La Circoncision Chez Les KOTA

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0 La circoncision chez les KOTA

La circoncision chez les KOTA


La circoncision chez les KOTA représente pour nous une institution
à part qui dépend plus du domaine de la vie familiale que de la vie
proprement sociale et religieuse.
La circoncision chez les KOTA

ANDEME MASSALA Mirlia Diamant


BOUASSA BOULINGUI Roy Guylane
BOUYONGO Suzanna Camy
KUIELE OBENG Sklovis Stevy
LISSY BOUKANDOU Doria Daluna
LOBITHY Christopher
MAGANGA Nestor Djevi
MAGAYA MOUNDANGA Leolande
MIMBOUI ASSEKO Jordi-nelle claire
MINGONGUE BOUSSOUGOU Eddy
MOUTSINGA MALONGO Samira Mamou
NGUIMBI ABDOULAYE Junior Faba
PEMBA DADA Ruth Darline
TCHIBOUANGA MOUNDOUNGA Kelys Lucas
WOSSO BOUDZANGA Christin Loris
YAPOUTOUNGA DIBOUNGA Marthe Mindy Corneille

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La circoncision chez les KOTA

Chez les Bakota du Gabon, dans toutes les tribus qui


peuplent le bassin de l'Ivindo (Mahongwé, Shaké,
Busha, maye, Bakota, appelés aussi Kota-Kota), la
saison sèche de juin à septembre est la période des
grandes fêtes rituelles (la circoncision).

Dès la fin du mois de mai, on peut voir des familles


entières cheminer sur les pistes du pays Bakota en
longues colonnes de marche. Quelquefois, elles
parcourent des dizaines et même des centaines de
kilomètres pour aller assister à la "circoncision d'un
panent "(de Makokou à la frontière du Congo, il y’a
240 km). La présence de certains parents- frères et
sœurs de même père, frères du père en particulier est
absolument indispensable, même s'ils doivent venir de
très loin voire de Libreville.

Puis, au long des semaines, chaque village organise


« sa circoncision » ; c'est ainsi qu'il peut y avoir
plusieurs, Satsi pour un même clan dans différents
villages : l'enfant est circoncis dans le village de
résidence habituel.

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La circoncision chez les KOTA

Les fêtes se succèdent jusqu'à la fin du mois de


septembre. Le choix de cette période de l'année peut
s'expliquer par plusieurs raisons.

La commodité de la période sèche dans ce pays où


il pleut abondamment presque toute l'année qui
permet de vivre dehors constamment sans crainte de
pluies gênantes est propice aux danses et à la plupart
des rites qui ont lieu soit dans la cour du village, soit
en brousse. La pluie est d'ailleurs considérée comme
un signe néfaste et de mauvais augure si elle survient
durant la période de la fête.

D'autre part, c'est un temps creux au point de vue


agricole : la saison sèche est le moment du
débroussage des plantations. On peut le faire pourvu
que tout soit prêt pour la fin septembre quand on
brule les amas pour préparer le terrain des nouvelles
cultures. La saison sèche est aussi la période des
expéditions de chasse et de pêche: Satsi est d'ailleurs
l'occasion de plusieurs randonnées de ce genre afin de
pourvoir le village en nourriture et de combler les
invités. Aucunement donc de travaux urgents et
indispensables c’est le temps des déplacements (les
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pistes sont très souvent inondées et impraticables en


saison des pluies) et des visites familiales.

Il est vrai qu'actuellement la date de la fête


dépend surtout des activités scolaires de l'enfant.
Comme le candidat a toujours de 10 à 16 ans, il se
trouve en pleine scolarité et on est obligé d'en tenir
compte. On attend donc qu'il soit en vacances (fin
juin), ensuite on prévoit une courte période de
rétablissement au village et sa retraite de guérison qui
doit durer de deux à trois mois après les fêtes. Les
circoncisions tardives sont en général, celles d'enfants
non scolarisés qui peuvent rester au village après la
date de la rentrée scolaire.

La circoncision est un complexe de rites et


d'initiations qui à lui seul est représentatif de la
culture Bakota on ne trouve aujourd'hui que des
rituels relativement pauvres qui accompagnent les
funérailles, les levées de deuil, les naissances de
jumeaux et les diverses danses de féticheurs. Mais les
Bakota compensent cette rareté des fêtes par l’éclat
tout particulier qu'ils donnent à celle-là. Les danses, la
musique, les rythmes, les costumes, les rites
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spectaculaires constituent un ensemble qui est aussi


valable sur le plan symbolique. D’ailleurs on
remarque que plus on s'éloigne de la ville, plus on va
loin en brousse, et plus la fête est spectaculaire et
authentique. Il est normal d'ailleurs que les régions les
plus isolées soient aussi les plus conservatrices en
matière de coutumes sociales et religieuses. La
complexité rituelle est réelle et peu de villageois
arrivent à décrire complètement le déroulement d'une
circoncision, encore moins à en expliquer le
mécanisme. Seuls quelques vieillards, entiché, de
coutume peuvent motiver telle ou telle pratique
hermétique et étrange.

Dans notre monographie des Bakota, nous


mentionnons également des rites de puberté qu'on
nomme Tsatsé chez les Ndasa, Wumbu, Mbamba et
Mbahouin. D'origine ancienne, ces fêtes se font en
saison sèche et durent de 3 à 5 jours de préférence en
période de clair de lune. L'enfant est peint de blanc et
de rouge, il a des bracelets et des colliers. Le seul rite
décrit en détail est celui qui se passe en brousse. La

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La circoncision chez les KOTA

circoncision représente selon nous une institution à


part qui dépend plus du domaine de la vie familiale
que de la vie proprement sociale et religieuse. les
différentes initiations des Bakota se font dans un
certain ordre qui serait : Mongala (au moment de la
circoncision), Moundoukou (pour les adultes avec
une initiation particulièrement obscène), Ngoye (la
panthère) et Mbéla (l'aigle). Pour les femmes, une
seule société, Lissimbou. Cela revient à créer des liens
hiérarchiques entre les initiations. Pour accéder au
Ngoye et à Mbéla, il faut être déjà initié à
Moundoukou et Mongala.

On peut diviser la fête en trois séries de phénomènes


qui s'entremêlent tout au long des quatre jours que
dure Satsi : les rites de cohésion familiale symbolisés
par des échanges de cadeaux obligatoires; les rites
magiques qui viennent compléter l'entrainement et
les soins physiques donnés au candidat pour le
protéger des puissances mauvaises; enfin les rites « 
d’initiation » qui lui donnent accès aux grands
mystères de la vie : la sexualité, le monde spirituel et
la nature de la personne humaine.

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La circoncision chez les KOTA

La préparation dure de un à deux mois : il faut prévoir


de grandes parties de chasse et de pêche (la chasse
pour les hommes, la pêche pour les femmes), aller
chercher du Manioc, des légumes, des bananes,
préparer le vin de maïs et de palme, construire la
case-abri des candidats, nettoyer de fond en comble le
village et les cases pour recevoir les invités. Cela
demande beaucoup de temps et d'efforts, surtout la
chasse et la pêche qui sont toujours aléatoires, un jour
on tue beaucoup de gibier, le lendemain on ne tue
rien du tout.

La chasse se fait en groupe, au filet, avec ou sans


chiens. Tous les hommes du village y participent. On
entoure une partie de forêt dans trois ou quatre filets
et on lance les chiens dedans pour débusquer le gibier
qui vient se jeter sous les coups des chasseurs. On
utilise souvent la sagaie car le fusil n'est pas assez
rapide. Toute cette viande est rapportée au village,
dépecée et fumée sur des claies spéciales qui
surmontent le feu de cuisine. Ainsi, la nourriture se
conserve jusqu'au temps de la fête.

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La pêche se fait aussi en groupe. Les femmes y


vont avec des paniers tressés qui servent de pièges.
Quelquefois, elles obstruent le marigot par un barrage
où on a ménagé une espèce de nasse pour capturer les
poissons. Ceux-ci sont fumés également. Ces
expéditions obligent les villageois à aller loin on forêt
vingt ou trente kilomètres parfois, plus même pour la
chasse. Ils demeurent plusieurs jours en brousse,
couchant dans les campements provisoires installés le
long des rivières. On prépare la nourriture sur place et
on apporte les provisions toutes préparées pour la fête.
Le jour fixé est arrivé, les parents du candidat sont là,
lui-même est allé prévenir tous les membres du clan
et les voisins des villages proches. La foule envahit
peu à peu le village qui va en quelques heures doubler
de volume toutes les cases sont surchargées, on
mange, on dort, on cause dans tous les coins. Le
village d'habitude si calme, les villages Bakota ne
compte jamais plus de cent habitants en général et
l'atmosphère y est pleine de quiétude en dehors des
jours de fête animé par les chants, les danses, la
musique des tambours et les allées et venues de tous

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les visiteurs. L'ensemble des rites dure trois à quatre


jours avec trois nuits de danses et de veille et deux
jours très remplis au point de vue rituel. Le début est
toujours consacré à la joie des retrouvailles, aux
échanges de cadeaux et aux danses anodines qui ont
pour rôle de mettre de l'ambiance et d'attirer
beaucoup de monde.

Pendant ce temps, le candidat est reclus dans la


case de ses parents où il a été déshabillé pour revêtir
le pagne cache-sexe qui est son premier vêtement de
fête avec des ceintures de fibre en bandoulière croisé
sur la poitrine. Il absorbe déjà des drogues, en
particulier un vomitif qui doit le purifier de tous les
aliments profanes. Le premier soir a lieu une danse de
réjouissance (Mahongwé et Bakota) qui dure jusqu'au
matin. Le lendemain, deuxième jour, les invités
arrivent encore et il y a des échanges de cadeaux. Les
parents de clan du candidat vont en brousse chercher
les feuilles et les ingrédients nécessaires à la
constitution des médicaments du lendemain. Le soir a
lieu la danse (Mahongwé) durant laquelle se déroule
le rite du piment qu' on met dans les yeux de l’enfant

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et des membres de sa famille. Il y’a un défilé à travers


le village avec des torches et des bambous
incandescents pendant lequel les jeunes hommes se
précipitent dans les cases pour jeter du jus de piment
partout. La nuit qui suit, deuxième nuit, chez les
Mahongwé est animée par la danse dont est titulaire
le clan du candidat. Chez les Bakota, en général, les
festivités sont plus courtes et les danses Magnala et
Bwété accompagnent la danse de clan.

Arrive le "petit jour" c'est à dire la veille du grand


moment. La journée va être très chargée: d'abord, le
matin les sœurs du candidat (quelquefois le grand
frère également) vont épiler complétement surtout les
cils, couper les cheveux et les ongles de l'enfant pour
le rendre beau garçon. C'est au cours de cette journée
que se déroulent les deux rites très importants
d'Isembwé (la société dos femmes) et de Ngoye (les
hommes-léopards). Dans la nuit qui suit, la dernière,
on fait une veillée durant laquelle personne ne doit
dormir ou avoir do rapports sexuels sous peine
d'accident pour le candidat. Au cours de la nuit, les
adultes initiés entrainent le candidat pour lui

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montrer les secrets de la société et lui faire prendre un


médicament (Mahongwé); chez les Bakota, a lieu le
rite nkondo-litotu avec le tronc d'un jeune bananier
qu’on écrase sur le corps du candidat pour le purifier
de sa vieille enveloppe d'enfant impure.

Au matin juste avant le moment de l'opération a lieu


l'initiation au Mungala, société des hommes où on
montre le masque mungunda et où on démystifie
toutes ses manifestations (cri ou rugissement du
monstre et combat rituel avec le couteau de jet).
Après quoi, le circonciseur, fait deux ou trois
simulacres de l'opération pour ne pas risquer
d'accident en montrant bien le couteau à l'enfant. Le
défilé s'organise: l'enfant peint de blanc sur le visage a
des chasse-mouches dans chaque main. Monté sur les
épaules d'un de ses oncles paternels ou maternels, il
fait le tour du village accompagné par les chants et les
claquements de mains de tous. Il désigne un endroit et
c'est là qu'il va être circoncis, on ne prévoit rien à
l'avance de peur de manœuvres de sorcellerie.

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La circoncision chez les KOTA

L’enfant doit arriver à une immobilité cadavérique et


rester les yeux ouverts durant au moins trois à quatre
minutes.

Puis d'un coup sec, le circonciseur tranche le


prépuce. Les cris de joie fusent. Le sang s'écoule dans
un gobelet de bois, préalablement fixé sous la verge.
On referme le pagne et le candidat est emmené
fièrement par ses parents pour être "soigné" en
brousse. Là, on lave la plaie à l'eau claire et on met un
pansement fait d'une feuille de l'arbre ibola, on le
conduit à sa case de réclusion dans laquelle il restera à
l'abri du regard des incirconcis et des femmes jusqu'à
sa guérison qui devrait intervenir au bout de deux ou
trois mois. Le pansement est changé chaque jour. Le
candidat a ses propres armes pour aller chasser des
oiseaux derrière les cases. Un gardien lui tient
compagnie. Quand il est guéri, les vieillards du clan
viennent constater et lui remettent rituellement ses
vêtements ordinaires. Après quoi, on détruit tout ce
qu'il a touché ou utilisé durant cette période sauf les
colliers (bangwese) qui serviront à un autre enfant du
clan pour sa circoncision. C'est désormais un homme

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à part entière qui peut se prévaloir de ses droits mais


qui est, juste contrepartie de son nouveau statut,
strictement assujetti aux devoirs de la vie tribale.

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