Syllabus Introduction Au Droit - DROIC1001 2021-22-4
Syllabus Introduction Au Droit - DROIC1001 2021-22-4
Syllabus Introduction Au Droit - DROIC1001 2021-22-4
Syllabus
Introduction au
droit
Présentation du cours
1. Le cours oral
Le cours oral, d’une durée de 72 heures, est délivré principalement par les
titulaires du cours en auditoire. Il privilégie une approche concrète, illustrée et
interactive de la matière, fondée notamment sur l’analyse de cas pratiques.
Il se compose de douze modules thématiques : 1. Introduction ; 2. Les droits
dans le monde ; 3. La démocratie ; 4. L’élaboration de la loi ; 5. L’État de droit ; 6.
L’Europe ; 7. Le droit international et l’ONU ; 8. Le procès ; 9. Le système
judiciaire ; 10. Les droits humains ; 11. Égalité et non-discrimination ; 12.
L’affaire.
3. Le syllabus
4. Le glossaire
5. L’université virtuelle
6. Les évaluations
Les évaluations sont des outils qui permettent de vérifier si l’étudiant a bien
acquis les connaissances et les compétences nécessaires à la maîtrise du cours et à
la poursuite de son parcours en droit.
Les évaluations se composent de deux éléments :
1° La note de travaux pratiques, établie par l’assistant, sur la base d’un
contrôle continu des préparations et des interventions aux séances, ainsi que de
l’évaluation d’un travail écrit remis par l’étudiant, notamment dans le cadre du
procès fictif.
L’État
Les règles de droit adoptées par chaque État varient en fonction de multiples
facteurs qui tiennent à des particularités politiques, culturelles, historiques,
sociales, économiques, géographiques, religieuses, etc. La détermination du champ
d’application des normes juridiques produites par les États s’effectue, en ordre
principal, sur la base de leur territoire. Dans certaines situations, le droit d’un État
produit également des effets extraterritoriaux.
2 Voy. notamment le sort réservé à la loi du 16 juin 1993 relative à la répression des infractions
graves aux Conventions de Genève de 1949 et aux Protocoles I et II de 1977 additionnels à ces
Conventions ainsi qu’à la loi du 10 février 1999 relative à la répression des violations graves du
droit international humanitaire, par la loi du 5 août 2003 relative aux violation graves du droit
international humanitaire, M.B., 7 août, 2003.
3 Art. 87, § 1er du Code de droit international privé contenu dans la loi du 16 juillet 2004, M.B., 27
juillet 2004. Cette disposition prévoit que « les droits réels sur un bien sont régis par le droit de
l'État sur le territoire duquel ce bien est situé au moment où ils sont invoqués ».
4 Art. 99, § 1er, 2° du Code de droit international privé qui prévoit que « l’obligation dérivant d’un
fait dommageable est régie : (…) à défaut de résidence habituelle sur le territoire d’un même État
[par la personne responsable et la personne lésée] par le droit de l'État sur le territoire duquel le
fait générateur et le dommage sont survenus ou menacent de survenir, en totalité ».
5 Le Code de droit international privé définit la résidence principale comme « le lieu où une
personne physique s’est établie à titre principal, même en l'absence de tout enregistrement et
indépendamment d'une autorisation de séjourner ou de s'établir ; pour déterminer ce lieu, il est
tenu compte, en particulier, de circonstances de nature personnelle ou professionnelle qui révèlent
des liens durables avec ce lieu ou la volonté de nouer de tels liens » (art. 4, § 2). Le domicile s’entend,
par contre, comme « le lieu où une personne physique est inscrite à titre principal, en Belgique, sur
les registres de la population, sur les registres des étrangers ou sur le registre d'attente » (art. 4, §
1er).
6 Art. 99, § 1er, 1° du Code de droit international privé.
7 Art. 35, § 1er du Code de droit international privé.
8 Art. 34, § 1er du Code de droit international privé.
9 Art. 46 du Code de droit international privé.
10 Art. 3, § 1er du Règlement du 17 juin 2008 sur la loi applicable aux obligations contractuelles.
c. Enfin, la constitution est première en tant qu’elle fixe les grands principes
de l’ordre juridique, qui demandent souvent à être complétés ou précisés par
d’autres règles. La constitution délègue ainsi à la loi le soin de compléter ou
plus généralement d’élaborer des normes.
La distribution des pouvoirs, les institutions à qui ils sont confiés et les
procédures suivant lesquelles ils doivent être exercés varient d’un État à l’autre.
Dans les sections suivantes, nous examinerons les institutions de la Belgique.
La Belgique est un État de droit démocratique fédéral, organisé sous la
forme d’une monarchie constitutionnelle et d’un régime parlementaire.
Dans la section 2, nous étudierons les institutions politiques de l’État fédéral
et la procédure d’élaboration des normes qu’elles produisent.
Dans la section 3, nous étudierons les institutions des entités fédérées,
appelées communautés et régions.
Dans la section 4, nous présenterons les pouvoirs locaux, appelés provinces
et communes, leurs compétences et leurs institutions.
L’État fédéral exerce ses pouvoirs sur l’ensemble du territoire national, mais
uniquement dans ses domaines de compétence. L’État fédéral dispose de la
compétence résiduelle, c’est-à-dire dans toutes les matières dont la compétence n’a
pas été attribuée aux communautés et aux régions.
Parmi ces compétences principales, citons :
- la justice et l’organisation du pouvoir judiciaire ;
- la défense et donc l’armée ;
- les affaires intérieures : la police fédérale, la sûreté publique, la sécurité
civile, la politique d’immigration, etc. ;
- la politique étrangère qui comprend notamment les relations diplomatiques
de la Belgique et la coopération au développement, sous réserve des
compétences internationales confiées aux communautés et aux régions ;
- l’union économique et monétaire : la politique monétaire, la protection de
l’épargne, la politique des prix et des revenus ;
- la sécurité sociale, à l’exception des allocations familiales ;
- le nucléaire ;
- certaines entreprises publiques, telles que la Société nationale des chemins
de fer belges, l’aéroport de Bruxelles-National, la Poste et certains
établissements culturels et scientifiques nationaux (Théâtre Royal de la
Monnaie, Palais des Beaux-Arts, Bibliothèque Royale, etc.).
Le Parlement
2. Le Sénat
11 Art. 65 de la Constitution.
12Au rang des droits civils se trouvent, notamment, le droit de faire partie d’un conseil de famille,
d’être tuteur, de remplir les fonctions de curateur de faillite ou d’administrateur provisoire de
société. Parmi les droits politiques figurent ceux d’être électeur ou éligible, d’être ministre, juge ou
juré en Cour d’assises, d’être nommé à un emploi public, de porter un titre de noblesse ou une
décoration, de servir dans l’armée ou de porter une arme. Au contraire des droits civils, l’exercice
des droits politiques reste largement lié à la nationalité belge.
13 Art. 61 de la Constitution.
14 Art. 64 de la Constitution.
6 néerlandophones.
4 francophones 60 membres 150 membres
10 1
29
8
2 (fr.) Parlement de la
Parlement de la
COMM.
75 6
RÉGIONS
Parlement de la Région de
Parlement régional wallon
Bruxelles-Capitale 118 25
75 membres
89 membres
75 89
Corps électoral
3°) Incompatibilités
Le statut des parlementaires se caractérise par un régime assez strict
d’incompatibilités qui leur interdit de cumuler leur mandat avec une série d’autres
fonctions.
Certaines incompatibilités sont liées à la séparation des pouvoirs*. Un
parlementaire ne peut, par exemple, être en même temps ministre16 ou secrétaire
d’État d’un gouvernement, qu’il soit fédéral, communautaire ou régional. Il s’agit
d’empêcher que la même personne se retrouve à la fois dans le rôle du contrôleur
et du contrôlé.
D’autres règles d’incompatibilité visent à maintenir la répartition des
compétences entre les trois niveaux de pouvoirs. Un parlementaire fédéral ne peut
être membre d’une assemblée régionale ou communautaire, à l’exception des 50
15Les députés fédéraux germanophones et les sénateurs élus directs germanophones font partie du
groupe linguistique français de la Chambre ou du Sénat.
16 Art. 50 de la Constitution. Voy. aussi art. 51 de la Constitution.
4°) Immunités
Afin d’assurer le bon fonctionnement des assemblées démocratiques, les
parlementaires bénéficient d’immunités qui garantissent, de manière spécifique,
la liberté de leur expression et les protègent, dans une certaine mesure, contre les
arrestations et les poursuites judiciaires pendant l’exercice de leur mandat.
Les parlementaires ne peuvent être poursuivis, ni au pénal ni au civil, pour
les opinions et les votes qu’ils expriment dans l’exercice de leur fonction17.
Les parlementaires ne peuvent être arrêtés ou renvoyés devant un juge
pénal, pour une infraction quelconque, que moyennant l’autorisation de
l’assemblée dont ils sont membres.
Quant aux autres actes de poursuite qui nécessitent l’intervention d’un juge
parce qu’ils portent atteinte aux libertés individuelles (mandat d’amener* pour un
interrogatoire, mise sur écoutes téléphoniques, etc.), la décision du premier
président de la cour d’appel* est requise et le président de l’assemblée à laquelle
appartient le parlementaire doit être informé de la procédure.
Ces protections ne s’appliquent pas en cas de flagrant délit, c’est-à-dire
lorsque le parlementaire est pris sur le fait. Le flagrant délit se définit comme
l’infraction qui se commet actuellement ou vient de se commettre et dont les
preuves sont encore saisissables.
Aucune autorisation n’est nécessaire aujourd’hui pour les actes
d’information* et d’instruction* posés par les autorités judiciaires qui n’impliquent
aucune contrainte. Sans formalité particulière, les officiers de police judiciaire*
peuvent procéder à l’interrogatoire volontaire, la confrontation volontaire, la saisie
ou la perquisition consenties par le parlementaire. Dans cette perspective, aucune
autorisation ne doit être sollicitée pour les amendes transactionnelles*,
fréquemment proposées pour les infractions au Code de la route. Ces dernières ne
supposent en effet pas l’intervention d’un juge et elles fonctionnent sur une base
volontaire.
17 Art. 58 de la Constitution.
Le Roi et le Gouvernement
La Belgique est une monarchie, mais en pratique la plus grande partie des
pouvoirs du Roi sont exercés par le gouvernement. Ce dernier tient sa légitimité
politique du fait qu’il bénéficie du soutien de la majorité des . Dans les régimes
contemporains, y compris les démocraties, le gouvernement, en tant qu’il exerce le
pouvoir exécutif, joue un rôle majeur dans la direction de l’État et la conduite de
la politique du pays.
1. Le Roi
2. Le Gouvernement
18 Art. 37 de la Constitution.
19 Art. 106 de la Constitution.
20 Art. 88 de la Constitution.
dispose que le Roi nomme et révoque ses ministres et les secrétaires d’État21, dans
la réalité, il ne revient pas au Roi de composer effectivement le gouvernement.
Un nouveau gouvernement doit être formé principalement dans deux
hypothèses. Premièrement, au lendemain des élections législatives, il est de
coutume* que le Premier ministre présente la démission du gouvernement au Roi.
C’est l’hypothèse la plus fréquente. Deuxièmement, il arrive qu’en cas de « crise »,
notamment suite à des dissensions fortes au sein de la coalition, le gouvernement
démissionne sans que la Chambre ne soit dissoute. Il faut alors procéder à la
nomination d’un nouveau gouvernement. Dans ces deux cas de figure, le principe
de la continuité et de la permanence de l’État et des services publics* exige que le
gouvernement sortant continue à gérer les affaires courantes jusqu’à ce qu’une
nouvelle équipe, disposant de la majorité parlementaire, soit prête à entrer en
fonction. Le Roi n’accepte d’ailleurs formellement la démission d’un gouvernement
qu’après que le Premier ministre du gouvernement entrant a prêté serment.
La formation du gouvernement fédéral est un moment fort dans la vie
politique du pays. L’objectif est de trouver une coalition entre des partis politiques
dont les députés forment la majorité de la Chambre. Pour ce faire, les partis
pressentis doivent s’accorder sur une politique à suivre et une équipe pour la
mener. Les négociations s’étalent souvent sur plusieurs mois et, ces derniers
temps, parfois sur plusieurs années, ce qui est problématique pour la direction du
pays.
Le processus procède de coutume selon les étapes suivantes :
Les consultations royales et le rôle de l’’informateur. - Le plus souvent, la
formation d’un gouvernement commence par la tenue de consultations royales. Le
Roi, qui exerce une réelle influence personnelle dans ce processus, reçoit des
personnalités importantes du monde politique (comme les présidents des
assemblées, les dirigeants des partis) ou du monde économique et social (comme
des représentants des milieux syndicaux ou patronaux). Ces consultations visent
en définitive à « prendre le pouls » de la situation du pays et à envisager une
coalition gouvernementale possible. Après ces consultations, le Roi nomme
généralement un informateur chargé de lui proposer une coalition majoritaire
possible.
Le formateur. - Une fois la coalition trouvée, le Roi nomme un formateur
qui, en cas de succès, accède généralement au poste de Premier ministre. Sa
mission essentielle consiste à négocier l’accord de gouvernement avec les partis
pressentis pour « être au pouvoir », c’est-à-dire les partis qui vont soutenir le
gouvernement. Cet accord de gouvernement est un document fondamental. Il
définit les actions politiques qui vont être menées au cours des cinq années de la
législature. C’est également au formateur qu’il incombe de mener à bien les
négociations relatives à la répartition des portefeuilles ministériels avec les
différents présidents de partis.
La nomination des ministres et des secrétaires d’État. - Une fois que le
formateur a mené à bien sa mission, le Roi nomme les ministres et les secrétaires
22Remarquez que, dans une large mesure, les dispositions constitutionnelles applicables aux
ministres valent pour les secrétaires d’État. Voy. l’art. 104, al. 4 de la Constitution.
23 Art. 97 et 98 de la Constitution.
24 Art. 51 de la Constitution.
1° Ils ne peuvent être poursuivis pour les opinions qu’ils émettent dans
l’exercice de leurs fonctions, même en dehors des hémicycles parlementaires
(interview, conférence de presse, etc.)25.
2° L’accord de la Chambre des représentants est requis pour certains actes
importants comme l’arrestation d’un membre du gouvernement en fonction
ou sa citation directe* par un particulier devant un tribunal pénal26.
3° Les ministres qui sont poursuivis devant les tribunaux pour des infractions
commises dans l’exercice de leurs fonctions ou jugés pendant l’exercice de
leurs fonctions sont jugés directement par la Cour d’appel27. Il s’agit d’un
« privilège de juridiction », qui ne comporte pas que des avantages puisqu’il
prive les parties au procès de la possibilité d’un appel (infra, ch. 5).
d) Pour accomplir leurs missions, les ministres ne sont pas seuls. Chaque
ministre s’entoure de conseillers qui forment son cabinet. Les membres de ces
cabinets suivent le sort du ministre auquel ils sont rattachés. Par ailleurs, chaque
ministre dirige également une administration en charge d’un service public. On
parle des services publics fédéraux pour désigner ces administrations.
L’élaboration de la loi
28 Art. 46 de la Constitution.
29Voy. le schéma récapitulatif consacré à la procédure d’élaboration de la loi à la fin des
développements de ce point 3.
1. La phase préparlementaire
Le droit d’initiative
30 Pour les sénateurs, le droit d’initiative est toutefois limité aux matières relevant du
bicaméralisme strict (infra, ce chapitre).
31 Art. 75 de la Constitution.
32Il peut s’agir d’un ou plusieurs parlementaires issus d’un même parti ou de formations politiques
différentes.
2. La phase parlementaire
33 Art. 54 de la Constitution.
un OUI, un NON ou une abstention. Le vote nominatif est toujours requis pour le
vote de la loi dans son ensemble. Les résultats sont centralisés sur un tableau
lumineux et tirés sous la forme d’une liste nominative. Le public peut ainsi savoir
exactement la manière dont chacun des députés a voté.
Le bicaméralisme aménagé
adopter le projet de loi après l'avoir amendé. Dans ce dernier cas, la Chambre se
prononce définitivement en adoptant ou en amendant à nouveau le projet de loi.
Les lois spéciales* sont des lois qui aménagent les relations entre les
différentes communautés au sein de l’ordre juridique belge. Par exemple, des lois
spéciales définissent les compétences des communautés et des régions. Les
matières réglées par les lois spéciales sont déterminées par la Constitution.
Les lois spéciales ne peuvent être adoptées qu’à des conditions particulières
de majorité et de quorum38. Ces lois sont soumises au bicaméralisme strict. Au sein
de chaque chambre, la majorité des membres de chacun des deux groupes
linguistiques (francophone et néerlandophone) doit être présente. Le vote doit en
outre recueillir une majorité qualifiée : il doit réunir les 2/3 des suffrages de chaque
chambre, ainsi que la majorité absolue des voix au sein de chaque groupe
linguistique dans chaque chambre.
Les lois spéciales occupent une position intermédiaire, tant par leur objet
que par leur statut, entre la Constitution et les lois ordinaires. En tant qu’elles
précisent les règles du jeu du fédéralisme belge et les compétences respectives des
différentes entités, elles l’emportent sur les lois ordinaires.
3. La phase postparlementaire
La sanction
La sanction* est l’acte par lequel le Roi, en tant que branche du pouvoir
législatif, marque son accord avec la volonté exprimée par le parlement fédéral. La
formulation en français de la sanction, par laquelle commence toute loi fédérale,
est la suivante : « Philippe, Roi des Belges, A tous présents et à venir, Salut. Les
Chambres ont adopté et Nous sanctionnons ce qui suit ».
La promulgation
La promulgation* est l’acte par lequel le Roi, en tant que chef du pouvoir
exécutif, atteste que la loi a été régulièrement votée selon la procédure prévue à
cet effet. La promulgation rend la loi exécutoire, c’est-à-dire que, en promulguant
la loi, le Roi ordonne à toute autorité publique de veiller à son application. En
pratique, la promulgation intervient au même moment que la sanction, par la
signature du Roi.
39Loi du 3 avril 1990 relative à l’interruption volontaire de grossesse, modifiant les articles 348,
350, 351 et 352 du Code pénal et abrogeant l’article 353 du même Code.
Introduction au droit
5. Débats en séance plénière ;
6. Monocaméralisme ?
Bicaméralisme ?
Parlementaires
Sénat
Proposition de loi
1. Dépôt bureau Sénat +
développements ;
Uniquement bicaméralisme strict 2. Prise en considération ;
3. Avis de la SL du CE (// conditions
Sénateurs
que pour la Chambre);
4. Débats en commission ;
5. Débats en séance plénière ;
6. Transmission à la Chambre
34
(projet de loi) ;
FRYDMAN B. et RORIVE I.
Bicaméralisme aménagé (Parlement fédéral)
DROI-C-1001
Introduction au droit
Þ Amender et adopter le projet de loi amendé qui est alors
transmis au Roi (pour sanction et promulgation).
La révision de la Constitution
1. Déclaration de révision
Les nouvelles chambres sont dites « constituantes » car elles ont le pouvoir,
mais non l’obligation de voter la révision des articles de la Constitution repris dans
la liste.
La révision suit une procédure très proche de celle de l’élaboration de la loi
soumise au bicaméralisme strict. L’initiative de présenter une proposition de
révision (on ne parle pas ici de « projet ») appartient au gouvernement et aux
parlementaires. La proposition ne doit pas être soumise au Conseil d’État. Le
quorum est fixé à deux tiers des membres de chaque assemblée et le vote doit
recueillir dans chaque chambre la majorité qualifiée des deux tiers des membres
présents. La révision de la Constitution doit être sanctionnée et promulguée par le
Roi et n’entre en vigueur qu’après sa publication au Moniteur belge.
En pratique, la Constitution belge a été régulièrement modifiée depuis un
demi-siècle pour transformer le pays en un État fédéral où les compétences des
régions et communautés sont à chaque fois étendues. Les chambres et le
gouvernement ont pris l’habitude de voter des déclarations de révision
systématiquement en fin de législature pour rendre les chambres nouvelles
constituantes. Dès lors, la seule contrainte de la révision, mais qui demeure très
importante, est la réunion d’une majorité des deux tiers.
Outre son rôle majeur dans l’élaboration des lois, le pouvoir exécutif dispose
d’un pouvoir propre d’élaborer des règles de droit. Ces règlements sont appelés
« arrêté royal ». Ils sont adoptés selon une procédure nettement plus simple que
les lois (1). On distingue plusieurs sortes d’arrêtés-royaux (2), qui traduisent la
part de plus en plus importante donnée au gouvernement dans l’exercice du
pouvoir normatif.
1. Procédure d’adoption
région unilingue du pays. Il est publié au Moniteur belge, en principe dans le mois
de son adoption. Il devient obligatoire dix jours après sa publication, sauf
disposition contraire.
Les arrêtés royaux importants sont accompagnés en préambule de
considérants qui en précisent les motifs. Lorsque ces considérations liminaires sont
très développées, elles font l’objet d’un document spécifique : le rapport au Roi. Ce
rapport constitue l’équivalent de l’exposé des motifs* en matière législative. Le
rapport au Roi ne fait pas partie intégrante de l’arrêté royal et il ne fait pas
autorité. Il est cependant publié avec l’arrêté royal au Moniteur belge. Le juriste y
trouvera des indications, notamment sur la volonté du gouvernement, de nature à
éclairer la portée de l’acte et à favoriser son interprétation.
Durant les périodes de crise économique ou sanitaire, il est arrivé que la loi
étende considérablement le pouvoir réglementaire du Roi afin de lui permettre de
prendre directement, en lieu et place du pouvoir législatif, de manière rapide et
énergique, les mesures imposées par l’urgence ou la gravité de la situation,
notamment dans les domaines économique, financier, social et sanitaire. Une telle
loi d’habilitation est dite « loi de pouvoirs spéciaux ».
Dans les limites de l’habilitation, les arrêtés de pouvoirs spéciaux peuvent
édicter des normes de portée législative. Ils peuvent ainsi modifier, compléter ou
abroger des lois établies. Ils n’en demeurent pas moins des actes réglementaires,
dont la conformité à la Constitution et à la loi d’habilitation peut être contrôlée par
les juridictions ordinaires43.
Les lois de pouvoirs spéciaux fixent généralement des règles de procédure
supplémentaires, de nature à renforcer le contrôle sur ces arrêtés, eu égard à
l’importance des dispositions qu’ils peuvent contenir. Ainsi, les arrêtés de pouvoirs
spéciaux doivent systématiquement être délibérés en Conseil des ministres et
soumis à l’avis du Conseil d’État. Ils doivent faire l’objet d’un rapport motivé au
parlement et être confirmés par le législateur à l’expiration des pouvoirs spéciaux.
Formellement, les arrêtés de pouvoirs spéciaux se reconnaissent au fait
qu’ils sont numérotés dans l’ordre de leur adoption.
À deux reprises, à l’issue des deux guerres mondiales, pendant les périodes
de reconstruction, le législateur a accordé au Roi des pouvoirs extraordinaires. Le
fondement de cette habilitation est identique à celui des pouvoirs spéciaux.
L’habilitation législative est donnée en termes moins précis et beaucoup plus
larges que les pouvoirs spéciaux. Comme ces derniers, les arrêtés de pouvoirs
extraordinaires peuvent modifier, abroger ou remplacer les lois. Ils sont des actes
du pouvoir exécutif soumis au même contrôle que les autres arrêtés royaux.
Les arrêtés-lois
Les arrêtés-lois* sont des actes du pouvoir législatif pris par le Roi ou le
gouvernement dans des circonstances extraordinaires pendant les deux guerres
mondiales.
Durant le conflit de 1914-1918, la plus grande partie du territoire belge était
occupée par l’ennemi et le parlement ne fonctionnait plus. Le Roi Albert Ier prit,
avec le contreseing de son gouvernement, des mesures de nature et de portée
législatives. Au lendemain de la guerre, la validité de ces actes fut contestée devant
les juridictions par certains justiciables à qui on prétendait les opposer. Ce point
de droit fut porté devant la Cour de cassation qui décida que :
« En temps de guerre, lorsque le territoire est occupé, le Roi peut,
dans l’impossibilité de réunir les Chambres, prendre seul les mesures
législatives que commande l’intérêt du pays » 44
Les arrêtés-lois sont des actes du pouvoir législatif. Ils ont la même valeur
et la même portée qu’une loi ordinaire.
S’ils peuvent apparaître comme une curiosité historique, les arrêtés-lois
sont néanmoins riches d’enseignement. En premier lieu, ils démontrent
l’extraordinaire faculté d’adaptation des règles juridiques aux changements de
circonstances et même aux bouleversements sociaux et les ressources des juristes
pour faire preuve d’inventivité et d’ingénierie. Nécessité fait loi. La pertinence de
la règle et sa capacité à régir le réel sont à ce prix. L’ordre juridique fait montre en
cette occasion d’une souplesse que le texte formel de la Constitution sur l’exercice
collégial du pouvoir législatif ne laissait pas présager. Ensuite, la solution retenue
consacre le principe de la continuité de l’État et du service public* qui l’emporte
sur les règles de procédure, même constitutionnelles, et contraint, au moins
44 Cass., 11 février 1919, Pas.,1919, I, p. 10 ; Cass. 27 avril 1920, Pas., 1929, I, p. 124.
45 Art. 93 de la Constitution.
46 Par analogie au régime prévu lors de la mort du Roi afin d’éviter la vacance du pouvoir (art. 90
de la Constitution).
47 Cass., 6 novembre et 11 novembre 1944, Pas., 1945, I, pp. 23 et 65.
Compétences
Les communautés et les régions n’ont de compétences que celles qui leur
sont attribuées par la Constitution ou les lois spéciales*. Ces compétences, dites
d’attribution, sont limitativement énumérées.
Les communautés
Les régions
Les régions exercent dans les limites de leur territoire, des compétences
dans les quatre domaines suivants :
1. Le cadre de vie
Au même titre que les communautés, les régions sont compétentes pour la
recherche scientifique et les relations internationales dans la sphère de leurs
attributions.
Institutions et normes
Matières
Compétences Matières communautaires Matières régionales
fédérales
Parlement
fédéral Parlement de la
Parlement de la Parlement de la
Pouvoir Parlement Parlement Région de
(Chambre des Communauté Communauté
législatif flamand wallon Bruxelles-
représentants germanophone française
Capitale
et Sénat)
Gouvernement
Gouvernement Gouvernement Gouvernement
fédéral (Roi, Gouvernement Gouvernement
Pouvoir de la de la de la Région de
ministres et de la Région
exécutif Communauté Communauté flamand Bruxelles-
secrétaires wallonne
germanophone française Capitale
d’État)
Lorsqu’un parlement estime qu’il peut être gravement lésé par un projet ou
une proposition de norme législative discuté devant un autre parlement belge, il
peut demander, par un vote à la majorité des 3/4 des voix, que la procédure soit
suspendue en vue d’une concertation50. Par ce vote, la procédure d’élaboration
législative est suspendue de plein droit pour permettre une concertation entre les
entités. Si la concertation n’aboutit pas, le Sénat est saisi et rend un avis motivé
au Comité de concertation*. Celui-ci prend une décision par consensus. La
50Art. 143 de la Constitution et art. 32, § 1-1quater de la Loi ordinaire de réformes institutionnelles
du 9 août 1980.
procédure ne peut être engagée qu’une seule fois par la même assemblée au sujet
d’un même texte51.
Le Comité de concertation
51Une procédure similaire est établie pour régler les conflits d’intérêts entre les différents
gouvernements.
Les communes
Les provinces
La Cour constitutionnelle
Mission
Composition
Modalités du contrôle
La Cour constitutionnelle peut être saisie de deux manières : par la voie d’un
recours en annulation ou par celui d’une question préjudicielle.
53 Art. 8 à 32 de la Constitution.
54 Art. 10 et 11 de la Constitution.
55 Art. 170 de la Constitution.
56 Art. 172 de la Constitution.
57 Art. 191 de la Constitution.
58Nouvel alinéa de l’article 142 de la Constitution, révision votée le 6 janvier 2014, M.B. 31 janvier
2014, p. 8546
59Voy. l’article 143, § 1er, de la Constitution et les articles 47 et 48 de la loi spéciale du 6 janvier
2014 relative à la Sixième Réforme de l’État.
60Art. 19 à 25 de la loi spéciale du 6 janvier 1989 sur la Cour constitutionnelle, M.B., 7 janvier
1989.
Le Conseil d’État
Le Conseil d’État est divisé en deux sections qui remplissent des fonctions
différentes. La section de législation donne un avis sur les projets de loi et de
règlement (A). La section du contentieux connaît principalement du contentieux
de l’annulation des actes administratifs et réglementaires (B).
Rappelons que la section de législation du Conseil d’État rend des avis sur
tout avant-projet* de loi, de décret, d’ordonnance ou projet d’arrêté royal ou de
gouvernement ou d’arrêté ministériel dans lesquels elle dénonce, le cas échéant,
les violations de la Constitution. Elle connaît également de certaines propositions*
de texte législatif, notamment à la demande d’un tiers des membres de l’assemblée
de laquelle émane la proposition ou, pour le parlement fédéral et le parlement
bruxellois, à la demande de la moitié des membres d’un groupe linguistique. Pour
les textes législatifs, même dans les cas d’urgence spécialement motivés par un
gouvernement, le Conseil d’État doit être saisi, mais son avis portera uniquement
sur le respect des règles de répartition de compétences ainsi que, au niveau fédéral,
sur le type de procédure législative qui doit être suivi dans le cadre du
bicaméralisme aménagé.
L’avis du Conseil d’État est obligatoire, mais non contraignant, sauf s’il
dénonce une violation des règles de répartition de compétences. Dans cette
hypothèse intervient le Comité de concertation.
1. Le contentieux de l’annulation
62Art. 17 des lois coordonnées sur le Conseil d’État du 12 janvier 1973, tel que modifié par la loi du
20 janvier 2014 portant réforme de la compétence, de la procédure et de l'organisation du Conseil
d'État modifiant l’article 38 des lois coordonnées sur le Conseil d’État, M.B., 3 février 2014.
L’Union européenne
63 M. DONY, Droit de l’Union européenne, éd. de l’Université de Bruxelles, 2018, 7e éd., p. 10.
64Arrêt de la Cour du 15 juillet 1964, Costa c. E.N.E.L., 6/64, EU:C:1964:66, pp. 1159-1160, notre
accent.
Arrêt de la Cour du 5 février 1963, Van Gend and Loos c. Administratie der Belastingen , 26/62,
65
2. La Commission européenne
66 Arrêt de la Cour du 3 avril 1986, Les Verts c. Parlement, 294/83, EU:C:1986:166, point 23.
3. Le Parlement européen
Depuis 1979, le Parlement européen est composé des représentants élus par
les peuples des États membres tous les cinq ans. Il se réunit à Bruxelles ou à
Strasbourg et est composé aujourd’hui de plus de 700 députés. La citoyenneté
européenne consacrée par le Traité de Maastricht de 1992 implique que tout
ressortissant d’un État membre de l’Union a le droit de prendre part aux élections
européennes quel que soit le pays de l’Union où il est domicilié. Un citoyen belge
résidant en France participera à l’élection des députés européens en France, sans
passer par l’ambassade belge.
Les missions principales du Parlement européen sont au nombre de trois.
Premièrement, il participe au pouvoir législatif sans détenir l’essentiel de la
fonction législative. Si, initialement, le Parlement disposait uniquement d’un
embryon de pouvoir législatif, au fil des traités, les pouvoirs du Parlement dans la
prise de décision ont été renforcés. Deuxièmement, il partage le contrôle budgétaire
avec le Conseil. Il lui revient d’arrêter le budget et les comptes annuels.
Troisièmement, le Parlement européen exerce un contrôle politique sur la
Commission. Il dispose notamment du droit de créer des commissions d’enquête
sur les activités de la Commission européenne et même de renverser collectivement
cette dernière par une motion de censure (2/3 des voix).
1. Règlements et directives
s’agir d’une loi, d’un décret ou d’une ordonnance, accompagné le cas échéant
d’arrêtés d’exécution, voire même d’un simple arrêté de l’exécutif concerné.
Les directives ne créent donc pas immédiatement des droits et des
obligations dans le chef des particuliers. Toutefois, lorsqu’un État n’intègre pas
dans son ordre juridique interne les dispositions d’une directive dans le délai requis
et que cette défaillance prive les sujets de droit d’un droit subjectif qui aurait dû
leur être reconnu, les personnes préjudiciées peuvent, dans certaines conditions,
se prévaloir à l’égard de l’État des dispositions de la directive. C’est ce qu’on appelle
l’effet direct vertical* des directives. La reconnaissance d’un tel effet direct suppose
que les dispositions de la directive soient inconditionnelles et suffisamment
précises.
Par contre, les directives sont normalement dépourvues d’ effet direct
horizontal*, ce qui signifie qu’un particulier ne peut en principe se prévaloir des
dispositions d’une directive non ou mal transposée à l’encontre d’un autre
particulier pour lui imposer une obligation. S’il en était autrement, la directive
serait d’application immédiate à la manière d’un règlement. Toutefois, le juge
national peut être tenu de prendre la directive en considération pour trancher un
litige entre particuliers, notamment pour écarter l’application d’une législation
nationale contraire à la norme européenne ou pour interpréter le droit interne dans
un sens conforme à la directive (interprétation conciliante). En pratique, cela
revient en quelque sorte à reconnaître un certain effet direct horizontal aux
directives.
L’État qui ne transpose pas une directive dans le délai requis engage en
outre sa responsabilité* et s’expose à une action en manquement* au niveau
européen.
Le contrôle juridictionnel
Recours en manquement
qui consiste en une somme d’argent à payer chaque jour par l’État tant qu’il
n’obtempère pas.
Renvoi préjudiciel
Le Conseil de l’Europe
1. Recours
3. Jurisprudence
76Sur cet arrêt, voy. B. FRYDMAN et C. BRICTEUX, « L’arrêt RTBF c. Belgique : un coup d’arrêt au
contrôle judiciaire préventif de la presse et des médias », Revue trimestrielle des droits de l’homme,
2013, pp. 331-350.
1. Notion
77 Q.D. NGYEN et P. DAILLIER, Droit international public, Paris, L.G.D.J., 6e éd., 1999, p. 35.
Catégories de traités
Sur le plan formel, on distingue les traités bilatéraux*, conclus entre deux
États, et les traités multilatéraux*, qui en lient plusieurs. Les traités-lois et les
traités-institutions sont logiquement multilatéraux. Les traités-contrats peuvent
être soit bilatéraux, soit multilatéraux, en fonction de leur objet ou de la politique
suivie par l’État dans le domaine des relations internationales. Ainsi, en matière
de commerce, les traités bilatéraux constituent des accords particuliers, qui
favorisent des relations privilégiées, alors que les traités multilatéraux tendent à
constituer des zones d’échange pour le développement du commerce international.
La tendance de ce point de vue est sans aucun doute au multilatéralisme. Les
traités multilatéraux d’abaissement des barrières douanières et autres obstacles
aux échanges79 ont débouché sur la création d’une institution spécifique chargée
de libéraliser le commerce international : l’Organisation Mondiale du Commerce
(Traité de Marrakech, 1991).
79 Négociés généralement dans le cadre du G.A.T.T. ( General Agreement on Tariffs and Trade).
80Si ce n’est qu’il engage les États signataires à ne pas adopter de comportement contraire à l’objet
et au but du traité (art. 18 de la Convention de Vienne sur le droit des traités).
81Cass., 11 décembre 1953 (Pas., 1954, I, p. 298) et Cass., 19 mars 1981 (J.T., 1982, p. 565, note
Verhoeven).
4. Être un centre où s'harmonisent les efforts des nations vers ces fins
communes ».
L’Organisation des Nations Unies n’est pas un « super État mondial » doté
d’un pouvoir législatif, d’un pouvoir exécutif et d’un pouvoir judiciaire, mais une
enceinte privilégiée de concertation et de collaboration entre les États de la
communauté internationale. Afin de remplir ses différentes missions, l’ONU
dispose de plusieurs organes permanents à New-York. Les principaux sont
l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Secrétaire général et la Cour
internationale de justice qui siège à La Haye.
1. L’Assemblée générale
2. Le Conseil de sécurité
3. Le Secrétaire général
1. Des juridictions
infractions les plus graves au droit humanitaire commises à travers le monde. Elle
est habilitée à juger toute personne accusée de crime de guerre, de crime contre
l’humanité ou de génocide dans l’hypothèse où les systèmes nationaux sont
défaillants pour en connaître. Tous les États ne reconnaissent toutefois pas la
compétence de cette nouvelle juridiction. Tel est le cas, notamment, des États-
Unis, de l’Inde, de la Chine et de la Russie qui comprennent la moitié de la
population de la planète. Les représentants de ces pays refusent que leurs
ressortissants soient déférés à la juridiction de la Cour pénale internationale pour
y être jugés.
82Voy. l’organigramme représentant le système des Nations Unies, disponible en ligne à l’adresse
suivante : https://www.un.org/fr/pdf/un_system_chart.pdf.
I. Notion
83 R. CARRÉ DE MALBERG, Contribution à la théorie générale de l’État, Paris, Sirey, 2 vol., 1920-
1922.
84 J. HABERMAS, Droit et démocratie, Paris, Gallimard, 1992.
85 J. CHEVALLIER, L’État de droit, Paris, Montchrestien, 1999, 3ème éd., pp. 7-8. Voy. aussi, mais
avec une autre formulation, 2010, 5ème éd., pp. 7-8.
86Préambule du Traité UE reprenant les termes de l’art. 6, § 1er du Traité CE. Voy. aussi art. 2, 6
et 21 TUE.
Définition et exemples
Les principes généraux du droit* sont des normes obligatoires qui procèdent
de l’ordre juridique lui-même, soit qu’ils en constituent les fondements nécessaires,
soit qu’ils apparaissent indispensables à sa mise en œuvre et au respect des valeurs
qu’il véhicule.
Les principes généraux du droit occupent une place très importante dans les
droits positifs contemporains. D’une part, les principes reconnus sont nombreux et
tendent à se multiplier ; d’autre part, ils sont très souvent invoqués par les juges
à l’appui de leurs décisions.
Parmi les principes généraux du droit reconnus, on peut citer par exemple :
▪ le principe de la souveraineté des États* en droit international ;
▪ le principe de subsidiarité* en droit européen ;
▪ le principe de continuité de l’État et du service public* ;
91 Les magistrats francophones se sont notamment mis en grève les 2 et 7 juin 2016.
92Propos du Premier président de la Cour de cassation, M. Jean Codt, tenus sur le plateau de la
RTBF : « Justice et État, c’est la même chose […] L’État se disloque en déchirant sa Justice (…)
Quel respect donner à un État qui marchande sa fonction la plus archaïque, qui est de rendre la
Justice ? Cet État n’est plus un État de droit, mais un État voyou » (rapportés par Le Soir, 15 mai
2016).
Principes et règles
Les principes généraux du droit sont des normes juridiques. Ce sont donc
des règles de droit au sens large. Ils diffèrent cependant des règles de droit
ordinaires à la fois par leur champ d’application, leur source et leur mise en œuvre.
Sur le plan du champ d’application, les principes se signalent normalement
par leur caractère général. Les règles s’appliquent à des situations déterminées,
spécifiées dans l’hypothèse* de la règle ou son champ d’application. Au contraire,
les principes peuvent faire l’objet d’un nombre indéfini d’applications dans des
domaines variés.
Toutefois, si certains principes sont absolument généraux, d’autres sont
spécifiques à une branche du droit* particulière. Ainsi, le principe non bis in idem
Origine et découverte
Les principes généraux du droit se distinguent des règles non seulement par
leur portée mais encore par leur origine. Alors que les règles sont normalement
établies par la législation au sens large*, les principes généraux du droit procèdent
directement de l’ordre juridique considéré comme système. Ces normes sont en
quelque sorte exigées par le système juridique, où elles existent en puissance.
Comme la mission de systématiser le droit lui incombe, la doctrine*
contribue de manière importante à la découverte des principes généraux du droit.
Elle est puissamment aidée dans cette tâche par la jurisprudence* qui joue un rôle
de filtre dans la formulation et la consécration des principes dont elle a besoin pour
assurer la mise en œuvre du droit.
performant qu’il sera relayé par des mécanismes de contrôle visant à assurer le
respect des principes de la hiérarchie des normes.
L’État de droit suppose le respect de la hiérarchie des normes. Celle-ci
présuppose d’abord le principe de légalité en vertu duquel l’action et le
comportement des pouvoirs publics et de leurs agents doivent toujours être
conformes au droit et fondés sur une base juridique. Elle implique en outre que les
pouvoirs publics, lorsqu’ils édictent des règles juridiques, respectent les normes
supérieures. Techniquement, la hiérarchie des normes peut être comprise comme
un principe d’organisation rationnelle de l’action administrative dans lequel le
pouvoir hiérarchique des autorités est respecté. En réalité, elle porte beaucoup
plus loin dans la mesure où les droits fondamentaux des citoyens sont garantis par
les normes juridiques les plus élevées dans la hiérarchie (essentiellement les
normes internationales et la Constitution). La hiérarchie des normes permet ainsi
la sauvegarde des droits de l’homme et des libertés des individus face aux
empiétements éventuels de la puissance publique.
Le contrôle effectif de la hiérarchie des normes est assuré par des organes
juridictionnels.
1. La Cour constitutionnelle* assure le contrôle de conformité des lois, des
décrets et des ordonnances de la Région de Bruxelles-Capitale par rapport
à une partie de la Constitution.
2. Le Conseil d’État* connaît de l’annulation des actes administratifs pris en
violation de normes supérieures.
3. Les cours et tribunaux de l’ordre judiciaire et la section du contentieux
administratif du Conseil d’État refusent d’appliquer les actes administratifs
(dont les arrêtés et règlements) non conformes aux règles supérieures (art.
159 de la Constitution) et assurent la primauté des normes internationales
directement applicables sur le droit interne (jurisprudence Le Ski).
4. Certaines juridictions régionales, comme, pour l’Europe, la Cour européenne
des droits de l’homme* et la Cour de justice de l’Union européenne*,
contrôlent le respect par les États de leurs obligations internationales en
matière de droits de l’homme et de droit européen.
En outre, compte tenu du délai nécessaire à l’obtention d’une décision de
justice, notamment l’annulation d’un acte illégal, des mécanismes de suspension
des actes ont été prévus pour empêcher, dans certaines conditions, que l’acte
apparemment illégal ne sorte ses effets à l’égard des particuliers pendant la
procédure.
1. La Cour constitutionnelle peut, comme nous l’avons vu, suspendre, en tout
ou en partie, la norme législative qui fait l’objet d’un recours en annulation,
à la demande de la partie requérante (supra, ch. 1).
2. Le Conseil d’État a également le pouvoir d’ordonner la suspension des
règlements et actes administratifs dont l’annulation est demandée dans le
cadre d’une procédure dite de référé administratif (supra, ch. 1).
3. Enfin, les cours et tribunaux se sont reconnus compétents pour adresser des
injonctions à l’administration qui agit ou s’apprête à agir de manière à
première vue (prima facie) illégale. Le juge peut intervenir lorsqu’il y a des
apparences d’illégalité suffisantes pour justifier une décision et que
l’exécution de l’acte est de nature à causer au demandeur* un préjudice hors
de proportion avec l’avantage que peuvent en retirer l’administration et les
citoyens. Cette compétence est exercée par le président du tribunal civil de
première instance, siégeant en référé*. Celui-ci peut assortir son injonction,
positive ou négative, d’une astreinte*97.
Les cas de conflit entre les normes juridiques doivent être envisagés en
tenant compte des ordres juridiques dont elles émanent ainsi que de la nature de
chacune d’elle. Nous envisageons ici les différents cas de conflits de normes qui
peuvent se poser en pratique et les modalités de recours en vertu desquelles une
norme juridique incompatible avec une norme qui lui est supérieure peut être
écartée, voire annulée.
97 M. LEROY, Contentieux administratif, Limal, Anthemis, 2011, 5ème éd., pp. 741 et s.
98 Cass., 26 novembre 1925, Pas., 1926, I, p. 76, spéc. 77.
99 Arrêt de la Cour du 15 juillet 1964, Costa c. E.N.E.L., 6/64, EU:C:1964:66.
Attendu que la règle d’après laquelle une loi abroge une loi antérieure
dans la mesure où elle la contredit est sans application au cas où le
conflit oppose un traité à une loi »105.
100H. DE TERMICOURT, « Le conflit “ Traité-Loi interne” », J.T., 1963, pp. 481 et s. ; W.J. GANSHOF
VAN DER MEERSCH, « Réflexions sur le droit international et la révision de la Constitution », J.T.,
1968, pp. 485 et s. ; W.J. GANSHOF VAN DER MEERSCH, « Le juge belge à l’heure du droit
international et du droit communautaire », J.T., 1969, pp. 537 et s.
101Cass. (1ère Ch.), 27 mai 1971, Pas., 1971, I, p. 886 et les conclusions conformes du Procureur
général Ganshof van der Meersch.
102En particulier, l’article 12 du Traité C.E.E. de l’époque qui disposait que « Les États membres
s’abstiennent d’introduire entre eux de nouveaux droits de douane à l’importation et à l’exportation
ou taxes d’effet équivalent, et d’augmenter ceux qu’ils appliquent dans leurs relations commerciales
mutuelles ».
103Arrêt de la Cour du 13 novembre 1964, Commission c. Grand-Duché de Luxembourg et Royaume
de Belgique, aff. jointes 90/63 et 91/63, EU:C:1964:80.
Loi du 19 mars 1968 portant ratification d’arrêtés royaux pris en application de la loi du 30 juin
104
1931 et 30 juillet 1934 abrogés par la loi du 11 septembre 1962, M.B., 21 mars 1968.
105 Pas., 1971, I, p. 919.
Le conflit entre un traité et une loi ne se règle dès lors plus sur la base d’un
critère chronologique. La Cour poursuit son raisonnement en conférant une
primauté au droit international en raison de sa « nature » intrinsèque :
« Attendu que lorsque le conflit existe entre une norme de droit
interne et une norme de droit international qui a des effets directs
dans l’ordre juridique interne, la règle établie par le traité doit
prévaloir ; que la prééminence de celle-ci résulte de la nature même
du droit international conventionnel ».
3. L’exercice du contrôle
107Cass., 9 novembre 2004, R.G. : P.04.0849.N. Voy. la réponse de la Cour au moyen 14, première
branche, dans laquelle elle affirme que « la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des
libertés fondamentales prime la Constitution ». Sur cet arrêt, voy. notamment M. VERDUSSEN, « Les
rétroactes de l’arrêt de la Cour de cassation du 9 novembre 2004 dans l’affaire du Vlaams Blok »,
R.B.D.C., 2005, p. 371 et s.
108 Cass., 27 mai 1971, Pas., 1971, I, p. 919.
109Arrêts de la Cour du 5 mars 1996, Brasserie du pêcheur, aff. jointes C-46/93 et, Factortame, C-
48/93, EU:C:1996:79.
110Arrêt de la Cour du 13 novembre 1990, Marleasing, C-106/89, EU:C:1990:395,. Au moment où
cet arrêt a été rendu, on parlait d’une interprétation conforme au droit communautaire.
111 Comp. avec la notion d’interprétation conciliante ( supra, ch. 2).
112 Cour eur. dr. h. (GC), Salduz c. Turquie, 27 novembre 2008.
2. L’exercice du contrôle
La primauté du droit primaire sur le droit dérivé est assurée à deux niveaux.
Dans l’ordre européen, la Cour de justice de l’Union connaît des recours en
annulation* dirigés contre les actes des institutions de l’Union européenne. Par
ailleurs, les juridictions nationales jouent également un rôle important en posant,
à cette même Cour de justice, des questions préjudicielles en appréciation de
validité*.
113 Du moins, jusqu’à son arrêt controversé du 3 mai 1974, Pas., 1974, I, p. 911. Sur les
interprétations multiples auxquelles a donné lieu cet arrêt, voy. I. RORIVE, Le revirement de
jurisprudence. Étude de droit anglais et de droit belge , Bruxelles, Bruylant, 2003, pp. 227-234, n°
202-205.
114 Pas., 1950, I, p. 560 et les conclusions du procureur général L. CORNIL.
2. L’exercice du contrôle
2. L’exercice du contrôle
115W.J. GANSHOF VAN DER MEERSCH, « Propos sur le texte de la loi et les principes généraux du
droit », Discours prononcé à l’audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation, le 1 er
septembre 1970, J.T., 1970, p. 568.
116 Art. 2 de la loi du 10 février 2003 relative à la responsabilité des et pour les membres du
personnel au service des personnes publiques, M.B., 27 février 2003. Cette disposition est calquée
sur le régime de responsabilité applicable aux travailleurs dans les liens d’un contrat de travail
(art. 18 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail).
cette occasion et, dans l’affirmative, suivant quelles modalités. La loi étant muette
sur la question, les principes de la responsabilité des pouvoirs publics ont été
progressivement dégagés par la jurisprudence sur la base du droit commun de la
responsabilité aquilienne.
Avant 1920, la jurisprudence reposait sur une distinction entre les actes
privés et les actes de puissance publique accomplis par une personne publique. Les
actes privés, par exemple les actes de gestion du domaine privé*, étaient soumis à
la responsabilité de droit commun. Par contre, le pouvoir judiciaire se montrait
réticent à condamner l’administration et se déclarait incompétent pour connaître
des actions engagées contre l’État et les autres personnes publiques à la suite d’une
faute commise dans l’exercice de la puissance publique*. Cette jurisprudence
s’appuyait sur une conception étroite de la séparation des pouvoirs*. En l’absence
de voie de recours, les pouvoirs publics jouissaient donc de fait d’une immunité
presque totale. Les particuliers ne disposaient d’aucun moyen d’indemnisation des
dommages causés par les actes illégaux et fautifs de l’administration, si ce n’était
le bon plaisir de celle-ci.
Il fut mis fin à ce régime d’impunité par un arrêt de la Cour de cassation du
5 novembre 1920, dit arrêt La Flandria*117, qui marque un revirement* important
de la haute juridiction par rapport à sa jurisprudence* antérieure. Un arbre planté
par la ville de Bruges s’était abattu sur le terrain de la société horticole La
Flandria, causant de menus dégâts aux plantations. La société en demandait
réparation à la ville au motif qu’elle avait négligé de prendre les mesures
adéquates pour empêcher l’arbre, visiblement en piteux état, de s’abattre. En
appel, le tribunal civil de Bruges avait autorisé, par un jugement avant dire droit*,
le demandeur* à prouver l’existence d’une faute dans le chef de la ville. La ville de
Bruges introduisit un pourvoi en cassation contre cette décision au motif que
l’arbre était planté sur le domaine public* de la ville et qu’il s’agissait donc d’un
acte de puissance publique dont les cours et tribunaux étaient incompétents à
connaître. Encouragée par son Premier avocat général, Paul Leclercq, qui, dans
ses conclusions*, n’avait pas hésité à qualifier la jurisprudence traditionnelle de
« pathologique »118, la Cour de cassation affirme pour la première fois la
compétence des cours et tribunaux en matière d’action en responsabilité contre
l’État et les pouvoirs publics. Elle fonde cette compétence sur l’article 144 de la
Constitution119 qui confiait aux cours et tribunaux le pouvoir exclusif de connaître
des contestations portant sur un droit civil*120. La Cour de cassation précise que
« la Constitution n’a égard ni à la qualité des parties contendantes, ni à la nature
des actes qui auraient causé une lésion de droit, mais uniquement à la nature du
droit lésé »121. La Cour réinterprète à cette occasion le principe de la séparation des
117 Cass., 5 nov. 1920, Pas. 1920, I, pp. 192 et s., spéc. pp. 239-240.
118 Conclusions précédant Cass., 5 nov. 1920, Pas., 1920, I, pp. 193-239.
119 À l’époque, art. 92.
120Un deuxième alinéa a depuis été ajouté à l’article 144 de la Constitution pour permettre au
Conseil d’État et aux juridictions administratives fédérales de statuer sur les effets civils de leurs
décisions.
121 Cass., 5 nov. 1920, op cit., p. 239.
2°) Critères
Depuis l’arrêt La Flandria, la jurisprudence a confirmé de manière
constante la responsabilité des pouvoirs publics, dans un sens toujours plus
étendu. Il ressort de cette jurisprudence que l’administration n’est pas exemptée,
dans l’exercice de la puissance publique, de l’obligation de diligence et de prudence
qui s’impose à tous en vertu du Code civil. En réalité, compte tenu de l’importance
des missions de service public assumées par l’administration, cette obligation fait
peser sur les pouvoirs publics une responsabilité particulièrement étendue.
1. Les pouvoirs publics sont d’abord responsables des fautes commises par
leurs agents et organes dans l’exercice de leur mission. L’État a, par
exemple, été reconnu responsable du comportement maladroit d’un
gendarme qui, en ouvrant la circulation d’un carrefour simultanément dans
toutes les directions, avait provoqué plusieurs accidents.
2. La responsabilité de l’administration a aussi été engagée en raison de
renseignements erronés donnés à la légère à des administrés. Ainsi, un
officier avait mis fin à sa carrière sur la base des assurances données par les
services du ministère de la Défense qu’il aurait droit à une pension complète.
Ces renseignements étaient inexacts et le militaire n’avait obtenu une
pension que pour une carrière incomplète. L’État est condamné à réparer le
préjudice car les juges constatent que les pouvoirs publics ont méconnu en
l’espèce leur obligation de renseignement, en donnant des informations
« sans investigations suffisantes ou sans laisser apparaître l’incertitude
quant à la solution indiquée »123.
3. Les pouvoirs publics sont également responsables lorsque l’administration
a pris une décision et que celle-ci a été mal ou pas exécutée par ses agents.
Dans un tel cas, la jurisprudence considère que la légitime confiance des
usagers est trompée.
4. L’administration est responsable non seulement lorsqu’elle exécute mal une
décision mais également lorsqu’elle prend une décision fautive ou
imprudente. La Cour de cassation l’a affirmé dans un arrêt de principe du 7
mars 1963124. En l’espèce, l’administration avait placé sur une route un
nouveau revêtement qui s’était révélé extrêmement glissant, occasionnant
une série impressionnante d’accidents. L’administration avait réagi en se
contentant d’apposer au début de la section dangereuse un signal ordinaire
indiquant « attention route glissante ». Les accidents continuèrent de plus
belle jusqu’à ce que l’administration se décide enfin à poser un tapis
antidérapant. Saisi par la victime d’un de ces accidents, le juge du fond avait
Si l’État ou les pouvoirs publics peuvent être condamnés pour des fautes
commises par leur administration, ne devraient-ils pas en être de même pour les
dommages causés par le service public de la justice ? La Cour d’appel de Bruxelles
a ainsi condamné l’État belge pour avoir rendu en mauvais état un véhicule saisi
dans le cadre d’une instruction* judiciaire128. La question est cependant plus
délicate lorsque l’acte fautif consiste en une décision de justice*. Dans ce cas, les
principes de la responsabilité civile doivent être conciliés avec ceux de
l’indépendance* du juge et de l’autorité de la chose jugée*. Il faut distinguer à cet
égard, la responsabilité personnelle des magistrats de la responsabilité de l’État
dont ils sont les organes*.
127 Cass., 13 mai 1982, Pas., 1982, I, p. 1056 et les conclusions conformes de J. Velu. Si la nature de
l’obligation pour l’administration de faire une application correcte du droit était de résultat dans
l’arrêt de la Cour de cassation de 1982, des arrêts ultérieurs la qualifient d’obligation de moyen
(Cass., 25 octobre 2004 et Cass., 8 février 2008).
128 Bruxelles, 18 février 2000, J.L.M.B., 2000, p. 608.
129 Les hypothèses sont limitativement énumérées à l’article 1140 du Code judiciaire.
130 CH. MATRAY, « La responsabilité déontologique des magistrats – Pour une déontologie positive »,
in les Actes du colloque organisé le 15 février 2007 à l’Université catholique de Louvain sur le thème
de La responsabilité professionnelle des magistrats, Série « Les cahiers de l’Institut d'études sur la
Justice », n° 10, Bruxelles, Bruylant, 2007.
131Cass., 19 décembre 1991, J.T., 1992, p.142, ainsi que des extraits des conclusions conformes de
J. VELU et Cass. 8 décembre 1994, J.T., 1995, p. 497 et observations R.O. D ALCQ. Voy. aussi Cass.,
26 juin 1998, R.C.J.B., 2001, p. 21 et la note de B. DUBUISSON : « Faute, illégalité et erreur
d’interprétation en droit de la responsabilité civile ». Ce dernier arrêt concerne une affaire mettant
en cause un directeur des contributions qui, dans l’exercice de sa fonction juridictionnelle, avait
notamment omis de prendre en considération une disposition légale.
132 Cass, 5 juin 2008, (2 arrêts) n° rôle C.06.0366N et C.070073.N.
133 La Cour constitutionnelle a toutefois apporté des assouplissements à ce principe, qui dépassent
le cadre de ce cours d’Introduction au droit.
134 En ce sens qu’elle doit être connue au moment où l’acte juridictionnel incriminé est intervenu.
Notez que la doctrine classique du double fondement de la faute est remise en cause par certains
135
commis une faute, limitent en pratique la possibilité pour les particuliers lésés par
une décision judiciaire d’obtenir réparation.
La responsabilité de l’État s’étend du reste à l’ensemble du service public de
la justice, et dès lors également aux actes du ministère public lequel engage, par
exemple, la responsabilité de l’État lorsqu’il fait appel d’une ordonnance de non-
lieu* ce qui impose aux personnes poursuivies « une nouvelle étape de procédure
et un allongement de cette procédure » alors que le dossier était « quasiment
vide »136.
Les parlementaires bénéficient d’une immunité absolue pour les votes et les
opinions émises à la tribune (supra, ch. 1). Aussi, leur responsabilité personnelle
ne saurait être engagée dans leur participation à l’exercice du pouvoir législatif.
Les parlementaires jouissent également d’une protection lorsqu’ils font l’objet de
poursuites pénales pour des actes étrangers à leurs fonction afin d’éviter les
procédures partisanes (supra, ch. 1)137.
140 Dans son arrêt Jung du 10 septembre 2010 ( J.T., 2011, p. 811), la Cour de cassation est venue
nuancer le principe d’unicité de l’illégalité et de la faute : l’établissement de la responsabilité du
législateur requiert « une appréciation propre » au regard du législateur normalement prudent et
diligent.
141 Cass., 1er juin 2006, R.G. : C050494N.
142 Arrêt de la Cour du 19 novembre 1991, Francovich et Bonifaci, C-6/90 et 9/90, EU:C:1991:428.
SECTION 2 : LA DÉMOCRATIE
Notion
La démocratie représentative
Les élections
La représentation
Dans l’Union européenne, les citoyens des États membres élisent leurs
députés au Parlement européen* au suffrage universel. Cependant, ce Parlement
ne jouit encore que de pouvoirs restreints (supra, ch. 2). Il n’a ni l’initiative des
propositions de règlement et de directive, ni le pouvoir du dernier mot. C’est
pourquoi, on évoque fréquemment le déficit démocratique des institutions
européennes.
Quant à l’ordre juridique international, il ne comporte pas d’institutions
véritablement démocratiques. Les représentants qui siègent à l’Assemblée
générale des Nations Unies ou dans les autres organisations internationales sont
des représentants des États. Ils ne procèdent pas d’une élection au suffrage
universel.
148 P. LAUVAUX, Les grandes démocraties contemporaines, Paris, PUF, 2004, 2ème éd., p. 92.
149Art. 11, § 4 du TUE ; Règlement (UE) n° 211/2011 du Parlement et du Conseil du 16 février 2011
relatif à l’initiative citoyenne, J.O. L 65 du 11 mars 2011, p. 1.
150M. UYTTENDAELE, Trente leçons de droit constitutionnel, Bruxelles, Anthemis - Bruylant, 2014,
2ème éd., pp.149-150.
151 M. UYTTENDAELE, op. cit., pp. 146-148 et les références citées notes 7 et 8.
152 M. UYTTENDAELE, op. cit., pp. 155-156.
159 Article unique de la modification de la Constitution du 7 mai 1999 ( M.B., 27 mai 1999).
160 C.E. n° 80.787 du 9 juin 1999, arrêt Bastien.
161 Cour eur.dr.h. (GC), Refah Partisi (parti de la Prospérité) et autres c. Turquie, 13 février 2003.
162 Cour eur.dr.h.,Parti communiste unifié de Turquie et autres c. Turquie, 30 janvier 1998.
163 Cour eur.dr.h., Féret c. Belgique, 16 juillet 2009.
164Cour eur.dr.h.,Gündüz c. Turquie, 4 décembre 2003, § 40 ; et Erbakan c. Turquie, 6 juillet 2006,
§ 56.
165Cour eur.dr.h., RTBF c. Belgique, 22 mars 2011. L’article 25 al. 1er de la Constitution belge
prescrit : « La presse est libre ; la censure ne pourra jamais être établie ; (…) ».
L’histoire des droits humains est liée à celle des idées politiques et
notamment, en Occident, à l’affirmation de l’autonomie individuelle qui pose que
l’individu soit pensé comme un sujet de droit à part entière. Cet individu naît avec
des droits qui sont inhérents à sa nature. Les philosophes des Lumières les
désigneront sous le terme de droits naturels* de l’homme. Ce concept
philosophique est également une revendication politique forte qui tend à protéger
166 Voy. les excellents ouvrages de J. LACROIX et de J.-Y. PRANCHÈRE, Le procès des droits de
l’homme, Paris, éd. du Seuil, 2016 ; Les droits de l’homme rendent-ils idiots ?, Paris, éd. du Seuil,
2019.
la liberté des individus contre la tyrannie et les abus du pouvoir. Les individus ne
doivent pas seulement être protégés par l’État, mais également, le cas échéant,
contre lui. Le respect des droits et des libertés des individus doit être assuré face à
quelque autorité que ce soit. Selon la philosophie libérale, qui a inspiré les
révolutions de la fin du XVIIIe siècle, leur garantie et leur protection sont le but
ultime de toute association politique167 et donc de l’État.
C’est dans cet esprit qu’ont été conçues les déclarations révolutionnaires des
droits de l’homme, comme le Bill of Rights de 1791 qui comprend les dix premiers
amendements à la Constitution des États-Unis adoptée en 1789, ou la Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen adoptée en France en 1789. De même, la
Constitution belge a notamment garanti, dès 1831, la liberté individuelle (article
12), la légalité des peines (article 14), l’inviolabilité du domicile (article 15), la
liberté des cultes et la liberté de manifester ses opinions (article 19), le respect de
la vie privée et familiale (article 22) ou la liberté de la presse (article 25).
Ces droits ont toujours été justiciables devant les cours et tribunaux en
Belgique, mais ces derniers ne censuraient pas les lois qui y contrevenaient au nom
d’un principe de la séparation des pouvoirs entendu trop restrictivement. La
protection de ces droits fondamentaux s’est trouvée sensiblement accrue par
l’instauration d’un contrôle de constitutionnalité des normes législatives devant la
Cour constitutionnelle* à la fin du XXe siècle.
La garantie internationale des droits de l’homme est née sur les ruines de
la seconde guerre mondiale et pour répondre à la barbarie de l’holocauste. C’est
dans la foulée de la création de l’ONU que la Déclaration universelle des droits de
l’homme a été adoptée, en 1948, marquant l’engagement des 58 États parties de
l’époque de proclamer des libertés fondamentales à l’échelle universelle. Le
préambule de cette Déclaration s’ouvre par ces mots : « Considérant que la
reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine
et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la
justice et de la paix dans le monde ».
Un mouvement similaire a conduit à la mise sur pied d’un système régional
de protection des droits de l’homme au sein du Conseil de l’Europe en 1950, avec
l’adoption de la Convention européenne des droits de l’homme (Convention
européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales,
connue sous l’acronyme CEDH). Cette Convention s’accompagne de l’instauration
de la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg et prévoit une
disposition procédurale remarquable qui garantit un droit de recours individuel
devant cette juridiction européenne.
Aujourd’hui les termes « droits de l’homme », « droits humains » (forgés plus
récemment pour répondre à la critique de l’androcentrisme), droits fondamentaux
ou libertés fondamentales sont, le plus souvent, utilisés comme des synonymes168.
Ils désignent les fondements essentiels de l’État de droit, sont reconnus
167Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, art. 2 : « Le but de toute association
politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme ».
168 Au Canada, on parle de « droits de la personne ».
Le fait que l’on parle de droits fondamentaux n’impliquent pas que tous ces
droits soient absolus, en ce sens qu’ils ne souffriraient d’aucune restriction. La
plupart sont en réalité des droits relatifs, en ce sens qu’ils peuvent être limités
mais à des conditions bien précises.
Le système de la Convention européenne des droits de l’homme distingue
clairement ces deux catégories de droit. Parmi les quelques droits absolus, l’on
compte notamment l’interdiction de la torture : « Nul ne peut être soumis à la
torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants » (article 3
CEDH). Une telle interdiction vaut même en cas de guerre ou de tout danger
menaçant la vie de la nation169. Les circonstances les plus difficiles, comme la lutte
contre le terrorisme et le crime organisé, ne peuvent jamais justifier le recours à
ces traitements qui se rangent sur une échelle de gravité croissante. Est dégradant,
l’acte de nature à humilier grossièrement l’individu devant autrui ou à ses propres
yeux, ou le poussant à agir contre sa volonté ou sa conscience. Est inhumain, l’acte
qui provoque volontairement des souffrances mentales ou physiques d’une
intensité particulière. La qualification de torture marque d’une spéciale infamie
les traitements inhumains qui provoquent délibérément des souffrances
particulièrement graves et cruelles.
La majorité des droits consacrés par la Convention européenne des droits de
l’homme sont « relatifs », c’est-à-dire qu’ils peuvent faire l’objet de restrictions par
les États membres. Ainsi, l’article 10 de cette Convention qui consacre le droit à la
liberté d’expression dispose que :
« 1. Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit
comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de
communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir
ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière.
(…)
170 Notez que la Charte des droit fondamentaux de l’Union européenne contient, elle, une
disposition particulière, l’article 52, intitulée « portée et interprétation des droits et des principes ».
Cette disposition prévoit les conditions que doivent remplir les limitations aux droits et libertés qui
sont énoncés dans la Charte.
171 Cette expression fréquemment utilisée aujourd’hui par la Cour européenne des droits de
l’homme l’était déjà dans l’arrêt Tyrer c. Royaume-Uni de 1978.
lorsque ces mesures concernent des particuliers et visent à protéger l’ordre public
ou les droits d’autrui. Cependant, la Cour se montre beaucoup plus sévère lorsque
de telles mesures touchent la presse, sous toutes ses formes, notamment écrite et
audiovisuelle. La Cour justifie ce régime spécial par la fonction indispensable de
« chien de garde de la démocratie » que remplit la presse. La presse doit pouvoir
rendre compte librement, et sur le ton qui lui convient, des débats politiques et des
questions présentant un intérêt pour le public. Cette liberté ne s’accommode
pratiquement d’aucune restriction lorsqu’il s’agit de rendre compte ou de critiquer
l’action du gouvernement.
Les États doivent d’abord s’abstenir d’agir pour ne pas interférer de façon
injustifiée avec les droits humains garantis (obligation de ne pas faire). Ainsi, par
exemple, le respect de la liberté de la presse impose d’éviter tout acte de censure
de la part des autorités.
La protection des droits humains n’est pas toujours assurée par une simple
abstention des autorités publiques. L'État peut alors être contraint de prendre des
mesures particulières afin d'assurer le respect de ces droits : c'est ce qu'on appelle
les obligations positives* mises à charge de l’État (obligation de faire). Ainsi, par
exemple, le respect de la liberté de la presse et celui du droit à la vie peuvent
contraindre les autorités à mettre en place les mesures nécessaires à la protection
de journalistes qui seraient menacés.
Par ailleurs, la protection des droits humains peut également comporter une
dimension procédurale. Le décès d’une personne sous l’action des forces de l’ordre
exige qu’une enquête officielle, indépendante et effective soit menée pour garantir
le droit à la vie dans sa dimension procédurale. Il en est de même si le décès est
causé par un particulier dans certaines circonstances (torture ou traitements
inhumains, mobile abject, traite des êtres humains, servitude domestique, etc.)
d’autant plus si la victime se sentait menacée et avait sollicité l’aide de la police.
Si les droits fondamentaux sont traditionnellement conçus comme des
normes qui s’appliquent dans les relations verticales, à savoir entre l’État et les
particuliers, la conception européenne de la protection des droits humains impose,
dans une certaine mesure, leur respect dans les relations entre les particuliers.
C’est ce que l’on appelle l’effet horizontal* des droits de l’homme qui rend ces
derniers opposables dans les relations entre personnes privées. En conséquence,
l’État doit également agir pour protéger les droits fondamentaux d’une personne
menacée par l’action d’autres individus. Par exemple, l’État doit intervenir pour
mettre fin à des traitements inhumains ou dégradants infligés par des particuliers
ou encore pour s’opposer à des atteintes injustifiées à la liberté d’expression ou de
culte dans des relations de travail impliquant un employeur privé.
Enfin, de manière générale, les États doivent mettre leur droit interne en
conformité avec les exigences du droit international et régional des droits humains
qui s’impose à eux. Celles-ci évoluent sous l’action des juridictions et des organes
chargés de les interpréter (infra, point IV. exposant la variété des systèmes de
recours). Pour prendre un exemple, il s’agit alors de se demander quelle est la
portée d’un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme. Il est clair que la
Belgique condamnée par la Cour européenne devra modifier sa législation si celle-
ci est à l’origine de la violation. Dans ce cas, il s’agira d’ exécuter l’arrêt de
condamnation. Qu’en est-il lorsque la condamnation vise un autre État, en raison
d’une législation analogue à celle en vigueur en Belgique ? Pour la Cour
européenne, les interprétations contenues dans ses arrêts s’incorporent au texte
de la Convention européenne des droits de l’homme et de ses protocoles qui sont,
nous l’avons vu, des « instruments vivants » qui doivent s’interpréter « à la lumière
des conditions actuelles ». Cette doctrine, connue sous le nom de l’autorité de la
chose interprétée (pour la distinguer de l’autorité de la chose jugée* qui se limite
aux parties au procès), oblige ainsi tous les États membres du Conseil de l’Europe
qui aurait une législation analogue à celle de l’État condamné à la modifier. Dans
l’intervalle, les juridictions nationales peuvent être amenées à ne pas appliquer la
législation controversée en vertu du principe de la primauté du droit international.
Pour renforcer l’interaction entre la Cour européenne et les juridictions nationales,
le Protocole n° 16 à la Convention européenne des droits de l’homme, entré en
vigueur en 2018172, permet aux plus hautes juridictions d’un État partie à ce
Protocole d’« adresser à la Cour des demandes d’avis consultatifs sur des questions
de principe relatives à l’interprétation ou à l’application des droits et libertés
définis par la Convention ou ses protocoles ».
172 Notez que ce Protocole a été signé mais non pas ratifié par la Belgique.
L’Europe n’est pas le seul cadre régional dans lequel des Conventions à
portée générale pour la protection des droits humains ont été élaborées. Ainsi, par
exemple, la Convention américaine des droits de l’homme a été adoptée en 1969
par l’Organisation des États américains et la Charte Africaine des droits de
l’homme et des peuples a été adoptée en 1981 par l’Union africaine.
Aujourd’hui, le droit international des droits humains se caractérise par une
grande variété de conventions. Certaines sont de portée générale comme le Pacte
international des Nations Unis sur les droits civils et politiques (PIDCP, 1966).
D’autres sont des Conventions spécialisées des droits humains qui vont :
• soit protéger certaines catégories de personnes (par exemple, au niveau des
Nations Unies, la Convention de 1951 sur le statut de réfugié ou la
Convention de 1979 sur l’élimination de la discrimination à l’égard des
femmes ou encore la Convention de 1989 relative aux droits de l’enfant) ;
• soit viser un comportement spécifique de violations des droits humains (par
exemple, au niveau des Nations Unies, la Convention de 1948 pour la
prévention et la répression du crime de génocide, la Convention de 1966 pour
l’élimination de la discrimination raciale ou la Convention de 2006 pour la
protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées).
L’existence de traités relatifs aux droits fondamentaux à portée générale ou
spécialisés se retrouvent dans les différents systèmes régionaux de protection des
droits humains.
pas remplies ? C’est dans ce sens que l’on parle d’une indivisibilité des droits de
l’homme (infra, ce chapitre, section II consacrée à l’égalité).
Les droits économiques, sociaux et culturels sont consacrés dans des traités
spécifiques comme le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et
culturels adopté dans le cadre des Nations Unies (PIDESC, 1966) ou la Charte
sociale européenne adoptée dans le cadre du Conseil de l’Europe (1961, révisée en
1996). Parfois, les droits économiques, sociaux et culturels figurent dans les mêmes
textes que les droits civils et politiques. Ainsi, la Déclaration universelle des droits
de l’homme (1948) comprenait déjà le droit au travail et au libre choix de son
travail, le droit à la sécurité sociale ou le droit de prendre part à la vie culturelle
de la communauté. De plus, certaines organisations internationales, comme
l’Organisation internationale du travail (OIT) ou l’Organisation des Nations Unies
pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) élaborent des conventions
destinées à renforcer certains droits économiques, sociaux ou culturels. Ces droits
ont également été introduits dans des Constitutions nationales. En Belgique, le
constituant a jouté un article 23 à la Constitution en 1994 (infra, ce chapitre,
section II consacrée à l’égalité).
Enfin, les années 1970 ont vu s’organiser, sous l’action des défenseurs des
droits humains du « Sud » (Global South), les revendications pour la
reconnaissance de droits dits de solidarité relatifs aux droits collectifs des sociétés
ou des peuples. Ils comprennent notamment les droits à l’autodétermination des
peuples, à un développement durable, à la paix, à un environnement sain, au
partage dans l’exploitation du patrimoine commun de l’humanité ou à l’assistance
humanitaire.
Qualifiés de droits de la troisième génération, ils suscitent beaucoup de
débats au motif que les droits humains seraient nécessairement individuels et que
la reconnaissance de droits collectifs de cette nature risquerait d’affaiblir les droits
humains dans leur ensemble. Ainsi, on pourrait craindre qu’au nom de mesures
destinées à promouvoir le développement économique et lutter contre la pauvreté,
des États réduisent les libertés publiques. Il est également souligné que le débiteur
de ces droits est d’une nature différente. Il s’agit de la communauté internationale,
et non plus des États, ce qui complique encore leur mise en œuvre. Régulièrement
mis à l’ordre du jour de l’agenda des Nations Unies, le droit au développement jouit
aujourd’hui d’une certaine reconnaissance. Quoiqu’il en soit, l’ampleur de la crise
climatique et ses effets dévastateurs sur l’habitabilité de notre planète et sur les
écosystèmes, ainsi que la multiplication de réfugiés climatiques devraient remettre
ces droits au centre des préoccupations internationales.
Tanzanie qui excluaient les candidats indépendants (à savoir, les candidats non
affiliés à un parti politique) des élections173.
Au niveau des Nations Unies, c’est le Comité des droits de l’homme qui est
chargé de connaître des plaintes individuelles émanant de particuliers dénonçant
une violation des droits consacrés par le Pacte international sur les droits civils et
politiques. C’est un organe quasi-juridictionnel, composé d’experts indépendants
dont la compétence n’a pas été reconnue par tous les États. Le fait qu’il s’agit d’une
quasi-juridiction implique que ses décisions (appelées « constatations » ou
« observations finales ») n’ont pas la même force contraignante que celles d’une
juridiction comme la Cour européenne des droits de l’homme. Plus récemment, un
organe similaire a été mis sur pied au sein des Nations Unies pour permettre le
dépôt de plaintes individuelles concernant des violation des droits consacrés par le
Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels (Comité des
droits économiques, sociaux et culturels). Il en existe également d’autres du même
type, comme le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale , le Comité
pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes ou le Comité des droits
des personnes handicapées.
173 Arrêt du 14 juin 2013 rendu dans les affaires jointes Tangayika Law Society & The Legal and
Human Rights Centre c. Tanzanie et Révérend Christopher R. Mtikila c. Tanzanie.
174Voy., par exemple, E. BRIBOSIA, G. CACERES et I. RORIVE, « Les signes religieux au cœur d’un
bras de fer : la saga Singh », Rev. trim. dr. h., 2014, pp. 495 et s.
175 Mot d’ordre de la pensée économique libérale aux termes duquel l’État doit s’abstenir
d’intervenir dans la vie économique et laisser agir les acteurs économiques.
Il convient d’ajouter à cette liste le droit à l’éducation, qui est garanti dans
l’article 24 de la Constitution, consacrant la liberté de l’enseignement. Le
paragraphe 3 de cette disposition prévoit en effet de manière précise que : « L’accès
à l’enseignement est gratuit jusqu’à la fin de l’obligation scolaire ».
Enfin, l’énumération de ces différents droits est précédée de la déclaration
générale selon laquelle : « Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité
humaine » (article 23, al. 1er, de la Constitution). En réalité, la dignité humaine est
au fondement de tous les droits de l’homme. Elle proclame la valeur sacrée de
l’individu et le droit pour chacun de conduire sa vie de manière autonome.
La portée de la consécration des droits économiques, sociaux et culturels
demeure relative. Ainsi, l’article 23 de la Constitution s’en remet-il à la loi, au
décret ou à l’ordonnance pour « garantir » les droits proclamés, en tenant compte
des « obligations correspondantes ». Cette différence dans le degré de protection
juridique avec les droits civils et politiques reste un défi majeur pour assurer une
réelle effectivité de droits économiques, sociaux et culturels en droit positif. Pour
autant, les dispositions proclamant les droits économiques et sociaux ne sont pas
dépourvues d’effets.
1. Il est admis que l’adhésion d’un État aux conventions internationales
proclamant les droits économiques et sociaux crée dans le chef de celui-ci
une obligation de stand still (traduite souvent par clause de non-régression),
qui fait obstacle à ce que l’État revienne en arrière par rapport au degré de
protection sociale garanti dans son droit positif au moment de l’adhésion.
Ainsi, la jurisprudence belge a permis aux particuliers de se prévaloir de
l’obligation pour l’État d’instaurer progressivement la gratuité de
l’enseignement secondaire et supérieur prévue à l’article 13 du Pacte de New
York relatif aux droits économiques, sociaux et culturels pour en tirer un
droit subjectif, invocable devant le juge, à ce que l’État ne prenne pas de
mesure régressive, se traduisant par une hausse du minerval. L’effectivité
de cette protection est cependant relative en tant qu’elle n’empêche pas les
États de réduire le degré de protection pour assurer l’équilibre financier du
système.
2. Ensuite, les droits économiques et sociaux peuvent acquérir une plus grande
effectivité quand ils sont combinés à certains droits civils et politiques. C’est
ainsi que le droit à un environnement sain a reçu une certaine application
dans le cadre de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de
l’homme relative à la protection de la vie privée et familiale.
3. Les droits économiques et sociaux peuvent également être protégés sous
l’angle du respect du principe d’égalité et de non-discrimination, par la voie
du contentieux objectif devant la Cour constitutionnelle, mais également en
mettant en œuvre la clause d'égalité contenue dans les textes européens et
internationaux qui les garantissent.
4. Enfin, certaines décisions judiciaires pionnières donnent une application
positive de ces droits. Ainsi, le Président du tribunal de Namur s’est-il fondé
sur le droit au logement de l’article 23 de la Constitution pour interdire à
l’administration de procéder à l’expulsion d’une locataire indigente d’un
immeuble insalubre afin de procéder à des améliorations, sans avoir trouvé
176 Civ. Namur, 11 mai 1994, Dr. Quart Monde, 1995, n° 7, p. 54 et note Fierens.
177 Les développements qui suivent sont tirés en partie de I. RORIVE, « La lutte contre les
discriminations », in C. BRICTEUX et B. FRYDMAN (dir.), Les grands défis du droit global, Bruxelles,
Bruylant, coll. Penser le droit, 2018.
178CH. PERELMAN, « Égalité et valeurs », in H. BUCH, P. FORIERS et CH. PERELMAN, L’Égalité,
Bruxelles, Bruylant, 1971, vol. 1, p. 318.
179 Ibidem.
La femme est, par « nature », dans une situation différente de l’homme comme
l’atteste la « faiblesse de sa constitution », ses obligations domestiques ou celles
tenant à la maternité et l’éducation des enfants180. L’évidence était telle qu’une
interdiction expresse d’incapacité d’exercer la profession n’était pas plus nécessaire
pour écarter la femme du barreau qu’elle ne l’était « pour l’indigne, l’interdit, le
condamné, l’homme perdu de vices ou le tenancier de maison de débauche »181.
Dans les démocraties de par le monde, la même logique ancrée dans la
construction d’une normalité tirée d’une nature des choses et qui permet de
distinguer ce qui est comparable de ce qui ne l’est pas a permis de refuser des droits
élémentaires à de nombreuses catégories de personnes. Sans même parler de
l’esclavage ou des lois de Nuremberg, n’oublions pas que la Cour suprême des
États-Unis a légitimé la ségrégation raciale au regard de la clause d’égalité en
consacrant la doctrine constitutionnelle « separate but equal »182. L’American Civil
Liberties Union (ACLU), une des principales organisations de défense des libertés
individuelles aux États-Unis, a pu, encore en 1957, considérer que les personnes
homosexuelles étaient « hérétiques ou déviantes » (« socially heritical or deviant »)
et que la criminalisation de leur comportement était justifiée. La psychiatrisation
de groupes de personnes en raison d’une orientation sexuelle ou d’une identité de
genre minoritaire a ainsi contribué à justifier un traitement différent dans la
mesure où elles ne seraient pas comparables aux personnes de groupes
majoritaires.
L’on comprend donc les enjeux de la reconnaissance juridique de catégories
protégées au regard de motifs de discrimination interdits. Certains auteurs parlent
ainsi du « cercle magique » pour les désigner. Le droit de la non-discrimination
tend donc à lutter contre des situations particulières d’inégalité. Il repose sur l’idée
que certains motifs, comme la « race » (« prétendue race » en droit belge183), le sexe
ou le genre, l’orientation sexuelle (parmi d’autres motifs protégés), sont
inacceptables à la prise de décision. Cependant, certaines catégories de personnes
exigent, au contraire, un traitement différent. L’on songe notamment aux
personnes en situation de handicap pour lesquelles le handicap doit être pris en
compte pour que l’égalité de traitement soit assurée. Dans ce cas, la discrimination
naîtrait du refus de mettre en place un aménagement raisonnable (par exemple,
180 Cass. (2ème ch.), 11 novembre 1889, Pas., 1890, I., p. 10.
181« Election du plus grand juriste belge : Nicole Gallus choisit Marie Popelin », LegalWorld, 30
octobre 2009 (en ligne).
182 Plessy v. Ferguson, 163 U.S. 537 (1896), écarté dans Brown v. Board of Education, 347 U.S. 483
(1954).
183L’expression « prétendue race » vise à éviter toute ambiguïté : ce qui est visé, c’est le construit
social, pas une division des êtres humains sur un critère racial dépourvu de toute assise
scientifique. En d’autres termes, les races n’existent pas, mais le racisme est bien présent dans nos
sociétés.
organiser un examen oral pour un étudiant aveugle alors que l’examen écrit est la
modalité d’évaluation prévue pour le cours universitaire en question) 184.
De manière générale, le droit de la non-discrimination vise à dépasser le
respect de l’égalité formelle, à savoir l’égalité devant la loi, en consacrant des
mécanismes d’égalité substantielle. Pour ce faire, il ne peut se cantonner au
respect de l’impératif procédural du traitement semblable de cas semblables. En
plus de cette approche de justice procédurale, le droit de la non-discrimination
repose sur des fondements de redistribution, de reconnaissance, de transformation
et de participation185.
Les programmes dits d’actions positives* relèvent, par exemple, de la notion
de redistribution. Ils sont licites à certaines conditions. Il s’agit d’actions en faveur
de certaines catégories de personnes qui ont fait l'objet de discriminations
structurelles de manière à briser le cycle du désavantage et rétablir une plus
grande égalité dans la pratique186.
Quant à la reconnaissance, elle peut s’illustrer par l’interdiction du
nivellement par le bas. En cas de traitement différent de cas semblables, c’est le
standard du traitement le plus protecteur qui doit s’appliquer à toutes les
situations. La notion de reconnaissance est également présente dans le fait que le
harcèlement est aussi une forme de discrimination. Il se définit comme un
comportement indésirable, lié à un critère protégé, qui porte atteinte à la dignité
d’une personne et qui crée un environnement hostile, dégradant et humiliant.
La notion de transformation exige de prendre en compte le contexte et
d’aménager la différence pour dépasser la dimension systémique de certaines
formes de discrimination.
Enfin, la notion de participation fait notamment référence à l’importance de
la participation politique et de la visibilité médiatique des groupes minorisés.
184Pour d’autres exemples concrets, voy. E. BRIBOSIA et I. RORIVE, Guide pour l’inclusion des
étudiant·e·s en situation de handicap dans l’enseignement supérieur, Equality Law Clinic, 2019
(disponible en ligne sur le site de l’Equality Law Clinic : https://equalitylawclinic.ulb.be).
185 Voy. notamment, S. FREDMAN, Discrimination Law, Oxford, OUP, 2011, 2ème éd., pp. 8-33.
186Voy., par exemple, la loi du 28 juillet 2011 visant à garantir la présence des femmes dans le
conseil d’administration des entreprises publiques autonomes, des sociétés cotées et de la Loterie
Nationale, M.B., 14 novembre 2011.
187 L’article 119 du Traité instituant la Communauté économique européenne (CEE) (devenu
l’article 157 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE)) posait déjà le principe
de l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes. Son article 48 (devenu l’article 157
TFUE) interdisait la discrimination à raison de la nationalité, en tant que corollaire de la liberté
de circulation reconnue aux ressortissants des États membres.
188Article 13 du Traité CE (article 19 TFUE). E. BRIBOSIA, J. RINGELHEIM et I. RORIVE, « Le droit de
la non-discrimination: promesses tenues ? », in G. HERMAN, A. REA et J. RINGELHEIM (éd.), L'impact
des politiques anti-discriminatoires. Regards interdisciplinaires, Bruxelles, De Boeck, 2014, p. 67.
189 Directive 2000/43/CE du Conseil du 29 juin 2000, J.O. L 180 du 19 juillet 2000, p. 22.
190 Directive 2000/78/CE du Conseil du 27 novembre 2000, J.O. L 303 du 2 décembre 2000, p. 16.
191Loi du 10 mai 2007 tendant à lutter contre certaines formes de discrimination ; Loi du 10 mai
2007 tendant à lutter contre la discrimination entre les hommes et les femmes ; Loi du 10 mai 2007
modifiant la loi du 30 juillet 1981 tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme et la
xénophobie, M.B., 30 mai 2007.
192Voy. le « Implicit Project » mis sur pied par l'Université de Harvard et qui propose à chacun et à
chacune d'évaluer gratuitement en ligne l'étendue de ses propres biais implicites en fonction de
différents motifs (https://implicit.harvard.edu/implicit/takeatest.html).
Voy. notamment le rapport annuel 2019 d’Unia, « Contribuer à une société égale pour tous »,
193
apparemment neutre, mais qui aboutit, dans ses effets, à désavantager les
membres d’un groupe déterminé. Par exemple, un règlement de travail imposant
un code vestimentaire incompatible avec le port d’un couvre-chef affectera
particulièrement certains croyants : les femmes musulmanes portant le hidjab
ainsi que les hommes portant la kippa ou le turban. Cela étant, la différence de
traitement fondée sur la religion (un motif de discrimination protégé) qu’entraine
ce règlement de travail n’est pas interdite pour autant. Pareille différence sera
admise si elle est « objectivement justifiée par un objectif légitime ». Il faudra
également que les moyens pour réaliser cet objectif soient « appropriés et
nécessaires » et donc passent un test de proportionnalité.
Ce qui précède montre que toute différence de traitement n’est pas
interdite. Elle doit au minimum être fondée sur un objectif légitime et raisonnable
tout en étant raisonnablement justifiée par des moyens appropriés et
nécessaires. Mais ceci ne suffit pas toujours. En vertu du droit européen de la non-
discrimination, certaines discriminations directes sont soumises à un régime de
justification spécifique. Par exemple, il est totalement interdit de tenir compte de
certains motifs, comme le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion,
l’orientation sexuelle pour évaluer les candidats à un emploi sauf, à démontrer qu’il
s’agirait d’une « exigence professionnelle essentielle et déterminante ».
Les procès
La procédure
La procédure fixe les règles du jeu du procès (A). Ces règles sont fixées par
la loi de chaque État, mais doivent être conformes en Europe aux principes du
procès équitable (B).
du Code judiciaire. Le procès pénal est plus particulièrement soumis aux règles de
la procédure pénale* qui figurent dans le Code d’instruction criminelle197.
Le Code d’instruction criminelle a été adopté, sous Napoléon, par un « décret » du 17 novembre
197
1808. Il est précédé d’un important titre préliminaire qui a fait l’objet d’une loi datant du 17 avril
1878 (M.B., 25 avril 1878).
L’argumentation juridique
198Voy. l’art. 828 du Code judiciaire qui énumère les causes de récusation et l’article 542 du Code
d’instruction criminelle qui prévoit le renvoi d’un tribunal à un autre tribunal pour cause de
suspicion légitime.
Les questions de fait ont pour objet de déterminer la réalité des faits
auxquels le droit doit s’appliquer. Les faits doivent être établis dès lors qu’ils sont
contestés par l’une des parties et pertinents pour trancher la cause. La décision
des questions de fait permet d’établir la vérité judiciaire*.
Dans la masse infinie des données et des circonstances contingentes de la
vie, le juriste ne s’intéresse qu’à certains éléments déterminés, qu’il sélectionne
comme pertinents pour établir son récit et ses prétentions juridiques.
La sélection des faits pertinents d’une situation dépend directement de leur
qualification*, c’est-à-dire du statut juridique qu’on prétend leur appliquer. Par
exemple, la mort d’un homme peut donner lieu à un procès criminel pour
assassinat ou pour meurtre, ou à un procès correctionnel pour homicide par
imprudence ou encore à une action civile en dommages-intérêts fondée sur la
responsabilité civile. Dans chaque cas, en fonction de l’action engagée et de la
qualification juridique qu’elle suppose, les éléments de faits pertinents à prendre
en considération seront différents. Ainsi, outre le fait du décès, le procès criminel
impliquera la preuve du caractère volontaire de l’homicide, l’assassinat exigeant
en outre la démonstration de son caractère prémédité. L’action en dommages-
intérêts supposera la prise en compte d’autres éléments : il suffira de prouver la
faute, même involontaire, de l’auteur de l’homicide, mais il faudra également faire
la preuve d’un dommage en relation causale directe avec le décès.
Plus généralement, le procès pénal* supposera l’établissement des faits
constitutifs de l’infraction reprochée. Le procès civil* exigera la réunion des
conditions requises pour la reconnaissance du droit subjectif invoqué et plus
généralement encore la démonstration, par une partie, de tous les éléments qu’elle
allègue et qui sont contestés par l’autre.
Les arguments ou moyens pour trancher des questions de fait s’appellent
des preuves. Le droit réglemente la charge de la preuve c’est-à-dire la partie à qui
la preuve du fait incombe et les modes de preuve admissibles, c’est-à-dire les types
de moyens auquel le juge peut avoir égard pour considérer que le fait est établi ou
non.
1. La charge de la preuve
La preuve est soit libre, soit réglementée. La preuve est libre lorsqu’elle peut
être apportée par toute voie de droit, c’est-à-dire par tout moyen régulier de nature
à emporter rationnellement la conviction. La preuve est réglementée lorsque la loi
détermine, et donc limite, les modes de preuve admissibles.
En matière pénale, la preuve est en principe libre, sauf lorsque la loi en
dispose autrement. Les éléments de preuve produits doivent avoir été
régulièrement obtenus et, à tout le moins, respecter les exigences du procès
équitable.
En matière civile, il faut distinguer le régime des faits et des actes
juridiques. La preuve des faits juridiques* peut être établie par toute voie de droit.
La preuve des actes juridiques*, comme les contrats et les testaments, doit en
principe être établie par un écrit* signé lorsqu’elle porte sur une somme ou une
valeur égale ou supérieure à un montant prévu par la loi, actuellement 3.500 €.
Cette règle ne s’applique pas en matière commerciale et sociale. Même en matière
civile, il est parfois fait exception à l’obligation de la preuve par écrit, notamment
lorsqu’il apparaissait physiquement ou moralement impossible pour le demandeur
de se procurer un écrit. Dans certains cas, la loi exige la preuve par un acte
authentique, dressé par un officier ministériel, comme l’officier d’état civil, un
notaire ou un huissier de justice.
Outre les écrits, les principaux autres modes de preuve admissibles sont :
• les témoignages sont la certification sous serment d’un fait par une personne
qui en a une connaissance personnelle ;
• l’aveu est la reconnaissance d’un fait par la personne à qui on l’oppose ;
• les écrits non signés, qu’on appelle aussi « commencements de preuve par
écrit » ;
• les présomptions de l’homme : à ne pas confondre avec les présomptions
légales, il s’agit de toute déduction jugée pertinente que l’on fait d’un fait
connu vers un fait inconnu. Par exemple, lorsque l’ADN d’une personne est
retrouvé dans une pièce, il peut être présumé, sauf preuve contraire, que la
personne s’est trouvée à un moment présente dans cette pièce.
2. L’interprétation de la règle
201L’interprétation des conventions internationales est réglée dans la Convention de Vienne sur le
droit des traités (1969). L’interprétation des contrats privés est réglée dans les articles 1156 à 1164
du Code civil.
Les acteurs de la justice que l’on rencontre dans les salles d’audience sont
principalement les juges (I), les officiers du ministère public (II), les avocats (III)
et les greffiers (IV).
Les juges
L’indépendance
Dans son article 151, la Constitution proclame que « Les juges sont
indépendants dans l'exercice de leurs compétences juridictionnelles ». Afin de
garantir cette indépendance, quatre principes sont posés par la Constitution : la
nomination à vie des magistrats, leur inamovibilité, la fixation par la loi de leur
statut pécuniaire et un régime strict d’incompatibilités. Ces principes visent avant
tout à garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire par rapport au pouvoir
exécutif.
202Il existe des exceptions. On parle ainsi des juges à la Cour constitutionnelle, et non des
conseillers.
1. La nomination à vie
Ce principe est exprimé par la Constitution : « Les juges sont nommés à vie.
Ils sont mis à la retraite à un âge déterminé par la loi (…) »203.
En Belgique, les juges ne sont pas élus, mais nommés par le Roi sur
présentation de candidats par le Conseil supérieur de la Justice204. Pendant
longtemps, la Constitution n’a pas organisé la procédure de nomination des
magistrats. La politisation en ce domaine était généralisée. Les partis politiques
exerçaient une réelle mainmise tant sur les nominations que sur les promotions
des magistrats. La création du Conseil supérieur de la Justice en 1998 tend à
remédier à cette situation ainsi qu’à réagir contre les déficiences de l’appareil
judiciaire en général. Composé de magistrats assis*, de membres du ministère
public*, de professeurs d’université et d’avocats expérimentés, le Conseil supérieur
de la Justice joue désormais un rôle essentiel dans la présentation des candidats
magistrats, dans la formation des magistrats ainsi que dans la surveillance
générale de l’appareil judiciaire, notamment pour l’attribution des promotions. Il
revient au Conseil supérieur de la Justice d’organiser le concours qui permet aux
candidats magistrats de poursuivre un stage de trois ans avant d’être
définitivement nommés.
2. L’inamovibilité
4. Les incompatibilités
L’impartialité
Organisation et fonctions
Statut
2. Hiérarchie et unité
3. Indivisibilité
Les avocats
Fonctions
travail, les parties peuvent être représentées par leur conjoint ou un parent
porteur d’une procuration écrite. Devant les juridictions du travail, les travailleurs
peuvent également se faire représenter par un délégué syndical, porteur d’une
même procuration.
Devant la grande majorité des cours et tribunaux, les parties peuvent
toujours choisir de ne pas recourir à un avocat et assurer elles-mêmes leur défense.
Afin de protéger la sérénité des débats, le juge peut néanmoins interdire à un
justiciable de plaider sa cause et l’inviter à faire appel à un avocat lorsqu’il constate
que « la passion ou l’inexpérience (l’) empêche de discuter (sa) cause avec la décence
convenable ou la clarté nécessaire »209. Devant certaines juridictions, le recours à
un avocat s’impose néanmoins. Il en est ainsi devant la cour d’assises et le juge de
la jeunesse où, le cas échéant, un avocat sera désigné d’office. Pour introduire un
pourvoi en cassation, la loi exige, sauf en matière pénale, de faire appel à un avocat
à la Cour de cassation qui est seule habilité à représenter les parties devant cette
juridiction.
Organisation
Accès à la profession
Les greffiers
Il est en charge du rôle général*, à savoir le registre des causes pendantes devant
le tribunal qui constitue un acte authentique* public. Il assiste les juges lorsqu’ils
siègent, notamment en tenant la feuille d’audience qui constitue le compte rendu
de l’audience. Il délivre les expéditions* des décisions de justice qui en sont les
copies officielles et intégrales, nécessaires pour en permettre l’exécution.
La valeur du litige
La justice de paix. - Le juge de paix connaît de tous les litiges civils dont le
montant n’excède pas 5000 € 213, à l’exception de ceux qui relèvent de la compétence
spéciale d’un autre tribunal. Le juge de paix s’est également vu confier des
compétences liées à son statut de juge de proximité comme, par exemple, la
matière des baux en général. Les justices de paix sont établies par cantons
judiciaires. La Belgique compte 187 juges de paix, qui sont compétents pour un
canton judiciaire.
L’objet du litige
pour 5 ans par le Roi parmi les représentants des travailleurs et des employeurs
qui lui sont proposés par les syndicats et organisations professionnelles.
Le tribunal civil. - L’ensemble des litiges civils dont la valeur excède 5000 €
et qui ne relèvent ni de la compétence du tribunal de l’entreprise, ni de celle du
tribunal du travail, ni de celle du tribunal de la famille et de la jeunesse sont portés
devant le tribunal civil. Dans la pratique, le contentieux dont est saisi le tribunal
civil est considérable. Ce tribunal dispose de la plénitude de juridiction. En
d’autres termes, c’est le juge ordinaire, de tous les conflits civils. Il est établi au
niveau de l’arrondissement judiciaire216 et, avec le tribunal de la jeunesse, le
tribunal de la famille et le tribunal correctionnel, il forme le tribunal de première
instance. Chaque tribunal civil est divisé en chambres où siège le plus souvent un
juge unique.
Le niveau du recours
l’entreprise lorsqu’ils statuent sur une demande dont le montant ne dépasse pas
2.500 euros217. Il y a cinq cours d’appel en Belgique, établies dans les grandes villes
du pays : Anvers, Bruxelles, Gand, Mons et Liège. La cour d’appel est divisée en
chambres spécialisées selon les matières. Chaque chambre est composée d’un
conseiller unique ou exceptionnellement d’une chambre de 3 conseillers.
La cour du travail. - La cour du travail est une juridiction du second degré
qui connaît des appels interjetés contre les décisions du tribunal du travail. Le
ressort de la cour du travail est le même que celui de la cour d’appel. Il y a donc
cinq cours du travail en Belgique218. Comme le tribunal du travail, elle est
composée d’un magistrat professionnel et de deux magistrats non professionnels :
les conseillers sociaux.
La Cour de cassation. - Il y a pour la Belgique une seule Cour de cassation,
qui connaît à la fois des affaires civiles et pénales. La Cour connaît des pourvois en
cassation introduits contre les jugements et arrêts rendus en dernier ressort, c’est-
à-dire qui ne sont pas ou plus susceptibles d’appel. La Cour de cassation est divisée
en chambres spécialisées entre lesquelles sont répartis les pourvois en fonction de
la matière sur laquelle ils portent.
La compétence territoriale
COUR DE
CASSATION
COUR D’APPEL
COUR DU TRAVAIL
TRIBUNAL DE LA
TRIBUNAL TRIBUNAL DE TRIBUNAL DU
FAMILLE ET DE LA
CIVIL L’ENTREPRISE TRAVAIL
JEUNESSE
APPEL
POURVOI
JUSTICE DE PAIX
La nature de l’infraction
219Depuis le 1er janvier 2017, il faut multiplier par 8 le montant de la condamnation pour connaître
la somme qui devra être déboursée à titre d’amende (loi-programme du 25 décembre 2016). On
parle de « décimes additionnels » pour désigner ce coefficient multiplicateur destiné à prendre en
compte l’inflation.
Depuis une loi du 20 mai 2020, cette juridiction est compétente, à titre temporaire,
pour connaitre du refus ou de la négligence de se conformer aux mesures prises
pour prévenir et gérer la crise sanitaire liée à la pandémie de covid-19220.
Le tribunal de police est composé d’un juge unique, appelé juge de police.
Les tribunaux de police sont au nombre de 15 en Belgique, qui siègent sur 35 sites.
220Art. 13 de la loi du 20 mai 2020 portant des dispositions diverses en matière de justice dans le
cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus COVID-19 (M.B., 30 mai 2020).
221 Ainsi qu’à Bruxelles pour la Région Bruxelles-Capitale.
d’infractions sous la protection des citoyens et non dans les mains du pouvoir, fût-
il judiciaire. En effet, la poursuite de délits d’opinion signale souvent une dérive
autoritaire de l’État et la menace des droits et libertés civils et politiques.
La Cour de cassation a toutefois donné une définition si restrictive des délits
politiques qu’elle l’a en pratique vidée de toute substance.
Quant aux délits de presse, ils ont été confiés par la Constitution à la
compétence du tribunal correctionnel lorsqu’ils sont inspirés par le racisme et la
xénophobie. Pour les autres, ils ne sont poursuivis que de manière extrêmement
rare et font le plus souvent l’objet d’un classement sans suite*. La principale raison
est que le ministère public est peu soucieux de saisir le jury de ce genre d’affaires,
les citoyens se montrant en outre réticents à condamner des journalistes pour des
délits d’opinion.
Le tribunal de la jeunesse. - Les mineurs qui ont commis des « faits qualifiés
infractions »222 relèvent de la compétence du tribunal de la jeunesse. En d’autres
termes, les personnes âgées de moins de 18 ans au moment des faits échappent en
principe aux juridictions pénales de droit commun. Elles ne se voient pas infliger
de peines, mais des mesures qui laissent intact leur casier judiciaire. Il arrive
cependant qu’en présence de mineurs âgés de 16 à 18 ans, le juge de la jeunesse se
dessaisisse au profit du tribunal correctionnel ou de la cour d’assises. Une telle
décision de dessaisissement ne peut se faire que sur la base d’un rapport médico-
psychologique qui permet au juge de démontrer que les mesures qui sont à sa
disposition ne sont pas adéquates vis-à-vis du mineur concerné. Comme le tribunal
correctionnel, le tribunal de la jeunesse est installé au niveau de l’arrondissement
judiciaire et fait également partie du tribunal de première instance*. Il est divisé
en chambres. Dans chacune d’elle siège un magistrat professionnel appelé le juge
de la jeunesse.
Le niveau du recours223
222Pour les mineurs, on parle de « faits qualifiés infraction » et non d’infractions pour montrer qu’ils
relèvent d’un régime particulier qui les soustrait au droit pénal.
223 Voy. le schéma qui suit les développements.
La compétence territoriale
entouré, dans certains cas, par deux assesseurs : l’un spécialisé en réinsertion
sociale, l’autre en matière pénitentiaire.
COUR DE
CASSATION
COUR D’APPEL
COUR
D’ASSISES
TRIBUNAL TRIBUNAL
CORRECTIONNEL DE LA JEUNESSE
TRIBUNAL
DE POLICE
APPEL
POURVOI
Valeur du litige
< 5.000 euros
Niveau de recours
1ère instance
Appel
Cassation
La pyramide judiciaire
COUR DE CASSATION
Chambre
Chambre de la Chambre
civile et
jeunesse correctionnelle
commerciale
COUR D’ASSISES
Tribunal de la
Tribunal
Tribunal civil famille et de
correctionnel
la jeunesse
JUSTICE TRIBUNAL DE
DE PAIX POLICE
Appel Pourvoi
La citation en justice
La citation à comparaître
communique à son huissier. Les huissiers de justice sont des officiers ministériels,
nommés par le ministre de la Justice qui leur attribue la charge d’une étude. Ils
jouent un rôle indispensable à différentes étapes de l’instance, notamment pour
assurer la communication de certains actes de procédure (citation à comparaître*,
signification* de la décision, etc.), pour exécuter les décisions judiciaires (saisie,
apposition de scellés, etc.) et pour rapporter des éléments de preuve fiables (constat
d’adultère, etc.).
La citation à comparaître est un document formel qui doit contenir un
certain nombre d’indications, parmi lesquelles figurent :
• l’identification du demandeur ;
• l’identification du défendeur ;
• l’identité du juge saisi de la demande, le lieu et l’heure de l’audience
d’introduction ;
• le libellé de la demande* c’est-à-dire la prétention du demandeur et les
éléments de fait et de droit sur lesquels elle repose. En d’autres termes, le
demandeur doit préciser ce qu’il réclame (par exemple, le paiement de loyers
échus) et le fondement de sa prétention (par exemple, le contrat de bail
conclu avec le défendeur).
La signification
La mise au rôle
introduite par une requête signée par l’avocat du demandeur au greffe, qui
convoque ensuite lui-même les parties par pli judiciaire. Ce procédé de convocation
s’appelle la notification.
En application du principe dispositif*, les parties peuvent, de commun
accord, se présenter volontairement devant le juge compétent pour lui demander
de trancher le différend qui les oppose en déposant à cette fin une requête conjointe
au greffe de la juridiction (art. 706 C.J.). On parle alors de comparution volontaire.
L’audience d’introduction
Le défaut
Les causes qui n’appellent que des débats succincts et qui sont en état d’être
jugées sont retenues à l’audience d’introduction. La loi prévoit que certains types
d’affaires, comme la récupération de créances incontestées, ne nécessitent que des
débats succincts226.
Le calendrier
Si la cause n’est pas en état d’être jugée, le juge fixe un calendrier pour
l’échange des conclusions, en prenant acte le cas échéant de l’accord des parties. Il
fixe également la date de l’audience prévue pour les plaidoiries.
Mesures d’instruction
Lorsque l’affaire n’est pas en état d’être jugée dès l’audience d’introduction,
il appartient aux parties de la mettre en état selon le calendrier fixé. La mise en
état suppose la communication des pièces (A.) et l’échange de conclusions (B.) ainsi
que, le cas échéant, la réalisation des mesures d’instruction* sollicitées par les
parties ou ordonnées d’office par le juge.
1. Conclusions et moyens
2. Demandes incidentes
Les plaidoiries
Après avoir entendu les parties, le juge prononce la clôture des débats et
prend la cause en délibéré. À ce moment la cause est en état d’être jugée. Le
délibéré* est la phase non publique du procès au cours de laquelle les juges, s’ils
sont plusieurs à siéger, débattent entre eux des mérites des arguments respectifs
et décident de la solution à donner à l’affaire. Le débat contradictoire entre les
parties se double alors d’un autre débat, entre les juges. Lorsque le juge siège seul,
le délibéré est le moment de la réflexion et de la relecture des pièces et des
conclusions. C’est au cours du délibéré que la décision est élaborée et rédigée.
Le jugement
Les jugements sont toutes les décisions prises par les juges dans le cadre des
litiges qui leur sont soumis. Au cours du procès, le juge est amené à prendre un
certain nombre de décisions, par exemple ordonner une expertise. Cette décision
intermédiaire est appelée jugement interlocutoire* (c’est-à-dire pendant le cours
des débats) ou jugement avant dire droit*. À la fin du procès, le juge rend son
jugement définitif*, par lequel il tranche le litige en faveur de l’une ou l’autre des
parties. Dans la terminologie judiciaire, on distingue les jugements proprement
dits rendus par les tribunaux des arrêts* rendus par les cours.
Le juge a l’obligation de juger, sous peine d’engager sa responsabilité
personnelle. C’est sa mission principale. En vertu de l’article 5 du Code judiciaire,
« il y a déni de justice* lorsque le juge refuse de juger sous quelque prétexte que ce
soit, même du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi ». Le juge doit
donc suppléer tout ce que la règle écrite ne contient pas pour assurer son
application au cas qui lui est soumis.
En vertu de la Constitution, le juge doit motiver sa décision en justifiant les
raisons de fait et de droit qui la commandent. Il doit répondre aux moyens
développés par les parties dans leurs conclusions.
Dans l’élaboration de sa décision, le juge doit également respecter le principe
dispositif*. Il lui est défendu de statuer ultra petita*, c’est-à-dire au-delà de ce qui
lui a été demandé. Strictement tenu par la demande qui lui a été faite, le juge ne
peut en modifier l’objet soit en l’amplifiant, soit en substituant une prétention à
une autre, soit même en réduisant l’objet de la demande alors que celui-ci n’a pas
été contesté par le défendeur.
Le juge condamne, en vertu de la loi, la partie qui a succombé, c’est-à-dire
perdu le procès, à supporter les frais et dépens* (frais d’huissier, droits de greffe,
coût de l’expédition* du jugement, coût d’expertise, etc.) ainsi qu’à verser à la
partie gagnante une indemnité de procédure, qui couvre de manière forfaitaire une
partie des frais d’avocat.
Le juge rend, en principe, sa décision dans le mois de la mise en délibéré. Ce
délai n’est pas toujours respecté en pratique.
La Constitution prévoit que le juge prononce sa décision en audience
publique (art. 149). En pratique, en matière civile, les parties sont averties de la
décision par le greffe qui leur en communique une copie.
Tout jugement définitif est revêtu, dès son prononcé, de l’autorité de la chose
jugée*. En vertu de cette autorité, ce qui a été jugé est présumé correspondre à la
vérité et ne peut être remis en cause que par l’exercice des voies de recours.
Les jugements définitifs contradictoires sont en principe exécutoires par
provision, c’est-à-dire que la partie qui triomphe peut faire exécuter la décision du
juge, sans attendre que la décision ne soit coulée en force de chose jugée. Il n’en va
autrement que lorsque le juge en décide ainsi, avec une motivation spéciale. La
partie qui exécute ainsi la décision le fait toutefois à ses risques et périls, c’est-à-
dire qu’elle devra restituer et remettre en état si la décision est réformée en appel
ou cassée.
Un jugement définitif est susceptible de faire l’objet de recours*. Il sera coulé
en force de chose jugée* (ou passé en force de chose jugée) lorsqu’il n’est plus
susceptible d’appel. Ce jugement deviendra irrévocable* lorsqu’il ne sera plus
susceptible de pourvoi en cassation*.
d’obtenir une nouvelle décision dans un litige déjà jugé. Les plus courantes sont
l’appel et le pourvoi en cassation, ainsi que, dans une moindre mesure, l’opposition.
L’appel est la voie de recours ordinaire* parce qu’il est de droit, sauf lorsque
la loi l’interdit. Une telle exception concerne, par exemple, les décisions du juge de
paix lorsqu’il statue sur une demande dont le montant ne dépasse pas 2000 euros.
Dans ce cas, on dit que le juge de paix statue en premier et dernier ressort* : sa
décision n’est pas susceptible d’appel.
L’opposition est la voie de recours spécifique contre les condamnations
rendues par défaut. Elle est ouverte uniquement contre les décisions rendues en
dernier ressort, c’est-à-dire qui ne sont pas susceptibles d’appel. L’opposition
ramène l’affaire devant le juge qui a rendu le jugement par défaut. Dans les autres
cas, la partie condamnée par défaut pourra seulement faire appel de la décision.
Le pourvoi en cassation est une voie de recours extraordinaire* : il n’est
ouvert que pour les causes déterminées par la loi.
L’appel
Le pourvoi en cassation
L’exécution du jugement
La décision de justice qui ne fait pas l’objet d’un recours ou n’est plus
susceptible de recours (coulée en force de chose jugée ou irrévocable) doit être
exécutée par les parties. L’exécution est soit volontaire, soit forcée.
La partie qui veut procéder à l’exécution forcée fait signifier à l’adversaire
la décision (par exploit d’huissier). Elle se fait délivrer par le greffe une copie de la
décision, revêtue de la formule exécutoire227. Elle pourra sur cette base faire
exécuter la décision par les autorités publiques et le cas échéant faire saisir les
biens du débiteur par un huissier. Les biens saisis seront mis en vente publique et
le créancier sera payé sur le produit de la vente.
227Arrêté royal du 9 août 1993 modifiant l’arrêté royal du 27 mai 1971 déterminant la formule
exécutoire des arrêts, jugements, ordonnances, mandats de justice ou actes comportant exécution
parée, M.B., 9 août 1993 : « Nous, Philippe, Roi des Belges, A tous présents et à venir, faisons
savoir : [suivent les motifs et le dispositif de la décision]. Mandons et ordonnons à tous huissiers de
justice et à ce requis de mettre le présent (…) jugement (…) à exécution ; A Nos procureurs généraux
et à Nos procureurs du Roi près les tribunaux de première instance, d’y tenir la main, et à tous
commandants et officiers de la force publique d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement
requis ; En foi de quoi le présent (…) jugement (…) a été signé et scellé du sceau (…) du tribunal
(…) ».
Plutôt que de s’engager dans un procès civil, les parties peuvent convenir de
recourir à d’autres modes dits alternatifs de règlement des conflits qui les
opposent. Leur mise en œuvre peut répondre à un souci de rapidité et d’efficacité
ou à éviter les affrontements et le formalisme qui sont souvent le lot des procédures
judiciaires.
Une telle démarche est particulièrement efficace dans les conflits entre
personnes qui sont amenées à rester en contact ou pour régler des différends
humainement délicats (famille, voisinage, travail, relations d’affaires régulières,
etc.). De surcroît, les solutions auxquelles aboutissent les modes alternatifs de
règlement des conflits posent, par définition, peu de problèmes d’exécution
puisqu’elles sont souvent le résultat d’une négociation. Depuis le début du 21e
siècle, le législateur et les différents acteurs du monde judiciaire tentent de
favoriser l’essor de ces modes alternatifs afin de désengorger les tribunaux.
Nous aborderons successivement, la médiation qui connaît un essor
considérable dans de nombreux pays, et l’arbitrage dont l’implantation est plus
ancienne.
La médiation
Notion
228Directive 2008/52/CE du Parlement européen et du Conseil du 21 mai 2008, sur certains aspects
de la médiation en matière civile et commerciale.
229Loi du 4 avril 2014 portant insertion du Livre XVI, « Règlement extrajudiciaire des litiges de
consommation » dans le Code de droit économique, M.B., 12 mai 2014.
2. La médiation familiale
3. La médiation de dettes
L’arbitrage
Le procès pénal constitue le cadre dans lequel sont jugées les personnes
soupçonnées d’avoir commis une infraction. Les sanctions pénales ont pour objet
de punir l’auteur de l’infraction, notamment dans un but de défense sociale.
Suivant la Cour de cassation, la peine* est « un mal infligé par la justice répressive,
en vertu de la loi à titre de punition [ou de sanction] d’un acte que la loi défend »230.
Il s’agit principalement de l’emprisonnement, de la peine de travail et de l’amende.
La condamnation pénale est conçue comme un acte grave, qui ne peut être
prononcée qu’à l’issue d’une procédure qui protège les droits de la défense* et est
entourée d’un maximum de garanties. Ces garanties du procès équitable*
constituent un des droits humains fondamentaux.
À la différence du procès civil qui traite d’un conflit relatif aux intérêts
privés des parties en cause, le procès pénal relève de l’ordre public dans la mesure
où il oppose un particulier à la collectivité représentée par un membre du ministère
public. Cette asymétrie du procès pénal influence profondément les règles relatives
à son administration et à la charge de la preuve*. La procédure pénale tend à
rétablir un certain équilibre en dotant la personne à qui une infraction est
reprochée d’une série de droits qui viennent s’ajouter aux garanties du procès
équitable. Mais la procédure pénale est également organisée de manière à assurer
une répression efficace des infractions en conférant notamment aux enquêteurs
des moyens spécifiques pour accomplir au mieux leur tâche d’investigation
(perquisitions, détentions préventives, écoutes téléphoniques, etc.). De telles
prérogatives sont susceptibles de mettre à mal les libertés fondamentales (droit à
la vie privée et à l’inviolabilité du domicile, droit à la liberté individuelle, droit au
secret de la correspondance, etc.). Dans un État de droit, tout l’art de la procédure
pénale consiste à concilier, en amont et au cours du procès, ces deux impératifs qui
tiennent à l’efficacité des poursuites pénales, d’une part, et au respect des libertés
fondamentales, d’autre part.
230Cass., 14 juillet 1924, Pas., 1924, I, p. 474 (« punition ») et Cass., 16 mars 1970, Pas., 1970, I, p.
632 (« sanction »).
La présomption d’innocence
Le droit au silence
Art. 14.3.g du Pacte signé à New-York le 19 décembre 1966 et ratifié par la Belgique le 15 mai
231
1981.
232 Cour eur. dr. h., Salduz c. Turquie, 27 novembre 2008.
La phase préliminaire
Une fois qu’une infraction a été commise, il s’agit d’en rechercher l’auteur
et, le cas échéant, de le juger. Cette double démarche, l’enquête et le jugement,
correspond aux deux étapes du procès pénal : la phase préliminaire, qui prend la
forme d’une information* ou d’une instruction*, et la phase de jugement
proprement dite.
La phase préliminaire du procès pénal est consacrée à la recherche des
infractions et de leurs auteurs, au rassemblement des preuves ainsi qu’à la
constitution du dossier répressif*. Pour mener à bonne fin pareille entreprise, deux
voies sont prévues par la loi :
L’information
1. L’ouverture de l’information
2. L’objet de l’information
L’information est définie par la loi comme « l’ensemble des actes destinés à
rechercher les infractions, leurs auteurs et les preuves et à rassembler les éléments
utiles à l’exercice de l’action publique ». Ces actes sont de nature très diverse. Il
peut s’agir d’une descente sur les lieux par laquelle le procureur du Roi, assisté des
fonctionnaires de police, se déplace à l’endroit des faits pour y procéder à toutes les
constatations utiles. Les magistrats du parquet ainsi que les fonctionnaires de
police peuvent également procéder à l’audition de personnes, qu’elles soient
suspectes, témoins ou tiers, à la condition qu’elles comparaissent volontairement.
Comme tous les autres modes de preuve, les auditions de personnes sont soumises
233Parmi les fonctions de police, on distingue celles de police judiciaire qui visent la recherche et la
constatation des infractions et celles de police administrative qui ont pour objet principal le
maintien de l’ordre public.
234 L’arrestation judiciaire ne doit pas être confondue avec l’arrestation administrative. Cette
dernière relève de la décision d’un fonctionnaire de police et ne peut être ordonnée qu’en cas
« d’absolue nécessité » et dans les circonstances prévues par la loi, comme le trouble effectif pour la
tranquillité publique. L’arrestation administrative ne peut entraîner une privation de liberté
excédant 12 heures (la fameuse « nuit au poste »).
4. La fin de l’information
235Voy., par exemple, l’arrêt de la Cour constitutionnelle n° 148/2017 du 21 décembre 2017 qui
retire au procureur du Roi la possibilité de requérir du juge d’instruction une perquisition dans le
cadre d’une mini-instruction.
236 Il ne faut pas confondre la transaction pénale avec la transaction civile qui est un contrat par
lequel les parties mettent fin à un litige par des concessions réciproques. Le point commun est le
fait de mettre fin à un litige, mais les moyens et les circonstances diffèrent complètement.
L’instruction
1. La mise à l’instruction
- Il peut inculper une personne contre laquelle existent des indices sérieux
de culpabilité et, de ce fait, l’impliquer dans la procédure pénale.
- Assisté de son greffier, il peut descendre sur les lieux pour faire procéder
aux premières constatations. Une telle descente sur les lieux est d’usage
pour les faits criminels particulièrement graves. Par ailleurs, le juge
d’instruction peut toujours revenir sur les lieux d’un crime pour en
organiser la reconstitution.
- Il peut rendre une ordonnance de perquisition* par laquelle, tout officier
de police judiciaire se voit habiliter à pénétrer dans un endroit protégé
par l’inviolabilité du domicile, en vue d’y rechercher des preuves et, le
cas échéant, de saisir les pièces à conviction d’un crime ou d’un délit. Sauf
exceptions prévues par la loi237, aucune perquisition ne peut avoir lieu
entre 21 heures et 5 heures du matin.
- Il peut exiger des organismes bancaires et financiers de lui communiquer
tout renseignement utile à l’enquête portant sur les comptes et avoirs de
leurs clients.
- Il peut décréter l’investigation d’un système informatique.
- Il peut ordonner qu’un médecin procède à une exploration corporelle.
Selon la définition qu’en donne la Cour de cassation, il s’agit de toute
mesure d’instruction susceptible de porter atteinte à la pudeur238.
- Il peut, à certaines conditions, ordonner, si besoin est sous la contrainte,
le prélèvement de cellules humaines (prélèvement sanguin, de
muqueuses de la joue, de bulbes pileux, etc.)239.
- Il peut faire procéder à toute expertise utile à la manifestation de la
vérité (autopsie, expertise en balistique, expertise comptable, expertise
psychiatrique, etc.).
- Il peut ordonner le repérage des données d’appels téléphoniques, leur
localisation et même la mise sur écoute et l’enregistrement de
communications privées.
- Il peut décerner un mandat d’arrêt* au terme duquel une personne sera
mise en détention préventive. Le mandat d’arrêt est l’ordonnance rendue
par le juge d’instruction qui permet de priver une personne de sa liberté
au-delà du délai de quarante-huit heures que ne peut dépasser
l’arrestation judiciaire*.
237Voyez par exemple la loi du 27 avril 2016 relative à des mesures complémentaires en matière de
lutte contre le terrorisme, M.B., 9 mai 2016.
238 Cass., 1er avril 1968, Pas., 1968, I, p. 939.
239 Art. 90undecies du C.I.C.
240 Loi du 20 juillet 1990 relative à la détention préventive, M.B., 14 août 1990.
241 Art. 27 de la loi du 13 mars 1973 relative à l’indemnité en cas de détention préventive inopérante,
M.B., 10 avril 1973.
242 Art. 16, § 1er, de la loi du 20 juillet 1990 précitée.
243 Art. 16, § 5, de la loi du 20 juillet 1990 précitée.
244Art. 28, 2, de la loi du 13 mars 1973 relative à l’indemnité en cas de détention préventive
inopérante, M.B., 10 avril 1973.
La place de la victime
Dans le procès pénal, la victime occupe une place délicate. Sa présence n’est
pas nécessaire au bon déroulement de l’instance qui oppose au premier chef la
personne poursuivie et le ministère public. Pourtant, l’issue du procès pénal est,
dans une large mesure, déterminante pour la situation de la victime : si la
personne poursuivie est reconnue coupable d’avoir commis une infraction, elle aura
nécessairement commis une faute sur le plan civil, faute qu’elle devra réparer en
application des principes de la responsabilité aquilienne.
Pour obtenir réparation, la victime peut s’engager dans l’une des voies
suivantes :
- soit, elle introduit une action en responsabilité devant la
juridiction civile compétente qui, pour statuer, devra attendre la
décision du juge pénal (en application du principe suivant lequel
le criminel tient le civil en état) ;
- soit, elle se greffe à l’action publique en cours en se constituant
partie civile*. Cette constitution de partie civile peut s’opérer au
stade de l’instruction, mais également au stade du procès au fond ;
- soit, elle met l’action publique en mouvement en se constituant
directement partie civile entre les mains du juge d’instruction ou
en citant directement l’auteur présumé devant le tribunal
correctionnel ou devant le tribunal de police.
Afin de permettre à la personne victime d’une infraction – mais qui n’est pas
(encore) partie civile – d’être avisée de l’évolution procédurale du dossier, une
« déclaration de personne lésée » peut être effectuée par ses soins. Une telle
déclaration fait naître dans le chef de la victime le droit d’être assistée ou
représentée par un avocat, de déposer au dossier tout document utile et surtout
d’être avisée du classement sans suite et de son motif, de la mise à l’instruction du
dossier et des actes de fixation devant les juridictions d’instruction et de jugement.
Cette information permet alors à la victime de se constituer partie civile.
Depuis les événements qui ont donné lieu à la « marche blanche » en octobre
1996 à la suite de l’affaire Dutroux, les responsables politiques ont le souci de
réserver une place plus importante à la victime s’étant constituée partie civile dans
le procès pénal. De nouvelles dispositions législatives ont été adoptées pour lui
permettre, au même titre que l’inculpé, d’accéder au dossier dans la phase
préliminaire du procès, de solliciter copie du dossier (art. 61ter C.I.C.) et, pour lui
donner un droit de regard, de demander un contrôle sur le bon déroulement de
l’instruction après une année (art. 136 C.I.C.). Elle peut également solliciter
l’accomplissement de devoirs complémentaires (art. 61quinquies C.I.C.).
Enfin, sauf à de très rares exceptions près (diffamation et calomnie, par
exemple), la victime ne peut jamais paralyser l’exercice de l’action publique.
Retirer une plainte ne permet pas en soi d’interrompre les poursuites pénales. Un
tel acte peut néanmoins conduire le procureur du Roi à classer un dossier sans
suite.
1. Caractère unilatéral
de jeter inutilement le discrédit sur les personnes, d’autre part, dans un souci
d’efficacité, d’être en mesure d’agir vite, sans alerter les coupables »245.
Si la phase préparatoire du procès pénal reste principalement unilatérale
plusieurs applications du principe du contradictoire ont été introduites dès ce
stade. Tant la défense que la partie civile disposent d’une certaine emprise sur la
phase préliminaire du procès : elles peuvent demander l’accès au dossier ; elles
peuvent solliciter des devoirs complémentaires du juge d’instruction ; elles sont
habilitées à saisir la Chambre des mises en accusation lorsque l’instruction n’est
pas clôturée après une année d’investigations.
2. Caractère secret
présenter comme coupables des personnes qui n’ont pas encore été jugées ni
condamnées.
La phase de jugement
L’audience
2. L’instruction d’audience
3. Les débats
Le jugement
Le jugement pénal obéit aux mêmes règles que le jugement civil, sous
réserve de certaines règles particulières.
Le jugement doit être motivé. En vertu du principe de légalité* du droit
pénal, le juge doit constater la réunion des éléments constitutifs de l’infraction au
regard des dispositions légales applicables. La motivation doit porter tant sur la
question de la culpabilité que sur celle de la peine retenue. Le législateur reconnaît
au juge une large marge d’appréciation quant à la mesure (« fourchette » pour les
1. L’opposition
L’opposition est ouverte contre tout jugement rendu par défaut, c’est-à-dire,
au pénal, celui qui est pris contre la partie poursuivie qui n’a pas comparu ou qui
n’a pas présenté ses moyens de défense. En pratique, les possibilités de faire
opposition sont devenues très restreintes. Elles impliquent que la partie
défaillante qui a eu connaissance de la citation dans la procédure dans laquelle elle
a fait défaut fasse état d’un cas de force majeure ou d’une excuse légitime justifiant
son défaut lors de la procédure attaquée. Le délai pour faire opposition est de 15
jours à compter de la signification de la décision ou du moment où le condamné en
a eu connaissance.
L’opposition ramène l’affaire devant le juge qui a rendu le jugement par
défaut. L’opposition ne peut nuire à l’opposant : le tribunal ne peut jamais
prononcer une condamnation plus grave que celle portée par le jugement rendu
par défaut.
2. L’appel
dont la plus importante concerne la cour d’assises qui statue en premier et dernier
ressort. Les parties à l’instance du premier degré (prévenu, ministère public, partie
civile) peuvent interjeter appel dans un délai de 30 jours à dater du prononcé de la
décision. La partie qui fait appel, qu’il s’agisse du prévenu ou du ministère public,
doit préciser dans sa requête les griefs, c’est-à-dire les critiques qu’elle adresse au
jugement et préciser les points sur lesquels il y a lieu de modifier la décision prise
en première instance.
Comme en première instance, les différentes parties sont entendues à
l’audience et le juge d’appel peut ordonner toutes les mesures nécessaires à la
manifestation de la vérité : audition ou ré-audition de témoins, désignation
d’experts, etc. Si l’appel est interjeté uniquement par le prévenu, la juridiction
d’appel ne peut rendre une décision plus sévère que le juge de première instance.
Si, par contre, l’appel est interjeté par le ministère public, la décision de la
juridiction d’appel pourra être favorable ou défavorable au prévenu puisque le
ministère public agit, non pour son compte personnel, mais dans l’intérêt de la
bonne application de la loi. En pratique, le ministère public fait systématiquement
appel lorsque le prévenu fait appel de sa condamnation en première instance.
L’objectif est dissuasif : le condamné qui fait appel sait qu’il risque aussi une
aggravation de sa peine.
3. Le pourvoi en cassation
L’exécution du jugement
SECTION 7 : LA JURISPRUDENCE
publiées sur des sites Internet et dans des bases de données, ainsi que dans des
revues spécialisées, souvent assorties d’un commentaire critique par un
spécialiste.
La dynamique jurisprudentielle
249Sur cette question, I. RORIVE, Le revirement de jurisprudence. Etude de droit anglais et de droit
belge, Bruxelles, Bruylant, 2003.
I. Notion ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 86
II. La division des pouvoirs ----------------------------------------------------------------------------------- 88
III. Les principes généraux du droit ------------------------------------------------------------------------ 90
Définition et exemples ---------------------------------------------------------------------------------- 90
Principes et règles --------------------------------------------------------------------------------------- 91
Origine et découverte ----------------------------------------------------------------------------------- 92
Reconnaissance et force obligatoire ---------------------------------------------------------------- 92
IV. La hiérarchie des normes --------------------------------------------------------------------------------- 93
Norme de droit international v. norme de droit interne-------------------------------------- 95
1. Le principe de la primauté du droit international ------------------------------------------ 95
2. Le cas particulier de la Constitution ----------------------------------------------------------- 97
3. L’exercice du contrôle ------------------------------------------------------------------------------- 98
Conflit entre normes européennes de rangs différents ------------------------------------- 100
1. La primauté du droit primaire sur le droit dérivé ---------------------------------------- 100
2. L’exercice du contrôle ----------------------------------------------------------------------------- 100
Constitution v. autre norme de droit interne -------------------------------------------------- 100
1. Le principe de la primauté de la Constitution dans l’ordre interne ----------------- 100
2. L’exercice du contrôle de la constitutionnalité des lois---------------------------------- 100
Norme de nature législative v. norme de nature réglementaire ------------------------- 102
1. Le principe de la primauté de la loi sur le règlement ----------------------------------- 102
2. L’exercice du contrôle ----------------------------------------------------------------------------- 102
Conflit entre normes de nature réglementaire de rangs différents --------------------- 102
1. Le principe de la subordination hiérarchique ---------------------------------------------- 102
2. L’exercice du contrôle ----------------------------------------------------------------------------- 103
La place des principes généraux du droit ------------------------------------------------------- 103
La responsabilité des pouvoirs publics -------------------------------------------------------------- 104
1. La responsabilité du pouvoir exécutif et de l’administration-------------------------- 104
2. La responsabilité du pouvoir judiciaire ------------------------------------------------------ 108
3. La responsabilité du pouvoir législatif ------------------------------------------------------- 110
4. La responsabilité internationale de la Belgique ------------------------------------------ 111
Section 2 : La démocratie --------------------------------------------------------------------------- 112
Notion --------------------------------------------------------------------------------------------------------- 112
La démocratie représentative -------------------------------------------------------------------------- 112
Les élections --------------------------------------------------------------------------------------------- 112
La représentation -------------------------------------------------------------------------------------- 113
La participation des citoyens au contrôle et à l’exercice de la puissance publique.---- 114
Le contrôle des gouvernants par l’opinion publique ----------------------------------------- 114
Les procédés de démocratie directe : le referendum ----------------------------------------- 115
La participation des citoyens à l’exercice des pouvoirs ------------------------------------- 117
1. La participation des citoyens à l’exercice de la justice ---------------------------------- 117
2. La participation des citoyens à l’exercice de la fonction législative ou
constitutionnelle……… ---------------------------------------------------------------------------------- 118
3. Les organisations de la société civile associées aux pouvoirs législatif et exécutif
119
La protection juridique de l’ordre démocratique ------------------------------------------------- 119
Les droits humains ------------------------------------------------------------- 121
Section 1 : Droits humains et libertés fondamentales --------------------------------------- 121
L’État libéral et la garantie des libertés individuelles ----------------------------------------- 121
Droits absolus et droit relatifs ------------------------------------------------------------------------- 123
III. Obligations générales des États --------------------------------------------------------------------- 125
IV. Un système national, régional et international de protection des droits fondamentaux
126
La variété des textes de protection --------------------------------------------------------------- 126
La variété des droits protégés : les générations de droits de l’homme ----------------- 127
La variété des systèmes de recours --------------------------------------------------------------- 128
Influences croisées et stratégies contentieuses ----------------------------------------------- 130