HISTOIRE 11e LIVRE ELEVE th06 PDF
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PACIFIQ
LA DÉCOLONISATION
Indochine
OCÉAN Bangladesh
ATLANTIQUE
Pakistan
Inde
MER
MÉDITERRANÉE
Algérie
OCÉAN
INDIEN
Cameroun Kenya
OCÉAN
PACIFIQUE
OCÉAN
ATLANTIQUE
MER
MÉDITERRANÉE
OCÉAN
INDIEN
1858
Début du Raj
1776 1848 (Empire)
Déclaration d’indépendance 1830 Annexion des Indes -
des 13 colonies britanniques Prise d’Alger de l’Algérie domination
d’Amérique du Nord par la France par la France britannique
1760 1770 1780 1790 1800 1810 1820 1830 1840 1850 1860 1870 188
Désagrégation de
l’empire colonial
de l’Espagne et
du Portugal
84
AN
QUE
APPRENTISSAGES VISÉS
EN ÉTUDIANT CE THÈME, TU APPRENDRAS À :
Indonésie
– mettre en évidence le contexte qui a favorisé les mouvements
de revendication d’indépendance dans les colonies ;
– identifier les revendications et les arguments des peuples colonisés
pour demander l’indépendance ;
– distinguer différents modes d’accès à l’indépendance (en Inde,
en Algérie, en Indochine);
– identifier les acteurs de la décolonisation ;
– décrire les difficultés rencontrées par les nouveaux États
indépendants.
1947 1962
1887 Indépendance Accords d’Evian,
Union de l’Inde et du 1954 fin de la guerre
indochinoise- Pakistan Algérie d’Algérie
domination 1945 1954
française Indochine Accords de Genève,
fin de la guerre
1942
d’Indochine
Quit India
80 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990
Conférence Traité de Versailles. Création 1955
de Berlin : Création de la SDN. de l’ONU Conférence
organisation Congrès panafricain de Bandung
du partage de Paris.
de l’Afrique
85 85
6
La décolonisation
Même si la plupart des colonies d’Amérique ont acquis leur indépendance au début du XIXe
siècle déjà (Cuba en 1898), les grandes puissances coloniales continuent de se partager
le monde. C’est l’âge d’or de l’impérialisme en Afrique, en Asie et en Océanie.
Ainsi, la Grande-Bretagne a créé l’Empire des Indes, colonisé l’Australie et la Nouvelle-
Zélande ; la France occupe la péninsule indochinoise ; l’Indonésie constitue l’empire colo-
nial des Pays-Bas, soit les Indes néerlandaises. Les Philippines, brièvement indépendantes,
deviennent une colonie américaine en 1898, de même que l’île de Porto Rico.
Après 1880, les puissances européennes s’organisent pour se partager et coloniser pra-
tiquement tout le continent africain. La colonisation se termine juste avant la Première
Guerre mondiale : la Libye devient italienne en 1911 et le Maroc un protectorat de la France
et de l’Espagne en 1912. Seuls le Liberia et l’Abyssinie conservent alors leur autonomie.
En 1919, les traités de paix signés à Paris à la fin de la guerre reposent sur le principe des
nationalités : chaque nation a le droit de posséder un territoire. Or, les peuples colonisés,
dont les soldats ont pourtant participé à l’effort de guerre, en sont exclus. Des révoltes
éclatent dans les colonies et sont réprimées, mais les mouvements indépendantistes
subsistent.
Par la suite, l’influence de la révolution soviétique et les problèmes dus à la crise éco-
nomique de 1929 affaiblissent l’Europe et ses empires coloniaux. D’autres révoltes sur-
viennent pendant les années 1930, qui préparent l’indépendance des colonies.
La décolonisation
ROYAUME- URSS
UNI
FRANCE
ESPAGNE
TURQUIE
SYRIE CORÉE
ÉGYPTE ARABIE
SAOUDITE INDE
THAï. VIETNAM
YÉMEN
ÉTHIOPIE
MALAISIE
CAMEROUN
KENYA
INDONÉSIE
Conférence
ANGOLA internationale
de Bandung, 1955
MOZAMBIQUE
MADAGASCAR
NAMIBIE
2000 km
Décolonisation
Grandes puissances coloniales en 1945 de 1945 à 1955
Insurrections et guerres coloniales de 1956 à 1965
de 1966 à 1990
IMPÉRIALISME : volonté d’expansion d’un État qui cherche à étendre sa domination sur
d’autres régions. À la fin du XIXe siècle, l'impérialisme se caractérise par la domination
coloniale. C'est une forme de mondialisation.
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La décolonisation
OCÉAN
ATLANTIQUE OCÉAN
PACIFIQUE
OCÉAN
PACIFIQUE OCÉAN
INDIEN
87
6
2
Le vent du changement
Depuis la fin de la guerre, [...] nous avons vu l’éveil de la conscience nationale chez les peuples
qui, depuis des siècles, étaient colonisés. [...] Beaucoup de pays ont réclamé l’indépendance.
Aujourd’hui, la même chose se passe en Afrique. Le vent du changement souffle à travers ce
continent, et que nous l’aimions ou non, cette croissance de la conscience nationale est un fait [...].
Le monde d’aujourd’hui est divisé en trois groupes principaux. Tout d’abord, les puissances
occidentales, le Monde libre. Deuxièmement, les communistes – la Russie et ses satellites.
Troisièmement, les parties du monde dont le peuple n’est actuellement pas engagé ni pour le
communisme ni pour l’Occident.
Adapté de MacMillan (premier ministre anglais), discours devant le Parlement sud-africain, 1960.
4
Notre but, l'indépendance nationale...
« [ Nous attendons ] la reconnaissance de la nationalité algé-
rienne par une déclaration officielle abrogeant les édits, décrets
et lois faisant de l'Algérie une « terre française » en déni de
l'histoire, de la géographie, de la langue, de la religion et des
mœurs du peuple algérien. »
Interrogatoire de Mau Mau par des
Extrait du programme politique du Front de soldats et la police anglaise, Kenya
libération nationale (FLN), 1er novembre 1954. vers 1954,
88
La décolonisation
Face aux manifestations et aux attentats, ainsi qu’aux actions non violentes organisées
par Gandhi, le gouvernement anglais tantôt négocie avec les leaders indépendantistes,
tantôt les arrête.
hatma
Gandhi est appelé Ma qui
e en san skr it),
(grande âm
sig ne un sag e trè s estimé,
dé
usé ce
mais il a toujours ref
e. Il av ait un e pré férence
titr
(père
pour le nom de Bapu
ns plu sie urs lan gu es en
da
pour le
Gandhi en prison, Inde), souvent utilisé
caricature publiée dé sig ne r.
dans un journal
nationaliste en
Inde, 1932.
GANDHI (1869-1948) : issu d’une famille aisée, il fait ses études de droit en Grande-Bretagne.
En Afrique du Sud, puis en Inde, il agit pour la dignité humaine et la justice sociale.
NEHRU (1889-1964) : issu aussi d’une famille aisée, dirige le Parti du Congrès du peuple indien.
De 1947 à 1964, en tant que premier ministre, il dirige et organise l’Inde indépendante.
HINDOUS : adeptes de la religion hindoue.
VICE-ROI : représentant du roi d’Angleterre, gouverneur de l’Inde.
SÉDITIEUX : en révolte contre l’autorité.
89
6
8 9
La famine
« La grande famine du Bengale de 1943 est l’une des tragédies, un des
grands crimes, de la Deuxième Guerre mondiale. Elle fit au bas mot
3 millions de victimes et la responsabilité du gouvernement anglais,
dirigé par Winston Churchill, est écrasante. Elle est due principale-
ment aux réquisitions massives des ressources alimentaires et des
moyens de transport de cette province opérées par le colonisateur, qui
ne voulait rien laisser aux Japonais s’ils l’envahissaient ».
Mudhusree Mukerjee (historien), Le crime du Bengale :
la part d’ombre de Winston Churchill, 2015.
10
Résolution « Quit India »
[Le Parti du Congrès] pense que de récents évènements viennent de
démontrer clairement que la domination anglaise en Inde doit ces-
ser […] La fin de la domination britannique sur ce pays est donc une Zainul Abedin (1914-1976), peintre
bengali, La famine, 1943.
question vitale et primordiale ; de son dénouement proche dépendront
l’avenir de la guerre et le triomphe de la liberté et de la démocratie. […]
Dès la déclaration de l’indépendance de l’Inde, un gouvernement pro-
visoire sera formé et l’Inde libre deviendra l’alliée des Nations Unies,
partageant avec elles ses entreprises et ses épreuves, dans le combat
commun pour la liberté. […]
La Birmanie, la Malaisie, l’Indochine, les Indes néerlandaises, l’Iran et
l’Irak doivent également atteindre leur totale liberté.
Adapté de la Résolution « Quit India » (Quittez l’Inde) du Parti du Congrès, 8 août 1942.
entraîne
En 1939, l’Angleterre
gu erre et elle y
l’Inde dans la
e plu s de 2,5 mi llions de
recrut
40 00 0 d’entre
11 soldats. Mais
pri son nie rs de s Jap onais,
eux,
cam p et com-
changent de
batte nt les An gla is.
Fresque murale
représentant
le mouvement
Quit India,
1952.
90
La décolonisation
12 de s Ind es ,
Dè s 18 58 , l’E mp ire
j an gla is, prend la
Discours de Clement Attlee appelé aussi le Ra dominé
l’E mp ire mo gh ol,
suite de issant
« Une responsabilité croissante a été attribuée aux Indiens ns. Trè s pu
par des musulma e ric he et
pir
et, aujourd’hui, l’administration civile et les forces armées de 1550 à 1700, cet em ns ; ils y
indiennes sont dans une large mesure aux mains de fonction- les Eu rop ée
tolérant a attiré ptoirs de
naires et d’officiers indiens. Le gouvernement de Sa Majesté dé trè s tôt de s com
ont fon
étape vers la
pense que le moment est venu de faire passer la responsabi- commerce, première
colonisa tio n.
lité du gouvernement de l’Inde dans des mains indiennes. »
Déclaration du Premier ministre britannique, Clement Attlee,
à la Chambre des Communes, 20 février 1947.
La partition de l’Inde
L’antagonisme entre hindous et musulmans se développe pendant les années 1930. En
1947, lord Mountbatten, vice-roi anglais des Indes, est chargé de la partition de l’Em-
pire des Indes entre deux États : le Pakistan musulman (Pakistan actuel et Bangladesh)
et l’Inde. Cette division de l’empire entraîne de forts
déplacements de population. Ainsi, la plupart des hin- 13
dous vivant au Pakistan rejoignent l’Union indienne.
De même, de nombreux musulmans se dirigent vers le
Pakistan. Quinze à vingt millions de personnes quittent
ainsi leur domicile dans un climat de violence qui fera
de très nombreuses victimes.
Les deux États intègrent l’ONU, comme le feront après
eux toutes les colonies à leur indépendance. Ils sont
aussi membres du Commonwealth, organisation regrou-
pant la plupart des anciennes colonies anglaises.
Après l’indépendance, l’Inde n’est pas parvenue à dimi-
nuer les inégalités sociales, qui restent son plus grand
défi. Depuis 1992, par contre, la croissance de son éco-
nomie s’est accélérée.
Déplacement de populations
Musulmans
Hindous
Violences interconfessionnelles
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Une question ?
ESSAYER GRATUITEMENT
ANTAGONISME :
Une question ? opposition, conflit,
mésentente.
LORD MOUNTBATTEN (1900-1979) :
dernier vice-roi des Indes, il organise
la fin de la colonisation des Indes.
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6
15
En 1943, l’armée américaine est basée en Algérie, ce qui encourage les revendications.
« Le Président Roosevelt, dans sa déclaration faite au nom des Alliés, a donné l’assu-
rance que dans l’organisation du nouveau monde, les droits de tous les peuples, petits
et grands, seraient respectés. Fort de cette déclaration, le peuple algérien demande dès
aujourd’hui […] la condamnation et l’abolition de la colonisation. »
Ferhat Abbas, Manifeste du peuple algérien, février 1943.
À partir de 1954, l’Algérie est déchirée par une longue guerre d’indépendance. Les combats
des Algériens contre les Français se doublent d’une guerre civile. Les fellaghas combattent
les harkis. Les Français partisans de la domination coloniale organisent des attentats. La
Suisse, dans le cadre de sa diplomatie des bons offices, contribue aux négociations entre
les Algériens et le gouvernement français, qui accorde finalement l’indépendance à l’Al-
gérie, en 1962, après huit ans de guerre.
16 17
« En Algérie, des exactions nombreuses ont été commises hon-
teusement par l’armée française [...] Or les tortures ou actes de
barbarie commis par l’adversaire ne peuvent justifier ni les dépla-
cements de populations, ni les exécutions sommaires ou les viols,
ni l’institutionnalisation de la torture au sein de l’armée d’un pays
qui se proclame celui des droits de l’homme. [...] À mon retour,
comme la plupart des appelés, je m’étais réfugié dans le silence. »
Ugo Iannuci, Soldats dans les gorges de Palestro, 2001.
19
18
La terreur est l’arme principale du FLN (Front de libération
nationale) Les fellaghas tendent des embuscades, mas-
sacrent et s’enfuient. […..] Ils assaillent des fermes isolées,
égorgent les habitants, mettent le feu et disparaissent. […]
Ils lancent des grenades contre des écoliers pour obliger
leurs parents à respecter une grève scolaire […]
Adapté de « Peut-on traiter avec des assassins ? », Le Monde, 7 juin 1957.
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La décolonisation
20 L’Algérie en 1954
ARABES EUROPÉENS 21
Population 9 millions 1 million 27
Taux de natalité 45 ‰ 19 ‰
Taux de mortalité 14 ‰ 9‰
22
« L’Algérie nous coûte, c’est le moins qu’on puisse dire, plus
cher qu’elle ne nous rapporte. La France n’a aucun intérêt à
porter à bout de bras l’existence des populations dans une 5 juillet 1962 : Fête de l’indé-
pendance, devant le monument
Algérie qui n’offrirait rien en échange de ce qu’elle aurait à construit en 1930 à Sidi Ferruch,
demander. [...] C’est un fait : la décolonisation est notre intérêt par la France pour commémorer
et, par conséquent, notre politique ». la présence française en Algérie.
Discours du général de Gaulle, président de la France, 11 avril 1961.
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6
Après la capitulation japonaise, l’Indonésie et les colo- une organisation de résistants communistes. Les Fran-
nies françaises déclarent leur indépendance. Les Hol- çais bénéficient aussi de l’appui américain. En effet, les
landais tentent de reconquérir, en vain, leur ancienne États-Unis considèrent qu’il y a un « péril » communiste
colonie, car celle-ci, avec le soutien des États-Unis, en Indochine. Néanmoins, l’armée française est battue
parvient à conserver son autonomie. Au Vietnam, en en 1954, à Dien Bien Phu.
revanche, les colonisateurs sont confrontés au Vietminh,
25
24
Hô Chi Minh proclame l’indépendance du Vietnam
« Tous les hommes naissent égaux. Le Créateur [Dieu] nous a donné des droits
inviolables, le droit de vivre, le droit d’être libre […] ». Cette parole immortelle
est tirée de la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique en 1776.
Prise dans un sens plus large, cette phrase signifie : tous les peuples sur la
terre sont nés égaux ; tous les peuples ont le droit de vivre, d’être heureux,
d’être libres.
La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de la Révolution française
de 1791 proclame également : « Les hommes naissent et demeurent libres et
égaux en droits. » [….] Et pourtant, pendant plus de quatre-vingts années, Hô Chi Minh.
les colonialistes français, abusant du drapeau de la liberté, ont opprimé nos
compatriotes. […]
En automne 1940, quand les fascistes japonais, en vue de combattre les Alliés, ont
envahi l’Indochine, les colonialistes français se sont rendus à genoux pour leur livrer le
pays. Depuis, notre peuple a été littéralement saigné. Dans les derniers mois de l’année
passée (1944) et le début de cette année, plus de deux millions de nos compatriotes sont
morts de faim.
Adapté de Hô Chi Minh, Déclaration d’indépendance du Vietnam, 2 septembre 1945.
26 69), militant
Hô Chi Minh (1890-19
ist e ind ép en da ntiste, puis
commun
pu bli que démo-
fondateur de la Ré ipait déjà
du Vie tna m, pa rtic
cratique tions du
Re ve nd ica
à la rédaction des .
na mi te, en 19 19
peuple an
27
Sentiment des soldats français
« Il y a des heures où nous sommes si découragés que nous
avons envie de tout abandonner. Les postes toujours attaqués,
les routes toujours coupées, les convois que l’on doit obliga-
toirement escorter, les attentats contre les isolés, les coups de
feu dans toutes les directions chaque soir, et comme encoura-
gement, l’indifférence de la France. »
Lettre de Guy de Chaumont-Guitry, 17 juin 1947.
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La décolonisation
28
Prisonniers français
après la bataille
de Dien Bien Phu
(Vietnam), 1954.
La guerre américaine
Les Accords de Genève de 1954 devaient marquer la fin de la guerre d’Indochine. L’échec
de leur application renforce la division entre le Vietnam du Sud (capitale Saïgon) et le
Vietnam du Nord (capitale Hanoï). L’insurrection procommuniste soutenue par le Nord sert
de prétexte à un engagement des États-Unis. En effet, le président Kennedy veut éviter
la disparition d’un régime pro-occidental au Sud. C’est sous le président Johnson, dès
1964, que l’escalade du conflit s’accélère. Des bombardements massifs (deux fois plus de
bombes larguées que durant toute la Seconde Guerre mondiale), et jusqu’à 500 000 sol-
dats américains se battent sur le terrain : toute la péninsule indochinoise est à feu et à
sang. La guerre se poursuit jusqu’en 1974, date à laquelle les États-Unis sont contraints de
se retirer. Le Nord-Vietnam réunifie le pays en 1975 sous le nom de République socialiste
du Vietnam.
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Patrouille américaine
dans une plantation de
caoutchouc. Les soldats
avancent au milieu
des feuilles tombées
à cause du défoliant
(l’agent orange).
30
95
6
Gérer l’indépendance
31
« Nous sommes unis […] par la haine commune du colonialisme, sous quelque forme qu’il
apparaisse ; nous sommes unis par la haine du racisme et par la détermination commune
de préserver et de stabiliser la paix dans le monde […] [et contre] le colonialisme moderne
[qui] se présente aussi sous la forme du contrôle économique, du contrôle intellectuel et
du contrôle physique, exercé par une communauté étrangère à l’intérieur de la nation ».
Sukarno (président de l’Indonésie), discours d’ouverture de la Conférence de Bandung, 1955.
TURQUIE
JAPON
TUNISIE AFGH.
CHINE
MAROC IRAN
ALGÉRIE PAK.
LIBYE OCÉAN
ÉGYPTE ARABIE PACIFIQUE
SAOUDITE INDE BIR.
Guerre d’Indochine
AFRIQUE FRANÇAISE THAï.
SOUDAN
PHILIPPINES
LIBERIA SOMALIE
GHANA ÉTHIOPIE
Insurrection
OCÉAN communiste Guerre d’indépendance
indonésienne
INDIEN malaise
PAPOUASIE
INDONÉSIE
33
« Il y a aujourd’hui un autre esprit en Asie […]. L’Asie n’est plus passive […]. Il n’y a plus
d’Asie soumise, elle est vivante, dynamique […]. Nous sommes résolus à n’être d’aucune
façon dominés par aucun pays […]. Nous sommes des
grands pays du monde et voulons vivre libres sans recevoir
d’ordres de personne. Nous attachons de l’importance à
l’amitié des grandes puissances, mais […], à l’avenir, nous
ne coopérerons avec elles que sur un pied d’égalité. C’est
pourquoi nous élevons notre voix contre l’hégémonie et
le colonialisme dont beaucoup d’entre nous ont souffert
pendant longtemps.
Et c’est pourquoi nous devons veiller à ce qu’aucune autre
forme de domination ne nous menace. Nous voulons être
amis avec l’Ouest, avec l’Est, avec tout le monde. Le seul
chemin qui mène droit au cœur et à l’âme de l’Asie est
celui de la tolérance, de l’amitié et de la coopération. […] »
Zhou Enlaï (Chine), Sukarno (Indonésie) et
Nehru, discours de clôture de la Conférence de Bandung, 1955. Nasser (Égypte) , présents à Bandung, 1955.
96
La décolonisation
Bilan de la décolonisation
Environ 70 % de la population mondiale a un passé colonial, ex-colonisateurs ou ex-colonisés. La colonisation
et la décolonisation font partie des faits les plus importants de l’histoire mondiale.
Les écarts de développement entre les régions du 34 Écarts de développement entreeles pays les plus
monde ne cessent de s’aggraver entre les pays enga- riches et les plus pauvres au XX siècle
gés dans l’industrialisation et ceux qui sont restés à Source : Bouda Etemad, La possession du monde poids
et mesures de la colonisation, Bruxelles, 2000.
l’écart. Si on ne peut pas dire que la colonisation est
9
totalement responsable du creusement des inégalités,
il est en revanche certain que la décolonisation n’a pas 8
permis de les combler, au contraire. Durant les années
7
1960, on parle de « néocolonialisme » pour désigner
les formes nouvelles de domination économique et 6
culturelle qui se maintiennent après les indépen- 5
dances formelles.
4
0
XVIIIe s. 1880 1913 1950 1990
Pays les plus pauvres Pays les plus riches
L’Afrique à la traîne
Après cinquante ans d’indépendance, l’Afrique reste extrêmement fragile. Fortement
endettée malgré l’aide internationale, elle peine à concurrencer les pays d’Asie dans le
commerce des matières premières agricoles et minières. Le poids de l’explosion démo-
graphique et la corruption empêchent l’amélioration des conditions sanitaires et écolo-
giques. Les ressources sont accaparées par une minorité de la population, ce qui mine les
équilibres ethniques et politiques.
35
Un échec ?
L’accord est unanime sur un point essentiel et majeur : la plupart des institutions héritées
de la domination coloniale n’ont pas apporté la stabilité et encore moins le développe-
ment adéquat de la démocratie politique ou des richesses productives. Cela n’est pas
nécessairement une preuve de l’échec africain. Pour la plupart, ces institutions n’étaient
nullement conçues en fonction des problèmes réels de l’indépendance, ni des possibilités
de croissance à l’échelle nationale. Elles se fondaient sur l’espoir hypothétique que les
schémas parlementaires de style britannique ou français pourraient être repris par les
bourgeoisies naissantes et devenir les instruments stables et efficaces de l’essor capi-
taliste selon les principes de la libre entreprise. En bref, elles découlaient de la croyance
en la supériorité, manifeste et naturelle, de ces institutions.
Adapté de Basil Davidson, Le Monde diplomatique, 1970.
97