Melon Contresaison

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Production integree du melon cantaloup a contre-saison

en Afrique de l'Ouest, a l'aide de voile non tisse

R fROISSART Production integree du Integrated production of Producci6n integrada del


Laboratoire de phytomorphologie melon cantaloup a out of season cantaloupes melon'cantaloup'fuera de
Ecole pratique des hautes contre-saison en Afrique in West Africa. la estaci6n normal en
eludes
16, rue Bufton
de l'Ouest. Africa del Oeste.
75005 Paris
RESUME ABSTRACT RESUMEN
France
Au Senegal, le melon, espece non In Senegal, cantaloupe, a non En el Senegal el melon, especie
M GERARD panhenocarpique er srricremem parthenocarpic and strictly no partenocarpica y estricta.meme
Projet GCP SEN 033 BEL emomophile, est soumis a des entomophilous cucurbit, is subjected emomofila, esra muy atacado par
FAOR attaques imporrantes d'insectes. to severe arracks from sap-sucking los insectos. La utilizacion de W1 velo
BP 3300 L'urilisation d'w1 voile non tisse a insects and cucurbit fruit flies. We sin tejer fue comprobada sabre dos
Dakar ete testee sur deux facteurs touchant evaluated the use of a spW1bonded facrores tocantes a la produccion :
Senegal la production : aspect phytosanitaire row cover with regard to both pest aspecro firosanirario y polinizacion.
et pollinisation. Quatre traitements, management and pollination. Four Cuatro rratarnientos, diferentes por
BE VAISSIERE differant par Jes techniques de pose different treatments were compared: !as recnicas de instalacion de! velo
Laboratoire de pollinisation
du voile (a plat ou en rwrnel) et par use of the spun bonded row (de piano o en tW1el) y por la
entomophile
la duree de la protection des cultures, covers placed directly onto the duracion de la proteccion de los
Unite de zoologie INRA
Site Agroparc am ete compares a W1 remain laisse plants or in small tunnels with a cultivos, fuero.n comparados a Lma
84914 Avignon cedex 9 a !'air libre. Toures Jes parcelles om multiple entrance hive or an open muesrra dejada al ai.re libre. Todas la
France m;u des traitements prevemifs de end ro allow pollination, and the parcelas recibieron tratarnientos
fongicides, mais seulemem certaines duration of protection lasting until preventivos de fungicidas, pero solo

Rer;u : mars 1995


d'entre elles ont rec;u des the onset of fruiting or for 20 days alg=as de ellas recibieron

Accepte :janvier 1996


pulverisations d'insecticides. Les afrerwards. All plants were sprayed pulverizaciones de i.nsecticidas. Las
parcelles debachees a la mise a fruit wicl1 fungicides as reeded, but only parcelas desemoldadas despues de la
ant donne des resultats peu the plants in the open or those with fructificacion (proteccion flsica corta)
satisfaisants. Les parcelles debachees the cover removed were treated with dieron resultados poco satisfactorios.
21 jours plus rard om donne les insecticides. Chemical protection Las parcelas con proteccion flsica mas
productions Jes plus interessantes : alone was W1satisfactory. The closed larga son !as mas interesantes: 0,97 kg
0,97 kg de fruits exporrables/plame tW1nels with pollination provided by de frutas exportables/planra para los
pour Jes culrures sous twrnels de voile a multiple-entrance hive gave the best cultivos bajo tW1eles de velo cerrados
fermes et pollinises par W1e ruche, et results: 0.97 kg/plant of y polinizados por W1a colmena, y
0,56 kg pour celles sous twrnels export-grade fruit. An opening at 0,56 kg para !as de los tW1eles abiertos
ouverts a W1e extremire et laisses en one end of the runnels maintained a W1a extremidad y dejados en
pollinisation libre. Seuls ces deux a significant level of protection poli.nizacion libre. Unicamente
derniers trairements ont permis de from insect pests and yielded esros dos ultimos tratamiemos
degager une marge brute positive. 0.56 kg of export-grade fruit per permitieron liberar un beneficio
plant. These two treatmems were bruto positivo.
the only ones which were
economically profitable.

Fruits, 1995, vol 50, p 359-374


© Elsevier, Paris MOTS CLES KEYWORDS PALABRAS GLAVES
Cucumis melo, Senegal, Jutte Cucumis melo, Senegal, Cucumis melo, Senegal, lucha
integree, culture sous abri, integrated control, protected integrada, cu!tivo protegido,
materiel de protection des cultivation, plant protection equipo de proteccion vegetal,
plantes, pollinisation, virose, equipment, pollination, polinizacion, virosis, insectos
insecte depredateur des fruits. viroses, fruit damaging insects. depredadores de los frutos.

Fruits, vol 50 (5) 359


FROISSART ET AL

introduction 3 a 7 jours, le melon n'atteinr, lui, sa marurire que


45 jours en moyenne apres l'anrhese (0DET,
1991). Comme les mouches des cucurbiracees
Au Senegal, la culture du melon cantaloup,
pondent leurs ceufs clans les jeunes fruits d'un
Cucumis melo L, doit faire face a d'importants
diametre inferieur a 8-10 cm (APPERT et DEUSE,
problemes phyrosanitaires pendant le developpe­
1982), le fair de decouvrir les cultures de melon
ment des plantes et la croissance des fruits. Les
au Senegal rendrait alors les jeunes fruits vulne­
pucerons (Aphis gossypii Glover ; Homoptera : -
rables aux attaques des mouches des cucur­
Aphididae), l'aleurode (Bemisia tabaci (Genna­
bitacees.
dius) ; Homoptera : Ale urodidae), la mouche
mineuse (Liriomyza trifolii (Burgess) ; Diptera : Outre le contr6le de !'infestation des planres,
Agromyzida e), et les viroses que transmettent ces l'activite pollinisatrice des abeilles domesriques
insecres, peuvent reduire considerablement la est egalement un parametre important pour la
vigueur des planres. De plus, les pontes des production de melon (FREE, 1993) ; l'efficacire
mouches des cucurbiracees (Dacus ciliatus (Loew) de ces insectes, resree sur des cultures protegees
et Dacus vertebratus (Bezzi); Diptera: Tephritidae) par un voile non tisse, n'avait pas ere etudiee
clans les jeunes fruits peuvent entrainer des pertes jusqu'a present.
superieures a 60 % de la recolte (COLLINGWOOD Ces deux facteurs, protection phyrosanitaire des
et al, 1984). La maitrise de ces problemes est done plants et pollinisation de leurs fleurs, etroitement
essentielle pour la rentabilire de la culture, et la Jies a Ja production du melon, Ont done ete
recherche de solutions presence un grand inreret analyses conjoinrement !ors de !'experimentation
economique pour le Senegal qui voudrair aug­ mise en place; cela a permis de tester l'efficacire
menter cette production pour l'exportation de !'utilisation d'un voile non risse comme moyen
(Direction de !'Agriculture, Dakar). de production integree du melon a contre-saison
Dans le conrexte d'une lucre inregree, la protec­ au Senegal.
tion des cultures par un voile non risse pourrait
constituer une technique interessante a develop­
per, ou inrervenir en complement de la lune materiel et methodes
chimique classique, comme l'onr deja monrre des
l'.essai a ere realise clans une parcelle experimen­
essais sur courgette Cucurbita p epo (NATWICK et
rale de l'Institur senegalais de recherche agricole
al, 1988; FAOUZI etal, 1993; REYD etal, 1993)
(ISRA) au Centre pour le developpement de
et sur melon (PERRING et al, 1989). Ces cucur­
!'horticulture (CDH). Ce centre est sirue sur la
bitacees ne sont pas parthenocarpiques sans
presqu'ile du Cap-Vert, clans la region des Niayes
application d'hormones exogenes, et elles sont,
a Camberene (14° N, l 7 ° W, deparrement de
par ailleurs, srrictement enromophiles (FREE,
Dakar). l'.experimentation s'est deroulee durant
1993). Des !ors, la protection des planres pendant
la saison seche de novembre 1993 a mars 1994.
la floraison pisrillee pose le probleme de la polli­
La protection physique des planres a ere assuree
nisation pour obtenir une production fruitiere
par un voile non risse en polypropylene Agryl P 17
sarisfaisanre (GAYE et al, 1991). Dans les erudes
Plus (Fiberweb-France, Biesheim, F). Ce voile
deja cirees, Jes voiles etaient generalement retires,
blanc est constirue d'une nappe de filaments
du mains pendant la journee, des l'ouverture des
premieres fleurs pistillees, afin de permeme aux d'environ 20 a 25 µm d'epaisseur (REYD, 1993).
abeilles d'acceder librement aux cultures et done
d'effectuer un transfert efficace de pollen. Cepen­ dispositif de production integree
dant, ce retrait de la protection enrra1ne une
Un schema experimental complerement rando­
rapide infestation des planres par des insectes
mise, avec cinq rrairemenrs er deux repetitions par
phyrophages souvent vecreurs de viroses, et les
traitement, a ere utilise et chaque repetition etait
rendemenrs s'en trouvent reduits (NATWICK etal,
consriruee d'une parcelle experimentale de
1988; REYD et al, 1993).
50 planres. Les parcelles (26 m x 1,3 m) etaient
Par ailleurs, si, selon la saison, la croissance d'une espacees de 0,7 m et comprenaient un rang de
courgette de taille commerciale ne demande que planres espacees de 0,5 m (une planre/m2 ).

360 Fruits, vol 50 (5)


PRODUCTION DU MELON CANTALOUP EN AFRIQUE

Deux parcelles constituant le traitement temoin routes Jes parcelles a 33, 34, 35, 37 et 39 jours
Ont ere laissees a !'air libre. Les parcelles des quatre apres la plantation. Durant Jes 3 premiers jours
autres traitements Ont ete protegees avec un voile d'observation, le nombre de plantes avec au moins
non risse; les modalires adoptees pour ces protec­ une f!eur pistillee epanouie a ere semblable, quel
tions sont presentees sur la figure 1 : pour deux que soit le traitement considere. Lors des comp­
des traitements proteges, la couverture des plants rages effectues aux deux dernieres dates, ces effec­
a ete maintenue jusqu'a la mise a fruit (protection tifs one ere homogenes pour Jes planres des rrai­
physique courte), pour les deux autres, elle a ete tements avec protection (que le voile soit pose a
prolongee de 20 jours au-dela de ce stade (pro­ plat OU dispose en tunnel), et superieurs a ceux
tection physique longue). Les traitements a« pro­ du temoin. Le developpement des plantes placees
tection physique courte » ont differe par la techni­ sous voile est done plus rapide que celui des
que d'installation du voile : clans le traitement « a plantes laissees a !'air libre. Pour tenir compte de
plat », le voile a ete pose directement sur Jes cette observation, par ailleurs coherence avec Jes
plames, clans le traitement « tunnel », ii a ere resultats de R.EYD et al (1993), et pour demarrer
dispose en tunnel de 0,7 m au fa1tage. Les traite­ la pollinisarion a un stade homogene, Jes insectes
ments a « protection physique longue » ont eu pollinisateurs n'ont eu acces aux f!eurs des plantes
tous deux un voile dispose en tunnel ; ils ont protegees que lorsqu'au moins 20% d'entre elles
differe par la conduite de la pollinisation : ces ont eu une f!eur pistillee epanouie. Cette etape a
traitements, nommes traitement « ruche » et trai­ eu lieu 40 jours apres la plantation ; au cours de
tement (( decoupe a une extremite », sont presen­ I'essai preseme, le 41e jour apres plantation a done
ces clans la suite du texte. ete adopte comme premier jour de la mise a fruit
La premiere f!eur hermaphrodite epanouie a ere (jour j), sauf mention expresse du contraire.
observee 31 jours apres la plantation. A partir de Au crepuscule du jour j - 1, Jes voiles des deux
cette date, Jes plantes ayant au moins une fleur traitements a « protection physique courte » ont
hermaphrodite epanouie Ont ete denombrees sur ete retires, et un pan du voile des tunnels consti-

Temoin avec protection


chimique uniquement
Protection physique assuree
par un voile non tisse

(( temoin »

Couverture pendant 20 jours Couverture seulement jusqu'a


apres la mise a fruits la mise a fruit (pollinisation libre,
(aucun traitement insecticide) puis protection chimique)

"protection physique longue" "protection physique courte"

Figure 1
Diagramme synoptique de
presentation des cinq types
Tunnel de voile Tunnel de voile Voile pose de protection chimique ou
Tunnel
avec ruche a entrees ouvert a une directement physique testes pour la
de voile
multiples installee extremite a sur les plantes culture du melon au Senegal.
a la mise a fruit la mise a fruit Les noms entre guillemets
"a plat" "tunnel" renvoient aux libe//es des
"ruche" "decoupe a une extremite" traitements, tels qu'ils sont
utilises dans le texte.

Fruits, vol 50 (5) 361


FROISSART ET AL

tuant l'un des rrairements« a protection physique parcelles a « protection physique courre » one eu
longue )) a ere decoupe a une exrremire, afin de six pulverisarions (deux d'Endosulfan er quarre
donner une voie d'acces aux insecres pollinisa­ de Delramerhrine), er Jes parcelles a « protection
reurs (trairement (( decoupe a une exrremite »). physique longue » n'one rec;:u aucun rrairement
Les runnels du second trairement de « protection insecticide. Afin de controler Jes maladies fongi­
physique longue » ont ere maintenus fermes er, ques (o'idium, mildiou), routes Jes parcelles,
pour la pollinisarion des planres, on a mis en place, qu'elles soienc proregees ou non, one rec;:u 16 pul­
dans chacune des deux parcelles concernees, une verisarions de solutions fongicides (2 de Mera­
ruche de rype Dadant peuplees d'abeilles domes­ laxyl er Mancozebe, 2 de Chlororhalonil, 5 de
riques d'Afrique de I'ouesr (Apis me!!ifera adanso­ Tridemorphe, 2 de Foseryl-Al, 4 de Manebe, 1 de
nii Lat), ayanc plusieurs encrees dirigees soir vers Chinomerhionare) pendant I'experimentation.
l'incerieur des runnels, soir vers l'exrerieur (rraire­ Les applications effecruees dans ce cas eraienc
menc « ruche »). Ces deux derniers rrairemencs a aussi bien preventives que curatives.
(( protection physique longue )) one ere debaches
a parrir du moment ou Jes fruits ne presencaienc
plus le risque d'etre arraques par Jes mouches des
releves phytosanitaires
Dans Jes parcelles des rrairements a « protection
cucurbitacees ; ce Stade a ete considere comme
physique longue », l'acces aux plances sous voile
arreinc lorsque rrois fruits par planre, en moyenne,
erair necessaire pour effectuer certaines mesures
one atteint 8 a 10 cm de diamerre (APPERT et
permettant d'evaluer le taux de pollinisation. Or,
DEUSE, 1982), soir 21 jours apres le jour j.
le fair de decouvrir ces planres pouvair conduire
a des infestations d'insecres er de maladies qui
conduite culturale auraienr biaise I'analyse des resulrars faire ulrerieu­
Le precedent culrural de I'essai erair une jachere rement. Pour pallier cela, chaque parcelle experi­
inondable pendant la saison des pluies. La variere mencale a ere divisee en deux parries de superficie
de melon" Diamex" (obrention France-Graines, egale (12,5 m x 1,3 m) ; l'une (A), ponctuelle­
La Menirre, F), andromono·ique, a ere rerenue. menr decouverre, a ere affecree aux mesures qui
Les graines one ere semees er laissees en pepiniere necessiraienc l'acces aux plances, er l'aurre (B),
sous voile jusqu'a leur mise en place dans Jes done la protection a ere maincenue rout au long
parcelles, 37 jours plus tard, lorsque Jes plances de I'experimentation, a permis d'effectuer les
avaient arreint le srade de deux feuilles vraies. mesures phyrosaniraires er agronomiques; l'arrri­
I..:axe principal a ere raille au-dessus de ces burion d'un rype (A) ou (B) aux deux sous-par­
deux feuilles jusre avant la plantation, er Jes celles d'une meme parcelle a ere faire de fac;: on
pJantes Ont ete conduites a plat Sur deux bras et alearoire (fig 2, photo 1).
sans raille ulrerieure. Les parcelles des rrairemencs Dix plances d'aspect normal onr ere reperees dans
avec protection de voile 11011 tisse Ont ete recou­ chaque demi-parcelle (B) pour determiner leur
vertes immediarement apres la plantation. L:irri­ rendement individuel en fruits. Pour le rraitement
garion a ere realisee a la raie. Les apporrs d'engrais (( decoupe a une extremire », ces dix planres ont
ont ere calcules selon 0DET et MUSARD (1989). ere choisies dans une zone siruee au-dela de 5 m
Les fumures de fond minerale (phosphogypse, de I'ouverrure, er des observations Ont ere realisees
parentkali, sulfare de magnesie, phosphate diam­ a partir de l'extremite ouverre pour deceler un
monique) er organique (fumier de cheval) ont ere evencuel gradient d'infesrarion.
incorpores 23 jours avant la plantation. Une
Les premiers releves phyrosaniraires one ere reali­
fumure de couverture (10/10/20 et uree) a ere
ses a la mise a fruit, sur Jes demi-parcelles (A) er
apporree 27 jours er 58 jours apres la plantation.
(B) du remoin et des rrairemencs a « protection
Les parcelles ont rec;:u des rrairemencs chimiques physique courre », jusre apres leur debachage
appliques avec un pulverisareur a dos. Pendant la (40 plances par rrairemenc). Apres le debachage
duree de l'essai, Jes parcelles remains one rec;:u des rrairemenrs a« protection physique longue »,
11 pulverisations de solutions d'insecricides des releves similaires onr ere fairs sur Jes demi-par­
(5 d'Endosulfan, 1 de Merhamidophos, 1 de celles (B) de ces rraitemenrs et du remoin
Chlorpyriphos-erhyl et 4 de Delramerhrine) ; Jes (20 plantes par rrairemenr).

362 Fruits, vol 50 (5)


PRODUCTION DU MELON CANTALOUP EN AFRIOUE

Generalement, Jes piqures des insectes piqueurs­ mouches mineuses sont facilement reperables a
suceurs provoquent des symptomes de recroque­ I'oeil nu. Pour evaluer les attaques des insectes
villement partiel de la feuille (APPERT & DEUSE piqueurs-suceurs et des mouches mineuses, deux
1982). Dans Jes Niayes, Jes insectes piqueurs­ comptages Ont ete effectuees, qui ont porte Sur :
suceurs pouvant exercer une pression parasitaire - le nombre de feuilles par plante, touchees par
importante sont Jes aleurodes Bemisia tabaci et Jes ces symptomes de recroquevillement ;
pucerons Aphis gossypii (COLLINGWOOD et al, - le nombre de galeries des larves par plante, sur
1984). Les galeries sinueuses des larves de !'ensemble du couvert vegetal.

B A
�0, 5m

filQ3=fil

...
D 11111111111� I I I I I I I I I I I 111111111111111 :� 11111111111 Id
26 m Figure2
Pan de voile Dispositif experimental de
Temoin avec protection chimique uniquement coupe a la /'essai permettant de comparer
mise a fruit cinq types de protection

L.l::::L..ll Tunnel de voile avec ruche Protection physique longue chimique ou physique testes
}
Tunnel de voile ouvert a une extremite (voile retire 21 j apres la mise a fruit) pour la culture du melon au
Senegal. Les demi-parcelles (A)
[DID
· ant permis de suivre la
.· .· ..· .· : .· ·l V oile pose directement sur les plantes } Protection physique courte
(voile retire la mise fruit) pol/inisation (voile re/eve /ors
F. .
·
• Tunnel de v 0 11 e a a
des mesures) ; les
demi-parcelles (BJ ant donne
� Brise-vent naturel (ma'i's) lieu aux mesures de type
• Colonie d'abeilles dans ruche a 3 entrees phytosanitaire et agronomique
Raie d'irrigation
(protection laissee en place
jusqu'au debachage).

Fruits, vol 50 (5) 363


FROISSART ET AL

Photo 1
Vue generale de l'essai sur
l'etude de differents types de
protection d'une culture de
melon au Senegal.

Les caches d'o·idium d'un diamecre superieur ou vrilles et de la feuille rattachees au pedoncule,
egal a 3 mm, ainsi que les aleurodes et les tegument du melon legerement cireux et odeur
pucerons, ont aussi ere denombres sur dix feuilles caracteristique). Le nombre de fruits recolces pour
par plante !ors de la premiere observation, puis chacune de ces plantes ainsi que la date de recolte
sur 20 feuilles par plante !ors de l'observation et le poids de chacun de ces fruits ont ete releves.
suivante a j + 21.
Les mouches des cucurbitacees pondent leurs
Apres le dernier jour de recolte, soit 101 jours ceufs sous le regument des jeunes fruits. Quand
apres la plantation, periode qui permettait aux les larves commencent a se developper, la zone
sympt6mes d'avoir eu le temps de s'exprimer autour des trous de ponce se ramollit et brunit
pleinement, Jes plantes presentant des sympt6mes sous l'action de micro-organismes qui provo­
de viroses et les plantes morres one ere comptabi­ quent la decomposition de la chair du melon
lisees. Pour ce comptage, routes les parcelles, soit (APPERT et DEUS£ 1982). Les fruits des dix
100 plantes par traitement, one ete observees. plantes experimentales etudiees, qui presentaient
Puisque les demi-parcelles (A), done les tunnels ces traces caracteristiques d'infestation sur leur
one ere ouverts quotidiennement entre j et j + 10, tegument, ont ete denombres (photo 2).
one egalement ere prises en compte, le denom­
brement effectue a pu surestimer les resultats Enfin, les fruits recolces one ere evalues en fonc­
obtenus pour le taux de plantes atteintes clans tion de certaines caracteristiques aptes a condi­
les traitements a « protection physique lon­ tionner leur devenir commercial. Les melons pre­
gue ». sentant des marbrures vertes, ou n'ayant pas de
cotes distinctes et contrastees, sont classes comme
viroses. Ces melons, ainsi que ceux qui sont
production fruitiere fendus ou attaques par Jes mouches des cucurbi­
Chaque jour, Jes fruits des dix plantes experimen­ tacees, ne sont pas commercialisables. Seuls les
tales, reperees dans les demi-parcelles (B) au debut fruits sains pouvant etre vendus soit sur le marche
de l'essai, one ete recoltes en s'appuyant sur les local (poids du fruit superieur a 0,3 kg), soit Sur
criteres usuels de maturite (dessechement des un marche d'exportation (poids compris entre

364 Fruits, vol 50 (5)


PRODUCTION DU MELON CANTALOUP EN AFRIQUE

Photo 2
Sympt6mes de l'attaque de

Dacus spp sur melon au


mouches des cucurbitacees

Senegal.

0,4 kg et 0,75 kg), Ont ete consideres comme variables exprimant des proportions ont subi une
ayant une valeur commerciale. transformation arc- sinus '1 et c'est le logarithme
Pour evaluer la qualite des fruits, chacun de ces du « nombre de caches d' o'idium / plante » qui a
melons commercialisables a ere coupe en deux ere considere (SOKAL et ROHLF, 1981).
selon un plan equatorial ; la fermete de leur chair Les associations entre parametres qualitatifs ont
a ere mesuree avec un penetrometre (Euromatest ere analysees en utilisant des tests de G quand ii
Simco, Croisy-sur-Seine, F) et leur teneur en y avait au moins cinq observations attendues par
sucre evaluee avec un refractometre portable (Bel­ cellule (SOKAL et ROHLF, 1981). Lorsque des
lingham & Stanley, Tunbridge Wells, Royaume­ cellules avaient un effectif attendu inferieur a 5,
Uni). la probabilice significative (P) a ere calculee par
des tests de Monte-Carlo sur 10 OOO essais
Le poids moyen d'un fruit et le rendement moyen
(ENGELS, 1988a et b). Les moyennes sont rap­
par plante ont ete calcules sur la base des fruits
portees avec leur erreur standard (ES) et les effets
consideres comme commercialisables, recoltes
Ont ete consideres comme significatifs, Jorsque
sur Jes dix plantes experimentales reperees au
leur probabilite significative etait inferieure OU
debut de l'essai clans chaque demi-parcelle (B).
egale a 0,05, sauf mention expresse aurre faire
clans le texte. Les analyses Ont ete realisees a !'aide
analyse statistique du logiciel SYSTAT (WILKINSON, 1989).
C analyse statistique a ere faire en utilisant les
techniques habituelles d' analyse de variance, clans
l' hypothese d'une distribution normale pour
• resultats
routes les variables continues considerees. Pour
stabiliser la variance entre les groupes, certaines contr61e phytosanitaire
variables Ont ete analysees apres transformation.
Ainsi, la variable discrete « nombre de feuilles / attaques de ravageurs
plante, avec sympt6mes de recroquevillement » a Au cours de I' essai, aucun aleurode ni puceron n' a
ere transformee en prenant sa racine carree, les ete repere. Cependant, certains des traitements

Fruits, vol 50 (5) 365


FROISSART ET AL

testes ont eu un effet significatif sur le nombre de attaques fongiques


feuilles presentant des sympt6mes de recroque­
Au jour j, soit 41 jours apres la plantation, certains
villement. Au jour j, une moyenne de 1,32 ± 0,24 traitements ont eu un effet significatif sur le taux
feuilles / plante-temoin presentaient des recro­ d'infestation de l'o'idium, et Jes plantes des par­
quevillements, alors que, pour Jes traitements ou
celles temoins, avec une moyenne de 0,8 ± 0,4
Jes plantes avaient ete prealablement protegees,
tache / feuille bien developpee, presentaient
quelle que soit la disposition du voile (pose ou en
significativement plus de taches blanches sur leurs
tunnel) , cette moyenne n' a ete que de 0,31 ± 0,08 feuilles que celles des parcelles traitees; Jes plantes
feuille touchee / plante. A j + 21, aucune feuille ayant beneficie d'une (( protection physique courte ))
des plantes du traitement « ruche » ne presentait
presentaiem une moyenne de 0,026 ± 0,014
de signe de recroquevillement. Les plantes du
tache d'o·idium / feuille et la position du voile n'a
traitement (( decoupe a une extremite », tout
pas eu d'influence sur le degre d'infestation
comme celles des plantes temoins, ont donne en
(p = 0, 50, fig 3). Les premieres taches observees
moyenne 0,60 ± 0,27 feuille recroquevillee / sur les plames protegees par Jes voiles des traite­
plante. ments a « protection physique longue » sont ap­
Au jour j, aucune galerie de mouches mineuses parues a j + 4, soit 45 jours apres plantation. A
n'a pu etre observee sur le feuillage des plantes j + 21, I'expansion du champignon sous les tun­
protegees par le voile non tisse. A j + 21, 90 % nels etait telle que le voile n'avait plus d'effet
des plantes temoins avaient des galeries avec une significatif par rapport au temoin (p = 0,257), la
moyenne de 4, 5 ± 0, 5 galeries / plante, alors que, moyenne sur les uois traitements (temoin + deux
quelle que soit la disposition du voile, il n'y avait traitements a « protection physique longue ») e­
Figure 3 aucune galerie sur Jes plantes des traitements a tant alors de 3,4 ± 0, 5 taches d'o·idium / feuille
Effets de differents types de « protection physique » . (fig 3) .
protection des cultures sur
/'infestation des plantes Le nombre de plames se dessechant en quelques
de melon par oidium au jours a varie selon les traitements (p = 0,012) . Les
Senegal (jour j = premier jour
de la mise a fruit). premiers fletrissements de plantes Ont ete notes
61 jours apres la plantation (j + 21) . En fin de
recolte, les traitements les plus touches Ont ete
ceux a « protection physique courre » (23 %),
quelle que soit la position du voile (fig 4) . Cagent
pathogene Pythi um spp a ete identifie par le
laboratoire de phytopathologie du CDH, dans le
systeme racinaire de ces plantes dessechees.

viroses
La repartition des plantes presentant des symp­
t6mes de viroses a ere tres heterogene d'un traite­
ment a l'autre (p = 0,004) . Pres d'un tiers des
plantes temoins se sont revelees infectees
(30 ± 8 %), et cette valeur a ete la plus elevee de
tous Jes traitements (fig 4) .
41 j apres plantation Uour j ) 6 2 j apres plantation Uour j )
Date d'observation
production fruitiere
1111 Temoin avec protection chimique uniquement
Les conditions climatiques de la saison 1993-
Voile pose directement sur les plantes Protection physique courte 1994 Ont ete dans Jes normales saisonnieres de la
}
Tunnel de voile (voile retire au jour j)
region ; de ce fait, Jes resultats agronomiques
Tunnel de voile avec ruche Protection physique longue obtenus !ors de cette etude peuvent etre conside­
} (voile retire 2 1 j apres le jour j)
ITIIJ Tunnel de voile ouvert a une extremite res comme representatifs des conditions de pro­
duction pour cette zone.

366 Fruits, vol 50 (5)


PRODUCTION DU M E LON CANTALO U P EN AFRIQUE

attaques des fruits par Dacus spp nettement inferieur clans la production de la
Les traitements ont eu un effet tres significacif sur parcelle remain que clans celle des autres traite­
le nombre de fruits attaques par les mouches des ments (tableau I). Cet effet a pu etre explique
cucurbitacees (p = 0,01) (fig 5). Plus de 1/5 des essentiellement par des differences clans les nom­
fruits des parcelles temoins a ete touche bres de fruits viroses, fendus ou attaques par les
mouches des cucurbitacees.
(21 ± 6 %) et cette proportion a ete du meme
ordre de grandeur que celle des craitements a Les fruits done le poids etaic inferieur a 0,3 kg se
« protection physique longue » (p = 0,703) dont sont repartis de fac;:on uniforme d'un craitement
1/4 des fruits du traitement « decoupe a une a l'autre (G = 7,28; di = 4; p = 0, 122) et le cali­
excremice » a ere couche. Cependanr, ce caux bre des fruits commercialisables a ere equivalent
d'infestation s'est revele significativement mains pour tous les traitements, avec une moyenne de
eleve que celui des fruits des traitements a (( pro­ 382 g / fruit (tableau I).
tection physique courte », qui avaient pourtant
rec;:u six traitements insecticides. Sur le plan qualicacif, la fermete de la chair des
fruits a ere comparable d'un traicemenr a l'aucre
La dace de recolce a ere la meme pour les fruits
(1,14 kg / cm2 ), observation qui confirme que la
des deux parcelles du traitement temoin et pour
recolte a ete realisee a un Stade de maturite uni­
ceux des deux traitements a« protection physique
forme. La teneur en sucres des melons a egalement Figure 4
courte » . Pour les fruits des traitements a « pro­ Effets de differents types de
ete homogene entre les traitements (11,3 %).
tection physique longue », cette date a ete tres protection des cultures sur la
significativement difference selon que les fruits Le nombre de fruits commercialisables par plante mortalite des plants et sur le
etaient attaques ou non par Dacus spp. Ainsi, a varie, de fa c;: on hautemenc signifi cative contr6le des viroses, evalues
en fin de recolte dans une
pendant les 10 premiers jours de recolte, 68 fruits culture de melon au Senegal.
de ces traitements, parvenus a maturite, n'avaient
pas ete touches.
0,4
Plantes mortes
taux de fruits fendus

I
A l a recolce, u n taux global de 2 , 7 % d e fruits �
l!)
0)
0,3

fendus a ete enregistre, mais la repartition de ces cn 'Cll


(I) 0,2
fruits n'a pas ete uniforme d'un traitement a c u
·-
(I)

C
l'autre. En effet, si seulement trois melons fendus 2 .!2
one ere observes sur les 272 fruits recoltes clans les
me
Cf) 0
0,1


(I) (.)
parcelles des craitements « remain », « ruche » , - (I)
0,0
@ -0
(( decoupe a une extremite )) e t ( ( a plat » , i l y a eu a..�
(I) co

I
10 % de eels fruits fendus clans le traitement -0 i:: 0,4
(( tunnel )) ; cette valeur a d' ailleurs ete homogene C <ll · Viroses
:Q ·C
clans les deux demi-parcelles (B) de ce traitement. t - 0,3
o-
(I)
0..
La difference entre ce dernier traitement et les 0 (I)
._ C
autres etait hautement significative (p < 0,001). 0.. C
(I)
0,2

rendement des plants et qualite des fruits


T
0,1

Les rendemenrs observes au cours de l' experimen­


0,0 rTffil
tation one varie de 2,3 ± 0,2 fruits par planre
Traitements
(parcelle temoin) a 4,4 ± 0,4 fruits par plante
(traitement « ruche »), mais, pour ce caractere,
11111 Temoin avec protection chimique uniquemen�

I ' effec trai temen t n' a pas ere significacif Voile pose directement sur les plantes Protection physique courte
(voile retire a la mil')e a fruit)
}
(p = 0,065) alors qu'il l'a ere pour la plupart des Tunnel de voile
autres composantes de la production, qu' elles Protection physique longue
[13] Tunnel de voile avec ruche
} (voile retire 21 j apres la mise
Tunnel de voile ouvert a une extremite
soient de type quantitatif ou qualitatif (tableau I). [II]
C'est le cas, en particulier, du taux de fruits
a fruit)
commercialisables et exportables qui s'est revele

Fruits, vol 50 (5) 367


FROISSART ET AL

(p = 0,005), entre 0,75 ± 0,20 fruit (temoin) et (( decoupe a une extremite », ces deux dernieres
2,90 ± 0,28 fruits (traitement « ruche »), soit valeurs n'etant pas, par ailleurs, significativement
multiplie par un facceur 3, en faveur du traitement differences entre elles. Globalement, la produc­
« ruche ». Le nombre de fruits commercialisables tion de fruits exportables a ere similaire pour Jes
par plante a ete homogene pour Jes parcelles des parcelles cemoins qui ont m;:u 11 applications
traitements a « protection physique longue », d'insecticides, et pour Jes parcelles a « protection
mais le rendement en fruits commercialisables de physique courte », qui avaienr ere couvertes jus­
la parcelle du traitement « ruche » (en moyenne qu'a la mise a fruit et qui avaient rec;:u six applica­
1,4 kg de fruits par plante) a ete significativement tions d'insecticides apres leur debachage
superieur a celui de la parcelle du traicemenc (tableau I). La production de melons exportables
« decoupe a une extremite » (en moyenne 0,8 kg par Jes plantes des parcelles des deux traitements
de fruits / plante) (fig 6). de « protection physique longue », decouvertes
Le nombre de fruits exportables produits par Jes 21 jours apres la mise a fruit et n'ayant pas rec;:u
plantes cemoins a ete comparable a celui des d'applicacions insecticides, n'a pas ere significati­
plantes debachees !ors de la mise a fruit : en vement differente d'un craitement a l'autre :
moyenne 0,35 fruit par plante pour le temoin, 0,56 kg/m2 pour Jes tunnels ouverts a une excre­
0,80 pour le voile mis a plat et 0,85 pour le voile mite et 0,97 kg/m2 pour Jes tunnels fermes dis­
dispose en tunnel; mais cette valeur etait signifi­ posant d'une ruche a encrees multiples. Toucefois,
cativement inferieure a la production exportable la production de fruits exportables du traitement
des plantes maincenues sous voile jusqu'au jour (( ruche )) a ete significativement superieure a celle

Figure s
j + 21 : en moyenne 1,8 fruits par plante pour le de la parcelle temoin et a celle des traitements a

Effets de differents types de


traitement « ruche » et 1, 1 pour le traitement « protection physique courte » (tableau I).
protection des cultures sur les
attaques des plants de melon
par Dacus spp.
couts de production
Les COLICS de production lies a la protection phy­
60 tosanitaire ont varie de fac;:on importance d'un
LO traitement a l'autre (tableau II). La lutte chimique
0.. 0) effectuee sur la parcelle temoin a ere la moins
O..
(f) (!),ctl 50
V) (.) coC1teuse de routes les protections (0, 16 FF/m2 )
:::, C
(.)
Cll · ctl
­ et, des quatre traitements effectues, c'est la pro­
c::::i 'E 40 tection effectuee avec un voile pose a plat sur Jes
.... 0
ctl (.) plantes qui a constitue la methode la moins chere.
0.. (!)
(f) "O Toucefois, compte tenu du faible rendement de
•(!) (!)
-ea 2
:::::l = 30
O" ctl fruits exportables obtenu a !'issue de ce traite­
ctl > ....
ment, le coC1t de la protection phycosanicaire
B -� 20 effectuee a represente pres de 41 % des recettes.
·2 CD
.... (!)
(!) C La strategie adoptee avec le trairement « ruche »
"0 C
X (!) 10 a engendre des couts de protection importants.
:::::i >,
0
ctl Ce traicement n'a rec;:u aucune pulverisation d'in­
I- E
seccicide, mais le poste « voile », a represence 26 %
0
des recettes. De plus, pour les traicements a pol­
Traitements linisacion libre, le COLIC lie a la pollinisacion est
- Temoin avec protection chimique uniquement faible (inferieur a 1 % des recettes), alors que,
pour ce craicement « ruche », ce posce a represente
Voile pose directement sur les plantes Protection physique courte
} (voile retire a la mise a fruit) un invescissement neccement plus important
Tunnel de voile
(19 % des recettes). Malgre ces contraintes, le
Protection physique longue
Tunnel de voile avec ruche traicement « ruche » a permis de degager une
} (voile retire 21 j apres la mise
[II] Tunnel de voile ouvert a une extremite a fruit) marge brute interessante, qui permec a ce craice­
ment de se differencier des aucres.

368 Fruits, vol 50 (5)


PRODUCTION DU MELON CANTALOUP EN AFRIQUE

Les couts lies a la protection phytosanitaire des cides. GERST (1993) indique que des pulverisa­
parcelles avec les traitements « tunnel » et tions de fongicides sont possibles a travers le voile,
(( decoupe a une extremite » representent les mais elles nous sont apparues mains efficaces du
charges les plus importantes en part relative des fair de la barriere physique constituee par le voile.
recettes (54 % et 45 %, respectivement). Cepen­ La rapidite avec laquelle I'o"idium s'est developpe
dant, le traitement (( decoupe a une extremite » a dans les parcelles protegees physiquement fair de
permis d'avoir une marge brute legerement bene­ cet agent pathogene un facteur limitant impor­
ficiaire (0,76 FF/m2 ) grace a l'obtention d'un tant (GAYE et al, 1991). En effet, l'affaiblissement
rendement interessant en melons exportables. des plantes provoque par ce champignon peut
diminuer la teneur en sucre des fruits de fa<;:on
discussion notable et leur donner parfois un gout indesirable
(5ITTERLEY, 1978 ; 0DET, 1991). Dans ces

contr61e phytosanitaire conditions, ii serait necessaire d'identifier avec


precision !'agent pathogene responsable (Sphae­
attaques fongiques rotheca fuliginea (Schlenchtend : Fr) Pollacci
etlou Erysiphe cichoracearum DC). La variete Dia­
Les resultats indiquent que le voile semble avoir
mex etant consideree comme resistante a Erysiphe
constitue une barriere mecanique efficace mais
cichoracearum (BLANCARD et al, 1991), si ce
temporaire contre les o·idies. La vitesse du vent est
champignon etait detecte, ii pourrait s'agir d'une
dix fois inferieure sous une parcelle avec protec­
tion physique que sur des plantes a !'air libre
souche particulierement virulente. Dans tous les
cas de figure, ii serait opportun d'utiliser une
(MERMIER et al, 1994). Cet effet brise-vent du
voile pourrait avoir limite la dissemination des variete resistante appropriee permettant de mat­
o"idies. En revanche, une fois introduit sous le triser ce probleme sans utilisation de fongicide
voile, l'o"idium s'est developpe rapidement, sans (PITRAT et RISSER, 1992).
doute a la faveur de conditions climatiques favo­ Au jour j + 21, !'expansion du champignon sous
rables et malgre les 16 pulverisations de fongi- les tunnels, exprimee en nombre de taches sur les

Tableau I
Utilisation de voile non tisse pour la production i ntegree du melon au Senegal : effets de differents types de protection
chimique et physique sur certai nes composantes du rendement en fru its commercialisables et exportables.
Proportion de fruits rapportee Production Poids Rendement
a
l'effectif total totale moyen exportable
fruits fruits fruits
commercialisables exportables commercialisables
% % kglplante g kg!rrf
Temoin avec protection chimique 36 b 19 b 0,75 b 350 a 0, 1 8 b
u niquement

Protection physique tongue


(voile en/eve 21 jours apres
a
la mise fruit) 76 a 51 a 1 ,75 a 41 6 a 0,97 a
a
Tunnel de voile ouvert une extremite 76 a 51 a 1 ,1 1 b 383 a 0,56 ab
Tunnel de voile ferme avec ruche

Protection physique courte


a a
(voile en/eve la mise fruit)
Voile pose sur les plantes
Tunnel de voile 65 a 38 ab 1 ,1 6 b 347 a 0,39 b

47 ab 40 ab 1 ,06 b 400 a 0,46 b

Les valeurs suivies d'une meme lettre au sein d'une colonne ne sont pas significativement differentes a P = 0 , 05 d'apres un test
de Turkey-Kramer.

Fruits, vol 50 (5) 369


FROISSART ET AL

2
al, 1994). Le debachage a du provoquer une
diminution de l'hygrometrie qui a entraine une
augmentation de l'evapotranspiration nette des
cCU plantes. Une plante attaquee par Pythium absorbe

1 ,5
ci.. moins d'eau (MOULIN et al, 1994), elle ne peut
ro �
0.83I done plus compenser ses pertes dues a l'evapo­
transpiration, ce qui accentue le stress hydrique
� +
CU ID consecucif au debachage. Lors de cultures prece­
=UlCU C
C:
ID dences realisees au CDH, des flecrissements sem­
·5
....
>,
0 blables avaient ere constates, le plus souvent sur
a,
E E .-
E les plances au stade de la recolte comme !ors de
."!=
0 ::J cette etude, mais les phenomenes avaient ere
·- 0, 5
(.) �
§ � amibues au Fusarium solani (Mart) Sacc. Des
u::J � souches de Pythium spp (entre autres Pythium
"O aphanidermatum (Edson) Fitzpatrick), surcouc

0
CL actives !ors de la saison des pluies, avaient aussi
ere identifiees, ainsi qu'une bacterie, Erwinia tra­
Traitem ents cheiphila, crouvee dans les vaisseaux. La variete
- Temoin avec protection chimique uniquement
Diamex etait alors apparue comme relativement

� V oile pose directement sur les plantes Protection physique courte


}
moins sensible aux attaques de ces agents patho­

[==:J Tun nel de voile (voile retire a la m ise a fruit)


genes (DEFRANCQ, 1984).

Protection physique longue


LS::2J Tun nel de voile avec ruche (voile retire 21 j apres la mise
viroses
[II] Tun nel de voile ouvert a une extremite } a fruit) Les taux d'infection des plances, trouves plus
faibles dans Jes parcelles protegees par un voile
que dans celles a l'air libre, sont coherents avec Jes
resultats de REYD et al (1993) sur courgette, selon
Figure 6 feuilles, est apparue comparable au developpe­ lesquels le voile non cisse retarderait Jes infections
Effet de differents types ment observe dans les parcelles-temoins, mais virales d'un mois. Toutefois, ces aureurs one rap­
de protection sur la production
!'importance relative de l'attaque fongique, pour porte que, en fin de culture, le taux d'infestation
de melons commercialisables
dans une culture au Senegal. les plances touchees, n'etait pas equivalence d'un de parcelles temoins n'ayant pas rec;:u d'applica­
traitement a l'autre. En effet, les feuilles des tions d'insecticide etait de 100 % 40 jours apres
plances-temoins ecaient nettement plus petites la plantation, et la population aphidienne se
que celles des plances des parcelles protegees par revelait abondante pendant route la culture. Dans
un voile, ce qu'avaient deja observe REYD et al l'erude presentee, la population aphidienne a ere
(1993) sur la courgette. De ce fair, pour un meme minimale !ors de la saison seche (COLLINGWOOD
nombre de caches, il est probable que !'infestation
et al, 1984), et Jes parcelles temoins one rec;:u
11 pulverisations d'insecticides. Cela pourrait
n'a pas entraine des dommages aussi severes sur
expliquer que seulement 30 % de plances virosees
les plances avec de grandes feuilles que sur celles
n'one alors ere observes apres 101 jours de culture.
avec petites feuilles.
[identification precise des virus presents n'etait
Le nombre de plances mortes en fin de recolte a pas prevue dans cette ecude, mais Jes sympt6mes
ere plus eleve dans les parcelles des traitements observes one suggere la presence de mosa1ques
a « protection physique courte ». Le retrait des transmises par des pucerons et de jaunisses pou­
voiles a change l'environnement climatique. vant ecre inoculees soit par puceron, soit par
En effet, l'humidite relative de !'atmosphere aleurode (LECOQ, communication personnelle,
d'une culture sous voile est de 15 % a 20 % 1994).
superieure a celle de l' air libre, du fair des effets Dans la perspective d'une culture de melon avec
de confinement et de la condensation. Le jour, la debachage des parcelles a la mise a fruit, ii semble
temperature de !'air sous le voile a en moyenne opportun d'identifier la nature de ces viroses afin
4 °C de plus que celle de l'exterieur (MERMIER et de choisir, pour ce type de culture, des varieces

370 Fruits, vol 50 (5)


PRODUCTION DU MELON CANTALOUP EN AFRIQUE

Tableau I I
Utilisation d e voile non tisse pou r l a production integ ree du melon a u Senegal : effets d e differents types d e protection
chimique et physique sur les marges operationnelles degagees.

Protection physique longue Protection physique courte

Temoin avec Tunnel de Tunnel de Voile Tunnel


protection chimique voile ferme voile ouvert pose sur de
uniquement avec ruche a une extremite les plantes voile

Charges fixes de plantation et fongicides ( 1 ) 2,1 7 2,1 7 2, 1 7 2, 1 7


Charges operationnelles

Charges variables

Voile (2) 0 , 00 2,05 2,05 1 ,40 2 , 05


Protection phytosanitaire

Main d'oeuvre 0,00 0,32 0 ,32 0,08 0,32


I nsecticides 0 , 09 0,00 0,00 0 , 04 0,04
Main d'oeuvre 0 , 07 0,00 0,00 0,04 0 ,04
0,02 1 ,77 0,02 0,02 0,02
TOTAL DES CHARGES 2,35 6,31 4,56 3,75 4,64
Pollinisation (3)

Rendement exportable (kg/m 2) 0,1 8 0,97 0 ,56 0,39 0 ,46


Produits

Prix de vente !'export ( F F/kg) 9,50 9,50 9,50 9,50 9,50


RECEDES 1 ,7 1 9 ,22 5,32 3,71 4,37
a

M arges brutes ( F F/m 2) - 0 ,64 2,91 0 ,76 - 0, 04 - 0 ,27

Taus les prix sont exprimes e n francs frangais par metre carre (sauf mention expresse) , hors taxe et correspondent aux prix de vente
d e Dakar en janvier 1 994.
1 ) Engrais mineraux et organiques, semences, compost, p roduits phytosanitai res (fongicides, i nsecticides et nematicides) , irrigation
et main d'oeuvre (3,8 F F/h) .
2) Voile Agryl P 1 7 Plus, fer (amorti sur 5 ans) , gaine en plastique (amortie sur 2 ans) , piquets et ficelles.
3) Polli n isation libre calculee sur la base de 2 , 5 ruches/ha (McGREGOR & TODD, 1 953) et pour le traitement ruche, 1 ruche/34 m 2
(26 m x 1 ,3 m) . Prix d'une ruche : 300 FF amortie sur 5 ans.

resistantes. l'.hypothese d'une uansm1ss1on de


viroses par Jes insectes piqueurs-suceurs est ues
production fruitiere
probable, car quelques rangs de ma"is n'ayant attaques des fruits par Dacus spp
jamais subi de uaitements insecticides servaient
Les feuilles des plantes remains ecaient petites et
de brise-vent a l'aire de culture utilisee (fig 2) ;
les fruits etaient done facilement accessibles aux
une parcelle de tomate se trouvait a quelques
pulverisations regulieres d'insecticides. Les
metres, et enfin, le dispositif experimental utilise plantes qui Ont ete protegees par un voile jusqu'au
etait borde d'une jachere sur un cote ; routes ces jour j avaient, au contraire, des feuilles beaucoup
plantes sont susceptibles de servir d'h6res d'ino­ plus grandes. La premiere pulverisation d'insec­
culum viral aux insectes piqueurs-suceurs. ticide effectuee sur ces plants n'a ere realisee qu'au
Dans Jes tunnels « decoupes a une excremice », jour j + 2, soit 2 jours apres le recrait des voiles
la plupart des plantes malades etaient situees poses sur Jes parcelles des rraitements a « protec­
pres des ouvenures, alors qu'il y en avait cres tion physique courte », Jes mouches ont done eu
peu au-dela de 5 m de cette extremice. Le gra­ le temps de reperer Jes plantes et de pondre leurs
dient d'infestation observe, allant de l'ouver­ ceufs dans les jeunes fruits. Les attaques de Dacus
ture vers l'interieur de ces tunnels (12, 5 m de ont ete homogenes pour les deux parcelles de
long), suggere que l'ouverture des tunnels a une chacun des traitements, excepte pour le rraite­
extremite pourrait constituer une approche in­ ment « a plat », ou Jes fruits de la parcelle situee
teressante permettant de concr6ler le develop­ a proximite des rangs de ma"is (53 ± 7 % de fruits
pement de viroses. touches) Ont ete nettement plus attaques que ceux

Fruits, vol 50 (5) 371


FROISSART ET AL

de l'autre parcelle, plus eloignee (16 ± 6 % de fruits est done posicivemenc correlee au nombre
fruits couches). Les mouches Dacus spp one pu de graines; les resulcacs obrenus, cane sur le nom­
uciliser ce brise-vent pendant la j ournee afin d'y bre de fruits produics que sur le calibre de ces
prelever des exsudats sucres et de s'y abricer du fruits, suggerenc que, au cours de cec essai, la
soleil (COLLINGWOOD et al, 1984). Les fruits du pollinisarion n'a consricue un facceur limirant
traitement « decoupe a une extremite )) qui ni dans Jes parcelles a !'air libre (traitemencs
n'avaienc pas w;:u d'inseccicide one ere significa­ « temoins » et a « protection physique courte »)
civemenc moins couches que ceux des traicemencs ni pour Jes plances des trairemencs a « protection
a« protection physique cource » qui avaienc rec;:u physique longue » (traicemencs « ruche » er « de­
six pulverisacions d'inseccicides. Ce resulcac indi­ coupe a une extremite »), dans lesquels Jes abeilles
que que, malgre l'ouverture a une extremite, le one ere observees en train de buriner sur route la
tunnel a constitue une protection efficace contre longueur des tunnels. Aucun gradient n' a pu erre
les attaques des mouches des cucurbicacees. decele dans ce cas a partir de I' ouverture des
tunnels, ni pour le nombre de fruits par plance,
La dace du debachage des parcelles a« protection
ni pour leur poids.
physique longue )) a ere definie a la suite de
!'observation du developpemenc de J'o·idium qui
devenaic preoccupanc sous les voiles. Le retraic des couts de production
protections, qui permettait de modifier des condi­ Les rraitemencs chimiques effecrues dans Jes par­
tions climatiques des tunnels favorables au cham­ celles temoins one represence la protection des
pignon et de facilicer les pulverisacions de fongi­ cultures la moins coureuse de routes celles expe­
cides, etaic alors apparu comme un moyen de rimencees. Toucefois, cecre technique n'a pas per­
limiter cette expansion. Les voiles one ere enleves mis de degager une marge brute positive, du fair
20 j ours avant le premier jour de recolce, alors du faible rendement en fruits commercialisables
qu'il y avait en moyenne crois fruits par plance er exportables de ces parcelles. Les traicemencs a
presentant un diametre superieur a 8-10 cm ; a « protection physique courte » n'onc pas non plus
ce scade, selon APPERT et DEUSE (1982), les permis de degager une marge brute positive mal­
melons ne risquaienc done plus d'etre attaques gre le fair que le traicement « a plat )) air constitue
par les mouches des cucurbicacees. Lutilisacion la mechode de protection la moins chere.
d'une variete de melon resistance a I' o'idium aurait
Les traitemencs a « protection physique longue »
permis de beneficier d'une periode de protection
sonc Jes seuls a avoir permis de degager une marge
des parcelles plus longue, et done d'obcenir une
brute positive. Parmi eux, le traitement « ruche »
recolce commercialisable probablemenc plus
seraic le plus inceressanc. Tourefois, l'aire de 32 m2
importance.
du tunnel (25 ill X 1,3 m) represente Une tres
petite surface a polliniser pour une colonie
rendement des plants et qualite des fruits d'abeilles. En effet, d' apres Mc GREGOR et T ODD
La proportion de fruits fendus produics par les (1953), une ruche peut polliniser de fac;:on usuelle
parcelles du traicemenc a « protection physique une surface de 2,5 ha de melon. II serait done
courte » avec voile en « tunnel » a ere nettemenc interessant d' experimenter differences longueurs
superieure a celle obcenue avec cous les autres de runnel afin de rencabiliser au mieux l'acrivire
craicemencs. Cerce technique semble done avoir des abeilles d'une ruche a double encree. Le trai­
eu un effec cres nee sur l' eclacemenc des melons, temenc « decoupe a une extremire )) donne des
sans que l' on air pu determiner I' origine de cer resultats encourageants et des essais sur la lon­
effer, car les fruits de la variere Diamexsonc reputes gueur maximale, avec de eels tunnels, devraienc
erre peu sensibles a ce phenomene (Catalogue aussi erre envisages.
V ilmorin, 1987 /88).
Lobrencion d'un melon de raille commerciale
necessire au moins 400 a 500 ovules fecondes
• conclusions
(BOHN er DAVIS, 1964, ISELIN et al, 1974), soit Les resulcacs obcenus a partir des parcelles remoins
un depot de 500 a 1000 grains de pollen (ATKINS n'ayanc rec;: u qu'une protection chimique par pul­
er KELLUM, 1979). Chez cerre espece, la raille des verisacions d'insecricides demontrenc que cette

372 Fruits, vol 50 (5)


PRODUCTION DU MELON CANTALOUP EN AFRIQUE

seule strategie ne suffit pas a proteger les plantes pouvait polliniser une surface de culture plus
de fas:on efficace pour assurer une production etendue.
Lutilisation des tunnels de voile ouverts a une
satisfaisante sur le marche de !'exportation.
Les deux traitements a « protection physique seule extremite a aussi donne des resultats tres
courte », dont le voile a ete retire au moment de interessants. En effet, l' ouverture a perm is
la mise a fruit, et qui ont res:u six applications d'obtenir une pollinisation satisfaisante tout en
d'insecticides, Ont donne des resultats generale­ maintenant une protection importante. Par
ment equivalents a ceux du temoin qui n'avait consequent, les plames de ce traitement ont eu
res:u qu'une protection chimique. Le debachage une production presentant une proportion elevee
precoce a apparemment fragilise les plantes et de fruits commercialisables, comparable a celle
entraine une mortalite elevee, ainsi que de nom­ obtenue avec le traitement « ruche ». Pour tirer le
breuses attaques d'insectes ravageurs que les pul­ meilleur parti de cette technique, il serait souhai­
verisations d'insecticide n' ont pu enrayer.
table de realiser d' autres essais permettant de
Les resultats des deux traitements a « protection determiner la longueur maximale de ces tunnels
physique longue » Ont ete souvent homogenes qui resterait compatible avec une pollinisation
emre eux et bien differems de ceux du temoin. effi.cace. En effet, les tunnels utilises clans cette
Les tunnels de voile non tisse laisses en place etude qui mesuraient seulement 12,5 m de long
pendant 20 jours apres la mise a fruit ont assure ont permis neanmoins d' observer un net gradient
une bonne protection contre les insectes rava­ decroissant de plantes virosees de l' ouverture vers
geurs. Ils ont permis de degager une marge brute J'interieur, et ils Ont demontre ainsi j' efficacite de
positive avec une recolte de melons de bonne la protection.
qualite qui ne presentaient pas de symptomes de
viroses. Les resultats obtenus ont toutefois momre Globalement, les resultats de !'experimentation
que, pour obtenir une protection maximale presentee incitent a employer plus largement
contre les mouches des cucurbitacees, le voile cette approche de production integree du melon.
devrait etre laisse en place plus longtemps a condi­ Ils conduisent egalement a tenter de mieux com­
tion qu'il n'induise pas, pendant la maturation prendre Jes facteurs limitants des cultures sous
des fruits, une reduction des qualites organolepti­ voile etanche aux insectes (insectproof), propres a
ques des melons. II est egalement apparu, au cours chaque nouveau site de culture, afi.n de pouvoir
de ces deux traitemems a « protection physique ameliorer les techniques culturales in situ. La
longue », que l'o"idium, une fois imroduit sous le definition d'itineraires techniques appropries per­
voile, pouvait devenir rapidement un facteur limi­ mettraient ainsi au plus grand nombre d'agricul­
tant pour la culture d'une variete sensible. teurs de concilier les objectifs de rendements et
de qualite des productions, avec ceux de protec­
Les plantes en tunnels maintenus fermes, pollini­
sees par les abeilles domestiques d'une ruche a
tion de l' environnement.
plusieurs emrees, ont donne les meilleures per­
formances, tant sur le plan de leur croissance et
de leur developpement que sur celui de leur
remerciements
production en fruits et de la rentabilite economi­ Nous tenons ici a remercier toutes Les personnes qui
que. La mise en place du traitement correspon­ ant contribue a la realisation de cette etude, en
dant a cette technique est cependam lourde puis­ p a r ticulier, G Reyd et H de Sain t-Pierre
qu'une ruche a ete utilisee pour polliniser deux (Fiberweb-France), EV Coly et ]P Sarr (CDH),
tunnels de 12,5 m de long. Un tel traitement GM Delhove et B Dewez (FAO), A Le Thomas
pourrait etre imeressant pour la production de (EPHE), WS Sheppard (USDA, Molecular
semences en conditions comrolees avec une Systematics Research Laboratory a Beltsville,
bonne protection phytosanitaire. De plus, il Maryland), D Bordat (CIRAD-FLHOR), et
pourrait permettre d' obtenir une meilleure pro­ M Cousin, P Daurade, M Monfrin, N Morison,
duction de fruits de bonne qualite et de degager G Rodet, E Sobkow et JP Torre Grossa (labora­
une marge brute encore plus imeressante si des toire de pollinisation entomophile de !'unite de
essais montraient qu'une seule colonie d'abeilles zoologie a l 'INRA d'Avignon).

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