Cours Antennes Oct11 v4 5RT PDF
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TOULOUSE
5ème Année Réseau et Télécom
_________
ANTENNES
SUPPORT DE COURS
ENONCE DE TRAVAUX DIRIGES
Alexandre Boyer
alexandre.boyer@insa-toulouse.fr
www.alexandre-boyer.fr
Antennes Octobre 2011
Introduction................................................................................................... 3
A. Notions fondamentales ............................................................................ 6
B. Caractéristiques des antennes ................................................................ 14
C. Antennes pour les télécommunications ................................................. 26
D. Antennes de réception ........................................................................... 45
E. Réseau d’antennes .................................................................................. 52
Références................................................................................................... 60
Annexe A – Rappel sur les unités .............................................................. 61
Annexe B – Champ proche et champ lointain............................................ 63
Annexe C – Effet sur le corps humain ....................................................... 64
Travaux Dirigés .......................................................................................... 66
A. Boyer 2
Antennes Octobre 2011
Introduction
Le rôle d’une antenne est de convertir l’énergie électrique d’un signal en énergie
électromagnétique transportée par une onde électromagnétique (ou inversement). Une définition
traditionnelle est la suivante : « Une antenne d’émission est un dispositif qui assure la transmission de
l’énergie entre un émetteur et l’espace libre où cette énergie va se propager. Réciproquement, une
antenne de réception est un dispositif qui assure la transmission de l’énergie d’une onde se propageant
dans l’espace à un appareil récepteur » [Combes].
Historique
La figure 1 dresse un rapide historique des découvertes et inventions liées aux
radiocommunications et aux antennes. Le développement des radiocommunications est basé sur la
théorie de l’électromagnétisme, mise au point au XIXe siècle et améliorer au XXe siècle. Les ondes
électromagnétiques, support des radiocommunications, ont été prévu de manière théorique dans le
cadre des équations de Maxwell et mises en évidence expérimentalement par Hertz à la fin du XIXe
siècle. Peu de temps après, les premières applications de transmission radio sont apparues. Leur
développement s’est fait en parallèle avec celui de l’électronique au début du siècle. Le XXe siècle est
ensuite ponctué d’innovations majeures, qui répondaient à des besoins précis.
A. Boyer 3
Antennes Octobre 2011
1934 1940-45
1819 1887 – expérience 1970 - 75
1e radar Concept de
Expérience de Hertz (mise en RFID antennes
d’Oersted (lien évidence des patch
ondes EM)
1908
électricité –
Tube triode de 1946
magnétisme) 2010
Lee de Forrest équation
1901 1984 Déploiement
de Friis 3.9G LTE
1873 – 1e liaison radio MIMO
équations intercontinental
de Maxwell 1926 –
antenne Yagi 1946 1962
1831 Telstar (1e 1987
Loi d’induction 1896 1906 Réseau Spécifications
de Faraday Radio de Création de d’antennes satellite de GSM
télécom.)
Marconi l’ITU - R
Applications
Les antennes sont utilisées sur une large gamme de fréquence (ou de longueur d’onde) pour un
grand nombre d’applications différentes comme le montre la figure 2.
MF HF VHF UHF SHF EHF
0.3-3MHz 3-30MHz 30-300MHz 300-3000MHz 3-30GHz 30-300GHz
A. Boyer 4
Antennes Octobre 2011
chapitre traite des réseaux d’antennes, qui permettent littéralement de « tailler » un diagramme de
rayonnement complexe à partir d’éléments rayonnants basiques. Les principes de base des réseaux
sont présentés. Ces bases sont nécessaires pour aborder certaines techniques de pointe utilisées
aujourd’hui en télécommunications. La fin de ce chapitre en abordera certaines.
A. Boyer 5
Antennes Octobre 2011
A. Notions fondamentales
Les charges électriques et les courants constituent donc les sources élémentaires des champs
électromagnétiques. Les deux cas précédents correspondent au cas où les charges sont immobiles
(électrostatique) et les courants continus (magnétostatiques), qui conduisent à des champs constants
dans le temps. Cependant, l’action d’une charge ou d’un courant n’est pas instantanée et est retardée
par un temps t = r/c, où c est la vitesse de la lumière. Ainsi, tout mouvement de charges ou toute
variation de courant induira une variation de champ électrique ou magnétique en un point donné de
l’espace après un temps de retard donné.
Bien qu’en électrostatique et en magnétostatique les champs électriques et magnétiques soient
indépendants, cela n’est plus le cas dès que la quantité de charge ou le courant varient. Les champs
électriques et magnétiques sont alors liés. On parle alors de champ électromagnétique. Par exemple,
dans un circuit électrique soumis à un champ magnétique, un courant se mettra à circuler en raison de
l’apparition d’une force électromotrice, elle-même liée au champ électrique induit par la variation de
champ magnétique (loi de Faraday).
A. Boyer 6
Antennes Octobre 2011
I I r H(r)
d/c
Élément 2 Élément 1
0 r/c t
Figure 3 - Rayonnement électromagnétique créé par la variation d’un courant dans un circuit de petite
taille [Dobkin]
On peut donc voir le rayonnement électromagnétique comme la résultante des différences de
phase des contributions de chaque élément de l’antenne.
La figure 4 présente de manière générale le champ électromagnétique produit par une antenne
parcourue par un courant sinusoïdal. Celui-ci se propage à la vitesse de la lumière, son amplitude
A. Boyer 7
Antennes Octobre 2011
décroit avec la distance et sa phase varie avec la distance en fonction d’une constante de phase ou
d’onde β.
Point
d’observation
Antenne (longueur
effective Leff)
exp (− iβ r )
r phase = Leff .I . exp (iωt )
I exp(iωt) r
r
délai =
c
r
phase = ω × = β .r
c
Figure 4 - Rayonnement électromagnétique produit par une antenne de longueur effective Leff et
parcouru par un courant sinusoïdal
La répartition des champs électriques et magnétiques dans l’espace produite par une
distribution donnée de charges et de courants peut être déterminée en résolvant les équations de
Maxwell. En outre, celles-ci permettent de déterminer comment l’onde électromagnétique se propage
dans l’espace. Pour un milieu homogène et isotrope (cas général de la propagation en espace libre ou
guidée), celles-ci sont données par les équations 3 à 7.
ρ
Equation de Maxwell-Gauss div E = Équation 3
ε
Equation de Maxwell-
Thompson div B = 0 Équation 4
Equation de Maxwell- dH
Faraday rot E = − µ Équation 5
dt
Equation de Maxwell- dE
Ampère rot H = σ E + ε Équation 6
dt
Avec :
ρ : densité volumique de charge
ε : permittivité électrique (F/m). A noter ε0 : permittivité diélectrique dans le vide (= 8.85e-
12) et εr : permittivité électrique relative telle que ε = ε0× εr
: perméabilité magnétique (H/m). A noter 0 : permittivité diélectrique dans le vide (=
4π.10-7) et r : permittivité magnétique relative telle que = 0× r
A. Boyer 8
Antennes Octobre 2011
2. Interprétation
Que se passe t-il lorsqu’un courant de conduction variable traverse un fil ? D’après l’équation
de Maxwell-Ampère, un champ magnétique variable est produit au voisinage de ce fil. Localement
autour de ce point, il y a une variation du flux du champ magnétique qui, d’après l’équation de
Maxwell-Faraday, va donner naissance à un champ électrique variable. Localement, cette variation de
champ électrique donne naissance à un champ magnétique et ce processus continue de proche en
proche. Les champs électriques et magnétiques se propagent conjointement à l’image d’une vague. La
résolution des équations de Maxwell montre que la vitesse de déplacement des champs est une
constante c égale à la vitesse de la lumière.
A. Boyer 9
Antennes Octobre 2011
µ exp(− iβ r )
A(P ) = ∫ IV dv Équation 7
4π v r
exp(− iβ r )
V (P ) =
1
4πε ∫
Q V dv Équation 8
v
r
A partir de ces potentiels, il est possible de calculer les champs électriques et magnétiques en
tout point de l’espace :
dA
E=− − gradV Équation 9
dt
1
H= rot A Équation 10
µ
1. Equation de propagation
La résolution des équations de Maxwell va nous permettre de déterminer l’équation de
propagation des champs. Nous ne considérerons ici que le cas d’un milieu de propagation sans pertes
caractérisé par une constante diélectrique et magnétique réelle, où il n’y a donc aucune charge et
courant. En combinant alors les équations de Maxwell-Ampère et de Maxwell-Faraday, il est possible
d’écrire les 2 équations différentielles dites de propagation :
d2E
∆ E − εµ =0 Équation 11
dt 2
d 2H
∆H − εµ = 0 Équation 12
dt 2
Les solutions à ces 2 équations se comportent comme des ondes qui se propagent à la vitesse
1
v: v= . Dans le vide ou dans l’air, cette vitesse est notée c et est égale à
ε ×µ
1 c
c= = 3.10 8 m / s . De manière générale, la vitesse peut s’écrire v = , en
ε 0 × µ0 ε r × µr
fonction de la permittivité électrique relative εr et la perméabilité magnétique relative du milieu r.
Une onde qui se propage est appelée onde progressive.
A. Boyer 10
Antennes Octobre 2011
A. Boyer 11
Antennes Octobre 2011
Dans le cas d’un milieu de propagation sans pertes, les champs E et H sont en phase et sont
reliés entre eux par l’équation 16.
E µ
= =η Équation 16
H ε
η est appelé impédance d’onde du milieu. Dans le vide, η = 120π ≈ 377 Ω.
La figure 5 représente une vue d’une onde électromagnétique dans l’espace à un instant donné.
L’onde est formée par la superposition des champs électriques et magnétiques qui évoluent de manière
sinusoïdale dans l’espace. A un instant après, la position des maximums et des minimums de champs
se déplaceraient le long de l’axe z, indiquant la propagation de l’onde. A noter la longueur d’onde qui
correspond à la distance entre 2 maximums de l’onde. Celle-ci se calcule à l’aide de l’équation 17.
c
λ= Équation 17
ε r µr × f
Longueur d’onde λ
H Plan H
Plan E Direction de
propagation
3
Figure 5 – Représentation d’une onde électromagnétique TEM se propageant dans l’espace
Remarque : plans E et H
Pour une antenne à polarisation rectiligne, on appelle le plan E le plan formé par la direction
de propagation et par la direction du champ électrique. Le plan H est celui formé par la direction de
propagation et par la direction du champ magnétique.
E = Eθ ⋅ uθ + Eϕ ⋅ uϕ
Eθ = A. sin (ωt + φθ ) Eϕ = B. sin (ωt + φϕ )
Équation 18
A. Boyer 12
Antennes Octobre 2011
uϕ uϕ
E E
B
Eφ
A uθ Eθ uθ
P=
1
2
E ∧ H * W / m2( ) Équation 19
Remarque :
Pour une onde progressive (comme une onde TEM), les champs E et H sont en phase, le
vecteur de Poynting est réel donc l’onde transporte une puissance active qui peut être fournie à une
charge. Si les champs E et H sont en quadrature, l’onde est stationnaire et le vecteur de Poynting est
purement imaginaire. L’onde ne transporte pas de puissance active.
Le fait qu’une onde électromagnétique transporte une puissance est à la base de deux types
d’applications fondamentales :
le transport d’énergie sans contact, imaginé par Nicolas Tesla et repris depuis plusieurs
années sous le nom de Wireless Power Transfer
le transport d’une information par une onde électromagnétique, à condition de la moduler,
utilisé par tous les systèmes de radiocommunication.
A. Boyer 13
Antennes Octobre 2011
Quel que soit la fréquence de fonctionnement de l’antenne, quel que soit sa structure physique,
le rayonnement des antennes est caractérisé par des propriétés communes. Le but de ce chapitre est de
les présenter. Ces propriétés doivent permettre de répondre aux questions suivantes :
Comment une antenne rayonne t-elle la puissance qui lui est fournie dans l’espace ? Dans
quelle(s) direction(s) ?
Avec quelle efficacité se fait le transfert d’énergie entre la puissance de l’émetteur et la
puissance rayonnée ?
Sur quelle bande de fréquence l’antenne rayonne de manière optimale ?
Quelles sont les propriétés données par l’antenne à l’onde électromagnétique émise ?
Bien que les propriétés d’une antenne restent les mêmes qu’elles soient utilisées en émission
ou en réception, nous ne présenterons pas dans ce chapitre, mais dans le chapitre D, certaines
propriétés propres aux antennes employées en réception.
A. Boyer 14
Antennes Octobre 2011
Onde
Amplification - filtrage
électromagnétique
Puissance PS
rayonnée
réseau de Eléments
rayonnants
…
polarisation
Sources
…
…
Puissance PR
Puissance PA
A. Boyer 15
Antennes Octobre 2011
angle solide
Z Ω
P (θ , ϕ ) = (W ou W / sr )
PA
Équation 20
Ω
R
( )
θ
p(θ , ϕ ) =
PA
Puissance O W / m2 Équation 21
antenne PA Y Ω.R 2
Ptot = ∫ ∫ P (θ , ϕ )dϕ dθ (W /m )
φ
2
Équation 22
θ ϕ
X
Figure 8 – Puissance rayonnée par une
antenne dans une direction de l’espace
Remarque : soit un repère cartésien où l’axe z correspond à l’axe vertical. On appelle plan horizontal
π
le plan repéré dans le repère sphérique par les coordonnées ( θ = ; ϕ ∈ [0,2π ] ).On appelle plan
2
vertical tous les plans repérés dans le repère sphérique par les coordonnées
( θ ∈ [0,2π ] ; ϕ = cons tan te ).
PA
Puissance rayonnée par unité de surface : p (R, θ , ϕ ) = Équation 24
4πR 2
2. Diagramme de rayonnement
Les antennes sont rarement omnidirectionnelles et émettent ou reçoivent dans des directions
privilégiées. Le diagramme de rayonnement représente les variations de la puissance rayonnée par
l’antenne dans les différentes directions de l’espace. Il indique les directions de l’espace (θ0,φ0) dans
lesquelles la puissance rayonnée est maximale. Il est important de noter que le diagramme de
rayonnement n’a de sens que si l’onde est sphérique.
A. Boyer 16
Antennes Octobre 2011
r (θ , ϕ ) =
une direction quelconque
P0 (θ 0 , ϕ 0 )
Équation 26
Puissance rayonnée max.
Z
Lobe principal
Lobe principal φ0 r(θ,φ)
Lobe principal
1
θ φ
0 1
O
Y
φ
0 θ
Lobes θ0
secondaires
3. Angle d’ouverture
L’angle d’ouverture (beamwidth) caractérise la largeur du lobe principal. L’angle d’ouverture
à 3 dB 2θ3 représente la portion de l’espace dans lequel la majeure partie de la puissance est rayonnée.
Il s’agit de l’angle entre les 2 directions autour du lobe principal où la puissance rayonnée est égale à
la moitié de la puissance rayonnée dans la direction de rayonnement maximal.
A. Boyer 17
Antennes Octobre 2011
r(θ,φ) Lobe
Lobes 1 principal
secondaires
0.5 zéro
2θ3
0 θ
Figure 11 – Diagramme de rayonnement et angle d’ouverture
D’autres grandeurs sont utilisées pour caractériser l’ouverture d’une antenne et sa capacité à
focaliser la puissance rayonnée dans une direction donnée. On trouve l’angle entre la direction de
rayonnement maximale et le premier zéro.
Pour les stations de base, on trouve aussi
les paramètres suivants : l’ouverture horizontale Angle
antenne d’élévation
ou azimuth beamwidth et l’ouverture verticale ou
elevation beamwidth. Celles-ci sont conçues pour
couvrir une portion donnée du sol, dont
l’ouverture horizontale dépend du secteur Station de
qu’elles ont à couvrir (120° par exemple). base Lobe principal
1. Directivité
La directivité D(θ,φ) d’une antenne dans une direction (θ,φ) est le rapport entre la puissance
rayonnée dans une direction donnée P(θ,φ) et la puissance que rayonnerait une antenne isotrope.
P(θ ,ϕ ) P (θ , ϕ )
D(θ , ϕ ) = = 4π Équation 27
PR PR
4π
2. Gain
Le gain G(θ,φ) d’une antenne dans une direction (θ,φ) est le rapport entre la puissance
rayonnée dans une direction donnée P(θ,φ) sur la puissance que rayonnerait une antenne isotrope sans
pertes. En général, le gain G correspond au gain dans la direction de rayonnement maximal (θ0,φ0).
Cette propriété caractérise la capacité d’une antenne à focaliser la puissance rayonnée dans une
direction.
A. Boyer 18
Antennes Octobre 2011
P (θ ,ϕ ) P (θ 0 , ϕ 0 )
G (θ ,ϕ ) = 4π ⇒ G = 4π Équation 28
PA PA
Si l’antenne est omnidirectionnelle et sans pertes, son gain vaut 1 ou 0 dB. Le gain est
généralement exprimé en dB (voir annexe A) ou en dBi car une antenne isotrope est utilisée comme
référence. On trouve aussi parfois le gain exprimé en dBd, lorsqu’une antenne dipôle est utilisée
comme référence.
3. Rendement
Le rendement η d’une antenne traduit sa capacité à transmettre la puissance électrique en
entrée PA sous forme de puissance rayonnée PR. On le définit comme le rapport entre la puissance
totale rayonnée par une antenne et la puissance qui lui est fournie. Le rendement est lié aux pertes dans
le réseau de polarisation et dans les éléments rayonnants. En comparant les équations 27 et 28, on voit
que le rendement relie le gain et la directivité.
PR = η .PA ⇒ G = η .D Équation 29
P(θ 0 , ϕ 0 ) 4π 4π
G = η .4π
PR
et PR = ∫ P(θ , ϕ )dΩ = ∫ r (θ , ϕ )P(θ 0 , ϕ 0 )dΩ
0 0
4π
G = η . 4π Équation 30
∫ r (θ , ϕ )dΩ
0
Dans le cas idéal où l’antenne émet uniformément dans un cône (r(θ) = 1 si 0 < θ < θ0, = 0
η
ailleurs), le gain est égal à : G = . Par exemple, pour une antenne sans pertes, si l’antenne
2 θ0
sin
2
4
rayonne dans une demi sphère (θ0 = π/2), G = 2 = 3 dB. Pour un cône très étroit (θ0 0), G ≈ .
θ 02
Pour θ0=1°, G = 13000 = 41 dB.
A. Boyer 19
Antennes Octobre 2011
25000
G≈
( )( )
2θ°
3 E 2θ 3° H
Équation 32
La puissance isotrope rayonnée équivalente d’une antenne (PIRE ou EIRP en anglais) est un
terme souvent utilisé en télécommunications (principalement dans les bilans de liaison) qui définit,
dans la direction de rayonnement maximal, la puissance électrique qu’il faudrait apporter à une
antenne isotrope pour obtenir la même puissance rayonnée dans cette direction. Elle se calcule selon
l’équation 33.
PIRE = G × PA Équation 33
antenne Modèle
électrique
Iin C L RLoss
Iin
Vin
Vin RRad
A. Boyer 20
Antennes Octobre 2011
Vin
Z in = = Rin + j. X in
I in Équation 34
Par exemple, prenons le cas d’une antenne dipôle. L’inductance et la capacité sont liées à la
longueur de l’antenne. En basse fréquence, l’inductance est négligeable et l’antenne se contente de
stocker des charges. Lorsque la fréquence augmente, l’effet de la capacité diminue alors que celui de
l’inductance s’accroît et une partie de l’énergie est stockée sous forme d’énergie magnétique. A une
fréquence particulière appelée fréquence de résonance, l’inductance et la capacité sont égales en
magnitude et leurs effets s’annulent. L’antenne est alors équivalente à une résistance pure. Si les pertes
ohmiques sont négligeables, la puissance fournie à l’antenne est alors entièrement rayonnée. Sa
capacité à rayonner est alors liée à la résistance de rayonnement.
2. Résistance de rayonnement
Il ne s’agit pas de la résistance liée aux pertes ohmiques de l’antenne, mais de la perte de
puissance liée à l’onde électromagnétique rayonnée par l’antenne. Il s’agit donc d’une puissance active
Une grande résistance de rayonnement indique une forte capacité à convertir l’énergie électrique
incidente (lié au courant qui « passe » dans la résistance de rayonnement) en énergie
électromagnétique. En effet, la puissance électrique qui lui est fournie est une puissance égale à :
1
PRad = R Rad I in2 Équation 35
2
A partir de la connaissance du courant en tout point de l’antenne, il est possible de calculer la
puissance rayonnée. Cependant, cette définition suppose que le courant soit constant en tout point de
l’antenne. En pratique, on considèrera le point où le courant est maximum.
L’efficacité d’une antenne est reliée au rapport entre la puissance rayonnée et la puissance
dissipée totale (équation 36).
PRad RRad
η= = Équation 36
PA RRad + RLoss
(
PA = PS 1 − Γin
2
) Équation 37
Z in − Z C
S11 = Γin = Équation 38
Z in + Z C
A. Boyer 21
Antennes Octobre 2011
Condition S11 = 0 ⇔ Z in = Z C
d’adaptation
Si l’adaptation n’est pas assurée, une partie de la puissance (Pmismatch = Γ².PA) est renvoyée vers
la source (ou re-rayonnée par l’antenne dans le cas de la réception), appelée en anglais mismatch loss
(pertes de désadaptation). En pratique, soit on cherchera à concevoir l’antenne de telle manière à ce
qu’elle présente une impédance égale à Zc à la fréquence de travail, soit on disposera en entrée de
l’antenne un circuit de transformation d’impédance qui modifiera l’impédance d’entrée de l’antenne
vue depuis la source et assurera l’adaptation d’impédance. Ce réseau est composé d’éléments passifs
(filtres à base d’inductances et de capacités) ou de lignes de transmission (à haute fréquence).
Remarque :
Bien que les pertes par désadaptation réduisent l’efficacité d’une antenne, celles-ci (ainsi que
les pertes par polarisation) ne sont généralement pas incluses dans le calcul de l’efficacité η.
Dans les notes d’application d’antennes, l’adaptation de l’antenne est souvent caractérisée par
le rapport d’onde stationnaire (ROS) ou Voltage Standing Wave Ratio (VSWR). Lorsqu’il y a
désadaptation, la réflexion d’une partie de l’onde incidente et l’addition avec l’onde incidente conduit
à l’apparition d’une onde stationnaire dans la ligne qui relie l’antenne à la source (ou au récepteur).
L’amplitude de cette onde stationnaire n’est pas constante le long de la ligne : l’amplitude est
maximale en certains endroits (ventres) et minimale à d’autres (nœuds). Le rapport d’onde stationnaire
est le rapport entre l’amplitude maximale et l’amplitude minimale de cette onde stationnaire, et est lié
au coefficient de réflexion par l’équation 37. Outre l’indication des pertes par désadaptation, il s’agit
aussi d’une notion importante du point de vue électronique. Ainsi, si le VSWR est supérieur à 1, la
tension obtenue en un ventre dépasse la tension nominale, ce qui peut conduire à une dégradation des
équipements électroniques présents. Le VSWR est souvent noté de la manière suivante : 1.9 : 1, qui
signifie un VSWR = 1.9, c'est-à-dire que le rapport entre l’amplitude max. de l’onde stationnaire est
1.9 fois plus grande que l’amplitude min. Le coefficient de réflexion est alors de 0.31. La perte de
puissance par désadaptation sera alors de 10 % de la puissance incidente, soit une perte de 0.44 dB.
V max 1 + Γin
VSWR = = Équation 39
Vmin 1 − Γin
-10 dB
Fréquence
Bande passante
Figure 14 – Bande passante et coefficient de réflexion
D’un point de vue électrique, nous avons vu que l’antenne pouvait être vue comme un circuit
résonant RLC. La bande passante BW (bande passante à 3 dB de la valeur du champ) est liée au
A. Boyer 22
Antennes Octobre 2011
facteur de qualité Q du circuit RLC à la fréquence de résonance fRes. Le facteur de qualité représente la
quantité de résistance présente lors de la résonance (pour un circuit résonant série équation 41).
f Re s
Q= Équation 40
BW
1 Rant
= Équation 41
Q 2πf Re s .Lant
Une antenne avec un fort facteur de qualité rayonne très efficacement à la fréquence de
rayonnement sur une bande de fréquence très étroite, ce qui peut limiter les interférences hors bande.
Cependant, si la bande passante est trop étroite, tout signal émis ou reçu près des bornes de la bande de
fréquence de fonctionnement sera atténué. Une antenne avec un faible facteur de qualité est large
bande mais collecte le bruit présent sur la bande de fonctionnement, dégradant ainsi la qualité du
signal reçu.
Charge +Q I I
Charge +Q
A. Boyer 23
Antennes Octobre 2011
E
M
I
Plan d’antisymétrie ou Direction de
plan H H propag.
-Q
2. Perte de polarisation
Pour optimiser la réception d’un signal radioélectrique, la polarisation de l’onde
électromagnétique et celle de l’antenne réceptrice doivent être les mêmes (Fig. 18). Dans le cas d’une
liaison entre 2 antennes à polarisation rectiligne, la perte de polarisation dépend de l’angle α entre les 2
antennes qui représente la différence d’alignement.
L pol (dB ) = 20. log(cos α ) Équation 42
A. Boyer 24
Antennes Octobre 2011
A. Boyer 25
Antennes Octobre 2011
Plusieurs exemples d’antennes de base ou avancées utilisées pour les télécommunications sont
présentées dans ce chapitre. Les principes de fonctionnement, les structures, les performances typiques
et quelques formules basiques pour le dimensionnement sont proposées. Bien que les antennes filaires
et les boucles constituent les antennes les plus courantes car les plus simples et les moins onéreuses,
leurs performances sont parfois limitées et il est nécessaire de concevoir des éléments rayonnants plus
complexes pour obtenir de meilleurs gains, des bandes passantes plus larges. Le développement des
applications sans fils embarquées et mobiles augmentent l’exigence en terme de miniaturisation des
antennes.
I. Antennes élémentaires
1. Dipôle élémentaire ou dipôle de Hertz
Un dipôle élémentaire ou dipôle de Hertz ou doublet électrique est un fil de longueur h très
inférieure à la longueur d’onde (h < λ/10). Connecté à une source d’excitation, on considère que
l’amplitude du courant est constante le long de l’antenne. On l’appelle dipôle ou doublet car des
charges de signe opposé sont stockées à chaque extrémité. Les équations 43 à 46 donnent les
expressions générales des champs électriques et magnétiques générées par cette antenne. Bien
qu’idéale, cette antenne sert de référence car une antenne filaire plus longue peut être vue comme une
succession de dipôles élémentaires.
Eθ ηβ 2 I o h 1 j
Er = 2 cos θ 2 2 − 3 3 e − jβr Équation 43
Z
Er 4π β r β r
ηβ 2 I o h 1 j j
θ R Hφ Eθ = sin θ 2 2 + − 3 3 e − jβr Équation 44
4π β r βr β r
Io O Y
I ×h 1 1
Hϕ = 2× ×ηβ 2 × sin θ × ( + j ) × e − jβr Équation 45
φ 4π β ²r ² βr
X
Eϕ = H r = H θ = 0 Équation 46
Figure 20 – Champ rayonné par
un dipôle élémentaire
Ces expressions font apparaître des termes réels et imaginaires. Dans le calcul du vecteur de
Poynting, les termes réels correspondent à la puissance active, celle transportée par l’onde progressive,
alors que les termes imaginaires correspondent à la puissance réactive, celle conservé par une onde
stationnaire qui ne se propage pas et reste au voisinage du doublet. A proximité de l’antenne (zone de
champ proche) le champ électrique est prédominant. Ces expressions peuvent se simplifier lorsqu’on
λ 1 1
s’éloigne suffisamment ( β R >> 1 ⇒ R >> ). Les termes en et deviennent
2π (βR ) 2
(βR )3
négligeables. Seules termes réels persistent, l’onde formée est donc une onde progressive. L’antenne
rayonne ! En outre, seule les champs E et H forment une onde TEM puisqu’elles sont forment un
trièdre direct avec la direction de propagation. On peut remarquer aussi que la polarisation de l’onde
est rectiligne.
A. Boyer 26
Antennes Octobre 2011
8
60π 2πR
Eθ = j h.I . sin θ exp − j
1 2πR
Hϕ = j h.I . sin θ exp − j 2
2λR λ
Équation 48
0
0 30 60 90 120 150 180
Theta ( )
La résistance de rayonnement est égale à : Rrad = 80 Équation 51. Plus le rapport
λ
entre la longueur du doublet sur la longueur d’onde augmente, plus le rayonnement devient
efficace.
x ωµβ o2 1 1
Eϕ = − j × Iπb 2 × sin θ × j + 2 2 × e − jβ r Équation 54 o
Figure 21 – Champ rayonné
4π βor βo r
par une boucle de courant
H ϕ = E r = Eθ = 0 Équation 55
Les expressions sont proches de celles du dipôle électrique. La boucle élémentaire est aussi
appelée dipôle magnétique. Les équations du champ font aussi apparaître des termes réels et
imaginaires, qui vont correspondre à la puissance active (onde progressive) et réactive (onde
stationnaire). A proximité de l’antenne (zone de champ proche) le champ magnétique est prédominant.
λ 1 1
A grande distance ( β R >> 1 ⇒ R >> ), les termes en et deviennent négligeables.
2π (βR ) (βR )3
2
A. Boyer 27
Antennes Octobre 2011
8
Seules termes réels persistent, l’onde
La directivité de l’antenne est égale à D(θ ) = sin (θ ) Équation 57. Elle est identique à
3 2
2
celle du dipôle électrique.
Si les pertes sont négligeables, le gain de l’antenne est de 1.5 ou 1.76 dBi.
L’angle d’ouverture à 3 dB est de 90°.
Soit S la surface de la boucle, la résistance de rayonnement est égale à :
2
S
Rrad = 31170 × 2 Équation 58. Plus le rapport entre la surface de la boucle sur la
λ
longueur d’onde augmente, plus le rayonnement devient plus efficace.
Le facteur de qualité d’une petite boucle créée avec un fil de rayon rw est donné par
6 b
ln − 2
π rw
Q= Équation 59.
(β r )3
L’antenne boucle est principalement inductive, sa capacité propre est assez faible. Sa
fréquence de résonance est généralement fixée à l’aide d’une capacité placée en série. De nombreuses
formes peuvent être données à cette boucle. Par exemple, la figure ci-dessous présente un exemple
d’antenne boucle carrée pour un lecteur d’une application RFID fonctionnant à 13.56 MHz.
A. Boyer 28
Antennes Octobre 2011
rayonné mais plutôt un couplage inductif. La zone de champ proche est cependant relativement
limitée, de l’ordre la taille de la boucle.
1. Principe
Un dipôle est constitué de 2 tiges cylindriques de diamètre fin (d < λ/100), connectées à une
source d’excitation. Cette fois-ci, sa longueur n’est plus négligeable devant la longueur d’onde et la
répartition du courant n’est plus constante le long du fil. L’analyse du rayonnement du dipôle peut se
faire en découpant le dipôle en dipôle élémentaire et en sommant leur contribution. La répartition du
courant le long du dipôle est quasi sinusoïdale (vrai si le diamètre de la tige est nul), à l’image de la
répartition du courant le long d’une ligne bifilaire. Cependant, le courant doit être nul à chaque
extrémité du dipôle (le circuit est ouvert donc il ne peut y avoir de courant de conduction aux
extrémités). La période de variation du courant le long du dipôle est égale à λ. Les courants sont en
opposition de phase en 2 points placés symétriquement sur chaque brin par rapport au centre du dipôle.
E
L
Direction de
Répartition propagation
du courant I
H
-
Figure 24 – Répartition du courant le long d’un dipôle et champ rayonné
A. Boyer 29
Antennes Octobre 2011
Pour un dipôle fin, lorsque la longueur du dipôle L est égale à λ/2 ou λ, l’antenne est alors en
résonance. La fréquence de résonance est donc égale à :
λ c
L= ⇔ f res = Équation 61
2 2.L
βL βL
cos cos(θ ) − cos
r (θ , ϕ ) = 2 2
Équation 62
sin (θ )
(a) Vue 3D
A. Boyer 30
Antennes Octobre 2011
l’angle d’ouverture à 3 dB est égal à 48° et le gain à 2.48 soit 3.94 dBi. Cependant, lorsque la
fréquence augmente de telle sorte que L > λ, des lobes secondaires apparaissent.
Si on considère un dipôle demi onde épais, son diagramme de rayonnement se rapproche plus
de celui d’un doublet.
Remarque : dBd
Il est possible de calculer le gain d’une antenne en utilisant n’importe quelle antenne de
référence, par exemple un dipôle demi onde. Dans ce cas, le gain est exprimé en dBd. Le passage des
dBi au dBd se fait par la relation suivante : G (dBd ) = G (dBi ) + 2.15dB .
5400 9700
Z in = 73.2 − + i 42.5 + Équation 63
RC RC
λ
RC = 120 ln − 1 Équation 64
d
λ 27 2300
La résonance d’un dipôle demi-onde apparaît pour : L = 1 − + 2 . Pour un
2 RC RC
dipôle fin, l’antenne présente une résistance d’entrée égale à 73.5 Ω et une réactance d’entrée égale à
42.5 Ω
Le facteur de qualité d’un dipôle demi-onde est donné par la relation suivante. Pour accroître
la bande passante d’une antenne dipôle, il faut réduire son facteur de qualité en augmentant sa
résistance d’entrée. A partir de la relation ci-dessous, on voit qu’on peut y parvenir en modifiant le
diamètre du dipôle.
λ
Q = 1.3 ln − 1 Équation 65
d
λ/2
4. Monopôle
La présence d’un plan de masse en dessous d’un dipôle va modifier ses propriétés et son
diagramme de rayonnement, en raison de la réflexion produite par le plan métallique. Un monopôle
A. Boyer 31
Antennes Octobre 2011
correspond à un cas particulier où un demi – dipôle demi-onde (une seule tige de longueur l), est placé
verticalement au dessus d’un plan de masse supposé idéal. L’excitation est connectée entre la tige
restante et le plan de masse (Fig. 27). Cette antenne s’apparente à un dipôle demi-onde qui fonctionne
à une fréquence telle que l = λ/4. Avant d’expliquer pourquoi, il convient d’introduire la notion de plan
image créé par le plan de masse.
Brin du demi
dipôle
λ
l=
4
λ
L = 2l =
2
Plan de masse
λ
l=
4
Brin virtuel
Plan image
Un plan de masse idéal est un plan infini formé par un conducteur parfait. Electriquement, il
représente une équipotentielle. Un plan de masse se comporte comme un plan d’antisymétrie pour tout
courant. En effet, supposant qu’un fil parcouru par un courant soit placé au dessus d’un plan masse. Si
le plan est parfaitement conducteur, l’onde émise par le fil vers le plan est entièrement réfléchie et
repart vers le fil. Tout se passe comme si le plan de masse se comportait comme un plan
d’antisymétrie, c'est-à-dire qu’un fil virtuel serait placé sous le premier fil symétriquement au plan de
masse et serait parcouru par un courant opposé en phase. Ce principe est à la base de la méthode des
images, qui permet de déterminer l’effet d’un plan de masse sur une antenne.
I2
I1
I1 I2
Figure 28 – Un plan de masse se comporte comme un plan image
Revenons au monopôle. Le plan de masse créé donc un deuxième brin virtuel sous le premier
et parcouru aussi par un courant I1opposé en phase. Ces 2 brins forment donc un dipôle demi-onde. Le
monopôle aura donc les mêmes propriétés qu’une antenne dipôle pour un encombrement deux fois
plus faible.
A. Boyer 32
Antennes Octobre 2011
1. Structure
Une antenne patch consiste en un élément métallique de forme quelconque (rectangulaire,
circulaire, à fente, ou formes plus élaborées) déposé sur la surface d’un substrat diélectrique qui
présente sur l’autre face un plan conducteur (plan de masse). Une antenne patch rectangulaire est
l’antenne patch la plus courante, sa structure est détaillée ci-dessous.
L
Substrat εr, r
Patch – élément
W rayonnant
O W = largeur (width)
L = longueur (length)
H
H = épaisseur du
plan de substrat (Height)
Connexion
masse
coaxiale
2. Principe de fonctionnement
L’élément rayonnant le plus classique est un rectangle et nous ne nous concentrerons que sur
ce type d’antennes. Pour plus d’informations sur des antennes patch de formes différentes, vous
pouvez vous reporter aux références [Waterhouse], [Sainati] et [Luxey].
Deux modèles sont utilisés pour comprendre le fonctionnement d’une antenne patch et
déterminer des formules analytiques de leur rayonnement et de leur impédance d’entrée. Une antenne
patch peut être vue comme une ligne de transmission (ligne microruban) ouverte à chacune de ses
extrémités. Ces 2 discontinuités se comportent comme deux extrémités rayonnantes. La deuxième
manière de traiter une antenne patch est de la considérer comme une cavité résonante, formée par le
patch, le plan de masse et les 4 bords. En basse fréquence, la cavité peut être considérée comme une
capacité qui stocke des charges et dans laquelle un champ électrique uniforme est créé entre le patch et
le plan de masse. Tant que l’épaisseur du substrat est faible, le champ électrique est orienté selon l’axe
z et indépendant de z. En pratique, l’épaisseur doit rester telle que :
A. Boyer 33
Antennes Octobre 2011
c
h≤ Équation 66
4 f ε r −1
Au fur et à mesure que la fréquence augmente, la distribution des charges sur le patch n’est
plus uniforme, et celle du courant et du champ électrique dans le plan xy aussi. Un champ magnétique
apparaît aussi. La distribution du champ électrique dans la cavité rectangulaire est donnée par
l’équation suivante :
mπx nπy
E X = EY = 0 E Z = E0 cos cos Équation 67
L W
Pour des fréquences particulières (fréquences de résonance de cavité, équation 68) liées aux
dimensions de la cavité rectangulaire, la distribution du champ électrique est telle que le rayonnement
est optimisé.
2 2
c m n
Fm, n = + Équation 68
2π ε r L W
Où m et n sont des entiers supérieurs ou égaux à 0, qui représentent les modes de cavités. Ces
modes caractérisent la distribution du champ électrique le long d’un axe de la cavité. Le mode
fondamental est le mode (m,n) = (0,1) si W > L, indiquant que le champ électrique présente un
minimum le long de l’axe parallèle à la largeur, et (m,n) = (1,0) si L > W, indiquant que le champ
électrique présente un minimum le long de l’axe parallèle à la longueur. Cette formule est valable
uniquement si la hauteur de la cavité est négligeable. Si ce n’est pas le cas, il faudra pendre en compte
une troisième composante dans le mode de résonance. Vous pouvez vous reporter à des ouvrages
spécialisées [Hill] pour plus de détails sur les modèles de cavité résonante.
Prenons le cas où L > W et étudions la distribution du champ électrique dans la cavité (Fig.
31). Lorsque la longueur L de la cavité est environ égale à λ/2, l’antenne entre en résonance, à la
manière d’un dipôle demi onde. Le champ électrique est maximal et en opposition de phase aux 2
extrémités séparées par L. Le long de l’axe Y (parallèle à W), le champ électrique est quasiment
uniforme. Par contre, le champ électrique n’est pas uniforme le long de l’axe X (parallèle à L). Il
présente un minimum et un maximum et passe par un zéro le long des extrémités séparées par W.
Cette distribution de champ électrique est liée à une accumulation de charges de signes opposées sur
les bords séparées par L et un courant orienté le long de l’axe X.
Champ EM rayonné
E
L>w
z H
E L
y
x
w
Plan de masse
Le champ présent entre les bords du patch et le plan de masse va déborder et contribuer à
générer le champ électromagnétique rayonné : ceux généré par les bords séparés par L étant maximum
et en opposition de phase vont avoir tendance à s’additionner de manière constructive et optimale, et
générer un rayonnement inscrit dans le plan YZ. Ces 2 bords sont donc appelés bords rayonnants.
A. Boyer 34
Antennes Octobre 2011
Ceux générés par les bords séparés par W présentant un zéro, ils ne vont pas contribuer au
rayonnement.
Cependant, en raison de ce débordement du champ électrique, la résonance ne se fait pas
parfaitement lorsque la fréquence est telle que la longueur du patch est égale à la demi longueur
d’onde, mais lorsque L ≈ 0,49 λ.
Le calcul des performances de l’antenne n’est pas trivial et repose sur soit sur un calcul
analytique et plusieurs hypothèses simplificatrices, soit sur l’utilisation de méthodes numériques
exactes. Pour des géométries simples, les méthodes analytiques sont facilement utilisables. Pour des
géométries plus complexes, il est nécessaire d’employer des méthodes numériques.
θ
z I
O φ L
z
y H
x W
x y
θ=0° θ=0°
2θE 2θH
θ=90° θ=90°
θ=270° θ=270°
θ=180° θ=180°
Plan E (φ=0°) Plan H (φ=90°)
A. Boyer 35
Antennes Octobre 2011
−0.5
πW
2θ H 3dB = 2 arccos 21 +
Équation 72
λ0
Source
L Alim.
coaxiale
c
Fente
W2 W
G1 = si << 1
90λ20 λ0
Équation 74
W2 W
G1 = si >> 1
120λ20 λ0
L’effet de la position du point d’alimentation peut être pris en compte et déterminé à partir de
l’équation 75. Comme le montre la figure 34, placer le point de polarisation au milieu du patch conduit
à une impédance d’entrée nulle et à une dégradation du rayonnement.
πx L R pos
R pos = Rin cos 2 ⇔ x= arccos Équation 75
L π Rin
A. Boyer 36
Antennes Octobre 2011
Rin
Rpos
150
0
0 L/2 L yx
La bande passante d’une antenne patch est relativement faible, seulement quelques % de la
fréquence centrale. Pour accroître la bande passante, il est possible d’augmenter l’épaisseur du substrat
pour réduire le facteur de qualité de la cavité résonante (tout en conservant un substrat suffisamment
fin pour conserver l’effet de cavité). Il est aussi possible de modifier la méthode d’alimentation du
patch, ou couplages entre antennes résonantes (2 patches superposés).
Figure 35 – Exemple d’antenne planaire multi-bande (antenne PIFA) pour les bandes GSM, DCS et
UMTS [Ciais]
A. Boyer 37
Antennes Octobre 2011
Figure 36 – Exemple d’antenne planaire multi-bande (antenne PIFA) : station de base indoor pour les
bandes GSM et DCS [Chen]
A. Boyer 38
Antennes Octobre 2011
Chip
antenna
A. Boyer 39
Antennes Octobre 2011
x Bords Sources
diffractants secondaires
θ
A. Boyer 40
Antennes Octobre 2011
D2
r≤ D2
2λ r≥2
λ
Ondes planes
Ondes sphériques
2D 2
r > 10 D ou r> Équation 80
λ
Dans le cas d’une ouverture de faible surface, l’amplitude et la phase de l’onde incidente
peuvent être constants. Prenons le cas d’une ouverture équiphase et équiamplitude, en notant E0 le
champ incident. Le champ électrique émis dans la direction de rayonnement maximal (θ=0°) est donné
par :
E 0 .S
E max = E (θ = 0°) =
1
λ.r ∫∫ E
S
0 dS =
λ .r
Équation 82
( ) 1 E 0 .S
2
1 E max
pW /m 2
= = Équation 83
2 η 2η λ .r
2
1 E 0 .S
p(W / sr ) = Équation 84
2η λ
1 2
Connaissant la puissance totale rayonnée par l’ouverture : PA = E 0 .S , le gain peut être
2η
déduit :
P(θ , ϕ ) 4πS
G = 4π = 2 Équation 85
PA λ
A. Boyer 41
Antennes Octobre 2011
πa
u1 = sin θ cos ϕ Équation 88
λ
πb
u2 = sin θ sin ϕ Équation 89
λ
La loi d’éclairement va aussi modifier le diagramme de rayonnement. Le tableau ci-dessous
compare l’effet de 2 lois d’éclairement sur le rayonnement d’une ouverture rectangulaire [Combes].
Suivant la loi d’éclairement, il est possible soit de réduire la largeur du lobe principal, soit de diminuer
l’amplitude des lobes secondaires.
Loi d’éclairement (l Rapport des Angle d’ouverture à Facteur de gain Niveau relatif du 1e
= a ou b) amplitudes 3 dB (°) lobe secondaire
bord/centre
Uniforme 1 λ 1 -13.2 dB
50.8
l
πx 0 λ 0.81 -23 dB
cos 68.8
l l
A. Boyer 42
Antennes Octobre 2011
d. Antenne cornet
Les antennes cornet sont des guides d’ondes dont la section augmente progressivement avant
de se terminer par une ouverture rayonnante, dont la section peut être rectangulaire, carrée ou
circulaire. Suivant la forme du cornet, il est possible d’obtenir un diagramme de rayonnement fin soit
dans le plan E, soit dans le plan H, soit les deux. La figure ci-dessous présente un exemple d’antenne
cornet (Fig. 42) ainsi que son diagramme de rayonnement (Fig. 43).
2. Antenne à réflecteur
Les antennes à réflecteur sont très utilisées dans les télécommunications par faisceau hertzien,
qu’elles soient terrestres ou spatiales, en raison de leur fort gain et de la concentration de la puissance
rayonnée dans un seul faisceau. De nombreuses antennes contiennent des réflecteurs plans situés en
face arrière, qui permettent de bloquer un lobe dans la direction du lobe principal. Dans le cas de
faisceau hertzien, les réflecteurs employés sont de forme parabolique. Lorsqu’une source primaire est
placée en leur foyer, ces réflecteurs sont capables de concentrer la puissance réfléchie dans un faisceau
étroit. Nous allons nous intéresser uniquement à ce type de réflecteur.
La figure 44 décrit le principe de rayonnement d’une antenne à réflecteur parabolique. Une
source primaire (antenne cornet) est placée au foyer du réflecteur parabolique de manière à produire
une onde sphérique. Cette onde incidente va interagir de 2 manières avec le réflecteur :
La majeure partie de l’onde incidente interceptée par le réflecteur va y induire des courants
de surface, qui vont à leur tour produire un rayonnement. La surface du réflecteur va donc
se comporter comme une source secondaire d’après le principe de Huygens, que nous avons
A. Boyer 43
Antennes Octobre 2011
D
Rayonnement Antenne
par diffusion cornet
(πD )2 .FG
G= Équation 90
λ2
A. Boyer 44
Antennes Octobre 2011
D. Antennes de réception
Une antenne passive peut être utilisée en émission et en réception. Jusque-là, nous avons
raisonné sur des antennes d’émission, connectées à une source électrique et rayonnante une onde
plane. Dans ce chapitre, nous allons travailler sur des antennes de réception, excitées par une onde
plane incidente et connectées à un récepteur. Quel que soit le sens d’utilisation, les propriétés restent
les mêmes. Une antenne à fort gain émet la majeure partie de l’énergie rayonnée dans une direction de
l’espace et, inversement, couple principalement une onde électromagnétique venant de cette direction.
Une antenne émettrice adaptée permet un transfert de puissance efficace depuis la source électrique
vers l’onde rayonnée. Une antenne réceptrice adaptée permet un transfert de puissance de l’onde
incidente vers le récepteur.
Plusieurs caractéristiques sont propres aux antennes de réception, comme le facteur de
conversion entre le signal capté et le champ incident (facteur d’antenne) ou le seuil de réception
imposé par l’antenne. Connaissant les propriétés des antennes émettrices et réceptrices d’une liaison
radio et celles su canal de propagation, il est possible de réaliser un bilan de liaison, c’est-à-dire
déterminer la puissance reçue par un récepteur connaissant la puissance émise et la séparation entre
antennes. Le bilan de liaison nécessite de connaître les conditions de propagation et de modéliser
l’ensemble des effets parasites dégradant la propagation des ondes électromagnétiques. Ces modèles
devenant très complexes dans un environnement réel, ils dépassent le cadre de ce cours. Dans ce
chapitre, nous n’aborderons que le modèle de perte puissance par propagation en espace libre (formule
de Friis). Pour une bonne introduction à la problématique de la propagation des ondes
électromagnétiques dans les réseaux terrestres, vous pouvez vous reporter aux ouvrages suivants
[Siwiak] [Sizun] [Lee].
Enfin, nous commencerons à aborder quelques techniques permettant d’améliorer la sensibilité
d’un récepteur en exploitant les techniques de diversité d’antenne. Nous verrons d’autres techniques
dans le prochain chapitre.
Seq
pR (W/m²) pR (W/m²)
PA
PR = ∫ p ds = p
S eq
R R × S eq
A. Boyer 45
Antennes Octobre 2011
S eq Gλ2
G = 4π ⇔ S eq = Équation 92
λ2 4π
E2 λ2 E 2
PA = S eq .PR = S eq =G Équation 93
η0 4π η 0
Si l’antenne de réception est connectée à un récepteur de résistance RR, la tension VR aux
bornes de ce récepteur est égal à VR = PR .RR . Le champ électrique de l’onde incidente et la tension
reçue est donnée par l’équation 94. Le rapport entre le champ électrique incident et la tension générée
aux bornes de l’antenne de réception est appelé facteur d’antenne AF, exprimé généralement en dB.
VR 4πη 0
E= Équation 94
λ G.RR
E 1 4πη 0
AF = 20 × log = 20 × log Équation 95
V λ G.RR
A. Boyer 46
Antennes Octobre 2011
proportionnalité qui caractérise le bruit issu de l’environnement et capté par l’antenne. Elle dépend de
la température des objets se trouvant dans le diagramme de rayonnement de l’antenne. La figure ci-
dessous donne les températures équivalentes des milieux pointés par une antenne.
Tciel
Corps Température de bruit
Terre, eau 290°K
A. Boyer 47
Antennes Octobre 2011
La puissance reçue diminue avec le carré de la distance. Il s’agit d’une perte de propagation
aussi appelée Path Loss. Cette perte de propagation en espace libre Lp peut s’écrire :
λ2 4π
2
PG
LP = e e = = ×d × f Équation 100
Pr Gr (4πd ) c
2
LP (dB ) = 32.4 + 20 ⋅ log(d (km )) + 20 ⋅ log( f (MHz )) Équation 101
2. Bilan de liaison
Le bilan de liaison se présente sous la forme d’un tableau avec 3 lignes principales :
Les caractéristiques de l’émetteur
Les caractéristiques du récepteur
Les pertes propagation
Il s’agit de faire la somme de tous les gains et toutes les pertes pour déterminer la puissance
émise par l’antenne, la puissance reçue minimale (à partir de la sensibilité du récepteur), puis d’en
déduire la perte de propagation maximale.
Considérons la liaison descendante entre une station de base GSM et un récepteur mobile. La
station de base est composée par des antennes directives de gain = 14 dBi. La puissance maximale de
l’émetteur est fixée à 42 dBm. Les coupleurs et les câbles induisent des pertes respectives de 3 et 3.5
dB. La station mobile est composée d’une seule antenne omnidirectionnelle. Les pertes sont
principalement dues à la proximité d’un corps humain et sont évaluées à 3 dB. Le seuil de réception
est donné à -102 dBm. Pour tenir compte des effets parasites de l’environnement sur la propagation,
une marge de bruit de 8 dB est ajoutée. On cherche la perte de propagation maximale.
La figure 47 décrit sous forme de schéma le transfert de puissance, en indiquant les gains
(notés G) et les pertes (notées L).
GBTS Lp
PeBTS Lc L f BTS
Tx Coupleur Alimentation GMS
L f MS
Station de base Alimentation
PeMS Tx Rx PrMS
Station mobile
Figure 47 – Transfert de puissance entre une station de base et une station mobile
L’équation constitutive du bilan de liaison est la suivante. Le bilan de liaison est donné par le
tableau ci-dessous.
A. Boyer 48
Antennes Octobre 2011
L’onde électromagnétique peut subir une perte de propagation maximale de 140.5 dB.
Connaissant le modèle propagation, il est possible de déduire une valeur de séparation maximale entre
les antennes émettrices et réceptrices, donnant la couverture de la station. En considérant une
propagation en espace libre, on trouve une séparation maximale de 280 km. Une telle couverture pour
une cellule de réseau cellulaire est irréaliste car le modèle de propagation employé est trop optimiste.
En utilisant un modèle de propagation plus réaliste et adapté en environnement urbain (COST231 –
Hata [Sizun]), on trouve une portée théorique proche de 4 km.
V. Diversité
Lors de sa propagation, l’onde électromagnétique subit une forte atténuation qui devient
parfois aléatoire en présence d’obstacles (fading), en raison du phénomène de propagation multi-trajet.
Dans ce type d’environnement, la puissance du signal reçue peut être améliorée à chaque fois qu’il est
possible de recevoir ce signal par au moins 2 chemins indépendants. En diversifiant les canaux de
réception, on améliore l’amplitude du signal reçu. On parle alors de gain de diversité.
1. Diversité spatiale
Dans les environnements où de nombreux obstacles sont présents, de nombreuses réflexions
sont engendrées qui conduisent à la création de plusieurs canaux de transmission. A cause de cette
propagation multi-trajet, le signal reçu par un site fixe semble provenir d’une source distribuée dans
l’espace. Il subit alors de fortes variations sur de petites distances (Fig. 48). Supposons qu’on ait un
récepteur dual, c’est-à-dire utilisant 2 antennes. Si ces antennes sont suffisamment éloignées, il y a de
fortes chances que les signaux reçues par chacune d’elles soient décorrélés. Cette différence de signal
reçu peut être exploitée comme technique de diversité pour améliorer l’amplitude du signal reçu. Le
récepteur sélectionne alors la voie sur laquelle le signal capté est maximal. La puissance moyenne
reçue au cours du temps est alors supérieure au cas où une seule antenne est utilisée. Le gain apportée
est appelé gain de diversité. Cette diversité est exploitée dans les stations de base des réseaux
cellulaires et les routeurs WiFi.
A B Puissance Pdiv
Récepteur
dual Pdiv moyen
PB Gain de
E diversité S
(dBµV/m) d PA
PA moyen
PB moyen
x (m)
Temps
(
S = 20. log 1 + 1 − ρ ) Équation 103
A. Boyer 49
Antennes Octobre 2011
2
∑2
p =0
2p
( )
p! n + p !
x 2 p ).
λ/5 λ/5
Figure 49 – Gain de diversité en fonction de la séparation entre antennes d’un récepteur dual fonctionnant
à 2450 MHz
A. Boyer 50
Antennes Octobre 2011
2. Diversité de polarisation
La plupart des systèmes de télécommunications terrestres utilisent des polarisations verticales.
Cependant, les réflexions ne se font pas toutes selon des plans verticaux. La présence d’objets
horizontaux est à l’origine d’ondes polarisées horizontalement. Ce changement de plan de polarisation
conduit à une perte de polarisation. La diversité de polarisation consiste à employer 2 antennes
proches polarisées orthogonalement de manière à compenser les changements de polarisation. Le gain
de diversité de polarisation est de l’ordre de 4 à 6 dB.
R1 H 11 H 12 E1
R = H H 22 E 2
Équation 105
2 21
Pour reconstituer les 2 trames, il faut résoudre le système d’équations précédent. Cela est
possible car le système MIMO utilise une modulation de type OFDM (Orthogonal Frequency Division
Multiplexing). Le signal à transmettre est modulé par un grand nombre de sous-porteuses orthogonales
entre elles et placées sur des fréquences proches. La propagation multi-trajet étant très sélective en
fréquence, certaines fréquences seront mieux transmises que d’autres. Connaissant le signal
initialement transmis, il est possible de déterminer la fonction de transfert du canal Hij. Ainsi, dans un
système OFDM, les trames présentent des entêtes connues permettant de la déterminer. Ainsi, grâce à
l’utilisation de plusieurs antennes et l’exploitation de la diversité spatiale, il est possible d’accroître le
débit de transmission. La technologie MIMO fera son apparition dans la téléphonie mobile avec les
réseaux 4G.
A. Boyer 51
Antennes Octobre 2011
E. Réseau d’antennes
Avant de présenter quelques exemples concrets de réseaux d’antennes, nous allons présenter
les éléments théoriques. Seules les considérations liées aux antennes seront abordées, pas le traitement
de signal associé. Il est conseillé de se reporter à des ouvrages spécialisés pour plus d’informations.
Ensuite, nous introduirons trois concepts avancées basés sur les réseaux d’antennes apparus
récemment : le beamforming, les antennes intelligentes et le Multiple In Multiple Out (MIMO).
I. Réseaux d’antennes
1. Présentation du concept
L’idée est de combiner le rayonnement de plusieurs éléments rayonnants afin d’accroître le
rayonnement de l’antenne dans une ou plusieurs directions données, comme le montre la figure 52. En
d’autres termes, il s’agit de créer une interférence constructive entre les ondes électromagnétiques
issues de différentes sources. La combinaison de ces différentes ondes va dépendre de la disposition et
de la séparation entre les éléments rayonnants, ainsi que des propriétés en amplitude et en phase de
l’excitation. Le réseau d’antennes comprend les différents éléments rayonnants ainsi que les structures
permettant de modifier l’excitation de chaque élément rayonnant. Les éléments peuvent être
quelconques : dipôles, patches, fentes rayonnantes. L’unique condition est que la mise en réseau de ces
éléments ne modifie pas leurs caractéristiques propres. Par rapport aux éléments rayonnants, le gain et
l’angle d’ouverture du réseau d’antenne seront donc modifiés.
Réseau d’antennes Diagramme de
θ rayonnement
Att φ
Direction du
Emetteur lobe principal
Att φ
Emetteur
Atténuateurs Eléments
…
Déphaseurs rayonnants
Récepteur Att φ
Att φ
2. Théorie
Soit N sources identiques et indépendantes notées Sk placées sur une surface quelconque. On
suppose que les couplages entres ces différentes sources sont nuls (condition valable si les distances
entre antennes sont supérieures à λ). Les notations et les hypothèses suivantes seront employées :
A. Boyer 52
Antennes Octobre 2011
M
Sk : centre de la source
Ai.exp(iΦk) : alimentation complexe de chaque
θ3 source
z
|SkM| = rk ≈ r : distance entre le centre d’une source
S3 et un point M très éloigné
y SN
x α 1 dk est la distance entre l’origine du repère st une
d1
S1 S2 source Sk
O
αk est l’angle d’élévation, entre la surface et la
Figure 53 – Position du problème : N sources direction SkM
indépendantes placées sur une surface fk(θk) : fonction caractéristique de rayonnement de
chaque source. Pour simplifier, on suppose une
symétrie de révolution autour de l’axe z (diagramme
de rayonnement indépendant de φ)
Le champ rayonné au point M par une antenne peut être calculé à l’aide de l’équation 106. K
est un facteur constant, dépendant des éléments rayonnants employés, qui permet de déterminer la
valeur du champ électrique.
2π
Ek (M ) = K . f k (θ k ) exp(iΦ k )exp(− iβrk ), β =
Ak
r λ
Ek (M ) = K . f k (θ k ) exp(iΦ k )exp(− iβ (r − d k cosα k ))
Ak
r
Ek (M ) = K . f k (θ k ) exp(− iβr )exp i(Φ k + βd k cosα k )
Ak
r
N
FN (θ ) = f (θ )∑ Ak exp (i.Ψk )
k =1
A. Boyer 53
Antennes Octobre 2011
×
G1
G0
2θ3
2θ3
0° 90° 180° θ 0° 90° 180° θ 0° 90° 180° θ
…
S1 S2 S3 SN
d
Ak = A0
Alimentation des antennes : Φk = k×Φ, k=[0,N-1]
N −1
AF (α ) = A0 ∑ exp i (k .Ψ ), Ψ = φ + βd cos α
i =0
Suite géométrique
de raison N
Équation 109
Une suite géométrique de raison N apparaît dans l’expression du facteur de réseau qui peut
alors s’écrire de la manière suivante :
A. Boyer 54
Antennes Octobre 2011
NΨ NΨ NΨ NΨ NΨ
exp i exp − i − exp i exp i sin Équation 110
1 − exp(iNΨ ) 2 2 2 =A 2 2
AF (θ ) = A0 = A0
1 − exp(iΨ ) Ψ Ψ Ψ Ψ Ψ
0
exp i exp − i − exp i exp i sin
2 2 2 2 2
Rayonnement α=90°
Lobe primaire transversal
α=180° α=0°
Lobes …
secondaires S1 S2 S3 SN
Rayonnement Rayonnement
d
longitudinal longitudinal
Rayonnement
transversal α=-90°
α-
Figure 56 – Facteur de réseau pour un réseau composé de 8 antennes colinéaires (d= λ et Φ=0°)
A. Boyer 55
Antennes Octobre 2011
φ φλ
⇒ cosα 0 = − =− Équation 112
βd 2πd
D’après la relation précédente, la direction du lobe principale s’éloigne de la direction normale
de l’alignement au fur et à mesure que le déphasage Φ grandit. Il apparaît aussi que le lobe principal
(ainsi que les lobes secondaires) s’incline du coté où les phases retardent. Cette propriété est
intéressante. En effet, en contrôlant le déphasage entre les antennes du réseau, il est possible de
contrôler, réajuster l’orientation du faisceau produit par le réseau d’antennes.
Si Φ >0, cos α0 < 0 Si Φ < 0, cos α0 > 0
α0
α0
S1 S2 S3 … SN
S1 S2 S3 … SN
Φ1 < Φ2 < Φ3 < ΦN Φ2 Φ3
Φ1 > > > ΦN
Figure 57 – Effet du déphasage entre les sources sur un réseau d’antennes colinéaires : le lobe principal
s’incline du côté où les phases retardent.
λ
⇒ d< Équation 113
1 + cosα 0
Cette condition conduit à ne pas espacer les antennes de plus d’une longueur d’onde. Elle tend
à rapprocher le plus possible les antennes. Cependant, plus celles-ci sont rapprochées, plus les
couplages en champ proche entre antennes sont importants. Or, ceux-ci vont modifier les
A. Boyer 56
Antennes Octobre 2011
Lobe primaire
(élargissement)
Lobes secondaires
atténués
Figure 58 – Facteur de réseau pour un réseau composé de 8 antennes colinéaires (d= 0.8λ et Φ=0°) –
réduction des lobes secondaires
6. Antenne Yagi
L’antenne Yagi (ou Yagi-Uda) est une antenne
couramment employée pour la réception de la télévision (Fig. 60).
Il s’agit d’un exemple de réseau d’antennes formé de N dipôles
colinéaires équidistantes. Les dipôles sont orientés le long d’un
axe qui est pointé vers l’émetteur de télévision. La mise en réseau
est à l’origine d’un rayonnement longitudinal.
Ce réseau est comparable à celui que l’on vient de traiter. Excepté
qu’en l’absence de déphasage entre les excitations de chaque
antenne, le rayonnement est transversal. Les dipôles de l’antenne
Yagi sont alimentés avec une amplitude constante, mais avec un Figure 59 – Antenne Yagi
déphasage constant.
Le déphasage est choisi pour avoir un rayonnement optimal dans la direction longitudinal (α0
= 0°). La condition sur le déphasage est donnée par l’équation suivante.
Lobe primaire
2πd cos 0 2πd …
φ =− =− Équation 114
λ λ S1 S2
Φ2
S3 SN
Φ1 > > Φ3 > ΦN
Généralement un réflecteur est situé à à l’arrière du réseau pour réduire l’amplitude des lobes
secondaires émis dans la direction longitudinal opposée.
A. Boyer 57
Antennes Octobre 2011
Amplificateur monté
sur tour (mast-head
amplifier)
Station de base
Diviseur
RX
Contrôleur TX
réseau radio
Câbles à
Amplificateur faibles pertes
de puissance
L’ouverture horizontale dépend du plan de réutilisation des ressources. Ainsi, pour des
cellules à 3 secteurs (typiques en environnement urbain), une station de base est formée de 3 antennes
espacées de 120° en azimut. L’angle d’ouverture horizontal à 3 dB de chaque antenne est en général
de 65°. Les antennes de station de base doivent couvrir le plan horizontal situé à leur pied. Elles
présentent donc un angle d’ouverture vertical faible (de 3 à 7°). Il est en effet inutile que le lobe
principal soit dirigé vers le ciel. Elles sont généralement placées en hauteur pour éviter les
phénomènes de masquage par des obstacles. Cependant, si elles ne sont pas légèrement orientées vers
le bas (en d’autres termes, si on ne leur ajoute pas un tilt), les utilisateurs placés au pied de la station
de base risquent de ne pas être couverts. En outre, cela permet de réduire le niveau d’interférence réçu
A. Boyer 58
Antennes Octobre 2011
par les utilisateurs des cellules adjacentes. L’angle d’élévation (beamtilt) doit donc être correctement
choisie pour optimiser la couverture d’une cellule et réduire les interférences entre cellules. Celui-ci
peut être ajouté mécaniquement en orientant l’antenne, ou électriquement (Remote Electrical Tilt RET)
en modifiant les phases des excitations des éléments rayonnants de l’antenne. Cette dernière technique
est particulièrement intéressante car elle permet un contrôle en temps réel de la capacité de chaque
cellule. Si à un instant une cellule se trouve surchargée alors que le trafic reste faible sur une cellule
adjacente, les tilts de chaque cellule peuvent être réajustés pour accroître la couverture de cette
seconde cellule et rééquilibré le trafic. Depuis l’introduction des réseaux 2G, le RET est utilisé
massivement dans les réseaux cellulaires.
2. Beamforming
Le RET présenté précédemment est un premier pas vers des antennes “intelligentes”. Le
contrôle du tilt peut aussi être étendu au contrôle de l’azimut du lobe principal ou de l’ouverture
horizontal de l’antenne (Remote Azimuth Steering RAS et Remote Azimuth Beamwidth control
RAB). Cela permettrait de « focaliser » le lobe principal de l’antenne vers le signal reçu désiré et
d’améliorer le rapport signal sur interférences. Cette modification du diagramme de rayonnement
basée sur le contrôle d’un réseau d’antennes est appelée de manière générale Beamforming. Le
beamforming s’apparente à un filtrage spatial, où le signal provenant d’une direction donnée est capté
alors que ceux provenant d’autres directions sont rejetés. Le filtrage étant contrôlé par la direction du
lobe principal à fort gain. La technique la plus simple et la moins couteuse pour faire du beamforming
est de synthétiser plusieurs réseaux présentant des lobes principaux dans des directions différentes,
puis de sélectionner un des faisceaux produit par un des réseaux.
3. Antennes intelligentes
Les antennes intelligentes sont basées sur un beamforming adaptatif. L’idée est d’utiliser un
réseau d’antennes et de modifier en temps réel les conditions d’excitation de chaque élément
rayonnant pour modifier le diagramme de rayonnement et s’adapter à un environnement changeant. Ce
contrôle étant basé sur du traitement de signal très « gourmand » en temps de calcul et bien que les
recherches et les innovations dans ce domaine soient nombreuses, ce type de technique n’est pas
encore largement adopté dans les réseaux cellulaires et les standards de télécommunication. Mais la
pression pour réduire les coûts, les contraintes de plus en plus fortes sur la capacité, la couverture, les
débits, le nombre de systèmes existants sur des fréquences différentes, augmentent le coût de
développement des antennes et rendent l’introduction des antennes intelligentes de plus en plus
intéressante pour les opérateurs.
Technologie standard Technologie antennes intelligentes
Interférant Interférant Interférant Interférant
Signal
Signal désiré
désiré
Diagramme de
rayonnement
Diagramme de
Réseau
rayonnement d’antennes
Traitement numérique –
Antenne omni. 49 Beamforming Octobre 2010
A. Boyer 59
Antennes Octobre 2011
Références
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pour le Public », version 2, 22 février 2008, ANFR, www.anfr.fr
[Boyer] A. Boyer, Cours de Canaux de Transmission Bruités, disponible en ligne sur
http ://lesia.insa-toulouse.fr/~a_boyer/enseignements-alex.htm
[Brzeska] M. Brzeska, G. A. Chakam, « Modelling of the coverage range for modern vehicle
access systems at low frequencies », 37th European Microwave Conference, October 2007,
Munich, Germany
[Chen] Z. N. Chen, K. M. Luk, « Antennas for Base Stations in Wireless Communications »,
MacGraw Hill, 2009, 978-0-07-161289-0
[Ciais] P. Ciais, R. Staraj, G. Kossiavas, C. Luxey, « Design of an Internal Quad-Band Antenna for
Mobile Phones », IEEE Microwave and Wireless Components Letters, vol. 14, no 4, p. 148-
150, April. 2004.
[Combes] P. F. Combes, « Micro-ondes tome II – Circuits passifs, propagation, antennes »,Dunod,
1997, 2-10-002753-0
[Dobkin] D. M. Dobkin, « The RF in RFID – Passive UHF RFID in Practice », Newness, 2008, 978-
0-7506-8209-1
[Godara] L. C. Godara, « Handbook of Antennas in Wireless Communications », CRC Press, 2001,
978-0849301247
[Hill] D. A. Hill, « Electromagnetic Fields in Cavities – Deterministic and Statistical Theories »,
Wiley, 2009, 978-0-470-46950-5
[Lee] W. C. Y. Lee, « Mobile Communications Design Fundamentals», 1993, Wiley
[Lo] Y. T. Lo, S. W. Lee, « Antenna Handbook – Volume II – Antenna Theory », Van Nostrand
Reinhold, 1993, 0-442-01593-3
[Luxey] C. Luxey, R. Staraj, G. Kossiavas, A. Papiernik, « Antennes Imprimées – Bases et Principes
», Techniques de l’ingénieur, n° E3310
[Sainati] R. A. Sainati, « CAD of Microstrip Antennas for Wireless Applications », Artech House,
1996, 0-89006-562-4
[Scholz] P. Scholz, Basic Antennas Principles for Mobile Communications, Kathrein,
http://www.kathrein.pl/down/BasicAntenna.pdf
[Siwiak] K. Siwiak, Y. Bahreini, « Radiowave Propagation and Antennas for Personal
Communications – 3rd Edition », Artech House, 2007, 978-1-59693-073-5
[Sizun] H. Sizun,, « Propagation des Ondes Radioélectriques des Réseaux Terrestres », Techniques
de l’ingénieur, n° E1162
[Waterhouse] R. Waterhouse, « Printed antennas for Wireless Communications », Wiley, 2007, 978-0-470
A. Boyer 60
Antennes Octobre 2011
A. Boyer 61
Antennes Octobre 2011
V (µV )
V (dBµV ) = 20 × log
1µV Équation 119
V (V )
V (dBµV ) = 20 × log −6 = 20 log(V (V )) + 120 = V (dBV ) + 120
10 V
P(mW )
P(dBm ) = 10 × log
1 mW Équation 120
P (W )
P(dBm ) = 10 × log −3 = 10 log(P (W )) + 30 = P(dBW ) + 30
10 W
A. Boyer 62
Antennes Octobre 2011
On distingue deux régions autour d’une antenne : une zone proche appelée zone de champ
proche ou zone réactive à proximité de l’antenne, et une zone de champ lointain ou zone radiative qui
s’étend à l’infini. En champ proche, on ne peut pas parler de rayonnement électromagnétique,
puisqu’une partie importante de l’énergie électrique et magnétique n’est pas liée à une onde
électromagnétique qui se propage. En champ lointain, la partie radiative de l’énergie de l’antenne est
prédominante et on peut parler d’une onde électromagnétique sphérique qui se propage.
La limite entre zone de champ proche et zone de champ lointain est un peu floue et dépend de
la fréquence et des dimensions de l’antenne. On peut considérer qu’on est en zone de champ lointain
lorsque la plus grande dimension D de l’antenne est petite devant la distance séparant l’antenne du
point d’observation. En d’autre terme, il est difficile de différencier les contributions de chaque partie
élémentaire de l’antenne au champ produit au point d’observation. On définit la limite entre zone de
champ proche et champ lointain par les 2 critères suivants :
2D 2
R> Équation 121
λ
R > 10.D Équation 122
Il est important de noter que lorsqu’une antenne est placée dans la zone de champ proche
d’une autre antenne, un fort couplage existe entre les deux antennes (couplage électrique, assimilable à
une capacité) ou magnétique (assimilable à une inductance mutuelle) qui va contribuer à fortement
modifier les propriétés de chaque antenne (impédance, diagramme de rayonnement, fréquence de
résonance). De même, tout objet métallique placé à proximité de l’antenne va modifier ses propriétés
(par exemple le mat d’installation d’une antenne). Lors d’une installation d’antenne, il est important
d’évaluer cette modification.
A. Boyer 63
Antennes Octobre 2011
La proximité d’un récepteur mobile à proximité d’un corps humain pose 2 problèmes.
D’abord, le corps humain a une influence sur le diagramme de rayonnement de l’antenne de
réception :
Baisse de l’efficacité des antennes (réduction de 15 – 29 % pour un dipôle à 840 MHz, 60 –
62 % pour une boucle à 152 MHz).
Le corps humain présente une résonance à une onde polarisée verticalement pour des
fréquences comprises entre 30 et 70 MHz.
Ensuite, les rayonnements électromagnétiques non ionisants peuvent avoir un effet biologique.
Ceux-ci peuvent être absorbés plus ou moins efficacement par le corps humain et induire un
échauffement. Le corps humain peut être modélisé au premier ordre par un cylindre parcouru par des
courants en surface, à l’intérieur d’une épaisseur δ appelée épaisseur de peau :
−1 / 2
β 2 2
δS = εr + σ −εr Équation 123
ωε 0
2
ε est la constante diélectrique du corps humain égale à 64 à 100 MHz, et 43 à 1.6 GHz. Sa
conductivité électrique σ est égale à = 0.45 S/m à 100 MHz, et 1.07 à 1.6 GHz. On caractérise la
capacité du corps à absorber de l’énergie par la grandeur suivante Specific Absorption Rate (SAR). Il
s’agit du le rapport entre la quantité d’énergie dW absorbée par un élément de masse dm contenu dans
un volume élémentaire dV. Erms est la valeur efficace du champ électrique absorbé et ρ est la masse
volumique du tissu absorbant.
d dW d dW σE rms2
SAR (W / kg ) = = = Équation 124
dt dm dt ρdV ρ
Figure 65 – Simulation du champ électrique à proximité d’une personne utilisant un téléphone mobile
[source : CST]
Afin de protéger les personnes à proximité d’antennes radio, des standards régulent les valeurs
maximales de champs électromagnétiques radiofréquences auxquels les personnes peuvent être
exposées. De nombreux standards existent. Les standards européens (directive 1999/5/EC) définissent
des recommandations sur la bande 10 MHz – 300 GHz, en se basant sur un SAR < 0.08 W/kg pour un
corps entier [ANFR].
A. Boyer 64
Antennes Octobre 2011
Prenons l’exemple des antennes de station de base. Un périmètre de sécurité doit être respecté
autour des stations de base fixes. Il convient de s’assurer qu’en dehors du périmètre de sécurité :
2
300 GHz Ei
∑
10 MHz E i lim ite
≤1
Équation 125
Figure 66 – Champ électrique autour d’une station de base GSM en terrasse d’immeuble (source :
www.anfr.fr)
A. Boyer 65
Antennes Octobre 2011
Travaux Dirigés
A. Boyer 66
Antennes Octobre 2011
1. UNITE
Réalisez les conversions suivantes :
P = 20 dBm 0.1 W
V = 20 mV 86 dBµV
G = 7 dB 7 dBi et 4.85 dBd
Lp = -3 dB 0.5 (perte de propagation exprimée en rapport de puissance sortante sur
puissance entrante)
2. DIAGRAMME DE RAYONNEMENT
Le diagramme de rayonnement d’une antenne a été mesuré dans les plans E et H. Il est
présenté ci-dessous.
1. Est-ce une antenne omnidirectionnelle ? Pour quelle application pourrait-on utiliser cette
antenne ?
Non puisque le gain varie avec la direction. Une antenne omnidirectionnelle est adaptée à une
couverture de tout l’espace environnant, une antenne à fort gain (très directionnelle) est plutôt dédié à
une liaison point à point ou une couverture d’un secteur donnée de l’espace.
4. Quelle est la valeur du rapport entre le lobe principal et le premier lobe secondaire ?
Dans le plan E, on voit que la puissance rayonnée est concentrée dans un lobe principal
(centrée autour de 0°), puis de lobes secondaires dans le plan E (autour de 30 °). Le rapport de gain et
donc de puissance rayonnée est d’environ 10 dB. Cela est peut être gênant car une fraction non
négligeable de puissance est rayonnée en dehors du lobe principal.
A. Boyer 67
Antennes Octobre 2011
3. ANTENNE AM - FM
Antenne AM
4. Déterminer l’expression du champ rayonné par les antennes FM. A quelle condition les
antennes FM peuvent produire un rayonnement omnidirectionnel dans le plan horizontal ?
On se place en champ lointain (si la distance antenne – point d’observation R >> la taille des
dipôles). On suppose que l’amplitude du courant est quasi-constante le long de l’antenne, et on
se place dans le cadre de l’approximation du dipôle élémentaire. Cette approximation n’est
évidemment pas vérifiée, mais elle permet de faire un calcul analytique simple donnant une
idée du diagramme de rayonnement.
Supposons de plus que les 2 antennes soient alimentées avec 2 sources d’amplitude constante,
mais déphasé d’un angle Φ.
Calculons l’expression du champ Eθ dans le plan horizontal de l’antenne (plan où sont
inscrites les 2 antennes FM). On peut montrer que θ1 = θ2 + 90°, où θ1 et θ2 sont les angles
verticaux vues depuis chacune des 2 antennes dipôles.
A. Boyer 68
Antennes Octobre 2011
60π 2πR
Eθ = E dipole1 + E dipole 2 = j L.I . exp − j [sin θ exp( jωt ) + cos θ exp( j (ωt + Φ ))]
λR λ
Le rayonnement produit par chacune des antennes n’est pas omnidirectionnel dans le plan
horizontal. Le rayonnement produit par les 2 antennes FM peut être omnidirectionnel dans le
plan horizontal si le déphasage Φ = 90°. En effet, l’expression précédente devient :
60π 2πR
Eθ = E dipole1 + E dipole 2 = j L.I . exp − j [sin θ exp( jωt ) + cos θ exp( j (ωt + π / 2 ))]
λR λ
V0
Eθ = exp( jωt ) × (sin θ + j cos θ )
R
V
Eθ = 0 ∀θ
R
Le rayonnement est indépendant de θ dans le plan horizontal.
4π
λ
d’exposition au champ électrique, la distance minimum de séparation entre l’antenne et un être humain
Pe Geη 0
se calcule : d = .
4π
2
E ×
λ
A. Boyer 69
Antennes Octobre 2011
Un lobe secondaire est émis en direction d’un immeuble voisin situé à 20 m, le gain de
l’antenne dans cette direction est 20 dB plus faible. Quel est le champ électrique appliqué sur
l’immeuble ? Est-ce que le niveau de champ reçu respecte les recommandations d’exposition au
champ ?
Le gain est 20 dB plus faible G = -2 dBi = 0.63. On ne considère que l’émission sur la
bande GSM. On suppose que toute la puissance (20 W) est rayonnée. On applique la formule
suivante :
Pe Geη 0 20 × 0.63 × 377
E= 2
= 2
= 0.1V / m
d 20
4π 4π
λ 0.3
5. ANTENNES DIPOLES
On dispose de 2 antennes dipôles, de 16 cm et 4 cm. Les notes d’application proposent les
modèles électriques suivants.
[Dobkin]
1. Calculer la fréquence de résonance du premier dipôle. Quelle est sa bande passante ? Pour
quelle application pourriez-vous l’utiliser ?
Il s’agit d’une antenne dipôle qui résonne lorsque sa longueur = ½ longueur d’onde :
A. Boyer 70
Antennes Octobre 2011
λ c c 3.10 8
L= = ⇒ f res = = = 938MHz
2 2 f res ε r 2L ε r 2 × 0.16 × 1
On peut aussi faire le calcul à partir du modèle électrique équivalent, qui s’apparente à un
filtre RLC série. La fréquence de résonance est de :
1 1
f res = = = 919MHz
2π LC 2π 60.10 × 0.5.10 −12
−9
La bande passante peut se calculer à partir du modèle électrique RLC, à l’aide du facteur de
qualité :
f Re s 1 Rant
Q= et =
BW Q 2πf Re s .Lant
Rant
BW = = 172MHz
2πfLant
Il s’agit d’une antenne large bande accordée sur 920 MHz. Sa bande est suffisamment large
pour couvrir l’ensemble de la bande GSM.
4. Quelle solution proposez-vous pour faire résonner l’antenne 2 à la même fréquence que
l’antenne 1 ?
Il faut réduire la fréquence de résonance de l’antenne 2, par exemple en ajoutant une
inductance série de 45 nH en entrée de l’antenne.
6. ANTENNE DE MESURE
On souhaite mesurer le champ électrique à 900 MHz en utilisant un dipôle demi-onde.
A. Boyer 71
Antennes Octobre 2011
λ c 3.10 8
L= = = = 16.7cm
2 2 f res ε r 2 × 9.10 8 ×1
On se place en conditions champ lointain. A la fréquence de résonance, la surface équivalente
de l’antenne est :
Gλ2 1.64 × 0.33 2
S eq = = = 0.0145m ²
4π 4π
Ce chiffre correspond à la surface sur laquelle la puissance de l’onde interceptée est égale à la
puissance captée par l’antenne.
Le récepteur mesure une puissance Pr = -40 dBm = 0.1 µW. Cette puissance n’est pas tout à
fait égale à la puissance rayonnée transportée par l’onde incidente, car l’antenne présente des pertes.
L’efficacité est liée aux pertes ohmiques de l’antenne. Une efficacité de 95 % signifie que 5 %
de la puissance induite par le rayonnement Prad est perdue en dissipation thermique. En appelant PA la
puissance électrique en sortie de l’antenne :
PA
η= = 0.95
PRad
Le VSWR est lié au pertes par désadaptation. Il est lié au coefficient de réflexion Γ en sortie
de l’antenne (en entrée du récepteur).
1+ Γ VSWR − 1
VSWR = ⇔ Γ= = 0.091
1− Γ VSWR + 1
La puissance reçue Pr par le récepteur s’exprime en fonction de la puissance en sortie de
l’antenne :
(
PA = PR 1 − Γ
2
)
La puissance induite par le couplage de l’onde incidente sur l’antenne de réception est donc
de :
PR 1 × 10 −7
= 1.06 × 10 − 7 W = −39.75 dBm
PRad =
(
η 1− Γ
2
) =
(
0.95 × 1 − 0.0912 )
Le rapport entre la puissance mesurée par le récepteur et la puissance électrique couplée n’est
que de 0.25 dB. Il suffit d’ajouter 0.25 dB (ou multiplier par 1.06) la puissance reçue pour en déduire
la puissance qu’on recevrait si l’antenne ne présentait aucune pertes.
Sachant que le récepteur est équivalent à une résistance 50 ohms en entrée, la tension en entrée
du récepteur est de :
V R = PRad × R R = 2.3mV = −52.75dBV
En utilisant la notion de facteur d’antenne, on peut en déduire le champ électrique incident :
A. Boyer 72
Antennes Octobre 2011
4. Quelle est la valeur minimale de champ électrique qui peut être mesurée ?
La sensibilité est liée à celle du récepteur. Si on considère que le seuil de bruit est lié au bruit
produit par l’antenne, on trouve :
N ant = 10 log(kTB )
Le bruit va dépendre de la température de l’antenne (vers quoi elle est pointée) et la bande
passante du récepteur. On pourra mesurer un champ électrique si la puissance mesurée par le récepteur
est supérieure à ce seuil de bruit : PR = Nant. La valeur minimale du champ électrique mesurable est
donc de :
N ant kTB
E min = AF + 20 log R R = AF + 20 log R R
η (1 − Γ ² )
η (1 − Γ ² )
En prenant B = 10 KHz et T = 200 K, on trouve : E min = -120.3 dBV/m = 0.96 µV/m.
Cette estimation ne prend pas en compte le bruit introduit par le récepteur lui-même, ni une
contrainte sur le rapport signal à bruit minimal permettant de garantir une mesure de qualité.
90°
z
θ
0°
180°
y
φ
λ/4
x 270°
Le but de cette exercice est d’étudier comment le rayonnement provenant de différentes antennes se
combinent en champ lointain. Les ondes issues des différentes antennes interfèrent entre elles et, selon
leur amplitude et phase respective, ces interférences peuvent être constructives ou destructives.
Ce principe est exploité dans le cadre des réseaux d’antennes. N antennes sont placées et alimentées
judicieusement afin qu’une interférence constructive entre les ondes issues des N antennes se produise
dans une direction privilégiée de l’espace, et destructive ailleurs.
Dans cette exercice, nous étudions un réseau de 2 antennes, sans passer par le formalisme
mathématique développé dans le cours.
Les dipôles sont omnidirectionnels dans le plan horizontal. On suppose qu’ils sont suffisamment
éloignés pour négliger les interactions entre les antennes, qui modifieraient leur diagramme de
rayonnement. Autrement dit, on suppose que les 2 dipôles rayonnent comme s’ils étaient isolés.
Comme les dipôles sont électriquement courts, l’expression du champ électrique en champ lointain
peut s’écrire :
60π 2πr e − jβ r
Eθ = j L.I . sin θ exp − j = E 0 sin θ
λr λ r
A. Boyer 73
Antennes Octobre 2011
d r1
cos ϕ
2 r r2
d
cos ϕ
2
y
A1 O φ A2
x
Dans le problème, les excitations des 2 antennes sont identiques en amplitude, pas forcément en phase.
En notant Φ la différence de phase entre les excitations des 2 antennes, on peut calculer le champ
électrique produit par les 2 antennes en champ lointain dans le plan horizontal :
E0 φ E φ
Etot = E1 + E 2 = exp(− jβ r1 ) exp j + 0 exp(− jβ r2 ) exp − j
r1 2 r2 2
E0 d φ E d φ
Etot ≈ exp − jβ r + cos ϕ exp j + 0 exp − jβ r − cos ϕ exp − j
r 2 2 r 2 2
E φ d φ
= 0 exp(− jβ r ) × exp − jβ cos ϕ exp j + exp jβ cos ϕ exp − j
d
Etot
r 2 2 2 2
E0 d φ
Etot = exp(− jβ r ) × cos β cos ϕ −
r 2 2
Plaçons-nous dans le cas n°1 : les antennes sont alimentées en phase (Φ = 0°) et les antennes sont
séparées d’une distance d = λ/4. L’expression précédente se simplifie :
2E0 d
E tot = exp(− jβ r ) × cos β cos ϕ
r 2
Le terme dans le cosinus correspond à l’effet du déphasage entre les ondes issues des 2 antennes, et ce
déphasage dépend de la distance, de la longueur d’onde et de la direction φ dans le plan horizontal.
d 2π λ π
Dans le cas où d = λ/4, on trouve : β cos ϕ = cos ϕ = cos ϕ . L’expression du champ
2 λ 2× 4 4
électrique d’écrit :
2E0 π
E tot = exp(− jβ r ) × cos cos ϕ
r 4
A. Boyer 74
Antennes Octobre 2011
π
L’expression indique une périodicité en fonction de φ. L’angle cos ϕ varie entre –π/4 et + π/4 en
4
2E0
fonction de φ. Pour φ = π/2 ou 3π/2, Etot est maximal = E tot = exp(− jβr ) , soit 2 fois le
r
rayonnement produit par une seule antenne. On est dans le cas d’une interférence constructive
2 E0
maximale. Pour φ = 0 ou π, Etot est minimal = E tot = exp(− jβ r ) . On est dans le cas d’une
r
interférence constructive moins efficace. Quelque soit l’angle φ, on a une interférence constructive,
mais plus ou moins efficace.
Plaçons-nous dans le cas n°2 : les antennes sont alimentées en quadrature (Φ = 90°) et les antennes
sont séparées d’une distance d = λ/4. L’expression précédente se simplifie :
2E0 d Φ 2 E0 d π
E tot = exp(− jβ r ) × cos β cos ϕ − = exp(− jβ r ) × cos β cos ϕ −
r 2 2 r 2 4
Le terme dans le cosinus correspond à l’effet du déphasage entre les ondes issues des 2 antennes, et ce
déphasage dépend de la distance, de la longueur d’onde et de la direction φ dans le plan horizontal,
plus un terme de déphasage constant lié au déphasage entre les excitations des antennes. Dans le cas
d 2π λ π π
où d = λ/4, on trouve : β cos ϕ = cos ϕ = cos ϕ − . L’expression du champ
2 λ 2× 4 4 4
électrique d’écrit :
2E0 π π
E tot = exp(− jβ r ) × cos cos ϕ −
r 4 4
π
L’expression indique une périodicité en fonction de φ. L’angle cos ϕ varie entre –π/2 et 0 en
4
2 E0
fonction de φ. Pour φ = π/2 ou 3π/2, Etot est = E tot = exp(− jβ r ) .On est dans le cas d’une
r
interférence constructive, mais qui n’est pas optimal. Pour φ = 0, Etot est maximal =
2E0
E tot = exp(− jβ r ) , soit 2 fois le rayonnement produit par une seule antenne. Pour φ = π, Etot
r
est minimal = E tot = 0 . On est dans le cas d’une interférence totalement destructive. Par rapport à la
configuration 1, on a rendu l’antenne un peu plus directive dans le plan horizontal, puisque le
rayonnement est focalisé dans une direction et s’annule dans la direction opposée.
90°
90° φ
2E0
φ √2E0
A2 A2
√2E0 0° 0 0°
180° √2E0 180° 2E0
A1 A1
√2E0
2E0 270°
270°
A. Boyer 75
Antennes Octobre 2011
S est la séparation entre le centre de chaque dipôle. On donne S = 0.82×λ. L’excitation des dipôles est
équiamplitude et équiphase.
y S
x
A. Boyer 76
Antennes Octobre 2011
diagramme de rayonnement de l’antenne réseau est indépendant de l’angle φ. On peut donc simplifier
la relation précédente :
FN (θ , ϕ ) = AF (θ ) × f (θ , ϕ )
FN (θ ) = AF (θ ) × f (θ )
A. Boyer 77
Antennes Octobre 2011
Il est possible de calculer le gain ou la directivité (si l’antenne ne présente pas de perte, le gain
et la directivité sont égaux).
G (θ ) = D(θ ) = G0 (θ ) × AF (θ )
Où G0 est le gain d’un seul élément rayonnant (un dipôle). Le gain maximal ou la directivité
π
maximale apparaît pour θ = et prennent la valeur de :
2
π
Gmax = Gθ = = G0 max × AFmax = 1.64 × 6 = 9.24= 10dB
2
4. Peut-on utiliser cette antenne comme station de base d’un réseau cellulaire ?
Oui, à condition qu’on veuille que la cellule est une couverture omnidirectionnelle dans le plan
horizontal. L’antenne ne couvre qu’une faible portion du plan vertical. Si l’antenne est installée
verticalement, elle pointera vers le sol.
Cependant, une partie de la puissance rayonnée part vers le ciel (θ < 90°). Pour y remédier, on peut
modifier l’excitation de chaque antenne afin de décaler la direction du lobe principal. Par exemple, en
ajoutant un déphasage à chaque source. On décide de créer un déphasage linéaire = Φ entre chaque
antenne. On appelle kΦ la phase de l’excitation de l’antenne k par rapport à l’antenne 0 (placée au z le
plus bas).
La condition d’apparition du lobe principal est la suivante :
ψ
= 0 ⇒ Φ + β S cos θ = 0 ⇒ Φ = − β S cos θ max
2
On souhaite faire pointer le lobe principal avec un tilt de -5° par rapport au plan horizontal, autremen
dit un angle θmax = 95°.
On trouve : Φ = − β S cos θ max = 26° .
Il suffit donc d’ajouter une phase de k*26° à l’antenne numérotée k, k variant de 0 à 5.
Vérification par un tracé graphique :
A. Boyer 78
Antennes Octobre 2011
10
5
A. Boyer 79