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Université d’Oran Es-Sénia

Faculté des Sciences – Département de Biologie

Laboratoire de Nutrition Clinique et Métabolique


MEMOIRE
En vue de l’obtention du diplôme de
MAGISTER
En Nutrition Clinique et Métabolique

Présenté par
Warda TALEB-BELKADI

Thème

Effet de l'hémodialyse et de la dialyse péritonéale sur la


peroxydation lipidique et protéique, la défense antioxydante et les
marqueurs de l’inflammation, chez des patients atteints
d'insuffisance rénale chronique

Soutenu en 2009 devant le jury

Président
BOUCHENAK M. Professeur, Université d’Oran Es-Sénia

Examinateurs
SENHADJI-LAMRI MY. Professeur, Université d’Oran Es-Sénia
KADDOUS A. Professeur, EHU d’Oran
BOUALGA A. Maître de conférences, Université d’Oran Es-Sénia

Directeur
MEKKI K. Maître de conférences, Université d’Oran Es-Sénia
Remerciements
Ce travail de thèse a été réalisé au Laboratoire de Nutrition Clinique et Métabolique,
Département de Biologie, Faculté des Sciences, Université d’Oran Es-Sénia.

Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à :


Mme BOUCHENAK M. Professeur à l’Université d’Oran Es-Sénia, pour la confiance
qu’elle m’accordée en m’accueillant au sein de son laboratoire mais aussi de m’avoir fait
bénéficier tout au long de mon enseignement supérieur de ses hautes compétences dans le
domaine de la nutrition et qui me fait aujourd’hui l’immense honneur de présider ce jury.
Qu’elle veuille bien accepter l’expression de mon profond respect.

Mme SENHADJI-LAMRI MY. Professeur à l’Université d’Oran Es-Sénia, pour l’honneur


qu’elle me fait en acceptant de juger ce travail.
Qu’elle trouve ici l’expression de mes remerciements les plus respectueux.

Mr KADDOUS A. Professeur en Néphrologie (EHU d’Oran) de m’avoir accueilli aux services


de néphrologie, et qui a bien voulu s’intéresser à ce travail et le juger.
Qu’il trouve ici le témoignage de mon profond remerciement.

Mr BOUALGA A. Maître de conférences, Université d’Oran Es-Sénia, qui a bien voulu


accepter de juger ce travail
Qu’il trouve ici le témoignage de mes sincères remerciements.

Mme MEKKI K. Maître de conférences, Université d’Oran Es-Sénia. Directrice de ma thèse,


pour son aide constante, sa rigueur scientifique et ses conseils judicieux,
Qu’elle trouve ici l’expression de mes remerciements les plus respectueux.

J’adresse mes remerciements à toute l’équipe du Laboratoire de Nutrition Clinique et


Métabolique d’Oran. Enseignants, étudiants de doctorat et magister pour l’aide et les
encouragements qu’ils m’ont prodigué durant les moments les plus difficiles.
En particulier à Mme BEKADA N, Mme SANHADJI L, Melle MAHDAD N., ainsi qu’a
Fayza,Mohamed, Bahia, Yasmine Hakima. et

Dédicaces
Dédicaces
A la mémoire de mon cher père

A ma chère mère

A mes chers beaux-parents

A mes adorés frères, beaux-

frères, sœurs et

Belles-sœurs

A mon très cher époux Sayah

A ma très chère fille Douaa

A tous ceux qui me portent les

sentiments d’amitié
Communication
Aux 28èmes Journées de l’Hypertension Artérielle. 2nd international meeting
of the french society of hypertension. Organisées par la SFHTA. Paris
(France) 18-19 Décembre 2008.
TALEB W., BOUZIDI N., MEKKI., HAMEDANI A., KADDOUS A., BOUCHENAK M.

Peroxydation lipidique et protidique et marqueurs de l’inflammation chez l’insuffisant rénal

chronique hémodialysé ou en dialyse péritonéale. Abstract publié dans Archives Cœur &

Vaisseaux (2008) . Hors série 1 : p71


SOMMAIRE
INTRODUCTION………………………………………………………….………....1

REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

I Insuffisance rénale chronique


I.1. Définition de l’insuffisance rénale chronique……………...………………….…4
I.2. Conséquences de l’insuffisance rénale chronique……..........................................5
I.3. Traitement de l’insuffisance rénale chronique
I.3.1 L’hémodialyse………………………………………………………..…5
I.3.2 la dialyse péritonéale……………………………………………….…...6

II Insuffisance rénale chronique et risque cardiovasculaire


II.1. Dyslipidémie…………………………………………………...………………....6
II.2. Stress oxydant……………………………………………………………........….9
II.2.1. Les conséquences moléculaires du stress oxydant……………................…....12
II.2.1.1. Peroxydation lipidique……………………………………....12
II.2.1.2. Peroxydation protéique…………………………………..…14
II.2.1.3. L’oxydation des acides nucléiques (altération de l’ADN)…14
II.2.2. Défense antioxydante………………………………………………...15
II.2.2.1. Antioxydants enzymatiques………………………………………...15
II.2.2.2. Antioxydants non enzymatiques…………………………...17

II.3 Stress oxydant chez les patients atteint d’insuffisance rénale chronique……....19
II.3.1. Rôle de l'urémie…………………………………………………...…..19
II.3.2. Rôle de la glycation…………………………………………………....20
II.3.3. Rôle de la dialyse………………………………………………….......20
II.3.4. Rôle de l'inflammation………………………………………………...21

SUJETS & METHODES

I Sujets étudiés……………………………………………………………………………...24
I.1. Patients atteints d’IRC………………………………………………………..….24
I.2. Patients atteints d’IRC traités par l’hémodialyse………………………………...25
I.3. Patients atteints d’IRC traités par la dialyse péritonéale……...………...……….25

II Méthodes

II.1Prélèvement sanguin……………………………………………………...…….26
II.2. Evaluation de la fonction rénale chez l’IRC non dialysé et analyse de l’urée
et de la créatinine
II.2.1. Analyse de l’urée...................................................................................26
II.2.2. Analyse de la créatinine………………………………………….……..26
II.2.3. Evaluation de la clairance de la créatinine des patients
IRC……….…………....27

II.3 Analyse du profil lipidique


II.3.1. Les triglycérides……………………………………………...….…....27
II.3.2. Le cholestérol total……………………………………………...…......27
II.3.3. Les phospholipides………………………………………………....….27
II.3.4. Le cholestérol- HDL……………………………………………..........28
II.3.5. Le cholestérol-LDL………………...……………………………….....28
II.3.6. Les apolipoprotéines (Apo) A -I et B...…………...……………….….28

II.4 Analyse des marqueurs de l’inflammation


II.4.1. Protéines totales sériques………………………………..……………28
II.4.2. Albumine…………………………………...………………………...29
II.4.3. Protéine réactive C (CRP)………………...………………….………29

II.5. Evaluation de statut antioxydant


II.5.1. Détermination de la peroxydation lipidique par l’analyse des
substances réactives à l’acide thiobarbituriqes TBARS
II.5.1.1. TBARS sérique……………………………………...…..…29
II.5.1.2. TBARS des différentes lipoprotéines………………...….....30
II.5.1.2.1. Séparation des différentes fractions de
lipoprotéines
• Séparation des VLDL et des LDL-HDL1……………30
• Séparation des HDL2 et des HDL3………….……….30
II.5.2. Détermination de la peroxydation protéique par dosage des
dérivés carbonylés sériques…………………………………………...33
II.5.3. Analyse de monoxyde d’azote (NO)…………………………..……..33
II.5.4. Analyse de l’acide urique……………………………………….…....34
II.5.5. Analyse du Fer sérique…………………………………………..…....34
II.5.6. Analyse de la Bilirubine totale et directe…………………………......34
II.5.7. Mesure de l’activité des enzymes antioxydantes
II.5.7.1. Catalase érythrocytaire………………..……………………34
II.5.7.2. Superoxyde dismutase……………………………………....35

III-Analyse statistique…………………….…………………….……………………….....35

RESULTATS
I. Teneurs sériques en urée et créatinine chez les patients traités par hémodialyse
(HD) et dialyse Péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques
(IRC) non dialysés………………………………………………………………………..36

II. Analyse du profil lipidique chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse
péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés.
II.1. Teneurs sériques en triglycérides, cholestérol total et phospholipides………….37
II.2. Teneurs sériques en cholestérol-HDL et cholestérol-LDL…………………......37
II.3. Teneurs sériques en apolipoprotéines (apo) A et B…………………………......40
II.4. Evaluation des rapports d’athérogénicité………………………………....……40

III. Evaluation des marqueurs de l’inflammation chez les patients traités par hémodialyse
(HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC)
non dialysés.
III.1. Teneurs sériques en protéines totales et albumine……………………….....…..42
III.2. Protéine réactives C (CRP) ………………………………….…………….…..43

IV. Evaluation de statut antioxydant chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse
péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés.
IV.1. Teneurs en substances réactives à l’acide thiobarbituriqes (TBARS)
au niveau sérique et au niveau des différentes fractions de lipoprotéines
(VLDL, LDL, HDL2, HDL3) ……………………………………………...….43
IV.2.Teneurs sériques en dérivés carbonylés…...………………………….……45 IV.3.
Teneurs sériques en monoxyde d’azote……………………………….…....…45
IV.4. Teneurs sériques en acide urique, fer et bilirubine………………………....…50
IV.5. Teneurs en catalase érythrocytaires et en superoxyde dismutase (SOD)
sérique …………………………………………………………………….….50

DISCUSSION………………………………………………………………....53

CONCLUSION……………………………………………………………..…60

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES…………………………………....62

ANNEXES…………………………………………………………………..…………….72
ABREVIATONS
ADN: Acide Désoxyribonucléique
AGEs: Advanced Glycation End products
AOPP: Advanced Oxidation Protein Products
Apo: Apolipoprotéine
BHT: Buthyl-Hydroxy Toluène
CE: Cholestérol estérifié
CT: Cholestérol total
DP: Dialyse Péritonéale
DPCA: Dialyse Péritonéale Continue Ambulatoire
EER : Epuration Extra-Rénale
ERO: Espèces Réactives de l’Oxygène
FG : Filtration Glomérulaire
GDP : Glucose Degradations Products
HD: Hémodialyse
HDL: High Density lipoprotein
H2O2: Peroxyde d’hydrogène
HTG : Hypertriglycéridémie
IMC : Indice de Masse Corporelle
IRC : Insuffisance Rénale Chronique
IRT: Insuffisance Rénale Terminale
LCAT: Lécithine cholestérol Acyltransférase
LDL: Low Density lipoprotein
LH: Lipase hépatique
LPL: Lipoprotéine lipase
MCV : Maladies cardiovasculaires
MDA: Malonyldialdéhyde
NO°: Monoxyde d’azote
°¯
O2 : Anion superoxyde
¹
O2 : Oxygène singulet
°
OH : Radical hydroxyle
8-ohdG: 8-hydroxy 2’-déoxyguanosine
PC: Poids corporel
PL: Phospholipides
RH: Radical libre réduit
RL: Radical libre
¯°
RO2 : Radical peroxyle
RO°: Radical alcoxyle
ROOH: Radical hydroperoxyle
TCA: Trichloroacétique Acid
TG: Triglycérides
TBA: Thiobarbituric Acid
TBARS: Thiobarbituric Acid Reactives Substracts
VLDL: Very Low Density Lipoprotein
LISTE DES FIGURES
Figure 1 Altération du catabolisme des lipoprotéines au cours de l’insuffisance rénale
chronique

Figure 2 Mécanisme de la dyslipidémie en DPCA

Figure 3 Pathologies dans lesquelles le stress oxydant est impliqué

Figure 4 Origine des différents radicaux libres oxygénés et espèces réactives de l’oxygène
impliqués en biologie

Figure 5 Cibles moléculaires du stress oxydant

Figure 6 Rôle central des enzymes antioxydantes dans la cascade oxydante

Figure 7 Séparation des différentes fractions de lipoprotéines par précipitation au sulfate de


dextran

Figure 8 Purification des différentes fractions de lipoprotéines

Figure 9 Teneurs sériques en triglycérides, cholestérol total et phospholipides chez les


patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP),
comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés

Figure 10 Teneurs sériques en cholestérol-HDL et cholestérol-LDL chez les patients traités


par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants
rénaux chroniques (IRC) non dialysés

Figure 11 Teneurs sériques en apolipoprotéine A -I et apo B chez patients traités par


hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés

Figure 12 Teneurs sériques en protéines totales et en albumine chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés

Figure 13 Teneurs sériques en substances réactives à l’acide thiobarbiturique (TBARS)


chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP),
comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés

Figure 14 Teneurs en substances réactives à l’acide thiobarbiturique (TBARS) au niveau


des différentes fractions de lipoprotéines (VLDL, LDL, HDL2, HDL3) chez les
patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux
insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés.

Figure 15 Teneurs sériques en dérivés carbonylés chez les patients traités par hémodialyse
(HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques

Figure 16 Teneurs sériques en monoxyde d’azote chez les patients traités par hémodialyse
(HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques
(IRC) non dialysés.

Figure 17 Teneurs sériques en acide urique, fer et bilirubine chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants
rénaux chroniques (IRC) non dialysés.

Figure 18 Activité de la catalase érythrocytaire et de la superoxyde dismutase (SOD)


sérique chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale
(DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés.
LISTE DES TABLEAUX

Tableau I Formation de radicaux libres et systèmes naturels de défense

Tableau II Causes potentielles d’inflammation ou d’augmentation des protéines de


l’inflammation et des cytokines au cours de l’insuffisance rénale chronique

Tableau III Caractéristiques des patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse Péritonéale
(DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés
Tableau IV Composition de bain d’hémodialyse

Tableau V Composition des poches de dialyse péritonéale

Tableau VI Teneurs sériques en urée et créatinine chez les patients traités par hémodialyse
(HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques
(IRC) non dialysés.

Tableau VII Rapports d’athérogénicité chez les patients traités par hémodialyse (HD) et
dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC)
non dialysés.

Tableau VIII Teneurs sériques en protéines réactives C (CRP) chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants
rénaux chroniques (IRC) non dialysés.

Tableau IX Age, poids, taille, tour de taille et indice de masse corporel chez les patients
traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux
insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés.

Tableau X Teneurs sériques en protéines totales, en albumine et CRP chez les patients
traités
par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants
rénaux (IRC) non dialysés

Tableau XI: Teneurs sériques en triglycérides, cholestérol total, phospholipides cholestérol-


HDL cholestérol-LDL, apolipoprotéine A -I et apo B chez patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants
rénaux
chroniques (IRC) non dialysés

Tableau XII Teneurs en substances réactives à l’acide thiobarbiturique (TBARS) au niveau


sérique et au niveau des différentes fractions de lipoprotéines (VLDL, LDL,
HDL2, HDL3) chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse
péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non
dialysés

Tableau XIII Teneurs sériques en dérivés carbonylés, monoxyde d’azote, acide urique, fer,
bilirubine, activité de la superoxyde dismutase et de la catalase érythrocytaire
chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP),
comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés.
INTRODUCTION
L'insuffisance rénale chronique (IRC) se définit par une diminution prolongée, souvent
définitive, des fonctions rénales exocrines et endocrines. Elle s'exprime essentiellement par une
diminution de la filtration glomérulaire (FG) avec augmentation de la créatininémie, de
l'urémie et la diminution de la clairance de la créatinine. Elle peut aboutir à l’insuffisance
rénale terminale (IRT) qui nécessite une suppléance extra-rénale (EER) par hémodialyse ou
dialyse péritonéale ou transplantation rénale (Maurizi-Balzan & Zaoui., 2005).

Les maladies cardiovasculaires (MCV) sont la principale cause de décès chez


l’insuffisant rénal chronique. En effet, dès que la filtration glomérulaire est inférieure à 60
ml/min, et particulièrement à partir de 45 ml/min, le risque de complications cardio-vasculaires
augmente exponentiellement à la dégradation de la fonction rénale (Charriere et al., 2009).

La prévalence des MCV est 10 à 30 fois plus élevée chez les patients atteints d’IRC que
dans la population générale. De nombreux facteurs de risque cardiovasculaire se développent
avec la progression de l’insuffisance rénale. Les uns sont communs à la population générale,
tels que l’hypertension artérielle, le sexe masculin, le tabagisme, la sédentarité, le diabète, et les
autres sont propres à l’urémie chronique, tels que l’hypertrophie ventriculaire gauche,
l’hyperparathyroïdie secondaire, l’hyperhomocystéinémie, l’hyperfibrinémie, et plus
particulièrement la dyslipidémie. Cependant, de nouveaux facteurs de risque « non
traditionnels » ont été identifiés au cours des dernières années et contribuent également à la
prévalence accrue des MCV dans cette population. Les facteurs les plus étudiés et les plus
influents en terme de risque cardiovasculaire sont l’inflammation et le stress oxydatif (Kaysen.,
2000).

La dyslipidémie reconnue comme principal facteur de risque cardiovasculaire chez les


patients atteints d’IRC, est caractérisée par une hypertriglycéridémie, une diminution du
cholestérol-HDL, une augmentation du cholestérol-LDL et de l’apoprotéine B. Ces
perturbations sont présentes dès le stade précoce de l’insuffisance rénale, puis se développent
avec la progression de la maladie, et ne sont généralement pas corrigées par la dialyse (Uhlig et
al., 2003).
D’autre part, parmi les facteurs de risques cardiovasculaires spécifiques à l’urémie
chronique et responsables de l’athérome accéléré, le stress oxydant constitue un facteur majeur
d’autant plus qu’il est étroitement associé à l’inflammation et à la malnutrition chez le patient
dialysé.
Un ensemble de travaux récents concourt à suggérer que les patients atteints
d’insuffisance rénale chronique et traités par dialyse subissent des modifications délétères de la
structure des protéines et des lipides secondaires à la perte des défenses antioxydantes, à
l’augmentation du stress oxydant ou à d’autres modifications post-synthétiques de la structure
des protéines médiées par la glycation ou la carbamylation (Neuzil, 2002). Donc un
déséquilibre en faveur des composés pro-oxydants conduisant à un état de stress oxydatif
pouvant induire des dommages cellulaires importants.
Le stress oxydant est particulièrement délétère chez le patient hémodialysé car il se
produit de façon massive et répétée à chaque séance de dialyse du fait du contact du sang avec
les membranes de dialyse, face à un déficit chronique en système de défense antioxydante.
D'autre part, chez les patients sous dialyse péritonéale les solutions de dialyse péritonéale
contiennent des produits de dégradation du glucose liés au mode de stérilisation par la chaleur
et il a été montré que le stress oxydatif est important chez les patients en dialyse péritonéale
recevant des solutions avec une teneur élevée en produits de dégradation du glucose (Rieu.,
2003).

D’autre part, l’inflammation joue un rôle central dans la physiopathologie et l’évolution


de l’athérosclérose. Des données expérimentales, tant chez l’animal que chez l’homme,
suggèrent que la progression des lésions athérosclérotiques au niveau vasculaire est intimement
liée à la sécrétion de médiateurs pro-inflammatoires (interleukines, molécules d’adhérence…)
et à l’accumulation progressive de cellules inflammatoires (lymphocytes T, monocytes
(Stenvinkel & Alvestrand., 2002).

L’accumulation des toxines urémiques, la membrane de dialyse, le dialysat, la


rétrofiltration sont les principaux facteurs impliquées dans la genèse du stress oxydatif au cours
de l’IRC (Ryckelynck et al., 2003).

L’objectif de ce travail est d’évaluer l’effet de l’hémodialyse et de la dialyse péritonéale


sur la peroxydation lipidique et protéique, la fonction endothéliale, la défense antioxydante et
les marqueurs de l’inflammation chez des patients atteints d’insuffisance rénale chronique.

Avant de présenter nos résultats, nous rapportons par une revue bibliographique, les
manifestations cliniques et biologiques de l’IRC et les principes de l’hémodialyse et de la
dialyse péritonéale suivies d’une synthèse des données de la littérature sur le statut antioxydant
et inflammatoire et leurs implications dans les complications cardiovasculaires de l’insuffisant
rénal chronique.
REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE
I. Insuffisance rénale chronique

I.1. Définition
Les reins assurent une fonction d’excrétion des déchets du métabolisme et une fonction
endocrine et d’autres fonctions indispensables à la vie, ils ont un quadruple rôle :
- Filtre qui élimine les déchets toxiques produits par l’organisme et transportés par le sang :
l’urée résultant de la digestion des protéines, la créatinine provenant de la destruction normale
des cellules musculaires et l’acide urique; produit de dégradation finale des purines.
- Maintien de l’équilibre hydrique de l’organisme en éliminant quotidiennement 1,5 à 2 litres
de liquide sous forme d’urine.
- Maintien de l’équilibre électrolytique dans les différents segments du tubule rénal et à partir
de l’ultra-filtrat glomérulaire en permettant l’élimination des ions acides, la réabsorption des
bicarbonates et des électrolytes et une adaptation de la concentration osmolaire urinaire à
excréter dans l’urine définitive.
- Assurent des fonctions endocriniennes, dont la synthèse d’érythropoïétine, de calcitriol
(hydroxylation du 25 (OH) D formé dans le foie en 1,25 (OH) 2D, dérivé actif de la vitamine
D) qui régule une grande partie du métabolisme phosphocalcique, de rénine, de
prostaglandines. Il est le siège de la destruction d’autres hormones dont il assure la clairance
métabolique (Hannedouche et al., 2001).

L'insuffisance rénale chronique (IRC) se définit par une diminution prolongée, souvent
définitive, des fonctions rénales exocrines et endocrines. Elle s'exprime essentiellement par
une diminution de la filtration glomérulaire (FG) avec augmentation de la créatininémie et de
l'urémie et la diminution de la clairance de la créatinine. Quelque soit le mécanisme initial de la
néphropathie, l'insuffisance rénale aboutit inexorablement au stade d’insuffisance rénale
terminale (IRT) qui nécessite une épuration extra-rénale (EER) par hémodialyse (HD) ou
dialyse péritonéale (DP) ou par transplantation rénale (Maurizi-Balzan & Zaoui., 2005,
Hannedouche et al., 2005).
I.2. Conséquences de l’insuffisance rénale chronique
L’IRC a pour conséquence une rétention des molécules azotées, source d’anomalies
métaboliques nombreuses définissant « la toxicité urémique ». Ces conséquences se résument
en une altération :
- des régulations de l’équilibre hydro-électrolytique et acido-basique à l'origine d'une acidose
métabolique.
- des fonctions endocrines, c'est-à-dire une modification de la sécrétion de la rénine, de
l'érythropoïétine et de l'activation de la vitamine D à l'origine d'une hypocalcémie et
secondairement d'un état d'hyperparathyroïdisme secondaire.
Les complications qui en résultent telles que, l’hypertension artérielle, l’anémie, la surcharge
hydrosodée et la dénutrition jouent un rôle important dans la morbidité et la mortalité
survenant chez l'insuffisant rénal chronique (Hannedouche et al., 2001).

I.3. Traitement de l’insuffisance rénale chronique


Le traitement de l’IRC a pour but de ralentir la progression de l’insuffisance rénale et
de traiter le stade décompensé. L'épuration extrarénale avec ses deux variantes, hémodialyse et
dialyse péritonéale ou la transplantation rénale permettent la survie des urémiques chroniques
en rétablissant l’homéostasie du milieu intérieur et en éliminant les toxines urémiques
(Hannedouche., 2007).

I.3.1 Hémodialyse
L’hémodialyse comprend un volet technique important et permet de pailler la perte de
la fonction rénale par 12 heures de dialyse hebdomadaires réparties en 3 séances. Elle nécessite
un accès au sang par la création préalable d’une fistule artério-veineuse au niveau du poignet
ou de l’avant bras. A chaque séance de dialyse le sang est décoagulé par de l’héparine et
soumis à une circulation extracorporelle au contact d'une membrane de dialyse semi-
perméable. De l'autre côté de cette membrane circule un liquide stérile (dialysat) comportant
des ions qui enrichissent le plasma du patient. Inversement, les ions et substances en excès dans
le sang passent à travers la membrane dans le dialysat qui n'en contient pas et sont rejetés
(Hannedouche., 2007).
Deux principes physiques régissent le passage des molécules; la diffusion des
solutés selon un gradient de concentration et l’ultrafiltration de l’eau plasmatique selon un
gradient de pression.

I.3.2. Dialyse péritonéale


La dialyse péritonéale continue ambulatoire (DPCA) est une méthode d’épuration
«endocorporelle» qui utilise le péritoine comme membrane de dialyse. Le dialysat disponible
sous forme de poches est infusé dans la cavité abdominale par un cathéter spécifique implanté
chirurgicalement et permet de drainer le liquide (Canaud et al., 2001).
Le liquide est introduit par gravité dans la cavité péritonéale, laissé en place quelques heures
pour permettre sa diffusion, puis évacué, toujours par gravité. La prescription habituelle chez
un adulte est de 4 échanges quotidiens (Ryckelynck et al., 2002).
La DPCA comporte néanmoins quelques complications qui sont essentiellement infectieuses et
nécessitent un traitement par antibiotiques.

II- Insuffisance rénale chronique et risque cardiovasculaire


Les maladies cardiovasculaires (MCV) représentent une cause importante de morbidité
et de mortalité chez les patients atteints d’IRC, en particulier chez ceux traités par dialyse
(Harper & Jacobson., 2008). La dyslipidémie est incriminée comme le principal facteur de
risque vasculaire chez ces patients, à laquelle s’ajoutent d’autres facteurs non spécifiques à
l’IRC (tabagisme, diabète et mauvaises habitudes alimentaires).
Au cours de ces dernières années, le rôle des facteurs de risque non traditionnels a été
mis en évidence. Ces facteurs comprennent le stress oxydatif, la dysfonction endothéliale, la
malnutrition chronique et l'inflammation (Tsimihodimos et al., 2008).

II.1. Dyslipidémie
L'anomalie lipidique la mieux établie au cours de l'IRC est une hypertriglycéridemie,
considérée comme athérogène par son action sur la réduction du cholestérol-HDL2 (Prinsen et
al., 2003). L'hypertriglycéridémie apparaît au stade modéré de l'IRC, s'accentue avec la
progression de l'IRC et le traitement dialytique, pouvant entraîner une hypercholestérolémie.
L'hypertriglycéridémie chez ces patients est la conséquence d'une diminution de l'activité
lipolytique (Mekki et al., 2003; Chan et al., 2008). Au cours de l'insuffisance rénale, le
mécanisme du catabolisme des lipoprotéines riches en TG (VLDL et IDL) est altéré (figure 1)
(Moberly et al., 2002). Le profil des apolipoprotéines (apo) est modifié avec une diminution
du rapport apo AI/B. La cholestérolémie est normale mais peut être élevée chez les patients
ayant une hypertriglycéridémie importante. L'activité de la lipoprotéine lipase (LPL) est
diminuée du fait de la conjonction de plusieurs mécanismes parmi lesquels la résistance à
l'insuline et la diminution du rapport apo CII/apo CIII. Les enzymes lipolytiques, la lécithine
cholestérol acyltransférase (LCAT) et la lipase hépatique (LH), ont également une activité
diminuée chez les urémiques, contribuant aux anomalies du catabolisme des lipoprotéines
riches en triglycérides (Mekki et al., 2004).

L’hémodialyse impose l’utilisation répétée d’héparine qui réduit la réserve des enzymes
lipolytiques, en facilitant leur libération à partir de l’endothélium des vaisseaux sanguins. Ce
phénomène aggrave le déficit en lipoprotéine lipase car l’enzyme n’est pas synthétisée de
façon normale chez l’urémique du fait de la résistance à l’action de l’insuline. La LPL possède
une grande affinité pour l’héparine, ainsi une injection d’héparine cause une libération de LPL
de son site vasculaire (Tsutsumi., 2003).

Chez le patient traité par DPCA, l’hypertriglycéridémie est due à la diminution du


catabolisme ou la surproduction de lipoprotéines riches en triglycérides secondaire à
l’absorption de glucose ou à la perte protéique péritonéale. En plus, l’hypercholestérolémie et
l’augmentation du cholestérol-LDL et du cholestérol-VLDL sont fréquemment observés en
DPCA (Moberly., et al., 2002). Trois mécanismes peuvent contribuer à l’aggravation de la
dyslipidémie chez les patients en DPCA (figure 2) :
- La présence de glucose comme agent osmotique dans le dialysat permet une absorption de
150- 200 g/j. Cette absorption péritonéale continue de glucose conduit à une augmentation de
la production hépatique des VLDL et à l’obésité en raison de la charge calorique.
-La fuite protéique en DPCA peut dépasser 10 à 15 g/j, ce qui contribue à une diminution de la
pression oncotique plasmatique, à une augmentation de la production hépatique des VLDL ou
une diminution du catabolisme des lipoprotéines riches en TG (Moberly et al., 2002).
VLDL IDL LDL

Apo E Apo E

Apo B
Apo B Apo B
TG Apo CIII TG Apo CIII TG
CE CE CE
LPL LPL
Apo CII Apo CII

Inhibition du Accumulation des


Transport des TG lipoprotéines résiduelles

Figure 1: Altération du catabolisme des lipoprotéines au cours de l’insuffisance


rénale chronique (Moberly et al., 2002)

Absorption de
DPCA glucose
↑Production hépatique
Des VLDL et apoB
↓catabolisme des
LP riches en TG

Hyperlipidémie Obésité
abdominal
↑perte d’HDL
et Apo AI

Athérosclérose
↑Perte ↑Production hépatique
D'albumine Des VLDL et apoB

Figure 2: Mécanisme de la dyslipidémie en DPCA (Moberly et al., 2002).


II.2. Stress oxydant
Le stress oxydant est un état caractérisé par un déséquilibre entre la production
d’éléments oxydants; espèces réactives de l’oxygène (ERO) et de mécanismes de défense
antioxydante (enzymes antioxydantes et systèmes antioxydants non enzymatiques). Cet état est
observé
physiologiquement au cours du vieillissement et il accompagne également de nombreuses
pathologies (athérosclérose, diabète, maladies neurodégénératives…) (figure 3). Il se traduit
par l’accumulation de produits d’oxydation des biomolécules (lipides, protéines, acides
nucléiques) au niveau plasmatique et au niveau cellulaire (Curtin et al., 2002).

L’oxygène est indispensable aux processus vitaux et notamment à la respiration


cellulaire. Toutefois, le métabolisme de l’oxygène peut générer des éléments réactifs dont font
partie les radicaux libres (RL); anion superoxyde (O2˚–), radical hydroxyle (OH˚), le peroxyde
d’hydrogène (H2O2), l’oxygène singulet (¹O2) et le monoxyde d'azote (NO˚) (figure 4) (Favier.,
2003).
Ces composés chimiquement instables sont porteurs d’électrons libres qui réagissent avec
d’autres molécules, les déstabilisant à leur tour, et induisent ainsi une réaction en chaîne. Les
radicaux libres peuvent inactiver des enzymes, modifier les structures des protéines, induire
des cassures au sein de l'acide désoxyribonucléique (ADN), une dégradation des sucres, une
oxydation des lipoprotéines et l'initiation des processus de peroxydation lipidique au sein de la
membrane cellulaire en s'attaquant aux acides gras polyinsaturés (Michel et al., 2008).

D’autres espèces dérivées de l’oxygène dites espèces réactives de l’oxygène, comme


l’oxygène singulet (¹O2), le peroxyde d’hydrogène (H2O2) ou le nitroperoxyde (ONOOH), ne
sont pas des radicaux libres, mais sont aussi réactives et peuvent être des précurseurs de
radicaux.
Les radicaux libres remplissent de très nombreuses fonctions utiles telles que, la phagocytose,
la participation au fonctionnement de certaines enzymes, la traduction de signaux cellulaires
(Owuor & Kong., 2000), la défense immunitaire contre les agents pathogènes, la destruction
par apoptose des cellules tumorales (Curtin et al., 2002), le cycle et la différenciation
cellulaire. A l’état physiologique, les ERO sont produites en permanence et leur production est
régulée par l’organisme qui développe des moyens de protection.
Ischémie-reperfusion
Inflammation
Vieillissement
SIDA
Surcharge en Fer
Irradiation Diabète
Arthrite rhumatoïde Maladies inflammatoires
Pancréatite

Traumatisme
Parkinson Espèces réactives de l'oxygène
Démence

Cataracte
A Athérosclérose Rétinopathie
Dégénérescence rétinienne
Anémie de Fonconi
Malaria
endotoxémie

Figure 3: Pathologies dans lesquelles le stress oxydant est impliqué (Pincemail


et al., 2001)
Lumière UV Oxydases
¹
O2 O2 H 2O 2
Oxygène singulet Oxygène Peroxyde d’hydrogène

Arginine Cycles redox superoxyde


NADPH ox dismutase myéloperoxidase
mitochondrie

Fe²+ Cl-

NO˚ O2 ˚ HOCl
Fe ³+
Monoxyde d’azote Anion superoxyde Acide hydrochloreux
(Eau de javel)

ONOO OH˚
Peroxynitrite Radical hydroxyle

Nitration des Activation Oxydation Peroxydation Oxydation de


Protéines des cascades des protéines lipidique l’ADN
De kinases

Figure 4: Origine des différents radicaux libres oxygénés et espèces réactives de


l’oxygène, impliqués en biologie (Favier, 2003).
II.2.1 Conséquences moléculaires du stress oxydant
Les différentes pathologies liées au stress oxydatif sont la conséquence de trois formes
de lésions cellulaires causées par les radicaux libres. Les ERO réagissent avec une série de
substrats biologiques comme les protéines, les lipides ou l’acide désoxyribonucléique (figure
5) (Neuzil, 2002).

II.2.1.1 Peroxydation lipidique


La peroxydation lipidique est une conséquence du stress oxydant et aussi un relais pour
sa propagation. Les membranes cellulaires constituent les premières cibles pour les radicaux
libres circulants, elles y sont particulièrement sensibles à cause de leur richesse en acides gras
et la susceptibilité est proportionnelle à leur degré d’insaturation, (Granote & Amstrong.,
2000). La lipoperoxydation des membranes altère leur fonctionnalité (modification de leur
perméabilité, de leur fluidité, perte d’activité d’enzymes, de récepteurs...). L’oxydation des
cardiolipines de la mitochondrie est un facteur déterminant dans le déclenchement de
l’apoptose des cellules. Les lipoprotéines telles que les LDL, riches en cholestérol et en
phopholipides sont également des cibles privilégiées de la peroxydation lipidique. Les LDL
oxydées sont fortement incriminées dans l’athérogenèse (Droge., 2002).
La peroxydation lipidique est considérée normale quand elle est contrôlée par des
enzymes, la cycloxygénase, la thromboxane synthase ou la 5 lipoxygénases (ayant pour substrat
l’acide arachidonique). Elle devient pathologique quand son mécanisme est non enzymatique. Elle
peut se propager alors aux molécules voisines et donner naissance à des pontages entre les
molécules ou à de nouvelles molécules qui peuvent jouer un rôle important dans différentes
pathologies. Elle est catalysée par les ions ferriques; la réaction se déroule en plusieurs étapes :
- Initiation : un acide gras polyinsaturé est attaqué au niveau d’un carbone situé entre deux
doubles liaisons par un radical hydroxyle avec arrachement d’un atome d’hydrogène qui laisse
un élection non apparié. L’acide gras subit alors une suite de réarrangements des doubles
liaisons.
- Stabilisation : formation d’un diène conjugué (RO˚2) par coordination avec une molécule
d’oxygène.
- Propagation : les alkoxy-et peroxy- radicaux propagent l’oxydation par l’intermédiaire de
RO˚2.
Lipides
Glucides ADN

Facteurs de
Protéines transcription

STRESS OXYDANT

Facteurs de
AOPP transcription
activés

AGEs
Isoprostanes 8-OHdG
MDA

Synthèse
de Novo
de protéines
Désorganisation de la membrane
Pertes de fonction des protéines

Figure 5: Cibles moléculaires du stress oxydant (Morena et al., 2002)


- Terminaison : la réaction en chaine se termine au moment de la recombinaison de deux
diènes où s’il y a réduction des hydroperoxydes par la glutathion peroxydase ou la vitamine E.
Le glutathion intervient sur les radicaux peroxyls de façon analogue à son action sur le
peroxyde d’hydrogène, de même la vitamine E transforme les radicaux peroxyls en
hydroperoxydes (Tennemberg & Fey., 2003).

Les principaux produits résultant de la peroxydation lipidique sont le molondialdehyde


(MDA), le 4 HAD (4 hydroxy alkénal) et le 4 HDN (4 Hydroxynonénal). Ces produits sont
eux-mêmes des oxydants qui réagissent préférentiellement avec certains acides aminés :
l’aminolysine pour le 4 HDA et la fonction SH de la cystéine pour le 4 HDN (Guichardant et
al., 2006).

II.2.1.2 Peroxydation protéique


L’action des radicaux libres porte sur les chaînes latérales de certains acides aminés,
comme le thiol des cystéines ou le méthyle des méthionines (Davies, 2001). A proximité des
sites de liaison d’ions métalliques peuvent se dérouler des réactions d’oxydation qui produisent
des acides aminés anormaux tel que le 2- oxohistidine ou le sulfoxyde de methionine. Il se
forme aussi des ponts disulfures qui modifient la conformation des protéines et nuisent à leur
activité biologique (activité enzymatique, transduction d’un signal ou système de transport). La
glutamine synthétase est l’une des protéines les plus sensibles à l’oxydation, ainsi que le
collagène qui en se fragmentant sous l’effet des radicaux libres, génère le lésions tissulaires qui
apparaissent au cours des phénomènes inflammatoires (Favier., 2003).

Sous l’effet du stress oxydant, se forment des carbonyles et des protéines glyquées par
des réactions non enzymatiques. La glycation se fait sur des fonctions aminées à l’extrémité N
terminale ou sur un résidu lysine. La glycation du collagène peut à son tour majorer la réponse
oxydative des polynucléaires (Vériac et al., 2002).

II.2.1.3 Oxydation des acides nucléiques (altération de l’ADN) :


Bien que l’ADN soit la mémoire de toute la composition biochimique des êtres vivants,
c’est une molécule très sensible à l’attaque par des radicaux de l’oxygène pendant l’exposition
d’un individu aux rayons électromagnétiques, ultra violets et rayons X (Cadet et al., 2002).
L’attaque radicalaire est en effet à l’origine de cassures ou d’anomalies
chromosomiques, susceptibles de favoriser la cancérogenèse et le vieillissement tissulaire. Le
stress oxydant a également des répercussions sur l’ADN mitochondrial, en particulier si la
proportion de glutathion oxydée est importante. Par ailleurs le peroxyde d’hydrogène peut
provoquer la dégradation d’ARN mitochondrial (Neuzil, 2002).

II.2.2 Défense antioxydante


Pour se protéger de cet effet toxique de l'oxygène, l'organisme a développé des
systèmes de défense qui coopèrent ensemble dans la cellule pour réguler la production des
ERO (tableau I) Ces systèmes sont composés de :

- protéines à activité enzymatique (superoxyde dismutase, glutathion peroxydase et catalase)


dont le rôle consiste à dégrader les substrats oxydés. En offrant un électron, elles stabilisent les
radicaux libres et les empêchent d’altérer les composants de la cellule.
- molécules anti-oxydantes de petite taille (glutathion, acide urique, bilirubine, vitamines A, C
et E, caroténoïdes, ubiquinone)
- oligo-éléments (sélénium, zinc) et de protéines qui empêchent le fer de déclencher une
production d'ERO.

II.2.2.1 Antioxydants enzymatiques (figure 6)

- Catalase
Elle transforme deux molécules de peroxyde d’hydrogène en eau et en oxygène qui sont
des composés stables (Borg & Reeber., 2008). Le peroxyde d’hydrogène est catabolisé par la
catalase ou d’autres peroxydases (glutathion peroxydase):

Catalase
2 H2 O2 → H2O + O2

Peroxydase
H2O2 + AH2 → 2 H2O + A
Tableau I: Formation de radicaux libres et systèmes naturels de défense
(Favier., 2001).

Oxydant Mécanisme de formation Système protecteur

Enzymatique : NADPH
O2°¯ oxydase réduction SOD
(anion superoxyde) monoéléctronique de O2, ( superoxyde dismutase)
mitochondrie, ctochrome P450
xanthine oxdase.

H2O2 Dismutation de O2°¯ Catalase, Se-glutathion


(peroxyde d’hydrogène) (spontané ou par la SOD) peroxydase (glutathin,
réductase, G-6PDG).

OH°. Radiolyse de l’eau par réaction Acide urique, vitamine C,


(radical hydroxyle) de H2O2 et O2 glutathion, taurine.

¹
O2 Activation photochimique de Caroténoïdes.
(oxygène singule) O2

RO2¯° Formation contrôlée de RO2¯° Vitamine E (couplée à la


(radical peroxyle) activé des cyclo-oxygénases et vitamine C), ubiquinone
lipoxygénases.

RO° Formation non contrôlée de


(radicale alcoxyle) RO° et RO2¯°

ROOH Se-glutathion peroxydase et


(radical hydroperoxyle) glutathion
-Superoxyde dismutase
La superoxyde dismutase (SOD)
ασσυρε λα πρεµιρε λιγνε δε δφενσε χοντρε λε στρεσσ οξψδαντ, χεττε ενζψµε εστ χαπ
αβλε δ λιµινερ λ ανιον συπεροξψδε O2˚‫ ־‬παρ υνε ραχτιον δε δισµυτατιον, θυι εστ
λα πρεµιρε εσπχε τοξιθυε φορµε ◊ παρτιρ δε λ οξψγ νε. Ελλε προδυιτ δε λ οξψγ νε
ετ δυ περοξψδε δ ηψδρογ νε χηαθυε ραχτιον χονσοµµε deux molécules d’anion
superoxyde,
λε περοξψδε δ ηψδρογ νε εστ ενσυιτε ραπιδεµεντ χαταβολισ παρ λα χαταλασε ετ λε
σ περοξψδασεσ εν διοξψγνε ετ εν µολχυλεσ δ∋εαυ (Chapelle et al., 2000).

SOD
°¯
2 O2 + 2H‫־‬ H2 O2
GPx

2 H2 O2 2 H2O + O2
Catalase

- Glutathion peroxydase
La glutathion peroxydase (GSH-Px) a la propriété de réduire les peroxydes. A la
différence des catalases qui assurent la réduction du peroxyde d'hydrogène en libérant de
l'oxygène, la GSH-Px utilise le glutathion comme cofacteur sur lequel elle transfère l'oxygène.
Son rôle principal est d’éliminer les peroxydes lipidiques résultant de l’effet du stress oxydant
sur les acides gras poly-insaturés. Une molécule de peroxyde d’hydrogène réagit avec deux
molécules de glutathion sous forme réduite et est transformée en deux molécules d’eau. Le
glutathion est oxydé avec formation d’un pont disulfure entre deux molécules de glutathions :
on obtient la forme oxydée du glutathion .Une réaction similaire permet la réduction
d’hydroperoxydes lipidiques (Chapelle et al., 2000).

II.2.3.2 Antioxydants non enzymatiques


La vitamine C est un excellent piégeur radicalaire qui peut protéger divers substrats
biologiques de l’oxydation en réagissant avec un radical libre RL. Le radical libre est réduit en
°
radical libre réduit (RH) stable et la vitamine est oxydée en vit C moins réactif que le radical
libre initial.
NADH/NADPH + H+ O2
chaîne de transfert d’électrons
flambée respiratoire
oxydase
Auto-oxydation

NAD+/NADP+

NO° O2°¯
2H+
¹O2
ONOO¯ SOD

CAT
H2O2 H2O
GPx
Fe²+ GSH GSSG

Fe³-

NADPH+ H+ NADP+
NO2¯ OH°
LH Vit C°
H2O U¯

Vit C
L° U°
O2

UQ-H2 OH¯
GSH L’H LOO° Vit E-OH
GS-X LOOH
Vit E-O°¯
UQ°¯
L'° LOOH

Figure 6 : Rôle central des enzymes antioxydantes dans la cascade oxydante


(Beauvieux et al., 2002).
La vitamine E est un puissant antioxydant, protecteur vis à vis de l’oxydation des
lipides. Le caractère hydrophobe de la vitamine E lui permet de s’insérer au sein des acides
gras de la membrane cellulaire et des lipoprotéines où elle joue un rôle protecteur en
empêchant la propagation de la peroxydation lipidique induite par un stress oxydant.
(Huanghy et al., 2000). Elle agit avec la vitamine A et avec le sélénium. Il est capable, d’une
part de piéger chimiquement l’oxygène singulet en s’oxydant en quinone. D’autre part, de
réagir avec radical hydroxyl (OH). Mais son principal rôle biologique est de réagir avec les
radicaux peroxyles (ROO), pour former un radical tocophéryl plus stable (Ortwerth et al.,
2001).

Les chélateurs des métaux de transition comme le fer et le cuivre préviennent les
oxydations en inhibant le cycle redox du métal. Des protéines telles que la transferrine et la
ferritine séquestrent le fer alors que l’albumine séquestre le cuivre (Cillard & Cillard., 2006),
diminuant ainsi leur pouvoir oxydant. De plus, par leur groupement thiols ou phenoliques elles
captent les radicaux et jouent ainsi un rôle antioxydant. De même, la bilirubine possède une
activité antioxydante prévenant l’oxydation du tocophérol des LDL et l’acide urique est un
scavenger des radicaux peroxyles et hydroxyle (RO2¯° et OH°). La réaction de l’acide urique
avec ces ERO génère des radicaux qui sont moins réactifs que l’OH-.

II.3 Stress oxydant chez les patients atteint d’insuffisance rénale chronique
Un ensemble de travaux suggèrent que les patients atteints d’IRC subissent des
modifications délétères de la structure des protéines et des lipides secondaires à la perte des
défenses antioxydantes, à l’augmentation du stress oxydant ou à d’autres modifications
postsynthétiques de la structure des protéines médiées par la glycation ou la carbamylation.
(Kaysen., 2000).

II.3.1 Rôle de l’urémie


L’urémie comporte entre autres troubles métaboliques une altération complexe et
majeure de la production des ERO. Les polynucléaires neutrophiles de sujets IRC sont, à l’état
basal, dans un état de pré-activation constante pour la production d’anion superoxyde (O2¯°) par
la poussée respiratoire. De plus, certaines toxines urémiques ont une activité prooxydante
(Roselaar et al., 1995).
La présence élevée d’homocystéine, facteur indépendant de maladie cardiovasculaire, dans le
plasma de patients urémiques contribue à majorer le statut prooxydant de cette population. Son
action prooxydante délétère est due à la libération de peroxyde d’hydrogène (H2O2) au cours de
son métabolisme qui altère les fonctions endothéliales en diminuant la biodisponibilité du
monoxyde d’azote (NO) et donc la vasodilatation endothéliale et modifie les LDL circulantes
(Bostom & Lathrop., 1997).

II.3.2 Rôle de la Glycation


Un autre mécanisme potentiel est l’altération de la structure des protéines et des lipides
par glycation. Les produits de glycation avancée (Advanced Glycation End products ou AGE)
habituellement associés au diabète sont élevés dans le plasma des IRC indépendamment du
niveau de la glycémie. Ces substances proviennent de la réaction du glucose et d’autres
hydrates de carbone avec les protéines, plus spécifiquement avec la lysine, par glycation non
enzymatique et oxydation (glycoxydation) des protéines. Le rein joue normalement un rôle
important dans le métabolisme des AGE, qui y subissent une filtration glomérulaire suivie
d’une captation par les cellules tubulaires où ils sont métabolisés. La plus grande partie de la
pentosidine circulante étant liée à des protéines de hauts poids moléculaires tels que
l’albumine. Les AGE peuvent jouer un rôle en activant les cellules mononuclées, déclenchant
ainsi directement une réponse inflammatoire. Toutefois, l’inflammation elle-même peut
réciproquement jouer un rôle dans la production des AGE (Chellan & Nagaraj., 1999).

II.3.3 Rôle de la dialyse


Le stress oxydant observé chez les patients dialysés relève, d’une part, des troubles
métaboliques associés à l’urémie et, d’autre part, de la dialyse elle-même. En effet, les
conditions de survenue d’un tel phénomène se trouvent réunies chez les patients urémiques
dialysés de façon chronique. Chaque séance de dialyse majore la production d’oxydants chez
des sujets ayant un déficit chronique en antioxydants. Le bicarbonate de sodium utilisé au
quotidien comme liquide de dialyse est étroitement lié aux réactions pyrogéniques survenant
lors des séances de dialyse et favorise la prolifération des bactéries.

D'autre part des solutions de dialyse péritonéale contiennent des produits de dégradation
du glucose liés au mode de stérilisation par la chaleur. Outre l'augmentation du taux
plasmatique de produits de glycosylation avec la solution conventionnelle, il a été montré que
le stress oxydatif est important chez les patients en dialyse péritonéale recevant des solutions
avec une teneur élevée en produits de dégradation du glucose (Rieu., 2003).

Stenvinkel & Alvestrand., (2002) ont montré que la diminution des phospholipides
érythrocytaires chez les IRC non encore dialysés était plus forte chez ceux atteints de
malnutrition, la dialyse corrigeant partiellement l’anomalie. Ces observations ne permettent pas
de distinguer clairement si l’altération oxydative est la conséquence de causes nutritionnelles
ou de l’inflammation, mais elles suggèrent certainement qu’il existe une relation entre
inflammation et stress oxydant.

II.3.4. Rôle de l’inflammation


Le stress oxydant est une composante majeure de l’inflammation associée à l’IRC et
majoré par l’hémodialyse et la dialyse péritonéale (Rieu., 2003).
La mortalité cardiovasculaire chez l’IRC est prédite à la fois par l’hypoalbuminémie et par
l’élévation des protéines de la phase aigue ou des cytokines qui eu régulent la production
(Yeun et al., 2000). L’inflammation est présente chez 30%-50% des patients ses causes sont
multifactorielles (tableau II) (Guebre-Egziabher & Fouque ., 2003).

Bien que l’hypo-albuminémie soit le facteur prédictif de mortalité le plus généralement


reconnu, il est probable que ce sont ses causes, et non la diminution de l’albuminémie par elle-
même, qui sont responsables de la mortalité. Même s’il établi que la malnutrition protéino-
énergétique peut entrainer une hypo-albuminémie et que la malnutrition peut entrainer la mort
ou contribuer à la mortalité relevant d’autres causes, l'inflammation est de plus en plus
reconnue comme une cause importante, et peut être même la principale cause, de l’hypo-
albuminémie chez les IRC.
Tableau II: Causes potentielles d’inflammation ou d’augmentation des protéines
de l’inflammation et des cytokines au cours de l’insuffisance rénale chronique
(Guebre-Egziabher & Fouque., 2003).

Causes Non liées à la dialyse Complications liées à la dialyse

• Stress oxydant (↑ peroxydation lipidique) •Bio-incompatibilité


• Accumulation de produits de dégradation • Qualité de l’eau
(AOPP, AGE) • Rétrofiltration
• Réduction de la fonction rénale
• Infection persistante (Chlamydia
pneumoniae, Helicobacter pilori)
• Insuffisance cardiaque chronique
• Hypertension
Insulinorésistance
Il est aussi établi que l’albumine, le fibrinogène, la ferritine et la protéine C réactive
(CRP), témoins de la phase aiguë de l’inflammation, sont des facteurs de risque d’évènement
cardiovasculaire chez l’IRC (Guérin & London ., 2001, Beaudreuil et al., 2008).

Les causes de l’inflammation sont multifactorielles dont certaines sont spécifiques au


traitement dialytique. La bio-incompatibilité de la membrane de dialyse et la contamination
possible du dialysat par des fragments d’endotoxines bactériennes sont des facteurs
susceptibles de déclencher l’activation des cellules phagocytaires et la génération consécutive
d’oxydants.

L’hémodialyse à l’aide de membranes bio-incompatibles a été impliquée comme une


cause potentielle d’induction de l’inflammation chez les patients atteints d’IRC. D’autres
auteurs suggèrent que la dialyse, même avec des membranes biocompatibles peut entrainer une
activation de la réponse de phase aigue (Kaysen., 2000).

D’autre part, l’exposition de la membrane péritonéale aux particules plasmatiques


provenant des poches de dialyse pourrait être une des sources de l’inflammation, une autre
source potentielle étant le cathéter intra-péritonéal (Kaysen., 2001). La membrane péritonéale
est le siège d’agressions répétées, le cathéter, les infections péritonéales et les solutions de DP
peu biocompatibles ont leur spécificité. Outre les plastifiants constituant les poches de dialysat,
la solution par elle-même joue un rôle primordial en fonction de son pH, de l’agent osmotique
et des produits de dégradation du glucose suite au procédé de stérilisation utilisé (Ryckelynck
et al., 2003).
SUJETS

&

METHODES
I. Sujets étudiés :
L’étude est réalisée sur 30 patients atteints d’insuffisance rénale chronique, non
dialysés, traités par hémodialyse et dialyse péritonéale. Les patients sont recrutés au niveau
de l’Établissement Hospitalo-Universitaire (EHU) d’Oran.
Une fiche clinique établie pour chaque patient a permis de recueillir des données telles que,
âge, poids, taille, étiologie, pathologies associées, traitement médicamenteux et protocole de
dialyse (nombre de séance de dialyse, membrane de dialyse, bain de dialyse). Les
caractéristiques de chaque groupe de patients sont représentées dans le Tableau III.

Tableau III : Caractéristiques des patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse
Péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés.

Populations Age Tour de taille Poids Taille IMC


(ans) (cm) (kg) (m) (P/T²)

IRC
61±13 88±10 71,5±8,07 1,62±0,07 27±3

HD 36±12 79±14 56,71±13,87 1,63±0,07 21±4

DP 40±8 87±16 65,87±18,22 1,69±0,08 23±5

I.1. Patients atteints d’IRC non dialysés


10 patients (H/F : 2/8) âgés de 61 ± 13 ans atteints d’insuffisance rénale chronique

d’origine indéterminée sont recrutés au niveau de l’EHU d’Oran. Les patients présentent une

IRC sévère (Clairance en mL/min/1,73m² = 33 ml/mn). Un patient présente une polykystose

rénale bilatérale, l’étiologie des autres patients est indéterminée. 9 patients sont hypertendus et

sont traités par des antihypertenseurs (diurétiques, ß-bloquants ou inhibiteurs de l’enzyme de

conversion).
I.2 Patients atteints d’IRC traités par hémodialyse
10 patients (H/F : 4/6) âgés de 36 ± 12 ans atteints d’IRC d’origine indéterminée et
traités par hémodialyse depuis 1 à 5 ans sont dialysés trois fois / semaine (12 ± 3 h/semaine).
La dialyse est effectuée à travers une membrane polysulfone et un dialysat au bicarbonate
(Tableau IV). Les patients ont un gain de poids inter-dialytique de 2, 10± 0.50 kg et reçoivent
au début de chaque séance de dialyse 0,4 ± 0,1 mg.kg¯ ¹PC d’héparine.

I-3 Patients atteints d’IRC traités par dialyse péritonéale


10 patients (H/F : 5/5) âgés de 40 ± 8 ans atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC)
d’origine indéterminée et traités par dialyse péritonéale depuis 3 à 48 mois sont recrutés pour
l’étude. Ces patients sont dialysés 4 fois/ jour avec 4 poches de dialyse, dont trois isotoniques
et une hypertonique (Tableau V), et sont traités par des antibiotiques et/ou des corticoïdes
et/ou des suppléments vitaminiques ou minéraux.

Tableau IV : Composition de bain d’hémodialyse.


Composants Concentrations
(mmol/l)
Na+ 140
K+ 2,00
Ca++ 1,75
Mg++ 1,00
CL ¯ 112,5
CH3COO¯ 3,00
HCO3¯ 32,00
Tableau V: Composition des poches de dialyse péritonéale.
Composants Poche isotonique qsp/L Poche hypertonique qsp/L
Glucose 1,36% 3,86%
Acétate --- ---
Lactate 35 35
Na+ 132 132
K+ --- ---
Ca++ 3,5 3,5
Mg++ 1,5 1,5
CL ¯ 102 102
II. Méthodes

II.1 Prélèvement sanguin


Les prélèvements sanguins sont effectués après 12 heures de jeûne par la veine
superficielle du pli du coude chez les patients IRC non dialysés et ceux traités par dialyse
péritonéale, et à partir de la fistule artério-veineuse chez les hémodialysés.
Le sang est recueilli dans des tubes secs, centrifugé à 4000 tours/min pendant 15 minutes puis
conservé en prises aliquotes à -80°C avec de l’EDTA-Na2 à 0,1% raison de 10µl/ ml.

II.2 Evaluation de la fonction rénale chez l’IRC non dialysé et analyse de l’urée et de la
créatinine

II.2.1 Analyse de l’urée (kit Biocon,Germany)


Le dosage de l’urée est un dosage enzymatique colorimétrique. L’urée est transformée
par l’uréase en carbonate d’ammonium formant une coloration verte, selon la réaction
suivante :
Uréase
Urée + H2O + 2H 2 NH3 + CO2

L’intensité de la coloration est proportionnelle à la quantité d’urée dans l’échantillon et la


lecture est réalisée à une densité optique comprise entre 580 et 600 nm.

II.2.2 Analyse de la créatinine (kit Biocon, Germany)


Le dosage de la créatinine sérique sans déprotéinisation est un dosage cinétique
colorimétrique photométrique. La créatine forme avec l’acide picrique en solution alcaline, un
complexe rouge orangé, selon la réaction suivante :

Solution alcaline
Créatinine + acide picrique créatinine-Ac picrique

L’absorption de ce complexe est proportionnelle à la concentration de la créatinine dans


l’échantillon, et la lecture est réalisée à une densité optique comprise entre 480 et 520 nm
II.2.3 Evaluation de la clairance de la créatinine des patients IRC non dialysés
Le diagnostic de l’IRC et son degré sont confirmés par la baisse de la créatinine
endogène selon la formule approchée de COCKCROFT & GAULT, (1976) qui tient compte
de la créatinine, du poids corporel, de l’âge et du sexe du patient.
(140-âge ans) . Poids (kg) . K
Clairance de la créatinine = (ml/min/1,73 m²)
Créatinine en µmol/L
K = 1,24 chez l’homme, K = 1,04 chez la femme

II.3 Analyse du profil lipidique

II.3.1 Triglycérides (kit Biocon, Germany)


Le dosage des triglycérides (TG) sériques est un dosage enzymatique colorimétrique.
Les TG sont hydrolysés par des lipases. Le complexe coloré représenté par le quinonéimine est
formé à partir du peroxyde d’hydrogène, de l’amino-4-antipyrine et du parachlorophénol grâce
à l’action catalytique de la peroxydase. La lecture de l’échantillon est réalisée à une densité
optique comprise entre 500 et 550 nm.

II.3.2 Cholestérol total (kit Biocon, Germany)


Le dosage du cholestérol sérique est un dosage enzymatique colorimétrique. Les esters
de cholestérol sont hydrolysés par l’enzyme cholestérol estérase en cholestérol et acides gras.
Ce cholestérol est oxydé grâce à l’enzyme cholestérol oxydase en peroxyde d’hydrogène. Ce
dernier en présence du amino-4- antipyrine et du phénol forme la quinonéimine grâce à l’action
catalytique de la peroxydase, la lecture de l’échantillon est réalisée à une densité optique
comprise entre 500 et 550nm.

II.3.3 Phospholipides (kit Wako)


Le dosage des phospholipides sériques est un dosage enzymatique colorimétrique. Les
PL (lécithine, lysolécithine et sphingomyéline) sont hydrolysés par la phospholipase D. La
choline libérée est oxydée par la choline oxydase en bétine et peroxyde d’hydrogène. Ce
dernier, grâce à l’action catalytique de la péroxydase, oxyde le phénol et amino-4-antipyrine en
quinonéimine (réaction de TRINDER). La lecture de l’échantillon est réalisée à une densité
optique de 505nm
II.3.4 Cholestérol- HDL (kit Biocon, Germany)
Le dosage de C-HDL est un dosage qui sépare les HDL (lipoprotéines de haute densité)
des autres fractions qui présentent une faible densité. Les chylomicrons, les VLDL et les LDL
sont précipités par l’addition de l’acide phosphotungstique et de chloride de magnesium. Après
la centrifugation on obtient un surnageant fluide qui contient les fractions HDL. Le cholestérol-
HDL est quantifié par un dosage enzymatique colorimétrique (kit Biocon, Germany). La
lecture de l’échantillon est réalisée à une densité optique comprise entre 500 et 550nm.

II.3.5 Cholestérol-LDL (kit Biosystems, Spain)


Le dosage de cholestérol-LDL est un dosage qui sépare les LDL des autres
lipoprotéines. Les lipoprotéines de faible densité (LDL) présentes dans l’échantillon,
précipitent en présence de sulfate de polyvinyl, la concentration de cholestérol-LDL est
calculée à partir de la différence entre les valeurs du cholestérol dans le sérum et dans le
surnageant obtenu après centrifugation.

II.3.6 Apolipoprotéines (Apo) AI et B (kit Sobioda, France)


Le dosage des apo AI et B sériques est réalisé par une méthode immunoturbidimétrique.
Une réaction antigène-anticorps se produit avec l’apo AI et B. l’intensité de l’agglutination est
proportionnelle à la concentration de l’apo AI ou B dans le sang. L’apo A -I ou B contenue
dans l’échantillon réagit spécifiquement avec un antisérum anti-apo AI ou B humain et la
turbidité induite par la formation du complexe immun antigène-anticorps est mesurée à 600nm.
La turbidité mesurée est proportionnelle à la concentration en apo AI ou B contenue dans
l’échantillon.

II.4 Analyse des marqueurs de l’inflammation

II.4.1 Protéines totales sériques


Les protéines totales sériques sont analysées selon la méthode de Lowry et al., (1951)
qui utilise le réactif de Folin utilisé pour le dosage des phénols. Le sérum albumine bovine
(SAB) (Sigma Chemical Campany, St Louis, MO,USA) est utilisée pour établir la courbe de
référence. En milieu alcalin, le complexe formé par les ions Cu²+ et les groupements tyrosine
et tryptophane des protéines est réduit par le réactif de Folin. Il se développe alors une
coloration bleue dont l’intensité est proportionnelle à la quantité de protéines dans l’échantillon
et la lecture est réalisée à 750nm.

II.4.2 Albumine (kit Biolabo SA, France)


Le dosage de l’albumine sérique est un dosage colorimétrique photométrique. En milieu
tamponné à pH 4,2 le vert de bromocrésol se combine à l’albumine pour former un complexe
coloré dont l’absorbance mesurée à 630nm (620-640nm) est proportionnelle à la concentration
en albumine dans l’échantillon.

II.4.3 Protéine réactive C (CRP) (test AVITEX CRP)


La détection de la CRP est réalisée par le test AVITEX CRP (Omega Diagnostics). Le
principe de ce test est simple ; les particules AVITEX CRP latex se combinent à des anticorps
de la CRP humaine. Lorsque la suspension latex est mélangée avec le sérum contenant un taux
très élevé en CRP sur le support en plastique, on observe une agglutination très claire à
l’intérieur de 2 minutes, calibration contre le premier standard international.

II.5 Evaluation du statut antioxydant

II.5.1 Détermination de la peroxydation lipidique par l’analyse des substances réactives à


l’acide thiobarbiturique (TBARS)

II.5.1.1 TBARS sériques


Le dosage des substances réactives à l’acide thiobarbiturique (TBARS) est une méthode
de référence caractérisée par sa simplicité et sa sensibilité, elle permet la mise en évidence d’un
éventuel stress oxydant. Le malondialdéhyde (MDA) (Sigma-Aldrich Chemie, Germany) est le
principal marqueur de la détermination des radicaux libres.
Les teneurs des TBARS du sérum sont déterminées par la méthode de Quantanilha et al.,
(1982). 100µl d’échantillon sont dilués dans 900 µl de NaCl puis à cette solution, 20µl de
buthyl-hydroxy toluène (BHT 2% dans de l’éthanol) (Sigma-Aldrich Chemie, Germany) et 1ml
d’acide thiobarbiturique (TBA) (Sigma-Aldrich Chemie, Germany) (TBA 0,375%) dans du
HCl 0,5 N en concentration finale d’acide trichloroacétique (TCA à 15%) sont rajoutés. Après
incubation à 85°C pendant 30 min et refroidissement dans la glace, les échantillons sont
centrifugés à 2000×g pendant 10 min, à 4°C (Sigma,4K10 Bioblak Scientific, Germany). La
lecture se fait par spectrophotométrie à une longueur d’onde λ =535nm. Le MDA est utilisé
pour établir une courbe d’étalonnage. Le contenu en TBARS est exprimé en µmol.ml¹.

II.5.1.2 TBARS des différentes lipoprotéines (VLDL, LDL, HDL2, HDL3)


Cette analyse utilise le même principe que le dosage au niveau sérique mais nécessite au
préalable une séparation des différentes fractions de lipoprotéines réalisée par la méthode de
précipitation (Burstein et al., 1970 ;1989):

II.5.1.2.1 Séparation des différentes fractions de lipoprotéines

 Séparation des VLDL et des LDL-HDL1


25 µL d’une solution de phosphotungstate (pH 7,6) et 100 µL d’une solution de chlorure de
magnésium (MgCl2) 2M sont ajoutées à 2 mL de sérum. Après 30 min d’incubation à
température ambiante, le mélange est centrifugé et le surnageant est séparé du précipité
contenant les VLDL (précipité A). Cette fraction de lipoprotéine peut aussi apparaître sous
forme d’un anneau à la surface du tube. Au surnageant sont ajoutés 100µl de chacune des deux
solutions précédentes. Après incubation et centrifugation, le précipité obtenu contient les LDL-
HDL1 (précipité B) (Figure 7).

 Séparation des HDL2 et HDL3


80 µL de sulfate de dextran à 5% et 200 µL de MgCl2 (2M) sont ajoutés au surnageant. Après
une nuit d’incubation, le précipité obtenu après centrifugation correspond à la fraction HDL2
(précipité C). Le pH du surnageant voisin de 7,6 est ajusté à 5,4 par du HCl (1N) (Cheminova,
Espagne) une précipitation immédiate a lieu. Après centrifugation, le précipité contenant les
HDL3 (précipité D) est séparé du surnageant qui correspond aux protéines plasmatiques
(Figure 7).
Afin de minimiser la contamination par les protéines sériques, les différentes fractions
de lipoprotéines sont purifiées par des lavages successifs selon le diagramme représenté dans la
Figure 8.
2 ml de sérum
25 µl de phosphotungstate
100 µl de chlorure de magnésium
Homogénéiser
Incuber 30 min à T° ambiante
Centrifuger à 4500 tr/min pendant
30 min à T° ambiante.

Précipité A = VLDL Surnageant A

Ajouter :
100 µl de phosphotungstate
100 µl de chlorure de magnésium

Même conditions

Précipité B = LDL Surnageant B

Ajouter :
80 µl de sulfate de dextran (5%)
200 µl de chlorure de magnésium

Même conditions
Une nuit d’incubation

Précipité C = HDL2 Surnageant C

HCl (1N)
PH = 7,6 pH = 5,4

Précipitation immédiate
Centrifugation à 4500tr/min
Pendant 30 min à T°ambiante

Précipité D = HDL3 Surnageant D

Figure 7: Séparation des différentes fractions de lipoprotéines par précipitation au sulfate de


dextran (Burstein et al., 1989).
Précipité VLDL, LDL Précipité HDL2 Précipité HDL3

1 ml de solution de solubilisation

750 µl de tampon 940 µl de tampon 49 µl d’oxalate de


Tris alcalin Tris alcalin potassium (1M)

Précipitation Précipitation Réglage du PH à 9,5


30 µl de sulfate de dextan(0,05%) 49 µl de MgCl2 (2 M) Avec du NaOH (1N)
37 µl de MgCl2 (0,05M)

Homogénéiser, incuber 30 min à T° ambiante, centrifuger à 4500 tr/min

Surnageants Précipités Surnageant Précipités Complexe Surnageant


VLDL, LDL VLDL, LDL HDL2 HDL2 non soluble HDL3
Purifiée

Ajouter 49µl d’oxalate Ajouter 15µl d’oxalate


de potassium (0,5M) de potassium (0,5M)

Homogénéiser, incuber 30 min à T° ambiante, centrifuger à 4500 tr/min

Complexe Surnageants Complexe Surnageant


non soluble VLDL, LDL non soluble HDL2
Purifiées Purifiée

Figure 8 : Purification des différentes fractions de lipoprotéines (Burstein et al., 1970; 1989).
II.5.2 Détermination de la peroxydation protéique par dosage des dérivés carbonylés
sériques
La mesure de la peroxydation protéique est réalisée par le dosage des dérivés
carbonylés selon la méthode de Levine et al., (1990). 100 µl de sérum sont déposés dans deux
tubes, 500 µl de HCl 2,5M (blanc d’échantillon) et 500 µl de dinitrophénylhydrasine DNPH 10
Mm (échontillon) sont rajoutés. Les tubes contenant la DNPH sont ensuite placés à l’obscurité
pendant 1 heure à la température ambiante (25°C), une agitation est effectuée toutes les 10-15
min. 500 µL de TCA à 20% sont additionnés, le mélange est vortexé puis centrifugé à 11000 g
pendant 3 min à 20°C, ensuite le surnageant est éliminé. Le culot est lavé 3 fois avec 1ml d’un
mélange d’éthanol et d’acétate d’éthyle (v : v) et le surnageant est éliminé à chaque lavage. Les
protéines précipitées sont redissoutes dans 0,6ml de guanidine et la solution est incubée 15 min
à 37°C. Une centrifugation à 11000×g durant 15min permet d’éliminer les débris insolubles.
Un spectre d’absorption est réalisé entre 250 et 300 nm pour obtenir les dérivés aldéhydes et les
cétones, la concentration de ces derniers est calculée par différence d’absorbance entre le blanc
et l’ échantillon selon la formule suivante : C = absorbance / ε (ε=22000/ nmol.ml¹ pour
380 nm). (ε : coefficient d’extinction molaire spécifique à la longueur d’onde choisie). Les
résultats sont exprimés en nmol/mg de protéine.

II.5.3 Analyse de monoxyde d’azote (NO)


Les teneurs en monoxyde d’azote (NO) sont estimées selon la méthode de Cortas &
Wakid (1990). Les échantillons sont déprotéinisés avec du sulfate de zinc à 30% (30g ZnSo4 +
70g H2O). 10 à 50 µl d’échantillon sont ajustés à 190 µl avec de l’eau distillée et 10 µl de
ZnSo4 (volume total est de 200 µl). Après incubation de 15 min à température ambiante et
centrifugation à 3000-4000 rpm pendant 5min ; les surnageant sont récupérés et transférés dans
des microtubes contenant les billes de Cadmium (ces billes étaient laver 2 fois par 1 ml de HCl
0,1 M puis par le NH4OH 0,1 M (pH 9,6). Après une nuit d’incubation sous agitation à
température ambiante, 100 µl de chaque échantillon sont déposés dans les puits de la
microplaque, 50 µl de réactif 1 (silfanilamide 1g/100 ml d’HCl) et 50 µl de réactif 2
(Naphtyléthylène diamine) 20 mg / 100 ml H2O) sont ajoutés. La lecture de l’échantillon est
réalisée à 540 nm. Les résultats sont exprimés en µmol.mL¯¹.
II.5.4 Analyse de l’acide urique (kit Biocon, Germany)
Le dosage de l’acide urique est un dosage enzymatique colorimétrique. L’acide urique
est converti par l’uricase en allanthoïne et en peroxyde d’hydrogène. Ce dernier, sous l’action
catalytique de la peroxydase, oxyde l’acide 3,5 dichloro-2-hydroxybenzensulfonique et le 4-
aminophénazone pour former un complexe quinonéimine rouge violet, la lecture de
l’échantillon est réalisée à 546nm (490-550nm).

II.5.5 Analyse du Fer sérique (kit Biolabo, France)


Le dosage de fer sérique est un dosage colorimétrique photométrique. Après rupture de
la liaison fer transferrine et déprotéinisation par l’acide chlorhydrique et l’acide
trichloracétique, le fer Fe+³ est réduit par l’acide thioglycolique en fer Fe+², ce dernier forme
un complexe coloré avec le bathophénanthroline disulfonée, la coloration mesurée à 535nm
(520-550nm) est directement proportionnelle à la concentration en fer dans le milieu
réactionnel

II.5.6 Analyse de la Bilirubine totale et directe (kit Biolabo, France)


Le dosage de la bilirubine totale et directe est un dosage colorimétrique photométrique.
Pour doser la bilirubine totale, il est nécessaire de rompre la liaison entre la bilirubine indirecte
et l’albumine. Cette étape est réalisée par l’addition de diméthyl sulfoxide (DMSO) car en
milieu aqueux, seule la bilirubine directe réagit. La réaction entre la bilirubine et l’acide
sulfonique diazoté conduit à un composé coloré en milieu très acide ou basique, c’est
l’azobilirubine, l’absorbance de ce dernier est proportionnelle à la concentration en bilirubine
et est mesurée à550nm (530-380nm).

II.5.7 Mesure de l’activité des enzymes antioxydantes

II.5.7.1 Catalase érythrocytaire


L’activité de la catalase est analysée selon la méthode décrite par Bergmeyer (1974)
par la mesure du taux de décomposition du H2O2. Le dosage s’effectue sur 500µl de culot. Les
hématies sont lavées 3 fois par le sérum physiologique (NaCl 9‰). 1ml d’H2O2 30mmol/l
(diluer 0,34ml dans 100ml de tampon phosphate à 50mmol/l) et 1ml de tampon phosphate sont
rajoutés.
La solution est ensuite agitée et incubée pendant 5 min. La lecture réalisée par
spectrophotométrie se fait à une longueur d’onde λ=420nm rapidement après addition du
titanium sulfate TiOSo4.

II.5.7.2 Superoxyde dismutase (Fluka, Switzerland)


L’analyse de l’activité de la superoxyde dismutase (SOD) au niveau sérique est réalisé
par une méthode colorimétrique (SOD Assay Kit-WST) qui utilise un sel de tétrazolium
soluble dans l’eau (WST; water-soluble tetrazolium salt) pour la détection des radicaux
superoxydes (O2°¯) générés par la xanthine oxydase (XO) et la xanthine, la SOD catalyse la
dismutation de l’anion superoxyde en peroxyde d’hydrogène et oxygène moléculaire selon la
réaction suivante :

Xanthine
O2 2O2 WST-1 formazan

XO
H2O2 2O2°¯ WST-1
Acide urique
SOD

O2 + H2O2

III-Analyse statistique
Les résultats sont exprimés en moyenne ± erreur standard (M±ES). Après analyse de
variance, la comparaison des moyennes entre les différents groupes, est réalisée par le test «t»
de student (STATISTICA, Statsoft 97). * HD & DP vs IRC. # HD vs DP. *# p< 0,05.
**## p< 0,01. *** ### p< 0,001.
RESULTATS
I. Teneurs sériques en urée et créatinine chez les patients traités par hémodialyse (HD) et
dialyse Péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non
dialysés (tableau VI):

Une diminution significative des concentrations sériques en urée de (-67%) est


observée chez les patients HD (p<0,001) comparés aux IRC non dialysés. D’autre part, ces
concentrations sont significativement augmentées de 70% chez les patients DP comparés aux
IRC (p<0,001) non dialysés. Nous notons une diminution de (-90%) des concentrations en urée
chez les patients HD comparés aux DP (p<0,001).

Une diminution significative de (-39%) des concentrations sériques en créatinine est


notée chez les patients HD comparés aux patients IRC non dialysés (p<0,05). Les
concentrations en créatinine sont augmentées de 70% chez les DP comparés aux IRC non
dialysés (p<0,01). Une augmentation de 82% des teneurs sériques en créatinine est notée chez
les patients DP comparés aux patients HD (p<0,001).

Tableau VI: Teneurs sériques en urée et créatinine chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés.

Urée (mmol/L) Créatinine (µmol/L)

IRC 12±4 221±94

HD 4±1 *** ### 134±47 *

DP 40±18 *** 735±194 *** ###

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC, # HD versus DP * p<0,05 ***### p<0,001
II. Analyse du profil lipidique chez les patients traités par hémodialyse (HD)
et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques
(IRC) non dialysés.

II. 1 Teneurs sériques en triglycérides, cholestérol total et phospholipides chez les patients
traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants
rénaux chroniques (IRC) non dialysés (figure 9):

Une diminution significative des concentrations sériques en triglycérides est observée


chez les patients HD et DP comparés aux IRC non dialysés (p<0,01). Cette diminution est de
(-52%) et (-45%) chez les patients HD et DP, respectivement, comparés aux IRC non dialysés.
En effet les valeurs sont de 3,11±1,08, 1,48±0,62 et 1,7±0,42 mmol/L, respectivement, chez les
IRC non dialysés, HD et DP. Alors qu’aucune différence significative n’est notée entre les
patients HD et DP.

Aucune différence significative des concentrations sériques en cholestérol total n’est


notée chez les patients HD et DP comparés aux patients IRC non dialysés. Une diminution
significative de 31% est observée chez les patients DP comparés aux patients HD (p<0,01). Les
valeurs sont de 6,02±2,48, 6,82±1,29 et 4,70±1,57 mmol/L, respectivement, chez les IRC, HD
et DP.

Une augmentation significative des concentrations sériques en phospholipides de (52%)


est notée chez les patients HD comparés aux patients IRC non dialysés (p<0,001). Aucune
différence significative n’est notée chez les patients DP comparés aux patients IRC. Les teneurs
sériques en phospholipides sont diminuées de 44% chez les patients DP comparés aux HD
(p<0,001).

II. 2 Teneurs sériques en cholestérol-HDL et cholestérol-LDL chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés (figure 10):
Triglycérides

4,5
4
3,5
3
mmol/L
2,5 ** **
2
1,5
1
0,5
0
IRC HD DP

Cholestérol total

9
8
7 ##
6
mmol/L

5
4
3
2
1
0
IRC HD DP

Phospholipides

140 ***
120
100 ###
mmol/L

80
60
40
20
0
IRC HD DP

Figure 9 : Teneurs sériques en triglycérides, cholestérol total et phospholipides chez les


patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux
insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés.
Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC # HD versus DP **## p<0,01 ***### p 0,001
Cholestérol- HDL

2,5

2
mmol/L

1,5

0,5

0
IRC HD DP

Cholestérol- LDL

4,5 ** #
4
3,5
3
mmol/L

2,5
2
1,5
1
0,5
0
IRC HD DP

Figure 10 : Teneurs sériques en cholestérol-HDL et cholestérol-LDL, chez les patients


traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants
rénaux chroniques (IRC) non dialysés.

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC # HD versus DP # p<0,05 ** p<0,01
Aucune différence significative des concentrations sériques en cholestérol-HDL n’est
observée chez les patients HD et DP, comparés aux patients IRC non dialysés, et chez les
patients HD comparés aux patients DP. En effet, les valeurs sont de 1,29±0,94, 1,09±0,41 et
1,07±0,53 mmol/L, respectivement, chez les IRC non dialysés, HD et DP.

Une augmentation significative de (40%) des concentrations sériques en cholestérol-LDL


est observée chez les patients HD comparés aux patients IRC non dialysés (p<0,01). Alors
qu’aucune différence significative n’est notée chez les patients DP comparés aux patients IRC
non dialysés. D’autre part, les concentrations en C-LDL sont augmentées de (37%) chez les
HD comparés aux DP (p<0,05).

II-3 Teneurs sériques en apo A -I et apo B chez les patients traités par hémodialyse (HD)
et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non
dialysés (figure 11):

Aucune différence significative des concentrations sériques en apo A-I n’est notée chez
les patients HD et DP comparés aux patients IRC non dialysés, et chez les HD comparés aux
DP. Les valeurs sont de 1,07±0,53, 1,11±0,14 et 0,89±0,48 g/L, respectivement, chez les IRC
non dialysés, HD et DP.

De même, aucune différence significative des concentrations sériques en apo B n’est


notée chez les patients HD et DP comparés aux patients IRC non dialysés, et chez les HD
comparés aux DP. En effet les valeurs sont de 0,34±0,05, 0,27±0,07 et 0,30±0,04 g/L,
respectivement, chez les IRC, HD et DP.

II. 4 Rapports d’athérogénicité chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse
péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés
(tableau VII):
La détermination du rapport d’athérogénicité CT/C-HDL montre une diminution de -
(34%) et (-69%) chez les HD et DP, respectivement comparés aux IRC non dialysés. La valeur
de ce rapport est plus faible chez les DP comparés aux HD (p<0,001), une diminution de (-
53%) est notée.
Apolipoprotéine A -I

1,6

1,2
g/L

0,8

0,4

0
IRC HD DP

Apolipoprotéine B

0,5

0,4

0,3
g/L

0,2

0,1

0
IRC HD DP

Figure 11 : Teneurs sériques en apolipoprotéine AI et apo B chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés.

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC # HD versus DP
Les valeurs des rapports C-LDL/C-HDL et apo A-I/apo B ne varient pas chez HD et DP,
comparés aux IRC.

Tableau VII: Rapports d’athérogénicité chez les patients traités par hémodialyse (HD) et
dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non
dialysés.

CT/C-HDL C-LDL/C-HDL Apo A-I/B

IRC 7,38±1,36 2,50±0,94 2,43±0,85

HD 4,88±0,73 2,96±0,35 3,89±0,67


*

DP 2,27±0,48 2,59±1,36 3,04±1,75


** ###

Risque >4,85 >3,55 <1


athérogène

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC # HD versus DP * p<0,05 ** p<0,01 ### p<0,001

III. Evaluation des marqueurs de l’inflammation chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants
rénaux chroniques (IRC) non dialysés.

III.1 Teneurs sériques en protéines totales et albumine chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés (figure 12) :

Aucune différence significative des concentrations sériques en protéines totales n’est


notée chez les patients traités par hémodialyse et dialyse péritonéale comparés aux IRC non
dialysés. Cependant une diminution significative de 18% est notée chez les patients traités
par DP comparés aux HD (p<0,01).
Les concentrations sériques en albumine sont plus élevées chez les patients HD et DP
comparés aux IRC (p<0,001). Les valeurs sont augmentées de 34% et 26% chez les patients
HD et DP, respectivement, comparés aux IRC non dialysés. Aucune différence significative
n’est notée entre les patients HD et DP, les valeurs sont de 32,95±3,25, 49,78±11,18 et
44,50±6,07, respectivement, chez les IRC non dialysés, HD et DP.

III.2 Protéine C réactive (CRP) chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse
péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés
(tableau VIII) :
L’estimation de la protéine C réactive (CRP) circulante n’a pas décelé d’augmentation
des teneurs sériques en cette protéine, vu que les teneurs sont égales à 6 mg/L chez les patients
DP.

Tableau VIII: Teneurs sériques en protéines réactives C (CRP) chez les patients traités
par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés.

Patients CRP (mg/L)

IRC Négatif

HD Négatif

DP <6

IV. Evaluation de statut antioxydant chez les patients traités par


hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants
rénaux chroniques (IRC) non dialysés.

IV.1 Teneurs en substances réactives à l’acide thiobarbiturique (TBARS) au niveau


sérique et au niveau des différentes fractions de lipoprotéines (VLDL, LDL, HDL2,
HDL3) chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP),
comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés (figure 13) et (figure 14):
Protéines totales

100
90
##
80
70
60
g/L

50
40
30
20
10
0
IRC HD DP

Albumine

70
***
60 ***
50
40
g/L

30
20
10
0
IRC HD DP

Figure 12 : Teneurs sériques en albumine et en protéines totales chez les patients traités
par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés.

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC # HD versus DP *** p<0,001 ## p<0,01
Aucune différence significative des concentrations sériques en substances réactives à
l’acide thiobarbiturique (TBARS) n’est notée chez les patients HD comparés aux IRC non
dialysés. Par ailleurs, ces concentrations sont diminuées de (-33%) chez les patients DP
comparés aux IRC non dialysés, et de (-38%) comparés aux HD (p<0,05).

Une diminution significative des substances réactives à l’acide thiobarbiturique


(TBARS) de (-82%) et (-95%) est notée au niveau des lipoprotéines VLDL chez les patients
HD et DP, respectivement, comparés aux IRC non dialysés (p<0,05). Alors qu’aucune
différence significative n’est notée chez les patients DP comparés aux HD.

Nous notons aussi une diminution significative des teneurs en TBARS de (-48%) et (-
74%) au niveau des lipoprotéines HDL2 chez les patients HD et DP, respectivement, comparés
aux IRC non dialysés (p<0,05). Ces valeurs sont diminuées de (-51%) chez les patients DP
comparés aux HD (p <0,05).

Aucune différence significative des teneurs en TBARS n’est notée au niveau des
fractions de lipoprotéines LDL et HDL3 chez les HD et DP, comparés aux IRC non dialysés.

IV.2 Teneurs sériques en dérivés carbonylés chez les patients traités par hémodialyse
(HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non
dialysés (figure 15):

Les concentrations sériques en dérivés carbonylés sont augmentées de 67% et 84%,


respectivement, chez les patients HD (p<0,05) et DP (p<0,01) comparés aux IRC non dialysés.
Ces valeurs sont augmentées de (52%) chez les DP comparés aux HD (p<0,01).

IV.3 Teneurs sériques en monoxyde d’azote (NO) chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés (figure 16):

Les concentrations sériques en monoxyde d’azote sont augmentées de (26%) chez les
patients HD comparés aux IRC non dialysés (p<0,05). Alors qu’aucune différence significative
n’est notée chez les DP comparés aux IRC non dialysés et aux HD.
TBARS

0,25

0,2

0,15
µm ol/L

*#

0,1

0,05

0
IRC HD DP

Figure 13 : Teneurs sériques en substances réactives à l’acide thiobarbiturique (TBARS)


chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux
insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés.

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC # HD versus DP *# p<0,05
VLDL LDL
0,6
0,1
MDA µmol/mL

0,5

MDA µmol/mL
0,4

0,3
0,05
0,2 *
0,1 *
0 0
IRC HD DP IRC HD DP

HDL2 HDL3
0,12 0,4
MDA µmol/mL

MDA µmol/mL

0,1
0,3
0,08
* #*
0,06 0,2
0,04

0,02
0,1
0 0
IRC HD DP IRC HD DP

Figure 14 : Teneurs en substances réactives à l’acide thiobarbiturique (TBARS) au


niveau des différentes fractions de lipoprotéines (VLDL, LDL, HDL2, HDL3) chez les
patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux
insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés.

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC # HD versus DP *# p<0,05
Carbonyles

3
** ##
nmol/mg de protéine

2,5

1,5 *

0,5

0
IRC HD DP

Figure 15: Teneurs sériques en dérivés carbonylés chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés.

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC # HD versus DP * p<0,05 **## p<0,01
Monoxyde d'azote

45 *
40
35
30
µm ol/mL

25
20
15
10
5
0
IRC HD DP

Figure 16 : Teneurs sériques en monoxyde d’azote chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés.

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC # HD versus DP * p<0,05
IV.4 Teneurs sériques en acide urique, fer et bilirubine chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés (figure 17):

Une diminution significative de (-84%) des concentrations sériques en acide urique est
notée chez les patients HD comparés aux patients IRC non dialysés (p<0,001). Ces
concentrations sont diminuées de 85% chez les patients HD comparés aux patients DP
(p<0,001). Les teneurs en acide urique ne varient pas chez les DP comparés aux IRC.

Une augmentation de 67% des teneurs sériques en fer est notée chez les patients HD
comparés aux patients IRC non dialysés (p<0,001). Aucune différence significative n’est notée
chez les DP comparés aux IRC non dialysés. D’autre part, les teneurs en fer sont augmentées
de 59% chez les patients HD comparés aux patients DP (p<0,001).

Aucune différence significative des concentrations sériques en bilirubine n’est notée


chez les patients HD et DP comparés aux patients IRC non dialysés, et chez les HD comparés
aux DP.

IV.5 Activité de la catalase érythrocytaire et de la superoxyde dismutase (SOD) sérique


chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux
insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés (figure 18) :

Une diminution significative de l’activité de la catalase érythrocytaire (exprimés en


mmol/ml de lysat) de (-75%) et (-86%) est notée chez les patients HD et DP, respectivement,
comparés aux patients IRC non dialysés (p<0,01). Aucune différence significative n’est
observée chez les patients HD comparés aux patients DP.

L’activité de la superoxyde dismutase (SOD) exprimée en pourcentage du taux


d’inhibition de la xanthine oxydase, qui génère les radicaux superoxydes (O2¯°) est augmentée
de (67%) et (71%) chez les patients HD et DP, respectivement, comparés aux IRC. Aucune
différence significative n’est notée entre les patients hémodialysés et sous dialyse péritonéale,
les valeurs sont de 6%±2 et 7%±0,5, respectivement.
Acide urique
800
700
600
µmol/L 500
400
300
200 *** ###
100
0

IRC HD DP

Fer

120 *** ###

100

80
µmol/L

60

40

20

0
IRC HD DP

Bilirubine

16
14
12
10
µmol/L

8
6
4
2
0
IRC HD DP

Figure 17 : Teneurs sériques en acide urique, fer et bilirubine chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés.

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC # HD versus DP ***### p<0,001
Catalase érythrocytaire

5
4,5
4
3,5
mmol/mL

3
2,5
2 **
1,5
1 **
0,5
0
IRC HD DP

Superoxyde dismutase

100
90
80
% d'inhibition

70
60
50
40
30
20 ** ***
10
0
IRC HD DP

Figure 18 : Activité de la catalase érythrocytaires et de la superoxyde dismutase (SOD)


sérique chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP),
comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés.

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison des deux moyennes est
effectuée par le test « t » de Student. ** p<0,01 *** p<0,001
DISCUSSION
L’objectif de ce travail est d’évaluer l’effet de l’hémodialyse et de la dialyse péritonéale
sur la peroxydation lipidique et protéique, la défense antioxydante et les marqueurs de
l’inflammation chez des patients atteints d’insuffisance rénale chronique.

Cette étude est menée chez 30 patients IRC, 10 patients traités par hémodialyse (HD)
depuis 1 à 5 ans, à travers une membrane polysulfone et un dialysat au bicarbonate et 10
patients traités par dialyse péritonéale (DP) depuis 3 à 48 mois avec un dialysat au lactate,
comparés à 10 patients en IRC sévère non dialysés.

L’hypertriglycéridémie est une anomalie courante chez l’IRC, dans cette étude nous
notons que les IRC non dialysés présentent une hypertriglycéridémie. En effet les
concentrations en triglycérides sont de 3,11±1,08 mmol/L chez les IRC non dialysés comparés
aux valeurs usuelles (2,2 mmom/L) (Guinchard-Foulon et al., 2003) et aux témoins de l’ouest
algérien (1,5± 0,05 mmol/L) (Mekki et al., 2003). D’autre part, cette étude montre que
l’hémodialyse et la dialyse péritonéale entrainent une diminution de l’hypertriglycéridémie, les
valeurs sont inferieures à celles notées par Mekki et al., (2004) chez des hémodialysés de
l’ouest algérien, dialysés à travers une membrane cellulosique et un dialysat acétate. Cela peut
s’expliquer par une meilleure compatibilité et perméabilité des membranes en polysulfone,
supérieure à celle des membranes cellulosiques (Trachsler & Ambühl., 2009). De même, les
valeurs de triglycérides notées chez les DP sont plus faibles que celles retrouvées dans l’étude
de Bekada et al., (2008) chez des patients IRC sous dialyse péritonéale depuis 3 à 38 mois.
Dans cette étude, les patients IRC non dialysés et hémodialysés présentent une
hypercholestérolémie. Les valeurs sont de 6,02±2,48 et 6,82±1,29 mmol/L, respectivement,
chez les IRC et HD, comparé à 4,70±1,57 chez les DP et à la valeur usuelle de 5,2 mmol/L
(Guinchard-Foulon et al., 2003). Les concentrations sériques en CT sont plus faibles chez les
DP comparés aux HD. Ce qui n’est pas corrélé aux résultats de l’étude de Moberly., (2002) qui
montre une augmentation du taux de cholestérol total et C-LDL chez les patients sous DP,
comparés avec des patients traités par HD. Les données de la littérature sur les valeurs du
cholestérol total chez l’IRC varient en fonction des populations, elles rapportent une
diminution, parfois une augmentation ou des teneurs sériques normales (Kimak et al., 2006).
Par ailleurs, Johansson et al., (2002) ont montré que les patients dialysés sur membrane en
polysulfone, polyamide et triacétate de cellulose haute perméabilité pendant 12 mois avaient un
meilleur profil lipidique, une diminution des triglycérides et du cholestérol associée à une
augmentation du cholestérol-HDL.
Les teneurs élevées en cholestérol total s’expliquent par l’augmentation des teneurs en C-LDL,
notamment chez les HD (3,76±0,27mmol/L). Il est admis que les valeurs de C-LDL doivent
être <3,4 mmol/L (Guinchard-Foulon et al., 2003).

Cette étude montre que les valeurs du C-HDL, Apo AI et Apo B sont similaires chez
tous les patients. L’étude de Mekki et al., (2004) a montré que les teneurs en C-HDL sont
normales chez les hémodialysés depuis 1 à 10 ans, mais tendent à diminuer avec
l’augmentation de la durée de l’hémodialyse. Kimak et al., (2006) n’ont trouvé aucune
différence significative des concentrations sériques en C-HDL et apo A-I chez des patients IRC
non dialysés et ceux traités par HD à travers une membrane polysulfone, un dialysat
bicarbonate et ceux traités par DP avec une solution de 1,36% ou 3,86% de glucose.

Des études telles que celle de Framingham a montré que le rapport cholestérol
total/cholestérol-HDL et cholestérol total/cholestérol-LDL constituent un meilleur critère
d’évaluation prédictif du risque cardiovasculaire que la seule donnée du cholestérol total ou du
cholestérol des LDL. Dans notre étude, nous notons que les patients IRC non dialysés
présentent un risque athérogène dû à une augmentation du rapport CT/C-HDL comparé à la
valeur normale (>4,85). Cependant, la valeur de ce rapport diminue chez les patients HD
(4,88±0,73) et DP (2,27±0,48) comparés aux IRC non dialysés (7,37±1,36).

En plus de la dyslipidémie, la mortalité cardiovasculaire chez l’IRC est prédite à la fois


par l’hypoalbuminémie et par l’élévation des protéines de la phase aigue (Yeun et al., 2000).
L'inflammation est de plus en plus reconnue comme une cause importante, et peut être même la
principale cause de l’hypoalbuminémie chez les IRC.
Dans cette étude, les patients hémodialysés et sous dialyse péritonéale présentent des teneurs
sériques en protéines totales comparables à celles des IRC non dialysés, ces résultats
concordent avec ceux de la littérature (Dirican et al., 2007). Cependant, comparés aux patients
hémodialysés, les patients sous DP présentent des teneurs sériques en protéines totales plus
faibles. La perte protéique en dialyse péritonéale peut dépasser 10 à 15 g/jour, cette perte
protéique péritonéale est considérée comme responsable de la dyslipidémie en DP (Moberly et
al., 2002). Un problème majeur de la dialyse péritonéale est celui des altérations de la
membrane péritonéale et de ses capacités de transport, dont est responsable en partie la
composition non physiologique des liquides de dialyse conventionnels. Leur concentration très
élevée en glucose, leur pH bas et le lactate comme substance tampon en sont responsables
(Trachsler & Ambühl, 2009). Le glucose pose un problème particulier, lequel à pH bas est
partiellement métabolisé en produits de dégradation du glucose «glucose degradation products»
(GDP). Ces derniers peuvent altérer les protéines organiques (Trachsler & Ambühl, 2009).
Les complications en DP sont dominées par les infections péritonéales, les dysfonctionnements
du cathéter et les pertes d’ultrafiltration pouvant imposer un transfert en hémodialyse
(Rychelynck et al., 2003).

Cette étude montre que les patients sous hémodialyse et dialyse péritonéale ont des
teneurs plus élevées en albumine que ceux non dialysés. Les teneurs sont de 32,95±3,25;
49,78±11,18 et 44,50±6,07 g/L, respectivement chez les IRC non dialysés, HD et DP. Il est
établi que l’hypoalbuminémie est le plus fort prédicteur de mortalité et morbidité chez les IRC
(Bach-Ngohou et al., 2004; Kimak et al., 2006). La mortalité chez les patients hémodialysés
ayant un taux d’albumine <35 g/L est 22- fois plus élevée comparés aux patients ayant des
concentrations de 40 à 45 g/L (Danielski et al., 2003). Une diminution de l’albumine sérique
est corrélée avec la perte péritonéale en albumine en plus de marqueurs d’inflammation chez
les patients DP (Prinsen et al., 2003).

La mesure de la protéine C-réactive permet de renseigner sur le taux d’inflammation, il


faut viser un résultat <1,0 mg/L sur les tests ultrasensibles et 5,0 mg/L sur les tests traditionnels
moins sensibles (Haidari et al., 2001). Les teneurs en protéine C réactive sont similaires chez
tous les IRC et HD. Kaysen, (2000) a démontré que les patients hémodialysés ont des
concentrations sériques normales de CRP. Alors que les DP présentent un état inflammatoire.
Dans l’étude de Prinsen et al., (2003), la valeur de la CRP était normale et similaire chez les
patients IRC pré-dialytiques et les DP. Il ressort que les IRC hémodialysés étudiés et ceux sous
dialyse péritonéale ne présentent pas de signes d’inflammation, comparés aux IRC non
dialysés.

Plusieurs travaux récents admettent qu'un stress oxydant est associé à l’IRC, il est lié à
une surproduction de radicaux libres et une diminution de la défense antioxydante. Ce stress
oxydant est responsable de la peroxydation des macromolécules telle que les lipides, les
protéines et l’ADN entraînant des lésions importantes. Des études cas-témoins menées chez des
patients insuffisants rénaux chroniques ont mis en évidence une augmentation de la
peroxydation lipidique au niveau sérique et au niveau des LDL, ainsi qu'une augmentation des
teneurs en carbonyles et oxyde nitrique et une diminution de l'activité des enzymes
antioxydantes, catalase, superoxyde dismutase, glutathion peroxydase et glutathion réductase
au niveau erythrocytaire (Dakshhinamurty et al., 2002; De Deyn et al., 2003; Lucci et al.,
2005; Pawlak et al., 2006; González Rico et al., 2006; Dirican et al., 2007).

Ce travail met en évidence une diminution du taux de substances réagissant avec l’acide
thiobarbiturique (TBARS) chez les patients sous dialyse péritonéale alors que ces teneurs ne
varient pas chez les patients sous hémodialyse. La diminution de la peroxydation lipidique chez
les patients sous dialyse péritonéale est associée à une diminution de la peroxydation lipidique
au niveau des VLDL et HDL2. De même, malgré que les teneurs sériques en TBARS ne varient
pas chez les hémodialysés, une diminution significative de leur teneur est aussi notée au niveau
des VLDL et HDL2. L'attaque des lipides peut concerner les phospholipides membranaires en
modifiant la fluidité de la membrane et donc le fonctionnement de nombreux récepteurs et
transporteurs et la transduction des signaux et les lipides circulants aboutissant à la formation
de LDL oxydées qui, captées par des macrophages, formeront le dépôt lipidique de la plaque
d’athérome (Favier., 2003).
D’autre part, cette étude montre que les concentrations sériques en dérivés carbonylés sont
augmentées chez les patients sous hémodialyse et sous dialyse péritonéale, témoignant d’une
peroxydation protéique, qui est plus accentuée chez les patients sous dialyse péritonéale.

La formation des carbonyles constitue un marqueur précoce de l'oxydation des protéines


(Favier., 2003). En pratique, la mesure des carbonyles protéiques se fait par réaction avec la
2,4-dinitrophénylhydrazine (DNPH). L'avantage de ce marqueur est sa relative stabilité par
rapport aux marqueurs d'oxydation des lipides (Davies., 2001).

Les protéines peuvent subir une oxydation de leurs acides aminés les plus sensibles à
l'oxydation, tels que le tryptophane, la cystéine, la phénylalanine, la méthionine, la valine, la
tyrosine. Les modifications peuvent aller de l'oxydation d'un seul résidu aminoacide, à la
fragmentation ou la dénaturation complète de la protéine. L'oxydation modérée des protéines
entraîne une augmentation de leur hydrophobicité et favorise leur catabolisme par le
protéasome, une oxydation intense engendre des produits insolubles résistants à la protéolyse
(Annuk et al., 2003).

D’autre part, dans cette étude les concentrations sériques en monoxyde d’azote sont
augmentées chez les patients HD. Le monoxyde d’azote, une espèce radicalaire dérivant de
l’oxygène par des réductions à un électron est utilisé par l’organisme comme médiateur
régulant la vasodilatation capillaire. Il présente deux avantages majeurs: Il exerce une action
vasodilatatrice remarquable (augmentation du diamètre des vaisseaux sanguins) permettant une
irrigation sanguine optimale des fibres musculaires. Il agit en tant qu'agent de signalisation
cellulaire, en donnant l'ordre d'activer la synthèse protéique (Favier., 2003). Il est synthétisé, à
partir de l'arginine par deux classes d'enzymes (NO synthétases), dont l'activité est stimulée par
l'ischémie. Il contribue alors à la toxicité cellulaire après liaison à l'anion superoxyde pour
former un peroxynitrite.
Le NO a une fonction prépondérante en physiologie rénale. Il module le flux sanguin rénal par
son action vasodilatatrice et contre régule la vasoconstriction induite par l'angiotensine II en
inhibant la sécrétion de rénine. Il régule l'excrétion d'eau et de sodium en augmentant le flux
sanguin rénal et en inhibant la réabsorption tubulaire du sodium. La diminution du monoxyde
d’azote (NO) apparaît comme l’un des déterminants les plus importants de la dysfonction
endothéliale. Cependant, son augmentation peut également engendrer un stress oxydatif
extracellulaire (Guérin et al., 2007).

Les résultats obtenus mettent en évidence l’existence d’un stress oxydant chez les
patients hémodialysés et sous dialyse péritonéale. Au contraire de nos résultats, quelques
données de la littérature rapportent que l’hémodialyse accentue la peroxydation lipidique par
une élévation des TBARS sériques (Morena et al., 2002, Dirican et al., 2007). D'autres études
ont montré que les LDL des patients sous dialyse péritonéale sont plus résistantes à l'oxydation
des lipides que celles des hémodialysés ou des IRC non dialysés (Lucchi et al., 2005).
Le stress oxydant chez le patient dialysé met en jeu des composantes liées à l’insuffisance
rénale par le biais des toxines urémiques et des composantes liées aux circuits de dialyse et
notamment la biocompatibilité des membranes et la qualité du bain de dialyse. Il est admis que
chaque séance de dialyse majore la production d’oxydants chez des sujets ayant un déficit
chronique en antioxydants. L’urémie comporte entre autres troubles métaboliques une
altération complexe et majeure de la production des substances réactives de l’oxygène. Les
polynucléaires neutrophiles de sujets IRC sont, à l’état basal, dans un état de pré-activation
constante pour la production d’O2°- par la poussée respiratoire (Morena et al., 2002).
Le type de la membrane d’HD est un des principaux facteurs responsables de l’hémo
incompatibilité du circuit extracorporel d’HD. La membrane de dialyse contribue fortement à
la production d’oxydants lors des séances de dialyse. En effet, les membranes cellulosiques, en
particulier le cuprophane, sont dites « activatrices » du complément, induisent une production
de ERO par les monocytes et les polynucléaires neutrophiles dès la 15e minute. Ce phénomène
est considérablement réduit avec les membranes synthétiques (Morena et al., 2002). Ces
données concordent avec nos résultats en absence d’une augmentation de la peroxydation
lipidique induite par l’urémie.
Le bicarbonate de sodium utilisé comme liquide de dialyse est étroitement lié aux réactions
pyrogéniques survenant lors des séances de dialyse et favorise la prolifération des bactéries. Par
ailleurs, la généralisation des maîtriseurs d’ultrafiltration a favorisé la rétrofiltration et/ou la
diffusion du dialysat vers le compartiment sanguin, augmentant ainsi les risques liés à la
contamination microbiologique du dialysat. Ce dernier phénomène est fortement impliqué
dans l’hémocompatibilité du système de dialyse. En effet, l’activation des systèmes cellulaires
et moléculaires induite par la membrane est amplifiée par les contaminants bactériens du
dialysat. Ces microorganismes libèrent différentes substances ayant une « activité d’induction
des cytokines» et sont capables de stimuler directement la production d’ERO par les
neutrophiles (Guebre-Egziabher & Fouque ., 2003).
Le plasma humain est riche en antioxydants de petite taille de type hydrophobe tels que
l’acide urique qui résulte du métabolisme des purines et la bilirubine qui est un produit du
catabolisme de l'hémoglobine transportée dans le plasma, liée à l'albumine sérique (Pincemail
et al., 1999). Chez les patients hémodialysés, les concentrations sériques en acide urique sont
diminuées alors que celles en fer sont élevées. La détermination du fer sérique donne
d’excellentes indications sur l’état de stress oxydatif des patients. Le fer joue un rôle capital
dans l’initiation et la propagation des réactions radicalaires en permettant la formation de
radicaux hydroxyles (OH˚). Le fer catalyse aussi la décomposition des lipides peroxydés
(ROOH) en les transformant en radicaux alkoxyle (RO˚) et peroxyle (ROO˚) qui amplifient le
processus de peroxydation lipidique (Pincemail et al., 2000). Girodon., (1997) ont observé
que dans des conditions physiologiques, la transferrine possède une capacité de fixation
importante du fer vu qu’elle est saturée à ≈ 30% avec ce métal de transition et qu’il est
impossible de trouver du fer libre (à l’état actif) chez le sujet sain. En situation pathologique, le
fer peut être libéré de ses protéines de transport (ferritine, lactoferrine et transferrine) sous
l’action d'espèces réactives à l'oxygène (ERO) et se retrouver dans le sang sous une forme libre
capable d’initier des réactions radicalaires (Favier., 2001, Beauvieux et al., 2002).
Les principales enzymes capables de détruire le peroxyde d’hydrogène (H2O2) sont les
catalases à cofacteur fer, présentes dans les hématies et les peroxysomes hépatiques, et les
glutathions peroxydases à cofacteur sélénium (Ganther., 2000). Dans cette étude, l’activité de
la catalase érythrocytaire est diminuée chez les patients hémodialysés et ceux sous dialyse
péritonéale. L’activité de la superoxyde dismutase sérique exprimée en pourcentage du taux
d’inhibition de la xanthine oxydase, laquelle génère les radicaux superoxydes (O2°¯) est
significativement augmentée chez les HD et DP comparés aux IRC non dialysés. Les SOD sont
capable d’éliminer l’anion superoxyde par une réaction de dismutation, formant avec deux
superoxydes une molécule d’oxygène et une molécule de peroxyde d’hydrogène (Favier.,
2003). Pincemail et al., (2000) ont montré qu'une augmentation de l'activité des enzymes
antioxydantes est observée uniquement en réponse à un mécanisme d'adaptation au stress
oxydatif. Les superoxydes dismutases existent sous plusieurs formes dont la structure
d’ensemble est très bien conservée lors de l’évolution, formant un puits hydrophobe au centre
de la protéine dans lequel se glisse l’anion superoxyde (O2°¯) (Zelko et al., 2002).
Cette étude montre que l’hémodialyse et la dialyse péritonéale altèrent la défense antioxydante
chez l’IRC. Il a été montré que la diminution de l’activité des enzymes antioxydantes peut être
liée à des modifications de la structure des protéines causées par les modifications oxydatives
des acides aminés et/ou de réactions de carbamylation et glycation. Il peut être déduit, que la
peroxydation protéique notée chez les sujets étudiés serait responsable de l’altération de
l’activité de la catalase.
L’hémodialyse est une technique non sélective qui élimine les solutés en fonction de leur poids
moléculaire, du coefficient de tamisage de la membrane et de la capacité d’adsorption de
certaines protéines à la surface de la membrane. De ce fait, l’HD et plus particulièrement les
modalités d’épuration extra-rénale qui utilisent des membranes hautement perméables
permettent une épuration des toxines urémiques mais favorisent la perte d’autres molécules
essentielles, en particulier les antioxydants.
L’HD conventionnelle majore profondément les perturbations des mécanismes de défense
antioxydante. Les pertes d’antioxydants hydrophiles comme la vitamine C, d’éléments à l’état
de traces ou encore de composés régulateurs au cours des séances d’HD amplifient les troubles
des systèmes enzymatiques et des antioxydants hydrophiles engendrés par l’urémie.
CONCLUSION
L’objectif de ce travail est d’évaluer l’effet de l’hémodialyse et de la dialyse péritonéale
sur la peroxydation lipidique et protéique, la défense antioxydante et les marqueurs de
l’inflammation chez des patients atteints d’insuffisance rénale chronique.

L’étude est menée chez des patients hémodialysés depuis 1 à 5 ans, à travers une
membrane polysulfone et un dialysat au bicarbonate et des patients sous dialyse péritonéale
depuis 3 à 48 mois, 4 fois/ jour avec un dialysat au lactate.

En dépit du faible échantillonnage qui constitue le facteur limitant de cette étude il


ressort que l’hémodialyse et la dialyse péritonéale entrainent une diminution de
l’hypertriglycéridémie mais n’ont pas d’effet sur l’hypercholestérolémie chez le patient IRC.
L’hémodialyse comme la dialyse péritonéale diminuent le rapport CT/C-HDL, n’affectent pas
le C-HDL, l’apo A-I et B. Cependant, l’hémodialyse augmente les teneurs sériques en C-LDL
et phospholipides.

Les patients sous hémodialyse et dialyse péritonéale ne présentent pas de signes


d’inflammation en absence d’une hypoalbuminémie et d’aune augmentation des teneurs en
protéine C.

Ce travail met en évidence une diminution du taux de peroxydation lipidique au niveau


sérique chez les patients sous dialyse péritonéale, associée à une diminution au niveau des
VLDL et HDL2. De même, malgré que l’hémodialyse n’a pas d’effets sur le taux de TBARS
sérique, une diminution de la peroxydation lipidique est notée au niveau des VLDL et HDL2.

D’autre part, cette étude montre que les concentrations sériques en dérivés carbonylés
sont augmentées chez les patients sous hémodialyse et sous dialyse péritonéale, témoignant
d’une peroxydation protéique, qui est plus accentuée chez les patients sous dialyse péritonéale.
Alors que les concentrations sériques en monoxyde d’azote sont augmentées seulement chez
les patients sous hémodialyse.

L’analyse de la défense antioxydante montre que les teneurs en acide urique et en fer,
sont respectivement diminuées et augmentées chez les hémodialysés alors que les
concentrations en bilirubine ne sont pas affectées par l’hémodialyse et la dialyse péritonéale.
L’activité de la catalase érythrocytaire est diminuée chez les patients hémodialysés et
ceux sous dialyse péritonéale alors que l’activité de la superoxyde dismutase sérique est
augmentée chez les HD et DP.

En conclusion, les patients IRC traités par hémodialyse et par dialyse péritonéale depuis
3 mois à 5 ans présentent un stress oxydant dû à une augmentation de la peroxydation protéique
et du taux d’oxyde nitrique ainsi qu’une diminution de la défense antioxydante.

Ces anomalies représentent un facteur de risque cardiovasculaire important pouvant


contribuer aux complications à long terme du dialysé en provoquant une réaction inflammatoire
favorisant une athérogenèse accélérée.

Cette étude doit être complétée par une augmentation de l’échantillon dans chaque
groupe ainsi que par l’analyse d’autres marqueurs de l’inflammation chez l’IRC, tels que, le
fibrinogène, l’hémoglobine, la ferritine, la transferrine et l’homocystéine. L’exploration du
statut antioxydant doit être complétée par l’analyse de l’activité glutathion peroxydase et
d’autres antioxydants non enzymatiques tels que, la vitamine C, A et E, le Zinc et le sélénium.
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ANNEXES
Tableau IX: Age, poids, taille, tour de taille et indice de masse corporel chez les patients traités par
hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants
rénaux chroniques (IRC) non dialysés.
Populations Age Poids Taille Tour de taille IMC
(ans) (kg) (m) (cm) (P/T²)

IRC
Clairance en
mL/min/1,73m² : 61±13 71,5±8,07 1,62±0,07 88±10 27±3

Cl = 33±12

HD 36±12 56,71±13,87 1,63±0,07 79±14 21±4


* **

DP 40±8 65,87±18,22 1,69±0,08 87±16 23±5


### #

Tableau X: Teneurs sériques en protéines totales, en albumine et CRP chez les


patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants
rénaux chroniques (IRC) non dialysés.
Protéines totales Albumine CRP
(g/L) (g/L) (mg/L)

IRC 75 ±16 32,95±3,25 négatif

HD 77±12 49,78±11,18 négatif


***

DP 63±12 44,50±6,07 <6


## ***

Les valeurs représentent la moyenne ± erreur standard. La comparaison entre les deux
moyennes est effectuée par le test « t » de Student.
* HD & DP versus IRC # HD versus DP *** p<0,001 ## p<0,01
Tableau XI: Teneurs sériques en triglycérides, cholestérol total, phospholipides cholestérol-
HDL, cholestérol-LDL, apolipoprotéine A -I et apo B chez patients traités par hémodialyse
(HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux chroniques (IRC) non
dialysés

Triglycérides Cholestérol total (mmol/L) Phospholipides


(mmol/L) (mmol/L)

IRC 3,11±1,08 6,02±2,48 4,1±1,6

HD 1,48±0,62 6,82±1,29 8,5±0,8


** ***

DP 1,7±0,42 4,7±1,57 4,7±1,7


** ## ###

C-HDL C-LDL Apo A –I Apo B


(mmol/L) (mmol/L) (g/L) (g/L)

1,29±0,94 2,25±0,62 1,07±0,53 0,34±0,05

1,09±0,41 3,76±0,27 1,11±0,14 0,27±0,07


** #

1,07±0,53 2,35±0,98 0,89±0,48 0,30±0,04


Tableau XII: Teneurs en substances réactives à l’acide thiobarbituriqe (TBARS) au niveau
sérique et au niveau des différentes fractions de lipoprotéines (VLDL, LDL, HDL2 et HDL3)
chez les patients traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux
insuffisants rénaux chroniques (IRC) non dialysés

TBARS sériques VLDL LDL HDL2 HDL3


(µmol/L) (MDA µmol/mL) (MDA µmol/mL) (MDA µmol/mL) (MDA µmol/mL)

IRC 0,12±0,05 0,55±0,02 0,057±0,002 0,09±0,01 0,196±0,174

HD 0,13±0,09 0,10±0,05 0,055±0,023 0,047±0,008 0,105±0,070


* *
DP
0,08±0,03 0,026±0,014 0,052±0,014 0,023±0,023 0,231±0,049
* # * *#

Tableau XIII : Teneurs sériques en dérivés carbonylés, monoxyde d’azote, acide urique, fer,
bilirubine, activité de la superoxyde dismutase et de la catalase érythrocytaire chez les patients
traités par hémodialyse (HD) et dialyse péritonéale (DP), comparés aux insuffisants rénaux
chroniques (IRC) non dialysés.

Carbonyles sériques Monoxyde d’azote sérique


(nmol/mg de proteine) (µmol/L)

IRC 0,3±0,16 22,53±7,24

HD 0,92±0,27 30,57±8,72
* *

DP 1,90±0,58 20,52±1,58
** ##
Acide urique Fer Bilirubine
(µmol/L) (µmol/L) (µmol/L)

513,94±171,61 33,08±17,71 6,29±2,60

82,09±66,07 99,17±13,53 5,01±0,60


*** ### *** ###

549,63±167,25 40,59±3,07 8,39±6,76

Catalase érythrocytaire (mmol/mL de lysat) Superoxyde dismutase


(% d’inhibition)
2,97±1,40 2% ± 0,3

6% ± 2
0,74±0,40 **
**
7% ± 0,5
0,41±0,15 ***
**
SUMMARY

The aim of this study was to evaluate the effect of hemodialysis (HD) and peritoneal
dialysis (PD) on lipid and protein peroxidation, antioxidant defense and inflammation markers
in chronic renal failure (CRF) patients.
The study was conducted among 30 CRF patients, 10 patients (M/W: 4/6, 36 ± 12 years) on
HD since 1 to 5 years through a polysulfone membrane and a bicarbonate dialysate, 10 patients
(M/W : 5/5, 40 ± 8 years) on PD since 3 to 48 months, 4 times per day with a lactate dialysate
and compared to 10 undialyzed patients with severe CRF (M/W : 2/8, 61 ± 13 years).
Triglycerides concentrations (TG) were decreased by (-52%) and (-45%) in HD and PD,
respectively, compared to CRF patients (p <0.01). Total cholesterol (TC) concentrations were
decreased by (-31%) in PD compared to HD (p <0.01), while serum phospholipids (PL) were
increased by (52%) in HD compared to CRF patients (p <0.001). A reduction by (-44%) of PL
concentrations was noted in PD compared to HD (p <0.001). LDL-C was increased by (40%)
in HD compared to CRF patients (p <0.01) and by (37%) compared to PD (p <0.05). values of
HDL-C, apo AI, apo B and LDL-C/ HDL-C, apo AI / apo B ratios were similar in all patients.
However, TC/HDL-C ratio was significantly decreased in HD patients (4.88±0.73) and PD
(2.27±0.48) compared to CRF (7.37 ± 1.36).
Proteins concentrations were decreased by (-18%) in PD compared to HD (p <0.01). Albumin
concentrations were increased by (34%) and (26%) respectively, in HD and PD, compared to
CRF undialyzed patients (p <0.001). While, C-reactive protein were similar among the three
groups of patients.
Thiobarbituric acid reactive substances (TBARS) were lowered by (-33%) in PD patients
compared to CRF and by (-38%) compared to HD. A decrease by (-82%) and (-95%) of
VLDL-TBARS was noted in HD and PD, respectively, compared to CRF (p <0.05).
Concentrations of HDL2-TBARS were decreased by (-48%) and (-74%) in HD and PD,
respectively, compared to CRF patients and this values were more reduced by (-51%) in PD
compared to HD (p <0.05). Serum carbonyls concentrations were increased by (67%) and
(84%) respectively in HD (p <0.05) and PD (p <0.01), compared to CRF patients. These values
were more higher in PD compared to HD (p <0.01). Nitric oxide amounts were increased by
(26%) in HD compared to CRF (p <0.05).
Concentrations in uric acid were decreased in HD compared to CRF (p <0.001) and PD
(p<0.001). Serum iron concentrations was increased in HD patients compared to CRF and PD
(p <0.001) while serum bilirubin levels were similar in all patients.
Erythrocyte catalase activity was decreased by (-75%) and (-86%) in HD patients and PD,
respectively, compared to CRF (p <0.01), while the activity of superoxide dismutase (SOD)
was increased by (67%) and (71%) in HD (p <0.01) and PD (p <0.001), respectively, compared
to CRF patients.
In conclusion, hemodialysis with a polysulfone membrane and a bicarbonate dialysate reduces
hypertriglyceridemia and albuminemia, and does not change hypercholesterolemia generated
by CRF. Hemodialysis and peritoneal dialysis produce a protein peroxidation, an increase in
nitric oxide and a decrease in antioxidant defense. These anomalies represent a major risk for
cardiovascular disease, that may contribute to long-term complications of dialysis, causing an
inflammatory reaction promoting accelerated atherogenesis.

Keywords: Lipid peroxidation - Protein peroxidation - Antioxidant Defense - Inflammation -


Chronic renal failure - Hemodialysis - Peritoneal Dialysis.
RESUME
Le but de cette étude est d’évaluer l’effet de l’hémodialyse et de la dialyse péritonéale sur la
peroxydation lipidique et protéique, la défense antioxydante et les marqueurs de l’inflammation
chez des patients atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC).
Cette étude est menée chez 30 patients IRC, 10 patients (H/F : 4/6; 36±12 ans) hémodialysés
(HD) à travers une membrane polysulfone et un dialysat au bicarbonate depuis 1 à 5 ans, 10
patients (H/F : 5/5 ; 40 ± 8 ans) traités par dialyse péritonéale (DP) 4 fois/ jour depuis 3 à 48
mois, avec un dialysat au lactate, comparés à 10 patients IRC sévère non dialysés (H/F : 2/8 ;
61 ± 13 ans).
Les concentrations sériques en triglycérides (TG) sont diminuées de (-52%) et (-45%) chez les
HD et DP, respectivement, comparés aux IRC (p<0.01). Les concentrations sériques en
cholestérol total (CT) sont diminuées de (-31%) chez les DP comparés aux HD (p<0.01), alors
que les teneurs sériques en phospholipides (PL) sont augmentées de (+52%) chez les HD
comparés aux IRC (p<0.001). Une diminution de (-44%) des teneurs en phospholipides est
notée chez les DP comparés aux HD (p<0,001). Le C-LDL est augmenté de 40% chez les HD
comparés aux IRC (p<0,01) et de 37% comparés aux DP (p<0,05). Les valeurs de C-HDL, apo
AI , apo B, C-LDL/C-HDL, apo AI/apo B sont similaires chez tous les patients. Par ailleurs, la
valeur du rapport d’athérogénicité CT/C-HDL est significativement diminuée chez les patients
HD (4,88±0,73) et DP (2,27±0,48) comparés aux IRC (7,37±1,36).
Les protéines totales sont diminuées de (-18%) chez les DP comparés aux HD (p<0,01). Les
concentrations en albumines sont augmentées de (34%) et (26%) chez les patients HD et DP,
respectivement, comparés aux IRC (p<0,001). Alors que les teneurs sériques en protéine C
réactive sont similaires chez les trois groupes de patients.
Les teneurs sériques en substances réactives à l’oxygène (TBARS) sont diminuées de (-33%)
chez les DP comparés aux IRC et de (-38%) comparés aux HD. Une diminution de (-82%) et (-
95%) des teneurs en TBARS des VLDL est notée chez les HD et DP, respectivement,
comparés aux IRC (p<0,05). Alors qu’au niveau des HDL2, une diminution de (-48%) et (-
74%) des teneurs en TBARS est notée chez les HD et DP, respectivement, comparés aux IRC.
Les TBARS-HDL2 sont diminuées de (-51%) chez les DP comparés aux HD. Les teneurs
sériques en carbonyles sont augmentées de (67%) et (84%) chez les HD (p<0,05) et DP
(p<0,01), respectivement, comparés aux IRC. Ces valeurs sont plus élevées chez les DP
comparés aux HD (p<0,01). Les teneurs en monoxyde d’azote sont augmentées de (26%) chez
les HD comparés aux IRC (p<0,05).
Les concentrations en acide urique sont plus faibles chez les HD comparés aux IRC (p<0,001)
et aux DP (p<0,001). Les teneurs sériques en fer sont augmentées chez les patients HD,
comparés aux IRC et aux DP (p<0,001). Les teneurs sériques en bilirubine sont similaires chez
tous les patients. L’activité de la catalase érythrocytaire est diminuée de (-75%) et (-86%) chez
les patients HD et DP, respectivement, comparés aux IRC (p<0,01). Alors que l’activité de la
superoxyde dismutase (SOD) est augmentée de (67%) et (71%) chez les HD (p<0,01) et DP
(p<0,001), respectivement, comparés aux IRC.
En conclusion, l’hémodialyse à travers une membrane polysulfone et un bain bicarbonate
diminue l’hypertriglycéridémie et l’albuminémie, et ne modifie pas l’hypercolestérolémie
générées par l’IRC. L’hémodialyse et la dialyse péritonéale produisent une peroxydation
protéique et une augmentation du taux d’oxyde nitrique ainsi qu’une diminution de la défense
antioxydante. Ces anomalies représentent un facteur de risque cardiovasculaire pouvant
contribuer aux complications à long terme du dialysé en provoquant une réaction inflammatoire
favorisant une athérogenèse accélérée.
Mots clés : Peroxydation lipidique – Peroxydation protéique – Défense antioxydante –
Inflammation - Insuffisance rénale chronique – Hémodialyse – Dialyse péritonéale.

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