Droit Pénal Général M. FAYE
Droit Pénal Général M. FAYE
Droit Pénal Général M. FAYE
Le phénomène criminel est un fait social en ce sens qu’il apparait comme la violation
par un individu d’une règle sociale prévue par le Droit. Contre ce comportement qui porte
atteinte aux valeurs dont elle entend se garder l’existence, la société réagit en frappant l’auteur
de la violation d’une sanction. Mais rien ne lui interdit d’écarter l’application d’une peine pour
retenir contre l’individu auteur de l’acte interdit, des mesures pour l’avenir à empêcher ou du
moins à réduire le phénomène criminel.
Elles doivent être définies puis envisagées dans les rapports qu’elles entretiennent avec
les autres branches du droit.
Les sciences juridiques sont regroupées sous le vocable de Droit Criminel ou de Droit
Pénal. Bien que les termes diffèrent, puis que les premiers mettent l’accent sur le crime, les
seconds sur la sanction, ils sont considérés comme des synonymes et désignent les uns et les
autres l’ensemble des règles du Droit déterminant les infractions et les sanctions. A l’intérieur
du Droit Pénal et du Droit Criminel on peut faire les sous distinctions suivantes :
C’est la matière qui étudie les règles communes à toutes les infractions ainsi que les
règles communes de fixation des peines.
Il définit les comportements interdits par la loi et les sanctions qui leurs sont attachées
(étude détaillée des différentes infractions).
3- La Science Pénitentiaire :
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Elle donne un éclairage sur les sanctions et les modes d’exécution.
4- La Procédure Pénale :
Elle étudie les juridictions répressives et les règles de conduites du procès devant ces
juridictions.
B- Les rapports du Droit Pénal ou du Droit Criminel avec les autres branches du
Droit :
Le Droit Pénal entretient des rapports de dépendance étroite avec les autres branches
du Droit, ce qui ne l’empêche pas d’être autonome.
Le Droit Pénal ou Droit Criminel entretient des rapports de dépendance étroites avec
les autres branches du droit en ce sens qu’il vient renforcer ces autres branches en sanctionnant
l’inobservation de certaines règles. C’est ainsi par exemple qu’il renforce le Droit civil en
décidant que l’inobservation de propriété mobilière peut sous certaines conditions être
constitutive d’un vol. Et il de même avec toutes les branches du droit. Aussi a-t-on pu dire qu’il
n’existerait pas un Droit Pénal uniforme, mais un droit protéiforme se dissolvant en quelque
sorte dans chacune des branches du droit qu’il vient renforcer. C’est sans doute aller trop loin ;
le droit pénal a une unité profonde qui en fait une discipline autonome.
Parmi les diverses disciplines juridiques le droit pénal occupe une place originale.
Rattachable au droit privé parce que le crime met en présence deux particuliers, le délinquant et
la victime ; et au droit public parce que le crime fait intervenir l’état. Le droit pénal est avant
tout une discipline autonome, c’est un droit à la fois sanctionnateur et normatif.
Le droit pénal ne réprime pas tous les comportements humains, mais uniquement les
agissements qui portent atteinte à l’ordre public et à la morale sociale. En procédant ainsi le
droit pénal impose indirectement des règles éthiques c'est-à-dire des règles fondamentales qui
peuvent être négatives (exemple : ne pas tuer, ne pas voler…) ou positives (exemple :
obligation de porter secours à une personne en danger…). Autrement dit, le droit pénal donne
force à la loi, à des règles morales considérées comme essentielles pour la société.
Le droit pénal est sanctionnateur car sa mission est d’assurer au moyen des sanctions
qui lui sont propres le respect des règles posées par les autres branches du droit. Le droit pénal
serait en quelque sorte le gendarme du droit.
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Il est évident que de nombreuses disciplines non juridiques sont susceptibles
d’intéresser le droit pénal, comme par exemple la morale, la métaphysique, la psychologie, la
sociologie, la médecine… Deux d’entre elles présentent un intérêt immédiat pour la matière
criminelle. Il s’agit de la Criminalistique et de la Criminologie.
1- La Criminalistique
a- La médecine légale
Elle a pour objet la connaissance des causes du décès ou d’une agression par un
examen du corps humain.
b- La toxicologie :
c- La police scientifique :
Elle s’attache aux circonstances de l’infraction par un examen des traces laissées par le
délinquant. C’est grâce aux applications de la police scientifique que l’on peut identifier des
cheveux et des empreintes digitales.
2- La Criminologie :
Elle donne un éclairage sur la personne du criminel, les causes de sa criminalité et les
moyens d’y remédier.
En dehors de ces textes à caractère général, on peut noter l’existence des divers textes
spéciaux comme le CODE DES DOUANES, le CODE FORESTIER…
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IV- CONTENU ET PLAN DU COURS :
Le Droit Pénal Général est la branche du droit qui regroupe les principes
fondamentaux du droit pénal. Les règles qu’il contient déterminent de façon abstraite et général
les conditions et les conséquences de la responsabilité pénale. Ces règles on peut les trouver
dans le Code Pénal et dans le Code des contraventions.
On ne trouve ni dans le Code Pénal ni dans le Code des Contraventions une définition
générale de l’infraction, mais seulement des définitions particulières à propos de telle ou telle
infraction retenue par ces codes. Il est toutefois assez facile d’avoir une vue synthétique et
juridique de l’infraction. On peut définir l’infraction comme une action ou omission humaine
prévue et punie par la loi pénale. Cette définition appelle de notre part deux remarques.
En premier lieu, les mots crimes et délits servent toujours à désigner l’infraction mais
ils ont un sens très restreint car ils visent une catégorie spécifique d’infraction si bien qu’il est
préférable de réserver le terme générique d’infraction à la perception globale du phénomène
criminel.
En second lieu, il est naturel de comparer l’infraction pénale au délit civil qui au sens
de l’article 118 DU Code des Obligations est “tout fait quelconque de l’homme qui cause à
autrui un dommage…“. Les différences qui opposent les deux concepts sont de deux ordres :
Premièrement : l’infraction pénale en vertu du principe de la légalité criminelle
ne se conçoit pas sans un texte incriminateur. Au contraire le délit civil oblige
son auteur à le réparer dès qu’il y a fait dommageable même si aucun texte na
prévu spécialement ce fait.
Deuxièmement : l’infraction pénal peut exister indépendamment de tout
dommage. On peut citer à titre d’exemple la Mendicité, le Vagabondage… Ce
qui est impensable pour le délit civil.
Troisièmement : l’infraction pénale entraine contre son auteur l’application
d’une sanction. Celle-ci peut être une peine ou une mesure de sûreté, au
contraire le délit civil entraine au profit de la victime la réparation du préjudice
subit.
La responsabilité pénale est l’obligation pour une personne de subir les conséquences
pénales de ses actes. Elle exige une faute spécifique à savoir l’infraction (TITRE I). Elle pèse
sur les participants à cette infraction (TITRE II) et les conduit à subir une sanction (PARTIE
III).
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TITRE I : L’INFRACTION PENALE :
LES CLASSIFICATIONS DES INFRACTIONS PENALES
L’article 1er du Code Pénal dispose : “l’infraction que les lois punissent de peines de
police est une contravention. L’infraction que les lois punissent de peines correctionnelles
est un délit. L’infraction que les lois punissent d’une peine afflictive ou infamante est un
crime“. Il ressort de la lecture de ce texte que les infractions sont classées suivant la gravité de
la peine qui leur est attachée en Crime, Délit et Contravention.
En effet, si l’infraction est punie d’une peine criminelle c’est-à-dire d’une peine
afflictive ou infamante, il s’agit d’un crime. Les peines afflictives ou infamantes sont les
travaux forcés à perpétuités, les travaux forcés à temps (05 à10ans, 10 à 20ans), la détention
criminelle (05 à 10 ans, 10 à 20ans). Il existe une seule peine infamante dans la Code Pénal,
c’est la dégradation civique (voir Art. 08 et 27 CP).
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La détermination de la nature de l’infraction ne pose en principe aucune difficulté. Il
suffit de s’attacher à la peine pour savoir si l’infraction est un crime, un délit ou une
contravention.
Exemple 1 : le tapage nocturne (Art. 08 Code des Contraventions) est une
contravention. La peine applicable à son auteur est un emprisonnement d’un
jour à 01mois et une amende de 200Fcfa à 20.000Fcfa.
Exemple2 : l’empoisonnement est un crime car la peine applicable à son
auteur est celle des travaux forcés à perpétuité (Art. 287 CP).
Exemple 3 : L’abandon de famille est un délit parce qu’il est puni d’une peine
d’emprisonnement de 3 mois à un an et d’une peine d’amende de 20 000 FCFA
à 250 000 FCFA (Art. 350 CP).
Exemple 04 : l’escroquerie est un délit (Art. 379 CP) car la peine applicable à
son auteur est un emprisonnement supérieur à 01mois et l’amende excède
20.000Fcfa.
L’application du critère retenu par l’article 1er du Code Pénal soulève parfois des
difficultés et il convient de les relever.
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Section 2 : Les intérêts liés à la qualification retenue par l’Art. 1er CP
1- La tentative :
Elle est toujours punissable en matière de crime (Art. 2CP). Celle des délits ne l’est que
de façon exceptionnelle (Art. 3CP).
Elle est toujours punissable en matière criminelle et délictuelle (voir Art. 45CP). Elle
ne l’est pas en matière contraventionnelle sauf disposition contraire.
3- La prescription de la peine :
On entend par Droit Pénal de Forme, les règles relatives à la constatation des
infractions, à la poursuite et à la compétence. Pour mettre en relief les intérêts de la
classification, il convient d’examiner le déroulement de la procédure, la prescription de l’action
publique et la règle de compétence.
1- Le déroulement de la procédure :
Il varie suivant la gravité de l’infraction. La voie du flagrant délit est exclue en matière
criminelle et contraventionnelle. La citation directe qui permet à la victime et au ministère
publique de traduire directement l’auteur d’une infraction devant la juridiction de jugement est
autorisée en matière délictuelle et contraventionnelle, mais elle est impossible pour les crimes.
Enfin, l’ouverture d’une instruction est obligatoire en matière criminelle et elle se déroule
devant 02 juridictions. Devant le juge d’instruction du 1er degré et devant la chambre
d’accusation qui joue le rôle de juge d’instruction de 2nd degré. Pour les délits l’instruction est
facultative. En matière contraventionnelle, elle ne joue que de façon exceptionnelle (voir
Art.70CPP).
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2- La prescription de l’action publique :
L’action publique c’est l’action pour l’application d’une peine, elle ne peut être
engagée que dans les délais prescrits par la loi. En dehors de ces délais on dit que l’infraction
est prescrite c’est-à-dire elle ne plus être poursuivie (Art. 7 à 9 CPP). Le délai de prescription
de l’action publique varie suivant la nature de l’infraction. Il est de 10ans pour les crimes, de
3ans pour les délits et d’un an (1an) pour les contraventions.
Les crimes relèvent de la cour d’assise (Art.218 CPP), les délits sont jugés par le
tribunal régional qui pend la dénomination de tribunal correctionnel (Art.369 et 3670 CPP) et
les contraventions sont jugées par le tribunal départemental qui prend la dénomination de
tribunal de police ou de simple police (Art.509 CPP.
Cette juridiction est également compétente pour juger certains délits. Ces derniers sont
énumérés par la loi n°84-20 du 02 février 1984 ou prévus par des textes spéciaux. Exemple :
la loi n°67-04 du 27 février 1967 tendant à réprimer les dépenses excessives à l’occasion des
cérémonies familiales.
Section 1 : La distinction des infractions de droit commun et des infractions politiques
Deux critères ont été proposés en droit français. Il convient de les présenter avant de
voir la solution retenue par le droit sénégalais.
Les critères sont au nombre de deux et il s’agit d’un critère objectif et d’un critère
subjectif.
1- Le critère objectif :
Ce critère considère l’infraction comme politique quand son objet est politique.
Exemple : l’atteinte à la sûreté de l’état.
2- Le critère subjectif :
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Selon ce critère, l’infraction est politique quand le mobile de son auteur est politique.
Le mobile ce sont des sentiments particuliers qui ont animé le délinquant au moment de
l’action. Si on applique ce critère, on qualifiera de politique les infractions de droit commun
inspirées par des mobiles politiques. On appelle ces infractions des infractions complexes. A
titre d’exemple on peut citer l’assassinat du chef de l’état.
Deuxièmement : en matière criminelle la plupart des peines de droit commun sont aussi des
peines politiques. Il en va ainsi pour les travaux forcés à perpétuités et les travaux forcés à
temps. Les seules peines qui peuvent être considérées comme politiques sont la détention
criminelle et la dégradation civique (lorsqu’elle est prononcée comme peine principale ; voir
Art. 106CP). Peut-on alors se tourner vers les règles de compétence ?
Elles ne nous apportent aucune aide. Les infractions politiques relèvent actuellement
de la compétence des juridictions ordinaires (depuis 1992 le SENEGAL n’a plus de cours de
sûreté de l’Etat). La distinction entre infraction politique et infraction de droit commun est mal
aisée, car il n’existe aucune directive générale dans le code pénal. Il semble qu’on peut trouver
un éclairage dans les différentes lois d’amnistie prises par le SENEGAL depuis son
indépendance. En analysant ces textes on peut penser que le législateur sénégalais a retenu à la
fois le critère subjectif et le critère objectif. Le critère subjectif apparaît dans ce texte puisque la
loi met l’accent sur la psychologie du délinquant en assimilant aux infractions politiques les
infractions connexes et les infractions complexes. La référence au critère objectif est aussi très
nette. Ces lois énumèrent parmi les infractions amnistiées les crimes et délits contre la sûreté de
l’état c’est-à-dire les infractions dont l’objet est politique.
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Le combat mené par la communauté international contre le terrorisme implique un
réaménagement des législations internes. Le dispositif de lutte mis en place par le SENEGAL
permet d’avoir une idée sur la notion de terrorisme et sur son statut.
Les Art. 279(1-1), 279(1-2), 279(1-3) CP issus de la loi 2007-01 du 12 février 2007
modifiant le Code Pénal prévoient 03 catégories d’infractions :
La 1ère reprend des incriminations bien connues, la liste est longue, on y trouver
les atteintes volontaires à la vie, l’enlèvement, le détournement des moyens de
transport, les extorsions, les destructions, les dégradations…
La 2ème est spécifique : elle qualifie d’acte de terrorisme l’introduction
intentionnelle dans l’atmosphère, sur le sol, dans le sous sol ou dans les eaux
une substance de nature à mettre en péril, la santé de l’Homme ou des animaux
ou le milieu naturel. Dans les cas, il faut que le fait commis soit “en relation
avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler
gravement l’ordre publique par l’intimidation ou la terreur“.
La 3ème catégorie porte sur le financement du terrorisme. A ces trois catégories
d’infractions il faut ajouter l’apologie d’un acte de terrorisme (Art. 279 (1-5)
CP).
Les peines applicables aux actes de terrorisme (1ère catégorie, 2ème catégorie, 3ème
catégorie) sont criminelles. Seule l’apologie d’un acte de terrorisme est punie de peine
correctionnelle.
Il faut retenir que la garde à vue est plus longue qu’en droit commun, 04 jours contre
02 jours (voir Art. 677(1-27) CPP issu de la loi 2007-04 du 12 février 2007 modifiant le CPP).
L’action publique se prescrit par 30ans ; la poursuite, l’instruction et le jugement sont
centralisés à DAKAR. La poursuite est confiée au procureur de la république près du tribunal
régional de DAKAR, l’instruction est assurée au 1er degré par un cabinet d’instruction
spécialisé du tribunal régional de DAKAR et au 2nd degré par la chambre d’accusation de
DAKAR. Pour le jugement des actes de terrorisme qui sont criminels l’affaire est portée devant
la cours d’assise de DAKAR. Par dérogation au droit commun, cette juridiction est composée
des magistrats professionnels (un président et des assesseurs). En optant pour cette solution, le
législateur de 2007 s’est méfié des jurés populaires qui pourraient être sensibles à certaines
menaces ou pressions.
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Section 3 : Les infractions militaires et les infractions de droit commun
Elles sont inconcevables en dehors de la vie militaire. A titre d’exemple on peut citer
le complot militaire et la désertion. De façon plus générale, rentrent dans les infractions
purement militaires, les infractions contre l’honneur ou le devoir militaire.
Ces infractions peuvent être réalisées dans les casernes ou en ville à l’encontre des
particuliers. Elles ne différent en rien des infractions de droit commun si ce n’est par la qualité
de leur auteur. Il peut s’agir d’un vol, d’un meurtre, d’un abus de confiance…
A- La compétence
On peut appliquer aux militaires les peines de droit commun. On peut aussi leur
appliquer des peines spécifiquement militaires comme la destitution et la perte du grade. Sur le
plan du régime juridique, il faut observer que la condamnation prononcée pour des infractions
purement militaires ne pourront constituer le condamné en état de récidive que si les dites
infractions sont punies par les lois ordinaires. On observera également que l’infraction militaire
ne fait pas obstacle à l’octroi du sursis, sauf s’il est punissable d’après les lois pénales
ordinaires.
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Sous – Chapitre I : CLASSIFICATION FONDEE SUR LE MODE D’EXECUTION
MATERIELLE
Il s’agit d’une classification fondée sur l’élément matériel. L’élément matériel est
l’acte réalisé par l’agent pénal. Il peut se présenter sous des aspects divers selon que l’on classe
les infractions pénales en tenant compte de la durée ou du contenu de leur acte d’exécution.
L’infraction continue, elle exige pour sa réalisation un seul acte qui s’étale dans le
temps en raison de la réitération constante de la volonté coupable. Exemple, la situation
juridique créée par le délit de port illégal de décoration se prolonge tant que l’individu persiste
dans son comportement.
L’infraction continuée : elle est constituée par un ensemble d’infractions reliées entre
elles par une intention unique. Exemple 1 : le “déménagement“ d’une villa où le voleur est
obligé de faire plusieurs voyages.
Exemple 2 : le cas du comptable indélicat qui retire chaque jour un billet de banque de
sa caisse. Peut-on imputer au délinquant un ou plusieurs délits ? En droit français, il faut
procéder aux distinctions suivantes :
En droit sénégalais, pour des faits de détournement de deniers public étalés dans le
temps, la jurisprudence a retenu une seule infraction (cette jurisprudence est favorable à la
théorie de l’infraction continuée).
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Section 2 : Classification fondée sur le contenu des actes d’exécution
L’infraction d’omission : le comportement incriminé ici par la loi n’est pas une
action mais une inertie, une abstention. Exemples : 1- l’omission de porter secours à une
personne en danger (Art.49 CP) ; 2- le non paiement de la pension alimentaire allouée au
conjoint ou aux enfants.
L’infraction simple : elle se réalise par une seule opération matérielle. Exemple :
dans le meurtre peu importe l’ensemble des actions perpétrées par le sujet pour préparer son
forfait, l’infraction n’est réalisé que lorsque le délinquant tue sa victime.
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Cette classification fondée sur l’élément moral conduit à distinguer les infractions
intentionnelles et les infractions non intentionnelles.
Elles ne peuvent être poursuivies que si la preuve de l’intention coupable est faite à
l’encontre de l’agent pénal. L’infraction est intentionnelle lorsque le sujet en agissant à voulu et
recherché le but interdit par la loi. Les crimes sont des infractions intentionnelles, les délits sont
en principe des infractions intentionnelles sauf dans le cas où exceptionnellement le texte
incriminateur, de façon explicite ou implicite permet de déclarer le délit constitué en dehors
même de toute intention.
Elles regroupent les délits d’imprudence, les délits matériels et les contraventions.
Ce sont des infractions dans lesquelles la loi réprime la négligence de l’agent pénal, sa
maladresse. Exemples : le délit de coups et blessures involontaires, le délit d’homicide par
imprudence.
Dans ces délits la recherche d’une automaticité de la répression exclue toute analyse
de la psychologie du délinquant. Exemples : la plupart des infractions douanières sont des
délits matériels, on peut en dire autant pour les délits de chasse et de contribution indirecte.
3- Les contraventions
Elles sont non intentionnelles ; l’auteur d’une contravention est répréhensible même
s’il allègue sa bonne foi.
TITRE II :
Toute infraction pénale a des éléments généraux et elle n’est constituée comme telle
que si tous ces éléments ont existés. L’absence de l’une seule de ces composantes fait
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disparaître l’infraction. Traditionnellement l’infraction pénale est constituée de trois(03)
éléments : l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral.
Ce principe est tellement important qu’il figure en bonne place dans de nombreuses
constitutions d’obédience libérale et dans les Déclarations Universelles des Droits de l’Homme
de 1789 et de 1948. Au SENEGAL, il est inscrit dans l’art. 9(1) constitution de janvier 2001 et
dans l’art. 4 CP. L’art. 4 dispose « nul crime, nul délit, nulle contravention ne peuvent être
punis de peines qui n’étaient pas prévues par la loi ou le règlement avant qu’ils fussent
commis. »
1) Le fondement du principe
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fonction d’intimidation dont la société ne peut que profiter. La préexistence d’un catalogue
répressif, en principe connu de tous, exerce, en effet, sur tous les individus une sorte de
contrainte psychologique pouvant contrecarrer leurs penchants délictuels.
S’agissant des sanctions, le législateur est tenu de les fixer de façon précise dans le
texte prévoyant l’incrimination. Mais il peut aussi renvoyer à un autre texte. C’est le principe
de la pénalité par référence. Exemple : le recel de chose est puni des peines prévues par la loi
pour le vol (voir article 430 CP). De son côté, le juge ne peut prononcer que les peines
attachées à l’infraction dont il est saisi. Il ne peut ni créer une sanction ni dépasser le
maximum de la peine prévue par la loi ou le règlement.
B- Application à la procédure
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C’est à la loi qu’il revient le soin d’instituer des juridictions. Il lui revient la charge de
réglementer la compétence et le déroulement de la procédure. Le principe de la légalité permet
donc aux citoyens de connaître à l’avance les juridictions compétentes pour juger les faits qu’ils
ont commis et les formes du procès.
Le principe signifie que la loi nouvelle ne s’applique que pour l’avenir. A première
vue, le principe de la non rétroactivité ne soulève guère de difficultés. L’hésitation est
cependant permise lorsqu’une loi nouvelle modifiant une incrimination, une sanction ou une
règle de procédure intervient entre le jour de la commission de l’infraction et le jour de son
jugement définitif. Dans ce cas faut-il appliquer la loi nouvelle ou la loi ancienne ?
Le droit positif a apporté une réponse à cette question en faisant une distinction entre
les lois pénales de fond et les lois pénales de forme.
C’est à propos de ces lois qu’on a édicté le principe de la non rétroactivité de la loi
pénale. Cependant ce principe ne vaut que pour les lois pénales nouvelles plus sévères. Il est
écarté au contraire pour les lois nouvelles plus douces.
Les lois pénales plus sévères sont visées par l’article 4 du CP. En principe, elles ne
rétroagissent pas. Cette règle connaît cependant des exceptions.
Une loi plus sévère que l’ancienne ne peut saisir les faits antérieurs à son entrée en
vigueur. Une loi est dite sévère lorsqu’elle crée une nouvelle incrimination. Elle est également
sévère lorsqu’elle prévoit des circonstances aggravantes ou lorsqu’elle interdit l’octroi de sursis
ou exclut le bénéfice de circonstances atténuantes.
2- L’exception : La rétroactivité
Dans certaines hypothèses, la loi nouvelle s’applique même si elle est plus sévère que
l’ancienne.
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6 CP issu de la loi 2007-02 du 12/02/2007 modifiant le code pénal, journal officiel
10/03/2007. Les infractions pénales pour lesquelles la loi admet une entorse à la règle
de la non rétroactivité sont :
b- Les lois interprétatives : ce sont des lois qui précisent le sens d’une loi ancienne. Par
conséquent ces lois rétroagissent.
c- La loi nouvelle institue une mesure de sûreté : cette loi s’applique immédiatement
même aux faits qui ont été antérieurement commis car elle a pour objet de faire face à
un état dangereux existant. C’est le cas pour les lois prévoyant des mesures rééducation.
C’est également le cas pour les lois relatives à l’assainissement des professions
commerciales.
Les lois pénales de fond plus douces rétroagissent. Elles s’appliquent aux faits commis
avant leur mise en vigueur et qui n’ont pas encore fait l’objet d’une condamnation définitive.
Une loi de fond est donc douce lorsqu’elle supprime une incrimination existante, une
loi est également douce lorsqu’elle diminue la responsabilité pénale ou lorsqu’elle l’exclut. Il
en va ainsi lorsque la loi prévoit des circonstances atténuantes crée un fait justificatif. Il en va
encore ainsi lorsque la loi supprime une circonstance aggravante. A première vue, il est facile
de savoir si une loi est douce ou plus sévère.il existe cependant des hypothèses où l’hésitation
est permise.
a) La loi prévoit un maximum et un minimum : une nouvelle loi qui élève me maximum
de la peine et abaisse le minimum ou au contraire abaisse le maximum et élève le
minimum est elle plus douce ou moins douce que la loi antérieure ? On admet
généralement dans ce cas qu’il faut considérer la loi nouvelle comme plus sévère si elle
augmente le maximum de la peine car elle expose le délinquant à une sanction plus
rigoureuse que celle qui était applicable au moment où il a commis l’infraction. Mais si
la nouvelle loi abaisse le maximum, elle doit être considérée comme plus douce et doit
être appliquée à des faits antérieurs à son avènement.
b) La loi remplace une peine par une autre : dans ce cas il faut s’attacher à l’échelle des
peines pour savoir si on est en présence d’une loi douce ou plus sévère. En appliquant
ce principe, la jurisprudence a retenu les règles suivantes :
i) Premièrement : les peines criminelles sont plus sévères que les peines
correctionnelles, elles mêmes plus sévères que les peines de police. Sauf à
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remarquer que pour la jurisprudence, un emprisonnement de police est plus sévère
qu’une amende correctionnelle.
ii) Deuxièmement : entre deux peines de même nature la plus sévère est celle qui
occupe le degré le plus élevé dans l’échelle des peines ; exemple : en matière
délictuelle, l’amende est plus douce que l’emprisonnement.
iii) Troisièmement : entre deux peines de même nature et de même degré, on doit
comparer les durées respectives.
iv) Quatrièmement : lorsque les peines prévues dans les deux lois sont de même nature
et même degré et qu’elles ont le même maximum ou le même minimum, il faut
comparer le minimum ou le maximum.
c) Les difficultés : les cas où la loi nouvelle est plus sévère que l’ancienne sur un point
et plus douce sur un autre : pour régler ce problème on oppose deux types de lois selon
que les dispositions qu’elles comprennent sont divisibles ou indivisibles. Dans le cas où
les dispositions de la loi nouvelles sont divisibles ou dissociables, seules les parties les
plus douces rétroagissent, et les autres sont soumises à l’application du principe de la
non rétroactivité. Mais lorsque les dispositions sont indivisibles, il faut qualifier la loi
dans son ensemble pour savoir si elle est plus douce ou plus sévère. On peut citer
comme exemple une loi française de 1941 qui avait correctionnalisé mais interdisait en
même temps l’octroi des circonstances atténuantes. Les juges français ont qualifié cette
loi dans son ensemble et on affirmé qu’elle était plus douce que l’ancienne. Cette
solution est fondée sur la règle qui veut qu’en cas de conflit en deux dispositions
concernant la répression, l’une portant sur la sanction et l’autre sur sa mesure, qu’on
qualifie la loi dans son ensemble sur la base des dispositions relatives à la sanction.
1- La prescription :
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2- La procédure :
La loi nouvelle de procédure s’applique à toutes les instances en cours. Cette règle
souffre d’exception chaque fois que l’intérêt du prévenu l’exige. Par exemple, une loi nouvelle
qui modifie les conditions de mise en mouvement ou d’existence des poursuites ne s’applique
pas lorsqu’elle facilite la répression. Il y a également survie de la loi ancienne lorsque la loi
nouvelle supprime une voie de recours ou réduit le délai accordé pour agir. Cette solution
juridictionnelle a été reprise par le nouveau code pénal français (article 112(1-2) 3èmement CP).
3- La compétence :
Une 1ère décision est rendue sur le fond. Si une 1ère décision est intervenue sur le fond,
la juridiction d’appel sera déterminée par survie de la loi ancienne. On pense dans cette
hypothèse que le procès est si avancé qu’on ne peut plus modifier les règles de compétence.
En matière criminelle il faut des lois précises et point de jurisprudences. Malgré cette
affirmation d’un auteur très avisé, le juge a l’obligation d’interpréter la loi pénale. Il peut même
être amené à contrôler la légalité d’un texte créant une incrimination.
Interpréter une loi consiste pour le juge à en rechercher la signification afin d’en faire
l’exacte application à une espèce déterminée. Lorsque ce problème se pose, l’on conçoit pour
le juge chargé de la résoudre trois méthodes qu’il convient de présenter rapidement avant
d’examiner les solutions retenues par le droit positif.
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On peut relever trois méthodes :
1- La méthode littérale :
D’abord, la loi n’est pas toujours parfaite : des erreurs grammaticales ou matérielles
peuvent se glisser dans sa rédaction. Dans ce cas il est nécessaire de permettre au juge de les
rectifier, tout en respectant l’intention de la loi.
Ensuite, une loi peut bien vieillir : il en va ainsi lorsque les circonstances qui ont
commandé sa confection ont changé. Dans ce cas, il faudra revenir au juge pour lui permettre
d’adapter la loi à l’évolution économique et sociale de son époque.
2- La méthode téléologique :
Elle attache plus d’importance à l’intention du législateur qu’à la lettre de la loi. Cette
méthode confère au juge un pouvoir beaucoup plus important que la première méthode
d’interprétation. Deux remarques vont nous conforter dans cette position.
En premier lieu, lorsque le texte a une portée douteuse, le juge ne doit pas
systématiquement adopter le parti le plus favorable au prévenu et l’acquitter. Il doit rechercher
par tous les moyens à percer l’intention du législateur.
3- La méthode analogique :
Elle consiste à résoudre une espèce pénale non prévue par la loi, prenant appui sur un
texte qui prévoit une espèce similaire. On notera que cette méthode n’est pas strictement une
méthode d’interprétation puisqu’elle suppose une absence de texte. La doctrine tend à
distinguer deux formes d’analogie : la première est légale, la seconde est juridique.
L’analogie légale tend à intégrer dans le cadre légal, un cas non prévu. Elle consiste
par exemple à sanctionner le fait à punir en lui appliquant le texte incriminant et punissant le
fait le plus voisin.
L’analogie juridique ne se fonde pas sur le voisinage d’un texte mais sur l’esprit
général du droit pénal. Elle permet au juge de créer le droit. L’analogie légale peut être admise
si elle va dans le sens de l’intérêt du prévenu. Le droit pénal n’est pas étranger à cette idée, on
peut faire ce constat si on s’intéresse aux méthodes d’interprétation retenues par le droit positif.
21
1- Les lois pénales de fond :
Une loi claire ne doit pas être interprétée, le juge doit l’appliquer purement et
simplement. Mais on remarquera que l’interprétation stricte ne signifie pas interprétation
littérale du texte de loi. Si le texte est clair mais comporte des erreurs matérielles et
grammaticales, le juge doit les rectifier en s’inspirant de la pensée et des intentions des auteurs
de la loi. A titre d’exemple, on peut donc citer un règlement sur la police des chemins de fer
qui interdisait en France de descendre dans les gares que lorsque le train est complètement
arrêté. A la lettre, ce texte obligeait les voyageurs à descendre du train en sautant en marche de
celui-ci. Mais cette interprétation ne peut être retenue car, en bonne logique, on doit descendre
dans une gare et lorsque le train est complètement arrêté et non ailleurs. C’est même pour cette
raison que les juges français ont condamné un voyageur qui était poursuivi pour avoir sauté
d’un train avant l’arrêt.
L’interprétation par analogie est pourtant admise lorsque les lois pénales sont
favorables au prévenu. Exemple, les causes de non imputabilité ont été étendues aux
contraventions malgré le silence de la loi ; il est admis que les faits justificatifs font disparaître
n’importe quelle incrimination, alors que les textes ne visent que l’homicide et les coups et
blessures.
Dans cette hypothèse le juge doit s’efforcer à rechercher le sens véritable de la loi,
mais il lui est interdit d’imaginer et de se substituer au législateur. Il peut donc appliquer le
texte s’il pense avoir trouvé son sens, mais s’il se rend compte que l’obscurité est
insurmontable, il doit relaxer le prévenu.
Un texte clair et précis au moment de sa confection peut vieillir au fil des temps, en
raison de l’apparition de situations nouvelles que ses rédacteurs ne pouvaient pas prévoir. Dans
ce cas, la règle de l’interprétation stricte n’interdit pas au juge d’adapter ce texte à l’évolution
économique et sociale de son époque. En 1810, les rédacteurs du code pénal français ne
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connaissaient pas les sources d’énergie comme l’électricité. Peut-on alors sur la base de
l’article 379 code pénal français (aujourd’hui abrogé) pour réprimer un détournement
d’électricité ? Dans cette hypothèse, la jurisprudence française a décidé qu’il y a vol au sens de
la loi au motif que le courant électrique est chose mobilière susceptible d’appropriation. De
même, le texte sur la diffamation par les journaux et les affiches a été étendu à la diffamation
par la voie de la radio et du cinéma au motif que ces agissements sont « dans leur objet et leurs
caractères foncièrement identiques à ceux en vue desquels la sanction a été édictée ».
C’est le cas pour les lois relatives aux garanties de la liberté individuelle et au droit de
la défense. La jurisprudence n’est pas toujours ferme dans l’application de l’interprétation par
voie d’analogie. Elle l’a souvent écartée dans des hypothèses où la loi est pourtant favorable au
prévenu. C’est la solution retenue par la Cour de cassation française à propos de textes
consacrant des règles de droit de la défense. Actuellement, cette haute juridiction interprète de
façon restrictive la règle interdisant d’entendre comme témoin une personne contre laquelle
existent des indices graves de culpabilité. Elle limite son application à la phase de l’instruction
et refuse de l’étendre à la phase de l’enquête préliminaire.
Une fois la loi votée, promulguée et publiée, le juge n’a pas à chercher sa conformité à
la constitution, il doit l’appliquer. Le problème est différent pour les règlements. Le juge peut
contrôler leur légalité. Ce contrôle s’opère sous deux formes : par voie d’action ou par voie
d’exception.
Le contrôle par voie d’action, c’est le recours pour excès de pouvoir. Il est
porté à l’attention devant la chambre administrative de la cours suprême dans
un délai de deux mois à compter de la notification ou de la publication de la
décision attaquée.
Il y a contrôle par voie d’exception lorsque le prévenu prétend à l’occasion
d’une poursuite que le règlement est entaché d’un vice. C’est ce qu’on appelle
« exception d’illégalité ». Les principes à la base de l’admission de l’exception
d’illégalité présentent des différences en droit français et en droits sénégalais.
Il y a lieu de présenter cette différence avant de voir les conditions
d’application de l’exception d’illégalité et sa portée.
A- En droit français
23
le 5 juillet 1951 par le tribunal des conflits. Dans cette décision, cette haute juridiction affirme
que « tout juge répressif est habilité à apprécier la légalité d’un acte administratif
Celle-ci pourront interpréter ou apprécier la légalité d’un acte administratif dès lors
que de cet examen dépend de la solution du procès pénal. Il n’y a donc plus à distinguer comme
le tribunal des conflits, entre les actes individuels et les actes règlementaires ou, comme la Cour
de cassation, entre les actes pénalement sanctionnés et les autres du moment que l’issu du
procès dépend du sens ou de la légalité de l’acte.
B- En droit sénégalais
L’exception d’illégalité peut être invoquée devant toutes les juridictions à l’encontre
de tous les actes administratifs, qu’ils soient réglementaires ou individuels. On peut soulever
les mêmes cas d’illégalités qu’en cas de contentieux administratif. Par exemple: la violation de
la loi, l’incompétence de l’autorité administrative, le vice de forme. Le juge pénal est
compétent, si au cours d’une poursuite, le prévenu, qui est le défendeur, prétend que le
règlement qu’il a violé est irrégulier et qu’il lui demande d’examiner la légalité de cet acte.
24
Le juge est tenu d’examiner la légalité du règlement lorsqu’une partie le lui demande.
Le contrôle une fois fait, la loi lui offre deux possibilités :
Dans ce cas, le prévenu ne sera pas condamné, mais le texte irrégulier n’est pas
annulé, en conséquence rien n’interdit qu’il puisse avoir de nouvelles poursuites et conduire le
juge à prononcer une condamnation si dans ces instances ultérieures, les parties n’invoquent
pas son illégalité.
Dans ce cas, il doit prononcer une condamnation. Cependant comme dans l’hypothèse
précédente, sa décision n’a qu’une autorité relative. Rien n’empêcherait ultérieurement un
prévenu d’invoquer devant lui et même avec succès, le même cas d’illégalité.
Il s’agit de voir ici les circonstances objectives qui rendent l’acte conforme au droit.
Ces circonstances portent le nom de faits justificatifs et sont énumérées par la loi. Il s’agit de la
légitime défense et du commandement de l’autorité légitime. Mais on s’est demandé en
doctrine et en jurisprudence si l’état de nécessité et le consentement de la victime ne pouvaient
pas ainsi être considérés comme des faits justificatifs.
L’art. 316 CP dispose : « il n’y a ni crime ni délit lorsque l’homicide, les blessures
et les coups étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi-
même ou d’autrui ». A travers ce texte, le CP confère à celui qui se défend, un pouvoir de
police privée, mais ce pouvoir ne doit pas devenir un pouvoir de justice privée. En d’autres
termes, l’agressé ne doit pas profiter de sa situation pour assouvir une vengeance personnelle.
Son comportement ne peut être justifié que s’il s’inscrit dans le cadre des dispositions de la loi.
A- L’agression
Suivant les dispositions de l’art. 316 CP, l’agression peut être dirigée contre l’agent
pénal lui-même ou contre un tiers. Elle n’est prise en considération par la loi que si elle
présente deux caractères.
Tout d’abord elle doit être actuelle; l’actualité signifie que l’agression ne peut être
imaginaire ou simplement éventuelle. Une menace n’est pas suffisante pour justifier celui qui
se ferait justice préventivement. La personne victime des menaces graves doit saisir les
pouvoirs publics.
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Ensuite elle doit être injuste. A contrario, une agression juste serait une agression
ordonnée par la loi et commandée par l’autorité légitime. Ainsi, le voleur n’est pas en état de
légitime défense vis-à-vis du policier qui l’arrête régulièrement. Les choses ne sont toutefois
pas aussi simples lorsque l’agression est due à un agent de l’autorité qui agit illégalement ou à
un « passage à tabac ». L’individu illégalement arrêté ou frappé est-il en état de légitime
défense s’il riposte ? La jurisprudence répond généralement par la négative en invoquant la
présomption de régularité des actes de l’autorité publique. Malgré les critiques qui ont été
adressées, la jurisprudence a toujours refusé d’assouplir sa position au motif que si chaque
personne pouvait résister aux agents du pouvoir, en prétendant que leur action est illégale,
l’exercice de l’autorité publique serait entravée.
B- La défense
Deux questions méritent d’être examinées ici : la nature de l’infraction et les caractères
de l’infraction de la défense.
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cependant bénéficier de l’excuse de provocation et des circonstances atténuantes.
On retiendra que l’appréciation du caractère proportionné de la défense est une
question de fait ; cependant, la cour de cassation française demande au juge du fond
de la mettre en mesure de vérifier si la condition de proportionnalité est remplie.
L’art. 316 du CP parle d’homicide, des coups et blessures. Mais on admet l’extension
de la légitime défense à toutes sortes de délits. Ce texte est encore applicable en cas d’agression
contre les biens. Exemple : il a été jugé qu’un châtelain était irresponsable pénalement et
civilement pour les dommages causés au voleur de ses poissons par des détonateurs placés près
de son étang.
Les décisions postérieures ne vont pas condamner la légitime défense des biens. Elles
admettent même la défense automatique des biens. C’est le cas lorsqu’une personne place chez
elle un piège à feu ou laisse en liberté dans son jardin une bête féroce.
Pour cette forme de protection des biens, la jurisprudence demande au propriétaire des
biens d’avertir les individus en apposant devant la porte de leurs maisons, un écriteau signalant
l’existence du piège à feu ou du moyen de défense utilisé. On remarque cependant que même si
le propriétaire respecte cette condition, il ne peut bénéficier de la légitime défense que s’il
existe une proportionnalité entre le mal causé à l’agresseur et la valeur du bien défendu. La
condition de proportionnalité en matière d’agression contre les biens est appréciée de façon
rigoureuse par les juges du fond.
*Premier cas : il concerne l’attaque de nuit avec escalade ou effraction des clôtures,
murs ou entrées d’une maison ou d’un appartement habité ou de leurs dépendances.
*Deuxième cas : il est relatif à l’attaque faite avec violence par des voleurs ou des
pillards.
Dans tous ces cas privilégiés légitime défense, la présomption édictée par la loi est
simple c’est-à-dire qu’elle peut être écartée par la preuve contraire. Ainsi, celui qui tue un
homme escaladant les murs de son domaine en sachant que l’intrus voulait simplement
rejoindre à des fins câlines une employée de maison ne peut pas bénéficier de la légitime
défense. Cette solution est tout à fait fondée car celui qui se défend dans cette hypothèse sait en
toute pertinence qu’il n’encoure aucun danger.
27
La légitime défense exclue la responsabilité pénale et la responsabilité civile. En effet,
l’agresseur est mal fondé à invoquer le bénéfice d’une allocation des dommages-intérêts car le
dommage qu’il subit est dû à l’agression dont il avait pris l’initiative.
L’art. 315 du CP dispose « il n’y a ni crime ni délit lorsque l’homicide, les coups et
blessures étaient ordonnés par la loi et commandés par l’autorité légitime ».
Au contraire, lorsque l’ordre de la loi ne peut être exécuté que par l’intermédiaire
d’un commandement donné par un supérieur hiérarchique, la question qui se pose est de savoir
si l’obéissance à un ordre illégal mais donné par l’autorité légitime est une cause de
justification. Il faut entendre par autorité légitime une autorité régulièrement investie et qui a un
pouvoir direct sur celui qui va exécuter l’ordre (une autorité civile ou militaire). Dès lors
l’infraction n’est pas justifiée si elle est ordonnée par une autorité privée.
Par rapport à la question posée, on ne trouve en droit sénégalais que quelques textes
spéciaux. Ces textes n’exonèrent pas le fonctionnaire qui a obéi à un ordre hiérarchique illégal.
La loi prévoit tout simplement en ce qui le concerne une excuse absolutoire (voir art. 106 du
CP). L’excuse absolutoire est une cause d’exemption de la peine, et cela signifie que
l’infraction subsiste et que son auteur pourra être condamné au paiement des dommages-
intérêts et aux frais de justice.
En dehors de ces cas légaux, la doctrine a proposé des solutions. Selon la doctrine de
l’obéissance passive, le fait justificatif doit jouer, car l’agent doit obéir sous peine de
compromettre l’autorité de son chef. Cette solution peut conduire à des excès, aussi, certains
auteurs ont-ils senti la nécessité de proposer une solution appelée les « baïonnettes
intelligentes ». Pour les tenants de cette théorie, l’agent n’est pas tenu de respecter un ordre
illégal. Cette proposition est cependant difficile à concilier avec le nécessaire respect de la
discipline dans les armées. Devant cette situation, d’autres auteurs préfèrent un système
intermédiaire où le subordonné ne doit refuser d’exécuter que les ordres manifestement
illégaux. L’application de cette solution n’est pas aisée, car le subordonné n’a pas toujours
l’aptitude requise pour savoir si un ordre est manifestement illégal ou s’il ne l’est pas.
La jurisprudence prend parti dans ce débat. Elle rejette la thèse de l’obéissance passive
et décide généralement que l’infraction commise en exécution d’un ordre illégal est punissable.
Cette solution est fondée mais à début de fait justificatif, l’agent peut bénéficier de l’impunité
en invoquant la contrainte conformément à l’art. 50 du CP. Tel est le cas du militaire en
opération qui doit ses actes aux lois de la guerre sous peines d’être exécuté lui-même
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sommairement. Mais pour avoir gain de cause, il devra prouver que sa volonté a été abolie par
son supérieur.
Du moment que tous ces textes sont favorables au délinquant, il est admis que l’état de
nécessité est applicable même aux hypothèses non prévues par la loi. La question est cependant
de savoir comment justifier l’impunité de l’auteur d’un délit nécessaire. La réponse à cette
question n’a pas manqué de poser des difficultés. En doctrine comme en jurisprudence, c’est la
controverse.
Dans un premier temps, l’état de nécessité est assimilé à la contrainte morale. Cette
thèse est critiquable car l’auteur d’un délit nécessaire agit en pleine conscience au moment des
faits. On a ensuite fait appel à l’absence d’intention délictueuse. Cette explication doit aussi
être critiquée. Elle ne vaut que pour les infractions intentionnelles et même dans ces infractions,
elle a le défaut de confondre l’intention et le mobile car, le mobile qu’il soit honorable ou
crapuleux ne fait pas disparaître l’intention. Devant l’insuffisance de ces explications, on
admet aujourd’hui que l’état de nécessité est un fait justificatif. C’est la thèse de la chambre
criminelle, de la cour de cassation française. Cette jurisprudence a été reprise par l’art. 122 (1-
7) du nouveau code pénal français. Il faut retenir que l’agent pénal ne bénéficie de l’impunité
que si certaines conditions sont réunies.
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3- Il faut que l’intérêt sauvegardé soit supérieur à l’intérêt sacrifié :
Une femme qui vole du pain pour nourrir son enfant bénéficie de l’état de
nécessité car une vie humaine est plus importante que la propriété d’un pain. En
revanche, on ne peut pas invoquer l’état de nécessité lorsqu’on tue une personne
pour protéger un animal.
Il faut retenir que l’état de nécessité est un fait justificatif à caractère particulier. Il
supprime la responsabilité pénale mais non la responsabilité civile. Cette solution est
compréhensible car l’auteur d’un délit nécessaire est un agresseur. Il est donc normal qu’il
indemnise sa victime.
A- Le consentement de la victime
Ce n’est pas en principe un fait justificatif. La loi pénale n’a pas pour finalité de
privilégier les intérêts privés sur l’intérêt social. Son rôle est d’assurer le maintien de l’ordre
social. Le consentement de la victime est donc inefficace pour effacer le caractère délictueux de
l’infraction. Ce principe de l’indifférence du consentement de la victime est parfois rappelé par
le législateur. Exemples : 1) dans les infractions contre les personnes, l’art. 305 CP incrimine
l’avortement même si la femme enceinte a donné son consentement ; 2) dans les infractions
contre les biens, la loi incrimine l’acceptation en connaissance de cause d’un chèque sans
provision.
La règle de l’exclusion du consentement de la victime comme fait justificatif est
également rappelée par la jurisprudence. Ainsi, il a été jugé que l’homicide sur demande
encore appelée Euthanasie est répréhensible comme un simple homicide malgré le mobile
altruiste qui a pu l’inspirer. Les juges ont encore décidé que le consentement de la victime ne
peut justifier la stérilisation provoquée par un chirurgien dans le but de supprimer la faculté de
procréation. Dans les sports violents, exemple: karaté, judo, boxe, la jurisprudence encore
affirme que les coups et blessures ne sont pas justifiés par le consentement de la victime mais
par la loi. On retiendra qu’en cette matière, l’individu qui porte des coups n’échappe à la
répression que si seulement il respecte les règles du jeu.
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Il s’agit d’infractions touchant à des biens ou à des droits dont la victime a la
possibilité de disposer. Dans ces infractions, le consentement de la victime fait obstacle à la
répression. Il en va ainsi pour certaines infractions contre les biens. Par exemple : on peut plus
parler de vol ou d’escroquerie lorsque la victime a consenti à la réalisation de l’infraction. De
même, dans les infractions contre les personnes, il n’y a pas de viol si la victime est
consentante. Dans les hypothèses ainsi présentées, le défaut de consentement de la victime est
une condition d’existence de l’infraction. On ne peut donc parler ici de fait justificatif car si, la
répression ne peut être retenue, c’est que tout simplement la présence du consentement de la
victime supprime un élément constitutif de l’infraction. On retiendra cependant que le
consentement ne peut effacer l’infraction que s’il remplit trois conditions :
*ensuite, il doit être libre: surpris par dol, il ne saurait évidemment effacer l’infraction ; ainsi,
la remise d’une somme d’argent provoquée par l’emploi de moyens frauduleux est une
escroquerie (art 379 CP) ;
*enfin, il doit émaner d’un individu capable de comprendre la portée de son acceptation. Le
consentement est donc sans valeur lorsqu’il émane d’un dément ou d’une personne très jeune.
En droit pénal, l’infraction n’existe que si elle se révèle à l’extérieur par un fait
matériel objectivement constatable. C’est là une garantie contre l’arbitraire des pouvoirs
publics. Le problème délicat est cependant de savoir à partir de quel moment dans une activité
criminelle faut-il situer l’intervention du droit pénal. Est-ce à compter de la réalisation
définitive de l’infraction ou faut-il sanctionner dès l’instant que le sujet montre par son attitude
sa volonté d’aller à l’encontre des valeurs pénalement protégées par la société ?
A cette question, la loi apporte une réponse en sanctionnant la tentative. Notre droit
intervient également pour attirer dans son champ certaines actions criminelles qui ont été
menées jusqu’à leur terme sans que le résultat recherché ait été obtenu. Ces actions concernent
l’infraction manquée et l’infraction impossible.
Une infraction pénale est presque toujours le résultat d’une longue préparation.
L’agent pénal n’atteint le résultat interdit qu’au terme d’un cheminement complexe. Ce
processus criminel encore appelé chemin du crime « ITER CRIMINIS » se décompose en
trois étapes :
La première est l’idée du crime, la résolution de l’accomplir ;
La seconde est constituée par les actes préparatoires ;
La troisième est celle de l’exécution, de la consommation de l’infraction.
31
Lorsque l’agent pénal n’est pas allé jusqu’au bout de ce chemin, le problème est alors
de savoir à partir de quelle étape faut-il situer l’intervention du droit pénal. L’art 2 CP apporte
une réponse à cette question. Pour donner un éclairage à ce texte, nous examinerons d’une part
les conditions requises par la loi pour qu’il ait tentative et d’autre part la peine prévue en pareil
cas (la répression de la tentative).
A. Le commencement d’exécution
b- Le critère subjectif :
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Il tient compte beaucoup plus à l’intention qu’aux actes extérieurs. Selon les tenants de
ce critère, il y a commencement d’exécution quand l’individu a la volonté irrévocable de
commettre l’infraction. Ce critère protège assurément les intérêts de la société mais il est source
d’arbitraire. La loi exige un commencement d’exécution alors que cette théorie se contente
d’une intention irrévocable. Devant l’excès de cette thèse et devant la faiblesse de la thèse
objective, certains auteurs vont proposer une voie à égale distance du critère objectif et du
critère subjectif. Reste à voir la position de la jurisprudence.
2°) La jurisprudence :
C’est en matière de vol que ce critère a été appliqué pour la première fois. Dans cette
affaire qui date de 1913, la jurisprudence a retenu comme commencement d’exécution, le fait
d’attendre un encaisseur dans un couloir muni d’une arme et d’instruments indispensables à
l’agression. Les magistrats français ont encore admis l’existence du commencement
d’exécution dans le cas où longuement surveillés par la police sont arrêtés au moment où
porteur d’armes et d’instruments destinés à dissimuler leur identité, ils se trouvaient sur le lieu
de l’infraction projetée.
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La jurisprudence a appliqué la conception subjective en matière d’avortement. Des
arrêts ont considéré comme coupables d’une tentative d’avortement, le médecin qui après avoir
accepté de faire avorter une femme et fixé le montant de ses honoraires pour cette opération,
s’est rendu au domicile de la cliente muni d’une trousse contenant les instruments appropriés.
L’application du critère objectif :
Le critère objectif a été appliqué pour la première fois en 1961. Dans cette affaire un
tueur à gages avait été soudoyé pour supprimer quelqu’un. Mais au dernier moment, il s’est
dérobé. La chambre criminelle de la cour de cassation a estimé que le comportement du
donneur d’ordres était tout simplement un acte préparatoire parce qu’il était très éloigné du but
interdit par la loi. La même formule employée dans cette décision a été reprise par la
jurisprudence en 1979. Dans cette affaire, un jeune homme avait remis à l’un de ses camarades
de collège une somme d’argent destinée à l’achat de la drogue. Cette somme est envoyée à un
autre ami sous forme de mandat et avec mission d’acheter de la drogue. La mère du destinataire
du titre (le mandant) retient le mandat et le renvoie à l’expéditeur, mais aucun contact n’est pris
avec le vendeur de drogue. Y avait-il dans ces faits commencement d’exécution? La cour
d’appel dans cette affaire répond positivement. La chambre criminelle casse la décision ainsi
rendue au motif que le commencement d’exécution n’est caractérisé que par un acte devant
avoir pour conséquence directe de consommer le délit, celui-ci étant entré dans sa période
d’exécution.
Cette solution est justifiée, car dans ce cas d’espèce, il y a trop de maillons
intermédiaires entre le demandeur et le vendeur de drogue. L’initiative du demandeur existe,
mais elle est éloignée du résultat espéré. Seule l’action d’un intermédiaire plus rapproché du
détenteur de drogue aurait pu être considérée comme un commencement d’exécution.
Les exemples jurisprudentiels ainsi présentés pourraient faire penser que la chambre
criminelle de la cour de cassation française n’a pas de ligne directrice et que les solutions
qu’elle retient sont purement arbitraires. Il suffit cependant d’analyser les décisions rendues
comprendre que le choix du critère objectif ou du critère subjectif n’est pas fortuit. Il obéit à
une logique, à une politique de la chambre criminelle de la cour de cassation française. Celle-ci
veut s’affranchir de toute définition rigide du commencement d’exécution, elle entend garder
son pouvoir d’appréciation. On peut faire ce constat si on cherche à expliquer les décisions
qu’elle a rendues en matière de commencement d’exécution.
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Dans d’autres infractions, comme l’achat de drogue, les juges font preuve de prudence
dans la définition du commencement d’exécution. Ils sont indulgents pour les jeunes tentés par
la drogue, mais ils deviennent sévères lorsqu’ils ont affaire à un trafiquant de drogues.
B. L’absence de désistement volontaire
Selon l’art 2 CP, la tentative d’une infraction n’est punissable que si elle a été
suspendue par des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur. Il ressort de ce
texte que l’auteur d’un commencement d’exécution bénéficie de l’impunité lorsque le
désistement est volontaire. Mais pour appliquer ce texte, il importe d’apprécier la cause du
désistement avant de préciser jusqu’à quel moment on peut renoncer à une action criminelle.
a- Le désistement volontaire :
Seule cette forme de désistement peut entrainer l’impunité de l’auteur d’une tentative.
Le désistement volontaire, c’est le désistement spontané. Il présente ce caractère lorsque
l’individu n’est ni incité, ni contraint par autrui. Il importe peu que l’auteur du commencement
d’exécution ait renoncé par pitié, par remords ou par crainte du châtiment.
b- le désistement involontaire :
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2°) Le moment du désistement :
A. Le fondement de la répression
La tentative est punie de la même peine que l’infraction consommée (art 2 CP). Cette
solution a été adoptée par le code pénal dans un but d’intimidation en vue de détourner le plus
possible du crime. Elle se justifie également par des considérations de défense sociale. La
protection de la société commande de mettre sur le même pied l’auteur d’une tentative et
l’auteur d’une infraction consommée.
B. La mesure de la répression
Elle est déterminée par les articles 2 et 3 du Code Pénal. La tentative n’est pas visée dans tous
les cas. Pour les crimes, elle est toujours punissable ; pour les délits, elle ne peut être punie que
dans le cas expressément prévus par la loi. Pour les contraventions, la répression ne s’impose
pas, car le trouble social est trop faible.
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Section 2 : L’infraction manquée et l’infraction impossible
Dans l’infraction manquée, le résultat n’est pas atteint à cause de la maladresse de son
auteur. Mais tous les actes matériels ont été exécutés de façon complète. Tel est le cas de
l’individu qui tire sur son adversaire et qui ne le tue pas parce qu’il a mal visé. L’infraction
manquée ne pose pas en principe des difficultés majeures. L’art 2 CP l’assimile expressément à
la tentative .Cette assimilation est justifiée car l’auteur d’une infraction manquée est aussi
dangereux pour l’ordre social que l’auteur d’une tentative.
Dans cette infraction, le sujet a accompli tous les actes matériels mais il n’a pas atteint
le but visé. Ainsi définie, l’infraction impossible se rapproche nettement de l’infraction
manquée. Mais il existe une différence entre ces deux catégories d’infractions.
Dans l’infraction manquée, le but visé pouvait matériellement être atteint. Par
contre, dans l’infraction impossible le résultat ne pouvait pas matériellement être obtenu car
l’objet même de l’infraction n’existe pas ou encore les moyens employés étaient insusceptibles
de consommer l’infraction.
Par exemple, il y a infraction impossible lorsqu’un individu désirant voler un
portefeuille plonge sa main dans la poche intérieure d’une veste alors que celle-ci est vide. Il y
a encore infraction impossible lorsqu’une personne pratique des manœuvres abortives sur une
femme non enceinte.
L’auteur d’une infraction impossible doit-il être puni comme coupable de tentative ?
Peut-on assimiler l’infraction impossible à l’infraction tentée ? Pour répondre à ces questions, il
faut consulter la doctrine et la jurisprudence.
A. La doctrine
Selon les tenants de cette thèse, l’infraction impossible doit rester impunie pour deux
raisons.
Premièrement, cette infraction ne cause aucun trouble à l’ordre social.
Deuxièmement, on ne peut pas assimiler cette catégorie d’infraction à l’infraction
tentée. L’art 2 CP exige un commencement d’exécution, or en cas d’infraction impossible, il
n’y a pas de commencement d’exécution concevable. Cette thèse est critiquable, car dans une
infraction impossible, ce qui est impossible c’est le résultat et non le commencement
d’exécution.
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2°) La thèse de la répression systématique :
Les tenants de cette thèse avancent deux arguments pour expliquer leur position.
Premièrement, au point de vue subjectif, il faut observer que l’infraction impossible révèle chez
son auteur une intention criminelle dangereuse. Deuxièmement, au point de vue objectif, il faut
remarquer l’infraction impossible ne suppose pas de simples actes matériels d’exécution, son
auteur est allé jusqu’au but de son action même si le résultat escompté n’est pas atteint.
Les arguments ainsi présentés vont amener les membres de cette doctrine à assimiler
l’infraction impossible à l’infraction tentée.
A. La jurisprudence
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Elle assimile actuellement l’infraction impossible à l’infraction tentée. Cette règle
connait cependant des limites.
1°) L’assimilation de l’infraction impossible à l’infraction tentée :
L’infraction impossible est punissable dans toutes les hypothèses où la tentative est
punissable. Ainsi, si la tentative d’un délit n’est pas prévue par le code pénal ; on ne pourra pas
sanctionner l’infraction impossible qui concernerait ce délit.
Cette limite est liée aux prescriptions de l’art 3 CP exemple : L’art 49 al 2 du CP punit
le refus de porter secours à une personne en danger. Ce texte ne s’applique que lorsque la
victime est vivante au moment des faits.
Il y a infraction impossible lorsque l’individu s’abstient de porter secours à une
personne en péril et qui était déjà morte. L’auteur de cette infraction impossible échappe à la
répression, car l’art 49 al 2 ne réprime pas la tentative du délit de non assistance à personne en
danger.
La répression de l’infraction impossible est encore exclue lorsque les circonstances de
l’infraction révèlent que l’élément moral fait défaut. C’est le cas lorsqu’un individu tire sur une
personne avec un fusil d’enfant tout en sachant que cette arme est absolument inoffensive.
L’élément moral est le rapport psychologique qui existe entre le sujet pénal et son
acte. En son absence, le sujet échappe à la répression même si son comportement correspond à
l’élément matériel tel qu’il a été décrit par la loi. L’élément moral est donc une condition
nécessaire à l’existence de l’infraction.
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Section 1 : Le contenu de L’élément moral
L’intention délictueuse encore appelée dol général est la volonté tendue vers la
réalisation de l’infraction. Dans cette définition, on peut trouver deux éléments.
Premier élément : la volonté de réaliser l’acte interdit, l’auteur d’une infraction intentionnelle
doit agir avec volonté c'est-à-dire en toute conscience et en toute liberté. De façon négative, il
ne doit être ni dément, ni contraint.
Deuxième élément : la recherche du résultat prohibé par la loi , l’intention délictueuse résulte
le plus souvent dans le texte incriminateur de l’utilisation d’expressions telles que « mauvaise
foi » « sciemment » « à dessein » »avec connaissance » « frauduleusement », « volontaire »
exemple : l’art 280 CP dispose « l’homicide commis volontairement est qualifié meurtre ».
L’intention dans le délit de meurtre consiste en la volonté de commettre l’homicide. En
d’autres termes, l’intention suppose ici qu’étant ni dément, ni contraint, on a désiré ôter à autrui
l’existence
A. La distinction de l’intention délictueuse et les mobiles
Les mobiles sont les sentiments particuliers qui ont inspiré l’acte défendu par la loi.
Ils varient d’une infraction à l’autre et même dans le cadre d’une incrimination donnée.
Exemple : le meurtre peut être commis par jalousie, cupidité, vengeance, cruauté, pitié, amour.
Les mobiles sont donc différents de l’intention, qui, elle est une notion abstraite, en ce sens
qu’elle est toujours semblable pour une même infraction.
Ainsi dans le meurtre, l’intention, c’est toujours la volonté consciente et libre
d’accomplir l’acte entraînant la mort de la victime. Il faut retenir que seule l’intention est
indispensable à l’existence de l’infraction. Les mobiles, qu’ils soient honorables ou crapuleux,
ne sont pas des éléments constitutifs de l’infraction et ne font pas échec à la répression.
Le mobile peut influer soit sur la répression, soit sur l’existence de l’infraction.
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a. Le mobile peut influer sur la répression :
Si le résultat effectivement atteint est exactement celui qui était désiré, il y a dol
simple ou déterminé ; mais des complications peuvent surgir. Il en va ainsi lorsque la
circonstance entre le dol et le résultat n’est pas nette. C’est l’hypothèse du dol indéterminé, du
dol éventuel, ou du dol praeter intentionnel.
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générale mais pour assimiler dans certains cas le dol éventuel à l’intention criminelle. Par
exemple, l’art 406 dernier alinéa CP punit l’incendie volontaire ayant entrainé la mort d’une ou
de plusieurs personnes comme un assassinat.
Pour les infractions les moins graves, le législateur exige seulement une faute non
intentionnelle. Ce qui signifie qu’il n’est pas nécessaire pour que le délit soit réalisé que l’agent
pénal ait eu l’intention d’accomplir un acte illicite. Les infractions non intentionnelles
regroupent les délits d’imprudence, les contraventions et les délits matériels.
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allouer des dommages intérêts à la victime par application des arts 118 et 119 du Code des
Obligations.
B. Les contraventions
Les contraventions consistent le plus souvent dans une désobéissance à une mesure de
police, à une règle jugée nécessaire au maintien de l’ordre et destinée à prévenir des atteintes à
la sécurité ou à éviter des dommages.
Ce sont des délits correctionnels qui n’exigent pas une intention. Il s’agit des délits en
matière de chasse, sont aussi des délits en matériel, la plupart des infractions douanières.
Dans toutes ces infractions, l’élément moral est très mince. Il est établi lorsque le sujet
a agi volontairement au moment de son action. La jurisprudence est du même avis puisqu’elle
affirme avec force que « toute infraction même non intentionnelle suppose que son auteur ait
agi avec volonté ».
A. L’état de la démence
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au fait qu’il existe à côté de la démence proprement dite des états voisins de la démence qui
peuvent entrainer une altération de la volonté. Il s’agit des anomalies mentales et de l’ivresse.
N’est pas une démence complète, l’individu qui en est affecté souffre de troubles
mentaux qui altèrent de façon passagère sa faculté de comprendre et de vouloir. C’est le cas des
déficients mentaux et des demi-fous.
b. L’ivresse :
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2. Sur le plan civil :
Elle est prévue par l’art 50 CP. Ce texte dispose « il n’y a ni crime, ni délit lorsque le
prévenu a été contraint par une force à laquelle il n’a pu résister ». Il résulte de ce texte que
la contrainte est une force qui enlève au moment de l’action, tout pouvoir de décision à l’agent
pénal. On peut même dire qu’elle abolit la volonté de l’individu. Pour étudier la contrainte il
faut examiner tour à tour les formes de la contrainte et les conditions que doit remplir la
contrainte pour pouvoir exonérer le délinquant.
La contrainte peut épouser deux formes : elle peut être physique ou morale.
1. La contrainte physique :
Cette forme de contrainte agit sur le corps de l’individu ; elle peut être externe ou
interne.
a. La contrainte physique externe :
Dans cette hypothèse, la contrainte peut être le fait des forces de la nature : une
tempête, une inondation. Exemple : le baigneur obligé de se montrer nu en raison de la
dispersion de ses vêtements par le vent, ne saurait être condamné pour outrage public à la
pudeur. Le fait de l’homme est une autre manifestation de la contrainte physique externe.
Exemple : un marin ligoté par des voleurs et qui ne peut se rendre à son bord en raison de ces
circonstances, ne saurait être poursuivi pour désertion.
Le droit civil ne connait que la contrainte physique externe ou force majeure. En droit
pénal l’art 50CP permet de penser que la contrainte peut être externe ou interne. Fort de la
rédaction des textes, les juges reconnaissent un effet exonératoire à la contrainte physique
interne. Exemple : une personne malade depuis plusieurs jours et qui ne défère pas à la
convocation d’un juge instructeur ne peut être poursuivie pour délit de non comparution. Le
sommeil peut aussi exonérer le délinquant. Exemple : un voyageur qui a succombé à un
profond sommeil lui ayant fait dépasser la gare de destination ne peut être poursuivie pour
infraction à la police des chemins de fer.
2. La contrainte morale :
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La contrainte morale agit sur la volonté et supprime ses facultés de libre et complète
détermination. Elle est d’origine externe ou interne.
Dans cette hypothèse, la contrainte peut résulter des menaces émanant d’un tiers. C’est
l’individu qui, menacé de mort est obliger d’héberger un malfrat en fuite. C’est aussi le cas du
caissier qui, parce qu’un revolver est braqué sur lui, est obligé de remettre aux bandits les
sommes d’argent qui ne lui appartient pas.
1. L’irrésistibilité de la contrainte :
Cela signifie que la contrainte doit détruire entièrement chez l’agent pénal la liberté de
décision sans laquelle il ne peut y avoir de volonté coupable. La jurisprudence apprécie
sévèrement la notion d’irréversibilité. Pour les juges cette condition n’est remplie que lorsque
le sujet est dans l’impossibilité absolue de respecter la loi.
Malgré la critique de la doctrine et les termes de la loi, qui ne semblent viser que
l’impossibilité relative, la jurisprudence a toujours retenu la même solution. Les meilleures
parties seraient pourtant d’apprécier l’irréversibilité en tenant compte e la personne de l’agent
et de le juger en fonction de ses possibilités.
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Mais on peut comprendre la position actuelle de la jurisprudence ; elle cherche à éviter
toute difficulté de preuve quant à l’irréversibilité de la contrainte. En effet, il n’est pas toujours
certain que la contrainte invoquée ait été si pressante, si forte qu’elle ait supprimé toute
possibilité d’agir autrement.
La contrainte ne doit pas être précédée par une faute de l’agent pénal. Cela veut dire que
l’attitude de l’agent pénal ne doit pas être à l’origine de la contrainte. L’exemple célèbre est
celui du marin déclaré déserteur alors qu’il n’avait pas pu regagner son bord l’heure prévue par
suite d’une mise en garde à vue consécutive à une ivresse.
Paragraphe 3 : L’erreur
A. L’erreur de fait
C’est une représentation inexacte de la réalité matérielle. Les solutions apportées à une
erreur de fait varie selon que l’infraction est intentionnelle ou non intentionnelle.
Dans ces infractions, l’erreur exclut la responsabilité lorsqu’elle porte sur un fait
essentiel de l’infraction mais elle la laisse subsister lorsqu’il s’agit d’un élément accessoire.
Dans ce cas la responsabilité pénale subsiste. Exemple : l’agent croit voler un tableau
de maître mais en réalité il ne dérobe qu’une simple copie.
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L’erreur sur la personne. Cette erreur n’atténue en rien l’intention criminelle. Ainsi, il
y a homicide volontaire si un individu tue X alors qu’il voulait tuer Y. la jurisprudence
considère même dans cette hypothèse que l’auteur de cette infraction est responsable de toutes
les circonstances aggravantes attachées à la personne de la victime qu’il voulait atteindre.
Exemple : la peine de parricide peut être retenue à l’encontre de l’individu qui tue un tiers en
croyant tuer son père. Que penser maintenant de l’hypothèse où un individu, en dirigeant mal
son coup, atteint une personne autre que celle qu’il avait visée. On a prétendu que dans cette
hypothèse, il y aurait deux délits : un délit manqué à l’égard de la personne visée, un délit
d’imprudence à l’égard de la personne atteinte par erreur. Mais ce raisonnement n’est pas celui
de la jurisprudence.
Pour la jurisprudence, il n y a qu’un seul délit, celui qui était voulu par l’agent pénal.
Elle décide encore que les circonstances doivent être attachées à la personne de l victime que
l’on voulait atteindre. Si par exemple le sujet était en état de légitime défense vis-à-vis de la
personne qu’il visait, il le sera vis à vis de celle qui a été la victime. De même, si le délit a été
prémédité vis-à-vis de la personne que l’on voulait atteindre, il le sera à l’égard de la victime
réelle.
Dans les infractions non intentionnelles, l’erreur de fait est indifférente. En claire, elle
ne supprime pas l’élément moral. C’est dire simplement que malgré son erreur, l’auteur d’une
infraction d’imprudence ou d’une contravention est toujours punissable. Exemple : si au cours
d’une chasse, un individu tue son compagnon alors qu’il croyait tuer un phacochère, on pourra
toujours le poursuivre pour homicide par imprudence. L’individu qui blesse un tiers en
nettoyant son fusil qu’il croyait déchargé reste coupable de blessure par imprudence.
B. L’erreur de droit
Elle peut consister soit dans une ignorance de la loi, soit dans une interprétation
inexacte de ses dispositions. Cette forme d’erreur n’exclu pas la responsabilité pénale. Celle-ci
demeure entière qu’il s’agisse d’une infraction intentionnelle ou d’une infraction non
intentionnelle. Cette solution trouve son fondement dans l’adage : ‘‘ nul n’est sensé ignorer la
loi’’.
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Une infraction peut avoir été commise par plusieurs personnes. La participation de ces
divers agents peut se présenter sous des formes variées. Trois situations vont retenir notre
attention : la complicité, la coaction et la responsabilité pénale du fait d’autrui.
Elle met en scène une personne qui commet l’infraction de manière complète et une
autre personne qui tire les ficelles. La complicité est réglée par les articles 45 et 46 du CP. Ces
deux textes posent les conditions de la complicité et la répression du complice.
Pour que la complicité soit punissable, il faut qu’il y ait un fait principal punissable.
Le fait principal punissable est un crime, un délit et exceptionnellement une contravention. Si le
fait principal n’est pas punissable parce qu’il n’est pas prévu par la loi ou parce qu’il est
amnistié, la complicité n’est pas punissable. Le complice échappe donc à la répression si
l’auteur principal bénéficie d’un fait justificatif ou d’une amnistie légale comme celle de l’art
365 du CP. Ce texte justifie le vol entre époux ou entre parents ; si l’auteur principal figure
parmi les personnes énumérées par ce texte, le complice ne peut plus être poursuivi. Pour
l’application des règles de la complicité, il importe peu que l’auteur principal soit effectivement
punit, l’acte du complice est lié au fait principal punissable, donc il emprunte la criminalité. Il
peut donc être poursuivi même si l’auteur principal est décédé ou n’a pas été découvert.
Pour l’application des règles de complicité, il faut retenir qu’il n’est pas nécessaire que
le fait principal soit consommé, une simple tentative suffit. On exprime cela en disant que la
complicité de tentative est punissable. La complicité de tentative s’oppose à la tentative de
complicité qui elle, n’est pas punissable.
L’instigation consiste à pousser quelqu’un vers quelque chose. Elle prend plusieurs
formes.
a) La provocation (art. 46 al.1 CP) :
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Elle se manifeste par l’un des moyens suivants : les dons, promesses, menaces, abus
d’autorité ou de pouvoir, machination ou artifices coupables. Exemple : une somme d’argent
remise à une personne en vue de la commission de l’infraction est tout à fait suffisante pour
réprimer au sens de la loi même si celle emploie dans l’art. 46 CP, le pluriel.
Des combinaisons sont également possibles tel est le cas de l’amant qui incite sa
maîtresse à se faire avorter en lui promettant de l’argent si elle y consent et en la menaçant de
l’abandonner dans le cas contraire.
Ceci précisé, il faut retenir que’ la provocation ne peut intéresser la loi que si elle
rempli 03 conditions.
En premier lieu, elle doit être directe c'est-à-dire que l’idée doit être exprimée de
façon très nette par le provocateur. En second lieu, elle doit être individuelle c'est-à-dire
adressée personnellement à celui qui que l’on veut convaincre de commettre l’infraction.
Enfin, elle doit être suivie des faits. Cette condition est remplie lorsque le crime ou le délit a
été consommée ou tenté par la personne provoquée.
Sont complices ‘‘ ceux qui auront des armes, des instructions ou tout autre moyen
qui aura servi à l’action sachant qu’ils devaient y servir’’. C’est le cas de celui qui a prêté une
arme en vue de commettre un crime. C’est encore le cas lorsqu’une personne procure une
échelle, des fausses clés en sachant qu’elles devaient servir à la commission de l’infraction. En
droit français, le nouveau CP ne fait pas référence à la complicité par fourniture de moyen.
Celle-ci est aujourd’hui considérée comme une forme de complicité par aide ou par assistance.
Sont complices ‘‘ ceux qui auront avec connaissance, aidé ou assisté l’auteur ou les
auteurs de l’action dans les faits qu’ils auront préparé ou facilité ou dans ceux qu’ils auront
consommé.’’ L’aide ou l’assistance recouvre une quantité d’articles. La loi vise les faits qui ont
préparé ou facilité l’infraction et également les faits réalisés au moment même de l’exécution
matérielle de l’infraction. Exemple : on peut citer le cas de l’individu qui téléphone pour faire
venir la victime. Si l’auteur principal réalise l’infraction projetée, la personne qui a téléphoné
sera poursuivie pour complicité. Exemple : il y a complicité par aide ou assistance lorsqu’un
individu joue du clairon pour couvrir les cris de la personne qu’assassine ou qu’on viole.
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1)- Les actes de complicité doivent être positifs :
L’individu qui assiste sans rien dire et sans intervenir ne peut être poursuivi, si
blâmable que soit sa passivité. La meilleure preuve en est qu’il a fallu créer des délits
d’omission pour sanctionner de telles abstentions (voir art. 48 et 49 du CP). Cependant, la
jurisprudence a reconnu parfois un cas d’aide positif à un comportement essentiellement passif.
C’est le cas de l’amant qui se borne à accompagner sa maîtresse chez une avorteuse. Cet
individu est répréhensible selon la jurisprudence parce que par sa présence et son attitude, il
apporte un appui moral à l’auteur de l’avortement.
Qu’en est-il maintenant lorsqu’il s’agit d’une complicité indirecte ? Pour avoir la
complicité indirecte ou ce qu’on appelle complicité indirecte, il faut partir d’exemples.
Exemple 1 : un homme A met en rapport une femme B qu’il sait enceinte et entend se
faire avorter avec un tiers C qui lui indique l’adresse d’un avorteur D. A est il complice du délit
d’avortement commis par D ?
Exemple 2 : un individu A désireux de commettre un cambriolage, demande à son
complice B de se renseigner auprès d’un familier C qui donne les instructions nécessaires. C est
il coupable de complicité de vol. Pour la doctrine majoritaire, on peut punir le complice du
complice. Sur cette question, la jurisprudence a longtemps manqué de netteté, mais aujourd’hui
sa position ne fait aucun doute, elle est favorable à la répression du complice du complice.
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L’élément moral est une faute intentionnelle si on s’en tient bien entendu à l’art. 46
CP. La preuve de l’intention incombe à la partie poursuivante, le juge est invité à constater
l’existence de l’intention. On peut cependant relever 03 difficultés.
Exemple : en ayant fourni une arme ou un plan des lieux, le complice se ravise et
n’apporte et n’apporte plus son aide à l’auteur principal. Un tel désistement assurera à ce
complice l’impunité mais c’est à la condition qu’il agisse positivement et qu’il fasse tout pour
empêcher l’accomplissement de l’acte principal.
Par exemple en avertissant la police, en récupérant l’instrument qu’il avait confié à
l’auteur principal, en alertant la victime de l’imminence de l’agression projetée contre elle.
Bref, le complice doit allumer des véritables contre feux, à défaut desquels sa volonté
d’abandon ne vaudra pas désistement salvateur. Une simple abstention comme le refus
d’assister l’auteur principal au moment du crime ne saurait suffire.
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Section 2 : La répression de la complicité punissable
Selon l’art 45 CP, le complice sera puni de la même peine que l’auteur principal. Il
convient d’analyser le sens de l’art 45 CP avant de voir comment appliquer ce texte en présence
d’une circonstance aggravante ou d’une cause d’atténuation de la peine.
Une cause d’aggravation est réelle lorsqu’elle se rattache à l’infraction elle-même dont
elle modifie la nature. Pour les causes d’aggravation réelle, il est établi qu’elles rejaillissent sur
le complice même s’il les avait ignorées au moment où il apportait sa collaboration à la
réalisation de l’infraction projetée. Exemple : les circonstances aggravantes du vol telles que
l’escalade, l’effraction et l’usage d’une arme font encourir aux complices les peines du vol
qualifié même si son aide porte sur une phase de l’infraction antérieure à ces circonstances.
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Elles tiennent à la personne de l’auteur et à l’acte et ont pour effet de changer la
qualification de l’infraction. Exemple : l’homicide commis volontairement est un meurtre (art
280 CP) ; cette infraction change de qualification. Lorsque son auteur est le fils de la victime,
elle devient un parricide (art 287 CP). On admet que les circonstances aggravantes mixtes sont
applicables aux complices même s’ils les avaient ignorées.
Comme son nom l’indique, une cause d’atténuation de la peine a pour effet de
diminuer la peine normalement applicable au délinquant. C’est le cas de l’excuse de minorité.
C’est également le cas des circonstances atténuantes. Ces circonstances nées dans la personne
de l’auteur principal ne profitent pas aux complices car elles sont essentiellement personnelles.
Section 1 : Les critères de distinction coaction – complicité et les intérêts de cette
distinction
On appelle coauteurs, les individus qui réunissent en leur personne tous les éléments
de l’infraction commises en participation. Le coauteur est donc l’auteur d’une infraction avec
d’autres personnes. Il peut être poursuivi même si les autres auteurs bénéficient de l’impunité
pour une raison qui leur est propre. Exemple : l’art 365 CP prévoit une immunité familiale pour
le vol. Si le voleur figure parmi les personnes énumérées par ce texte, il échappe à la
répression, mais le coauteur lui sera responsable car c’est un agent a part entière.
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La distinction entre coauteur et complice présente plusieurs intérêts :
3)- Le faits qu’une infraction a été commise par plusieurs auteurs peut être une
circonstance aggravante, c’est le cas par exemple du vol en réunion.
Le critère de la distinction est bien simple, il est objectif. Il suffit de s’en tenir aux
actes savoir si l’agent pénal est un auteur ou un complice. La jurisprudence applique ce critère
mais pour le besoin de la répression, elle confond souvent coauteur et complice.
La jurisprudence considère souvent comme coauteur, celui qui n’est en réalité qu’un
simple complice. C’est la méthode qu’elle utilise pour atteindre les complices d’une
contravention, c’est encore la même solution qu’elle retient à l’encontre du guetteur.
Normalement, celui qui collabore à la réalisation d’un vol simple, en faisant le guetteur est un
complice. Mais la jurisprudence ne retient pas cette façon de voir, elle considère le guetteur
comme un coauteur et retient à son encontre la circonstance aggravante de réunion.
Avec cette analyse, le guetteur encoure les peines d’un vol qualifié. C’est encore pour
des considérations répressives que la jurisprudence va être amenée à poursuivre l’instigation
comme un auteur moral. Ce point de vue a reçu un écho favorable en droit sénégalais. En effet,
dans certains cas, le CP considère comme auteur un individu qui n’a pas accompli l’acte
constitutif du délit mais qui en a été la cause intellectuelle. L’art 346 CP sur l’enlèvement du
mineur constitue un bel exemple. Dans ce texte la loi réprime de la même façon celui qui
enlève un mineur et celui qui fait enlève un mineur.
Selon la jurisprudence, le coauteur aide nécessairement l’autre coupable dans les faits
qui consomment l’infraction et devient par la force des choses son complice. La règle ainsi
dégagée va permettre aux tribunaux de prononcer contre un coauteur une peine aussi grave que
celle qu’il aurait encourue s’il avait été complice. Cette règle connue sous le nom de complicité
cor respective a été appliquée en matière de parricide.
Exemple : deux individus tuent le père de l’un d’entre eux, pour le fils coauteur, l’acte
est un parricide ; pour l’autre coauteur l’acte n’est qu’un simple meurtre. C’est pour éviter ce
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résultat que la jurisprudence considère ce coauteur comme complice. Ainsi dans notre exemple,
le coauteur devenu complice encoure comme le fils la peine du parricide mais on remarquera
que l’application de complicité cor respective ne représente plus d’intérêt dans l’exemple cité
car depuis 2004 au Sénégal, la peine de mort a été abolie. Il en résulte que dans l’exemple cité,
le fils parricide et son coauteur n’encourent plus la peine de mort mais celle des travaux forcés
à perpétuité.
Exemple : l’idée de complicité cor respective a donné lieu à une seconde application
extrêmement pratique. A l’occasion des coups volontaires portés au cours d’une scène de
violence unique par plusieurs individus, la victime décède ou est atteinte d’une infirmité
permanente. Il est sûr que tous les membres du groupe ont frappé mais il est impossible de
déterminer celui qui a donné le coup le grave.
Une jurisprudence abondante et ferme décide en cas que tous les participants sont
exposés à une poursuite sous la qualification afférente au dommage corporel le plus grave subit
par la victime, chaque participant étant en somme complice de celui qui a porté le coup ayant
entrainé le résultat le plus sérieux.
En droit civil, les père et mère, les maîtres et commettants sont responsables du fait de
leurs enfants mineurs, de leurs domestiques ou préposés. En droit pénal en principe, toute
personne est responsable de son fait personnel. Il faut cependant souligner que dans certaines
hypothèses, une personne peut être condamnée comme coauteur d’une infraction commise par
une autre personne.
La loi par un texte spécial ou la jurisprudence en l’absence d’un texte formel affirme
souvent le principe de la responsabilité pénal du fait d’autrui. Le cadre privilégié de ces
responsabilités sont l’entreprise. L’entreprise est entendue au sens large, il peut s’agir d’un
établissement commercial, d’un établissement industriel ou agricole.
La responsabilité patronale intéresse donc une petite officine de pharmacie et même
une grande usine métallurgique. Il est encore admis que les règles de la responsabilité du fait
d’autrui sont applicables non seulement aux entreprises qui ont fait l’objet d’une
réglementation spéciale mais encore aux entreprises soumises à une réglementation générale,
telle que la législation du travail et de la sécurité sociale.
Exemple : le pharmacien est considéré comme l’auteur des infractions à la législation
pharmaceutique commises par ses préparateurs et employés.
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Deux conditions sont exigées : une infraction commise par le préposé et une faute
imputable au chef d’entreprise ou au patron.
La faute du patron ou du chef d’entreprise est présumée, elle est considérée comme
établie dès l’instant que l’acte réalisé par le préposé contrevient à une règlementation générale
ou spéciale que le chef d’entreprise ou le patron avait l’obligation de faire respecter. Les
décisions rendues sont extrêmement sévères, il faut cependant retenir que le patron peut se
dégager de toute responsabilité s’il délègue ses pouvoirs à l’un de ses préposés. La délégation
n’est admise que si certaines conditions sont réunies.
Tout d’abord, il faut une entreprise d’une certaine importance, cela signifie que la
structure de l’entreprise doit être si complexe que le chef d’entreprise ou le patron soient dans
l’impossibilité matérielle de tout contrôler ou de surveiller lui même.
En second lui, le délégataire doit avoir une qualification suffisante. L’agent remplit
cette condition dès lors qu’il est pourvu de la compétence et de l’autorité nécessaire pour veiller
au respect des mesures édictées au sein de l’entreprise.
Enfin, la délégation doit être antérieure à l’infraction et elle doit avoir un objet précis
et limité. Dans tous les cas, la délégation n’a aucune valeur lorsqu’elle est générale ou
lorsqu’elle ne donne aucun pouvoir au délégataire.
Il faut encore préciser que la délégation n’a pas besoin d’être écrite, elle peut résulter
de l’organigramme de l’entreprise ou du contrat d’embauche.
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