Compactage Dynamique de Remblais Par Le Procede de Rapid Impact Compaction (Ric)
Compactage Dynamique de Remblais Par Le Procede de Rapid Impact Compaction (Ric)
Compactage Dynamique de Remblais Par Le Procede de Rapid Impact Compaction (Ric)
RÉSUMÉ — Le traitement des sols par compactage dynamique peut être un bon
compromis technico-économique pour le traitement des sols de mauvaise qualité.
Pour être efficace, il nécessite une forte énergie de compactage qui peut être
traumatisante pour l'environnement. Cet article présente une évolution du procédé de
compactage dynamique par le Rapid Impact Compaction (RIC). L'énergie de
compactage est donnée par une masse de 7 à 9 tonnes tombant avec une hauteur
de chute de 1,20 m à fréquence élevée (40 à 60 coups / min) sur une plaque de 1,50
à 2,00 m de diamètre. L'expérience du chantier d'extension de l'EuroAirport de
Bâle-Mulhouse (68 - France) montre d'une part l'efficacité du RIC pour traiter des
remblais hétérogènes sur 5 m d'épaisseur et d'autre part la très rapide atténuation
des vibrations avec la distance par rapport au point d'impact.
1. Introduction
Dans un contexte où le foncier devient de plus en plus rare et cher, les terrains
encore disponibles correspondent bien souvent à d'anciennes friches industrielles,
ou à des terrains que les "anciens" ont délaissés du fait de leur mauvaise qualité
(remblais, zone marécageuse…). Les maitres d'ouvrages peuvent alors hériter d'un
passif foncier avec de fortes contraintes géotechniques : sols présentant une faible
portance et/ou une forte compressibilité pour les surcharges apportées par les
projets, n'autorisant donc ni des fondations ni des dallages ni des structures routières
classiques.
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2014 – Beauvais 8-10 juillet 2014
2. Contexte et enjeux
2.1. Projet et contexte géotechnique du site
Nord
Le projet de parkings pour 400 véhicules légers (14 500 m²) se trouve ainsi au droit
d'une ancienne gravière remblayée (voir figure 1), où les investigations
géotechniques par pressiomètre et pénétromètre statique ont mis en évidence :
- des remblais de nature très hétérogènes : limon sableux à argileux, argile, sable et
graviers, galets et débris divers (morceaux de bois, d'enrobé, localement
polystyrène, blocs de béton…) ; leur épaisseur est très variable, de 4 m à 14 m au
droit du projet, et leur compacité est très irrégulière :
- Pression limite : 0,3 ≤ pl* ≤ 2,55 MPa
- Module pressiométrique : 1,7 ≤ Em ≤ 21,5 MPa
- Effort de pointe : 0,5 ≤ qc ≤ 3 à 4 MPa (remblais limono-argileux)
et 5 ≤ qc ≤ 20 à 30 MPa (remblais limono-graveleux),
2.2. Enjeux
Le projet s'insère dans une zone de friches, en extrémité sud-est des installations
aéroportuaires existantes et d'infrastructures et bâtiments en cours de construction. Il
est ainsi entouré par :
Cet environnement constitue une forte contrainte qui doit être intégrée dans le choix
de la solution de traitement des sols, et impose de prendre des dispositions
particulières pour s'assurer que les travaux ne créeront pas de désordres aux
avoisinants.
Deux planches d'essais ont été réalisées selon un maillage primaire avec une maille
carrée de 3,50 m x 3,50 m, puis un maillage secondaire selon la même maille, soit un
point de compactage tous les 2,47 m x 2,47 m = 6,1 m².
Les deux planches d'essais ont ainsi permis de valider le maillage de 6,1 m² pour
l'ensemble de la plateforme, bien que les caractéristiques des sols soient très
variables. Les critères d'arrêt suivants ont été définis, permettant à l'opérateur de
s'adapter à la réponse du terrain :
Pour contrôler les caractéristiques des sols améliorés, et justifier d'une amélioration
des caractéristiques initiales de 80 à 100%, il a été retenu comme critères de
réception les valeurs de résistance de pointe suivantes :
- qc > 10 MPa dans les remblais sablo-graveleux à caillouteux,
- qc > 4 MPa dans les remblais limono-argileux.
Des mesures de vibrations ont été réalisées par la société Innogéo avant le
démarrage des travaux, pour apprécier l'incidence du traitement par le RIC sur les
avoisinants. La chaine de mesure était constituée de 8 capteurs comportant chacun
3 géophones ; ils ont été répartis sur le sol à distance croissante du point d'impact et
dans le bâtiment le plus proche (centre d'aviation d'affaires).
Les maxima des vitesses particulaires enregistrées ont été comparés aux seuils
définis par les règles techniques annexées à la circulaire du 23 juillet 1986 relative
aux vibrations mécaniques émises dans l'environnement par les "installations
classées pour la protection de l'environnement" (code de l'environnement), pour les 3
bandes de fréquence définies dans cette circulaire.
Les mesures ont montré une très rapide atténuation de la vitesse particulaire avec la
distance ; les valeurs sont inférieures au seuil le plus contraignant pour la catégorie
"construction très sensible" au-delà d'une distance de 22 m du point d'impact. On
note par ailleurs qu'à partir de 50 m du point d'impact les vitesses sont inférieures à 1
mm/s.
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Bien que les mesures de vibration lors des essais n'aient pas mis en évidence de
valeurs dépassant les seuils admissibles pour les constructions avoisinantes, une
tranchée de dissipation a été réalisée le long de la route du fret, entre la zone à
traiter et le bâtiment et l'ouvrage d'Art existants. Cette tranchée coïncide en fait avec
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le tracé de la future conduite (DN 1800 mm), dont la réalisation a ainsi été anticipée.
Les vibrations ont été suivies en continu dans le bâtiment au moyen 2 capteurs, avec
définition d'un seuil d'alerte à 1 mm/s.
5.2. Contrôles
Après réalisation du traitement, les points d'impact ont été comblés et la plateforme a
été mise à niveau. Le compactage de surface a été repris de manière traditionnelle
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6. Retours d'expérience
Tout comme le compactage dynamique, le RIC est très efficace dans les sols
pulvérulents (sable, gravier et blocs) saturés ou non ; il est par contre inefficace dans
les sols argileux saturés. Pour les terrains intermédiaires entre ces deux extrêmes,
l’efficacité du compactage est plus ou moins importante selon la teneur en matériaux
fins du sol, selon le degré de saturation et selon la perméabilité du sol.
La compression du matériau sous l’impact peut être vérifiée en phase d'exécution
par la mesure du volume de compression (volume de l'empreinte) corrigé du
soulèvement. Lorsque l’enfoncement de la masse se traduit uniquement par du
gonflement, l'effet de la compression et les vibrations générées n’ont pas d’effet sur
les caractéristiques du sol.
L’influence du compactage dynamique est décroissante avec la profondeur et
dépend de l’état initial des caractéristiques mécaniques du sol en profondeur. La
formule suivante déduite des observations sur de nombreux chantiers donne une
estimation de la profondeur D du traitement :
1
D (H M )
2
7. Conclusion
La technique du Rapid Impact Compaction, développée à l'origine pour les
réparations rapides de terrains d'aviation militaires, s'est peu à peu étendue à des
applications civiles, et en Europe Centrale depuis 2007. Cette évolution du procédé
de compactage dynamique constitue une alternative à la méthode traditionnelle, en
alliant performances techniques, sécurité et coût. Les résultats de données
empiriques et l'expérience acquise sur de nombreux chantiers permettent ainsi une
application optimisée du procédé, comme dans le cas du chantier de l'EuroAirport
pour le traitement, jusque vers 5 m de profondeur, de remblais hétérogènes de
compacité très variable. La technique permet en outre de limiter de manière
considérable les vibrations sur les avoisinants.
Références bibliographiques
Adam D., Paulmichl I., Adam C., Falkner F-J. (2013). Five years of Impact Compaction in Europe, 18th
International Conference on Soil Mechanics and Geotechnical Engineering, Paris, pages 1225 to
1228.
Serridge C.J., Synac O. (2006). Application of the Rapid Impact Compaction (RIC) technique for risk
mitigation in problematic soils, IEAG2006, paper number 294.
Kristiansen H., Davies M. (2004). Ground improvement using Rapid Impact Compaction, 13th World
Conference on Earthquake Engineering Vancouver, B.C., Canada, paper No. 496.