Pec2021 20211109-1
Pec2021 20211109-1
Pec2021 20211109-1
2060
Perspectives
énergétiques
canadiennes
– 2021 –
Référence à citer
Langlois-Bertrand, S., Vaillancourt, K., Beaumier, L., Pied, M., Bahn, O.,
Mousseau, N. (2021). Perspectives énergétiques canadiennes 2021 – Horizon
2060, avec la contribution de Baggio, G., Joanis, M., Stringer, T. Institut de
l’énergie Trottier et Pôle e3c – [En ligne] http://iet.polymtl.ca/perspectives-
energetiques/ (page consultée le jour/mois/année).
Le présent rapport met l’accent sur la situation qui prévaut au Canada, envisagés par les Canadiens et de souligner le potentiel qu’ont
ce qui lui permet de fournir une analyse adaptée au système énergétique ceux-ci de jumeler la transition énergétique avec une amélioration
particulier du pays. Il offre également la possibilité de comparer la façon de leur qualité de vie.
dont différents pays relèvent des défis semblables en matière d’atteinte 2. Permettre une analyse approfondie des différences qui existent
de la carboneutralité en identifiant certains points communs et entre les provinces au sein de ces trajectoires. Il est essentiel de
caractéristiques distinctes des mesures qu’ils ont prises. De plus, il garder à l’esprit les variations provinciales dans ce contexte pour
complète les travaux de recherche qui sont résumés ci-dessus en au moins deux raisons :
s’appuyant sur une approche de modélisation approfondie du point de
vue technologique qui permet d’étudier un grand ensemble de scénarios a. L’importance des efforts politiques consentis pour réduire les
dont les coûts sont optimisés. Pour ce faire, il adopte une forme émissions varie considérablement d’une province à l’autre en
traditionnelle, c’est-à-dire qu’il prévoit la production et la consommation fonction des différences dans la structure de leurs économies,
d’énergie du Canada dans les prochaines décennies en fonction de ces de la taille de leur population et de sa répartition entre les
différents scénarios et il projette les émissions de GES du pays en y régions rurales et urbaines, ainsi que des préférences, des
incluant celles qui proviennent d’activités qui ne sont pas liées à valeurs et des idéologies qui prévalent dans leur population et
l’énergie. Ce rapport se base sur le scénario de la demande d’énergie de leur classe politique.
la Régie de l’énergie du Canada pour établir son scénario de référence. b. De plus, ces différences se marquent dans le contexte d’une
Il se concentre cependant de manière plus précise sur la transformation fédération où une part importante de la compétence en
qui est en cours dans le secteur énergétique du Canada et il étudie matière d’énergie relève des provinces. Bien que cette
l’impact de cette transformation sur l’économie générale ainsi que sa situation complique la réalisation des initiatives nationales
dépendance à l’égard de diverses mesures provinciales et fédérales de visant à coordonner les efforts de réduction des émissions et
réduction des émissions de GES. à transformer l’économie, elle souligne également le fait
qu’une approche à l’échelle nationale est susceptible de
permettre une répartition plus efficace des coûts de transition.
1.2 Les objectifs de ces Perspectives
3. Fournir une analyse approfondie des principaux aspects liés à
L’atteinte de la carboneutralité nécessite une transformation en l’atteinte de la carboneutralité, par opposition à une simple
profondeur de tous les secteurs d’activité, y compris une transition du réduction des émissions. Cela inclut l’examen des familles clés de
système énergétique canadien. Ces Perspectives visent à permettre de technologies permettant de transformer les systèmes énergétiques,
mieux comprendre de ce qui se passe aujourd’hui afin d’être davantage le captage d’un certain volume d’émissions de carbone et la façon
en mesure d’examiner de quelle façon nous pourrons créer le Canada de traiter le cas particulier du secteur industriel.
de demain. À cette fin, les scénarios envisagés produisent des résultats Le rapport PEC2021 n’est pas une boule de cristal et ne peut donc pas
qui sont analysés à la lumière de plusieurs objectifs primordiaux : prédire l’avenir. Il analyse plutôt des trajectoires d’optimisation des coûts
1. Identifier les trajectoires possibles permettant d’atteindre les qui sont surtout évaluées du point de vue du système énergétique et en
objectifs de carboneutralité en fonction de différentes échelles réponse à des contraintes externes telles que la taxe sur le carbone ou
temporelles et des divers choix qui s’offrent à nous pour réaliser les plafonds d’émissions de GES. La modélisation laisse de côté
ces objectifs. Ces trajectoires recoupent le système énergétique certaines questions qui sont essentielles au bon fonctionnement d’une
canadien ainsi que d’autres activités propres à certains secteurs société, notamment l’équité, la santé et l’éducation.
comme les procédés industriels et l’agriculture. Analyser la façon
dont les différentes trajectoires les affectent devient une démarche
essentielle pour comprendre les implications de la transition
énergétique qui aura lieu dans les décennies à venir. Cette analyse
permettra également de mettre en évidence certains choix qui sont
1.3 Les scénarios prospectifs menant Tableau 1.1 – Description du scénario de référence et des scénarios de réduction des émissions de GES
à la carboneutralité Nom Description
REF Le scénario de référence.
Tout au long de ces Perspectives, nous examinons trois scénarios de
Ce scénario présente des résultats qui n’utilisent aucun objectif contraignant de réduction
réduction des émissions de GES qui mènent à la carboneutralité à des
des émissions de GES. Les hypothèses macroéconomiques (PIB, population, prix à l’exportation
années différentes, un scénario de référence pour la situation de statu
du pétrole et du gaz) sont conformes au scénario de référence utilisé dans le rapport Avenir
quo, et un scénario de référence supplémentaire qui prend en compte
énergétique du Canada en 2020 de la Régie de l’énergie du Canada (REC, 2020), lequel n’impose
l’impact du calendrier de tarification du carbone jusqu’en 2030 qui a
aucune contrainte supplémentaire en matière de réduction des émissions de GES, mais inclut les
été récemment annoncé (voir les descriptions dans le tableau 1.1). Tous
politiques qui sont déjà en vigueur.
les scénarios sont analysés par l’entremise du modèle énergétique nord-
américain TIMES (NATEM)1. CP30 Ce scénario utilise le scénario REF et lui ajoute le calendrier d’augmentation de la tarification
Ces scénarios ont été choisis pour contribuer à l’atteinte des objectifs du carbone annoncé par le gouvernement fédéral à la fin de 2020, lequel atteint un prix de
énoncés dans la section précédente, en permettant de : 170 $/t d’équivalent CO2 en 20302. Pour accélérer l’impact de la tarification du carbone, ce
scénario abaisse également le taux de rendement minimal par rapport à la pratique
1. Décrire la faisabilité et les implications des scénarios menant à courante.
la carboneutralité (CN), en fournissant des détails sur la forme
qu’ils prendraient ainsi que les technologies et les utilisations qu’ils NZ60 Ce scénario impose un objectif de carboneutralité pour l’ensemble de l’équivalent CO2
entraîneraient dans leur sillage. émis d’ici 2060, ainsi qu’une réduction des émissions par rapport à 2005 de l’ordre de 30 %
2. Avoir une meilleure compréhension du rythme optimal des options d’ici 2030 et de 80 % d’ici 2050. C’est le reflet des objectifs canadiens antérieurs qui ont été
d’atténuation grâce à des scénarios ayant des objectifs progressifs prolongés pour atteindre la carboneutralité en 2060. Les hypothèses macroéconomiques
en matière de réduction des émissions. utilisées dans tous les scénarios CN correspondent au scénario Évolution tel que défini dans
le rapport Avenir énergétique du Canada en 2020 de la REC (REC, 2020).
3. Identifier les points saillants des implications découlant de
l’adoption d’un calendrier encore plus ambitieux que l’objectif du NZ50 Ce scénario impose un objectif de carboneutralité pour l’ensemble de l’équivalent CO2
Canada pour 2050, soit un scénario qui vise à atteindre la émis d’ici 2050 ainsi qu’un objectif de 40 % de réduction des émissions d’ici 2030 par
carboneutralité d’ici 2045. rapport à 2005. C’est le scénario qui correspond de plus près aux objectifs mis en place
par le gouvernement actuel.
NZ45 Ce scénario impose un objectif de carboneutralité pour l’ensemble de l’équivalent CO2
émis d’ici 2045 ainsi qu’un objectif de 45 % de réduction des émissions d’ici 2030.
1
L e NATEM est un modèle d’optimisation des systèmes
énergétiques mis en œuvre par la firme ESMIA Consultants
Inc. Il utilise le générateur de modèle du système intégré
MARKAL-EFOM (TIMES), développé et distribué par le
Programme d’analyse des systèmes de technologie
énergétique (ETSAP) de l’Agence internationale de l’énergie
(AIE) et utilisé par des institutions dans près de 70 pays.
2
D eux ajustements ont dû être apportés pour intégrer ce
calendrier : premièrement, un taux d’actualisation a été
utilisé pour transformer les tarifs proposés par le
gouvernement dans le calendrier en leur équivalent pour
l’année où ils sont en vigueur (par exemple, le tarif de
170 $ annoncé cette année vaut, en dollars constants,
131 $ en 2030 après indexation en fonction de l’inflation);
deuxièmement, ce tarif maximum atteint en 2030 est
par la suite indexé en fonction de l’inflation pour le reste
de la période, c’est-à-dire jusqu’en 2060.
Tous les scénarios sont basés sur des objectifs fixés à l’échelle nationale. e. Les efforts d’atténuation des changements climatiques dans
Le modèle répartit les réductions de manière optimale entre les d’autres pays : les baisses de la demande d’exportations découlent
provinces afin d’atteindre ces objectifs en fonction des coûts et des des hypothèses de prix formulées dans le scénario Évolution de la
technologies disponibles. En conséquence, les trajectoires provinciales REC; elles sont le reflet d’un certain nombre de mesures qui ont été
diffèrent dans le rythme et l’étendue des transformations des divers adoptées ailleurs dans le monde pour contrer les changements
secteurs, et les émissions nettes restantes dans chaque province varient climatiques.
en fonction de leurs contraintes particulières. Comme le montre la Une analyse de l’impact de chacune de ces hypothèses ainsi que de
deuxième partie de ce rapport, les résultats indiquent clairement qu’il certaines incertitudes qui leur sont associées est présentée lorsque cela
sera nécessaire de procéder au captage d’un fort volume d’émissions, est pertinent, y compris dans les analyses de sensibilité (tout
de mener de nombreuses activités générant des émissions négatives particulièrement dans le chapitre 9).
et d’utiliser la technologie d’extraction directe dans l’air à grande échelle
pour que les émissions soient neutres d’un point de vue national et afin
de compenser les émissions restantes dans chaque province.
Enfin, il convient de mentionner quelques-unes des principales
catégories d’hypothèses utilisées par le modèle :
a. Le prix des produits énergétiques importés et exportés : les prix
utilisés dans les scénarios REF et TC30 correspondent à ceux du
scénario de référence de la REC; les prix indiqués dans les scénarios
CN sont tirés du scénario Évolution de la REC;
b. Les projections de la demande de services énergétiques : un point
de départ pour la demande de services énergétiques est établi à
partir du scénario de référence, et le modèle NATEM dispose de ses
propres mécanismes d’élasticité des prix qui permet aux différentes
demandes de réagir à leurs propres prix;
c. Les développements technologiques : le modèle utilise une base
de données sur les technologies émergentes qui s’appuie sur la
littérature et où les technologies sont définies en fonction de leur
niveau de maturité technologique;
d. L’évolution des attributs techniques et économiques des technolo-
gies au fil du temps : des hypothèses réalistes sur l’évolution des
technologies et leur coût sont établies sur la base d’une revue de
la littérature; des hypothèses sont formulées à mi-parcours lorsqu’il
existe de grandes divergences dans les projections;
De même, en février 2020, Teck Resources a annoncé sa décision de Dans la mouvance de ces protestations, le projet GNL Québec a perdu
retirer sa proposition de mine de sables bitumineux Frontier, laquelle celui qui était son principal investisseur. Le projet GNL Québec visait à
était toujours en attente d’une approbation fédérale. Évalué à transporter du gaz naturel de l’Ouest canadien vers la région du
20 milliards de dollars, ce projet aurait été le plus important du genre Saguenay au Québec pour le transformer et l’exporter vers l’Europe et
dans le domaine des sables bitumineux canadiens. La compagnie a l’Asie. La firme Berkshire Hathaway, qui devait fournir la plus grande
expliqué sa décision en évoquant les nombreuses incertitudes qui partie du financement du projet, a annoncé sa décision de retirer sa
existent dans le contexte canadien actuel, notamment des facteurs participation en invoquant l’incertitude du contexte politique canadien.
économiques liés aux prix trop faibles du pétrole et l’opposition politique. En mars 2021, un rapport du Bureau d’audiences publiques sur
Le gouvernement du Canada s’est porté acquéreur de l’oléoduc Trans l’environnement concluait que l’acceptation sociale du projet ne pouvait
Mountain en 2018 et a approuvé son projet d’agrandissement en 2019. être établie ou confirmée et que les risques économiques et
Sa construction est administrée par une société d’État. En 2019, le environnementaux du projet l’emportaient sur ses bénéfices potentiels
gouvernement a mené une deuxième série de consultations sur le projet (Bergeron et Pilotto, 2021).
avec les populations autochtones. Cela a permis, par la suite, de lever
un éventuel obstacle juridique lorsque la Cour suprême a refusé en mars
2020 d’entendre une contestation des groupes autochtones et
environnementaux. La construction du projet d’oléoduc, maintenant
évaluée à 12,6 milliards de dollars, s’est poursuivie jusqu’en 2020.
En Colombie-Britannique, les protestations se sont intensifiées au sujet
du Coastal GasLink, un gazoduc destiné à transporter du gaz naturel
vers une usine de liquéfaction à des fins d’exportation à partir de la côte
ouest. Le tracé de l’oléoduc traverse les terres traditionnelles de
plusieurs peuples des Premières Nations, et les désaccords entre les
chefs héréditaires du peuple Wet’suwet’en et les conseils de bande élus
ont perduré quant à l’opportunité d’appuyer le projet. L’arrestation des
manifestants par la Gendarmerie royale du Canada au début de 2020
a entraîné des manifestations à travers le pays. Celles-ci ont surtout pris
la forme de blocages ferroviaires et ont provoqué des perturbations
durant plusieurs semaines dans le transport des passagers et des
marchandises. Après plusieurs rencontres, le gouvernement et les
dirigeants wet’suwet’en sont parvenus à un accord de principe qui
nécessite l’approbation de la population de la nation, mais qui exclut
l’oléoduc lui-même. La consultation publique a été reportée et le rythme
des discussions a ralenti en raison de la pandémie de la COVID-19, bien
que des pourparlers soient toujours en cours et que la construction de
l’oléoduc ait commencé.
3
ne précédente initiative référendaire, prévue pour
U
novembre 2020, a été jugée inconstitutionnelle
par la Cour suprême du Maine en raison de sa formulation.
Une nouvelle initiative a par la suite été déposée pour
corriger ce problème.
4
h ttp://www.cleanenergyministerial.org
5
https://erh2.ca
6
https://information-energie.canada.ca/fr
7
h ttps://parl.ca/DocumentViewer/fr/43-2/projet-loi/C-12/
premiere-lecture
8
A
gir pour l’environnement. Le Plan conservateur pour lutter
contre le changement climatique , 15 pages. En ligne,
https://cpcassets.conservative.ca/wp-content/
uploads/2021/04/15104513/1d1a4ab60d1192e1.pdf
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Langlois-Bertrand, S., K. Vaillancourt, O. Bahn, L. Beaumier, N.
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de l’énergie Trottier et e3Hub. https://iet.polymtl.ca/perspectives-
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du Canada. https://www.cer-rec.gc.ca/fr/donnees-analyse/avenir-
energetique-canada/2020/avenir-energetique-canada-2020.pdf
2.1 Caractéristiques générales Figure 2.1 – Approvisionnement, transformation et consommation d'énergie au Canada
permettant au Canada d'être un exportateur majeur d'énergie explique Gaz naturel (808 PJ)
8 212 PJ
non seulement la taille et la composition de son secteur énergétique Charbon (230 PJ)
(présenté dans ce chapitre), mais aussi comment et où l'énergie est
929 PJ
1 232 PJ AUTRES
138 PJ
1 197 PJ
(2 922 PJ)
USAGES NON
787 PJ ÉNERGÉTIQUES
Biocarburant et déchets (572 PJ) 136 PJ
(928 PJ)
AUTO-CONSOMMATION
Uranium (1 099 PJ)
ÉNERGIE PERDUE ET
453 PJ 647 PJ
(3 810 PJ)
646 PJ
113 PJ
Génération
1 420 PJ
d’électricité
Hydro (1 389 PJ) (3 914 PJ) 1 744 PJ
Note : Les flux de moins de 50 PJ ne sont pas représentés. Les totaux peuvent ne pas correspondre dû à des erreurs d’arrondi. La consommation finale sous « Autres »
inclut les secteurs résidentiel, commercial, les services publics, l’agriculture et la foresterie, les pêcheries et autres usages non spécifiés. Source: IEA 2021
2.1.2 Ressources nationales Tableau 2.1 – L’énergie au Canada : classement mondial des réserves/capacités, de la production
La Canada se distingue notamment par un accès privilégié à de et des exportations (2019)
nombreuses ressources énergétiques sur son territoire, dont des
Réserve/capacité
combustibles fossiles, du minerai d’uranium et une forte production Ressource énergétique Production Exportations
prouvées
d’électricité non émettrice. Comme le montre le Tableau 2.1, le Canada
occupe une position enviable en ce qui concerne les ressources de Pétrole brut 3 4 4
pétrole brut (3e plus grande réserve au monde, 4e producteur mondial),
Uranium 3 2 4
de gaz naturel (4e producteur mondial) et d’énergie hydroélectrique
(3e au monde en matière d’électricité produite). Lorsque l’on prend en Hydroélectricité 3 3 -
compte toutes les sources d’énergie, le Canada est le 6e producteur Électricité 8 6 3
d’énergie de la planète et l’un de ses principaux exportateurs nets
(RNCAN 2021). Ces activités créent 282 000 emplois directs et Charbon 16 13 7
génèrent plus de 7,2 % du PIB du pays. Gaz naturel 17 4 6
Source : NRCAN 2021
2.2 Les combustibles fossiles Tableau 2.2 – Production de combustibles fossiles (PJ)
Le Tableau 2.2 montre l’évolution des niveaux de production de Combustible 1999 2004 2009 2014 2019
combustibles fossiles. Le pétrole brut (54,8 %) et le gaz naturel (34,7 %) Pétrole brut 4 615 5 859 6 151 8 593 10 735
sont les principaux combustibles produits, le charbon et les liquides de
Gaz naturel 6 842 7 096 6 229 6 400 6 800
gaz naturel constituant le reste de cette production. Le Canada est le
4e producteur mondial de pétrole brut, et ce, bien que les niveaux de Charbon 1 725 1 420 1 388 1 514 1 139
production des États-Unis, de la Russie et de l’Arabie saoudite soient
Liquides de gaz naturel (LGN) 662 651 631 660 919
largement supérieurs au double des niveaux canadiens. En ce qui
d’usine de transformation du gaz
concerne le gaz naturel, les États-Unis et la Russie sont dans une classe
à part, et ont chacun une production quatre fois supérieure à celle du Source : Statistique Canada, 2021a
2.3 L'uranium
En 2019, le Canada a produit 13 % (environ 7 kt) de la production
mondiale d’uranium, ce qui le classe au deuxième rang mondial. Malgré
cette position avantageuse, la production a été réduite de moitié par
rapport à ce qu’elle était avant que la baisse des prix n’entraîne l’arrêt de
l’extraction d’uranium dans plusieurs sites à partir de 2016 et 2017. En
termes de contenu absolu d’énergie primaire, la production d’uranium
correspondait à 8 859 PJ d’énergie primaire en 2018 (RNCAN 2021), la
plaçant entre les productions de gaz naturel et de pétrole (Tableau 2.2).
2.4 Les produits pétroliers Tableau 2.3 – Capacité de raffinage par usine et par province (2020)
Le Canada possède seize raffineries de pétrole en activité sur son Raffinerie Province Capacité (kb/jour) Total par province
territoire (Tableau 2.3). Bien qu’il existe certaines variations dans la Tidewater Midstream Colombie-Britannique 12
production des différentes raffineries, les principaux produits raffinés à 67
l’échelle nationale sont l’essence (38 % du total) et le carburant diesel
Parkland Colombie-Britannique 55
(27 %). Ces deux combustibles sont principalement utilisés dans le North West Redwater Alberta 80
secteur du transport et distribués par l’entremise d’un réseau comptant
Suncor Alberta 142
quelque 12 000 stations-service. Les 35 % qui restent consistent en une 509
longue liste de produits raffinés, dont le butane, les mazouts légers et Imperial Alberta 187
lourds, l’asphalte et les matières premières utilisées à diverses fins par
Shell Alberta 100
l’industrie pétrochimique (Statistique Canada, 2021g). Le principal
produit raffiné est le carburéacteur qui compte pour 6,2 % du total. Federated Co-op Saskatchewan 130 130
Même si la production totale du Canada est suffisante pour répondre Imperial (Sarnia) Ontario 120
aux besoins du pays, divers facteurs régionaux et une demande
Imperial (Nanticoke) Ontario 112
fluctuante pour les produits pétroliers raffinés font en sorte que les
échanges commerciaux demeurent importants pour assurer un équilibre Shell Ontario 75 408
opportun entre la demande et l’offre au pays. En 2019, les exportations Suncor Ontario 85
s’élevaient à 1 003 PJ, alors que les importations totalisaient 693 PJ.
Petro-Canada Lubricants Ontario 16
Il convient également de noter le fait que les sables bitumineux de
l’Ouest canadien ont accru leur part dans l’approvisionnement des Suncor Québec 137
raffineries canadiennes au cours des 20 dernières années. En 1998, 402
Valero Québec 265
13,8 % de l’approvisionnement des raffineries canadiennes était constitué
de pétrole brut synthétique provenant des sables bitumineux canadiens; Irving Nouveau-Brunswick 318 318
en 2018, cette part était passée à 28,1 %. Cette croissance s’est faite North Atlantic Refining Terre-Neuve-et-Labrador 130 130
au détriment du pétrole brut léger classique (- 9,6 %) et du pétrole brut
lourd (- 6,5 %) (Statistique Canada, 2021b). Cette situation est le résultat Total pour le Canada 1 964 1 964
d’une augmentation de l’ordre de 215 % de la production pétrolière Source : Association canadienne des carburants, 2021
canadienne (provenant en grande partie des sables bitumineux),
associée à la difficulté d’atteindre les marchés internationaux, et ce, à
des prix qui soient considérés comme étant bas par rapport aux autres
marchés pétroliers (Statistique Canada, 2021b).
2.5 La production d’électricité Figure 2.2 – Production d’électricité selon la source (services publics et industries)
L’énergie extraite de la biomasse solide (déchets de bois, granulés, etc.) Éthanol (million de litres) Biodiesel (million de litres)
sert essentiellement à la production de chaleur, et seule une petite part Production 1 900 400
de la biomasse est utilisée pour la production d’électricité. Les
Importations 1 232 548
carburants liquides (éthanol et biodiesel), qui sont également produits
à partir de la biomasse, sont surtout mélangés à leurs homologues Exportations 0 301
fossiles pour permettre aux distributeurs de carburant de respecter les
Consommation intérieure 3 132 647
règlements provinciaux et fédéraux en matière de mélanges d’essence
et de diesel; la part des biocarburants dans ces mélanges varie de Source : RNCAN, 2021
Bien que le Canada produise et exporte une grande quantité d’énergie, Figure 2.3 – Exportations d’énergie
les contraintes géographiques et les variations de la demande et des
coûts font qu’une part importante des besoins énergétiques du Canada
sont comblés par les importations (Figure 2.4). Historiquement, les
importations étaient surtout destinées aux provinces du centre et de
l’est du pays, mais à la suite des changements survenus ces dernières
années, la production des provinces de l’ouest fournit une part beaucoup
plus grande du pétrole consommé en Ontario, au Québec et dans les
provinces de l’Atlantique. Cette évolution a réduit de beaucoup la
diversité des fournisseurs d’énergie, d’autant plus que la plupart des
importations récentes proviennent des États-Unis (74 % des importations
d’énergie en termes de valeur). En 2019, ces importations représentaient
26 % de la consommation canadienne de pétrole brut, 22 % de la
consommation de gaz naturel, 20 % de la consommation de charbon et
6 % des produits pétroliers consommés au Canada (RNCAN, 2021).
Depuis 1999, les importations d’énergie ont augmenté de 41,8 %, en
grande partie grâce au gaz naturel qui a vu sa part des importations
totales passer de 0 % à 30,2 %. Les importations de produits pétroliers
raffinés ont également connu une forte augmentation (+ 87,4 %), alors Source : Statistique Canada, 2021a; RNCAN, 2021
que les importations de pétrole brut ont fluctué tout en demeurant
relativement stables au cours de cette période. La part du charbon, Figure 2.4 – Importations d’énergie
quant à elle, a chuté, passant de 18,6 % à 5,7 % des importations totales.
Enfin, le Tableau 2.5 fournit les données sur le volume du commerce des
biocarburants. Malgré l’importance de son secteur agricole, le Canada
dépend des États-Unis pour combler 40 % de ses besoins en la matière.
Alors que l’éthanol produit n’est pas exporté, des facteurs géographiques
liés à la demande de biodiesel ont favorisé certains échanges
commerciaux entre les provinces, étant donné que les règlements
fédéraux et provinciaux sur les mélanges sont moins stricts pour ce
carburant.
2.8 Les différences entre les provinces Tableau 2.6 – Production de pétrole brut par province (PJ)
La production de pétrole et gaz est très inégale au Canada. Si, depuis 1999 2004 2009 2014 2019 Part (2019)
plus de 20 ans, l’Alberta est responsable pour bien plus que la moitié Alberta 3 346 3 968 4 380 6 659 8 634 80,4 %
de la production canadienne de ces deux carburants, cette proportion a
Saskatchewan 839 967 965 x 1 123 10,5 %
atteint 80 % en 2019. La Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador ont
extrait la majeure partie du reste du pétrole brut canadien (Tableau 2.6), Terre-Neuve-et-Labrador 225 x x x 599 5,6 %
tandis que la Colombie-Britannique a assuré la majeure partie de la
Colombie-Britannique 101 106 76 x 254 2,4 %
production de gaz naturel à l’extérieur de l’Alberta (Tableau 2.7).
Autre 103 818 729 1,934 126 1,2 %
La production pétrolière de l’Alberta a plus que doublé au cours de la
même période, dépassant de loin la croissance de la production dans Canada 4 615 5 859 6 151 8 593 10 735 100 %
les autres provinces. La situation est différente pour le gaz naturel, où Source: Statistics Canada 2021a
la baisse de la production de l’Alberta a été compensée par celle de la
Colombie-Britannique qui a plus que doublé pour atteindre 27 % de la
production canadienne en 2019. Tableau 2.7 – Production de gaz naturel par province (PJ)
L’Alberta et la Colombie-Britannique sont responsables d’environ 85 % 1999 2004 2009 2014 2019 Part (2019)
de la production de charbon (RNCAN, 2021). Cependant, des problèmes Alberta 5 622 5 415 4 600 4 488 4 722 69,4 %
touchant la confidentialité des informations ne nous permettent pas de
présenter une ventilation plus détaillée des chiffres de production. Les Colombie-Britannique 859 1 096 1 154 1 511 1 843 27,1 %
liquides de gaz naturel, quant à eux, sont principalement produits en Saskatchewan 306 356 291 225 198 2,9 %
Alberta et en Ontario.
Autre 56 229 184 175 38 0,6 %
Les profils électriques des provinces présentent également des
différences notables (Figure 2.5). Par exemple, alors que la production Canada 6 842 7 096 6 229 6 400 6 800 100,0 %
d’hydroélectricité est celle qui domine à l’échelle nationale, la production Source : Statistique Canada, 2021a
d’électricité par l’entremise de centrales thermiques au charbon est
toujours importante dans les provinces de l’Alberta, la Saskatchewan, la
Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Toutes les provinces, à
l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard, utilisent du gaz naturel pour
produire de l’électricité; la quantité d’électricité ainsi produite peut
cependant varier considérablement entre les provinces, allant de
17 GWh au Manitoba à 38 930 GWh en Alberta. De plus, bien qu’elles
fournissent 15 % de l’électricité nationale, les deux seules centrales
nucléaires en activité sont situées en Ontario et au Nouveau-Brunswick.
En examinant le commerce interprovincial et international de l’électricité Figure 2.5 – Production provinciale d’électricité par source (2019)
(Tableau 2.8), on constate que les exportations du Labrador vers le
Québec constituent l’échange le plus important entre deux provinces au
Canada, résultat du contrat à long terme avec la centrale de Churchill
Falls. Le Québec occupe la deuxième place en matière de commerce
interprovincial, et ses exportations se font surtout vers l’Ontario et le
Nouveau-Brunswick. De plus, on note que le Québec et l’Ontario
exportent une grande partie de leur production vers les États-Unis,
tandis que la Colombie-Britannique, et dans une moindre mesure
l’Alberta, exportent également des quantités importantes d’électricité
vers les États du nord-ouest des États-Unis. Par rapport à leur taille,
Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick sont également
d’importants exportateurs nets d’électricité vers les États-Unis.
Notons également que si les exportations d’électricité vers les États-
Unis étaient comparables pour 2019 et 2018, elles ont chuté de 15 %
entre 2017 et 2018, après avoir connu un pic temporaire en 2016 et
2017. Les changements qui se sont produits dans les niveaux
d’exportation du Manitoba et de la Colombie-Britannique expliquent en
grande partie cette baisse. Source : Statistique Canada, 2021d, 2021e
Tableau 2.8 – Électricité, transferts interprovinciaux et commerce avec les É.-U. (2019)
Importations en Importations en Total des Exportations vers Exportations Total des Exportations
provenance des provenance des importations en les É.-U. (TWh) vers les autres exportations vers les É.-U.
É.-U. (TWh) autres provinces provenance des provinces (TWh) vers les autres (1 000 000 $)
(TWh) autres provinces provinces (TWh)
(TWh)
3.1 A
pprovisionnement et consommation Figure 3.1 – Approvisionnement national en énergie primaire, 1999-2019
énergétique
Le pétrole et le gaz naturel contribuent pour plus des deux tiers à l’appro-
visionnement en énergie primaire au Canada, la majeure partie du reste
étant fournie par l’électricité d’origine nucléaire et hydraulique ainsi que
le charbon (Figure 3.1). Au cours des 20 dernières années, la part du
charbon a diminué en raison notamment de l’élimination progressive de
ce combustible dans la production d’électricité en Ontario. Cette diminu-
tion a cependant été largement compensée par une utilisation accrue du
gaz naturel résultant souvent du déclin de l’utilisation du charbon. Les
énergies renouvelables autres que l’hydroélectricité, en particulier l’énergie
éolienne et les biocarburants1, ont joué un rôle de plus en plus important
bien que toujours marginal par rapport à l’approvisionnement énergétique
total2. Ces changements se sont accompagnés d’une augmentation de
l’approvisionnement énergétique global de l’ordre de 20 %, alors que les
combustibles fossiles conservaient leur part du pourcentage total.
Au Canada, les secteurs du transport et de l’industrie sont chacun
responsable d’environ un tiers de la demande totale d’énergie finale Source : Statistique Canada, 2021a
1
n raison de problèmes de disponibilité des données,
E
la Figure 3.1 ne présente pas l’approvisionnement en
biomasse. L’approvisionnement en biomasse solide
(principalement des produits du bois) représentait 487 PJ
en 2017, alors que les biocarburants (éthanol et biodiesel)
fournissaient 48 PJ supplémentaires. La production de
biomasse solide est restée assez constante au cours
des 20 dernières années, alors que la production de
biocarburants a connu une croissance continue
(RNCAN, 2021).
2
D ans ce graphique, les données disponibles ne permettent
pas de distinguer l’hydroélectricité et le nucléaire des autres
énergies renouvelables. Le chapitre 2 fournit davantage
d’informations sur la répartition par source de la production
d’électricité.
Cette section utilise des horizons de 10 et 20 ans afin de permettre Figure 3.2 - Approvisionnement net en énergie (primaire et secondaire) par secteur
l’analyse des variations à court et à long terme . Le secteur industriel
est responsable de la plus grande part de la consommation d’énergie à
l’échelle nationale. Les variations existant entre les sous-secteurs sont
présentées à la Figure 3.3. Bien que le secteur industriel dans son
ensemble ait vu sa consommation augmenter de 24,7 % de 1998 à
2018, cette augmentation varie considérablement d’un secteur à l’autre.
Le secteur minier notamment (y compris l’extraction de pétrole et de
gaz) a connu une augmentation de 224 % sur l’ensemble de la période,
reflétant son expansion rapide et le rôle central que ces activités jouent
dans l’économie de certaines provinces, ainsi que leur poids global dans
l’économie nationale. Demande finale totale
En revanche, des baisses ont été observées dans le secteur des pâtes
et papiers (- 29,6 %) et d’autres secteurs manufacturiers (- 10,1 %), ainsi
que dans ceux du raffinage du pétrole (- 19,9 %) et de la sidérurgie
(- 5,2 %). Bien que certaines de ces réductions puissent s’expliquer par
des améliorations en matière d’efficacité, il ne faut pas non plus négliger
l’impact de la fermeture d’un certain nombre d’entreprises.
Note : en raison de différences statistiques, les sommes peuvent différer des totaux. Source : Statistique Canada, 2021a
Figure 3.3 – Consommation d’énergie industrielle par industrie (1998, 2008 et 2018)
Note : les pourcentages indiqués sur l’axe vertical représentent la part de la consommation totale d’énergie du secteur (la somme n’équivaut pas à 100 % en raison de
l’arrondissement). Source : OEE, 2021
3
n raison de la non-disponibilité des données, certains
E
graphiques et tableaux utilisent l’année 2018 comme
année offrant les données les plus récentes, tandis que
d’autres utilisent l’année 2019.
Note : Les données sur l’éthanol et le biodiesel n’étaient pas disponibles et sont donc exclues des totaux. Source : OEE 2021
3.1.2 Le secteur du bâtiment Figure 3.5 – Consommation d’énergie dans le sous-secteur commercial et institutionnel par utilisation
Le profil du secteur du bâtiment, qui englobe la consommation finale (1998, 2008 et 2018)
résidentielle ainsi que la consommation commerciale et institutionnelle
(C. et I.), est assez différent.
Dans le sous-secteur C. et I. (Figure 3.5), le gaz naturel fournit 49,0 %
de l’énergie utilisée, suivi de l’électricité avec 45,9 %. Le mazout léger,
le kérosène, le charbon, le propane et d’autres combustibles fournissent
le reste de l’énergie consommée. Les équipements auxiliaires (16,2 %
de la consommation totale) constituent l’utilisation finale d’énergie qui
connaît la croissance la plus rapide (+ 199,1 % de 1998 à 2018), tandis
que le chauffage des locaux reste de loin la source de demande la plus
importante (53,2 %). L’éclairage arrive en troisième position (14,5 %),
alors que le chauffage de l’eau, la climatisation des locaux, les moteurs
auxiliaires et l’éclairage public représentent le reste de la demande du
secteur. Bien que la croissance de la surface utile (+ 35,4 % de 1998 à
2018) ait contribué à l’augmentation de la consommation d’énergie,
l’importance des équipements auxiliaires a également constitué un
facteur notoire, l’ensemble de ces facteurs entraînant une augmentation
de 44,8 % de la consommation totale d’énergie dans le sous-secteur
entre 1998 et 2018. Note : les pourcentages indiqués sur l’axe vertical représentent la part de la consommation totale d’énergie du sous-secteur (le total n’équivaut pas à 100 % en raison de
l’arrondissement). Source : OEE 2021
Le sous-secteur résidentiel (Figure 3.6) présente un profil de
consommation différent malgré certaines similitudes avec celui de La Figure 3.6 montre également que le gaz naturel constitue la
l’espace commercial. Le chauffage des locaux constitue également le première source d’énergie pour les deux principales utilisations finales
principal facteur de consommation d’énergie (64,0 %), le reste de la (chauffage des locaux et de l’eau), l’électricité occupant la deuxième
consommation provenant du chauffage de l’eau (17,4 %), des appareils position dans ce cas. Pour le chauffage des locaux, le bois reste
électroménagers (13,0 %), de l’éclairage (3,3 %) et de la climatisation également important (15,9 %) tandis que le mazout de chauffage ne
des locaux (2,3 %). Ces pourcentages sont demeurés stables pour la représente que 5,1 % après avoir vu sa part réduite de plus de la moitié
plupart au cours des 20 dernières années, bien que la climatisation entre 1998 et 2018.
des locaux ait doublé sa modeste part du total.
La division de la période permet également de mettre en évidence
d’autres différences importantes. La croissance de la consommation
d’énergie a été modeste après 2008, faisant suite à une période de
croissance beaucoup plus rapide de 1998 à 2008 (+ 12,5 %). Cette
tendance reflète les améliorations de l’efficacité énergétique, en
particulier pour le chauffage des locaux, comme l’indique la figure 3.5.
3.1.3 Le secteur de l’agriculture Figure 3.6 – Consommation d’énergie du sous-secteur résidentiel par utilisation finale
Le secteur de l’agriculture présente la plus petite part de la consomma- (1998, 2008 et 2018)
tion finale totale et consomme principalement un mélange de carburant
diesel (50,8 %), d’essence (17,3 %), de gaz naturel (13,5 %) et d’électricité
(11,6 %). Un examen plus approfondi du secteur montre la raison pour
laquelle les profils sectoriels globaux doivent être traités avec précau-
tion. Fin 2019, la grève du CN a provoqué une pénurie de propane, ce
qui a entraîné des difficultés économiques et conduit au gaspillage des
récoltes des producteurs de maïs dans certaines régions du pays. Pour
beaucoup de ces producteurs, le propane est la seule source d’énergie
permettant le séchage des récoltes à des fins de stockage; ce sous-sec-
teur présente donc une résilience limitée en cas de pénurie de ce com-
bustible. Cet exemple illustre de quelle façon la disponibilité limitée de
substituts énergétiques pour certaines utilisations finales peut affecter
certains secteurs économiques, et ce, même si la source d’énergie uti-
lisée ne représente qu’une petite part de leur besoins totaux.
Si l’on examine les profils provinciaux de consommation par habitant Figure 3.7 – Consommation totale d’énergie finale par province et par secteur (2018)
(Figure 3.8), les secteurs industriels de l’Alberta et de la Saskatchewan,
qui sont axés sur les activités de production de pétrole et de gaz, se
démarquent des autres. Il convient à nouveau de noter que l’omission
de la consommation des producteurs entraîne une sous-estimation de
la consommation totale du secteur industriel. Des données partielles
montrent que cette sous-estimation est particulièrement importante
en Alberta et en Saskatchewan : par exemple, la consommation du
secteur industriel de l’Alberta est plus de deux fois supérieure aux
chiffres présentés à la Figure 3.7.
Cependant, la situation qui prévaut dans le secteur de l’industrie
n’explique que partiellement les différences observées entre les
provinces. Les profils de consommation par habitant, en dehors du
secteur industriel, donnent une mesure plus précise de l’impact des
autres activités sectorielles sur la consommation d’énergie. Dans de
nombreuses provinces, l’agriculture peut être responsable d’une part
importante de la consommation d’énergie. C’est notamment le cas
pour la Saskatchewan, le Manitoba et l’Île-du-Prince-Édouard. La
consommation liée au transport des marchandises est également plus Source : Statistique Canada, 2021a
importante en Alberta et en Saskatchewan.
Le reste des différences s’observe dans le secteur du bâtiment Figure 3.8 – Consommation totale d’énergie finale par habitant, par province et par secteur (2018)
(résidentiel et commercial), où l’Alberta et la Saskatchewan affichent
encore une fois des niveaux plus élevés, tout comme Terre-Neuve-et-
Labrador et, dans une moindre mesure, le Manitoba. Le transport de
passagers présente beaucoup plus de similitudes entre les provinces,
et ce, même si les différences observées proviennent de la distance
parcourue, de l’absence de transport en commun et du choix de
véhicule, notamment à Terre-Neuve-et-Labrador.
Par conséquent, ces profils de consommation par habitant montrent
que les différences entre les provinces s’expliquent par d’autres
facteurs que la présence de certaines industries : la consommation
énergétique dans d’autres secteurs, notamment l’agriculture et le
transport de marchandises, est également importante. De plus, les
variations observées sont également la conséquence des choix qui ont
été faits pour la réalisation des activités quotidiennes, telles que la
préférence des véhicules de tourisme ou la source utilisée pour le
chauffage des locaux.
3.3 La productivité énergétique Figure 3.9 – Consommation et intensité énergétique des membres de l’OCDE (2015)
4.1 PIB, exportations et emplois Tableau 4.1 – Faits saillants sur l’énergie (2019)
Contribution directe au PIB 154 milliards $ (7,2 %)
L’importance économique du secteur de l’énergie est présentée en détail
dans le tableau 4.1. Les emplois directs et indirects que ce secteur Contribution indirecte au PIB 65 milliards $ (3,0 %)
génère représentent 4,4 % du total des emplois au Canada et le
Contribution totale au PIB 219 milliards $ (10,2 %)
pourcentage de sa contribution au PIB est de 10,2 %. Le secteur de
l’énergie est également responsable de 23 % des exportations de Emplois directs 282 000
marchandises. Dans l’ensemble, 81 % de la production canadienne de 550 500
Emplois indirects
pétrole brut, 43 % du gaz naturel, 75 % de l’uranium et 10 % de l’électricité
produite au Canada sont exportés. Bien que cette production soit Total des emplois 832 500 (4,4 % du total)
exportée dans un total de 141 pays, la majeure partie des exportations Exportations 134, 3 milliards $ (23 % des exportations de marchandises)
énergétiques du Canada est destinée à un seul marché, soit celui des
États-Unis. Importations 47,5 milliards $ (8 % des importations de marchandises)
Le pétrole et le gaz (y compris les produits pétroliers raffinés) constituent Source : RNCAN, 2021
La contribution du secteur de l’énergie à l’économie du pays est Tableau 4.2 – Emplois directs et contributions du secteur de l’énergie au PIB
considérable et représente 10,2 % de son PIB. Cette part du PIB ne
correspond cependant pas à une contribution similaire en matière Entité administrative Emplois directs (2019)a Contributions directes du secteur
d’emploi, puisque seulement 4,4 % des emplois canadiens sont liés au de l’énergie au PIB
secteur de l’énergie. Cette part est encore plus marginale du point de (millions de $, 2019)
vue de la contribution directe, car seulement 1,5 % des emplois au pays Canada 282 000 154 000
sont directement liés à ce secteur.
Alberta 138 372 76 001
À la suite des changements survenus en Ontario en ce qui concerne les
politiques de production d’énergie verte, les investissements dans Colombie-Britannique 24 077 15 030
l’énergie propre, à l’exclusion des investissements dans les Manitoba 5 842 3 857
infrastructures hydroélectriques de grande envergure, sont passés de
Nouveau-Brunswick 3 932 1 802
6,4 milliards de dollars américains en 2014 à 1,4 milliard de dollars
américains en 2019. La moitié de ces investissements annuels a Terre-Neuve-et-Labrador 6 683 7 571
été consacrée à l’énergie éolienne terrestre, tandis que la majeure
Nouvelle-Écosse 2 471 872
partie du reste a servi à financer le développement de l’énergie solaire
photovoltaïque. En 2018, le secteur de l’énergie propre générait Ontario 51 941 19 951
120 650 emplois, ce qui représente 42 % de l’ensemble des emplois
Île-du-Prince-Édouard 210 79
directs relevant du secteur de l’énergie et 1,7 % du PIB canadien (RNCAN,
2019; RNCAN, 2021). Québec 30 014 15 381
Saskatchewan 17 705 13 415
Territoires-du-Nord-Ouest 254 118
Nunavut 187 40
Yukon 105 39
a : Les chiffres provinciaux et territoriaux ne correspondent pas exactement au total national en raison de différences dans la méthodologie de traitement des données.
Source : NRCAN 2021
4.2 Recherche, développement Figure 4.1 – Dépenses publiques fédérales et provinciales/territoriales en RD et D dans le domaine
énergétique
et démonstration (RD et D)
Au cours des quatre dernières années, les dépenses fédérales en RD 1 400
Dépenses publiques fédérales
et D se sont accrues dans le secteur de l’énergie et cherchaient princi- en RD et D
palement à soutenir l’amélioration de l’efficacité énergétique et des 1 200 Dépenses publiques prov./territ.
en RD et D* (sauf CUSC)
techniques de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC). Dépenses publiques prov./territ.
Cette augmentation des investissements était conforme avec l’engage- 1 000 en RD et D* (seulement CUSC)
ment du Canada de doubler ses dépenses dans le domaine. Il avait pris
cet engagement dans le cadre de l’initiative Mission Innovation, une 800
initiative mondiale visant à accélérer l’innovation en matière d’énergie
$ millions
propre à l’échelle mondiale (Canada, 2020). 600
Tableau 4.4 – Dépenses des ménages liées à l’énergie selon le quintile de revenu (2019)
Q1 Q2 Q3 Q4 Q5
Dépenses totales des ménages 37 534 $ 55 487 $ 79 357 $ 110 542 $ 185 422 $
Part des dépenses énergétiques directes 6,4 % 6,2 % 6,0 % 5,0 % 3,7 %
Part des dépenses énergétiques indirectes 11,2 % 12,0 % 13,0 % 12,1 % 11,1 %
liées au transport
5.1 Les émissions de GES au Canada Figure 5.1 – Émissions de GES au Canada par secteur
consécutif à une augmentation des activités dans chacun des secteurs. de référence dans les graphiques de cette section en ce qui
a trait aux émissions de GES, car ce sont les deux années
de référence les plus couramment utilisées pour l’élaboration
des objectifs de réduction des GES. Les données les plus
récentes sur les émissions de GES disponibles pour le
Canada au moment de la rédaction du présent document
sont celles de l’année 2019.
La période allant de 2005 à 2019 brosse un tableau différent. Les Figure 5.2 – Émissions de GES selon la province
émissions des secteurs du bâtiment (résidentiel, commercial et
institutionnel) sont demeurées constantes, la croissance dans ces
secteurs étant compensée par la réduction de l’intensité des émissions,
laquelle s’explique par des gains en matière d’efficacité découlant
notamment d’une plus grande utilisation de l’électricité. Durant cette
même période, les émissions provenant de la production d’électricité et
de chaleur ainsi que celles produites par les industries autres que celles
du pétrole et du gaz ont chuté de manière significative (- 56,2 Mt et - 3,6
Mt respectivement). La plupart des réductions d’émissions réalisées
dans le secteur de l’électricité proviennent du changement de
combustible utilisé pour produire de l’électricité, comme c’est le cas en
Ontario où le gaz naturel a remplacé le charbon. L’abandon progressif
du charbon dans la production d’électricité devrait permettre de réaliser
des réductions supplémentaires au cours des prochaines années.
À l’inverse, la part des émissions de GES des industries du pétrole, du
gaz et du raffinage a systématiquement augmenté au cours des 30
dernières années, passant de 15,7 % en 1990 à 19,3 % en 2005 pour
atteindre 23,6 % des émissions totales en 2019. Même si certaines Source : ECCC, 2021
améliorations technologiques apportées à la production des sables
bitumineux ont permis une réduction des émissions par baril de 12 %
entre 2005 et 2015 (RNCAN, 2021a), ce secteur contribue pour près
du tiers des émissions liées à l’énergie. On observe une tendance
similaire dans le secteur du transport, dont la part des émissions de GES
a constamment augmenté, passant de 24,1 % en 1990 à 25,7 % en 2005
avant d’atteindre 29,7 % des émissions totales en 2019. Ces deux
secteurs pris ensemble sont responsables de plus de la moitié des
émissions de GES du pays et leurs émissions ont connu une croissance
plus rapide en termes absolus que tout autre secteur pour la période
comprise entre 1990 et 2019.
La ventilation des émissions totales par province (figure 5.2) montre que
toutes les provinces productrices de pétrole et de gaz, y compris la
Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-
Labrador, ont connu une croissance systématique de leurs émissions
totales de GES au cours des trois dernières décennies. À l’exception du
Manitoba, toutes les autres provinces présentent des émissions
inférieures à celles de 1990. Il faut noter cependant qu’il ne s’agit que
d’une faible réduction.
En raison de l’importance de son secteur pétrolier et gazier, l’Alberta est, Figure 5.3 – Évolution des émissions de GES par habitant au Canada
et de loin, la province responsable de la plus grande quantité d’émis-
sions de GES au pays. Les émissions de la Saskatchewan sont aussi
nettement plus substantielles que ne le suggère la taille de sa popula-
tion et de son économie. En outre, ces deux provinces affichent la plus
forte augmentation des émissions totales de GES pour les périodes
allant de 1990 à 2005 et de 2005 à 2019. Cet accroissement de leurs
émissions de GES est la conséquence directe de l’augmentation de leur
production pétrolière et gazière.
Ces tendances ont aussi eu pour effet de créer un écart considérable en
matière d’émissions par habitant entre l’Alberta et la Saskatchewan
d’une part, et toutes les autres provinces d’autre part. Cela inclut la
Colombie-Britannique, qui a connu une baisse de 18 % de ses émissions
par habitant entre 1990 et 2019, et ce, malgré une croissance de ses
émissions liées à la production de gaz (figure 5.3).
Comme nous le montre la figure 5.3, une grande partie de l’augmentation
des émissions de GES en Alberta et en Saskatchewan est attribuable à
l’importance du secteur pétrolier et gazier dans ces provinces (y compris
les sources d’émissions fugitives). Cependant, cette tendance résulte Note : En raison d’un manque de disponibilité des données, les chiffres de 1990 utilisent les données démographiques de 1991 pour le Nunavut et les Territoires
du Nord-Ouest. Source : ECCC, 2021; Statistique Canada, 2021
également de chiffres par habitant supérieurs pour le secteur du
transport, d’une plus grande utilisation des combustibles fossiles dans Figure 5.4 – Émissions par habitant en dehors du secteur pétrolier et gazier selon la province (2019)
la production d’électricité et, dans le cas de la Saskatchewan, de la très
grande importance de son secteur agricole.
Note : En raison d’un manque de disponibilité des données, les chiffres de 1990 utilisent les données démographiques de 1991 pour le Nunavut et les Territoires
du Nord-Ouest. Source : ECCC, 2021; Statistique Canada, 2021
https://www.saskpower.com/about-us/our-company/
blog/2021/bd3-status-update-march-2021
5.3 A
perçu général des politiques :
cibles et objectifs
Les gouvernements fédéral et provinciaux ont annoncé plusieurs Ce choix a été fait dans un contexte où le présent chapitre vise à fournir
objectifs et politiques concernant l’énergie, les émissions de GES et la un aperçu de la situation telle qu’elle se présente en 2021 et doit, à
tarification du carbone. Ces politiques comprennent diverses mesures cette fin, refléter l’état des lieux au moment de la publication. Cependant,
incitatives visant à amener un changement dans les comportements et il faut mentionner que les scénarios excluent les objectifs ou les
les modes de consommation d’énergie, à encourager ou accélérer mesures qui ont fait seulement l’objet d’annonces ou qui n’en sont
l’adoption de certaines technologies, à augmenter la part des sources encore qu’aux premiers stades de conception et de mise en œuvre. Les
renouvelables dans le bouquet énergétique, à diminuer les émissions de détails concernant ces exclusions sont mentionnés dans les chapitres
GES et à fixer un prix pour les émissions de carbone. Ces politiques suivants.
partagent certains points en commun et plusieurs de leurs objectifs se Il faut également noter que même les objectifs et les plans d’action
complètent. prescrits par la loi ne permettent pas d’atteindre les objectifs fixés de
Les sections suivantes fournissent chacune un résumé des objectifs et manière automatique. Par conséquent, il est essentiel de procéder à un
des principales mesures incitatives proposées par les différents examen détaillé des politiques et de leur mise en œuvre jusqu’à présent
gouvernements, puis elles passent en revue les principaux efforts pour se donner une idée juste de l’ampleur des efforts consentis par les
politiques qui sont consentis pour les atteindre4. L’année de référence gouvernements fédéral et provinciaux vers l’atteinte de ces objectifs.
ainsi que la date à laquelle l’objectif doit être atteint sont indiquées. Pour saisir l’aspect quantitatif de l’impact de ces mesures, le lecteur est
Bien que cette présentation ne précise pas si l’objectif a été inscrit dans renvoyé au scénario de référence qui sera présenté dans les chapitres
la législation ou la réglementation à l’heure actuelle, la distinction suivants et qui intègre l’essentiel de ces mesures.
concernant le statut réglementaire ou juridique des objectifs est
néanmoins importante. L’annonce d’une cible à atteindre dans un
communiqué gouvernemental ou au cours d’une campagne électorale
n’a pas le même poids que la publication d’un plan stratégique officiel
précisant l’objectif poursuivi et énumérant les mesures concrètes pour
l’atteindre. À leur tour, de telles annonces sont également différentes de
l’adoption d’une loi ou d’un règlement précisant la manière dont le
gouvernement compte mettre en œuvre ces mesures.
5.4 L es politiques fédérales en matière À l’automne 2015, peu après son élection, le gouvernement libéral du
Canada a signé l’Accord de Paris et présenté une série de plans destinés
climatique à permettre l’atteinte de ses objectifs de réduction des émissions de
GES. Au cours de son premier mandat, la réduction de 30 % des
Principaux objectifs et mesures incitatives
émissions d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005 est demeurée
Réduction des émissions de GES le principal objectif à moyen terme du gouvernement. Les scénarios
• Une diminution de 40 à 45 % (par rapport à 2005) d’ici 2030 décrits dans les communications présentées par ce dernier à la
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques
• La carboneutralité d’ici 2050 avaient également pour objectif de réduire ses émissions de 80 % d’ici
• Une diminution de 40 % (par rapport à 2005) d’ici 2030 2050. Au cours de la campagne électorale de 2019, le gouvernement
pour les opérations de l’État a promis de mettre en œuvre un plan pour réaliser l’objectif de
carboneutralité pour 2050; à cette fin, en décembre 2020, il a présenté
Tarification du carbone sa nouvelle stratégie de politique climatique afin de donner un cadre
• Une taxe fédérale sur les émissions provenant de la combustion officiel à cet objectif. Par la suite, lors d’une réunion internationale sous
de carburants et une tarification fondée sur le rendement pour la direction du président américain Joseph Biden, le premier ministre
les émetteurs industriels, sauf dans le cas où il existe un canadien a annoncé des objectifs de réduction des GES encore plus
équivalent provincial ambitieux pour 2030, mentionnant une réduction de 40 à 45 % des
émissions.
Objectifs en matière d’énergies renouvelables
• 90 % de l’électricité provenant de sources non émettrices
d’ici 2030
• 100 % d’énergie propre dans les bâtiments publics d’ici 2025
Abandon du charbon
• Oui, d’ici 2030 (avec quelques exceptions en raison d’accords
d’équivalence)
Mesures incitatives pour l’utilisation de véhicules à faibles émissions
et exigences concernant les carburants renouvelables
• Des remises en espèces pour l’achat ou la location de véhicules
à faibles émissions (allant de 2 500 $ à 5 000 $)
• Des exigences relatives à la part de carburants renouvelables
dans les carburants (5 % pour l’essence, 2 % pour le diesel)
• Une norme sur les combustibles propres est prévue pour 2022
Autre
• Une diminution de 40 % d’ici 2030 par rapport à 2005
en ce qui a trait aux activités du gouvernement
• Une réduction des émissions de méthane de 40 à 45 %
d’ici 2025
5.4.1 Établir une tarification du carbone Les sources d’émissions prises en compte dans ce système sont la
combustion de carburant, les procédés industriels, le torchage ainsi que
La plupart des annonces faites avant 2020 par le gouvernement
certaines sources fugitives et liées à la ventilation, à l’exclusion de la
concernant la tarification du carbone s’inscrivaient dans un contexte de
ventilation du méthane et des émissions fugitives de méthane provenant
mise en œuvre du Cadre pancanadien sur la croissance propre et les
des installations pétrolières et gazières. Les revenus associés aux
changements climatiques. Parmi les mesures comprises dans ce cadre,
recettes sont renvoyés à l’administration d’origine (Canada 2018a,
celle qui a été la plus médiatisée est sans doute le système de tarifica-
2018b, 2018c).
tion du carbone prévu par la Loi sur la tarification de la pollution causée
par les gaz à effet de serre. Celle-ci impose des exigences minimales
aux provinces pour la mise en œuvre d’un système explicite fondé sur 5.4.2 Secteur du transport : taxes, mesures incitatives
le prix (une taxe ou un prélèvement sur le carbone par exemple) ou un et réglementations
système de plafonnement et d’échange de droits d’émission. Si le gou-
Le gouvernement du Canada a adopté une approche à plusieurs niveaux
vernement fédéral devait considérer que des provinces ne respectent
en ce qui concerne les émissions du secteur du transport. Tout d’abord,
pas ces normes minimales (tant en ce qui concerne les industries prises
il impose différentes taxes sur la consommation de carburant, dont une
en compte que le niveau de tarification), il s’engagerait alors à imposer
taxe de 0,10 $ sur l’essence et 0,04 $ sur le diesel. Il impose également
une option dite de « filet de sécurité » pour les provinces qui ont fait le
une taxe d’accise sur l’achat de véhicules énergivores.
choix de ne pas mettre en application leur propre programme ou de ne
pas se conformer aux exigences fédérales. Ensuite, le gouvernement a procédé au lancement d’un programme
d’électrification du secteur. Une partie de ce programme offre un mon-
Le « filet de sécurité » du système de tarification du carbone est
tant incitatif de 5 000 $ pour l’achat de véhicules électriques à batterie,
constitué de deux éléments :
de véhicules à pile à combustible hydrogène ou de véhicules hybrides
1. Une redevance sur les combustibles fossiles, acquittée par les pro- rechargeables à autonomie plus longue, ainsi qu’un montant de 2 500 $
ducteurs et les distributeurs de carburant, qui commence à 20 $/ pour l’achat ou la location de véhicules hybrides rechargeables à faible
tonne d’équivalent CO2 en 2019 pour atteindre 50 $/tonne d’équi- autonomie. Cette initiative constitue un ajout au Programme d’in-
valent CO2 en 2022 grâce à une augmentation de 10 $ par an; frastructure pour les véhicules à émission zéro destiné à soutenir la
2. Un système de tarification fondé sur le rendement appliqué mise en œuvre d’un réseau de stations de recharge et de ravitaillement
uniquement aux installations industrielles à haut niveau d’émissions pour les véhicules zéro émission.
(> 50 000 t éq. CO2). Enfin, l’élaboration de la Norme sur les combustibles propres constitue
La stratégie présentée fin 2020 par le gouvernement comprenait un le troisième programme gouvernemental en matière de transport. Cette
nouveau calendrier d’augmentation du taux de la taxe sur les carburants norme vise à réduire l’empreinte carbone des fournisseurs de carburant
de 15 $ par an, permettant d’amener progressivement celle-ci au taux grâce à une approche axée sur le cycle de vie. Elle cherche également
de 170 $/tonne en 2030. à éviter que des carburants spécifiques soient privilégiés, comme c’est
le cas, par exemple, avec les exigences actuelles sur les biocarburants.
Dans le système de tarification fondé sur le rendement, les installations Les règlements relatifs à la Norme sur les combustibles propres
visées sont évaluées par rapport à une norme d’émission définie selon devraient être publiés en 2021 et entrer en vigueur en 2022 en ce qui
leur secteur d’activité. Le gouvernement fédéral attribue des crédits a trait aux combustibles liquides, et d’ici 2023 pour les catégories de
excédentaires aux installations dont les émissions seront inférieures à combustibles solides.
cette norme, tandis que celles dont les émissions dépassent cette
norme doivent soumettre des crédits émis par le gouvernement, des
crédits compensatoires éligibles, ou encore doivent payer une redevance
sur le carbone (fixée au même niveau que la redevance sur les combus-
tibles fossiles décrite ci-dessus).
5.4.3 Abandon du charbon pour lui permettre d’atteindre ces objectifs, les plus importants étant
les travaux de réparation et de modernisation des bâtiments publics
En 2018, le gouvernement du Canada a également édicté des
ainsi que la transformation du parc de véhicules gouvernementaux par
règlements destinés à soutenir l’abandon progressif du charbon comme
l’achat de véhicules à faibles émissions.
combustible dans le secteur de l’électricité d’ici 2030. Cette démarche
vise à aider le Canada à atteindre son objectif de produire 90 %
d’électricité sans émissions d’ici 2030. L’Initiative de transition du 5.4.6 Le méthane
charbon, dotée d’un budget de 35 millions de dollars sur une période de
Le gouvernement du Canada a de plus publié des règlements concernant
cinq ans, a pour but d’aider les collectivités à diminuer leur dépendance
les émissions de méthane dans le but de faire diminuer celles-ci de 40
au charbon. De plus, en complément à l’abandon du charbon, le
à 45 % avant 2025 et définir un nouveau calendrier de réduction des
gouvernement publiera des règlements sur les GES émis par les
HFC. Des ententes d’équivalence concernant ces règlements ont été
centrales thermiques alimentées au gaz naturel.
conclues avec la Colombie-Britannique, l’Alberta et la Saskatchewan. Le
gouvernement canadien a également publié sa quatrième Stratégie
5.4.4 « Croissance verte/propre » fédérale de développement durable (2019-2022) qui établit des
En vertu du Cadre pancanadien sur la croissance propre et les objectifs en lien avec les objectifs de développement durable des
changements climatiques, le Fonds pour une économie à faibles Nations unies.
émissions de carbone investit deux milliards de dollars pour soutenir
des projets qui génèrent une croissance verte, réduisent les émissions 5.4.7 Mise en œuvre
de GES et contribuent à respecter ou dépasser les engagements pris
Il est impératif de procéder à un examen plus approfondi de la mise en
par le Canada dans le cadre de l’Accord de Paris. Le Fonds comprend
œuvre de ces politiques et de ces annonces si l’on veut être en mesure
deux volets : d’abord le Fonds du leadership pour une économie à faibles
de bien évaluer la situation actuelle. Comme nous le montre le tableau
émissions de carbone, qui fournit 1,4 milliard de dollars aux provinces
5.1, quatre provinces ainsi que les Territoires du Nord-Ouest ont adopté
et aux territoires dans le but de les aider à respecter leurs engagements
des systèmes entièrement conformes aux exigences fédérales; l’Ontario,
de réduction des GES; ensuite le Défi pour une économie à faibles
le Manitoba, le Yukon et le Nunavut utilisent pleinement le « filet de
émissions de carbone qui utilise le reste des fonds disponibles pour
sécurité » fédéral, même si l’Ontario mettra bientôt en œuvre son propre
financer des innovations qui « tirent parti de l’ingéniosité canadienne
système pour les émetteurs industriels. Les quatre provinces restantes
pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et générer une
présentent un système mixte, alors que le Nouveau-Brunswick prévoit
croissance propre à l’appui du Cadre pancanadien sur la croissance
lui aussi de mettre en œuvre sous peu son propre système pour les
propre et les changements climatiques » (Canada, 2020). Les candidats
émetteurs industriels. Le Manitoba a proposé un système provincial de
admissibles au Défi pour une économie à faibles émissions de carbone
redevance sur le carburant qu’il a par la suite abandonné en 2020. L’Île-
sont les provinces et les territoires, les municipalités, les communautés
du-Prince-Édouard prélève une taxe provinciale sur les achats de
et organisations autochtones, les entreprises ainsi que les organismes
carburant, tandis que le système fédéral s’applique aux émetteurs
à but non lucratif.
industriels. Enfin, l’Alberta a mis en œuvre un système provincial pour
les émetteurs industriels, alors que le « filet de sécurité » fédéral
5.4.5 Exemplarité s’applique en tant que taxe sur le carbone.
Présentée en 2017, la Stratégie pour un gouvernement vert fixe des Deux enjeux méritent d’être soulignés en rapport avec l’évaluation de
objectifs de réduction des émissions de GES pour les activités gouver- l’impact de la politique fédérale de tarification du carbone. Le premier
nementales de l’ordre de 40 % d’ici 2030 et de 80 % d’ici 2050 (avec enjeu a trait aux contestations juridiques. En effet, au cours des deux
l’année 2005 comme référence). La Stratégie dispose de plusieurs outils dernières années, la constitutionnalité du programme fédéral a été
contestée officiellement à trois reprises devant les tribunaux. La Tableau 5.1 – Système de tarification du carbone selon la province ou le territoire
Saskatchewan et l’Ontario ont toutes deux perdu leur cause devant leurs Province ou territoire Système Système Système Notes
tribunaux respectifs, tandis que la contestation de l’Alberta a obtenu de tarif. de tarif. de tarif.
gain de cause au début de 2020. Une autre contestation, cette fois de prov./territ. fédéral mixte
la part du Manitoba devant la Cour suprême du Canada, devait faire Colombie-Britannique X
l’objet d’une décision prévue pour 2020, mais elle a été retardée en
raison de la COVID-19. La Cour suprême a finalement rendu son Alberta X Utilisation du « filet de sécurité » fédéral pour la
jugement en mars 2021. Ce jugement confirmait à toute fin utile la taxe sur le carbone et d’un système provincial
position du gouvernement fédéral. pour les émetteurs industriels
Le second enjeu relatif à la tarification du carbone concerne les accords Saskatchewan X Utilisation du « filet de sécurité » fédéral pour la
d’équivalence entre les politiques de tarification fédérales et provinciales. taxe sur le carbone et d’un système mixte pour
Le Québec, notamment, a jusqu’à présent soutenu avec succès le fait les émetteurs industriels
que son programme de plafonnement et d’échange avec la Californie
Manitoba X
répond aux exigences fédérales, une position à laquelle le gouvernement
fédéral a souscrit. Il est cependant peu probable que cette équivalence Ontario X Application du système fédéral pour la taxe sur
puisse se maintenir au cours de la prochaine décennie si le calendrier le carbone et pour les émetteurs industriels, bien
d’augmentation des prix proposé par le gouvernement fédéral se que pour ces derniers un système provincial doive
retrouve inscrit dans la loi (jusqu’à 170 $/tonne en 2030). prochainement remplacer le système fédéral.
L’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick ont également signé Québec X
des accords d’équivalence concernant la tarification du carbone. Dans
ces deux cas, la province impose une taxe qui répond aux exigences Nouveau-Brunswick X Perception d’une taxe provinciale depuis avril 2020
fédérales, mais réduit la taxe de vente provinciale sur les achats de et application du système fédéral pour les émetteurs
carburant pour compenser la majeure partie de l’impact financier sur industriels, bien que celui-ci doive être prochaine-
les contribuables. Bien que les partisans de la tarification du carbone ment remplacé par un système provincial
soutiennent que cette pratique va à l’encontre de l’objectif de la taxe en Nouvelle-Écosse X
éliminant l’incitation financière à réduire les émissions, le gouvernement
fédéral maintient qu’il voit des avantages à tempérer l’opposition Île-du-Prince-Édouard X Perception d’une taxe provinciale et application du
politique à la tarification du carbone. système fédéral pour les émetteurs industriels
En plus de la tarification du carbone, des accords d’équivalence sur Terre-Neuve-et-Labrador X
l’abandon progressif du charbon dans le secteur de l’électricité ont été Yukon X
conclus avec deux des quatre provinces utilisant encore ce combustible,
soit l’Alberta, la Saskatchewan, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle- Territoires du Nord-Ouest X
Écosse, ce qui les exempte de la réglementation. La Saskatchewan, qui Nunavut X
possède une installation de CUSC dans une centrale électrique au
charbon, a réussi à faire valoir l’argument que ce fait devait être pris en
compte dans le cadre du respect de son engagement d’abandonner
progressivement l’utilisation du charbon; la Nouvelle-Écosse, quant à
elle, a fixé des plafonds d’émissions inférieurs aux normes fédérales
pour l’ensemble de son secteur de l’électricité et s’est également
engagée à ce que 50 % de l’électricité produite dans la province
provienne d’une source renouvelable d’ici 2020.
5
gir pour l’environnement. Le Plan conservateur pour
A
lutter contre le changement climatique. Parti conservateur
du Canada (2021). https://cpcassets.conservative.ca/
wp-content/uploads/2021/04/15104513/1d1a4ab-
60d1192e1.pdf
6
P ROJET DE LOI C-12, Loi concernant la transparence
et la responsabilité du Canada dans le cadre de ses efforts
pour atteindre la carboneutralité en 2050 , https://parl.ca/
DocumentViewer/fr/43-2/projet-loi/C-12/premiere-lecture
5.5.2 L'Alberta
Principaux objectifs et mesures incitatives À la suite des élections de 2019, le nouveau gouvernement a annoncé
Réduction des émissions de GES rapidement qu’il modifierait ou supprimerait plusieurs dispositions du
Climate Leadership Plan [Plan de leadership climatique] adopté en 2015
• Aucun objectif par le gouvernement précédent. Ces mesures ont débuté par l’adoption
Tarification du carbone de la Carbon Tax Repeal Act [Loi abrogeant la taxe sur le carbone], ce
qui a annulé la Climate Leadership Act et mis fin à l’Alberta Climate
Utilisation du « filet de sécurité » fédéral pour la taxe sur le carbone Leadership Adjustment Rebate [Rabais d’ajustement pour le leadership
et d’un système provincial pour les émetteurs industriels climatique de l’Alberta]. En réaction à ces mesures, le gouvernement
Objectifs en matière d’énergies renouvelables fédéral a annoncé que le système fédéral de tarification de la pollution
par le carbone remplacerait dorénavant la taxe sur le carbone de
• Aucun objectif l’Alberta. Bien que le gouvernement provincial de l’Alberta ait contesté
Abandon du charbon le système fédéral devant les tribunaux, suivant l’exemple de la
Saskatchewan et de l’Ontario, il a été débouté par un jugement rendu
• D’ici 2030 par la Cour suprême du Canada en mars 2021.
Mesures incitatives pour l’utilisation de véhicules à faibles
Le gouvernement de l’Alberta a également choisi de ne pas abroger le
émissions et exigences concernant les carburants renouvelables
plafond de 100 Mt imposé aux émissions de l’industrie pétrolière et
• Norme sur les carburants renouvelables (5 % pour l’essence, gazière, soulignant qu’il est peu probable que ce plafond soit atteint au
2 % pour le diesel) cours des prochaines années. Par conséquent, une augmentation
Autre significative des émissions totales de la province (et du Canada) est
possible, même en respectant le plafond établi, ce qui pourrait largement
• Un plafond d’émissions de GES de 100 Mt pour le secteur compenser les réductions d’émissions obtenues grâce à la mise en
pétrolier et gazier œuvre d’autres mesures.
• Une réduction de 45 % d’ici 2025 des émissions de méthane Dans le secteur de l’électricité, l’Alberta demeure la province qui utilise
provenant de la production de pétrole et de gaz en amont (2014) la plus grande part de charbon pour sa production d’électricité. Le
gouvernement a prévu un système de paiements de transition pour les
installations qui devaient être en activité au-delà de 2030.
En ce qui concerne la réduction des émissions de méthane, des
réglementations contradictoires de la part des gouvernements de
l’Alberta et fédéral sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020; un accord
d’équivalence a cependant été conclu par la suite, à la fin de 2020.
5.5.3 La Saskatchewan
Principaux objectifs et mesures incitatives En 2017, la Saskatchewan a publié le Prairie Resilience Action Plan [Plan
Réduction des émissions de GES d’action pour la résilience des Prairies]. Ce plan précise son approche
et sa stratégie en matière de réduction des émissions de GES. En 2018,
• Une diminution de 40 % d’ici 2030 par rapport à 2005 pour cette publication a été suivie par la mise en œuvre du Climate Resilience
les activités de la société SaskPower Measurement Framework [Cadre de mesure de la résilience climatique]
Tarification du carbone qui a établi une série de 25 objectifs qui se doivent d’être gérés et
éventuellement atteints par la province et les municipalités. La
Utilisation d’un « filet de sécurité » fédéral pour la taxe sur le carbone et Saskatchewan demeure la seule province à ne pas avoir adhéré au Cadre
d’un système mixte (fédéral et provincial) pour les émetteurs industriels pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques.
Objectifs en matière d’énergies renouvelables En 2018, la Saskatchewan a publié un plan de tarification de la pollution
• 50 % de l’électricité provenant de sources renouvelables d’ici par le carbone. Dans l’ensemble, ce plan utilise une approche reposant
2030 sur l’application de normes de rendement fondées sur les émissions
pour certaines de ses grandes installations industrielles. On note
Abandon du charbon cependant que cette mesure n’a que partiellement réussi à respecter la
• L’usine de Boundary Dam est exemptée d’avoir à abandonner rigueur qu’exige le modèle fédéral. Le système de tarification fédéral
le charbon s’applique en tant que système de tarification fondé sur le rendement à
la production d’électricité et aux oléoducs de transport de gaz naturel
Mesures incitatives pour l’utilisation de véhicules à faibles
qui desservent les installations des secteurs émettant 50 000 tonnes
émissions et exigences concernant les carburants renouvelables ou davantage d’équivalent CO2 par année. Ce système est également
• 7,5 % de contenu renouvelable pour l’essence et 2 % pour le diesel utilisé à titre de redevance sur les combustibles fossiles, constituant
alors une taxe généralement acquittée par les distributeurs inscrits (les
Autre
producteurs et les distributeurs de carburant).
• Une réduction de 40 à 45 % des émissions de méthane en ce qui La Saskatchewan est l’une des quatre provinces qui produit de
concerne les émissions de méthane torchées et ventilées l’électricité à partir du charbon. Après l’annonce du plan fédéral visant
l’abandon progressif du charbon, la province a conclu en 2019 une
entente lui permettant de répondre aux exigences fédérales en matière
de réduction des émissions de GES pour l’ensemble de son réseau
électrique. Cet accord a permis à la province de maintenir en activité la
centrale du projet de capture du carbone de Boundary Dam au-delà de
2030. Ce projet consiste en une centrale exploitée à l’échelle
commerciale qui applique la technologie du captage, de l’utilisation et
du stockage du carbone (CUSC).
5.5.4 L'Ontario
Principaux objectifs et mesures incitatives À la suite de son élection au printemps de 2018, le nouveau gouverne-
Réduction des émissions de GES ment de l’Ontario dirigé par le premier ministre Doug Ford a annoncé
qu’il apporterait plusieurs changements aux politiques climatiques mises
• Une diminution de 30 % d’ici 2030 par rapport à 2005 en place par les gouvernements libéraux qui se sont succédé de 2003
Tarification du carbone à 2018. Ce nouveau gouvernement a adopté la Loi de 2018 annulant le
programme de plafonnement et d’échange. Cette loi a entraîné le retrait
• Application du système fédéral pour la taxe sur le carbone et pour de la province du système de plafonnement et d’échange auquel elle
les émetteurs industriels, bien que pour ces derniers un système
s’était jointe avec le Québec et la Californie plus tôt au cours de l’année
provincial doive prochainement remplacer le système fédéral. 2018 et le remplacement de celui-ci par le système fédéral de tarification
Objectifs en matière d’énergies renouvelables du carbone. En 2020, l’Ontario a reçu l’approbation du gouvernement
fédéral pour la mise en œuvre d’un système de tarification du carbone
• S.O. s’appliquant aux grands émetteurs industriels et a défini une série de
Abandon du charbon normes de rendement en matière d’émissions. Cependant, comme le
champ d’application de ce système faisait l’objet de préoccupations de
• S.O.
la part du ministre fédéral de l’Environnement, il a été convenu de le ré-
Mesures incitatives pour l’utilisation de véhicules à faibles viser dans deux ans. Au moment de la rédaction du présent rapport,
émissions et exigences concernant les carburants renouvelables aucune date n’avait cependant encore été fixée pour l’entrée en vigueur
• 10 % de contenu renouvelable dans l’essence (proportion qui sera du système provincial révisé. La Loi sur l’énergie verte et l’économie
augmentée à 15 % en 2030), 4 % dans le diesel verte a également été abrogée en 2018.
Après les élections de 2018, l’Ontario a publié son plan intitulé Préserver
et protéger notre environnement pour les générations futures : un plan
environnemental élaboré en Ontario. En vertu de ce plan, la province s’est
engagée à réduire ses émissions de 30 % d’ici 2030 par rapport à ce
qu’elles étaient en 2005, conformément à la cible fédérale qui était fixée
à ce moment. Ce plan comprend trois éléments : a) des normes de
rendement en matière d’émissions pour les grands émetteurs; b) la
Fiducie de réduction du carbone de l’Ontario, un fonds de soutien à la
réduction des émissions visant à encourager l’investissement privé dans
des solutions technologiques propres; et c) les Enchères inversées de
l’Ontario, un système d’enchères permettant aux soumissionnaires
d’envoyer des propositions de projets de réduction des émissions de GES
et de concourir pour l’obtention de contrats octroyés en fonction des
réductions d’émissions les moins coûteuses.
Plusieurs de ces changements font suite à des préoccupations concer-
nant l’impact des mesures de réduction des émissions de GES sur les
coûts de l’électricité, car ceux-ci ont connu une augmentation rapide au
cours des dernières années en Ontario. Les changements importants
apportés aux politiques de réduction des émissions de GES, et plus gé-
néralement à la politique énergétique, illustrent bien le fait que le nou-
veau gouvernement a adopté une approche différente sur ces questions.
5.5.5 Le Québec
Principaux objectifs et mesures incitatives À la fin de 2020, le gouvernement du Québec a présenté son Plan pour
Réduction des émissions de GES une économie verte qui mise surtout sur l’électrification. Le Plan
comprend divers objectifs, notamment la fin de la vente de véhicules à
• Une diminution de 37,5 % d’ici 2030 par rapport à 1990 essence à partir de 2035, une réduction de 50 % des émissions
• La carboneutralité d’ici 2050 provenant du chauffage des bâtiments d’ici 2030 et une part de 10 %
de gaz renouvelable dans le réseau de distribution de gaz naturel d’ici
Tarification du carbone 2030. Une grande partie de ces efforts d’amélioration sera réalisée
• Un système de plafonnement et d’échange avec la Californie grâce aux investissements du Fonds d’électrification et de changements
climatiques. Ce fonds, dédié aux projets ayant un potentiel de réduction
• Objectifs en matière d’énergies renouvelables des émissions de GES, est financé principalement par les bénéfices
• Une augmentation de 50 % de la production de bioénergie d’ici générés par la participation du Québec, depuis 2013, au Système de
2030 plafonnement et d’échange de la Western Climate Initiative avec la
Californie. Le système s’applique aux distributeurs de combustibles
• Une augmentation de 25 % de la production totale d’énergie fossiles et aux entreprises des secteurs industriel et électrique qui
renouvelable d’ici 2030
émettent plus de 25 000 tonnes d’équivalent CO2 par année.
Abandon du charbon
La Politique énergétique 2030 du Québec, adoptée en 2016, comprend
• Abandon de l’utilisation du charbon thermique d’ici 2030 plusieurs autres objectifs devant être atteints à l’horizon 2030. Cette
politique a, entre autres, permis la création de Transition énergétique
Mesures incitatives pour l’utilisation de véhicules à faibles émissions
Québec, un organisme chargé d’élaborer des plans d’action quinquen-
et exigences concernant les carburants renouvelables
naux cohérents afin d’assurer que la province continue d’avancer vers
• Une norme pour les véhicules zéro émission (VZE) passant à 22 % la réalisation de ses objectifs en matière climatique. Bien que le premier
des ventes de nouveaux véhicules d’ici 2025 plan ait été publié en 2018, la Stratégie 2020 a aboli l’organisme ainsi
• Des remises en espèces pouvant aller jusqu’à 8 000 $ pour que le Conseil de gestion du Fonds vert qui assurait le contrôle des
l’achat de véhicules à faibles émissions dépenses liées au climat; leurs responsabilités respectives ont été trans-
férées aux ministères existants.
• 15 % de contenu renouvelable dans l’essence et 10 % dans le diesel
en 2030 Le Québec a instauré la Norme véhicules zéro émission qui permet aux
constructeurs automobiles d’accumuler des crédits en vendant des
Autre véhicules zéro émission (VZE) ou à faibles émissions (VFE), afin
• Aucune vente de nouveaux véhicules à essence à partir de 2035 d’atteindre des objectifs qui deviennent de plus en plus stricts en ce qui
concerne la part de VZE ou de VFE dans le parc automobile de la
• Une baisse de 40 % de la consommation de produits pétroliers province. En vertu de cette norme, cette part devrait atteindre 22 % en
d’ici 2030 par rapport à 2016 2025. Une norme semblable est prévue pour les véhicules automobiles
• Une augmentation de 15 % de l’efficacité énergétique lourds, mais elle n’a pas encore été annoncée de manière officielle au
moment d’écrire ce rapport. Une deuxième politique d’électrification des
• Une baisse de 50 % des émissions liées au chauffage des locaux transports propose des remises en espèces pour l’achat de véhicules
d’ici 2030 par rapport à 1990 électriques.
• 55 % des autobus urbains et 65 % des autobus scolaires seront
alimentés à l’électricité d’ici 2030
5.6 Aperçu des politiques dans les autres provinces et les territoires
5.6.1 Le Manitoba 5.6.2 Le Nouveau-Brunswick
Principaux objectifs et mesures incitatives Principaux objectifs et mesures incitatives
Réduction des émissions de GES Réduction des émissions de GES
• D es objectifs évolutifs fixés tous les cinq ans sur les • Une diminution de 10 % en 2020 par rapport à 1990
recommandations d’un conseil d’experts (l’objectif actuel :
la diminution d’une tonne d’émissions d’ici 2023)
• Une diminution de 35 % d’ici 2030 par rapport à 1990
• Une diminution de 80 % en 2050 par rapport à 2001
Tarification du carbone
Tarification du carbone
• Le système fédéral s’applique
• Perception d’une taxe provinciale depuis avril 2020 et application
Objectifs en matière d’énergies renouvelables du système fédéral pour les émetteurs industriels, bien que
• S.O. celui-ci doive être prochainement remplacé par un système
provincial
Abandon du charbon
• S.O. Objectifs en matière d’énergies renouvelables
Mesures incitatives pour l’utilisation de véhicules à faibles émissions • 40 % de l’électricité vendue dans la province issue de sources
et exigences concernant les carburants renouvelables renouvelables
Objectifs en matière d’énergies renouvelables • Un système provincial pour la taxe sur le carbone; le système
fédéral s’applique aux émetteurs industriels
• 40 % de l’électricité provenant de sources renouvelables
Objectifs en matière d’énergies renouvelables
Abandon du charbon
• Aucun
• Signature d’un accord d’équivalence : maintien en activité des
centrales au charbon et réductions importantes ailleurs dans le Abandon du charbon
secteur de l’électricité (le gouvernement actuel s’est récemment • S.O.
engagé à abandonner progressivement le charbon d’ici 2030)
Mesures incitatives pour l’utilisation de véhicules à faibles émissions
Mesures incitatives pour l’utilisation de véhicules à faibles émissions et exigences concernant les carburants renouvelables
et exigences concernant les carburants renouvelables • L’immatriculation gratuite des véhicules électriques
• Aucune
que le Canada nous démontre qu’il faut mettre en place des structures 5.8 Références7
de gouvernance permettant d’assurer une évaluation continue des
progrès accomplis vers la réalisation des objectifs fixés et apporter ECCC. 2021. Inventaire officiel canadien des gaz à effet de serre.
une réponse rapide aux conclusions de cette évaluation. Toutefois, à Gouvernement du Canada : Environnement et Changement climatique
l’heure actuelle au Canada, l’accent est mis principalement sur Canada. En ligne, https://data.ec.gc.ca/data/substances/monitor/
l’élaboration et la mise en œuvre de politiques qui adoptent surtout canada-s-official-greenhouse-gas-inventory/?lang=fr (consulté le 15
des approches qui n’ont pas réussi à apporter les résultats escomptés mai 2020)
au cours des trois dernières décennies. Le gouvernement fédéral a
Parti conservateur du Canada. 2021. Agir pour l’environnement. Le
commencé lentement à mettre en place une structure de gouvernance
Plan conservateur pour lutter contre le changement climatique. Parti
grâce à la création de deux organismes destinés à le soutenir dans
conservateur du Canada. https://cpcassets.conservative.ca/wp-
cette tâche, soit l’Institut canadien pour des choix climatiques, un
content/uploads/2021/04/15104513/1d1a4ab60d1192e1.pdf
organisme de recherche indépendant dont le mandat consiste à étayer
l’élaboration de politiques climatiques; et le Groupe consultatif pour la RNCAN. 2021a. Faits saillants sur l’énergie. Gouvernement du
carboneutralité, un groupe indépendant d’experts chargé d’assurer la Canada : Ressources naturelles Canada. En ligne, https://www.rncan.
communication avec les Canadiens et de conseiller le ministre sur les gc.ca/science-et-donnees/donnees-et-analyse/donnees-et-analyse-
voies à suivre pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050, un objectif energetiques/faits-saillants-lenergie/20072?_ga=2.97186591.
qui fait partie de la loi C-12. 1655434921.1626655981-906987757.1623780034 (consulté
le 22 avril 2021)
On réalise maintenant que concevoir la bonne structure de gouvernance
constitue un défi difficile à relever, entre autres en raison du fait que la RNCAN. 2021b. Impôts sur la consommation de carburant au Canada.
réalisation des réductions d’émissions, conformément aux objectifs du Gouvernement du Canada : Ressources naturelles Canada. En ligne,
Canada pour 2030 et 2050, demeure hors de portée avec les mesures https://www.rncan.gc.ca/nos-ressources-naturelles/marches-national-
annoncées jusqu’à présent et que cette responsabilité relève en grande et-internationaux/prix-des-carburants-de-transport/taxes-sur-les-
partie de la compétence des provinces. Il sera donc nécessaire carburants-au-canada/18886?_ga=2.197824559.
d’adopter une approche efficace qui tiendra compte des différences 1655434921.1626655981-906987757.1623780034 (consulté
entre les provinces dans leur progression vers la carboneutralité. le 22 avril 2021)
SaskPower, BD3 Status Update: March 2021, April 14, 2021. https://
www.saskpower.com/about-us/our-company/blog/2021/bd3-status-
update-march-2021
Shell Canada Energy, Quest Carbon Capture and Storage Project
Annual Summary Report, Alberta Department of Energy: 2019.
https://open.alberta.ca/dataset/f74375f3-3c73-4b9c-af2b-
ef44e59b7890/resource/ff260985-e616-4d2e-92e0-
9b91f5590136/download/energy-quest-annual-summary-
alberta-department-of-energy-2019.pdf
Statistique Canada. 2021. Tableau 17-10-0005-01 : Estimations
de la population au 1er juillet. Gouvernement du Canada : Statistique
Canada.
WDI. 2021. Indicateurs du développement dans le monde. Groupe
de la Banque mondiale. L’annexe B présente toutes les références de la synthèse
7
6.1 La demande d’énergie par source Figure 6.1 – Consommation d’énergie finale par source
Il est intéressant de noter qu’en 2060 le bouquet énergétique final dans En tenant compte de ce dernier point, la disponibilité de la biomasse
les scénarios CN dépendra très peu de la voie qui aura été choisie. La demeure un facteur déterminant dans les trois scénarios menant à la
répartition finale de l’énergie est quasiment identique, l’électricité carboneutralité. En effet, après une première augmentation, la quantité
comblant plus de 55 % de l’ensemble des besoins énergétiques; le totale de biomasse disponible devient une contrainte importante; ce
pétrole et le gaz, quant à eux, contribuent toujours respectivement pour facteur fait également l’objet d’une analyse de sensibilité dans le
15 % et 6 % de la demande énergétique finale dans les secteurs où les chapitre 9. Dans tous les cas, le potentiel des biocarburants est limité
technologies à faible intensité carbonique sont encore en processus de dans les scénarios CN, car leur utilisation produit des émissions
développement. Ces valeurs ne correspondent respectivement qu’à 32 % restantes qui deviennent plus problématiques à mesure que l’on
et 16 % des quantités de pétrole et de gaz consommées en 2016. s’approche de la carboneutralité.
6.1.1 Les sources et vecteurs d’énergie à faibles émissions 6.1.2 L’électricité appelée à jouer un rôle plus important
L’hydrogène pourrait être utilisé dans de nombreuses applications, mais Alors que dans les scénarios REF et TC30 la part de l’électricité dans
il est actuellement difficile de modéliser l’utilisation de ce vecteur en le bouquet énergétique demeure relativement constante, l’électricité
raison de la grande incertitude qui entoure son éventuel développement. devient la principale source d’énergie finale d’ici 2050 dans tous les
Dans le cadre de ces limitations, et en tenant compte de son coût plus scénarios CN. Cette énergie électrique provient surtout d’un
élevé par rapport aux autres options, l’hydrogène ne sera appelé à jouer accroissement de la production d’électricité renouvelable, qui est surtout
qu’un rôle secondaire dans l’évolution du bouquet énergétique; il ne sera produite à partir de l’énergie éolienne et solaire variable (figure 6.2),
utilisé que dans des applications spécifiques où il peut s’avérer utile, associée à une plus grande capacité de stockage.
notamment lorsque l’électrification ne serait possible qu’à un coût très Dans les scénarios CN, l’augmentation de la part de la production
élevé (voir l’analyse des différents secteurs ci-dessous). Il est intéressant nucléaire masque un changement technologique qui est plus profond,
de noter que si la consommation d’hydrogène augmente de 50 % avant soit le remplacement des grandes centrales déclassées par des petits
2060 dans certains scénarios menant à la carboneutralité, ce réacteurs nucléaires modulaires (PRM), une évolution qui se base sur
combustible ne sera plus utilisé dans les activités de raffinage et ne des estimations de coût actuelles pour cette technologie qui reste
servira qu’à des applications dans les secteurs de l’industrie et du encore à développer. C’est une différence importante par rapport au
transport. Le chapitre 9 présente une analyse de sensibilité qui étudie scénario REF à plus long terme qui ne prévoit aucun rôle pour les PRM
ce vecteur énergétique plus en détail. après la fermeture des centrales nucléaires vieillissantes. La production
Dans tous les scénarios, l’utilisation de la bioénergie continue de d’électricité et celle d’autres énergies seront abordées au chapitre 7 de
s’accroître jusqu’en 2030. Si cette augmentation atteint 27 % dans le manière plus détaillée.
scénario CN45, le scénario TC30 affiche une augmentation encore plus Le chapitre 9 étudie plus en profondeur les vecteurs et sources clés que
importante, soit de l’ordre de 47 %, ce qui illustre bien le coût sont l’hydrogène, la bioénergie et l’électricité à faibles émissions et
relativement faible de l’utilisation de la bioénergie pour décarboner analyse leurs rôles respectifs dans les trajectoires menant à la
rapidement certaines applications. La croissance se poursuit après carboneutralité.
2030 dans le scénario TC30 qui prévoit une augmentation de 70 % pour
l’ensemble de la période allant de 2030 à 2060 par rapport à 2016.
Cependant, cette image est trompeuse, car elle ne permet pas de
comparer la consommation globale de la biomasse dans l’ensemble de
l’économie, puisque les scénarios CN utilisent une quantité importante
de biomasse comme énergie primaire pour la production d’hydrogène
et d’électricité associée à la capture du carbone (BECSC), ce qui
n’apparaît pas dans le décompte de la consommation finale.
6.2 La demande d’énergie par secteur Figure 6.2 – Électricité générée selon la source
6.2.1 Les secteurs résidentiel et commercial Figure 6.4 – Consommation finale d’énergie dans les secteurs résidentiel et commercial
Selon les divers scénarios, les profils des secteurs résidentiel et com-
mercial (figure 6.4) montreront déjà en 2030 des différences notables
en matière de bouquet énergétique. Ces différences s’amenuiseront au
cours de la décennie suivante, car tous les scénarios CN prévoient la
décarbonisation rapide de ces secteurs, surtout grâce à l’électrification
et à l’utilisation de pompes à chaleur, ce qui entraînera une augmenta-
tion générale de la productivité énergétique. Les scénarios REF et TC30
présentent une évolution très semblable au cours des prochaines dé-
cennies. Par exemple, la demande totale d’énergie dans le scénario
TC30 sera, à son maximum, inférieure de 4 % à celle du scénario REF
sur l’ensemble de la période, avec un bouquet énergétique identique qui
montre une réduction un peu plus rapide de l’utilisation des combus-
tibles fossiles au détriment de l’électrification d’ici 2040, ainsi qu’une
baisse de 25 % dans l’utilisation du gaz. Toutefois, la demande de gaz en
2060 équivaut encore à 58 % de ce qu’elle était en 2016.
D’ici 2030 cependant, les scénarios CN50 et CN45 prévoient que la
demande totale d’énergie chutera de 13 % à 15 % par rapport au scénario
REF. La même année, la demande totale d’énergie du scénario TC30 ne
devrait baisser que de 1 %, et celle du scénario CN60 de 9 %. D’ici 2040, La prédominance de l’électricité dans ces secteurs est notoire. Dans les
les trois scénarios CN montrent une augmentation de la productivité scénarios CN, l’électricité représente plus de 95 % de la consommation
énergétique de l’ordre de 18 % à 20 % par rapport au scénario REF pour totale d’énergie en 2050 et en 2060, ce qui nécessite l’abandon presque
la même année; tous les scénarios convergent vers une augmentation total du gaz naturel et de la biomasse comme source d’énergie pour ces
de la productivité énergétique de l’ordre de 22 % d’ici 2050. secteurs. De plus, dans tous les scénarios, et en particulier dans ceux
Dans tous les scénarios, cette augmentation de la productivité s’accom- menant à la carboneutralité, les résultats ne présentent qu’une faible
pagne d’une baisse rapide de l’utilisation des combustibles fossiles, y part d’électricité décentralisée.
compris le gaz naturel, au profit de l’électricité. En 2030, la demande
de gaz naturel chutera de 3 % à 5 % dans les scénarios REF et TC30 par
Observations générales :
rapport à 2016, et de 14 % à 32 % dans les scénarios CN. Cette évolution
devrait s’accélérer au cours de la décennie suivante. Même dans le • Les projections montrent que le gaz naturel n’est pas une énergie de
transition pour le chauffage des bâtiments puisque son utilisation totale
scénario REF, la demande chutera de plus de 10 % d’ici 2040 par rap- diminue dans tous les scénarios et jusqu’à 50 % et 70 % d’ici 2040 dans
port à 2016; la réduction atteindra respectivement 46 %, 68 % et 70 % les scénarios menant à la carboneutralité.
dans les scénarios CN60, CN50 et CN45. Dans ces mêmes scénarios,
• Comme le montre le scénario TC30, la tarification du carbone n’est
la demande de gaz naturel en 2050 ne représentera que 4 % à 8 % de pas suffisante à elle seule pour initier la transition vers l’électricité
ce qu’elle était en 2016. d’ici 2030. En fait, ce scénario ne fait pas efficacement la promotion
de l’électrification, car les avantages de celle-ci en matière de coûts
ne suffisent pas à compenser l’investissement initial nécessaire pour
remplacer les combustibles fossiles par l’électricité.
La consommation d’énergie dans le secteur agricole comprend le Figure 6.5 – Consommation finale d’énergie dans le secteur industriel
chauffage et l’éclairage des locaux, mais exclut les transports et le
fonctionnement des machines qui sont classés dans le secteur du
transport. Cette consommation repose presque exclusivement sur
l’électricité dans tous les scénarios d’ici 2040, y compris les scénarios
REF et TC30, en accord avec la production de chaleur dans les autres
secteurs (figure 6.6). Alors que les scénarios REF et TC30 prévoient que
l’électricité comblera 75 % de toute la demande d’énergie d’ici 2040,
pour le scénario TC30 l’utilisation du pétrole disparaît presque
complètement d’ici 2030, laissant le gaz naturel répondre aux 25 % de
la demande d’énergie qui reste.
Fait intéressant à constater, la trajectoire optimale des coûts dans le
scénario CN60 suggère que l’utilisation du gaz naturel pourrait
s’accroître durant une courte période, soit vers 2030, avant de
disparaître d’ici 2040. Néanmoins, tous les scénarios CN prévoient que
l’électricité répondra à plus de 85 % de la demande d’énergie d’ici 2040,
et même à 95 % de celle-ci d’ici 2050, ce qui reste étant comblé par les
combustibles fossiles. Il faut cependant noter que, même si la principale
source d’énergie de ce secteur est l’électricité à faibles émissions, il
produit une quantité importante d’émissions restantes provenant de Figure 6.6 – Consommation finale d’énergie dans le secteur agricole
sources non énergétiques. Ce point est abordé au chapitre 8.
Observations générales :
• L’évolution du profil de la demande énergétique aura un impact sur
la production d’énergie, ce qui contribuera à faire diminuer rapidement
la demande de combustibles fossiles dans le secteur industriel.
• La demande énergétique du secteur industriel est déjà dominée par
l’électricité et la bioénergie, ce qui suggère que, contrairement au secteur
du bâtiment, il y a peu de solutions de facilité.
• L’électrification de la production de chaleur dans le secteur de l’agriculture
peut être réalisée à un coût concurrentiel. Elle peut cependant devoir
nécessiter une attention particulière et la mise en œuvre de programmes
qui soient adaptés, car la chaleur est utilisée à différentes fins dont
certaines, telles que le séchage des récoltes, demandent une puissance
électrique considérable. L’utilisation de la bioénergie produite localement,
qui n’est pas prise en compte à cette échelle dans le modèle, pourrait
certainement servir de complément pour la consommation d’électricité
dans ce secteur.
6.2.3 Le secteur du transport Figure 6.7 – Consommation finale d’énergie du secteur du transport
Le secteur du transport présente la plus grande différence en matière
de demande énergétique entre les scénarios CN et les scénarios REF et
TC30 (figure 6.3). La manière dont cette demande d’énergie sera
comblée varie selon les scénarios, et ce même à l’horizon 2050,
suggérant ainsi que certaines transformations entraîneront des coûts
plus élevés et que les besoins énergétiques de ce secteur seront
satisfaits par un ensemble de technologies plus diversifié. En outre, il
convient également de tenir compte des incertitudes importantes
entourant les solutions technologiques qui sont encore à l’étape du
développement (figure 6.7).
Le scénario REF adopte un point de vue très conservateur en ce qui
concerne la transformation du secteur du transport. Dans ce scénario,
l’utilisation de l’électricité demeure marginale au milieu du siècle et la
consommation d’essence et de diesel continue d’augmenter jusqu’en
2030. Si le scénario TC30 ne suffit pas pour arrêter la croissance de la
consommation de diesel, il favorise cependant une électrification du
secteur plus importante, mais lente, qui entraîne une réduction de 55 %
de la consommation d’essence d’ici 2050, ce qui souligne le coût élevé
que nécessite une transformation en profondeur de ce secteur. Il s’agit carburants pour le transport hors route, une catégorie qui comprend les
d’une différence importante par rapport aux résultats de nos Perspec- véhicules agricoles et le transport sur site dans les secteurs commercial
tives précédentes qui indiquaient une réduction de la demande d’es- et industriel, où le coût de l’électrification est plus élevé.
sence et de diesel, et ce, même dans le scénario de statu quo. Cet écart Le bouquet énergétique de l’ensemble du secteur présenté à la figure
provient en grande partie de projections qui sont plus prudentes que 6.7 cache le fait qu’il existe des variations importantes selon la catégorie
celles émises en 2018 en ce qui concerne l’amélioration de l’efficacité de véhicule et le mode de transport. En matière de transport de
des moteurs à essence et diesel, ce qui se traduit par la consommation passagers, la part des camions légers augmente considérablement dans
d’une plus grande quantité de carburant pour répondre à la demande. le parc automobile au détriment des voitures. Cette tendance ralentit la
Tous les scénarios ne montrent qu’une faible pénétration de l’électricité décarbonisation de ce sous-secteur (figure 6.8), puisque l’électrification
dans le secteur du transport d’ici 2030, la part de l’électricité étant des camions légers ne se développe qu’après 2030 en raison de ses
même inférieure à 3 % dans le scénario CN45. Pour les trajectoires CN coûts plus élevés, alors que dans les scénarios CN45 et CN50, au moins
cependant, l’électrification s’intensifie rapidement après 2030 et 35 % des voitures sont électrifiées d’ici 2030.
propose des scénarios beaucoup plus divergents à partir de 2040. Le
coût inférieur de la bioénergie et les règlements en vigueur en matière
de mélanges des combustibles aideront les biocarburants à apporter
une contribution rapide et importante à la décarbonisation de ce secteur
avant 2030 (une augmentation de 175 % dans les scénarios CN45 et
CN50, et de 232 % dans le scénario TC30). Les problèmes de
disponibilité de la biomasse et les plus faibles réductions des émissions
de GES sur une base de cycle de vie limiteront toutefois l’expansion de
la bioénergie à plus long terme. De plus, après 2030, la majeure partie
de l’augmentation de l’utilisation de la bioénergie concerne les
Le bouquet énergétique de l’ensemble du secteur présenté à la figure Figure 6.8 – Consommation d’énergie par mode de transport de passagers
6.7 cache le fait qu’il existe des variations importantes selon la catégorie
de véhicule et le mode de transport. En matière de transport de
passagers, la part des camions légers augmente considérablement dans
le parc automobile au détriment des voitures. Cette tendance ralentit la
décarbonisation de ce sous-secteur (figure 6.8), puisque l’électrification
des camions légers ne se développe qu’après 2030 en raison de ses
coûts plus élevés, alors que dans les scénarios CN45 et CN50, au moins
35 % des voitures sont électrifiées d’ici 2030.
La combinaison de technologies utilisées pour le transport de
marchandises est plus variée. Alors que l’évolution des transports
commerciaux légers et moyens est semblable à celle du transport de
passagers, le transport lourd recourt à un ensemble plus diversifié de
technologies, notamment l’hydrogène, les véhicules hybrides
rechargeables au gaz naturel, les camions entièrement électriques et,
dans une moindre mesure, les lignes caténaires et les véhicules hybrides
diesel-électrique rechargeables (figure 6.8). Le portrait du transport de
marchandises est radicalement différent dans les scénarios REF et
TC30, où le seul changement prévu au fil du temps est une lente
pénétration du gaz naturel aux côtés du diesel (figure 6.9).
D’autres sous-secteurs des transports présentent des résultats qui sont
différents. Le transport aérien demeure largement alimenté par le
carburant d’aviation, les biocarburants ne jouant qu’un rôle très
secondaire dans les scénarios menant à la carboneutralité, et ce, en
plus, surtout à partir de 2050. Le transport ferroviaire utilise d’abord les
biocarburants pour commencer lentement à se décarboner, et accroît
ensuite sa part de consommation d’hydrogène alors que l’on se
rapproche de l’année cible pour l’atteinte de la carboneutralité. Pour les
scénarios CN45 et CN50, l’hydrogène joue un rôle clé dans le transport
ferroviaire et, en 2050, assure plus de 40 % de la consommation totale
d’énergie de ce secteur. Au-delà de l’horizon 2050, ce rôle va
s’accroissant et continue d’augmenter rapidement pour faire de
l’hydrogène la principale source d’énergie en 2060 dans tous les
scénarios menant à la carboneutralité. Enfin, le transport maritime se
décarbone en augmentant sa consommation de biocarburants et
d’hydrogène et, ce qui est plus important encore, en remplaçant
l’essence et le diesel par le gaz naturel, l’électricité n’étant pas en
mesure de constituer un substitut viable dans ce cas précis.
Vus dans leur ensemble, comme dans l’édition précédente de ces Figure 6.9 – Satisfaction de la demande selon la technologie dans le secteur du transport
Perspectives, ces résultats illustrent bien l’importance cruciale de la de marchandises lourd
transformation du secteur du transport pour la réduction des émissions
de GES. Ils soulignent également la nécessité de mettre en œuvre des
mesures décisives pour contribuer à l’atteinte des objectifs de
réduction substantielle des GES. Les coûts élevés liés à la
transformation de ce secteur constituent un problème qui est difficile
à résoudre, car l’électrification est coûteuse et les biocarburants
n’offrent que des avantages à court terme et sont limités en matière
de réduction des émissions de GES. Il est important de noter que ces
considérations en matière de coût affectent principalement le rythme
de la transformation. Dans le cas du transport routier, la pénétration
extensive de l’électricité est prévue dans tous les scénarios CN une
fois que l’on aura atteint la carboneutralité. Par conséquent, l’évolution
du coût de ces technologies dans certains sous-secteurs des transports
pourrait accélérer leur rythme de transformation.
Observations générales :
• L’électrification du secteur du transport prévue par les scénarios CN
conduit à une réduction de 50 % de la demande totale d’énergie, ce qui
montre la très faible efficacité des moteurs à combustion, laquelle est
imputable aux lois de la thermodynamique.
• La transformation du secteur du transport repose sur l’adoption d’un
certain nombre de technologies électriques concurrentes qui ne sont
pas encore disponibles sur le marché. Du fait de l’importance de la
standardisation et du besoin d’infrastructures spécifiques de ces
technologies (bornes de recharge, lignes caténaires, hydrogène), le rôle
relatif qu’elles pourront éventuellement jouer sera surtout déterminé
par les choix politiques qui seront faits plutôt que par leur coût.
6.3 Le chauffage des locaux Figure 6.10 – Systèmes de chauffage des locaux dans le secteur commercial
Les systèmes de chauffage des locaux alimentés aux combustibles Figure 6.11 – Systèmes de chauffage des locaux dans le secteur résidentiel
fossiles reposent sur le gaz naturel dans la plupart des provinces et,
dans quelques autres, sur les produits pétroliers et la biomasse. Dans
l’ensemble, le remplacement de ces systèmes par l’électricité
contribuera de manière décisive à la réduction des émissions de GES
dans les secteurs commercial et résidentiel, et ce, même si l’on se base
sur un court horizon temporel. Cela suggère que les technologies
actuelles permettent de décarboner le secteur du bâtiment à un coût
qui est relativement abordable. Par conséquent, il est clair que des
mesures politiques et réglementaires incitatives pourraient permettre
d’assurer rapidement cette évolution et d’abandonner ainsi le statu quo.
Elles pourraient même être conçues pour poursuivre des objectifs plus
ambitieux que la trajectoire de carboneutralité d’ici 2050 (CN50) pour
réaliser ces réductions et, en particulier, encourager une transition vers
l’utilisation massive des pompes à chaleur électriques.
Observations générales :
• L’électrification, notamment par l’entremise des pompes à chaleur, peut
présenter un avantage supplémentaire en offrant un plus grand accès
à la climatisation, ce qui pourrait limiter les impacts sur la santé lors
des canicules, car celles-ci devraient être plus fréquentes à l’avenir.
• Certains fluides de refroidissement peuvent contribuer de manière
importante au réchauffement climatique. Dans les scénarios CN, le
potentiel de réchauffement associé aux fuites provenant des pompes
à chaleur n’est pas pris en compte. Seule une stricte réglementation
peut permettre de nous assurer que les pompes à chaleur ne deviennent
pas une source majeure d’émissions de GES.
Dans tous les scénarios, la production de charbon devrait tomber à des 7.1.1 Le rythme de l’évolution de la production de pétrole
niveaux très bas d’ici 2030 et devenir de plus en plus marginale. Même et de gaz
le scénario REF prévoit une diminution de 95 % de cette production. Pour
La diminution rapide et substantielle de la production de pétrole et de
le moment, la production d’uranium cible quant à elle surtout les
gaz prévue dans les scénarios CN mérite un examen plus approfondi.
marchés d’exportation. Selon le scénario TC30, cette production devrait
connaître une légère augmentation de 4 % d’ici 2030, alors que tous les La création de trajectoires de réduction des émissions de GES, qui sont
autres scénarios anticipent dans un premier temps un niveau de rentables pour le Canada tout en prenant en compte les contraintes
production presque constant. D’ici 2050, le scénario TC30 prévoit que qu’exercent certaines conditions externes, est à la source de ce déclin.
la production d’uranium croîtra de 18 %, alors que cette augmentation Trois de ces conditions affectent particulièrement l’évolution du secteur
est de 5 à 7 % dans les scénarios CN afin de tenir compte de l’expansion canadien de la production pétrolière et gazière. La première concerne le
du nucléaire dans la production d’électricité. Étant donné que le modèle fait que la production de pétrole et de gaz est dissociée de la demande
NATEM ne modélise pas l’évolution de la demande extérieure, la quantité intérieure, laquelle pourrait éventuellement être satisfaite par des
d’uranium extraite à des fins d’exportation demeure la même dans tous importations, étant donné que les prix du pétrole et du gaz sont
les scénarios et au fil du temps; toute croissance de la production est exogènes au modèle. La deuxième condition a trait au fait que,
ainsi associée à une augmentation de la consommation nationale. conformément aux accords internationaux, seules les émissions de GES
produites dans le pays sont ajoutées au bilan de celui-ci. Ainsi, les
émissions générées à l’étranger en vue de satisfaire les besoins de
Observations générales : services au Canada ne sont pas comptabilisées, tandis que les
• Actuellement, la production d’énergie au Canada repose principalement émissions générées par la production de biens et de services destinés
sur la production de pétrole et de gaz; tous les scénarios CN montrent à l’exportation sont entièrement attribuées au Canada. Étant donné que
cependant que celle-ci diminue de plus de la moitié au cours de la la majeure partie de la production canadienne de pétrole et de gaz est
prochaine décennie, suggérant que le coût direct par tonne de réduction
des émissions dans ce secteur est inférieur à celui que l’on projette
exportée, cette comptabilisation exerce une plus grande pression sur la
dans de nombreux autres domaines de l’économie. production que sur la consommation d’énergie. Alors que les clients
internationaux se tournent vers d’autres sources d’approvisionnement,
• Le scénario TC30 limite la production de gaz naturel par rapport au
scénario REF, ce qui laisse entendre que cette production est plus sensible la réduction nette des émissions de GES à l’échelle mondiale est donc
à la tarification du carbone. inférieure à la réduction calculée ici; elle dépendrait en fait de la
• Sur la base des projections de prix de l’énergie évoquées au chapitre 1,
différence de volume des émissions liées à la production, entre la
la production de pétrole augmente de 60 % d’ici 2040 dans le scénario production pétrolière du Canada et la production énergétique de ces
REF; les projections actuelles prévoient qu’elle va stagner et diminuer autres fournisseurs.
fortement après 2050 pour revenir aux niveaux actuels. Bien sûr, cela
dépend grandement de l’évolution des prix mondiaux qui, dans le scénario Enfin, la troisième condition concerne le fait que, puisque la croissance
REF, détermineront en grande partie l’avenir de la production canadienne. économique est exogène au modèle, seuls les coûts directs sont pris en
compte. Cependant, étant donné l’importance du secteur pétrolier et
gazier dans l’économie canadienne, une diminution rapide de ces
activités aura forcément un impact sur la croissance économique, à
moins que des politiques ne soient rapidement mises en place pour
soutenir la gestion de cette transition. Notons que si le reste de la
planète, et en particulier les États-Unis, emprunte comme prévu une
trajectoire de réduction des émissions de GES plus ambitieuse, le
Canada verra son marché de l’exportation se contracter rapidement, ce
qui aurait un impact d’une ampleur semblable à ce qui est projeté ici.
7.1.2 A
nalyse de sensibilité : les effets de niveaux minimaux Figure 7.2 – Production d’énergie primaire associée à des contraintes alternatives s’exerçant
de production de pétrole et de gaz sur la production de pétrole et de gaz
Une analyse de sensibilité a été réalisée pour mieux évaluer l’impact des
trajectoires alternatives sur le secteur pétrolier et gazier lorsque la
réduction de la production d’énergie est contrôlée par des conditions
extérieures au pays. À des fins de comparaison avec le scénario CN50,
nous avons utilisé les deux scénarios supplémentaires suivants :
• Le scénario OilExpA, qui poursuit les objectifs du scénario CN50,
mais maintient en tout temps la production de pétrole et de gaz
naturel à un minimum de 25 % des niveaux du scénario de
référence;
• Le scénario OilExpB, qui poursuit les objectifs du scénario CN50,
mais maintient en tout temps la production de pétrole et de gaz
naturel à un minimum de 50 % des niveaux du scénario de
référence.
Dans les principaux résultats du scénario CN50, la production de pétrole
et de gaz naturel diminue respectivement avant 2030 de 52 % et 59 %
par rapport à 2016 (figure 7.2). En 2050, ces réductions atteignent 94 %
et 90 % par rapport au point de départ. Le scénario OilExpA voit la
production de pétrole diminuer de 46 % en 2030 et de 55 % en 2050,
alors que le scénario OilExpB maintient des niveaux de production plus
élevés et ne prévoit que des réductions de 16 % en 2030 et de 10 % en
2050. En ce qui concerne le gaz naturel, les réductions sont de l’ordre
de 55 % et 66 % dans le scénario OilExpA, et de 48 % et 33 % dans le
scénario OilExpB. La production de gaz naturel subit une réduction plus
importante que celle de pétrole dans le scénario OilExpB, étant donné
l’augmentation beaucoup plus importante de la production de pétrole
anticipée dans le scénario REF. Alors que les deux scénarios OilExpA et
OilExpB mènent à la carboneutralité d’ici 2050, il est intéressant de
noter que la production de pétrole et de gaz n’est limitée dans aucun
des deux scénarios par le plancher de production qu’ils se sont
respectivement imposé.
Alors que la production totale de pétrole et de gaz est maintenue à des
niveaux plus élevés dans les scénarios OilExpA et OilExpB que dans le
scénario CN50, les deux scénarios alternatifs ont un impact sur la
consommation finale qui, bien que notable, est beaucoup moins
important que celui du scénario CN50.
Les scénarios alternatifs entraînent un deuxième résultat intéressant Figure 7.3 – Consommation finale par source avec des contraintes alternatives imposées
concernant la consommation finale de produits pétroliers et de gaz sur la production de pétrole et de gaz
naturel. À l’exclusion de la consommation d’énergie liée à la production
de pétrole et de gaz, cette consommation finale est réduite dans les
scénarios OilExpA et OilExpB par rapport au scénario CN50 (figure 7.3).
En 2030, la consommation d’énergie fossile est significativement
réduite dans son ensemble; dans les scénarios OilExpA et OilExpB, la
consommation de gaz naturel diminue respectivement de 5 % et 13 %, et
celle de pétrole de 2% et 5% par rapport au scénario CN50. Pour combler
leurs besoins énergétiques, tous les autres secteurs doivent donc
augmenter leur consommation d’électricité, de biomasse et d’hydrogène
dans le scénario OilExpB (respectivement de 2 %, 6 % et 8 %), ce qui,
grâce à la productivité plus élevée de l’électricité, permet une réduction
globale de 2,5 % de la demande totale d’énergie.
En 2050, la consommation de produits pétroliers a diminué de 8 % dans
le scénario OilExpA et de 19 % dans le scénario OilExpB par rapport au
scénario CN50, alors que la consommation de gaz naturel est demeurée
presque identique à celle projetée dans le scénario CN50. La principale
évolution de la consommation de gaz naturel se produit donc à plus
court terme, alors que les produits pétroliers sont affectés à la fois à
court et à plus long terme. De toute évidence, si l’on veut maintenir un
niveau plus élevé de production pétrolière et gazière sans compenser
complètement dans ce secteur les émissions de GES ainsi générées, il
faudra, pour atteindre les objectifs généraux de réduction des émissions
de GES, que les autres secteurs économiques se transforment beaucoup
plus rapidement et profondément. Par conséquent, l’essentiel de la pro-
duction supplémentaire autorisée dans ces scénarios accroîtra la dé-
pendance du Canada par rapport aux marchés d’exportation, si ceux-ci
peuvent encore l’absorber, car la consommation intérieure reposera plus
rapidement sur des sources d’énergie à faibles émissions de carbone.
Pour compenser les réductions d’émissions qui ne sont pas réalisées Les niveaux supérieurs de production de pétrole et de gaz et les
dans les scénarios OilExpA et OilExpB, d’autres secteurs devront différents profils de consommation sectoriels constituent deux facteurs
décarboner leurs activités plus rapidement (voir l’annexe C pour des qui, lorsqu’ils sont combinés, permettent dans les scénarios alternatifs
détails concernant les réductions sectorielles d’émissions de GES dans de réduire les émissions de GES dans la même mesure que le scénario
ces scénarios alternatifs). Le secteur du bâtiment fournit un bon CN50, mais de manière différente. Si l’on compare les coûts directs
exemple de cette réalité et devra, d’ici 2030, réduire sa consommation découlant de la réduction des émissions de GES, on constate que ceux-
de gaz naturel de 6 % et 16 % supplémentaires dans les scénarios ci augmentent plus rapidement dans les scénarios alternatifs OilExpA
OilExpA et OilExpB par rapport au scénario CN50. Cette réduction de la et OilExpB que dans le scénario CN50. Deux éléments expliquent ce
consommation de gaz naturel sera compensée par une augmentation fait : premièrement, les coûts associés à cette réduction sont transférés
de la consommation d’électricité, dont la part devrait s’accroître du secteur de production du pétrole et du gaz à d’autres secteurs de
respectivement de 10 % et 14 % dans ces deux scénarios par rapport au l’économie, y compris ceux du bâtiment, du transport et d’autres
scénario CN50, ce qui aura pour conséquence d’accélérer l’électrification industries et, deuxièmement, ces coûts proviennent d’une plus grande
de ce secteur. On observe des résultats semblables dans le secteur de utilisation de la technologie d’extraction directe dans l’air (EDA) pour
l’électricité, qui devient net négatif d’ici 2030 dans le scénario OilExpB, compenser le volume plus élevé d’émissions de GES généré par les
ainsi que dans le secteur industriel qui voit sa consommation de gaz activités économiques. D’ici 2050, les activités d’EDA devraient presque
naturel diminuer de 11 % et celle de produits pétroliers de 10 % d’ici tripler et la quantité de carbone capté annuellement passer de 15 Mt
2030 dans le scénario OilExpB par rapport au scénario CN50. Ces d’équivalent CO2 dans le scénario CN50 à 41 Mt d’équivalent CO2 dans
réductions sont principalement compensées par une augmentation de le scénario OilExpB.
la consommation d’électricité de l’ordre de 4 %.
Le fait de protéger la production de pétrole et de gaz a pour incidence Observations générales :
principale d’accélérer la transformation d’autres secteurs qui, en 2050, • L’imposition d’un niveau minimal de production de pétrole et de gaz,
présentent un bouquet énergétique relativement similaire (figure 7.3). afin de ralentir la baisse de celle-ci, permet de conserver un marché
Ainsi, les produits pétroliers, qui ne sont consommés qu’en très faibles d’exportation vigoureux (tant que la demande extérieure existe).
quantités, ont vu leur part réduite dans des proportions semblables à • Cependant, pour atteindre les mêmes objectifs de réduction des émissions
ce qui est prévu pour 2030 dans le scénario CN50; d’autre part, la de GES, la protection des exportations de pétrole et de gaz nécessite
consommation de gaz naturel est identique à celle du scénario CN50 une réduction plus rapide et profonde de la consommation canadienne
dans le scénario OilExpA, mais supérieure de 10 % dans le scénario de produits pétroliers et gaziers dans presque tous les secteurs.
OilExpB. • Cette consommation évolue différemment dans chaque secteur;
l’électrification est ainsi plus rapide dans les secteurs du bâtiment,
Sans surprise, et même avec la pression supplémentaire qu’exercent les de l’agriculture hors transport, du transport et de l’industrie et permet
scénarios OilExpA et OilExpB, le coût d’une transformation plus rapide de répondre à la demande énergétique en utilisant une quantité moindre
du secteur du transport demeure trop élevé avant 2030. Les de pétrole et de gaz, tandis que les exportations de ces carburants
changements sont donc modestes : la part de l’électricité, qui ne connaissent une augmentation.
représente que 2,5 % de la consommation d’énergie dans ce secteur d’ici
2030 dans le scénario CN50, n’augmente respectivement que de 5 %
et 10 % dans les scénarios OilExpA et OilExpB d’ici 2030, pour
correspondre à une diminution comparable, en taille relative, de la
consommation de diesel et d’essence.
Observations générales :
• Compte tenu de l’importance que revêtent aujourd’hui les exportations
pour le secteur canadien de la production d’énergie, le profil des
exportations du pays change brusquement dans les scénarios CN,
conformément à l’évolution de la production décrite dans la section
précédente.
• Alors que la consommation de gaz naturel au Canada diminue dans
tous les scénarios CN, les exportations, en particulier celles de GNL,
augmentent légèrement par rapport aux niveaux de 2016.
• Avec l’attribution actuelle des émissions de GES aux pays producteurs,
les importations de pétrole pourraient augmenter dans les scénarios CN
par rapport au scénario REF afin de permettre l’atteinte des objectifs
nationaux.
Après 2030, la majeure partie de cette électricité supplémentaire est Figure 7.7 – Capacité de production d’électricité installée
produite à partir de l’énergie solaire et éolienne variable ainsi que de la
biomasse. Dans le scénario CN50 par exemple, l’éolien devrait produire
en 2050 une quantité d’électricité équivalente à 90 % de celle produite
par l’hydroélectricité, la part de l’éolien étant ainsi multipliée par 15 par
rapport à 2016. Dans le même scénario, la consommation de la
biomasse serait multipliée par 7 et celle de l’énergie solaire par près de
50. Même si ces deux sources sont au début nettement moins
importantes que l’éolien, elles devraient respectivement satisfaire 4 %
et 11 % de la demande totale d’électricité d’ici 2050 dans le scénario
CN50 (figure 7.6).
Étant donné que la production d’électricité variable est appelée à jouer • Les grandes installations hydroélectriques du Canada ont un rôle important
à jouer pour soutenir l’adaptation du pays à la croissance de la capacité
un rôle croissant dans le système électrique, il devient important de de production électrique provenant des énergies éolienne et solaire
prendre en compte la capacité de production. Ces technologies à variables, laquelle devrait plus que tripler dans les scénarios CN; ces
production variable présentent en effet un facteur de capacité plus faible installations permettront de réduire le besoin de créer de nouvelles
(inférieur en moyenne de 22 % à 47 % selon la technologie et le site capacités de stockage ainsi que le coût global de ces technologies.
d’installation), ce qui nécessite une plus grande capacité installée pour • En l’absence d’évaluations détaillées de nouveaux projets hydroélectriques,
fournir la même puissance. et compte tenu de la faible acceptabilité sociale de tout aménagement
hydroélectrique de grande envergure, aucun nouveau projet de ce genre
Dans le scénario REF, comme la part de la production thermique n’est prévu. Il est cependant important de se rappeler que le Canada
demeure importante, la croissance de la capacité installée est largement possède encore un potentiel considérable de développement de cette
proportionnelle à la demande d’électricité. C’est également le cas dans source d’énergie.
le scénario TC30, où l’augmentation de la production nucléaire offre un • Étant donné les limites à la construction de nouvelles installations
facteur de capacité élevé qui réduit la nécessité de développer des hydroélectriques ainsi que les contraintes techniques actuelles affectant
capacités de production supplémentaires. Les scénarios CN se d’autres technologies de stockage, l’hydrogène et l’énergie nucléaire
dissocient nettement de cette tendance, notamment à partir de 2040. pourraient être amenés à jouer un rôle important. Il est cependant difficile
actuellement de préciser leur contribution respective, et ce, en raison
Dans les scénarios CN60, CN50 et CN45 par exemple, la capacité totale
des nombreuses inconnues qui persistent à leur sujet en matière de coûts,
prévue en 2040 est respectivement 60 %, 90 % et 125 % supérieure à de spécifications, d’infrastructures requises, de préoccupations de sécurité
celle qui est anticipée dans le scénario REF la même année, et cette et d’acceptabilité sociale. Il est probable que leur rôle dépendra davantage
proportion atteint 200 % en 2060 dans les trois scénarios CN. Cette de choix politiques que de simples considérations de coût.
surcapacité comprend à la fois la capacité de production (essentiellement
éolienne et solaire) ainsi que le stockage. Ce dernier devrait représenter
de 10 % à 13 % de la capacité totale en 2040 dans les scénarios CN60
et CN45, et passer à 15 % en 2060 dans les trois scénarios CN. Le
stockage demeure un facteur négligeable dans le scénario REF;
cependant, étant donné la baisse anticipée de son coût, il représente
7,5 % de l’ensemble de la capacité installée en 2040 dans le scénario
TC30, avant d’atteindre 10 % en 2060.
Le stockage, tel qu’il est présenté ici, comprend le stockage d’énergie à
long terme (semaines), à moyen terme (jours) et à court terme (heures).
Il pourrait reposer sur l’utilisation de batteries, de l’hydrogène ou d’autres
types de stockage. La proportion exacte à respecter entre les sources
d’énergie variables et les types de stockage pourrait varier, car la
capacité de production est déterminée par (i) un volume suffisant de
production d’énergie variable, qui n’est pas le même pour l’éolien et le
solaire et (ii) le coût du stockage, qui permet une meilleure adéquation
entre la production et la demande. Une modélisation précise de
l’interaction de ces deux facteurs nécessite des données détaillées sur
les modes de consommation d’énergie; or, dans un contexte où le
système énergétique et la production d’électricité subissent de grands
changements, cette information n’est actuellement pas disponible.
Observation générale :
• Le rôle croissant de la bioénergie n’est cependant pas le même dans
tous les scénarios. En effet, la combinaison de sources de biomasse
utilisée change considérablement, les résidus agricoles accroissant
leur part au détriment de celle des résidus forestiers; d’autre part, les
applications principales de la bioénergie évoluent, alors que la production
de biocarburants et d’électricité avec captage du carbone fait une
consommation accrue de cette ressource.
8.1 À quoi ressemble la carboneutralité? Figure 8.1 – Émissions totales de GES selon le secteur
Alors que, conformément à leur essence, les trois scénarios CN Dans tous les scénarios CN d’ici 2040, la production d’électricité doit
comprennent des réductions significatives des émissions de GES, il est générer des émissions négatives équivalant respectivement à 18, 25 et
intéressant d’étudier l’impact de l’utilisation d’horizons temporels 32 Mt d’équivalent CO 2 . Dans les scénarios CN50 et CN45, la
différents pour atteindre ces réductions. Toujours selon l’horizon 2030, combustion industrielle contribue également à ce résultat en permettant
les scénarios CN50 et CN45 entraînent respectivement une réduction le stockage d’une quantité nette supplémentaire de 14 et 36 Mt
totale des émissions de GES de l’ordre de 38 % et 43 % par rapport à d’équivalent CO2, ainsi que le captage d’un volume d’équivalent CO2
2016, tandis que ce pourcentage est de 28 % dans le scénario CN60. encore supérieur à celle-ci. Pour compenser la lente transition du
En prenant l’année 2005 pour référence, ces chiffres sont respectivement secteur du transport et, dans une moindre mesure, celle de l’agriculture,
conformes à la réduction imposée de 30 % et 40 % dans les scénarios tous les autres secteurs diminuent leurs émissions de 60 % ou
CN60 et CN50, et créent une importante réduction de 54 % dans le davantage dans les scénarios CN50 et CN45.
scénario CN45. Si le taux de réduction des émissions de GES varie d’un secteur à l’autre
Même la réalisation d’une réduction de 28 % (CN60) des émissions exige en fonction des coûts afférents à cette réduction, presque tous les
des transformations sectorielles majeures. Dans le scénario CN60, la secteurs atteignent la carboneutralité ou s’en rapprochent à la fin des
production d’énergie, qui comprend les combustibles fossiles et périodes de référence. Il y a cependant trois exceptions notables, soit le
l’électricité, subira la plus importante réduction absolue des émissions secteur du transport, les procédés industriels et l’agriculture, même si
de GES au cours des dix prochaines années, avec une diminution dans les deux derniers cas il s’agit essentiellement d’émissions non
respective de 60 et 80 Mt d’équivalent CO2, ce qui correspond à des énergétiques. Dans un contexte de carboneutralité, ces émissions
réductions de 55 % et 70 %. Viennent ensuite les émissions fugitives, qui restantes doivent être compensées par le captage et le stockage
sont également liées à la production de combustibles fossiles et qui d’émissions générées ailleurs dans le système. Dans l’ensemble
subiront une diminution de 50 % ou 27 Mt d’équivalent CO2. Enfin, les cependant, et dans une perspective d’optimisation des coûts, la
émissions provenant des procédés industriels devraient diminuer de modélisation suggère qu’il est préférable de décarboner au maximum
34 %, soit de 18 Mt d’équivalent CO2. Des secteurs tels que ceux de la les secteurs qui peuvent l’être, tout en tirant profit des possibilités
combustion industrielle et de l’agriculture réduisent leurs émissions de spécifiques et sectorielles de captage et de stockage du CO2.
20 %, alors que les émissions des bâtiments commerciaux demeurent
presque constantes et que celles du secteur du transport augmentent
de 5 %.
Les réductions plus rapides imposées dans le scénario CN50 accélèrent
encore davantage la transformation de ces quatre secteurs : on observe
ainsi une réduction de 89 % des émissions provenant de la production
d’électricité, de 62 % de celles engendrées par la production de
combustibles fossiles, de 58 % des émissions fugitives et de 41 % des
émissions générées par la combustion et les procédés industriels. Les
bâtiments résidentiels et commerciaux accélèrent leur transformation,
ce qui entraîne respectivement des réductions d’émissions de l’ordre de
21 % et 41 %. Sans surprise, les secteurs du transport et de l’agriculture,
dont les émissions diminuent respectivement de 8 % et 5 %, sont les
secteurs les plus difficiles à décarboner. Bien qu’il existe quelques
différences quantitatives entre les scénarios CN50 et CN45, les
tendances qui les sous-tendent sont très semblables, y compris le fait
que la production d’électricité doit commencer d’ici 2030 à intégrer une
production par biomasse associée au captage du carbone.
8.2.3 Le secteur de l’agriculture Figure 8.3 – Émissions non énergétiques du secteur de l’agriculture
L’agriculture ne produit actuellement que 8,5 % des émissions de GES,
mais elle devrait devenir la deuxième source d’émissions restantes et
générer en 2050 et 2060, une fois la carboneutralité atteinte, environ
41 Mt d’équivalent CO2, soit près du tiers de l’ensemble des émissions
restantes (figure 8.3). Ces émissions sont distinctes de celles qui
découlent de la consommation d’énergie du secteur, lesquelles sont
presque toutes éliminées par l’électrification (voir chapitre 6). En
d’autres termes, le secteur de l’agriculture demeure la seconde source
d’émissions de GES en raison de ses émissions non énergétiques; or,
celles-ci sont beaucoup plus coûteuses à éliminer sans transformer ou
réduire de manière substantielle les pratiques de production. Les
scénarios menant à la carboneutralité parviennent encore à éliminer
quelque 40 % de ces émissions par rapport aux scénarios REF et TC30,
et leurs projections sont identiques sur toute la période, en raison
surtout de la réduction des émissions provenant de la fermentation
entérique, lesquelles diminuent dans les scénarios CN de 50 % par
rapport aux niveaux actuels.
S’il s’avèrera probablement nécessaire d’adopter des approches ciblant
les stratégies de production, appuyées par des changements en matière
de consommation, celles-ci n’entrent pas dans le cadre du présent
rapport.
8.2.4 Le secteur industriel : procédés et combustion Figure 8.4 – Émissions provenant des procédés industriels
L’industrie (en dehors de la production d’énergie) est actuellement res-
ponsable d’un peu plus de 16 % des émissions de GES au Canada. Tous
les scénarios prévoient une diminution rapide des émissions générées
par les procédés industriels, à commencer par une réduction de la pro-
duction et de la consommation de fluide de refroidissement (figure 8.4).
Dans le scénario REF, cela entraîne en 2030 une réduction de 18 % des
émissions issues des procédés, qui atteint 30 % en 2050 grâce à la
production d’aluminium à faible teneur en carbone. Le scénario TC30
induit une transformation plus importante, avec des réductions de 33 %
d’ici 2030 qui culminent à 47 % en 2040, avant que les émissions de
GES n’augmentent à nouveau (scénario REF) ou se stabilisent (scénario
TC30) au cours des 20 dernières années du modèle.
Les scénarios CN induisent des réductions supplémentaires et plus
rapides qui sont, en 2030, de l’ordre de 34 %, 41 % et 45 %. Ce dernier
pourcentage augmente par la suite à environ 60 % en 2040, puis croît
plus lentement pour atteindre en 2060 des réductions de 67 à 74 %,
ceci comprenant le captage de quelque 5 Mt d’équivalent CO2 à partir
de 2050. À l’heure actuelle, la possibilité d’atteindre des réductions
supplémentaires est limitée par le manque de solutions alternatives; L’importance de la transformation de ce secteur dès le début des
celles-ci ont en effet tendance à être très spécifiques aux différents trajectoires menant à la carboneutralité souligne le rôle important du
procédés industriels utilisés, mais des avancées auront peut-être lieu secteur privé dans la production des émissions de GES au Canada, mais
dans ce domaine au cours des prochaines décennies. Nous aborderons aussi son potentiel de contribuer à la solution, et ce, de manière plus
ces questions plus en détail au chapitre 13. décisive que ne pourraient le faire les citoyens.
8.2.5 La production d’énergie, y compris l’électricité Figure 8.5 – Sources d’émissions fugitives
Le secteur de la production d’énergie nécessite, lui aussi, une
transformation en profondeur. Nous avons déjà abordé la question de la
transformation de la production d’électricité au chapitre 7. Ainsi, après
une baisse de 10 % des émissions en 2030, le scénario REF prévoit, en
se basant sur l’ajout de capacité de production d’électricité thermique,
une croissance des émissions qui devrait débuter en 2040 pour
atteindre 60 % d’ici 2060 par rapport à aujourd’hui. Le scénario TC30
projette une réduction significative de 60 % des émissions d’ici 2030,
atteignant 94 % d’ici 2050, avant que la production thermique ne soit
utilisée pour répondre à la demande accrue résultant de la croissance
économique et démographique. La différence notoire existant entre les
scénarios REF et TC30 corrobore l’observation générale selon laquelle
la décarbonisation de la production d’électricité est un objectif facile à
atteindre dans toutes les trajectoires de décarbonisation.
Les scénarios CN confirment ce constat. D’ici 2030, les scénarios CN60
et CN50 prévoient une réduction des émissions totales du secteur de
la production d’énergie de l’ordre de 70 % et 90 % respectivement, tandis
que le scénario CN45 commence à inclure des émissions négatives d’un
volume de 2 Mt d’équivalent CO2. D’ici 2040, tous les scénarios CN de 55 % à 66 % et qu’elles atteindront un plancher de réduction de l’ordre
projettent des émissions négatives pour le secteur de l’électricité, soit de 89 % à 94 % en 2050. Ces réductions entraînent également une
respectivement une baisse des émissions de 122 %, 130 % et 140 % par diminution substantielle des émissions provenant de sources fugitives
rapport à aujourd’hui. Ces réductions sont réalisées grâce à la fermeture associées au secteur pétrolier et gazier, un fait qui s’explique entre
de toutes les centrales thermiques alimentées aux combustibles fossiles autres par la réglementation annoncée et une réduction globale des
et à une forte croissance du volume d’électricité produite à partir de la activités dans ce secteur (figure 8.5). En 2050, les émissions de cette
biomasse associée au CSC. Au fur et à mesure que l’on atteint les dernière source sont réduites de plus de 95 % dans les scénarios CN, ce
limites de l’utilisation de la biomasse à des fins de production d’énergie, qui permet en 2050 une réduction des émissions de l’ordre de 72 Mt
on arrive à un point de saturation, ce qui entraîne des niveaux plancher d’équivalent CO2 dans le scénario CN50 par rapport au scénario REF.
d’environ 160 % à 170 % des émissions actuelles dans les années 2050
à 2060.
Comme il est mentionné au chapitre 7, la production pétrolière et gazière
est également un secteur qui, du point de vue de l’optimisation des
coûts, peut facilement contribuer à la décarbonisation de l’économie
canadienne. Dans les scénarios REF et TC30, les émissions dans ce
secteur sont plus élevées qu’en 2016 au cours de toutes les décennies,
sauf celle de 2060 où elles diminuent respectivement de 1 % et 17 %.
Les scénarios CN prévoient, quant à eux, qu’elles diminueront d’ici 2030
8.2.6 Les techniques de captage et de stockage du carbone Figure 8.6 – Émissions captées
(CSC) ainsi que d’extraction directe dans l’air (EDA) :
compenser les émissions restantes
La figure 8.1 présente le volume d’émissions qui doit être capté dans
les scénarios menant à la carboneutralité. Il faut cependant procéder à
un examen plus approfondi de la situation pour être en mesure de saisir
l’ampleur réelle des activités de captage qui sont nécessaires (figure
8.6).
Comme nous l’avons vu dans la section précédente, tous les scénarios
menant à la carboneutralité montrent une augmentation rapide des
activités de captage des émissions générées par les installations
industrielles et la production d’énergie à partir de la biomasse associée
au captage du carbone (BECSC), cette dernière se répartissant de
manière plus ou moins égale entre la production d’hydrogène et celle
d’électricité.
Lorsque les scénarios CN se rapprochent de la carboneutralité, ces
activités de captage ne sont cependant pas suffisantes pour compenser
entièrement les émissions restantes. Par conséquent, il est nécessaire
d’utiliser le procédé d’extraction directe dans l’air d’un volume
d’émissions qui, dans le scénario CN50, s’élève à 15 Mt d’équivalent CO2
en 2050 et atteint, dans le scénario CN45, jusqu’à 33 Mt d’équivalent
CO2 en 2060. Cela porte l’ensemble des émissions captées à un volume
total qui va de 155 à 167 Mt d’équivalent CO2 dans tous les scénarios
CN une fois la carboneutralité atteinte. Faisons-nous bien comprendre :
il s’agit du volume d’émissions qui doit être capté chaque année, ce qui
illustre bien la difficulté de maintenir des émissions nettes nulles si l’on
ne parvient pas à réaliser des réductions supplémentaires.
Cependant, les scénarios de référence ne comprennent pour ainsi dire
aucune activité de captage d’émissions. Ces activités sont en effet
virtuellement absentes dans le scénario REF et ne concernent que 5 Mt
d’équivalent CO2 dans le scénario TC30, une situation qui s’explique par
le coût élevé des différentes technologies et de leurs utilisations. Les
rôles et les défis des technologies de CSC et d’EDA sont abordés de
manière plus détaillée au chapitre 9, et des perspectives techniques
supplémentaires sont présentées au chapitre 12.
8.3 Le coût de la réduction des émissions Figure 8.7 – Coûts marginaux des réductions, comparaison entre les scénarios CN50 et REF
Un examen des coûts marginaux liés à la réduction des émissions au fil 1 200 $
du temps permet de montrer que plus le temps passe, plus le défi
d’obtenir des réductions d’émissions s’avère coûteux et difficile à relever
Perspectives 2021
(figure 8.7). La courbe représentée dans cette figure nous montre de 1 000 $
Perspectives 2018
quelle façon le coût de la réduction des dernières émissions s’accroît plus 50 %
rapidement. Ce fait illustre bien la complexité inhérente à la réalisation 800 $ 100 %
d’une décarbonisation profonde ainsi que les incertitudes entourant le
développement de certaines technologies, y compris le captage du
$ / tCO2e
600 $
carbone, les émissions négatives et l’extraction directe dans l’air. Une fois
la carboneutralité atteinte, les coûts marginaux pour l’élimination de la
dernière tonne de CO2 s’élèvent à 1 100 $. Si ce montant peut paraître 400 $
tuel de réduire les émissions de 40 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux
de 2005 et d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, le coût marginal de 0$
la réduction de 40 % des émissions demeure inférieur à 210 $ par tonne 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
d’équivalent CO2. Pour dépasser ce seuil de réduction, les coûts margi-
naux augmentent par la suite, mais leur taux de croissance n’est pas Réduction des émissions en MtCO2e
plus rapide dans un premier temps. En effet, lorsque l’on a atteint une
réduction d’environ 80 % des émissions par rapport à 2005, le coût
associé à l’élimination de la dernière tonne est encore inférieur à 500 $.
Deuxièmement, il vaut la peine de comparer ces résultats avec ceux des une réduction très significative des coûts marginaux en moins de trois
travaux antérieurs de modélisation réalisés pour les Perspectives ans. C’est ce qui explique que la réduction de 80 % des émissions dans
énergétiques canadiennes 2018. Dans le scénario 80P, qui constituait le scénario CN50 est atteinte avant 2050 par rapport au scénario 80P.
le scénario de réduction le plus exigeant de l’époque, l’objectif consistait Cet exemple permet de bien illustrer le fait que les coûts marginaux
à réduire de 80 % les émissions liées à l’énergie d’ici 2050 par rapport constituent une cible qui évolue rapidement. Lorsque l’on adopte des
à celles de 2005, ce qui représentait une réduction de 65 % des mesures concrètes pour réduire les émissions, l’innovation technologique
émissions totales. Le coût marginal de l’élimination de la dernière tonne qui s’en suit entraîne une diminution des coûts associés à la réalisation
était alors légèrement supérieur aux chiffres obtenus en 2021. Même de réductions supplémentaires. Ce phénomène se produit au fur et à
s’il n’est pas possible de comparer précisément ces données, puisque mesure que de nouvelles technologies et de nouvelles utilisations
le modèle actuel comprend une couverture plus complète des émissions, apparaissent. En conséquence, les coûts marginaux à plus long terme
comme expliqué au chapitre 1, et que l’évolution du scénario de sont réduits; mais, plus important encore, les coûts plus élevés estimés
référence est différente, l’ordre de grandeur est cependant indéniable. pour la réduction de la dernière tonne perdent de leur pertinence, car ils
Depuis les précédentes Perspectives, les technologies ont connu une affectent une proportion plus restreinte des réductions. Au chapitre 14,
évolution qui leur a permis non seulement d’apporter des solutions de nous reviendrons sur la question du coût de la transition vers une
réduction des émissions, mais également de diminuer les incertitudes économie carboneutre afin d’évaluer les coûts et les bénéfices globaux
concernant les voies technologiques et leurs coûts, ce qui a entraîné des transformations qu’il est nécessaire d’effectuer avant 2050.
Dans le scénario IntA, cette capacité de production nucléaire est semblables à ceux du scénario CN50; bien que le total soit similaire
suffisante pour réduire le volume d’électricité qui doit être produite à dans le scénario IntB, celui-ci utilise moins d’électricité (- 7 %), d’essence
partir d’une capacité renouvelable de 239 à 155 GW, ce qui (- 9 %) et de bioénergie (- 3 %) que le scénario CN50, alors qu’il
s’accompagne d’une réduction connexe de la capacité de stockage, consomme davantage de gaz naturel (+ 17 %) et beaucoup plus
celle-ci passant de 68 à 45 GW. Dans le scénario IntB, la capacité de d’hydrogène (+ 50 %). Après 2050 cependant, les niveaux de
production hydroélectrique s’accroît de 89 à 107 GW, et la moitié de consommation d’hydrogène convergent entre les scénarios IntA, IntB et
cette augmentation se fait au détriment du nucléaire. Si la capacité de CN50. Il convient cependant de souligner que ces changements
production variable est également réduite de 63 GW par rapport au affectent principalement le transport de marchandises.
scénario CN50, elle est aussi compensée par 8 GW de capacité de Enfin, comme la production d’hydrogène à partir de la BECSC s’accroît
production électrique à partir de l’hydrogène et par une légère dans le scénario IntB, celle-ci permet en 2050 le captage d’un plus gros
augmentation de 2 GW de la production thermique alimentée aux volume d’émissions par rapport au scénario CN50, soit 12 Mt d’équiva-
combustibles fossiles. lent CO2. Cela nécessite que la biomasse serve à la production d’hydro-
Dans le scénario IntB, les échanges interprovinciaux sont également gène plutôt qu’à celle d’électricité à partir de la BECSC, ce qui constitue
utilisés pour équilibrer les niveaux de la demande et de la production. une compensation pour la majeure partie de ce changement. En d’autres
Dans ce scénario, le commerce interprovincial de l’électricité augmente termes, l’augmentation de la production d’hydrogène à partir de la
déjà de 15 % en 2040 par rapport au scénario CN50, ce pourcentage BECSC permet d’accroître les émissions négatives, ce qui entraîne une
atteignant 42 % en 2050 et 63 % en 2060. Ces échanges permettent baisse de la production d’électricité à partir de la BECSC à un volume
d’assurer une résilience du réseau sans qu’il soit nécessaire d’installer d’environ 8 Mt d’équivalent CO2. Compte tenu de l’utilisation plus im-
une capacité de production de base supplémentaire; en conséquence, portante du gaz naturel dans le scénario IntB, la production d’électricité
la production totale est plus faible, ce qui suggère une amélioration de s’accompagne dans ce scénario d’activités plus intenses de captage des
l’efficacité globale du réseau. émissions, ce qui entraîne des émissions nettes similaires pour la pro-
Ces changements sont également associés à des profils de duction d’électricité dans les trois scénarios.
consommation différents. La consommation totale d’énergie finale dans
les différents secteurs est similaire dans les trois scénarios. Dans le Observations générales :
scénario IntB cependant, la consommation d’électricité est inférieure de
• Comme l’alimentation en électricité présente une forte dépendance à l’égard des
6 % en 2050, alors que celle de gaz naturel est en hausse de 23 % et sources d’énergie variables, il devient nécessaire d’augmenter considérablement
celle d’hydrogène de 30 %. les capacités de production et de stockage pour compenser les facteurs de
capacité plus faibles de ces technologies ainsi que les déséquilibres existant
Pour le scénario IntB, cela se traduit par trois changements importants
entre les niveaux de production et ceux de consommation.
dans le secteur du bâtiment. Celui-ci consomme alors davantage
d’hydrogène (174 PJ par rapport à 3 PJ en 2050 dans le scénario CN50) • Dans une perspective d’allocation optimale des coûts, l’imposition de contraintes
sur le stockage et la production d’électricité variable favorise la production
et de gaz naturel (81 PJ par rapport à 53 PJ) et fait un plus grand usage nucléaire, mais les incertitudes concernant le développement des PRM et leur
de la géothermie et du solaire concentré (51 PJ par rapport à 6 PJ dans acceptabilité sociale doivent être prises en compte avec précaution.
le scénario CN50). Ces changements deviennent importants vers 2040
• L’accroissement des connexions interprovinciales permet d’éviter la production
et le demeurent par la suite, l’utilisation de l’hydrogène augmentant et l’installation de capacités de production d’une quantité importante
principalement dans le secteur commercial. d’électricité.
Dans le secteur de l’industrie en 2050, la consommation d’électricité • Le fait de privilégier la production hydroélectrique et les connexions
est légèrement supérieure de 4 % et celle de gaz naturel de 17 % dans le interprovinciales plutôt que le nucléaire pour équilibrer les énergies
scénario IntB par rapport au scénario IntA, alors que celle de bioénergie renouvelables variables entraîne un changement des profils sectoriels, ceux-ci
présentant alors également une augmentation de l’utilisation de l’hydrogène et
et celle d’hydrogène sont respectivement inférieures de 15 % et 22 %. du gaz naturel.
Pour le secteur du transport, le scénario IntA aboutit à des niveaux
En ce qui concerne le transport aérien, le scénario BioMin prévoit une Un dernier point crucial concerne l’impact que ces contraintes
légère baisse de la consommation de biocarburants en 2030 et, en 2050, alternatives sur la quantité de biomasse disponible ont sur les activités
des niveaux inférieurs de 20 % à ceux du scénario CN50. Pour sa part, le d’émissions négatives, à savoir la production d’électricité et d’hydrogène
scénario BioMax présente des niveaux de consommation qui, par rapport à partir de la BECSC. Compte tenu du fait que l’industrie et la production
à ceux du scénario CN50, sont presque multipliés par 10 en 2030 et par d’énergie à partir de la BECSC ont besoin d’émissions négatives pour
11 en 2050, même si cette consommation ne représente qu’une très atteindre la carboneutralité, la quantité de biomasse disponible peut
petite partie de l’énergie totale utilisée dans ce secteur, soit 1 % en 2030 jouer un rôle clé à la fois en ce qui concerne le choix du type de
et 5 % en 2050. technologie de captage des émissions utilisée et la nécessité de recourir
Le calendrier des changements est différent dans les autres sous-secteurs à l’EDA. Le volume d’électricité produit à partir de la BECSC diffère des
des transports. Les transports ferroviaire et maritime utilisent 40 % plus prévisions du scénario CN50 depuis 2040, ce volume étant inférieur
de biomasse en 2030 dans les scénarios contraints que dans le scénario dans le scénario BioMin et supérieur dans le scénario BioMax, comme
CN50, mais les niveaux de consommation en 2050 sont identiques dans prévu en raison de la contrainte imposée sur la disponibilité de la
les différents scénarios. Une tendance similaire s’observe dans le transport biomasse dans chaque scénario. La production d’hydrogène, quant à
hors route. Cela suggère que, dans ces sous-secteurs, la disponibilité elle, est semblable dans les trois scénarios. En 2050, les différences de
d’une quantité supplémentaire de biomasse est utile pour soutenir les niveaux de production d’électricité à partir de la BECSC se maintiennent
efforts de réduction des émissions de GES à court terme, mais dans une et la production d’hydrogène suit alors la même tendance, selon le
moindre mesure à long terme. scénario BioMin ou BioMax.
Un examen de l’utilisation globale de la biomasse (figure 9.3) fournit un Par conséquent, les changements touchant la structure des émissions
angle de vue différent sur cet accroissement de la consommation. Dans sont dans l’ensemble limités sur le court terme, mais ils deviennent
le scénario BioMax, l’augmentation de la consommation de biomasse en importants en 2050 (figure 9.4). Dans le scénario BioMin, le besoin de
2030 et 2040 concerne principalement les biocarburants et le gaz na- recourir à l’EDA est plus grand car la possibilité de produire des
turel, lesquels connaissent une augmentation respective de 80 % et 200 % émissions négatives grâce à la BECSC est plus faible. Dans le scénario
en 2040 par rapport au scénario CN50. L’impact du scénario BioMin se BioMax, il n’est pas nécessaire de recourir à l’EDA et le volume des
fait surtout sentir en 2050 et 2060, où la consommation de biocarbu- émissions négatives est encore plus considérable, s’élevant à 165 Mt
rants et de gaz naturel renouvelable est respectivement réduite de 20 % d’équivalent CO2 par rapport aux 125 Mt du scénario CN50; cela permet
et 72 % par rapport au scénario CN50. Comme il est indiqué ci-dessus, le de conserver un plus grand volume d’émissions restantes provenant
scénario BioMax voit ces deux usages diminuer après 2040, car les émis- d’autres secteurs, notamment de celui du transport. La situation est la
sions restantes produites par la combustion de ces carburants constituent même en 2060.
alors un problème important.
Note : dans ce graphique, la production d’hydrogène à partir de la BECSC est incluse dans la combustion industrielle
la production à partir de la biomasse augmente, la disponibilité des Figure 9.6 – Production d’hydrogène selon la source
matières premières maintient les proportions de biomasse et de
reformage du gaz à environ 40 % et 60 % respectivement jusqu’en 2060.
Le scénario H2b comprend un modèle différent de tarification de
l’électrolyse, ce qui entraîne à cet égard des résultats distincts par
rapport à ceux du scénario H2a, et ce, bien que la quantité d’hydrogène
produite soit identique dans les deux scénarios. Comme le donneraient
à penser les profils de consommation qui sont évoqués ci-dessus,
l’électrolyse occupe alors plus ou moins la part qui était celle du
reformage du gaz naturel (figure 9.6). En conséquence, bien que la
production d’hydrogène augmente dans des proportions similaires dans
les deux scénarios alternatifs par rapport au scénario CN50, la
disponibilité limitée de la biomasse empêche la production d’hydrogène
à partir de la BECSC d’augmenter beaucoup au-delà des niveaux du
scénario CN50, ce qui fait que presque tout le reste de cette production
repose sur le reformage du gaz naturel (scénario H2a) ou sur l’électrolyse
(scénario H2b). Ce constat implique également que, à moins que les
coûts de l’électrolyse ne soient considérablement réduits, le reformage
du gaz naturel demeurera la technique la moins onéreuse. Elle dominera
par conséquent les activités de production d’hydrogène, et ce, bien que Observations générales :
le reformage du gaz naturel soit une activité à forte intensité d’émissions • Une augmentation du taux de pénétration de l’hydrogène entraîne
qui nécessite le captage et le stockage d’un volume supplémentaire une utilisation accrue de ce combustible dans la plupart des domaines
de GES. des transports ainsi que dans certains secteurs industriels.
En 2050 néanmoins, les émissions restantes totales sont plus faibles • Du point de vue des émissions de GES, le coût de l’électrolyse et la
disponibilité de la biomasse aux fins de la production d’hydrogène à partir
dans les deux scénarios alternatifs, ce qui entraîne une diminution
de la BECSC constitueront deux facteurs déterminants dans le profil
proportionnelle des efforts de captage et de stockage des émissions qui d’émissions de l’utilisation de l’hydrogène, si toutefois la consommation
sont déployés en plus du CSC effectué à la source pour le reformage du de ce combustible atteint des niveaux plus élevés que ne le suggèrent
méthane. Ces émissions représentent alors entre 112 et 116 Mt les résultats du scénario CN50.
d’équivalent CO2 par rapport aux 125 Mt d’équivalent CO2 prévues dans
le scénario CN50. Les deux scénarios alternatifs et le scénario CN50
recourent à l’EDA pour capter des volumes d’émissions similaires. Par
conséquent, l’utilisation d’une plus grande quantité d’hydrogène dans
l’ensemble de l’économie n’entraîne pas, grâce à sa production, une plus
grande quantité d’émissions négatives, ce qui aurait permis de conserver
un volume plus important d’émissions restantes provenant des divers
secteurs économiques : la disponibilité limitée de la biomasse empêche
en effet ce développement (voir section 9.2). L’utilisation d’une plus
grande quantité d’hydrogène permet de décarboner certains secteurs
où ce résultat est particulièrement difficile à atteindre, notamment dans
quelques domaines de l’industrie et des transports.
Les installations de production équipées pour réaliser le captage du Figure 9.8 – Bioénergie associée au captage et au stockage du carbone (BECSC)
carbone varient en nombre et en importance selon les secteurs
industriels. La production de ciment représente la plus grande part du
total et, dans le scénario CN50, 62 % du ciment produit proviendra
d’usines équipées pour effectuer le CSC d’ici 2050. Dans le secteur des
pâtes et papiers en revanche, seulement 30 % de la production
proviendra d’usines équipées de la sorte, et une situation similaire
prévaudra pour les industries chimiques. Cela signifie que, par rapport
à la production du ciment, une part beaucoup plus importante de la
réduction des émissions de ces deux derniers secteurs industriels
reposera sur un changement de combustible.
La deuxième catégorie d’utilisation du captage du carbone concerne la
bioénergie associée au captage et au stockage du carbone (BECSC).
Plus de 95 % du captage réalisé dans le cadre de la production
d’électricité et d’énergie provient de l’utilisation de la BECSC pour la
production d’électricité et d’hydrogène (figure 9.8), le reste provenant
des centrales électriques au gaz naturel équipées d’installations de CSC.
La production d’électricité à partir de la BECSC augmente déjà
rapidement en 2030 dans les scénarios CN50 et CN45 où elle atteint
respectivement 11 et 22 Mt d’équivalent CO2. La production d’hydrogène
à partir de la BECSC rattrape cependant rapidement son retard avant
de constituer, dans ces deux scénarios, une part à peu près égale d’ici
2040 d’environ 57 Mt d’équivalent CO2, soit une part semblable à celle
de l’électricité produite à partir de la BECSC. Cela s’explique en partie
par le fait que la demande d’hydrogène est faible au cours de la première
décennie en raison de la nouveauté de ce vecteur. Une fois que la
demande pour ce combustible a décollé, la production d’hydrogène, qui
génère des émissions négatives comme la production d’électricité à
partir de la BECSC, devient une source importante d’émissions négatives
servant à compenser les émissions restantes produites ailleurs dans
l’économie.
Par conséquent, bien qu’une très petite quantité de biomasse soit
utilisée pour la production d’électricité en proportion du total, les
centrales électriques alimentées à la biomasse et équipées d’installations
de CSC produisent un volume considérable d’émissions négatives. En
effet, la production d’électricité associée au captage du carbone devient
la principale utilisation de la biomasse, ce qui représente 827 TJ en
2050 dans le scénario CN50 et une part à peu près égale à celle de la
biomasse utilisée pour la production d’hydrogène (750 TJ), comme
indiqué dans les sections précédentes.
Enfin, les résultats montrent que, pour atteindre la carboneutralité, il Observations générales :
faudra recourir à la technologie d’extraction directe dans l’air. Dans les • Pour atteindre la carboneutralité, il est nécessaire de procéder au captage
scénarios menant à la carboneutralité, entre 15 et 33 Mt d’équivalent du carbone à grande échelle, une opération qui peut être réalisée de
CO2 doivent en effet être directement retirés de l’atmosphère pour différentes manières; son utilisation pour capter les émissions générées
compenser les émissions restantes. Bien que cela ne représente qu’une par l’industrie est cependant inégale selon les secteurs.
faible partie de l’ensemble des émissions captées, l’expérience très • La technologie d’EDA est essentielle dans tous les scénarios menant
limitée que l’on a actuellement de l’utilisation concrète de cette à la carboneutralité et la nécessité d’y recourir dépend en grande partie
du volume d’émissions restantes ainsi que de la quantité d’électricité
technologie invite à évaluer ce résultat avec prudence, car le coût de
et d’hydrogène produite à partir de la BECSC.
fonctionnement de cette technologie suscite de grandes incertitudes
quant à son éventuelle utilisation. En fait, le captage du carbone à l’aide
de l’EDA n’apparaît dans le modèle qu’en 2050, ce qui reflète le coût
élevé associé à son fonctionnement. Il convient cependant de noter
qu’en 2060, le scénario CN45 fait un plus grand usage de l’EDA que le
scénario CN50, ce qui suggère que l’innovation technologique dans le
domaine des technologies de captage du carbone, et plus généralement
pour les technologies à faibles émissions de carbone, continue d’évoluer
une fois la carboneutralité atteinte, apportant ainsi des solutions plus
novatrices pour contrôler les émissions.
La figure 9.7 montre également que, si l’on doit choisir entre le stockage
et l’utilisation du carbone dans les secteurs de l’industrie et de la
production d’énergie, le stockage constitue la meilleure façon de capter
plus de 99 % des émissions. La technologie d’EDA et la production
d’électricité à partir de la BECSC, qui sont toutes les deux comprises
dans le graphique, entraînent également la nécessité de recourir à une
proportion similaire de stockage. D’une part, ce constat montre le
potentiel limité de la réutilisation du CO2 en termes de coût, le stockage
étant l’option la moins onéreuse. D’autre part, cela illustre également la
principale contrainte relative à la réutilisation du carbone, à savoir que
celle-ci se traduit le plus souvent par le rejet des émissions captées,
quelque part en aval, après l’utilisation du CO2 capté.
Il est important de se rappeler qu’afin d’optimiser les dépenses totales, les contraintes
sur les émissions de GES s’appliquent au niveau national plutôt que par province et
territoire. Par conséquent, certaines provinces et certains territoires qui bénéficient
de possibilités de décarbonisation plus avantageuses seront en mesure d’atteindre
un bilan d’émissions nettes négatives, tandis que d’autres conserveront une fraction
globale plus élevée de leurs émissions.
10.1 La Colombie-Britannique
Figure 10.1 – Le profil énergétique de la Colombie-Britannique
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
• Les bâtiments résidentiels et commerciaux ont pratiquement éliminé • Dans les scénarios menant à la carboneutralité, les exportations
leurs émissions d’ici 2040; la décarbonisation du secteur du d’électricité vers l’Alberta sont multipliées par cinq, même si cela
transport demande cependant plus de temps et se limite d’ici 2050 représente un volume nettement inférieur à 10 % de la production
à une réduction d’un plus de 50 % de ses émissions. totale de la Colombie-Britannique.
• D’ici 2050 ou 2060, tous les scénarios menant à la carboneutralité • A u fil du temps, la production de biomasse devrait s’appuyer
entraînent un plus grand volume d’émissions négatives que principalement sur les résidus forestiers, cette production doublant
nécessaire pour compenser les émissions restantes de la province; d’ici 2030. À ceux-ci s’ajoutent plus tard les déchets organiques qui
à ce moment-là, la Colombie-Britannique sera donc nette négative alimentent cette production, et ce, surtout à partir des années 2040,
en termes d’émissions de GES. ce qui contribuera à générer une quantité considérable d’électricité
à partir de la BECSC, une faible quantité d’hydrogène à partir de la
BECSC, un très faible volume de biocarburants ainsi que du biogaz.
10.2 L'Alberta
Figure 10.2 – Le profil énergétique de l’Alberta
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
10.3 La Saskatchewan
Figure 10.3 Le profil énergétique de la Saskatchewan
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
10.4 Le Manitoba
Figure 10.4 – Le profil énergétique du Manitoba
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
10.5 L'Ontario
Figure 10.5 – Le profil énergétique de l’Ontario
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
10.6 Le Québec
Figure 10.6 – Le profil énergétique du Québec
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
10.7 Le Nouveau-Brunswick
Figure 10.7 – Le profil énergétique du Nouveau-Brunswick
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
10.8 La Nouvelle-Écosse
Figure 10.8 – Le profil énergétique de la Nouvelle-Écosse
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
10.9 L’Île-du-Prince-Édouard
Figure 10.9 – Le profil énergétique de l’Île-du-Prince-Édouard
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
10.10 Terre-Neuve-et-Labrador
Figure 10.10 – Le profil énergétique de Terre-Neuve-et-Labrador
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
10.11 Le Yukon
Figure 10.11 – Le profil énergétique du Yukon
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
10.13 Le Nunavut
Figure 10.13 – Le profil énergétique du Nunavut
Émissions de GES selon les scénarios Réductions d’émissions selon le scénario CN50
Le présent rapport poursuivant un but similaire pour le Canada, ce chapitre vise deux
objectifs distincts : premièrement, décrire les trajectoires technologiques qui sont
présentées dans d’autres rapports internationaux afin de les comparer avec celles
des présentes Perspectives, soulignant leurs points communs et principales
différences en matière de technologies et de transformation; deuxièmement, proposer
une réflexion sur les implications pour le Canada si le reste du monde adoptait
certaines de ces trajectoires, de même que sur l’incidence que pourraient avoir ces
mêmes trajectoires sur les efforts et les choix que le Canada sera appelé à faire dans
l’avenir.
Tableau 11.1 – Résumé des renseignements présentés dans les différents rapports en matière d’émissions
R.-U. FR UE É.-U. PEC2021
Scénario Mesures centrales et autres AMS Macro ensemble de mesures E+ CN50
mesures ambitieuses
Total de l’atténuation des 95-96 % de réduction d’ici 2050 Carboneutralité d’ici 2050 (83 % Carboneutralité d’ici 2050 Carboneutralité d’ici 2050 Carboneutralité d’ici 2050, avec
émissions par rapport à 1990 de réduction + compensation) (environ 90 % de réduction + 40 % de réduction des émissions
compensation) d’ici 2030 par rapport à 2005
(environ 80 % de réduction +
compensation)
Émissions restantes Elles proviennent de tous les Elles proviennent de tous les Agriculture : 40 % de réduction Émissions non énergétiques Agriculture, industrie, déchets,
secteurs. La plupart sont secteurs, mais principalement d’ici 2050 réduites de 40 % au maximum transport, et production
compensées par le captage du de l’industrie, l’agriculture et les par rapport au statu quo d’énergie
Industrie : 95 % de réduction d’ici
carbone. déchets.
2050 avec l’aide de la BECSC
Les 4 à 5 % d’émissions non dans les procédés tels que la
éliminées seraient traitées par production d’ammoniac et de
des options spéculatives comme ciment, et du CSC pour les émis-
l’EDA ou un accroissement des sions provenant des procédés
régimes à faible empreinte industriels
carbone.
Transports Réduction non précisée. 100 % 97 % de réduction d’ici 2050 100 % décarbonés d’ici 2050 96 % de VL électriques d’ici 74 % de réduction d’ici 2050
de voitures et de camionnettes à 2050
batterie électrique d’ici 2050.
91 % de poids lourds électriques
et à hydrogène. Utilisation de
10 % de biocarburants durables.
Industrie et production 100 % de CSC dans les secteurs 81 % de réduction pour 95 % de réduction d’ici 2050 Carboneutralité d’ici 2050 L’industrie devient nette
d’énergie manufacturiers dont les l’industrie négative en incluant la
Réduire la demande des
procédés génèrent des production d’hydrogène à partir
95 % de réduction pour la consommateurs pour les
émissions ou qui utilisent le de la BECSC
production d’énergie produits à forte intensité
carburant à l’interne.
d’émissions.
Électricité Toute l’électricité provient de *Incluse dans la production 100 % décarbonée d’ici 2050 Entre 70 % et 85 % de sources La production d’électricité
sources à faibles émissions de d’énergie décarbonées d’ici 2050 devient nette négative grâce à la
carbone (à partir d’un taux de production d’électricité à partir
50 % aujourd’hui) de la BECSC
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Tableau 11.1 – Résumé des renseignements présentés dans les différents rapports en matière d’émissions (suite)
R.-U. FR UE É.-U. PEC2021
Scénario Mesures centrales et autres AMS Macro ensemble de mesures E+ CN50
mesures ambitieuses
Bâtiments 90 % du chauffage à partir de 95 % de réduction d’ici 2050 100 % décarbonés d’ici 2050 Chauffage presque entièrement 96 % de réduction d’ici 2050
sources à faibles émissions de électrique d’ici 2050, avec une
carbone dans les bâtiments dominance des pompes à
résidentiels déjà existants chaleur et du chauffage par
100 % du chauffage à partir de résistance
sources à faibles émissions de
carbone dans les bâtiments non
résidentiels
Captage et stockage du Jusqu’à 175 Mt de CO2 captées La compensation des émissions Le captage représente 6 % de Dans le cas du scénario E+ sans 155 Mt de CO2 captées et
carbone et stockées au total restantes provient pour 82 % de la réduction des émissions d’ici biomasse supplémentaire, l’EDA stockées ou utilisées au total,
51 Mt de CO2 captées et l’UTCATF et des produits du 2050 augmente considérablement dont 15 Mt de CO2 provenant de
stockées à partir de la BECSC bois, et pour les 18 % restants du pour compenser l’impossibilité l’EDA
L’UTCATF joue un rôle majeur.
captage du carbone de produire davantage d’H2 à
1 Mt de CO2 captée et stockée La BECSC est utilisée dans la partir de la BECSC
par l’EDA production de l’ammoniac et
du ciment, ainsi que dans une
partie de la production de l’acier
technologies qui sont envisagées pourrait, en réalité, s’avérer plus des émissions dans les autres secteurs de son économie. Les États-
limitée dans le cas où les gouvernements et les secteurs privés Unis, quant à eux, ont d’autres secteurs qui leur offrent la possibilité
s’arrêtaient à des choix précis pour les infrastructures devant être d’obtenir des réductions considérables de GES à moindre coût,
construites. notamment celui de la production d’électricité. Ainsi, dans les scénarios
Le secteur industriel, en dehors de la production d’énergie, présente étudiés, plus de 500 centrales à charbon seront fermées aux États-
des profils éclectiques dans les cinq régions étudiées ici, ce qui ex- Unis d’ici 2030.
plique la difficulté de tirer des conclusions définitives à partir d’une Comme le PEC2021, les quatre autres rapports analysent longuement
comparaison entre le rapport PEC2021 et les quatre autres docu- le rôle de la biomasse et le cas plus spécifique de la BECSC quant à
ments. La plupart des rapports insistent sur la décarbonisation de l’aide que celles-ci peuvent apporter pour atteindre la carboneutralité.
secteurs clés, comme ceux de la production du ciment et de l’acier, et Le chapitre 9 des présentes Perspectives accorde une attention
tous, y compris le PEC2021, accordent une attention particulière à particulière à l’importance de la disponibilité de la biomasse, car toute
l’importance des besoins de chaleur d’intensités variables. Comme le la biomasse disponible est utilisée dans les scénarios CN. Cette
souligne le chapitre 13, les secteurs industriels ont des besoins qui préoccupation se retrouve dans les rapports américains et français. Le
sont variés en matière d’énergie et de chaleur, ce qui a conduit à éla- premier utilise des variables dans certains scénarios pour pouvoir tenir
borer une combinaison de diverses stratégies susceptibles de per- compte de l’expansion de l’utilisation de la biomasse si les techniques
mettre une réduction des émissions. Celles-ci ne se limitent pas au de gestion des terres contribuent à augmenter le volume de biomasse
changement de combustible, mais s’appuient également sur l’innova- disponible. Le deuxième aborde également le sujet et souligne
tion technologique, le CSC et la réduction de la production. l’importance d’une gestion prudente des matières premières afin de
Le débat sur la production d’énergie est un sujet d’intérêt majeur pour pouvoir maximiser leur contribution.
le Canada étant donné l’importance de ce secteur tant sur le plan des Le lien avec la BECSC se fait de manière directe. Aux États-Unis par
émissions que celui de l’économie. Ce débat est abordé de façon très exemple, la quasi-totalité de la biomasse supplémentaire est utilisée
différente selon le rapport étudié. Cela s’explique en partie par pour la BECSC, notamment pour la production d’hydrogène, un résultat
l’existence de variations dans la structure de ce secteur. La France, par qui est similaire à l’analyse de sensibilité de la disponibilité de la
exemple, n’a pratiquement aucune production pétrolière et gazière, biomasse présentée au chapitre 9 de ces Perspectives. Cependant, le
alors que la situation au Canada et aux États-Unis est différente, ce qui rapport européen et le PEC2021 arrivent à des résultats différents en
permettra à ce secteur de jouer un autre rôle dans le cadre des efforts ce qui concerne l’utilisation principale de la BECSC. L’Union européenne
qui seront entrepris pour atteindre la carboneutralité. Le rapport prévoit en effet que la BECSC jouera un rôle plus important dans
américain propose des intervalles importants dans les réductions de l’industrie (autre que la production d’hydrogène), notamment dans celle
la production selon les différents scénarios, avec une fourchette de du ciment.
réductions allant d’un faible 25 % à 85 % pour le pétrole et de 25 % et
90 % pour le gaz naturel. Les proportions les plus faibles des réductions
comprises dans ces intervalles semblent beaucoup plus limitées par
rapport aux résultats des scénarios CN présentés dans ces
Perspectives. Une autre différence notable concerne le rythme de ces
transformations. Même dans les scénarios américains où les réductions
de la production sont les plus importantes, la plupart de celles-ci ont
lieu après 2035, tandis que les scénarios CN proposent de décarboner
ce secteur beaucoup plus rapidement en diminuant considérablement
les productions au cours de la prochaine décennie. Cela s’explique
surtout par le fait que le secteur canadien de l’énergie n’a pas à sa
disposition autant de solutions offrant une certaine facilité de réduction
11.7 Références
UKCCC. 2019. Net Zero – The UK’s contribution to stopping global
warming, United Kingdom’s Committee on Climate Change, May
2019, https://www.theccc.org.uk/publication/net-zero-the-uks-
contribution-to-stopping-global-warming/
Larson, E., C. Greig, J. Jenkins, E. Mayfield, A. Pascale, C. Zhang,
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R. Duke, R. Jones, B. Haley, E. Leslie, K. Paustian, and A. Swan. 2020.
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D’Aprile, P., H. Engel, G. van Gendt, S. Helmcke, S. Hieronimus,
T. Nauclér, D. Pinner, D. Walter, and M. Witteveen. 2020. Net-Zero
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union-could-achieve-net-zero-emissions-at-net-zero-cost#
Ministère de la Transition écologique. 2020. Stratégie nationale
bas-carbone : La transition écologique et solidaire vers la neutralité
carbone, ministère de la Transition écologique, Mars 2020, https://
www.ecologie.gouv.fr/strategie-nationale-bas-carbone-snbc
L e fait de viser la carboneutralité et non une simple réduction des GES modifie le lieu où l’on procède
au captage des émissions, car toute fuite de carbone doit être compensée par des émissions négatives
ailleurs; cela augmente le coût total des activités de captage du carbone et favorise les approches non
émettrices par rapport au CSC et, plus encore, au CUC.
L a production d’électricité à partir du charbon et du gaz sera probablement trop coûteuse pour être
viable dans un contexte de carboneutralité.
L a bioénergie associée au captage et au stockage du carbone (BECSC) est une technologie qui combine
le captage du carbone issu de la photosynthèse avec la production d’énergie électrique et/ou de chaleur
dans des installations équipées pour réaliser le CSC. Comme la BECSC permet de générer des émissions
négatives, cette technologie sera probablement appelée à jouer un rôle important pour assurer l’équilibre
carboneutre à l’échelle régionale.
La production d’électricité est souvent le secteur qui est le plus visible Enfin, la troisième grande distinction concerne l’usage qui est fait du
en matière de captage des émissions. Or, les principaux secteurs où CO2 capté, que celui-ci soit stocké ou au contraire valorisé et utilisé,
les activités de captage ont lieu, ou sont en cours de développement, comme le reflète les terminologies CSC (captage et stockage du
sont ceux de la production de carburant et du captage des émissions carbone) et CUC (captage et utilisation du carbone). Différentes
provenant des procédés industriels. Dans le cas de l’hydrogène, combinaisons de ces trois grandes distinctions conduisent à la prise
l’essentiel de la production actuelle provient du reformage du gaz en compte de plusieurs trajectoires dans le cadre du débat sur le
naturel; quatre installations industrielles dans le monde sont couplées CUSC. L’option qui est actuellement privilégiée concernant cette
à des installations de captage. Le captage du CO2 est réalisé lors de troisième distinction consiste en la récupération assistée du pétrole
l’opération même de reformage à la vapeur du méthane ainsi qu’à (voir la section 12.2 ci-dessous).
partir de la combustion du combustible qui fournit la chaleur
nécessaire au fonctionnement de l’unité de reformage. Le traitement
du gaz naturel génère également du CO2 qui provient de l’utilisation
d’énergie dans les installations de traitement et du fait que le gaz
naturel non traité contient souvent du CO2. En fait, la première usine
commerciale qui a utilisé le CUSC en 1972 était une usine de
traitement du gaz naturel (Global CCS Institute, 2016). De plus, le CO2
est capté lors du procédé de fermentation utilisé pour la production
d’éthanol.
L’industrie se sert également du captage du CO2 dans le cadre de la
production de produits chimiques (par exemple l’ammoniac et
l’éthylène), la production d’engrais et le captage des émissions
provenant des déchets qui vise à permettre la production d’énergie.
D’autres procédés industriels pourraient aussi conduire à des activités
de captage. La production de ciment, par exemple, entraîne des
émissions de CO2 résultant de la calcination du calcaire ainsi que de
la combustion de carburant nécessaire pour assurer les besoins en
chaleur de cette production. S’il est possible de produire de la chaleur
à partir de sources à faibles émissions, les émissions provenant du
procédé lui-même demeurent présentes et peuvent être captées. Dans
l’industrie de la sidérurgie, la transformation du minerai de fer destiné
à l’élaboration de l’acier génère également des émissions.
Une autre approche consiste à éliminer le CO2 de l’atmosphère grâce
à l’EDA3. Comme nous l’avons déjà mentionné, ce processus se produit
naturellement, entre autres par photosynthèse, mais il peut également
être obtenu par la formation de carbonates métalliques ou à l’aide de
sorbants. Il existe différents procédés permettant de réaliser l’EDA par
l’entremise de sorbants, qu’ils soient liquides ou solides, qui font appel
à l’absorption ou à l’adsorption suivie d’un traitement du sorbant pour
permettre le détachement du CO2.
3
Par exemple, voir : Keith, D.W. et al. , 2018
La figure 12.1 présente un résumé des différents procédés de captage Figure 12.1 – Les différents procédés de captage du CO 2
du carbone. Les technologies de captage utilisées en matière de
sources ponctuelles sont généralement classées en trois catégories,
Postcombustion
soit les technologies de postcombustion, de précombustion et N2
O2
d’oxycombustion. Le captage par postcombustion est réalisé par Charbon CO2 Précombustion
Gaz Énergie et chaleur Séparation du CO2
absorption chimique ou à l’aide de membranes après la combustion Biomasse
Oxycombustion
du carburant. Le captage par précombustion procède d’abord à la Air CO2 Processus industriels
Charbon
gazéification du carburant qui est ainsi transformé en CO et H2. On Biomasse Air/O2
Vapeur
provoque ensuite la réaction du CO avec de la vapeur pour produire
H2 N2O2 Compression
du CO2, ce qui permet de séparer celui-ci et de générer de l’énergie Gazéification
Reformage
Énergie et chaleur et séchage
+ Sép. CO2
grâce à la combustion du H2. Ce procédé a l’avantage d’entraîner des du CO2
Air
concentrations élevées de CO 2 dans le flux de fumée, tout en Charbon
Gaz, pétrole
CO2
permettant la production d’un combustible exempt de carbone (H2). Gaz Énergie et chaleur
Biomasse O2
L’oxycombustion est la troisième option possible. Ce procédé est Air
N2
Séparation de l’air
semblable à celui de la postcombustion hormis le fait qu’il brûle le Air/O2
carburant avec de l’oxygène pur, ce qui accroît la concentration de CO2 Charbon CO2
Gaz Process +CO2 Sep.
dans les gaz de combustion et empêche la présence des composants Biomasse
NOx et SOx dans le flux de fumée. Ce procédé présente cependant Matière première Gaz, ammoniac, acier
12.2 Le CSC et le CUC aujourd’hui Parmi les 26 installations de captage du carbone qui sont présente-
ment en service, 19 financent une partie de leur fonctionnement grâce
Le développement du CSC et du CUC s’est avéré être beaucoup plus au CUC basé sur la récupération assistée du pétrole, une activité qui
lent que prévu. Alors que plus de 120 installations de CUSC étaient constitue présentement la principale voie d’utilisation du CUC. C’est
en construction ou en projet en 2011, en 2020 il n’y avait au total que aussi le cas pour les trois sites qui sont en cours de construction. Si
26 installations commerciales de CUSC en exploitation dans le monde. cette stratégie permet de diminuer les coûts et de rendre l’application
Ainsi, bien que leur nombre ait doublé en dix ans, la majorité des économiquement viable malgré un prix du carbone très bas, elle réduit
installations prévues ont été abandonnées au fil des ans (Global CCS de beaucoup l’impact bénéfique du captage du carbone du point de
Institute, 2020). Cette situation s’explique par les enjeux techniques vue du cycle de vie des émissions, puisque le carbone finit inévitable-
et le coût élevé de cette technologie, les passifs du stockage à long ment par se retrouver dans l’atmosphère.
terme et le prix direct ou indirect du carbone qui est demeuré
largement en deçà des valeurs anticipées.
En termes de captage du carbone, la plupart de ces installations
commerciales servent au traitement du gaz naturel et permettent de
séparer le CO 2 du méthane pour le capter et le vendre. Un certain
nombre d’installations utilisent d’autres procédés industriels associés
à la production de produits chimiques, notamment pour les engrais,
l’éthanol et l’hydrogène. Bien que le captage du CO2 dans les centrales
électriques, surtout dans celles qui produisent de l’électricité à partir
du charbon, ait suscité un intérêt considérable au fil des ans, il est
encore très rarement utilisé aujourd’hui.
Un certain nombre de pays se sont fixé un horizon dans le temps pour
atteindre la carboneutralité. Cela a permis de créer des conditions plus
favorables pour développer ces technologies et faciliter les
investissements et la prise de risque à mesure que les modèles
économiques devenaient plus crédibles aux yeux des investisseurs.
C’est ce qui explique pourquoi, après une petite accalmie en 2017, le
nombre de projets en développement va en s’accroissant même s’il
demeure encore nettement inférieur à ce qu’il était il y a 10 ans.
Tableau 12.1 – Le coût énergétique de la production d’électricité carboneutre à partir de combustibles fossiles
Sans CSC Avec CCS Efficacité Coût Référence
kg/kWh kg/kWh de l’élimination énergétique
% %
Cycle de vie de la production Charbon 1 0,354 AIE, 2020 (et les références ci-dessous)
de GES pour la production Gaz naturel 0,52 0,24 AIE, 2020 (et les références ci-dessous)
d’électricité
kg CO2/kWh kg CO2/kWh % %
Production d’électricité Charbon 0,82 0,11 85 36 Finkenrath, 2011; Hu, 2017
Gaz naturel 0,35 0,04 89 17 Smith, 2013
Émissions qui ne proviennent Charbon 0,18 0,24
pas de la combustion Gaz naturel 0,17 0,20
Énergie supplémentaire
Pourcentage d’électricité supplémentaire
nécessaire par rapport
nécessaire pour respecter la carboneutralité
à la production
Ajout au CSC sur le lieu de production
sans CSC
Extraction directe dans l’air Charbon 200 71 96 %
(2 kWh/kg CO2) Gaz naturel 104 48 70 %
12.6 Références
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Agency. gas removal. The Royal Society. royalsociety.org/greenhouse-gas-
Ghiat, I. and T. Al-Ansari. 2021. A review of carbon capture and removal
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storage for coal-fired power plants in China. International Journal of
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Storage. Metz, Bert, Ogunlade Davidson, Heleen de Coninck, Manuela
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Atmosphere. Joule 2, 1573–1594.
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Carbon Dioxide Capture and Storage Technologies. Renewable and
Sustainable Energy Reviews 39, 426‑43. https://doi.org/10.1016/j.
rser.2014.07.093
our atteindre la carboneutralité, il faudra ajouter à ces transformations la nécessité de réduire certaines
P
productions. Dans un tel contexte, l’innovation sera essentielle pour permettre de développer de nouvelles
technologies et de nouveaux procédés, ou encore arriver à une meilleure intégration des systèmes de
production et de consommation de la chaleur, ceci afin de pouvoir maintenir un niveau de production
le plus élevé possible.
i le captage du carbone permet de réaliser d’importantes réductions des émissions, cette technologie
S
ne peut pas être utilisée à l’échelle réduite pour traiter les émissions générées par des petites unités
émettrices et l’ensemble des procédés industriels. En conséquence, bien que le captage du carbone soit
une technologie importante, son rôle demeure limité, et ce, même au-delà des considérations de coût
ou de stockage.
i l’on veut concevoir des stratégies et des politiques efficaces pour permettre au secteur industriel
S
(en dehors de la production d’énergie) d’atteindre la carboneutralité, il faudra trouver des points communs
parmi les défis auxquels sont confrontés divers sous-secteurs ayant une taille et des besoins variés et
parvenir à dépasser les simples objectifs d’efficacité énergétique.
13.2 Le ciment Figure 13.1 – Production de ciment dans les divers scénarios
En comparant les réductions d’émissions obtenues dans le scénario Figure 13.2 – Réductions d’émissions dans la production de ciment (scénario CN50)
CN50 avec les émissions du scénario de référence (figure 13.2), on
constate que le captage du carbone permet de réduire plus de la moitié
des émissions après 2035. Il est intéressant de noter que cette
proportion atteint un maximum de 58 % en 2040 et diminue lentement
par la suite, à mesure que les émissions du scénario REF continuent à
croître à un rythme plus élevé, car le nombre maximal d’installations
équipées pour réaliser le CSC est atteint avant 2040. Cela donne à
penser qu’il existe une limite au rôle que le CSC peut jouer dans la
réduction des émissions provenant de la production de ciment et qu’il
sera donc nécessaire d’utiliser d’autres stratégies, comme celles qui ont
été énumérées en introduction de ce chapitre.
De même, le substitut de laitier d’acier atteint son plein potentiel en
2040. Il est important de noter qu’une comparaison de l’évolution des
émissions dans le scénario CN50 par rapport à celles du scénario REF
montre également que le changement de combustible a un impact
limité sur les émissions provenant de la production de ciment.
Enfin, un des résultats notoires de cette analyse est qu’environ 25 %
des réductions d’émissions réalisées dans la production du ciment
proviendront d’une baisse de la production industrielle en 2040. De
plus, comme les installations de captage du carbone ne parviennent pas
à suivre le rythme de l’augmentation des émissions dans le scénario
REF, les baisses de la production constitueront une part encore plus
importante des réductions d’émissions au fil du temps, cette part
atteignant 30 % des réductions par rapport au scénario REF en 2060.
En d’autres termes, plus d’un quart des réductions d’émissions dans le
scénario CN50 entraîneraient des coûts plus élevés sans la diminution
d’une part similaire de la production.
13.3 Les pâtes et papiers Figure 13.3 – Production de pâtes et papiers dans les différents scénarios
13.4 Les produits chimiques Figure 13.5 – Production de produits chimiques selon les scénarios
En d’autres termes, une grande partie de la différence en matière de L’aperçu présenté ci-dessus suggère que les scénarios CN gèrent les
demande totale entre les scénarios CN et REF (ou du scénario TC30 qui émissions liées au besoin de chaleur en contrôlant rapidement la
présente des niveaux similaires à ceux du scénario REF) est le résultat demande totale, puis en procédant à un changement de combustible
d’un changement rapide qui survient avant 2030. pour remplacer progressivement les sources les plus émettrices,
Sur le plus long terme, les scénarios CN se distinguent des scénarios comme le gaz naturel et la biomasse (qui occupent respectivement le
REF et TC30 par d’autres différences notoires, car de nouvelles sources premier et le deuxième rang en la matière). Cette évolution permet
d’énergie permettent d’effectuer des réductions supplémentaires également à des sources énergétiques dont les coûts sont trop élevés
d’émissions. Alors que la consommation de liqueur noire se maintient à en ce moment, comme c’est le cas pour l’hydrogène, d’apporter leur
des niveaux relativement similaires au fil du temps, la consommation de contribution plus tard et même de jouer un rôle important d’ici 2050 et
gaz naturel est presque entièrement éliminée d’ici 2050 et celle de 2060.
biomasse considérablement réduite, et ce, de manière plus rapide dans Il faut également souligner le fait que la récupération de la chaleur
les scénarios CN dont le calendrier est plus exigeant. Une faible partie résiduelle pourrait constituer une source importante d’énergie, bien qu’il
de cette réduction est remplacée par le chauffage urbain, lequel joue un soit difficile de l’inclure dans les résultats. C’est aussi une source
rôle limité, mais néanmoins important, dans les scénarios CN d’ici énergétique dont la modélisation pose problème, car l’utilisation de la
2040. chaleur résiduelle est fortement tributaire de l’adéquation qui existe, au
L’hydrogène constitue une source énergétique beaucoup plus niveau local, entre la disponibilité et les besoins en chaleur. Cependant,
importante pour remplacer le gaz naturel et la biomasse à partir de la il est évident que cette possibilité doit être étudiée plus en détail en
fin des années 2030. Plus le calendrier pour atteindre la carboneutralité accordant une attention particulière à la façon dont on doit procéder
est serré, plus le rôle de l’hydrogène s’accroît rapidement. Ainsi en pour éliminer les obstacles à l’utilisation de cette source d’énergie.
2040, la contribution de l’hydrogène représente un pourcentage
marginal dans le scénario CN60 mais constitue 20 % du total dans le
scénario CN45. À plus long terme, cette proportion se dirige vers des
taux de 42 à 45 % du total en 2060. Bien que l’hydrogène, et dans une
moindre mesure le chauffage urbain, soient amenés à jouer un rôle de
premier plan dans les scénarios CN après 2040, ces deux sources
d’énergie sont complètement absentes des scénarios REF et TC30.
n revanche, les trois scénarios CN suggèrent que les investissements d'électrification requis
E
par la carboneutralité (durant la période 2030-2050) seront plus que compensés par des
économies annuelles en évitant des dépenses en carburants à partir de 2050 (jusqu’à
61 $ milliards, en tenant compte des investissements en infrastructures liées à l’électrification
pendant la même période).
n doublant les coûts projetés des investissements pour l’infrastructure liée à l’électrification
E
et en coupant de moitié les coûts des carburants fossiles, les économies résultantes sont
néanmoins considérables, jusqu’à 23 $ milliards par année dans les scénarios CN.
L e coût des infrastructures nécessaires à une électrification à grande échelle des secteurs
économiques est important pour les prochaines décennies; si la construction de ces
infrastructures générera de l’activité économique, elle constitue aussi un investissement
qui générera des économies substantielles une fois complétée.
14.1 Introduction
Les transitions énergétiques dans le monde industrialisé sont largement
déterminées par la mise en œuvre de nouvelles technologies, la
fermeture d’infrastructures inefficaces et l’adoption de réglementations
environnementales (Hafner et Tagliapietra, 2020). Toutefois, aucun pays
n’a encore réussi à passer des combustibles fossiles à des sources
d’énergie à faibles émissions de carbone. De plus, les répercussions
économiques de ces transitions sont souvent incertaines. Alors que
différentes analyses indiquent que les transitions énergétiques
pourraient soit alimenter la prospérité de demain, soit devenir un
fardeau économique (Mercure et al., 2019), l’émergence de nouvelles
technologies, l’évolution de la demande énergétique et les résultats
contradictoires des modèles mesurant l’impact macroéconomique de
politiques en matière de climat nécessitent une réévaluation continue
des coûts et des avantages des transitions énergétiques.
Parallèlement, diverses approches, dont la complexité et la portée
varient, sont proposées pour évaluer les répercussions économiques de
telles transitions. La méthodologie élaborée dans la présente étude
s’inspire de l’évaluation des coûts de décarbonisation dans le secteur
de l’électricité aux États-Unis (Heal, 2020). Cette approche sert à mieux
comprendre l’ampleur des coûts associés aux changements dans le
secteur canadien de l’énergie primaire plutôt qu’à quantifier dans les
moindres détails le budget nécessaire pour financer une telle transition.
Les résultats présentés dans ce chapitre visent donc à fournir une
estimation brute des coûts de la transition énergétique au Canada. Plus
précisément, le présent chapitre fournit un ordre de grandeur des coûts
de l’énergie primaire associés à une électrification poussée du secteur
canadien de l’énergie primaire, en comparant aux dépenses en
combustibles fossiles les coûts d’investissement de la production, du
transport et du stockage engagés pour l’électrification, selon les
scénarios explorés dans ces Perspectives.
La section 14.1 présente les principaux résultats issus du calcul des
coûts de transition dans la production d’énergie primaire au Canada; la
section 14.2 traite des récentes constatations en matière de coûts
prévus pour atteindre la carboneutralité à l’échelle mondiale; la section
14.3 examine les limites et les avantages des différentes approches
permettant d’analyser les aspects macroéconomiques des transitions
énergétiques. L’annexe D présente une description complète de la
méthodologie abordée dans ce chapitre.
14.2 Coûts de l’électrification Tableau 14.1 – Coûts annuels d’investissement pour l’électrification et dépenses
en combustibles fossiles
de la production d’énergie primaire
du Canada REF CP30 CN60 CN50 CN45
Coûts d’investissement 2016 à 2030 4,0 8,0 6,1 9,8 13,5
Les coûts nets associés à l’électrification poussée du secteur canadien
de l’énergie primaire ont été calculés pour trois scénarios menant à la pour l’électrification 2030 à 2050 4,8 7,2 37,6 47,7 46,0
carboneutralité (CN60, CN50 et CN45) et deux scénarios de référence (milliards de $) 2050 à 2060 -4,8 1,1 41,6 14,7 14,4
(REF et CP30). Alors que les scénarios de référence ne prévoient pas 2030 à 2050 10,3 4,9 -3,1 -13,5 -17,1
d’économies annuelles au cours des prochaines décennies, les trois Évolution des dépenses
scénarios menant à la carboneutralité supposent de possibles en combustibles fossiles 2050 à 2060 29,2 20,6 -54,3 -75,5 -74,4
économies annuelles nettes à partir de 2050. Les estimations font état (milliards de $) 2060 et au-delà 43,3 34,3 -77,7 -76,8 -73,6
de coûts annuels additionnels pouvant atteindre 43 milliards de dollars Remarque : Les chiffres positifs indiquent une augmentation des coûts; les chiffres négatifs, une réduction des coûts.
d’ici 2060 pour les scénarios de référence, tandis que les scénarios
menant à la carboneutralité prévoient des économies nettes annuelles Les prévisions de coûts pour les scénarios de référence indiquent que
allant jusqu’à 78 milliards de dollars. les dépenses canadiennes en carburant continueront d’augmenter,
La présente évaluation comprend les coûts d’investissement dans la atteignant de 4,9 à 29,2 milliards de dollars par an entre 2030 et
production, le transport et le stockage dans les nouvelles infrastructures 2060, tandis que les coûts d’investissement pour l’électrification
électriques, et la variation des dépenses en combustibles fossiles. Cette diminueront au fil du temps. Les scénarios menant à la carboneutralité
évaluation ne comprend pas les dépenses liées aux nouvelles prévoient des investissements initiaux plus considérables pour la
infrastructures, telles que les bornes de recharge ou les caténaires, ni capacité, le transport et le stockage de l’électricité par rapport aux
les nouveaux équipements, comme les thermopompes et les véhicules scénarios REF et CP30 atteignant de 14,4 à 47,7 milliards de dollars
électriques (p. ex., Kayser-Bril et al. 2021). Même si une partie des par an, entre 2030 et 2060. Ce résultat figure également dans les
économies servira à couvrir ces dépenses supplémentaires, dans de conclusions du modèle Energy PATHWAYS pour les États-Unis, qui
nombreux cas les transformations permettront de récupérer les frais indiquent que des investissements d’une ampleur inégalée dans de
engagés, voire de réaliser des économies, à mesure que les marchés nouvelles infrastructures seraient nécessaires afin d’obtenir des résultats
feront baisser les coûts des technologies électriques. L’annexe D précise à moindre coût sur le long terme (Larson et al., 2020). Les scénarios
les coûts d’investissement pris en compte dans cette évaluation. menant à la carboneutralité prévoient des économies de 3,1 à 77,7
milliards de dollars par an à partir de 2030, grâce aux dépenses évitées
en combustibles fossiles.
14.2.1 Résultats et discussion
Les coûts annuels d’investissement pour l’électrification (capacité,
transport et stockage) et les dépenses en combustibles fossiles sont
calculés dans tous les scénarios. Le Tableau 14.1 montre les coûts
d’investissement pour l’électrification amortis sur une base annuelle
ainsi que l’évolution des dépenses annuelles en carburant par rapport
aux chiffres de 2016. Les coûts d’investissement correspondent au
montant annuel à consacrer pendant une période donnée pour atteindre
les objectifs d’émission de carbone d’un scénario donné. La variation
des dépenses annuelles en combustibles correspond à la différence du
montant dépensé en combustibles fossiles entre l’année limite inférieure
de chaque période et l’année 2016.
Pour chaque scénario, les coûts annuels nets ont été obtenus en Figure 14.1 – Coûts annuels nets
additionnant les coûts d’investissement dans les capacités de
production, de transport et de stockage des nouvelles infrastructures
électriques et les dépenses liées au remplacement des combustibles
fossiles par d’autres modes de production d’énergie (Figure 14.1). Nous
désignons ces montants sous le nom de « coûts nets », car ils tiennent
compte de la variation des dépenses annuelles en combustibles fossiles,
c’est-à-dire des économies réalisées dans les scénarios menant à la
carboneutralité. Les scénarios REF et CP30 indiquent une hausse des
coûts annuels nets au cours des prochaines décennies, en raison de
l’augmentation de la consommation de carburant. La valeur négative
des coûts annuels en électricité dans le scénario REF entre 2050 et
2060 correspond aux économies dues à la réduction de la capacité de
production d’électricité à partir de combustibles fossiles qui n’aura pas
à être remplacée.
Les scénarios menant à la carboneutralité supposent des économies, en
raison des changements dans la consommation de combustibles fossiles,
qui gagneront en importance et dépasseront largement les coûts d’inves-
tissement à partir de 2050. Si l’on compare les investissements en élec- Remarque : Les valeurs négatives représentent les économies annuelles nettes
tricité entre les divers scénarios menant à la carboneutralité, c’est entre
2016 et 2030 qu’ils sont les plus élevés pour le scénario CN45; entre Tableau 14.2 – Coûts annuels nets (% du PIB)
2030 et 2050 pour le CN50 et entre 2050 et 2060 pour le CN60. Ces
scénarios montrent des économies annuelles nettes après 2050, en raison Période REF CP30 CN60 CN50 CN45
de la consommation évitée de combustibles fossiles et des lourds inves- 2016 à 2030 0,2 0,3 0,3 0,4 0,6
tissements dans la capacité, le transport et le stockage de l’électricité qui 2030 à 2050 0,6 0,5 1,5 1,5 1,2
eurent lieu au cours des premières décennies. Ce résultat peut également
signifier que des dépenses anticipées dans les infrastructures électriques 2050 à 2060 1,1 0,9 -0,5 -2,6 -2,6
pourraient permettre d’économiser plus rapidement sur les combustibles 2060 et au-delà 1,9 1,5 -3,4 -3,3 -3,2
fossiles, étant donné que la majeure partie des dépenses d’infrastructure Remarque : Les valeurs négatives représentent les économies annuelles nettes
ont lieu plus près de la réalisation prévue de la carboneutralité.
Les coûts annuels nets se situent entre 0,2 % et 1,9 % du PIB pour tous les
scénarios (Tableau 14.2). Les scénarios REF et CP30 indiquent une
hausse des rapports de coûts pouvant atteindre 1,9 % du PIB en 2060, en
raison d’une plus grande consommation de combustibles fossiles au cours
des prochaines décennies. Les investissements pour de nouvelles in-
frastructures électriques dans les scénarios menant à la carboneutralité
entraînent des rapports de coûts compris entre 0,3 et 1,5 % du PIB jusqu’en
2050, ce qui est comparable aux résultats de l’Union européenne et de
l’Allemagne (Andor et al., 2017; Unnerstall, 2017; D’Aprile et al., 2020)
dans leurs parcours vers la carboneutralité. À partir de 2050, les scénarios
de carboneutralité prévoient des taux d’épargne atteignant 0,5 % à 3,4 %
du PIB.
14.2.2 Analyse de sensibilité Tableau 14.3 – Coûts annuels d’investissement pour l’électrification et dépenses en combustibles
Certaines hypothèses de coûts d’investissement adoptées dans la fossiles (milliards de $) – analyse de sensibilité
méthodologie sont assujetties à la variabilité et à l’incertitude. Par exemple,
REF CP30 CN60 CN50 CN45
les coûts des nouvelles capacités éoliennes et solaires devraient diminuer au
cours des prochaines décennies (IEA, 2020a). Cette constatation va 2016 à 2030 4,2 8,2 6,3 10,3 14,1
heureusement dans le sens de nos conclusions, car la baisse des charges Coûts d’investissement pour
2030 à 2050 4,8 7,5 39,3 48,8 48,1
d’investissement pour les énergies renouvelables suppose que les coûts l’électrification (CC,CT,CS)
2050 à 2060 -4,9 1,4 42,8 15,1 14,7
initiaux de la capacité électrique seraient moins élevés dans tous les
scénarios de carboneutralité. On peut avancer le même argument pour le 2030 à 2050 5,1 2,4 -1,5 -6,7 -8,6
stockage de l’énergie. Les progrès technologiques réduiront très probablement Évolution des dépenses en
2050 à 2060 14,6 10,3 -27,2 -37,8 -37,2
les coûts d’infrastructures pour le stockage (BloombergNEF, 2020). combustibles fossiles (FS)
2060 et au-delà 21,6 17,1 -38,8 -38,4 -36,8
Toutefois, certains changements aux hypothèses pourraient modifier les Remarque : Les chiffres positifs indiquent une augmentation des coûts; les chiffres négatifs, une réduction des coûts.
résultats de manière non triviale. L’une de ces hypothèses repose sur le
prix des combustibles entrant dans nos calculs. Les combustibles fossiles Figure 14.2 – Coûts annuels nets (milliards de $) – analyse de sensibilité
étant des produits de base soumis à la volatilité du marché mondial, il est
difficile de prévoir avec précision les prix du charbon, du gaz naturel et du
pétrole au cours des prochaines décennies. Une baisse des prix des com-
bustibles fossiles à l’avenir aurait une incidence sur les économies de
carburant calculées dans la présente étude. Les coûts de transport d’élec-
tricité sont également incertains, car les lignes électriques à haute tension
prévues au Canada sont tributaires de nombreuses décisions politiques
(Rodríguez-Sarasty et al., 2021).
Pour atténuer l’incertitude concernant le prix des combustibles fossiles et
des modes de transport électrique, une analyse de sensibilité a été réali-
sée, en supposant un prix deux fois moins élevé (que le prix de base) pour
les combustibles fossiles et un prix au kilomètre deux fois plus élevé pour
les lignes de transport d’électricité. Les résultats du modèle comprenant
ces prix modifiés de carburant et de transport d’électricité indiquent des
économies beaucoup plus faibles sur les combustibles fossiles évités dans
les scénarios de carboneutralité (Tableau 14.3).
Les coûts annuels montrent que, bien qu’incertains, les prix des combus-
tibles fossiles ou les dépassements de coûts liés à la construction de
lignes électriques sur de longues distances ne modifieraient pas le résultat
global des transitions vers un bilan de carboneutralité (Figure 14.2). La
réduction des coûts annuels nets dans les scénarios REF et CP30 s’ex-
plique par les coûts évités en raison de la baisse de consommation des
combustibles fossiles. Les scénarios menant à la carboneutralité pré-
sentent toujours des économies annuelles nettes à partir de 2050, le
scénario CN60 affichant des économies annuelles nettes plus tard que les
scénarios CN50 et CN45.
Les modèles fondés sur des tableaux d’entrées-sorties peuvent fournir Dans l’ensemble, les approches analytiques et numériques présentent
une vue instantanée de l’économie et sont couramment utilisés pour des niveaux de complexité différents et leur portée varie, mais toutes
l’analyse des interactions et des effets de rétroaction entre des les deux reposent sur des approximations et des tendances. Les
secteurs industriels interdépendants (Berg et al., 2015). Un modèle approches analytiques ont souvent recours à des reproductions
analytique a été mis au point pour déterminer les effets sur le PIB par simplifiées des dimensions macroéconomiques, alors que dans le
habitant de la transition des combustibles fossiles vers les énergies cadre d’approches numériques on peut observer des difficultés à
renouvelables (D’Alessandro et al., 2010). prévoir l’adoption et la diffusion des technologies (IEA, 2020b),
En revanche, la seconde approche s’appuie sur des modèles l’évolution des comportements humains (D’Aprile et al., 2020; Larson
« numériques » plus complexes (Hardt et O’Neill, 2017). Ces modèles et al., 2020) ainsi que la mise en œuvre et l’efficacité des politiques
numériques reposent sur des simulations par ordinateur et contiennent (Mercure et al. , 2019). L’élément clé pour décider de la démarche
souvent un plus grand nombre d’équations et d’hypothèses. Les spécifique à employer consiste donc à savoir si l’interface science-
techniques de modélisation dans les approches numériques, comme les politique peut exploiter les résultats de ces approches afin d’éclairer
modèles d'équilibre général calculable (ECG) (Vrontisi et al., 2019), les des processus décisionnels particuliers.
modèles hybrides (Ghersi, 2015) et l’approche économétrique (Režný et
Bureš, 2018; Garcia-Casals et al., 2019) se révèlent utiles lorsque la
rigueur analytique est souhaitée et que l’on dispose de suffisamment de
données, de temps et de ressources. Pour réaliser une analyse
macroéconomique des transitions énergétiques fondée sur une
approche numérique, il est nécessaire de représenter les relations entre
les systèmes de production énergétique et le reste de l’économie afin
de saisir comment les aspects énergétiques, socio-économiques et
environnementaux interagissent (EPA, 2011; Lutz et al. , 2014). La
modélisation computationnelle servait déjà à la planification énergétique
au milieu des années 1970, afin de comprendre les incidences du
premier embargo pétrolier (Nakata, 2004).
Toutefois, les résultats des modèles numériques sont tributaires
d’aspects théoriques implicites. Par exemple, les modèles d’équilibre
classiques sous-entendent que toutes les ressources économiques
sont actuellement allouées de la manière la plus productive possible,
même si on ne peut vérifier cette hypothèse de manière empirique.
D’autres études font l’objet de critiques pour leur prise en compte
limitée des acteurs sociaux et des dynamiques sociopolitiques, tandis
que les modèles numériques fondés sur l’analyse coûts-avantages et
l’optimisation des coûts présentent de nombreuses lacunes (Hardt et
O’Neill, 2017). Ces considérations mettent en doute le réalisme des
représentations par les approches numériques ainsi que leur capacité
à fournir des preuves fiables pour les processus politiques (Mercure et
al. , 2016). Il est donc crucial de présenter les hypothèses et les
aspects théoriques des approches numériques de manière à permettre
l’interprétation des résultats au-delà des incertitudes et des limites.
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Ce dernier chapitre souligne brièvement les points essentiels en ce qui a trait à ces
questions pour le Canada. Il présente également les enseignements à tirer de la
modélisation en ce qui concerne la façon dont le Canada peut transformer sa
production et sa consommation d’énergie pour atteindre ses objectifs de réduction
des émissions de GES, tant à l’horizon 2030 qu’à plus long terme.
15.1.2 Le jalon 2030 Tableau 15.1 – Les réductions d’émissions selon le secteur dans les scénarios CN60 et CN50
Le scénario REF présenté dans le cadre de ces Perspectives par rapport à l’année de référence du modèle (2016)
énergétiques canadiennes (PEC2021) montre que les mesures qui sont
2016 2030 2050
en vigueur, tant aux niveaux fédéral que provincial, ne sont pas
suffisantes pour empêcher la croissance des émissions de GES; celles- MtCO2e TC30 CN60 CN50 TC30 CN60 CN50
ci devraient en effet augmenter de 3 % d’ici 2030 par rapport à 2005. Réductions par rapport à 2005 - 9 % - 28 % - 38 % - 15 % - 79 % - 100 %
L’inclusion d’une augmentation du prix du carbone à 170 $/t d’ici (730 Mt éq. CO2)
2030 (scénario TC30) et la proposition d’instaurer une norme sur les
combustibles propres sont des mesures qui peuvent permettre de Émissions totales (Mt éq. CO2) 705 642 511 438 598 146 0
renverser cette tendance. Toutefois, ces deux initiatives ne conduiraient Principaux secteurs contribuant
qu’à générer une réduction globale de 16 % des émissions d’ici 2030 aux émissions
par rapport à 2005. Ce résultat est loin de l’objectif précédemment
annoncé d’une réduction de 30 % des émissions en 2030, et il est Électricité 82 - 60 % - 70 % - 89 % - 94 % - 155 % - 167 %
encore plus éloigné de l’objectif qui a été révisé récemment, soit une Déchets 17 - 52 % - 63 % - 63 % - 58 % - 64 % - 68 %
réduction de 40 à 45 % de celles-ci. Comme nous l’expliquent les
sections subséquentes, il est essentiel de porter une attention Pétrole et gaz 161 + 7 % - 54 % - + 14 % - 88 % - 94 %
particulière à l’horizon 2030 pour être en mesure d’analyser l’impact (y compris les émissions fugitives) 60.0 %
à plus long terme des choix que nous faisons aujourd’hui en ce qui Bâtiments résidentiels 41 - 27 % - 33 % - 41 % - 74 % - 93 % - 95 %
concerne les trajectoires menant à la carboneutralité.
Secteurs difficiles à décarboner
Que nous apprennent les différents scénarios pour 2030 ?
En prolongeant la période de modélisation jusqu’en 2060, le rapport Industrie 116 - 22 % - 26 % - 42 % - 18 % - 106 % - 134 %
PEC2021 présente des trajectoires de transformation optimisées en Bâtiments commerciaux 31 - 3 % - 8 % - 21 % - 9 % - 94 % - 98 %
matière de coûts qui tiennent compte d’un certain nombre de
contraintes. Alors que les scénarios REF et TC30 n’imposent pas de Agriculture 60 + 8 % - 5 % - 5 % + 20 % - 27 % - 31 %
réductions précises d’émissions, les scénarios CN60, CN50 et CN45 Transport 197 + 8 % 5 % - 6 % + 0 % - 36 % - 74 %
proposent des trajectoires faisant l’objet de contraintes et qui sont
compatibles avec différents objectifs du Canada en matière de
réduction des GES. En particulier, et tel que cela est expliqué au
chapitre 1, le scénario CN60 impose l’objectif officiel d’une réduction
de 30 % des émissions d’ici 2030 par rapport à 2005, tandis que le
scénario CN50 vise à atteindre l’objectif qui a été récemment annoncé,
soit une réduction de 40 % des émissions d’ici 2030 également.
La comparaison de l’évolution du scénario TC30 avec celle des
scénarios CN60 et CN50 au cours des prochaines années (tableau
15.1) nous permet de faire quelques constats précis quant aux
difficultés à prévoir ainsi qu’aux moyens permettant de réaliser les
transformations requises, ceci tout en insistant sur le défi que
représentent l’atteinte de ces objectifs et le maintien d’une trajectoire
menant à la carboneutralité en 2050.
Les secteurs récalcitrants pompes à chaleur peut multiplier la productivité énergétique dans un
Alors que la technologie permettant de transformer le chauffage des rapport de deux à quatre. Cependant, ce gain est déjà inclus dans les
bâtiments est actuellement disponible, les coûts et les obstacles qui trajectoires à coûts optimisés présentées ici et, à ce titre, il ne peut
se dressent face aux investissements nécessaires limitent la possibi- être comptabilisé comme s’il constituait un ajout aux transformations
lité de transformation de ce secteur à l’horizon 2030. Lorsque l’on analysées.
combine les bâtiments résidentiels et commerciaux, les réductions Si la demande de pétrole et de gaz diminuait dans le reste du monde au
totales dans les scénarios CN60 et CN50 sont respectivement infé- cours de la prochaine année, provoquant une chute des prix dans ce
rieures de 22 % et 32 % par rapport aux objectifs globaux. Le secteur secteur, cela entraînerait tout naturellement un fléchissement de la
du bâtiment est donc à la fois un secteur facile à décarboner en raison production canadienne et de ses émissions. En revanche, si les prix de
des solutions qui sont déjà disponibles, et un secteur qui résiste ces combustibles demeuraient élevés, la réduction des émissions serait
au changement du fait des obstacles qui ralentissent l’adoption des plus difficile à réaliser et elle nécessiterait qu’on limite la production ou
technologies qui sont nécessaires à sa transformation, ce secteur que l’on mette rapidement en application et sur une grande échelle des
nécessitant des changements d’une ampleur considérable en plus de technologies efficaces de captage et de stockage des émissions.
toucher des centaines de milliers de bâtiments.
Le rôle de la transformation industrielle
Les secteurs du transport et de l’agriculture sont des secteurs qui sont Les travaux de modélisation présentés dans ces Perspectives montrent
également difficiles à décarboner à court terme. Alors que les que la réduction rapide des émissions nécessaire pour atteindre les
émissions augmentent dans les scénarios TC30 et CN60, le secteur objectifs de 2030 ne pourra pas être réalisée en effectuant seulement
du transport ne réduit ses émissions que de 13 Mt d’équivalent CO2 des changements sur une base individuelle ou par une simple répartition
dans le scénario CN50, ce qui correspond à une baisse de 6 %, soit le de ces changements dans différents secteurs tels que les transports,
même pourcentage de réduction que dans le secteur de l’agriculture. les bâtiments ou les habitudes d’achat personnelles. Les secteurs qui
L’efficacité énergétique et la productivité permettront cette réduction concernent un nombre relativement
De nombreuses études placent l’efficacité énergétique au centre des restreint de domaines qui sont en étroite interaction avec les gouverne-
mesures à adopter pour réaliser la décarbonisation1. S’il est nécessaire ments, soit ceux de la production d’électricité, de l’industrie lourde et de
de chercher à accroître l’efficacité énergétique, les tendances la production de pétrole et de gaz. Dans une telle situation, il est à la fois
historiques nous montrent cependant qu’elle ne constitue pas un plus facile pour les autorités d’engager un dialogue avec les secteurs
moteur de changement en profondeur. Plusieurs raisons expliquent ce concernés et aussi plus difficile de résister aux pressions exercées par
phénomène. En premier lieu, les gains en efficacité énergétique à faible les lobbies. Faire face à ce défi nécessitera donc de faire preuve d’une
coût sont déjà pris en compte dans les projections dont les coûts sont plus grande ouverture d’esprit afin de pouvoir mobiliser la population
optimisés, et ce, quels que soient les objectifs de réduction des et prendre les mesures qui s’imposent, comme ce fut le cas face au
émissions de GES. En deuxièmement lieu, l’efficacité énergétique est problème de la couche d’ozone dans les années 1980.
un facteur qui nécessite une gestion prudente qui n’arrive pas toujours
à se maintenir dans le temps2. Enfin, quand on cherche à atteindre la
carboneutralité, il est parfois nécessaire de réduire l’efficacité
énergétique, comme lorsque l’on procède au changement du
combustible qui alimente une fournaise en remplaçant le gaz naturel 1
D ion, J., A. Kanduth, J. Moorhouse, et D. Beugin. 2021. Vers
par de la biomasse. un Canada carboneutre : S’inscrire dans la transition globale .
Institut canadien pour des choix climatiques. https://
climatechoices.ca/wp-content/uploads/2021/02/
La productivité énergétique est une approche qui est beaucoup plus Vers-un-Canada-carboneutre_FINAL.pdf
fiable, notamment dans le cadre de l’électrification. En matière de 2
S aranya Gunasingh, Joe Zhou, and Scott Hackel. 2018.
Persistence of Savings from Retro-Commissioning Measures.
propulsion, par exemple, le fait de passer d’un combustible fossile à A field study of past ComEd Retro-commissioning projects .
l’électricité peut accroître la productivité dans un rapport de trois à Report by Seventhwave. https://slipstreaminc.org/sites/
default/files/documents/publications/retrocommissio-
quatre. De même, le remplacement des plinthes électriques par des ning-persistence-studyfinal-reportoct-2018.pdf
15.1.3 Penser en termes de trajectoires 15.1.4 L es plans actuels montrent qu’il faut faire preuve
Quels que soient les outils de modélisation utilisés, le défi de réaliser de plus de cohérence dans notre approche
les objectifs de 2030 s’est trouvé modifié avec l’adoption de l’objectif Comme le montre notre modélisation (scénario REF), qui prend en
de carboneutralité à long terme. Tant que l’objectif pour 2050 compte tous les programmes et mesures accessibles au public qui ont
consistait en une réduction ambitieuse des émissions de GES de été adoptés par les gouvernements fédéral et provinciaux, l’approche
l’ordre de 70 ou même 80 %, il était possible de considérer comme actuelle du Canada n’arrive même pas à arrêter la croissance des
viables des solutions impliquant une décarbonisation partielle, telles émissions de GES. Ces émissions, qui proviennent surtout du secteur
que le changement de combustible ou l’adoption de mesures pétrolier et gazier et du domaine du transport, devraient continuer de
d’efficacité énergétique plus restrictives. s’accroître lentement dans un avenir prévisible, conformément aux
Avec un objectif de carboneutralité sur un horizon de 30 ans, une telle projections de la Régie de l’énergie du Canada.
approche ne peut plus être considérée comme étant réaliste sur le plan Au-delà des mesures déjà adoptées, le gouvernement fédéral a
économique. Il serait insensé, en effet, de développer des solutions présenté en décembre 2020 un nouveau plan qui comprend plus de
technologiques, comme l’utilisation du gaz naturel dans les transports, 6 milliards de dollars d’investissements ainsi qu’une augmentation
si l’on devait les remplacer dans 15 ou 20 ans. Il ne s’agirait alors que significative du prix du carbone pour atteindre 170 $/t d’équivalent
d’une diversion qui entraînerait une réduction des investissements CO2 en 2030. Bien que les résultats anticipés de ces investissements
dans les solutions carboneutres et un accroissement du coût de celles- ne soient pas encore suffisamment détaillés pour pouvoir être
ci, retardant encore davantage la transformation de l’économie. Cela modélisés, l’augmentation annoncée de la tarification du carbone,
apparaît très clairement dans les résultats de la modélisation présentés associée à la future norme sur les combustibles propres, devrait
dans ce document qui ne prévoient pratiquement aucune utilisation permettre une réduction significative des GES sur cette période.
d’une telle technologie. Toutefois, selon notre modèle, cette réduction ne représentera qu’une
Adopter des mesures et entreprendre des transformations profondes diminution de 16 % des émissions de GES par rapport à 2005, un
qui permettront d’atteindre la carboneutralité sur un horizon de 30 ans résultat qui est loin des 40-45 % de réduction promis. Plusieurs
est donc plus important que l’atteinte des objectifs de 2030. Il est secteurs à forte intensité d’émissions, dont ceux du bâtiment et du
donc essentiel d’éviter d’amorcer des changements sur le court terme transport, nécessitent un accroissement des mesures incitatives et un
qui nuiront à l’évolution sur le long terme. meilleur accompagnement pour pouvoir effectuer une transformation
en profondeur par eux-mêmes. On doit malheureusement constater
que même si de nombreux gouvernements provinciaux et leurs
homologues fédéraux ont publié diverses stratégies visant à
décarboner leur économie, impliquant souvent des milliards de dollars
d’investissements, ces stratégies se sont en général avérées
insuffisamment cohérentes, ciblées ou détaillées pour permettre de
réaliser les réductions d’émissions nécessaires à l’atteinte des objectifs
qu’elles s’étaient fixés3.
Cette faiblesse dans la cohérence interne des stratégies de
décarbonisation est aggravée par l’absence de cohérence globale entre
les différents ministères gouvernementaux. Ainsi, alors que certaines
Il est assurément possible que des programmes, des
instances font pression pour réduire les émissions, d’autres continuent
3
15.2.2 Il est nécessaire d’adopter des approches qui soient actuels de ce secteur nécessiterait une décarbonisation beaucoup
plus efficaces plus rapide des autres secteurs, notamment ceux de l’électricité,
du bâtiment, de l’industrie et du transport. Il n’y a cependant pas
5. Atteindre la carboneutralité en 2050 entraînera des coûts nette-
de politiques en vigueur dans certains secteurs alors que, dans
ment inférieurs à ce qui était initialement prévu. Une évaluation
d’autres secteurs, il est peu probable que des solutions
du coût marginal du scénario CN50 en 2050 (figure 8.7) et une
concurrentielles au niveau économique soient disponibles dans
analyse du coût de l’électrification de l’approvisionnement en
un horizon qui soit suffisamment court pour permettre d’effectuer
énergie primaire (chapitre 14) ont montré que la réduction des
la transformation nécessaire d’ici 2030.
émissions est viable d’un point de vue économique et pourrait
même permettre de réaliser des économies considérables. Une 8. Outre le secteur pétrolier et gazier, ce sont les secteurs industriel,
comparaison avec les résultats obtenus dans nos précédentes commercial et de l’électricité qui sont appelés à fournir les plus
Perspectives (Langlois-Bertrand et al. , 2018) nous amène à grands efforts au départ. Les gouvernements devraient donc se
constater que les coûts de la décarbonisation de certains secteurs concentrer principalement sur ces secteurs en particulier. En
diminuent beaucoup plus rapidement que ne le prévoyaient alors raison de la nature de l’économie canadienne, moins de 20 % de
nos hypothèses de modélisation, une tendance qui est susceptible toutes les émissions de GES peuvent être directement attribuées
de perdurer. aux choix de consommation des citoyens, notamment en matière
de chauffage résidentiel (6 %) et de transport personnel, ce dernier
6. Pour atteindre la carboneutralité, il est nécessaire d’exercer un
volet comprenant les véhicules individuels (11 %) et les avions
puissant leadership et de faire des choix difficiles dans l’immé-
(1 %). Les émissions indirectes associées à la consommation de
diat. Un certain nombre d’obstacles structurels empêchent la ré-
biens peuvent être considérables, mais pour la grande majorité
alisation d’investissements rentables qui accéléreraient la
des biens importés, ces émissions ne sont pas attribuées direc-
transformation du modèle de production et de consommation de
tement au Canada. Comme le suggèrent les chiffres du tableau
l’énergie au Canada. Parmi ces obstacles figurent notamment des
15.2, et afin de respecter leurs engagements de réduction des
programmes mal conçus, des barrières réglementaires et des
GES, les gouvernements devraient fixer des objectifs et élaborer
freins à l’innovation, l’aversion du risque, la lenteur dans l’adoption
des programmes sectoriels spécifiques pour chacun des secteurs
de technologies, la formation inadéquate de la main-d’œuvre, cer-
susmentionnés.
taines incongruités financières et les caractéristiques particulières
des tissus économiques régionaux. Ces barrières ne pourront pas 9. Le secteur du transport ne se transforme pas aussi rapidement
être surmontées par la simple détermination d’un prix pour le qu’on l’aurait pensé. Le secteur du transport est l’un des secteurs
carbone; elles devront être levées ou éliminées par l’adoption aux où les gouvernements sont les plus actifs en matière de
plus hauts niveaux de gouvernement d’une approche stratégique, réglementations, comme le montrent la proposition de Norme sur
cohérente et intégrée permettant d’apporter des résultats signifi- les combustibles propres (NCP) ou d’autres règlements
catifs dans un délai d’un à quatre ans (voir également, par concernant la vente de véhicules à moteur à combustion interne
exemple, Meadowcroft, 2019 et 2021). ainsi que divers programmes de subventions massives. Alors que
certaines mesures, comme la NCP, ne sont pas compatibles avec
7. Le moyen le plus rentable d’atteindre les objectifs de 2030
l’ambition d’arriver à la carboneutralité (voir le premier point de
consiste à réduire fortement les émissions provenant du secteur
cette liste), l’adoption d’autres nouvelles mesures ne permettra
pétrolier et gazier. Compte tenu de l’estimation actuelle des coûts
pas de tout régler, car il faut généralement 7 à 10 ans pour qu’un
du CSC, notre modèle montre que cette réduction des émissions
parc de véhicules soit complètement renouvelé. Prévu pour
doit nécessairement passer par une baisse significative de la
arriver au plus tôt en 2035, l’effet net arrivera trop tard pour
production. Plus précisément, les réductions d’émissions réalisées
pouvoir atteindre les objectifs de 2030. Pour s’assurer d’obtenir
grâce à une baisse de la production dans ce secteur sont
les résultats projetés d’ici 2050, la décarbonisation des transports
optimales en termes de coût. Maintenir les niveaux d’émissions
nécessitera aussi la mise en œuvre de mesures précoces et seulement de la poursuite des recherches et des progrès
décisives à plusieurs niveaux. Il faudra des décennies avant que technologiques, mais aussi des choix et des orientations
l’essentiel des efforts visant à concevoir un urbanisme compatible politiques qui mèneront à une institutionnalisation rapide de
avec la carboneutralité ne produise des résultats. De même, la certaines solutions nécessitant des infrastructures lourdes (telles
transformation des transports publics lourds ainsi que la que les lignes caténaires ou les camions à hydrogène). Cela aura
planification et la réalisation des infrastructures permettant la pour conséquence de réduire la taille de l’éventail des différents
décarbonisation du transport des marchandises demeurent des avenirs possibles que l’on pourra envisager (Meadowcroft, 2019
projets qui pourraient demander une décennie de travail, et il et 2021).
faudra attendre plusieurs années avant de voir ces mesures
produire des résultats.
15.3 Concilier discours et réalité :
15.2.3 Au-delà de la modélisation une responsabilité partagée
10. Les accords internationaux actuels peuvent entraîner un Les constats que nous avons énoncés ci-dessus sont tirés des résultats
phénomène d’exportation des émissions. Les scénarios CN en lien de la modélisation ainsi que d’une analyse de l’évolution récente du
avec les définitions de l’Accord de Paris favorisent une forte système énergétique canadien et des émissions de GES du pays et, à
diminution de la production nationale de pétrole et de gaz avec, ce titre, ils devraient concerner tous les Canadiens. La constitution du
dans certains cas, l’accroissement des importations de carburants Canada fait en sorte que la définition des objectifs climatiques et la
raffinés pour satisfaire les besoins du Canada. Ceci s’explique par responsabilité de les atteindre relèvent de la compétence de plusieurs
le fait que les émissions générées par la production de ces ordres de gouvernement. Au cours des deux dernières décennies, ces
combustibles à l’étranger ne sont pas ajoutées au bilan de GES gouvernements ont surtout travaillé en vase clos, généralement sans
du Canada. La modélisation ne tient également pas compte des prendre en compte ce qui se faisait dans le palier supérieur ou inférieur
émissions associées aux biens produits à l’extérieur des frontières de gouvernement, ou encore dans les autres instances administratives.
du Canada, mais attribue au Canada les émissions des produits Cette approche, qui a bénéficié de milliards de dollars en subventions
consommés à l’étranger. Une tarification mondiale du carbone, qui et soutiens de toutes sortes, a grandement échoué à réaliser les
imputerait les coûts environnementaux de la consommation des transformations promises.
biens à l’utilisateur final, permettrait d’éviter ce problème.
Comme le suggèrent ces Perspectives, la poursuite de cette approche
11. De très bons résultats généraux ne sont pas synonymes de ne permettra pas au Canada d’atteindre les objectifs de réduction des
certitudes pour tous les changements, puisque les détails de GES qu’il s’est fixés. La profondeur et la vitesse des transformations
ceux-ci seront tributaires de développements spécifiques. Les nécessaires pour y parvenir exigent une stratégie, une coordination et
résultats de la modélisation dépendent étroitement des une efficacité qui est presque sans précédent au Canada. Néanmoins,
hypothèses conservatrices que nous avons retenues en rapport comme nous l’avons démontré, cela demeure possible. D’un point de
avec l’évolution des technologies, les obstacles aux vue purement technique et économique, cette transformation est
investissements et les coûts globaux de la transformation. abordable et réaliste. Elle demandera cependant de la part des
L’évolution de notre conception de l’agriculture et des solutions gouvernements, de l’industrie et des citoyens de penser et d’agir avec
basées sur la nature demeure incertaine, voire même inconnue. audace et ouverture, d’accepter le risque et l’échec, d’embrasser le
La situation est la même en ce qui a trait aux technologies qui changement et de réaliser que nous ne pouvons pas attendre d’avoir
font actuellement l’objet de travaux de développement intenses, trouvé la solution parfaite avant de commencer à passer à l’action.
telles que l’hydrogène, les petits réacteurs nucléaires, le stockage
d’énergie à grande échelle, de nombreux procédés industriels ainsi
que le transport lourd. L’avenir de ces solutions dépend non
15.4 Références
Dion, J., A. Kanduth, J. Moorhouse, et D. Beugin. 2021. Vers un
Canada carboneutre : S’inscrire dans la transition globale. Institut
canadien pour des choix climatiques. https://climatechoices.ca/
wp-content/uploads/2021/02/Vers-un-Canada-carboneutre_FINAL.
pdf
ECCC. 2021. Indicateurs canadiens de durabilité de l’environnement :
Progrès vers la cible de réduction des émissions de gaz à effet de
serre du Canada. https://www.canada.ca/fr/environnement-
changement-climatique/services/indicateurs-environnementaux/
progres-cible-reduction-emissions-gaz-effet-serre-Canada.html
Langlois-Bertrand, S., K. Vaillancourt, O. Bahn, L. Beaumier,
N. Mousseau, 2018. Perspectives énergétiques canadiennes. Institut
de l’énergie Trottier et e3Hub. https://iet.polymtl.ca/perspectives-
energetiques/
Meadowcroft, J., Layzell, D.B. et Mousseau, N. 2019. L’Accélérateur
de transition : Tracer des voies vers un avenir durable. Rapport de
l’Accélérateur de transition Vol. 1, numéro. 1, p. 1-65. https://
transitionaccelerator.ca/laccelerateur-de-transition-paver-des-voies-
vers-un-avenir-durable/?lang=fr
Meadowcroft, J. et autres contributions. 2021. Trajectoires vers la
carboneutralité : un outil d’aide à la prise de décisions. Rapports de
l’Accélérateur de transition. Vol. 3, Numéro 1., 1-108. https://
transitionaccelerator.ca/trajectoires-vers-la-carboneutralite/?lang=fr
Saranya Gunasingh, Joe Zhou, and Scott Hackel. 2018. Persistence
of Savings from Retro-Commissioning Measures. A field study of past
ComEd Retro-commissioning projects. Report by Seventhwave.
https://slipstreaminc.org/sites/default/files/documents/
publications/retrocommissioning-persistence-studyfinal-
reportoct-2018.pdf
Les principaux prix de l’énergie utilisés pour les produits énergétiques importés/exportés
du/vers le Canada
Géothermie
Géothermie hydrothermale double flash 5 454 $ 5 188 $ 4 934 $ 4 693 $
Géothermie hydrothermale à cycle binaire 7 036 $ 6 692 $ 6 365 $ 6 054 $
Systèmes géothermiques améliorés Near-Hydro Flash 18 718 $ 17 803 $ 16 932 $ 16 105 $
Systèmes géothermiques améliorés Near-Hydro Binary 41 619 $ 39 584 $ 37 649 $ 35 808 $
Systèmes géothermiques améliorés Deep Flash 18 718 $ 17 803 $ 16 932 $ 16 105 $
Systèmes géothermiques améliorés Deep Binary 41 619 $ 39 584 $ 37 649 $ 35 808 $
1
IAu Québec, ces coûts sont remplacés par une courbe
d’offre pour les quelque 40 GW de potentiel restants
(5280–14 400 $/kW).
Charbon
Charbon pulvérisé ultra supercritique 42 $ 42 $ 42 $ 42 $
Cycle intégré du charbon combiné à la gazéification 69 $ 69 $ 69 $ 69 $
Charbon pulvérisé ultra supercritique + CSC (30 %) 88 $ 88 $ 88 $ 88 $
Charbon pulvérisé ultra supercritique + CSC (90 %) 102 $ 102 $ 102 $ 102 $
Charbon + biomasse
Co-combustion de charbon pulvérisé ultra supercritique
et de biomasse 42 $ 42 $ 42 $ 42 $
Géothermie
Géothermie hydrothermale double flash 172 $ 172 $ 172 $ 172 $
Géothermie hydrothermale à cycle binaire 227 $ 227 $ 227 $ 227 $
Systèmes géothermiques améliorés Near-Hydro Flash 343 $ 343 $ 343 $ 343 $
Systèmes géothermiques améliorés Near-Hydro Binary 882 $ 882 $ 882 $ 882 $
Systèmes géothermiques améliorés Deep Flash 343 $ 343 $ 343 $ 343 $
Systèmes géothermiques améliorés Deep Binary 882 $ 882 $ 882 $ 882 $
2
’autres attributs incluent la durée de vie économique,
D
le temps de construction, les limites physiques et les
contraintes en matière de ressources, etc.
Hydrolienne 143 $
Conversion de l’énergie des vagues
Pétrole
Moteur diesel alternatif 13 $
Moteur à mazout lourd alternatif 13 $
Solaire
Photovoltaïque à 1 axe – palier 1 16 $ 13 $ 12 $ 10 $
Photovoltaïque à 1 axe – palier 2 16 $ 13 $ 12 $ 10 $
Photovoltaïque à 1 axe – palier 3 16 $ 13 $ 12 $ 10 $
Tour solaire à concentration 84 $ 65 $ 65 $ 65 $
Photovoltaïque à 1 axe + 200 MW de stockage 39 $ 39 $ 39 $ 39 $
Solaire - distribué
Toit solaire résidentiel décentralisé 26 $ 14 $ 12 $ 11 $
Toit solaire commercial décentralisé 20 $ 16 $ 14 $ 13 $ 2
ther attributes include the economic life, construction
O
time, physical and resources constraints, etc.
2
ther attributes include the economic life, construction
O
time, physical and resources constraints, etc.
Charbon
Charbon pulvérisé ultra supercritique 6,36 $ 6,36 $ 75 0,39 0,39
Cycle intégré du charbon combiné à la gazéification 10,18 $ 10,18 $ 75 0,39 0,46
Charbon pulvérisé ultra supercritique + CSC (30 %) 32,07 $ 32,07 $ 75 0,35 0,37
Charbon pulvérisé ultra supercritique + CSC (90 %) 45,81 $ 45,81 $ 75 0,29 0,31
Charbon + biomasse
Co-combustion de charbon pulvérisé ultra
supercritique et de biomasse 6,06 $ 6,06 $ 45 0,35 0,37
Géothermie
Géothermie hydrothermale double flash - $ - $ 30 0,97 0,97
Géothermie hydrothermale à cycle binaire - $ - $ 30 0,97 0,97
Systèmes géothermiques améliorés Near-Hydro Flash - $ - $ 30 0,97 0,97
Systèmes géothermiques améliorés Near-Hydro Binary - $ - $ 30 0,97 0,97
Systèmes géothermiques améliorés Deep Flash - $ - $ 30 0,97 0,97
Systèmes géothermiques améliorés Deep Binary - $ - $ 30 0,97 0,97
Tableau A.13 – Coûts variables, la durée de vie technique et l’efficacité de l’électricité (suite)
Coûts variables Durée de vie Efficacité
2020 2050 technique 2040 2050
$/kW $/kW (années) $/kW $/kW
Hydroélectricité
Grand barrage conventionnel - $ - $ 100 0,97 0,97
Petit barrage conventionnel - $ - $ 100 0,97 0,97
Adaptation d’un grand barrage non alimenté - $ - $ 100 0,97 0,97
Adaptation d’un petit barrage non alimenté - $ - $ 100 0,97 0,97
Petite centrale au fil de l’eau - $ - $ 100 0,97 0,97
Grande centrale au fil de l’eau - $ - $ 100 0,97 0,97
Gaz naturel
Turbine à gaz à combustion à cycle simple 9,09 $ 9,09 $ 55 0,35 0,38
Turbine à gaz à cycle combiné 3,53 $ 3,53 $ 55 0,53 0,54
Turbine à gaz à cycle combiné + CSC (90 %) 9,14 $ 9,14 $ 55 0,45 0,46
Nucléaire
Réacteur perfectionné 2,95 $ 2,95 $ 60 0,33 0,33
Petit réacteur modulaire 3,74 $ 3,74 $ 40 0,34 0,34
Océan
Conversion de l’énergie thermique des océans
(installation de taille moyenne) - $ - $ 20 1,00
Tableau A.13 – Coûts variables, la durée de vie technique et l’efficacité de l’électricité (suite)
Coûts variables Durée de vie Efficacité
2020 2050 technique 2040 2050
$/kW $/kW (années) $/kW $/kW
Solaire
Photovoltaïque à 1 axe – palier 1 - $ - $ 30 1,00 1,00
Photovoltaïque à 1 axe – palier 2 - $ - $ 30 1,00 1,00
Photovoltaïque à 1 axe – palier 3 - $ - $ 30 1,00 1,00
Tour solaire à concentration
30 1,00 1,00
5,22 $ 4,45 $
Photovoltaïque à 1 axe + 200 MW de stockage - $ - $ 30 1,00 1,00
Solaire - distribué
Toit solaire résidentiel décentralisé - $ - $ 30 1,00 1,00
Toit solaire commercial décentralisé - $ - $ 30 1,00 1,00
Éolien - $ - $
Éolienne côtière conventionnelle de taille moyenne - $ - $ 30 1,00 1,00
Petite éolienne côtière conventionnelle - $ - $ 25 1,00 1,00
Grande éolienne côtière conventionnelle - $ - $ 25 1,00 1,00
Éolienne marine ancrée - $ - $ 30 1,00 1,00
Éolienne marine flottante - $ - $ 30 1,00 1,00
Éolien - distribué
Éolien résidentiel côtier décentralisé - $ - $ 30 1,00 1,00
Éolien commercial côtier décentralisé - $ - $ 30 1,00 1,00
La Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique possède son propre système de tarification trait aux carburants à faible teneur en carbone et instauré des mesures
du carbone qui a été mis en œuvre pour la première fois en 2008 sous visant à permettre aux bâtiments d’atteindre la carboneutralité dès
la forme d’une taxe sans incidence sur les recettes. Ce système 2032. De plus, la Clean Energy Act [Loi sur l’énergie propre] de 2010
s’applique aux émissions de carbone avec un taux fixé à 30 $/tonne exige que la production d’électricité repose sur des sources
en 2012. Après 2018, ce taux s’est accru de 5 $/tonne par année afin renouvelables dans une proportion de 93 %.
de permettre à la province de respecter les exigences fédérales en la La plupart des politiques en matière de climat et d’énergie adoptées
matière. Le taux appliqué pour la taxe sur le carbone dépend de la par la Colombie-Britannique au cours des dernières années témoignent
teneur en carbone du carburant; une taxe supplémentaire sur les des efforts accrus entrepris dans ce domaine depuis l’entrée en vigueur
carburants, la Motor Fuel Tax, s’applique à l’essence et au diesel. À de la taxe sur le carbone en 2008. Cela est en partie la résultante
l’origine, cette loi garantissait que le gouvernement réduirait chaque d’une prise de conscience de la part du gouvernement du fait que
année les impôts des particuliers ou des entreprises pour une somme l’objectif initial de réduction des émissions de GES pour 2020 serait
égale aux revenus générés par la taxe sur le carbone. Cette taxe couvre très loin d’être atteint à cette date. Suite au changement de gouver-
environ 70 % des émissions de la province, à part quelques exceptions, nement lors des élections de 2017, on a procédé à une révision des
dont notamment celles touchant le secteur agricole, les exportations objectifs en matière de GES et ces nouveaux objectifs ont été précisés
de carburant, le transport aérien, le transport maritime international, dans la Climate Change Accountability Act de 2018 [Loi de 2018 sur
les émissions liées à la transformation industrielle et les émissions la responsabilité en matière de changements climatiques]. Ces objec-
fugitives de méthane provenant de la production et du transport de tifs révisés comprennent une réduction des émissions de l’ordre de
combustibles fossiles. La condition dite de non-incidence sur les 40 % d’ici 2030 et de 60 % d’ici 2040, ainsi qu’un renouvellement de
recettes a été abolie en 2017. l’engagement de réduire les émissions de 80 % d’ici 2050. En tenant
En 2016, la Colombie-Britannique a également adopté la Greenhouse compte du résultat de l’évaluation des progrès qui ont été réalisés en
Gas Industrial Reporting and Control Act (GGIRCA) [Loi sur la 2020, la province a ajouté un nouvel objectif, soit celui de réduire ses
déclaration et le contrôle des émissions industrielles de gaz à effet de émissions de l’ordre de 16 % d’ici 2025. La Zero-Emission Vehicles Act
serre]. Cette loi prévoit l’imposition d’une tarification des émissions de [Loi sur les véhicules zéro émission] de 2019 a également fixé des
GES qui s’applique aux installations ou secteurs industriels qui objectifs concernant la part de ventes ou de locations de véhicules
dépassent un certain seuil d’émissions. La Loi établit également des légers zéro émission, celle-ci devant atteindre 10 % d’ici 2025, 30 %
normes de rendement précises pour les installations ou secteurs d’ici 2030 et 100 % d’ici 2040. Ces objectifs s’ajoutent au Renewable
industriels, y compris les installations de GNL, et elle exige que ceux-ci and Low Carbon Fuel Requirements Regulation [Règlement sur les
déclarent leurs volumes d’émissions et respectent un point de exigences en matière de carburants renouvelables et à faible teneur
référence en matière d’émissions. en carbone] qui précise des exigences concernant les carburants re-
Plusieurs autres mesures ont aussi été adoptées au cours de la nouvelables et détermine des objectifs précis en matière d’intensité
dernière décennie. Le Clean Energy Vehicle program [Programme pour carbone pour les carburants qui sont vendus.
les véhicules à énergie propre] (2011) offre des remises en espèces La plupart de ces initiatives font partie de la stratégie CleanBC, publiée
pouvant atteindre jusqu’à 8 000 $ pour l’achat de véhicules électriques après l’adoption de la Climate Change Accountability Act [Loi sur la
et ceux dotés d’une pile à combustible à hydrogène ainsi que pour les responsabilité en matière de changements climatiques], ceci dans le
investissements consacrés aux infrastructures de recharge et de cadre de l’adoption d’un ensemble de mesures visant à permettre à la
ravitaillement en hydrogène. Le Carbon Neutral Government Regulation Colombie-Britannique d’atteindre les objectifs de réduction des
[Règlement gouvernemental sur la carboneutralité], qui est en vigueur émissions de GES qu’elle s’est fixés. La stratégie exige également qu’un
depuis 2010, garantit la carboneutralité des activités du gouvernement minimum de 15 % de la consommation résidentielle et industrielle de gaz
et des institutions publiques. Le Climate Leadership Plan [Plan de naturel provienne de gaz renouvelable. Elle accorde une attention
leadership climatique], publié en 2016, a élargi la norme en ce qui a particulière au secteur du bâtiment et vise à faire en sorte que chaque
nouveau bâtiment construit dans la province soit « carboneutre en À la suite des élections de 2019, le nouveau gouvernement de l’Alberta
matière de consommation énergétique » d’ici 2032. De plus, des a rapidement annoncé qu’il modifierait ou supprimerait plusieurs
règlements ont été adoptés pour réduire de 45 % les émissions de dispositions du Climate Leadership Plan [Plan de leadership climatique].
méthane provenant de l’exploitation du pétrole et du gaz en amont. Ces nouvelles mesures ont débuté par l’adoption de la Carbon Tax
L’actuel gouvernement minoritaire néo-démocrate de la Colombie- Repeal Act [Loi abrogeant la taxe sur le carbone], ce qui a annulé la
Britannique, qui est en place depuis 2017, a élaboré une stratégie Climate Leadership Act [Loi sur le leadership climatique] et mis fin à
visant à accentuer les efforts de la province dans ce domaine, compte l’Alberta Climate Leadership Adjustment Rebate (Rabais d’ajustement
tenu de son succès très mitigé dans ses tentatives antérieures pour pour le leadership climatique de l’Alberta]. En réaction à ces mesures,
réduire les émissions de GES. Constatant que la mise en œuvre le gouvernement fédéral a annoncé que le système fédéral de tarification
précoce de la tarification du carbone en 2008 et les mesures adoptées de la pollution par le carbone remplacerait dorénavant la taxe sur le
ultérieurement n’ont pas permis à la province d’atteindre son objectif carbone de l’Alberta. Bien que le gouvernement provincial de l’Alberta
de réduction des GES pour 2020, le gouvernement actuel a donc ait contesté le système fédéral devant les tribunaux, suivant l’exemple
choisi d’accroître en nombre et en intensité les mesures adoptées, tout de la Saskatchewan et de l’Ontario, il a été débouté par le jugement
en se fixant de nouveaux objectifs à plus long terme. rendu par la Cour suprême du Canada en mars 2021.
Le Carbon Competitiveness Incentive Regulation (CCIR) [Règlement
visant à encourager la compétitivité en matière de carbone], qui a
L’Alberta
remplacé le Specified Gas Emitters Regulation (SGER) [Règlement sur
L’élection en 2019 de Jason Kenney au poste de premier ministre de les émetteurs de gaz spécifiés] en 2018, a continué à s’appliquer. Le
l’Alberta a changé l’approche de cette province en matière de politique CCIR exige que les émissions générées par les installations soient d’un
climatique et énergétique. Avant les élections, plusieurs des principales volume inférieur à la quantité librement autorisée dans leur secteur
politiques alors en vigueur étaient le résultat de la mise en œuvre du d’activité. À défaut de pouvoir atteindre cette norme, les émetteurs
Climate Leadership Plan [Plan de leadership climatique] de 2015. Ce peuvent choisir parmi plusieurs mesures de conformité, soit améliorer
plan comprenait différentes mesures, dont l’élimination progressive du l’efficacité de leur installation, acheter des crédits auprès d’installations
charbon dans la production d’électricité d’ici 2030; un objectif en vertu plus performantes, acheter des crédits de compensation carbone en
duquel 30 % de l’électricité produite dans la province devait provenir de Alberta ou contribuer au Alberta’s Climate Change and Emissions
sources renouvelables; une limite annuelle, prévue par la loi, de 100 Mt Management Fund [Fonds de gestion des changements climatiques et
sur les émissions de GES provenant du secteur des sables bitumineux; des émissions de l’Alberta]. Adoptée à la fin de 2019, la Technology
ainsi qu’un objectif de réduction de 45 % des émissions de méthane d’ici Innovation and Emissions Reduction Implementation Act [Loi sur
2025. Ce plan a également mené à la création d’Energy Efficiency l’innovation technologique et la réduction des émissions] vise à
Alberta, un organisme qui soutient l’adoption et la mise en œuvre de remplacer ce système, créant ainsi une réglementation de type mixte
mesures de conservation et d’efficacité énergétique. qui se situerait entre CCIR et le SGER.
Ces objectifs avaient été assortis de mesures visant à permettre de les Le gouvernement de l’Alberta a également fait le choix de ne pas
atteindre. Celles-ci comprenaient, entre autres, le Renewable Electricity abroger le plafond de 100 Mt imposé aux émissions de l’industrie
Program [Programme d’électricité renouvelable]; une taxe sur le carbone pétrolière et gazière, soulignant le fait qu’il est peu probable que ce
qui s’appliquait au diesel, à l’essence, au gaz naturel et au propane; ainsi plafond soit atteint au cours des prochaines années. Par conséquent,
qu’un système distinct de tarification du carbone qui s’appliquait aux une augmentation significative des émissions totales de la province (et
grands émetteurs industriels (plus de 100 000 tonnes/année) et qui a du Canada) demeure possible, et ce, même si on respecte le plafond qui
été mis en œuvre dans le cadre du Carbon Competitiveness Incentive a été établi, ce qui pourrait largement compenser les réductions
program [programme visant à encourager la compétitivité en matière d’émissions obtenues grâce à la mise en œuvre d’autres mesures.
de carbone].
Dans le secteur de l’électricité, l’Alberta demeure la province du Canada par année. Ce système est également utilisé à titre de redevance sur
qui utilise la part de charbon la plus importante pour sa production les combustibles fossiles, constituant alors une taxe qui est
d’électricité. Le gouvernement de la province a prévu un système de généralement acquittée par les distributeurs inscrits (les producteurs
paiements de transition pour les installations qui devaient être en acti- et les distributeurs de carburant).
vité au-delà de 2030. La Renewable Electricity Act [Loi sur l’électricité La Saskatchewan a contesté la constitutionnalité de la Loi sur la
renouvelable], adoptée par le gouvernement précédent, avait également tarification de la pollution par les gaz à effet de serre du gouvernement
légiféré pour une part de 30 % d’énergie renouvelable dans le secteur de fédéral en 2019. La Cour d’appel de la Saskatchewan ayant émis un
l’électricité d’ici 2030. Toutefois, les enchères tenues dans le cadre du jugement sur la constitutionnalité de la loi dans une proportion de
Renewable Electricity Program [Programme d’électricité renouvelable] 3 juges contre 2, la province a maintenant déposé un avis d’appel à la
de la province, qui constituaient le principal outil permettant d’atteindre Cour suprême du Canada.
cet objectif, ont été annulées par le gouvernement Kenney.
La Saskatchewan est l’une des quatre provinces canadiennes qui
En ce qui concerne la réduction des émissions de méthane, des produisent de l’électricité à partir du charbon. Après l’annonce du plan
réglementations de nature contradictoire de la part des gouvernements fédéral qui visait l’abandon progressif du charbon, la province a conclu
de l’Alberta et fédéral sont entrées en vigueur le 1er janvier 2020. Des en 2019 une entente lui permettant de répondre aux exigences
pourparlers sont en cours pour tenter parvenir à un accord d’équivalence. fédérales en matière de réduction des émissions de GES pour
l’ensemble de son réseau électrique. Cet accord a permis à la
La Saskatchewan Saskatchewan de maintenir en activité la centrale électrique du projet
de captage du carbone de Boundary Dam au-delà de 2030. Ce projet
La Saskatchewan est la première province canadienne en termes
consiste en une centrale exploitée à l’échelle commerciale et qui utilise
d’émissions de GES par habitant. La grande majorité de ces émissions
la technologie de captage, d’utilisation et de stockage du carbone
proviennent du secteur de la production d’électricité et d’énergie. En
(CUSC). L’entreprise de service public de la province, la société
2017, la province a publié le Prairie Resilience Action Plan [Plan
Saskpower, s’est également engagée à faire en sorte qu’au moins 50 %
d’action pour la résilience des Prairies]. Ce plan précisait son approche
de sa production d’électricité provienne de sources renouvelables d’ici
et sa stratégie en matière de réduction des émissions de GES. En
2030, une proportion qui représente le double de celle de 2015, tout
2018, cette publication a été suivie par la mise en œuvre du Climate
en réduisant ses émissions de 40 % d’ici 2030.
Resilience Measurement Framework [Cadre de mesure de la résilience
climatique]. Ce dernier a déterminé 25 objectifs devant être gérés et La Saskatchewan a adopté le Oil and Gas Emissions Management
éventuellement atteints par la province et les municipalités. La Regulations [Règlement sur la gestion des émissions de pétrole et de
Saskatchewan demeure la seule province canadienne à ne pas avoir gaz] qui, lui aussi, est entré en vigueur en janvier 2019. Ce règlement
adhéré au Cadre pancanadien sur la croissance propre et les vise à encadrer les émissions de méthane brûlées à la torche et
changements climatiques. ventilées, ceci afin de permettre d’atteindre l’objectif de réduction de
ces émissions de 40 à 45 % d’ici 2025. Compte tenu de la
En 2018, la Saskatchewan a publié un plan de tarification de la
réglementation fédérale concurrente, la Saskatchewan a négocié une
pollution par le carbone. Dans son ensemble, ce plan utilise une
entente d’équivalence avec son homologue fédéral, à l’instar de la
approche reposant sur l’application de normes de rendement basées
Colombie-Britannique et de l’Alberta. Cette entente a été conclue à la
sur les émissions pour certaines de ses grandes installations
fin de 2020.
industrielles. On note toutefois que cette mesure n’a que partiellement
réussi à respecter la rigueur qu’exigeait le modèle fédéral. Le système
de tarification fédéral s’applique en tant que système de tarification
basé sur le rendement inhérent à la production d’électricité et aux
oléoducs de transport de gaz naturel qui desservent les installations
des secteurs émettant 50 000 tonnes ou davantage d’équivalent CO2
Le Manitoba
Le Manitoba a proposé en 2017 un plan en matière de changements d’objectifs de réduction des émissions de GES pour 2020 et 2030,
climatiques qui incluait un prix fixe du carbone, soit 25 $ la tonne soit une diminution respective de 15 % et 37 % par rapport au niveau
d’équivalent CO2. Ce système n’a cependant pas permis d’atteindre la de 1990. Ces premières mesures ont été suivies par l’adoption de la
référence des exigences fédérales, ce qui a conduit à son abandon en Loi de 2016 modifiant la Loi sur l’atténuation du changement
2018. Le système fédéral de tarification s’applique donc maintenant à climatique et une économie sobre en carbone. Cette loi exigeait que la
part entière dans la province. Le Manitoba a contesté devant les province élabore des plans d’action en matière de climat et qu’elle
tribunaux la constitutionnalité du système fédéral de tarification de la précise la façon dont serait utilisé le produit du programme de
pollution par le carbone et il a également annoncé un nouveau plan plafonnement et d’échange pour soutenir les projets ayant un potentiel
comprenant un tarif de 25 $ la tonne qui devait être appliqué à de réduction des émissions de GES. Plusieurs autres plans d’action ont
compter du 1 er juillet 2020, ceci tout en abaissant dans un même également été publiés, notamment le Plan énergétique à long terme
temps la taxe de vente provinciale d’un pour cent. La mise en œuvre de l’Ontario , afin d’assurer aux consommateurs de la province un
du plan a été reportée en raison de l’urgence de la situation de santé approvisionnement en énergie accessible et fiable au cours des
publique liée à la pandémie de COVID-19, et il n’est pas certain que le 20 prochaines années. Ces efforts de transformation du paysage
gouvernement fédéral considère éventuellement ce plan comme énergétique ont atteint leur point culminant en 2018 avec l’éta
pouvant satisfaire à ses exigences. blissement d’un lien entre le système provincial de plafonnement et
Depuis la publication du Plan vert et climatique du Manitoba en 2017, d’échange de permis d’émission de GES et celui auquel participent la
les objectifs de réduction des émissions de GES à long terme ont été Californie et le Québec, avec l’attribution de certains quotas pour les
remplacés par des objectifs de réduction des émissions définis sur les industries tributaires des échanges commerciaux.
conseils d’experts indépendants pour des périodes continues de cinq À la suite de son élection au printemps de 2018, le nouveau
ans. L’objectif actuel est une réduction cumulative de 1 Mt d’émissions gouvernement de l’Ontario dirigé par le premier ministre Doug Ford a
d’ici 2023. Le gouvernement du Manitoba a également annoncé en annoncé qu’il apporterait plusieurs changements à ces politiques. Le
début 2020 la hausse de sa norme sur les carburants renouvelables, gouvernement a adopté la Loi de 2018 annulant le programme de
ce qui augmentera la teneur minimale en éthanol dans l’essence à 10 % plafonnement et d’échange durant la même année, ce qui a conduit au
et la teneur en biodiesel dans le carburant diesel à 5 %. Ces deux remplacement de celui-ci par le système fédéral de tarification du
mesures doivent entrer en vigueur en 2022. En dernier lieu, notons carbone. Ce changement s’est produit après que l’Ontario ait contesté
que le plan de 2017 comprend des objectifs visant à accroître la politique fédérale devant les tribunaux et qu’elle ait perdu sa cause.
l’efficacité énergétique de la consommation domestique de gaz naturel En 2020, l’Ontario a reçu l’approbation du gouvernement fédéral pour
de l’ordre de 11,25 % et celle de l’électricité de 22,5 % sur une période la mise en œuvre d’un système de tarification du carbone constitué
de 15 ans. d’une série de normes de rendement en matière d’émissions qui
s’appliquent aux grands émetteurs industriels. Toutefois, comme le
champ d’application de ce système faisait l’objet de préoccupations
L'Ontario
de la part du ministre fédéral de l’Environnement, il a été convenu de
Entre 2003 et 2018, l’Ontario a vu se succéder plusieurs gouver le réviser deux années plus tard. Au moment d’écrire ces lignes, le
nements libéraux qui ont adopté différentes politiques visant à moment où le système provincial entrerait en vigueur n’avait pas
transformer le paysage énergétique de la province et à réduire ses encore été déterminé. La Loi sur l’énergie verte et l’économie verte a
émissions de GES. Parmi ces politiques, notons l’élimination également été abrogée en 2018.
progressive de l’électricité produite à partir du charbon, l’instauration
Après les élections de 2018, l’Ontario a publié son plan intitulé
d’un système de tarifs de rachat garantis visant à encourager le
Préserver et protéger notre environnement pour les générations
déploiement de l’énergie solaire et éolienne dans le cadre de la Loi de
futures : un plan environnemental élaboré en Ontario. En vertu de ce
2009 sur l’énergie verte et l’économie verte , ainsi que la définition
plan, la province s’est engagée à réduire ses émissions de 30 % d’ici
La Nouvelle-Écosse
La Nouvelle-Écosse utilise depuis janvier 2019 un système de entente d’équivalence avec le gouvernement fédéral pour la tarification
plafonnement et d’échange qui prend en compte environ 80 % des des émissions de carburant où la redevance supplémentaire est
émissions de la province. De plus, bien que cette dernière se soit fixé compensée à la pompe par une diminution de la taxe provinciale sur
un objectif de réduction de 80 % des émissions de GES d’ici 2050 dans les carburants. En ce moment, l’effet net de cette mesure est une
son Climate Change Action Plan [Plan d’action sur les changements augmentation de deux cents le litre sur l’essence et le diesel achetés
climatiques], la Sustainable Development Goals Act [Loi sur les à la pompe.
objectifs de développement durable], qui a été adoptée fin de 2019, a Les mesures gouvernementales accordent une attention particulière
modifié ces objectifs pour passer à une réduction de 53 % d’ici 2030 au transport, car ce secteur est responsable de 50 % des émissions de
et à la carboneutralité d’ici 2050. Cette loi s’ajoute au Renewable GES de la province. Le Climate Change Action Plan 2018-2023 s’est
Electricity Regulations [Règlement sur l’électricité renouvelable] qui engagé à concevoir et à installer un réseau de bornes de recharge pour
exige que les services publics fournissent 40 % d’électricité les véhicules électriques à l’échelle de la province. À la fin de 2019, ce
renouvelable à leurs clients. plan a été suivi par la publication de la Sustainable Transportation
La Nouvelle-Écosse a conclu une entente d’équivalence avec le Strategy [Stratégie de transport durable] qui propose plusieurs mesures
gouvernement fédéral concernant l’élimination progressive de la dont des structures tarifaires différentes pour l’immatriculation des
production d’électricité au charbon. Cette entente sera en vigueur de véhicules électriques.
2020 à 2024 et permettra à la province de maintenir ses centrales
au charbon en activité au-delà de 2030. En retour, la Nouvelle-Écosse
Terre-Neuve-et-Labrador
s’est engagée à effectuer une réduction supplémentaire de ses
émissions pour l’ensemble de son secteur de l’électricité. Au moment Terre-Neuve-et-Labrador a procédé en 2018 à la mise à jour de la
de la rédaction de ces Perspectives, le gouvernement de la Nouvelle- Management of Greenhouse Gas Act [Loi sur la gestion des gaz à effet
Écosse annonçait l’élimination progressive du charbon d’ici 2030. de serre] de 2016 afin d’être en mesure de tenir compte du prix du
carbone imposé par le gouvernement fédéral. Cette révision a été
effectuée après la publication par la province du Made-in-Newfoun-
L’Île-du-Prince-Édouard dland and Labrador carbon pricing program [programme de tarification
Le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard a publié en 2017 sa du carbone de Terre-Neuve-et-Labrador] pour lequel elle a reçu l’appro-
stratégie énergétique sur 10 ans en plus d’adhérer au Cadre bation du gouvernement fédéral. Ce programme a instauré une taxe
pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques. carbone s’appliquant aux combustibles fossiles qui respectait les
Il a également créé un Secrétariat aux changements climatiques dans exigences fédérales et il a permis la mise en œuvre d’un système
le cadre de son Climate Change Action Plan 2018-2023 [Plan d’action de normes de rendement pour les grandes installations industrielles
sur les changements climatiques], lequel a initialement réitéré l’objectif et les producteurs d’électricité à grande échelle. En ce qui a trait à
de réduire les émissions de GES de 30 % d’ici 2030. Toutefois, l’Île-du- ce dernier secteur, le projet hydroélectrique de Muskrat Falls devrait
Prince-Édouard a porté à la hausse cet objectif pour atteindre 40 % de être mis en service en 2021.
réduction des émissions à la suite de la publication du rapport du GIEC Après la réélection d’un gouvernement libéral minoritaire en 2019, la
en 2018 (voir chapitre 1). La province est allée encore plus loin en province a publié un nouveau plan d’action en matière de changements
décembre 2020 en adoptant la Net Zero Carbon Act [Loi sur la climatiques pour les cinq années subséquentes. Ce plan a réitéré
carboneutralité] qui l’engageait à atteindre la carboneutralité d’ici l’objectif de réduire de 30 % les émissions de GES d’ici 2030 par
2040. Cette loi exige également que le gouvernement de l’Île-du- rapport à 2005.
Prince-Édouard publie un rapport annuel sur les progrès réalisés dans
l’atteinte des objectifs qu’il s’est fixés.
En ce qui a trait à la tarification du carbone, la province a négocié une
Les territoires
Bien que leur contribution aux émissions nationales de GES soit faible, Le Nunavut, quant à lui, n’a pas déterminé d’objectifs précis de
les territoires du Nord canadien présentent des défis particuliers en ce réduction des émissions de GES. Le Nunavut, comme le Yukon, utilise
qui a trait à l’atteinte des objectifs de réduction des émissions. Par le système fédéral de tarification, avec cependant des cas d’exemptions
exemple, le système fédéral de tarification du carbone s’applique au liés aux caractéristiques particulières inhérentes à ce territoire. Il s’agit
Yukon, mais avec des exemptions pour la production de carburant notamment d’une exemption pour la redevance sur les carburants
d’aviation et d’électricité à partir du diesel, compte tenu de l’importance d’aviation, ainsi que pour la production d’électricité à partir du diesel
particulière de ces sources d’énergie pour assurer la sécurité pour les collectivités éloignées. Depuis 2019, le gouvernement
alimentaire et le chauffage dans cette région. À la fin de 2019, le territorial offre également le Nunavut Carbon Rebate [Rabais sur le
territoire a publié sa stratégie Our Clean Future [Notre avenir propre] carbone du Nunavut] qui subventionne la moitié du prix du carbone
qui propose plusieurs mesures et précise certains objectifs, notamment pour les carburants achetés par les résidents du territoire. Ce rabais
une réduction de 30 % des émissions de GES par rapport au niveau de est appelé à disparaître progressivement à raison d’une baisse de 10 %
2010; une réduction de 30 % avant 2030 de la consommation de par année entre 2022 et 2028.
diesel pour la production d’électricité dans les collectivités qui ne sont
pas raccordées au réseau électrique principal; et une proportion de
40 % des besoins en chauffage qui sont comblés par des sources
renouvelables d’ici 2030. Parmi les autres mesures, mentionnons
l’électrification des transports et du parc de véhicules du gouvernement.
En 2018, les Territoires du Nord-Ouest ont publié leur Climate Change
Strategic Framework 2030 [Cadre stratégique sur les changements
climatiques 2030], en même temps que leur Climate Change Action
Plan 2019-2023 [Plan d’action à court terme sur les changements
climatiques 2019-2023]. Ce plan fixe un objectif de réduction de 30 %
des émissions de GES avant 2030. Les mesures adoptées par les
Territoires du Nord-Ouest se concentrent particulièrement sur des
objectifs qui sont liés à l’énergie. Ainsi, les émissions de GES provenant
de la production d’électricité dans les collectivités utilisant le diesel
devraient être réduites de 25 %; celles des transports devraient
diminuer de 10 % par habitant de 2016 à 2030; et la part des énergies
renouvelables utilisées pour le chauffage communautaire devrait
atteindre 40 % d’ici 2030. Les Territoires du Nord-Ouest ont instauré
une taxe sur le carbone en 2019.
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Une analyse de sensibilité a été réalisée pour le secteur pétrolier et Figure C.1 – L’évolution des émissions de GES – les scénarios alternatifs
gazier dans laquelle la réduction de la production d’énergie est contrôlée
par des conditions extérieures au pays (voir la section 7.1.2). À des fins
de comparaison avec le scénario CN50, nous avons utilisé les deux
scénarios alternatifs suivants :
• Le scénario OilExpA, qui poursuit les objectifs du scénario CN50,
mais maintient en tout temps la production de pétrole et de gaz
naturel à un minimum de 25 % des niveaux du scénario de
référence;
• Le scénario OilExpB, qui poursuit les objectifs du scénario CN50,
mais maintient en tout temps la production de pétrole et de gaz
naturel à un minimum de 50 % des niveaux du scénario de
référence.
Des niveaux plus élevés de production de pétrole et de gaz, associés à
des profils de consommation sectoriels différents, permettent de réduire
les émissions de GES dans la même mesure que dans le scénario CN50,
mais de manière différente, comme l’illustre la figure C.1.
Dans ces scénarios alternatifs, les coûts (directs) de la réduction des
émissions augmentent, et ce, surtout en raison de deux facteurs :
a. Les réductions d’émissions sont transférées du secteur de la
production de pétrole et de gaz à d’autres industries ainsi qu’aux
secteurs du bâtiment et du transport;
b. On utilise davantage l’EDA pour compenser le volume plus élevé
d’émissions de GES généré par les activités économiques : d’ici
2050, les activités d’EDA devraient presque tripler et la quantité
de carbone capté annuellement passer de 15 Mt d’équivalent CO2
dans le scénario CN50 à 41 Mt d’équivalent CO2 dans le scénario
OilExpB.
Les réductions de GES qui ne seraient pas réalisées dans le secteur
pétrolier et gazier seraient réparties entre d’autres secteurs, comme
indiqué dans le tableau C.1. Les figures C.2 et C.3 présentent les
projections établies pour les deux scénarios alternatifs par rapport à
celles du scénario CN50 en ce qui concerne deux secteurs qui sont
analysés dans la section 7.1.2., soit les secteurs industriel et du bâtiment.
Tableau C.1 – La variation des objectifs en matière de niveau de production de pétrole et de gaz et d’émissions de GES par secteur selon les scénarios alternatifs
2005 2016 2030 2050
CN50 OilExpA OilExpB CN50 OilExpA OilExpB
Contraintes du scénario
Émissions finales (MtCO2e) 730 705 438 438 438 0 0 0
Réductions par rapport à 2005 - 40,0 % - 40,0 % - 40,0 % - 100 % - 100 % - 100 %
Production de pétrole et de gaz
Production de pétrole (PJ) 9 088 4 388 4 887 7 605 507 4 089 8 179
Production de gaz (PJ) 7 659 3 125 3 462 3 999 749 2 587 5 141
Total Δ par rapport Δ par rapport Total Δ par rapport Δ par rapport
du secteur au scénario au scénario du secteur au scénario au scénario
CN501 CN50 CN50 CN50
Émissions de GES (MtCO2e)
Production de pétrole et de gaz2 161 64 +16 +48 9 +23 +45
Industrie 3
116 67 -7 -19 -39 -8 -7
Électricité 82 9 -5 -14 -55 +1 -1
Bâtiment4 72 49 -3 -7 3 0 0
Transport 197 185 -2 -6 51 -4 -8
Agriculture 60 57 0 -1 41 0 -3
Déchets 17 64 +16 +48 9 +23 +45
Extraction directe dans l’air - - - - -15 -12 -26
1
par rapport au scénario CN50 = différence en matière d’émissions de GES entre les scénarios OilExp et le scénario CN50; une différence positive indique qu’il y a plus d’émissions dans le scénario OilExp que dans le scénario CN50, alors qu’une différence négative indique qu’il
Δ
y a en moins;
2
Regroupe la production énergétique et les émissions fugitives;
3
Regroupe la combustion et les procédés industriels;
4
Regroupe les secteurs résidentiel et commercial.
Figure C.2 – La consommation d’énergie finale dans le secteur du bâtiment – les scénarios alternatifs
Figure C.3 – La consommation d’énergie finale dans le secteur industriel – les scénarios alternatifs
La méthodologie utilisée au chapitre 14 sert à évaluer les coûts des L’équation 1 est obtenue séparément pour chacune des quatre périodes.
transitions énergétiques par l’électrification. Elle a initialement été Au cours de la première période, de 2016 à 2030, les estimations de
conçue pour analyser les coûts du secteur de l’électricité. Dans ce coûts ne tiennent pas compte des variations aux dépenses annuelles en
rapport, les calculs ont été adaptés au contexte canadien et modifiés carburant, celles-ci étant calculées à partir des valeurs de 2016 comme
pour correspondre aux données obtenues dans chaque scénario de point de référence. Par conséquent, nous émettons l’hypothèse prudente
transition énergétique. que les variations dans les dépenses de carburant ne peuvent être
Deux sources de données sont employées pour l’estimation des coûts prises en compte qu’à partir de 2030. Les deuxième et troisième
annualisés de chaque scénario : la production d’électricité par mode périodes tiennent compte de tous les types de coûts et des variations
de production et la consommation d’énergie par type de carburant en dépenses annuelles de carburant. Dans la dernière période,
pour les secteurs du transport, de l’agriculture, de l’industrie et de la correspondant à « 2060 et au-delà », les coûts de capacité, de transport
consommation résidentielle en 2016, 2030, 2050 et 2060. Chaque et de stockage sont considérés comme nuls puisque chaque scénario
scénario se divise en quatre périodes (de 2016 à 2030; de 2030 à de transition est censé se terminer en 2060 ou avant. Nous supposons
2050; de 2050 à 2060; 2060 et au-delà). La variation des projections également que la consommation de combustibles fossiles ne change
de production et de consommation au cours de chaque période est pas après 2060, ce qui maintient constantes les valeurs totales
obtenue en soustrayant les chiffres de l’année limite inférieure à ceux annualisées des dépenses en combustibles à partir de cette date. Nous
de l’année limite supérieure. supposons qu’une réduction de la consommation de combustibles
fossiles, si elle est négative, représente une source d’économies. Ainsi,
Nous calculons le coût annuel net engagé pour chacune des quatre si les coûts évités de combustibles fossiles sont supérieurs aux coûts
périodes. Les coûts de capacité, de transport et de stockage de de capacité, de transport et de stockage, T C sera négatif, ce qui
l’électricité sont amortis sur une base annuelle et la variation des représente des économies nettes.
dépenses en carburant est fondée sur les données de consommation
annuelle. Le coût annuel net (TC) pour une année donnée est la somme
des coûts annualisés de la capacité (C C ), du transport (C T ) et du
stockage (CS), plus la variation des dépenses en combustibles fossiles
par rapport aux chiffres de 2016 (F S). T C est calculé pour chaque
période à l’aide de l’équation suivante :
Coûts de capacité Tableau D.1 – Coût de la capacité de production d’électricité divisé par le facteur de charge
Les coûts de capacité représentent la valeur de l’investissement
nécessaire pour construire la nouvelle capacité énergétique. Ils sont Generation mode Pm ($/kW) Référence
calculés en tenant compte des différences entre les périodes de Hydroélectrique 14 011 ESMIA
production d’électricité pour chaque mode. Nous estimons que les
immobilisations liées aux combustibles fossiles devraient être Biomasse 4 916 EIA (2020)
remplacées. Comme le coût de ces actifs est annualisé, il est divisé par Éolienne 4 420 ESMIA
le nombre d’années de la période. Il convient de noter que dans les
Solaire 6 274 ESMIA
scénarios qui présentent une réduction de la capacité de production des
sources non renouvelables d’électricité, les valeurs négatives des coûts Nucléaire 9 165 EIA (2016)
sont toujours prises en compte en tant qu’immobilisations qui n’auront
Charbon 4 637 ESMIA
pas à être remplacées à l’avenir, compensant donc les coûts
supplémentaires dus aux nouvelles sources renouvelables d’énergie. Le Gaz naturel 1 121 ESMIA
coût annualisé de la capacité (CC) est calculé à l’aide de l’équation Pétrole 831 Dolter et Rivers (2018)
suivante :
Où « L » est la longueur des lignes à haute tension à construire (en km)
pendant une période donnée et « E » représente le coût de ces lignes à
Où SW correspond à la capacité de stockage supplémentaire pour la haute tension ($/km). Nous avons supposé qu’une hausse de la
nouvelle capacité éolienne (kWh) nécessaire pendant une période production d’électricité nécessitait une augmentation proportionnelle en
donnée; S_S désigne la capacité de stockage supplémentaire pour la matière de lignes électriques. Comme mesures de base, nous avons
nouvelle capacité solaire (kWh) nécessaire pendant une période donnée; employé la méthodologie proposée par Heal, qui consiste à construire
« B » correspond au coût de stockage de l’énergie ($/kWh). Nous 80 500 km (50 000 milles) de lignes électriques à haute tension pour
supposons que deux jours de stockage d’électricité seraient nécessaires une production d’électricité annuelle supplémentaire de 2,44 milliards
pour la capacité de production solaire et éolienne supplémentaire de MWh. Nous calculons une proportion partant de ces deux valeurs et
ajoutée au réseau électrique canadien dans chacun des scénarios (Heal, de la variation en MWh de l’électricité renouvelable produite pour chaque
2020). Nous envisageons également un coût de stockage de 100 USD/ période et chaque scénario au Canada afin de trouver la longueur totale
kWh, ce qui est assez prudent, compte tenu des prévisions de coûts des lignes électriques à construire. Dans nos calculs, « E » correspond
moyens de stockage de l’énergie d’ici 2060. Les estimations pour 2023 à une valeur de 2,4 M$/km (Dolter et Rivers, 2018).
sont déjà de l’ordre des 100 USD/kWh, avec de fortes tendances à la
baisse (BloombergNEF, 2020).