la tète des gé-
cendre de fiente de. vache est sacrée chez les nies i
du feu, précédé et suivi de tourbillons
Indiens. Ils s'en mettent, tous les malins, au enflammés ; il pénétrera par une ouverture
du
i

front et à la poitrine : ils croient qu'elle pu- ciel, brisera le pont Bifrost, et, armé d'une
rifie l'âme. •— Quand une femme est en tra- épée plus étincelante que le soleil, combattra
vail d'enfant, on vous dira, dans quelques les dieux, lancera des feux sur toute la terre,
provinces, qu'elle accouchera sans douleur et consumera le monde entier. Il aura pour *^"
si elle met la culotte de son mari. — Pour em- antagoniste le dieu Frey, qui succombera.
pêcher que. les renards ne viennent manger Foi/. BIFKOST.
les poules d'une métairie, il faut faire , dans
environs, aspersion de bouillon d'an- Sustrugiel, — démon qui, selon les clavi-
les une Salomon, enseigne l'art magique et
douille le jour de carnaval. •— Quand on tra- cules de
vaille à l'aiguille les jeudis et les samedis donne
des esprits familiers.
après midi, on fait souffrir Jésus-Christ et Swedenborg, —- célèbre visionnaire sué-
pleurer la sainte Vierge. — Les chemises dois. — « Nous ne savons guère, en France,
qu'on fait le vendredi attirent les poux... — qu'une chose de Swedenborg (dit M. Emile
Le fil filé le jour de carnaval est mangé des Souvestre), c'est que dînant-un jour de bon
souris. — On ne doit pas manger de choux le appétit dans une taverne de Londres, il en-
jour de Saint-Etienne, parce qu'il s'était ca- tendit la voix d'un ange qui lui criait : — Ne
ché dans des choux. — Les loups ne peuvent mange pas tant! el qu'à partir de cet instant
faire aucun mal aux brebis el aux porcs, si il eut des extases qui remportèrent régulière-
le berger porte le nom de saint Basile écrit ment au ciel plusieurs fois par semaine. Selon
sur un billet, el attaché au haut de sa hou- quelques auteurs, l'illuminé suédois fut un
lette. — A Madagascar, on remarque, comme des savants les plus distingués des temps mo-
on le faisait à Rome, les jours heureux el les dernes et celui qui , après Descartes, remua
,
jours malheureux. Une femme de Madagascar le plus d'idées nouvelles. Ce fut Swedenborg
croirait avoir commis un crime impardonna- qui, dans un ouvrage intitulé : Opéra philo-
ble si, ayant eu le malheur d'accoucher dans sophica cl mineralia, publié en 4737, entre-
un temps déclaré sinistre., elle avait négligé vit le premier la science à laquelle nous avons
de faire dévorer son enfant par les bêles fé- donné depuis le nom de géologie. I.a seconde
roces, ou de l'enterrer vivant, ou tout au partie de son livre.contient, un système com-
moins de l'étouffer. — On peut boire comme plet de métallurgie, auquel l'académie des
un trou, sans craindre de s'enivrer, quand on sciences a emprunté tout ce qui a rapport au
a récité ce vers : fer et à l'acier dans son Histoire des arts et
Jupiter liis altà sonuil c'emeiiter al> ïdâ. métiers. Il composa aussi plusieurs ouvrages
l'analomie (ce qui est un nouveau trait do
La superstition est la mère de beaucoup sur
C'est l'esprit hu- ressemblance entre lui et Descaries), el sem-
d'erreurs. cette faiblesse do
dans un chapitre sur la
bla même indiquer,
main qui attache aux moindres choses une syslôme phrénolo-
pathologie du cerveau, le
importance surnaturelle. Elle engendre les
gique auquel le docteur Gall dut plus tard sa
terreurs, bouleverse les faibles têtes, sème célébrité. Il publia enfin,
les jours de vaines'inquiétudes.La supersti- sous le titre de :
Doedalus hyperboreus, des essais de mathé-
tion amène parloul les démons, les spectres,
les fantômes; ses domaines sont les déserts,
matiques et de physique qui fixèrent l'atten-
le silence et les ténèbres; elle apparaît aux tion
de ses contemporains. 11 parlait les lan-
plusieurs langues modernes,
hommes, entourée de. tous les monstres ima- gues anciennes ,
orientales, et passait pour le plus
ginaires. Elle promet à ceux qui la suivent de les langues
grand mécanicien de son siècle. Ce fut lui
: leur dévoiler les impénétrables secrets de l'a- siège de Frédé-
venir. Elle a enfanté le fatalisme, les sectes,
qui fit amener par terre ,
au
riclc-Hall, en se servant de machines de son
les hérésies.
;
invention, la grosse artillerie qui n'avait pu
Sureau. — Quand on a reçu quelque ma- être transportée par les moyens ordinaires.—
:
léfice de la part d'un sorcier qu'on ne connaît Loin d'être, écrits dans un langage mystique,
point, qu'on pende son habit à une cheville, comme on le croit communément, la plupart
el qu'on frappe dessus avec un bâton de su- des traités religieux de Swedenborg se re-
reau : tous les coups retomberont, sur l'échiné commandent par la méthode, l'ordre et la so-
(lu sorcier coupable qui sera forcé de venir, briété. Ils peuvent se partager en quatre clas-
: , dû" confondre ;
i en toute hâte, ôter le maléfice, ses, que l'on n'aurait jamais
SYL — 460) — SYL
la première renferme les livres d'onseigne- de c peuples, de figure humaine, un peu fiers
ment et de doctrine ; la seconde , les preuves en i apparence, dit le comte de Gabalis, mais
tirées de l'Écriture sainte; là troisième, les dociles( en ell'et, grands amateurs des sciences ',
arguments empruntés à la métaphysique et à subtils, :
officieux aux sages, ennemis dos sots
la morale religieuse; enfin, la quatrième, les el i des ignorants. Leurs femmes et leurs filles
révélations extatiques de l'auteur. Les ouvra- sont i des beautés mâles, telles qu'on dépeint
ges compris dans cette dernière catégorie sont les Amazones. Ces peuples sont les sylphes.
les seuls qui affectent la forme apocalyptique, On ' trouve sur eux beaucoup de contes. Foy. C,\- t
et dont l'extravagance puisse choquer. » — 1IAI.1ÏS. f
Swedenborg fil toutefois, dans sa mysticité", Sylvestre II. — Gerberl, élevé surla chaire j,
une religion, comme en font tous les illumi- de saint Pierre , sous le nom de Sylvestre, !

nés. De môme qu'il avail devancé les savants en 999 fut l'un des plus grands papes. Ses ['
dans quelques découvertes mathématiques, il connaissances ,
l'avaient mis si fort au-dessus
a été aussi le précurseur des philosophes de son siècle, que des hérétiques, ne pouvant
d'aujourd'hui. Il a prétendu « réunir toutes nier sa grandeur, attribuèrent l'étendue de
les communions en un vaste- catholicisme où son savoir à quelque pacte avec le diable. 11
toutes elles trouveront satisfaction. » D'après faisait sa principale étude des mathématiques : !

lui, «le principe de tout bien est dans un les lignes ettriangles, dont, on levoyait occupé, !

premier détachement de soi-même el du mon- parurent une espèce de grimoire et contribuè-


de. Cet état constitue le bonheur présent el rent, à le faire passer pour un nécromancien.
fulur, c'est le ciel. L'amour exclusif de soi- Co ne fut pas seulement le peuple qui donna
même et du monde constitue au contraire la dans celte idée absurde. Un auteur des vies
damnation c'est l'enfer. » — 11 annonce une des papes a dit sérieusement que. Sylvestre,
,
nouvelle révélation de l'Esprit et se pose le possédé du désir d'être pape, avait eu recours
Christ d'un christianisme régénéré, comme au diable, el avail consenti à lui appartenir
font présentement quelques professeurs de après sa mort, pourvu qu'il lui fit obtenir celle
philosophie. En môme temps, Swedenborg se dignité. Lorsque par cette voie détestable,
disait en communication avec des intelligen- ajoute le même auteur, il se vit élevé sur le
ces supérieures el avec les âmes de certains trône apostolique, il demanda au diable com-
morts de ses amis. Ceux qui le copient au- bien de temps il jouirait de sa dignité. Le
jourd'hui ont-ils les mêmes avantages? diable lui répondit par cette équivoque digne
Syoomancie , — divination par les feuilles de l'ennemi du genre humain : « Tu eh jouiras
de figuier. On écrivait sur ces feuilles les ques- tant que lu ne mettras pas le pied dans Jé-
tions ou propositions à propos desquelles on rusalcm. » La prédiction s'accomplit. Ce pape,
voulait être éclaire! : la feuille, séchait-ello api es avoir occupé quatre ans le trône apos-
après la demande l'aile au devin par les cu- tolique, au commencement de la cinquième
rieux, c'était un mauvais présage, el un heu- année de son règne, célébra les divins, mys-
reux augure si elle lardait à sécher. tères dans la basilique de Sainte-Croix, dite
en Jérusalem, et se sentit altaqué, ans>itôt
Sydonay , —voy. AsMODKH.
après d'un mal qu'il reconnut être mortel.
Sylia. — Comme il entrait à main armée Alors,, il avoua aux assistants le commerce
en Italie, on vil dans l'air, en plein jour, deux qu'il avait eu avec le diable et la prédiction
grands boucs noirs qui se battaient, et qui, qui lui avait été faiie, les avertissant de pro-
après s'èlre élevés bien haut, s'abaissèrent a fiter de son exemple et do ne pas se laisser
quelques pieds de terre, et disparurent en séduire par les artifices de cet esprit malin.
fumée. L'armée de Sylla s'épouvantait de ce Nous n'avons pas besoin de faire observer que
prodige, quand on lui fit remarquer que ces
nous rapportons des contes menteurs. Puis il
prétendus boucs n'étaient que des nuages demanda, poursuivent les calomniateurs île
épais formés par les exhalaisons de la terre. ce grand pape, qu'après sa mort son corps fût
Ces nuages avaient une forme qu'on s'avisa coupé
en quartiers, mis sur un chariot à deux
de trouver semblable à celle du bouc, et qu'on chevaux, el inhumé dans l'endroit que les che-
aurait pu comparer également à celle de tout vaux désigneraient en s'arrèlant d'eux-mêmes.
autre animal. — On dit encore que Sylla avait' Ses dernières volontés furent ponctuellement
une figure d'Apollon à laquelle il parlait en exécutées. Sylvestre fut inhumé dans la ba-
public pour savoir les choses futures. silique do La Iran parce que ce fui devant
,
'*""' Sylphes,

esprits élémentaires, composéss celte église que les chevaux s'arrêtèrent.. .-Mar-
-
des plus purs alomes de l'air, qu'ils habitent. tin us Polonus a conté que Sylvestre II avait
L'air est plein d'une innombrable multitude) un dragon, qui tuait tous les jours six'mille
SYM — Mil — SYM
personnes... D'autres ajoutentqu'autrefoisson leine-mère, r voyant sa chemise loule trempéei
tombeau prédisait la mort des papes par un lui I en fil prendre une autre. Un moment après,
bruit des os en dedans, et par une grande le duc d'Anjou ( depuis Henri III ), qui avait
1

sueur el humidité de la pierre au dehors. On aussi i beaucoup dansé, y entra pour raccom-
voit, par touscesconles absurdes, qu'autrefois moder i sa chevelure, et s'essuya le visage avec
comme de nos jours,
l'Église et- ses plus illus- le premier linge qu'il trouva : c'était la che-
I

1res pontifes ont été en butte aux plus slu pides


mise
i qu'elle venait de quilter. — En rentrant
calomnies. dans
i le bal, il jeta les yeux sur Marie de
In regarda avec autant de surprise que
Symandius, — roi d'Egypte, possesseur du Clèves, '
grand oeuvre, qui, au dire des philosophes s'il ne l'eût jamais vue; son émotion, son
!

'hermétiques, avail, fait environner son monu- trouble, ses transports, et tous les empresse-
ment d'un cercle d'or massif, dont la circon- ments
qu'il commença do lui marquer, étaient
férence était de trois cent soixante-cinq cou-
d'autant plus étonnants que, depuis six mois
dées. Chaque coudée élait un cube d'or. Sur
qu'elle était à la cour, il avait paru assez in-
différent pour ces mêmes charmes qui dans
un des. côtés du péristyle d'un palais qui était
proche du monument, on voyait Symandius ce moment faisaient sur son âme une im-
ofli'ir aux dieux l'or el l'argent qu'il faisait
pression si vive et qui dura si long-temps.
Depuis ce jour, il devint insensible à tout ce
tous les ans. La somme en était marquée, el
elle montait à 434,200,000,000 de mines '.
qui n'avait pas de rapport à sa passion. Son
élection à la couronne de Pologne, loin de le
Sympathie. — Les astrologues, qui rap- flatter, lui parut un i xil ; et quand il fut dans
portent lotit aux astres, regardent la sympa-
thie el l'accord parfait de deux personnes
ce royaume, l'absence, au lieu de diminuer
effet produit la ressemblance son amour, semblait l'augmenter; il se pi-
comme un par quait un doigt toutes les fois qu'il écrivait à
des horoscopes. Alors tous ceux qui naissent
celte, princesse, el ne lui écrivait jamais que
à la môme heure sympathiseraient entre eux ; de
qui voit point. Les supersti- son sang. Le jour même qu'il apprit la nou-
co ne se — gens velle do la mort de Charles IX, il lui dépêcha
tieux regardent la sympathie comme un pro- courrier pour l'assurer qu'elle serait bien-
dont définir la Les un
dige on ne peut cause. reine de France; et lorsqu'il y fut do re-
physionomistes attribuentce rapprochement lot
tour, il lui confirma celle promesse et ne pensa
mutuel à un attrait réciproque des physiono- plus qu'à l'exécuter ; mais, peu de temps
mies. Il y a des visages qui s'attirent les uns après, celle princesse fut attaquée d'un mal
les autres, dit Lavater, tout comme il y en a violent qui l'emporta. •— Le désespoir de
qui se repoussent.—La sympathie n'est pour- Henri III no se peut exprimer; il passa phi-
tant quelquefois qu'un enfant de l'imagination. sieurs jours dans les pleurs et les gémisse -
Telle personne vous plaît au premier coup
menls , el il ne se montra en public que dans
(l'oeil, parce qu'elle a des traits que voire coeur
lo plus grand deuil. —11 y avail plus de quatre
a rêvés. Quoique les physionomistes ne con- mois que la princesse de Conrié élait morte el
seillent pas aux visages longs de s'allier avec .enterrée à l'abbaye de Saint-Gerniain-des-
les visages arrondis, s'ils veulent éviter les Prés, lorsque Henri 111, en entrant dans cctle
malheurs qu'entraîne à sa suite, la sympathie abbaye, où le cardinal de Bourbon l'avait
blessée, on voit pourtant tous les jours des convié à un grand souper, se sentit des sai-
unions de celte sorte, aussi peu discordantes sissements de coeur si violents qu'on fut obligé
que les alliances les plus sympathiques en de transporter ailleurs le corps de cette prin-
fait de physionomie. — Les philosophes sym-
cesse. Enfin il ne cessa de l'aimer, quelques
pathistes disent qu'il émane sans cesse des efforts qu'il fit pour étouffer cette passion mal-
corpuscules de tous les corps, et que ces cor- heureuse '. Quelques-uns virent là un sorti-
puscules, en frappant nos organes, font dans lège. — Ou raconte qu'un roi el une reine
le cerveau des impressions plus ou moins sym- d'Arracan ( dans l'Asie, au delà du Gange )
pathiques, ou plus ou moins antipathiques. — s'aimaient éperdument; qu'il n'y avail que
Le mariage du prince de Condô, avec Marie
six mois qu'ils étaient mariés lorsque ce roi
I de Clèves,se célébra au Louvre, le 4 3 août ,
vint à mourir; qu'on brûla son corps , qu'on
'1372. Marie de Clèves, âgée de seize ans, de
la figure la plus charmante, après avoir dansé en inities cendres dans une urne, et que toutes
les fois que la reine allait pleurer sur celle
assez long-temps et se trouvant un peu in-[
commodée de la chaleur du bal, passa dans'
urne , ces cendres devenaient tièdes.... — II
y a des sympathies d'un autre genre : ainsi
une garde-robe où une des femmes de la
,
1 Charlatans célèbres, de M. Gonriet, t. I'1', p. 19S. 1 SuiiH-Foix, Essais.
TAC — /i( 2 — TAI
Alexandre sympathisait avec Ilucéphale; Au- des mers sur le rivage. Le peuple se repré-
guste chérissait les perroquets ; Néron, les sente la faculté dont il s'agit comme une es-
élourneaux ; Virgile, les papillons ; Commode pèce de divinité à laquelle il applique la forme
sympathisaitmerveilleusement avec son si nge; d'une femme d'une cantatrice habitante des
,
Héliogabale, avec un moineau ; Honorais, avec airs, delà terre et des mers. Delà, les sv-
une poule; etc. Voy. ANTIPATHIE. rènes des anciens ; ils leur donnaient la:fi;nïrc
Syrènes. — Vous ne croyez peut-être pas d'une femme, et le corps d'un oiseau ou d'un
plus aux syrènes qu'aux géants, qu'aux dra- poisson. Zoroastre appelait l'âme syrène ; mol
gons. Cependant il est prouvé aujourd'hui qui en hébreu signifie 01131116(150'.
qu'il y a eu des dragons et des géanls ; et dans Syrrochite, — pierre précieuse dont, an
un appendice très-attachant qui suit la lé- rapport de Pline, les nécromanciens se ser-
gende, de saint Oran (sixième siècle) dans le vaient pour retenir les ombres évoquées.
recueil de. M. Amédée Pichol, intitulé: le Sytry ou Bitru,—grand prince aux en-
Perroquet de Waller Scott, l'auteur prouve fers ; il apparaît sous la forme d'un léopard,
,
par une multitude de faits el de monuments , avec des ailes de griffon. Mais lorsqu'il prend
qu'il y a eu des syrènes en Bretagne. Les ma- la forme humaine, il est d'une grande beauté.
rins disent avoir entendu le sifflement de la C'est lui qui enflamme les passions. Il dé-
syrène : ce mot, chez eux, indique cette fa- couvre, quand on le lui commande, les secrets
culté de la nature par laquelle l'air pressé des femmes, qu'il tourne volontiers en ridi-
rend un son; elle existe dans le ciel, sur la cule. Soixante-dix légions lui obéissent 2.
terre, dans les mers ; elle produit l'harmonie Càinbry, Voyage dans le Finistère, t. 11, p. 300,
1
des sphères, le sifflement des vents, le bruit 2 Wicrus, Pseudom. d:em.

Tabac. — Nicoi, ambassadeur à Lisbonne, fait dans leur procès. Ainsi Boullé garda le
est le premier qui ait fait connaître le tabac silence sur ce. qu'on cherchait, à savoir de lui.,
en France; le cardinal de Sainte-Croix l'intro- et il passa pour avoir reçu le sort de tacitur-
duisit en Italie, et le capitaine Drack en An- nité 1.
gleterre. Jamais la nature n'a produit de vé-
gétaux dont l'usage se soit répandu aussi ra- Taoouins, — espèce de fées chez les ma-
homélans, dont les fonctions répondent quel-
pidement ; mais il a eu ses adversaires. Un quefois à celles des Parques chez-les anciens.
empereur turc, un czar de Russie, un roi de Elles secourent habituellement les hommes
Perse le défendirent à leurs sujets, sous peine contre les démons et leur révèlent l'avenir.
de perdre le nez ou même la vie. Il fut dé- Les romans orientaux leur donnent une
fendu, dans l'origine, d'en prendre à l'église; grande beauté, avec des ailes comme des
de même, à cause des élernùinenfs qu'il
anges.
provoque , on ne le prenait pas dans les
réunions sérieuses de la cour. Jacques 1er, Taillepied ( Noue ), — mort en -1589. On
roi d'Angleterre, composa un gros livre pour lui doit un Traité de l'apparition des es-
en faire connaître les dangers. La faculté de prits, à;savoir, des âmes séparées, fantômes,
médecine de Paris fil soutenir une thèse sur etc., in-12, souvent réimprimé, où il admet
les mauvais effets de. celte plante, prise en beaucoup do contes de revenants; les Vies de
poudre ou en fumée ; mais le docteur qui Luther et de Carlostadl, Paris, -1577., iri-8» ;
présidait ne cessa de prendre du tabac pen- un Abrégé de la philosophie-d'Aristole, 1583,
dant loule la séance. — Les habitants de l'île in-8»; une Histoire de l'état et la républi-
de Saint-Vincent croient, dit-on, que le tabac que des Druides, cubages, saronides, bardes,
était le fruit défendu du paradis terrestre. depuis le déluge jusqu'à Jésus-Christ, 4 585,
in-S0, livre plein de fables el d'idées singu-
Taciturnité. —Le diable jette souvent un lières.
sort sur ses suppôts, que l'on appelle le sort, de
taciturnité. Les sorciers qui en sont frappés
1 M. Jules Garinet, Histoire de la magie en France,
ne peuvent répondre aux demandes qu'on leur IL 2'15.
TAL — 7|63) — TAL
Tailletroux ('JEANNE) , — femme de Pierre ]les influences. •— Le talisman portant la figure
lionnevault, sorcière que l'on accusa au siège ou i
le sceau du Soleil doit être composé d'or
royal de Monlmorillon eu Poitou, en l'année pur, sous l'influence de cet astre, qui domine
,1599, d'avoir élé au sabbat. Elle avoua dans sur l'or. Le talisman de la Lune doit être
=011
interrogatoire que son mari l'ayant con- composé d'argent pur, avec les mêmes cir-
irainle de se rendre à l'assemblée infernale, constances. Le talisman de Mars doit être
elle y fut el. continua d'y aller pendant vingt- composé de fin acier. Le talisman de Jupiter
cinq ans; que la première fois qu'elle vil le doit être composé du plus pur étain. Lé talis-
diable il était en forme d'homme noir ; qu'il man de Vénus doit être composé de cuivre
,
lui dit en présence de l'assemblée: Saule! poli et bien purifié. Le talisman de Saturne
saule! qu'alors elle se mit à danser; que le doit êl recomposé de plomb raffiné. Le talis-
diable lui demanda un lopin de sa robe et une man de Mercure doit être composé de vif-ar-
poule etc. Elle fui convaincue par témoins gent fixé. Quant aux pierres, ['hyacinthe el la
,
d'avoir par ses charmes maléficié et fait mou- pierre d'aigle sont de nature solaire. L'éme-
rir des personnes et des bestiaux, et condam- r.avde est lunaire. L'aimant- et ['améthyste
née à mort ainsi que son mari. sont propres à Mars. Le béryl est propre à
Taingairi, — esprits aériens chez les Kal- Jupiter. La cornaline à Vénus. La chalcédoine
mouks. Ils animent les étoiles, qui passent et le jaspe à Saturne. La topaze et le porphyre
pour autant de petits globes de verre. Ils sont à Mercure. — Les talismans
furent imaginés,
des deux sexes. dit-on, par les Egyptiens, et les espèces en
sont innombrables. Le plus célèbre de tous les
Talapoins. — Magiciens qui servent de talismans est le fameux anneau de Salomon
prêtres aux habitants du royaume de Lao, en lequel était gravé le grand nom de Dieu.
,
sur
Asie, et qui sont très-puissants. —Les Lan- Kien n'était impossible à l'heureux
gions sont fort entêtés pour la magie el les
possesseur
de cet qui dominait sur tous les gé-
sortilèges. Ils croient que le moyen le plus nies. anneau,
sûr de se rendre invincibles esl de se frotter tinople — Apollonius do Tyane mit à Conslan-
la figure d'une cigogne qui en éloignait
la tête d'une certaine liqueur composée de vin tous les oiseaux de cette espèce
par une
et de bile humaine. Ils en mouillent aussi les propriété magique. En Egypte une figure
tempes et le front de leurs éléphants. Pour se lalismanique représentait Vénus ,
couchée,
procurer cette drogue, ils achètent des tala- qui servait à détourner la grêle. On fai-
poins la permission de tuer. Puis ils chargent —
sait des talismans de toutes les manières ; les
de cette commission des mercenaires qui en plus communs sonl les talismans cabalisti-
font leur métier. Ceux-ci se postent au coin q.uisonl aussi les plus faciles,.puisqu'un
d'un bois et tuent le premier qu'ils rencon- n'a ques,
pas besoin pour les fabriquer de recourir
Irent, homme ou femme, lui fendent le ventre diable: ce qui demande quelques réflexions.
au
et en arrachent le fiel. Si l'assassin ne ren- Les talismans du Soleil, portés avec con-

contre personne dans sa chasse, il est obligé fiance et révérence, donnent les faveurs et la
de se tuer lui-môme ou sa femme, ou son en- bienveillance des princes, les honneurs, les
fant, afin que celui qui l'a payé ait de la bile richesses
et l'estime générale. — Les talis-
humaine pour son argent. Les talapoins pro-
fitent avec adresse de la craint'cv qu'on a de mans de la Lune garantissent des maladies
populaires : ils devraient aussi garantir des
leurs sortilèges, qu'ils donnent et qu'ils ôtenl superstitions. Ils préservent les voyageurs de
à volonté, suivant les sommes qu'on leur offre.
tout péril. — Les talismans de Mars ont la
— On lit dans Marini beaucoup d'autres dé- propriété de rendre invulnérables ceux qui les
tails mais la plupart imaginaires, l'auteur portent
, avec révérence. Ils leur donnent une
ayant voulu faire quelquefois assez mécham- force et une vigueur extraordinaires. — Les
ment, sous manteau le des lalapoins, des al- talismans de Jupiter dissipent les chagrins,
lusions aux moines chrétiens.
lès terreurs paniques et donnent lé bonheur
,
Talismans.—Un talisman ordinaire est le dans le commerce et dans toutes les entrepri-
sceau, la figure, le caractère ou l'image d'un ses. — Les talismans de Vénus éteignent les
signe céleste, faite,,imprimée,gravée ou cise- haines el donnent:des dispositions à-la. musi-
lée sur une pierre par un ouvrier qui ait l'es- que., —-Les talismans de Saturne, font accou-
prit arrêté et attaché à l'ouvrage, sans être cher sans douleur; ce quia été éprouvé avec
distrait, ou dissipé.par des pensées étrangères, un heureux succès., disent des écrivains spé-
an jour et à l'heure de la planète, en un lieu ciaux, par des personnesde qualité qui étaient
fortuné, par un temps, beau et serein, et quand sujettes à faire de mauvaises couches. Ils mul-
lo ciel est
en bonne disposition., afin d'attirer tiplient les choses avec lesquelles on les met.
TAN LM TA)'
Si un cavalier porte un de ces talismans dans allant de Prague à Inspruck pour rétablir ''
sa
sa botte gauche, son cheval ne pourra être santé à l'air natal, mourut en chemin d»ns
blessé. — Les talismans de Mercure rendent un village dont on ne dit pas le nom. Comme
éloquents et discrets ceux qui les portent ré- la justice du lieu faisait l'inventaire de
son
véremment. Ils donnent la science et la mé- bagage on y trouva une petite boîte que
, sa ï
moire ; ils peuvent guérir toutes sortes de structure extraordinaire fil d'abord regarder
fièvres; et si on les met sous le chevet de son comme suspecte; car elle était noire et com- ! >

lit, ils procurent des songes véritables, dans posée de bois et de verre. Mais on fut bien !
lesquels on voilceque l'on souhaite de savoir: plus surpris, lorsque le premier qui regarda !
agrément qui n'est pas à dédaigner '. FOJ/.TA- par le verre d'en haut se recula en disant t
LYS, THEIUPHIM , THOMAS D'AQUIN, CROCODI- qu'il y avait vu le diable. Tous ceux qui re- S

LES , PANTACI.ES etc. gardèrent après lui en firent autant. Effecli- ?v


,
Talissons, — piètres des Prussiens aux vemenl ils voyaient dans cette boîte un être ï
siècles de l'idolâtrie. Ils Taisaient l'oraison fu- animé de grande taille, noir, affreux, armé de
nèbre du mort, puis, regardant au ciel, ils cornes. Un jeune homme, qui achevait son * -

criaient qu'ils voyaient le mort voler en l'air cours de philosophie, fit observer à l'assem- '
à cheval, revêtu d'armes brillantes, et passer blée que la bêle renfermée dans la boîte, •;
en l'autre monde avec une grande suite. étant infiniment plus grosse que la boîte elle- i
même, ne pouvait être un être matériel, mois !;
Talmud, — VOIJ. TuALMUD. bien un esprit comprimé sous la forme d'un \
Xalys, — talismans employés dans les ma- animal. On concluait que celui qui portait la j
riages chez les Indiens. Dans quelques castes, boîte avec lui ne pouvait être qu'un sorcier cl \
c'est une petite plaque d'or ronde, sans em- un magicien. Un événement si diabolique fit
preinte ni figure ; dans d'autres, c'est une grand bruit. Le juge, qui présidait à l'inven-
dent de tigre; il y en a qui sont des pièces taire, condamna le mort à être privé de Ici
d'orfèvrerie matérielles et informes. sépulture ecclésiastique, el enjoignit au curé
Tambour magique. — C'est le principal d'exorciser la boîte pour en faire sortir le dé- j
instrument de la magie chez les Lapons. Ce mon. La multitude, sachant que le défunt !

tambour est ordinairement fait, d'un tronc élail jésuite, décida de plus que tout jésuite
creusé de pin ou de bouleau. La peau, tendue commerçait avec le diable; ce qui est la ma-
sur ce tambour, est couverte de figures sym- nière de juger des masses ignorantes. Pendant
boliques, que les Lapons y tracent avec du qu'on procédait en conséquence, un philoso-
rouge. Yoy. LAPONS. phe prussien, passant par ce village, entendit
Tamous, — enfer général des Kalmouks. parler d'un jésuite sorcier el du diable enfermé
Des diables à tète de chèvre y tonrmenlenl dans une boîte ; il en rit beaucoup, alla voir
les damnés, qui sont sans cesse coupés par le phénomène el reconnut, que c'était un mi-
morceaux, sciés, brisés sous des meules de croscope , que les villageois ne connaissaient
moulin puis rendus à la vie pour subir le pas; il ôta la lentille, en fil sortir un cerf-vo-
,
même supplice. Les bêtes de somme y ex- lant qui se promena sur la table, et ruina
pient leurs fautes sous les plus pesants far- ainsi tout le prodige. •—• Cela n'empêcha
4eaux, les animaux féroces se déchirent entre pas que beaucoup de gens par la suite, par-
eux sans cesse, etc. lant du père Tanner, ne faisaient mention que
Tanaquille, — femme de Tarquin l'Ancien. de l'impression produite d'abord et s'obsti-
Elle était habile dans la science des augures ; naient à soutenir qu'ils avaient vu le diable
conservait à Rome ceinture, à laquelle et qu'un jésuite est un sorcier.
on sa
on attribuait de grandes vertus. Tap ou Gaap, — grand-président el grand-
prince aux enfers. Il se montre à midi lors-
Tanchelm OU Tanohelin. — De 1 05 à qu'il prend la forme humaine. Il commande a
<!

4423, cet hérétique dissolu fut en si grande quatre des principaux rois de l'empire infer-
vénération à Anvers et dans les contrées voi- nal. Il esl aussi puissant Byleth II y eut
que
sines, qu'on recherchait ses excréments com- autrefois des nécromanciens qui lui .offrirent
me des préservatifs, charmes el philactères des libations el des holocaustes; ils l'évo-
Tanlwoa. — Le Neptune des naturels de quaient au moyen d'artifices magiques, qu'ils
la Nouvelle-Zélande. disaient composés par le très-sage roi Salo-
ïanner. — Le cardinal Sfondrate raconte mon ; ce qui est faux, car ce fut Cham, fi's
que le père Tanner, pieux et savant jésuite , de Noé, qui le premier commença à évoquer
les esprits malins. Il se fit servir par Byleth
' Le Petit Albert. et composa un art en son nom, et un livre qi"
TAR — /i65 — TAU
csl. apprécié de beaucoup de mathématiciens. aussi : éloigné de la terre que la terre l'est du
On connaît un autre livre qui est attribué aux ciel.
<
Virgile le dépeint vasle, fortifié de trois
prophètes Elie et Elisée, par lequel on conjure enceinles-de
i
murailles, et entouré du Phlégé -
Gaap, en vertu des saints noms de Dieu ren- ton; une haute tour en défend l'entrée. Les
fermés dans les clavicules de Salomon. Si portes en sont aussi dures que le diamant;
quelque exorciste connaît l'art de Bylelh, tous les efforts des mortels et toute la puis-
Gaap ne pourra supporter la présence dudit sance des dieux ne pourraient les briser. Ti-
exorciste. Gaap excite à l'amour, à la haine. siphone veille toujours à leur garde, et em-
11 a l'empire sur les démons soumis à la puis-
pêche que personne ne sorte, tandis que
sance d'Amaymon. Il transporte très-promp- Rhadamanfhe livre les criminels aux furies.
(eiiienl les hommes dans les différentes con- L'opinion commune était qu'il n'y avait plus
trées qu'ils veulent parcourir. 11 commande à de retour pour ceux qui se trouvaient une
soixante légions i. fois précipités dans le Tartare. Platon est d'un
Tarentule. — On prétend qu'une seule autre avis : selon lui, après qu'ils y onl passé
piqûre de la tarentule suffit pour faire danser. une année, un (loties en relire et les ramène
Un coq et une guêpe piqués de celle sorte dans un lieu moins douloureux.
,
d'araignée, onl dansé, dit-on, au son du vio- Tartini. —Le célèbre musicien Tartini se
lon et onl ballu la mesure. Si l'on en croit couche ayant la tête échauffée d'idées musi-
certains naturalistes, non-seulement la taren- cales. Dans son sommeil lui apparaît le dia-
tule fail danser, mais elle danse elle-même bie jouant une sonate sur le violon. Il lui dit :
assez élégamment. Le docteur Saint-André « Tartini, joues-tu comme moi? » Le musi-
certifie qu'il a traité un soldat napolitain qui cien, enchanté de celte délicieuse harmonie,
dansait tous les ans quatre ou cinq jours de se réveille court à son piano et compose sa
,
suite, parce qu'une tarentule l'avait piqué. plus belle sonate, celle du diable.
Ces merveilles ne sont pas encore bien ex-
Tasso (TOKQUATO). — Il croyait à l'astrolo-
pliquées. gie judiciaire. — « J'ai fait considérer ma
Tami, — formules d'exorcisme usitées naissance par trois astrologues, dit-il dans
chez les Kalmouclts. Ecrites sur du parchemin
d'un malade, elles une de ses lettres; et sans savoir qui j'étais ,
et suspendues au cou pas- ils m'ont représenté d'une seule voix comme
sent pour avoir la vertu de lui rendre la santé. un grand homme dans les lettres, me pro-
Tarots OU Cartes tarotées. — C'est le nom mettant très-longue vie et très-haute fortune:
qu'on donne aux cartes égyptiennes, italiennes et ils onl si bien deviné les qualités et les dé-
el allemandes; le jeu se compose de soixanle- fauts que je me connais à moi-môme, soit
dix-huit caries, avec lesquelles on dit la dans ma complexion soit dans mes habitu-
,
bonne aventure d'une manière plus étendue des, que je commence à tenir pour certain
que par nos caries ordinaires. —11 y a dans que je deviendrai un grand homme. » Il écri-
ce jeu vingt-deux tarots proprement dits. vait cela en 4 576. On sait quelle fut sa haute
Dans les cartes italiennes, les tarots sont les fortune et sa très-longue vie !
quatre éléments (vieux style) : l'évangile, la Tatlen , — hérétique du deuxième siècle,
mort, le jugement dernier, la prison, le feu , chef des Encraliles, qui attribuait au démon
Judas Iscariote, etc.; dans les cartes alle- la plantation de la vigne et l'institution du
mandes, les larols sont le fou , le magicien , mariage.
l'ours, le loup, le renard, la licorne, elc. 11 y
a ensuite cinquante-sixcartes, savoir : quatre
Taupe. — Elle jouait autrefois un rôle im-
rois, quatre dames, quatre cavaliers, quatre portant clans la divination. Pline a dit que ses
valets, dix cartes depuis l'as jusqu'au dix entrailles élaienl consultées avec plus de con-
fiance que celles d'aucun autre animal. Le
pour les bâtons (ou trèfles), dix pour les épées vulgaire attribue encore à la taupe certaines
(ou piques), dix pour les coupes (ou carreaux),
dix pour les pièces d'argent (ou coeurs). — Il vertus. Les plus merveilleuses sont celles de
serait trop long de détailler ici l'explication la main taupèa, c'est-à-dire qui a serré une
j de toutes ces cartes. Elle ressemble beaucoup taupe vivante jusqu'à ce qu'elle soit .étouffée.
| à la cartomancie ordinaire. Cependant elle Le simple attouchement de cette main encore
donne infiniment plus d'oracles., chaude guérit les douleurs de dents et mêm-.:
la colique. Si enveloppe des pieds
Tartare, — enfer des anciens. Ils le pla— de la taupe—danson feuille deun laurier, et
çaient sous la terre, qu'ils croyaient plate, à une
;
qu'on la mette dans la bouche d'un cheval, il
une telle profondeur, dit Homère, qu'il est' prendra aussitôt la fuite, saisi de
peur. Si on
7 Wiorus,Pseudom, item., p. 923. la met dans le nid de quelque oiseau, les oeufs
30
TEM /l6() TE ai
deviendront stériles. Déplus, si on frotte.un consistaient à observer les grêles et les orages,
cheval noir avec de l'eau où aura cuit une pour les détourner par le sacrifice d'un agneau
'taupe, il deviendra 'blanc*..... ou d'un poulet. Au défaut dé ces animaux, on
Tavides, — caractères que les insulaires s'ils n'en tiraient pas un augure favorable, ils
des Maldives regardent, comme propres à les se découpaient le doigt, avec un canif ou un
garantir des maladies. Ils s'en servent aussi poinçon , et croyaient ainsi apaiser les dieux
des philtres, et prétendent, leur par.l'effusion de leur propre sang. Les Éthio-
comme par piens ont, dit-on, de semblables charlatans,
moyen, inspirer de l'amour.
qui se déchiquèlent le corps à coups de cou-
Têe , — génie protecteur, que chaque fa- teau ou de rasoir, pour obtenir la pluie ou l'e
mille olaïïienne adore, et qui passe pour un beau temps. Nous avons des almanaclis qui
des aïeux ou des parents défunts. On attribue prédisent la température —
pour tous les jours
à ces esprits le pouvoir de donner et de gué- de l'année;
prenez toutefois un manteau quand
rir les maladies. Matthieu Laensberg annonce plein soleil.
Téhuptehuh , — génie auquel les Boula- On croit sur les bords de la
niens attribuent la construction d'un pont de Baltique qu'il Tempêtes. —
chaînes de fer qui se trouve dans les monta- de leurs enchantements, y a des sorciers qui, par la force
attirent la tempête,
gnes du Boulau. Foi/. PONT DU MAISI.E. soulèvent les Ilots et font chavirer la barque
Tell. — Dans une des montagnes sauvages du pêcheur. Foi/. Enic, FINNES, etc.
de la Suisse, auprès du lac de Waldsloetlcn,
il y a une grotte où les habitants croient que
Templiers. — Vers l'an 4 4 48, quelques
pieux chevaliers se réunirent à Jérusalem pour
reposent les trois sauveurs de la Suisse, qu'ils la défense du Saint-Sépulcre
appellent lès trois Tell. Ils portent encore et pour la pro-
leurs anciens vêlements, et, reviendront une tection des pèlerins. Le roi Baudouin 11 leur
seconde fois au secours de leur pays quand il donna une maison, bâtie aux lieux que l'on
L'entrée de leur croyait avoir été occupés par le temple de Sa-
en sera temps. — grotte est lomon; ils prirent, de là le
très-difficile à trouver. Un jeune berger racon- nom de Templiers
appelèrent temple toute maison de. lent-
tait à un voyageur, qu'un jour son père en el ordre. — Dans l'origine ils ne vivaient que
,
cherchant à travers les rochers une chèvre
qu'il avait perdue, était descendu par hasard d'aumônes, el on les nommait aussi les pau-
dans celle grotte, el avait vu là dormir les vres de
la sainte cité. Mais ils rendaient tant
trois hommes qu'il savait être les trois Tell. do services, que les rois et les grands s'em-
L'un d'eux, se levant loul-à-coup pendant pressèrent de leur donner des biens considé-
qu'il le regardait, lui demanda : à quelle épo- rables. Ils firent les trois voeux de religion. En
•14 28, au concile de Troyes, saint Bernard leur
que en ètes-vous dans le monde? El le berger
savoir donna une règle. En 4 4 46, le pape Eugène 111
tout effrayé lui répondit, sans ce qu'il
disait : il est midi. —Eh bien! s'écria Tell, il
détermina leur habit, sur lequel ils portaient
n'est pas temps encore que nous reparaissions; une croix. Cet ordre se multiplia rapidement,
fil de très-grandes choses el s'enrichit à tel
el seil rendormit. Plus lard, lorsque la Suisse
engagée dans des pé- point, qu'en 4342, aprèsmoinsdedeuxsiècles
se trouva guerres assez
rilleuses, le vieux berger voulut aller réveiller d'existence, il possédait en Europe neuf mille
maisons ou seigneuries. — Une si grande opu-
les trois Tell ; mais il ne put jamais retrouver
la grotte. lence amena parmi les Templiers la corrup-
tion. Ils finirent par mépriser leur règle; ils
Tellez (GAIHUEL) , — plus connu sous le se rendirent indépendantsdes puissances dont
nom de Tirso de Molina, auteur du Diable pré- ils devaient être les souliens; ils exercèrent
dicateur, drame dans le génie espagnol. A cin- des brigandages else montrèrent
dramatique presque par-
quante ans, ce poète renonça au tout insolents el séditieux. On les accusait
théâtre et se fit religieux de l'ordre de la Mer- sourdement de former entre —
eux une sociélé
ci. Nous faisons cette remarque parce qu'à secrète pleines de mystères, qui se proposait
propos de quelques plaisanteries un peu libres l'envahissement de l'Europe. On disait que
semées dans ses pièces, les critiques philo- dans leur intimité ils abjuraient la religion
sophes l'ont traité de moine licencieux, ou- chrétienne el pratiquaient culte souillé de
bliant qu'il n'était pas moine quand il écrivait superstitions abominables. La magie, la sor- un
pour la scène. cellerie, l'adoration du diable 1 leur étaient re-
Température.— Les Grecs avaient des prê-
tres appelés Calazophylaces, dont les fonctions do1l'ordre Des aveux établirent qwo, dans un des chapitres
tenu à Montpellier, et de nuit suivant l'usas1',
on avait exposé une tête (voyez tête de Bopliomet) ;
1 Les admir.'.bles sx-rets d'AIbert-lc -Grand, p. U4. qu'aussitôt ie diable avait paru sous la ligure d'un chat ;
TISM. — /iCî7 — TER
profilées. Philippe-le-Bel, qui voyait eh eux h irèment et salis tortures. Par toute l'Europe
des ennemis de la société et. de l'église; lit re- I; vérité était reconnue de tous. Une bulle,
chercher leur conduite. Sur les révélations de p ibliée le 3 avril 4 342, au concile de Vienne
deux criminels détenus dans les prisons, et e i Dauphiné, déclara l'ordre dès Templiers
dont l'un était un templier apostat, Philippe s Joli et proscrit. Les chevaliers furent dis-
fil arrêter el interroger à Paris plusieurs tem - j: si'sés; les principaux chefs condamnés à une
pliers; ils avouèrent, les abominations dont on p •ison perpétuelle, après qu'ils auraient fait
accusait l'ordre. C'était dans l'année 1307. — 1
ur confession publique. — Un échafaud fut
Ce commencement d'enquêle jeta quelque c •essé devant Notre-Dame. C'est là que Jàc-
alarme parmi les Templiers. Au mois d'août, c uès de Molai elun autre des hauts chevaliers
le grand-maître el plusieurs des principaux ( avaient faire amende honorable. Jacques de
chevaliers s'en plaignirent au pape, el forts de î lolai avait de nouveau confessé la vérité. Au
leur puissance partout assise, ils demandèrent 1 eu de faire l'aveu qu'on attendait en public,
hardiment que, si on avait un procès à leur i es qu'il fut sur l'échafaud, il rétracta une
faire, on le fil régulièrement, ils comptaient : éeonde fois sa confession , l'autre chevalier
imposer silence aux clameurs par un ton si imita; el c'est alors que Philippe-ie-Iîel in-
tranchant. Mais Philippe-le-Bel les prit au ligné assembla son conseil, qui condamna
mol; et le 4 3 octobre il fil arrêter dans ses :es deux grands coupablesà être brûlés. Leur
étals tous les Templiers. Le 4 5, il assembla le aipplice eul lieu ce même jour 4 8 mars 434 4.
clergé de Paris, fit convoquer le peuple et or- Dn voil que leur procès avait duré sept, ans.
donna que l'on rendît compte publiquement Si la passion s'en fût mêlée, comme on l'a tant
des accusations portées contre les chevaliers 3cril, il eût marché plus vite. — 11 n'est pas
du Temple. On ne pouvait procéder plus loya- l'rai que Jacques de Molai ait ajourné le roi et
lement. — Les Templiers étaient accusés : 4" ie pape, comme on l'a dit aussi pour produire
de renier Jésus-Christ à leur réception dans un elîel de théâtre. Lui et ses compagnons in-
l'ordre, et de cracher sur la croix ; 2" de coin • fortunés se bornèrent à invoquer vainement
mettre entre eux des impuretés abominables; la vengeance céleste contre leurs juges.-—Telle
3" d'adorer dans leurs chapitres généraux une esl la vérité sur les Templiers. Ajoutons que
idole à lète dorée, et- qui avait quatre pieds; ni le roi do France, ni le pape, ni les autres
4° de pratiquer la magie; ii° de s'obliger à un souverains ne profilèrent dé leurs dépouillés.
secret impénétrable par les serments les plus — Il reste dans la maçonnerie symbolique iin
adieuxi. Les deux premiers articles furent ordre des Templiers, qui prétendent remonter
avoués par cent quarante des accusés; trois à Tordre condamné. C'esl une origine dont il
seulement nièrent tout. — Le pape Clément Y esl, permis de n'être pas fier.
s'opposa d'abord aux poursuites commencées
religieux militaires. Il n'autorisa Ténare, — soupirail des enfers chez les
contre ces anciens ; il était gardé par Cerbère.
leur continuation qu'après avoir interrogé lui-
même, à Poitiers, soixonie-douze chevaliers, Ténèbres. — On appelle les démons puis-
el s'èlre convaincu par Leurs aveux de la vé- sances des ténèbres, parce qu'ils ne souffrent
rité des faits. 11 y eut dès lors des commis- pas la lumière! On comprend aussi pourquoi
saires nommés ; des informations se firent les enfers sont nommés le séjour ténébreux.
dans toutes les grandes villes. Lès bulles du Tentations. — Yoy. DÉMONS, P ACTES, DÉ-
pape furent envoyées à fous les souverains
, VOUEMENT, etc.
pour les exhorter à faire chez eux ce qui se
faisait en France. Quoique les Templiers tins- Tèpnramancie, —Divination pour laquelle
sent à tout ce qu'il y avait de plus grand dans on se servait de la cendre du feu qui, dans
les divers étals, partout les accusations éle- les sacrifices, avait consumé les victimes!
vées contre eux devinrent si évidentes que divination qui tire des pré-
Teratoscopie —
partout ils furent abandonnés: Jacques de ,
,,
Molai, leur grand-maître, qui du reste était sages de l'apparition de quelques spectres vus
'.. dans les airs, tels que des armées de cavaliers
très-ignorant; avoua àChinoii, le20 aoùt4308,
i
les crimes déclarés, et lés désavoua à Paris,
et autres prodiges, dont parlent les clirohi-r
le 2G décembre 4309. Mais lé désaveu ne queurs.
;
prouve rien. Les confessions avaient été faites Terragon. — Dans un pamphlet contre Hen-
ri 111, qui parut en 1589 sous le litre de Re-
,
que ce chat,.taivlis qu'on l'adorait, avait parlé et ré- montrances à Henri de Valois sur les chose;
pondu avec bonté aux uns et aux autres; qu'ensuite horribles envoyées
plusieurs démons étaient venus, etc. par un enfant du Paris, or
1 Be!<ner, XMctionn. de théologie. lisait ce qui suit : - « Henri, lorsque vou:
TES /168 TET
donnâtes liberté à tous sorciers et cnchan- manda i à un orme de saluer Apollonius <]e
leurs et autres divinateurs, de tenir libres Tyanes; 'J ce que l'orme fit d'une voix grêle '.
écoles en chambres de votre Louvre et même M. Salgues cite Phlégon, qui rap-
Tête. —
dans voire cabinet, à chacun d'iceux une porte qu'un poète nommé Publius ayant été
heure le jour pour mieux vous instruire, vous jdévoré loup qui ne lui laissa que la
par un
savez qu'ils vous ont donné un esprit familier tête, , cette lèle, saisie d'un noble enthousiasme,
nommé Terragon. Vous savez qu'aussitôt que articula vingt qui prédisaient la ruine do
vers
vous vîtes Terragon, vous l'appelâtes votre l'empire romain; il cite encore Arislote, qui
,

j
frère en l'accolant » On ajoutait sur ce dé- atteste qu'un prêtre de Jupiter ayant été tué,
mon familier des choses détestables. « Vous sa tête séparée de son corps nomma son meur-
savez, Henri, que Terragon vous donna un trier, lequel fui arrêté, jugé el condamné sur
anneau et que dans la pierre de cet anneau ce témoignage. Voy. POI.VCIUTE.
voire âme était figurée. » — Ces singularités
viennent d'un pamphlet. Mais toute- Tête de Bophomet. —M. de llammcr a
ne que
fois Henri III élail fort superstitieux et s'occu- publié en 4 84 8'une découverte intéressante
pait de magie. Foi/. HENRI III. pourl'histoiredessociétéssecrètes. Il a trouvé,
dans le cabinet, des antiquités du Muséum im-
Terre. —Félix Nogaref a exploité une opi- périal de Vienne, quelques-unes de Ces idoles
nion bizarre de quelques philosophes dans un nommées têtes de Bophomet, les templiers
que
petit ouvrage intitulé La terre esl un animal, adoraient. Ces tôles représentent la divinité
in-4 6, Versailles an 111. — Lyon possède un des gnosliques nommée mêlé
ou la sagesse.
astronome qui met en avant une autre théorie. On y retrouve la croix tronquée, ou la clef
,
Il prétend que la terre esl une éponge qui se égyptienne de la vie el de la mort, le serpent,
soulève el qui s'abaisse chaque jour au-des- le soleil, la lune, l'étoile du le tablier,
sceau,
sus ou au-dessous du soleil, de manière à le (lambeau à sept branches, cl d'autres hié-
former les jours cl les nuits. Les éclipses sont roglyphes de la franc-maçonnerie.M. de Rani-
impossibles d'après son système, puisque les les templiers, dans les hauts
mer prouve que
astres sont immobiles. Nous oubliions de dire grades de leur ordre, abjuraient, le christia-
que, selon lui, la terre respire à la manière des nisme, et. se livraient à des superstitions abo-
éléphants : les volcans sont ses narines.—Par minables. Les templiers et les francs-maçons
le temps de professions de foi qui court, disait remontent, selon lui, jusqu'au gnosticismr-,
l'Union catholique il ne serait peut-être pas
1
du moins, certains usages onl été transmis,
, ou
déplacé que l'illustre auteur de celte belle dé- les gnosliques, aux templiers, et par ceux-
par
couverte formulât son système de la lerre- ci francs-maçons. — On garda long-temps
éponge. aux
à Marseille une de ces tètes dorées saisie dans
Terrestres OU Souterrains, —-Espèces de un retrait de templiers, lorsqu'on fit leur procès.
démons que lesChaldéens regardaient, comme de mort. —Un roi chrétien, voulant
Tête
menteurs, parce .qu'ils étaient les plus éloi- connaître le moment el le genre de sa mort,
gnés de la connaissance des choses divines. fit venir un nécromancien, qui, après avoir
Terreurs paniques. — Un cavalier pariait dit. la messe, du diable, fil couper la tète d'un
qu'il irait, la nuit, donner la main à un pendu. jeune enfant de dix ans, préparé pour cet ef-
Son camarade y court avant lui, pour s'en fet. Ensuite il mit celte tête sur l'hostie noire,
assurer. Le cavalier arrive bientôt, tremble, et, après certaines conjurations, il lui com-
hésite; puis, s'encourageanl, prend la main du manda de répondre à la demande du prince.
pendu et le salue. L'autre, désespéré de per- Mais la tète ne prononça que ces mois : Le
dre la gageure, lui donne un grand soufflet, ciel me vengera-[... Et aussitôt le roi entra
tellement que celui-ci se croyant frappé du en furie, criant sans cesse : Otez-moi celle,
pendu, tombe à la renverse et meurt sur la tête! Peu après il mourut enragés.
place. Voy. RETZ, FRAYEUR, etc. Tête de saint Jean. — Un devin s'était
Tervilles. — Démons qui habitent la Nor- rendu fameux dans le dix-septième siècle par
wège avec les droites. Ils sont méchants, four- la manière dont il rendait ses oracles. On en-
bes, indiscrets et font les propbétiseurs 2. trait dans une chambre éclairée par quelques
flambeaux, On voyait sur une table une re-
Tespesion , —Enchanteur qui, pour mon-
qu'il pouvait enchanter les arbres, présentation qui figurait la tète de saint Jean-
trer com-
1 Jacques d'Autun, l'Incrédulité savante.
i 10 juillet 1S42. L'original porte : Vim patior.
des spectres ou appar., etc., liv. vi, 2
2 T.eloycr, Tlist.
p. 32a. 3 Bodin, Démonomanie des sorcier?.
TUA — im — THE
Baptiste dans un plat. Le devin affectait quel- ditions
i
des Juifs modernes. Environ cent ving'
qties cérémonies magiques ; il conjurait ensuite ans après la destruction du temple, le rabbin
celte tôle do répondre sur ce qu'on voulait Jiida-Haccadosch, que les Juifs appelaient
savoir, et la tète répondait d'une voix intel- notre saint maure, homme fort riche et fort
ligible, quelquefois avec une certaine exacti- estimé de l'empereur Anlonin-le-Pieux, voyant
tude. Or, voici la clef de ce mystère : la table avec douleur que les Juifs dispersés commen-
qui se trouvait au milieu de la chambre, était çaient à perdre la mémoire de la loi qu'on
soutenue dé cinq colonnes, une à chaque coin nomme orale, ou de tradition, pour la distin-
cl une dans le milieu. Celle du milieu était un guer de la loi écrite, composa un livre où il
tiiyau de bois; la prétendue tète de saint Jean renferma les sentiments, les constitutions, les
élail de carton peint au naturel, avec la bou- tradilionsdetous les rabbins qui avaientHenri
che ouverte, cl correspondant, par un trou jusqu'à son temps. Ce recueil forme un volume
pratiqué dans le plat et dans la table, à la in-folio; on l'appelle spécialement la misclma
cavité de la colonne creuse. Dans la chambre ou seconde loi. Cent rabbins y onl joint des
qui se trouvait au-dessous, une personne, commentaires dont la collection se nomme
parlant par un porte-voix dans celle cavité, Gcmare. Le tout embrasse douze volumes in-
se faisait entendre très-distinctement; la bou- folio. — Les Juifs méfient tellement le Thal-
che de la lèleavaitl'air de rendre ces réponses. mud au-dessus de la Bible, qu'ils disent que
Tétragrammation , — mol mystérieux em- Dieu étudie trois heures par jour dans la Bible,
ployé dans la plupart des conjurations qui mais qu'il en étudie neuf dans le Thalmud.
évoquent le diable. Thamuz, — démon du second ordre, in-
Teusarpoulier, — génie redoulé des Bre- . veilleur de l'artillerie. Ses domaines sont les
tons des environs de Morlaix. Il se présente- flammes, les grils, les bûchers. Quelques dé-
l'invention des bra-
sous la forme d'un chien, d'une vache, ou monomanes lui attribuent
d'un autre animal domestique. celets que les dames portent.
Teuss, — génie bienfaisant, révéré dans Théagènes , V01J. OllACLKS.
le Finistère; il est vêtu de blanc, et d'une taille Théantis, — femme mystérieuse. Foi/.
gigantesque, qui croît quand on l'approche. OUÉREIT.
On ne le voit que dans les carrefours, do mi-
nuit à deux heures; quand vous avez besoin Thème céleste. — Ce terme d'astrologie se
do son secours contre les esprits malfaisants,
dit do la ligure que dressent les astrologues
lorsqu'ils tirent l'horoscope. 11 représente l'é-
il vous sauve sous son manteau. Souvent,
quand il vous tient enveloppé, vous entendez lat du ciel à un point fixe, c'est-à-dire le lieu
où sont en ce moment les étoiles et les planè-
passer avec un bruit affreux le chariot du dia- tes. 11 esl composé de douze triangles enfer-
ble, qui fuit à sa vue, qui s'éloigne en poussant
més entre deux carrés, el on les appelle les
des hurlements épouvantables, en sillonnant
d'un long trait de lumière l'air, la surface de douze maisons du soleil. Voy. ASTROLOGIE.

la mer, en s'ubimanl dans le sein de la terre Themura, — l'une des trois divisions de la
ou dans les ondes 2. cabale rabbinique. Elle consiste : 4» dans la
Teutatès, •— le Plufon des Gaulois. On l'a- transposition et le changement des lettres;
dorait dans les forcis. Le peuple n'enlrail dans 2° dans un changement de lettres que l'on fait
ces forêts mystérieuses qu'avec un sentiment en certaines combinaisons équivalentes.
de terreur, fermement persuadé que les ha- Thèoelimène, — devin qui descendait en
bitants de l'enfer s'y montraient, et que la ligne directe de Mélampus de Pylos, et qui
seule présence d'un druide pouvait les empê- devinait à Ithaque dans l'absence d'Ulysse
cher de punir la profanation de leur demeure.

Lorsqu'un Gaulois tombait à terre, dans une
Théodat, — voy. ONOMANCIE.
enceinte consacrée au culte, il devait se hâter Théodoric, — roi des Goths. Sous son rè-
d'en sortir : mais sans se relever et en se traî- gne, les deux plus illustres sénateurs, Sym-
nant à genoux, pour apaiser les êtres surna- maque et Boëce, son gendre, furent accusés
turels qu'il croyait avoir irrités''. de crimes d'état, et mis en prison; Boëce
Thalmud , — livre qui contient la doctrine, était chrétien. Il fut mis à mort l'an 524, et
les contes merveilleux, la morale el les tra- son beau-père eut le même sort, l'année sui-
vante. — Un jour les officiers de Théodoric
1 Le Petit Albert, p. 18.
ayant servi sur sa table un gros poisson, il
2 Cambry, Voyage dans le Finistère.
crut voir dans le plat la tête de Symmaque,
" M, Garinet, liisl. de la magie en France, p. 3,
fraîchement coupée, qui le regardait d'un air
THE — /|70 — Tlll
furieux; i) on fut si épouvanté, qu'il en prit reux i ; celles-là, moins nombreuses, s'élevant
un frisson : il se mil au lil et mourut au dé- en haut avec rapidité et se réjouissant avec
i
sespoir. leurs semblables. Il racontait tous les suppli-
!

Théomancie, —- partie de la cabale des ces des scélérats dans l'autre vie; el il ajou-
Juifs qui étudie les mystères de la divine ma- tait que, pour lui, une âme de sa connaissance
jesté, et recherche les noms sacrés. Celui qui lui avait dit qu'il n'était pas encore mort, mais
possède cette science sait l'avenir, commande que, par la permission des dieux, son âme
-à la nature, a plein pouvoir sur les anges et était venue faire ce petit voyage de faveur,
les diables, et peut faire des prodiges. Des el qu'après cela il était rentré dans son corps
rabbins ont prétendu que c'est par ce moyen poussé par un souifle impétueux. Pour vous,
que Moïse a tant opéré de merveilles; que lecteur, croyez-moi, n'attendez pas la morl
Josué a pu arrêter le soleil; qu'Elie a fait pour bien vivre. ,
tomber le feu du ciel et ressuscité un mort ; Thessaliennes. — La Thessalie possédait
que Daniel a fermé la gueule des lions; que un si grand nombre de sorciers, et surtout de
les trois enfants n'ont pas été consumés dans sorcières, que le nom de sorcière et de Thes-
la fournaise, etc. —Cependant, quoique très- salienne étaient synonymes.
experts aussi dans les noms divins, les rab- "
de parvenir à des eon- rf
bins juifs ne font, plus rien des choses opérées Théurg-le, — art
chez leurs pères, naissances surnaturelles el d'opérer des mira-
cles par le secours des esprits ou génies que
Théraphim. — Selon rabbi Aben-Esra, les les païens nommaient des dieux, el que les
idoles, que les hébreux appelaient léraphim, pères de l'Eglise onl appelés des démons. Cet
étaient des talismans d'airain, en forme de ca- art imaginaire a été recherché et pratiqué
drans solaires, qui faisaient connaître les par un grand nombre de philosophes. Mais !

heures propres à la divination. Pour les faire ceux des troisième et quatrième siècles qui
on tuait le premier-né de la maison, on lui prirent le nom d'éclectiques ou de nouveaux
arrachait la tête, qu'on salait de sel mêlé platoniciens, tels que Porphyre, Julien, Jam-
d'huile; puis on écrivait sur une lame d'or le bliqïie, Maxime, en furent principalement en-
nom de quelques mauvais esprits; on mettait têtés. Us se persuadaient que par des formu-
celle lame sous la langue de l'enfant; on at- les d'invocation, par certaines pratiques, on
tachait la tète coupée à la muraille, et, après pouvait avoir un commerce familier avec les
avoir allumé des flambeaux devant elle, on esprits, leur commander, connaître el opérer
lui rendait à genoux de grands respects. Cette par leurs secours dos choses supérieures aux
figure répondait aux questions qu'on avait à forces de la nature. Ce n'était, dans le fond,
lui faire; on suivait, ses avis; et on traçait rien autre chose que la magie. Mais ces phi-
sur ses indications les figures du théraphim. losophes en distinguaient deux espèces, sa-
Selon d'autres rabbins les Ihéraphims étaient voir : la magie noire el malfaisante, qu'ils
des mandragores. nommaient goélie, et dont i|s attribuaient les
Thespesius. — Citoyen de Cilicio, connu effets aux mauvais démons, el la magie bien-
de Plularquo. C'était un mauvais sujet qui faisante qu'ils appelaient Ihéurgie, c'esl-à-'
exerçait toutes sortes de friponneries, el se dire opération divine par laquelle on invo-
ruinait de jour en jour de fortune cl de répu- quait les bons esprits '. — Comment savait-on,
tation. L'oracle lui avait prédit que ses affai- ajoute Bergier, que toiles paroles,ou telles
res n'iraient bien qu'après sa mort. En con- pratiques avaient la vertu de subjuguer ces
séquence, il tomba du haut de sa maison, se prétendus esprits el de les rendre obéissants"?
cassa le cou et mourut. Trois jours après, Les Ihénrgistes supposaient que les mêmes
lorsqu'on allait faire ses funérailles, il revint esprits avaient révélé ce secret aux hommes.
à la vie et fut dès lors le plus juste, le plus Plusieurs de ces pratiques étaient des crimes,
pieux el le plus homme de bien do la Cilicie. tels que les sacrifices de sang humain; el il
Comme on lui demandait la raison d'un tel est établi que les théurgisles en offraient. Foi/.
changement, il .disait qu'au moment de su MAGIK, A UT NOTOIHE, elc.
chute son âme s'était élevée jusqu'aux étoiles, Thiers (JUAN-BAPTISTE), — savant bache-
dont il avait .admiré la grandeur immense et lier de Sorbonne, professeur de l'université
l'éclat surprenant ; qu'il avait vu dans l'air de Paris, el ensuite- curé de Vibraye dans le
un grand nombre d'âmes, les unes enfermées diocèse du Mans, né. à Chartres en 4 038,
1

dans des tourbillons enflammés les autres' mort à Vibraye en 4703, auteur de plusieurs
pirouettant en tout sens, celles-ci ,très-embar-
,
rassées et poussant des gémissements doulou- Bergier, Bictioiin. de théologie.
THO — 471 —. TIC
ouvrages curieux, parmi lesquels on recher- quand il entenditmarcher tout auprès de lui. 11
che toujours le Traité des superstitions, i vol. ouvrit alors les rideaux de son lit, et comme les
in-12. Il y rapporte une foule de petits faits volets de ses fenêtres n'étaient point fermés, et,
singuliers. qu'il faisait clair de lune il vil distinctement
,
grande figure blanche qui se promenait
Thomas (SAINT). — On lit dans les démo- une
Suinl-Thomas-d'Aquin trou- dans l'appartement... Il aperçut en même
nomanes que se des chaises au-
vait incommodé dans ses éludes par le grand temps des bardes éparses sur
des vo-
bruit des chevaux qui passaient tous les jours près de la cheminée. 11 s'imagina que
devant ses fenêtres pour aller boire: comme
leurs étaient entrés dans sa chambre ; et
il était habile à faire des talismans, il fil une voyant la figure blanche se rapprocher de son
petite figure de cheval qu'il enterra dans la lit, il lui demanda d'une voix
forte: Qui
et depuis les palefreniers lurent ôles-vous? — Je suis la reine du ciel, répon-
rue; con- prési-
traints de chercher un autre chemin, ne pou- dit le fantôme d'un ton solennel.... Le
vant plus à toule force faire passer aucun dent, reconnaissant la voix
d'une femme, se
domesti-
cheval dans celle rue enchantée. C'est-un conte leva aussitôt; et, ayant appelé ses
comme un autre, foi/. AI.HHI'.T-I,IÏ-GIIANI>. ques, il leur dit de la faire sortir, el se re— '
coucha sans demander d'éclaircissement. Le
Thomas. — On lit dans plusieurs conteurs lendemain il apprit que la femme qui lui
ce qui suit : « Un moine , nommé Thomas, à avait rendu une visite nocturne était une folle
la suite d'une querelle avec les religieux d'un qui,, n'étant point renfermée, courait çà et là
monastère de Lur.qucs, se relira tout troublé et servait de jouel au peuple. Elle était entrée
dans un bois où il rencontra un homme qui dans la maison, qu'elle connaissait déjà, en
avait la face horrible le regard sinistre, la cherchant un asile pour la nuit. Personne no
,
barbe noire et, le vêlement long. Il lui demanda l'avait aperçue, et elle s'était glissée dans la
pourquoi il allait seul dans ces lieux détour- chambre du président, dont elle avait trouvé
nés. Le moine répondit qu'il avait perdu son la porte ouverte. Elle s'était déshabillée au-
cheval et qu'il le cherchait. Je vous aiderai, près du feu el avait étalé ses habits sur des
dit l'inconnu. Comme ils allaient ensemble à chaises. Celle folle était connue flans la ville
la poursuite du prétendu cheval égaré ils
sous le nom de la reine du ciel, qu'elle se don-
,
arrivèrent au bord d'un ruisseau entouré do nait elle-même '.
précipices. L'inconnu invita le moine, qui
déjà se déchaussait, à monter sur ses épaules, Thurifumie, — divination par la fumée do
l'encens.
disant qu'il lui était plus facile de passer à
lui qui était plus grand. Thomas y consentit.; Thymiasmata, — parfums d'encens qu'on
mais lorsqu'il fut sur le dos de son compa- employait chez les anciens pour délivrer ceux
gnon , il s'aperçut qu'il avait les pieds diffor- qui étaient possédés de quelque mauvais
mes d'un démon ; il commença à trembler el esprit.
à se recommander a Dieu de tout son coeur. Thyrée (PiEmiE), — jésuite, auteur d'un
Le diable aussitôt se mit à murmurer et. s'é- livre sur les démoniaques, les maisons infec-
chappa avec un bruit, affreux en brisant un tées et les frayeurs nocturnes '-.
grand chêne qu'il arracha do ferre. Quant au
moine, il demeura étendu au bord du préci- Tibalang, — fantômes que les naturels des
Philippinescroient voir sur la cime de certains
pice el remercia son bon ange de l'avoir ainsi
vieux arbres, dans lesquels ils sont persuadés
lire des grilles de Satan'. »
que les âmes de leurs ancêtres onl leur rési-
Thor, — dieu de la foudro chez les ancien- dence. Ils se les figurent d'une taille gigan-
nes races germaniques, qui l'armaient d'un tesques; de longs cheveux, de petils pieds,
marteau. des ailes très-étendues et le corps peint.
Thou. — Il arriva en 4 598 une aventure Tibère. — Cel empereur romain voyait
assez singulière au président de Thou. Il se clair dans les ténèbres, selon Cardan, qui
trouvait depuis peu de temps dans la ville de avait la même propriété. Koy. TIUSULLE.
Saumur. Une nuit qu'il élail profondément
endormi, il fut réveillé toulà coup par le Ticho-Brahè, — astronome suédois. H
croyait que sa journée sérail malheureuse, et
poids' d'une niasse énorme qu'il sentit se po-
s'en retournait promplemenl si, en sortant de
ser sur ses pieds. Il secoua fortement ce poids logis, la première personne qu'il rencon-
et le fil tomber dans la chambre... Le prési- son
dent, ne savait encore s'il était bien éveillé
1 Démoniana, 12.p.
* Daimoniaci, euni locis infestis et icrriculamentis
1 VVierus, de Pi-test., etc. 11,-jcturnis.
TON — kl'2l — TON
•rail était une vieille, ou si un lièvre traver- pour \ entrer dans la chaudière. Les démons
sail son chemin. de
c celle montagne avaient des fourches do :
Tigre (LE GRAND) LlÈVMÎ. Jfer el des tridents rougis au feu, avec lesquels '
, VOIJ.
Tintement. — Lorsque nous sentons une ils ' emportaient les âmes d'un lieu à l'autre.
chaleur à la joue, dit Brown, ou que l'oreille Tondal vit ensuite une multitude de pécheurs
plongés jusqu'au cou dans tin lac. de poix el
nous tinte, nous disons ordinairement que '
quelqu'un parle de nous. Ce tintement d'o- de ' soufre. Un peu plus loin il se trouva devant
reille passait chez nos pères pour un très- une bête terrible, d'une grandeur extraordi-
mauvais augure. naire. Celte bêle se nommait ['Achèron l, elle
Tiromanole, — divination par le fromage. vomissait des flammes el puail considérable-
On la pratiquait de diverses manières que ment. On entendait dans son ventre des cris
nous ne connaissons pas. el des hurlements d'hommes et de femmes.
L'ange, qui avait sans doute ordre de donner
Titania, — reine des fées. Voy. OHEUON. à Tondal une leçon, se retira à l'écart sans
Titus. — « On trouve raconté dans un vieux qu'il s'en aperçût, et le laissa seul devant la
recueil de traditions juives, que Titus prélen- bêle. Aussitôt
une meule de démons se pré-
dit avoir vaincu le Dieu des juifs à Jérusalem. cipita sur lui, le saisit et le jeta dans la gueule
Alors une voix terrible se fil enlendre, qui de la grosse bête, qui l'avala comme une len-
>

dit : Malheureux, c'est la plus petite de mes tille. 11 esl. impossible d'exprimer, dît—il, tout,
créatures qui triomphera de toi. En effet, un ce qu'il souffrit dans le ventre de ce monstre. s
moucheron se glissa dans le nez de l'empe- Il s'y trouva dans 5

une compagnie extrême- \


reur el parvint jusqu'à son cerveau. Là, pen- nient triste, composée d'hommes, de chiens, [
dant sept années, il se nourrit de cervelle d'ours, de lions, de serpents et. d'une foule \
d'empereur, sans qu'aucun médecin pût. le d'autres animaux inconnus, qui mordaient
déloger. Titus mourut après d'horribles souf- cruellement el qui n'épargnèrent, point le
pas- !
frances. On ouvrit sa tète pour voir quel élait sager. 11 éprouva les horreurs du froid, la '
ce mal contre lequel avaient échoué fous les puanteur du soufre brûlé ainsi que d'autres
efforts de la médecine, el on trouva le mou- désagréments. L'ange vint le tirer de là el lui
cheron, mais forl engraissé. 11 était devenu de dit : Tu viens d'expier tes petites fautes d'ha-
la taille d'un pigeon. 11 avait des pattes de fer biludo mais lu as autrefois volé une vache à
;
et une bouche de cuivre 1. » un paysan, ton compère : la voilà, celte va-
Toîa, — nom sous lequel les habitants de che. Tu vas la conduire de l'autre côté du lac,
la Floride adorent le diable, c'est-à-dire qui esl devant nous. Tondal vit donc une
l'auleur du mal. —
vache indomptée à quelques pas de lui; il se
Tombeaux. — Chez plusieurs nations ido- trouva sur le bord d'un étang bourbeux qui
lâtres de l'antiquité, l'usage était d'aller dor- agitait ses flots avec fracas. On ne pouvait le

mir sur les tombeaux, afin d'avoir des rêves traverser que sur un pont si étroit, qu'un
de la part des morts, de les évoquer en quel- homme en occupait toute la largeur avec ses
que sorle el de les interroger. Voy. MONTS. pieds. Hélas ! dit en pleurant le pauvre sol-
Tondal. — Un soldai nommé Tondal, à la dat, comment pourrai-jo traverser avec une
suile d'une vision ou d'un songe, raconte qu'il vache ce pont où je n'oserais me hasarder
avait été conduit par un ange dans les en- seul? — 11 le faut, répliqua l'ange. Tondal,
fers. Il avait vu et senti les tourments qu'on après bien des peines, saisit la vache par les
y éprouve. L'ange le conduisit, dit-il, dans cornes et s'elibrea de la conduire au pont-
un grand pays ténébreux, couvert de char- Mais il fut obligé de la traîner, car lorsque la
bons ardents. Le ciel de ce pays était une vache était debout, en disposition de faire un
immense plaque de fer brûlant, qui avait neuf pas, le soldat tombait de sa hauteur; el quand
pieds d'épaisseur. Il vil d'abord le supplice le soldat se relevait, la vache s'abattait à son
:
de plusieurs âmes qu'on mettait dans des va- tour. Ce fut avec bien des peines que l'homme
ses bien fermés el qu'on faisait fondre. Après; et la vache arrivèrent au milieu du pont..—
cela il arriva auprès d'une montagne chargée. Alors Tondal se trouva nez à nez avec un
de neige et de glaçons sur le flanc droit, cou- autre homme qui passait le pont comme lui :
verte de flammes et de soufre bouillant sur le; il était chargé de gerbes qu'il était condamné
flanc gauche. Les âmes qui s'y trouvaientt à porter sur l'autre bord du lac. Il pria le sol-
passaient alternativement des bains chauds3 dat de lui laisser le passage; Tondal le con-
aux bains glacés, et, sortaient de la neige3 jura de ne pas l'empêcher do finir une péni-

' Alph. Karr, Voyage autourdumunJ'ardirij letl. XI. 1 Qua3 Achîeron appellabalur...
TOll 473 TOU
(.once qui lui avait déjà donné tant de peines, h ureux. Chaque anguekkok a en outre son
Mais personne ne voulut reculer; après qu'ils c prit familier qu'il évoque et qu'il consulte
se furent
disputés assez long-temps, ils s'a- c mime un oracle '.
perçurent tous deux, à leur grande surprise, Torquemada (ANTOINE DE) , — auteur es-
qu'ils avaient traversé le pont tout entier sans j ignol de VHexameron ou six journées, con-
faire un pas. L'ange conduisit alors Tondal t nant plusieurs doctes discours, etc. ; avec
dans d'aulres lieux non moins horribles, el le ] aintes histoires notables et non encore
ramena ensuite dans son lit. Il se leva el se i .iïes, mises en français par Gabriel Chap-
conduisit mieux depuis '. j uys, Tourangeau. Lyon, 4 582,'m-8" ; ou-
Tonnerre. — Le tonnerre a élé adoré rage plein de choses prodigieuses et d'aven- -
comme dieu. Les Egyptiens le regardaient ires de spectres et de fantômes.
comme le symbole de la voix éloignée, parce Torreblanca (FlUNÇOJS), •— jurisconsulte
que de tous les bruits c'est celui qui se fait e Cordoue, auteur d'un livre curieux sur les
entendre le plus loin. Lorsqu'il tonne, les rimes des sorciers 2.
Chingulais se persuadent que le ciel veut leur Torture. — Quand on employait la torture
infliger un châtiment, el que les âmes des lonlre les sorciers, et que les tourments ne
méchants sont chargées de diriger les coups es faisaientpas avouer, on disait que le dia-
pour les tourmenter el les punir de leurs pé- )le les rendait insensibles à la douleur.
chés. En Bretagne on a l'usage quand il tonne Totam , — esprit qui garde chaque sau-
de mettre un morceau de fer dans le nid des nage de l'Amérique septentrionale. Ils se le
poules qui couvent2, comme préservatif du eprésentent sous la forme do quelque bête ;
tonnerre. Voy'. CLOCHES, EVANGILE DE SAINT- ?l, en conséquence, jamais ils ne tuent, ni ne
JEAN etc. chassent, ni ne mangent l'animal dont ils pen-
,
Toqui (GKAND). — Les Araucans, peupla- sent que leur totam a pris la figure.
des indépendantes du Chili, reconnaissent Toupan, — esprit malin qui préside au
sous ce nom un grand esprit qui gouverne le tonnerre chez les naturels brésiliens.
monde. Ils lui donnent des minisires infé- Tour de force. — Delrio rapporte celle his-
rieurs chargés des petits détails d'administra- loiro plaisante : Deux troupes de magiciens
tion, tels que les saisons, les vents, les tem- s'étaient réunies en Allemagne pour célébrer
pêtes, la pluie el le beau temps. Ils admet- lo mariage d'un grand prince. Les chefs de
tent, aussi un mauvais génie qu'ils appellent ces troupes étaient rivaux et voulaient chacun
Guécuba, qui se fait un malin plaisir de trou- jouir sans partage de l'honneur d'amuser la
bler l'ordre el de molester le grand Toqui. cour. C'était le cas de combattre avec, toutes
Tomgarsuk. -—• Les Groenlandais ne font les ressources de la sorcellerie. Que fit l'un
ni prières ni sacrifices, et ne pratiquent au- des deux magiciens? 11 avala son confrère, le
cun rit; ils croient pourtant à l'existence de garda quelque- temps dans son estomac, et
le
certains être surnaturels. Le chef el le plus rendit ensuite par où vous savez. Celle es-
puissant de ces êtres est Tomgarsuk, qui ha- pièglerie lui assura la victoire. Son rival hon-
bile selon eux sous la terre, et qu'ils repré- teux et confus décampa avec sa troupe el alla
sentent sous la forme d'un ours, tantôt sous plus loin prendre un bain el se parfumer.
:
celle d'un homme avec un bras, tantôt enfin Tour enchantée, -— VOIJ. ItOWElUK.
sous celle d'une créature humaine, grande au Tour de Montpellier. — 11 y a sans douté
plus comme un des doigts de la main. C'est
à Montpellier une vieille tour que le
auprès de celte divinité que les anguekkoks encorepeuple de celle ville croit aussi ancienne que
sont obligés de se rendre pour lui demander le monde; chute doit précéder de quelques
J conseil quand un Groenlandais tombe malade sa
dans quelque embar- miaules la déconfiture de l'univers.
? ou qu'il se. trouve autre
; ras. Indépendamment de ce bon génie qui est Tour de "wigla, — tour maudite de la Nor-
invisible à tout le monde, excepté de l'anguek- wège où le roi païen Vermund fit brûler les
kok, il en est plusieurs autres qui sont moins mamelles de Sainle-Ethelréria avec du bois
puissants; ce sont les génies du feu, de l'eau, de la vraie croix, apporté à Copenhague par
de l'air, etc., qui, par l'entremise de l'an- Olaiis III. On dit que depuis on a essayé inu-
\ guekkok, leur enseignent ce qu'ils doivent lilement de faire une chapelle, de cette tour
faire ou ce qu'ils doivent éviter pour être
1 Expédition du capitaine Graali dans le Groenland.
1 Dyonisii Gartliusiani, art. 49. —HÉCC prolixius de- '"- Epitome delietorum, sive de Magiâ, in quâ aperta
scribnntùrinlibello qui Visio Xondali nuncupatur. vel occulta invocatio dse.r unis intervenu, etc., edilto
,
' Cambiy, Voyage dans le Finistère, t. 31, p. 16. uovissima, Lugduni, IG'îO, in-i",
TRA — l\'il\ 74 — TRA
maudite ; toutes les croix qu'on y a placées raclérise; i de, là celte familiarité qui diminue
successivement ont été consumées par le feu la terreur causée par son nom : les mêmes élé-
1

du ciel'. ments
i entrent dans la composition de tontes
Tourterelle. — Si on porte le coeur de cet les ' combinaisonsvariées du mauvais principe
oiseau dans une peau de loup, il éteindra qui '
engendra la race nombreuse des ltilins
tous les sentiments. Si on pend ses pieds à sortis de l'enfer. Si le rire n'est pas toujours
un arbre, l'arbre ne porlera jamais de fruil. méchant et perfide, il exprime assez bien du
Si on frotte de son sang, mêlé avec de l'eau moins la malice et la perfidie. C'est de l'al-
dans laquelle on aura fait cuire une taupe, liance du rire et de la malice que sont nés
un endroit, couvert de poils , tous les poils tons ces moqueurs placés par les mythologues
noirs tomberont2... au rang des divinités. Tel est le Momus des
Traditions. — Nous avons lu, il n'y a pas Grecs el le Loki des Scandinaves, l'un bouf- ,

fort long-temps, une piquante dissertation du fon de l'Olympe, l'autre bouffon des banquets ï
Quarlerly magazine sur les traditions popu- du Valhalla. —Satan nous esl singulièrement
laires du moyen âge et des temps modernes. dépeint, par le pape saint Grégoire, dans sa
Nous en conserverons ici les passages les plus Vie de saint, Benoît. Un jour que le saint allait i

saillants. —C'est, dit l'auteur, sur la fata- dire ses prières à l'oratoire do Saint-Jean,
lité el l'antagonisme du bien el du mal que sur le Monl-Cassin, il rencontra le diable sous
la forme d'un vétérinaire, avec une fiole d'une
se fonde la philosophie des traditions du peu-
ple. Celle base se retrouve dans le conte le main el, un licou de l'autre. Le texic disait :
plus trivial où l'on introduit un pouvoir sur- in mulomedici speeie; par l'introduction d'une
naturel; et la nourrice, qui l'ail son récit au virgule qui décompose le mol : in malo , mc-
coin de la cheminée rustique, a la même dici speeie , un copiste fit, du diable ainsi dé-
science que les hiérophantes de la Grèce cl' guisé un véritable docteur monté sur sa mule,
les mages de la Perse. Le principe destruc- comme cheminaient les docteurs en médecine
leur élanl le plus actif dans ce bas monde, ijI avant, l'invention des carrosses; elun tableau
reparaît, dans toutes les croyances supersti- de cet, épisode ayant été exécuté d'après ce
tieuses sous une variété infinie de formes, les texte corrompu, Satan a été souvent repré-
sombres, les autres brillantes; senté avec la robe doctorale el, les instruments
unes on re- de
trouve partout les mêmes personnifications la profession en croupe sur sa monture.
d'Oromase el d'Arimane, et l'hérésie des Ma- — Une autre fois, on dénonça à sainl Benoit
nichéens.— La vague crédulité du villageois la conduite légère d'un jeune frère apparte-
ignorant s'accorde avec la science mythologi- nant à l'un des douze monastères affiliés à la
rè-rlc du réformateur. Ce moine ne voulait ou
que des anciens sages. Des peuples que
l'Océan sépare- sont rapprochés par leurs fa- ne pouvait prier avec assiduité; a peine se-
bles; les hamadryades de la Grèce et les lu- tail-il mis à genoux , qu'il se levait el allait
lins de la Scandinavie dansent, une ronde se promener. Saint Benoit ordonna qu'on le
fraternelle avec les fantômes évoqués par le lui amenât au Monl-Cassin; el, là, lorsque le
sorcier moderne ; celui-ci compose ses phil- moine, selon son habitude, interrompit ses
tres, comme Canidie, avec la mandragore, devoirs el sortit de la chapelle, le sainl vit
la ciguë, les langues de vipère et, les autres [' un petit diable noir qui le lirait de toutes ses
ingrédients décrits par Virgile et Horace. ".A forces par le pan de sa robe. — Parmi les
f innombrables épisodes de l'histoire du diable
la voix des sorciers modernes, comme à celle
des magiciens de Thessalie, on entend en- clans les Vies des Saints, quelques-uns sont
le hibou crier, le corbeau croasser, le
_ plus comiques, quelques autres plus pillores^
core ,
serpent siffler, el les ailes noires des scara-' ques. Sainl Antoine vil Satan dresser sa tète
bées s'agiter. — Toutefois, le Satan des lé- 4_
de géant au-dessus des nuages, et étendre
gendes n'est jamais revêtu de la sombre ", ses larges mains pour intercepter les âmes
dignité de l'ange déchu ; c'est, le diable, ['en- J des morts qui prenaient leur vol vers le ciel.
nemi, méchant par essence, de temps immé- Parfois le diable est un véritable silice , et sa
morial. S'a rage esl souvent impuissante, à malice ne s'exerce qu'en espiègleries. C'est
moins qu'il n'ait recours à la ruse : il inspire ainsi que, pendant des années, il se tint aux
la peur encore plus que la crainte. De ,.. là aguets pour troubler la piété de sainte Gu-
vient cette continuelle succession de caprices dule. Toutes ses ruses avaient été vaines,
bizarres et de malices grotesques qui le ca- lorsqn'enfin il se résolut à un dernier effort.
C'était la coutume de celle noble el chaste
! Victor Hugo, Han d'Islande, cliap. 12.
vierge de se lever au chant du coq el d'aller
'J Les Admirables secrets d'Albert-le-Grand, p. 113.
3. prier à l'église, précédée de sa servante por-
TRA — /j7 5 — TRA
tant une lanterne. Que lit le père de toute à qu| les offense! Dans le royaume voisin , en
malice, il éteignit la lanterne en soufflant Danemark, les Pneks ont un rare talent com-
dessus. La sainte eut recours à Dieu, et, à sa me musiciens. 11 existe une certaine danse
prière, la mèche se ralluma, miracle de ]a appelée la gigue du roi des Elfs, bien connue
foi qui suffît pour renvoyer le malin honteux des ménétriers de campagne, et qu'aucun
et. confus. Il n'est pas sans exemple que le d'eux n'oserait exécuter. L'air seul produit
diable se laisse tromper par les plus simples le même effet que le cor d'Oberon : à peine
artifices, et une équivoque suffit souvent pour la première noie se fait-elle entendre, vieux
le rendre dupe dans ses marchés avec les sor- el jeunes sont forcés de sauter en mesure ; les
ciers: comme lorsque Nostradamus obtint son tables, les chaises et les tabourets de la mai-
secours à condition qu'il lui appartiendrait son commencent à se briser, et le musicien
tout entier après sa mort, soit qu'il fût en=- imprudent ne peut rompre le charme qu'en
terré dans une église, soit qu'il fût enterré jouant la même danse à rebours sans dépla-
dehors... Mais Nostradamus ayant, ordonné cer une seule note, ou bien en laissant ap-
par testament que son cercueil fût déposé procher un des danseurs involontaires assez
dans la muraille de la sacristie, son corps y adroit pour passer derrière lui et couper tou-
repose encore. — Le vieil Ileywood a rédigé tes les cordes du violon par-dessus son épaule.
en vers une nomenclature curieuse de tous —Les noms des esprits de celle classe sont
les petits démons de la superstition populaire : très-significatifs : de Gob le vieillard, devenu
il y comprend les farfadets, les follets, les un nom du diable, les Normands semblent
alfs, les Robin Goodfellows, et ces lutins que avoir fait Gobelin. On appelait Gobclin ce
Shakspeare a donnés pour sujets à Oberon el diable d'iivreux que saint Taurin expulsa,
à Tilania. On a prouvé que le roi ou la reine mais qui, ayant montré un respect particulier
de féerie n'est autre que Satan lui-même, au sainl exorciste, obtint la permission de ne
n'importe son déguisement. C'était donc un pas retourner en enfer, el continua de hunier
démon que ce Puck qui eut long-temps son la ville sous diverses formes, à condition qu'il
domicile chez les dominicains de Schwerin se contenterait de jouer des tours innocents
dans le Mecklembourg. Malgré les tours qu'il aux bons chrétiens de Pliure. Le Gobclin
jouait aux étrangers qui venaient visiter le d'Évreux semble s'être ennuyé de ses espiè-
monastère, Puck, soumis aux moines, était gleries depuis quelques années, el il a.rompu
pour eux un bon serviteur. Sous la forme d'un son ban pour aller tourmenter les habitants
singe, il tournait la broche lirait le vin, ba- de Caen. L'un de ces derniers hivers, les
layait la cuisine. Cependant,, malgré tous ces bourgeois de la bonne ville de Guillaume-le-
services, le religieux à qui nous devons la Bàtard furent souvent, effrayés de ses appa-
Veridica relat-io de doemonio Puck ne reconnaît ritions. Us s'était affublé d'une armure blan-
en lui qu'un esprit malin. Le Puck de Schwe- che, el, se grandissait jusqu'à pouvoir regar-
rin recevait pour ses gages deux pots d'étain der à travers les fenêtres des étages les plus
et une veste bariolée de grelots pour boulons. élevés. Un vieux général rencontra ce diable
— Le moine Rush de la légende suédoise, et importun dans un impasse et le défia , mais
Bronzel, de l'abbaye de Monlmajor, près Gobelin lui répondit : « Ce n'est pas de (oi
d'Arles, sont, encore Puck sous d'autres noms. - que j'ai reçu ma mission, ce n'est pas à toi
On le retrouve en Angleterre sous la forme de que je dois en rendre compte. » Le général
Robin Goodfellow ou de Robin Hood, le- fa- ayant insisté, six diables blancs de la même
meux bandit de la forêt de Sherwood ayant taille sortirent tout à coup de terre , et le gé-
reçu ce surnom à cause de sa ressemblance néral jugea prudent de battre en retraite de-
avec ce diable populaire. Enfin Robin Hood vant le nombre. Le journal du département
est aussi le Red Cap d'Ecosse, et le diable rendit justice à son courage : mais le général
saxon Hodeke.n, ainsi appelé de l'hoodiwen , n'eut pas moins besoin de se faire saigner
ou petit chaperon ronge qu'il porle en Suède par le docteur Vastel, — Le Duende espagnol
lorsqu'il y apparaît sous la forme du Nisse correspond au Gobelin normand et au Tom-
ou Nisscgodreng. —=- Puck, en Suède, se nom- tegobbe suédois. Duende, selon Cobaruvias,
ma Nissegodreny (ou Nisse le bon enfant), et est une contraction de dueno de casa, niaîlre
vit en bonne intelligence avec Tomtegojibe, ou de la maison. Ce diable espagnol fut de tout
le Vieux du Grenier, qui est un diable de la temps cité pour la facilité de ses métamor-
môme classe. On trouve Nisscgodreng el Tom- phoses. — Le diable a souvent fait parler de
tegobbe dans presque toutes les fermes, com- lui en Espagne comme partout; citons la lé-
plaisants et dociles si on les traite .avec dou- gende relative à l'origine démoniaque de la
ceur, niais irascibles et capricieux : malheur noble famille de Haro. Don Diego Lopez, sei-
TRA h'id — TRA
gueur de Biscaye, était à l'affût du sanglier, mauvais
n génie. Sous ce nom el sous la forme
lorsqu'il 'entendit les accords d'une délicieuse de d kelpic, cheval-diable d'Ecosse, il habile
voix de femme. Il regarde, et aperçoit la les h lacs el les rivières de la Scandinavie, où
chanteuse debout sur un rocher. 11 en devint ilil soulève des tempêtes et des ouragans. Il y
épris et lui proposa de l'épouser. « J'accepte a, a dans l'île de Rugen, un lac sombre dont
votre main, répondit-elle, beau chevalier, lles eaux sonl troubles et les rives couverts
car ma naissance est noble; mais à une con- de c bois épais. C'est là qu'il aime à lourmen-
dition : jurez-moi que vous ne prononcerez ler l les pêcheurs en faisant chavirer leurs ba-
jamais devant moi un nom sacré. » Le che- tteaux el en les lançant quelquefois jusqu'au
valier le jura, cl, quand le mariage fui con- sommet, des plus hauts sapins. •— Du Nickar
E

sommé, i! s'aperçut que sa fiancée avait un Scandinavei sont provenus les hommes d'eau
pied de chèvre. Heureusement c'était son seul et les femmes d'eau, les nixes des Teutons. Il
<

défaut. Personne n'est parfait; el, par une n'en i esl, pas de plus célèbres que les nymphes<
convention tacite le pied de chèvre ne fut de l'Elbe el de la Gaal. Avant, l'établissement
bientôt qu'un pied, de biche, ce qui élail plus du christianisme, les Saxons qui habitaient
i

poétique. Don Diego n'en eût pas moins d'at- le voisinage de ces deux fleuves adoraient. |
tachement pour sa femme qui devint mère une divinité du sexe féminin dont le temple \
, ,
de deux enfants, une fille et un fils nommé était dans la ville de Magdebourg ou Megrle- t
lniguez Guerra. Or, un jour qu'ils étaient à burch (ville de la jeune fille), et qui inspira j
table, le seigneur de Biscaye jeta un os à ses toujours depuis une certaine crainte comme f
chiens : un mâtin el un épagneul se prirent de la naïade de l'Elbe. Elle apparaissait à Mag- j.
querelle; l'épagneul suisil le malin à la gorge debourg, où elle avait coutume d'aller au l
cl l'étrangla : « Sai7ite vierge Marie! s'écria marché avec un panier sous le bras : elle était '
» don Diego; qui a jamais vu chose pareille"? » pleine de grâce propre, el au premier abord l
La dame au pied de biche saisit aussitôt les on l'aurait prise, pour la fille d'un bon bour- -.
mains de ses enfants. Diego retint le garçon, geois; mais les malins la reconnaissaient, à -
mais la mère s'échappa à travers les airs avec un petit coin de son tablier toujours humide
la fille... Par la suite, don Diego Lopez en- en souvenir de son origine aquatique. Préto- \.
vahit les terres des Maures : il fut malheureux rius, auteur estimable du XVIe siècle, ra- \
dans un combat el fait prisonnier ; les vain- conte que la nymphe de-l'Elbe s'asseoit quel- j
queurs lui lièrent les mains cl remmenèrent quefois sur les bords du fleuve , peignant, ses t
à Tolède, lniguez Guerra était triste de la cheveux à la manière des sirènes. Une Iradi- j
captivité de son père. Quelqu'un lui dit, alors : tion semblable à celle que AValler Scoll a !

Pourquoi n'iriez-vouspas invoquer la fée qui mise en scène dans la Fiancée de Lammcr- j
vous a donné le jour : elle seule peut vous moor avait cours au sujet de la sirène de
indiquer un moyen de délivrer don Diego, l'Elbe; elle esl rapportée loul au long par
lniguez monta à cheval ; se rendit à la mon- les frères Grimm, dans leur Recueil de lé-
tagne : la fée était sur le rocher ; elle recon- gendes germaniques. Quelque belles que pa-
nut son fils : Viens à moi, lui dit-elle; je sais raissent les ondines ou nixes , le principe
ce qui l'amène et je te promets aide el pro- diabolique fait loti jours partie de leur essence;
tection : laisse là ton cheval, il ne te serait-' l'esprit du mal n'est couvert que d'un voile
d'aucun service. Je veux le remplacer par un plus ou moins transparent, el lot ou lard la
autre qui en quelques heures le portera à parenté do ces beautés mystérieuses avec Sa-
Tolède; mais tu ne lui mettras pas de bride; lan devient manifeste. Une mort inévitable
tu ne le feras pas ferrer; lu ne lui donneras est le partage de quiconque se laisse séduire
ni nourriture ni eau. La fée Pied-de-Biehe par elles. — Des auteurs prétendent que les
appela Pardalo ; c'était le nom do ce cour- dernières inondations du Valais furent cau-
sier extraordinaire : lniguez s'élança sur sa sées par des démons, qui, s'ils ne sont pas
croupe, el ramena bientôt son père. La fée des nickars ou des nixes, sont du moins do
s

Pied-de-Biche était si bien démon/que lat nature amphibie. Il y a, près de la vallée de


conclusion de la légende, en mentionnant ses; Bagnes, une montagne fatale où les dénions
autres apparitions en Biscaye, nous dit qu'ellei font le sabbat. En l'année <18<IS, deux frères
se montre sous les traits qui caractérisent lei mendiants de Sioo, prévenus de cette assem-
diable. — D'après la mythologie Scandinave,, blée illégale , gravirent la monlagne pour vé-
source principale de toutes les croyances po-- -rifier le nombre el les intentions des délin-
pulaires de l'Allemagne et de l'Angleterre,, quanls. Un diable, l'orateur de la troupe,
-
Odin prend le nom de Nickar ou llnickar,, s'avança. « Révérends frères, dit-il, nous
'lorsqu'il agit comme principe destructeur ouu » sommes ici une armée telle que, si on divi-
TUA — 417 — TRA
lisait entre nous à paris égales tous les gla- leequel le dernier vers de la première slance
et, tous les rochers des Alpes, nous leermine toutes les autres, el lorsque, dans
f ciers
»
n'en aurions pas chacun une livre pesant. » u,me saga d'Islande, le poète introduit un es-
De temps immémorial, quand les glaciers se pprit ou un fantôme qui chante, c'est toujours
fondent, on voit le diable descendre le Rhône aavec le galdralag. Dans une autre variété du
à la nage, une épée nue d'une main, un ggaldralag, c'est le premier vers qui esl ré-
alobe d'or de l'autre. 11 s'arrêta un jour de- pété p de slance en slance. On retrouve ce sys-
vaut la ville de Marligny, et cria en patois : ltème métrique dans quelques-unes des in-
fi'gou-, haoiisfsou! (Fleuve, soulève-loi). Aus- cantations
c superstitieuses des Anglo-Saxons.
silôl le Rhône obéit en franchissant ses rives, Ce ( rhylhme a un son monotone, mais solen-
et détruisit une partie de la ville qui esl en- nel i qui, sans le secours de la tradition my-
,
core en ruines. — Ce fut en philosophant sur Ithologique, l'a fait employer par les poêles,
la mythologie populaire, que Paracelse créa depuis
i
Virgile jusqu'à Pope. Le Danle. se sert
ses fameuses nymphes on ondines. Ce grand du galdralag pour l'inscription placée sur les
architecte, celérudildes érudils, qui joignait portes de l'enfer. — On a dit que les vérita-
à sa folie une imagination poétique cl roma- bles prototypes des due.rgara sont les habi-
nesque, a jugé convenable el utile de donner tants delà vieille Finlande. Nous commençons
ses avis à ceux qui deviennent les époux des à douter de celle origine. Il est certain que
ondines. La morale de son apologue peut pro- les Finlandais se vantèrent long-temps do
filer à plus d'un mari de femme mortelle. leur commerce intime avec le diable jusqu'à
Discrétion el constance sont surtout recom- ce que ce commerce fût traité de contrebande.
mandées par la nymphe, el ses ordres doi- On n'a pas cessé de les redouter comme sor-
vent, être exécutés à la lettre, sous peine de ciers; mais, malgré leur talent en magie et
se perdre à jamais. A la moindre infraction , en métallurgie, on doil les distinguer des ha-
l'épouse mystérieuse se replonge dans l'abîme biles ouvriers qui fabriquèrent le marteau de
des eaux el ne reparaît plus. — La tradition Thor, les tresses d'or de Siva et. la bague
des bons el des mauvais anges esl encore d'Odin, toutes choses fameuses dans la bizarre
sensible dans les fictions de l'Edda. Snorro cosmogonie des Asi. Si nous voulions inter-
Sterlason nous apprend que les elfs do la lu- préter ces mystères selon la sagesse hiérogly-
mière, dont Ben Johnson a fait les esprits phique des rose-croix, nous dirions que les
blancs de ses Masques, séjournent dans A11- duergards étaient des personnifications de
lleim, le palais du ciel, tandis que les swarl l'élément métallique on des gaz qui en sont
elfs, elfs de la nuit, habitent les entrailles de les véhicules dans les entrailles de la terre
la terre. Les premiers ne seront, pas sujets à fécondant les veines de la mine el se mêlant,
la mort; car les flammes de Surtur ne les à la circulation de la vie électrique cl magné-
consumeront pas, el leur dernière demeure tique du macrocosme. Du resle, ce sont des
sera Vid-Blain, le plus haut ciel dos bien- êtres trop allégoriques pour qu'on les confonde
heureux; mais les snarl elfs sont mortels et, avec les magiciens finlandais dispersés sur
sujets à toutes les maladies, quels que soient la surface des régions septentrionales. Leur
d'ailleurs leurs attributs. Les Islandais mo- cachet d'antiquité primitive parait d'autant
dernes considèrent le peuple elf comme for- plus marqué, selon nous, qu'on les retrouve
mant une monarchie, ou du moins ils le font dans les vieilles traditions des Tenions, con-
gouverner par un vice-roi absolu qui, lous les sacrées par les Nibchmtjs cl le Livre des Hé-
ans, se rend en Norwège avec une dépulation ros. Or. les Nibelungs el le Livre des Héros
de pucks, pour y renouveler son serment nous viennent de pays où jamais le Finlandais
(l'hommage-lige au souverain seigneur, qui errant ne dressa sa lente. -— Les pays de mi-
' réside dans la mère-pairie. Il est évident que nes onl défendu très-long-lemps leur mytho-
les Islandais croient que les elfs sont, comme logie populaire contre les lumières de la saine
eux, une colonie transplantée dans l'île. — philosophie el de la religion. On peut citer,
Les diables nains ou duergars de la Scandi- par exemple, le comté de Cornouailles; et le
navie sont de la môme famille que les elfs de llarzwald de Hanovre, resle de l'ancienne
la nuit. Les Norwégiens attribuent la forme forêl d'ilercynie, est encore une terre en-
régulière et le poli des pierres cristallisées aux chantée. Les gobelins des mines ont toujours
travaux des petits habitants de la montagne, eu une très-mauvaise réputation. Le démo-
dont l'écho n'est autre chose que- leur voix., nologue cité par Reginald Scott nous apprend
Colle personnification poétique a donné nais- « qu'ils sont très-jaloux de leurs trésors ca-
sance à un mètre particulier en Islande, ap- chés; qu'ils en veulent beaucoup à ceux qui
pelé le galdralag, ouïe lai diabolique danss les découvrent, et, cherchent à tuer ou à blés-
TRA — hliJ — TRA
ser ceux qui viennent les leur enlever, han- vint à sa rencontre et se précipita dans les
tant d'ailleurs avec persévérance les caves où flots, escorté d'un troupeau qui mugit autour
l'argent est déposé. Un nommé Pelers, du de son.chef d'une manière épouvantable. Celle
comté de Devonshirè, ayant trouvé le secret nouvelle rencontre ne découragea pas l'enne-
de deviner lès lieux où les gobelins rouvaienl mi, qui se dirigea vers Urekarskirtda ; mais
des trésors fut brûlé et réduit en cendres par là, un géant se présenta, un géant dont la
les démons, irrités... Quant aux mineurs, ils tête dépassait le sommet de la plus haule
ne peuvent trop se défier de ces esprits mal- montagne, un géant armé d'une massue de
veillants qui leur tendent toutes sortes de piè- fer, et accompagné d'une troupe de géants de
ges pour les détruire : tantôt, ils inondent leurs la même taille. — Cette tradition esl remar-
travaux , tantôt ils les étouffent par des va- quable parce qu'elle nous fait voir que les
peurs pestilentielles, parfois ils leur appa- Scandinaves classaient leurs esprits élémen-
raissent sous des.formes effrayantes. Tel était taires d'après la doctrine cabalistique de Pa-
Yannaberge, animal terrible qui fui si funeste racelse. La (erre envoie ses génies sôùs la
aux ouvriers employés dans la plus riche mine forme de géants" : les sylphes apparaissent en
d'argent de l'Allemagne, appelée Connu Ro- oiseaux; le taureau est, le type de l'eau; le
sacea. L'annaberge se montrait sous la forme dragon procède de la sphère du feu. — Le
d'un bouc avec des cornes d'or, et se préci- mont llécla fait partie, en quelque sorte, de
pitait sur les mineurs avec impétuosité, ou la mythologie des Skaldes. Les hommes du
sous la forme d'un cheval, qui jetait la flam- nord furent convertis peu de temps après
me et la peste par ses naseaux. » Ce terrible qu'ils eurent fait connaissance avec ses ter-
ahnabefge pouvait bien n'être qu'un esprit reurs, el, lorsqu'ils devinrent chrétiens, ils
très-connu aujourd'hui des chimistes sous le en firent la bouche de l'enfer. LTlécla ne pou-
nom de gaz hydrogène ou feu grisou. La vait manquer surtout d'être le refuge des es-
lampe de sûreté d'Huniphrcy-Davy aurait été prits de feu que la tradition avait probable-
un talisman précieux aux mineurs de la Cou- ment connus en Scandinavie et à Asgard.
ronne de Roses; et James Walt, en leur prê- Leur grand ennemi'était Luridan. On lit, dans
tant une de ses machines à vapeur, les au- le livre de Yaiiagaslus, le Norwégien que
rait certainement bien défendus contre les Luridan, l'esprit de l'air « voyage par , ordre
inondations suscitées par leskobolds. -— Com- du magicien en Laponie, en Finlande, en
me tous les anciens peuples, les Scandinaves Skrikfinlande el jusqu'à la mer Glaciale. —
croyaient volontiers à l'existence de démons C'est sa nature d'être toujours eu opposition
lutélaires, el les Islandais leur avaient voué avec le feu et de faire une guerre continuelle
une reconnaissance particulière pour avoir aux esprits du mont Hécla. Dans cette guerre
fait avorter les noirs desseins du roi llarold- à mort, les deux partisse déchirent l'un l'au-
Germson. Ce roi de Norwège, dit la Sayd, tre, heurtant leurs bataillons à travers lés
désirant connaître la situation intérieure de airs. Luridan cherche à livrer le combat au-
l'Ile, qu'il avait l'intention de punir, chargea dessus de l'Océan où les blessés de l'armée
un habile troldman ou magicien de s'y rendre contraire tombent sans ressource ; mais si
sous la forme qu'il voudraiI prendre. Pour l'action a lieu sur la montagne l'avantagé est
mieux se déguiser, le troldman se changea en souvent aux esprits du feu, et , l'on entend de
baleine el nagea jusqu'à l'île; mais les ro- grandes lamentations en Islande, en Russie,
chers el les montagnes étaient couverts de en Norwège, » etc. — Parmi les dénions in-
ladioaiturs ou génies propices qui faisaient férieurs de la sphère du feu, nous né saurions
bon- e garde. Sans en avoir peur, l'espion oublier le follet appelé vulgairement en An-
d'Harold nagea vers le golfe de Vapna, et gleterre Jack loiih îhe laniern, Jack à la lan-
essaya de débarquer; mais un énorme dra- terne, et que Millon nomme aussi le moine
gon déroula les longs anneaux de sa queue des marais. Selon la chronique de l'abbaye
sur les rochers, el, suivi d'une armée in- de Corweg, ce moine en séduisit Un autre,
nombrable de serpents, descendit dans le dé- frère Sébastien qui, revenant de prêcher la
,
Irôil, arrosant la baleine d'une trombe de ve- fête de saint Jean, se laissa conduire à tra-
nin. La baleine ne put leur résister, et nagea vers champs-par la fatale lanterne jusqu'au
à l'ouest vers la baie d'Ové; mais là elle bord d'un précipice où il péril. Celait en l'an-
trouva un immense oiseau qui étendit ses née 1034, et nous ne saurions vérifier le lait.
ailes comme un rideau sur le rivage, et l'ar- —Les paysans allemands regardent ce dia-
mée des esprits s'abattit à ses côtés sous la ble de feu comme très irritable, el pourtant
même forme. Le Iroldman voulut alors pé- ils ont quelquefois la malice de lui chanter un
nétrer par Bridaford au sud. Uii taureau couplet qui le met en fureur. — Il ii'y a pas
,
TRA /i79 TRA
— —
(rente ans qu'une fille du village de Lorsch rendant i exprès dans la forêt avec l'intention
eut, l'imprudence de chauler ce refrain au de
( la chercher. Hans raconte qu'à son extrê-
moment où le follet, dansait sur une.prairie me i surprise, il ne vit pas les chiens, quoi-
marécageuse : aussitôt il poursuivit la chan- qu'il i avoue que ses cheveux se dressèrent sur
leuse; celle-ci se mit à courir de toute la vi- sa tête lorsqu'il aperçut le mystérieux mau-
tesse de ses jambes , et se croyait déjà sauvée solée de ce chasseur félon. — Le silence règne
en apercevant sa maison, mais à peine fran- autour de la pierre de la forêt
d'Usslar; mais
chissait-elle le seuil, que Jack à la lanterne l'esprit agité du chevalier Ilakelberg, ou du
le franchit aussi et frappa si violemment de démon qui a pris ce noin est aujourd'hui
, ,
ses ailes tous ceux qui étaient présents, qu'ils tout puissant dans le voisinage d'Oden-Wald,
en furent éblouis. Quant à la pauvre fille, du forêt d'Odin, au milieu des ruines du ma-
elle en perdit la vue; el elle ne chanta plus noir de Rodenslein. Son apparition esl un
que sur le banc de sa porte, lorsqu'on lui as- pronostic de guerre. C'est à minuit qu'il sort
surait que le ciel était, pur. — Il ne faut pas de la tour gardée par son armée : les trom-
être un très-fort chimiste pour deviner la na- pettent sonnent, les tambours battent; on
ture de ce démon électrique ; mais on peut distingue les paroles de commandement adres-
le classer avec les démons du feu qui dénon- sées par le chef à ses soldats fantastiques; et,
cent les trésors cachés par les flammes livi- si le vent souille, on entend le frôlement des
des qu'ils font exhaler de la terre et avec bannières ; mais, (lès que la paix doit se con-
ceux qui parcourent les cimetières par un clure , Rodenslein retourne aux ruines de son
temps d'orage. Maintes fois, autour des sour- château, sans bruit, ou à pas mesurés, el
ces sulfureuses où les petites-maîtresses vont aux sons d'une musique harmonieuse. Ro-
chaque année réconforter leurs poitrines dé- denslein peut être évoqué si on veut lui par-
licates, le montagnard des Pyrénées voit vol- ler. 11 y a quelques années, un garde fores-
tiger des gobelins de la même famille : ils tier (îassoit près de la tour à minuit; il venait
agitent leurs aigrettes bleuâtres pendant la d'une orgie et avait une dose plus qu'ordi-
nuit, el font même entendre de légères dé- naire d'intrépidité: Rodenslein ziche heraus!
tonations. Enfin, le plus terrible de ces dé- s'écria-l-il ; Rodenslein parut, avec son armée.
mons esl celui qui fond son essence vivante hélas ! telle fut la violence du choc dans
dans les liqueurs fermenlées, qui s'introduit l'air, que le garde tomba par terre comme si
sous cette forme liquide dans les veines d'un un coup de vent l'avait frappé : il se releva
buveur, et y allume, à la longue un incendie plein d'effroi el, n'osa plus répéter : Rodenslein
,
qui le dévore en fournissant aux médecins un ziahe heraus. — La mythologie Scandinave
:
exemple de plus de ce qu'ils appellent scien- donne le pouvoir de la mort à lle.la, qui gou-
.
tifiquementune combustion spontanée. — L'o- verne les neuf mondes de Nilleheim. Ce nom
rigine du nom de Ifoden ou Odin se révèle signifie mystère, secret, abime. Selon la
:
par la racine étymologique de l'anglo-saxon croyance populaire des paysans de l'antique
Woodin qui signifie le féroce ou le furieux. Cimbrie, Hein répand au loin la peste el laisse
,
Aussi l'appelle—t-oii dans le nord le chasseur tomber tous les fléaux de ses terribles mains
.
féroce el, en Allemagne Groden's heer ou ll'o- en voyageant, la nuit, sur le cheval à trois
den's heer. Woden dans le duché de Bruns- pieds de l'enfer (lielhesi). Ilela el les loups
,
wick, se retrouve encore sous le nom du chas- de la guerre onl long-temps exercé leur em-
! SMW Ilakelberg, chevalier pervers qui renonça pire en Normandie. Cependant, lorsque les
: usa part des joies du paradis, pourvu qu'il lui hommes du Nord, de Haslings, devinrent les
:
fût permis de chasser toute sa vie en ce mon- Normands de Rollon il semblent avoir perdu
,
de : le diable lui promit qu'il chasserait jus- le, souvenir de leurs vieilles superstitions aussi
qu'au jour du jugement dernier. On montre rapidement que celui de leur langue mater-
; son tombeau dans la forêl d'UssIar : c'est une nelle. D'Hela naquit Hellequin nom dans le-
énorme pierre brute, un de ces vieux monu- quel il esl facile de reconnaître ,
! Hela-Kïon,
ments appelés vulgairement pierres druidi— la race d'Hela déguisée sons l'orthographe
; ques;
nouvelle circonstance qui servirait en- romaine. Ce fut le fils d'Hela que Richard
' core à confirmer l'alliance des traditions sans Peur, fils dé Robert, le Diable, duc de
:
populaires avec l'ancienne religion du pays. Normandie, rencontra chassant dans la forêt.
; Selon les paysans, celte pierre est gardée par Le roman raconte quTîellequin était un ca-
les chiens de l'enfer, qui y restent sans
: cesse valier qui avait dépensé loùle sa fortune dans
accroupis. En l'an <15oS Hans Kirchof eut le les guerres do Charles Martel contre les Sar-
.
malheur de la rencontrer ,
, liuil par hasard ; car i! rasins païens. La guerre finie, Hellequin et
dire que personne ne la trouve en sei ses fils, n'ayant plus de quoi soutenir leur'
TRA — 480I — TRA '
rang, se jetèrent dans de mauvaises voies. fout ce qu'on voudra , il fut réellement aperçu
Devenus de vrais bandits ils n'épargnaient par Henri IV, non loin de la ville el dans un
,
rien; leurs victimes demandèrent vengeance carrefour qui a conservé la désignation de « la
au ciel, et leurs cris furent enlendus. Helle- croix du Grand Veneur! » A côté de celle
quin tomba malade et mourut-, ses péchés anecdote nous rappellerons seulement l'ap-
l'avaient mis en danger de damnation éter- parition semblablequi avait frappé de terreur I
,

nelle : heureusement ses mérites comme le roi Charles VI, el qui le priva même de sa 1
,
champion de la foi contre les païens, lui ser- raison. — Dans les siècles de la chevalerie, 1
virent,. Son bon ange plaida pour lui ; el ob- une immortalité romanesque fui souvenl dé-
tint qu'en punition de ses derniers crimes, la cernée auxhommes supérieurs, parla recon-
famille d'Hellequin errerait après sa mort, naissance ou l'admiration populaire. Ceux qui
gémissante et malheureuse, tantôt dans une avaient vu leur chef ou leur roi dans sa gloire,
forêt, tantôt dans une autre, n'ayant d'autres après une bataille où sa bravoure le distinguait
distractions que la chasse au sanglier, mais encore plus que sa couronne, ne pouvaienl
souvent poursuivie elle-même par une mente se faire à l'idée de le voir mourir comme le
d'enfer. — Ce n'était pas seulement en Nor- dernier de ses soldats. Le rêve d'un serviteur
mandie qu'apparaissaitautrefois le mystérieux fidèle el la fiction d'un poêle, d'accord avec
chasseur. En l'année 159S, Henri IV chassait la pompe des funérailles, avec l'intérêt d'une
dans la forêl de Fontainebleau : loul à coup il famille, avec la crédulité du peuple, tout con-
entendit les jappements d'une meute et le son courait à prolonger au delà de la tombe l'in-
du cor à une distance.de demi-lieue: presque au fluence du héros. — Peu à peu les honneurs
même instant le même bruit retentit à quelques rendus à sa cendre devenaient le culte d'un
pas de lui. Henri ordonna au comte deSoissons demi-dieu qui ne pouvait être sujet à la mort.
d'aller à la découverte ; le comte de Soissons Achille recul des Grecs celle apothéose : de
obéit, en Tremblant, ne pouvant s'empêcher de même les Bretons attendirent long-temps le
reconnaître qu'il se passait dans l'air quelque réveil d'Arthur assoupi à Avalon; et, presque
chose de surnaturel : quand il revint auprès de de nos jours, les Portugais se flattaient de
son maître : « Sire, lui dit-il, je n'ai rien pu l'espoir que le roi Sébastien reviendrait récla-
Voir, mais j'entends, comme, vous, la voix des mer son royaume usurpé. C'est ainsi que les
chiens el le son du cor. » — « Ce n'est donc trois fondateurs de la confédération helvétique
qu'une illusion ! » dit le roi. Mais alors une dorment dans une caverne près du lac de Lu-
sombre figure se montra à travers les arbres cerne. Les bergers les appellent les trois Tell,
et cria au Béarnais : « Vous voulez me voir, et disent qu'ils reposent là, revêtus de leur
me voic.il «Cette histoire esl remarquable pour costume antique ; si l'heure du danger de la
plusieurs raisons : Mathieu la rapporte dans, Suisse sonnait, on les verrait debout, toujours
son Histoire de France et des choses mémorables prêts à combattre encore pour reconquérir sa
.

advenues pendant sept années de paix du règne liberté. Frédéric Barberousse a obtenu la
de Henri IV, ouvrage publié du -temps de ce même illustration; lorsqu'il mourut dans la
monarque à qui il esl dédié. Le Pérè Mathieu Pouille, dernier souverain de la dynastie de
était connu personnellement de Henri IV, qui Souabe, l'Allemagne se montra si incrédule
lui donna lui-même plusieurs'renseignements à sa mort, que cinq imposteurs, qui prirent
sur sa vie. On a supposé que ce spectre élait successivement son nom, virent accourir au-
un assassin déguisé , el que le poignard de tour de leur bannière tous ceux qui avaient
Ravaillac aurait été'devancé par l'inconnu de applaudi au règne de Rodolphe dellapsbourg.
Fontainebleau, si le roi avait fail un pas de Les faux Frédéric furent successivement dé-
plus du côlé de l'apparition. Quel que soit le masqués el punis ; cependant le peuple s'ob-
secret de celle histoire, il eslclair que Henri IV slinail à croire que Frédéric vivait, etrépélail
ne la lil nullement démentir. « 11 ne manque qu'il avait prudemment abdiqué la couronne
pas de gens, dit Mathieu, qui auraient volon- impériale. C'est un sage, disait-on ; il sait lire
tiers relégué celte aventure avec les fables dans les aslres : il voyage dans les pays loin-
de Merljn et d'Urgande, si la vérité n'avait tains avec ses astrologues et ses fidèles com-
été certifiée par tant de témoins oculaires el pagnons pour éviter les malheurs qui Pau-
,
auriculaires. Les bergers du voisinage pré- raientaccablés'il fût reslé sur le trône ; quand
tendent que c'est un démon qu'ils appellent le les temps seront favorables, nous le verrons
grand veneur, et qui chasse dans celte forêt; reparaître plus fort et plus redoutable que
mais on croit aussi que ce pouvait bien être jamais. On citait à l'appui de cette supposition
la chasse de Saint-Hubert, prodige qui a lieu des prophéties obscures, qui annonçaient que
dans d'antres provinces. » Démon, esprit, ou Frédéric, était, destiné à réunir l'Orient à l'Oc-
TRA — .'48 1 — TRA
cidenl; ces prophéties prétendent que les pour sa sépulcrale majesté les empêcha de
Turcs et les païens seront défaits par lui dans refuser. Ils s'en allèrent sans murmurer, el
une bataille sanglante, près de Cologne, et quand ils se virent de nouveau en plein air,
qu'il ira reconquérir la Terre Sainte. Jusqu'au tous, à l'exception d'un seul, jetèrent dédai-
jour fixé par le destin, le grand empereur gneusement les rameaux qui leur avaient été
s'est relire dans le château de Kiffhausen, au si gracieusement donnés par la fille de l'em-
milieu de la forêt d'Hercynie ; c'est là qu'il vit pereur. Le musicien qui conserva son rameau
à peu près de la vie des habitants de la ca- ne l'emportait chez lui que comme un souve-
verne de Montésinos, telle que Cervantes nous nir de celle aventure: mais, lorsqu'il fut près
l'a décrite. Il dort sur son Irène; sa barbe de sa: maison, il lui sembla que la branche
rousse a poussé à travers la table de marbre devenait plus lourde dans sa main : il regarde, -
sur laquelle s'appuie son bras droit, ou, selon el voit chaque feuille briller d'un éclal métal-
une autre version, ses poils touffus onl enve- lique Chaque feuille était changée en un
loppé la pierre comme l'acanthe enveloppe un ducat d'or. Ses compagnons, ayant appris sa
chapiteau de colonne. — On trouve en Dane- bonne fortune coururent aux rochers où ils
,
niarck une variante de la même fiction ar- avaientjeté leurs rameaux Hélas! il était
,
rangée d'après la localité, où il esl dit que trop tard ; ils ne les trouvèrent plus, et s'en
Holger Dansvre, dont les romans français ont revinrent honleux de leur dédain pour la mu-
faitOgier le Danois, esl endormi sous les voû- nificence impériale. — Les paysans normands
tes sépulcrales du château de Cronenbourg. croient qu'il existe une fleur qu'on appelle
Quelqu'un avait promis à un paysan une forte 17te?'6e maudite : celui qui marche dessus no
somme s'il osait descendre dans le caveau el cesse de tourner dans un même cercle, et il
y rendre visite au héros assoupi. Le paysan s'imagine qu'ilconlinueson chemin sans avan-
se laissa tenter; au bruit de ses pas, Ogier, cer d'un pas au delà du lieu où l'herbe ma-
à demi renversé lui demanda la main ; le gique l'a enchaîné. Nous avons sans doute
,
paysan présenta à Ogier une barre de fer. marché nous-même sur cette herbe en com-
Ogier la saisit et y laissa l'empreinte de ses mençant cet article; car nous pensions avoir
doigts. « C'est bien! » ajoula-l-il, croyant dit adieu aux gobelins, et nous voilà encore
avoir pressé le poignetde l'étranger el éprou- avec eux. L'empereurFrédéric, avec ses bran-
vé sa force : « C'est bien, il y a encore des ches aux feuilles d'or, n'est, selon quelques-
hommes en Danemarck. » Cela dit, Ogier re1 uns, que le démon gardien d'un de ces Irésors
tomba dans son sommeil. — Frédéric Barbe- du moyen âge dont la recherche devenait un
rousse aime la musique el il l'écoute volon- métier pour certains charlatans de celle épo-
tiers. II y a quelques années qu'une troupe de que, prototypes du Dousterswivel de l'illustre
musiciens ambulants crut faire une bonne oeu- romancier d'Ecosse. Ces adeptes faisaient sur-
vre en donnant une sérénade au vieil empe- tout des merveilles dans les pays de mines,
reur : se plaçant donc sur son rocher lumulaire, où ils ont encore, des successeurs. Chacun
ils se mirent à exécuter un air de chasse au d'eux avait sa manière d'opérer : c'était d'a-
moment où l'horloge de l'église de Tilleda son- bord le théurgiste qui priait et jeùnaitjusqu'à
nait minuit. A la seconde aubade, on vil des ce que l'inspiration lui vint. -— A côté de lui
lumières autour du rocher, élincelant à tra- venait le magicien de la nature. Le seul ta-
vers les feuilles du taillis el illuminant les lisman dont il armait sa main était une ba-
troncs gigantesques des chênes. Bienlôlaprès, guette de coudrier, qui lui révélait, par une
la fille de l'empereur s'avança gracieusement sorte d'attraction magnétique, tantôt les sour-
vers les musiciens ; elle leur fit signe de la ces d'eau vive', tantôt Tes métaux ensevelis
suivre, la roche s'ouvrit et les artistes entrè-
rent dans la caverne en continuant leur con- 1 La baguette divinatoire n'est plus employée à la
découverte trésors ; ruais on dit que, dans les mains
! cert. On les reçut à merveille dans la chambre de eertainesdespersonnes, elle peut indiquer les sources
impériale, où ils jouèrent jusqu'au matin. d'eau vive. 11 y a cinquaute ans environ que lad}' Ne-
v/ark
Frédéric leur adressa un sourire plein de dou- propriétaire,
se trouvait en Provence dans un château dont le
ayant besoin d'une source pour l'usage de
ceur, et sa fille leur offrit à chacun une bran- sa maison, envoya chercher un paysan qui promettait
che verte. Le cadeau était un peu trop cham- lady d'en faire jaillir une avec une branche de coudrier ;
')
Newark rit beaucoup de l'idée de son hôte et de
\ pêtre pour des artistes modernes, qui n'avaient crédule, elleduvoulut
l'assurance paysan; mais, non moins curieuse qu'in-
du moins assister à l'expérience,
peut-être pas entendu dire que les vainqueurs ainsi que d'autres voyageurs anglais tout aussi philo-
des jeux olympiques ne recevaient d'autre sophes qu'elle. Le paysan r.e se déconcerta pas des sou-
récompensequ'unecouronne de laurier. Mais, rires moqueurs de ces étrangers; il se mit en marche
suivi de toute la société, puis tout a coup s'arrêtant, il
tout en trouvant qu'on payait mal la bonne déclara qu'on pouvait creuser la terre. On le fit; la
musique chez le déîutilmonarque, leur source promise sortit, et elle coule encore. Cet homme
; respect était un vrai paysan, sans éducation : il 11c \>ouvait
TRA — ; km — TUA
sous les couches épaisses dé la terre. « IUu— tes les constellations étaient d'accord pour l-,i
1

sions ! s'écriait.•l'élève de Cornélius.Agrippa; (louer de ses propriétés magiques. En ieflet,


toute la science sesl dans :ce livre du grand ià peine avait-elle reçu le dernier coup cje
philosophe : 'heureux qui sait y lire pour ap- imarteau, que l'image s'échappe de l'enclume
prendre à charmer le miroir dont la glace •(et saule sur le plancher de l'atelier. Aucun
•miraculeuse vous -montre, sous les climats lès effort ne put l'en arracher ; mais l'orfèvre, de-
,i

plus loinlains, les personnes que ,1a mer el les vinantla nature de l'influence attractive-, creu-
déserts séparent de vous. Venez, vous qui sa sous la statue et découvrit un vase rempli
;

osez y jfixê-r les yeux : ce miroir magique a d'or qui avait été caché là par quelque ancien
été enterré 'trois jours sous un gibet où pen- propriétaire de la maison. Il est facile de de-
dait un voleur; et j'ai ouvert, les tombeaux viner le bonheur de l'artiste : « Me voici donc
pour présenter son cristal à la face d'un mort, maître de tous les trésors de la lerre, s'écria-
qui s'est agile convulsivement ! » — Si vous t-il; mais bâtons-nous avant quelecabalisle
alliez consulter le cabaliste espagnol ou ita- ne vienne réclamer sa statue. » Résolu do
lien,, il vous recevait paré de son costume, s'approprier le talisman l'orfèvre l'emporte
,
qui n'existe plus,que dans les mascarades de el s'embarque sur un navire qui mettait juste-
notre carnaval : une ceinture particulière lui ment.à la voile. Le vent était favorable, et
ceignait les reins; vous ne compreniez rien à en peu de temps on fui en pleine mer. Tout
ses feîesmes et àses pentacles. il s'aidait aussi à coup, le navire ayant passé sur un abîme
des idoles constellées,, dont l'anecdote:sui-vanle où quelque riche trésor avait été perdu, par
vous révélera la merveilleuse .action. — Un l'effet d'un naufrage, le talisman obéit, à son
cabaliste savait que, s'il pouvait se procurer irrésistible influence, el se précipita de lui-
un certain mêlai, qui était peut-êlre le pla- même dans les vagues, au grand désappoin-
tine, et profiter de l'aspect favorable des pla- tement de l'orfèvre. — Ce n'est pas.la seule
nètes pour en faire, la figure d'un homme avec légende qui porte avec elle sa moralité. L'a-
des ailes, celle figure lui découvrirait tous les vaiicie humaine nous y est représentée courant
trésors cachés. Après bien des recherches, il après l'or elle demandant à l'enfer comme nu
est assez heureux pour trouver le talisman, el ciel : son voeu est-il exaucé , c'est au prix
il le confiée un ouvrier qui, peu à peu, le d'une malédiction qui en corrompt la jouis-
convertit en la forme astrale,-ne travaillant sance ; mais plus souvent la destinée la lour-
avec ses outils que les jours que lui indique menle, comme Tantale, par une continuelle
le maître, qui .consultait avec soin pour cela déception. Voy. COLOXNI! DU DIAUUÎ Mu-
,
les tables alfonsines. Or, il arriva que l'ou- iuiLMîDu DIABLE, PONTIIU DIAHUÎ, To.un., elc.
vrier., étant laissé seul avec la statue presque
achevée, eut la bonne inspiration de lui .don- Trajan, — empereur romain qui, selon
la dernière main dans moment où tou- Dion-Cassius, se trouvant à Anliochè lors de
ner un
ce terrible tremblement de terre qui renversa
expliquer quelle était la vertu dont il était doué, ni celle presque toute la ville, fut sauvé par un dé-
du talisman; mais il assurait modestement n'être pas subitement devant
le seul à-qui !a nature avait donné le pouvoir de s'en mon , lequel se présenta
servir. Les Anglais présents essayèrent sans succès. lui, le prit entre ses bras, sorli't avec fui par
Quand vintle lourde lady Newark, elle Tut bien sur- fenêtre et l'emporta hors de la ville.
prise de se trouver tout aussi sorcière que le paysan une
provençal. A son retour en Angleterre, elle n'osa faire
usage de la baguette ,divinatoire :qu'en secret, de peur Transmigration des âmes. — Plusieurs an-
d'être tournée en ridicule. Mais eu 1803, lorsque le doc- ciens philosophes, comme Empédocle, Pylha-
' teur Iiultoii publia les Recherches d'Ozanam, où ce
prodige est traité .d'absurdité (tom. IV. p. 260), lady gore et Platon , avaient imaginé que les âmes
".Newark lui écrivit une lettre signée X. T. Z., pour lui après la mort passaient, du corps icrn'elles ve-
raconter les faits qui étaient à sa connaissance. Le doc- naient de quitter dans
teUT répondit, demandant de nouveaux renseignements un autre corps, afin d'y
à son correspondant anonyme. Lady Newark le satisfit, être purifiées avant de parvenir à l'étal de
et alors le docteur désira être mis, en rapport direct béatitude. Les uns pensaient que ce passage
avec elle. Lady Newark alla le voir à Woolwicii, et, sous
ses 3'eux, elle découvrit une source d?eau dans un ter- se faisait seulement d'un corps humain dans
rain où il faisait construire sa .résidence d'été. -C'est ce
même terrain que le docteur Hnlton a vendu.depuis au un autre de même espèce. D'autres soute-
collège de WooKvich. .avec un bénéfice considérable à naient-que certaines âmes entraient dans 1<

cause de ,1a source. Le docteur ne put .résister à l'évi-


dence lorsqu'il vit, à l'approche de r.eau, la baguette corps d'un animalou dans celui d'une -plante
s'animer-toutàcoup pour ainsi dire, s'agiter, se ^ployer, Cette transmigration était nommée par le
et même se briser dans les doigts.de lady Newark, On Grecs métempsycose et metensomaloso. -Ces
cite .encore en Angleterre.sirCharles H. el.miss Fenwich
comme étant doués de la même faculté que lady Ne- encore aujourd'hui un des principaux-.article
-wark, et à un degré plus élevé encore. Cette faculté
inexplicable est tout à fait indépendante de la volition ; delà croyance dos Indiens. — Ce dogme ab
elle a une grande ana'ogie avec celle qui distingueles suide leur fait considérer les maux de celt
Zahories espagnols; mais ceux-ci ne se servent pas de la
baguette de coudrier. vie, non comme une épreuve utile à la vertu
TUF; — ZiS3 TRI
niais comme la punition des crimes commis m arqué que de treize personnes réunies à ;la
clans un autre corps.; n'ayant aucun souvenir m ïme table,, il en meurt une dans l'année:;
de ces crimes, leur croyance ne peut servir c( qui n'arrive jamais quand on <esl.quatorze.
à leur en faire éviter aucun. Elle leur in- TrembleiHénts de terré. — Les Indiens dès
spire de l'horreur pour la caste des parias, n- ontagnes des Andes croient, ;quniîd: la terr'é
parce qu'ils supposent que ce sont des hom- lt îmMe que Dieu quitte le cîé'l pour passer
,
nies qui ont commis des crimes affreux dans t( us les mortels en revue. Dans celle pèrsuà-
une vie précédente. Elle leur donne plus de gj 3ii, à peine sentent-ils la secousse l'a plus
charité pour les animaux même nuisibles ^ gère, qu'ils sortent-tous de leurs 'huiles,
que pour les hommes,, el une aversion invin- c lurent, sautent, él frappent dû pied en S'ép-
cible pour les Européens, parce qu'ils tuent c iant : Nous voici ! nous voici'1 —Certains
les animaux. Enfin, la multitude des Irons- c acleurs musulmans prétendent que la terré
migrations leur fait envisager les récompenses e si portée sur les cornes d'un grand boeuf;
de la vertu dans un si grand éloignemenl, c uand il baisse la lêle, disent-ils, il cause des
qu'ils n'ont plus le courage de les mériter '. ( •eniblements de terre 2. Les lamas de Tâ'rlariè

Trasulle. — Tibère, étant à Rhodes, voulut < roienl que Dieu, après avoir formé Ta terre ,
satisfaire sa curiosité relativement à l'asiro- 1 a posée sur le dos d'une immense grenouille
logie judiciaire. 11 fit venir l'un après l'autre j lune, et que lentes les fois que cet animai
tous ceux qui se mêlaient de prédire l'avenir, I rodigieux secoue
la 'tôle ou allonge les pal-
il fait trembler la partie de la terré qui
sur une terrasse élevée de sa maison an bord ' es,
do la mer. Un de ses affranchis, d'une taille st dessus 3.
haute et d'une force extraordinaire, les lui Trésors. — On croit dans l'Ecosse qu'il y
amenait à travers les précipices. Si Tibère t sous les montagnes
dés trésors souterrains
reconnaissait que l'astrologue n'était qu'un tardés par des géants et des fées; en Breta-
fourbe, l'affranchi ne manquait pas, à Un si- ;neon croit qu'ils sont gardés par un vieillard,
gnal convenu, de le précipiter dans la mer. )ar une vieille, par un serpent, par un chien
certain Tra- îoir ou par de petits dénions, hauts d'un pied,.
— Il y avait alors à Hhodes un
sulle, homme habile clans l'astrologie et d'un ?our se saisir de ces trésors, il faut, après
esprit adroit. Il fut conduit comme les autres quelques prières faire un grand Irou sans
à ce lieu écarté, assura Tibère qu'il serait lire un mol. Le, tonnerre gronde, l'éclair
empereur el lui prédit beaucoup de choses fu- brille, des charrettes de feu s'élèvent dans les
tures. Tibère lui demanda ensuite s'il connais- airs, un bruit de chaînes se fait entendre;
sait ses propres destinées et s'il avait tiré son bientôt on trouve une l'on ne d'or. Parvient-on
propre horoscope. Trasulle, qui avait eu quel- à l'élever au bord du trou, un mot qui vous
ques soupçons en ne voyant revenir aucun de échappe la précipite dans l'abîme à mille
ses confrères, et qui sentit redoubler ses pieds de profondeur. — Les Bretons ajoutent
craintes en considérant le visage de Tibère, qu'au moment où l'on chante l'évangile des
l'homme qui l'avait amené el qui ne le quit- Rameaux, les dénions sont forces d'étaler leurs
tait point, le lieu élevé où il se trouvait., le trésors en les déguisant sous des formes de
précipice qui était à ses pieds, regarda le pierres, de charbons, de feuillages. Celui qui
ciel-comme pour lire dans les astres; bientôt peut jeter sur eux des objets consacrés les
il s'étonna, pâlit," el s'écria épouvanté qu'il rend à leur première fornie et s'en empare''.
étaiimenacé d'une mort instante. Tibère, ravi Voy. AUG'EIST.
d'admiration, attribua à l'astrologie ce cpii Tribunal secret. — Sur le tribunal secret
n'était que de la présence d'esprit et de l'a- de Weslphalie, qu'on appelle aussi la Cour
dresse rassura Trasulle en l'embrassant, et Yehmiq.ue, l'his'.oire ne nous a conservé que
,
le regarda depuis comme un oracle. des notions peu satisfaisantes, parce que les
Trèfle à quatre feuilles. —..Herbe qui francs-juges qui le composaients'engageaient
croît sous les gibets arrosée du sang des pen- parun serment terrible à la discrétion la plus
dus ;-un joueur qui la cueille après minuit le absolue, el que ce tribunal-était si redouté
;
premier jour de la lune, el la porte sur soi qu'on osait à peine prononcer son -nom,. On, a
\ avec révérence, est sûr de gagner à tous les l'ait ce conte absurde sur son origine. Charle-
i jeux. .-..•„
' Voyages au Pé ou laits en 1791, 1794, parles PP.
ïreiie,,,—Nos anciens regardaient le nom- Manuel Sjbre -Viela et Barcelo.
bre treize comme un nombre fatal, ayant re- 2 Voyage .à Constant-inoplc, 1S00.
;t Voyage de J. Bell d'Antei-moni, etc.

1 Bergier,'Dïctïonn. de théologie. ' ' •'> CamVjry, Voyage dans le "Finit-tère. t. H, .p. 15.
31.
TIU — /,8/i' ~ TRI I
magne, vainqueur des Saxons, envoya, dit- serment de lui prêter secours. — Quelquefois 1
on, un ambassadeur au pape Léon 111 pour on sommait l'accusé de comparaître par qua- I
lui demander ce qu'il devait faire de ces re- tre citations. Souvent aussi on le condamnait
belles, qu'il ne pouvait dompter. Le saint- sans le citer, sans l'entendre. Un homme ah-
|i
père, ayant entendu le sujet de l'ambassade, sent, était légalement pendu ou assassiné sans 1
se leva sans répondre et alla dans son jardin, que l'on connût ni le motif, ni les auteurs de I
où, ayant ramassé des ronces et de mauvaises sa mort. Il n'était point de lieu qui ne piU j
herbes, il les suspendit à un gibet qu'il ve- servir aux séances du tribunal secret, pourvu 1
nait de former avec de petits bâtons. L'am- qu'il fût caché et à l'abri de toute surprise. S
bassadeur, à son retour, raconta à Charlema- Les sentences se rendaient toujours au milieu I
gne ce qu'il avait vu ; el celui -ci institua le de la nuit. Ceux qui étaient chargés de citer |
tribunal secret dans la Weslphalie pour for- l'accusé épiaient dans les ténèbres le moment 1
cer les païens du Nord à embrasser le chri- favorable pour afficher à sa porte la somma- |
stianisme et pour faire mourir les incrédules '. lion de comparaître devant le tribunal des in- |
— C'est une fausseté ; car dans ses lois contre visibles'. Les sommations portaient d'abord \
les Saxons, Charlemagne permit toujours à le nom du coupable, écrit en grosses lettres, |
ceux qui ne voulaient pas se soumettre de puis le genre de ses crimes; ensuite ces mois : j
sortir du pays. — Le tribunal secret qu'il in- Nous, les secrets vengeurs de l'Eternel, les ju- j

stitua connut par la suite de tous les crimes, gas implacables des crimes el les protecteurs de j

et même des fautes, de la transgression du l'innocence. ?ious te citons d'ici à trois jours
décalogue et des lois de l'Église, des irrévé- devant- le, tribunal de Dieu. Comparais! corn-
rences religieuses, de la violation du carême, jmrais! — La personne citée se rendait à un
des blasphèmes, etc. Son autorité s'étendait carrefour où aboutissaient quatre chemins.
sur tous les ordres de l'Etal : les électeurs, Un franc-juge masqué el couvert d'un man-
les princes, les évoques même y furent sou- teau noir s'approchait lentement, en pronon-
mis et ne pouvaient en être exemples que çant le nom du coupable qu'il cherchait. Il
par le pape ou par l'empereur. Mais il y avait l'emmenait en silence et lui jetait sur le vi-
du bon dans cet établissement, puisque plu- sage un voile épais pour l'empêcher de re-
sieurs princes le protégèrent. Toutefois ce tri- connaître le chemin qu'il parcourait. On des-
bunal se rendit par la suite coupable de bien cendait' dans une caverne. Tous les juges
des excès de sévérité. Les francs-juges étaient étaient masqués et ne parlaient que par
ordinairement inconnus. Ils avaient des usa- signes jusqu'au moment du jugement. Alors
ges particuliers et des formalités cachées pour on sonnait une cloche; le lieu s'éclairait;
juger les malfaiteurs; et il ne s'est trouvé l'accusé se trouvait au milieu d'un cercle de
personne à qui la crainte ou l'argent aient fait juges vêtus de noir 2. On lui découvrait le vi-
révéler le secret. Les membres du tribunal sage et on procédait à son jugement. —Mais
parcouraient les provinces pour connaître les il était rare qu'on citai de la sorte, hormis
criminels donl ils prenaient les noms; ils les pour les fautes légères. 11 était plus rare en-
accusaient ensuite devant les juges secrets core que la personne citée comparai. Celui
rassemblés; on les citait, on les condamnait, que les francs-juges poursuivaient, se hâtait
on les inscrivait sur un livre, elles plus jeunes de quitter la 'Weslphalie 5, trop heureux d'é-
étaient chargés d'exécuter la sentence. Tous chapper aux poignards des invisibles. Quand
les membres faisaient cause commune, quand les juges chargés d'exéculer les sentences du
bien même ils ne s'étaient jamais vus, ils tribunal avaient trouvé leur victime, ils la
avaient un moyen de se reconnaître qui est pendaient avec une branche de saule au pre-
encore pour nous un mystère 2. Quand le tri- mier arbre qui se rencontrait sur le grand
bunal avait proscrit un accusé, tous les francs- chemin. Poignardaient-ils, ils attachaient le
juges avaient ordre de le poursuivre jusqu'à cadavre à un tronc d'arbre et y laissaient le
ce qu'ils l'eussent trouvé, et celui qui le ren- poignard , afin qu'on sût qu'il n'avait pas été
contrait était obligé de le tuer. S'il était trop assassiné, mais exécuté par un franc-juge.
faible pour se rendre maître du condamné, — Il n'y avait rien à objecter aux sentences
ses confrères étaient obligés en vertu de leur de ce tribunal ; il fallait les exécuter sur-le-
ScriptoruraBrunsvV'ick, t. III.
1
1 Les francs-juges se nommaient aussi les InviùbUs
2 On prétend que les mots qui faisaient connaître les
affiliés du tribunal secret étaient ceux-ci : STOC, STEIN, et les Inconnus. Ils tenaient leurs séances partout et
GRAS, GIIEIN : baLon, pierre, herbe, pleurs. Au reste le
nulle part; et leurs bras se trouvaient en tous lieux.
secret qu'on gardait dans la société des invisibles était ?- Dans le procès de Conrad de Langen il trouva
, se
si bien gardé, dit Mceser, que l'empereur lui-même ne au tribunal secret plus de trois cents francs-juges.
savait pas pour quels motifs le tribunal secret f aisait 3 Le tribunal secret désignait la Wcstphalie sous le
exécuter un coupable. nom symbolique de la terre rouye.
TRI — /i85i — TRO
champ avec la plus parfaite obéissance. Tous Trois. — Les anciens crachaient trois fois
les juges s'étaient engagés par serment à dé- dans ( leur sein pour détourner les enchante-
noncer en cas de délit père, mère, frère, soeur, ments.
i En Bretagne un bruit qui se fait en-
,
ami, parent sans exception ; el à immoler ce ltendre trois fois annonce un malheur. On sait
qu'ils auraient de plus cher dès qu'ils en re- aussi ; que trois flambeaux allumés dans la
sevraient l'ordre ; celui qui ne donnait point môme i chambre sont un mauvais présage.
la mort à son frère condamné la recevait aus- Xrois-Échelles, •— sorcier de Charles IX,
sitôt. On peut, juger de l'obéissance qu'exi- qui le fit. brûler à la fin pour avoir joint aux
geait le tribunal secret de la part de ses mcm- sortilèges ,
les empoisonnements et les meur-
lues par ce mol du duc Guillaume do Brun- tres. 11 avoua dans son interrogatoire que lo
swick, qui était du nombre des francs-ju- nombre de ceux de son temps qui s'occu-
ges : «11 faudra bien, dil-il un jour triste- paient de magie passait dix-huit mille. •—
ment, que je fasse pendre lo duc Adolphe de Bodin raconte le tour suivant do ce sorcier :
Sles'wick s'il vient me voir, puisqu'aulrement En présence, du duc d'Anjou, depuis Henri III,
mes confrères me feront pendre moi-même.» il attira les chaînons d'une chaîne d'or d'assez
11 arriva quelquefois qu'un franc-juge loin, el les fil venir dans sa main ; après quoi
—• ,
rencontrant un de ses amis condamné par le la chaîne se trouva entière. Naudé parle de
tribunal secret, l'avertit du danger qu'il cou- Trois-Èchelles dans le chapitre m do son
rait en lui disant : On mange ailleurs aussi Apologie des grands personnages soupçonnés
bon pain qu'ici. Mais dès lors les francs-juges de magie. Il reconnaît que c'était un charla-
ses confrères étaient tenus par leur serment tan, un escamoteur et un fripon.
de pendre le traître sept pieds plus haut que
loul antre criminel condamné au même sup-
Trois-Slieux, — VOy. MACRODOK.
plice. — Ce tribunal subsista plusieurs siècles Trolien, — esprits follets qui, selon Le-
en Allemagne. 11 devint si terrible que In plu- loyer, se louent comme domestiques dans le
part des gentilshommes el des princes furent Nord, en babils de femme ou d'homme, et
obligés de s'y faire agréer. Vers la fin du s'emploient aux services les plus honnêtes (le
quinzième siècle, on lo vil s'élever tout à coup la maison. Ce sont les mêmes que les drolles.
à un degré de puissance si formidable, que
Tronc d'arbre. — Le diable prend quel-
l'Allemagne entière en fut effrayée. Quelques quefois cette forme sabbat.
historiens affirment qu'il y avait à celle épo- au
Trophonius , — t'Ol/. SOiXGlïS.
que dans l'empire plus do cent mille francs-
juges. On raconte, que le duc Frédéric de Trou du château de Cnrnoet. — .l'ai vi-
Brunswick condamné par les francs-juges, sité, ditCambrydans son Voyage du Finistère,
,
s'étant éloigné de sa suite à peu près de la les ruines massives de l'antique château de
portée d'un arc, le chef de ses gardes, impa- Carno'ét, sur la rive droite du Laïla (c'esl
tienté, alla le rejoindre, le trouva assassiné et le nom que l'Isole et l'Ellé prennent après
vit encore le meurtrier s'enfuir. — Après leur réunion); les pans de murs, couverts
avoir été réformé à plusieurs reprises par do grands arbres, do ronces, d'épines, do
quelques empereurs, le tribunal secret fui en- plantes de toute nature ne laissent apercevoir
tièrement aboli par l'empereur Maximilien I"1' que leur grandeur ; des fossés remplis d'une
au commencement du seizième siècle 1. Mais .eau vive l'entouraient, des tours le proté-
il en reste peut-être des vestiges en Allema- geaient; c'était sans doute un objet de terreur
gne; et l'assassin de Kolzebue était membre pour le voisinage ; il y paraît par les contes
d'une société secrète où l'on a cru retrouver qu'on nous en rapporte. Un de ses anciens .
l'esprit de l'ancien tribunal secret de Wesl- propriétaires, type de la Barbe Bleue, égor-
phalie. geait ses femmes dès qu'elles étaient grosses.
Trithème (.IIÏAN) , •— savanl abbé de l'or- La soeur d'un saint devint son épouse; con-
dre de Saint-Benoît, qui chercha à perfec- vaincue, quand elle s'aperçut de son état,
tionner la sléganographio ou Part d'écrire en qu'il fallait cesser d'ûlre, elle s'enfuit ; son
:
chiffres. On prit ses livres pour des ouvrages barbare époux la poursuit, l'atteint, lui tran-
magiques, el Frédéric II, électeur palatin, fit che la têle el, retourne dans son château. Le
brûler publiquement les manuscrits originaux sainl, son frère, instruit de cette barbarie, la
qui se trouvaient dans sa bibliothèque-2. Mort ressuscite et s'approche de Carnoël : on lui
en 154 6. refuse d'en baisser les ponls-levis. A la troi-
sième supplication sans succès, il prend une
1 On croit que ce Tut en 1512. poignée de poussière, la lance en Pair; le
'- M. T. P. Bertin, Curiosités de la littérature, 1.1",
1'. 48. château tombe avec le prince, il s'abîme dans
TRO: — Z|8<> TRO
les eniei-s ; re mou par lequel u passa subsiste necommandons seulement, quand on lire le
encore ; jamais,. disent les bonnes gens , on siang, que l'animal ait le cul derrière vous.
n'essaya d'y pénétrer, sans devenir la proie S c'est, par exemple, U-IÏ mouton, vous lui tien-
>i

d'un énorme duagoiu dIrez la fêle dans vos jambes. Enfin, après
,
ivoir saigné l'animal, vous faites une- levée
Troupe furieuse. — En Allemagne la su- c,le
persliiion a fait donner ce nom à de certains .' corne du pied droit, c'est-à-dire que vous
chasseurs mystérieux qui sont censés peupler ui coupez un petit morceau de corne du pied
les forêts. Voy. MONSIEUR DE I.A FOIIÈ'T, VE- C
lroit avec un couteau ; vous le partagez en
cJeux el en faites une croix, vous niellez celle
1
Riiun, etc. :,roisetle dans un morceau de toile neuve
Troupeaux. — Garde des troupeaux. Les [luis vous la couvrez de votre sel'; vous pre-,
bergers superstitieux donnent le nom de gav- \nez ensuite de la laine si vous agissez sur les j
des à do certaines oraisons incompréhensibles, imoutons; autrement vous prenez du crin, I

accompagnées,de formules.. Ce qui va suivre- vous en faites aussi une croisette que vous
nous fera comprendre. Le tout est, textuelle- mettez dans votre toile sur le sel ; vous mettez
ment transcrit des grimoires et autres mau- sur celte laine ou crin une seconde couche de
:
vais livres de noirs mystères. Nous pensons sel; vous faites encore une autre croisette de
que la stupidité de ces procédés les combat cire vierge pascale ou chandelle bénite, puis
suffisamment. Les recueils ténébreux donnent vous mettez le restant de votre sel dessus, el
ces gardes comme capables de tenir toute es- nouez le tout en pelote avec une ficelle :
pèce de troupeau en vigueur et bon rapport. frottez avec cette pelote les animaux au sor-
— Le château de Belle-Garde pour les chevaux. tir de l'écurie, si c'est des chevaux; si c'est
Prenez du sel sur une assiette; puis, ayant le des moutons, on les frottera au sortir de la
dos tourné au'lever du soleil et les animaux bergerie ou du parc, prononçant les paroles
devant vous, prononcez la- lèle nue ce qui qu'on aura employées pour le jet; on conti-
suit — « Sel qui est fait. et formé'au ,château nue à frotter pendant un, deux, trois, sept,
-.

de Belle, je le conjure au nom de Gloria, neuf ou onze jours de suite. Ceci dépend de
Dorianlé et de Galliane sa soeur; sel, je te la force et de la vigueur ries animaux. —
conjure que tu. aies à me, tenir, mes vifs che- Notez que vous ne devez faire vos jets qu'au
vaux de bêles cavalin.es que voici présents-, dernier mol: quand vous opérez sur les che-
sains el nets, bien buvants, bien mangeants, vaux, prononcez vivement; quand il s'agira
gros el gras ;' qu'ils soient à ma volonté; sel de moulons, plus vous serez long à prononcer,
dont sel, je te conjure par la puissance de mieux vous ferez. — Toutes les gardes se
gloire, el parla vertu de gloire, el en toute commencent le malin du vendredi au crois-
mon intention toujours de gloire.» — Ceci pro- sant de la lune; el en cas pressant, on passe
noncé au coin: du soleil levant, vous gagnez par-dessus ces observations. 11 fau avoir soin
L

l'autre coin, suivant le cours de cet astre, vous que vos pelotes ne prennent de l'humidité,
y prononcez ce que dessus. Vous en faites de^ parce que les animaux périraient. On les
môme aux autres coins; et. étant de retour porte ordinairement dans un gousset ; mais,
où vous, avez commencé vous y- prononcez, sans vous charger de ce soin inutile, faites
,
de nouveau les mêmes paroles. Observez ce que font les praticiens experts : placez-les
pendant loutela cérémonie que les animaux chez vous on quelque lieu sec el ne craignez
soient, toujours devant vous, parce que ceux, rien. Nous avons dit ci-dessus de ne prendre
qui traverseront sont autant de bêles folles. de la corne que du pied droit pour faire la
Faites-ensuite, trois-tours autour de vos che- pelote; la plupart, en prennent des quatre
vaux, faisant des jets de voire sel. sur les ani- (lieds, et en font conséquemment deux croi-
maux, disant : « Sel, je le jette de la main que settes, puisqu'ils en ont quatre morceaux.
Dieu m'a donnée ;. Grapin, je le prends, à, loi Gela est superflu el ne produit rien de plus.
1

je m'attends, etc. » — Dans le restant de Si vous faites toutes les cérémonies des quatre
votre sel, vous saignerez l'animal sur qui on coins au seul coin du soleil levant, le troupeau
monte,, disant : « Bête cavaline;, je te saigne, sera moins dispersé.—Remarquezqu'un ber-
de la main que Dieu; m'a donnée ;. Grapin, je, ger mauvais, qui enveu ta celui qui le remplace,
te prends:, à toi je m'attends.. » On doit sai- peut lui causer bien des peines et même faire
gner avee.uiii morceau-de bois-, dur, comme du périr le troupeau; premièrement parle moyen
buis ou poirier;; on tire le- sang de quelle, de la pelote qu'il coupe en morceaux et qu'il
partie- on veut, quoi qu'on disent quelques disperse, soit sur une table ou ailleurs, soit
capricieux, qui affectent, des vertus, particu- par le moyen d'une taupe ou, d'une.belette,
lières à, certaines parties de ranimai, Nous soit enfin par le moyen d'une grenouille, ou
TRO — un:V — TRU
aine verte, ou queue de morue, qu'il met quelque'couleurque lu sois, s'il y a quelque
huis une' fourmilière, disant: Maudilion-, gale ou rogne si#r loi, fût-elle mise et faite à
jerdition. Il l'y laisse durant neuf jours, après neuf pieds dans lerre, il est vrai qu'elle s'en
lesquels il la relève avec les mêmes paroles,
1
ira et mortira. » Vous vous servirez pour le
;;i niellant en poudre et en semant où doit jet el pour les; frottements des mots suivants
,
paître le''troupeau. Il se-'sert encore de trois el aurez recours à ce que nous avons dit-au
cailloux pris en différents cimetières, et par chàiteau de Belle : «Sel, je le jette de la main
le moyen de certaines paroles que nous ne que Dieu m'a donnée Volo et vono Raptista
1.

voulons pas révéler, ii donne dés courantes Sa-nclu- Aca latumesi. » — Garde pour empê-
,
cause fa gale et fait mourir autant d'animaux cher les loups dientrer sur le terrain, où- sont
qu'il souhaite. — Autre garde. « Aslarin, As- les moutons. Placez-vous au coin du soleil le-
tarot qui es Bahol, je te donne mon troupeau vant et prononcez cinq fois ce qui va suivre.
à la charge cl à la garde; et pour ton salaire Si vous ne le souhaitez prononcer qu'une fois,
je le donnerai bêle blanche ou noire-, telle vous en ferez autant cinq jours de suite. —
qu'il me plaîra. Je le conjure, Aslarin, que «Viens, bêle à laine, je le garde. Va droit,
lu me les gardes partout dans ces jardins, en bêle grise, à gris agripeuse; va chercher la
disant hurhipapin. » — Vous agirez suivant proie, loups el louves et louveteaux; lu n'as
ce que nous avons dit au château de Belle, et point à venir à celle viande qui esl ici. « Ceci
ferez le jet prononçant ce qui suit : « Gupin prononcé au coin que nous avons dit,, on con-
féranl a failli le grand, c'est Caïn qui le fait tinue de faire de même aux autres coins; et
chat. » (Vous les frotterez avec les mêmes de retour où l'on a commencé on le répèle
paroles.') — Autre garde. «'Bêle à laine, je de nouveau. Voyez pour le reste ,le château de
prie Dieu que la saignorie que je vais faire Belle, puis faites le jpt avec les paroles qui sui-
prenne et profile à ma volonté'-, .le te conjure vent : Vanus vanes. attaquez sel soli. — Garde
(|iie lu cassés et, brises tons sorts et enchan- pour les chevaux. « Sel, qui est fait et formé
tements qui pourraient être passés dessus le de l'écume de la mer, je te conjure que .tu
corps de mon vif troupeau de bêles à laine que fasses mon bonheur et le profit de mon maî-
voici présent devant. Dieu el, devant moi, qui tre; je le conjure au nom de Crouay, Bon et
sont à ma charge et, à ma garde, etc.» Voyez Kouvayet, viens ici, je te prends pour mon
ci-dessus ce que nous avons dit pour opérer valet (en jetant le sel). (Gardez-vous de dire
au château de Belle , el, vous servez pour le Houvaye.) Ce que tu feras je le trouverai bien
jet et froltemenl des' paroies qui suivent : fait. » — Cette garde est. forle el quelquefois
« Passe fluri-, tirlipipi. •—
Garde contre la gale, pénible, dil l'auteur. Quelles stupidités!- Voy.
rogne, et clavelée. « Ce fut par un lundi au Oiuisoix nu Loue.
malin que le Sauveur du monde passa, la
sainte Vierge après lui, monsieur saint Jean Trows, — esprits qui , dans l'opinion des
habitants des lies Shetland, résident dans les
son pastoureau, son ami, qui cherche son di-
cavernes intérieures des collines. Ils sont ha-
vin troupeau.
— Mon troupeau sera sain et biles ouvriers en fer el en toutes sortes de
joli, qui est sujet à moi. .le prie madame
métaux précieux. Voy. MINEVUS MO.NTA-
sainle Geneviève qu'elle m'y puisse servir ,
(l'amie dans ce malin claviau ici. Glaviau G.NAUDS elc.
,
banni de Dieu, je le commande que lu aies à Truie. — Les juges laïcs de l'a prévoie de
sortir d'ici, et que tu aies à fondre et confon- Paris, qui étaient irès-ardents, firent brûler
dre devant Dieu et devant moi, comme fond en 4466 Gillet-Soularl et sa truie , pauvre
la rosée devant le soleil, etc.
— « 0 sel! je charlatan qui avait simplement appris à sa
le conjure de la part du grand Dieu vivant, pauvre truie Pari de se redresser et de tenir
que lu me puisses servir à ce que je prétends, une quenouille. On l'appelait la truie qui file,
que tu me puisses préserver et garder mon el une enseigne a conservé son souvenir. On.
troupeau de rogne, gale, pousse, de pousset, voyait là une oeuvre du diable. Mais il fallait
de gobes el de mauvaises eaux. » Avant foules qu'il y eût encore là--dessous quelque horreur.
choses, à celle garde (rédigée, ainsi que. les — « Rieu de plus simple, dit alors M. Victor
autres, par quelque paysan), ayez recours Hugo (Notre-Dame de Paris), qu'un procès-
au château de Belle et faites le jet et les frot- de sorcellerie intenté à un animal. On trouve
tements,, prononçant quelques formules. dans les comptes de la prévôté pour 41466 un

Garde contre'la gale. « Quand noire Seigneur curieux détail des frais du procès de Gillet-
monta au ciel, sa sainte vertu en terre laissa. Soulart el de, sa truie, exécutés pour leurs dé-
Pasle., Collet et Hervé; tout ce que Dieu a dit mérites à Gorbeil. Tout-y est, le coût des fos-;
a été bien-dit. Bète rousse, blanche ou noire, de ses pour mettre la truie, les cinq cotrels pris
TU11 — Zi885 — TÏU {
sur le port de Morsanl, les (rois pintes de vin sa s troupe. Dès qu'il fut parti, je me mis à j
et le pain, dernier repas du patient, fraternel- réciter le premier psaume; à peine l'avais-je '
1
lement partagé par le bourreau, jusqu'aux fini I que j'entendis tous ces démons qui reve-
onze jours de garde et de nourriture de la naient i : le vacarme m'obligea de regarder par
truie à huit deniers parisis chaque. » la même croisée, et je les trouvai tristes, in-
1
,
TulHe. — Vers le milieu du seizième siè- quiets ' et chagrins. Alors je demandai à celui
cle, on découvrit un tombeau près de la voie qui m'avait déjà parlé de me déclarer ce
Appienne. On y trouva le corps d'une jeune qu'ils avaient fait et quel avait été le succès
fille nageant dans une liqueur inconnue. Elle de leur entreprise. — Très-mauvaise, me
avait les cheveux blonds, attachés avec une répondit-il : à peine fûmes-nous arrivés à 1

boucle d'or; elle était aussi fraîche que si elle notre rendez-vous, que l'archange Michel j
n'eût été qu'endormie. Au pied de ce corps vint avec la légion qui est sous ses ordres !

il y avait une lampe qui brûlait et qui s'étei-, pour s'opposer à notre dessin ; et comme nous j
gnit d'abord que l'air s'y fut introduit. On re- voulions nous saisir de l'âme du roi, il se ':
connut à quelques inscriptions que ce cadavre présenta deux hommes sans tète , saint .lac- ï >':

était là depuis quinze cents ans, et on con- ques de Galice et saint Denis de France. Ils
jectura que c'était le corps de Tullie, fille de mirent dans une balance toutes les bonnes I
Cieéron. On le transporta à Borne et on l'ex- oeuvres de ce prince. Ils y firent entrer tout j!
Capitule, où le monde le bois et les pierres employés aux bâtiments
posa au tout courut en !

foule pour le voir. Comme le peuple imbécile et ornements des églises construites par lui, j
commençait â rendre à ces restes les honneurs et généralement, tout ce qui contribue à la i

dus aux saints, on les fil jeter dans le Tibre, gloire de Dieu. Nous ne pûmes rassembler j

l'oy. LAMPES MERVEILLEUSES. assez de maux et de péchés pour l'emporter. '

A l'instant, ravis de nous voir honteux et con-


Turlupîns, —secte de libertins qui allaient fus, pleins de joie d'ailleurs de nous avoir
tout nus et qui renouvelaient en France, en levé l'âme du roi, ils en-
nous ont fustigés si fort,
Allemagne et dans les Pays-Bas, au qua- qu'ils ont causé la tristesse cl le chagrin
torzième siècle, les grossièretés des anciens où nous
vous nous voyez, autant pour la perte que
cyniques. Ils disaient que la modestie et les de faire que pour le mal que
nous venons
moeurs étaient des marques de corruption , et nous avons reçu. Ainsi moi, Turpin, je

que tous ceux qui avaient de la pudeur étaient, fus assuré que l'àme du roi, mon maître,
possédés du diable. avait été enlevée par les mains des anges bien-
Turpin, —voy. CUAULIÎMAGNE. On met la heureux, par les mérites de ses bonnes oeu-
vision qui suit sur le compte du bon Turpin. vres, et par la protection des saints qu'il a ré-
— «Moi, Turpin, archevêque de lleims, étant vérés et servis pendant sa vie. Aussitôt je fis
à Vienne (en Dauphiné), après avoir chanté la venir mes clercs; j'ordonnai cle faire sonner
messe dans ma chapelle, et y avoir célébré les toutes les cloches de la ville, je fis dire des
saints mystères, comme j'étais resté seul pour messes, je distribuai des aumônes aux pau-
réciter quelques psaumes, et que j'avais com- vres, enfin je fis prier pour l'àme du prince.
mencé le Deus, in a-djularium mc.um inlcnde, Alors même je témoignai à tous ceux que je
j'ouïs passer une grande troupe d'esprits ma- voyais que j'étais assuré de la mort de l'em-
lins, qui marchaient avec beaucoup de bruit pereur. Au bout de dix jours, je reçus un
cl, de clameurs. Sur-le-champ je mis la tète courrier par lequel on m'en marquait tout le
à la fenêtre pour voir ce que c'était, et je re- détail, et son corps fut inhumé dans l'église
marquai une multitude de démons, mais si que lui-même avait fait bâtir à Aix-la-Cha-
nombreux qu'il n'était pas possible de les pelle '. « Voy. VETIN. Malheureusement pour le
compter; et, comme ils marchaient tous à conte , il paraît que l'archevêque Turpin était
grands pas, j'en remarquai un moins haut mort en "794, et Charlemagne mourut en 814.
que les autres, dont néanmoins la figure fai- Eyliilenus, — nom du mauvais génie chez
sait horreur. 11 était suivi d'une troupe qui les Saxons.
venait après lui à quelque distance, .le le con- Tjmpanon, de bouc dont les sor-
— peau
jurai de me déclarer au plus tôt où ils al- ciers font des outres où ils conservent leur
laient. «Nous allons, dit-il, nous saisir de bouillon. Voy. SABBAT.
l'àme de Charlemagne, qui venait, de sortir
de ce monde. — Allez, lui répondis-je, et, par Tyre, — sorte d'instrument dont les Lapons
le même ordre que j'ai déjà employé, je vous 1 VisioTurpini Remcnsis archiepiscopi, qualitor ani-
conjure de repasser ici pour me rapporter ce niam ltaroli Magui rîîemonibus abstulerunldiio acephali,
beatus scilicet Jacobus apostolus, et Macharius arcopa-
que vous aurez fait. » Il s'en alla donc et suivit gita Dionysius. Manuscr. Bibl. reg. n° 2147, p. 134.
VAC — /i 89 — .
YAC
se servent pour leurs opérations magiques, les Lapons vendent cette lyre ; qu'elle est
gcheffer nous en fournit la description : Celle comme animée, qu'elle a du mouvement ; en
ivre n'est autre chose qu'une boule ronde, sorte que. celui qui l'a achetée la peut envoyer
do la grosseur d'une noix ou d'une petite en qualité de maléfices sur qui il lui plaît. La
pomme, faite du plus tendre duvet, polie par- lyre va comme un tourbillon. S'il se rencontre
tout et si légère qu'elle semble creuse. Elle en son chemin quelque chose d'animé, celle
est d'une couleur mêlée de jaune, de vert et chose reçoit ie mal qui était préparé pour une
de gris ; le jaune y domine. On assure que autre.

tïkobach, — démon d'un ordre inférieur. d'autres. Kelirez-vous un peu, et je ferai des-
11se montre toujours avec un corps enflammé ; cendre la pluie sur telle partie du jardin que
on le dit inventeur des fritures et des feux vous désignerez. — Fais , reprend le paysan
d'aililice. 11 est chargé par Belzébulh d'entre- surpris, je vais me retirer. » A lors la petite fil le
tenir l'huile dans les chaudières infernales. creuse un trou dans la terre , y répand de son
ïîphir, — démon chimiste, très-versé dans urine, la mêle avec la terre , prononce quel-
la connaissance des simples. 11 est responsable ques mots, et la pluie tombe par torrents sur
le jardin. — Qui t'a donc appris cela?s'écrie
aux enfers de la santé- de Belzébulh el des le paysan étourdi. — C'est ma mère, qui est
grandsdesa cour. Les médecins l'ont pris pour très-habile dans celle science.» Le paysan ef-
leur patron, depuis le discrédit d'Esculape.
frayé lit monter sa fille el. sa femme sur la
Upiers , — UOJ/.'VAMI'IUES. charrette, les mena à la ville, et les livra
TJrcla, — OT?/. NoilNES. toutes les deux à la justice.
Urine. — L'urine a aussi des vertus admi-
ïïrotopégnie , — chevillenienl. Delancre dit
rables. Elle guérit, la teigne et les uicères des qu'il y a un livre de ce nom dans lequel on
oreilles, pourvu qu'on la prenne en bonne voit que les moulins, les tonneaux, les fours,
santé. Elle guérit aussi de la piqûre des ser- etc., peuvent être liés ainsi que les hommes.
Voy. LlGATUHliS.
pents, des aspics, el autres reptiles venimeux.
—11 paraît que les sorcières s'en servent pour merpen,.-— VOIJ. MERLIN.
faire tomber la pluie. Delrio conte que, dans utéseture, — espèce de magie pratiquée
le diocèse de Trêves, un paysan qui plantait chez les Islandais; on en fait remonter l'usage
des choux dans son jardin avec sa fille, âgée jusqu'ùOdin. Ceux qui se trouvent la nuit hors
de huit ans, donnait des éloges à cet enfant de leur logis s'imaginent converser avec des
sur son adresse à s'acquitter do sa petite fonc- esprits qui, communément, leur conseillent
tion. « Oh ! répondit l'enfant, j'en sais bien de faire le mal.

Vaccine. — Quand l'inoculation s'introdui- français ont écrit que la vaccine donnerait aux
sit à Londres, un ministre anglican la traita vaccinés quelque chose de la race bovine ;
en chaire d'innovation infernale, de suggestion que les femmessoumises à ce préservatif s'ex-
diabolique, et soutint que la maladie de Job posaient à devenir des vaches comme Io. Voy.
n'était que la petite-vérole que lui avait ino- lés écrits des docteurs Yaume, Moulel, Cha-
culée le malin 1. — Des pasteurs anglais ont pon, etc.
traité pareillement la vaccine. Des médecins Vache. — Cet animal est si respecté dans
1 M. Saignes, des Erreurs et des préjugés, etc., t. III,
rindoustan, que tout ce qui passe par son
V- 84. corps a, pour les Indiens, une vertu sancli-
Y AD
— u90) —• VAI) j;
fiante et médicinale. Les brames donnent du mé n Visara ou Viser-Aa ; il s'arrôlasui' la rive,
riz aux vaches, puis ils en' cherchent les grains y3 abattit, un arbre, le creusa, y déposa ses
entiers dans leurs excréments-, et font avaler trésors l et ses vivres, el s'y pratiqua une de-
ces grains aux malades, persuadés qu'ils sont .1meure tellement fermée que l'eau ne pouvait
propres à guérir le corps' et à' purifier l'àme. y; pénétrer. Après y être entré il se laissa llot-
Us ont. une vénération singulière pour lès cen- Iler vers la mer.
— On jour, un roi de Julland,
dres de bouse de vache. — Les souverains nommé Nidung, péchait avec sa cour, quand
1

ont à leur cour des officiers qui n'ont point les pêcheurs retirèrent de leur filet un gros j
1

d'autre fonction que de présenior le malin, à tronc d'arbre singulièrement taillé. Pour sa- i
ceux qui viennent saluer le prince, un plat de voir ce qu'il pouvait contenir, on voulut, le |
ces cendres détrempées dans un peu d'eau. mettre en pièces; mais tout-à-coup une voix, j

Le courtisan trempe le bout du doigt dans ce sortant du tronc, ordonna aux ouvriers de
mortier, el se fait, sur différentes parties du cesser. A celle voix, tous les assistants prirent
corps, une onction qu'il regarde comme salu- la fuite, croyant, qu'un sorcier était caché dans
taire. Voy. YAÏCAUANI. — Chez les Hébreux, l'arbre. — Yeland en sortit; il dit au roi qu'il
on sacrifiait une vache rousse pour faire de n'était pas magicien cl que, si on voulait lui
,
ses cendres une eau d'expiation destinée à laisser la vie el ses trésors, il "rendrait de
purifier ceux qui s'étaient souillés par Pattou- grands services : le roi le lui promit. Yeland
chement d'un mort. C'est, de là sans doute que cacha ses trésors en terre et entra au service
vient, dans le midi, l'opinion qu'une vache de Nidung. Sa charge fut de prendre soin de
rousse est mauvaise. trois couteaux que l'on mettait devant le roi à
Vade. — La légende de Yade ou Warle el table. — Le roi ayant découvert l'habileté de
de son fils Yéland, le forgeron, est célèbre dans Yeland dans l'art de fabriquer des armes,
la littérature Scandinave. La voici, telle que consentit à ce qu'il luttât avec son forgeron
M. Depping el Francisque Michel, guidés ordinaire. Gelui-ci fit une armure qu'il croyait
par les monuments de la Suède cl de l'Islan- impénétrable, mais que Yeland fendit en deux
de l'ont exposée dans leur Dissertation sur- d'un seul coup de l'épée d'or qu'il avait fabri-
,
une tradition du moyen âge, publiée à Paris- quée en peu d'heures. Depuis lors, Yeland
eu 1833 : — « Le roi danois Wilkin ayant ren- fut en grande faveur auprès du roi ; mais ayant
contré dans une forêt, au bord de l'a mer, une été mal récompensé d'un message pénible et
belle femme qui était une haffru ou femme dangereux, il ne songea plus qu'à se venger.
do mer, espèce d'êtres marins qui, sur terre, Il- tenta d'empoisonner le roi,. qui- s'en aper-
pïennenl la forme d'une femme , s'unit avec çut, el lui fit couper les jarrets. Furieux do
elle, el le fruit de celle union fut un fils géant, cette injure, Yeland feignit du repentir, el le
qui fui appelé Yade. Wilkin lui donna- douze roi consentit à lui laisser une forge el les ou-
terres en Seelande. Vade eut à son tour un tils nécessaires pour composer de belles ar-
(ils appelé- Velund ou Vanhmd. Quand ce der- mures et. des bijoux précieux. — Alors le vin-
nier eut atteint l'âge de. neuf ans, son père le dicatif artisan sut attirer chez lui les deux fils
conduisit chez un habile forgeron de Hunaland, du roi ; il les tua, et offrit à leur père deux
appelé Mimer, pour qu'il apprit à forger, trem- coupes faites avec le crâne de ses enfants.
per et façonner le fer. — Après l'avoir laissé Après quoi il se composa des ailes, s'envola
trois hivers dans le Hunaland le géant. Vade sur la tour la plus élevée, el cria de toutes ses
,
se rendit avec lui à une montagne appelée forces pour que le roi vînt et lui parlât. En
Kallova dont l'intérieur était habité par deux entendant sa voix, le roi sortit. «Yeland, dit-
nains qui, passaient pour savoir mieux forger il, est-ce que tu es devenu oiseau?— Sei-
le fer que les autres nains el que les hommes; gneur, répondit le forgeron, je suis maintenant
ordinaires. Us fabriquaient des épées, dess oiseau el homme à la fois; je pars, el lu ne
casques el des cuirasses; ils savaient aussii me.verras plus. Cependant, avant de partir,
travailler l'or el l'argent, el en faire toute je veux l'apprendre quelques secrets. Tu m'as
>

sorte de'bijoux. — Les nains , pour un; marc; fait couper les jarrets pour m'empècher de
d'or, rendirent Yeland le plus habile forgeron1 m'en aller; je m'en suis vengé : je t'ai privé
de'l'a terre; néanmoins ce dernier tua ses maî- de tes-filss que j'ai égorgés de ma main : mais
tres, qui voulaient profiler d'une tempête danss lu trouveras' leurs ossements dans les vases
laquelle Vade avait péri pour mettre'à mortt garnis- d'or et d'argent dont j'ai-orné lai table. »
leur élève. — Yeland s'empara alors des ou- Ayant dit ces mots, Veland disparuU'dans les
tils', chargea' un-cheval'd'autant, d'or et -d'ar- airs.»—Ce récit est la forme la plus complète
gent qu'il pouvaiten porter, et reprit le'cheminn qu'ail reçue la légende de Yade et de son-fils
d-u.Danemarck.lifarrivaprèsdïun:fleuve nom- 1-
dans les monuments de la littérature scandi-
VAL — MH — VAM
nave. Léchant de l'Eddw qui nous fait con- habitait la Divinité ; il y plaçait des Eom ou
naître Yeland , diffère dans plusieurs de ses intelligences immortelles, an nombre de trente,
circonstances. Là, Yeland est. le troisième fils les uns mâles, les autres femelles;, il les dis-
d'un roi alfe, c'est-à-dire d'espèce surnatu- tribuait en trois ordres, les supposait nés les
relle. Ces trois princes avaient épousé trois uns des autres, leur donnait des noms et fai-
valkiries ou fées, qu'ils avaient rencontrées sait leur généalogie. Le premier était Jiythos,
un bord d'un lac, où, après avoir déposé leur la profondeur, qu'il appelait aussi le premier
robe de-cygne, elles s'amusaient à filer du lin. père, propator; il lui donnait pour femme
Après sept années de mariage, les valkiries Ennoïa, l'intelligence, qu'il appelait encore
disparurent,-, et- les deux frères de Yeland le silence, Sigé. Jésus-Christ et le Saint-Esprit,
allèrent à la recherche de leurs femmes ; mais élaienl les derniers nés de ces Éons. — On a
Yeland resta seul dans sa cabane, et s'appli- peine à concevoir que Yalenlin ait eu de
qua à forger les métaux. Le roiNidulh, ayant nombreux disciples, et que plusieurs socles
entendu parler des beaux ouvrages d'or que soient, nées de sa doctrine. Mais l'esprit hu-
Yeland faisait., s'empara du forgeron pendant main fourvoyé a aussi ses prodiges. Voy'. BA-
qu'il dormait, et, comme il faisait peur à la SILE.
reine, celle-ci ordonna qu'on lui coupât les Valkiries, —fées des Scandinaves. Foi/.
jarrets. Yeland-, pour se venger, accomplit les VADE.
actions différentes que nous avons rapportées.
Celle histoire de Wade de fils été Vampires. — Ce qu'il y a de plus remar-
— et son a quable dans l'histoire des vampires, c'est
souver.l imitée par les anciens poètes allemands qu'ils
ont partagé, avec les philosophes, ces
et anglo-saxons. Les trouvères français ont autres démons, l'honneur d'étonner le dix-
parlé plusieurs fois de Yeland, de son habi- huitième siècle; c'est qu'ils
leté à forger des armures. Ils se plaisaient à
ont épouvanté la
Lorraine, la Prusse, la Silésie, la Pologne, la
dire que Pépée du héros qu'ils chantaient avait, Moravie, l'Autriche, la Russie, la Bohème
été trempée par Veland. el
tout le nord de l'Europe, pendant que les dé-
Vafthrudnis, -— génie des Scandinaves, molisseurs de. l'Angleterre, et de la France
renommé pour sa science profonde. Odin alla renversaient les croyances en se donnant le
le délier dans son palais, cl le vainquit par la ton cle n'attaquer que les erreurs populaires.
supériorité de ses connaissances. Chaque siècle, il est vrai, a eu ses modes;
Vaïcarani, —• fleuve de feu, que les âmes chaque pays, comme l'observe D. Calmet, a
doivent traverser avant d'arriver aux enfers, en ses préventions el ses maladies; mais les
selon la doctrine des Indiens. Si un malade vampires n'ont point paru avec tout leur éclat
tient en, main la-queue d'une vache, au mo- dans les siècles barbares el chez des peuples
ment de. sa mort.,, il passera sans danger le sauvages ; ils se sont montrés au siècle des
fleuve Yaïcnraui, parce que la vache dont il Diderot et des Voltaire, dans l'Europe, qui se
a tenu la queue, se présentera à lui sur le
, disait déjà civilisée. — On a donné le nom
bord du fleuve; il prendra sa queue et. fera û'apiers. oupircs, et plus généralement vam-
doucement le trajet par ce moyen. pires, en Occident, de broucolaques ( vrouço-
lacas ) en Morée, de l;u1a]:hunés à Ceylan, à
Vaisseau - fantôme , — t'Oly. Voi.TIGISUIl des hommes morts el enterrés depuis plusieurs
HOLLANDAIS. années, ou du moins depuis plusieurs.jours,
Valafar OU KEalafar, — grand et puissant qui revenaient en corps el en âme, parlaient,
duc, de l'empire infernal. Il paraît sous la forme marchaient, infestaient les villages, maltrai-
d'un ange, quelquefois sous celle d'un lion taient les hommes et les animaux , et surtout
avec la, tète et les pattes d'une oie elune queue, qui suçaient le sang de leurs proches, les
de lièvre. Il connaît le passé et l'avenir, donne épuisaient, leur causaient la mort '. On.ne se
du génie et de l'audace aux hommes, et com- délivrait de leurs dangereuses visiles et de
mande trente-six légions'1. leurs infestai-ions, qu'en les exhumant, les
empalant, leur coupant la tète, leur arrachant
Valens,— uo;/. ALBCTIIYOMANCIE. le coeur on les brûlant. — Ceux qui mouraient
Valentln , — hérésiarque, originaire d'E- sucés devenaient vampires à leur tour. — Les.'
gypte, qui enseigna sa doctrine peu de temps journaux publics de la France el de la Hol-
après l'a mort du dernier dès apôtres. 11 ad- lande parlent, en 1693 et -IC94, des vam-
mettait un séjour éternel de lumière qu'il pires qui se montraient en Pologne et surtout
nommait plèroma ou plénitude, dans lequel en Russie. On voit dans le Mercure galant.
! Wierus.in Pteudom. drcm. 1 C'est la définition qu'en dorme le it,. P. D. Caîrnct.-
VAM Zi92 VAM
de ces deux aimées, que c'était alors une opi- primé à Olmutz, en '1706, sous le litre de
nion répandue chez ces peuples que les vam- Magio, posthuma. L'auteur raconte qu'en un
pires apparaissaient, depuis midi jusqu'à mi- certain village, une femme étant morte munie
nuit; qu'ils suçaient le sang des hommes et des sacrements, fut enterrée dans le cime-
des animaux vivants avec tant, d'avidité, que tière à la manière ordinaire. On voit que ce
souvent ce sang leur sortait par la bouche , n'était point une excommuniée, mais peut-être
par les narines, par les oreilles; quelquefois une sacrilège. Quatre jours après son décès,
leurs cadavres nageaient dans le sang au fond les habitants du village entendirent un grand
de leurs cercueils. •— On disait que ces vam- bruit, et virent un spectre qui paraissait,
pires, ayant continuellement grand appétit, tantôt, sous la forme d'un chien tantôt sous
,
mangeaient aussi les linges qui se trouvaient celle d'un homme, non à une personne seu-
autour d'eux; on ajoutait que, sortant, de lement, mais à plusieurs. Ce spectre serrait la
leurs tombeaux, ils allaient la nuit embrasser gorge de ceux à qui il s'adressait, leur com-
violemment leurs parents ou leurs amis, à primait l'estomac jusqu'à les suffoquer, leur
qui ils suçaient le sang, en leur pressant la brisait presque tout le corps et les réduisait à
gorge pour les empêcher de crier. Ceux qui une faiblesse extrême ; en sorte qu'on les
étaient sucés s'affaiblissaient tellement, qu'ils voyait pâles, maigres et exténués. Les ani-
mouraient presque aussitôt. Ces persécutions maux même n'étaient pas à l'abri--de sa ma-
ne s'arrêtaient pas à une personne seulement ; lice. ; il attachait les vaches l'une à l'autre par
elles s'étendaient jusqu'au dernier de la fa- la queue, fatiguait les chevaux et tourmen-
mille ou du village ( car le vampirisme ne s'est tait tellement le bétail do toute sorte, qu'on
guère exercé dans les villes ), à moins qu'on n'entendait partout que mugissements el cris
n'en interrompît le cours en coupant la tête de douleur. Ces calamités durèrent plusieurs
ou en perçant le coeur du vampire, dont on mois : on ne s'en délivra qu'en brûlant le
trouvaille cadavre mou, flexible, mais frais, corps de la femme vampire. — L'auteur de.
quoique mort, depuis très-long-temps. Comme la Alagia posthuma raconte une autre anec-
il sortait de ces corps une grande quantité de dote plus singulière encore. Un pâtre du vil-
sang, quelques-uns le mêlaient avec de la fa- lage de Blovv. près la ville de Kadam en Bo-
rine pour en faire du pain : ils prétendaient hême apparut, quelque temps après sa mort
,
qu'en mangeant ce pain ils se garantissaient avec les symptômes qui annoncent le vampi-
des atteintes du vampire. — Voici quelques risme. Ce spectre appelait, par leur nom cer-
histoires de vampires. — M. de Yassimont, taines personnes qui ne manquaient pas do
,
envoyé en Moravie par le duc de Lorraine mourir dans la huitaine. Il tourmentait ses
Léopold 1er, assurait, dit 1). Calmet, que ces anciens voisins et causait tant d'effroi que
,
sortes de spectres apparaissaient fréquem- les paysans de Blow déterrèrent son corps el-
ment et depuis long-temps chez "les Moraves, le fichèrent, en terre avec un pieu qu'ils lui
et qu'il était assez ordinaire dans ce pays-là passèrent à travers le coeur. —Ce spectre,
de voir des hommes, morts depuis quelques qui parlait quoiqu'il fût mort, et qui du moins
semaines, se présenter dans les compagnies, n'aurait plus dû le faire dans une situation
se mettre à table sans rien dire avec les gens pareille , se moquait néanmoins de ceux qui
de leur connaissance, eL faire un signe de lui faisaient souffrir ce traitement. « Yous avez
tête à quelqu'un des assistants, lequel mou- bonne grâce, leur disait-il en ouvrant sa
rait infailliblement quelques jours après. Un grande bouche de vampire, de me donner
vieux curé confirma ce fait à M. de Yassimont, ainsi un bâton pour me défendre contre les
et lui en cita même plusieurs exemples qui chiens! » On ne fil pas attention à ce qu'il
s'étaient, disait-il, passés sous ses yeux. Los put dire et on le-laissa. La nuit suivante il
évoques et les prêtres du pays avaient con- brisa son pieu, se releva, épouvanta plusieurs
sulté Borné sur ces matières embarrassantes; personnes et en suffoqua plus qu'il n'avait, fait
mais le Saint-Siège ne fit point de réponse jusqu'alors. On le livra au bourreau qui le
, ,
parce qu'il regardait tout cela comme des vi- mil sur une charrette pour le transporter hors
sions. — Dès lors, on s'avisa de déterrer les de la ville et. l'y brûler. Le cadavre remuait
corps de ceux qui revenaient ainsi, de les les pieds et les mains, roulait des yeux ar-
brûler ou de les consumer en quelqu'aulre dents et hurlait comme un furieux. •— Lors-
manière ; et ce fui par ce moyen qu'on se dé- qu'on le perça de nouveau avec des pieux, il
livra de ces vampires, qui devinrent de jour jeta de grands cris et rendit, du sang très-
en jour moins fréquents. — Toutefois ces ap- vermeil ; mais quand on Peut bien brûlé, il ne
paritions donnèrent lieu à un petit ouvrage se montra plus. — On en usait de même dans
composé par Ferdinand de Sehertz et im- le dix-septième siècle contre les revenants
,
;
— vA.u
(le ce genre; el, dans plusieurs endroits, quand marque
i
de vampirisme, ni dans le corps du
on les lirait de terre , on les 'trouvait pareil- fils, ni dans celui des autres morts. — « Grâce
lement frais et vermeils, les membres souples à Dieu ! ajoute le marquis d'Argens, nous ne
et maniables, sans vers et sans pourriture, sommes rien moins que crédules ; nous avouons
mais non sans une très-grande puanteur. que toutes les lumières de physique que nous
L'auteur que nous avons cité plus haut assure —
pouvons approcher de ce fait ne découvrent
que de son temps on voyait souvent des vam- rien de ses causes : cependant nous ne pou-
pires dans les montagnes de Silésie el de Mo- vons refuser de croire véritable un fait attesté
ravie. Ils-apparaissaienten plein jour, comme juridiquement et par des gens de probité. »
au milieu de la nuit; et l'on apercevait les •—
Vers l'an 47213, un soldat qui étail en gar-
choses qui leur avaient appartenu se remuer nison chez un paysan des frontières de la
el, changer de place sans que personne parût Hongrie, vit entrer, au moment du souper, un
les toucher. Le seul remède contre ces appa- inconnu qui se mit à table auprès du maître
ritions était de couper la tète et de brûler le de la maison.: celui-ci en fut très-effrayé, de
corps du vampire. — Le marquis d'Argens même que le reste de la compagnie. Le soldat
raconte, dans sa cent trente-septième lettre ne savait qu'en juger, et craignait d'être in-
juive, une histoire de vampire qui eut lieu au discret en faisant des questions, parce qu'il
village de ICisilova, à trois lieues de Gradisch. ignorait de quoi il s'agissait. — Mais le maître
Ce qui doit le plus étonner dans ce récit, c'est du logis étant mort le lendemain, il chercha à
que d'Argens, alors incrédule, ne met pas en connaître le sujet qui avait produit cet acci-
doute cette aventure. On vient d'avoir en dent el mis loule la maison dans le trouble.

Hongrie, dit-il, une scène de vampirisme On lui dit que l'inconnu, qu'il avait vu entrer
qui est dûment attestée par deux officiers du, et se mettre à table, au grand effroi de la fa-
tribunal de Belgrade lesquels ont fait une mille, étail le père du maître de la maison :
descente sur les lieux,, et. par un officier des qu'il était mort et enterré depuis dix ans el,
,
troupes de l'empereur à Gradisch; celui-ci qu'en venant ainsi s'asseoir auprès de son fils,
a été témoin oculaire des procédures. Au com- il lui avait apporté la mort. soldai ra-
•— Le
mencement de septembre, mourut, dans le conta ces choses à son régiment. On en avertil
villagedeKisilova,un vieillard âgé de soixante- les officiers généraux, qui donnèrent com-
deux ans. Trois jours après qu'il fut enterré, mission au comte de Cabreras, capitaine d'in-
il apparut à son fils pendant la nuit et lui de- fanterie, de faire information de ce fait. —
manda à manger : celui-ci en ayant, apporté, Cabreras s'étant transporté sur les lieux avec
le spectre'mangea, après quoi il disparut. Le d'autres officiers, un chirurgien et un audi-
lendemain, le fils raconta à ses voisins ce qui teur, ils entendirent les dépositions de tous
lui était arrivé, et le fantôme ne se montra les gens de la maison, qui attestèrent que le
pas ce jour-là; mais la troisième nuit il re- revenant était père de l'hôte du logis, et'que
vint demander encore à souper. On ne sait tout ce que le soldat avait rapporté étail
pas si son fils lui en donna ou non ; mais on exact : ce qui fui aussi affirmé par la plupart
le trouva le lendemain mort dans son lit. Le des habitants du village. — En conséquence
même jour, cinq ou six personnes tombèrent on fil tirer de terre le corps de ce spectre :
subitement malades dans le village, et mou- son sang était lluide et ses chairs aussi fraî-
rurent l'une après l'autre en peu de temps. ches que celles d'un homme qui vient d'ex-
Le bailli du lieu, informé de ce qui se passait, pirer. On lui coupa la tète; après quoi on le
en fit présenter une relation au tribunal de remit dans son tombeau. •— On exhuma en-
Belgrade, qui envoya à ce village deux de suite, après d'amples informations, un homme
ses agents avec un bourreau, pour examiner mort depuis plus do trente ans, qui était re-
l'affaire. Un officier impérial s'y rendit de venu trois fois dans sa maison à l'heure du
Gradisch pour être témoin d'un fait dont il repas, et qui avait sucé au cou, la première
avait si souvent ouï parler. — On ouvrit les fois, son propre frère, la seconde un de ses
tombeaux de tous ceux qui étaient morts de- fils la troisième un valet de la maison ; tous
,
puis six semaines : quand on en vint à celui (rois en étaient morts presque sur-le-champ.
du vieillard, on le trouva les yeux ouverts, Quand ce vieux vampire fut déterré on le
d'une couleur vermeille, ayant une respira- ,
trouva comme le premier, ayant le sang
tion naturelle, cependant immobile: et mort.; lluide et le corps frais. On lui planta un grand
d'où l'on conclut que c'était un insigne vam- clou dans la tète et ensuite on le remit dans
pire. Le bourreau lui enfonça un pieu dans son tombeau.,—Le comte de Cabreras fit
le coeur : on fit un bûcher et l'on réduisit en brûler un troisième vampire, qui élait enterré
cendres le cadavre. On ne trouva aucune depuis seize ans, et qui avait sucé le sang et
VAM — k&L — VAM
,
causé la mort-à deux de ses fils. -— Alors enfin symptôme cle maladie, que la maigreur et lo
le pays fut, tranquille '.—On a vu, dansloul dessèchement. On dit, en Hongrie, que c'esl
ce qui précède, que généralement, lorsqu'on un vampire qui s'attache à cette personne et
exhume les vampires, leurs corps paraissent lui suce le sang. — De ceux qui sont attaqués
vermeils, souples,-bien conservés. Cependant, de celte mélancolie noire, la plupart ayant
malgré tous ces -indices de vampirisme, on ne l'esprit troublé croient voir un spectre blanc
procédait pas contre eux sans formes judi- qui les suit partout, comme l'ombre fait le
ciaires. On citait et on entendait les témoins ; corps. — Lorsque nous étions en quartiers
on examinait les raisons des plaignants; on d'hiver chez les Yalaques, deux cavaliers de
considérait avec attention les cadavres : si la compagnie dont j'étais cornette moururent,
tout annonçait un vampire , on le livrait au de cette maladie ; et plusieurs autres qui en
bourreau qui le brûlait. Il arrivait quelque- étaient attaqués -seraient probablement morts
,
fois que ces spectres paraissaient encore pen- de même, si -un caporal de notre compagnie
dantlroisou quatre jours après leur exécution : n'avait guéri les -imaginations en exécutant
cependant leur -corps avait été réduit en cen- le remède que les gens du pays emploient
dres. — Assez souvent on différait d'enterrer pour cela. Quoique assez singulier, je ne l'ai
pendant six ou sept, semaines les corps de jamais lu nulle part. Le voici : On choisit un
certaines personnes suspectes. Lorsqu'ils ne jeune garçon ; on -le fait monter à poil sur un
pourrissaient point, et que leurs membres de- cheval entier, absolument noir ; on conduit le
meuraient souples, leur sang fluide, alors on jeune homme et le cheval au cimetière : ils
les brûlait. — On assurait que les habits de se promènent sur toutes les fosses-. Celle où
ces défunts se remuaient et changeaient de l'animal refuse, de passer, malgré les coups
place sans qu'aucune personne les touchât. de cravache qu'on lui délivre, est regardée
L'auteur de la Magia poslhvma, raconte que comme renfermant un vampire. On ouvre
l'on voyait à Olmutz, à la fin du dix-septième cette fosse, et on y trouve un cadavre aussi
siècle un de ces vampires qui, n'étant pas beau el aussi frais que si c'était un homme
,
enterré, jetait des pierres aux voisins et mo- tranquillement endormi. On coupe, d'un coup
lestait -extrêmement les habitants. -— Dom de bêche, le cou de ce cadavre : il en sort
Calmel rapporte, comme une circonstance abondamment un sang des plus toeaiix el, des
particulière, que, dans les villages où l'on est plus vermeils, du moins on croit le voir ainsi.
infesté du vampirisme, on va au cimetière, Cela fait, on remet le vampire dans sa fosse,
on visite les fosses ; on en trouve qui ont deux, on la comble, et on peut compter que dès lors
ou trois, ou plusieurs trous de la grosseur du la maladie cesse, et que tous ceux qui en
cloigl alors on fouille dans ces fosses, et l'on
•.
étaient attaqués recouvrent leurs forces peu
ne manque pas d'y trouver un corps souple à peu, comme des gens qui échappent d'une
et, vermeil. Si on coupe la tête de ce cadavre, longue maladie d'épuisement...» Les Grecs
il sort de ses veines et de ses artères un sang appellent leurs vampires broucolaques; ils
fluide, frais et' abondant. — Le savant bé- sont persuadés que la plupart des spectres
nédictin demande ensuite si ces trous, qu'on d'excommuniés sont vampires, qu'ils ne peu-
remarquait dans l'a terre qui couvrait les vam- vent, pourrir dans leurs tombeaux ; qu'ils ap-
pires pouvaient, contribuer à leur conserver paraissent, le jour comme la nuit, et qu'il est
-,

une espèce de vie, de respiration, de végé- très-dangereux de les rencontrer. Léon A-l-
tation el rendre plus croyable leur retour lalius. qui écrivait au seizième siècle, entre
parmi , les vivants : il pense avec raison que là-dessus dans de grands détails; il assure
ce sentiment, (fondé d'ailleurs sur des faits que dans l'île de Chio les habitants ne répon-
qui n'ont, rien de réel ) n'est ni probable ni dent que lorsqu'on les appelle deux fois; car
,
digne d'attention.-—Le même écrivain cite ils sont persuadés-.que les broucolaques ne les
ailleurs, sur les vampires de Hongrie, une peuvent appeler qu'une fois seulement. Ils
lettre deM. de l'Isle de Saint-Michel, qui de-, croient encore que quand un broucolaque
m'eurâ long-temps dans les pays infestés et appelle une personne vivante, si celle per-
qui devait en savoir quelque chose. Voici sonne répond , le spectre disparaît ; mais ce-
Comment M. de ITsle s'explique là-dessus : — lui qui a répondu meurt au bout de quelques
« Une personne se trouve attaquée de lan-
jours. On raconte la même chose des vampires
gueur, perd l'appétit, maigrit à vue d'oeil, de Bohême et de Moravie. •— Pour se garantir
et, au bout de huit ou dix jours, quelquefois de la funeste influence des broucolaques, les
quinze, meurt sans fièvre ni aucun autre Grecs déterrentie-corps du spectre elle brû-
lent, après avoir récité.sur lui des prières;
Tj. Calmet déclare qu'il lient ces faits d'un homme alors
ce corps iréduit en cendres ne paraît plus.
1
grave qni les tenait de M. le comte de-Cabreras.
VAM — 4Ô5 — VAM.
Bicaul, qui voyagea dans le Levant au dix- .;une, el qui vint épouvanter -sa femme et ses
septième siècle, ajoute que la peur des brou- .]Mr-enls,. On ne se;-défendait de sa médian-
colaques. est générale aux Turcs comme aux <>eté qu'en faisant, grand ibru.it lorsqu'il appro-
Grecs. Il raconte un fait, qu'il tenait d'un ,i3hail;;il se.moutiïa m ême.à certaines personnes
caloyer candiote, qui lui.avait assuré la chose -en plein jour. L'-évèque de Lincoln assembla
avec serment. Un, homme étant -mort excom- sur.cela son conseil, qui lui dit que pareilles
munié, pour une faute qu'il avait commise choses,étaient-souvent arrivées-en Angleterre,,
dans la Morée, fut enterré sans cérémonies el que le seul remède que Ton connût à ce
dans un- lieu écarté et non en terre sainte ; mal était de brûler le corps du spectre. L'ô-
les habitants furent bientôt effrayés par d'hor- vêque ne,put goûter cet avis, qui lui parut
ribles apparitions qu'ils attribuèrent à .ce cruel. Il .écrivit, une cédule.d'absolution ; elle
,
malheureux. On ouvrit son tombeau an -bout fut mise sur le corps du défunt, que Ton trouva
de quelques années, on y trouva son corps aussi frais que le jour de son enterrement, et
enflé mais sam et bien dispos ; ses veines depuis lors le fantôme ne se montra plus. Le
,. gonflées du
étaient sang qu'il avait sucé; on même auteur ajoute que les apparitions de ce
reconnut en lui un broucolaque. Apres qu'on genre étaient alors très-fréquentes -en Angle-
eut délibéré sur :ce qu'il y avait à faire, les terre. — Quant à l'opinion répandue dans le
caloyers furent .d'avis de démembrer le.cor.ps, Levant, que les spectres se nourrissent, -on la
de ,1e mettre en pièces et de le faire bouillir trouve établie depuis plusieurs siècles dans
dans le vin, car c'est ainsi qu'ils en usent, de d'autres contrées. 1! y a long-temps que les
temps très-ancien , envers les broucolaques. Allemands sont persuadés que les morts mâ-
Mais les parents obtinrent, à force de prières, chent comme des porcs dans leurs tombeaux,
qu'on différât cette exéculiou ; ils envoyèrent et qu'il est facile -de les entendre grogner on
en diligence à Constantinopie , pour obtenir broyant ce qu'ils dévorent'. .Philippe Reh-
du patriarche,l'absolutiondont le défunt avait, -r-ius, au dix-septième siècle, et Michel llaull'l,
besoin. En attendant, le corps fut mis dans au commencement,du dix-huitième, ont même
l'égjise, où l'on disait tous les jours des prières publié des traités sur les morts qui mangent
pour son repos. Un matin que le caloyer fai- dans leurs sépulcres 2. Après avoir parlé de la
sait, le service divin, on entendit'tout d'un persuasion où sont, les Allemands qu'il, y a
coup une espèce de .détonation dans le cer- des morts qui dévorent les linges et. tout ce
cueil ; on l'ouvrit el l'on trouva le corps dis- qui est à leur portée, même leur propre chair,
sous , comme doit, l'être celui d'un mort en- ces écrivains remarquent qu'en quelques en-
terré depuis sept ans. On remarqua le mome.nl droits de l'Allemagne, pour empêcher les
où le bruit s'était fait entendre; c'était pré- morts de mâcher, on leur met.dans le cercueil
cisément l'heure où l'absolution accordée par une motte de terre sous le menton ; qu'ail-
le patriarcheavait été signée....— Les Grecs leurs on leur fourre dans la bouche une pe-
elles Turcs s'imaginent que les cadavres des tite pièce d'argent el une pierre; et que
broucolaques mangent pendant la nuit, se d'autres leur serrent fortement la gorge avec
promènent, font la digestion de ce qu'ils ont, un mouchoir. Ils citent, des morts .qui se sont
mangé,.et.senourrissent réellement.[Voy. MAS- dévorés eux-mêmes dans leur sépulcre. —
TICATION. ) Ils content qu'en déterrant ces On doit s'étonner de voir des savants trouver
vampires, on en a trouvé qui étaient d'un co- quelque chose de prodigieux dans des faits
loris vermeil, et dont les veines étaient ten- aussi naturels. Pendant la nuit qui suivit les
dues par la quantité de sang qu'ils avaient funérailles du comte Henri de Salm on en-
.
sucé; que lorsqu'on leur ouvre le corps il en tendit dans l'église de l'abbaye de Haule-
sort des ruisseaux de sang aussi frais que Seille, où il étail, enterré, des cris sourds que
celui d'un jeune homme d'un tempérament les Allemands auraient sans doute pris pour
sanguin. Celle opinion populaire est. si géné- le grognement d'une personne qui mâche; et
ralement répandue, que loutle monde en ra- le lendemain, le tombeau du comte ayant été
conte des histoires circonstanciées. — L'usage ouvert, on le trouva mort, mais renversé ,et
de brûler les corps des vampires est très-an- le visage en bas, au lieu qu'il avait été in-
cien dans plusieurs autres pays. Guillaume humé sur le dos. On l'avait enterré vivant,
de Neuhrige.,. qui. vivait .au douzième siècle ;
raconte ' que, de son temps, on vit en An- 1 Les anciens croyaient aussi que les morts man-
gleterre, dans le territoire de Buckingham, -mais geaient. On ne dit pas s'ils les entendaient mâcher;
il est certain.qu'il faut attribuer à l'idée qui con-
un spectre, qui apparaissait en corps et en servait aux morts la faculté de manger, l'habitude des
repas funèbres qu'on servait, de temps immémorial et
chez tous les p.euplcs, sur la-tombe du dénint. [
1 Wilhelm. Neubrig. llcrum anglic., 3ib. v, cap. 22. 2 Demasticationc mortuorum in tumulis. ,
VAM 496 VAM
On doit attribuer à une cause semblable l'his- vres gens : leur imagination se remplit de
toire rapportée par Raufft, d'une femme de visions. On s'avisa de dire qu'il sortait une
Bohême qui, en 4345, mangea, dans sa fosse, épaisse fumée de ce corps. Nous n'osions pas
la moitié de son linceul sépulcral. Dans le assurer, dit Tournefort, que c'était celle de
dernier siècle un pauvre homme ayant été l'encens. On ne criait que Frowcotocas dans la
,
inhumé précipitamment dans le cimetière, on chapelle et dans la place. Le bruit se répan-
entendit pendant la nuil du bruit dans son dait dans les rues comme par mugissements,
tombeau ; on l'ouvrit le lendemain, el on et ce nom semblait fait pour tout ébranler.
trouva qu'il s'était mangé les chairs dés bras. — Plusieurs assistants assuraient que le sang
Cet homme ayant bu de l'eau-de-vie avec était encore tout vermeil, d'autres juraient
excès avait été enterré vivant. — Une demoi- qu'il était encore tout chaud ; d'où l'on con-
selle d'Augsbourg tomba dans une telle lé- cluait que le mort avait grand tort de n'être
thargie, qu'on la crut morte; son corps fut pas mort, ou, pour mieux dire, de s'être laissé
mis dans un caveau profond sans être cou- ranimer par le diable. C'est là précisément
,
vert de terre; on entendit bientôt quelque l'idée qu'on a d'un broucolaque ou vrouco-
bruit, dans le tombeau ; mais on n'y fit point laque. Les gens qui l'avaient mis en terre
attention. Deux ou trois ans après, quelqu'un prétendirent qu'ils s'étaient bien aperçus qu'il
de la même famille mourut ; on ouvrit le ca- n'était pas raide lorsqu'on le transportait de
veau, et l'on trouva le corps de la demoiselle la campagne à l'église pour l'enterrer, et que,
auprès de la pierre qui en fermait l'entrée ; par conséquent, c'était un vrai broucolaque ;
elle avait en vain tenté de déranger cette c'était le refrain. Enfin, on fut d'avis de brûler
pierre, et elle n'avait plus de doigts à la main le coeur du mort, qui, après celle exécution,
droite, qu'elle s'était dévorée de désespoir.— ne fut pas plus docile qu'auparavant. On l'ac-
Mais revenons aux broucolaques ou vampires cusa encore de battre les gens la nuit, d'en-
grecs. •— Tournefort raconte, dans le tome Ier foncer les portes, de déchirer les habits et de
de son voyage au Levant, la manière dont il vider les cruches et les bouteilles. C'était un
vit exhumer un broucolaque de Pile de My- mort bien altéré. Je crois, ajoute Tournelorl,
cone , où il se trouvait en 170'1. « C'était un qu'il n'épargna que la maison du consul chez
paysan d'un naturel chagrin et querelleur, qui nous logions. — Mais tout le monde avait
circonstance qu'il faut remarquer dans de pa- l'imagination renversée; c'était une vraie ma-
reils sujets ; il fut tué à la campagne, on ne ladie de cerveau , aussi dangereuse que la
sait ni par qui, ni comment. Deux jours après manie el la rage. On voyait des familles en-
qu'on l'eut inhumé dans une chapelle de la tières abandonner leurs maisons, portant leurs
ville, le bruit courut qu'on le voyait la nuit se grabats à la place pour y passer la nuil : les
promener à grands pas, et qu'il venait dans plus sensés se retiraient à la campagne. Les
les maisons renverser les meubles, éteindre citoyens un peu zélés pour le bien public as-
les lampes embrasser les gens par derrière suraient qu'on avait manqué au point le plus
,
et faire mille tours d'espiègle. On ne fit qu'en essentiel de la cérémonie. Il ne fallait, di-
rire d'abord; mais l'affaire devint sérieuse saient-ils, célébrer la messe qu'après avoir
lorsque les plus honnêtes gens commencèrent ôlé le coeur du défunt. Ils prétendaient qu'avec
à se plaindre. Les papas (prêtres grecs) con- celle précaution on n'aurait pas manqué de
venaient eux-mêmes du fait, et sans doute ils surprendre le diable, et sans doute il n'aurait
avaient leurs raisons. — Cependant le spectre eu garde d'y revenir ; au lieu qu'ayant com-
continuait la même vie. On décida enfin, dans mencé par la messe, il avait eu le temps de
une assemblée des principaux de la ville, des rentrer, après s'être, d'abord enfui.-—On fit
prêtres et des .religieux, qu'on attendrait, cependant des processions dans toute la ville
selon je ne sais quel ancien cérémonial, les pendant trois jours et trois nuits ; on obligea
neuf jours après l'enterrement. Le dixième les papas de jeûner; on se détermina à faire
jour on dit une messe dans la chapelle où le guet pendant la nuit, et on arrêta quelques
était le corps, afin de chasser le démon que vagabonds qui assurément avaient part à tout
Ton croyait s'y être renfermé. La messe dite, ce désordre ; mais on les relâcha trop tôt, et
on déterra le corps et on se mit en devoir de deux jours après, pour se dédommager du
lui ôler le coeur ; ce qui excita les applaudis- jeûne qu'ils avaient fait en prison, ils recom-
sements de toute l'assemblée. Le corps sen- mencèrent à vider les cruches de vin de ceux
tait si mauvais, que l'on fut obligé de brûler qui avaient quitté leur maison la nuit. On fut
de l'encens ; mais la fumée, confondue avec donc obligé de recourir de nouveau aux
la mauvaise odeur, ne fit que l'augmenter, et prières. — Un matin que l'on récitait cer-
commença d'échaufferla cervelle de ces pau- taines oraisons, après avoir planté quantité
VAM — /ii)7i — VAM
d'épées nues sur la fosse du cadavre, que l'on Ifréquents voyages.
— Cetle jeune fille était
déterrait trois ou quatre fois par jour, sui- riche,
i mais laide; el Abdul (c'est le nom du
vanl le caprice du premier venu, un Albanais jeune homme), à qui on montra son portrait,
qui se trouvait à Mycone s'avisa de dire, d'un demanda
i du temps pour se décider à ce ma-
ton de docteur, qu'il était ridicule de se servir, riage. — Un soir qu'il se promenait seul, à
en pareils cas, des épées des chrétiens. « Ne la clarté de la lune, dans les campagnes voi-
voyez-vous pas, pauvres gens, ajouta—t—il, sines de Bagdad, il entendit une voix fraîche
que la garde de ces épées, faisant une croix qui chantait quelques versets du Koran en
avec la poignée, empêche le diable de sortir s'acçompagnant d'une guitare. 11 traversa le
de ce corps? Que ne vous servez-vous plutôt bosquet qui lui cachait la chanteuse, et se
des sabres des Turcs? » L'avis ne servit de trouva au pied d'une maisonnette où il vit,
rien; le broucolaque ne fut pas plus Imitable, sur un balcon ombragé d'herbes traînantes,
et on ne savait plus à quel saint se vouer, une belle jeune femme. —Il n'osa se faire
lorsqu'on résolut tout d'une voix unanime de remarquer que par des signes de respect; la
briller le corps tout entier; après cela ils dé- fenêtre s'élanl refermée, il regagna ia maison
fiaient bien le diable de s'y nicher. — On pré- paternelle, sans savoir si seulement il avait
para donc un bûcher avec du goudron , à été vu. — Le lendemain matin, après la prière
l'extrémité de l'île de Saint-George et. les du lever du soleil, il revint dans les mêmes
,
débris du corps furent consumés le. '1er jan- lieux, fit d'ardentes recherches, et découvrit,
vier 170-1. Dès lors on n'entendit plus parler non sans peine, que celle qui l'avait frappé
du broucolaque. On se contenta de dire que était fille d'un sage qui n'avait point d'or à
le diable avait été bien attrapé cetle fois-là lui donner, mais qui Pavait élevée dans toutes
,
et l'on fît des chansons pour le tourner en ri- les sciences sublimes : ces nouvelles achevè-
dicule. » — « Dans tout. l'Archipel, a joule Tour- rent de l'enflammer. — Dès lors le mariage
nefort, on est. bien persuadé qu'il n'y a que projeté par son père devint impossible. Il alla
les Grecs du rit grec dont le diable ranime trouver le vieillard et lui dit: «Mon père,
les cadavres. Les habitants de l'île de S:in- vous savez que jusqu'ici je n'ai su que vous
lorine appréhendent fort ces sortes de spec- obéir : aujourd'hui je viens vous supplier de
tres ; ceux do Mycone, après que, leurs visions m'arcorder une épouse de mon choix. » 11
furent dissipées, craignaient, également, les exposa sa répugnance pour la femme qu'on
poursuites dos Turcs et celles de l'évêque de lui proposait, el son amour pour l'inconnue.
Tine. Aucun prêtre ne voulut se trouver à — Le vieillard fil quelques objections; mais,
Sainl-George quand on brûla le corps, de voyant que son lils était entraîné par ce que
peur que l'évêque n'exigeât une somme d'ar- les musulmans regardent comme une fatalité
gent pour avoir fait déterrer et brûler le mort irrésistible, il ne mit, plus d'obstacles à son
sans sa permission. Pour les Turcs, il est cer- désir : il alla trouver le vieux sage, el lui de-
tain qu'à la première visite ils ne manquèrent manda sa fille. Le mariage se fil, dit le conte.
pas de faire payer à la communauté de My- —Au bout, de (rois mois, Abdul s'élant éveillé
cone le sang de ce pauvre revenant, qui fut, une certaine nuit, s'aperçut que sa jeune
en toute manière , l'abomination el l'horreur épouse avait quitté la couche nuptiale. Il crut
do son pays. » — Les musulmans ont. des d'abord qu'un accident imprévu ou une in-
vampires ou broucolaques d'au Ire sorte, qu'ils disposition subite avait causé cetle absence :
appellent, gholes ou goules: ilsisonl du sexe il résolut toutefois d'attendre ; mais Nadila
féminin. On en ci le ries histoires qui remon- (c'était la jeune femme ) ne revint qu'une
tent, jusqu'au dixième siècle elmèmc jusqu'au heure avant le jour. Abdul, remarquant qu'elle
régne. d'IIaronn al Raschild. Mais les gholes rentrait avec Pair effaré ella démarche mys-
i mangent la chair et boivent le sang comme térieuse, fil semblant de dormir, et ne té-
v les loups-garous plutôt que comme les vam- moigna rien de ses inquiétudes, bien résolu
pires car elles n'ont pas besoin d'être mortes de s'éclaircir un peu plus tard. —Nadila ne
,
pour se livrera leurs festins funèbres. —Dans lui parla point, de son absence nocturne ; et
un faubourg de Bagdad vivait, dit-on, au la nuit suivante elle s'échappa de nouveau,
commencement du quinzième siècle, un vieux croyant Abdul endormi, et sortit selon sa cou-
'] marchand qui avait amassé, une fortune con- tume. — Abdul se bâta de s'habiller ; il la
ï sidérable, et qui n'avait pour héritier de ses suivit de loin par de longs détours. 11 la vit
|; biens qu'un fils qu'il aimait tendrement. Il entrer enfin dans un cimetière ; il y entra pa-
c;
avait résolu de le marier à la fille d'un de ses reillement. Nadila s'enfonça sous un grand
'J confrères, marchand comme lui, el avec qui tombeau éclairé de trois lampes. — Quelle
il avait lié un commerce d'amitié dans ses' fut la surprise d'Abdul lorsqu'il vit sa jeune
32

VAM — n 98\ -- VA
et belle épouse, qu'il chérissait si tendrement, histoire
1 n'èsL qu'un pur conte ; mais il peut
entourée de plusieurs gholes, qui se réunis- donner < une idée des croyances des Arabes.
s'aient là toutes les nuits pour leurs festins- On ( voit dans certains contes orientaux une
effroyables ! —11 avait remarqué, depuis son espèce i
de vampire qui ne peut conserver Son
mariage, que sa femme ne mangeait rien le odieuse vie qu'en avalant de temps en temps
-
soir ; mais il n'avait tiré de cette observation le 'coeur d'un jeune homme. On pourrait citer
aucune conséquence lâcheuse. —11 vil bientôt une foule de traits de même sorte dans les
une de ces gholes apportant un cadavre en- contes traduits de l'arabe : ces contes prou-
core frais, autour duquel toutes les autres se vent que les horribles idées du vampirisme
rangèrent. L'idée lui vint de se montrer, de sont anciennes en Arabie. — On a publié en
dissiper ces hideuses sorcières ; niais il n'eût 4773, un petit ouvrage intitulé ' : Pemées'phi-
pas été le plus fort : il se décida à dévorer losophiques el chrétiennes sur les vampires,
son indignation. — Le cadavre fui Coupé en par Jean-Christophe Herenberg. L'auteur
pièces et les glioles le 'mangèrent en chan- parle, en passant, d'uii spectre qui lui apparut
,
tant des chansons infernales. Ensuite elles à lui-même en plein midi : il soutienl en
enterrèrent les os, et se séparèrent après s'être même temps que les vampires ne font pas
,
embrassées. — Abdul, qui ne voulait pas être mourir les vivants, et que tout ce qu'on en
vu, se hâta de regagner son lit, où il feignit débite iie doit être attribué qu'au trouble de
de'dormir jusqu'au matin. De toute la journée l'imagination des malades. —Il prouve, par
il ne témoigna rien de ce qu'il avait vu ; mais, diverses expériences, que l'imagination est
la nuil venue il engagea sa jeune épouse à capable de causer de très-grands dérange-
,
prendre sa pari d'une légère collation. Nadila ments dans le corps et dans les humeurs. Il
s'excusa selon sa coutume; il insista long- rappelle qu'en Esclavonie on empalait les
temps et s'écria enfin avec colère « Vous meurtriers, el qu'on y perçait le coeur du
1.

aimez mieux aller souper avec les gholes! » coupable par un pieu qu'on lui enfonçait dans
Nadila ne répondit rien, pâlit, trembla de la poitrine. Si l'on a employé le même châti-
fureur, et alla en silence se mettre au lit avec ment contre les vampires, c'est, parce qu'on
son époux. — Au milieu de la nuit, lorsqu'elle les suppose auteurs de la mort de ceux dont
le crut plongé daiis un profond sommeil, elle on dit qu'ils sucent le sang. Christophe He-
lui dit d'une voix sombre : « Tiens , expie ta renberg donne quelques exemples de ce sup-
curiosité. » En même temps elle se mit. à ge- plice exercé contre les vampires, l'un dès
noux sur sa poitrine, le saisit, à la gorge, lui l'an '1337, un autre en l'année 1347, etc.; il
ouvrit une veine, el se disposa à boire son parle de l'opinion de ceux qui croient que lès
sang. Tout cela fiil l'ouvrage d'un instant. — morts mâchent dans leurs tombeaux, opinion
Le jeune homme, qui ne dormait point, s'é- dont il lâche de prouver l'antiquité par des
chappa avec violence des bras de la furie, el citations de Tertullien, au commencement cle
la frappa d'un coup de poignard qui la laissa son livre de la Résurrection, el de saint Au-
mourante à ses côtés. Aussitôt il appela du gustin, livre VIII delà Cité de Dieu. — Quant
gecours : on pansa la plaie qu'il'avait à la à ces cadavres qu'on a trouvés, dit-on, pleins
gorge, é't le lendemain on porta en terre la d'un sang fluide, et dont la barbe, les che-
jeune gbole. — Trois jours après, au milieu veux el les ongles se sont renouvelés, avec
de la nuit, elle apparut à son époux , se jeta beaucoup de bienveillance on peut rabattre
sur lui, el voulut l'étouffer de nouveau. Le les trois quarts de ces prodiges; et encore
poignard d'Abdul fut inutile dans ses mains ; fàut-il être complaisant pour en admettre une
il ne trouva de salûl que dans une prompte partie. Tous ceux qui raisonnent connaissent
Tuile. —11 fit ouvrir le tombeau de Nadila', assez combien le crédule vulgaire el même
qu'on trouva comme vivante, et qui semblait certains historiens sont portés à grossir les
respirer dans son cercueil. On alla à la maison, choses qui paraissent extraordinaires. Cepen-
flusage qui passait pôur'le père de celte m'aî- dant il n'est pas impossible d'en expliquer
'heùrëùse. Il avoua que Sa fille, mariée deux 'physiquement la cause. —On sait qu'il y à
•ans'auparavant à un officier du calife,'avait certains terrains qui sont propres à conserver
été tuée par son mari 1: mais qu'elle'avait ré- lès corps dans toute leur fraîcheur : lës'râi-
-

Trouvé là vie dans -son''Sépulcre , qu'elle était sons en dût été si souvent expliquées qu'il
revenue chez son père ; en un mot, que c'é- n'est pas nécessaire de's'y arrêter. On'riiôritre
-

tait une femme vampire. On exhuma le corps; encore à Toulbuse,'dàns'uneégliséj'ûh câvëâù


;

'oh le brûla sur un bûcher de bois de senteur ;; 'où les corps restent si parfaitement dàiis leur
on jeta ses cendres dans le Tigre, et le pauvre' J Philosophicïo ct.christiaiue cogitationes de Vam-
époux fut délivré.—On sent bien que cette2 piriis, a Joanne ChristophoroHercnbéigio.
VAM
— im VAU
entier, qu'il s'en trouvait, en -1789, quittaient, peu
p de vin, il recouvra suffisamment l'usage
là depuis près de deux siècles, el qui parais- d ses facultés physiques et intellectuelles
de
saient vivants. On les avait rangés debout pour
p dire, à-une des personnes qui l'interro-
contre la muraille , el ils portaient les vêle- geaient,
g que la dernière circonstance qu'il se
menls avec lesquels on les avait enterrés. '— rappelait
r était celle où il avait senti qu'on lui
Ce qu'il y a de plus singulier, c'est que les jetait
ji de la paille sur le corps; mais il paraît
corps qu'on met de l'autre côté de ce même que,
c depuis cette époque, il n'avait eu aucune
caveau deviennent, deux ou trois jours après, connaissance
c de sa situation. On supposa
la pâture des vers. — Quant à l'accroissement qu'il
c était constamment resté dans un état de
des ongles, des cheveux et de la barbe, on délire,
c occasionné par l'interception dè'Pair'èt
l'aperçoit très-souvent dans plusieurs cada- par
\ l'odeur de la paille, pendant les cinq "se^
vres. Tandis qu'il reste encore beaucoup d'hii- imaines qu'il avait ainsi passées, sinon sans
midi lé dans les corps, il n'y a rien de sur- respirer,
i du moins en respirant difficilement,
prenant que pendant un certain temps on voie et
i sans prendre cle nourriture que le peu de
quelque augmentation dans des parties qui substance
i qu'il put extraire de la paille qui
n'exigent pas l'influence des esprits vitaux. 1l'environnait et qu'il eût. l'instinct de mâcher.

— Pour le cri que les vampires font entendre —Cet homme vit peut-être encore. Si s'a 'ré-
lorsqu'on leur enfonce le pieu dans le coeur, surrection eût eu lieu chez des peuples in-
rien n'est, plus naturel. L'air qui se trouve ren- fectés d'idées cle vampirisme, en 'considérant
fermé dans le cadavre el que Ton en fait ses grands yeux , son air égaré et'toutes les
,
sortir avec violence, produit nécessairement circonstances do sa position on l'eût brûlé
ce bruit en passant par la gorge: souvent peut-être avant de lui donner, le temps de se
même les corps morts produisent dos sons reconnaître; el ce serait un vampire de-.plus.
sans qu'on les touche. — Voici encore une Voy. PAUL, HAIUU'IÎ, Pi.ouoaowrrs,POLYCIUTE,
anecdote qui peut expliquer quelques-uns des KAÏAKUANÈS etc.
,
traits de vampirisme, que nous ne prétendons Vaulund, — -voy. VA DIS.
pourtant pas nier ou expliquer sans réserve :
le lecteur en tirera les conséquences qui en Vapeurs. — Les Knisleuaux peuplade
,
dérivent naturellement. Cette anecdote a été sauvage du Canada, croient que les vapeurs
rapportée dans plusieurs journaux anglais, et qui s'élèvent et restent, suspendues au-dessus
particulièrement dans le Sun du 22 mai -1S02. des marais sont les âmes des.personnes nou-
vellement mortes 1. Les vapeurs sont prises
— Au commencement d'avril do la même chez nous, lorsqu'elles s'enflamment, pour des
année, le nommé Alexandre Anderson se
rendant d'Elgin à Glasgow, éprouva un cer- , esprits follets.
tain malaise, qui l'obligea d'entrer dans une Vapula, — grand el puissant duc cle l'en-
ferme qui se trouvait sur sa route, pour y fer, qui parait sous la forme d'un lion avec
,
prendre un peu de repos. Soit qu'il lui ivre-, des ailés de.griffon.11 rend l'homme Irès-adroil
ou qu'il craignit de se rendre importun, il-alla dans la mécanique el la philosophie, el donne
se coucher sous une remise, où il se couvrit l'intelligence aux savants. Trente-six légions
de paille, de manière à n'être pas aperçu. lui obéissent 2.
Malheureusement, après qu'il fut endormi, Vaucanson, — TOI/. MÉCANIQUE.
lesgens rie la ferme eurent occasion d'ajouter
Vaudois, •— hérétiques , sectateurs 'do
une grande quantité de paille;à celle où cet Pierre Yaklo, qui égarés par une fausse hu-
homme se trouvait enseveli. Cène fut qu'au
bout de cinq semaines qu'on le découvrit dans milité se séparèrent de l'Église el allèrent bien
vite'très-loih. Ils niaient le purgatoire el l'effi-
celte singulière situation. Son corps n'était cacité des prières pour les morts. Puis ils re-
plus.qu'un squelette hideux et décharné ; son jetèrent l'a messe, saccagèrent les églises et
esprit était si.fort aliéné, qu'il.ne donnait plus'
les couvents, troublèrent la société par le fa-
aucun signe d'entendement : il ne pouvait plus'. nalisme en se mêlant aux-Albigeois, et sont
faire usage de ses jambes. JLa:paille qui avait
environné son corps était réduite en .pous- comptés parmi les précurseurs de la préten-
sière.,, et celle qui avait avoislné .sa lète-pa-
due réforme.
i raissait avoir été mâchée.— Lorsqu'on le3 Vauvert;—'Saint Louis, ayant fait venir
H relira de-cette espèce de tombeau, il avait les des -'chartreux à Paris, leur donna une lvabi-
;; pouls presque éteint, quoique ses battements i3
talion au fâùbonrgSaint-Iacques,dans le voi-
' fussent itfôs^rapides, la peau moite et froide,
lès yeux immobiles, 'très-ouverts, et le regard aI ' Maekensic, Voyage dans l'Amérique septentrio-
nale, 1802.
étonné.
— Après qu'on lui eut fait avaler un n * wierus, in Pseudom. ûoem.
32.
YEN — 500 — VEN
sinage du château de Yauverl, vieux manoir — Il est regardé par les superstitieux comme
bâti par le roi Bobert, mais depuis long-temps Ifuneste, quoique l'esprit, de la religion chré-
inhabité, parce qu'il était infesté de démons tLienne nous apprenne le contraire 1. Ils ou-
(qui étaient peut-être des faux-monnayeurs). blient tous les malheurs qui leur arrivent les
On y entendait, des hurlements affreux; on y autres jours, pour se frapper l'imagination de
voyait des spectres traînant des chaînes, et ceux qu'ils éprouvent le vendredi. Néanmoins
entre autres un- monstre vert avec une grande ce jour tant calomnié a eu d'illustres parti-
barbe blanche moitié homme et moitié ser- sans. François 1"' assurait que tout lui réus-
,
pent,, armé d'une grosse massue, et,qui sem- sissait le vendredi. Henri IV 8ininil.ce jour-là
blait toujours prêt à s'élancer, la nuit, sur les de préférence. Le peuple est persuadé que le
passants. Il parcourait même, disait-on, la vendredi est un jour sinistre, parce que rien
rue où se trouvait le château, sur un chariot ne réussit ce jour-là. Mais si un homme fait
enflammé, et tordait le cou aux téméraires qui une perle, un autre fait un gain ; et, si le ven-
se trouvaient, sur son passage. Le peuple l'ap- dredi est malheureux pour l'un, il est heu-
pelait le diable de Yauvert. Les chartreux ne reux pour un autre, comme tous les autres
s'en effrayèrent, point et demandèrent le ma- jours. — Cette superstition est très-enracinéo
noir à saint Louis ; il le leur donna avec toutes aux Étals-Unis. A New-York, ou voulut la
ses appartenances et dépendances, et les re- combattre il y a quelques années; on com-
venants ni le diable de Vauverl n'y revinrent manda un navire qui fut commencé un ven-
plus. Le nom d'Enfer resta seulement à la rue, dredi; on en posa la première pièce un ven-
en mémoire de tout le tapage que les diables dredi; on le nomma un vendredi ; on le lança
y avaient fait'. à la mer un vendredi ; on le fit partir un ven-
Veau d'or. — Le rabbin Salomon prétend dredi, avec un équipage qu'on avait éclairé.
le d'or des Israélites était vivant et Il ne revintjamais —Et la crainte du ven-
que veau
animé. Le Koran dit qu'il mugissait, Plusieurs dredi est à New-Yorl; plus forte que, jamais.
rabbins pensent qu'il fut fabriqué par des ma- — Les chemises qu'on fait, le vendredi attirent
giciens qui s'étaient mêlés aux Israélites à la les poux 2 dans certaines provinces.
sortie d'Egypte. Hur avait refusé de le faire; Veneur. — L'historien Mathieu raconte
et on voit dans les vieilles légendes que les que le roi Henri IV, chassant dans la forêt de
Hébreux, irrités de ce refus, crachèrent si fort Fontainebleau, entendit, à une demi-heue de
contre lui qu'ils l'étoulfôrenl sous ce singulier lui, des jappements de chiens, des cris el des
projectile 2. cors de chasseurs ; el qu'en un instant tout, ce
s'approcha à
Veau marin. — Si l'on prend du sang de bruit, qui semblait fort, éloigné,
poisson de et qu'on vingt pas de ses oreilles, tellement que le roi
ce avec un peu son coeur,
le mette dans de Peau on verra à l'entourune étonné, commanda au comte do Soissons de
s'avance; un
et celui qui prendra voir ce que c'était. Le comte l'épaisseur
,
multitude de poissons;
de et le placera homme noir se présente dans des
un morceau son coeur sous
broussailles, et disparaît en criant d'une voix
ses aisselles, surpassera loul le monde en ju- M'entendez-vous?... Les paysans et
gement et en esprit. Enfin le criminel qui terrible :
l'aura rendra son juge doux el favorable 3. les bergers des environs dirent que c'était un
Toy. MÉnovKis. - démon qu'ils appelaient le grand veneur de la
forât de Fontainebleau, el. qui chassait souvent
Véland-le.-ITorgeron, —• 1)01/. YADE. dans celte forêt. D'autres prétendaient que c'é-
Velléda, —druidesse qui vivail du temps tait la chasse de saint Hubert, chasse mysté-
deYespasien, chez les Germains au rapport rieuse de fantômes d'hommes el de fantômes
,
de Tacite, et qui, moitiée fée, moitié prophé- de chiens, qu'on entendait aussi en d'autres
lesse, du haut d'une tour où elle vivait, exer- lieux. Quelques-uns, moinsamis du merveil-
çait au loin une puissance égale ou supérieure leux disaient que ce n'était qu'un compère
à celle des rois.. Les plus illustres guerriers qui chassait
,
impunément les bêtes du roi sous
n'entreprenaient rien sans son aveu, et lui le masque protecteur d'un démon; mais voici
consacraient une partie du butin. sans doute la vérité du fait : — Il y avait à
Vendredi. — Ce jour, comme celui du Paris, en 4596, deux gueux, qui dans leur
mercredi, est consacré, par les sorcières du oisiveté s'étaient si bien exercés à contrefaire
sabbat, à la représentation de leurs mystères. le son des cors de chasse et la voix des chiens,
Saint-Poix, Essais sur Paris, 1 La mort de Notre-Seigneur,la rédemption du genre
3
humain, la cîmte du pouvoir infernal, doivent au con-
2 Bayle, Dict. critique; Aaron, note Â. traire sanctifier le vendredi.
3 Admirables secrets d'Alberi-le-Grand, p. 110 K Thiers, Traite des superstitions.
VEll — 501•1 — VER
qu'à trente pas on croyait entendre une meule tro donnés au diable. Michel Verdun avait
el des piqueurs. On devait y être encore plus mené Burgot près du Château-Charron, où
trompé dans des lieux où les rochers renvoient chacun, ayanl à la main une chandelle de
el multiplient les moindres cris. 11 y a toute cire verte qui faisait la flamme bleue, avait
apparence qu'on s'était servi de ces deux hom- offert des sacrifices et dansé en l'honneur du
mes pour l'aventure de la forêt, de Fontaine- diable. Après s'être frottés de graisse, ils s'é-
bleau qui fut regardée comme l'apparition vé- taient vus changés en loups. Dans cet état, ils
ritable, d'un fantôme. vivaient absolument comme les loups, dirent-
Ventriloques, — gens qui parlent par le ils. Burgot avoua qu'il avait tué un jeune
ventre, et qu'on a pris autrefois pour des rié- garçon avec ses pattes et dents de loup, el
moniaquesoudesmagiciens. Foi/. CECI LIS, etc. qu'il l'eût mangé si les paysans ne lui eussent
donné la chasse. Michel Verdun confessa qu'il
Vents. — Les anciens donnaient à Éole avait tué jeune fille occupée à cueillir des
plein pouvoir sur les vents; la mythologie pois dansune jardin,
moderne a imité celle fable en donnant une avaient tuéun mangé
et que. lui et Burgot
pareille prérogative à certains sorciers. Voy. filles. Ils désignaient le
et quatre autres jeunes
temps, le lieu et Page
FINIMÏS, Éiuc, etc; Il y avait, dans le royau- des enfants qu'ils avaient dérobés. 11 ajouta
•—
me de Congo un petit despote qui lirait des qu'ils se servaient d'une poudre qui faisait
vents un parti plus lucratif. Lorsqu'il voulait mourir les
imposer un nouveau tribut, à son peuple, il furent condamnés personnes. Ces trois loups-garoux
à être brûlés vifs. Les cir-
sortait dans la campagne par un temps ora- constances de
le bonnet l'oreille, obligeait ce l'ail étaient peintes en un
geux , sur el à tableau qu'on voyait dans
une église de Po-
payer ['impôt du vent ceux de ses sujets sur ligny. Chacun de ces loups-garoux avait la
les terres de qui tombait le bonnet. — A Quim-
Bretagne, les femmes
palte droite armée d'un couteau '.
per, en qui ont leur mari
en mer vont balayer la chapelle la plus voi- Verge. — On donne quelquefois téméraire-
sine cl en jeter la poussière en Pair, dans ment le nom de verge de Moïse ù la baguette
l'espérance que celle cérémonie procurera un divinatoire, Voy. BAGUETTE. — Sans doute
vent favorable ù leur retour '. —< Dans le aussi le lecteur a entendu parler de la verge
mémo pays, une femme ne souffre pas qu'on foudroyante, avec laquelle les sorciers fai-
lui pas;e son enfant par-dessus la table; si saient tant de prodiges. Pour la l'aire, il faut
dans ce passage un mauvais vent venait à le acheter un chevreau , le premier jour de la
frapper, il ne pourrait en guérir de la vie 5. lune, l'orner trois jours après d'une guirlande
de verveine, le porter dans un carrefour, l'é-
Vcpar ou Sépar, — puissant et redoutable
duc du sombre empire. Il se montre sous la gorger avec un couleou neuf, le brûler dans
feu de bois blanc, en conservant la peau,
forme d'une syrène, conduit les vaisseaux un aller ensuite chercher une baguette fourchue
marchands, et afflige, les hommes de bles- de noisetier
venimeuses, qu'on guérit sauvage qui n'ait jamais porté
sures ne que par fruit, ne la toucher ce jour-là que des yeux,
l'exorcisme. Il commande vingt-neuf légions.
el la couper le lendemain malin, positivement
Ver du Gange, —1)0!/. SlîMMïïST. au lever du soleil, avec la même lame d'acier
Vérar-.di, -— 1.:oy. NoilNKS. qui a servi à égorger la victime el dont on n'a
Verdelet, — démon du second ordre, pas essuyé le sang. 11 faut que cetle baguette
maître des cérémonies do la cour infernale. ait dix-neuf pouces el demi de longueur, an-
Il est chargé du transport des sorcières au sab- cienne mesure du Bhin, qui fail à peu près
bat. Verdelet, prend aussi le nom de Jolibois, un demi-mètre. Après qu'on l'a coupée, on
ou de Vert-Joli, ou de Saute-Buisson, ou de l'emporte, on la ferre par les doux extrémités
Maître Persil, pour allécher les femmes et de la fourche avec la lame du couteau; on
les faire tomber dans ses pièges dit Boguet, l'aimante; on fait un cercle avec la peau du
par ces noms agréables et loul à
,
fait plaisants. chevreau qu'on cloue à terre au moyen de
clous qui aient servi à la bière d'un
Verdun (Miciiisi.), — sorcier de la Fran- quatre
; che-Comlé, pris en I52'l-, avec Pierre Burgot, enfant mort. On trace avec une pierre émafille
triangle au milieu de la peau ; on se place
et le Gros-Pierre. Wierus a rapporté ies' un
faits qui donnèrent lieu au supplice de ces dans le triangle, puis on fait les conjurations,
la baguette à la main, el ayant soin de
:' trois frénétiques 3. Tous trois confessèrent s'è- tenant
n'avoir sur soi d'autre métal que de l'or et de
1 Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 3û. l'argent. Alors les esprits paraissent et on
? Idem, ibid., p. 48.
3 Liv. vi, chap. 13. 1 Boguet, p.-364.
VER — 502! — VET
commande........ Ainsi le disent du moins les dite c complète, d'une faiblesse incroyables.
—.
grimoires.. I
Des hommes aimables et de beaucoup d'esprit
Verre d'eau.. — On prédit encore l'avenir peuvent I avoir, au front ou entre les sourcils,
dans un verre d'eau, et cette divination élail des c verrues qui, n'étant ni fort brunes, ni fort |
surtout en vogue sous la régence du duc d'Or- grandes, ' n'ont rien de choquant, n'indiquent
léans. Voici comment on s'y prend : on se rien ' do fâcheux ; mais si vous trouvez une
tourne vers l'orient, on prononce Abraxa per verrue forte, foncée, velue, à la lèvre supé-
msirum; après quoi on voit dans le vase rieure d'un homme, soyez sûr qu'il manquera
plein d'eau tout ce qu'on veut : on choisit de '
quelque qualité très-essentielle, qu'il se
d'ordinaire pour cette opération des enfants distinguera au moins par quelque défaut ca- |
qui doivent avoir les cheveux longs. A côté pilai. —• Les Anglais du commun prétendent
de la divination par le verre d'eau— par la au contraire .que c'est un signe heureux d'a-
,
coupe, qui élail usitée en Egypte du temps de voir une verrue au visage. Ils attachent beau-
Joseph et qui se pratique encore avec di- coup d'importance à la conservation des poils
verses cérémonies , par la carafe, comme qui naissent, ordinairement sur ces sortes d'ex-
l'exerçait Cagliostro, on pourrait placer d'au- croissances.
tres divinations qui ont pour élément un corps Vers. — On voit dans le livre des Admi-
liquide. M. Léon de Laborde donne le détail rables secrets d'Albert le Grand que les vers I

de scènes produites au Caire * par un Algérien de terre broyés et appliqués sur des nerfs
réputé sorcier, lequel prenait l'enfant qu'on rompus ou coupés, les rejoignent en peu do
lui présentait, le magnétisait par des incanta- temps.
tions, lui traçait dans la main certaines fi-
plaçait celte main pâté d'encre Vert-joli, — 001/. YlîRDEUÏT.
gures, sur un
en prononçant do mystérieuses paroles, puis Verveine, — herbe sacrée dont on se
lui faisait voir dans ce pâté d'encre tout ce servait pour balayer les autels de Jupiter.
qui pouvait piquer la curiosité des assistants. Pour chasser des maisons les malins esprits,
Les vivants et les morts y paraissaient. on faisait des aspersions d'eau lustrale avec
Shakspeare y vint el plusieurs autres. L'au- de la verveine. Les druides surtout ne l'em-
teur d'un vol tout, récent fut même découvert ployaient, qu'avec beaucoup de superstitions;
ainsi. S'il est vrai, comme l'assure M. Léon ils la cueillaient à la canicule, à la pointe du
rie Laborde, que ce récit soil sérieux, c'est jour, avant que le soleil fût levé. Nos sorciers
fort singulier. Voy. CAGLIOSTRO OOHANCIE ont suivi le même usage , el les démonogra-
, , phes croient qu'il faut être couronné de ver-
HvDnojiANciB, etc.
Verrues. — On peut se délivrer des ver- veine pour évoquer les démons.
rues, dit le Petit Albert, en enveloppant dans Vespasien. —• On raconte qu'étant en
un linge autant de pois qu'on a de verrues, Achaïe avec Néron, il vil en songe un inconnu
el en les jetant dans un chemin, afin (pie ce- qui lui prédit que sa bonne fortune ne com-
lui qui les ramassera prenne les verrues, el mencerait que lorsqu'on aurait nié une dent
que celui qui les a en soil délivré. — Cepen- à Néron. Quand Vespasien se fut réveillé, le
dant voici un remède plus admirable pour le premier homme qu'il rencontra fut un chirur-
môme objel : c'est, do couper la tôle d'une an- gien qui lui annonça qu'il venait d'arracher
,
guille vivante, de frotter les verrues el les une dent à l'empereur. Peu de temps après, ce
poreaux du sang qui en découle ; puis on en- tyran mourut; mais Vespasien ne fut pourtant
terrera la tête de l'anguille, et, quand elle sera couronné qu'après Galba, Olhon el Yilcllius.
!
pourrie, toutes les verrues qu'on a disparaî- Vesta, — déesse du feu chez les païens.
tront, — Les physiognomonisles, Lavater Los cabalistes la font femme de Noé. Voy. Zo-
même, voient dans les verrues du visage une ROASTKE.
signification et un pronostic. — On ne -trouve
'
guère, dit Lavater, au menton d'un homme[ Vêtements des morts. — MénaSSell-ben-
vraiment sage, d'un caractère noble et calme, Israël dit que Dieu les conserve. Il assure que
' Samuel apparut à Saiil dans ses habits'de
une de ces verrues larges et brunes que l'on prophète; qu'ils n'étaient point gâtés, et que
voit si souvent aux hommes d'une imbécillité3,
cela ne doit point surprendre, puisque Dieu
décidée ; mais si par hasard vous en trouviez
conserve les vêlements aussi bien que les
une. pareille à un homme d'esprit, vous dé- et qu'autrefois tous ceux qui en avaient
couvririez bientôt que cet homme a de fré- corps, les moyens se faisaient ensevelir en robe de
quentes absences, des moments d'une stupi- soie,
pour être bien vêtus le jour de Ja résur-i
1 Revue des Deux-Mondes, août 183.3a
reclion.
Vffi — 503 — VIR
Vétin. — Un moino du neuvième siècle, villain (L'ABBÉ), — auteur de ['Histoire
nommé Vélin, étant tombé malade, vit entrer crHtique de Nicolas Flamel et de Femelle sa
dans sa cellule une multitude de démons hor- femime, in-LS, Paris, 176-1, livre assez re—
ribles, portant des instruments propres à bà- cl:herclié.
tir un tombeau. Il aperçut ensuite des per- Villars (L'ABIÎÉ DE), — littérateur de Li-
sonnages sérieux et graves, velus d'habits mions, assassiné en 1673 sur la route de Lyon,
religieux, qui firent sortir ces démons. Puis il p[était, dil-on de l'ordre secret des Rose^
,
vil un ange environné de lumière qui vint se Q'.roix. Il a beaucoup écrit sur la cabale; et cle
présenter au pied de son lit, le prit par la „-lanière qu'on ne sait pas très-bien découvrir
main el le conduisit par un chemin agréable, s''il y croyait ou s'il s'en moquait. On à de
sur le bord d'un large fleuve où gémissaient ]lui : le Comte de Gabalis, ou Entreliens sur
un grand nombre d'âmes en peine, livrées à. I(es sciences secrètes, in--l2, Londres, 4742;
des tourments divers, suivant la quantité et /(es Génies assistants, in-12, même an—
l'énormilô de leurs crimes. Il y trouva plu- nîée, suite du Comte de Gabalis; le Gnome
sieurs personnes do sa connaissance, entre f'rréconciliable, autre suite du même ouvrage ;
autres un moine qui avait possédé de l'argent \,es Nouveaux Entretiens sur les sciences se-
en propre et qui devait expier sa faute dans ccrètes, troisième suile du Comte de Gabalis.
un cercueil de plomb jusqu'au jour du juge- jNous avons cité souvent ces opuscules, au-
ment. 11 remarqua ries chefs, des princes, et jourd'hui méprisés. Voy.
; etc.
CABALE,
même l'empereur Charlemagne, qui se pur-
geaient, par le feu, mais qui devaient être dé- Villiers (FLORENT DE), — grand astrologue
qui dit, à son père qu'il ne fallait pas qu'il lu,i
livrés dans un certain temps. 11 visita ensuite
,bâlîl une maison, parce qu'il saurait habiter en
le. séjour des bienheureux qui sont dans !e
ciel, chacun a sa place selon ses mérites. — divers lieux et toujours chez autrui. En effet,
! alla à Bc-aiigcncy,
il cle là à Orléans, puis à
Quand Vélin fui éveillé, il raconta au long
Paris, en Angleterre, en Ecosse, en Irlande;
toute cette vision, qu'on écrivit aussitôt. 11 il étudia la médecine à Montpellier; de là à
prédit en même temps qu'il n'avait plus que
deux jours à vivre; il se recommanda aux Rome, à Venise, au Caire, à Alexandrie, et
revint, auprès du duc Jean de Bourbon. Le coi
prières des religieux el mourut en paix le
,
malin du troisième jour. Celte mort arriva le Louis XI le prit à son service ; il suivit ce
prince en Savoie, pour étudier les herbes des
34 octobre 824, à Aigue-la-Riche i el la
,
vision de ce bon moine a fourni des maté- montagnes el les pierres médicinales. 11 apprit
riaux à ceux qui ont décrit les enfers. à les tailler et à les graver en 'talismans; il se
retira à Genève, puis à Saint-Mauriceen Cha-
Veu-Pacha, •— enfer des Péruviens. înais, à Berne en Suisse, et vint résider à
Viaram , — espèce d'augure qui était en Lyon; il y fil bâtir une élude où il y avait
vogue dans le moyen âge. Lorsqu'on rencon- deux cents volumes de livres singuliers, qu'il
trait en chemin un homme ou un oiseau qui consacra au public; il se maria, eut des en-
venait par la droite et passait à gauche, on en fants, tint ouverte une école d'astrologie où le
concluait mauvais présage; et au sens con- roi Charles Vil se rendit pour écouler ses ju-
traire heureux augure -. gements. On l'accusa d'avoir un esprit fami-
lier parce qu'il répondait promptement à
Vidal de la Porte, — sorcier du seizième ,
toutes questions.
siècle, que les juges de Riom condamnèrent à
être pendu, étranglé, et brûlé, pour ses malé- vine, — grand roi cl comte, de la cour in-
fices, tant sur les hommes que sur les chiens, fernale. 11 se montre furieux comme un lion ;
chats et autres animaux. un cheval noir lui sert de monture. 11 tient
Vieille. — Bien des gens superstitieux une vipère à la main, bûlit ries maisons, enfle
les rivières, el connaît le passé. Dix-neuf lé-
croient encore que dans certaines familles une gions lui obéissent '.
vieille apparaît el annonce la mort de quel-
vipères. — On trouve sans doute encore
qu'un de la maison. Cardan conté que dans
un palais de Parme, appartenant, à une fa- en Espagne el en Italie cle prétendus parents
mille noble et distinguée, on voyait toujours, de saint, Paul qui se vantent de charmer les
quand quelqu'un devait mourir, le fantôme serpents et de guérir les morsures de vipères.
d'une vieille femme assis sous la cheminée. Voy.' SALIVE.
Foy. FEMMES BLANCHES, MÉLUSINE, etc. Virgile. — Les hommes qui réfléchissent
s'étonnent encore de la légende des faits mer-
; l Lenglet-Dufresnoy.
? Miclicl Scott, De physiogn., c. 5G, 1 -.Wierus, in I-lseudom. drem.
-
V1R — 5M!i — VIU
veilleux de Virgile, tradition du moyen âge, tous t- les légendaires s'accordent- à dire qu'il
que tous les vieux chroniqueurs ont ornée à élait t fils d'un vaillant chevalier, aussi habile
l'envi, et qui nous présente comme un grand magicien i que redoutable homme de guerre.
magicien celui qui ne fut qu'un grand poète. — La naissance de Virgile fut annoncée par
Est-ce à cause de l'admiration qu'il inspira? un tremblementde terre qui ébranla tout dans
i
Est-ce à cause de sa quatrième églogue, qui Rome; et quelques-uns l'expliquent en disant
roule sur une prophétie de la naissance de que le chevalier dont il était fils n'était autre
Jésus-Christ'? N'est-ce pas pour l'aventure chose qu'un démon incube; tels furent le père
d'Arislée et les descriptions magiques du de l'enchanieur Merlin et le père de Robert-
sixième livre de Y Enéide? Des savants l'ont le-Diable.
— Comme le petit enfant se mon-
pensé. Mais Gervais de Tilbury, Vincent de tra, dès ses plus tendres années, subtil et in-
Beauvais, le poète Adenès, Alexandre Neec- génieux, ses parents l'envoyèrent à l'école, où
kam Gratian du Pont, Gauthier de Melz el il apprit loules les sciences alors connues.
,
cent, autres racontent de lui de prodigieuses Quand il fui devenu grand un jour qu'il se
,
aventures, qui semblent une page arrachée promenait seul à l'écart, songeant à sa mère
aux récits surprenants des Mille el une Nuits. devenue veuve (car le chevalier de qui il tenait
— Nous croyons avoir trouvé l'origine rie celte le jour avait disparu , sans que Pou sût où il
légende surnaturelle. De. même qu'on a con- était allé), il entra dans une grotte profonde,
fondu le docteur Faust, ce grand magicien, creusée au pied d'un vieux rocher. Malgré
avec l'inventeur de l'imprimerie; de même on l'obscurité complète, il s'avança jusqu'au fond.
a pu mêler un contemporain de Peppm-le- 11 entendit une voix qui l'appelait; il regarda
liref, Virgile, évèque de Salzburg, avec le autour de lui; et, dans les ténèbres qui l'en-
poète de la cour d'Auguste. Ce qui nous pa- touraient, il ne vil rien. Mais la voix, se fai-
raît de nature à consolider notre assertion sant, entendre de nouveau, lui dit « Ne vois-
:
,
c'est que les légendaires font du beau, de l'é- tu pas devant loi celle pierre qui bouche une
légant Virgile un petit homme bossu; or. étroite ouvertureV » — Virgile la heurta du
,
l'évêque Virgile était contrefait; il avait beau- pied et répondit : « .le crois la voir en effet.
coup d'esprit : né en Irlande , selon les uns, — Ole-la , reprit la voix , et laisse-moi sortir.
dans les Ardennes, selon les autres, il parvint — Mais qui es-tu. toi qui me parles ainsi? —
par son seul mérite à la haute dignité de Pé- Je suis le diable , qu'une main puissante a
piscopaf. Ce fut lui qui soutint qu'il y avait enfermé ici jusqu'au jugement dernier, à moins
des antipodes; et, comme il s'occupait d'as- qu'un homme vierge ne me délivre. Si lu me
tronomie et de sciences physiques, il laissa nn lires d'ici, comme lu le-peux, je l'apprendrai
renom de sorcier profondément attaché à sa la magie; lu seras maître de toutes les ri-
mémoire. Le savant évèque portail le même chesses de la terre, el nul être ne sera aussi
nom que le grand poète; on a pu faire des puissant, que toi. — Apprends-moi d'abord la
deux un seul homme ; le temps s'est chargé magie et le secret de Ions les livres occultes,
du reste. Une raison encore de ce que nous dit l'écolier ; après cela, j'ôlerai la pierre. »
disons, c'est qu'une des légendes de l'auteur — Le diable s'exécuta do bonne grâce, lin
de YEnéide est, intitulée : les Faits merveil- moins d'une heure, Virgile devint le plus sa-
leux de Virgile, fils d'un checalier des Ar- vant homme du monde el le plus habile ma-
dennes ; cette légende est celle qui présente gicien. Quand il sut tout ce qu'il vuulail, il
le plus de choses extraordinaires. — Nous al- poussa la pierre avec son pied; el, par l'ou-
lons rassembler ici un précis de cette légende verture qui n'était pas plus large que les deux
bizarre, qui était de l'histoire pour nos pères, mains, il sortit dans une fumée blanche un
il y a cinq cents ans. Elle avait encore tant do très-gros homme qui à l'instant se mil debout.
croyants au dix-septième siècle, que Ga- — Le jeune adeple ne comprit pas d'abord
briel Naudé, dans son Apologie pour les qu'un corps si énorme eût pu passer par une
grands personnages accusés de magie, se crut ouverture si étroite. » 11 n'est pas possible,
obligé de la réfuter sérieusement. Elle est dit-il, que lu aies passé par ce. trou. — Cela
toujours vivace à Naples, où le peuple en ra- est vrai cependant, dit le diable. —Tu n'y
conte des lambeaux avec bonne foi. — Virgile, repasserais pas assurément! — J'y repasse-
suivant les traditions historiques naquit à rais le plus aisément du monde. — Je gage que
,
Andes, petit village près de Manloue, Pan de non ! » — Le diable piqué voulut le convaincre.
:

Rome 684 soixante-dix ans avant Jésus- Il rentra dans la petite ouverture. Aussitôt
,
Christ. Suivant les autorités du onzième et du Virgile remit, la pierre; cl. le prisonnier eut
douzième siècle, on ne peut pas fixer exacte- beau prier, l'écolier s'en alla, le laissant dans
ment le lieu de sa naissance. Mais presque! son obscur cachot. — En sortant de la ea-
VIR — 505i — VIR
verne, Virgile se trouva un tout aulre homme, puissance
i de froncer le sourcil. « Il n'y a que
]| apprit par son art magique qu'un courtisan Virgile qui le puisse, » répondit tristement le
de l'empereur avait dépouillé sa mère de son nécromancien.
i — On proposa donc la paix.
château que l'empereur refusait de le lui Aussitôt le philosophe parut devant l'empe-
,
faire rendre, el qu'elle gémissait dans la mi- reur.
: 11 exigea qu'on lui rendît l'héritage de
sère. 11 lui envoya aussitôt quatre mulets char- son
:
père; que l'étendue en fût doublée aux
gés d'or, et, n'ayant plus besoin d'étudier, il dépens des conseillers du prince, et. qu'il fût
se mil en roule pour Rome. Beaucoup d'éco- admis désormais au conseil. Le César consen-
liers ses amis voulurent le suivre. Il embrassa tit à tout. Aussitôt les enchantements s'éva-
sa mère qu'il n'avait pas vue depuis douze nouirent; Virgile reçut, l'empereur dans son
ans. 11 combla de richesses tous ceux de ses château et le traita avec une magnificence
parents qui avaient aidé la veuve dépouillée; inouïe. — L'empereur, devenu l'ami de Vir-
c'était, selon l'usage, les plus pauvres.— gile, lui demanda, puisqu'il était si savant et
Lorsque vint l'époque où l'empereur distri- qu'il maîtrisait la nature, de lui faire un
buait dos terres aux citoyens, Virgile se charme au moyen duquel il put savoir tou-
présenta devant lui; l'ayant salué, il lui re- jours si l'une des nations soumises songeait à
demanda le domaine dont sa mère avait été se révolter. « Par là, dit-il, je préviendrai
injustemenl dépossédée. L'empereur, après toutes les guerres elje régnerai tranquille. »
avoir entendu ses conseillers , dont l'un pos- — Le philosophe fil une grande slalue de
sédait le château de la veuve, répondit qu'il pierre qu'il appela Rome, el qu'il plaça au
ne pouvait faire droit à la requête. Virgile se Capilole ; puis il prit la principale idole de
relira en jurant qu'il se vengerait. Le temps chacune ries nations vaincues, dans le temple
des moissons approchait ; par son pouvoir où les Romains recevaient tous les dieux ; il les
magique, il fit enlever et transporter chez lui rassembla toutes et les rangea autour de la
et chez ses amis tout ce qui pouvait se re- grande statue, leur niellant à chacune une
cueillir sur les terres qu'on lui avait confis- trompette ù la main. Dès-lors, aussitôt qu'une
quées. •— Ce prodige causa une vive rumeur. des nations soumises pensait, à se révolter,
On savait, la puissance de Virgile. ; on le voyait l'idole qui la représentait s'agitait, se tournait
logé en prince dans un vaste et magnifique vers la statue de Rome, et sonnait de sa trom-
château, et entouré de tant, rie servheurs qu'on pette d'une manière terrible. L'empereur, ainsi
eût pu en faire une armée. « C'est le magi- prévenu envoyait des troupes, qui arrivaient
,
cien qui a l'ait cela dirent les courtisans. — toujours à temps. On appela ce talisman la
,
11 faut.l'aller combattre, » dit l'empereur. El, salvaiion de Home. — Virgile avait conçu pour
suivi de bonnes troupes, il marcha droit au Naples une grande tendresse; il habitait sou-
château de Virgile se proposant de le dé- vent celle ville riante, que même selon quel-
,
truire et de jeter son maître dans une dure ques-uns des légendaires il avait fondée et
prison. — Dès que Virgile aperçut les batail- bâtie. Pendant, un été très-chaud, de grosses
lons qui venaient l'assiéger, il appela son art à mouches se répandirent dans la ville, et se
son secours. D'abord il enveloppa son château jetant, sur les boucheries empoisonnèrent les
d'un brouillard si épais et si fétide, que l'em- viandes. Le philosophe, pour arrêter ce lléau,
pereur et les t'eus ne purent, avancer plus mil sur l'une des portes de Naples une grosse
loin. Ensuite, au moyen de certains miroirs mouche d'airain qui, durant l'espace de huit
merveilleux, il fascina tellement les yeux des ans qu'elle y demeura empêcha qu'aucune
,
soldats qu'ils se croyaient tout environnés mouche vivante entrât'dans la ville.— On
,
(Peau agitée et prêts à être engloutis. — L'em- trouve dans les vieux récits beaucoup de ta-
pereur avait auprès de lui un nécromancien lismans de cette espèce. Saint Loup n'en eut
très-habile, et qui passait pour le plus savant pas besoin pour préserver de l'invasion des
homme dans la science des enchantements. mouches les boucheriespubliques de Troyes en
On le fit venir. 11. prétendit qu'il allait dé- Champagne, où en effet les dispositions dos
truire les prestiges de Virgile el l'endormir courants d'air empêchent qu'elles ne puissent
lui-même. Mais Virgile, qui se cachait à quel- pénétrer, tandis qu'on les voit par myriades
ques pas dans le brouillard, entendit ces pa- aux portes. Fusil assure que, dans la grande
roles; et à l'instant, par un nouveau charme boucherie de Tolède, il n'entrait, de son temps,
qui fut très-prompt, il frappa tout le monde qu'une seule, mouche dans toute l'année. Bo-
d'une immobilité si parfaite, que l'empereur din conte dans sa Démonomanie qu'il n'y a
et son magicien lui-même semblaient changés pas une seule mouche au palais de Venise;
en statue. « Comment nous tireras-lu de là? » mais s'il en est ainsi, ajoule-l-il, c'est qu'il y
grommela le prince, sans conserver même la a quelque philactèrc enfoui sous le seuil ;
VIR — 506 — VIII
comme il s'est découvert depuis quelques an- — Le matin, en effet, tout le peuple qui se
nées, en une ville d'Egypte ou l'on ne voyait rendail, non pas à la procession, mais au
point de crocodile, qu'il y avait un crocodile rnarché, se moqua du poète, qui ne- trouva
de plomb enterré sous le seuil de la mosquée; cqu'à la Pin du jour une âme compatissante.
on l'ôta, et les habitants, furent dès lors Ira- IDescendu à terre, il se hâta de rentrer chez
vailles des crocodiles, comme ceux des autres lui ; et là, pour se venger avant tout du peuple
1

cités qui bordent le Nil. On sait aujourd'hui qui l'avait raillé, il éteignit à la fois tous les
<

que les crocodiles n'entrent pas dans les cités, feux i qui brûlaient dans Rome. — Le peuple
Mais revenons au magicien. -— Virgile était effrayé courut à l'empereur. Virgile fut mandé.
i
occupé à construire, pour l'empereur, des « Les feux éteints ne se rallumeront pas que
bains si merveilleux que chaque baignoire je ; ne sois vengé, dit-il. —Vengé de qui? —
,
guérissait la maladie dont elle portail le nom, De votre fille. [1 conta sa mésaventure; et il
lorsqu'un fléau plus hideux que les mouches voulut que la princesse ou la courtisane allât
vint désoler la ville cle Rome. C'était une en chemise sur un échafaud dressé au milieu
nuée immense de sangsues, qui, se répandant de la grande place, el que là, avec un flam-
la nuit dans les maisons, tuaient en les suçant beau elle distribuât du feu à tout le peuple.
,
beaucoup de citoyens On eut recours au ma- Ce châtiment, qu'il fallut subir dura trois
gicien. Il fit une sangsue d'or el la mil dans jours. Virgile, pour se consoler ,un peu, s'en
un puits profond hors de la ville, où elle at- fut à Naples, où il se livra à l'étude. Ce fut
tira tous les reptiles suceurs. — Voulant en- alors qu'il mit sur une des portes de Naples
suite se faire admirer du peuple, Virgile al- deux statues de pierre, l'une joyeuse et belle,
luma sur un pilier de marbre, au milieu du l'autre Iriste et hideuse, et qui avaient celte
Forum, une lampe qui brûlait toujours, sans puissance que quiconque entrait du côté de la
que la flamme eût besoin d'aucun aliment. première réussissait dans toutes ses affaires;
Elle jetait une si belle clarté quo Rome en mais ceux qui entraient du côté de l'autre
était partout éclairée. A quelques pas il plaça étaient malheureux durant tout le séjour qu'ils
un archer d'airain, qui tenait une flèche el un faisaient à Naples. —Il se fil un jardin où
arc bandé, avec celle inscription : Si quelqu'un fleurissaient les plantes elles arbres de Loul.es
me touche, je tirerai ma flèche. Trois cents les contrées de l'univers. On y trouvait fous
ans après, un fou ayant frappé cet archer, il les animaux qui peuvent être utiles et tous
lira sa flèche sur la lampe et. Péleignit. — les oiseaux chanteurs. On y voyait les plus
Pendant qu'il exécutait ces grandes choses, beaux poissons du monde dans de magnifiques
Virgjlo ayant eu occasion de voir la fille de bassins. A l'entrée d'une grotte où Virgile
l'empereur, qui étail jeune, belle et mali- renfermait ses trésors immenses, on admirait
cieuse, en devint très-épris, quoiqu'il fût lui- deux statues d'un métal inconnu qui frap-
,
même laid, bossu et. philosophe. Là princesse, paient sur une enclume avec tant de mélodie,
voulant se divertir, fil semblant d'être sen- que les oiseaux s'arrêtaient dans les airs poul-
sible et lui donna .rendez-vous le soir au pied ies entendre. — H fabriqua un miroir dans
de la four qu'elle habitait. H y vint. Au moyen lequel il lisait l'avenir, et une tète d'airain
d'une corbeille fixée au bout d'une corde, la qui parlait et le lui annonçait. — Ne voulant
princesse étail convenue de le monter jusqu'à pas de bornes à ses points de vue, il avait en-
sa chambre avec l'aide de sa servante. Il se touré ses jardins d'un air immobile, qui fai-
plaça dans la corbeille, et la jeune fille tira sait l'office d'une muraille. Pour ses voyages,
la corde ; mais, lorsqu'elle vit le philosophe à il construisit en airain une sorte de pont vo-
moitié-chemin, elle fil un noeud à sa fenêtre, lant, sur lequel il se transportait aussi vile
et le laissa suspendu dans les airs. — Gralian que la pensée partout où il voulait. On ajoute
du Pont attribue celle méchanceté, dans ses que c'est encore par son art qu'il creusa le
Controverses du sexe féminin et du masculin, chemin souterrain du Pausilippe el qu'il
,
non pas à la fille de l'empereur, mais à une mourut là. —-Nous n'avons pas parlé des sen-
courlisane de Home ; il l'apostrophe dans ces timents de Virgile pour la fille du sultan d'E-
vers : gypte, parce qu'ils ne sont rapportés que par
l'auteur du livre intitulé : les Faits merveil-
Que dirons-nous du bonhomme "Virgile, leux de Virgile, fils d'un chevalier des Ar-
Que tu pendis, si vrai que l'évangile,
Au corbillonî A cet homme d'honneur dâmes, et que ce chroniqueur n'écrivait qu'au
Ne fis-tu pas un très-grand déshonneurl seizième siècle. Mais citons l'anecdote ri'Os-
Hélas! si fis ; et c'étoit dedans Rome
Que là pendu demeura le pauvre homme. mone sur la mort du philosophe-magicien-
Par ta eaulèle et ta déception. poète. Dans son Image du, monde, Osmone
Un jour qu'on fit grosse procession. conte que -Virgile, sur le point dç voyager au
VIS — 5071 — VIS
loin, consulta son androïde, c'est-à-dire sa Le spectre de son père se montra sur les pre-1-
tète magique qu'il avait faite, et qu'elle lui dit miers ! échelons, el. lui dit que Dieu avait per-
que s'il gardait bien sa tête son voyage serait mis qu'il lui apparût, afin do l'instruire de ce
heureux. Virgile crul qu'il lui fallait seulement qu'il devait faire pour son propre salut et
veiller sur son oeuvre ; il ne quitta pas son pour la délivrance de celui qui lui parlait.,
androïde d'un instant. Mais il avait mal com- aussi bien que pour celle de son grand-père
pris ; s'ètant découvert le front en plein midi, qui étail quelques échelons plus bas; que la
il fut frappé d'un coup de soleil, dont il mou- justice divine les punissait et les retiendrait
rut. Son corps, comme il l'avait désiré, fut jusqu'à ce qu'on eût restitué un héritage
transporté à Naples, où il est toujours sous le usurpé par ses aïeux; qu'il eût à le faire in-
laurier impérissable qui le couvre. —Les Na*- cessamment, qu'autrement sa place était déjà
polilains regardent le tombeau de Virgile marquée dans ce lieu de souffrance. — A.
comme leur palladium; aucun conquérant n'a peine ce discours eut-il été'prononcé, que le
osé le leur enlever. Ils croient aux merveilles spectre el l'échelle disparurent, et l'ouverture
que nous avons racontées et à d'autres en- de la caverne se referma. Alors la frayeur
core. Le peuple de Naples vous le dira. Mais,' l'emporta sur l'imagination du chasseur; il
à sa louange, il n'oublie pas les prodigieux retourna chez lui, rendit l'héritage, laissa à
faits de Virgile : les Géorgiques et l'Enéide. son fils ses autres biens, et se retira dons un
Virgile,— évoque do Salzbourg. Voy. AN- monastère, où il passa le reste de sa vie. »—
11 y a des visions qui tiennent un peu à
TIPODES. ce que
Écossais
Visions.—11 y a plusieurs sortes de visions, les appellent la seconde vue. Boais-
qui la plupart oui leur siège dans l'imagination tuau raconte ce qui suit : « Une femme en-
ébranlée. Aristote parle d'un fou qui demeu- chanteresse, qui vivait à Pavie du temps du
rait tout le jour au théâtre quoiqu'il n'y eût règne do Léonicellus, avait cet avantage qu'il
là il frappait des mains riait ne se pouvait faire rien rie mal à Pavie sans
personne ; et et ,
,
de tout son coeur, comme s'il avait vu jouer qu'elle le découvrît par son artifice, en sorte
la comédie la plus divertissante. — Un jeune que la renommée des merveilles qu'elle f.ùsait
homme, d'une innocence el d'une pureté de par Part des diables lui attirait tous les sei-
vie extraordinaires, étant venu à mourir à l'âge gneurs et philosophes de l'Italie. Il y avait,
de vingt-deux ans, une vertueuse veuve vit en ce temps, un philosophe à qui l'on no
plusieurs serviteurs de Dieu qui pouvait persuader d'aller voir celte femme,
en songe or-
naient un palais magnifique. Elle demanda lorsque, vaincu par les sollicitations do quel-
qui le préparait; lui dit c'était, ques magistrats de la ville, il s'y rendit. Ar-
pour on on que rivé devant cet organe de Satan, afin de no
pour le jeune homme qui était mort la veille.
Elle vit ensuite, dans ce palais, un vieillard
demeurer muet, et pour la sonder nu vif, il
vêtu de blanc, qui ordonna ù deux de ses gens la pria de lui dire, à son avis , lequel de fous
les vers de Virgile.était le meilleur. La vieille,
rie tirer ce jeune homme du tombeau et de
l'amener au ciel. Trois jours après la mort du sans
rêver, lui répondit aussitôt :
.
jeune homme, son père , qui se nommait Ar- Discile juslitiam moniti et non temnere divqs.
mène, s'étant retiré dans un monastère, le Voilà, ajoula-t-elle, le plus digne vers
fils apparut à l'un des moines, et lui dit que — » Virgile ait fait va-t'en
Dieu Pavait reçu au nombre des bienheureux, que : et ne reviens
plus me tenter. » Ce pauvre philosophe
et qu'il l'envoyait chercher son père. Armôiie et pour
mourut le quatrième jour '. •—Voici des traits ceux qui l'accompagnaients'en retournèrent
d'un autre genre. Torquemada conte qu'un\ sans aucune réplique, et ne furent en leur
vie plus étonnés d'une si docte réponse, at-
grand seigneur espagnol, sorti un jour pour tendu qu'ils savaient
tous qu'elle n'avait,
aller à la chasse sur une do ses terres, fui fort vie appris ni à lire ni à écrire...—• Hen sa
étonné lorsque, se croyant seul, il s'entendit « y a
dit le même auteur, quelques visions
appeler par son nom. La voix ne lui était pas| encore, qui proviennent d'avoir mangé du venin ou
inconnue ; mais comme il ne paraissait pas' poison Pline clÉdouardus enseignent
empressé, il fut appelé une seconde fois, et de ,
comme
ceux qui mangent la cervelle d'un ours,
reconnut distinctement l'organe de son père,^ laquelle dévorée,
décédé depuis peu. Malgré sa peur, il ne on se croit transformé en
laissa pas d'avancer. Quel fut son étonnement i
ours. Ce qui est advenu à un gentilhomme es-
pagnol de notre temps à qui on en fit manger,
de voir une grande caverne, ou espèce d'a-
bîme, dans laquelle était une longue échelle. et errait dans les montagnes pensant être
il
changé en ours. — Il reste, pour mettre ici
1 Lettre de l'évêque Évode à saint Augustin. foules espèces de-visions, do traiter des visions
VIS — 508; — vis
artificielles, lescpielles ordonnées et bâtit s comme il avait gardé quelque présence d'es-
i
,
par certains secrets et mystères des hommes prit il se rassura en voyant le fantôme se
, ,
engendrent la terreur en ceux qui les con- mettre à sa place el lui indiquer la trousse
lemplenl. 11 s'en est, trouvé qui ont mis des qu'il avait déposée sur une table. Tous ceux
chandelles dans des tètes de morts, pour épou- qui étaient venus avant lui dans ce château
vanter le peuple, et d'autres qui ont attaché avaient eu si grand'peur, qu'ils s'étaient
des chandelles de cire allumées sur des coques sans doute évanouis pendant qu'on les rasait;
de tortues el limaces, put' les niellaient dans ce qui leur avait attiré des coups de poing.
les cimetières la nuil, afin que le vulgaire, Le jeune homme remarqua la longue barbe
voyant ces animaux se mouvoir de loin avec du spectre, ol comprit tout, de suite qu'il de-
leurs flammes, fût induit à croire que c'étaient mandait le même servicequ'il venailde rendre.
les esprits des morts. — Il y a encore cer- 11 le savonna hardiment el lui rasa coura-
taines visions diaboliques qui se sont faites de geusement, la barbe el, la tète. — Sitôt que
nos jours avec des chandelles composées de suif cela fui fait, le fantôme, muet jusqu'alors,
humain; et pendant qu'ellcs-élaienl allumées se mit à parler comme une personne naturelle.
de nuit, les pauvres gens demeuraient si bien 11 appela le jeune homme sou libérateur; il
charmés qu'on dérobait leur bien devant lui conta qu'autrefois, suzerain du pays, il
eux sans qu'ils sussent se mouvoir de leurs avait, eu l'usage inhospitalier de raser impi-
lits : ce qui a été pratiqué en Italie de notre toyablement tous les pèlerins qui venaient
temps. Mais Dieu , qui ne laisse rien impuni, coucher dans son château ; que pour l'en
a permis que ces voleurs fusscnl appréhendés; punir, un vieux moine, revenant de la Terre-
el, convaincus, ils ont depuis terminé leurs Sainte, Pavait condamné à raser après sa
vies misérablement au gibet. » /'oy. MALX DE mort tous ses hôtes, jusqu'à ce qu'il s'en pré.
GLOmii. — Les traditions populaires (lé l'Al- scnîât un assez hardi pour le raser lui-même.
lemagne sont fécondes en visions; nous en ci- « 11 y a Irois cents ans que ma pénitence
terons quelques-unes. — Un vieux château dure, «ajouta le spectre, el après de nou-
de la Saxe élail visité par un fanlôme qui veaux remercimenls il s'en alla. — Le jeune
faisait des tours indignes, tellement que le. homme rassuré acheta le château à bas prix,
manoir demeurait inhabité d puis plusieurs dit le conte, el. y coula des jours heureux, à
années. Un jeune homme intrépide se décida la grande surprise des bonnes gens, qui le
à y passer la nuit; il emporta des provisions,, regardèrent, comme un habile enchanteur '.
des lumières el des armes. A minuit, pendant — Vuici autre chose. — Blendau, partant
qu'il s'apprêtait à dormir, il entendit au loin pour ITlalio, s'arrêta dans une ville du nord
un bruit de chaînes. Après avoir longuement de l'Allemagne, chez Rehman ,. son ami, ré-
circulé dans les corridors, l'être qui faisait ce. gisseur d'un domaine royal, qu'il avait visité
bruit, remua des clefs, ouvrit la porte, et le souvent.
— «Mon cher Blendan, lui dit Reb—
jeune audacieux vit paraître un grand spectre man, nous n'avons rie disponible pour l'instant,
pâle, décharné, ayant une très-longue barbe, que la chambre grise; mais lu ne voudras pas
el portant, une trousse de barbier... Le cu- y coucher. — Pourquoi donc? — As-lu oublié
rieux fil, bonne contenance. Le spectre cepen- la dame châtelaine? — Bah! je n'y pense
dant referma soigneusement, la porte; puis plus. J'ai vécu cinq ans dans la capitale; ac-
s'étanl approché du lit, il lit signe à son hôte tuellement, les esprits ne me l'ont, plus peur;
rie se lever, lui mit un peignoir sur les épaules, laissez-moi coucher dans celle fameuse cham-
el lui indiqua du doigt une chaise sur laquelle bre. » Brigitte conduisit Blendau dans la cham-
il l'invita à s'asseoir. L'Allemand tremblait un bre grise.—Un uislaiitapiès, la femme et les
peu: son effroi augmenta quand il vil le fan- enfants de Rehman arrivèrent do la foire; il
tôme tirer de sa trousse un antique plat à ne leur dit rien de Blendau voulant le len-
,
barbe d'un autre siècle el un grand rasoir un demain, au déjeuner, les surprendre do celle
peu rouillé. Il se rassura pourtant, et laissa visite agréable. La chambre grise était au
l'aire. Le spectre, qui procédait gravement, second étage à l'extrémité d'une des ailes du
,
lui savonna le. menton, lui rasa proprement château. Brigitte posa ses deux flambeaux
la barbe el les cheveux puis ôla le peignoir. sur une table, au-dessous d'un vieux miroir,
,
— Jusque-là rien de bien nouveau : on savait et se hâta de se retirer. Le jeune voyageur
que l'esprit rasait ainsi tous ceux qui passaient se mil, à considérer cet appartement antique :
la nuil dans le château ; mais on contait aussi l'énorme poêle de 1er portail, la date 4 616;
qu'après les avoir rasés, il les assommait, de une porte vitrée, à petits carreaux arrondis,
coups avec son gros poing de squelette. Le 1 MUSÏCUS a t i ré parti de cette tradition dans sa lé-
jeune homme rasé se leva de la chaise; el, gende intitulée l'Amour muet.
vis — r.tio0 — VIS
enchâssés dans du plomb, donnait, sur un Berlin. Un médecin publia alors une aventure,
long passage sombre qui conduisait à la tour du même genre, qui lui étail arrivée, non
des cachots; le lit était orné d'un grand bal- dans une chambre grise mais dans une,
daquin el rie rideaux rie soie épaisse, brochés chambre noire. — J'allai un, jour, dit-il, dans
en or; les meubles n'avaient, pas changé de le château du lieutenant-colonel Silherstein,
pince depuis plus de cent ans. Mais la dame dont la fille était gravement malade ; on me
châtelaine remontait bien plus loin : Gerlrude, fil, rester pour la soigner, et on me prépara
c'était son nom avait fait voeu de virginité en une chambre où je me relirai de bonne heure.
,
son vivant; ne Payant pas tenu , elle s'était, Elle avait une apparence assez lugubre : des
empoisonnée de désespoir, à dix-neuf ans, peintures noires en couvraient, les portes an-
dans celle môme chambre grise; el, disait-on, tiques, le plafond et. le lambris. Un domesti-
elle avait été condamnée à souffrir trois cents que vint me demander si je ne me trouvais
ans les tourments du purgatoire. Celle péni- pas trop seul dans cette, chambre, et si je
tence rigoureuse ne sera terminée qu'en 1850 ; voulais qu'il restât avec moi. Je me moquai
jusque-là elle doit apparaître toutes les nuits de lui et de toutes les histoires de revenants
dans la chambre grise. — Blendau avait, cent qu'il me conta sur cette chambre noire, qui
fois entendu les récits do ces apparitions : la jouissait d'un mauvais renom. Je m'endormis,
dame châtelaine, disait-on, se montrait avec après avoir tout, visité el tout bien fermé.
un poignard. Il n'était pas si rassuré qu'il le J'étais dans mon premier sommeil lorsque
disait; cependant i! ferma les portes aux ver- j'entendis prononcermon nom tout bas. J'ouvre
rous, souffla ses bougies et s'endormit. Deux les veux à demi : ma chambre est éclairée
heures après, le son de minuit, l'éveille, il d'une lumière extraordinaire; une main froide
voit la chambre éclairée; il se soulève avec vient me toucher; cl je vois à côlé de moi
effroi, jette les yeux sur le vieux miroir, et une ligure pâle comme la mort, revêtue d'un
aperçoit le spectre de Gerlrude vêtu d'un drap mortuaire, qui étend vers moi ses bras
,
linceul, tenant un poignard dans la main glacés. Dans le premier mouvement de ter-
droite. Une couronne de romarin et cle clinquant, reur, je poussai un cri, et je fis un saut en
est, entrelacée dans ses cheveux. Il voit dans arrière. A l'instant, j'entendis frapper un coup
le miroir, à la clarté des deux bougies, l'éclat violent. L'image disparut, et je me retrouvai
fixe des yeux de Gerlrude la pâleur de ses dans l'obscurité. L'horloge sonna : c'é.ail
,
lèvres; elle parle à voix basse. Le jeune minuit... — Je me levai sur-le-champ; j'al-
homme épouvanté veut sortir du lit ; l'effroi lumai deux bougies, je visitai do nouveau:
l'a paralysé. — Cependant la châtelaine s'a- tout, était bien fermé. J'allais attribuer tout ce
vance vers lui le poignard levé , avec un re- qui s'était passée un songe; lorsque, m'élant
gard terrible Elle, lui applique, le poignard approché de mon lit. avec une lumière j'y
,
sur la poitrine, et sa main laisse tomber des découvris une boucle de cheveux bruns posée
gouttes de poison. Blendau saule hors du lit, sur mon oreiller. Elle no pouvait pas y être
et court à la fenêtre pour appeler du secours : venue par un rêve ni par une illusion. Je la
mais le spectre le prévient; il pose une main pris et je l'ai conservée. Mais au moment où
,
sur la fenêtre, de l'autre il saisit Blendau, j'étais interdit de celle circonstance, j'entends
qui sent sur son dos l'impression glaciale de, marcher à pas précipités ; on frappe à ma
la mort. Les lumières s'éteignent; Blendau se, porte : « Levez-vous, me crie-t-on, mademoi-
réfugie dans son lit, s'enfonce sous la cou- selle se meurt. » — Je vole à la chambre rie
verture, el, tout rentre dans le silence. L'ex- la malade, que je trouve, sans vie : on me dit
trême fatigue finit par lui faire, retrouver uni qu'un peu avant minuil elle s'était réveillée,
peu de sommeil. — 11 s'éveille au point, du[ el, qu'après avoir respiré fortement, elle avait
jour, tout en nage; ses draps étaient trempés... rendu le dernier soupir. Sa mère, inconso-
11 ne sut que penser de
son horrible aventure : lablo voulut au moins, avant de quitter le
,
les bougies consumées, le dérangement de3 corps inanimé de la jeune fille, emporter une
certains meubles, tout lui prouvait que sai boucle de ses cheveux. Qu'on juge de mon
vision n'était pas un rêve; mais, n'osant eni effroi, quand je m'aperçus qu'il manquait une
parler à Rebman, il remonta à cheval ett boucle à ses longs cheveux bruns, celle pré-
partit sur-le-champ... — Quand cetle aven- cisément que j'avais reçue dans la chambre
ture fut publiée, en -ÎS-IO, dans le journal lee noire .. Le lendemain je fus atteint d'une ma-
Sincère, avec une apostille où M. Blendau[] ladie dangereuse, qui fut la même que celle
attestait, au nom de l'honneur et au péril dee dont la jeune personne étail. morte... —Au
sa vie, la, vérité de celte histoire, elle fit sen-
,_
moment où le médecin rendit cette aventure
sation et occupa toutes les conversations dee publique, un avocat ayant couché dans la
VIS VIS
— 51 0) —
moine chambre, noire et vu- « peu près les lumière s'était éteinte, qu'elle avait, vu son
mêmes choses, la justice visita les lieux. On image fidèle sortir d'un miroir, répandre une
découvrit un "ressort secret qui ouvrait un grande clarté dans l'appartement, et qu'elle
lambris dans le lit de la chambre fatale; elle avait entendu une voix lui dire: « Pourquoi
communiquait à un cabinet qu'habitait là trembler en voyant ton être propre s'avancer
femme de chambre; c'était cette femme qui, vers loi pour le donner la connaissance de la
pour ses intrigues personnelles, jouait le per- mort prochaine, et pour le révéler la destinée
sonnage de fantôme, afin de posséder seule de la maison? n que le fantôme l'avait in-
la chambre infestée. Le docteur et l'avocat struite de ce qui devait arriver ; qu'au mo-
l'avaient prise successivement pour un spec- ment où elle l'interrogeait sur moi, la cham-
tre.—'Après que celte histoire fut débrouillée, bre s'était obscurcie, elque tout le surnaturel
le journal le Sincère publia l'éclaircissement avait disparu ; mais elle ajouta qu'elle ne
des aventures delà chambre grise. Tout était pouvait me confier l'avenir qu'elle venait de
l'ouvrage des enfants du châtelain , auxquels connaître, et que notre père seul le saurait.
Brigitte avait coûté l'arrivée de Blendau : la — J'en dis quelque chose à mon père, le soir
jeune Charlotte faisait le rôle de Gerlrude ; môme; mais il n'en crut rien. Il pensait que
ses deux frères avaient ouvert le verrou delà tout ce qui était arrivé à Séraphine pouvait
petite porte, en passant une main par un car- être produit par une imagination exaltée.
reau cassé. Quand tout ceci fut dépouillé du Cependant, trois jours après, ma soeur étant
merveilleux, on dit que le médecin de la tombée malade, je remarquai à l'affectation
chambre noire s'écria : « Nous vivons dons un avec laquelle elle nous embrassait mon père
siècle pervers et détestable ; 'tout ce qui est et moi, que l'instant rie la séparation n'était
ancien s'anéantit, et un pauvre revenant ne pas éloigné. « La pendule sonnera-l-elle bien-
peut même plus loyalement se maintenir... » tôt neuf heures? disait-elle dans la soirée;
—No quittons pas encore les Allemands, ni songez à moi ! nous nous revenons ! » Elle
surtout, les Allemandes, qui ne se refusent pas nous serra la main, et. lorsque! heure sonna,
les hallucinations. — Trois jeunes filles de elle tomba sur son lit et ne se releva plus.—
Berlin s'élanl réunies un jour, demandaient Mon père désira que celle prétendue vision
à l'une, d'entre elles, Florentine, d'où lui fût tenue secrète. Je partageai soil opinion ;
Venait la tristesse qu'elles lui remarquaient. mais je le pressai de mè dévoiler le secret
Elle en avoua la raison, en ces termes: qu'on m'avait fait. 11 ne voulul pas y consentir,
«J'avais une soeur nommée Séraphine, que elje remarquai que son regard inquiet était
vous avez connue ; elle s'entêta des rêveries fixé sur la porte ; elle s'ouvrit tout à coup
de l'astrologie et des sciences de la divination,-, d'elle-même... » — Je frissonnai d'effroi, et
au grand chagrin de mon père. Ma mère demandai à mon père s'il ne voyaitpas une
mourut, et mon père pensa qu'avec l'âge , ce lueur pénétrer dans l'appartement. H se rejela
penchant bizarre;se perdrait; mais Séraphine encore sur l'imagination ; il en pariilcependant
poursuivit son étude : elle disait avoir été frappé. Le temps'n'effaça pas le souvenir de
'ravie, avoir joué avec les esprits ; el je ne suis Séraphine, mais il nous fit oublier cette der-
pas éloignée de le croire, puisque moi et d'au- nière apparition. Un soir,, je rentrais à la 1

tres Pavons vue dans le jardin, tandis qu'elle maison après une belle promenade, lorsque
se trouvait à la maison... Un soir qu'elle était les gens démon père m'avertirent de là -réso-
allée chercher ses parures pour aller en soirée, lution où il était d'aller vivre-dans une deses
elle Ten'tra sans lumière ; je jelai un cri d'ef- terres. A minuit nous ^partîmes; il arriva à
froi; son visage avait subi une altération sa terre calme et'serein.; mais il fût bicn'lôi
,
complète, sa pâleur habituelle avait pris la frappé d'une indisposition que les médecins
teinte affreuse de la mort; ses lèvres couleur regardèrent comme très-sérieuse ; un soir il
de rose étaient devenues bleues. '— K J!ai été me dit : « Séraphine a dit deux fois là vérité-,
saisie d'une indisposition subito, »'nùus dit-èllô elle la dira une troisième-fois.»Je-coniprisalors
enfin tout -bas. Après des instances répétées qne'mon :père croyait mourir bientôt. En-effet
de ma part, elle finit.par me direque l'esprit il dépérit visiblemenl'et fut forcé de garder lo
dè:ïiotrè 'mère morte depuis quelque téûips, lit. — Un autre soir, il me dit:d'une voix
,
'lui avait apparu, qu'elle. ;avait entendu ïfiar^- faible : «L'expérience m'a guéri démon incré-
cher derrière elle, qu'elle s'était sentie retenue dulité ; quand neuf heures sonneront, mon
'par l'a'robe, et qu'effrayée, elle s'était éva- dernier moment, suivant la prédiction de Sé-
moùie; qu'après avoir repris ses forces et au raphine, sera arrivé. Ne le marie pas s'il est
•moment'd'ouvrir son armoire, les deux bat- possible ; et si jamais tu songeais sérieusement
tants s'étaient déployés d'eux-mêmes, que sa à le faire , n'oublie pas de lire le papier que
Vis — MIl — VIS
|e ledonne. :> Le son de l'heure fatale où mon mousse i des rochers, s'arrêtait 'sous l'écùmê
père , appuyé sur mon épaule, rendit le der- des < torrents, marchait parmi lés inùrmuïès
nier soupir, me priva de l'usage de mes sens. delà
< forêt; niais il interrogeait Vainement la
—Le jour de son enterrement fut aussi mar- nature i ; à toutes ses demandes,lès montagnes,
que par la lueur éclatante dont j'ai déjà parlé. les
] flots et les feuilles ne lui répondaient
Vous savez, continua Florentine, que le comlè qu'un i
seul mol: Diiîu ! — Frère Alfus était
Ernest me recherche eii mariage; dès que sorti victorieux 'de beaucoup de ces crises-;
cette union fut convenue, je n'hésitai pas, chaque fois il s'était affermi dans ses croyan-
selon l'ordre de mon père, de lire le billet ces, car la tentation est la gymnastique clé Ta
cacheté qu'il ni'avail remis. Le voici : « Séra- conscience : quand elle lie la brise point, elle
phine t'a sûrement déjà dit que, lorsqu'elle la fortifie; mais depuis quelque temps ùno
voulut questionner le fantôme sur ton sort, inquiétude plus poignante s'était emparée du
soudain il avait disparu. L'être incompréhen- frère. Il avait remarqué, souvent que tout ce
sible vu par la soeur lui a déclaré que trois qui est beau perd son charme par le long
jours avant celui qui serait fixé pour ton, ma- usage, que l'oeil se. fatigue dû plus merveil-
riage , tu mourrais à celte même heure qui leux paysage, l'oreille de la plus douce voix,
nous est'si funeste. Yoilà pourquoi je l'engage et il s'était demandé comment nous pourrions
à lie pas te marier.» — Florentine s'arrêta et trouver, même dans les cieux, nii aliment de
dit : « Vous voyez, mes chères amies, la joie éternelle. Que deviendrait la mobilité de
cause du changement dont vous m'avez quel- notre âme au milieu de magnificences saiis
quefois fait dès reproches. Demain le comte terme? L'éternité! quel mot pour mie
revient de son voyage; il avait fixé l'époque créature qui ne connaît d'autre loi que celle
de notre mariage au troisième jour après de la diversité et du changement! 0 mon
son retour : ainsi c'est aujourd'hui ! et je Dieu ! plus de passé ni d'avenir, plus de sou-
renonce à un mariage qui, certes, m'eût venirs ni d'espérances ! L'éternité ! l'éter-
charmée, plutôt que do renoncer à la vie. » nité l... 0 mol qui fais pleurer sur la terre,
— Transcrivonsmaintenant une singulière lé- que peux-tu donc signifier dans le ciel? :—
gende qui a été publiée en France depuis Ainsi pensait frère Alftis, et ses incertitudes
,
peu et répétée par plusieurs journaux.—Avant étaient grandes. Un matin il sortit du mona-
que Luther fût venu prêcher sa désastreuse stère avant le lever des frères et descendit
reforme, on voyait des monastères au pen- dans la vallée. La campagne encore toute
chant de toutes les collines de l'Allemagne. moite de rosée, s'épanouissait, aux premiers
C'étaient de grands édifices à l'aspect paisi- rayons de l'aube. Alfus suivait lentement lès
ble, avec un clocher frôle qui s'élevait du mi- sentiers ombreux de la colline; les oiseaux,
lieu des bois et autour duquel voltigeaient des qui venaient de s'éveiller, couraient dans lès
palombes. Là vivaient des hommes qui n'oc- aubépines, secouant sur sa tôle chauve une
cupaient leur esprit que des choses du ciel. pluie de rosée, et quelques papillons encore
— A Olmutz, il en était un que l'on citait ù demi endormis voltigeaient nonchalamment
dans là contrée pour sa piélé et son instruc- au soleil pour sécher leurs ailes. Alfus s'ar-
tion. C'était un homme simple, comme tous rêta à regarder la campagne qui-s'étendait
ceux qui savent beaucoup, car ta science est sous ses yeux ; il se rappela combien elle lui
semblable à la mer; plus on s'y avance, avait semblé belle la première fois qu'il l'avait
plus l'horizon devint large, et plus on se sent vue, el-avèo quelle ivresse il avait péfisé;à y
petit. Frère Al fus, après avoir ridé son front finir ses jours. C'est que pour'lui, pauvre en-
et blanchi ses cheveux dans la recherche de fant dès villes accoutumé aux ruelles som-
démonstrations inutiles, avait appelé à son bres et aux tristes murailles des citadelles, ces
secours la foi des petits enfants ; puis, confiant fleurs, ces arbres, cet air, étaient nouveautés
sa vie à la prière, comme à une ancre de mi- enivrantes. Aussi la douce annéequ'àvait été
séricorde ; il l'avait laissée se balancer dou- l'amiée de soii noviciat ! que de longues cour-
cement au roulis des pures amours et dès cé- ses dans les vallées ! que de découvertes
lestes espérances. —Cependantdemauvaises; charmantes ! ruisseaux chantant parmi lès
rafales agitaient encore par instants le saintt glaïeuls, clairières habitées par le rossignol,
navire. Par instants lès tentations de l'intel- églanlinès rosés, fraisièfès'des bois, oh! quel
ligence revenaient, et la raison interrogeait lai honheûr de vous trouver !une première fois !
foi avec orgueil. Mors frère Alfus devenaitt Quelle joie de marcher par des sentiers in-
triste; de grands nuages voilaient'poùrTui lee connus que voilent les ramées, de rencontrer
soleil'intérieur; son coeur avait froid. Errantt à chaque pas une source où l'on n'a point ën~
dans les campagnes il s'asseyait sur laa core bu, une mousse que Ton n'a point encore
,
VIS — 5122 — VIS
foulée ! — Mais, hélas ! ces plaisirs eux-mê- saules,
s ni le souille d'un enfant qui dort, n'au-
mes durent peu; bientôt vous avez parcouru raient, i pu donner une idée de sa douceur. Ce
toutes les roules de la forêt., vous avez en- que l'eau, la terre et le ciel ont de murmures
<
tendu tous ses oiseaux, vous avez cueilli de enchanteurs, ce que les langues el les musi-
<

toutes ses fleurs, et alors, adieu aux beautés de ques


i humaines ont de séductions semblait
la campagne, à ses harmonies : l'habitude qui s'être fondu dans cette voix. Ce n'était point
:
descend comme un voile entre vous et la créa- un chant., el, cependant on eût dit des flots de
tion vous rend aveugle et sourd. —Hélas i mélodie; ce n'était point un langage et ce-
frère Alfus en était là, semblable à ces hom- pendant la voix parlait! Science, poésie, ,
sa-
mes qui, après avoir abusé des liqueurs les gesse, tout étail. en elle. Pareille à un souffle
plus enivrantes, n'en sentent plus la puissance, céleste, elle enlevait l'âme et la faisait ondu-
il regardait avec indifférence le spectacle na- ler dans je ne sais quelle région ignorée. En
guère si ravissant à ses yeux. Quelles beautés l'écoutant, on savait tout, on seniail tout; el
célestes pourraient donc occuper éternelle- comme le monde de la pensée qu'elle embras-
ment cette âme que les oeuvres de Dieu sur sait en enjier est infini dans ses secrets, la
la terre n'avaient pu charmer qu'un instant? voix toujours unique était pourtant toujours
Tout en se proposant à lui-même cette ques- variée; l'on eût pu l'entendre pendant des siè-
tion, Alfus s'était enfoncé dans la vallée. La cles sans la trouver moins nouvelle. Plus Alfus
tète penchée sur sa poitrine et les bras pen- l'éroutail, plus il sentait grandir sa joie inté-
dants., il allait toujours sans rien voir, fran- rieure. Il semblait qu'il y découvrait à chaque
chissant les ruisseaux, les bois, les collines. instant quelques mystères ineffables ; c'était
Déjà le clocher du monastère avait disparu ; comme un horizon des Alpes à l'heure où les
Olmutz s'était enfoncé dans les. brumes avec brouillards se lèvent et dévoilent tour ù tour
ses églises et ses fortifications ; les montagnes les lacs, les vais et les glaciers. —• Mais enfin
elles-mêmes ne se montraient plus à l'horizon la lumière qui alluminail la forêt s'obscurcit,
que comme des nuages; tout à coup le moino un long murmure retentit sous les arbres el
s'arrêta, il étaità.l'entrée d'unegrandeforêlqui la voix se tut. Alfus demeura quelque temps
se déroulait à perle de vue , comme un océan immobile, comme s'il fût, sorti d'un sommeil
de verdure; mille rumeurs charmantes bour- enchanté. 11 regarda (l'abord autour de lui
donnaient, à Pentour, et une brise odorante avec stupeur, puis voulut, se lever pour re-
soupirait dans les feuilles. Après avoir plongé prendre sa roule; mais ses pieds étaient en-
son regard étonné dans la molle obscurité des gourdis, ses membres avaient, perdu leur agi-
bois, Alfus y entra en hésitant, et comme s'il lité. Il parcourut avec, peine le sentier par le-
eût craint défaire quelque chose de défendu. quel il é;ait venu et, se trouva bientôt hors
,
Mais à mesure qu'il marchait, la forêt deve- du bois. Alors il chercha le chemin du mo-

nait plus grande ; il trouvait des arbres char- nastère ; ayant cru le reconnaître il hâta le
gés de fleurs, qui exhalaient, un parfum in- pas, car la nuil allait venir ; mais sa ,
surprise,
connu. Ce parfum n'avait rien d'enivrant augmentait à mesure qu'il avançait davan-
comme ceux de la terre ; on eût dit une sorte tage : on eût dit que tout, avait été changé
d'émanation morale qui embaumait l'âme : dans la campagne depuis sa sortie du couvent.
c'était quelque chose de fortifiant et de déli- Là où il avait vu les arbres naissants, s'é-
cieux à la fois, comme la vue d'une bonne ac- levaient maintenant des chênes séculaires; il
tion ou comme l'approche d'un homme dé- chercha sur la rivière un petit pont de bois
,
voué que l'on aime. Bientôt Alfus entendit une lapissé do ronces, qu'il, avait coutume de tra-
harmonie qui remplissait, la forêt; il avança verser: il n'existait plus, et à sa place s'élan-
encore, elil aperçut de loin une clairière tout, çait une solide arche de pierre. En passant
éblouissante, d'une lumière merveilleuse. Ce près d'un étang, des femmes, qui faisaient
qui le frappa surtout d'élonnomenl, c'est que sécher leurs toiles sur les sureaux fleuris,
le parfum la mélodie et la lumière ne sem- s'interrompirent pour le voir et se dirent en-
,
blent former qu'une même chose : tout se com- tre elles : .«Voici un vieillard qui porte, la robe
muniquait à lui par une seule perception des moines d'O'inulz; nous, connaissons tous
,
comme s'il eût cessé d'avoir des sens distincts, les frères et cependant nous n'avons jamais
,
et comme s'il ne lui fût resté qu'une âme. Ce- vu celui-là. —Ces femmes sont folles, » se dit
pendant il était arrivé près de la clairière et Alfus, et il passa outre. Cependant il commen-
s'était, assis pour mieux jouir de ces merveil- çait à s'inquiéter, lorsque le clocher du cou-
les, quand tout à coup une voix se fait en- vent se montra dans les feuilles. Il pressa le
tendre, mais une voix telle que ni le bruit, des pas, gravit le petit sentier, tourna la prairie
rames sûr le lac, ni la brise riant dans les el s'élança vers le seuil. Mais, ô surprise ! la
vis — bi:li — VIS
porle n'éliiit plus à sa place accoutumée ! bien surpassé encore l'original. — Ce qui suit
Alfus leva les yeux el demeura immobile de n'a pas un intérêt aussi grave. Au milieu du
stupeur. Le monastère d'Olmulz avait changé dix-septième siècle il y avait à Bruxelles, dans
d'aspect; l'enceinte était plus grande, les édi- une espèce de cul-de-sac de la rue Nolre-
fices plus nombreux, un platane qu'il avait Dame-du-Sommeil, qu'on appelle encore le
planté lui-même près de la chapelle quelques coin du Diable, une petite maison de simple
jours auparauvant, couvrait maintenant l'asile apparence., dont le propriétaire était un ar-
saint de son large feuillage. Le moine, hors chitecte estimé ; son histoire nous a été con-
de lui, se dirigea vers la nouvelle entrée et servée comme une grande leçon. — Cet ar-
sonna doucement : ce n'était plus la môme chitecte s'appelait Olivier. Il avait gagné par
cloche argentine dont il connaissait le son. Un d'heureuses affaires une fortune modeste, lors-
jeune frère gardien vint ouvrir. «Ques'csl-il qu'il se chargea de construire le pont et.la
donc passé? demanda Alfus. Antoine n'esl-il grande écluse qui croisent la Senne à son
plus le portier du couvent ? — Je ne connais entrée dans Bruxelles, entre les portes de Haï
point Antoine,» répondit le frère. Alfus porta et d'Anderlecht. Il avait cru trouver là un
les mains à son front avec épouvante. « Suis- terrain solide; mais il lui fallut faire des dé-
je devenu fou ? dit-il; n'est-ce point ici le penses imprévues pour affermir les fondations
monastère d'Olmulz, d'où je suis parti ce ma- sur un sol marécageux el mouvant. •—Toute-
tin ? » Le jeune moine le'regarda. «Voilà cinq fois la première pierre Tut posée le2S avril <1658,
années que je suis portier, répondit-il, et je comme le constate une inscription que les ré-
ne vous connais pas. » Alfus promena autour parations, faites il y a peu de temps, ont dé-
de lui des yeux égarés ; plusieurs moines couverte, et qui porte les noms de J. .1. Van
parcouraient les cloîtres; il les appela, mais Hecke, II. D. Bruyne et J. Bassery, officiers
nul ne répondit aux noms qu'il prononçait; il de la ville présents à cette cérémonie. Olivier
courut à eux pour regarder leurs visages, il suivit ses travaux avec, courage. Bientôt tout
n'en connaissait aucun. «Y a-l-il ici quelque ce qu'il possédait y fut dévoré; il reconnut
grand miracle de Dieu ? s'écria—l.—il ; au nom qu'il s'était trompé grandement; son entre-
(lu ciel, mes frères, regardez-moi. Aucun de prise était à peine élevée d'un tiers qu'il se
vous ne m'a-l-il déjà vu? N'y a-t-il personne vit obligé de la suspendre, n'ayant plus même
qui connaisse le frère Alfus?» Tous le regar- de quoi faire la paye de ses ouvriers. — Cette
dèrent avec étonnement. « Alfus ! dit enfin pensée l'accabla ; il allait être déshonoré ; la
le plus vieux, oui, il y eut autrefois à Olmutz ville pouvait le poursuivre ; ceux qu'il avait
un moine de ce nom ; je l'ai entendu dire à employés attendaient leur pain : il alla frap-
mes anciens. C'était un homme savant el rê- per à la porte de ses amis et leur demanda
veur qui aimait la solitude. Un jour il descen- secours pour quelques mois. Mais ceux qui
dit dans la vallée, on le vît. se perdre au loin lui avaient offert leur bourse lorsqu'ils sa-
derrière les bois, puis on l'attendit vainement, vaient bien qu'il ne l'accepterait pas, la fer-
on ne sut jamais ce que frère Alfus était de- mèrent sous d'honnôtos prétextes, et il s'en
venu. Depuis ce temps,, il s'est écoulé un revint désenchanté de l'amitié. — Il s'enferma
siècle entier.» A ces mots, Alfus jeta un seul pour méditer au parti qu'il avait à pren-
grand cri, car il avait tout compris. Il se dre : aucun moyen satisfaisant ne se présenta
laissa tomber à genoux sur la terre, el joi- à sa.pensée. Tous ceux sur qui il avait cru
gnant les mains avec ferveur : «0 mon Dieu, pouvoir compter l'abandonnaient. Il ne trouva
dit-il, vous avez voulu me prouver combien d'affection réelle que dans une jeune veuve
j'étais insensé en comparant les joies de la qu'il devait épouser, el qui se hâta de lui offrir
terre à celles du ciel. Un siècle s'est écoulé tout ce qu'elle possédait. Mais ces ressources
pour moi comme un seul jour à entendre vo- n'étaient pas suffisantes: la détresse reparut
tre voix ; je comprends maintenant le paradis bientôt.—Il regagnait un soir son logis, déses-
et ses joies éternelles ; soyez béni, ô mon péré, ne sachant s'il ne devait pas fuir pour
Dieu ! et pardonnez à votre indigne serviteur.» éviter sa honle du lendemain. La nuit com-
Après avoir parlé ainsi, frère Alfus étendit les mençait, elle s'annonçait sombre et triste ; le
bras, embrassa la terre et mourut. vent hurlait et la pluie tombait par torrents.
— L'his- En entrant chez lui, on lui annonça qu'un
toire du moine Alfus fait partie d'un des ou-
vrages de Schubert, l'un des écrivains les plus homme l'attendait. Il monta surpris et em-
populaires de l'Allemagne. Elle est dans le pressé ; il vit assis dans sa chambre, auprès
livre De l'ancien et du nouveau; son titre est du feu un inconnu habillé de vert. « Vous
,
l'Oiseau du Paradis. Nous avons donné ici la êtes dans l'embarras, lui dit brusquement cet
belle traduction de M. Emile Souvestre, qui a homme. — Qui vous l'a dit? s'écria Olivier,
83
VIS <— àl.'i
i/i — VIS
"— Vos amis. Vous n'avez plis lieu de vous demi-million.
d » Olivier, dans le délire, no se
louer des hommes. Si personne ne vient à posséda p plus à la vue. de tant d'argent, qui le
voire secours, demain vous êtes perdu. — Je rendait r riche et, glorieux. 11 saisit les deux
le sais;... et je n'ose vous demander le motif mains i de l'inconnu, les baisa sans que celui-ci
qui vous amène .. » Il se fit un silence. La ôtâl c ses gants, prit brusquement la plume
lumière que la servante de l'entrepreneur d'or ( el signa rengagement de suivre dans dix
avait allumée jetait une lueur pâle; mais les ;ans celui qui l'avait acheté. Quand il eut fini,
yeux de l'inconnu flamboyaient ; sa figure 1l'homme vert plia le parchemin, le mit dans son
était rude; un sourire, dont il s'efforçait de portefeuilleelsorl.it
] en disant: «Adieu! dans
dissimuler l'amertume, dilatait par instants dix ans, à pareil jour, vous serez prêt? — Je
i

ses lèvres minces. Après qu'il eut fixé quel- le serai. » On pense bien qu'après ce qui
ques minutes l'architecte palpitant : « Je m'in- venait de se passer, Olivier ne put dormir.
téresse à vous,» lui dit-il. Olivier tressaillit; 11 passa la nuit à méditer devant son demi-
il voulait prendre la main de celui qu'il ap- million. Le lendemain il fit sa paye et satisfit,
pelait déjà son salut; le gros homme l'évita à tous ses engagements; il publia qu'il n'avait
et retira promplemenl celle main que recou- voulu qu'éprouver ses amis; il doubla ses
vrait un gant noir. — « Point de démonstra- ouvriers. On le combla d'honnêtetés el de
tions, lui dit-il. Je prête à intérêts. — N'im- politesse. Il n'oublia, pas sa jeune veuve; la
porte! mon sang, ma vie, tout esta vous. » fortune ne le rendit pas inconstant; il épousa
Un éclair plus vif jaillit des yeux de l'étran- celle qui lui avait prouvé qu'elle l'aimait. Mais
ger. «De quelle somme avez-vous besoin?? il ne confia jamais sa bonne fortune à per-
Je crois que nous nous entendrons, dit-il. — sonne. — 11 écartait d'abord autant qu'il le
Oh ! pour le moment de peu de chose, dit l'ar- pouvait les pensées sinistres qui venaient l'in-
chitecte. Mais si vous voulez me sauver l'hon- quiéter. Il eut des enfants; ses entreprises
neur, il faut que j'achève mon entreprise ; ell prospérèrent; la fortune lui rendit des amis,
cent mille florins — Vous les aurez si mess el. il semblait vivre joyeusement à Bruxelles.
conditions vous conviennent. •— J'y souscriss Seulement, on était, surpris de le voir toujours
sans les connaître. C'est le ciel qui vous en- pâle et préoccupé. Il s'était bâti, entre la porto
voie. — Non, pas le ciel, dit l'homme vert enn de Flandre el la porte du Rivage, une petite
fronçant le sourcil. Mais vous ne pouvez vouss maison de plaisance où il cherchait à s'étour-
engager sans savoir ce que vous faites. Jee dir dans les parties (le plaisir. On se rend en
suis venu de loin pour vous voir. J'apprécie le core, par la rue du Chant-des-Grenouilles, à
vos talents; il faut que vous soyez à moi. — cette maison, qu'on appelle la maison du Diti-
-
À la vie el à la mort. — Entendons-nous bien, i: ble. — Pendant neuf ans Olivier vécut ainsi.
dit l'inconnu. Je vous donne dix ans. Au bout ,it Mais lorsqu'il vit approcher l'instant où il de-
de ce terme, vous me suivrez ; je vous emmè- 5- vail tout, quitter pour suivre l'inconnu, son
is coeur commença à se troubler. Des frayeurs
nerai où je voudrai ; je serai le maître ; vous
serez à moi. — L'entrepreneur surpris, sans is cruelles s'emparèrent de lui; il maigrissait et
pouvoir se rendre compte du sentiment qu'il 'il ne dormait plus. En vain sa femme, qu'il ni-
éprouvait, et redoutant de comprendre ce ée mail, cherchait-elle à pénétrer dans les replis
qu'il commençait à soupçonner, regardait îil de son coeur, le secret qu'il y tenait renfermé
son hôte avec inquiétude. Son coeur battit lit était inaccessible ; les caresses de ses enfants
avec violence, lorsqu'il vil l'étranger tirer de
do lui faisaient mal; on le voyait pleurer, et.
son portefeuille cent mille florins en mandatsUs deux fois déjà sa femme avait remarqué qu'il
à vue sur les premières maisons de Bruxelles.;s. ne passait jamais qu'en tremblant sur le pont
— Songez que sans moi vous alliez mourir, ir, de la grande écluse qu'il avait construit, quand
dit-il. Signez donccet engagement.» 11 présen-
m- parfois leurs promenades se dirigeaient de la
tait en même temps une feuille de parchemin, in, porte de liai à la porte d'Anderlecht. •— Enfin
jr. le jour fatal approcha où l'étranger devait
el de sa main droite il tenait une plume d'or.
«Excusez-moi, dit enfin l'architecte interdit,it, venir exiger l'accomplissement du marché
cette scène me confond ; que du moins je sa- ;a- qu'il avait fait. Olivier invita à souper ses
— Que vous importee l amis, ses parents, ceux de sa femme. Cette
che à qui je me dois!
dit l'inconnu. Je vous laisse dix ans dans vo-
,»o- dame, ne sachant comment relever le coeur
tre pays. Je vous le répète, je tiens à vous, je de son mari, s'avisa, sans rien dire, d'enga-
ne veux pas me nommer encore. Mais vous ms ger à ce festin le bon vieillard Jean Vorï-
ine Nu fiel, chanoine de Sainle-Giidule, son con-
allez reprendre demain votre crédit ; une jeune
épouse vous attend. Vous hésitez? Les cent eut fesseur, en qui Olivier avait confiance, quoi—
mille florins ne suffisent-ils pais? Voici un que depuis dix ans il ne fil plus ses devoirs de
MS —..il f) -— V L.b

ralhuliqiic ; ce qui était causé par une circon- | iar le Dieu vivant.,» dit le vicaire, en conimen-
slance singulière : il ne pouvait entrer dans ( :anl par verser les grains sur le plancher.
une église sans y étouffer el s'y trouver mal. ! ..'inconnu les recueillait avec une agilité ef-
Le digne prêtre, ayant longuement réfléchi à rayanie. Il frissonna el dit d'une voix sourde:
la conduite de l'architecte, en lirait des in- i
,1c le jure. «Alors Jean Van-Nufîel ayant
ductions qu'il ne manifestait, pas, mais qui ait un signe, un enfant de choeur s'approcha
rengagèrent à une précaution dont ii recon- ennui un bénitier; il versa ce qui restait de
nut iDienlôt la sagesse. — 11 y avait, une heure a mesure dans l'eau bénite; l'homme vert
qu'on était à table. Olivier, dont la pâleur a'y eut pas plutôt mis le doigt qu'il poussa un
était effrayante, s'efforçait, vainement de re- Hurlement el disparut. — Ainsi l'architecle
prendre courage dans quelques verres d'ex- fut sauvé. Mais depuis, le pont de la Grande-
cellent vin. Il avait bu énormément, el ses Ecluse, entre les portes de H al et d'Ander-
idées ne se troublaient pas. 11 entendit «omier lecht, s'est toujours appelé le pont du Diable.
neuf heures. C'était lo moment, où l'inconnu Nous reproduirons maintenant quelques piè-
l'avait quitté il y avait, dix ans. Avec un mou-
ces curieuses et rares.
vement, convulsif et dans une sorte d'angoisse
il voulut boire encore, et, trouvant les bou- Discourt: épouvantable d'une étrange appari-
teilles vides, il envoya sa servante à la cave tion de démons en la maison d'un gentil-
homme an Silésie, en 1609, tiré de l'im-
en lui recommandantd'apporter de son meil-
leur vin. La servante prit une chandelle el se primé à Paris, 4G0Ï).
bâta d'obéir. Mais lorsqu'elle fut descendue, Un gentilhomme de Silésie ayant convié
elle aperçut, assis sur la dernière marche, un quelques amis, et, l'heure du festin venue, se
gros homme à figure sombre-, vêtu do velours voyant frustré par l'excuse des conviés, en-
vert. Elle recula ell'rayéeel lui demanda cequ'il tre en grande colère, cl commence à dire
cherchait. «Allezdire à votre maître que je l'at- que., puisque nul homme ne daignait être
tends, répondit-il, il saura bien qui je suis. » La chez lui, tons les diables y vinssent! Cela
servante remonta au plus vile et fit sa commis- dit, il sort de sa maison el entre à l'é-
sion d'une voix troublée. L'architecte acheva glise, où le curé prêchait ; lequel il écoule at-
do perdre contenance. Voyant qu'il n'y avait tentivement. — Comme il était là, voici entrer
plus à différer, il céda enfin aux instances de sa en la cour du logis des hommes à cheval, de
femme: il coula son aventure el se leva au dé- haute stature et tout noirs, qui commandè-
sespoir. Sa femme, sesenlanls, ses amisfrémis- rent, aux valets du gentilhomme d'aller dire à
saient bouleversés. « Ne désespérons pas en- leur maître que les conviés étaient venus. Un
core de-la bonté de Dieu, dit lo vieux prêtre. des valets court à l'église avertir son maître ,
Qu'on aille, dire à l'étranger de monter. La qui, bien étonné, demande avis au curé. Icelui,
femme d'Olivier était aux genoux du bon cha- finissant son sermon, conseille qu'on fasse
noine, elles enfants, qui comprenaient qu'ils al- sortir toute la famjlle hors du logis. •— Aus-
laient perdre leur père, lui baisaient les mains. sitôt dit, aussitôt fait ; mais de hâte que les
Olivier, qu'un rayon d'espérance rattachait gens eurent de déloger; ils laissèrent dans la
déjà à la vie, s'était un peu ranimé. La ser- maison un petit, enfant clormartt au berceau.
vante fil un effort de courage et alla crier à Ces hôtes , ou , pour mieux dire, ces diables
l'inconnu qu'on l'allendait dans la salle. Il y (c'est lo sentiment du narrateur) commencè-
parut à l'instant, marchant,d'un air ferme el di- rent bientôt à remuer les tables, à hurler, à
gne, et tenant à la main l'engngemenlsigné par regarder par les.fenêtres, en l'orme d'ours, de
Olivier. Un sourire indéfinissable épanouissait loups, do chats, d'hommes terribles, tenant
sa bouche et ses yeux. — Le chanoine l'inter- à la main ou dans leurs pattes des verres
pella : «Vous ne pensiez peut-être pas me trou- pleins de vin des poissons, de la chair bouil-
,
ver ici, dit-il à l'homme vert. Vous savez que lie el. rôtie. — Comme les voisins, le gentil-
j'ai sur vous quelque pouvoir.,.» — L'inconnu homme, le curé et autres contemplaient avec
baissa Jes yeux el parut mal à son aise. Mais frayeur un tel spectacle, le pauvre père se
lé vieux prêtre, élevant une mesure pleine do mit à crier : « Hélas! où est mon pauvre en-
grains de millet, reprit : «Je ne vous demande fant.? » Il avait encore le dernier mol à la
qu'une faveur; accordez-nous quelques in- bouche, quand un de ces hommes noirs ap-
stants; jurez que vous laisserez Olivier on porta l'enfant aux fenêtres, el lo montra à
paix jusqu'à ce que vous ayez ramassé grain tous ceux qui étaient dans la rue. Le gentil-
à grain toiij. le millet qu'il y a dans celle me- homme demanda à un de ses serviteurs au-
sure. — .t'y consens, répondit l'homme vert quel, il se fiait le mieux : « Mon ami, que
après un moment de silence, — Jurez-le moi ferai-je? — Monsieur, répond le serviteur,
VIS — 51 fi — VIS
je recommanderai nia vie à Dieu; apiès quoi n'apparut, sur In pyramide, que vers une
j'entrerai dans la maison, d'où, moyennant heure après midi, que la fumée commença
son secours, je vous rapporterai l'enfant. — à sortir du haut d'icelle, el dura un quart
À la bonne heure, dit le maître, Dieu l'ac- d'heure : et du même endroit commença le
compagne , t'assiste et te fortifie ! » Le ser- feu à paraître' peu à peu, on augmentant tou-
viteur, ayant reçu l'a bénédiction de son maî- jours ainsi qu'il dévalait du haut en bas :
tre , du curé et des autres gens de bien . entra tellement qu'il se fit si grand et si épouvanta-
au logis, et approchant du poêle, où étaient ble , que l'on craignait que toute l'église ne
ces hôtes ténébreux, se prosterne à genoux, fùl bifilée, el non-seulement l'église, mais
se recommande à Dieu et ouvre la porte. toute la ville. — Les trésors de ladite église
Voilà les diables en horribles formes, les uns furent tirés hors ; les processions allèrent à
assis, les autres debout, aucuns se prome- l'enlour, et, finalement on fit mettre des reli-
nant, autres rampant sur le plancher, qui ques saintes sur la nef de l'église, au devant,
tous.accourent contre lui, criant ensemble : du feu. Messieurs du chapitre commencèrent
« Hui ! hui que viens-tu faire céans? » Le
! à conjurer ce méchant démon que chacun
,
serviteur, suant de détresse et néanmoins for- voyait dans le feu, tantôt bleu, vert ou jaune ;
tifié de Dieu, s'adresse au malin qui tenait ils jetèrent des agnus Dei dans icelui et près
l'enfant et lui dit : « Çà , baille-moi cet en- de cent cinquante barriques d'eau , quarante
fant. » Non, répond l'autre, il est mien; va ou cinquante charretées de fumier, et néan-
dire à ton maître qu'il vienne le recevoir. Le moins le feu continuait. Pour dernière res-
serviteur insiste, el dit : « Je fais la charge source , on fit jeter un pain de seigle de quatre
que Dieu m'a commandée, et sais que tout sous, puis on prit de l'eau bénite, avec du
ce que je fais selon icelle lui est agréable; lait d'une femme nourrice de bonne vie, el
,
parlant, à l'égard de mon office, en verlu de tout cela jeté dedans le feu , tout aussitôt le
Jésus-Christ, je l'arrache el saisis cet enfant, démon fut contraint de quitter la flamme ; el.
lequel je rapporte à son père. » — Ce disant, avant de sortir il fil un si grand remue^mé-
il empoigne l'enfant, puis le serre entre ses nage que l'on semblait être tous brûlés, et
bras. Les hôtes noirs ne répondent que par qu'il devait emporter l'église et. toutavec lui ;
des cris effroyables el par ces mois : « Hui! il ne s'en alla qu'à six heures el. demie du
hui! méchant; hui! garnement! laisse, laisse soir, sans avoir fait au Ire mal, Dieu merci,
cet enfant, autrement nous te dépiècerons. » que la totale ruine de ladite pyramide, qui
Mais lui, méprisant ces menaces, sortit sain est de douze mille écus an moins. — Ce mé-
et sauf, et rendit l'enfant au gentilhomme, chant étant hors, on eut raison du feu, et,
son père ; et quelques jours après tous ces peu de temps après, on trouva encore ledit
hommes s'évanouirent, et le gentilhomme, pain de seigle en essence, sans être endom-
devenu sage el bon chrétien retourna en sa magé, hors que la croûte était un peu noire;
,
maison.... et sur les huit ou neuf heures et demie, après
que tout le feu fut éteint, la cloche sonna
Le grand feu, tonnerre el foudre du ciel, ad- lo peuple afin de rendre grâces à
pour amasser
venu sur l'église cathédrale de Quimper-Co- Dieu. Messieurs du chapitre, avec les cho-
rcnlin, avee la vision publique d'un très- ristes — et musiciens, chantèrent un Te Dcum
épouvantable démon dans le feu sur ladite et un Stabut mater, dans la chapelle de la
église. Jouxte l'imprimé à Rennes, 1020. Trinité, à neuf heures du soir. Grâces à Dieu
,
« Samedi, premier jour de février 1620, i
1 il n'est mort personne ; mais il n'est, pas pos-
arriva un grand malheur et désastre en la ville; sible de. voir chose plus horrible et épouvan-
de Quimper-Corentin; une belle et haute pyra table qu'était ce dit feu. »
mide, couverte de plomb, étant sur la nef de Ui
grande église, fut brûlée par la foudre et fei i Effroyable rencontre, apparue proche le châ-
.du ciel, depuis le haut jusqu'à ladite nef teau de Lusignan, en Poitou, aux soldats
de-la garnison du lieu et à quelques habi-
sans que l'on pût y apporter aucun remède
Le même jour, sur les sept heures et demie tants de ladite ville, la nuit du mercredi 22
juillet 1620. A Paris, chez Nicolas lîobert,
tendant à huit du matin, se fil un coup 3di
tonnerre et d'éclair terrible. À l'instant fu t rue Saint-Jacques. ^1620.
visiblement vu un démon horrible, au miliei i « La nuit du mercredi 22 juillet, apparut,
d'une grande onde de grêle, se saisir de la entre le château de Lusignan et le Fare, sur
dite pyramide par le haut et au-dessous d's la rivière, deux hommes de feu, extrême-
la croix, étant ce démon de couleur verte , ment puissants, armés de toutes pièces, dont
avec une longue queue. Aucun feu ni fumé 3 le harnais était enflammé, avec un glaive en
1
VIS — 517 — VIS
feu dans une main et une lance flambante du malin que le soleil, commençant à se le-
,
dans l'autre, de laquelle dégouttait du sang. ver, n'apparaissait pas en sa clarté et splen-
Ils se rencontrèrent el se combattirent long- deur naturelle, mais montrait une couleur
temps, tellement qu'un des deux fui blessé, jaune, ainsi qu'on voit, la lune quand elle est
et en tombant fit un si horrible cri qu'il ré- pleine, et ressemblait au rond d'un gros ton-
veilla plusieurs habitants de la haute et basse neau el reluisait si peu, qu'on le pouvait,
,
ville, et étonna la garnison. — Après ce com- regarder sanss'éblouirles yeux. Bientôt après,
bat, parut comme une souche de feu qui il s'est montré à l'entour autant d'obscurité
passa la rivière el s'en alla dans le parc, sui- que s'il s'en fût suivi une éclipse, et le soleil
vie de plusieurs monstres de feu semblant des s'est couvert d'une couleur plus rouge que du
singes. Des gens qui étaient allés chercher du sang, tellement qu'on ne savait pas si c'était
bois dans la forêt rencontrèrent ce prodige, le soleil ou non. — Incontinent après on a
,
dont ils pensèrent mourir, entre autres un vu deux soleils, l'un rouge, l'autre jaune,
pauvre ouvrier du bois de Galoche, qui fut qui se sor.t heurtés et battus : cela a duré
si effrayé qu'il eut une fièvre qui ne le quitta quelque peu de temps, où l'un des soleils s'esL
point. — Comme les soldais de la garnison évanoui, el on n'a plus vu que le soleil jaune.
s'en allaient sur les murs de la ville, il passa Peu après s'est apparue une nuée noire, de
sur eux une troupe innombrable d'oiseaux, la forme d'une boule, laquelle a tiré lout
les uns noirs, les antres blancs, tous criant droit contre le soleil, et l'a couvert au milieu,
d'une voix épouvantable. 11 y avait, des flam- de sorte qu'on n'a vu qu'un grand cercle jaune
beaux qui les précédaient, et une figure à l'entour. Le soleil ainsi couvert est ap-
d'homme qui les suivait faisant le hibou ; ils parue une autre nuée noire, laquelle a com-
furent effrayés d'une telle vision, et il leur battu avec lui, el l'un a couvert l'autre plu-
tardait fort qu'il fût jour pour la raconter aux sieurs fois, tant que le soleil est retourné à
habitants. — Voici (ajoute le narrateur) l'his- ladite première couleur jaunâtre. Un peu
toire que j'avais à vous présenter, et vous me après est apparue derechef une nuée longue
remercierez et serez contents de ce que je comme un bras, venant du côté du soleil cou-
vous donne, pour vous avertir de ce que vous chant, laquelle s'est arrêtée près dudil soleil.
pouvez voir quand vous allez la nuit dans les — De cette nuée est sorti un grand nombre de
champs. » gens habillés de noir et armés comme gens de
à pied et à cheval marchant en
Description d'un signe qui a été vu au ciel guerre, lesquels oui passé tout , bellement par
le 5e jour de décembre dernier, en la ville
rang,
dedans ce soleil vers l'Orient, et celle troupe
i'Allorff, au pays de Wurtemberg, en Alle-
a été suivie derrière d'un grand el puissant
magne : imprimée à Paris, rue Saint-Jac- homme qui a été beaucoup plus haut que les
ques, à l'Eléphant, devant les Matburins, autres. Après que cette troupe a été passée ,
1678, avec privilège du lloi. le soleil s'est un peu obscurci, mais a gardé
« Guicciardin écrit en son Histoire italique sa clarté naturelle el a élé couvert de sang,
que, sur la venue du petit roi Charles Vlll à en sorte que le ciel et la terre se sont montrés
Naples, outre les prédictions de frère Hiérô- tout rouges, parce que sont sorties du ciel
me Savonarole, tant prêchées au peuple que plusieurs nuées sanglantes et s'en sont re-
révélées au roi même, apparurent en la tournées par-dessus, et ont tiré du côté de
Pouille, de nuit, trois soleils au milieu du l'Orient, lout ainsi qu'avait fait avant la gen-
ciel, offusqués de nuages à l'entour, avec darmerie. — Beaucoup de nuées noires se sont,
force tonnerres et éclairs; et vers Arezzo fu- montrées autour du soleil, comme c'est cou-
rent vues en l'air de grandes troupes de gens tume quand il y a grande tempête, et bientôt
armés à cheval, passant par là avec grand après sont sorties du soleil d'autres nuées
bruit et son de tambours et trompettes ; el en sanglantes et ardentes, ou jaunes comme du
plusieurs parties de l'Italie,, maintes, images safran. De ces nuées sont.parties des réver-
et statues suèrent, et divers monstres d'hom- bérations semblables à de grands chapeaux
mes et d'animaux naquirent, de quoi le pays hauts et larges, et s'est montrée toute la terre .
fut épouvanté. On vit depuis la guerre qui jaune et sanglante, couverte de grands cha-
advint au royaume de Naples, que les Fran- peaux , lesquels avaient diverses couleurs,
çais conquirent et puis perdirent. — En la rouge, bleu, vert, et la plupart noirs; en-
ville d'Altorff, au pays de Wurtemberg, en suite il a fait un brouillard et comme une
,
Allemagne, à une lieue de la ville de Tub'in- pluie de sang, dont non-seulement le ciel,
gue, et aux environs, on a vu, lé cinquième mais encore la terre et tous les habillements
jour de décembre 1577, environ sept heures d'hommes se sont montrés sanglants et jàu
VIS — 518 — VIS
nâlres. Cela a duré jusqu'à ce que le soleil ci!tte procession étaient nuit granus nommes
ail repris sa clarté naturelle, ce qui n'est ar- n us jusqu'à la ceinture, ayant le corps fort
rivé qu'à dix heures du matin.— Il est aisé c ouvert, de poil, la barbe jusqu'à mi-corps,
de penser Ce crue signifie ce prodige ; ceci e l le reste couvert de peaux de chèvre, le-
n'est autre chose que menaces, » dit l'auteur, r ant en leurs mains de grosses masses ; et
3uant à nous, comme il n'y a dans le pays c omme tous furieux suivaient la troupe de
i'Allorff aucun témoignage qui appuie ce 1 jin. La course de celte procession s'étendait
merveilleux récit, nous n'y verrons qu'un pufï l oui le long de l'île, jusqu'à une autre île voi-
du dix-septième siècle. î ,ine j où tous ensemble s'évanouissaient lors-
pi'on voulait en approcher pour les conlem-
Signe merveilleux apparu en forme de pro- iler. Je vous prie à quoi fend celte vision
cession arrivé prés la ville de Bellac en \ — ,
, , Merveilleuse, vous autres qui savez ce que
Limousin. Imprimé à Paris en 1624. raient les choses?.... » — Nous transcrivons
« 11 n'y a personne qui ait été vers la ville le naïf écrivain. Nous ajouterons que la mas-
de Bellac, en Limousin qui n'ait passé par carade qu'il raconte eut lieu à l'époque du
,
une grande el Irès-spacieuse plaine nullement roman de l'Astrôe, el que c'était une société
habitée. Or en icelle, quantité de gens digues qui se divertissait à la manière des héros de
de foi et croyance, môme le sieur Jacques Don Quichotte.
Rondeau, marchand tanneur de la ville de
advenues dans
Montmorillon le curé d'Isgre, Pierre Hibon- Grandes el merveilleuses choses
Mathurin,
Cognac, marchand de bois, la ville de Besançon, jiar un tremblement
neau, de terre; imprimé à Château-Salins, par
demeurant en la ville de Chanvigné, étant
de même compagnie, m'ont assuré avoir maître Jacques Colombiers; 4 564.
tous
vu ce que je vous écris : — 4° trois hommes «Le troisième jour de décembre, environ
velus de noir, inconnus de tous les regardants, neuf heures du malin, faisant un temps doux
tenant chacun une croix à la main ; — 2° après et. un beau soleil, l'on vit en l'air une figure
eux marchait une troupe de jeunes filles vê- d'un homme de la hauteur d'environ neuf
tues de longs manteaux de toile blanche , lances, qui dit trois fois : « Peuples, peuples,
ayant les pieds et les jambes nus, portant des «peuples, amendez-vous, ou vous êtes à la
chapeaux de fleurs desquels pendaient jns- » fin de vos jours. » Et. ce advint, un jour de
ques aux lalons de grandes bandes de toile marché, devant plus de dix mille personnes,
d'argent, tenant en leur main gauche quel- el. après ces paroles, ladite figure s'en alla en
ques rameaux, et de la droite un vase de une nue comme se retirant droit, au ciel. Une
faïence d'où sortait de la fumée;— ;-!« mar- heure après, le temps s'obscurcit tellement,
chait après celles-ci une dame accoutrée en qu'à vingt lieues autour de la ville on ne
deuil, vêtue d'une longue robe noire qui traî- voyait plus ni ciel ni terre. 11 y eut beaucoup
nait fort longue sur lu terre, laquelle robe de personnes qui moururent; le pauvre monde
était semée de coeurs percés de flèches, de se mil à prier Dieu el. à faire des processions.
larmes et de flammes de salin blanc, el ses Enfin, au bout clé Irois jours, vint un beau
cheveux épars sur ses vêtements; elle tenait temps comme auparavant el un vent le plus
en sa main comme une branche de cèdre, et, cruel que l'on ne saurait voir, qui dura envi-
ainsi vêtue cheminait toule triste; — i" en- ron une heure et demie, et une telle abon-
suite marchaient, six petits enfants couverts dance d'eau , qu'il semblait, qu'on la jetait, à
de longues robes de taffetas vert, tout semé pipes, avec un merveilleux tremblement de
de flammes do satin rouge el de gros flam- terre, tellement, que la ville fondit, compre-
beaux allumés, et leurs tètes couvertes de nant quatorze lieues de long et six de large,
chapeaux de fleurs. — Ceci n'est rien, car il et n'est demeuré qu'un château, un clocher
marchait après une foule de peuples velus de et trois maisons tout au milieu. On les voit en
blanc et de noir qui cheminaient deux à deux, un rondeau de terre assises comme par de-
ayant des hâtons blancs à la main. Au milieu vant; on voit quelques portions des murs de
de la troupe était comme une déesse, velue la ville, et dans le clocher el le château, du
richement, portant une grande couronne de côté d'un village appelé des Guetz, on voit
.
fleurs sur la tèle, les bras retroussés, tenant comme des enseignes el étendards qui pavo-
en sa main une belle branche de cyprès, lenl; et n'y saurait-on aller. Pareillement on
remplie de petits cristaux qui pendaient de ne sait ce que cela signifie, el n'y a homme
tous côtés. À l'entour d'elle il y avait comme qui regarde cela à qui les cheveux ne dres-
des joueurs d'instruments, lesquels toutefois sent sur la tète car c'est, une chose merveil-
,
ne formaient aucune mélodie: A la suite de leuse et, épouvantable. »
VIS — ôliii — VIS
regarda d'un oeil égaré, sans avoir la force
Dissertation sur les visions el les apparitions, de parler. Le docteur lui prit la main et lui
où l'on prouve que les morts peuvent revenir, demanda comment il se trouvait. « Mal, ré-
avec quelques règles pour connaître si ce pondit-il ; je suis perdu ; les diables se prépa-
sont des âmes heureuses ou malheureuses, rent à m'emporler, ils sont dans ma chemi-
par un professeur en théologie. Lyon, 4675. née... » Le docteur, qui était un esprit fort,
Sans être très-crédule, l'auteur de ce petit secoua la lêlé, lâta le pouls el dit grave-
ouvrage admet, les apparitions, et reconnaît ment : « Vos idées sont coagulées ; vous avez
cpie les unes viennent du démon , les autres un lucidum caput , capilaine... —- Cessez -
de Dieu. Mais il en attribue beaucoup à l'ima- votre galimatias , docteur : il n'est plus temps
gination. Il raconte l'histoire d'un malade qui de plaisanter, il y a deux diables ici... —
vil long-temps dans sa chambre un spectre Vos idées sont incohérentes, je vais vous le
habillé en ermite avec une longue barbe, démontrer. Lo diable n'est pas ici ; voire ef-
deux cornes sur la tète et une figure horri- froi est donc... »—Dans ce moment, les ra-
ble. Celle vision, qui épouvantait le malade moneurs, ayant, rempli leur sac, le laissèrent
sans qu'on pût le rassurer, n'était, dit "le pro- tomber au bas de la cheminée et le suivirent
fesseur, que l'effet du cerveau dérangé. 11 bientôt. Leur apparition rendit le docteur
croit que les morts peuvent revenir, à cause- muet; le capilaine se renfonça dans sa cou-
do l'apparition de Samuel; et il dit que les verture, et, se coulant aux pieds de son ht,
âmes du purgatoire ont une figure intéressante se glissa dessous sans bruit, priant les dia-
et se contentent en se montrant de gémir el bles de se contenter d'emporter son ami. Le
de prier, tandis que les mauvais esprits lais- docteur, immobile d'effroi., cherchait à se
sent toujours entrevoir quelque supercherie ressouvenir des prières qu'il avait apprises
et quelque malice. — Terminons les visions dans sa jeunesse ; se tournant vers son ami
par le l'ail suivant, qu'on lit dons divers re- pour lui demander son aide, il fut épouvanté
cueils d'anecdotes : — Un capitaine anglais de ne plus le voir dans son lit. Il aperçut dans
ruiné par des folies de jeunesse, n'avait plus, ce moment mi des ramoneurs qui se chargeait
d'autre asile (pie la maison d'un ancien ami. du sac de suie; il ne douta pas que le capi-
Celui-ci, obligé, d'aller passer quelques mois laine ne fût. clans ce sac. Tremblant de rem-
à la campagne, et ne pouvant y conduire le plir l'autre il ne fil qu'un saut jusqu'à la
,
capitaine parce qu'il élail. malade le confia porte de la chambre et de là au bas de l'es-
, ,
aux soins d'une vieille domestique, qu'il char- calier. Arrivé dans la, rue il se mit à crier
geait de la garde de sa maison quand il de toutes ses forces: « Au ,secours! le diable
s'absentait. La bonne femme vint un malin emporte mon ami ! » — La populace accourt
voir de très-bonne heure son malade, parce à ses cris ; il montre du doigt la maison ; on
qu'elle avait, rêvé qu'il était mort dans la nuit: se précipite en foule vers la porte, mais per-
rassurée en le trouvant dans le même état sonne ne veut entrer le premier... Le docteur,
que la veille, elle le quitta pour aller soigner un peu rassuré par le nombre, excite à un
ses affaires, el oublia de fermer la porte après exemple tout le inonde en particulier, exem-
elle. Les ramoneurs, à Londres, ont. coutume ple qu'il ne donnerait, pas pour toul l'or des
de se glisser dans les maisons qui no sont Indes. Les ramoneurs, en entendant le bruit
point habitées, pour s'emparer de la suie, qu'on faisait dans la rue, posent leur sac
dont ils font un petit commerce. Deux d'entre dans l'escalier, cl, de crainte d'être surpris,
eux avaient su l'absence du maître de la mai- remontent quelques étages. Le capitaine, mal
son, et ils épiaient le moment, de s'introduire à son aise sons son lit, ne voyant plus les
chez lui. Ils virent sortir la vieille, entrèrent diables, so hâte, de, sortir de la maison; sa
dès qu'elle fut éloignée trouvèrent la cham - peur el sa précipitation ne lui permettent pas
,
bre du capitaine ouverte et sans prendre de voir le sac, il le heurte, tombe dessus, se
,
garde à lui grimpèrent tous les deux dans la couvre de suie, se relève el descend avec ra-
cheminée. Le capitaine élail en ce moment pidité; l'effroi de la populace augmente à sa
assis sur son séant. Le jour élail sombre ; la vue: elle recule et lui ouvre un passage; le
vue de deux créatures aussi noires lui causa docteur reconnaît son ami, et se cache dans
une frayeur inexprimable; il retomba dans la foule pour l'éviter. — Enfin un minisire
ses draps, n'osant faire aucun mouvement. qu'on était allé chercher pour conjurer l'esprit,
— Le docteur arriva un instant après; il en- malin parcourt la maison, trouve les ramo-
tra avec sa gravité ordinaire, el appela lo neurs, les force à descendre, et. montre les
capitaine en s'approchant du lit; le malade prétendus diables au. peuple assemblé. Le
reconnut la voix, souleva ses couvertures el docteur cl le capilaine se rendirent enfin à
VOI — 52 0 - VOI
l'évidence; mais le docteur, honteux d'avoir, dame obéit, else trouve bientôt seule, n'ayant
par sa sotie frayeur, démenti le caractère qu'une vieille paillasse, un bocal et un jeu de
d'intrépidité qu'il avait toujours affecté , vou- cartes. Cette dame élail venue dans son équi-
lait rosser ces coquins-, qui, disait-il, avaient page; le cocher, après avoir attendu très-long-
fait une si grande peur à son ami. temps sa maîtresse, se décide enfin à monter,
monte et la trouve au désespoir. La Voisin
Vocératrioes.—Lorsqu'unhomme est mort, disparu bardes; l'avait dé-
avait, avec ses on
en Corse, particulièrement lorsqu'il a été as- pouillée; il lui met son manteau sur les épau-
sassiné, on place son corps sur une table; et les, la reconduit chez elle. La Voisin
les femmes de sa famille, à leur défaut des et —
étrangères favorisa tant d'empoisonnements, el commit
amies ou même des femmes con- tant de vols
improvisent avec le secours de son art, que,
nues par leur talent poétique, la justice l'ayant fait- arrêter, elle fut mise à
devant un auditoire nombreux des complaintes place publique 1.
du mort en
en vers dans le dialecte pays. On nomme
ces femmes voceralrici, ou , suivant la pro- Voiture du Diable. — On vil pendant plu-
nonciation corse, buceratrici, et la complainte sieurs nuits , dans un faubourg de Paris, au
s'appelle vocero, buceru, buceratu, sur la côte commencement du dix-septième siècle-, une
orientale. ; ballala sur la côte opposée. Le mol voilure noire, traînée par des chevaux noirs,
ainsi dérivés vocerar, conduite par un cocher également noir, qui
vocero, que ses voce-
ralrice vient du latin vociferare. Quelque- passait, au galop des chevaux, sans faire le
Ibis plusieurs femmes improvisent tour à lour, moindre bruit. Elle paraissait sortir tous les
et fréquemment la femme ou la fille du mort soirs de la maison d'un seigneur mort depuis
chante elle-même la complainte funèbre 1. peu. Le peuple se persuada que ce ne pou-
vait être que la voilure du diable qui empor-
Voile. •—Chez les Juifs modernes, c'est une tait le corps. On reconnut par la suite que
tradition qu'un voile qu'on se met sur le vi- celle jonglerie était l'ouvrage d'un fripon, qui
sage, empêche que le fantôme ne reconnaisse voulait avoir à bon compte la maison du gen-
celui qui a peur. Mais si Dieu juge qu'il l'ait tilhomme. Il avait attaché des coussins au-
mérité par ses péchés il lui l'ail tomber le tour des roues de la voiture el. sous les pieds
,
masque, afin que l'ombre puisse le voir el le des chevaux,
pour donner à sa promenade
mordre. nocturne l'apparence d'une oeuvre magique.
Voisin ( LA) , — devineresse qui lirait les Voix. •— Boguel assure qu'on reconnaît un
cartes, faisait voir tout ce qu'on voulait dans possédé à la qualité de sa voix : si elle esl
un bocal plein d'eau, et. forçait le diable à pa- sourde el enrouée-, nul doute, dil-il, qu'il ne
raître à sa volonté. Il y avait, un grand con- faille aussitôt procéder aux exorcismes. —
cours de monde chez elle. Un jeune époux , Sous le règne de Tibère, vers le temps de la
remarquant que sa femme sortait, aussitôt mort de Notre Seigneur, le pilote Tliamus
qu'il quittait la maison, résolut de savoir qui côtoyant les îles de la mer Egée, entendit un,
pouvait ainsi la déranger. 11 la suit, donc un soir, aussi bien que tous ceux qui se trouvaient
jour, et là voil entrer dans une sombre allée; sur son vaisseau, une grande voix qui l'ap-
il s'y glisse, l'entend frapper à une porle qui pela plusieurs fois par son nom. Lorsqu'il oui
s'ouvre, et, conlenl de savoir où il peut la sur- répondu, la voix lui commanda de crier, en un
prendre, il regarde par le trou de la serrure, certain lieu, que le grand Pan était mort. A
et entend ces mois : « Allons, il faut vous dés- peine eut-il prononcé ces paroles dans le lieu
habiller ; ne faites pas l'enfant, ma chère désigné, qu'on entendit, de tous côlés, des
amie, hâtons-nous.... » La femme se désha- plaintes el, des gémissements, comme d'une
billait; le mari frappe à la porte à coups re- multitude 2 de personnes affligées par celte
doublés. La Voisin ouvre, et le curieux voil nouvelle. L'empereur Tibère assembla dos

sa femme, une baguette magique à la main , savants pour interpréter ces paroles. On les
prête à évoquer le diable.... — Une autre appliqua à Pan fils de Pénélope, qui vivait
fois, une dame très-riche était venue la trou- plus de mille ans ,
auparavant; mais, selon
ver pour qu'elle lui tirât les cartes. La Voisin, les versions les plus accréditées, il faut en-
qui à sa qualité de sorcière joignait, les talents tendre par le. grand Pan, le maître des dé-
de voleuse, lui persuadé qu'elle fera bien de mons, dont l'empire était détruit par la mort
voir le diable , qui ne lui fera d'ailleurs au- de Jésus-Christ. Les douteurs attribuent aux
cun mal ; la dame y consent. La bohémienne échos les gémissements qui se firent entendre
lui dit d'ôter ses vêtements et ses bijoux. La
1 Les Charlatans célèbres, t. I, p.325,
* Prosper Mérimée, Colomba. - Busèbe, après Plularquç.
VOL — 5: L
— VOL
au pilote Thamus; mais on n'explique pas la Volet (MAME). — Vers l'année 4 691, une
voix. — Cette grande voix, dit le comte de jeune fille delà paroissedePouillat, en Bresse,
Gabahs était produite par les peuples de auprès de Bourg, se prétendit possédée. Elle
l'air, qui, donnaient avis aux peuples des eaux poussait des cris cpie l'on prit pour de l'hé-
que le premier et. le plus âgé des sylphes ve- breu. L'aspect des reliques, l'eau bénite, la
nait de mourir. El, comme il s'ensuivrait de vue d'un prêlre , la faisaient tomber en con-
là que les esprits élémentairesétaient les faux vulsions. Un chanoine de Lyon consulta un
dieux des païens, il confirme celle consé- médecin sur ce qu'il y avait à faire. Le mé--
quence, en ajoutant que les démons sont trop decin visita la possédée: il prétendit qu'elle
malheureux et trop faibles pour avoir jamais avait un levain corrompu dans l'estomac, que
eu le pouvoir de se faire adorer ; mais qu'ils les humeurs cacochymes de la masse du sang
ont pu persuader aux hôtes des éléments de et l'exaltation d'un acide violent sur les autres
se montrer aux hommes, et de se faire dres- parties qui le- composent étaient l'explication
ser des temples; et que, par la domination naturelle de l'étal de maladie de cette fille.
naturelle que chacun d'eux a sur l'élément Marie Volet fut envoyée, aux eaux minérales;
qu'il habile, ils troublaient l'air et la mer, le grand air, la défense de lui parler du diable
ébranlaient la terre, et dispensaient les feux et de l'enfer, el sans doute le retour de quel-
du ciel à leur fantaisie : de sorte qu'ils n'a- que paix dans sa conscience troublée, calmè-
vaient, pas grand'peine à être pris pour des r
rent ses agitations; bientôt elle fut en état de
divinités. — Le comte Arigo bel Missere reprendre ses travaux ordinaires '.
(Henri le bel Missere) mourut vers l'an 1000. Vols ou Voust, — de vultus, figure, effi-
Il avait combattu les Maures qui envahissaient gie. On appelait, ainsi autrefois une image de
la Corse. Une tradition prétend qu'à sa mort cire au moyen de laquelle on se proposait
,
une voix s'entenditdans l'air, qui chantait ces de faire périr ceux qu'on haïssait; ce qui
paroles prophétiques : s'appelait envoûter. La principale formalité
K morto il conte Arigo bel Missere, de l'envoûtement consistait à modeler, soit
M corcica sarà di maie in peggio '.
en cire, soit en argile, l'effigie de ceux à qui
— Clément d'Alexandrieraconte qu'en Perse, on voulait mal; si l'on perçait la figurine,
vers la région des mages, on voyait trois l'envoûté qu'elle représentait élail lésé dans
montagnes-, plantées au milieu d'une largo la partie correspondante do sa personne; si
campagne, distantes également l'une do l'au- on la faisait dessécher ou fondre au l'eu, il
tre. Eti approchant de la première, on enten- dépérissait et ne tardait pas à mourir. —En-
dait, comme des voix confuses de plusieurs guerrand deMarigny fut accusé d'avoir voulu
personnes qui se battaient; près de la se- envoûter Louis X. — L'un des .griefs de Léo-
conde, le bruit élail plus grand ; et, à la troi- nora Galigaï fut qu'elle gardait de peliles fi-
sième, c'étaient,des bruits d'allégresse, comme gures de cire dans de petits cercueils. En
d'un grand nombre de gens qui se réjouis- envoûtant, on prononçait des paroles et on
saient. Le, même auteur dit avoir appris d'an- pratiquait des cérémonies qui ont varié. Ce
ciens historiens que , dans la Grande-Bre- sortilège remonte à une haute antiquité. Pla-
tagne, on entend au pied d'une montagne des ton le mentionne dans ses Lois : — « 11 est
sons de cymbalesel.de cloches qui carillonnen inutile, dit-il, d'entreprendre de prouver à
en mesure. — 11 y a en Afrique, dans cer- certains esprits fortement prévenus qu'ils ne-
taines familles, clés sorcières qui ensorcellen doivent, point s'inquiéter des peliles figures
par la voix et la langue, et font périr les blés de cire qu'on aurait mises ou à leur porte ,
les animaux elles hommes dont elles parlent ou clans les carrefours, ou sur le
tombeau de
même pour en dire du bien. — En Bretagne leurs ancêtres, et de les exhorter à les mé-
le mugissement lointain delà mer,lesifflemen priser , parce qu'ils ont une foi confuse à la
des vents entendu dans la nuit, sont la voi: vérité de ces maléfices. — Celui qui se serf
d'un noyé qui demande un tombeau 2. de charmes, d'enchantements et de tous au-
Voieo, grand président aux enfers ; il ap tres maléfices de cette nature, à dessein de
parait sous la forme, d'un enfant avec des aile nuire par de tels prestiges, s'il est devin.ou
d'ange, monté sur un dragon à deux tètes versé dans l'art d'observer les prodiges, qu'il
il connaît la demeure des planètes et la re meure ! Si, n'ayant aucune connaissance de
traite des serpents ; trente légions lui obéis ces arts, il est convaincu d'avoir usé de ma-
sent 3. léfices, le tribunal décidera ce qu'il doit souf-
frir dans sa personne ou dans ses biens. »
1 Prospcr Mérimée, Colomba. (Traduction de M. Cousin.) — Ce qui est cu-
3 Cambry, "Voyage dans le Finistère.
3 YVierus, in Pseudom. deem. 1 M. Gnriiiet, lîist. de la magie en France, p. 255.
VOL — oVi2 — Y UH
lieux, c'est qu'on a retrouvé la mémo supers- che de coquillages el d'herbes marines, comme
tition chez les naturels du Nouveau-Monde. s'il n'eût pas été nettoyé depuis de longues
Le père Charlevoix raconte que les Illinois années, il s'en détacha une barque, qui sem-
font de petits marmousets pour représenter blait plutôt voler que flotter sur celle mer
ceux dont ils veulent abréger les jours, el orageuse, laquelle ayant bien accosté, il en
qu'ils les percent au coeur. L'oy. ENVOÛ- sortit un homme ayant la barbe longue, lo
TEMENT. teint pâle et les yeux fixes et, creux comme
Volta. —-C'est une ancienne tradition de ceux d'un cadavre; glissant, sur la lisse el
l'Etrurio que les campagnes furent désolées puis sur le pont sans faire le moindre bruit,
par un monstre appelé. Voila. Porsenna fil comme si c'eût été une ombre, il alla se pla-
tomber.la foudre sur lui. Lucius l'ison, l'un cer au pied du mal d'artimon et engagea,
des plus braves auteurs do l'antiquité, assure en pleurant-, les matelots à recevoir un paquet
qu'avant lui Numa avait fait usage du même de lettres qu'il tenait dans sa main osseuse
moyen, el que Tullus lldstilius, l'ayant imité comme celle d'un squelette; ce que le capi-
sans être suffisamment instruit, fut frappé de taine leur fil signe de refuser. J'avais oublié
ladite foudre '. de vous dire, continua ie narrateur en bais-
sant, la voix, tandis que ses auditeurs terrifiés
Voltaire. — L'abbé Fiard , Thomas, el serraient de plus en plus les uns contre les
madame de Staël le mettent au nombre des se
dénions incarnés. . autres, qu'aussitôt que l'épouvantable appa-
rition eut posé les pieds sur le pont, toutes les
Voltigeur hollandais. — Les marins de lumières s'étaient subitement éteintes, même
toutes les nations croient à l'existence d'un celle qui éclairait, la boussole clans l'habitacle,
bâtiment hollandais dont l'équipage est con- et qu'au mémo instant aussi, chose non moins
damné par la justice divine, pour crime de étrange, le navire commença à marchera
pirateries et de cruautés abominables, à errer reculons avec une étonnante rapidité, contre
sur les mers jusqu'à la fin des siècles. On con- le vent el les vagues, tandis que des milliers
sidère sa rencontre comme un funeste pré- de peliles flammes se jouaient dans les cor-
sage. Un écrivain de nos jours a fort bien dages et jetaient une étrange lueur sur les
décrit cette croyance dans une scène mari- visages des matelots frappés de terreur. « Au
lime que nous transcrivons : — « Mon vieux nom de Dieu tout-puissant, je t'ordonne de
m'a souvent raconté, lorsque, tout petit, il quitter mon bord! » s'écria enfin le capilaine
me berçait dans ses bras pour m'accoutumer en s'adressanl au spectre. A peine ces mois
au roulis, et il jurait, que c'était la pure vé- eurent-ils été prononcés qu'un cri long el
rité, qu'étant un jour, ou plutôt une nuit, dans aigu, tel que mille voix humaines ,
n'auraient
les parages du cap de lionne-Espérance, un pu en produire un semblable, domina le bruit
malavisé de mousse jeta par dessus bord de la tempête, qu'un horrible coup de tou-
un chai vivant qu'il avait pris en grippe, el rne rre ébranla le bâtiment.jusqu'à sa quille...»
qu'aussitôt, comme cela ne pouvait manquer Le navire eut le bonheur d'échapper, ce
-—
d'arriver, un affreux coup de vont assaillit le qui est rare. On dit encore que ceux qui ont
navire, lequel, ne pouvant supporter une reçu les lettres que les matelots fantômes du
seule aune do toile fut obligé de fuir à sec navire appelé h Voltigeur hollandais, en-
, ,
devant la bourrasque, avec une vitesse d'au voyaient à leurs parents el amis, ont vu
moins douze noeuds. Ils étaient dans celte qu'elles étaient adressées à des personnes qui
position, lorsque, vers minuit, ils virent tout n'existent plus depuis des siècles.
à coup, à leur grand élonnement, un bâti-
Vroucolacàs OU SSroucoIaques, -— l-OI/.
ment de construction étrangère, courir droit VAMIMBES-.
dans le lit du vent, qui était cependant alors
dans sa plus grande violence. Pendant qu'ils Vue. — 11 y a des sorcières qui luenl par
examinaient ce singulier navire, dont les voiles leur regard, mais, en Ecosse, beaucoup de
,

pendaient en lambeaux et dont les oeuvres femmes ont ce qu'on appelle la seconde vue,
mortes étaient recouvertes d'une épaisse cou- c'est-à-dire le don de prévoir l'avenir et de
,

l'expliquer, el de connaître par une myslé-


1 Pline, liv. n, cliap. 33.
l'ioïKfl inhiilÏAn rpt nui en mtccp nn Inin
WAL — 52IS WAI

W
Wade,-—voy. \.\im. lent
! tout comprendre , dans un monde où nous
Walhalla, — paradis des guerriers chez sommes environnés de tant de choses que
les anciens Scandinaves. Pour y entrer, il (al- nous ne comprenons pas. C'est une hallucina-
lait êlre mort en combattant. On y buvait de tion épidémique que l'exemple cité de l'Écos-
la bière forte dans une coupe qui ne se- vi- sais Patrick Waller, si, en effet, il n'y avait
dait jamais. On y mangeait des biftecks d'un là que, les phénomènes d'une- aurore boréale.
sanglier vivant, qui se prêtait à la chose et — « En l'année 4 686 , aux mois de juin elde
qui était toujours entier. juillet, dit l'honnête Walker, plusieurs per-
sonnages encore vivants peuvent attester que,
"Walkiries, — fées des Scandinaves. Elles près le bac de Crosford. deux milles au des-
ont, comme la mythologie dont elles dépen- sous de Lanark, el particulièrementaux Mains,
dent, un caractère très-sauvage. sur la rivière de la Clyde , une grande foule
"Wall, — grand el puissant duc du sombre de curieux se rassembla plusieurs fois après
empire; il a la forme d'un dromadaire haut midi pour voir une pluie de bonnets, de cha-
et terrible ; s'il prend figure humaine, il parle peaux , do fusils et d'épées; les arbres el lo
égyptien; il connaît le présent, le passé et terrain en étaient couverts : des compagnies
l'avenir; il était de l'ordre des puissances; d'hommes armés marchaient en l'air le long
trente-six légions sont sous ses ordres. de la rivière, se ruaient les unes contre les
autres, et disparaissaient pour faire place à
"Walter. — Jacques 1er, roi d'Ecosse, Tut d'autres bandes aériennes. Je suis allé là (rois
massacré de nuit, dans son lit, par son oncle fois consécutivement dans l'après-midi, et
Waller, que les historiens français ont appelé j'ai observé que les deux tiers des témoins
G-aulliier, et qui voulait monter sur le trône.
avaient vu, el que l'autre tiers n'avait rien
Mais ce traître recul, à Edimbourg, le prix
de son crime; car il fut exposé sur un pilier, vu. Quoique je n'eusse rien vu moi-même,
el là, devant tout le monde on lui mit sur ceux qui voyaient avaient une toile frayeur
la tète une couronne, de fer . qu'on avait l'ail et un tel tremblement, que ceux qui ne
voyaient pas s'en apercevaient bien. Un gen-
rougir dans un grand feu avec celle inscrip- tilhomme, lout près de moi, disait : « Ces
tion : Le roi des traîtres., Un astrologue lui damnés sorciers ont une seconde vue; car le
avait promis qu'il serait couronné publique- diable m'emporte si je vois quelque chose ; »
ment dans une grande assemblée de peuple... el sur-le-champ il s'opéra un changement
"Wulter Scott. — L'illustre romancier a dans sa physionomie. 11 voyait. Plus effrayé
publié sur la Démonologie et les sorciers un que les autres , il s'écria : « Vous tous qui ne
recueil de lettres intéressantes qui expliquent voyez rien, ne dites rien; car je vous assure
cl qui éclaircissenl les particularités mysté- que c'est un fait visible pour lotis ceux qui
rieuses, les croyances et les traditions popu- ne sont pas aveugles. » Ceux qui voyaient ces
laires dont il a fait, usage si' souvent el si choses-là pouvaient décrire les espèces de
heureusementdans ses romans célèbres. Peut- batteries (les fusils leur longueur et leur lar-
,
être les opinions religieuses de l'auteur ont- geur, et la poignée dos épées, les ganses des
elles laissé dans son esprit un peu trop de bonnets etc. » — Ce phénomène singulier,
scepticisme; peut-être est-il trop enclin à ne auquel lu, multitude croit, bien que seulement
voir, dans les matières qui font le sujet de ses les deux tiers eussent, vu peut se comparer,
,
lettres, que les aspects poétiques. 11 est tou- ajoute Waller Scott, à l'action de ce plaisant
tefois agréable de suivre le grand écrivain qui, se posant dans l'attitude de l'étonnement,
dans des recherches aussi piquantes. —Dans les yeuxiixéssur le lion de bronze bien connu
la première lettre, il établit que le dogme qui" orne la façade de l'hôtel de Norlhumber-
incontestable d'une âme immatérielle a suffi land clans le Strand (à Londres), attira l'at-
pour accréditer la croyance aux apparitions. tention de ceux qui le regardaient en disant :
U voit dans la plupart des apparitions de vé- « Par le, ciel, il remue!... il remue de nou-
ritables hallucinations.; il a raison en général. veau ! » el réussit ainsi en peu de minutes à
Mais il ne faut pas faire de cette explication faire obstruer la rue par une foule immense ;
un système, à la manière des esprits qui veu- les uns s'imaginant avoir effectivementaperçu.
YVAL —. 52.'ii — YVAL
le lion de Perc.y remuer la queue ; les autres 1lier effet n'était que la conséquence de sa
attendant pour admirer la même merveille, mauvaise i santé, el ne devait sous aucun autre
— De véritables hallucinations sont enfantées rapport i
être considéré commesujelde frayeur.
par une funeste maladie que diverses causes Au bout d'un certain temps les fantômes pa-
peuvent faire naître. La source la plus fré- rurent moins distincts dans leurs formes, pri-
quente de celle maladie, est dans les habitu- rent des cou leurs moins vives, s'affaiblirentaux
des d'intempérance de ceux qui, par une suite yeux du malade, el finirent par disparaître en-
d'excès de boissons, contractent ce que le tièrement. — Un malade du docteur Gregory
jieuple nomme les diables bleus, sorte de d'Edimbourg, l'ayant fait appeler, lui raconta,
spleen ou désorganisation mentale. Les joyeu- dans les termes suivants, ses singulières souf-
ses illusions que dans les commencements frances : « J'ai l'habitude, dit-il, de dîner à
enfanté l'ivresse s'évanouissent avec le temps, cinq heures, et lorsque six heures précises
et dégénèrent en impressions d'effroi. -— Le arrivent, je suis sujet à une visite fantasti-
fait qui va suivre fut. raconté à l'auteur par que. La porte de la chambre, même lorsque
un ami du patient. Un jeune homme riche, j'ai eu la faiblesse de la verrouiller, ce qui
qui avait mené une vie de nature à compro- m'est arrivé souvent, s'ouvre tout à coup;
mettre à la fois sa santé el sa fortune, se vit une vieille sorcière, semblable à celles qui
obligé de consulter, un médecin. Une (les cho- hantaient, les bruyères de Foires, entre d'un
ses dont il se plaignait le plus, était la pré- air menaçant, s'approche, se jette sur moi,
sence habituelle d'une suite de fantômes ha- mais si brusquement que je ne puis l'éviter,
billés de vert, exécutant dans sa chambre une el alors me donne un violent coup de sa bé-
danse bizarre dont il était forcé de suppoiler quille; je tombe de ma chaise sans connais-
la vue, quoique bien convaincu que lout le sance, et je reste ainsi plus ou moins long-
corps de ballet n'existait que dans son cer- temps. Je suis Ions les jours sous la puissance
veau. Le médecin lui prescrivit un régime; il de celle apparition...» — Le docteur demanda
lui recommanda de se. retirer à la campagne, au malade s'il avait jamais invité quelqu'un
d'y observer une diète calmante, de se lever à être avec lui témoin d'une semblable visite.
de bonne heure, de faire un exercice modelé, Il répondit que non. La nature de spn mal
d'éviter une trop grande fatigue. Le malade élail si particulière, on devait si naturelle-
se conforma à cette prescription el se réta- ment l'imputer à un dérangement mental,
blit. — Un autre exemple d'hallucinations est qu'il lui avait toujours répugné d'en parler à
celui de M. Nicolaï, célèbre libraire de Ber- qui que ce fût. « Si vous le, permettez, dit,
lin. Cet homme ne se bornait pas à vendre le docteur, je dînerai avec vous aujourd'hui
des livres, c'était encore un littérateur; il eut tôle à tète, el nous verrons si voire.méchante
le courage moral d'exposer à la société phi- vieille viendra troubler notre société. Le ma-
losophique de Berlin ie récit de ses souffran- lade accepta avec gratitude. Us dînèrent, et
ces, el d'avouer qu'il était sujet à une suite le docteur, qui supposait, l'existence de quel-
d'illusions fantastiques. Les circonstances de que maladie nerveuse, employa le charme de
ce fait peuvent, être exposées très-brièvement, sa brillante conversation à captiver l'attention
comme elles l'ont élé au public , attestées par de son hôte pour l'empêcher de penser à
les docteurs Eerriar et Hibberl, et autres qui l'heure fatale qu'if avait coutume d'attendre
ont écrit sur la démonologie. Nicolaï fait re- avec terreur. Il réussit d'abord. Six lieures
monter sa maladie à une série de désagré- arrivèrent sans qu'on y fit attention. Mais à
ments qui lui arrivèrent au commencement peine quelques minutes étaient-elles écoulées,
de 4 794. L'affaissement d'esprit occasionné que le monomane s'écria d'une voix troublée :
par ces événements fut encore aggravé, par « Voici la sorcière! » et, se, renversant sur sa
ce fait qu'il négligea l'usage de saignées pé- chaise, il perdit connaissance. Le médecin lui
riodiques auquel il élail accoutumé ; un lel tira un peu de sang, el se convainquit que
état de santé créa en lui la disposition à voir cet accident périodique, dont se plaignait le
des groupes de fantômes qui se mouvaient, et malade, était une tendance à l'apoplexie. —
agissaient devant lui, et quelquefois même Le fantôme à la béquille était simplement une
lui parlaient. Ces fantômes n'offraient rien de sorte de combinaison analogue à celle dont la
désagréable à son imagination., soil par leur fantaisie produit le dérangementappelé éphial-
forme, soit par leurs actions, elle visionnaire le, ou cauchemar, ou toute autre impression ex-
possédait trop de force d'âme pour.ètro saisi térieure exercée sur nos organes pendant le
à leur présence d'un sentiment autre que ce- sommeil. — Un autre exemple encore nie fut
lui de la curiosité, convaincu qu'il était pen- cité, dit Walter Scolt, par le médecin qui avait
dant toute la durée de l'accès, due ce singu- été dans le cas de l'observer, Le maladeétait uo
YVAL ;-2:"i
— YVAL
honorable magistrat, lequel avait conservé qui (
entrait el sortait, sans que je passe dire
entière sa réputation d'intégrité, d'assiduité comment, ( jusqu'à ce qu'enfin la vérité me fût
el de bon sens. — Au moment des visites du démontrée,
i el que je me visse forcé à ne plus
médecin il en élail réduit à garder la cham- 'Ile regarder comme un animal domestique,
.
bre, quelquefois le lit; cependant, de temps à mais bien comme un jeu qui n'avait d'exis-
autre appliqué aux affaires, de manière que tence que dans mes organes visuels en désor-
rien n'indiquait à un observateur superficiel dre ou dans mon imagination déréglée.
,
la moindre altération dans ses facultés mo- Jusque-là je n'avais nullement pour cet.
,
rales; aucun symptôme ne faisait craindre animai l'aversion absolue de ce brave chef
une maladie aiguë ou alarmante ; mais la fai- écossais qu'on a vu passer par les différentes
blesse du pouls, l'absence do l'appétit, le con- couleurs de son plaid lorsque par hasard un
stant affaiblissement des esprits semblaient chat se trouvait dans un appartement avec
prendre leur origine dans une cause cachée lui. Au contraire, je suis ami des chats, et
que le malade était résolu à taire. Le sens je supportais avec tranquillité la présence de
obscur des paroles de cet infortuné la briè- mon visiteur imaginaire, lorsqu'un spectre-
,
veté et la contrainte de ses réponses aux ques- d'une grande importance lui succéda. Ce n'é-
tions du médecin, le déterminèrent à une tait autre chose que l'apparition d'un huissier
sorte d'enquête. 11 eut recours à la famille : de la cour. — Ce personnage, avec la bourse
personne ne devinait la cause du mal. L'état el l'épée, une veste brodée et le chapeau
'des affaires du patient était prospère; aucune sous le bras, se glissait à mes côtés, et, chez
perle n'avait pu lui occasionner un chagrin ; moi ou chez les autres, montait l'escalier de-
aucun désappointementdans ses affections ne vant moi. comme pour m'annoncer dans un
pouvait se supposer à son âge; aucune idée salon puis se mêlait à la société, quoiqu'il
,
de remords ne s'alliait à son caractère. Le fût évident que personne ne remarquât sa
médecin eut. donc recours avec le monomane présence, el que seul je fusse sensible aux
à une explication ; il lui parla de la folio qu'il chimériques honneurs qu'il me voulait ren-
y avait à se vouer à une mort triste el lente, dre. Celle bizarrerie ne produisit pas beau-
plutôt que de dévoiler la douleur qui le mi- coup d'eflêt sur moi ; cependant elle m'alarma
nait. Il insista sur l'alleinle qu'il portail à sa à cause de l'influence qu'elle pouvait avoir
réputation en laissant, soupçonner que son sur mes facultés. Après quelques mois, je n'a-
abattement, pût, provenir d'une cause scanda- perçus plus que le fantôme de l'huissier : il
leuse, peut-être même trop déshonorante pour fut remplacé par un autre, horrible à la vue,
être pénétrée; il lui fit. voir qu'ainsi il légue- puisque ce n'est autre chose que l'image de
rait à sa famille un nom suspect, el terni. Le la mortelle-même, un squeletle. Seul ou en
malade, frappé, exprima le désir de s'expli- compagnie, la présence de ce fantôme ne
quer franchement avec le docteur : et, la m'abandonne jamais. En vain je me suis
porte de la chambre fermée, il entreprit sa répété cent fois que ce n'esl qu'une image
confession en ces termes : — « Vous ne pou- équivoque et l'effet d'un dérangement dans
vez comprendre la nature dénies souffrances, l'organe de ma vue; lorsque je me vois, en
et votre zèle ni votre habileté ne peuvent idée , à la vérité, le compagnon d'un tel fan-
m'apporler de soulagement. La situation où tôme rien n'a de pouvoir contre un pareil
,
je me trouve n'est pourtant pas nouvelle, puis- malheur, et je sens que je dois mourir victi-
qu'on la retrouve dans le célèbre roman de me d'une affection aussi mélancolique, bien
Lesage. Vous vous souvenez sans doute de la que je ne croie pas à la réalité du spectre
maladie dont il y est dit que mourut le duc qui est devant mes yeux. » — Le médecin, af-
d'Olivarès : l'idée qu'il était visité par une fligé fit au malade, alors au lit, plusieurs
,
apparition, à l'existence de laquelle il n'ajou- questions. « Ce squeletle, dit-il, semble donc
tait aucunement foi; mais il en mourut néan- toujours la? — Mon malheureux destin est de
moins, vaincu el terrassé par son imagination. le voir toujours. — Je comprends ; il est à
— Je suis dans la même position; la vision l'instant même présent à votre imagination?
acharnée qui me poursuit est si pénible et si — Il est présenta l'instant même. —Et dans
odieuse, que ma raison ne suffit pas à com- quelle partie de votre chambre le voyez-vous?
battre mon cerveau affecté : bref, je suis vic- les rideaux
— Au pied de. mon lit; lorsque
time d'une maladie imaginaire. »— Le méde- sont entr'ouverls, il se place entre eux, et
cin écoutait avec anxiété. — « Mes visions remplit l'espace vide. — Aurez-vous assez de
,
reprit le malade ont commencé il y a deux courage pour vous lever el. pour vous placer
,
ou trois ans. Je nie trouvais de temps on à l'endroit qui vous semble occupé, afin de
temps troublé par la présence d'un gros chat; vous convaincre de la déception? »— Le pau—
YVAL *- :,2(i — YVAL
vre homme soupira, el secoua la tète d'une iression profonde de ce que, un jour qu'il
manière négative. « Eh bien! dit le docteur, mvrail les portes de son collège, il entendit
nous ferons l'expérience une autre fois. » Alors la voix de sa mère, à plusieurs milles de dis-
il quilla sa chaise aux côtés du lit; et se pla- lance, l'appeler par son nom; el il paraît,
çant entre les deux rideaux enlr'ouverls, in- surpris de ce qu'aucun événement de quelque
diqués comme la place occupée par le fantô- importance n'ait suivi cet avertissement. « Le
me, il demanda si le spectre était encore, fait que voici fera connaître encore par quels
visible. •— « Non entièrement., dit le malade, incidents futiles l'oreille humaine peut être
parce que votre personne est entre lui el moi ; abusée. L'auteur de ce livre marchait, dans
mais j'aperçois sa tôle par-dessus vos épau- un lieu solitaire et sauvage, avec un jeune
les. »— Le docteur tressaillit un moment, homme frappé de surdité, lorsqu'il entendit,
malgré sa philosophie, à une réponse qui af- ce qu'il crut être les aboiements d'une meule,
firmait, d'une manière si précise, que le spec- répétés par intervalles : c'était dans la saison
tre le louchait de si près. 11 recourut à d'uu- de l'été, ce qui, après une courte réflexion ,
,lres moyens d'investigation, mais sans succès. persuada à l'auditeur que ce ne pouvait être
Le malade tomba dans un marasme encore le bruit d'une chasse; cependant ses oreilles
plus profond; il en mourut, et son histoire lui reproduisaient continuellement, les mêmes
laissa un douloureux exemple du pouvoir que sons. 11 rappela ses chiens, dont deux ou
le moral a sur le physique lors même que trois le suivaient; ils s'approchèrent parfai-
,
les terreurs fantastiques ne parviennent pas tement-tranquilles, el ne paraissant évidem-
à absorber l'intelligence de la personne qu'elles ment point frappés des sons qui attiraient
tourmentent. — Citons encore, comme fait l'attention de l'auteur, au point qu'il ne put
attribué à l'hallucination, la célèbre appari- s'empêcher de dire à son compagnon : « J'é-
tion de Mauperluis à un de ses confrères, prouve en ce moment un double chagrin de
professeur de Berlin. — Elle est. décrite dans votre infirmité ; car elle vous empêche d'en-
les Actes de la Société royale de Berlin , et se tendre le cri du chasseur sauvage. «Comme
trouve rapportée par M. Thiébaul dans ses ce jeune homme faisait usage d'un cornet
Souvenirs de Fridéric-le-Grund. Il est.essen- acoustique, il l'ajusta taudis que je-lui par-
tiel de prévenir que M. Gledilch, à qui elle lais, et, clans ce mouvement, je vis la cause
est arrivée, était un botaniste distingué, pro- du phénomène. Ces aboiements n'existant pas,
fesseur de philosophie naturelle, el regardé c'était simplement le sifflement de l'air dans
comme un homme d'un caractère sérieux, l'instrument dont se servait, le jeune homme ,
simple et. tranquille. — Peu de temps après mais qui, pour la première fois, produisait
la mort, de Mauperluis, M. Gledilch, obligé cet effet à mon oreille. » •— Les autres sens
de traverser la salle dans laquelle l'académie trompent aussi, mais dans le sommeil ou
tenait ses séances , ayant quelques arrange- dans la folie. — Dans la deuxième lettre,
ments à faire dans le cabinet d'histoire natu- Waller Scott s'arrête à la tradition du péché
relle, qui était de son ressort, aperçut en originel ; il y trouve l'origine de l'histoire des
entrant dans la salle l'ombre de M. de Mau- communications de l'homme avec les esprits.
perluis debout el fixe dans le premier angle 11 reconnaît que les sorciers et magiciens,
,
à main gauche, et ses yeux braqués sur lui. condamnés par la loi de Moïse, méritaient la
11 était trois heures de l'après-midi; le pro- morl, comme imposteurs, comme empoison-
fesseur de philosophie en savait trop sur sa neurs, comme apostats, el remarque avec
physique pour supposer que son président, raison qu'on ne voyait pas chez les juifs et
morl à Bàle dans la famille de Bernoulli, chez les anciens, dans ce qu'on appelait un
serait revenu à Berlin on personne. II ne re- magicien ou un devin, ce que nous voyons
garda la chose que comme une illusion pro- dans les sorciers du moyen âge, sur lesquels,
venant d'un dérangement de ses organes. 11 au reste, nous ne sommes encore qu'à demi
continua de s'occuper de ses affaires, sans éclairés. Au moyen âge, on croyait très-
s'arrêter plus long-temps à cet objel. Mais il généralement que les Sarrasins, dans leurs
raconta cette vision à ses confrères, les assu- guerres, étaient, comme insignes sorciers,
rant qu'il avait vu une figure aussi bien for- assistés par le diable. L'auteur rapporte un
mée el aussi parfaite que M. de Mauperluis exemple que voici, tiré du roman de Richard
lui-même pourrait lo présenter. — Après avoir Coeur~de-Lion : — Le fameux Saladin, y est-
iiionlré par ces récits les illusions que l'a vue il dil, avait envoyé une ambassade au roi
peut causer, l'auteur s'occupe des déceptions Richard, avec un jeune cheval qu'il lui offrait
que produit quelquefois l'organe de l'ouïe. comme un vaillant destrier. Il défiait en même,
Le docteur Johnson conserva, dit-il, une im- temps Coeùr-de-Lion à un combat singulier
VVAL — o27 — YVAL

en présence des deux armées, dans le but de lui-même,


h que nos ancêtres désignaient par
décider tout d'un coup sur leurs prétentions un u nom qui ne pût, offenser ce terrible habi-
à la Palestine et sur la question théologique tant des régions du désespoir. Cet abus de-
11

desavoir quel était le vrai Dieu ou le Dieu vint \ si général que l'Église publia à ce sujet
,
des chrétiens, ou Jupiter, divinité des Sarra- une
i ordonnance qui le traite d'usage impie et
sins. Mais ce semblant de défi chevaleresque scandaleux. s El, il existe encore plusieurs per-
cachait une perfidie dans laquelle l'esprit ma- sonnes s qui ont été habituées à regarder avec
lin jouail un rôle. Un prêtre sarrasin avait effroi ( tout, lieu inculte, dans l'idée que, lors-
conjuré deux démons dans le corps d'une ju- qu'on t y voudra porter la charrue, les esprits
ment et de son poulain, leur donnant pour qui l'habitent manifesterontleur colère. Nous-
<
instruction que, chaque fois que la jument, mêmes nous connaissons beaucoup d'endroits
i
hennirait, le poulain, qui. était d'une taille voués à la stérilité par une superstition po-
peu commune, devrait s'agenouiller pour leter pulaire dans le pays de Galles , en Irlande el
sa mère. Le poulain maléficié fui envoyé au en Ecosse. — Nixas ou Nicksa, dieu d'une ri-
roi Richard, dans l'espoir qu'il obéirait, au vière ou de l'Océan adoré sur les bords de
signal accoutumé, et- que le Soudan, monté la Baltique, paraît ,incontestablement avoir
sur la mère, aurait ainsi l'avantage.— Mais tous les attributs de Neptune. Parmi les vents
le monarque anglais fut averti par un songe brumeux el les épouvantables tempêtes de ces
du piège qu'on lui tendait, et, avant le combat sombres contrées, ce n'est pas sans raison
le poulain fut exorcisé, avec ordre de rester qu'on l'a choisi comme la puissance la plus
docile à la voix de son cavalier durant le choc. contraire à l'homme, et le caractère surna-
L'animal endiablé promit soumission en bais- turel qu'on lui a attribué est parvenu jusqu'à
sant la tète ; et cette promesse n'inspirant pas nous sous deux aspects bien différents. LaNixa
assez de confiance, on lui boucha encore les des Germains est une de ces aimables fées,
oreilles avec de la cire. Ces précautions pri- nommées Naïades par les anciens; le vieux
ses, Richard, armé de toutes pièces, courut Nick (lo diable en Angleterre) esl un véritable
à la rencontre de Saladin, qui, se confiant descendanldudieu delà merduNord,elpossède
dans son stratagème, l'attendit de pied ferme. une grande portion de sa puissance. Le matelot
La cavale hennit de manière à faire trembler anglais, qui semble ne rien craindre, avoue la
la terre à plusieurs milles à la ronde; mais le terreur que lui inspire cet êlre redoutable ,
poulain ou démon, que la cire empêchait d'en- qu'il regarde comme l'auteur des différentes
tendre le signal, n'y put obéir. Saladin désar- calamités auxquelles sa vie précaire est con-
çonné n'échappa que difficilement à la mort, el tinuellement en butte. •— Le Bhar-Guest ou
son armée fut taillée en pièces par les chrétiens. Bhar-Geist, appelé aussi Dobie, dans le comté
— La troisième lettre esl consacrée à l'élude d'York , spectre local qui , sous différentes
de la démonologie et, des sorciers chez les Ro- formes, honte 'un endroit particulier,, esl une
mains, chez les Celtes et chez les différents divinité qui, ainsi que l'indique son nom
,.
peuples du Nord. Les superstitions des an- nous vient des anciens Teutons; et s'il esl vrai
ciens Celtes subsistent encore en divers lieux, que quelques familles portant le nom de Do-
.
dit l'auteur, et les campagnards les observent bie ont un fantôme ou spectre passant dans
sans songer à leur origine. Vers 4760, lorsque leurs armoiries, ce fait démontre pleinement
M. Peimant entreprit son voyage, la cérémo- que, quoique le mol soit devenu un nom pro-
nie de Baallein ou Beltane, ou du 4" de mai, pre, son origine ne s'est pas perdue. — On
était strictement observée, quoique avec va- trouve dans l'Eyrbiggia Saga l'histoire cu-
riations, dans les différentes parties des mon- rieuse d'une lutte entre deux sorcières du
tagnes. Le gâteau cuit au four avec des céré- nord. L'une d'elles, Geirada, était résolue à
monies particulièresétait partagé en plusieurs faire mourir Oddo, le fils de l'autre, nommée
portions offertes aux oiseaux ou bêtes de Kalta, qui, dans une dispute, avait coupé
proie, afin que ces animaux, ou plutôt les une main à sa bru. Ceux qui devaient tuer
i
êtres dont ils n'étaient que les agents, épar- Oddo partirent et revinrent déconcertés par
gnassent les troupeaux. — Une autre coutume l'habileté de sa mère. Ils avaient rencontré
i
du même genre a long-temps fleuri en Ecosse. seulement, dirent-ils, Kalta filant du lin à une
Dans plusieurs paroisses,, on laissait une por- grande quenouille. « Fous, leur dit Geirada,
tion de terrain, qu'on nommait le dos de Gu- cette quenouille était l'homme que vous cher-
ditman, sans le labourer ni le cultiver. Per- chiez. » Ils retournèrent saisirent la que—
,
sonne ne doutait que le clos du bonhomme e nouille et la brûlèrent. Mais alors la sorcière
(Gudemanj ne fût consacré à quelque espritt avait caché son fils sous la forme d'un che-
malfaisant. En effet, c'était la portion de Satann vreau apprivoisé. Une troisième fois elle lui
AVAL r>2s AVAL

donna la figure d'un porc grattant, dans les tout l le bruit d'un combat à morl entre deux,
cendres. Les meurtriers revinrent à la charge champions furieux. A l'aide d'une corde, un
(

encore, ils entrèrent pour la quatrième fois, jeune j guerrier fut descendu dans le sépulcre.
s'emparèrent de l'objet, de leur animosilé el le Mais au moment où il y entra, un aulre in-
mirent à morl. — Les Norwégiens, imbus de dividu, se précipitant, prit sa place dans le
sombres superstitions, croyaient que quelque- noeud coulant ; et lorsque la corde fui retirée,
fois lorsque l'âme abandonnait le corps, elle au lieu de leur camarade, les soldais virent
était sur-le-champ remplacée par un démon Asmund , celui des deux frères d'armes qui
qui saisissait l'occasion d'occuper son dernier s'était enterré vivant. Il parut un glaive nu
séjour. Le récit suivant est. fondé sur celle à la main, son armure à moitié arrachée, lo
supposition. Saxo-Grammaticusparle de deux côté gauche de son visage déchiré comme
princes norses qui avaient formé entre eux par les griffes de quelque bêle féroce. 11 n'eut
une fraternité d'âmes, s'engageant à se se- pas plutôt revu la clarté du jour que, saisi
courir et à s'aider dans toutes les aventures d'enthousiasme, il entreprit un long récit, en
où ils se trouveraient jelés pendant leur vie, vers, contenant l'histoire de ses combats dans
et se promettant, par le serment le plus so- la tombe pendant les cent, ans qui s'étaient
lennel qu'après la mort de l'un d'eux, l'autre écoulés. Il conta qu'à peine le sépulcre fermé,
descendrait vivant dans la tombe de son frère le morl Assueit s'était levé de terre, animé
d'armes el se ferait, enfermer à ses côtés. 11 par quelque goule affamée, et qu'ayant com-
fut donné à Asmnnd d'accomplir ce serment mencé par mettre en pièces, pour les dévorer,
terrible. Assueit, son compagnon, ayant été les chevaux ensevelis avec lui, il s'était jeté
lue dans une bataille, la tombe, d'après les sur son compagnon pour le traiter de la même
usages du Nord , fui creusée clans ce qu'ils manière. Le héros, loin de se laisser abattre,
nommaient l'Age des Montagnes, c'est-à-dire saisit ses armes el se défendit vaillamment,
en un endroit exposé à la vue et que l'on cou- contre Assueit, ou plutôt contre le méchant
ronnait d'un tertre. On construisit une épaisse génie qui s'était emparé de son corps. Il sou-
voûle; dans ce monument sépulcral furent tint un combat surnaturel qui dura tout un
déposés les armes, les trophées, peut-être le siècle; il venait d'obtenir la victoire en ter-
sang des victimes, les coursiers ries cham- rassant son ennemi et lui enfonçant un pieu
pions; ces cérémonies accomplies, le corps dans le corps ce qui l'avait réduit à cette
d'Assueit fut. placé dans sa dernière demeure, immobilité qui, convient aux habitants des
et son dévoué frère d'armes entra el s'assit à tombeaux. Après avoir ainsi chanté ses ex-
côté du cadavre, sans témoigner, par un mol ploits, le fantastique guerrier tomba mort. Le
ou par un regard, la moindre hésitation à corps d'Assueit l'ut retiré de la tombe, brûlé,
remplir son engagement.. Les guerriers lé- el ses cendres jetées au vent, ; celui de son
moins de ce singulier enterrement d'un vivant, vainqueur fut déposé dans ce même lieu où
avec un-mort roulèrent une large pierre, sur l'on espérait que son sommeil ne serait plus
l'ouverture de la tombe ; puis, entassant de la troublé. Ces précautions prises contre une se-
terre et des pierres sur l'endroit, ils bâtirent conde résurrection d'Assueit nous rappellent
une élévation , visible à grande distance, el, celles qu'on adoptait dans les îles grecques et
après de bruyantes lamentations sur la perle dans les provinces turques contre les vam-
de ces vaillants chefs, ils se dispersèrent. pires. Elles indiquent aussi l'origine d'une
Bien des années se passèrent; un siècle ancienne loi anglaise contre le suicide, qui

même s'était écoulé, lorsqu'un noble suédois, ordonnait d'enfoncer un pieu à travers le corps
engagé dans une périlleuse aventure et suivi du mort, pour le garder d'une manière plus
d'une troupe vaillante, arriva dans la vallée sûre dans sa tombe. — Les peuples du Nord
qui prend son nom de la tombe des frères reconnaissaient'encore une espèce de reve-
d'armes. Le fait lui fut raconté, el le chef nants qui, lorsqu'ils s'emparaient d'un édifice
résolut d'ouvrir le tombeau, soil parce qu'il ou du droit de le fréquenter, ne se défen-
voyait là une action héroïque, soil pour s'em- daient pas contre les hommes d'après le prin-
parer des armes el surtout des ôpées avec; cipe chevaleresque du duel, ainsi que fil
lesquelles s'étaient accomplies de grandes ac- Assueit, ni ne se rendaient aux prières des
tions. Les soldats se mirent à l'oeuvre ; ils prêtres ou aux charmes des sorciers, mais
i

eurent bientôt écarté la terre el les pierres et; devenaient fort traitables à la menace d'une
rendu l'entrée d'un accès facile. Mais les plus; procédure légale. L'Eyrbiggia-Saga nous ap-
vaillants reculèrent lorsqu'au lieu du silencei prend cpie la maison d'un respectable pro-
des tombeaux ils entendirent des cris horri- priétaire en Islande se trouva, peu après que
bles, un choc d'épées, un cliquetis d'armes el l'île fut habitée, exposée à une infeslation de
AVAL ~ 520) — YVAL
Les duergars n'étaient originairement
cellenature. Vers lccommcncemenlde l'hiver, Celles. C
il se manifesta, au sein d'une famille nom- qque les naturels, diminués de taille, des na-
breuse, une maladie contagieuse qui, em- tions I. laponne, finlandaise et islandaise, qui,
portant quelques individus de lout âge, sembla ffuyant devant les armes conquérantes des
menacer tous les outres d'une mort précoce. Asoe, *
cherchèrent les régions les plus recu-
Le trépas de ces malades eut le singulier ré- 1lées du Nord , et s'efforcèrent d'échapper à
sullat de faire rôder leurs ombres autour de 1leurs ennemis de l'Orient. On a supposé que
la maison, en terrifiant les vivants qui en ces ( pauvres gens jouissaient, en compensation
sortaient. Comme le nombre des morts dans do < leur taille inférieure, d'une puissance sur-
celle famille surpassa bientôt celui des vi— naturelle i ; ils obtinrent ainsi le caractère des
vanls, les esprits résolurent d'entrer dans la esprits c
allemands appelés kobolds, desquels
maison eldeniontrerleurs formes vaporeuses sont :
évidemment dérivés les gobelins anglais
el. leur affreuse physionomie jusque clans la el les bogies écossais. Les kobolds, espèce de
chambre où se faisait le feu pour l'usage gé- gnomes qui habitaient les lieux noirs el soli-
néral des habitants, chambre qui pendant taires, se montraient souvent dans les mines,
l'hiver en Islande est la seule où puisse se où ils semblaient imiter les travaux des mi-
réunir une famille. Les survivants effrayés se neurs, el prendre plaisir à les tromper. Par-
retirèrent à l'autre extrémité de la maison el fois ils élaienl méchants, surtout si on les
abandonnèrentla place aux fantômes. •— Des négligeait ou si on les insultait; mais parfois
plaintes furent portées au pontife du dieu aussi ils étaient bienveillants. Quand un mi-
Thor, qui jouissait d'une influence considé- neur découvrait une riche veine, on concluait,
rable dans l'île. Par son conseil, le proprié- non pas qu'il eût plus d'habileté ou de bon-
taire de la maison hantée assembla un jury heur que ses compagnons, mais que les esprits
composé, de ses voisins, constitué en forme, de la mine l'avaient dirigé. L'occupation ap-
comme pour juger en matière civile, et cita parente de ces gnomes souterrains ou démons
individuellement les divers fantômes et res- conduisit naturellement à identifier le Finlan-
semblances des membres morts de la famille, dais ou le Lapon avec le kobold; mais ce
pour qu'ils eussent à prouver en vertu de quel fut un plus grand effort d'imagination qui
droit ils disputaient à lui el à ses serviteurs confondit celte race solitaire et sombre avec
la paisible possession de sa propriété, et l'esprit joyeux qui correspond à la fée. —
quelle raison ils pouvaient avoir de venir Suivant la vieille croyance norse, ces nains
ainsi troubler et déranger les vivants. Les forment la machine ordinaire des Sagas du
mânes parurent dans l'ordre où ils étaient Nord. Dans les Niebelungen, un des plus vieux
appelés; après avoir murmuré quelques re- romans de l'Allemagne, compilé, à ce qu'il
grets d'abandonner leur toit, ils s'évanouirent semblerait, peu après l'époque d'Attila, Théo-
aux yeux des jurés étonnés. Un jugement fut doric de Berne ou do Vérone figure parmi
donc rendu par défaut contre les esprits ; et un cercle de champions, qu'il préside. Entra
l'épreuve par jury, dont nous trouvons ici l'o- autres vaincus célèbres domptés par lui, esl,
rigine obtint un triomphe inconnu à quel- TElf-roi ou Nain-Laurin , dont la demeura
,
ques-uns de ces grands écrivains, qui en ont était dans un jardin de rosiers enchantés, et,
l'ail le sujet d'une eulogie. — La quatrième: qui avait, pour gardes-clu-corps des géants. 11
et la cinquième lettre sont consacrées aux fut pour Théodoric et ses chevaliers un formi-
fées. Nous continuerons d'en présenter desi dable antagoniste ; mais comme il essaya
extraits.,— Les classiques, dit l'illustre au- d'obtenir la victoire par trahison, il fut, après
tour, n'ont pas oublié d'enrôler dans leur sa défaite, condamné à remplir l'office des-
mythologie une certaine espèce de divinités; honorant de bouffon ou jongleur à la cour de
inférieures, ressemblant par leurs habitudes; Vérone. — Celte possession d'une sagesse
aux fées modernes. — Le docteur Leyden , surnaturelle est encore imputée par les na-
qui a épuisé sur les fées, comme sur beaucoup3 turels des îles Orcades et Shetland aux êtres
d'autres sujets, les trésors de son érudition , appelés droics , mol qui est une corruption do
a trouvé la première idée des êtres connuss duergar ou divarf : ces êtres peuvent, sous
sous le nom de Fées clans les opinions dess beaucoup d'autres rapports, être identifiés
peuples du Nord concernant les duergars ouj avec les fées calédoniennes. Les Irlandais, les
nains. Ces nains étaient pourtant, il faut l'a- Gallois, les Gacls ou Ilighhmders écossais,
vouer, des esprits d'une nature plus gros-- toutes tribus d'origine celtique, assignaient
sière, d'une vocation plus laborieuse, d'unn aux hommes de paix, aux bons voisins, ou
caractère plus méchant, que les fées propre- de quelque autre nom qu'ils appelassent les
ment dites qui étaient de l'invenlion des
,
s pygmôes champêtres, des,habitudes plusso-
34
AVAL 53(1I AVAL
— — j

ciales ei un genre de vie beaucoup plus gai ligne de la course. D'autres, qui faisaient une '
que ces rudes et nombreux .travaux des duer- action illégale, ou s'abandonnaient à quelque
gars sauvages. Leurs dves n'évitaient pas la passion invétérée, s'exposaient aussi à aller
société des hommes, quoiqu'ils se conduisis- habiter la fameuse île. Celte croyance existait
sent envers ceux qui entraient en relations en Irlande. Glanville, dans sa Dix-huitième
avec eux d'une manière si capricieuse qu'il Mêlai ion, parle du sommelier d'un gentil-
était dangereux de leur déplaire. — Les oc- homme, voisin du comte d'Orrery, qu'on
cupations les bienfaits, les amusements des envoya acheter des caries. En traversant les
,
fées ressemblaient eu tout à ces êtres aériens. plaines, il vit une table entourée de gens qui
Leur gouvernement fut toujours représenté semblaient festoyer et faire bonne chère. Ils
comme monarchique. Un roi, plus fréquem- se levèrent pour le saluer et l'invitèrent à
ment une reine des fées, étaient reconnus, et partager leur repas; mais une voix amie de
parfois tenaient ensemble leur cour. Leur la bande lui murmura à l'oreille : « Ne failes
luxe leur pompe leur magnificence dépas- rien de ce qu'on vous dira dans cette compa-
, ,
saient tout ce que l'imagination pouvait con- gnie. » En conséquence, i! refusa de prendre
cevoir. Dans leurs cérémonies , ils se pava- part à la réjouissance; la table s'évanouit
naient sur des coursiers splendides. Les fau- aussitôt,, el toute la société se mit à danser et
cons et les chiens qu'ils employaient à la à jouer de divers instruments ; il ne voulut
chasse étaient de la première espèce. A leurs pas davantage participer à leur musique. On
banquets de tous les jours, la table était servie, le laissa pour le moment ; mais, en dépil des
avec une opulence que les rois les plus puis- efforts de milord Orrery, en dépil de deux
sants ne pouvaient égaler ; leurs salles de évêques anglicans, en dépil de M. Gréalrix,
danse retentissaient de la plus exquise mu- ce fut tout ce qu'on put faire que d'empêcher
sique. Mais vue par l'oeil d'un prophète, l'illu- le sommelier d'être emmené par les fées qui
sion s'évanouissait; les jeunes chevaliers et le regardaient comme leur proie. Elles l'en-
les jolies dames ne semblaient plus que clés levèrent, en Piiir quelques instants. Le spectre,
rustres ridés et de hideuses souillons. Leurs qui d'abord l'avait conseillé, continua à le
pièces d'argent se changeaient en ardoise, visiter, el lui découvrit qu'il élail l'âme d'une
leur brillante vaisselle eu corbeilles d'osier de ses connaissances morte depuis sept ans.
bizarrement tressées, et leurs mets, qui ne re- « Vous savez, ajoufa-l-il, que j'ai mené une
cevaient aucune saveur du sel (le sel leur vie désordonnée ; depuis j'ai toujours été bal-
étant défendu parce qu'il est l'emblème de lotté de bas en haut el de haut en bas, sans
l'éternité ), devenaient, insipides et sans goût; jamais avoir de repos dans In compagnie où
les magnifiques salons se transformaient en vous m'avez vu ; j'y resterai jusqu'au jour du
misérables cavernes humides; toutes ces dé- jugement. » Il déclara en outre que si le som-
lices de l'Elysée des fées s'anéantissaient en melier avait reconnu Dieu dans toutes ses oeu-
même temps. — Une hostilité sérieuse était, vres, il n'aurait pas tant souffert du pouvoir
supposait-on, constamment pratiquée par les des fées. 11 lui rappela qu'il n'avait pas prié
fées contre les mortels : elle consistait à en- Dieu le malin où il avait rencontré la troupe
lever leurs enfants et à les élever comme s'ils dans la plaine-, et que môme il allait remplir
appartenaient à leur race Les enfants non une commission coupable. — On prétend que
baptisés étaient principalement exposés à ce lord Orrery a confirmé toute celte histoire,
malheur; mais les adultes pouvaient aussi assurant même qu'il avait vu le sommelier
être arrachés à la terre, s'ils avaient commis soutenu en l'air par les êlres invisibles qui
quelque action qui les soumît au pouvoir de voulaient, l'enlever. Seulement il ne disait rien
ces esprits, et, par exemple, pour nous servir de cette circonstance, qui semble appeler ac-
de la phrase légale, s'ils avaient été pris sur tion illégitime l'achat d'un jeu de cartes. —
le fait. S'endormir sur une montagne dépen- -La raison assignée à cel usage de voler des
dante du royaume des fées, où il se trouvait enfants, si habituellement pratiqué par lès
que leur cour fût pour le moment tenue, était •fées, venait, dit-on, de ce qu'elles étaient
un moyen facile d'obtenir un passe-port pour obligées de payer aux régions infernales un
Elfland c'est-à-dire l'île des fées: heureux tribut annuel de leur population, tribut dont
,
encore coupable, si les fées dans leur cour- elles lâchaient de se défrayer en livrant, au
le
roux se contenlaienl en pareille occasion de prince de ces régions les enfants de la race
le transporter à travers les airs dans une ville humaine plutôt que les leurs. De ce fait on
éloignée d'une quarantaine de milles, et de doit conclure qu'elles avaient elles-mêmes
laisser peut-être son chapeau ou son bonnet des descendants, comme le soutiennent plu-
sur quelque clocher, pour marquer la droite sieurs autorités, et particulièrement M. Kirkè,
AVAL
— 5S;I — AVAL
ministred'Aberfoyle. 1! ajoute, il o.-t vrai, futaies qui ont occasionné In chute de l'homme.
qu'après une certaine durée de vie, ces esprits H s'aperçoit aussi que sa conductrice ii'éloii,
sont sujets fi la loi universelle de la morta- pas plus tôt entrée dans ce mystérieuxjardin,
lité; opinion qui cependant a été controversée. n'en avait pas plus lot respiré l'air magique,
-—Rapportons maintenant les aventures mer- qu'elle avait repris sa beauté, son riche équi-
veilleuses de Thomas d'Erceldoune, l'une des page et loule sa splendeur; qu'elle était aussi
plus vieilles légendes de fées que l'on con- belle, et même plus belle, que lorsqu'il l'avait
naisse. Thomas d'Erceldoune dans le Lau- vue pour la première fois sur la montagne.
,
derdale, surnommé le Rimeur, parce qu'il Elle se met alors à lui expliquer là nature du
avait composé un roman poétique sur Tris- pays. « Ce chemin à droite, dit-elle, mène
trem et Yseult, roman curieux comme l'échan- les esprits des justes au Paradis; -ctel autre à
tillon de vers anglais le plus ancien qu'on gauche, si bien battu, conduit les âmes pé-
sache exister, florissail sous le règne d'A- cheresses au lieu de leur éternel châtiment ;
lexandre III d'Ecosse. Ainsi que d'autres la troisiènie route, par le noir souterrain-,
hommes de talent à celle époque. Thomas fut 'aboutit à un séjour de souffrancesplus douces,
soupçonné de magie. On disait aussi qu'il d'où les prières pieu vent retirer les pécheurs.
avait le don de prophétiser, on va voir pour- Mais voyez-vous encore une- quatrième voie
quoi. Un jour qu'il était couché sur la colline qui serpente dans la plaine autour de ce châ-
appelée Huniley; dans les montagnes d'Eildon, teau? C'est la roule d'EHland, dont je suis la
qui dominent le monastère de Melrose, il vit reine ; c'est aussi celle que nous allons suivre
une femme merveilleusement,belle; son équi- maintenant. Quand nous entrerons dans ce
pement était celui d'une amazone ou d'une château, observez le plus strict silence, ne
divinité des bois; son coursier élail delà plus répondez à aucune (les questions qui vous
grande beau lé, à sa crinièreétaient suspend ues seront adressées ; j'expliquerai votre mutisme
trente-neuf sonnet les d'argent que le vent en disant que je vous ai retiré lé don de la
faisait, retentir; la selle était d'os royal, c'est- parole en vous arrachant au monde des hu-
à-dire d'ivoire, ornée d'orfèvrerie; tout cor- mains. » —Après ces instructions, ils se di-
respondait, à la magnificence de col. équipe- rigèrent vers le château ; en entrant dans la
ment. La chasseresse avait un arc en main et. cuisine, ils se trouvèrent au milieu d'une
des flèches à sa ceinture. Elle conduisaitlrois scène qui n'eût pas été mal placée Clans la
lévriers en laisse, el trois bassets la suivaient demeure d'un grand seigneur ou d'un prince.
de près. Elle rejeta l'hommage féodal que Trente cerfs étaient étendus sur là lourde
Thomas voulut, lui rendre, en disant qu'elle table de cuisine, el de nombreux cuisiniers
n'y avait aucun droit. Thomas, éperdumenl travaillaient à les découper el à lès apprêter.
épris, lui proposa alors do l'épouser. La dame Ils passèrent, ensuite dans le salon royal; des
lui répondit qu'il ne pouvait être son époux chevaliers et des dames dansant par trois,
,
sans devenir son esclave; et comme il accep- occupaient le milieu, Thomas, oubliant ses
tait, l'extérieur de la belle inconnue se changea fatigues, prit part, aux amusements. Après un
aussitôt en celui de la.plus hideuse sorcière : espace de temps qui lui sembla fort Court, là
tout un côté de son visage était flétri el comme reine le tenant à l'écart lui ordonna de se
attaqué de paralysie; son teint., naguère si préparer à retourner dans sbn pays. « Main-
brillant, était maintenant de la; couleur bruiie tenant, ajoula-t elle combien croyez-vous
,
du plomb. Toute affreuse qu'elle était, la pas- être resté de temps ici? —
Assurément., belle
sion de Thomas l'avait mis sous sa puissance, dame, répondit. Thomas, pas plus de sèpl
et quand elle lui ordonna de prendre congé jours. — Vous êtes dans l'erreur, répondit-
du soleil et des feuilles qui poussent sur les elle: vous y èles demeuré sept ans, et il est
arbres, il se sentit contraint de lui obéir. Ils bien temps que vous en sortiez. Sachez,
pénétrèrent dans une caverne où il voyagea Thomas, que le diable de l'enfer viendra de-
trois jours au milieu de l'obscurité, tantôt main demander son tribut, et un homme
entendant le mugissement d'une mer loin- comme vous attirera ses regards; C'est pour-
taine, tantôt marchant à travers des ruisseaux quoi lovons-nous et partons. » Cette terrible
de sang qui coupaient la roule souterraine. nouvelle réconcilia Thomas avec l'idée de so'n
Enfin il revit la lumière du jour, et arriva départ hors de la terré des fées; la reine iïé
dans un beau verger. Epuisé, faute de nour- fut pas longue à le replacer sur la colline
riture, il avance la main vers les fruits ma- d'Hunlley, où chantaient les oiseaux. Elle lui
gnifiques qui pendent de loule part autour de- fit ses adieux; et, pour lui assurer une répu-
lui; inàis sa conductrice lui défend d'y tou- tation le gratifia de la langue qui ne peut
cher, lui apprenant que ce. sont les pommes mentir., Thomas, dès lors, toutes les fois que
34.
AVAL filVil AVAL
— —
la conversation roulait sur l'avenir, acquit divinations ( et. aux opérations de sorcellerie.
Elisabeth ou Bessie
une réputation de prophète, car il ne pouvait — Le 8 novembre 4576,
rien dire qui ne dûl infailliblement arriver, Dunlop, I épouse d'André Jack, demeurant à
et s'il eût été législateur au lieu d'èire poète, Lyne, 1 au comté d'Ayr, fut accusée de magie,
nous avions ici l'histoire de Numa el d'Égérie. de ( sorcellerie el. de déception pratiquées sur
— Thomas demeura plusieurs années daiis sa les gens du peuple. Ses réponses aux inter-
1

tour près d'Erceldoune, el il jouissait Iran- rogatoires.des


i juges furent curieuses. Comme
quillement de la réputation que lui avaient, on lui demandait par quel art elle pouvait
i

faite ses prédictions, dont plusieurs sont en- dire ou se trouvaient certains objets perdus,
core aujourd'hui retenues par les gens de la ou prophétiser l'issue d'une maladie , elle ré-
campagne. Un jour qu'il traitait clans sa pliqua que par elle-même elle n'avait ni con-
maison le comte de Mardi, un cri d'élonne- naissance ni science aucune sur de telles
menl s'éleva dans le village à l'apparition d'un matières, mais qu'elle avait l'habitude de
cerf et d'une biche qui sortirent de la forêt, s'adresser à un certain Thome Reid , morl à
et, contrairement à leur nature timide, conti- la bataille de Pinkie (le 4 0 septembre 4 547),
nuèrent tranquillement leur chemin en se di- qui lui résolvait toutes les questions qu'elle
rigeant vers la demeure de Thomas. Le pro- lui faisait. Elle décrivait ce personnage com-
phète quitta aussitôt la table; voyant dans ce me un homme respectable, à barbe grise,
prodige un avertissement de son destin il portant un justaucorps gris avec d'amples
,
reconduisit le cerf el la biche dans la forêt, manches, suivant la vieille mode; une culotte
el depuis, quoiqu'il ail été revu accidentelle- grise , des bas blancs attachés autour des ge-
ment par des individus auxquels il voulait noux , un bonnet noir, fermé par derrière el
bien se montrer, il a rompu toute, liaison avec ouvert par devant, un bâton blanc à la main,
l'espèce humaine... — On a supposé de temps complétaient sa mise. Interrogée sur sa pre-
en temps que Thomas d'Erceldoune, durant mière entrevue avec ce mystérieux Thome
sa retraite, s'occupait à lever- des troupes pour Reid, elle fit un exposé (les malheurs qui
descendre dans les plaines, à quelque instant l'avaienl portée à se servir de lui. Elle con-
critique pour le sort de son pays. On a sou- duisait ses vaches au pâturage, gémissant
vent répété l'histoire d'un audacieux jockey , sur son mari etson fils malades, tandis qu'elle-
lequel vendit un cheval à un vieillard très- même n'était pas bien portante, attendu
vénérable d'extérieur, qui lui indiqua dans qu'elle relevait de couches. Elle rencontra
les montagnes d'Eildon Lucken-Uare, comme alors Thome Reid pour la première fois : il
l'endroit où, à minuit sonnant, il recevrait son la salua. — « Bessie-, lui dit-il, comment pou-
prix. Le marchand y alla son argent lui fut vez-vous tant vous désoler pour les choses
,
payé en pièces antiques, et l'acheteur l'invita de ce monde? •— N'ai-je pas raison do
à visiter sa résidence. Il suivit avec élonne- m'affliger, répondit-elle, puisque nos biens
ment plusieurs longues rangées de stalles, dépérissent, que mon mari est sur le point de
dans chacune desquelles un cheval se tenait mourir, que mon nouveau-né ne vivra point,
immobile, tandis qu'un soldat armé de loules et que je suis moi-môme encore si faible?
pièces était couché aussi sans mouvement, — Bessie, répliqua l'esprit, vous avez dé-
,
aux pieds de chaque noble animal. « Tous ces plu à Dieu en lui demandant une chose que
,
hommes, dit le sorcier à voix basse, s'éveil- vous n'auriez pas dû demander, et je vous
leront à la bataille de Sheriffmoor. » A l'ex- conseille do réparer votre faute. Je vous le
trémité étaient suspendus une épée et un cor dis, votre enfant mourra avant que vous ne
que le prophète montra au jockey comme soyez rentrée à la maison ; vos deux brebis
renfermant les moyens de rompre le charme. mourront aussi, mais votre mari recouvrera la
Le jockey prit le cor et essaya d'en donner. santé et sera aussi robuste que jamais. » La
Les chevaux tressaillirent aussitôt dans leurs bonne femme se consola un peu en apprenant
stalles ; les soldats se levèrent et firent re- que son mari serait du moins épargné ; mais
tentir leurs armes, et le mortel épouvanté elle fut Irès-alarmée en voyant l'homme sur-
laissa échapper le cor de ses mains. Une voix naturel qui l'avait accostée passer devant elle
forte prononça ces mots : « Malheur au lâche et disparaître par un petit trou dans le mur
qui ne saisit pas le glaive avanl d'enfler le de l'enclos. Une autre fois, elle le rencontra
cor. » Un tourbillon de vent chassa le mar- à-l'Epine de Dawmstarnik , et il lui offrit l'a-
chand de chevaux de la caverne, dont il ne bondance de tous les biens, si elle abjurait
put jamais retrouver l'entrée.,.. le christianisme et la foi de son baptême. Elle
Voici une autre histoire qui montrera la répondit qu'elle aimerait mieux être traînée
part que les fées ont prise quelquefois aux à quatre chevaux que d'en rien faire, mais
AVAL — 53S —
1 AVAL
qu'elle se conformerait à ses avis sur des ponses faites en cas d'objets volés étaient
points moins importants. Il la quitta avec dé- pleines d'adresse, el quoiqu'elles servissent
plaisir. Bientôt après il apparut vers l'heure rarement à faire rentrer les gens dans leurs
de midi dans sa maison, où se trouvaient alors biens elles donnaientgénéralement de bon-
,
son mari et trois matelots. Ni André Jack ni nes raisons. Ainsi le manteau de Hugues Scott
les trois matelots ne remarquèrent la présence ne put être rattrapé, parce que les voleurs
du fantôme tué à Pinkie ; de sorte que, sans avaient eu le temps d'en faire un justaucorps.
être aperçu d'eux, il emmena Bessie près du James Jamieson et James Baird eussent re-
four. Là il lui montra une réunion de huit trouvé leurs charrues de fer qu'on leur avait
femmes et de quatre hommes. Les femmes volées, sans la volonté du deslin qui décida
,
enveloppées dans leurs manteaux, avaient que William Douga!, officier du shériff, un
bonne mine. Ces étrangers la saluèrent et di- de ceux qui faisaient des perquisitions, re-
rent : « Bonjour, Bessie, veux-tu venir avec cevrait un présent de trois livres pour ne pas
nous? » Elle garda le silence, comme Thome les retrouver. Bref, quoiqu'elle eùl perdu un
Reid le lui avait recommandé. Elle vit leurs cordon que Thome Reid lui avait donné, et.
lèvres remuer, mais elle ne comprit pas ce qui, attaché autour du cou des femmes en
qu'ils disaient, el peu après ils s'éloignèrent mal d'enfant, avail le pouvoir de mener leur
avec le bruit d'une tempête. Thome lui expli- délivrance à bien, la profession de sage-
qua que c'étaient les fées delà cour d'Elfland femme qu'elle exerçait semble avoir prospéré
qui venaient l'inviter à y aller avec elle. Bes- jusqu'à l'heure où elle attira sur elle le mau-
sie répliqua qu'avant de prendre ce parti elle vais oeil de la lui. — Interrogée plus minu-
avait besoin de réfléchir. Thome repartit : tieusement au sujet de son familier, elle dé-
« Ne vois-tu pas que je suis bien nourri, bien clara ne l'avoir jamais connu pendant qu'il
vêtu, et que j'ai bonne tournure? » Puis il était en ce monde ; mais elle savait de science
l'assura qu'elle jouirait d'une aisance plus certaine que, durant sa vie sur la terre,
grande que jamais. Mais elle déclara qu'elle Thome lleiri avail élé officier du laird de
élail à son mari el à ses enfants, et qu'elle ne Blair, el qu'il était mort à Pinkie. Il l'en-
voulait pas les quitter. — Quoiqu'ils fussent voyait chez son (ils qui lui avait succédé dans
ainsi en désaccord le fantôme continua ce- sa charge et chez d'autres de ses parents, à
,
pendant à la voir fréquemment el à l'aider de qui il ordonnait de réparer certaines fautes
ses conseils; lorsqu'on la consultait sur les qu'il avail commises sa vie durant; et dans
maladies des hommes ou des animaux, sur ces occasions il lui remettait toujours des si-
la manière de recouvrer des objets perdus ou gnes auxquels on le reconnaissait. Une de
volés, elle élail, en prenant l'avis do Thome ces commissions était assez remarquable.
Reid, toujours capable, de répondre aux ques- Bessie était chargée de rappeler à un voisin
tions. Elle disait que Thome lui avait, de sa certaines particularités qui devaient lui reve-
propre main, remis les herbes dont elle s'é- nir dans la mémoire, lorsqu'elle lui dirait que
tait servie pour guérir les enfants de John Thome Reid el lui étaient partis ensemble
Jack el de Wilson de Townhead. Elle avail pour la bataille du samedi noir ; que l'individu
aussi secouru efficacement une femme de à qui s'adressait le message inclinait pour
chambre de la jeune lady Stanlie, dont la prendre une direction différente, mais que
maladie était « un sang chaud qui se portait Thome Reid l'avait menacé de poursuivre sa
sur le coeur, » cl qui lui causait des évanouis- route seul; qu'il l'avait mené à l'église de
sements fréquents. En cette circonstance, Dalry ; que là il avait acheté des figues, et
Thome composa un remède puissant : c'était qu'il lui en avait fait cadeau en les attachant
(le, l'aie qu'il avail fail brouillir avec des épi- dans son mouchoir; qu'après cela ils étaient,
ces et un peu de sucre blanc, le tout devant allés do compagnie au champ où se livra
être bu chaque malin à jeun. Pour celle or- la bataille du falal samedi noir, comme on
donnance les honoraires de Bessie Dunlop appela long-temps la bataille de Pinkie. —
furent une, mesure de farine et un morceau Quant aux habitudes de Thome, elle disait
de fromage. La jeune femme se rétablit. Mais qu'il se conduisait toujours avec la plus stricte
la pauvre vieille lady Kîlbowie ne put guérir décence, sinon quand il la pressait de venir
sa jambe qui était torse depuis longues an- à Elfland avec lui, et qu'il la prenait par son
nées, car Thome "Reid dit que la moelle dé l'os tablier pour l'entraîner. Elle disait encore
avait péri et que le sang s'était glacé. Ces opi- l'avoir vu dans des lieux publics, dans le ci-
nions indiquent du moins de la prudence et du metière de Dalry et dans les rues d'Edim-
bon sens, quenouslesaltribuionsàThomeReid bourg, où il se promenait, prenant les mar-
ou à l'accusée dont il était le patron. Les ré- chandises exposées en vente sans que per-
AVAL
— Ô3hi — AVAL
sonne s'en aperçût. Elle ne lui parlait pas bans I
,
selon l'usage. Comme il avail. aimé sa
alors, car il avail défendu de l'accoster en première] femme, il est probable que le pro-
pareilles occasions, à moins qu'il n'adressât jet, j d'un changement capital dans sa situation
le premier la parole. Interrogée pourquoi cet reportai ses souvenirs sur le temps do leur
être incompréhensible s'était attaché à elle union, i el lui rappela les bruits extraordinai-
plutôt qu'à d'autres, l'accusée répondit qu'un :res qui avaient couru à l'époque de sa. morl;
jour qu'elle était couchée dans sou lit, prèle tout, cela lui valut le rêve extraordinaire que
à donner naissance à un de ses enfants, une voici. Étant couché dans son lit sans dormir,
grande femme était entrée dons sa cabane, à ce qu'il lui semblait, il vit, à l'heure de
s'était assise, sur lo bord de son lit, et, sur minuit, si favorable aux apparitions, la ligure,
sa demande qu'on lui avait donné à boire. d'une femme habillée de blanc, qui entra
Cette visite avail précédé la rencontre do clans sa maison, se plaça à côté de son lit,,
Thome Reid près du jardin de Montcaslle; et lui sembla l'image de sa défunte épouse.
car ce digne- personnage lui avait expliqué 11 la conjura de parler : quel fui son élonne-
que la grande visiteuse était la reine des menl de lui entendre dire qu'elle n'était pas
fées, et que depuis lui-même l'avait servie morte, niais retenue contre son gré prison-
par ordre exprès de cette dame, sa reine et nière par les mauvais esprits! Elle ajouta que,
maîtresse. Thome apparaissait devant Bessie si l'amour qu'il avait eu jadis pour elle n'é-
après trois sommations ; son commerce avec tait pas éteint, il lui restait un moyen de la
elle dura près de quatre ans. Il la priait sou- rappeler-ou de la regagner, comme on disait
vent de ven'r avec lui lorsqu'il s'en retour- alors, de l'affreux royaume des fées. A un
nait à Elfland; et quand elle le refusait, il certain jour qu'eile désigna, il devait ras-
secouait la tète en disant qu'elle s'en repen- sembler les plus respectables femmes de la
tirait..— Bessie Dunlop déclara encore qu'un ville, et. aller avec elles, le pasteur en tète,
jour, allant mettre son bidet aux ceps près déterrer le cercueil dans lequel on la suppo-
du lac Resialrig, à la porte orientale d'Edim- sait enterrée. « Lo pasteur, dit encore l'appa-
bourg elle entendit passer un corps de ca- rition récitera certaines prières; alors je
valerie, qui faisait un tapage horrible, que m'élancerai ,
du cercueil, et je fuirai avec une
ce tapage s'éloigna et parut, se perdre dans exlrème légèreté autour de l'église; vous au-
le lac avec d'affreux, retentissements. Pendant rez soin d'avoir avec vous le plus agile cou-
tout le vacaime elle ne vil rien ; mais Thome reur de- la paroisse (elle, indiqua un homme
lui dit que le. tapage était produit, par une renommé pour sa vitesse) ; il nie poursuivra,
cavalcade des fées. — L'intervention de et un autre, le forgeron (connu pour sa force),
Thome Reid, comme associé clans son métier me saisira aussitôt que le premier m'aura
de sorcière, ne servit de rien à la pauvre Bessie atteinte : par ce moyen je reprendrai ma
,
Dunlop. Les terribles mots écrits sur la marge place dans la société des hommes. » — Le len-
de l'arrêt « Convaincue el. brûlée » indiquent demain mutin le souvenir de ce rêve attrista
suffisamment la lin tragique de l'héroïne de le pauvre veuf: mais, troublé par ses scru-
celte curieuse histoire. — Nous en finirons pules, il ne fît rien, La nuit suivante, la vi-
avec les fées par ce dernier récit. — Un lis- sion reparut, ce qui n'est pas étonnant. La
sera.nd de Rerwick élail. marié à une femme troisième nuit, elle se montra encore avec un
qui, après avoir mis au monde trois enfants visage sombre el irrité; elle lui reprocha son
mourut en couche du quatrième, clans do, manque do tendresse; elle le conjura.pour la
grandes convulsions. Comme elle élail extrê- dernière fois de se conformer à ses instruc-
mement défigurée après sa mort, les commè- tions, ajoutant que, s'il les négligeait, elle
res, crurent que, par suite de quelque négli- n'aurait plus le pouvoir de revenir sur la terre
gence de la pari de ceux qui avaient gardé et de s'entretenir avec lui. — Le mari épou-
:
la malade, elfe avait élé emportée par les vanté alla faire confidence de son embarras à
;
fées^ et que. ce cadavre défiguré avail été son pasteur. Ce révérend personnage plein
:
,
substitué à sa place. Le veuf donna, peu d'at- de sagacité, n'essaya pas de révoquer en
tention à ces propos ; après avoir pleuré sat. doute la réalité de la vision qui troublait son
femme pendant l'année de deuil, il commençai paroissien ; mais il prélendit que ce n'était
à, regarder comme prudent dé.former un, se- qu'une illusion produite par le diable. 11 ex-
cond, mariage. Il ne larda pas à trouver uneî pliqua au pauvre mari, qu'aucun être, créé
voisine dont la bonne mine, lui plut, tandis3 n'avait la puissance.de retenir captive une
que son heureux caractère semblait, promet- âme chrétienne; il le conjura de croire que
tre qu'elle traiterait bien les enfants de soni sa femme ne pouvait être que dans la situa-
mari. 11 se proposa fut agréé fit publier les3 lion où Dieu l.'ava.if placée;.il lui fit compren-
.. ,
AVIli 3.") 5 AYOL
— —'
dre i[ue, comme, membre de l'église cl Ecosse, nonarchie de Satan (Pseudomonarchia Dat-
il ne pouvait autoriser l'ouverture d'un cer- nonum), où nous avons trouvé de bonnes dé-
cueil, ni employer dès prières dans des pra- signations sur presque lous les esprits de té-
tiques d'un caractère superslilieux. Le bon- nèbres cités dans ce Dictionnaire.
homme confondu, demanda à son pasteur ce •Wilis. -^— Dans quelques contrées de l'Ai—
,
qu'il devait faire. « Je vous conseillerai de emagne, toute fiancée qui meurt avant le
mon mieux, répondit celui-ci. Obtenez le con- mariage, « pour peu que de son vivant elle ait
sentement de votre fiancée pour vous marier un peu trop aimé la danse, devient après sa
demain, ou aujourd'hui si vous pouvez; .je mort une ivili, c'est-à-dire un fanlôme blanc
prendrai sur moi de vous dispenser du reste el diaphane', qui s'abandonne chaque nuit à
des bans, ou d'en faire trois publications en la danse d'outre<-tombé.-Celle danse des
un jour. Vous aurez une nouvelle femme ; morts ne ressemble en rien à la danse ter-
vous ne vous rappellerez plus la première, restre ; elle est calme, grave, silencieuse. Lo
dont la mort vous a séparé. L'avis fui suivi, pied effleure à peine la fleur chargée de ro-
cl le pauvre mari n'eut plus d'autres visites sée; la lune éclaire de son pâle rayon ces
de sa première épouse. — La sixième lettre ébats solennels; tant que la nuit est au cie
traite principalement des esprits familiers-, el sur la terre, la ronde poursuit son chemin
dont le plus illustre était le célèbre Puck ou dans les bois, sur les montagnes, sur le bord
Robin Croodfell'ovv, qui, chez les sylphes des lacs bleus. Avez-vous rencontré, à la fin
,
jouait en quelque sorte le rôle de fou ou de d'une pénible journée de voyage, quand vous
bouffon rie la compagnie. Ses plaisanteries allez au hasard loin des chemins tracés, ces
étaient du comique à la Ibis le plus simple et flammes isolées qui s'en vont çà et là à travers
le plus saugrenu : égarer un paysan qui se les joncs clos marécages? Malheureux voya-
rendait chez lui, prendre la forme d'un siège, geur, prenez garde ! ce sont les wilis qui dan-
afin de faire tomber une vieille commère sur senl; c'est- la rondo infernale qui vous pro-
son derrière, lorsqu'elle croyait s'asseoir sur voque de ses fascinations puissantes. Prenez
une chaise, étaient ses principales jouissan- garde, n'allez pas plus loin, ou vous êtes
ces. S'il se prêtait à faire quelque travail perdu. Les wilis, ajoute Jules Janin, que nous
pour les gens de la maison pendant leur copions ici, sautent jusqu'à l'extinction com-
sommeil, c'était à condition qu'on lui donne- plète de leur partner mortel. »
rail un déjeuner délicat. — La septième, la
liuiiièiWe et lu neuvième lettres s'occupentdes Wiulre-.eroz (GlJIM.AU-Yllî) , — SOl'Ciei' Cil
Son fils, âgé
sorciers el de la sorcellerie. Nous n'en repro- Franche-Comté vers l'an 4 600.
été au sab-
duirons rien, non plus que de la dernière, de douze ans, lui reprocha d'avoir indigné
consacrée aux devins el aux revenants, tout bat et do l'y avoir mené. Le père
s'écria: «Tu nous perds lous deux !...» Il pro-
ce dictionnaire étant parsemé à ce sujet de sabbat. Néan-
faits et de documents qui suffisent au lecteur testa qu'il n'avait jamais été au
curieux. moins on prononça son arrêt, parce qu'il y
avait cinq personnes qui le chargeaient; que
Wattler (PiEiuui). — Il a publié au riix- d'ailleurs sa mère avait, été suspecte, ainsi
sep'lième siècle la Doctrine el interprétation que son frère, el que beaucoup de méfaits
des songes comme traduite de l'arabe de avaient été commis par lui. Comme il fut dé-
,
Gabilbrrhaman fils de Nosar ; irt-42 Paris montré que l'enfant, ne participait pas à la
. , ,
!6()4. sorcellerie, il fut élargi 1.
"ssrierus (JEAN) — célèbre démonograplie "Woden, — dieu suprême des anciens Ger-
,
brabançon, élève d'Agrippa, qu'il a défendu mains, le môme qu'Odin. On laissait dans les
dans ses écrits. On lui doit, les cinq, livres des moissons (les épis pour ses chevaux , et dans
Prestiges des Démons , traduits en français les bois dû gibier pour sa chasse. Les cher-
sous ce titre : Cinq livres de l'imposture el cheurs oui trouvé rpicvWoderi v dont les races
tromperie des diables , des enchantements et germaniques on! fait Gori en se convertissant
sorcelleries, pris du latin de Jean Wier, mé- au christianisme,, a de l'analogie avec le
decin du duc de Clèves, et faits français par Boudha des Indiens 2.
Jacques Grevin, de Clermont. Paris,, in-8°, Woloty, — monstres épouvantables qui,
4 569. L'ouvrage de Wierus est plein de cré- selon le récit de Lomonosoff, étaient chez les
dulité, d'idées bizarres, de contes populaires, Slavons comme les géants chez les Grecs.
d'imaginations, et riche de connaissances. —
C'est ce même écrivain qui.a publié un traité 1 M. Gaiinel, Hisl. ,-le la îr.ii^Uîen France, p. lCvl.
a Ynyo7. M. Ozanain, Rcchcrchfis ré!nhliss::irie»t
curieux des larmes el l'inventaire de la fausse thr L-lnibtianisrrc (.!! AVcmannc. sur
XEI\ — 53 6 — XYL
Woodward. — Un médecin empirique mise à une analyse chimique. Le docteur
.lames Woodward, surnommé le docteur noir, noir, sans autre indication, répondait au ma-
a cause de son teint, est mort en 4 844 à lade qu'il était attaqué ou menacé de phthi-
Cincinnati, laissant une fortune considérable. sie, de péripneumonie, de goutte, de rhuma-
On a été surpris de trouver chez lui, dans tisme, etc., et il faisait ses prescriptions en
une grande armoire vitrée, une immense conséquence. Quand il rencontrait juste, on
quantité de peliles fioles de diverses dimen- était émerveillé de sa science profonde, el
sions, les unes pleines et les autres vides, et Ton demandait une consultation nouvelle
portant sur leurs étiquettes les noms et de- payée plus cher que la première. Les regis-,
meures de personnages habitant les différents. tres du docteur oui constaté qu'il avait ré-
Etats de l'Union. Il y en avait aussi du Ca- pondu avec les plus grands détails à un grand
nada, des Antilles el du Mexique. Voici quel nombre de ses malades sans prendre la peine
en élail l'usage : le docteur noir se vantail d'analyser leurs émanations., car les fioles
de découvrir le diagnostic de toutes les ma- étaient encore hermétiquement fermées.
ladies par des émanations des consultants, à
quelque distance qu'ils fussent de lui. Le ma- Wortigem, — roi d'Angleterre. Toi/.
lade devait tremper son doigt pendant une MERLIN.
heure dans une fiole remplie de l'eau la plus Wulscm de la Colombière (MARC). — On
pure, el, lui envoyer ensuite celle fiole soi- lui doit le Palais des Curieux, où , entre au-
gneusement bouchée. L'eau, se trouvant ainsi tres sujets, il esl question des songes, avec un
imprégnée des sueurs du malade, élail sou- traité de la physionomie. Orléans, 4 060.

Xaphan, —démon du second ordre. Quand homme lui apparut et, lui dit: «J'ai déjà dé-
Satan el ses anges se révoltèrent contre Dieu, claré au roi ce qu'il doit craindre, s'il ne se
Xapban se joignit, aux mécontents el il en halo d'obéir à mes ordres ; cesse donc do
,
lut bien reçu, car il avail l'esprit inventif. Il l'opposer à ce qui esl arrêté par les destins. ».
proposa aux rebelles de mettre lo feu dans — En même temps il sembla à Artaban que
le ciel ; mais il fut, précipité avec les aulres le fantôme voulait lui brûler les yeux avec
au fond de l'abîme, où il est continuellement un for ardenl; il se jota à bas du lit, ra-
occupé à souffler la braise des fourneaux avec conta à Xerxès ce qu'il venait rie voir et d'en-
sa bouche et ses mains. tendre, et se rangea de son avis, bien per-
Xerxès. — Ayant cédé aux remontrances suadé que les dieux destinaient la victoire
de son oncle Artaban qui le dissuadait de aux Perses; mais les suites funestes de celle
,
porter la guerre en Grèce, il vit dans son guerre démentirent les promesses du fantôme.
sommeil un jeune homme d'une beauté ex- Xeibeth, — démon des prodiges imagi-
traordinaire qui lui dit : Tu renonces donc, naires, des coules merveilleux el du men-
au projet de faire la guerre aux Grecs, après songe. 11 serait impossible de compter ses
avoir mis les armées on campagne?... Crois- disciples.
moi, reprends au plus tôt cette expédition, ou xitragupten. — Les Indiens appellent
tu seras dans peu aussi bas que tu le vois ainsi le secrétaire du dieu des enfers, qui est
élevé aujourd'hui. — Celte vision se répéta la chargé de tenir un registre exact des actions
nuit suivante. — Le roi étonné envoya cher- de, chaque homme pendant sa vie. Lorsqu'un
cher Artaban lo fit revêtir de ses ornements défunt est présenté au tribunal du juge infer-
,
royaux, en lui contant la double apparition nal, le secrétaire lui met en main le mémoire
qui l'inquiétait, et lui ordonna de se coucher qui contient toute la vie de cet homme ; c'est
dans son lit, pour éprouver s'il ne se laissait sur ce mémoire que le dieu dés enfers règle
point abuser par l'illusion d'un songe. Arta- son arrêt.
ban, quoiqu'il craignît d'offenser les dieux en Xylomancie, — divination par le bois. On
les niellant ainsi à l'épreuve, fil ce que le roi la pratiquait particulièrement en Esclavonie.
voulut, et lorsqu'il fui endormi, le jeune C'était Tari de tirer des présages de ia posi-
YEU — 537 — YFF
lion des morceaux de bois sec qu'on trouvait foyer, sur la manière dont elles brûlaient,
dans son chemin On faisait aussi des conjec- etc. C'est peut-être un reste de cette divina-
toires non moins certaines pour les choses à lion qui fait dire aux bonnes gens, lorsqu'un
venir sur l'arrangement des bûches dans le tison se dérange, qu'ils vont, avoir une visite.

^"an-Gant-'X'-Xan, — espèce de démon dans ce sens, ce qu'ils appellentle mauvais oeil.


qui porte dans la nuit cinq chandelles sur les Parmi leurs superstitions les plus vulgaires,
cinq doigts, el les tourne avec la rapidité d'un celle qui attribue au regard de certaines per-
dévidoir ; superstition des habitants du Fi- sonnes la faculté de produire de fâcheux ef-
nistère. fets, est la plus généralementrépandue. Da-
"Saga-Baba , — monstre décrit dans les lyell raconte qu'il y a peu d'années, un do-
vieux conles russes sous les traits d'une mestique de sa famille étant morl de la pe-
femme horrible à voir, d'une grandeur déme- tile vérole, la mère de ce dernier soutint
surée, do la forme d'un squeletle, avec des qu'il avail péri victime d'un mauvais oeil. 11
pieds décharnés, tenant en main une massue ajoute que maintenant encore il existe une
de fer, avec laquelle elle fuit rouler la ma- femme dans les plaines dont le regard, au
chine qui la porte (espèce de vélocipède). Elle dire de ses voisins, suffit pour aigrir le lait,
parait remplir l'emploi do Bellone ou de quel- rendre les chèvres stériles et quelquefois
que autre divinité infernale. même pour faire périr les troupeaux : une
Ven-Vang, — roi de l'enfer chez les Chi- cheville de fer rouillée peut seule détourner
nois. 11 exerce des châtiments terribles sur le maléfice. — Dans le Péloponèse, à peine
ceux qui n'ont, rien à lui offrir. le nouveau-né a-l-il vu le jour, que la sage-
femme le couvre d'un voile et. lui étend sur
"Seux. — Boguol assure que les sorcières le front un peu de boue prise au fond d'un
ont deux prunelles dans un oeil. Les sorcières
illyriemies avaient la même singularité dans vase où l'eau a long-temps séjourné. Elle es-
les deux yeux. Elles ensorcelaient mortelle- père ainsi éloigner de lui l'esprit malin, au-
ment ceux qu'elles regardaient, et tuaient trement dit mauvais oeil, dont les Grecques
croient voir partout la mauvaise influence.
ceux qu'elles fixaient long-temps. — 11 y
avail dans le Ponl des sorcières qui avaient — Un soldai, dans l'expédition du maré-
deux prunelles dans un oeil el la ligure d'un chal Maison, faisait des sauts de force,
cheval dans l'autre. 11 y avait en Italie des mangeait des éloupes et rendait de la fumée
sorcières qui, d'un seul regard, mangeaient par la. bouche. On le prit pour le mauvais
oeil ou esprit malin 1. On a prétendu que l'on
le coeur des hommes cl le dedans des con-
combres.... — On redoute beaucoup, dans devenait aveugle lorsqu'on regardait le basi-
quelques contrées de l'Espagne, certains en- lic. Koy. ce mot. — A Plouédern, près de
chanteurs qui empoisonnent par les yeux. Un Landorneau, dans la Bretagne, si l'oeil gau-
Espagnol avait l'oeil si malin qu'en regar- cho d'un morl ne se ferme pas, un des
,
dant fixement les fenêtres d'une maison, il en plus proches parents est menacé de cesser
cassait toutes les vitres. Un autre même d'être 2.
,
sans y songer, tuait lous ceux sur qui sa vue SfETrote, — roi de Gothie- el de Suède, qui
s'arrêtait. Le roi, qui en fut informé, fit venir mourut sur le bord de la mer où il se prome-
cet enchanteur el lui ordonna de regarder nait, frappé des cornes d'une vache que l'on
quelques criminels condamnés au dernier
pense cire certainement une sorcière conver-
supplice. L'empoisonneur obéit, et les crimi- tie en icelle, laquelle se voulait venger de
nels expiraient à mesure qu'il les fixait. — cette manière de ce roi pour quelque tort
Un troisième faisait assembler dans un champ qu'elle avait reçu de lui 3.
toutes les poules des environs, et sitôt qu'il
avait fixé celle qu'on lui désignait, elle n'était
Mangeai-t, Souvenirs de 3;L Morévï, 1830.
plus 1. — Les Écossais redoutent beaucoup, 1

Cambry, Voyage flans le lMnistère, t. II, p. 170,


'•
1 Voyage deDumonl, liv. ni. 6 Toiquémada, Hexameron, n. 423,
Z,U> 538 Z1T

Zabulon, — démon qui possédait une soeur Zariatnatmik , •— personnage inconnu ,


laie de Loudun. Voy. GIUNDIBR. mais très-puissant. Ko;/. VKHGE.
Zacoum, — arbre de l'enfer des mahomé- Kazarraguan, — enfer des îles Mariannes,
lans, dont les fruits sont des tètes de diables. où sont logés ceux qui meurent de mort vio-
grand des enfers. la lente, tandis que ceux qui meurent .naturelle-
Zaebos, — comte 11 a
ligure d'un beau soldat monté sur un croco- ment vont jouir des fruits délicieux du paradis.
dile ; sa tête est ornée d'une couronne ducale ; Zédéchias. — Quoiqu'on fût crédule sous
il est doux de caractère. le règne de Pépin-lc-Bref, on refusait de
des êtres élémentaires.
Zagam, — grand roi et président de l'en- croire à l'existence
fer, qui a l'apparence d'un taureau aux ailes Le cabalisle Zédccliias se mit dans l'esprit
de griffon. 11 change l'eau en vin, le sang en d'en convaincre le monde; il commanda donc
huile, l'insensé en homme sage, le plomb en aux sylphes de se montrer à tous les mortels.
cuivre Trente légions lui S'il faut en croire l'abbé do Yill'a'rs, ils le
argent et le en or.
obéissent 1. firent avec magnificence. On voyait dans les
airs ces créatures admirables en Tonne hu-
Sahuris OU Zahories. •— Les Français qui maine tantôt rangées en bataille, marchant
sont allés en Espagne racontent des faits très- en bon, ordre, ou se louant sous les armes, ou
singuliers sur les zaliuris, espèce de gens qui campées des pavillons superbes; tantôt
soirs
ont la vue si subtile qu'ils voient, sous la terre des navires aériens d'une structure mer-
sur
les veines d'eau, les métaux, les trésors et veilleuse, dont la Hotte volante voguait,
au gré
les corps privés de vie. -— On a cherché à des zéphyrs. Mais
ce siècle ignorant ne pou-
expliquer ce phénomène par des moyens na- vait raisonner
sur la* nature, de ces spectacles
turels. On a dit que ces hommes reconnais- étranges; le peuple crut d'abord
que c'étaient
saient les lieux où il y avait des sources, par des sorciers qui s'étaient emparés de l'air
les vapeurs qui s'en exhalaient, et qu'ils sui-
pour y excicer des orages et. pour l'aire grêler
vaient la trace des mines- d'or et d'argent ou
sur les moissons. — Les savants et les juris-
de cuivre, par les herbes- qui croissaient sur consultes-furen", bientôt de l'avis du-peuple;
\n terre dont elles étaient, recouvertes. — Mais les empereurs le crurent aussi, et celte ridicule
ces raisons n'ont point satisfait le peuple es- chimère alla si loin, que le sage Chnrlemagne,
pagnol et il a persisté à croire que les za- et après lui Louis-le-Débonnaire, imposèrent
,
liuris étaient doués de qualités surhumaines, de graves peines à ces prétendus tyrans de
qu'ils avaient, des rapports avec les démons, l'air....
et que s'ils voulaient ils sauraient bien, in-
dépendamment des choses matérielles, dé- Zeerneirooch, — dieu noir, dieu de l'em-
couvrir les secrets et les pensées qui n'ont pire des morts chez les anciens Germains.
rien de palpable pour les grossiers et vul- Zepar, — grand-chic de l'empire infernal,
gaires mortels. Au reste les zaburis ont les qui pourrait, hieil être' le même que Vépar ou
yeux rouges,, et, pour être zahuri, il faut être Separ. Néanmoins, sous ce nom de Zépar,,il
né le vendredi-samt. a la forme d'un guerrier. ïl pousse les hom-
divination mes aux passions infâmes. Vingt-huit légions
Zaîragie ( ZAIHAGIAII )
, —
en lui obéissent 1.
usage parmi les Arabes, qui se faisait par le
moyen de plusieurs cercles ou roues parallè- Sinoalis. — C'est le nom qu'ordonne aux
les correspondantes aux cieux des planètes, bohémiens en.Espagne.
placés les uns avec les autres, et marqués de aiton. —• Pendant les noces de'Venceslas,
plusieurs lettres que l'on fait rencontrer en- fils de l'empereur Charles W, avec la prin-
semble par le mouvement qu'on leur donne cesse Sophie de Bavière, le beau-père, qui
selon certaines règles. savait que son gendre prenait plaisir à des
Eapan, — selon Wicrus, l'un des rois de spectacles ridicules et à des énchafllenïCnls,
l'enfer. lit amener de l'rague une charretée de ma-

1 Wicni!;, in Psciutoni. Jic.n, 1 Wiçrus, in Pscudoir.. d;<nn.


ZOll — 539 — ZOll
giciens. Le magicien de Veuceslas, nommé par son portier. On y trouva les maléfices, et
Zitou, se présente pour faire assaut, avec eux ; voilà Zoroastre condamné à être, pendu. —
ayant la bouche fendue de part et d'autre jus- Comme
i on allait pendre Zoroastre , le plus
qu'aux oreilles il l'ouvre et dévore tout d'un beau cheval du roi tombe malade; ses quatre
,
coup le bouffon du duc de Bavière, avec fous jambes rentrent dans son corps, tellement
ses babils, excepté ses souliers qui étaient qu'on ne les voit plus. Zoroastre l'apprend; il
sales, et qu'il cracha loin de lui. Ensuite, ne promet qu'il guérira le cheval, pourvu qu'on
pouvant digérer une telle viande, il va se dé- ne le pende pas. L'accord était fait: il fait
charger dans une grande cuve pleine d'eau , sortir une jambe du ventre, et lui dit : « Sire,
rend son homme par lu bas, et délie ses ri- je ne vous rendrai pas la seconde jambe
vaux de l'imiter. — Nos vieilles chroniques et que vous n'ayez embrassé ma religion. —
nos contes de fées offrent encore des trails Soit,» dit le monarque. Le prophète, après
semblables.— Ce même Zilon changeait quel- avoir fait paraître la seconde jambe, voulut
quefois, dans des festins, les mains des con- que les fils du roi se lissent Zoroaslriens ; et
viés en pieds de boeuf, afin qu'ils ne pussent les autres jambes firent des prosélytes de toute
rien toucher des mels qu'on leur servait, de la cour. On pendit les quatre malins sages
sorte qu'il avait loisir de prendre pour lui la au lieu du prophète, et foule la Perse reçut
meilleure part. — Voyant un jour des gens à sa foi. — Bundari, historien arabe, conte
des fenêtres attentifs à regarder un spectacle que Zoroastre était juif, et qu'il avait été valet
qui excitait leur curiosité, il leur lit venir nu de .lérémie ; qu'il mentit à son maître: que
front de larges cornes de cerf, pour les empê- Jérémie, pour le punir, lui donna la lèpre;
cher de se retirer de. ces fenêtres quand ils le que le valet, pour se décrasser, alla prêcher
voudraient. une nouvelle religion en Perse cl. fit. adorer le
français qui a écrit la
Suas. — C'est le nom que donnent les soleil. — Le voyageur
Juifs modernes à leurs phylactères. vie de Zoroastre, après avoir observé que son
enfance ne pouvait manquer d'être miracu-
Zoaphité , — 1301/. MONSTBBS. leuse, dit qu'il se mil à rire dés qu'il fui né,
Zoroastre, — le premier et le plus ancien du moins à ce que disent Pline, el Sulin. 11 y
des magiciens. Sexfus Smensis reconnaît deux avait, alors un grand nombre de magiciens
enchanteurs de ce nom: l'un, roi de Perse, et très puissants ; ils savaient qu'un jour Zo-
auteur de la magie naturelle ; l'autre, roi des roastre en saurait plus qu'eux et qu'il
Bacliïens, et inventeur de la magie noire ou triompherait de leur magie. Le, prince des
diabolique. Justin dit que Zoroastre régnait magiciens fil amener l'enfant et voulut le
dans la Bactriano long-temps avant la guerre couper en deux ; mais sa main se sécha sur-
de Troie; qu'il fut le premier magicien, et le-champ. On le jeta dans le feu, qui se con-
qu'd infecta le genre humain des erreurs de vertit pour lui en bain d'eau rose. On voulut
la magie. — Voici, dit Voltaire, ce que l'An- le faire briser sous les pieds des taureaux
glais llyde rapporte sur Zoroastre, d'après sauvages, mais un taureau plus puissant prit
un historien arabe : Le prophète Zoroastre sa défense. On le jeta parmi les loups, ces
étant venu du paradis prêcher sa religion loups allèrent incontinent chercher deux bre-
chez le roi de Perse Gustaph le roi dit au bis qui lui donnèrent à leter toute la nuil.
, Aussitôt Enfin il fut rendu à sa mère, Dogdo, ou Dodo,
prophète: «Donnez-moi un signe.»
le prophète fit croître devant Ta porte du pa- ou Dodu, liérose prétend que Zoroastre n'est
lais un cèdre si gros et si haut, que nulle autre que Cham, fils de Noô. — Les cabahstes
corde ne pouvait ni l'entourer ni atteindre sa ont do Zoroastre une opinion toute différente;
cime. Il mil au haut du cèdre un beau cabinet mais, si les démonomanes le confondent avec
où nul homme ne pouvait monter. Frappé do Cham, les cabalistes le confondent avec Ja-
ce miracle, Gustaph crut à Zoroastre. — phet. Ainsi , lés uns el les autres s'a'-cordenl
Quatre mages ou quatre sages (c'est la même à le faire fils de Noé. « Zoroastre, autrement
chose), gens jaloux et méchants, empruntè- nommé Japhel, dit le comte do Gabalis, était
rent du portier royal la clef de la chambre du fils de Vesla, femme de Noé. 11 vécut douze
prophète pendant son absence , et jetèrent cents ans, le plus sage monarque du monde;
parmi ses livres des os de chiens et de chats, après quoi il fut enlevé. — Cette Vesta, étant
des ongles cl des cheveux de morts, toutes morte, fut le génie. lutélaire do Borne; el le
drogues avec lesquelles les magiciens ont feu sacré, que des vierges conservaient avec
opéré de tout temps. Puis ils allèrent accu- tant de soin sur un autel, brûlait en son hon-
ser le prophète d'être un sorcier et un em- neur. Outre Zoroastre, il naquit d'elle une
poisonneur. Le.roi se fit ouvrir la chambre fille d'une rare beauté el d'une grande sagesse,
ZOU — 540 — ZUN
la divine Egérie, de qui Nu ni a Pompilius re- Zoureg, — serpent mystérieux, long d'un
çut toutes ses lois. Ce fut elle qui engagea pied, que les Arabes disent, habiter le désert,
Numa à bâtir un temple en l'honneur de où il est doué d'une puissance qui lui permet,
Vesta, sa mère.. Les livres secrets de l'an- dans ses courses, de traverser sans se dé-
cienne cabale nous apprennent qu'elle fut tourner les plus rudes obstacles, un rocher,
conçue dans l'espace de temps que Noé passa un mur, un arbre , un homme. L'homme que
sur les flots, réfugié dans l'arche cabalistique. le zoureg traverse en passant, meurt aussi-
Zoubdadeyer. — En l'an 408, le roi de tôt. On ne peut tuer ce petit serpent qu'en
Perse Cabadès apprit, dit Théophanes, qu'il lui coupant la tète pendant qu'il dort.
y avait aux frontières de ses étals un vieux Zozo , — démon qui, accompagnéde Mimi
château appelé Zoubdadeyer, plein de riches-
gardées des démons. Il résolut de s'en
elde Crapoulet, posséda, en 4 84 6, une jeune
ses par fille du bourg de Teilly en Picardie, loi/. POS-
emparer, mais les magiciens juifs qu'il em- SÉDÉS.
ploya pour mettre en fuite les bandes infer-
nales n'y réussirent pas. Un évoque chrétien Zundel, — capitaine des Bohémiens, I-'OIJ.
put seul dissiper les prestiges du château en- BOHÉMIENS.
sorcelé.
APPENDICE.

Quelques Mjégentles infernales»


tin grand sorcier. — Oll ll'OUVG dans les autour du cou un carcan chargé de sept dif-
lettres curieuses do Cyrano-Bergerac, sur la férentes pierres précieuses, dont chacune por-
magie, le passage très-piquant qui suit : — tait le caractère de la planète qui la dominait.
« Il m'est arrivé une, aventure si étrange, que — Ainsi mystérieusement habillé , portant à
je veux vous la raconter. Vous saurez qu'hier, la main gauche un vase triangulaire plein de
fatigué de l'attention que j'avais mise à lire rosée, et à la droite une baguette de sureau
un livre de prodiges, je sortis à la prome- en sève, dont l'un des bouts était ferré d'un
nade pour dissiper les ridicules imaginations mélange de tous les métaux, il baisa le pied
dontj'avais l'esprit rempli, .le m'enfonçai dans de sa grotte, se déchaussa, prononça en grom-
un petit bois obscur, où je marchai environ melant quelques paroles obscures, et s'ap-
un quart d'heure. J'aperçus alors un manche . procha à reculons d'un gros chêne, à quatre
à balai, qui vint se mettre entre mes jambes pas duquel il creusa trois cercles l'un dar.s
et sur lequel je me trouvai à califourchon; l'autre. La nature, obéissant aux ordres du
aussitôt je me sentis volant, par le vague des nécromancien, prenait elle-même, en frémis-
airs. Je ne sais quelle route je fis sur celle sant, les figures qu'il voulait y tracer. 11 y
monture; niais je me Irouvai arrêté sur mes grava les noms des esprits qui présidaient au
pieds, au milieu d'un désert où je ne rencon- siècle, à l'année, à la saison, au mois, au
trai aucun sentier. Cependant je résolus de jour et à l'heure. Ceci l'ail, il posa son vase
pénétrer el de reconnaître les lieux. Mais j'a- au milieu des cercles, le découvrit, mit un
vais beau pousser contre l'air, mes efforts ne bout, de.sa baguette entre ses dents, se cou-
me faisaient trouver partout que l'impossibi- cha la face tournée, vers l'orient, cl s'endor-
lité de passer outre. — A la fin, fort harassé, mit. — Vers le milieu do son sommeil, je vis
je tombai sur mes genoux ; et ce qui m'élon- tomber dans le vase cinq grains de fougère.
na, ce fut d'avoir passé en un moment de 11 les prit, quand il fut éveillé, en mit deux
midi à minuit, .le voyais les étoiles luire au dans ses oreilles, un dans sa bouche; il re-
ciel avec un feu bleuetlanl; la lune était en plongea l'aulre dans l'eau, et jeta le cinquiè-
son plein, mais beaucoup plus pâle qu'à l'or- me hors des cercles. A peine fut-il parti de
dinaire ; elle s'éclipsa trois fois, et trois fois sa main, que je le vis environné de plus d'un
dépassa son cercle ; les vents étaient paraly- million d'animaux de mauvais augure. H
sés, les fontaines élaient muettes; tous les loucha de sa baguette un chat-huant, un re-
animaux n'avaient de mouvement que ce nard el une taupe qui entrèrent dans les cer-
qu'il leur en faut pour trembler; l'horreur cles en jetant, un cri formidable. 11 leur fen-
d'un silence effroyable régnait partout, el dit l'estomac avec un couteau d'airain, leur
partout la nature semblait attendre quelque ôia le coeur, qu'il enveloppa dans trois feuilles
grande aventure. — Je mêlais ma frayeur à de laurier et qu'il avala ; il fit ensuite de lon-
celle dont la face de l'horizon paraissait agi- gues fumigations. Il trempa un gant de par-
tée, lorsqu'au clair de la lune, je vis sortir chemin vierge dans un bassin plein de rosée
d'une caverne un grand et vénérable vieil- et de sang, mit ce gant à sa main droite , et
lard, vêtu de blanc, le visage basané, les après quatre ou cinq hurlements horribles, il
sourcils touffus et relevés, l'oeil effrayant, la ferma les yeux et commença les évocations.
barbe renversée par-dessus les épaules. Il -— Il ne remuait presque pas les lèvres ; j'en-
avait sur la tête un chapeau de verveine, et tendis néanmoins dans sa gorge un bruit sem-
sur le dos une ceinture de fougère de mai blable à celui de plusieurs voix entremêlées.
tressée. A l'endroit du coeur était attachée sur Il fut enlevé de terre à la hauteur d'un demi-
sa robe une chauve-souris à demi morte, et pied, et de fois à autre il attachait attentive-
h/\ï APPENDICE.
ment la vue sur l'ongle de l'index de sa main Je suscite les guerres en les allumant, entre
gauche; il avait le visage enflammé et se les génies qui gouvernent les rois. J'enseigne
tourmentait fort. -— Après plusieurs conlor- aux bergers la palenôlre du loup. J'apprends
sions effroyables, il tomba en gémissant sur aux devins la façon de tourner le sas. Je fais
ses genoux; mais aussitôt qu'il eut articulé courir les feux follets. J'excite les fées à dan-
trois paroles d'une certaine oraison , devenu ser au clair de la lune. Je pousse les joueurs
plus fort qu'un homme, il soutint sans vacil- à chercher le trèfle à quatre feuilles sous les
ler les violentes secousses d'un vent épouvan- gibets. J'envoie à minuit les esprits hors du
table qui soufflait contre lui. Ce vent, semblait cimetière, demander à leurs héritiers l'ac-
lâcher de le faire sortir des trois cercles; les complissement des voeux qu'ils ont, faits à la
trois ronds tournèrent ensuite autour de lui. mort. Je fais brûler aux voleurs des chandel-
Ce prodige fut suivi d'une grêle rouge comme les de graisse de pendu pour endormir les
,
du sang, et. celle grêle fit place à un terrent hôtes.pendant qu'ils exécutent leur vol. Je
de feu accompagné rie coups de tonnerre. — donne la pislole volante, qui vient ressauler
,
Une lumière éclatante dissipa enfin ces trisles dans la poche! e quand on l'a employée. Je
météores. Tout au milieu parut un jeune fais présent, aux 1 quais de ces bagnes qui
homme, la jambe droite sur un aigle, la gaucho font aller et revenir d'Orléans à Paris en un
sur un lynx , qui donna an magicien trois jour. Je fais tout renverser dans une maison
fioles de je ne sais quelle liqueur. Le magi- par les esprits follets, qui culbutent les bou-
cien lui présenta trois chevaux, l'un pris au teilles, les verres, les plats, quoique rien ne
devant de sa tête, les deux autres aux tem- se casse et qu'on ne voie personne. Je mon-
pes; il fut frappé sur l'épaule d'un petit bâ- tre aux vieilles à guérir la fièvre avec des
ton que tenait le fantôme; et puis tout dis- paroles. Je réveille les villageois la veille rie
parut. — Alors le jour revint; j'aliais me la Saint-Jean , pour cueillir son herbe à jeun
remettre on chemin pour regagner mon vil- et sans parler. J'enseigne aux sorciers à deve-
lage, mais le sorcier, m'ayant envisagé, s'ap- nir loups-garous. Je lords le cou à ceux qui,
procha du lieu où j'étais. Quoiqu'il parût lisant dans un grimoire, sans le savoir, me
cheminer à pas lents, il fut plus tôt à-moi font venir et ne me donnent rien. Je m'e.; re-
que je ne l'aperçus bouger. Il étendit sur ma tourne paisiblement d'avec ceux qui me don-
main une main si froide, que la mienne en nent une savate, un cheveu ou une paille.
demeura long-temps engourdie. Il n'ouvrit.ni J'enseigne aux nécromanciens à se défaire de
les yeux, ni la bouche; el dans ce profond leurs ennemis, en faisant une image de cire,
silence il me conduisit à travers des masures, et la piquant, ou la jetant au feu , pour faire
sous les ruines d'un vieux château inhabité, sentir à l'original ce qu'ils l'ont souffrir à la
où les siècles travaillaient depuis mille ans à copie. Je montre aux bergers à nouer l'ai-
iiv.ltrc les chambres dans les caves. Aussitôt guillette. Je fais sentir les coups aux sorciers,
que, nous fûmes entrés : — « Vanle-loi, me pourvu qu'on les balle avec un bâton de su-
dit-il en se tournant vers moi, d'avoir con- reau. Enfin, je suis le diable Vauvert, le Juif
templé face à face le sorcier Agrippa dont errant, et le grand veneur de la forêt de
,
l'âme est par métempsycose celle qui animait Fontainebleau »— Après ces paroles, le
autrefois le savant Zoroastre, prince des Bac- magicien disparut, les couleurs des objets
fiiens. — Depuis près d'un siècle que je dis- s'éloignèrent...; je me trouvai sur mon lil,
parus d'entre les hommes, je me conserve encore tremblant de peur. Je m'aperçus que
ici, par le moyen de l'or potable , dans une toute cette longue vision n'était qu'un rêve;
sanlô qu'aucune maladie n'a interrompue. Do que je m'élais endormi en lisant mon livre de
vingt ans en vingt ans je prends une prise noirs prodiges, et qu'un songe m'avait fait
,
de celte médecine universelle, qui me rajeu- voir tout ce qu'on vient de lire. »
nit et qui restitue à mon corps ce qu'il a
perdu de ses forces. Si lu as considéré trois Sia légende de ££enrï-ie-X»î6n. — Nous
fioles que m'a présentées le roi des Salaman- l'empruntons à Musaeus,- dont les contes po-
dres, la première en est pleine, la seconde pulaires sont riches de tarit de traditions mer-
confient de la poudre de projection el la troi- veilleuses. •— Pendant que la croisade de
,
sième de l'huile de talc, — Au reste, tu m'es Frédéric-Bàrberousseoccupait le monde, chré-
obligé, puisque, entre tous les mortels, je tien , il y eut grand bruit dans toute l'Alle-
t'ai choisi pour assister à des mystères que je magne de l'aventure merveilleuse arrivée au
ne célèbre qu'une fois en vingt ans. — C'est duc Henri de Brunswick. — 11 s'était embar-
par mes charmes que sont envoyées, quand qué pour la Terre-Sainte. Une tempête le
il me plaît, lès stérilités et les abondances. jeta sur la côte d'Afrique. -Échappé seul du
ÀPPEND3ICE. Ti/io
naufrage, il trouva un asile dans l'antre d'un m'appartienne1: dans l'autre monde. — Soil,
lion. L'animal, couché à terre, lui témoigna répondit r le duc, dominé par la colère; » el il
tant de douceur qu'il osa s'en approcher; il toucha t la main du petit homme noir. — Le
reconnut que celle, humeur hospitalière du marché i se trouva donc conclu entre les par-
redoutable animal provenait de l'extrême 'lies intéressées. Satan prit la forme d'un
douleur qu'il ressentait à la patte gauche de griffon, !
saisît dans une de ses serres le duc
derrière; il s'y était enfoncé une grosse Henri, dans l'autre le fidèle lion et les trans-
,
épine el la douleur le faisait, souffrir à un tel porta des côtes de la Libye, dans la ville
, ,
point qu'il ne pouvait se lever et qu'il avait de Brunswick, où il les déposa sur la place
.complètement perdu l'appétit. La première du Marché, au moment, où le- guet venait de
connaissance faite, et la confiance réciproque crier l'heure de, minuit. Puis il disparut. —
établie, le duc. remplit, auprès du roi des Le palais ducal et la ville entière étaient illu-
animaux les fonctions de chirurgien; il lui ar- minés; toutes les rues fourmillaient d'halv-
racha l'épine et. lui pansa le pied '.Le lion tants qui se livraient à une bruyante gaieté
guérit, et, reconnaissant du service que lui el couraient au château pour y voir la fiancée,
avait rendu son hôle, il le nourrit abondam- et pour être spectateurs de la danse des flam-
ment de sa chasse et le combla de toutes les beaux qui devait terminer les fêtes du jour.
caresses qu'un chien a coutume de faire à son — Le voyageur aérien , qui ne ressentait pas
maître. — C'était fort bien. Mais le duc ne la moindre fatigue, se glissa à travers la foule
tarda pas à se lasser de l'ordinaire, du lion sous le portail du palais, et, accompagné de
,
qui, avec toute sa bonne volonté, no lui ser- son lion fidèle, il fit retentir ses éperons d'or
vait pas la venaison aussi bien apprêtée que sur l'escalier, entra dans la salle du festin,
le faisait, son cuisinier. Il désirait ardemment lira son épée et s'écria : « A moi ceux qui
de retourner d'ans sa résidence, la maladie sont fidèles au duc Henri! mort el malédic-
du pays le tourmentait, nuit et jour; mais il tion aux irailres! »
— fin même temps, le lion
ne voyait aucun espoir de pouvoir jamais re- rugit, secouant sa crinière et agitant sa queue.
gagner ses états. — Le tentateur s'approcha On croyait entendre les éclats du tonnerre.
alors du duc, que la tristesse accablait. Il Les trompettes et les trombonnes se lurent ;
avait pris la forme d'un petit homme noir; mais les voûtes antiques retentirent du fracas
Henri d'abord crut, voir un orang-outang, des armes et les murs du château en trem-
mais c'était bien Satan en personne qui lui blèrent. — Le fiancé aux boucles d'or et la
rendait visite. « Duc Henri, lui dit-il, pour- troupe bigarrée de ses'courtisans tombèrent
quoi te lamentes-tu? Si lu veux prendre con- sous l'épée de Henri. Ceux qui échappaient
fiance en moi, je mettrai fin à tes peines; au glaive étaient, déchirés par le lion. Après
je te ramènerai près de Ion épouse ; aujour- que le pauvre fiancé, ses chevaliers et ses
d'hui môme lu souperas à Brunswick, où l'on valets eurent mordu la poussière, et que le
prépare ce soir un grand festin; car la du- duc se fut montré le maître de la maison
chesse, qui le croit mort, donne sa main à d'une manière aussi énergique que jadis
un nouvel époux. » — Cette nouvelle fut un Ulysse avec les prétendants de Pénélope, il
coup de foudre pour le duc; la fureur élin- prit place à taille à côté de son épouse. Elle ,
ceiait dans ses yeux ; son coeur était en proie commençait à peine à se remettre de la frayeur
au désespoir. 11 aurait pu songer que, depuis mortelle que lui avaient causée ces massa-
trois ans qu'on avait annoncé son naufrage cres. Tout en mangeant avec grand appétit
il était bien permis à la duchesse de se croire , des mets que son cuisinier avait apprêtés pour
veuve. Il ne s'arrêta qu'à l'idée qu'il était ou- d'aulres convives, et en régalant son compa-
tragé. « Si le ciel m'abandonne, pensa-t-il, gnon de ragoûts qui ne paraissaient pas
non
je prendrai conseil de l'enfer. » Il était dans plus lui déplaire, Henri jetait les yeux de
une de ces situations dont le diable sait pro- temps en temps sur sa femme, qu'il voyait
fiter. Sans perdre le temps en délibérations, baignée de larmes. Ces pleurs pouvaient
il chaussa ses éperons, ceignit son épée et s'expliquer de deux manières ; mais en
s'écria : « En roule, camarade. A l'ins- homme qui sait vivre, le duc leur donna ,l'in-

tant, répliqua le démon mais convenons des; terprétalion la plus favorable ; il adressa à là
frais do transport. ,
— Demande ce. que lui dame , d'un ton affectueux , quelques repro-
voudras, dit le duc, je, le le donnerai, surr clies sur sa précipitation à former de nou-
ma parole. — Hé bien! il faut que ton âme> veaux noeuds, et il reprit ses vieilles habitu-
des. — Iîenri-le-Lion, surnommé ainsi à
C'est ainsi que commença l'aventure d'Androctès-,
qui trouva, comme le duc de Brunsv,'iclï, un ami dans cause de son aventure, disparut en 4195,
1

son lion. emporté parle petit homme noir.


.Wi APPENDICE.
La vieille sorcière de Berkeley. — Bit 1- M. Charles Dickens. — Le baron von Koeld-
lade écossaise. -— « Vers le onzième siècle, welhout de Grogzwig en Allemagne, était au
dans une ville d'Angleterre, une femme adon- désespoir: sa femme venait de lui donner son
née à la magie étant, un jour à dîner, une treizième enfant, et à chaque nouveau-né elle
corneille qu'elle avait toujours auprès d'elle devenait plus grondeuse. La famille de sa
lui croassa je ne sais quoi de plus clair qu'à femme s'en mêlait; il venait de reconnaître
l'ordinaire. Elle pâlit, poussa de profonds sou- que ses coffres étaient vides. Le baron ne
pire et s'écria : « J'apprendrai aujourd'hui de chassait plus, ne riait plus : « Je ne sais que
grands malheurs. » — A peine achevait-elle faire, dit-il; j'ai envie de me luer. » — Celait
ces mots, qu'on vint lui annoncer que son fils une brillante idée! -—Le baron prit dans une
aîné et toute la famille de ce fils étaient morls armoire un vieux couteau de chasse, el l'ayant
de mort, subite. Pénélrée de douleur, elle repassé sur sa botte, il fit mine de rappro-
assembla ses autres enfants, parmi lesquels cher de sa gorge. -— « Hem ! dit-il, s'arrèlont
étaient un moine cl une religieuse, et leur dit toul court, il n'esl peut-être pas assez affilé. »
en gémissant : « Jusqu'à ce jour, je me suis •—Le baron le repassa de nouveau ; et il fai-
livrée aux arts magiques ; je n'ai d'espoir que sait une seconde tentative, quand il fut in-
dans vos prières : je sais que les démons sont terrompu par les clameurs bruyantes des
à la veille de me posséder pour me punir de jeunes barons et baronnes; car leur chambre
mes crimes ; je vous prie, comme votre mère, était dans une tour voisine, dont, les fenêtres
de soulager les tourments que j'endure déjà ; étaient garnies de barres de fer, pour les
sans vous ma perte me paraît assurée , car empêcher de tomber dans le fossé. « 0 dé-
je vais mourir à l'instaiil. Benfermez mon lices du célibat! s'écria le baron en soupirant,
corps, enveloppé d'une peau de cerf, dans si j'avais été garçon, j'aurais pu me tuer cin-
une bière de pierre recouverte de plomb que quanle fois sans être dérangé. Holà ! mettez
vous lierez par trois tours de chaîne ; si pen- un flacon de vin el la plus grande de mes
dant trois nuits je reste tranquille, vous m'en- pipes dans la petite chambre voûtée, derrière
sevelirez la quatrième; quoique je craigne la salle d'armes. » —Un valet, qui s'appelail
que la terre ne veuille point recevoir mon Jean, exécuta l'ordre du baron dans l'espace
corps : pendant cinquante nuits, chaulez des 'd'une demi-heure ou à peu près, et le sire de
psaumes pour moi, et que pendant cinquante Grogzwig, informé que loul était prêt, passa
jours on dise des messes. •— Ses enfants dans la chambre voûtée , dont les boiseries
»>

exécutèrent ses ordres, mais sans succès. Les sombres élincelaient à la lueur des bûches
deux premières nuils, tandis que les clercs amoncelées clans le foyer. La bouteille cl la
chantaient des psaumes, les démons enlevè- pipe étaient prêles, el, somme toute, la pièce
rent, comme si elles eussent été de paille, les avait un air confortable. — « Laisse la lampe,
portes du caveau et emportèrent les deux dit le baron. — Vous faut-il encore autre
chaînes qui enveloppaient la caisse: la troi- chose, monseigneur? demanda le valet.—Va-
sième nuit, vers le chant, du coq, tout le mo- l'en. » — Jean obéit, cl le baron ferma la
nastère semblait ébranlé par les démons qui porte. — « Je vais fumer une dernière pipe,
entouraient l'édifice. L'un d'entre eux, le plus dit-il, et tout sera fini. » —Mettant de côté
terrible ni d'une taille colossale, réclama la le couteau de chasse en attendant qu'il en eût
bière. 11 appela la morte par son nom, el lui besoin, et se versant un grand verre de vin,
ordonna de sortir. « Je ne le puis, répondit le sire de Grogzwig s'étendit sur son fauteuil,
le cadavre, je suis liée. —Tu vas être déliée, allongea les jambes sur les chenets el se mil
lui dit Salon ; » et aussitôt il brisa comme une à fumer. — Le baron eût été certainement ro-
ficelle la troisième chaîne de fer qui restait mantique si le romantisme eût été inventé à
autour de la bière , découvrit d'un coup de colle époque; mais il était doublement dis-
pied le couvercle, et prenant la morte par la posé à la rêverie, par sa qualité d'Allemand
main, il l'entraîna en présence de tous les cl de fumeur. Bien n'est plus favorable que
assistants. Un cheval noir se trouvait là, hen- la pipe, aux hallucinations. La monotonie du
nissant fièrement, couvert de crochets de fer; mouvement d'aspiration et d'expiration jette
on plaça la malheureuse sur son dos el il l'esprit et les sens dans une espèce de som-
disparut; on entendit seulement, dans le loin- nolence, Les vapeurs narcotiques du tabac
tain les derniers cris de la sorcière *. surexcitent et exaltent l'imagination. Il sem-
Ceci ble que du foyer de la pipe s'échappe une
La vision du suicide. — est un conte
fantastique, extrait de Nicolas Nikkby, de multitude d'êtres aériens qui flottent et tour-
billonnent avec la fumée, se cherchent et se
1 Vincent do Guillerin, Spect; hist., liv. X'.xvi. saisissent au milieu du nuage azuré, el mon-
APPEN )ICE. 5/i 5
lent au ciel en dansant. — Le baron songea oui, je le suis; par ces temps de misèro et
à une foule de choses, à ses peines présentes, d'ennui, j'ai beaucoup à faire en Angleterre
à ses jours de célibat, el aux gentilshommes et en France, où je vais de ce pas, et tout
vert-pomme, depuis long-temps dispersésdans mon temps.est pris. — Buvez-vous? dit le
le pays, sans qu'on sût ce qu'ils élaienl de- baron louchant la bouteille, avec la tète de sa
venus, à l'exception de deux qui avaient eu pipe. — Neuf fois sur dix et largement, re-
le malheur d'être décapités, el, de quatre au- prit le génie d'un Ion sec. — Jamais avec
tres qui s'étaient tués à force de boire. Son modération?-— Jamais, répliqua le génie en
esprit errait au milieu des ours et des san- frissonnant; cela engendre la gaieté. » — Le
gliers, lorsque, en vidant son verre jusqu'au baron examina encore son nouvel hôte, qu'il
fond, il leva les yeux el crut.s'apercevoir qu'il regardait comme un visiteur extraordinaire-
n'était pas seul. — A travers l'atmosphère menl fantasque, el lui demanda enfin s'il pre-
brumeuse dont il s'était entouré, le baron nait une part active à tous les simples arran-
distingua un être hideux et ridé avec des gements du genre de ceux dont il s'agissait en
,
yeux creux el sanglants, une figure cadavé- ce moment. « Non répondit évasivement le
,
reuse et d'une longueur démesurée, ombragée génie ; mais je suis toujours présent. — Pour-
de boucles éparses de cheveux noirs. Ce per- voir si l'affaire va bien? je suppose. — Pré-
sonnage fantastique était, assis de l'autre côlé cisément, répondit le génie en jouant avec son
du feu et, plus le baron le regarda plus il pieu dont il examinait le fer. Ne perdez pas
, ,
demeura convaincu de la réalité de sa pré- une minute, je vous prie, car je suis mandé
sence. L'apparition était affublée d'une espèce par un jeune homme affligé de trop de loisir
de tunique de couleur bleuâtre, qui parut au et d'argent. — Se tuer parce qu'on a trop d'ar-
baron décorée d'os en croix. En guise de cuis- gent ! s'écria le baron, se laissant aller à une
sards, ses jambes étaient encaissées dans des violente envie de rire. Ah ! ah ! ah ! voilà qui
planches de cercueil, el sur son épaule gauche esl bon ! » — C'était la première fois que le
était jeté un manteau court el poudreux, qui baron riait depuis long-temps. « Dites donc,
semblait fabriqué d'un morceau de linceul. reprit le génie d'un ton suppliant et d'un air
Elle ne faisait aucune attention nu baron, mais d'anxiété, ne recommencez pas, s'il vous plaît.
contemplait fixement le feu. — « Ohé! s'écria — Pourquoi ? •— Vos rires me font mal ; sou-
le baron frappant du pied pour attirer les re- pirez tant que vous voudrez, je m'en trou-
gards de l'inconnu. — Ohé! répéta celui-ci verai, bien. » — Le baron soupira machina-
levant les yeux vers le baron, mais sans bou- lement, el le génie, reprenant son courage,
ger. — Qu'est-ce ? dit le baron sans s'effrayer lui lendit le couteau de chasse avec la plus
de celle voix creuse el de ses yeux mornes ; séduisante politesse. —• «Ah! ce n'est pas
je dois vous adresser une question. Comment une mauvaise idée, dit le baron sentant la
ôles-vons entré ici? — Par la porte. — Qui froide pointe de l'acier, se tuer parce qu'on
ôlcs-vous? — Un homme.-— Je ne le crois a trop d'argent ! —• Bah ! dit l'apparition avec
pas. — Comme vous voudrez. » — L'inlrus pétulance, est-ce une meilleure idée de se
regarda quelque temps le hardi baron do tuer parce qu'on n'en a pas assez? » — Je ne
Grogzwig, et lui dit familièrement : « Il n'y a sais si le génie s'était compromis par nié-
pas moyen de vous tromper, à ce que je vois. garde en prononçant ces mots, ou s'il croyait
Je ne suis pas un homme. — Qui êles-vous la résolution du baron assez bien arrêtée pour
donc? — Un génie. — Vous n'en avez pas n'avoir pas besoin de faire attention à ce qu'il
l'air, repartit dédaigneusement le baron. — disait ; je sais seulement que le sire de Grog-
Je suis le génie du désespoir el du suicide, zwig s'arrêta tout à coup, ouvrit de grands
dit l'apparition; vous me connaissez à pré- yeux, et parut envisager l'affaire sous un jour
sent. » — A ces mots, l'apparition se tourna complètement nouveau. « Mais, en effet, dit-
vers le baron, comme si elle se fût préparée il , rien n'est encore désespéré. — Vos coffres
à agir; et ce qu'il y eut de remarquable, ce sont vides, s'écria le génie. •— On peut les
fut de la voir mettre de côlé son manteau remplir. — Votre, femme gronde. — On la
,
exhiber un pieu ferré qui lui traversait le mi- fera taire. — Vous avez treize enfanls. — Ils
lieu du corps, l'arracher brusquement et le ne peuvent tous mal tourner. » — Le génie
poser sur la table aussi tranquillement que si s'irritait évidemment des opinions avancées
c'eût été une canne de voyage. •— « Mainte- par le baron; mais il affecta d'en rire, elle
nant, dit le génie, jetant-un coup d'oeil sur le pria do lui faire savoir quand il aurait fini de
couteau de chasse, êles-vous prêt? —Pas plaisanter. « Mais je ne plaisante pas au
,
encore ; il faut que j'achève ma pipe. — Dé- contraire , reprit le baron.—Eh bien! j'en
pêchez-vous. — Vous semble/, pressé. — Mai;: suis charmé, dit le génie, parce que, je l'a-
35
5/i6 APi'KNl::)U'A\.
voue franchement, toute ptaisanlerie est mor- qui i ne pouf servir en aucune façon à la dé-
telle pour moi. Allons, quittez ce monde do fense du manoir. Les habitants du pays dé-
I

misères. —J'hésite, dit le baron, jouant avec. signent : cet objet sous le nom de caiere grisa
le couteau de chasse; ce monde ne vaut pas ( chaire grise ) ; sans doute à cause de la cou-
grand'chose, mais....—Dépêchez-vous,s'é- leur des grès avec lesquels ou l'a construite.
cria le génie en grinçant des dents. — Laissez- — Les Flamands aiment trop le merveilleux
moi dit le baron ; je cesserai de broyer du pour ne point expliquer par l'intervention du
,
noir, je prendrai gaiement les choses, je res- diable l'origine de la Chaire grise ; et, voici la
pirerai le frais, j'irai à la châsse aux ours, el. tradition répandue à cet égard.
— Lorsque
si l'on nie contrarie, j'enverrai promener les saint. Vaasl, l'apôtre de la Flandre, vint prê-
gens. « — A ces mots, le baron tomba en cher le christianisme dans ce pays barbare. ,
arrière dans son fauteuil, et partit d'un éclat ses miracles, bien plus encore que ses prédi-
de rire si désordonné, que la chambre en re- cations, convertissaient les sauvages Nerviens.
tentit..— Le génie recula de deux pas, regarda Satan poussa des cris de douleur en voyant
le baron avec Une expression de terreur, re- ceux qu'il regardaitnaguôrescomme une proie
prit soii pieu ferré, se l'enfonça violemment, certaine courir au-devant du saint, évoque, et
au travers du corps, poussa un hurlement recevoir de lui le baptême ella foi. 11 résolut,
d'effrùi et disparut. — Le sire de Grogzwig, pour maintenir sa puissance chancelante,
comme le bûcheron de la fable, ne revit plus d'opposer miracle à miracle; pour cela, il fil
le génie de mort. Conformant ses actions à ses tomber le feu du ciel sur le château d'Esnes,
paroles, il vécut long-temps après sans beau- dont, il ne resta bientôt plus pierre sur pierre.
coup de fortune , niais heureux, laissant une — Le baron d'Esnes, propriétaire de ce ma-
nombreuse famille exercée sous ses yeux à .la noir, était un nouveau converti ; il courut, se
chasse aux ours. — Bonnes gens, si de sem- jeter aux pieds de saint Vaasl, en le suppliant,
blables motifs vous rendent jamais hypocon- de reconstruire son château par un miracle
dres el mélancoliques, je vous conseille d'exa- Le saint répondit au nouveau chrétien par une.
miner les deux faces de la question en appli- remontrance paternelle, et lui prêcha la ré-
quant à la meilleure un verre grossissant. signation aux décrets de la volonté divine. •—
ï.a Chaire grise. — Le château d'Esnes, dit Comme le baron d'Esnes s'en revenait Irisle
M. Henri Berllioud, à qui nous devons ce et désappointé, le diable lui apparut. Il s'offrit
récit, est une de ces vieilles habitations féo- de reconstruire en une nuit, le château brûlé,
dales que l'on rencontre si fréquemment, dans si le baron voulait abjurer sa religion nouvelle.
là Flandre. Au rebours de là plupart dès au- Le baron accepta le parti, el, le lendemain, à
tres forteresses, on a bâti celle-là au fond ia grande surprise de tout le pays, le château
d'une vallée que des hauteurs dominent de d'Esnes, reconstruit d'une façon nouvelle,
toutes parts; et ses murailles de pierres blan- apparut au lieu des ruines fumantes et des
ches énormes, loin d'être noircies par le débris qui lu veille couvraient la terre. •—-Une
temps, se détachent éblouissantes sur la ver- merveille si grande ébranla beaucoup les lé-
dure sombre d'Un bois immense. On ne con- moins du refus qu'avait fait saint Yaast d'en
naît pas l'époque précise où fut construit le opérer une semblable. L'apôtre, pour détruire
château d'Esnes et son architecture, pleine celle mauvaise impression, se rendit au châ-
,
de bizarrerie et d'un caractère particulier, ne teau d'Esnes: et, comme on lui en refusa
donne aucune lumière à cet égard.
— A l'ex-
l'entrée, il s'adossa contre les fortifications,
trémité septentrionale du château, et par Une pour parler à là foule accourue de toutes parts.
exception dont il est difficile de se rendre Tandis que le saint faisait une exhortation à
compte, s'élève une petite tourelle construite ces chrétiens chancelants, un rayon brûlant
en grès; ses formes élégantes el légères pré- de soleil vint tomber sur la tète chauve du
sentent avec le reste du manoir un contraste vieillard : soudain, des anges descendirent, et
singulier. Ses ogives, à triples colonneltes, construisirent autour de lui la Chaire Grise.
sont unies entre elles par une tôle d'une ex- A ce miracle, dont pins de quatre mille per-
pression bouffonne, el, sur les parois dés sonnes furent témoins, dit la tradition, les
figurines d'un travail exquis joignent ,leurs blasphèmes se changèrent en prières; el tous
mains dans l'altitude de là prière. L'oeil, blessé ceux qui n'avaient point encore reçu le bap-
par la blancheur uniforme de tous les objets lême le reçurent aussitôt dès mains de saint
:
qui l'entourent, se repose avec charme sur Vaasl. Le baron d'Esnes ne put. résister lui-
cette délicieuse petite construction qui rap- même à cette preuve de la puissance de Dieu ;
pelle par sa formé ce que l'on nomme, en ar- et le diable, confus el chassé, s'en retourna
chitecture militaire, nia d'hirondelle mais; aux enfers.
.
AIM'LN! MCI'. 5/i7
£,a ôhassc auS: sorcières. — Le vieux plus
] que vieilles femmes courant la nuit à
John Podgers vivait à Windsor, sous le règne cheval
i sur un manche à balai ; ces images
de Jacques l*'1'. C'était alors une ville origi- l'absorbèrent tout entier; el comme il n'était
nale que. Windsor; c'était aussi un curieux pas embarrassé par le nombre de ses idées,
personnage que John. Windsor el lui se con- celle-ci régna sans rivales dans sa tète. Dès
venaient el ne se, quittaient guère. — Gros et lors il s'appliqua à dresser dans les rues ce
court et doué d'un vaste appétit lel était qu'on pourrait appeler (les pièges à sorcières
,
John. Mangeur et dormeur, il faisait deux et à en épier l'effet. Les engins dont il se ser-
parts de son temps, s'endormanl dès qu'il vait consistaient en brins de paille placés en
avait mangé, et mangeant dès qu'il s'éveillait. croix au milieu du chemin, ou en petits lam-
Quoi qu'il en soit, la ville rendait hommage beaux de quelque couverture de Bible, sur
à sa prudence. Ce n'était pas tout à fait un lesquels il mettait une pincée de sel. H assu-
homme très-vif; mais c'était un homme so- rait que ces exorcismes possédaient une. vertu
lide et qui gardait en réserve, disai'-on, plus souveraine. S'il arrivait à une vieille femme
d'esprit qu'il n'en montrait. Celle opinion de trébucher en passan^sur ces objets, John
était fortifiée par l'habitude qu'il avait de Podgers soudain arrêtait la coupable et. ap-
hocher la tête avec gravité lorsqu'on lui de- pelait du secours. La sorcière, découverte
mandait son avis, el de ne jamais se pronon- ainsi était, entraînée et jetée à l'eau.
— La
cer avec une clarté qui eût pu le compro- chasse opiniâtre qu'il ne cessait de faire à des
mettre. — John Podgers semblait donc le êtres aussi malfaisants el la manière sommaire
jilus heureux des hommes. Mais, hélas! en dont il les expédiait, lui acquirent une répu-
dépit de son apathie, une inquiétude conti- tation extraordinaire. Une seule personne n'a-
nuelle troublait son repos. Dans ce temps-là vait pas foi en son pouvoir: c'était son propre
une foule de vieilles femmes, vulgairement neveu, étourdi de vingt ans, qui plaignait.son
connues sous le nom de sorcières, causaient oncle, tout en lui lisant les livres de littéra-
ù Windsor maints désordres et tourmentaient ture salanique. Les voisins s'assemblaient le
les bonnes gens par de rudes malices. Le roi, soir sous le petit porche de la maison de John,
qui avait peu de sympathie pour elles, prit et prêtaient une oreille attentive aux histoires
la peine de rédiger un édil où il indiquait effrayantes que Will Marks lisait tout haut.
divers moyens ingénieux de l'aire tourner — Un soir d'élé, Will Marks, assis au milieu
leurs maléfices à leur confusion. Grâce à cet d'un groupe d'auditeurs, et tous ses traits ex-
édil, il ne se passail guère de jour où quelque primant nue gravité comique, lisait, avec
sorcière né fût pendue, noyée ou brûlée dans maints ornements de sa façon, l'histoire véri-
quelque lieu des trois royaumes. La plupart dique d'un gentleman du Noilhaniptonshire,
des livres qui se publiaient alors traitaient devenu la proie des sorciers et du diable.
de celle madère, el répandaient, sur les sor- John Podgers s'était placé en face du lecteur,
cières el leurs victimes d'effrayantes rumeurs. toute sa contenance annonçant l'horreur dont
— La petite ville de Windsor n'échappa point il était pénétré; les autres assistants, le cou
à la contagion. Les habitants célébrèrent la tendu, la bouche béante, écoulaient en trem-
fêle du roi Jacques en brûlant une sorcière, blant et en souhaitant de trembler encore
el ils envoyèrent à la cour quelques-uns do plus. Par intervalles, maître Will faisait une
ses restes, avec une, respectueuse adresse qui pause. 11 promenait sûr l'assemblée un regard
exprimait leurs sentiments de fidélité. Le roi dont il s'efforçait do cacher la raillerie, mali-
daigna répondre aux bourgeois de Windsor. cieuse. — Cependant le soleil s'élait couclié;
11 leur traça des règles pour découvrir les tout à coup Will s'interrompit et ses audi-
sorcières; el parmi les charmes puissants teurs levèrent la tète au. bruit du trot d'.un
qu'il leur recommanda contre elles, il désigna cheval : un cavaliers'arrêta,devant le porche
surtout les fers à cheval, à cause de leur et demanda où demeurai! Jean Podgers. —
forme cabalistique. Plusieurs en conséquence «Ici même,» crièrent une douzaine de.voix, Le
crurent qu'ils mettraient leurs fils à l'abri de cavalier, descendant de cheval, s'approcha
tout maléfice en les plaçant comme apprentis de John d'un air empressé. «D'où viens-tu?
chez des maréchaux-ferrants, profession qui demanda John brusquement. — De Kingston,
devint fort estimée. monsieur.. — Et quelle affaire t'amène ici ?
— Au milieu de celle
perturbation, on remarqua que John Podgers — Une affaire importante ; une affaire de sor-
hochait la tête plus que par le passé. 11 ache- cellerie.» — A ce mot de sorcellerie, chacun,
tait tous, les livres qu'on publiait contre la regarda le messager avec consternation. Will
sorcellerie. Il s'instruisit à fond dans la science seul resta calme — Le messager répéta sa,
des charmes el des: exorcismes. Il ne rêva réponse d'un Ion encore plus solennel; puis
35.
5/t 8 AI-PI! NIMCI*!.
il raconta comment depuis plusieurs nuits les montré; il lui donna les conseils que lui sug-
habitants de Kingston étaient réveillés par les gérait, sa vieille expérience; Will, en ce mo-
cris affreux que poussaient les sorcières au- ment, se grandissait à ses yeux de tout le
tour du gibet de la ville ; comment des voya<- courage que lui-même ne se sentait pas. —
geurs les avaient distinctement aperçues; com- Au bout de quelques minutes, Will reparut
ment trois vieilles femmes dès environs étaient couvert d'un ample manteau et armé d'une
véhémentement soupçonnées.... Ici les assis- longue rapière. — «Maintenant, camarade,
tants frissonnèrent. John Podgers hocha la dit-il en s'adressant au messager, montrez-
tête d'un air qui parut singulièrement signi- moi le chemin. Adieu, mes maîlrcs; adieu,
ficatif. — Le messager continua : un conseil mon oncle. Je présenterai vos compliments
avait été tenu, dit-il; les magistrats avaient aux sorcières de Kingston.» Will et.son com-
été d'avis que, pour constater l'identité de' pagnon s'éloignèrent au grand trot, de leurs
ces créatures, quelqu'un veillerait auprès du chevaux. — Les bourgeois de Kingston étaient
gibet. Mais il ne s'était présenté aucun homme encore plongés dans leur premier sommeil',
de bonne volonté ; el on l'avait dépêché vers lorsque Will el son guide arrivèrent aux por-
John Podgers comme;, vers un personnage de tes de la ville et se dirigèrent vers une maison
renom, qui bravait les sortilèges e! les malé- où les principaux magistrats tenaient conseil.
fices. — John reçut celte communication avec Quand ils virent entrer à la place de John
,
un air digne. Il répondit en peu de mots qu'il qu'ils attendaient, un jeune homme bien fait,
serait heureux de pouvoir rendre service aux mais dont l'extérieur n'avait rien d'imposant,
habitants de Kingston ; mais que son penchant leur désappointement fui extrême. Ils l'accep-
à s'endormir l'en rendait incapable. «Cepen- tèrent pourtant faute de mieux. Les instruc-
dant, ajoula-t-il, il y a ici un homme qui tions qu'ils lui donneront consistaient à se
passe sa vie à fabriquer des fers à cheval, el cacher près du gibet, auquel était attaché le
qui, par conséquent, n'a rien à craindre du corps d'un malfaiteur inconnu, que des agents
pouvoir des sorcières. Je ne doute pas, d'a- du gouvernement, munis d'ordres secrets,
près sa réputation de courage, qu'il ne se fasse avaient exécuté i'avanl-veille ; à se montrer
un plaisir de me remplacer.» — Le maréchal- soudainement au milieu des sorcières et à les
ferrant interpellé remercia John Podgers de charger à grands coups d'épée. Les prudents
l'opinion flatteuse qu'il avait conçue de sa magistrats avaient, calculé que les meurtris-
bravoure. «Mais pour ce qui regarde l'affaire sures et les estafilades feraient reconnaître le
en question, dit-il, je suis forcé de me récu- lendemain celles des vieilles femmes de la
ser. Je ne m'appartiens pas; l'idée de. me ville qui auraient couru le sabbat pendant la
savoir engagé dans une aventure ferait mou- nuit. Will loua très-fort celte invention. 11 fit
rir ma femme.» Tous les gens mariés applau- son profit des conseils et des recommanda-
dirent, en déclarant aussi qu'ils se devaient à tions; mais il profila encore bien plus d'un
leur famille. Will, qui était garçon et qui s'é- bon souper qui lui fut offert. 11 attenditdevant
tait permis de rire plus d'une fois de la une bonne table onze heures et demie ; alors
croyance aux sorcières, attira alors tous les d'un pas insouciant il suivit les magistrats au
regards ; chacun chuchotait : « Pourquoi ne lieu où il devait se placer en embuscade. —
pas s'adresser à Will?» Le jeune homme se Il faisait une nuit sombre' el menaçante; de
hâta de dire qu'il était prêt, et que dans cinq gros nuages noirs étaient suspendus dans les
minutes il serait en selle, si personne ne lui airs et interceptaient la faible clarté des étoi-
disputait la gloire de se dévouer pour la ville les. Par intervalles le roulement du tonnerre
de Kingston. Et sans attendre de réponse, il se mêlait aux sifflements d'un vent impétueux.
courut préparer son cheval. John Podgers, de- Will, qui était sorti le dernier, se trouva, on
venu pensif, suivit son neveu , afin d'essayer ne sait comment, en tête de la petite troupe.
quelques remontrances qui restèrent inuti- Enveloppés de leurs manteaux et l'oreille ten-
,
les. Pour lui cette affaire l'intimidait; il avait due, les dignes bourgeois se serraient autour
cent fois affronté les sorcières à la face du du hardi jeune homme. Ils marchaient sur ses
soleil, mais jamais pendant la nuit; or, c'était talons et semblaient chercher un abri derrière
partout dans les ténèbres qu'elles accomplis- sa personne. A la fin, ils s'arrêtèrent. Une
saient leurs plus redoutables enchantements. lande aride et désolée s'étendait devant eux ;
La circonstance du gibet n'était pas non plus une ligne noire se dessinait dans les airs à
faite pour rassurer. Enfin le vétéran ne vou- quelque distance. C'était le gibet. Will reçut
lait pas risquer une réputation acquise par ses dernières instructions ; après quoi ses con-
.
tant de dangers. Mais il témoigna à son ne- ducteurs prirent congé de lui à la hâte. Il fut
veu plus d'intérêt qu'il ne lui en avait jamais: même tenté de croire qu'ils s'enfuyaient à
APPEND131CJÏ. 549
toutes jambes; mais on sait que les illusions fa fait du corps? — Du corps? balbutia Will,
sont filles de la nuit. — Il se dirigea résolu- inquiet
in de la tournure que prenait cet entre-
ment vers l'objet funèbre et reconnut avec tic tien. — Oui, qu'est devenu le corps qui char-
satisfaction que les bras de la machine n'é- ge geait ce gibet? répéta la femme d'une voix
laient chargés d'aucune dépouille humaine, plus pi ferme. Vous ne portez pas la livrée des
et que nul être vivant ne se trouvait au pied, agentsas de la police et vous n'êtes pas un des
Qu'était devenu le corps du supplicié? Will nôtres. ne Pourquoi vous trouvez-vous ici ? —
ne s'occupa point d'expliquer ce mystère. On P< Pourquoi je me trouve ici, répondit lo jeune
n'entendait d'autre bruit que le grincement h< homme en se remettant assez vile d'un mo-
des chaînes de fer, lorsque le souffle du vent m ment de frayeur, j'ai presque honte de le dire.
les balançait dans le vide. Le jeune homme Qu'il Q vous suffise de savoir que je ne suis ni
étudiait la disposition du terrain ; el s'étant ni un espion, ni un homme malintentionné. Si
assuré que personne n'était caché dans les je ne me (rompe, c'est vous qu'on a enten-
environs, il s'établit au pied même du gibet, ddues gémir el vous lamenter ici la nuit der-
choisissant le côté qui était tourné vers la nière. n C'est nous en effet. L'infortunée que
ville., d'abord parce qu'il se niellait ainsi à voilà

v pleure un mari, et moi je pleure un
l'abri du veut, ensuite parce qu'il pouvait frère. fi La loi de sang qui a frappé celui que
apercevoir de là plus facilement les visiteurs nous n avons perdu ne l'ail pas de notre douleur
qu'il attendait el qui viendraient sans doute un u crime. — Quoique affaire de rébellion,
dans celle direction 11 attendit, ainsi, le corps pensa
p Will, quelque attaque contre les sujets
enveloppé dans son manteau la main droite du d roi. Poltrons de magistrats !» —-11 s'efforça
,
libre et. prête à saisir son épée. Will Marks alors a de distinguer les traits des deux fem-
était un garçon intrépide; cependant, lorsque nmes; et malgré l'obscurité il y réussit. Celle à
l'humidité de la nuit eut rafraîchi son sang, qui q il parlait accusait déjà un certain âge;
a|irës qu'il fut resté immobile deux longues mais n l'autre lui parut jeune. Toutes deux por-
heures sur ce théâtre de morts violentes, il taient h des habits de deuil; leurs cheveux,
commença à repasser dans son esprit tout ce titrempés par la pluie, flottaient épars sur
que l'on racontait des sorcières el de leurs 1leurs épaules ; leur extérieur était celui de
.

courses nocturnes. Ces images lugubres, qu'il Il'accablement. Il se sentit ému de compassion.
ne pouvait plus écarter, le troublèrent peu à — Écoutez, reprit-il après un moment de si-
peu. Ses yeux plongeaient dans l'obscurité lence, 1 je no suis qu'un bourgeois de Windsor.
pour en interroger les profondeurs ; son J'étais .1 venu ici pour défendre ce gibet contre
oreille saisissait tous les bruits que le vent les 1 esprits el les sorcières; sottises dont je
lui apportait des divers points de l'horizon, suis s honteux à présent. Mais si je puis vous
11 aurait voulu marcher
pour réveiller la cir- être
i de quelque secours, parlez el comptez
culation de son sang; une vague appréhen- sur s ma discrétion el mon dévouement. — Ce
sion le retenait cloué à ce poteau qui soute- gibet, ! demanda encore la plus âgée dos deux
nail un gibet, et dont il s'était fait un rempart, femmes,
i en cherchant à ranimer sa compa-
Bientôt l'orage éclata dans toute sa fureur ; gne, j comment ne porfe-l-il plus les restes
el des rafales de pluie, fouettées avec vio- de...? i — Je l'ignore. Tout ce que je sais,
lenco par le vent, ajoutèrent leurs ténèbres c'est i que, quand je suis venu il y a deux heu-
aux ombres déjà si épaisses;de la nuit. Toula res, il étail comme vous le voyez. D'après vos
coup Will Marks entendit une voix étouffée qui questions, il paraît que le corps a été enlevé
murmurait à son oreille : « Grand Dieu ! il est cette <
nuit même, avant mon arrivée et à l'insu
tombé à terre; et le voilà debout comme s'il des bourgeois de la ville. Cela est étrange on
était en vie.» •— Le jeune homme aussitôt, effet. Réfléchissez. N'avcz-vous pas des amis
écartant son manteau et tirant son épée, sai- qui aient pu exécuter celle entreprise?
sit par sa robe une femme, qui tomba presque Les deux femmes commencèrent à s'entrete- —
défaillante à ses pieds. Une autre femme, ve- nir à voix basse. Will les entendait gémir et
lue de noir comme celle qu'il arrêtait, se te- sangloter.-— «Si c'étaient des bohémiennes?
nait immobile devant lui et le regardait d'un se demanda-t-il. Les gens de cette race se
air effaré. •— «Qui êtes-vous? cria Will, en secourent mutuellement. Mais le corps enlevé
se remettant un peu de la surprise où l'avait du gibet ! que diront les magistrats de King-
jeté cette apparition inattendue, que venez- ston?» — La plus jeune des deux femmes se
vous faire ici ? •— Qui ètes-vous vous-même? rapprochant alors : «Vous nous avez offert vo-
demanda celle des deux femmes qui était tre aide, diUelle d'une voix douce et plain-
— Et je vous l'.offre de nouveau, ré-
restée debout; comment troublez-vous de tive
votre présence- ce lieu funèbre? qu'avoz-vous pondit Will avec résolution. — Vous êtes.
fa50 AI" PENDMGE.
prêt à nous accompagner? — Partout où il taire quand il faut. — C'est parfait. Mainte-
1.

vous plaira de. me conduire. Au diable les nant, i écoulez. Vous ne vous trompiez pas en
sorcières et les complots, elles fous qui m'ont conjecturant que le corps avait élé enlevé du
<

placé en sentinelle — Eh bien! suivez-nous gibet avant votre arrivée


!
s
Il est dans celle
donc,.brave jeune homme. —Will, s'enve- maison. — Dans celte maison? répéta Will,
i

loppant de son manteau marcha aussitôt, sur commençant à s'alarmer. — Oui, reprit l'in-
i
,
les traces des deux femmes. — Après qu'il
terlocuteur; et il s'agit de le transporter plus
eut fait un mille environ dans l'obscurité, il loin. Celui qui s'en était chargé manque à la
se trouva, précédé de ses deux guides, devant promesse qu'il nous avait faite. Èles-vous
une gorge par laquelle plusieurs grands ar- homme à le remplacer?» — L'aventure pre-
bres étendaient leurs rameaux. Un homme s'y nait un caractère grave. Mais il était difficile
tenait caché avec trois chevaux de selle. 11 se de reculer. Cependant Will ne put s'empê-
concerta quelques instants avec les deux fem- cher de porter autour de lui un oeil défiant.. —
mes, offrit son cheval à Will, qui ne lit pas «Vous êtes à ma discrétion, lui dit tranquille-
difficulté de l'accepter, et regarda partir ses ment l'homme masqué, qui semblait lire ses
compagnons au galop de leurs chevaux avec pensées dans ses yeux. Choisissez donc de
leur nouveau conducteur. Puis cet, homme transporter le corps dont il s'agit, par des
s'éloigna lui-même, dans une direction oppo- moyens que je vous indiquerai, jusque dans
sée. — Will et les deux dames ne s'arrêtèrent l'église deSaint-Dunslan à Londres (et ce ser-
qu'auprès dePutney, devant une grande mai- vice sera richement récompensé), ou de... Mais
son isolée. Ils laissèrent leurs chevaux à un vous saurez, quand il le faudra, l'alternative.
domeslique qui semblait placé là pour les at- — Permettez-moi, demanda Will, dont toutes
tendre, et ils entrèrent, en suivant un passage les idées étaient de nouveau confondues, per-
étroit, dans une petite chambre où Will fut, mettez-moi de vous adresser d'abord une
laissé seul un moment. Il réfléchit à sa situa- petite question. — Aucune. Vous voudriez
lion, lancé dans une aventure dont le com- apprendre quel était celui dont les restes vous
mencement du moins était fort singulier. 11 seront confiés: cela ne vous regarde pas. Ne
songea qu'il valait mieux servir de protecteur cherchez pas à le savoir; je vous le répèle,
à deux femmes malheureuses que de trembler ne le cherchez pas. C'est, un homme qui a péri
auprès d'un gibet. Pendant qu'il faisait mille sur un gibet, comme lous ceux que la loi ou
conjectures sur ses taciturnes protégées, il se la politique condamnent. Que, cela vous suf-
sentit un peu troublé en voyant entrer un fise — Le mystère d'une telle affaire en mon-
homme dont le visage était couvert, d'un mas- tre assez le danger. Quelle sera la récom-
que noir. 11 se tint sur ses gardes, examinant pense? — Deux mille guinées. 11 n'y a pas
avec soin le personnage, qui paraissait avoir de danger bien grand , pour vous surtout en
de quarante à cinquante ans el dont, l'exté- qui l'on ne saurait découvrir le partisan d'une
,
rieur annonçait une vigueur peu commune. malheureuse cause. Cependant, il y en a. —
Ses babils étaient riches, élégants, mais souil- El si je refuse, dit Will, relevant la tète et,
lés par la boue et la pluie. On voyait à sus fixant ses yeux perçants sur les yeux qui le
éperons qu'il venait aussi de voyager à che- considéraient a travers le masque, quelle sera
val. Ce fut lui qui rompit le silence. — «Vous l'alternative? — Réfléchissez d'abord, avant
êtes jeune et entreprenant, dil-il au neveu de de refuser.» — C'était l'époque des entreprises
John Podgers, et. vous aimeriez sans doute à hasardeuses. Les ressources bornées delà po-
faire fortune. — Je n'y ai pas encore songé, lice favorisaient alors l'esprit aventureux.
répliqua Will. Mais que voulez-vous en con- Will avait entendu parler de conspirations,
clure? — Que l'occasion de vous enrichir se de révoltes sanglantes ; il n'eût voulu pour
présente à vous. •— Eli bien je ne la repous- rien au monde devenir sciemment le complice
!

serai pas. Mais il faut savoir de quoi il s'agit.» d'un crime de lèse-majesté. Mais ici ii était
obligé de s'avouer à lui-même qu'il ne savait
— Le jeune homme commença à croire qu'il
se trouvait engagé avec des fraudeurs. — rien. — «Deux mille guinées', peiisa-t-il ,
«Apprenez d'abord, reprit l'homme masqué, avec cette somme j'épouserai Alix. Allons,
que vous avez été attiré ici, de peur que vous allons, il était écrit que j'aurais la compagnie
n'allassiez raconter trop tôt votre histoire à de ce pendu. » — Lorsqu'il eut l'ail connaître
ceux qui vous avaient placé en sentinelle. — au cavalier masqué sa résolution, celui-ci lui
Ah comme les dignes bourgeois de Kingston apprit qu'une voiture couverte avait déjà été
!

seront ébahis ce matin! Là précaution est préparée ; que le moment de. son départ, se—
excellente. Mais apprenez à votre tour que: rait calculé de manière à ce qu'il arrivât au
vous n'en aviez pas besoin , cl que je sais me; pont de Londres dans la soirée el qu'il Ira-
AI'PLM.MCE. 551
versât la Cité au milieu de la nuit. Des gens hommes soutenait- une femme dont les traits
«postés devaient recevoir le cercueil elle des- étaient cachés sous un voile noir. Les assis-
cendre immédiatement sous les dalles de l'é- tants gardaient un prorond silence. Will s'ap-
glise. Si quelques questions lui étaient adres- procha el vil qu'une des longues dalles, de la
sées dans le trajet, il répondrait aux curieux nef avait élé levée d'avance. On descendit le
que le corps élail celui d'un homme qui s'é- cadavre dans celle espèce de caveau funé-
tait noyé dans la Tamise. En un mol, Will raire. Toutes les tètes se découvrirent pour
-Marks reçut des indications si complètes et si un dernier el solennel adieu. Après quoi la
précises que le succès lui sembla assuré. — dalle fut scellée de nouveau. Alors l'un des
En ce moment un antre cavalier, également personnages mystérieux qui portaient les tor-
masqué, vint joindre ses recommandationsà ches glissa dans la main de Will Marks une
celles du premier; el la plus jeune des deux- bourse pesante : « Prends, lui dit une voix que
dames, celle dont les larmes avaient produit le jeune homme crut avoir déjà entendue la
quelque impression sur Will Marks, acheva veille ; éloigne-toi et ne parle jamais de ce qui
de le décider par ses prières. Il ne songea s'est passé. — Que les bénédictions d'une
donc plus qu'aux moyens de gagner la ré- veuve désolée vous conduisent,, généreux
compense qui lui élail offerle. — Le lende- jeune homme , dit une voix dont Will Marks
main, à l'heure où l'obscurité descendait sur reconnut le timbre harmonieux. Que la sainte
lu ville de Londres, une voilure s'avançait Vierge et les saints anges soient avec vous ! »
lentement à travers les rues de la Cité. 'Will, — Will Marks fit un mouvement involontaire
déguisé avec soin, tenait la bride du cheval pour rendre la bourse. Mais les deux cavaliers
et marchait d'un pas tranquille. Personne éteignirent leurs torches el l'avertirent qu'il
n'eût, soupçonné, en le voyant, un homme fallait se séparer sans retard. Il entendit en
parvenu au moment le plus critique d'une en- même temps le bruit de leurs pas sur les nul-
treprise dangereuse. —11 était huit heures du les de l'église; lui-même se dirigea au milieu
soir. Une heure plus lard les rues devenaient de l'obscurité vers la porte par où il était an-
désertes, et l'on ne pouvait plus s'y hasarder tré et qui élail encore enlr'ouverte. Au bout
sans un péril extrême. 11 n'était bruit que de de quelques instants il se trouva seul dans
,
meurtres el de vols à main armée. Déjà on la rue. Ceux qu'il venait de voir s'étaient
avait fermé les boutiques du pont. Will fran- évanouis dans les ténèbres. — Par mon pa-
chit, sans accident le passage périlleux; et il tron , dit alors le neveu de John Podgers, les
poursuivaitpéniblement sa marche, arrêté par sorcières sont bonnes pour quelque chose :
un tapageur pris de vin qui prétendait monter J'épouserai Alix. — Cependant, les dignes
de force dans sa voilure, par des bourgeois magistrats de Kingston avaient jugé néces-
curieux qui voulaient, savoir quelle marchan- saire de veiller toute la nuit. Maintes fois ils
dise il transportait si lard, par des gardes de crurent entendre de cris sinistres apportés par
la Cité, dont il fallait repousser les investiga- le vent. Lorsque la pluie retentissait sur les
tions au moyen d'histoires vraisemblables. volets extérieurs el que l'orage remplissaitles
A travers mille obstacles il gagna heureuse- airs do ses hurlements, faisant crier les en-
ment. Eleet-slieet, el distingua enfin la masse seignes des boutiques voisines, ils tressail-
sombre de l'édifice qui était le. terme de son laient, de peur, el, se serrant les uns contre les
voyage. — Toutes les précautions qu'on lui autres, ils se rapprochaient, du feu- 11 est
avait annoncées étaient prises. A peine eut-il juste de dire qu'ils buvaient fréquemment à
conduit sa voilure au pied des hautes mu- la santé du hardi jeune homme qui faisait
railles que quatre hommes parurent tout à sentinelle au pied i\u gibet dans l'intérêt de
,
coup à ses côtés, en enlevèrent le cercueil, la bonne ville. La nuit s'écoula de la sorte;
qu'ils portèrent dans l'église. Un cinquième mais le lendemain malin on attendit, vaine-
monta sur la voilure, el jetant à Will un petit ment Will Marks. On apprit bientôt que le
paquet qui contenait son manteau et sa 10- corps suspendu au gibet avait disparu aussi
que , fouetta le cheval, s'éloigna précipitam- bien que la sentinelle. Toute la.ville fut. en
ment et s'enfonça dans les rues obscures de rumeur. On multiplia les recherches; on dé-
la cité. Tout cela s'était fait à la hâte et sans pêcha des messagers dans différentes direc-
qu'aucun mol fût échangé. Will, laissé à tions : tout fui,inutile. 11 semblait que le mal-
lui-même, suivit le corps et entra dans l'é- heureux Will Marks eût. élé emporté à travers
glise, dont la porte fui aussitôt fermée. L'édi- les airs. Qu'on se figure les suppositions aux-
fice n'était éclairé que par la lueur de deux quelles les bourgeois de Kingston se livrèrent,
torches que tenaient deux hommes masqués lorsqu'ils virent la journée et la nuit suivante
et couverts de longs manteaux. Chacun de ces se passer sans en recevoir de, nouvelles! ils
552 APPENDICE.
s'étaient tellement pénétrés de l'idée qu'il plus p cher encore. Will s'efforça de la rassurer
était devenu la proie dos sorcières, tant de contre c les suites qu'elle en redoutait pour lui.
gens affirmaient qu'on n'en entendrait plus Mais ï il ne parvint jamais à dissiper entière-
parler, qu'il y eut désappointement général mont i la croyance qu'elle avait aux sorcières.
lorsqu'il reparut. — C'était bien lui cepen- — Grâce aux libéralités de son oncle , il l'é-
dant, la mine riante, la démarche pleine pousa | ; et l'argent qu'il avait gagné par son
d'aisance, la toque sur l'oreille. Les magis- courage, et dont il se servait avec discrétion,
<

trais ouvraient des yeux émerveillés ; John entretint dans son ménage une heureuse ai-
<

Podgers, que l'on avait envoyé chercher à la isance. Quant aux scènes mystérieuses où il
hâte, n'était pas encore sorti de son étonne- avait joué un rôle, le voile qui les cachait ne
;

ment. Will, qui avait embrassé son oncle, se fut point levé; el pour lui-même la prudence
vil alors accablé de tant de, questions, que lui défendit de faire aucune recherche 1.
pour y répondre, pour être mieux entendu el ta Chapelle des boucs. — Ce qui va suivre
mieux vu de la foule impatiente, il monta sur explique quelque chose des mystères de la
une table. — Mais si son retour inattendu sorcellerie et surtout du sabbat. Nous devons
avait désappointé les amis du merveilleux, ce récil intéressant à M. André Van Hassell,
ils furent amplement dédommagés par l'his- qui l'a publié à Bruxelles, dans l'Emancipa-
toire qu'il leur raconta, histoire véritablement tion. Nous voici en l'année 1773. Par une

surprenante et entremêlée de sauts el de chaude journée du mois d'août, nous suivons
pantomimes; car Will. pour mieux décrire à lentement l'ancienne roule de Maëslrichl à
ses auditeurs la danse satanique des sorciè- Aix-la-Chapelle; cette voie nonchalante et
res, ne dédaigna pas de leur donner une re- paresseuse qui se traîne, pur de longs détours,
présentation à l'aide d'un manche à balai à travers les villages de Meersen el de Hou-
qu'on lui tondit. 11 dit ensuite comment elles them, louche au bourg de Fauqucmunl, puis
avaient emporté le cadavre dans un chaudron se dirige par lleeck, Climm.cn el Gunrool
de cuivre; comment, par l'effet de leurs en- vers lleelcn, d'où elle s'avance sur Aix-la-
chantements il avait lui-même perdu les Chapelle, après avoir traversé Kerkraede cl
,
sens ; comment enfin il s'élaif trouvé sous une Biclerick. Nous venons de sortir de Fau-

haie à dix milles de Kingston. Cette histoire, queiuont ; voici à notre gauche le clocher
débitée avec une rare assurance, excita l'ad- poinlu de lleeck avec sa croix. Après avoir
miration générale. Le bruit s'en répandit jus- dépassé Clinimen, quittons la grand'roule et
qu'à Londres, llopkins, l'homme de son temps descendons dans ce vallon où glisse la rivière
qui découvrit le, plus do sorcières, voulut in- de Geleen, charmante à suivre. Si le lecteur
terroger Will Marks: el, après s'être fait n'est pas fatigué, il entrera dans un taillis et
rendre compte do certaines particularités un y trouvera les ruines d'un petit manoir près
peu obscures, il prononça que c'était, l'histoire de la croix plantée au bord du sentier qui se
la plus extraordinaire et la plus digne de foi. dirige de lloensbroek à Vaesraedl. Ces
Elle fut publiée sous le litre d'Histoire sur- ruines, que l'on ne découvre pas sans peine —
prenante et véritable, à l'enseigne des Trois- sous les ronces et la mousse qui les couvrent,
Bibles, sur le pont de Londres, en petit in-i°, sont celles du château de Scheuienhof, ma-
avec un dessin du chaudron d'après l'original. noir habité en '1773 par les resles de l'an-
— Ajoutons que, Will eut soin de décrire les cienne famille , réduite maintenant à deux
sorcières qu'il prétendait avoir vues sous des tè-lcs, le vieux chevalier de Scheurenliof el,
traits qu'il était impossible de rencontrer. 11 sa fille.—Barement les habitants du village
sauva ainsi de la corde ou du feu non-seule- voyaient le vieux chevalier; il vivait dans la
ment trois vieilles femmes que Ton soupçon- retraite la plus profonde. Sa fille, Malhilde,
nait, mais aussi toutes celles que l'on fit pas- avait dix-huit ans, et on la citait, dans cette
ser en revue devant lui, afin qu'il tâchai do contrée, connue par la beauté et la fraîcheur
reconnaître les coupables. — Chose incon- de ses jeunes filles, comme la plus fraîche et
stante que la gloire e! la popularité! On ou- la plus belle. Elle élail encore un ange de
blia John Podgers pour ne parler que de, son bonté. Il fallait voir avec quels soins, avec
1

neveu. John lui-même se sentit dépassé. Mais, quelle affectueuse piété, elle s'appliquait à
trop grand pour être jaloux, il conçut pour adoucir les derniers jours de son vieux père.
1

AVill une sorte de respect et parut disposé à1 Et ce n'était pas trop de tout ce! amour
le doter convenablement. -— Et maintenant,! —
pour donner la résignation au vieillard ; car
avons-nous besoin de décrire la joie d'Alix, les douleurs et les infirmités de la vieillesse
en revoyant son fiancé qu'elle croyait perdu?
L'aventure- dont il était le héros le lui rendaitt 1 Mabter humphry's dock.
APPENDICE. 553
ne troublaient pas seules la vie du chevalier vinces-Unies, on soupçonna des ramifications
do Schcureiihof. Un autre motif, el un motif si étendues et des plans si étranges, que
plus grave, ne lui laissait point de repos. —• l'historien doit douter de la vérilé des con-
A l'époque où se passe l'événement que nous victions acquises par plus d'un des juges qui
allons raconter, celte partie du Limbourg était siégèrent pour examiner les brigands dont la
singulièrement agitée, non point par une justice parvenait à s'emparer. On allait jus-
guerre, mais par quelque chose de pire, par qu'à dire que Frédéric-le-Grand, pour avoir
une bande de brigands dont le souvenir a les coudées franches en Allemagne et occuper
laissé des Iraces dans tout le pays. Cette les Provinces-Unies entretenait lui-même
,
bande étendait le théâtre de ses exploits dans par des agents secrets ce terrible incendie.
touL le vaste carré compris entre Aix-la-Cha- On ajoutait mémo que l'itiitialion des adeptes
pelle, Mae'stric.lit, Burenionde e! Wassem- se faisait d'après un moyen inventé par
berg. Elle déborda même, souvent jusque dans d'Alembe'rt. Voici comment
— ces initiations
la Campine liégeoise. Elle avait à elle tous avaient lieu.
— Dans quelque chapelle per-
les villages lous les hameaux, tous les bourgs due au fond d'un bois ou d'une bruyère,
,
compris dans les qualre angles de ce terri- s'allumait une petite lampe, au milieu d'une
toire et elle y régnait, par la terreur et l'é- nuit obscure et orageuse. L'adepte était con-
,
pouvante. Ceux qui la composaient, habitants duit par ses deux parrains dans ce bois ou
de ces bourgs, de ces hameaux de ces vil- dans cette bruyère, et la chapelle s'ouvrait.
lages, se reconnaissaient entre , eux par un Il en faisait trois fois le tour à quatre pattes;
mol d'ordre et par une petite carte marquée puis il y entrait à reculons après une copieuse
d'un signe hiéroglyphique. Lo jour, ils tra- libation de liqueur forte. Deux brigands affu-
vaillaient aux champs, ou buvaient dans les blés de vêlements cabalistiques recevaient
tavernes (car l'argent ne leur manquait ja- son serment et concluaient avec lui le pacte
mais). La nuit, ils se rassemblaient au signal infernal. On le hissait alors sur un bouc de
d'un coup de siffle! qui parlait du fond d'un bois, placé sur un pivot. Le récipiendaire
hallier ou qui retentissait dans les solitudes assis, on se mettait à tourner le bouc. 11 tour-
d'une bruyère. Alors l'effroi se répandait de nait, il tournait toujours, il ne cessait de tour-
toutes parts. Les fermes tremblaient. Les ner. Le malheureux, déjà le cerveau pris par
églises étaient dans l'inquiétude. Les châteaux la boisson, devenait do plus en plus ivre. Il
frémissaient d'anxiété. Partout on se disait bondissait sur sa monture la sueur ruisselait
,
avec terreur cl tout bas : •— « Malheur! voilà le long de ses tempes, il croyait traverser
les Boucs qui vont, venir! »— Et les bandits l'air à cheval sur un démon. Quand il avait
allaient dévalisant les fermes, dépouillant, les long-temps tourné ainsi, on le descendait
châteaux, pillant les églises, souvent à la harassé, n'en pouvant plus, dans un vertige
lueur de l'incendie, toujours les armes à la inexprimable. 11 était Bouc, il était incen-
main et un masque au visage. — Le matin
,
diaire, il était voleur, il était bandit, il était
tous avaient disparu. Chacun avait repris son assassin. 11 appartenait à tous les crimes. 11
travail de la journée, tandis que l'incendie était devenu un objet de terreur, un être
allumé par eux achevait de s'éteindre el que _ exécrable. La soif de l'or avait l'ail tout cela,
les victimes de leurs vols el de leurs dépré- — Mais, si les Boucs répandaient ainsi l'épou-
dations se désolaient sur les ruines de leurs vante la justice ne demeurait pas inaclive.
fortunes. — Lo grand nombre d'expéditions Ce fut, dans le pays de Rolduc que les pre-
qui se multipliaient de tous côlés et souvent, mières poursuites eurent lieu. Et, ces pour-
dans la même nuit, avait fait naître parmi suites commencées, on alla bon train. La sei-
le peuple une singulière croyance. On disait gneurie de Fauquemont, l'ammanie de Mont-
que les bandits possédaient le pouvoir de se fort, tout le territoire de Juliers, se couvrirent
transporter en un instant d'un point de la do roues, de gibets, de bûchers ; Heclen fit
province à l'autre, et qu'un paclc, conclu construire deux potences. La seigneurie de
avec Penfer, mettait à leurs ordres le démon , Schaesberg, Noensbroek, Ubach, Nuth, pres-
qui, sous la forme d'un bouc, les emportait que chaque village en firent ériger une au
sur son dos à travers les airs. De là le nom moins. El plus on rouait, plus on pendait, plus
de Boues qui leur fut donné. — L'origine de on écarlelail, plus on brûlait, plus aussi les
cette bande doit être attribuée à quelques Boucs devenaient redoutables par leur nom-
déprédations isolées commises avec succès. bre et par leur audace. On eût dil qu'une
Mais plus. lard quand le nombre immense lulle s'était établie entre le crime et la loi,
,
des. Boucs se fut accru au point d'inspirer des et que l'un rivalisait avec l'autre, comme
craintes sérieuses à la république des Pro- s'il se fût agi de savoir à qui des deux reste»
55/i APPENI.)1CL.
rail, la victoire. — Cela dura vingt ans tout thilde le litre d'épouse. En dépit de la haine
entiers. Celui qui voudrait, comme nous avons des deux pères ni le fils ni la fille ne quit-
,
eu le courage de le faire, interroger les re- taient cet espoir. Et c'était la crainte d'un
gistres formidables des différentesjustices qui, danger pour Walter qui avait fait couler les
dans le Limbpurg, eurent à s'occuper des larmes des yeux de l'héritière de Scheurenhof
procès des Boucs, sérail stupéfait devant le au moment où l'incendie éclata devant elle
chiffre énorme des malheureux, coupables du côté du manoir. — « Vous avez donc pris
ou non (car la justice se trompait quelquefois), vos mesures? demanda le chapelain en se
qui périrent de par la loi dans cet espace de tournant vers le sire de Scheurenhof. -— Mes
temps. Dans un rôle du tribunal de Fauque- murailles sont assez fortes encore pour que
niont seul, nous avons compté cent quatre nous puissions repousser la première attaque,»
pendus et écarlelés en deux années, de 1772 répondit celui-ci — A peine le chevalier
à 1774. — Le manoir de Scheurenhof était eut-il achevé ces mots, qu'un serviteur de la
situé précisément au milieu du foyer de ces maison Job, entra-tout effaré dans la salle.
,
brigandages. — Le vieux chapelain entra dans — « Eh bien ! Job, que veut dire cette pâleur?
la salle. — « Nous apportez-vous de mau- fil le maître du manoir. —Messire, des hom-
vaises nouvelles, mon'père? lui demanda vi- mes du village désirent vous parler. -— El
vement le seigneur. —11 est difficile d'en es- qui est à leur tôle? — Le bailli de lloens-
pérer de bonnes répondit le prêtre. La nuit broelc. — Qu'on les laisse entrer. » — Quand
passée, l'incendie, a éclaté sous les loils de les habitants de Hoensbroek se trouvèrent
Bingelraedt. — Ainsi l'orage s'amasse de plus devant le châtelain de Scheurenhof, le. bailli
en plus: cette nuit Bingelraedt, il y a trois prit la parole : — « Noble soigneur, nous ve-
jours Schinveldt, il y a six jours Neuenha- nons vous offrir nos services, en ce moment de
gèn. » — Et en disant ces mots, le vieillard danger. Vous avez toujours élé pour nous
baissa tristement les yeux vers la lerre. •— charitable el bon. Il est. juste que nous vous
Le jour était entièrement tombé et l'obscurité soyons reconnaissants. ».— Le visage du vieil-
avait envahi le ciel de toutes parts. La jeune lard s'éclaircil à ces paroles; il jeta un re-
fille, au bord de la fenêtre ouvrit tout à coup gard rapide sur les braves accourus à son
,
de grands yeux et jeta un cri terrible : — « Le secours, en les nommant chacun parleur nom
fou ! le feu ! »
— Lo vieillard bondit sur son comme d'anciennes connaissances. Mais ses
siège.— « Le feu dis-tu? El de quel côlé? yeux s'arrêtèrent avec élonnement sur une
,
— Du côlé de Hegen, répondit Malhilde avec figure cachée à demi dans un des coins les
un profond serrement de coeur.— Ce n'est plus obscurs de la salle. C'était un vigoureux
rien » dit le vieillard froidement. — Ces pa- jeune homme, dont le front était bruni parle
roles, poignantes firent rouler une larme sur soleil, dont les bras eussent déraciné un ar-
chacune des joues de la jeune fille. Elle suf- bre du sol et dont les prunelles trahissaient à
foquait à ce tableau sinistre et à l'idée que, là la fois la ruse et l'audace. — « Hé! Martin ,
peut-être une tète bien chère allait tomber exclama le sire de Scheurenhof, comment se
sous les haches impitoyables des Boucs. -—Le fait-il que je te rencontre ici parmi mes
petit château de Hegen, situé à l'est de Scheu- • amis? — Châtelain de Scheurenhof, répondit
renhoi, était habité par une famille qu'une l'autre sans manifester la moindre surprise,
haine héréditaire faisait vivre dans une inimi- je n'ai jamais été que l'ennemi du gibier de
tié héréditaire aussi avec, la famille de, Scheu- votre chasse, parce que je suis d'avis que
renhof. Le voisinage, le temps, les mille Dieu n'a pas donné de maître à ce qui vil dans
rapports que doit nécessairement établir le l'eau , dans l'air cl dans les forèls, et qu'il a
contact continuel de deux maisons situées, créé pour le valet aussi bien que pour le. sei-
pour ainsi dire, côte à côte, rien de tout gneur le lièvre de. la forêt, l'oiseau du ciel
cela n'avait pu dominer cette haine. Au con- et le poisson de la rivière. Vous, messire,
traire, elle devenait plus ardente d'année en ne, pensez pas de même, et plus d'une fois
année. Mais, si cette division acharnée s'é- vous me l'avez montré par votre justice , sans
tait mise entre ces deux châteaux, il y avait cependant que vous ayez jamais à mon égard
pourtant un lien secret et caché qui les réu- agi avec inhumanité comme vos lois vous per-
nissait. Malhilde était aimée de Walter de mettaient de faire.. Or, je vous en suis recon-
Hegen. Le vieux châtelain de Scheurenhof ne naissant aussi, et mon bras est à vous. » —
songeait guère, il est vrai, à donner le titre Le vieillard contint l'émotion qui agitait son
de gendre à Walter, comme le maître du ma- ccaur; et, se tournant vers les autres : —
noir de Hegen repoussait de toutes ses forces « Mes amis, je n'ai que deux souhaits à for-
l'iilée que son fils pût donner un jour à Ma- mer : le premier, c'est le salut de ma fille ; le
APPENDMCE. a. .in
second c'est que le ciel me nielle un jour à plus | de toit, el je viens vous demander une
même ,de récompenser votre loyauté. Vos place ] sous le vôtre. — Jeune homme , l'hos-
services, je ne puis les accepter, parce que pilalité ] est. une vieille habitude de ma maison ;
vous avez vos maisons, vos femmes, vos en- qu'elle <
soit la tienne ; je l'y offre un asile qui
fanls. Si l'on vous savait ici, on brûlerait vos demain i
n'appartiendra plus à nous-mêmes
maisons, on dévasterait vos champs, on rui- peut-être.—;
Messire., si mon coeur est fort,
lierait vos biens, on vous réduirait à la mi- mon épée est forte aussi, » répliqua le jeune
sère. Toi, Martin, demeure ici. Tu n'as rien homme avec fermeté. — On allait inviter
à perdre. Je le. nomme, dès ce moment, mon Walter à prendre place à table pour partager
premier garde-chasse. Tu l'acquitteras bien le repas du soir, quand Martin'reparut et
de celle charge car nul mieux que loi ne s'avança vers lo châtelain en jetant sur Hegen
sait les sentiers de, mes bois. Vous, mes amis, un regard de défiance. — « Que désires-lu ,
rentrez dans vos demeures. » — En disant Martin? demanda le. vieillard. — J'ai quelque
ces mots, il lendit la main au bailli et à tous chose à vous confier, messire. — Parle à
ses compagnons, qui ne se retirèrent qu'à haute voix. Cet homme est, mon hôte: il peut
regret. — A peine furent-ils parvenus au bas savoir tout ce qui nous intéresse. — Voici
du sentier qui conduit à Hoensbroek, qu'ils donc, reprit Martin. Mon ange gardien m'ins-
entendirent un cavalier glisser à côté d'eux , pira, sans doute, de m'en aller au dehors et
mais ils ne purent le distinguer suffisamment écouler ce qui se passe autour de la maison;
pour le reconnaître à cause, de l'obscurité de et j'avisai près de noire porte, Jean-le-Ban-
la nuit. — « Qui va là? s'écria le bailli. — cal, le ménétrier; il ne hante que les taver-
Ami! répondit une voix qu'ils ne reconnurent nes, el à chaque fête du village on est sûr
pas davantage. » — Le cavalier avait déjà de trouver son violon. H me reconnut; com-
gravi la hauteur, et. le bruit de son coursier me nous nous sommes rencontrés plus souvent
s'était éteint du côté de Scheurenhof. —; Peu dans les cabarets que dans les églises, il me
de minutes après, la poignée d'une épée demanda si je voulais l'aider à espionner le
frappa vivement à la porte du manoir. — château et à préparer les moyens de faire
« Qui frappe ainsi? demanda Martin, armé
tomber Scheurenhof par surprise aux mains
d'un fusil de chasse de son maître. •— Un ami, des Boucs. —Ils ne me prendront pas comme
qui veut parler au sire de Scheurenhof, ré- un rat dans une souricière ! s'écria le vieil-
pondit la voix que les habitants de Hoens- lard. La colère m'a rendu les forces que l'âge
broek avaient déjà interrogée. » m'avait prises. Ils sentiront ce que pèse mon
— La porte
s'ouvrit, et le cavalier entra. Martin, tenant bras, si mon épée est bien pointue el si mes
le canon de son fusil tourné vers l'étranger, carabines visent juste. Cet homme, est-il parti?
lui dit : — « Avancez, jusque sous celle lan- -—Non, messire! J'ai feint d'entrer dans ses
terne et. dites ce que vous voulez. — Je te projets et, je l'ai pris comme un renard dans
l'ai dit, parler à ton maître. — Qui ètes-vous? une trappe. -— Qu'on le, pende à l'instant
— Ton maître le saura. »— Martin abaissa même à la tour la plus haute de ma
maison ! —
son arme. 11 avait reconnu la figure de l'é- Ne çroyez-vous pas, messire, qu'il serait plus
tranger. — « Ah ! c'est vous, messire? mur- prudent de se borner à le tenir enfermé dans
mura-t-il avecétonnemeiit. Suivez-moi » — un de nos souterrains pour ne pas donner
Ils se dirigèrent vers la salle où se tenaient le l'éveil à ses compagnons? Nous aurons tou-
sire de Scheurenhof, sa filie et le chapelain jours le temps de lui faire faire des entrechats
regardant l'incendie qui diminuait el la (lam- entre ciel et terre... — Tu as raison, fit le
ine qui devenait de plus en plus faible. — sire de Scheurenhof. Dans le cas où nous
« Attendez ici que je vous annonce, » fit Mar- sommes, prudence vaut mieux peut-être que
tin à son compagnon. — A ces mots il ou- témérité. Or, voici le moyen qui me semble
vrit, la porte de la salle et dit à haute, voix : préférable. Martin fera semblant d'entrer dans
— « Messire Waller de Hegen ! — Walter ! les vues de l'espion. 11 sortira avec lui du
exclama Malhilde avec une émotion indicible. châleau et le conduira secrètement dans lé
— De Hegen! » s'écria le vieux châtelain avec bois du Calvaire en lui disant qu'une troupe
un accent inexprimable. — Le jeune homme de gens d'armes doit venir, cette nuit, à no-
s'avança d'un pas ferme vers le vieillard.— tre secours. Tous nos hommes armés el, à che-
« Messire , lui dit-il, je ne suis
plus mainte- val feront en silence un détour à travers le
nant le fils de. votre ennemi. L'incendie m'a bois et rentreront au manoir en passant près
chassé de ma maison et m'a fait orphelin sur de l'endroit où Martin se sera posté avec son
la terre; mon père est mort; ma mère est compagnon, afin de faire croire ainsi aux
morte; loute ma famille est tombée. Je n'aii bandits que ce secours nous est réellement
556 APPENDJ MCE.
arrivé. » — Celle ruse s'exécuta aussitôt et. ceuxet qui vous envoient, qu'ils viennent pren-
elle réussit. Avant que minuit eût sonné, un dre cl les armes et l'argent s'ils le peuvent, »
bruit sinistre circula parmi les brigands. — répondit
n le seigneur de Scheurenhof.— La
« Il est arrivé une troupe de soldats à Scheu- porle
p se rouvrit el les députés sortirent. Le
renhof. — Une troupe nombreuse de cava- pont-levisp relevé derrière eux, Martin se re-
tiers, répéta Jean-le-Bancal. tous armés jus- mit n devant la meurtrière, dans laquelle i!
qu'aux dents et prêts à nous tailler une rude replaça
r son fusil rechargé. — « Faut-il faire
besogne. — Combien en as-tu compté? reprit Ufeu, maître? — Ce ne sont, pas des lièvres,
le capitaine. — Un grand nombre fit le nié- Martin.B Ces hommes sont sous ma sauve-
,
nétrier. L'obscurité ne m'a pas permis de garde a de gentilhomme. » — Lo braconnier no
les distinguer suffisamment. Mais j'ai vu luire céda
c qu'à regret à cet ordre et retira son fu-
leurs armes à la faible clarté de la lune el sil s dont le chien élail déjà sur le point, de
j'ai enlendu leurs chevaux hennir comme ffaire partir la balle. — Maintenant la position
après une longue, course. » — Le récit du du ( châtelain était dessinée tout entière. Le
Bancal et les assurances qu'il ne cessait de danger
( était pressant. Aussi l'on s'occupa do
donner augmentèrent dans l'esprit des ban- ltout disposer pour une vigoureuse défense.
dits la conviction que Scheurenhof venait de Les I domestiques furent armés do bons fusils
recevoir une garnison capable d'une longue cl < de fléaux et placés pi es de la porle, les
défense. — Le capitaine était, le seul qui dou- murailles du manoir étant assurées par leur
tât des paroles du ménétrier. — « Jean lui élévation
' contre Fallaque des bandits. Tout
,
dit-il, lu as vu, tu as entendu seulement lu cela '
fait, on ouvrit, les caveaux et le souter-
,
as oublié de compter combien ils étaient. Tes rain qui, conduisant du château au bord du
yeux avinés auront, à coup sûr, doublé, tri- ruisseau de Geleen offrirait une retraite as-
plé, décuplé le nombre. En tout cas, nous surée si lo manoir était ,
enlevé. — Deux heu-
allons aviser à un autre moyen. Qualre. hom- res pouvaient s'être écoulées, quand 1rs abords
mes se rendront à Scheurenhof pour deman- de Scheurenhof se trouvèrent cernés d'une
der la place. Cinquante hommes, loi, Piorre- mullilude de bandits. On n'entendait que des
le-Diable, avec la compagnie, vous les ac- armes qui s'enlrc-choquaienl, que des sifflets
compagnerez pour les protéger contre toute qui s'interrogeaient, et se répondaient de tou-
attaque. Vous ferez halte dans le bois du tes parts, que des voix qui se parlaient et
Calvaire el vous attendrez le retour de mes des ordres qui couraient de rang en rang. Le
députés. » — Le chef ayant l'ail choix de ses gros de la troupe avait alleinl le pont-levis.
qualre messagers qu'il munit de, ses instruc- -— « En avant! » s'écria aussitôt lo capitaine.
tions Pierre-le-Diable rassembla ses hom- •— El les bandits s'avancèrent.
, — Mais, au
mes et la troupe se mil en roule vers le châ- même instant, une détonation terrible par-
teau. — Parvenus au popl-levis du manoir, tilde toutes les meurtrières du château, qui
ils donnèrent un coup de sifflet pour s'annon- était demeuré jusqu'alors dans le plus profond
cer. Martin passa la gueule de son fusil par silence. — « Bien visé, » Martin, dit le châte-
une des meurtrières. — « F'aul-il faire feu? » lain , en voyant chanceler le chef des assail-
demande-t-il à son maître. — Et sans at- lants qu'une balle avait frappé à la poitrine
tendre la réponse, il lâcha la détente. La — Le bandit tourna sur lui-même cl leva son
balle siffla à l'oreille d'un des envoyés des épée en l'air. Puis il tomba au milieu des
Boucs. —«Trahison ! s'écrièrent les quatre siens en murmurant d'une voix rauque :
voix toutes ensemble. — Arrière, Martin ! s'é- « En avant! » —
— Les brigands hésitèrent un
cria le châtelain en repoussant le garde chas- moment et n'osèrent avancer.
— Une deuxiè-
se. — Puis s'adressanl aux députés : — « Ce me détonation illumina les meurtrières, et
n'o.-t qu'une méprise, compagnons, leur dit- six hommes mordaient la poussière à côté du
il. On va vous ouvrir la porle, et foi de gen- cadavre de leur capitaine. —• Alors le trouble
tilhomme! vous sortirez sains et saufs de ma redoubla. Mais un cri de vengeance éclata
maison. »'— Aussitôt le pont-levis s'abaissa ; presque aussitôt parmi la foule exaspérée :
la porte s'ouvrit. -— Les envoyés des Boucs
— Hourra! hourra! El ils se ruèrent en
entrèrent. — « Que voulez-vous?demanda le avant avec une, incroyable fureur. C'était une
châtelain. — Deux choses, répondit l'un d'eux. masse compacte et serrée où portaient toutes
— La première? — C'est que vous nous ren- les balles qui parlaient du château comme
diez toutes les armes qui se trouvent on vos une grêle de plomb. Une partie des Boucs,
mains répliqua le bandit. •— La seconde? — descendus dans le fossé, s'étaient hissés au
,
C'est que vous nous remettiez tout l'argent pont-levis au moyen de cordes et travaillaient
qui est gardé en ce château, — Allez dire à à scier les chaînes citii le retenaient. Un mo-
APPF.N DICK. 557
ment après le. pont s'abaissa avec fracas. La val, sur lequel on se mil, en devoir de l'atta-
porto craquait sur ses gonds, entamée par le cher avec force après lui avoir noué les bras
tranchant du fer. Cha pic coup grondait sous el les jambes. Puis an moyen dos cordes on
la voûle d'entrée el mêlait son bruit sourd au se mil à frapper le pauvre animal ; el, quand
bruit des armes à feu et aux blasphèmes qui on l'eut frappé long-temps: «Maintenant qu'on
tonnaient dans la foule comme un orage. La le lâche! s'écria le capitaine.»—Le cheval fui,
porte tomba déracinée el la multitude se pré- lâché, et il partit comme un éclair, à travers
cipita on hurlant sous la voûle ténébreuse. les buissons, à travers les halliers, courant
Tout, à coup une explosion terrible éclata et comme si un ouragan l'emportait. Le cheval
ébranla les murailles du manoir jusque dans et le cavalier, ayant disparu, on se mit à
leurs fondements. Ce ne fut qu'un inslanl, ce fouiller dans le château; 011 brisa toutes les
ne rut, qu'une seconde. Puis tout était retombé portes, on força tous les meubles, on interro-
dans une obscurité épaisse, et vous n'eussiez gea tous les réduits. — «C'est une chose in-
plus entendu que des cris, des gémissemenls concevable, se dirent les bandits quand, après
de blessés el de mourants. Une clameur gé- avoir tout fouillé, ils n'eurent rien trouvé, ni
nérale couvrit bientôt ces gémissements et ces hommes ni argent. — Comment ont-ils pu
cris: Victoire! victoire! — Et les bandits se s'enfuir d'ici? demanda le chef. — J'ai vu à la
ruèrent par la brèche en passant sur quarante tourelle de l'est une échelle de corde attachée
cadavres des leurs que l'explosion de la au mur et qui descend jusque dans le fossé, dit
mine, pratiquée sous, la porte, avait broyés. un homme de la troupe. — Ils se sont donc
Les Boucs s'étaient jetés dans la cour du châ- sauvés par là, reprit Pierre. —Vers Amslon-
teau. Mais plus un coup de fusil qui leur ré- raedl, ajouta Jean-le-Bancal. — Nous les re-
pondît, plus un homme qui fut là pour leur joindrons, continua Pierre-le-Diable.» Etions
tenir tête.-— «N'avancez pas trop vile, compa- les handils prirent la route d'Amstenraedl. —
gnons, s'écria Pièrre-le-Diable qui avait pris Après avoir donné le signal de l'explosion qui
le commandement de la troupe. Soyons sur fit sauter la porle d'entrée, le seigneur de
nos gardes avant tout !» Car il craignaitqu'une Scheurenhof et les siens s'étaient retirés par
autre mine, pratiquée sous le, sol où ils mar- le souterrain qui conduisait au bord du ruis-
chaient, ne lit un nouveau carnage parmi les seau de Gelecn. Walter avail refusé de les sui-
siens. •— «Ne redoutez rien ! avancez, si vous vre, afin de protéger leur retraite. Une échelle
n'êtes des lâches! répondit aussitôt une voix de corde avail élé attachée à la tourelle de l'est
que vous eussiez reconnue pour celle de Wal- pour faire supposer que les fugitifs s'étaient
ter de Hegen. -— A l'attaque ! reprit Pierre- échappés de ce côté. Le sire de Scheurenhof
lo-Diablo.» Elles bandits se rangèrent en un et toute sa maison marchaient dans l'obcur
vaste cercle autour du jeune homme qui, son souterrain, éclairés parla lumière d'une lan-
épée à la main, se tenait sur le seuil de l'ha- terne sourde que Martin portail devant eux.
bitation dont il essayait do défendre l'entrée. Parvenus à l'issue au milieu d'un épais fourré,
— Alors recommença un combat terrible. Les Martin éteignit sa lanterne, el tous virent les
mains vigoureuses de Walter brandissaient pâles étoiles au ciel. — On entendait de loin
sa redoutable épée, qui semblait se multiplier la rumeur des Boucs qui s'éloignait et s'étei-
et faire une roue do fer autour do lui. Cepen- gnaitdans la nuit vers le village d'Amstenraedl,
dant le cercle qui l'enveloppait se rétrécissait dans une direction opposée à celle que sui-
de plus en plus et le serrait de plus près. Un vaient les fugitifs. •— Mais à peine le châte-
moment arriva où les bandits triomphèrent lain eul-il mis le pied hors du souterrain, qu'il
de cet homme seul el jetèrent un hurlement recula, saisi d'effroi, et que Malhilde jeta un
de joie : « Il est pris !» — On le renversa sui- cri. Il s'était fait un grand bruit dans les buis-
te sol. Dix haches, dix sabres étaient lovés sons, comme celui d'un cavalier dont le che-
sur lui, dix canons de fusils étaient braqués val effrayé par un coup de tonnerre, aurait
sur sa poitrine. — « Arrêtez, s'écria le capi- pris, le mors aux dents. Ce bruit devenait de
taine en écarlanl les brigands. Cet homme no plus enplusdislincl.C'étaient des branches qui
peut mourir comme, un brave, fit Pierre. — se cassaient, des feuillages qui se froissaient,
Qu'on le pende aux bras du pont-levis! dit des hennissements étouffés. Au même instant
Jean-le-Bancal. — Qu'on le jette dans le Ge- quelque chose de lourd vint s'abattre aux
leen, continua un autre. — .lésais mieux que pieds de la jeune fille. — «Walter de Hegen !»
cela, reprit Pierre-le-Diable. Qu'on aille dit Malhilde. C'était lui en effet; les chairs à
chercher son cheval, et qu'on m'apporte l'un demi déchirées par les cordes qui le nouaient
des câbles qui onl servi à monter le pont.» — au cheval, mais sain et sauf. Une larme de
Alors on jeta lo prisonnier en travers du che- joie roula sur les joues de l'héritière de Scheu-
APPEMMCF..
renhûf, et Ions se mirent en devoir de défaire le juif. — Oui, répondit le paysan d'une voix
les noeuds qui ètreignaienl Walter. — «Com- avinée. — Et la Vierge el les sainls? — Oui,
ment cela s'est-il fait? demanda le vieillard la Vierge et les saints. — Tu consens à don-
à peine revenu de sou étonnemenl '— Je vous ner ton âme au démon, afin qu'il l'accorde en
dirai cela plus tard, répondit le jeuiie homme. échange les biens de la terre, l'or, les ri-
Songeons d'abord à nous mettre en sûreté. Je chesses el le pouvoir de te transporter par la
connais près d'ici le meunier d'Hullebroèck. volonté partout où lu voudras ? — Oui. — Eli
Nous y trouverons des chevaux. Nous nous bien ! j'accepte au nom de l'enfer ton âme à
dirigerons vers Geulh où nous passerons la ce prix, dit Nathan. Et maintenant lu es des
,
Meuse. » El, sans se donner le temps de. re- nôtres. Voici la carie qui te fera reconnaître
prendre haleine, il conduisit, là troupe. — Ils des frères. Puis, après lui avoir remis une
avaient laissé à leur gauche le village de carie marquée d'un signe hiéroglyphique, le
lleeck, et descendaient un étroit ravin vers juif lui donna l'accolade fraternelle et lui ré-
le clocher de Saint-Peter. Ils n'y furent pas péta : A ce soir. — Cela ne sera pas, » se dit
plutôt engagés que Martin, qui marchait à la Martin en lui-même, lit, passant, le canon de
tète de la troupe en guise d'éclaireur, s'arrêta son fusil entre les branches d'un buisson, der-
brusquement, et dit à voix basse: «Arrêtez.» rière lequel il se tenait caché, il ajusta Nathan
— Tous firent halle, parce que tous savaient qui se penchait vers son compagnon et lui
combien était développé dans ce braconnier donnait le baiser d'initiation. Au même in-
cet instinct de bête fauve qui flaire le danger, stant la détente partit ; une balle fracassa la
qui comprend le langage du vent, qui entend tête du nouvel initié et entra dans les chairs
au frôlement des feuillagesd'un huilier si c'eVl du bras droil du juif. Un cri effroyable retentit
un ami ou un ennemi qui l'a produit. — Après dans la chapelle : « Trahison ! trahison ! » —
s'être assuré de la direction d'où venait là Le nouveau Bouc roula sur les marches de
rumeur qui le frappait, le garde-chasse mit l'autel, se tordit un instant et. rendit le der-
son fusil en bandoulière et se disposa à nier soupir. Le juif éleva son bras ensanglanté
grimper le long de la berge du ravin. Sans et dit aux deux compagnons qui lui ro.-laienl,
déranger un caillou, sans froisser une piaule, en montrant le mort : « Frères, vengez-moi el.
sans rompre la branche d'un buisson, il at- vengez cet homme.» -— Les deux parrains
teignit avec la légèreté d'un chat la crête de prirent leurs carabines el sortirent de la cha-
la berge et regarda autour de lui en écoulant pelle, dirigeant leurs armes vers l'endroit où
de foules ses oreilles. 11 reconnut aussitôt quel ils avaient aperçu le feu du braconnier. Leurs
étail ce bruit, car il avisa à quelque distance deux balles partirent à la fois. — «Mal visé!
la sinistre petite lampe qui ne s'allumait, qu'au mes compères, » s'écria Martin qui avait re-
soin des nuits ténébreuses pour éclairer l'ini- chargé son fusil double el. tenait deux eo.ips
tiation des Boucs. Un cri de terreur se fût à la portée de ses adversaires. — 11 lâcha le
échappé de la bouche des fugitifs, s'il leur eût premier, et l'un des hommes tomba. Il lâcha
dit: — Nous sommes près de là Chapelle des le second, el l'autre tomba aussi. Il ne restait
Boucs. Mais il se pencha au bord du ravin, et plus que le juif. Mais Nathan s'enfuit à tra-
leur fit signe de marcher avec précaution : vers les fourrés du bois el disparut dans les
«Avancez à pas de loup, leur dit-il tout bas; dernières ténèbres de la nuit. — Martin ren-
nous sommes ici dans un endroit, plein de pé- tra avec l'aube à Eauquemont. Il instruisit le
ril.» — Toute la troupe descendit le ravin dans bailli de ce qui s'était passé. La justice se
le plus grand silence. Ils laissèrent à leur rendit avec une forte escorte à la chapelle
gauche les toits d'Ooste, et entrèrent après d'initiation et n'y trouva que deux cadavres,
une demi-heure de marche à Eauquemont.— qui furent enterrés ignominieusement par le
«Grâce au ciel! nous voici sauvés!» s'écria le bourreau sous.le gibet infâme. — Nathan fut
sire de Scheurenhof. — Pendant ce temps pris quinze jours plUs lard, et pendit lé 2,4 sep-
Martin s'était glissé à travers lès buissons et tembre 1772, à lleeck, sur la bruyère de
les hautes herbes jusqu'auprès de l'entrée de GraecJ. — Malgré la sévérité des juges, mal-
la cliapéllè. Il y vil accomplir les mystères gré les placards nombreux publiés par les no-
d'une initiation. Devant l'autel se tenait de- bles et puissants seigneurs des Provinces-Unies
bout ce fameux juif Abraham Nathan, qui et les mesures prises par les princes évoques
joua un rôle si terrible-dans l'histoire de la de Liège, les Boucs ne purent être entière-
bande. Il était vèlù d'une espèce de.chasuble ment exterminés. Quelques écrivains contem-
brodée d'or et rër'evait le serment d'un pau- . porains font remonter cette bande à l'an 1736.
vre vacher que l'on venait de descendre dti On ne parvint à la dompter qu'en 1779. Elle
bouc de bois. «Tu'reniés Dieu? lui demandait eut un grand nombre dé chefs, parmi lesquels
APPENbHCEÏ 559
figurent surtout, le fameux chirurgien de K., saut s au fond d'un étang desséché : le pain
du pays de liolduc, le juif Abraham Nathan n'approche
i jamais de ses lèvres ; Kleudde
,
Hennan L. et Antoine B., surnommé le Mox. évite la foule; la lumière du grand jour lui
Elle possédait même un chapelain qui prê- brûle les yeux; il n'apparaît qu'aux heures
chait tous les crimes; il portail le nom de où le hibou gémit dans la tour abandonnée ;
Léopold L. Les chapelles où les initiations une caverne souterraine est sa démeure; ses
avaient lieu ordinairement claie t celle de pieds n'ont jamais souillé le seuil d'une habi-
Sainte-Rose près de Sitlard celle de Saint- tation humaine ; le mystère et l'horreur en-
Léonard près de Bolduc, et ,une autre située tourenlson existence maudite : vagues comme
aux environs d'Urmon près de la Meuse. Tous les atomes de l'air, ses formes échappent aux
ces endroits sont encore redoutés aujourd'hui doigls et. ne laissent aux mains de l'imprudent
des villageois voisins, qui trouvent dans l'his- qui essaierait de les élreindrè qu'une ligne
toire des Boucs de quoi défrayer amplement noire el douloureuse comme une brûlure. Son
leurs longues soirées d'hiver. — Malhilde de rire est semblable à celui des damnés ; son
Scheiirenbof et Walter de Hegen finirent cri, rauque et indéfinissable, fait tressaillir
comme tous les héros de romans : ils se ma- jusqu'au fond des entrailles; Kleudde a du
rièrent et obtinrent une nombreuse postérité. sang de démon dans les veines. Malheur à
•— Ceux
d'entre nos lecteurs qui désirent de qui le soir dans sa. route rencontré Kleudde,
plus amples détails sur l'histoire de la bande le lutin noir! — Dans certains villages du
des Boucs, peuvent consulter un petit, livre Brabant le nom seul de Kleudde exerce sur
contemporain qui fut publié en 1779, à Maé- l'esprit des paysans un empire si redoutable,
stricht, sans lieu ni date, et qui porte ce titre qu'il serait impossible de les faire sortir de
curieux : Oorspony Oorzaeke, bewys, etc. leur maison-à une heure avancée de la huit
,
Origine, cause, preuve el découverte d'une pour les envoyer dans un champ, un bois,
bande impie et conjurée, de voleurs de nuit el une prairie où la croyance populaire place
de brigands dans les pays d'outre-Meuse et ce lutin. Les enfants en ont, une grande peur ;
contrées adjacentes, avec une indication exacte on les menace de la présence de Kleudde lors-
des exécutés et des fugitifs, par S.-P.-J. Slei- qu'ils font mal. La frayeur des jeunes filles
nada. n'est pas moins enracinée pour celle espèce
ïtleuctcle '. — Kleudde, tout barbare, tout de loup-garou ; plus d'une le soir arrive es-
cacophonique que doit vous paraître ce nom, soufflée au foyer paternel raconter en trem-
est un lutin, et un lutin national, un lutin vi- blant qu'elle l'ombre. a aperçu Kleudde agitant ses
vant des brouillards de la Flandre el du Bra- chaînes dans —-Au dire des campa-
bant, un lutin belge en un mot! Si vous gnards, ce lutin est un véritable protée, pre-
— les formes les plus diverses, les plus
avez quelque feu dans l'imagination, sans nant
doute qu'à ce seul nom de lutin, vous vous bizarres ; tantôt c'est un arbre d'abord très-
formez déjà toute une.cour fantastique, idéale, petit , ensuite s'allongeant peu à peu à une
surnaturelle, composée de gnomes aux yeux hauteur prodigieuse; puis se mouvant tout à
malins, de sylphes aux ailes d'azur, aux che- coup, il s'élève dé terre et disparaît dans lés
veux d'or, de salamandres aux pieds de feu. nuages; le seul mal que Kleudde fasse réel-
lement sous cette forme, c'est de déraciner et
— Poètes, jeunes filles, enfants, Kleudde, de renverser les antres arbres qu'il rencontre
avec son enveloppe sombre, avec son nom
aussi affreux que son être, Kleudde doit d'un sur son passage. Tantôt il se revêt de la peau
seul mot tuer l'échafaudage de vos songes. d'un chien noir, il marche sur ses pattes de
Kleudde est un lutin malfaisant qui a les re- derrière, agile une chaîne qu'il porté au cou
gards du .basilic et, la bouche du vampire, et saule à l'imp'roviste sur les épaules de celui
l'agilité du. follet et la fadeur, du griffon,; qu'il voit la nuit dans un sentier isolé, l'étreint,
Kleudde aime les nuits froides et bruineuses, le jette par terre et s'enfuit. Souvent Kleudde
les prairies désertes et arides, les champs in- est un cheval maigre et efflanqué; alors il
cultes et blanchis par des os de morts, les devient l'épouvantail des garçons d'écurie. On
arbres frappés de la foudre, l'if et le. cyprès; sait que c'est l'usage dans les grandes fermes
jl se plaît, au milieu des ruines couvertes de de mettre pendant là nuit les chevaux en pâ-
mousse; il fuit les saints lieux, où reposent des ture dans les
prairies; l'es-domestiques-rap-
chrétiens, l'aspect d'une croix l'éblouit et le portent avec "ùnë bonne foi rustique qu'il leur
torture; il ne boit qu'une eau verte çroupis- arrive parfois, lorsqu'ils croient monter .sur
une dé leurs juments, d'énfourchèr Kleudde,
Y
' Cette notice est dé M. le baron Jules de Saint-Gé- qui aussitôt se met à cbûrii- de toutes ses
nois, .qui .l'a donnée, il y a quelques années, dans le
Joi&nàl des Flandres. lorecs, jusqu a ce qu arrive pies d un étang
5"0 APPEN1'MCE.
ou d'un ruisseau , il se cabre cl y précipite corps de la vieille, grandir tout à coup el
son cavalier; ensuite, pendant que, la victime s'échapper des ruines, en criant: Kleudde,
se débat dans l'eau , il se couche un instant Kleudde , Kleudde! Tous les domestiques per-
à plat ventre, pousse un éclat de rire et dis- dirent connaissance, et lorsqu'ils revinrent à
paraît au moment que le cavalier sort de son eux ils n'aperçurent plus rien sur le théâtre
,
bain. —Selon les circonstances, Kleudde se de l'incendie qu'un étang rempli d'une eau
change en chat, en crapaud, en chauve-souris croupissante dont l'odeur soulevait le coeur.
ou en tout, autre animal. Les paysans préten- — L'âme damnée de la sorcière était passée
dent pouvoir reconnaître son approche à deux dans le corps de cet homme noir, ou pour
petites flammes bleues qui vacillent el s'a- mieux dire dans le corps de ce diable, qui
vancent en sautillant, mais toujours en ligne depuis, n'ayant, plus aucun repos, parcourt les
droite ; ces petites flammes sont les prunelles campagnes el les plaines cherchant à nuire à
de ses deux yeux ; le seul moyen alors d'éviter tout ce qu'il rencontre
Kleudde, c'est de s'enfuir en zigzag, comme Glubbdubdrîb. — Si le fragment de Cy-
ferait celui que poursuit un serpent. — Il y a rano-Bergerac sur Agrippa présente l'idée
de cela trois mois, je logeais par hasard qu'on avait des sorciers en France sous
dans une ferme à Ternatli, aux environs de Louis XIII, le passage que Swift leur a con-
Bruxelles. C'était le soir, je me trouvais en sacré au siècle suivant ne mérite pas moins
compagnie avec tout le personnel de la ferme, d'être mis sous les yeux du lecteur. On le
réuni autour d'un large foyer d'hiver. En so- trouve aux chapitres vu et vm du troisième
ciété de ces bons et simples paysans, c'était Voyage de Gulliver. Glubbdubdrib, si
•— «
pour moi une nouveauté d'autant plus pi- j'interprète exactement le mol, signifie l'île
quante, que je complais mettre la soirée à des sorciers ou des magiciens. Elle a trois fois
profit pour recueillir quelques renseignements l'étendue de l'île deWighl; elleesl très-fertile.
sur Kleudde. J'amenais la causerie sur ce Celle île est sous la puissance d'un chef d'une
sujet, sur les lutins, sur les kabotermanne- tribu toute composée de sorciers, qui ne s'al-
kens et autres follets donl le nom m'échappe. lient qu'entre eux, el donl le prince est toujours
—Monsieur, savez-vousl'origine de Kleudde? le plus ancien de la tribu. Ce prince ou

me dit un vieux domestique. •— Non , lui rê- gouverneur a un palais magnifique el un parc
pondis-je, ravi de son interpellation. —C'est d'environ trois mille acres, entouré d'un mur
affreux à entendre continua le vieillard. de pierres de taille haut de vingt pieds. Ce
,
Voici comme on le raconte dans notre endroit. parc renferme d'autres petits enclos pour les
11 y a bien cent ans, on voyait
au bout du bestiaux, le blé cl les jardins. —Le gouver-
bois qui borde la partie nord du village, une neur et sa famille sont servis par des domes-
petite el chétive maison habitée par une tiques d'une espèce assez extraordinaire. Par
femme si décrépite, si hideuse qu'on songea la connaissance qu'il- a de la nécromancie il
plus d'une fois à s'emparer d'elle afin de la possède le pouvoir d'évoquer les morts et , de
brûler comme sorcière; car tout le inonde les obliger à le servir pendant vingt-qnalre
disait qu'elle avait des rapports avec le diable heures, jamais plus long-temps; et. il ne peut
el que sa baraque servait de lieu de réunion évoquer le même esprit qu'à trois mois d'in-
pour le sabbat. Un soir qu'un orage, tel qu'on tervalle, à moins que ce ne soit pour quelque
n'en avail entendu de mémoire d'homme, grande occasion. Lorsque nous abordâmes à

ébranlait toutes les habitations, lo feu du ciel l'île, il élail environ onze heures du malin. Un
tomba sur la masure suspecte et la consuma de mes deux compagnons alla trouver le gou-
ainsi que. la vieille femme,, dont on aperçut lo verneur, cl lui dit qu'un étranger souhaitait
lendemain le corps noirci gisant dans les cen- avoir l'honneur de saluer son altesse. Ce com-
dres. Pendant trois jours personne n'osa ap- pliment fut bien reçu. Nous cnlrâmes tous
procher du lieu de l'incendie; mais enfin trois dans la cour du palais, et nous passâmes
comme le propriétaire du bois voulait utiliser au milieu d'une haie de gardes armés et ha-
cette portion de son terrain, il prit avec lui billés d'une manière très-ancienne, et dont
quelques-uns de ses plus courageux domesti- la physionomie avait quelque chose qui me
ques munis de longs crochets pour retirer la causait une horreur indicible. Nous traversâ-
sorcière dès décombres. Les valets de ferme mes les appartements et rencontrâmes une
se mirent en tremblant à l'ouvrage ; à peine foule de domestiques de la même sorte avant
eurent-ils touché la sorcière de leurs crocs, de parvenir jusqu'à la chambre du gouver-
qu'ils entendirent un grand bruit et reçurent neur. — Après que nous eûmes fait trois ré-
dans tous les membres une violente commo- vérences, profondes, il nous fil asseoir sur de
tion ; ils virent un petit homme noir sortir du petits tabourets au pied de son trône. Il me
5(i2 APPEND :iJicÈ.
Jes hommes doivent le faire; et il nous fit re- provincei élail un centre autour duquel ve-
marquer que Gassendi et les tourbillons de naient i quelquefois se grouper les plus grands
Descartes avaient élé à leur tour rejetés. Il intérêts. i Il importe de se reporter à ces idées
prédit le même sort à l'attraction, que les sa- ]pour le récit qui va suivre. — Orthez, qui
vantsde nos jours soutiennent avec tant d'ar- n'est i plus qu'une petite ville sans importance,
deur. 11 disait que tout système nouveau sur était au moyen âge le siège d'une cour bril-
i

les choses naturelles n'élail qu'une mode nour- lante, la résidence des comtes de Foix. Le
velle et devait varier à chaque siècle, et que quatorzième siècle a vu l'apogée de sa gloire :
ceux qui prétendaient les appuyer sur des Gaston III en était alors le suzerain. Sur-
démonstrations mathématiques auraient de nommé Phcebus, soil à cause de sa beaulé,
même une vogue momentanée el tomberaient soit à cause du soleil qu'il plaça dans son
ensuite dans l'oubli. — Je passai cinq jours à écusson, Gaston ne resla pas au-dessous de
converser avec d'autres savants hommes de cet emblème glorieux. L'illustration des ar-
l'antiquité. Je vis la plupart des empereurs mes, celle des richesses et l'habileté politique
romains..Le gouverneur eut la complaisance si nécessaire pour se maintenir au faîte d'une
d'évoquer les cuisiniers d'Héliogabale pour liaulo position, tout concourut à le placer à
apprêter notre dîner ; mais ils ne purent nous la tête de ces grands vassaux de la couronne,
montrer toute leur habileté, faute de maté- féodales grandeurs qui devaient s'abaisser
riaux. Un ilote d'Agésilas nous fil un plat de sous la main puissante de Richelieu et de.
brpuel noir lacédémoiiien, et nous ne pûmes Mazarin. Plus d'une fois les intérêts de la
avaler la seconde cuillerée de ce mets.... — France entière se concentrèrent autour de lui
Mes découvertes sur l'histoire moderne furent dans cette petite cour. Pendant que les am-
mortifiantes. Je reconnus que des historiens bassadeurs des puissances voisines venaient
oui transformé des guerriers imbéciles et lâ- s'y disputer son appui, les savants, les trou-
ches en grands capitaines, des insensés el de badours el les jongleurs accouraient y bri-
petits génies en grands politiques, des flatteurs guer les faveurs et les encouragements de
et des courtisans en gens de bien, des athées celte main quasi royale. On aurait en vain
en hommes pleins de religion, d'infâmes dé- cherché ailleurs, même à la cour du roi de
bauchés en gens chastes el des délateurs de France, un modèle plus accompli de celle
,
profession en hommes vrais et, sincères. — chevalerie qui brillait d'un lustre si éclatant
Un généra) d'armée m'avoua qu'il avait une alors qu'il allait s'éclipser. — Los chants du
fois remporté une victoire par sa poltronnerie gai-savoir, les nobles déduits de la chasse
et son imprudence; et un amiral me dit qu'il trouvaient auprès de Gaston un amateur aussi
avait battu malgré lui une-(lotte ennemie, éclairé que magnifique. La chasse était alors
1 orsqu'il avait envie de laisser battre la sienne. une passion, une affaire sérieuse, qui exi-
— Comme chacun des personnages qu'on évo- geait des éludes approfondies. Plus un sei-
quait, paraissait tel qu'il avait été dans le gneur était puissant el riche, plus il y dé-
inonde je vis avec douleur combien le genre: ployait de luxe. Gaston y excellait, et. il en a
humain, avait dégénéré... » laissé le traité le plus complet du temps. —
Orthon le Farfadet1.'.— Le voyageur qui rien I
« Ses équipages pour ce plaisir, dit l'histo-
parcourt aujourd'hui la France ne peut, guère[ de sa vie, surpassaient en magnificence
des princes les plus riches > ; ses écuries
se faire une. idée do la physionomie variée ceuxnourrissaient
qu'elle présentait au moyen âge. La centra- ne pas moins de deux cents
lisation du pouvoir a relié tant bien que mal, chevaux, la plupart destinés à cet usage, et,
les éléments hétérogènes dont elle se compo- il avait de, douze à seize cents chiens. Ses lé-
sait; une teinte uniforme part de Paris, et. vriers étaient les plus légers et les plus beaux
tend à absorber de plus en plus les indivi-
dualités tranchées des provinces. C'est là\ l Kl pourtant, sans compter le roi de France et les
peut-être pour l'économiste un résultat heu- rois étrangers, bien d'autres seigneurs et princes pous-
saient alors l'amour de la chasse a un point extrême et
reux, un louable progrès; mais, à coup sûr,' rivalisaient de dépenses entre eux. Le duc de Bourgo-
avait un équipage de chasse dans lequel on comp-
Tarliste déplore ce nivellement monotone; et:! ghe tait : six pages de chiens courants, six de lévriers, douze
il revient avec amour vers cette France du.. .sous-pages de chiens, six valets de chiens limiers, douze
valets de chiens courants, six valets d'épngnenls, six
temps passé, si pleine dépassions ardentesS valets de petits chiens, six valets de! chiens anglais et
et colorées, de croyances naïves, où chaque de chiens d'Artois. Quelle dut être la -surprise du duc,
quand il Vil, lorsqu'il fut fait prisonnier à Nicop'olis,
que Bajazet avait sept mille fauconniers et autant dé
1 Cette légende et les trois historiettes qui la suivent
it veneurs! A. la même époque, le comte de Sançeire si-
sont empruntées aux Légendes et traditions populaires, gnalà sa passion pour la chasse d'une façon particu-
delà France, qui ont été publiées récemment par M. le;s. e lière ; il fonda un ordre de chevalerie sous,le titre^de
comte Aniédée de lïeauibrt. l'Ordre du Lévrier. (Note de l'historien.), ,.-
ArPESB DIGE. 563
de la chrétienté, ol ses chiens pour le cerf, 1laienl bien cent florins de revenu par an, et
1G daim, le rangier, pour les grands ours des le
! clerc disait qu'il y avait droit. Or, comme
Pyrénées, pour le loup el le sanglier, les plus il était bien appuyé dans le clergé, il montra
forls et les plus courageux Tous les oi- et prouva son droit, et le pape Urbain V,
seaux de fauconnerie étaient aussi élevés avec séant en consistoire général, condamna le
grand soin chez le comte de Foix. Bien n'é- chevalier à payer. Lorsque le clerc eut levé
tait noble à voir comme la compagnie du les bulles du pape, il chevauche à grandes
châtelain d'Orlhez parlant pour une chasse « journées vers le Béarn pour venir prendre
la volerie : les chevaliers, sur do beaux pa- possession de son dimage. Mais la décision du
lefrois, escortant galamment les dames mon- pape avait grandement irrité le sire de Coâ-
tées sur d'élégantes haquenées, et portant sur rasse ; il s'avança vers le elerc et lui dit :
le poing chacune un bel oiseau qu'elles ca- «. Or çà, maître Pierre ou maître, Martin, sui-
ressaient de temps en temps avec leur blan- vant son nom, pensez-vous que par vos let-
che main. Et puis les écuyers el pages aux tres je doive perdre mon héritage? Ne soyez
couleurs de Foix el de Béarn, velus de vert pas assez hardi pour loucher à ce qui m'ap-
en été el de fourrure de gris en hiver; et les partient; car, si vous le faites, c'est voire vie
gens de service, si nombreux el si bien mis, que vous y laisserez. Allez ailleurs obtenir
qui apportaient tous les engins et Olels tes bénéfice, car vous n'aurez rien de mon héri-
plus ingénieux qu'il soil possible d'imaginer. tage; et une fois pour toutes, je vous le dé-
Gaston aimait à un lel point tous ces divertis- fends. » Le chevalier était cruel, le clerc
sements de chasse,qu'il en avaitfaitune étude eut peur et n'osa poursuivre. Il se décida
particulière, et qu'il se plaisait à en ensei- donc à retourner à Avignon. Mais avant de
gner les préceptes aux hommes qu'il y desti- partir il voulut protester contre celle vio-
nai!. » — Mais ces nobles plaisirs ne lui lence. 11 vint trouver le sire de Coârasse, et
faisaient point oublier de régler avec une lui parla ainsi : « Sire, c'est votre force et non
admirable sagesse l'administration de ses le droit, qui m'enlève les biens de mon église,
étals. C'est peut-èlre le seul exemple d'un vous méfaites grandement on conscience : je
haut et puissant seigneur de celte époque ne suis pas aussi puissant que vous ici, mais
qui n'ait point tout sacrifié à la passion de la sachez que je vous enverrai lel champion que
guerre. Aussi sa réputation était immense, et vous redouterez plus que moi. » Raymond
les populations de Béarn le bénissaient. Un ne tint aucun compte de ses menaces. « Va,
tel personnage devait être entouré de cette lui dit-il, fais ce que tu pourras, je ne te
auréole de merveilleux qui ne manque jamais crains pas plus mort, que vif. Tes paroles ne
aux héros du moyen âge. 11 était trop aimé me feront rien abandonner de mon héritage. »
des troubadours et des jongleurs pour qu'on Le clerc partit donc : relourna-l-il en Cata-
ne célébrât pas sa gloire avec l'exagération logne ou en Avignon? point ne le sais-je; tou-
mythique de quelque merveilleuse légende. jours est-il qu'il" n'oublia pas ses menaces.
Froissart, le crédule et naît' chroniqueur, Trois mois après, alors que le chevalier y
nous en a conservé le plus précieux docu- pensait le moins, des messagers invisibles
ment. —C'est en '1388 qu'il visita la cour vinrent le trouver. 11; commencèrent à heur-
brillante d'Orlhez. Curieux el questionneur, ter et à bouleverser tout ce qu'il y avait dans
il se passionna pour les récits des vaillants le château, de telle façon qu'on eût dit qu'ils
chevaliers qu'il y rencontra. Là, unécuyer allaient l'abattre; la porte delà chambre de
lui apprit que le sire comte savait tout cei monseigneur on était tout ébranlée, et la
qui se passait avant personne, el que cette; dame qui se couchait se mourait de frayeur.
science lui devait venir par aucune voie de; Quant au chevalier, il entendait bien tout ce
nécromancie: puis, comme le chroniqueur luii lapage, mais il ne disait mot, car il ne vou-
demanda avec instance des détails, l'éeiiyer lait pas montrer un coeur susceptible de fai-
le lira à pari en un anglet de la chapelle dui blesse; d'ailleurs il était assez brave pour
phâtel d'Orlhez, et commença ainsi : « Il peutt attendre l'issue de toutes sortes d'aventures,
y avoir environ vingt ans qu'il régnait en ceî •—Ce tapage dura toute la nuit. Au malin,
pays un baron qui s'appelait de son no.mi les serviteurs du château se réunirent el vin-
Jiaymo,nd.11 était seigneur de Coârasse : c'estt renl trouver le baron qui était encore cou-
une ville à sept lieues d'Orlhez. A cette épo- ché. « Monseigneur, lui dirent-ils, n'avez-
que do.nl je vo,us parle, le sire de Coârasse3 vous rien ouï cette nuil comme nous ? » Le
ayait un, procès à Avignon devant le pape, sire de Coârasse fit l'étonné. « Et. qu'avez-
,
contre un clerc de Catalogne, au sujet dess vousouï?» leur répondit-il. A lors les serviteurs
dîmes de l'église de Coârasse. Ces dîmes va- lui racontèrent comment on avait bouleversé
36.
56/i APPENI IDICE.
le cliàleau et cassé loute la vaisselle de la rilahlemenl tout ce qu'il advient de par le
cuisine. Le chevalier se mit à rire, en disant monde. Vous plairai t—il, messire me com-
qu'ils l'avaient songé, et que ce n'avait élé- muniquer les nouvelles d'Orlhon? , Monsei-

que vent. « Mon Dieu! dit la dame à demi gneur , répondit le chevalier, ainsi ferai—je
voix, je l'ai bien entendu. » La nuit suivante, pour l'amour de vous. » Donc toutes les fois
le même vacarme se renouvela, mais cette qu'Orlhon avait apporté des nouvelles, Ray-
fois plus violent encore, les portes et les fe- mond en écrivait au comte de Foix. Un jour
nêtres tremblaient sous les coups, les chaises celui-ci lui demanda s'il n'avait jamais vu
dansaient dans la chambre. Le chevalier n'y son messager, « Par ma foi, monseigneur, je
put tenir, il se leva sur son séant. « Or ç.à , n'y ai jamais pensé. — Eh bien, à votre place,
s'écria-t-il, qu'est-ce qui heurle ainsi à ma point n'y aurais manqué; je l'aurais prié de
chambre à celle heure? — C'est moi, lui fut- se montrer à moi. Veuillez vous mettre en
il répondu, c'est moi. — Qui l'envoie? reprit, peine, et me direz de quelle forme et de
le seigneur. — Le clerc de Catalogne, à qui quelle façon il esl. Vous m'avez dit qu'il parle
tu fais grand tort, car tu lui ravis les droits le gascon comme vous cl moi. — C'est, vé-
de son bénéfice. Aussi ne te laisscrai-je en rité, répondit le sire, el puisque vous me le
paix que quand tu lui auras rendu justice et conseillez, je me meilroi en peine de le
qu'il sera content. —Eh ! comment te noinme- voir. » Quelques jours après, arrive Orlhon
t-on, toi, si bon messager? — On me nomme qui, selon sa coutume, se met à secouer l'o-
Orlhon. —Eh bien, Orlhon, le service d'un reiller du sire de Coârasse qui fort, donnait ;
clerc ne te vaut rien, il te donnera trop de quant à sa femme, elle y élail accoutumée el,
peine. Abandonne-le, je le prie, pour me n'en avait plus peur. « Qui esl là? dil le che-
servir, je t'en saurai gré. » Celle proposition valier en se réveillant. — C'est, moi, Orlhon!
tenta Orlhon, le courage du chevalier lui — El d'où viens-tu? — Je viens de Prague
plut : « Le veux-tu? lui dit-il. — Oui, et en Bohème; l'empereur de Home est mort.
pourvu que tu ne fasses mal à personne — El. quand est-il morti? — Avant-hier.' —
céans. je m'attacherai à loi, et nous serons Combien y a-l-il d'ici à Prague? — Il y a
bien d'accord. — Sois tranquille, je n'ai d'au- soixante journées. —Et lu es déjà revenu?
tre puissance que celle de l'empêcher de dor- — Oui vraiment; je vais plus vile que le
mir, loi el les autres. — Eh bien donc laisse vent. — Tu as donc des ailes?— Henni,
ce méchant clerc et viens me servir. » Lors point. — Et. comment donc peux-tu aller si
Orlhon s'éprit tellement du seigneur de Coâ- vile?
— Vous n'avez que l'aire de le savoir.
rasse qu'il le visitait souvent pendant la nuit, — Il esl vrai, mais je le verrais volontiers
el quand il le trouvait endormi, il soulevait pour savoir de quelle forme lu es. — Que
son oreiller el heurtait de grands coups aux vous importe, pourvu que je vous apporte
portes et aux fenêtres. Le chevalier avait des nouvelles véritables? — C'est quo,Or-
beau dire : « Orlhon laisse-moi dormir, je' thon, je t'aimerais mieux si je t'avais vu. —
,
t'en prie. •— Je n'en ferai rien, reprenait l'au- Puisque vous avez ce désir, la première
tre, avant de l'avoir conté des nouvelles. » chose que vous verrez demain malin en quit-
1

Cependant la femme du sire de Coârasse: tant, votre lit, ce sera moi. — Il suffit.. Or,
avait une telle frayeur, que les cheveux luii va je le donne congé pour cette nuit. » Le
,
dressaient sur la lèle, el qu'elle s'enfonçaitt lendemain malin voilà le sire qui se lève'.
,
bien avant sous sa couverture. Une fois ré- La dame avait une telle frayeur qu'elle fit la
veillé, le châtelain demandait au messagerr malade, disant qu'elle ne se lèverait point ce
quelles nouvelles il avait à lui dire el de2 jour-là. Et comme son seigneur insistait:
quel pays il venait. — Celui-ci répondait : «Vraiment, dit-elle, je verrais Orlhon; et je
« .le viens d'Angleterre, ou d'Allemagne, oni ne veux ni le voir ni le rencontrer, s'il plaît
de Hongrie; j'en suis parti hier, et telles ett à Dieu. — Eh bien, dit le chevalier, je veux
telles choses y sont advenues. » Ainsi, le siree le voir, moi. » Et aussitôt il sauta résolu—
de Coârasse savait à merveille tout ce qui see ment hors de son lit et s'assil sur le bord; il
passait de par le monde. •— Cela dura envi- croyait se trouver face à face avec Orlhon,
ron cinq ans ; mais comme le comle de Foixx mais il ne vit rien. Il courut ouvrir les fenê-
s'émerveillait de ce que le sire de Coârassee 1res pour y voir plus clair, mais il n'aperçut
était toujours si bien informé, le chevalier,', rien qui pût lui faire dire : « Voici Orlhon. »
après beaucoup d'instances, lui parla de sonn Le jour se passe, la nuit vient. A peine est-il
gentil messager. « Sire de Coârasse, dil lee couché, voici Orlhon qui se met à causer avec
comte, je voudrais bien en avoir un sembla- lui comme à l'ordinaire. « Va, lui dit le che-
ble; il ne vous coûte rien, et vous savez vô- valier, tu n'es qu'un trompeur; tu le devais
APPENDICE. SCS
hier montrer â moi et lu n'en as rien fait. — années, une sombre excavation, qui avait été
Mais si, je me suis montré. — Mais non.
— autrefois une carrière, et qui portait le nom sin-
Comment? n'avez-vous rien vu quand vous gulier de Saut de l'ermite. Les habitants des en-
avez sauté hors de votre lit? » Le sire de virons racontent des choses étranges et mer-
Coârasse réfléchit un instant. « Ma foi, dit-il, veilleuses au sujet de ce précipice. 11 est vra
comme je pensais à toi, j'ai aperçu sur le que sa position a dû singulièrement prêter aux
pavé deux longs fétus qui tournoyaient et récils fantastiquesdes conteurs de légendes. Le
jouaient ensemble. — C'était moi, dil l'es- Saut de Vcrmile est situé au milieu d'une forêt
prit, j'avais pris celle forme. — Cela ne me séculaire, loin de toute- habitation ; d'épaisses
suffit point, prends une forme à laquelle je broussailles en défendent, l'entrée, et des cavi-
puisse clairement le reconnaître.— Vous fe- tés profondes semées tout alentour rendent son'
rez tant, reprit Orlhon, que vous me perdrez accès dangereux à ceux que les bruits popu-
et que je me lasserai de vous, car vous êtes laires n'en éloignent pas. Pendant les troubles
trop exigeant. — Tu ne le lasseras point de do la terreur, une bande de brigands avait
moi, car si je te vois une seule fois cela me choisi cet abîme pour repaire, ce qui n'a pas
suffira. —Eh bien, vous me verrez demain. médiocrement contribué à augmenter sa mau-
Prenez bien garde à la première chose vaise réputation. Aussi, quand les rudes la-,
que vous apercevrez en sortant de votre beurs de la journée sont terminés, le gouffre
chambre, ce sera moi. — C'est bien, dit le fatal fournit toujours à la veillée quelques-
sire, va-t'en donc, car je veux dormir. » Le uns de ces mystérieux récits qui resserrent
lendemain à l'heure de tierce, le sire de Coâ- aulour de l'àlre à demi éteint le cercle effrayé
rasse se lève el s'apprêle comme il convient des jeunes filles de Ville-en-Selve; tantôt
à son rang. Il sort de sa chambre et vient ce sont les terribles aventures d'une jeune
dans une galerie qui avait vue sur le milieu princesse enlevée à son père en passant dans
de la cour du château. Il jelle les yeux au- la forêt, el dont on n'a jamais pu retrouver
tour de lui, et la première chose qui frappe les traces ; tantôt les crimes épouvantables
ses regards, c'est une énorme truie, la plus de monstres à formes humaines, qui ont
grande qu'on eût jamais vue ; elle était si porté le ravage el la mort jusque dans le
maigre qu'elle ne montrait que les os et la village même. Quelquefois le narrateur rusti-
peau ; son museau était aigu el affamé. Le sire que mêle des images riantes à ces sombres
de Coârasse ne vit point volontiers cet af- tableaux ; c'est ainsi qu'il se plaît à conter
freux animal, il appela ses gens. « Or, loi, comment une femme d'une majestueusebeauté
leur dil-il, failes sortir les chiens, je veux s'est élevée un jour du fond du Saut de l'er-
(pie celle truie soil pillée. » Les valets obéi- mite, et a calmé la tempête qui avail déjà
rent el lâchèrent, les chiens sur la truie. Elle détruit la moitié de, Ville-en-Selve. Mais
poussa un grand cri, jeta un long regard sur parmi ces récits, l'origine du Saut de l'ermite
le sire de Coârasse, et s'évanouit comme une est celui qu'il reproduit avec le plus d'amour.
fumée, sans qu'on pût savoir ce qu'elle était Le voici dans toute sa simplicité. •— Vers la
devenue. Comme le sire rentrait tout pensif fin du neuvième siècle, vivait dans les bois
dans sa chambre, il vint à se souvenir d'Or- de Germaine un vénérable ermite, qui avait
thon. « Las! dit-il, je crois que j'ai vu mon nom Fulgunde. Ce saint homme passait sa
messager; combien je me repens d'avoir lancé vie à prier Dieu et à parcourir les hameaux
mes chiens sur lui ! Ce sera un grand hasard voisins; à dix lieues à la ronde il était connu
si je le revois, car il m'a dit que dès que je et chéri de tous. Aux riches, il recomman-
l'irriterais il ne reviendrait plus. »' Ce fut la dait les pauvres; aux malades, il apportait
vérité : Orlhon ne revint plus, et le sire de quelques secours; à tous, il donnait des con-
Coârasse mourut l'année suivante. — On dit solations. Le bon ermite ne demandait rien
que le gentil messager est passé au service pour lui-même, et cependant une idée fixe le
du comte de Eoix, car on ne fait rien ici ou préoccupait ; il avail un désir, un désir aussi
ailleurs qu'il n'en soit très-bien informé, saint qu'il était ardent : il voulait élever une
même quand on s'en défie le plus. Et c'est la chapelle en l'honneur de la Vierge, c'était le
ferme croyance de presque tous les habitants seul voeu de sa vie ; il se mêlait à tous ses
du Béarn. >: •—Ainsi parla l'écuyer, et Frois- rêves, à tous ses travaux, à toutes ses priè-
sait, ne manqua pas de bien mettre en res. — Un soir que Fulgunde s'était endormi,
mémoire un conte aussi merveilleux. bercé par cette douce pensée, un jeune
&e Saut de l'Ermite —A quelques lieues de homme lui apparut; il était vêtu d'une robe
Lou'vois, près d'un poétique hameau nommé blanche, et avait ce visage éclatant et ra-
Ville-en-Selve, il existait encore, ily a plusieurs dieux qui n'appartient qu'aux anges. « Bon
566 APPENDI )ICE.
jrmile, lui dit-il, le Fils de Dieu a entendu SÏ saces brodées comme une fine denlello, elle
vos prières; ce'.que vous désirez s'accom- s'élançait s' en clochetons aériens , en longues
plira comme vous le vouiez. Prenez celte colonnettes semblables à des tuyaux d'orgues,
ci
image de sa sainle Mère ; par elle, vous opé- elle e se sculptait en bas-reliefs, en figurines
rerez des prodiges. Souvenez-vous seulement dde toute espèce. Jamais ouvrier n'avait mis
des paroles du Fils de Dieu : Veillez et la lt main à un chef-d'oeuvre aussi accompli. À
priez. » Fulgunde éveillé par celte vision, chaque, c nouvelle pierre qui enrichissait sa
trouva seulement auprès de son chevet une chère c chapelle, Fulgunde souriait de bonheur
petite image de la Vierge. 11 la prit, la plaça eel de joie ; il en aurait presque moins haï
dans le lieu le plus apparent de
son oratoire; £Satan, si cela eût été possible*—Cependant la
puis il se jeta à genoux. Avec quelle effusion nuit r du quatrième jour approchait, et l'ermite
il remercia la Vierge sainte !
comme il était n'avaiti pas pris un instant, de repos. Malgré
heureux et reconnaissant! Tout à coiip une lui, le sommeil fermait ses paupières; il avait
1

idée soudaine traversa son esprit : « Je pu-. 1beau redoubler d'efforts, il ne pouvait plus
nirai Satan, pensa-t-il; c'est lui qui édifiera surveiller
s le diable avec autant d'atleiil:on ;
la chapelle de la Vierge. » Aussitôt Fulgundo disons-le à la honte de la faiblesse humaine,
<
prit l'image mystérieuse, et ordonna à Satan Fulgunde s'endormit. A celle vue, un sou-
!

de paraître. — Au même instant la terre rire épouvantable conlracla le visage de Sa-
s'ouvrit, et le diable parut. Quoiqu'il n'eût lan. Le sommeil du maître lui rendait sa
pas l'air toul à fait humble et soumis, il res- liberté; il ne pouvait en profiler que pour la
semblait plutôt, à un serviteur indiscipliné vengeance. Ce n'était plus cet esclave sou-
qu'à un ange déchu ; pourtant, à le considé- mis qui obéissait au moindre signe, c'était
rer attentivement, on pouvait apercevoir en l'ange du mal déchaîné, joignant à son in-
lui quelque chose.d'étrange et en même temps domptable orgueil la rage d'avoir été asservi.
de terrible. « Or çà, maître Satan, lui dit Il se trouvait alors sur le faîte du clocher,
l'ermite, la bonne Vierge m'a permis do lui dont il achevait d'effiler l'aiguille percée à
édifier une chapelle j'ai pensé à toi pour la jour; il glissa doucement le long de la penle
lui bâtir. » On peut , imaginer quelle horrible extérieure, comme un enfant qui se laisse
grimace fit le monstre à cet ordre. Lui, Sa- aller sur le penchant d'une verte colline; en
tan, bâtir une chapelle à la Mère de son juge, passant, il jetait un regard moqueur el une
sortir de son repos pour voir abaisser son insulte à chaque statuette de saint qu'il avait
orgueil à une oeuvre d'esclave; c'était trop. sculptée; on dil même qu'il porla l'audace
11 essaya de fuir, l'image de la Vierge le
re- jusqu'à promener sa queue sur le visage de
tint comme une chaîne brûlante. Depuis ces saintes images. Arrivé au bas du clocher,

long-lemps, l'ermite avait choisi le lieu où il il poussa un rire épouvantable, et renversa
désirait que sa chapelle fût élevée; c'était d'un coup de pied la merveilleuse chapelle.
une rianle colline, couronnée au sommet d'un Le fracas de la chule éveilla le pauvre er-
bouquet d'arbres touffus, el qui dominait les mite. Pour juger de sa désolation, figurez-
villages voisins. —Arrivé là avec Satan, vous la douleur d'un homme qui voit échouer
Fulgunde lui ordonna de creuser les fonde- au port le vaisseau qu'il avail. chargé de ses
ments. Quand ce travail fut terminé, l'ermite biens. Fulgunde était consterné. Au mémo
se rendit dans un vallon, dont le sol pierreux instant le messager de la Vierge parut; il
lui paraissait propre à fournir les matériaux: avail l'air triste el affligé. « Pauvre ermite,
dont il avait besoin. 11 avait pris avec luii lui dit-il, vous avez été vaincu par Satan;
l'image sainle; il n'eul qu'à la tourner verss vous êtes son esclave. Vous n'avez pas su
la terre, et aussitôt, le vallon s'enlr'ouvrit, ett veiller et prier jusqu'à la fin. » La figure lior-
les pierres en sortirent avec un grand fracas. rible du diable remplaça presque aussitôt,
On raconte que le démon ne mit que trois3. celle de l'ange auprès de Fulgunde. « Mar-
jours à les transporter sur la colline el à les5 che, marche, lui disait-il; tu as creusé un
tailler, il est vrai que l'ermite ne lui laissaitt précipice, tu y tomberas; Et ce disant, il
»
pas un instant de relâche; chaque fois queB le poussa dans un vallon qui avait servi de
Salan voulait se reposer, Fulgunde tournaitt carrière; et l'y précipita. » Le pauvre ermite
vers lui l'image miraculeuse, et le démon see ne mourut pas de sa chute : lé bon ange le
remettait aussitôt au travail en faisant d'hor- soutint sur ses ailes ; il intercéda même si
ribles contorsions. C'était merveille de voirr ardemment, pour lui auprès de la Vierge,
avec quelle habileté il maniait la pierre, et
.
)t qu'au bout de deux ans d'expiation Fulgunde
lui donnait une forme élégante et pleine dee fui rendu à son cher ermitage. La miséricorde
vie; sous ses griffes elle se découpait en ro- de la Vierge ne se borna pas au pardon; elle
-
APPENDICE. 567
fil, redevenir Satan esclave, el. cette l'ois l'er- des
i montagnes voisines lé nom de l'as de
mile sut se montrer si vigilant qu'ayant la Souci. L'imagination naïve et pittoresque du
nuit, la chapelle était conslruiie el le diable moyeui
âge n'a pas manqué de s'exercer sur
replongé dans l'enfer. un lieu qui prêtait si bien à là légende ;
ï.e Pas de Souci. —En rciiionlniilles rives aussi, quelle que soit la cause que la science
pittoresques du Tarn, on arrive à un bassin pourrait attribuer au cataclysme dont celte
d'un aspect si sauvage, qu'on le dirait boule- vallée a clé le théâtre, voici celle que lui a
versé par une main surnaturelle et malfai- assignée la pieuse crédulité des anciens
sante. Figurez-vous une espèce de cirque temps.— A peu de distance du Pas de Souci,
fermé presqii'entiôremenl par des rochers il existe uii village dont la situation pitlc-
inaccessibles; aucune trace de culture, au- resque est parfaitement en harmonie avec le
cune végétation n'adoucissent aux yeux leur silo qui l'environne ; seulement, le paysage
âpre nudité; le lierre et le buisson ne crois- est plus varié que dans le bassin de Souci,
sent pas même dans leurs fissures. Seule- et abonde en oppositions charmantes. Ici, la
ment, quelques lichens verdâtres, des arbus- même nature sauvage et grandiose ; là, sur
tes rares el rabougris, rampent au pied de les bords de la .Imite, une verdure émaillée
ces masses désolées; et pourtant il y a quel- de fleurs, des eaux limpides et murmurantes ;
que chose de riche el d'énergique dans ces puis, derrière, un rideau de peupliers. Au-
pics aigus el dépouillés, dans ces roches tan- dessus de rochers moussus s'élève le village
,
tôt à pans larges et lourds, tantôt découpées de Sainle-Énimie el le clocher pointu de sa
en dentelures délicates, comme par la fan- petite église. La civilisation, n'y a point en-
taisie 'd'un artiste. Le soleil fait éclater lès core passé; plaise à Dieu qu'elle en oublie
chaudes teintes dont elles sont colorées. Ici, les rustiques habitants! — C'est dans ce vil-
des aiguilles d'un ton ardent et rougeàlre lage que vivait, au huitième siècle, un saint
s'enlèvent en lumière sur le fond sombre et homme, nommé Guillaume. Un jour, on l'a-
béant de cavités profondes; là, une immense vait vu arriver, seul'el grave, un bâton blanc
pierre, coupée comme uns muraille, offre les à la main, velu d'un simple habit de bure.
teintes grises d'une ruine; plus loin, et par D'où venail-il? On l'ignorait. Avait-il un au-
(le larges ouvertures, d'aulres rochers, dispo- tre nom? Personne ne put jamais le savoir.
sés en perspective passent d'un bleu foncé Mais, certainement, il avait élé habitué à
,
au bleu le plus lranspare.nl.. Tous ces jeux de porter d'aulres habits que ceux qui le cou-
l'ombre et de la lumière à travers ces formes vraient; dans son air noble el. fier, el qu'il
bizarres animent, cette nature si âpre, et cherchait à rendre humble et modeste, ou
peuvent fournir à la palette du peintre les lisait, l'habitude du commandement. 11 choisit
plus piquantes oppositions. — L'enceinte que sa demeure dans l'excavation profonde d'un
forment, ces masses abruptes esl, parfaitement rocher, et sa vie fui bientôt admirée comme
en harmonie avec leur aspect sauvage; tout le modèle d'une grande peil'eclioii. Le village
y indique un effrayant cataclysme : les ro- de Sainle-Enimie ne tarda pas à ressentir
chers y sont entassés dans le plus étrange d'heureux effets du voisinage, du saint, homme ;
désordre, et c'est à peine si le voyageur peut il se connaissait merveilleusement, en simples,
se frayer un passage à travers leurs débris. el. sa haute sagesse le faisait consulter dans
Jadis, deux immenses pyramides se dres- les affaires les plus difficiles, il fut bienlôt
saient dans ce. lieu à une hauteur prodigieuse : vénéré comme l'ange du village, et chaque
l'une se nomme le foc d'Aiguille, el son nom jour quelque nouveau bienfait., quelque pro-
indique sa forme; celui-là seul est resté de- dige inouï, que l'on racontait à la veillée, ve-
bout. L'autre s'appelle le roc de Lourdes; de naient augmenter sa réputation. — Le vil-
celui-ci il né resté plus que la base, il s'est lage de Sainle-Énimie était alors le centre
écroulé dans la vallée. C'est à travers les qu'avaient choisi les populations voisines pour
débris de ce géant ferrasse que le Tarn a dû les ventes et les marchés. Ces réunions res-
se frayer un passage; arrêté à chaque pas semblaient assez à nos foires. Ces jours-là, le
par mille obstacles, tantôt serré entre deux seul endroit guéable de la Junte qui condui-
couches il s'élance avec fracas de leur ex- sait à Sainle-Énimie se trouvait encombré, et
trémité tantôt faible cl inaperçu il s'esi alors des rixes sanglantes, des blasphèmes et
,
creusé sans bruit un étroit canal. Ce n'est des jurements éclataient à chaque instant.
plus une seule rivière, mais une multitude de Un de ces jours que le bon Guillaume passait
sources , dont le murmure trouble seul le tout auprès de ce heu aimé de Sala» , il fut
silence de la vallée. — Le bassin désolé que grandement surpris d'entendre comment le
nous venons de décrire a reçu des habitants; nom de Dieu élailpeu respecté. Deux paysans,
568 APPENDICE.
montés chacun sur une mule, s'interpellaient Mais, au moment où le pont allait être fini,
violemment, et des menaces ils allaient bien- le saint se doula bien que Satan allait
tôt en venir aux coups. Le saint homme fui nouveler ses infernales manoeuvres il
re-
: passa
obligé d'intervenir, et comme il ne put apai- donc la nuit en prières et
en oraisons dans
ser leur, colère, il sejnit à genoux, priant son ermitage. Vains efforts! le matin le pont
Dieu de les éclairer. « Mort Dieu ! dil l'un était renversé. Celle fois la terreur était à
des paysans, messire ermile, mieux vaudrait son comble dans la contrée, el Guillaume
ne
prier le ciel de nous bâtir ici un pont.
— put réunir les ouvriers pour recommencer les
Mon fils, dit le saint, Dieu esl tout-puissanl; constructions. « A quoi bon, disaient-ils, fa-
mais il ne faut pas le tenter. » Puis à force tiguer nos bras? Salan est plus fort que
d'instances, il apaisa la querelle. Mais de- nous. » L'ermite usa d'un dernier moyen; il
puis lors, il passait les jours de marché à se rendit à l'église et prêcha une belle homé-
pleurer et à jeûner, s'offraut en expiation lie sur les ruses de l'esprit malin, sur la con-
pour tous les péchés qui se commettaient à fiance en Dieu et sur la nécessité de la per-
ce fatal passage de la Junte. — Dieu tenait sévérance ; les habitants se laissèrent loucher,
son serviteur en trop grande estime pour ne el un troisième pont vint, bientôt remplacer
pas prendre en considération ses prières el les deux premiers. — Cette fois le saint vou-
ses voeux ardents. Un soir, Guillaume était lut, défendre son oeuvre. Dès qu'il fut nuit, il
en prières; un ange lui apparut. Il portait se rendit sur les bords do la Junte, se cacha
une blanche tunique; son front était ceint de derrière un rocher d'où il pouvait voir ce qui
la céleste auréole, son visage respirait la allait se passer, el attendit en redoublant
douceur et. la bonté. « Dieu a ouï ta prière, d'oraisons. Il était à peine minuit, lorsqu'il
dit-il au saint; il eu a élé louché. Mais, vit, se dresser —
une grande figure à quelques
Guillaume, qu'est-ce que la foi qui n'agit pas du pont. Ce personnage, à mise suspecte,
point! A l'oeuvre donc; Dieu t'aidera. » 11 regarda de tous les côtés, poussa un sauvage
n'en fallut, pas davantage pour enflammer le éclat de rire el s'avança vers le pont. Il é„ail
zèle du saint. Il se rend aussitôt à l'église, et impossible de ne pas reconnaître Salan à cet
.
après une homélie sublime d'une éloquente air insolent de réprouvé. D'ailleurs, malgré
simplicité, il entraîne les habitants de Sainle- l'obscurité profonde, Guillaume aperçut le
Enimie sur les bords de la Junte pour y con- pied fourchu de l'esprit de ténèbres. Il n'hé-
struire un.pont. Le secours de Dieu fui visi- sita pas un instant el marcha droit à lui. Sa-
ble. En peu de jours, le pont s'éleva comme tan, étourdi des nombreux signes de croix
par enchantement. Les habitants bénissaient dont, il était assailli, ne vil do salut, que dans
Guillaume, qui s'humiliait en renvoyant lotî- la fuite; mais celte victoire ne parut point
tes les louanges à Dieu. — Mais ce succès assez décisive au saint : il voulut terrasser
merveilleux ne faisait pas le compte de nions Satan et le forcer de renoncer à son infernal
Satan, qui se voyait ainsi enlever désormais projet. Il se mit donc à le poursuivre sans se
toutes les âmes qui se damnaient au passage laisser intimider ni par les obstacles, ni par
de la Junte. Il eut l'audace de s'adresser à l'obscurité profonde de la nuit. 11 éïait guidé
Dieu pour se plaindre de celui qu'il regardait dans sa course par une foi ardente et par un
comme son ennemi, Guillaume: il lui. renou- certain rayonnement qui s'échappait du front
vela le même discours qu'il lui avait tenu de l'ange maudit. Celte course dura long-
autrefois au sujet du saint homme Job '. « Ce temps. Peul-êlre l'espace d'une nuit humaine
n'est pas gratuitement que Guillaume craint ne lui suffit-il pas. — Quoi qu'il on soit ils
votre droite, lui dit-il ; n'avez-vous pas béni arrivèrent, l'homme de Dieu el Salan dans
l'oeuvre de ses mains? » Le Seigneur lui ré- les lieux où le Tarn s'étendait en large ,
et.
pondit : « Va, détruis le pont de Guillaume ; profond bassin au pied des rocs de Lourdes et
je t'en abandonne jusqu'à la dernière pierre. » d'Aiguille. Parvenu au bord de l'eau, Satan
Satan ne perdit pas temps, il se rendit sur se retourne; se voyant serré de près par son
les bords de la Junte, et d'un souffle il ren- adversaire, il n'hésite pas et s'élance dans le
versa le pont. La ruine en fui si complète Tarn, ni plus ni moins que si l'eau eût été
qu'il était impossible que les matériaux qui son élément naturel. A peine y est-il plongé
avaient servi à l'édifier fussent employés une qu'elle s'élève en gros bouillons et sort de son
seconde fois. Guillaume ne fut pas découragé lit. Mais déjà Satan a atteint l'autre bord;
un instant; il adressa une fervente prière au déjà il a posé une main sur la base du roc de
" ciel, et les ouvriers se mirent à l'oeuvre. Lourdes. C'en est fait, il va échapper.

Guillaume ne perd pas courage il se jette à
T On retrouve constamment le souvenir de l'tëcriture ,
int'ié aux traditions populaires, genoux et implore le ciel, — Au même in-
APPENDICE 569
siani un craquement anreux se lan entendre. jusqu'à nous sur les lieux que nous venons
Le roc de Lourdes, ébranlé jusque dans ses de décrire. •—Guillaume, duc de Toulouse,
fondements, se balance un instant sur sa et parent de Charlemagne, célébré par les
base, et, s'écroulant avec fracas, couvre de poètes du moyen âge sous le nom de Mar~
ses débris le lit du Tarn et la vallée tout en- quis-au-Courl-Nez, pacifia l'Aquitaine, et la
tière. Salan était pris. Cependant le roc défendit contre les Sarrazins d'Espagne. Après
d'Aiguille, qui était resté debout, craignit un d'aussi glorieux travaux, il aurait pu goûter
instant que son frère ne fût point assez fort en paix les charmes du repos ; mais son es-
pour contenir l'esprit infernal. « Frère, s'é- prit était trop actif pour se complaire en une
cria-t-il, est-il besoin que je descende? — molle oisiveté; il voulut, à la gloire d'un con-
El non, répondit l'autre, je le liens bien. » quérant, joindre celle d'un pieux fondateur
Celle victoire préserva non-seulement le pont d'abbaye. La solitude de Gellone lui ayant
de Guillaume mais encore le village de paru favorable à son projet, il résolut de.
Sainle-Énimie des,
maléfices de Satan. Seule- s'y fixer. — Au neuvième siècle, Gellone
ment, comme celui-ci se plaignit à Dieu, le était un désert aride, couvert de buis, de
bassin où coulait le Tarn lui fut laissé en pro- chênes et de sapins; les ronces y étendaient
priété. On l'entend souvent la nuit pousser des partout une luxuriante végétation et il n'a-
gémissements iamenlables sous les rochers qui vait pour habitant qu'un géant à ,forme hu-
le tenaient captif. — Guillaume mourut long- maine, dont les meurtres el les déprédations
temps après en odeur de saintelé, laissant la répandaient au loin la terreur. Un poème du
contrée parfaitement rassurée. S'il lui était moyen âge le dépeint ainsi : « A travers le
donné de reparaître dans ce monde, peut- » pays, se démène un géant horrible à voir,
être trouverait-il que Lourdes a lâché sa » également cruel pour les femmes el les en-
proie. » l'anls : quand il les surprend, il les élran-
Saint Guillem du Désert. — A quelques » gle ; quand la faim le presse, il les mange..,
lieues de Montpellier, entre Alliance!. Lodève, » Il rôde à travers rochers et montagnes, et
on trouve une vallée rianle qui forme une sorte » toute la contrée est tremblante d'effroi. Le
d'easis au milieu d'un pays âpre el sauvage. » païen a quatorze pieds/le stature : sa lêle
De hautes montagnes couvertes de plantes » est-monstrueuse; ses yeux sont grands et
aromatiques l'entourent de lotîtes parts, el la «ouverts. 11 a déjà lue dans le jour quatre
dérobent aux yeux du voyageur. La vigne et » hommes qui n'ont, pas eu le temps de se
l'olivier croissent dans la plaine, el. rendent » confesser, et un abbé avec sept de ses moi-
le paysage aussi riche que varié. A la seule » nés. il est armé d'une massue si bien l'or—
extrémité accessible, coule l'Hérault, qui, » rée, qu'un homme, quelle que fût. sa force,
resserré entre deux rochers, s'élance avec » ne la soulèverait point sans se rompre les
fracas d'une assez grande hauteur. Ses » nerfs. » Le duc Guillaume, qui, pour être
eaux, dans leur course rapide, l'ont jaillir moine, n'avait point oublié qu'il était gouver-
une écume bleuâtre qui reçoit du soleil l'é- neur d'Aquitaine, fit sommer le monstre par
clat d'une poussière transparente et dorée; deux hérauts d'armes de venir lui faire hom-
plus bas, devenues calmes et limpides, elles mage de son château. Le géant répondit par
réfléchissent l'azur des deux el les teinles des bravades. Le duc emporté par son cou-
plus sombres des rochers. /Un pont jeté d'un rage lui offrit alors le combat ; mais le félon
bord à l'autre sur deux énormes masses cal- lui fil répondre qu'il l'attendait dans son cas-
caires taillées à pic joint le désert à la fertile tel et qu'il ne ferait pas un pas vers lui. —
plaine d'Aniane ; on l'appelle le pont de Le ,duc vil le piège, cl ne s'y laissa pas pren-
Saint-Jean de Fos. Le lieu que nous décri- dre : ne pouvant employer la force, il eut
vons se nommait autrefois Gellone; il porte recours à la ruse. — Un jour qu'il rô-
aujourd'hui le nom de Guillem du Désert.
— dait autour du Verdus ( c'était le nom du
A l'entrée de celle vallée, el comme pour château du géant), il vit venir à lui une jeune-
faire contraste avec la culture qui atlesle par- fille qui portait un vase sous le bras, et allait
tout la main de l'homme, s'élève une antique puiser de l'eau dans la rivière. « A quoi ap-
abbaye à moitié ruinée, et au-dessus de celte partenez-vous? lui dit le duc. — Beau sire
abbaye, un château féodal dont il reste en- chevalier, répliqua la jeune fille, je suis au
core moins de vestiges. Le monastère a eu service de monseigneur le géant. » Une pen-
pour fondateur le duc Guillaume. On ignore sée soudaine traversa l'esprit de Guillaume.
par qui fut bâti le château ; il nous paraît à «Maudit soit le géant, s'écria—l—il, car sa
peu près contemporain de l'abbaye. — Voici soif le perdra !... »" El s'adres^ant à la ser-
deux légendes que la tradition a conservées vante : « Vous allez changer d'habits avec
.
570 APPENLL")IG K-
moi, el, ce faisant, vous nie rendrez un ser- ballade singulière Nous reproduisons ici elle
!

vice donl vous serez largement récompensée. pièce pathétique en résumé. Solisa, l'in-

'—Mais, beau sire* mon maître mè luera. fante, seule dans son oratoire, versait des
— Il sera mort avant de pouvoir le tenter. » larmes et. se disait avec désespoir qu'il n'y
La jeune fille n'osa pas résister ; elle se re- aurait plus de mariage pour elle. Le roi son
tira derrière un quartier de roche. Guillaume père la surprit en ce moment, et, cherchant à
lui passa une a une les pièces de son armure, la consoler, il apprit d'elle que le comte Alur-
et eii reçut en échange ses grossiers vêle- cos l'avait, aimée, puis qu'il l'avait oubliée
ments dont il s'affubla. Cela fait, il attendit pour en épouser une autre depuis trois ans.
que la huit Tûl venue; puis il prit le vase Le roi fait venir le comte el le somme de te-
sous son bras, el à la faveur de son déguise- nir la parole qu'il a donnée jadis à sa fille. —
ment, il s'introduisit dans le château. — Mais « Je ne nierai pas la vérité, répond Âlarcos;
à ce moment, son projet faillit, échouer par je craignais que Votre Majesté ne voulût, ja-
une circonstance qu'il n'avait pu prévoir. mais consentir à m'accorder la main de sa
Une maudite pie le reconnut, et aussitôt elle fille. Je me suis uni à une autre femme.
mil à crier —
se : « Gare, Guillem! Gare Guil- Vous vous en débarrasserez, dit le roi.
lem!... t Le géant, qui ne se doutait pas que Epargnez, sire, celle qui est innocente; — ne
le danger fût si proche, courut à une des fe- me condamnez pas à un affreux assassinai.»
nêtres pour observer les dehors du château. Le roi est inflexible; il faut que la comtesse
Au même instant, Guillaume saisit le monstre meure celle nuit même, ou que le comle ail la
par les pieds, elle précipita sur les rochers, tête tranchée le lendemain.» Alarcos retourne
où il se brisa. — Quant à la pie, le saint vou- à sa demeure, « triste pour sa femme el pour
lut aussi la punir. Il prononça contre elle un ses trois enfants. » — Il aperçoit la comtesse
anathème qu'il élendit à toutes les pies de la sur sa porte. (Un "jeune page avait pris les
contrée. Les vieillards du pays assurent que devants pour la prévenir du retour de son
depuis lors elles ne peuvent jamais y vivre époux.) «Soyez le bien-venu, mon seigneur,
plus de trois jours. — Délivré de son ennemi, dit-elle; hélas! vous baissez la tête ! Diles-
Guillaume construisit son monastère, et le moi pourquoi vous pleurez? —• Vous le sau
château du Verdus On devint une. des dépen- rez, mais ce n'est pas l'heure, répondi'-il-;
dances. Cependant l'esprit du mal n'avait pas nous souperons et. je vous dirai (oui plus lard.»
entièrement disparu avec le géant. Guillaume, — On sert le souper; la comlesse se place au-
qui allait souvent visiter son ami saint Benoil près d'Alarcos, pâle el triste; mais elle ne
au couvent d'Aniane, voulut construire un mange ni ne boit. Ses enfants étaient silen-
pont sur l'Hérault au lieu ordinaire do sa cieux auprès dé leur père. Tout à coup il
traversée; niais là encore il trouva le génie penche sa tète sur la table et cache avec ses
malfaisant, qui tenta de s'y opposer. Le diable mains son visage en larmes. « J'ai besoin de
veillait dans les ténèbres, et renversait la dormir,» dit-il. Il savait bien qu'il n'y aurait,
nuit ce que l'homme de Dieu avait, édifié à pas de sommeil pour lui celle nuit-lo. Les
grand'peine pendant lé jour. Celui-ci ne se deux époux entrent dans la chambre et y de-
décourageait pas : il espérait à force de con- meurent seuls avec leur plus jeune enfant
stance faire lâcher prise à Salan. 11 n'en fut encore à la mamelle. Le comte ferme les por-
rien : la nuit venue, des sifflements se fai- tes aux verrous, ce qu'il n'avait pas l'habi-
saient entendre el tout à coup un grand tude de faire. «Femme malheureuse! s'écrio-
bruit annonçait ,que l'oeuvre de la journée t-il, el moi le plus à plaindre des hommes !

avait disparu dans le gouffre. Guillaume se — Ne parlez pas ainsi, mon noble seigneur;
lassa de cette lutte sans fin il appela le dia- elle ne saurait être malheureuse, colle qui est
ble en conférence, et fit un, pacte avec lui. Il l'épouse d'Alarcos. —Trop malheureuse ce-
en obtint qu'il pouvait construire son pont, à pendant, car dans-le mol que vous venez de
condition que le premier jiassager lui appar- prononcer est compris tout votre malheur,
tiendrait. Le saint, plus rusé que Satan fit Sachez qu'avant de vous connaître j'avais
connaître lé marché à tous ses amis pour, lesi juré à l'infante que je n'aurais jamais d'autre
en préserver; puis il lâcha un chat qui les épouse qu'elle; le roi notre seigneur sait
premier traversa le pont, et dont Satan futt, tout; aujourd'hui l'infante réclame ma main';
bien forcé de se contenter. — Depuis ce; et, mot, fatal à prononcer, pour vous punir
temps, dans ce pays, les chais appartiennentt d'avoir été préférée à l'infante, le roi ordonne
au diable, et le pont à saint Guillem. que vous mouriez celte nuit. — Est-ce donc
Ballade de l'Ajournement. — La lïeVUts là, répondit la comlesse effrayée, le prix de
dé Paris a publié en 1-831 l'analyse d'uneB ma tendresse soumise? Ah! ne me luez pas ,
APPENDICE.
noble comte, j'embrasse vos genoux; ren- de
( la Silésie. — Jean Kanlius était un' dès
voyez-moi dans la maison de mon père, où éoheviriS
i de la ville de Pesth ; sa réputation
j'étais si heureuse, où je vivrai solitaire, où de
i
probité et son jugement droit lui avaient
j'élèverai mes trois enfants. — Cela ne se acquis
; Une grande considération. Un jour lé
peut... mon serment a été terrible... Vous maire l'envoya chercher pour l'aider à ter-
devez mourir avant le jour. -— Ah ! il se voit miner une affaire qui venait (le s'élever entre
bien que je suis seule sur la terre; mon père des voituriers et un négociant paniionièn.
est un vieillard infirme..., ma mère est dans L'affaire arrangée, le maire invita Kanlius, et
son cercueil, et le fier don Garcia est mort.., l'invitation fut acceptée. Or, le repas était
lui, mon vaillant frère, que ce lâche roi fit excellent, el cette circonstance n'était pas
périr. Oui, je suis seule et sans appui en Es- d'un médiocre intérêt pour Kanlius, qui savait
pagne Ce n'est pas la mort que je crains, jouir en connaisseur des plaisirs de la table;
mais il m'en coûte de quitter mes fils... Lais- aussi élait-il de très-bonne humeur. Cepen-
sez-moi du moins les presser encore sur mon dant sa gaieté paraissait ce soir-là plus folle
coeur, les embrasser une dernière fois avant que réelle; tout on sablant un grand verre de
de mourir. — Embrassez celui qui est là dans vieux vin du Rhin, il prononça res mois :
son berceau, vous ne reverrez plus les autres. « Plongeons-nousdans les joies de ce monde,
— Je voudrais au moins le temps de dire un car un malheur peut arriver à tout moment.»
Ave. — Diles-le vile. » Elle s'agenouilla. «0 Ce qui était d'une morale médiocre. — Kan-
seigneur Dieu, dit-elle, en ce moment de (er- lius fut obligé do quitter la société de bonne
reur, oubliez mes péchés; ne vous souvenez heure pour veiller aux préparatifsd'un voyage.
que de voire miséricorde.» •— Quand elle eut Arrivé chez lui, il alla à l'écurie, examina
prié, elle se releva plus calme. «Alarco's, dit- son cheval, qui lui sembla avoir perdu le fer
elle, soyez bon pour les gages de notre amour de l'un des pieds do derrière; il voulut lui
et priez pour le repos de mon âme.... Et prendre la jambe pour voir le sabot, el reçut
maintenant donnez-moi notre enfant, sur mon une violente ruade dans l'estomac. 11 s'écria
sein qu'il s'y puisse désaltérer une dernière
,
sur-le-champ : « C'est fait, de moi.» — On le
fois avant que le froid de la mort ait glacé le porta au lit ; bientôt sa situation fui désespérée.
lait de sa mère. — Pourquoi réveiller le pau- Pendant son agonie il fut en proie à une
vre enfant.? Vous voyez qu'il dort. Préparez- grande tourmente d'esprit; il répétait sou-
vous; le temps presse; l'aurore commence à vent : « Mes péchés sont iels que le Tout-
paraître. — Eh bien ! écoule-moi comte Puissant ne me les pardonnera jamais ! » Cet
,
Alarcos, je le pardonne. Mais je ne puis par- aveu était si étrangement contraire à l'opinion
donner à ce roi si cruel, ni à sa fille si fière. qu'on avait de lui que lès assistants ne sa-
,
Que Dieu les punisse du meurtre d'une chré- vaient comment s'en rendre compte. On en
tienne. Je les appelle de ma voix mourante vint à soupçonner qu'il s'était vendu au prince
devant le trône de l'Éternel d'ici à trente des ténèbres; et ce soupçon subi t ne laissait
jours. » — Alarcos, barbare et ambitieux, pas d'être appuyé sur quelques faits auxquels
étrangla la pauvre comlesse avec son mou- on n'avait pas encore songé, entre autres sur
choir. 11 la recouvrit avec les draps du lit; ceux-ci : qu'il avait acquis ses immenses ri-
puis appelant ses é'cuyers, il leur fit un faux chesses avec une soudaineté inconcevable, et
récit pour les tromper, et s'en alla épouser qu'il possédait dans son logis un chat hoir
l'infante; — Mais la vengeance célesie s'ac-^ 'd'une grosseur extraordinaire. — L'heure do
complit au delà des malédictions de la com- là mort de Kanlius fui signalée par un orage
tesse ; car, avant que le mois fût expiré, trois qui ne cessa qu'après ses funérailles. Aussitôt
âmes coupables, le roi, l'infante et le comte, que le cadavre se trouva déposé dans la
parurent devant Dieu. fosse, les éléments reutrôrénl dans le câline
,
Kantius-le-Silésien. — L'histoire de Jean comme si la terre eût été délivrée de là pré-
Kanlius, racontée au docteur More par un mé- sence de quelque démon. — Bientôt lé bruit
decin de la Silésie, est un des exemples les courut qu'un spectre se promenait dans lés
plus frappants de celle croyance aux reve- appartements du défunt. Le gardé de ritiit du
nants qui a régiié en souveraine sur les es--- ..
quartier avait, disait-il, entendu un étrange
prits. — On dit que Kanlius sortant du tom- tumulte dans là maison de Kanlius; il lui avait
beau apparut dans la ville qui l'a vu naître; semble qu'on jetait çà et là sur le parquet les
mais ce qui est positif, c'est que de nombreu- glaces et les meubles, en riant aux éclats
ses rumeurs, relatives à ce même fait, jetèrent; d'un rire aigu et sataniqûe. Des grilles de fer
nne agitation violente et Une terreur profonde> qui chaque soir étaient fermées aux verrous;
parmi ses concitoyens et dans toute l'étendue> se trouvaient ouvertes le lendemain sans
b7'2 APPENDICE.
que personne eût passé par là. — Ce bou- trop long d'énumérer, ne devaient-ils pas
leversement surnaturel s'étendit même aux être attribués à Kanlius? Qu'il nous suffise
écuries de l'échevin défunt ; tous les malins po'ur dernier Irait de dire —
qu'à la funèbre
les chevaux étaient couverts d'écume, comme clarté de la lune apparaissait à la lucarne
s'ils eussent fait une excursion dans de loin- d'une vieille tour une tête aux yeux élince-
laines contrées; et cependant, à entendre les lanls, qui tout à coup prenait la forme d'un
trépignements extraordinaires donl loule la: manche à balai ou d'une chauve-souris. Celte
nuit ils ébranlaient le sol, on pouvait être lèle était celle de Kantius et ne pouvait être
assuré qu'ils n'avaient pas quille l'écurie. celle d'un autre.
— Enfin, la frayeur et le
Les chiens ne cessaient d'aboyer el de hurler désespoir des habitants de Pesth furent pous-
de la manière la plus pitoyable. — Les Imbi- sés au dernier point. Les voyageurs évitaient
bants de Pesth ne pouvaient fermer l'oeil de la ville, le commerce s'anéantissait : les ci-
la nuit. Une vieille domestique, qui prêtait toyens finirent par chercher un remède à cet
une grande attention à tout ce qui se passait, étal de choses ; il fol, résolu en conseil de
jura avoir ouï quelqu'un monter el descendre commune que l'on commencerait par s'assu-
les escaliers à cheval, el parcourir les-appar- rer si l'échevin était bien mort. En consé-

tements au galop. L'acquéreur do la maison quence, les plus courageux des habitants se
dé Kanlius, épouvanté de tout ce vacarme, mirent en roule pour le cimetière où ils ou-
,
se promenait un jour dans les environs de la vrirent plusieurs fosses avec précaution. Ils
ville; il vit distinctement, sur la terre cou- remarquèrent, non sans surprise, que les
verte de neige, l'empreinte de pas qui n'ap- voisins de Kanlius, qui avaient été enterrés
partenaient à aucune créature humaine, à avant ou après lui, ôlaient tous réduits en
aucun animal terrestre. L'inquiélude devint poussière, tandis que sa peau, à lui, était
inexprimable lorsqu'on acquit la certitude, tendue et vermeille. On lui mil un bâton dans
par le témoignage de personnes dignes de foi, la main, il le saisit fortement, ouvrit les yeux
que Kantius se promenait à cheval non-seule- elles referma aussitôt. On lui ouvrit une veine
ment dans la cour de son ancienne maison de la jambe et le sang coula en abondance.
,
mais encore dans les rues de la ville, dans Et cependant il y avait, six mois qu'il avail été
les vallées et sur les collines des environs, mis en terre. Le maire fit sur son compte une
courant avec la rapidité de l'éclair, comme si enquête semblable à celle qui avail eu lieu -
quelque chasseur infernal eûl été à sa pour- pour un cordonnier de Breslaw. — Le tribu-
suite. •— Un juif prétendit que Kanlius avail nal condamna Jean Kantius, échevin de Pesth,
engagé une lutte avec lui. et lui avait l'ail à être brûlé comme vampire. Mais l'exécu-
souffrir une lorture inouïe. Un charretier dé- tion rencontra un obstacle étonnant. On ne
clara qu'en approchant de Peslb il avait ren- put tirer le corps de la fosse, lanl il était pe-
contré Kantius, qui lui avait vomi à la figure sant. Enfin, les citoyens de Peslb, bien in-
de longues flammes bleues el rouges. — Mais spirés, cherchèrent el découvrirent le cheval
voici qui esl plus surprenant : Tous les soirs, donl la ruade avail tué Kanlius ; ce cheval
lorsque, le pasteur se mettait au lit, Kanlius parvint à grand'peine à amener hors dé-
venait le rouler dans les draps en avant el en terre les restes de son ancien maître. Mais
arrière, jusqu'à ce que l'uniformité du mou- lorsqu'il s'agit d'anéantir ces restes, une au-
vement et la fatigue le fissent succomber au tre difficulté se présenta. On mit le corps sur
sommeil. 11 se glissail auprès de lui sous la • un bûcher allumé et il ne se consuma pas.
forme d'un nain à travers les fentes de la Alors on fut obligé, de le couper en morceaux
cloison. — Il arriva encore que les lèvres que l'on réduisit partiellement en cendres; el
d'un enfant furent tellement collées ensemble depuis lors l'échevin Jean Kanlius cessa de
qu'on ne put les séparer : c'était l'oeuvre de faire des apparitions dans sa ville natale.
Kanlius. A certaines heures de la soirée, la ïie noueur d'aiguillette. — Celait un
lumière des flambeaux devenait tout à coup grand deuil à Coulommiers, dans-la maison de
blanche et triste ; c'était le signe infaillible de Moureau, le '15 juin de l'an de grâce 1582.
la visite de Kanlius. — Des vases qui conte- Le, petit homme s'était marié la veille plein
naient du lait la veille furent trouvés le len- de liesse, el se'-promenant heureux ménage ,
demain vides ou remplis de sang. L'eau des avec Fare Fleuriot, son épousée. 11 élait vif,
fontaines devint insalubre et corrompue ; des homme de tète, persévérant dans ses affec- -
vieillards furent étranglés dans leurs lits sans tions comme dans ses: haines ; et il se réjouis-
que l'on parvînt à découvrir les auteurs de sait sans ménagement de son succès sur ses
ces crimes répéiés. Tous ces événements irré- rivaux. Fare, qui l'avait préféré, semblait
guliers el bien d'aulres encore qu'il serait partager son bonheur et ne se troublait pas
,
APPENDICE.
plus que son mari des alarmes que les mena- de, i
la mauvaise réputation qu'on faisait alors
ces d'un rival dédaigné avaient fait naître chez de ces vauriens qui cherchaient dans la sor-
les convives. Fare Fleuriol; habile ouvrière cellerie une prétendue puissance et de pré-
en guipure, n'avait pu hésiter dans son choix tendues richesses toujours insaisissables, on le
entre Jean Moureân, armurier fort à son aise, mil au cachot en l'invitant à faire ses ré-
et ce concurrent redouté, nommé Abel de la flexions; el lo lendemain, sur son obstinai-ion
Eue, surnommé le Casseur, à cause de sa à ne rien avouer, on l'appliqua à la question.
mauvaise conduite; homme réduit, au métier Il déclara qu'il allait confesser..— «Ayez
de savetier, el qu'on accusait de relations soin, dil Nicolas Quatre-Sols, que votre con-
avec le diable à cause de ses déportemenls. fession soil entière et digne de noire indul-
C'était justement celle circonstance mysté- gence. Pour ce, vous nous exposerez dès le
rieuse qui effrayait les amis de l'armurier.— commencement loulcs vos affaires avec Sa-
«Vous avez supplanté Abel, lui disaient-ils; tan. *> Il fit donner au savetier un verre d'eau
il vous jouera quelqu'un de ses mauvais tours. relevée d'un peu de vinaigre, afin do ranimer
— Les gens de justice de notre roi Henri troi- ses esprits; el il s'arrangea sur son siège dans
sième nous sauront bien rendre raison du la position d'un homme qui écoute une his-
Casseur, répondit Jean Moureau. -— Et qui toire merveilleuse. — Abel de la Rue, voyant
sait,, dil une vieille tante, s'il vous ne jetterai que son juge était prêt, recueillit ses esprils
pas un sort? •— Patience ; telle avait été la el se disposa à parler. D'abord il se recom-
réponse du jeune marié. » Mais Fare était manda à la pitié elà la compassion de lo jus-
pourtant, moins rassurée. La noce toutefois lice, criant, merci et protestant de sa repen-
s'élail faite joyeusement. — Or, le lendemain, lance ; puis il dil ce qui suit : «Je devrais
comme nous avons dit, c'était dans la maison être moins misérable que je ne suis el faire
grand deuil et pleine tristesse. Les deux époux, autre chose que mon pauvre métier. Etant
si heureux la veille, paraissaient effarés de pelit enfant, je fus mis par ma mère au cou-
trouble. On annonçait timidement ce qui était vent des Cordeliers de Meanx. Là le frère
survenu; le résultat en paraissait pénible; le Caillef, qui était maître des novices, m'ayant
mari et la femme ensorcelés sentaient l'un corrigé je me fâchais si furieusement, confie
,
pour l'autre autant d'éloignement qu'ils s'é- lui que je ne rêvais plus autre chose, sinon la
taient témoigné d'affection le jour précédent. possibilité de me venger. Comme j'étais ca
Celle nouvelle se répandit en peu d'instants celle mauvaise volonté, un chien barbet, mai-
dans la petite ville. Le second jour l'éloigné— gre el noir, parut loul à coup devant moi. Il
ment devint de l'antipathie, qui, le jour d'a- me sembla qu'il me parlait, ce qui me trou-
près, eut lotit l'air de l'aversion. Cependant bla fort; qu'il me promenait de m'aider en
les jeunes mariés ne parlaient pas de deman- toutes choses et de no me faire aucun mal, si
der une séparation; seulemeut ils annon- je voulais me donner à lui.... •— Ce barbet,
çaient que quelque ennemi endiablé ou quel- interrompit le juge, élait certainement un dé-
que sorcière maudite leur avail noué l'aiguil- mon. — C'est possible, messire. Il me sembla
lette. — On sait que ce maléfice, qui a l'ail qu'il me conduisait, dans la chambre du cou-
tant, de bruit aux seizième et dix-septièmesiè- vent qu'on appelle la librairie. Là il disparut
cles, rendait les.mariés repoussants l'un, pour et je ne le revis jamais. — El quelle ven-
l'autre, et, les accablant au physique comme geance avez-vons eue du frère Caillel? —
au moral , les conduisait à se fuir avec une 'Aucune, messire, ne l'ayant pas pu. •— Que
sorte d'horreur. — 11 ne fui bruit dans lotit fites-vous alors dans la librairie? — Je pris
Coulommiers que de l'aiguillelle nouée à Jean un livre ; car on m'a enseigné la lecture. Mais
Moureau. Abel de la ftue, le savetier, en avait, voyant que c'était un missel, je le refermai ;
ri si méchamment, qu'il fut à bon droit soup- je sortis et je demeurai quelques semaines
çonné du délit; il était assez généralement triste et pensif. Un jour je pris un autre livre,
détesté. La clameur publique prit une telle c'était un grimoire. Je l'ouvris au hasard ; et
consistance, que les jeunes époux ensorcelés à peine avais-je lu quelques lignes que je ne
se crurent autorisés à déposer leur plainte. — comprenais point, quand je vis paraître de-
Messire Nicolas Quatre-Sols était lieutenant vant moi un homme long et mince, de moyenne
civil et criminel au bailliage de Coulommiers. stature, blême de visage, ayant un effroyable
11 fit comparaître Abel devant lui. Le chena- aspect, le corps sale et l'haleine puante. —
pan , qui était hypocondre et morose, avoua Sentait-il le soufre? — Oui, messire. Il était
qu'il avait recherché Fare Fleuriot, mais il velu d'une longue robe noire à l'italienne, ou-
nia qu'il, eût rien fait contre elle et contre son verte par devant. Il avait à l'estomac et aux
mari. Comme il était malheureusement chargéi deux genoux comme des visages d'hommes,
514 APPENFDlÇlî.
de pareille couleur que les autres. Je regar- réunis. i — Qui faisaient, le sabbat? interrom-
dai ses pieds, nui étaient des pieds de vache. pit ] le'juge. -— Oui, messire. J'y reconnus plu-
Tout l'auditoire frissonnait. — Cet homme isieurs personnes vivantes et quelques morts,
blême, poursuivit l'accusé, me .demanda ce notamment une sorcière qui avait été pendue
que je lui voulais et qui m'avait conseillé de à Lagny- Le maître du lieu, qui était le dia-
l'appeler. Je lui répondis avec frayeur que je ble, ordonna, par la bouche d'un vieillard,
ne l'avais pas appelé, et que j'avais ouvert que l'on nettoyai la place. Maître Rigoux prit
le grimoire sans en prévoir les conséquences. inconlinent la forme d'un grand bouc noir, se
Alors cet homme blême, qui était- le diable, mil à grommeler et à tourner ; et aussitôt l'as-
m'enleva el me transporta sur le toit de la semblée commença les danses, qui se faisaient
salle de justice de Meaux. en me disant de ne à revers, le visage dehors et le derrière tourné
rien craindre. Je lui demandai son nom, et il vers le bouc. — C'est conforme à l'usage du
me répondit. : Je m'appelle maître Rigoux, Je sabbat, comme il est prouvé par une masse
lui témoignai ensuite le désir de m'enfuir du de dépositions. Mais ne chanta-l-on point?
couvent; là-dessus il me reporta au lieu où il et quelles furent ces chansons? •— On ne
m'avait pris. Du moins je m'y retrouvai comme chanta point, messire. Après la danse, qui
sortant d'une sorte d'élourdissemenl. Le gri- avait duré deux heures, on présenta ses
moire était à mes pieds. Je vis devant moi le hommages au bouc 1. » Chaque personne de
père Pierre Berson , docteur en théologie, et l'assemblée fit la même chose; Je m'approchai
le frère Caillel, qui me reprirent d'avoir lu du bouc à mon tour; il me demanda ce que
dans le grimoire el me menacèrent du fouet je voulais de lui ; je lui répondis que je vou-
si je louchais encore à ce livre. Tous les reli- lais savoir jeter des sorls sur mes ennemis.
gieux descendirent à la chapelle et chantè- Le diable m'indiqua maîlre Pierre, comme
rent un Salve à mon intention. Le lendemain, pouvant mieux qu'un autre m'enseigner celle
comme je descendais pour aller à l'église , science. Je l'appris donc. — El vous en avez
maître Rigoux m'apparul encore. 11 me donna fait usage contre plusieurs, notamment contre
rendez-vous sous un arbre près de Vaulxcour- les époux qui se plaignent? Avez-vous eu
lois, entre Meaux el Coulommiers. Là je fus d'autres relations avec le diable ?
, — Non ,
séduit. Je repris sans rien dire les babils que messire, sinon en une circonstance. Je voulais
j'avais à mon entrée dans le couvent, el j'en rentrer dans la voie. Un jour que j'allais en
sortis secrètement par une petite porte de pèlerinage à Saint-Loup, près de Provins, je
l'écurie. Rigoux m'attendait sous la figure fis rencontre du diable, qui chercha à me.
d'un bourgeois ; il me mena chez maître noyer. Je lui échappai par la fuite.» —Tout
Pierre, berger de Vaulxcourlois, qui me recul le monde dans l'assemblée ouvrait de grandes
bien ; el j'allais conduire les troupeaux avec oreilles, à l'exception d'un jeune homme de
lui. Deux mois après, ce berger, qui était vingt ans, le neveu du lieutenant civil et cri-
sorcier, me promet de me présenior à Y as- minel. Il faisait les fonctions d'apprenti gref-
semblée, ayant besoin de s'y rendre lui-même fier. — Mon oncle, dit-il en se penchant à l'o-
parce qu'il n'avait plus de poudre à maléfices. reille de maître Nicolas Quatre-Sols, ne pen-
L'assemblée devait se tenir dans Jrois jours. sez-vous pas que le patient n'est qu'un mau-
Nous étions à l'avenl de Noël 41375. Maître vais drôle qui a le cerveau malade, qui esl
Pierre envoya sa femme coucher au dehors el sujet peut-être à de mauvais rêves?—Pen-
il me fit mettre au lit à sept heures du soir. dant que l'oncle réprimandait le neveu à voix
Mais je ne dormis guère. Je remarquai qu'il basse, Abel de la Rue levant la tète : «De
plaçait au coin du feu un très-long balai de tout ce que j'ai fail de niai, dit-il, je suis re-
genêt sans manche. A onze heures du soir, il pentant et marri; et je crie merci et miséri-
fil grand bruit el me dit qu'il fallait partir. 11I corde à Dieu au roi, à monseigneur et à la
,
prit de la graisse, s'en frotta les aisselles et, justice. — C'est bien, dit Nicolas Quatre-Sols,
me mit sur le balai, en me recommandant des qu'on le ramène au cachot. » — Le soir de ce
nepas quitter celle monture. Maître Rigoux: même jour, le maléfice de Jean Moureau se
parut alors; il enleva mon maître par la che- trouva rompu." L'antipathie qui avait- surgi
minée,; inoi je le tenais au milieu du corps;; entre lui et sa jeune épouse s'évanouit. Le
el ij me sembla que nous nous envolions. Lai corps du principal délit avait donc disparu.
nuil était très-obscure mais une lanterne; Néanmoins, peu de jours après, le 6 juillet,
,
nous précéda-il. Pendant que je voyageais eni sur les conclusions du procureur fiscal, la Rue
l'air de la sorte , je crus apercevoir l'abbaye
de Rebais Nous descendîmesdans un lieu plein^ J Histoire, de la magie en France par M. Jules Ga-
,
ri.net. Voyez un peu plus haut la légende do la Clia-
d'herbe où se trouvaionl beaucoup de gensS pelle des Boues,
APPENDICE. m
fui condamné à être brûlé vif. Il appela de sa ypersonne iravaillcr à l'entretien ou à la répa-
sentence au parlement de Paris, et, le 20 juil- ration r de ce château. Il avait pourtant subi
let 1582, le parlement de Paris, prompt à ex- plusieurs| changements depuis le jour de sa
pédier ces sortes d'affaires, rendit un arrêt construction,
( et le plus singulier est celui qu'on
qui porte qu'Abel de la Rue, appelant, ayant remarquaillorsqu'on
i approchait de ltonquerol-
jeté des sorts sur plusieurs, prêté son con- les 1 du côté du midi. Aucune des six fenêtres
cours au diable, communiqué plusieurs fois qui (
occupaient la façade de ce côté n'était sem-
avec lui, assisté aux assemblées nocturnes 1blable aux autres. La première à.gauche était
et illicites, pour réparation de ces crimes une fenêtre en ogive, portant une croix de
la cour condamne l'appelant à être pendu et pierre à arêtes tranchées qui la partageaient
étranglé à une potence qui sera dressée sur en quatre compartiments garnis de vitraux à
le marché de Coulommiers, el renvoie Abel de demeure. Celle qui suivait était pareille à la
laitue au bailli chargé de faire exéculer ledit première, à l'exception des vitraux, qu'on avait
jugement el brûler le corps du sorcier après remplacés par un vitrage blanc à losanges de
sa mort. — Cet arrêt, qui adoucissait un peu plomb porté dans des cadres de fer mobiles.
la sentence du premier juge, fut exécuté se- La troisième avait perdu son ogive et sa croix
lon sa teneur, au marché de Coulommiers, par de pierre. L'ogive semblait avoir été fermée
le maître des hautes-oeuvres de la ville de par des briques, et une épaisse menuiserie,
Meaux, le 23 juillet 1582. — « Au reslo, dit où se mouvaient ce que nous avons appelé
un auteur sensé, ces sorciers qu'on brûlait, depuis des croisées à guillotine, tenait la
méritaient presque toujours châtiment par place du vitrage à cadres de fer. La qua-
quelque vilain el odieux côté. » trième, ornée de deux croisées, l'une infé-
3ûe château de H.onquerolles. — Dans les rieure, l'autre extérieure, loules deux à es-
Mémoires du niable, livre dont nous ne pou- pagnolettes et à petites vitres, était en outre
vons, malgré le l.aîenl de l'auteur, recomman- défendue par un contrevent peint en rouge.
der la lecture, M. Frédéric Soulié débute par La cinquième n'avait qu'une croisée à grands
une scène et des détails qui réclament leur carreaux , plus une persienne peinte en vert.
place dans ce livre. Nous croyons devoir les Enfin, la sixième élail ornée d'une vaste glace
transcrire en partie. — «Le <ll;r janvier 18..., sans tain, derrière laquelle on voyait un slore
le baron François-Armand de Luïzzi élail as- peint des plus vives couleurs. Cette dernière
sis au coin de son feu, dans son château de fenêtre était en outre fermée par des contre-
ltonquerolles. Quoique je n'aie pas vu ce châ- vents rembourrés. Le mur uni continuait
teau depuis plus de vingt ans, je me le rap- après ces fenêtres , donl la dernière avait
pelle parfaitement. Contre l'ordinaire des châ- paru aux regards des habitants de Ronque-
teaux féodaux, il élail situé au fond d'une rolles le lendemain de la mort du baron Hu*
vallée ; il consistait alors en quatre lours liées gues-François de Luizzi, père du baron Ar-
ensemble par quatre corps de bâtiment, les mand-François de Luizzi, et le matin du
lours el les bâtiments surmontés de toits aigus •\er janvier '18..., sans qu'on pût dire qui
en ardoise, chose rare dans.les Pyrénées. — l'avait percée et arrangée comme elle l'était.
Ainsi, quand on apercevait ce châleau du —• Ce qa'il y a de plus singulier, c'est que la
haut des collines qui l'entouraient, il parais- tradition racontait que loules les autres croi-
sait plutôt une habitation, du seizième ou du sées s'étaient ouvertes de la même façon et
dix-septième siècle qu'une forteresse de l'an dans une circonstance pareille, c'est-à-dire
1327, époque à laquelle il avait été bâti. — sans qu'on eût vu exéculer les moindres tra-
Aujourd'hui que nous savons que de tous les vaux, et toujours le lendemain de la mort de
matériaux durables le fer est celui qui dure le chaque propriétaire successif du château. Un
moins je me garderai bien de dire. que. Ron- fait certain, c'est que chacune de ces croisées
,
querolles semblait être bâti de fer, tant l'action était celle d'une chambre à coucher qui avait
des siècles l'avait respecté ; mais ce que je dois été fermée pour ne plus se rouvrir, du moment
affirmer, c'est que l'état de conservation de ce que celui qui eûl dû l'occuper toute sa vie
vaste bâtiment était véritablement très-remar- avait cessé d'exister. — Probablement si Ron*
quable. On eût dit que c'était quelque caprice: querolles avait été constamment habité par
d'un riche amateur du gothique qui avait élevéi ses propriétaires, tout cet étrange mystère
la veille ces murs, intacts, dont pas une pierre. eût grandement agité la population; mais de-
n'était dégradée, qui avait dessiné ces ara- puis plus de deux siècles, chaque nouvel hé-
besques fleuries dont pas; une ligne n'étaitt ritier dès Luizzi n'avait paru que durant
rompue, dont aucun détail n'était mutilé. Ce- vingt-quatre heures dans ce château, et I'a-
pendant, de mémoire d'homme on n'avait vuî vail quitté pour n'y plus revenir. Il en avait
576 APPENDICE.
été ainsi pour le baron Hugues-François de l'allure naturelle de son corps dénotait la
Luizzi ; el son fils François-Armand de Luizzi, force, el. l'expression habituelle de ses traits
arrivé le 1e1' 18..., avail annoncé son départ annonçait la résolution. Cependant il trem-
pour le lendemain. — Le concierge n'avait blait et. son agitation augmentait à mesure
appris l'arrivée de son maître qu'en le voyant que l'aiguille approchait de deux heures.
entrer dans le châleau ; el rélonnemenl de ce Quelquefois il s'arrêtait pour écouler si un
brave homme s'était changé en terreur, lors- bruit, extérieur ne se faisait pas entendre;
que, voulant, faire préparer un appartement mais rien ne troublait le silence solennel donl
au nouveau venu , il vit celui-ci se diriger il était entouré. Enfin Armand entendit ce
vers le corridor où étaient, situées les cham- petit choc produit par l'échappement de la
bres mystérieuses donl nous avons parlé, et pendule et qui précode l'heure qui va sonner.
ouvrir avec une clef qu'il lira de sa poche une Une pâleur subito et profonde se répandit sur
porte que le concierge ne connaissait pas en- son visage; il demeura un moment immobile
core, et qui s'était percée sur le corridor in- et ferma les yeux comme un homme qui va
térieur comme la croisée s'était ouverte sur se trouver mal. A ce moment le premier coup
la façade. La même variété, se remarquait de deux heures résonna dans le silence. Ce
pour les portes comme pour les croisées. Cha- bruit sembla réveiller Armand de son affai-
cune était d'un style différent, et la dernière blissement; el. avant que le second coup ne
était en bois de palissandre incrusté de fùl sonné, il avail saisi une petite clochette
cuivre. Le mur continuait après les portes d'argent posée sur sa table et l'avait- violem-
dans le corridor, comme il continuait à l'ex- ment agitée en disant ce seul mot : « Viens. '»
térieur après les croisées sur la fagade. Entre — Tout le monde peut avoir une clochette
ces deux murs nus el impénétrables, il se d'argent, tout le monde peut l'agiter à deux
trouvait probablement d'aulres chambres. heures précises du malin el en disant ce
Mais destinées sans doute aux héritiers futurs mol : Viens ! mais très-probablement,il n'ar-
des Luizzi, elles demeuraient, comme l'ave- rivera à personne ce qui arriva à Armand
nir auquel elles appartenaient, inaccessibles de Luizzi. La clochette qu'il avail. secouée
cl fermées. Celles (pie nous pourrions appeler ne rendit qu'un son faible et ne frappa
les chambres du passé étaient do même closes qu'un coup unique qui vibra Irislemenl et
el inconnues , mais elles avaient cependant sans, éclat. Lorsqu'il prononça le mol viens!
gardé les ouvertures par lesquelles ou y pou- Armand y mit lout l'effort d'un homme qui
vait pénétrer; la nouvelle chambre; la cham- crie pour être entendu de loin, el cependant
bre du présent si vous voulez était seule sa voix, poussée avec vigueur de sa poitrine,
,
ouverte; et durant, toute la journée du V' jan- ne put arriver à ce ton résolu el impératif
vier, tous ceux qui le voulurent y pénétrèrent qu'il avait voulu lui donner ; il sembla que ce
librement. — Ce corridor, qui en vérité nous fùl une timide supplication qui s'échappait de
parait un peu sentir l'allégorie, ne. parut sen- sa bouche, et lui-même s'étonnait de cet-
tir à Armand de Luizzi que l'humidité cl lo étrange résultai, lorsqu'il aperçut à la place
froid; el il ordonna qu'on allumât un grand qu'il venait de quitter un être qui pouvait
,
feu dans la cheminée en marbre blanc de sa êlre un homme, car il en avait l'air assuré;
nouvelle chambre. 11 y resta toute la journée qui pouvait être une femme, car il en avait le
pour régler les comptes de la propriété de visage et les membres délicats, el qui était as-
Ronqnerolles; en ce qui concernait le châ- surément le diable, car il n'élail entré par nulle
leau, ils ne furent pas longs. Ronqnerolles ne pari el avait simplement paru. Son costume
rapportait rien et no céùlail rien. Mais Ar- consistait en une robe de chambre à manches
mand de Luizzi possédait aux environs quel- plates, qui ne disait rien du sexe de l'indi-
ques fermes donl les baux étaient expirés el vidu qui la portait. — Armand do Luizzi ob-
qu'il voulait renouveler... — La journée en- serva en silence ce singulier personnage, tan-
tière se passa à discuter et à'arrêter les bases dis qu'il se casail commodément dans le
des nouveaux contrais, et ce ne fui que le sou- fauteuil à la Voltaire qui élail près du feu.
venu qu'Armand de Luizzi se trouva seul. 11 Le diable, car c'était lui-même, se pencha
élail assis au coin de son feu, une table sur négligemment en arrière el dirigea vers le feu
laquelle brûlait une seule bougie était près de l'index el le pouce de sa main blanche et ef-
lui. Pendant qu'il restait plongé dans ses ré- filée; ces deux doigts s'allongèrent indéfini-
flexions, la pendule sonna successivement mi- ment comme une paire de pincettes et prirent
nuit, minuit et demi, une heure. Luizzi se un charbon dans le feu. Le diable, car c'était
leva el se mil à se promener avec agitation. le diable en personne, y alluma un cigare
Armand élail un homme d'une (aille élevée; qu'il prit sur la table, A peine en eut-il aspiré
APPEKD1 )1CE. 577
une bouffée qu'il rejeta le cigare avec dégoût, magiuenl
m qu'ils ont l'air d'y être habitués.
et dit à Armand de Luizzi : « Est-ce que vous V Vous êtes de vieille famille, vous portez un
» n'avez pas de labac de contrebande?» Ar- assez-beau
ai nom, vous avez très-bon air, et
mand ne répondit pas. — «En ce cas, accep- v> vous pourriez vous passer de ridicules pour
lez du mien » reprit le diable. — Et il tira v> vous faire remarquer. — Le diable, fait de la
de la poche ,de sa robe de chambre un petit morale n ! c'est étrange... »
— Ce dialogue avail
porte-cigares d'un goût exquis. Il prit deux eu e lieu entre ce personnage surnaturel et
cigarettes, en alluma une au charbon qu'il le- A Armand de Luizzi, sans que l'un ou l'autre
nait. toujours el le présenta à Luizzi. Celui-ci le eût
e changé de place. Jusqu'à ce moment Luizzi
repoussa du geste, el le diable lui dil d'un ton avaita parlé plutôt pour ne point paraître in-
fort naturel : « Ah ! vous faites le dédaigneux, terdit
ti que pour dire ce qu'il voulait. 11 s'était
mon cher, tant pis.» — Puis il se mil à fumer, remis r peu à peu de son trouble et de l'élon-
sans cracher, le corps penché en arrière et en nement r que lui avaient causé la figure et les
sifflotant de temps en temps un air de contre- manières
r de son interlocuteur, et il résolut
danse, qu'il accompagnait d'un petit mouve- d'aborderc un autre sujet de conversation ,
ment de lêle lout à fait impertinent — Ar- ssans doute plus important pour lui. Il prit donc
mand demeurait toujours immobile devant ce tun second fauteuil, s'assil de l'autre côlé de
diable étrange. Enfin il rompit le silence; et 1la cheminée el examina le diable de plus
,
s'armanl de celle voix vibrante et saccadée près. i Il acheva son inspection en silence, et,
qui constitue la mélopée du drame moderne, persuadé i qu'une lutte d'esprit ne lui réussirait
il dit:
— «Fils de l'enfer, je t'ai appelé.... pas ] avec cet être inexplicable , il prit sa clo-
— D'abord, mon cher, dil le diable en Tinter- chette ( d'argent et la fil sonner encore une
rompant, je ne sais pas pourquoi vous me fois. I
— A ce commandement, car c'en était
tutoyez. C'est de fort mauvais goût. C'est une iun le diable se leva et se tint debout devant
habitude qu'oui prise entre eux ce que vous Armand ,
de Luizzi dans l'altitude d'un do-
appelez les artistes. Faux semblant d'amitié, mestiquei qui attend les ordres de son maître.
qui ne les empêche pas de s'envier, de se Ce i mouvement, qui n'avait duré qu'un dixième
haïr et de se mépriser. C'est une forme de de i
seconde avait apporté un changement
langage que vos romanciers el vos dramatur- complet dans ,
l'a physionomie et le costume du
ges ont affectée à l'expression des passions diable. L'être fantastique de lout à l'heure
poussées à leur plus haut degré, el donl les avait disparu, el Armand vit à sa place un
gens bien nés ne se servent jamais. Vous qui rustre en livrée avec des mains de boeuf dans
n'êtes ni homme de lettres ni artiste, je vous des gants de coton blanc, une trogne avinée
serai fort obligé de me parler comme au pre- sur un gilet rouge, des pieds plats dans ses
mier venu ; ce qui sera beaucoup plus conve- gros souliers, el point de mollets dans ses
nable. Je vous ferai observer aussi qu'en guêtres. « Voilà m'sieur, dil le nouveau paru.
m'appelanl fils de l'enfer, vous dites une de — Qui es-lu ? s'écria Armand blessé de cet,
ces bêtises qui ont cours dans toutes les lan- air de bassesse insolente el brûle, caractère
gues connues. Je ne suis pas plus le fils de universel du domestique français. — Je ne
l'enfer que vous n'êtes le fils de voire cham- suis pas le valet du diable, je n'en fais pas
bre parce que vous l'habitez. •—Tu es pourtant plus qu'on ne m'en dit, mais je fais ce qu'on
celui que j'ai appelé, » répondit Armand en me dit. —El que viens-lu faire ici? —J'at-
affectant une grande puissance dramatique. tends les ordres de m'sieur. Ne sais-tu
Le diable — pas
— regarda Armand de travers et pourquoi je t'ai appelé ? — Non m'sieur.
répondit avec une supériorité manquée : Tu mens?—Oui, , —
— m'sieur.-—Comment le nom-
«Vous êtes un faquin. Est-ce que vous croyez mes-tu? Comme voudra m'sieur. —N'as-

parler à votre groom ? — Je parle à celui lu pas un nom de baptême? Le diable
qui est mon esclave s'écrie Luizzi en posant bougea pas ; mais tout le château se mitneà
»
,
la main sur la clochette qui élait devant lui. rire depuis la girouette jusqu'à la cave. Ar-
— Comme il vous plaira, monsieur le baron, mand eut peur, et pour ne pas le laisser voir,
reprit le diable. Mais, par ma foi, vous êtes il se mit en colère C'est un moyen aussi
bien un véritable jeune homme de notre épo- que celui de chanter. Enfin réponds,connu n'as-
« ,
que, ridicule et butor. Puisque vous êtes si tu pas un nom? — J'en ai tant qu'il vous
sûr de vous faire obéir, vous pourriez bien plaira. J'ai servi sous toute espèce de
nom...
me parler avec politesse cela vous coûterait — Tu es donc mon domestique? — Il a bien
,
peu. D'ailleurs, ces manières-là sont bonnes fallu.. J'ai essayé de venir vers vous à un au-
pour les manants parvenus qui, parce qu'ils . tre litre; vous m'avez parlé comme à un
se vautrent dans le fond de leur calèche, s'i- laquais. Ne pouvant vous forcer à être poli,
37
578. APPENJ)>ici<.
je nié .suis soumis à èlre insolente et me bble... —Ensemble!... Non, reprit Armand en
voilà comme sans doute vous, me désirez, ,. interrompant le diable; je ne veux pas traiter
il
M siëur n'à-t-il rieil à m'ordonner?
— Oii.i, aavec loi ; cela mè répugnerait, trop. Ton aspect
vraiment. Mais.j'ai aussi un conseil a 16 de- îinie déplaît souverainement.— C'était pourtant
mander. — M'èieû'i; permettra qùè jè.tùi dise iune chance en votre faveur : on accorde peu
que, consul1er son.domestiqué c'est faire déjà à f ceux qui déplaisent beaucoup. Un foi qui
comédie dû XVIIe.sièple. —, Où às-lu appris ftraite avec un ambassadeur qui lui plaît lui
ça ? — Dans les feuilletons dès grands joui'- ffait toujours quelque concession dangereuse...
îiàûx, — T.û lès as donc lus ?,Eli bien !( qu'en 1Pour rie| pas être trompé, il ne faut faire
penses-lû' ?.—- .Pourquoi voulez-vous,que je d'affaire ( qu'avec les gens déplaisants. Èri ce
pense quelque chose dé gens,.qùi] rie pensent cas, (
le dégoût sert de raison. —.Et il in'ëii
pas? «. — Luizzi s'arrêta, encore, s'apercevani servira s pour té chasser, «dît Armand en faisant
qu'il n'arrivait, pas.plus à éoii but avec ce sbrinèi' s là cloché magique qui lui soumettait
npuyeàu personnage, qu'avec le précédent. Il Ilé diable.— Comme avait disparu l'être an—
sirisit,s'a sonnette ; mais avant de. l'agiter il drogyhè i qui s'était montré d'abord, de m'Ôhie
,
dit au diable : « Quoique tu sois lé rijêhie es- disparut, ' non pas lé diable, mais cette se-
prit sous iihè formé différèrile, il me déplaît conde < apparence du diable en livrée, el Ar-
dé traiter avec loi du .sujet, dont nous devons mand vil à sa place un assez beau jeune
parler.tarit .que,tu garderas cet aspect. En liorhme. Celui-ci ôlàilde cette espèce d'hommes
peux-iû clîàrigëi-.?,—- Je suis .aux ordres de qui changent de nom à tous les quarts de
m'sieur. — Peux-tu reprendre la forme que siècle, et que dans le notre, on appelle
,
tu.avais.tout à l'heure?. — A. u'rië condition : faslriônàbies. Tendu comme un arc entre ses
c'est que vous ine..donnerez,une des pièces brètèiles elles sous-pieds de son panlàlon
de monnaie qui sont dahs.celie bourse. ».— blanc, il avait posé ses pieds en bottes vernies
Armand regarda sur la tablé el vit une bourse et éperonnëes sur lé chambranle de là che-
qu'il n'avait pas encore aperçue. Il l'ouvrit, minée, et se tenait assis sur le dos dans iè
él è.h tira une pièce., Elle.élail d'un.métal fauteuil d'Armand. Du resté, ganté avec
inestimable, et portait pour toute inscription : exactitude, la manchette retroussée sur le
UN Jiois DE LÀ VIE .l')Ù BARON KUANÇOlS-All- revers de son frac à boutons brillants, le lor-
IH'AND DELUIZZI. Armand comprit sur-le-champ gnon dans l'oeil el la canne à pomme d'or à
le mystère de celte.espèce de paiement, et la niaiii, il avait tout, à fait l'air d'un cama-
remit la pièce clans la bourse, qui lui parut rade en' visité chez le baron Armand de Luizzi.
frès-lpurde, ce qui le fit sourire. «,Je lié paie — Celle illusion alla si loin, qu'Armand le
pas un,caprice si cher. — Vous êtes devenu regarda comme quelqu'un dé connaissance.
a'yafë? — Comment cela?,—- C'est,que vous « Il itiè semblé, vous avoir fencontre quelque
avez jeté beaucoup dé celte monnaie pour part? — Jamais ! Je ri'^ vais pas. — Je vous
obtenir moins que vous ne "deihâridez. — Je ne ai vu au bois a cheval. — Jamais !. Je fais
mêle rappelle pas. — S'il m'était permis de courir. —Alors c'était en calèche?— Jamais 5
vous faire votre compte, vous verriez, qu'il Je',conduis. —' Ahl pardiciï ! j'en suis sûr,:
n'y a pas tin mois de yolre vie que vous ayez j'ai joué avec vous chez SlmC...—Jâmâîâ!je
donné pour quelque chose de raisonnable'.— parie. — "Vous valsiez toujours avec elle. —
Cela se petit ; niais dû ihoiris j'ai vécu. — C'est Jamais! Je galope. —' Vous ne lui faites pas
sclori lé sens que vous.attachez M riïol vivre. la' cour ? — Jamais ! J'y. vais ; je ne la fais
— 11 y eii a donc plusieurs?
— Deux. t'fes- pas. » — Luizzi se sentit pris de l'enviô de
(iifférenis: Vivre, pour Beaucoup dé- gens, donner à ce mprisieûr ,dè's coups de cravacliô
c'est clbliiièr sa y lei à toutes lès exigen- pour lui o'ter un peu de sottise. Cependant la
ces qui les èntêùrent. Celui qui vil ainsi réflexion venant a. son aide, il cômiiiençâ à
se ribmiiiév, tarit qu'il estjeune, un lipheÀfdnl; comprendre que s'il se laissait aller à1 discuter
qriarfcl il devient mûr, on l'appelle un bïâbe avec le diable en vërtu,dë toutes les fermes
homme, et dîi le qualifié do bon homme quand 'qu'il' pl'airàit à, celui-ci de se donner;.il H'ar-
il est vieux. Ces' trois rioins ont Un' sy'iiSn'ynïe fivéi'ailjanîàis au bût de Cet onlrëiibn. Àrhiarid
coitimiin : c'ek ië mot dupe. Él lu perises prit donc là résolution d'en' finir avec celui-ci

q'iië c'est èri dupe que j'ai vécu ? —- Je' crois aussi bien qu'avec un autre, et il s'écria en
que îri'sièur le pense comme moi, car il n'est faisant encore tinter sa clochette'.'. — « Sàlan.
veiiû dans ce château que pour changer de écoutè-moi et obéis. » —Ce' ni'ô'i ëlàit a peiiié
façon' de vivre, et prendre; l'autre. —Etçëllé- prononcé, que l'être siirriâlureî qu'Armand
là, peù'x-tu me ià définir ? — Comme c'est le rivait a'pp'élé se montra dans sa1 sinistre sjjléh-
sujet du iriarclié que nous allons faire ensèh'i- rîeùr. — C'était biëri l'angë déchu que' la
APPENDJMCE. 571)
poésie a rêvé. Type de beauté llélri par la b, basses intrigues cl aux sottes prétentions de
douleur, altéré par la haine, dégradé par la 1'l'époque actuelle, el.je me'cacheà mpi-mèihe
débauche, il gardait encore, lant que son a ce que j'ai été,.pour oublier,' autant que je
visage restait, immobile, une trace endormie de puisp , ce' que !je suis devenu. Cette.forme que
son origine céleste; mais dès qu'il parlait, li lu ni'asïorcé.de prendre rii'est.pàr conséquent
l'action de ses traits dénotait une existence où odieuse
o el insupportable. Hâlê-'loi' donc, et
avaient passé toutes les mauvaises passions", ddis-moi ce que tu veux.—' Je rie le sais pas
Cependant, de toutes les expressions répons- eencore, et j'àî compté sur loi pour ro'àjdpr
sautes quj se montraient sur son visage, celle ddans mon choix. — je l'ai dil que c'était'iiri-
d'.uii dégoût profond dominait les autres. Au poîsib'fe—
r Tu peux cependant faire pour
lieu .d'attendre qu'Armand l'interrogeai, il lui moi
i ce que lu as fait pour mes ancêtres ; lu
adressa la parole lé premier. « Me voici pour peux i me montrer à nu les passions des autres
accomplir le marché que j'ai fait avec la 1hommes, leurs espérances, leurs joies, leurs
famille et par lequel je dois donner à chacun douleurs,
( le secretde leur existence, afin que
des barons de Luizzi, de lldnquerolles, ce je j puisse 1 i roi' de cet enseignementune lumière
qu'il me demandera; tu connais les conditions qui < nie guide. — Je puis faire tout cela, mais
de ce marché, je suppose? —Oui répondit lu I dois savoir que tes ancêtres se sont engagés
,
Armand ; en échange do ce don chacun de à: m'npparlenir avant que j'aie commencé mou
,
nous l'appartient-, à moins qu'il ne puisse récit. i Vois cet acte ; j'ai laissé en blanc le nom
prouver qu'il a été heureux durant dix années do i
la chose que tu me demanderas : signe-le ;
de sa vie.—El chacun de les ancêtres, reprit et puis après m'avoir entendu,,'" tu écriras
Salan, m'a demandé ce qu'il croyait le bon- toi-même ce que tu désires être, ou ce que
heur, afin de m'échapper à l'heure de sa lu désires avoir. » Armand signa et" reprit.

mort. — El lotis se sont trompés, n'est-ce «
'Maintenant je l'écoute. Parle. — Pas ainsi.
pas ? — fous. Ils m'ont demandé de l'argent, La solennité que m'imposerait à moi-même
delà gloire, de la science, du pouvoir, elle cette l'orme primitive fatiguerait ta .frivole at-
pouvoir, la science la gloire, l'argent, les tention. Écoule : mêlé à la vie humaine, j'y
,
ont tous rendus malheureux.
— C'est donc un prends plus de part que les hommes ne pen-
marché tout à ton avantage, et que je devrais sent. Je le coulerai mon histoire, ou plutôt je
refuser de conclure? — Tu le peux. —' N'y lo coulerai la leur.
— Je serai'curieux de la
a-t-il doiic aucune chose à demander, qui connaître. Garde ce sentiment; car du mo-

puisse fendre heureux? — 11 y en a une. — ment que tu m'auras demandé une confidence,
Ce n'est pas à foi de me la révéler je la sais; il faudra l'entendre jusqu'au bout. Cependant,
,
mais no peux-tu pas me dire si je la connais? lu pourras refuser de l'entendre en me don-
— Tu la connais ; elle s'est mêlée à toutes les nanl une des pièces de'monnaie dé'celle
actions de la vie, quelquefois en loi, le plus bourse.
— J'accepte , si toutefois ce n'est pas
souvent chez, .les autres, et je puis l'alliimer une condition pour moi dëdemeurer daiis une
qu'il n'y a pas besoin de mon aide pour que résidence fixe. Va ou tu voudras, je serai

la plupart, des hommes la possèdent. — Est-ce toujours au rendez-vous partout où tri ni'ap-
une qualité morale?" est-ce une chose "maté- pelleras. Mais songe que ce n'est qu'ici que
rielle?— Tu m'en demandes trop. As-tu fait lu peux me revoir sous nia véritable 'forme.
ton choix? Parle/vite : j'ai bâte d'en finir.' — Tu m'appelleras avec cette sonnette à toute
Tu n'étais pas si pressé loùl à l'heure. C'est heure en toril lieu sur quelque place que ce
— , ,
que lout à l'heure j'élais sous une de ces mille s'oit... » —Trois heures sonnèrent, et le diable
formes qui me déguisent à moi-même, et me disparut. Armand de Luizzi se retrouva seul.
rendent, le présent supportable. Quand j'em- Lu .bourse qui conlënài'l'sesjours était
sur sa
prisonne mon être sous les traits d'une créature table; .11 eut envie'de l'ouvrir pour les compter,
humaine vicieuse ou méprisable,, je me trouva niais il ne put y parvenir, et il se coucha
à la hauteur du siècle que je mène, et je ne après l'avoir soigneusement placée sous soi!
souffre pas du misérable rôle auquel je suis chevet... » Nous lé 'répétons, if est'.fâcheux

réduit. La vanité se satisfait de grands mots, que'lès histoires racontées par le diable soient
mais l'orgueil veut de grandes choses, et lu généralement clé nature à ne pouvoir 'être
sais qu'il fui. la cause de ma chute; mais ja- liiesd'un iecleur chrétien ; car, dans ce cadre,
mais il ne fut soumis à une si rude épreuve. l'aiileur, dont'on' ne saurait nier le'grand'
Après avoir lutté avec Dieu après avoir mené mérite, eût
, pu faire un très-bon livre.
tant de vastes esprits suscité rie si fortes 3Ce magicien du Caire. NOUS emprun-
,
liassions, fait éclater de si grandes catastro- tons à M." Léon de Laborde —
phes, je suis honteux d'en être réduit aux rieux qu'il publié août <lsH3 un fragment cu-
a en dans la /le-
580 APPEND < 1)1 CE.

vue des deux Mondes , el qu'on retrouve dans et c lui dit de chercher le reflet de son visage.
ses Commentaires géographiques sur la Ge- 1L'enfant répondit qu'il le voyait. Le magicien
/lèse. Nous en avions dil. quelque chose au demanda < un réchaud qui fui apporté sur-le-
mol VÈIIMS. — « L'Orient, cet antique pays, champ; < puis, il'déroula trois petits cornets de
ce vieux berceau de tous les arts el. de toutes papier ] qui contenaient différents ingrédients
les sciences, fut aussi et de tout temps le do- qu'il i jeta en proportion calculée sur le feu.,
maine du savoir occulle el des secrets puis- 11 ! l'engagea de nouveau à chercher dans l'en-
sanls qui frappent l'imagination des peuples, icre le reflet de ses yeux, à regarder bien at-
— J'étais établi au Caire' depuis plusieurs tentivement, et à l'avertir dès qu'il verrait
mois (1827), quand je. fus averti un malin paraître un soldat turc balayant une place.
par lord Prudhoe qu'un Algérien, sorcier de L'enfant baissa la tête; les parfums pétillèrent
son métier, devait venir chez lui pour lui au milieu des charbons; et le magicien, d'a-
montrer un tour de magie qu'on disait ex- bord à voix basse, puis l'élevant davantage,
traordinaire. Bien que j'eusse alors peu de prononça une kyrielle de mots dont à peine
confiance dans la magie orientale, j'acceptai quelques-uns arrivèrent distinctement à nos
l'invitation ; c'était d'ailleurs une occasion de oreilles. —Le silence était profond ; l'enfant
me trouver en compagnie fort agréable. Lord avail les yeux fixés sur sa main; la fumée
Prudhoe me reçut avec sa bonté ordinaire et s'éleva en larges flocons, répaudanlune odeur
cette humeur enjouée qu'il avail su conserver forle et aromatique. Acluned impassible
, .
au milieu de ses connaissances si variées el de semblait vouloir stimuler de sa voix, qui de
ses recherches assidues dans les contrées les douce devenait saccadée, une apparition trop
plus difficiles à parcourir. — Un homme grand tardive, quand tout à coup, jetant sa tôle en
cl beau, portant turban vert el benisch de arrière, poussant des cris et pleurant amère-
même couleur, entra: c'était l'Algérien. Il ment, l'onfaul nous dit, à travers les sanglots
laissa ses souliers sur le bout du tapis, alla qui le suffoquaient, qu'il ne voulait plus re-
s'asseoir sur un divan et nous salua tous à garder, qu'il avait vu une ligure affreuse ; il
tour de rôle de la formule en usage en Egypte. semblait terrifié. L'Algérien n'en parut, point
Il avail une physionomie douce et affable, un étonné, il dit simplement: « Cel enfant, a eu
regard viT, perçant, je dirai même accablant, peur, laissez-le; on le forçant on pourrait lui
et qu'il semblait éviter de fixer, dirigeant ses; frapper trop vivement l'imagination. » — On
yeux à droite el à. gauche plutôt que sur lai amena un petit Arabe au service de la mai-
personne à laquelle il parlait ; du reste, son el qui n'avail jamais vu ni rencontré le
n'ayant rien de ces airs étranges qui déno- magicien ; peu intimidé de lout ce qui venait
tent des talents surnaturels el le métier dei de se passer, il se prêta gaiement aux pré-
magicien. Habillé comme les écrivains ou les3 paradis el fixa bientôt ses regards dans le
hommes de loi, il parlait fort simplement de> creux de sa main, sur lo reflet de sa figure,
loules choses el même de sa science, sans em- qu'on apercevait, même de côté, vacillant
phase ni mystère, surtout de ses expériences, dans l'encre. — Les parfums recommencèrent
qu'il faisait ainsi en public et qui semblaient,t à s'élancer en fumée épaisse, et les formules
à ses yeux plutôt un jeu à côté de ses autress parlées en un chant monotone, se renforçant
secrels qu'il ne faisait qu'indiquer dans laa et diminuant par intervalles, semblaient de-
conversation. On lui apporta la pipe el loo voir soutenir son attention : « Le voilà ! s'é-
café, cl pendant qu'il parlait on fit venirr cria-t-il; el nous remarquâmes l'émotion
deux enfants sur lesquels il devait opérer. — soudaine avec laquelle il porta ses regards
Le spectacle alors commença. Toute la sociétéô sur le centre des signes magiques. — Com-
- se rangea en
cercle autour de l'Algérien, quiii ment est-il habillé? — Il a une veste rouge
it brodée d'argent, un lurban et des pistolets à
fit asseoir un des enfants près de lui, lui prit
la main et sembla le regarder attentivement. t. sa ceinture. — Que fait-il? — Il balaie une
Cet enfant, fils d'un d'Européen, était âgé de le place devant une grande lente riche et belle;
onze ans et parlait facilement l'arabe. Ach- elle est rayée de rouge et de verl avec dos
-
med, voyant son inquiétude au moment où il boules d'or en haut. —IVegarde qui vient à
lirait de son écriloire sa plume de jonc, lui tii présent? — C'est le sultan suivi de lout son
dit: « N'aie pas peur, enfant, je vais l'écrire
re monde. Oh! que c'est beau!... Et l'enfantre-
quelques mots dans la main tu y regarderas
, as gardait à droite et à gauche comme dans lés
et voilà tout.» — L'enfant se remit de sa verres d'une optique dont on cherche à éten-
frayeur, el l'Algérien lui traça dans la main in dre l'espace.. — Comment est son cheval? —
un carré entremêlé bizarrement de lettres et Blanc, avec dés plumes sur la tête. — Et le
"* ;se sultan? — Il a une barbe noire, un benisch
"de chiffres, versa au milieu une encre épaisse
APPENID1CE. 581
vert. » Ensuite l'Algérien nous dil : « Main- sonnes, et chaque réponse, au milieu de son
tenant, messieurs, nommez la personne que irrégularité, nous laissait, toujours une pro-
vous désirez faire paraître ; ayez soin seule- fonde impression. Enfin le magicien nous
ment de bien articuler les noms, afin qu'il ne avertit que l'enfant so fatiguait, il lui releva
puisse pas y avoir d'erreur. » Nous nous re- la tèle en lui appliquant ses pouces sur les
gardâmes tous, el comme toujours dans ce yeux et en prononçant des paroles mystérieu-
moment personne ne' retrouva un nom dans ses-; puis il le laissa. L'enfant était comme
sa mémoire. — « Shakspeare, dit enfin le ivre : ses yeux n'avaient point une direction
major Félix, compagnon de voyage de lord fixe, son front élait couvert de sueur, tout son
Prudhoe. — Ordonnez au soldai d'amener être semblait violemment allaqué. Cependant
Shakspeare, dit l'Algérien. — Amène Shaks- il se remit peu à peu, devint gai, content de
peare! cria l'enfant d'une, voix de maître. — ce qu'il avait vu ; il se plaisait à le raconter,
Le voilà ! » ajoula-l-il après le lemps néces- à en rappeler toutes les circonstances, el y
saire pour écouter quelques-unes des formu- ajoutait des détails comme à un événement
les inintelligibles du sorcier. Noire élonne- qui se serait réellement passé sous ses yeux,
menl serait, difficile à décrire, aussi bien que — Mon élonncmenl avail surpassé mon at-
la fixité de notre attention aux réponses do tente ; mais j'y joignais une appréhension
l'enfant. — « Comment est-il ? — 11 porte un plus grande encore : je craignais une mystifi-
benisch noir, il est tout habillé de noir, il a cation et je résolus d'examiner par moi-même
une barbe. — Est-ce lui? nous demanda le ce qui, dans ces apparitions en apparence si
magicien d'un air fort naturel, vous pouvez réelles et certainement si faciles à obtenir,
d'ailleurs vous informer de son pays, de son appartenait au métier de charlatan, et ce qui
âge. — Eh bien! où est-il né? dis-je. — Dans pouvait résulter d'une influence magnétique
un pays tout entouré d'eau.» Cotte réponse quelconque. Je nie retirai dans le fond de la
nous étonna encore davantage. — Faites ve- chambre et j'appelai llellier, mon drogman.
nir Cradock ajouta lord Prudhoe avec celle Je lui dis de prendre à part Achmed el de lui
,
impatience d'un homme qui craint de se fier demander si pour une somme d'argent, qu'il
trop facilement à une supercherie. Lo Caouas fixerait, il voulait me dévoiler son secret; à
l'amena. — Comment est-il habillé? — 11 a la condition, bien entendu, que je m'engage-
un habit rouge, sur sa tôle un grand larbouscli rais à le tenir caché de son vivant. -— Le
noir, et quelles drôles do bottes ! je n'en ai spectacle terminé, Achmed, loul en fumant,
jamais vu de pareilles : elles sont noires el lui s'était mis à causer avec quelques-uns des
viennent par-dessus les jambes. » •— Toutes spectateurs, encore tout, surpris de son talent ;
ces réponses, donl on retrouvait la vérité puis après il partit. J'étais à peine seul avec
sous un embarras naturel d'expressions qu'il Bellier, que je m'informai de la réponse qu'il
aurait été impossible de feindre, élaient d'au- avait obtenue. Achmed lui avail dil qu'il con-
tant plus extraordinaires qu'elles indiquaient sentait à m'npprendre son secret. Le lende-
d'une manière évidente que l'enfant avail main nous arrivâmes à la grande mosquée
tous les yeux des choses entièrement neuves El-Ahzar, près de laquelle demeurait Achmed
pour lui. Ainsi, Shakspeare avait le petit l'Algérien. Le magicien nous reçut poliment
manteau noir de l'époque, qu'on appelait be- el avec une gaieté affable ; un enfant jouait
nisch, el tout le costume de couleur noire près do lui : c'était son fils. Peu d'instants
qui ne pouvait se rapporter qu'à un Euro- après, un petit noir d'une bizarre tournure
péen, puisque le noir ne se porte pas en Orient, nous apporta les pipes. — La conversation
et en y ajoutant une barbe que les Européens s'engagea. Achmed nous apprit qu'il tenait sa
ne portent pas avec le costume franc, c'était science de deux cheicks célèbres de son pays,
une nouveauté aux yeux de l'enfant. Le lieu et ajouta qu'il ne nous avait montré que bien
de sa naissance, expliqué par un pays lout peu de ce qu'il pouvait faire. — « Je puis, dit-
entouré d'eau, esl à lui seul surprenant.. il, endormir quelqu'un sur-le-champ, le faire
Quanta l'apparition'de M. Cradock, qui était tomber, rouler, entrer en rage, el au milieu
alors en mission diplomatique près du pacha, de ses accès le forcer de répondre à mes de-
elle esl encore plus singulière, car le grandi mandes el de me dévoiler tous les secrets.
larbousch noir, qui est le chapeau militaire ài Quand jo veux aussi je fais asseoir la per-
trois cornes, et ces bottes noires qui se portenti. sonne sur un tabouret isolé, et, tournant au-
par-dessus la culotte, étaient des choses quei tour avec des gestes particuliers je l'endors
l'enfant-avouait n'avoir jamais vues aupara- immédiatement; mais elle reste les ,
yeux ou-
vant; et pourtant elles lui apparaissaient. — verts, parle et gesticule comme dans l'état de
Nous fîmes encore apparaître plusieurs per- veille, —'Nous réglâmes nos conditions ;,,il
582 APPEN D1CE.
demanda quarante piaslres d'Espagne el ,Iç élonnemenl, les domestiques de M. Msarra,
serment sur Je Koran de.ne révéler ce secret di'ogman du consulat de France, vinrent, chez
à personne. La 'somme- fut réduite à trente moi j)our me prier de leur faire retrouver un
piaslres ; et, le serment fait ou plutôt chanté, manteau qui avail été volé à l'un d'eux. Je
il fit monter son petit garçon et prépara, pen- ne commençai celle opération qu'avec une
dant que nous fumions, tous les ingrédients certaine crainte, .l'étais aussi inquiet des ré-
nécessaires à son opération.-Apres avoir coupé ponses de l'enfant
que les Arabes qui. at-
dans un grand rouleau un petit morceau de tendaient le recouvrement do leur bien. Pour
papier, il traça dessus les signes à dessiner comble de malheur, le caouas ne voulait pas
dans la main et les lettres qui y ont rapport; paraître-malgré force parfums que je préci-
puis, après un moment d'hésitation, il me le pitais dans le feu, et les violentes aspirations
donna.
— J'écrivis la prière que voici, sous, de mes invocations aux génies les plus favo-
sa dictée : «Anzilou-Âiouha-el-Djenui-Aioulia- rables; enfin il arriva, el après les prélimi-
el-PjênnonnrAnzilqu-Belakki-Mai,alaliou,tou- naires nécessaires, nous évoquâmes le voleur.
hou-Aleikoiim-Tariçki, Ànzijou, Tariclri. »
— 11 parut.
— Il fallait voir les lèles tendues, les
Les trois parfums sont : « Takeh -Mabaçhi. bouches ouvertes, les yeux fixes de mes spec-
— Ambar-ludi/'— lvôusombra-Djaoti.» — ' taletirs, attendant la réponse de l'oracle, qui
L'Algérien opéra sur son enfant devant moi. en eilèt nous donna une description do sa
Ce petit garçon en avait une telle habitude ligure, de son turban de sa barbe: « C'est
,
que les apparitions se succédaient sans diffi- Ibrahim, oui, c'est lui, bien sur!» s'écria-I-
culté, il nous raconta des choses fort extraor- on de Ions côtés, et. je vis-que je n'avais plus
dinaires, el dans lesquelles on remarquait une qu'à appuyer mes pouces sur les yeux de mon
originalité qui ôlài.l toute crainte dé super- pnlienl; car ils m'avaient- tous quilles pour
cherie. —J'opérai" le .lendemain devant Ach- courir après Ibrahim. Je souhaite qu'il ail été
med avec beaucoup de succès, el avec toute coupable ; car j'ai entendu vaguement parler
l'émotion que peut donner le pouvoir étrange de quelques coups de bâton qu'il reçut à celle
qu'il Venait' de me communiquer. A Alexan- occasion.
drie je fis de nouvelles expériences, pensant
bien qu'à cette distance je ne pourrais avoir
de doute sur l'absence d'intelligence entre le Dans ce dédale d'erreurs et. d'illusions donl
magicien el les enfants que j'employais, el., nous venons "de rassembler les bizarres ta-
pour en"être encore plus sûr, je les allais cher- bleaux, on ne perdra pas do vue co grand
cher dans les quartiers les plus reculés ou sur l'ail, •— que lout ce qui esl faux el monstrueux
les routes, au moment, où ils arrivaient, de la a été le fruit'dès égarements de l'esprit hu-
campagne. J'obtins des révélations 'surpre- main ; que ces égarements n'ont pu être pro-
nantes qui toutes avaient un caractèred'origi- duits que par les illusions d'une fausse phi-
nalité' encore plus extraordinaire que,l'eût été losophie qui a continué de répandre ses
celui d'une vérité abstraite. Une fois entre erreurs sous des masques divers. Mais il esl
autres, je. fis apparaître lord Prudhoe, qui une lumière qui brille au'milieu (le .tou.les
était au Caire, el l'enfant, dans la description ces ténèbres, quoique plusieurs ferment les
de son costume, se mit, à dire: «Tiens, c'est yeux pour ne. la point voir : — Lux in iehe-
fort drôle, il a un sabré d'argent. » Or, lord bris luvel, el lenebra• cam non cùmprehen-
Prudhoe était le seul peut-être en Egypte qui deruni. — Cette vraie lumière n'esl jamais
portât.un sabre avec, un fourreau de ce métal. entière que dans l'Église catholique, centre
De retour au Caire, je sus qu'on parlait de la vérité et delà liberté,— ou Dieu nous

déjà dé ma science, et un malùi, à mon grand maintienne !

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