Equilibres en Solutions Acqueuses
Equilibres en Solutions Acqueuses
Equilibres en Solutions Acqueuses
CHIMIE
SABI KOKOU
Maître-Assistant
Laboratoire de Chimie Atmosphérique
Université de Lomé
PROGRAMME α BIBLIOGRAPHIE
PROGRAMME
Les équilibres en solutions aqueuses regroupent quatre (4) parties à savoir :
PARTIE I - les équilibres acido-basiques (Ch1, Ch2, Ch3)
PARTIE II - les équilibres d’oxydoréduction (Ch4)
PARTIE III - les équilibres de complexation (Ch5)
PARTIE IV - les équilibres de précipitation (Ch6)
BIBLIOGRAPHIE
L’étudiant pourra se référer à la bibliographie suivante :
1 – EQUILIBRES CHIMIQUES EN SOLUTION
Marie-Odile DELCOURT, Nicole BOIS et Fouad CHOUAB De Boeck université, 2001
2 – CHIMIE GENERALE, 6e édition entièrement refondue
René DIDIER et Pierre GRECIAS Technique α Documentation - Lavoisier - Avril 1997
3 -THERMODYNAMIQUE ET EQUILIBRE CHIMIQUES
Cours et exercices résolus DEUG SCIENCES
Alain GRUGER DUNOD Paris 1997
4 – EQUILIBRES EN SOLUTION
Didier BERNACHE-ASSOLANT, Michel COURNIL, MASSON - Paris – 1997
5 – Cours de Chimie
Jean-Claude MALLET, Roger FOURNIE, DUNOD, Paris 1995
6 - THERMODYNAMIQUE CHIMIQUE
Jean TUECH, Michèle DUBUSC et Mireille MOSSOYAN
Masson - Armand Colin , Armand Colin Editeur, Paris, Avril 1995
7 - THERMODYNAMIQUE ET EQUILIBRES CHIMIQUES
F. CHOUAIB, A. M. . HUNTZ, C. LARCHER et J.P. MICHAUT, De Boeck université, 1994
8 - THERMODYNAMIQUE ET EQUILIBRES CHIMIQUES
André BURNEAU, InterEditions , Paris, 1991
9 –CHIMIE 2 Spé BIO-VETO
P. GRECIAS, J.P.. MIGEON Technique α Documentation - Lavoisier - Avril 1988
INTRODUCTION
1. HYPOTHESES ET DEFINITIONS
1.1. Aspects thermodynamique et cinétique
Dans le cadre de notre étude :
• le pH est donné ou calculé pour des solutions diluées où l’activité du soluté est
assimilée à sa concentration molaire exprimée en mol.l-1.
• les réactions en solution aqueuse seront à une température T et sous pression
extérieure de une atmosphère.
• le solvant est en excès et le volume de la solution reste constant pour toute réaction.
1.2. Différents concepts des acides et des bases
Le concept acide-base a connu trois théories successives :
• Concept d’Arrhénius (1885)
Acide = électrolyte libérant H+, base = électrolyte libérant OH-
Exemples : HCl et HNO3 sont des acides ; NaOH et KOH sont des bases.
• Concept de Brönsted et de Lowry (1923)
Acide = composé protonique, donneur de protons H+, base = protophile, accepteur de
protons H+. Dans cette théorie, les ions comme les molécules peuvent être doués de propriétés
acide ou basique. L’acide et la base qui lui correspondent, forment un couple acide/base.
Exemples :
- AH/A- : HF/F- , CH3COOH/CH3COO- , etc.
- BH+/B : NH +4 /NH 3 , etc.
- AH-/A2- : HCO −3 / CO 2−
3 etc.
[ுయ ை శ ] [ைு ష ]
Ke = బ
. బ
avec C° = 1 mol.l-1 pKe = - logKe
NB :
[H3O+]eq représente la concentration totale des espèces H3O+ présentes dans le milieu.
Elles proviennent des réactions (1) et (2).
NB : [OH-]eq est la concentration totale des espèces OH- provenant des réactions (1) et (2).
Ka.Kb = Ke
On appelle acide fort (ou base forte), toute forme acide (ou basique) d’un couple acide/base
entièrement dissocié dans l’eau.
NB : Dans ces conditions l’espèce conjuguée est dite indifférente par rapport à l’eau ou bien
spectatrice par rapport au phénomène acido-basique mise en jeu.
Exemples : HCl, HNO3, NaOH, l’ion amidure NH −2
NB : Il ya nivellement de la force des acides forts et des bases fortes dans l’eau.
3.3.3. Classification des acides forts, bases fortes, acides faibles, bases faibles
Force croissante des acides
Acides
Acides forts moyenne- Acides Acides très Acides indifférents
nivelés ment forts faibles faibles
pKa
Bases 0 Bases très 4 Bases Bases
indifférentes faibles faibles 10 moyenne- 14 Bases fortes nivelées
ment fortes
Force croissante des bases
[ A − ]éq
pH = pKa + log
[ HA] éq
HA , seul A- seule
A- négligeable [HA]>[A-] [HA]=[A-] [HA]<[A-] AH négligeable
pH
pKa- 1 pKa pKa+ 1
L’espèce minoritaire est celle dont la concentration est au plus égale au dixième de l’espèce
majoritaire et supérieure au moins à 10 fois celle de l’espèce ultraminoritaire.
L’espèce ultraminoritaire a sa concentration au plus égale au dixième de l’espèce minoritaire.
NB : ans une équation bilan (matière, de charge), les espèces minoritaires sont négligeables
devant celle des espèces majoritaires, les espèces ultraminoritaires sont éliminées.
INTRODUCTION
Il sera présenté dans ce chapitre les méthodes de calcul de pH et leurs applications aux
solutions aqueuses diluées.
Exemple de la dissolution à 298 K, dans un litre d’eau, de 10-2 mol de H2S gaz diacide on a :
(a) les équilibres en solution :
H2S(aq) + H2O (l) ⇔ HS-(aq) + H3O+(aq) Ka1 = 10-7
HS-(aq) + H2O (l) ⇔ S2-(aq) + H3O+(aq) Ka2 = 10-13
2 H2O (l) ⇔ OH-(aq) + H3O+(aq) Ke = 10-14
(b) la liste des espèces présentes à l’équilibre :
H2S ; HS- ; S2- ; H3O+ ; et OH- soit n = 5.
(c) la liste des 5 relations :
• les constantes d’équilibre :
-
([ HS − ] eq / C° ).([ H 3 O + ] eq / C° )
Ka1 (H2S/HS ) = (1)
([ H 2 S ] eq / C° ).
([ S 2 − ] eq / C° ).([ H 3 O + ] eq / C° )
Ka2 (S2-/HS-) = (2)
([ HS − ] eq / C° ).
Ke = ([H3O+]éq.[OH-]éq)/(C°)2 (3)
• Conservation de l’atome de soufre : [H2S]O = 10 = [H2S]éq + [HS-]éq + [S2-] éq (4)
-2
Le système chimique est simplifié en cherchant les réactions prépondérantes (R.P.). On utilise
l’échelle d’acidité pour connaître l’acide le plus fort et la base la plus forte présents dans le
milieu à l’état initial et l’on traduit leur réaction en terme d’équilibre chimique pour obtenir
l’état final. Si l’état final obtenu n’est pas stable du point de vue acido-basique, on recherche
la nouvelle R.P. Avec cette méthode, un calcul de pH se ramène donc selon le dégré de
difficultés à :
• l’étude d’une réaction prépondérante
• l’étude de plusieurs réactions prépondérantes successives
• l’étude de plusieurs réactions prépondérantes simultanées
NOTES
• La réaction d’un acide HA sur une base B1 est dite prépondérante vis-à-vis de la
réaction du même acide HA sur une base B2 si le rapport des constantes d’équilibre est
de l’ordre de 103 à 104.
• Il n’est pas nécessaire que la constante d’équilibre d’une R.P. soit grande. Si elle est
forte (de l’ordre de 10+3 à 10+4) la R.P. est dite quasi totale dans le sens direct. Si au
contraire la constante est faible (de l’ordre de 10-3 à 10-4) la R.P. est dite quasi totale
dans le sens inverse.
Exemple de la dissolution à 298 K, dans un litre d’eau, de 10-2 mol de H2S gaz .
(a) Représentons l’échelle d’acidité et les espèces présentes initialement, avant toute
réaction (espèces encadrées) :
H3 O+ H2 S HS H2 O
pKa
0 7 13 14
H2 O HS- S2- OH-
Remarque : la dissociation de l’eau étant faible, H3O+ et OH- sont négligés à l’état initial.
(b) La R.P. est sans ambiguïté :
H2S(aq) + H2O (l) HS-(aq) + H3O+(aq) Ka1 = 10-7
Etat initial : 10-2
Etat final : 10-2 - x x x
La réaction étant quasi totale dans le sens inverse, on peut négliger x = [H3O+] éq
devant la concentration initiale de H2S. On en déduit :
[ H 3 O + ]2 eq
-7
Ka1 = 10 = et donc pH = 4,5 .
10 − 2
Remarque :
Il est conseillé de procéder à la vérification de toutes les hypothèses émises.
H3O+ H2O
pKa
0 14
H2O OH-
NOTES IMPORTANTES :
• Classement des espèces par ordre de prédominance
Si l’autoionisation de l’eau est négligeable, on a : [H2O] >> [H3O+]éq = [A-]éq >> [OH-]éq et
dans le cas contraire : [H2O] >> [H3O+]éq > [A-]éq > [OH-]éq .
• Récapitulatif - diagramme de Flood pH = f(C)
H3O+ HA H2O
pH
0 pKa 14
H2O A- OH-
+
[ H 3 O + ] 2éq Cα 2
x = [H3O ] d’où: Ka = soit Ka = si on introduit le coefficient de
C − [ H 3 O + ] éq 1− α
dissociation α de l’acide où α = [H3O+]éq/C.
On distingue trois cas possibles :
1er cas: l’acide est très faiblement dissocié (α < 0,1)
[ H 3 O + ] éq [ H 3 O + ]2éq
< 0,1 ou [H3O ]éq << C donc Ka ≈
+
et [H3O+] éq = Ka C
C C
pH = ½ (pKa + pC)
(pKa - pC) ≥ 2
pH = pC
1
Condition : [HA] éq ≤ .[A-]éq , donc si pH ≥ pKa + 1 soit :
10
(pKa - pC) ≤ -1
3em cas : l’acide est partiellement dissocié (0,1 < α < 0,9)
[ H 3 O + ] 2éq
On résoud l’équation du second dégré Ka = soit
C − [ H 3 O + ] éq
[H3O+] éq
3
+ Ka.[H3O+] 2éq - (Ka.C + Ke). [H3O+]éq = 0
C’est le cas le plus lourd à résoudre soit par programmation machine soit par tâtonnement
dans la zone de pH ∈ ]6,5 ; 7[.
NB : Diagramme de Flood
Soit un diacide H2A de concentration C mol.l-1. On doit connaître les deux constantes : Ka1
(H2A/HA-) et Ka2 (HA-/A2-) et le diagramme de prédominance des espèces. Le calcul du pH
fait apparaître deux cas :
6.3.1. La première acidité est prépondérante
H2A ( aq ) + H2O (l) ⇔ HA (−aq ) + H3O (+aq ) Ka1.
Cette hypothèse suppose que Ka2 << Ka1 et que le pH trouvé reste inférieur à pKa1-1.
6.3.2. Les deux acidités se manifestent simultanément
H2A ( aq ) + H2O (l) ⇔ HA (−aq ) + H3O (+aq ) Ka1.
HA (−aq ) + H2O (l) ⇔ A (2−aq ) + H3O (+aq ) Ka2.
Le pH trouvé devra être supérieur pKa2-1 et inférieur à 6,5
NB : Pour les polybases le problème est équivalent au précédent en remplaçant [H3O+]éq par
[OH-]éq, soit pH par pOH et les constantes d’acidités Ka par les constantes de basicités Kb ou
les pKa par les pKb.
6.4.2. Mélange d’une solution de monoacide fort HA1 (C1) et d’une solution
de monoacide faible HA2 (C2).
A l’équilibre, on a : [H3O+]éq = [H3O+]éq,eau + [H3O+]éq,HA1 + [H3O+]éq,HA2 .
C’est l’acide fort qui impose le pH : [H3O+]éq,HA1 >> [H3O+]éq,HA2 >> [H3O+]éq,eau,
et donc :
NB : Dans le cas de deux bases faibles dont l’une est plus forte que l’autre on arrive à :
pH = ½ p(Ka1.C1 + Ka2.C2)
NB : On tient les mêmes raisonnements au cas des mélanges de bases de forces équivalentes.
−
Ke
La R.P. est: CH3COO aq + H2O (l) CH3COOH aq + OH −( aq ) Kb= = 10-9,2.
Ka
On établit : pOH = ½ (pKb + pC) dans l’hypothèse (pKb - pC) ≥ 2.
• Solution acide : L’anion est indifférent et le cation acide .
−
Exemple : AlCl3(s) → 3 Cl aq + Al 3+
aq .
L’ion Al 3+ 3+
aq existe sous forme hexahydratée dans l’eau Al(H2O) 6 et se comporte comme un
−
Ka 2
La R.P. est: 2 HCO −aq CO 23,aq + H2CO3, aq K= =10-4.
Ka1
état initial C --- ---
état final C-2x x x
La réaction est quasi totale vers la gauche (C >> x) , le pH s’obtient à partir des deux couples
en présence :
[ HCO3− ] éq [ CO32 − ]éq
pH = pKa1 + log et pH = pKa2 + log
[ H 2 CO3 ]éq [ HCO3− ]éq
[CO32 − ]éq x
soit 2.pH = pKa1 + pKa2 + log = pKa1 + pKa2 + log
[ H 2 CO3 ] éq x
d’où :
pH = ½ (pKa1 + pKa2)
Ce pH est indépendant de la concentration et analogue à celui d’un sel mixte du type AB.
[ A − ] éq .[ H 3 O + ] éq
- constantes d’équilibres : Ka = (3)
[ HA ]éq
Ke = [OH-]éq.[H3O+]éq (4)
Sans faire d’approximations on a :
Ke
de (2) et (4) [A-]éq = C2+[H3O+]éq - (5)
[ H 3 O + ] éq
[ H 3 O + ]éq . C2 C1
donc [HA]éq = C1 -
et [A ]éq = C2 d’où Ka = ⇒ [H3O+]éq = Ka ; soit :
C1 C2
C2
pH = p Ka + log
C1
Cette relation est appelée relation d’Henderson - Hasselbalch et l’hypothèse qui a permit de
l’établir, approximation d’Henderson.
- Si la solution est acide [H3O+]éq >> [OH-]éq et x = [H3O+]éq donc :
Dans les deux cas [H3O+]éq est la solution positive d’une équation du second dégré.
⇒ La première R.P. est l’action de l’acide le plus fort sur la base la plus forte
+ − 1
H3O aq + OH aq 2 H2O (l) K = =10+14.
Ke
0,4 0,6
état initial ---
12 12
0,2
état final ---
12
⇒ La seconde R.P. est :
−
Ka
CH3COOH aq + OH aq CH3COO −aq + H2O (l) K= =10+9,2.
Ke
0,3 0,2 0,3
état initial ---
12 12 12
0,1 0,5
état final ---
12 12
⇒ La troisième R.P. est :
CH3COOH aq + CH3COO −aq ⇔ CH3COO −aq + CH3COOH aq K = 1.
[ CH 3 COO − ] éq
Le milieu est invariable et le pH = pKa + log = 5,5.
[ CH 3 COOH ] éq
INTRODUCTION
Le point d’équivalence sera atteint lorsqu’on aura ajouté autant d’équivalents de base (OH–)
qu’il y avait d’équivalents d’acide (H3O+) initialement et inversement. A ce point, c’est une
solution de sel dans l’eau. Dans les proportions des nombres stœchiométriques on a:
( C2V2 ) ( C1V1 )
état initial ---
(V1 + V2 ) (V1 + V2 )
( C1V1 − C2V2 )
état final ---- ---
(V1 + V2 )
L’autoprotolyse de l’eau étant négligée, la solution obtenue après ajout est une solution
( C1V1 − C2V2 ) ( C1V1 − C2V2 )
d’acide fort HCl de concentration et pH = p( ).
(V1 + V2 ) (V1 + V2 )
C2VE
• V2 = VE : Le pH est égal à 7 et C1 = .
V1
6
4
2
V
0 E
0 5 10 15 20
V , (ml)
2
Remarques :
- La pente de la courbe est faible en début et après l’équivalence.
- Le pH varie très rapidement au voisinage du point d’équivalence. Le saut de pH observé, qui
s’étend sur six unités, a lieu lors de l’ajout d’un infime volume de la solution de NaOH. Ce
saut permet une détermination aisée du volume VE.
12
10
E
8
pH
6
pKa
4
2
0
0 5 10 15 20
V (ml)
2
2.2.3. Titrage d’une solution aqueuse de monobase faible par une solution de
d’acide fort
Base faible A- (C1, V1) par HCl (C2, V2). A l’équivalence E, V2 est noté VE.
• V2 = 0 : Le pH de la solution initiale est celui d’une base faible. le pH est, selon les
approximations: pH = 7 + ½.(pKa - pC1). (Cf Ch2)
L’allure des courbes est inversée par rapport à celle des courbes de titrage acide faible- base
forte, mettant en jeu les mêmes couples.
9 10 M par HCl de même concentration
8
7
6
5 pKa
pH
4 E
3
2
1
0
0 5 10 15 20
V , (ml)
2
3.1.Définition
Les indicateurs colorés acido-basiques sont des couples acido-basiques dont la forme acide
HIn a une couleur différente de la forme basique In-, ou dont au moins une des formes HIn ou
In- est colorée.
On peut écrire : HInaq + H2O (l) ⇔ In −aq + H3O +aq
[ In − ]éq [ H 3 O + ]éq [ In − ] éq
-
Ka(HIn/In ) = soit pH = pKa + log .
[ HIn]éq [ HIn ]éq
Le rapport des concentrations des espéces HIn et In- va donc dépendre de la valeur du pH.
Pour pKa – 1 ≤ pH ≤ pKa + 1, la couleur est le mélange des deux espèces : zone de virage de
l’indicateur et le point de virage de l’indicateur est le pH auquel les concentrations des deux
formes HIn et In– sont égales : [HIn] = [In–], pH = pKa.
4.2.Pouvoir tampon
On caractérise une solution tampon par son pouvoir tampon :
d [base ] − d [ acide ]
β= =
dpH dpH
Le pouvoir tampon est de la quantité d’acide ou de base qu’il faut ajouter à la solution pour
varier son pH d’une unité. Un bon pouvoir tampon correspond à un β élevé.
[base] 0
La relation permettant de calculer le pH d’une solution tampon est : pH = pKa + log .
[ acide ]0
Pratiquement, un mélange tampon conserve ses propriétés caractéristiques de solution tampon
tant que le rapport de la concentration de la forme acide à celle de sa forme basique conjuguée
reste compris entre 0,1 et 10. Avec un couple acide/base donné, on peut donc préparer des
solutions tampon dont le pH se situe entre pKa + 1 et pKa - 1.
EQUILIBRES D’OXYDOREDUCTION
INTRODUCTION
Les réactions « rédox » sont des échanges d’électrons entre des anions, des cations ou des
molécules neutres. Elles se produisent en phase gazeuse (réactions photochimiques), en phase
liquide (eau ou autres solvants) et en phase solide (rarement). Il sera principalement question
dans ce chapitre de maîtriser les équilibres d’oxydoréduction en phase liquide et leurs diverses
applications.
1. GENERALITE
1.1. Oxydation et réduction
• L’oxydation (d’un élément, d’un ion ou d’un groupe d’atomes) est la perte d’un ou
de plusieurs électrons.
• La réduction est le gain d’un ou plusieurs électrons.
NB : ne réduction est toujours accompagnée d’une oxydation et inversement.
1.2. Couples redox
Ecriture: ox/red. Exemples : Na+/Na , O2/O2- , Cl2/Cl-
1.3. Réaction d’oxydoréduction
Elle met en jeu deux couples redox :
a Ox1 + z e- ⇔ c Red1 (1)
d Ox2 + z e- ⇔ b Red2 (2)
Bilan **************************
a Ox1 + b Red2 ⇔ c Red1 + d Ox2 (1) - (2)
NB : Les nombres stœchiométriques figurant dans l’équation-bilan sont tels que le nombre
d’électrons mis en jeu dans chacune des démi-réactions de réduction est identique. Ce nombre
z, est le nombre de charge associé à l’équation-bilan.
2. REACTION D’OXYDOREDUCTION
Une pile est schématisé en écrivant à la suite les conducteurs en allant de l’électrode de
gauche vers celle de droite. On écrit la pile Daniell :
ZnZn 2aq+,1mol .l − 1 Cu 2aq+,1mol .l − 1 Cu
Ef.é.m. = ∆E (I→0)
Par convention, la f.é.m d’une cellule électrochimique représentée par un diagramme est
égale, en valeur algébrique, à la différence des potentiels d’équilibre électrochimique de
l’électrode de droite et de l’électrode de gauche de la représentation :
Par convention :
• l’électrode de droite est le siège d’une réduction (pôle ⊕):
a oxD + z e- → c redD (1)
• l’électrode de gauche est le siège d’une oxydation (pôle Θ):
d oxG + z e- ← b redG (2).
L’équation-bilan conventionnelle relative à un diagramme de représentation s’écrit donc :
a oxD + b redG ⇔ c redD + d oxG
ou dG
( )T,P = - z.F.Ef.é.m
dξ
La condition d’évolution de la cellule en tant que générateur implique que δWél (donc dG)
soit négatif : la cellule fournit de l’énergie électrique reçue par le dipôle extérieur. Il vient
donc :
Ef.é.m > 0 entraîne dξ > 0 soit une évolution dans le sens direct
Ef.é.m < 0 entraîne dξ < 0 soit une évolution dans le sens inverse
Si la f.é.m. de la pile, calculée à partir d’une de ses représentations, a une valeur positive, il y
a coïncidence entre le sens conventionnel de fonctionnement et le sens réel d’évolution
spontané de la pile. Si Ef.é.m < 0, le sens réel de fonctionnement est l’inverse du sens
conventionnel.
∆ r G ° (T )
E° = E°D - E°G = -
z. F
red D c red G b
RT C° RT C°
Ef.é.m. = ED - EG = [E°D - . ln ] - [E°G - . ln ]
ox D ox G
a d
zF
zF
C° C°
Ce qui donne :
red D c red G b
RT C° RT C°
ED = E°D - . ln a et EG = E°G - . ln d
D G
zF ox zF ox
C° C°
De façon générale, pour une électrode donnée dont la demi-réaction est écrite dans le sens de
la réduction :
νi
RT Yi
E = E° - . ln ∏
zF i Yref Relation de Nernst
A l’état standard (1 bar pour un gaz et à C = 1 mol.l-1 sous 1 bar pour un soluté) le potentiel
standard est: Ef.é.m. = E°(ox/red) .
NB : Dans l’eau, les électrodes couramment utilisées comme électrode de référence sont
l’électrode au calomel et l’électrode au chlorure d’argent.
• L’électrode au calomel : Hg(l) Hg2Cl2(s)Cl −aq
La demi-réaction de réduction est : Hg2Cl2(s) + 2 e- ⇔ Hg(l) + 2 Cl −aq
• L’électrode au chlorure d’argent : Ag(s) AgCl(s)Cl −aq
La demi-réaction de réduction est : AgCl(s) + e- ⇔ Ag(s) + Cl −aq
H2O(l).
Le potentiel d’équilibre électrochimique de l’électrode PtCr2O 2−
7 ,Cr
3+
a pour expression :
2−
A 298 K, E°(Cr2O 7 /Cr3+) = 1,36 V. Donc à cette température on a :
[cr 3+ ] 2
C °
Soit : E(Cr2O 2− 3+ -3
7 /Cr ) = 1,36 - 0,14.pH - 4,28.10 . ln 2−
[Cr2 O7 ]
C°
On définit donc pour le couple Cr2O 2−
7 /Cr
3+
un potentiel standard apparent noté E 0a qui, à 298
3+
K, a pour expression : E 0a (Cr2O 2−7 /Cr ) = 1,36 - 0,14.pH
4.3.2. Pouvoir nivelant du solvant eau
Le caractère amphotère redox de l’eau limite le domaine d’existence des oxydants et des
réducteurs. On ne peut donc avoir dans l’eau, de potentiel d’oxydoréduction supérieur à une
limite correspondant à la destruction de l’eau par oxydation (1) et on ne peut avoir de
potentiel inférieur à une valeur limite (2) :
E(O2/H2O) = 1,23 - 0,059 pH (1) et E(H2O/H2/) = - 0,059 pH (2)
SABI Kokou / Laboratoire de Chimie Atmosphérique/ UL/ Contact : 22 36 39 01 Page 32
Le diagramme d’équilibre potentiel-pH dans l’eau des couples redox de l’eau (O2/H2O) et
(H2O/H2) est représenté dans la figure ci-après.
Dans ce domaine (1,2 V), l’eau est stable vis-à-vis des oxydants et des réducteurs ; au-dessus,
elle est oxydée, en-dessous elle est réduite. En raison de la lenteur des réactions d’oxydation
et de réduction de l’eau, on admet, en pratique, que le domaine de potentiel peut être étendu à
environ 2 V.
A une température T,
∆rG°(T) = - RT lnK(T) et ∆rG°(T) = - z.F.E°f.é.m = - z.F.[E°(ox/red)D - E°(ox/red)G] d’où :
z. F [ E ° ( ox / red ) D − E ° ( ox / red ) G ]
lnK(T) =
RT
5.2.2. Le système est constitué par un mélange des quatre espèces des deux couples
(ox1/red1) et (ox2/red2)
Le sens d’évolution spontanée de la réaction chimique mettant en jeu les quatre réactants ox1,
red1, ox2 et red2 de concentration [ox1], [red1], [ox2] et [red2] est identique à celui de la
réaction électrochimique s’effectuant dans la pile galvanique réalisée à partir de deux
électrodes redox :
Ptox1,([ ox1]), red1,([ red1]) et Ptox2,([ ox2]), red2,([ red2])
Si cette pile est représentée par le diagramme :
Ptox2, red2 ox1, red1Pt
il lui correspond, par convention, l’équation-bilan :
a ox1 + b red2 ⇔ c red1 + d ox2
Le signe de la valeur de Ef.é.m. associée à cette représentation indique le sens réel d’évolution
spontanée de la réaction électrochimique.
5.3. Calcul du potentiel standard d’un couple redox d’un élément à plusieurs N.O.
Prenons le cuivre Cu connu pour exister dans l’eau à l’état Cu, Cu+I, Cu+II :
aq + e ⇔ Cu aq
- +
Cu 2+ (1)
Cu +aq + e- ⇔ Cu (s) (2)
Cu 2+
aq + 2 e- ⇔ Cu (s) (3)
Par combinaison linéaire, on a : ∆rG(T)2 = ∆rG(T)3 - ∆rG(T)1 avec ∆rG = - z.F.E°f.é.m
soit à T : E°(Cu+/Cu) = 2.E°(Cu2+/Cu) - E°(Cu2+/Cu+)
Le pH d’une solution aqueuse X peut être obtenu à partir des mesures électrochimiques. La
solution S, solution tampon de référence de pH connu (exemple de la solution
d’hydrogénophtalate de sodium 0,05 mol.Kg-1, à 298 K son pH = 4,005) permet la mesure.
7. ELECTROLYSE
REACTIONS DE COMPLEXATION
EN SOLUTION AQUEUSE
INTRODUCTION
Ce chapitre présente les différentes réactions de complexation et les méthodes de calcul de
leur pH.
1.1.Définition
Les composés de coordination ou complexes, sont des édifices polyatomiques dans lesquels,
le plus souvent, un atome ou un ion d’un métal de transition (cation métallique) est lié ou
coordiné à d’autres molécules neutres (H2O, CO, NH3, ...) ou anions (Cl-, F-, NO −2 , S2O 2−
3 ,
- -
SCN , CN , ...) appelés coordinats ou ligands.
La propriété commune à tous les ligands est de disposer au moins d’une orbitale moléculaire
non liante, doublement occupée, qui permet la liaison avec le métal central.
On symbolyse le complexe par MLn (donneur de ligands), l’atome ou le cation métallique par
M (accepteur de ligands) et le ligand par L : n est l’indice de coordination, c’est-à-dire le
nombre de ligands liés à l’atome ou à l’ion central :
MLn M+nL
Remarque : le complexe MLn est dit mononucléaire. Il existe des complexes polynucléaires
possédant plusieurs centres métalliques (MPLn), des complexes mononucléaires mixtes
(MLnL’n’) où plusieurs types de ligands sont liés au métal central.
Le nombre de ligand est précisé par le préfixe mono, di, tri, tétra, penta, hexa, ...
On nomme également les ligands selon leur nombre de points d’attache avec le ou les
centres, c’est-à-dire selon le nombre de doublets non liants mis en jeu :
- ligands monodentates (une seule orbitale non liante) : H2O, NH3, CO, CN-, S2O 2−3 ,
- ligands bidentates (deux orbitales nons liantes) : H2N-CH2-CH2-NH2
- ligands tridentates :
CH2-CH2 CH2-CH2
H2N NH NH2
- ligands hexadentates :
-
OOC-CH2 CH2-COO-
l'ion éthylène diamine tétracétate (E.D.T.A.)
N--CH2-CH2-N-
-
OOC-CH2 CH2-COO-
Si l’aspect stérique est favorable, un ligand multidentate peut être lié à un seul ion central
avec formation d’un cycle : on obtient ainsi des complexes dits chélates très stables.
Diagramme de prédominance à 10 % :
HA A- M MLn M
ML
pH pL
pL
pKa-1 pKa pKa+1 pKD-1 pKD pKD+1 (pKD-1)/n pKD/n (pKD+1)/n
Un complexe très stable, donc infiniment peu dissocié, correspond à un acide très faible : pKa
ou pKD élevé.
Si n = 1, toutes les foumules établies dans le cas des réactions acide-bases, peuvent se
transposer directement aux réactions de complexation.
MLn M + nL KD faible
t=0 C --- ---
α ( nCα ) n
équilibre C(1-α) Cα nCα KD =
(1 − α )
La faible valeur de KD permet de supposer α << 1, c’est-à-dire [M]éq << [MLn]éq dans
l’équation de conservation de la masse :
C = [MLn]éq + [M]éq ≈ [MLn]éq
KD
On déduit KD = (nC)n.α n+1 ⇒ α = n +1 .
( nC ) n
On résoud parfois l’équation en [L] par analogie à [H3O+]:
[ L ]éq
.[ L ]néq [ L ]n +1
n éq
[L]éq = nCα et donc KD = ≈
[ L ] éq nC
C−
n
1
pL = (pKD + pnC) (V-1)
n+1
On doit vérifier l’approximation α << 1 ou [M]éq << [MLn]éq au seuil des 10 % :
pL
MLn M
pL
(pKD-1)/n pKD/n (pKD+1)/n
La meilleure méthode de résolution du problème est celle des réactions prépondérantes : elle
met mieux en évidence la réalité chimique
totale
Cuaq2+ + NH3 aq Cu(NH3)4,aq2+ KF = 1012,6
état initial 0,01 0,09 ---
équililibre 0,01-x 0,09 - 4x x
2. EQUILIBRE DE COMPLEXATION
On distingue les complexes parfaits, qui sont très stables (dissociation négligeable) :
Ag(NH3)2+ Ag+ + 2 NH3 KD = 10-7,2 ou pKD = 7,2
et les complexes imparfaits dont on ne peut négliger la dissociation :
FeSCN2+ Fe3+ + SCN- KD = 10-2,1 ou pKD = 2,1
3. COMPLEXATIONS SUCCESSIVES
3.1.Constantes de dissociation, de stabilité
Pour un complexe MLn pouvant perdre ses n ligands pour donner successivement les
complexes MLn-1, MLn-2, ... et finalement M, on peut :
[ MLn −1 ]éq [ L] éq
- définir n constantes de dissociation : Kn = ,
[ MLn ] éq
[ MLn − 2 ]éq [ L]éq [ M ] éq [ L] éq
Kn-1 = , ... K1 = .
[ MLn −1 ] éq [ ML]éq
- définir la constante globale de stabilité (ou de formation) du complexe MLn :
[ MLn ] éq
βn =
[ M ] éq [ L] néq
- faire le produit des n constantes de dissociation donnant :
1
K1.K2...K n =
βn
3.2.Complexes successifs non simultanés
Les tables donnent pour l’ion Ag+ et le ligand SCN- :
pKD,1 (Ag(SCN)/Ag+) = 7,6 ; pKD,2(Ag(SCN) −2 /Ag(SCN)) = 1,5
La réunion des deux diagrammes relatifs à chaque complexe conduit au diagramme de
prédominance global, analogue à celui d’un diacide. Il existe une zone de prédominance pour
chacunes des espèces, au seuil des 10 % si pKD,i-1-pKD,i>2.
Ag(SCN) Ag+
Ag(SCN)2- Ag+
7,6 8,6 pSCN Ag(SCN)
6,6
0,5 pSCN
pKD,2 2,5 6,6 pKD,1 8,6
(pH)
H2A (pKa,1) HA- (pKa,2)
Ag(SCN)2- Ag(SCN) A2-
0,5 pSCN
1,5 2,5
L’espèce Ag(SCN) est donc à la fois un accepteur de ligand dans le couple Ag(SCN) −2
/Ag(SCN), et un donneur de ligand dans le couple Ag(SCN) /Ag+ : on l’appelle un amphotère.
La mise en présence d’ions Ag+ et SCN- en solution conduit donc successivement et non
simultanément aux complexes Ag(SCN) puis Ag(SCN) −2 en présence d’un excès de SCN- :
totale
Agaq+ + SCNaq- Ag(SCN)aq K1 = 1/KD,1 = 107,6
Le premier complexe, en raison de la forte attraction électrostatique entre Ag+ et SCN- a une
constante de formation très élevée, ce qui n’est pas le cas pour le second complexe.
3.3.Complexes successifs simultanés
Les tables donnent pour l’ion Ag+ et le ligand amine les constantes de formation successives :
KF,1 (Ag(NH3)+/Ag+) = 103,3 et KF,2((Ag(NH3) 2+ /Ag(NH3)+) = 103,9 .
On constate que pKD,1- pKD,2 = -0,6 < 2.
Il n’existe pas de zone de prédominance pour Ag(NH3)+.
Selon le pNH3 cherchons l’espèce dominante :
Ag(NH3)+ Ag+
Ag(NH3)2+ Ag+ seul
3,3 4,3 pNH3 Ag(NH3)2+
2,3 seul et
Ag+
Ag+
+
Ag(NH3)2
2,9 pNH3
3,9 4,9
* pNH3 > 4,3 : l’espèce Ag+ est la seule espèce existante au seuil des 10 %. On vérifie que
[Ag+] >> [Ag(NH3)+] > [Ag(NH3) 2+ ].
mélange
Ag(NH3)2+
+
Ag(NH3)2 seul dominant Ag+ dominant Ag+ seul
pNH3
3,1 3,6 4,1
(pKD-1)/2 pKD/2 (pKD+1)/2
4. COMPLEXATIONS COMPETITIVES
4.1.Permutation de ligands
Il s’agit de la compétition, entre deux ligands, pour un même ion central. La comparaison des
constantes de stabilité (de formation des complexes) permet de prévoir aisément la réaction
prépondérante.
Exemples :
(1) Caaq2+ + Yaq4- CaYaq2- KF1 = 1010,7
(EDTA)
Si l’on met en présence simultanément Ca2+, Y4- et P2O 47 − la permière RP sera (1) : KF1 >>
KF2. Le complexe diphosphato-CaII ne se formera quantitativement que si Ca2+ est en excès
par rapport à Y4-, selon (2).
Si l’on met en présence initialement Ca2+ et P2O 47 − , la réaction (2) sera quasi totale et l’ion
Ca2+ sera dissimulé dans le complexe Ca(P2O7)2- . L’ajout de Y4- provoquera une destruction
de ce complexe selon la réaction de permutation de ligands (3) :
Cette dernière équation-bilan traduit le fait qu’il n’y a quasiment pas d’ions Ca2+ libres dans la
solution.
4.2.Compétition entre deux ions métalliques
Il s’agit ici de comparer les complexes d’un même ligand avec divers ions métalliques.
Prenons l’exemple des ions Ca2+ et Ba2+ et le ligand EDTA, Y4- en milieu basique :
Par analogie acide-base, construisons une échelle de pY, équivalente à l’échelle d’acidité :
Force croissante
2-
Donneurs
BaY CaY2-
pY= pKD
Accepteurs 7,8 10,7
Ba2+ Ca2+
force croissante
Un donneur (acide) est d’autant plus fort que son pKD (pKa) est faible. Un donneur très faible
(complexe stable) a un pKD élevé. Si pKD est suffisant, tout accepteur (par déplacement
d’équilibre) détruit tout complexe situé en-dessous de lui dans l’échelle des pKD.
Dans notre exemple, la R.P. est :
La R.P. est : Ag(NH3)2, aq+ + 2 H3O+aq Ag+aq + 2 NH4+aq + 2 H2O (l) K= KD/K2a = 10+11,2
- Un
acide faible devient fort par complexation de sa base conjuguée (et peut même se comporter
comme un acide fort) :
HCN aq + H2O (l) H3O+aq + CN-aq Ka = 10-9,2
La R.P. est : Ag+aq + 2HCN aq + 2 H2O (l) Ag(CN)2-aq + 2 H3O+aq K= Ka2/KD = 10+2,3
Les ligands sont en général des bases faibles. En l’absence d’acide dans l’eau,
l’approximation classique consiste à négliger la réaction d’hydrolyse.
5.3.Influence simultanée du pH sur le ligand et l’accepteur
Les complexes dont le ligand a un caractère acidobasique et dont l’ion métallique accepteur
peut en outre former des complexes avec l’ion OH-, sont doublement sensibles au pH.
Ils sont en général stables pour les milieux ni très acides (car alors l’acide en réagissant sur le
ligand basique détruit le complexe), ni très basiques (car alors le complexe est détruit pour
former un nouveau complexe avec le ligand hydroxo).
6. TITRAGE COMPLEXOMETRIQUE
Le principe de titrage est analogue à celui des titrages acidobasiques :
- Il faut que la réaction soit quasi totale, donc corresponde à la formation d’un
complexe parfait.
- Il faut détecter le point équivalent, c’est-à-dire la composition de la solution telle que
l’ion métallique et les ligands se soient totalement transformés en complexe.
On utilise essentiellement deux méthodes :
- Colorimétrie : emploi d’indicateurs colorés, le plus souvent ligands plus faibles,
formant au niveau du point d’équivalence un complexe coloré avec la première goutte d’ion
métallique en excès.
- Potentiométrie : mesure de la d.d.p. entre une électrode de référence de potentiel
constant (électrode au calomel) et une électrode de mesure (indicatrice de la concentration en
ion métallique). On mesure une d.d.p. E, fonction affine de pM=-log[M]. Cette méthode
permet de suivre en continu, la variation de pM avec le volume de réactif versé. Le brusque
saut de pM définit le point d’équivalence.
REACTIONS DE PRECIPITATION
INTRODUCTION
Ce chapitre présente les réactions de précipitation et les méthodes de calcul de leur pH.
1. PRODUIT DE SOLUBILITE
De nombreux composés ioniques, ou moléculaires, ont des limites se solubilité faibles.
Lorsque la solution est saturée, il apparaît une phase solide (le précipité) coexistant avec la
phase aqueuse.
• Cas d’un composé ionique
La dissolution d’un sel noté AaBb pratiquement insoluble dans l’eau pure peut être représentée
par une suite de deux équations-bilan :
AaBb(s) AaBb(aq) a Am-(aq) + b Bn+(aq)
avec a.m = b.n.
Si toutes les molécules de AaBb dissoutes sont dissociées en ions, l’équation-bilan est
simplement :
AaBb(s) a Am-(aq) + b Bn+(aq)
a b
[ Aéqm − ] [ Béqn + ]
K(T) = avec C° = 1 mol.l-1
C° C°
Par définition K(T) notée Ks est appelée produit de solubilité du sel AaBb à la température T.
• Cas d’un composé moléculaire
Pour un solide qui n’est pas ionique, le raisonnement est identique. Soit une solution
aqueuse saturée d’iode :
I2(s) I2(aq)
[ I 2 ,aq ] éq
La condition d’équilibre se traduit par KS = avec C° = 1 mol.l-1.
C°
Dans l’expression du produit de solubilité KS régissant la loi d’action des masses, on ne fait
intervenir que les concentrations des ions (ou molécules) en solution. Les tables
thermodynamiques nous donnent les valeurs de pKS = -logKS à 25°C
4. PRECIPITATION ET ACIDOBASICITE
4.1. Application de la loi de modération
• La solubilité d’un sel basique augmente en milieu acide :
CH3COOAg (s) CH3COO-aq + Ag+aq Ks = 10-2,7
La consommation des ions acétate par un milieu acide, provoque un déplacement d’équilibre,
dans le sens de leur regénération, c’est-à-dire dans le sens de dissolution du précipité.
• De même, la solubilité d’un sel acide augmente en milieu basique, et la
solubilité d’un sel amphotère augmente dans les deux zones extrêmes de pH.
Pour un sel basique type CH3COOAg on vérifie aisément la loi qualitative sur un plan
quantitatif :
S = [Ag+] = [CH3COO-]O = [CH3COO-]éq + [CH3COOH]éq.
[ H 3 O + ]éq S
S = [CH3COO-]éq. 1 + et KS = [Ag+].[CH3COO-]éq = S.
Ka [ H 3 O + ]éq
1 +
Ka
[ H 3 O + ]éq
S = KS. 1 +
2
Ka
[ H 3 O + ] éq [ H 3 O + ] éq
2
2+
on obtient : S = [Zn ] = [CO32-]éq(1 + + )
Ka 2 K a1 . Ka 2
KS KS
Comme KS = [Zn2+]éq.[CO32-]éq ⇒ CO32-]éq = 2+ = , on établit l’expression de S,
[ Zn ] éq S
valable pour tout [H3O+] :
[ H 3 O + ] éq [ H 3 O + ] éq
2
1
• pH ≥ 11,3 domaine de CO 2−
3 ⇒ S = KS
2
⇒ pS = pKS = 5,4
2
• pH = 10,3 ; [HCO −3 ] = [CO 2−
3 ] ⇒ S = 2KS
2
⇒ pS = 5,27
[ H 3 O + ]éq
• 7,3 ≤ pH ≤ 9,3 domaine de HCO S ≈ KS −
3
2
),
Ka 2
1
pS = (pKS + pH - pKa2) pS = 0,27 + 0,5 pH
2
K
• pH = 6,3 [HCO −3 ] = [H2CO3] ⇒ S2 = 2KS a 1 ⇒ pS = 3,27
Ka 2
[ H 3 O + ]2éq
• pH ≤ 5,3 domaine de H2CO3 ⇒ S = KS 2
K a1 . K a 2
1
⇒ pS = (pKS + 2pH - pKa1 - pKa2) = - 2,88 + pH.
2
4.3.Solubilité des hydroxydes amphotères
Etude de pS pour l’hydroxyde d’aluminium Al(OH)3. Il se comporte :
- comme une base dans l’équilibre:
(1) Al(OH)3 (s) Al3+(aq) + 3 HO- (aq) Ks = 10-33
10 −12
S = 109.[H3O+] 3éq + .
[ H 3 O + ] éq
[ H 3O + ]éq
soit 4
[H3O+] éq ≥ 10-20 ⇒ pH ≤ 5
10 −12
Si [Al(HO) −4 ]éq ≥ 10 [Al3+]éq ⇒ ≥ 1010[H3O+] 3éq ;
[ H 3O + ]éq
soit 10-22 ≥ [H3O+] éq
4
⇒ pH ≥ 5,5
− 10 −12
Si [Al ]éq = 10 [Al(HO) ] ⇒ 10 .[H3O ] éq =
3+
4 éq
9 + 3
[ H 3 O + ]éq
soit 4
[H3O+] éq = 10-21 ⇒ pH ≤ 5,25.
Al(HO)3 (s)
4 10 −21
[H3O+] éq = soit pHm = 5,37.
3
On déduit la solubilité minimale Sm = 3,12.10-7 mol.l-1.
• Courbe pS = f(pH)
On peut donc, selon les domaines de prédominance, donner les équations pS = f(pH)
pH ≤ 4 : S = [Al3+]0 = 10-3 mol.l-1 ⇒ pS = 3.
4 ≤ pH ≤ 5 : S ≈ [Al3+] ≈ 109.[H3O+] éq ⇒ pS = -9 + 3 pH.
3
1
pH ≥ (21 + p[M2+]0 - pKS)
2
5.2.Etude quantitative
• Dissolution d’un précipité
Soit l’exemple :
Mettons 10-2 mole de AgCl(s) dans un litre d’eau pure et cherchons à déterminer le nombre de
mole de NH3 à ajouter pour dissoudre totalement le précipité de AgCl(s):
La R.P. est :
+
[ NH 3 ]2éq
+ +
S = [Ag ]éq + [Ag(NH ) ]éq = [Ag ]éq(1 +
3 2 )
KD
S = [Cl-]éq
KS KS
KS = [Ag+]éq.[Cl-]éq ⇒ [Ag+]éq = − =
[ Cl ] éq S
KS [ NH 3 ]2éq
S= (1 + )
S KD
d’où : [ NH 3 ]2éq
2
S = KS (1 + )
KD
6.1.Titrage des ions Cl- par les ions Ag+ : variation de pAg
On prend l’exemple du titrage des ions chlorure par les ions argent (figure ) selon :
Ag+ + Cl- AgCl K = 1/KS = 10+9,75
précipité blanc
a) - x = 0 : Le pAg n’est pas défini, puisqu’il n’y a pas de Ag+ à l’état initial dans le
bécher. Mais on peut le définir dès la première goutte
KS = [Cl-].[Ag+] ==> pAg = pKs – pCo = 8,75
b) – 0 < x < 1:
Ag+ + Cl- AgCl
CeV C0V0
V + V0 V + V0
EI xCd Cd
EF ε Cd(1-x) xCd
KS
La concentration de Ag+ se déduit aisément: [Ag+] = ε =
C d (1 − x )
C V − CeV
pAg = pKs + logCd(1-x) ou pAg = pKs + log 0 0
V + V0
10 − V 10 − V
Ici pAg = 9,75+ log10 −1 = 8,75 + log
10 + V 10 + V
c) x = 1 : nous sommes à l’équivalence : [Ag+] = [Cl-] = εe = K S
==> pAg = 4,88
d) x > 1 : Ag ajouté est en excès e : [Ag+] = Cd(x-1)
+
V (ml) 0 5 9 10 11 15 20
x 0 0,5 0,9 1 1,1 1,5 2
pAg 8,75 8,27 7,47 4,88 2,32 1,70 1,48
Blanc
Rouge
Remarquons qu’un ion Ag ne consomme qu’un demi-ion CrO42-, et que la constante de
+
l’équilibre :
Ag+ + 1/2 CrO42- 1/2 Ag2CrO4 K'' = (K'S)1/2= 10+6
La réaction de formation du précipité AgCl est bien la première dans le milieu. En pratique,
on utilise quelques gouttes de K2CrO4 et on visualise le point équivalent au moment de la
persistance du précipité rouge dans la solution.
Figure : Courbe de tritrage conductimétrique des ions Cl- par les ions Ag+
[NO3-]
[Ag+]
[Cl-]
V
Ve