Distillation Continue D'un Mélange Binaire
Distillation Continue D'un Mélange Binaire
Distillation Continue D'un Mélange Binaire
Introduction
La rectification est assimilée à une distillation répétée et concerne les mélanges à séparer
dont les différences de volatilité sont faibles. Par comparaison à une simple distillation, dans la
rectification on ne prélève pas la totalité du distillat, car après condensation, une partie retourne
dans l’appareil effectuant l’opération.
IV.1. Mécanisme de la rectification
Une vapeur, montante, riche en produit volatil, se déplace à contre-courant du liquide
moins riche s’écoulant par gravité, appelé reflux. La vapeur chauffe le liquide dont les éléments
légers se vaporisent, tandis que le liquide refroidit la vapeur dont les éléments lourds se
condensent. À chaque plateau le liquide et la vapeur atteignent la même température par un
échange de matière et de chaleur, ainsi la concentration du produit le plus volatil dans la vapeur
augmente au fur et à mesure que l’on s’élève dans la colonne. Au sommet de celle-ci, les
vapeurs sont condensées. Une partie est prélevée comme distillat, et une autre partie retourne
en tête de la colonne où elle constitue le reflux. Le ou les produits les moins volatils (produit(s)
lourd(s)) s’écoulent au bas de la colonne où ils sont portés à ébullition par un échangeur de
chaleur tubulaire alimenté à la vapeur.
Le liquide qui descend provient d’une part de la charge et d’autre part du reflux liquide renvoyé
en tête de colonne. La vapeur provient de la charge et du rebouilleur dans lequel une partie du
liquide de fond est revaporisée.
Les facteurs influençant la qualité de la séparation des constituants sont :
– le rapport des volatilités des constituants ;
– le taux de reflux dans la colonne ;
– le nombre de plateaux théoriques ;
– le temps de contact (fonction de la hauteur de la colonne) entre liquide et vapeur ;
– l’efficacité du contact liquide-vapeur.
Le reflux définit le terme utilisé pour désigner le mouvement de retour d’un courant de
fluide et, en particulier, de la fraction de distillat qui, dans la rectification, est envoyée à
nouveau, après condensation, dans la colonne. Le taux de reflux R = L/D exprime donc le
pourcentage de liquide ramené en tant que reflux au produit à éliminer ou encore le rapport du
reflux descendant aux vapeurs montant dans la colonne.
Chapitre IV Distillation continue d’un mélange binaire
– la séparation des deux phases est parfaite, c’est-à-dire sans entraînement mécanique d’une
phase dans l’autre.
Ce concept est expliqué par la figure V.2 ; le reflux du plateau supérieur n − 1 est de
concentration Xn – 1 et de température Tn – 1, tandis que la vapeur quittant le plateau n + 1 est
de concentration Yn + 1 et de température Tn+1. Le reflux et les vapeurs, qui ne sont pas en
équilibre, arrivent en contact sur le plateau n de température Tn. Les vapeurs, plus chaudes (Tn
+ 1 > Tn), cèdent de la chaleur au liquide, plus froid (Tn – 1 < Tn), en évaporant ainsi les
constituants plus volatils du liquide, lequel, en même temps, condense une partie des
composants lourds des vapeurs. Suite à ce contact avec échange de chaleur, il résulte un liquide
(reflux) de concentration Xn et des vapeurs de concentration Yn, les deux phases ayant la même
température Tn. Pour que le plateau n soit un plateau théorique, il faut que Xn et Yn
correspondent à l’équilibre thermodynamique liquide – vapeur.
F=W+D
On obtient :
xF − xW
D=F
xD − xW
Chapitre IV Distillation continue d’un mélange binaire
𝑥𝐷 − 𝑥𝐹
𝑊=𝐹
𝑥𝐷 − 𝑥𝑊
𝑉1 = 𝐿0 + 𝐷 = 𝑅𝐷 + 𝐷 = (𝑅 + 1)
Bilan partiel sur le condenseur (total) :
La construction de McCabe et Thiele permet de déterminer, pour une séparation donnée (XF,
XD et XW) :
le nombre minimum d'étages théoriques (NET min à reflux total)
le taux de reflux minimum (Rmin à nombre de plateaux infini)
le nombre d'étages théoriques NET requis pour un taux de reflux R.
Le taux de reflux R est en général choisi tel que 1,2 Rmin < R < 2 Rmin. Il représente un
compromis entre le nombre de plateaux (coût d'investissement) et le taux de reflux (coût
énergétique associé, c-à-d coût de fonctionnement).
La méthode de Mac Cabe et Thiele consiste à considérer que les débits molaires de liquide et
de vapeur dans la colonne sont constants, ce qui implique que :
Ln+1 =L n= Ln-1=…………..=L
Vn+1 =V n= Vn-1=…………=V
L’n+1 =L’ n= L’n-1=…………..=L’
V’n+1 =V’ n= V’n-1=…………=V’
séparation est déterminé par la construction de McCabe et Thiele à reflux total, qui consiste à
tracer des escaliers (ou étages) entre la courbe d'équilibre et la bissectrice, de xw à xD.
Remarque : on peut partir de xw ou de xD. Le nombre d'étage théorique déterminé est en général
arrondi au nombre entier immédiatement supérieur. Il comprend le bouilleur qui compte pour
un plateau théorique.
Figure IV.3. Détermination du nombre d’étages théoriques (à reflux total) par la méthode de
Mac Cabe et Thiele.
Pour réaliser une séparation donnée en rectification continue Soit à séparer par rectification
continue un mélange de deux constituants de titre molaire x F en un résidu de titre molaire xw et
un distillat de titre molaire xD. Le taux de reflux minimum pour réaliser cette séparation est
déterminé par l'ordonnée à l'origine de la droite passant par les points suivants :
le point (xD , xD), situé sur la bissectrice
le point de la courbe d'équilibre ayant pour abscisse xF
Cette ordonnée, déterminée graphiquement, vaut 𝑦𝑚𝑖𝑛= 𝑥𝐷 , ce qui permet d'en déduire
𝑅𝑚𝑖𝑛 +1
Rmin.
Chapitre IV Distillation continue d’un mélange binaire
Figure IV.4. Détermination du reflux minimum par la méthode de Mac Cabe et Thiele.
Bilan partiel :
Vn+1.yn+1 = Ln xn + D xD (**)
D’où :
Chapitre IV Distillation continue d’un mélange binaire
𝐿𝑛 𝐷
𝑦𝑛+1 = 𝑥𝑛 + 𝑥
𝐿𝑛 + 𝐷 𝐿𝑛 + 𝐷 𝐷
Ou bien :
𝐿 𝐷
𝑦𝑛+1 = 𝑥𝑛 + 𝑥
𝐿+𝐷 𝐿+𝐷 𝐷
𝑥𝐷
Ordonnée à l’origine =
𝑅+1
Zone d’épuisement
Nous pouvons effectuer un calcul analogue dans la section d'épuisement de la colonne
(en dessous de l'alimentation) en délimitant un système formé par les plateaux m au rebouilleur
de la colonne.
Bilan global :
𝐿′𝑚+1 = 𝑉′𝑚 + 𝑊
Bilan partiel :
′
𝐿′𝑚+1 ′ 𝑊
𝑦𝑚 = ′ 𝑥𝑚+1 − ′ 𝑥𝑤
𝑉𝑚 𝑉𝑚
′
𝐿′𝑚+1 ′ 𝑊
𝑦𝑚 = ′ 𝑥𝑚+1 − ′ 𝑥𝑤
𝑉𝑚 𝑉𝑚
Chapitre IV Distillation continue d’un mélange binaire
′
𝐿′𝑚+1 ′
𝑊
𝑦𝑚 = ′ 𝑥𝑚+1 − ′ 𝑥
𝐿𝑚+1 − 𝑊 𝐿𝑚+1 − 𝑊 𝑤
′
𝐿′ ′
𝑊
𝑦𝑚 = ′ 𝑥𝑚+1 − ′ 𝑥
𝐿 −𝑊 𝐿 −𝑊 𝑤
′
𝑟 ′
𝑥𝑤
𝑦𝑚 = 𝑥𝑚+1 −
𝑟−1 𝑟−1
𝑟
De coefficient directeur (pente) = 𝑟−1
Enfin, le nombre d'étages théoriques NET pour un taux de reflux fixé R en rectification
continue, avec alimentation en liquide bouillant : Soit à séparer par rectification continue un
mélange de deux constituants de titre molaire xF en un résidu de titre molaire xw et un distillat
de titre molaire xD, à un taux de reflux fixé R. Le nombre d'étages théoriques permettant cette
séparation est donnée par la construction de McCabe et Thiele s'appuyant sur la courbe
d'équilibre et les droites opératoires suivantes :
De xD à xF, sur la droite opératoire d'enrichissement passant par le point (xD , xD ) et
coupant l'axe des ordonnées en xD /(R+1)
De xF à xW, sur la droite opératoire d'épuisement passant par le point (xw , xw ) et coupant
la droite d'enrichissement en x= xF.
Chapitre IV Distillation continue d’un mélange binaire
Figure IV.5. Détermination du nombre d’étages théoriques à reflux fixé par la méthode de
Mac Cabe et Thiele.
Dans l’exemple représenté par cette figure (IV.5), Le nombre d'étage théorique est en général
arrondi au nombre entier immédiatement supérieur. Il comprend le bouilleur qui compte pour
un plateau théorique (ici NET = 5 + bouilleur = 6).
Droite d’alimentation
La distribution de l’alimentation se fait selon les conditions thermodynamique (figure IV.6).
L’alimentation peut être :
Un liquide à son point de bulle (saturé), le débit introduit descend dans la zone
d’épuisement.
Un mélange liquide- vapeur, le débit se répartit dans chacune des zones.
Vapeur à son point de rosée (saturée), tout le débit introduit monte dans la zone de
rectification.
Une vapeur surchauffée, elle monte et entraîne une vaporisation d’une partie du liquide.
Chapitre IV Distillation continue d’un mélange binaire
Si on considère que (x, y) est le point d’intersection entre les deux droites opératoires de
rectification (équation **) et d’épuisement (équation ***).
V. y = Lx + D xD
𝑉′ 𝑦 =𝐿′ 𝑥 − 𝑊𝑥𝑤
(𝐿−𝐿′ ) 𝐹
𝑦 = 𝑥 (𝑉−𝑉 ′ ) + 𝑥𝐹 (𝑉−𝑉 ′ ) (****)
𝐿′ − 𝐿
𝐿′ = 𝐿 + 𝑞𝐹 ↔ 𝑞=
𝐹
On a aussi
𝑉 − 𝑉′
𝑉 = 𝑉 ′ + (1 − 𝑞 ) 𝐹 ↔ (1 − 𝑞 ) =
𝐹
𝑞
Cette équation est, appelée « q-line », une droite de pente passe par le point (xF, xF) et le
𝑞−1
Remarque
Si l’alimentation n’est pas à son point de bulle, il est commode d’utiliser la droite « q-line pour
la construction de Mac-Cabe et Thiele.