Pitres & Testut - Les Nerfs en Schema PDF
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NERFS EN SCHÉMAS
ANATOMIE ET PHYSIOPATHOLOGIE
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LES
NERFS EN SCHEMAS
ANATOMIE ET PHYSIOPATHOLOGIE
PAR H
A. PITRES L. TESTUT
Professeur à la Faculté de Médecine Professeur à la Faculté de Médecine
de l’Université de Bordeaux de l’Université de Lyon
Associé national de l’Académie de Médecine Associé national de l’Académie de Médecine
Directeur du Centre neurologique de la XVIII région Médecin-Chef de l’Héipital complémentaire XVIII
Commandeur de la Légion (l’Honneur Commandeur de la Légion d'Ilonncur
ET
PARIS
LIBRAIRIE ü C T A V E D O I N
GASTON DOIN, ÉDITEUR
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9 5. J
WELLCOME 3TITUTE
LIBRA-V
Coll. wei'v ^mec
Call
No.
I
PRÉFACE
leurs livres classiques : ces livres, ils ne les avaient plus sous la main ; et
puis, ils étaient bien trop préoccupés par les graves événements qui se dérou¬
laient dans nos départements envahis, non moins que par les aléas de leur
propre avenir, pour se livrer à des lectures peu attrayantes par elles-mêmes
qui, pour être réellement profitables, auraient dû être faites posément, en
toute liberté d’esprit, avec une attention très soutenue.
Devions-nous, dans ces conditions, les admettre d’emblée à suivre les visi¬
tes que faisaient, matin et soir, nos médecins traitants aux blessés et malades
du Centre neurologique ? Evidemment non. A quoi leur aurait-il servi de
voir examiner les réflexes tendineux ou cutanés, les réactions pupillaires,
les Iroubles de l’équilibration, etc., de iel ou tel patient, s’ils ne connais¬
saient pas déjà le but et la signification de chacun des phénomènes révélés
par ces explorations ? En bonne pédagogie, d’ailleurs, il est souvent préfé¬
rable que la synthèse précède l’analyse : elle formule des lois générales qui
s’appliquent au faits particuliers, et permettent de saisir les conditions des
variations individuelles de ces derniers. C’est pourquoi elle est à la base de
renseignement didactique de toutes les sciences un peu compliquées.
Après quelques tâtonnements sur la méthode qu’il convenait de suivre
pour que nos auditeurs retirassent le plus grand profit possible de renseigne¬
ment auquel ils étaient astreints, nous adoptâmes celle des démonstrations
objectives par l’image, précédant la présentation des malades, méthode sou¬
vent employée par les maîtres de la Neurologie française, Charcot, Bris-
C'est pour répondre à ce désir que nous avons écrit ce livre. Il renferme
Ui planches coloriées et 16U figures au trait tirées en noir dans le texte. Ces
planches et ces figures, qui ne sont, que la reproduction (avec réduction va¬
riable) de celles qui ont servi à no.s leçons, tiennent dans notre travail une
place importante et ainsi s’explique le titre, un peu bizarre au premier abord,
de « Nerf en schémas » que nous avons donné à cet ouvrage.
Mais un pareil titre, disons-le tout de suite, ne donne qu'une idée très
imparfaite de ce que contiennent nos différents chapitres.
Les « Nerfs en schémas », en effet, ne sont pas uniquement consacrés à
l’anatomie. Comme nous l’avons indiqué plus haut, le programme des
cours au Centre neurologique, outre la. description de l’appareil nerveux,
comprenait l’étude de son fonctionnement dans les conditions normales
d’abord, puis celle des perturbations qu’apportent dans ce fonctionnement
les processus morbides et, tout particulièrement, les traumatismes de guerre.
Cette deuxième partie de notre enseignement devait, naturellement, figurer
dans notre texte : nous lui avons donné la place qui lui convient et voilà
pourquoi, dans le sous-titre de l’ouvrage, au mol Anatomie, nous avons ad¬
joint celui de Physiopathologie. Ajoutons que nous n’avons pas conservé au
texte la forme de leçons orales, mais que nous sommes restés fidèles à la mé¬
thode objective qui a dirigé notre enseignement et à la tendance constante à
lier étroitement la pathologie à Vanatomie et à la physiologie.
Ainsi, entendu, cet ouvrage comprendra sept chapitres, qui seront consa¬
crés respectivement :
A. PITBES E. TEST!JT
CHAPITRE PREMIER
Les nerfs sont des cordons blanchâtres plus ou moins volumineux qui,
partant du névraxe, vont se terminer, après des divisions et des subdivisions
successives, dans les territoires organiques auxquels ils sont destinés. Ils
constituent, dans leur ensemble, ce qu’on est convenu d’appeler le système
nerveux périphérique. Les uns, naissant de l’encéphale et traversant les trous
de la base du crâne, sont dits nerfs crâniens ; les autres, émanant de la moelle
épinière et traversant les trous de conjugaison, forment les nerfs rachidiens.
A côté de ce système cranio-rachidien, se trouve le système sympathique,
formant, sur le plan antérieur de la colonne vertébrale, deux longs cordons,
l’un droit, l’autre gauebe, d’où émanent de très nombreuses ramifications,
destinées principalement aux vaisseaux (nerfs vasculaires ou vaso-moteurs),
aux glandes (nerfs glandulaires ou secréteurs) et aux viscères (nerfs viscéraux)
Physiologiquement, les nerfs sont de simples conducteurs de l’influx ner¬
veux, ayant pour fonctions, ou bien de transmettre aux centres les impres¬
sions diverses recueillies à la périphérie, ou bien de transporter à la périphé¬
rie les incitations motrices et sécrétoires élaborées dans les centres. Ils se
divisent donc en deux grandes catégories : 1° les nerfs centripètes ou sensi¬
tifs ; 2° les nerfs centrifuges, comprenant les nerfs moteurs et les nerfs
sécrétoires. Mais une telle division, d’une importance capitale en physiologie,
ne présente en anatomie qu’un intérêt tout à fait secondaire. Tous les nerfs
en effet que dénude le scalpel, qu’ils soient moteurs, qu’ils soient sensitifs,
qu’ils soient mixtes, s’offrent à nous avec le même aspect extérieur.
Nous étudierons successivement, en trois chapitres distincts, les nerfs crâ¬
niens, les nerfs rachidiens et le sympathique.
Mais auparavant, et comme dans une sorte de préambule,- il ne sera pas
I.ES NERFS EN SCHÉMAS 1
9 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES NERFS
ARTICLE PREMIER
ANATOMIE
les plus diverses. Mais il ne faut pas accorder ici au mot anastomose la même
acception qu’en angéiologie. Les nerfs ne sont pas en
effet, comme les vaisseaux, des canaux tubulaires rem¬
plis d’un liquide en mouvement. Ce sont des faisceaux
de libres nerveuses juxtaposées et parallèles : or, on ne
voit jamais ces fibi'es se fusionner entre elles. Dès lors,
l’anastomose nerveuse se réduit à ce simple fait qu’un
fascicule plus ou moins considérable de fibres se sépare
d’une branche nerveuse pour venir s’accoler à une bran¬
che voisine et la suivre désormais dans son trajet : c’est
un échange de fibres entre deux nerfs.
Histologiquement, les nerfs se composent essentielle¬
ment de fibres nerveuses disposées parallèlement les Unes
aux autres et reliées entre elles par du tissu conjonctif.
Ces fibres, dites fibres nerveuses périphériques, par oppo¬
sition aux fibres nerveuses des centres-, se présentent sous
deux aspects bien différents:les unes sont entourées d’une
SL substance graisseuse appelée myéline, ce sont les fibres
Fig. 2. à myéline ou myéliniques, encore appelées fibres de
Coupe longitudina¬ Leuwenhoeck ; les autres sont dépourvus de myéline, ce
le d’une fibre ner¬
veuse de la gre¬ sont les fibres amyéliniques ou fibres de Rema.k.
nouille (d’après
Nous étudierons, tout d’abord, ces deux ordres de fibres
Bethe) .
On voit nettement à l’état d’isolement. Nous verrons ensuite comment elles
les nombreuses fibril¬
les dont se compose se disposent pour former le nerf et, en même temps,
le cylindraxe passer
d’un segment inter-
annulaire à un au¬
comment se comporte le tissu conjonctif qui les unit.
tre.
d’axoplasma (Wai/deyer).
Vu en coupe transversale
(fig. 3j, le cylindraxe appa¬
raît sous la forme d’un
champ circulaire, avec, dans Fig. 5.
nous donne une idée exacte. La substance qui forme ce réticulum, fort diffe-
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES NERFS
Fig. 9.
L’observation directe nous apprend : 1° que chaque
Portion de réseau des segment interannulaire possède un noyau et n’en pos¬
fibres de Remak du
pneumogastrique du sède qu’un ; 2" que ce noyau se trouve placé à la par
chien (Ranvier). lie moyenne du segment, c’est-à-dire à égale distance
1, fibre de Remak. — 2,
noyau. — 3, protoplasma. de l’étranglement qui est au-dessus et de l’étrangle¬
— 4, bifurcation de la
fibre. ment qui est au-dessous. Nous savons déjà que le noyau
en question est entouré de toutes parts par une petite
masse de protoplasma. Or, ce protoplasma se prolonge, au-dessus et au-des¬
sous du noyau, sous la forme d’une lame extrêmement mince, qui tapisse
dans toute son étendue la surface interne de la gaine de Schwann. Arrivé à
l’étranglement annulaire, il s’infléchit en dedans en même temps que la
gaine de Schwann, recouvre de dehors en dedans l’extrémité renflée du man¬
chon myélinique, atteint le cvlindraxc et, là, recouvre ce dernier (gaine de
ANAtoMiK 9
devient plus dense et prend peu à peu la forme de lames : il établit ainsi la
transition entre le tissu conjonctif lâche et ce tissu extrêmement serré qui
forme la gaine lamelleuse. A la périphérie du nerf, il se confond insensible¬
ment avec le tissu conjonctif ambiant.
d) Résumé. — lin résumé, tout cordon nerveux d’un certain calibre, un
médian, un sciatique, un glosso-pharyngien, etc., contient une double
charpente conjonctive, constituée l'une par du tissu conjonctif commun,
l’autre par du tissu conjonctif différencié sous forme lamelleuse.
qui avait vaguement reconnu son existence autour des gros faisceaux,
l’avait décrit sous le nom de périnèvre. Tout le monde le désigne aujour¬
d’hui sous celui de gaine lamelleuse de Ranvier. Lorsque, au voisinage de
la terminaison du nerf, ces gaines lamelleuses ne contiennent que une ou
un tout petit nombre de fibres nerveuses, on les appelle des gaines de H et de.
En ce qui concerne leur mode de terminaison, les artères des nerfs forment
tout d’abord, dans le tissu conjonctif interfasciculaire, des réseaux irrégu¬
liers à mailles longitudinales. De ce premier réseau partent des artérioles qui
traversent obliquement les gaines lamelleuses ci-dessus décrites, arrivent
dans l’épaisseur des faisceaux nerveux en suivant les cloisons du tissu con¬
jonctif intra-fasciculaire et, finalement, se résolvent en un réseau capillaire,
dont les mailles, longitudinales, sont immédiatement en contact avec les
libres nerveuses.
b) Veines. — Les veines issues de ce réseau capillaire se portent à la surface
extérieure du nerf, où elles'se disposent suivant une modalité analogue à celle
des artères. Elles se jettent dans les veines voisines.
c) Lymphatiques. — Les faisceaux nerveux eux-mêmes ne présentent
aucune trace de canaux lymphatiques : la lymphe y circule, comme sur bien
d’autres points de l’organisme, dans les interstices des éléments anatomiques.
Ce n’est que dans le tissu conjonctif interfasciculaire que l’on rencontre de
véritables vaisseaux lymphatiques.
d) Nerfs. — Les nerfs les plus volumineux possèdent, dans leur tissu con¬
jonctif interfasciculaire, des fibres nerveuses qui accompagnent les vaisseaux,
ce sont les nervi nervorum. Leur signification n’est pas encore nettement élu¬
cidée. Sans doute, la plupart d’entre eux sont des vaso-moteurs, chargés de
régulariser la circulation et les échanges nutritifs ; mais il paraît rationnel
d’admettre que, à côté de ces filets vasculaires, se trouvent aussi quelques
filets sensitifs.
§ 2. - GANGLIONS
les, très variables dans leur nombre comme dans leur volume, lesquelles se
disposent à la fois dans les mailles et sur les travées du réticulum endocellu-
laire. De la quantité plus ou moins considérable des grains chromatiques ré¬
sulte une différence d aspect des cellules, qui les a fait diviser en cellules obs¬
cures et cellules claires, les premières étant remplies de grains chromatiques,
les secondes n’en possédant que sur certains points. Il existe ordinairement
dans les cellules claires une zone périphérique qui est entièrement dépourvue
de ces granulations.
b) Noyau. — Le noyau, dans la cellule uni¬
polaire, est ordinairement unique et situé au
centre du corps cellulaire. 11 est arrondi en
ovalaire et ses dimensions varient avec celles
de la cellule qui le renferme. A son centre se
voit un nucléole volumineux
c) Capsule. — La capsule apparaît sous la for¬
me d’une membrane hyaline entourant tout le
pourtour de la cellule ganglionnaire et présen¬
tant sur sa face interne une série de noyaux
ovalaires. Ces noyaux, comme nous le démon¬
trent les imprégnations d’argent, appartiennent
Fig. 12.
à des cellules aplaties et à contours polygonaux, Cellule unipolaire d’un gan-
glion spinal du lapin, mon-
véritables cellules endothéliales, formant un re¬
trant le réseau emdocellulaire
vêtement continu qui rappelle celui des gaines et le cône d’origine du pro¬
longement, traitée par la mé¬
lamelleuses des nerfs : la cellule ganglionnai¬ thode de Nissl (d’après Van
Gehuchten) .
re, comme le faisceau nerveux, se trouve donc
contenue dans une sorte de séreuse.
Au-dessous de la capsule, la méthode de Golgi révèle l’existence d’un lacis
de fines fibrilles, qui s’étalent entre les cellules endothéliales et le protoplas¬
ma cellulaire. Ces fibrilles, décrites d'abord par Ehrlich chez la grenouille,
puis par Ramon x Cajal chez les mammifères, sont considérées par ce dernier
histologiste comme l’arborisation terminale d’une fibre nerveuse d’origine
mal connue, qui apporterait à la cellule ainsi enlacée les incitations nerveuses
élaborées dans une autre cellule plus ou moins éloignée, probablement une
cellule sympathique.
A ce réseau sous-capsulaire ou profond, s’ajouterait parfois un autre lacis
de fibrilles, celui-ci superficiel ou péricapsulaire qui, comme son nom l’indi¬
que, occuperait la surface externe de la capsule, et que bon nombre d’auteurs
considèrent comme constituant un véritable réseau. Nous devons faire les
plus grandes réserves au sujet de ce réseau péricapsualire, qui pourrait bien
u; CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES NERFS
n’être qu’un produit artificiel et, dans le cas où il existerait réellement, n’être
pas de nature nerveuse.
d) Prolongement. — Le prolongement unique des cellules ganglionnaires
unipolaires, véritable fibre nerveuse, émane du protoplasma cellulaire et,
pour spécifier, du réticulum nerveux qui forme la substance achromatique.
11 commence dans la cellule elle-même par une partie évasée en forme de
cône, le cône d’origine du cylindraxe. Comme nous le montre la figure ci-
contre (fig. 12), ce cône d’origine a une structure nettement fibrillaire et,
d’autre part, les granulations
chromophiles y font complète¬
ment défaut. Au sortir de la
cellule, le prolongement ou
cylindraxe prend sa gaine de
Schwann et sa myéline et se
transforme ainsi en une fibre
nerveuse complète. Bientôt
après, elle présente un premier
étranglement annulaire, puis
un second et se partage, au ni¬
veau de ce deuxième étrangle¬
ment, en deux branches plus ou
moins divergentes, l’une un
peu plus volumineuse, l’autre
plus grêle.
Ces deux branches de bifur¬
Deux cellules des ganglions spinaux du chat :
A, réseau superficiel péricapsulaire ; B, réseau cation se disposent l’une et
profond ou péricellulaire (d’après Dogiel). l’autre suivant une même
ligne droite, ou bien s’écar-
lenl l’une de l’autre sous un angle variable. Dans le premier cas, elles for¬
ment la branche transversale d'un T majuscule, dont la branche verticale
serait représentée par la fibre-mère : on dit alors que la fibre nerveuse se bi¬
furque en T- Dans le second cas, les trois fibres (fibre-mère et fibres diver¬
gentes) rappellent assez bien, dans leur disposition générale, la lettre Y et
on dit alors que la fibre qui provient de la cellule ganglionnaire se bifurque
en Y. Les deux dispositions, on le voit, sont morphologiquement analogues
et les deux expressions de fibres en T et de fibres en Y deviennent ainsi sy¬
nonymes.
Les deux branches de bifurcation des fibres en T ont naturellement l’une
et l’autre la même signification anatomique que la fibre-mère dont elles éma-
ANATOMIE 17
nent : ce sont des fibres nerveuses à myéline. De ces deux fibres, l’une, celle
qui est la plus grêle se porte dans le névraxe et s’y résout en une arborisation
terminale libre ; l’autre, la plus volumineuse, se dirige vers la périphérie et
s’y termine également par une extrémité libre.
En examinant à un fort grossissement la bifurcation du prolongement, uni¬
que des cellules ganglionnaires, ou constate nettement (Lugaho, Miciiotte)
tpie les neurolibrilles qui entrent dans la constitution de ee prolongement uni¬
que se partagent (fig. 15), au niveau du point où se
fait la bifurcalion, en deux faisceaux divergents : un 2..
seur des cylindraxes réunis des deux prolongements 1, corps de la cellule gan¬
glionnaire. — 2, noyaux, ap¬
(pii en proviennent. partenant à la couche endo¬
théliale de l’enveloppe. —
3, étranglement annulaire.
E’anatomie comparée d’une part, l’embryologie de — 4, bifurcation en T. — On
voit que le segment nerveux
l’autre, confirment pleinement une pareille interpré¬ qui fait immédiatement sui¬
te à la cellule nerveuse est
tai ion. Primitivement, les cellules des ganglions séparé de la bifurcation en
T par un court segment in¬
cérébro-spinaux sont bipolaires, donnant naissance à tercalaire.
exclusivement constitués par des cellules bipolaires : ils ont conservé leur
disposition embryonnaire.
dendritiques des cellules multipolaires n’est pas encore bien élucidée. Ramon
penser qu’elles pourraient bien avoir pour rôle de recueillir, au sein même du
ganglion, des impressions que les dendrites qui leur font suite amèneraient
ensuite à la cellule, mais ce n’est là qu’une hypothèse.
tant. Mais à ce groupe s’en ajoutent d’autres, d’une signification bien dif¬
férente.
Nous avons, tout d’abord, les prolongements dendritiques (munis de bou¬
les) des cellules multipolaires, qui vont se terminer en dehors de la cellule,
et, aussi, des prolongements cylindraxiles de ces mêmes cellules multipolai¬
res, dont la destinée nous est encore inconnue.
Nous avons, ensuite, des fibres d’origine spinale, centrifuges et probable¬
ment motrices ou vaso-motrices, qui font partie des racines postérieures et
qui traversent le ganglion de part en part sans présenter aucune relation avec
ses éléments cellulaires.
Nous avons, enfin, un certain nombre de fibres sympathiques, signalées
par Ramon y Cajal, qui, du ganglion sympathique voisin, remontent par les
rami communicantes jusque dans le ganglion spinal et s’y divisent en deux
ou plusieurs branches. De ces branches, les unes ne font que traverser le
20 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR I ES NERFS
ganglion pour gagner les racines rachidiennes et, de là, la moelle épinière ;
les autres semblent se perdre dans le ganglion lui-même et peut-être, comme
le fait remarquer Ramon y Cajal, forment-elles tout ou partie de ces arborisa¬
tions péricellulaires que nous avons décrites plus haut, entre la cellule ner¬
veuse ganglionnaire et sa capsule endothéliale.
On ne cite plus aujourd’hui que pour mémoire cette opinion ancienne ac¬
ceptée jadis par Valentin, par Emmert, par Prévost et Dumas, d’après la¬
quelle les nerfs, arrivés à leur destination, se recourbaient sur eux-mêmes
en formant des anses et remontaient alors vers les centres en suivant un tra¬
jet rétrograde. Les récents progrès de l’anatomie ont nettement établi que
les anses en question proviennent d’anastomoses, qui s’échelonnent sur le
trajet des nerfs, mais qu’elles ne représentent nullement des terminaisons
nerveuses.
Il est universellement admis maintenant que les fibres nerveuses, quelle
que soit leur nature, se terminent réellement au sein des divers territoires
organiques qu’elles ont pour mission de rattacher aux centres. Mais cette ter¬
minaison s’effectue suivant des modalités extrêmement nombreuses, mo¬
dalités qui varient pour ainsi dire pour chaque organe et pour chaque tissu.
11 y a 1 ieu de considérer, à ce sujet, les terminaisons motrices, les terminai¬
sons sensitives et les terminaisons sensorielles.
Les fibres motrices se terminent dans les muscles de la vie de relation par
des formations spéciales appelées plaques motrices. Ce sont de petits amas
de substance granuleuse, à contour arrondi ou ovalaire, couchés à la surface
des fibres musculaires, qui se dépriment plus ou moins à leur niveau. Elles
mesurent en moyenne 4o à 6o y de longueur, sur 35 à 4o [r de largeur et 6 à
10 R d’épaisseur. On admet généralement qu’il n’existe qu’une plaque mo¬
trice pour chaque fibre musculaire, quelle que soit la longueur de celle-ci. Le
ANATOMIE 21
Ceci posé, revenons aux cordons nerveux et voyons comment nous de¬
vons concevoir aujourd’hui leur constitution anatomique.
placé en dehors des centres : ganglions spinaux pour les nerfs rachidiens,
ganglions de Gasser. d’Andersch, jugulaire, plexiforme, géniculé, etc., pour
les nerfs crâniens. — Le prolongement protoplasmique, malgré sa longueur,
s’y termine par une arborisation libre : dans les cornes postérieures, les
colonnes de Clarke, les noyaux de Goll et de Burdach pour les nerfs rachi¬
diens ; pour les nerfs crâniens, dans les noyaux bulbo-protubérantiels qui
leur sont destines. ,
Comme on le voit, les neurones périphériques ou protoneurones, qu’ils
soient moteurs ou sensitifs, se trouvent situés, en partie dans le névraxe, en
partie en dehors de lui. C’est ainsi que, pour le neurone moteur, la cellule, les
prolongements protoplasmiques et la portion initiale du cylindraxe font
partie des centres ; le reste du cylindraxe, sa portion la plus longue du reste,
est situé dans un nerf. Pour le neurone sensitif, la portion terminale du
cylindraxe chemine en plein névraxe ; tout le reste du neurone (portion
initiale du cylindraxe, cellule et prolongement protoplasmique) sont placés
en dehors des centres.
Nous voilà nettement lixés maintenant sur la signilication anatomo-
physiologique des libres nerveuses qui entrent dans la constitution des nerfs
sensitifs, moteurs et mixtes :
a) Les nerfs sensitifs (fig. 25) présentent tous, sur leur trajet et au
voisinage du névraxe, un ganglion, dont les éléments représentent les cel¬
lules des protoneurones sensitifs. En aval du ganglion, le nerf est formé par
les prolongements protoplasmiques de ces protoneurones, à conduction cel-
lalipète. En amont du ganglion (racines sensitives pour les nerfs rachidiens),
le nerf est constitué par les cylindraxes de ces mêmes protoneurones, à
conduction cellutifuge, lesquelles gagnent les centres nerveux et s’y termi¬
nent.
P) Les nerfs moteurs (fig. 24) sont formés par les cylindraxes des proto-
neurones moteurs à conduction cellutifuge, qui, des centres nerveux,
descendent vers les muscles et s’y terminent au niveau des plaques motrices.
y) Les nerfs mixtes (fig. 26), enfin, mélange intime de protoneurones
sensitifs et de protoneurones moteurs, renferment à la fois les cylindraxes
des protoneurones moteurs (à conduction cellulifuge) et les prolongements
protoplasmiques des protoneurones sensitifs (à conduction cellulipète).
Quant aux branches collatérales ou terminales émises par les nerfs mixtes,
elles sont, suivant les cas (fig. 26), des branches motrices, des branches sen¬
sitives ou des branches mixtes, présentant exactement la même constitution
anatomique que les nerfs moteurs, les nerfs sensitifs et les nerfs mixtes,
c’est-à-dire : 1° les branches motrices, formées exclusivement par des fibres
motrices ; 2° les branches sensitives, ne comprenant que des fibres sensitives ;
3° les branches mixtes, possédant à la fois, et dans des proportions variables,
des fibres motrices et des fibres sensitives.
PHYSIOPATHOLOGIE 27
Nous avons résumé ces notions fondamentales sur la constitution des nerfs
dans les trois figures schématiques 24, 25, 26. Nous verrons tout à l’heure com¬
bien ces schémas éclairent la marche de la dégénérescence wallérienne surve¬
nant à la suite des sections nerveuses.
ARTICLE II
PHYSIOPATHOLOGIE
qui, si elle était continue, serait notablement plus forte dans les parties bas
ses des nerfs que dans leurs portions hautes.
De plus, les disques biconiques qui divisent la fibre nerveuse en segments
dont la longueur est en moyenne chez l’homme de deux millimètres, sont
constitués par une substance spongieuse qui se laisse facilement imbiber et
traverser par les liquides, de telle sorte qu elle permet à la lymphe de péné¬
trer par endosmose jusqu’au cylindraxe et aux produits altérés par la nutri¬
tion et le fonctionnement de ce dernier de rentrer par exosmose dans le cou¬
rant de la circulation générale (1).
(t) La perméabilité des disques biconiques aux courants osmotiques a été démontrée
par une expérience célèbre de Ranvieh, consistant à baigner pendant un temps variant de
vingt minutes à une heure un nerf dénudé de grenouille ou de lapin et à l’examiner en¬
suite au microscope après fixation par l’acide osmique. On constate alors qu’une notable
quantité de liquide a pénétré dans l’intérieur des fibres nerveuses, au niveau des étran¬
glements et s’y est logée en refoulant la myéline au-dessus et au-dessous des disques bi¬
coniques. Une faible proportion d’eau a aussi gonflé les lames du protoplasma qui for¬
ment les incisures de Schmidt.
I.F.S NERFS F,N SCHÉMAS a
si CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES NERFS
loi de la polarisation dynamique ; 3° la loi, ou pour être plus exact, les lois
de la trophicitë des neurones. Nous allons les passer successivement en revue.
jours par des extrémités libres, après avoir fourni ou non une arborisation
préterminale ; les prolongements protoplasmiques se terminent toujours par
des extrémités libres. » Autrement dit, les neurones chargés en commun de
l’exécution d’une fonction spécialisée forment des chaînes préétablies où les
excitations passent de l’un à l’autre par les articulations tèrminales de leurs
dendrites et de leurs axones.
La notion de l’indépendance organique des neurones les uns par rapport
aux autres a conduit à interpréter autrement qu’on ne le faisait naguère le
mécanisme des centres d’activités spéciales contenus dans le névraxe, tels que
les centres vésico-spinal, cilio-spinal, respiratoire, vaso-moteur, etc., dont la
'destruction expérimentale ou pathologique abolit la manifestation d’une
fonction déterminée. Oh supposait autrefois que chacun de ces centres
contenait des groupements de cellules nerveuses, fonctionnellement diffé¬
renciées, dans lesquelles résidait le principe de l’activité spécifique du centre
envisagé. On pense aujourd’hui avec beaucoup plus de probabilité que ces
prétendus centres ne sont que les points où se trouvent réunis les nœuds
d’articulation des différents neiirones qui prennent part à l’élaboration de
la fonction spéciale.
Dans l’hypothèse ancienne, la spécificité fonctionnelle résidait dans les
cellules nerveuses elles-mêmes ; dans la doctrine nouvelle, elle est le résultat
de l’association, en ün point limité, des terminaisons denditriques et axonàles
des divers neurones qui doivent entrer simultanément ou successivement
en jeu pour assurer l’accomplissement intégral des actes physiologiques que
nécessite la fonction visée. Le centre n’est plus un foyer autonome des forces
incitatrices de la fonction ; il est comme une station de croisements télégra¬
phiques où chaque fil conduit à des appareils préétablis les courant destinés
à influencer chacun de ces appareils.
mique du neurone, dont Cajal et von Gejvuchten ont chacun de son côté et
presqu’au même moment eu la conception nette et fait la démonstration.
Appliqué aux nerfs périphériques, il résout le problème, si longtemps dis¬
cuté par les physiologistes, de la conduction indifférente des libres nerveuses.
On avait constaté depuis les temps les plus reculés que les nerfs moteurs con¬
duisent les excitations du centre à la périphérie et les sensitifs de la périphé¬
rie. aux centres. Mais on avait grande tendance à admettre que si l’excitation
d’un nerf moteur provoquait une réaction motrice et celle du nerf sensitif
une réaction sensitive, cela tenait uniquement à la nature de leurs terminai¬
sons centrales ou périphériques. On pouvait tout au moins supposer que le
nerf excité transmettait, dans les deux sens, l’excitation qu’il avait reçue,
mais que celle-ci ne devenait efficace qu’au point où, par le fait de ses rap¬
ports avec un muscle ou avec un centre de perception sensitive, l’excitation
pouvait donner lieu à un mouvement ou à une sensation. C’est ce que fait
très bien comprendre la comparaison suivante de Weir-Mitchell : « Nous
pouvons, dit-il, comparer le fonctionnement d’un nerf à celui d’un tube ou¬
vert à une de ses extrémités et muni d’un sifflet à l’autre ; si l’on souffle au
milieu du tube, l’air se déplace dans les deux directions, mais comme il ne
peut produire de son qu’à une extrémité, un observateur inattentif pourrait
croire qu’il n’y a de courant d’air que dans un sens. On pince un nerf moteur
et l’on ne voit que le mouvement ; mais si, à l’autre bout, il y avait, encore
un muscle, on constaterait qu’il entre également en action. »
On le constaterait, en effet, si la théorie de la conduction dans les deux
sens était exacte ; mais rien n’a jamais prouvé qu’elle le fût. Les expériences
de Babuchin, de Paul Bert, de Vuiptan et Piiilippeaux, qu’on invoque sou¬
vent en sa faveur, ne sont rien moins que démonstratives. Elles sont toutes
viciées par des causes d’erreur qui empêchent ti en tirer des conclusions cer¬
taines. Elles n’ont jamais convaincu Claude Bernard, qui a toujours ensei¬
gné que les nerfs moteurs et les nerfs sensitifs étaient de nature différente et
que le sens de leur conduction était déterminé par autre chose que par la spé¬
cialisation de leurs terminaisons. Cette autre chose est maintenant connue.
La loi de la polarisation dynamique du neurone en a donné l’explication
en nous apprenant que la libre nerveuse motrice était un prolongement cy-
lyndraxile, à conduction invariablement cellulifuge, du protoneurone mo¬
teur, tandis que la fibre nerveuse sensitive était un prolongement proto¬
plasmique à conduction nécessairement, cellulipète du protoneuronc.sensitif.
La même loi s’applique à la polarisation des neurones pjar lesquels les
excitations cheminent dans les centres nerveux. Dans toute chaîne neuronale
à fonction centripète les excitations se propagent des prolongements proto-
l’HYSlOPATllOLOGlE 37
Quand une altération substantielle détruit une cellule nerveuse, tous les
prolongements de cette cellule meurent avec elle. C’est pour exprimer ce fait
de la subordination constante de la vie des parties excentriques du neurone
à la vie de sa cellule, qu’on dit que la cellule est le centre trophique du neu¬
rone. Cette expression n’est cependant pas tout à fait juste, car la masse pro¬
toplasmique qui forme la majeure partie du corps cellulaire peut être profon¬
dément altérée sans que la mort du reste du neurone en soit nécessairement
la conséquence. En réalité, c’est dans l’appareil nucléaire de la cellule que
réside le nœud vital de la totalité du neurone. Tant que ce noyau reste intact,
la vie de la cellule et de ses prolongements persiste ; quand il est détruit, sa
mort entraîne fatalement celle de la cellule et de tous ses prolongements.
38. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES NERFS
nication physiologique
sera interrompue entre
les origines Centrales et
les extrémités terminales
des faisceaux nerveux
sectionnés. Par suite, l’ir¬
ritation des organes sen¬
sibles auxquels se distri¬
buent les fibres sensitives
ne provoquera plus de
sensation, et aucune in¬
citation volontaire ou ré¬
flexe ne parviendra au
muscle innervé par le
faisceau des fibres motri¬
ces. En d’autres termes,
le territoire sensible in¬
Fig. 28.
nervé par le faisceau sen¬ Les divers stades de la dégénérât ion w aller i en ne.
A) Premier stade (du P au 5‘ jour apres la section du nerf).
sitif du nerf envisagé se¬ — Turgescence du noyau de Scliwann et de la masse protoplas¬
mique qui l’entoure ; division de la myéline en gros blocs irré¬
ra frappé d’anesthésie et guliers.
B) Deuxième stade. — (du' S au 11 jour). — Prolifération in¬
son territoire moteur de tense des noyaux ; réduction de la myéline en boules ou
contours arrondis.
paralysie. C) Troisième stade (du Ti au W jour). — Réduction graduelle
de la myéline en grains de plus en plus fin®.
Si à ce moment on T) Quatrième stade (du Ï7 au 30 jour). — Amincissement de
la fibre nerveuse ; disposition des noyaux en séries linéaires.
excite le bout central du 12) Cinquième stade («près le 3(P jour). — Résorption progressive
du noyau et du protoplasma ; réduction du tube nerveux à
faisceau sensitif, l’ani¬ l’état de gaine vide.
appendu conservent leur excitabilité bien qu’ils soient séparés par la section
de leurs rapports avec les centres. Ainsi, dans un appareil télégraphique,
la dépêche ne passe plus quand le fil est rompu, bien que les appareils de
réception et d’émission des courants soient intacts, et que chacun des bouts
du fil qui les réunissait conserve le pouvoir de se laisser traverser par les
vibrations électriques jusqu’au point où s’est produit la rupture.
Les choses restent en état pendant les quatre premiers jours qui suivent
la section. Au bout de ce laps de temps, l’excitabilité du bout périphérique
du nerf sectionné disparait. On peut le pincer, le piquer, le soumettre à des
courants faradiques ou galvaniques, le muscle qui lui fait suite ne réagit
plus, non pas parce qu’il est devenu inexcitable, mais parce que le nerf qui
devrait lui transmettre l'excitation a perdu sa conductibilité. La preuve c’est
que si, à ce moment, on porte directement sur le muscle des excitations mé¬
caniques ou électriques, il se contracte avec la même énergie, souvent même
avec plus d’énergie qu’un muscle normal.
éventuel que peuvent jouer les neurofibrilles aberrantes dont nous venons
de parler.
Ranvier rapporte, à ce propos, une observation très suggestive. A l’autopsie
d’un lapin dont il avait coupé le sciatique cent jours auparavant, il trouva
les deux bouts du nerf séparés par un intervalle de un centimètre environ.
Le bout central présentait à son extrémité un renflement volumineux; le péri¬
phérique un renflement de dimension très modérée. Ils paraissaient tout à
fait indépendants l’un de l’autre, du moins on ne voyait pas entre eux de
bande cicatricielle distincte ; ils reposaient simplement sur une membrane
blanche, luisante, d’apparence conjonctive. Ranvier eut l’idée de rechercher
si elle ne contenait pas de fibres nerveuses. Il la badigeonna d’acide osmique
et vit s’y dessiner des traits noirs qui, examinés au microscope, se mon¬
trèrent formés par un riche réseau de fibres néo-formées. Que serait-il arrivé,
ajoute-t-il, si nous n’avions pas employé l’acide osmique ? « Nous n’aurions
pas reconnu cette mince membrane cicatricielle, qui paraissait au premier
abord être simplement une lame de tissu conjonctif sous-jacente aux deux
bouts du nerf sectionné. Nous aurions été persuadé dès lors que les deux
extrémités du nerf se terminaient librement, et nous en aurions naturelle¬
ment tiré la conclusion qu’il se fait dans le segment périphérique une régé¬
nération absolument indépendante du bout central, car il contenait un grand
nombre de fibres nerveuses de nouvelle formation ».
b) Théorie de la régénération autogène. — Les partisans de la régénération
autogène soutiennent que la régénération des fibres nerveuses s’opère dans
l’intérieur des anciennes gaines, par la différenciation in situ du protoplas¬
ma dérivé de la prolifération des cellules de Schwann. Ils s’appuient surtout
sur des arguments tirés de l’embryologie et de l’anatomie pathologique. Ils
prétendent qu’on trouve souvent des nerfs bien développés chez des monstres
dépourvus de cerveau et de moelle. Mais ces faits sont en dehors de la ques¬
tion de la régénération nerveuse. Ils invoquent aussi quelques observations
de paralysie infantile dans lesquelles les nerfs des membres atrophiés ont été
trouvés régénérés malgré la destruction étendue du segment correspondant
des cornes antérieures de la moelle. Mais on peut supposer que des cellules
voisines de celles qui ont disparu ont envoyé dans les nerfs régénérés quel¬
ques filaments cvlindraxiles qui ont suffi à assurer la régénération de ces
nerfs.
c) Théorie éclectique. — Les histo-neurologistes contemporains les plus
autorisés se rallient presque tous à la théorie éclectique d’après laquelle la
régénération des fibres nerveuses désorganisées par le fait de la dégénéres¬
cence tVallériennè serait commandée par deux facteurs : le bourgeonnement
4,S CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES NERFS
Gehuchten, de Sano, etc., elle a déjà pu servir à fixer nos connaissances sur
un bon nombre de détails jusqu’alors très contestés, relativement à l’origine
LES NERFS EN SCHÉMAS 4
50 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES NERFS
réelle des nerfs crâniens dans les noyaux du mésencéphale et des nerfs rachi¬
diens dans les différents segments de la moelle épinière.
Les auteurs qui s’en sont occupés y voient une perturbation nutritive des
cellules mutilées, représentant une adaptation défensive de leur nutrition
aux nouvelles conditions d’exislence que crée en elles la suppression bru¬
tale de leurs prolongements. Elle est, dans tous les cas, une preuve certaine
de la solidarité qui unit les parties excentriques du neurone à leur cellule-
mère. Quand la cellule meurt, tous ses prolongements périssent ; quand un
ou plusieurs de ses prolongements sont séparés d’elle, elle ne meurt généra¬
lement. pas, mais elle souffre, et sa souffrance se traduit par une perturba¬
tion temporaire dans l’élaboration des substances nutritives qui étaient desti¬
nées à entretenir la vitalité fonctionnelle du ou des prolongements qu'elle a
perdus.
Nous sommes bien loin d’avoir abordé, dans le bref exposé que nous ve¬
nons de faire de la physiopathologie du neurone, tous les problèmes que sou¬
lève l’étude clinique des maladies du système nerveux. Mais nous aurons
maintes fois l’occasion, dans les chapitres suivants, de revenir sur certains
détails susceptibles d’éclairer la pathogénie d’un grand nombre de phéno¬
mènes ressortissant à la neurologie pratique.
pour les nerfs moteurs ijue pour les sensitifs, de 30 à 40 mètres par seconde .
Elle est notablement plus lente chez les animaux à sang froid. On remarquera
combien la conduction nerveuse est moins rapide que la conduction élec¬
trique ; c’est là une des raisons qui ont fait écarter l’hypothèse émise naguère
par quelques observateurs, d’après laquelle la conduction des excitations
dans les nerfs serait un phénomène physique de même nature que celle
des courants électriques dans les fils télégraphiques.
Aucune modification morphologique appréciable ne se produit dans les
libres nerveuses lorsqu'elles sont excitées mécaniquement, chimiquement ou
électriquement. Le seul phénomène objectivement constaté est celui connu
sous le nom de variation négative. Il se traduit par l’inversion du courant
électrique qui se produit à l’état de repos entre la surface et les parties cen¬
trales du cordon nerveux.
L’excitabilité et la conductibilité ne sont pas nécessairement liées l une à
l’autre. Un nerf inexcitable aux courants électriques peut parfaitement, ainsi
que l’a démontré Duchenne, de Boulogne, conduire les excitations physio¬
logiques. D’autre part, l’excitabilité peut être expérimentalement abolie
dans un segment de nerf où la conductibilité est conservée.
Les fibres nerveuses ne sont pas absolument inaccessibles à la fatigue, mais
elles résistent très longtemps à de fort longues séries d’excitations rappro¬
chées.
On ignore la nature du phénomène qui se passe dans la fibre nerveuse
quand elle transmet d’un point, à un autre les excitations qu’elle reçoit. Est-
ce une onde, un courant, une vibration, une modification chimique chemi¬
nant de proche en proche ?... Nul ne peut le dire. L’opinion la plus vraisem¬
blable, c’est que c’est une vibration physique comparable par sa lenteur
relative aux vibrations des cordes sonores. Dans tous les cas, ces vibrations
sont éteintes par l’interruption de continuité des cylindraxes et ne se mani¬
festent que si ceux-ci conservent un certain degré de souplesse et d’humidité.
Une curieuse expérience de Harless démontre l’importance de cette der¬
nière condition. Un nerf séparé des centres nerveux, mais tenant encore aux
muscles, est abandonné à l’air. Il se dessèche rapidement et perd son exci¬
tabilité ; il semble mort à tout jamais. Et cependant, si on vient à l’imbiber,
toutes ses propriétés éteintes reparaissent. « Semblable, dit Vulpian, à ces
infusoires dont l’histoire est si connue, que la dessiccation plonge pendant un
temps indéterminé dans un état de mort apparente, et qui reviennent peu
à peu à la vie dès qu’une goutte d’eau vient à les humecter, le nerf ressuscite,
pour ainsi dire, sous l’influence de l’imbibition. »
PHYSIOPATHOLOGIE 55
fibres fonctionnellement différentes dont les unes sont centripètes, les autres
centrifuges, quelques-unes même, sorties de la moelle par une racine pos¬
térieure, se recourbent en anse et vont s’incorporer dans la racine anté¬
rieure appartenant à la paire rachidienne correspondante ou vice versa ; ou
bien, après avoir exécuté une partie de son parcours dans un cordon nerveux
périphérique, elles passent par anastomose dans un nerf voisin fonctionnel¬
lement différent — c’est-à-dire dont les fibres propres n’ont, pas la même
polarisation dynamique qu elles — et y restent incluses pendant une autre
partie de leur trajet. Ce sont les fibres diles récurrentes dont les expériences
de Magendie. Claude Bernaud, Longet, ârloing et Tripier, etc., ont révélé
le rôle d’apparence paradoxale qu’elles jouent dans un grand nombre de
circonstances physiologiques ou pathologiques. Le nerf facial, par exemple,
est à son origine exclusivement moteur. Lorsqu’après l’avoir sectionné dans
le crâne on excite son bout central, on ne provoque pas de douleurs et si on
porte l’excitation sur son bout périphérique, on constate des contractions
indolentes limitées aux muscles de la face. Si au contraire, sur un autre ani¬
mal, on le coupe après sa sortie de la cavité crânienne, au-delà du trou stylo-
mastoïdien l’excitation de son bout périphérique détermine les mêïnes
contractions dans les muscles faciaux, mais l’excitation de son bout central
provoque des douleurs vives que l’animal manifeste par des mouvements
généraux de défense et des cris aigus. Comment ce nerf insensible à son
origine est-il devenu sensible dans son trajet ? Simplement parce qu’il a
reçu en cours de route des fibres récurrentes sensitives provenant de la
cinquième paire. La preuve, c’est que si l’on coupe le trijumeau du même
côté, l’excitation du bout central du facial ne détermine plus de souffrance.
On comprend combien ces phénomènes de récurrence doivent gêner l’ana¬
lyse des fonctions de certains nerfs. Afin de se mettre à l’abri de leur ingé¬
rence on peut dans les laboratoires de physiologie, avoir recours à des
artifices de nature à simplifier les expériences. Veut-on, notamment élimi¬
ner les réactions sensitives inopportunes, on chloroformise l’animal ; les
réactions motrices, on le curarise ; les réactions sécrétoires, on l’atropinise.
Mais il n’est qu’exceptionnellement possible d’user de ces moyens en patholo¬
gie humaine ; le clinicien est le plus souvent réduit à constater les phéno¬
mènes complexes soumis à son observation ; il peut cependant tirer parti
des données fournies par la physiologie pour les interpréter et en compren¬
dre la genèse.
I centres trophiques.
NERFS CRANIENS
fPlanche /].
On peut définir les nerfs crâniens : les nerfs qui, naissant de l’encéphale
ou du bulbe, traversent les trous de la base du crâne pour se rendre aux ter¬
ritoires organiques auxquels ils sont destinés.
Nous avons représenté dans la planche I l’ensemble de ces nerfs. La figure
1, nous les montre sur la face inférieure de l’encéphale, émergeant de bulbe,
de la protubérance annulaire, des pédoncules cérébraux, du chiasma optique,
de l’espace perforé antérieur. Nous les voyons, dans la figure 2, couchés sur
la base du crâne et traversant successivement les trous qui leur sont destinés
pour se rendre à leurs territoires respectifs.
Nous envisagei'ons dans un premier article, les nerfs crâniens en général.
Dans les articles suivants, nous étudierons séparément, au double point de
vue anatomique et physiopathologique, chacun des nerfs crâniens, en com¬
mençant par le nerf olfactif.
ARTICLE PREMIER
§ 1. — ANATOMIE
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
Les nerfs crâniens, tout comme les rachidiens, peuvent être quelquefois
atteints d’affections primitives, telles que des névrites toxi-infectieuses ;
mais, le plus souvent, les altérations dont ils deviennent le siège se déve¬
loppent consécutivement à des traumatismes ou à des lésions de voisinage :
déchirures, airachements ou contusions, dans les cas de fractures de la base
du crâne ; compressions dues à des tumeurs néoplasiques, anévrysmales ou
hémorragiques ; réactions inflammatoires ayant pour point de départ des
foyers d’ostéites ou de méningites aiguës ou chroniques, de nature tubercu¬
leuse, syphilitique ou septique.
62 LES NERFS CRANIENS
2° Syndromes du groupe moyen (IIT, TV, V, VI, VII et VIIIes paires). — Les
lésions associées des nerfs pédonculo-protubérantiels qui sont : le moteur
oculaire commun, le pathétique, le trijumeau, le moteur oculaire externe,
64 LES NERFS CRANIENS
crâniens. — Durant tout leur trajet, depuis leur origine dans le bulbe jus-
qft’à leur entrée dans la région cervicale, les quatre derniers nerfs crâniens
restent donc assez rapprochés les uns des aulres pour qu’ils puissent être
simultanément atteints par des causes morbides. De ce fait résultent des
associations symptomatiques multiples qui paraissent, de prime abord, très
compliquées, mais qui sont cependant faciles à classer si on tient compte des
connexions et des fonctions propres de chacun des nerfs intéressés.
a) Glosso-pharyngien. — Le glosso-pharyngien est un nerf mixte. Par
ses fibres motrices, il commande la contraction du muscle constricteur supé¬
rieur du pharynx ; par ses fibres sensitives, il préside à la sensibilité gusta¬
tive du tiers postérieur de la base de la langue. Les phénomènes spécifiques
qui révèlent ses lésions sont donc : 1° des troubles de la déglutition résul¬
tant de la paralysie du muscle constricteur supérieur du pharynx, troubles
68 LES NERFS CRANIENS
pathique. Le syndrome complexe réalisé par cette blessure est représenté par
l'association des phénomènes morbides du syndrome précédent avec ceux qui
caractérisent le syndrome bien connu de Claude Bernard Horner : énophthab
mie, rétrécissement pupillaire, ptosis et troubles vaso-moteurs du côté lésé.
C) RÉSUMÉ
l’article III du chapitre V (p. 554), où elle sera faite avec les développements
que mérite son importance.
ARTICLE II
NERF OLFACTIF
(Planche II].
§ 1. — ANATOMIE
PLANCHE II
Fig. 30.
Paroi externe des fosses nasales pour mon¬ Paroi interne! dos fosses nasales pour mon¬
trer les rameaux externes du nerf trer les rameaux internes du nerf
olfactif. olfactif.
1, bandelette olfactive. — 2, tube olfactif. — 1, ramifications du nerf olfactif dans la pitui¬
3, ramifications externes du nerf olfactif. — 4, taire (comme les ramifications externes, elles
nerf maxillaire supérieur. — 5, ganglion sphéno- se détachent du bulbe olfactif, lequel est resté
pàlatin. — 6, nerf ptérygo-palatin. —■ 7, nerf sur le segment externe de la coupe, fig, 30). —
vidien. — 8. nerf sphéno-palatin interne, sec¬
2, filet interne du nasal interne, se portant
tionné près de son origine. — 9, nerf sphéno-
, palatin externe. — 10, nerf palatin postérieur. obliquement en bas et en avant jusqu’au lobu¬
— 11, nerf palatin moyen. — 12, nerf palatin le. — 3, nerf sphéno-palatin interne ou naso-
antérieur, avec 12’, son anastomose avec le palatin, sectionné en arrière, se portant obli¬
sphéno-palatin interne. — 13, nerf nasal posté¬ quement en bas et en avant, vers le trou palatin
rieur. — 14, rameau externe du nasal interne, antérieur où il s’engage pour gagner la voûte
avec 14’, naso-lobaire. — 15, orifice de la trom¬ palatine. — 3’, son anastomose, à la voûte pa¬
pe d’Eustache. — 16, branches terminales du latine, avec le nerf palatin antérieur 4, qui
nerf palatin moyen. provient du ganglion sphéno-palatin.
Iules nerveuses et ce sont elles qui, avec leurs deux prolongements, forment
le neurone périphérique : la cellule proprement dite, située entre les cellules
épithéliales ordinaires, devient le corps du neurone ; le prolongement péri¬
phérique représente le prolongement protoplasmique ; le prolongement
central représente le prolongement cylindraxile. Homologiquement, les
cellules olfactives forment dans leur ensemble une sorte de ganglion étalé
en surface, ganglion qui est pour le nerf olfactif ce qu’est le ganglion de
Casser pour le trijumeau sensitif, ce qu’est le ganglion d’Andersch pour le
glosso-pharyngien, ce qu’est le ganglion spinal pour la racine sensitive d’un
nerf rachidien. Dès lors, les prolongements périphériques des cellules olfac¬
tives, quelque courts qu’ils soient, sont les homologues des fibres sensitives
qui, de la périphérie, se rendent aux ganglions spinaux ; et, d’autre part,
leurs prolongements centraux (filets olfactifs) représentent les fibres sensi¬
tives qui vont des ganglions spinaux à la moelle épinière, autrement dit les
racines postérieures des nerfs rachidiens.
Suivis de leurs cellules d’origine vers les centres, les prolongements
cylindraxiles des cellules olfactives se dirigent en haut vers la voûte des
fosses nasales, traversent les trous de la lame criblée et arrivent à la face
inférieure du bulbe olfactif, où ils semblent se terminer. En réalité, ils
pénètrent dans l’épaisseur du bulbe et, comme les racines postérieures des
nerfs rachidiens, s’y terminent par une petite arborisation libre dans les
glomérules olfactifs, petites masses sphériques qui occupent la zone externe
de la couche moyenne du bulbe. Nous y reviendrons tout à l'heure. C’est là,
dans ce glomérule, que se termine le neurone périphérique et que commence
le neurone central.
b) Neurone central. — Le neurone central, qui fait suite au neurone péri¬
phérique, commence au glomérule olfactif et s’étend de là jusqu’à l’écorce
cérébrale. Il est essentiellement formé par de grosses cellules, dites cellules
mitrales (ainsi appelées parce qu’on les a comparées à une mitre d’évêque),
qui se trouvent situées dans le bulbe olfactif, un peu au delà des glomérules,
dans la zone interne de la couche moyenne. Ces cellules ont, dans leur
ensemble, la forme d’un triangle et sont orientées d’une façon telle que leur
base regarde la face inférieure du bulbe olfactif.
Par leur base, les cellules mitrales émettent un prolongement, qui a la
signification d’un prolongement protoplasmique. Il descend en ligne droite
vers le glomérule qui lui correspond, le pénètre et se termine dans son
épaisseur par une arborisation libre qui entre en contact avec l’arborisation
terminale du prolongement central du neurone périphérique. Et nous voyons
maintenant comment sont constitués les glomérules : ils comprennent cha-
78 LES NERFS CRANIENS
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
ARTICLE III
NERF OPTIQUE
[Planche 1II}.
§ 1. - ANATOMIE
C nerveuse»
C. bipolaires
Se Sylviw
Lobe occipital_
Se p exl'_
Cunéus
Se ealcarine
PLANCHE III
P) Le faisceau croisé doit son nom à ce que les fibres qui le constituent s’en¬
trecroisent dans le chiasma avec leurs similaires du côté opposé pour passer
du nerf optique gauche dans la bandelette droite, ou du nerf optique droit
dans la bandelette gauche. Elles proviennent de la région interne de la
rétine et longent, dans le nerf optique, le côté interne du tronc nerveux.
y) Le faisceau maculaire, comme son nom l’indique, renferme les fibres qui
prennent origine dans la macula lutea, région qui se trouve située au
centre de la rétine et possède, comme on le sait, une acuité visuelle toute
90 LES NERFS CRANIENS
laies, autrement dit clans le lobule fusiforme et le lobule lingual. — Ses jibres
moyennes, continuant leur direction initiale, atteignent la pointe du pro¬
longement ventriculaire et, la dépassant, aboutissent à l’écorce du lobe
occipital.
Au total, toutes les radiations optiques, quelle que soit leur situation dans
l’éventail formé par le faisceau optique mira-cérébral, se rendent à l’écorce
du lobe occipital, qui devient ainsi le centre cortical de la vision, le centre
psycho-optique ou bien encore la sphère visuelle.
Fig. 41.
nom de faisceau transverse du
Schéma montrant, sur une coupe hori¬ lobule lingual.
zontale de l’hémisphère gauche, les
Nous signalerons enfin, comme ap¬
fibres d’association de l’appareil opti¬
que. partenant aux fibres d’association de
a, fibres commissurales. -— b, faisceau longi¬
tudinal inférieur. — c, fibres allant de la la fonction visuelle : 1° des fibres (J)
sphère visuelle au centre du langage. — d.
faisceau transverse du cunéus. — c. faisceau à direction plus ou moins transversa¬
transverse du lobule lingual. — f, fibres allant
du centre visuel des perceptions au centre le, qui vont de la face interne du lobe
visuel des mots. — g, fibres unissant le centre
des souvenirs visuels au centre des images occipital au pli courbe, unissant ainsi
visuelles des mots. — h. faisceau optique
intracérébral. le centre visuel de perception au cen¬
tre visuel des mots ou centre des ima¬
ges graphiques ; 2° des fibres à direction antéro postérieure (g), qui mettent en
relation le centre des souvenirs visuels avec le centre visuel des mois.
Les libres descendantes de la voie optique sont de deux ordres : les unes,
fibres corlico-ganglionnaires, émanent des cellules pyramidales de l’écorce
et viennent se terminer par des arborisations libres autour des cellules
nerveuses du corps genouillé externe, du pulvinar et du tubercule quadri¬
jumeau antérieur ; les autres, que nous appellerons fibres ganglio-rétinien-
nes, proviennent des cellules de ces centres ganglionnaires et s’étendent de
là jusqu'à la rétine, où elles se terminent, toujours par des arborisations
libres, dans les couches profondes de celte membrane. Peut-être existe-t-il
encore des libres descendantes directes, allant sans relai de l’écorce à la
rétine ; mais nous n’avons sur ce dernier point aucun renseignement précis.
La signification physiologique de ees fibres descendantes, notamment de
celles qui se terminent dans la rétine, n’est pas encore complètement élucidée.
11 nous paraît rationnel d’admettre qu’elles ont la même valeur que les fibres
descendantes de la voie olfactive (p. 80';, c’est-à-dire qu’elles agissent sur les
articulations réciproques des différents neurones de la voie optique et
règlent ainsi la transmission centripète des impressions rétiniennes. D’aprea
Ramon y Cajal, elles agiraient sur les spongioblastes de la couche molé¬
culaire interne de la rétine, lesquels, à leur tour, agiraient sur les cellules
nerveuses de la couche ganglionnaire.
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
(2) Le mot hémianopsie, on le sait, indique la perte des perceptions lumineuses dans
une moitié du cercle rétinien. Elle est dite supérieure ou inférieure lorsque la ligne qui
sépare la moitié normale de la moitié anesthésiée de la rétine est dirigée transversale¬
ment de telle sorte que le demi-cercle obscur est situé au-dessus ou au-dessous du plan
horizontal de l’œil. Elle est dite latérale lorsque la ligne de séparation étant dirigée ver-
96 LES NERFS CRANIENS
droite ne voient plus nettement les objets placés à leur gauche. Pour la
même raison, l’hémianopsie latérale homonyme droite correspond à des
lésions de la bandelette optique gauche.
Une particularité importante à noter ici, c’est que, dans les hémianopsies
latérales homonymes, la vision maculaire est presque toujours conservée.
Elle est généralement affaiblie mais non abolie. La ligne qui sépare la
moitié anesthésique de la moitié normale de la rétine forme habituellement
une encoche qui laisse la macule dans l’aire où la sensibilité rétinienne
persiste. 11 résulte de ce fait que les malades atteints d’hémianopsie latérale
conservent la vision distincte au point de fixation. Us peuvent le plus
souvent lire, reconnaître les personnes qu’ils rencontrent et se diriger sans
incertitude. Le seul phénomène morbide dont ils aient conscience c’est
qu’ils ne voient pas nettement les objets placés d’un côté de leur champ
visuel et qu’ils les heurtent quelquefois par inattention, car ils les verraient
fort bien s’ils avaient soin de diriger leurs yeux du côté où leur vision
est partiellement déficitaire.
La conservation de la vision maculaire dans la grande majorité des cas
d’héjnianopsie latérale s’explique par la semi-décussation du faisceau
maculaire dans le chiasma, semi-décussation par suite de laquelle les fibres
provenant de la macule d’un côté vont se terminer les unes dans l’hémis¬
phère cérébral droit, les autres dans l’hémisphère cérébral gauche. Par
le fait de cette semi-décussation, le centre cortical de l’hémisphère droit
reçoit le faisceau temporal de l’œil droit, le faisceau nasal de l’œil gauche
et une moitié du faisceau maculaire de chacun des deux yeux. De même,
l’écorce de l’hémisphère gauche reçoit le faisceau temporal de l’œil gauche,
le faisceau nasal de l’œil droit et la moitié du faisceau maculaire de chacun
des deux yeux.
fibres optiques, ainsi que nous l’avons expliqué clans notre description
anatomique, se reforment en un faisceau qui contourne le ventricule
latéral et va se terminer dans le lobe occipital. Les lésions de ce faisceau
déterminent des hémianopsies latérales homonymes semblables à celles que
provoquent les lésions de la bandelette optique du même côté. Elles n’en
diffèrent que par le fait qu’elles ne s’accompagnent pas de troubles de la
réflectivité irienne.
tation — bien que la mémoire visuelle soit conservée — sont beaucoup plus
marqués que dans les cas de cécité complète d’origine périphérique.
ARTICLE IV
NERF TRIJUMEAU
[Planches IV et V],
§ 1. - ANATOMIE
dantes, comme leur nom l’indique, se portent en bas, pour venir se ter¬
miner dans le noyau inférieur ou gélatineux, en constituant dans leur en¬
semble la racine inférieure (racine, descendante de quelques auteurs) ; les
branches ascendantes se rendent au noyau
moyen. Toutes ces fibres, quelle que soit leur
direction, se terminent chacune par une ai-
borisation libre autour des
cellules du noyau auquel
elles se rendent.
c) Ses relations centra¬
les. — Les cellules nerveu¬
ses du noyau gélatineux
et du noyau moyen émet¬
tent des fibres qui se diri¬
gent en dedans, en formant
par leur ensemble ce que
nous appelerons la voie
centrale du trijumeau. Ces libres, arrivées au
raphé s’y entrecroisent avec celles du côté
opposé. Puis, se redressant en haut pour sui¬
vre une direction longitudinale, elles traver¬
sent successivement la protubérance et le pé¬
doncule cérébral et, comme le ruban de Reil
auquel elles sont juxtaposées ou même plus ou moins
mélangées, viennent se terminer dans la couche opti¬
que. Ajoutons que, au cours de leur trajet, les fibres
constitutives de la voie Fig. 43.
centrale du trijumeau Schéma montrant les origines et tes terminaisons réelles
des deux portions du trijumeau : trijumeau sensitif et
abandonnent de nom¬ trijumeau moteur.
(L’axe 1/1/ indique l’entrée du trijumeau dans la protubéran¬
breuses collatérales, qui ce ; l’axe xx désigne la ligne médiane.)
1, ganglion de Gasser avec ses trois branches : a, l’ophthal-
se terminent les unes mique ; b. le maxillaire supérieur ; c, le maxillaire inférieur,
avec ses fibres sensitives et ses fibres motrices.
dans les noyaux mo¬ 2, trijumeau sensitif (fibres fines). — 3 sa racine inférieure.
— 4, noyau gélatineux. — 5, noyau moyen. — 6, racine du locus
teurs bulbo-protubéran- cæruleus. — 7, voie centrale du trijumeau, avec 7’, l’entrecroi¬
sement sensitif.
tiels (en particulier dans 8, trijumeau moteur ou nerf masticateur (fibres grosses). —
9, noyau masticateur. — 10, racine supérieure, avec 10’, ses
le noyau ambigu, dans cellules d’origine.
le noyau masticateur et
dans le noyau du facial), les autres dans la formation réticulaire. Ces collatéra¬
les sont évidemment en rapport avec la voie réflexe.
104 LES NEUFS CRANIENS
Fig. 44.
Ganglion de Gasser du côté 4° Ganglion de Gasser. — I.e ganglion de Gas¬
droit avec ses racines et
ses trois branches termi¬ ser est une masse de substance nerveuse d’un gris
nales. jaunâtre, couchée sur la partie interne de la face
n, ganglion de Gasser. — b. sa
racine sensitive. — c, racine antérieure du rocher, qui se creuse à ce niveau
motrice du trijumeau.
1, ophtlialmique. — 2, maxil¬ d’une dépression pour îc recevoir. Tl affecte, com¬
laire supérieur. — 3, maxillaire
inférieur. me on le sait (lig. 44), la forme d’un croissant, ou
mieux d’un haricot fortement aplati, dont le hile
serait tourné en haut et en arrière et dont le bord convexe regarderait en bas
et en avant. Il occupe une loge fibreuse, qui provient d’un dédoublement de
la dure-mère et que l’on désigne sous le nom de cavum de Meckel.
Morphologiquement, le ganglion de Gasser est l’homologue des ganglions
spinaux : il est à la racine sensitive du trijumeau, ce qu’est le ganglion
spinal à la racine sensitive d'une paire rachi¬
dienne quelconque. Rappelons que, dans le
cavum de Meckel, le ganglion de Gasser re¬
çoit, sur son côté interne, un ou plusieurs fi¬
lets sympathiques, qui lui viennent du
plexus caverneux.
Par son bord convexe, le ganglion de Gas¬
ser émet trois branches volumineuses, qui
Fig. 45.
divergent à la manière d’une patte d’oie. Ce
Constitution anatomique du gan¬
sont, en allant de dedans en dehors (fig. 45) : glion de Gasser.
1" Le nerf ophtlialmique ; 1, ganglion de Gasser, avec : 2, sa
petite racine ou trijumeau moteur. —
3, sa grosse racine ou trijumeau sen¬
2° Le nerf maxillaire supérieur ; sitif. — 4. nerf ophtlialmique. — 5,
nerf maxillaire supérieur. — 6, nerf
3° Le nerf maxillaire inférieur. maxillaire inférieur.
A) NERF OPHTHALMIQUE
(accc son ganglion)
Fig. 48.
Nerf maxillaire supérieur, vue latérale.
1. ganglion de Gasser. — 2, grosse racine du trijumeau.— 3, sa petite racine - 4, ophthalmique.
— b, nerf maxillaire supérieur. — 6, nerfs dentaires postérieurs. — 7, rameau orbitaire,
s’anastomosant, en 7’, avec le lacrymal. — 8, bouquet sous-orbitaire. — 9, ganglion sphéno-pala¬
tin, avec 9’, ses racines sensitives. — 10, nerf vidien. — 11, 12, 13, nerfs palatins antérieur, mo¬
yen et postérieur. — 14, nerf maxillaire inférieur. — 15, un rameau du facial, s’anastomo¬
sant avec les filets sous-orbitaires.
A carotide interne
Fig. 49.
Le ganglion sphéno-palatin avec ses racines et ses branches efférentes
(schématique).
nasaux, qui s’épuisent dans la peau de l’aile du nez et dans la peau qui
tapisse le vestibule des fosses nasales.
la fente sphéno-maxillaire. Ils sont toujours très variables, et dans leur nom¬
bre, et dans leur distribution.
3° Nerf sphéno-palatin. — Ce nerf se détache du côté supéro-interne du
ganglion sphéno-palatin. De là, il se porte en dedans, vers le trou sphéno-
palatin. Il le traverse et arrive dans la fosse nasale correspondante, où il se
partage en deux rameaux. l’un interne, l’autre externe :
a) Le rameau externe, spécialement destiné à la paroi externe des fosses
nasales, se résout en cinq ou six petits filets, les nerfs nasaux postérieurs et
supérieurs de Valentin, qui se distribuent à la muqueuse du cornet supérieur
et du cornet moyen, ainsi qu’au sinus sphénoïdal et aux cellules ethmoïdales
postérieures.
P) Le rameau interne, gagne la paroi interne des fosses nasales, la parcourt
en diagonale depuis sa partie postéro-supérieure jusqu’au conduit palatin
antérieur, en lui abandonnant quelques filets très grêles. Arrivé au conduit
palatin antérieur, il s’y engage et débouche alors à la voûte palatine, où il se
perd dans la région rétro-alvéolaire.
4° Nerfs palatins. — Les nerfs palatins se détachent de la partie inférieure
du ganglion sphéno-palatin et, de là, descendent verticalement vers la voûte
palatine, en suivant des conduits spéciaux entre les deux os maxillaire supé¬
rieur et palatin. Ils sont au nombre de trois, que l’on distingue d’après leur
situation en antérieur, moyen et postérieur :
a) Le nerf palatin antérieur, le plus volumineux des trois, s’engage dans
le conduit palatin postérieur, qui le conduit à la partie postéro-externe de la
voûte palatine. Là il se partage en deux ordres de filets : des filets postéiieurs,
très grêles, qui se distribuent à la muqueuse du voile du palais et à la cou¬
che glandulaire sous-jacente ; des filets antérieurs, plus importants, qui
s’épuisent dans la muqueuse de la voûte palatine et des gencives supérieures.
Rappelons que, dans son trajet à travers le conduit, palatin, le nerf palatin
antérieur fournit un rameau relativement volumineux, le nerf nasal posté¬
rieur, qui se porte d’arrière en avant sur la face externe du cornet inférieur
il innerve la portion de la muqueuse pituitaire qui revêt le méat moyen, le
cornet inférieur et le méat inférieur.
ji) Le nerf palatin moyen, le plus grêle du groupe, descend un peu en
arrière du précédent, dans un conduit palatin accessoire, et vient se terminer
dans la muqueuse du voile du palais.
y) Le nerf palatin postérieur descend de même dans un conduit palatin
accessoire jusqu’à la voûte palatine et, là, se divise en deux groupes de
rameaux : des rameaux sensitifs, pour la muqueuse des deux faces du voile du
palais ; des rameaux moteurs, pour les muscles péristaphvlin interne et palato-
NERF TRIJUMEAU 115
muscle temporal.
4° Nerf du ptérygoïdien interna. — 11 se porte obliquement en bas et an
peu en dehors et vient se perdre dans le muscle ptérygoïdien interne.
5° Nerf auriculo-temporal. — Formé par deux racines qui se détachent du
maxillaire inférieur au-dessous du trou ovale, le nerf auriculo-temporal se
dirige tout d«abord en dehors, vers le col du condyle du maxillaire inférieur.
Puis, contournant ce col et se portant en haut, il passe en avant du conduit
auditif externe, arrive à la région temporale et s’v résout en un grand nom-
NERF TRIJUMEAU 117
bre de petits filets divergents, qui se perdent dans les téguments. Rappelons
que, avant d’atteindre la région temporale, l’auriculo--temporal abandonne
comme branches collatérales : 1° un rameau anastomotique pour la branche
supérieure du facial ; 2° des rameaux parotidiens, pour la glande parotide ;
3° quelques filets auriculaires, pour le conduit auditif externe, pour la tragus
et la partie antérieure de l’hélix.
Il est innervé par les rameaux sous-orbitaires, ainsi que par les fibres du
rameau orbitaire, lesquelles, après s’être anastomosées dans l’orbite avec le
lacrymal, arrivent à la face et à la partie antérieure de la région temporale
par les deux branches de bifurcation du nerf temporo-malaire (voy. p. 110).
y) Le territoire du maxillaire inférieur (teinte bleue), très allongé dans le
sens vertical, comprend la plus grande partie de la fosse temporale (qu’il dé¬
borde même un peu à sa partie supérieure pour empiéter sur la région parié¬
tale), la partie postérieure de la région génienne, la partie supérieure de la
région massétérine et la région mentonnière. Trois nerfs innervent ce terri¬
toire : le nerf temporal superficiel ou auriculo-temporal en haut, le nerf
mentonnier en bas et, entre les deux, le nerf buccal.
Sur notre planche V, nous avons ajouté aux trois territoires précités du
trijumeau sensitif deux autres territoires : 1° le territoire des branches posté¬
rieures des nerfs rachidiens, teinté en vert ; 2° le territoire du plexus cervical
superficiel, teinté en jaune orange. Le premier représente nettement la zone
de distribution du grand nerf sous-occipital d’ARNOLD. On remarquera, sur
le second, que le plexus cervical superficiel, dépassant les limites du cou,
empiète sur la face et occupe la partie postéro-inférieure de la région mas-
seterine. Ainsi s’explique ce fait que, dans la paralysie totale du trijumeau,
après l’ablation du ganglion de Gasser par exemple, la partie de la face qui
avoisine l’angle du maxillaire conserve sa sensibilité.
§ 2 - PHYSIOPATHOLOGIE
•
Tant par ses fibres propres que par celles des filets anastomotiques qu’il re¬
çoit des autres nerfs crâniens et du sympathique cervical, le trijumeau par¬
ticipe à la vie et au fonctionnement de tous les tissus superficiels et profonds
de la face.
Il se distribue à tous les téguments du visage depuis la limite postérieure
de la région fronto-pariétale jusqu’à la pointe du menton (sauf à une partie du
pavillon de l’oreille et à un petit triangle recouvrant l’angle postérieur de la
mâchoire inférieure), à toutes les glandes sudoripares et sébacées de la peau des
paupières et de la face, aux muqueuses oculo-palpébrale, nasale, buccale, lin¬
guale (sauf dans la partie qui recouvre le tiers postérieur de la face dorsale
de la langue) ; à celles de la voûte palatine, des amygdales, du canal auditif
externe du tympan, aux prolongements qu’envoient ces muqueuses dans les si¬
nus frontaux sphénoïdaux et maxillaires, dans la trompe d’Eustache, le canal
de Sténon, le canal de Warthon, et aux innombrables glandules qui sont indu-
NERF TRIJUMEAU 121
ses dans leur sti’oma ; aux glandes salivaires (parotide, sous-maxillaire, sublin¬
guale, etc.), et à toutes les dents.' Il envoie quelques filets sensitifs aux
muscles oculo-moteurs et aux muscles peauciers du visage, qui reçoivent
leur innervation motrice, les premiers des IIIe, Ve et VIe paires, les seconds
du facial. Il innerve à lui seul tous les muscles élévateurs et diducteurs de
la mâchoire inférieure (temporal, massèter, ptérygoïdien interne et externe),
et deux de ses muscles abaisseurs (ventre antérieur du digastrique et mylo-
hyoïdien). Il innerve en outre deux des muscles tenseurs du voile du palais,
le péristaphylin externe et le palato-staphylin. Il pénètre dans l’intérieur du
globe oculaire, où il donne des filets à la cornée, aux muscles ciliaire et
papillaire, ainsi quà toutes les membranes de l’œil ; il pénètre aussi dans
l’intérieur de l’oreille, où il innerve le muscle interne du marteau, et donne
des filets aux organes contenus dans le labyrinthe et le limaçon. Enfin, il
se répand dans le tissu osseux du massif facial, et, traversant la paroi cra
nienne, il se prolonge jusque dans la dure-mère.
On comprend par cette énumération combien ses fonctions doivent être
variées. Et si l’on considère que, dès son origine dans le mésocéphale, de
nombreux filets, irradiés en tous sens, établissent des relations anatomiques
entre les neurones où il prend naissance, et les neurones des autres nerfs
crâniens ; que, d’autre part, dans son trajet périphérique, de multiples
anastomoses le mettent en communication avec les nerfs oculo-moteurs, avec
le facial, le glosso-pharyngien, l’hypoglosse et le grand sympathique cervi¬
cal, on ne trouvera pas surprenant qu’il ne soit étranger à aucun des actes
physiologiques ou pathologiques qui se passent dans la face. En réalité, qu’il
s’agisse de phénomènes sensitifs, moteurs, vaso-moteurs, sécrétoires, tropln-
ques, réflexes ou même sensoriels, le trijumeau intervient toujours dans
leur production. Quand il n’en est pas l’agent principal et exclusif, il y joue
un rôle secondaire ou accessoire ; mais il y prend toujours une part non
négligeable.
A) FONCTIONS DU TRIJUMEAU
réussit le premier celte opération en 1822 ; après lui, Magendie, Longet, etc.,
étudièrent les effets de cette section ; puis Ludwig, en 1841, découvrit les
effets de la section et de l’excitation du nerf lingual sur la sécrétion de la
glande sous-maxillaire, dont Cl. Bernard devait faire, un peu plus tard,
122 LES NERFS CRANIENS
11 en est de même pour les réflexes pileux et auriculaires, chez les ani¬
maux qui, comme le lapin, ont des poils tactiles toujours en mouvement,
et des oreilles mobiles se relevant à la moindre excitation. Après la section
unilatérale de la Ve paire chez ces animaux, les poils tactiles et l’oreille du
côté correspondant restent tombants et inertes, non pas parce que les mus¬
cles releveurs de ces organes sont paralysés, mais parce que les impressions
sensitivo-sensorielles qui, à l’état normal, en sollicitent la contraction ne
se transmettent plus aux centres nerveux, et ne peuvent par conséquent
pas se réfléchir sur les muscles.
Pour des raisons de même ordre, le tonus et le sens musculaires sont
abolis, non seulement dans les muscles directement innervés par les fibres
motrices du trijumeau, mais aussi dans les muscles, oculo-moteurs innervés
par la IIIe, la IVe et la VIe paires, dans les peauciers de la face innervés par
la VIIe, dans les muscles de la langue, innervés par la XIIe, parce que c’est
par les fibres centripètes du trijumeau que passent les excitations sensitives
provenant des curieux appareils nerveux terminaux, libres ou encapsulés, en
forme de pinceaux, de corbeilles, de buisson, d’ombelles, de grappes, de
réseaux de Golgi, de corpuscules de Ruffini, qui se trouvent répartis en si
grande abondance à la surface des tendons et des aponévroses, ou qui pénè¬
trent sous la forme de fuseaux neuro-musculaires dans les faisceaux primitifs
de tous les muscles de la face.
Tous ces appareils nerveux ont, en effet, pour fonction de recueillir les
impressions de pi’ession et de traction qui accompagnent les contractions
des muscles de la face aussi bien que de ceux des membres. Ils sont les
agents centripètes du sens musculaire. Leur suppression n’empêche pas les
muscles qui en sont privés de se contracter sous l’influence de la volonté,
mais elle jette une grande perturbation dans le mécanisme cinesthésique qui
permet à l’animal d’apprécier à chaque instant le degré de la contraction
de ses muscles et d’en augmenter ou d’en diminuer l’énergie selon l’intensité
des résistances à vaincre pour obtenir l’exécution exacte du mouvement
voulu. C’est sans doute à cette perte du tonus et du sens musculaire
qu’étaient dus les troubles de la motilité du globe oculaire, et l’inertie rela¬
tive de la face, constatés et décrits par Magendie, sur les animaux dont il
avait coupé le trijumeau dans le crâne.
Si d’autres réflexes tels que les réflexes vaso-moteurs et sécrétoires persis¬
tent après la section intra-cranienne du ganglion de Gasser, c’est parce qu’ils
sont commandés, comme nous allons le voir, par des appareils nerveux
compliqués, auxquels sont annexés des ganglions qui peuvent jouer dans
une certaine mesure le rôle de centres de réflexion.
NERF TRIJUMEAU 125
fonctionnelles. De plus, chacun des ganglions qui leur est annexé représen¬
te une sorte de centre nerveux périphérique qui commande la régulation
vaso-motrice dans des territoires limités par la distribution de ses branches
efférentes.
Si on ne tenait pas compte de ces circonstances, les faits expérimentaux,
sur quoi repose le meilleur de nos connaissances, relativement aux fonctions
du trijumeau, sembleraient incohérents et contradictoires, car les mêmes
causes appliquées à l’une ou à l’autre de ses branches donnent des résultats
absolument dissemblables. Exemple : la section de la branche opbthalmique
détermine une forte hyperémie des vaisseaux rétiniens et choroïdiens, et
l’électrisation de son bout périphérique provoque la vaso-constriction de ces
mêmes vaisseaux. Au contraire, la section du lingual est suivie d’une légère
rougeur de la moitié correspondante de la muqueuse de la langue, rougeur
qui augmente considérablement par l’électrisation de son bout périphérique.
La différence des effets résultant d’excitations similaires appliquées à deux
branches du même nerf paraîtrait donc paradoxale, si on ne considérait
que la branche ophtalmique ne contient que les fibres propres du trijumeau
et quelques fibres sympathiques, tandis que le lingual contient, en outre,
un faisceau de fibres centrifuges à action fortement vaso-dilatatrice qui lui
sont venues du facial, par l’intermédiaire de la corde du tympan.
En fait, au point de vue de son innervation vaso-motrice, la face est divi¬
sée en plusieurs territoires distincts, indépendants les uns des autres. C’est ce
qui explique comment la conjonctive peut être fortement liyperémiée sans
que les vaisseaux de la choroïde et de la rétine soient dilatés, comment les
lèvres peuvent être très pâles, alors que les pommettes sont très rouges,
comment le sang afflue souvent aux oreilles, sans que le reste du visage
soit congestionné, ou inversement. Dans aucune partie du corps, on ne peut
aussi bien que sur la face constater le phénomène de circulation locale, phé¬
nomène qui est régi non par les fibres propres du trijumeau, mais par les
radicalement opposées, puisque les unes sont vaso-dilatatrices et les autres vaso-constric-
tives, mais qu’elles tirent aussi leur origine de régions différentes de la moelle. C’est
ainsi que les fibres vaso-dilatatrices des muqueuses des lèvres, des joues et de la bouche,
proviennent en majeure partie du sympatique cervical, qui les reçoit ilui-même des IIe
IIIe, IVe et Ve paires cervicales ; celles de l’oreille proviennent de la VIIIe paire cervicale et
des Ire et IIe dorsales, en passant par le ganglion cervical inférieur et le premier ganglion
thoracique. Les fibres vaso-constrictives de la face naissent en majeure partie des quatre
premières paires dorsales. La plupart de celles de la langue parviennent à cet organe
avec le nerf grand hypoglosse par l’anastomose qui réunit ce nerf au ganglion cervical
supérieur et par le trijumeau en passant par le filet anastomotique sympathico-grassérien
de Fr. Franck. Une bonne partie de celles de l’oreille passe directement de la moelle dans
l’oreille, par le nerf auriculo-cervical du plexus cervical.
Nerf Trijumeau 12?
bution dans le rameau orbitaire et le rameau lacrymal, qui les porte jusque
dans l’intérieur de la glande de ce nom. En fait, la sécrétion de cette glande
est supprimée par la section intra-cramenne du facial, du grand nerf pétreux
superficiel issu du ganglion sphéno-palatin, et des rameaux orbitaire et la¬
crymal du nerf maxillaire supérieur.
Toutes les fibres excito-sécrétoires de la glande lacrymale ne passent cepen¬
dant pas par cette voie. Quelques-unes proviennent du sympathique cervi¬
cal, dont l’excitation provoque l’expulsion de quelques gouttelettes de larmes
louches et épaisses. Le sympathique contiendrait aussi, d’après certains
auteurs, quelques fibres fréno-sécrétoires et vaso-constrictives.
En somme le trijumeau joue un rôle dans la sécrétion des glandes de la
face, notamment des glandes salivaires et lacrymales. Il l’excite par voie
réflexe ; il ne la provoque pas directement. Les agents immédiats de la sécré¬
tion, les véritables nerfs sécréteurs sont des nerfs centrifuges qui prennent
naissance dans les noyaux d’origine d’autres paires crâniennes, particulière¬
ment de la VIIe et de la IXe (facial et glosso-pharyngien). Ils pénètrent dans
les branches de distribution périphérique du trijumeau, et dans les ganglions
qui leur sont appendus, et aboutissent finalement dans les glandes qu’ils ont
pour fonction d’actionner. Par le fait de ces emprunts multiples, le trijumeau
perd son homogénéité fonctionnelle. Il n’était, à son origine, qu’un nerf
sensitivo-moteur ; il devient, en outre, à sa périphérie, un nerf de sécrétion
et de régulation vaso-motrice.
Il n’en est pas de même pour les lésions de kératite ulcéreuse qui se pro¬
duisent dans le globe oculaire. Décrites pour la première fois par Magendie,
elles ont été constatées depuis par tous les physiologistes qui ont pratiqué des
sections expérimentales du trijumeau. Leur évolution est tout à fait typique.
Quelques heures après l'opération, la cornée du côté correspondant paraît
moins lisse et moins brillante que l’autre. Après vingt-quatre heures, elle
est franchement dépolie, opaline, laiteuse, et, au pourtour de son limbe, se
dessine sur la conjonctive un riche réseau de vaisseaux sanguins turgescents.
Les jours suivants, elle devient tout à fait opaque ; le bourrelet conjonctival
commence à suppurer ; l’iris s’enflamme ; une ulcération ne tarde pas à se
former vers le centre de l’opacité cornéenne ; elle gagne rapidement en pro¬
fondeur et en largeur, et après six ou huit jours elle arrive à faire dans la
cornée une perforation par laquelle s’échappent l’iris, l’humeur aqueuse, le
cristallin, le corps vitré. Le globe oculaire, complètement vidé, arrive à n’être
plus représenté que par un moignon informe.
Cette variété de kératite expérimentale neuro-paralytique n’aboutit pas tou¬
jours à la fonte purulente de l’œil. Elle peut guérir avant que la cornée ait
été perforée, mais cela est exceptionnel. Elle ne se développe pas nécessaire¬
ment chez tous les animaux dont on a coupé le trijumeau. Magendie avait
cru* remarquer qu’elle était plus fréquente et plus précoce, quand la section
avait porté sur le ganglion, ou sur ses branches, que lorsqu’elle avait atteint
ses racines, entre le ganglion et la protubérance. CL Bernard a constaté le
même fait. Il a vu les phénomènes de kératite manquer tout, à fait quand on
arrivait à couper les racines suffisamment loin du ganglion ; on a alors, dit-
il, tous les. phénomènes moteurs et sensitifs qui suivent habituellement la
section de la Ve paire, moins les altérations de nutrition de l’œil. Il a constaté
en outre que ces altérations survenaient plus rapidement et avaient plus de
gravité chez les sujets débiles et émaciés que chez les animaux vigoureux et
bien nourris.
La pathogénie de la kératite neuro-paralytique a donné lieu à plusieurs
hypothèses. On a pensé tout d’abord qu’elle était due à l’irritation de la
cornée insuffisamment protégée, par suite de l’abolition des réllexes de cli¬
gnement palpébral et de sécrétion lacrymale, contre la dessiccation et le
contact nocif des poussières atmosphériques. Magendie a démontré l’insuf¬
fisance de cette explication par des expériences topiques : sur quelques
animaux il a empêché l’occlusion des paupières en sectionnant le nerf facial
dans le crâne ; sur d’autres, il a amputé totalement les paupières ou enlevé
la glande lacrymale ; chez aucun d’eux il ne s’est produit de kératite ulcéreu¬
se. Schiff a tenté de s’opposer au dessèchement de la cornée en suturant les
NERF TRIJUMEAU 131
des points de suture. La conclusion tirée par Ranvier de ces observations est
formelle : « Les altérations de la cornée, à la suite de la section de la Ve paire,
ne sont pas dues à l’absence de nerfs trophiques, mais aux traumatismes
auxquels cette membrane est exposée, par suite de son insensibilité et de l’in¬
sensibilité de toute la moitié correspondante de la face. »
En somme, la section des nerfs de la cornée et l’anesthésie qui en est la
conséquence ne suffisent pas à provoquer la kératite neuro-paralytique, mais
elles en favorisent le développement en privant le tissu cornéen des moyens
de défense (clignement refiexe des paupières, réactions vaso-motrices et sé¬
crétoires) qui le protègent à 1 état normal contre les causes d’irritation pro¬
venant de l’extérieur.
B) PATHOLOGIE DU TRIJUMEAU
sans que le malade en soit incommodé et sans que son œil s’emplisse de
larmes.
Dans la troisième phase, aux paralysies sensitives, motrices et réflexes
sus-indiquées, viennent s’ajouter des troubles trophiques variés, dont les
plus communs sont : la kératite neuro-paralytique, et les éruptions zostéri-
formes.
La kératite évolue chez l'homme comme chez les animaux dont on a coupé
le ganglion de Gasser. Cependant sa marche est moins rapide, et son pro¬
nostic moins sévère en pathologie humaine qu’en pathologie animale. Un
peut presque toujours éviter qu’elle aboutisse à l’ulcération perforante de
la cornée et à la fonte purulente de l’œil, si on a le soin de recoui'ir à temps
à la tarsorraphie, c’est-à-dire à la suture des paupières, opération grâce à
laquelle on obtient généi’alement sa guérison. Sa bénignité relative, ou tout
au moins sa moindre gravité, dans l’espèce humaine, tient sans doute à ce
que, malgré l’anesthésie de son œil, l’homme ne cogne pas incessamment
son globe oculaire contre des corps étrangers, comme le font les chiens ou
les lapins. C’est probablement pour la même raison qu’elle est proportion¬
nellement beaucoup plus fréquente après la gasserectomie chez les animaux
que chez les hommes. Presque tous les chiens ou les lapins soumis, à cette
opération ont, dans les jours qui suivent, de la kératite neuro-paralytique .
plus de la moitié des hommes échappent à cette fâcheuse complication.
Les éruptions zostériformes sont formées par des groupes de vésicules
d’herpès distribuées sur la peau, selon l’axe du trajet d’une des branches ou
d’un des rameaux de la Ve paire. C’est le plus souvent la branche ophtalmi¬
que qui en est atteinte (zona ophtalmique). L’éruption débute par l’appari¬
tion assez brusque de petits placards érythémateux, au niveau desquels ne
tardent pas à se former des vésicules contenant un liquide citrin. En gros¬
sissant, les vésicules voisines se fusionnent de façon à donner naissance à
des bulles de volume très inégal. Après quelques jours, les bulles crèvent et
se dessèchent ; quand les croûtes qui leur ont succédé se détachent, il reste
à leur place des cicatrices blanches indélébiles. Parfois l’éruption prend un
caractère purulent, hémorragique ou même grangréneux. Elle s’accompa¬
gne souvent de complications inflammatoires du côté de la conjonctive, de
la cornée ou de l’iris. Elle coïncide d’ordinaire avec de l’anesthésie oculaii'e
et de l’anesthésie cutanée de la région frontale, ce qui ne l’empêche pas de
donner lieu à des douleurs névralgiques quelquefois très vives.
D’autres troubles trophiques plus rares et qui n’ont pas d’analogues dans
la pathologie expérimentale, ont été rattachés par quelques auteurs, non
sans quelque vraisemblance, au syndrome gassérien, Tels sont le mal perfo-
NERF TRIJUMEAU 135
rant buccal qui s’observe quelquefois dans le cours du tabes, la chute spon¬
tanée des dents qui se rencontre aussi chez un certain nombre de tabétiques
et de diabétiques.
ARTICLE V
§ 1. - ANÀTOMIE
Les mouvements du globe oculaire sont déterminés par six muscles, tous
situés dans l’orbite, que l’on désigne sous le nom générique de muscles de
l’œil. On les distingue, d’après leur direction, en deux groupes : les mus¬
cles droits et les muscles obliques,
Les muscles droits, ainsi appelés parce qu’ils se dirigent dans le sens de
l'axe antéro-postérieur de l’œil, sont au nombre de quatre, savoir : 1° le
droit interne, qui porte la cornée en dedans, dans le plan horizontal, le
méridien vertical conservant sa position verticale ; 2° le droit externe, qui
porte la cornée en dehors, toujours dans le plan horizontal et le méridien
vertical restant encore dans sa position verticale ; 3° le droit supérieur, qui
porte la cornée en haut et un peu en dedans et, de plus, incline légèrement
en dedans la partie supérieure du méridien vertical ; 4° le droit inférieur,
qui porte la cornée en bas et un peu en dedans et, de plus, incline légère¬
ment en dehors la partie supérieure du méridien vertical.
Les muscles obliques doivent leur nom à ce fait qu’ils croisent oblique¬
ment l’axe antéro-postérieur du globe oculaire. Ils sont au nombre de
deux, que l’on distingue, en grand oblique et petit oblique. Le grand obli¬
que, le plus long des deux, a pour fonction de déplacer la cornée en dehors
et en bas ; de plus, il incline en dedans la partie supérieure du méridien
vertical. Le petit oblique, antagoniste du précédent, déplace la cornée en
dehors et en haut ; de plus, il incline en dehors la partie supérieure du
méridien vertical.
PITRES et L. TESTUT. LES NERFS EN SCHEMAS.
Outre ces six muscles, tous constitués par des muscles striés, qui sont
placés en dehors du globe de l’œil et que pour cette raison on désigne par¬
fois sous le nom de muscles extrinsèques, il existe dans l’épaisseur même
des membranes de l’œil, d’autres formations musculaires, celles-ci formées
par des fibres lisses qui constituent les muscles intrinsèques : ce sont, tout
d’abord, les fibres de l'iris, les unes circulaires, les autre® radiées, qui règlent
les dimensions de la pupille ; puis le muscle ciliaire, qui, par son action sur
le cristallin, tient sous sa dépendance l’accommodation.
Tous ces muscles, soit intrinsèques, soit extrinsèques, reçoivent leurs
rameaux nerveux (abstraction faite du sympathique) de trois troncs qui sont,
en allant d'avant en arrière, de la I” paire à la XIIe : 1° le nerf moteur ocu¬
laire commun ou nerf de la IIIe paire ;
2° le nerf pathétique ou nerf de la IVe pai¬
re ; 3° le nerf moteur oculaire externe ou
nerf de la VIe paire.
Les filets radiculaires du moteur oculaire corrimun, sont assez bien isolés
au niveau de leur origine, sur le pédoncule, mais aussitôt après leur sortie
du névraxe ils convergent les uns vers les autres pour constituer, par leur
réunion, un cordon nerveux unique, légèrement aplati d’abord, puis régu-
140 LES NERFS CRANIENS
B) nerf pathétique
Le nerf pathétique, nerf de la IVe paire, est le plus grêle de tous les nerfs
crâniens. Il est destiné à un seul muscle, le muscle grand oblique ou oblique
supérieur de l’œil.
3° Trajet et distri¬
bution. — De son
point d’émergence au- Fig. 54.
Les nerfs de l'œil à leur passage dans le sinus caverneux,
dessous des tubercules côté gauche, vue latérale.
quadrijumeaux, le III, moteur oculaire commun. — IV, pathétique. — V, triju¬
meau. — VI, moteur oculaire externe.
nerf pathétique se di¬ 1, ganglion de Casser. — 2, ophthalmique. — 3, maxillaire supé¬
rieur. — 4, maxillaire inférieur. — 5, frontal. — 6, lacrymal. — 7,
rige obliquement en sinus caverneux. — 8, sinus pétreux supérieur. — 9, trou petit
rond. — 10, périoste orbitaire, érigné en haut.
xx, plan suivant lequel est faite la coupe représentée dans la
dehors, en bas et en figure 55.
avant.
Il contourne successivement la protubérance annulaire et le pédoncule cé¬
rébral et arrive ainsi à la base de l’encéphale. Changeant alors de direction,
il se porte d’arrière en avant, traverse la dure-mère au point où s’entrecroisent
les deux circonférences de la tente du cervelet et pénètre dans la paroi exter¬
ne du sinus caverneux. Il parcourt cette paroi dans toute son étendue, arrive
à la fente sphénoïdale, la traverse et pénètre ainsi dans la cavité orbitaire.
Obliquant alors en avant et en dedans, il gagne le bord supérieur du mus¬
cle grand oblique et s’y termine par un certain nombre de filets divergents.
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
Les nerfs qui commandent les mouvements des yeux intéressent surtout
les cliniciens par les paralysies ou les contractures musculaires que provo¬
quent leurs lésions. Il est dès lors indispensable que les médecins désireux Je
bien comprendre la pathologie des nerfs oculo-moteurs possèdent des
notions précises sur l’anatomie et la physiologie de la musculature des
globes oculaires.
Les muscles de l’appareil de la vision sont extrinsèques ou intrinsèques.
Les premiers, insérés d’une part sur les parois de l’orbite, viennent se fixer
d’autre part sur la face externe de la sclérotique : leur contraction a pour
effet de mouvoir en différents sens les globes oculaires.* Les seconds sont
les petits muscles à fibres lisses, inclus dans le globe de l’œil : ils président
aux mouvements de dilatation ou de rétrécissement de la pupille, ainsi
qu’aux changements de forme du cristallin dans l’acte de l’accommodation.
LES NERFS EN SCHÉMAS 10
146 LES NERFS CRANIENS
[.es uns et les autres prêtent à des considérations de physio pathologie que
nous allons exposer brièvement.
Comme nous l'avons vu plus haut, les mouvements du globe oculaire sont
sous la dépendance de six muscles : le droit interne, le droit externe, le droit
supérieur, le droit inférieur, le grand oblique et le petit oblique.
Ces muscles ont pour fonction d’orienter la cornée vers les différents
points de l’espace que nous voulons regarder, de façon à ce que les faisceaux
lumineux provenant de ces différents points soient projetés en incidence
normale sur la rétine qu’ils doivent impressionner. Pour atteindre ce but, ils
ont des mouvements isolés, des mouvements associés et des mouvements con¬
jugués.
(1) Il convient de rappeler ici que le nerf moteur oculaire commun innerve aus¬
si le muscle releveur de 'a paupière supérieure et le muscle constricteur de la pupille. A
la déviation du globe de l’œil s’associe donc la chute permanente de la paupière (ptosis)
et la dilatation permanente de la pupille (mydriase).
Nerfs moteurs de l’oeîl 147
les lésions du nei'f moteur oculaire externe sont suivies, pour des raisons
de même nature, d’une déviation permanente de l’œil directement en
dedans, et les lésions du nerf pathétique, d’une déviation de l’œil en bas
et en dedans.
le timon qui les sépare représente le plan médian du corps. Chaque cheval
est guidé par une petite rêne droite et par une petite rêne gauche (chaque
petite rêne représente un muscle, son nerf et son noyau primaire). La petite
rêne droite de chaque cheval se réunit avec la petite rêne droite de l’autre
cheval, pour constituer la rêne commune droite, tenue par la main droite
du cocher ; il en est de même pour les deux petites rênes gauches, réunies
en rêne commune gauche, tenue par la main gauche du cocher. La main
droite du cocher est le centre coordinateur oculo-dextrogyre (car il meut
les appareils périphériques, les petites rênes droites, qui dirigent les deux
chevaux à droite) ; sa main gauche est le centre coordinateur oculo-levogyrc.
Mais la main droite du cocher obéit à son hémisphère gauche et inversement.
On peut donc dire que le cerveau gauche du cocher dirige les deux chevaux
à droite et que le cerveau droit les dirige tous deux à gauche. »
Et si l’on se rappelle que les impressions visuelles frappant les deux
moitiés homologues des deux rétines sont perçues par l'hémisphère cérébral
du côté opposé, ainsi que nous l’avons expliqué en étudiant les voies opti¬
ques et les hémianopsies latérales homonymes (voir p. 88 et p. 96), on com¬
prend la signification et la portée très générales de la loi formulée par
Grasset : « chaque hémisphère voit et regarde avec les deux yeux du côté
opposé », ou pour être plus exact, avec la moitié homologue du côté opposé
de chacun des deux yeux.
Il faut ajouter, pour ne laisser dans l'ombre aucun détail important, que
des associations analogues à celles qui assurent les mouvements conjugués
de latéralité des yeux président également aux mouvements de rotation de
la tête quand nous tournons instinctivement celle-ci d’un côté ou de l’autre
pour porter nos regards vers la droite ou vers la gauche. Elles forment l’ap¬
pareil de la céphalo-gyration, qui explique la coexistence habituelle de la
rotation de la tête vers le même côté que la déviation des yeux, dans le phé¬
nomène de la déviation conjuguée de la tête et des yeux.
Il faut ajouter aussi que le sens de la déviation conjuguée varie selon le
siège et la nature de la lésion provocatrice. S’il s’agit d’une lésion destruc¬
tive d’un hémisphère cérébral, la tête et les yeux sont déviés A^ers le côté
où siège la lésion (déviation paralytique). S’il s’agit, au contraire, d’une
lésion irritative du cerveau, susceptible de donner lieu à de la contracture,
la tête et les yeux sont tournés vers le côté opposé à la lésion fdéviation
spastique). Inversement, dans les cas de lésions du mésocéphale intéressant
l’appareil de l’oculo- et de la céphalo-gyrie au delà de l’entrecroisement des
faisceaux hémi-oculo-moteurs, la déviation conjuguée se produit du même
côté que la lésion si celle-ci est irritative et du côté opposé si elle est destruc-
NERFS MOTEURS DE L’OEIL 151
Il va de soi que les fibres circulaires doivent être les agents actifs de
l’irido-constriction et que les fibres radiées doivent présider à l’irido-dila-
tation.
Les nerfs de l’iris proviennent des nerfs ciliaires longs dont la grande
majorité émanent du ganglion ophthalmique. Celui-ci possède, comme on
le sait, trois racines : une motrice venant du moteur oculaire commun, une
sensitive venant de la branche ophtalmique du trijumeau, et une sympa¬
thique venant du plexus caverneux qui est lui-même une dépendance du
plexus cervical. Les quelques filets des nerfs ciliaires qui ne traversent pas
le ganglion ophtalmique se détachent du nerf nasal.
Après avoir traversé la sclérotique et pénétré dans le globe de l’œil, les
filets ciliaires destinés à l’iris forment un plexus parsemé de cellules gan¬
glionnaires, d’où partent trois sortes de fibres : 1° des fibres pâles qui se
distribuent à la face postérieure du stroma membraneux et dont on ne
connaît pas la terminaison ; 2° des fibres à myéline de nature sensitive qui
se distribuent à la face antérieure de l’iris ; 3° des fibres sensitives et vaso¬
motrices qui se terminent dans les faisceaux des muscles iriens et dans les
parois des vaisseaux qui les entourent.
Les mouvements de dilatation et de constriction de la pupille sont pres¬
que toujours commandés par l’excitation directe ou réflexe de deux nerfs
antagonistes l’un de l’autre ; le moteur oculaire commun et le sympathique.
L’excitation du moteur oculaire commun est suivie du rétrécissement de
l’orifice pupillaire ; sa paralysie en provoque la dilatation. Inversement,
l’excitation du sympathique dilate la pupille, tandis que sa paralysie ’a
rétrécit.
La mydriase peut donc être produite par le défaut d’action du moteur
oculaire commun (mydriase passive ou paralytique), ou par l’excès d’action
du sympathique (mydriase active ou spastique). De même le myosis peut
être la conséquence de l’excitation du sympathique (myosis actif ou spas¬
tique), ou du défaut d’action du moteur oculaire commun (myosis passif
ou paralytique).
Mais tous les mouvements de l’iris ne sont pas commandés par le système
nerveux. Les muscles iriens jouissent, en effet, d’une excitabilité propre,
autonome, qui peut mettre directement en jeu leur contractilité. L’iris de
certains animaux à sang froid, tels que la grenouille ou l’anguille, séparé
de l’œil et immergé dans du sérum se contracte sous l’influence de la
lumière ou de la chaleur (expérience de Brown-Séquard).
Chez les mammifères, la pupille se dilate au moment de la mort, puis
pendant les quelques heures suivantes elle se rétrécit lentement. L’atropine
154 LES NERFS CRANIENS
qui fait dilater la pupille, l’és'érine qui la fait rétrécir, n’agissent pas seule¬
ment lorsqu’on les instille dans l’œil d’un animal vivant ; elles produisent
le même effet sur les pupilles d’un animal récemment tué ou sur celles
d’yeux fraîchement retirés de la cavité orbitaire.
Néanmoins, dans les conditions ordinaires de la vie, les mouvements de
l’iris sont sous la dépendance d’influences nei'veuses qui se manifestent par
les réflexes oculaires dont nous allons maintenant nous occuper.
Les réflexes oculaires peuvent être divisés en quatre groupes : i'° le réflexe
cilicùire ou d’accommodation, auquel il faut joindre le réflexe de convergence
et le réflexe psycho-moteur ; 2° les réflexes pupillaires purs, comprenant .
le réflexe à la lumière ou photo-moteur, le réflexe sensitif et le réflexe con¬
sensuel ; 3° les réflexes vaso-moteurs et sécrétoires ; 4° le réflexe de cligne¬
ment.
Qu’on ait employé l’un ou l’autre de ces procédés, lorsque le rayon lumi¬
neux qui a provoqué l’irido-constriction cesse d'impressionner la rétine, la
pupille revient à sa position de repos.
Le réllexe photo-moteur a pour point de départ l’excitation des neurones
rétiniens par les rayons lumineux. Née en ce point, l’excitation passant par
les fibres centripètes du nerf optique arrive au tubercule quadrijumeau
antérieur où elle fait un premier relai ; de là elle gagne le noyau du moteur
oculaire commun, nerf de l’irido-contraction active, où elle fait un second
relai ; puis elle chemine dans les fibres centrifuges de ce nerf et arrive
finalement par l’intermédiaire du ganglion ophthalmique et des filets ciliaires
longs dans le faisceau annulaire du muscle pupillaire. Son trajet est repré¬
senté sur le schéma de la fig. 3 de la PL VI). La portion centripète de
l'axe réflexe y est figurée par le trait noir inférieur qui, partant de la rétine,
s’étend horizontalement jusqu’au tubercule quadrijumeau antérieur, sa
portion intermédiaire par le trait bleu vertical qui va de ce tubercule au
noyau de la III6 paire, sa portion centrifuge par le trait bleu tendu direc¬
tement entre le noyau de la IIIe paire et l’iris en passant par le ganglion
ophtalmique.
Le réflexe photo-pupillaire est aboli par toutes les lésions destructives
siégeant sur un point quelconque du trajet que suivent les excitations lumi¬
neuses depuis la rétine jusqu’aux muscles iriens, en passant par le nerf
optique, la bandelette optique, le tubercule quadrijumeau antérieur, le
noyau de la IIIe paire et les fibres du nerf moteur oculaire commun. Il est
conservé dans les lésions de la portion intra-cérébrale des voies optiques :
irradiation rétro-thalamique de Gratiolet, centre ovale et écorce du lobe
occipital.
Sa disparition n'entraîne pas nécessairement celle du réflexe à la conver¬
gence.
Le signe d’Argyll Roberston. qui a pris une grande importance dans le
diagnostic de la syphilis des centres nerveux et qui a acquis la valeur d’un
véritable stigmate dans le tabes et la paralysie générale, est constitué par
la perte du réflexe à la lumière coïncidant avec la conservation intégrale du
réflexe à la convergence. Sa pathogénie s’explique très bien par le fait que
ces deux réflexes n’ont pas les mêmes points de départ et ne suivent pas,
dans tout leur trajet tout au moins, les mêmes voies. La réaction à la
lumière part de la rétine et se réfléchit dans le tubercule quadrijumeau
antérieur; le réflexe à la convergence naît dans l’écorce cérébrale et atteint
directement le noyau de la IIIe paire sans avoir passé par le tubercule qua-
NERFS MOTEURS DE L'OEIL 157
drijumeau. 11 n’cst donc pas étonnant du tout que, dans beaucoup de cas,
l’un des deux puisse être aboli, l’autre étant conservé.
b) Réflexe sensidivo-moleur. — I.e réflexe à la douleur, que nous désigne¬
rions volontiers sous le nom de réflexe, algo-pupillaire, est celui qui se produit à
la suite des excitations portant, soit sur la cornée, la conjonctive ou les
régions péri-orbitaires, soit sur n’importe quelle autre partie du corps. Toute
irritation sensitive un peu vive est en effet suivie chez les sujets normaux
d’une dilatation immédiate de la pupille. C’est à cause de ce fait qu’on a
comparé la pupille à un esthésiomètre et que, dans le cours de la chloro¬
formisation, on mesure le degré de l’anesthésie en passant le pulpe du doigt
sur la cornée du malade ; si la pupille de ce dernier réagit, il faut continuer
à donner du chloroforme ; si elle ne réagit pas, le chirurgien peut commen¬
cer l’opération.
Quand l’excitation provocatrice de ce réflexe part des extrémités terminales
du trijumeau, elle traverse le ganglion de Gasser où elle rencontre les
fibres du sympathique provenant du filet sympathico-gassérien de F. Franck,
puis, cheminant vers le globe oculaire dans la branche ophtalmique de
Willis, elle arrive au ganglion optique où elle rencontre les filets sym¬
pathiques (dilatateurs de la pupille), qui forment l’une des branches affé¬
rentes de ce ganglion et par l’intermédiaire des filets ciliaires qui en émanent
elle arrive aux muscles iriens.
Quand l’excitation initiale provient des nerfs rachidiens, elle remonte par
les cordons postérieurs jusqu’au centre cilio-spinal de la moelle, où elle
s’engage dans le cordon sympathique cervical, dont quelques fibres se
rendent par l’intermédiaire du ganglion optique aux filets ciliaires longs et
aux muscles pupillaires.
Ce réflexe est difficile à étudier chez les sujets normaux à cause de la
souffrance assez vive que leur impose sa recherche et des réactions de
défense qu’elle provoque,
11 a donné lieu à des erreurs d’interprétation contre lesquelles il importe
de réagir. Quelques médecins ont pensé pouvoir y trouver un signe objectif
permettant de dépister avec certitude les simulateurs qui prétendraient
faussement souffrir de certaines parties du corps ou qui accuseraient des
anesthésies inexistantes. C’est là une déduction a priori que ne confirme
pas du tout l’observation clinique. A l’état physiologique, la réaction de la
pupille à la douleur paraît bien être constante et d’une intensité sensiblement
proportionnelle au degré de l’irritation causale. Mais il n’en est pas du tout
de même à l’état pathologique. L’un de nous a démontré depuis longtemps
que dans les analgésies hystériques et les analgésies d’origine cérébrale, où
158 LES NEUFS CRANIENS
quand nous fixons les yeux sur une source de lumière très vive ou que la
cornée, la conjonctive ou la paupière elle-même est le siège d’une excitation
sensitive un peu énergique.
Le point de départ de ce réflexe peut donc se trouver dans la rétine ou
dans les expansions terminales du trijumeau. C’est dire qu’il y a deux sortes
de réilexes du clignement ; l’un sensorio-moteur, l’autre sensitivo-moteur.
Dans le premier, la voie centripète est la même que pour le réflexe photo¬
moteur : rétine, nerf optique, tubercule quadrijumeau antérieur ; dans le
second elle est identique à celle du réflexe, sensitivo-pupillaire : trijumeau et
ganglion de Gasser. Mais dans les deux cas, la voie centrifuge est la même :
elle est représentée par le noyau de la VIIe paire, et le nerf facial, ou, pour
mieux dire, les fibres du nerf facial qui innervent l’orbiculaire des paupières.
En pathologie, le réflexe sensorio-palpébral et le réflexe sensitivo-palpébral
sont assez souvent dissociés : autrement dit, l’un des deux peut être aboli
l’autre restant conservé. C’est ainsi qu’après la section du trijumeau ou
simplement de sa branche ophthalmique, le malade ne cligne plus lorsqu’on
excite sa cornée ou sa conjonctive ; mais il cligne si on dirige sur la cornée
de son œil insensible un rayon de lumière intense. Inversement, dans les
amauroses d’origine rétinienne ou après la section des nerfs optiques, le
l’éflexe sensitivo-palpébral est conservé tandis que le sensorio-palpébral est
aboli. En revanche, les deux réflexes sont simultanément abolis dans les
paralysies faciales périphériques, parce que le muscle orbiculaire des pau¬
pières étant frappé d’inertie ne peut exécuter le mouvement final par lequel
s’extériorisent les réflexes de clignement, qu’ils soient d’origine sensorielle
ou d’origine sensitive.
Dans toutes les explorations des réflexes palpébraux, il faut se tenir soi¬
gneusement en garde contre une cause d’erreur, à laquelle on ne fait sou¬
vent pas suffisamment attention. Les noyaux d’origine des deux nerfs
faciaux sont associés par des fibres commissurales qui les relient l’un à
l’autre et les associent étroitement dans certains modes de leur activité.
Nous pouvons bien commander volontairement l’occlusion isolée d’un œil
ou de l’autre ; mais, dans le clignement réflexe, les deux orbiculaires des
paupières se contractent ensemble, quel que soit le siège de l’excitation
provocatrice. A l’état pathologique la paupièi’e du côté sain continue à
répondre par un clignement à toute excitation portant sur l’œil sain ou
sur l’œil malade, bien que la paupière de ce dernier ne se ferme pas volontai¬
rement. Ce fait est très évident dans les paralysies périphériques du nerf facial.
Si on percute avec un marteau à réflexe le rebord orbitaire du côté paralyse,
la paupière de ce côté ne s’abaisse pas, mais celle du côté sain répond' à l’exci-
NERF FACIAL 161
ARTICLE VI
NERF FACIAL
[Planche VII).
Le nerf facial, nerf de la VIe paire, se distribue à tous les muscles peauciers
de la tête et du cou et, de ce fait, devient le nerf de la physionomie, le nerf
de l’expression, comme on l’appelle quelquefois. Mais à cela ne se borne pas
son action : il innerve encore les muscles moteurs des osselets de l’ouïe, ainsi
que quelques muscles du voile du palais' et, par l’une de ses branches, la
corde du tympan, qui exercera longtemps encore la sagacité des physiologis¬
tes, il prend part à la sécrétion de la salive, à la vascularisation de la muqueuse
linguale et à la perception des saveurs.
§ 1. - ANATOMIE
ne. Mais cette opinion doit être abandonnée, le noyau en question ne fournis¬
sant aucune fibre au nerf facial. D’après Mendel (fig. 58), le noyau facial
supérieur serait représenté par la partie toute postérieure du noyau de
roculo-moteur commun : de ce noyau partiraient des fibres qui passeraient
dans la bandelette longitudinale postérieure, descendraient avec clic jusqu’au
genou du facial et, là, se jetteraient dans la branche de sortie de ce nerf, pour
gagner en définitive, par la branche temporo-faciale, le groupe musculaire
qui leur est dévolu. L’opinion de Mendel, admise par les uns, combattue par
les autres, n’a pas résisté aux recherches expérimentales récentes de Marinesco
et de van Gehijchten. Ces deux neurologistes, à la suite de nombreuses sections
du facial supérieur, ont vu cette section déterminer de la chromolyse dans la
partie postérieure du noyau classique du facial, et ils n’ont pas hésité à placer
dans ce noyau Lorigine des fibres qui se rendent aux muscles supérieurs de
la face : le noyau bulbaire serait donc à la fois le noyau du facial inférieur
et le noyau du facial supérieur, le noyau unique du facial.
Les cellules constitutives du noyau facial sont entourées par un riche ré¬
seau de fibrilles. Ces fibrilles, qui apportent aux cellules en question les inci¬
tations motrices destinées à les mettre en jeu, proviennent de diverses sour¬
ces : 1° de la voie, pyramidale (faisceau géniculé), cette voie est croisée ; 2°
de la voie sensitive centrale, notamment des fibres efférentes des noyaux sen¬
sitifs du trijumeau ; 3° de la voie optique et de la voie acoustique, par. les
fibres, bien connues, qui, du tubercule quadrijumeau antérieur, descendent
dans la bandelette longitudinale postérieure. De ces trois groupes de fibres
nerveuses qui se rendent au noyau du facial, les premières (fibres de la
voie pyramidale) sont affectées aux mouvements volontaires ; les autres
(fibres de la voie sensitive et de la voie sensorielle) sont en rapport avec les
mouvements réflexes.
que le facial avec soin, quelques fines ramifications qui se rendent à la peau.
Ces filets cutanés, nettement sensitifs, n’appartiennent pas en propre au
facial, lequel, à son origine, est exclusivement moteur. Ils proviennent vrai¬
semblablement des rameaux anastomotiques sensitifs, ci-dessus décrits, qui
se mêlent aux libres du facial, soit au niveau du tronc nerveux lui-même,
soit au niveau de ses deux branches terminales.
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
Pour le nerf facial, comme pour les nerfs précédents, nous décrirons tout
d’abord ses fondions, puis sa paralysie. Nous étudierons, en terminant, le
syndrome du ganglion géniculé et les hémispasmes faciaux.
Par les fibres provenant de son noyau bulbaire et formant sa racine interne,
le nerf facial commande à lui seul, ainsi que l’a démontré Cit. Bell en 182Î,
la motilité de tous les muscles peauciers de la face. Sur ce point aucune con¬
testation n’est possible. Par contre, on a beaucoup discuté et on discute encore
aujourd’hui sur les fonctions de sa petite racine, qui constitue le nerf de
Wrisberg et du renflement ganglionnaire (ganglion géniculé) qui lui fait suite.
ces observations que les libres vaso-motrices et sécrétoires qui sont conte¬
nues dans le facial, lui arrivent par l’intermédiaire de sa petite racine (nerf
de Wrisberg ; qu’elles restent pendant un certain temps mélangées à ses
libres pi’oprcs provenant de sa grosse racine, et qu’elles s’en séparent en
passant par quelques-unes des branches collatérales qu’il émet dans le canal
de Fallope, puisqu’elles n’existent plus dans les branches terminales du nerf
après sa sortie du crâne par le trou stylo-mastoïdien.
Deux de leurs voies d’échappement nous sont déjà connues, car nous avons
eu l’occasion de les décrire à propos du trijumeau fvov. p. 117 et suiv.). La
première est la coxde du tympan qui, après s’être détachée du facial, un peu
au-dessus du trou, stylo-mastoïdien, traverse la cavité tympanique, et va se
fusionner avec un rameau de la branche maxillaire inférieure du trijumeau,
pour former avec lui le nerf lingual, auquel il fournit les libres gustatives
et les fibres vaso-dilatatrices et sécrétoires qui vont finalement se terminer
les unes directement dans la muqueuse de la langue, les autres par l'inter¬
médiaire des ganglions sous-maxillaire et sublingual, dans les glandes sali¬
vaires correspondantes. Les dîssecïions anatomiques les plus délicates n’au¬
raient jamais pu isoler, dans le nerf lingual, les fibres provenant de la corde
du tympan et celles appartenant en propre an trijumeau. Elles n’auraient
pas pu davantage déterminer les fonctions spéciales de chacune d’elles. Des
expériences physiologiques très précises ont résolu ce problème, par une
méthode identique à celle qui a permis de reconnaître les fonctions différen¬
tes des deux racines du facial. Elles ont tout d’abord démontré que la sec¬
tion du lingual abolissait la sécrétion des glandes sous-maxillaire et sublin¬
guale, tandis que son excitation l’exagérait (Ludwig), puisque la section ou
l’excitation de la corde du tympan (très facile à pratiquer dans la cavité tym¬
panique), avait les mêmes effets vaso-dilatateurs et sécrétoires que la section
ou l’excitation du nerf lingual lui-même (Claude Bernard) ; puis, enfin, que
si, après avoir coupé la corde du tympan, on attendait quelques jours avant
d’expérimenter sur le nerf lingual — de façon à laisser à la dégénération
wallérienne le temps de se produire et d’abolir toute excitabilité dans le
bout périphérique des libres de la corde séparées de leur centre trophique —
la section ou l’excitation du nerf lingual ne provoquait plus de modifications
appréciables dans la circulation de la muqueuse de la langue ni dans la sécré¬
tion des glandes sous-maxillaire et sublinguale (Yulpian). fl est donc bien
certain aujourd’hui que les fibres vaso-dilatatrices et sécrétoires, qui se trou¬
vent dans le nerf lingual, n’appartiennent pas au trijumeau, qu’elles pro¬
viennent, par l’intermédiaire de la corde du tympan, du nerf facial qui les
a reçues lui-même de sa racine interne, c’est-à-dire du nerf de Wrisberg.
174 LES NERFS CRANIENS
(1) Il existe cependant dans la paralysie du nerf facial quelques perturbations des
associations synergiques des muscles des globes oculaires et des paupières, qui se révè¬
lent en Clinique par les trois petits signes suivants :
1° Le signe de Ch. Bell ou de l’œil fuyant, découvert par Ch. Bell en 1823, a été décrit
par cet auteur sous le nom de phénomène hyperciriétique bulbe-palpébral. Il cont-
siste en oe que, quand on demande au malade de fermer ses paupières et que cel¬
les-ci, malgré ses efforts, restent largement ouvertes, l'œil se porte involontairement
en haut et en dedans, de façon à aller se cacher sous la paupière qui ne vient pas le
recouvrir ; ce n’est pas là un phénomène paralytique, c’est un phénomène de dérivation
des incitations motrices, analogue à ceux qui se produisent dans les membres quand un
nerf étant paralysé et que les malades veulent mouvoir les muscles innervés par ce nerf,
ce sont les muscles voisins ou antagonistes restés en relation avec les centres nerveux
qui se contractent.
2° Le signe de Négro ou du dénivellement des globes oculaires a été signalé en 1905
par le Professeur Négro, de Turin. Lorsqu’un paralysé du facial veut porter ses yeux
en haut, l’œil du côté paralysé s’élève davantage que celui dlu côté normal ; les deux
pupilles ne sont plus dans l’axe du même plan horizontal, elles sont dénivelées.
3° Le signe de Dupuy Dufemps et Cestan, ou signe du relèvement paradoxal de la*
paupière paralysée, a été décrit par ces auteurs en 1903. Si on invite le malade à re¬
garder en bas, ses deux globes oculaires se portent ensemble dans la direction indi¬
quée ; mais si, à ce moment, on lui ordonne de fermer fortement ses dieux yeux, la
paupière supérieure du côté sain s’abaisse au maximum, tandis que celle du côté pa¬
ralysé s’é'ève au lieu de s’abaisser.
NERF FACIAL 177
Le zona facial ou otitique est, une affection peu commune mais fort intéres¬
sante, à cause des aperçus qu’elle ouvre sur quelques points de la physio¬
pathologie du ganglion géniculé et du nerf de Wrisberg.
Le premier auteur qui l’ait étudiée est le neurologiste américain Ramsay
IIunt. On connaissait avant lui les zonas trigéméllaires dans lesquels l’infec¬
ARTICLE VII
NERF AUDITIF
[Planche VIII).
§ 1. - ANATOMIE
PLANCHE Vlil
S. DUPRET del.
G. DOliV éditeur
NERF AUDITIF 183
b) Branche ves-
tibulaire. — La
branche vestibulai-
re ou nerf vesti-
bulaire est, comme
son nom l’indique,
destinée au vesti¬
bule de l’oreille in¬
terne.
Peu après son
origine, elle pré¬
sente un ganglion,
appelé ganglion de
Scarpa : il est au
nerf vestibulaire ce
qu'est le ganglion
de Corti au nerf
cochléen. Tous les
deux ont exacte¬ Fig. 64.
Schéma montrant le mode de distribution du nerf auditif.
ment la même si¬ a, vestibule, avec : b, utricule ; c, saccule ; d, portion initiale du
canal cochléaire ; e, ampoule du canal demi-circulaire postérieur.
gnification que le — /', limaçon. — g, aqueduc de Fallope. — h, fond du conduit auditif
interne, avec ses quatre fossettes. — i, foramen singulare de
ganglion spinal qui Morgagni.
1, tronc de l’auditif. — 2, sa branche cochléenne, avec 2’ section de
se développe sur le ses faisceaux superficiels, destinés à la moitié du limaçon qui a été
enlevée dans la figure. — 3, sa branche vestibulaire. — 4, ganglion de
trajet de la racine Corti. — 5, petit rameau destiné à la portion vestibulaire du canal
cochléaire. — 6, ganglion de Bœttcher. —7, nerf vestibulaire supérieur,
postérieure d’une fournissant : 8, le nerf utriculaire ; 9, le nerf ampullaire supérieur ;
10, le nerf ampullaire externe. — 11, nerf vestibulaire inférieur, four¬
paire rachidienne. nissant : 12, le nerf sacculaire ; 13, le nerf ampullaire postérieur. —
14, ganglion de Scarpa. — 15, nerf facial. — 16, étrier dans la fenêtre
ovale. — 17, caisse du tympan.
La branche ves¬
tibulaire, après un
court trajet, se partage en trois rameaux que l’on distingue, d’après leur di¬
rection, en supérieur, inférieur et postérieur (fig. 64) :
<*) Le rameau supérieur, le plus volumineux des trois, se porte vers la
fossette postéro-supérieure du fond du conduit auditif interne. Là, il s’engage
dans les trous que présente cette fossette, pénètre dans le vestibule par les
pértuis de la tache criblée supérieure et se divise alors en trois filets : 1° le nerf
184 LES NERFS CRANIENS
gent vers le raphé et qui, après entrecroisement sur la ligne médiane, se ren¬
dent au ruban de Reil et, de là, à l’écorce cérébrale ; 3° des fibres obliques,
qui, s’infléchissant en bas, en avant et en dedans, descendent vers la moelle
(faisceau vestibulo-spinal) et viennent vraisemblablement se terminer dans
les cornes antérieures ; 4° des fibres innommées, qui se rendent au noyau du
moteur oculaire externe ; elles proviennent, pour la plupart, du noyau de
Deiters .
ques. Ces faisceaux se partagent en deux groupes. — Les uns, peu après leur
arrivée sur le plancher ventriculaire, plongent d’arrière en avant dans la
masse protubérantielle et aboutissent à l’olive supérieure du même côté. Là,
les fibres qui les constituent, avec ou sans interruption dans l’olive, se re¬
courbent en haut pour devenir libres longitudinales ascendantes, ce sont des
fibres directes. -— Les autres, et ce sont les plus nombreuses, suivent le
plancher ventriculaire, vont jusqu’au raphé, s’y entrecroisent et se rendent
à l’olive du côté opposé, où leurs libres, comme les précédentes, se recourbent
en haut pour devenir fibres longitudinales ascendantes, ce sont des fibres
croisées.
b) Formation du faisceau acoustique central. Au total, les libres efféren-
tes des deux noyaux termi¬
naux du nerf cochléaire,
qu’elles suivent la voie dor¬
sale (stries acoustiques),
ou la voie ventrale (corps
trapézoïde), aboutissent
toutes, directement ou
après entrecroisement sur
la ligne médiane, à l’olive
supérieure. Ces fibres, au
Fig. 66.
sortir de l’olive, se redres¬ La sphère auditive.
sent en haut pour suivre, à 1, scissure de Sylvius. — 2, 3, 4. deuxième, troisième et
quatrième circonvolutions temporales. — 5, circonvolution
partir de ce moment, un pariétale inférieure. — 6, troisième frontale, avec : 6’, son
pied ; 6”, son cap. — 7, sphère auditive (partie hachurée).
trajet longitudinal et as¬ — 8. scissure de Eolando. — 9, pôle frontal.
Là, ses fibres se partagent en deux groupes : les fibres courtes et les fibres
longues. — Les fibres courtes s’infléchissant en dedans, viennent se termi¬
ner, en majeure partie, dans le tubercule quadrijumeau postérieur, quel¬
ques-unes seulement dans le tubercule quadrijumeau antérieur. Elles se rat¬
tachent (par la bandelette longitudinale postérieure), à la motilité réflexe. —
Les fibres longues, poursuivant leur trajet ascendant, suivent le bras posté¬
rieur des tubercules quadrijumeaux qui les amène dans la région sous-thala-
mique. Se redressant alors en haut et en arrière, elles passent dans le seg¬
ment postérieur de la capsule interne, où elles se mêlent aux libres du fais¬
ceau sensitif. Au sortir de la capsule, elles se recourbent en dehors, traver¬
sent le centre ovale et viennent se terminer à la partie moyenne de la pre¬
mière circonvolution temporale, peut-être aussi à la partie moyenne de la se¬
conde.
Les deux premières circonvolutions temporales, ou tout au moins la pre¬
mière, deviennent ainsi l’aboutissant des impressions auditives recueillies par¬
le nerf cochléaire dans le limaçon : c’est (fig. 66) le centre acoustique cortical
ou sphère auditive.
d) Fibres descendantes de la voie acoustique centrale. — La voie acousti¬
que centrale n’est pas exclusivement constituée par des fibres à trajet ascen¬
dant. A ces fibres ascendantes (celles que nous venons de décrire), s’en ajou¬
tent un certain nombre d’autres (Held, van Gehuchten), dont les cellules
d’origine se trouvent situées dans l une des masses grises avec lesquelles le
faisceau acoustique entre en relation : les tubercules quadrijumeaux anté¬
rieurs et postérieurs, le noyau latéral, l’olive supérieure.
Issues de l’une quelconque de ces masses grises, les fibres acoustiques des¬
cendantes se portent en bas, comme leur nom l’indique, et viennent après un
trajet variable se terminer par des arborisations libres dans l’un des noyaux si¬
tués au-dessous.
La signification de ces dernières fibres est encore fort obscure. Elles ont
vraisemblablement la même valeur que les fibres descendantes que nous
avons déjà signalées dans la voie olfactive (p. 80) et dans la voie optique
(p. 93). '
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
- Un simple coup d’œil jeté sur les figures !, 2 et 3 de la planche VIII, suffit
à montrer que les deux branches qui constituent la VIIIe paire ont des origines
distinctes, qu’elles restent séparées dans tout leur trajet et qu elles se distri¬
buent chacune à l un des organes inclus dans l’oreille interne : la branche
NERF AUDITIF 189
Les signes différentiels entre ces deux formes de surdité sont fournis par
les résultats de quatre épreuves cliniques qui sont les épreuves de la montre,
de la voix chuchotée, de Wf.ber et de Rinne. Nous allons en décrire brièvement
la technique et en expliquer la signification sémiologique, non seulement
pour permettre aux praticiens non spécialisés qui nous liront, de les utiliser
quand ils en auront l’occasion, mais aussi et surtout pour leur faciliter la
compréhension des formules abréviatives, par lesquelles les otologistes onl
pris l’habitude d’en exprimer les résultats sur leurs feuilles d’examen.
a) Épreuve de la montre. — Elle a pour but de fournir des indications
sur l’acuité auditive de l'oreille examinée et de déterminer les différences de
perceptibilité des vibrations sonores, selon qu’elles sont transmises à cette
oreille par voie aérienne ou par voie osseuse. De ces indications, les premières
servent à fixer le médecin sur le degré de la surdité du malade, les secondes
sur le siège des lésions provocatrices de celte surdité.
La technique de l’épreuve est des plus simples. Elle n’exige qu’une montre
commune, dont le tic-tac est assez fort pour être distinctement perçu par
un sujet normal à un mètre de distance, et un ruban métrique de la même
longueur.
Le malade étant assis et fermant avec son Index l’oreille du côté non exa¬
miné (cette précaution est indispensable pour éviter de grosses causes d’er¬
reur), le médecin se place du côté de l’oreille laissée ouverte et présente la
montre à une distance telle que son tic-tac ne soit pas perçu par le malade,
c’est-à-dire à un peu plus d’un mètre. Puis il la rapproche graduellement de
l’oreille du sujet jusqu’à ce que le malade l’entende distinctement. Il ne reste
plus alors qu’à mesurer à l’aide du ruban métrique la distance qui sépare
la montre de l’oreille pour connaître le degré de l’audibilité de cette derniè¬
re. Si l’écartement est de 0 m. 50 ou de 0 m. 25, l’audibilité sera de la
moitié ou du quart de la normale. Mais il peut arriver, lorsque la surdité
est très accentuée, que le tic-tac ne soit perçu que lorsque la montre est mise
en contact avec l’orifice externe de l’oreille ou même, lorsque la surdité est
absolue, qu’il ne soit pas perçu du tout lorsque la montre est fortement appli¬
quée contre l’oreille malade. Ces diverses éventualités sont généralement expri¬
mées sur les feuilles d’examen des otologistes par les formules suivantes :
n c o
Aud. montre, air = —. ou bien - ou bien —»
100 100 100
dans lesquelles : 1° la lettre n de la première formule, remplacée naturelle¬
ment dans chaque observation particulière par le nombre de centimètres où le
tic-tac a été perçu, représente le degré de l’affaiblissement de l’audition de
192 LES NERFS CRANIENS
qu’à vingt et même trente mètres. Mais dans nos villes où l'atmosphère est
toujours agitée et le silence toujours incomplet, elle n’est généralement
perçue qu’à moins de dix mètres et, dans les cas où l’audibilité est affaiblie,
à moins de 5 mètres. De plus, il importe de savoir qu’à intensité d’émission
égale, chez les sujets sains, les sons aigus sont entendus de plus loin que
les sons graves, tandis que dans certaines maladies des oreilles, la percep¬
tion des sons graves peut être assez bien conservée, alors que celle des sons
aigus est totalement ou presque totalement abolie, ou vice versa. Or, tout le
monde sait que les voyelles qui entrent dans la composition des mots sont les
unes aiguës, comme a, é, i, les autres graves, o, u, e. De là, la nécessité de
choisir des mots d’épreuve ou des phonèmes ne contenant que des sons de
la première ou de la seconde catégorie. Gomme types des mots à sons graves,
on pourra adopter : Londres, Boulogne, Rhône, Rome, neurone, ronce, etc.,
ou les chiffres 33, 63, 83, et parmi ceux à sons aigus ou sifflants : Paris, Ju-
visy, café, identité, précocité, canal, chacal, etc., ou les chiffres 56, 66, etc.
Ces détails étant connus, voici comment on procédera à l’examen. L’une
des oreilles du malade étant fermée, le médecin se placera du côté de l’autre
oreille, à une distance de 5 mètres, et il prononcera à voix chuchotée douce,
en n’employant pour l’émettre que la provision d’air résiduelle d’une expî-
lation normale, quelques phrases indifférentes. Si elles ne sont pas entendues
par le sujet, il se rapprochera de lui jusqu’à ce que celui-ci les perçoive
distinctement. La distance à laquelle la perception deviendra distincte indi¬
quera la mesure de la surdité de l’oreille examinée, afin d’éviter que le ma¬
lade perçoive les sons par l’oreille normale, il sera utile d’assourdir celle-ci
par des frictions sur l’orifice de son conduit auditif externe.
Mais, le plus souvent, if arrivera qu’entre le seuil de l’audit;on confuse et
le point de perception distincte il y aura une phase intermédiaire dans
laquelle le malade n’entendra que partiellement les mots prononcés. Si par
exemple on lui dit : « Avez-vous lu le journal », il n’entendra que : Avez...
lu... al... ; ou bien, au contraire : Vous... le... jour... Cette particularité
indique qu’il a perdu l’audition pour les sons graves ou pour les sons aigus.
On s’en assurera d'une façon plus précise en employant les mots d’épreuve
ne contenant que des phonèmes de l’une ou de l’autre série. Et quand on
aura bien constaté une différence anormale dans l’acuité de l’audition des
sons aigus ou des sons graves, on aura fait un premier pas dans le diagnos¬
tic du siège des lésions provocatrices, car les otologistes admettent comme
très généralement exactes les deux règles suivantes :
1° La surdité aux phénomènes aigus, avec persistance relative de l’audi-
TÆS NERFS EN SCHÉMAS 13
194 LES NERFS CRANIENS
tion des phonèmes graves, s’observe surtout dans les maladies de l’appareil
de perception (limaçon et nerf cochléaire).
2° La surdité aux phénomènes graves est surtout nette dans les maladies de
l’appareil de transmission des vibration sonores (lésions de l’oreille moyenne
otites scléreuses, ankylosé des osselets, etc.).
c) Épreuve de Weber. — Si, sur un sujet sain dont les deux oreilles
jouissent d’une audibilité normale, on applique le pied d’un diapason
vibrant (le diapason vulgaire donnant le la3 officiel de 435 vibrations dou¬
bles suffit parfaitement à cet usage), sur le front ou sur les incisives média¬
nes du maxillaire supérieur, le sujet perçoit une sensation sonore bien
distincte, d’intensité égale dans les deux oreilles ; mais lorsqu’il vient à
boucher avec le doigt une de ses oreilles, le son perçu s’exagère notablement
et se localise nettement dans l’oreille obturée. On explique son renforcement
par le fait que l’occlusion de l’oreille externe empêchant la libre expansion
des vibrations au dehors, en exagère les effets balistiques sur l’oreille in¬
terne. Aussi quand, dans l’examen d'un malade atteint de surdité unilaté¬
rale, on constate que la sonorité du diapason n’est perçue que du côté sain,
on en peut conclure que la surdité dépend d’une lésion de l’appareil co¬
chléaire du côté opposé ; si au contraire elle est latéralisée du côté où existe
l’hypoacousie, c’est qu’il s’agit d’une lésion de l’appareil de transmission de
l’oreille externe (induration scléreuse du tympan, ankylosé des osselets, etc.).
Dans les feuilles d’observations des otologistes, les résultats de l’épreuve
de Weber, le côté vers lequel se fait la latéralisation du son est généralement
indiqué par une flèche dirigée vers ce côté. Exemple : Weber, ou plus'sim-
plement W-> signifie que la latéralisation a eu lieu dans l’oreille
droite, et <-W qu’elle s’est produite dans l’oreille gauche.
d) Épreuve de Rinne. — Cette épreuve dérive ainsi que la précédente
d’une observation qui peut être très facilement faite sur tous les sujets dont
l’audition est normale. Lorsqu’on place le pied d’un diapason en vibration
du type la3 de 435 vibrations doubles, qui se irouve entre les mains de tous
les musiciens, contre l’apophyse masîoïde, le son en est nettement perçu pen¬
dant quelques secondes par l’oreille correspondante ; puis il s’atténue rapide¬
ment et cesse d’être entendu Si à ce moment, sans réactiver le diapason, on en
présente les branches à quelques centimètres du méat auditif, le sujet entend
de nouveau résonner à son oreille la note initiale, le la3, avec autant et même
plus d’intensité que lorsque le pied de l’instrument était au contact de son apo¬
physe mastoïde. Après quelques secondes, la perception sonore s’atténue ; elle
ne cesse tout à fait que lorsque les vibrations de l’instrument sont complète¬
ment éteintes. Cette petite expérience démontre que chez les sujets sains,
NERF AUDITIF 195
(I) Its ne s’observent pas seulement chez les mammifères. Lafite Dupont a fait en 1905,
dans le laboratoire de la Station biologique d’Arcachon, une intéressante série d’expé¬
riences sur les poissons cartilagineux. Chez la torpille, les lésions du canal vertical sont
suivies d’un mouvement tournant de la surface de l’eau vers le fond, qui fait rouler
fatalement l’animal dans le plan frontal d’avant en arrière. Un petit requin, après une
lésion des canaux horizontal et vertical externe, tournait en hélice et ne pouvait plus
nager autrement. Des mouvements conjugués des yeux ont été également provoqués
par les excitations des ampoules des canaux horizontaux : mouvements rapides du côté
opposé au canal excité, même après destruction du labyrinthe opposé, etc...
198 LES NERFS CRANIENS
que des lésions labyrinthiques ; mais il est un des symptômes très fréquents
des perturbations fonctionnelles ou des altérations organiques des canaux
demi-circulaires. Il y a même un vertige physiologique qui paraît dépen¬
dre exclusivement de ces canaux. C’est celui qu’éprouvent tous les sujets nor¬
maux quand ils ont tourné rapidement sur eux-mêmes (vertige de Purkinge).
(1) E.-J. Moure, Sur un nouveau mode d’examen du labyrinthe vestibulaire, com¬
munication faite à l’Académie de Médecine, séance du 11 avril 1916 ; E.-J. Moure
et P. Piétri, L’organe de l’audition pendant la guerre, Arch. de méd. et de Pharmacie
militaires, n08 de juin et août 1916.
200 LES NERFS CRANIENS
tenir ce sujet debout, la tête simplement penchée en avant. Dans les cas
où l’appareil vestibulaire est hypoexcitable, le sujet aura des réactions net¬
tement diminuées dans leur intensité, et s'il y a destruction complète de
cet appareil vestibulaire, il n’éprouvera aucune incommodité après avoir
fait plus de six tours autour du bâton, ni aucune difficulté à marcher
droit ensuite.
La signification sémiologique de l’épreuve du bâton est donc claire et
nette. On peut la résumer en quelques mots dans les deux propositions
suivantes :
1° Un sujet normal tournant à allure modérée autour d’un bâton fixe,
éprouve après cinq ou six tours des sensations vertigineuses et des troubles
de l’équilibration qui sont dus à l’excitation des canaux demi-circulaires
excentriques par rapport à l’axe de la rotation.
2° Quand les canaux demi-circulaires excentriques.sont hyperexcitables,
les réactions vertigineuses et la perte de l’équilibre sont exagérées ; quand
ils sont hypoexcitables, elles sont diminuées ; quand ils sont inexcitables,
elles sont milles.
Une autre méthode de provocation clinique du vertige, qui a été surtout
étudiée et préconisée par M. Babinski, est celle du vertige voltaïque.
Lorsqu’on fait passer d’une oreille à l’autre d’un sujet normal, assis ou de
préférence debout, un courant galvanique d’une intensité maxima de 4 à 6
milliampères pendant dix à quinze secondes, ce sujet éprouve entre
autres phénomènes une sensation désagréable de vertige, accompagnée
parfois de nausées et même de vomissements, en même temps qu’il incline
involontairement la tête et le tronc vers le côté où se trouve le pôle
positif. La sensation de vertige s’exagère notablement au moment où on
interrompt le circuit.
A l’état pathologique : dans les maladies du labyrinthe provoquant de
l’irritation de l’appareil vestibulaire, les phénomènes sus-indiqués se pro¬
duisent avec une intensité de courant inférieure à 3 ou 4 milliampères ; dans
celles où l’appareil vestibulaire est moins excitable que normalement, il
faut porter le courant jusqu'à 8 ou 10 milliampères pour qu’ils se manifes¬
tent. De plus, d’une façon générale, si l’affection de l’oreille interne est unila¬
térale, l’entraînement de la tête se fait du côté de l’oreille malade, quel que
soit le sens du courant ; si elle est bilatérale mais inégale, il a lieu du côté
de l’oreille la plus atteinte ; enfin, si le vestibule est totalement détruit, com¬
me chez les sourds-muets, on ne provoque ni vertiges, ni inclinaison de la
tête, même en employant des courants de 20 milliampères, maximum qu’il
serait imprudent de dépasser.
NERF AUDITIF 201
est due à la pression exagérée des liquides contenus dans les canaux horizon¬
taux par le fait de la force excentrique ; la seconde, illusoire, au reflux de
ces liquides vers leur position de repos.
Dans les cas pathologiques les deux sensations font défaut quand les deux
appareils vestibulaires sont détruits. Lorsque la destruction ne porte que sur
l'un d’eux, elles persistent quand, pendant l’épreuve, c’est l’oreille malade qui
se trouve du côté de l’axe de la rotation ; mais elles manquent si c'est l’oreille
saine, parce que, ainsi que nous l’avons expliqué plus haut à propos de l’épreu¬
ve du bâton, qui est, elle aussi, une épreuve giratoire, ce sont les canaux
demi-circulaires du côté opposé à l’axe du mouvement qui sont influencés
par le déplacement des liquides labyrinthiques.
La planche goniométrique de von Stein, modifiée par Escat, a pour but
de permettre d’étudier les variations de l’équilibre statique sur des plans de
plus en plus inclinés. Elle se compose de deux planches inclinées à l’une de
leurs extrémités par une charnière. L’une repose sur le sol où elle doit rester
fixe ; l’autre, mobile, peut être relevée à son extrémité libre par un treuil ou
une manivelle. Elle est recouverte à sa face supérieure d’un tapis, de façon
à éviter le glissement. Un goniomètre mesure à chaque moment de l’épreuve
le degré de son inclinaison.
Le sujet à examiner étant placé debout, les yeux bandés, sur la planche
mobile, on relève lentement son extrémité non articulée en notant l’ouver¬
ture de l’angle qu elle forme avec le sol, lorsque le sujet commence à perdre
l’équilibre. A l’état normal cet angle varie peu, selon que le sujet a la pointe
des pieds dirigée vers la charnière ou dans le sens opposé, ou perpendicu¬
lairement à l’axe de la planche. Dans l’une ou l’autre de ces trois positions,
la perte de l’équilibre se manifeste lorsque l’inclinaison a atteint de 20 à 30
degrés. Elle est beaucoup plus précoce chez les malades porteurs de lésions
de l’appareil vestibulaire, mais il est bien difficile de tirer de cette épreuve
des déductions applicables au diagnostic du siège ou de l’étendue de la lé¬
sion, qui provoque la diminution de la stabilité statique.
L’épreuve de la marche est plus significati ve. Sa technique est des plus
simples. Le sujet à examiner est invité à regarder attentivement un objet
déterminé placé en face de lui, à six ou huit mètres de distance. Quand il a
bien visé l’objet à atteindre, on lui bande les yeux et on lui donne le signal
du départ. Il est rare qu’un sujet sain ne dévie pas un peu après avoir par¬
couru deux ou trois mètres et qu’il arrive franchement au but. La dévia¬
tion est plus rapide et plus accentuée chez les malades dont l’appareil vesti¬
bulaire est le siège de lésions importantes. Dans la majorité des cas, elle a lieu
dans le sens de l’oreille lésée. De plus, les malades de ce genre ont, même
NERF AUDITIF 205
lorsque leurs yeux sont ouverts, mais plus encore lorsqu’ils sont fermés, une
démarche toute spéciale : ils écartent largement les jambes de façon à élargir
leur base de sustentation et progressent lourdement en balançant leurs corps
d'un côté à l’autre comme des canards... Cette démarche différente de celle
des cérébelleux et des ataxiques est presque caractéristique des affections du
labyrinthe vestibulaire.
Pour rendre plus démonstrative l’épreuve de la marche, M. Cestan a pro¬
posé de commencer par faire tourner les malades cinq on six fois autour
d’eux-mêmes et de leur demander d’exécuter ensuite en droite ligne cinq ou
six pas en avant, puis cinq ou six pas en arrière. Les avantages de ce pro¬
cédé d’exploration ne nous paraissent pas évidents.
Les épreuves de l’équilibre statique dans la position verticale sont toutes
dérivées du signe décrit par Romberg, dans le tabes dorsal : accentuation de
l’incoordination motrice par l’occlusion des yeux. Un otologiste russe, von
Stein, s’est attaché à les étudier avec une minutie méticuleuse. Il a proposé
d’examiner les malades les yeux ouverts, puis les yeux fermés :
a) Dans la staition verticale : 1° sur les deux pieds réunis et posant à plat
sur le sol ; 2° sur un seul pied ; 3° sur la pointe des deux pieds ; 4° sur la
pointe de chacun des pieds isolément ;
P) Dans la marche : 1° en avant ; 2° en arrière ; 3° latérale vers la droite
et vers la gauche ; 4° sur la plante ou sur la pointe des pieds ;
y) Dans le saut : 1° les pieds joints en avant et en arrière ; 2° sur un
seul pied en avant et en arrière ; 3° sur la pointe des deux ou d’un seul
pied, etc., etc...
Si cette multiplicité de détails avait une réelle importance clinique, si elle
devait fournir des indications diagnostiques précises, il y aurait évidemment
lieu de n’omettre dans les examens des malades aucune des épreuves imagi¬
nées par von Stein. Mais il n’en est rien ; et il est facile de comprendre pour¬
quoi. Nous avons indiqué précédemment que les physiologistes avaient cons¬
taté l’atténuation rapide des troubles de l’équilibre chez les animaux, dont ils
avaient détruit les canaux demi-circulaires. Les choses se passent de la même
façon chez l’homme, à la suite des lésions spontanées ou traumatiques de
l’appareil vestibulaire Dans les semaines qui suivent la production de ces
lésions, ils ne peuvent pas se tenir debout et moins encore marcher sans
chanceler et tomber. Après quelques semaines ou quelques mois, ils com¬
mencent à se tenir debout et à faire timidement quelques pas, pourvu qu’ils
aient les yeux ouverts. Quelques mois plus tard ils marchent plus hardiment,
même les yeux fermés ; mais pour assurer leur équilibre, ils écartent fortement
les jambes, ce qui donne à leur démarche, ainsi que nous venons de le dire,
20G LES NERFS CRANIENS
l’aspect de celle des canards. Enfin, ils arrivent peu à peu à marcher à peu près
comme tout le monde. Cette régression relativement rapide clés troubles de la
locomotion est le résultat d’une sorte de rééducation qui se fait par l’interven¬
tion de plus en plus active et de plus en plus précise des impressions visuelles,
tactiles et musculaires qui entrent en jeu dans le mécanisme de l’orientation
et de l’équilibration.
A l’état normal, ces impressions ne sont que vicariantes ; dans les condi¬
tions sus-indiquées elles deviennent suppléantes. Si on voulait analyser dans
ses moindres détails, le mécanisme par lequel elles arrivent à compenser le
déficit des impressions vestibulaires, il serait assurément très utile d’étudier
les modifications successives qui se produisent dans l’équilibration statique
des malades, depuis le moment où leur labyrinthe a été offensé, jusqu’à celui
où la compensation fonctionnelle de ses lésions est complète. Mais si une telle
analyse peut tenter des spécialistes, il faut convenir qu’elle n’a pas d’appli¬
cations pratiques et qu’elle a peu d’intérêt pour les médecins non spécialisés.
11 suffit à ces derniers de savoir que les lésions récentes du labyrinthe vesti-
bulaire donnent lieu, en même temps qu’à des vertiges et à du nystagmus, à
des troubles grossièrement évidents de l’équilibre statique ; que ces troubles,
même lorsque la lésion qui les a provoqués est destructive et incurable,
s’atténuent progressivement ; qu’à cette période, ils sont décelables par l’oc¬
clusion des yeux qui les exagère notablement, comme elle exagère l’incoordi¬
nation motrice des tabétiques ; que plus tard, ils finissent par disparaître com¬
plètement, à tel point qu’on ne peut plus les mettre en évidence par l’occlu¬
sion des yeux.
ARTICLE VIII
NERF GLOSSO-PHARYNGIEN
[Planche IX].
IV' ventricule.
G" sphéno-palatin
lG" otique
Noyau dorsal.
Faisc. solitaire
Clirolltli‘ tuf
Centre corticai.
Occipitai. Cire0" de
du
l'hippocampe
Guosso pharyngien
C‘
Ram linsmal
du facial
Cs_
Stylo-pharyngien
C‘_ Sly/o-glosse. ’
Glosso-staphylin
Langue
Trou borgne
Cl
moteurs. _ V
Rameaux / sensitifs_'
vasculaires_/ ^
PLANCHE IX
S. DUPRET (tel.
G. DOIN Éditeur.
NERF GLOSSO-PIIARYNGIEN 207
§ 1. — ANATOMIE
tent les incitations motrices cérébrales. Ces fibres motrices ont, comme les fi¬
bres sensitives, un trajet croisé.
Il est très probable que le glosso-pharyngien est encore en rapport avec le
cervelet par une double voie, l’une ascendante, l’autre descendante. Mais ces
dernières connexions ne sont pas encore bien connues.
æ
3* Trajet. — Immédiatement
après son émergence du bulbe, le
nerf glosso-pharyngien se porte en
dehors et un peu en avant, vers le
trou déchiré postérieur. Se coudant
alors à angle droit pour devenir
descendant, il s’engage dans ce
trou (fig. 67), le traverse et arrive
ainsi à la base du crâne. Là, il se
dirige de haut en bas et d’arrière
en avant, pour se porter à la base
de la langue, où il se termine.
4° Ganglions. — A sa sortie du
trou déchiré postérieur, le glosso-
pharyngien présente sur son tra¬
jet un petit renflement ganglion¬
naire, de coloration grisâtre : c’est
le ganglion d’Andersch ou encore Fig. 68.
le ganglion pétreux. Il est, mor¬ Mode de terminaison des fibres sensitives
du glosso-pharyngien.
phologiquement, l’homologue d’un xx, ligne médiane. — 1, un segment de la
moelle cervicale en coupe, avec 2, substance
ganglion spinal. gélatineuse de la corne postérieure. -— 3, fais¬
ceau solitaire. — 4, les fibres sensitives du glosso-
Un peu au-dessus du ganglion pharyngien, avec 4’, leurs ganglions (g. d’An¬
dersch). — 5, leur bifurcation en : 5’, branches
d’Andersch, le glosso-pharyngien ascendantes, allant à l’aile grise ; 5”, branches
descendantes, allant au faisceau solitaire. — 6,
possède un deuxième ganglion, le fibres efférentes des cellules du faisceau solitaire,
se portant vers la ligne médiane, s’y entrecroi¬
sant avec leurs homologues du côté opposé et se
ganglion d’Ehrenritter. Ce deuxiè¬ redressant alors pour contribuer à former 6’, la
voie sensitive centrale.
me ganglion a la même significa¬
tion que le précédent : il est, toute¬
fois, beaucoup moins important, se réduisant, parfois à une simple traînée
de cellules nerveuses, visibles seuleir ent au microscope.
6° Mode de distribution. —
Le nerf glosso-pharyngien, aü
cours de son trajet, fournit
deux ordres de branches : des
branches collatérales et des
branches terniinales.
a) Branches collatérales. -—
1° Nerf de Jacobson. — 11
naît sur le côté externe du gan¬
glion d’Andersch et, par le ca¬
nal tympanique, arrive à la par¬
tie inférieure de la caisse du
tympan. Il se jette alors dans
v Fig. 69.
Le nerf de Jacobson sur la paroi interne
une gouttière ramifiée qui oc¬
de ’a caisse du tympan. cupe le promontoire. Là (fig.
1, nerf glosso-pharyngien, avec 1’ ganglion d’An¬
dersch. — 2, nerf de Jacobson, avec ses six filets : 3, 69), il se partage en six rameaux,
filet carotico-tympanique ; 4, filet de la fenêtre ron¬
de; 5, filet de la fenêtre ovale; 6, filet de la trompe; dont deux se dirigent en arrière,
7, grand nerf pétreux profond ; 8, petit nerf pétreux
profond. — 9, nerf facial dans l’aqueduc. — 10, corde deux en avant et deux en haut.
du tympan. — 11, ganglion géniculé. — 12, grand
nerf pétreux superficiel. — 13, petit nerf pétreux su¬ a) Les deux rameaux posté¬
perficiel.
a, trou stylo-mastoïdien. — />. promontoire. — c, rieurs (fig. 69), sont destinés à la
trompe d’Eustache. — d, face antérieure du rocher.
— e, carotide interne et plexus carotidien.
muqueuse tympanique : l’un se
perd sur le pourtour de la fenê¬
tre ronde ; l’autre s’épuise en fines ramifications au voisinage de la fenêtre
ovale.
PO Des deux rameaux antérieurs, l’un, rameau muqueux, se distribue a la
muqueuse de la trompe d’Eustache ; l’autre, sous le nom de filet carotico-
tympanique, se rend au plexus carotidien.
Y) Les deux rameaux supérieurs sont : le grand nerf pétreux profond, qui
s’unit au grand nerf pétreux superficiel (venu du facial) pour former le nerf
vidien, lequel se rend au ganglion sphéno-palatin (voy. fig. 49) ; le peiit
nerf pétreux profond, qui s’unit de même au petit nerf pétreux superficiel
(venu du facial) pour se porter ensuite au ganglion otique (voy. fig. S?'1
NERF GLOSSO-PHARYNGIEN 211
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
Claude Bernard et bien d autCes, pour arriver à démontrer d’une façon posi¬
tive que le glosso-pharyngien contenait des fibres sensorielles, sensitives,
motrices, secrétoires et vaso-motrices. Encore convient-il d’avouer que tous
les problèmes soulevés par l’étude physiologique de ce nerf n’ont pas été
complètement résolus. Les obstacles qui en ont retardé la solution sont de
plusieurs ordres. Tout d'abord, la complexité et la multiplicité de ses fonc¬
tions. En second lieu, il se trouve à son origine profondément encastré,
au fond d’une région à peu près inacessible à l’expérimentation sur les
animaux vivants, entre le groupe très cohérent des VIIIe, Xe, XIe et XIIe
paires, de telle sorte qu’il est extrêmement difficile de l’atteindre iso¬
lément dans le crâne et d’analyser, comme on le fait pour le triju¬
meau ou le facial, les effets de la section ou de l’excitation de ses fais¬
ceaux radiculaires. Or, cette analyse serait d’autant plus importante, dans
l’espèce, qu’avant même de sortir du crâne, il reçoit plusieurs anastomoses
susceptibles de modifier ses attributs fonctionnels en lui annexant des fibres
d’emprunt. Une troisième difficulté résulte du fait qu’avanl d’arriver à ses
extrémités terminales, plusieurs de ses rameaux entrent dans la composition
de ganglions ou de plexus, dans lesquels ils se mélangent étroitement à des
rameaux provenant du trijumeau, du facial, du spinal et du pneumogastri¬
que, si bien qu’il est impossible d’isoler par les dissections les plus délicates
les filets appartenant aux uns ou aux autres de ces nerfs, et par conséquent, de
savoir au juste auquel d’entre eux appartiennent les fibres qui forment les
branches efférentes de ces inextricables réseaux. Quatrièmement, enfin, on
ne peut explorer que d’une façon très grossière la sensibilité gustative et
même la sensibilité tactile de la base de la langue et du pharynx des ani¬
maux en expérience. Néanmoins, à force de patience et d ingéniosité, les
physiologistes ont fini par se mettre d’accord sur un certain nombre de faits
essentiels qui permettent de comprendre les fonctions très complexes du
glosso-pharyngien.
Pour donner plus de clarté à l’exposé de ces faits, nous envisagerons suc¬
cessivement le nerf de la IXe paire : 1° dans ses fonctions sensorielles :
(1) Magendie, Leçons sur les fonctions et les maladies du système nerveux, Paris 1889
T. II p. 293.
N EK F GLOSSO-PHARYNGIEN 213
Le nerf gustatif naît dans les papilles du goût qui se trouvent disséminées
dans les muqueuses de la bouche et du pharynx, mais dont la grande majo¬
rité est groupée dans les deux massifs gustatifs qui s’étalent l’un en avant,
l’autre en arrière du V lingual. Les fibres nerveuses qui naissent dans les
papilles de chacun de ces massifs se réunissent en deux faisceaux qui suivent
pour arriver au bulbe des trajets différents. Celles qui proviennent des papil¬
les contenues dans les deux tiers antérieurs de la langue forment la branche
antérieure du nerf gustatif ; elles se mélangent, sans perdre leur indivi¬
dualité propre, à des fibres sensitives du trijumeau auxquelles elles s’acco¬
lent pour former le nerf lingual, dans lequel elles cheminent sur une lon¬
gueur de quelques centimètres. Puis elles se séparent du trijumeau et vont,
sous le nom de corde du tympan se fusionner avec le nerf facial, dans lequel
elles pénètrent au niveau du trou stylo-mastoïdien et dont elles partagent le
trajet jusqu’au ganglion géniculé, où elles font un premier relai dans les
cellules constitutives de ce ganglion. Au delà de ces cellules, elles se recons¬
tituent en un faisceau distinct qui porte le nom de nerf intermédiaire de
Wrisberg et se dirigent avec lui vers le bulbe, où elles font un second relai
dans l’extrémité la plus élevée du noyau solitaire, d’où elles se projettent
dans le centre cortical gustatif qui se trouve très probablement dans la partie
moyenne de la circonvolution de l’hippocampe.
Les fibres qui proviennent du massif postérieur du champ gustatif et for¬
ment la branche postérieure du nerf gustatif ont un trajet beaucoup moins
compliqué. Elles pénètrent immédiatement dans le tronc du glosso-pharyn-
gien et s’acheminent avec lui vers le ganglion d’Andersch, où se trouve leur
premier relai, puis de là, elles se rendent dans la partie moyenne du noyau
solitaire, où elles ont leur centre d’origine bulbaire, entre le noyau du nerf
de Wrisberg qui est au-dessus et celui du pneumogastrique qui est au-des¬
sous. Au-dessus du noyau solitaire, les deux branches du nerf gustatif se
réunissent en un seul faisceau qui traverse le pédoncule cérébral et va se ter¬
miner dans le centre cortical de la circonvolution de l’hippocampe, où les
impressions sapides sont transformées en sensations gustatives.
Quant aux fibres sensorielles qui sont disséminées dans les parties de la
muqueuse bucco-pharyngée non comprise dans les massifs gustatifs, elles
vont se réunir isolément, celles de la partie antérieure de la cavité buccale
à la branche antérieure du nerf gustatif, celles de la partie postérieure à sa
branche postérieure.
Telle est la composition du nerf physiologique de la' gustation à laquelle
le glosso-pharyngien prend une part importante mais non exclusive. Il nous
reste à indiquer les autres fonctions de ce nerf.
NFRI GLOSSO - P H AR YNGI EN 217
ARTICLE IX
NERF PNEUMOGASTRIQUE
[Planche X ].
§ 1. - ANATOMIE
_ Rocher
_Caisse ou tympan
Plancher du 4e
Trou déchiré
Sl.-ci.-jnasr_
Langue
Trapèze Os HYOÏDE
N. laryngé exl6
Crico-aryt" pOStr._
A ry-aryténoidicn_
Crico-aryt" laû_ _Glotte
Thyro-aryl•.*_ _Larynx
_ Trachée
OEsophage
N. récurrent droit
N. pneumog0 gauche
Poumon droit
_Aorte
Poumon gauche
Ganglion cardiaque.
A flore' pulmonaire
CV?vr
Diaphragme
G° semi-lunaire droit
Foie
Estomac
PLANCHE X
§ 2. — PHYSIOPATHOLOGIE:
Le pneumogastrique est formé par parties à peu près égales de deux ordres
de fibres nerveuses qui ne se trouvent réunies en de telles proportions dans
aucun autre nerf de l’économie : de fibres de la vie de relation et de fibres de
la vie organique. Les premières, fonctionnellement identiques à celles des
nerfs rachidiens, se distribuent à des parties sensibles du corps ou à des
muscles striés volontaires ; les secondes, fonctionnellement analogues à
celles du grand sympathique, sont destinées à des viscères qui ne jouissent à
l’état normal que d’une sensibilité très obtuse, ou à des muscles non soumis à
l’influence de la volonté.
Inextricablement mélangées dans le tronc du pneumogastrique au cou,
ces fibres d’espèces différentes se groupent cependant en faisceaux physio¬
logiquement homogènes, de telle sorte que chacune des branches collatérales
ou terminales qui partent de ce tronc se trouve constituée par des fibres
appartenant, sinon exclusivement, du moins d’une façon très prédominante au
système de la vie de relation, ou au système de la vie végétative.
Il serait très difficile, si on ne tenait pas compte de ces dispositions, de
résumer clairement les fonctions de la X° paire. Aussi, profitant de la liberté
que nous laissent le titre et l’esprit du présent ouvrage, allons-nous envisager
successivement — bien qu’ils ne soient pas en réalité absolument séparés — :
1° le pneumogastrique de la vie de relation ; 2’° le pneumogastrique de la vie
organique. Nous étudierons ensuite les réactions pathologiques du nerf vague.
par Chauveau, Eckhard, etc.) ; d’autre part, que la sensibilité récurrente de?
racines du spinal provient non pas du pneumogastrique mais des quatre
premières racines cervicales, tandis que dans les paires rachidiennes la
racine motrice reçoit toujours sa sensibilité récurrente de la racine sensiti¬
ve correspondante.
Tous les physiologistes admettent donc aujourd’hui que le pneumogastri¬
que et le spinal ne sont pas entre eux dans les mêmes rapports que les deux
racines d'une paire rachidienne, que le premier est un nerf mixte dont la
partie motrice est renforcée par l’annexion de la branche interne du spinal.
L’étude des dégénérations secondaires confirme cette manière de voir en
montrant qu’après l’arrachement des racines du spinal on trouve dans toute
la longueur de la portion cervicale du vague des fibres dégénérées qu’on peut
suivre jusque dans les ramifications terminales du nerf récurrent (Waller,
Burckardt, etc), mais pas au delà (van Gehuciiten).
Les premiers sont centripètes ; c’est à eux qu’est duc la sensibilité, d’ail¬
leurs très obtuse, de la trachée, des bronches et du parenchyme pulmonaire,
les seconds sont centrifuges : ils commandent par l’intermédaire des
muscles des bronchioles qu’ils innervent, la pénétration de l’air dans les
alvéoles pulmonaires et la contractilité du tissu propre des poumons. (Expé¬
riences de Williams et de Bert).
On suppose, pour expliquer ces effets opposés, que le tronc du vague con-
234 LES NERFS CRÂNIENS
tient des fibres inspiratrices et des fibres expiratrices qui entrent en action
selon le moment de la phase respiratoire où. se produit l’excitation ; mais cette
hypothèse n’est pas absolument démontrée.
La section d'un seul des pneumogastriquse au cou ne modifie pas sensi¬
blement le mécanisme de la respiration. La section des deux est suivie, après
quelques heures, d’une diminution marquée du nombre des mouvements
respiratoires : les inspirations deviennent plus rares et plus profondes, les
expirations plus brusques et les pauses intermédiaires plus longues qu’à
l’état, normal.
La vagotomie est souvent suivie de congestion pulmonaire diffuse ou
disséminée en îlots circonscrits. Ces lésions ont été attribuées par quelques
savants à une paralysie des vaso-moteurs des poumons, mais il est peu vrai¬
semblable que cette explication soit exacte, parce que l’innervation des vais¬
seaux pulmonaires appartient au grand sympathique et non pas au vague.
Vulpian n’a vu en effet aucune modification de teinte se produire dans les
poumons après la section ou l’électrisation des pneumogastriques au cou.
Le cœur d’un animal à sang froid, d'une grenouille par exemple, enlevé de
la poitrine et placé sur une soucoupe, continue à battre pendant plusieurs
heures. Si on le divise par un coup de 'fiscaux passant au-dessous de la
cloison auriculo-ventriculaire, en deux segments contenant, l’un les oreil¬
lettes et l’autre le ventricule, le segment auriculaire continue à battre tandis
que le segment ventriculaire demeure immobile. Les libres musculaires de
ce segment devenu inerte, par suite de sa séparation d’avec le segment auri¬
culaire, n’ont pas cependant perdu leur contractilité, car si on les pique avec
une aiguille elles réagissent par des contractions vives, et si on les soumet
à certaines excitations expérimentales continues, physiques ou chimiques,
elles recommencent à se contracter rythmiquement.
Pourquoi donc ne se contractent-elles plus spontanément comme celles
du segment auriculaire ? Parce que, avant de pénétrer dans les fibres car¬
diaques, les filets nerveux destinés au cœur traversent les ganglions de
Ludwig, de Remak et de Bidder, situés, le premier dans le sinus veineux,
le second dans la cloison inter-auriculaire, le troisième dans la cloison auri-
culo-ventriculaire, ganglions d’où partent les excitations qui commandent
l’automatisme du myocarde. Tous ces ganglions sont inclus dans le segment
auriculaire qui lui, continue à battre ; le segment ventriculaire ayant été
séparé d’eux par la section échappe à leur influence et reste immobile ta.nl
qu’une excitation.extérieure ne vient pas mettre en jeu sa contractilité, laquelle
se manifeste alors sous la forme de contractions rythmées, même si l’excita¬
tion provocatrice est continue, parce que c’est sous cette forme que répond
la fibre musculaire cardiaque, à toute excitation durable d’une certaine
intensité.
L’automatisme du cœur est donc une fonction propre des ganglions intra¬
cardiaques, et le rythme, une propriété biologique inhérente à la nature
même de la fibre myocardique.
A la vérité, il n’existe pas dans le cœur des mammifères, des ganglions
aussi agglomérés et aussi faciles à isoler que dans celui des animaux à sang
froid ; mais on y trouve un nombre considérable de cellules ganglionnaires
disséminées dans les nœuds des réseaux que forment au sein du myocarde les
filets du pneumogastrique et du grand sympathique. Il y a tout lieu de penser
que si les modalités des distributions anatomiques sont différentes, les phé¬
nomènes élémentaires restent les mêmes ; que, par conséquent, les cellules
nerveuses disséminées dans les plexus intracardiaques, des mammifères y
jouent le même rôle que les ganglions de Ludwig, de Retmak et de Bidder,
dans le cœur des batraciens et que leur activité propre qui suffit à entretenir
l’automatisme du cœur peut être influencée en plus ou moins par les deux
NE R P PNEUMOGASTRIQUE 237
nerfs, avec lesquels elles sont en rapport : le pneumogastrique, cpii est modé¬
rateur ; le grand sympathique, excitateur.
En somme l’innervation du cœur n’est pas semblable à celle des muscles
moteurs volontaires. Les nerfs de ces derniers se rendent directement dans
les muscles qu’ils innervent ; ils commandent sans intermédiaire leur con¬
tractilité. Les nerfs du cœur n’arrivent pas directement à la fibre cardiaque ;
ils traversent des amas plus ou moins agglomérés de cellules ganglionnaires,
sur lesquelles le pneumogastrique exccrce une action modératrice et le grand
sympathique une action stimulatrice; A l’état normal, les deux influences
s’équilibrent et leur égalilé détermine une sorte de tonus moyen de l’activité
cellulaire, qui suffit à entretenir, dans les fibres du myocarde, le degré d’exci¬
tation nécessaire et suffisant à la mise en jeu de leur contractilité rythmique.
Mais si l’équilibre des deux influences antagonistes vient à être rompu, le
rythme des contractions du cœur en éprouve le contre-coup. Quand c’est
l’action modératrice du vague qui l’emporte, le cœur se ralentit ; quand
c’est l’action stimulatrice du grand sympathique qui prédomine, les pulsa¬
tions cardiaques deviennent plus rapides. Mais, ni le pneumogastrique, ni le
grand sympathique ne sont de véritables nerfs moteurs du cœur. Ils n’ont
aucune action immédiate sur la fibre musculaire cardiaque. Celle-ci continue
à. se contracter automatiquement et rythmiquement après leur section :
automatiquement, parce qu’elle reçoit des excitations provenant des cellules
ganglionnaires ; rythmiquement, parce qu’il est dans sa nature de répondre
par des secousses intermittentes à des excitations continues. Le seul effet du
pneumogastrique et du sympathique sur le cœur est de modifier, en plus ou
en moins, 1 irritabilité des cellules ganglionnaires, irritabilité qui est aug¬
mentée par l’excitation du sympathique et diminuée par celle du pneumo¬
gastrique.
la découverte chez le lapin d’un petit rameau nerveux qui, après avoir pris
naissance sous l’endocarde, s’élève parallèlement au paquet vasculo-nerveux
238 LES NERFS CRANIENS
peine besoin de dire que dans les cas de compression lente, ces symptômes
sont souvent associés à d’autres phénomènes morbides dérivant de l’irrita¬
tion concomitante des différents nerfs qui traversent la région cervicale, au
voisinage du pneumogastrique, particulièrement du grand sympathique, du
grand hypoglosse, du phrénique, etc., dont les réactions, s’ajoutant à celles
du vago-spinal, peuvent donner lieu à des ensembles de manifestations cli¬
niques, d’autant plus complexes que la compression qui est au début irrita¬
tive, aboutit à la longue à la destruction des libres nerveuses comprimées
que, d’autre part, elle ne s’exerce pas avec une égale énergie sur tous les
nerfs que refoule une tumeur néoplastique ou un anévrysme, et que, par
conséquent, quelques-uns de ces nerfs peuvent encore donner lieu à des réac¬
tions irritatives, alors que d’autres sont déjà réduits par la destruction totale
de leurs fibres, à une inertie fonctionnelle complète. De là, une phénoméno¬
logie touffue dont l’interprétation est souvent difficile. Quant au pronostic,
tout en étant plus sérieux que celui des interruptions complètes, il n’est pas
très sombre.
Par elles-mêmes, ni la section ni l'irritation d’un seul pneumogastrique
ne mettent directement en danger les jours des malades. Nous allons voir
qu’il en est tout autrement quand les deux cordons du vague sont simultané¬
ment lésés.
mulent dans l’œsophage, y séjournent et s’y putréfient. Une partie est reje¬
tée au dehors par régurgitation ; mais le larynx étant complètement para¬
lysé des parcelles plus ou moins altérées par la putréfaction, passent dans
les voies aériennes et déterminent des foyers de broncho-pneumonie septi¬
que. Une autre partie arrive à franchir le cardia, mais ne trouvant pas dans
l’estomac le mélange de salive et de suc gastrique qui serait nécessaire à sa
digestion, elle y croupit, s’y corrompt, et ce qui en est absorbé par les lym¬
phatiques devient une source d'infection générale.
A elles seules, les perturbations de la sécrétion des glandes intestinales et
du suc gastrique ne suffisent pas à entraîner la mort ; Schiff a, en effet,
démontré depuis longtemps que les animaux auxquels on a sectionné les deux
pneumogastriques, au-dessous ou immédiatement au-dessus du diaphragme
— ce qui supprime toute action de ces nerfs sur les glandes de l’estomac
et des Intestins, sans provoquer de paralysie concomitante de l'œsophage et du
larynx — survivent à cette double vagotomie basse. D’autre part, Pawlow
ARTICLE X
NERF SPINAL
[Planche X ].
Le nerf spinal, qui constitue la XIe paire, est un nerf exclusivement mo¬
teur. Il s’étend de la moitié inférieure du bulbe rachidien et de la moitié
supérieure de la moelle cervicale, au trou déchiré postérieur, au-dessous
duquel il se termine, en partie dans le pneumogastrique ou nerf vague,
en partie dans les deux muscles les plus importants du cou, le sterno-
cléido-mastoïdien et le trapèze. On le désigne encore sous les noms di-
NERF SPINAL 249
§ 1. - ANATOMIE
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
Nous nous sommes déjà occupés, dans le chapitre précédent, des relations
du spinal avec le pneumogastrique. Nous avons rappelé les principales rai¬
sons qui ont fait repousser l’hypothèse d’après laquelle ces deux nerfs
seraient entre eux dans les mêmes rapports que la racine antérieure et la
racine postérieure d’une paire rachidienne ; nous avons indiqué comment,
après avoir pénétré dans le cordon du vague, au niveau du ganglion pléxi-
forme, les fibres provenant de la branche interne du spinal, se séparent de ce
cordon, les unes, dans la région cervicale pour aller se distribuer à quelques
muscles du pharynx, les autres, en beaucoup plus grand nombre, dans la
région thoracique supérieure, où elles passent dans les récurrents et vont
innerver tous les muscles du larynx, hormis le crioo-thyroïdien ; nous avons
enfin montré que le spinal ne prend aucune part à la formation des bran¬
ches terminales du pneumogastrique destinées aux poumons, au cœur ou à
l’estomac. (Yoy. p. 227 et suiv.).
Il nous reste maintenant à dire quelques mots de sa branche externe, et à
donner un aperçu d’ensemble de la destination fonctionnelle du nerf de la
XI6 paire.
La branche externe du spinal, comme nous venons de le voir, innerve le
trapèze et le sterno-cléido-mastoïdien. Mais chacun de ces deux muscles reçoit
aussi des filets du plexus cervical. -
Or, en physiologie générale, il est admis que lorsqu’un muscle ou un grou¬
pe de muscles reçoit des nerfs de deux sources différentes, ce n’est pas pour
augmenter sa puissance de contraction, mais plutôt pour l’adapter à des actes
fonctionnels différents.
Il est donc, à priori, vraisemblable que les muscles trapèze et sterno-mas-
loïdien ont à remplir chacun deux fonctions distinctes. En fait, ils servent
d’une part à mouvoir volontairement la tête et les épaules, et d’autre part,
ils president à certains mouvements qui sont en relation avec le mécanisme
respiratoire. Cela résulte des expériences de Claude Bernard, que nous allons
résumer en quelques lignes.
Les physiologistes qui avaient cherché, avant lui, à étudier les effets de
252 LES NERFS CRANIENS
quelques-uns de ses détails sont critiquables, il n’en reste pas moins qu'elle
rend compte de la plupart des faits qu’elle tend à expliquer.
Le spinal peut être atteint dans tout son trajet par des lésions irritatives ou
destructives. Il peut être sectionné par des plaies d’instruments tranchants
ou de projectiles d’armes à feu ; comprimée par des tumeurs ganglionnaires
néoplastiques ou anévrysmales ; altéré dans sa structure par des névrites
toxiques ou infectieuses.
Les symptômes de ces lésions varient suivant qu’elles portent sur sa bran¬
che interne ou sur sa branche externe.
Quand elles siègent sur sa branche interne, que ce soit avant, pendant ou
après son passage dans le tronc du vago-spinal, elles se traduisent par un
groupe de phénomènes qui constituent le syndrome récurrentiel, lequel se
présente avec une physionomie clinique différente, selon qu’il s’agit de
lésions irritatives ou destructives, et selon que ces lésions sont uni ou bi¬
latérales.
Dans les cas de lésions irritatives uni-latérales, la voix et la toux sont à
peu près normales ; la respiration n’est pas gênée ; à l’examen laryngosco-
pique, la corde vocale du côté correspondant se tient fixée en position
médiane.
Dans les cas de lésions irritatives bilatérales, la voix reste encore à peu
près normale, la toux est voilée, la respiration est striduleuse, bruyante,
accompagnée de cornage et de menace d’asphyxie. Les deux cordes vocales
examinées au laryngoscope occupent le milieu de l’espace interglottique.
Dans les cas de lésions destructives uni-latérales, la voix et la toux sont
bitonales, à timbre aigu, eunueboïde ; la corde vocale correspondante est
immobile, en position intermédiaire entre la normale et la cadavérique, aussi
la respiration n’est-elle pas très gênée.
Dans les cas de lésions destructives bilatérales, la voix est étouffée, éteinte ;
la toux voilée ou rauque ; la respiration relativement facile, sauf au moment
des efforts vocaux et des exercices violents où les cordes vocales restant un
peu écartées de la ligne médiane, il se produit une sorte de coulage d’air qui
donne lieu, chez les sujets adultes, à des bruits respiratoires de sonorité
sourde. Mais chez les enfants dont, l’orifice glottique est très étroit, l’immo¬
bilisation des cartilages arythénoïdes en position à peu près médiane, déter¬
mine toujours, même au repos, une dyspnée plus ou moins accentuée.
Les syndromes récurrentiels sont souvent associés à des phénomènes mor-
NERF SPINAL 255
bides, résultant de lésions de ceux des nerfs crâniens qui sont accolés au
spinal : le glosso-pharyngien, le pneumogastrique, l’hypoglosse, et aussi, à
gnon tendent à démontrer que la branche externe du spinal est le nerf moteur
exclusif du sterno-cléido-mastoïdien et du trapèze et que les Fibres qui arri¬
vent à ces deux muscles par l’intermédiaire du plexus cervical, sont exclusi¬
vement sensitives. Les observations pathologiques recueillies chez l’homme,
paraissent confirmer cette manière de voir. Elles prouvent tout au moins que
les sections de la branche externe du spinal, déterminent des paralysies tota¬
les et complètes des deux muscles auxquels elle se distribue.
Les lésions qui déterminent ces paralysies sont traumatiques ou spontanées. .
Les premières sont habituellement le résultat de plaies pénétrantes de la
région rétro-mastoïdienne qui atteignent soit le tronc même de la branche
externe du spinal au-dessus de sa bifurcation, soit l’un ou l’autre de ses
rameaux qui se rendent au sterno-cléido-mastoïdien ou au trapèze ; les secon¬
des sont des polynévrites toxi-infectieuses, particulièrement des polynévrites
tabétiques.
Il va de soi que lorsque c’est le tronc même du spinal externe qui est
offensé, les deux muscles innervés par les Fibres qu’il contient sont simulta¬
nément paralysés, tandis qu’un seul d’entre eux sera frappé d’inertie fonc¬
tionnelle si les altérations nerveuses portent uniquement sur le rameau desti¬
né à un seul de ces muscles.
La paralysie isolée du sterno-cléido-mastoïdien ne donne pas lieu à des
troubles fonctionnels grossièrement évidents.
Ce muscle volumineux, qui traverse en diagonale la région antéro-latérale
du cou, prend son insertion supérieure à l’apophyse mastoïde et à la crête
occipito externe, et ses insertions inférieures sur le manubrium et le tiers
interne de la clavicule. Quand il prend son point Fixe sur le sternum et la
clavicule, il imprime à la tête un triple mouvement : 1° il la fléchit sur la
colonne vertébrale ; 2° il l’incline de son côté ; 3° il la fait tourner sur son
axe vertical de façon à porter le menton du côté opposé. Lorsqu’il se contrac¬
te en même temps des deux côtés, il est simplement fléchisseur de la tête,
les mouvements d’inclinaison latérale et de rotation déterminés par la
256 LES NERFS CRANIENS
ARTICLE XI
S 1. - ANATOMIE
Noyau accessoire.
Plancher du 4® ventricule.
.Scissure
de
Sylvius.
Centre cor
de l’hypoglosse.
2e nerf cervical.
_N. grand hypoglosse.
. Slylo-glosse.
_Palato-glosse.
P ha ryng o-glosse.
A mygdulo-glosse.
- _ Lingual supr
. Trunsoerse.
Jugutaire interne.
_Grnio-glosse.
MaXIU.AIIŒ INFr.
-G énio-hyoïdien.
vv.Hyoïde.
-Thyro-hyoïdien.
Jugulaire Sterno-hyoldien.
Slerno-thyroïdicn.
Omo-hyoïdien.
PLANCHE XI
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
2° Effets de la section des deux nerfs hypoglosses. — Par ses fibres motri¬
ces qui sont de beaucoup les plus nombreuses, l’hypoglosse commande la mo¬
tilité de tous les muscles intrinsèques et de la plupart des muscles extrinsèques
de la langue. Après l’arrachement de ses racines ou après la section bilatéra¬
le de son tronc, la langue devient immédiatement flasque, inerte, elle reste
immobile sur le plancher de la bouche, incapable d’aucun mouvement volon¬
taire. Elle n’a pas perdu sa sensibilité tactile, car si on la pique ou si on la pin¬
ce, l’animal pousse des cris de douleur ; elle a conservé aussi sa sensibilité
gustative, car si on dépose sur elle une solution de coloquinte, il manifeste
une sensation désagréable. Les libres sensitives qui se trouvent dans l’hypo¬
glosse ne sont pas destinées, en effet, à la muqueuse linguale ; elle se termi¬
nent toutes dans les fuseaux neuro-musculaires et dans les autres appareils
sensitifs dont la musculature de la langue est abondamment pourvue.
Les troubles fonctionnels qui se produisent après la section des deux hypo¬
glosses chez le chien sont toutefois caractéristiques. Si on présente à l’animal
une écuelle de lait, il ne peut pas laper le liquide ; il approche son museau de
l’écuelle, mais ne pouvant tirer la langue hors de la bouche, il lui est impos¬
sible de boire son contenu. « Si on lui offre un morceau de pain trempé dans
du lait, il le saisit avec vivacité et se met à le mâcher ; mais à peine est-il
divisé qu’il le laisse tomber pour le reprendre encore, le subdiviser et ainsi
de suite, jusqu’à ce que, après l’avoir réduit en petits fragments, il l’aban¬
donne ; et si par hasard la pointe de la langue vient pendant les mouvements
de la tête à sortir par l’un ou l’autre angle de la bouche, elle reste dehors
sans que le chien puisse la retirer, en sorte que, pendant les mouvements de
mastication, il la mord et pousse des cris de douleur ». (Pantzza).
La déglutition est, elle aussi, très difficile ou même impossible. Introduit-
on un morceau de viande dans la bouche de ce même chien, celui-ci fait de
vains efforts pour le placer entre ses dents afin de le mastiquer et de l’avaler ;
mais, le plus souvent, le morceau de viande s’échappe de sa bouche et tombe
sur le sol ou bien il se place entre la langue et les arcades dentaires, d’où
l'animal ne peut le déloger à cause de l’inertie de sa langue.
Chez l’homme, la perte de l’action des deux hypoglosses est suivie des
mêmes troubles de la mastication et de la déglutition que chez le chien ;
maison observe, en outre, des troubles très marqués de la phonation, car dans
l’espèce humaine la langue ne sert pas seulement à amener les aliments sous
les dents qui doivent les broyer et à porter le bol alimentaire à l’orifice supé¬
rieur du pharynx ; elle joue aussi un rôle très important dans la modulation
de la voix et du chant ; elle est particulièrement indispensable à la pronon¬
ciation des consonnes dites linguales : K, L, R, T, et à l’émission correcte de
NERF GRAND HYPOGLOSSE 263
» la plupart des autres, si bien que lorsqu’elle est paralysée, la voix devient
monotonale et indistincte, même si les cordes vocales et les lèvres ont conservé
leur motilité normale.
B) RÉACTIONS’PATHOLOGIQUES DE L’HYPOGLOSSE
nérescence dans les muscles anervés ; enfin, dans les cas anciens où la régé¬
nération ne s’est pas opérée, toute excitabilité aux courants faradiques et gal¬
vaniques est perdue.
Il n’y a pas de troubles de la motilité de la face, pas de déviation du voile
du palais. La sensibilité tactile et gustative de la muqueuse linguale est intégra¬
lement conservée. Les réflexes salivaires, provoqués par les irritations méca¬
niques des parties latérales de la langue, ne sont pas abolis.
Les troubles fonctionnels sont moins graves qu’on ne pourrait le supposer
a priori. La mastication, la déglutition, la phonation sont bien un peu gênées,
mais elles s’effectuent encore assez facilement par suite de la persistance de
la contractilité volontaire dans les muscles linguaux du côté sain.
Pour la même raison, le malade peut sans difficulté porter sa langue hors
de la bouche ou la rétracter vers l’arrière-gorge. Il faut noter cependant que
l’exécution de ces mouvements est toujours défectueuse, en ce sens qu’elle
s’accompagne de déviations anormales de la langue. Quand celle-ci est au re¬
pos, appliquée sans effort sur le plancher de la bouche, son raphé médian est
rectiligne comme chez les sujets normaux. Mais quand le malade la tire
hors de la bouche, sa pointe se dévie en arc vers le côté malade ; au contraire,
lorsqu’il la ramène fortement vers la gorge, elle se dévie vers le côté sain.
Voici l’explication que donnent, de ces phénomènes la plupart des au¬
teurs : la déviation de la pointe de la langue vers le côté paralysé, dans la
propulsion active hors de la bouche, est due à l’action du muscle génio-glosse
du côté sain. A cause de son insertion oblique d’avant en arrière et de dedans
en dehors, ce muscle attirerait la langue d’autant plus énergiquement vers
le côté malade que les muscles du côté opposé seraient plus atones. Ascoli
fait remarquer à ce sujet qu’à l’état normal, quand un homme sain por¬
te fortement sa langue d’un côté, la contraction la plus énergique a lieu
du côté opposé à celui de la déviation de la langue, tandis que s’il porte cet
organe directement en avant, les muscles des deux côtés se contractent avec
une égale énergie. Pour ce qui concerne la déviation de l’axe de la langue
vers le côté sain quand elle est rétractée dans le fond de la bouche, elle a été
attribuée par Dinkles à la contraction du muscle stylo-glosse. Le stylo-
glosse prend, en effet, son point fixe sur l’apophyse mastoïde et le ligament
stylo-maxillaire, d’où il se porte obliquement en avant et en dedans vers le
bord latéral de la langue, dans l’épaisseur de laquelle il pénètre. Par suite,
quand les deux stylo-glosses se contractent ensemble, ils attirent directement
la langue en arrière ; mais si un seul d’entre eux entre en contraction, il en¬
traîne la langue dans la direction de son point fixe, c’est-à-dire du côté où
s’exerce la traction, c’est-à-dire du côté sain.
NERF GRAND HYPOGLOSSE 265
NERFS RACHIDIENS
Les nerfs rachidiens, que l’on désigne encore sous le nom de nerfs spinaux,
peuvent être définis : les nerfs qui naissent de la moelle épinière et tra¬
versent les trous de conjugaison, pour se rendre aux territoires organiques
auxquels ils sont destinés. Us diffèrent ainsi nettement des nerfs crâniens
qui, eux, traversent les trous de la base du crâne. Comme nous l’avons fait
pour les nerfs crâniens, nous étudierons tout d’abord, dans un premier arti¬
cle, les nerfs rachidiens en général. Nous décrirons ensuite, dans les sept
articles suivants : 1° les branches postérieures des nerfs rachidiens ; 2° le
plexus cervical ; 310 le plexus brachial ; 4f° les nerfs intercostaux ; 5° le plexus
lombaire ; 6° le plexus sacré ; 7° le plexus sacro-coccygien.
ARTICLE PREMIER
5 1. — ANATOMIE
Comme les nerfs crâniens, les nerfs rachidiens obéissent à la loi de symé¬
trie ; ils naissent par paires à droite et à gauche de la moelle épinière.
diennes, soit 31 nerfs de chaque côté. Ils se divisent, comme les vertèbres,
avec lesquelles ils présentent des rapports intimes, en cervicaux, dorsaux,
lombaires, sacrés et coccygien :
a) Les nerfs cei uicaux sont au nombre de
9
8 : le premier passe entre l’occipital et
l’atlas ; le huitième, entre la septième cer¬
vicale et la première dorsale.
b) Les nerfs dorsaux sont au nombre de
12 : le premier s’échappe par le trou de
conjugaison, qui est. formé par la première
vertèbre dorsale et par la seconde ; le dou¬
zième par le trou de conjugaison que cir¬
conscrivent la dernière vertèbre dorsale et
la première lombaire.
c) Les nerfs lombaires sont au nombre
de 5 : ils passent par les cinq trous de con¬
jugaison suivants.
d) Les nerfs sacrés, au nombre de 5 éga¬
lement, s’échappent du canal vertébral, les
quatre premiers par les trous sacrés, le
cinquième entre le sacrum et le coccyx.
e) Le nerf coccygien, enfin, situé au-des¬
sous du précédent, passe sous un ligament
qui va de la base de la corne coccvgienne
à la deuxième pièce du coccyx.
Occipital
-Racines rachidiennes
NERFS CERVICAUX
n vu V
u > NERFS DORSAUX
D VMI
Dix
D x
D xii
L "
/ NERFS LOMBAIRES
L v
NERF COCCYGIEN
PLANCHE XII
tour des cellules nerveuses de cette colonne ; les fibres longues, enfin, re¬
montent en plein faisceau de Goll jusqu’au bulbe rachidien pour se termi¬
ner dans les noyaux de Goll et de Burdach. Les cellules de la corne posté¬
rieure, la colonne de Clarke et les deux noyaux de Goll et de Burdach de¬
viennent ainsi les noyaux d'origine ou, plus exactement, les noyaux termi¬
naux des fibres sensitives rachidiennes. Rappelons, en passant (nous y revien¬
drons plus loin en étudiant la voie sensitive) que, de ces différents noyaux,
partent d’autres fi¬
bres qui, après en¬
tre-croisement sur
la ligne médiane,
gagnent l’écorce cé¬
rébrale en formant
le ruban de Reil.
la lame de l’axis ; 3° les ganglions des nerfs sacrés, qui se trouvent placés
dans le canal sacré, entre la paroi latérale de ce canal et le sac durai ; ils sont
intra-raebidiens, au lieu d’être intervertébraux ; 4° le ganglion du nerf coccy-
gien, dont les éléments se disséminent à la surface du cordon nerveux.
Histologiquement, les ganglions spinaux ont pour éléments essentiels des
cellules unipolaires, dont le prolongement, très court, se divise en deux
branches : une branche ascendante, qui représente le prolongement cylin-
di'axile de la cellule ganglionnaire et qui passe dans les racines postérieures ;
une branche descendante, qui représente le prolongement protoplasmique et
qui, se jetant dans le nerf rachidien, se rend à la périphérie. Rappelons, en pas-
sant, que les cellules ganglionnaires sont primitivement bipolaires et que ce
n’est que plus tard, au cours du développement, qu’elles deviennent unipo¬
laires.
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
Les nerfs rachidiens étant formés par la coalescence d’un racine antérieure
motrice et d’une racine postérieure sensitive, auxquelles s’adjoint, immédia¬
tement au delà du ganglion spinal, un faisceau de fibres sympathiques pro¬
venant des rami-communicantes, sont tous des nerfs mixtes. Tout ce que
nous avons dit précédemment (voy. Chapitre Ier) des propriétés biologiques
des fibres nerveuses en général et de leurs réactions expérimentales, s’ap¬
plique intégralement aux fibres centripètes et centrifuges qui composent
les nerfs rachidiens. 11 ne nous reste plus qu’à étudier les phénomènes
souvent très complexes qui se produisent lorsque ces derniers sont le siège
de lésions traumatiques ou spontanées. Pour mettre un peu d’ordre dans cette
étude, nous décrirons successivement :
1° Le syndrome d’interruption de la conduction nerveuse ;
2° Le syndrome d'irritation ;
3e Le syndrome de compression ;
4° Le syndrome de régénération ;
5° Les syndromes polynévritiques.
écrasées pour que leurs cylindraxes aient perdu leur continuité histologi¬
que, sans que pour cela la gangue conjonctive ait été divisée ; 3° lorsqu’un
projectile d’arme à feu traversant un membre a passé près d’un cordon ner¬
veux, sans le toucher directement, mais en provoquant un ébranlement com¬
motionne] qui a eu pour effet de le frapper dhnertie fonctionnelle, de stupeur ;
4° lorsqu’un liquide nécrosant ou neurolysant, tel que l’alcool au-dessus de
80 degrés, l’éther, le chloroforme, une solution de quinine, de bile ou de sels
biliaires, etc., a été maladroitement injectée dans un cordon nerveux ou
même simplement dans le tissu conjonctif lâche qui l’enveloppe.
Dans tous ces cas, la continuité des fibres nerveuses incluses dans le nerf
étant interrompue, aucune excitation physiologique ne peut traverser le point
d’interruption : la voie est barrée ; le segment périphérique ne communique
plus fonctionnellement avec le segment central.
Cette suppression des communications portant à la fois sur les trois espèces
de fibres : motrices, sensitives et sympathiques, contenues dans le cordon
nerveux, détermine trois ordres de phénomènes morbides qui sont par
ordre d’importance :
a) Une perte immédiate de la motilité volontaire, réflexe et synergique
dans les muscles exclusivement innervés par les branches provenant du
nerf offensé, en aval, du point où existe l’interruption du circuit : paralysie
motrice ;
(3) Une perte de la sensibilité dans le territoire de distribution des branches
nerveuses qui partent du nerf offensé en aval du point lésé : paralysie sen¬
sitive ;
y) Des troubles vaso-moteurs, sécrétoires et trophiques résultant de la sec¬
tion des fibres sympathiques contenues dans le nerf au point où il a été coupé
ou offensé.
Indiquons rapidement les caractères cliniques de chacun de ces trois
groupes de phénomènes morbides.
suivent la blessure du nerf ; mais elle ne se révèle pas tout de suite par des
phénomènes cliniques nettement appréciables. Ce n'est qu’à la fin du qua¬
trième jour qu’une modification biologique importante apparaît : le nerf
perd alors en quelques heures son excitabilité et sa conductibilité électriques
et mécaniques. -
Nous disons le nerf et non pas le muscle. Celui-ci conserve, en effet, pen¬
dant deux ou trois semaines après la section de son nerf moteur, la propriété
de se contracter sous l’influence des chocs mécaniques et des courants élec¬
triques. Au bout de ces deux ou trois semaines, il devient progressivement
hypo-excitable d’abord, puis totalement inexcilable aux courants faradiques
tout en restant encore excitable aux galvaniques. A ce moment on constate
souvent, mais non pas toujours, des modifications dans la formule des exci¬
tations polaires. De plus, et cela est le phénomène essentiel de la R D , la
secousse musculaire, au lieu d’être brève comme elle l’est à l’état normal,
devient manifestement lente.
Si, plus tard, la paralysie guérit, le muscle récupère peu à peu son exci¬
tabilité normale : la secousse aux galvaniques redevient brève, l’excitabilité
au faradique reparaît ; tout rentre dans l’ordre. Si, au contraire, la paralysie
évolue vers l’incurabilité, l’excitabilité galvanique devient de plus en plus
faible et finit par disparaître complètement, en même temps que la fibi'e
musculaire perd tout à fait sa structure histologique et ses propriétés physio¬
logiques.
La valeur sémiologique de la R D ,.est trop connue pour qu’il soit utile d'in¬
sister ici sur son importance dans le diagnostic des paralysies traumatiques
par blessure des nerfs. Mais les indications qu’on peut tirer de l’exploration
mécanique des muscles sont moins familières aux praticiens et nous devons
indiquer en quelques môts les renseignements, parfois très utiles, qu’elle
peut leur fournir.
Les muscles normaux sont excitables par la percussion. Si on les frappe
avec un marteau à réflexe ou avec un objet dur quelconque, ils répondent à
chaque choc par une contraction brève, et durant les premières semaines
qui suivent la section complète de leurs nerfs leur excitabilité à la percus¬
sion est, conservée ; elle est même plutôt exagérée.
Quand, après quelques semaines, leurs réactions aux courants faradiques
s’affaiblissent et disparaissent, les réactions à la percussion restent intactes,
avec secousses brèves ; et même lorsque la réaction aux courants galvani¬
ques est seule efficace et que la R D est nettement constituée, la réaction à
la percussion persiste encore, mais la secousse, qui jusqu’alors était restée
brève, devient lente.
NEUFS HAClllDiENS EN GÉNÉRAL 279
Enfin, quand, dans les cas graves où la libre musculaire évolue vers la
désorganisation irréparable et où l'excitabilité galvanique s’affaiblit et dis¬
paraît, la réaction à la percussion s'affaiblit elle aussi et finit par disparaître ;
mais elle s’éteint plus tardivement que l’excitabilité galvanique. Elle reste
le dernier signe appréciable de la vitalité du muscle mourant.
11 résulte de cette évolution que les praticiens n’ayant pas sous la main les
appareils électriques qui ne se trouvent que dans les cabinets des électriciens
ou les laboratoires de clinique, peuvent remplacer dans une certaine mesure
l’électro-diagnostic par le mécano-diagnostic. Tant que la secousse à la
percussion est brève, ils peuvent être certains que le muscle est peu altéré ;
quand elle devient lente, c’est qu’il y a de la R l) (1), lorsqu’elle s’affaiblit et
disparaît, le muscle est irrévocablement perdu.
Le gros inconvénient de ce mode d’exploration musculaire, c’est qu’il est
difficile de l’utiliser chez les sujets gras et que, même chez les maigres, il
est malaisé de l’appliquer à certains muselles tels que les fessiers, les muscles
de la région postérieure des cuisses, les sus et sous-épineux et tous les mus¬
cles profonds des membres.
En résumé, les signes des paralysies motrices par interruption complète de
la conductibilité sont très précis : suppression immédiate et totale de la motili¬
té volontaire, suppression du tonus, suppression de la réflectivité, puis, plus
tard, atrophie dégénérative des muscles innervés par le nerf sectionné, voilà
en quelques mots toute leur symptomatologie.
A ces signes fondamentaux ne s’ajoute aucun phénomène d’irritation. Les
contractions fibrillaires, les contractures, les tremblements, les spasmes, les
convulsions ne font pas partie de leur symptomatologie habituelle. L’exis¬
tence de l’un ou de l’autre de ces phénomènes d’ordre irritatif doit faire
penser à une section incomplète ou à des causes d’excitation persistante
siégeant au niveau ou au-dessus du point de section du nerf.
(1) A la vérité la secousse peut devenir lente sans qu'il y ait de lésions nerveuses.
Cela se produit notamment dans quelques cas de syndromes hytéro-traumatiques
accompagnés de refroidissement inténse du membre blessé. Mais alors l’excitabilité fara¬
dique des muscles n’est pas abolie comme dans la II D et la secousse redevient brusque
par le simple réchauffement artificiel du membre.
280 LES NEUFS RACHIDIENS
Les symptômes sensitifs des sections complètes des nerfs sont toujours des
symptômes de déficit. La douleur fait défaut ou est très modérée. Les malades
peuvent bien éprouver des élancements ou des picotements résultant de
l’irritation du moignon central du nerf coupé ou de quelques libres récurren¬
tielles remontant vers la moelle par des voies aberrantes ; mais ils n’éprou¬
vent jamais les abominables douleurs causalgiques qui tourmentent parfois
si cruellement les blessés atteint de sections incomplètes de certains nerfs,
particulièrement du médian et du tibial postérieur. On ne constate jamais
non plus chez eux les phénomènes de paresthésie douloureuse qu’on observe
souvent à la face palmaire de la main ou à la face plantaire du pied dans les
cas de blessures superficielles de ces mêmes nerfs.
et MUe Benisty n’ont-ils pas montré qu'ils ne se produisaient guère que chez
les sujets qui avaient, en même temps qu’une lésion des nerfs, une oblitéra¬
tion artérielle diminuant dans une large proportion l’activité de la circula¬
tion de leur membre malade ? En réalité, il n’y a de véritables troubles tro¬
phiques nécessairement commandés par la section complète d’un nerf que
la dégénération wallérienne du segment périphérique de ce nerf et l’atro¬
phie dégénérative du muscle qui lui fait suite. Tous les autres phénomènes
dits trophiques sont contingents et accessoires. Ils peuvent exister et ils exis¬
tent souvent à la suite des sections des gros troncs nerveux périphériques,
mais ils n’en sont pas des effets directs, constants et nécessaires ; ils peuvent
tout aussi bien survenir à la suite de lésions chirurgicales des membres
dans lesquelles les nerfs d’un certain volume n’ont nullement été offensés.
conduction des fibres nerveuses d’un nerf déterminé, mais il est impossible,
à moins d’avoir recours à une incision exploratrice, de diagnostiquer si cette
perte correspond ou non à une interruption matérielle de la continuité du
nerf envisagé. En d’autres termes, on peut diagnostiquer la section physiolo¬
gique d’un nerf, on ne peut pas diagnostiquer sa section anatomique.
B) LE SYNDROME D'IRRITATION
en effet que la cause de l’irritation siège sur le bout central d’un nerf section¬
né pour qu’elle donne lieu à des réactions douloureuses que le malade per¬
çoit aux extrémités des membres correspondant au nerf irrité. C’est ainsi
que les névromes d’amputation s’accompagnent fréquemment de douleurs très
vives que les malades rapportent aux doigts ou aux orteils de leurs membres
perdus.
C) LE SYNDROME DE COMPRESSION
D) LE SYNDROME DE RÉGÉNÉRATION
même et de celles des tissus voisins, prolifération qui aboutit très rapide¬
ment — en cinq ou six jours dans les cas favorables — à la formation d’une
virole cicatricielle assez parfaite pour qu’il soit très difficile de reconnaître à
l’œil nu sur quel point du cordon nerveux a porté la coupure. Dans les cas
moins favorables, dans ceux notamment où les deux segments du nerf divisé
étaient séparés par un intervalle de un, à cinq centimètres ou plus, un
névrome volumineux se forme à l’extrémité distale du segment central, un
autre d’un volume moindre, à l’extrémité proximale du segment périphé¬
rique, et les deux pôles libres de ces névroines se réunissent par un fila¬
ment, un cordon ou une lame de tissu cicatriciel d’apparence fibroïde, dans
lequel chemineront plus tard les neurofibrilles dont dépend la restauration
fonctionnelle du nerf.
Celle-ci est l’aboutissant d’un processus infiniment plus compliqué et beau¬
coup plus lent que celui de la cicatrisation conjonctive. Jamais une fibre
nerveuse dont la continuité a été interrompue ne se cicatrise par première
intention et ne récupère en quelques jours sa conductibilité et son excitabi¬
lité. Un nerf transsectionné ne recouvre ses propriétés physiologiques qu’a-
près avoir subi une série de modifications histologiques très complexes,
dont les gi'andes lignes ont été découvertes par Aug. Waller, vers le milieu
du siècle dernier, mais dont les détails n’ont été précisés que depuis les re¬
cherches de Ranvier, de Perroncito, de C\jal et de plusieurs autres histo¬
logistes contemporains.
Ces phénomènes débutent par la dégénération du segment distal des fibres
sectionnées. Dans toute la partie qui s’étend du point où a porté la section
jusqu'à leurs extrémités terminales, ces fibres perdent leur structure ; leur
myéline se fragmente et se résorbe ; leur cylindraxe se désagrège ; les cel¬
lules de leurs segments interannulaires se multiplient, et après un laps de
temps qui n’est jamais inférieur à un mois ou six semaines, on ne trouve, à
la place des fibres anciennes, que des rangées île cellules apotrophiques, dis¬
posées en série linéaire dans les restes des gaines de Schwann (voy. pour
plus de détails p. 38).
Pendant que cette désorganisation des fibres nerveuses évolue, une autre
série de phénomènes histologiques prépare leur régénération. A l’extrémité
libre du bout central du nerf sectionné se développe un abondant chevelu
de neuro-fibrilles, dont les unes plongent en droite ligne dans la virole
cicatricielle, tandis que les autres se répandent en tous sens dans le tissu
ambiant qui entoure le cordon nerveux. Beaucoup périssent en route ; mais
un bon nombre parviennent à rejoindre le segment périphérique ; elles
pénètrent dans les gaines de Schwann dégénérées, s’y recouvrent de myéline
292 LES NERFS RACHIDIENS
Elle se Iraduit tout d’abord par la diminution de leur llaccidité et par une
atténuation des attitudes vicieuses résultant de leur manque de tonicité. La
main d’un paralysé du radial, par exemple, qui pendait au début en col de
cygne, par suite de l’atonie absolue des muscles extenseurs, devient moins
tombante ; l’angle de flexion du poignet sur l’avant-bras, mesuré au gonio¬
mètre ou à la lame de plomb, augmente d’ouverture. La tendance au rétablis¬
sement de l’équilibre tonique entre les groupes de muscles paralysés et leurs
antagonistes, peut être mise en évidence à l’avant-bras, au poignet et aux
doigts par les trois petits signes suivants que nous avons appelés : 1° le signe
de la pronation à ressort de favant-bras ; 2° le signe de la chute en fléau de
la main ; 3° le signe du déclic élastique les doigts. Voici en quoi ils consistent.
a) Le signe de la pronation à ressort de Vavant-bras sert à apprécier le
degré de prédominance du tonus des muscles pronateurs innervés par le
médian sur celui des muscles supinateurs innervés par le radial. Dans les
premiers temps qui suivent le début de la paralysie radiale, l’avant-bras reste
constamment en pronation. Si après l'avoir tourné en supination on le lâche,
il revient brusquement à sa position habituelle, par suite de la persistance
du tonus des muscles pronateurs non paralysés, comme s’il était mû par
un ressort à détente. Quand la récupération fonctionnelle commence, la
détente de son retour en pronation est moins vive ; il arrive même, quand
l’équilibre des forces toniques qui l’actionnent est à peu près complètement
rétabli, par le fait de la réapparition du tonus dans les muscles supinateurs,
qu’jl reste pendant quelques instants on pronation et ne revient que lente¬
ment en supination.
b) Le signe de la chute en fléau de la main se produit lorsque l’avant-bras
étant placé verticalement à angle droit sur le coude appuyé sur un point fixe,
on lui imprime de petits mouvements alternatifs d’extension et de flexion
sur son articulation cubito-humérale. Si on fait celte expérience sur un sujet
normal en le priant de laisser sa main inerte, celle-ci, par l’effet de la pesan¬
teur, passe doucement de l’extension à la flexion et de la flexion à l’extension,
selon que l’avant-bras est lui-même fléchi ou étendu. Sur un sujet atteint
NERFS RACHIDIENS EN GENERAL 293
d'une paralysie du radial, dont le tonus est aboli dans les muscles extenseurs
et conservé dans les fléchisseurs, la chute de la main se fait d’une façon très
différente, dans l'un et l’autre sens ; elle est lente et douce quand elle a lieu
dans le sens de F extension parce quelle est retenue par l’action modératrice
du tonus des fléchisseurs ; elle est au contraire rapide et saccadée lorsqu’elle
se fait dans le sens de la flexion, parce qu elle n’est pas combattue par le
tonus des extenseurs du poignet. En répétant plusieurs fois de rang la
manœuvre du déplacement de l’avant-bras, les mouvements passifs de la main
ressemblent à ceux d’un fléau qui tombe lourdement sur l’objet qu’il doit
marteler et se relève ensuite mollement, avant de frapper le coup suivant.
Dans tous les cas, la brusquerie de la chute en flexion de la main va en s’at¬
ténuant à mesure que s’amoindrit la différence d’énergie du tonus des exten-
seurs et des fléchisseurs. Sa diminution est donc un signe du rétablissement
de l’équilibre physiologiste entre ces deux forces antagonistes.
c) Le signe du déclic élastique des doigts : un sujet sain peut, sans aucune
difficulté, placer la paume ou le dos de la main sur une table, de façon que
la face palmaire ou la face dorsale des quatre derniers métacarpiens et des
doigts correspondants, s’applique exactement sur le plan horizontal formé
par la table. Un malade atteint d’une paralysie récente du radial peut exécu¬
ter correctement ce geste par la face palmaire, mais non par la face dorsale,
parce que lorsque le dos de sa main est appliqué sur la table, ses doigts,
entraînés par le tonus non compensé des fléchisseurs, se placent malgré lui
en demi-flexion. Si, lorsqu’il est dans cette position, on étend passivement
l’un ou l’autre de ses doigts, et qu’après l’avoir amené au contact de la
labié, on l’abandonne à lui-même, il se remet aussitôt en demi-flexion, com¬
me s’il était tiré par un cordon élastique d’autant plus gros que le tonus des
fléchisseurs l’emporte davantage sur celui des extenseurs.
Par suite, la diminution de la vivacité du déclic est un signe révélateur
du retour du tonus dans les muscles extenseurs des doigts.
muscles séparés des centres nerveux par la section de leurs nerfs moteurs. Si
donc on demande à un malade, dont le nerf radial a été coupé quelques
jours ou quelques semaines auparavant, de serrer fortement le poing pen¬
dant qu’on applique légèrement la pulpe des doigts sur la masse charnue de
ses muscles épicondyliens, on constate que ceux-ci restent absolument iner¬
tes, pendant que les épitrochléens entrent en action pour exécuter le mouve¬
ment commandé. Mais quand le tonus commence à se rétablir dans les mus¬
cles paralysés, on sent ces derniers se durcir sous le doigt, d’abord tires
légèrement, puis d’une façon de plus en plus distincte, et cela bien avant le
jour où ils deviennent capables de se contracter volontairement.
rie au centre, les perceptions algiques et tactiles reprenant leur intensité plus
tôt que les perceptions thermiques, de telle sorte qu’il se produirait dans le
cours de la régénération des libres sensitives une sorte de dissociation analo¬
gue à celle qu’on observe dans la syringomyélie.
11 est un autre trouble sensitif qui s’observe assez souvent dans la période
de restauration fonctionnelle des nerfs traumatisés. Signalé par plusieurs
observateurs anciens, sous le nom de phénomène du frémissement vibratoire
ou du fourmillement, notamment par Létiévant, dans son Traité des sec¬
tions nerveuses publié en 1873, par Marciguey dans sa thèse de doctorat
(Paris 1885), son étude a été reprise dans le cours de la dernière guerre, par
Ducosté, qui l’a décrit sous le nom de phénomènes des courants, et par
Tinel, qui Ta appelé plus tard le signe des fourmillements.
Pour le rechercher, il faut comprimer avec les doigts le tronc nerveux
traumatisé sur le point même où il a été blessé, ou le percuter légèrement.
Pendant les cinq ou six semaines qui suivent la blessure, ces manœuvres ne
déterminent qu’une douleur locale banale, ou sont même tout à fait indolen¬
tes. Plus tard, elles déterminent une sensation désagréable de frémissement
vibratoire que les malades comparent tous au passage d’un courant électri¬
que. Cette sensation s’étend depuis le point excité jusqu’aux parties du tégu¬
ment où se distribuent les filets terminaux du nerf. Dans quelques cas, au
courant descendant qui est toujours le plus intense, s’associe un courant
ascendant qui remonte vers la racine du membre.
L’interprétation de ce phénomène est assez difficile. La loi de la projection
périphérique des excitations nerveuses sensitives ne lui est pas applicable ;
d’abord parce que le courant est quelquefois ascendant ; ensuite, parce que
Ducosté a constaté qu’une ligature appliquée sur le membre au-dessous
ou au-dessus du point de départ du courant arrêtait ordinairement la propa¬
gation de ce dernier.
Ce qui paraît certain, c est que le phénomène des courants se mani¬
feste seulement lorsque la cicatrisation de la blessure des cordons nerveux
s’accompagne de la formation exubérante de tissus fibreux ou névromateux.
U ne serait donc pas, ainsi que le pense Tinel, un signe de la régénéres¬
cence régulière des fibres nerveuses ; if serait plutôt l’effet d'une perturbation
accidentelle dans le processus de leur régénération.
qui est assez fréquent, avec des oblitérations artérielles. L’amyotrophie simple
suit une évolution parallèle à celle de la restauration motrice volontaire. Les
groupes de muscles amaigris, à la suite des sections nerveuses, ne repren¬
nent leur volume normal que lorsqu’ils ont récupéré, depuis quelque temp^
déjà, l’intégralité de leur activité fonctionnelle.
4° Les tests de guérisons des paralysies. — 11 nous a paru utile, dès 1915,
de rechercher ces signes, et de tâcher de trouver les moyens de les mettre
en évidence, par des gestes très simples, afin qu’ils soient facilement accessi¬
bles aux praticiens, particulièrement aux chirurgiens qui, après avoir prati¬
qué des opérations sur les nerfs, doivent être désireux de connaître exacte¬
ment leurs résultats.
Nous indiquerons plus loin, dans les chapitres de cet ouvrage, où seront
étudiées les paralysies de chacun des nerfs périphériques, leurs signes critères
et les tests de leur guérison. Disons simplement à cette place, à titre d’indi¬
cation provisoire, que les gestes qui nous paraissent aujourd’hui devoir ser¬
vir de tests de guérison aux paralysies du radial, du médian, du cubital, du
sciatique et de ses branches sont :
a. Pour le radial, le geste de placer le membre supérieur dans l’attitude
du serment, le poignet et les doigts étendus horizontalement, le pouce assez
fortement écarté de l’index, pour que les tendons qui limitent les bords de
la tabatière anatomique se dessinent nettement sous la peau.
b. Pour le médian, le geste d’appliquer exactement la pulpe de l’index et
du médius sur celle du pouce, ou celui de gratter correctement avec l’ongle
de l’index, le poignet restant tout à fait immobile, un point fixe d’une table
ou d’un livre.
c. Pour le cubital, le geste de réunir la pulpe du petit doigt et de l’annulaire
à celle du pouce, ou de gratter correctement avec l’ongle du petit doigt, le
poignet restant tout à fait immobile, un point fixe d’une table ou d’un livre.
300 LES NEUFS RACHIDIENS
de s’assurer que la contraction volontaire des mirscles sains a été assez éner¬
gique pour déclancher celle de leurs antagonistes.
plus ou moins haut dans les nerfs, sans arriver cependant jusqu’aux plexus
où ils prennent naissance, et à plus forte raison jusqu’aux racines rachidien¬
nes qui sont presque toujours épargnées.
Ces lésions sont, selon les cas, interstitielles ou parenchymateuses.
Les polynévrites interstitielles pures sont rares. On les a cependant consta¬
tées dans quelques cas de polynévrites aiguës.
Les lésions parenchymateuses sont de beaucoup les plus communes. Elles
siègent ordinairement d’emblée sur le cylindraxe des fibres nerveuses qui est
détruit in situ sur une plus ou moins grande étendue, ce qui détermine
nécessairement la désorganisation de ces libres, et par suite, la dégénération
wallérienne de tout leur segment distal.
Dans d’autres cas, les altérations primitives portent uniquement sur la
gaine de myéline qui se désagrège ça et là sur quelques segments inter-
annulaires des fibres altérées : c’est la névrite segmentaire périaxile, décri¬
te pour la première fois par Gombaut, dans ses recherches sur la névrite
saturnine expérimentale, mais qu’on a retrouvée maintes fois, depuis que
cet excellent observateur a attiré sur elle l’attention, dans d’autres variétés
de polynévrites. Dans ces cas, le cylindraxe n’étant pas détruit, la dégénéra¬
tion wallérienne du segment périphérique ne se produit pas, et la guérison
des altérations locales de la fibre nerveuse peut être très rapide.
3° Leurs rapports avec les lésions des centres. — L’un des points les
plus discutés de l’étude des névrites périphériques de cause endogène, est la
détermination de leurs rapports avec les lésions des centres nerveux. Ceux-ci
sont le plus souvent indemnes de toute altération décelable par les moyens
d’investigation que nous possédons aujourd’hui ; mais dans quelques cas
il existe, en même temps que la névrite, des lésions évidentes du cerveau ou
de la moelle épinière, ou des deux à la fois. Il n’est pas surprenant qu’il en
soit ainsi ; il y aurait plutôt lieu d’être étonné qu’il n’en soit pas toujours
ainsi, puisque le poison qui cause la polynévrite circulant dans le sang,
imprègne également les éléments anatomiques des nerfs périphériques et
ceux du névraxe. Mais on sait que les différentes parties du système nerveux
ont des affinités électives très marquées pour les agents toxiques. La strychni¬
ne qui excite fortement les cellules motrices de la moelle, n’a aucun effet sur
ses cellules sensitives. Le curare paralyse les plaques motrices des muscles
sans modifier les propriétés spécifiques des fibres nerveuses et des cellules
des noyaux centraux ; la toxine tétanique se localise d’une façon toute spé¬
ciale sur certains noyaux bulbo-protubérantiels, notamment sur ceux de
la branche masticatrice du trijumeau ; la toxine diphtérique porte primiti-
NERFS .RACHIDIENS EN GÉNÉRAL 303
Mais le plus souvent les choses n’en restent pas là ; la paralysie s’étend
aux muscles intercostaux, au diaphragme, et après quelques accès de
dyspnée intermittente, le malade meurt dans une crise de suffocation
dyspnéique, ayant conservé jusqu’à la dernière minute la pleine lucidité de
son intelligence. Cette terminaison a habituellement lieu entre le 4e et le 12e
jour. Elle n’est pas fatale, car la polynévrite peut s’arrêter avant d’avoir
atteint le nerf phrénique et les nerfs bulbaires, mais elle se produit dans près
de la moitié des cas de la maladie de Landry.
Duchenne ; mais les troubles de sensibilité qui marquent son début, sa loca¬
lisation élective aux extrémités des membres et l’existence de troubles vaso¬
moteurs et thermiques, permettent le plus souvent d’éviter cette erreur.
b) Les atrophies neuropathiques familiales. — Elles comprennent deux
variétés distinctes :
«) La première variété est connue en France sous le nom d’atrophie mus¬
culaire familiale du type Charcot-Marie. Elle a été décrite aussi à l’étranger,
par Tooth, sous le nom de type péronier de l’atrophie musculaire progressé
3ÔS LES NERFS RACHIDIENS
Dans toutes on a trouvé les nerfs périphériques très altérés, les racines rachi¬
diennes intactes et la moelle saine ou avec des lésions insignifiantes.
ji) La seconde variété des amyotrophies neuropathiques héréditaires est re¬
présentée par la névrite hypertrophique progressive et familiale de Dejerine.
Elle se présente avec des symptômes et une évolution analogues à ceux qu’on
observe dans la variété précédente. Les seules différences sont que les trou¬
bles sensitifs y paraissent plus accentués, et que l’examen des malades permet
de constater une augmentation de volume très manifeste des cordons ner-
veux accessibles à la palpation.
Cette hypertrophie des nerfs a été constatée également dans les quelques
autopsies dont les résultats ont été ptibliés par Dejerine et ses collaborateurs
Sottas et Thomas, par Bovers, par Hoffmann. Elle porte non seulement sur
les nerfs périphériques, mais aussi sur les racines rachidiennes et les gan¬
glions spinaux. Elle est due à des lésions grossières de névrite interstitielle,
avec épaississement très marqué des gaines de Sciiwann, des parois des vais¬
seaux, des travées conjonctives intra et extra-fasciculaires coïncidant avec
L’atrophie dégénérative d’un très grand nombre de fibres nerveuses. Dans la
moelle on a trouvé plusieurs fois de la sclérose systématique des cordons
postérieurs, probablement consécutive aux lésions des racines postérieures,
et une fois de la sclérose des cordons latéraux.
Notons, en passant, qu’il est bien peu de maladies héréditaires qui présen¬
tent au même degré que celle-ci le caractère familial. Dans la plupart des
faits publiés elle a frappé, à peu près au même âge, plusieurs frères ou
sœurs. Dejerine a rapporté l’histoire d’une famille qui fournit en cinq géné¬
rations treize cas d’amyotrophie du même type, et Hammond celle d’une autre
famille où il fut possible d’en relever vingt-deux cas en quatre générations.
ARTICLE II
Nous désignons sous ce nom les branches, généralement grêles, que les
nerfs rachidiens, au sortir des trous de conjugaison, envoient au plan dorsal
du corps. Ce sont des nerfs mixtes, destinés à la fois aux muscles de la région
et aux téguments qui les recouvrent.
§ 1. - ANATOMIE
_ droit r
P1 oblique-
—
(G* oblique ' , G" nerf sous-occipila!
1 Splénius-i
J Trapèze
B MANCHES CERVICALESB
<7J complexusM
POSTERIEURES \ 25
|Gd complexées,
Transversaire
. épineux
Branches dorsales
POSTÉRIEURES Sacro-lombaire'
Branches lombaires/
POSTERIEURES _ _
Masse HIl!liHKF
F commune
POSTÉRIEURES \ ( V \
^ X <1
Branche cocoycienne
postérieure
PLANCHE XIII
ensuite, et arrivent ainsi dans le tissu cellulaire sous-cutané. Là, elles s’in¬
fléchissent de dedans en dehors et se distribuent, à la peau de la nuque.
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE1!'
Par leurs fibres motrices les branches postérieures des nerfs rachidiens
innervent tous ceux des muscles spinaux qui sont extenseurs de la colonne
vertébrale ; par leurs fibres sensitives elles donnent la sensibilité à la presque
totalité des téguments de la face postérieure du corps, depuis le vertex jus¬
qu’au milieu de la région fessière. Nous pourrions borner à ces deux pro¬
positions le résumé de leur physiologie ; mais l’étude du rôle qu’elles jouent,
particulièrement dans la statique de la colonne vertébrale et de la tête, prête
à quelques considérations intéressantes que nous ne croyons pas devoir pas¬
ser sous silence.
colonne vertébrale, des erectoves spinœ. A ce titre on peut dire qu’ils sont les
muscles de la station bipède, car c’est à eux que l’homme doit de pouvoir se
tenir longtemps debout sans fatigue.
On remarquera que s’ils sont mutuellement antagonistes les uns par rap¬
port aux autres, le mouvement d’extension que leur contraction associée
imprime à la colonne vertébrale n’a pas de muscles antagonistes. Or, nous
savons, depuis les recherches de Duchenne, de Boulogne, que la régulation
des mouvements dans les membres résulte de la combinaison de deux forces
agissant en sens contraire, l’une active, qui dirige le mouvement, l’autre
automatique, ou pour mieux dire synergique, qui le modère et l’assouplit.
Comment se fait-il donc que les mouvements d’extension de la colonne ver¬
tébrale qui ne sont pas modérés comme ceux des membres, par des muscles
antagonistes, soient néanmoins d’une souplesse parfaite. Cela tient à ce que
le tonus de ses muscles extenseurs est constamment en lutte avec le poids
des viscères abdominaux et thoraciques, qui tend perpétuellement, lorsque le
corps est en position verticale, à l’entraîner en avant, c’est-à-dii'e en flexion.
La pesanteur de ces viscères supplée ainsi la tension modératrice qu’exerce¬
raient, s’ils existaient, des muscles fléchisseurs. Grâce à elle et au tonus des
extenseurs, la rectitude du rachis est conservée sans qu’il soit nécessaire de
faire intervenir les muscles de renfort. Mais si nous voulons imprimer aux
segments mobiles de la colonne yertébrale des mouvements amples de pro¬
jection en avant, en arrière ou de côté que les muscles spinaux ne sont pas
capables d’exécuter, il nous faut avoir recours à la musculature extrinsèque
de l’épine dorsale. Ainsi, lorsque étant couchés sur le dos, nous faisons effort
pour nous mettre dans la position assise, nous contractons les muscles de
la paroi antérieure de l’abdomen qui, en attirant le thorax vers le pubis,
détermineront indirectement la flexion de la colonne dorso-lombaire et le
relèvement du tronc. De même, quand étant debout ou assis, nous inclinons
latéralement le tronc vers la droite ou vers la gauche, ce sont les muscles
carrés des lombes et les psoas iliaque — et non pas les muscles des gouttières
vertébrales — qui seront les agents actifs de ces mouvements.
b) Région occipito-cervicale. — Le segment occipito-cervical de la colonne
vertébrale étant beaucoup plus mobile que le segment dorso-lombaire, il
possède une musculature plus riche. On y trouve, en effet, dans la région de
la nuque, un groupe important de muscles, composé de chaque côté par le
splénius, le grand et le petit complexus, les grands et les petits droits pos¬
térieurs et obliques de la tête qui sont tous, quand ils se contractent des deux
côtés à la fois, extenseurs de la tête.
Il sont, comme les extenseurs propres de la colonne vertébrale, innervés
31G LES NERFS RACHIDIENS
par les branches postérieures des nerfs rachidiens. De plus il existe, dans la
région prévertébrale, un autre groupe de muscles, composé du long du cou
et des grand et petit droits antérieurs de la tête, qui sont fléchisseurs -— par
conséquent antagonistes des précédents — et reçoivent leur innervation des
branches antérieures du plexus cervical. -Ces deux groupes musculaires, pla¬
cés l’un en arrière, l’autre en avant de la région occipito-cervicale, servent
évidemment à stabiliser les attitudes de la tête dans les positions voisines de
la normale. Mais la tête doit jouir de déplacements très étendus pour que
le regard puisse être dirigé vers tous les points de l’horizon. Aussi sa muscu¬
lature propre est-elle renforcée par des muscles extrinsèques, susceptibles de
lui faire exécuter de larges mouvements de flexion, d’extension, d’inclinai¬
son latérale ; ces muscles de renfort sont le sterno-cléido-mastoïdien, les sca-
lènes, les faisceaux supérieurs du trapèze et l’angulaire de l’omoplate.
ARTILGE III
PLEXUS CERVICAL
[Planche XIVj.
§1.- ANATOMIE
Gd nerf sous-occipital
Droit latéral
Mastoïüe __ _Occipital
■ M ' ■"
-Gd hypoglosse
Br auriculaire
St.-cl.-mastoïdien -Pneumogastrique
... m
■K)
Br. mastoïdienne -':k#
* ''JM- Gi droit ant’
Plexus cervical superficiel
G° cervical supr
AT_Long du cou
Br cervicale transverse -
i-.‘u c'L'
... . • '.•M
•V.'»F J il ' -il■
-G“ cervical moyen
Br. sus-claviculaire
■ ’Vi 11,
iVJS'.t'jUl
Br. sus-acromiale
Angulaire
Omo-hyoïdien
tU-St thyroïdien
.Clavicule
5»
_Sternum
V juy. interne
N phrénique
Diaphragme
PLANCHE XIV
PLEXUS CERVICAL
§ 2. PHYSIOPATHOLOGIE
(1) Nous avons donné assez de détails dans le chapitre II (page 251), à propos du nerf
spinal, sur les paralysies du trapèze et du sterno-cléido-mastoïdien, pour qu’il nous pa¬
raisse inutile de revenir maintenant sur ce sujet.
324 LES NERFS RACHIDIENS
ARTICLE IV
PLEXUS BRACHIAL
[.Planches XV el XX/].
§ 1. — ANATOMIE
Constitution schématique
du
3' VERTÈBRE CERVICALE .
PLEXUS BRACHIAL
Cv
R oculairi
,-t nyulaire t
Rhomboïde _ C*
Sous-claoierl N. phrénique
N circonflexe, QVI
Sous-scapulaire
Scalène anl
Sus-épineux
Sous-épineux
_Cvm
_D
K. çut* de' l’épaule
__ G" cervical inf
Deltoïde _
_Gi pectoral
G" dorsal_
_N culutal
N médian
4” CÔTE
PLANCHE XV
PLEXUS BRACHIAL
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
leur trajet extra-rachidien, les troncs radiculaires provenant des quatre der¬
nières paires cervicales et de la première dorsale. Chacun de ces cinq troncs
est lui-même formé par la coalescence d’une racine antérieure motrice avec
la racine postérieure sensitive correspondante, auxquelles s’annexent au
N phremqu
N. de l'angulaire
N du rhomboïde
N sus-scapulaire - -
N sous-scapulaire
supérieur
-2DB
^ N du grand dentelé.
N du sous clavier.
1 • • N du petit pectoral.
Fig. 83.
Schéma indiquant le mode de constitution du plexus brachial (côté droit).
A droite de la figure, se voient les branches raohidiennes d’où émanent le plexus : Civ, Cv.
Cvi, Cvn, Cviu, quatrième, cinquième, sixième, septième et huitième paires cervicales : Di, DU,
première et deuxième paires dorsales
En dehors et en bas, le plexus lui-même et ses différentes branches : les branches dont le nom
est souligné sont les branches terminales ; les autres, sont les branches collatérales.
Le gros trait noir, à direction transversale, placé à la partie moyenne du plexus indique la
situation de la clavicule.
tions des téguments auxquels ils sont destinés, en conservant d’un bout à
l’autre leur systématisation primitive, les troncs radiculaires du plexus bra¬
chial, issus des métamères du renflement cervico-brachial, traversent, avant
d’aboutir à leur destination terminale, une formation réticulaire, où leurs
fibres se disjoignent et se mélangent de telle sorte que les branches afféren¬
tes du plexus ont une toute autre fasciculation que ses branches afférentes.
Le problème physiologique soulevé par cette transformation consiste à
rechercher comment elle s’opère, quel est son but et quels sont ses effets
ou, en termes plus concrets de quelles paires de racines rachidiennes pro¬
viennent les fibres nerveuses qui, après leur passage dans le plexus, entrent
dans la composition de chacun des nerfs du membre supérieur. Il est à peu
près résolu. Un premier fait surabondamment démontré, à la fois par l’ex¬
périmentation sur les animaux et par la clinique humaine, c’est que les fibres
nerveuses qui traversent le plexus y conservent intégralement leur indivi¬
dualité, et n’y acquièrent aucune propriété nouvelle ; elles ne font qu’y
changer leur mode de groupement, de façon à réunir dans les mêmes nerfs
périphériques les conducteurs de la motilité et de la sensibilité qui partici¬
pent habituellement ensemble à l’exécution de certains actes fonctionnelle¬
ment différenciés. Le inerf radial, par exemple, qui innerve les muscles
extenseurs et supinateurs du bras, de l’avant-bras et de la main, et donne la
sensibilité à la région postéro-externe du membre supérieur, a ses protoneu¬
rones moteurs et sensitifs échelonnés dans les cinq métamères du renfle¬
ment cervico-dorsal de la moelle, d’où émergent les cinq^ paires de racines du'
plexus brachial. Pour le paralyser complètement, en agissant sur ces racines,
il faudrait donc les sectionner toutes, ce qui entraînerait fatalement la para¬
lysie de tous les autres nerfs du membre supérieur correspondant. Mais dans
son passage à travers le plexus, les fibres motrices destinées aux muscles
extenso-supinateurs, et les fibres sensitives qui doivent se rendre à la région
postéro-externe du bras, de l’avant-bras et de la main, se sont réunies en un
cordon unique, le nerf radial, dont la section déterminera une paralysie
sensitivo-motrice limitée aux muscles auxquels se distribue ce nerf et aux
territoires cutanés qui les recouvrent.
Le nerf médian reçoit lui aussi des fibres provenant des cinq racines du
plexus brachial ; le nerf musculo-cutané naît des deux racines supérieures
de ce plexus (VIe et VIIe Cervicales), et le nerf cubital des deux inférieures
(VIIP Cervicale et Ire Dorsale).
On a poussé beaucoup plus loin l’analyse des origines réelles des fibres
nerveuses qui se distribuent aux différents muscles du membre supérieur °t
des racines par lesquelles elles émergent de la moëlle. Voici, notamment.
332 LES NERFS RACHIDIENS
a) Leurs causes. — Elles sont le plus souvent déterminées par des lésions
traumaliques : sections par instruments tranchants ou par projectiles d’ar¬
mes à feu, contusion de la région sus-claviculaire, attrilion par des esquilles
osseuses provenant de fractures de la clavicule» élongation brutale par trac¬
tion du bras, etc.
Elles peuvent aussi succéder à des compressions dues à des déplacements
de la tête de l’humérus, à des tumeurs de voisinage : anévrysmes de la sous-
clavière ou des carotides, abcès chauds ou froids ; à des tumeurs ganglion¬
naires ou néoplasiques, à des altérations tuberculeuses ou 'syphilitiques des
vertèbres, ou des méninges rachidiennes, etc.
Enfin, elles sont quelquefois, mais rarement, provoquées par des névrites
loxiques, infectieuses ou dyscrasiqucs.
b) Formes cliniques. — Leurs symptômes varient selon que les lésions qui
les déterminent, atteignent un plus ou moins grand nombre des branches
afférentes du plexus, et qu’elles siègent sur le segment intra-rachidien (filets
radiculaires primitifs ou racines proprement dites), le segment extra-rachi¬
dien (troncs radiculaires), ou le segment intra-plexuaire de ces branches.
PLEXUS BRACHIAL (PLEXUS PROPREMENT DIT ET RACINES) 333
(1) Il est à peine besoin de rappeler que les deux majuscule R D signifient réaction de
dégénérescence (vov. p. 277).
334 LES NERFS RACHIDIENS
[Planche XV],
§ 1. - ANATOMIE
§ 2. — PHYSIOPATHOLOGIE
1» NERF CIRCONFLEXE
[Planches XV et XVII}.
§ 1. — ANATOMIE
Région post
PLANCHE XVII
2° NERF RADIAL
[Planche X U et XVII}.
§ 1. - ANATOMIE
Les paralysies du nerf radial sont les plus communes des paralysies neuro¬
pathiques des membres supérieurs. Leurs symptômes sont d’ailleurs faciles
à constater cl concordent étroitement, ainsi qu’on va le voir, avec les don¬
nées de l'analômie et de la physiologie.
Par les quatre groupes de muscles qu’il innerve, le nerf radial commande :
1° les mouvements d’extension de l'avant-bras sur le bras ; 2° les mouve¬
ments de supination de l’avant-bras et d'extension du poignet ; 3° les mouve¬
ments d’extension de la première phalange des quatre derniers doigts ; 4° les
mouvements d’extension et d'abduction du pouce.
Les rameaux moteurs que reçoit chacun de ces groupes se détachent du
tronc, du nerf à des hauteurs différentes : 1° ceux du triceps brachial et de
1 anconé, extenseurs de 1 avant-bras sur le bras,, s’en séparent à la partie supé¬
rieure du bras, au niveau du col chirurgical rie l’humérus, avant l’entrée du
nerf dans la gouttière de torsion ; 2° ceux du long supinateur et du premier
radial-externe qui sont : l’un supinateur de l’avant-bras, l’autre extenseur-ab¬
ducteur du poignet parlent du radial après sa sortie de la gouttière de torsion,
a la hauteur de l’union du tiers inférieur avec le tiers moyen du bras ; 3° les
rameaux du court supinateur et du deuxième radial externe, qui renforcent
les mouvements de supination de l’avant-bras et d’extension du poignet, nais¬
sent avec ceux de 1 extenseur commun des doigts et de l’extenseur propre du
346 LES NERFS RACHIDIENS
des dilacérations par des esquilles aberrantes, ou bien à des inclusions dans
des cals exubérants ou des cicatrices vicieuses. C’est également là qu’il se
trouve souvent comprimé par des béquilles mal confectionnées, sans appuie-
mains solides (paralysie des béquillards), par l’emploi de courroies maladroi¬
tement appliquées pour porter des fardeaux pesants sur le dos, ou de liens
trop serrés destinés à maintenir les délirants agités dans des camisoles de
force (paralysies des porteurs d’eaux et des aliénés). C’est encore en ce point
qu’il est comprimé pendant le sommeil chez les alcoolisés aigus, qui se cou¬
chent pour cuver leur vin, sur un sol dur, la tête appuyée sur un de leurs
bras (paralysie des ivrognes), et chez les sujets qui s’endorment à côté de
leurs conjoints, en laissant la tête de ces derniers reposer sur l’un de leurs
bras (paralysie des amoureux.)
Aussi, quand on parle de paralysie radiale sans autre qualificatif, c’est-il
à la variété brachiale inférieure, ou mieux, si on ne craignait pas d’em¬
ployer un néologisme qui aurait l’avantage d’en préciser exactement le
siège, tvachélienne (de -^ixyr^oç, gouttière) qu’on a en vue.
Commençons par en exposer les caractères cliniques ; nous verrons
ensuite, quels sont les phénomènes qui s’y ajoutent dans la variété brachiale
supérieure, et ceux qui y manquent dans les variétés antibrachiales.
conservé leur tonicité normale. L’avant-bras est en pronation parce que les
courts supinateurs étant devenus alones, le rond et le carré pronateurs (inner¬
vés par le médian) exercent sur lui une traction continue dans le sens de la
pronation. La chute du poignet résulte de l’hypertonicité relative de scs flé¬
chisseurs (grand et petit palmaires innervés par le médian, et cubital anté¬
rieur par le cubital), en face de ses extenseurs ( 1er et 2e radial externe et cubital
postérieur) qui sont paralysés. Pareillement la chute de la première pha¬
lange des doigts est la conséquence de la prédominance d'action des longs
fléchisseurs et des imterosseux, innervés par le médian et le cubital, non
combattue par le tonus défaillant des longs extenseurs. De même les derniè¬
res phalanges des doigts, dont l'extension est fonction des inlerosseux inner¬
vés par le cubital, et dont la flexion est assurée par les longs lléchisseurs in¬
nervés par le cubital et le médian, sont un peu plus infléchies vers la pau¬
me de la main que dans la position ordinaire du repos. Enfin, le pouce
tombe à angle dièdre le long de l’index, parce que son abducteur et ses exten¬
seurs propres paralysés, laissent prédominer l’action tonique des petits
muscles de l’émimence thénar, qui sont ses adducteurs et ses fléchisseurs.
Lorsque tous les muscles qui ont pour fonction de mobiliser les segments
distaux de l’un des membres supérieurs se trouvent atteints ensemble de
paralysie organique ou fonctionnelle, comme dans la variété de paralysie hys¬
téro-traumatique connue sous le nom de paralysie globale molle de la main,
PLEXUS BRACHIAL (NERF RADIAL) 349
vers le sol comme pourrait le faire une palette mobile autour de l’articulation
radio-carpienne. Les ligures 85 et 86 montrent nettement ces différences
d’attitude de la main et des doigts chez deux sujets atteints r le premier d’une
paralysie du radial, le second d’une paralysie globale molle hystéro-trauma¬
tique de la main.
Il est facile d’apprécier, dans les paralysies du radial, le degré d’énergie que
fournit le déséquilibre du tonus entre le groupe des muscles extenseurs-supi¬
nateurs paralysés et le groupe antagoniste des fléchisseurs pronateurs non
paralysés, grâce aux trois petits signes de la pronation à ressort ch l'avant-
bras, du déclic élastique des doigts et de la chute en fléau de la main, qui ont
été décrits plus haut (voy. ehap. TT1, p. 292).
350 LES NERFS RACHIDIENS
bien rapprocher les branches mais non les écarter ; par contre ils manient
bien les pinces et les sécateurs dont l’ouverture est assurée par des ressorts
qui remplacent le mouvement d’extension et d’abduction du pouce.
La plupart arrivent à écrire assez bien en s’aidant de quelques petits arti-
iiees, tendant à compenser le défaut d’extension du poignet qui permet de dé¬
placer la plume de gauche à droite pour tracer les lignes. Les uns suppléent il
ce déficit fonctionnel en déplaçant tout le membre supérieur, comme on le
fait quand on écrit à main levée avec un bâton de craie sur un tableau ; les
autres en poussant avec leur index gauche la main droite qui tient la plume ;
quelques-uns ein attirant peu à peu avec leur main gauche le papier, ce qui
rend inutile le déplacement de leur main droite.
1° Variété haute. — Dans la variété haute, le nerf radial est lésé immédia¬
tement au-dessous du point où il fournit les rameaux destinés au groupe des
muscles épicondyliens. Dès lors, la contractibilité, volontaire et synergique de
ces muscles, qui sont supinateurs de l’avant-bras, et extenseurs du poignet, est
intégralement conservée, tandis que celle des muscles innervés par des ra¬
meaux naissant au-dessous de ce point, c’est-à-dire des extenseurs des doigts
et du pouce est abolie. Le malade peut donc porter l’avant-bras en supination
et relever le poignet, mais il est incapable de relever la première phalange des
doigts et de porter le pouce en extension-abduction, de façon à faire saillir
les tendons qui limitent la tabatière anatomique. De plus, le rameau cutané
externe étant offensé, on peut constater une bande d’hypoesthésie à la face
postérieure de l’avant-bras, s’étendant, du côté de la main, jusqu’à la peau
du premier espace interosseux dorsal.
C’est cette variété qu’on observe le plus souvent dams les paralysies satur¬
nines, dans lesquelles le long supinateur est épargné. On a cherché beaucoup
d'explications à cette particularité. On paraît ne pas avoir songé à la plus
simple de toutes. La paralysie saturnine est une polynévrite toxique, qui
comme toutes les polynévrites débute par les extrémités terminales des nerfs
et ne s’étend que rarement à une grande hauteur sur le trajet des cordons
nerveux. Dans la grande majorité des cas, la polynévrite saturnine, ne dé¬
passe pas la hauteur du coude. Elle s’arrête au-dessous du point où les ra¬
meaux du long supinateur et des radiaux externes se détachent du tronc du
nerf. Aussi la paralysie épargne-t-elle le plus souvent ces muscles, tandis
qu’elle est très marquée sur les muscles innervés, en aval de la région du coude.
rapport au tronc, la forme en palette (fig. 91 et 92). Enfin, s’il j ade l’anes¬
thésie, ce qui est fréquent, elle a une distribution segmentaire, au lieu d’être
limitée au territoire du radial à la main.
Le diagnostic du siège de la paralysie en hauteur est encore plus aisé. A
chacune de ses variétés correspondent des signes critères à peu près infailli¬
bles : dans la variété antibrachiale basse, l’impossibilité de tenir le pouce
en angle droit par rapport au deuxième métacarpien, en faisant saillir nette¬
ment les tendons de la tabatière anatomique ; pour la variété antibrachiale
haute, l’impossibilité
de tenir la main éten¬
due dans l’attitude du
serment et de présen¬
ter correctement le
poing fermé de la po¬
sition de défense du
boxeur ; pour la va¬
riété trachélienne,
l’impossibilité de rele¬
ver le poignet et l’ab¬
sence de contraction
du long supinateur
dans l’effort contrarié
de flexion volontaire
de P avant-bras sous le
bras ; pour la variété
Fig. 92.
brachiale haute, l’im¬ Geste du salut militaire éxécuté par un malade
atteint de paralysie globale molle hystéro-trauma¬
possibilité de faire le
tique. Main plate, en palette, à angle droit sur
geste d’envoyer un l'avant-bras.
baiser, ou de mettre
convenablement un chapeau sur la tête.
[Planches XV el XVIII].
§ 1. - ANATOMIE
Pouce
PLANCHE XVIII
NERF CUBITAL
Le cubital est un nerf mixte intégral, en ce sens que scs fonctions physio¬
logiques et ses réactions pathologiques sont à la fois, et en proportion bien
équilibrée, motrices, sensitives et sympathiques.
11 est particulièrement intéressant par l’importance du rôle qu’il remplit
dans le merveilleux appareil de mécanique animale qu’est la main humaine.
Trois nerfs animent les muscles qui font mouvoir les doigts et le pouce : le
radial, le médian et le cubital. Le radial innerve les muscles extenseurs de la
première phalange des doigts et du premier métacarpien. Le médian et le
cubital se partagent l’innervation des longs fléchisseurs communs des doigts
qui fléchissent le;s pliaIanginés cl les phalangettes, cl des muscles thénariens
affectés à l’opposition. Le cubital commande en outre tout seul, par l’inter¬
médiaire des interosseux, les mouvements associés de flexion de la première
phalange et d’extension des deux autres, ainsi que le mouvement d’écarte¬
ment et de rapprochement des doigts. Il préside ainsi à l’exécution des actes
les plus délicats que réalisent les extrémités digitales. C/est grâce à lui (pie
le violoniste peut comprimer telle ou telle des cordes de son instrument ; le
pianiste, frapper isolément telle ou telle des touches de son clavier ; le pein¬
tre, mélanger les couleurs sur sa palette et les étendre sur la toile ; l’écrivain,
tenir et diriger sa plume. Nous allons passer en revue les déficits fonction¬
nels déterminés par ses paralysies, en indiquant autant que possible les
suppléances susceptibles d’en modifier les manifestations.
vu par sa face dorsale est convexe ; par sa face palmaire, il est concave. Cette
courbe due surtout à l’action tonique du palmaire cutané et des interosseux
s’efface et disparaît lorsque ces muscles sont paralysés : la main devient plate
(fîg. 93 et 94) (signe de Massé, Journal de Méd. de Bordeaux, août 1916. p.
198). Pour la même raison, le gril métacarpien devient mou ; on peut beau¬
coup plus facilement qu’à l’état normal, mobiliser les uns par rapport aux
autres les os qui le composent.
b) Dépression des éminences et des espaces interosseux. —Cette dépression
Elle se présente sous trois types différents. Dans le type I (fig. 95) la pre¬
mière phalange de ces doigts, mais principalement celle de l'auriculaire et de
l’annulaire, est en hypertension légère, tandis que les deux dernières sont un
peu infléchies en arc, sans rigidité. Dans les griffes du type II (lig. 9G), les
trois phalanges des derniers doigts sont fléchies, vers la paume de la main, en
crochet ouvert ; elles sont assez facilement réductibles; cependant on éprouve
une certaine résistance, et le malade se plaint de douleurs, lorsqu’on cherche à
mobiliser l’articulation phalango-phalangienne de ces doigts. Dans le type IIf,
(fig. 97) les trois phalanges sont lléchies au maximum, en crochet fermé
de telle sorte que la pulpe des deux ou trois derniers doigts est en contact
368 LES NERFS RACHIDIENS
Fig. 102.
Artifice employé par un paralysé du cubital avec griffe du type 11.
Fig. 103.
Autre artifice employé par un sujet paralysé du cubital, avec griffe du type 111.
firmité extrêmement gênante, qui limite dans une forte proportion l’utilisa¬
tion fonctionnelle de la main.
Parmi les nombreux symptômes des paralysies du cubital, ceux qui ont
la plus grande valeur diagnostique sont : en première ligne, l’aplatissement
de la voûte palmaire, l’atrophie des éminences, la perte des mouvements vo¬
lontaires de latéralité du médius, l’anesthésie du petit doigt et du bord in¬
terne de la main,
et, dans les cas de
lésion haute seule¬
ment, l’impossibilité
de gratter avec l’on¬
gle du petit doigt. En
seconde ligne : la
griffe cubitale, les si¬
gnes de la coquille,
du calice et du fais¬
ceau, le signe de l'arc
de cercle, le signe de
Froment, etc.
Les meilleurs tests
de guérison sont : en
cas de lésion basse
la récupération des
mouvements de latéralité du médius et de la capacité de former correctement
la coquille, le calice et le faisceau : en outre, en cas de lésion haute, le
retour de la possibilité de gratter avec le petit doigt, le tout coïncidant avec
la disparition de l’anesthésie de la région interne de la main et du petit
doigt.
Gomme tests de sincérité, Froment et Gardkre signalent l’absence de gon¬
flement et de durcissement de l’adducteur du pouce sous la peau du premier
espace interosseux pendant les efforts de préhension.
L’atrophie des éminences persiste longtemps après la récupération fonc¬
tionnelle du nerf. Quant aux griffes rigides des types 11 et 111, elles sont indé¬
lébiles : elles constituent une infirmité permanente, une sequelle qui ne tend
nullement à s’atténuer même après que les fibres nerveuses et les muscles
382 LES NERFS RACHIDIENS
[Planches XV et X VI].
§ 1. — ANATOMIE
V. axillaire
PLANCHE XVI
NERF MEDIAN
B, face dorsale.
fléchisseur commun profond des doigts. Après avoir fourni quelques filets à
ces deux muscles, il s’engage au-de^ous du carré pronateur, lui abandonne
plusieurs rameaux et vient se terminer, par des filets sensitifs, dans les par¬
ties molles de l’articulation radio-carpienne.
4° Le nerf cutané palmaire, rameau sensitif, qui se détache du tronc ner¬
veux à 2 ou 3 centimètres au-dessus du poignet, perfore l’aponévrose anti-
brachiale et vient se distribuer à la peau de l’éminence thénar et de la région
palmaire moyenne.
Elles sont au inombre de six, que l'on distingue en première, deuxième, troi¬
sième, etc., en allant de dehors en dedans.
a) La première, qui est la plus courte, est destinée à l'éminence thé-
nar : c’est le rameau thénarien ou nerf des muscles thénar. Immédiatement
après son origine, clic se porte en dehors cl innerve tous les muscles de
l'éminence thénar, sauf l’adducteur du pouce et le faisceau interne du court
fléchisseur, qui sont innervés par le cubital (p. 3G3).
P) Ecs cinq autres branches forment les sept premiers collatéraux palmai¬
res, les trois derniers étant fournis par le cubital (p. 363). Ajoutons : 1° que
la sixième branche reçoit une anastomose de la branche superficielle du cubi¬
tal ; 2° <pic la quatrième branche (a la fois sensitive et motrice) envoie un
rameau au premier lombrical ; 3° que la cinquième branche (mixte également)
innerve le deuxième lombrical.
Par l’intermédiaire des muscles qu’il anime, le nerf médian préside aux
mouvements de pronation de Lavant-bras, à la flexion de la main et des doigts
et à l’opposition du pouce ; néanmoins, après sa section, la plupart de ces
mouvements peuvent être exécutés par des muscles voisins innervés par le
radial ou le cubital. Pareillement, l’anesthésie des téguments de la main et
des doigts qui coexiste avec les paralysies par transseclion complète de ce nerf
sont souvent beaucoup moins étendues que le champ dans lequel se distri¬
buent ses fibres sensitives. Pour avoir une idée exacte des déficits fonction¬
nels résultant de l’interruption du médian, il faut donc les étudier sans idées
PLEXUS BRACHIAL (NERF MEDIAN) 385
et court fléchisseur) sont disposés de façon à pouvoir remplir à peu près les
fonctions de leurs voisins,, lorsque ces derniers
viennent à être paralysés.
En définitive, les troubles de la motilité sont
uniquement représentés par quelques perturba¬
tions des mouvements du pouce, de l’index, et du
médius, qui pourraient fort bien passer inaper¬
çues si on ne les recherchait pas méthodique¬
ment. C/est pourquoi nous allons indiquer som¬
mairement les diverses épreuves que nous con¬
seillons d’employer pour mettre en évidence :
1° Les anomalies des mouvements du pouce ; 2°
les anomalies des mouvements de l’index et du
médius ; 3° les perturbations des mouvements
complexes de préhension et d’opposition qui
' impliquent la participation conjuguées du pouce,
et d’un ou de plusieurs autres doigts.
Fig. 109.
Epreuve de l’équerre dans la paralysie du médian.
Du côté normal, à gauche de la figure, le malade peut écarter volontairement le ponce
du premier métacarpien, jusqu’à former avec ce dernier un angle presque droit. Du côté
opposé, où le nerf médian est paralysé, l’écartement du pouce est réduit de plus de moitié.
Les épreuves que mous allons indiquer sont, le plus souvent, superflues
pour apprécier le degré d’impotence résultant du défaut de flexion de l’index.
PLEXUS BRACHIAL (NERF MEDIAN) 391
doigts, permet au\ paralysés du médian de porter à bout de bras les objets
meme assez lourds qu'ils peuvent saisir dans le crochet formé par la flexion
du petit doigt et de l’atniiulaire, comme par exemple, l’anse d'un panier ou les
brancards d’une brouette.
d) Épreuve du grattage. avec l'index, — Le grattage est produit par un
mouvement alternatif de flexion et d’extension des deux dernières phalanges
des doigts. Le mouvement de flexion est le principal ; celui d’extension n’a
d’autre effet que de ramener l’extrémité du doigt qui vient de gratter à son
point de départ.
Pour l’index que nous envisagerons seul en cc moment, le mouvement
d’extension de ses dernières phalanges est produit par la contraction du
premier interosseux dorsal et du premier interosseux palmaire innervés par le
cubital, et très accessoirement par l’extenseur propre'de l’index et le faisceau
externe de l’extenseur commun, innervé par le radial. Le mouvement de
flexion a pour agents exclusifs les faisceaux externes des fléchisseurs com¬
muns superficiel et profond qui fléchissent l’un la deuxième, l’autre
la troisième phalange de l’index. Aucun des autres muscles de l’avant-
bras ou de la main ne peut les suppléer dans cette fonction, car aucun n’in¬
tervient dans l’acte de fléchir les deux dernières phalanges de ce doigt.
Or le faisceau externe des deux fléchisseurs communs est innervé par le
médian au-dessous du coude. Dès lors, la transsection haute du médian doit
avoir pour conséquence de paralyser les fléchisseurs de l’index, et par suite de
supprimer le mouvement essentiel du grattage, qui est la flexion de ses der¬
nières phalanges. C’est, en effet, ce qui se produit en clinique. L’inipossibili-
lé de gratter correctement avec l’ongle de l’index est un symptôme constant
des paralysies hautes du médian, et la réapparition de celle possibilité le
meilleur des signes critères de sa guérison.
Mais pour tirer de l’épreuve du grattage les indications diagnostiques
qu’elle peut fournir, il importe de me pas confondre le frottement ou le
pianotement avec le grattage, Quand on demande à un paralysé du médian
de gratter le plateau d’une table il n’hésite jamais : il imprime à sa main un
mouvement de va et vient par quoi il fait promener la pulpe de son index sur
la table : il ne gratte pas, il frotte.
Si orn immobilise son poignet, de façon à empêcher le déplacement d’en-
senible de sa main, il peut encore imprimer à son index quelques mouve¬
ments qui pourraient tromper uni observateur inattentif ou insuffisamment
averti ; car ses interosseux et ses extenseurs, innervés par le cubital et le
radial, ayant conservé leur contractilité volontaire, il lui est loisible d’éten¬
dre et de fléchir les phalanges de l’index. Ce n’est pas là non plus du grattage,
PLEXUS BRACHIAL NERF MEDIAN) 393
SIEURS des autres DoiçTS. — Ces mouvements ont pour caractère commun
d’impliquer la participation harmonique du pouce, d une part, et d un ou de
plusieurs des autres doigts, d’autre part. Ils sont tous des modalités de l’op¬
position. On peut les diviser en deux groupes comprenant : le premier, les
mouvements par lesquels l’extrémité du pouce se met en contact avec celle de
l’un des autres doigts : pincement, boucles, chiquenaudes, etc. ; le second,
les mouvements de préhension où le pouce se place en face des quatre au¬
tres doigts.
écartés pour recevoir l’objet qu’on veut saisir, ou bien on le prend par le
bout des doigts réunis en faisceau.
Les paralysés du médian ne peuvent accomplir correctement ni l’un ni
l’autre de ces gestes, à cause de l'insuffisance de flexion de leurs deux premiers
doigts. Veulent-ils prendre à pleine main une bouteille ou le manche d’un
outil, le pouce et l’index ne s’enroulent pas, comme à l’état normal autour
de ces objets, qui ne sont, plus fixés et retenus que par le petit doigt et
disent les uns, comme si j’avais la maim .sur un poêle à frire ou sur un
fourneau chauffé au rouge, disent les autres.
La sensation de brûlure paraît être influencée par les mouvements diasto¬
liques des artères. Fdle est pulsatile, avec des exacerbations rythmées iso¬
chrones aux pulsations artérielles. Fdle s’atténue quand on comprime l’artère
humérale ou quand le médecin plaçant entre ses deux mains étendues la
main également étendue du malade, exerce sur elle un compression large et
guérir, il faut avoir recours à des interventions chirurgicales, dont celle qui
est à la fois la plus inoffensive et la plus efficace, est l’injection intra-troncu-
laire d’alcool à (iO degrés, au-dessus du point où le nerf a été offensé (Sicard,
Pitres et Marchand). Nombreux ont été les malades qui, dans le cours de
la dernière guerre, en ont apprécié les heureux résultats.
Le pronostic des paralysies du médian est grave. 11 est grave, dans les cas
de section complète haute ou basse, à cause de la grosse diminution de l’utili¬
sation fonctionnelle de la main qui résulte des défectuosités de la flexion de
l’index et de l’opposition du pouce aux autres doigts. Un paralysé du médian
ne peut, en effet, exercer aucune profession exigeant le maniement d’outils à
gros manches tels que pelles, bêches, haches, pioches, etc., ou d’objets de
petit volume qu’il faut fixer entre le pouce et l’index : aiguilles, fuseaux, na¬
vettes, etc. Un musicien n’est plus capable de jouer des instruments à cordes,
clés, pistons ou touches ; un sculpteur, de modeler la glaise ; un dessinateur,
un écrivain, de tenir et de diriger correctement le crayon ou la plume. Pour
la même raison, un grand nombre des actes de la vie courante, comme bou-
4 ou Ï,KS SERFS lUC.IliWKNS
tonner ses vêtements, nouer sa cravate, etc., lui sont interdits ; il tient très
maladroitement la cuillère ou la fourchette ; il a beaucoup de peine à couper
ses aliments. La fig. 117, p. 398 représente la façon dont un de nos malades
plaçait pour écrire, son crayon cidre le petit doigt et l'annulaire : inutile d’a¬
jouter (pie, dans celte position incommode, il ne traçait pas des lettres bien
calligraphiées.
Le pronostic est grave aussi dans les cas de section incomplète, à cause des
douleurs cruelles du type causalgique qui, tant qu'elles existent, mettent
les malades à la torture. Il est grave, enfin, parce que la guérison est Ion-
jours lente et très souvent incomplète.
Le diagnostic est facile, si on recherche méthodiquement les signes que
nous avons indiqués plus haut. Si on se bornait à constater le mouvement
de pianotement, et la possibilité de l'adduction du piouce, on serait fatale¬
ment exposé à méconnaître des paralysies non douteuses, car les symptômes
caractéristiques des paralysies du médian sont les défectuosités des mouve¬
ments de flexion de l’index, et d'opposition du pouce que révèlent les épreu¬
ves du poing fermé, de l'arc de cercle, du grattage avec l'ongle de l’index,
du pincement, des boucles, de la préhension, etc.
Quant aux tests de guérison, le plus significatif nous paraît être la possibili¬
té de rouler une houlette de mie de pain entre les pulpes du pouce et de l’index
Comme test de sincérité, Froment et Gardkre signalent l’absence de contrac¬
tion synergique du court abducteur dans l’effort de placement du pouce en
extension à angle dièdre par rapport à l'index.
C) PARALYSIE MÉDIO-CUBITALE
Fig. 118.
Griffe médio-cubitale en voie de formation, deux mois après une blessure par éclat d’obus
ayant traversé le bras en meurtrissant les nerfs médian et cubital. L’atrophie est masquée
par un œdème diffus de la main ; elle deviendra beaucoup plus apparente à mesure que la
tuméfaction œdémateuse se dissipera.
phiée, insensible, inerte, terminée par des doigts dont les premières phalan¬
ges sont en hyperextension et les deux dernières fléchies et immobilisées en
crochet ouvert ou fermé par des rétractions fibro-tendineuses, cette main
n’est plus qu'un appendice difforme, gênant (lîg. 118), dont les malades ne
peuvent faire aucun usage.
§ 1. — ANATOMIE
V. ax'illaire
A. axillaire
PLANCHE XIX
NERF MUSCULO-CUTANE
[Planches XV et XX}.
§ 1. - ANATOMIE
PLANCHE XX
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
PARALYSIE DU BRACHIAL CUTANÉ INTERNE
Le nerf brachial cutané interne et son accessoire sont rarement blessés iso¬
lément, mais leurs rapports avec le paquet vasculo-nerveux font qu’ils se trou¬
vent assez souvent compris dans l’aire des plaies par instrument tranchant
ou projectiles d’armes à feu, qui atteignent le médian ou le cubital.
Leur symptomatologie est réduite à une bande d’hypoesthésie occupant
presque exclusivement le côté interne de l’avant-bras, car la sensibilité du
côté interne du bras est fournie à la fois par eux, et par les branches perfo
raintes latérales des 2S et 3e nerfs intercostaux.
406 LES NERFS RACHIDIENS
Rappelons ici que l’accessoire du brachial cutané interne reçoit, dans l’ais¬
selle, quelques lilels anastomotiques des rameaux perforants des 2° et 3e
nerfs intercostaux (p. 408), ce qui pourrait expliquer, dans l’inflamlmation des
plèvres, les irradiations douloureuses sur la face interne du bras.
ARTICLE V
NERFS INTERCOSTAUX
[Planche XXIII}.
§ 1. — ANATOMIE
_Plexus cervical
Circonflexe
Circonflexe
Accessoire
du
Brachial cutané interne
Radial
Musculo-cutané_
_ Musculo-cutané
Cubital.
Médian _Médian
PLANCHE XXI
d’abord, à égale distance de la côte qui est au-dessus ït de la côte qui est au-
dessous. Mais, en atteignant la région de l’angle, il s’inlléchit en haut pour
se rapprocher du bord inférieur de la côte qui est au-dessus et il s’accole
alors au côté inférieur des vaisseaux intercostaux, lesquels cheminent parallè¬
lement à lui dans la gouttière costale. On sail que l’artère intercostale est située
immédiatement au-dessus du nerf, la veine intercostale immédiatement au-
dessus de l’artère.
Adducteur \ ^
_ Opposant ^
Cfléch
_ _ A' lombrical
Int1 palmaires
/* lombrical _y
39 lombrical
PLANCHE XXII
INNERVATION DE LA MAIN
l’abdomen. Quant aux rameaux perforants latéraux de ces quatre nerfs inter¬
costaux, ils perforent le grand oblique avant de se rendre au territoire cutané
auquel ils sont destinés. Ils suivent, du reste, pour atteindre ce territoire, un
trajet de plus en plus oblique en bas et en avant.
/) Le douzième nerf intercostal, auquel nous ne donnons ce nom que par
analogie, puisqu il ne chemine pas entre deux côtes, mais bien au-dessous
de la douzième, sort du canal rachidien par le trou de conjugaison situé
entre la douzième vertèbre dorsale et la première lombaire. Après avoir
envoyé un rameau anastomotique au premier nerf lombaire, il croise en
avant les insertions costales du muscle carré des lombes, longe le bord infé¬
rieur de la douzième côte, s’engage d’abord entre le transverse et le petit obli¬
que, puis entre le petit oblique et le grand oblique et se termine de la même
façon que les quatre branches précédentes. Le rameau perforant latéral du
douzième nerf intercostal se distingue de tous les autres par son trajet et sa dis¬
tribution. Après avoir perforé le grand oblique pour atteindre le tissu cellu¬
laire sous-cutané, il se porte verticalement en bas, croise la crête iliaque et
s’épanouit alors en de nombreux et longs rameaux, qui se perdent dans
la peau de la région fessière.
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
Sacro-lombaire
PLANCHE XXIII
NERFS INTERCOSTAUX
S. DUPRET ciel.
G. DOIN éditeur.
NERFS INTERCOSTAUX 411
ARTICLE VI
PLEXUS LOMBAIRE
[Planche XXIV}.
Douzième côte
Douzième n. intercostal
N p* abdomino-génital
N. fémoro-cutané
N. abdomino-génital _Sympathique
avec son rameau fessier lombaire
Iliaque
Gà oblique
P' oblique_
Transverse
_N. lombo-sacré
Psoas
Épine iliaque
Gé droit.
ANTÉRO-SUP”
_N. génito-crural
N. obturateur
N. Crural
-Canal inguinal.
F. iliaques extos.
..Trou obturateur
Aponévrose fémorale__
PLANCHE XXIV
PLEXUS LOMBAIRE
S. DUPRET del.
G. DOIN éditeur.
PLEXUS LOMBAIRE 413
l’autre partie de ce plan antérieur et le plan postérieur tout entier étant in¬
nervés par des branches du plexus sacré.
§ 1. — ANATOMIE
Le plexus lombaire est profondément situé dans l’angle dièdre que forment
les corps vertébraux des quatre premières lombaires avec les apophyses
transverses correspondantes. Il est recouvert par le muscle psoas, que la plu¬
part de ses branches, disons-le tout de suite, sont obligées de traverser pour
se rendre à leur champ de distribution. Le sympathique lombaire est placé en
dedans et en avant de lui, sur la partie antéro-latérale des corps vertébraux.
A) BRANCHES COLLATÉRALES
B) BRANCHES TERMINALES
laire qui, après un court trajet, disparaît dans ic bord supérieur du muscle
obturateur externe, c’est le nerf supérieur de l’obturateur externe.
Dans le canal sous-pubien lui-même, le nerf obturateur se partage en deu^
branches terminales, l’une antérieure, l’autre postérieure. — La branche
antérieure, continuant la direction (du tronc, s’échappe par l’orifice antérieur
du canal sous-pubien, se place entre le pectine et le court adducteur et, là<
se divise en un certain nombre de branches qui se distribuent au petit adduc¬
teur, au moyen adducteur, et au droit interne. Rappelons que le nerf du
moyen adducteur fournit un rameau long et grêle (le ramus cutaneus obtu-
ratorii), qui vient s’anastomoser, un peu au-dessous de l’anneau du troisième
adducteur, avec le saphène interne ou avec son accessoire. — La bnanche
postérieure, se portant directement en bas, sort du canal sous-pubien, tantôt
par l’orifice antérieur de ce canal, tantôt en traversant les faisceaux supé¬
rieurs du muscle obturateur externe. Arrivé à lia cuisse, il fournit : 1° un
rameau pour l’obturateur externe (le nerf inférieur de l’obturateur externe) ;
2° un ou plusieurs rameaux au grand adducteur (les nerfs du grand adduc¬
teur) ; 3° quelques filets très grêles aux articulations de la hanche et du genou.
En résumé, le nerf obturateur est un nerf mixte : ses faisceaux moteurs
innervent l’obturateur externe, les trois adducteurs de la cuisse, le droit
interne, quelquefois même le pectiné ; ses faisceaux sensitifs se distribuent,
les uns (rameaux articulaires) aux deux articulations de la hanche et du
genou, les autres (rameaux cutanés), par l’anastomose que l’obturateur envoie
au saphène interne, à la peau de la face interne du genou et de la jambe.
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
ARTICLE YII
PLEXUS SACRÉ
[Planche AA’F],
Aussi certains auteurs ont-ils cru devoir réunir les deux plexus en un seul, le
plexus lombo-sacrc (1).
§ 1. — ANATOMIE
(1) Outre les planches XXIV et XXV consacrées au plexus lombaire et au plexus
sacré, voyez les trois planches XXVI, XXVII et XXVIII, où sont représentées : dans la
première, les Nerfs du membre inférieur ; dans la seconde, les Territoires sensitifs du
membre inférieur ; dans la troisième, l’Innervation du pied.
A. PITRES et L. TESTUT. LES NERFS EN SCHEMAS.
Nb de la queue de cheval
Fascia/ata
N uré Irai
PLANCHE XXV
S. DUPRET fiel.
G. DOIN éditeur.
PLEXUS SACRÉ 425
A) BRANCHES COLLATÉRALES
Région antérieure
Région postérieure
PLANCHE XXVI
Le plexus sacré ne fournit qu’une seule branche terminale, qui est le lier]
grand sciatique. Ce nerf suit, à la face postérieure de la cuisse, un trajet verti¬
cal : il conserve sont individualité et son nom jusqu’au sommet du losang°
poplité. Là, il se partage en deux branches légèrement divergentes, que l’on
désigne, l'interne sous le nom de sciatique poplité Uiterne, l’externe sous
celui de sciatique poplité externe.
Ces deux nerfs, à la fois sensitifs et moteurs comme le tronc dont ils
émanent, descendent jusqu’au pied et vont même jusqu’aux orteils (fig. 120,
p. 437). Toutefois, le sciatique poplité interne, au cours de son trajet change
de nom : au-dessous de l’anneau du soléaire, il devient le nerf tibial pos¬
térieur.
Nous étudierons successivement, dans le présent paragraphe : 1° le nerf
grand sciatique proprement dit ; 2° le nerf sciatique poplité externe ; 3° le
nerf sciatique poplité interne, auquel nous rattacherons le nerf tibial posté¬
rieur qui n’en est que la continuation.
PLANCHE XXVII
PLANCHE XXVIII
INNERVATION DU PIED
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
Pour se faire une idée juste de la part d’influence qui revient au plexus
sacré, dans la physiologie et la pathologie neuro-musculaires des membres
inférieures, il faut avoir présente à l’esprit celle qui appartient au plexus
lombaire (p. 412).
LES NERFS EN SCHÉMAS
28
434 LES NERFS RACHIDIENS
Des dix branches collatérales que fournit ce plexus, les seules qui aient
quelque intérêt en physiopathologie sont le nerf fessier supérieur, le nerf
petit sciatique et le nerf honteux interne.
taie chez les animaux est suivie de la perte des érections. Les lésions trauma¬
tiques du honteux interne chez l’homme sont rares. Nous avons eu l’occa¬
sion d’examiner pendant la guerre un jeune soldat, dont le nerf honteux
interne avait été coupé par une balle dans la région périnéale ; sa verge et
son gland étaient absolument insensibles ; il n’avait plus du tout d’érections.
graves que celles du crural. Les malades qui en sonl atteints peuvent fort
bien se tenir solidement dans la posi¬
tion verticale ; ils peuvent marquer le
pas sur place, marcher sans béquille et
Bassin
même sans canne. Ils ne peuvent pas
porter le talon vers les fesses ; leur pied
ballant s’applique avec moins d’assu¬
rance sur le sol que le pied sain ; ils
trébuchent quelquefois ; mais enfin, ils
se tiennent debout, et ils progressent
sans trop de difficultés.
Cuisse
b) Troubles de la réflectivité. — Les
réflexes tendineux, rotuliens et achil-
léens, ainsi que le réflexe cutané plan¬
taire, sont abolis.
c) Troubles de la sensibilité. — Anes¬
thésie à peu près totale du pied, remon¬
tant en s’atténuant sur la face externe
de la jambe. Conservation intégrale de
la sensibilité sur toute la cuisse, sur la
Jarnbe
face interne de la jambe, et sur le bord
interne du pied.
A ces troubles de la sensibilité objec¬
tive, s’ajoutent très souvent des dou¬
leurs à type lancinant, qui se font sen
tir surtout à l’extrémité distale du
Pied
membre, particulièrement à la face
plantaire du pied et des orteils ; quel¬
quefois aussi des douleurs causalgiques
brûlantes très intenses dans les mêmes
régions. Fig. 120.
Il est. à remarquer que les malades SUhoiMte de la^disUibution mo trice
au malade assis sur une chaise, les pieds reposant à plat sur le sol, de
faire exécuter à celui du côté impotent un mouvement de bascule, en prenant
successivement appui sur le talon et sur les bourrelets métatarsiens. Si le sujet
est paralysée du sciatique poplité interne, il peut bien relever la pointe du
pied mais il ne peut pas détacher le talon du sol ; si c’est son sciatique poplité
externe qui est paralysé, c’est l’inverse, il ne peut pas relever la pointe, mais
il peut relever le talon.
Dans la station verticale, les malades posent correctement le pied sur le
sol, et y prennent un point d’appui solide qui leur permet de se tenir en
équilibre sur une seule jambe. Dans la marche, la chute de leur pied tom¬
bant et ballant les gène ; sa pointe tend sans cesse à frotter le sol, et à s’ac¬
crocher à toutes ses aspérités. Aussi pour parer à ces inconvénients les mala¬
des relèvent-ils instinctivement la jambe du côté paralysé, beaucoup plus
haut que celle du côté sain : ils marchent en stoppant. Ce signe du steppage
est un des plus constants et des plus caractéristiques de la paralysie du sciati¬
que poplité externe.
c) Troubles sensitifs. — Ils sont très légers. Ils consistent en une hypoes-
thésie peu marquée de la peau de la partie moyenne de la face dorsale du
pied, se prolongeant en s'atténuant vers la face externe de la jambe, jusqu’à
quelques traverses du doigt au-dessous du genou. Il n’y a jamais de douleurs
causalgiques.
d) Troubles de la réflectivité. — Les réflexes rotuliens et acbilléens sont
conservés. Le cutané plantaire est aboli.
e) Troubles vaso-moteurs, sécrétoires et trophiques. — Les troubles vaso¬
moteurs et secrétoires sont très peu accentués ; le plus souvent ils font tout
à fait défaut. L’atrophie des muscles est constante et très marquée. Elle
s’accuse par une dépression très apparente de la saillie que forment à l’état
normal, au-dessous du genou, entre la crête du tibia et le péroné, la masse
charnue des muscles péroniers latéraux et du jambier antérieur. Elle s’ac¬
compagne de R D.
L'excitabilité à la percussion de ces mêmes muscles est longtemps exa¬
gérée.
f) En résumé, les signes critères de la paralysie du sciatique poplité externe
sont : la chute du pied, le steppage, et l’impossibilité de relever la pointe du
pied en prenant appui sur le talon.
C) NÉVRALGIE SCIATIQUE
liinilés par Ja douleur, mais les malades peuvent néanmoins se tenir debout,
marcher, mouvoir dans tous les sens leur jambe et leur pied.
Cela ne veut pas dire que les muscles des scialalgiques jouissent de toutes
leurs propriétés physiologiques. Ils présentent en réalité, un groupe de phé¬
nomènes anormaux constitué par de la myalgie, de l’amyotrophie et des
modifications du tonus, phénomènes dont l’ensemble constitue un syndrome
qu’on pourrait appeler le syndrome myo-névralgique.
Etudions .ses éléments :
a) Myalgie. — La myalgie est très commune. Elle se manifeste surtout dans
l’exécution des mouvements volontaires et à la suite des pressions exercées
sur les masses charnues des adducteurs de la cuisse (Barré) et des gastro-
cnémiens.
b) Amyotrophie. — L’amyotrophie est presqu’aussi fréquente. Elle est
surtout accentuée au pied et à la jambe : même dans oes régions elle est assez
modérée pour ne pas aboutir à des dégénérations complètes des fibres mus¬
culaires accompagnées de R D totale ; la seule modification des réactions
électriques qu’on y constate est une simple diminution de l’excitabilité aux
courants faradiques et galvaniques, sans inversion de la formule polaire.
L’excitabilité à la percussion n’est jamais abolie ; elle serait plutôt exagérée.
c) Modifications du tonus. -— Les modifications du tonus présentent cette
particularité qu’elles existent dans des sens et à des degrés différents dans les
divers muscles des membres et du tronc, dont les uns sont hypo et les autres
hypertoniques.
L’hypotonie se révèle d’ordinaire : à la fesse, par la mollesse des fessiers
et l’abaissement du pli fessicn (Barré') ; à la cuisse, par la flaccidité des mus¬
cles de la région postérieure ; à la jambe, par le relâchement et la flaccidité
du tendon d'achille (Barré) ; au pied, par l’effacement de la voûte plantaire
et la facilité avec laquelle on peut mobiliser les métatarsiens.
L’hypertonie se manifeste par le clonus fréquent des fessiers et des jumeaux
et par l’exagération des réflexes glutéal, crémastérien, abdominal et rotulien.
Elle joue aussi un rôle dans la palhogénie de certaines des attitudes antal¬
giques que prennent les malades atteints de névralgie sciatique, attitudes sur
le mécanisme desquelles il convient de fournir ici quelques explications.
d) Attitudes antalgiques, les scolioses croisées et homologues des sciatal-
giques. — Lorsqu’un malade souffre d’un membre il l’immobilise instincti¬
vement dans la position ou il en souffre le moins. Ainsi font les sciatalgiques.
Au lit, ils se couchent sur le côté sain, le pied du côté endolori légèrement
fléchi sur la jambe, la jambe sur la cuisse et la cuisse'sur le bassin, de façon
à ce que leur nerf sciatique ne soit pas tendu ; assis, ils font porter le poids du
i'LÜXUS SACRÉ 449
il a été question plus haut. Elle est souvent accompagnée d une adipose sous-
cutanée diffuse, qui masque la diminution de volume des muscles sous-
jacents.
Dans les sciatiques très anciennes la peau du membre endolori est parfois
amincie et recouverte d’écailles épidermiques ichtyosif ormes. Les éruptions
neurotrophiques à forme vésieuleuse, pustuleuse ou ulcéreuse sont extrême¬
ment rares.
ARTICLE VIII
PLEXUS S ACRO-COCCYGIEN
[Planche XXV].
§ 1. - ANATOMIE
§ 2. — PHYSIOPATHOLOGIE
ARTICLE IX
TOPOGRAPHIE VERTEBRO-MEDULLAIRE
(Planche XXIXJ1
Nous avons résumé dans le schéma de la planche XXIX : 1° les rapports que
présentent les divers segments topographiques de la moelle avec les corps
vertébraux (topographie vertébro-médullaire proprement dite) ; 2° les rap¬
ports que les diverses paires rachidiennes présentent avec les apophyses épi¬
neuses qui repèrent leur point d’émergence sur la moelle (topographie verté-
bro-radiculaire).
(i) Cette planche, ainsi que le texte qui lui est consacré, sont empruntés, avec quel¬
ques légères modifications , au Traité d’anatomie topographique de Testut et Jacob,
T. Ire, 4e édition, 1921, p. 600 ; et au Traité d’anatomie humaine de Testut, T. TII, 7e
édition, 1922, p. 247.
A. PITRES et L. TESTUT. LES NERFS EN SCHEMA».
Mêmes muscles que C5. En plus : gd pectoral, rond Partie moyenne de la face antérieure et postér.
pronat . gd palmaire, supinateurs, radiaux; abducteur, de l'avant-bras et du bras ; trois quarts externes de la
opposant, court fléchisseur du pouce. face pa maire et de la face dorsale de la main ; tous
les doigts, sauf l’auriculaire ; partie supérieure du
Long du cou, pectoraux, triceps, grand dorsal, thorax et du dos.
radiaux, fléchisseurs et extenseurs des doigts, cubi¬
taux, petit muscles de la main.
Intercostaux, surcostaux, triangulaire du sternum, Poitrine, dos, abdomen. Les territoires d'innerva¬
dentelé et muscles du dos. Les 7e, 8“, 9', 10e, 11e et tion forment une série de bandes,dont chacune répond
12e racines innervent, en outre, les muscles de l’abdo¬ à une racine. Ces bandes se superposent régulière¬
men . ment de haut en bas dans 1 ordre même des racines.
Abduct. et adduct. de la cuisse, fléchiss. du genou, Côtés interne et externe de la cuisse ; face anté¬
muscles des régions ext. et int. de la jambe . . rieure du genou et antéro-interne de la jambe.
PLANCHE XXIX
TOPOGRAPHIE RADICULAIRE
S. DUPRET Ciel. G. DOIN Oditeur.
TOPOGRAPHIE VERTÉBRO-MÉDULLAIRE 455
correspondantes, portant la même teinte que les segments dont elles émanent
et ayant chacun son numéro d’ordre. Pour ne pas charger inutilement le
dëssin, on n’a pas représenté, sur l’hémi-moelle droite, les racines antérieu¬
res ; par contre, on a figuré les racines postérieures jusqu’à l’extrémité externe
de leurs ganglions. De même, sur l’hémi-moelle gauche, ces racines posté¬
rieures ont été réséquées tout près de leur origine, laissant ainsi à découvert
les racines antérieures correspondantes. Enfin, chaque racine se trouve placée
sur la même horizontale que l’apophyse épineuse qui repère son émergence
de la moelle et, en regard d’elle, se trouvent inscrits en caractères typogra¬
phiques, à gauche le territoire moteur, à droite le territoire sensitif, auxquels
cette racine se distribue. Un simple coup d’œil jeté sur notre schéma nous
permet de dire aisément à quelle vertèbre répond une racine donnée et, réci¬
proquement, à quelles racines correspond telle ou telle apophyse épineuse.
Ce n’est pas tout.
Grâce aux indications que ce même schéma fournit sur les territoires mo¬
teurs et sensitifs qui sont sous la dépendance de chaque racine et du segment
de moelle correspondant, il devient facile de répondre aux deux questions
suivantes : t° étant donnée la lésion de telle vertèbre, quels sont les symptô¬
mes qui traduisent la lésion des racines et du segment de moelle correspon¬
dant ; 2° étant donnés tels symptômes de lésion radiculo-médullaires, quelles
sont les racines et les vertèbres lésées.
Pour connaître les symptômes radiculo-médullaires qui doivent être la
conséquence de la lésion d’une vertèbre donnée, il suffit, l’apophyse épineuse
de la vertèbre lésée ayant été repérée et étant par suite connue, il suffit,
disons-nous, de chercher sur notre schéma la ligne horizontale passant par
celle apophyse et de lire, sur les colonnes de droite et de gauche les « zones »
qui sont innervées par les racines correspondantes. On se rappellera que,
lorsque cette lésion est grave, tout ce qui est au-dessous d’elle est paralysé.
On se rappellera encore que, d’ordinaire, les réflexes qui ont leur siège au
niveau du point lésé sont abolis, tandis que ceux qui sont situés plus bas
s’exagèrent.
Nous rappelons dans le tableau suivant, dont nous empruntons les élé¬
ments à Thane, les muscles du cou, du tronc et des membres groupés mé¬
thodiquement d’après leur innervation radiculaire. Ea première colonne nous
indique les différents nerfs rachidiens disposés de haut en bas, en allant du
premier nerf cervical au nerf coccygien ; la seconde colonne, les muscles
qui sont innervés par la branche antérieure de ces nerfs ; la troisième colon¬
ne, les muscles qui sont innervés par leurs branches postérieures :
TOPOGRAPHIE VERTÉBRO-MÉDULLAIRE 457
Long du cou. i
Scalènes . I
Diaphragme (?) .
Angulaire de l’omoplate.
Rhomboïde ..
Grand dentelé .
Sous-clavier .
3e CERVICAL. Sus-épineux .< Muscles spinaux.
Petit rond .
Sous-scapulaire .
Grand rond (?) .
Deltoïde .
Grand pectoral .
Biceps brachial .
Brachial antérieur ... .1
Long du cou. j
Scalènes .I
Sous-clavier (?) .|
Grand dentelé .!
Sus et sous-épineux (?).1
Petit rond (?) .1
Sous-scapulaire .I
Grand rond (?) . j
Deltoïde . I
6° CERVICAL Grand pectoral ./ Muscles spinaux.
Biceps brachial . j
Brachial antérieur .J
Rond pronateur .I
Grand palmaire . f
Long et court supinateur.!
Radiaux externes .
Abducteur du pouce.
Opposant du pouce.I
Court fléchisseur du pouce. 1
458 LES NERFS RACHIDIENS
IIe
et
DORSAL. Muscles larges de l’abdomen.
Grand droit .
::: I
Petite dentelé postéro-inférieur... ) Muscles spinaux.
TOPOGRAPHIE VERTÉBRO-MÉDULLAIRE 459
Psoas-iliaque .
i Pectiné .
(
t Abducteurs .
3e LOMBAIRE. . s Droit interne. | Muscles spinaux.
Obturateur externe
Couturier .
Quadriceps crural .
NERFS RACHIDIENS
MUSCLES INNERVES
Releveur de l’anus.
6° sacré.. .. Muscles coccygiens .
Muscles du périnée.
GRAND SYMPATHIQUE
[Planches XXX et XXXI}.
ARTICLE PREMIER
ANATOMIE
par eux-mêmes, ils empruntent à l’enveloppe libreuse qui les entoure une
consistance ferme, qui en rend la dissection relativement facile.
Très variables par leur volume, les ganglions de la chaîne sympathique
ne le sont pas moins par leur configuration : ils sont le plus souvent allon¬
gés, en forme d’olive ou en forme de fuseau ; on en voit aussi de triangu¬
laires, de pyramidaux ; il en est qui sont comme
BASE DU CRAXE
bifurqués à l’une ou à l’autre de leurs extrémités,
quelquefois à toutes les deux ; d’autres ont des con¬
tours irrégulièrement festonnés, laissant échapper à
la limite de chaque feston des prolongements ou
rayons, qui leur ont valu le nom de ganglions étoilés.
Théoriquement, le nombre des ganglions de la
chaîne sympathique devrait être le même que celui
des segments osseux de la colonne vctébrale. En fait,
ce nombre est beaucoup moindre. A la région cervi¬
cale, par exemple, les huit ganglions théoriques,
obéissant pour ainsi dire à un mouvement de concen¬
tration, se réduisent à trois ganglions ou même à
deux seulement. A la région dorsale, nous en trou¬
vons, suivant les sujets, douze, onze ou dix. Il en
existe ordinairement quatre à la région lombaire,
quatre également à la région sacrée. Au niveau du
coccyx, qui n’est en réalité chez l’homme qu’un
organe rudimentaire, le grand sympathique fait
défaut. Au total, le nombre des renflements ganglion¬
naires que nous présente le cordon du sympathique
varie, de chaque côté, de vingt à vingt-trois. (Fig. 123).
_Corps pituitaire
ty. vidien _
G“ cervical supr
G“ sous-maxill"
.A. faciale
.A. linguale
Gn cervical inP _
Récurrent droit.
_Récurrent gauche
Aorte.
_Plexus cardiaque
.Gn cardiaque
A. pulmonaire.
___A intercostale
GB thoraciques.
_N thoraciques
OEsophage..
Aorte
N gd splanchnique_
N. p* splanchnique_
.Diaphragme
PLANCHE XXX
tués par des faisceaux de fibres nerveuses, les unes à myéline, les autres sans
myéline ou fibres de Remak, avec
dans la plupart des cas prédomi¬
nance de ces dernières. Le nerf
sympathique doit à la présence des
fibres de Remak cet aspect grisâtre
et translucide qui lui est spécial.
1, cellule nerveuse, avec : ment sur les cellules sympathiques des batraciens
2, son noyau ; 3, sa capsule
nucléée. — 4, fibre droite. — anoures, la grenouille par exemple, qui présentent
5, fibre spirale. — 6, gaine
commune aux deux fibres. deux fibres au lieu d’une (fig. 126) : 1° une fibre
droite, naissant de la cellule au niveau de l’un de
ses pôles et s’en séparant en suivant une direction plus ou moins rectiligne,
c’est pour la cellule une fibre efférente ; 2° une fibre spirale, décrivant tout
autour de la cellule et de la fibre droite un certain nombre de tours de spi¬
res, c’est une fibre afférente, venue d’ailleurs et allant se résoudre, entre le
corps cellulaire et sa capsule nucléée, en une arborisation de fines fibrilles.
c) Fibres nerveuses. — Aux éléments cellulaires se joignent une multi¬
tude de fibres nerveuses, que l’on peut diviser en trois ordres : 1° fibres de
passage, no faisant que traverser le ganglion, de significations diverses : les
unes venant d’un ganglion sympathique plus ou moins éloigné, les autres
A. PITRES et L. TESTUT. LES NERFS EN SCHEMAS.
___Diaphraqmt
_GD semi-lunaire gc
G“'semi-lunaire d‘
Plexus solaire
Rate.
Tronc cœliaque.
Vésicule biliaire.
. Estomac
Pancréas
Pylore.
G“4 sympathiques lombaires
N.
_Capsule surrlo g
Capsule surr'e
_Rein gauche
Rein droit_
A. mésentérique supn
Intestin grêle .
A mésentérique infr*
Côlon ascendant_
Côlon descendant
._N sacrés
Cæcum.
Côlon sigmoïdien
Gns sympathiques sacrés_
__Rectum
Plexus hypog°__
Prostate__
.A iliaque ext*
Vésicale séminale
Véüsie. Pubis
Testicule
PLANCHE XXXI
s. DUPRET del.
G. DOIN éditeur,
ANATOMIE 469
S 2. - SYMPATHIQUE CERVICAL
variable : il est, suivant les sujets, plus ou moins aplati, arrondi, triangu¬
laire, allongé en fuseau ; il a aussi, dans bien des cas, la forme d’un corps
semi-lunaire embrassant par sa concavité le col de la première côte.
3° Branches efférentes.
— Les branches efférentes
22
DU GANGLION SUPÉRIEUR. —
§ 3. — SYMPATHIQUE THORACIQUE
а) Leurs branches afférentes sont formées par les grands splanchniques, qui
abordent les ganglions par leur côté externe. Rappelons que, à l’extrémité
interne du ganglion semi-lunaire droit (lig. 128, 5), aboutit le nerf pneumo¬
gastrique droit, formant avec le ganglion et le grand splanchnique du même
côté ce que l’on désigne sous le nom d’anse mémorable de ^Yrisberg.
§ 4. - SYMPATHIQUE LOMBAIRE
§ 5. - SYMPATHIQUE SACRÉ
ARTICLE II
PHYSIOPATHOLOGIE
cial (ou pour mieux dire la portion du facial qui provient du noyau lu
nerf intermédiaire de Wrisberg) que Winslow avait appelé le petit sympa¬
thique, le pneumogastrique que le même anatomiste appelait le moyen sym¬
pathique, le glosso-pharyngien, le spinal ont, par une bonne partie de leui's
fibres, une influence au moins aussi grande sur les poumons, le cœur, l’œso¬
phage et l’estomac que le grand sympathique lui-même ; d’aûtre part, quel¬
ques nerfs provenant directement du segment inférieur de la moëlle prési¬
dent à la turgescence des organes érectiles, et à la sécrétion des glandes de
l’appareil génital. Aussi, certains auteurs ont-ils pensé qu’il était logique
de rattacher l’ensemble de ces nerfs, dont l’activité n’implique ni la partici¬
pation de la sensibilité consciente ni celle de la motricité volontaire, au systè¬
me nerveux de la vie végétative. Mais, considérant qu’ils ine sont pas aussi
exclusivement attachés au fonctionnement des grands viscères que le grand
sympathique, ils ont proposé de les décrire dans un groupe annexe, sous le
nom de système autonome. Cette idée a été exposée par de Blainville, Gas-
kel, Langley, etc. ; Grasset l’a développée avec beaucoup de talent dans ses
études sur la physiologie clinique des centres nerveux et quelques patho¬
logistes modernes divisent aujourd’hui, le sympathique en trois portions •
1° une portion moyenne, répondant au cou, au thorax et à l'abdomen,
portion cervico-thoraco-abdominale ; 2° une portion supérieure, située à
la base de la boîte crânienne et se distribuant à la face et aux organes
des sens, portion crânienne ; 3° une portion inférieure, répondant au bas¬
sin, portion pelvienne. Or, tandis que la portion moyenne constituerait pour
eux le système sympathique proprement dit, les deux autres formeraient un
autre système, qu’ils désignent sous le nom de système autonome ou para¬
sympathique. Cette division ne nous paraît pas justifiée. Anatomiquement, le
système sympathique est un. Sa portion crânienne, en majeure partie formée
par des rameaux provenant du ganglion cervical supérieur, est une continua¬
tion du sympathique cervical. Quant à sa portion pelvienne, elle est le pro¬
longement, sans ligne de démarcation aucune, du sympathique lombaire. Si
le sympathique paraît avoir des réactions physiologiques ou pathologiques
différentes dans ses diverses parties, c’est parce qu’avant d’arriver aux orga¬
nes, dans lesquels il se distribue, il s’est mélangé à des nerfs crâniens ou ra¬
chidiens, doués eux-mêmes d’attributs fonctionnels différents.
En résumé, le fond de la doctrine de Btciiat est demeuré intangible depuis
l’époque où ont été publiés, en 1799 et 1800, les Recherches sur la vie et sur
la mort et le Traité d'anatomie générale de cet éminent biologiste. Les étu¬
des poursuivies dans le courant du XIXe siècle ont, à la vérité, introduit dans
la science, des notions nouvelles sur les nerfs vaso-moteurs, mais ces notions
480 GRAND SYMPATHIQUE
§ 2 - NERFS VASO-MOTEURS
que les tuniques artérielles contiennent des fibres musculaires lisses, et par
celles de Stilling que ces fibres musculaires sont innervées par des filets
nerveux provenant du grand sympathique.
On était dès ce moment sur la voie qui devait conduire à la découverte
des nerfs vaso-moteurs et des circulations locales, mais on ignorait encore
absolument que le système nerveux de la vie végétative exerçât par son action
sur la tunique contractile des vaisseaux sanguins, une influence régulatrice
permanente.sur le débit du sang dans les réseaux vasculaires des différentes
régions du corps.
Deux expériences fondamentales ont démontré cette subordination des
circulations régionales à l’action du grand sympathique. La première a été
faite en 1851 par Claude Bernard : si on sectionne d’un côté du cou le
cordon sympathique d’un lapin, on constate, entre autres phénomènes, que
l’oreille correspondante rougit, que sa température s’élève de plusieurs
degrés, et que si on y fait une plaie elle saigne abondamment ; la seconde,
a été réalisée en 1852, par Brown-Séouard : si on excite par l'électricité le
bout céphalique du cordon sympathique cervical préalablement transsec¬
tionné d'un lapin, l’oreille du côté correspondant pâlit, sa température
s’abaisse, et si on y fait une plaie, celle-ci saigne très peu.
La comparaison de ces deux expériences qui se contrôlent et se complè¬
tent l’une par l’autre, prouve qu’à côté de la circulation générale comman¬
dée par les contractions du cœur, il y a des circulations locales, régies par
des nerfs provenant du sympathique, qui se rendent dans les artères dont le
PHYSIOPATHOLOGIE 481
calibre est augmenté ou diminué, selon que ces nerfs sont sectionnés ou exci¬
tés ; ils méritent donc par ce fait le nom de vaso-moteurs.
L’étude des réactions vaso-motrices est alors devenue l’un des sujets de
recherches qui ont le plus captivé les physiologistes depuis le milieu du
siècle dernier. Après Claude Bernard et Brown-Séquard, Schiff, Stricker,
Eckhard, Vulpian, Goltz, Mosso, François-Franck, Jolyet et Lafont, Das-
tre et Morat, Vertheimer, Hé'don, etc..., se sont successivement occupés de
cette question. Grâce à leurs travaux, on possède aujourd’hui une documen¬
tation expérimentale très variée, et assez précise pour qu’on soit en mesure de
comprendre le rôle important que joue la vaso-motricité en physiologie et en
pathologie, et de discerner les divers mécanismes par lesquels elle s’exerce.
Nous allons donner un aperçu succinct des principaux problèmes dont la
solution est maintenant acquise.
§ 3. - NE H FS PIEO-MOTKURS
Chez l'homme et chez les animaux dont le tégument externe est revêtu de
poils ou de formations cornées analogues aux poils, comme les piquants des
hérissons ou les plumes des oiseaux, ces organes sont pourvus d’un appareil
neuro-musculaire auquel ils doivent la propriété de se redresser sous l'in¬
fluence d’excitations physiques ou psycho-affectives.
Découvert par Kôlliker, étudié un peu plus tard par Muller, Schiff, etc.,
cet appareil a fait entre 1891 et 1904 l’objet de recherches expérimentales
fort intéressantes dont les principales sont dues à Eangley et à ses collabora¬
teurs Anderson et Scherrington. Depuis 1918, André-Tjiomas s’est appliqué
à l’étude des réactions pilo-motrices chez l’homme à l’état normal et patho¬
logique. Sa monographie sur le réflexe pilo-moteur qu’il a publié en 1921
contient, avec un grand nombre d’observations anatono-cliniques très soi¬
gnées, un exposé complet de l’état actuel de nos connaissances sur ce sujet ;
nous allons en donner un résumé succinct.
sourcils, les cils, les moustaches, les poils des oreilles, du nez, des aisselles
sont dépourvus de muscles arrectores pilorum. De même, toutes les glandes
sébacées ne sont pas annexées à des poils. C’est pourquoi l’on peut observer
séparément, sur certaines régions du corps, soit le hérissement des poils, soit
le phénomène de la chair de poule.
Les tibr'es nerveuses qui innervent les muscles pilo-moteurs tirent leur
origine de la moelle épinière, plus précisément de la colonne de substance
grise, dite du sympathique, qui s’étend du VIIIe segment cervical au IIIe seg¬
ment lombaire. Elles naissent dans des îlots de cellules neurales logés entre
le col des cornes antérieures et des cornes postérieures, au niveau de la petite
saillie désignée en anatomie descriptive sous le nom de corne latérale et dans
le tractus intermédio-latéral de Clarke qui lui est contigu.
Parties de ces points, où elles voisinent avec les centres vaso-moteurs
sudoraux et viscéraux, elles sortent de la moelle par les racines antérieures,
passent dans les ganglions de la chaîne du sympathique par les rameaux com¬
municants, et s’engagent finalement dans les nerfs périphériques dont elles
partagent la distribution jusqu’à leur terminaison dans les muscles pilaires.
On appelle préganglionnaires les fibres qui réunissent la moelle épinière
aux ganglions de la chaîne sympathique et postganglionnaires celles qui
s’étendent de ces ganglions à la périphérie. La plupart des premières sont
médullifuges ; elles arrivent dans le ganglion correspondant par la portion
blanche des rameaux communicants et y font un rclai dans les cellules pro¬
pres du ganglion. La plupart des secondes sont ganglifuges ; elles passent
par la portion grise des rameaux communicants. Il existe en outre un certain
nombre de fibres qui parties des cellules ganglionnaires, se dirigent vers la
moelle, donc médullipètes, et d’autres qui parties de la moelle traversent le
ganglion sans y relayer.
Les expériences physiologiques relatives aux réactions pilo-motrices chez
le chat, le chien, le singe, etc.., ont démontré que la section de la moelle épi¬
nière, des racines antérieures ou de la chaîne sympathique abolit la pilo-mo-
tricité dans les parties sous-jacentes du corps, mais que l’excitation électrique
portée sur la portion périphérique de la moelle, des racines antérieures ou de
la chaîne sympathique transsectionnées provoque le hérissement des poils
dans les régions correspondant aux portions excitées de l’appareil pilo-moteur.
Elles ont révélé, en outre, que l’adrénaline et la pilocarpine injectées sous
la peau stimulent la réflectivité pilo-motrice tandis que l’atropine la modère.
La nicotine appliquée localement sur les ganglions vertébraux, paralyse les
cellules qui y sont incluses, sans modifier l’excitabilité des nerfs qui en par¬
tent. Le curare n’a aucun effet sur le jeu de l’appareil pilo-moteur.
492 GRAND SYMPATHIQUE
§ 4. — NERFS TROPHIQUES
(1) Le système autonome auquel H a été fait plus haut (voy. p. 479) une brève allusion
est constitué par deux groupes de nerfs qui contiennent, mélangées à des fibres nerveu¬
ses de la vie de relation, une forte proportion de fibres vaso-motrices et sécrétoires. Le
groupe supérieur comprend le rameau de la IIIe paire qui anime le muscle constricteur
de l’iris, le nerf de Wrisbcrg et les quatre dernières paires de nerfs crâniens ; le groupe
inférieur est surtout formé par les nerfs érecteurs d’EcKHARDT et ceux des glandes géni¬
tales. Les nerfs du premier groupe naissent dans les noyaux bulbaires ; les nerfs du
second, dans le renflement sacré de la moelle épinière. Les uns et les autres se distri¬
buent. à des organes non soumis à la volonté, après avoir traversé des plexus plus ou
moins compliqués dans lesquels ils s’entrelacent inextricablement avec des filets du
grand sympathique.
Ainsi que l’a fait observer Sicard, la dénomination de système autonome est mau¬
vaise : autonome veut dire « qui se gouverne par ses propres lois ». Or, tous les nerfs,
qu’ils soient moteurs, sensitifs, sensoriels vaso-moteurs ou sécrétoires sont dans le même
cas. Langley a proposé le nom de système para-syjnpathique, de -api', à côté, parce que
les nerfs de ce système cheminent durant nne partie de leur trajet à côté des éléments
du sympathique commun ; mais ce n’est pas là un caractère spécifique : beaucoup de
fibres de la vie de relation se trouvent dans leur parcours accolées à des fibres de la vie
végétative. Sicard tenant compte des fonctions opposées des nerfs des systèmes sympa¬
thique et autonome voudrait qu’on appelât ce dernier : système cat a-sympathique, le
préfixe y.a-cà, contre, marquant nettement l’opposition.
Le pneumogastrique étant le plus important des nerfs dits autonomes, c’est surtout
sur lui qu’ont porté les expériences et les observations des auteurs qui ont étudié com¬
parativement les fonctions des deux systèmes de la vie végétative, mais des résultats
identiques ont été notés sur tous les autres nerfs du système autonome.
Physiopathologie 49?
CENTRES NERVEUX
ARTICLE PREMIER
MOELLE ÉPINIÈRE
[Planche XXXII, fig. I.)
M..i
§. 1. ANATOMIE
F. fondamental
du cordon lat1 _Corne ant"
F. latéral profd
Cordon latéral
F. pyram’ croisé_
_Corne post"
F. cérébelleux direct
Corne ant"
Art. péri¬
phériques i
du cordon j
latéral
Corne post"
Art. radi¬
culaires
postres_
Art. spinale post" extn” _
PLANCHE XXXII
MOELLE EPINIERE
Vue en coupe transversale.
S. DUPRET (tel.
G. DO IN éditeur
MOELLE ÉPINIÈRE 501
Fig. 130.
Coupe transversale de la moelle épinière de l'homme, pratiquée à la partie
moyenne de la région dorsale (d’après un dessin de Pierret).
1, sillon médian antérieur. — 2, sillon médian postérieur. — 2’, sillon collatéral postérieur. —
3, racines antérieures ou motrices. —- 4, racines postérieures ou sensitives. — 5, commissure
blanche. — 6, commissure grise. — 7, canal central ou canal de l’épendyme. — 8, corne antérieu¬
re. — 9, corne postérieure. —• 10, corne latérale ou tractus intermedio-lateralis. — 11, cordon an¬
térieur. — 12, cordon latéral. — 13, cordon postérieur. — 14, formation réticulaire. — 15, 16,
groupes cellulaires antéro-interne et antéro-externe de la corne antérieure. — 17, groupe cellu¬
laire du tractus intermedio-lateralis. — 18, cellules de la colonne vésiculaire de Clarke.
ligne médiane, un sillon peu profond, à peine accusé, le sillon médian posté¬
rieur ; 2° à droite et à gauche du sillon médian, et à 3 millimètres en dehors,
un deuxième sillon, le sillon collatéral postérieur, d’où émergent les racines
postérieures ou sensitives des nerfs rachidiens ; 3° entre les deux sillons
précités, un cordon blanchâtre, le cordon postérieur de la moelle. Ce cordon
est indivis dans la plus grande partie de son étendue. Mais lorsqu’on l’exa¬
mine à la région cervicale, on découvre à sa partie supérieure, entre le sillon
médian et le sillon collatéral, un troisième sillon, appelé sillon intermé¬
diaire postérieur ou sillon paramédian postérieur. Ce dernier sillon va en
s’atténuant de liant en bas et disparaît d’ordinaire au niveau de la deuxième
502 CENTRES NERVEUX
A) SUBSTANCE GRISE
d’apex ; 3° entre la base et la tête, une partie moyenne plus ou moins rétré¬
cie, qui constitue le col.
La tête diffère des autres parties de la corne en ce qu elle n’est pas homo¬
gène : en effet, tandis que sa partie antérieure (noyau de la tête de Waldeyer)
présente tous les caractères de la substance grise en général, sa partie toute
postérieure est formée par une substance particulière, transparente, d’aspect
gélatineux, à laquelle, pour
{ 42 U
cette raison, on donne le
nom de substance gélati¬
neuse de Rolando. Cette subs¬
tance, vue sur des coupes
horizontales de la moelle (fig.
132,5), revêt l’aspect d’un
croissant, dont la concavité,
dirigée en avant, coiffe la
partie correspondante de la
tête (le noyau) comme le
ferait un U ou un V majus¬
cule. La substance gélati¬
neuse est délimitée en
arrière, du côté de la zone
de Lissauer et des racines
postérieures, par une mince
B) SUBSTANCE BLANCHE
niveau auquel elle est faite (fig. 1 de la PI. XXXII). Notons tout de suite que,
tandis que le cordon postérieur est partout nettement délimité, aucune li¬
mite naturelle ne sépare l’un de l’autre le cordon antérieur et le cordon laté¬
ral : on peut donc réunir ces deux cordons en un seul, le cordon antéro-la-
téral. Notons encore : d’une part, que le cordon antéro-latéral entre en rela¬
tion, au fond du sillon médian antérieur, avec le cordon similaire du côté op¬
posé ; d’autre part, que le cordon postérieur est fusionné avec son homologue
du côté opposé dans presque toute son étendue. Les deux cordons postérieurs
ne sont séparés, en effet, que par une mince cloison névroglique, le sepKum
médian postérieur, qui s’étend en sens sagit¬
tal depuis le sillon médian postérieur jus¬
qu’à la commissure grise.
Les cordons blancs de la moelle compren¬
nent histologiquement, outre quelques cellu¬
les nerveuses aberrantes qui sont toujours
très rares et que nous ne ferons que men¬
tionner, des libres nerveuses à myéline, ayant
tous les caractères des fibres nerveuses des Fig. 134 bis
centres : sans étranglements annulaires, pri¬ Coupe transversale de la subs¬
tance blanche de la moelle,
vées de gaine de Schvann et réduites, par montrant : 1° les fibres ner¬
conséquent, à leur cylindraxe et à leur man- . veuses transversalement cou¬
pées, avec leur myéline dis¬
chon de myéline (fig. 134 bis). posée en zones concentriques ;
2° entre elles, la névroglie
Les libres des cordons médullaires sont avec deux cellules ramifiées
toutes constituées de la même façon et nous (Klein.)
taires parties du cerveau : c’est, avec le faisceau pyramidal croisé que nous
allons voir tout à l’heure, le faisceau moteur volontaire.
b) Faisceau pyramidal croisé. — Le faisceau pyramidal croisé, ainsi appelé
parce qu’il s’entrecroise à la partie inférieure du bulbe avec celui du côté
opposé, occupe la partie toute postérieure du cordon antéro-latéral.
Beaucoup plus volumineux que le faisceau pyramidal direct, il est arrondi
ou ovalaire à la région cervicale, plus ou moins triangulaire aux régions dor¬
sale et lombaire.
Les fibres constitutives du faisceau pyramidal croisé ont exactement
la même signification que celles du faisceau pyramidal direct : elles
vont des cellules pyramidales de l’écorce aux cellules motrices des cor¬
nes antérieures du côté opposé. Elles n’en diffèrent que sur un point : c’est
que, au lieu de s’entrecroiser successivement sur toute la hauteur de la
moelle épinière, elles s’entrecroisent en bloc à la partie inférieure du bulbe,
(décussation des pyramides), avant de descendre dans la moelle par consé¬
quent. Le faisceau pyramidal croisé est donc, lui aussi, un faisceau moteur
volontaire, chargé de transmettre aux cellules des cornes antérieures et, de
là, aux muscles, les incitations motrices des centres de volition.
c) Faisceau ascendant antéro-latéral. — Le faisceau ascendant antéi’o-laté-
ral ou faisceau de Gowers, se trouve situé en avant du faisceau pyramidal
croisé et du faisceau cérébelleux direct. Il fait pour ainsi dire suite à ce
dernier et occupe, en avant de lui, la partie toute superficielle de la moitié
antérieure du cordon latéral. Il dépasse même, du moins dans la portion supé¬
rieure de la moelle, les limites de ce dernier cordon pour empiéter de quel¬
ques millimètres sur le cordon antérieur. Dans son ensemble, il affecte la
forme d’un croissant à concavité interne, traversé de part en part, à son
extrémité antérieure, par les racines antérieures ou motrices des nerfs ra¬
chidiens.
Pour Sherrington et pour Edinger, le faisceau de Gowers, faisceau ascen¬
dant, tire son origine des cellules cordonales hétéromères (cellules comrnis-
surales) de la corne postérieure, principalement des cellules occupant la par¬
tie moyenne de la base. Les fibres nerveuses (cylindraxes) qui émanent de
ces cellules croisent la ligne médiane à travers la commissure antérieure,
passent ainsi du côté opposé, se portent alors transversalement de dedans
en dehors et, arrivées dans le faisceau de Gowers, se redressent en haut pour
suivre, à partir de ce point, un trajet longitudinal.
Le faisceau de Gowers est donc un faisceau sensitif croisé, je veux dire
suivant dans le cordon antéro-latéral de la moelle épinière, le côté opposé
à celui où il prend son origine. Quelques auteurs admettent, cependant,
512 centres Nerveux
lions libres, autour des cellules de cette substance grise. Ce sont des libres
d association longitudinales, disposées en arc, qui relient les uns aux autres
les différents étages de la colonne grise centrale.
La partie profonde du faisceau fondamental du cordon antéro-latéral,
celle qui se trouve appliquée contre le côté externe de la substance grise,
a été décrite par certains auteurs sous le nom de faisceau latéral pro¬
fond ou encore de faisceau limitant latéral. Les fibres qui entrent dans la
constitution de ce faisceau appartiennent à la catégorie des fibres fines : leur
diamètre varie ordinairement de 2 à 5 p.. Elles ont, du reste, la même
signification que les précédentes : ce sont encore des voies courtes reliant en¬
tre eux les étages successifs (mais des étages très voisins) de la colonne
grise centrale.
arborisations libres autour des cellules de cette corne ; les branches ascen¬
dantes, beaucoup plus importantes, pénètrent pour la plupart dans le fais-
ceau de Burdach, en formant
dans leur ensemble un volumi¬
neux faisceau, que nous dési¬
gnerons sous le nom très signi¬
ficatif de faisceau radiculaire
du cordo?i postérieur.
b) Trajet intra-mcdullaire du
faisceau radiculaire du cordon
postérieur. — A son entrée dans
le cordon postérieur, le faisceau
radiculaire vient se placer tout
d’abord sur le côté interne de la
corne postérieure. Puis, se por¬
tant de bas en haut et de dehors
en dedans, il traverse oblique¬
ment le faisceau de Burdach,
atteint le côté externe du fais¬
ceau de Goll et pénètre dans ce
dernier faisceau, où il restera
désormais jusqu’à sa terminai¬
son (fig. 135).
Le faisceau radiculaire occupe
Trajet intra-médu-llaire du faisceau radiculaire
postérieur (schématique). donc successivement, dans le
1, moitié gauche de la moelle épinière, vue par cordon postérieur, le trois points
sa face postérieure. — 2, sillon médian postérieur.
— 3, sillon collatéral postérieur. — 4, faisceau de suivants : 1° le côté interne de
Burdach. — 5, faisceau de Goll. — 6, nerf rachidien
avec : 6' son ganglion ; 6” sa racine postérieure
ou sensitive. — 7, faisceau radiculaire du cordon
la corne postérieure, c’est sa
postérieur, avec : 7’, sa première étape (sur le côté
interne de la corne postérieure) ; 7”, sa deuxième première étape ; il revêt alors,
étape (à la partie moyenne du faisceau de Bur¬
dach) ; 7”’, sa troisième étape (dans le faisceau de sur des coupes horizontales de
Goll). — aa, bb. cc, plans horizontaux, suivant les¬
quels ont été faites les trois coupes transversales la moelle, la forme d’un crois¬
représentées dans la figure suivante.
On voit nettement, sur ce schéma, que le faisceau sant, dont le bord concave se
radiculaire (7) d’un nerf rachidien quelconque est
graduellement repoussé en dedans par les faisceaux moule exactement sur la partie
radiculaires sus-jacents, qui, successivement, effec¬
tuent les mêmes étapes que le faisceau 7. postéro-interne de la corne, c’est
le champ cornu-radicutaire de
Marie ; 2° la partie moyenne du faisceau de Burdach, c’est sa deuxième
étape ; il s’est aplati dans le sens transversal, en même temps qu’il s’est
allongé dans le sens antéro-postérieur, c’est, alors, la bandelette externe de
Pierret ; 3° le faisceau de Goll, c’est sa troisième étape ; il revêt là, sur les
MOELLE EPINIERE 515
Fig. 1 tj.
Coupes transversales de la moelle pour montrer le faisceau radiculaire : A, dans sa pre¬
mière étape (sur le côté interne de la corne postérieure) ; B, dans sa deuxième étape
(à la partie moyenne du faisceau de Burdach) ; C, dans sa troisième étape (en plein
dans le faisceau de Goll).
Ces trois coupes A, B, C, sont faites, en ce qui concerne le faisceau radiculaire, au niveau
des trois plans «a, bb, ce de la figure précédente.
celles qui viennent de plus haut (nerfs cervicaux). Or, l’observation démon¬
tre que, sur un point quelconque du faisceau de Goll, les fibres radiculaires
longues sont disposées d’une façon telle
(Loi de Kulher) qu’elles sont d'autant plus
rapprochées du plan médian que leur
point d’entrée dans la moelle épinière est
placée plus bas. En d’autres tei'mes, les
libres les plus internes sont celles qui
viennent de plus bas, les fibres les plus
externes, celles qui viennent de plus haut.
Voilà pourquoi, sur une coupe transver¬
sale du faisceau de Goll, pratiquée à sa
partie toute supérieure on trouve successi¬
vement, en allant de dedans en dehors :
1° les fibres longues provenant des nerfs
sacrés ; 2° les fibres longues lombaires ; 3"
les fibres longues dorsales ; 4° enfin les
fibres longues cervicales.
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
cellule-mère d’une libre cordonale est détruite, cette libre dégénère dans
toute son étendue ; 2° lorsqu’une libre cordonale est sectionnée dans le cours
de son trajet, son bout périphérique, par rapport à la cellule dont elle dérive,
dégénère, son bout central demeure inaltéré ; 3° les dégénérations des libres
cordonales de la moelle s’étendent toujours dans le sens de leur conductibi¬
lité physiologique : elles sont descendantes dans les fibres affectées à la mo¬
tricité et ascendantes dans les fibres servant à la transmission des impres¬
sions sensitives.
Les scléroses systématiques les plus fréquentes et les mieux étudiées por¬
tent sur les faisceaux pyramidaux et sur les faisceaux de Goll.
a) Sclérose systématique des faisceaux pyramidaux. — Les faisceaux pyra¬
midaux font partie, comme on l'a expliqué plus haut (voy. p. 510), de l’appa
reil neuro-musculaire affecté à la motricité volontaire. Réduit schématique¬
ment à son maximum de simplicité, cet appareil se compose de deux neurones
superposés, l’un central ou cortico-médullaire, l’autre périphérique ou médul-
lo-musculaire. Le neurone central a sa cellule-mère dans l’écorce de la région
rolandique du cerveau ; son prolongement cylindraxile traverse, sans s’y
arrêter en aucun point, le centre ovale, la capsule interne, le pied du pé¬
doncule cérébral, la protubérance, la pyramide antérieure du bulbe au ni¬
veau de laquelle il s’entrecroise avec son congénère ; il pénètre ensuite dans
le faisceau latéral du côté opposé de la moelle et arrive, finalement, dans une
des cornes antérieures, où il se termine en s’articulant avec les dendrites
du neurone moteur périphérique. Celui-ci prend naissance dans l'une des
grandes cellules multipolaires de Deiters ; son axone sort du névraxe par la
racine antérieure la plus voisine et, poursuivant son trajet dans une fibre du
nerf périphérique provenant de cette racine, il s’étend sans relai jusqu'au
muscle qu’il est destiné à innerver.
Etant organiquement indépendants l’un de l’autre, chacun de ces deux
neurones obéit séparément et pour son propre compte aux lois de Waller.
son bout périphérique dégénère jusqu’au muscle, qui ne tarde pas à s’atro¬
phier.
Bien qu’ils soient organiquement indépendants l’un de l’autre, le neurone
central et le neurone périphérique n’en sont pas moins physiologiquement
associés à une fonction commune dont l’accomplissement exige la partici¬
pation de chacun d’eux : la transmission des incitations volontaires du cer¬
veau au muscle. Que la voie de communication soit interrompue dans sa
portion cérébro-médullaire ou dans son segment médullo-musculaire, le
résultat sera le même : l’ordre lancé par le cerveau ne parviendra pas à des¬
tination ; le muscle restera inerte malgré la volonté du sujet ; il sera para¬
lysé.
Certaines différences symptomatiques permettent cependant aux clini¬
ciens de reconnaître sur lequel des deux neurones porte la couppre. Les aki-
nésies dépendant de lésions du neurone central surviennent généralement à
la suite d’hémorragies ou de ramollissement du cerveau ; elles débutent
brusquement par un ictus apoplectique, suivi d’impotence motrice des
deux membres du côté du corps opposé à l’hémisphère cérébral où s’est pro¬
duite la lésion initiale ; les paralysies qui lui succèdent, flasques à leur dé¬
but, s’accompagnent bientôt après, à mesure que se développe la sclérose
secondaire du faisceau pyramidal sous-jacent, d'exagération des réflexes ten¬
dineux, d’inversion du réflexe cutané plantaire (signe de Babinski) et de con¬
tracture permanente des membres paralysés, sans atrophie ni modifications
des réactions électriques des muscles, qui ne répondent plus aux incitations
volontaires. Au contraire, les akinésies qui succèdent aux interruptions du
neurone médullo-musculaire sont toujours homolatérales ; elles sont limi¬
tées à un groupe de muscles innervés piar un ou plusieurs des nerfs périphé¬
riques naissant dans la région affectée de la moelle ; elles sont toujours flas¬
ques, hypotoniques, aréflexiques et accompagnées d’atrophie musculaire
avec réaction de dégénérescence.
La sclérose systématique des faisceaux pyramidaux, découverte en 1850,
par Ludwig Türck, de Vienne, sur la moelle de sujets atteints d’hémiplégie
ancienne, a été étudiée aussitôt après par Charcot, Bouchard, Leyden, Vul-
pian, Brissaud, etc. Lorsqu’elle est très accentuée, elle est nettement visible
à l’œil nu. Le faisceau sclérosé est, dans toute son étendue, grisâtre, mou,
d’apparence gélatineuse : l’examen microscopique le montre composé de
tissu conjonctif lâche, réticulé, sillonné par quelques vaisseaux sanguins,
sans fibres nerveuses reconnaissables. Dans les cas d’hémiplégie récente, da¬
tant seulement de quelques jours, la bande scléreuse ne se distingue pas à
l’œil nu, mais si l’on examine au microscope des fragments de substance mé-
o28 CENTRES NERVEUX
fois des altérations importantes des cellules de l’écorce cérébrale ; mais ces
altérations font souvent défaut, ou sont si peu profondes qu’elles ne peuvent
pas rendre compte de la dégénération massive des faisceaux sous-jacents. De
même dans la maladie de Friedreich les lésions scléreuses très accentuées dans
la moelle sont très peu marquées ou nulles dans l’isthme de l’encéphale et le
cerveau ; de plus, elles n’atteignent que les libres du faisceau croisé, à l’ex¬
clusion de celles du faisceau direct. Pierre Marie, qui a fait sur ce sujet des
études très remarquables dont il a exposé les résultats dans scs belles leçons
sur les maladies de la moelle publiées en 1892, est arrivé à la conclusion que
la plupart des scléroses combinées, sinon toutes, sont la conséquence de ma¬
ladies infectieuses dont les agents nocifs attaquent primitivement les parois
artérielles, et que leur systématisation apparente est surtout commandée par
les dispositions anatomiques des réseaux vasculaires qui distribuent le sang
aux différentes parties de la moelle. Cette opinion, fondée sur des observa¬
tions rigoureuses, est maintenant acceptée par la plupart des neurologistes.
«
4U Les compressions]! lentes de la moelle. — Des lésions de nature
très différente se développant ou faisant hernie dans le rachis ont né¬
cessairement pour effet de refouler d’abord, puis de comprimer la moelle ;
elles peuvent même arriver à exercer sur elle une constricti'on assez forte
pour l’étrangler, au point d’empêcher toute communication physiologique
entre le segment supérieur et le segment inférieur. Poussée à ce degré, la
compression équivaut à une transsection complète.
Les compressions lentes se traduisent cliniquement : dès leur début, par
532 CENTRÉS NERVEUX
ARTICLE 11
§ 1. - ANATOMIE
§ 2. — PHYSIOPATHOLOGIE
nique des troncs artériels qui s’y rendent, sans qu’il en résulte des paralysies
permanentes. Mais les cellules nerveuses, celles des cornes antérieures de
la moelle en particulier, sont beaucoup moins tolérantes. Privées de sang,
elles perdent très vite leurs propriétés biologiques ; Marinesco a constaté
qu’après 20 à 30 minutes leur protoplasma se désagrège ; leur mort entraîne
la dégénération wallérienne des fibres nerveuses qui en partent et l’atrophie
dégénérative des muscles qu elles innervent. Ainsi se produit la paraplégie
permanente qui succède à la ligature de l’aorte abdominale lorsque l’inter¬
ruption de la circulation a tué les cellules neuronales contenues dans le
segment de moelle temporairement ischémié.
L’expérience de Sténon rend compte de la pathogénie de certaines para¬
plégies observées chez l’homme, notamment de celles des scaphandriers ou
des ouvriers qui après avoir travaillé dans des caissons à air compi'imé ont
été soumis, en remontant à l’air, à une décompression trop rapide. Paul
ARTICLE III
ISTHME DE L’ENCÉPHALE
ET NOYAUX BULBO-PROTUBÉRANTIELS
[Planche XXXIII],
Comme nous l’avons vu plus haut (,Chap. II, p. 101 et seq.), les nerfs issus
du bulbe, de la protubérance et du pédoncule, quelle que soit leur nature, sen¬
sitifs, moteurs ou mixtes, viennent se terminer (nerfs moteurs) ou prendre
naissance (nerfs sensitifs) dans des noyaux de substance grise qui se trouvent
538 CENTRES NERVEUX
§ 1. — ANATOMIE
. - - Aqueduc de Sylvius
N. moteur oculaire commun „
Protubérance annulaire
N. pathétique
Pédoncule cérébral
Nates_
_Plancher du IV"
ventricule
Testes _ . - _
N. trijumeau
moteur
N. trijumeau
sensitif
Pédoncule Pédoncule
cérébelleux inf cérébelleux moyen
N. facial N. facial
N. intermédiaire N. intermédiaire
N. auditif N. auditif
N. glosso-pharyngien N. glosso-pharyngien
N. pneumogastrique N. pneumogastrique
N. spinal
N. grand hypoglosse N. grand hypoglosse
PLANCHE XXXIII
mides. De chaque côté du sillon médian, se voient deux cordons blancs lon¬
gitudinaux, les pyramides antérieures, que délimite eti dehors un sillon plus
ou moins marqué, le sillon collatéral antérieur. En dehors de ce sillon et
dans la moitié supérieure du bulbe, se trouve une saillie allongée, mesurant
15 m/m de hauteur sur 5 m/m de largeur : c’est, l'olive bulbaire ou olive infé¬
rieure. Elle est séparée de la protubé¬
rance par une petite dépression, la fos¬
sette sus-olivaire, d’où émergent trois
nerfs : le facial, l'intermédiaire et l’au¬
ditif. Elle est nettement délimitée, du
côté de la pyramide, par un sillon lon¬
gitudinal, le sillon préolivaire, d’où
s’échappent les filets radiculaires de
l’hypoglosse.
b) Au-dessus du bulbe, nous trou¬
vons la protubérance. La protubé¬
rance, encore appelée mésocéphale ou
pont de Varole, est une masse blanche
de forme quadrilatère, mesurant 27 m/ra
dans le sens longitudinal, 38 m/ra dans
El. Boulenaz.
le sens transversal. Nous y voyons suc¬
Fig. 139.
cessivement : 1° sur la ligne médiane,
L’isthme de l’encéphale, vu par sa face
un sillon longitudinal, le sillon basilai¬ antérieure.
re, en rapport avec le tronc artériel de 1, sillon médian antérieur du bulbe, avec :
1’, entrecroisement des pyramides ; 1”, trou
même nom ; 2° à droite et à gauche de borgne. — 2, pyramide antérieure. — 3, oiive.
— 4, sillon préolivaire. — 5, fossette sus-oli-
vaire et fossette latérale. — 6, faisceau la¬
ce sillon, une saillie longitudinale, téral, avec 6’, corps cendré de Éolando. — 7,
protubérance annulaire. — 8, pédoncules cé¬
arrondie et mousse, c’est le bourrelet rébelleux moyens. — 9, pédoncules cérébraux.
— 10, bandelettes optiques et corps genouil-
pyramidal, ainsi appelé parce qu’il est lés. — 11, espace interpédonculaire. — 12,
tronc basilaire. — 13, cervelet.
formé par la pyramide antérieure du III, moteur oculaire commun. — IV, pathé¬
tique. — V. trijumeau. — VI, moteur oculaire
bulbe qui, en traversant la protubé¬ externe. —- VII, facial. — VII' intermédiaire
de Wrisberg. — VIII, auditif. — IX, glosso-
rance, soulève à son niveau les fais¬ pharyngien — X, pneumogastrique. — XI,
spinal. — XII, grand hypoglosse. — Ci, pre¬
ceaux superficiels de ce dernier orga¬ mière paire cervicale.
Fig. 14a
L’isthme de l’encéphale, vu par sa face postérieure : le bulbe et le plancher
du quatrième ventricule.
les deux autres pédoncules, ils se dirigent en haut et en dedans, arrivent aux
tubercules quadrijumeaux et disparaissent au-dessous de ces formations :
dans leur trajet caché, ils s’entrecroisent réciproquement sur la ligne mé¬
diane et sc jettent, à droite et à gauche, dans le noyau rouge de la calotte
pédonculaire. Rappelons, en passant, que les deux pédoncules cérébelleux
supérieurs sont reliés l’un à l’autre, par une lame de substance nerveuse,
de forme triangulaire, la valvule de Vieussens.
e) Le quatrième ventricule ou ventricule bulbo-cérébelleux occupe la partie
moyenne du plan dorsal de l’isthme. C’est une cavité losangique, fortement
542 CENTRES NERVEUX
a') Bulbe. — Le bulbe possède deux ordres d éléments : 1° les parties trans¬
mises par la moelle ; 2U les parties propres au bulbe.
a) Parties transmises par la moelle. — Ce sont d’abord les sept faisceaux
de substance blanche (voy. p. 508) qui constituent les trois cordons de la
moelle : faisceau pyramidal direct, faisceau pyramidal croisé, faisceau de
Goll, faisceau de Burdach, faisceau fondamental antéro-latéral, faisceau de
Gowers, faisceau cérébelleux direct, chacun, dans la traversée bulbaire, se
comportant d’une façon qui lui est propre (voy. les Tiw,liés d'anatomie). La
substance grise de la moelle épinière f corne antérieure et corne postérieure)
passe aussi dans le bulbe, mais en subissant, comme la substance blanche,
des transformations profondes, dont le résultat est précisément la formation
des noyaux bulbo-protubérantiels (voy. plus bas p. 548).
b) Parties propres au bulbe. — Les parties qui appartiennent en propre au
bulbe, formées à la fois par de la substance blanche et de la substance grise
544 CENTRES NERVEUX
IP externe
P interne
S lat de listhme
N du Pont
.... Haptié
F pyramidal
Trijumeau- - - Trijumeau
Fig. 141
La protubérance annulaire vue en coupe frontale (schématique).
Fig. 142.
Coupe transversale du pédoncule cérébral et des tubercules quadrijumeaux.
Dans le pied du pédoncule : ci, partie externe, formée par les fibres cortico-protubérantielles
postérieures et comprenant, au voisinage du locus niger, en a’, un petit faisceau sensitif pro¬
venant du ruban de Reil ; l>. partie moyenne, contenant le faisceau pyramidal mélangé aux
fibres cortico-protubérantielles antérieures ; c. partie interne, formée par le faisceau géniculé,
mélangé lui aussi aux fibres cortico-protubérantielles antérieures.
Fig. 143
La décapitation des cornes antérieures et des cornes postérieures
(à lire de bas en haut)
550 CENTRES NERVEUX
tant lu base ; une partie antérieure, représentant la tête. Or, ces deux par¬
ties, ainsi séparées l’une de l’autre, ne se réuniront pas à nouveau. Elles
resteront distinctes jusqu’à leur terminaison dans le pédoncule cérébral.
Un peu plus haut, mais toujours dans le bulbe, l’entrecroisement du
ruban de Reil (entrecroisement sensitif) décapite de même la corne posté¬
rieure, qu’elle divise en deux parties : une partie postérieure ou externe,
représentant la tête* ; une partie antérieure ou interne, représentant la base.
Ici encore les deux parties ne se rejoindront plus. Elles resteront distinctes
jusqu’à leur terminaison.
Ces quatre colonnes grises, provenant de la décapitation successive de la
corne antérieure et de la corne postérieure, conservent pendant quelque
temps encore (jusqu’au milieu du bulbe) leur situation respective. Mais la
formation du quatrième ventricule, qui n’est que l’agrandissement et l’éta¬
lement en surface du canal de l’épendyme, vient bientôt modifier cette
situation. — La base de la corne antérieure qui, dans la moelle, est située
en avant et en dehors du canal épendymaire, conserve ses rapports avec la
ligne médiane : elle s’étale sur le plancher du quatrième ventricule, immé¬
diatement en dehors de la lige du calamus. Sa tète, naturellement plus
profonde, se trouve rejetée en avant et un peu en dehors. — En ce qui
concerne la corne postérieure, sa base qui, au niveau de la moelle, est placée
en arrière du canal de l’épendyme, se renverse en dehors et en avant, lors¬
que ce dernier commence à s’ouvrir et que les cordons postérieurs s’écartent
de la ligne médiane pour venir occuper une position latérale : tout en res¬
tant à découvert sur le plancher ventriculaire, elle vient se placer immé¬
diatement en dehors de la base des cornes antérieures et sur le même plan
qu'elles. Quant à sa tète, suivant elle aussi le mouvement général par lequel
les parties postérieures du bulbe se portent en dehors et en avant, elle se
déjette vers les parties latérales du bulbe : c’est elle qui, sous le nom de
tubercule cendre de Rolando, vient faire hernie pour ainsi dire sur la partie
externe du corps restiforme.
Chaque moitié du bulbe nous présente donc maintenant, au lieu et place
de la colonne grise centrale que possède la moelle, quatre colonnes dis¬
tinctes, deux motrices et deux sensitives, suivant chacune sur le point que
nous venons d’indiquer, un trajet vertical et parallèle : les deyx colonnes
dérivées de la base des cornes sont superficiellement placées sur le plancher
ventriculaire ; les deux colonnes représentant les têtes sont profondément
placées en avant des précédentes dans Eépaisseur du névraxe.
Survient alors un nouvel élément perturbateur de la substance grise spi¬
nale ; les fibres arciformes. Ces fibres qui, du corps restiforme, se portent vers
ISTHME DE L’ENCÉPHALE ET NOYAUX 13ULBO-PROTUBÉRANTIELS 551
la ligne médiane pour s’y entrecroiser, ne se contentent pas de passer à côté des
colonnes en question : elles les traversent, les interrompent dans leur con¬
tinuité et les divisent ainsi en un certain nombre de tronçons régulièrement
superposés, dans lesquels viennent se terminer ou prendre leur origine les
différents nerfs moteurs, sensitifs ou mixtes, qui émanent du bulbe et de
la protubérance. Ce sont là nos noyaux bulbo-protubérantiels et nous voyons
qu'ils se divisent, suivant leur provenance, en quatre groupes : 1° noyaux
dérivés de la base de la corne antérieure ; 2° noyaux dérivés de la tête de
la corne antérieure ; 3° noyaux dérivés de la base de la corne postérieure ;
4° noyaux dérivés de la tête de la corne postérieure. Les deux premiers groupes
sont moteurs, ils donnent naissance à des fibres motrices. Les deux autres sont
sensitifs, ils reçoivent les extrémités terminales des fibres sensitives.
Il suffit de jeter un simple coup d’œil sur notre planche XXXIII pour voir
les quatre colonnes que nous venons de décrire avec, pour chacune d’elles, sa
concordance avec la substance grise spinale et les différents noyaux qu’elle
forme, soit dans le bulbe, soit dans la protubérance :
a) La base de la corne antérieure (en rouge foncé, côté gauche de la
figure) forme, sur le plancher du quatrième ventricule et de chaque côté
de la ligne médiane : le noyau de l’hypoglosse d’abord (aile blanche interne),
puis le noyau du moteur oculaire externe (eminentia teres). Plus haut,
au delà des limites du quatrième ventricule et un peu en avant de l’aqueduc
de Sylvius, elle forme un nouveau noyau, d’où émergent à la fois, à sa
partie postérieure le pathétique, à sa partie antérieure le moteur oculaire
commun : c’est le noyau du moteur oculaire commun et du pathétique.
b) La tête de la corne antérieure (en rouge clair, côté gauche de la figure)
constitue tout d’abord le noyau ambigu, colonne mince et allongée, où pren¬
nent successivement naissance, le spinal d’abord, puis les fibres motrices
du pneumogastrique et, enfin, les fibres motrices du glosso-pharyngien ,
cette même colonne forme, par ses parties les plus internes, un noyau
accessoire pour l’hypoglosse. Au-dessus du noyau ambigu, mais dans la
même direction, la tête des cornes antérieures forme deux autres noyaux :
le premier, noyau du fadial, répond au plan de séparation du bulbe et de
la protubérance ; le second, noyau masticateur, se trouve situé en pleine
protubérance, un peu en arrière du point d’émergence du trijumeau.
c) La base de la corne postérieure (en bleu foncé, côté droit de la figure)
forme, tout d’abord, l’aile grise et l’aile blanche externe du quatrième ventri¬
cule, véritables noyaux sensitifs, où viennent se terminer : 1° dans l’aile
grise et successivement en allant de bas en haut, les filets sensitifs du pneu¬
mogastrique (nerf mixte), les filets sensitifs du glosso-pharyngien (autre
552 CENTRES NERVEUX
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
' »
l’un des muscles commandés par le nerf moteur oculaire commun (releveur de
la paupière supérieure, droit supérieur, droit inférieur, droit interne, petit
oblique et constricteur de l’iris) il arrive parfois qu’un seul de ces muscles soit
paralysé en même temps que les membres du côté opposé. Les ophtalmologis¬
tes ont assez souvent l’occasion d’oberver des exemples de ces variétés parcel-
4
laires du Weber. Cestan et Chenats ont rapporté l’histoire d’un malade qui
présentait, avec des phé¬
nomènes oculo-pupillaires
paraissant dépendre de
l’irritation du rameau for¬
mant la racine motrice du
ganglion ophtalmique
d’un côté (myosis, énoph-
thalmie, rétrécissement cle
la fente palpétrale et ptosis
léger) une paralysie des
membres du côté opposé.
Dans une observation pu¬
bliée par Grunes et Bar-
toletti, il y avait d’un
côté des troubles de la
motilité oculaire (ophtal-
moplégie interne avec
perle d’élévation, d’abais¬
sement et de convergence
du globe) et de l’autre, une
paralysie des membres su¬
périeur et inférieur. Schéma explicatif des hémiplégies alternes motrices.
La figure représente le trajet descendant du faisceau
b) Le syndrome de MU- pyramidal et du faisceau géniculé, s’entrecroisant le pre¬
mier en b, le second en a.
lard-Gubler est formé par Il suffit d’examiner ce trajet pour comprendre qu’une
lésion située en A, intéressant à la fois le faisceau pyra¬
l’association d’une para¬ midal et le faisceau géniculé au-dessus de leur entrecroi¬
sement, donnera lieu à une paralysie croisée de la face et
lysie nucléaire directe du des membres, tandis que, si elle est située en B, elle sera
suivie d’une paralysie nucléaire directe de la face et d’une
nerf facial avec une pa¬ paralysie croisée des membres.
Ballet etc). Dans quelques autres l’anesthésie faciale est associée à des para-
ly sies motrices des nerfs masticateurs, ou des nerfs de la VIe ou de la VIIe paire
(obs. d’HoppENHEiM, de Marie et Crouzon, etc). Dans une observation de Gellé.
l’atteinte de la VIIIe paire se révélait par de la surdité et des bruits subjectifs de
l’oreille du côté opposé à la paralysie des membres.
ring et des noyaux du pont sont demeurées très longtemps inconnues. Les
recherches dont ces organes ont été l’objet depuis quelques années ont four¬
ni des résultats importants que nous croyons devoir indiquer ici.
a) Noyau rouge. — Le noyau rouge a la forme et le volume d’un haricot.
Il est logé sous la calotte (tegmentum) de chacun des pédoncules cérébraux.
Sa coloration est d’un gris rougeâtre : on le distingue très nettement sur les
coupes transversales, par lesquelles dans les autopsies on a l’habitude de
séparer les hémisphères cérébraux des parties sous-jacentes des centres ner¬
veux. Ses connexions sont très complexes. Il est en rapport par un faisceau
dit mbro-coriical, avec l’écorce du cerveau ; par un faisceau ruhro-thalami-
ISTHME DE L’ENCÉPIIALE ET NOYAUX BULBO-PBOTUBÉRANTIELS 5131
ARTICLE IV
LE CERVELET
§ 1. - ANATOMIE
segments ou anneaux, ce qui l’a l'ait comparer à un ver à soie : c’est le verrais
supérieur. De chaque coté du verrais, noire face supérieure est représentée
par une surface plane, fortement inclinée en dehors et en bas. Ici encore, des
sillons plus ou moins profonds décomposent la surface cérébelleuse en un
système de lamelles minces et plus ou moins parallèles. Homologiquement,
le verrais représente le lobe moyen ; les parties larges situées à droite et «à
gauche du vermis représentant les lobes latéraux ou hémisphères.
b) Face inférieure. — Elle nous présente (lig. 146) : 1° sur la ligne médiane,
une grande scissure, la scissure médiane du cervelet, au fond de laquelle se
voit une saillie longitudinale, le vermis inférieur ; 2° à droite et «à gauche du
vermis, les deux hémisphères cérébelleux, affectant sur cette face une forme
franchement convexe. Rap¬
pelons que le vermis infé¬
rieur se termine en avant
par une extrémité allongée,
la luette, sur les côtés de
laquelle s’étalent en sens
horizontal deux minces la¬
melles en forme de crois¬
sants, les valvules de Tarin.
c) Circonférence. ■— La
circonférence du cervelet
est échancrée en arrière et
en avant : dans l’échancrure
postérieure se rencontrent et Fig. 145.
se fusionnent les deux ver- Cervelet, vu par sa face supérieure.
. „ , .1, face supérieure du cervelet. — 2, vermis supérieur. —
mis, On tonnant te vermis 3, lobule central, avec 3’, ses ailes latérales. •— 4, vermis
. postérieur. — 5, échancrure postérieure du cervelet. — 6,
postérieur ; de I échancrure 6, grand sillon circonférentiel de Vicq-d'Azyr. — 7, valvu¬
le de Vieussens. — 8, nerf pathétique. — 9, tubercules
antérieure partent les pédon- quadrijumeaux. — 10, glande pinéale, soulevée et érignée
1 en avant. — 11, coupe des pédoncules cérébraux. — 12, troi-
cules cérébelleux. De chaque sième ventricule,
côté de ces échancrures
médianes, la circonférence prend la forme d’un boni arrondi et mousse, for¬
tement convexe en dehors : sa partie la plus saillante constitue à droite et
à gauche, l'angle latéral du cervelet.
a) Sillons de premier ordre. —- Les sillons de premier ordre, les plus pro¬
fonds, décrivent pour la plupart, des courbes régulières à concavité dirigée
en avant et en dedans. Ils décomposent la masses cérébelleuse en lobules. De
ces lobules, on n’en décrit ordinairement que deux : 1° le lobule du pneumo¬
gastrique ou flocculus, couché sur le bord inférieur du pédoncule cérébel¬
leux moyen, en avant et au-dessus du pneumogastrique ; 2° le lobule rachi¬
dien ou tonsille, placé en arrière et sur le côté du bulbe, immédiatement au-
dessous de la valvule de Tarin correspondante.
b) Sillons de second ordre. — Moins profond, que les précédents, les sil¬
lons do second ordre décomposent chaque lobule en une série de segments
II
plus petits, aplatis et ados¬
sés les uns aux autres com¬
me les feuillets d’un livre,
ce sont les lames et les la¬
melles.
3° Constitution anatomi¬
que. — Vu sur des coupes,
le cervelet nous présente
une substance grise périphé¬
rique entourant une masse
E.BOULENAZ centrale de substance blan¬
Fig. 146.
che, au sein de laquelle on
Cervelet, vu par sa face inférieure.
(Le bulbe rachidien a été réséqué, pour laisser voir les portions aperçoit un certain nombre
de cervelet qu'il recouvre.)
1, face interne du cervelet. — 2, 2, grande scissure mé¬
de petits noyaux gris. Nous
diane, logeant le vermis inférieur. — 3, échancrure pos¬
térieure. — 4, éminence cruciale de Malacarne. — 5, luette. pouvons donc lui considé¬
— 6, grand sillon circonférenciel de Vicq-d’Azyr. — 7, lo¬
bule rachidien ou amygdale. — 8, lobule du pneumogas¬ rer les trois parties suivan¬
trique. — 9 quatrième ventricule. — 10. coupe de l’extré¬
mité supérieure du bulbe. — 11, protubérance annulaire. tes : 1° la substance grise
— 12, pédoncule cérébelleux moyen. — 13, nerf trijumeau
avec ses deux racines. périphérique ou écorce ; 2°
la substance grise centrale
ou noyaux centraux ; 3° la substance blanche.
a) Écorce. — Elle s’étale tout autour du cervelet, sous la forme d’une lame
grise fort mince, recouvrant régulièrement toutes les saillies et descendant,
sans s’interrompre, dans le fond des sillons. Elle forme au cervelet une enve¬
loppe à peu près continue : elle n’est interrompue, en effet, qu'au niveau de
la partie antérieure de l’organe, là où naissent les pédoncules.
b) Substance blanche. — Elle forme au centre du cervelet une masse volu
mineuse, le centre médullaire. De la périphérie de ce centre médullaire,
s’échappent des prolongements radiaires qui pénètrent dans les lobules,
CERVELET 565
dans les lames et dans les lamelles, formant ainsi des branches, des rameaux
et des ramuscules, disposition arborescente spéciale au cervelet et bien
caractéristique, que l’on désigne sous le nom d’arbre de vie.
c) Noyaux centraux. —- On désigne sous ce nom un certain nombre de
formations grises qui sont situées au centre du cervelet, à droite et à gauche
de la ligne médiane (lig. 147). Elles sont au nombre de six : trois de chaque
côté. Ce sont : 1° le corps dentelé (corps rhomboïdal, olive cérébelleuse), for¬
mé par une mince lame grise, irrégulièrement plissée, emprisonnant à son
centre une petite masse de substance blanche et ouverte en dedans en un point
appelé hile ; 2° les noyaux dentelés accessoires, situés en dedans du précé¬
dent, au nombre de deux, l’un externe ou embolus, l’autre interne ou nucléus
globosus, représentés cha¬ , N du. luit
cun par une petite colonne Noyau U l’ni rit’ i , N. glohulaia:
Vermis / / rEmbolus
de substance grise, dirigée supérior. / / /
ajouter des fibres internucléaires, reliant entre eux les divers noyaux de la
substance grise centrale.
b) Fibres extrinsèques, pédoncules cérébelleux. — Les fibres extrinsè¬
ques relient le cervelet aux autres départements du névraxe. Elles sont de
deux ordres : les unes, naissent dans le cervelet pom aller se terminer en
dehors de lui, ce sont les fibres efférentes ; les autres, tirant leur origine de
la moelle, du bulbe, de la protubérance ou du cerveau et venant se termi¬
ner dams le cervelet, ce sont les fibres afférentes. Qu’elles soient afférentes ou
efférentes, les fibres extrinsèques sortent toutes du cervelet à sa partie antéro-
inférieure, en formant par leur ensemble six gros faisceaux de (trois de chaque
côté), qui constituent les pédoncules cérébelleux. On les distingue, d’après
leur direction, en inférieurs, moyens et supérieurs.
a) Les pédoncules cérébelleux
inférieurs ou corps restiformes
descendent vers le bulbe et se
confondent, en apparence tout
au moins, avec les cordons pos¬
térieurs. Ils renfermerit deux
ordres de fibres : 1° des fibres
spino-cérébelleuses, reliant le
cervelet à la moelle ; parmi
elles, les fibres descendantes de
Makcjii ou, tout simplement,
fibres de Marché, en rapport
avec la motilité volontaire, se
terminant dans les cornes anté¬
Le cervelet et ses trois pédoncules, vue latérale. rieures ; 2° les fibres bulbo-
cérébelleuses, reliant le cervelet
au bulbe ; elles deviennent, au bulbe, les fibres arciformes, lesquelles se
terminent en partie dans l’olive, en partie dans les noyaux de Goll et de
burdach.
p) Les pédoncules cérébelleux moyens, sont deux cordons aplalis, à direc¬
tion transversale, occupant les parties latérales de l’isthme et unissant le cer¬
velet à la protubérance annulaire. Ils se composent de fibres nerveuses à
myéline, comme eux à direction transversale. Ces fibres sont de trois ordres :
1° fibres intercérébelleuses, disposées en anse, allant (par les deux pédoncu¬
les et par la protubérance) d'un hémisphère cérébelleux à l'autre ; 2° fibres
cérébello-protubéranticlles descendantes, allant de l’écorce.cérébelleuse (cel¬
lules de Purkinje) aux noyaux du pont ; 3° fibres cérébello-protubéranticlles
CERVELET 567
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
. ARTICLE V
CIRCONVOLUTIONS
ET LOCALISATIONS CÉRÉBRALES
[Planche XXXIV].
§ 1. - ANATOMIE
La surface des hémisphères, que l’on désigne sous le nom d’écorce (cortex)
ou de manteau (pallium), nous présente, comme on le sait, un système de
saillies fort irrégulières, que circonscrivent des dépressions plus ou moins
profondes et plus ou moins anfractueuses. Nous désignerons sous le nom
de lobes les divisions primaires des hémisphères cérébraux et appellerons
circonvolution (gyri), les saillies plus ou moins flexueuses qui entrent dans
la constitution des lobes. En ce qui concerne les anfractuosités, elles sont de
A. PITRES et L. TESTUT.
LES NERFS EN SCHEMAS.
PLANCHE XXXIV
S. DUPRET del.
G. DOIN éditeur.
CIRCONVOLUTIONS ET LOCALISATIONS CEREBRALES 571
deux ordres : les unes séparent les lobes, ce sont les scissures interlobaires
ou, tout simplement, scissures ; les autres séparent les circonvolutions, ce
sont les scissures intergyraires ou sillons. Ceci posé, étudions successivement,
sur les trois faces des hémisphères, les scissures et les lobes, les sillons et les
circonvolutions.
Fig. 149.
L'hémisphère gauche, ui par sa face externe avec ses différentes divisions
(schématique').
rieur de l’hémisphère.
Il est parcouru dans toute son étendue par un long sillon disposé en dia¬
gonale, le sillon interpariétal. Ce sillon commence, en avant, dans l’angle
que forment les deux scissures sylvienne et rolandique ; de là, il se porte
d’abord en haut ; puis, s’infléchissant en arrière, il se dirige vers la scissure
perpendiculaire externe. A noter que, au moment où il change de direction,
le sillon interpariétal laisse échapper on haut un prolongement ascendant,
qui se porte vers le bord supérieur de l’hémisphère.
Le sillon interpariétal et son prolongement ascendant décomposent le lobe
pariétal en trois circonvolutions, dites pariétales : 1° la pariétale ascendante
ou rétro-roi a indique, qui borde en arrière la scissure de Rolando et qui,
576 CENTRES NERVEUX
comme nous l’avon^déjà vu, s'unit, à l’une et à l'autre de ses deux extrémi¬
tés avec la frontale ascendante ; 2° la pariétale supérieure (ou lobule parié¬
tal supérieur), comprise entre la portion horizontale du sillon interpariétal
et le bord supérieur del’hémisphère ; 3° la pariétale inférieure (ou lobule
pariétal inférieur ou encore lobule du pli courbe), nettement délimitée, en
bas par la scissure de Sylvius, en avant par la portion ascendante du sillon
interpariétal, en haut par la portion horizontale de ce même sillon.
On donne le nom de pli courbe ffig. 151), à une circonvolution qui, par¬
lant. de l’extrémité postérieure du lobule pariétal inférieur, contourne en U
s l’extrémité postérieure du sillon parallè¬
le, pour venir se continuer avec la deuxiè¬
me temporale. De sa partie moyenne
s’échappe en arrière un prolongement
postérieur, qui vient se perdre dans le lobe
occipital. Il en résulte que le pli courbe,
avec son prolongement postérieur, est un
trait d’union entre les trois lobes pariétal,
occipital et temporal.
Fig. 153.
L'hémisphère gauche, vu par sa face interne, avec ses différentes divisions (schématique).
§ 5. - PHYSIOPATHOLOGIE
aux efforts combinés des médecins de tous les pays, la doctrine des localisa¬
tions cérébrales s’imposa, non pas seulement comme une hypothèse accep¬
table, mais comme une vérité démontrée.
Ce n’est pas que tous les problèmes relatifs au fonctionnement du cerveau
soient d’ores et déjà résolus. Nous ne savons encore rien des mécanismes
par lesquels s’opèrent les phénomèmes psychiques. Comment se forment les
représentations mentales ? Quel est le substratum organique de la conserva¬
tion et de la reviviscence des souvenirs, de l’association des idées, du juge¬
ment, de la conscience ? Nous l’ignorons. Ce que nous connaissons sur la
structure des centres nerveux et la physiopathologie des neurones permet
de penser que les lobes cérébraux reçoivent de la périphérie, par l’intermé¬
diaire de conducteurs à courant centripète, des impressions ; que ces impres¬
sions, après avoir pénétré dans le réseau très complexe des chaînes neuro¬
nales intra-cérébrales, se transforment en perceptions conscientes, suscep¬
tibles de reviviscence mnésique, et pouvant aboutir à des incitations motrices
volontaires projetées à l’extérieur par l’intermédiaire d’autres conducteurs
périphériques à courant centrifuge. En d’autres termes, nous connaissons
la porte par laquelle les matières premières entrent dans l’usine, et la porte
par laquelle en sortent les produits manufacturés ; mais les détails de la
fabrication de ces produits ont échappé jusqu’à ce jour à toutes les investi¬
gations. On remarquera, en effet, que ce qu’on appelle improprement
aujourd'hui les centres sensitifs et moteurs corticaux ne sont pas de vérita¬
bles centres d’activité autonome ; ce sont tout simplement les points où les
appareils périphériques de la sensibilité entrent en communication avec les
chaînes neuronales intra-cérébrales, et ceux où les chaînes neuronales intra¬
cérébrales s’articulent avec les appareils périphériques de la motricité. Aussi
les aires fonctionnellement différenciées de l’écorce cérébrale n’occupent-elles
que des portions relativement limitées des circonvolutions. De même que sur
les anciennes cartes géographiques étaient figurés, à côté des régions con¬
nues du globe terrestre, d’immenses territoires inexplorés, ainsi, sur la carte
topographique des localisations cérébrales existent encore de vastes nappes
dont les fonctions restent pour le moment indéterminées.
Ceci dit, voyons quels sont le siège et l’étendue des aires dites motrices et
des aires sensitives du cerveau humain.
3° Les aires sensitives. — Les aires sensitives, représentées en bleu sur les
schémas de la planche XXXIV, ne sont pas groupées comme les motrices sur
une seule circonvolution. Leur répartition sur le cerveau a été plus difficile à
reconnaître que celle des aires motrices parce que leur excitation électrique
ne donne pas lieu à îles réactions musculaires simples objectivement appré¬
ciables. Ce sont surtout les observations anatomo-cliniques qui ont permis
d’en fixer la topographie en démontrant que la destruction de certaines ré¬
gions limitées de l’écorce cérébrale est invariablement suivie de la perte isolée
de certaines perceptions sensitives ou sensorielles, toujours les mêmes pour
des lésions de même siège et de même étendue. Ainsi, les impressions pro¬
venant des nerfs centripètes périphériques, tout au moins les impressions
tactiles et kinesthésiques, paraissent avoir pour aboutissant commun l’écor¬
ce de la circonvolution pariétale ascendante et celle des portions contiguës
des lobules pariétaux supérieur et inférieur.
Les centres corticaux des organes des sens : odorat, goût, vue et ouie, décrits
plus haut à propos de chacun des nerfs correspondants, semblent siéger :
le premier dans le tiers antérieur et le second dans le tiers moyen des cir¬
convolutions de l’hippocampe et du corps calleux (voy. p. 79 et 208) ; le cen¬
tre visuel occupe, dans le Lobe occipital le fond et les lèvres de la scissure cal-
carine (voy. p. 92 et 99) ; enfin le centre de l’audition se trouve dans le lobe
temporal au niveau de la circonvolution temporale transverse et du tiers
moyen des circonvolutions T1 et TJ (voy. p. 187).
Tous ces centres correspondent aux points où les fibres nerveuses centri¬
pètes provenant des organes sensibles périphériques entrent en relation avec
les chaînes neuronales intra-cérébrales où les impressions se transforment
par un mécanisme qui nous est inconnu, en perceptions conscientes.
et, l’autre actif, ou pour mieux dire, chacun d'eux est alternativement passif
et actif : passif quand il reçoit les signes, actif lorsqu'il les émet. A chacune
de ces deux phases, correspond une forme élémentaire d’aphasie : l'une dite
sensorielle, de réception ou de Wernicke, dans laquelle le sujet a perdu le
pouvoir de reconnaître les signes conventionnels qu'on lui adresse, l’autre
motrice, d’émission ou de Broca, dans laquelle il est incapable d’émettre les
mots ou les signes susceptibles d’exprimer ses pensées. Dams la première, le
malade ne saisit .plus ce qu’on cherche à lui communiquer, mais il peut
parler librement ; dans la seconde, il a perdu la faculté de parler, mais il
comprend ce qu’on lui dit.
b) La fonction du langage est à la fois psychologique et physiologi¬
que. — L’étude des syndromes aphasiques a été poursuivie sans relâche depuis
un siècle par les médecins et les psychologues, car elle intéresse autant les
uns que les autres. L’émission et la réception des signes servant à la trans¬
mission des pensées impliquent nécessairement, en effet, la participation de
phénomènes d’ordre physiologique et d’ordre psychique. Le langage inté-
rieur est par essence une fonction intellectuelle utilisant les souvenirs des
objets auxquels nous pensons et des signes qui sont leurs substituts repré¬
sentatifs ; elle se passe toute entière dans les profondeurs de l’esprit. Mais le
lamgage extérieur est une fonction à la fois physiologique et psychologique :
elle est physiologique par les opérations sensorielles, qui nous permettent
de percevoir les signes émis par nos semblables, et par les actes de motricité
volontaire qui nous mettent en mesure d’exécuter les signes phonétiques
graphiques ou autres susceptibles d’être perçus par nos interlocuteurs ou
nos correspondants ; elle est aussi psychologique,.parce que l’usage d’un si¬
gne conventionnel suppose que le sujet qui l’émet en connaît la valeur, et que
le sujet qui le reçoit en comprend la signification. Or, connaître et com¬
prendre sont des phénomènes psychiques. Si jamais on arrive à saisir claire¬
ment le mécanisme des rapports existant entre le corps cl l’esprit, c’est vrai¬
semblablement dans l’analyse de la fonction du langage et de ses péri in ha¬
lions qu’on en trouvera la clé.
Avant d’envisager les perturbations de cette fonction, voyons le rôle qu’v
jouent respectivement, à l’état normal, l’intelligence, la mémoire et les appa¬
reils sensorio-moteurs.
La transmission d’une pensée par l’intermédiaire de signes symboliques
n’est pas une opération simple ; elle est l’aboutissant de plusieurs actes de
nature différente. Elle exige tout d’abord que le sujet émetteur A et le sujet
réce,pleur B aient assez d’intelligence : le premier pour concevoir l’idée à
transmettre, le second pour la comprendre. Elle exige, en outre, que A et B
588 CENTRES NERVEUX
Durant cette période de 40 années (de 1825 à 1805), qui sépare la publi¬
cation du premier travail de Bouillaud de celle des derniers mémoires de
Broca, la perte de la parole qu’on appelait alors l'aphémie ou l’alalie, était
seule envisagée. Bouillaud l’expliquait par la destruction d’un centre
coordinateur des mouvements de Varticulation ; Loiujat, qui avait une
autorité toute particulière pour donner son avis sur cette question, car il
avait été frappé à la suite d’un petit ictus apoplectique d’alalie temporaire,
l’attribuait à l’amnésie verbale. Il racontait, après sa guérison, que pendant
sa maladie il avait conservé le langage intérieur ; il pouvait coordonner ses
pensées, tracer par exemple dans son esprit le plan d’une leçon, mais il était
incapable, lorsqu’il voulait parler, d’évoquer le souvenir des mots aptes à
exprimer ce qu’il avait l’intention de dire. Broca pensait que, théoriquement,
l’aphémie pouvait être la conséquence ou bien d’un phénomène purement
intellectuel, la perte de la mémoire des mots, ou bien d’un phénomène phy¬
siologique, la perte du pouvoir d’exciter les mouvements coordonnés néces¬
saires à leur prononciation ; mais il n’osait pas prendre parti en faveur de
l’une ou l’autre de ces deux hypothèses.
A partir de 1865, le champ de l’aphasie s'élargit. Les belles leçons de
Trousseau mirent en relief la multiplicité de ses variétés cliniques ; on y
trouve des descriptions succinctes mais précises de la cécité et de la surdité
verbales, des paraphasses, de l’agraphie, des troubles concomitants de l’intelli¬
gence et de la mémoire d’évocation et de fixation ; elles contiennent le germe
de la plupart des idées qu’allaieint bientôt introduire dans la science les
recherchés de Bastian, Kussmaul, Baterxan, Broadbent, 11. Jackson, Boss,
Wernicke, Charcot, Lichteim, Dejerine, etc...
d) Théorie des quatre centres cérébraux du langage. — Sous l’influence
des travaux de ces auteurs l’hypothèse d’après laquelle le langage serait une
faculté indivisible, ayant un centre unique de coordination et de mémoire,
fut abandonnée. Le mot cessa d’être considéré comme une entité irréducti¬
ble. Il peut être prononcé et entendu, ou écrit et lu. L’entendre et le lire sont
fonctions de centres sensoriels adjoints aux centres sensoriels auditif et
visuel communs, mais non confondus avec eux, puisque les malades atteints
de surdité ou de cécité verbales entendent les bruits et voient le tracé des
lettres, mais ne comprennent plus la signification des mots parlés ou écrits.
Pareillement, les actes de parler et d’écrire sont fonctions de centres moteurs
adjoints aux centres communs de la motilité volontaire, mais non confondus
avec eux, puisque les malades atteints d’aphémie ou d’agrapliie pures n’ont
pas de paralysie des muscles des membres, ni de ceux du larynx et de la
langue. Oin en vint ainsi à distinguer dans les aphasies sensorielles ou de
5!)0 CENTRES NERVEUX
U
réception, deux variétés susceptibles de survenir isolément : la surdité et
la cécité verbales, et, dans les aphasies motrices ou d émission, deux autres
variétés cliniquement distinctes : l'aphémie et 1 ’agraphie ; et chacun de
ces quatre syndromes aphasiques parut avoir une localisation spéciale :
l’aphémie dans le pied de la 3e circonvolution frontale gauche, l’agraphic
dans le pied de la 2e circonvolution frontale gauche, la surdité verbale dans
la portion moyenne des ire et 2^ circonvolutions temporales gauches, la
cécité verbale dans le pli courbe gauche ou la région du lobe temporal située
un peu en avant de ce pli.
Mais les lésions strictement limitées à un seul de ces centres sont excep¬
tionnelles ; aussi les cas d'aphémie, d’agraphie, de surdité ou de cécité ver¬
bale pures, sont-ils très rares. Ordinairement plusieurs d’entre eux sont at¬
teints à la fois, le plus souvent à des degrés différents, et les multiples combi¬
naisons de leurs altérations rendent compte des formes complexes des syndro¬
mes aphasiques qu’on rencontre très fréquemment en clinique.
Aussitôt après que la fragmentation de la fonction du langage eut été
démontrée par des observations suffisamment précises pour ne laisser
aucun doute sur sa réalité, les médecins et les psychologues s’ingénièrent
à en trouver une théorie explicative. Celle qui parut la plus plausible est basée
sur l’hypothèse que les centres dont la destruction provoque la cécité et la
surdité verbale contiennent un groupe d appareils organiques affectés à l’en¬
registrement, la conservation, la réviviscence mnésique et la reconnaissance
des images sensorielles des mots, tandis que les centres dont les adultérations
déterminent l’aphémie ou l’agraphie renferment les images motrices suscep¬
tibles de déclancher les mouvements des muscles qui doivent se contracter
synergiquement pour articuler les mots ou les écrire. Cette théorie psycho-
physiologique qui semble de prime abord très conjecturale a bénéficié
largement de l’analyse faite par Wekmcke de la façon dont l'enfant apprend
à parler. A force d’entendre émettre autour de lui un même son verbal pour
désigner un même objet, il ne tarde pas à associer la perception de ce son à
l idée de l’objet visé. Plus tard la vue ou le simple souvenir de cet objet rap¬
pelle à son esprit le souvenir du son verbal qui en est le substitut. 11 com¬
mence alors à balbutier les mots représentatifs des objets qui lui sont fami¬
liers ; et peu à peu, par l’effet, d’expériences incessamment renouvelées, la
liaison entre l’objet ou son souvenir et le mot adéquat devient si étroite que
l’audition du mot évoque automatiquement le souvenir de l’objet, et la vue
de l’objet, le souvenir du mot correspondant et des incitations motrices né¬
cessaires à son émission phonétique.
LOCALISATIONS CÈKÊBKALES 591
e) I flaques dirigées contre les luises mêmes de la doctrine des quatre cen¬
tres: — La conception de la pluralité des centres corticaux du langage, exposée
par Charcot, en 1884, et vulgarisée par •plusieurs de ses disciples (Bernard,
1885, Ballet, 1888, etc.,) a été généralement acceptée dans ses grandes
lignes, sinon dans tous ses détails. Le centre verbo-graphique, par exemple,
a toujours été contestée, pour des raisons qui ne nous paraissent pas péremp¬
toires, par Wernicke, Dejerine, etc. De même, Wernicke, von Monakow,
etc., n’ont jamais admis la division de l’aphasie sensorielle en auditive et
visuelle ; pour ces auteurs, la surdité verbale serait toujours associée à un
certain degré de cécité verbale. Mais le fond même de la doctrine, c’est-à-dire
l’existence de deux formes élémentaires d’aphasies, l'une motrice, l'autre sen¬
sorielle, résultant : la première de la destruction du pied de la 3e circonvolu
lion frontale gauebe, la seconde des lésions des 1er et 2e circonvolutions tem¬
porales gauches était à peu près universellement lenue pour exacte.
Elle a été violemment attaquée, en 190fi, par l’un des neurologistes les plus
distingués de notre époque, le Professeur Pierre Marie, et soin élève Mou-
TIER.
L’aphasie, dit Pierre Marie, n’a rien à voir avec les fonctions sensorielles
ou motrices. Les images verbales n’existent pas ; on les a inventées par
hypothèse pour les besoins de la cause mais rien ne démontre leur réalité.
Il in’y a pas d’aphasie sans déficit global de l’intelligence. Ce déficit est plus
marqué dans le syndrome de Wernicke que dans celui de Broca, mais
il ne manque pas dans ce dernier. Les circonvolutions cérébrales ne pren¬
nent aucune part à la genèse des perturbations aphasiques du langage.
L’aphasie sensorielle de Wernicke résulte de lésions siégeant non dans les
circonvolutions temporales, mais dans la région lenticulo-striée de l’hémis¬
phère gauche ; l’aphémie de Broca dépend non de lésions corticales du pied
de la 3e circonvolution frontale gauche, mais de l’interruption d’un faisceau
rétro-capsulaire par lequel passent les libres se rendant aux noyaux des
muscles phonateurs (faisceau de l’anarthrie) ; s’il est respecté par les lésions
du quadrilatère lenticulo-strié qui provoquent les syndromes de l’aphasie
dite sensorielle, les malades présentent les troubles intellectuels de l’aphasie
de Wernicke, mais ils peuvent parler librement ; s’il est atteint, l’émission
de la parole est impossible. De là, la formule dans laquelle Pierre Marie
résume sa conception : Aphasie de Wernicke — anarthrie aphasie de Broca.
La Société de neurologie de Paris a consacré trois de ses séances de 1908
à la discussion de ces idées. Pierre Marie, Moutier, Souques, les ont expo¬
sées et soutenues ; Dejerine, Mme Dejerine, André-Thomas, Dupré1, etc., les
ont combattues.
592 CENTRES NERVEUX
etc. De même qu’à côté de la zone motrice commune se trouvent des centres
spécialisés d’où partent les incitations commandant les mouvements néces¬
saires à l’émission des signes verbaux, ainsi à côté des centres optiques et
acoustiques où sont perçues les impressions provenant de la rétine et de
l’organe de Corti, il existe des centres spécialisés où sont reconnus et iden¬
tifiés les signes servant à la réception du langage.
Le centre visuel de ces signes est localisé dans la région temporale au niveau
du pli courbe, et de la portion contiguë des circonvolutions temporales de
l’hémisphère gauche. Sa destruction donne lieu au syndrome de la cécité
verbale dans lequel les malades voient le contour des lettres et des mots,
mais n’en comprennent plus la signification. Par suite, ils perdent la faculté
de lire mentalement ou à haute voix, mais ils restent capables de compren¬
dre ce qu’on leur dit et de parler, et même d’écrire spontanément.
Le centre primaire acoustique se trouve, d’après les recherches de Fj.e-
LES NERFS EN SCHÉMAS
38
594 centres nerveux
ces destinées à déclancher leur émission. Sur ce point la doctrine des quatre
centres est positivement en défaut. Aux syndromes d’aphasie motrice et sen¬
sorielle il convient donc d’ajouter les syndromes d’aphasie amnésique d’évo¬
cation dont nous allons maintenant passer en revue les principales variétés
cliniques (1).
g) Les aphasies amnésiques d’évocation : dysmnésies et paramnésies ver¬
bales. — 11 faut entendre sous le nom générique d’aphasies amnésiques
d’évocation, les troubles du langage résultant (le la perte ou de la pertur ¬
bation de l'évocation mnésique des signes utilisés dans la transmission des
pensées. On en distingue deux variétés bien distinctes, qui sont : 1° la
dysmnésie verbale ; 2° la pai amnésie verbale.
«) Les sujets atteints de dymnésie verbale peuvent parler et écrire ; mais
dans le cours d’une phrase bien commencée ils sont subitement arrêtés par
l’oubli d’un mot. Ils creusent leur mémoire pour en retrouver le souvenir ;
s’ils n’y réussissent pas ils emploient des périphrases pour exprimer leurs
pensées. A l’un d’eux nous montrons un chapeau : je sais bien ce que c’est,
dit-il, c’est pour se couvrir la tête ; nous lui soufflons les premières syllabes
du mot cherché : c’est un cha..., un chap... Ah oui, s’écrie-t-il brusquement,
c’est un chapeau.
Chez quelques-uns de ces malades la dysmnésie porte uniquement ou d’une
façon très prédominante sur un groupe de souvenirs spéciaux, les substantifs
par exemple ; chez d’autres, sur les formes grammaticales qui réunissent
logiquement les termes des propositions ; ils parlent nègre : moi pas content:
moi souffrir tête (agrammatisme). Certains ont perdu le souvenir d’une ou
de plusieurs des langues qu’ils connaissaient précédemment ; ils parlent et
écrivent encore assez correctement celle qui leur est le plus familière — c’est
habituellement mais pas toujours leur langue maternelle — ils ont oublié
les autres (aphasie systématique des polygoltes).
P) Les sujets atteints de paramnésie verbale parlent avec volubilité en arti¬
culant les mots ; mais les paroles qu’ils prononcent sont inadéquates à leurs
pensées ; elles n’ont aucun sens ; elles n'appartiennent à aucun idiome con¬
tl) Ges syndromes ont été depuis longtemps signalés par de nombreux cliniciens, sous
les noms de paralaUc ou de paramnésie par Lordat, d'héiérophrasie par Moore, d’errru
nésie incoordonnée par Ch. Bastian, d’aphasie incohérente ou de jargonaphasie par divers
autres auteurs, et plus communément sous celui de paraphasie créé, en 1865, par A. de
Fleury pour désigner « une anomalie du langage, caractérisée par la perte du rapport
des mots à l’idée et résultant d'une erreur dans l’acte de la transmission de la parole
intérieure à -l’appareil d’articulation -des mots ». La nécessité d’adjoindre maintenant
aux troubles de la parole — seuls visés dans la définition de de Fleury — les déficits de
la mémoire et les troubles de l’écriture et de la lecture nous obligera à employer sou¬
vent par la suite, les termes de dysmnésie, paramnésie, paraphémie, paragraphie et pa-
ralexie dont la signification limitée ne prête pas à équivoque.
LOCALISATIONS CLKËlUiALES 597
nu. A l’un d’eux nous présentons une clef de porte : Ça, dit-il, c’est une
isabe, une hissé, une jrichi. Nous le prions de lire sur un journal les mots
Sociétés savantes : il articule sadorski sodarski. On comprend quelquefois ce
qu’ils veulent dire par la mimique et les gestes très expressifs dont ils accom¬
pagnent leurs discours ; mais par eux-mêmes ces discours constituent un
jargon absolument incompréhensible. C’est la jargonaphasie de certains
auteurs. La même incohérence se manifeste dans l’écriture spontanée qui est
formée par un assemblage confus de lettres et de syllabes dénuées de sens et
qu’on ne peut souvent même pas prononcer ; c’est la jargonagraphie des
mêmes auteurs.
A un degré moins avancé les malades articulent ou écrivent au milieu de
phrases correctes des mots corrects eux aussi mais inadéquats à la pensée que
le sujet veut exprimer ; on dit alors qu’il a de la paraphémie, de la paralexie
ou de la paragraphie suivant que ces désordres se produisent dans la conver¬
sation, la lecture ou récriture.
A l’autopsie des malades qui présentaient ces phénomènes on trouve géné¬
ralement de petits foyers de ramollissement siégeant dans ou sous l’écorce
du lobule pariétal inférieur ou du lobule de l’insula, lésions qui ont pour
effet d’interrompre plus ou moins complètement les voies de communication
entre les centres de Broca et de Wernicke demeurés intacts et les autres
régions du cerveau.
Sans contester l’exactitude des observations sur quoi repose la conception
des aphasies amnésiques d’évocation, plusieurs neurologistes les expliquent
autrement que par des troubles primaires de la fonction de la mémoire.
Ballet, Dejerine et d’autres n’y veulent voir que des formes frustes ou des
sequelles des aphasies motrices ou sensorielles. Nous ne pouvons nous rallier
à cette opinion, d’abord parce que la symptomatologie des aphasies par
défaut d’évocation des signes du langage diffère essentiellement de celle qui
caractérise les syndromes de Broca et de Wernicke, ensuite parce que les
lésions des premières ne siègent pas sur les mêmes points du cerveau que les
lésions provocatrices des aphasies d’émission ou de réception.
D’autres observateurs, comme le Dr Saint-Paul, partant de considérations
psychologiques très subtiles, font intervenir dans la pathogénie des para-
mnésies et des dysmnésies verbales, des perturbations du langage intérieur ;
mais alors même que les prémisses de leur théorie seraient bien fondées, il
n’en resterait pas moins que les phénomènes de dysphémie et de paraphémie,
de dyslexie et de paralexie, de dysgraphie et de paragraphie forment un grou¬
pe cohérent de perturbations du langage qui mérite de figurer dans la
nomenclature nosologique des aphasies sous le nom de syndromes amné-
598 CENTRES NERVEUX
ARTICLE VI
iution frontale ascendante et; en avant de cette circonvolution, les pieds des
trois circonvolutions frontales. En arrière, se trouveront la circonvolution
pariétale ascendante et, au-delà de cette circonvolution, les deux lobules
pariétal supérieur et pariétal inférieur. Quant à la scissure de Sylvius, elle
sera située (ligne sylvienne) un peu au-dessous de l’extrémité inférieure de
la scissure de Rolando.
ARTICLE VII
Les hémisphères cérébraux ont été comparés par Gratiolet à deux bour¬
ses de substance grise, ouvertes seulement à leur partie inférieure et interne.
C’est par cette ouverture, appelée hile de l’hémisphère, que s'engage le
pédoncule cérébral, amenant au cerveau les fibres nerveuses de la moelle,
du bulbe, du cervelet et de l’isthme. De ces libres, les unes, fibres directes,
se portent directement vers la substance grise de l’écorce ; les autres, fibres
ganglionnaires, se jettent préalablement dans des noyaux de substance grise,
qui sont situés au voisinage du hile sur le trajet même du pédoncule. Ces
masses grises, qui jouent à l’égard des fibres ganglionnaires le rôle de
noyaux d’interruption, sont désignées en bloc sous le nom de noyaux cen¬
traux des hémisphères.
§ 1. — ANATOMIE
Les noyaux centraux des hémisphères sont encore désignés sous le nom de
noyaux opto-striés. Ils se distinguent, en effet, en couche optique et corps
strié. Ils sont traversés de bas en haut par une lame très importante de
substance blanche qui provient du pédoncule cérébral, et qui constitue la
capsule interne. Etudions successivement :
1° La couche optique ;
2° Le corps strié ;
3° La capsule interne.
Ventricule latéral-
Noyau eau dé
Couche opticj
Tub ((uacl
Olande pinéale
Fig. 155.
Les noyaux opto-striés mis d’en haut, de chaque côté du ventricule moyen
et du septum lucidum.
son étendue par de la substance grise, revêtant partout sur les coupes un
aspect uniforme.
c) Connexions. — Le noyau caudé est en relation :
a) Avec le pédoncule cérébral, par des fibres (elles sont peu nombreuses,)
qui partent de sa face inférieure et traversent successivement la capsule
interne et le noyau lenticulaire ;
[j) Avec le noyau lenticulaire, par des fibres qui se portent obliquement
d’un noyau à l’autre (fibres lenticulo-siriées), en traversant la capsule in¬
terne.
y) Avec la couche optique (voy. Couche optique).
S) Avec l’écorce cérébrale par
des fibres, dites cortico-striées,
qui s’échappent du bord externe
de l’organe et, de là, rayonnent
les unes vers le lobe pariétal, les
autres vers le lobe frontal.
b) Noyau lenticulaire. — Le
noyau lenticulaire du corps strié
est situé au-dessous et un peu
en dehors du noyau caudé, en
plein centre ovale. 11 est allongé
d’arrière en avant, parallèlement
à la couche optique. Sa longueur
est de 5 centimètres.
a) Confirmation extérieure.
— Vu en coupe frontale, fil a
une forme nettement triangulaire.
Fig. 156.
Nous pouvons donc, en le consi¬
Figure schématique représentant les noyaux
dérant comme un prisme trian¬ oplo-striés et la capsule interne du côté
gulaire, lui décrire trois faces gauche, vus par en haut.
1, couche optique, vue par sa face supérieure.
(inférieure, interne et externe), — 2, noyau caudé. — 2’, sa queue, avec 2”, sa
portion réfléchie. — 3. noyau lenticulaire. — 4,
deux extrémités (antérieure et sa fusion avec la tête du noyau caudé. — 5,
pédoncule cérébral, avec ses fibres se dirigeant
postérieure) et trois bords. — La vers la capsule interne et la traversant. — 6, cap¬
sule interne. — 7, 7, 7, ses irradiations dans le
centre ovale, formant la couronne rayonnante.
face inférieure, repose, dans la
plus grande partie de son éten¬
due, sur le centre ovale du lobe temporo-occipital. Rappelons qu’elle est croi¬
sée obliquement, par la commissure blanche antérieure, qui s'v creuse
urne gouttière, le canal de la commissure grise. — La face interne ou mieux
supéto-interne, répond a la capsule interne, qui la recouvre en se fusionnant
604 CENTRES NERVEUX
avec elle. —La face externe est recouverte, de même, par une deuxième lame
blanche, qui est appelée capsule externe. Elle sépare le noyau lenticulaire
de l’avant-mur et de l’insula de Reil. — L’extrémité postérieure s’amincit
graduellement et se résout peu à peu en un certain nombre de prolonge¬
ments longitudinaux régulièrement superposés dans le sens vertical. —
L’extrémité antérieure, plus volumineuse, irrégulièrement arrondie, se
fusionne peu à peu, mais d’une façon très nette avec la tête du noyau caudé,
de telle sorte que les deux noyaux, ainsi réunis en un seul, forment dans
leur ensemble une sorte d’U couché (cr), dont les deux branches sont repré¬
sentées par l’un et l’autre noyaux, et la partie moyenne par la masse grise
qui les réunit à leur extrémité antérieure. — Quant aux trois bords, ils se
distinguent en supérieur, inférieur et interne. Ils ne présentent aucune
particularité intéressante.
b) Constitution anatomique. — Le inoyau lenticulaire, vu en coupe soit
frontale soit horizontale, nous présente une masse grise fondamentale, que
traversent de haut en bas deux lames blanches : l'une interne, la lame
médullaire interne ; l’autre externe, la lame médullaire externe. Ces deux
lames médullaires décomposent la masse grise du noyau lenticulaire en trois
segments nettement distincts : 1° un segment externe ou putamen, c’est le
plus foncé des trois, il a tous les caractères du noyau caudé ; 2° un segment
interne, c’est le moins teinté des trois, il est d’un gris pâle ; 3° un segment
moyen, dont la coloration tient le milieu entre celle du segment interne, et
celle du putamen. Ajoutons que le segment interne et le segment moyen
ont reçu, ensemble, le nom de globus palUdus. Au total, le noyau lenticu¬
laire se compose de deux portions, morphologiquement très différentes : une
portion externe de coloration relativement foncée, le putamen ; une portion
interne, beaucoup plus claire, le globus pallidus, ce dernier se subdivisant
lui-même en deux segments plus ou moins distincts.
c) Connexions. — Le noyau lenticulaire est en relation :
a) Avec le pédoncule cérébral, par des fibres qui le pénètrent au niveau de
sa face inférieure ;
f5) Avec le noyau caudé (voy. Noyau caudé, p. 602) :
Y) Avec la couche optique (voy. Couche optique, p. 600) ;
S) Avec l’écorce cérébrale, par des fibres dites cortiéo-lenticulaires ; ces
fibres se répartissent en deux groupes : les unes, formant le faisceau ascen¬
dant, s’échappent de la face supéro-interne du noyau pour se rendre au lobe
frontal et au lobe pariétal ; les autres, constituant le faisceau descendant,
partent du globus pallidus pour se porter dans les circonvolutions temporo-
occipitales.
NOYAUX ÔPTO-STRTÊS ET CAPSULE INTERNE 605
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
Souques, etc., ont mis hors de doute qu’il existe a côté et en dehors de
jour, sont sensiblement identiques à celles qu’on a rencontrées dans les cas
plus communs de chorée d’Huntington.
b) Le syndrome du pallidum a été surtout étudié par Ramsay-Hunt.
tons qu’il n’est pas seul chargé de ces fonctions. La paralysie agitante dont
les symptômes essentiels sont la rigidité des muscles et le tremblement,
s'accompagne souvent de lésions dégénératives, du noyau rouge de Stilling et
du locus niger de Soëmmering. Ces noyaux font donc probablement partie,
eux aussi, de l’appareil régulateur du tonus des muscles de la vie de rela¬
tion avec des attributions un peu différentes de celle du corps strié lui-même.
ARTICLE VIII
ARTÈRES DU CERVEAU
[Planche XXXVII}.
§ 1. — ANATOMIE
en dedans et, peu après son origine, s’unit avec son homonyme du côté
opposé à l’aide d’une anastomose transversale, de 1 à 3 millimètres de lon¬
gueur seulement, la communicante antérieure. — La cérébrale moyenne
ou sylvienne, se porte en dehors et disparaît bientôt dans la scissure de
Sylvius. — La choroïdienne antérieure, oblique en arrière et dehors, se
porte dans les plexus choroïdes des ventricules latéraux. — La communi¬
cante postérieure, enfin, se dirige en arrière et un peu en dedans, pour se
réunir à l’artère cérébrale postérieure et relier ainsi l’un à l’autre le système
carotidien et le système vertébral.
Il résulte de ces différentes anastomoses la formation, à la base du cerveau,
d'un circuit artériel entièrement fermé : c’est Yhexagone de Villis, ou plus
exactement Vheptagone de Villis, car le circuit en question possède, en
réalité, sept côtés. Il est constitué comme suit (PL XXXVII) : en avant,
par les deux cérébrales antérieures, unies l’une à l’autre par la communi¬
cante antérieure ; en arrière, par les deux cérébrales postérieures ; sur les
côtés, par les deux communicantes postérieures ou latérales.
Les différentes branches (et elles sont nombreuses), qui émanent du poly¬
gone de Villis constituent deux systèmes principaux destinés, le premier
aux circonvolutions cérébrales, le second aux noyaux centraux.
Cérébrale Cérébrale
postérieure antérieure
Cérébrale
antérieure f{„ Communie10
antérieure
A l/l V i L
\ë \ v
)\ ^ Cérébrale
i
fl i ■ Cérébrale
yij YnX
il
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moyenne Jp
M
antérieure
<£>
®r/
^ / ' s Jk O -
/1\ Carotide ' 1 JE. Communie"
s—V / \ interne ■ f postérieure
*nV 11 \ kl \ cx>'
JA/ J1 \ #[ \
Je tÿd
'^.Cérébrale
postérieure
\i Hexagone de W illis
son étendue. Chemin faisant, elle fournit trois ordres de branches : 1° des
branches ascendantes ; 2° des branches descendantes ; 3° une branche ter¬
minale.
a) Branches ascendantes. — Elles sont au nombre de quatre, savoir :
1° l'artère frontale inférieure, qui se détache de l'a sylvienne au niveau du
pôle de l’insula et qui se distribue, par trois ou quatre rameaux, à la troi¬
sième circonvolution frontale et à la partie moyenne de la deuxième fron¬
tale ; 2° l'artère frontale ascendante, qui se ramifie sur les deux tiers ou les
trois quarts inférieurs de la circonvolution frontale ascendante, ainsi que sur
le pied de la deuxième circonvolution frontale ; 3° l’artère pariétale ascen¬
dante, qui se ramifie de même sur les trois quarts inférieurs de la circon¬
volution pariétale ascendante ; 4° l’artère pai'iétale inférieure (souvent
confondue avec la précédente), qui ise distribue au lobule pariétal inférieur
et à la partie du lobule pariétal supérieur qui avoisine le sillon interpa¬
riétal. Ajoutons que ces quatre branches, dans le fond même de la scissure
de Sylvius, jettent un grand nombre de rameaux et de ramuscules sur les
circonvolutions de l’insula.
b) Branches descendantes. — Au nombre de trois, quelquefois quatre,
elles descendent sur le lobe temporal, pour se ramifier sur la première tempo¬
rale, sur la deuxième et sur une partie de la troisième. A noter que ses rami¬
fications les plus antérieures gagnent la face inférieure de l'hémisphère et
se terminent sur la pointe du lobe temporo-occipital.
c) Branche terminale. — Elle sort de la scissure de Sylvius au niveau de
son extrémité postérieure et se ramifie aussitôt sur le pli courbe (c’est l'artère
du pli courbe), à la partie la plus reculée du lobe temporal et à la partie
antérieure du lobe occipital.
Les artères des noyaux centraux, comme celles des circonvolutions, pro
viennent des trois artères cérébrales antérieure, moyenne et postérieure.
Elles se détachent tout près de l’origine de ces troncs, au voisinage du
polygone de Villis par conséquent.
620 CENTRES NERVEUX
4° Résumé. — Au total :
a) Le noyau caudé reçoit : 1° des
artères striées antérieures (pour
la tête), provenant de la cérébrale
antérieure ; 2° des artères striées
postérieures (pour la tête et la
queue), provenant, par les striées
internes et les striées externes, de
la cérébrale moyenne ou sylvienne ;
fi) Le noyau lenticulaire reçoit,
de la sylvienne, les artères striées
internes et les artères striées
externes, les premières pour le
globus pallidus, les secondes
pour le putamen.
v) La couche optique, enfin, re¬
Fig. 160.
çoit : 1° les artères optiques exter¬ Les artères des noyaux centraux, examinées
nes ou lenticulo-optiques, prove¬ sur une coupe de Flechsig (schématique).
a, a, noyau caudé ; b, noyau lenticulaire ; c. cou¬
nant (par les striées internes et che optique. 1, 1, artères striées antérieures. — 2,
artères lenticulo-striées. — 3, artères lenticulo-opti¬
les striées externes) de la céré¬ ques. — 4. artère optique inférieure ou interne. —■
5, artère optique postéro-interne. — 6, artère opti¬
brale moyenne : 2° les artères que postéro-externe.
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
(1) Ttr, Temporale transverse, petite circonvolution qui réunit, flans le fond de la
scissure sylvienne, la lre temporale à l'insula de Reil.
CHAPITRE VI
ARTICLE PREMIER
§ 1. — ANATOMIE
PLANCHE XXXVIII
ncnt des deux noyaux de Goll et de Burdach (noyaux terminaux des fibres
longues des racines postérieures des nerfs rachidiens). Il reçoit probable¬
ment encore un certain nombre de fibres additionnelles, qui ont leur ori¬
gine dans les divers noyaux terminaux des nerfs sensitifs bulbaires (pneu¬
mogastrique, glosso-pharyngien, vestibulaire et trijumeau) ; mais l’existence
de ces dernières fibres in'a pas encore été nettement constatée.
L’écorce cérébelleuse et les noyaux dentelés émettent à leur tour des fibres,
à trajet ascendant par rapport au cerveau, qui se jettent dans les pédoncules
cérébelleux supérieurs, s’entrecroisent sur la ligne médiane avec celles du
côté opposé et vont jusqu’à la zone sensitivo-motrice de l’écorce cérébrale,
soit directement, soit plutôt après interruption dans le noyau rouge de la
calotte et dans le thalamus. Cette voie cérébello-cérébrale est donc formée
par une série de neurones disposés en chaîne, qui réunissent, avec différents
relais, le cervelet au noyau rouge, le noyau rouge au thalamus et celui-ci
à l’écorce cérébrale. Quelle que soit la complexité de cette voie, van Gehucii-
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
Noyau roule
Noyau lenticulaire.T de la calotte
Noyau de Burdach
Bulbe
Noyau de Goll
. Faisceau cérébelleux
Moelle, vue posl DIRECT
PLANCHE XXXIX
ARTICLE II
§ 1. - ANATOMIE
Centre moteur du
Scissure interliémisphérique._ MEMBRE INFÉRIEUR CENTRE MOTEUR DD
MEMBRE SUPÉRIEUR
Ecorce cérébrale
Zone
d’origine
DU
FAISCEAU
GÉN1CULÉ
Moelle
Corps musculaires
C#
PLANCHE XL
envisagée dans son ensemble, comprend donc deux ordres de neurones : des
neurones centraux, qui relient l’écorce cérébrale aux noyaux d’origine des
nerfs moteurs ; des neurones périphériques, qui vont de ces noyaux aux
corps musculaires. Constatons, en passant, que les neurones périphériques,
en dépit du nom qu’ils portent, ont leur corps cellulaire, et même une partie
de leur cylindraxe, situés dans les centres nerveux. Bien que les fibres de la
voie motrice principale aient
toutes la même valeur morpho¬
logique, on les groupe d’ordi¬
naire en deux faisceaux : lu un
faisceau relativement petit, qui
se termine au bulbe, et qui est
le faisceau géniculé ; 2° un fais¬
ceau beaucoup plus volumi¬ N. masticateur.
a) Faisceau géniculé. — Le
Glosso pharyngien
faisceau géniculé, ainsi appelé
Pneumogastrique.
parce qu'il occupe, dans la cap¬
Grand hypoglosse.
sule interne, la région désignée
Spinal.
sous le nom de genou, est l’en¬
semble des fibres nerveuses
auxquelles est dévolue la fonc¬
tion de transmettre les incita-
lions motrices cérébrales aux
noyaux d’origine des nerfs mo¬ Mode de terminaison du faisceau géniculé
Ligne médiane. — limite du bulbe et de la
teurs bulbo-protubérantiels. moelle. — 1, 1, faisceaux moteurs gauche et droit,
avec : 2, 2’, faisceau pyramidal descendant dans la
Ces fibres proviennent de !a moelle. — 3, 3’, faisceau géniculé se terminant,
après entrecroisement sur la ligne médiane, dans
partie inférieure de la zone les noyaux moteurs bulbo-protubérantiels.
sensitivo-motrice de l’écorce,
c’est-à-dire du quart inférieur des deux circonvolutions frontale
et pariétale ascendantes et de l’opercule rolandique. De là, elles se portent
en dedans, puis en bas et en arrière pour gagner le bulbe.- Elles traversent
successivement pour se rendre à destination, le centre ovale, la capsule
interne, le pédoncule cérébral et la prolubérance annulaire. 11 est probable
que tout en haut, avant d’atteindre le bulbe, il envoie des fibres aux noyaux
de l’oculo-moteur commun et du pathétique.
Arrivé dans le bulbe (et peut-être même plus haut) le faisceau géniculé,
jusque-là plus ou moins compact, se partage en quatre faisceaux secondaires,
632 VOIES DE CONDUCTION CORTICO-SPINALES
PLANCHE XLI
§ 2. - PHYSIOPATHOLOGIE
Il a été expliqué plus haut comment, dans le long trajet que suivent les
incitations motrices volontaires pour se rendre de la région rolandique des
hémisphères cérébraux, d’où part l’ordre d’exécution du mouvement voulu,
jusqu'au muscle qui doit réaliser ce mouvement, deux neurones superposés
entrent en jeu (voir p. 526).
Les cellules mères du neurone central sont incluses dans la couche grise
des circonvolutions pré-rolandiques. Par leurs prolongements denditriques,
elles se trouvent en relation avec les terminaisons cylindraxiles des cellules
psycho-sensorielles, des régions voisines de l’écorce. Leurs axones démesu¬
rément allongés sont dirigés vers les parties centrales de la masse cérébrale.
Après s’être recouverts d’une gaine de myéline, ils forment les cylindraxes
des fibres nerveuses dont l’ensemble constitue les faiscaux pyramidaux, qui
se terminent dans les noyaux d’origine des nerfs moteurs bulbaires et rachi¬
diens.
Les cellules mères du neurone périphérique sont situées dans ces noyaux.
Par leurs dendrites elles s’articulent avec les terminaisons cylindraxiles des
neurones moteurs centraux. Leurs axones forment les cylindraxes des fibres
nerveuses qui sortent des noyaux d’origine des nerfs moteurs périphériques,
et s étendent sans nouveau relai jusqu’aux plaques motrices des muscles
qu’elles sont destinées à innerver.
636 VOIES DE CONDUCTION CORTICO-SPINALES
volontaire est conçu, délibéré et commandé par lui. S’il s’agit d’un mouve¬
ment très simple, comme par exemple la flexion d’un avant-bras sur le bras,
le cerveau envoie à la moelle par le faisceau pyramidal (voie centrifuge) l’or¬
dre de faire exécuter cette flexion avec une vitesse et une énergie détermi¬
nées. U ignore les muscles qui doivent entrer en action pour- cela ; c’est à la
moelle qu’il appartient de transmettre l’incitation voulue en la répartissant
comme i! convient aux fléchisseurs de 1 avant-bras et à leurs antagonistes. !1
surveille cependant la façon dont son ordre est accompli, et peut à tout ins¬
tant stimuler, modérer ou arrêter le mouvement en cours, car il est perpé¬
tuellement renseigné sur le degré de déplacement segmentaire des mem¬
bres et de tension tonique de leurs muscles par les impressions partant des
fuseaux neuro-musculaires et des terminaisons nerveuses contenues dans les
tendons et les aponévroses péri-articulaires, impressions qui remontent vers
la moelle par les voies de conduction centripète et parviennent dans le cer¬
veau où elles donnent lieu aux perceptions kynesthésiques.
Le cervelet est l’organe central de l’équilibration. A ce titre il joue un rôle
de tout premier ordre dans les mouvements complexes coordonnés comme
ceux de la marche, la course, le saut, la natation, etc. C’est aussi le cerveau
qui les déclanche et les surveille ; mais leur exécution régulière exige une
série d’actes réflexes, dont l’association harmonique est sous la dépendance
immédiate de l'appareil cérébelleux. Il faut, en effet, que dans tous ces mou¬
vements l’équilibre de la tête et du tronc soit incessamment maintenu, mal¬
gré le déplacement du centre de-gravité des corps. C’est au cervele,t qu’est
dévolue la fonction d’assurer cet équilibre : il dispose, à cet effet, de voies de
conduction cérébello-spinalcs et spino-cérébelleuses incluses dans les cordons
latéraux de la moelle et des innombrables centres de réflexion contenus dans
la colonne grise centrale.
CHAPITRE VII
S 2. - APERÇU HISTORIQUE
(1833 à 1841), Longet (1842), Pflüger (1853), presque toutes sur des ani¬
maux à sang froid, préalablement décapités ou dont la moelle épinière
était transsectionnée au niveau de la région cervicale, de façon à éliminer
toute ingérence de la volonté et de la conscience de nature à compliquer
ou obscurcir l’interprétation des résultats obtenus.
Elles ont établi un certain nombre de faits d’une importance capitale
dont les principaux sont les suivants :
1° Lorsqu’on irrite mécaniquement par la piqûre ou le pincement entre,
les mors d’une pince, ou bien chimiquement par l’application d’une goutte
de liquide acide ou caustique sur l une des pattes postérieures d’une grenouille
spinale — c'est-à-dire écérébrée par décapitation ou exérèse de l’encéphale —
cette patte exécute aussitôt un mouvement de retrait semblable à celui qui
se produirait sur un animal de même espèce dont les centres nerveux n’au¬
raient subi aucune mutilation. Si l’irritation est brusque, le mouvement die
recul quila suit est rapide et limité à la pâlie irritée ; si elle est forte et sou¬
tenue, la patte postérieure du côté opposé entre à son tour en action en se
portant vers le point excité, comme si l’animal voulait écarter de lui une
sensation pénible ; si elle est très intense et prolongée, les quatre membres
deviennent le siège de mouvements désordonnés ; enfin, si l’on plonge la
grenouille écérébrée dans un vase rempli d’eau, elle y exécute des mouve¬
ments coordonnés de natation jusqu’à ce qu’elle soit arrêtée par un obstacle
infranchissable.
2° Lorsque sur d’autres grenouilles on coupe les nerfs sensitifs ou les nerfs
moteurs des membres, à leur sortie des trous de conjugaison, les excitations
portant sur les téguments de ces membres ne sont plus suivies de réactions
motrices ; il en est de même si on désorganise la moelle épinière en la dila¬
cérant, avec une tige rigide introduite dans le canal rachidien.
Ces constatations expérimentales servirent de base à la célèbre définition
des réflexes donnée par Prochaska : impressionum sensorianun in motorias
reflexio, aux lois de Pflüger sur la localisation primaire, la bilatéralisation
LES NERFS EN SCHÉMAS 41
642 VOIES RÉFLEXES ET RÉFLECTIVITÉ
Les réllexes sont régis par des lois dont les principales sont formulées dans
les propositions suivantes :
1° Tout acte réllexe a pour organe un arc à trois segments, l'un centripète,
l’autre central, le troisième centrifuge, que l’excitation réllectogène doit
parcourir dans toute son étendue pour que la réaction finale ait lieu. Dès
lors l’interruption matérielle ou l’inertie fonctionnelle, soit du nerf centri¬
pète par lequel l’excitation pénètre dans l’arc, .soit du centre dans lequel elle
change de direction, soit du nerf centrifuge qui la conduit au point où doit
se manifester la réaction empêche nécessairement cette dernière de se pro¬
duire.
2U La nature du phénomène par quoi s’extériorise un acte réflexe dépend
des attributs fonctionnels du dernier neurone de l'arc centrifuge ; mais sa
qualité peut être de l’ordre dynamogénique ou inhibitoire, c’est-à-dire qu’un
réflexe moteur peut se manifester par une contraction ou un relâchement
musculaire, un réllexe vaso-moteur par une çonstriçtion ou une dilatation
des vaisseaux sanguins, un réllexe glandulaire par une exagération ou une
suppression de la sécrétion, etc...
3° Les réflexes ont avec la conscience et la volonté des relations différen¬
tes suivant la composition de leur arc diastaltique :
a) D’une façon générale, les réflexes dont l’arc est entièrement compris
dans les appareils neuro-musculaires de la vie animale sont conscients, en ce
sens que leur excitation initiale et leur réaction finale sont nettement per¬
çues. Ils sont aussi involontaires. Ils peuvent néanmoins être, dans une cer¬
taine mesure, réfrénés ou inhibés par un effort voulu d’attention expectante.
Un homme normal peut, par exemple, s’opposer au réflexe d’occlusion des
paupières succédant d’ordinaire à la titillation de leur rebord ciliaire ou au
passage rapide d'un corps étranger devant les yeux ; pour que l’occlusion
palpébrale ait sûrement lieu, il faut que l’excitation soit subite et imprévue.
C’est pour cela qu’on ne peut pas se chatouiller soi-même ; c’est pour la
même raison que la répétition monotone à intervalles rapprochés d’excita¬
tions identiques, par conséquent prévues, devient bientôt inapte à provo-
644 VOIES RÉFLEXES ET RÉFLECTIVITÉ
quel- les réactions auxquelles donnaient lieu les premières excitations qui,
elles, étaient imprévues.
6) Les réflexes viscéraux dont l’arc appartient exclusivement au système
sympathique sont toujours involontaires et la plupart du temps inconscients;
tels sont : les mouvements péristaltiques de l’estomac et de l’intestin, les
battements du coeur, les réflexes régulateurs de la pression sanguine, les
réflexes vaso-moteurs et sécrétoires. Cependant certains d’entre eux peuvent
être influencés par des excitations psychiques ou émotionnelles, exemples
la pâleur ou la rougeur du visage provoquées par la crainte ou la colère ; les
vomissements, les lipotymies, la diarrhée, la polyurie, l’horripilation, les
frissons et les tremblements émotifs, l’écoulement des larmes déclenché par
la nouvelle ou le souvenir d’événements douloureux, la sécrétion de la salive
ou du suc gastrique dans le repas fictif de Pavi.ow, etc.
c) Les réflexes qui participent à des fonctions mixtes, à la fois animales
et végétatives, telles que la respiration, et ceux auxquels prennent part des
muscles striés et des muscles lisses, comme les réflexes sphinctériens, sont
partiellement soumis et partiellement soustraits à l’action de la volonté. Ainsi
les mouvements respiratoires sont régis automatiquement par des actes
réflexes qui s’accomplissent régulièrement pendant le sommeil ou les états
comateux, alors que la conscience et les voletions font complètement défaut ;
pourtant nous pouvons, dans l’état de veille, ralentir ou accélérer à notre
gré le rythme de notre respiration. De même les sphincters anal et vésical
qui sont composés de muscles lisses, innervés par des filets du sympathi-
abdominal, et de muscles striés, innervés par des rameaux des nerfs rachi¬
diens provenant du plexus sacré, sont tenus habituellement fermés par la
contraction tonique, involontaire et inconsciente des premiers, mais peu¬
vent être ouverts par la contraction volontaire et consciente des seconds
lorsque nous éprouvons le besoin de déféquer ou d’uriner.
4° Le déclanchement d’un réflexe donné dépend beaucoup plus de la mo¬
dalité de l’excitation provocatrice que de son intensité ; exemples : les
réflexes cutanés sont plus facilement éveillés par l’effleurement ou le gratta¬
ge léger de la peau que par sa pression énergique sur de larges surfaces ; les
réflexes tendineux répondent plus particulièrement aux chocs ; les réflexes
pilomoteurs au froid ; les réflexes salivaires, au contact des corps sapides avec
la portion gustative de la muqueuse linguale, etc...
5° La vivacité et l’amplitude des réactions réflexes physiologiques sont
subordonnées à l’âge et dans une moindre mesure au degré de potentiel
énergétique des sujets au moment où on les explore ; ainsi les réflexes tendi¬
neux et cutanés très vifs chez les enfants s’atténuent généralement chez les
NOTIONS GENERALES SLR LA RÉFLECTIVITÉ 645
adultes et cessent de se produire chez les vieillards. Elles varient aussi chez
un même sujet en bonne santé, selon qu’il est reposé ou fatigué, après un
repas réconfortant ou une période de jeûne prolongé, excité par des impres¬
sions psycho-sensorielles agréables ou déprimé par des émotions morales
attristantes.
6° Certaines substances toxiques ou médicamenteuses agissent sur les
fibres sensitives ou motrices des nerfs, de façon à abolir temporairement
leur conductibilité, et, par suite, leur aptitude à participer à la production
d’acles réflexes. Ainsi, les solutions de cocaïne ou de ses dérivés, l’eucaïne, la
novocaïne, etc., injectées dans un cordon nerveux, y suspendent la transmis¬
sion des impressions dolorifiques ; d’où analgésie et consécutivement aré-
flexie de tout le domaine de distribution périphérique du nerf cocaïnisé. Le
curare provoque également l’aréflexie. car, en paralysant les plaques motrices
des muscles striés, il empêche les excitations réfïectogènes de se transmettre
aux agents contractiles qui devraient normalement réaliser la réaction réllexe.
D’autres substances introduites dans la circulation générale ont une
influence excitatrice ou modératrice sur la réflectivité des centres nerveux.
La strychnine, la toxine tétanique, le virus rabique, la brucine, la picro-
toxine, le venin de la salamandre terrestre, etc..., sont des stimulants des
centres réflexes médullaires, dont la morphine, le chloral, les bromures, les
stupéfiants, etc..., sont au contraire des modérateurs.
7° L’ischémie de la moel'e, qu’elle soit produite par la ligature de l’aorte
abdominale (expérience de Sténon), par des endarlévites oblitérantes, des
embolies capillaires ou toute autre cause, est suivie d’une perte complète et
presque immédiate de tous les réflexes dont les centres de réflexion se trou¬
vent dans les segments médullaires totalement anémiés.
8° Chez l'homme comme chez tous les animaux a sang chaud soumis à
l’anesthésie générale par les inhalations de chloroforme ou d’éther, les
réflexes cutanés disparaissent les premiers, puis les réflexes tendineux ; les
réflexes cardiaques et respiratoires ne s’éteignent qu’avec la vie ; les réflexes
intestinaux persistent quelque temps après la mort et peuvent se maintenir
plus longtemps encore en activité, si l’on entretient la circulation en pra¬
tiquant la respiration artificielle.
9° Quelle que soit la cause de la mort des vertébrés à sang chaud, les réfle¬
xes cutanés et tendineux sont abolis aussitôt que le sujet a rendu le dernier sou¬
pir ; or, à ce moment, les nerfs périphériques n’ont pas encore perdu leur
conductibilité, ni les muscles leur excitabilité à la percussion ou l’électrisa¬
tion. La perte immédiate post modem des réflexes cutanés et tendineux
646 VOIES RÉFLEXES ET RÉFLECTIVITÉ
lléch sseurs du pied eussent fourni dans l’intervalle plus de 2.000 contrac¬
tions successives. Donc la trépidation épileptoïde, la contracture permanente
et les réflexes tendineux ne sont pas des phénomènes de même nature et de
signification identique. Quoique leur association soit fréquente, ils ne relè¬
vent certainement pas de conditions pathogéniques identiques. Dans tous
les cas, l'argument tiré de leur subordination à l’hypertonie musculaire pour
affirmer ou nier l’intervention de la moelle dans leur production est inopérant.
Pour les mêmes raisons et pour d’autres encore on doit repousser l’opinion
des auteurs qui refusent d’admettre la nature réflexe des réactions muscu¬
laires provoquées par la percussion des tendons. Les muscles volontaires,
disent ces auteurs, sont excitables par la percussion directe ou l’élongation
brusque de leurs fibres. En percutant leur tendon on ébranle les fibres mus¬
culaires qui prennent insertion sur lui ; le muscle répond alors par une
contraction, sans qu’il soit nécessaire de supposer une intervention de la
moelle épinière. Mais en raisonnant ainsi on oublie que les réflexes tendineux
cessent de se produire après l’ischémie de la moelle (expér. de Sténon) et
immédiatement après la mort, alors que les réactions myo-mécaniques ont
encore conservé toute leur intensité ; que le temps perdu après l’excitation
directe du muscle est trois fois moins long qu’après la percussion de son
tendon ; que chez un grand nombre de malades, les ataxiques par exemple,
les réflexes rotuliens et achilléens sont abolis quoique les chocs frappés
directement sur le quadriceps crural ou le gaslro-cnéonien provoquent la
contraction de ces muscles.
Enfin, de très nombreuses observations anatomo cliniques démontrent que
la perte de tel ou tel réflexe donné, cutané, musculaire ou autre, peut être
la conséquence de lésions destructives très limitées siégeant dans le méta-
mère de la moelle dans lequel s’opère la conjonction des nerfs sensitifs et
moteurs intéressés à la production du réflexe envisagé, sans qu aucune
altération concomitante des faisceaux de conduction cérébro-spinale puisse
être invoquée pour expliquer sa perte. Tl faut donc admettre que la moelle
épinière est sinon le seul au moins le principal lieu de réflexion par lequel
les excitations passent des appareils sensitifs centripètes dans les appareils
moteurs centrifuges.
§ 5 - TONUS MUSCULAIRE
quelques détails l’état actuel de nos connaissances sur l’un des réllexcs les
plus communs et les plus intéressants, le réflexe du tonus musculaire, dont
le rôle est aussi important en physiologie qu’en pathologie. Nous envisage¬
rons, tout d'aLord, le tonus musculaire dans les conditions physiologiques.
Nous étudierons, ensuite, les perturbations diverses qu’il peut présenter
dans les conditions morbides.
relations avec le névraxe n’ont pas été interrompues, conserve son attitude
normale. La persistance du tonus étant subordonnée à la conservation de la
conduction dans les fibres nerveuses centripètes, dans les fibres nerveuses
centrifuges et à l’intégrité du tronçon de la moelle épinière dans lequel
s’opère la conjonction de l’appareil sensitif avec l’appareil de la motricité, il
n’est pas douteux que le tonus soit un phénomène réflexe.
Les expériences de sections multiples de la moelle à différentes hauteurs
démontrent, en outre, que la réflexion des excitations qui déterminent le to¬
nus peut se faire dans les divers métamères de cet organe. Cela ne veut pas
dire que les centres métamériques du névraxe soient absolument isolés et
indépendants les uns des autres • Nous verrons plus loin qu’ils sont reliés
entre eux par des faisceaux de libres infra-médullaires qui peuvent, à l’état
physiologique, associer plusieurs réflexes particuliers cri vue de l’accomplis¬
sement d’actes complexes adaptés à des buts définis, tels que ceux de la mar¬
che, de la natation, du vol, etc. Ils peuvent aussi être influencés par des exci¬
tations dynamogéniques ou inhibitoires partant du cerveau, du cervelet, de
la moelle ou des noyaux mésencéphaliques.
lion chez les animaux, interviennent avec les mêmes effets dans la pathogé¬
nie des aréllexies locales ou générales observées en clinique humaine. Et,
comme l’application d’une bande d’Esmarch, l’injection de quelques centi¬
grammes de cocaïne, cl même les inhalations de quelques bouffées de chlo¬
roforme ou d'éther ne mettent pas en péril la vie des malades, on doit
avoir recours à ces moyens lorsqu’on peut espérer établir, grâce à eux,
certains diagnostics difficiles.
rente, parce que, disait-il, dans l’état tonique toutes les fibres musculaires
ne se contractent pas simultanément ; la plupart se reposent pendant que les
autres, en pelil nombre, se contractent ; c’est pour cela que le tonus dépense
moins de force vive et peut persister plus longtemps que la contraction.
Pure hypothèse qui ne s’appuie sur aucune observation de fait.
D’autres auteurs, considérant que le tonus est provoqué et entretenu par
dis excitations minimales qui maintiennent le muscle en un état de contrac¬
tion incomplète, estiment que le peu d’intensité de sa cause et la faible dé¬
pense d’énergie qu’elle occasionne suffisent à rendre compte de l'infatigabi¬
lité de la réaction tonique. Le raisonnement paraît logique mais ce n’est
qu’un raisonnement ; avant d’en accepter la conclusion on souhaiterait
qu’elles fussent étayées par des expériences démonstratives qui n’existent pas
encore.
On tend dep\uis quelques années à expliquer le tonus et la contraction ac¬
tive des muscles par la différence histologique et fonctionnelle des éléments
contractiles contenus dans le tissu musculaire. Introduite dans la science en
1896 par Botazzi, cette théorie dualiste a été soutenue et brillamment déve¬
loppée par M"e Joteyko, chef du laboratoire de psychophysiologie de l’Uni¬
versité de Bruxelles, dans plusieurs travaux originaux et dans un volume sur
la fonction musculaire, édité par O. Doin en 1909. Les arguments et les faits
expérimentaux sur quoi elle repose peuvent être résumés en quelques lignes.
Les muscles de la vie de relations sont essentiellement composés de faisceaux
de fibrilles striées, mais ils contiennent aussi des lames de protoplasma non
différencié, ou sarcoplasma, qui enveloppent les faisceaux musculaires et
s’insinuent entre les fibrilles élémentaires où elles fournissent à l’examen mi¬
croscopique, sur des coupes convenablement fixées et colorées, des images
connues sous le nom de champs de Conheim. Les fibrilles striées sont évi¬
demment douées de contractilité, mais elles ne jouissent pas seules de cette
propriété. Sans parler des masses protoplasmiques amorphes de syncinium
qui forment les amibes, des leucocytes, des cils vibratiles, etc., les muscles
lisses de la vie végétative des vertébrés, qui ne renferment pas de fibrilles
slnées, sont cependant contractiles, mais leur contraction est plus lente, plus
soutenue que celle des muscles striés. On peut donc se demander si la fibrillj
striée des muscles de la vie de relation n’est pas un organe de perfectionne¬
ment lié à une modalité particulière de la contraction, la contraction à se¬
cousse brève et puissante, et si la fibre musculaire lisse n’est pas un organe
rudimentaire affecté à une autre modalité de la contraction, la contraction
1er te et soutenue.
Paitanl de celte idée directrice, on peut aussi présumer que des excita-
656 VOIES RÉFLEXES ET RÉFLECTIVITÉ
tions différentes sont susceptibles de provoquer dans les muscles striés volon¬
taires soit des contractions lentes d’origine sarcoplasmique, soit des contrac¬
tions brusques d’origine fibrillaire, et aussi qu’une même excitation peut dé
terminer à la fois les deux espèces de contraction.
Ceci dit, indiquons les principales observations de fait qui paraissent de
nature à confirmer la théorie nouvelle :
1’ Durant la phase embryonnaire de leur développement, les muscles des¬
tinés à devenir plus tard des muscles volontaires ne renferment pias encore
de fibrilles striées ; ils se contractent néanmoins sous l’influence d’excita¬
tions directes, mais leur contraction est lente comme celle des muscles lisses
chez l'adulte ;
2° Ranvjer a découvert que certains muscles des membres du lapin ont
une coloration blanchâtre pâle, tandis que d’autres sont franchement rouges.
Ceux-ci sont plus riches en protoplasma, aussi répondent-ils aux excitations
par des contractions plus lentes que les muscles blancs ;
3° D’une façon générale, le courant galvanique excite plus fortement le
sarcoplasma que les fibres striées ; c’est tout le contraire pour les courants
faradiques ;
4 Certaines substances toxiques, dont la vératrine est le type, agissent
électivement sur la contractibilité du protoplasma ; elles ont pour effet d’al¬
longer considérablement la durée de la phase de déconcentration de la se¬
cousse musculaire, sans modifier ni la rapidité ni l’amplitude des contrac¬
tions d’origine fibrillaire, comme si le poisson avait augmenté l’excitabi¬
lité de l’élément sarcoplasmique sans rien changer à celle de l’élément fibril¬
laire.
Les conclusions qui se dégagent de ces constatations n’ajoutent rien à ce
que nous avaient enseigné depuis longtemps les recherches de Helmholtz, de
5Tarey, de Ranvier, etc., sur la contraction volontaire des muscles de la vie
de relation. Il reste acquis que le tétanos physiologique est le résultat de la
fusion des secousses brèves des fibrilles striées, fusion qui détermine un rac¬
courcissement brusque et puissant, mais rapidement épuisable, par la fati¬
gue du muscle contracté. Par contre, elles jettent un jour imprévu sur la
nature intime du tonus qid serait dû, non pas comme on le supposait naguè
re, à la contraction incomplète des fibrilles striées, mais à la contraction lente
cl pratiquement infatigable du sarcoplasma.
Ajoutons que, d’après Langelaan, la première serait sous la dépendance
du système nerveux de la vie animale, la seconde sous celle du système sym¬
pathique.
TONUS MUSCULAIRE 657
lapin, un chien dont les lobes cérébraux ont été enlevés, fait quelques pas
lorsqu’on le tire de son inertie en le poussant en avant.
Après l’ablation des lobes cérébelleux, les animaux peuvent encore exé¬
cuter des mouvements volontaires, mais ces mouvements sont imprécis,
irréguliers, mal adaptés au but visé, dépassant ou n’alteignant pas exacte¬
ment le point voulu. Leur locomotion est mal coordonnée. Ils sont cepen¬
dant capables de se tenir debout et marcher.
La section de la moelle allongée dans la région pedoncuilo-protubéran-
tielle abolit tous les mouvements coordonnés de locomotion : le lapin ne peut
plus marcher, la grenouille ne peut plus nager, le pigeon ne peut plus voler.
Si le bulbe rachidien est coupé au niveau de l’émergence des nerfs de
la VIIIe paire, les mouvements respiratoires et les actes qui en dérivent :
cris, toux, etc., sont suspendus ; les animaux à sang chaud soumis à cette
mutilation succombent immédiatement à moins qu’on n’entretienne leur
vie par la respiration artificielle.
Enfin, après la transsection de la moelle épinière, toutes les parties du
corps dont les nerfs prennent leur origine au-dessous de la section, sont
complètement paralysés de la mobilité volontaire et de la sensibilité ; elles
restent néanmoins aptes à répondre aux excitations localisées par des réac¬
tions réflexes.
Tout n’est pas original dans l’œuvre de Flourens. Les médecins savaient
depuis Hippocrate que les lobes cérébraux sont les organes de l’intelligence
et de la volonté, et depuis Galien que la moelle épinière est le lieu de pas¬
sage des impressions sensitives et des incitations motrices ; Robert Wytt,
en 1777, Prochaska, en 1800, avaient commencé l’étude des réflexes médul¬
laires ; Legallois avait même constaté que les mouvements respiratoires
étaient régis, chez les mammifères, par un centre spécial situé dans le
bulbe, au voisinage de l’émergence des racines de la VIIIe paire ; mais on
ne savait rien de précis sur les fonctions du cervelet et l’on ignorait qu’il
existât, dans la moelle allongée, des centres d’associations présidant à l’exé¬
cution des mouvements coordonnés de la locomotion. Sur ces points, Flou¬
rens fut véritablement un initiateur. Ses successeurs immédiats : Longet,
Vulpian, et autres, répétèrent ses expériences sans y rien ajouter de nou¬
veau. Plus d’un demi-siècle s’écoula avant que Shérrington, reprenant la
question lui fit faire des progrès décisifs.
Flourens avait, en effet, démontré l’existence dans la moelle allongée de
centres coordinateurs des mouvements de locomotion, mais il n’avait pas
analysé leur mode de fonctionnement ; il n’avait pas recherché les causes
de leurs alternances et de leur rythme. C’est cette tâche que s’est imposée
(560 VOIES RÉFLEXES ET RÉFLECTIVITÉ
dérobent sous eux. Les abasiques peuvent bien se tenir debout ; ils peuvent
même progresser par petits bonds ou en se plaçant à quatre pattes en posi¬
tion genu-pectorale ; mais la marche normale leur est interdite. Ces faits dé¬
montrent à la fois l’importance et l’extrême complexité des appareils neuro¬
musculaires qui entrent en jeu dans les mouvements coordonnés de la loco¬
motion.
manifeste avec plus ou moins de netteté chez tous les sujets normaux ; il
est aboli chez les tabétiques et dans les membres paralysés des hémiplégi¬
ques et des paraplégiques, et, au contraire, exagéré chez. les parkinsonniens
et les athétosiques. Son exagération pure et simple suffît-elle à expliquer les
syndromes catatoniques et cataleptoïdes dans lesquels la position artificiel¬
lement donnée aux membres, persiste sans changement pendant plusieurs
minutes, parfois même, durant des heures entières ? nous ne le croyons
pas. A la vérité, le fait que ces singuliers phénomènes surviennent après
le déplacement passif des membres, permet de supposer que le réflexe toni¬
que de posture n’est pas étranger à la fixation initiale de ces derniers ; mais
la prolongation inusitée de l’attitude provoquée doit avoir d’autres causes :
et, si l’on considère que la plupart des malades, chez qui se produisent ces
syndromes, présentent des perturbations mentales, on est amené à penser
qu’une part de volonté ou plutôt d’aboulie, s’adjoint au réflexe postural
provocateur, pour déterminer la longue conservation d’attitudes souvent
incommodes et toujours inutiles.
Les réflexes protecteurs des organes des sens, les réflexes cardiaques, vaso¬
moteurs, pilo-moteurs, glandulaires et sphinctériens ayant été décrits dans
les précédents chapitres de cet ouvrage, nous étudierons seulement dans les
pages suivantes : 1° les réflexes cutanés ; 2° les réflexes tendineux , 3* les
réflexes ostéo-périostiques ; 4° les réflexes d’automatisme médullaire.
A) RÉFLEXES CUTANÉS
Les réflexes cutanés le plus souvent explorés en clinique sont les réflexes
plantaire, abdominal, crémasterien, fessier, bulbo-caverneux, anal, spinal,
scrotal, mamillo-aréolaire et quelques réflexes vaso-moteurs localisés aux
points d’excitation de la peau.
(1) Le frôlement du bord interne du pied donne quelquefois lieu à un réflexe différent
appelé réflexe d'adduction du pied. Décrit en 1903 et 1904 par FIirsberg et Rose. Négligé
par leurs successeurs il a été de nouveau étudié en 1910 par P. Marie et H. Meige, qui
l’ont observé chez un grand nombre de soldats porteurs de blessures de la tête, avec ou
sans fracture du crâne, et souvent sans lésions grossières du cerveau. La réaction qui le
caractérise est une contraction du muscle jambier postérieur dont l’effet est de porter le
pied en adduction et h le renverser en dedans en élevant son bord interne.
SÉMIOLOGIE DES RÉFLEXES (i/1
l’ont étudié sur des fœtus humains de 2 à 5 mois, expulsés avant terme ou
extraits de l’utérus maternel par des opérations césariennes ; ils ont tous les
trois constaté qu’il se faisait généralement en flexion, le gros orteil se fléchis¬
sant comme les autres ou restant immobile. Muggia, André Léri l’ont exa¬
miné chez des nourrissons de. 1 à 6 mois et chez des enfants de moins de 3
ans ; ils ont observé que pendant les six premiers mois qui suivent la nais¬
sance le gros orteil répond à l'excitation plantaire par un mouvement
d’extension. A partir de la fin du sixième mois et jusqu’à la fin de la troi¬
sième année il se modifie graduellement ; l’extension du gros orteil se trans¬
forme en flexion. Après la troisième année et pour le reste de la vie la flexion
simultanée des cinq orteils est la règle générale ; l’extension réflexe des
orteils ou seulement du gros orteil ne se produit plus que sous l’influence de
causes pathologiques.
c) Ses voies conductrices et ses centres de réflexion. — La voie centripète
du réflexe plantaire est fournie par les fibres sensitives des nerfs plantaires
interne et externe provenant du plexus sacré par le grand sciatique, le scia¬
tique poplité interne et le tibial postérieur.
La voie centrifuge emprunte, pour la réaction des orteils : les fibres motri¬
ces des mêmes nerfs qui animent les longs et courts fléchisseurs des orteils, et
pour la réaction du tenseur du fascia lata, le rameau inférieur du nerf fessier
qui se rend à ce muscle.
Les centres de réflexion médullaire se trouvent au niveau des IV et V seg¬
ments lombaires et des I et II segments sacrés.
d) Ses modifications pathologiques. — Le réflexe cutané plantaire peut
être affaibli, exagéré, croisé, bilatéralisé, dissocié ou inversé :
a) Il est affaibli dans les maladies générales entraînant une dépression de
l’excitabilité de la moelle. Il arrive assez souvent qu’il paraisse affaibli sans
l’être en réalité. Cela se produit notamment lorsque le pied des sujets exami¬
nés est très froid ou suant. Il sera facile d’éviter cette cause d’erreur en
réchauffant le pied refroidi ou en essuyant le pied couvert de sueur.
[}) Il est aboli dans les radiculites sacro-lombaires, les sections du tibial
postérieur, du sciatique poplité interne ou du tronc du nerf sciatique, les
polynévrites toxi-infeetieuses ou dyscrasiques intéressant le nerf sciatique ou
ses branches, les myélites, les compressions ou les néoplasmes du renflement
sacro-lombaire de la moelle épinière.
y) Il est exagéré des deux côtés lorsque la réflectivité médullaire est aug-
672 VOIES RÉFLEXES ET RÉFLECTIVITÉ
pour le moyen entre les VIIIe et X9, pour l’inférieur entre le IX6 dorsal et le
1er saci’é (Gottiiard, Suderberch).
Les réflexes abdominaux sont très souvent affaiblis ou abolis du côté para¬
lysé chez les hémiplégiques, dans les sections traumatiques ou spontanées
de la moelle et, dans les myélites transverses ou les compressions siégeant au-
dessus de la partie moyenne de la région dorsale du névraxe. Il manque aussi
assez souvent chez les diabétiques. Sa carence peut servir à déterminer le
siège en hauteur des lésions médullaires. Si les trois réflexes sont défaillants
la lésion se trouve au-dessus de la VIe paire dorsale, si le supérieur est aboli
et les deux autres conservés elle est située au-dessous de la VIIe paire dorsale,
si l’inférieur est seul aboli elle siège au niveau de la VIIIe ou de la IXe paire.
dès 1875 par Jastrowjtz et bien étudié en 1902 par Tozzi est caractérisé par
interne de la cuisse.
Très vif chez les enfants et les adolescents, plus faible et plus lent chez les
adultes, il fait défaut chez la plupart des vieillards.
Son centre de réflexion se trouve à la hauteur de la lre paire lombaire.
Aboli dans les lésions médullaires siégeant au niveau du renflement lom¬
baire, il est souvent affaibli du côté paralysé chez les hémiplégiques, chez les
impuissants génitaux et chez un bon nombre de diabétiques. Il est au con¬
traire exagéré dans la majorité des cas de névralgies sciatiques (Gibson).
Très vif chez les adolescents et les jeunes adultes le réflexe dartoïque s’atté¬
nue avec l’âge et disparaît chez la plupart des vieillards.
Il est aboli dans les lésions destructives du segment lombo-sacré de la
moelle.
B\ REFLEXES TENDINEUX
Bien qu’ils soient doués d’une sensibilité générale très faible, les tendons
des muscles volontaires sont entourés d’un riche réseau de fibres et de cor-
678 VOIES RÉFLEXES ET RÉFLECTIVITÉ
be un angle de 125 à 130 degrés ; puis après avoir repéré avec l'index de la
main droite la dépression existant entre la tubérosité du tibia et le bord! infé¬
rieur de la rotule il frappera un coup sec sur le milieu de cette dépression,
soit avec le bord cubital de sa main droite, soit, de préférence, avec un mar¬
teau à percussion.
Si le sujet n’est pas alité, on le fera asseoir sur une chaise, on le priera de
porter la cuisse d'un côté sur le genou de l’autre, et après avoir repéré la
place du tendon on frappera sur elle le coup destiné à déclencher le réflexe.
Cette position a l’inconvénient d’obliger le malade à changer la position de
ses membres inférieurs lorsque, après avoir exploré un coté, le médecin veut
explorer l’autre. Aussi sera-t-il préférable, toutes les fois qu'on le pourra, de
faire asseoir le patient sur le bord d’une table, ses deux jambes pendantes,
sans que les pieds touchent le sol, et de percuter successivement avec une
égale force le côté droit et le côté gauche.
11 importe de ne pas oublier que le réllexe rotulien peut, comme beaucoup
d’autres, être réfréné ou inhibé par la volonté ou par l’effet de l'attention
expectante. Pour se mettre à l’abri de cette cause d’erreur on devra avoir-
recours à des artifices. Le plus simple est celui de Jendrassik. : on demande
au sujet de joindre les doigts de ses deux mains fléchis en crochet et d’atten¬
dre pour essayer de vaincre la résistance du crampon formé par ce mode de
crochetage des doigts qu’on le lui commande ; l'ordre lui en sera donné à
l’improviste, au moment précis où l’on percutera le tendon. Kornig préfère
détourner l'attention du patient en lui disant de respirer profondément, les
yeux fixés sur le plafond ; Rosenbacju lui fait lire à haute voix quelques
lignes d’un livre ou d’un journal.
Son centre de réflexion se trouve dans le troisième segment lombaire.
b) Ses variations quantitatives dans l'état physiologique. — Elles ont été
minutieusement étudiées par Lombard, dont les recherches contrôlées ulté¬
rieurement par d’autres auteurs ont établi les faits suivants : Les réflexes
rotuliens sont plus vifs et plus amples le matin que le soir, après les repas
que dans les périodes d’abstinence. Les excitations sensorielles intenses,
comme l’audition d’une musique bruyante*à rythme entraînant, l’exagèrent ;
l’exercice musculaire modéré le rend plus fort, poussé jusqu’à la fatigue, d
l’affaiblit (Orchanski, Monrad Krohn) ; les émotions gaies augmentent son
intensité, les émotions tristes l’affaiblissent et peuvent même aller jusqu’à
l’abolir (Vogt). Neumann a constaté que pendant la grossesse et après les
couches les réflexes rotuliens étaient exagérés.
Toutes ces variations physiologiques sont bilatérales et égales des deux
côtés.
680 VOIES REFLEXES ET REFLECTIVITE
rieur.
voquée par la percussion de son tendon au-dessus de son insertion sur la tête
du péroné.
SÉMIOLOGIE DES RÉFLEXES 683
C) RÉFLEXES OSTÉO-PÉRIOSTIQUES
rew).
(1) On pourra être surpris de ne pas trouver ici la description du prétendu réflexe
du sous épineux dont l’exagération chez les tuberculeux constitue le signe de Collin.
La raison en est qu’il ne s'agit pas là d’un véritable réflexe mais d’une réaction myo-
mécanique du muscle sous-épineux devenu hypcrexcitable à la percussion directe comme
la plupart des autres muscles du thorax et des membres chez les phtisiques fébricitants
en voie de cachectisation. Cela n’ôte rien à la valeur clinique du signe de Collin ; cela
modifie simplement l’interprétation do sa pàthogénie.
686 VOIES RÉFLEXES ET RÉFLECTIVITÉ
Ce réflexe est très net dans les paraplégies avec contractures par lésions
organiques de la région dorsale et dans les myélites chroniques diffuses, sur¬
tout syphilitiques, atteignant les régions dorso-lombaire et sacrée de la
moelle.
mais il l’est par celle du nerf médian. Sa carence esl habituelle dans les para¬
lysies radiculaires supérieures du plexus brachial.
Son centre de réflexion se trouve à la hauteur des VIe et VIIe paires cervi¬
cales.
Tinel a observé son inversion unilatérale chez un sujet atteint de pachy-
a) Phase initiale. — Dans la phase initiale, dont la durée est de six semai¬
nes environ, la motilité volontaire et la sensibilité sont complètement abolies
dans toute la portion sous-ombilicale du corps. Les muscles sont mous, flas¬
ques, atones. Les réflexes tendineux et cutanés des membres inférieurs sont
abolis, hormis le crémastérieij qui est conservé dans un tiers des cas environ
et le cutané plantaire qui Lest beaucoup plus souvent (15 fois sur 16 d’après
Guillain et Barré). Ce dernier se fait tantôt en flexion, tantôt en extension
des orteils ; il paraît plus paresseux, plus lent qu’à l’état normal.
Du côté des réservoirs on note une rétention complète d'urines ; aucune
émission spontanée n’a lieu, même par regorgement : il faut absolument
sonder le blessé. Contrairement à ce qui se passe pour la vessie, il y a une
incontinence complète des matières fécales.
Les réflexes commandés par le grand sympathique sont en majeure partie
conservés : la régulation vaso-motrice s’effectue assez régulièrement,
bien qu'il se produise quelquefois de l'oedème des membres inférieurs dont
l’apparition n’est attribuable ni à l’état du cœur ni à celui des reins, et que
des eschares précoces se développent souvent au sacrum. La sécrétion sudo-
ralc est abolie ; les réactions pilo-motrices persistent.
muscles fléchisseurs des pieds et des jambes ; il s’étend ensuite aux adduc¬
teurs de la cuisse et aux extenseurs des pieds.
En même temps que s’opèrent ces changements dans la tonicité des mus¬
cles, les réflexes cutanés et tendineux qui étaient jusqu’alors abolis, renais¬
sent et les réflexes dits de défense font sournoisement leur apparition. Ils sc
manifestent par le double phénomène de la triple flexion du membre sur
lequel est appliquée l’excitation provocatrice, et de la triple extension des
segments du membre du côté opposé.
Analysons leurs caractères :
des après les Iranssections de la moelle épinière. Ils ont été minutieusement
étudiés sur les chiens par Shérrington dont les recherches ont abouti à la
conclusion qu’ils sont le résultat de la mise en jeu par voie réflexe des appa¬
reils d association intra-médullaire préposés à l’exécution automatique des
mouvements coordonnés de la locomotion. 11 convient de donner ici un ré¬
sumé des faits expérimentaux qui justifient cette opinion.
Lorsque sur un chien spinal, c’est-à-dire rendu paraplégique par une sec¬
tion transversale de la moelle dans les régions cervicale ou dorsale de la
moelle et rétabli des complications perturbatrices dépendant du choc opéra¬
toire, on irrite par le pincement ou la piqûre un point quelconque de la peau
de l’un des membres postérieurs, spécialement celle du pied, ou si l’on com¬
prime fortement les masses musculaires ou les os de ce membre, on constate
tout d'abord une flexion progressive du pied sur la jambe ; puis, une demi-
seconde environ plus tard, la jambe se fléchit sur la cuisse ; enfin, après un
intervalle de temps d’égale durée, la cuisse se fléchit sur le bassin. C’est là ce
que Shérringtomx appelle le stepping reflex (de to step, faire un pas). Si l’ex¬
citation est maintenue plus longtemps, les-trois segments du membre du
côté opposé se mettent successivement en extension ; c'est Je crossecl exten¬
sion reflex (de cros, croix, croisement). Ces deux réflexes représentent les
stades élémentaires des mouvements alternatifs de la marche durant lesquels
les trois segments d’un membre se fléchissent pour élever le pied au-dessus
du sol, tandis que les trois segments de l’autre membre s’étendent afin de sou -
tenir le poids du corps.
Comment ces mouvements se succèdent-ils régulièrement lorsque la
moelle épinière libérée de l’influence des centres encéphaliques est livrée
à ses seuls moyens d’action ? Voici l’explication qu’en donne l’éminent phy¬
siologiste anglais. L’excitation initiale provoque la flexion du pied correspon¬
dant par l’effel d’un réflexe ’externoceptif banal. Le déplacement du pied qui en
résulte déclanche alors, par lui-même, toute une série de réflexes proprio-
ceptifs en cascades, se commandant les uns les autres et déterminant succes¬
sivement, en passant par des voies d’association préétablies, la flexion de la
jambe sur la cuisse, de la cuisse sur le bassin, et l'extension des trois seg¬
ments du membre du côté opposé. Le stimulus initial traverse ainsi, en se
régénérant en quelque sorte à chaque étape, par un nouveau phénomène de
réflectivité, le cycle complet des chaînes neuronales affectées dans la moelle
à la coordination des mouvements de locomotion.
La succession et l’alternance de ces mouvements sont régies par la loi de
l’inexcitabilité périodique, d’après laquelle les muscles qui se contractent
rythmiquement cessent d’être excitables durant quelques dixièmes de secon-
REFLEXES D’AUTOMATISME MÉDULLAIRE 095
îlots de la substance grise ou des cordons blancs. Dans tous ces cas, les
réllexes défensifs se manifestent d’abord par des modifications qualitatives
de quelques réflexes physiologiques dont les réactions deviennent plus lentes
qu’à l’état normal en même temps que leur zone réflectogène s’étend au delà
de leurs limites habituelles et qu’au lieu de répondre uniquement aux exci¬
tations électives qui les éveillent chez les sujets normaux, ils se produisent
indifféremment sous l’influence de n’importe quel mode de sollicitation ; on
voit alors les réflexes tendineux déclenchés par le simple effleurement de la
peau, les cutanés après la compression des muscles des tendons ou des os.
Enfin, au fur et à mesure que les lésions s’accroissent les phénomènes de
triple flexion et de triple extension se manifestent, d’abord sous la forme
d’esquisse mono-segmentaire à peine appréciable, puis sous celle de mouve¬
ments amples, plurisegmentaires, nettement coordonnés, aboutissant au
crossed extension reflex.
Envisagés de ce point de vue, les réflexes défensifs expliquent la plupart
des anomalie-s de la réflectivité qui s’obsei’vent dans le cours des paraplégies
incomplètes causées par des lésions circonscrites de la moelle. Ces lésions
déterminent fatalement des interruptions dans les voies d’association servant
à la production des actes réflexes physiologiques ; elles soustraient partielle¬
ment les centres de réflexion qui se trouvent au-dessous d’elles à l’influence
régulatrice du cerveau et les laissent livrés au seul automatisme médullaire.
Aussi peut-on dire qu’en thèse générale le pronostic des paraplégies dépen¬
dant de lésions organiques de la moelle est d’autant plus sévère que les
réflexes de défense y sont plus nombreux et plus accentués.
TABLE DES PLANCHES
Préface... .. I-VI
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
NERFS CRANIENS
§ 2. Physiopathologie . 227
a) Le pneumogastrique de la vie de relation. 227
b) Le pneumogastrique de la vie organique. 232
c) Réactions pathologiques du pneumogastrique. 243
CHAPITRE III
NERFS RACHIDIENS
CHAPITRE IV
GRAND SYMPATHIQUE
CHAPITRE V
CENTRES NERVEUX
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
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