Contentieux Du Travail
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«KOMPETENCES AFRICAINES»
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Notre devise « Mieux gérer les ressources humaines pour un meilleur rendement de
l’entreprise »
FEVRIER 2017
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PLAN DU COURS
INTRODUCTION
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C-les syndicats de travailleurs dans le contentieux de travail
a- les syndicats de travailleurs et l’assistance des travailleurs
b- les syndicats de travailleurs et la représentation des travailleurs ou la défense des intérêts
professionnels
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CHAPITRE-5-LES CONSEQUENCES DE L’ECHEC DES RECOURS PREALABLES
AU CONTENTIEUX DE TRAVAIL
CONCLUSION
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INTRODUCTION
Le contentieux de travail est inévitable dans les rapports de travail. En effet, l’entreprise met
face à face : d’un côté, des entrepreneurs dont l’objectif premier est la rentabilité économique
de leurs affaires, de leurs investissements et de l’autre côté, des travailleurs dont la volonté
légitime est de vendre au prix fort, leur force de travail.
Il en est de même de l’Etat et de ses démembrements qui recherchent le bienêtre général, et
les agents de la fonction public qui cherchent à tirer profit de leur carrière. Il en résulte
nécessairement des conflits de travail pouvant entraîner des contentieux de travail devant les
juridictions.
Les conflits de travail et les contentieux qui en dérivent éventuellement entraînent des
conséquences dramatiques pour les entreprises, la fonction publique, les travailleurs et la
communauté nationale, ne serait-ce qu’à cause des pertes économiques, et des conséquences
morales.
L’une des fonctions de la G.R.H, consiste donc à parer aux contentieux de travail ; non pour
les éviter et les annihiler à jamais ; mais pour les prévenir, en atténuer les effets sur
l’entreprise, l’Etat, l’employeur ou les travailleurs.
Le G.R.H, quel que soit donc son niveau de responsabilité dans l’entreprise, ou dans la FP est
amené à s’impliquer dans la gestion du contentieux du travail. C’est pourquoi, l’objectif du
présent cours est de faire prendre conscience aux futurs agents spécialisés en G.R.H, des
grandes questions qui se posent en matière de contentieux du travail. Notamment à travers :
- Les concepts et les contenus ;
- Les parties prenantes dans les contentieux ;
- Les origines des contentieux ;
- Les préalables que la loi oblige de faire avant les contentieux proprement dits ;
- Les conséquences dommageables des contentieux de travail ;
- Enfin les structures civiles et juridictionnelles qui interviennent en matière de
contentieux.
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CHAPITRE I : LES CONCEPTS ET LES DEFINITIONS
Le contentieux de travail ne peut être cerné qu’au travers des concepts et des définitions des
mots qui le forment ou qui l’environnent, à savoir : le travail et le travailleur ou le travailleur
salarié ; l’emploi et l’employeur.
Par ailleurs, que recouvrent les termes contentieux et contentieux de travail ?
De même, certaines notions telles que celles de fonctionnaires, d’agents contractuels, de
collectivités territoriales et des Etablissements publics doivent être rappelées et afin d’être
bien assimilées.
Une fois ces notions de contentieux de travail bien comprises, nous pourront tirer quelques
conséquences qui en découlent telles que :
Quels sont les sujets pouvant faire l’objet d’un contentieux de travail ?
Quelles sont les personnes impliquées dans le contentieux de travail ?
Quelles sont les origines et les conséquences des contentieux en matière de travail ?
Existe-t-il des préalables au contentieux du travail ?
Enfin quelle est la procédure contentieuse proprement dite ?
Voici les grandes interrogations auxquelles nous tenterons de donner réponses tout au long
des chapitres qui vont suivre.
1- la notion de travail
Dans le sens général, le travail peut être considéré comme toute activité, toute occupation
humaine qui procure des revenus à celui qui l’exerce, en vue de satisfaire ses besoins
élémentaires. C’est dans ce sens, Victor Hugo a pu dire que « le travail éloigne de nous, trois
grands maux : l’ennui, le vice et le besoin.»
2- la notion d’emploi
L’emploi, c’est également le travail ; mais plus précisément un travail bien déterminé
correspondant généralement à une qualification pour un poste de travail. C’est ainsi que l’on
parle d’un emploi de chauffeur, de mécanicien, de cuisinier etc. Enfin, l’emploi se confond
souvent avec l’occupation professionnelle, le métier.
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La différence entre ceux-ci réside dans la personne qui rémunère (l’Etat ou employeur du
secteur privé) et dans l’origine des fonds servant à payer (ressources publiques ou ressources
privées).
1- la définition du travailleur
Selon la loi N° 0028/2008/AN du 13 Mai 2008 portant code du travail au B.F en son article 2,
«Est considéré comme travailleur, toute personne qui s’est engagée à mettre son activité
professionnelle, moyennant rémunération, sous la direction et l’autorité d’une autre
personne physique ou morale, publique ou privée, appelée employeur ».
2- la définition de l’employeur
Aucun texte ne définit l’employeur ; mais la définition de l’employeur résulte de la définition
ci-dessus donnée au travailleur.
L’employeur serait toute personne physique ou morale, publique ou privée qui offre du travail
à un travailleur et le rémunère pour cette prestation de travail ou de service.
les fonctionnaires d’Etat (Cf. la loi N°81/2015 CNT du 24 Novembre 2015 portant
statut général de la fonction publique d’Etat)
Aux termes de l’article 1ér de la loi N°81/2015 CNT portant statut général de la fonction
publique d’Etat : « est Fonctionnaire au sens de la présente loi, tout agent nommés et
titularisé dans l’un des emplois ci-après :
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emplois de conception, de prestations intellectuelles et techniques de haut niveau,
concourant à l’exécution des missions d’orientation, de formulation , de contrôle et de
suivi-évaluation des politiques sectorielles de l’Etat ;
emplois de conception, de prestations intellectuelles et techniques de haut niveau,
concourant à la mise en œuvre des missions de souveraineté dévolues à l’Etat ;
emplois de conception, d’application ou d’exécution concourant à la mise en œuvre de
missions jugées stratégiques par l’Etat… »
Les agents contractuels de l’Etat (cf. la loi n°13/98/an portant régime juridique
applicable aux emplois et agents de la fonction publique au B.F et loi 81/2015 CNT)
Depuis 2015, la législation a évolué par rapport au régime juridique applicable aux emplois et
aux agents publics. En effet, la loi N°13/98/AN portant régime juridique applicable aux
emplois et agents de la fonction publique au B.F, a été remplacée par la loi 81/2015/CNT du
24/11/2015 sur divers points, notamment en ce qui concerne la classification professionnelle
et la rémunération des fonctionnaires et agents contractuels de l’Etat qui deviennent
identiques.
Mais la loi N°13/98 AN du 28 Avril 1998 qui a consacré sa troisième partie intitulée :
« Dispositions spécifiques applicables aux agents contractuels de la fonction publique.» en
disant en son article 177 que : « la nomination des agents contractuels à un emploi permanent
ou non, ne leur confère nullement la vocation à être titularisés dans un emploi de
fonctionnaire…», demeure.
Conformément à l’article 172 de la loi N° 13/98/AN, les agents contractuels de la fonction
publique ont vocation à occuper :
les emplois publics permanents autres que ceux prévus à l’alinéa 1ér de l’article 57 de
la loi N° 13/98/AN.
les emplois publics non permanents destinés à la réalisation d’activités extraordinaires
ou conjoncturelles des administrations centrales ou déconcentrées de l’Etat.
Conformément à l’article 06 de la loi N° 13/98/AN, « les emplois non permanents sont ceux
destinés à la réalisation d’activités extraordinaires ou conjoncturelles des administrations ou
institutions publiques ».
Les agents contractuels de l’Etat ont donc vocation pour occuper les emplois non permanents
de l’Etat.
La loi 81/2015 en son article 207 maintient donc l’existence des agents contractuels de la
fonction publique en ses termes : « pour compter de la date d’entrée en vigueur de la présente
loi, il ne sera plus procéder au recrutement d’agent contractuel régis par cette loi.
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2-LES FONCTIONNAIRES DES COLLECTIVITES LOCALES ET LES AGENTS
CONTRACTUELS DES COLLECTIVITES LOCALES (loi N°27/2006/AN du
05/12/2006 portant régime juridique applicable aux emplois et aux Agents des collectivités
territoriales (voir JO n°06 du 08/02/2007)
les contractuels des établissements publics de l’Etat (EPIC – EPS- EPPS- Sté
d’Etat- SEM)
Pour des raisons d’efficacité et de rentabilité économique, l’Etat, les Collectivités locales
peuvent créer des institutions, des structures ou des organismes ; Etablissements publics à
caractère industriel ou commercial, à caractère professionnel ou de prévoyance sociale, qu’ils
dotent d’une personnalité morale, d’un statut particulier et d’une autonomie financière tout en
soumettant leur personnel au droit privé.
L’article 2 de la loi N°033/2008AN ci-dessus citée exclut d’ailleurs de son champs
d’application les agents recrutés par un E.P.I.C, un E.P.P ou un E.P.PS.
Il en est de même de certains travailleurs de l’Etat, recrutés occasionnellement, pour un
objectif et une durée déterminée. Ils signent avec l’Etat ou ses collectivités locales un contrat
de travail. Ils sont régis par le code du travail et doivent être regardés comme des salariés du
secteur privé. En effet, ils sont immatriculés à la CNSS et leur gestion est de type privé. Un
exemple illustratif est le cas du personnel domestique des ministres et présidents
d’institutions.
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779 du 22 Novembre 2007. Le personnel desdits projets ou programmes de développement
est régi par les décrets ci-dessus cités et par le code du travail.
Dans le document qui va suivre, nous utiliserons le terme générique de Agents de la fonction
publique pour désigner, les fonctionnaires (d’Etat et des collectivités), les agents contractuels
de l’Etat et des collectivités locales, de même que les contractuels des Etablissements publics
de l’Etat et des collectivités secondaires ; sauf quand il s’agira de préciser l’emploi spécifique.
1- la notion de conflit
Selon le Larousse, le conflit s’entend d’une opposition d’opinions, de sentiments ; une
opposition d’intérêts entre deux institutions, deux pays, deux Etats. Par extension, on peut dire
que le conflit est une opposition d’intérêts entre deux individus, deux personnes.
2- la notion de litige
Le litige est défini toujours par le Petit Larousse comme étant une discussion, une contestation
en justice. Dans la pratique, si le conflit porte sur une opposition d’intérêts entre au moins
deux personnes ; le conflit peut comporter en son sein un ou plusieurs litiges. C’est ainsi que
nous dirons que des travailleurs qui sont en grève sont en conflit avec leur employeur. Mais
les points des discordes, des litiges de ce conflit peuvent s’éclater en plusieurs revendications
(litiges).
Les points du litige sont ceux qui sont expressément évoqués devant les tribunaux.
3- la notion de contentieux
Le contentieux est un litige, un conflit entre deux personnes au moins et qui se traduit par une
procédure judiciaire.
Dans toutes les sociétés, il peut naître des conflits, des litiges. Dans les relations entre deux ou
plusieurs individus, il peut naître aussi des conflits ayant plusieurs points de litiges. Ces
conflits peuvent trouver des solutions par le biais des arrangements internes, de la discussion
et de la palabre.
Lorsque les conflits n’ont pu trouver de solutions à ce niveau et que les protagonistes sont
obligés de se pourvoir devant les tribunaux, on parle alors de contentieux.
1- le conflit de travail
Le conflit de travail est toute discussion, toute opposition d’intérêts entre un travailleur, un
groupe de travailleurs et un employeur ou groupe d’employeurs et portant sur un ou plusieurs
points de litiges relatifs au travail, directement ou indirectement.
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2-le différend
On parle de différend lorsque le conflit n’est pas ouvert, mais porte uniquement sur une
mésentente, une incompréhension entre les parties qui peut être plus ou moins rapidement
résolue.
3 - le litige de travail
Le litige de travail constitue un point du conflit de travail
4- le contentieux de travail
Le contentieux du travail est alors le litige, le conflit autour des questions de travail et qui sont
portés devant les juridictions compétentes.
Normalement, on ne devrait parler de contentieux de travail que par rapport aux dossiers
instruits devant les juridictions sociales. Mais avant d’accéder aux juridictions sociales,
certaines règlementations prévoient des phases de précontentieux, soit obligatoires, soit
facultatives devant des instances administratives.
Doit-on considérer ces phases que nous avons qualifiées de précontentieuses, comme faisant
partie du contentieux du travail oui ou non ? Dans tous les cas, elles s’avèrent parfois plus
utiles pour les protagonistes que le contentieux lui-même. Elles ne peuvent donc être passées
sous silence.
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Le conflit collectif de travail est le conflit qui oppose un groupe de travailleurs (délégués du
personnel ou syndicats de travailleurs ou encore l’ensemble ou un groupe de travailleurs d’un
atelier) à un employeur pris individuellement ou à un groupe d’employeurs et qui porte sur un
intérêt collectif.
A titre illustratif, on peut citer le cas des travailleurs de Total Burkina qui courant avril 2009
ou ceux de la BICIA-B en 2010 qui à travers leurs délégués du personnel et leur syndicat ont
réclamé de meilleures conditions de travail. Il s’agissait d’un conflit collectif de travail. On
peut aussi citer la grève de la santé «sans service minimum», courant Décembre 2016.
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B- LES SYNDICATS D’EMPLOYEURS ET LE CONTENTIEUX DE TRAVAIL
1- le syndicat d’employeurs
Un syndicat d’employeurs, même pris individuellement, dispose du pouvoir limité aux
questions touchant le secteur d’activité de son entreprise pour discuter, négocier sur toutes les
questions le concernant, notamment sur celles portant sur le contentieux de travail.
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Les délégués du personnel sont les représentants des travailleurs de leur atelier, usine,
établissement ou entreprise. Ils ont pour objectifs la défense des intérêts des travailleurs de
l’atelier, l’usine, de l’établissement ou de l’entreprise.
Les délégués du personnel ont un pouvoir d’assistance ou de représentation limité aux
travailleurs membres de leur entreprise, établissement, usine ou atelier. Autrement dit, ils ne
sont plus compétents sur toute question qui dépasse le cadre de leur entreprise, établissement,
usine ou atelier. Enfin, ils n’ont pas un pouvoir juridique pour ester en juste ; ils doivent pour
ce faire assister ou représenter par leurs syndicats.
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2- le règlement intérieur et les sanctions
L’employeur est responsable de l’élaboration et de la mise en exécution du règlement
intérieur dans l’entreprise. Cette application doit être effective à tous les travailleurs.
L’application du règlement intérieur peut entraîner des sanctions faisant l’objet de
contestation de la part du travailleur. Cette contestation peut dégénérer en un conflit et par la
suite entraîner un contentieux de travail
décision d’engagement ;
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le droit au congé payé, au repos légal, aux permissions et autorisations exceptionnelles
pour maladie, raison de famille, etc.
le droit au travail décent dans des conditions d’hygiène et de sécurité ;
le droit au respect et à la décence sur les lieux et dans le cadre du travail
etc.
Le non-respect des droits et des devoirs ci-dessus peut entraîner un contentieux par la partie
qui s’estime lésée.
1- la définition de salaire
Le salaire représente la contrepartie de la prestation de travail fournie par le travailleur et
versée par l’employeur au travailleur sous forme de numéraires (le plus souvent). Le salaire,
c’est donc l’argent qui représente la force de travail de l’ouvrier ou de l’employé.
2- la définition de rémunération
Au salaire tel que défini ci-haut, viennent s’ajouter des éléments soit en nature, soit en espèces
versés par l’employeur au travailleur en raison du poste de travail ou de la fonction qu’il
occupe. C’est le cas des primes et des indemnités (prime d’ancienneté, prime de rendement,
heures supplémentaires, etc.)
Le salaire tel que ci-dessus défini, plus les indemnités et autres avantages, forment alors ce
qu’il est convenu d’appeler rémunération
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C’est souvent les appréciations sur la gravité des fautes commises qui font l’objet de
contestations et de contentieux de part et d’autre.
On ne peut énumérer de façon exhaustive, les fautes professionnelles susceptibles d’être
commises au cours de l’exécution du contrat de travail. Mais on sait qu’en dehors des
punitions corporelles et des amendes qui sont interdites, l’employeur peut appliquer des
sanctions disciplinaires pour les fautes professionnelles allant de l’avertissement au blâme, à
la suspension ou mise à pieds, au licenciement ou à la révocation.
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versement des allocations financières et de la prise en charge des frais de visites médicales
nécessitées par la grossesse.
Pour les employeurs : il faut ajouter la non déclaration à l’organisme de sécurité sociale, la
non immatriculation du travailleur ou la non délivrance des documents exigés; enfin la non
cotisation à la sécurité sociale au profit du travailleur.
Enfin pour l’organisme de sécurité sociale : il s’agit parfois du refus de prendre en compte
certains événements sociaux, parce que ne répondant pas aux qualifications du code de
sécurité sociale.
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Le contentieux des accidents de travail et de maladies
Professionnelles résulte, soit du fait que l’employeur n’est pas immatriculé à la C.N.S.S, soit
qu’il est immatriculé, mais l’employeur omet ou néglige ou encore refuse de faire la
déclaration de l’accident dans les termes et les délais légaux, soit enfin qu’il s’agit d’une
fausse déclaration, car ne résultant pas d’un véritable A.T & M.P.
Le contentieux des A.T&M.P contribue autant que faire se peut à les éviter, à les minimiser,
voir à les réparer.
a- le manque de revenus
Les coûts pour un travailleur dans le contentieux individuel de travail se traduisent par les
pertes de salaire pour les jours non œuvrés. Cela peut paraître banal lorsqu’il s’agit d’un
travailleur pris individuellement ou d’une journée de travail ; mais ces coûts deviennent
énormes lorsqu’il s’agit de contentieux collectifs concernant les travailleurs d’un atelier,
d’une usine ou d’un groupe d’entreprises et notamment en cas de grève, plus ou moins
prolongée (cf. à cet effet, les pertes de centaines de millions occasionnées à Total/Burkina
courant avril et Mai 2009 par la grève de 22 jours).
b- le chômage
Les conséquences des contentieux de travail sur les travailleurs sont aussi le risque de
chômage du fait de manque de travail ou de licenciement. En effet, par suite d’un contentieux
de travail mal maîtrisé, le travailleur peut se retrouver licencié et perdre ainsi définitivement
son emploi.
2- les conséquences des contentieux de travail sur les employeurs et sur les entreprises
Les conséquences des contentieux du travail sont plus importantes pour les employeurs et
pour les entreprises, du fait des pertes économiques et de clientèle, des fermetures éventuelles
des entreprises, enfin de l’impossibilité d’effectuer des investissements.
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remontaient respectivement à la somme de 348 623 281 F CFA et 550 398 021 F CFA
seulement pour les contentieux individuels de travail. Imaginons un peu ce que les entreprises
ont perdu du point de vue financier pour la même période et pour les contentieux collectifs de
travail ayant entraîné des arrêts de travail ou des pertes en matières premières et de clients qui
se détournent vers d’autres produits.
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CHAPITRE 4 : LES ACTIONS PREALABLES AU CONTENTIEUX DU TRAVAIL
Les partenaires sociaux (employeurs, travailleurs et Etat) ne restent pas inactifs face aux
risques de contentieux de travail. Employeurs et travailleurs recherchent des solutions à
l’intérieur des entreprises ; et lorsqu’ils ne parviennent pas à trouver les solutions idoines; la
loi leur impose des procédures de conciliation devant les structures administratives, avant la
saisine des tribunaux. Enfin certaines bonnes volontés de la société civile peuvent être
sollicitées.
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II- L’OBLIGATION DE LA CONCILIATION DEVANT L’INSPECTEUR DU
TRAVAIL
c- l’inspecteur de travail : une obligation de moyen et non une obligation une obligation
de résultat
La loi, au B.F, fait de la conciliation devant l’inspecteur du travail une obligation. Cela
signifie que les parties sont obligées de demander à l’inspecteur du travail de les concilier.
Mais cela ne signifie pas que l’inspecteur du travail doit imposer sa volonté aux parties, ni
trouver coûte-coûte une solution au litige, quand les parties ne sont pas d’accord. On dit que
l’inspecteur du travail a une obligation de moyen et non une obligation de résultat.
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c- le procès-verbal exécutoire (article 325 du code du travail)
«L’inspecteur du travail peut dresser un Procès-verbal Exécutoire, lorsque les éléments du
litige ne sont pas contestés et sont relatifs aux salaires légaux, conventionnels ou contractuels,
aux congés payés et aux primes d’ancienneté… »(P.E).revêtus de la formule exécutoire.
Les procès-verbaux (P.V/R.A, les P.V/RA.P les P.E) valent titres exécutoires.
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c- les conséquences d’un éventuel retour en arrière
Dans les faits, les décisions issues de la société civile, ne donnent souvent pas lieu à la
signature d’un document, un procès-verbal ou tout autre papier.
La société africaine étant par essence, une société basée sur l’oralité : de ce fait, il arrive
souvent qu’une des parties après avoir accepté la proposition sous la pression morale des
autorités (politique), coutumière et religieuse, décide de revenir en arrière et de reposer le
problème devant les instances habilitées à trancher le contentieux du travail. Elle en a le droit.
C’est là toute la fragilité des solutions apportées au précontentieux du travail à travers la
société civile.
L’échec des recours préalables au contentieux du travail donne lieu soit à la saisine des
juridictions compétentes, soit à des actions de force, violentes et illégales. L’autorité
compétente dispose du droit de réquisition
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B-LA SAISINE DES JURIDICTIONS SOCIALES DANS LES CONTENTIEUX
COLLECTIFS DE TRAVAIL
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C- LE LOCK-OUT ET SES CONSEQUENCES
1- le lock-out
Le lock-out est la forme de grève décidée par l’employeur. Le lock-out peut aussi être
déclenché par l’employeur en protestation contre les agissements des travailleurs. Le lock-out
n’est légal qu’après épuisement des procédures telles que prévues par le code du travail.
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B- LA FORME ET LA NOTIFICATION DE LA REQUISITION
Juridiquement la réquisition est un acte écrit individuel et notifié à personne. Cependant, la loi ci-
dessus citée dispose que la notification peut néanmoins résulter de la publication au journal
officiel, de la diffusion radiophonique ou de l'affichage sur les lieux de travail d'un texte
réglementaire requérant collectivement ou et anonymement les travailleurs occupant tout ou
partie des emplois énumérés dans l’arrêté précitée.
Dans les faits, il arrive souvent que la notification soit rendue impossible du fait des
travailleurs grévistes.
Dans la pratique, deux procédures existent en matière de grève ; celle portant sur
l’application de la loi N°45/60/AN du 25/7 /1960 et celle instituée par le code du travail.
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des tribunaux d’arrondissement
des juges pour enfants
et des tribunaux de travail
Le tribunal de travail est compétent pour connaître des différends individuels pouvant s’élever
entre les travailleurs, les stagiaires et leurs employeurs, les apprentis et leurs maîtres, à
l’occasion des contrats.
Le tribunal de travail est également compétent pour connaître :
1- des litiges nés de l’application du régime de sécurité sociale
2- des différends individuels relatifs à l’application des conventions collectives de travail
et aux arrêtés en tenant lieu
3- des différends nés entre travailleurs à l’occasion du contrat de travail ainsi qu’aux
actions directes des travailleurs contre l’entrepreneur prévu à l’article 80 de la présente
loi ;
4- des différends nés entre travailleurs et employeurs à l’occasion du travail
5- des différends nés entres les institutions de prévoyance sociale et leurs assujettis ;
6- des actions récursoires des entrepreneurs contre les sous – traitants.
Enfin, il importe de rappeler que la procédure en matière sociale est gratuite tant devant le
tribunal de travail que devant la juridiction d’appel et que les travailleurs bénéficient en outre
de l’assistance judiciaire pour l’exécution des jugements rendu à leur profit.
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Le référé
Le tribunal de travail comporte une formation en référé composée du Président du tribunal ou
de tout juge désigné par lui et d’un greffier.
La formation en référé peut dans les limites des compétences dévolues au tribunal de travail :
ordonner toutes mesures qui ne se heurtent à aucune contestation sérieuse ou qui
justifient l’existence d’un différend ;
accorder une provision au créancier dans le cas où l’obligation n’est pas
sérieusement contestable.
Les arbitres
Les arbitres sont des personnalités choisies en fonction de leur autorité morale et de leur
compétence en matière économique et sociale à l'exclusion toutefois des fonctionnaires
d'autorité en exercice.
La liste des arbitres est établie tous les quatre ans par voie réglementaire après avis de la
commission consultative du travail.
Les arbitres ne peuvent être pris parmi les personnes qui ont participé à la tentative de
conciliation, ni parmi celles ayant un intérêt direct dans le conflit.
le conseil d’Arbitrage
Le conseil d'arbitrage est composé du président de la cour d'appel et de deux membres
désignés sur la liste des arbitres.
Les arbitres du conseil d'arbitrage sont tenus au secret professionnel quant aux documents à
eux communiqués et aux délibérations.
Le mandat des arbitres est renouvelable.
Le Conseil d’arbitrage a les pouvoirs d'investigation les plus étendus; il peut procéder à toutes
les enquêtes auprès des entreprises.
Le conseil d'arbitrage se prononce dans un délai d'un mois suivant la date de la réception des
dossiers.
Le conseil d'arbitrage se prononce en droit sur les points du conflit relatifs à l'interprétation
des lois, règlements, conventions collectives ou des accords d'établissements en vigueur. Il se
prononce en équité sur les points des réclamations économiques et financières.
L'application de la sentence arbitrale peut être refusée par les parties ou par l'une d'entre elles.
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2- la cour de cassation
La sentence du conseil d’arbitrage peut faire l’objet d’un refus d’application par déclaration
écrite remise dans les quarante et huit heures francs qui suivent la communication de la
sentence au ministre chargé du travail.
La sentence du conseil d’arbitrage peut également faire l’objet d’un recours devant la
chambre sociale de la cour de cassation.
La grève et le lock - out ne deviennent légales qu’après épuisement de la procédure devant le
conseil d’arbitrage.
le recours gracieux
Conformément à l’article 137 et suivants de la loi N° 013/98/AN, les sanctions de premier
degré contre les fonctionnaires et les agents de la fonction publique sont prononcées
respectivement par les directeurs de service et le ministre dont dépend l’intéressé.
La décision du directeur de service peut faire l’objet d’un recours gracieux de la part de
l’agent sanctionné. Par cette voie de recours gracieux, l’agent demande à l’auteur de la
décision d’annuler sa propre décision.
le recours hiérarchique
L’agent pourra aussi (sans avoir à recourir au recours gracieux) s’adresser au supérieur
hiérarchique de l’auteur de la décision contestée notamment à son ministre de tutelle par voie
de recours hiérarchique pour lui demander d’annuler la décision du directeur de service ; on
dit que l’agent exerce un recours hiérarchique auprès du ministre de tutelle.
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A cet effet, le tribunal administratif :
statue en principe en premier ressort à charge d’appel devant le C.E et
exceptionnellement, en premier et dernier ressort à charge de cassation devant le
conseil d’Etat dans les cas déterminés par la loi.
il connaît en outre des recours en interprétation ou en appréciation de légalité des actes
administratifs dont le contentieux relève de sa compétence.
il connaît du contrôle de la régularité et de la transparence des élections locales (cf.
article 152 de la Constitution).
le conseil d’Etat
Il est compétent pour connaître en premier et dernier ressort des recours en annulation pour
excès de pouvoir contre les décrets et les actes administratifs dont l’application s’étend au dé
là du ressort d’un seul tribunal administratif.
Sa décision dans ces conditions est susceptible de cassation devant la formation des Chambres
Réunies.
Il est également compétent pour connaître :
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des recours en interprétation ou en appréciation de la légalité des actes
en appel, des décisions rendues en premier ressort par les tribunaux administratifs dans
tous les cas où la loi n’en dispose pas autrement ;
en cassation, des décisions rendues en premier et dernier ressort par les tribunaux
administratifs et les juridictions spécialisées
3- la compétence matérielle
En fonction de l’identité de l’auteur de l’acte, les actes administratifs sont généralement
désignés sous les appellations de : décrets, arrêtés, décisions.
Les premiers sont pris par le président du Faso ou le premier ministre ; les autres désignent
en principe, les actes des autres autorités administratives.
Ces actes sont individuels ou règlementaires. Il y a aussi les lettres en réponse aux recours
gracieux ou hiérarchiques ou recours administratifs obligatoires ou tout simplement le silence
de l’administration après un délai de quatre mois de sa saisine par un administré, et autres
actes.
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Pour les personnes morales, leur capacité d’ester en justice dépend uniquement de leur
existence légale avec un assouplissement pour les groupements qui peuvent ester en justice
contre un refus de l’administration de les reconnaître ou contre une décision de dissolution.
les avocats sont également des auxiliaires de justice installés à leur compte et qui
assistent ou représentent leurs clients tout au long de la procédure judiciaire, et même
durant le précontentieux de travail.
c-enfin d’autres auxiliaires de justice, tels que les huissiers et les notaires, peuvent être
amenés à prêter le concours de leurs offices durant le contentieux et le prétentieux de
travail.
CONCLUSION
En conclusion, le contentieux du travail fait intervenir les magistrats des tribunaux du travail,
de la cour d’appel et même de la cour de cassation.
Mais les parties ayant intérêt pour agir, à savoir, le travailleur ou l’agent public concerné,
l’employeur ou l’administration publique concernée, doivent passer par un précontentieux
long où les protagonistes font intervenir toutes sortes de personnes ressources, notamment de
la société civile (coutumiers, religieux, ONG, etc.
De même, soit directement, soit indirectement le contentieux et le précontentieux de travail
font intervenir un ensemble d’auxiliaires de justice travers les OPJ, les avocats conseils, les
huissiers et autres notaires. C’est une garantie supplémentaire que les droits de chaque partie
seront respectés.
Pour conclure, il est difficile d’éviter dans les services et administrations, les contentieux de
travail. L’essentiel pour le GRH est de gérer correctement les conflits naissants pour qu’ils ne
créent pas trop de dommages aux parties : travailleurs, fonctionnaires, agents publics d’un
côté et de l’autre côté les administrations toutes catégories confondues et les employeurs du
secteur privé.
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