Chap Fonctions Convexes
Chap Fonctions Convexes
Chap Fonctions Convexes
Fonctions convexes
En analyse convexe, on considère très souvent des fonctions prenant des valeurs
dans l'ensemble des réels auxquels on rajouter l'inni, i.e. R = R ∪ {+∞}. Un
avantage est de pouvoir inclure directement les contraintes dans la fonctionnelle
optimisée, c'est-à-dire remplacer
min f (x)
C
où K est un ensemble convexe d'un espace vectoriel E par le problème sans contraintes
(
0 si x ∈ C
min f (x) + iC (x), où iC (x) =
E +∞ sinon
Plus fondamentalement, des fonctions convexes prenant la valeur +∞ apparaissent
de manière très naturelle lorsqu'on s'intéresse à la transformée de Legendre-Fenchel,
qui est unanalogue de la transformée de Fourier en analyse convexe.
1 L'ensemble
∀a ∈ R, a + (+∞) = +∞
∀a > 0, a × (+∞) = +∞
∀a < 0, a × (+∞) = −∞
On fera en sorte de ne jamais faire apparaître de quantités indéterminées de la forme
0 × (+∞) ou (+∞) − (+∞)).
1. Par exemple, on verra que la transformée de Legendre-Fenchel d'une norme est une fonction
12
CHAPITRE 2. FONCTIONS CONVEXES 13
est lui aussi dans l'épigraphe de f, ce qui se traduit par (2.1). La réciproque se
démontre de la même manière.
Proposition 14. (i) Si (fi )i∈I est une famille quelconque de fonctions convexes
sur E , alors la fonction x 7→ supi∈I fi (x) est également convexe.
(ii) Soit A : F → E une application ane, et f une fonction convexe sur E .
Alors, la fonction f ◦ A est convexe.
(iii) Si
PNf1 , . . . , fN sont des fonctions convexes et λ1 , . . . , λN ≥ 0, la fonction
i=1 λi fi est convexe.
{f ≤ t0 } = ΠE (epi(f ) ∩ {(x, t) | t ≥ t0 })
Lemme 17. Soit f : E → R une fonction convexe telle que |f | ≤ M sur une boule
B(x0 , 2δ).
Alors, f est 2M
δ -lipschitzienne sur la boule B(x0 , δ).
Démonstration. Soit x, y deux points de la boule B(x0 , δ). Pour comparer f (x) et
f (y) et montrer la propriété de lipschitzité, on va prolonger le segment [x, y] dans la
direction de y et utiliser la borne sur f sur la boule B(x0 , 2δ). Posons α = kx − yk
etz := y + αδ (y − x). Le point z construit de cette manière appartient à la boule
B(x0 , 2δ) car
δ
kz − x0 k ≤ kz − yk +
ky − xk ≤ 2δ.
α
En utilisant la dénition de z , on peut réécrire le point y comme combinaison convexe
de x et z . La relation (1 + δ/α)y = (δ/α)x + z implique que
δ/α 1
y= x+ z,
1 + δ/α 1 + δ/α
δ/α 1
f (y) ≤ f (x) + f (z)
1 + δ/α 1 + δ/α
−1 1
i.e. f (y) − f (x) ≤ f (x) + f (z)
1 + δ/α 1 + δ/α
CHAPITRE 2. FONCTIONS CONVEXES 16
2M 2M 2M
f (y) − f (x) ≤ ≤ α= kx − yk
1 + δ/α δ δ
En inversant les rôles de x et y on nit de démontrer la borne sur la constante de
Lipschitz de f.
Démonstration de la Proposition 16. x0 un point de l'ouvert Ω et δ > 0 tel que
Soit
B(x0 , 2δ) ⊆ Ω. Par hypothèse, la fonction f qu'on considère est bornée supérieure-
ment, i.e. f ≤ M0 sur la boule B(x0 , 2δ). Pour tout point x dans la boule B(x0 , δ),
le point 2x0 − x est aussi dans la boule B(x0 , 2δ), de sorte que
1 1
f (x0 ) ≤ (f (x) + f (2x0 − x)) ≤ (f (x) + M0 ).
2 2
Ainsi,f (x) ≥ 2f (x0 )−M0 , et la fonction est donc bornée inférieurement sur B(x0 , δ).
On peut donc appliquer le lemme, et en déduire que f est lipschitzienne sur la
boule B(x0 , δ/2). Ceci étant vrai pour tout x0 , on en déduit que f est localement
Lipschitzienne sur Ω.
Le résultat suivant montre que si f est bornée au voisinage d'un point, alors elle
automatiquement continue sur l'intérieur de son domaine. La convexité permet de
partir d'une hypothèse de régularité très faible (f bornée au voisinage d'un point)
et d'en déduire un résultat de régularité très fort (f localement lipschitzienne sur
l'intérieur de son domaine).
Proposition 18. Soit f : E → R une fonction convexe sur un espace vectoriel normé
E . S'il existe
un ouvert sur lequel f est borné, alors f est localement Lipschitz sur
int(dom(f )).
Démonstration. Soit B(x, δ) une boule sur laquelle |f | ≤ M . On va utiliser cette
hypothèse pour démontrer que f est localement majorée dans l'intérieur de son
domaine, puis conclure avec la proposition précédente. Soit y un point de Ω =
int(dom(f )). L'ensemble Ω étant ouvert, il existe t > 0 petit tel que le point
z := y + t(y − x) soit dans Ω. Par construction, le point y appartient au segment
[x, z]. Plus précisément, comme (1 + t)y = z + tx on a
t 1
y= x+ z (2.3)
1+t 1+t
= (1 − α)x + αz (2.4)
Montrons que f ≤ max(M, f (z)) sur la boule B := B(y, (1 − α)δ). Par dénition
de la somme de Minkowski, pour tout point wy ∈ B , il existe wx ∈ B(x, δ) tel que
wy = (1 − α)wx + αz . D'où
f (x + εv) − f (x)
f + (x; v) = lim (2.5)
ε→0+ ε
Ainsi,
f (x + ε1 v) − f (x) f (x + ε2 v) − f (x)
≤ .
ε1 ε2
Démonstration de la proposition 20. Le ratio
1
ε (f (x + εv) − f (x)) étant décroissant
lorsque ε→ 0+ , il admet une limite dans
R ∪ {±∞} donnée par (2.6). Si f + (x; v) <
+∞, alors il existe ε tel que f (x + εd) < +∞, auquel cas f est nie sur [x, x + ε] par
convexité.
1 1 1
(f (x + ε(u + v)) − f (x)) ≤ (f (x + 2εu) − f (x)) + (f (x + 2εv) − f (x)).
ε 2ε 2ε
En passant à la limite on obient l'inégalité voulue.
(ii) Cette propriété correspond à la croissance des pentes pour les fonctions convexes
sur un segment de R.
∀v ∈ E, f + (x; v) < +∞
∀v ∈ E, f + (x; v) = −f + (x; −v).
CHAPITRE 2. FONCTIONS CONVEXES 19
Exemple 7. Soit f (x) = |x| sur R, alors f + (0; 1) = 1 et f + (0; −1) = 1 6= −f + (0, 1).
Ce corollaire se déduit de la sous-linéarité de f + (x; ·) et des deux lemmes suivants.
est bien dénie et linéaire. Alors, les propriétés suivantes sont équivalentes :
CHAPITRE 2. FONCTIONS CONVEXES 20
1
Dx f (y − x) = lim (f (x + t(y − x)) − f (x))
t→0+ t
1
= lim (f ((1 − t)x + ty) − f (x))
t→0 t
+
1
≤ lim ((1 − t)f (x) + tf (y) − f (x)) = f (y) − f (x)
t→0 t
+
f (y) ≥ f (x) + Dx f · (y − x)
f (x) ≥ f (y) + Dy f · (x − y)
De plus, si λ 6= λ0 ,
1 1
y−x= [((1 − λ)x + λy) − ((1 − λ0 )x + λ0 y)] = (xλ − xλ0 )
λ − λ0 λ − λ0
λ > λ0 , alors φ0 (λ) ≥ φ0 (λ0 ) = 0.
Ainsi, en utilisant l'hypothèse (iii) on obtient que si
La fonction φ devrait donc être croissante croissante sur l'intervalle [λ0 , 1[, et en
particulier φ(1) ≥ φ(λ0 ). Ceci contredit l'inégalité φ(λ0 ) > 0 = φ(1). Par l'absurde,
on en déduit que φ ≤ 0, puis que f est convexe sur le segment [x, y] et enn qu'elle
est convexe sur l'ouvert X .
Remarque 8. La diérentiabilité au sens de Gâteaux est une notion assez faible. Par
exemple, considérons la fonction f : R2 → R dénie par
(
1 si x1 6= 0 et x2 = x21
f (x1 , x2 ) =
0 sinon
Les dérivées directionnelles de f en (0, 0) sont toutes nulles, de sorte que f est
Gâteaux-diérentiable en ce point avec D(0,0) f = 0. Cependant, la fonction f n'est
même pas continue en (0, 0) !
On sait déjà que l'application v 7→ f + (x; v) est linéaire sous la deuxième hypo-
thèse, il sut donc d'appliquer le lemme suivant.
|f (x + v) − f (x) − Dx f (v)|
lim =0 (2.8)
v→0,v6=0 kvk
Remarque .
10 La Fréchet-diérentiabilité implique évidemment la continuité. Ainsi,
la fonction f : R2 → R considérée dans l'exemple précédent, qui est Gâteaux-
diérentiable en (0, 0) mais discontinue en ce point, n'est pas Fréchet-diérentiable.
La fonction f est dérivable en x0 si et seulement si fg0 (x0 ) = fd0 (x0 ). Ainsi, si f n'est
0
pas diérentiable en x0 , la fonction fd a un saut en x0 :
On conclut en utilisant le fait qu'une fonction croissante ne peut avoir qu'un nombre
dénombrable de sauts.
Remarque 11. Ce théorème est faux en dimension plus grande. Considérer la fonction
convexe f surR2 dénie par f (x1 , x2 ) = |x1 | : cette fonction n'est pas diérentiable
sur la droite {0} × R, qui est indénombrable.
Proposition 32. L'ensemble Am,n déni par (2.10) est fermé dans E .
Cette proposition est une conséquence immédiate du lemme suivant donnant la
semicontinuité supérieure de x 7→ g + (x, v).
CHAPITRE 2. FONCTIONS CONVEXES 24
Proposition 34. L'ensemble Am,n déni par (2.10) est d'intérieur vide.
Démonstration. On raisonne par l'absurde, et l'on suppose que l'intérieur de Am,n
contient un point x. Alors, il existe r > 0 tel que B(x, r) ⊆ Am,n . Soit xt := x + tvn
et g : t ∈ [0, r] 7→ f (xt ). Alors,
∂f
f admet des dérivées partielles
∂ei (x) 1≤i≤d
Remarque 12. Dans la suite, on fera souvent l'hypothèse que le domaine des fonctions
considérées est d'intérieur non vide. Pour traiter le cas général, il sut de considérer
la restriction de f à l'enveloppe ane de dom(f ).
CHAPITRE 2. FONCTIONS CONVEXES 25
Ainsi, f est localement bornée en un point, et par proposition 18 elle est localement
lipschitzienne sur l'intérieur de son domaine.
Cette proposition est en fait une conséquence du lemme suivant, et du fait que
f est localement lipschitzienne au voisinage de x.
Lemme 37. Soit f : B(x, r) → R, dim(E) < +∞, une fonction M -Lipschitz. Si f
est Gâteaux-diérentiable en x, alors elle est également Fréchet-diérentiable en x.
Démonstration. Soit ε > 0. Par compacité de la sphère unité S de E , il existe
une famille de vecteurs (vi )1≤i≤N de S telle que S ⊆ ∪i B(vi , ε). Par Gâteaux-
diérentiabilité de f en x, pour tout ε > 0 et tout i, il existe δi tel que
Soit δ := mini δi > 0. Par construction des (vi ), pour tout vecteur v de S , il existe i
tel que kvi − vk ≤ ε. Alors, en utilisant le caractère Lipschitz de f et de Dx f ,
kf (x + tv) − (f (x) + tDx f (v))k ≤ kf (x + tvi ) − (f (x) + tDx f (vi ))k + 2M ε |t|
≤ (2M + 1)ε |t|
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