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CHAPITRE 1

LES ÉPREUVES : COMMENTAIRE,


DISSERTATION, INVENTION,
QUESTION SUR CORPUS

Présentation générale : définition, objectifs, critères


d’évaluation
Fiche 1
Le commentaire

Qu’est-ce que le commentaire ?


L’épreuve de commentaire est l’une des trois épreuves que le candidat peut choisir à
l’Épreuve Anticipée de Français, outre les épreuves de dissertation et d’invention, après
la question sur corpus de textes. Le commentaire porte sur l’un des textes figurant
dans le corpus de textes donné à l’épreuve.
Le commentaire consiste à rédiger l’étude personnelle d’un texte de façon structurée
et argumentée. À partir de l’analyse personnelle du texte donné à commenter, vous
devez proposer une explication ordonnée des enjeux du texte, des intentions de son
auteur, des effets produits sur le lecteur. Il faut donc expliquer ce que l’auteur dit dans
son texte, comment il le dit et pourquoi il le dit : donc, n’oubliez jamais les questions
clés qui pourront vous guider lors de votre étude : quoi ? comment ? pourquoi ?
C’est un projet personnel de lecture reposant sur des relevés analysés ; autrement
dit, vous devez faire un va-et-vient incessant entre ce que vous lisez, le texte, sa formu-
lation, ses procédés, et ce que vous pouvez en dire, l’analyse des effets produits sur le
lecteur, l’interprétation des objectifs de l’auteur.

Quels sont les critères d’évaluation du commentaire ?


L’évaluation porte sur 16 points en série générale et sur 14 points en série techno-
logique ; elle se fonde sur les critères suivants :
– formuler une interprétation valide et ordonnée du texte ;
– argumenter les choix de lecture et les interprétations ;
– faire des références au texte, justifiées, commentées dans le sens de l’interpré-
tation globale du texte ;
– éviter la paraphrase (ne pas redire avec ses propres mots ce que l’auteur écrit
dans son texte, sans analyse ni interprétation, donc sans commenter) ;
– éviter le collage de citations non analysées ;
– éviter l’analyse juxtalinéaire (ligne par ligne ou paragraphe par paragraphe, au
fil du texte) ;
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Les épreuves

– s’exprimer dans une langue écrite correcte : les erreurs d’orthographe peuvent être
pénalisées à hauteur de 2 points sur l’ensemble de la copie ; si la compréhension
de la copie est nettement gênée par des erreurs de syntaxe et de vocabulaire, la
pénalisation peut aller jusqu’à 4 points.

Comment votre commentaire se compose-t-il à l’écrit ?


Introduction : 4 étapes, en un seul paragraphe
Présentez l’auteur, son époque, son mouvement littéraire et culturel, l’œuvre dont
est issu le texte à étudier.
Présentez le texte, établissez « sa carte d’identité » : à quel genre littéraire appar-
tient-il ? de quel type de texte s’agit-il ? à quel moment de l’œuvre correspond-il ? quel
est son thème ? que s’y passe-t-il ? quelle est la particularité de ce texte ? quel est son
intérêt ?
Posez la question de problématique qui va permettre de cerner les enjeux du texte
et de formuler le fil rouge guidant tout le commentaire.
Annoncez le plan que votre commentaire va suivre.

Développement : 2 ou 3 grandes étapes


2 ou 3 grandes parties (aussi appelées « axes d’étude ») : chaque partie propose
une idée directrice qui est déjà une réponse partielle à la problématique (on y répond
peu à peu).
Ces parties doivent être progressives, ordonnées du plus évident au plus complexe
ou au plus symbolique.
Une phrase de transition permet de passer d’une partie à l’autre.
Chaque partie forme une argumentation complète et cohérente, montrant en quoi
elle se raccroche à la problématique (notamment dans ses phrases de début et de fin).
Chaque partie contient 2 ou 3 paragraphes (aussi appelés « sous-parties ») qui vont
chacun développer un pan d’analyse du texte.
Chaque « sous-partie » appuie la réflexion sur des relevés textuels analysés et mis
en relation avec ce que l’on veut démontrer.
Les titres des parties et des sous-parties ne doivent pas figurer dans la rédaction
finale de votre devoir.

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Conclusion : 2 étapes, en un seul paragraphe
Faites le bilan de ce que chaque grande partie a démontré, de façon à répondre
clairement à la question de problématique posée en introduction.
Proposez une ouverture destinée à replacer le texte étudié dans un contexte plus
large, par exemple l’œuvre, d’autres œuvres du même genre ou de la même époque,
ou le projet général de cet auteur ou de ses contemporains, bref tout ce qui montre
que cet extrait prend aussi sens dans sa comparaison avec le reste de la littérature et
dans sa relation avec le lecteur.

Comment établir la problématique d’un commentaire ?


Votre étude doit proposer une réponse organisée à une question que vous formulez
face au texte. Cette question est fondamentale car c’est elle qui vous permet de construire
votre étude de façon liée et cohérente, à travers un projet de lecture précis. Elle doit
permettre de déterminer l’enjeu fondamental du passage à étudier, de façon à faire
ressortir ses spécificités et son intérêt. Chacune des parties de votre commentaire doit
apporter un élément de réponse à cette problématique.
On parvient à formuler une problématique seulement après avoir déjà lu le texte
plusieurs fois, après avoir effectué les premiers repérages : quel est le genre auquel le
texte appartient ? de quel type de texte s’agit-il ? qui parle ? à qui ? que se passe-t-il dans
ce passage ? comment le texte progresse-t-il ? quels sont les thèmes qui y dominent ?
quel vocabulaire y prédomine-t-il ? quelles tonalités l’auteur utilise-t-il ? dans quel but ?
quel effet la lecture de ce passage crée-t-elle chez le lecteur ? quelle est la visée du
passage ? quelle est l’intention de l’auteur ?
Après avoir effectué ces premiers repérages lors de multiples lectures, vous devez
ensuite relire une fois le texte de façon très attentive en vous demandant : quel est l’enjeu
de ce passage ? pourquoi ce passage est-il là ? Vous utilisez ensuite les réponses à ces
deux questions comme base pour fabriquer votre problématique. Voici un exemple :
Vous constatez qu’un passage de roman est un dialogue entre deux personnages et
que ce dialogue prend la forme d’une confrontation agitée ; vous constatez aussi
que dans ce dialogue, le but de chacun des deux personnages est d’avoir le dessus
sur l’autre. Vous pourrez donc poser la question suivante : en quoi ce dialogue
est-il le lieu d’une prise de pouvoir des deux personnages ? Vous pouvez même
compléter par une deuxième question : quel est l’enjeu de cette prise de pouvoir ?
Une problématique efficace vous permet d’aborder à la fois le fond et la forme du
texte, pour vous permettre de souligner sa singularité, ce qui fait qu’il mérite en effet
d’être étudié. Mais pour répondre à cette problématique, vous devez veiller à ne jamais
séparer le fond de la forme et à toujours les relier en montrant comment la forme se
met au service du fond et comment le fond met en valeur la forme.

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Les épreuves

ENTRAÎNEZ-VOUS !

Voici plusieurs passages de textes. Pour chacun, formulez une problématique d’étude,
après avoir mené les lectures actives explicitées ci-dessus.

Texte 1
Raymond RADIGUET, Le Diable au corps (incipit), 1923
Je vais encourir bien des reproches. Mais qu’y puis-je ? Est-ce ma faute
si j’eus douze ans quelques mois avant la déclaration de la guerre ? Sans
doute, les troubles qui me vinrent de cette période extraordinaire furent
d’une sorte qu’on n’éprouve jamais à cet âge ; mais comme il n’existe rien
d’assez fort pour nous vieillir malgré les apparences, c’est en enfant que
je devais me conduire dans une aventure où déjà un homme eût éprouvé
de l’embarras. Je ne suis pas le seul. Et mes camarades garderont de cette
époque un souvenir qui n’est pas celui de leurs aînés. Que ceux déjà qui
m’en veulent se représentent ce que fut la guerre pour tant de très jeunes
garçons : quatre ans de grandes vacances.
Nous habitions à F…, au bord de la Marne.
Mes parents condamnaient plutôt la camaraderie mixte. La sensualité,
qui naît avec nous et se manifeste encore aveugle, y gagna au lieu de s’y
perdre.
Je n’ai jamais été un rêveur. Ce qui me semble rêve aux autres, plus
crédules, me paraissait à moi aussi réel que le fromage au chat, malgré
la cloche de verre. Pourtant la cloche existe.
La cloche se cassant, le chat en profite, même si ce sont ses maîtres
qui la cassent et s’y coupent les mains.

Texte 2
Honoré de BALZAC, Le Père Goriot, 1835
Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle sous lequel
pend un tour de faux cheveux mal mis ; elle marche en traînassant ses
pantoufles grimacées. Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle
sort un nez à bec-de-perroquet ; ses petites mains potelées, sa personne
dodue comme un rat d’église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en
harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s’est blottie la spécu-
lation et dont madame Vauquer respire l’air chaudement fétide sans en
être écœurée. Sa figure fraîche comme une première gelée d’automne,
ses yeux ridés, dont l’expression passe du sourire prescrit aux danseuses à

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l’amer renfrognement de l’escompteur, enfin toute sa personne explique la
pension, comme la pension implique sa personne. Le bagne ne va pas sans
l’argousin, vous n’imagineriez pas l’un sans l’autre. L’embonpoint blafard
de cette petite femme est le produit de cette vie, comme le typhus est la
conséquence des exhalaisons d’un hôpital. Son jupon de laine tricotée,
qui dépasse sa première jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate
s’échappe par les fentes de l’étoffe lézardée, résume le salon, la salle à
manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires.
Quand elle est là, ce spectacle est complet.

Texte 3
Charles BAUDELAIRE, « Parfum exotique »
(deux premières strophes), Les Fleurs du mal, 1857

Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automne,


Je respire l’odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone ;

Une île paresseuse où la nature donne


Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne.

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Les épreuves

Fiche 2
La dissertation

Qu’est-ce que la dissertation ?


L’épreuve de dissertation est l’une des trois épreuves que le candidat peut choisir
à l’Épreuve Anticipée de Français, outre les épreuves de commentaire et d’invention,
après la question sur corpus. Elle porte sur les connaissances littéraires du candidat
et sur le corpus de textes donné à l’épreuve.
La dissertation consiste à rédiger une réflexion personnelle, structurée et argumentée,
sur un problème d’ordre littéraire. À partir de l’analyse d’un sujet donné, vous devez
proposer une réflexion ordonnée de ses enjeux, fondée sur des références littéraires
précises prises dans vos connaissances littéraires, dans vos lectures personnelles et
dans le corpus de textes. La dissertation doit aussi s’appuyer sur le corpus de textes
donné lors de l’épreuve, et qui offre bien souvent des exemples variés permettant
d’aborder le sujet selon des angles différents. Cette utilisation des textes du corpus est
obligatoire : chaque texte doit être utilisé au moins une fois comme exemple, au fil de
la dissertation. Après avoir analysé les termes du sujet, vous devrez faire la liste des
textes qui peuvent vous servir. Faire cette liste sous forme de colonnes vous permet
de commencer à organiser votre réflexion. Pensez aux livres que vous avez lus et aux
textes que vous avez étudiés en classe dans vos cours de lettres.
Le sujet se présente sous la forme d’une question, d’une affirmation, d’une citation
d’auteur. Il faut donc réfléchir aux questionnements sous-tendus par le sujet, pour
proposer un avis nuancé et nourri de références, à travers une démarche rigoureuse
et argumentée envisageant divers angles d’attaque du problème. Vous devez faire
un va-et-vient incessant entre le problème posé et la littérature, en ayant toujours à
l’esprit les questions clés qui pourront vous permettre d’approfondir votre réflexion :
quoi ? comment ? pourquoi ?
Le sujet envisage le plus souvent des questions liées aux domaines de la littérature
(ses rôles, ses plaisirs, ses intérêts), de la lecture, de l’écriture, de la relation entre
l’auteur et le lecteur, des divers objets d’étude.

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Quels sont les critères d’évaluation de la dissertation ?
L’évaluation porte sur 16 points en série générale et sur 14 points en série techno-
logique ; elle se fonde sur les critères suivants :
– développer une réflexion littéraire personnelle organisée ;
– argumenter de façon structurée et progressive ;
– exploiter des exemples variés et maîtrisés, empruntés notamment à la culture
personnelle ;
– nuancer le propos, en s’appuyant sur une analyse précise du sujet donné et de
ses enjeux explicites comme implicites ;
– éviter le collage de références non analysées ;
– s’exprimer dans une langue écrite correcte : les erreurs d’orthographe peuvent être
pénalisées à hauteur de 2 points sur l’ensemble de la copie ; si la compréhension
de la copie est nettement gênée par des erreurs de syntaxe et de vocabulaire, la
pénalisation peut aller jusqu’à 4 points.

Comment votre dissertation se compose-t-elle à l’écrit ?

Introduction : 4 étapes, en un seul paragraphe


Présentez le thème ou le genre abordé, par une entrée en matière générale, fondée
sur une réflexion historique ou littéraire, de façon à contextualiser le sujet et à l’amener
de façon logique et progressive.
Citez intégralement le sujet que vous venez ainsi d’amener.
Posez la question de problématique qui va permettre de cerner les enjeux du sujet
et de formuler le fil rouge guidant toute la dissertation.
Annoncez le plan que votre dissertation va suivre.

Développement : 2 ou 3 grandes étapes


2 ou 3 grandes parties (aussi appelées « axes d’étude ») : chaque partie propose une
idée directrice qui est déjà une réponse partielle à la problématique (on y répond peu à peu).
Ces parties doivent être progressives, ordonnées du plus évident au plus complexe
ou au plus symbolique.
Une phrase de transition permet de passer d’une partie à l’autre.
Chaque partie forme une argumentation complète et cohérente, montrant en quoi
elle se raccroche à la problématique (notamment dans ses phrases de début et de fin).
Chaque partie contient 2 ou 3 paragraphes (aussi appelés « sous-parties ») qui vont
chacun développer un pan d’analyse du sujet.
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