Cours Algebre2 FSA

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UNIVERSITÉ IBN ZOHR

FACULTÉ DES SCIENCES AGADIR

COURS ALGÈBRE II
SMA1
Pr. AHMED MACHMOUM

ANNÉE UNIVERSITAIRE : 2020-2021


2
Chapitre 1
STRUCTURE ALGÉBRIQUES

I Loi de composition interne


Définition I.1 On appelle loi de composition interne (l.c.i) sur E toute application de E × E
vers E .

Lorsque l'on convient de noter ∗ cette loi de composition interne, on note x ∗ y l'image du
couple (x, y) par l'application précédente.

l`'élément x ∗ y est appelé composé de x par y via ∗.

Les lois de composition interne sont généralement notées ∗, >, ⊥, +, x, . . ..

Exemples I.1 1/L'addition et la multplication sur C


l sont des lois de composition interne.

En eet (x, y) 7→ x + y et (x, y) 7→ xy sont des applications de Cl × Cl → C.


l

2/L'union et l'intersection sont des lois de composition interne sur P (E)

3/La composition des applcations est une loi de composition interne sur F(E, E)

Définition I.2 On appelle magma tout couple (E, ∗) formé d'un ensemble E et d'une loi de
composition interne ∗ sur E

Exemple I.1 (C
l , +), (Cl , ·), (P (E), ∪), (P (E), ∩) sont des magmas.

I.1 Partie stable

Définition I.3 On appelle partie stable d'un magma (E, ∗) toute partie A de E vérifant :
∀x, y ∈ A, x∗y ∈A
Exemples I.2 1/ E et ∅ sont des parties stables de (E, ∗).

2/ IN, ZZ,Q
l et IR sont des parties stables de (Cl , +) et (Cl , ·).

1
2 CHAPITRE 1. STRUCTURE ALGÉBRIQUES

Définition I.4 Soit A une partie stable d'un magma (E, ∗). L'application restreinte :
A×A→A
(x, y) 7→ x ∗ y
dénit une loi de composition interne sur A appelée loi de composition interne induite par ∗
sur A

I.2 Propriétés d'une loi de composition interne

Définition I.5 Soit ∗ une loi de composition interne sur E .

On dit que deux éléments a, b de E commutent pour la loi ∗ si :


a∗b=b∗a

Exemples I.3 1/Dans (C


l , +) et dans (Cl , ·) tous les éléments commutent deux à deux.

2/Dans (F(E, E), ◦) ce n'est pas le cas mais néanmoins on peut dire que tout éléments de
F(E, E) commute avec IdE

Définition I.6 Une loi de composition interne ∗ sur E est dite commutative si tous éléments
de E commutent deux à deux.

Le magma est alors dit commutatif.

Exemple I.2 (C
l , +), (Cl , ·), (P (E), ∪), (P (E), ∩) sont des magmas commutatifs.

Proposition I.1 Si A est une partie stable d'un magma commutatif (E, ∗) alors (A, ∗) est
aussi commutatif.
Preuve 1

Définition I.7 Une loi de composition interne ∗ sur E est dite associative si
∀a, b, c ∈ E (a ∗ b) ∗ c = a ∗ (b ∗ c)
Le magma (E, ∗) est alors dit associatif.
I. LOI DE COMPOSITION INTERNE 3

Exemple I.3 (C
l , +), (Cl , ·), (P (E), ∪), (P (E), ∩), (F(E, E), ◦) sont des magmas associatifs.

Proposition I.2 Si A est une partie stable d'un magma associatif (E, ∗) alors (A, ∗) est aussi
associatif.

Preuve 2

Définition I.8 On appelle éléments régulier de (E, ∗) tout éléments x de E vériant :


∀a, b ∈ E, x ∗ a = x ∗ b ⇒ a = b (régularité à gauche)

et
a ∗ x = b ∗ x ⇒ a = b (régularité à drote)

Exemple I.4 Dans (Cl , +) tout élément est régulier.

Dans (Cl , ·) tout éléments non nul est régulier alors que 0 n'est pas irréguler.

Définition I.9 On appelle élément neutre de (E, ∗) tout élément e de E vériant :


∀x ∈ E, e ∗ x = x et x ∗ e = x

Exemples I.4 0 est élément neutre de (C


l , +)

1 est élément neutre de (C


l , ·)

∅est élément neutre de(P (E), ∪)

E est élément neutre de (P (E), ∩)

IdE est élément neutre de (F(E, E), ◦)


4 CHAPITRE 1. STRUCTURE ALGÉBRIQUES

Proposition I.3 Si (E, ∗) possède un élement neutre celui ci est unique.

Preuve 3

Définition I.10 On appelle monoïde tout magma (E, ∗) associatif et possédant un élement
neutre.

Si de plus la loi ∗ est commutative, le monoïde (E, ∗) est dit commutatif.

Exemples I.5 (C
l , +) est un monoïde commutatif d'éléments neutre 0.

(C
l , ·) est un monoïde commutatif d'éléments neutre 1.

(P (E), ∪) est un monoïde commutatif d'éléments neutre ∅

(P (E), ∩) est un monoïde commutatif d'éléments neutre E

(F(E, E), ◦) est un monoïde commutatif d'éléments neutre IdE

I.3 Éléments symétrisable

Soit (E, ∗) un monoïde d'élément neutre e.


Définition I.11 On appelle élément symétrisable de (E, ∗) tout élément x de E tel qu'il existe
y ∈ E pour lequel
x∗y =y∗x=e

Proposition I.4 Si x est symétrisable alors l'élément y ∈ E vériant :


x∗y =y∗x=e

est unique.
I. LOI DE COMPOSITION INTERNE 5

Preuve 4

Définition I.12 Si x est symétrsable, l'unique élément y de E tel que


x∗y =y∗x=e
est appelé symétrique de x et on le note
sym(x)

Exemples I.6 1/Dans (C


l , +), tout x est symétrisable et sym(x) = −x.
1
2/Dans (C
l , ·), tout x non nul est symétrisable et sym(x) = .
x
En revanche 0 n'est pas symétrisable.

3/Dans (E, ∗), e est symétrisable et sym(e) = e

En eet
e ∗ e = e et e ∗ e = e.

Proposition I.5 Si x est symétrisable alors sym(x) l'est aussi et


sym(sym(x)) = x.

Preuve 5

Proposition I.6 Si x et y sont symétrisables

alors x ∗ y l'est aussi et on a :


sym(x ∗ y) = sym(y) ∗ sym(x).
6 CHAPITRE 1. STRUCTURE ALGÉBRIQUES

Preuve 6

Proposition I.7 Si x est un élément symétrisable de (E, ∗) alors x est régulier.

Preuve 7

I.4 Structures produits

Soient (E, >) et (F, ⊥) deux magmas.


Définition I.13 On dénit une loi de composition interne notée ∗ sur E × F par
(x, y) ∗ (x0 , y 0 ) = (x>x0 , y⊥y 0 )

Cette loi ∗ est appelé loi produit sur E × F.

Exemple I.5 On peut dénir une loi ∗ sur IR2 par produit des structures (IR, +) et (IR, ·).

La loi ∗ est alors dénie par :


(x, y) ∗ (x0 , y 0 ) = (x + x0 , yy 0 )

Proposition I.8 Si (E, >) et (F, ⊥) sont des monoïdes (resp. des monoïdes commutatifs) de
neutre e et f alors (E × F, ∗) est un monoïde (resp. un monoïde commutatif) d'éléments neutre
 = (e, f ).

De plus, un élément (x, y) de E × F est symétrisable si et seulement si x et y le sont et


alors
sym((x, y)) = (sym(x), sym(y))
I. LOI DE COMPOSITION INTERNE 7

Preuve 8

Exemple I.6 Pour la loi ∗ dénie sur IR2 dans l'exemple ci-dessus, on obtient que (IR2 , ∗) est
un monoïde commutatif de neutre (0, 1) et dont les éléments symétrisables sont les (x, y) avec
y 6= 0, de symétrique (−x, 1/y).
8 CHAPITRE 1. STRUCTURE ALGÉBRIQUES

II Groupes
Définition II.1 On appelle groupe tout magma (G, ∗) tel que :

• ∗ est associative ;

• (G, ∗) possède un élément neutre e ;

• tout élément de (G, ∗) est symétrisable.

Si de plus ∗ est commutative, le groupe (G, ∗) est dit commutatif ou plus couramment abélien.

Remarques II.1 1/Un groupe n'est jamais vide, il contient e.

2/Dans un groupe tout élément est symétrisable, donc régulier.

Exemples II.1 1/ (C
l , +) est un groupe abélien de neutre 0.

En eet l'addition est commutative, associative, 0 est un élément neutre et tout élément est
symétrisable dans (Cl , +).

De même (IR, +), (Ql , +) et (ZZ, +) sont des groupes abéliens.

En revanche (IN, +) n'en est pas un, les naturels non nuls ne sont pas symétrisables dans (IN, +).

2/ (C
l , ·) n'est pas un groupe car 0 n'est pas symétrisable.

En revanche (Cl ∗ , ·) est un groupe abélien de neutre 1.

De même (Ql ∗ , ·), (IR∗ , ·) sont des groupes abéliens.

Proposition II.1 Si (G, >) et (G0 , ⊥) sont des groupes de neutres e et e0 alors G × G0 muni
de la loi produit ∗ est un groupe de neutre (e, e0 ).

Preuve 9
II. GROUPES 9

II.1 Sous groupe

Soit (G, ∗) un groupe d'élément neutre e.


Définition II.2 On appelle sous groupe de (G, ∗) toute partie H de G vériant :

• e∈H

• ∀x ∈ H, sym(x) ∈ H

• ∀x, y ∈ H, x∗y ∈H

Exemple II.1 1/ ZZ,Q


l , IR sont des sous groupes de (Cl , +).

2/ Q
l ∗ , IR∗ , IR+∗ sont des sous groupes de (Cl ∗ , ·).

Proposition II.2 Si H est un sous groupe de (G, ∗) alors (H, ∗) est un groupe.

Si de plus si le groupe (G, ∗) est abélien alors (H, ∗) l'est aussi.

Preuve 10

Proposition II.3 Soit H une partie de G. On a équvalence entre :

(i) H est un sous groupe de (G, ∗) ;

(ii) H 6= ∅ et ∀x, y ∈ H, x ∗ sym(y) ∈ H


10 CHAPITRE 1. STRUCTURE ALGÉBRIQUES

Preuve 11

Proposition II.4 Soent H1 , H2 deux sous groupes de (G, ∗).

H1 ∩ H2 est un sous groupe de (G, ∗).

Preuve 12

II.2 Morphisme de groupes

Soit (G, ∗), (G0 , >), (G00 , ⊥) trois groupes d'éléments neutres e, e0 et e00 .
Définition II.3 On appelle morphisme du groupe (G, ∗) vers (G0 , T )

toute applcation φ : G → G0 vériant


∀x, y ∈ G, f (x ∗ y) = f (x)>f (y)

Si f est bijective, on dit que f est un isomorphisme.

Si (G0 , >) = (G, ∗), on dit que f est un endomophisme.

Si (G0 , >) = (G, ∗) et f est bijective, on dit que f est un automorphisme.

Exemples II.2 1/ ln est unisomorphisme de (IR∗+ , ·) vers (IR, +).


II. GROUPES 11

En eet, pour tout a, b > 0, ln(ab) = ln(a) + ln(b).

2/ exp est un morphisme de (C


l , +) vers (Cl ∗ , ·)

En eet, pour tout z, z 0 ∈ Cl , exp(z + z 0 ) = exp(z)exp(z 0 ).

Proposition II.5 Si f : G → G0 et g : G0 → G00 sont deux morphismes de groupes

alors g ◦ f : G → G00 est aussi un morphisme de groupes.

Preuve 13

Proposition II.6 Si f : G → G0 est un somorphisme de groupes

alors f −1 : G0 → G l'est aussi.

Preuve 14

II.3 Noyau et image

Proposition II.7 Soit f : G → G0 un somorphisme de groupes.

Si H est un sous groupe de (G, ∗) alors f (H) est un sous groupe de (G0 , >).

Si H 0 est un sous groupe de (G0 , >) alors f −1 (H 0 ) est un sous groupe de (G, ∗).
12 CHAPITRE 1. STRUCTURE ALGÉBRIQUES

Preuve 15

Définition II.4 Soit f : G → G0 un morphisme de groupes.

On appelle image de f , l'ensemble Im(f ) = f (G). C'est un sous groupe de (G0 , >).

On appelle noyau de f , l'ensemble Ker(f ) = f −1 (e0 ). C'est un sous groupe de (G, ∗).

Théorème II.1 Soit f : G → G0 un morphisme de groupes.

f est surjective si et seulement si Im(f ) = G0 .

f est injective si et seulement si Ker(f ) = {e}.


III. ANNEAUX 13

Preuve 16

III Anneaux
Définition III.1 Soit > et ∗ deux lois de composition internes sur un ensemble E .

On dit que > est distributive sur ∗ si


∀a, b, c : a ∗ (b>c) = (a ∗ b)>(a ∗ c)

et
(b>c) ∗ a = (b ∗ a)>(c ∗ a)

Exemples III.1 1/Dans C,


l · est distributive sur +.

2/Dans P (E), ∪ est disributive sur ∩ et inversement.

Définition III.2 On appelle anneau tout triplet (A, >, ∗) formé d'un ensemble A et de deux
lois de composition internes > et ∗ tels que :

• (A, >) est un groupe abélien ;

• (A, ∗) est un monoïde ;

• ∗ est distributve sur >.

Si de plus ∗ est commutative, l'anneau (A, >, ∗) est dit commutatif.


14 CHAPITRE 1. STRUCTURE ALGÉBRIQUES

Remarque III.1 Les lois > et ∗ sont généralement notées + et ·.

Les neutres sont quant à eux notés 0A et 1A .

Exemples III.2 1/ (ZZ, +, ·), (Q


l , +, ·), (IR, +, ·) et (Cl , +, ·) sont des anneaux commutatifs.

2/ Si A = {0} alors (A, +, ·) est un anneau appelé anneau nul.

III.1 Sous anneau

Définition III.3 On appelle sous anneau d'un anneau (A, +, ·) toute partie B incluse dans
A telle que :

• 1A ∈ B

• ∀x, y ∈ B, x − y ∈ B;

• ∀x, y ∈ B, xy ∈ B.

Exemple III.1 ZZ est un sous anneau de (IR, +, ·).

Théorème III.1 S B est un sous anneau de (A, +, ·) alors (B, +, ·) est un anneau.

Si de plus (A, +, ·) est commutatif alors (B, +, ·) l'est aussi.

Preuve 17

Exemples III.3 1/On note C l'ensemble des suites réelles convergentes.

Montrons que C est un sous anneau de (IRIN , +, ·).

On a évidemment C ⊂ IRIN , la suite constante égale à 1 est convergente et la diérence et


le produit de deux suites convergentes est convergente.

2/Soit D une partie de IR.


III. ANNEAUX 15

Montrer que C(D, IR) est un sous anneau de (F(D, IR), +, ·).

On a évidement C(D, IR) ⊂ calF (D, IR), la fonction constante égale à 1 est convergente et
la diérence et le produit de deux fonctions continues est continue.

III.2 Régles de calculs dans un anneau

Soit (A, +, ·) un anneau de neutre 0A et 1A .


Théorème III.2 Soient a, b ∈ A tels que a et b commutent. Alors on a :
n
∀n ∈ IN, (a + b)n = Cnk an−k bk .
X

k=0

Preuve 18

Théorème III.3 Soient a, b ∈ A tels que a et b commutent. Alors on a :


n−1
∀n ∈ IN∗ , an − bn = (a − b) an−1−k bk = (a − b)(an−1 + an−2 b + . . . + abn−2 + bn−1 .
X

k=0
16 CHAPITRE 1. STRUCTURE ALGÉBRIQUES

Preuve 19

IV Corps
Définition IV.1 On appelle corps tout anneau commutatif (K, +, ·) non réduit à {0K } dont
tous les éléments, sauf 0K , sont inversible

Exemple IV.1 (C
l , +, ·), (IR, +, ·) et (Ql , +, ·) sont des corps.

IV.1 sous corps

Soit (K, +, ·) un corps.


Définition IV.2 On appelle sous corps d'un corps (K, +, ·) toute partie L de K telle que :

• L est un sous anneau de (K, +, ·) ;

• ∀x ∈ L\{0K }, x−1 ∈ L.

Exemple IV.2 Ql est un sous corps de (IR, +, ·).


IV. CORPS 17

Théorème IV.1 Si L est un sous corps de (K, +, ·) alors (L, +, ·) est un corps.

Preuve 20
18 CHAPITRE 1. STRUCTURE ALGÉBRIQUES
Chapitre 2
POLYNÔMES

I Dénitions
Définition I.1
Un polynôme à coecients dans IR est une expression de la forme
P (X) = an X n + an−1 X n−1 + · · · + a2 X 2 + a1 X + a0 ,

avec n ∈ IN et a0 , a1 , . . . , an ∈ IR.
L'ensemble des polynômes est noté IR[X].

• Les ai sont appelés les coecients du polynôme.

• Si tous les coecients ai sont nuls, P est appelé le polynôme nul, il est noté 0.

• On appelle le degré de P le plus grand entier i tel que ai 6= 0 ; on le note deg(P ). Pour le
degré du polynôme nul on pose par convention deg(0) = −∞.

• Un polynôme de la forme P = a0 avec a0 ∈ IR est appelé un polynôme constant. Si a0 6= 0,


son degré est 0.

Exemples I.1

• X 3 − 5X + 3
4
est un polynôme de degr'e 3.

• X n + 1 est un polynôme de degré n.

• 2 est un polynôme constant, de degré 0.

19
20 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

II Opérations sur les polynômes


• Égalité.

Soient P = an X n + an−1 X n−1 + · · · + a1 X + a0 et Q = bn X n + bn−1 X n−1 + · · · + b1 X + b0


deux polynômes à coecients dans IK .

P =Q ⇐⇒ ∀i ai = bi

et on dit que P et Q sont égaux.

• Addition.

Soient P = an X n + an−1 X n−1 + · · · + a1 X + a0 et Q = bn X n + bn−1 X n−1 + · · · + b1 X + b0 .


On dénit :

P + Q = (an + bn )X n + (an−1 + bn−1 )X n−1 + · · · + (a1 + b1 )X + (a0 + b0 )

• Multiplication.

Soient P = an X n + an−1 X n−1 + · · · + a1 X + a0 et Q = bm X m + bm−1 X m−1 + · · · + b1 X + b0 .


On dénit
P × Q = cr X r + cr−1 X r−1 + · · · + c1 X + c0
avec r = n + m et ck = ai bj pour k ∈ {0, . . . , r}.
X

i+j=k

• Multiplication par un scalaire.

Si λ ∈ IR alors λ · P est le polynôme dont le i-ème coecient est λai .

Exemples II.1

• Soient P = aX 3 + bX 2 + cX + d et Q = αX 2 + βX + γ .
Alors
P + Q = aX 3 + (b + α)X 2 + (c + β)X + (d + γ)
P × Q = (aα)X 5 + (aβ + bα)X 4 + (aγ + bβ + cα)X 3
+(bγ + cβ + dα)X 2 + (cγ + dβ)X + dγ
Enn P = Q si et seulement si a = 0, b = α, c = β et d = γ .

• La multiplication par un scalaire λ · P équivaut à multiplier le polynôme constant λ par


le polynôme P .
II. OPÉRATIONS SUR LES POLYNÔMES 21

Proposition II.1
Pour P, Q, R ∈ IR[X] alors

• 0 + P = P, P + Q = Q + P, (P + Q) + R = P + (Q + R) ;

• 1 · P = P, P × Q = Q × P, (P × Q) × R = P × (Q × R) ;

• P × (Q + R) = P × Q + P × R.

Proposition II.2
Soient P et Q deux polynômes à coecients dans IR.

deg(P × Q) = deg P + deg Q

deg(P + Q) ≤ max(deg P, deg Q)

Remarque II.1
On note IRn [X] = P ∈ IR[X] | deg P ≤ n .
¶ ©

Si P, Q ∈ IRn [X] alors P + Q ∈ IRn [X].


Définition II.1

• Les polynômes comportant un seul terme non nul (du type ak X k ) sont appelés monômes.

• Soit P = an X n + an−1 X n−1 + · · · + a1 X + a0 , un polynôme avec an 6= 0.


On appelle terme dominant le monôme an X n .
Le coecient an est appelé le coecient dominant de P .

• Si le coecient dominant est 1, on dit que P est un polynôme unitaire.

Exemple II.1

P (X) = (X − 1)(X n + X n−1 + · · · + X + 1)


On développe cette expression :
Ä ä Ä ä
P (X) = X n+1 + X n + · · · + X 2 + X − X n + X n−1 + · · · + X + 1

= X n+1 − 1
P (X) est donc un polynôme de degré n + 1, il est unitaire et est somme de deux monômes :
X n+1 et −1.

Tout polynôme est donc une somme nie de monômes.


22 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

III Arithmétique des polynômes


Il existe de grandes similitudes entre l'arithmétique dans ZZ et l'arithmétique dans IR[X].
Cela nous permet d'aller assez vite et d'omettre certaines preuves.

III.1 Division euclidienne

Définition III.1
Soient A, B ∈ IR[X], on dit que B divise A s'il existe Q ∈ IR[X] tel que A = BQ. On note
alors B|A.

On dit aussi que A est multiple de B ou que A est divisible par B .


Outre les propriétés évidentes comme A|A, 1|A et A|0 nous avons :

Proposition III.1
Soient A, B, C ∈ IR[X].

1. Si A|B et B|A, alors il existe λ ∈ IR∗ tel que A = λB .

2. Si A|B et B|C alors A|C .

3. Si C|A et C|B alors C|(AU + BV ), pour tout U, V ∈ IR[X].

Preuve 21

Si A|B et B|A, alors : ∃Q1 , Q2 ∈ IR[X] tel que :


A = BQ1 et B = AQ2

donc :
A = AQ2 Q1
d'où :
Q2 Q1 = 1
ce qu entraine
deg(Q2 ) + deg(Q1 ) = 0
on a alors :
deg(Q2 ) = deg(Q1 ) = 0
d'où : Q1 = Q2 = λ ∈ IR
donc ∃λ ∈ IR∗ tel que A = λB
III. ARITHMÉTIQUE DES POLYNÔMES 23

Théorème III.1 (Division euclidienne des polynômes)


Soient A, B ∈ IR[X], avec B 6= 0, alors il existe un unique polynôme Q et il existe un unique
polynôme R tels que :
A = BQ + R et deg R < deg B
Q est appelé le quotient et R le reste et cette écriture est la division euclidienne de A par
B.

Remarque III.1
Notez que la condition deg R < deg B signie
R = 0 ou bien 0 ≤ deg R < deg B

Enn R = 0 si et seulement si B|A.


Exemple III.1
On pose une division de polynômes comme on pose une division euclidienne de deux entiers.
Par exemple :

1. Si A = 2X 4 − X 3 − 2X 2 + 3X − 1 et B = X 2 − X + 1. Alors on trouve Q = 2X 2 + X − 3
et R = −X + 2.
On n'oublie pas de vérier qu'eectivement A = BQ + R.

2. Pour X 4 − 3X 3 + X + 1 divisé par X 2 + 2 on trouve un quotient égal à X 2 − 3X − 2 et


un reste égale à 7X + 5.

III.2 PGCD

Proposition III.2
Soient A, B ∈ IR[X], avec A 6= 0 ou B 6= 0. Il existe un unique polynôme unitaire de plus grand
degré qui divise à la fois A et B .
Cet unique polynôme est appelé le pgcd (plus grand commun diviseur) de A et B que l'on
note pgcd(A, B).

Remarques III.1

• pgcd(A, B) est un polynôme unitaire.

• Si A|B et A 6= 0, pgcd(A, B) = λ1 A, où λ est le coecient dominant de A.

• Pour tout λ ∈ K ∗ , pgcd(λA, B) = pgcd(A, B).


24 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

• Comme pour les entiers : si A = BQ + R alors pgcd(A, B) = pgcd(B, R). (Algorithme


d'Euclide).

Algorithme d'Euclide.

Soient A et B des polynômes, B 6= 0.


On calcule les divisions euclidiennes successives,

A = BQ1 + R1 deg R1 < deg B


B = R1 Q2 + R2 deg R2 < deg R1
R1 = R2 Q3 + R3 deg R3 < deg R2
..
.
Rk−2 = Rk−1 Qk + Rk deg Rk < deg Rk−1
Rk−1 = Rk Qk+1
Le degré du reste diminue à chaque division. On arrête l'algorithme lorsque le reste est nul.
Le pgcd est le dernier reste non nul Rk .

Exemple III.2
Calculons le pgcd de A = X 4 − 1 et B = X 3 − 1.

On applique l'algorithme d'Euclide :


X 4 − 1 = (X 3 − 1) × X + X − 1
X 3 − 1 = (X − 1) × (X 2 + X + 1) + 0

Le pgcd est le dernier reste non nul, donc pgcd(X 4 − 1, X 3 − 1) = X − 1.

Exemple III.3
Calculons le pgcd de A = X 5 + X 4 + 2X 3 + X 2 + X + 2 et B = X 4 + 2X 3 + X 2 − 4.

X 5 + X 4 + 2X 3 + X 2 + X + 2
= (X 4 + 2X 3 + X 2 − 4) × (X − 1) + 3X 3 + 2X 2 + 5X − 2
1
X 4 + 2X 3 + X 2 − 4 = (3X 3 + 2X 2 + 5X − 2) × (3X + 4)
9
14
− (X 2 + X + 2)
9
3X 3 + 2X 2 + 5X − 2 = (X 2 + X + 2) × (3X − 1) + 0
Ainsi pgcd(A, B) = X 2 + X + 2.

Définition III.2
Soient A, B ∈ IR[X]. On dit que A et B sont premiers entre eux si
pgcd(A, B) = 1.
III. ARITHMÉTIQUE DES POLYNÔMES 25

Remarque III.2
Pour A, B quelconques on peut se ramener à des polynômes premiers entre eux :

Si pgcd(A, B) = D alors A et B s'écrivent :


A = DA0 , B = DB 0 avec pgcd(A0 , B 0 ) = 1

Théorème III.2 (Théorème de Bézout)


Soient A, B ∈ IR[X] des polynômes avec A 6= 0 ou B 6= 0. On note D = pgcd(A, B). Il existe
deux polynômes U, V ∈ IR[X] tels que
AU + BV = D.

Ce théoréme découle de l'algorithme d'Euclide et plus spécialement de sa remontée comme


on le voit sur l'exemple suivant.

Exemple III.4
Nous avons calculé
pgcd(X 4 − 1, X 3 − 1) = X − 1
Nous remontons l'algorithme d'Euclide, ici il n'y avait qu'une ligne :
X 4 − 1 = (X 3 − 1) × X + X − 1,

pour en déduire
X − 1 = (X 4 − 1) × 1 + (X 3 − 1) × (−X).
Donc U = 1 et V = −X conviennent.

Corollaire III.1
Soient A et B deux polynômes. A et B sont premiers entre eux si et seulement s'il existe deux
polynômes U et V tels que
AU + BV = 1

Corollaire III.2
Soient A, B, C ∈ IR[X] avec A 6= 0 ou B 6= 0.
Si C|A et C|B alors
C|pgcd(A, B).

Corollaire III.3 (Lemme de Gauss)


Soient A, B, C ∈ IR[X].
Si A|BC et pgcd(A, B) = 1 alors
A|C.
26 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

III.3 PPCM

Proposition III.3
Soient A, B ∈ IR[X] des polynômes non nuls, alors il existe un unique polynôme unitaire M de
plus petit degré tel que
A|M et B|M

Cet unique polynôme est appelé le ppcm (plus petit commun multiple) de A et B
On le note : ppcm(A, B).

Exemple III.5
Ä ä
ppcm X(X − 2)2 (X 2 + 1)4 , (X + 1)(X − 2)3 (X 2 + 1)3

= X(X + 1)(X − 2)3 (X 2 + 1)4

De plus le ppcm est aussi le plus petit au sens de la divisibilité :

Proposition III.4
Soient A, B ∈ IR[X] des polynômes non nuls et M = ppcm(A, B).
Si C ∈ IR[X] est un polynôme tel que A|C et B|C , alors
M |C.

III.4 Racines d'un polynôme

Définition III.3
Soit P = an X n + an−1 X n−1 + · · · + a1 X + a0 ∈ IR[X].
Pour un élément x ∈ IR, on note P (x) = an xn + · · · + a1 x + a0 .
On associe ainsi au polynôme P une fonction polynôme
(que l'on note encore P )
P : IR → IR, x 7→ P (x) = an xn + · · · + a1 x + a0 .

Définition III.4
Soit P ∈ IR[X] et α ∈ IR.
On dit que α est une racine (ou un zéro) de P si :
P (α) = 0

Proposition III.5

P (α) = 0 ⇐⇒ (X − α) divise P
III. ARITHMÉTIQUE DES POLYNÔMES 27

Preuve 22

Lorsque l'on écrit la division euclidienne de P par X − α


on obtient
P = Q · (X − α) + R
où R est une constante car degR < deg(X − α) = 1.
Donc
P (α) = 0 ⇐⇒ R(α) = 0 ⇐⇒ R = 0 ⇐⇒ (X − α)|P

Définition III.5
Soit k ∈ IN∗ .
On dit que α est une racine de multiplicité k de P si :
(X − α)k divise P alors que (X − α)k+1 ne divise pas P

Lorsque k = 1 on parle d'une racine simple, lorsque k = 2 d'une racine double, etc.

On dit aussi que α est une racine d'ordre k .

Proposition III.6
Il y a équivalence entre :
(i) α est une racine de multiplicité k de P .

(ii) Il existe Q ∈ IR[X] tel que P = (X − α)k Q, avec Q(α) 6= 0.

(iii) P (α) = P 0 (α) = · · · = P (k−1) (α) = 0 et P (k) (α) 6= 0.

Remarque III.3
Par analogie avec la dérivée d'une fonction, si
P (X) = a0 + a1 X + · · · + an X n ∈ IR[X]

alors le polynôme
P 0 (X) = a1 + 2a2 X + · · · + nan X n−1
est le polynôme dérivé de P .

III.5 Polynômes irréductibles

Définition III.6
Soit P ∈ IR[X] un polynôme de degré ≥ 1, on dit que P est irréductible si :
∀Q ∈ IR[X] divisant P , alors, soit Q ∈ IR∗ , soit il existe λ ∈ IR∗ tel que :

Q = λP
28 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

Remarques III.2

• Un polynôme irréductible P est donc un polynôme non constant dont les seuls diviseurs
de P sont les constantes ou P lui-même (à une constante multiplicative près).

• La notion de polynôme irréductible pour l'arithmétique de IR[X] correspond à la notion


de nombre premier pour l'arithmétique de ZZ.

• Dans le cas contraire, on dit que P est réductible ; il existe alors des polynômes A, B de
IR[X] tels que
P = AB, avec deg A ≥ 1 et deg B ≥ 1

Exemple III.6

• Tous les polynômes de degré 1 sont irréductibles. Par conséquent il y a une innité de
polynômes irréductibles.

• X 2 − 1 = (X − 1)(X + 1) ∈ IR[X] est réductible.

• X 2 + 1 = (X − i)(X + i) est réductible dans C


l [X] mais est irréductible dans IR[X].
√ √
• X 2 − 2 = (X − 2)(X + 2) est réductible dans IR[X] mais il est irréductible dans Q
l [X].

Lemme III.1 (Lemme d'Euclide)


Soit P ∈ IR[X] un polynôme irréductible et soient A, B ∈ IR[X].
Si P |AB
alors P |A ou P |B
Preuve 23

Si P ne divise pas A alors


pgcd(P, A) = 1 car P est irréductible.

Donc, par le lemme de Gauss, P divise B .

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