Jacques Le Goff, La Bourse Et La Vie (Hachette, 2014)
Jacques Le Goff, La Bourse Et La Vie (Hachette, 2014)
Jacques Le Goff, La Bourse Et La Vie (Hachette, 2014)
Collection
dirigée par Maurice Olender
JACQUES LE GOFF
La bourse
et
la vie
Économie et religion
au Moyen Âge
HACHETTE
l’usure et l’usurier
Ma io m’accorsi
che dal collo a ciascun pendea una tasca
ch’avea certo colore e certo segno
e quindi par che’l loro occhio si pasca.
Mais je m’aperçus
qu’ils portaient tous, suspendue à leur cou, une
bourse
d’une couleur déterminée et marquée d’un signe
différent,
et dont il semble que leur œil se repaisse 33.
C’est pourquoi l’enceinte la plus étroite scelle d’un même sceau et Sodome et Cahors
[Cahorsins = usuriers] et ceux qui méprisent Dieu dans leur cœur et dans leurs paroles
58
.
Mieux, comme l’a remarqué André Pézard dans son grand livre,
Dante sous la pluie de feu, il les a mis, au chant XVII de l’Enfer, dans
la troisième enceinte du septième cercle, en une place pire que celle
des blasphémateurs et des sodomites.
Ici-bas l’usurier vit dans une sorte de schizophrénie sociale,
comme le boucher puissant et méprisé des villes médiévales qui
deviendra souvent un révolutionnaire acharné ; comme le jongleur
(et plus tard le comédien) adulé en même temps qu’exclu ; comme, à
certaines époques, les courtisanes et les favorites, recherchées,
redoutées pour leur beauté, leur esprit, leur pouvoir auprès de leurs
riches et puissants amants, et rejetées par les « honnêtes femmes » et
par l’Église. L’usurier, également courtisé et craint pour son argent,
est méprisé et maudit à cause de lui, dans une société où le culte de
Dieu exclut le culte public de Mammon.
L’usurier doit donc cacher sa richesse et sa puissance. Il domine
dans l’ombre et le silence. La Tabula exemplorum raconte que dans
une antique cité la coutume veut qu’a chaque visite de l’empereur
tous les usuriers se rachètent. Aussi lors de sa venue, tous se cachent
du mieux qu’ils peuvent. Mais, ajoute la Tabula : « Que feront-ils
quand c’est Dieu qui viendra pour les juger 59 ? »
Qui, plus que l’usurier, redoute le regard de Dieu ? Mais il redoute
aussi celui des hommes. Jacques de Vitry raconte, sous forme
d’exemplum, l’étonnante scène que voici : « Un prédicateur qui
voulait montrer à tous que le métier d’usurier était si honteux que
nul n’osait l’avouer, dit dans son sermon : “Je veux vous donner
l’absolution selon vos activités professionnelles et vos métiers.
Debout les forgerons !” Et ils se levèrent. Après leur avoir donné
l’absolution il dit : “Debout, les fourreurs” et ils se levèrent, et ainsi
de suite au fur et à mesure qu’il nommait les différents artisans, ils se
levaient. Enfin il s’écria : “Debout les usuriers pour recevoir
l’absolution.” Les usuriers étaient plus nombreux que les gens des
autres métiers mais par vergogne ils se cachaient. Sous les rires et les
railleries, ils se retirèrent pleins de confusion 60. »
Mais il n’échappera pas à son sort infernal, l’usurier, même s’il a
cru par ses dons s’acheter les prières de l’Église après sa mort. Voici,
toujours selon Jacques de Vitry, l’usurier fou qui vient, après sa
mort, sous forme de revenant (le Moyen Âge est plein de ces
revenants diaboliques), se venger des moines qui ne l’ont pas
empêché d’aller en enfer : « J’ai entendu dire qu’un usurier dont des
moines avaient accepté beaucoup d’argent pour l’enterrer dans leur
église, une nuit alors que les moines disaient l’office des matines, se
leva de son tombeau et, comme un fou, se saisit d’un candélabre et se
précipita sur les moines. Ils s’enfuirent stupéfaits et terrifiés, mais il
en blessa certains à la tête, à d’autres il fractura jambes et bras et
avec des sortes de hurlements il criait : “Voici les ennemis de Dieu et
les traîtres qui ont pris mon argent en me promettant le salut, mais
ils m’ont trompé et ce que j’ai trouvé c’est la mort éternelle 61.” »
Dans ce monde médiéval fasciné par les animaux qui cherche
toujours une ressemblance animale en l’homme, cheminant au
milieu d’une faune symbolique, l’usurier a de multiples résonances
animales.
La Tabula exemplorum qui en a fait un bœuf, un lourd travailleur
qui ne s’arrête jamais, le compare aussi à un lion ravisseur : « Les
usuriers sont comme un lion, qui se lève le matin et qui n’a de cesse
avant d’avoir saisi une proie et de l’avoir apportée à ses petits, eux
aussi volent et donnent à usure pour acquérir des biens pour leurs
enfants 62… »
C’est tout un bestiaire d’usuriers qui apparaît chez Jacques de
Vitry. Voici les funérailles d’un usurier-araignée. « J’ai entendu dire
à un chevalier qu’il rencontra un groupe de moines qui portaient en
terre le cadavre d’un usurier. Il leur dit : “Je vous abandonne le
cadavre de mon araignée et que le diable ait son âme. Mais moi
j’aurai la toile de l’araignée, c’est-à-dire tout son argent.” C’est à bon
droit qu’on compare les usuriers aux araignées qui s’éviscèrent pour
attraper des mouches et qui immolent aux démons pas seulement
eux-mêmes mais aussi leurs fils, les entraînant dans le feu de la
cupidité […]. Ce processus se perpétue avec leurs héritiers. Certains
en effet avant même la naissance de leurs fils leur assignent de
l’argent pour qu’il se multiplie par l’usure et ainsi leurs fils naissent
poilus, comme Esaü, et pleins de richesse. À leur mort, ils laissent
leur argent à leurs fils et ceux-ci recommencent à faire à Dieu une
nouvelle guerre 63… » Chaîne héréditaire de l’usure ? Pourrait-on le
vérifier dans la réalité sociale du XIIIe siècle ?
Voici maintenant le renard (et le singe), « Bien que l’usurier
pendant sa vie abonde de richesses, il manque tellement des viscères
de la charité que, même de son superflu, il ne veut pas faire le plus
petit don aux pauvres, semblable au renard muni d’une grande
queue, trop grande même et traînant à terre, à qui le singe, dépourvu
de queue, demandait de lui donner un petit morceau de la sienne
pour pouvoir cacher sa honte. Le singe disait au renard : “Tu peux
me venir en aide sans dommage car tu as une queue très longue et
très lourde.” Le renard répondit : “Ma queue ne me semble ni longue
ni lourde et même si elle était lourde, je préfère en soutenir le poids
plutôt que prêter un voile à tes fesses immondes.” C’est bien la parole
de ceux qui disent aux pauvres : “Pourquoi vous donnerais-je,
truands que vous êtes, mon argent ? Je ne veux pas que tu manges et
je ne veux rien te donner 64.” »
Enfin le loup ; « On dit que le renard persuada le loup amaigri de
venir voler avec lui et l’emmena dans un garde-manger où le loup
mangea tant qu’il ne put sortir par le trou étroit par lequel il était
entré. Il lui fallut tellement jeûner qu’il en devint aussi maigre
qu’auparavant et s’étant fait bastonner il en sortit sans fourrure.
Ainsi l’usurier abandonne à la mort la fourrure des richesses 65. »
La condamnation de l’usurier se confond-elle avec celle du
marchand et l’usurier lui-même ne fait-il qu’un avec le marchand ?
Oui et non.
Que tout marchand ne soit pas usurier et que beaucoup d’usuriers
ne soient qu’usuriers c’est certain. Un exemplum de Jacques de Vitry
le prouve : « J’ai entendu parler d’un usurier que ses maîtres, à sa
mort, voulurent honorer par une farce. Quand ses voisins voulurent
soulever son cadavre pour l’ensevelir, ils n’y parvinrent pas. D’autres
et d’autres encore essayèrent et échouèrent. Comme tous
s’étonnaient un vieillard très sage leur dit : “Ne savez-vous donc pas
qu’il y a une coutume dans cette ville : quand un homme meurt ce
sont ceux qui exercent le même métier que lui qui le portent à
l’enterrement, les prêtres et les clercs portent les prêtres et les clercs
morts au cimetière, les marchands le marchand, les bouchers le
boucher, et ainsi de suite. Appelons des hommes de la même
condition ou du même métier que celui-ci.” On appela quatre
usuriers qui levèrent aussitôt facilement le corps et le portèrent au
lieu de la sépulture. Car les démons ne permirent pas que leur
esclave fût porté par d’autres que des compagnons d’esclavage. On
voit bien là la miséricorde de Dieu qui “rachète les âmes des
pécheurs de l’usure et de l’iniquité afin qu’ayant changé de nom leur
nom soit honorable devant Lui”. Nous savons en effet qu’aucun nom
n’est aussi détestable et ignominieux que celui d’usurier (usurarius
seu fenerator). Aussi n’osent-ils pas reconnaître leur profession en
public et ne veulent-ils pas être appelés usuriers mais prêteurs
(commodatores) ou marchands (mercatores). Ils disent : “Je suis un
homme qui vit de son argent 66.” »
Il est clair que non seulement usurier et marchand ne sont pas le
même homme, mais qu’un terme est honteux et l’autre honorable et
que le second sert de cache-honte au premier, ce qui prouve malgré
tout une certaine proximité, sinon parenté.
Je ne crois pas en effet qu’on puisse dire, comme Raymond de
Roover 67, que la distinction entre les marchands-banquiers et les
usuriers était absolue ni même, comme John T. Noonan, que « le
rang social d’un banquier dans la Florence du XIIIe siècle était au
moins aussi élevé qu’au XXe siècle à New York 68 ». Ce sera peut-être
vrai au XIVe et surtout au XVe siècle mais au XIIIe siècle il n’y avait
pas de vrais « banquiers », et il existait bien des transitions et des
recoupements d’activités entre le marchand-banquier et l’usurier.
Même dans une économie et une société où l’usure s’est amenuisée,
comme dans la France de Balzac au XIXe siècle, il y a certes des
différences mais non un fossé, entre un Gobsek, vrai usurier, et un
père Grandet qui, parmi ses activités d’affaires, pratique aussi
l’usure.
D’ailleurs, l’usurier constitue la catégorie la plus méprisée des
marchands. Dans les deux sermons modèles (58 et 59) que Jacques
de Vitry consacre aux « marchands et changeurs » (mercatores et
campores) la quasi-totalité des rubriques et des exempla concerne
les usuriers. Ce sont sans doute ceux qui ont le plus besoin d’une
prédication salutaire, mais on la leur dispense sous l’étiquette de
« marchands ». Ils ne forment pas un « état » (status) spécifique. Les
usuriers présents dans l’Enfer de Dante — il en nomme quelques-uns
— sont bien connus en tant que marchands et parfois comme
marchands-banquiers de premier plan : ainsi les familles nobles clés
Gianfigliazzi et des Ubriachi, reconnaissables aux « armes » de leurs
bourses ; les fameux Scrovegni de Padoue ; Vitaliano del Dente,
podestat en 1307 ; Giovanni Bujamonte « usurier réputé pour être le
plus terrible d’Europe », et qui fut quand même gonfalonier de
justice en 1293.
Autour du marchand du XIIIe siècle, qui a bien du mal à se faire
reconnaître non pas tant parmi l’élite sociale que parmi les métiers
honorables, rôde toujours une odeur d’usure.
Dans le sermon modèle « ad status » 59, Jacques de Vitry a
donné une variante de la société trifonctionnelle définie par Georges
Dumézil, et mise en évidence dans l’Occident médiéval par Georges
Duby, qui n’a pas suffisamment retenu, me semble-t-il, l’attention.
Elle est pourtant intéressante. La voici : « Dieu a ordonné trois
genres d’hommes, les paysans et autres travailleurs pour assurer la
subsistance des autres, les chevaliers pour les défendre, les clercs
pour les gouverner, mais le diable en a ordonné une quatrième, les
usuriers. Ils ne participent pas au travail des hommes et ils ne seront
pas châtiés avec les hommes, mais avec les démons. Car à la quantité
d’argent qu’ils reçoivent de l’usure correspond la quantité de bois
envoyé en enfer pour les brûler. La soif de la cupidité les pousse à
boire de l’eau sale et à acquérir par tromperies et usure de l’argent
sale, soif dont Jérémie (III, 25) dit : “Interdis la soif à ta gorge.” Et
comme, en violation de l’interdiction légale, les usuriers se
nourrissent de cadavres et de charogne en mangeant la nourriture
acquise par l’usure, cette nourriture ne peut être sanctifiée par le
signe de croix ou quelque autre bénédiction, d’où dans les Proverbes
(IV, 17) : “Ils mangent le pain de l’impiété et boivent le vin de
l’iniquité.” Quand nous lisons d’une moniale qu’elle a mangé le
diable assis sur une laitue parce qu’elle n’avait pas fait le signe de
croix c’est bien plus fort que les usuriers semblent manger avec le
pain de l’impiété le diable que nous croyons assis sur une bouchée de
ce pain… » 69.
Il n’est pas inintéressant de constater, dans ce jeu qui s’instaure
pour faire mieux correspondre le schéma trifonctionnel aux
représentations mentales de la nouvelle société, que la quatrième
fonction créée (en fait sous une forme péjorative, celle des
marchands) est attribuée aux usuriers (d’autres, plus tard, le seront
aux hommes de loi par exemple). En effet, ce dédoublement
diabolique de la troisième fonction — l’économique —, s’il témoigne
bien de l’intégration par les structures mentales du progrès des
échanges, manifeste aussi la méfiance des intellectuels à l’égard de la
sphère économique. À côté des paysans et autres travailleurs,
justifiés parce que utiles et productifs, voilà la fonction du diable,
celle de l’argent, de l’usure néfaste et improductive. L’usurier avant
d’être la proie éternelle du diable est son ami terrestre, son protégé
ici-bas.
« Il arriva une fois que le champ d’un usurier restât intact alors
que toute la terre autour était frappée par un orage, et tout joyeux
l’usurier alla dire à un prêtre que tout allait bien pour lui et il justifia
sa vie. Le prêtre répondit : “Ce n’est pas ça, mais comme tu t’es
acquis beaucoup d’amis dans la société des démons, tu as échappé à
l’orage envoyé par eux 70.” »
Mais quand approche la mort, finie l’amitié. Seule compte la
convoitise de Satan à l’égard de l’âme de l’usurier. Il prend garde que
celle-ci ne puisse lui échapper. Pour cela il faut éviter une éventuelle
confession et contrition de l’usurier.
Premier stratagème : rendre l’usurier mourant aphasique, muet.
Jacques de Vitry l’assure : « Beaucoup d’usuriers à l’approche de la
mort perdent l’usage de la parole et ne peuvent se confesser 71. »
Solution plus radicale encore : la mort subite, la pire mort pour
un Chrétien au Moyen Âge car elle le saisit en général en état de
péché mortel. Cette situation est inévitable pour l’usurier qui est en
situation perpétuelle de péché mortel. À l’époque d’Étienne de
Bourbon, au milieu du XIIIe siècle, un étonnant fait divers l’atteste.
C’est l’histoire dramatique et exemplaire de l’usurier de Dijon.
« Il arriva à Dijon, vers l’année du Seigneur 1240, qu’un usurier
voulût célébrer en grande pompe ses noces. Il fut conduit en musique
à l’église paroissiale de la Sainte-Vierge. Il se tenait sous le porche de
l’église pour que sa fiancée dise son consentement et que le mariage
soit ratifié selon la coutume par les “paroles de présent” (verba de
presenti) avant que le mariage ne soit couronné par la célébration de
la messe et d’autres rites dans l’église. Alors que le fiancé et la
fiancée, pleins de joie, allaient entrer dans l’église, un usurier de
pierre, qui avait été sculpté au-dessus du porche en train d’être
emporté par le diable en enfer, tomba avec sa bourse sur la tête de
l’usurier vivant qui allait se marier, le frappa et le tua. Les noces se
changèrent en deuil, la joie en tristesse. L’usurier de pierre exclut de
l’église et des sacrements l’usurier vivant que les prêtres au lieu de
l’en exclure voulaient au contraire y introduire. Les autres usuriers
de la ville donnèrent de l’argent pour faire détruire les autres
sculptures du portique, à l’extérieur, dans la partie antérieure, pour
qu’un autre accident de ce genre ne pût leur arriver. Je les ai vues,
détruites 72. »
II faudrait longuement commenter ce texte, ses informations sur
le rituel du mariage, où l’essentiel se passe encore à l’extérieur de
l’église ; sur le jeu d’exclusion et d’admission des usuriers ; sur les
rapports entre les usuriers et le clergé ; sur les relations vécues et
pensées entre le monde des vivants et le monde de pierre des
sculptures d’églises ; sur la solidarité des communautés urbaines
d’usuriers. Contentons-nous de demeurer saisis par la brutalité
symbolique de ce fait divers situé et daté. L’usurier de Dijon a
rencontré sa statue du Commandeur.
L’indulgence coupable de certains clercs à l’égard des usuriers ne
change d’ailleurs pas la situation de l’usurier impénitent. « J’ai vu,
raconte encore Étienne de Bourbon, à Besançon un grand usurier
tomber frappé de mort subite sur la table, alors qu’il festoyait
joyeusement. À cette vue, les fils qu’il avait eus de deux mariages
tirèrent leurs épées, dans un oubli complet de leur père et se
battirent sur les coffres [pleins d’argent] qu’ils voulaient garder et
saisir, se souciant peu de l’âme ou du corps de leur père. On l’enterra
dans un tombeau contigu à l’église paroissiale de la cathédrale Saint-
Jean, on éleva une belle tombe et on l’inséra dans le flanc de l’église.
Au matin on la découvrit repoussée loin de l’église comme s’il était
montré par là qu’il n’était pas en communion avec l’Église 73. »
La pire façon peut-être d’éloigner l’usurier agonisant de la
confession, c’est de le rendre complètement fou. La folie conduit
l’usurier à l’impénitence finale. Ainsi l’histoire de l’usurier de Notre-
Dame de Paris racontée aussi par Étienne de Bourbon. « Voici ce que
j’ai vu de mes yeux, alors que j’étais jeune étudiant à Paris et que
j’étais venu à l’église de la Sainte-Vierge un samedi pour y entendre
les vêpres. J’y vis un homme qu’on y portait sur une civière, souffrant
d’un membre brûlé par ce mal qu’on appelle “ mal sacré ” ou
“ infernal ” [le “mal des ardents”]. La foule l’entourait. Les proches
témoignaient que c’était un usurier. Aussi les prêtres et les clercs
l’exhortaient à quitter ce métier et à promettre qu’il rendrait les
usures, pour que la Sainte Vierge le délivrât de son mal. Mais il ne
voulut pas les écouter, ne prêtant attention ni aux blâmes ni aux
flatteries. À la fin des vêpres, il persévérait dans son obstination,
alors que ce feu avait gagné tout son corps, devenu noir et enflé et
que les yeux lui sortaient de la tête. On le jeta de l’église comme un
chien et il mourut sur place, le soir même, de ce feu, entêté dans son
obstination 74. »
L’image montrera, à la fin du Moyen Âge, l’agonie de l’usurier,
dans les gravures des « Arts de mourir ». Mais déjà, aux XIIe et XIIIe
siècles, les clercs, dans les exempla, ont convoqué au lit de l’usurier
agonisant tous les combats, tous les cauchemars, toutes les horreurs.
Repentant ou non, l’usurier parvenu à ce stade ultime de sa vie est
entraîné dans ce qui sera bientôt la danse macabre.
Voici un paysan usurier du diocèse d’Utrecht dont Césaire de
Heisterbach a entendu parler, Godescalc. On prêcha la croisade dans
son pays et il ne donna que cinq talents alors qu’il aurait pu donner
quarante marcs sans déshériter ses enfants. Assis dans les tavernes il
raillait les croisés : « “Vous affrontez la mer, vous dépensez votre
bien, vous exposez votre vie à mille périls. Moi je reste chez moi avec
ma femme et mes enfants et pour les cinq marcs avec lesquels j’ai
racheté ma croix j’aurai la même récompense que vous.” Une nuit, il
entendit dans un moulin contigu à sa maison comme un bruit de
meule. Il envoya un jeune serviteur voir ce qui se passait. L’autre
revint terrifié et dit qu’il avait été cloué au sol par la terreur sur le
seuil du moulin. L’usurier alors se leva, ouvrit la porte du moulin et
eut une horrible vision ; il y avait là deux chevaux tout noirs et à côté
un homme horrible noir comme eux. Il dit au paysan : “Dépêche-toi
d’entrer et de monter ce cheval que j’ai amené pour toi.” Incapable de
résister, l’usurier obéit. Avec le diable monté sur l’autre cheval il
parcourut à vive allure les lieux de l’enfer. Il y rencontra son père et
sa mère, beaucoup de connaissances dont il ignorait la présence en
ces lieux. Il fut particulièrement frappé par la vue d’un burgrave,
honnête chevalier à ce qu’on croyait, assis sur une vache furieuse,
son dos exposé à ses cornes qui le meurtrissaient au gré de ses bonds
désordonnés. Ce bon chevalier avait volé sa vache à une veuve. Il vit
enfin un siège de feu dans lequel il ne pouvait y avoir nul repos mais
le châtiment interminable d’y rester assis en châtiment. Le diable lui
dit : “Dans trois jours tu reviendras ici et cette chaise sera ton
châtiment.” Sa famille trouva l’usurier évanoui dans le moulin et le
porta dans son lit. Sûr d’avoir à subir ce qu’il avait vu, il refusa
confession et contrition. Sans confession, sans viatique, sans extrême
onction, il fut enseveli dans l’enfer 75. » Étienne de Bourbon raconte
d’autres morts affreuses d’usuriers. En voici une qu’il tient de Nicolas
de Flavigny, archevêque de Besançon, qui la racontait dans ses
sermons. « Un riche usurier qui craignait peu le jugement de Dieu,
couché une nuit près de sa femme après un bon repas, soudain se
leva en tremblant. “Qu’est-ce que tu as ? lui demanda sa femme. — Je
viens d’être transporté au Jugement dernier et j’ai entendu proférer
d’innombrables plaintes et accusations contre moi. Stupéfait, je n’ai
pas réussi à parler et à réclamer une pénitence. Finalement le juge
suprême me condamna à être livré aux démons qui doivent venir
aujourd’hui même me chercher pour m’emmener.” Il passa une veste
qui pendait au portemanteau, gage de peu de valeur laissé par un
débiteur, et sortit, malgré sa femme. Les siens le suivirent et le
trouvèrent quasi dément dans l’église d’un monastère. Les moines
qui disaient matines le gardèrent jusqu’à sexte, mais ne purent lui
faire confesser ses péchés, ni restituer, ni donner un signe de
pénitence. Après la messe il sortit pour rentrer chez lui. Ils
marchaient le long d’une rivière et virent apparaître un navire qui
remontait le courant de la rivière à toute vitesse, apparemment sans
personne à bord. Mais l’usurier dit qu’il était plein de démons qui
venaient l’enlever et l’emmener. À ces mots ils le prennent et le
déposent dans le navire qui aussitôt, rebroussant chemin, disparut
avec sa proie. 76 » C’est le vaisseau fantôme du paysan usurier.
Combien d’usuriers dans la troupe d’Hellequin, cet escadron de la
mort, ces chasseurs fantômes qui, certaines nuits, passent dans le
ciel, déformés par la clarté lunaire, troublant le repos nocturne des
sons funèbres de leurs trompes de chasseurs de l’au-delà, faisant
sangloter dans les ténèbres tremblantes la rumeur de leurs péchés et
l’angoisse de leur errance sans fin ?
Enfonçons-nous dans l’horreur, avec Étienne de Bourbon : « J’ai
entendu parler d’un usurier gravement malade qui ne voulait rien
restituer mais qui ordonna pourtant de distribuer aux pauvres son
grenier plein de blé. Quand les serviteurs voulurent recueillir le blé,
ils le trouvèrent changé en serpents. En l’apprenant, l’usurier contrit
restitua tout et édicta que son cadavre soit jeté nu au milieu des
serpents pour que son corps soit dévoré par les serpents ici-bas afin
d’éviter que son âme ne le soit dans l’au-delà. Ce qui fut fait. Les
serpents dévorèrent son corps et ne laissèrent sur place que des os
blanchis. Certains ajoutent que, leur besogne faite, les serpents
disparurent et il ne resta que les os blancs et nus sous la lumière 77. »
Squelette surréaliste d’un usurier…
Plus réaliste, cette fin, d’un burlesque noir, d’un autre usurier
racontée par Jacques de Vitry : « Bien inspiré fut un bon prêtre qui
refusa d’enterrer un de ses paroissiens qui avait été usurier et n’avait
rien restitué à sa mort. Cette sorte de peste ne doit pas en effet
recevoir de sépulture chrétienne et ils ne sont pas dignes d’avoir une
autre sépulture que celle des ânes […]. Mais comme les amis de
l’usurier mort insistèrent beaucoup, pour échapper à leurs pressions,
le prêtre fit une prière et leur dit : “Posons son corps sur un âne et
voyons la volonté de Dieu et ce qu’il en fera : où que l’âne l’emporte,
que ce soit dans une église, un cimetière ou ailleurs, je l’enterrerai.”
Le cadavre fut placé sur l’âne qui, sans dévier à droite ni à gauche,
l’emmena tout droit hors de la ville jusqu’au lieu où les voleurs
étaient pendus au gibet et d’une forte ruade il projeta le cadavre sous
les fourches patibulaires dans le fumier. Le prêtre l’y abandonna avec
les voleurs 78. »
Bunuel a montré l’abandon sur les décharges publiques des
pauvres cadavres des olvidados, mais l’usurier est un oublié qui l’a
mérité.
Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change, l’usurier type, c’est
l’usurier français raconté par Eudes de Sully, évêque de Paris de 1196
à 1208. « Il y eut en France un usurier dont le serviteur s’appelait
Enfer et la servante Mort. Mort subitement, il n’eut pour fossoyeurs
qu’Enfer et Mort 79. »
La bourse et la vie : le purgatoire
Post-Scriptum
Cet essai était écrit quand j’ai eu connaissance d’un texte qui le
conforte par l’excellent article d’Elisabeth A. R. Brown, « Royal
Salvation and Needs of State in Late Capetian France » in Order and
Innovation in the Middle Ages. Essays in Honor of Joseph R.
Strayer, ed. W. C. Jordan, B. McNab, T. F. Ruiz, Princeton
University Press, 1976, n° 14, pp. 542-543 : « Dans un quodlibet
(exercice universitaire) écrit à la fin du XIIIe siècle, Renier de
Clairmarais examine la question de savoir si une personne dont les
exécuteurs testamentaires retardent la distribution des biens qu’il a
laissés restera pour cette raison plus longtemps en purgatoire. Si les
biens ont été laissés aux fins de restitution, ce retard n’affectera pas
la durée du séjour au purgatoire, à moins que le testateur n’ait
volontairement choisi des exécuteurs irresponsables ; mais si le
testateur a laissé ses biens en aumônes pour obtenir le pardon de ses
péchés, sa libération du purgatoire sera retardée, bien que ses
souffrances ne soient pas accrues… » Voilà l’usurier en purgatoire
entré dans les programmes universitaires…
Appendices
Canto XLV
Par Usura
Par usura n’ont les hommes maison de pierre saine
blocs lisses finement taillés scellés pour que
la frise couvre leur surface
par usura
n’ont les hommes paradis peint au mur de leurs églises
* harpes et luz *
où la vierge fait accueil au message
où le halo rayonne en entailles
par usura
n’aura Gonzague d’héritier concubine
n’aura de portrait peint pour durer orner la vie
mais le tableau fait pour vendre vendre vite
par usura péché contre nature
sera ton pain de chiffes encore plus rance
sera ton pain aussi sec que papier
sans blé de la montagne farine pure
par usura la ligne s’épaissit
par usura n’est plus de claire démarcation
les hommes n’ont plus site pour leurs demeures.
Et le tailleur est privé de sa pierre
le tisserand de son métier
PAR USURA
N.B. Usure : Loyer sur le pouvoir d’achat, imposé sans égard à la production ; souvent
même sans égard aux possibilités de production. (D’où la faillite de la banque Médicis) 98.
III
Addendum à Canto C
Je remercie Jacques Berlioz d’avoir attiré mon attention sur ces poèmes magnifiques et
éclairants sur le phénomène médiéval de l’usure.
Sur les conceptions économiques d’Ezra Pound, il faut lire la remarquable étude de Jean-
Michel Rabaté, Language, Sexuality and Ideology in Ezra Pound’s Cantos, MacMillan,
Basingtoke et Londres, 1986, Chap. S. « Poundwise : Towards a General Critique of
Economy », pp. 183-241.
Je remercie J.-M. Rabaté d’avoir bien voulu mettre ces pages à ma disposition avant que
son livre ait été diffusé en France.
BIBLIOGRAPHIE
A — TEXTES
c) Manuels de confesseurs :
Thomas of CHOBHAM, Summa confessorum, éd. F. Broomfield, Louvain, 1968.
Raymond de PENAFORT, O.P., Summa de pœnitentia, liv. II, tit. VII, éd. d’Avignon,
1715, pp. 325-348.
Jean de FRIBOURG, O.P., Summa confessorum, liv. II, tit. VII, éd. Jean Petit, fin XVe
siècle, fol. 84-91.
ASTESANUS, O.F.M., Summa, liv. III, tit. XI.
c) Traités théologiques :
G. LEFÈVRE (éd.), Le traité « De usura » de Robert de Courçon in Travaux et mémoires
de l’université de Lille, t. X, n° 30, 1902.
Guillaume d’AUXERRE, Summa in IV Libros sententiarum, liv. III, tr. XXVI.
Sur saint Thomas et l’usure : J. VAN ROEY, De justo auctario ex contractu crediti,
Louvain, 1903, pp. 154-175.
Gilles de LESSINES, De usuris, édité comme opus LXXIII de l’édition romaine des
Œuvres de Thomas d’Aquin.
d) Dante :
La Divine Comédie, Enfer, chant XVII, v. 43-78 (je me sers de l’édition des Libraires
associés, Paris, 1965, avec la traduction de L. Espinasse-Mongenet).
A. PÉZARD, Dante sous la pluie de feu, Paris, 1950.
f) Exempla :
Jacques de Vitry, CRANE (éd.), The « Exempla » or Illustrative Stories from the
« sermones vulgares » of Jacques de Vitry, Londres, 1890, réimpression anastatique, 1967
et exempla transcrits des manuscrits par Marie-Claire Gasnault, que je remercie.
Césaire de Heisterbach : Caesarii Heisterbacensis… Dialogus miraculorum, éd. J.
STRANGE, Cologne, Bonn, Bruxelles, 2 vol., 1851.
Étienne de Bourbon : A. LECOY DE LA MARCHE, Anecdotes historiques, légendes et
apologues tirés du recueil inédit d’Étienne de Bourbon, dominicain du XIIIe siècle. Paris,
1877 et exempla transcrits par Jacques Berlioz que je remercie.
J.W. BALDWIN, The Medieval Theories of the Just Price. Romanists, Canonists and
Theologians in the XIIth and XIIIth centuries. Transactions of the American Philosophical
Society, N.S., vol. 49, Philadelphie, 1959.
O. CAPITANI. Il « De peccato usure » di Remigio de’ Girolami in Per la storia della
cultura in Italia nel Duecento e primo Trecento. Omaggio a Dante nel VII Centenario della
Nascita, Spolète, 1965 (n° spécial des Studi Medievali, ser. 3, a. VI, fasc. II, 1965), pp. 537-
662.
O. CAPITANI, éd. L’Etica economica medievale, Bologne, 1974.
R.H. HELMHOLZ, « Usury and the Medieval English Church Courts », in Speculum, vol.
61, n. 2, avril 1986, pp. 364-380.
J. IBANÈS, La Doctrine de l’Église et les réalités économiques au XIIIe siècle : l’intérêt,
les prix et la monnaie, Paris, 1967.
J. KIRSCHNER ET K. LO PRETE, « Peter John Olivl’s Treatises on Contracts of Sale,
Usury and Restitution : Minorite Economics or Minor Works ? » in Quaderni fiorentini, 13,
1984, pp. 233-286.
G. LE BRAS, Article « Usure » in Dictionnaire de Théologie catholique, XV, 1950, col.
2336-2372.
J. LE GOFF, Marchands et banquiers du Moyen Âge, Paris, 1956, 6e éd. 1980.
J. LE GOFF, « The Usurer and Purgatory », in The Dawn of Modern Banking, Center for
Medieval and Renaissance Studies, University of California, Los Angeles, 1979, pp. 25-52.
J. LE GOFF, « Usure et à peu près », in Mélanges offerts à Georges Guilbaud, (à
paraître).
G. LUZZATTO, « Tasso d’interesse e usura a Venezia nei secoli XIII-XV » in Miscellanea
in onore di Roberto Cessi, Rome, 1958, I, pp. 191-202.
T.P. MC LAUGHLIN, « The Teaching of the Canonists on Usury (XII, XIII and XIV c.) »
in Medieval Studies, 1, 1939, pp. 82-107 et 2, 1940, pp. 1-22.
G. NAHON, « Le crédit et les Juifs dans la France du XIIIe siècle », in Annales E.S.C.,
1969, pp. 1121-1148.
B.N. NELSON, The Idea of Usury : From Tribal Brotherhood to Universal Otherhood,
Princeton, 1949, 2e éd. Chicago, 1969.
B.N. NELSON, « The usurer and The Merchant Price : Italian Businessmen and the
Ecclesiastical Law of Restitution 1100-1500 », in Journal of Economic History, Supplément
7 (1947), pp. 104-122.
J.T. NOONAN, The Scholastic Analysis of Usury, Cambridge, Mass., 1957.
R. DE ROOVER, La Pensée économique des scolastiques, doctrines et méthodes, Paris-
Montréal, 1971.
G. SALVIOLI, « La dottrina dell’usura secondo i canonisti e i civilisti italiani dei secoli
XII e XIV », in Studi Fadda, 3, 1906, pp. 259-278.
A. SAPORI, « L’interesse del danaro a Firenze ne ! Trecento », in Archivio Storico
Italiano, 1928, pp. 161-186.
A. SAPORI, « L’usura nel Dugento a Pistoia », in Studi medicevali, II, 1929, pp. 208-216.
G. SCHILPEROORT, Le Commerçant dans la littérature française du Moyen Âge, 1933.
B. SCHNAPPER, « La répression de l’usure et l’évolution économique », in Tijdschrift
voor Rechtsgeschiedenis, 37, 1969, pp. 53-57.
1. Comme le dénonce dans ses poèmes goliardiques Gautier de Châtillon à la fin du XIIe
siècle.
2. Comme on le dit du Christ dans la liturgie royale et sur les écus d’or frappés par Saint
Louis.
3. Sermon « ad status » n° 58, 17.
4. Ezra Pound, Les Cantos, trad. fr. Paris, 1986. Cf. Appendice 2.
5. Thomas de Chobham, Summa confessorum, question XI, chap. I, éd. F. Broomfield,
Louvain, 1968, p. 504.
6. K. Polanyi et C. Arensberg, Trade and Market in the Early Empires, trad. fr. : Les
Systèmes économiques dans l’histoire et dans la théorie, Paris, 1975, pp. 100-101.
7. Ibid, p. 237.
8. G. Le Bras, art. « Usure », in Dictionnaire de Théologie catholique, XV, 1950, col.
2356.
9. G. Lefèvre (éd.), Le Traité « De usura » de Robert de Courçon, in Travaux et
mémoires de l’université de Lille, t. X, n° 30, 1902, p. 35.
10. Guillaume d’Auxerre, Summa in IV libros sententiarum, liv. III, tr. XXVI.
11. Surtout dans la Somme théologique : IIa IIae, q. 78.
12. Breviairum in ps LIV, Patrologie latine, t. XVI, vol. 982.
13. Commentaire sur Ézéchiel, XVIII, 6, Patrologie latine, t. XXV, vol. 117,
14. Décret de Gratien, C. 14, q. 3, c. 4.
15. Thomas de Chobham, op. cit., p. 504.
16. Guillaume d’Auxerre, op. cit., liv. III, tr. XXVI.
17. Thomas de Chobham, op. cit., p. 504.
18. A. Lecoy de la Marche, Anecdotes historiques, légendes et apologues tirés du recueil
inédit d’Étienne de Bourbon, dominicain du XIIIe siècle, Paris, 1877, pp. 361-362.
19. Patrologie latine, t. CLVIII, col. 659.
20. Somme théologique, IIa IIae, q. 78.
21. J. Ibanès, La Doctrine de l’Église et les réalités économiques au XIIIe siècle : l’intérêt,
les prix et la monnaie, Paris, 1967, pp. 20-22.
22. Somme théologique, IIa IIae, q. 78, art. 1, apud J. Ibanès, op. cit., p. 19.
23. In Tertium Sententiarum, dist. XXXVII, dub. VII, apud Ibanès, op. cit., p. 19.
24. Thomas de Chobham, op. cit., p. 515.
25. Caesarii Heisterbacensis…, Dialogus miraculorum, II, VIII, éd. J. Strange, Cologne,
Bonn, Bruxelles, 2 vol., 1851, p. 73.
26. Tabula exemplorum secundum ordinem Alphabeti, éd. J. Th. Welter, Paris et
Toulouse, 1926, p. 83, n° 306.
27. La Divine Comédie, Enfer, chant XI, v. 109-111, trad. fr. de L. Espinasse-Mongenet,
Libraires associés, Paris, 1965.
28. Canto XLV, in Les Cantos, op. cit., p.234.
29. Orcival, Petites monographies du Zodiaque, 1963, p. 15.
30. A. Lecoy de la Marche, op. cit., p. 254.
31. Crane (éd.), The « Exempla » or lllustrative Stories from the « Sermones vulgares »
of Jacques de Vitry, Londres, 1890, réimpression anastatique, 1967, p. 72.
32. Tabula exemplorum, op. cit., p. 83.
33. La Divine Comédie, Enfer, chant XVII, v. 54-57.
34. A Pézard, Dante sous la pluie de feu, Paris, 1950, p. 101, n. 5.
35. H. Wolter et H. Holstein, Histoire des Conciles œcuméniques, t. VI : R. Foreville,
Latran IV, Paris, 1965.
36. Sermon « ad status » n° 58, exemplum 14.
37. A. Lecoy de la Marche, op. cit., p. 362.
38. Cet usurier chrétien, on l’appelle en latin, la langue de la plupart de nos documents,
usurarius, ou d’un mot savant emprunté au latin classique de l’Antiquité et au droit romain,
fenerator « qui prête à intérêt », de fenus, « intérêt », proche de fétus, « fruit de la
fécondation » — mais dans le cas de fenus ce produit est-il légitime ?
39. Thomas de Chobham, op. cit., p. 509.
40. Ibid., p. 505.
41. Tabula exemplorum, op. cit., p. 139, n. 304.
42. Thomas de Chobham, op. cit., p. 505
43. Latin 13472, f. 3vb ; Tabula exemplorum, op. cit., p. 139, n. 304.
44. Thomas de Chobham, op. cit. p. 505.
45. G. Lefèvre (éd.), op. cit., p. 35.
46. G. Le Bras, op. cit., col. 2351.
47. Thomas de Chobham, op. cit., p. 505.
48. Césaire de Heisterbach, op. cit., p. 73.
49. Lecoy de la Marche, op. cit., pp. 334-335.
50. Tabula exemplorum, op. cit., p. 51.
51. Édition-traduction de M. Natalis de Wailly, Paris, 1874, § 33, p. 19.
52. Cf. Le Goff, « Métiers licites et métiers illicites dans l’Occident médiéval », in Annales
de l’École des hautes études de Gand, V, pp. 41-57 ; repris dans Pour un autre Moyen Âge,
Paris, 1977, pp. 91-107.
53. Thomas de Chobham, op. cit., p. 516.
54. Somme théologique, IIa IIae, q. 78.
55. Thomas de Chobham, op. cit., p. 510.
56. Césaire de Heisterbach, Dialogus miraculorum, op. cit., II, VIII, in Strange, op. cit.,
t. I, p. 73.
57. Thomas de Chobham, op. cit., p. 509.
58. Enfer, op. cit., chant XI, v. 49-51.
59. Tabula exemplorum, op. cit., p. 83.
60. Crane (éd.), op. cit., p. 76.
61. Sermon « ad status » n° 59, 15.
62. Tabula exemplorum, op. cit., p. 82.
63. Sermon « ad status », n° 59, 9.
64. Crane (éd.), op. cit., p. 73.
65. Ibid, p. 74.
66. Sermon « ad status » n° 59, 17.
67. R. de Roover, La Pensée économique des scolastiques, doctrines et méthodes, Paris-
Montréal, 1971 et Business, Banking and Economic Thought in Late Medieval and Modem
Europe : Selected Studies, Chicago, 1974.
68. J. T. Noonan, The Scholastic Analysis of Usury, Cambridge, Mass., 1957, p. 192.
69. Sermon « ad status » n° 59, 14.
70. Tabula exemplorum, op. cit., pp. 22-23.
71. Sermon « ad status » n° 59, 15.
72. Lecoy de la Marche, op. cit., pp. 365-366.
73. Ibid., pp. 364-365.
74. Ibid, pp. 263-264.
75. Dialogus miraculorum, II, VII, in Strange, op. cit., t. I, pp. 70-72.
76. Lecoy de la Marche, op. cit., pp. 367-368.
77. Ibid., p. 368.
78. Crane, op. cit., p. 75.
79. Tabula exemplorum, op. cit., p. 83.
80. « Le crédit et les Juifs dans la France du XIIIe siècle », Annales E.S.C., 1969, p. 1137.
81. Dialogus miraculorum, XII, XXIV, in Strange, op. cit., t. II, pp. 335-336.
82. Ibid., XII, 18.
83. Lecoy de la Marche, op. cit., p. 362.
84. Thomas de Chobham, op. cit., pp. 506-507.
85. Ibid, pp. 515-516.
86. Lecoy de la Marche, op. cit., p. 364.
87. Dialogus miraculorum, II, VII, in Strange, op. cit., t. I, p. 72.
88. Ibid.
89. Lecoy de la Marche, op. cit., p. 369.
90. Ibid., pp. 366-367.
91. Dialogus miraculorum, III, LII, in Strange, op. cit., t. I, p. 169.
92. Ibid, II, VIII.
93. Ibid., II, XXXI, in Strange, op. cit., t. I, pp. 103-105.
94. Ibid., II, XXXIV-XXXV, in Strange, op. cit., t. I, pp. 108-109.
95. Sermon « ad status », 59, 18.
96. Dialogus miraculorum, XII, XXVI.
97. Dante, La Divine Comédie, trad. fr. de L. Espinasse-Mongenet, Paris, Libraires
associés, 1985, Enfer, XVII, v. 43-78.
98. Ezra Pound, Les Cantos, trad. fr. Paris, Flammarion, 1986, « Canto XLV ».
99. Id., ibid., « Addendum à C ».