Management - Les Normes Chapitre 4

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LA NORME ISO 14001 : UN MOYEN DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

Présentation de l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO) et la norme ISO 14001

L'Organisation Internationale de Normalisation (ISO) a été créé en 1947 à Genève et fédère actuellement 143
organismes nationaux de normalisation, à raison d'un organisme par pays, celui étant considéré comme le plus
représentatif à l'échelle nationale. Selon les pays, ces organismes peuvent être des agences gouvernementales ou
parapubliques (Japon), mixtes (Allemagne) ou complètement privées (Etats-Unis) (Graz, 2002). Ces organismes
nationaux peuvent avoir le statut de "comités membres", de "membres correspondants" ou de "membres abonnés
"La principale mission de l’ISO est de rationaliser et de promouvoir l'échange de biens et de services par le biais
de normes internationales à adhésion volontaire. Le champ d’action de l’ISO embrasse tous les secteurs, à
l’exception de l'ingénierie électrique et électronique qui est du ressort de la Commission Electrotechnique
Internationale (CEI) et des télécommunications qui relèvent de l'Union Internationale des Télécommunications
(UIT).

Les normes sont généralement l’aboutissement d’un processus décentralisé et long qui peut être décomposé en
trois phases : (1) l’émergence d’un besoin jugé pertinent puis sa délimitation, (2) une phase de recherche d’un
consensus et (3) l'approbation formelle du projet de Norme internationale. Par exemple, l’élaboration de la plus
célèbre famille des normes ISO, la série des ISO 9000, a duré huit ans, de la formation du comité technique en
1979 (ISO/TC 176) à la publication finale en 1987. En décembre 1999, au moins 343 643 certificats ISO 9000
avaient été délivrés dans 150 pays (ISO, 2000). Le succès de la famille des normes ISO 9000 a ouvert la voie à
l'intervention de l'ISO dans des domaines ne relevant pas de son champ d'action habituel, comme le management
de l'environnement.

Présentation de la norme ISO 14001

En épargnant au lecteur l'aridité du vocabulaire normatif et le degré de détail de la norme ISO 14001, nous
retenons que cette norme propose aux entreprises volontaires un modèle générique de gestion attestant qu’un
système de management environnemental documenté est mis en place. Cette démarche est basée sur l’exigence
minimale de respect de la réglementation, la prévention et sur la recherche d'une amélioration continue. Cette
logique d’amélioration continue ne se fait pas à travers des seuils imposés de l’extérieur, ou dans une perspective
comparative par rapport à d’autres entreprises, mais dans une logique individuelle et progressive par rapport à
ses propres objectifs. Ainsi, deux entreprises similaires certifiées ISO 14001 peuvent avoir des performances
environnementales différentes au-delà du simple respect de la réglementation (Clapp, 2001). Cet aspect suppose
l'applicabilité de la démarche à une grande variété d’entreprises. La norme ne fixe pas de performances à
atteindre, mais stipule une organisation du management environnemental inspirée de la roue de la qualité de
Deming (Plan-Do-Act-Check).

Le système de management environnemental désigne "la composante du système de management global qui
inclut la structure organisationnelle, les activités de planification, les responsabilités, les pratiques, les
procédures, les procédés et les ressources pour élaborer, mettre en œuvre, réaliser, passer en revue et maintenir la
politique environnementale" (Norme ISO 14001, 1996). L’organisation du management environnemental repose
sur la réalisation de cinq étapes successives (ISO 14001, 1996) :

(1) La rédaction d'une politique environnementale qui explicite les principes généraux et les engagements
environnementaux décidés par la direction de l’organisme. Cette politique environnementale comprend
notamment l'engagement au respect de la réglementation et à la recherche d'une amélioration continue. Elle est
communiquée à tout le personnel de l’exploitation et est disponible, sur simple demande, pour les tiers. Elle
délimite également le champ d’application de l’étape de planification.

(2) L'établissement d'un plan environnemental donne un contenu concret au système de management
environnemental. Il prend en considération les aspects réglementaires, les aspects environnementaux
significatifs, les exigences commerciales et les points de vue des parties intéressées. Ce plan environnemental
attribue les responsabilités et précise notamment les objectifs, l'échéancier de leur réalisation, les meilleures
techniques disponibles et économiquement viables pour les atteindre et enfin le choix d’indicateurs efficaces
mesurant les résultats environnementaux.

(3) La mise en œuvre du plan environnemental suppose l'engagement et l'adhésion de l'ensemble du personnel
suite à la sensibilisation, à la formation et à l'acquisition de compétences lui permettant d'être opérationnel dans
le domaine environnemental. Cette mise en œuvre comprend également l'élaboration d'un système documentaire
relatif au système de management environnemental, notamment en termes de formalisation des procédures, de
veille réglementaire et technologique et de communication interne et externe.

(4) La phase de contrôle des performances environnementales et d'actions correctives qui permet d'évaluer
régulièrement les performances environnementales, de corriger les non-conformités et de favoriser leur
prévention. Elle comprend notamment des audits périodiques du système de management ou de certaines de ces
composantes par des personnes compétentes afin de vérifier la conformité aux prescriptions normatives.

(5) La revue de direction exhaustive et bien documentée qui aborde les éventuels changements de politique et
de mise en œuvre suite à la révision du système de management environnemental à intervalles définis afin de
garantir la pertinence, l'efficacité, et l'amélioration continue.

Objectifs de l’ISO 14001

Malgré une architecture organisationnelle similaire à la famille des ISO 9000 (référentiel unique de
certification depuis 2000, ISO 9001), les objectifs de la norme ISO 14001 diffèrent sur des dimensions
importantes (Gasmi et Grolleau, 2003).

Premièrement, cette norme vise à garantir une prise en compte adéquate des enjeux environnementaux liés aux
activités de l’organisme considéré. Les bénéfices environnementaux potentiels découlant d’une telle norme sont
à priori des bénéfices collectifs, c’est dire non exclusifs et non rivaux, alors que les coûts d’adoption sont
principalement privés. D’une certaine façon la norme ISO 14001, à la différence des normes touchant à la
rationalisation des marchés industriels, vise plutôt à permettre l’internalisation de certaines externalités
environnementales.

Deuxièmement, les bénéfices environnementaux associés à l’adoption de la norme ISO 14001 sont
généralement beaucoup moins tangibles que les bénéfices liés aux systèmes d’assurance qualité, comme la
réduction des coûts liés au non qualité. Les bénéfices générés sont souvent des biens de croyance, c'est-à-dire
dont la qualité promise ne peut être vérifiée par l’acquéreur (ou une autre partie intéressée) à faible coût (Darby
et Karni, 1973). Malgré ces différences, les deux familles de normes visent à réaliser des objectifs communs
comme la diminution du coût des relations clients-fournisseurs et la facilitation des échanges internationaux.

Aperçu de la diffusion de la norme iso 14001 en France et dans le monde

En décembre 2003, le nombre de certificats ISO 14001 s'élevait à 66 070 répartis entre 113 pays (ISO, 2004).
Suite à la publication de la norme en 1996, la diffusion a d'abord été relativement lente, quoique relativement
plus rapide que celle des normes ISO 9000 pour une période similaire. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce
démarrage modéré, notamment la méconnaissance de la norme, les coûts élevés de certification en partie liés au
manque de structures jouissant d'une légitimité reconnue dans ce domaine et les critiques de nombreuses
organisations non gouvernementales vis-à-vis de la norme ISO 14001. La diffusion a été importante en Asie, car
les entreprises redoutaient l'utilisation de l'argument environnemental comme barrière à leurs exportations vers
l'Europe. Par contre, les entreprises américaines et leurs homologues canadiennes ont été explicitement réticentes
vis-à-vis de la norme, arguant notamment que la réglementation américaine était plus exigeante que la norme
ISO 14001 et que la certification était susceptible d'engendrer des problèmes juridiques quant à la confidentialité
des renseignements découverts par l'auditeur (Delmas, 2000 ; Corbett and Russo, 2000). Les certificats se sont
ensuite multipliés sous l'effet de plusieurs facteurs comme les exigences de certains clients vis-à-vis de leurs
fournisseurs, l'accroissement de la pression politique, les gains liés à l'apprentissage (learning by doing) de la
norme ISO 14001 par les entreprises et les organismes de conseil et d'audit, la perception des gains directs et
indirects liés à une éventuelle certification et la perception par certaines organisations non gouvernementales que
la norme ISO 14001 pouvait servir leurs intérêts, malgré ses imperfections. Dans le tableau 1, nous présentons la
diffusion de la norme ISO 14001 dans le monde et en France, depuis sa publication.

Cette diffusion est également différenciée selon les pays et les secteurs d'activité. L'Europe et l'Asie de l'Est
sont les plus gros adoptants de la norme ISO 14001 (environ 85 % des certificats en décembre 2003), à la
différence de l'Amérique du Nord (environ 8 % des certificats en décembre 2003) (ISO, 2004) (Figure 1).
Malheureusement, la littérature économique s’est peu intéressée aux facteurs explicatifs des différences du
nombre de certifications ISO 14001 entre pays. L’une des études les plus aboutis (mais qui commence déjà à
dater), celle de Corbett et Kirsch (2000) valide économétriquement le rôle significatif des facteurs suivants :
l’environnementalisme national –i.e. les pays les plus "verts" sont susceptibles d’avoir plus de certifications ISO
14001, le nombre de certifications ISO 9000 et l’importance relative des exportations. Parallèlement, leur étude
ne permet pas de confirmer le rôle attendu des facteurs suivants : le niveau de développement –i.e. les pays les
plus riches compteraient plus de certifications – et la nature des secteurs, les pays qui ont une économie plutôt
focalisée sur l’industrie (par opposition à l’agriculture et les services) devraient avoir plus de certifications.
SUPPORT DE SYSTEME SME OU ISO 14001

Un système de management de l’environnement efficace ne peut pas être conservé ou amélioré sans des
ressources adéquates. En tant que fonction de planification, ces ressources doivent être définies et fournies. La
présente clause rassemble en un même lieu tous les domaines se rapportant aux « personnes, au lieu et aux
aspects procéduraux » des systèmes de management. Les clauses essentielles de la HLS (high level structure)
couvrent les aspects suivants :

 Ressource,
 Compétence,
 Sensibilisation,
 Communication,
 Informations documentées.
1) Ressources

La principale intention de cette exigence générale est d’assurer que l’organisme détermine et fournisse les
ressources nécessaires pour établissement, la mise en œuvre, le maintien et l’amélioration continue du système
de management de l’environnement – couvrant tous les aspects liés aux personnes et aux infrastructures.

Bien que ne figurant pas dans la norme ISO 14001, la norme ISO 9001 contient une exigence additionnelle très
intéressante appelée « gestion des connaissances », permettant d’assurer que l’organisme ait non seulement une
bonne compréhension des besoins en connaissances internes et externes, mais puisse démontrer comment ils sont
gérés. Cela pourrait également inclure des connaissances de management des ressources et la nécessité de
s’assurer qu’il existe une planification de succession efficace pour le personnel, ainsi que des processus pour
l’acquisition de connaissances individuelles et collectives. Il ne s’agit pas d’une exigence documentée de l’ISO
14001, mais cela est pertinent et utile en tant que principe général.

2) Compétence

Afin de définir les compétences, des critères de compétences doivent être établis pour chaque fonction et
chaque rôle se rapportant au système de management de l’environnement. Ces critères peuvent alors être utilisés
pour évaluer les compétences existantes et définir les futurs besoins. Lorsque ces critères ne sont pas remplis,
certaines mesures sont nécessaires pour combler cette lacune.

Une formation ou une réaffectation peut même être nécessaire. Des informations documentées conservées sont
nécessaires pour être en mesure de démontrer les compétences. Des programmes de recrutement, des projets de
formation, des tests de compétence et l’évaluation du personnel fournissent souvent des preuves de compétence
et leur évaluation. Les compétences requises figurent souvent dans les avis de La norme indique clairement que
des informations documentées sont requises à titre de preuve de compétence.

3) Sensibilisation

Le personnel doit être sensibilisé à la Politique Environnementale, aux aspects significatifs et aux impacts sur
leurs activités, sur la manière dont ils contribuent aux objectifs environnementaux, aux performances
environnementales, aux obligations de conformité et aux implications des défauts de conformité.

4) Communication

Une communication efficace est essentielle pour un système de management. La direction doit s’assurer que
les mécanismes soient mis en place pour faciliter cette communication efficace. Il faut reconnaître qu’une
communication se fait dans les deux sens et ne devra pas uniquement traiter ce qui est requis, mais également ce
qui a été réalisé. Avec la norme ISO 14001:2015, l’importance des communications internes et externes est
soulignée. Il s’agit d’un héritage naturel de la norme ISO 14001:2004 et de l’importance donnée aux parties
intéressées au sien des problématiques environnementales.
Le présent paragraphe explicite que l’organisme doit « s’assurer que les informations environnementales
communiquées sont cohérentes avec les informations générées au sein du système de management
environnemental, et sont fiables ». Ainsi, les rapports environnementaux et les communications de l’organisme
devront être alignés à cette clause. Il s’agit d’un excellent ajout, similaire à d’autres normes et référentiels de
reporting externe. Il souligne également la nécessité de planifier et de mettre en œuvre un processus pour les
communications ainsi que les principes bien connus « qui, quoi, quand, comment ».

5) Informations documentées

La plus grande partie du texte de la norme ISO 14001:2015 est connue, étant similaire aux exigences de l’ISO
14001:2004, mais il présente un élargissement logique pour englober les médias électroniques et basés sur le
Web. Il est bon de souligner ici que la norme n’indique plus la nécessité de procédures documentées – il revient
à l’organisation de décider ce qui est nécessaire.

Toutefois, elle indique à plusieurs reprises la nécessité de mettre à jour ou de conserver les informations
documentées afin de conférer structure et clarté, mais aussi la preuve que le système est entretenu et efficace. Le
terme « informations documentées » remplace à présent les termes précédemment utilisés de « procédure
documentée » et « registres ». Dans la plupart des domaines, la présente clause ne nécessitera pas de
modifications importantes, mais certaines exigences additionnelles nécessiteront une actualisation de la
réflexion.

Les modifications introduites avec la HLS, selon lesquelles elle ne nécessite pas spécifiquement de procédures
documentées, ne constituent pas en réalité une problématique importante – les organismes ont toujours besoin
d’examiner les domaines dans lesquels les informations documentées (par exemple : processus, procédures,
données, registres) sont cruciales pour le système de management et son fonctionnement efficace.

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