Définition(s) Comptable(s) de La Performance. Une Étude Du Travail de Présentation Et D'explication Des Directeurs Financiers
Définition(s) Comptable(s) de La Performance. Une Étude Du Travail de Présentation Et D'explication Des Directeurs Financiers
Définition(s) Comptable(s) de La Performance. Une Étude Du Travail de Présentation Et D'explication Des Directeurs Financiers
Juillet 2018
Définition(s) comptable(s) de la
performance. Une étude du travail de
présentation et d’explication des
directeurs financiers
Table des matières
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Introduction
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d’un grand nombre de tâches par la numérisation progressive de la fonction finance
(Warren, Moffitt, & Byrnes, 2015), c’est aux préparateurs qu’il revient de faire évoluer
leurs missions sans sacrifier la qualité de l’information financière qu’ils produisent.
Les directeurs financiers occupent donc une position cruciale dans ces rencontres, et
plus généralement dans la présentation et l’explication de la performance. La question
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que nous explorons dans ce rapport est la suivante : comment les directeurs financiers
présentent-ils et expliquent-ils la performance aux parties prenantes financières ?
Par cette question, nous cherchons à comprendre comment les directeurs financiers
communiquent sur les états financiers de l’entreprise et accompagnent, voire
complètent la diffusion des états financiers.
En nous intéressant aux rencontres des directeurs financiers avec les parties
prenantes financières, nous contribuons de trois manières à la compréhension des
tensions qui animent la communication financière aujourd’hui. Nous montrons que les
informations communiquées se concentrent sur les promesses de l’entreprise plutôt
que sur l’explication de ses états financiers. En ce sens, les rencontres entre les
directeurs financiers et les parties prenantes financières servent surtout à partager des
informations détachées des états financiers. Nous mettons en évidence que le travail
de présentation et d’explication de la performance des directeurs financiers ne
consiste pas simplement à délivrer ou à accompagner le reporting de l’entreprise. Par
ce travail, les directeurs financiers sont des agents actifs de la communication
financière qui construisent aussi la performance de l’entreprise par leur capacité à
rendre visible sa trajectoire, en plus de répondre aux attentes du référentiel IAS-IFRS.
Enfin, nous en déduisons des points d’attention pour le normalisateur comptable.
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Méthodologie de l’étude
Échantillon
Cette étude est basée sur la conduite de 25 entretiens avec des directeurs financiers
d’organisations canadiennes et françaises, ainsi que sur l’organisation de quatre «
focus groups » réunissant les praticiens interrogés.
Les entretiens se sont en général déroulés dans les locaux des directeurs financiers
interrogés, à l’exception de trois d’entre eux qui ont été organisés dans l’université des
auteurs. Les entretiens ont duré entre une heure quarante minutes et quatre heures
(durée moyenne de deux heures quarante minutes). Ceci nous a permis d’approfondir
autant que nous le souhaitions nos différentes questions.
Les directeurs financiers interrogés appartiennent à des organisations dont les sièges
sociaux sont basés au Canada ou en France. Les secteurs d’activité étudiés se
répartissent entre l’industrie – matériaux de construction, gestion des déchets,
aéronautique, imprimerie – et les services – banque, assurance, commerce et
transport principalement.
Les entretiens ont été organisés autour de la discussion de trois semaines de l’agenda
des directeurs financiers rencontrés. La collecte de données par agendas constitue un
bon moyen pour « capturer la vie telle qu’elle est vécue » (Bolger, Davis, & Rafaeli,
2003). Les agendas permettent en effet d’avoir une idée des tâches réalisées par les
directeurs financiers, des personnes qu’ils rencontrent et des lieux dans lesquels se
déroulent leurs activités.
Préalablement aux entretiens, nous avons demandé aux directeurs financiers de nous
faire parvenir trois semaines de leur agenda : une semaine de clôture comptable, une
semaine de budget et une semaine qu’ils considèrent comme « normale », c.-à-d.
représentative de leur fonction dans l’organisation. C’est à partir de ces agendas que
nous avons élaboré notre guide d’entretien. Les questions posées lors des entretiens
visaient à mieux comprendre les activités des directeurs financiers pour les trois
semaines sélectionnées. Après une brève description de leur carrière, du poste
occupé, de la structure de l'entreprise et de la direction financière, nous avons
demandé aux directeurs financiers de décrire en détail le déroulement de chacune des
activités inscrites dans leur agenda. Dans quelques cas, nous n’avons pas eu accès
aux agendas. Nous avons cependant procédé de la même manière, en demandant
aux directeurs financiers de nous raconter leurs journées de travail durant les
différentes périodes.
Pour chaque activité, nous avons demandé aux directeurs financiers de nous
énumérer les personnes présentes, les outils utilisés et les enjeux relatifs à la situation.
Pour chaque journée étudiée, nous leur avons aussi demandé de décrire les activités
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ou les tâches éventuellement non inscrites à leur agenda. À la fin de l’entrevue, nous
les avons invités à présenter les activités et tâches importantes qui n’avaient pas été
encore abordées dans l’entretien, car elles ne concernaient pas les semaines
étudiées. Pour chacune des activités, nous avons demandé, lorsque cela était
possible, à voir les documents ou les outils utilisés pour réaliser les tâches observées.
Cette méthode d’entrevue nous a permis de collecter des données concrètes sur
l’activité quotidienne des directeurs financiers, et notamment sur leurs relations, leurs
tâches et leur perception de leurs activités, afin de comprendre comment ils «
construisent » leur fonction (Wrzesniewski & Dutton, 2001).
En plus des entretiens réalisés, sept des directeurs financiers rencontrés ont participé
à quatre groupes de discussion. L’objectif de ces réunions était de permettre aux
directeurs financiers de discuter ensemble des enjeux auxquels ils sont confrontés et
des « bonnes » pratiques associées. Chaque participant a ainsi fait une présentation
autour de ces sujets. Les autres participants ont commenté ces présentations.
Finalement, les participants se sont mis d’accord sur un ensemble de « bonnes »
pratiques.
Les entretiens et les groupes de discussion ont été intégralement enregistrés. Les
participants et les chercheurs ont signé un accord garantissant la confidentialité des
renseignements obtenus. Les entretiens et les réunions enregistrés ont été retranscrits
afin de permettre l’analyse des données collectées. L’importance des relations avec
les parties prenantes financières a émergé de l’analyse des agendas comme une
dimension particulièrement importante et homogène du travail des directeurs
financiers.
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pas fait apparaître de différence significative entre les pratiques des directeurs
financiers français et canadiens pour ce qui concerne le travail de présentation de la
performance.
Dans la suite de ce rapport, nous partagerons les constats que nous permettent de
faire les données collectées, et notamment les problématiques communes aux
directeurs financiers, qu’ils appartiennent à des organisations françaises ou
canadiennes, qui ont émergé des entretiens. Nous étayerons les constats proposés
avec des citations tirées des interviews réalisées avec les directeurs financiers.
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Les représentations de la performance : entre fidélité et pertinence
Pour les entreprises, la comptabilité financière joue un rôle majeur dans la mesure de
leur performance. En interne, la mesure comptable de la performance permet
d’orienter les investissements, de repérer les domaines d’activité les plus intéressants
ou de distinguer les managers les plus efficaces. En externe, la mesure de la
performance permet aux banquiers et créanciers de savoir s’ils peuvent prêter à
l’entreprise, à l’État de mesurer les impôts qui lui sont dus, aux salariés de savoir s’ils
ont reçu leur part dans la valeur ajoutée et aux investisseurs, s’ils doivent investir dans
l’entreprise et si l’équipe dirigeante a été performante. Selon les parties prenantes
concernées, les définitions de la performance sont multiples. En interne, le triptyque
coût, qualité, délais est ainsi classique pour évaluer la performance opérationnelle. Le
retour sur investissement permet quant à lui de mesurer la performance opérationnelle
et de faire le lien avec les attentes des investisseurs ayant apporté des capitaux. En
externe, les conceptions de la performance sont pareillement multiples et varient en
fonction des références et des attentes des parties prenantes.
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indication de la mesure dans laquelle la direction s'est acquittée de ses responsabilités
en matière d'utilisation efficiente et efficace des ressources de l'entité. Les informations
sur la variabilité et les composantes de ce rendement sont également importantes, en
particulier pour apprécier l'incertitude liée aux flux de trésorerie futurs. Les informations
sur la performance financière passée de l'entité comptable et sur la façon dont la
direction s'est acquittée de ses responsabilités sont habituellement utiles pour prédire
les rendements que l'entité tirera de ses ressources économiques à l'avenir. (Cadre
conceptuel de l’IASB, OB 16)
[…] la mesure de la performance sous l’angle de la reddition de comptes est fondée sur
une analyse rétrospective et exhaustive des transactions [alors que] la mesure prédictive
de la performance exclura les transactions non-récurrentes car elles ne sont pas
associées à des flux de trésorerie futurs pérennes [ce qui nécessite] une sélection des
transactions pertinentes.
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être échangés sur les marchés. En dépit de son apparente clarté, la notion reste
néanmoins ambiguë en laissant penser que « la modélisation de l'entreprise pourrait
être objective, c'est-à-dire en correspondance avec un objet réel ; or l'entreprise n'est
pas un objet réel et sa modélisation est toujours dépendante […] de la subjectivité d'un
modélisateur » (Colasse, 2012).
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d’autres termes, ces recherches empiriques soulignent que bien que préparés selon
les mêmes normes globales, les états financiers restent difficilement comparables.
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contraire trompeuses et néfastes, en soulignant par exemple leur utilisation
potentiellement opportuniste afin de dépasser les attentes des analystes (Doyle,
Jennings, & Soliman, 2013) ou de performer des benchmarks de résultats (Isidro &
Marques, 2015). Quelle que soit la position adoptée face aux indicateurs alternatifs de
performance, leur importance ne peut être négligée. En effet, « l’information portée par
les IAP tend à supplanter l’information comptable, mais n’est pas compréhensible par
toutes les parties prenantes » (Escaffre & Kuszla, 2016, p. 27).
Cette tension entre fidélité et pertinence est intéressante au regard du travail des
préparateurs des comptes et de leurs enjeux. Elle s’observe tout particulièrement dans
le cas des directeurs financiers. Les directeurs financiers ont en effet vu leur pouvoir
s’affermir sur les grandes entreprises à mesure de leur financiarisation (Fligstein,
1990), à tel point qu’ils jouent aujourd’hui un rôle central dans leurs stratégies (Zorn,
2004). Pourtant, peu de recherches portent spécifiquement sur l’activité des directeurs
financiers.
Quelques recherches envisagent les directeurs financiers comme des acteurs agissant
sous la contrainte des attentes et des exigences des parties prenantes financières.
Par exemple, Aier, Comprix, Gunlock et Lee (2005) montrent qu’en fonction de
l’expérience et de la qualification professionnelle de leurs directeurs financiers, les
entreprises peuvent être plus sujettes à la constatation de restatements. Graham,
Harvey et Rajgopal (2005) décrivent eux des directeurs financiers particulièrement
attentifs à la prédiction des résultats de l’entreprise, afin de satisfaire les attentes des
parties prenantes financières qui considèrent les prédictions de résultat comme le
meilleur critère pour juger le management de l’entreprise. Graham, Harvey et Rajgopal
(2005) suggèrent que les directeurs financiers souhaitent éviter une surréaction des
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marchés à court terme en cas de non-respect des prévisions de bénéfice. Ils soulignent
ainsi la position délicate des directeurs financiers qui doivent entretenir un équilibre
fragile entre la gestion habile des résultats comptables dans l’intérêt de l’entreprise et
une communication transparente, même en cas de mauvaises nouvelles, pour rester
crédible aux yeux de leurs interlocuteurs (Graham, Harvey, & Rajgopal 2005, p. 65).
Le contenu des informations échangées et des liens créés entre les directeurs
financiers et les parties prenantes financières reste en fin de compte mal connu. On
peut cependant penser que parce que les directeurs financiers sont, avec la Direction
générale, les responsables ultimes des états financiers de l’entreprise, c’est à eux
qu’incombe la découverte d’un compromis satisfaisant et convaincant entre la fidélité
et la pertinence de la communication financière. Un compromis satisfaisant, puisque
les choix d’évaluation doivent être conformes aux normes comptables et à la
réglementation financière, sans perdre en intelligibilité pour les utilisateurs des
comptes. Convaincant, parce que les comptes ainsi préparés doivent aider l’entreprise
à persuader ses apporteurs de capitaux actuels et potentiels que l’entreprise peut être
source d’opportunités.
Mais les directeurs financiers doivent articuler cette recherche de compromis entre les
caractéristiques qualitatives de l’information financière – pertinence et fidélité – avec
deux contraintes dans l’élaboration de leur discours à destination des investisseurs :
leur conformité aux réglementations boursières et comptables, ainsi que leur visibilité
parmi l’ensemble des entreprises cherchant à se financer.
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Visibilité et conformité de la performance : le travail de présentation
et d’explication des directeurs financiers
Cette section expose les pratiques et discours par lesquels les directeurs financiers
présentent et expliquent la performance de l’entreprise à leurs parties prenantes
financières. Elle montre que le travail de présentation et d’explication des directeurs
financiers passe (1) par la construction d’une visibilité et d’une proximité avec les
parties prenantes financières, tout en respectant (2) leurs obligations de conformité.
Pour intégrer et dépasser cette tension (3), le travail de présentation et d’explication
des directeurs financiers se polarise sur la trajectoire de l’entreprise, c’est-à-dire sur
un plan parfois adjacent aux états financiers, justifiant le recours à des mesures non-
GAAP ou à une sous-traitance de la mise en œuvre des normes comptables.
Construire une visibilité en instaurant une proximité avec les parties prenantes
financières
Tout l'externe prend une pondération beaucoup plus importante une fois arrivé au niveau
corporatif. Quand je parle de l'externe, je pense relations avec les investisseurs,
actionnaires ou potentiels investisseurs, analystes…
De façon générale, les gens m'invitent. J’accepte toutes les invitations, parce que ça fait
partie de ma fonction d’être connecté avec le monde externe.
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En plus des responsabilités internes, l’agenda des directeurs financiers s’articule
autour de ces rencontres répétées, aux formes variées, avec leurs relations à
l’extérieur, qu’il s’agisse d’investisseurs, d’analystes, de banquiers, voire de
journalistes financiers. Le tableau 1 propose une vue d’ensemble du type de
rencontres faites par les directeurs financiers, de leur périodicité, de la durée et du
public concerné.
Des visites, les banquiers et les investisseurs aiment ça… Voir les opérations, voir
comment ça marche… On les invite, on leur fait un tour d’usine, de laboratoire, après on
prend une bouchée ensemble, ainsi de suite… Ce n’est pas tous les jours, mais c’est
régulièrement… Ce sont des partenaires importants.
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Les appels aux analystes et investisseurs précisent cette idée d’appartenance à une
même communauté. Après chaque diffusion officielle d’informations, les directeurs
financiers font face à un panel d’interlocuteurs nombreux, déjà croisés ou qu’ils
croiseront prochainement. Aux côtés de leur direction générale plus distante, ils
incarnent leur relais.
Les appels (…) il y a à peu près une cinquantaine de personnes qui sont sur l’appel-
conférence… Il faut répondre à toutes leurs questions et tout est enregistré… Ils peuvent
me réécouter pendant une semaine.
Par l'ensemble de ces pratiques et discours, les directeurs financiers construisent une
visibilité et une proximité auprès des parties prenantes financières. Celles-ci leur
ouvrent également une compréhension d’ensemble des attentes et des besoins qui
animent la communication financière. Sur cette base, les directeurs financiers peuvent
devenir des relais actifs de communication de l’information financière et non de simples
messagers, délivrant les états financiers de l’entreprise. Mais la construction de ce
rapport de proximité et de visibilité oblige les directeurs financiers à adopter une forme
de discours adéquate pour chacun de leurs interlocuteurs, c.-à-d. celle qui parvient à
les intéresser sans trahir leurs obligations de conformité.
« Ni trop ni trop peu » : satisfaire les besoins de visibilité sans contrevenir aux
exigences de conformité
La forme du discours des directeurs financiers est cruciale. Ils sont en effet les garants
de la conformité de la communication financière. Ce qu'ils disent les engage
personnellement en même temps que cela engage l'entreprise vis-à-vis de ses
partenaires. Au-delà des aspects légaux, et même dans le cas des sociétés non
cotées, une déviation par rapport à ce qui a été annoncé peut être considérée comme
un message ou un comportement opportuniste par des parties prenantes financières
promptes à douter des promesses.
Le challenge ce n’est pas de trouver une réponse, mais la réponse que tu peux donner.
Or pour trouver la bonne réponse, les directeurs financiers doivent faire face à la
complexité et à l’évolution constante des normes comptables. Selon leur propension à
transformer substantiellement la communication financière de l’entreprise, les
directeurs financiers sont peut-être d’autant plus en maîtrise de ce qu’ils peuvent ou
ne peuvent pas dire en s’investissant dans la mise en œuvre d’une nouvelle norme
comptable.
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d'information et de nouvelles méthodologies à développer. Donc là on bosse [pour]
mettre en place au sein de la maison tous les aspects de la norme.
Sur la base de ce travail collectif avec les services comptables, les directeurs financiers
doivent structurer la forme de leur discours de manière à développer une relation de
confiance et de proximité avec les investisseurs et analystes sans trop en dire. Ce
travail de forme passe tout d’abord par une communication capable de s’adresser
simultanément à leurs différents interlocuteurs. En effet, que ce soit dans les appels
post-clôture, les roadshows ou les réunions avec des investisseurs, les divers
interlocuteurs ont des attentes diverses, qui sont comprises au contact de ces derniers.
Je dis souvent, quand tu es une société publique, il y a trois types de personnes que tu
rencontres. Les investisseurs et actionnaires que tu veux faire vibrer sur la croissance,
leur parler des messages, on veut croitre, ainsi de suite. Le banquier, tu veux lui assurer
que tu vas lui payer son dû dans cinq ans. Puis l’analyste ou l’agence de crédit avec qui
il faut que tu joues un petit côté plus conservateur ; pas là pour faire de l’argent avec toi
dans dix ans, mais pour te coter aujourd’hui.
Les directeurs financiers doivent donc s’assurer que la forme de leur discours
convienne à ces différentes attentes, tout en respectant leurs obligations en termes de
confidentialité. Cette position n’est pas toujours facile à tenir.
La construction d’un discours équilibré capable de s’adresser à tous sans trop en dire
exige des capacités d’adaptation remarquables des directeurs financiers.
C'est exigeant… Même si tu répètes ton discours, tu n’as pas deux interlocuteurs
identiques. Tu peux en avoir un bien intéressé, un pas intéressé, un qui connaît la
compagnie, l’autre qui n’y connaît rien ; un avec un style agressif, un autre défensif…
C’est une adaptation à chaque rencontre…
Les « questions pièges » ne manquent pas. Les directeurs financiers doivent s’en sortir
sans perdre en crédibilité ni en proximité, et sans trop en dire pour avoir cherché à
sauver les apparences.
Des investisseurs posent des fois des bonnes questions. Un investisseur m’a dit
« qu’est-ce qui t’empêche de dormir en ce moment ? » Bonne question. Piège un peu
aussi, parce que tu sais ce que c’est que ton plus gros worry en ce moment.
Les directeurs financiers ne peuvent pas et n’ont pas intérêt à tout dire, mais ils doivent
en dire un minimum sous peine de ne plus attirer les investisseurs et analystes lors
des rendez-vous prévus pour eux.
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C'est du marketing aussi. Tu vends ta compagnie pour attirer les investisseurs, pour leur
dire « regarde ».
Les directeurs financiers doivent ainsi rendre la compagnie visible par leur discours.
Du fait de la tension observée entre conformité et visibilité, le travail de présentation et
d’explication des directeurs financiers se polarise sur ce qui est présenté comme la
trajectoire de l’entreprise.
La taille des rapports annuels n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années,
laissant bien souvent les parties prenantes financières face à un trop-plein
d’informations qu’il faut trier. Pour les directeurs financiers rencontrés, il est important
de construire un discours simple articulant un nombre limité de points d’intérêt afin
d’aider les parties prenantes financières à comprendre l’essentiel et ainsi à s’orienter
dans l’information fournie par l’entreprise sans oublier son contexte.
L'IFRS sur la reconnaissance des revenus, ça nous pose des difficultés. Faudra-t-il
comptabiliser la transaction au moment de l’achat ou du départ du client ? Nous, on est
au départ. On verra si on va pouvoir conserver ça comme ça, mais il y a des arguments
qui militent en faveur d’une comptabilisation une fois que le service est complété. Donc
au retour, est-ce qu'il va falloir décomposer le produit ? […] C'est beau d’écrire les règles,
mais après quand vient le temps de mettre en application.
Depuis quatre ans, on est à cent personnes sur la norme IFRS 9. Ça a commencé par
des notes méthodologiques sur les grosses évolutions. Puis on a commencé à conduire,
à piloter, ou à commander des études d'impact pour créer une vision d’ensemble […]
sur l'impact d’IFRS 9, afin de donner les grandes orientations du business model.
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ne pas partager les projections et les modélisations financières sur lesquelles ils se
basent réellement.
Je ne peux pas partager avec des analystes et des investisseurs une information qui
n’est pas déjà partagée. C’est ça qui rend la chose difficile parce moi j’ai un modèle
financier plus sophistiqué qui module mes revenus par région, catégories d’affaires, ce
qui rend souvent mes projections plus conservatrices que les leurs... Mon commentaire,
par rapport à la croissance ? Je leur dis « ce n’est pas facile de faire de la croissance,
d’ouvrir des magasins, etc., mais on espère faire ça, ça et ça », pour pas tuer l’optimisme
non plus.
Les chiffres, ce n’est pas tout. Quel est l'impact de la nouvelle compétition de tel
concurrent ? Les chiffres, c’est une première partie de tout ça.
Cette simplification est rationalisée une seconde fois par l’idée que, parce que les
chiffres ne sont qu’une partie de l’activité de l’entreprise, les investisseurs ne veulent
que rarement en discuter ou connaître en détail leur contenu. Ce qui semble important
pour eux, c’est la trajectoire proposée par la direction de l’entreprise, et notamment
par les directeurs financiers. Cette trajectoire entremêle les prévisions – les objectifs
fixés, atteints ou ce qui explique de les avoir manqués, compte tenu des exigences
réglementaires en matière d’information prévisionnelle ou prospective1 –, les
promesses et la vision de la direction et son ambition.
Quand ils m’appellent, ou quand on parle, ce qu’ils veulent c’est ma réaction sur tout ce
qui passe… « Il y a telle annonce… », « Tel concurrent a ajouté des capacités l’été
prochain… » Cette semaine c’était sur la livre sterling… C’est difficile de parler de tout
ça…
1
Sur ce point voir, pour le Canada, les éléments juridiques présentés par le Conseil canadien de
l’information sur la performance (2014), et, pour la France, la position de l’AMF (2013, 2016).
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simple, donnant envie à leurs interlocuteurs. Or un message qui donne envie aux
investisseurs et aux analystes, semble avant tout un message exposant les
perspectives stratégiques de l’entreprise en la distinguant des autres. En effet, la
communication avec les utilisateurs des comptes s’inscrit dans une compétition entre
les entreprises pour l’accès aux diverses formes de financement, dans laquelle il faut
autant convaincre que savoir se vendre. Les directeurs financiers doivent parvenir à
dépasser les disparités d’insertion, c.-à-d. leur intégration plus ou moins importante au
réseau d’acteurs qui comptent, et les disparités d’échelle, c.-à-d. le déficit de visibilité
dont peuvent souffrir les structures moyennes en croissance dans l’allocation
internationale du capital, qui parcourent la communication financière.
Il faut simplifier le message, parce que si nous on voit beaucoup d’investisseurs, eux
aussi ils voient du monde ! De l'aéronautique, du pharmaceutique, n'importe quelle
industrie… Il faut donc réussir à dire quel genre de compagnie on est, où on s'en va,
quels sont nos objectifs de croissance… tout en gardant l'intégrité.
Mon rôle, c’est de trouver le bon niveau de promesse que je peux faire. Nous on dit : «
On va faire ça » et on le fait. On réussit ou pas, que la barre soit plus basse ou pas, etc.,
mais on le fait (…) Puis bon, s'il y a September 11 qui arrive... une catastrophe… il n’y a
pas de problème là parce qu’on ne peut pas prévoir ça.
Sur la base des pratiques et discours identifiés dans cette section, il est possible
d’identifier quatre configurations types délimitant les formes du travail de présentation
et d’explication de la performance par les directeurs financiers, autant que leur rôle
actif dans la communication financière.
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Travail d’explication et de présentation de la performance : quatre
configurations types
Les données collectées montrent qu’il n’est pas évident pour les directeurs financiers,
et plus généralement pour les préparateurs de comptes, de trouver un équilibre entre
ces tensions – fidélité et pertinence, conformité et visibilité – dans la communication
financière de l’entreprise. C’est par la recherche d’un compromis entre ces
caractéristiques qualitatives et ces contraintes que sont construites en pratique la
présentation et l’évaluation de la performance de l’entreprise.
Dans cette perspective, il ressort de nos données que les directeurs financiers doivent
parvenir à compenser et à dépasser trois types de disparités qui affectent la
communication financière. (1) Des disparités d’échelle : l’évaluation comptable de la
performance et les modalités de sa présentation peuvent concourir à un défaut de
visibilité des « petites » entités – pourtant à l’origine d’une part décisive de la
croissance économique. (2) Des disparités d’insertion : l’évaluation comptable de la
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performance et les modalités de sa présentation reposent sur un réseau d’acteurs plus
ou moins insérés dans le jeu de la communication financière. (3) Des disparités
temporelles : l’évaluation comptable de la performance et les modalités de sa
présentation confrontent les directeurs financiers au difficile art du « ni trop… ni trop
peu », sur les perspectives de l’entreprise et de son secteur. Il revient en définitive aux
directeurs financiers de parvenir à convaincre de la trajectoire stratégique de
l’entreprise et de sa viabilité à long terme, en construisant leur communication de
manière à dépasser ces hétérogénéités de taille, d’insertion et le décalage temporel
entre le temps comptable et le temps financier.
Les directeurs financiers doivent réussir à faire cohabiter principes et contraintes s’ils
veulent rester pertinents. Ils doivent construire un compromis entre fidélité et
pertinence autant qu’entre conformité et visibilité, pour présenter et évaluer la
performance de l’entreprise dans la communication financière. Il est celui qui par sa
proximité et ses rencontres récurrentes avec les parties prenantes financières, règle à
la fois la mise en œuvre des normes comptables et la perception de l’entreprise par
les utilisateurs des comptes.
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Dans chacune de ces configurations, le travail de présentation et d’explication des
directeurs financiers permet de rendre la communication financière de l’entreprise
conforme, c.-à-d. pertinente et comparable à celle de ses concurrents, autant que de
l’expliquer et de l’étayer par le recours à des indicateurs non normés plus audibles des
parties prenantes financières. Ces quatre configurations – qui se distinguent selon la
prédominance accordée à la conformité ou à la visibilité, d’une part, et selon
l’importance accordée à la fidélité ou à la pertinence, d’autre part – sont présentées
graphiquement dans la figure 1 suivante.
Prédominance la fidélité
Défensive Démonstrative
Prédominance
Prédominance
de la
de la visibilité
conformité
Allusive Agressive
Prédominance de la pertinence
Figure 1 : Quatre configurations types dans le travail de présentation et
d’explication des directeurs financiers
En discutant chacune de ces configurations, il devient possible de mieux comprendre
comment les directeurs financiers contribuent à la mise en œuvre des normes IFRS et
de leurs conséquences. Chaque configuration correspond à une forme possible de
compromis entre les caractéristiques qualitatives et les contraintes de la
communication financière. Bien qu’elles apparaissent parfois de manière plus nuancée
en pratique, elles sont intéressantes en permettant de lier la mise en œuvre des
normes IFRS et ses conséquences dans la présentation et l’évaluation de la
performance.
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En représentant quatre compromis types, ces configurations montrent comment les
directeurs financiers contribuent à l’utilité décisionnelle et aux bénéfices
informationnels du reporting financier. Nos résultats soulignent la nécessité – pour le
normalisateur – de prendre en compte les contraintes qui pèsent sur les préparateurs
des comptes. Ils suggèrent aussi des points d’attention à destination du normalisateur
et des régulateurs sur ce qui détermine et anime la communication financière, avant
de futurs travaux de normalisation. Ces deux points feront l’objet de notre discussion
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Discussion et points d’attention
Notre étude s’inscrit dans les discussions qui animent aujourd’hui la normalisation
comptable. Les normalisateurs comptables s’interrogent en effet sur les principes qui
doivent guider la communication des états financiers divulgués (ANC, 2017 ; EFRAG,
2017 ; IASB, 2017). L’EFRAG rappelle l’existence de tensions entre les principes de
bonne communication proposés par l’IASB et les normes comptables existantes.
L’EFRAG considère ainsi que :
Not all factors identified as contributing to the disclosure problem can be addressed by
the IASB alone. Encouraging the behavioural changes needed to improve
communication effectiveness requires the involvement of other stakeholders, such as
preparers, auditors and regulators, each in their specific role, which all have a shared
interest in fostering the improvement of disclosures. Maintaining a structured dialogue
with them is therefore paramount. (EFRAG, 2017, p. 7)
Notre travail permet de documenter ces tensions par l’exploration de la pratique des
préparateurs des comptes, notamment de la manière dont les directeurs financiers
construisent un équilibre et une forme satisfaisante de compromis dans la
communication financière par leurs rencontres avec les utilisateurs des comptes.
Nos observations montrent que les directeurs financiers évoluent dans un ensemble
de contraintes concernant la présentation de l’information financière, entre leur fidélité
et leur pertinence. Ils doivent également trouver un équilibre entre la conformité du
reporting de l’entreprise aux normes comptables et leur visibilité, c.-à-d. leur capacité
à intéresser les parties prenantes financières. Les directeurs financiers agissent alors
comme un relais actif de la communication en parvenant à produire un compromis
entre préparateurs et utilisateurs, au moyen de leur travail de présentation et
d’explication de la performance. Ce dernier s’articule autour de quatre configurations
types (démonstrative, agressive, allusive ou défensive) renvoyant à quatre stratégies
ou styles identifiables pour mettre la performance de l’entreprise en valeur dans la
compétition que se livrent les firmes pour l’accès au capital. Pour réussir, les directeurs
financiers doivent parvenir à convaincre de la trajectoire de l’entreprise, c.-à-d. de sa
viabilité, en construisant leurs explications de manière à dépasser les effets de taille,
d’insertion ou de décalage temporel qui parcourent la communication financière.
Nos observations invitent donc les normalisateurs à une certaine prudence lorsqu’ils
se proposent d’encadrer davantage la communication financière ou de préciser trop
formellement son contenu informationnel. En effet, les directeurs financiers
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réussissent à se construire des marges de manœuvre face aux normes, laissant ces
dernières avoir des effets potentiellement contraires à ceux attendus. La proximité et
la visibilité construites par les directeurs financiers, autant que la vision globale portée
par la trajectoire de l’entreprise, sont des mécanismes d’ajustement face à la
complexité et à la singularité des situations.
En effet, les rencontres des directeurs financiers avec les parties prenantes financières
produisent quelque chose dans la communication financière. Dit autrement, elles ne
consistent pas uniquement à délivrer ou à accompagner la publication des états
financiers, mais construisent un discours complémentaire sur la performance de
l’entreprise, toujours détaché dans une certaine mesure des états comptables. Ce
constat ne doit pas tromper. Il ne remet pas en cause l’utilité du reporting financier
puisque si les parties prenantes se rencontrent autour d’une autre matière que les
comptes, c’est peut-être que les comptes sont déjà, dans une certaine mesure,
autosuffisants. Mais la place accordée aux informations non-GAAP ou à la prédiction
de la trajectoire de l’entreprise démontrent que les parties prenantes financières
construisent leur confiance dans l’entreprise par-delà les états comptables. Celle-ci
tient à la capacité des directeurs financiers à s’engager sur une promesse – la
trajectoire annoncée –, à en démontrer initialement la pertinence par des indicateurs
financiers audibles plutôt que normés, et à s’y tenir au gré des circonstances ou à
justifier toute déviation par des indicateurs convaincants. Or la normalisation
comptable et plus généralement les recherches consacrées à la communication
financière ne se proposent que très rarement d’explorer comment les préparateurs
autant que les états comptables participent à la construction de cette relation de
confiance avec les utilisateurs. Ils négligent encore les agencements dynamiques et
spécifiques aux situations, par-delà les réductions théoriques de la relation d’agence,
qui déterminent aussi la présentation et l’explication comptable de la performance de
l’entreprise.
Dans son appel à commentaires consacré aux principes relatifs à la divulgation, l’IASB
(2017) identifie sept principes à respecter pour une « bonne » communication
financière. L’information doit être spécifique à l’entité, décrite aussi simplement que
possible, organisée de manière à mettre en évidence ce qui est important, liée aux
autres éléments importants diffusés dans les états financiers ou les rapports annuels,
ne pas être dupliquée de manière superflue, permettre la comparabilité sans
compromettre l’utilité, et fournie sous un format adapté (tableaux plutôt que du texte,
notamment). En ce qui concerne plus spécifiquement les mesures de performance,
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l’IASB souligne que la présentation des indicateurs non-GAAP de performance devrait
être faite de manière « juste » [fair], c’est-à-dire en les expliquant, en les réconciliant
avec les mesures IFRS, en les présentant de manière neutre et stable au cours du
temps et en les accompagnant de comparatifs.
Notre travail convie à s’interroger plus précisément sur ce qui motive le recours aux
indicateurs alternatifs ou aux mesures non-GAAP, plutôt que de se concentrer
uniquement sur les manières de les réconcilier avec les normes IAS-IFRS. Si
l’attention de l’IASB se concentre, non sans justifications, sur une approche doctrinale
de la comptabilité – c.-à-d. sur la sophistication constante de son cadre conceptuel, de
ses nomenclatures et de ses métriques – le travail d’explication des directeurs
financiers montre que la performativité du reporting est au moins tout aussi importante
pour les parties prenantes. En d’autres termes, à chaque nouveau projet de norme
succède un processus d’adaptation et d’explication dont nos configurations types
fournissent des formes identifiables qui déterminent le bénéfice informationnel réel
d’une innovation normative. Or la relative indisponibilité ou difficile réalisation d’études
d’impact systématiques de l’application des normes témoigne de l’insuffisante prise en
compte de ces mécanismes d’ajustement (ANC, 2012). Il nous semble en résulter un
décalage constant entre les besoins des parties prenantes et une constance des
disparités qui parcourent la communication financière.
[…] it considers that flexibility should be maintained in order for each entity to be able to
present entity-specific information taking into account its activities and business model
and to reflect the changing needs in communication in an environment in perpetual
modification. (ANC, 2017, p. 2)
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la substance des états financiers, pourraient renforcer l’intérêt et la pertinence du
reporting comptable dans la communication financière.
[…] the proposed role of the primary financial statements focuses too much on the
elements (assets, liabilities, equity, income, expenses) and not enough on the overall
objective of providing summarised information about financial performance and financial
position. (EFRAG, 2017, p. 11)
La vision globale portée par les directeurs financiers dans l’explication de la trajectoire
de l’entreprise découvre ainsi les nombreux moyens à la disposition du normalisateur
pour imaginer, et par la suite encadrer, cette information financière plus synthétique.
À cet égard, la normalisation comptable disposerait également d’un levier pour
influencer le contenu des rencontres entre les directeurs financiers et les parties
prenantes financières de l’entreprise, dont le contenu des échanges se distancie
aujourd’hui largement des considérations comptables et est seulement encadré par
les régulations financières en vigueur.
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Lambert JERMAN Samuel SPONEM
Professeur permanent, Professeur agrégé,
Toulouse Business School Chaire internationale CPA de recherche
l.jerman@tbs-education.fr en contrôle de gestion,
HEC Montréal
samuel.sponem@hec.ca
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