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Conférence de consensus
À l’initiative
Promoteur
Sociétés copromotrices
Avec le soutien de
COMITÉ D’ORGANISATION
JURY
EXPERTS
GROUPE BIBLIOGRAPHIQUE
AVANT-PROPOS
Cette conférence a été organisée et s’est déroulée conformément aux règles méthodologiques
préconisées par l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes).
Les conclusions et recommandations présentées dans ce document ont été rédigées par le jury
de la conférence, en toute indépendance. Leur teneur n’engage en aucune manière la
responsabilité de l’Anaes.
Introduction
Ce rapport qui développe nombre de propositions précises auxquelles se référer fixe les
objectifs de cette conférence : « Nous avons souhaité que toutes les spécialités soient
associées à une conférence de consensus sur l’accompagnement, afin qu’un socle commun de
bonnes pratiques se dégage et serve de référence aux professionnels. »
L’Anaes, pour ce qui la concerne, a rendu publiques en décembre 2002 des recommandations
professionnelles « Modalités de prise en charge de l’adulte nécessitant des soins palliatifs ».
Ce document détaille et commente les pratiques spécifiques relevant des soins palliatifs, sans
développer la question de l’accompagnement.
Accompagner la personne en fin de vie c’est reconnaître et respecter ses droits, son histoire,
sa situation sociale, sa culture, sa spiritualité et ses attachements. L’accompagnement est un
processus dynamique qui engage différents partenaires dans un projet cohérent au
service de la personne, soucieux de son intimité et de ses valeurs propres. Approche
globale et pluridisciplinaire, l’accompagnement en institution ou au domicile relève
d’initiatives et de procédures adaptées aux attentes et besoins de la personne ainsi que de ses
proches.
Les situations de vulnérabilité en fin de vie justifient des règles et des dispositifs de
nature à prévenir tout risque d’irrespect, d’arbitraire ou de dérogation aux bonnes
pratiques professionnelles. À cet égard une attention particulière doit être témoignée aux
personnes dans l’incapacité de communiquer ou dépourvues d’un soutien de proximité du fait
de leur isolement. De même une approche spécifique s’impose en faveur des personnes
affectées de certaines maladies chroniques à évolution lente. Elles ne bénéficient pas toujours
des possibilités d’un accompagnement pourtant justifié. Cette exclusion de tout dispositif
institutionnel équivaut à une logique du reno ncement et suscite parfois des demandes
d’assistance à la mort, faute de proposition d’un suivi digne et adapté.
Question 1.
Accompagner jusqu’au bout ?
Introduction
Dès son enfance, l’homme se construit en société par une acquisition culturelle continue : il
évolue et s’exprime du fait de sa capacité d’être en relation. La notion d’accompagnement
procède de celle de relation, et donc de ce qui fait l’humain de l’homme.
L’accident et la maladie grave font irruption avec violence. Ils bouleversent les repères d’une
trajectoire de vie. L’évolutivité de la maladie provoque des points de rupture qui
nécessitent de profondes adaptations . L’imminence de menaces perçues comme vitales se
caractérise par un effet de sidération et la prise de conscience de limites tangibles qui affectent
l’existence et peuvent en altérer le sens.
Dans un tel contexte, la relation d’accompagnement doit être envisagée en tenant compte
de la singularité de chaque situation, de manière adaptée, cohérente et progressive.
La fin de vie n’est pas la mort. Événement singulier et solitaire dans l’histoire d’un homme,
elle n’en est pas moins commune à l’ensemble des hommes. C’est un processus d’une durée
plus ou moins longue qui ne se limite pas à la phase terminale. On peut considérer que
l’accompagnement jusqu’au bout commence avec le début des soins dans certaines
maladies chroniques dont l’évolutivité est lente.
Les valeurs de référence renvoient au respect de la personne dans sa vie jusqu’à son
terme . Les valeurs sont multiples. Elles relèvent des attachements culturels, spirituels et
philosophiques de la personne. En fin de vie, sa confrontation à la finitude et à la précarité de
l’existence peut l’inciter à une réévaluation et à une évolution de son système de références.
Auprès de la personne et de ses proches, les professionnels de santé ou les membres
d’associations de bénévoles ajustent également leurs attitudes en prenant en compte ses
attentes et son bien-être. Il convient de reconnaître l’autre dans les valeurs qu’il porte en tant
que personne, sans être pour autant en toute circonstance en devoir ou en capacité de les
exprimer.
Respecter la personne dans ses valeurs c’est accepter une position de retenue et se
prémunir de toute intrusion dans sa sphère intime. C’est accepter, comprendre et intégrer
des singularités culturelles d’autant plus prégnantes en situation ultime. C’est reconnaître
que, malgré son extrême vulnérabilité, la personne malade reste souvent la plus à même
d’envisager les décisions qui la concernent personne llement. C’est dans tous les cas
maintenir un dialogue avec la personne et lui accorder crédit et estime dans ce qu’elle exprime
et souhaite partager. C’est admettre que sa volonté comme ses attentes puissent varier dans
leur intensité et dans le temps.
L’accompagnement en fin de vie représente en soi une valeur humaine et sociale. Respecter la
personne dans ses valeurs et ses attachements s’avère indispensable au témoignage d’une
présence et d’un soutien assumés jusqu’au terme de sa vie.
Recommandations
} Promouvoir à tous les niveaux de la société et dans différents contextes (écoles, universités,
entreprises, etc.) une réflexion relative aux conditions de fin de vie, à la mort et aux solidarités
humaines particulièrement engagées en ces circonstances.
} Les sociétés savantes et autres instances compétentes doivent développer des approches et
des réflexions spécifiques que leurs disciplines justifient dans le champ de l’accompagnement
en fin de vie. Le cadre général des recommandations de la présente conférence de consensus
devrait les y aider.
L’accompagnement des ultimes étapes de la fin de vie sollicite des normes et références,
qu’elles soient techniques, juridiques, déontologiques, culturelles et philosophiques.
L’exigence d’un soin de qualité justifie des échanges au sein des équipes mais aussi la
faculté reconnue aux professionnels de santé d’exprimer leurs positions personnelles. En
effet, l’implication personnelle peut trouver ses limites. Il doit donc être envisagé et rendu
possible de relayer un soignant qui s’estime dans l’incapacité de se maintenir auprès
d’une personne dans une relation d’accompagnement.
Recommandations
} Introduire l’apprentissage à l’écoute dans le cursus des formations suivies par l’ensemble
des professionnels et acteurs de santé.
} Favoriser dans le cadre d’une réforme des procédures administratives l’accès direct des
personnes aux droits sociaux qui leur sont indispensables. Une telle mesure contribuera à
l’atténuation des multiples difficultés auxquelles la personne malade et ses proches sont
confrontés en fin de vie.
} Promouvoir ce qui contribuerait à restituer une valeur sociale, une estime de soi à des
personnes aux marges de la société, souvent éprouvées par un sentiment d’indifférence et
d’abandon.
} Préserver les droits et intérêts des personnes face aux pressions et dérives commerciales en
fin de vie.
} Promouvoir les projets de recherche de nature à identifier les enjeux propres aux situations
de crise en phase terminale de la vie, en institution ou au domicile.
Dans la phase initiale de la maladie, les stratégies thérapeutiques sont proposées au malade
dans le cadre d’un dialogue loyal, intègre et responsable qui contribue à la qualité de la
relation de confiance. La communication est adaptée aux attentes de la personne qui peut
souhaiter partager avec le médecin et ses proches des informations favorisant sa
compréhension et sa maîtrise de la situation. Une telle approche s’avère également favorable à
la cohésion de l’équipe qui bénéficie d’un projet et de références parfaitement établis.
Par la suite, l’altération de l’état physique et parfois psychique de la personne malade modifie
inévitablement la relation de soin. Le partage de l’information devient complexe du fait des
incertitudes, des aléas et parfois des facultés cognitives de la personne malade. La relation de
soin évolue avec ses difficultés et contraintes. Il convient d’y prendre en compte l’angoisse,
les malentendus, les incompréhensions, les systèmes de défense réciproques que chacun
élabore consciemment ou non. De nouvelles perspectives s’imposent dès lors dans les
attitudes professionnelles. Le «prendre soin » relève d’un objectif de soin, visant à adapter
l’approche à l’évolution de la maladie, aux modifications des capacités et attentes de la
personne malade et de ses proches. Un soin particulier doit être consacré à l’écoute et au
recueil des positions exprimées par la personne malade et ses proches, au décodage des
signes non verbaux, à la fonction prépondérante du nursing, à la valorisation des
techniques relationnelles sollicitant notamment les sens de la personne.
Recommandations
} Veiller à préserver la bonne distance ou juste présence dans la relation de soin en clarifiant
les rôles et les responsabilités respectifs.
} Instaurer au sein des services une fonction de médiation, lorsqu’elle s’avère nécessaire, de
préférence en binôme.
} Mettre en œuvre les dispositifs, soutenir les efforts et les initiatives qui prémunissent les
proches de tout malentendu avec l’équipe ou d’une rupture de la relation avec la personne
malade.
} S’attacher à développer dans le cadre d’échanges entre les différents pays européens une
culture partagée de l’accompagnement de la fin de vie.
La fin de vie s’inscrit dans une durée caractérisée d’abord par l’intensité des perceptions.
L’existence est souvent affectée par un envahissement total des besoins du corps. La
personne malade exprime parfois des projets ambivalents dans le cadre d’échanges. De
telles circonstances sollicitent une dynamique créative qu’il serait erroné de considérer
comme paradoxale. Dans un ultime désir d’accomplissement se noue un pacte de
confiance qui permet à la personne de mener ses projets jusqu’à leur terme . Il convient
de tout mettre en œuvre pour favoriser cette exigence d’aboutissement.
La personne malade peut souhaiter bénéficier du soutien constant de ses proches et maintenir
avec eux une relation intime. Dans certains cas, toutefois, cette relation peut s’avérer
davantage contrainte que voulue. Elle prend alors la forme d’une dépendance et suscite
parfois une culpabilité à l’égard du devenir des survivants. Un tel sentiment accentue la
souffrance morale et la perte d’estime de soi.
Le temps relationnel doit être reconnu et valorisé. Il convient de veiller à la mise à disposition
de l’ensemble des intervenants, soignants et bénévoles, des outils de communication et de
transmission et y consacrer les moyens nécessaires en termes de dispositifs pratiques et
d’organisation.
Une organisation rigoureuse ainsi que l’anticipation des crises permettent d’optimiser la
présence auprès de la personne malade et de ses proches, et de leur consacrer l’attention qu’ils
sont en droit d’attendre.
Recommandations
} Soutenir les professionnels de santé dans les périodes de rupture et de crise. Des équipes
mobiles et de proximité formées à cette mission peuvent assumer cette fonction.
} Instaurer dans chaque service une mission de « soignant référent » disponible pour la
famille et coordonnateur de l’intervention des bénévoles.
} Sensibiliser dès la formation initiale les professionnels de santé à des modalités de pratiques
du soin intégrant des intervenants de disciplines et d’horizons différents, professio nnels et
bénévoles. Les former aux méthodologies et développer les travaux de recherche dans ce
champ du soin.
Question 2.
Comment reconnaître et respecter les attentes, les demandes et les droits
des personnes en fin de vie ?
Introduction
Les besoins des personnes malades, a fortiori en fin de vie, doivent être connus,
systématiquement identifiés et reconnus par les professionnels de santé.
Il importe de respecter les droits des personnes en fin de vie, de favoriser leur expression
et de les intégre r aux pratiques professionnelles.
Les réponses apportées à la personne malade et à ses proches tiennent compte des principes de
l’éthique du soin, de l’éthique du dialogue et de la négociation, de la déontologie et du droit.
1. Quels sont les besoins fondamentaux des personnes en fin de vie ? Comment les
repérer et y répondre en les respectant ?
} Les besoins fondamentaux de l’homme tiennent à son humanité même : ils sont
constants. Les situations de vulnérabilité en fin de vie justifient une prise en compte
spécifique et scrupuleuse de besoins souvent complexes et difficiles à exprimer, voire à
repérer.
} Les besoins de confort, au sens de bien-être, s’avèrent déterminants en fin de vie. Toute
personne malade souhaite que ses douleurs physiques soie nt atténuées et que l’on prenne en
compte ses souffrances morales. Le traitement et le contrôle des symptômes quels qu’ils
soient constituent un pré-requis des stratégies mises en œuvre dans l’accompagnement de la
fin de vie. Cette démarche impose une prise en charge globale de la personne .
Le droit de ne pas savoir s’impose au même titre qu’une extrême pondération et des
dispositifs ou des procédures parfaitement établis afin d’éviter les équivoques, les méprises ou
les excès.
} Répondre aux besoins affectifs (aimer et être aimé), au besoin d’estime de soi
(s’approuver ou être approuvé dans ce que l’on est, dit et fait), au besoin de ne pas se sentir
abandonné, isolé ou négligé, au besoin d’être soutenu face à la peur, engage non
seulement les professionnels de santé et les membres d’associations de bénévoles, mais aussi
les proches et plus globalement l’ensemble de la société.
} Une telle approche ne doit pas compromettre les besoins d’intimité, de respect de la
sphère privée et de vie émotionnelle.
} La personne malade et ses proches doivent être reconnus dans leurs convictions. Ne pas
répondre aux besoins spirituels (religieux, philosophiques et autres) peut générer une
véritable souffrance. Les professionnels de santé et les membres d’associations de bénévoles
peuvent être sollicités dans un tel accompagnement. Ils doivent y satisfaire avec respect et
retenue sans jamais chercher à imposer leurs propres systèmes de valeurs. Il convient de
faciliter les pratiques religieuses au même titre que les attachements culturels.
} Les besoins sociaux concernent aussi bien le départ du lieu familier de vie en période
d’hospitalisation (gestion des biens, animaux de compagnie, etc.) que la possibilité de sa
réintégration (soutien au domicile, ressources financières, etc.). Le maintien d’une citoyenneté
reconnue notamment par le respect des droits (celui de vote par exemple) constitue une
considération primordiale. Les personnes en situation de précarité sociale ou isolées justifient
un soutien particulier.
Au-delà de la réponse aux besoins ainsi identifiés, reconnaître la personne dans sa faculté
d’affirmer ses désirs et ses envies lui permet d’aspirer encore à certains bonheurs de
l’existence d’autant plus essentiels qu’ils s’avèrent limités.
Répondre aux besoins et désirs d’un malade en fin de vie relève en fin de compte d’un
principe d’humanité.
Recommandations
} Ajuster les dispositifs institutionnels et les pratiques à domicile aux besoins des personnes
en fin de vie. Favoriser leur respect dans le cadre des projets des services.
} Introduire dans toutes les formations des acteurs de santé, y compris les membres
d’associations de bénévoles, une sensibilisation à l’identification et la prise en compte des
besoins exprimés par les personnes en fin de vie et leurs proches.
} Le droit aux soins palliatifs et à l’accompagnement est inscrit dans la loi n° 99-477 du
9 juin 1999 visant à garantir l’accès aux soins palliatifs : « Art. L. Ier A. – Toute personne
malade dont l’état le requiert a le droit d’accéder à des soins palliatifs et à un
accompagnement. »
} La loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système
de santé fixe (Art. L. 1110-5.) : « (…) Les professionnels de santé mettent en œuvre tous les
moyens à leur disposition pour assurer une vie digne jusqu’à la mort. » Les règles
d’information des usagers du système de santé et d’expression de leur volonté sont précisées
dans son chapitre Ier.
} Le chapitre préliminaire de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la
qualité du système de santé – « Droits de la personnes » – énonce des principes qu’il convient
de considérer :
- « Art. L. 1110- 2. – La personne malade a droit au respect de sa dignité. »
- « Art. L. 1110-3. – Aucune personne ne peut faire l’objet de discriminations dans
l’accès à la prévention et aux soins. »
- « Art. L. 1110-4. – Toute personne prise en charge par un professionnel, un
établissement, un réseau de santé ou tout autre organisme participant à la prévention et
aux soins a droit au respect de sa vie privée et du secret des informations la
concernant. »
Recommandations
} Renforcer les mesures et dispositifs favorisant l’intégration dans les bonnes pratiques
professionnelles des dispositions législatives et déontologiques. Procéder à l’évaluation de
leur mise en œuvre.
3. Comment communiquer avec la personne qui pressent sa mort, face à ses désirs, ses
demandes et ses craintes ?
} Les bonnes pratiques professionnelles s’emploient à satisfaire les désirs, les demandes
de la personnes en fin de vie, mais aussi à prendre en considération ses craintes. Il
convient donc de pouvoir les reconnaître. Il importe d’écouter et de recueillir l’expression des
demandes formulées par la personne malade et sa famille, et d’y consacrer une véritable
attention dans le cadre d’échanges réguliers. Même non exprimées de manière explicite,
certaines attentes peuvent être identifiées, d’autant plus facilement qu’elles sont évoquées
systématiqueme nt dans le cadre formalisé de réunions d’information et de concertation
organisées avec l’ensemble de l’équipe soignante. En cas de besoin, des réunions d’équipes
spécifiques pluridisciplinaires peuvent être envisagées.
Les demandes exprimées renvoient généralement à des besoins réels qu’il faut analyser
afin d’y satisfaire dans la mesure du possible. Elles concernent dans la plupart des cas la
qualité de la relation de soins ou les dispositifs mis en œuvre pour accompagner la personne
en fin de vie.
} La demande de mort est parfois exprimée par le malade . Elle peut être délibérée ou
émerger à l’occasion d’un entretien avec les professionnels de santé. Dans tous les cas, cette
demande justifie une grande attention. Elle nécessite un effort d’analyse, de clarification et de
décryptage dans le cadre d’échanges qui peuvent se réitérer.
Il importe de ne pas juger a priori, d’accorder à cette demande l’attention qu’elle mérite,
de témoigner, en ces circonstances tout particulièrement, un respect profond et d’y
consacrer tout le temps nécessaire dans le cadre de procédures formalisées. Ces
procédures pourraient faire l’objet d’un travail d’élaboration mené par l’Anaes.
Autant que faire se peut et en tenant compte de la volonté de la personne, ses proches ou la
« personne de confiance » doivent pouvoir être associés aux échanges et réflexions. Dans bien
des cas, les réponses apportées à la personne en termes d’adaptation de ses soins, de présence
et de suivi, notamment psychologique, lui permettent de trouver l’apaisement et le confort
auxquels elle aspire.
Certaines personnes persistent toutefois dans leur position et considèrent leur demande de
mort comme relevant d’un droit. Dans ces circonstances tout particulièrement, l’attitude
La réalité de certaines situations cliniques rares mais insolubles auxquelles sont parfois
confrontés les personnes malades et les professionnels de santé pourrait toutefois
justifier une réflexion éthique spécifique qui engage profondément la société.
Certaines personnes, devenues inaptes à consentir, ont rédigé de manière anticipée des
directives concernant leurs volontés en fin de vie ou à leur mort. Bien que dépourvues de
valeur juridique, ces directives doivent être considérées comme des données indicatives qui
peuvent contribuer aux prises de décisions médicales. Il convient néanmoins de les interpréter
avec prudence dans le contexte immédiat de la maladie en bénéficiant du concours des
proches et de la « personne de confiance » lorsqu’elle a été désignée par la personne au début
ou au cours de sa maladie.
Recommandations
} Favoriser la mise en œuvre des dispositifs qui permettent d’anticiper les phases de rupture et
de prendre en compte les demandes formulées par la personne malade et ses proches. Une
réflexion est nécessaire à propos des directives anticipées rédigées par la personne malade et
de la position reconnue à la «personne de confiance ». À cet égard il est recommandé de
mentionner dans les documents d’accueil l’importance de désigner une « personne de
confiance » ou un référent au sein de la famille.
} Mettre en place des réunions formalisées d’équipe afin de pouvoir analyser les demandes et
de leur apporter les réponses appropriées. À cet égard des questionnaires destinés aux
personnes malades (par exemple relatifs à la qualité de vie) et à leurs proches (par exemple
relatifs à la qualité de l’accueil et de la communication) peuvent s’avérer utiles.
} Apporter les soutiens nécessaires à la personne malade et à ses proches face aux
interrogations et dilemmes que suscite leur confrontation à la mort.
} Soutenir les professionnels de santé dans leur investissement auprès de la personne en fin de
vie, favoriser les échanges et la concertation y compris à la suite d’un décès.
Il convient de se référer aux travaux menés dans ces domaines par les professionnels, souvent
au sein des sociétés savantes, mais aussi par les associations de parents d’enfants malades.
} Dans les situations périnatales, la détresse des parents est d’une intensité singulière
lorsque survient la mort au moment même de donner la vie. Le couple est habituellement
associé aux prises de décision. L’accompagnement des parents s’avère aussi déterminant que
celui du nouveau- né.
Les modalités de l’accompagnement de la fin de vie des nouveau-nés pris en charge dès leur
naissance dans des unités de soins intensifs, tout particulièrement les enfants prématurés pour
lesquels il est décidé d’interrompre les soins réanimatoires du fait de l’anticipation de
séquelles (en particulier neurologiques) d’une particulière sévérité, devraient faire l’objet d’un
débat éthique impliquant également la société.
La situation de l’enfant mort-né ou de l’enfant dont la vie se réduit à une période limitée à
quelques minutes, y compris dans des situations de très grande prématurité, répond à des
considérations spécifiques de l’accompagnement de la fin de vie, lorsque celle-ci coïncide de
très près avec la naissance.
} Les besoins des parents et de la fratrie sont indissociables de ceux de l’enfant malade,
dans une « relation triangulaire », particulière à cette période de la vie. Il importe de
communiquer à l’enfant toutes les informations nécessaires, selon des modalités adaptées à
ses capacités de compréhension et à ses attentes.
Il paraît fondé de considérer que l’enfant vit l’instant présent de manière d’autant plus intense
qu’il pressent sa mort. La qualité d’une présence et d’un soutien est de nature à favoriser
l’expression de sa créativité.
Les parents doivent pouvoir préserver leur rôle propre sans être entravés par des
dispositifs contraignants. La fratrie doit être, elle aussi, reconnue dans sa position et ses
besoins . Durant l’hospitalisation et dans la mesure où il le souhaite, l’hébergement d’un
parent à proximité de son enfant s’avère propice à la satisfaction de ses besoins de relation et
de réassurance, à son confort.
Une attention particulière doit être accordée aux situations en oncopédiatrie. Elles
justifient des procédures de concertation spécifiques, notamment dans le cadre des essais
thérapeutiques menés en fin de vie.
Les professionnels de santé doivent consacrer une attention particulière au soin de son corps,
son altération contribuant à la perte d’estime de soi.
L’adolescent atteint de maladie grave doit être reconnu dans ses besoins affectifs et sexuels.
Ses liens avec d’autres adolescents sont favorisés par la mise en place de structures
spécifiques qui leur sont consacrées au sein des établissements de santé.
L’accompagnement d’un enfant en fin de vie requiert une disponibilité de chaque instant. Les
dispositifs et mesures permettant d’envisager un « congé parental » s’avèrent tout aussi
importants que le renforcement des réseaux de solidarité au sein de la famille, mais aussi dans
la société.
} Fortement sollicitées, les équipes soignantes gagnent à inscrire leur démarche dans le
cadre de concertations régulières.
} Lorsque cela est possible ou souhaité, il doit être possible que l’enfant ou l’adolescent
termine son existence au domicile. Dans ce cas, un soutien approprié doit être proposé aux
parents et à l’entourage.
} Tout enfant ou adolescent a droit à l’éducation jusqu’au terme de sa vie. Il n’est pas
paradoxal de proposer à l’enfant gravement malade de bénéficier de cours de manière adaptée
s’il le souhaite. L’éducation et l’apprentissage font partie de l’accompagnement de la fin
de vie de l’enfant, dès lors que l’on considère que cet accompagnement peut commencer
dès le diagnostic d’une maladie évolutive.
Une attention particulière doit être accordée à la fin de vie de la personne âgée atteinte
d’affection dite démence. Elle se situe parfois sur une période longue et sollicite un soutien
qui s’avère complexe, s’agissant notamment du contrôle de la douleur et de la souffrance
psychique. Un contexte institutionnel souvent limité dans ses moyens, voire ses compétences,
n’y est guère favorable. L’impact de l’accompagnement sur la personne et ses proches
depuis l’annonce du diagnostic justifie une approche spécifique. De même lorsque
survient le décès, tant il peut mettre en péril les conditions de survie du conjoint
endeuillé.
4.3. Psychiatrie
La prise en compte de ses douleurs physiques et de ses souffrances morales relève d’une
approche particulière.
L’objectif premier des urgences est de prendre en charge l’urgence vitale. L’organisation des
soins et des locaux n’est pas adaptée à l’accompagnement des personnes en fin de vie et de
leur entourage. De plus, beaucoup de soignants considèrent que cela ne relève pas de leurs
missions.
Cependant, dans les faits beaucoup de patients décèdent aux urgences. Il peut s’agir de
patients connus comme étant en fin de vie, admis à l’occasion d’une situation de crise à
domicile (douleur physique ou souffrance morale ingérable, épuisement de l’entourage,
rupture dans la communication, etc.) ou de personnes hospitalisées pour une pathologie
aiguë au-delà de toute ressource thérapeutique .
4.5. Réanimation
Pour autant les principes ainsi énoncés ne concernent pas exclusivement les décisions d’arrêt
ou de limitation de traitements de suppléance vitale. Ils touchent aux modalités d’un
accompagnement en fin de vie de la personne malade et de ses proches, respectueux de leur
autonomie et de leur dignité.
4.6. Gériatrie
Le souhait des personnes âgées est généralement de mourir chez elles, dans le cadre d’un
environnement qui leur est familier et les rassure . Pourtant, nombre d’entre elles meurent à
l’hôpital ou dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées (EPHAD, services
de longs séjours). Le maintien à leur domicile des personnes âgées sollicite l’ensemble du
corps social dans ses s olidarités.
Le réseau familial se limite dans bien des cas au conjoint, lui- même souvent âgé, voire
malade. Cette situation ne favorise pas la persistance de liens relationnels et donc d’un
sentiment d’appartenance sociale. Les difficultés constatées dans le soin de personnes qui
peuvent être très dépendantes, voire grabataires, sont accentuées par un manque
évident de moyens et une formation très insuffisante des acteurs de santé. De telle sorte
que les situations d’injustice et parfois de maltraitance – qu’elles soient institutionnelles,
familiales, physiques, psychologiques, financières – affectent douloureusement les personnes
qui les vivent comme une violence insoutenable, un mépris, un irrespect et une exclusion. Il
convient de tout mettre en œuvre pour les prévenir. La mise en place d’observatoires des
maltraitances s’impose afin de favoriser les évolutions nécessaires dans certaines
pratiques professionnelles.
Afin de restituer aux personnes âgées en fin de vie une dignité et des droits, s’imposent
désormais une mobilisation sociale et une profonde réorganisation des structures
d’accueil.
À bien des égards les soins de longue durée nécessitent des évolutions, cela d’autant plus que
du fait des incidences démographiques la demande en termes de structures d’accueil
s’amplifiera dans les prochaines années alors même que le manque de professionnels de santé
ne permet plus de répondre aux attentes.
Les soignants doivent consacrer toute leur attention à la solitude et au dénuement des
personnes en situation de précarité sociale et d’exclusion.
Recommandations
} La fin de vie d’une personne est toujours spécifique. Il convient de mettre en place dans
l’ensemble des services en institution ou au domicile des dispositifs adaptés aux attentes de la
personne et de ses proches. Le projet de service doit formaliser les procédures qui relèvent de
l’engagement de soin jusqu’au bout.
} Des mesures adaptées doivent être mises en œuvre, notamment afin de permettre aux
parents d’apporter à l’enfant la présence et l’assistance qu’il attend de leur part. À cet égard,
les modalités du «congé d’accompagnement du malade en fin de vie », inscrit dans la loi
n° 99-477 du 9 juin 1999 visant à garantir l’accès aux soins palliatifs, devraient, quel que soit
l’âge de la personne en fin de vie, tenir compte de la réalité des situations sociales et
permettre un soutien financier adapté. Les professionnels doivent adopter des attitudes qui
permettent aux parents d’assumer leur rôle sans avoir le sentiment que l’on se substitue à eux.
} Au sein des services d’accueil des urgences des aménagements devraient permettre un
accompagnement digne de la personne malade et favoriser les conditions d’accueil et de
soutien de ses proches.
} La prise en compte des besoins spécifiques des personnes en fin de vie dans l’incapacité de
communiquer justifie des dispositifs appropriés. Une attention toute particulière doit être
accordée aux personnes atteintes de maladie dite démence.
} Les enfants et jeunes adultes en institution spécialisée sont en droit de bénéficier d’un
accompagnement au sein du milieu qui leur est familier. Des dispositifs doivent être mis en
œuvre au sein de ces structures.
} Des observatoires des maltraitances doivent être mis en place au sein des établissements de
santé afin de favoriser l’évolution de pratiques professionnelles respectueuses des personnes.
} Les services d’hospitalisation à domicile (HAD) doivent être renforcés dans leurs moyens et
développer leurs compétences afin d’apporter les réponses les plus adaptées à
l’accompagnement, notamment des enfants et des personnes âgées jusqu’au terme de leur vie.
} Des projets de recherche concernant les soins palliatifs en réanimation et aux urgences
méritent d’être soutenus. Il en va de même s’agissant de l’impact et des conséquences de la
mort sur les parents, la fratrie et les conjoints en s’inspirant des études développées dans le
cadre des sciences humaines, notamment des champs disciplinaires émergents qui se
consacrent à l’étude du rôle des proches des personnes malades, comme la proximologie.
Question 3.
Quelles sont la place et les fonctions de la famille et de l’entourage dans la
démarche d’accompagnement en institution et à domicile ?
La personne malade partage avec certains de ses proches une relation d’intimité, de proximité.
Elle leur confère une confiance différente de celle partagée avec les professionnels de santé.
auprès des soignants. De même elle peut ne pas souhaiter recevoir sa famille ou lui préférer
un ami. Ses choix doivent être respectés, d’autant plus que, vulnérable du fait de son
état, la personne peut éprouver les difficultés d’une relation qui dans certaines
circonstances extrêmes s’avérerait insupportable. La volonté d’une personne qui ne
souhaite pas que sa famille soit informée de l’évolution de sa maladie justifie une approche
particulière. Elle doit être prise en compte dans le cadre d’une concertation qui permette d’en
caractériser l’impact et les éventuelles conséquences.
On observe parfois que certaines personnes particulièrement isolées sollicitent les soignants
qu’ils considèrent comme leur famille. Il en va de même s’agissant des membres
d’associations de bénévoles. La solitude face à la mort en appelle à une intense solidarité qui
sollicite chacun dans ses capacités d’attention. Pour autant il importe d’éviter la confusion des
rôles.
Il convient donc de rechercher une alliance entre la personne malade, sa famille, ses
proches, les soignants et les membres d’associations de bénévoles afin de mobiliser
l’ensemble des ressources qui peuvent lui être consacrées. La cohérence du projet de
soin y contribue pour beaucoup. La participation et l’implication de la famille qui le
souhaite s’avèrent déterminantes afin d’éviter toute méprise ou des sentiments négatifs à
l’égard des soignants.
Recommandations
} Intégrer la famille et les personnes les plus proches qui le souhaitent à la démarche de soin
en concertation avec la personne malade.
} Être attentif aux choix de la personne du point de vue des relations qu’elle souhaite
maintenir ou renouer.
} Être attentif à la sauvegarde des droits et intérêts de la personne face aux possibilités de
contraintes et de pressions exercées par des proches.
On constate que des parents peuvent être amenés à porter moins d’attention à leurs enfants
bien portants qu’à celui en fin de vie, leur donnant ainsi un sentiment d’abandon et
d’injustice. Des réseaux de solidarité intrafamiliale ou extérieurs peuvent contribuer à
préserver l’unité fa miliale en situation de crise. De même, un conjoint peut être incité à une
rupture, incapable de se maintenir dans une relation qu’il ne supporte plus. Il ne s’agit en
aucun cas de critiquer ou de juger, mais de permettre aux proches d’accompagner, à leur
manière et selon leurs possibilités, jusqu’au bout et sans culpabilité.
Le soutien de la famille relève des objectifs du soin. Chaque fois que cela est possible, les
professionnels de santé doivent éviter de se substituer aux proches afin de leur permettre
d’assumer leur rôle. De même il convient de les aider à surmonter les périodes de crise et
d’incertitude profonde, les risques de rupture. L’anticipation d’un deuil qui risque d’être
pathologique justifie une approche spécifique.
Chaque famille est unique. Elle exprime des besoins spécifiques qui évoluent au cours de
la maladie. Sa capacité d’accompagnement et sa présence auprès d’un proche en fin de
vie permettent de le maintenir dans un espace convivial qui lui est familier.
La famille recueille ainsi cet ultime témoignage d’une existence et témoigne du fait que
seront préservées trace et mémoire de la personne à sa mort.
La mort annoncée bouleverse les repères familiaux et risque de provoquer des attitudes
paradoxales. En ces circonstances l’accompagnement et la communication prennent une plus
intense signification. Il apparaît nécessaire que l’équipe soignante reste cohérente et soudée
pour assurer un accompagnement optimal.
Recommandations
} Contribuer par des mesures concrètes au meilleur accueil, soutien et suivi possible de la
famille au sein des services.
} Prendre en compte les attentes et besoins de la famille, qu’il s’agisse de conseils pratiques
ou d’accès à des recours socio-économiques. Les tenir informées de leurs droits tout comme
de leurs obligations à l’égard des autres personnes hospitalisées, voire des professionnels de
santé.
} Favoriser les capacités d’intervention des professionnels du secteur social et leur reconnaître
un rôle spécifique dans l’accompagnement des familles.
} Rendre possibles suffisamment tôt la présence dans les services de représentants des cultes
et la pratique de cérémonies religieuses.
} Diffuser une information au sein des services à propos des initiatives associatives de soutien
des personnes endeuillées.
Les besoins exprimés par les familles sont multiples et parfois complexes. Ils ne peuvent
pas être exclusivement assumés par les professionnels de santé. La société est également
sollicitée dans ses solidarités.
L’investissement personnel auprès d’un proche en fin de vie n’est pas toujours conciliable
avec d’autres impératifs d’ordre familial.
Il convient de prendre en compte un besoin de répit, voire de repli, ce qui implique un partage
des rôles qui n’est pas toujours possible. Les professionnels de santé doivent être attentifs aux
phénomènes de lassitude, d’épuisement et d’usure qui affectent certains proches. Il convient
d’être en mesure de repérer les signes patents indicatifs d’évolutions qui justifieraient un
soutien psychologique.
Sans pour autant être intrusifs, les professionnels de santé sont bien souvent en mesure
d’établir des relations privilégiées avec certains membres de la famille qui peuvent assumer
une fonction de médiation utile à tous. La préservation de l’équilibre familial constitue un
enjeu déterminant.
Recomma ndations
} Solliciter de la part de la famille une « personne référente » qui assure la coordination avec
l’équipe soignante et peut être facilement contactée en cas de besoin.
} Mettre à disposition des familles les informations utiles à l’accompagnement d’un proche, et
notamment les publications d’associations spécialisées dont la liste doit être accessible et mise
à jour.
} Préve nir les phases d’épuisement et les risques de rupture en sollicitant le recours d’un
psychologue.
} Les modalités du « congé d’accompagnement du malade en fin de vie », inscrit dans la loi
n° 99-477 du 9 juin 1999 visant à garantir l’accès aux soins palliatifs, devraient, quel que soit
l’âge de la personne en fin de vie, tenir compte de la réalité des situations sociales et
permettre un soutien financier adapté.
Cette question déjà évoquée renvoie à la mise en place de dispositifs efficaces et cohérents qui
tiennent compte de l’intérêt direct de la personne hospitalisée, mais aussi des possibilités et
disponibilités des équipes soignantes.
Recommandations
} Aménager des horaires d’accueil des familles et des proches dans les services et la
possibilité d’accueil constant, voire d’hébergement en période terminale.
} Mettre en place dans chaque unité de soin un salon d’accueil et de repos équipé pour
prendre un repas.
Le souhait exprimé par la personne d’un retour à son domicile doit être toutefois respecté, y
compris si elle est seule et qu’il convient de solliciter pour l’aider des soutiens de proximité.
Des mesures s’imposent pour que l’expression de cette volonté respectable de terminer sa vie
chez soi, auprès des siens, soit reconnue comme un droit.
Intervenir à domicile exige qu’on y soit accepté. L’espace familial est un lieu de vie
privé.
Une qualité d’écoute est indispensable pour permettre à la personne malade et à sa famille
d’exprimer les souffrances qu’elles éprouvent. Cela suppose pour les acteurs de santé de
s’abstenir de toute tentation de jugement. Une culture du tact doit être développée dans les
interventions au sein de la cellule familiale.
La mort de la personne à domicile, dans un contexte de vie au sein duquel ses proches
poursuivront leur existence, justifie une grande attention. Certaines familles ne souhaitent
pas que la mort intervienne au domicile, ce qui pose des difficultés notamment si une
hospitalisation est décidée en dernier recours. Il importe de respecter leur choix tout en tenant
compte de la volonté exprimée par la personne malade. Dans ces circonstances tout
particulièrement les intervenants à domicile éprouvent un sentiment de solitude qui ne peut
qu’inciter à anticiper dans le cadre d’une concertation les procédures à envisager avant la
phase terminale.
Les professionnels de santé savent conseiller les familles pour la toilette mortuaire, les
derniers égards témoignés au défunt, et leur apporter un indispensable soutien moral.
La qualité de cette phase de l’accompagnement contribue pour beaucoup au travail du deuil.
Recommandations
} Rendre possibles des hospitalisations de courte durée dans des centres recours.
} Rendre possible en cas de besoin un retour dans le service assurant le suivi de la personne,
afin d’éviter une fin de vie aux urgences dans un contexte rarement approprié.
Les notions de famille, d’individu, de maladie, de fin de vie et de mort recouvrent des
aspects particuliers et renvoient à des système s de représentation différents selon les
cultures.
Plus que jamais dans ces circonstances extrêmes les personnes doivent être reconnues et
respectées dans leurs valeurs propres, y compris lorsqu’elles surprennent nos conceptions ou
semblent mettre en question nos projets de soin. Cet attachement à une identité culturelle
permet d’envisager une attitude qui confère un sens bien souvent insoupçonné aux rites de
l’accompagnement, de l’adieu, de la mort.
Respecter la personne dans son cheminement propre et dans ses références cultuelles lui
permet de situer sa fin de vie selon une perspective qui soutient son espérance.
Recommandations
} Solliciter la personne malade et ses proches afin de prendre en compte leurs besoins
spécifiques du point de vue de leurs traditions, leur culture, leurs attachements.
} Respecter les rites, les croyances, les coutumes et les pratiques de la personne en fin de vie
et de sa famille, pour autant qu’ils soient compatibles avec les contraintes du soin et les
dispositifs institutionnels.
Question 4.
Quelles sont les dimensions et la spécificité de la place des bénévoles
d’accompagnement ?
Introduction
Les bénévoles sont des acteurs singuliers dans le système de santé. Dans le rôle qui leur est
reconnu et imparti, ils consacrent leur disponibilité à une démarche de solidarité et de
soutien auprès de la personne en fin de vie et de ses proches.
Dans leur engagement quotidien, les bénévoles représentent la cité au sein des institutions de
soin ou à domicile, auprès des personnes malades, de leurs proches et des professionnels de
santé. Ils témoignent au nom du corps social une attention à leur égard, ce qui conforte un
sentiment d’appartenance souvent compromis du fait des conséquences sociales de la maladie
grave. La citoyenneté de la personne malade s’en trouve restaurée si nécessaire. Ils inscrivent
leurs interventions dans une logique de non-abandon et de non-marginalisation de la
personne malade. Les bénévoles sont ainsi les garants d’un lien social qui préserve la
position et les droits de la personne malade et de ses proches au sein de la cité.
Du fait de leur position spécifique entre le malade, sa famille et les soignants ils exercent un
rôle de médiateur et de « facilitateur » d’autant plus indispensable que la maladie rend dans
bien des cas les relations complexes et bouleverse les repères.
Partenaires intégrés et reconnus dans le système de santé, ils peuvent être témoins et
révélateurs de dysfonctionnements qu’ils contribuent à faire évoluer dans le cadre d’une
concertation constructive avec les équipes. Ils sont donc directement impliqués dans la
dynamique d’ouverture des institutions de soin sur la cité et situent leurs initiatives dans une
perspective innovante et parfois audacieuse.
2.1. En institution
L’intégration des bénévoles au sein des services hospitaliers relève d’une démarche initiée et
soutenue par leur association. L’action engagée est soumise à évaluation régulière, les
bénévoles s’engageant à une présence régulière.
Une des spécificités majeures des bénévoles est de pouvoir proposer avec la meilleure
disponibilité une présence et une écoute dans la discrétion, le non-jugement et le respect de
l’intimité du patient et de sa vie familiale. Ces pratiques inscrivent les bénévoles dans la
démarche du prendre soin, en particulier dans l’accompagnement de la fin de vie.
Leur implication justifie que les bénévoles soient amenés, sur demande des acteurs du soin, à
participer en partie au staff médico-social afin de pouvoir renforcer l’efficience de leurs
interventions, avec l’accord du patient.
Au même titre que les professionnels, les bénévoles sont tenus au respect du secret, cette
obligation étant contractuellement consignée. Le devoir de confidentialité s’impose,
d’autant plus que les personnes malades leur confient souvent des témoignages de
manière exclusive.
Les bénévoles ne prennent aucunement part aux décisions d’ordre médical. L’action du
bénévole exclut tout prosélytisme religieux, politique ou sectaire.
Recommandations
} L’information relative à la présence des bénévoles au sein de l’institution est assurée par le
service et figure dans le livret d’accueil remis à la personne malade.
2.2. À domicile
concernent autant la personne malade que ses proches. Il peut être conduit à prendre des
initiatives pendant l’absence de la famille dont il assure le relais. En dehors de situations
d’urgence, le bénévole n’est pas autorisé à réaliser un acte de soin. En aucun cas, il ne doit
se substituer aux professionnels ou à la famille.
Recommandations
} La relation avec le malade et ses proches tient compte d’une position attentive à préserver la
bonne distance ou juste présence. Elle évite le surinvestissement du bénévole ou une relation
fusionnelle.
Le bénévole inscrit son action dans le cadre d’un projet associatif d’autant plus
nécessaire qu’il doit lui apporter les références et les réassurances que justifient
certaines circonstances.
L’intégration du bénévole dans une association est soumise à une formation pluridisciplinaire
initiale et continue. De même les groupes de restitution et d’analyse des pratiques (groupes de
parole) permettent d’assurer le suivi et la supervision des bénévoles.
Recommandations
} Mettre en place un bénévolat de proximité et des cellules de solidarité dans les communes
en milieu rural afin de venir en aide aux personnes isolées.
} Susciter les synergies entre les associations ayant pour mission l’accompagnement des
personnes en fin de vie dans le cadre de projets spécifiques dont l’efficacité et la cohérence
seraient ainsi renforcées.
QUESTION 5.
Comment organiser en pratique la démarche d’accompagnement ?
1.1. La formation
La formation en institution comme à domicile occupe une place première dans les conditions
de réussite de la démarche d’accompagnement. Elle concerne tous les professionnels, qu’ils
soient soignants, personnels d’encadrement ou administratifs, mais aussi les bénévoles et la
famille. Il est probablement utile aussi de développer une information et une sensibilisation en
direction des organismes médico-sociaux ainsi que des différents prestataires afin de faciliter
le développement de la culture d’accompagnement dans la société.
La formation doit être accessible à tous . Outre les lieux traditionnels d’enseignement que
sont les facultés, les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI), il est nécessaire de
mettre à profit de nouvelles structures. Le service et le domicile constituent eux-mêmes des
lieux d’enseignement. Les réseaux et les différentes filières de soins permettent une formation
de proximité à des heures adaptées aux possibilités des professionnels libéraux. Les membres
d’associations de bénévoles peuvent participer à ce processus de formation.
Cette formation n’est pas seulement théorique, académique et hiérarchisée. Elle est
interactive et se présente comme un échange entre les professionnels et les autres acteurs de
santé (staffs pluriprofessionnels). L’information ne se possède pas, elle se transmet et se
partage dans tous les lieux. La formation s’adapte en permanence dans son contenu à
l’évolution des situations et des individus.
Une formation peut être proposée aux familles. Il est nécessaire de les préparer aux
situations qu’elles vont être amenées à vivre par des sessions d’information et de formation
simples concernant l’apprentissage des soins de confort, la gestion des symptômes douloureux
et de l’agonie. Un effort pédagogique tout particulier doit être entrepris car il est certain
qu’une famille abandonnée à sa légitime ignorance ne peut entrer dans une démarche
d’accompagnement et devenir une famille aidante.
La valorisation des acquis est essentielle. Elle doit pouvoir influencer les profils de carrière
à l’hôpital. Il faut aussi réfléchir à leur prise en compte dans l’exercice de ville et dans
l’organisation des responsabilités au sein des réseaux et des filières.
La connaissance des questions qui concernent l’accompagnement en fin de vie doit faire
l’objet non seulement d’une formation au sens strict, mais aussi d’un effort de sensibilisation
des populations et des acteurs politiques et sociaux.
Une telle démarche nécessite entre tous les intervenants professionnels ou bénévoles, à
domicile comme en institution, écoute et communication, respect de l’autre et tolérance,
responsabilisation de chacun, interdisciplinarité et complémentarité.
- élaborer un plan d’action avec des échéances à respecter et des moyens d’évaluation
(exemple d’actions concrètes : livret d’accueil, mise en place d’un protocole de
sortie, etc.) ;
- suivre le projet : évaluation, ajustements.
2.1. En institution
Fort des analyses qui ont été développées précédemment, l’accompagnement s’organise
autour de la personne malade. Ce principe se décline à tous les niveaux de l’institution et
implique une coordination avec les structures extrahospitalières afin d’assurer la
continuité des soins et de l’accompagnement.
Recommandations
• Chaque service doit être engagé par un contrat de « non-abandon » à l’égard des
personnes qu’il accompagne en fin de vie. Cela signifie que, quels que soient son
état et sa condition, elle peut être hospitalisée à nouveau, si nécessaire, dans le service
qui l’a prise en charge tout au long de sa maladie. L’idée d’accompagnement est
incompatible avec la rupture des liens développés entre la personne malade, sa
famille et l’équipe soignante. Ce vécu commun ne peut se reconstituer dans une
nouvelle structure en période de fin de vie, de sorte qu’un refus d’accueil et de suivi
représente un manquement à l’éthique d’accompagnement.
• L’accompagnement en fin de vie n’est pas limité aux interventions dans le cadre
d’unités de soins palliatifs. Cela impose de définir les modalités d’intervention des
équipes mobiles de soins palliatifs et des consultants douleur.
• Il est souhaitable d’inclure cet item dans les références du manuel d’accréditation de
l’Anaes.
• L’intimité du patient doit toujours être préservée.
• L’accompagnement de fin de vie impose le respect des croyances et des
différences culturelles et spirituelles. La possibilité de faire appel à un ministre du
culte doit être proposée suffisamment tôt. Une initiation des soignants aux différentes
approches de la mort doit être entreprise.
• La démarche d’élaboration du projet de service est une étape essentielle de la
réflexion collective de l’équipe soignante, en cohérence avec la démarche
institutionnelle. On devra notamment :
- développer les protocoles relatifs à l’accompagnement afin d’y énoncer une
culture partagée et d’en caractériser les fondements. Cela permet une
transmission des savoirs en même temps qu’est garantie la continuité des soins
selon la démarche prévue. Pour s’assurer de la continuité de l’action, des
protocoles de sortie seront établis selon le référentiel de l’Anaes ;
} À l’échelle de l’établissement.
Dans les hôpitaux universitaires, la direction de la recherche clinique peut orienter les
pistes de recherche de l’établissement ou inter-établissements sur le thème des soins
palliatifs et de l’accompagnement en ayant pour objectif leur évaluation.
La commission des hospitalisations non programmées organise la réservation de lits pour les
malades admis en urgence qui ne seraient pas accueillis dans leurs unités d’origine faute de
place.
Des formations à la démarche participative sont organisées pour les responsables des
services. Elles permettent d’aborder toutes les dimensions d’un projet participatif intra et
extrahospitalier.
• Les réseaux de santé intègrent dans leur activité les soins palliatifs et
l’accompagnement sans qu’il soit nécessaire d’en créer une nouvelle forme . Les
associations de bénévoles participent à leur activité ainsi que la famille.
• La création d’une plate-forme d’échanges et de coordination doit être
expérimentée. Elle serait en relation avec le centre 15. Il pourrait s’agir d’un service
téléphonique permanent 24 heures/24, accessible aux professionnels comme aux
familles, disposant de données à jour, permettant de répondre aux demandes médico-
sociales : délivrance de conseils en vue d’adapter les soins ou mise en relation avec la
personne ressource, orientation vers le réseau disponible, organisation d’une
hospitalisation. Il serait en relation avec le centre 15.
• L’Anaes intégrera les réseaux dans sa procédure d’accréditation.
• Chaque région (agence régionale d’hospitalisation [ARH] et union régionale des
caisses d’assurance maladie [URCAM]) veillera à rendre plus simple la
procédure de création de réseaux et à concrétiser le guichet unique .
Les ARH en partenariat avec les préfets de région devraient animer une politique de
territoire en veillant à associer en amont tous les acteurs professionnels et associatifs des
soins palliatifs et de l’accompagnement.
Recommandations
Prendre en compte le projet de vie de la personne malade à son domicile avant la sortie
de l’hôpital et constituer l’équipe de référents qui l’accompagnera (médecin, infirmier,
kinésithérapeute, pharmacien, psychologue, HAD selon les cas) dans le cadre d’un
engagement de non-abandon.
Des solutions existent pour surmonter ces difficultés. Elles sont présentées dans le tableau
suivant. Certaines sont aisément applicables. D’autres sont assujetties à l’obtention de moyens
supplémentaires.
Cloisonnement hôpital/ville
§ Réticence des équipes hospitalières s’agissant § Sensibilisation, changement de paradigme
du retour au domicile. culturel.
§ Méconnaissance des possibilités du domicile. § Ouverture de l’hôpital sur la ville.
§ Sortie précipitée et/ou mal préparée. § Développement des réseaux.
§ Défaut de transmission de l’information. § Protocoles de sortie, voire équipes de
coordination de sortie.
§ Outils de transmission de l’information
(fiche de liaison, classeur regroupant les
informations actualisées des établissements
et des professionnels).
Situation de crise au domicile
§ Situation aiguë considérée comme ingérable § Prescription anticipée par le médecin
par les intervenants présents et la famille. traitant.
§ Formation des intervenants et de la famille.
§ Intervention au domicile d’une équipe
mobile de soins palliatifs.
§ Lits « ouverts ».
§ Engagement d’un membre de l’équipe de
soins à répondre 24 h/24.
§ Numéro Vert, plate-forme d’échanges et de
coordination en santé.
§ Développement des postes d’auxiliaires de
vie.
- hospitalisation de répit : elle doit se faire directement dans le service qui assure le
suivi de la personne (conformément à l’engagement de non-abandon) sans recourir au
service d’accueil des urgences ;
- problèmes liés à la démographie médicale et des personnels de santé (cf. rapport
Berland) ;
- projets territoriaux : les établissements doivent préparer un projet médical de
territoire dans lequel doit être intégré un maillage égalitaire des moyens (lits, HAD,
SSIAD, etc.). La mise en commun des moyens de formations sur un projet doit être
envisagée ;
- « banques de prêt de matériel » : elles doivent permettre la mise à disposition rapide
au domicile de tout matériel nécessaire à la continuité des soins et à la communication
3. Conclusion
Les projets de coopération butent sur les difficiles voire impossibles transferts entre
enveloppes financières, sur la création laborieuse d’outils juridiques communs (groupement
de coopération sanitaire, par exemple), sur les procédures compliquées et les démarches à
toujours recommencer.
Il importe de réintroduire la phase terminale de la vie dans tout projet de soin. Les
efforts déjà engagés ne doivent pas être interrompus .
Ce récapitulatif des propositions ne reprend que partiellement celles qui sont présentées de
manière détaillée dans la question 5 à laquelle il convient donc de se référer.
• 10. Recherche-action
} S’attacher à développer dans le cadre d’échanges entre les différents pays européens une
culture partagée de l’accompagnement de la fin de vie.
} Être attentif aux choix de la personne du point de vue des relations qu’elle souhaite
maintenir ou renouer.
} Être attentif à la sauvegarde des droits et intérêts de la personne face aux possibilités
de contraintes et de pressions exercées par des proches.
} Favoriser la mise en œuvre des dispositifs qui permettent d’anticiper les phases de rupture et
de prendre en compte les demandes formulées par la personne malade et ses proches.
} Les enfants et jeunes adultes en institution spécialisée sont en droit de bénéficier d’un
accompagnement au sein du milieu qui leur est familier. Des dispositifs doivent être mis en
œuvre au sein de ces structures.
} Solliciter la personne malade et ses proches afin de prendre en compte leurs besoins
spécifiques du point de vue de leurs traditions, leur culture, leurs attachements.
} Respecter les rites, les croyances, les coutumes et les pratiques de la personne en fin de vie
et de sa famille, pour autant qu’ils soient compatibles avec les contraintes du soin et les
dispositifs institutionnels.
} Rendre possibles la présence dans les services de représentants des cultes et la pratique de
cérémonies religieuses.
3. Famille, proches
} Contribuer par des mesures concrètes au meilleur accueil, soutien et suivi possible de
la famille au sein des services.
} Mettre à disposition des familles les informations utiles à l’accompagnement d’un proche, et
notamment les publications d’associations spécialisées dont la liste doit être accessible et mise
à jour.
} Mettre en œuvre les dispositifs qui prémunissent la famille et les proches de tout
malentendu avec l’équipe ou d’une rupture de la relation avec la personne malade.
} Intégrer la famille et les personnes les plus proches qui le souhaitent à la démarche de
soin en concertation avec la personne malade .
} La formation des familles qui le souhaitent aux soins de nursing et aux symptômes de
l’agonie s’impose. Des moyens pédagogiques adaptés doivent être développés, par exemple
des supports vidéo sur le modèle de ce qui a déjà été fait par des kinésithérapeutes pour la
mobilisation des patients.
} Les professionnels doivent adopter des attitudes qui permettent aux parents d’assumer leur
rôle sans avoir le sentiment que l’on se substitue à eux.
} Des mesures adaptées doivent être mises en œuvre, notamment afin de permettre aux
parents d’apporter à l’enfant la présence et l’assistance qu’il attend de leur part.
} Les modalités du « congé d’accompagnement du malade en fin de vie », inscrit dans la loi
n° 99-477 du 9 juin 1999 visant à garantir l’accès aux soins palliatifs, devraient, quel que soit
l’âge de la personne en fin de vie, tenir compte de la réalité des situations sociales et
permettre un soutien financier adapté.
} Apporter les soutiens nécessaires à la personne malade et à ses proches face aux
interrogations et dilemmes que suscite leur confrontation à la mort.
4. Professionnels de santé
} Veiller à préserver la bonne distance ou juste présence dans la relation de soin en clarifiant
les rôles et les responsabilités respectifs.
} Soutenir les professionnels de santé dans les périodes de rupture et de crise. Des
équipes mobiles et de proximité formées à cette mission peuvent assumer cette fonction.
} Mise en place d’un bénévolat de proximité et de cellules de solidarité dans les communes en
milieu rural afin de venir en aide aux personnes isolées.
} L’information relative à la présence des bénévoles au sein de l’institution est assurée par le
service et figure dans le livret d’accueil remis à la personne malade.
} La relation avec le malade et ses proches tient compte d’une position attentive à préserver la
bonne distance ou juste présence. Elle évite le surinvestissement du bénévole ou une relation
fusionnelle.
} Susciter les synergies entre les associations ayant pour mission l’accompagnement des
personnes en fin de vie dans le cadre de projets spécifiques dont l’efficacité et la cohérence
seraient ainsi renforcées.
} Mettre en place des réunions formalisées d’équipe afin de pouvoir analyser les
demandes et de leur apporter les réponses adaptées. À cet égard des questionnaires
destinés aux personnes malades (par exemple relatifs à la qualité de vie) et à leurs proches
(par exemple relatifs à la qualité de l’accueil et de la communication) peuvent s’avérer utiles.
} La prise en compte des besoins spécifiques des personnes en fin de vie dans
l’incapacité de communiquer justifie des dispositifs appropriés. Une attention toute
particulière doit être accordée aux personnes atteintes de maladie dite démence.
} Une réflexion est nécessaire à propos des directives anticipées rédigées par la personne
malade et de la position reconnue à la « personne de confiance ». À cet égard il est
recommandé de mentionner dans les documents d’accueil l’importance de désigner une
« personne de confiance » ou un référent au sein de la famille.
} Diffuser une information au sein des services à propos des initiatives associatives de soutien
des personnes endeuillées.
7. Approches organisationnelles
} L’accompagnement en fin de vie n’est pas limité aux interventions dans le cadre
d’unités de soins palliatifs. Cela impose de définir les modalités d’intervention des équipes
mobiles de soins palliatifs et des consultants douleur.
} Il convient de développer les protocoles relatifs à l’accompagnement afin d’y énoncer une
culture partagée et d’en caractériser les fondements.
} Les ARH en partenariat avec les préfets de région animeront une politique de
territoire en veillant à associer en amont tous les acteurs professionnels et associatifs des
soins palliatifs et de l’accompagnement.
} Les services d’HAD doivent être renforcés dans leurs moyens et développer leurs
compétences afin d’apporter les réponses les plus adaptées à l’accompagnement, notamment
des enfants et des personnes âgées jusqu’au terme de leur vie.
} Rendre possible des hospitalisations de courte durée dans des centres recours .
} Aménager les horaires d’accueil des familles et des proches dans les services et possibilité
d’accueil constant, voire d’hébergement en période terminale.
} Mettre en place dans chaque unité de soin un salon d’accueil et de repos équipé pour
permettre de prendre un repas.
} Au sein des services d’accueil des urgences, des aménagements devraient perme ttre un
accompagnement digne de la personne malade et favoriser les conditions d’accueil et de
soutien de ses proches.
} Des observatoires des maltraitances doivent être mis en place au sein des
établissements de santé afin de favoriser l’évolution de pratiques professionnelles
respectueuses des personnes.
8. Approches réglementaires
} Ajuster les dispositifs institutionnels et les pratiques à domicile aux besoins des
personnes en fin de vie. Favoriser leur respect dans le cadre des projets des services.
} Renforcer les mesures et dispositifs favorisant l’intégration dans les bonnes pratiques
professionnelles des dispositions législatives et déontologiques. Procéder à l’évaluation de
leur mise en œuvre.
} Favoriser dans le cadre d’une réforme des procédures administratives l’accès direct
des personnes aux droits sociaux qui leur sont indispensables.
} Préserver les droits et intérêts des personnes face aux pressions et dérives
commerciales en fin de vie. Veiller à la protection juridique des personnes en situation
vulnérable.
9. Formation, sensibilisation
} Introduire dans toutes les formations initiales et continues des acteurs de santé, y
compris les membres d’associations de bénévoles, une sensibilisation à l’identification et
la prise en compte des besoins exprimés par les personnes en fin de vie et leurs proches.
La formation des professionnels devrait leur permettre d’anticiper ou d’accompagner les
périodes de crise spécifiques.
} Une réflexion éthique doit être organisée sous forme de séminaires réguliers, de
groupes de travail et/ou d’espaces éthiques en tenant compte des choix et des ressources
des établissements.
} L’approche des pratiques en fin de vie justifie des recherches scientifiques en termes
d’évaluation, d’analyse et d’anticipation.
} Promouvoir les projets de recherche de nature à identifier les enjeux propres aux situations
de crise en phase terminale de la vie, en institution ou à domicile.
} Des projets de recherche concernant les soins palliatifs en réanimation et aux urgences
doivent être soutenus. Il en va de même s’agissant de l’impact et des conséquences de la mort
sur les parents, la fratrie et les conjoints en s’inspirant des études développées dans le cadre de
la proximologie.
} Des travaux de recherche dans le champ des soins infirmiers doivent être encouragés.
Conclusion
Poursuivant les travaux préliminaires menés par le comité d’organisation de la conférence, les
membres du jury ont consacré leur réflexion à la recherche exigeante d’un consensus. Cette
concertation, qui a pris en compte les rapports présentés par les experts et les échanges au
cours des deux journées d’auditions publiques, a contribué à l’élaboration d’un document de
travail.
Il paraît évident que le temps imparti aux délibérations du jury (deux journées) n’a que
partiellement permis d’aller au bout de réflexions d’autant plus essentielles et sensibles
aujourd’hui que la société semble saisie dans l’urgence d’un besoin de repères. Ces
circonstances imposent pourtant prudence, retenue et pondération.
La fin de vie expose la personne malade et ses proches à des situations de vulnérabilité dont
on ne mesure qu’imparfaitement les conséquences. Les obligations à leur égard n’en sont que
plus fortes.
Les personnes doivent être reconnues et respectées dans leurs valeurs, leurs attentes,
leurs choix et leurs droits. Dans la pratique quotidienne du soin en institution ou au
domicile, semblable exigence en appelle à des dispositifs et des mesures adaptés et
spécifiques.
Toute fin de vie est spécifique et singulière. Certaines situations inhérentes à la maladie
justifient toutefois des approches particulières et confrontent à des dilemmes qu’il convient
d’être en mesure d’anticiper.
C’est dire qu’il convient désormais d’aller plus avant dans la réflexion et de développer des
recherches de nature à orienter, soutenir et évaluer les évolutions et initiatives qui s’avèrent
indispensables.
Les responsables politiques ont favorisé depuis vingt ans une véritable continuité dans
l’impulsion de la politique de soins palliatifs et d’accompagnement. Leur résolution
s’inscrit dans des textes législatifs précis qui répondent à tous égards aux attentes de la
société.
L’accompagnement des personnes en fin de vie et de leurs proches relève des missions de tout
professionnel de santé. Ils convient donc de mettre à leur disposition les savoirs et les
compétences dans le cadre de formations initiales et continues conçues dans un cadre
multidisciplinaire.
Mourir accompagné c’est mourir en société. Le déni, l’indifférence voire le rejet à l’égard
de celui qui meurt et de ses proches mettent en cause le principe de non-abandon.