Bichler Anthony 2011

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N° d’ordre : 1127

École Doctorale Mathématiques, Sciences de


l'Information et de l'Ingénieur
UdS – INSA – ENGEES

THÈSE

présentée pour obtenir le grade de

Docteur de l’Université de Strasbourg


Discipline : Sciences pour l’Ingénieur
Spécialité : Optique et Laser
par

Anthony Bichler

Modélisation et simulation de la propagation optique dans


une fibre optique multimode précontrainte. Conception de
capteurs à fibre optique à modulation d’intensité dédiés à
la mesure de températures et d’étirements.
Soutenue publiquement le 21 septembre 2011

Membres du jury
Directeur de thèse : M. Bruno Serio, Maître de conférences de l’ENSPS, Strasbourg
Rapporteur externe : M. Yannick Bailly, Professeur de l’Université de Franche-Comté, Belfort
Rapporteur externe : M. Emmanuel Bigler, Professeur de l’ENSMM, Besançon
Examinateur : M. Christophe Lallement, Professeur de l’ENSPS, Strasbourg
Invité : M. Sylvain Lecler, Maître de conférences del’ENSPS, Strasbourg
Invité : M. Joël Fontaine, Professeur de l’INSA, Strasbourg
Invité : M. Philippe Nika, Professeur de l’Université de Franche-Comté, Belfort
Invité : M. Sylvain Fischer, Docteur de l’Université Louis Pasteur, Strasbourg

Institut d’Electronique du Solide et des Systèmes UMR 7163


A mes parents,
à ma sœur

2
Remerciements

Mes premiers remerciements sont pour Sylvain Fischer qui m’a permis de réaliser cette thèse
en convention Cifre au sein de la société Phosylab SAS. Je suis très reconnaissant pour la confiance
qu’il m’a témoignée tout au long de la thèse ainsi que sa disponibilité, son investissement et son
soutien.
Je tiens également à remercier Bruno Serio, mon directeur de thèse, pour ses conseils avisés et
son encouragement et Sylvain Lecler, mon co-encadrant, d’avoir suivi au quotidien le travail de thèse.
Je tiens à les remercier de s’être montrés à l’écoute et très disponible tout au long de la réalisation de
ce mémoire, ainsi que pour l’inspiration, l’aide et le temps qu’ils ont bien voulu me consacrer pour son
écriture. Je remercie également Pierre Pfeiffer qui a accepté de relire le mémoire.
Je tiens à exprimer ma reconnaissance aux membres du Laboratoires des Systèmes
Photoniques et de l’Institut d’Electronique du Solide et des Systèmes, doctorants, post-doctorants,
maître de conférences et professeurs pour leur aide et leur soutien.
Mes remerciements vont aussi aux membres du Jury ont accepté d’évaluer cette thèse.
Enfin, je remercie ma famille et mes amis de m’avoir soutenu durant ces quatre années de
thèse.

3
Résumé
Ce mémoire présente la modélisation, la simulation et la conception d’un nouveau capteur de
température et d’étirement à fibre optique à modulation d’intensité dont l’élément sensible constituant
le transducteur, est composé d’une fibre optique multimode à saut d’indice pincée entre deux
mâchoires micro-structurées. L’effet du pincement produit des perturbations locales périodiques de la
géométrie et de l’indice optique des éléments constitutifs de la fibre (cœur et gaine). Pour modéliser
les couplages radiatifs dus à la courte période de perturbation, nous avons choisi d’utiliser un modèle
électromagnétique du couplage de modes développé initialement par Dietrich Marcuse. Cette
simulation nous a permis de déterminer la sensibilité du transducteur en fonction de ses
caractéristiques propres. A partir de ces résultats, nous avons choisi les paramètres pour dimensionner
le capteur en fonction de l’application visée. Les premiers prototypes des mâchoires des transducteurs
ont été microstructurés en créneaux de 20 µm de profondeur et de période comprise entre 50 µm et
100 µm gravés dans du métal par usinage au laser femto-seconde. Après évaluation, nous avons
proposé et contribué à développer un procédé de fabrication en grande série des mâchoires par
injection plastique très performant. Les tests des premiers démonstrateurs de capteur ont permis de
valider les modèles de calcul et révélés une réponse expérimentale linéaire en fonction du mesurande.
Nous présentons les méthodes d’étalonnage statique et dynamique que nous avons proposées pour
établir les spécifications métrologiques du capteur. Dans le cas du capteur de température, nous avons
démontré une sensibilité de 35 mV/°C sur la plage comprise entre -18°C et 60°C pour un capteur à
base de fibre HCP200 (silice/polymère). La caractérisation dynamique a permis d’établir un modèle de
calcul prédictif de la vitesse de réponse du capteur lorsqu’il est utilisé pour mesurer des températures
dans un écoulement de gaz.

Mots-clés : capteur à fibre optique, transducteur optique à modulation d’intensité, effet élasto-optique,
couplage de modes, réponse mécanique d’une fibre optique multimode, capteur de température,
capteur d’étirement, micro-usinage laser, injection plastique de microstructures.

4
Abstract
This manuscript presents the modeling, simulation and design of a new kind of light
modulation optical fiber sensor for temperature and strain measurement. The transducer consists of a
multimode fiber step index clamped between two micro-structured jaws. The clamping effect
generates local periodical perturbations of both the geometry and the fiber refraction indexes (core and
optical cladding). In order to compute the radiative coupling occurring when the waveguide is
perturbated by a mechanical deformation of short period, we have chosen to use an electromagnetic
model of modes coupling initially developed by Dietrich Marcuse. The simulation allowed us to
determine the transducer sensitivity according to its specific characteristics. From these results we
have chosen the parameters useful to design the sensor versus the aimed application. The first jaws
prototypes of transducers have been microstructured in rectangular pattern etched in metal by femto-
second laser micromachining. The elementary pattern size was of 20 micrometers of depth and the
pattern layout period was ranging from 50 µm to 100 µm. After evaluation, we proposed to develop a
large scale fabrication process of the jaws using plastic injection which was very efficient. The
experimental tests of the first sensor prototypes allowed the validation of the computing models and
showed a linear response of the sensor versus the measured physical parameter. We present the static
and dynamic calibration methods that we have implemented to establish the metrological
specifications of the sensor. In the case of the temperature sensor, we demonstrated a 35mv/°C
sensitivity in the range from -18 to 60 degrees Celsius for the HCP200 fiber (silica/polymer). The
dynamic characterization allowed to predict its dynamic performances when it was used to measure
temperature in a gas flow.

Keywords: optical fiber sensor, light intensity modulation transducer, strain-optic effect, mode
coupling, mechanical response of a multimode fiber, temperature sensor, strain sensor, laser
micromachining, plastic injection of microstructurations.

5
Sommaire
Résumé ...................................................................................................................................... 4
Abstract ..................................................................................................................................... 5
Introduction générale ............................................................................................................. 10
Chapitre I - Etude bibliographique ...................................................................................... 14
I.1 Principes des capteurs de température............................................................................. 14
I.1.1 Capteurs à dilatation ......................................................................................................... 14
I.1.2 Capteurs électriques ......................................................................................................... 14
I.1.3 Les capteurs de température par mesure du rayonnement thermique .............................. 16
I.1.4 Effet bilame thermique ..................................................................................................... 18
I.2 Les capteurs de déplacement/d’étirement ....................................................................... 19
I.2.1 Les capteurs de déplacement électriques.......................................................................... 19
I.2.2 Les capteurs piézoélectriques ........................................................................................... 21
I.3 Etat de l’art des capteurs à fibre optique appliqués aux mesures de température et de
déplacement/étirement .......................................................................................................... 21
I.3.1 Définition d’un capteur à fibre optique ............................................................................ 23
I.3.2 Les capteurs intrinsèques à modulation de phase ............................................................. 23
I.3.3 Les capteurs intrinsèques à modulation de polarisation ................................................... 24
I.2.4 Les capteurs intrinsèques à modulation de longueur d’onde............................................ 25
I.3.5 Capteurs intrinsèques à modulation d’intensité................................................................ 26
Tableau de synthèse des différents types de capteurs traditionnels et à fibres optiques
utilisés pour les mesures de température et d’étirement ....................................................... 27
I.4 Présentation du brevet d’invention portant sur un capteur multi-physique à fibre optique
multimode ............................................................................................................................. 28
Chapitre II - Elaboration d’un modèle physique du transducteur ................................... 34
II.1 Modélisation mécanique ................................................................................................ 34
II.1.1 Simulation mécanique par éléments finis ....................................................................... 36
II.1.2 Contraintes mécaniques dans la fibre optique................................................................. 40
II.1.3 Tenseur élasto-optique .................................................................................................... 43
II.2 Modélisation électromagnétique .................................................................................... 45
II.2.1 Méthodes de simulation de la propagation ..................................................................... 45
II.2.2 Calcul des modes d’une fibre optique à saut d’indice..................................................... 47
II.2.3 Généralités sur le couplage de modes ............................................................................. 51
II.2.4 Théorie du couplage de modes de Dietrich Marcuse ...................................................... 52
II.3 Conclusion ..................................................................................................................... 62

6
Chapitre III - Mise en œuvre du modèle – Etude de sensibilité ......................................... 64
III.1 Répartition de l’énergie sur les modes guidés de la fibre optique ................................ 65
III.1.1 Méthode WKB et groupes de modes ............................................................................. 65
III.1.2 Fonction de répartition des constantes de propagation normalisées dans le domaine
fréquentiel...................................................................................................................................... 65
III.1.3 Répartition de l’énergie sur les modes guidés ............................................................... 66
III.2 Mise en œuvre du modèle de Marcuse sans l’effet élasto-optique – Comparaison à un
modèle simplifié avec couplage total ................................................................................... 68
III.2.1 Modèle de couplage binaire : total ou nul ..................................................................... 68
III.2.2 Modèle de Marcuse avec amplitude de perturbation constante en fonction du pas de
perturbation – Comparaison au modèle simplifié ......................................................................... 70
III.2.3 Modèle de Marcuse avec amplitude variable en fonction du pas de perturbation ......... 71
III.3 Influence de l’effet élasto-optique ................................................................................ 73
Schéma de synthèse du processus de calcul du taux de transmission .................................. 76
III.4 Etude de sensibilité ....................................................................................................... 77
III.4.1 Modulation des caractéristiques de mâchoires .............................................................. 78
III.4.2 Influence de la longueur d’onde .................................................................................... 81
III.4.3 Modulation des caractéristiques de la fibre optique ...................................................... 82
III.4.4 Influence du type de perturbation .................................................................................. 85
III.5 Conclusion .................................................................................................................... 86
Chapitre IV - Fabrication du capteur .................................................................................. 88
IV.1 Fabrication des mâchoires ............................................................................................ 88
IV.1.1 Les méthodes de micro-structuration ............................................................................ 89
IV.1.2 Mâchoires en aluminium réalisées par usinage direct au laser ...................................... 90
IV.1.3 Injection plastique des mâchoires en thermoplastique .................................................. 94
IV.2 Montage des transducteurs ........................................................................................... 98
IV.2.1 Montage du transducteur aux mâchoires en aluminium ................................................ 99
IV.2.2 Montage des mâchoires en plastique sur la fibre......................................................... 100
IV.2.3 Conclusion sur le procédé d’assemblage des transducteurs – Procédé d’industrialisation
..................................................................................................................................................... 101
IV.3 Réalisation d’une source fibrée à bas coût ................................................................. 102
IV.3.1 La Diode ElectroLuminescente (DEL)........................................................................ 102
IV.3.2 Méthode de couplage optique...................................................................................... 103
IV.4 Circuit électronique dédié au capteur ......................................................................... 104
IV.5 Conclusion .................................................................................................................. 106

7
Chapitre V - Caractérisation expérimentale du capteur : applications à des mesures
thermiques et mécaniques ................................................................................................... 109
V.1 Etude du thermomètre optique ..................................................................................... 109
V.1.1 Sensibilité thermo-optique théorique du transducteur .................................................. 109
V.1.2 Etalonnage statique et dynamique du capteur............................................................... 112
V.1.3 Synthèse des résultats expérimentaux : spécifications métrologiques du capteur de
température .................................................................................................................................. 124
V.2 Etude du transducteur fonctionnant en capteur d’étirement ........................................ 125
V.2.1 Réponse théorique du transducteur soumis à un étirement........................................... 125
V.2.2 Montage expérimental d’évaluation du transducteur soumis à un étirement................ 127
V.2.3 Analyse des résultats expérimentaux ............................................................................ 128
V.3 Conclusion ................................................................................................................... 129
Conclusion générale et perspectives ................................................................................... 131
Annexe I – Evaluation théorique des modes guidés dans une fibre optique ................... 134
Annexe II – Evaluation théorique des modes rayonnés dans une fibre optique ............ 140
Annexe III – Calcul des coefficients de couplage entre modes guidés et modes rayonnés
................................................................................................................................................ 143
AIII.1 Expressions mathématiques des champs électromagnétiques considérés ............... 143
AIII.2 Coefficients de couplage généraux .......................................................................... 144
AIII.3 Coefficients de couplage pour chaque type de perturbation .................................... 146
AIII.3.1 Coefficients kµ,ν pour une perturbation circulaire ..................................................... 146
AIII.3.2 Coefficients kµ,ν pour une perturbation microcourbure ............................................. 146
AIII.3.3 Coefficients kµ,ν pour une perturbation elliptique ..................................................... 147
Annexe IV - Modèle électromagnétique statistique .......................................................... 148
AIV.1 Taux de transmission des modes en fonction de leurs constantes de propagation
normalisée ........................................................................................................................... 148
AIV.2 Répartition des constantes de propagation normalisées des modes guidés sur
l’intervalle [0 1] .................................................................................................................. 149
AIV.3 Répartition de l’énergie sur les modes guidés ......................................................... 150
AIV.4 Calcul du taux de transmission ................................................................................ 151
AIV.5 Comparaison des modèles ....................................................................................... 151
AIV.6 Amélioration du modèle .......................................................................................... 152
Annexe V - Simulations mécaniques généralisées ............................................................. 154
AV.1 Contact hertzien ........................................................................................................ 154

8
AV.2 Modification des paramètres A et CC en fonction des modules d’Young du cœur et de
la gaine optique de la fibre ainsi que celui de la mâchoire ................................................. 155
Annexe VI – Proposition d’une méthode de tracé de rayon appliquée au transducteur
................................................................................................................................................ 158
AVI.1 Présentation du problème ........................................................................................ 158
AVI.2 Equation de l’eikonale ............................................................................................. 159
AVI.3 Réflexion et réfraction des rayons lumineux sur l’interface cœur/gaine optique .... 160
AVI.3.1 Point d’intersection entre la trajectoire du rayon et l’interface cœur/gaine optique . 160
AVI.3.2 Vecteur directeur du rayon après réflexion sur l’interface cœur/gaine optique ....... 161
AVI.3.3 Coefficient de réflexion sur une surface non plane .................................................. 162
AVI.4 Modélisation de la source ........................................................................................ 164
AVI.5 Convergence de l’algorithme................................................................................... 164
Annexe VII – Prise en compte des imperfections de la fibre optique par la méthode dite
« Power flow equation » ....................................................................................................... 165
AVII.1 Détermination des coefficients de l’équation de Gloge ......................................... 165
AVII.2 Equation des puissances couplées de Marcuse ...................................................... 167
AVII.3 Equation différentielle de couplage prenant en compte les défauts de la fibre optique
............................................................................................................................................ 168
Annexe VIII – Présentation de la méthode WKB pour le calcul des constantes de
propagation des groupes de modes ..................................................................................... 169
Annexe IX - Etude de l’impact de l’effet élasto-optique sur les modes propagés dans la
fibre ........................................................................................................................................ 172
AIX.1 Indices effectifs des modes guidés .......................................................................... 172
AIX.2 Modification des distributions d’intensité ............................................................... 173
Annexe X – Présentation des circuits électroniques d’alimentation, de réception et de
conditionnement du signal ................................................................................................... 175
AX.1 Circuit de réception ................................................................................................... 175
AX.2 Circuit de normalisation du signal optique et de conditionnement........................... 176
Annexe XI - Caractérisation optique et thermique des fibres optiques .......................... 179
AXI.1 Détermination de l’ouverture numérique des fibres optiques ................................. 179
AXI.1 Détermination expérimentale des coefficients thermo-optiques des gaines optiques
............................................................................................................................................ 180
Références ............................................................................................................................. 184

9
Introduction générale
Les premiers brevets exploitant les possibilités offertes par les fibres optiques pour concevoir
des systèmes de mesure et des capteurs datent du milieu des années 1970. Les fabrications
commerciales ont commencé au début des années 1980. Après plus de 30 années d’existence, le
domaine des capteurs à fibre optique peut aujourd’hui être abordé avec un regard critique du point de
vue du déploiement de ses applications.
Même si un très grand nombre de capteurs à fibre optique ont été développés, on observe que
les applications se sont matérialisées lentement notamment dans les domaines des capteurs
mécaniques et thermiques où ils restent encore trop souvent méconnus des ingénieurs. Il y a plusieurs
raisons pour expliquer cela. En effet, bien que les capteurs à fibre optique aient été initialement
présentés comme des capteurs dont la production en masse conduirait à une réduction du coût, ceci n’a
pas été démontré. Certaines configurations sont simples à fabriquer mais souvent, les capteurs à fibre
optique de haute qualité destinés à des applications industrielles de pointe, se révèlent plus chers à
produire que leurs homologues électriques. Ce qui s’explique par le coût élevé de certains composants
tels que les réseaux de Bragg, les coupleurs optiques, les sources de lumière et les connecteurs mis en
œuvre. De plus, l'instrumentation récurrente nécessite en supplément de disposer de composants
électroniques issus de la production de masse des circuits spécifiques souvent plus onéreux que les
composants traditionnels mis en pratique pour interpréter les signaux issus des thermocouples,
résistances et jauges par exemple. La plus grande sensibilité des capteurs à fibre optique, comparée
aux capteurs traditionnels n’est généralement pas nécessaire dans le domaine industriel. Seuls dans
certains secteurs souvent liés à la défense et à l’aéronautique, le développement des capteurs à fibre
optique a abouti à une fabrication et une commercialisation à grande échelle. Le gyroscope à fibre
optique monomode en est le parfait exemple. En ajoutant à ceci la relative méconnaissance d’une
technologie encore considérée comme émergente par les utilisateurs potentiels, associée à une
résistance naturelle à l’emploi d’une nouvelle technologie en comparaison à des technologies
éprouvées, on comprend mieux le déploiement encore limité des capteurs à fibre optique.
A contrario, les applications nouvelles des capteurs dans l’industrie de l’automobile, du
médical et du multi-média par exemple, nécessitent de disposer de capteurs intégrés et communicants,
légers, pouvant fonctionner dans des environnements agressifs et immunisés aux sources de bruit
d’origine électrique magnétique et électrostatique. Dans ce cas, après avoir d’abord essayé
d’implémenter des capteurs électriques, les ingénieurs découvrent parfois avec avantage l’existence
des capteurs à fibre optique. On peut citer des applications réussies. Dans le domaine du contrôle des
températures des transformateurs électriques de puissance, ces capteurs ne sont pas influencés par les
rayonnements. Enfin, ils offrent une perspective sans équivalent pour des applications de contrôle des
températures in-vivo en thérapie médicale ou lors d’examen en imagerie par résonance magnétique par
exemple.

Les normes de qualité et de fiabilité exigées par l'industrie requièrent le développement de


capteurs toujours plus robustes, plus performants, plus légers et compatibles avec des environnements
sévères. De plus, avec l'augmentation des sources électromagnétiques, il faut créer des capteurs
insensibles à ces rayonnements. Le blindage électromagnétique des capteurs électroniques permet de
s'affranchir de ce problème mais en augmente significativement le prix et l'encombrement. De plus, les
performances métrologiques peuvent être réduites. Comparés aux capteurs électriques classiques, les
capteurs à fibre optique offrent une sensibilité satisfaisante avec potentiellement une plus grande

10
largeur de bande passante et sont compatibles pour un usage en milieux agressifs (corrosif, explosif,
humide par exemple).

Dans ce contexte, la société Phosylab a déposé en 2005 un brevet portant sur un capteur à fibre
optique multimode à modulation d’intensité à bas coût et proposé en 2007 une collaboration avec le
LSP (Laboratoire des Systèmes Photoniques). Cette recherche a été menée dans le cadre d’une
convention CIFRE et fait l’objet du travail de thèse dont les objectifs concernent la modélisation, le
prototypage et l’étude du transducteur tenant compte des contraintes d’industrialisation du futur
capteur. Les applications visées concernent les mesures de l’étirement mécanique et de la température
dans les industries du bâtiment et de l’automobile par exemple. Le transducteur assure une modulation
de l’intensité de la lumière qui le traverse lorsqu’il est soumis à un mesurande. Son principe repose sur
une technologie permettant une modulation localisée périodique, à l'échelle de quelques dizaines de
microns, de la géométrie, en particulier du diamètre, et des indices de réfraction (cœur et gaine
optique) d'une fibre optique multimode. Dans cette zone, constituant la partie sensible du capteur, la
modification locale de l'ouverture numérique et de la géométrie engendre une perte de lumière
constituant la réponse du capteur lorsqu’il n’est soumis à aucun paramètre physique. Différents effets
physiques peuvent moduler ces pertes optiques. Une part importante du travail de thèse a été consacrée
à l’étude théorique et à l’optimisation de la zone sensible du capteur en fonction du paramètre
physique à mesurer. Son originalité repose sur l’utilisation de microstructures (période de l’ordre de la
dizaine de microns) plutôt que des microcourbures classiques (courbures de l’ordre du centimètre)
permettant ainsi un couplage direct des modes guidés vers les modes rayonnés. D’autres auteurs
définissent la notion de microcourbure par rapport au plan de rayon infini en désignant la
microcourbure comme une petite variation sphérique du plan en considérant le rayon de courbure fini.
Son avantage repose sur le fait que le dispositif fait appel à des composants optiques (fibre optique
multimode) et optoélectroniques (diode électroluminescente et photodiode) à bas coût. Pour un capteur
à modulation d’intensité, une source de lumière cohérente est inutile. De plus, son implémentation
permet de mesurer différents paramètres sans modifications du concept. Enfin l’assemblage du
transducteur ne nécessite pas une procédure d’alignement micronique onéreuse.

Compte tenu des objectifs visés et du contexte industriel, le travail de thèse a été structuré en
trois étapes menées en parallèle. Une première étape a consisté à établir un modèle opto-mécanique
permettant le calcul de la réponse du transducteur en fonction de la forme des microstructurations en
tenant compte des propriétés des matériaux (fibre et mâchoires). Cela afin d’optimiser la réponse du
transducteur à un mesurande donné. Cette démarche a été accompagnée d’une recherche et d’une mise
en pratique de techniques de fabrication du transducteur compatibles avec l’échelle des
microstructurations, qui soient économiques et compatibles avec une production en grandes séries. La
troisième étape a été consacrée à concevoir des prototypes dédiés aux mesures thermiques et
mécaniques. Pour présenter les objectifs, le domaine des capteurs, les résultats théoriques ainsi que les
résultats expérimentaux obtenus, le mémoire de thèse a été rédigé en cinq chapitres.
Le premier chapitre commence par présenter une étude bibliographique des différents capteurs de
température et d’étirement (capteurs électriques et à fibre optique) disponibles dans l’industrie. Une
synthèse est proposée pour comparer les capteurs utilisables pour des applications en instrumentation
multi-physique. Pour appréhender la discipline, l’état de l’art des capteurs à fibre optique est présenté.
En fin de premier chapitre, l’analyse du brevet d’invention représentant en quelque sorte le cahier des
charges techniques du travail de thèse, est présentée.
Le second chapitre de la thèse est consacré à la modélisation physique du transducteur. L’étude
mécanique de la fibre optique pincée entre les mâchoires du transducteur a été menée pour une fibre
particulière à cœur et gaine en silice. Le but est de déterminer les microdéformations mécaniques du

11
cœur de la gaine produites par les microstructures des mâchoires. En raison des faibles dimensions des
perturbations, comparables à la longueur d’onde, des calculs perturbatifs basés sur un modèle
électromagnétique sont menés pour déterminer les pertes par couplages. Le modèle et la procédure de
calcul sont présentés.
Le troisième chapitre est consacré à une étude de sensibilité du modèle. Les résultats obtenus ont été
ensuite comparés à ceux donnés par une formulation simplifiée du modèle. Pour prendre en compte les
phénomènes élasto-optiques, des simulations par éléments finis de la fibre optique sous contraintes
sont réalisées et présentées. Cette étude a permis d’identifier les phénomènes physiques dominant et
de simplifier le modèle initial de la réponse du transducteur. L’étude de sensibilité a été étendue à
l’analyse de l’influence des autres paramètres sur la réponse du capteur. Ainsi, les influences de la
longueur d’onde de la source, des caractéristiques des microstructurations des mâchoires telles que la
contrainte initiale appliquée, le pas ou la longueur de la perturbation sont calculées et analysées. Les
caractéristiques propres de la fibre optique sont aussi étudiées. L’ensemble de ces résultats a permis de
comprendre le comportement du transducteur et rendu possible une première optimisation des
propriétés intrinsèques et géométriques du capteur pour une grandeur physique donnée à mesurer.
Dans le quatrième chapitre, nous aborderons la réalisation technique du capteur. Il commence par
présenter les techniques industrielles pour microstructurer une surface, envisageables pour réaliser les
mâchoires du transducteur. Différentes solutions pour le prototypage et la production en masse sont
proposées et analysées. Les prototypes réalisés par usinage laser et par injection plastique ainsi que
leur caractérisation topographique par microscopies sont présentés. Les circuits optoélectronique
développés pour l’interrogation du dispositif sont ensuite présentés et discutés.
Enfin, le dernier chapitre est consacré à une étude expérimentale destinée à établir les caractéristiques
métrologiques du capteur et à en faire la preuve du concept pour des applications en thermique et en
mécanique. La première application concerne la mesure des températures d’un écoulement de d’air
avec une vitesse initiale nulle ou non (transferts convectifs naturels et forcés). Avec la deuxième
application présentée, nous exploitons les propriétés du capteur pour mesurer un étirement mécanique
tel que celui qui pourrait être rencontré en surveillance du vieillissement des infrastructures par
exemple. Dans les deux cas, les bancs d’essais ainsi que les résultats de caractérisation des
performances statiques et dynamiques du capteur sont d’abord présentés, puis comparées aux réponses
théoriques issues de la simulation, et enfin discutés au regard des performances des capteurs du
domaine. Dans le cas du thermomètre optique, les résultats expérimentaux ont été confrontés aux
résultats théoriques afin de permettre d’établir un modèle du comportement dynamique utile pour le
dimensionnement du transducteur optique. Enfin, une synthèse des résultats remarquables du travail de
thèse est présentée avant de conclure et d’introduire les perspectives attendues des travaux.

12
«Supposons que les rayons de lumière soient
formés de corpuscules émis en toutes directions par les
corps luminescents ; ils doivent exciter des vibrations dans
l’éther… aussi nécessairement que des pierres le font dans
l’eau où elles sont jetées…
Si je devais formuler une hypothèse, ce serait…
que la lumière est quelque chose susceptible d’exciter des
vibrations dans l’éther…
La lumière n’est ni l’éther, ni un mouvement
vibratoire de l’éther, mais quelque chose de différent
propagé à partir des corps lumineux…
Les corps n’agissent-ils pas sur la lumière à une
certaine distance, et ne courbent-ils pas ses rayons ; et cette
action n’est-elle pas plus forte à moindre distance ? »

Sir Isaac Newton (1643-1727)

13
Chapitre I - Etude bibliographique
Le capteur à fibre optique multimode étudié dans cette thèse est envisageable pour mesurer
plusieurs paramètres physiques (température, étirement, compression). Compte tenu de l'ampleur des
travaux couvrant ces domaines, seules les applications portant sur des mesures de température et de
déplacement/étirement seront présentées dans ce chapitre. Pour prendre en compte les différents
aspects de l’étude, l’état de l’art a été divisé en quatre parties. En première partie, nous faisons une
synthèse des capteurs de température utilisés dans l’industrie et produits en grande série. En seconde
partie, nous étendons la synthèse aux capteurs de déplacement/d’étirement. Nous poursuivons
l’analyse en troisième partie par un état de l’art sur les capteurs de température et d’étirement à fibre
optique. Ces différents aspects font ensuite l’objet d’une synthèse proposée pour comparer les capteurs
en fonction de différents critères. La dernière partie du chapitre est consacrée à la présentation du
brevet d’invention portant sur le capteur à fibre optique faisant l’objet de l’étude, déposé en 2005 par
la société Phosylab [Fischer, 2009].

I.1 Principes des capteurs de température


Dans cette partie de l’état de l’art, les capteurs de température pouvant être fabriqués en
grande série seront présentés. Une énumération en a été proposée en référence suivante [Webster,
1999]. Le capteur développé au cours de cette thèse sera ensuite comparé aux autres capteurs en
fonction des différents critères métrologique, pratique et économique.

I.1.1 Capteurs à dilatation


Le premier thermomètre scientifique est apparu au milieu du III ème siècle avant notre ère. Il
est l’œuvre d’un ingénieur Grec nommé Philon de Byzance. Ouvert sur l’atmosphère, il répondait à la
pression et permettait de déceler des variations de température. Présenté plus tard sous le nom de
thermoscope [Hecht, 2003], il était constitué d’un thermomètre à dilatation de liquide. En scellant le
tube, le thermomètre à dilatation liquide moderne est apparu au 16ème siècle. Pendant près de 200 ans,
il a été le thermomètre de référence pour toutes les mesures de température absolue.
Le thermomètre à dilatation liquide est constitué d’un bulbe surmonté d’une colonne. Ces instruments
utilisent à l’origine la dilatation d’un liquide à bas point de congélation (alcool ou mercure par
exemple). Ils sont montés sur une armature métallique. Les graduations de température sont soit
directement inscrites sur la colonne soit sur l’armature [Gaillard, 1969].

   1    ²
L’équation 1-1 suivante donne une relation entre l’expansion du volume du liquide et la température T.
(Eq. 1-1)
où V0 désigne le volume du liquide en m3 à 0°C, α et β exprimés en K-1 et K-2 respectivement les
coefficients de dilatation thermique du liquide du premier et du deuxième ordre.
Les thermomètres à liquide ont été exploités pour mesurer des températures sur une plage comprise
entre -190°C à 600°C. Suivant le thermomètre et la plage de réponse, la précision peut atteindre le
dixième de degré.

I.1.2 Capteurs électriques


a) Thermomètres résistifs
La résistivité de certains matériaux change avec la température de manière connue et
prédictible. En effet, une élévation de température produit une augmentation de la résistance et
réciproquement une baisse la fait diminuer. Les matériaux utilisés pour réaliser des sondes résistives
sont le platine, le cuivre ou le nickel. Le platine est le métal le plus utilisé en raison de sa stabilité

14
chimique. La valeur de la résistance est déterminée en faisant circuler dans le circuit de la sonde un
courant (typiquement de l’ordre du mA) puis en mesurant la tension à ses bornes pour en déduire la
valeur de sa résistance. La valeur de la résistance dépendant de la température, il existe une relation
polynomiale entre la température et la résistance. Cependant, avec ce type de capteur, l’auto-
échauffement produit par effet joule, la concentration des impuretés dans le matériau ainsi que les
déformations du circuit de la sonde sont des facteurs qui doivent être contrôlés afin de minimiser
l’erreur de mesure. Dans l’industrie, la précision de ces capteurs est de l’ordre du dixième de degré
mais les thermomètres standards à résistance de platine peuvent atteindre une précision de ±0,05°C
[Webster, 1999].

b) Thermistances
Une thermistance est une résistance élaborée dans un matériau semi-conducteur sensible aux
changements de température. Pour une thermistance, le coefficient de température est plus élevé que
pour les thermomètres résistifs. Suivant le matériau utilisé, la thermistance peut-être à coefficient de
résistance positif, dans ce cas, la résistance augmente avec la température, ou bien à coefficient de
résistance négatif dans le cas contraire. L’application la plus répandue des thermistances à coefficients
positifs est la compensation des circuits et appareils à semi-conducteur [Thermometrics Inc, 1993].
Les matériaux utilisés pour les réaliser sont généralement le baryum, le plomb, le titanate de strontium
ou le silicium [Fabien, 1996]. Typiquement, la plage de mesure de température dépend du matériau
utilisé. Elle varie entre -65°C et 150°C pour les versions commerciales des thermistances en silicium
[Ketema, 1995]. Cependant, avec ce type de capteur, la résistance n’évolue pas de manière linéaire
avec la température. L’équation 1-2 suivante donne la loi générale de comportement d’une
thermistance. Il est possible de linéariser cette évolution en intégrant la thermistance dans un circuit
électronique de linéarisation.
 
      (Eq. 1-2)

où R désigne la résistance du matériau en Ω, R0 est une résistance de référence qui vaut 1 Ω, β la
constante du matériau de la thermistance en K-1, A une constante et T la température absolue en K.

c) Thermocouples
Le thermocouple est le capteur actif de température le plus utilisé en raison de sa simplicité
d’utilisation. Il est composé de deux fils de métaux différents soudés ensemble à une de leur extrémité
comme représenté sur le schéma en figure 1-1 [Manual, 1993]. Lorsque la température de la jonction,
appelée soudure chaude, est différente de la température des extrémités des fils (soudure froide), une
différence de potentiel apparaît aux bornes du thermocouple par effet Seebeck.

Figure 1-1 : Schéma de principe d’un thermocouple

Suivant les métaux, ou les alliages utilisés pour fabriquer le thermocouple, les propriétés de celui-ci
changent (force électromotrice et plage de réponse).
Puisque nous utiliserons ce type de capteur pour réaliser une expérience de calibration par
comparaison (voir chapitre V) nous rappelons ici les caractéristiques et les conditions d’utilisation du
thermocouple.
En général, lors d’une mesure de température avec un thermocouple, la soudure froide est plongée
dans un mélange eau/glace dont la température est de 0°C. Des tables normalisées donnent alors la

15
valeur de la force électromotrice U0 développée par le thermocouple en fonction de la température T
de la jonction. Lorsque la soudure froide n’est pas à la température de 0°C, il faut connaître
précisément sa température Ta. La force électromotrice U produite aux bornes du thermocouple se
calcule par intégration de la différence des coefficients Seebeck absolus (Sα et Sβ) des deux matériaux
(Eq. 1-3a). A la tension mesurée U, on ajoute une tension Ua qui correspond à la tension d’un
thermocouple mesurant la température Ta référencée par rapport à 0°C pour obtenir la tension U0 (Eq.
1-3b). La température en °C est calculée par une relation polynomiale où U0 est la variable.
        



  
                       !
(Eq. 1-3)

où Sα et Sβ désignent les coefficients Seebeck absolus exprimés en µV/°C.

d) Thermomètres à jonction semi-conductrice


Le principe de ce type de capteur est basé sur l’utilisation de jonctions semi-conductrices
réalisées en utilisant la technologie microélectronique. Dans ce cas, un courant circulant dans la
jonction base/émetteur d’un transistor bipolaire crée une tension entre la base et l’émetteur (VBE). La
relation qui lie la température absolue T à la tension de commande VBE est donnée en équation 1-4
[Lacanette, 1996], [Wegner et al., 1994]. Ce montage représenté en figure 1-2 ci-dessous offre une
plus grande linéarité de réponse en température que celle produite par un thermomètre à résistance.
Cependant, la tension de décalage varie beaucoup d’un transistor à l’autre. Pour en faire un capteur,
cette tension doit donc être déterminée au préalable pour une température donnée.
$ &
"#   &' 
%
(Eq. 1-4)
(
où k représente la constante de Boltzmann en J.K-1, T la température absolue en K, q la charge d’un
électron en C, Is le courant de saturation inverse de la jonction en A et IF le courant de collecteur en A.

Figure 1-2 : Circuit électrique d’un transistor bipolaire utilisé en


capteur de température

I.1.3 Les capteurs de température par mesure du rayonnement thermique


Lorsque l’équilibre énergétique est atteint, la moyenne de l’énergie cinétique des particules
agitées constituant un matériau dépend de la température absolue mesurée en degrés Kelvin. Chaque
particule chargée en mouvement est une source de rayonnement électromagnétique appelée radiation
thermique. Les ondes électromagnétiques émises sont caractérisées par leur amplitude et leur longueur
d’onde. Ces deux paramètres donnent une information sur la température de la surface du matériau.
Par exemple, plus un objet est chaud, plus il va émettre à des longueurs d’onde courtes comme le

16
montre la loi de déplacement de Wien donnée par la relation 1-6 ci-dessous [Gaussorgues, 1996]. La
loi de Planck exprime la distribution de la luminance monochromatique Lλ rayonnée par un corps noir
à la température absolue T.
+,-./ 1
)* 
*0 234 56. 91
(Eq. 1-5)
7.8
où cλ = c/nλ désigne la vitesse du rayonnement en m.s-1 dans le milieu d’indice nλ, c la célérité de la
lumière en m.s-1, h la constante de Planck en J.s et k la constante de Boltzmann en J.K-1.
La loi de déplacement de Wien (Eq. 1-6) relie directement la longueur d’onde d’émission maximale λm

:;   2898μ@. B
à la température absolue T.
(Eq. 1-6)
En l’absence d’optimisation, les ingénieurs choisissent la longueur d’onde de coupure du détecteur en
fonction de la température de l’objet à mesurer. En fait le rapport signal à bruit du détecteur et l’effet
thermosensible de la méthode utilisée devraient être pris en compte pour choisir la longueur d’onde
optimale de mesure correspondant pour une température et un type de détecteur donné. La liste établie
ci-après examine les types de détecteur de rayonnement disponibles pour une application en
radiométrie en tenant compte de la longueur d’onde à détecter.

a) Détecteurs thermiques
Les détecteurs thermiques sont des capteurs sensibles dans l’infrarouge. Ils ont une réponse
linéaire en fonction de la longueur d’onde. La surface de l’élément sensible, appelé bolomètre, est
chauffée par absorption du rayonnement thermique. La mesure de la température de cette surface, via
des effets de dilatation ou par un capteur, permet de déterminer la valeur du rayonnement thermique
collecté [Gaussorgues, 1996].

b) Détecteurs quantiques
L’interaction entre les photons et les atomes d’un matériau semi-conducteur est à l’origine du
phénomène utilisé dans les détecteurs quantiques. L’énergie du photon est proportionnelle à sa

C  DE
fréquence ν.
(Eq. 1-7)
où E désigne l’énergie en Joule et ν la fréquence du photon en Hz.
Lorsqu’un photon incident sur un matériau semi-conducteur est absorbé, si sa longueur d’onde est
inférieure à la longueur d’onde de coupure donnée par la largeur de bande interdite du matériau, un
électron passe de la bande de valence à la bande de conduction. La mesure du photo-courant généré
dans le matériau permet d’analyser le rayonnement collecté. La largeur de bande interdite du semi-
conducteur doit être choisie en fonction du rayonnement à observer car si l’énergie des photons n’est
pas suffisante, aucun électron ne recevra l’énergie suffisante pour passer dans la bande de conduction.
Par exemple, une photodiode silicium est sensible aux photons de longueur d’onde visible et très
proche infrarouge entre 300 et 1300 nm alors que l’arséniure de gallium est sensible aux photons
proches infrarouges. Une photodiode non polarisée fonctionne en mode photovoltaïque et offre la
meilleure sensibilité. Le mode photoconducteur correspond à une polarisation inverse. Il permet
d’obtenir une vitesse de réponse plus importante. Les détecteurs quantiques refroidis ou non
interviennent largement dans la conception des pyromètres.

c) Détecteurs à effet pyroélectrique


Une substance cristalline pyroélectrique permet de générer des charges électriques en réponse
à un flux thermique [Fraden, 1997]. Un cristal est considéré pyroélectrique si sa polarisation dépend
spontanément de la température. Un matériau pyroélectrique est composé d’un très grand nombre
d’éléments ayant chacun un faible moment dipolaire. A une certaine température, dite point de Curie,
le moment dipolaire du cristal est nul. Lorsque la température du matériau change, le cristal se polarise

17
c’est-à-dire des charges apparaissent à sa surface. La polarisation est uniquement fonction du
changement de température pas de la température elle-même. Plusieurs mécanismes qui évoluent avec
la température donnent de la pyroélectricité. Le changement de température affecte la distribution
aléatoire des dipôles par élongation individuelle de ceux-ci. Ce phénomène est appelé pyroélectricité
primaire. Il existe aussi la pyroélectricité secondaire qui peut être décrite comme le résultat de l’effet
piézoélectrique, c’est-à-dire le développement de contraintes dans le matériau à cause de la dilatation
thermique. En pratique, le matériau pyroélectrique est inséré entre deux électrodes (figure 1-3).
Lorsque la température change, cet élément est équivalent à un générateur de courant en parallèle à un
condensateur. Les applications sont les détecteurs de mouvement pour les systèmes de sécurité ou les
systèmes de détection de pénombre.

Figure 1-3 : Schéma électrique d’un capteur pyroélectrique et circuit équivalent

I.1.4 Effet bilame thermique


L’effet bilame thermique intervient lorsque deux lames constituées de matériaux ayant des
coefficients de dilatation thermique différents sont solidarisées. Lorsque la température du bilame
varie, l’un des éléments va se dilater davantage que l’autre produisant la courbure du dispositif.
Ce système peut servir d’actionneur thermique ou de thermomètre si l’on peut facilement déterminer
le degré de courbure. L’avantage du dispositif réside dans la possibilité d’amplifier mécaniquement de
la courbure pour produire des déplacements conséquents.
La formule permettant de calculer le rayon de courbure du bilame à une température T est donnée par
l’équation 1-8 ci-dessous. Elle dépend des coefficients de dilatation thermique des deux matériaux (α1,
α2), des modules d’Young (E1, E2), de l’épaisseur des deux lames (t1 ,t2) et du rayon de courbure R0 à
la température initiale T0. La figure 1-4 représente schématiquement un bilame thermique pour lequel
le matériau d’indice 1 présente un coefficient de dilatation thermique inférieur au matériau d’indice 2.
1 1 F1G;²/ 9H 9 

  H
 IJK1G;²G1G;L;²G O (Eq. 1-8)
MN

C1

C+
P1
@
P+
P  P1  P+

18
Figure 1-4 : Schéma de principe d’un bilame thermique
Le rapport des modules d’Young des matériaux n n’a pas d’impact majeur sur la courbure du bilame.
En effet en posant n=1, l’erreur commise sur le calcul du rayon de courbure est inférieure à 3%. Pour
la plupart des bilames thermiques, les matériaux sont de même épaisseur c’est-à-dire m=1 et la
courbure initiale est nulle. Avec ces approximations, l’équation 1-8 se simplifie comme suit :
1 K / 9H 9 
+
 I
(Eq. 1-9)
La constante +  +  1  représente
K
la courbure spécifique du bilame.
Q  +  +  1   9 
K I
(Eq. 1-10)

Dans le cas de bilames plans, ce n’est pas le rayon de courbure qui est mesuré en fonction de la
température mais l’amplitude de déformation et, dans le cas de bilame hélicoïdaux, des variations
angulaires. La précision d’un bilame thermique commercial est typiquement de l’ordre du pourcent de
la pleine échelle de mesure pour des bilames fonctionnant entre 0°C et 600°C [Bourdon]. Les bilames
thermiques trouvent principalement des applications en détection de seuil de température pour réguler
des appareils de chauffage. Ils ont été miniaturisés en silicium en utilisant la technologie
microélectronique [Serio, 2005].

I.2 Les capteurs de déplacement/d’étirement


Il existe différents types de capteurs susceptibles d’être utilisé pour faire des mesures de
déplacement et/ou d’étirement pour des applications industrielles. Afin d’appréhender ce domaine,
nous proposons d’en faire l’inventaire dans les 3 paragraphes suivants.

I.2.1 Les capteurs de déplacement électriques


a) Les capteurs de déplacement résistifs
Les capteurs de déplacement résistifs sont généralement des potentiomètres dont la valeur de
la résistance renseigne sur la position. Ce dispositif électromécanique comporte un élément résistif
fixe sur lequel coulisse une électrode conductrice en contact. Electriquement, l’élément résistif est
« divisé » au point de contact. Le circuit équivalent correspond à un diviseur de tension (voir figure 1-
5). La tension de sortie est linéaire avec le déplacement de l’électrode de contact. Le signal analogique
de sortie peut-être utilisé directement pour asservir une action ou numérisé pour être enregistré. Il est
possible de mesurer des déplacements linéaires ou angulaires. La linéarité obtenue avec ce type
capteur est d’environ 1% ; et 0,1% dans le meilleur des cas. Leur durée de vie varie entre 100.000 et
10.000.000 de cycles de mesure.

19
Figure 1-5 : Schéma d’un capteur résistif et de son circuit équivalent

b) Les capteurs de déplacement inductifs


Les capteurs de déplacement inductifs sont basés sur un effet magnétique. Ils peuvent être
actifs ou passifs. Les capteurs actifs utilisent le principe du générateur électrique. Dans ce cas, une
tension apparaît aux bornes d’un conducteur lorsque celui-ci est en mouvement relatif par rapport à un
champ magnétique stationnaire. Habituellement, il s’agit d’une translation. Dans le cas des capteurs
passifs, la réponse du transducteur sera alors une modulation du signal. La figure 1-6 présente un tel
dispositif. L’inductance de la bobine (équation 1-11) va être modulée par la largeur de l’espace d’air
entre le cœur et le reste du capteur.

) SS 
R
(Eq. 1-11)
où n représente le nombre de spires, l la longueur du chemin parcouru par le flux en m, µ la
perméabilité relative du circuit, µ0 la perméabilité du vide en H.m-1 et A la surface de la section
transverse en m².

Figure 1-6 : Schéma de principe d’un capteur de déplacement inductif

c) Les capteurs de déplacement capacitifs


Les capteurs capacitifs sont beaucoup utilisés dans l’industrie en raison de leur robustesse, et
pour des applications scientifiques en raison de leur précision. Un condensateur, composé de deux
électrodes entre lesquelles se trouve un matériau diélectrique (figure 1-7) constitue l’élément sensible
de ce type de capteur.

Figure 1-7 : Schéma d’un condensateur

20
La capacité du condensateur C s’exprime en fonction de la surface des électrodes A, de l’espacement
des électrodes d et enfin de la permittivité diélectrique ε du matériau entre les électrodes.
UV
T
W
(Eq. 1-12)
Pour réaliser un capteur de déplacement, il suffit de faire varier l’un des paramètres de l’équation 1-12.
Cependant, lorsque le déplacement est fonction de l’écart entre les électrodes d, la réponse du capteur
n’est pas linéaire. Un circuit de linéarisation doit être prévu. La figure 1-8 représente un circuit
basique permettant de déterminer la valeur de la capacité du condensateur.
YZ
C  CX Y (Eq. 1-13)
[

Figure 1-8 : Schéma de principe du circuit de mesure d’une capacité variable

I.2.2 Les capteurs piézoélectriques


La piézoélectricité, découverte par Jacques et Pierre Curie en 1880 réside dans la capacité de certains
matériaux à produire des charges électriques sous l’action d’une contrainte mécanique. Le phénomène
inverse se produit lorsque les matériaux sont soumis à l’action d’un champ électrique convenablement
orienté dans le cristal. Le quartz présente un comportement piézoélectrique dû à sa structure cristalline
particulière. Le réseau cristallin est décrit par la maille élémentaire de Bravais [Nye, 1985]. Les 11
sous-groupes centrosymétriques ne présentent pas d’effet piézoélectrique. Parmi les 21 sous-groupes
non centrosymétriques, 20 présentent un effet piézoélectrique [Brissaud, 2007]. Les matériaux
ferroélectriques représentent une classe importante des matériaux piézoélectriques [Xu, 1991], [Cross,
1993]. Les capteurs piézoélectriques sont surtout utilisés pour les mesures de force, d’accélération et
de vibration ou pour réaliser des actionneurs.

I.3 Etat de l’art des capteurs à fibre optique appliqués aux mesures de
température et de déplacement/étirement
Le développement des capteurs à fibre optique est précédé de deux importantes avancées
scientifiques : l’invention du laser (1960) et la fabrication de fibres optiques à faible taux d’atténuation
(1966) [Grattan et al., 2000]. En 1983, se tint la première conférence scientifique sur les capteurs à
fibre optique. En 30 ans, beaucoup d’idées ont été proposées pour réaliser des capteurs appliquées
dans différents domaines pour différents paramètres physiques. Différentes configurations ont été
commercialisées avec succès, comme par exemple le gyroscope à fibre optique monomode produit par
les sociétés Ixfiber, Litef, Hitachi. Un autre type de capteurs ayant fortement pénétré le marché est le
capteur distribué à fibres optiques. Les plus répandus sont les capteurs à réseaux de Bragg mais il ne
faudrait pas oublier les capteurs distribués exploitant les effets Stokes et anti-Stokes pour la mesures
de température et de contrainte. Ces capteurs sont fortement utilisés pour la surveillance et implantés
dans les ouvrages d'art, pipelines et autres structures similaires. Leur optique et
l'électronique d’interrogation est complexe et justifie leur prix. Leur performance peut dépasser la
résolution en température de 0.1 °C sur des longueurs de 100 km de fibre. Les capteurs à fibre optique

21
présentent de nombreux avantages, notamment l’immunité vis-à-vis des interférences
électromagnétiques [Grattan et al., 2000], [Lee, 2003]. Par exemple, dans un milieu sous fort
rayonnement électromagnétique, les capteurs électroniques traditionnels nécessitent un blindage qui
augmente le coût et peut diminuer les performances métrologiques. Des investigations menées par
différentes équipes ont montré que les capteurs à fibre optique survivent mieux dans les
environnements difficiles (milieu explosif, centrale nucléaire, milieu sous fort rayonnement
électromagnétique). Dans certaines applications, notamment dans le domaine médical, il est nécessaire
que les capteurs soient peu invasifs, de petites tailles et légers. L’endoscope à fibre optique monomode
est l’application la plus connue dans ce domaine. La même fibre optique sert à amener la lumière à
l’intérieur du corps et à recueillir la lumière diffusée par les tissus. Du point de vue métrologique, les
capteurs à fibre optique ont une grande sensibilité et une grande dynamique de mesure. Bien que les
capteurs à fibre optique soient très performants, ils restent plus onéreux que les capteurs
conventionnels. Le développement des technologies télécoms dans les quinze dernières années a
permis la réalisation de réseaux de capteurs à fibre optique [Grattan et al., 2000].
Enfin, les capteurs à fibre optique sont capables de mesurer un grand nombre de paramètres physiques.
La figure 1-9 présente un diagramme établi en 2003 représentant les domaines d’applications chiffrés
des capteurs à fibre optique [Lee, 2003]. Les trois paramètres les plus étudiés dans les laboratoires de
recherche et dans l’industrie sont l’étirement, la température et la pression. Les technologies utilisées
pour la mesure sont présentées sur le graphique en figure 1-10. Avec 44,2% des dispositifs présentés
lors de la conférence OFS-15 en 2002, le réseau de Bragg fibré est la technologie la plus étudiée [Lee,
2003].

Etirement (23%)

Température (17,2%)

Pression/Acoustique
(15,2%)
Courant/Tension
(12,2%)
Chime/Gaz (11,3%)

Rotation (6,2%)

Figure 1-9 : Distribution des domaines d’applications présentée lors de la conférence OFS-15
[Lee, 2003]

Réseaux fibrés (44,2%)

Interféromètres (11,1%)

Diffusion/Réflexion (10%)

Effet Faraday (6,9%)

Figure 1-10 : Distribution des sujets des travaux présentés lors de la conférence OFS-15
en fonction de la technologie [Lee, 2003]

22
I.3.1 Définition d’un capteur à fibre optique
Une définition d’un capteur à fibre optique pourrait être celle d’un dispositif dans lequel
l’information est créée dans le chemin optique de la lumière guidée par réaction avec la grandeur
mesurée avant d’être acheminée vers un ou plusieurs récepteurs par l’intermédiaire d’une ou plusieurs
fibres optiques. Si la fibre optique ne sert qu’à guider la lumière, le capteur peut être qualifié
d’extrinsèque. Si la modification de l’une des caractéristiques de la lumière se fait au sein de la fibre
optique par action du mesurande, le capteur peut-être qualifié d’intrinsèque [Ferretti, 1996]. Dans cette
étude nous nous intéressons à l’étude d’un capteur de type intrinsèque. Son principe a fait l’objet d’un
dépôt de brevet que nous décrirons en paragraphe I.4. La lumière est une onde électromagnétique
caractérisée par sa phase, sa polarisation, sa longueur d’onde et son amplitude. Pour chacun de ces
paramètres, il existe un type de capteur à fibre optique intrinsèque.

I.3.2 Les capteurs intrinsèques à modulation de phase


La lumière peut être décomposée en ondes électromagnétiques variant sinusoïdalement dans
l’espace et dans le temps. La phase représente la situation instantanée dans le cycle. La phase absolue
n’a de sens que si elle est exprimée dans un repère spatio-temporel. En pratique, seule la différence de
phase est mesurable. Pour que deux ondes lumineuses interfèrent, il faut presque dans tous les cas,
qu’elles soient issues d’une même source cohérente et que les chemins optiques parcourus par les deux
ondes soient inférieurs à longueur de cohérence de la source.
La plupart des capteurs à fibre optique à modulation de phase sont des interféromètres [Yuan et al.,
2000], [Ghorai et al., 2005]. La figure 1-11 présente le schéma typique d’un tel dispositif. Une lumière
cohérente est injectée dans une fibre optique monomode. Un coupleur équilibré (50/50) répartit
l’énergie lumineuse entre les deux branches de l’interféromètre. Un bras sert de référence ; l’autre est
placé sous l’influence de la grandeur à mesurer par interaction avec la fibre optique et donc avec la
lumière guidée dans celui-ci. Au repos, le déphasage entre les deux ondes issues des deux bras est
réglé pour être annulé. Ce cas correspond à une intensité lumineuse en sortie maximale. La différence
de phase est proportionnelle à la variation de chemin optique dans la branche de mesure. Par exemple,
lorsqu’un étirement du bras de mesure produit une élongation de longueur δ sans modifier l’indice de
réfraction de la fibre, la différence de phase produite en sortie de l’interféromètre à fibre optique vaut :
_
Δ]  2^ * (Eq. 1-14)
où λ représente la longueur d’onde la lumière dans la fibre.

`  ` abc + Δ]
Ce déphasage module l’intensité lumineuse en sortie de l’interféromètre en vérifiant l’équation 1-15.
(Eq. 1-15)

Figure 1-11 : Schéma de principe de capteur interférométrique à modulation de phase

Dans un interféromètre à fibre optique, il est préférable que la fibre optique soit monomode car, dans
une fibre multimode, le déphasage serait différent pour chaque mode. En revanche, ils interfèrent entre
eux dans la fibre optique. Il existe des exceptions, par exemple, Kumar a développé un capteur de
température à modulation de phase en faisant interférer les deux premiers modes d’une fibre optique
monomode désaccordée [Kumar et al., 2000]. Le gyroscope à fibre optique monomode est un autre
exemple de capteur intrinsèque à modulation de phase. Il est très utilisé et développé dans l’industrie.
Son principe de fonctionnement est basé sur l’effet Sagnac qui correspond à un phénomène non

23
réciproque apparaissant dans un guide optique annulaire en rotation. Lorsque la vitesse de rotation du
gyroscope est nulle, les deux signaux lumineux sont en phase. La rotation fait apparaître une
différence de chemin optique et donc un déphasage entre deux ondes contre-propagatives.

I.3.3 Les capteurs intrinsèques à modulation de polarisation


La polarisation est une autre propriété mise à profit pour réaliser des capteurs à fibre optique.
Elle est liée à la nature vectorielle des ondes électromagnétiques. La lumière est constituée d’un
champ électrique et d’un champ magnétique qui, en champ lointain peuvent être considérés
perpendiculaires à la direction de propagation. C’est l’évolution temporelle de l’extrémité du vecteur
champ électrique dans le plan d’onde qui définit l’état de polarisation de l’onde. La figure 1-12
présente différents états de polarisation pour une onde lumineuse parfaitement polarisée. La
polarisation est dite rectiligne lorsque la figure décrite par le vecteur champ électrique est un segment
de droite (a) ; elliptique lorsque la figure est une ellipse (b) ou encore circulaire lorsque la figure est un
cercle (c).

Figure 1-12 : Différentes représentation de l’état de polarisation


onde électromagnétique

Pour modifier la polarisation ou polariser une lumière, il faut utiliser des polariseurs, des lames quart
ou demi onde et/ou des réflexions. Ces composants interviennent dans la conception des capteurs à
fibres optiques fonctionnant par analyse polarimétrique.
L’effet Faraday décrit une interaction entre la lumière et un champ magnétique dans un matériau. Sous
l’action de cet effet, la polarisation de la lumière effectue une rotation angulaire β proportionnelle à la
composante du champ magnétique parallèle à la direction de propagation (équation 1-16). La figure 1-
13 présente la modification de la polarisation rectiligne de la lumière dans une fibre optique par effet

 Ed
Faraday.
(Eq. 1-16)
où β représente l’angle de rotation de la polarisation, ν la constante de Verdet, d la longueur sur
laquelle est appliqué le champ magnétique sur la lumière et B la composante du champ magnétique
dans la direction de propagation de la lumière.
Pour la silice, la constante de Verdet vaut 4,5.10-6 rad.T-1.m-1 [Henry, 1991].

24
Figure 1-13 : Modification de la polarisation de la lumière par effet Faraday

Enfin, la biréfringence agit également sur la polarisation ; elle trouve son origine dans une anisotropie
des matériaux. Elle peut toutefois apparaître dans des matériaux isotropes en raison d’une anisotropie
de la géométrie des conditions physiques, comme par exemple l’ellipticité du cœur de la fibre optique,
une contrainte latérale interne, un effort latéral externe, une torsion ou encore une courbure. Les fibres
optiques (monomode) sont naturellement biréfringentes. Cette biréfringence est souvent mise à profit
pour fabriquer des capteurs variés de très hautes performances comme des capteurs de vibrations par
exemple [Lebrun, 2011]. Les inconvénients liés à l’emploi de ce type de capteur sont le coût et les
problèmes mécaniques liés à l’alignement des composants.

I.2.4 Les capteurs intrinsèques à modulation de longueur d’onde


Avec ce type de capteur, une lumière présentant un spectre large est injectée dans une fibre
optique. Seule une bande spectrale donnée du spectre va être réfléchie, transmise ou absorbée au
passage de la lumière dans le réseau de la fibre optique. L’analyse de la lumière en sortie de fibre
permet d’en déduire le mesurande. Le réseau de Bragg fibré est généralement imprimé dans une fibre
optique monomode par insolation ultraviolet produisant ainsi une modulation de l’indice de réfraction
périodique. Ce type de capteur à fibre optique est le plus utilisé actuellement. Il fonctionne de la même
manière qu’un réseau de Bragg traditionnel. Pour un réseau de période Λ et neff l’indice effectif du

:e  2 Xff Λ
mode, la longueur d’onde réfléchie par le réseau λb est donnée par la relation :
(Eq. 1-17)

25
Figure 1-14 : Schéma de principe d’un capteur à réseau de Bragg fibré

Le réseau de Bragg fibré est un composant qui a été utilisé pour la mesure de différents
paramètres physiques : l’étirement ou la force [Kang et al., 2007], [Cusano et al., 2004], [Li et al.,
2005], [Yang et al., 2007], [Tao et al., 2000], [Ferraro et al., 2002], [Ho et al., 2002], la température
[Zhao et al., 2007], [Zhan et al., 2007], [Hathaway et al., 1999], [Hirayama et al., 2000], la pression
[Takahashi et al., 2000], [Lim et al., 2001], [Ni et al., 2007] ou bien encore pour mesurer deux
paramètres physiques simultanément comme la température et un autre paramètre [Mandal et al.,
2005], [Zhao et al. 2004], [Franzao et al., 2007], [Dong et al., 2001], [Liu et al., 2003], [Frazao et al.,
2005], [Chehura et al., 2007], [Wu et al., 2005], [Chen et al., 2003]. Typiquement, la sensibilité
attendue avec ce type de capteur est d’environ 1pm/µm dans les mesures d’étirement et environ
12pm/°C pour les mesures de température et -0,5pm/bar pour les mesures de pression [Lee, 2003].
Bien que le prix du réseau de Bragg ait beaucoup diminué ces dernières années, son coût reste élevé.
De plus il doit être associé à un dispositif d’interrogation onéreux qui doit pouvoir mesurer des
variations de longueur d’onde réfléchie de l’ordre du pico-mètre.

I.3.5 Capteurs intrinsèques à modulation d’intensité


Les capteurs à modulation d’intensité sont les dispositifs sensibles à fibre optique les plus
simples car ils n’utilisent pas d’éléments optiques nécessitant un ou plusieurs réglages très précis.
Dans ce cas, la fibre optique est contrainte (forme et/ou écrasement) ou usinées. La lumière injectée
dans la fibre n’a pas besoin d’être cohérente. Le mesurande va moduler ou créer des pertes dans la
fibre optique. Les types de capteur à modulation d’intensité les plus répandus sont les capteurs à
microcourbures. Le nom « microcourbure » est trompeur car la fibre en silice ne peut pas être courbée
avec un rayon de courbure inférieur à quelques millimètres. Il vient du fait que ces courbures ont
d’abord été considérées comme un ensemble de petites perturbations involontaires à l’origine des
pertes dans les réseaux télécoms longue distance. La partie sensible du capteur est un bout de fibre
optique pour lequel l’axe optique décrit une courbure périodique dont le pas et la période sont
millimétriques ou centimétriques. La figure 1-15 présente deux types de capteurs à microcourbures
présentant des perturbations différentes. Les différents paramètres physiques mesurables avec ce type
de capteur sont la pression, la force, l’accélération, la température [Yadav et al., 2007], l’étirement
[Luo et al., 1999] et enfin le champ électromagnétique [Lagakos et al., 1987]. Ce type de capteur est
très sensible à la pression et à la force [Lagakos et al., 1987]. C’est pour ces deux paramètres que l’on
trouve le plus de travaux publiés [Jeunhomme et al., 1975], [Pandey et al., 2006], [Pandey et al.,
2007], [Knapp, 2002], [Fegadolli et al., 2008], [Efendioglu et al., 2009].

26
Figure 1-15 : Exemples d’implémentation d’un capteur à microcourbures

Si la fibre n’est pas contrainte par la déformation, il faut la pré-contraindre par usinage, ou par
préformage [Arregui et al., 2000] ou encore utiliser, par exemple, les propriétés optiques de certains
matériaux comme la variation de réflexion en tant qu’élément sensible [Naci et al., 1997]. Le filtrage
spatial des modes permet de supprimer certains modes. Pour cela, une fibre optique monomode est
soudée sur une fibre multimode. Ce principe a été utilisé pour élaborer un capteur d’étirement [Ribeiro
et al., 2004]. Une fibre monomode est soudée sur fibre multimode dont le cœur à un diamètre de 5 à
20 fois supérieur à celui de la fibre monomode. En bout de fibre multimode, une surface réfléchissante
est déposée. La partie sensible à l’étirement du capteur est la fibre multimode. Le mesurande mélange
les modes et la fibre monomode filtre spatialement les modes pour ne conserver que le mode
fondamental. Les deux principaux défauts de ces capteurs sont la faible répétabilité et la grande
sensibilité de l’élément sensible aux effets physiques extérieurs.

Tableau de synthèse des différents types de capteurs traditionnels et à


fibres optiques utilisés pour les mesures de température et d’étirement
Pour conclure cette étude bibliographique, les tableaux ci-dessous font la synthèse des
propriétés des capteurs disponibles pour faire des mesures de température et d’étirement.

i) Tableau de synthèse des capteurs de température


Capteurs Dynamique Résolution Sensibilité Applications Coût
Bilame 0 – 600°C 6 à 12°C Régulation Faible
thermique thermique
Pt100 -200 – 850°C 0,15 0,385Ω/°C Précision Moyen
Thermocouple -200 – 2320°C 1 à 4,5°C 0,007 à Précision Moyen
0,071mV/°C
Thermomètre à -50 – 150°C 1°C 2.5mV/°C Electronique Très faible
jonction
Microcourbure Jusqu’à 4.10-6°C Laboratoire Faible
Réflexion [Naci 20 – 500°C 3,5.10-4°C 1.10-4°C Laboratoire -
et al., 1997]
Phase [Cortes et 55 – 120°C 0,1°C 3.10-3°C Laboratoire -
al., 1998]
Réseau de Bragg 0 – 250°C 12pm/°C R&D -
[Hirayama et
al., 2000]

27
ii) Tableau de synthèse des capteurs de déplacement/d’étirement
Capteurs Dynamique Résolution Sensibilité Applications Coût
Capteur résistif De qqs µm à 0,1% à 1% de la - Industrielles Faible
4m pleine échelle
Capteur Environ 1mm 0,1% de la pleine 0,5mV/µm Industrielles Faible
capacitif échelle
Capteur inductif De 2mm à 5m 1% de la pleine - Moyen
échelle
Microcourbure 300 µε - - Laboratoire -
[Luo et al.,
1999]
Phase 100 µε ~10 nε - Laboratoire -
Réseau de Bragg 1000 µε 0,5 µm 1pm/µε R&D Elevé
[Lee, 2003], 1 µε
[Cusano et al.,
2004]

I.4 Présentation du brevet d’invention portant sur un capteur multi-


physique à fibre optique multimode
Le capteur à fibre optique étudié dans le cadre de la thèse est protégé par un brevet d’invention
intitulé « Transducteur à fibre optique multimode et à couplage de modes, procédé de réalisation ». En
2007, Sylvain Fischer, l’inventeur du concept et fondateur de la société Phosylab S.A.S., a proposé au
Laboratoire des Systèmes Photoniques de développer son invention dans le cadre d’une thèse en
convention CIFRE en collaboration avec sa société [Fischer, 2009]. Ce paragraphe propose un résumé
du contexte et des aspects techniques qui font l’objet des revendications du brevet d’invention.
L’architecture du capteur (forme et composants), le principe de fonctionnement et les procédés de
fabrication sont décrits.

i) Contexte
Les capteurs à fibres optiques sont étudiés depuis de nombreuses années. Le réseau de Bragg fibré
a permis la conception de capteurs à fibre optique très précis et multiplexables en réseaux de larges
envergures notamment pour la surveillance des structures du génie civil. Cependant, la technologie des
réseaux de Bragg reste d’un coût encore élevé (lié au monochromateur très résolu nécessaire pour la
lecture). Les capteurs à fibres optiques multimodes, quant à eux, sont devenus très compétitifs du fait
notamment que leurs procédés de fabrication admettent des tolérances très élargies en comparaison
avec les technologies à fibre optique monomode. Le capteur à fibre optique multimode à modulation
d’intensité, présenté dans ce brevet est sensible à au moins l’un des paramètres suivant : température,
déformation longitudinale selon l’axe de symétrie cylindrique de la fibre et à la compression. Pour son
fonctionnement, comme il s’agit d’un capteur passif, il faut une source lumineuse et une photodiode
en sortie du capteur pour déterminer l’atténuation. Contrairement aux réseaux de Bragg fibrés, aucun
dispositif couteux n’est nécessaire. Le transducteur, partie sensible du capteur, est composée d’une
fibre optique multimode enserrées entre deux mâchoires micro-structurées. Au repos, il présente déjà
un certain taux de perte. Celui-ci va être modulé par différents effets physiques qui dépendent du
paramètre à mesurer.

ii) Architecture du transducteur


Le capteur est composé de l’élément sensible au mesurande appelé transducteur et de son
électronique d’interrogation. Le transducteur est une fibre optique multimode pincée entre deux
mâchoires micro-structurées (figure 1-16). La forme de la micro-structuration dépend du type de pré-
perturbation (voir partie suivante). La forme extérieure, quant à elle, dépend du paramètre physique à

28
mesurer et/ou du mécanisme dans lequel il est intégré. Les deux mâchoires sont solidarisées par
soudure, collage, sertissage ou par clipsage. Sur au moins l’une des mâchoires se trouve une extension
à une de ses extrémités longitudinales afin de tenir le capteur ou bien faisant office de bras de levier.
La fibre optique utilisée dépend de l’application choisie. Le cœur est généralement en verre et la gaine
optique est soit en verre soit en polymère. Le transducteur présente deux modes de fonctionnement :
soit la DEL et la photodiode sont placées de part et d’autre du transducteur : c’est un fonctionnement
en transmission ; soit elles sont placées à la même extrémité du transducteur : c’est un fonctionnement
par réflexion. La fibre est alors clivée à son extrémité et un dépôt argenté y est placé afin de réfléchir
la lumière.

Figure 1-16 : Schéma du transducteur


iii) Principe de fonctionnement
Dans une fibre optique multimode, l’énergie lumineuse se répartit sur les modes guidés. Ils
constituent un ensemble fini et discret. Un groupe de modes guidés rassemble les modes qui ont la
même constante de propagation. Le premier groupe de modes a la constante de propagation la plus
grande. Le dernier groupe de modes a la constante de propagation la plus petite. En pratique, on note
M est le nombre de groupes modes guidés de la fibre optique. Les modes rayonnés, lorsqu’ils sont
excités laissent l’énergie lumineuse s’échapper du cœur de la fibre. Lorsqu’une fibre optique
multimode est soumise à une perturbation, certains modes optiques peuvent échanger de l’énergie
entre eux. Cette perturbation va modifier la structure des modes de la fibre tout au long du segment
perturbé. Les modes sont alors dits couplés. Les coefficients de couplage quantifient l’importance de
l’échange d’énergie entre les modes tout au long du segment perturbé. Ainsi une perturbation permet
le couplage entre modes guidés d’une part et entre modes guidés et modes rayonnés d’autre part. De ce
dernier type de couplage, il ressort une perte d’énergie dans la fibre optique. Les modes rayonnés sont
dits absorbants sous réserve que rien dans l’environnement (tube ou gaine mécanique) ne recouple
l’énergie vers le cœur de la fibre. Au-delà d’une certaine distance, tous les modes guidés ont perdu
toute leur énergie. Cette distance est propre à chaque mode et est appelée « longueur effective
d’atténuation ». Selon la théorie de la perturbation, si celle-ci présente un spectre contenant une seule
fréquence spatiale F c’est-à-dire si la perturbation est sinusoïdale de fréquence spatiale Λ, les modes
couplés sont alors ceux dont la différence de constante de propagation ∆β est égale à 2π/Λ :
+h
Δ  i
 2^j (Eq. 1-18)

29
La figure 1-17 est une représentation schématique des modes de la fibre optique en fonction de leur
constante de propagation β. Si la fréquence maximale du spectre de perturbation est inférieure à FM
(FM=∆βM) alors aucun couplage n’est possible. Si la fréquence maximale du spectre est comprise entre
F1 et FM alors seul le couplage de certains modes sera possible. Enfin, si la fréquence maximale du
spectre est supérieure à F1 alors tous les couplages ont lieu.
Dans le cas où la fréquence maximale du spectre de perturbation est F2 c’est-à-dire seuls certains
modes guidés sont couplés aux modes rayonnés, le couplage entre modes guidés permet aux modes
guidés non couplés directement aux modes rayonnés de perdre une partie de leur énergie : c’est le
couplage indirect. Suivant le spectre de perturbation choisi, il est possible de provoquer un couplage
sélectif de modes. En ce qui concerne l’amplitude des composantes spectrales de la perturbation, elle
détermine la force du couplage entre les modes et donc leur longueur efficace d’atténuation. Notons
qu’il est préférable de limiter la longueur de la perturbation (longueur du motif dans le tube) à la plus
petite longueur efficace d’atténuation des modes guidés pour établir une meilleure efficacité de la
modulation des pertes.

Figure 1-17 : Représentation schématique des modes propagés dans


une fibre optique (n1: indice du cœur, n2: indice de la gaine optique)
iv) Pré-perturbations
En pratique, le transducteur de l’invention consiste en une fibre optique pincée dans un milieu
perturbateur appelé « milieu environnant » qui est structuré à l’échelle de la dizaine de microns afin
qu’il applique à la surface ou au volume de la fibre une perturbation avec un spectre spatial déterminé.
Celle-ci est placée dans un sillon micro-structuré de forme déterminée. La pré-perturbation est la
perturbation imposée à la fibre par le milieu environnant. Il en existe trois types.

Perturbation de type microcourbure


La microcourbure est une courbure de la fibre optique dans le plan contenant son axe de propagation et
l’axe de fermeture du milieu environnant. Le sillon qui accueille la fibre est parallélépipédique. La
figure 1-18 présente le schéma d’un tel transducteur. Il faut noter que les deux micro-structurations ne
sont pas symétriques. Il s’agit d’une perturbation périodique où l’une des structurations est déphasée
de π par rapport à l’autre.
Les capteurs dits à microcourbure n’utilisent absolument pas ce principe mais une macrocourbure. En
effet, la macrocourbure modifie l’axe optique de la fibre et celui-ci suit la courbure imposée à la fibre.
La structure des modes de la fibre change de manière déterminée de sorte que l’on peut dire que la
nouvelle structure des modes s’adapte en quelque sorte à la nouvelle position de la fibre.
Mathématiquement, cette modification est analysable même si la modélisation procède par
approximation au premier ou au second ordre des solutions exactes des modes dans la macrocourbure.
La microcourbure, quant à elle, est traitée comme une perturbation qui ne modifie pas la modélisation
de la structure de modes (modes de la fibre au repos) mais couple les modes entre eux. De plus, la

30
perturbation par microcourbure s’entend le plus souvent comme une succession de microcourbure tout
au long du segment perturbé de la fibre. Dans la pratique, le couplage des modes qui reflète le fait que
la structure des modes de la fibre au repos n’a pas le temps de s’adapter aux changements d’états
successifs (plusieurs micro-courbures) de la fibre et par conséquent perdent une partie de leur énergie.

Perturbation de type modulation isotrope des diamètres


La modulation isotrope des diamètres de la fibre optique multimode est une perturbation radiale. L’axe
optique n’est pas modifié et la section transverse reste circulaire. Le sillon qui accueille la fibre est en
forme de demi-cylindre. La figure 1-19 présente le schéma d’un tel transducteur.
Comme dans le cas des microcourbures, la structure modale de la fibre reste inchangée. La
perturbation provoque le couplage entre les modes de la fibre optique.

Perturbation de type modulation anisotrope des diamètres


La modulation anisotrope des diamètres d’une fibre optique multimode est une perturbation de la
section transverse suivant l’axe de fermeture du milieu environnant. Le sillon est de la même forme et
est structuré de la même manière que dans le cas des microcourbures sauf que les perturbations des
deux éléments sont en phase. Il en résulte une déformation de la section transverse qui passe de la
forme circulaire à la forme elliptique ou pseudo-elliptique. La figure 1-20 présente le schéma d’un tel
transducteur.

Figure 1-18 : Schéma d’un transducteur avec une perturbation


de type microcourbure

Figure 1-19 : Schéma d’un transducteur avec une perturbation


de type modulation isotrope des diamètres

31
Figure 1-20 : Schéma d’un transducteur avec une perturbation
de type modulation anisotrope des diamètres

v) Modulation des pertes optiques


La pré-perturbation de la fibre optique ne sert qu’à la sensibiliser à un paramètre physique donné.
Elle va provoquer des pertes optiques qui vont amener le transducteur à son point de fonctionnement.
Le mesurande module les pertes par différents effets physiques.

L’effet thermo-optique est la variation de l’indice de réfraction d’un milieu avec la température. Dans
le cas d’une fibre optique, il y a deux milieux aux propriétés optiques différentes : le cœur et la gaine
optique. Chacun d’entre eux va avoir son indice de réfraction qui évolue différemment avec la
température. L’ouverture numérique locale (de la partie de la fibre soumise au changement de
température) va donc varier. Il s’agit d’une modulation par l’ouverture numérique.

La dilatation thermique est un phénomène thermo-géométrique qui va modifier les dimensions d’un
objet avec la température. L’impact sur le transducteur est double. En premier lieu, la modification de
la dimension longitudinale du transducteur va modifier le spectre de perturbation. En second lieu, la
section transverse va être modulée c’est-à-dire l’amplitude de perturbation va changer.

L’effet élasto-optique est la modification de l’indice de réfraction d’un milieu à cause d’une contrainte
appliquée sur celui-ci. La pré-perturbation a déjà pour effet de modifier les indices de réfraction
locaux de la fibre optique. Tout phénomène provoquant une modification de la section transverse
(dilatation thermique, pression hydrostatique, force axiale) va modifier l’amplitude de perturbation et
donc les indices locaux de réfraction par effet élasto-optique.

vi) Fabrication du transducteur


Les méthodes de réalisation peuvent être soit l’usinage (mécanique ou laser) soit la gravure
(attaque chimique après masquage par exemple.
Les deux parties du milieu environnant sont soudées ensemble. Alternativement à la soudure, les deux
éléments sont collés, sertis ou clipsés ensemble autour de la fibre optique.

32
«Le champ électromagnétique est pour le
physicien moderne aussi réel que la chaise sur laquelle il est
assis…
Il fallait une imagination scientifique hardie pour
réaliser pleinement que ce n’est pas le comportement des
corps, mais de quelque chose qui se trouve entre eux, c’est-
à-dire le champ, qui pourrait être essentiel pour ordonner et
comprendre les événements…»

Albert Einstein (1879-1955) et


Léopold Infeld (1898-1968)

33
Chapitre II - Elaboration d’un modèle physique du
transducteur
Le transducteur est ici un assemblage constitué d’une fibre optique multimode enserrée entre
deux mâchoires dont la surface de pincement a été microstructurée pour fonctionnaliser le dispositif.
Un des objectifs du travail de thèse a été de déterminer un modèle multi-physique du comportement de
cet assemblage, constituant un transducteur transformant des paramètres physiques tels que la
déformation ou la température en paramètres optiques. La modélisation a été essentielle pour
comprendre les modifications portées à la propagation de la lumière à l’endroit où les propriétés du
guide d’onde sont modifiées par les contraintes exercées par les mâchoires. Elle a aussi été
indispensable pour établir l’algorithme pour optimiser la fonction de modulation de la surface des
mâchoires en fonction de l’application envisagée pour le capteur. En effet, cette modélisation a
notamment permis d’étudier la forme optimale de la microstructuration de surface (géométrie, période
et amplitude).
Dans ce chapitre, avant de nous intéresser à l’étude théorique de la propagation optique dans une fibre
optique multimode, nous commençons par évaluer la déformation locale du guide d’onde cylindrique
lorsqu’il est soumis à la pression des mâchoires. Nous calculons ensuite les indices locaux de
réfraction dont la valeur est modifiée par les contraintes mécaniques engendrées. Les modifications
des indices de réfraction du cœur et de la gaine optique trouvent leur origine dans l’effet élasto-optique
produit par les contraintes mécaniques apparues dans la fibre optique. Dans le cas du transducteur
proposé, nous allons montrer que le champ des contraintes n’est ni homogène ni isotrope dans une
section droite de la fibre conduisant à une répartition spatiale inhomogène et anisotrope des indices de
réfraction (cœur et gaine optique). Le calcul du couplage de modes, via la théorie de Marcuse que nous
présenterons, permet de calculer le taux de modulation de la lumière lié à la perturbation locale. Ces
résultats étaient nécessaires pour disposer d’une procédure de calcul de la géométrie des mâchoires
(profondeur, période, longueur) optimisant la perturbation de la fibre en fonction de la nature d’un
mesurande à détecter.

II.1 Modélisation mécanique


Le système mécanique à étudier est complexe car il ne présente qu’une symétrie par rapport à
un plan (pas de symétrie de révolution). De plus, les zones de contact entre la fibre et les mâchoires
sont des génératrices et non des surfaces. Par conséquent, une solution formelle du problème du
contact mécanique entre la génératrice en surface de la fibre optique et le profil modulé de la mâchoire
ne nous est pas apparue triviale. La recherche bibliographique n’a pas permis d’identifier des travaux
contredisant ce sentiment. Ainsi, pour résoudre le problème mécanique, nous avons entrepris
d’implémenter une technique de résolution numérique discrète en utilisant la méthode des éléments
finis pour approcher la solution [Rapin, 1993], [Braess, 2001], [Fish et al., 2007], [Carey et al., 1986].
Le grand rapport de forme entre le diamètre de la fibre (quelques centaines de micromètres) et la
longueur des mâchoires (quelques dizaines de millimètres) ainsi que la résolution spatiale de calcul à
atteindre de l’ordre du micromètre requièrent un très grand nombre de mailles pour une modélisation
complète en dimension trois d’espace (environ 2 milliards). Dans l’état actuel des performances
numériques, une simulation en trois dimensions complète, tenant compte des effets de bords, par la
méthode des éléments finis aurait nécessité une parallélisation massive sur un grand nombre de
processeurs. Plutôt que de simuler mécaniquement l’intégralité du transducteur, la simulation sur une
période, avec application de conditions aux limites périodiques sur les contraintes et les déformations
permet de limiter le nombre des mailles. Cette simulation sur une plage réduite du transducteur

34
présente encore deux problèmes : le nombre de mailles reste grand (environ 1 million) et la version 3.3
de Comsol© que nous avons utilisé n’est pas adaptée pour traiter des conditions périodiques sur les
champs de contraintes et de déformation. De plus, la simulation par éléments finis n’est pas la
méthode idéale dès lors que les surfaces de contact entre les éléments simulés sont négligeables. Dans
ce cas, la théorie analytique du contact hertzien est particulièrement bien adaptée. Sa mise en œuvre
dans le cas particulier de la géométrie de l’assemblage faisant intervenir deux mâchoires planes
(coordonnées cartésiennes) et un guide d’onde cylindrique (coordonnées cylindriques) a nécessité de
faire des approximations pour résoudre complètement le problème en le décomposant en deux
systèmes à deux dimensions.
Le premier calcul a consisté à faire une approximation en assimilant le guide d’onde cylindrique à un
guide d’onde plan infini suivant la direction Ox (figure 2-1a) introduisant une invariance dans cette
direction. Ainsi la réponse mécanique a été simulée dans le plan Oyz (figure 2-1a) correspondant à une
section droite prise à l’axe et contenant la génératrice. Autrement dit, cette simulation correspond au
pincement d’un guide d’onde rectangulaire de dimension infinie dans la direction Ox. Ainsi, les
résultats obtenus, dans ce cas, ne pourront qu’être indicatifs ; ils fourniront un ordre de grandeur de la
déformation produite par les mâchoires. Ce calcul prend en compte la modulation de la mâchoire.
L’évaluation de la déformation est utile, on souhaite déterminer son amplitude approximative suivant
la direction Oy. Cette valeur est nécessaire pour le calcul des couplages de modes optiques.
L’amplitude de la déformation dans cette direction est d’autre part nécessaire pour compléter la
simulation par un calcul dans une direction transversale du guide d’onde de forme circulaire c’est-à-
dire le plan Oxy (figure 2-1b). Cette seconde simulation correspond à un disque qui serait contraint
entre deux plans par une force appliquée (figure 2-1b). Pour résoudre ce problème, nous avons utilisé
une méthode analytique offrant l’avantage de permettre des calculs sans avoir à dépouiller de données
discrètes issues d’un calcul numérique, étape particulièrement longue, fastidieuse et source d’erreur.
Nous avons utilisé des formules établies par Hertz (1881) [Johnson, 1996], [Timoshenko et al., 1951]
dans son modèle du contact hertzien qu’il a développé pour déterminer les contraintes et les
déformations. Le modèle du contact hertzien fait intervenir les lois de Hooke [Soutas-Little, 1973],
[Atanackovic et al., 2000]. Elles représentent les lois fondamentales de la mécanique linéaire. Elles
lient les 4 composantes du tenseur des contraintes σij (Eq. 2-1a) aux 4 composantes du tenseur des
déformations εij (Eq. 2-1b), en deux dimensions, en faisant intervenir les propriétés mécaniques du
matériau.
# n
klm  o  o p  
1Gn lm 19+n $$ lm
1
olm  1  Eklm  Ek$$ plm  !
(Eq. 2-1)
#
où E désigne le module d’Young du matériau (exprimé en GPa), ν désigne le coefficient de Poisson et
δij est le symbole de Kronecker.
Pour l’analyse des résultats, nous avons posé et défini l’écrasement de la fibre optique Ec comme la
différence entre le diamètre de la gaine optique avant pincement dgo avec le diamètre calculé suivant

C-  qr  srt
l’axe Oy de la gaine optique lorsqu’elle est sous l’action d’une contrainte dσoy.
(Eq. 2-2)
Les simulations mécaniques présentées dans cette partie introduisent des paramètres géométriques
nécessaires pour résoudre le modèle électromagnétique de la propagation optique dans le transducteur.
Les paramètres dimensionnels et physiques du couple cœur/gaine optique de la fibre en silice
[référence du catalogue Sédi-Fibre : HCL200] choisie sont indiqués dans le tableau 2-1 suivant.

35
Diamètre du cœur (dco) 200 µm
Diamètre de la gaine optique (dgo) 240 µm
Ouverture numérique (ON) 0,22
Indice de réfraction du cœur 1,456.
Tableau 2-1 : Propriétés de la fibre optique multimode utilisée dans le transducteur

Les propriétés des matériaux pour la simulation sont indiquées dans le tableau 2-2 ci-dessous. Le
calcul a été fait pour des mâchoires en aluminium. Une autre version du transducteur avec des
mâchoires en plastique existe. Pour l’appliquer à ce cas, il faudrait modifier les propriétés mécaniques
des mâchoires et refaire la première simulation, celle par éléments finis. Celle-ci représenterait un
temps de calcul et un dépouillement minutieux très important.
Matériau Module d’Young (GPa) Coefficient de Poisson
Aluminium 70 0,345
Silice 69 0,17
Tableau 2-2 : Propriétés mécaniques des matériaux constituant le couple
mâchoires/fibre du transducteur

Figure 2-1 : Configurations géométriques des sections simulées : (a) section droite
longitudinale (parallèle à la direction de propagation optique) prise sur un diamètre, (b) section droite
transversale (perpendiculaire à la direction de propagation optique)

II.1.1 Simulation mécanique par éléments finis


Pour évaluer la déformation produite par les mâchoires dans une coupe suivant la direction
(Oy), nous avons commencé par calculer par la méthode des éléments finis le problème de la
configuration présentée en figure 2-1a. Le calcul a été implémenté sous le logiciel de simulation de
phénomènes physiques Comsol© version 3.3.
Comsol© est un logiciel qui permet de traiter un grand nombre de problèmes physiques par la
méthode des éléments finis. Pour le maillage de l’espace, le logiciel propose un mailleur intégré. En
chaque point du maillage de la structure, la grandeur physique de la simulation est déterminée. La
résolution du calcul matriciel par décomposition LU est rapide car elle utilise un noyau Matlab© très
performant. Comsol© permet également de faire des simulations multiphysiques c’est-à-dire pour un
même problème avec une géométrie fixée, le logiciel permet de calculer plusieurs champs de
grandeurs physiques différentes. Nous avons utilisé le module « mécanique des structures », fournit
par Comsol© appliqué pour notre simulation avec une géométrie en deux dimensions. Les conditions
aux limites correspondent aux déplacements des deux mâchoires évalués en fonction de l’écrasement

36
Ec. La plus grande valeur d’écrasement possible avant rupture des matériaux déterminée par
simulation sous Comsol© a été retenue (Ec=20µm pour une fibre HCL200). Chaque mâchoire se
déplace en direction de la fibre d’une valeur égale à la moitié de l’écrasement.
Le maillage adopté dans ce cas était constitué de triangles équilatéraux identiques. Seule cette
configuration était possible avec la version 3.3 de Comsol© que nous avons utilisée. Pour assurer la
convergence de l’algorithme et pour éviter les artéfacts de calcul nous avons choisi pour mailler la
géométrie, la plus petite maille compatible avec nos moyens de calcul (quelques micromètres de côté).
Le schéma en figure 2-1a montre un schéma de principe de l’assemblage du transducteur pour une
structuration des mâchoires à rapport cyclique constant dont le serrage produit une modulation spatiale
de la forme de l’interface cœur/gaine optique, donc du diamètre, périodique. La courbe en figure 2-2b
représente la déformation de l’interface optique entre le cœur et la gaine dans le cas décrit figure 2-1a.
Ce résultat a été calculé sous Comsol© initialisé avec les paramètres suivants :
- Pas de perturbation P de 80 µm ;
- Rapport cyclique Rc constant de 0,5 ;
- Ecrasement de la fibre Ec de 20 µm.
L’adoption d’un rapport cyclique variable pourrait être envisagée dans le futur. Ce choix mériterait
une investigation qui n’a pas été entreprise dans le cadre de ce travail en raison du temps disponible.
La valeur de la déformation suivant Oy est utilisée pour initialiser le modèle de calcul des contraintes
dans une section droite transversale présenté au paragraphe suivant.
Le résultat en figure 2-2b montre que la courbe de réponse mécanique de la fibre soumise à un
pincement de forme rectangulaire est bien une fonction périodique de même période que celle de la
microstructuration. Pour déterminer une formulation analytique de la déformation du cœur de la fibre,
nous avons calculé et représenté en figure 2-3 le périodogramme de cette courbe. Un périodogramme
permet d’établir les composantes fréquentielles d’un signal. Il représente la valeur des coefficients de
Fourier de la fonction. Pour ce calcul, nous avons normalisé la déformation. Le résultat de la
décomposition en série de Fourier montre l’existence d’une composante fondamentale représentant
une fonction sinusoïdale. Par conséquent, dans le domaine élastique dans lequel la réversibilité de
l’action mécanique peut être supposée vérifiée, on peut considérer la déformation produite par le
pincement de la fibre par la mâchoire microstructurée de forme rectangulaire comme sinusoïdale pure.
Dans ce cas, l’assemblage mâchoires/fibre se comporte comme un filtre spatial de type passe-bas en
supprimant les harmoniques supérieurs de la fonction créneau d’entrée. On peut écrire :
x
uv  cw 2^ y  TT (Eq. 2-3)
où D(z) désigne la fonction de la déformation représentant la différence entre l’interface perturbée et
l’interface non perturbée (figure 2-2a), P le pas, CC(P) la composante continue qui est fonction du pas
P (elle est déterminée en calculant la valeur moyenne d’une période de la déformation), A(P)
l’amplitude qui est fonction du pas P.
Elle est obtenue en calculant la moitié de la valeur de l’amplitude pic à pic de la déformation.
Le calcul des variables de cette expression (A et CC) permet d’exprimer une relation analytique de la
déformation en fonction du pas de perturbation. Cette expression sera utile pour les calculs futurs (voir
paragraphe II.2.4.d). On observe que pour un écrasement de 20 µm des mâchoires et un pas de
perturbation de 80 µm, la génératrice du cœur est modulée par une ondulation 0,8 µm d’amplitude.
Marcuse a démontré [Marcuse, 1991 p159] que pour une amplitude 20 fois inférieure, le mode
fondamental perdait toute son énergie au bout de 5 m de fibre.

37
a b
Figure 2-2 : Déformation de l’interface cœur/gaine optique : (a) section droite longitudinale,
(b) déformation suivant (Oz) calculée sous Comsol
(P=80 µm, Ec=20 µm, Rc=0,5)

Figure 2-3 : Périodogramme de la déformation normalisée

L’amplitude de perturbation et la composante continue de la déformation dépendent de la fibre optique


considérée (géométrie et propriétés mécaniques) ainsi que des paramètres géométriques et physiques
des mâchoires. Dans la suite de l’exposé, seules les perturbations avec un rapport cyclique de 0,5 ont
été considérées. Cette valeur est un bon compromis car elle offre une amplitude de perturbation
significative (1 µm pour un pas de 90 µm) et permet de répartir la pression de contact sur une surface
évitant ainsi la rupture du matériau. Néanmoins, une étude avec des rapports cycliques variables sera
intéressante mais, comme nous l’avons déjà indiqué, très longue à traiter. En effet, pour chaque cas
(pas de perturbation donné et rapport cyclique donné), il faut modéliser la structure sous Comsol©,
fixer les conditions aux limites, mailler le système et résoudre le problème. Ensuite, il faut déduire des
résultats numériques les valeurs de A et CC.
Etant donné que les lois de Hooke sont linéaires (Eq. 2-1) et, de plus, ayant montré que la déformation
périodique a une amplitude petite comparée au diamètre de la fibre optique (<0,5%), nous avons
considéré que dans notre cas l’amplitude et la composante continue de la déformation sont directement
proportionnelles à l’écrasement de la fibre optique. Ainsi, pour une fibre donnée, connaissant le pas de
la microstructuration et l’écrasement imposé, par une relation analytique, on pourra déterminer les
paramètres A et CC nécessaires au calcul des indices locaux.
Pour établir la dépendance entre A et CC et le pas de perturbation P, nous avons simulé sous
Comsol© le champ de déformation pour différentes valeurs du pas de perturbation comprises entre 20
et 100 µm (à rapport cyclique constant). Ce calcul était long en raison des durées nécessaires pour
affiner le modèle et pour calculer la solution des différentes simulations (17 simulations). En effet,
chaque simulation nécessite de réaliser un nouveau maillage, initialiser le problème aux conditions aux

38
limites, exécuter le calcul et enfin en déduire par analyse l’amplitude A et la composante continue CC
de la déformation. La figure 2-4 montre une évolution de l’amplitude de la déformation A(P) en
fonction du pas de perturbation calculée pour un écrasement de 20 µm. On observe une évolution
monotone croissante non linéaire de la courbe. En effet, pour des pas de perturbation inférieurs à
30 µm, l’amplitude de déformation est très faible puis croît de manière quasi linéaire pour des valeurs
de pas comprises entre 40 et 100 µm. En figure 2-5, nous avons représenté l’évolution de la
composante continue de la déformation CC(P) en fonction du pas de la perturbation pour les mêmes
paramètres de calcul. Lorsque le pas de la perturbation tend vers 0, il n’y a plus de
perturbation périodique ; la fibre optique est soumise à un écrasement entre deux plans. En
augmentant, le pas de la perturbation, celle-ci est mieux imprimée dans la fibre, l’amplitude augmente
et la composante continue diminue.

Figure 2-4 : Evolution de l’amplitude A de la déformation pour un écrasement de 20 µm


en fonction du pas de perturbation

Figure 2-5 : Evolution de la composante continue CC de la déformation pour un écrasement de 20 µm


en fonction du pas de perturbation

En conclusion de cette étude, nous avons observé une réponse mécanique sinusoïdale de la fibre
soumise à l’action de deux mâchoires à microstructurations rectangulaires identiques. La période
spatiale de la déformation est donnée par le pas de la perturbation des microstructures des mâchoires.
Nous avons pu déterminer le lien entre le pas de perturbation P et l’amplitude A et la composante
continue CC de la déformation de la fibre optique. Ces résultats obtenus pour un rapport cyclique
constant, après de nombreuses simulations, sont importants car ils permettent de déterminer
analytiquement la valeur de la déformation de la fibre pour un pas de perturbation donné. Cette valeur

39
est un paramètre nécessaire pour le calcul analytique des contraintes mécaniques au sein de la fibre
optique utile pour déterminer les modifications locales des indices de réfraction. Le paragraphe suivant
présente le calcul analytique des contraintes dans la section transversale de la fibre optique.

II.1.2 Contraintes mécaniques dans la fibre optique


Les formules de la mécanique des milieux continus permettent de calculer les contraintes et les
déformations à l’intérieur de solides soumis à des sollicitations extérieures. Or, lorsque le contact entre
le solide et un élément excitateur devient ponctuel, ces formules divergent. En pratique, le contact
entre un cylindre et un plan n’est pas une droite car les solides se déforment et la pression de contact
crée une surface d’interaction plate le long de la génératrice. Le physicien Heinrich Rudolf Hertz a
proposé une modélisation (1881) pour expliquer les franges d’interférence apparaissant au niveau du
contact entre deux lentilles superposées. Les expériences qu’il a produites ont notamment montré que
les lentilles se déformaient au point du contact et qu’une zone de contact apparaissait dans ce cas
[Johnson, 1996], [Timoshenko et al., 1951].
Pour établir le modèle du contact hertzien d’un cylindre écrasé par deux plans parallèles, nous devons
d’abord évaluer la déformation du cylindre en contact avec un plan communément appelé le problème
du contact hertzien entre un plan et un cylindre. Cette approche permet de poser le problème et de
définir les notations. Dans ce cas, on considère un cylindre de longueur infinie suivant la direction Oz
posé sur une surface plane de dimension infinie en Oz et Ox et exerçant une contrainte sur le plan du
fait de son seul poids. En faisant l’hypothèse que le plan et le cylindre ont une dimension infinie dans
la direction de la génératrice du cylindre Oz, le problème à trois dimensions peut être ramené au calcul
en deux dimensions dans une section droite perpendiculaire à la génératrice du cylindre Oxy (figure 2-
6). On définit ensuite le module d’Young équivalent du système cylindre/plan E* (Eq. 2-4) à partir des
caractéristiques mécaniques du cylindre (E2, υ2) et de celles du plan (E1, υ1).
Le modèle de Hertz suppose que la zone de contact est une bande de largeur 2a (Eq. 2-5) qui dépend
du rayon du cylindre R, et du module d’Young équivalent du système E* et d’un paramètre P
homogène à une force par unité de longueur. Dans notre cas, c’est l’écrasement de la fibre optique qui
est imposé. A la fin de ce paragraphe (Eq. 2-14), l’écrasement de la fibre est exprimé en fonction de P.
1 19{H 19{/
#∗
 #H
 #/
(Eq. 2-4)

  | h# ∗
}y
(Eq. 2-5)

Figure 2-6: Configuration du contact hertzien entre un plan et un cylindre


Au niveau de la génératrice du cylindre en contact avec le plan, en y = 0, la contrainte est uniquement
dirigée suivant l’axe Oy et vaut d’après le modèle de Hertz [Johnson, 1996], [Timoshenko et al.,
1951] :

~  h ² |1  ~b‚ || „ 


+y €²
²
(Eq. 2-6)

40
Les contraintes mécaniques suivant les directions Ox et Oy, dans le cylindre peuvent être calculées en
utilisant les formules de McEwen [Johnson, 1996]. Comme l’expression des contraintes σX et σY est
compliquée, on passe par deux intermédiaires de calcul m et n (Eq. 2-7).
@+  J +   +  † + +  4 + † +  +   +  † + O
1
+
²  + J +   +  † + +  4 + † +  +   +  † + O
1
(Eq. 2-7)

+y t²GL²
kˆ   J@ 1  ;²GL²  2†O
h ²
+y t²GL²
k‰   @ 1  
(Eq. 2-8)
h ² ;²GL²
Après avoir posé les notations, on peut résoudre le problème du calcul des contraintes dans un cylindre
contraint entre deux plans.

Contraintes normales dans un cylindre contraint entre deux plans parallèles


Lorsqu’un cylindre de longueur supposée infinie est contraint entre deux plans parallèles, la
contrainte résultante est la somme de trois termes : les contraintes dues aux deux contacts hertziens
ainsi qu’une tension bi-axiale, proportionnelle à P [Timoshenko et al., 1951]. La figure 2-7 représente
la géométrie du système. Le calcul du module d’Young équivalent E* (Eq. 2-4) et de a (Eq. 2-5) est le
même que pour le cas précédent. Les formules des expressions Eq. 2-9 et Eq. 2-10 sont les
intermédiaires de calcul pour les contraintes dues aux deux contacts hertziens. Les expressions des
contraintes suivant les directions Ox et Oy sont données Eq. 2-11. Le centre du repère cartésien choisi
pour établir les formules est placé à la position du contact entre le cylindre et un des plans.
@1+  + J +   +  † + +  4 + † +  +   +  † + O
1

 + J +   +  † + +  4 + † +  +   +  † + O
+ 1
(Eq. 2-9)
1
1
@++  Š|+   +  2‹  †+ +  4 + 2‹  †²  +   +  2‹  †²Œ
2
1
+  Š|    2‹  †   4 2‹  †²      2‹  †²Œ
+ + + + + + + +
2
(Eq. 2-10)
y 1 + t²GL/ +9t²GL//
kˆ  h J  / @1 1  ;/ GLH/   @+ 1  ;// GL//
  4‹O
H H

y 1 + t²GL/ +9t²GL//
k‰  Š  @ 1  / H/   @+ 1  ŽŒ
(Eq. 2-11)
h  ² 1 ;H GLH ;// GL//

41
Figure 2-7: Configuration d’un cylindre constraint entre deux plans
Comme il y a invariance suivant la direction longitudinale Oz, toutes les sections transverses du
cylindre, quelque soit la position z, sont soumises aux mêmes contraintes. Les déformations, dans ce
cas, sont déduites des contraintes à partir des lois de Hooke pour des contraintes planes [Johnson,
1996], [Timoshenko et al., 1951]. L’équation 2-12 relie les déformations (εX, εY) aux contraintes (σX,
σY) ainsi qu’aux caractéristiques mécaniques du cylindre (E2, υ2). L’écrasement du cylindre Ec se
calcule en intégrant la déformation εY le long de l’axe Oy (Eq. 2-13). Il est lié à la pression linéique
appliquée P, au rayon du cylindre R et aux caractéristiques mécaniques des matériaux du cylindre et
des plans (Eq. 2-14). Grâce à cette équation, pour un écrasement donné, on pourra calculer les
contraintes dans le cylindre.
19{/ { 1G{/ 
oˆ  kˆ  / k‰
#/ #/
19{/ { 1G{ 
o‰  k‰  / # / kˆ
(Eq. 2-12)
#/ /

 o‰   0, ††
+
C-  (Eq. 2-13)
19{// { }
C-  2‘ h#/
1  19{/  2 ln   (Eq. 2-14)
/
Les figures 2-8 et 2-9 représentent respectivement les contraintes suivant les directions Ox (σX) et Oy
(σY) d’un cylindre en silice subissant un écrasement de 20 µm entre deux plans en aluminium. Les
contraintes sont maximales aux points de contact entre les plans et le cylindre puis décroissant en s’en
éloignant. Ces graphiques sont calculés avec le logiciel Matlab.

a b
Figure 2-8 : Contrainte σX dans le cylindre contraint entre deux plans parallèles :
(a) champ de contrainte dans toute la section transversale perpendiculaire à l’axe du cylindre,
(b) profil de la contrainte le long de l’axe x=0

a b
Figure 2-9 : Contrainte σY dans le cylindre contraint entre deux plans parallèles :
(a) champ de contrainte dans toute la section transversale perpendiculaire à l’axe du cylindre,
(b) profil de la contrainte le long de l’axe x=0

42
Connaissant les contraintes dans la fibre optique, nous allons maintenant nous intéresser aux
modifications d’indice optique qu’elles induisent par effet élasto-optique.

II.1.3 Tenseur élasto-optique


Nous allons ici d’abord introduire les notions de vecteur déplacement et de tenseur de
permittivité dans un milieu anisotrope avant de décrire comment ce dernier est modifié par un champ
de contraintes.
Lorsqu’une onde plane se propage dans un milieu diélectrique anisotrope, non magnétique et non
absorbant, les champs électriques et magnétiques satisfont [Bruhat, 1992], [Sivoukhine, 1984], [Hecht,
1987], [Born et al., 1980], [Taillet, 2006] :
les équations de Maxwell ;

”  o •– —
une relation constitutive ;
(Eq. 2-15)
une loi de conservation de l’énergie, qui s’applique à la densité de l’énergie électromagnétique
1 1
˜  ˜X  ˜; , où ˜X  + —. ” et ˜;  + ™. š, et le vecteur de Poynting ›  — œ ™ :

WI
 wž ›  0 (Eq. 2-16)
De cette loi de conservation et du fait que le milieu considéré est non magnétique et parfaitement
transparent (non absorbant), il découle que le tenseur εr est symétrique réel. La matrice 3x3
représentant ce tenseur est donc diagonalisable dans une base orthogonale d’états propres. Dans notre

0 0
cas, les états de polarisation sont des états de polarisation linéaire. Dans cette base, nous notons :
+
ˆ
oŸ  0 +
‰ 0¢
0 0
(Eq. 2-17)
+
¡
où ni sont les « indices propres » du milieu.
Trois cas de figure peuvent se produire :
—£
nX ≠ nY ≠ nZ : le milieu est biaxe. ul  o l Cl
+
(i = x, y ou z) et les trois « vecteurs propre » ‖—£ ‖
forment une base orthonormée : on appelle ce trois directions les directions principales.
nX = nY ≠ nZ : le milieu est uniaxe.
nX = nY = nZ : toutes les directions sont équivalentes et le milieu est isotrope.
Dans un matériau anisotrope, l’ellipsoïde des indices détermine l’indice de réfraction n vu par une
onde lumineuse en fonction de la direction d (vecteur unitaire) de son vecteur déplacement

~
diélectrique D, dans le repère généré par les directions principales.

  Š¥ Œ
‚
(Eq. 2-18)

¦/ %/ Ÿ/ 1
 L/  L/̈  L
L[/
(Eq. 2-19)
§

tenseur d’imperméabilité •91


Le champ de contrainte appliqué à la fibre provoque un changement d’indice, de telle sorte que le
– (inverse du tenseur de permittivité diélectrique) varie d’une quantité
1
©Δ L/  ª (matrice 3x3). Dans le système d’axes propres (Ox, Oy, Oz), le champ de contrainte
lm
déforme l’ellipsoïde des indices et fait intervenir des termes croisés.
1 1 1 1 1 1 1 1
L/  Δ L/    +  «L/  Δ L/  ¬ † +  L/̈  Δ L/   v +  2Δ L/  †v  2Δ L/  v 
[ €€ § tt xx tx €x
1
2Δ L/  †  1
€t
(Eq. 2-20)

43
Les axes (Ox, Oy, Oz) ne sont plus les axes propres : l’ellipsoïde a subi une déformation (termes
diagonaux) ainsi qu’une rotation (termes extra-diagonaux).
La silice, étant un matériau isotrope en l’absence d’un champ de contrainte, les termes croisés de
l’ellipsoïde des indices (Eq. 2-20) sont nuls. Les autres trois termes de variation (Eq. 2-22) qui
apparaissent dans l’équation 2-21 dépendent du tenseur élasto-optique Pij et du tenseur des

optique, pour la silice sont ‘11  0,121, ‘1+  0,270 [Parmentier et al., 2003].
déformations εij [Parmentier et al., 2003] (Eq. 2-23). Les valeurs des composantes du tenseur élasto-

Dans le cadre du système simulé dans le paragraphe précédent (contraintes planes), il n’y a pas de
déformation suivant l’axe Oz donc pas de variation d’indice de réfraction suivant cette direction. Les
indices de réfraction suivant les axes Ox et Oy deviennent inhomogènes et anisotropes car les
contraintes sont inhomogènes et anisotropes. L’équation 2-24 est finalement l’expression des
nouveaux indices de réfraction obtenus dans la section transverse de la fibre suivant les axes Ox et Oy.
1 1 1 1 1 1
«L/  Δ «°/ ¬ ¬  +  L/  Δ «°/ ¬ Ž † +  «L/  Δ «°/ ¬ ¬ v +  1 (Eq. 2-21)
®¯ ±² 33 ®¯ ±² ³³ ®¯ ±² ´´
1 1 1
 L/  Δ «°/ ¬
Lµ/
®¯ ±² 33
1 1 1
  Δ «°/ ¬
L¶/ L®¯
/
³³
(Eq. 2-22)
±²

1 1 1
 L/  Δ «°/ ¬
L·/
®¯ ±² ´´
1
ºΔ «°/ ¬ ½
¹ ±² 33 ¼
‘11 ‘1+ ‘1+ o€
¹Δ « 1 ¬ ¼
¹ °±² ³³ ¼
/  ¾‘1+ ‘11 ‘1+ ¿ ¾ot ¿
¹ ¼ ‘1+ ‘1+ ‘11 ox
(Eq. 2-23)

¹̧ Δ « 1 ¬ ¼
´´ »
°/±²
L®¯
ˆ 
|1GL®¯
/
yHH U[ GyH/ U§ 
L®¯

(Eq. 2-24)
‰
|1GL®¯
/
yHH U§ GyH/ U[ 

Les figures 2-10 et 2-11 représentent les indices de réfraction dans le cœur de la fibre subissant un
écrasement de 20 µm pour, respectivement, un vecteur déplacement électrique parallèle à l’axe Ox et
parallèlement à l’axe Oy. Ces indices sont tous supérieurs à l’indice de réfraction en l’absence de
contrainte. Pour comprendre cette tendance, il faut penser à la loi de Gladstone qui permet de calculer
l’indice de réfraction d’un gaz en fonction de sa concentration. Plus la concentration du gaz est élevée,
plus l’indice de réfraction sera grand. L’écrasement de la fibre va rapprocher les atomes de la fibre
donc augmenter la densité.

a b
Figure 2-10 : Indice de réfraction dans le cœur de la fibre en silice

44
suivant l’axe Ox pour un écrasement de 20 µm :
(a) indice sur toute la surface du cœur,
(b) profil de l’indice suivant l’axe x=0

a b
Figure 2-11 : Indice de réfraction dans le cœur de la fibre en silice
suivant l’axe Oy pour un écrasement de 20 µm :
(a) indice sur toute la surface du cœur,
(b) profil de l’indice suivant l’axe x=0

Nous constatons que la mâchoire a certes permis de moduler périodiquement l’interface cœur/gaine
optique de la fibre pour la sensibiliser mais qu’elle a également, par effet élasto-optique rendu l’indice
de réfraction du cœur anisotrope et inhomogène à des dimensions grandes comparées à la longueur
d’onde. Connaissant maintenant la géométrie et les propriétés optiques de notre fibre perturbée, nous
allons étudier la propagation de la lumière dans le transducteur.

II.2 Modélisation électromagnétique


La propagation de la lumière dans les fibres optiques perturbées peut être modélisée par
différentes méthodes. La résolution numérique des équations de Maxwell est dans certains cas difficile
à mettre en œuvre ou bien elle nécessite une très grande puissance de calcul. C’est pourquoi la
méthode géométrique du tracé de rayons, la première proposée historiquement, a été la méthode la
plus utilisée pour décrire la propagation lumineuse dans un guide d’onde cylindrique perturbé et
notamment pour les fibres optiques multimodes.
Le paragraphe suivant présente une synthèse des méthodes de modélisation de la propagation des
ondes optiques dans une fibre optique multimode et conclu sur le choix adopté pour calculer la
propagation de la lumière dans le cas d’étude.

II.2.1 Méthodes de simulation de la propagation


Le tableau 2-3 présente les différentes méthodes de simulation de la propagation lumineuse
dans une fibre optique.
Méthodes modales Méthodes dites «numériques »
Méthodes (a) Résolution analytique des (b1) FDTD + (b2) méthode des
électromagnétiques équations de Maxwell éléments finis
(c) Tracé de rayons (d) Résolution numérique de
Méthodes géométriques
l’équation de l’eikonale
Tableau 2-3 : Tableau de synthèse des méthodes de simulation de la propagation d’une
onde lumineuse dans une fibre optique

(a) Résolution analytique des équations de Maxwell


La résolution analytique des équations de Maxwell, dans le cas d’une fibre optique fait
apparaître plusieurs solutions : ce sont les modes électromagnétiques de la fibre [Snitzer, 1961],

45
[Belanger], [Marcuse, 1991], [Snyder et al., 1996]. La détermination des modes guidés est assez aisée
dans le cas d’une fibre optique cylindrique à saut d’indice. Dès que la géométrie et les indices de
réfraction deviennent trop compliqués, il n’existe plus de solution analytique. Suivant la source
utilisée, l’énergie lumineuse se répartit différemment sur les modes guidés. Il faut donc déterminer la
fonction de répartition de l’énergie. Le calcul des modes est parfois laborieux et très dépendant de la
géométrie, mais une fois obtenu, il permet des calculs plus rapides et avec une plus faible erreur
numérique.

(b1) Méthode des éléments finis


Initialement proposée pour résoudre des problèmes de mécanique des fluides [Carey et al.,
1986], la méthode des éléments finis sert aussi à résoudre les équations de Maxwell. Cette méthode
nécessite un maillage de l’espace. Les valeurs des composantes des champs électriques et magnétiques
sont évaluées à chaque nœud du maillage. Le défaut de cette méthode est que la distance entre deux
points du maillage doit être très inférieure à la longueur d’onde, ce qui nécessite une forte
discrétisation et demande vite une grande quantité de mémoire et une grande puissance de calcul. Pour
une source donnée, le résultat obtenu, par cette méthode est l’état stationnaire de l’onde
électromagnétique dans le milieu. Son avantage est sa grande adaptabilité (géométrie et matériaux).

(b2) Méthode des différences finies dans le domaine temporel (FDTD)


La méthode dite FDTD, abréviation anglaise pour Finite-Difference Time Domain est une
méthode de calcul basée sur l’utilisation des différences finies pour résoudre les équations
différentielles de Maxwell dans l’espace et le temps à partir de conditions initiales données. Cette
méthode a été initialement proposée en 1966 par K.S. Yee [Yee, 1966], [Taflove et al., 1961].
Contrairement à la méthode des éléments finis, en FDTD, toutes les composantes du champ
électromagnétique ne sont pas calculées à tous les nœuds du maillage, ni aux mêmes instants. La
cellule de Yee (figure 2-12) montre à quels points de l’espace sont évaluées les différentes
composantes du champ électromagnétique. La FDTD a un intérêt pour étudier, en particulier les états
transitoires et les ondes non monochromatiques. Cette méthode flexible est très adaptable. Cependant,
elle nécessite beaucoup de ressources en terme de mémoire et de puissance de calcul.

Figure 2-12 : Cellule de Yee

(c, d) Tracé de rayons / Résolution de l’équation de l’eikonale


Avec ce modèle, le faisceau lumineux est supposé être constitué de rayons se propageant dans
la fibre optique avec un certain angle d’inclinaison par rapport à l’axe optique [Witkowsky et al.,
2008], [Snyder et al., 1975], [Love et al., 1980]. Les conditions d’injection de la lumière dans la fibre,

46
c’est-à-dire la proportion de rayons qui sont inclinés de la même manière par rapport à l’axe optique,
sont liées au diagramme d’émission de la source. La propagation des rayons suit les lois de l’optique
géométrique. Dans une fibre à saut d’indice, le trajet du rayon est une suite de lignes brisées. Les
changements de direction des rayons interviennent à l’interface cœur/gaine optique de la fibre. Dans
des cas plus complexes, une approche numérique est nécessaire pour déterminer la trajectoire d’un
rayon, comme par exemple, pour le cas d’une fibre dont l’indice de réfraction du cœur est variable.
Cette méthode géométrique est uniquement valable si aucun phénomène ondulatoire n’intervient c’est-
à-dire dans le cas où les dimensions des interfaces sont grandes par rapport à la longueur d’onde.

Choix de la méthode
La modélisation de la propagation de la lumière dans une fibre optique multimode peut
actuellement se faire principalement par deux méthodes : le tracé de rayons ou l’analyse modale. La
résolution numérique par différences finies ou éléments finis est plus rare car elle nécessite une grande
puissance de calcul et une grande capacité de mémoire. Dans le cas présent, avec des perturbations de
l’ordre de la dizaine de micromètres sur plusieurs millimètres de longueur, les deux approches (tracé
de rayons et méthode modale) sont envisageables. Par souci de précision et aussi par volonté
d’investigation de cette méthode peu utilisée, nous avons retenu la méthode modale pour modéliser
puis simuler la propagation de la lumière au sein d’une fibre optique multimode. Cette méthode
présente l’avantage d’être analytique et prend en compte les phénomènes dus à la nature ondulatoire
de la lumière que ne peut traiter la méthode géométrique qui nécessite, par ailleurs, de développer des
programmes de tracé de rayons qui prennent rapidement beaucoup de ressources. L’annexe VI
présente la théorie du tracé de rayons dans le cas de notre capteur.

II.2.2 Calcul des modes d’une fibre optique à saut d’indice


La première étape de la modélisation est d’établir la nature des modes guidés c’est-à-dire des
modes qui se propagent et dont l’énergie reste confinée dans le cœur et cela dans le cas d’une fibre
optique non perturbée. Cette démonstration classique est présentée dans de nombreux ouvrages
[Snitzer, 1961], [Belanger], [Marcuse, 1991], [Snyder et al., 1996], [Gloge, 1971]. La seconde étape
consistera à déterminer les modes rayonnés. Ces modes se propagent dans la gaine optique. Ils ne sont
pas confinés dans le cœur. L’étape suivante étant de calculer les couplages entre modes causés par la
perturbation de la fibre optique.
II.2.2.a Détermination des modes guidés
La fibre optique à saut d’indice est une structure diélectrique à symétrie cylindrique composée
de deux matériaux d’indice de réfraction différents. Le cœur a un indice de réfraction -r  o-r
supérieur à l’indice de réfraction de la gaine optique qr  oqr . Les équations de Maxwell (Eq. 2-
25) se simplifient car il n’y a ni charge, ni courant et les matériaux sont non magnétiques (µ = µ0).
C’est dans l’article de Snitzer de 1961 qu’apparaît pour la première fois une description complète des
modes guidés d’une fibre optique multimode à saut d’indice [Snitzer, 1961]. Cette description a
ensuite été reprise abondamment dans la littérature [Belanger], [Marcuse, 1991], [Snyder et al., 1996],
[Gloge, 1971].
Àš
‚bP—  S ÀI
wž—  0
À—
‚bPš  o ÀI wžš  0
(Eq. 2-25)

La fibre optique est considérée de longueur infinie. La variable longitudinale z est séparée des
variables transverses r et θ. Le champ électromagnétique est recherché avec la forme de l’équation 2-
26.

47
CŸ ‚, Á
C ‚, Á¢ à 9mx à mÄI  aa
1
—‚, Á, v, P 
+
Cx ‚, Á
ş ‚, Á
(Eq. 2-26)
Å ‚, Á¢ à 9mx à mÄI  aa
1
š‚, Á, v, P 
+
Åx ‚, Á
où cc désigne le complexe conjugué de à 9mx à mÄI et β est la constante de propagation du modes.
Si β est réel, on dira que le mode est guidé ; si β est imaginaire, on parlera de mode évanescent. Dans
le cas d’une onde plane se propageant dans un milieu infini, isotrope et homogène d’indice de
Ä
réfraction n, β s’exprime en fonction de l’indice de réfraction du milieu et du vecteur d’onde Q  - . c

 Q
est la célérité de la lumière.
(Eq. 2-27)
Comme le milieu est composé de deux indices et que la structure est guidante (nco > ngo), les valeurs

Q 1 Æ Æ Q +
des constantes de propagation des modes guidés sont restreintes à l’intervalle de l’équation 2-28.
(Eq. 2-28)
La résolution des équations de Maxwell dans le cœur et la gaine optique et l’application des conditions
aux limites amène à l’équation 2-29 dite équation caractéristique. m est la constante de séparation.
C’est un entier. Le détail du calcul du champ électromagnétique est donné dans l’annexe I.
ÇÈ É  ÊM
È   L6Ë ÇM
È É  ÊM
È   1 1 L/ 1 1
JÉ MÇ   O ©   ª  @² ɲ ²  ² ² «L/6Ë É² ²  ² ²¬
/

M É  ÊM   LÌË É ÇM É 


/ ÊM   ÌË

(Eq. 2-29)
où Jm représente la fonction de Bessel de première espèce d’ordre m, Km la fonction de Bessel d’ordre

+  Q+ -r  +
m modifiée pour la variable complexe, f ' la dérivée de f, a le rayon de la fibre optique,
+

˜ +  +  Q+ qr +
.
Cette équation implicite permet le calcul des constantes de propagation β des modes guidés. Les
constantes de propagation sont normalisées entre 0 et 1 (Eq. 2-30) et sont ensuite présentées sous
forme d’abaques. Elles dépendent de l’ouverture numérique ON (Eq. 2-30a), du rayon du cœur a et de
la longueur d’onde λ. La fréquence normalisée de la fibre V (Eq. 2-30b) est déduite de ces paramètres
(Eq. 2-31). Il est donc possible de déterminer les constantes de propagation des modes en connaissant
uniquement la fréquence normalisée et l’ouverture numérique de la fibre. La figure 2-13 représente un
abaque donnant les constantes de propagation normalisées b (Eq. 2-31) en fonction de la fréquence
normalisée de la fibre V calculé par résolution numérique de l’équation caractéristique (Eq. 2-29) sous
Matlab pour une ouverture numérique de 0,4. On observe que pour des fréquences inférieures à 2,4, un
unique mode est propagé (HE11, voir annexe I). Dans ce cas la fibre est qualifiée de monomode. Au-
delà de cette fréquence limite, la fibre est dite multimode. Par exemple, pour une fréquence V = 3,
quatre modes guidés existent. En figure 2-14, nous avons représenté un abaque calculé pour une
ouverture numérique de 0,22. Certains modes ont des constantes de propagation très proches et
peuvent être regroupés en ce qu’on appelle des groupes de modes.

48
Figure 2-13: Abaque des constantes de propagation normalisées b
en fonction de la fréquence normalisée V pour
une ouverture numérique de 0,4

Figure 2-14: Abaque des constantes de propagation normalisées b


en fonction de la fréquence normalisée V pour
une ouverture numérique de 0,22

ÍÎ  | +
-r  +
qr 
!
  Q . . ÍÎ
(Eq. 2-30)

9$ LÌË
!$
 L6Ë 9LÌË 
(Eq. 2-31)
Pour chaque valeur de la constante de séparation m, l’équation caractéristique (Eq. 2-29) admet
plusieurs solutions β donc plusieurs modes. m est également appelé indice azimutal du mode. Pour
@  0, l’équation caractéristique se simplifie en deux équations. L’équation 2-32 correspond à un
mode transverse électrique ou mode TE car le champ électrique suivant la direction longitudinale est
nul. L’équation 2-33 est l’équation caractéristique d’un mode TM.
L6Ë ÇÈ É  ÊÈ  
  0
/

LÌË É Ç É 
/ Ê  
(Eq. 2-32)
ÇÈ É  ÊÈ  
É Ç É 
  Ê  
0 (Eq. 2-33)
Lorsque m est non nul, les solutions de l’équation caractéristique sont les constantes de propagation de
modes dits hybrides car toutes leurs composantes vectorielles sont non nulles. Chaque mode guidé
apparaît au-delà une certaine fréquence normalisée. C’est la fréquence de coupure du mode. Si la

49
fréquence normalisée est inférieure à la fréquence de coupure du mode alors le mode devient
évanescent. Il existe d’autres modes propagatifs, dont l’énergie n’est pas localisée dans le cœur de la
fibre, ce sont les modes rayonnés. En utilisant l’équation caractéristique (Eq. 2-29) ainsi que les
relations de récurrence sur les fonctions de Bessel, les fréquences de coupures Vc sont déterminées par
les équations 2-34 et 2-35. Comme il existe deux équations distinctes qui permettent de déterminer les

Ï; -   0
fréquences de coupure des modes guidés, il y a deux sous-familles de modes hybrides.
(Eq. 2-34)
Ï;9+ -  
19L/
Ï; - 
1GL/
(Eq. 2-35)
L6Ë

LÌË
où .
Les figures 2-13 et 2-14 mettent en évidence que lorsque l’ouverture numérique diminue, certains
modes ont des constantes de propagation très proches. L’approximation de faible guidage est le fait de
considérer que l’indice de réfraction du cœur est très proche de l’indice de réfraction de la gaine
optique. On parle alors de modes linéairement polarisés (modes LP). L’équation 2-36 est l’équation
caractéristique dans le cadre de l’approximation de faible guidage. Comme l’ouverture numérique est
supposée nulle, l’abaque des constantes de propagation normalisées en fonction de la fréquence
normalisée (figure 2-15) est unique. Les composantes du champ électromagnétique sont calculées dans
l’annexe I.
ÇÈ É  ÊM
È   1 1
JÉ MÇ   ÊM  
O  Ð@ ɲ ²  ² ²
M É 
(Eq. 2-36)

Figure 2-15: Abaque des constantes de propagation normalisées b


en fonction de la fréquence normalisée V
dans l’approximation de faible guidage

Dans notre cas, en raison de la faible ouverture numérique de notre fibre optique (ON = 0,22), nous
avons considéré cette hypothèse de faible guidage.
II.2.2.b Détermination des modes rayonnés
La forme du champ électromagnétique des modes rayonnés reste la même que celle des modes
guidés (Eq. 2-26). Les modes rayonnés ne restent pas confinés dans le cœur de la fibre ; ils se
propagent dans la gaine. Le développement des équations de Maxwell (Eq. 2-25) et de l’équation

modes peut avoir une valeur quelconque inférieure à Q + . A la différence des modes guidés, les
d’onde se font de la même manière que pour les modes guidés. La constante de propagation de ces

modes rayonnés constituent un continuum de modes. Le détail des calculs pour obtenir toutes les
composantes du champ électromagnétique est donné en annexe II.

50
II.2.2.c Décomposition du champ électromagnétique sur les modes idéaux de la fibre optique
Les modes guidés et rayonnés que nous venons de déterminer dans les deux paragraphes
précédents sont les modes idéaux de la fibre non perturbée. Les composantes transversales des champs
électromagnétiques des modes idéaux forment une base orthonormée complète c’est-à-dire que pour
toute lumière injectée dans la fibre optique, le champ électromagnétique transversal de celle-ci se
décompose de manière unique sur la base des modes idéaux de la fibre [Marcuse, 1991].
Le champ électromagnétique (E, H) est la somme d’un champ transversale (Et, Ht) et d’un champ
longitudinal (Ez, Hz). L’opérateur rotationnel (rot) appliqué à un vecteur quelconque peut être exprimé
fonction de ses composantes transversales et longitudinales (Eq. 2-38). La combinaison de cette
équation avec les équations de Maxwell (Eq. 2-25) donne la relation (Eq. 2-39) qui lie les composantes

—  —Ñ  —Ò
transversales du champ (Et, Ht) aux composantes longitudinales (Ez, Hz).

š  šÑ  šÒ
(Eq. 2-37)

–ÓÑ šI  –ÓÑÑ šÒ  Ôx ∧


ÀšÑ
Àx
–ÓÑ šx  –ÓÑÑ šÑ
(Eq. 2-38)
1
—Ò  –ÓÑÑ šÑ
lÄU L/
91
šÒ  –ÓÑÑ —Ñ
(Eq. 2-39)
lÄÖ
Le champ électromagnétique transversal de la source (Et, Ht) se décompose, de manière unique sur la
base des champs électromagnétiques transversaux des modes idéaux :
—Ñ  ∑Ú
Ù
nÛ1 n —nI   Ø —ØI

šÑ  ∑Ú
Ù
nÛ1 !n šnI   !Ø šØI
(Eq. 2-40)

où Eνt est la composante transverse du champ électrique du mode guidé ν et Eρt est celle du mode
rayonné.

II.2.3 Généralités sur le couplage de modes


L’injection de la lumière dans une fibre optique excite les modes guidés et les modes rayonnés
c’est-à-dire que chaque mode reçoit une partie de l’énergie injectée. Or, les modes rayonnés comme
leur nom l’indique laissent l’énergie s’échapper de la fibre. Il ne reste alors plus que l’énergie répartie
sur les modes guidés après une certaine longueur de fibre. Dès que la fibre est perturbée (courbure,
mise sous contrainte), de l’énergie est échangée entre les modes. C’est le phénomène du couplage de
modes. Lorsque l’énergie est couplée entre deux modes guidés, il n’y a pas de perte en transmission;
seule la distribution spatiale de l’intensité lumineuse change dans la fibre. Dès qu’un mode guidé est
couplé à un mode rayonné, de l’énergie s’échappe de la fibre. Il y a alors perte en transmission.
La théorie du couplage de modes dans les fibres optiques a été introduite au début des années 1970
[Huang, 1994] par Snyder [Snyder, 1972], Marcuse [Marcuse, 1973], Yariv [Yariv, 1973] et Kogelnik
[Kogelnik, 1975].
Pour de faibles perturbations, la structure modale de la fibre optique ne changent quasiment pas. La
décomposition du champ électromagnétique dans la zone perturbée (Ep, Hp) se fait sur les modes

∑  signifie qu’il y a sommation sur l’ensemble discret des modes guidés et intégration sur le
idéaux (guidés et rayonnés) de la fibre non perturbée (eν, hν) (Eq. 2-41) [Gloge, 1971]. Le symbole

continuum des modes rayonnés.


Les coefficients de décomposition du champ électromagnétique aν sont supposés identiques pour la
décomposition du champ électromagnétique dans la zone perturbée et la zone non perturbée. Ils
dépendent de la coordonnée longitudinale z car la perturbation va coupler les modes.

51
ÜÝ  ∑  aß záâ
ã Ý  ∑  aß zäâ
(Eq. 2-41)

coordonnées transversales (r,θ) Ôæå et d’un propagateur à mç x dépendant de la coordonnée


Le champ électromagnétique de chaque mode guidé eν est le produit d’un terme dépendant des

longitudinale z (voir Eq. 2-26). Au paragraphe précédent, nous avons vu que les vecteurs Ôæå et èæå sont

áâ  á′â r, θeíîï ´


la somme d’un vecteur transversale et d’un vecteur longitudinal (voir Eq. 2-37).

äâ  ä′â r, θeíîï ´


(Eq. 2-42)

á′â  áâð  áâñ


ä′â  äâð  äâñ
(Eq. 2-43)
Pour une fibre à saut d’indice parfaite, la permittivité diélectrique dépend uniquement du rayon du
cœur a de la fibre optique (Eq. 2-44). La perturbation se manifeste par une déformation de la fibre
et/ou par une modification des indices de réfraction. De manière générale, la perturbation modifie

o-r ~b‚ ‚ ò 
localement la permittivité diélectrique qui dépend des trois coordonnées de l’espace εm(r,θ,z).
o‚  ©o ~b‚ ‚ Æ 
qr
(Eq. 2-44)
Pour chaque mode guidé d’indice p, ap va évoluer le long de l’axe z. L’équation différentielle 2-45
permet de déterminer sa valeur pour n’importe quelle position z. La somme est étendue à tous les
modes de la fibre. Le coefficient Cpq (Eq. 2-46) est alors le coefficient de couplage entre le mode p et
le mode q. Pour déterminer l’évolution des coefficients ap, il faut résoudre un système de N équations
différentielles couplées où N est le nombre total de modes. Le coefficient de couplage s’exprime en
fonction du champ électromagnétique des deux modes et de la permittivité locale de la fibre optique.
L’intégrale est étendue à toute la section transverse de la fibre optique.
óôõ ´
ó´
 iβ4 a4 z  i ∑øù4 aø z C4ø (Eq. 2-45)
á . á∗  dS
û 
C4ø  +
 εý  ε áÝð . á∗þð   Ýñ þñ
(Eq. 2-46)
Bien que ce modèle élaboré par Allan Snyder permette de bien comprendre comment exprimer
mathématiquement le couplage de modes, il n’est pas facilement applicable dans le cas du travail de
thèse pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le coefficient de couplage de l’équation 2-46 est dépendant
de la variable z donc il est nécessaire de l’évaluer pour chaque valeur de la coordonnée longitudinale.
Ensuite, la résolution du système 2-45 est très difficile à mettre en œuvre avec des coefficients de
couplage non constants et un très grand nombre de modes. Enfin, l’intégrale qui intervient dans le
calcul du coefficient de couplage ne peut être déterminée que numériquement vu la complexité des
expressions mathématiques des champs électromagnétiques et la permittivité diélectrique εm.
Les fibres optiques utilisées véhiculent, dans notre cas, un très grand nombre de modes (6069 modes
LP pour la fibre HCL200 de Sedi Fibres). C’est pourquoi les coefficients de couplage devront être
déterminés de manière analytiques et seront recherchés sous une forme indépendante de z. Dietrich
Marcuse dans son livre « Theory of dielectric optical waveguides » [Marcuse, 1991] propose un
modèle de couplage de modes dans une fibre optique à saut d’indice pour différentes perturbations qui
correspondent aux perturbations proposées dans le brevet d’invention.

II.2.4 Théorie du couplage de modes de Dietrich Marcuse


Parmi toutes les manières d’obtenir le système d’équations différentielles couplées, deux ayant
un sens physique particulier ont été retenues par Marcuse. Elles s’appliquent pour le couplage entre les
modes d’un guide d’onde optique diélectrique (non magnétique) à saut d’indice, faiblement absorbant
dont les caractéristiques optiques et géométriques changent au long de l’axe de propagation du guide,

52
dans l’approximation de faible guidage [Marcuse, 1991]. Ces deux modèles sont deux manières de
décrire une même réalité physique.
Dans la suite du mémoire, les coefficients de couplage seront écrits en coordonnées cylindriques mais
ils restent valables pour des guides d’onde de géométries différentes. Seuls les couplages de modes
entre modes co-propagatifs dans le sens des z croissants seront considérés.
II.2.4.a Le formalisme des modes idéaux
Le guide d’onde est considéré comme un guide idéal dont l’interface cœur/gaine optique varie
légèrement. L’approximation consiste ici à considérer que les modes optiques sont ceux du guide
d’onde idéal en l’absence de perturbation. Le champ électromagnétique est alors décomposé sur ces
modes et les coefficients d’expansion varient le long de l’axe de propagation. Le coefficient de
couplage Kµν (Eq. 2-47) couplant un mode µ à un mode ν est comparable au coefficient donné
précédemment (Eq. 2-46). La différence entre les deux coefficients de couplage est due aux notations
prises par les deux auteurs.
Ce formalisme est particulièrement indiqué lorsque les dimensions du guide d’onde ne varient pas
mais lorsque les indices de réfraction du cœur et de la gaine optique changent le long de l’axe de

∗ ‚,
CÖ,Ÿ Á. Cn,Ÿ ‚, Á
propagation (inhomogénéités, variations opto-réfractives…).
º ½
¹ C ∗
‚, Á. C ‚, Á ¼ ‚‚Á
   ‚, Á, v   
ÄU +h Ù +
BÖ,n  + Ö, n,Â
}m  ¹̧ ∗ ‚, ¼
Á. Cn,x ‚, Á»
L/
 C
(Eq. 2-47)
L²Ÿ,Â,x Ö,x
où Eµ et Eν désignent les champs électriques des modes idéaux µ et ν, ω la pulsation de l’onde
lumineuse, n0 la distribution de l’indice de réfraction de la fibre non perturbée et n(r,θ,z) est la
distribution de l’indice de réfraction de la fibre perturbée.
1
BÖ,n  +m T¦,% (Eq. 2-48)

II.2.4.b Le formalisme des modes locaux


L’interface cœur/gaine optique du guide d’onde varie très légèrement. Pour chaque valeur de
z, il est possible d’approximer localement le guide d’onde par un guide d’onde idéal. Le champ
électromagnétique est décomposé sur les modes locaux qui en chaque point coïncident avec les modes
du guide d’onde idéal dont les dimensions sont celle du guide d’onde réel au point considéré. Le
coefficient de couplage Rµ,ν (Eq. 2-49) fait intervenir la dérivée de la permittivité diélectrique.
Ce formalisme est particulièrement indiqué lorsque les dimensions du guide d’onde varient alors que
les indices de réfraction du cœur et de la gaine optique ne varient pas le long de l’axe de propagation

∗R ‚, R ‚,
CÖ,Ÿ Á. Cn,Ÿ Á
(variation du diamètre du cœur, courbures, variations d’ellipticité…).

CÖ, ‚, Á. Cn, ‚, Á ‚‚Á


ÄU +h Ù ÀL²Ÿ,Â,x
‹Ö,n  }  
∗R R
 9ç   Àx
(Eq. 2-49)
∗R ‚, R ‚,
CÖ,x Á. Cn,x Á
où Eµl et Eνl désignent les champs électriques des modes locaux µ et ν et ω la pulsation de l’onde
ÀL²Ÿ,Â,x
Àx
lumineuse, la dérivée par rapport à z de la permittivité diélectrique de la fibre perturbée.

II.2.4.c Coefficients de couplage dans l’approximation du faible guidage


Les expressions du coefficient de couplage dans le formalisme des modes idéaux et celles dans
le formalisme des modes locaux se rejoignent dans l’approximation du faible guidage. Toutefois, cette
équivalence est valable uniquement dans le cadre de deux hypothèses supplémentaires :
- Faibles amplitudes des variations géométriques du guide par comparaison avec les
dimensions du guide d’onde et/ou faibles variations des indices de réfraction en
comparaison avec leurs valeurs nominales ;

53
- Lentes variations de la dimension de la perturbation longitudinale Λ au fil de la dimension
z en comparaison avec la longueur d’onde (Λ > λ) et faibles amplitudes de la dérivée.
L’expression des coefficients de couplage (Eq. 2-47 et Eq. 2-49), dans l’approximation du faible
guidage deviennent respectivement les expressions Eq. 2-50 et Eq. 2-51. La démarche mathématique
de simplification des coefficients de couplage est expliquée dans le livre de Marcuse [Marcuse, 1991
pp. 113-128]. Dans les expressions simplifiées, les composantes du champ électrique des modes sont
uniquement évaluées à l’interface cœur/gaine optique et la double intégration devient une intégrale sur
θ. Maintenant, on voit apparaître la perturbation géométrique par les expressions f(z) (dépendance
longitudinale de la perturbation) et g(θ) (dépendance orthoradiale de la perturbation). L’équivalence
des deux coefficients implique la relation Eq. 2-52. Cette équation différentielle a pour solution une
sinusoïde de fréquence spatiale Λc avec Λc donné par l’équation 2-53. Cette relation est très importante.
Elle nous dit qu’un mode µ de constante de propagation βµ se couple à un mode ν de constante de
propagation βν si dans le spectre de la perturbation il y a la fréquence spatiale Λc vérifiant l’équation 2-
53.
/ CÖ,Ÿ , Á. Cn,Ÿ , Á½
L6Ë
/
ºLÌË

 }m  -r  qr v  Á C ∗ , Á. C , Á ¼ Á


¹
ÄU +h
BÖ,n + +
¹̧ Ö, n, ¼
(Eq. 2-50)
∗ ,
CÖ,x Á. Cn,x , Á »
CÖ,Ÿ  v, Á. Cn,Ÿ   v, Á
∗ 

 } 9   -r  qr  Àx  Á CÖ,   v, Á. Cn,   v, Á¢ Á


ÄU Àfx +h
‹Ö,n + + ∗

CÖ,x∗ 
 v, Á. Cn,x   v, Á
 ç

  v
(Eq. 2-51)
91 Àf
 9ç Àx
(Eq. 2-52)
+h
Λ  |
 9ç |
(Eq. 2-53)

Comme dans notre cas les deux expressions Eq. 2-50 et Eq. 2-51 sont équivalentes, nous avons choisi
de ne retenir le coefficient de couplage de l’équation 2-50. L’expression des champs électriques des
modes se calcule de manière analytique. Il reste maintenant à décrire de manière simple et analytique
la perturbation de la fibre f(z) et g(θ).
II.2.4.d Nature de la perturbation
La perturbation modifie la géométrie de la fibre optique et donc l’interface cœur/gaine
optique. L’équation 2-54 donne un exemple de fonction de déformation générale décrivant un grand

‚Á, v    vcos@Á
nombre de perturbations possibles.
(Eq. 2-54)
Si m vaut 0, le cosinus est égal à 1. La déformation correspond à une modulation du rayon du cœur de
la fibre qui préserve sa circularité mais dont le rayon varie le long de l’axe de propagation.
Si m vaut 1, la fonction de déformation décrit une courbe sinusoïdale de l’axe optique de la fibre qui
est quelquefois appelée microcourbure. Au point (r = a, θ = 0°), le déplacement vaut f(z). Aux points
(r = a, θ = 90°) et (r = a, θ = 270°), le déplacement est nul. Enfin, au point (r = a, θ = 180°), le
déplacement vaut –f(z).
Si m vaut 2, les points à θ = 45°, 135°, 225° et 315° sont invariants. A θ = 0° et 180°, le déplacement
vaut f(z) et à θ = 90° et 270°, le déplacement vaut –f(z). Donc pour m = 2, la déformation transforme la
fibre circulaire en une fibre périodiquement elliptique.

54
Figure 2-16 : Déformations transversales possibles de la fibre
en fonction du paramètre m

Dans le transducteur, la fibre optique est enserrée entre deux mâchoires où la perturbation a été gravée
sur une surface plane et où les deux mâchoires sont en phase. Cette perturbation correspond à une
perturbation elliptique (m = 2). Pour vérifier cette hypothèse, la déformation réelle du contour de la
fibre a été calculée par éléments finis, normalisée puis présentée en figure 2-17. La normalisation a été
faite par rapport au point où le déplacement est maximal c'est-à-dire au point de contact entre la fibre
et la mâchoire.
La fonction de la figure 2-17 est continue, dérivable et π-périodique. Elle est décomposable en série de
Fourier. En combinant les équations 2-3 et 2-54, on obtient une expression analytique pour le rayon du
cœur (Eq. 2-55).
La figure 2-18 est le périodogramme des coefficients Ak de la décomposition en série de Fourier de la
déformation normalisée du contour de la fibre. Le paramètre m utilisé précédemment est équivalent à
2k. Le coefficient maximal est obtenu pour k = 1 c’est-à-dire m = 2. La déformation réelle de la fibre
optique, dans notre cas, se rapproche donc d’une déformation elliptique. Dans la suite de l’analyse,
l’approximation elliptique sera conservée. Pour affiner le modèle de simulation, un plus grand nombre

‚Á, v    Jcw 2^ y   TTO ∑Ù


$Û $ cos2QÁ
de coefficients pourrait être conservé.
x
(Eq. 2-55)

Figure 2-17 : Déformation normalisée du contour


de la fibre optique

55
Figure 2-18 : Périodogramme des coefficients de la décomposition
en série de Fourier de la déformation normalisée
du contour de la fibre optique

Finalement, maintenant que nous connaissons les fonctions f(z) et g(θ) décrivant la perturbation

produit d’un coefficient QÖ,n et de la dépendance longitudinale de la perturbation. QÖ,n ne dépend que
géométrique le coefficient de couplage est entièrement déterminé (Eq. 2-56). Il peut s’écrire comme le

des champs électriques des modes µ et ν au niveau de l’interface cœur/gaine optique et de la


déformation transversale du cœur de la fibre. L’intégrale se calcule analytiquement. Les formules
littérales du coefficient de couplage sont données dans l’annexe III.

º L/ CÖ,Ÿ , Á. Cn,Ÿ , Á½


6Ë ∗ L/

v  abc@Á ¹ C ∗ , Á. C , Á ¼ Á


ÄU +h
BÖ,n  }m  -r  -R
6
+ +
¹̧ Ö, n, ¼
∗ ,
CÖ,x Á. Cn,x , Á »
BÖ,n  QÖ,n v
(Eq. 2-56)
Pour déterminer les variations de la puissance véhiculée par chaque mode guidé, le coefficient de
couplage est ensuite injecté dans les équations différentielles de couplage. Pour commencer, on
décompose le champ électromagnétique sur les modes de la fibre (Eq. 2-57). L’indice t signifie que
seule la composante transverse du champ électromagnétique est prise en compte. Les signes + (sens de
z croissants) et – (sens des z décroissants) se réfèrent au sens de la propagation de la lumière dans le
guide d’onde. On rappelle que les coefficients de décomposition sont solutions de l’équation
différentielle 2-58. De plus, lorsque le guide d’onde est perturbé, les coefficients de décomposition du
champ électromagnétique sur les modes sont solutions des équations différentielles de couplage (Eq.
2-59). Pour simplifier le système d’équations différentielles, une nouvelle variable cµ (Eq. 2-60) est

CIG  ∑  ÖG vCÖ,I


dérivée des coefficients de décomposition aµ.

ÅIG  ∑  ÖG vÅÖ,I


CI9  ∑  Ö9 vCÖ,I
(Eq. 2-57)

ÅI9  ∑  Ö9 vÅÖ,I



W² 
 Ö Ö v 0
+ G
Wx²

W² 
 Ö Ö v 0
+ 9
(Eq. 2-58)
Wx²

∑nBÖ,n
W 
Ö Ö v 
GG vG
 n v  BÖ,n vn v
G G9 9
Wx
∑nBÖ,n
W 
Ö Ö v 
9G vG
 n v  BÖ,n vn v
9 99 9
(Eq. 2-59)
Wx

56
ÖG  aÖG Ã 9m x
Ö9  aÖ9 Ã Gm x
(Eq. 2-60)

 ∑nBÖ,n 
W- GG va G G9 va 9
n và  BÖ,n n vÃ
m 9ç x m 9ç x
Wx
 ∑nBÖ,n 
W- 9G va G 99 va 9
n và  BÖ,n n vÃ
9m 9ç x 9m 9ç x
(Eq. 2-61)
Wx
Le modèle de Marcuse a permis donner une forme simple aux coefficients de couplage BÖ,n . Les
équations différentielles de couplage vont être développées pour donner la forme du coefficient de
décomposition aµ en fonction de z pour le cas du couplage entre deux modes guidés et pour le cas du
couplage entre un mode guidé et un mode rayonné.
II.2.4.e Cas du couplage entre deux modes guidés
Dans ce paragraphe, on considère un mode guidé qui échange de l’énergie avec uniquement un
autre mode guidé. La perturbation de la fibre va être sinusoïdale, f(z) prend la forme de l’équation 2-
62. Pour que le couplage entre les modes µ et ν ait un sens, la différence de leurs constantes de
+h
i
propagation doit être proche de (Eq. 2-53). Le système d’équations différentielles (Eq. 2-63) est
déduit de l’équation 2-61.
v  abc  i v  + Ã m  x  Ã 9m  x 
/ /
+h V
(Eq. 2-62)
W- GG G và m 9ç x GG G v V / /
 BÖ,n an  + QÖ,n an ©Ã Ã ª
m 9ç G x m 9ç 9 x
 
Wx
W-ç GG G và 9m 9ç x GG G v V / /
 BÖ,n aÖ  + QÖ,n aÖ ©Ã Ã ª
9m 9ç 9 x 9m 9ç G x
 
Wx
(Eq. 2-63)
L’introduction de nouveaux paramètres (Eq. 2-64) simplifie le système d’équations différentielles.
Après plusieurs intermédiaires de calculs (Eq. 2-65 à Eq. 2-67), on aboutit à un système d’équations
différentielles couplées. Pour la résolution de ce système, on considère qu’au départ, seul le mode ν est
excité (Eq. 2-68). Les coefficients d’expansion aµ et aν en fonction de z sont donnés en équation 2-70.
1 +h
p  + Ö n  
i
V GG
DÖ,n
GG
 Q
+ Ö,n
aÖG v  TÖG và m_x
(Eq. 2-64)

anG v  TnG và 9m_x


W- GG G v
/
  DÖ,n an ©Ã  Ã +m_x ª
+m_G x

Wx
W-ç GG G v
/
 DÖ,n aÖ ©Ã +m_x à ª
+m_G x
(Eq. 2-65)

Wx
W- GG G và m_x
Wx
  DÖ,n an
W-ç GG G và m_x
  DÖ,n aÖ
(Eq. 2-66)
Wx
WY
 pTÖG v   DÖ,n
GG G
Tn v
Wx
WYç
 pTnG v   DÖ,n
GG G
TÖ v
(Eq. 2-67)
Wx
G 0
TÖ 0
TnG 0 1
(Eq. 2-68)

57
°«´|,,ç
 ²G_²¬

TÖG v   DÖ,n


GG
 ²G_²
|,,ç

°«´|,,ç
 ²G_²¬
(Eq. 2-69)
TnG v  cos v|DÖ,n
GG +
 p +Ž  p
 ²G_²
|,,ç

°«´|,,ç
 ²G_²¬

ÖG v   DÖ,n


GG
à m_x à 9m x
 ²G_²
|,,ç

°«´|,,ç
 ²G_²¬
(Eq. 2-70)
nG v  cos v|DÖ,n  p +Ž  p ¢ à 9m_x à 9mç x
GG +
 ²G_²
|,,ç

Pour illustrer ce calcul, on va considérer deux modes guidés d’une fibre optique µ et ν qui sont couplés
l’un à l’autre et qui ne peuvent pas échanger d’énergie avec les autres modes de la fibre (guidés ou
rayonnés). Parmi les nouveaux paramètres introduit équation 2-71, η est un paramètre sans dimension
qui caractérise le couplage appelé paramètre normalisé de désaccord de phase. La puissance d’un
mode est égale au module au carré du coefficient de décomposition (Eq. 2-73) dans le cas d’une base
orthonormée. En figure 2-19, nous avons représenté 3 graphiques qui représentent la puissance des
deux modes guidés en fonction de la variable Z et du paramètre de désaccord de phase η. On voit que
si le paramètre de désaccord de phase est nul, l’énergie s’échange complètement entre les deux
modes : tantôt toute la puissance est véhiculée par un des modes, tantôt il ne véhicule rien. Plus le

 DÖ,n
paramètre de désaccord de phase devient grand, moins il y a d’énergie échangée entre les modes.
GG


_
(Eq. 2-71)
Q  | | 1  +
ÖG v   v. QÃ 9mx 9_

||
cw

nG v  ©abcv. Q  cw v. Qª Ã 9mxç G_
(Eq. 2-72)
1G/

‘Ö v  ÖG v 


+ lL/ x.$
1G/
lL/ x.$
‘n v  |nG v|+  1  1G/
(Eq. 2-73)

  v. Q (Eq. 2-74)

a b c
Figure 2-19: Evolution de la puissance véhiculée
par les modes µ et ν en fonction de Z pour différentes valeurs de η :
(a) η = 0, (b) η = 1, (c) η = 3

58
Comme nous allons le voir, dans notre cas, le couplage entre modes guidés sera négligé ; c’est le
couplage des modes guidés vers les modes rayonnés qui domine et qui contribue à la variation du taux
de transmission du transducteur.
II.2.4.f Cas du couplage entre un mode guidé et un mode rayonné
Le couplage entre un mode guidé et un mode rayonné peut-être décrit de la même manière
qu’entre deux modes guidés. Cependant, par définition, un mode rayonné laisse l’énergie qu’il porte
s’éloigner du cœur de la fibre optique sous réserve qu’aucun phénomène ne recouple cette énergie
dans le cœur du guide d’onde. De plus, les modes guidés forment un continuum.
En reprenant l’équation 2-61 pour le couplage entre le mode guidé µ et le mode rayonné ρ co-

constante sur la longueur L de la perturbation c’est-à-dire TÖG 0  TÖG ), le coefficient Cρ est
propagatifs dans le sens des z croissants et en considérant que l’énergie du mode guidé reste quasiment

transformée de Fourier  de la perturbation pour la variable  


solution de l’équation différentielle 2-75. L’intégration de cette équation fait alors apparaître la
 9
+h
. Si le mode rayonné n’était pas
excité avant la perturbation, l’équation 2-77 donne la valeur du coefficient Cρ après le segment de fibre
perturbée.
và m 9 x
WY
 TÖG 0QÖ,Ø
GG
Wx
(Eq. 2-75)
TØG )  TØG 0  TÖG 0QÖ,Ø  và 9m 9 x v
GG 
(Eq. 2-76)
  +h  
 9
TØG )  TÖG 0QÖ,Ø
GG
(Eq. 2-77)
En admettant que l’énergie couplée est définitivement perdue, alors le coefficient d’atténuation en
puissance Ö,Ø du mode guidé µ couplé au mode rayonné ρ est déduit de l’équation 2-77.
 + QÖ,Ø ² 
1  9
Ö,Ø
GG
 ²
+h
(Eq. 2-78)
En considérant qu’un mode guidé est en réalité couplé au continuum des modes rayonnés, le
coefficient d’atténuation pour le mode guidé µ avec l’ensemble des modes rayonnés co-propagatifs est
l’intégrale de l’équation 2-78 sur l’ensemble des constantes de propagation des modes rayonnés (Eq.

QÖ,Ø ² 
2-79).
 9
 + ∑#,!  
1 $ L6 
Ö
GG
+h
 ²Ø (Eq. 2-79)
Le terme Σ intervient ici pour rappeler que pour chaque mode guidé ou rayonné, il y a deux
polarisations possibles.
Pour illustrer ce type de couplage, on va considérer une fibre optique dont les caractéristiques sont
données dans le tableau 2-4. Comme la fréquence normalisée V (Eq. 2-31) de cette fibre vaut 2,4, il
n’y a qu’un seul mode guidé : le mode fondamental (LP01).
Rayon du cœur (a) 5 µm
Longueur d’onde (λ) 1 µm
Indice de réfraction du cœur (nco) 1,46
Indice de réfraction de la gaine optique (ngo) 1,458
Tableau 2-4 : Propriétés de la fibre optique monomode de l’exemple
illustrant le couplage radiatif

On va considérer une modulation du rayon du cœur de la fibre qui varie de manière sinusoïdale en
fonction de z. Dans ce cas, le paramètre m vaut 0 (cf Figure 2-16) et le rayon de la fibre r est donné par

‚Á, v    !. abc2^jv
l’équation 2-80.
(Eq. 2-80)
où a désigne le rayon de la fibre optique avant la perturbation, b l’amplitude de la perturbation et F la
fréquence spatiale de la perturbation.

59
Dans le cas où le paramètre m est nul et que l’indice azimutal ν du mode guidé est également nul
(mode guidé unique d’une fibre monomode), celui-ci ne peut que se coupler à des modes rayonnés
d’indices azimutaux µ valant 0 ou 1 (cf annexe II). Comme chaque mode (guidé ou rayonné) peut
avoir 2 polarisations, la somme dans la formule du coefficient d’atténuation (Eq. 2-79) comportera 8
termes. Ce coefficient est homogène à l’inverse d’une longueur. Marcuse propose un coefficient
adimensionnel normalisé par le carré de l’amplitude de la perturbation [Marcuse, 1991] en le
multipliant par le rayon (a) au cube et en le divisant par l’amplitude de la perturbation (b) élevée au
+. "
e/
carré : .
Pour chaque constante de propagation des modes rayonnés, ce coefficient adimensionnel est calculé. A
chaque constante de propagation βΦ des modes rayonnés, on associe un angle de radiation Φ défini par

#  Q qr abc$ 
l’équation 2-81a.

# ∈ &0 Q qr ' !
$ ∈ 0 90
(Eq. 2-81)
a
La figure 2-20 représente le coefficient adimensionnel de perte du mode LP01 en fonction de l’angle de
radiation Φ du mode rayonné considéré. Cette courbe obtenue via les algorithmes décrits dans ce
chapitre et implémenté pendant la thèse est similaire à celle obtenue par Marcuse [Marcuse, 1991]. On
constate que le maximum de cette courbe est obtenu pour un angle Φ de 3,74°. Cela signifie que pour
que le couplage soit maximal, il faut que le pas de perturbation soit choisi de telle manière qu’il couple
le mode LP01 au mode rayonné correspondant à cet angle de radiation. La valeur de la constante de
propagation du mode guidé LP01 βg (ici, βg = 9167546 m-1) est calculée par résolution de l’équation
caractéristique (Eq. 2-36). Après application de l’équation 2-53, on détermine le pas de perturbation
optimal (Λ = 240 µm) (Eq. 2-82). Pour ce pas de perturbation, la valeur du coefficient de perte
adimensionnel est de 0.0345. Supposons que l’on veuille que 63% de l’énergie du mode soit perdu au
bout d’une longueur de 1 cm, l’amplitude de perturbation b doit valoir alors 0,054 µm (Eq. 2-83). Ce
qui est très peu en regard du rayon de la fibre optique.
+h
Λ  240 μ@
9$  ÌË (#
L
(Eq. 2-82)
Ì

+. "
!  |,K})  0,054 μ@ (Eq. 2-83)

Figure 2-20: Pertes radiatives du mode LP01 normalisées


dues à une perturbation sinusoïdale du rayon du cœur
en fonction de l’angle de radiation

60
Cet exemple permet d’illustrer le couplage radiatif dans un cas très simple (fibre monomode, pas de
modulation des indices de réfraction, perturbation sinusoïdale du rayon du cœur, amplitude de la
perturbation inférieure au micron). Pour le calcul du couplage de modes dans le transducteur, nous
n’allons évaluer pour chaque mode guidé que les coefficients de perte 2α entre le mode guidé et les
modes rayonnés et cela en fonction du pas de perturbation Λ choisis.
Dans une fibre optique multimode, lorsque la perturbation est sinusoïdale de pas Λ, seuls certains
modes guidés sont couplés aux modes rayonnés (Eq. 2-53). En effet, pour qu’un mode guidé de
constante de propagation βi puisse se coupler aux modes rayonnés, il faut qu’il puisse au minimum se
coupler au mode rayonné de constante de propagation la plus élevée βr,max (βr,max =k0ngo). La figure 2-
21 est une représentation schématique des constantes de propagation des modes d’une fibre optique
multimode qui montre quels modes guidés suivant la valeur de leur constante de propagation sont
couplés aux modes rayonnés en fonction du pas de perturbation Λ.

Figure 2-21: Schéma des modes guidés couplés aux


modes rayonnés en fonction de leurs constantes de propagation
pour une perturbation sinusoïdale de pas Λ

II.2.4.g Equation des puissances couplées


Dans les deux paragraphes précédents, on a utilisé le système d’équations différentielles
couplées (Eq. 2-61) pour voir comment la puissance fluctue dans la fibre soumise à une perturbation.
La phase et l’amplitude de chaque mode pour chaque position z ne nous intéresse pas. Seule la
puissance lumineuse véhiculée par les modes présente un intérêt dans le travail de thèse. On a vu que
la puissance lumineuse est donnée par le module au carré du coefficient d’expansion (Eq. 2-73) qui
varie très rapidement dans l’espace car le nombre d’onde k est de l’ordre de 106. La puissance

‘Ö  〈ÖG v 〉
moyenne du mode est alors calculée par l’équation 2-84.
+
(Eq. 2-84)
Marcuse a démontré [Marcuse, 1991 pp.177-241] que du système d’équations différentielles couplées,
on peut déduire un système d’équations différentielles où les puissances des modes sont les solutions.
L’équation différentielle en terme de puissance (Eq. 2-85), pour un mode guidé µ véhiculant la
puissance Pµ fait intervenir le coefficient d’atténuation 2α calculé dans le paragraphe précédent (Eq. 2-
79) ainsi que le coefficient de couplage entre modes guidés (Eq. 2-56) du paragraphe II.2.4.e. Dans le
cas où le nombre de modes est très grand, la somme Σ (couplage entre modes guidés) peut être
remplacée par une intégrale ∫ [Snyder et al., 1976].
Wy
Wx
 -./.0
2 Ö ‘Ö  -..../....0
∑n BÖ,n ‘n  ‘Ö  (Eq. 2-85)
IXŸ;X -rɦR qX XLIŸX
Wæ IIéLÉ IlrL ;rWX qÉlWé
Si l’on considère une perturbation sinusoïdale de longueur L, sa transformée de Fourier est un sinus
+
cardinal dans le domaine des fréquences spatiales dont le lobe central a une largeur . Pour savoir si le
couplage entre modes guidés peut être négligé, il faut comparer cette valeur à l’intervalle des

61
constantes de propagation des modes guidés (Eq. 2-28) divisé par 2π. Pour une fibre optique
d’ouverture numérique 0,22 et une source de longueur d’onde 630 nm, le rapport entre la largeur de
l’intervalle des constantes de propagation divisé par 2π et la largeur du lobe central du sinus cardinal
est inférieure à 0,05% c'est-à-dire si on suppose que les modes se répartissent uniformément entre k0nco
et k0ngo, un mode guidé peut au maximum à un mode sur 2000. Pour la fibre HCL 200, cela fait au
maximum 3 modes. Le couplage entre modes guidés peut donc être négligé. L’équation différentielle
de couplage en terme de puissance se simplifie en l’équation 2-86.
Wy
 2 Ö ‘Ö
Wx
(Eq. 2-86)
Pour conclure ce paragraphe sur le couplage de modes, les coefficients de couplages du modèle de
Marcuse sont exprimés de manière analytique donc « facile » à implémenter et rapide à calculer. Les
approximations du modèle sont quasiment toutes respectées pour le cas d’étude sauf une : les indices
de réfraction changent (effet élasto-optique) surtout au point de contact entre la fibre optique et la
mâchoire. La modification des indices de réfraction influe fortement sur la propagation de la lumière :
les constantes de propagation et les distributions de l’intensité des modes changent.

II.3 Conclusion
La simulation mécanique du transducteur a été faite pour un cas particulier car le temps de
simulation et le temps de dépouillement des données est conséquent : l’étude d’un rapport cyclique
variable, la modulation du rapport entre le diamètre de la gaine optique et celui du cœur ou encore la
modification des propriétés mécaniques des matériaux n’ont pas été réalisées. Les simulations mettent
en évidence que la perturbation réelle de la fibre soumise à une perturbation en créneaux est
sinusoïdale.
Pour décrire la propagation de la lumière dans la fibre optique, nous avons choisi une méthode
électromagnétique de couplage de modes. La théorie de Marcuse a été choisie car ses approximations
en font une méthode qui s’exprime analytiquement et dont le calcul des coefficients de couplage est
rapide. L’amplitude de la perturbation réelle de la fibre sert à initialiser le calcul des coefficients de
couplage de mode. L’une des approximations de la théorie est une variation des indices de réfraction
négligeable. Or, nous avons vu (figures 2-10 et 2-11) que les indices de réfraction du cœur et de la
gaine optique, du fait de l’écrasement varient et deviennent inhomogènes et anisotropes.
Dans le chapitre suivant, avant d’étudier l’impact de l’effet élasto-optique, nous allons mettre en
œuvre le modèle de Marcuse. La première étape est de déterminer, pour la fibre donnée (HCL200), la
fonction de répartition de l’énergie sur les modes guidés de la fibre optique. Ensuite, le modèle
électromagnétique est confronté à un modèle simplifié pour comprendre les paramètres importants qui
modifient le taux de transmission du transducteur. De là, on détermine quel est l’impact de l’effet
élasto-optique sur ces paramètres afin d’en tenir compte. Enfin, une étude de sensibilité va regarder
l’influence de plusieurs caractéristiques du transducteur sur le taux de transmission de celui-ci. Cette
étude va permettre de comprendre son fonctionnement et d’optimiser ce fonctionnement pour
l’application choisie.

62
«La conclusion de tout ceci est qu’il faut effacer
son opinion aussi bien que celle des autres devant les
décisions de l’expérience…
L’art de l’investigation scientifique est la pierre
angulaire de toutes les sciences expérimentales. Si les faits
qui servent de base au raisonnement sont mal établis ou
erronés, tout s’écroulera ou deviendra faux ; et c’est ainsi
que, le plus souvent, les erreurs dans les théories
scientifiques ont pour origine des erreurs de fait…
Les théories qui représentent l’ensemble de nos
idées scientifiques sont sans doute indispensables pour
représenter la science. Elles doivent aussi servir de point
d’appui à des idées investigatrices nouvelles. Mais ces
théories et ces idées n’étant point la vérité immuable, il faut
être toujours prêt à les abandonner, à les modifier ou à les
changer dès qu’elles ne représentent plus la réalité. En un
mot, il faut modifier la théorie pour l’adapter à la nature, et
non la nature pour l’adapter à la théorie.»

Claude Bernard (1813-1878)

63
Chapitre III - Mise en œuvre du modèle – Etude de
sensibilité
Dans ce chapitre, le modèle multiphysique de simulation va être mis en œuvre pour prédire le
comportement du transducteur fonction de ses différents paramètres et des grandeurs à mesurer.
L’objectif étant de calculer la variation du taux de transmission fonction de ces paramètres. Les effets
de plusieurs paramètres physiques vont être précisés dans la dernière partie du chapitre. L’influence de
la fonction de répartition de l’énergie sur les modes guidés de la fibre optique et l’impact de l’effet
élasto-optique doivent être déterminés pour compléter le modèle de simulation. Dans la seconde partie
du chapitre, nous étudierons la sensibilité du transducteur en fonction de ses caractéristiques propres :
- le pas de perturbation ;
- l’amplitude de perturbation ;
- l’écrasement de la fibre optique ;
- la longueur de perturbation ;
- l’ouverture numérique de la fibre optique ;
- le diamètre de la fibre optique.
Pour que le transducteur permette de mesurer une grandeur physique, une condition nécessaire sera
que celle-ci modifie de façon significative et non ambigüe au moins l’une des caractéristiques citées
ci-dessus.
En premier lieu, nous allons nous intéresser à la répartition de l’énergie sur les modes guidés de la
fibre optique. Pour cela, nous allons commencer par voir comment se répartissent les constantes de
propagation des modes sur le domaine fréquentiel. Deux modèles de calcul des constantes de
propagation sont comparés : le modèle des modes linéairement polarisés (modes LP) et le modèle des
groupes de modes issu de la méthode WKB. Ces répartitions modales sont ensuite comparées à la
répartition de l’énergie mesurée en sortie de la fibre optique.
En second lieu, après avoir choisi une fonction de répartition de l’énergie sur les modes guidés de la
fibre optique qui tienne compte de la réalité physique, nous allons mettre en œuvre le modèle
électromagnétique de Marcuse d’abord sans tenir compte de l’effet élasto-optique. Le résultat va être
confronté à un modèle simplifié binaire supposant qu’un couplage entre deux modes est soit total soit
nul c’est-à-dire un modèle supposant que dès que les conditions font qu’un mode guidé est couplé au
continuum des modes rayonnés, il perd l’intégralité de son énergie. Ces deux comparaisons, répartition
de l’énergie sur les modes et modèle de calcul du couplage, vont mettre en évidences sur le calcul du
taux de transmission du transducteur :
- l’influence de la répartition des constantes de propagation dans le domaine fréquentiel ;
- l’influence de la connaissance de la valeur exacte des constantes de propagation ;
- l’influence de la répartition de l’énergie sur les modes guidés ;
- l’influence de la méthode de calcul des couplages sur le calcul de la réponse théorique du
transducteur ;
- l’influence de l’amplitude de perturbation.
En troisième lieu, nous allons étudier l’impact de l’effet élasto-optique sur le taux de transmission du
transducteur. Les indices de réfraction du cœur et de la gaine optique étant devenus anisotropes et
inhomogènes, en raison des contraintes exercées lors de la fermeture des mâchoires, les modes guidés
ne sont plus ceux de la fibre optique à saut d’indice initiale. Leurs constantes de propagation et leurs
distributions d’intensité sont modifiées.
Grâce à l’étude des influences des paramètres du paragraphe précédent, nous constaterons que ce sont
principalement les bornes du domaine fréquentiel sur lequel les constantes de propagation se

64
répartissent qui importent. Celles-ci, pour tenir compte de l’effet élasto-optique seront déterminées par
une simulation par éléments finis.
En dernier lieu, fort de cette compréhension physique du modèle du transducteur, nous présenterons
les courbes de l’étude de sensibilité du taux de transmission aux variations des différentes
caractéristiques du transducteur en fonction du pas de perturbation. Ces courbes étant une donnée
indispensable pour permettre une optimisation du transducteur et son utilisation pour mesurer une
grandeur physique donnée.

III.1 Répartition de l’énergie sur les modes guidés de la fibre optique


Dans le chapitre II, nous avons distingués les modes exacts dont les constantes de propagation
sont solutions de l’équation caractéristique (Eq. 2-29) des modes linéairement polarisés (modes LP)
obtenus par l’approximation de faible guidage (Eq. 2-36). Dans ce paragraphe, nous utilisons
également les constantes de propagation des groupes de modes qui sont les solutions d’une équation
propre dérivée de l’équation d’onde et qui ont l’avantage d’avoir une expression analytique simple.
Les répartitions des constantes de propagation des modes LP et des groupes de modes dans le domaine
fréquentiel sont alors comparées dans le but de vérifier si la connaissance exacte des valeurs des
constantes de propagation est essentielle ou non au calcul de la réponse du transducteur. Dans un
second temps, nous analyserons le diagramme d’émission de la fibre optique à partir duquel nous
calculerons la fonction de répartition de l’énergie sur les modes guidés de la fibre optique.

III.1.1 Méthode WKB et groupes de modes


Pour une fibre à saut d’indice, le nombre de modes N est fonction de la fréquence normalisée
V de la fibre optique (Eq. 3-1). Le nombre de groupes de modes M dépend du nombre de modes N
(Eq. 3-2). Dans l’approximation WKB, les modes appartenant au même groupe de modes d’indice m
(m allant de 1 à M) ont la même constante de propagation (Eq. 3-3). Elle dépend de l’ouverture
numérique de la fibre ON, de l’indice de réfraction du cœur nco et du vecteur d’onde k0.
2/
Î
+
(Eq. 3-1)
3  √Î (Eq. 3-2)
5Ú/ ;/
;  Q -r |1  L/ ! / (Eq. 3-3)

La démarche mathématique de la méthode WKB est présentée dans l’annexe VIII.

III.1.2 Fonction de répartition des constantes de propagation normalisées dans le


domaine fréquentiel
Les constantes de propagation des modes guidés sont comprises dans un intervalle dont les
bornes dépendent de la longueur d’onde de la source et des indices de réfraction du cœur et de la gaine
optique de la fibre. En normalisant cet intervalle entre 0 et 1, les bornes du domaine fréquentiel sont
les mêmes quelque soit la fibre optique ; ce qui permet de les comparer. Pour voir comment se
répartissent les constantes de propagation normalisées dans le domaine fréquentiel, nous calculons la
fonction de répartition F. Celle-ci donne la probabilité P de trouver une constante de propagation
normalisée d’un mode bm inférieure à b (Eq. 3-4). La fonction de répartition est calculée pour chaque
valeur de b en faisant le rapport entre le nombre de constantes de propagation normalisées inférieures

j!  ‘!; ò !
ou égales à b et le nombre total de constantes de propagation Nb (Eq. 3-5).
(Eq. 3-4)

65
∑Ú6 p
1
j! 
Ú6 ;Û1 1,eM 7e
1 cw !; ò !
p1,eM7e  ©
(Eq. 3-5)
0 cw !; Æ !
La figure 3-1 représente les fonctions de répartition des modes dans le domaine fréquentiel calculées
pour les modes LP et les groupes de modes afin de les comparer. Les caractéristiques de la fibre
optique sont celles de la fibre HCL200 c’est-à-dire :
- Ouverture numérique 0,22 ;
- Indice de réfraction du cœur 1,456 ;
- Diamètre du cœur 200 µm.
La longueur d’onde de la source est fixée à 630 nm. La fréquence normalisée de la fibre optique est de
220. Pour des fréquences normalisées élevée (V>50), la fonction de répartition des modes LP coïncide
avec la première bissectrice du plan c’est-à-dire que les constantes de propagation de ces modes se
répartissent uniformément sur le domaine fréquentiel. Pour les groupes de modes, la situation est
différente. En effet, d’après l’équation 3-3, les constantes de propagation normalisées des groupes de
modes proches de 1 sont plus proches, en terme fréquentiel, les unes des autres que celles proches de
0. Cela se traduit sur la fonction de répartition par une dérivée de plus en plus importante lorsque b
tend vers 1.
La résolution de l’équation caractéristique dans l’approximation de faible guidage et la résolution de
l’équation d’onde par l’approximation WKB sont deux méthodes différentes permettant de calculer les
constantes de propagation des modes guidés. Nous voyons que les répartitions des constantes de
propagation sont différentes. Nous allons utiliser ces deux modèles pour calculer la réponse du
transducteur afin de déterminer si la connaissance exacte des valeurs des constantes de propagation est
indispensable ou pas. Mais avant cela, nous devons définir quelle quantité d’énergie sera portée par les
différents modes. Pour répartir l’énergie sur les modes de la fibre, il faut étudier le diagramme
d’émission de la fibre optique.

Figure 3-1 : Fonctions de répartition des modes dans le domaine fréquentiel


(Courbe en tirets : modes LP ; Courbe continue : groupes de modes)

III.1.3 Répartition de l’énergie sur les modes guidés


La répartition de l’énergie sur les modes dépend des conditions d’injection de la lumière dans
la fibre optique ainsi que des défauts de celle-ci. En effet, les défauts vont provoquer des pertes mais
aussi des couplages entre modes guidés. Pour des conditions d’injection donnée, la répartition de
l’énergie sur les modes guidés va dépendre de la longueur de la fibre. Gloge a formulé une équation
[Gloge, 1972] permettant de déterminer pour une longueur donnée la répartition de la puissance
lumineuse en fonction de l’angle du rayon considéré. Nous avons mesuré grâce à un analyseur de

66
faisceau le diagramme d’émission de la fibre optique pour une longueur de fibre de 2 m. La figure 3-2
représente le diagramme d’émission mesuré. D’un point de vue géométrique, avec une ouverture
numérique de 0,22, l’angle maximal d’un rayon subissant une réflexion totale est de 12,7°. On
constate cependant que pour les angles supérieurs à cet angle limite, la puissance émise n’est pas nulle.
En effet, la faible section transversale de la fibre optique (diamètre : 200 µm) ajoute à la réfraction un
phénomène de diffraction. Pour déterminer comment répartir l’énergie sur les modes de la fibre
optique, il faut comparer le diagramme d’émission aux répartitions des modes sur le domaine
fréquentiel. Pour réaliser cette comparaison, il faut établir le lien entre les constantes de propagation
normalisée d’un mode b et son angle de propagation en sortie de la fibre. Ce lien est donné par
l’équation 3-6. Le diagramme d’émission est tronqué à l’angle limite de réflexion totale dans la fibre
optique c’est-à-dire, dans ce cas 12,7°.
L6Ë .-rÂ9LÌË
!
L6Ë 9LÌË
(Eq. 3-6)

Figure 3-2 : Diagramme d’émission mesuré en sortie de la fibre optique

La figure 3-3 compare les fonctions de répartitions des modes LP et des groupes de mode avec la
répartition de l’énergie dans le domaine fréquentiel. Les courbes rouges et noires étant très proches, on
peut donc conclure que l’énergie se répartit uniformément sur les groupes de modes et non sur les
modes LP. Comme le modèle de couplage des modes de Marcuse utilise les modes LP, il faut donner
un poids à chaque mode suivant sa constante de propagation. La méthodologie que nous avons choisie
est de regrouper les modes LP par groupes de modes. Chaque mode LP appartient au groupe de modes
dont la constante de propagation est la plus proche. L’énergie est alors répartie uniformément sur les
groupes de modes et chaque mode LP du groupe de modes reçoit la même quantité d’énergie que les
autres modes de ce groupe. Cela nous permet d’avoir deux modèles différents ne donnant pas les
mêmes valeurs de constantes de propagation mais correspondant cependant à une même distribution
d’énergie.

67
Figure 3-3 : Fonctions de répartition des modes et de l’énergie
dans le domaine fréquentiel

Dans ce début de chapitre III, nous avons introduit la notion de groupes de modes issus de l’équation
d’onde et de l’approximation WKB. Nous avons montré que l’énergie lumineuse se répartit
uniformément sur les groupes de modes. Cela a permis de définir une méthodologie pour répartir
l’énergie sur les modes LP. Maintenant, nous sommes en mesure de mettre en œuvre le modèle
électromagnétique de Marcuse qui tient compte de coefficients de couplage entre modes et de le
comparer à un modèle simplifié binaire supposant qu’un couplage ne sera selon le cas total ou nul.
Cette comparaison dans un premier temps sera réalisée sans tenir compte de l’effet élasto-optique.
Nous verrons également l’influence de l’amplitude de perturbation.

III.2 Mise en œuvre du modèle de Marcuse sans l’effet élasto-optique –


Comparaison à un modèle simplifié avec couplage total
Après avoir déterminé la fonction de répartition de l’énergie sur les modes guidés de la fibre
optique pour le modèle LP et celui des groupes de modes, nous allons confronter le modèle de
Marcuse à un modèle simplifié binaire de couplage total ou nul. Cette comparaison va permettre
d’identifier ce que le modèle électromagnétique rigoureux de Marcuse apporte comparé à un modèle
plus simple. Dans toute cette partie, l’effet élasto-optique n’est, dans un premier temps, pas pris en
compte.

III.2.1 Modèle de couplage binaire : total ou nul


Lorsque l’on parle de couplage de modes, il faut considérer deux aspects : la condition pour
que deux modes soient couplés et la force du couplage. Comme nous l’avons montré précédemment,
pour qu’un mode de constante de propagation β1 soit couplé à un mode de constante de propagation β2,
il faut que le spectre de la perturbation comprenne la fréquence spatiale correspondant au pas de

élevée est Q qr . Le pas de perturbation le plus grand ΛL pour coupler un mode guidé de constante de
perturbation Λ donnée par l’équation 3-7. Pour un mode rayonné, la constante de propagation la plus

propagation βg aux modes rayonnés est donné par l’équation 3-8. La figure 3-4 montre les modes
guidés pouvant être couplés directement aux modes rayonnés par une perturbation sinusoïdale de pas
Λ. Si le pas de perturbation diminue, un plus grand nombre de modes guidés sera couplé aux modes
rayonnés. Le modèle électromagnétique de couplage de modes de Marcuse permet de calculer les
coefficients de couplage (donnés en m-1) entre modes c’est-à-dire la force du couplage. Plus ce
coefficient est grand, plus le mode va perdre de l’énergie en se propageant dans la zone perturbée.

68
Dans le modèle simplifié binaire d’un couplage total ou nul, ce coefficient est supposé infini c’est-à-
dire que dès qu’un mode est couplé, on considère qu’il perd instantanément toute son énergie.
| +|  i
+h
1  (Eq. 3-7)
+h
Λ 
Ì 9$ LÌË
(Eq. 3-8)

Figure 3-4 : Schéma des modes guidés couplés aux


modes rayonnés en fonction de leurs constantes de propagation
pour une perturbation sinusoïdale de pas Λ

Avec le modèle de couplage total, le calcul du taux de transmission est très rapide. En effet, il suffit de
déterminer, pour chaque pas de perturbation, les modes guidés couplés aux modes rayonnés puis de
leur assigner une énergie. Sur la courbe du taux de transmission en fonction du pas de perturbation, il
y a un pas particulier ; celui qui correspond au couplage de tous les modes. Comme la fréquence

de propagation la plus élevée des modes guidés est très proche de Q -r (∆<3.10-6). Le pas le plus
normalisée de la fibre est très grande (V=220), le nombre de modes est supérieur à 6000, la constante

grand permettant le couplage de tous les modes guidés aux modes rayonnés ΛCT est logiquement
déterminé par l’équation 3-9. Pour des pas de perturbation inférieurs à celui-ci, le taux de transmission
est nul. La figure 3-5 représente les courbes du taux de transmission du transducteur calculé avec le
modèle de couplage total pour les constantes de propagation des modes LP et celles des groupes de
modes avec une répartition uniforme de l’énergie sur les groupes de modes. Les deux courbes sont
quasiment superposées c’est-à-dire que pour le modèle de couplage total et dans la limite d’une fibre
avec un grand nombre de modes (V>50), il n’est pas nécessaire de connaître avec précision les valeurs
des constantes de propagation des modes.
*
Λ Y 
L 6Ë 9LÌË
(Eq. 3-9)

Figure 3-5 : Taux de transmission du transducteur en fonction du pas de perturbation calculés avec le modèle de
couplage total pour les constantes de propagation des modes LP et celles des groupes de modes avec une
répartition uniforme de l’énergie sur les groupes de modes

69
III.2.2 Modèle de Marcuse avec amplitude de perturbation constante en fonction du pas
de perturbation – Comparaison au modèle simplifié
Plusieurs hypothèses doivent être faites pour permettre une comparaison rigoureuse. Dans le
chapitre II, nous avons vu que l’amplitude de la perturbation variait en fonction du pas de la
perturbation (figure 2-4), allant de quasiment 0 µm pour un pas de perturbation de 20 µm à 1,2 µm
pour un pas de perturbation de 100 µm. Pour confronter le modèle de couplage total au modèle de
Marcuse, il est nécessaire de n’avoir qu’un seul paramètre différent. Pour cela, dans un premier temps,
l’amplitude de perturbation est supposée figée à 1 µm. La perturbation imprimée dans les mâchoires
est une succession de créneaux. Or, nous avons au chapitre II que la perturbation transmise à la fibre
est une sinusoïde (Eq. 2-3, figure 2-2b) définie par deux paramètres : l’amplitude A et la composante
continue de la perturbation CC. CC dépend également du pas de perturbation (figures 2-4 et 2-5).
Cependant, pour la même raison, nous supposons ici CC nul. Les coefficients de couplage sont
proportionnels à l’amplitude de la perturbation. La perturbation sinusoïdale étant de longueur finie, la
transformée de Fourier de celle-ci n’est plus un pic de Dirac mais un sinus cardinal (Eq. 3-10). Sur la
figure 3-6, nous avons représenté les courbes des taux de transmission en fonction du pas de
perturbation calculées avec le modèle de couplage total et le modèle de Marcuse pour une amplitude
de perturbation constante et une longueur de perturbation de 12 cm. On constate que ces courbes ont la
même forme et une dérivée similaire. Pour un pas de perturbation allant de 40 à 100 µm, l’écart entre
les deux courbes est quasiment constant. En retirant cette composante continue à la courbe du modèle
de Marcuse, on retrouve la courbe du modèle de couplage total. Le modèle de Marcuse que nous
avions choisi en raison des faibles dimensions de la perturbation comparées à la longueur d’onde et à
la dimension de la fibre optique donne des résultats similaires, en terme de sensibilité au pas de
perturbation, au modèle de couplage total. Cette comparaison nous permet cependant de valider
rigoureusement l’utilisation d’un modèle simplifié supposant les couplages possibles comme étant
totaux. Nous voyons également que le pas de couplage de tous les modes (Eq. 3-9) est aussi un pas
particulier pour le modèle électromagnétique de Marcuse.
 °hf99(
H
|j|  +8 H 8
hf9 
(Eq. 3-10)
9(

Figure 3-6 : Comparaison entre le modèle de couplage total et


le modèle de Marcuse où l’amplitude de perturbation est fixée à 1 µm

70
III.2.3 Modèle de Marcuse avec amplitude variable en fonction du pas de perturbation
Après avoir confronté le modèle de couplage total au modèle de Marcuse dans le cas où
l’amplitude de perturbation était constante, nous nous intéressons maintenant au taux de transmission
théorique du transducteur en fonction du pas de perturbation en tenant compte cette fois-ci du lien
entre l’amplitude de perturbation et le pas. La longueur de perturbation est toujours de 12 cm. Nous
ignorons, par contre, toujours l’effet élasto-optique. Sur la figure 3-7, nous constatons que la chute de
l’amplitude de perturbation en dessous d’un pas de perturbation de 40 µm, due à la moins bonne
pénétration de la mâchoire dans la fibre optique (figure 2-4), modifie la forme de la courbe rigoureuse
de Marcuse. Quelque soit le pas de perturbation, la valeur du taux de transmission obtenu avec le
modèle simplifié est inférieure à celle obtenu avec le modèle électromagnétique car comme le
couplage est supposé total avec le modèle simplifié, le taux de transmission est forcément inférieur
avec cette méthode. Lorsque tous les modes sont couplés, le taux de transmission s’annule avec le
modèle simplifié. Ce phénomène apparaît lorsque le pas de perturbation est inférieur à environ 37 µm.
La courbe correspondant au taux de transmission calculé avec le modèle de Marcuse en tenant compte
du lien entre le pas et l’amplitude de perturbation fait apparaître deux régimes de fonctionnement :
- pour un pas de perturbation au dessus de 37 µm, où le taux de transmission augmente
quand le pas de perturbation augmente aussi, le modèle de couplage total est une bonne
approximation à une composante continue près.
- pour un pas de perturbation inférieur à 40 µm, où le taux de transmission diminue lorsque
le pas de perturbation augmente en raison de la moins bonne pénétration des mâchoires
dans la fibre, l’intervalle en terme de pas perturbation est très restreint (entre 20 et 37 µm).
Ce régime ne nous intéresse pas car, d’une part, la fabrication de structures de cette taille
est très difficile et, d’autre part, en modifiant un paramètre, par exemple l’ouverture
numérique de la fibre, cette zone est complètement modifiée.

Figure 3-7 : Taux de transmission en fonction du pas de perturbation calculé avec le modèle de Marcuse

Pour chaque valeur du pas de perturbation, le taux de transmission du capteur a été calculé. Il
correspond à la somme pondérée par le taux de transmission de chaque mode guidé calculé
individuellement. En figure 3-8, nous avons représenté le taux de transmission pour chaque mode
guidé pour un pas de perturbation de 70 µm et une longueur de perturbation de 12 cm. Nous pouvons
voir qu’au-delà d’une certaine valeur de constante de propagation normalisée, plus aucun mode n’est
couplé aux modes rayonnés (taux de transmission égal à 1) car le pas de perturbation ne le permet pas.
La fibre optique véhicule plus de 6000 modes guidés. On constate que le taux de transmission des
modes est très souvent soit très proche de 0, soit très proche de 1 c’est-à-dire que la perturbation
permet la perte par couplage total de certains modes alors que les autres ne sont quasiment pas

71
affectés. Pour illustrer cela et avoir une idée de la proportion des modes transmis en fonction de leurs
constantes de propagation, l’intervalle des constantes de propagation normalisées a été arbitrairement
divisé en 100 sous-intervalles. Sur chacun de ces intervalles, le taux de transmission moyen a été
calculé. La figure 3-9 en est la représentation pour un pas de perturbation de 70 µm. Les modes de
constantes de propagation élevée (b > 0,5) ne sont pas couplés car le pas de perturbation n’est pas
assez petit pour permettre ce couplage, d’où le plateau unitaire de la figure 3-9. On constate que plus
un mode a une constante de propagation petite, plus il a de chance d’être couplé à un mode rayonné.
La partie de la courbe qui n’est pas égale à 1 peut être approximée par une exponentielle (équation 3-
11). Dans l’annexe IV, ces résultats seront utilisés pour créer un modèle statistique.
6/
  Ã : (Eq. 3-11)
où T représente le taux de transmission, b la constante de propagation normalisée, A et τ des constantes
déterminées par la régression.

Figure 3-8 : Taux de transmission des modes


en fonction de la constante de propagation normalisée b
pour un pas de perturbation de 70 µm et une longueur
de perturbation de 12 cm

Figure 3-9 : Taux de transmission moyen des modes sur 100 intervalles égaux
en fonction de la constante de propagation normalisée b pour
un pas de perturbation Λ de 70µm et une longueur de perturbation de 12 cm

Dans ces deux premières parties, nous avons vu que 3 caractéristiques principales déterminent la
courbe du taux de transmission en fonction du pas de perturbation :
- la répartition de l’énergie sur les modes guidés ;

72
- l’amplitude de la perturbation A en fonction du pas de la perturbation ;
- le pas le plus grand permettant le couplage de tous les modes ΛCT. Il dépend de la longueur
d’onde de la source λ et des indices de réfraction du cœur et de la gaine optique (nco et ngo).
L’étude du taux de transmission des modes en fonction de leur constante de propagation a montré que,
généralement, un mode couplé soit perd toute son énergie sur quelques centimètres de propagation,
soit est complètement transmis. Une modification de la valeur de sa constante de propagation n’aura
qu’un faible impact sur le taux de transmission.
Sur la base des constatations que nous venons de faire, il va être plus facile de déterminer, maintenant,
l’impact de l’effet élasto-optique sur le taux de transmission et le fonctionnement du transducteur.

III.3 Influence de l’effet élasto-optique


Dans le chapitre II, nous avons vu que l’écrasement de la fibre optique induit une anisotropie
et une inhomogénéité des indices de réfraction du cœur et de la gaine optique. Les variations des
indices sont significatives (2ème décimale). Parmi les 3 caractéristiques influant sur le taux de
transmission, l’effet élasto-optique ne jouera que sur les indices de réfraction. N’ayant plus besoin de
connaître la valeur exacte de toutes les constantes de propagation, physiquement, nous n’avons plus
besoin que de connaître l’indice effectif le plus élevé des modes rayonnés et l’indice effectif le plus
élevé des modes guidés. Pour une fibre à saut d’indice homogène non perturbée dont la fréquence
normalisée est élevée (V>200), ces indices se confondent respectivement avec l’indice de réfraction de
la gaine optique et l’indice de réfraction du cœur.
La complexité des indices de réfraction dans la fibre perturbée inhomogène anisotrope ne permet pas
de calculer les indices effectifs des modes de manière analytique. Le logiciel Comsol© dispose d’un
solveur de modes qui détermine de manière numérique les indices effectifs des modes. Le système de
simulation est une fibre optique infinie dans la direction de propagation de la lumière de 240 µm de
diamètre extérieur (cœur + gaine optique) contrainte mécaniquement entre deux plans parallèles (cf
II.1.2). Cette approximation est possible car l’amplitude de la perturbation A est au moins 7 fois
inférieure à la composante continue CC du déplacement. Comme le système est supposé invariant
dans la direction de propagation de la lumière, la simulation devient une simulation en deux
dimensions dans le plan transverse de la fibre optique. Les contraintes dans la section transversale de
la fibre optique sont calculées avec les formules du contact hertzien (Eq. 2-11). Les figures 2-8 et 2-9
représentent respectivement les contraintes σX et σY dans la section transversale de la fibre HCL200
soumise à un écrasement de 20 µm. Ensuite, après application du tenseur élasto-optique, nous
obtenons les indices locaux de réfraction (Eq. 2-24). Les figures 2-10 et 2-11 représentent
respectivement les indices locaux de réfraction suivant les directions Ox et Oy de la fibre HCL200
soumise à un écrasement de 20 µm. L’indice de réfraction dans la direction longitudinale n’est pas
modifié car les contraintes sont planes. Dans cette recherche des modes propres via le logiciel
Comsol©, nous tenons uniquement compte des modifications d’indices ; la fibre est supposée rester
circulaire avec un diamètre extérieur constant de 240 µm.
La détermination de l’indice effectif le plus élevé pour les modes guidés est aisée. A chaque fois que
l’on augmente l’écrasement et donc les indices de réfraction, il suffit d’augmenter l’intervalle de
recherche des indices effectifs des modes. La détermination de l’indice effectif le plus élevé des modes
rayonnés est plus compliqué car il n’y a pas de frontière simple à identifier entre modes guidés et
modes rayonnés. Sous Comsol, nous pouvons afficher les distributions de l’intensité des modes. Pour
un mode guidé, le champ électromagnétique dans la gaine optique est évanescent c’est-à-dire qu’il
décroît de manière exponentielle. Pour un mode rayonné, le champ est toujours oscillant dans la gaine
optique c’est-à-dire que l’on peut y trouver des maxima locaux. C’est le critère que nous avons utilisé
pour les distinguer. Les figures 3-10 et 3-11 représentent respectivement l’indice maximal des modes

73
guidés et l’indice maximal des modes rayonnés en fonction de l’écrasement de la fibre optique calculé
via Comsol©.

Figure 3-10 : Indice effectif maximal des modes guidés


en fonction de l’écrasement de la fibre optique

Figure 3-11 : Indice effectif maximal des modes rayonnés


en fonction de l’écrasement de la fibre optique

Connaissant maintenant les deux indices modaux que nous venons de calculer, nous allons déterminer
l’évolution du pas le plus grand permettant le couplage de tous les modes (Eq. 3-9) et l’ouverture
numérique en fonction de l’écrasement de la fibre. L’équation 3-9 était valable pour une fibre à saut
d’indice. Dans le cas de cette fibre perturbée, l’indice de réfraction du cœur doit être remplacé par
l’indice effectif le plus grand des modes guidés et celui de la gaine optique par l’indice effectif le plus
grand des modes rayonnés. Sur la figure 3-12, nous constatons que le pas le plus grand permettant le
couplage de tous les modes varie très peu avec l’écrasement de la fibre car bien que les deux indices
effectifs des figures 3-10 et 3-11 varient beaucoup, leur différence reste faible. Il en va de même pour
l’ouverture numérique de la fibre.

74
Figure 3-12 : Pas maximal de couplage de tous les modes guidés
en fonction de l’écrasement de la fibre optique

Figure 3-13 : Ouverture numérique


en fonction de l’écrasement de la fibre optique

Dans ce paragraphe, nous avons vu que pour la fibre perturbée nous allons pouvoir remplacer
respectivement les indices de réfraction du cœur et de la gaine optique par, respectivement, l’indice
effectif le plus élevé des modes guidés et des modes rayonnés. L’effet élasto-optique modifie les
indices effectifs des modes ainsi que leurs distributions d’intensité. Ces conséquences n’ont qu’un
faible impact sur le taux de transmission. La modification de l’ouverture numérique modifie le nombre
de modes et leurs constantes de propagation. Seule la modification du pas le plus grand permettant le
couplage de tous les modes a un effet remarquable sur le taux de transmission.
Dans cette première partie, nous avons restreint l’étude de l’effet élasto-optique aux indices effectifs
du mode guidé le plus élevé et du mode rayonné le plus élevé. En réalité, l’anisotropie et
l’inhomogénéité des indices de réfraction modifient les indices effectifs des modes, lèvent la
dégénérescence des modes hybrides et changent les distributions d’intensité des modes. Pour étudier
plus précisément l’effet élasto-optique, dans l’annexe IX, nous étudierons une fibre à 9 modes guidés
exacts dont 2 sont dégénérés 2 fois.

Dans le premier paragraphe du chapitre, nous avons proposé une fonction de répartition de l’énergie
sur les modes guidés qui correspond à la réalité physique mesurée. Ensuite, dans le second paragraphe,
nous avons calculé le taux de transmission par différents modèles pour comprendre le fonctionnement
du transducteur. La mise en œuvre du modèle de Marcuse et sa comparaison à un modèle simplifié de
couplage total ont mis en évidence que les trois caractéristiques qui influent sur le taux de transmission
sont :

75
- la répartition de l’énergie sur les modes guidés ;
- l’amplitude de la perturbation A en fonction du pas de la perturbation ;
- le pas le plus grand permettant le couplage de tous les modes ΛCT qui dépend de la
longueur d’onde de la source λ et des indices de réfraction du cœur et de la gaine optique
(nco et ngo).
La connaissance exacte des constantes de propagation n’est pas nécessaire. L’effet élasto-optique
modifie significativement les indices effectifs des modes mais pas la différence entre l’indice effectif
le plus élevé des modes guidés et l’indice effectif le plus élevé des modes rayonnés.
Ces premiers résultats ont été obtenus pour un transducteur ayant des caractéristiques données,
appelées caractéristiques initiales. Dans la suite de ce chapitre, le taux de transmission du transducteur
va être calculé en fonction du pas de perturbation pour différents cas. Dans chaque simulation seul un
paramètre, longueur d’onde, écrasement, longueur de perturbation, ouverture numérique ou diamètre
du cœur va être modifié par rapport à la simulation initiale ci-dessus. Ceci afin de permettre une étude
de sensibilité du transducteur.

Schéma de synthèse du processus de calcul du taux de transmission


Le schéma 3-1 décrit les différentes étapes du calcul du taux de transmission du transducteur. La
couleur bleue représente les paramètres d’entrée. Ce sont des paramètres physiques et géométriques
regroupés en trois catégories : les paramètres optiques (longueur d’onde de la source λ, ouverture
numérique de la fibre optique ON et indice de réfraction du cœur de la fibre nc), les paramètres
mécaniques (module de Young du matériau du cœur Ec et de la gaine optique Eg de la fibre) et les
paramètres géométriques (diamètre du cœur dc et de la gaine optique dg de la fibre, pas de perturbation
Pas et rapport cyclique de la perturbation Rc). La première étape du calcul consiste à simuler les
déformations mécaniques de la fibre optique contrainte par les mâchoires en utilisant le logiciel
Comsol© (couleur jaune). De cette simulation, on tire deux paramètres de la fonction analytique
décrivant la déformation (CC et A) en fonction du pas de la perturbation. Le paramètre CC
représentant la composante continu de l’écrasement, nous a permis de calculer les contraintes et les
microdéformations dans une section transversale de la fibre en utilisant les formules du contact
hertzien. Les variations des indices locaux de réfraction sont obtenues après application du tenseur
élasto-optique Pij sur le vecteur des microdéformations (couleur grise). Elles modifient la structure
modale de la fibre optique c’est-à-dire la distribution d’intensité de chaque mode et la largeur de
l’intervalle des modes guidés dans le domaine fréquentiel. Les coefficients de couplage (couleur
orange) représentent la force du couplage entre deux modes c’est-à-dire la longueur de perturbation à
partir de laquelle le mode guidé a perdu toute son énergie. Ils dépendent des champs
électromagnétiques des modes guidés et rayonnés. Le coefficient de perte pour chaque mode guidé est
obtenu à partir des coefficients de couplage, de la longueur de perturbation et du spectre de la
perturbation. Dans le cas d’une perturbation sinusoïdale, le spectre de perturbation se résume à
l’amplitude de la sinusoïde A. La dernière étape pour le calcul du taux de transmission est la
détermination de la répartition de l’énergie sur les modes guidés (couleur verte). Nous avons montré
que l’énergie se répartit uniformément sur les groupes de modes dont les constantes de propagation
sont calculées avec la méthode WBK présentée en annexe VIII. Le taux de transmission (couleur
rouge) est la somme pondérée des taux de transmission des modes par la fonction de répartition de
l’énergie.

76
Paramètres Paramètres Paramètres
optiques mécaniques géométriques

λ ON nc Pij Ec Eg dc dg Pas R

β groupes de Déformation du cœur de la fibre optique


modes (simulation 2D sous Comsol)

Répartition de CC
l’énergie

Contraintes et
effet élasto-optique A
(Contact hertzien)

Couplage de modes

Taux de transmission

Schéma 3-1 : Processus de détermination du taux de transmission

III.4 Etude de sensibilité


L’un des objectifs de cette thèse est de pouvoir donner, en fonction du paramètre physique que l’on
souhaite mesurer les caractéristiques d’un transducteur optimisé pour cette mesure. Le
dimensionnement des caractéristiques du transducteur et le choix de la fibre optique est la première
étape de la conception d’un capteur. L’étude de sensibilité permet d’évaluer les performances
théoriques du capteur (sensibilité, linéarité de la réponse, temps de réponse). Elle doit être complétée
par une connaissance très précise des matériaux. En effet, les variations des propriétés mécaniques et
optiques des matériaux constituant les mâchoires et la fibre optique vont modifier la réponse du
capteur et peut-être restreindre la plage de mesure du capteur. Par exemple, dans le cas d’une mesure
de température, lorsque l’on s’approche de la température de transition vitreuse d’un matériau, le
module d’Young de celui-ci chute brutalement avec la température. A ce moment, la réponse du
capteur fluctue énormément et il est fort probable que le capteur soit détruit. L’étude de sensibilité
seule n’est pas suffisante pour concevoir un capteur, il faut connaître les propriétés des matériaux des
mâchoires et de la fibre optique soit en les trouvant dans des Handbooks soit en caractérisant les fibres
optiques.
Les caractéristiques du transducteur initial sont données dans le tableau 3-3. Dans toute cette étude de
sensibilité, nous présenterons tout d’abord les courbes du taux de transmission en fonction du pas de
perturbation pour les différents cas d’étude. Pour comprendre l’influence de la variation de l’une des
caractéristiques du transducteur, toutes les autres caractéristiques seront identiques à celles du

77
transducteur initial. La modification des caractéristiques du transducteur peut intervenir à trois
niveaux :
- les mâchoires (pas de perturbation, longueur de perturbation, écrasement de la fibre
optique) ;
- la source lumineuse (longueur d’onde) ;
- la fibre optique (ouverture numérique, diamètre).
Chaque paramètre physique que l’on mesure avec ce capteur va au moins modifier l’une des
caractéristiques du transducteur. Il faut alors quantifier l’impact de chaque modification sur le taux de
transmission du transducteur et identifier le phénomène dominant ou les phénomènes co-dominants.
L’étude théorique des capteurs de température et d’étirement sera présentée dans le chapitre V.
Dans un premier paragraphe, nous nous intéresserons aux modifications des caractéristiques des
mâchoires (longueur de perturbation et écrasement de la fibre optique). Cette première étude va
apporter une confirmation supplémentaire du modèle. Dans un second paragraphe, nous nous
intéresserons à la modification de la longueur d’onde de la source. Dans le dernier paragraphe, nous
regarderons l’influence sur le taux de transmission des modifications des caractéristiques de la fibre
optique.

III.4.1 Modulation des caractéristiques de mâchoires


Mis à part le pas de perturbation, les deux caractéristiques des mâchoires que l’on peut
moduler sont l’écrasement de la fibre optique et la longueur de la perturbation. Ces deux paramètres
sont très importants pour le design du capteur. L’écrasement initial est de 20 µm. Il s’agit d’une très
faible valeur. En effet, les techniques actuelles de fabrication (cf chapitre IV), nous avons pu obtenir
une précision inférieure à 3 µm sur le moule d’injection. Ce qui se traduit par une fluctuation
maximum de l’écrasement d’environ 30%. C’est l’un des points critiques du processus de fabrication
du capteur. La longueur de perturbation est un autre paramètre clé car suivant l’espace disponible pour
intégrer le capteur dans la structure, il faudra réduire la longueur soit pour des questions
d’encombrement, soit pour que tous le capteur soit soumis à la même valeur du paramètre physique à
mesurer. Par exemple, si un capteur de température doit être soumis à une température constante tout
le long du segment de fibre perturbée.
III.4.1.a Influence de l’écrasement de la fibre optique
L’écrasement initial de la fibre optique est de 20µm. Cette valeur n’est pas arbitraire. Elle a été
déterminée par la simulation comme un écrasement qui laisse une marge de sécurité de plusieurs
microns avant que les contraintes dans la fibre optique atteignent le seuil de destruction du matériau.
Tous les écrasements seront normalisés par rapport à cette valeur. La modulation de l’écrasement va
moduler les paramètres A et CC (Eq. 2-3) de la perturbation. Dans ce contexte, les déformations sont
petites et les lois de la mécanique sont linéaires. Les variations relatives des paramètres A et CC par
rapport à leur valeurs initiales A0 et CC0 sont égales à la variation relative de l’écrasement par rapport
à sa valeur initiale (Eq. 3-12). Les coefficients de couplage sont proportionnels à l’amplitude de la
perturbation A. Une diminution de l’écrasement se traduit donc par une diminution du taux de
transmission. La modification du paramètre CC module l’ouverture numérique de la fibre optique. En
effet, plus l’écrasement est diminué, plus l’ouverture numérique de la fibre optique est petite. Cela se
traduit, sur la courbe du taux de transmission, par un déplacement du pas de perturbation de couplage
de tous les modes vers des pas de perturbation plus élevé.
#9# V9V YY9YY
 
# V YY
(Eq. 3-12)
La figure 3-14 représente le taux de transmission du transducteur en fonction du pas de perturbation
pour différents écrasements. L’écrasement a été normalisé par rapport à sa valeur initiale de 20 µm.

78
On constate que plus l’écrasement diminue, plus le minimum de la courbe se déplace vers des pas de
perturbation plus élevés. Ce phénomène est dû à l’effet élasto-optique. L’ouverture numérique
augmentant avec l’écrasement, le pas de perturbation de couplage de tous les modes se déplace vers
les pas de perturbation plus petits. On constate également que les courbes ne se croisent pas. En effet,
il est impossible que cela se produisent car, comme le taux de transmission est proportionnel à
l’écrasement, pour un pas de perturbation de donné, le taux de transmission est une courbe strictement
monotone décroissante.
La figure 3-15 représente le taux de transmission du transducteur en fonction de l’écrasement de la
fibre pour différents pas de perturbation. Les évolutions présentées en figure 3.15 traduisent les
réponses théoriques relatives qu’aurait un capteur sensible à une force qui serait appliquée par les
mâchoires, perpendiculairement à l’axe de la fibre pour différents pas de microstructuration. En effet,
la compression du capteur dans l’axe de fermeture de la mâchoire sur laibre va provoquer une
variation de l’écrasement de celle-ci.

Figure 3-14 : Taux de transmission du transducteur calculé


en fonction du pas de perturbation
pour différents écrasements de la fibre optique

Figure 3-15 : Taux de transmission du transducteur


en fonction de l’écrasement normalisé
pour différents pas de perturbation

III.4.1.b Influence de la longueur de perturbation


Pour le capteur initial, la longueur de la perturbation est fixée à 12 cm. Cette étude va
permettre de déterminer la longueur minimale du capteur. En effet, au-dessous d’une certaine longueur
le taux de transmission sera très proche de 1. Le cas limite, lorsque la longueur de perturbation tend

79
vers l’infini, ramène le modèle au modèle simplifié de couplage total. Quelle est cette longueur où tous
les modes perdent toute leur énergie ? Nous avons vu figure 3-8 que certains modes guidés couplés
aux modes rayonnés avaient un taux de transmission très proche de 1 donc la longueur de couplage de
ces modes est très grande. De plus, lorsque la longueur de perturbation augmente, la transformée de
Fourier de la perturbation tend vers un pic de Dirac c’est-à-dire un spectre ne contenant qu’une seule
fréquence. Or, nous avons vu au chapitre II, figure 2-20 que pour certaines fréquences spatiales les
pertes radiatives d’un mode guidé sont nulles. Pour une fibre fortement multimode, certains modes
guidés, pour un pas de perturbation donné vont se trouver dans ce cas.
La figure 3-16 représente le taux de transmission du transducteur en fonction du pas de perturbation
pour différentes longueurs de perturbation. A partir d’une longueur de perturbation de 1 cm, on
constate que la courbe le taux de transmission en fonction du pas de perturbation présente une
amplitude (différence entre le maximum et le minimum de la courbe) conséquente (0,24). L’idéal est
donc d’avoir une perturbation d’au moins plusieurs centimètres. La longueur maximale de la
perturbation dépendra de l’application et des possibilités technologiques.
Sur la figure 3-17, on a représenté le taux de transmission en fonction de la longueur de perturbation
pour différents pas de perturbation. Il est intéressant de voir que pour un pas de perturbation de
100 µm, le taux de transmission augmente avec la longueur de perturbation de 0,003 lorsque celle-ci
passe de 1 mm à 8 cm. Ce phénomène ne démontre pas une faille dans le modèle. En effet, lorsque la
longueur de perturbation augmente, la largeur du spectre de la perturbation diminue. Vu que le nombre
de mode est très grand et que la forme des coefficients de couplage est compliquée, il était
théoriquement possible d’observer ce phénomène.

Figure 3-16 : Taux de transmission du transducteur calculé


en fonction du pas de perturbation
pour différentes longueurs de perturbation

80
Figure 3-17 : Taux de transmission du transducteur calculé
en fonction de la longueur de perturbation
pour différents pas de perturbation

Nous venons de présenter les influences des caractéristiques de la mâchoire. Les variations des autres
caractéristiques du transducteur (longueur d’onde de la source λ, ouverture numérique ON et diamètre
de la fibre optique dco) vont moduler la fréquence normalisée de la fibre optique (Eq. 3-13). Pour
chacune des caractéristiques étudiées, les autres sont figées à leurs valeurs initiales. Les résultats sont
présentés pour différentes valeurs de la fréquence normalisée de la fibre optique. Le tableau 3-1
permet de convertir la fréquence normalisée en valeur de la caractéristique voulue.
+h W6Ë
 . + . ÍÎ
*
(Eq. 3-13)
V λ (nm) ON dco(µm)
150 948,34 0,1504 132,86
175 812,86 0,1755 155,01
200 711,26 0,2005 177,15
225 632,23 0,2256 199,30
250 569,01 0,2507 221,44
275 517,28 0,2757 243,58
300 474,17 0,3008 265,73
Tableau 3-1: Valeurs correspondantes de longueur d’onde, ouverture numérique et diamètre
de la fibre optique en fonction de la fréquence normalisée

III.4.2 Influence de la longueur d’onde


La modification de la longueur d’onde de source va avoir pour premier effet de modifier le
vecteur d’onde de la lumière dans le vide donc l’intervalle des constantes de propagation des modes
guidés. D’après la formule 3-13, la diminution de la longueur d’onde augmente la fréquence
normalisée de la fibre et par conséquent le nombre de modes de la fibre. Il n’est pas aisé de dire
comment évolue le taux de transmission en fonction du nombre de modes guidés car ceux-ci se
répartissent uniformément sur l’ensemble discret. Or, la modification de la longueur d’onde déplace le
pas de perturbation de couplage de tous les modes guidés vers les modes rayonnés ΛCT (Eq. 3-14).
*
Λ Y  L
9L
(Eq. 3-14)
6Ë ÌË

Sur la figure 3-9 on constate que le minimum de la courbe se déplace vers les pas de perturbation plus
grande lorsque la fréquence spatiale diminue. Pour savoir si le pas de perturbation où le taux de
transmission est minimum correspond bien au pas de perturbation le plus grand qui couple tous les

81
modes guidés vers les modes rayonnés, nous avons représenté en figure 3-17 le pas où le taux de
perturbation est minimal ainsi que le pas théorique le plus grand permettant le couplage de tous les
modes guidés vers les modes rayonnés en fonction de la fréquence normalisée. On constate que l’écart
entre les deux pas est inférieur à 5 µm et que cet écart s’agrandit vers les fréquences normalisées
élevées. Or, pour des fréquences normalisées de l’ordre de 300, le pas de perturbation de couplage de
tous les modes guidés devient inférieur à 30 µm, pas de perturbation où l’amplitude de perturbation A
devient très petite. La seconde remarque que l’on peut faire sur les courbes de la figure 3-18 est que
lorsque la fréquence normalisée diminue et donc que le nombre de modes guidés diminue, l’amplitude
de la courbe (différence entre le maximum et le minimum de la courbe) baisse.

Figure 3-18 : Taux de transmission du transducteur calculé


en fonction du pas de perturbation pour différentes longueur d’onde

Figure 3-19 : Pas de perturbation permettant le couplage de tous les modes guidés(courbe rouge)
comparé au pas de changement de signe de la courbe (courbe bleue)
en fonction de la fréquence normalisée de la fibre optique

III.4.3 Modulation des caractéristiques de la fibre optique


Dans cette étude de sensibilité, on ne s’intéresse qu’à la variation du diamètre extérieur de la
fibre et à la variation de son ouverture numérique. Les investigations auraient pu être poussées plus
loin en faisant également varier le rapport entre le diamètre du cœur et celui de la gaine optique. C’est
une simulation qui a été laissé de côté tout comme la variation du rapport cyclique de la perturbation
car sa mise en œuvre aurait nécessité de nombreuses simulations mécaniques très couteuses en temps.

82
III.4.3.a Influence de l’ouverture numérique de la fibre optique
La modulation de l’ouverture numérique de la fibre optique a les mêmes effets que la
variation de la longueur d’onde : modification du pas de perturbation de couplage de tous les modes
guidés vers les modes rayonnés de modification du nombre de modes guidés. Sur la figure 3-20, on
remarque que le minimum de la courbe se déplace en fonction de l’ouverture numérique considérée.
Jusqu’à une fréquence normalisée de 225, l’amplitude des courbes est similaire. Au-delà de 225,
l’amplitude baisse. En effet, le pas de perturbation théorique maximum de couplage de tous les modes
guidés vers les modes rayonnés devient inférieur à 40 µm (figure 3-21), pas de perturbation limite en
dessous duquel l’amplitude de perturbation devient très faible (cf figure 2-4).

Figure 3-20 : Taux de transmission du transducteur calculé


en fonction du pas de perturbation pour différentes ouvertures numériques de la fibre optique

Figure 3-21 : Pas de perturbation permettant le couplage de tous les modes guidés (courbe rouge)
comparé au pas de changement de signe de la courbe (courbe bleue)
en fonction de la fréquence normalisée de la fibre optique

L’ouverture numérique est directement proportionnelle à la fréquence normalisée de la fibre optique.


La figure 3-22 représente la réponse d’un transducteur soumis à des variations d’ouverture numérique
pour différents pas de perturbation. On constate que la réponse devient monotone pour des pas de
perturbation supérieurs à 70µm. Le transducteur initial a une fréquence normalisée d’environ 225. En
utilisant un pas de perturbation compris entre 50 et 100 µm, la réponse du transducteur est quasiment
linéaire avec la fréquence normalisée donc l’ouverture numérique.

83
L’effet thermo-optique est une modification des indices de réfraction avec la température. Le
transducteur, utilisé comme capteur de température, voit l’ouverture numérique de sa fibre optique
varier avec la température. Pour accentuer cet effet, il faut choisir une fibre optique dont le cœur et la
gaine optique ont des coefficients thermo-optiques de signes opposés.

Figure 3-22 : Taux de transmission du transducteur


subissant une modulation de son ouverture numérique calculé
en fonction de la fréquence normalisée de la fibre
pour différents pas de perturbation

La modification de la longueur d’onde et la modification de l’ouverture numérique ont le


même effet sur le taux de transmission en fonction du pas de perturbation : ils modifient le pas de
perturbation maximal de couplage de tous les modes guidés vers les modes rayonnés. Sur les courbes,
il correspond au pas ayant le taux de transmission minimum lorsque la fréquence de la fibre est
inférieure à 250.
Bien que la modification de la longueur d’onde et la modulation de l’ouverture numérique de la fibre
optique aient le même effet sur le taux de transmission, l’étude de l’influence de la longueur d’onde
sert à choisir une source lumineuse alors l’étude de la modulation d’ouverture numérique sert à
identifier le pas de la perturbation idéal.
III.4.3.b Influence du diamètre de la fibre optique
La modification du diamètre de la fibre optique fait varier la fréquence normalisée de la fibre
optique mais laisse le pas de perturbation maximal de couplage de tous les modes guidés vers les
modes rayonnés invariants.
L’amplitude et la composante continue de la perturbation réelle de la fibre optique dépendent du
diamètre extérieur de la fibre ainsi que du rapport entre le diamètre du cœur et celui de la gaine
optique. Pour cette simulation, ce rapport est conservé mais l’amplitude et la composante continue de
la perturbation sont adaptées aux nouvelles dimensions (A, CC, D) par une transformation

;9;
homothétique (Eq. 3-15) des dimensions initiales (A0, CC0, D0).
V9V YY9YY
;
 V
 YY
(Eq. 3-15)
La figure 3-23 représente le taux de transmission en fonction du pas de perturbation pour différents
diamètres de fibre optique. On constate que le minimum de chaque courbe est atteint pour à peu près le
même pas de perturbation. La réduction du diamètre de la fibre (diminution de V) diminue l’amplitude
de la courbe. Aucun raisonnement simple ne permet d’expliquer ce phénomène.

84
Figure 3-23 : Taux de transmission du transducteur calculé
en fonction du pas de perturbation
pour différents diamètres de la fibre optique

III.4.4 Influence du type de perturbation


La figure 2-18 représente le périodogramme de la décomposition en série de Fourier du
contour réel de la fibre déformée. La perturbation n’est pas rigoureusement une perturbation elliptique
(m=2) bien que cet harmonique soit dominant. Dans ce paragraphe, nous allons étudier l’influence du
type de perturbation (circulaire avec m=0, microcourbure avec m=1 et elliptique avec m=2). Les
harmoniques du périodogramme de la figure 2-18 correspondent uniquement aux valeurs paires de m.
En comparant le taux de transmission pour les perturbations circulaires et elliptiques, nous verrons si
l’approximation consistant à dire que la perturbation réelle est très proche de la perturbation elliptique
est justifiée. La comparaison du taux de transmission calculé pour une perturbation de type
microcourbure avec les deux autres types de perturbation déterminera l’impact du non alignement des
mâchoires.
La figure 3-24 représente les courbes des taux de transmission du transducteur calculés avec le modèle
électromagnétique de Marcuse pour une longueur de perturbation de 12 cm pour les trois types de
perturbation. Les perturbations circulaires et elliptiques se ressemblent beaucoup (forme de la courbe,
minimum de la courbe et des valeurs du taux de transmission). Cette première constatation valide
l’approximation de la perturbation réelle à la perturbation elliptique. La perturbation de type
microcourbure est différente en terme de valeurs du taux de transmission des deux autres types de
perturbation. Or, on constate que lorsque le pas de perturbation augmente (Pas > 80 µm), les trois
courbes sont très proches et leurs dérivées sont quasiment identiques.

85
Figure 3-24 : Taux de transmission en fonction du pas de perturbation
calculés avec le modèle de Marcuse pour une longueur de perturbation
de 12 cm pour les trois types de perturbation

III.5 Conclusion
Le modèle présenté dans le chapitre précédent permet le calcul des coefficients de couplage pour
chaque mode guidé. Pour calculer le taux de transmission du transducteur, il faut savoir, en plus,
comment l’énergie est répartie sur les modes guidés et quel est l’impact de l’effet élasto-optique sur le
taux de transmission. Nous avons montré que l’énergie se répartit uniformément sur les groupes de
modes dont les constantes de propagation sont calculées avec la méthode WBK. Les premières
simulations, en négligeant l’effet élasto-optique, nous ont montré que le taux de transmission dépend
de trois paramètres :
- la répartition de l’énergie sur les modes guidés de la fibre optique ;
- l’amplitude de la perturbation en fonction du pas de perturbation ;
- la différence entre l’indice effectif du mode guidé le plus élevé et celui du mode rayonné
le plus élevé.
L’effet élasto-optique ne modifiant que le troisième paramètre cité ci-dessus, il est désormais plus
facile d’en tenir compte. En second lieu, nous avons déterminé sous Comsol, par éléments finis les
indices effectifs du mode guidé le plus élevé et du mode rayonné le plus élevé. Pour la fibre
silice/silice, nous avons constaté que cette différence est quasiment constante c’est-à-dire que l’effet
élasto-optique ne modifie pas le taux de transmission du transducteur.
La mise en œuvre du modèle, a mis en évidence deux zones de fonctionnement du capteur. Le pas de
perturbation limite entre les deux zones est le pas maximal de couplage total de tous les modes guidés
vers les modes rayonnés. Suivant les possibilités technologiques et les paramètres physiques à
mesurer, il faudra choisir le point de fonctionnement du capteur dans l’une des deux zones.
L’étude de sensibilité permet de comprendre comment évolue le taux de transmission du transducteur
en fonction de ses caractéristiques propres et de quantifier les variations. Cela nous permettra, dans le
dernier chapitre de déterminer les effets physiques dominants pour un capteur donné ainsi que de
calculer leurs impacts sur la modulation du taux de transmission.
L’élaboration des premiers prototypes (chapitre IV) va définir les limitations technologiques (pas de
perturbation réalisable, précision sur la valeur de l’écrasement). En fonction de ces limitations, nous
choisirons le mode de fonctionnement du capteur (zone 1 ou zone 2). Ensuite, nous définirons
simultanément quelle doit-être longueur d’onde en fonction de l’ouverture numérique de la fibre
choisie. La valeur de l’écrasement est calculée afin d’avoir une perturbation réelle de la fibre
conséquente tout en laissant une marge de sécurité à cause de la précision de réalisation.

86
«La valeur scientifique d’expériences précises est
indépendante de leur interprétation théorique. »

Max Planck (1858-1947)

87
Chapitre IV - Fabrication du capteur
Le capteur est l’association du transducteur (fibre optique et mâchoires) avec une source
lumineuse et une électronique dédiée (comprenant les circuits d’alimentation, de réception et de
conditionnement du signal). Ce chapitre présente les méthodes que nous avons testées de fabrication
du transducteur et de réalisation du capteur. Dans le chapitre précédent, nous avons étudié l’influence
des caractéristiques du transducteur sur son taux de transmission. Ces résultats permettent de
dimensionner le transducteur pour l’application visée et de quantifier l’impact qu’auront les écarts de
fabrication. Les technologies utilisées pour fabriquer le transducteur ont-elles-mêmes des limitations et
des tolérances dont il va falloir tenir compte. En résumé, la fabrication et l’optimisation d’un capteur
nécessite trois compétences :
- une connaissance de la réponse du transducteur soumis à la variation de ses
caractéristiques (étude de sensibilité),
- une connaissance des caractéristiques mécaniques, thermiques et optiques des matériaux
utilisés,
- une connaissance des limitations et tolérances des technologies utilisées.

La fabrication des mâchoires est le point critique à cause de ses dimensions peu conventionnelles. Au
début de la thèse, la seule méthode industrielle présentée pour la réalisation de la perturbation des
mâchoires était l’usinage laser car connaissant les performances des lasers femto-seconde, la gravure
de telles dimensions est possible. Ce capteur étant notamment dédié à l’industrie automobile, il faut
identifier des technologies de fabrication permettant de produire de grandes séries.
Premièrement, nous ferons l’inventaire des techniques de micro-structurations identifiées comme
permettant la réalisation de la mâchoire et de sa structuration. Deuxièmement, nous discuterons le
procédé délicat d’assemblage des transducteurs. Enfin, troisièmement, nous discuterons des procédés
de couplage optimaux de la lumière émise par une diode électroluminescente dans une fibre optique.
Les circuits électroniques d’alimentation du capteur, de réception du signal du transducteur et de
conditionnement du signal sont proposés en annexe X.

IV.1 Fabrication des mâchoires


L’architecture extérieure des mâchoires est définie par le cahier des charges lié à l’application
(place dédiée, mesurande, sensibilité, temps de réponse…). A cette étape du travail, nous ne ciblons
pas une application précise. Une mâchoire sans perturbation est facilement réalisable par différentes
méthodes comme l’usinage mécanique, l’injection plastique ou encore la découpe laser. Le point
délicat est la réalisation de la perturbation, au fond de la saillie où est placée la fibre optique, qui est
une succession de créneaux de 20 à 40 µm de hauteur, de 300 à 500 µm de large avec un pas de
perturbation compris dans la plage entre 20 et 100 µm (figure 4-1). Pour commencer, il a fallu
identifier les méthodes de micro-structuration compatibles avec cette échelle et permettant la mise en
place d’un procédé industriel. Cette échelle de structuration est comprise entre l’usinage mécanique
classique où la tolérance est de ±10 µm et les méthodes de lithographie où la taille des structures peut-
être inférieure au micron. Un très faible écart sur la profondeur de la saillie ou sur la micro-
perturbation aurait pour conséquence que la fibre ne soit plus pincée dans la mâchoire et donc plus
micro-perturbée. La difficulté de fabrication vient ici principalement du fait que le processus de
fabrication doit être compatible avec la mise en place d’un procédé industriel de production de grandes
séries.

88
Figure 4-1 : Schéma de la perturbation

Deux processus de fabrication peuvent être imaginés : le premier consiste à commencer par fabriquer
la mâchoire sans perturbation puis de l’intégrer ensuite ; le second est la fabrication directe de la
mâchoire structurée.
Dans cette partie, nous allons tout d’abord passer en revue les méthodes de micro-structuration
utilisables pour la réalisation de la perturbation puis présenter deux prototypes de mâchoires.

IV.1.1 Les méthodes de micro-structuration


Les méthodes issues des micro et nanotechnologies du type photolithographie, e-beam, ion
beam, etc. ne sont pas adaptées à ce type de procédés devant être flexibles et à faible coût de mise au
point. En effet, les microtechnologies permettent la conception en masse de composants mais les coûts
de développement sont trop importants pour une petite société.
Les trois techniques de fabrication que nous avons identifiées compatibles avec nos moyens sont
l’usinage laser, l’injection plastique et l’embossage.
IV.1.1.a Usinage laser
L’application des lasers pour la gravure en surface des matériaux a été largement étudiée. Elle
repose sur l’utilisation d’un faisceau dont le flux de puissance concentré en un spot très fin permet de
graver la surface d’un matériau par ablation directe de matière. Ce procédé permet de réaliser des
textures avec différentes morphologies (cavités, rainures,…) à l’échelle de quelques microns sur
différents matériaux en fonction de la technologie utilisée.
Le rechargement est une autre technologie laser qui permet d’ajouter localement de la matière. De la
poudre est injectée avec un gaz dans la buse laser. Sur le trajet du rayon laser, elle est amenée à une
température légèrement supérieure à son point de fusion et est agglomérée par refroidissement. Ce
procédé est utilisé pour consolider ou réparer certaines pièces ou encore pour faire du prototypage
rapide, cependant la résolution est millimétrique.
Dans notre cas, en raison des dimensions des micro-structurations, le procédé d’ablation de matière est
le mieux adapté. Concernant l’ablation laser, les lasers femtosecondes permettent de graver les
surfaces sans effets thermiques importants et d’obtenir de façon industrielle des milliers de motifs
ayant des dimensions de quelques dizaines de microns seulement. Les structurations qu’ils génèrent
présentent un niveau de qualité élevé qui se caractérise par une absence sur les bords des textures de
re-déposition de la matière expulsée, et une zone thermiquement affectée très réduite. Ils peuvent être
utilisés sur des matériaux thermosensibles.
IV.1.1.b Injection plastique
L’injection plastique est une technologie consistant à injecter sous pression du plastique
liquide dans un moule en acier. La structure de ce moule étant le négatif de la pièce à réaliser. Ce
procédé de fabrication fait intervenir un mouliste pour la fabrication du moule et un plasturgiste qui
procède à l’injection des pièces. Les technologies utilisées pour structurer le moule sont l’usinage

89
mécanique et l’électro-érosion. Dans notre cas, la gravure de la perturbation en négatif va faire
intervenir une autre méthode de fabrication, par exemple, l’usinage laser.
L’injection plastique permet la production économique de surfaces complexes en grandes séries.
Cependant, le procédé fait intervenir un savoir-faire conséquent et un grand nombre de paramètres
critiques (pression, température, vitesse, agent démoulant, réalisation appropriée des structures
microniques,…) pour obtenir des pièces facilement démoulables, avec un remplissage homogène, sans
défaut. A l’échelle micrométrique, les effets thermiques restent prépondérants et c’est la maîtrise de
l’outillage, de la température de la matière et de la vitesse d’injection qui vont permettre d’obtenir une
meilleure qualité.
IV.1.1.c Embossage à chaud
La première étape de l’embossage à chaud, également appelé matriçage à chaud (hot
embossing en anglais) consiste à porter un polymère au-delà de sa température de transition vitreuse
sans toutefois atteindre sa température de fusion. Dans cet état, le matériau est mou, sans être liquide,
et peut donc être travaillé en le pressant dans un moule qui lui donnera sa forme définitive. Reste
ensuite à refroidir la pièce. Le procédé d’embossage à chaud a des temps de cycle relativement longs.
Il est adapté aux petites et moyennes séries. Sa popularité par rapport au moulage par injection
plastique est due à la simplicité de l’outil et de samise en œuvre. L’embossage à chaud est la seconde
étape d’un processus. En effet, préalablement, il faut donner à la pièce sa forme macroscopique et ses
dimensions en partant d’un matériau brut.

Pour chaque méthode de fabrication, il est nécessaire de pouvoir usiner la microperturbation


ou de son négatif. IREPA Laser, partenaire de Phosylab et du laboratoire, a un savoir-faire reconnu
dans le domaine de l’usinage laser. L’institut nous a mis en contact avec une entreprise de Bordeaux
possédant un laser approprié pour l’usinage de la perturbation dans le métal. Puisque les méthodes
d’injection plastique et d’embossage à chaud nécessitent des compétences supplémentaires et posent
de nouveaux problèmes, les premiers prototypes de mâchoire ont été réalisés en utilisant la méthode de
l’usinage laser. Cette première étape de fabrication a deux objectifs : réaliser un premier prototype qui
fera la preuve expérimentale du concept et maîtriser une technique de fabrication de la micro-
structuration de la perturbation qui sera utile pour d’autres méthodes de fabrication de la perturbation
(par exemple, le moule d’injection).
Dans un second temps, après avoir identifié les problèmes intrinsèques des premiers prototypes de
mâchoire, nous avons utilisé l’expérience acquise pour fabriquer une première série de mâchoires par
injection plastique.

IV.1.2 Mâchoires en aluminium réalisées par usinage direct au laser


Bien que ce premier prototype ait été conçu pour faire la preuve du concept présenté dans le
brevet, il a fallu dédier ce capteur à un paramètre physique donné pour définir son architecture. En
effet, dans le cas d’un capteur d’étirement, il faut deux points d’attache de part et d’autre de la
perturbation. Alors que pour un capteur de température, un seul point d’attache est suffisant. Pour cette
première réalisation, le transducteur, devant être polyvalent pour faire des essais en mesure de
température et en mesure d’étirement, nous avons choisi une configuration avec deux points d’attache
de part et d’autre de la perturbation (voir figure 4-2). Avant de réaliser un transducteur, il faut avoir
éclairci un certain nombre de points :
- quelle forme donner aux mâchoires ?
- quel matériau choisir ?
- comment aligner les mâchoires ?
- comment maintenir les mâchoires fermées ?

90
- comment usiner le sillon au fond duquel sera gravé la perturbation ?
Les paragraphes suivants présentent notre analyse pour répondre à ces questions.
IV.1.2.a Définition du cahier des charges
La réponse à la première question a déjà été donnée au paragraphe précédent. La forme
globale du capteur est définie par l’application visée. Les dimensions sont données par
l’environnement d’intégration du capteur. Pour ce premier prototype ces contraintes sont inexistantes.
Le matériau de la mâchoire doit être choisi en fonction de trois critères : son usinabilité au laser, ses
propriétés mécaniques et ses propriétés thermiques. Beaucoup de matériaux (métaux, verres,
céramiques…) sont usinables par laser. La technologie d’usinage de structures micrométriques au laser
femto-seconde est récente et n’a pas encore été éprouvée sur tous les matériaux. L’aluminium est un
matériau qui s’usine facilement avec ce type de laser et ses propriétés mécaniques (E = 69 GPa) sont
proches de celles de la silice et représentait donc un bon candidat pour de premiers tests. Parmi les
trois types de perturbation (circulaire, microcourbure et elliptique), pour des raisons de faisabilité, la
perturbation circulaire ne peut être mise en œuvre. La différence entre la perturbation microcourbure et
la perturbation elliptique réside uniquement dans le décalage des perturbations des deux mâchoires.
Nous avons opté pour une perturbation elliptique et les simulations mécaniques du chapitre II et toutes
les simulations du chapitre III sont uniquement valables pour ce type de perturbation. Sachant que le
pas de perturbation est compris entre 20 et 100 µm et que les tolérances d’alignement au niveau
mécanique sont généralement de l’ordre de 40 µm, la perturbation réelle de la fibre optique doit être
un cas intermédiaire entre la perturbation elliptique et celle de type microcourbure. Pour aligner les
mâchoires au mieux, au niveau des points d’attache, des trous ont été percés afin d’y insérer des
goupilles. La fermeture des mâchoires sur la fibre optique sera évoquée dans la partie suivante. Le
dernier point à aborder concernant la réalisation de ces mâchoires est l’enserrement de la fibre optique.
En effet, lorsque les deux mâchoires se referment sur la fibre optique, il faut que la distance entre les
deux perturbations soit égale à la différence entre le diamètre extérieur de la fibre optique et la valeur
imposée de l’écrasement de celle-ci. On parle ici d’une distance de 220 µm qui doit être respectée à
quelques microns près. Pour une perturbation de 40 mm de long, le volume à retirer représente environ
5 mm3. Un usinage laser permettrait d’enlever ce volume de matière et d’atteindre la précision
souhaitée mais le temps d’usinage serait considérable (plusieurs jours). La seule manière facile à
mettre en œuvre que nous avons identifiée pour l’usinage du sillon est l’usinage mécanique. Or, avec
cette technique d’usinage la précision est de l’ordre de 10 µm. Pour limiter l’imprécision, les deux
mâchoires n’ont pas été réalisées identiques. En effet, sur l’une des mâchoires la perturbation a été
gravée en surface alors que sur l’autre la perturbation a été gravée au fond du sillon par usinage
mécanique (figure 4-3).
La valeur d’écrasement de la fibre de 20 µm est une valeur issue d’un compromis entre un écrasement
suffisant pour avoir une perturbation réelle de la fibre significative et un écrasement induisant des
contraintes dans la fibre assez éloignée du seuil de rupture. Cette valeur imposée de l’écrasement est
donc la meilleure connaissant les tolérances sur la fabrication du transducteur.

91
Figure 4-2 : Dessin technique du transducteur de première génération
(mâchoires fermées sur la fibre optique)

Figure 4-3 : Coupe transversale du transducteur en aluminium

IV.1.2.b Réalisation et caractérisation des mâchoires en aluminium


La réalisation des mâchoires en aluminium se déroule s’obtient à partir de plaques de 2 mm
d’épaisseur en suivant les étapes suivantes :
- usinage mécanique de la forme de la mâchoire ;
- usinage mécanique du sillon ;
- usinage laser de la perturbation.
Pour réaliser les mâchoires brutes (sans sillon et sans perturbation), il a fallu rechercher une société
vendant de l’aluminium sous forme de plaques. Dans la région de Strasbourg, la société Almet basée à
Eckbolsheim est spécialisée dans la vente d’aluminium et d’alliages. C’est auprès de cette société que
nous nous sommes procuré une plaque d’aluminium 1050 de 2 mm d’épaisseur.
Dans cette plaque d’aluminium, nous avons découpé les mâchoires brutes en forme de « I » avec les
quatre trous (figure 4-2). Pour une telle pièce, l’usinage mécanique n’est pas approprié car cette
découpe se ferait avec une fraise qui déformerait la pièce. La géométrie de cet outil engendrerait des
entailles dans la mâchoire qui la rendrait fragile à cet endroit. La solution choisie a été la découpe au
laser. Pour cette opération, nous nous sommes adressés à la société Viwamétal. Le laser présente un
seul inconvénient : la dimension du spot n’étant pas constante avec la hauteur ; les plans de coupe ne
sont pas tout à fait parallèles au plan de plaque (quelques degrés).

92
L’usinage mécanique du sillon est la partie la plus délicate de la réalisation de ces mâchoires. Les
fraises à commande numérique dernière génération atteignent des précisions inférieures à 10 µm. Cet
usinage a été réalisé par la société Atelier Claus à Illkirch.
Les mâchoires sont désormais prêtes pour la dernière étape de fabrication, l’usinage au laser de la
perturbation. IREPA Laser, centre technologique au service des industriels, spécialisé dans le
traitement des matériaux par laser, ne pouvait pas faire cette prestation car ils ne disposaient pas
encore du laser femto-seconde approprié. C’est grâce à leur réseau que nous avons pris contact avec la
société Alphanov qui a réalisée la prestation. L’usinage laser requiert un savoir-faire empirique. Avant
de réaliser la perturbation, des tests ont été menés sur le matériau pour trouver les réglages optimaux
du laser. En effet, on peut jouer sur trois paramètres : la vitesse de balayage, la durée de l’impulsion et
l’intensité du faisceau. Ces premiers tests sur des échantillons d’aluminium 1050 brut ont permis de
déterminer les paramètres idéaux pour graver des sillons de largeur et de profondeur déterminée. Suite
à cette phase de mise au point, les mâchoires ont été gravées. La réalisation de ces prototypes en
aluminium est intervenue bien avant d’avoir les premiers résultats de simulation et avait pour but de
tester le procédé de fabrication. La limite technologique en terme de pas de perturbation est de 50 µm.
La longueur totale de perturbation a été fixée à 40 mm. Le pas de perturbation a été choisi constant sur
trois zones de longueur égale avec des valeurs de 50, 75 et 100 µm. La figure 4-4 est une photographie
obtenue au microscope optique dans la zone où la perturbation a un pas de 50 µm sur une mâchoire en
aluminium.

Figure 4-4 : Micrographie du réseau de perturbation d’une mâchoire en aluminium


(zone où le pas vaut 50 µm)

IV.1.2.c Retour d’expérience sur le premier tour de fabrication


Cette première réalisation a été riche d’enseignement. La gravure de la perturbation au laser
est un succès. Le pas de perturbation et la profondeur, vérifiés par profilomètre optique, ont été très
bien respectés. Sur la figure 4-4, on constate que l’erreur sur le pas de perturbation est au maximum de
l’ordre de quelques pourcents. La technologie de l’usinage laser est donc totalement adaptée à la
réalisation mais ne constitue pas une solution pour la fabrication en grande série car il faut compter
plusieurs heures pour graver la perturbation sur une seule mâchoire et le coût de gravure est, hormis
les tests d’optimisation, d’environ 400 euros. De plus, l’usinage mécanique du sillon n’est pas une
solution satisfaisante car suivant la mâchoire, sa profondeur est fortement variable ce qui veut dire que
chaque capteur répondra de manière différente. Dans certains cas, la fibre optique peut même ne pas
être pincée.
Cette première réalisation a montré que l’usinage laser permet de graver la perturbation sur la
mâchoire du transducteur. Nous avons identifié une entreprise pour sous-traiter ce travail de gravure et
mis en place un protocole de fabrication pour l’aluminium. Une réalisation dans un autre métal
nécessiterait une petite étude préalable pour optimiser les paramètres. L’étape de prototypage suivante
est d’utiliser ces acquis pour réaliser une mâchoire moins couteuse en temps et en argent. Parmi les

93
méthodes de microstructurations déjà présentées, nous pouvons soit envisager l’embossage, soit
l’injection plastique. Nous avons choisi la technologie de l’injection plastique car, en Alsace, il existe
plusieurs entreprises et lycées professionnels dans ce domaine.

IV.1.3 Injection plastique des mâchoires en thermoplastique


La réalisation d’un prototype par injection plastique fait intervenir deux industriels ; le
mouliste et le plasturgiste. La première phase de réalisation est l’usinage des empreintes qui
représentent le négatif de la pièce à réaliser. Cette phase nécessite une étude préalable consistant à
simuler différents points ou nappes d’injection du plastique en fusion pour être certain qu’il remplisse
l’intégralité du moule et vérifier au besoin ou non l’intégration d’éjecteurs. En effet, une fois la pièce
injectée, lorsque le moule s’ouvre, la pièce ne tombe pas d’elle-même. Il faut prévoir des tiges
métalliques, appelées éjecteurs, qui poussent la pièce à l’ouverture du moule. Le travail du mouliste
est donc triple :
- réaliser les empreintes de la pièce à injecter,
- intégrer des points ou des nappes d’injection aux empreintes afin que le remplissage du
moule se fasse,
- intégrer les éjecteurs au moule.

La seconde phase de la réalisation est l’injection des pièces proprement dite. Le plasturgiste a une
bonne connaissance des matériaux, surtout de leur viscosité à leur température d’injection. Dans notre
cas, le thermoplastique devra remplir les créneaux de la perturbation. Comme les dimensions sont
petites, l’un des critères de choix du thermoplastique sera sa viscosité à l’injection.
Pour ce projet de réalisation des mâchoires du transducteur en plastique, nous avons été conseillés par
le Pôle Technologie Extrusion. Cette structure met en relation des industriels ayant des besoins en
plasturgie avec des moulistes, des plasturgistes et des lycées professionnels. La seconde mission du
pôle est de permettre aux entreprises membres d’utiliser le matériel des lycées. Ces prestations
s’apparentent à ce qui est proposé par les CRITT (Centres Régionaux pour l’Innovation et le Transfert
de Technologie). Les différences entre les prestations sont le prix (environ 4 fois plus cher dans un
CRITT) et le fait de pouvoir assister au bon déroulement de la prestation et d’interagir avec le
personnel.
Nous avons commencé par rencontrer des professeurs du lycée Schwendy d’Ingersheim pour leur
présenter le projet. Grâce à leur concours, nous avons pris contact avec les sociétés ATN (Application
Technologies Nouvelles) et Varoplast, toutes deux basées dans le Haut-Rhin. ATN réalise des moules
d’injection. Varoplast est une société sœur d’ATN qui n’a pas pour vocation de faire de la production
en grande série. Ils sont spécialisés dans le prototypage et les petites séries. Un moule d’injection est
composé de deux parties : les empreintes qui sont le négatif de la pièce et la carcasse du moule entrant
dans la machine d’injection que la société Varoplast propose de prêter.
IV.1.3.a Définition du cahier des charges des mâchoires en thermoplastique
Ce nouveau tour de fabrication nécessite de répondre à nouveau aux questions posées au début
du paragraphe IV.1.2. La principale question est l’application visée qui détermine la forme extérieure
des mâchoires. Les autres questions sont purement techniques et non fonctionnelles. Il a été décidé que
ce capteur serait dédié à la mesure de température. Pour une sonde thermique, il faut tout de même un
point de fixation à l’une des extrémités de la perturbation. De la forme dite « en I » pour le
transducteur dédié à l’étirement, on passe à une forme dite « en T » pour le transducteur dédié à la
mesure de température. L’empreinte extérieure de la mâchoire étant réalisée par électro-érosion, nous
avons eu la possibilité d’améliorer son design. D’une section transversale carrée pour le transducteur
dédié à l’étirement, on passe à une section circulaire. Sur la mâchoire en aluminium, il n’y avait pas de

94
congé qui fasse l’intermédiaire entre la partie rectangulaire où est gravée la perturbation et des deux
parties d’attache. Cet élément de transition est ajouté sur la nouvelle mâchoire. Sur le point d’attache,
les deux trous sont conservés pour une fixation éventuelle du capteur sur un support ou sur le circuit
électronique. Pour l’alignement des mâchoires, les goupilles sont remplacées par des trous et des
picots. Pour limiter les coûts de fabrication, les deux mâchoires seront identiques c’est-à-dire que la
hauteur du sillon recevant la fibre optique doit être réalisée de manière plus précise que pour les
transducteurs précédents. Avec cette technique comme toutes les mâchoires sont réalisées avec le
même moule, tous les transducteurs seront identiques et l’écrasement de la fibre aussi.
IV.1.3.b Réalisation des empreintes et choix du matériau thermoplastique
L’une des empreintes est le négatif de la forme extérieure de la mâchoire. La figure 4-5 est une
image du logiciel de SolidWorks. Cette pièce mécanique est réalisée par électro-érosion. L’autre
empreinte est le négatif du sillon avec la perturbation gravée au fond. Comme l’écrasement de la fibre
est fixé à 20 µm, la profondeur du sillon de la mâchoire en plastique est de 110 µm. La figure 4-6 est
une image de SolidWorks représentant la mâchoire inférieure du moule d’injection. En figure 4-7,
nous avons une photographie de l’empreinte inférieure du moule que nous avons réalisée.
Les deux fichiers SolidWorks représentant les deux empreintes ont été transmises au mouliste pour
leur réalisation. Seule la gravure de la perturbation n’a pas été faite par lui. Après avoir réalisé le
négatif du sillon, l’empreinte inférieure du moule a été usiné au laser pour graver le négatif de la
perturbation. Le plus important dans cette étape de réalisation réussie était la maîtrise de la profondeur
du sillon. Pour réaliser le négatif du sillon, le mouliste a rectifié toute la surface de l’empreinte
inférieure. Cette étape cruciale a permis de définir le plan d’altitude d’origine nulle. Ensuite, l’usineur
a retiré sur toute la surface 110 µm de matière excepté à l’endroit de la perturbation. Ce processus a
permis de réaliser un usinage de grande précision (tolérance sur la hauteur < 3 µm), meilleur que la
première réalisation.

Figure 4-5 : Empreinte supérieure du moule


(Image SolidWorks)

Figure 4-6 : Empreinte inférieure du moule


(Image SolidWorks)

95
Figure 4-7 : Empreinte inférieure du moule
avec la perturbation

Les empreintes du moule réalisées, le choix du thermoplastique idéal pour notre application était
crucial. Sachant que la fibre en silice a un module d’Young de 69 GPa, il faut choisir pour réaliser la
mâchoire un matériau de module d’Young élevé. Cependant, pour la plupart des thermoplastiques il
est de l’ordre de quelques GPa. L’autre paramètre intervenant dans le choix est la viscosité du
matériau lors de l’injection. D’autant que la perturbation de notre pièce est de dimension
micrométrique. Le tableau 4-1 regroupe certaines propriétés des thermoplastiques usuels. Le matériau
retenu est le Polysulfure de Phénylène (PPS) car il a le module d’Young le plus élevé et la température
d’utilisation maximale la plus grande. Contrairement aux autres thermoplastiques du tableau, le PPS
est injecté à une température de 400°C alors que la température d’injection des autres est de 150°C.
Lors de l’injection, le PPS est le matériau le plus fluide et le moins visqueux. De plus, c’est un
matériau déjà utilisé dans l’industrie automobile pour les caches moteur et l’admission du moteur. Il y
aurait donc possibilité de surmoulage.
Thermoplastiques Abréviation Module d’Young Température maximale
(GPa) d’utilisation
Polychlorure de vinyle PVC 2,5 – 4 65
Polyéthylène PE 0,1 – 1,2 90
Polyamide PA 2,6 - 3,3 100
Polycarbonate PC 2,3 – 2,4 120
Polyéthylène téréphtalate PET 2 – 4 100
Polypropylène PP 0,9 – 1,5 100
Polystyrène PS 2,3 – 4,1 60
Acrylonitrile butadiène ABS 2,1 – 2,4 70 – 85
styrène
Polysulfure de Phénylène PPS 5 – 18 220

Tableau 4-1 : Propriétés des thermoplastiques usuels [Reyne, 2006]

IV.1.3.c Présentation et caractérisation des mâchoires en PPS


Le PPS utilisé est commercialisé par la société Polymix SA. La dénomination du matériau est
le PPS R-7-121 produit par la société américaine Chevron Phillips. Son module d’Young est de
18 GPa. Il est de couleur noire. La figure 4-8 présente deux mâchoires en PPS. Sur la mâchoire du bas
de la photographie, on voit le sillon ainsi qu’un picot et un trou pour l’alignement. Sur la mâchoire du
haut de la photo, on constate qu’il y a une marque de forme circulaire entre les deux trous. C’est la
marque de l’éjecteur.

96
Figure 4-8 : Mâchoire en PPS réalisées par injection plastique

Après cette présentation des mâchoires en PPS, une caractérisation était nécessaire pour vérifier que le
plastique en fusion a bien rempli les créneaux du moule d’injection. La figure 4-9 est une image de la
perturbation lorsque le pas vaut 75 µm imprimée dans la mâchoire en PPS. Les créneaux ont été
remplis par le PPS. On observe sur l’image (figure 4-9) que la surface est granuleuse. Les parties
hautes de la perturbation (celles que l’on voit en clair sur la figure 4-9) sont les parties usinées au laser
dans le moule. Leur état de surface n’est donc pas totalement lisse. Des mesures au profilomètre
optique (figure 4-10) ont permis de vérifier que les profondeurs de gravure étaient correctes à quelques
microns près. Cette coupe longitudinale montre que le pas de perturbation, ici 50 µm est respecté. La
hauteur des créneaux est de 20 µm à 3% près. Elle a été obtenue en utilisant un profilomètre optique
commercialisé par la société Zygo (Newview t200) disponible au laboratoire.

Figure 4-9 : Caractérisation au microscope optique d’une mâchoire en PPS


(Pas de 75 µm)

97
Figure 4-10 : Caractérisation au profilomètre d’une mâchoire en PPS
(Pas de 50 µm)

Les deux phases de prototypage des mâchoires ont permis d’aboutir à un procédé de fabrication des
mâchoires en plastique rapide, économique en production de masse et compatible avec les grandes
séries. L’autre objectif de cette étude était l’identification des entreprises partenaires pour fabriquer
ces mâchoires :
- alphanov : usinage de la perturbation sur l’empreinte du moule d’injection ;
- ATN : fabrication du moule d’injection ;
- polymix : fournisseur de thermoplastique ;
- varoplast : injection des mâchoires.

Les originalités de ces prototypes sont les dimensions micrométriques de la perturbation et l’injection
de pièce ayant de telles dimensions. L’usinage laser est une technologie qui répondait au cahier des
charges. Or, pour l’injection plastique, le plasturgiste n’était initialement pas certain du résultat
(remplissage des créneaux de la perturbation).
Les mâchoires fabriquées, elles sont ensuite assemblées pour pincer la fibre optique puis solidarisées
entre elles pour former le transducteur.

IV.2 Montage des transducteurs


Le transducteur est l’élément sensible du capteur. Il est constitué de deux mâchoires
microstructurées et d’une fibre optique dénudée. La gaine mécanique de la fibre optique en tefzel est
retirée car son module d’Young est 14 fois inférieur à celui de la silice. Sans dénudage de la fibre
optique, la gaine mécanique absorberait plus de 95% de la perturbation c’est-à-dire l’amplitude de
perturbation serait inférieure à 5% de celle de la mâchoire.
Il y a deux manières différentes de monter le transducteur. Le montage en transmission consiste à
injecter la lumière à l’une des extrémités du transducteur et à récupérer la lumière à l’autre extrémité.
Le montage en réflexion permet de diviser par deux la longueur de perturbation car l’injection de la
lumière se fait au bout de la même extrémité que la réception. Cette configuration nécessite le dépôt
d’un matériau réfléchissant sur l’autre extrémité de la fibre optique.
Le montage des transducteurs est une opération délicate car la fibre dénudée est très fragile. De plus, la
fibre ne peut être dénudée avec une pince à dénuder qu’à l’une de ses extrémités. Pour monter un
capteur en transmission, il faut donc assembler deux morceaux de fibre optique. L’injection de la
lumière dans la fibre optique est un aspect du capteur qui sera présenté dans le paragraphe IV.3. Les
prototypes montés en réflexion sont testés avec un coupleur 2 vers 1.

98
En premier lieu, nous commençons par expliquer le montage des transducteurs à mâchoire en
aluminium. Les mâchoires en aluminium présentent un avantage pour la fermeture car elles peuvent
être solidarisées par soudure. En deuxième lieu, nous nous intéresserons au montage des transducteurs
à mâchoire plastique. Lors de la réalisation des mâchoires, la couleur n’importait pas.
Malheureusement, le noir ne permet pas la soudure laser en profondeur et les tests de soudure latérale
n’ont pas été concluants.

IV.2.1 Montage du transducteur aux mâchoires en aluminium


Les transducteurs à mâchoires en aluminium sont montés en réflexion. Ce mode de
fonctionnement présente l’avantage de ne pas avoir à connecter ensemble deux fibres dénudées. En
revanche, le partage du guide d’onde entre l’émission et la réception a posé des problèmes
d’intégration. Pour les tests, nous avons utilisé un coupleur en Y avec des connections et des traverses
SMA. La source utilisée était une DEL de longueur d’onde 630 nm intégrée dans une traverse SMA.
La figure 4-11 présente le schéma du dispositif d’interrogation (sans électronique) du capteur monté
en réflexion en utilisant un coupleur en Y. L’injection de la lumière dans la fibre optique et la
réception sont deux problèmes technologiques importants. En effet, si l’intensité de la lumière injectée
est trop faible le rapport signal à bruit se dégrade. De plus, des erreurs de positionnement de la fibre
optique dans le capteur engendreront un biais sur la valeur réelle du mesurande. Pour remédier à ces
deux problèmes, des réponses sont proposées en paragraphe IV.3.
Pour transmettre un maximum de lumière à la photodiode, il faut déposer une couche réfléchissante
sur l’extrémité de la fibre optique car le taux de lumière réfléchie naturellement est seulement de
quelques pourcents entre l’interface clivée verre/air. Nous avons déposé une pellicule de peinture
argentée sur l’extrémité.

Figure 4-11 : Schéma du dispositif d’interrogation des capteurs


à mâchoires en aluminium

Après avoir proposé un dispositif d’interrogation du capteur monté en réflexion, nous allons nous
intéresser au montage du transducteur c'est-à-dire la fermeture des mâchoires sur la fibre optique
dénudée. Tout d’abord, la fibre optique doit être préparée. Nous avons utilisé un cordon de fibre de
1 m de longueur. Nous avons ensuite coupé la fibre en son milieu. La fibre est alors dénudée sur
environ 6 cm à partir de l’extrémité sans connecteur. Le clivage de cette extrémité permet d’avoir une
extrémité dont la section transverse est lisse et perpendiculaire à la direction de propagation. Une
peinture argentée est ensuite appliquée sur cette extrémité. La fibre optique est prête à être insérée
entre les deux mâchoires. La fibre dénudée est très fragile (il s’agit d’un cylindre de verre de 240 µm
de diamètre) et nécessite donc une attention particulière. Un banc de montage (figure 4-12) permet de
caler les mâchoires et la fibre optique. Une fois la mâchoire avec sillon positionnée, on place la fibre
optique. Une pièce en aluminium rainurée assure le positionnement de la fibre optique et l’empêche de
bouger. Ensuite, la seconde mâchoire est posée sur la fibre pour fermer le transducteur. Deux goupilles
sont alors placées dans les trous pour aligner les deux mâchoires (figure 4-13). Le transducteur monté
mais aux mâchoires non solidarisées est maintenu dans un étau. Les deux mâchoires sont enfin
soudées latéralement au laser (figure 4-14).

99
Figure 4-12 : Montage du transducteur à mâchoire en aluminium

Figure 4-13 : Alignement des mâchoires avec des goupilles

Figure 4-14 : Soudure les deux mâchoires en aluminium


(Vue latérale)

Nous venons de présenter l’étude du montage du transducteur fonctionnant en réflexion. Ce premier


montage nous a permis d’identifier les différentes étapes du procédé d’assemblage générique :
- dénudage de la fibre optique,
- clivage de l’extrémité,
- métallisation de l’extrémité ou application d’une pellicule réfléchissante,
- positionnement de la fibre dans le sillon de la mâchoire,
- fermeture des mâchoires,
- alignement des mâchoires,
- soudage des mâchoires.
Mis à part l’injection de la lumière dans la fibre et la réception, l’industrialisation nécessitera une
chaîne de production complexe pour toutes ces étapes de production (qui seront à peu près les mêmes).
Après avoir présenté, le montage d’un transducteur en transmission avec des mâchoires en plastique,
nous ferons le bilan des avantages et des inconvénients des deux modes de fonctionnement puis nous
présenterons des solutions possibles pour la mise en place d’une ligne de production.

IV.2.2 Montage des mâchoires en plastique sur la fibre


Les transducteurs à mâchoires en plastique sont montés en transmission. Ce mode de
fonctionnement simplifie le montage d’interrogation du capteur, le coupleur, souvent onéreux, est
supprimé. Le montage du transducteur est identique à celui des transducteurs en aluminium à part le

100
dépôt d’une pellicule argentée sur l’extrémité de fibre dénudée et le fait de laisser dépasser en dehors
du transducteur environ 1 cm de fibre dénudée. Une fois le transducteur monté et maintenu dans
l’étau, au lieu de souder les mâchoires en elles, on dépose latéralement tout le long du plan de jonction
des mâchoires un filet de colle cyanoacrylate.

Figure 4-15 : Transducteur avec deux mâchoires plastiques (PPS)

IV.2.3 Conclusion sur le procédé d’assemblage des transducteurs – Procédé


d’industrialisation
Le montage des transducteurs est une opération délicate car la manipulation de la fibre optique
dénudée risque de l’endommager. Le montage manuel des transducteurs nécessite un banc de montage
permettant de placer la fibre entre les mâchoires.
Un système en réflexion est difficile à mettre en œuvre sans coupleur ni traverses SMA. L’autre
problème avec ce fonctionnement en réflexion est la maîtrise du dépôt d’une couche réfléchissante sur
l’une des extrémités de la fibre optique. Il faut que le processus soit répétable et facilement réalisable.
Les propriétés de cette couche peuvent évoluer dans le temps et suivant les conditions d’utilisation,
notamment les variations de température. La réponse du capteur est alors la réponse du transducteur
combinée à la variation du coefficient de réflexion de cette couche. Le capteur monté en transmission
ne présente pas ces deux défauts majeurs. En revanche, pour le montage des prototypes, il a fallu
collecter la lumière à l’extrémité de la fibre optique dénudée à la sortie du transducteur et la conduire
jusqu’à la photodiode de réception via une seconde fibre. Pour cela, nous avons utilisé une jonction
dans un capillaire. Les deux extrémités des deux fibres optiques dénudées sont insérées dans ce
cylindre de diamètre intérieur légèrement supérieur au diamètre des fibres optiques puis collées. Cette
jonction, tout comme le dépôt réfléchissant sont des éléments qui sont sensibles aux paramètres
physiques, notamment la température. Pour le capteur industriel, on peut imaginer des mâchoires où
les extrémités, qui pour l’instant ne servent qu’à l’attache du transducteur et à l’alignement des
mâchoires, serviraient de support pour la DEL et la photodiode. Le transducteur serait monté en
transmission sans besoin d’injection dans une seconde fibre. Un bout de fibre optique dénudé serait
découpé à une longueur définie puis placé entre les mâchoires. A l’une des extrémités, la diode
injecterait la lumière dans la fibre ; à l’autre extrémité, la photodiode recevrait le signal optique. Un tel
montage sera présenté dans le dernier paragraphe du chapitre. Nous avons également testé la
possibilité de souder les deux fibres. La soudure est possible mais délicate en raison de leurs grands
diamètres. Le vieillissement mécanique de cette soudure est incertain.
Dans l’hypothèse où le transducteur serait monté en transmission avec une DEL et une photodiode
intégrées dans les mâchoires, le montage nécessiterait de nombreuses étapes d’assemblage :
- positionnement d’une mâchoire dans la machine,
- insertion de la diode et de la photodiode,
- fixation des deux composants électroniques,
- retrait de la gaine optique de la fibre optique,
- clivage des extrémités,
- positionnement de la fibre optique sur la perturbation de la première mâchoire,
- positionnement de la seconde mâchoire et fermeture du transducteur,
- solidarisation des deux mâchoires,

101
- connexion au circuit électronique.

Pour industrialiser toutes ces étapes de production, il faut monter une chaîne de production avec des
compétences multiples (positionnement, usinage, mesure, prise d’objet, dosage de colle…). La société
MiLaSys basée à Holsgerlingen dans la banlieue de Stuttgart développe de tels bancs. Le châssis du
banc est bâti en profilé. De cette manière, les différents modules peuvent être ajoutés les uns à la suite
des autres. De plus, si des modifications ultérieures sont à apporter, il suffit de modifier ou remplacer
un ou plusieurs modules. Le module permettant de dénuder les fibres optiques est composé de deux
guides de précision associés à un moteur qui tire la fibre optique de sa bobine. La gaine optique est
retirée par laser. Cette technique fonctionne bien pour les fibres où le cœur et la gaine optique sont en
silice. Des tests s’imposent pour savoir si cette technique est aussi valable pour des fibres à gaine
optique en polymère dur.
Au début de chapitre, nous avons exposé le principe de la technique d’injection plastique qui permet
de produire les mâchoires du transducteur en grande série. Le mode de fonctionnement le plus facile à
intégrer est le fonctionnement en transmission du transducteur. Pour l’industrialisation, un des facteurs
clés est l’injection et la réception de la lumière. Une mauvaise injection de la lumière dans la fibre
optique introduit un biais sur la mesure. Pour remédier à ce problème nous avons proposé des
mâchoires qui intègrent la source de lumière et la photodiode. La chaîne industrielle de fabrication du
transducteur est complexe et comprend de nombreux éléments. Une société allemande a été identifiée
pour sa réalisation. Dans la suite du chapitre, nous allons commencer par optimiser l’injection de la
lumière dans la fibre optique puis par présenter la chaîne de mesure utilisée pour tester les capteurs.

IV.3 Réalisation d’une source fibrée à bas coût


Dans les deux premiers paragraphes de ce chapitre, nous avons vu comment fabriquer et
monter le transducteur qui n’est qu’une partie du capteur. L’interface entre le transducteur et les
composants optoélectroniques doit être faite avec beaucoup de précision. En effet, si l’intensité
lumineuse injectée dans la fibre optique est trop faible, il faudrait augmenter le gain du circuit de
réception et donc diminuer le rapport signal à bruit. De plus, l’alignement de la source lumineuse avec
la fibre doit être un processus stable et répétable sinon, il y aura un biais possible sur la mesure. Le
capteur, visant les industries automobile doit être productible en grandes séries et à bas coût. Vu que le
capteur est à modulation d’intensité utilisant une fibre multimode, la source lumineuse n’a pas besoin
d’être cohérente ni d’avoir une faible surface d’émission. La source lumineuse répondant à ce cahier
des charges est la DEL.
Nous présenterons d’abord les caractéristiques d’une DEL, puis une étude de son couplage avec une
fibre optique pour réaliser une « source fibrée ».

IV.3.1 La Diode ElectroLuminescente (DEL)


C’est un composant optoélectronique, utilisant un matériau semi-conducteur qui émet de la
lumière lorsqu’il est parcouru par un courant électrique. La partie émettrice de lumière est souvent
noyée dans un cabochon en plastique. La longueur d’onde émise par la diode dépend de la valeur du
gap (différence entre l’énergie du bas de la bande de conduction et du haut de la bande de valence). La
lumière émise n’est pas cohérente, ni spatialement, ni temporellement. La largeur spectrale est de
l’ordre de quelques dizaines de nanomètres. Cet aspect sera abordé dans le dernier paragraphe de ce
chapitre pour évaluer l’effet de l’élargissement spectral de la source sur le taux de transmission.
Nous venons de voir deux caractéristiques d’une DEL (longueur d’onde et la largeur spectrale). Le
diagramme d’émission de la DEL est sa troisième caractéristique propre. Il s’agit d’un graphique

102
représentant la puissance lumineuse émise par la DEL en fonction de l’angle d’observation par rapport
à l’axe de la DEL. Souvent la puissance est normalisée ou donnée en unités arbitraires.

a b
Figure 4-16 : Emission de la DEL
a. Schéma explicitant l’angle d’émission
b. Exemple de diagramme d’émission normalisé

L’intensité de l’émission est maximale dans l’axe de la diode (θ = 0). Pour avoir le couplage optimal
entre la DEL et la fibre optique, il faut faire coïncider l’axe de la diode avec l’axe optique de la fibre.
Pour ne pas avoir de fluctuations de l’intensité lumineuse injectée dans la fibre optique, il est
nécessaire de solidariser la fibre optique à la DEL. De plus, la densité d’énergie diminue avec le carré
de la distance à la source de lumière. La réalisation d’une « source fibrée » apporte une solution à ces
deux problématiques (stabilisation de l’intensité injectée dans la fibre optique et injection du
maximum de lumière).

IV.3.2 Méthode de couplage optique


Le terme de source fibrée désigne commercialement une source de lumière qui a été couplée
de manière optimale à une fibre optique. Généralement la fibre optique est monomode et la source
lumineuse possède déjà une électronique. En s’inspirant de cette philosophie, nous proposons une
source fibrée en solidarisant l’extrémité de la fibre optique au plus près de la partie émettrice de la
source en faisant correspondre les axes optiques de la DEL et de la fibre optique. Cela peut être fait en
perçant le cabochon de la DEL dans l’axe, il devient ainsi possible de rapprocher au maximum
l’extrémité de la fibre optique du matériau semi-conducteur (figure 4-17).

Figure 4-17 : Diode percée suivant son axe optique avec la fibre optique

La fibre optique est clivée à son extrémité puis est insérée dans le trou du cabochon de la DEL.
La fixation de la fibre optique dans le trou se fait avec de la colle UV qui a la propriété de durcir
uniquement lorsqu’elle est éclairée par des rayons UV. L’utilisation de cette colle permet de prendre
tout le temps nécessaire pour aligner correctement la fibre optique par rapport à la DEL. Une injection
de lumière optimale signifie qu’un maximum de lumière est injecté dans la fibre. La diode est
connectée à un générateur de courant stabilisé. L’autre extrémité de la fibre optique est placée en face
d’une photodiode. Pour le positionnement de précision dans le trou, la fibre optique est fixée à un
système de positionnement 3 axes. Par tâtonnements successifs, on trouve une position unique pour la

103
fibre optique qui maximise l’intensité lumineuse à sa sortie. La colle est alors éclairée par une lampe
UV pour la solidifier.
La DEL que nous avons utilisée pour la source fibrée a une longueur d’onde centrale de 630 nm et une
largeur spectrale de 40 nm. Pour une fibre optique de rayon 100 µm et d’ouverture numérique 0,22, la
fréquence normalisée de celle-ci est comprise dans l’intervalle [219 233] pour une longueur d’onde
évoluant entre 610 et 650 nm. D’après la figure 3-12 du chapitre III, entre une fréquence normalisée de
200 et une fréquence normalisée de 250, la courbe du taux de transmission en fonction du pas de
perturbation est quasiment la même. Approximer la DEL à une source monochromatique est alors
justifié. Une DEL est une source lumineuse rarement directement stabilisée en puissance émise. Le
montage électronique peut stabiliser ou bien la tension aux bornes de la diode ou peut stabiliser le
courant qui y circule. En régime permanent, si le courant est stabilisé, la puissance émise est stabilisée
elle aussi. Dans la phase d’allumage de la DEL alimentée par un courant constant, il y a une période de
stabilisation de la puissance émise par la source. Pendant ce laps de temps de quelques minutes, la
DEL s’échauffe. Ce n’est qu’à partir du moment où l’équilibre thermique est établi que la puissance
émise est stable. Une variation de la température ambiante provoque également une fluctuation de la
puissance émise par la source de lumière. Dans le cas de tests en laboratoire, à température ambiante
fixe, l’alimentation stabilisée en courant est une solution à condition d’attendre que la DEL ait atteint
son régime de fonctionnement permanent. Pour un capteur embarqué, cette solution n’est pas
envisageable car le capteur dès sa mise en route doit être fonctionnel. Dans la dernière partie du
chapitre consacrée à un circuit électronique dédié au capteur, nous proposerons une solution à ce
problème.
La source fibrée réalisée met en évidence l’importance de l’injection de la lumière dans la fibre
optique. Elle sera utilisée pour tester les capteurs. Dans le capteur industriel, la DEL utilisée sera
probablement sans cabochon et l’alignement entre la DEL et la fibre optique devra déjà être prévu
dans le châssis du capteur. Disposant de cette source, nous allons l’utiliser pour déterminer les
caractéristiques propres des fibres optiques (ouvertures numériques et coefficients thermo-optiques des
gaines optiques).

IV.4 Circuit électronique dédié au capteur


Nous avons montré que le mode de fonctionnement en transmission est le mieux adapté à la
fabrication en grande série. Nous avons mis en évidence le rôle important de l’injection de la lumière
dans la fibre optique et proposé d’intégrer, pour la version industrielle du capteur, les composants
optoélectroniques dans les mâchoires.
Pour déterminer la sensibilité du capteur en configuration thermomètre, la source de lumière est une
diode électroluminescente (DEL) de longueur d’onde centrale 630 nm, couplée une fibre à la fibre
optique silice/polymère dur (type HCP 200) pour optimiser l’injection de la lumière dans la fibre
optique. Elle est alimentée par un générateur de courant de haute précision. Le photo-récepteur est une
photodiode silicium prémonté dans un connecteur SMA fabriqué par la société Fibre Data (modèle
H22R880IR). Le convertisseur courant-tension est un circuit d’amplification transimpédance. La sortie
du circuit est échantillonnée avec une carte d’acquisition commercialisée par la société National
Instruments. Pour l’étalonnage en température le capteur est monté dans un assemblage mécanique
avec un thermocouple étalon, l’ensemble est placé dans une chambre climatique. Les modules
électroniques, restent à température constante pour éviter leurs dérives thermiques. La modulation du
signal mesurée est uniquement due à la réponse du transducteur.
Le capteur de température constitué d’une fibre HCP200 et de mâchoires en PPS est monté en
transmission. L’intensité du courant d’alimentation de la DEL est réglée à 4,8 mA de sorte que la
tension de sortie du circuit de réception soit inférieure à 10 V.

104
i) Alimentation de la source de lumière
Pour un fonctionnement optimal du capteur, il faut que la puissance lumineuse soit stabilisée. Nous
avons vu au chapitre IV que pour stabiliser la puissance lumineuse émise par la DEL, il faut contrôler
son courant. Le générateur de courant que nous avons utilisé a une résolution de 10 µA sur le courant
de sortie (modèle ITC502 de la société THORLABS). Quelques minutes d’attente permettent d’établir
un régime stationnaire. A ce moment, l’intensité lumineuse émise par la DEL est très stable. Pour
pouvoir insensibiliser le capteur aux fluctuations d’intensité (principalement en régime transitoire), il
faudrait disposer d’un circuit spécifique permettant de collecter une partie de la lumière au niveau de
l’injection pour normaliser le signal de sortie.

ii) Système d’acquisition des données


Le circuit de photo-réception transimpédance est constitué d’un amplificateur opérationnel type
TL082CP optimisé avec une résistance de contre-réaction de 562 kΩ. Il est relié au boîtier de
connexion de la carte d’acquisition (modèle SCB-68 de la société NI). La numérisation du signal
analogique est réalisée avec une carte d’acquisition National Instruments modèle PCI-6229, disposant
de 16 voies différentielles avec une fréquence d’échantillonnage maximale de 250 kHz sur l’ensemble
des voies. Le gain maximum d’une voie est de 100. Le gain est ajusté pour faire correspondre le signal
de sortie du capteur avec la pleine échelle d’entrée du convertisseur analogique numérique. Sur la
plage d’acquisition comprise entre 0V et +10V, la résolution offerte par le convertisseur analogique
numérique est de 48,8 µV [Cf datasheet de la carte NI modèle PCI-6229].

iii) Chambre climatique


La chambre climatique fabriquée par la société Vötsch, modèle VC 2020 permet de faire des tests en
température sur une plage de températures comprises entre -20 °C et 150 °C dans un volume de 250
litres. La vitesse de réponse de la cuve est de l’ordre du degré par minute. La résolution des trois
capteurs internes à la chambre climatique est de 0,1 °C. Cependant les fluctuations spatiales de la
température dans la chambre sont de 1,5 °C. Le capteur interne ne peut être utilisé pour servir de
capteur de référence à une expérience d’étalonnage.

iv) Température de référence


Puisque la température n’est pas spatialement homogène, nous avons utilisé un thermocouple de type J
placé proche du capteur à fibre optique dans un montage conducteur de la chaleur, avec une grande
inertie thermique, pour disposer d’une température de référence, la plus stable possible, proche de
celle du capteur. La force électromotrice fournie par un thermocouple est très faible (environ
50 µV/°C pour le type J). Le signal électrique a été amplifié en utilisant un amplificateur
d’instrumentation de haute précision à faible dérive (Analog device, type AD624). Réglé avec un gain
de 100, il permet d’avoir une incertitude sur la linéarité de la réponse inférieure à 1,5% sur le signal
amplifié. Le thermocouple n’est pas utilisé avec une température de soudure froide à 0 °C. La
compensation est réalisée par une correction logicielle à partir de la mesure de la température ambiante
délivrée par un capteur intégré dans le boitier de connexion de la carte d’acquisition.

v) Système de stabilisation de la température


Ce système est uniquement dédié à l’étude statique du transducteur. Le capteur est inséré dans une
rainure fraisée d’un radiateur en aluminium. Le thermocouple, inséré dans une rainure perpendiculaire,
est placé en contact avec le corps du capteur en PPS. Pour favoriser l’échange thermique par
conduction, les deux capteurs sont enduits avec une pâte conductrice de la chaleur. Un deuxième
radiateur est assemblé sur l’ensemble. Lorsque le montage est soumis à un palier de température, son
temps de réponse est de l’ordre d’une heure. Dès que le régime stationnaire est atteint, on peut
considérer que le système est à température constante et que l’écart de température entre les deux
capteurs est minimisé.

105
vi) Mesure du bruit du capteur
Pour déterminer le bruit du système d’acquisition, le capteur est maintenu à température constante
(ambiante). Dans cette configuration, nous enregistrons le signal du capteur avec la source sous
tension et avec la source hors tension. Le tableau 4-2 donne les deux principales caractéristiques du
bruit dans les deux cas. On constante que la plus grande partie du bruit provient de la source
lumineuse. Le spectre du signal enregistré à température constante (DEL allumée) est présenté (en
figure 4-18). On constate une évolution typique du bruit en inverse de la fréquence (bruit en 1/F). En
annexe X, des schémas de circuits électroniques complémentaires sont proposés pour améliorer la
dynamique par suppression de la composante continue et pour augmenter le rapport signal à bruit du
capteur en prenant en compte les fluctuations de la source.

Signal pic à pic (mV) Ecart type (µV)


DEL allumée 58 83
DEL éteinte 10 7
Tableau 4-2: Statistique du bruit du capteur

Figure 4-18 : Spectre du signal du capteur placé à température ambiante constante

IV.5 Conclusion
La réalisation des mâchoires du transducteur est une des originalités de ce travail de thèse. Les
deux phases de prototypage ont permis de développer un procédé de fabrication des mâchoires en
grande série en utilisant les procédés d’injection plastique et d’usinage laser très compétitifs.
L’assemblage des mâchoires autour de la fibre optique préalablement préparée (dénudée, clivée et
coupée) est un procédé comprenant de nombreuses étapes et manipulations (alignement des
composants, collage, mise sous contrainte). Son industrialisation nécessitera de disposer d’un banc de
montage spécifique où des compétences diverses telles que le positionnement, le déplacement, le
dosage, l’usinage et la manipulation de fibres optiques. Milasys, une société allemande, a été identifiée
comme prestataire possible pour la réalisation de ce banc de montage. Le positionnement des
composants optoélectroniques par rapport à la fibre optique et leur fixation est un des points les plus
importants de l’assemblage. En effet, une modification de lumière injectée dans la fibre optique
entraîne une variation du taux de transmission non causée par le paramètre physique et donc un biais
sur la mesure. La source lumineuse retenue pour raison de coût est une DEL. Nous avons montré que
sa largeur spectrale n’a pas d’impact sur le fonctionnement du transducteur. Cependant, l’émission de
lumière n’est pas directionnelle, le bout de la fibre optique doit être amené le plus près possible du
matériau semi-conducteur. Pour tester les transducteurs, nous avons réalisé des sources fibrées en
collant la fibre optique dans le cabochon de la DEL. Pour le capteur industriel, l’utilisation d’une DEL

106
sans cabochon, directement insérable dans les mâchoires facilitera le couplage optique entre la source
et la fibre optique.
Enfin, il faut insister sur le fait qu’une DEL n’est pas une source stabilisée en intensité de lumière
émise. Un circuit électronique spécifique associant réception et émission est discuté en annexe X pour
résoudre ce problème. Une partie de la lumière émise est collecté puis convertie pour être utilisée en
tant que référence. Enfin, un circuit transimpédance a été adopté pour convertir le photocourant reçu
par le photorécepteur en tension. Malheureusement, ce signal n’est pas exploitable tel quel car sa
composante continue est très importante, diminuant proportionnellement la dynamique de mesure.
Pour résoudre ce problème, la tension de référence utilisée pour normaliser est aussi utilisée pour
supprimer cette composante continue.

107
«La théorie sans la pratique est absurde ; la
pratique sans la théorie est aveugle.»

Emmanuel Kant (1724-1804)

108
Chapitre V - Caractérisation expérimentale du capteur :
applications à des mesures thermiques et mécaniques
Dans le chapitre précédent, nous avons étudié le procédé de fabrication du transducteur. Sa
forme extérieure est dépendante de l’application visée. En effet, pour une application en thermique, on
choisira une forme allongée (sonde) avec un seul point de fixation. En revanche, pour une mesure
d’étirement deux points de fixation seront nécessaires. Le capteur comprend un transducteur, une
source lumineuse, une photodiode et un circuit électronique. L’électronique est dimensionnée en
fonction du type de l’assemblage du transducteur (fibre utilisée, taux d’écrasement, pas de
perturbation, matériau des mâchoires) ainsi que de l’application choisie (mesure de température ou
d’étirement). L’annexe X présente en détail les circuits électroniques développés dans cette étude.
L’étude théorique du transducteur menée dans le chapitre II puis complétée au chapitre III, nous a
permis d’établir la réponse du transducteur lorsque l’on modifie une de ses caractéristiques propres
(pas de perturbation, écrasement, ouverture numérique ou diamètre du cœur). L’étude de l’évolution
de la réponse du capteur en fonction des ces paramètres était essentielle pour optimiser la conception
du capteur notamment en terme de sensibilité et de dimensions. Pour compléter cette étude
préliminaire, il faut également évaluer par modélisation l’influence du mesurande considéré
(température ou étirement) sur le taux de transmission optique constituant l’effet sensible. Cette
simulation permettra de quantifier l’importance des différents effets physiques mis en jeu : effet
thermo-optique, effet élasto-optique, dilatation thermique et modification des dimensions du
transducteur par étirement. En raison des applications développées, ce chapitre a été scindé en deux
parties. La première est consacrée au transducteur en PPS utilisé en thermomètre et la deuxième au
transducteur en aluminium utilisé pour mesurer des étirements.
Ainsi, en première partie, nous commencerons par utiliser les résultats issus de la modélisation pour
analyser l’évolution théorique de la sensibilité thermique du capteur. Ces études ont permis d’évaluer
théoriquement et expérimentalement la sensibilité du capteur, de vérifier sa linéarité, d’évaluer le bruit
de mesure avant d’en préciser les temps de réponse caractéristiques. Les spécifications métrologiques
seront présentées. Les différentes études expérimentales ont notamment permis de faire la
démonstration du concept pour des mesures de température dans un écoulement de gaz. Le capteur
étant dans ce cas assimilable à un thermomètre optique. La seconde partie est dédiée au transducteur
en aluminium utilisé en capteur d’étirement tel que celui que l’on pourrait rencontrer dans une
application de mesure de déformation d’une structure mécanique. Suite à la présentation du montage
en traction, nous montrerons et discuterons les premiers résultats obtenus dans cette configuration
particulière.

V.1 Etude du thermomètre optique

V.1.1 Sensibilité thermo-optique théorique du transducteur


V.1.1.a Analyse des effets physiques en jeu
L’analyse des effets physiques mis en jeu pour le capteur en version thermomètre est réalisée à
partir des développements théoriques proposés au chapitre III, en fonction des caractéristiques du
transducteur dont la fabrication est décrite au chapitre IV.
Deux effets cumulatifs interviennent dans le mécanisme de modulation d’intensité optique sous
l’action de la température. En effet, une variation de température a pour conséquence, d’une part, une
variation de l’ouverture numérique de la fibre optique par effet thermo-optique (modification des
indices de réfraction). D’autre part, la dilatation thermique du transducteur produit une modification

109
des dimensions des constituants (diamètres des éléments de la fibre, écrasement par ouverture des
mâchoires). Dans le cas de la fibre silice/polymère, choisie pour son cœur à coefficient thermo-optique
positif et sa gaine optique à coefficient thermo-optique négatif, l’ouverture numérique augmente
significativement avec la température mesurée (autour de 0,4%/°C). Ainsi, pour une variation de
température de 10°C, en tenant compte des modules de Young des constituants du transducteur
supposés constant, on montre que la dilatation thermique augmente le pas de la perturbation d’environ
0,15% et une diminue l’écrasement d’environ 0,15%. La sensibilité relative cumulée de ces deux effets
est inférieure à 10-3 %/°C. Ces valeurs indiquent que l’effet thermo-optique domine les autres. Les
courbes présentées en figures 3-7, 3-15 et 3-22 du chapitre III montrent comment les effets thermo-
optiques, de dilatation et d’écrasement combinés produisent une augmentation du taux de
transmission.
V.1.1.b Simulation du taux de transmission en fonction de la fréquence normalisée
Les deux mâchoires constituant le transducteur sont micro-structurées par trois réseaux en
série ayant un pas différent, de 2 cm de longueur chacun. L’étude théorique ayant nécessitée des
développements longs, en l’absence de résultats de simulation, pour engager les démarches du
processus de fabrication des prototypes dès le début de l’étude, les pas ont été choisis arbitrairement
(50, 75 et 100 µm). 50 µm étant le pas de perturbation le plus petit réalisable par usinage laser. Par
conséquent, la simulation du comportement du capteur passe par la caractérisation de l’effet produit
par chacun des réseaux considérés indépendamment, chacun ayant sa propre influence exercée sur des
tronçons de longueur égale au tiers de la longueur totale de la partie sensibilisée. Le taux de
transmission globale en sortie du transducteur est obtenu par multiplication des valeurs indépendantes
des taux de transmission de chacun des réseaux.
En chapitre III, nous avons simulé le taux de transmission du transducteur lorsque la fibre optique
subit une variation de son ouverture numérique. La figure 5-1 ci-dessous a été obtenue en calculant
pour chaque pas de réseaux le taux de transmission en faisant varier l’ouverture numérique qui est
proportionnelle à la fréquence normalisée (Eq. 5-1). L’accroissement de l’ouverture numérique
augmente la différence entre l’indice de réfraction du cœur et celui de la gaine optique donc diminue le
pas maximal de couplage de tous les modes guidés. Cet effet a pour conséquence une augmentation du
taux de transmission. Les régressions montrent la linéarité à 1,3% près des évolutions simulées. La
plage des fréquences est limitée pour des fréquences normalisées comprises entre 150 et 300 en raison
de la capacité de mémoire vive des ordinateurs utilisés pour les calculs. La fréquence normalisée
calculée pour la fibre de type HCP 200 utilisée, d’ouverture numérique de 0,37, vaut 369 à la longueur
d’onde de 630 nm. Puisque cette valeur sort de la plage, pour simuler ce capteur, nous avons extrapolé
les courbes de simulation des différents réseaux. Les courbes théoriques présentées ont été calculées
pour une fibre optique dont le cœur et la gaine optique étaient en silice (E=69GPa, nco=1,456).
Cependant, dans le cas présent, le polymère dur de la gaine optique de la fibre HCP 200 a un module
de Young bien inférieur à celui de la silice (environ 5GPa). Dans ce cas, l’amplitude de la perturbation
réelle du cœur de la fibre est donc surestimée pour la simulation théorique sous-évaluant ainsi
l’intensité transmise par chaque réseau et par conséquent le taux de transmission global du

  Q . . ÍÎ
transducteur comprenant les trois réseaux en série.
(Eq. 5-1)
où k0 représente le vecteur d’onde, a le rayon du cœur de la fibre et ON son ouverture numérique.

110
Figure 5-1 : Taux de transmission théorique d’un transducteur en fonction de la fréquence normalisée pour
différents pas de perturbation des réseaux (traits continus) et régressions linéaires (traits pointillés)

La figure 5.1 montre que le taux de transmission du capteur comprenant trois réseaux en série peut être
considéré linéaire en fonction de la fréquence normalisée de la fibre optique. Puisque la fréquence
normalisée est directement proportionnelle à l’ouverture numérique, il faut maintenant calculer
l’évolution de l’ouverture numérique en fonction de la température afin de déterminer la réponse du
capteur en fonction de la température. Pour caractériser son évolution en fonction de la température,
nous avons mesuré les coefficients thermo-optiques des gaines optiques des deux fibres utilisées
(HCL200 et HCP200, Annexe XI).
V.1.1.c Calcul de la sensibilité thermique théorique du transducteur
Les coefficients thermo-optiques (annexe XI) des gaines optiques des deux fibres étant connus
et supposés constants sur la plage de température étudiée pour la pré-étude (5-45°C), on peut évaluer
l’ouverture numérique en fonction de la température. Comme ces coefficients sont petits (de l’ordre de
10-4 K-1), on peut considérer que l’ouverture numérique des fibres évolue de manière linéaire avec la
température. La figure 5-2 représente l’ouverture numérique de la fibre optique HCP200 non
perturbée, calculée à partir des coefficients thermo-optiques, en fonction de la température avec la
formule exacte (points bleus) et avec le développement linéaire (tirets rouges). Sur ce graphique, on
observe que l’approximation linéaire est justifiée.

Figure 5-2 : Ouverture numérique de la fibre optique HCP 200 calculée avec
la formule exacte (points bleus) et avec la formule simplifiée (tirets rouges)
en fonction de la température

111
Nous avons vu au paragraphe précédent que le taux de transmission du capteur en fonction de
l’ouverture numérique de la fibre optique est une fonction affine. De plus, l’évolution de l’ouverture
numérique de la fibre en fonction de la température est linéaire croissante pour la fibre HCP 200. A
partir de ces premiers résultats de simulation, nous pouvons dire que, théoriquement, la réponse du
capteur soumis à une variation de température est linéaire et croissante.
Pour caractériser totalement, le capteur de température, il reste à déterminer sa sensibilité. La plage de
validité de l’approximation linéaire est déterminée par l’expérience. Elle dépend de l’évolution du
coefficient thermo-optique de la gaine optique avec la température et de la validité du modèle
mécanique et électromagnétique aux grandes valeurs de la fréquence normalisée. Or, la caractérisation
de la fibre silice/polymère dur (annexe XI) montre que l’ouverture numérique de celle-ci se stabilise
avec la température au-delà de 50°C après une progression linéaire. C’est la limite supérieure de la
plage d’utilisation du capteur et de l’approximation linéaire de la réponse du capteur utilisant cette
fibre optique. Comme le capteur est composé de trois transducteurs en série, son taux de transmission
est obtenu en multipliant les taux de transmission de chacun de ses éléments (voir figure 5-1). La
figure 5-3 est la courbe théorique de réponse du capteur en fonction de la température, normalisée par
rapport à 20°C. Le coefficient directeur de cette droite est la sensibilité théorique du capteur et est
égale à 0,26% par °C.

Figure 5-3 : Réponse théorique relative du capteur


en fonction de la température (normalisée à 20°C)

V.1.2 Etalonnage statique et dynamique du capteur


Ce paragraphe présente les résultats expérimentaux obtenus avec le transducteur utilisant la
fibre optique HCP200 (gaine optique en polymère dur) utilisé en capteur de température. En premier
lieu, nous déterminons la sensibilité thermique du capteur sur une plage de température compatible
avec la gaine de la fibre en polymère (-25°C < T < 45°C). En second lieu, nous déterminons les temps
caractéristiques de réponse dynamique du capteur en analysant la réponse indicielle du capteur en
régime de convection naturelle et de convection forcée.
V.1.2.a Etalonnage par comparaison de la sensibilité relative
Pour étalonner la réponse statique du capteur, nous avons utilisé une chambre climatique qui
dispose d’un régulateur Proportionnel Intégral Dérivé (PID) contrôlé par ordinateur via une liaison
série afin de fixer des paliers de température. La chambre climatique a été pilotée en développant un
programme sous Labview. La température réelle du capteur a été mesurée avec un thermocouple placé
proche du capteur inséré dans un système de stabilisation de la température. Ce montage est décrit
paragraphe IV.4 du chapitre précédent et est présenté en figure 5-4.

112
Figure 5-4 : Capteur inséré dans un système de stabilisation thermique
(échangeur à ailettes en aluminium)

L’étude des coefficients thermo-optique (annexe XI) montre qu’au-delà de 45 °C, l’ouverture
numérique de la fibre HCP200 se stabilise avec la température et que l’effet sensible du capteur
devient incertain. De plus, à partir de 80°C le module d’Young du polymère chute avec la température
(voir annexe V) conduisant à la destruction possible du capteur.
Pour enregistrer la réponse quasi-statique du capteur en température, le protocole de mesure a consisté
à procéder par paliers de température successifs espacés de 2°C. La constante de temps de la chambre
climatique (de quelques minutes environ) est beaucoup plus petite que celle du système de
stabilisation de la température (environ 20 minutes). Il est donc nécessaire d’attendre une heure avant
d’acquérir le signal du capteur pour chaque palier considéré. Pour chaque palier de température, un
échantillon de 1000 points par seconde des signaux du capteur et du thermocouple étalon sont
enregistrés. A partir de ces échantillons, nous déterminons les valeurs de la moyenne et de l’écart type.
La figure 5-5 montre la réponse du capteur de température sur une plage comprise entre 5 °C et 45 °C.
On observe une réponse quasi linéaire. Dans les conditions de réglage de la chaîne de mesure, la
sensibilité relevée est de 35 mV/°C. Le dimensionnement des circuits électroniques du capteur
influencent la valeur de la sensibilité mesurée. Le choix des paramètres devra faire l’objet d’études
complémentaires. L’écart type du bruit sur la mesure de la tension du capteur a été représenté par les
barres rouges. La précision de la mesure de la température est ici celle du thermocouple qui vaut 2°C
(thermocouple de type J).
Pour déterminer la sensibilité relative du capteur en régime statique, nous avons normalisé le signal
par rapport à sa réponse à 20 °C. La pente de cette courbe (figure 5-6) correspond à la sensibilité
relative du capteur, elle permet de ne pas tenir compte des paramètres de réglage de la chaîne de
mesure. Sur la figure 5-11, nous avons représenté la réponse normalisée ainsi que sa régression
linéaire. Sur la plage de mesure, l’erreur relative de linéarité est inférieure à 0,2% et la sensibilité
relative calculée à 0,46%/°C.
Quand on compare la réponse modélisée (voir paragraphe V.1.1c) et celle mesurée, la linéarité est
vérifiée et la sensibilité relative mesurée est deux fois supérieure à celle simulée. Dans l’étude
théorique, le seul effet pris en compte était l’effet thermo-optique. Or, les modules de Young des
différents matériaux qui composent le transducteur ne sont pas constants (voir annexe V). En effet,
entre 5 et 45°C, le module du PPS de la mâchoire diminue de 10% et celui de la gaine optique de 35%.
Dans ces conditions, l’amplitude de la perturbation diminue et le taux de transmission augmente
expliquant l’observation.

113
Figure 5-5 : Réponse en température mesurée du transducteur PPS
avec la fibre HCP200 (points noirs) et sa régression linéaire (en traits pointillées)

Figure 5-6 : Réponse normalisée du capteur en PPS avec la fibre HCP200


en fonction de la température

V.1.2.b Calibration dynamique du capteur pour mesurer la température d’un gaz


L’objectif de cette étude expérimentale est d’établir les caractéristiques dynamiques du
capteur. Elle doit permettre d’identifier l’ordre du système afin de pouvoir déterminer les temps de
réponses caractéristiques. En effet, les temps de montée et de réponse d’un système dépendent de
l’ordre de l’équation différentielle qui modélise son comportement. Deux configurations particulières
ont été choisies pour illustrer les performances dynamiques du capteur. En effet, la vitesse de réponse
d’un capteur de température dépend des propriétés thermiques des matériaux le constituant et de son
volume (inertie thermique), d’une part. Elle est aussi liée aux conditions de l’échange thermique entre
le transducteur et le milieu dans lequel il est plongé, d’autre part. Les trois modes de transfert
thermique peuvent intervenir : conduction, convection et rayonnement. L’échange thermique du
capteur avec son milieu est étroitement associé à la géométrie du capteur (surface d’échange) ainsi
qu’au support en contact (conduction), de la vitesse de l’écoulement si présence d’un gaz (convection
naturelle ou forcée) et enfin de la température des objets environnants (rayonnement). Pour simplifier
l’analyse complexe de la réponse du capteur, nous avons adopté une configuration d’étude permettant
de minimiser la conduction et le rayonnement. Pour déterminer l’ordre du système régissant la réponse
du capteur nous avons enregistré sa réponse indicielle dans deux situations. Le capteur a d’abord été
soumis sous une atmosphère d’air à un échelon de température en convection naturelle puis à un
échelon de température en convection forcée. Les deux types de transfert thermique mis en jeu dans

114
ces expériences étaient la convection et le rayonnement. Cette hypothèse était vérifiée car le capteur
était disposé dans des montages permettant de minimiser le phénomène de conduction avec son
support.
Dans les deux cas, les paramètres mesurés sont présentés et comparés aux coefficients d’échange
superficiel calculés en utilisant les corrélations empiriques établies par les thermiciens. Enfin, les
résultats de cette étude sont utilisés pour établir une loi du comportement dynamique du capteur en
fonction de ces caractéristiques et des conditions de l’écoulement à mesurer.
V.1.2.c Réponse à l’échelon de température en convection naturelle
En premier lieu, nous allons nous intéresser d’un point de vue théorique, à l’étude de la
propagation de la chaleur dans le transducteur préalablement refroidi (à -18°C) et subitement plongé
dans l’air à température ambiante (22°C). Cette expérience consiste à soumettre le capteur à un
échelon de température. Cette étude permet de déterminer l’évolution de la température du
transducteur (cœur et gaine optique) en fonction du temps. Cette évolution produira une variation
temporelle du taux de transmission optique qui sera enregistrée et présentée en second lieu. L’analyse
de l’évolution expérimentale de la réponse du capteur renseigne sur son ordre.

(i) Hypothèses
Pour décrire l’évolution transitoire de la variation de température du transducteur soumis à un échelon
de 40°C, la modélisation dépend des conditions expérimentales.
Le transducteur maintenu horizontalement sans contact avec son support (suspendu par la fibre) est
uniquement en contact avec l’air ambiant (voir photographie en figure 5-7). Dans ce cas, le principal
mode de transfert thermique est la convection naturelle. La propagation de la chaleur à l’intérieur du
transducteur se fait par conduction. Dans cette situation, on fait les hypothèses suivantes :
- le transducteur est supposé infini dans la direction de la fibre (conduction aux extrémités
du transducteur négligée) ;
- seuls les phénomènes de convection naturelle et de rayonnement réchauffent le
transducteur ;
- le plastique PPS représente plus de 97% du volume du transducteur, par conséquent on
suppose qu’il est composé uniquement de ce matériau.

Figure 5-7 : Transducteur monté sur un support pour le test


dynamique en température en convection naturelle

(ii) Résolution du problème de conduction de chaleur dans un cylindre soumis à la convection


naturelle
Le problème de conduction de chaleur à résoudre en tenant compte des hypothèses
simplificatrices exposée précédemment comprend l’équation de la chaleur 5-2 et la condition aux

115
limites 5-3. Celle adoptée est une condition de flux en paroi du type Neumann (en convection
naturelle). Le coefficient de diffusion thermique α dépend de la conductivité thermique du matériau
λmat, de sa masse volumique ρmat et de sa capacité calorifique Cp,mat. Compte tenu de la géométrie du
capteur, la résolution du problème sera faite en coordonnées cylindriques. Comme nous avons supposé
le transducteur constitué d’un matériau uniforme, la température ne dépendra que de la coordonnée
radiale r et du temps t. La résolution du problème passe par une séparation de ces deux variables. La
solution (Eq. 5-4) fait intervenir des coefficients βm qui sont solutions de l’équation 5-5. Pour tenir
compte du rayonnement, compte tenu des températures en jeu, nous avons linéarisé l’émission
radiative. Ce point sera expliqué au paragraphe (iv).
Problème aux conditions aux limites à résoudre (équation de Laplace)
1 À
Δ 
 ÀI
(Eq. 5-2)
où ∆ représente l’opérateur Laplacien.
Condition aux limites de type Neumann
À
:f ÀŸ  DÙ  ŸÛ < ,I

ŸÛ < 
(Eq. 5-3)
*
 Ø M<
M< .Y=,M<
Où représente le coefficient de diffusion thermique, at le rayon du cylindre, h le
coefficient d’échange de chaleur superficiel global, T∞ est la température ambiante et T(r=a,t) la
température de la paroi du cylindre au cours du temps.
La solution du système précédent a été proposée par de nombreux auteurs. Une solution est donnée en
référence [Lienhard, 2003].
Solution du problème
ÇH M < 
l  Ù  ∑Ù Ï  ‚à 9MI
+ 1
‚, P  Ù 
/

<
;Û1 M Ç/ M < GÇH/ M <   ;
(Eq. 5-4)

; . I . Ï1  ; I   dw. Ï  ; I  0 (Eq. 5-5)


,.
dw  * < (Eq. 5-6)
M<
où Jν représente la fonction de Bessel de première espèce d’ordre ν, at le rayon du cylindre, λmat la
conductivité thermique du matériau, h le coefficient d’échange de chaleur superficiel global et Bi le
nombre de Biot. Les unités des différentes grandeurs physiques sont données dans le tableau 5-1. Les
valeurs des paramètres physiques sont considérées aux conditions de pression atmosphérique et de
température imposée par l’expérience.
Dans la solution apparait le nombre de Biot Bi (Eq. 5-6). Ce nombre adimensionnel caractérise
l’échange thermique. Il représente le rapport des résistances thermiques de surface et interne du
cylindre. Les petites valeurs du nombre de Biot correspondent au cas d’un matériau de grande
conductivité thermique et de petite dimension (conduction thermique supposée infinie).
Pour illustrer l’influence du nombre de Biot dans le cas général, nous avons considéré un cylindre
soumis à échelon positif de 1°C. Nous avons ensuite calculé dans ce cas, en utilisant la solution (5.4)
précédente, la différence de température entre la paroi et le centre du cylindre en fonction du temps
pour différentes valeurs du nombre de Biot. La figure 5-8 représente la valeur maximale de cette
différence en fonction du nombre de Biot. L’analyse de la courbe montre que pour les petites valeurs
du nombre de Biot, la température interne du cylindre peut être considérée uniforme. Le nombre de
Biot de notre capteur calculé à partir des données du tableau 5-1 vaut environ 0,03. Dans ce cas, on
calcule un écart de température maximal entre le centre du capteur et la paroi de 15 millièmes de degré
Celsius, traduisant l’uniformité du champ de température.

116
Figure 5-8 : Différence maximale de température entre la paroi
et le centre du cylindre en fonction du nombre de Biot

(iii) Simplification du modèle en négligeant la résistance thermique du cylindre


Ainsi, pour les faibles valeurs du nombre de Biot, on peut faire une approximation du
problème précédent. Elle consiste à considérer la résistance thermique interne du transducteur comme
négligeable (Lumped capacitance method pour les Anglo-saxons). Faire cette approximation revient à
supposer qu’il n’existe pas de gradient thermique dans le transducteur donc que son champ de
température de sa section est uniforme. Dans notre cas, le capteur a été soumis à un échelon de 40°C.
Les calculs du paragraphe précédent montrent qu’un tel écart produirait une différence maximale de
température entre le centre et la paroi de 0,6°C. Par conséquent, l’hypothèse de simplification est
parfaitement justifiée dans le cas de notre capteur. L’équation différentielle du premier ordre 5-7
présente le bilan thermique correspondant à cette situation. La constante de temps τ donnée par la
solution 5-9 dépend du coefficient d’échange de chaleur superficiel global h, du diamètre du
transducteur d, de sa masse volumique ρmat et de sa capacité calorifique Cp,mat. Dans le cadre de cette

-.../...0
approximation, l’équation du bilan devient une équation différentielle du premier ordre :
DI  Ù   ?
W
-.; I T¦,;
.../. ..I.0
WI
(Eq. 5-7)
>Rɀ I,XŸ;l%ÉX VÉq;XLI IlrL WX
R È éLXŸqlX lLIXŸLX
<
P  Ù  l  Ù Ã 9: (Eq. 5-8)

@
2.ØM< .Y=,M<
où Ti désigne la température initiale du cylindre et T∞ la température du milieu ambiant.
ØM< .Y=,M< W
,.V
 , }
(Eq. 5-9)
où V désigne le volume du cylindre, A sa surface, d son diamètre, ρmat sa masse volumique, Cp,mat sa
capacité calorifique et h le coefficient d’échange de chaleur superficiel global.

(iv) Calcul du coefficient d’échange superficiel global


Le coefficient d’échange superficiel global exprimé en W.m-2.K-1 permet de calculer la
puissance échangée entre le capteur et son milieu environnant. Dans le cas considéré, le capteur est
placé dans une situation où l’on peut négliger la conduction, seuls la convection et le rayonnement
seront considérés pour son calcul. Pour un faible niveau de température tel que celui de notre
expérience <22°C, certains auteurs ont montré qu’il était possible de linéariser les échanges par
rayonnement pour le prendre en compte dans un coefficient superficiel [Taine, 1995]. Le coefficient
d’échange global est la somme du coefficient d’échange par convection et du coefficient d’échange
par rayonnement linéarisé. Les deux paragraphes suivants présentent le calcul de ces deux coefficients.

117
Calcul du coefficient d’échange de convection naturelle autour d’un cylindre horizontal
Le capteur échange par convection naturelle avec le milieu ambiant supposé en équilibre à température
T∞. Le flux de chaleur échangé par convection φc (en W.m-2) s’exprime par la relation suivante :
]-  D- Ù   (Eq. 5-10)
La méthode pour calculer le coefficient de convection naturelle hc est basée sur l’utilisation de quatre
nombre adimensionnels qui dépendent des propriétés du fluide (air) et de la géométrie du système. Le
nombre de Prandtl Pr (Eq. 5-11) est entièrement caractéristique du fluide considéré. Sa valeur peut
être tabulée en fonction des conditions thermiques correspondantes. Le nombre de Grashof Gr (Eq. 5-
12) caractérise la convection libre dans un fluide. Il correspond au rapport entre la force de gravité et
des forces visqueuses. Le nombre de Rayleigh Ra (Eq. 5-13) est le produit entre le nombre de Prandtl
et le nombre de Grashof. Le nombre de Nusselt Nu est la quantité fondamentale de la théorie de la
convection. La connaissance de sa valeur permet d’en déduire celle du coefficient de convection et par
là d’en déduire le flux échangé. Enfin, le nombre de Nusselt donné en équation 5-14 est valable pour
un cylindre positionné horizontalement soumis à la convection naturelle [Lienhard, 2003], [Churchill,
1975].
ÖZ .Y=,Z
‘ 
*Z
(Eq. 5-11)

A 
W " .ØZ/ .q.Z .B
ÖZ/
(Eq. 5-12)
‹  ‘ . A (Eq. 5-13)
H
,)1E.F
ÎÉ  0,36  F (Eq. 5-14)
H H
G1G« 9 ¬ K
,00H HJ
I

où d représente le diamètre du transducteur, µ f la viscosité dynamique du fluide, T¦,f la capacité


calorifique du fluide, λf la conductivité thermique du fluide, ρf la masse volumique du fluide, βf le
coefficient de dilatation volumique du fluide, g l’accélération de la pesanteur et ∆T la différence
moyenne de température entre la paroi du transducteur et le fluide.
Le coefficient de convection hc, calculé avec la relation 5-15, à partir des données du tableau 5-1 vaut
dans notre cas 14,02 W.m-2.K-1 (pour un transducteur en PPS entouré d’air). La figure 5-9 représente le
coefficient de convection naturelle en fonction du diamètre du capteur. On remarque que le
coefficient d’échange convectif décroit lorsque le diamètre du capteur augmente. L’échange thermique
avec les gaz de l’air diminuant, la constante de temps du capteur (supposé mince) augmentera.
*Z
D-  ÎÉ
W
(Eq. 5-15)

118
Figure 5-9 : Coefficient de convection naturelle pour un cylindre horizontal plongé dans l’air soumis à un
échelon de 40 °C en fonction de son diamètre

Calcul du coefficient superficiel de transfert radiatif linéarisé


Le capteur plus froid (-18°C) va recevoir de la chaleur par transfert radiatif de l’air plus chaud (22°C).
Si on suppose que l’air est assimilable à un corps gris d’émissivité εair, le flux radiatif reçu par le
cylindre de coefficient d’absorption αPPS s’écrit :
]  o lŸ . yyL . kÙ}   } 
σ est la constante de Stephan, k  5,669. 10 M. @ . B .
(Eq. 5-16)
9E 9+ 9}

Comme la température initiale Ti et la température ambiante T∞ sont proches, on peut considérer le


rayonnement échangé linéarisable [Taine, 1995], de tel sorte que l’on puisse le prendre en compte dans

] N 4o lŸ . yyL . k. ;K Ù  


un coefficient d’échange superficiel global :

D N 4o lŸ . yyL . k. ;
(Eq. 5-17)
K
(Eq. 5-18)
où Tm est une température intermédiaire que l’on peut prendre égale à la moyenne arithmétique de la
température initiale et de la température ambiante.
Le flux radiatif linéarisé (Eq. 5-17) revient à l’écrire de manière analogue à l’équation 5-10. Le
coefficient radiatif linéarisé hR, calculé par la relation 5-18, à partir des données du tableau 5-1, vaut
dans notre cas (transducteur en PPS entouré d’air) 4,08 W.m-2.K-1.
Pour les calculs nous avons maximisé les apports d’énergie par rayonnement en considérant le facteur
d’émission de l’air égale à 1.
Calcul du coefficient d’échange superficiel global
Le flux convectif (Eq. 5-10) et le flux radiatif linéarisé (Eq. 5-16) sont tous deux proportionnel à
l’écart des températures entre la surface et l’air ambiant. Ainsi, le coefficient d’échange superficiel

D  D-  D
global h est obtenu en sommant le coefficient convectif hc et le coefficient radiatif linéarisé hR :
(Eq. 5-19)
Paramètres physiques Valeurs Unités
Diamètre du capteur d 0,002 m
Viscosité dynamique du fluide µf 17,19 10-6 (à 0°C) Pa.s
19,26 10-6 (à 50°C)

OP,Q
Capacité calorifique du fluide 1000 (à 0°C) J.Kg-1.K-1
1005 (à 50°C)
Conductivité thermique du fluide 0,023 (à 0°C) W.K-1.m-1
λf 0,027 (à 50°C)
Masse volumique du fluide ρf 1,275 Kg.m-3
Coefficient de dilatation 0,0034 K-1
volumique du fluide βf

119
Accélération de la pesanteur g 9,81 m.s-2
Différence moyenne de 40 K
température entre la paroi du
transducteur et le fluide ∆T

OP,RSÑ
Capacité calorifique du PPS 770 J.Kg-1.K-1

Conductivité thermique du PPS 0,58 W.K-1.m-1


λmat
Masse volumique du PPS ρmat 2000 Kg.m-3
Emissivité de l’air εair 0,95
Coefficient d’absorption du PPS 0,93
αPPS
Tableau 5-1 : Valeurs des paramètres physiques du système étudié

Paramètres thermiques du système Valeurs


Nombre de Prandtl à 0°C (convection naturelle) 0,74
Nombre de Prandtl à 50°C (convection forcée) 0,72
Nombre de Grashof 29,47
Nombre de Rayleigh 21,90
Nombre de Nusselt 1,21
Coefficient de convection naturelle (en W.m-2.K-1) 14,02
Coefficient radiatif (en W.m-2.K-1) 4,08
Coefficient d’échange de chaleur superficiel global (en W.m-2.K-1) 18,09
Tableau 5-2 : Valeurs des paramètres thermiques du système étudié

(v) Etude de la réponse indicielle théorique du capteur


Au paragraphe (iii), nous avons montré que le nombre de Biot du capteur était suffisamment
faible pour considérer le gradient thermique interne négligeable. Pour confirmer ce résultat, nous
avons calculé l’évolution de l’écart relatif maximal entre la solution exacte donnée par l’équation Eq.
5-4 et celle simplifiée, donnée par l’approximation Eq. 5-8 en fonction du nombre de Biot (voir figure
5-10). Dans notre cas (Bi=0,03), cet écart vaut environ 0,75%. Ce résultat montre que la réponse
transitoire du capteur peut-être calculée à partir de la solution de l’équation différentielle du modèle
simplifié du premier ordre (Eq. 5-7) établie à partir des approximations du modèle simplifié présenté
au paragraphe (iii). Le capteur étant modélisable par un système du premier ordre, on pourra utiliser
pour la suite la relation 5-9, établie à partir du modèle simplifié, pour calculer la constante de temps du
temps défini à 63% de la valeur finale et aussi son temps de réponse (à 95%), égal à 3 fois la constante
de temps pour un système du premier ordre.

Figure 5-10 : Ecart relatif maximal entre les températures calculées avec la solution exacte et
celle de l'approximation en fonction du nombre de Biot

120
Temps caractéristiques théoriques du transducteur en PPS en fonction de son diamètre
Le coefficient global d’échange superficiel h, calculé à partir des données du tableau 5.3 en
utilisant la relation 5-19 vaut dans notre cas 18,09 W.m-2.K-1. En introduisant h dans l’équation 5-9, on
calcule la constante de temps du transducteur en PPS en fonction du diamètre de celui-ci, évolution
représentée en figure 5-11. Pour un diamètre de 2 mm, correspondant à notre capteur, elle vaut environ
42,6 s. La modification du diamètre du capteur ou du matériau qui le compose change la constante de
temps. Cette courbe est importante car elle permettra aux futurs utilisateurs de définir la constante de
temps du capteur en fonction des propriétés thermiques et géométriques du transducteur, pour des
valeurs de diamètre vérifiant l’approximation précédente (Bi <0,1).

Figure 5-11 : Constante de temps théorique du transducteur en


fonction de son diamètre

(vi) Evaluation expérimentale de la constante de temps


Pour l’expérience, le transducteur photographié en figure 5-7 était initialement placé, en
position horizontale, sans contact avec ses supports dans un congélateur. L’état stationnaire établi, le
transducteur était subitement placé à température ambiante en position horizontale. La différence de
température mesurée entre les deux milieux avec un thermocouple de référence était de 40 ± 1 °C.
L’évolution de la réponse normalisée enregistrée est présentée en figure 5-12. Au paragraphe
précédent, nous avons vu que la réponse du transducteur avec la température était quasiment linéaire.
Sur cette figure, nous comparons la réponse expérimentale normalisée avec la réponse théorique d’un
système linéaire calculée en utilisant l’équation 5-20 ci-dessous. Une correction sous forme d’un
retard a été introduite pour supprimer l’effet de convection forcée intervenant dans les 5 premières
secondes correspondant à la sortie du capteur du congélateur en raison du mouvement de l’air autour
du capteur. La constante de temps expérimentale donnée par la régression vaut 47,5 s. On observe une
bonne corrélation entre les courbes théorique et expérimentale. La petite différence de 5 s entre les
constantes de temps théorique (autour de 42,6 s) et expérimentale pourrait s’expliquer par la structure
complexe du capteur qui comprend notamment une fine couche d’air isolante entre la mâchoire et la
fibre. Pour conclure cette expérience, on calcul le temps de réponse expérimentale du capteur (à 95%
de la réponse finale) égale à environ 142,5 s, trois fois la valeur de la constante de temps du système
régit par une équation différentielle du premier ordre.
<<T
Ú P  1  Ã 9 : (Eq. 5-20)

121
Figure 5-12 : Réponse normalisée du transducteur en PPS avec la fibre HCP200
soumis à un échelon thermique de 40°C
(trait continu bleue : expérience, courbe rouge : régression)

V.1.2.d Réponse à l’échelon de température en convection forcée


La théorie présentée pour modéliser l’expérience en convection naturelle reste valable en
convection forcée. Seules les expressions empiriques du nombre de Nusselt et du coefficient de
convection changent. Dans ce cas, le nombre adimensionnel de Reynolds (Eq. 5-21) caractérise la
nature laminaire ou turbulente de l’écoulement du fluide. Il fait intervenir sa vitesse et sa viscosité
dynamique. En convection forcée autour d’un cylindre dont l’axe est perpendiculaire à l’écoulement,
le nombre de Nusselt (Eq. 5-22) s’exprime en fonction du nombre de Reynolds Re et du nombre de
Prandtl Pr [Lienhard, 2003], [Churchill, 1977]. La corrélation 5-22 est valable pour des nombres de
Reynolds inférieurs à 107. Dans notre cas, pour des vitesses d’écoulement inférieures à 9 m/s, le

U.Ø.W
nombre de Reynolds est inférieur à 1000. Pour Re > 300, l’écoulement est turbulent. Ici, Re = 770.
‹Ã 
Ö
(Eq. 5-21)
où d représente le diamètre du transducteur, µ la viscosité dynamique du fluide, ρ la masse volumique
du fluide et v la vitesse de l’écoulement.
F
H H 0 0
.F+X / yŸ " X
΁U  0.3  . Š1  +E+ Œ
V
H (Eq. 5-22)
/ F
.F "
¾1G 9T  ¿

Le coefficient de convection force hcf s’obtient en utilisant l’équation 5-15 précédente. La figure 5-13
représente l’évolution du coefficient de convection forcée en fonction de la vitesse de l’écoulement
calculé à partir des données du tableau 5.1 pour une température de fluide de 50°C. On remarque que
l’échange convectif augmente par rapport à la convection naturelle en raison de la vitesse du fluide.
Pour des vitesses de fluide inférieures à 1 m/s, le nombre de Biot calculé demeure inférieur à 0,1 et on
considère que l’on est dans le cadre de l’approximation de la résistance thermique négligeable pour
déterminer les performances dynamique du capteur. Avec pour conséquence que la réponse du capteur
peut être assimilée à un système du premier ordre. Cette courbe a été calculée dans le domaine de
validité de la corrélation semi-empirique donnée par l’équation Eq. 5-22.
La figure 5-14 représente l’évolution de la constante de temps théorique du transducteur en fonction de
la vitesse de l’écoulement calculée avec la relation (Eq. 5-9) en prenant comme coefficient d’échange
thermique la somme du coefficient de convection forcée hcf et du coefficient de transfert radiatif hR
calculé au paragraphe précédent. On remarque que la constante de temps du capteur diminue fortement
lorsque la vitesse de l’écoulement passe de 0 à 1 m.s-1. Au delà de 1 m.s-1, la variation de τ peut être

122
considérée linéaire. Ainsi, la vitesse de réponse augmente sensiblement lorsque la vitesse du fluide
augmente.

Figure 5-13 : Coefficient de convection forcé hcf en fonction


de la vitesse de l’écoulement pour un écoulement à 50 °C

Figure 5-14 : Constante de temps du transducteur τ en fonction


de la vitesse de l’écoulement

Evaluation expérimentale de la constante de temps en convection forcée


Pour évaluer expérimentalement la constante de temps du transducteur en régime de
convection forcée, celui-ci a été placé sous un flux d’air turbulent produit par une soufflante d’air,
chauffé autour de 50°C (mesure du thermocouple) s’écoulant dans une direction perpendiculaire à
l’axe du transducteur cylindrique (figure 5-15). La vitesse de l’écoulement a été mesurée avec un
anémomètre et valait environ 5,2 m.s-1 (à plus ou moins 10% près, mesure avec anémomètre). Au
départ, le capteur était à la température ambiante. La figure 5-16, représente le signal du capteur
enregistré en fonction du temps à partir du moment où la soufflerie a été mis en fonctionnement
(préalablement préchauffée). La régression exponentielle permet de trouver une constante de temps
expérimentale de 5±0,5 s. Le système est toujours du premier ordre, bien que l’on ne soit plus dans
l’approximation car Bi = 0,26. Théoriquement, d’après la figure 5-14, pour un temps caractéristique de
5s, la vitesse de l’écoulement vaut 4,3 m.s-1. Ce résultat est conforme aux résultats expérimentaux.

123
Figure 5-15 : Montage expérimental pour mesurer la constante de temps
du transducteur en convection forcée

Figure 5-16 : Réponse du transducteur en convection forcée


en fonction du temps

V.1.3 Synthèse des résultats expérimentaux : spécifications métrologiques du capteur de


température
L’étude de la réponse du capteur en régime quasi-statique a permis d’étalonner la sensibilité et
de mesurer une sensibilité de 0,46%/°C du capteur en plastique PPS monté avec la fibre en silice
polymère. L’expérience a montré une bonne linéarité de réponse entre 5 et 45°C avec une résolution
de 0,8°C. L’étude de la réponse dynamique du capteur pour mesurer des températures de gaz a
nécessité de considérer deux cas de figure. Le premier concerne la caractérisation du capteur en
régime de convection naturelle, le deuxième en régime de convection forcée. Dans les deux cas, nous
avons démontré une réponse théorique du capteur vérifiant un système de type premier ordre. Ce
résultat a été vérifié expérimentalement. Les spécifications expérimentales du capteur sont répertoriées
dans le tableau 5-3 ci-dessous. Nous disposons de modèles permettant de simuler le comportement du
capteur lorsqu’il est placé dans un environnement gazeux. Ainsi, à partir des modèles il est possible de
prédire avec une très bonne précision la constante de temps et le temps de réponse du capteur en
fonction de la vitesse du fluide, de sa température et de ses caractéristiques propres ainsi que de sa
géométrie et des propriétés thermiques intrinsèques des matériaux constituant le transducteur.
L’ensemble des résultats obtenus sont satisfaisants pour une application de mesure de température
dans des canalisations pour des systèmes d’admission d’air automobile ou de climatisation par
exemple. Il sera nécessaire d’étendre la plage de mesure de température. Enfin, l’ensemble des
résultats permettra de dimensionner théoriquement le capteur pour les applications futures.

124
Paramètres Valeurs
Sensibilité 35mV/°C
Résolution 0,8°C
Linéarité 1,3%
Plage de fonctionnement 5 - 45°C (plage limitée)
Constante de temps 47 s en convection naturelle
<47 s en convection forcée (cf figure 5-14)

Tableau 5-3: Caractéristiques métrologiques du capteur de température

V.2 Etude du transducteur fonctionnant en capteur d’étirement


Nous allons maintenant considérer l’utilisation du transducteur pour une application à la mesure
d’étirement. L’action d’un étirement longitudinal du transducteur modifie les perturbations appliquées
à la fibre optique. En effet, la traction exercée sur la partie sensible du capteur va rétrécir sa section
transversale et donc augmenter l’écrasement de la fibre optique. De plus, lors de l’allongement, les
microstructures constituant la perturbation peuvent glisser sur la gaine optique de la fibre avec pour
conséquence l’augmentation du pas de perturbation. Pour la mesure, nous avons utilisé des
transducteurs à mâchoires en aluminium dont la forme a été adaptée à ce type de test. Pour décrire les
résultats obtenus dans cette configuration, nous allons en premier lieu, étudier la réponse théorique du
transducteur en identifiant les effets physiques mis en jeu ainsi que leur impact sur le taux de
transmission. Nous présenterons en deuxième lieu les montages mis en œuvre pour tester les
transducteurs à mâchoires en aluminium utilisant les deux types de fibre optique (HCL200 et
HCP200). Enfin, nous analyserons les résultats obtenus.

V.2.1 Réponse théorique du transducteur soumis à un étirement


L’allongement du transducteur a deux effets directs : l’augmentation du pas de perturbation et
l’augmentation de l’écrasement de la fibre optique. Chacun de ces effets module les contraintes à
l’intérieur de la fibre optique et, par effet élasto-optique, l’ouverture numérique de la fibre optique.
Nous allons étudier séparément chacun de ces deux effets physiques directs ainsi que leurs
conséquences dues à l’allongement pour déterminer leur impact sur le taux de transmission théorique.
En chapitre III, figure 3-7, nous avons mis en évidence les deux régimes de fonctionnement du
transducteur. Théoriquement, les pas de perturbations gravées dans les mâchoires (50, 75 et 100 µm)
sont supérieurs au pas des perturbations permettant le couplage de tous les modes guidés aux modes
rayonnés. Nous sommes dans la zone correspondant au régime 2. Dans cette zone, le taux de
transmission est croissant avec le pas de perturbation. Nous avons montré que l’effet produit par
l’augmentation du pas de perturbation est faible : par exemple, pour un étirement de 1% de la partie
sensible du transducteur, l’augmentation théorique du signal optique correspondante est inférieure à
0,5% pour les trois pas de perturbation concernés. Pour calculer l’impact de la réduction de la section
transversale, il faut d’abord commencer par déterminer la valeur de l’écrasement de la fibre optique en
fonction de l’étirement du transducteur. L’étirement ε (Eq. 5-23, ci-dessous) est un paramètre sans
unité calculé à partir de la longueur du transducteur étiré l et de la longueur initiale du transducteur l0
de 40 mm.
Pour un étirement à 1%, nous ne sommes plus dans le domaine de déformation plastique (0% < ε <
0,8%) mais dans le domaine élasto-plastique (0,8% < ε < 1,9%). Si on néglige les effets de bords c’est-
à-dire lorsque l’on considère que le transducteur est un cylindre de longueur infinie, la réduction des
dimensions transverses est la même dans toutes les sections transversales.
Sous l’action de la contrainte, le diamètre de la fibre optique d0 va se réduire. Le diamètre d de la fibre
optique dans le transducteur étiré dépend du coefficient de Poisson du matériau ν et de l’étirement ε

125
(Eq. 5-24). L’écrasement Ecr étant la différence entre le diamètre de la fibre optique dco non perturbée
et le diamètre de la fibre optique sous contrainte d, l’équation 5-25 en donne une formule en fonction
de l’écrasement initial E0, du module d’Young des mâchoires ν et de l’étirement ε. Le tableau 5-3 ci-
dessous donne les valeurs numériques utilisées pour les calculs. Par exemple, pour un étirement
représentant 1% de la longueur du capteur, l’écrasement augmente de 3,63% pour le transducteur à
mâchoires en aluminium avec la fibre optique HCL200 (silice/silice).
R9R
o R
(Eq. 5-23)
   1  oE
Ca‚  C   oE
(Eq. 5-24)
(Eq. 5-25)
Paramètres mécaniques Valeurs
ν 0,33
d0 220 µm
E0 20 µm
ε De 0 à 0,01
Tableau 5-3 : Valeurs numériques des paramètres
du transducteur à mâchoires en aluminium avec la fibre HCL200

En figure 3-14 du chapitre III, nous avons présenté le taux de transmission du transducteur en
fonction de son écrasement normalisé à 20 µm pour différents pas de perturbation. Pour tenir compte
de l’étirement, une extrapolation est nécessaire. La figure 5-17 ci-dessous représente le taux de
transmission en fonction de l’étirement du transducteur pour trois pas de perturbation différents. La
longueur de perturbation considérée pour chaque pas de perturbation représente le tiers de la longueur
totale de la perturbation qui vaut 40 mm pour les mâchoires en aluminium. On constate que pour un
pas de perturbation de 50 µm, le taux de transmission baisse quasiment de 5%. Cet effet de
rétrécissement de la section transversale a donc un impact dix fois plus important que la modification
du pas de perturbation. Pour déterminer le taux de transmission du transducteur réalisé, on considère
qu’il est constitué de transducteurs à pas constant montés en série. De plus, comme il est monté en
réflexion, la longueur de perturbation est doublée. La figure 5-18 représente le taux de transmission
théorique du transducteur à mâchoires en aluminium montés en réflexion avec la fibre HCL200 en
fonction de l’étirement. On constate que la variation du taux de transmission pour 1% d’étirement est
d’environ 8% et que le transducteur présente une linéarité théorique de ±2,5%.

Figure 5-17 : Taux de transmission théorique du transducteur avec la fibre HCL200


en fonction de son étirement (en %) pour
différents pas de perturbation

126
Figure 5-18 : Taux de transmission théorique du transducteur à mâchoires
en aluminium avec la fibre HCL200 en fonction de son étirement

V.2.2 Montage expérimental d’évaluation du transducteur soumis à un étirement


Pour soumettre le transducteur à un étirement, nous avons utilisé une machine de traction utilisée
généralement pour caractériser des matériaux habituellement mis sous forme d’éprouvette. La
géométrie des mâchoires en aluminium a justement été conçue dans ce but. Le transducteur est monté
en réflexion avec une fibre HCL200 écrasée de 20 µm. La source est une DEL de longueur d’onde
centrale 630 nm. Le montage électronique pour l’alimentation de la DEL et la réception du signal n’est
pas le circuit présenté en fin de chapitre IV ni le montage utilisé pour tester les capteurs de
température. Il s’agit d’une électronique non optimisée (i), conçue rapidement pour tester les premiers
capteurs.

(i) Système d’acquisition de données


L’intensité lumineuse en sortie de fibre optique est recueillie par une photodiode avec
connexion SMA (Fabricant : Fibre Data, désignation commerciale : H22R880IR) connectée à un
circuit transimpédance (Amplificateur opérationnel : OPA657U, Résistance de contre-réaction :
470 kΩ).
Le circuit transimpédance est relié au boîtier connecteur blindé d’une carte d’acquisition (SCB-68). La
carte d’acquisition National Instruments PCMCIA NI DAQCard 6024E, dispose de 8 voies
différentielles, d’une fréquence d’échantillonnage maximale de 200 kHz sur l’ensemble des voies et
d’un gain maximal de 100. Sur une plage de réponse du capteur comprise entre -5 et +5V, la résolution
maximale du convertisseur analogique numérique est d’environ 6,5 mV. D’après la simulation, pour
1% d’étirement, le signal optique baisse de 15%. Si le signal de référence du capteur est de 1 V, la
sensibilité du capteur et la résolution du convertisseur permet en théorie de mesurer un allongement de
0,04% de la longueur initiale du capteur. Enfin, le bruit généré par cette carte est important (20 mV pic
à pic).

(ii) Machine de tests de traction


Le lycée Schwendi d’Ingersheim, a mis à notre disposition une machine de traction adaptée à
nos besoins. Cette machine, de marque Frank, permet d’appliquer une force allant jusqu’à 100 kN sur
l’éprouvette de traction. L’espacement entre les mors va de quelques millimètres à 60 cm. La vitesse
de déplacement des mâchoires est réglable. Pour les tests sur éprouvette, la vitesse est fixée à environ
1 mm/s. Le transducteur a une longueur de 40 mm. Il doit être étiré de 1% c’est-à-dire de 400 µm.
Pour tester les transducteurs, la vitesse de traction a été réduite à la vitesse minimale soit 10 µm/s.

127
Figure 5-19: Montage expérimental de tests des capteurs
en étirement

V.2.3 Analyse des résultats expérimentaux


Pour cette analyse, le transducteur est fixé sur les mors de la machine de traction. Seules les
parties dites d’attache sont serrées. Le transducteur mis en place, la machine est réglée avec vitesse de
déplacement de 10 µm/s. L’étirement et la force sont mesurés en fonction du temps par des capteurs
intégrés à la machine. La figure 5-20 représente le taux de transmission normalisée mesuré par le
transducteur à mâchoires en aluminium avec la fibre HCL200 soumis à un étirement. Cette courbe a
été filtrée pour minimiser le rapport signal sur bruit. On constate que pour un étirement de 1%, on
obtient une variation du signal optique de 15%. Cette courbe ne doit cependant pas être considérée
comme simplement exploitable car la même réponse a été obtenue avec une mâchoire microstructurée
et non microstructurée. Cela nous a permis de constater que les mâchoires en aluminium pour
lesquelles la rainure de positionnement de la fibre avait été réalisée sans rectification mécanique de la
surface n’avaient pas la précision mécanique nécessaire pour garantir le pincement de la fibre. La
conception du moule en acier pour les mâchoires en PPS ont, elles, bénéficiées de cette rectification
mécanique dont la précision a pu être validée par profilométrie optique. Leur forme en simple « T » ne
permettait malheureusement pas des mesures en étirement. Cette variation du signal optique de 15%
nous apprend également que les phénomènes de bord qui se passent au niveau des mâchoires de la
machine de traction ne sont probablement pas négligeables et que la technique de fixation du
transducteur dans le système dont on souhaite étudier l’étirement doit être approfondie. On constate
également que la courbe est quasiment linéaire pour la plage d’étirement comprise entre 0,2 et 1% ;
mais qu’en revanche, pour de très faibles étirements, le signal optique est quasiment constant. Une des
causes possibles est due au montage des transducteurs. En effet, lors du montage, la fibre a
simplement été posée entre les mâchoires sans précontrainte. Il est envisageable que lors du début de
l’étirement, la fibre se mette tout d’abord en place dans le transducteur. Une mise en place avec
précontrainte est donc probablement nécessaire. Remarquons également que la fermeture des
mâchoires par soudure peut modifier localement les propriétés mécaniques de l’aluminium.

128
Figure 5-20 : Réponse normalisée du capteur à mâchoires en aluminium
avec la fibre HCL200 en fonction de son étirement exprimé en pourcentage

V.3 Conclusion
Dans ce chapitre consacré à la confrontation des réponses théorique et expérimentale du
capteur, nous avons présenté deux applications du transducteur. Dans une première partie, nous
l’utilisons pour faire une mesure de température. Deux fibres optiques ont été envisagées pour réaliser
ce capteur : fibre silice/silice (HCL200) et fibre silice/polymère (HCP200). L’analyse théorique des
effets physiques a montré que l’effet dominant était l’effet thermo-optique par rapport à la dilatation
thermique mais l’effet thermomécanique (dépendance du module de Young des matériaux avec la
température) est non-négligeable. La fibre silice/polymère offre l’avantage d’avoir une ouverture
numérique qui varie plus vite avec la température (voir annexe XI). Ainsi, pour vérifier le concept,
nous avons réalisé un démonstrateur du capteur de température en utilisant des mâchoires de forme
cylindrique en PPS associées à une fibre HCP200. Les objectifs de cette étude étaient d’établir les
caractéristiques statiques et dynamiques théoriques et expérimentales du capteur. La sensibilité
théorique du capteur a été établie à partir du modèle. Un banc d’étalonnage et un montage spécifique
ont été développés pour mesurer la sensibilité thermique en régime quasi–statique et le bruit. La
linéarité du capteur a été étudiée. Les caractéristiques dynamiques ont fait l’objet de deux études
expérimentales particulières. En effet, la réponse dynamique du capteur dépend fortement des
conditions d’utilisation (mode de transfert thermique en présence). Nous avons par conséquent choisi
d’étudier les deux configurations en régime dynamique, consistant à étudier la réponse indicielle du
capteur dans l’air, soit en convection naturelle, soit en convection forcée. Dans l’étude en régime
statique, nous nous sommes intéressés à l’étude théorique de la réponse du capteur pour déterminer sa
sensibilité thermique et en évaluer la linéarité. La sensibilité du capteur dépendait de la variation
d’ouverture numérique de la fibre avec la température. Des montages spécifiques ont été proposés
pour déterminer l’ouverture numérique de la fibre optique (à température ambiante) ainsi que pour
mesurer le coefficient thermo-optique de la gaine optique (présenté en annexe XI). Le second
paragraphe a été dédié à l’étude de la réponse indicielle du transducteur lorsqu’il était soumis à un
échelon de température produit par un flux d’air de vitesse nulle ou non. Cette étude a permis de
déterminer théoriquement puis de vérifier expérimentalement l’ordre du système modélisant le
fonctionnement du capteur en régime de convection naturelle et forcée. Un système du premier ordre a
été démontré dans les deux cas. Les temps caractéristiques de réponse du capteur dépendent du
coefficient d’échange convectif. Ce paramètre a été calculé à partir de corrélations semi-empiriques
établies en utilisant la théorie des nombres adimensionnels. La constante de temps et le temps de

129
réponse sont présentés. Enfin, dans un dernier paragraphe nous avons synthétisé toutes les
spécifications métrologiques du capteur de température.
La seconde partie du chapitre a été dédiée au transducteur fonctionnant en capteur d’étirement. Le
transducteur est composé, dans ce cas, de la fibre silice/silice associée à des mâchoires en aluminium.
Contrairement aux mâchoires en PPS, ces mâchoires possèdent, par conception, deux points de
fixation. L’étude théorique a prédit une réponse quasi-linéaire du capteur avec l’étirement et une
bonne sensibilité (15% de variation du signal optique pour 1% d’étirement. La quasi-constance du
signal optique pour les faibles étirements n’a pas été confirmée. La méthode d’assemblage peut en être
la cause. Des développements supplémentaires seront nécessaires pour bien comprendre et maîtriser le
fonctionnement de ce type de capteur.

130
Conclusion générale et perspectives
Ce travail de thèse a consisté à modéliser, simuler, concevoir et tester un transducteur optique
à modulation d’intensité dédié aux mesures de température et d’étirement. L’élément sensible est
composé d’une fibre optique multimode à saut d’indice pincée entre deux mâchoires microstructurées
à l’échelle de la dizaine de microns. Les deux objectifs théoriques ont été la recherche d’un modèle
multiphysique pour comprendre le comportement du transducteur puis de simuler la réponse de celui-
ci afin de déterminer sa sensibilité théorique pour choisir ses caractéristiques optimales. Ce système
photonique est complexe. Sa modélisation est multiphysique (mécanique, électromagnétique et
thermique). Les objectifs pratiques du travail ont été l’identification des méthodes de fabrication des
mâchoires, la réalisation de prototypes du transducteur et enfin le test de ces prototypes en mesures de
température et d’étirement.
Dans le premier chapitre, nous avons présenté les capteurs électriques et optiques de température et
d’étirement utilisés dans l’industrie. Leurs propriétés (sensibilité, précision, dynamique, coûts) sont
résumées dans un tableau de synthèse. Les capteurs à fibres optiques, bien que plus performants et
plus précis, n’ont pas remplacé les capteurs traditionnels à cause de leur coût et de leur complexité. Le
capteur proposé par la société Phosylab présente les avantages des capteurs à fibres optiques sans leurs
inconvénients. En effet, les composants opto-électroniques (DEL et photodiode) utilisés sont peu
chers, d’une part. L’alignement de ces composants avec la fibre multimode n’a pas besoin d’une
précision micrométrique, d’autre part. De par la taille des microstructures (de l’ordre de la dizaine de
microns), les modes guidés sont directement couplés aux modes rayonnés. La sensibilité du capteur est
alors plus grande comparée à celle des capteurs dont le principe de fonctionnement est le couplage
entre modes guidés.
Le modèle de simulation a été présenté dans le second chapitre. En raison du volume de calculs, la
simulation mécanique de la déformation de la fibre optique a été faite pour un cas particulier.
L’amplitude de la déformation du cœur est inférieure à 1,5 µm c’est-à-dire deux fois la longueur
d’onde de la source choisie. Pour tenir compte des effets dûs à la nature ondulatoire de la lumière, un
modèle électromagnétique de propagation de la lumière a été choisi. Pour chaque mode guidé, ce
modèle donne son coefficient d’atténuation en fonction du type de perturbation et de son amplitude.
Le modèle présenté au second chapitre ne permet pas de prédire le taux de transmission du
transducteur. En effet, pour le mettre en œuvre, il est nécessaire de connaître la répartition de l’énergie
sur les modes guidés de la fibre et l’impact qu’à l’effet élasto-optique sur les constantes de
propagation des modes guidés. La répartition de l’énergie sur les modes de la fibre optique a été
obtenue grâce à l’étude du diagramme d’émission de la DEL. La comparaison du modèle avec un
modèle simplifié de couplage total a montré que seul trois paramètres influent sur le taux de
transmission du transducteur. L’effet élasto-optique ne modifiant que de manière marginale l’un de ces
paramètres, il a été négligé. En seconde partie du chapitre, nous présentons une étude de sensibilité en
fonction des différentes caractéristiques du transducteur.
Dans le quatrième chapitre, nous avons montré que comme la dimension de la perturbation est
atypique, peu de méthodes de fabrication permettent de réaliser de telles structures. Les premiers
transducteurs ont été usinés, avec succès, au laser femto-seconde. Cette méthode doit être maîtrisée
pour fabriquer des mâchoires par injection plastique. L’injection réussie du thermoplastique dans le
négatif de la perturbation gravé dans le moule est l’un des succès du travail de thèse. La DEL a été
couplée à la fibre optique pour optimiser l’injection de la lumière.
Dans le dernier chapitre, nous présentons les montages et nous comparons les résultats
expérimentaux des tests en température et en traction aux simulations théoriques. Dans une première
partie, nous avons caractérisé le transducteur à mâchoire plastique et à fibre silice/polymère en
température. Sa sensibilité (35mV/°C) et sa linéarité (à 0,2% près) ont été déterminées en régime

131
quasi-statique entre 5 et 45°C. Ce capteur est un système du premier ordre. Son temps de réponse a été
mesuré en convection naturelle (environ 142 s) et en convection forcée (environ 15 s) dans l’air. Une
bonne correspondance entre les résultats théoriques et expérimentaux a été démontrée. Les modèles
proposés permettent de prédire le comportement du capteur et son temps de réponse en fonction de la
géométrie du système, des types de transfert thermique ainsi que des propriétés thermiques du
transducteur et du milieu environnant. Les spécifications métrologiques de cette première version du
transducteur utilisée comme capteur thermique sont satisfaisantes pour une application de mesure de
température dans des canalisations de systèmes d’admission d’air automobile ou de climatisation par
exemple. Dans la seconde partie du chapitre, nous présentons le transducteur en aluminium avec la
fibre silice/silice utilisé comme capteur d’étirement. La réponse théorique du capteur a été déterminée.
Une bonne correspondance entre le modèle et l’expérience est observée pour des étirements supérieurs
à 0 ,2%. Elle est quasi-linéaire en fonction de l’étirement relatif du capteur. La réponse expérimentale
normalisée est présentée. Pour un étirement de 1% de la longueur initiale du capteur, on observe une
variation d’intensité supérieure à 10%. Sa sensibilité est proche de la valeur théorique. Des
développements supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les spécifications métrologiques du
capteur d’étirement.

Perspectives
Pour compléter le modèle de simulation, l’étude mécanique doit être généralisée. Elle devrait
pouvoir permettre d’exprimer les paramètres de la perturbation (A et CC) pour chaque fibre optique,
grâce à une série d’équations empiriques ou basées sur des modèles simplifiés dont les variables sont
les modules de Young de la mâchoire, du cœur et de la gaine optique de la fibre ainsi que des
diamètres du cœur et de la gaine optique.
Le calcul du taux de transmission du capteur est long et nécessite une grande quantité de
mémoire vive. L’étude du taux de transmission des modes en fonction de la constante de propagation
normalisée a montré que, dans le cas général, soit un mode perd toute son énergie, soit il la conserve
quasi totalement. L’analyse statistique permet de déduire une loi empirique exprimant le taux de
transmission des modes en fonction de leur constante de propagation normalisée. En annexe IV, nous
proposons un modèle statistique pour calculer le taux de transmission du transducteur faisant
intervenir un nombre adimensionnel et un coefficient de perte α. Cette approche originale va permettre
de généraliser le calcul du taux de transmission à d’autres fibres optiques et d’autres géométries de
perturbation.
Le modèle de couplage de modes proposé a été développé pour une fibre optique idéale. Or,
les fibres réelles présentent des défauts tels que la fluctuation du rayon du cœur ou encore
l’inhomogénéité des indices de réfraction. Ces imperfections vont coupler des modes. Pour tenir
compte de ces phénomènes lors de la propagation de la lumière, Gloge a proposé une équation
différentielle, de la même forme que celle de Marcuse (Annexe VII). Vu que la longueur de fibre
utilisée pour chaque transducteur est très courte, il est possible que les imperfections ne jouent aucun
rôle significatif. En revanche, si le signal capteur est déporté sur plusieurs centaines de mètres, il
faudra en tenir compte. Ce calcul va permettre de déterminer l’impact des imperfections de la fibre
optique sur le taux de transmission du transducteur.
Dans le chapitre V, nous avons démontré que le transducteur peut être utilisé comme capteur
de température et comme capteur d’étirement. Nous n’avons pas testé la durée de vie du démonstrateur
actuel. Les matériaux du transducteur sont soumis à une contrainte permanente. Leurs propriétés
mécaniques sont modifiées par la variation de température. Il y a risque de fluage du polymère de la
gaine optique et du PPS de la mâchoire. Pour une application donnée, il existe des procédures pour
accélérer le vieillissement des capteurs et déterminer si le cahier des charges est respecté ou non.

132
Nous avons choisi de réaliser une source fibrée pour optimiser l’injection de la lumière dans la
fibre optique. Cette technique n’est pas applicable pour un capteur produit en grande série. La DEL,
sans cabochon, doit directement être intégrée dans la mâchoire. Dans ce cas, il faut étudier l’impact du
désalignement de la source par rapport à la fibre en terme de puissance injectée. De plus, il faut
développer un banc de montage des transducteurs pour que la procédure d’assemblage modifie le
moins possible les caractéristiques du capteur et soit optimisée.
Enfin, un circuit électronique d’alimentation et de réception adapté aux applications visées
doit être développé. L’annexe X propose des schémas de circuits permettant de limiter le bruit et de
supprimer la composante continue du signal. Le choix des composants et des étages électroniques est
conditionné par le cahier des charges imposé pour une application spécifique. Il devra faire l’objet
d’études spécifiques pour chacune des applications envisagées.

133
Annexe I – Evaluation théorique des modes guidés dans
une fibre optique
Cette annexe va détailler les calculs amenant aux expressions des composantes du champ
électromagnétique des modes guidés d’une fibre optique à saut d’indice. La fibre optique est
considérée comme un cylindre infini ayant une gaine optique infinie.
La fibre optique est un milieu diélectrique, non magnétique et faiblement absorbant. Les équations de
Maxwell sont alors les suivantes:
Àš
–ÓÑ —  S ÀI
À—
–ÓÑ š  o
(Eq. A1-1)
ÀI
La propagation de la lumière se fait suivant la direction Oz. La variable longitudinale est séparée des
deux variables spatiales transverses et intervient dans un terme propagateur. La forme du champ

CŸ ‚, Á
électromagnétique est détaillée dans l’équation A1-2.

—‚, Á, v, P  + C ‚, Á¢ à mÄI9x  aa


#

Cx ‚, Á
ş ‚, Á
(Eq. A1-2)
š‚, Á, v, P  + Å ‚, Á¢ à mÄI9x  aa
#

Åx ‚, Á
β est la constante de propagation du mode. Les valeurs qu’elle peut prendre sont comprises entre la
valeur du vecteur d’onde dans le cœur de la fibre et celle du vecteur d’onde dans la gaine optique. cc

Q -r Æ Æ Q qr
désigne le complexe conjugué.
(Eq. A1-3)
La combinaison des équations A1-1 et A1-2 permettent d’exprimer les composantes transverses des
champs en fonction des composantes longitudinales.
CŸ ‚, Á   Ê/ 
m À#¨ $ ÀW
  ¨
ÀŸ Ÿ ÀÂ

ş ‚, Á 
m ÀW¨ $ À#
 Ê/  ÀŸ  l+ Ÿ À¨
C ‚, Á 
m  À# ÀW
 Ê/  Ÿ À¨  Q ÀŸ¨ 
(Eq. A1-4)

Å ‚, Á 
m À#  ÀW
 Ê/  l+ Q ÀŸ¨  Ÿ À¨ 
Bl ²  l+ Q+  ²
+  -r Q  ²
+ +

˜  ²  qr Q
(Eq. A1-5)
+ + +

Les composantes longitudinales des champs sont déduites de l’équation d’onde (Eq. A1-6) projetée
sur la direction longitudinale (Eq. A1-7). La même expression est obtenue pour le champ électrique et
le champ magnétique.
X—  S o ÀI²  0
À²—
(Eq. A1-6)
À²#¨ 1 À²#¨ 1 À#¨ À²#¨
ÀŸ /
 Ÿ/ ÀÂ/
Ÿ ÀŸ
 Àx²
 S oY²Cx  0
À²#¨ 1 À²#¨ 1 À#¨
  Ÿ ÀŸ  B²Cx 0
(Eq. A1-7)
ÀŸ / Ÿ / ÀÂ/
La résolution de l’équation A1-7 nécessite une séparation des variables transverses (Eq. A1-8). Cette
opération transforme l’équation différentielle à deux variables en deux équations différentielles à une

Cx ‚, Á  ‹‚ZÁ
seule variable chacune et fait intervenir une constante de séparation m (Eq. A1-9 et A1-10).
(Eq. A1-8)

134
À²[
 @²Z  0
À²
(Eq. A1-9)
À² 1 À ;²
  B²  ‹ 0
ÀŸ² Ÿ ÀŸ Ÿ²
(Eq. A1-10)
La solution de l’équation A1-9 est une fonction sinusoïdale. L’équation A1-10 est une équation
différentielle de Bessel. Il existe quatre types de fonctions de Bessel aux comportements
asymptotiques différents. Dans le cœur de la fibre, vu qu’il y a réflexion totale sur l’interface
cœur/gaine optique, il faut choisir une fonction stationnaire qui ne prenne que des valeurs fines.
L’équation A1-11 est la forme mathématique des composantes longitudinales du champ
électromagnétique dans le cœur de la fibre. Dans la gaine optique, il faut que la fonction soit
évanescente. De plus, la constante K est complexe. La fonction de Bessel retenue est une fonction de
Hankel d’ordre 2 modifiée pour la variable complexe. L’équation A1-12 est la forme mathématique

Cx,-r ‚, Á   Ï; ‚ cos@Á  $ 


des composantes longitudinales du champ électromagnétique dans la gaine optique de la fibre.

Åx,-r ‚, Á  d Ï; ‚ sin@Á  $ 


(Eq. A1-11)
Cx,-R ‚, Á  TB; ‚ cos@Á  $ 
Åx,-R ‚, Á  uB; ‚ sin@Á  $ 
(Eq. A1-12)
Les composantes transverses du champ électromagnétique sont déduites des équations A1-4, A1-11 et
A1-12. Pour simplifier les écritures les dérivées des champs s’écriront de la manière suivante :
ÀÇM ɟ æ ‚
  Ï;
ÀŸ
ÀÊM Ÿ
  B;
æ
˜‚
(Eq. A1-13)
ÀŸ
La détermination des constantes A, B, C et D nécessitent quatre équations. La continuité des
composantes tangentielles des champs (Eθ, Ez, Hθ et Hz) à l’interface cœur/gaine optique donne
justement quatre équations (Eq. A1-14) qui peuvent s’écrire sous la forme d’un système (Eq. A1-15).
Pour que ce système ait des solutions non triviales, il faut que son déterminant soit nul. L’équation
obtenue en posant cette condition est appelée équation caractéristique (Eq. A1-16). Cette équation
permet le calcul des constantes de propagation de tous les modes guidés de la fibre.
Le nombre de modes se propageant dans une fibre optique est limité par sa fréquence normalisée V
(Eq. A1-17). Une fibre optique est dite monomode lorsqu’il n’y a qu’un seul mode guidé. Il faut alors
que la fréquence normalisée de la fibre soit inférieure à 2,4. Dans le cas contraire, la fibre est
multimode. La figure A1-1 est la représentation des constantes de propagation des modes normalisées
en fonction de la fréquence normalisée de la fibre pour une ouverture numérique de 0,4. Les
constantes de propagation normalisées b sont obtenues par transformation linéaire des constantes de
propagation β pour les restreindre dans l’intervalle [0 1].
CÂ,-r , Á  CÂ,qr , Á „Æ  Ï   æ 
B; ˜  u  B;
æ ˜
; $ ; $
d É  Ï;  T  /
É/ / ; /

Cx,-r , Á  Cx,qr , Á „Æ  Ï;   TB; ˜


$ LÌË
/
ÅÂ,-r , Á  ÅÂ,qr , Á „Æ  æ 
Ï;   T æ ˜
B; ˜
$ L6Ë ; ;
Ï;  d É/ B;  u /
/

É /  /

Åx,-r , Á  Åx,qr , Á „Æ d Ï;   uB; ˜


(Eq. A1-14)
B ˜ B; ˜ ½
; $ æ
º É/ / Ï;  Ï 
; $ æ
É ; / / ;   0
¹$ L6Ë ¼
æ  ;
Ï 
$ LÌË
d¢  0¢
/
¹ É Ï; æ ˜ ˜¼
/
;
É/ / ;
B; B
¼ T 0
;
¹   / /

¹̧ Ï;  0 B; ˜ 0 ¼ u 0


0 Ï;  0 B; ˜ »
(Eq. A1-15)
ÇÈ É  ÊM
È   L6Ë ÇM
È É  ÊM
È   1 1 L/ 1 1
JÉ MÇ É   O ©  ª  @² ɲ ²  ² ² «L/6Ë É² ²  ² ²¬
/

M  ÊM   LÌË É ÇM É 


/  ÊM   ÌË

135
  Q ÍÎ
(Eq. A1-16)
(Eq. A1-17)
9$ LÌË
! $ L6Ë
(Eq. A1-18)

Figure A1-1: Abaque des constantes de propagation normalisée


en fonction de la fréquence normalisée pour
une ouverture numérique de 0,4

Modes TE/TM
En posant m=0, le système de l’équation A1-15 se simplifie en deux systèmes à deux
équations (Eq. A1-19 et A1-10). Les équations caractéristiques résultantes sont alors respectivement
les équations A1-21 et A1-22.
Ïæ  Bæ ˜ d
1 1
0
ŠÉ  ŒJ O  J O
Ï  B ˜ u 0
(Eq. A1-19)

Ïæ  Bæ ˜ 


/
L6Ë L6
0
/

¾É   J O
¿J O
Ï  B ˜ T 0
(Eq. A1-20)

ÇÈ É  ÊÈ  
 0
É Ç É   Ê  
(Eq. A1-21)
L6Ë Ç É 
È
Ê  
È
/ É Ç É    Ê    0
/

LÌË
(Eq. A1-22)
 

Les modes ayant une constante de propagation solution de l’équation caractéristique A1-21 ont une
composante longitudinale du champ électrique qui est nulle car les constantes A et C sont nulles. Il
s’agit de modes transverses électriques (modes TE). Les modes solutions de l’équation A1-22 sont des
modes transverses magnétiques (modes TM).

Définition de la coupure et modes EH et HE


La coupure se manifeste lorsque le mode se détache de la structure guidante (cœur). Dans ce
cas, w tend vers 0 et ua tend vers V0 qui est la fréquence de coupure du mode c’est-à-dire la fréquence
normalisée minimale que doit avoir la fibre pour que le mode puisse être un mode guidé. A partir de
l’équation caractéristique (Eq. A1-16), deux équations, ayant pour inconnues les fréquences de

Ï;    0
coupure des modes, apparaissent (Eq. A1-23 et A1-24).
(Eq. A1-23)
Ï;9+    1GL/ Ï;  
19L/
(Eq. A1-24)
L6Ë

LÌË
(Eq. A1-25)
Chaque équation correspond à une sous-famille de modes. Ces modes sont dits hybrides car
toutes leurs composantes vectorielles sont non nulles.

136
- les modes EHm,p dont les fréquences de coupure sont les zéros de Ï;  .
On distingue alors :

- les modes HE1,p+1 dont les fréquences de coupure sont les zéros de Ï1  .
- le mode HE1,1 de fréquence de coupure nulle.

- les modes HEm,p dont les fréquences de coupure sont solutions de


Ï;9+   
19L/
Ï  .
1GL/ ; 

Approximation de faible guidage et modes linéairement polarisés

l’approximation de faible guidage se traduit mathématiquement en posant  1.


Lorsque les indices de réfraction du cœur et de la gaine optique ont des valeurs très proches,

L’équation caractéristique se simplifie et devient :


ÇÈ É  ÊM
È   1 1
JÉ MÇ   ÊM  
O  Ð@ ɲ ²  ² ²
M É 
(Eq. A1-26)
En faible guidage, l’ouverture numérique tend vers 0 donc les constantes de dépendent plus que de la
fréquence normalisée de la fibre optique. La figure A1-2 est l’abaque des constantes de propagation en
fonction de la fréquence normalisée dans l’approximation de faible guidage.

Figure A1-2: Abaque des constantes de propagation normalisée


en fonction de la fréquence normalisée dans
l’approximation de faible guidage

L’équation A1-24 est réduite à Ï;9+    0 dans l’approximation de faible guidage. Les
modes HEm+1 sont dégénérés par rapport aux modes EHm-1. Pour comprendre l’impact de cette
approximation, il faut exprimer le champ électromagnétique des deux types de modes. Tout d’abord,
l’équation A1-27 exprime les constantes B, C et D en fonction de A. Ensuite, le champ électrique
transverse est déterminé pour les modes HE et EH. Les équations A1-28 et A1-29 correspondent
respectivement au champ électrique transverse pour les modes HE d’indice azimutal m+1 et EH
d’indice azimutal m-1. Comme ces modes ont la même constante de propagation, ils sont combinés
dans les équations A1-30 et A1-31. En passant du système de coordonnées cylindriques au système de
coordonnées cartésiennes, l’expression du champ électrique se simplifie.

d   $ ~b‚ Ãc @bÃc ÅC


d   $ ~b‚ Ãc @bÃc CÅ

Ç É 
T  ÊM 
(Eq. A1-27)
M 
ÇM É 
u d 
ÊM 

137
Ï;91 ‚cos@Á  $ 
9mV
CŸ,-r,W# 
É
‚ sin@Á  $ 
mV
CÂ,-r,W#  Ï
(Eq. A1-28)
É ;91
‚cos@Á  $ 
mV
CŸ,-r,#W  Ï
É ;G1
‚ sin@Á  $ 
mV
CÂ,-r,#W  Ï
(Eq. A1-29)
É ;G1
CŸ,-r ‚, Á, v  CŸ,-r,W#;G1  CŸ,-r,#W;91 à 9mx
CÂ,-r ‚, Á, v  CÂ,-r,W#;G1  CÂ,-r,#W;91 à 9mx
(Eq. A1-30)

CŸ,-r ‚, Á, v  Ï; ‚sin@Á  $ à 9mx sinÁ


+mV
É
CÂ,-r ‚, Á, v  Ï; ‚sin@Á  $ à 9mx cosÁ
+mV
(Eq. A1-31)
É
L’équation A1-32 est l’expression du champ électrique dans le cœur dans le système de coordonnées
cartésiennes. Avec la même démarche, le champ électrique est déterminé dans la gaine optique (Eq.
A1-33), introduisant une constante de continuité entre les milieux (Eq. A1-34) puis le champ

Cˆ,-r ‚, Á, v  0
magnétique (Eq. A1-35) dans le cœur et la gaine optique (Eq. A1-36).

2
C‰,-r ‚, Á, v  Ï ‚ sin@Á  $  à 9mx
 ;
C¡,-r ‚, Á, v  Ï;G1 ‚ cos@  1Á  $   Ï;91 ‚ cos@  1Á  $ à 9mx

Cˆ,qr ‚, Á, v  0
(Eq. A1-32)

2
C‰,qr ‚, Á, v  A; B; ˜‚ sin@Á  $  à 9mx

C¡,qr ‚, Á, v  A;G1 B;G1 ˜‚ cos@  1Á  $   A;  1B;91 ˜‚ cos@  1Á  $ à 9mx

A; 
(Eq. A1-33)
ÇM É 
ÊM  
(Eq. A1-34)
2
ň,-r ‚, Á, v  Ï ‚ sin@Á  $  à 9mx
 ;
ʼn,-r ‚, Á, v  0
Å¡,-r ‚, Á, v  Ï;G1 ‚ cos@  1Á  $   Ï;91 ‚ cos@  1Á  $ à 9mx

2
(Eq. A1-35)
ň,qr ‚, Á, v  A; B; ˜‚ sin@Á  $  à 9mx

ʼn,qr ‚, Á, v  0
Å¡,qr ‚, Á, v  A;G1 B;G1 ˜‚ cos@  1Á  $   A;91 B;91 ˜‚ cos@  1Á  $ à 9mx
(Eq. A1-36)
avec n = nco = ngo.
Distribution de l’intensité
La distribution de l’intensité est la manière dont l’énergie se répartit dans la fibre optique.

`  Cˆ ʼn∗  C‰ ň∗
Mathématiquement, elle se calcule en projetant le vecteur de Poynting sur la direction longitudinale.

 + Ï+ ‚ ~b‚ ‚ ò 
`  2C Å « ¬ cw + @Á  $ 1  cos2YP  v © ;+ +
 A; B; ˜‚ ~b‚ ‚ Æ 
(Eq. A1-37)

138
Puissance véhiculée et normalisation des modes
La puissance véhiculée pour chaque mode est l’intégrale sur la section transverse de la fibre

1 +h Ù
optique de la distribution de l’intensité.

‘  \ \ ` ‚‚Á
2  
o
‘  ] C+ ‘I 1  cos2YP  v
S
^ +
‘I  ² ²² Ï   A;+ + ˜
B;  Ï;91
+ Ï;G1
+   A;91+
A;G1
+
B;91
+ ˜B;G1
+ ˜
2 ;
(Eq. A1-38)
A est la dernière constante non déterminée. Elle sert à normaliser le mode en puissance en posant Pt =
1. Dans ce cas, l’équation A1-39 donne l’expression de A.
1

N ^
(Eq. A1-39)
 | / |+ÇM É GÇMH É ÇMH É 
_
91

139
Annexe II – Evaluation théorique des modes rayonnés
dans une fibre optique
Cette annexe va détailler les calculs amenant aux expressions des composantes du champ
électromagnétique des modes guidés d’une fibre optique à saut d’indice.
Les premières étapes de calcul (forme des champs, équations de Maxwell, expressions des
composantes transverses des champs à partir des composantes longitudinales restent identiques). Les
modes rayonnés forment un continuum c’est-à-dire qu’ils peuvent prendre n’importe qu’elle constante

0 Æ Æ Q -r
de propagation β dans l’intervalle suivant :
(Eq. A2-1)

k  -r Q  ²
Les variables u et w sont remplacées respectivement par σ et ρ.
+ +

?  qr Q  ²
+ + (Eq. A2-2)

Le champ électromagnétique longitudinal dans le cœur prend exactement la même forme que pour les

Cx,-r ‚, Á   Ï; k‚ cos@Á  $ 


modes guidés.

Åx,-r ‚, Á  d Ï; k‚ sin@Á  $ 


(Eq. A2-3)

Dans la gaine optique, ρ est une variable réelle dans le cas des modes rayonnés. Au lieu d’utiliser une
fonction de Hankel modifiée pour la variable complexe, il faut utiliser une combinaison linéaire de

Cx,qr ‚, Á  TÅ;1 ?‚


 uÅ; + ?‚
cos@Á  $ 
fonctions de Hankel de première et seconde espèce.

Åx,qr ‚, Á  CÅ; ?‚  jÅ; ?‚ sin@Á  $ 


1 + (Eq. A2-4)

Comme il y a deux constantes supplémentaires (E et F), il faut deux équations supplémentaires. Le


champ électromagnétique tangentiel est continu à l’interface cœur/gaine optique. Dans ce cas, la
condition supplémentaire est la continuité de la dérivée de ce champ tangentiel. L’équation A2-5
permet de simplifier l’écriture de la dérivée des fonctions de Hankel. Les composantes du champ
orthoradial (Eq. A2-6) sont calculées grâce aux expressions de l’équation A1-4. L’équation A2-7
regroupe toutes les dérivées des composantes des champs tangentielles à l’interface cœur/gaine

 ?Å;
optique. L’écriture des conditions de continuité (Eq. A2-8) donne 8 équations avec 6 inconnues.
ÀWM ؟ æ ?‚
ÀŸ
(Eq. A2-5)
@
CÂ,-r ‚, Á  © Ï k‚  dQ Ï; æ
k‚ª sin@Á  $ 
k k‚ ;
@
CÂ,qr ‚, Á  © TÅ; 1 ?‚
 uÅ;+ ?‚
 Q CÅ;
1
′?‚  jÅ; +
′?‚ª sin@Á  $ 
? ?‚
@
ÅÂ,-r ‚, Á   © -r + æ k‚
Q Ï; d Ï k‚ª cos@Á  $ 
k k‚ ;
@
ÅÂ,qr ‚, Á   © qr+
Q TÅ; 1
′?‚  uÅ;+
′?‚  CÅ;1 ?‚
 jÅ; + ?‚ª
cos@Á  $ 
? ?‚
(Eq. A2-6)

140
`Cx,-r
 kÏ; æ k‚
cos@Á  $ 

`Cx,qr
 ?TÅ; 1
′?‚  uÅ; +
′?‚ cos@Á  $ 

`Åx,-r
 dkÏ; æ k‚
sin@Á  $ 

`Åx,qr
 ?CÅ; 1
′?‚  jÅ; +
′?‚cw @Á  $ 

`CÂ,-r @ æ
 © Ï k‚  dQ Ï; ææ
k‚ª sin@Á  $ 
`‚ k ‚ ;
`CÂ,qr @
 © TÅ; 1
′?‚  uÅ; +
′?‚  Q ?CÅ; 1
′′?‚  jÅ; +
′′?‚ª sin@Á  $ 
`‚ ? ‚
`ÅÂ,-r @ æ
  © -r +
Q kÏ; ææ k‚
d Ï k‚ª cos@Á  $ 
`‚ k ‚ ;
`ÅÂ,qr @
  © qr +
Q ?TÅ; 1
′′?‚  uÅ; +
′′?‚  CÅ; 1
′?‚  jÅ; +
′?‚ª cos@Á  $ 
`‚ ? ‚

Ï; k  TÅ; ?  uÅ; ?


(Eq. A2-7)
1 +

dÏ; k  CÅ; 1 ?


 jÅ; + ?

1 @ 1 @
© Ï; k  dQ Ï; æ
kª  © TÅ; 1 ?
 uÅ; + ?
 Q CÅ; 1
′?  jÅ; +
′?ª
k k‚ ? ?‚
1 æ k
@ 1 + @
© -r+
Q Ï; d Ï; kª  © qr Q TÅ; 1
′?  uÅ; +
′?  CÅ;1 ?
 jÅ; + ?ª
k k‚ ? ?‚
kÏ; æ k
 ?TÅ; 1
′?  uÅ; +
′?
dkÏ; æ k
 ?CÅ; ′?  jÅ; ′?
1 +

1 @ æ 1 @
© Ï; k  dQ Ï; ææ
kª  © TÅ; 1
′?  uÅ; +
′?  Q ?CÅ; 1
′′?  jÅ; +
′′?ª
k ‚ ? ‚
1 @ æ 1 + @
© -r+
Q kÏ;ææ k
d Ï; kª  © qr Q ?TÅ; 1
′′?  uÅ; +
′′?  CÅ;1
′?  jÅ; +
′?ª
k ‚ ? ‚
(Eq. A2-8)
Grâce au système de l’équation A2-8, les constantes B, C, D, E, et F peuvent être exprimées en
fonction de A. Pour simplifier les écritures, l’équation A2-9 donne certaines propriétés des fonctions
de Bessel. L’équation A2-10, qui exprime toutes les variables à partir de A fait intervenir de nouvelle
constante explicitée dans l’équation A2-11.
æ k
 Ï;G1 k  Ï; k
;
Ï; s
æ ?
 Å;G1 ?  Ø Å; ?
;
Å; (Eq. A2-9)
?Å;
+ ? 1 ?Å +
;G1 ?  mhØ
}
Å;G1
1
 Å;

d   $ BK

T  B+
u  B1

C  $
(Eq. A2-10)


j   $ B1 BK


141
^
B1  kÏ;G1 kÅ;
1 ?
 ?Ï; kÅ;G1
1 ?
4
^
B+  kÏ;G1 kÅ;
+ ?
 ?Ï; kÅ;G1
+ ?
4
k  Ï;91 k  H Å;91 ?  Å;G1 ?  / Å;91 ?  Å;G1 ?
1 Ê Ê

s ;G1 Ø
+ +
Ø
1 1

BK  1
Ï;G1 k  Ï;91 k  / Å;91 ?  Å;G1 ?  H Å;91 ?  Å;G1 ?
Ê + + Ê + +
s Ø Ø
(Eq. A2-11)
Le champ électromagnétique est désormais connu à une constante près. La transformation des
fonctions de Bessel proposée dans l’équation A2-12 permet d’écrire le champ électromagnétique du

; a  ; 
mode rayonné dans les équations A2-13 jusqu’à A2-16.
ˆ¡MH ˆG¡MH ˆ
+

;
æ a ¡ ˆ9¡ ˆ
  MH + MH 
(Eq. A2-12)

CŸ,-r ‚, Á   s  JÏ;91 k‚  "+   Ï;G1 k‚  "+ O cos@Á  $ 


m Ê G1 Ê 91

CÂ,-r ‚, Á  s  JÏ;91 k‚  "+   Ï;G1 k‚  + " O cw @Á  $ 


m Ê G1 19Ê

Cx,-r ‚, Á  Ï; k‚ cos@Á  $ 

B+ bÅ;91
(Eq. A2-13)
?‚  "   Å;G1 ?‚  " c
1 Ê G1 1 Ê 91

CŸ,qr ‚, Á   Ø  ¢ cos@Á  $ 


m + +

B1 bÅ;91 ?‚  +   Å;G1 ?‚  + c


+ Ê" G1 + Ê" 91

B+ bÅ;91 ?‚  "   Å;G1 ?‚  " c


1 Ê G1 1 19Ê

CÂ,qr ‚, Á  Ø  ¢ cw @Á  $ 


m + +

B1 bÅ;91 ?‚  ?‚ 


Ê" G1 19Ê"
+
 Å;G1
+
c
+ +
Cx,qr ‚, Á  B+ Å;
1 ?‚ + ?‚
 B1 Å; cos@Á  $ 

ş,-r ‚, Á   s Ï;91 k‚‹1  Ï;G1 k‚‹+  sin@Á  $ 


(Eq. A2-14)
m

ÅÂ,-r ‚, Á   s Ï;91 k‚‹1  Ï;G1 k‚‹+ abc@Á  $ 


m

Åx,-r ‚, Á   $ BK Ï; k‚ sin@Á  $ 





B dÅ1 ?‚‹1  Å;G1 ?‚‹+ e


(Eq. A2-15)
1
ş,qr ‚, Á   s  Š + ;91 Œ sin@Á  $ 
m
B1 dÅ;91 ?‚‹1  Å;G1 ?‚‹+ e
+ +

B dÅ1 ?‚‹1  Å;G1 1 ?‚‹+ e


ÅÂ,qr ‚, Á   s  Š + ;91 Œ abc@Á  $ 
m
B1 dÅ;91 ?‚‹1  Å;G1
+ + ?‚‹+ e
Åx,qr ‚, Á   $ BK B+ Å;
1 ?‚ + ?‚
sin@Á  $ 

 B1 Å;

(Eq. A2-16)
1 L6Ë
/ $ 
‹1   
 $ BK 
+  
1 L6Ë
/ $ 
‹+    $ BK 
(Eq. A2-17)

+  

142
Annexe III – Calcul des coefficients de couplage entre
modes guidés et modes rayonnés
Cette annexe va détailler les calculs amenant aux expressions mathématiques simplifiées des
coefficients de couplage. Le coefficient de couplage Kµ,ν entre un mode d’indice µ et un mode d’indice
ν est le produit entre un terme intégral qui ne dépend que du champ électromagnétique des modes kµ,ν

BÖ,n  QÖ,n v


et de la perturbation f(z). Dans cette annexe, seul kµ,ν sera traité.
(Eq. A3-1)

º L/ CÖ,Ÿ , Á. Cn,Ÿ , Á½


6Ë ∗L/

  cos@Á ¹ C ∗ , Á. C , Á ¼ Á


ÄU +h
QÖ,n  }m  -r  -R
6
+ +
¹̧ Ö, n, ¼
CÖ,x Á. Cn,x , Á »
∗ ,

(Eq. A3-2)

AIII.1 Expressions mathématiques des champs électromagnétiques


considérés
Dans le calcul de l’intégrale interviennent uniquement les valeurs du champ électrique des
modes évaluées au niveau de l’interface cœur/gaine optique. La formule du coefficient de couplage est
aussi bien valable pour le couplage entre deux modes guidés s’entre un mode guidé et un mode
rayonné. De plus, lorsque l’on considère un couplage entre deux modes, il y a quatre coefficients à
calculer car chaque mode peut avoir deux polarisations. L’expression du champ électrique des champs
est donnée pour les modes linéairement polarisés dans l’approximation de faible guidage [Marcuse,
1991]. Dans ce document, les formules mathématiques exactes des coefficients kµ,ν sont données. Dans
son livre, Marcuse n’en donne qu’une forme simplifiée.

Cˆ , Á  Ö ÏÖ fÖ  sin@Á


Mode guidé polarisé suivant X

C‰ , Á  0
C¡ , Á  Ö  &ÏÖG1 fÖ  cos@  1Á  ÏÖ91 fÖ  cos@  1Á'
g
+
(Eq. A3-3)

Cˆ , Á  0
Mode guidé polarisé suivant Y

C‰ , Á  Ö ÏÖ fÖ  sin@Á


C¡ , Á  Ö + &ÏÖG1 fÖ  cos@  1Á  ÏÖ91 fÖ  cos@  1Á'
g


(Eq. A3-4)

ÏnG+ k cos@  2Á 


Mode rayonné polarisé suivant X
Cˆ , Á   1 Ïn k cos@Á      1 «
Vç L$ L$
©2    ¬ª
} ç ç Ïn9+ k cos@  2Á
Ï k sin@  2Á 
C‰ , Á 
Vç L$
   1 © nG+ ª
} ç Ïn9+ k sin@  2Á
C¡ , Á  n + ÏnG1 k cos@  1Á  Ïn91 k cos@
s
 1Á
ç
(Eq. A3-5)

143
Ï k sin@  2Á 
Mode rayonné polarisé suivant Y
Cˆ , Á  ç    1 © nG+
V L$
ª
} ç Ïn9+ k sin@  2Á
Ï k cos@  2Á 
C‰ , Á     1 Ïn k cos@Á     1 « nG+
Vç L$ L$
©2 ¬ª
} ç ç Ïn9+ k cos@  2Á
C¡ , Á  n + ÏnG1 k cos@  1Á  Ïn91 k cos@  1Á
s
ç

qr Q Æ Ö Æ -r Q
(Eq. A3-6)

0Æ nh qr Q
(Eq. A3-7)

AIII.2 Coefficients de couplage généraux


Les coefficients kµ,ν ont une forme compliquée. Pour simplifier leur écriture, une série de
constantes est introduite.
ÄU
  ^ }m  -r
+
 qr
+
 (Eq. A3-8)

fÖ  | -r Q
+ +  +
Ö

iÖ  | +
Ö  qr Q
+ +

k -r Q 
(Eq. A3-9)
+ + +
n

?| qr Q
+ +  +
n

A1  Ö ÏÖ fÖ 
A+  Ö + ÏÖG1 fÖ 
g


AK  Ö + ÏÖ91 fÖ 
g
(Eq. A3-10)

   1 Ïn k
Vç L$
‹1 
} ç

   1 ÏnG+ k
Vç L$
‹+ 
} ç

   1 Ïn9+ k
Vç L$
‹K 
}
(Eq. A3-11)
ç

Ï k
Vç s
‹) 
} +ç nG1

Ï k
Vç s
‹F 
} + n91 ç
2 cw S  0
ÃÖ  ©
1 cw S j 0
2 cw E  0
Ãn  J
(Eq. A3-12)
1 cw E j 0
kÏnG1 kÅn+ ?  ?Ïn kÅnG1
+ ?
mh
d }
kÏnG1 kÅn1 ?  ?Ïn kÅnG1
1 ?
mh
T
(Eq. A3-13)
}
k
}|  l/
Ö  ]X


ÌË  çH s ÇçH s |
/ 9L/ $ / |Ç
h ²LL6Ë
(Eq. A3-14)

n  ]+X
Ø|ç || 
k

ç hL²$ "Y
/ (Eq. A3-15)

144
Grâce aux expressions des équations A3-8 à A3-15, les quatre coefficients kµ,ν intervenant dans le

A1 ‹1 pÖ,n9;  pÖ,nG;  pÖ,9n9;  pÖ,9nG; 


couplage radiatif sont les expressions suivantes :
º ½
mH /
¹ pÖ,n9;G+  pÖ,nG;G+  pÖ,9n9;9+  pÖ,9nG;9+ ¼

¹ mH+" ¼
¹  + pÖ,n9;9+  pÖ,nG;9+  pÖ,9n9;G+  pÖ,9nG;G+  ¼
QÖ,n
ˆ,ˆ
 ¹ 2A+ ‹) pÖ,9n9;9+  pÖ,9nG;9+  pÖ,n9;  pÖ,nG; ¼
¹ ¼
(Eq. A3-16)
¹ 2A+ ‹F pÖ,9n9;  pÖ,9nG;  pÖ,n9;9+  pÖ,nG;9+ ¼
¹ 2AK ‹) pÖ,9n9;  pÖ,9nG;  pÖ,n9;G+  pÖ,nG;G+ ¼
¹̧ ¼
2AK ‹F pÖ,9n9;G+  pÖ,9nG;G+  pÖ,n9;  pÖ,nG; »
A1 ‹1 pÖ,n9;  pÖ,nG;  pÖ,9n9;  pÖ,9nG; 
º ½
mH /
¹ pÖ,n9;G+  pÖ,nG;G+  pÖ,9n9;9+  pÖ,9nG;9+  ¼
¹ mH+" ¼
¹  + pÖ,n9;9+  pÖ,nG;9+  pÖ,9n9;G+  pÖ,9nG;G+  ¼
QÖ,n
‰,‰
 ¹ 2A+ ‹) pÖ,9n9;9+  pÖ,9nG;9+  pÖ,n9;  pÖ,nG; ¼
¹ ¼
(Eq. A3-17)
¹ 2A+ ‹F pÖ,9n9;  pÖ,9nG;  pÖ,n9;9+  pÖ,nG;9+ ¼
¹ 2AK ‹) pÖ,9n9;  pÖ,9nG;  pÖ,n9;G+  pÖ,nG;G+ ¼
¹̧ ¼
2AK ‹F pÖ,9n9;G+  pÖ,9nG;G+  pÖ,n9;  pÖ,nG; »
m 
º
H /
+
pÖ,n9;G+  pÖ,nG;G+  pÖ,9n9;9+  pÖ,9nG;9+  ½
¹  mH " p ¼
¹ + Ö,n9;9+  pÖ,nG;9+  pÖ,9n9;G+  pÖ,9nG;G+  ¼
¹ ¼
QÖ,n
ˆ,‰
  ¹ 2A+ ‹) pÖ,9n9;9+  pÖ,9nG;9+  pÖ,n9;  pÖ,nG; ¼
¹ 2A+ ‹F pÖ,9n9;  pÖ,9nG;  pÖ,n9;9+  pÖ,nG;9+ ¼
(Eq. A3-18)

¹ 2A ‹ p ¼
K ) Ö,9n9;  pÖ,9nG;  pÖ,n9;G+  pÖ,nG;G+ 
¹̧ ¼
2AK ‹F pÖ,9n9;G+  pÖ,9nG;G+  pÖ,n9;  pÖ,nG; »
mH /
º +
pÖ,n9;G+  pÖ,nG;G+  pÖ,9n9;9+  pÖ,9nG;9+  ½
¹  H " p
m  ¼
¹ + Ö,n9;9+  pÖ,nG;9+  pÖ,9n9;G+  pÖ,9nG;G+  ¼
¹ ¼
QÖ,n
‰,ˆ
  ¹ 2A+ ‹) pÖ,9n9;9+  pÖ,9nG;9+  pÖ,n9;  pÖ,nG; ¼
¹ 2A+ ‹F pÖ,9n9;  pÖ,9nG;  pÖ,n9;9+  pÖ,nG;9+ ¼
(Eq. A3-19)

¹ 2A ‹ p ¼
K ) Ö,9n9;  pÖ,9nG;  pÖ,n9;G+  pÖ,nG;G+ 
¹̧ ¼
2AK ‹F pÖ,9n9;G+  pÖ,9nG;G+  pÖ,n9;  pÖ,nG; »
Dans l’expression des coefficients, des symboles de Kronecker apparaissent c'est-à-dire un
mode guidé d’indice azimutal µ ne peut se coupler au continuum des modes rayonnés d’indice
azimutal ν uniquement si ν prend certaines valeurs particulières qui dépendent du type de perturbation.
Le tableau 1 synthétise tous les couplages possibles d’un mode guidé d’indice azimutal µ en fonction
du type de perturbation.

Type de perturbation Valeur de m Valeurs possibles de ν


circulaire 0 µ-2 µ µ+2
microcourbure 1 µ-3 µ-1 µ+1 µ+3
elliptique 2 µ-4 µ-2 µ µ+2 µ+4

Tableau A3-1: Valeurs possibles de ν en fonction de µ


et du type de perturbation

145
Les kµ,ν coefficients font intervenir 7 termes identiques avec des signes différents. L’équation A3-20
est une notation qui généralise les quatre coefficients. Cette nouvelle écriture fait intervenir 7 variables
Sk qui peuvent prendre trois valeurs : +1, -1 et 0. Le tableau 2 donne la valeur de ces variables pour

mH H . A1 ‹1 pÖ,n9;  pÖ,nG;  pÖ,9n9;  pÖ,9nG; 


chaque type de couplage.
º ½
mH /
¹ mH / . p Ö,n9;G+  p Ö,nG;G+  pÖ,9n9;9+  pÖ,9nG;9+ ¼

¹ +
mH " ¼
¹ mH / . + pÖ,n9;9+  pÖ,nG;9+  pÖ,9n9;G+  pÖ,9nG;G+  ¼
QÖ,n   ¹ 2m/ 0 . A+ ‹) pÖ,9n9;9+  pÖ,9nG;9+  pÖ,n9;  pÖ,nG; ¼ (Eq. A3-20)
¹ ¼
¹ 2m/ J . A+ ‹F pÖ,9n9;  pÖ,9nG;  pÖ,n9;9+  pÖ,nG;9+ ¼
¹ 2m" 0 . AK ‹) pÖ,9n9;  pÖ,9nG;  pÖ,n9;G+  pÖ,nG;G+ ¼
¹̧ ¼
2m" J . AK ‹F pÖ,9n9;G+  pÖ,9nG;G+  pÖ,n9;  pÖ,nG; »
mH H mH / mH " m/ 0 m/ J m" 0 m" J
QÖ,n
ˆ,ˆ +1 +1 +1 +1 -1 -1 +1
QÖ,n
‰,‰ +1 -1 -1 +1 +1 +1 +1
QÖ,n
ˆ,‰ 0 +1 -1 +1 +1 -1 -1
QÖ,n
‰,ˆ 0 +1 -1 +1 -1 +1 -1

Tableau A3-2: Définition des 7 nouveaux coefficients

AIII.3 Coefficients de couplage pour chaque type de perturbation


Pour chaque type de perturbation, l’expression A3-20 peut être simplifiée.

AIII.3.1 Coefficients kµ,ν pour une perturbation circulaire


Pour ce type de perturbation, un mode guidé µ peut se coupler à trois continuums de modes

‹$9  ‹$ ~b‚ E  S  2
rayonnés. L’équation A3-21 introduit la notation pour ces types de modes rayonnés.

‹$Û  ‹$ ~b‚ E  S
‹$G  ‹$ ~b‚ E  S  2
(Eq. A3-21)
Q ∈ d1,2,3,5,6e
&mH / . A1 ‹+9  4m" 0 . AK ‹)9 '1  pÖ, 1  pÖ,1 
QÖ,n    2mH H . A1 ‹1Û  4m/ 0 . A+ ‹)Û  4m" J . AK ‹FÛ 
mH " . A1 ‹KG  4m/ J . A+ ‹FG
(Eq. A3-22)

AIII.3.2 Coefficients kµ,ν pour une perturbation microcourbure


Pour ce type de perturbation, un mode guidé µ peut se coupler à quatre continuums de modes

‹$99  ‹$ ~b‚ E  S  3
rayonnés. L’équation A3-23 introduit la notation pour ces types de modes rayonnés.

‹$9  ‹$ ~b‚ E  S  1
‹$G  ‹$ ~b‚ E  S  1
‹$  ‹$ ~b‚ E  S  3
(Eq. A3-23)
GG

Q ∈ d1,2,3,5,6e

146
QÖ,n 
J+ mH / . A1 ‹+99  2m" 0 . AK ‹)99 O 1  pÖ, 1  pÖ,1 1  pÖ,+ 
1
º ½
¹ ¼
¹ JmH H . A1 ‹1  + mH / . A1 ‹+  2m/ 0 . A+ ‹)  2m" 0 . AK ‹)  2m" J . AK ‹F O 1  pÖ, ¼
9 1 9 9 9 9
¹ ¼
mH H . A1 ‹1G  mH " . A1 ‹KG  2m/ 0 . A+ ‹)G  2m/ J . A+ ‹FG  2m" J . AK ‹FG
1
¹ + ¼
¹̧ ¼
 mH " . A1 ‹K  2m/ J . A+ ‹F
1 GG GG
+ »
(Eq. A3-24)

AIII.3.3 Coefficients kµ,ν pour une perturbation elliptique


Pour ce type de perturbation, un mode guidé µ peut se coupler à cinq continuums de modes

‹$99  ‹$ ~b‚ E  S  4
rayonnés. L’équation A3-25 introduit la notation pour ces types de modes rayonnés.

‹$9  ‹$ ~b‚ E  S  2
‹$Û  ‹$ ~b‚ E  S
‹$G  ‹$ ~b‚ E  S  2
(Eq. A3-25)
‹$GG  ‹$ ~b‚ E  S  4
Q ∈ d1,2,3,5,6e
1
º© mH / . A1 ‹+99  2m" 0 . AK ‹)99 ª 1  pÖ, 1  pÖ,1 1  pÖ,+ 1  pÖ,K ½
¹2 ¼
¹ &mH H . A1 ‹19  2m/ 0 . A+ ‹)9  2m" J . AK ‹F9 '1  pÖ, 1  pÖ,1  ¼
¹ 1 1 ¼
QÖ,n   ¹  mH / . A1 ‹+Û  mH " . A1 ‹KÛ  2m/ J . A+ ‹FÛ  2m" 0 . AK ‹)Û ¼
2 2
¹ ¼
¹ mH H . A1 ‹1  2m/ 0 . A+ ‹)  2m" J . AK ‹F
G G G
¼
¹̧ 1 ¼
 mH " . A1 ‹K  2m/ J . A+ ‹F
GG GG
»
2
(Eq. A3-26)

147
Annexe IV - Modèle électromagnétique statistique
Dans cette annexe, suite aux résultats des simulations, un modèle statistique est proposé. Pour
un pas donné, le taux de transmission des modes en fonction de leurs constantes de propagation
normalisées peut être interpolé par une fonction simple. Pour compléter le modèle, il faut connaître
encore deux autres fonctions : la répartition des constantes de propagation normalisée sur l’intervalle
[0 1] et la fonction de répartition de l’énergie sur les modes de la fibre optique.

AIV.1 Taux de transmission des modes en fonction de leurs constantes de


propagation normalisée
Lorsque la constante de propagation normalisée est supérieure à une valeur limite blim, alors le
mode ne peut pas être couplé aux modes rayonnés et le taux de transmission vaut 1. L’équation A4-2
donne l’expression du taux de transmission en fonction de la constante de propagation normalisée b.

Figure A4-1: Taux de transmission des modes en fonction


de la constante de propagation normalisée pour
un pas de perturbation de 70µm
*
!Rl;  iL
6Ë 9LÌË 
(Eq. A4-1)

~b‚ ! ∈ 0 !Rl; 
6/

!  ¾Ã :
1 ~b‚ ! ∈ !Rl; 1
(Eq. A4-2)

L’équation A4-2 présuppose que la variable b soit continue ; or, les modes guidés forment un
ensemble discret. Lorsque la fréquence normalisée est suffisamment grande (V>200), il y a plusieurs
milliers de modes guidés donc passer d’un ensemble discret à un continuum n’est pas aberrant.
Le modèle de régression fait intervenir 2 paramètres A et τ qui varie en fonction de la fibre
optique, de la longueur d’onde de la source et de l’écrasement. Les figures A4-2 et A4-3 présentent
l’évolution des paramètres en fonction du pas de perturbation pour la fibre HCL200 écrasée de 20µm.

148
Figure A4-2: Paramètre A en fonction du pas de perturbation
pour un écrasement de 20µm de la fibre HCL200

Figure A4-3: Paramètre τ en fonction du pas de perturbation


pour un écrasement de 20µm de la fibre HCL200

AIV.2 Répartition des constantes de propagation normalisées des modes


guidés sur l’intervalle [0 1]
Pour voir comment se répartissent les constantes de propagation normalisées sur l’intervalle [0
1], il faut introduire une fonction de répartition Z. Les constantes de propagation normalisées forment
un ensemble B de N éléments (Eq. A4-3). Cette fonction de répartition continue est déterminée par

d  d!l elÛ1,+…Ú
l’équation A4-4.

!  Ú ∑Ú
(Eq. A4-3)
1
lÛ1 wp1,e¯ oe
1 cw !l „ !
p1,e¯ oe  ©
0 cw !l h !
(Eq. A4-4)

La figure A4-4 représente la fonction de répartition en fonction de la constante de propagation


normalisée pour une fibre optique de fréquence normalisée de 250. Cette fonction semble être très
proche de la première bissectrice du plan. La figure A4-5 est la courbe de l’erreur quadratique
moyenne entre la fonction de répartition et la première bissectrice du plan en fonction de la fréquence
normalisée. Pour des fréquences normalisées supérieures à 200, l’erreur quadratique moyenne est
inférieure à 10-5. Les constantes de propagation des modes LP se répartissent uniformément sur

149
l’intervalle [0 1]. La densité de probabilité dp(b) associée à cette fonction de répartition est constante,
égale à 1.

Figure A4-4: Fonction de répartition


pour une fréquence normalisée de 250

Figure A4-5: Erreur quadratique moyenne en fonction de la


fréquence normalisée

AIV.3 Répartition de l’énergie sur les modes guidés


Dans le chapitre III, nous avons donné le lien entre les constantes de propagation normalisée
d’un mode b et son angle de propagation en sortie de la fibre. Ce lien est donné par l’équation A4-5.
L6Ë .-rÂ9LÌË
! L6Ë 9LÌË
(Eq. A4-5)
La figure A4-6 est la fonction de répartition de l’énergie en fonction de la constante de propagation
normalisée.

150
Figure A4-6: Répartition de l’énergie en fonction
de la constante de propagation normalisée b

AIV.4 Calcul du taux de transmission


Le calcul du taux de transmission va faire intervenir les trois fonctions suivantes :
- La densité de probabilité de la répartition des modes dp(b) ;
- La fonction de répartition en énergie E(b) ;
- Le taux de transmission des modes en fonction de la constante de propagation normalisée
tm(b).
Le produit de la densité de probabilité et de la fonction de répartition en énergie doit être normalisé
(Eq. A4-6).
1
 ~!C!!  1 (Eq. A4-6)
Le taux de transmission du capteur T est calculé en intégrant le produit des trois fonctions
citées précédemment.
1
   ~!C!P@!! (Eq. A4-7)

AIV.5 Comparaison des modèles


La figure A4-7 est la représentation du taux de transmission du transducteur calculé avec le
modèle statistique (courbe rouge), avec le modèle électromagnétique (courbe bleue) et avec le modèle
simplifié de couplage total des modes guidés (courbe noire) en fonction du pas de perturbation. Bien
que les deux courbes ne se superposent pas, elles ont la même allure. Ce modèle statistique est
meilleur que le modèle simplifié de couplage total des modes car il est plus proche de la courbe du
modèle électromagnétique et il permet de calculer le taux de transmission du capteur pour des pas de
perturbation inférieurs à 40µm.

151
Figure A4-7: Taux de transmission du transducteur
en fonction du pas de perturbation
(Courbe bleue : modèle électromagnétique ;
courbe rouge : modèle statistique ;
courbe noire : modèle simplifié)

AIV.6 Amélioration du modèle


La manière de détermination des paramètres A et tau n’est pas suffisamment précise pour
avoir une erreur négligeable sur le taux de transmission. Or, avec le modèle proposé équation A4-2, il
est possible d’optimiser les paramètres A et τ pour que les deux courbes se superposent parfaitement.
La valeur de la constante de propagation normalisée blim marque la transition entre les modes couplés
et ceux non couplés. Les paramètres A et τ sont donc liés.
6 /

@  Ã pqr
9 ¯M
(Eq. A4-8)
Pour chaque valeur du pas de perturbation blim est connue. Il ne reste donc qu’une seule inconnue à
déterminer soit A soit τ. Les figures A4-8 et A4-9 sont les courbes des paramètres A et τ en fonction
du pas de perturbation. La figure A4-10 est la courbe du taux de transmission calculé avec ces
nouveaux paramètres.

Figure A4-8: Paramètre A en fonction du pas de perturbation


pour un écrasement de 20µm de la fibre HCL200

152
Figure A4-9: Paramètre τ en fonction du pas de perturbation
pour un écrasement de 20µm de la fibre HCL200

Figure A4-10: Taux de transmission du transducteur


en fonction du pas de perturbation
(Courbe bleue : modèle électromagnétique ;
courbe rouge : modèle statistique)

Conclusion de l’annexe :
Dans cette annexe, nous avons proposé un modèle électromagnétique statistique dérivé du
modèle de Marcuse. Nous avons tout d’abord constaté que lorsque l’on calcule, pour une configuration
de transducteur donné, le taux de transmission, celui-ci est très souvent soit très proche de 0 ou de 1.
En calculant ensuite le taux de transmission moyen en fonction de la constante de propagation
normalisée (figure A4-1), nous avons constaté que cette courbe peut être décrite par une fonction
mathématique simple (Eq. A4-2). De plus, la répartition des constantes de propagation dans le
domaine fréquentiel est uniforme. Le taux de transmission peut alors être calculé de manière simple en
intégrant sur tout l’intervalle des constantes de propagation normalisées le produit entre le taux de
transmission modal et la fonction de répartition de l’énergie sur les modes.

153
Annexe V - Simulations mécaniques généralisées
Toutes les simulations du chapitre III ont été faites pour une fibre optique en silice (cœur et
gaine optique). Or, il existe d’autres fibres avec un cœur en silice et une gaine optique en silicone ou
en époxyacrylate. Depuis plusieurs années, des fibres optiques entièrement en plastique existent. Dans
cette annexe, les simulations mécaniques sont reprises pour une fibre optique où les matériaux du cœur
et de la gaine optique sont différents.

AV.1 Contact hertzien


Les propriétés mécaniques des matériaux (module d’Young et coefficient de Poisson) sont
différentes pour la mâchoire (EM, νM), le cœur (EC, νC) et la gaine optique (EG, νG). Le module
d’Young équivalent du système Ee (Eq. A5-1) est déterminé en fonction des propriétés mécaniques de
la mâchoire et de la gaine optique. a (Eq. A5-2) est la demi-arête de contact entre le cylindre et le plan.
1 19nt 19nu
 
#s #t #u
(Eq. A5-1)
}y
  | h#
s
(Eq. A5-2)

Figure A5-1: Fibre optique contrainte entre deux plans

Les contraintes normales σX et σY ont exactement les mêmes expressions que dans le cas d’un
cylindre de matériau homogène. Elles sont continues à l’interface cœur/gaine optique.
@1+  + J +   +  † + +  4 + † +  +   +  † + O
1

 + J +   +  † + +  4 + † +  +   +  † + O
+ 1
(Eq. A5-3)
1

@++  + J +   +  2‹  †+ +  4 + 2‹  †²  +   +  2‹  †²O


1

 + J +   +  2‹  †+ +  4 + 2‹  †²  +   +  2‹  †²O


+ 1
+
(Eq. A5-4)
y 1 + t²GL/ +9t²GL//
kˆ  h J  / @1 1  ;/ GLH/   @+ 1  ;// GL//
  4‹O
H H

y 1 + t²GLH/ +9t²GL//
k‰  h Š  @ 1    @ 1  ŽŒ
(Eq. A5-5)
² 1 ;H GLH
/ / + ;// GL//

L’écrasement de la fibre optique δ dépend des propriétés des matériaux du cœur et de la gaine optique.

154
p   o‰   0, ††
+

 6 k‰   0, ††  # v 9 k‰   0, ††


/
_ 19nu 9 19n/ 
+
 #u  v 6
(Eq. A5-6)
kˆ   0, ††  9 kˆ   0, ††
nu 1Gnu  96 nv 1Gnv  
 
#u #v 6
+
2‘1  Em ‹  ‹- Em 2‹  ‹-  2‹  ‹-  4‹
p Š «1  ¬2  Ž2  Ž  2 « ¬Œ
^Cm ‹ 1  Em   
+
2‘1  EY ‹- EY 2‹  ‹-  2‹  ‹- 
 Š «1  ¬2  Ž2  ŽŒ
^CY ‹ 1  EY  
(Eq. A5-6)

AV.2 Modification des paramètres A et CC en fonction des modules


d’Young du cœur et de la gaine optique de la fibre ainsi que celui de la
mâchoire
La simulation mécanique permettant de déterminer les paramètres A et CC en fonction du pas
de perturbation est longue à réaliser. Dès que l’on change de fibre ou qu’un effet physique modifie A
et CC, il est nécessaire de réinitialiser ces deux paramètres. Sur la plage de température comprise entre
0 et 100°C, le module d’Young de la silice évolue très peu. En revanche, celui du PPS et celui de la
gaine optique en époxyacrylate (matériau proche du PMMA) changent beaucoup. Les figures AV-2 et
A5-3 représentent respectivement le module d’Young du PPS et celui du PMMA en fonction de la
température. On constate qu’entre 80 et 100°C, le module d’Young du PMMA s’effondre. Pour tenir
compte de cet effet thermo-mécanique dans les simulations en température, il faut déterminer les
paramètres A et CC en fonction des différents modules d’Young du système.

Figure A5-2 : Module d’Young du PPS en fonction de la température

155
Figure A5-3 : Module d’Young du PMMA en fonction de la température

A partir des valeurs connues de CC en fonction du pas de perturbation, nous allons proposer un
modèle simplifié qui permet de déduire analytiquement les valeurs de CC en fonction des différents
modules d’Young. Le système mécanique simulé (figure A5-4) est invariant dans les directions Ox et
Oz. On suppose que les modules d’Young du cœur (E1) et de la gaine optique (E2) sont fixes. Le
module d’Young de la mâchoire (E3) varie avec le pas de perturbation P. Sur ce système, CC
correspond à la réduction du diamètre du cœur (variation de L1). L’écrasement correspond quant à lui à
la réduction globale du système suivant la direction Oy (variation de L0). Ce modèle donne une
relation simple entre l’écrasement E imposé au système et CC (Eq. A5-7). Grâce à ce modèle, on
détermine le module d’Young de la mâchoire E3 en fonction du pas de perturbation P (figure A5-5).
#
TT  w x w x
1G+ / H G+ " H
(Eq. A5-7)
w H x/ wH x" 9

avec
L1 le diamètre du cœur de la fibre optique ;
L2 l’épaisseur de la gaine optique ;
L3 la hauteur des dents de la mâchoire.

Figure A5-4 : Schéma du système de simulation

156
Figure A5-5 : Module d’Young de la mâchoire dans le cadre du
modèle mécanique simplifié en fonction du pas de perturbation

Cette simulation permet uniquement d’obtenir CC. Pour calculer A, il faut faire l’hypothèse qu’il
existe un lien simple entre ces deux paramètres. Dans le chapitre II, figure 2-4 et 2-5, nous avons
respectivement présenté A et CC en fonction du pas de perturbation P. De ces deux courbes, on déduit
la relation entre A et CC (figure A5-6).

Figure A5-6 : Amplitude de la perturbation A en fonction


de la composante continue du déplacement CC

Conclusion de l’annexe :
Dans cette annexe, nous avons présenté une méthode permettant de déterminer les paramètres
de déformation du cœur (A et CC) lorsque les dimensions du système varient ou que les modules
d’Young de la fibre et de la mâchoire sont modifiés. Les phénomènes de déformations irréversibles et
transitions vitreuses des matériaux ne sont pas pris en compte.

157
Annexe VI – Proposition d’une méthode de tracé de
rayon appliquée au transducteur
Dans le chapitre II, nous avons vu que seules deux méthodes de simulation peuvent être
utilisées dans notre cas d’étude. Le choix de la méthode électromagnétique a été retenu car elle tient
compte de la nature ondulatoire de la lumière. De plus, cette méthode est plus rapide en terme de
temps de calcul. Nous avons étudié dans le chapitre III des perturbations périodiques dont la période
est comprise entre 20 et 100 µm. Or, dans la phase de prototypage (chapitre IV), nous avons vu que le
pas de perturbation minimal que l’on peut réaliser est de 40 µm. Le rapport entre ce pas de
perturbation minimal et la longueur d’onde est d’environ 60. Pour cette valeur, la nature ondulatoire
de la lumière n’a pas d’incidence sur la propagation de la lumière. En revanche, l’amplitude de la
perturbation du cœur est de l’ordre de la longueur d’onde. La méthode du tracé de rayons ne peut être
utilisée que si les résultats obtenus sont conformes avec la méthode électromagnétique.
Le tracé de rayons consiste à envoyer un grand nombre de rayons dans la fibre. Chaque rayon porte
une certaine quantité d’énergie. Sa trajectoire est déterminée par les lois de l’optique géométrique.
Lorsque l’indice de réfraction est inhomogène et varie continûment dans l’espace, c’est l’équation dite
de l’eikonale qui permet de suivre le rayon. Dans le cas d’une variation abrupte de l’indice de
réfraction, ce sont les lois de Descartes qui sont appliquées. Un rayon perd de l’énergie uniquement
lorsqu’il y a réfraction ou fuite du rayon de la structure guidante.
Cette annexe est constituée de deux parties : la propagation des rayons lumineux dans une fibre
optique où l’indice de réfraction varie de manière continue dans l’espace et la réflexion à l’interface
cœur/gaine optique.

AVI.1 Présentation du problème


Avant de présenter la méthode de propagation géométrique de la lumière, nous allons
récapituler les résultats de simulation du chapitre II utiles. Le transducteur est composé d’une fibre
optique à saut d’indice écrasée entre deux mâchoires micro-structurées. Cette perturbation modifie la
géométrie de la fibre optique et ses indices de réfraction. Dans la modélisation mécanique de la fibre
optique au chapitre II, nous avons décrit mathématiquement et analytiquement la géométrie de
l’interface cœur/gaine optique en synthétisant un certain nombre de simulations mécaniques utilisant
la méthode des éléments finis. L’application des formules du contact hertzien et du tenseur élasto-
optique a permis de calculer les indices locaux de réfraction.
Pour une fibre optique à saut d’indice, le rayon du cœur a est une limite physique entre deux milieux
(cœur et gaine optique) d’indices de réfraction différents. Dans chaque milieu, il est homogène et
isotrope. Pour décrire mathématiquement l’interface cœur/gaine optique en coordonnées cylindriques
(r,θ,z), on exprime la coordonnée radiale r en fonction de et z. Pour une fibre à saut d’indice, cette
équation est simple (Eq. A6-1) car le rayon est constant quelque soit la valeur des coordonnées
longitudinales z et orthoradiales θ. Pour la fibre optique perturbée, nous avons vu (Eq. 2-55 et Eq. A6-
2) que pour décrire la fibre perturbée, on reprendre l’expression générale de la fibre non perturbée et
on y ajoute un terme de perturbation. Cette expression est le produit entre une fonction dépendant de z
(perturbation longitudinale) et une fonction qui dépend de θ (perturbation du contour de la fibre
optique). Ces deux expressions sont indépendantes l’une de l’autre. Les simulations mécaniques ont
mis en évidence que la perturbation longitudinale de la fibre est sinusoïdale et fait intervenir deux
paramètres A et CC qui dépendent du pas perturbation P (figures 2-4 et 2-5) pour une fibre donnée,
une perturbation donnée et un écrasement donné. Les coefficients Ak sont les coefficients de la
décomposition en série de Fourier de la perturbation du contour de l’interface cœur/gaine optique.

158
‚Á, v  
cos2QÁ
(Eq. A6-1)
TTO . ∑Ù
x
‚Á, v    Jcw 2^   $Û $
y
(Eq. A6-2)
Lorsque l’indice de réfraction du cœur est constant, la trajectoire des rayons lumineux est succession
de lignes brisées. Dès que l’indice de réfraction du cœur est non constant, il faut résoudre
numériquement le problème c’est-à-dire échantillonner en 3 dimensions le cœur de la fibre optique
[Witkowsky et al., 2008]. De plus, pour avoir une convergence du résultat, il faut considérer au
minimum plusieurs millions de rayons lumineux injectés.

AVI.2 Equation de l’eikonale


En optique géométrique, l’équation de l’eikonale (Eq. A6-3) est l’équation fondamentale
régissant le trajet de la lumière dans le milieu. Elle permet de suivre l’évolution du vecteur directeur
du rayon R dans le milieu en fonction de l’indice de réfraction n. La figure A6-1 montre que le vecteur
Wy
W
, vecteur unitaire tangent au rayon se décompose en trois composantes suivant les trois axes du

 z–S{ 
repère, appelées les cosinus directeurs (Eq. A6-4).
, †, v
W Wy
W
J W
O
cos 
(Eq. A6-3)

|  cos ¢
Wy

cosi
W
(Eq. A6-4)

Figure A6-1: Vecteur directeur du rayon

L’introduction du vecteur A dans l’équation A6-3 donne une relation directe entre les cosinus

 | W  z–S{ 
directeurs et l’indice de réfraction (Eq. A6-8).
W| WL
W
(Eq. A6-5)
 |. z–S{ 
WL
W
(Eq. A6-6)
 L z–S{   ||. z–S{
W| 1

W
(Eq. A6-7)
 L€,t,x JÀ€  À€ cos   cos   cosi cos O
W ( 1 ÀL ÀL ÀL ÀL
W Àt Àx

 L€,t,x JÀt  À€ cos   cos   cosi cos O


W ( 1 ÀL ÀL ÀL ÀL
W Àt Àx
(Eq. A6-8)

 L€,t,x J Àx  À€ cos   cos   cosi cosiO


W (l 1 ÀL ÀL ÀL ÀL
W Àt Àx
L’expression A6-8 est la formulation analytique de l’eikonale où les cosinus directeurs (Eq. A6-4)
sont les variables. Comme la résolution du problème posé est numérique, nous allons remplacer les
dérivées par différences finies (Eq. A6-9 et Eq. A6-10). A chaque itération, on obtient les nouveaux
cosinus directeurs du rayon. D’eux, nous déduisons la position en coordonnées cartésiennes du point
de la trajectoire du rayon (xk,yk,zk) (Eq. A6-11). L’indice de réfraction est connu aux nœuds d’une
grille ({xi,yj,zm}). Il est déterminé aux points d’échantillonnage de la trajectoire du rayon par

159
interpolation linéaire (Eq. A6-12). Le gradient de l’indice de réfraction est supposé constant sur toute
la maille (Eq. A6-13).
W-r -r7H 9-r7 

W B
(Eq. A6-9)
J   cos cos cosi cos O
B
abc $G1   abc $    
ÀL ÀL ÀL ÀL
L€,t,x À€ Àt Àx

J   cos   cos   cosi cos O


B
abc $G1   abc $  
ÀL ÀL ÀL ÀL
L€,t,x Àt Àt Àx

abci$G1   abci$   L€,t,x J Àx  À€ cos   cos   cosi cosiO


B ÀL ÀL ÀL ÀL
Àt Àx

$G1  $  Δc. cos $ 


(Eq. A6-10)

†$G1  †$  Δc. cos $ 


v$G1  v$  Δc. cosi$ 
(Eq. A6-11)

L€¯H ,t} ,xM 9L€¯ ,t} ,xM 


$  l  €¯H 9€¯
L€¯ ,t}H ,xM 9L€¯ ,t} ,xM 
$ , †$ , v$   l , †m , v;  †$  †m 
t}H 9t}
(Eq. A6-12)
L€¯ ,t} ,xMH 9L€¯ ,t} ,xM 
v$  v; 
xMH 9xM
L€¯H ,t} ,xM 9L€¯ ,t} ,xM 
º €¯H 9€¯
½
¹L€ ,t ,x 9L€ ,t ,x ¼
z–S{   ¹ ¼
¯ }H M ¯ } M

¹ t}H 9t} ¼
(Eq. A6-13)
¹̧L€¯ ,t},xMH 9L€¯ ,t},xM¼
xMH 9xM »
Cette méthode géométrique, consistant à suivre la trajectoire d’un rayon lumineux se met en œuvre
rapidement. Dans une fibre à gradient d’indice, il n’y a pas de variation brusque de l’indice de
réfraction. En revanche pour une fibre à saut d’indice ou une fibre à saut d’indice perturbée comme
celle du transducteur, il y a les phénomènes de réflexion et de réfraction à l’interface cœur/gaine
optique qui seront présentés dans le paragraphe suivant.

AVI.3 Réflexion et réfraction des rayons lumineux sur l’interface


cœur/gaine optique
On a vu comment se propage un rayon lorsque l’indice de réfraction varie continûment dans l’espace.
Dès qu’il y a un saut d’indice comme à l’interface cœur/gaine optique ; ce sont les lois de Descartes de
la réflexion et de la réfraction qui s’appliquent. Dans notre cas, seule la réflexion est importante car on
considère que l’énergie qui s’échappe du cœur ne peut être recouplée dans la structure guidante. On
considère trois étapes mathématiques dans la réflexion d’un rayon. Tout d’abord, il faut déterminer le
point d’intersection entre la trajectoire du rayon et l’interface cœur/gaine optique. Ensuite, on calcule
le vecteur directeur du rayon réfléchi. Enfin, on calcule l’énergie perdue dans la gaine optique.

AVI.3.1 Point d’intersection entre la trajectoire du rayon et l’interface cœur/gaine


optique
Dans le paragraphe précédent, nous avons vu que la résolution numérique de l’équation de
l’eikonale se fait de proche en proche c’est-à-dire que la trajectoire du rayon est une courbe continue,
succession de lignes brisées. Pour certains rayons, au bout d’une certaine distance de propagation, leur
trajectoire entre en contact avec l’interface cœur/gaine optique. Cela se traduit par un point de la
trajectoire dans le cœur D(x0, y0, z0) et le suivant dans la gaine optique A(x1, y1, z1). Entre ces deux
points, la trajectoire est rectiligne et coupe l’interface cœur/gaine optique au point d’intersection I(xI,

160
yI, zI). Les vecteurs DI et DA sont colinéaires (Eq. A6-14). Cette relation fait intervenir 3 équations et
4 variables (xI, yI, zI, p). La quatrième équation pour résoudre le système est l’équation en coordonnées

”~  ~”|
cylindriques de l’interface cœur/gaine optique appliquée au point I(rI, θI, zI) (Eq. A6-16).

~ ∈ 0 1
(Eq. A6-14)
&    ~1   
†&  †  ~†1  † 
v&  v  ~v1  v 
(Eq. A6-15)

‚&  ‚  Jcw 2^ y   TaO   ∑Ù


$Û1 $ cos2Á& Q
x
(Eq. A6-16)
Après avoir calculé les coordonnées du point d’intersection I entre la trajectoire du rayon et de
l’interface cœur/gaine optique, nous allons déterminer le nouveau vecteur directeur du rayon après la
réflexion.

AVI.3.2 Vecteur directeur du rayon après réflexion sur l’interface cœur/gaine optique
Lors de la réflexion, la composante normale au plan de réflexion du vecteur directeur du rayon
est modifiée. Pour déterminer le nouveau vecteur directeur V1 du rayon, il faut exprimer l’ancien
vecteur directeur V0 dans une base BR où l’un des vecteurs est le vecteur normal au plan de réflexion.
Les vecteurs (ex, ey, ez) en coordonnées cartésiennes ou (er, eθ, ez) en coordonnées cylindriques
génèrent la base B0. M (Eq. A6-17) est la matrice de changement de coordonnées passant des

cosÁ  sinÁ 0
coordonnées cylindriques en coordonnées cartésiennes.

3  ¾ sinÁ cosÁ 0¿
0 0 1
(Eq. A6-17)

La base orthonormée BR est générée par les vecteurs T1 et T2 générateurs du plan de réflexion et le
vecteur N normal au plan de réflexion. T1 (Eq. A6-18) est un vecteur commun au plan de réflexion et
au plan Orθ. T2 (Eq. A6-19) est commun au plan de réflexion et au plan Orz. N est obtenu par produit
vectoriel (Eq. A6-20). Mt (Eq. A6-21) est la matrice de transfert de la base B0 vers la base BR. Les
équations A6-22 à A6-24 sont les étapes mathématiques pour obtenir le vecteur directeur du rayon V1
après réflexion à partir du vecteur directeur initial V0.
ÀŸ
‚ , Á , v  !1
ÀÂ & & &
€ Ô  P1 3 ‚& Á& , v&  ¢  ¾ !+¿
‚ ,ԃ ,ÔÒ 
!
(Eq. A6-18)
0 Ԗ ,Ԅ ,ÔÒ 
K
ÀŸ
‚ , Á , v  a1
€ Ô ,Ô ,Ô   P+ 3
Àx & & &
¢  ¾ a+ ¿
0
aK
‚ ƒ Ò
(Eq. A6-19)
1 Ԗ ,Ԅ ,ÔÒ 
1
†  € ∧ €  ¾+ ¿
K
(Eq. A6-20)

1 !1 a1
3I  ¾+ !+ a+ ¿
K !K aK
(Eq. A6-21)

ž1
‡ˆ  3I ‡ˆ  ¾ + ¿
æ ž
žK
(Eq. A6-22)

ž1
‰  ¾ ž+ ¿
žK
(Eq. A6-23)

‡  3I91 ‰ (Eq. A6-24)

161
La trajectoire du rayon lumineux est maintenant complètement déterminée (propagation et réflexion).
Il reste à calculer l’énergie perdue lors de la réflexion sur l’interface cœur/gaine optique.

AVI.3.3 Coefficient de réflexion sur une surface non plane


La réflexion et la réfraction d’une onde électromagnétique sur une interface plane est décrite
par les lois de Descartes et les coefficients de Fresnel. Or, dans une fibre optique à saut d’indice,
l’interface cœur/gaine optique est une surface courbe. Dans ce cas, les coefficients de réflexion et de
transmission sont le produit du coefficient de Fresnel pour la surface plane et un coefficient correctif
dépendant de la courbe local de la surface. Dans ce paragraphe, nous allons tout d’abor donner les
expressions des coefficients de Fresnel pour une interface plane puis nous présenterons les coefficients
modifiés.
AVI.3.3.a Coefficient de transmission sur une interface plane
On considère une onde plane se propageant dans un milieu d’indice de réfraction n1 arrivant
sur une interface plane entre deux milieux non absorbants tels que n1 > n2 (figure A6-2). Les angles
d’incidence et de réfraction par rapport à la normale au plan sont respectivement αi et αt. Lorsque
l’angle d’incidence est supérieur à l’angle critique αc (Eq. A6-25), l’onde est totalement réfléchie.
Dans le milieu 2, le champ électromagnétique est évanescent et décroit exponentiellement avec la
distance à l’interface. Pour des angles d’incidences plus petits que l’angle critique, l’onde est
partiellement réfléchie et une partie de l’énergie incidente est transmise dans le milieu d’indice de

sin -   /
réfraction plus faible. L’angle de réfraction αt est donné par la loi de Descartes (Eq. A6-26).
L
LH
(Eq. A6-25)
1 sin l   + sin I  (Eq. A6-26)

Figure A6-2: Onde plane réfléchie sur une interface plane entre
deux milieux non absorbants

L’équation A6-27 définit le coefficient de transmission T en terme de puissance. Pour une interface
plane, T est donné par les coefficients de Fresnel TF. Si l’angle d’incidence αi est supérieur à l’angle
critique αc, TF est nul sinon, il dépend de la polarisation de la lumière. Si le vecteur champ électrique
est parallèle à l’interface, alors TF s’écrit TFE (Eq. A6-28). Lorsque c’est le vecteur champ magnétique
qui est parallèle à l’interface, TF s’écrit alors TFH (Eq. A6-29).
yÉl L-X WX R È rLWX ŸéfRé-,lX
  1  yÉl L-X WX R È rLWX lL-lWXLIX
(Eq. A6-27)
/
Š‹Œ6 
}]19« ¬
Š‹Œ¯ 
>#  / (Eq. A6-28)
/
Š‹Œ6 
1G]19« ¬ Ž¢
Š‹Œ¯ 

162
/
Š‹Œ6 
}]19«
H
¬
Š‹Œ¯  Œ²q6 
>W  / (Eq. A6-29)
/
Š‹Œ6  H
1G]19« ¬ Ž ¢
Š‹Œ¯  Œ²q6 

AVI.3.3.b Coefficient de transmission sur une interface courbe


La formulation du coefficient de transmission modifié pour la surface courbe fait intervenir la
courbure locale de l’interface [Love et al., 1980 | Snyder et al., 1975]. Dans le plan, le rayon de
courbure est défini comme le rayon du cercle osculateur à la courbe au point considéré. Pour une
surface, la définition du rayon de courbure est plus compliquée. Pour chaque point d’intersection entre
la trajectoire du rayon et l’interface de réflexion, on définit un repère orthonormé. Le vecteur ey est le
vecteur normal à l’interface. Le vecteur ez appartient à la section transverse locale. Le vecteur ex
complète la base. L’interface est projeté dans deux repères à deux dimensions Oxy et Oyz. Dans
chacun de ces plans, un rayon de courbure est défini, respectivement ρx et ρz. Le rayon de courbure ρ
(Eq. A6-31) est définit à partir de ces deux paramètres, du vecteur d’onde la lumière k1 et de l’angle
d’incidence du rayon.
LH
Q1  2^ *
(Eq. A6-30)

?
Ø[ ب lL/ ¯ 
Ø[ Ž .ÔÒ ²Gب Ž .Ԃ ²
(Eq. A6-31)

Figure A6-3: Rayons de courbure

Le coefficient de transmission en puissance Tp (Eq. A6-32) est le produit entre le coefficient de Fresnel

¦  > T
classique (Eq. A6-28 et A6-29) et un facteur de courbure C.
(Eq. A6-32)
|V¯ B 234+hl/K|/
T
}h |B|
(Eq. A6-33)
/

Δ  +lLH/   abc +  -  abc +  l 


$ Ø "
(Eq. A6-34)
¯
Nous avons vu comme se propage un rayon lumineux dans une fibre optique ainsi que l’énergie qu’il
perd à chaque réflexion sur l’interface cœur/gaine optique. Il reste à définir le nombre de rayons à
considérer et les conditions initiales de chaque rayon (position, vecteur directeur et énergie).

163
AVI.4 Modélisation de la source
Pour la modélisation électromagnétique, nous avons utilisé le diagramme d’émission de la
source pour déterminer la fonction de répartition de l’énergie sur les modes guidés. Pour un rayon avec
un vecteur directeur initial donné, l’énergie qui lui est attribuée dépend de l’inclinaison de son vecteur
directeur par rapport à l’axe optique. Cet angle est reporté sur le diagramme d’émission pour lui
attribuer une énergie.

AVI.5 Convergence de l’algorithme


Pour l’instant, seule la méthode du tracé de rayons a été présentée. Or, il reste deux choses à
définir :
- la valeur de l’incrément d’abscisse curviligne ∆s ;
- le nombre de rayons à considérer.
Ces deux paramètres sont empiriques. ∆s est choisi après un certain nombre de simulations
préliminaires consistant à suivre la trajectoire de quelques rayons en faisant varier ∆s. Plus ∆s va
diminuer plus à la sortie de la fibre optique les résultats entre deux simulations successives se
rapprochent. ∆s est choisi suivant un critère de convergence fixé par le programmeur. Le choix du
nombre de rayon est également choisi par l’utilisateur suivant un autre critère de convergence. Le
programmeur réalise des simulations avec un nombre de rayons variables (typiquement 10 fois plus de
rayons pour chaque simulation successive). Plus le nombre de rayons augmente, plus les résultats entre
deux simulations successives se rapprochent.

Conclusion de l’annexe :
Dans cette annexe, nous avons présenté une seconde méthode de simulation de la propagation
lumineuse dans le transducteur. Le tracé de rayons est plus aisé à mettre en œuvre car la méthode est
géométrique et intuitive. Dans le cœur de la fibre, la trajectoire du rayon est définie par l’équation de
l’eikonale qui a été au préalable numérisée à cause de la complexité des indices de réfraction. Dès que
le rayon atteint l’interface cœur/gaine optique, il subit une réflexion et une réfraction, suivant les lois
de Descartes. Le coefficient de réflexion n’est pas le même que pour une surface plane. Dans ce cas, il
faut tenir compte de la courbure locale de la fibre optique.
Bien que cette méthode soit plus aisée à mettre en œuvre que la méthode électromagnétique, les
simulations peuvent être très longues. En effet, le nombre de rayons à considérer pour chaque
simulation pour que l’algorithme converge doit être déterminé empiriquement. De plus, les résultats
obtenus doivent être comparables aux résultats obtenus avec la méthode électromagnétique car
l’amplitude de perturbation, qui est de l’ordre de grandeur de la longueur d’onde, ne permet pas
rigoureusement d’appliquer cette méthode.

164
Annexe VII – Prise en compte des imperfections de la
fibre optique par la méthode dite « Power flow equation »
Dans toute le mémoire, la fibre a été considérée comme parfaite. Pour tenir compte des défauts
d’une fibre optique multimode, Gloge, dans les années 70 proposa un modèle pour les fibres optiques
multimodes à saut d’indice [Gloge, 1972]. Son équation différentielle permet de tenir compte des
imperfections géométriques et optiques de la fibre ainsi que des phénomènes physiques liés à la nature
des matériaux :
- Courbures micrométriques,
- Irrégularités de l’interface cœur/gaine optique,
- Fluctuation des indices de réfraction,
- Diffusion,
- Absorption.
Comme les imperfections de la fibre optique sont locales et les variations des paramètres physiques
sont faibles, lorsqu’il y a couplage de modes, l’énergie ne peut qu’être échangée entre les plus proches
voisins.
La fonction de l’équation différentielle (Eq. A7-1) est la puissance lumineuse P. Elle dépend de deux
variables : la position longitudinale z et l’angle d’inclinaison θ du rayon par rapport à l’axe optique
(figure A7-1). Cette équation ressemble beaucoup à l’équation des puissances couplées de Marcuse.
Le premier terme du côté droit de l’équation est un terme d’atténuation (couplage radiatif) ; le second
est un terme de diffusion (couplage entre modes guidés).

  Á‘Á, v   À ÁuÁ
ÀyÂ,x 1 À ÀyÂ,x

Àx ÀÂ
(Eq. A7-1)

Figure A7-1: Variables de l’équation de Gloge

Dans cette annexe, la première partie sera consacrée à la méthode de détermination des
coefficients d’atténuation et de diffusion pour une fibre à saut d’indice donnée. Dans un
second temps, les équations de Gloge et de Marcuse sont synthétisées en une seule équation
qui tient compte aussi bien des défauts intrinsèques de la fibre optique que de la perturbation
qui lui est appliquée.

AVII.1 Détermination des coefficients de l’équation de Gloge


L’article de Mateo [Mateo et al., 2006] est l’un des articles les plus détaillés sur la mise en
œuvre de l’équation de Gloge pour une fibre optique multimode à saut d’indice. Ce paragraphe est
dédié à la présentation de leur méthode.
Pour une grande valeur de z, lorsque l’état stationnaire (ES) est atteint, la solution de l’équation A7-1

fonction ZÁ décrit le profil de l’état stationnaire qui ne dépend plus de z. En introduisant l’équation
peut s’écrire comme produit de deux fonctions de variables indépendantes (équation A7-2). La

165
A7-2 dans l’équation A7-1, on obtient l’équation A7-3. Il y a deux conditions aux limites : la

fibre ; la dérivée de la puissance par rapport à θ est nulle pour Á  0.


puissance s’annule pour des angles supérieurs à l’angle critique donné par l’ouverture numérique de la

‘#L  ZÁà 9lx


Á  i 
(Eq. A7-2)
1 À À[Â
ÁuÁ 
Â[Â ÀÂ ÀÂ
(Eq. A7-3)
Pour différentes longueurs de fibres, le profil de la puissance en sortie de fibre est enregistré
grâce une caméra CDD. A partir de ces différentes images, les paramètres γ, Q(θ) et D(θ) sont
calculés.
γ est le premier paramètre à être déterminé. Pour toutes les positions z, on calcule la puissance
totale Pt en intégrant sur toute la surface de la fibre optique (Eq. A7-3). γ est l’opposé du coefficient
directeur de la courbe ln‘I v en fonction de z.

‘I v  ∬ ‘Á, vΩ   dφ / cw Á‘Á, vÁ

(Eq. A7-3)
i
ÀRLy< x
Àx
Le profil angulaire de l’état stationnaire donne la fonction ZÁ. Mateo a interpolé ce profil
(Eq. A7-4)

normalisé par une fonction bi-sigmoïde (Eq. A7-5). Les quatre paramètres (k1 , k+ , Á1 et Á+ ) sont
déterminés en minimisant l’erreur de régression entre le profil réel et le modèle.
/ / / /
1GX ”H•H 1GX ”/•/ 
ZÚ Á  / / / /
1GX ”H •H •² 1GX ”/•/•² 
(Eq. A7-5)

Dans un premier temps, le coefficient de diffusion peut être modélisé par une constante. C’est
ce qui est fait en général [Rousseau et al., 1977], [Jeunhomme et al., 1976], [Djordjevich et al., 2000],
[Djordjevich et al., 2004]. Mateo propose une fonction qui est la somme d’une constante et d’une

;H
sigmoïde (Eq. A7-6).
uÁ  u  / /
1G;/ X ”– •
(Eq. A7-6)
Les figures A7-2 et A7-3 représentent respectivement le coefficient d’atténuation α et le
coefficient de diffusion D en fonction de θ pour une fibre optique plastique de 1mm de diamètre et une
ouverture numérique de 0,5. L’angle maximal de propagation dans la fibre optique est donc de 30°.

Figure A7-2: Coefficient d’atténuation en fonction de θ

166
Figure A7-3: Coefficient de diffusion en fonction de θ

AVII.2 Equation des puissances couplées de Marcuse


On a vu dans le chapitre 2 que pour chaque mode, on peut écrire une équation différentielle du
premier ordre où la fonction solution est la puissance du mode. En ignorant le terme de couplage entre
les modes guidés, pour un mode guidé i, cette équation devient l’équation A7-7. Or, vu le grand
nombre de modes, on a vu que l’on peut passer d’un ensemble discret au continuum. P devient une
fonction qui représente la puissance lumineuse totale dans la fibre qui dépend de z mais également de
la constante de propagation normalisée b (Eq. A7-8).
Wy¯
Wx
  l ‘l v (Eq. A7-7)
  !‘!, v
Àye,x
Àx
(Eq. A7-8)
Dans l’annexe 4 on a vu comment obtenir l’expression du taux de transmission T en fonction
de la constante de propagation normalisée b (Eq. A7-10). Les paramètres A et τ varient avec le pas de
perturbation. Or, T s’exprime également en fonction de α et de la longueur de perturbation L (Eq. A7-
11).
*
!Rl;  ΛL
6Ë 9LÌË 
(Eq. A4-9)

~b‚ ! ∈ 0 !Rl; 
6/

!  ¾Ã :
1 ~b‚ ! ∈ !Rl; 1
(Eq. A7-10)

!  Ã 9e

~b‚ ! ∈ 0 !Rl; 
(Eq. A7-11)
e/ 9—RLV
!  ¾ —
0 ~b‚ ! ∈ !Rl; 1
(Eq. A7-12)

Les équations de Marcuse et de Gloge n’ont pas les mêmes variables. Or, il y a une relation
entre la constante de propagation normalisée b et l’angle d’inclinaison des rayons par rapport à l’axe
optique car la constante de propagation d’un mode β peut être écrite comme le produit du vecteur
d’onde dans le milieu et de le cosinus de l’angle d’inclinaison des rayons par rapport à l’axe optique

 Q -r cosθ
(Eq. A7-13).
(Eq. A7-13)
L6Ë -rÂ9LÌË
!
L6Ë 9LÌË
(Eq. A7-14)
La figure A7-4 représente ¦ Á (coefficient de perte dû à la perturbation) pour un pas de
perturbation de 70µm pour la fibre silice/silice d’ouverture numérique 0,22 et un diamètre de cœur de
200µm.

167
Figure A7-4: α en fonction de θ
pour un pas de perturbation de 70µm

AVII.3 Equation différentielle de couplage prenant en compte les défauts de


la fibre optique
La puissance lumineuse P est fonction de deux variables : la position longitudinale z et l’angle
d’inclinaison par rapport à l’axe optique θ. Cet angle est équivalent par l’équation A7-14 à une valeur
de constante de propagation normalisée b. L’équation différentielle de couplage contient un terme de
diffusion (équation de Gloge). Le couplage entre mode guidés induit par la perturbation étant négligé,

d’atténuation est la somme de deux termes : le terme de couplage radiatif dû à la perturbation ¦ Á
l’équation différentielle des puissances couplées de Marcuse n’apporte aucun terme. Le terme

(équation de Marcuse) et le terme d’atténuation dû aux défauts de la fibre W Á (équation de Gloge).
¦ Á  W Á ‘Á, v   À ÁuÁ À 
ÀyÂ,x 1 À ÀyÂ,x
 
Àx
(Eq. A7-15)

Conclusion de l’annexe :
Dans cette annexe, nous avons présenté l’équation de Gloge qui permet de tenir compte des
défauts de la fibre optique dans les couplages soit entre modes guidés soit entre modes guidés et
modes rayonnés. L’équation des puissances couplées de Marcuse (Eq. 2-86) donne pour chaque mode
guidé une équation différentielle du premier ordre dont la variable est la puissance véhiculée par le
mode. Dans leurs expressions originales, ces deux équations ne sont pas compatibles. Or, vu le grand
nombre de modes, en introduisant un modèle statistique dérivé du modèle de Marcuse (annexe IV),
nous avons montré la correspondance entre la constante de propagation normalisée b et l’angle
d’inclinaison θ des rayons par rapport à l’axe optique. La combinaison des deux équations
différentielles donne une équation différentielle à deux variables permettant de calculer les pertes dans
le transducteur pour une fibre optique présentant des défauts.
Pour mettre en pratique cette nouvelle équation, il faudrait en premier lieu caractériser la fibre optique
en déterminant les fonctions αd(θ) et D(θ). Ensuite, suivant les résultats obtenus, il faudrait calculer
l’impact de l’atténuation intrinsèque et la diffusion intrinsèque sur une longueur de fibre utilisée dans
un transducteur (moins de 1 m). Si les modifications sur la propagation de la lumière dues aux défauts
de la fibre sont infimes, l’équation des puissances couplées de Marcuse est suffisante.

168
Annexe VIII – Présentation de la méthode WKB pour le
calcul des constantes de propagation des groupes de modes
La méthode WKB, inventée par Wentzel, Krammers et Brillouin, permet de calculer les
constantes de propagation des modes guidés d’une fibre optique multimode où l’indice de réfraction
varie avec la coordonnée radiale [Marcuse, 1981]. Elle donne de bons résultats pour des fibres qui
véhiculent un grand nombre de modes guidés et lorsque la variation de l’indice de réfraction varie peu
sur des distances comparables à la longueur d’onde, ce qui est notre cas.
Le point de départ est l’équation d’onde (Eq. A8-1). Celle-ci est développée dans un système de
coordonnées cylindriques (r, θ, z). Pour résoudre l’équation A8-2, on postule une solution ψ (Eq. A8-
3) qui est le produit de quatre fonctions à une seule variable chacune. En substituant l’équation A8-3
dans l’équation A8-2, on obtient une équation différentielle à une seule variable (Eq. A8-4). Pour avoir
l’équation sous la forme désirée pour obtenir la solution WKB, nous procédons à un changement de
variable (Eq. A8-5 et A8-6) où a est une constante.
À²™
Ę  +
o S ÀI / (Eq. A8-1)
À/ ™ 1 À™ 1 À/ ™ À/ ™ À²™
    +
o S ÀI /
ÀŸ / Ÿ ÀŸ Ÿ / ÀÂ/ Àx /
˜  j‚ cosEÁ Ã
(Eq. A8-2)
Ã
mÄI mx
(Eq. A8-3)
À/ > 1 À> n/
  Q
+ +
 +
 Ÿ/  j 0
ÀŸ / Ÿ ÀŸ
(Eq. A8-4)
‚  à €
(Eq. A8-5)
W/ >
 f + + +€
 Ã E + j
0
W€ /
f 
(Eq. A8-6)
+
Q
 +
+ +
(Eq. A8-7)
L’étape suivante est le changement d’écriture de F(x) (Eq. A8-8). Cette nouvelle expression
est injectée dans l’équation A8-6. Pour obtenir la solution WKB, nous devons supposer que S(x) est
une fonction qui varie plus rapidement que l’amplitude A(x). Cette hypothèse, nous permet de négliger
la dérivée seconde de S(x). Les parties réelles et imaginaires de l’équation A8-9 sont nulles. Nous
avons alors deux équations (Eq. A8-10). L’expression de A(x) est immédiatement connue à une
constante d’intégration C près (Eq. A8-11). La phase S(x) reste sous forme intégrale (Eq. A8-12).
Finalement, on repasse de la variable x à la variable r (Eq. A8-13).
j  à mL€ (Eq. A8-8)
WL + W/ L
 f + + à +€  E +   0
W/ V WV WL
W€ /
 2 W€ W€
   W€
   W€ /
(Eq. A8-9)
 √f  Ã  E
WL + + +€ +

W WL
J+ W€O  0
(Eq. A8-10)

Y
  g/ / X /[ 9n/ H/F (Eq. A8-11)
  € √f + + à +€  E + 
€
(Eq. A8-12)
H
Y
‚ 
&L/ $/ 9 / Ÿ / 9n/ '
H/F

Ÿ  + Q+  + ‚ +
Ÿ
‚   E + ‚
(Eq. A8-13)
H
Les points où le dénominateur de A(r) s’annule ont une signification spéciale. En effet, à ces
points la phase S(r) devient imaginaire, ce qui signifie que le champ électromagnétique n’est plus
confiné et devient évanescent, décroissant dans la direction r. Ces points spéciaux sont définis par
l’équation A8-14.

169
 + ‚Q + + n/
   Ÿ/  0 (Eq. A8-14)
La figure A8-1 est une représentation graphique de deux fonctions issues de l’équation A8-14. Les
points où les deux courbes se croisent sont les solutions de l’équation A8-14. Entre les points r1 et r2,
le champ électromagnétique est confiné ; au-delà, il devient évanescent. En pratique, pour une fibre à
gradient d’indice ou à saut d’indice, r1 est nul. La fonction de phase S(r) décrit uniquement le
mouvement radial de l’onde. En décomposant les cosinus, Ψ peut alors prendre la forme de l’équation
A8-15. Le champ électromagnétique peut être décrit comme une superposition d’ondes quasi-planes
qui se propagent dans une certaine région du cœur. Au-delà de cette région, le champ décroît de
manière exponentielle dans la direction r. Une projection de l’onde (trajectoire du rayon) dans la
section transversale de la fibre est présentée en figure A8-2. En suppléments des composantes d’ondes
de l’équation A8-15, il faut ajouter des ondes avec une composante –S(r) car la racine carrée de
l’équation A8-13 peut être de signe opposé. La solution totale pour ψ est alors donnée par l’équation

˜  ‚à mÄI9x9nÂGLŸ  à mÄI9xGnÂGLŸ 


A8-16.

˜  ‚ cosEÁ cos‚ à mÄI9x


(Eq. A8-15)
(Eq. A8-16)

Figure A8-1 : Représentation graphique des solutions de la méthode WKB. Le champ est
confiné entre les deux points r1 et r2

Figure A8-2 : Projection dans la section transversale de la fibre optique


d'un rayon confiné dans une fibre à gradient d’indice

Lorsque l’on tourne autour de la circonférence du cœur de la fibre optique de θ = 0 à θ = 2π, il


faut que la fonction cos(νθ) retrouve sa valeur originale. Il faut alors que la fonction cos(S(r)) retrouve
sa valeur originale lorsque le rayon parcourt une période radiale de sa trajectoire (cf figure A8-2).

170
Cette condition plus le déphasage aux réflexions aux points r1 et r2, permettent d’exprimer la condition
de phase pour le trajet le long de la trajectoire montrée figure A8-2. µ est un nombre entier appelé le
nombre radial du mode.

Ÿ | ‚+ Q+  +   n ‚
Ÿ 1
 S  + ^
/
/
Ÿ/
(Eq. A8-17)
H

Pour une fibre à saut d’indice, le nombre de modes N est fonction de la fréquence normalisée
V de la fibre optique (Eq. A8-18). Le nombre de groupes de modes M dépend du nombre de modes N
(Eq. A8-19). Dans l’approximation WKB, les modes appartenant au même groupe de modes d’indice
m (m allant de 1 à M) ont la même constante de propagation (Eq. A8-20). Elle dépend de l’ouverture
numérique de la fibre ON, de l’indice de réfraction du cœur nco et du vecteur d’onde k0.
2/
Î +
(Eq. A8-18)
3  √Î (Eq. A8-19)
5Ú/ ;/
;  Q -r |1  L/ ! / (Eq. A8-20)

@  2S  E  1 (Eq. A8-21)

Conclusion de l’annexe :
Dans cette annexe, nous avons présenté la méthode WKB qui permet de déterminer les
constantes de propagation des modes guidés. Cette méthode est très populaire pour modéliser la
propagation des modes guidés dans une fibre optique car les formules (Eq. A8-20) sont analytiques.
De plus, nous avons vu dans le chapitre III que bien que la répartition des constantes de propagation,
obtenues par la méthode WKB, dans l’espace fréquentiel ne correspond pas à la répartition des
constantes de propagation des modes LP mais elle correspond bien à la répartition de l’énergie dans la
fibre optique. C’est pourquoi cette méthode est particulièrement adaptée pour simuler la propagation
dans des fibres multimodes où les modes guidés couplées aux modes rayonnés perdent quasiment
toute leur énergie.

171
Annexe IX - Etude de l’impact de l’effet élasto-optique
sur les modes propagés dans la fibre
L’effet élasto-optique rend la fibre optique anisotrope et inhomogène. Son impact est triple :
- Modification des indices effectifs des modes ;
- Levée de dégénérescence des modes hybrides ;
- Modification des distributions d’intensité.
La fibre HCL200 véhicule 6069 modes guidés dont la plupart son dégénéré 2 fois. Prendre une fibre
optique ne véhiculant que peu de modes guidés permet de mieux étudier les indices effectifs des
modes guidés en fonction de l’écrasement de la fibre optique. La fibre à saut d’indice considérée pour
cette simulation est constituée des mêmes matériaux que la fibre HCL200 (silice pour le cœur et la
gaine optique). Le diamètre du cœur vaut 5 µm et celui de la gaine optique 6 µm. Son ouverture
numérique vaut 0,22. Il s’agit d’une fibre optique à saut d’indice de mêmes indices de réfraction que la
fibre HCL200 mais ayant des dimensions 40 fois plus petites. La longueur d’onde de la source reste
inchangée (630 nm). Cette diminution du diamètre du cœur en gardant les autres paramètres constants
fait que la fréquence normalisée de la fibre optique est plus petite. Elle ne véhicule que 9 modes guidés
dont 7 sont dégénérés 2 fois ; ce qui fait 16 modes en tout.
Le système de simulation est une fibre optique infinie dans la direction de propagation de la
lumière de 6 µm de diamètre extérieur contrainte entre deux plans parallèles (cf II.1.2). Comme le
système est invariant dans la direction de propagation de la lumière, la simulation devient une
simulation en deux dimensions dans le plan transversal de la fibre optique. Les contraintes dans la
section transversale de la fibre optique sont calculées avec les formules du contact hertzien (Eq. 2-11).
Les figures 2-8 et 2-9 représentent respectivement les contraintes σX et σY dans la section transversale
de la fibre HCL200 soumise à un écrasement de 20 µm. Ensuite, après application du tenseur élasto-
optique, nous obtenons les indices locaux de réfraction (Eq. 2-24). Les figures 2-10 et 2-11
représentent respectivement les indices locaux de réfraction suivant les directions Ox et Oy de la fibre
HCL200 soumise à un écrasement de 20 µm. L’indice de réfraction dans la direction longitudinale
n’est pas modifié car les contraintes sont planes. Les propriétés de la fibre optique sont devenues
inhomogènes et anisotropes. Les indices locaux de réfraction ainsi calculés sont incorporés dans le
solveur de modes de Comsol.

AIX.1 Indices effectifs des modes guidés


La simulation par éléments finis, nous permet, tout d’abord, de calculer les constantes de
propagation des modes nécessaires au calcul des couplages. Cette méthode est très couteuse en temps
et elle ne permettrait pas une étude systématique. La figure 3-1 représente les indices effectifs des
modes de cette fibre en fonction de l’écrasement imposé. La fibre HCL200 a été soumise à un
écrasement de 20 µm ce qui correspondrait à un écrasement de 0.5 µm de la fibre considérée dans
cette simulation. On constate que l’anisotropie et l’inhomogénéité des indices de réfraction provoquent
la levée de dégénérescence des modes. C’est un phénomène analogue à la levée de dégénérescence
entre les modes TE et TM dans un milieu infini homogène biréfringent. Globalement, les indices
effectifs de modes augmentent avec l’écrasement.

172
Figure A9-1 : Indices effectifs des modes en fonction de
l’écrasement pour la fibre faiblement multimode considérée

AIX.2 Modification des distributions d’intensité


Les distributions d’intensité des modes sont aussi affectées par l’effet élasto-optique. Pour
évaluer cet impact, nous nous intéresserons uniquement à la distribution d’intensité du mode
fondamental dont l’indice effectif est le plus élevé. La figure A9-2 présente les distributions
d’intensité normalisées du mode fondamental dans le cas de la fibre non perturbée (fibre à saut
d’indice) et dans le cas de la fibre écrasée de 0.217 µm. On constate que le pic central de la
distribution s’est étiré dans la direction de la contrainte. La coupe suivant l’axe X=0 (figure A9-3)
montre à quel point le mode a changé à cause de l’écrasement de la fibre optique.

Figure A9-2 : Distributions d’intensité normalisée du mode fondamental


d'indice effectif le plus élevé pour un écrasement nul (image de gauche)
et pour une écrasement de 0.217 µm (image de droite)

173
Figure A9-3 : Coupe suivant l’axe X=0 des deux distributions d’intensité
de la figure A9-3

Conclusion de l’annexe :
Dans cette annexe, nous avons montré que l’effet élasto-optique modifie les constantes de
propagation des modes et leurs distributions d’intensité. La complexité des indices locaux de
réfraction ne permet pas une résolution analytique du problème. Il est donc impossible de déterminer
les modes d’une fibre perturbée de fréquence normalisée élevée (V > 100).

174
Annexe X – Présentation des circuits électroniques
d’alimentation, de réception et de conditionnement du
signal
L’alimentation du capteur et le conditionnement du signal (plage de tension en sortie) sont
donnés par un cahier des charges concernant un projet. Les circuits électroniques proposés dans cette
partie restent généraux. Pour l’adapter à un capteur en particulier, il suffira de bien dimensionner les
composants.
En premier lieu, nous allons nous intéresser au circuit de réception convertissant le courant généré par
la photodiode en tension. En second lieu, nous introduirons un circuit permettant la normalisation du
signal de réception par rapport à un signal de référence. Ce circuit est nécessaire car la stabilisation de
la puissance émise par la diode est problématique. En dernier lieu, nous verrons comment conditionner
le signal pour avoir une réponse en tension sur une plage donnée.

AX.1 Circuit de réception


La photodiode est un composant électronique qui convertit l’intensité lumineuse en courant grâce à
des matériaux semi-conducteurs. Elle doit être choisie en fonction de la longueur d’onde de la source.
Comme la DEL émet dans le spectre visible, il faut utiliser une photodiode où la partie sensible est en
silicium. Typiquement les courants générés sont de l’ordre du picoampère voire du nanoampère. Le
montage électronique classique pour les convertir en tension est un montage à amplificateur
opérationnel appelé montage transimpédance. La figure A10-1 représente le schéma d’un montage
transimpédance. La photodiode génère un courant Ip qui circule à travers la résistance de contre-
réaction du montage Rf. Le potentiel sur l’entrée inverseuse de l’amplificateur opérationnel est nul
donc la tension de sortie Vt s’obtient par la loi d’Ohm en multipliant le courant de photodiode Ip avec
la valeur de la résistance de contre-réaction Rf (Eq. A10-1). La tension Vt est appelée tension du

I  ‹f `¦
transducteur.
(Eq. A10-1)

Figure A10-1 : Schéma du montage d’un circuit transimpédance

Pour identifier les sources d’erreurs sur la tension de sortie Vt, la photodiode et l’amplificateur
opérationnel sont remplacés par leurs circuits équivalents (figure A10-2). Dans ce cas, l’amplificateur
est remplacé par un amplificateur opérationnel idéal, un générateur de tension Vos et source de courant
Ib. Le circuit équivalent de la photodiode est une source de courant Ip montée en parallèle d’une
résistance Rs et d’un condensateur Cs. La première source d’erreur sur la tension de sortie est le
courant de biais Ib généré par l’amplificateur opérationnel lui-même. L’erreur de tension Ve1 qu’il
génère est proportionnelle à la résistance de contre-réaction Rf (Eq. A10-2). La seconde source

175
d’erreur est dû à la différence de potentiel entre les deux entrées de l’amplificateur opérationnel Vos.
L’erreur de tension Ve2 qu’il génère dépend de la résistance de contre-réaction Rf et de la résistance de
la photodiode Rs, qui est typiquement de l’ordre du gigaohm.
Pour diminuer les erreurs de tensions sur la tension de sortie, il faut choisir un amplificateur
opérationnel à faible courant de biais Ib (input bias current) et à faible différence de potentiel entre ses
entrées Vos (input offset voltage). La société Analog Devices propose l’amplificateur AD549 qui

X1  ‹f `e
répond à ce cahier des charges.
(Eq. A10-2)

X+  1  Z bc

(Eq. A10-3)
(

Figure A10-2 : Montage transimpédance en remplaçant la photodiode et


l’amplificateur opérationnel par leurs circuits équivalents

Nous venons de présenter un circuit électronique qui convertit l’intensité lumineuse en courant puis en
tension. Après avoir vu la réception du signal optique, nous allons nous intéresser à la génération et
l’injection de la lumière. Nous avons déjà constaté que la DEL ne peut être stabilisée en puissance que
sous certaines conditions très restreignantes (temps de chauffe et biais dû à la température). Comme la
stabilisation de la puissance émise par la DEL n’est pas possible, nous allons proposer un circuit de
normalisation du signal optique qui a également l’avantage de conditionner la réponse du capteur.

AX.2 Circuit de normalisation du signal optique et de conditionnement


La stabilisation de la puissance émise par la DEL est difficile à réaliser en régime transitoire.
En effet, même si le courant est stabilisé, pendant la période de chauffe de la DEL, la puissance émise
ne sera pas constante. Un montage basique d’alimentation est présenté en figure A10-3. Des montages
plus perfectionnés et plus appropriés seront nécessaires pour stabiliser le courant d’alimentation de la
DEL, tel un montage à miroir de courant. Pour tenir compte des fluctuations de puissance lumineuse
émise, on ajoute au montage un autre circuit transimpédance avec une photodiode placé à côté de la
DEL. La tension de sortie de ce circuit est appelé tension de référence Vr. En divisant la tension du
transducteur par la tension de référence, le signal du capteur est normalisé. Or, la tension du
transducteur est la somme de deux tensions : une composante continue qui correspond au signal du
transducteur dans son état initial et une tension qui correspond au phénomène physique que l’on veut
mesurer. Le capteur étant petit signal, l’information utile est difficile à extraire à cause de la forte
composante continue. Au lieu de simplement diviser les deux tensions, il est préférable de directement
conditionner le signal c’est-à-dire pour une plage de variation donnée du paramètre physique, le
capteur doit délivrer un signal dans une certaine plage de tension. Pour retirer la composante continue
de la tension du transducteur, on peut par exemple faire la différence entre la tension du transducteur

176
et la tension de référence avant de diviser le résultat par la tension de référence. La figure A10-4 est le
schéma d’un montage soustracteur. En choisissant des résistances de valeurs identiques, la tension de
sortie du montage est simplement la différence entre les deux tensions. L’équation A10-4 donne la
tension en sortie du montage en fonction des deux tensions d’entrée et des valeurs des résistances.
Pour faire la division de deux tensions analogiques, on utilise un multiplicateur analogique. Le
composant AD633JN de la société Analog Devices a cette fonction. Dans sa fiche technique, un
montage diviseur est proposé. Il est reproduit figure A10-5. On remarque que l’on a inversion du signe
de la tension. Pour compenser cela, il suffit d’intervertir les bornes du montage soustracteur.
H G" F "
W    
/ GF H I H I
(Eq. A10-4)

Figure A10-3 : Montage d’alimentation de la DEL

Figure A10-4 : Montage soustracteur

177
Figure A10-5 : Montage diviseur de tension
Les différents montages que nous avons présentés ne sont que des circuits intermédiaires de
l’électronique du capteur. La figure A10-6 représente le schéma du circuit proposé.

Figure A10-6 : Circuit électronique dédié au capteur

178
Annexe XI - Caractérisation optique et thermique des
fibres optiques
Pour simuler le comportement du transducteur en fonction de la température, il faut connaître
le comportement thermo-optique du cœur et de la gaine optique. Les indices de réfraction du cœur et
de la gaine optique évoluent avec la température. Le cœur étant supposé en silice pure, son coefficient
thermo-optique est connu. Dans la seconde partie de ce paragraphe, nous verrons que la détermination
expérimentale de l’ouverture numérique nécessite des mesures de puissance lumineuse et la
connaissance précise de l’ouverture numérique à une température de référence. Or, les indices de
réfraction dépendent de la longueur d’onde de la source. Avant de mesurer expérimentalement
l’ouverture numérique en fonction de la température, il faut déterminer l’ouverture numérique de la
fibre à une température donnée.

AXI.1 Détermination de l’ouverture numérique des fibres optiques


L’ouverture numérique d’une fibre optique détermine son cône d’acceptance c'est-à-dire que
tout rayon lumineux dont l’angle d’inclinaison par rapport à l’axe optique est inférieur au demi-angle
au sommet de ce cône subit des réflexions totales sur l’interface cœur/gaine optique. L’ouverture
numérique ON de la fibre optique est directement reliée au demi-angle au sommet θ du cône (Eq. A11-
1). La mesure de cet angle est difficile par une méthode directe. Lorsque l’on place à quelques
centimètres de l’extrémité de la fibre optique un écran de projection, la figure que l’on observe est de
symétrie circulaire avec une intensité décroissante à partir du centre. Sa forme ressemble à la fonction
gaussienne. La figure A11-1 est une coupe radiale de la figure observée à l’analyseur de faisceau. Or,
cette figure, en raison de la diffraction, il n’y a pas de rupture nette dans la courbe pour définir le
diamètre du faisceau. Dans ce cas, il faut fixer un critère. Nous avons choisi de définir le diamètre
comme la largeur à mi-hauteur de la courbe. La détermination du diamètre seul ne suffit pas pour
calculer θ. La connaissance de la distance entre l’extrémité de la fibre et la puce CCD de l’analyseur
de faisceau permet le calcul de θ grâce à une formule trigonométrique. Or, la mesure de cette distance
n’est pas facile c’est pourquoi nous avons choisi de déterminer le diamètre du faisceau en mesurant
deux fois le diamètre du faisceau (D1, D2) à deux endroits espacés d’une distance e (Eq. A11-2, fig
A11-2). Expérimentalement, l’analyseur de faisceau a été monté sur une platine de déplacement pour
effectuer ces deux mesures pour chaque fibre optique. Cette série de mesures nous a permis de
déterminer les ouvertures numériques des deux fibres utilisées pour notre source lumineuse à une
température de 20°C.
Fibre optique Ouverture numérique
HCL200 (silice/silice) 0,2264
HCP200 (silice/polymère) 0,3683
Tableau A11-1 : Ouverture numérique des fibres optiques à 20°C

ÍÎ  sinÁ
tanÁ 
;/ 9;H
(Eq. A11-1)

+X
(Eq. A11-2)

179
Figure A11-1 : Profil radiale du faisceau en sortie de fibre optique
mesuré à quelques millimètres de l’extrémité de la fibre optique
(Profil d’intensité mesuré par un analyseur de faisceau)

Figure A11-2 : Détermination de l’ouverture numérique de la fibre optique


par la détermination du diamètre du faisceau en deux altitudes séparées
de la distance e

AXI.1 Détermination expérimentale des coefficients thermo-optiques des


gaines optiques
Le coefficient thermo-optique α d’un matériau est la dérivée de l’indice de réfraction n du
matériau par rapport à la température T (Eq. A11-3). Le cœur des deux fibres optiques utilisées est en
silice, matériau dont le comportement a largement été étudié (αSi=1,4477.10-5 K-1). En revanche, les
coefficients thermo-optiques des gaines optiques ne sont pas connus. La détermination de l’ouverture
numérique des fibres en fonction de la température permet alors de calculer le coefficient thermo-
optique en fonction de la température. La méthode que nous avons utilisé pour déterminer l’ouverture
numérique des fibres à température ambiante est longue et nécessite plusieurs étapes : acquisition des
images, déplacement de l’analyseur de faisceau et dépouillement des données. Il est plus aisé de
mesurer la variation l’intensité lumineuse à la sortie de la fibre optique et de la relier à la variation de
l’ouverture numérique.
Le diagramme d’émission d’une DEL réelle présente quasiment un palier unitaire pour les faibles
angles d’émission (entre 0 et 15°) c'est-à-dire que n’importe quel rayon lumineux émis dans l’axe

180
optique de la DEL ou légèrement incliné par rapport à celui-ci portera la même énergie. Les rayons qui
entrent dans la fibre optique ne sont quasiment pas atténués si leur angle d’inclinaison est inférieur au
demi-angle au sommet du cône d’acceptance de la fibre optique θ (figure A11-2). La transmission
quasi-totale des rayons d’angles d’inclinaison par rapport à l’axe optique inférieurs à θ et le fait que
chaque rayon véhicule la même quantité d’énergie permettent de relier linéairement l’angle solide du
cône d’acceptance Ω (Eq. A11-4) de la fibre optique à l’intensité lumineuse mesurée en sortie de fibre.
L’ouverture numérique est reliée à θ par l’équation A11-1. Pour une ouverture numérique de 0.22, θ
vaut 12°. Comme les angles sont petits, en remplaçant les fonctions trigonométriques par leur
développement limité au second ordre, on obtient une relation reliant le carré de l’ouverture numérique
ON à l’angle solide du cône d’acceptance Ω de la fibre optique (Eq. A11-5). L’intensité lumineuse P

αT 
°
en sortie de la fibre optique est donc proportionnelle au carré de l’ouverture numérique (Eq. AXI-6).

ž
Ω  2^1  cosÁ
(Eq. A11-3)

ÍÎ + N h
Ÿ
(Eq. A11-4)
(Eq. A11-5)

N
y 5Ú/ 
y  5Ú/ 
(Eq. AXI-6)
Le coefficient thermo-optique de la silice peut être considéré constant avec la température sur la plage
[-100 200°C]. On fait l’hypothèse que les coefficients thermo-optiques des gaines optiques le sont
également. Cette hypothèse sera vérifiée par l’expérience. L’expression de l’ouverture numérique est
développée en équation A11-7 pour faire apparaître les coefficients thermo-optiques. Comme les
coefficients thermo-optiques des matériaux considérés sont faibles (~10-5 K-1), les termes où
apparaissent les carrés des coefficients thermo-optiques sont négligés. En injectant l’expression
simplifiée de l’ouverture numérique fonction de la température dans l’équation A11-6, on obtient une
relation entre l’intensité lumineuse P(T), la température T, les coefficients thermo-optiques des
matériaux de la fibre optique (αco et αgo) et les caractéristiques de la fibre à une température de
référence T0 (P(T0), nco(T0) et ngo(T0)). Si le coefficient thermo-optique est constant avec la température
sur la plage considérée, la courbe de l’intensité lumineuse en fonction de la température est une
fonction affine (Eq. A11-8). Le coefficient thermo-optique de la gaine optique αgo (Eq. A11-9) est
calculé à partir : des indices de réfraction du cœur et de la gaine optique à la température de référence
T0 (nco(T0) et ngo(T0)), du coefficient directeur de la courbe Cd, du coefficient thermo-optique du cœur
αco supposé connu et valant 1,4477.10 K-5 [Remouche, 2001] et de l’ouverture numérique de la fibre

ÍÎ +   -r + 
 qr + 
optique à la température de référence (ON(T0)).

+ +
 -r    -r       qr    qr    
N -r   
+
qr   
+
2     -r -r    qr qr  

N Íβ   2     -r -r    qr qr  


(Eq. A11-7)

N1
y +9 6Ë L6Ë  9ÌË LÌË  
y  5Ú² 
N 1  T   
(Eq. A11-8)

N
6Ë L6Ë   5Ú² 
qr  T +L
LÌË   ÌË  
(Eq. A11-9)
Le montage expérimental de détermination de l’ouverture numérique en fonction de la température
(figure A11-3) est constitué de la source fibré avec une longueur de fibre de 2 m alimentée par un
générateur de courant et d’une photodiode montée sur un circuit transimpédance. Seule une partie de
la fibre optique subira un changement de température. La chaîne de mesure reste à température

181
ambiante. La partie de la fibre optique subissant le changement de température est enroulée 2 tours et
demi autour d’un cylindre de rayon 50mm. La courbure ne provoque que peu de perte lumineuse dans
cette partie de la fibre optique vue le rayon de courbure. Cet élément permet d’accélérer l’atténuation
des rayons qui ne subissent pas une réflexion totale. Si l’ouverture numérique augmente, certains
rayons ne sont plus atténués car leur angle d’inclinaison par rapport à l’axe optique est devenu
inférieur au nouvel angle limite de réflexion total. Les pertes diminuent et donc le taux de transmission
augmente. Remouche [Remouche, 2001] a démontré, lors de ses expérimentations que pour un rayon
de courbure supérieur à 50mm, les modifications d’indice dues à la courbure sont négligeables et seuls
les effets thermiques interviennent.
La figure A11-4 représente l’intensité lumineuse mesurée à sortie de la fibre optique HCL200,
normalisée par rapport à la puissance à 20°C, en fonction de la température. Comme la courbe est
linéaire, le coefficient thermo-optique de la gaine optique en silice est constant et vaut 1,451.10-6K-1.
Pour la fibre HCP200 dont la gaine optique est en polymère dur, on observe également une fonction
affine mais au-delà de 45°C, le coefficient directeur diminue jusqu’à ce que la réponse se stabilise
avec la température. Pour des températures inférieures à 45°C, le coefficient thermo-optique du
polymère dur est constant et vaut -1,2.10-5K-1. Vu que l’ouverture numérique se stabilise pour des
températures supérieures à 45°C, cette fibre optique ne pourra pas être utilisée pour des mesures à des
températures supérieures à 45°C. L’intérêt de choisir une fibre optique dont le coefficient thermo-
optique de la gaine optique est négatif permet d’avoir une variation importante de l’ouverture
numérique avec la température et donc d’augmenter la sensibilité du capteur.

Figure A11-3 : Montage expérimental pour la détermination du


coefficient thermo-optique des gaines optiques

182
Figure A11-4 : Intensité lumineuse normalisée par rapport à l’intensité lumineuse
à 20°C en fonction de la température pour la fibre HCL200

183
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