SES Chap 3 PDF
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Un marché peut présenter des défaillances, c’est-à-dire qu’il n’optimise pas l’allocation des
ressources. Elles ont 3 origines : les externalités, les biens non-excluables et les asymétries
d’informations.
I. Externalités
Externalités : Répercussion positive ou négative de l’économie d’un agent par l’action d’autres
agents, ceux-ci n’obtiennent ni indemnité ni compensation monétaire. Avantage ou désavantage
pour la collectivité mais pas d’influence pour l’agent.
Lorsque qu’une entreprise vend un produit, elle ne prend pas en compte le coût social (dégradation
de l’environnement). Coût social = coût privé (marginal) + coût externalité (valeur de la dégradation).
Si coût social > coût privé -> externalité négative. Les agents sont incités à consommer plus sans tenir
compte du coût caché, il y’a surproduction par rapport au vrai équilibre (par rapport à un même
prix). L’allocation est donc mauvaise.
Une externalité est dite positive si son bénéfice social > bénéfice privé. Par exemple, en utilisant les
transports en communs, les émissions des CO2 diminuent. Cependant l’agent ne touche aucune
contrepartie, il n’est donc pas incité à utiliser exclusivement cette option, les agents s’en détournent,
cela crée de cas de sous-production (pour un même prix). Si le prix était amoindri par l’effet positif
de cette externalité, les agents seraient attirés. L’allocation est donc mauvaise.
Qu’elles soient positives ou négatives, la présence d’externalités rend le marché défaillant car elle
n’octroie ni compensation ni peine monétaire.
Pour lutter contre ces externalités, l’Etat dispose de 3 moyens : la réglementation (contrainte
juridique), le marché de quotas (incitation par la quantité) et la taxe ou subvention (signal prix,
incitation par le prix).
Ce que l’on appelle le marché du carbone a été créé en 2005 par l’Union Européenne (Economic
Trade System, EU ETS), il s’applique aux grandes installations industrielles. Aujourd’hui, il couvre la
moitié des émissions européennes de CO2 et plus de 11 000 sites industriels. Le marché a su se
relever de la crise de 2008. Depuis 2021, nous entrons dans sa 4eme phase et ce jusqu’à 2030.
L’objectif est de réduire de 55% nos émissions de CO2 par rapport à 1990.
- Taxe : Dans un marché taxé, le producteur peut être forcé d’égaliser le prix et le coût social.
La taxe carbone de 2014 avait pour but de diminuer la demande et donc les émissions de
CO2 en fixant une taxe sur l’énergie fossile. Bien qu’elle eue un impact significatif sur la
demande, elle fut gelée en 2018 à la suite des Gilets Jaunes, défendant leur pouvoir d’achat.
Prix actuel 44€/t, au lieu de 86€. Recette de 9Md € en 2018. Un marché au lieu d’une taxe est
plus optimal car les échanges et plafonds garantissent un pallier maximal flexible. Prix
augmente, demande diminue.
- Subvention : Bonus vélo depuis 2017, aide offrant jusqu‘à 300€ pour tout achat de vélo
électrique. Cela a augmenté drastiquement la demande de ces produits, passant de 280 lors
de son entrée en vigueur à 660 en 2021, soit une augmentation de 235% en 3 ans. Les
utilisateurs sont récompensés pour l’utilisation de cette externalité positive, il n’y pas plus de
pénurie.
Conclusion I : Les mesures de l’Etat permettent d’internaliser les externalités et amener le marché
vers une situation d’équilibre. Qu’elles soient positives ou négatives, la présence d’externalités rend
le marché défaillant car elle n’octroie ni compensation ni peine monétaire.
- Biens communs -> rivaux : Sa consommation détint sur les autres consommateurs qui ne
peuvent pas le consommer. Ex : routes encombrées, pommiers.
- Bien collectifs -> non-rivaux : Sa consommation n’empêche pas la consommation par
d’autres agents. Ex : services (éclairage). Bien privé temporaire si celui-ci est breveté.
1. Surexploitation
Ces deux types de biens rendent le marché défaillant. En effet, on observe une surexploitation des
biens non-excluables. Comme personne ne paye, chacun souhaite en obtenir le plus, c’est la tragédie
des communs.
Tragédie des communs : Surexploitation des biens communs. Avec des ressources limitées, chacun
souhaite améliorer sa situation, conduisant à un profit sur le court terme pour une pénurie sur le
long terme. Suivant le principe du dilemme du prisonnier, individuellement, il faut profiter et
exploiter ces ressources, mais collectivement, il faut les préserver et utiliser avec parcimonie.
Situations Optimal Pareto.
Ex : Epuisement des ressources halieutiques (surpêche). Les zones de pêche sont réglementées mais
ouvertes à tous. Les ressources halieutiques sont des biens communs ; chacun doit pêcher le plus
pour avoir le plus de stock et vendre plus (Grands Bancs en 1970). Surexploitation -> Disparition, il
aurait valu diminuer l’offre et ou la demande.
Etant donné que l’on ne peut pas empêcher la consommation de ces biens, le secteur privé n’aurait
aucun intérêt à rejoindre le marché. Les biens privés (rivaux et excluables) amènent de la
concurrence et le producteur décide de son offre. C’est pourquoi l’Etat se charge exclusivement de la
production des biens collectifs et cela de 2 façons :
Afin de produire des biens collectifs et préserver les biens communs, il faut une coopération entre
Etats (marché de quotas). Or, certains agissent comme des passagers clandestins.
Passager Clandestin : Situation dans laquelle un individu obtient un produit gratuitement à l’aide du
payeur. Défaillance du marché car avec des agents rationnels personne ne fait le premier pas, ils
réagissent de la même manière. Ex : fraude, ne rien faire, services (éclairage : chacun souhaite
l’utiliser sans payer).
Conclusion II : La présence de biens collectifs sur un marché pousse les consommateurs à devenir
des passagers clandestins. Celle des biens communs pousse la surexploitation puis la disparition du
produit (tragédie des communs). Les biens non-excluables sont produits par l’Etat car les particuliers
ne peuvent en empêcher l’accès. Le marché est donc défaillant.
1. Sélection adverse
Sélection adverse : Situation dans laquelle l’agent non informé sélectionne les mauvais produits (ex
ante). Ex : marché des voitures d’occasion, théorisé par l’économiste américain Georges Akerlof (Prix
Nobel en 2001). Le demandeur n’est pas bien informé. Il homogénéise les offres, le prix proposé est
supérieur au vrai prix (x1,5), la plupart des offreurs sont satisfaits. Ceux ayant proposé un prix correct
quittent le marché, la moyenne diminue, excluant les offres les plus élevées. Progressivement, il ne
reste que les biens de mauvaise qualité, jusqu’à ce que les demandeurs s’en détournent (les bonnes
affaires sont rares), le marché disparait et il y a absence d’équilibre. Les demandeurs sélectionnent
donc des produits de mauvaise qualité par rapport au prix, ils sont victimes de sélection adverse.
« Les mauvais produits chassent les bons »
Les offreurs peuvent également être confrontés à de la sélection adverse. En effet, par exemple, les
assurances ne connaissent pas le profil de leurs clients. Certains peuvent être à risques et d’autres
pas du tout. Le prix de l’assurance est donc une moyenne des comportements, excluant
économiquement les individus les plus prudents (locataires, crédit).
2. Aléa Moral
Aléa moral : Situation dans laquelle un agent effectue une action nuisible et risquée car il se sent
protégé (ex post), pas de conséquence pour lui. Ex : En souscrivant à une assurance, l’individu est
susceptible de prendre les risques pour lesquels il est couvert (vigilance amoindrie). L’assurance ne
peut pas vérifier ou lui interdire ces comportements en tout temps (coûteux), elle est victime d’aléa
moral. L’expression « Too big to fail » est utilisée pour désigner les entreprises assurant un équilibre
de l’économie (banques/instituions financières) en faillite renflouée par l’Etat. Souvent en cas de
crise intense afin d’éviter une chute générale du système : Crise des Subprimes. Ici, les banques
prennent tous les risques pour obtenir une aide financière, leur survie est assurée. Contre un aléa
moral, on peut fixer une prime bonus/malus, réprimander ou impliquer l’agent (franchise).
Conclusion III : La sélection adverse pousse les agents à choisir les mauvais produits et à faire
disparaître le marché (ex ante). L’aléa moral pousse l’agent à prendre des risques car il est protégé
(ex post). Les asymétries d’information rendent le marché défaillant.
Bilan :
3 facteurs :
Externalité : Cause excédent ou pénurie sans sanction/compensation -> intervention État (quotas).
Biens non-excluables : Biens collectifs/ communs -> surexploitation -> produit par l’Etat.
Asymétrie d’information : Agent plus informé -> sélection adverse/ aléa moral -> moins d’échange,
disparition du marché -> bonus/malus.