Chapitre 3 Conception Et Dimensionnement
Chapitre 3 Conception Et Dimensionnement
Chapitre 3 Conception Et Dimensionnement
1. Définition
Un réseau d’irrigation est l’ensemble des équipements qui permettent le transport et la
distribution de l’eau d’irrigation dans une zone de culture appelée périmètre de cultures
irriguées. On appelle parfois et de façon impropre, le réseau d’irrigation, l’ensemble des réseaux
d’irrigation, de colature et de circulation dans un périmètre irrigué.
Un périmètre irrigué (figure 1) comprend d’amont en aval des canaux d’irrigation, des canaux
colature, des pistes, des ouvrages divers et des parcelles de culture. L’agencement dans l’espace
des trois réseaux irrigation-colature-circulation est appelé canevas.
1
2.1.1 Le réseau d’irrigation proprement dit se compose :
- d’une prise d’eau qui peut être, soit une prise en rivière, soit une prise en eau morte
(lac, retenue de barrage), soit un captage d’eau souterraine.
- d’une tête morte ou canal d’amené qui transporte l’eau depuis la prise jusqu’à l’entrée
du périmètre. En générale, la tête morte ne comporte pas d’ouvrage de prélèvement.
- de canaux secondaires qui répartissent l’eau entre les divers secteurs d’irrigation ;
- de canaux tertiaires desservant les quartiers hydrauliques. Ils sont perpendiculaires aux
secondaires et transportent une à trois mains d’eau ;
2
2.1.2 Le réseau colature évacue hors du périmètre :
De par sa fonction d’évacuation, le réseau de colature est toujours en déblai et non revêtu. La
vitesse d’écoulement de l’eau doit être inférieure à 0.6 m/s. Ce réseau est appelé réseau de
drainage lorsqu’il assure la fonction de contrôle de la nappe phréatique.
Le réseau colature est calqué sur le réseau d’irrigation et est composé d’amont vers l’aval de :
La colature primaire ou principale est appelé émissaire sur sa partie située situé entre l’extrémité
aval du périmètre et l’exutoire. Un ouvrage anti-retour empêche l’eau de l’exutoire de remonter
dans l’émissaire.
La piste principale longe le canal principale d’irrigation et permet l’accès aux pistes
secondaires, celle-ci longent les secondaires d’irrigation et permettent l’accès aux tertiaires…
La largeur des pistes dépend des objectifs auxquels elles doivent répondre (circulation prévue
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ou non des véhicules, des machines) et de leur situation dans le périmètre. En général, on adopte
les largeurs suivantes :
Le réseau de circulation doit être maillé. S’il ne l’est pas, il faut prévoir la possibilité de faire
demi-tour.
2.1.4 Les aménagements divers suivants peuvent être observés sur certains périmètres
irrigués :
- digue de protection et fossé de garde contre les venues d’eau extérieure ;
- réserve d’eau en cas de pénurie ;
- aire de séchage et de battage des récoltes nécessaire à l’intensification culturale.
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- données géologiques et géotechniques : il est particulièrement nécessaire pour les
réseaux gravitaires dans lesquels l’eau est transportée par des canaux qui reposent sur le sol. Il
est donc indispensable d’étudier la stabilité et la cohésion du sol. Si des tranchées importantes
sont prévues, des sondages doivent être effectués pour déceler d’éventuelles difficultés
d’excavation.
- données socio-économiques
Elles prendront en compte : les objectifs assignés à l’aménagement, les traditions d’irrigation,
la disponibilité de la main d’œuvre, les ressources financières, possibilité de commercialiser les
produits, les questions foncières….
La phase d’étude préalable et celle de la concertation aboutissent à un plan cultural qui doit
préciser :
-Pour les canaux revêtus, une fondation ferme et stable protège bien le revêtement et évite les
fissures et rupture provoquées par le tassement du sous-sol. Pour éviter ces problèmes, les sols
de faible densité doivent être compactés fortement au préalable, les argiles gonflantes sont à
éviter de même que les sols gypseux ou salins instables qui peuvent attaquer le revêtement en
béton.
Le tracé des canaux doit être choisi pour éviter les zones où la présence des sols précités est
observée.
Lorsque la topographie est irrégulière, le relief du terrain doit déterminer le tracé des canaux
placés en général sur les lignes de crête et des colatures dans les thalwegs.
Lorsque le terrain est plat, le concepteur a toute la latitude pour choisir un meilleur compromis
entre la superficie parcellaire maximale, la longueur des parcelles, la commodité des usagers,
l’organisation de la gestion de l’eau et le coût du réseau.
- Protéger le canal contre les crues des cours d’eau et les ruissellements provenant du
bassin versant.
- Eviter les profils entièrement en remblai qui sont très onéreux et dont il faut protéger la
stabilité (revêtement souple d’étanchéité, drainage de pied…).
Le canal principal est calibré pour recevoir le débit de pointe de la zone desservie. Il est implanté
aussi haut que possible dans le périmètre pour dominer une superficie maximale. Quand la pente
générale du canal est trop forte, on essaie de la réduire en prévoyant des ouvrages de chute.
Tout changement de direction se fait selon des courbes de grand rayon pour se prémunir contre
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l’affouillement des berges. On adopte en général un rayon R supérieur ou égal à vingt fois la
hauteur d’eau dans le canal (R ≥ 20 H).
Vmin = b h 0.64
avec
b = 0.4 pour les limons et sables très fins b = 0.55 pour les sable fins, b = 0.63 pour les sables
moyen, h = hauteur d’eau en m, Vmin = vitesse mini en m/s
La vitesse d’écoulement doit être inférieure à la vitesse maxima afin d’éviter l’érosion et l’usure
des parois et des ouvrages, d’éviter les projections au niveau des singularités et de rester en
écoulement fluvial. Les vitesses maxima sont définies en fonction de la nature des terrains, de
la nature de l’eau et du revêtement du canal.
La pente doit être telle que la vitesse d’écoulement soit comprise entre les vitesses limites.
L’augmentation de la pente d’écoulement s’accompagne de l’augmentation de la vitesse et
d’une diminution de la section d’écoulement pour le même débit. Cette augmentation se trouve
encadrer par deux contraintes de vitesse qu’on appelle vitesses limites (vitesse limite mini et
maxi) comme énoncé dans ce tableau qui suit.
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En général, la pente moyenne du canal doit être voisine de celle du terrain naturel. Lorsque
celle-ci est trop forte, il est nécessaire de créer des chutes pour réduire la pente du radier.
Lorsque des contraintes de vitesse et de tracé nous imposent les autres paramètres, on calcule
la pente à partir de l’équation de Manning.
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Canal en déblai
Canal en remblai
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AC
La pente des talus exprimée par tg = doit être choisie après étude géotechnique pour
BC
s’assurer de la stabilité de l’ouvrage.
A défaut d’études précises, on peut admettre pour les talus en déblai :
2
- terre franche tg = 1 ou
3
- terre argileuse tg = 2
2 1
- terre sablonneuse tg = ou
3 3
- rocher sain : talus vertical
Pour les talus en remblai, la pente est sensiblement plus faible.
2
Pour les profils bétonnés, on adopte tg = ou 1 pour les petits canaux et
3
3
tg = ou 2 ou 2.5 pour les grands canaux.
2
1
On exprime parfois la pente par le paramètre m = appelé fruit.
tg
En général, le dimensionnement des canaux repose sur l’hypothèse d’un écoulement uniforme.
Une telle hypothèse n’est vérifiée que pour les ouvrages transportant des débits qui ne varient
pas ou très lentement, ce qui n’est pas toujours le cas, notamment dans les réseaux en régulation
par l’aval.
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Il est utile de donner quelques définitions :
Périmètre mouillé : périmètre ABCD délimité par les parois solides en contact avec l’eau
1
tg =
m
P = AB + l + CD AB = CD
AB 2 = y 2 + x 2
y 1 x
tg = =m= x = my
x tg y
AB 2 = y 2 + x 2 AB 2 = y 2 + (my ) 2 AB 2 = y 2 (1 + m 2 )
AB = y 1 + m 2
P = l + 2 y 1+ m 2
S = ly + xy avec x = my
S = y (l + my )
Tirant d’eau h : hauteur de l’eau au-dessus du point le plus bas de la section droite
EF : largeur en gueule
AD : largeur au miroir
BC : largeur au plafond
Revanche r : hauteur comprise entre le plan d’eau libre et le niveau supérieur du canal. Elle est
indispensable à la sécurité de l’ouvrage (éviter la submersion du canal en cas d’augmentation
du débit) ; sa valeur dépend de l’importance et du type de canaux ainsi que du mode
d’exploitation du réseau.
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Pour les canaux en terre exploités en commande par l’amont, on admet :
Dans un projet, on prend en général r= 0.15 – 0.2m pour les quaternaires et r = 0.2 – 0.5m pour
les autres canaux. On observe que dans tous le cas, la revanche augmente avec le débit
transporté.
Pour les canaux exploités en commande par l’aval, la revanche doit être calculée dans chaque
cas étant donné la position de la ligne d’eau à débit nul.
Pour les canaux en terre les valeurs suivantes peuvent être utilisées :
r = 0.2 + 0.15Q (m 3 / s)
3
V = K s RH2 / 3 I 1 / 2
V : vitesse moyenne de l’eau en ms-1 RH : rayon hydraulique, en m,
En pratique, on prend K = 70 pour les canaux revêtus et K = 30 pour les canaux en terre. Il ne
faut pas oublié qu’en pratique, plusieurs raisons peuvent contribuer à abaisser la valeur de Ks
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notamment : la détérioration de l’état de surface du fond et des parois, les dépôts de sédiments,
l’apparition de mauvaises herbes.
Il y a donc intérêt à prendre une marge de sécurité pour s’assurer que le canal puisse transporter
toujours le débit souhaité.
Le débit Q, Ks, et I étant fixés, on recherche la valeur des paramètres de la section (tirant d’eau :
h et largeur au plafond : l = b) qui vérifie l’équation de Manning-Strickler.
Q = Ks RH2 / 3 I 1 / 2 S
Profil simple
S et P sont à déterminer
S = (b + mh)h P = b + 2h 1 + m 2
1 S 5 / 3 1/ 2 1 h 5 / 3 (b + mh) 5 / 3
Q= I donc Q= I 1/ 2
n P2/3 n (b + 2h 1 + m 2 ) 2 / 3
3/ 5
Q n (b + 2h 1 + m 2 ) 2 / 3
h = 1/ 2
I (b + mh) 5 / 3
Résolution itérative de l’équation en s’imposant une valeur de h
b
= 4 1 + m 2 − 3 si m > 2 on a 1 < b/h < 2
h
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Il faut respecter un équilibre entre la largeur du plafond b et la hauteur d’eau h. On se base généralement
sur les règles suivantes :
- pour les petits canaux trapézoïdaux, on adopte des hauteurs totales comprises entre 0.3 et 1m
pour des largeurs du plafond oscillant respectivement entre 0.2 et 1 m ;
- pour les petits canaux rectangulaires revêtus, la hauteur d’eau ne devrait pas dépasser la moitié
de la largeur au plafond (h ≤ b/2) ;
- pour les grands canaux, on fait appel aux formules empiriques :
S
h = 0.5 S avec h en m et S en m 2 h=
3
S = y (b + my ) P = b + 2 y 1 + m2
Pour un débit Q à faire circuler, quand on fait varier b, on fait varier la profondeur y de l’eau ;
on a donc une fonction y(b). S et P s’écrivent de façon plus formelle :
P( y (b), b) = b + 2 y (b) 1 + m 2
Q est maximal si S est maximale, P minimal alors les dérivées dS/db et dP/db s’annulent.
dS dy(b + my ) d (b + my ) dy dy dy
= +y = b + my + y (1 + m )
db db db db db db
dS dy dy dy
=b + my + y + my = 0 soit
db db db db
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dP db dy dP
= +2 1 + m2 avec =0 on a
db db db db
b + 2my − 2 y 1 + m 2 = 0 b = 2 y ( 1 + m 2 − m)
3/8
Q
y = h = 0.917
/ 2 2 m
K s I ( m +1 − )
1
2
Pour obtenir une section économique il faut que Q soit maximal. Q est maximal si RH est
maximal c’est-à-dire S maximale et P minimal.
S = yb P = 2y + b
dS d ( yb) db dy
= = y +b = 0 ydb + bdy = 0 (1)
db db db db
dP d ( 2 y + b) dy db
= 2 + = 0 2dy + db = 0 (2)
db db db db
b = 2y
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4. Conception et dimensionnement d’un réseau d’irrigation localisé
L’irrigation goutte à goutte représente une conception nouvelle de l’apport d’eau au sol. Celle-
ci est appliquée localement, ponctuellement, dans le volume de sol occupé par les racines d’où
son appellation d’irrigation localisée ou encore micro-irrigation. Elle est dispensée en petites
quantités mais à des intervalles de temps très rapprochés : de quelques heures à un jour. Il se
forme de cette manière, sous l’impact des gouttes, un bulbe humide où l’humidité du sol se
maintient proche de la capacité de rétention. On considère que la quantité d’eau versée dans ce
bulbe doit être juste égale à celle consommée par l’arbre pour son développement et sa
production comme l’indique la figure.
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Schéma de principe de la micro-irrigation (Mathieu et al, 2007)
Un réseau d’irrigation localisée comprend en général de l’amont vers l’aval, les éléments
suivants :
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• L’unité de pompage : la prise d’eau
• La station de tête : c’est l’élément principal de l’installation. Elle comprend les
différents éléments nécessaires au bon fonctionnement du réseau. Elle assure les
fonctions de filtration, de fertilisation et de comptage. La figure suivante montre les
différents éléments constituant la station de tête.
- Le compteur d’eau est placé sur la borne d’un réseau collectif ou d’une
canalisation de refoulement d’une station de pompage. Il permet d’assurer un bon
fonctionnement du réseau par un contrôle du débit (rupture de canalisation, colmatage
des goutteurs), de connaître la qualité de l’eau apportée lors de l’arrosage, de dresser le
bilan des apports lors d’une campagne.
- Le clapet anti-retour a pour rôle de créer une disjonction entre le réseau
d’irrigation et la ressource en eau. Ceci permet d’éviter les risques de pollution par le
retour de l’eau du réseau d’irrigation et de la solution fertilisante dans la source en cas
d’arrêt de l’arrosage ou de dépression dans le réseau collectif. Le clapet anti-retour est
monté en ligne sur la canalisation principale et ne permet le passage de l’eau que dans
un seul sens.
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1 : Arrivée d’eau 2 : Compteur 3 : Clapet anti-retour
11 : Filtre à tamis
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• Des canalisations d’alimentation des rampes (porte rampes) : les porte rampes sont
des conduites (enterrées) en PEHD sur lesquelles sont branchées les rampes qui leur
sont perpendiculaires.
• Des canalisations d’alimentation des distributeurs (rampes) : les rampes sont des
conduites posées à même le sol généralement en PEFD, comportant les goutteurs. Elles
suivent les lignes des cultures et acheminent l’eau jusqu’aux goutteurs pour l’apport
ponctuel.
• Les distributeurs installés le long des rangées de cultures : ces distributeurs sont les
goutteurs.
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• Le nombre de rampes par parcelle N rampes/parcelle
𝑙𝑝𝑎𝑟𝑐𝑒𝑙𝑙𝑒
𝑁𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒𝑠/𝑝𝑎𝑟𝑐𝑒𝑙𝑙𝑒 =
𝐸𝑟𝑎𝑚𝑝𝑒𝑠
l parcelle : largeur de la parcelle en m
E rampes : espacement entre rampes en m
Le débit maximal dans les conduites principales et secondaires. Ces conduites peuvent fournir
un débit au maximum égal à celui des Np parcelles alimentées simultanément.
𝑄
𝐷 = √ ∗ 18,8
𝑉
D : diamètre en mm
Q : débit en m3/h V : vitesse en m/s
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La vitesse V sera prise égale au maximum 1,7 m/s pour le calcul des diamètres des conduites.
Le diamètre choisi sera le diamètre commercial immédiatement supérieur à la valeur calculée.
m3/s et A en m2.
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