CR AtelierGRISAM Fvrier2011

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Bilan des connaissances et lacunes sur les phases marines et estuariennes des
poissons migrateurs amphihalins

Article · November 2012

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0 536

6 authors, including:

Emilien Lasne Anthony Acou


French National Institute for Agriculture, Food, and Environment (INRAE) PatriNat (OFB-MNHN-CNRS-IRD)
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Jean-Luc Baglinière
French National Institute for Agriculture, Food, and Environment (INRAE)
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Effects of organic and metallic anthropogenic contamination on the life history and fitness of Anguilld eels View project

Projet de territoire pour l'estuaire de la Rance View project

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Compte-rendu du premier séminaire GRISAM sur
la thématique « Poissons migrateurs
amphihalins et milieux marins »
22-23 Février 2011, CRESCO, Dinard

Décembre 2011
Financement :
Ce travail a bénéficié du financement du Ministère de l'Ecologie, du Développement
Durable, des Transports et du Logement dans le cadre du programme de connaissance
Natura 2000 en mer (volet poissons amphihalins) et de l’ONEMA dans le cadre de son
soutien au GRISAM.

Coordination :
Emilien Lasne, Christian Rigaud, Eric Feunteun

Rédaction :
Emilien Lasne, Christian Rigaud, Anthony Acou, Elodie Réveillac, Alexandre Carpentier, Jean-
Luc Baglinière, Jean-Marc Roussel, Eric Feunteun

Pour citer ce document :


Emilien Lasne, Christian Rigaud, Anthony Acou, Elodie Réveillac, Alexandre Carpentier, Jean-
Luc Baglinière, Jean-Marc Roussel, Eric Feunteun. 2011. Compte-rendu du premier
séminaire GRISAM sur la thématique « Poissons migrateurs amphihalins et milieux marins »,
22-23 Février 2011, CRESCO, Dinard. 33 pages + annexes.

Pour citer les présentations (exemple) :


Jean-Luc Baglinière. 2011. Connaissances des phases estuarienne et marine chez les
salmonidés migrateurs anadromes : Le saumon atlantique et la truite de mer. Dans :
Compte-rendu du premier séminaire GRISAM sur la thématique « Poissons migrateurs
amphihalins et milieux marins », 22-23 Février 2011, CRESCO, Dinard. 33 pages + annexes.

Pour tout renseignement :


Contacter emilien.lasne@mnhn.fr, christian.rigaud@irstea.fr ou eric.feunteun@mnhn.fr
SOMMAIRE

1. Introduction ....................................................................................................................... 2
2. Quelques rappels sur la diadromie.................................................................................... 3
2.1. Définitions .................................................................................................................. 3
2.2. Origine de la diadromie .............................................................................................. 6
2.3. Principaux traits écologiques des espèces diadromes ............................................... 7
2.4. Facteurs impliqués dans la dynamique de ces populations ...................................... 9
2.5. Contexte de conservation ........................................................................................ 12
2.6. Gestion nécessaire dans les zones marines ............................................................. 14
2.7. Conclusion : Les poissons amphihalins : une communauté d’espèces .................... 14
3. Synthèse des interventions et des discussions lors de l’atelier ...................................... 15
3.1. Liste des interventions ............................................................................................. 15
3.2. Principaux constats au terme de ces présentations initiales................................... 16
3.3. Outils et approches méthodologiques sur les phases marines ............................... 18
4. Recommandations/attentes du groupe de travail .......................................................... 22
4.1. Assurer la collecte des données auprès des pêcheries et en optimiser l’accès ...... 22
4.2. Solliciter une plus forte implication d’IFREMER dans la recherche et la collecte de
données sur les phases marines des diadromes. ............................................................... 23
4.3. Mutualiser les moyens et les sites d’étude entres les équipes de recherche ......... 24
4.4. Anticiper les demandes émanant de la gestion en développant des programmes de
recherche fondamentale. ................................................................................................... 24
4.5. Prendre en compte les particularités des habitats marins dans les démarches
règlementaires .................................................................................................................... 25
4.6. S’intéresser aux espèces non listées dans les textes ou non menacées
actuellement, mais ayant par exemple un rôle fonctionnel .............................................. 26
4.7. Articuler les approches (scientifiques, conservatoires et règlementaires) en milieux
marins et continentaux. ...................................................................................................... 26
5. Conclusion ....................................................................................................................... 27
6. Références bibliographiques ........................................................................................... 29

1
1. INTRODUCTION

Dans un contexte de changements globaux où les espèces diadromes sont souvent


menacées, il apparaît important, dans le cadre d’une meilleure compréhension des
interactions entre les deux phases de leur cycles biologiques, de faire un bilan partagé sur
la connaissance de leurs phases marines et ceci, avec un double objectif :
- la mise en relief des principaux manques et le développement d’une stratégie
nationale pour les combler,
- la mobilisation des acquis pour contribuer à une gestion raisonnée des habitats
marins ou estuariens. Les processus de désignation des sites Natura 2000 en mer (Directive
Habitat…) et des Aire Marines Protégées, impliquent en effet que l’on quantifie la
contribution et la fonctionnalité des sites vis-à-vis des espèces listées.

Au niveau national, le Groupement d’intérêt scientifique dédié aux Poissons migrateurs


amphihalins (GRISAM), structuré en groupes spécifiques, a souhaité susciter l’émergence
d’un atelier transversal dédié à cette analyse.

Dans le cadre d’une feuille de route initiale, il a suggéré un certain nombre d’angles
d’analyse et d’objectifs:
- identifier les types de milieux et de statuts réglementaires que recouvre le terme
« Milieux marins »
- hiérarchiser par espèce, les fonctions que remplissent ces milieux vis à vis des
migrateurs et les questions qui s’y posent
- faire le point sur les connaissances actuelles quant aux liens entre ces milieux et les
espèces concernées avec en corollaire, les besoins en termes de connaissances, d’outils et
de méthodes de suivi. Dans cet esprit, une réflexion devra être menée sur la possibilité de
développer des sites–ateliers (observatoires de recherche en environnement en lien avec des
sites continentaux du même type) et sur les possibilités d’accroche avec les programmes
PNEC (écologie côtière) et LITEAU (recherche opérationnelle) mis en œuvre sur les milieux
littoraux, estuariens et côtiers.
- initier une mutualisation des méthodes de suivi ou d’étude des espèces diadromes
dans ces milieux où la maîtrise d’outils et de méthodologies habituellement utilisées dans
l’approche des milieux continentaux est difficile.
- réfléchir à l’intégration de cette démarche dans le cadre de la stratégie nationale de
gestion des Poissons migrateurs (tableau de bord national, base de données nationale)
- identifier un certain nombre de recommandations de gestion qui pourraient être
prises en compte dans les démarches Natura, AMP ou Parcs marins existant sur un certain
nombre de sites marins métropolitains ou dans le cadre des travaux liés à différentes
conventions internationales concernant ces milieux

L’animation de cet atelier a été confiée à Eric FEUNTEUN du Muséum National


d’Histoire Naturelle (MNHN) et le présent document regroupe les présentations et le bilan
des échanges qui ont eu lieu lors d’un premier séminaire tenu les 22-23 Février 2011 à la
station marine du MNHN - CRESCO de Dinard.

Cette première rencontre a regroupé vingt-deux acteurs scientifiques (liste en annexe


1) spécialistes de la biologie et de l’écologie de ces espèces diadromes et intéressés par la
réflexion engagée sur les milieux marins.

2
Les taxons abordés lors de cet atelier concernent l’ensemble des amphihalins présents
en France métropolitaine : les lamproies, les mulets et les salmonidés migrateurs, les
aloses, l’anguille européenne, l’esturgeon, le flet et l’éperlan.

Le séminaire s’est déroulé en trois sessions (programme dans le Tableau 3). Dans la
première, un expert de chaque espèce (ou groupe d’espèces proches), a proposé l’état des
connaissances sur l’écologie et la distribution en se focalisant sur les phases marines et
estuariennes.

La deuxième session a été dédiée aux outils d’investigation mobilisables pour produire
des connaissances et aux projets en cours ou à venir sur ces problématiques.

Enfin, la dernière session a été consacrée à une discussion générale et à une première
synthèse des échanges.

Avant de faire un bilan des points importants ressortant de ce premier séminaire, il est
apparu utile de rappeler dans une première partie, un certain nombre de définitions et de
concepts de base concernant la diadromie. Ces éléments sont en effet importants à
intégrer dans une perspective de gestion des espèces migratrices amphihalines que ce soit
en milieu continental ou marin.

2. QUELQUES RAPPELS SUR LA DIADROMIE

Ces définitions et concepts généraux sont nécessaires pour comprendre toute la


complexité qui sous-tend la biologie de ces espèces dites diadromes et leurs potentialités
d’adaptation face au changement global

2.1. DEFINITIONS

Pour de très nombreuses espèces de poissons, l’accomplissement du cycle de vie


nécessite l’utilisation successive de plusieurs habitats où sont réalisées les grandes
fonctions vitales (Figure 1). Les individus effectuent des déplacements entre ces habitats et
ce à différentes échelles spatiales (de quelques centimètres à plusieurs centaines de
kilomètres) et temporelles (journaliers, saisonniers,…).

Se reproduire

Se reposer/
s’abriter S’alimenter
(de contitions
suboptimales)

Figure 1 : Les trois principales fonctions vitales des poissons s’effectuent souvent dans des habitats
différents, ce qui implique des migrations entre ces habitats (modifié d’après Schlosser 1995).

3
Certains de ces déplacements se distinguent fortement des autres puisque concernant
un très grand nombre d’individus sur une période généralement courte à l’échelle du cycle.
Ce sont les migrations.

Les poissons amphihalins présentent la particularité – qui les définit – d’effectuer des
migrations entre environnements marin et dulçaquicole. Ces migrations ont lieu à des
moments particuliers du cycle de vie et elles sont anticipées et déterminées
physiologiquement. Elles concernent la majeure partie des individus parvenus à un stade
donné au sein d’une population.

Au sein de la diadromie, on distingue, selon McDowall (1997), trois catégories selon la


direction et la finalité des migrations (Figure 2).

 L’anadromie concerne les poissons effectuant la majorité de leur croissance en milieu


marin et se reproduisant en eau douce
 A l’inverse, les poissons catadromes effectuent l’essentiel de leur croissance en eau
douce et se reproduisent en mer.
 Enfin, les amphidromes effectuent des migrations bidirectionnelles entre milieu d’eau
douce et marin, mais pour des raisons autres que la reproduction, notamment pour
s’alimenter voir se réfugier. Les amphidromes sont en quasi-totalité des espèces dont
la reproduction s’effectue en eau douce et dont les larves migrent en mer rapidement
après l’éclosion (McDowall, 1997). On peut citer comme exemple les bichiques de la
famille des Gobiidés dont plusieurs espèces fréquentent l’île de la Réunion.

Il convient également de faire la distinction entre les termes « euryhalin » et


« amphihalin » (McDowall, 1997). Les espèces euryhalines se déplacent librement entre eau
douce et salée, alors que les amphihalins mettent en place des changements physiologiques
conséquents pour s’adapter à différents niveaux de salinité du milieu à des moments clé de
leur cycle biologique (ex : smoltification chez les salmonidés, argenture chez les anguilles, et
métamorphose chez les lamproies).

Ainsi, toujours selon McDowall, certains diadromes sont amphihalins et d’autres


euryhalins. La distinction peut parfois poser problème. C’est le cas des mulets qui sont
classés tantôt parmi les amphihalins étant donné leur capacité à coloniser les bassins
versants au moment de la maturation sexuelle, tantôt parmi les euryhalins étant donné
qu’aucune modification n’est décrite au moment du passage entre la mer et la rivière. Il en
est de même pour les aloses.

4
Reproduction ANADROMIE
Eau
Alimentation et croissance précoce
douce
Migration larvaire/juvénile Migration génésique des adultes

Milieu
marin Alimentation et croissance
essentiellement en eau douce

CATADROMIE
Eau
douce
Alimentation et croissance
essentiellement en eau douce

Reproduction Migration juvénile Migration génésique des adultes


Milieu
marin Alimentation et croissance précoce
Reproduction

Reproduction AMPHIDROMIE Reproduction


Eau
douce Alimentation et croissance
Migration larvaire essentiellement en eau douce

Migration juvénile
Milieu
marin Alimentation et croissance précoce

Figure 2 : Migrations et étapes du cycle de vie des espèces anadromes, catadromes et amphidromes.
D’après McDowall (1997).

Une espèce est dite diadrome lorsque la majorité des populations et individus la
constituant sur son aire de distribution originelle a un cycle biologique alternant séjour en
mer et en eau douce.

En fait, pour un grand nombre de ces espèces, la diadromie n’est pas stricte mais peut
être facultative traduisant une certaine plasticité phénotypique du comportement
migratoire.

Ce taux de diadromie facultative peut s’exprimer de deux façons :

i) L’existence de populations strictement holobiotiques d’une espèce dans son aire


de distribution. C’est le cas du saumon atlantique avec ses formes biologiques lacustres très
localisées (Ouananiche au Canada, Sebago aux Etats-Unis et Vänern en Suède)
(MacCrimmon & Gots, 1979) et des deux espèces d’aloses avec également des populations
lacustres (Maroc, Portugal et Irlande) (Aprahamian et al., 2003 ; Baglinière et al., 2003).

ii) L’existence au sein d’une même population de deux fractions, l’une migrante et
l’autre résidente. Les meilleurs exemples se situent parmi les espèces de la sous-famille des
Salmoninés (Jonsson & Jonsson, 1993) avec l’omble de fontaine Salvelinus fontinalis
(Morinville & Rasmussen, 2003) et la truite commune Salmo trutta qui présentent sur un
même bassin des formes marines et d’eau douce (Cucherousset et al., 2005). Mais c’est
également le cas de l’anguille européenne, où, une fraction des civelles ne pénètre jamais
en eau douce et reste en zone marine (Daverat et al., 2006 ; Edeline , 2007).

Chez ces espèces, les stratégies de migration s’expriment à l’échelle des populations le
long d’un continuum entre la résidence stricte et la diadromie stricte comme cela a été
5
montré chez la truite commune (Cucherousset et al., 2005). On parle alors de stratégies
conditionnelles correspondant à l’expression, par un même génotype de différentes
tactiques (ou phénotypes) en réponse à des conditions environnementales ou
physiologiques contrastées (Gross, 1996). L’utilisation de telles stratégies conditionnelles
définit la proportion d’individus migrants/résidents dans une population. Ainsi, chez la
truite commune, les individus présentant de forts taux de croissance développent des
stratégies de plus amples migrations (Cucherousset et al., 2005 ; Acolas et al., 2011).

2.2. ORIGINE DE LA DIADROMIE

La diadromie serait apparue à de multiples reprises dans les différents groupes


taxonomiques de poissons (McDowall, 1997) principalement en réponse à l’évolution
différentielle le long du gradient latitudinal de la productivité des écosystèmes marins et
dulçaquicoles (Gross et al. 1988 ; Tableau 1).

Aux faibles latitudes, la productivité supérieure des eaux douces relativement au milieu
marin favoriserait une phase de croissance dulçaquicole. Au contraire, sous les latitudes
élevées, la productivité plus élevée du milieu marin tendrait à favoriser une phase marine
chez les espèces d’eau douce.

Par ailleurs, les milieux d’eau douce hébergent moins de gros prédateurs et leur
colonisation pourrait ainsi favoriser une meilleure survie. Les conditions physicochimiques
(T°, oxygène dissous,…) apparaissent comme relativement stables dans le milieu marin et
plus fluctuants dans les milieux continentaux.

Finalement, l’évolution de la diadromie résulterait de l’ajustement des compromis


entre la recherche d’habitats les plus productifs, l’évitement des compétiteurs et de
prédateurs.

Tableau 1 : Contraintes et avantages de la vie en milieu dulçaquicole, estuarien et marin pour les
poissons.
Environnement Contraintes Avantages
Eau douce Milieu fluctuant (débit, T°,…) Milieu relativement
Milieu faiblement productif sous productif sous faibles
les hautes latitudes latitudes
Estuaire Fluctuant Milieu très productif
Mer Nombreux prédateurs Milieu stable

En outre, l’anadromie peut-être également vue comme une stratégie de dispersion ou


de recolonisation après perturbation (McDowall, 1996, Robinet, 2004).

Cette théorie de Gross et al. (1988) présente cependant un paradoxe à savoir la


coexistence d’espèces anadromes et catadromes dans certains écosystèmes. C’est plus
particulièrement le cas de la communauté des espèces diadromes de la façade atlantique
nord dans laquelle de fortes modifications des conditions environnementales par les
activités anthropiques ont eu lieu, modifiant certainement le compromis lié aux processus
de diadromie.

6
2.3. PRINCIPAUX TRAITS ECOLOGIQUES DES ESPECES DIADROMES

Les poissons amphihalins ne se caractérisent pas uniquement par leur comportement


diadrome. Associés à la diadromie, il existe un ensemble de traits qui ont souvent co-
évolués et qui permettent de développer le trait comportemental diadrome c'est-à-dire,
d’une part, des passages d’un milieu halin à un autre (marin ↔ dulçaquicole), et d’autre
part, des migrations parfois très longues.

Ces principaux traits associés à la diadromie sont les suivants :

i. Semelparité ou itéroparité

Relativement aux espèces non diadromes, une proportion importante de poissons


diadromes sont semelpares, c'est-à-dire qu’ils ne se reproduisent qu’une fois et meurent à
la suite de la reproduction (contrairement aux itéropares qui se reproduisent plusieurs fois).

Citons les anguilles (Tesch, 1977), les lamproies (Hardisty & Potter, 1971), le saumon
atlantique (Crespi & Téo, 2002) et la grande alose (Baglinière, 2000). Chez les poissons qui
effectuent de grandes migrations génésiques, les coûts associés à la migration sont très
élevés, à la fois en termes de dépenses énergétiques et de survie (coût de l’adaptation aux
changements de milieu et aux perturbations, compétition inter – et intra spécifique,
exposition aux prédateurs et aux organismes pathogènes). Ces coûts restent élevés et
relativement fixes quelle que soit la fécondité (Bull & Shine, 1979). La probabilité de se
reproduire plusieurs fois est donc faible. Les individus concernés ont donc intérêt, en
termes de valeur sélective (ou fitness), à augmenter leur succès reproducteur et la viabilité
de leur descendance soit en produisant le maximum de progénitures (augmentation de la
fécondité, optimisation de la fertilité), soit en maximisant la survie de la descendance
(augmentation de la qualité des œufs et des jeunes produits). Ainsi, chez certains poissons
diadromes, les coûts liés à la migration ont certainement contribué à l’évolution de la
semelparité.

Cependant, tous les diadromes, même ceux effectuant de grandes et coûteuses


migrations, ne sont pas semelpares, et toutes les espèces semelpares n’effectuent pas de
grandes migrations. Le coût énergétique lié à la migration n’explique donc pas seul la
semelparité (ou son maintien) observée chez de nombreux diadromes (Crespi & Téo, 2002).

Il faut également ajouter l’influence du coût énergétique lié au maintien du poisson


dans son milieu qui peut être d’autant plus élevé que le poisson séjourne, avant
reproduction, dans un milieu de mauvaise qualité (cas des anadromes lors du retour en eau
douce).

ii. Capital ou income breeding

La plupart des poissons diadromes sont des reproducteurs sur réserves (“capital
breeders” selon la terminologie anglo-saxonne) c'est-à-dire qu’ils se reproduisent après une
période plus ou moins longue d’accumulation des réserves énergétiques et cessent de
s’alimenter pendant la reproduction voire dès le début de la migration génésique (Jager et
al., 2008).

7
Cette stratégie se met en place lorsque les activités du poisson nécessitent des
dépenses énergétiques élevées ce qui est les cas lors des migrations (Bull & Shine, 1979 ;
Jonsson, 1997). A l’opposé, les “income breeders” se reproduisent tout en continuant à
acquérir des ressources trophiques.

Ces coûts énergétiques sont d’abord liés à la nage mais également aux modifications
physiologiques (hyper et hypo-osmorégulation).

Cette stratégie d’accumulation des réserves est associée

- chez des espèces à croissance lente, à une maturité tardive et/ou à des intervalles
importants entre épisodes reproducteurs (espèces itéropares) (Jager et al., 2008). Les
femelles d’esturgeon sont matures à plus de 12 ans et les intervalles entre deux épisodes
reproducteurs peuvent être de plusieurs années (Rochard, 2001). De même, les femelles
d’anguille européenne peuvent être matures à une dizaine d’années en fonction des
conditions environnementales,

- Pour les espèces présentant une croissance rapide et forte comme le saumon, la maturité
est précoce (dès la troisième année de vie pour les populations françaises) mais cette
stratégie d’accumulation des réserves provoque un phénomène de vieillissement accéléré.
Chez les espèces itéropares et à forte croissance comme la truite et l’alose feinte, où la
maturité reste précoce (respectivement dès 1,5 an et 3 ans) et l’intervalle entre deux
reproductions est d’un an (Ombredane et al., 2011 ; Mennesson et al., 2000a).

Néanmoins, cette règle générale doit prendre compte l’effet latitudinal qui se traduit,
en moyenne, par une augmentation de l’âge à maturité du sud vers le nord. Ainsi chez la
femelle de saumon, cet âge peut passer de 3 à plus de 6 ans et chez celle de l’anguille de 4 à
plus de 20 ans.

iii. Fidélité au site natal ou dispersion

On appelle « homing » le taux de retour des espèces diadromes à leurs zones de


natales : bassin versant pour les espèces anadromes et zones marines pour les anguilles et
les mulets. Le degré de fidélité des espèces diadromes à leur zone natale varie suivant les
espèces et montre un continuum entre la dispersion aléatoire et le homing strict.

Chez les salmonidés, le homing est très marqué. Il semble assez fort chez l’esturgeon
d’Europe (Lassalle et al., 2010), plus faible chez les aloses (Baglinière, 2000), très faible à nul
chez les lamproies (Waldman et al., 2008), et reste quasiment inconnu chez les osméridés. Il
reste très élevé chez l’anguille européenne qui se reproduit toujours dans une zone de la
mer des Sargasses de petite taille à l’échelle du milieu marin.

Les coûts et les bénéfices du homing ont essentiellement été étudiés chez les
salmonidés (McDowall, 2001).

Ce comportement de homing présente certains avantages. Ainsi, le retour sur le lieu de


naissance pour se reproduire constitue une réelle assurance de trouver un habitat favorable
déjà expérimenté alors que la colonisation d’une nouvelle rivière risque d’être très aléatoire
en termes de succès reproducteur. Par ailleurs, le homing permet à une population de
8
développer une adaptation locale à un cours /bassin et donc d’optimiser les conditions de
son maintien.

Mais, il existe également des désavantages au homing. Les habitats de


reproduction/grossissement peuvent se dégrader, ne plus être connectés (fragmentation)
ou accessibles sous l’effet d’évènements/perturbations chroniques ou extrêmes, ce qui
peut réduire la viabilité de plusieurs cohortes et provoquer à terme l’extinction de la
population.

De fait, il semble exister dans toute population, une fraction d’individus dispersants
capables de coloniser de nouveaux habitats. A titre d’exemple, on peut citer la
recolonisation récente de la Seine par le saumon alors que la population avait disparu
depuis plus de cent ans et n’avait fait l’objet d’aucun repeuplement (Perrier et al., 2010)

Les relations entre la diadromie, les principaux traits écologiques et d’histoire de vie,
et le risque d’extinction sont assez mal connues et continuent à faire l’objet de recherches
fondamentales (Jager et al., 2008). Celles-ci sont nécessaires pour prédire le devenir des
espèces amphihalines dans le contexte de changements globaux et éventuellement de
fournir des éléments de connaissance pour leur gestion.

2.4. FACTEURS IMPLIQUES DANS LA DYNAMIQUE DE CES POPULATIONS

Les cycles biologiques et les traits des amphihalins les rendent particulièrement
sensibles à de nombreuses pressions environnementales. Les changements globaux qui
résultent des activités anthropiques restent les plus fortes menaces pesant sur les espèces
diadromes, ce qui nécessite de comprendre les liens entre diadromie et vulnérabilité (Jager
et al., 2008).

Parmi les facteurs les plus prégnants résultant des pressions anthropiques, on peut
citer :

i. La stérilisation de zones de reproduction et l’altération des habitats


essentiels et de leur connectivité.

Cette stérilisation et cette altération sont dues essentiellement à la construction de


barrages sur les cours d’eau. D’une manière générale, cette édification entraîne une
profonde modification du fonctionnement écologique : perturbation de la qualité et de la
quantité des flux hydrosédimentaires, changement des flux migratoires…

Dynessius & Nilsson (1994) ont montré que 77% des plus grands cours d’eau
d’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’ex-Union Soviétique sont modérément à fortement
affectés par des modifications des régimes hydrologiques. Chez les espèces diadromes, ces
obstacles réduisent l’aire de distribution, contraignent leur colonisation sur un bassin mais
également induisent des retards de migration amont ou aval, voire des mortalités
(Baglinière et al., 2003 ; Costa et al., 2008 ; Lasne & Laffaille, 2008).

9
Cette présence d’obstacles peut avoir également d’autres conséquences en
provoquant un phénomène d’hybridation comme cela a été observé entre les deux espèces
d’aloses se retrouvant en sympatrie sur les mêmes zones de reproduction. Ce phénomène
peut être préjudiciable pour le devenir de chacune des deux espèces (Baglinière et al.,
2003).

L’altération de la qualité physico-chimique de l’eau peut également contribuer à la


baisse de connectivité entre les habitats essentiels au fonctionnement du cycle biologique
de ces espèces. C’est le cas par exemple du développement du bouchon vaseux dans
certains estuaires qui perturbent plus ou moins fortement les phénomènes de migration
(Chaudon, 2005 ; Gadais, 2011).

ii. La perte ou la dégradation des habitats.

La distribution des organismes aquatiques en général et des espèces diadromes en


particulier et le fonctionnement de leurs populations à l’intérieur d’un bassin sont
fortement reliés aux caractéristiques du milieu et notamment à l’habitat aquatique et à son
niveau d’hétérogénéité.

Un habitat correspond à la position qu’occupe à un instant donné un individu parvenu


à un certain stade de développement, cherchant à optimiser le compromis nécessaire entre
différentes contraintes biologiques et écologiques dans un milieu variable (Levêque, 1995).
Par ailleurs, la plupart des poissons anadromes requièrent pour la reproduction et la
croissance des juvéniles des habitats spécifiques en termes de composition du substrat, de
température, d’oxygénation et de courantologie (cas des salmonidés : Heggenes et al., 1999
et des aloses : Cassou-Leins et al., 2000).

Ainsi, la dégradation de la qualité et de la fonctionnalité des ces habitats suite à


l’impact des activités humaines présentes sur les bassins versants (recalibrage, drainage,
colmatage, extractions de sédiments, urbanisation, pollution, contaminants) est maintenant
considérée comme l’une des principales causes du déclin de ces espèces (Jonsson et al.,
1999).

iii. L’impact du changement climatique

Le changement climatique entraine une modification des régimes thermique et


hydrologique des cours d’eau (Poff, 2002 ; Gibson et al., 2005 ; Xenopoulos et al., 2005 ;
Prowse et al., 2006). Or, la température est un facteur clé pour les espèces diadromes. Elle
déclenche et module l’activité de migration (Baglinière & Porcher, 1994 ; Mennesson et al.,
2000b ; Acolas et al., 2006) et de reproduction (Cassou-Leins et al., 2000), et détermine la
survie et la croissance des plus jeunes stades (œufs et larves) (Boisneau et al., 2008 ).

Le débit des cours d’eau est également un facteur clé de déclenchement des
migrations et de modulation de l’activité migratoire en fonction de la présence-absence
d’obstacles cumulés.

Les modèles prédictifs basés sur des hypothèses de réchauffement climatique réalistes
annoncent des modifications significatives des aires de distribution des espèces
amphihalines en réponse à ces changements dans les années 2100 (Lassalle, 2008, Lassalle
10
et al., 2008, Lassalle et al., 2009a, b). Actuellement, les changements climatiques observés
semblent encore trop faibles pour conduire à des modifications profondes, comme des
invasions ou des extinctions d’espèces à large échelle.

Néanmoins, on observe déjà certaines évolutions dans le fonctionnement des


populations de ces espèces diadromes liés au changement climatique. Ainsi, chez le
saumon, on observe une baisse du succès reproducteur en conditions de température
élevée (Baglinière et al., 2010). De même, il apparaît chez cette espèce une espérance de
vie plus courte et un renouvellement plus rapide des populations (Rivot et al., 2009)
associés à un retard dans la dynamique migratoire et à la diminution de la taille à la
maturité liée la plus faible productivité du milieu marin (Bal, 2011).

Enfin, la colonisation de la grande alose notamment dans les petits cours d’eau bretons
et bas-normands pourrait être liée à deux facteurs agissant simultanément sous l’influence
du changement climatique :

• le réchauffement possible de la partie aval de certains cours d’eau permettant le


développement de conditions favorables à la reproduction
• la migration vers le nord de la grande alose (l’essentiel de son cycle biologique
est marin) à l’instar de nombreuses espèces marines en raison des modifications
du milieu marin évoquées plus haut.

iv. L’exploitation par pêche professionnelle ou amateur.

Ce facteur impacte directement les espèces diadromes et s’ajoute aux facteurs


indirects en contribuant au déclin des populations (Limburg & Waldman, 2009). Cette
exploitation se fait en grande partie dans les estuaires, véritables goulots d’étranglement où
les populations se concentrent dans l’espace et dans le temps (cas des civelles), mais
également sur les axes principaux des bassins versant et dans les zones côtières.

Pour la plupart des espèces françaises, excepté le saumon (quotas de captures), les
diadromes ne sont pas ciblés en mer. Néanmoins, il est possible que les captures
accessoires, actuellement non quantifiées, soient loin d’être négligeables. En Atlantique-
Nord Est, les prises accessoires sont estimées à environ 20% du tonnage des captures et à
40% à l’échelle mondiale, soit 2 700 000 et 38 505 242 tonnes respectivement (Davies et al.,
2009).

v. L’impact des espèces invasives

Des menaces relativement récentes pèsent sur les espèces diadromes avec l’arrivée
d’espèces invasives.

Chez l’anguille européenne, le parasite Anguillicola crassus dont l’hôte d’origine est
l’anguille japonaise Anguilla japonica, a été introduit lors de l’importation d’anguilles
asiatiques dans les années 1980. Ce parasite réduit très probablement la capacité des
individus infectés à accomplir la migration de reproduction et à se reproduire efficacement
(Sjöberg et al., 2009).

11
Des espèces de poissons introduites ou en expansion comme le Silure glane Silurus
glanis sont aussi suspectées d’exercer une nouvelle pression de prédation sur les
migrateurs. Dans le cas du silure, l’impact de cette espèce n’est pas toujours avéré et fait
aujourd’hui débat (Syvaranta et al., 2009, Martino et al., 2011).

De la même manière, il est considéré que l’écrevisse de Californie (Pacifastacus


leniusculus), espèce invasive d’origine américaine en très forte expansion peut prédater les
juvéniles de salmonidés dans les premiers mois de vie et/ou les déplacer de leur habitats
préférentiels.

2.5. CONTEXTE DE CONSERVATION

Les poissons diadromes apparaissent donc particulièrement sensibles à la multiplicité


des pressions qu’ils subissent au cours des différentes phases de leurs cycles biologiques.
Ces espèces sont souvent considérées comme menacées, ou vulnérables, en deçà de leur
limites biologiques de sécurité, avec pour certaines, un déclin annoncé dans certaines zones
géographiques dans le contexte du réchauffement climatique (Lassalle, 2009 ; Limburg et
Waldman, 2009,).

La gestion de ces espèces diadromes est par essence complexe car elle implique de
s’attaquer de façon coordonnée aux multiples sources de perturbation des populations qui
agissent à différentes étapes du cycle de vie. Il s’agit souvent de restaurer à la fois les
habitats de reproduction ou de croissance en rivière et la connectivité entre ces habitats.
Ceci implique de bien connaître les cycles de vie, les habitats essentiels et leur
fonctionnalité.

Face à tous ces constats et diagnostics, un certain nombre de réactions sont


perceptibles à l’échelle réglementaire et administrative, tant au niveau international qu’à
l’échelle nationale. Ainsi, les législateurs ont listé la plupart des espèces diadromes dans les
annexes de différents textes relatifs à la protection ou au statut de conservation des
espèces (Tableau 2). L’esturgeon d’Europe est l’espèce qui bénéficie actuellement du plus
haut niveau de protection car elle est proche de l’extinction, suivi de l’anguille, des aloses,
des lamproies et des salmonidés.

Tableau 2 : Inscription des espèces dans les différentes directives ou convention.


Espèces Espèces DHFF Bonn
OSPAR Berne Barcelone
(nom scientifique) (nom français) (annexes) (annexes)
Acipenser sturio Esturgeon x II, IV I, II x x
Alosa alosa Alose vraie x II x x
Alosa fallax Alose feinte II x x
Anguilla anguilla Anguille x x
Lampetra fluviatilis Lamproie de rivière II x x
Petromyzon marinus Lamproie marine x II x x
Salmo salar Saumon atlantique x II x
Liza ramada Mulet porc
Osmerus eperlanus Eperlan
Platichtys flesus Flet

12
Dans le cadre de la politique de l’Eau et de l’Environnement de l’Union européenne ou
de diverses conventions internationales, la France a adhéré à un certain nombre d’objectifs
communs à plusieurs états et ainsi accepté divers contraintes ou principes de gestion
raisonnée ou de protection stricte des espèces migratrices et de leurs habitats.

Dans le cas de la Convention CITES sur les échanges concernant les espèces menacées
d’extinction, l’adhésion des partenaires est allée jusqu’à la mise en place d’une Commission
internationale. Celle-ci fixe et contrôle les niveaux d’échange en gérant les demandes de
permis d’importation ou d’exportation ainsi que la délivrance des certificats de
réexportation ou des certificats intra-communautaires.

Dans d’autres cas impliquant des territoires continentaux ou marins plus ou moins
vastes, ce sont surtout des engagements collectifs de principe (préservation ou
restauration) qui sont mis en avant, mais sans objectifs bien concrets et quantifiés.

Il s’agit notamment des deux directives européennes s’appliquant aux milieux


aquatiques :

- la Directive « Habitats » impose la désignation d’un réseau de sites continentaux ou marins


pour lesquels des objectifs de préservation ou de restauration doivent être définis avec des
moyens mis en œuvre pour les atteindre. Pour ce qui relève des sites désignés notamment
au titre d’espèces diadromes, il ne semble pas pour l’instant que des objectifs quantifiés
aient été définis que ce soit en termes de niveaux d’abondance à atteindre ou de critères
minimaux de qualité de l’habitat à conserver,

- La Directive Cadre sur l’Eau fixe l’objectif de bon état écologique des masses d‘eau en
2015, mais avec des indicateurs « poissons » en cours de calibrage au sein des différents
types de masses d’eau et prenant en compte une métrique « Poisson migrateurs ». Cette
Directive cadre sur l’Eau a été transposée au niveau français par la Loi du 21 avril 2004. Plus
récemment, la loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA) du 30/12/2006 a défini un
certain nombre d’évolutions significatives notamment dans la prise en compte des poissons
amphihalins, ces dispositions réglementaires étant applicables sur l’ensemble du territoire.
Mais, là encore, aucun objectif quantifié concernant les différentes espèces concernées
n’est encore apparu.

Toutes ces démarches internationales ont toutefois le mérite d’officialiser le statut plus
ou moins précaire des poissons migrateurs amphihalins, au vu des évaluations réalisées
notamment dans le cadre de différents réseaux internationaux comme le CIEM 1, la CECPI 2
ou l’IUCN 3.

Pour faire écho à ces grandes conventions internationales et à certains statuts


d’espèces préoccupants, des plans ou de règlements plus précis et plus ciblés émergent
actuellement. C’est le cas du programme européen pour la restauration de l’esturgeon
européen qui officialise la coopération franco-allemande dans ce domaine et qui fixe des
axes et méthodes de travail.

1
Conseil International pour l'Exploration de la Mer
2
Commission européenne consultative pour les pêches dans les eaux intérieures
3
Union Internationale pour la Conservation de la Nature
13
Dans les plans concernant le saumon atlantique (plan OSCAN décliné au niveau de
chacun des partenaires) et de l’anguille européenne (règlement européen applicable dans
tous les Etats membres), des objectifs quantifiés ainsi que des méthodes et des outils
d’évaluation apparaissent de manière beaucoup plus nette.

Ce type d’évolution devrait logiquement avoir des répercussions sur la définition des
objectifs à atteindre et sur les méthodes de diagnostic à utiliser. En revanche, la définition
et la mise en œuvre concrète des actions de gestion relèveront toujours au final du niveau
régional et surtout local

Cette fixation à un niveau supérieur, des objectifs locaux à atteindre et des méthodes
de suivi à utiliser peut interpeler. Mais n’est-elle pas au final la meilleure garantie d’une
gestion locale adaptée aux territoires concernés, efficace car partagée par les acteurs de ces
systèmes, définie à partir d’outils communs de diagnostic et respectant un certain nombre
de garde-fous communs synonymes d’un fonctionnement durable des populations
migratrices concernées (limite de conservation pour le saumon, seuil d’échappement pour
l’anguille,….) et de leurs habitats ?

2.6. GESTION NECESSAIRE DANS LES ZONES MARINES

De la protection patrimoniale clairement visée par les premiers dispositifs ratifiés dans
les années 70, les conventions et directives européennes ont progressivement visé une
protection des espèces pour leur valeur fonctionnelle. Dans le cadre de la directive habitat,
la protection doit nécessairement tenir compte de l’ensemble des habitats devant être
gérés pour assurer la protection des amphihalins listés, y compris les habitats marins. Ainsi
la France doit-elle rendre compte d’ici à 2013 de la cohérence de son réseau d’aires marines
protégées pour la protection des deux espèces d’aloses, des deux espèces de lamproies et
de l’esturgeon.

Pour la Directive Cadre Stratégie sur les Milieux Marins, les amphihalins sont pris en
compte dans les descripteurs de fonctionnement des écosystèmes. La vitalité des
populations de poissons amphihalins témoignent de la connectivité biologique et de la
continuité écologique entre les milieux aquatiques continentaux et marins où se trouvent
les habitats essentiels à leur cycle biologique.

Ainsi, l’amélioration des connaissances sur les habitats marins et les phases marines
des poissons amphihalins revêt une importance tant scientifique que dans le cadre de la
mise en œuvre des politiques publiques de leur conservation.

2.7. CONCLUSION : LES POISSONS AMPHIHALINS : UNE COMMUNAUTE D’ESPECES

Cet assemblage d’espèces de poissons peut être assimilé à une communauté d’espèces
en raison de :

i) l’existence d’un trait écologique commun à savoir le comportement migrateur


associé à un certain nombre d’autres traits biologiques partagés à différentes
14
niveaux selon les espèces (taux important de semelparité, capital-breeding,
homing)

ii) l’existence d’interactions biologiques directes à travers des processus de


compétition pour la ressource trophique, d’utilisation de l’habitat, de prédation
ou d’hybridation. Ces interactions peuvent s’illustrer au travers de la compétition
spatiale et trophique entre le saumon et la truite commune (Heggenes et al.,
1999) et leur hybridation (Hurrel & Price, 1991 ; Perrier et al., 2011), de
l’hybridation entre la grande alose et l’alose feinte qui donne des hybrides fertiles
(Alexandrino & Boisneau, 2000), du parasitisme des aloses et des salmonidés
adultes par les adultes de lamproies (Maitland & Hatton-Ellirents, 2003) voire une
destruction des pontes des aloses par les lamproies en période de reproduction.

Ainsi cette communauté d’espèces à l’histoire de vie complexe constitue une réelle
communauté sentinelle de l’état et de l’évolution des milieux aquatiques continentaux et
marins avec la particularité de participer au transfert de matière et d’énergie entre ces deux
milieux.

3. SYNTHESE DES INTERVENTIONS ET DES DISCUSSIONS LORS DE L’ATELIER

3.1. LISTE DES INTERVENTIONS

La liste des interventions et des intervenants est donnée dans le Tableau 3. Les versions
PDF des présentations sont jointes à ce document.

Tableau 3 Titres des interventions faites lors du séminaire Poissons migrateurs amphihalins et milieux
marins
Intervenant Titre de la présentation
Introduction
E Feunteun Les espèces amphihalines, La directive Habitat et Natura 2000 en mer
L'approche écosystémique de la DCSMM : Anciens et nouveaux
L Guérin
enjeux ...

Etat de l’art sur les phases marines et estuariennes (session 1)


Connaissances des phases estuarienne et marine chez les salmonidés
JL Baglinière
migrateurs anadromes : Le saumon atlantique et la truite de mer
E Rochard Eperlan en zone marine… surtout des interrogations
E Rochard et al. Esturgeons en mer, retour d'expérience sur 20 ans de suivi
A Carpentier Etat des connaissances amphihalins en mer : les mugilidés
E Lasne et R Sabatié Vie estuarienne et marine des lamproies migratrices
E Feunteun Management of the European eel: an impossible mission?
Les aloses Alosa alosa et Alosa fallax spp (formes anadromes) : Etat
C Taverny
des connaissances en phases marine et estuarienne

Projet en cours, méthodes d’approche (session 2)


G Evanno. Structure génétique des populations françaises de saumon atlantique
A Acou. Le programme EELIAD
15
Programme de connaissance N2000 en mer : aloses et lamproies
E Lasne et al.
migratrices (2010-2012)
Marqueurs génétiques, microchimiques, isotopiques : Quelques
JM Roussel.
applications et perspectives
Etude de l’esturgeon européen (Acipenser sturio) en Gironde : Suivi
ML. Acolas et al.
par télémétrie acoustique et marques à mémoire
L Beaulaton et F
La banque nationale migrateurs
Gatel
Contribution à la réflexion sur la Stratégie Nationale des Poissons
C Taverny. Migrateurs (STRANAPOMI) MEDDM – ONEMA : Expertise collective
GIS GRISAM 2010-2011(échelle nationale)

3.2. PRINCIPAUX CONSTATS AU TERME DE CES PRESENTATIONS INITIALES

i. Premier constat : Les phases dulçaquicoles sont les plus étudiées

L’écologie des espèces diadromes au cours des phases continentales de leurs cycles de
vie est relativement bien documentée. Les données disponibles sur la distribution,
l’abondance, les caractéristiques biométriques et démographiques dans les cours d’eau
français sont néanmoins très hétérogènes selon les espèces et les cours d’eau (Tableau 4).
Les meilleures estimations des stocks à l’échelle des bassins versants concernent le
saumon (production en smolts à partir des caractéristiques de l’habitat et stations de
comptage par piégeage ou suivi vidéo). Ces stations de comptage permettent également
d’estimer le niveau d’abondance de certains stocks de truites de mer et d’aloses voir de
lamproies. Il faut y ajouter quelques estimations de production en anguilles argentées dans
certains cours d’eau (Laffaille et al., 2005, Acou et al., 2008, 2009 et 2010) et la Lagune
Bages-Sigean (Amilhat et al., 2008). Enfin pour l’esturgeon, il existe une bonne estimation
du stock sur le bassin Gironde-Garonne-Dordogne, seul système où l’espèce reste présente.

Tableau 4 : Les cours d’eau français dans lesquels différents outils sont utilisés pour estimer les stocks de
poissons diadromes
Truite de Grande Alose Lamproie Lamproie
Rivière Saumon Anguille Mulet Eperlan Esturgeon observations
mer alose feinte marine fluviatile
Bresle + + + piégeage
Seine + + + + + + + videocomptage
Touques + piégeage
piégeage,
Orne + + +
vidéocomptage
piégeage,
Vire + + +
vidéocomptage
Oir + + estimation partielle piégeage
Frémur + piégeage
piégeage,
Elorn + + +
vidéocomptage
piégeage,
Aulne + + +
vidéocomptage
Scorff + + + + + présence piégeage
vidéocomptage,
Vilaine présence + + + + +
pêcheries
Loire- piégeage,
Allier- + ± + + + + vidéocomptage,
Vienne pêcheries
Gironde- piégeage,
Garonne- + + + + + vidéocomptage,
Dordogne pêcheries
piégeage,
Gaves + + + ? vidéocomptage,
pêcheries
Nivelle + + + piégeage

16
Les espèces plus cantonnées aux zones aval comme les mulets, les éperlans et les flets
sont les plus mal connues.

ii. Deuxième constat : Les phases marines et estuariennes sont très mal
connues pour la quasi-totalité des espèces

A la lumière des présentations réalisées pendant la première session de l’atelier, les


phases estuariennes (stocks en place ou flux, répartition, comportements,….) du cycle
biologique de ces espèces apparaissent globalement mal connues.

Les données disponibles en estuaire proviennent avant tout de programmes


scientifiques comme ceux initiés à partir de 1975 par le CEMAGREF de Bordeaux dans
l’estuaire de la Gironde et dans l’estuaire de la Seine. Pour les phases marines, les lacunes
sont encore plus grandes avec une connaissance très fragmentaire de la distribution et de
l’écologie de ces espèces en mer.

Depuis la mise en œuvre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) en estuaire, de nouvelles
données sont collectées et archivées dans une base nationale. De nouvelles observations
sur les flets et les mulets et dans une moindre mesure les anguilles, les éperlans et les
aloses (fraction juvénile des populations) sont ainsi disponibles. Cependant, les
échantillonnages réalisés ont une vocation de surveillance globale du peuplement piscicole
de ces milieux avec, dans l’état actuel, une utilisation de petits chaluts standardisés qui
oriente plus les observations sur les compartiments benthique et supra-benthique.

Au-delà de ce premier niveau de sélectivité, ni les saisons d’intervention, ni les


protocoles mis en œuvre ne peuvent permettre d’atteindre des objectifs de quantification
de flux ou de stock des espèces migratrices. Les protocoles et techniques d’échantillonnage
utilisés ne sont de toute façon pas adaptés pour suivre les populations de salmonidés et ne
permettent que de rares captures de lamproies (tous stades) et d’aloses adultes.

Pour la plupart des espèces, il n’y a pas ou peu de données sur les distributions
marines. Plus précisément, les données potentielles que constituent les captures
accidentelles faites par les pêcheurs professionnels ne sont pas transmises aux institutions
ou aux scientifiques. La plupart des espèces concernées n’ont pas de valeur halieutique et
sont souvent remises à l’eau. Le réseau ObsMer (Pêcheurs professionnels / Direction des
Pêches Maritimes et de l’Aquaculture / IFREMER) constitué d’observateurs embarqués sur
des navires commerciaux constitue néanmoins une source de donnée exploitable.

L’IFREMER, principal organisme ayant compétence en milieu marin, apparaît peu


mobilisé sur la problématique des diadromes, malgré son appartenance au Comité directeur
du GRISAM. La faible représentation de cet organisme à l’atelier (malgré des invitations
multiples) a d’ailleurs soulevé de nombreuses questions. Cela pose également la difficulté
d’avoir accès aux données ou au moins aux bases de métadonnées, sur les amphihalins en
mer issues des différentes campagnes de suivi réalisées par l’IFREMER.

17
iii. Troisième constat : Des outils et approches existent déjà pour produire des
connaissances sur les phases marines

Lors de l’atelier, différents programmes mettant en œuvre des outils variés et


complémentaires pour étudier et renseigner les phases marines ou estuariennes des
diadromes, ont été présentés. Les compétences existant dans les organismes de recherche,
la nature de la production future de connaissances va donc dépendre de la mise en œuvre
effective d’un programme coordonné et soutenu à l’échelle nationale et/ou européenne.

3.3. OUTILS ET APPROCHES METHODOLOGIQUES SUR LES PHASES MARINES

Un important travail reste à faire pour renseigner les phases marines des espèces
amphihalines. Il doit notamment permettre (i) de mieux cerner et caractériser les aires de
distribution des espèces en mer, (ii) de préciser leur comportement de migration dans les
eaux de transition, (iii) d’identifier, si elles existent, des voies migratoires préférentielles
entre les aires marines (de reproduction ou de croissance) et les bassins versants, et (iv) de
quantifier les mortalités (naturelles et anthropiques) durant leurs migrations marines et
estuariennes et leur séjour en mer.

Ce manque de connaissances est directement lié à la difficulté de capturer et de suivre


ces espèces en estuaire et en mer. Néanmoins, il existe différentes approches pour mieux
appréhender ces écophases importantes.

Elles ont été discutées au cours du séminaire en distinguant deux grandes catégories
d’approches.

i. Approches directes

• La télémétrie acoustique

Les marques acoustiques sont des petits émetteurs dotés d’une batterie interne à
autonomie limitée (quelques semaines à quelques mois) qui peuvent être implantés dans la
cavité générale ou fixés directement sur l’individu. Elles émettent à intervalle régulier, des
signaux acoustiques qui peuvent être interceptés activement lors de suivis par bateau et/ou
passivement à l’aide d’un réseau d’hydrophones fixes disposés dans la zone d’étude (il est à
noter que les méthodes de radio-télémétrie ne sont pas applicables en milieu salé).

La distance de détection ne dépassant pas quelques centaines de mètres, cette


technique est plus facilement utilisée pour étudier le comportement des espèces
amphihalines au sein de zones spatiales limitées telles que les détroits et les estuaires.

Cette technique a été utilisée avec succès pour caractériser les patrons de dévalaison
et estimer les domaines vitaux de l’esturgeon dans l’estuaire de la Gironde (cf. présentation
d’Acolas et al.). De même dans l’estuaire de la Loire, la télémétrie acoustique a permis de
mieux cerner le rôle fonctionnel et l’influence du bouchon vaseux sur la dynamique de
migration de la grande alose (Gadais, 2011).

18
La télémétrie acoustique peut également être utilisée dans des milieux plus ouvert (à
l’échelle d’AMP par exemple), ce qui nécessite un déploiement de récepteurs conséquent.
Deux programmes ambitieux ont vu le jour au Canada. Il s’agit des programmes POST
(Pacific Ocean Shelf Tracking) et OTN (Ocean Tracking Network) dont l’objectif est double i)
caractériser le comportement des espèces animales (dont les espèces diadromes) en milieu
marin (côtier et hauturier) et ii) prédire l’impact des changements climatiques sur leur
distribution (e.g. Jackson et al., 2011).

• Les marques archives (de première génération)

Les marques archives (encore appelées DST Data Storage Transmitter), émetteurs
également implantés dans/sur l’individu, enregistrent et stockent des données
environnementales (intensité lumineuse, profondeur de nage, etc.) à différents pas de
temps définis par l’opérateur ou le fabricant. Ces données permettent de retracer a
posteriori le trajet migratoire des individus marqués en deux voire trois dimensions.

L’intensité lumineuse est en effet utile pour localiser géographiquement les différents
enregistrements (calcul de la latitude et de la longitude) tandis que la profondeur de nage
donne des indications sur le comportement des individus dans la colonne d’eau. Lorsque
ces marques sont placées dans la cavité générale de l’individu, elles permettent
d’enregistrer sa température corporelle, et peuvent par exemple mettre en évidence des
évènements de prédation. Cependant, pour accéder aux enregistrements, il est nécessaire
de récupérer ces marques, ce qui peut s’avérer difficile surtout chez des espèces migratrices
qui réalisent de grands trajets en mer.

Pour augmenter les possibilités de récupération, certaines marques ont une grande
longévité (jusqu’à 20 ans) et sont dotées de petits flotteurs, de sorte qu’à la mort de
l’individu, la marque libérée remonte à la surface et se déplace au gré des courants en
attendant d’être récupérée (avec une récompense à la clé pour le renvoi de la marque). La
faible probabilité de recapture, souvent < 10% (Fromentin et al., 2009) limite grandement
l’utilisation de ces marques.

• Les marques archives (de seconde génération)


Face aux limites d’utilisation des marques de première génération, une nouvelle
technologie appelée pop-up tag a été développée. Les pop-up tags sont fixés sur le dos de
l’individu et émettent des ondes électromagnétiques qui, contrairement aux ondes
acoustiques, se propagent mal dans l’eau. Leur poids est relativement élevé (environ 150 g).

A une date déterminée par l’utilisateur (ou dans certains cas à la mort de l’individu), ces
marques se détachent (pop-off) et remontent à la surface de l’eau pour transmettre alors
l’ensemble des données enregistrées par satellite.

La première génération de pop-up tag (appelé single point pop-up tag) transmettait
seulement par satellite les coordonnées GPS du point de relargage. Actuellement, les pop-
up tag de seconde génération (archival pop-up tag) permettent également l’enregistrement
des données environnementales (température de l’eau, profondeur de nage, intensité
lumineuse, etc.). Bien que coûteuse (~ 2500 € l’unité), l’utilisation de ces marques reste très
intéressante puisque la recapture des individus marqués n’est plus nécessaire.

19
Ces marques archives ont été utilisées pour bon nombre d’espèces pélagiques (thons,
marlins, requins, etc.) ou démersales (morue). Les suivis réalisés ont permis des avancées
considérables dans la compréhension de la dynamique spatiale des grands migrateurs ce
qui n’aurait pu être réalisé avec des techniques plus classiques.

L’emploi de cette méthodologie est devenu nécessaire pour établir des zones de
conservation pertinente car elles permettent de décrire précisément les habitats
fonctionnels (pour la croissance et la reproduction) et d’estimer les taux de migration entre
ces différentes zones (Fromentin et al., 2009).

Ainsi, une partie de la migration océanique d’environ 60 anguilles argentées marquées


en Irlande et en France a été décrite pour la première fois grâce à cette technologie
(Aarestrup et al., 2009). Toutefois, le poids limite son utilisation à de grandes anguilles
argentées (> 1.5-2 kg), individus a priori non représentatifs de l’ensemble de la population.
Cependant, cette technologie, en plein essor, devrait très prochainement déboucher sur
l’utilisation de pop-up tags plus petits et plus performants.

ii. Approches indirectes

En vue d’obtenir des informations a posteriori sur la fréquentation et l’utilisation des


différents habitats fréquentés par les espèces diadromes, l’utilisation de traceurs naturels à
partir de pièces calcifiées ou d’échantillons de tissus (muscle, foie) s’est développée (Charles
et al., 2004 ; Daverat et al., 2007 ; Fromentin et al., 2009). Ils permettent de compléter les
informations recueillies par les approches directes.

Ces approches indirectes permettent de renseigner :

• Les composantes essentielles de l’histoire de vie des individus

L’étude des pièces calcifiées du poisson (écaille et otolithe) permet de reconstruire


d’une manière relativement précise, l’histoire de vie du poisson (Panfili et al., 2002).
L’écaille et l’otolithe se comportent chez les poissons de nos latitudes comme un véritable
enregistreur de l'histoire de vie de l'individu et permettent d’en estimer l’âge et la
croissance. Mais, seule l’analyse des écailles permet d’estimer l’âge de première maturité et
de renseigner le nombre d’événements de reproduction (Ombredane & Baglinière, 1992).

L’écaille est utilisée chez les salmonidés, les aloses, l’éperlan et les mulets et
l’otolithe/statolithe chez les anguilles, les flets et les lamproies. Cependant, l'otolithométrie
reste un réel complément à la lecture des écailles. Chez les aloses elle permet d’estimer
l’âge des plus vieux individus (Mennesson-Boisneau & Baglinière, 1992). Chez l’anguille,
l’analyse de la microstructure des otolithes (dépôts journaliers) permet de localiser dans le
temps les changements de stades ontogéniques (e.g. stade larvaire leptocéphale, phase de
métamorphose civelle, puis juvénile chez l’anguille (Lecomte-Finiger, 1999)).

• Les modalités spatio-temporelles des migrations des espèces


diadromes

La mise en œuvre séparée et/ou synergique de la scalimétrie et de l’otolithométrie


permet d’apporter des informations sur la dynamique migratoire et l’occupation de
20
l’espace eau douce - estuaire-mer. En effet, l’examen de ces pièces calcifiées permet de :

i) distinguer les phases de vie marine et dulçaquicole voire les phases


estuariennes (cas des salmonidés : Baglinière et Porcher, 1994))
ii) d’identifier des habitats spécifiques fréquentés et de mettre en évidence des
changements d’habitats en analysant leur structure superficielle (Richard &
Baglinière, 1990) et/ou la composition chimique et isotopique de leurs couches
de croissance (Limburg et al., 2001 ; Daverat et al., 2006 ; Lochet et al., 2009).
Ceci permet entre autres, de connaître le nombre de boucles vitales entre
habitats dulçaquicoles et marins effectuées par un individu et d’estimer le
temps de résidence et de transit dans et entre chacun de ces habitats. Plus
précisément, le transfert par voie dissoute d’un ensemble d’éléments
chimiques de l’environnement aquatique du poisson à son otolithe permet
d’identifier la signature multi élémentaire caractéristique d’un habitat.

L’éloignement à la côte est également théoriquement identifiable en étudiant les


concentrations d’éléments issus d’apports terrigènes dans l’environnement océanique tel le
manganèse. Il est enfin possible de reconstruire l’historique de température subi par un
individu en analysant le rapport isotopique de l’oxygène 18 et 16 (Kalish, 1991) et donc
d’estimer les températures critiques à la réalisation des phases de migration, de
reproduction.

• Régime alimentaire et utilisation trophique des habitats

L’analyse des isotopes stables du carbone et de l’azote à partir de ces pièces calcifiées
ou d’échantillons de nageoires apporte des renseignements sur le régime alimentaire des
individus et le niveau trophique (e.g. consommateur primaire ou secondaire) où se situe
l’espèce étudiée (Fry & Sherr, 1984).

Cette approche permet notamment de discriminer le régime alimentaire de l’alose


feinte plutôt piscivore, de celui de la grande alose à préférence zooplanctonophage
(programme N2000 amphihalins en mer ; cf. présentation de Lasne et al.) ou encore le
changement de ressource trophique au cours du développement (Limburg, 1998).

En déterminant la source de carbone, cette technique permet également de


discriminer les zones d’alimentation selon qu’elles sont situées en eau douce, en zone
côtière ou marine et donc de déterminer les habitats essentiels trophiques (MacKenzie et
al., 2011 et cf. présentation de Roussel). Cette approche vient en appui de l’étude de la
composition chimique des écailles et des otolithes dans le cadre de l’identification de la
fréquentation des habitats.

Par ailleurs, le journal alimentaire de l’individu peut être reconstitué sur une période
de temps définie par le temps nécessaire aux tissus analysés pour intégrer les changements
de signaux isotopiques. Cette durée d’intégration du signal isotopique varie d’un organe à
l’autre en fonction du métabolisme tissulaire (modification par turn-over protéique ou
dilution par accroissement tissulaire, Buchheister & Latour, 2010). Ainsi, la signature
isotopique du foie est rapidement modifiée par un changement de régime alimentaire,
tandis que le muscle intègre le message alimentaire à plus long terme.

21
Enfin, l’étude du rapport de la composition en carbone par rapport à l’azote des tissus
procure des informations sur le taux de lipides des organes étudiés. Cette information est
importante pour évaluer, selon l’espèce ou un stade donné pour une espèce, i) le niveau de
stockage des réserves, ii) l’apport lipidique du régime alimentaire, iii) l’importance et
l’efficacité des habitats trophiques fréquentés et iv) le taux d’utilisation de ces réserves lors
de la migration génésique.

• Structure populationnelle et connectivité des habitats

La caractérisation du fonctionnement en populations et sous-populations d’une espèce


est classiquement réalisée par analyse génétique (Perrier, 2010 ; cf. présentation de
Evanno).

Chez les diadromes, elle permet de tester l’occurrence et l’intensité de flux de gènes
lors la reproduction entre des individus qui effectuent leur migration dans des bassins
versants différents (cas des catadromes) ou une zone marine commune (cas des
anadromes). Il est ainsi possible de déterminer si un cours d’eau donné peut être colonisé
soit par des recrues issues de géniteurs produits par d‘autres bassins (poissons catadromes)
soit par des géniteurs non natifs (poissons anadromes). Le couplage de cette méthode avec
l’étude de la microchimie des otolithes permet ainsi d’évaluer le niveau de précision du
homing chez les anadromes.

Chez l’ensemble des espèces diadromes, elle permet d’identifier leur niveau
d’organisation fonctionnelle en populations ou sous-populations distinctes.

4. RECOMMANDATIONS/ATTENTES DU GROUPE DE TRAVAIL

A l’issue de ce premier séminaire « Amphihalins et habitats marins », sept


recommandations ont été émises.

4.1. ASSURER LA COLLECTE DES DONNEES AUPRES DES PECHERIES ET EN OPTIMISER


L’ACCES

De nombreuses informations sont collectées en routine sur les captures réalisées par
les pêcheries en mer ou en zone continentale (déclarations ou observateurs embarqués). De
plus, les pêcheurs, professionnels ou amateurs, s’avèrent être des appuis précieux pour la
mise en place de protocoles scientifiques plus précis (par exemple, le suivi de l’avalaison des
anguilles argentées en Loire avec les professionnels fluviaux ou la première approche de
l’anguille jaune dans la zone tidale du bassin girondin avec les professionnels maritimes et
fluviaux).

L’implication des pêcheurs/pêcheries dans la production de connaissances semble


évidente, mais implique l’existence d’un cadre local de recueil et d’animation qui est
malheureusement souvent au profit des seules grandes bases nationales de données
(Statistiques marines via France AgriMer et statistiques fluviales via le suivi national de la
pêche aux engins (SNPE)).
22
Par ailleurs, l’accès à ces données relève souvent d’un véritable parcours du
combattant. Ainsi, les données marines sont centralisées et distribuées sous convention par
la DPMA (Ministère de l’Agriculture). Actuellement des demandes sont faites au cas par cas,
pour chaque espèce, ce qui suppose des sollicitations multiples de la DPMA. A l’avenir, il
serait sans doute plus judicieux de concevoir une extraction annuelle de toutes les données
concernant tous les amphihalins.

L’extraction de ces données pourrait se faire dans le cadre d’une convention entre le
GRISAM et la DPMA avec la charge de les redistribuer au gré des demandes des chercheurs
et instituts et ce, dans un cadre bien défini. Cela impliquerait bien sûr d’identifier un
responsable de ces données au sein du GRISAM.

4.2. SOLLICITER UNE PLUS FORTE IMPLICATION D’IFREMER DANS LA RECHERCHE ET LA


COLLECTE DE DONNEES SUR LES PHASES MARINES DES DIADROMES.

A l’heure actuelle, IFREMER apparaît incontournable à plus d’un titre sur les phases
marines :

- il possède des moyens à la mer importants, moyens qu’il serait essentiel de pouvoir
mobiliser sur des actions ciblées sur les diadromes,

- il est le principal producteur de données scientifiques recueillies en milieu marin à


partir de campagnes régulières. Or, les poissons diadromes, probablement parce qu’ils
n’ont pas ou plus de réelle valeur halieutique en milieu marin, ne font l’objet d’aucun suivi
scientifique ciblé et les données collectées qui les concernent sont classées comme étant
« accessoires » et donc peu ou pas valorisées.

Les données issues de ces campagnes marines sont en théorie centralisées auprès de la
DPMA avec le même conventionnement que pour les données des pêcheries. Mais ce sont
les stations IFREMER en charge des différentes campagnes qui en sont actuellement
dépositaires dans l’attente de la création d’une base de données unique (en cours sans
précision sur le délai).

Le travail de récupération de ces données est donc particulièrement laborieux et


nécessiterait là aussi une mutualisation des demandes pour ne réaliser qu’une seule
extraction dans les différentes bases pour l’ensemble des taxons. Cela sous-entend de
définir collectivement quels pourraient être le type et le nombre de données à demander
(présence/absence, repérage des échantillons nuls, données qualitatives).

De plus, il serait important d’examiner, en concertation avec le personnel IFREMER


chargé du suivi des campagnes de récolte, les possibilités d’adapter les protocoles actuels
d’échantillonnage et/ou d’analyse pour recueillir davantage de données ciblées sur les
amphihalins lors de ces campagnes.

- il est enfin membre du Comité directeur du GRISAM et à ce titre, affiche un certain


intérêt pour la connaissance et la gestion de ces espèces diadromes. L’IFREMER est, par
ailleurs, très impliqué dans le programme national de recherche en écologie côtière (PNEC).
23
Au final, il importe donc de pouvoir clarifier le positionnement d’IFREMER vis-à-vis des
diadromes et de son intérêt pour contribuer à une démarche scientifique coordonnée
impliquant l’ensemble des acteurs nationaux intéressés par le recueil de données sur ces
phases marines et leur exploitation à des fins de gestion.

4.3. MUTUALISER LES MOYENS ET LES SITES D’ETUDE ENTRES LES EQUIPES DE
RECHERCHE

Un certain nombre de données résultent de travaux scientifiques réalisés sur de


longues périodes dans quelques bassins versants ateliers, suivis à des fins scientifiques ou
de gestion.

Ainsi, l’Observatoire de Recherche en Environnement (ORE) « Petits fleuves côtiers »


piloté par l’INRA a été déterminant dans ce domaine pour les salmonidés. Des suivis long
terme ont été également initiés sur les anguilles en Loire, en Vilaine, sur le Frémur et l’Oir. Il
en est de même pour le CEMAGREF depuis 1976 sur l’estuaire de la Gironde avec des suivis
de la pêcherie professionnelle et de la diversité et abondance ichtyologique par des suivis
indépendants de la pêcherie.

Toutes ces séries chronologiques fournissent des informations essentielles sur


l’évolution du fonctionnement de certaines populations d’espèces diadromes dans un large
cadre géographique national et dans un contexte de changement global

L’acquisition de ces séries de données doit être maintenue avec une meilleure
coordination des travaux qui y sont réalisés. Mais cette acquisition de données doit être
étendue à l’étude des phases estuariennes et marines des amphihalins pour laquelle il
existe différents outils (ou méthodes) dont certains ont été présentés lors de l’atelier.

Certains de ces outils sont très coûteux à l’acquisition et/ou à la mise en place
(télémétrie acoustique, analyse microchimique des otolithes,….) et il serait donc pertinent
d’en mutualiser la mise en œuvre sur un ou deux sites côtiers d’intérêt multi-spécifique et
reliés à des bassins versants faisant déjà l’objet d’actions de recherche voir développement.

4.4. ANTICIPER LES DEMANDES EMANANT DE LA GESTION EN DEVELOPPANT DES


PROGRAMMES DE RECHERCHE FONDAMENTALE.

Il est reconnu que les pas de temps des gestionnaires/administratifs/politiques et des


scientifiques sont différents. Le pas de temps de la recherche est plus lent car il nécessite la
production d’éléments de connaissance ou d’expertise, production qui implique toute une
démarche, allant de l’analyse bibliographique à la validation par les pairs en passant par la
mise en place de protocoles, la récolte et l’analyse des données.

Il aurait donc été judicieux d’anticiper les besoins et de mettre en place des
programmes sur le moyen ou long terme sur ces questionnements de recherche en phase
marine et estuarienne. Cela n’a pas été le cas pour différentes raisons.

24
Néanmoins, il existe depuis plus de dix ans, deux programmes
nationaux complémentaires ciblés sur l’étude des eaux littorales et côtières :

- le programme national d’écologie côtière (PNEC) animé par l’IFREMER et financé par
différents instituts (IFREMER, BRGM, CNRS, CNES, CEMAGREF,…) et un groupe privé
(Total). Pour un budget annuel d’environ un million d’euros, il cible clairement les
travaux de recherche amont sur ces milieux,

- le Programme LITEAU géré par le Service Recherche et Prospective du MEEDDTL avec


un animateur à plein temps et des fonds annuels conséquents. Ce programme relève
clairement du domaine Recherche et Développement avec des démarches à vocation
opérationnelle de gestion de ces territoires.

Une opportunité avait été offerte il y a quelques années, de présenter des projets
d’action concernant les espèces migratrices amphihalines, mais sans succès à l’époque.

Si l’approche coordonnée évoquée précédemment se concrétise, il serait pertinent


d’examiner de nouveau les possibilités d’intégration de la thématique Migrateurs
Amphihalins dans ces deux programmes au moins pour les eaux côtières et estuariennes car
les zones marines situées plus au large échappent au champ d’action de ces deux
programmes.

Pour ces eaux marines pélagiques ou hauturières, l’approche relève sans doute plus
d’une démarche internationale.

Le programme européen EELIAD sur la migration des géniteurs potentiels d’anguille


(www.eeliad.com) ou le programme SALSEA sur le saumon en mer
(http://www.nasco.int/sas/salsea.htm) sont deux exemples de programmes internationaux
de recherche de grande ampleur sur les conditions de migration, de survie et de croissance
dans les habitats marins

Les réunions régulières des groupes de travail CIEM et/ou CECPI ciblés sur l’ensemble ou
certaines espèces diadromes offrent actuellement la possibilité d’élaborer ou de participer
à de tels programmes. Le réseau européen Diadfish peut également être un cadre pour le
développement de tels programmes.

4.5. PRENDRE EN COMPTE LES PARTICULARITES DES HABITATS MARINS DANS LES
DEMARCHES REGLEMENTAIRES

Le milieu marin, surtout dans sa déclinaison estuarienne et littorale, et les habitats


essentiels qu’ils abritent, évoluent sans cesse. Ce remaniement permanent, accentué
vraisemblablement par le changement global, peut remettre en cause la pertinence de
réseaux de zones délimitées, restreintes et protégées.

Il serait donc utile de pouvoir concevoir une démarche conservatoire adaptée à ces
milieux, démarche sans doute quelque peu différente de celle mise en œuvre dans les
territoires continentaux.

25
Ce type de cheminement novateur doit pouvoir se nourrir d’approches scientifiques
pertinentes notamment en termes de caractérisation des habitats fonctionnels importants
voire essentiels et en termes d’évolution spatiale de ces habitats.

4.6. S’INTERESSER AUX ESPECES NON LISTEES DANS LES TEXTES OU NON MENACEES
ACTUELLEMENT, MAIS AYANT PAR EXEMPLE UN ROLE FONCTIONNEL

Sept espèces sont concernées par le décret « Amphihalins » de 1994. Il s’agit des deux
aloses, des deux lamproies, de l’anguille européenne, du saumon atlantique et de la truite
de mer. L’esturgeon (A. sturio), quant à lui, fait l’objet d’une démarche particulière de
protection et de restauration.

Le statut des populations de mulets et de flets semble plus favorable actuellement


que celui des autres espèces amphihalines. Cependant, elles méritent une attention
particulière car d’une part, cet état n’est pas nécessairement durable et d’autre part, elles
semblent jouer un rôle encore largement méconnu mais probablement significatif, dans le
transfert de matière et d’énergie entre les compartiments aval des hydrosystèmes
continentaux et la mer. Ces espèces sont ainsi susceptibles de jouer un rôle d’indicateur
pertinent de la qualité de ces territoires de transition.

4.7. ARTICULER LES APPROCHES (SCIENTIFIQUES, CONSERVATOIRES ET


REGLEMENTAIRES) EN MILIEUX MARINS ET CONTINENTAUX.

Les poissons migrateurs amphihalins bénéficient de différentes démarches visant à


produire des connaissances concernant leur écologie et leurs conditions de conservation
dans divers milieux marins ou continentaux. Mais, ces démarches sont rarement
connectées.

Ainsi, les organismes en charge de la production ou de la gestion des données sur les
amphihalins en mer ou en rivière, la DPMA et l’ONEMA, ne travaillent pas actuellement en
concertation.

De même, les structures de recherche qui ont la plupart du temps des compétences en
écologie aquatique en mer ou en eau douce doivent mieux complémenter leurs approches
pour assurer une continuité dans l’acquisition de connaissances sur l’ensemble du cycle
biologique des espèces diadromes.

La mise en place actuelle de la Stratégie nationale sur les Poissons migrateurs


(STRANAPOMI) et l’existence du GRISAM (participation à titre d’expert scientifique à cette
stratégie), offrent une opportunité forte pour développer une plus grande coordination
scientifique des instituts travaillant sur les milieux marins et continentaux et une véritable
interface Recherche et Développement.

26
5. CONCLUSION

Il n’est plus envisageable actuellement de progresser de manière cohérente et efficace


dans une démarche de conservation des espèces diadromes (voire de restauration) en
faisant l’impasse sur les phases marine et estuarienne de leur cycles de vie.

Au niveau national, le comité directeur du GRISAM a œuvré pour la mise en œuvre de


cet atelier transversal dédié à ces phases marines.

Ce premier séminaire a permis d’identifier un premier réseau d’acteurs scientifiques


intéressés par la démarche. Un certain nombre de partenaires, spécialisés dans la
connaissance et la gestion du milieu marin (espèces, cartographie des milieux, indicateurs
de qualité des milieux, suivi des pêcheries) seront contactés pour connaître leur intérêt et
leur niveau d’implication dans la mise en œuvre de la poursuite de cette démarche.

Trois idées fortes ressortent de ces premiers échanges :

- la nécessité de concevoir cette approche de la connaissance de la phase marine dans


un cadre cohérent et coordonné à l’échelle nationale, mais aussi à l’échelle européenne
notamment pour tout ce qui relève du domaine pélagique ou hauturier.

Au niveau national, la mise en œuvre de la Stratégie sur les Poissons migrateurs,


l’existence de deux programmes de recherche dédiés aux milieux côtiers et l’existence du
GRISAM offrent à l’évidence des possibilités de coordination, de relais et d’appuis,

- la nécessité de mieux préciser les questions de recherche importantes sur ces phases
marines en les hiérarchisant de manière à élaborer un programme pertinent sur le long
terme. Ce programme inclura en premier abord des démarches nouvelles d’acquisition de
connaissances, mais aussi des actions visant à valoriser les jeux de données déjà recueillies
et à optimiser les protocoles d’échantillonnage déjà existants.

Ce programme doit se faire dans le cadre d’une large coordination scientifique qui, au-
delà du partage des questions importantes à étudier, doit permettre la mutualisation
optimale des moyens de suivi et/ou d’analyse. La mise en place cohérente d’un tel
programme passe par l’identification de zones communes de travail notamment pour
valoriser au mieux (aspect pluri-spécifique) un effort important d’équipement ou
d’échantillonnage voire les efforts significatifs de marquage réalisés dans des bassins
continentaux proches.

- La conception d’un programme ciblant l’étude de la phase marine des poissons


diadromes doit également intégrer les questions de gestion et d’application
opérationnelle.

Le développement d’aires marines protégées et de parcs marins sont autant


d’opportunités potentielles pour intégrer la problématique de conservation ou de
restauration de ces espèces dans une gestion raisonnée de ces territoires.

Sur toutes les autres zones marines et estuariennes, une réflexion importante serait
également à engager en termes de règles d’exploitation et d’usages à même de garantir la
27
durabilité de ces espèces migratrices. Hormis des cas très précis (zones connues de
nourricerie, passages obligés,...), il serait surtout important de concevoir des règles simples
et applicables à large échelle (exemple : pas de chalutage à moins de X mètres de
profondeur).

Nourrir ce type de démarches suppose la mise en œuvre d’actions de recherche


adaptées (identification des voies de migration, d’habitats essentiels, de facteurs impactants
majeurs, …) et la mobilisation des connaissances locales déjà existantes.

Ainsi, les démarches engagées sur les Parcs naturels marins (Golfe du Lion et Iroise) ou
dans le cadre des missions initiales d’AMP (Estuaires picards, Golfe breton-normand,
Gironde-Pertuis, Bassin d’Arcachon) identifient souvent des questionnements quant aux
fonctionnalités de ces espaces pour les espèces diadromes et aux éléments de gestion qui
pourraient être proposés pour mieux les prendre en compte.

Or, sauf pour quelques cas particuliers (sites très étudiés, existence d’une démarche
locale spécifique), les connaissances sur les espèces diadromes présentes dans ces
différents territoires sont très parcellaires et ne permettent pas de disposer d’arguments
forts à même d’étayer la proposition d’éléments précis de gestion.

La poursuite du travail engagé dans le cadre de cet atelier dédié aux poissons
migrateurs amphihalins en phase marine devra permettre d’avancer efficacement dans ces
différentes directions.

28
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33
ANNEXE 1 : Liste des participants

Prénom Nom Organisme


Acolas Marie-Laure CEMAGREF
Acou Anthony MNHN
Baglinière Jean-Luc UMR ESE/INRA Rennes
Bardonnet Agnès UMR ECOBIOP/INRA St Pée
Beaulaton Laurent ONEMA
Bégout Marie-Laure IFREMER (par visio-conférence)
Bultel Elise MNHN
Carpentier Alexandre Université de Rennes 1
Daverat Françoise CEMAGREF
Dirberg Guillaume MNHN
Eric Feunteun MNHN
Evanno Guillaume UMR ESE/INRA Rennes
Faliex Elisabeth Université de Perpignan
Guérin Laurent MNHN
Lasne Emilien MNHN
Oudard Clémence MNHN
Réveillac Elodie MNHN
Rigaud Christian CEMAGREF
Rochard Eric CEMAGREF
Roussel Jean-Marc UMR ESE/INRA Rennes
Sabatié Richard UMR ESE/Agrocampus Ouest
Taverny Catherine CEMAGREF

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