Perspective Mondiale FMI
Perspective Mondiale FMI
Perspective Mondiale FMI
PERSPECTIVES
DE L’ÉCONOMIE
MONDIALE
MISE À JOUR
Inflation au sommet
et croissance en berne
JANV
2023
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
PERSPECTIVES
DE L’ÉCONOMIE
MONDIALE
MISE À JOUR
Inflation au sommet
et croissance en berne
JANV
2023
JANV. MISE À JOUR DES PERSPECTIVES
2023 DE L’ÉCONOMIE MONDIALE
Inflation au sommet et croissance en berne
• Selon les prévisions, la croissance mondiale devrait ralentir de 3,4 % en 2022 à 2,9 % en 2023, avant de
remonter à 3,1 % en 2024. La croissance de 2023 sera de 0,2 point de pourcentage de plus que ce qui était
anticipé dans l’édition d’octobre 2022 des Perspectives de l’économie mondiale (PEM), mais reste
inférieure à la moyenne historique (2000–19) de 3,8 %. Le relèvement des taux d’intérêt par les banques
centrales pour juguler l’inflation et la guerre menée par la Russie en Ukraine continuent de peser sur l’activité
économique. La flambée de COVID-19 en Chine a freiné la croissance en 2022, mais la récente réouverture du
pays permet d’envisager une reprise plus rapide que prévu. L’inflation mondiale devrait décliner de 8,8 % en
2022 à 6,6 % en 2023 et à 4,3 % en 2024, mais continuera à dépasser les niveaux enregistrés avant la
pandémie (2017–19) d’environ 3,5 %.
• Les risques de dégradation des perspectives économiques continuent de dominer, mais se sont atténués depuis
l’édition d’octobre 2022 des PEM. Sur le plan positif, un regain lié à la demande comprimée dans de nombreux
pays ou une baisse plus rapide de l’inflation sont plausibles. En revanche, l’aggravation de la situation sanitaire
en Chine pourrait freiner la reprise, la guerre en Ukraine pourrait s’intensifier et le durcissement des conditions
de financement à l’échelle mondiale pourrait accentuer le surendettement. Les marchés financiers pourraient
également procéder à des ajustements soudains des prix en réaction à des annonces défavorables concernant
l’inflation et les progrès économiques pourraient être entravés en cas d’accentuation de la fragmentation
géopolitique.
• Sur fond de crise liée au coût de la vie, la plupart des pays cherchent en priorité à parvenir à une désinflation
durable. Compte tenu du risque que présentent le resserrement des conditions monétaires et le ralentissement de la
croissance pour la stabilité financière et la stabilité de la dette, un recours aux outils macroprudentiels et un
renforcement des cadres de restructuration de la dette s’imposent. Accélérer la campagne de vaccination contre la
COVID-19 en Chine permettrait de préserver le redressement économique et aura des retombées positives sur le
reste du monde. Le soutien budgétaire devrait être mieux ciblé sur les personnes les plus touchées par la hausse
des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, et les mesures d’allégement fiscal à grande échelle devraient être
supprimées. Une coopération multilatérale plus étroite est primordiale pour préserver les acquis du système
multilatéral fondé sur des règles et pour atténuer le changement climatique par la limitation des émissions et
l’augmentation des investissements verts.
Du côté de l’offre, la réduction des goulets d’étranglement et la baisse des coûts de transport ont
atténué les pressions sur les prix des intrants et permis un rebond dans des secteurs qui étaient
jusque-là bridés, comme celui des véhicules à moteur. Les marchés de l’énergie se sont adaptés plus
rapidement que prévu au choc de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
On estime toutefois que cette tendance à la hausse s’est estompée au quatrième trimestre de 2022
dans la plupart des principaux pays, mais pas tous. Les États-Unis affichent une croissance plus forte
qu’annoncé. Les consommateurs continuent de dépenser en puisant dans leur épargne (le taux
d’épargne des particuliers est au plus bas depuis plus de 60 ans, à l’exception de juillet 2005), le
chômage est proche de ses plus bas niveaux historiques et l’offre d’emplois est abondante.
Cependant, dans les autres pays, les indicateurs d’activité à haute fréquence (tels que la confiance des
entreprises et des consommateurs, les enquêtes auprès des directeurs d’achat et les indicateurs de
mobilité) pointent généralement vers un ralentissement.
La pandémie de COVID-19 exacerbe le ralentissement économique de la Chine. L’activité économique
chinoise a connu un affaiblissement au quatrième trimestre en raison des multiples flambées de
COVID-19 à Beijing et dans d’autres lieux densément peuplés. De nouveaux confinements ont été
imposés, jusqu’à l’assouplissement des restrictions
Graphique 1. L’inflation globale et l’inflation hors énergie
liées à la COVID-19 en novembre et décembre. Le et alimentation à leurs sommets ?
pays est désormais sur la voie d’une réouverture (Pourcentages, en glissement annuel)
complète. Les investissements immobiliers ont Pays médian États-Unis Zone euro
poursuivi leur contraction. Le processus de Brésil
restructuration des promoteurs progresse lentement, 18 1. Inflation globale
et ce, dans un contexte de crise persistante du 16
marché immobilier. Les promoteurs immobiliers ne 14
12
parviennent pas à honorer le volumineux carnet de 10
commandes de logements prévendus. Les prix des 8
6
logements subissent une pression à la baisse (baisse 4
limitée jusqu’à présent par un prix plancher). En 2
0
réponse, les autorités ont procédé à un nouvel –2
Janv. Juil. Janv. Juil. Janv. Juil. Janv. Juil. Nov. 22
assouplissement de la politique monétaire et 2019 19 20 20 21 21 22 22
budgétaire, fixé de nouveaux objectifs de
vaccination pour les personnes âgées et pris des 16 2. Inflation hors énergie et alimentation
mesures de soutien aux projets immobiliers 14
inachevés. Toutefois, la confiance des 12
10
consommateurs et des entreprises est restée faible à
8
la fin de 2022. Le ralentissement économique en 6
Chine a provoqué une baisse de la croissance du 4
commerce mondial et des prix internationaux des 2
produits de base. 0
–2
Janv. Juil. Janv. Juil. Janv. Juil. Janv. Juil. Nov. 22
Les effets de la politique monétaire commencent à se faire 2019 19 20 20 21 21 22 22
sentir. Certains signes indiquent que le durcissement Sources : Haver Analytics ; calculs des services du FMI.
de la politique monétaire commence à refroidir la Note : Le graphique montre l’évolution de l’inflation globale et de l’inflation hors
énergie et alimentation dans 18 pays avancés et 17 pays émergents et pays en
demande et l’inflation, mais tous les effets ne se développement. L’inflation hors énergie et alimentation mesure l’évolution des
prix des biens et services, à l’exception des denrées alimentaires et des produits
concrétiseront probablement pas avant 2024. énergétiques (à défaut, on utilise la mesure la plus proche). Pour la zone euro
L’inflation globale semble avoir atteint un pic au (et les autres pays européens pour lesquels les données sont disponibles),
l’énergie, l’alimentation, les boissons alcoolisées et le tabac ne sont pas pris en
troisième trimestre de 2022 (graphique 1). Le prix compte. Les bandes grisées représentent l’intervalle compris entre les 10 e et 90e
des produits de base combustibles et hors centiles d'inflation dans l’ensemble des pays étudiés.
combustibles a diminué, entraînant une baisse de l’inflation globale, notamment aux États-Unis,
dans la zone euro et en Amérique latine. Cependant, l’inflation sous-jacente (hors énergie et
alimentation) n’a pas encore atteint son maximum dans la plupart des pays et reste nettement
supérieure aux niveaux enregistrés avant la pandémie. Elle persiste, dans un contexte d’effets de
second tour des chocs antérieurs sur les coûts et de pénurie de main-d’œuvre, avec une forte hausse
des salaires liée à la résistance de la demande des consommateurs. Les anticipations d’inflation à
moyen terme restent généralement ancrées, mais certaines jauges sont en hausse. Face à cette
situation, des banques centrales ont relevé les taux directeurs plus rapidement que prévu, en
particulier aux États-Unis et dans la zone euro, et ont signalé que les taux resteront élevés.
L’inflation hors énergie et alimentation fléchit dans certains pays qui ont achevé leur cycle de
durcissement, comme le Brésil. Les marchés financiers manifestent une grande sensibilité aux
annonces liées à l’inflation. Les marchés des actions sont haussiers après la publication récente de
données d’inflation plus faibles, en anticipation des réductions de taux d’intérêt (encadré 1), bien que
les banques centrales aient fait part de leur volonté de durcir davantage leur politique. Sous l’effet du
pic de l’inflation globale aux États-Unis et de l’accélération des hausses de taux par plusieurs
banques centrales non américaines, le dollar s’est affaibli depuis septembre, mais reste nettement
plus fort qu’il y a un an.
L’hiver arrive en Europe. La croissance économique européenne en 2022 a été plus résistante que prévu
face au choc considérable des termes de l’échange provoqué par la guerre en Ukraine. Cette
résistance, qui transparaît dans les données relatives à la consommation et à l’investissement pour le
troisième trimestre, découle en partie de l’aide publique d’environ 1,2 % du PIB de l’Union
européenne (coût budgétaire net) accordée aux ménages et aux entreprises touchés par la crise
énergétique, ainsi que du dynamisme insufflé par la réouverture des pays. Les prix du gaz ont
enregistré une baisse plus importante que prévu, en raison de l’augmentation des flux de gaz naturel
liquéfié et par gazoduc en provenance des fournisseurs non russes, de la compression de la demande
de gaz et des températures hivernales plus élevées que la normale. Toutefois, les effets positifs de la
réouverture des pays semblent s’estomper. Les indicateurs à haute fréquence pour le quatrième
trimestre signalent une contraction de l’industrie manufacturière et du secteur des services. La
confiance des consommateurs et le climat des affaires se sont dégradés. Avec un taux d’inflation d’à
peu près 10 % ou plus dans plusieurs pays de la zone euro et au Royaume-Uni, les budgets des
ménages restent tendus. L’accélération des relèvements de taux par la Banque d’Angleterre et la
Banque centrale européenne durcit les conditions financières et refroidit la demande dans le secteur
du logement et au-delà.
Prévision
La croissance à son point le plus bas
La croissance mondiale, estimée à 3,4 % en 2022, devrait tomber à 2,9 % en 2023, avant de se hisser à
3,1 % en 2024 (tableau 1). L’estimation pour 2022 et la prévision pour 2023 affichent toutes deux
environ 0,2 point de pourcentage de plus que les prévisions d’octobre, ce qui témoigne des résultats
positifs inattendus et de la résilience plus forte que prévu dans de nombreux pays. Une contraction
du PIB mondial ou du PIB mondial par habitant, qui se produit souvent en cas de récession
mondiale, n’est pas à craindre. Néanmoins, la croissance mondiale prévue pour 2023 et 2024 est
inférieure à la moyenne annuelle historique (2000–19) de 3,8 %.
La faible croissance attendue en 2023 est liée au relèvement des taux par les banques centrales pour
contrer l’inflation, en particulier dans les pays avancés, ainsi qu’à la guerre en Ukraine. Le recul de la
croissance en 2023 par rapport à 2022 est imputable aux pays avancés ; dans les pays émergents et
les pays en développement, on estime que la croissance a atteint son point le plus bas en 2022. La
croissance devrait s’accélérer en Chine avec la réouverture complète du pays en 2023. La reprise
attendue en 2024 dans les deux groupes de pays est liée au rétablissement progressif après les
répercussions de la guerre en Ukraine et au recul de l’inflation. Parallèlement à l’évolution de la
demande mondiale, la croissance du commerce mondial devrait fléchir à 2,4 % en 2023, malgré une
réduction des goulets d’étranglement de l’offre, avant de grimper à 3,4 % en 2024.
Ces prévisions sont fondées sur plusieurs hypothèses, notamment sur les prix des produits de base
combustibles et hors combustibles, qui ont généralement été revus à la baisse depuis octobre, ainsi
que sur les taux d’intérêt, qui ont été réévalués à la hausse. En 2023, les prix du pétrole devraient
chuter d’environ 16 %, tandis que les prix des produits de base hors combustibles devraient baisser
en moyenne de 6,3 %. Les hypothèses concernant les taux d’intérêt mondiaux sont revues à la
hausse, compte tenu du durcissement effectif et annoncé des politiques des principales banques
centrales depuis octobre.
Dans les pays avancés, la croissance devrait connaître une chute brutale, passant de 2,7 % en 2022 à
1,2 % en 2023, avant de remonter à 1,4 % en 2024, avec une révision à la baisse de 0,2 point de
pourcentage pour 2024. Selon les prévisions, environ 90 % des pays avancés enregistreront une
baisse de croissance en 2023.
• Aux États-Unis, la croissance devrait reculer, passant de 2,0 % en 2022 à 1,4 % en 2023 et à
1,0 % en 2024. Grâce à un rebond au second semestre de 2024, la croissance en 2024 sera plus
rapide qu’en 2023 en comparant les quatrièmes trimestres, comme dans la plupart des pays
avancés. La croissance annuelle en 2023 est révisée à la hausse de 0,4 point de pourcentage, du
fait des effets de report de la résistance de la demande intérieure en 2022. En revanche, la
croissance en 2024 est révisée à la baisse de 0,2 point de pourcentage, sous l’effet de
l’accélération des hausses de taux de la Réserve fédérale, qui atteindront un pic d’environ 5,1 %
en 2023.
• Dans la zone euro, la croissance devrait atteindre son niveau le plus bas (0,7 %) en 2023, avant de
remonter à 1,6 % en 2024. La révision à la hausse, de 0,2 point de pourcentage, des prévisions
pour 2023 reflète les effets de l’accélération du relèvement des taux par la Banque centrale
européenne et de l’érosion des revenus réels, compensés par les effets de report des résultats de
2022, la baisse des prix de gros de l’énergie et les annonces supplémentaires de soutien
budgétaire au pouvoir d’achat par un contrôle des prix de l’énergie et des transferts au
comptant.
• Au Royaume-Uni, la croissance est annoncée à –0,6% en 2023, soit une révision à la baisse de
0,9 point de pourcentage par rapport à octobre, en raison du durcissement des politiques
budgétaires et monétaires et des conditions financières, ainsi que des prix de détail encore
élevés de l’énergie qui plombent le budget des ménages.
• Selon les prévisions, la croissance au Japon connaîtra une augmentation à 1,8 % en 2023, avec la
poursuite des mesures de soutien monétaire et budgétaire. Les bénéfices élevés des entreprises,
liés à la dépréciation du yen et aux retards pris dans la mise en œuvre de projets antérieurs,
soutiendront les investissements des entreprises. La croissance devrait baisser à 0,9 % en 2024,
les effets des mesures de relance se dissipant.
En ce qui concerne les pays émergents et les pays en développement, la croissance devrait augmenter
légèrement, passant de 3,9 % en 2022 à 4 % en 2023 et à 4,2 % en 2024, avec une révision à la
hausse de 0,3 point de pourcentage pour 2023 et une révision à la baisse de 0,1 point de pourcentage
pour 2024. Près de la moitié des pays émergents et des pays en développement affichent une
croissance plus faible en 2023 qu’en 2022.
• Selon les prévisions, la croissance dans les pays émergents et les pays en développement d’Asie devrait
augmenter en 2023 et 2024 pour atteindre 5,3 % et 5,2 %, respectivement, après un
fléchissement plus marqué que prévu à 4,3 % en 2022, imputable à la situation économique de
la Chine. Le ralentissement du PIB réel de la Chine au quatrième trimestre de 2022 implique une
révision à la baisse de 0,2 point de pourcentage pour la croissance de 2022, qui s’établira à
3,0 %. Pour la première fois en plus de 40 ans, le taux de croissance de la Chine sera inférieur à
la moyenne mondiale. Celui-ci devrait passer à 5,2 % en 2023, en raison de l’amélioration rapide
de la mobilité, et chuter à 4,5 % en 2024, avant de se stabiliser en dessous de 4 % à moyen
terme, compte tenu de la perte de dynamisme des entreprises et de la lenteur des réformes
structurelles. En Inde, la croissance devrait passer de 6,8 % en 2022 à 6,1 % en 2023, avant de
repartir à la hausse pour atteindre 6,8 % en 2024, sous l’effet de la résistance de la demande
intérieure malgré les vents contraires extérieurs. La croissance dans les pays de l’ASEAN-5
(Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande) devrait également ralentir à 4,3 % en 2023,
avant de repartir à 4,7 % en 2024.
• Quant à la croissance des pays émergents et des pays en développement d’Europe, elle devrait atteindre
un creux de 0,7 % en 2022. Par rapport aux prévisions d’octobre, les prévisions actuelles ont été
révisées à la hausse de 0,9 point de pourcentage pour 2023, à 1,5 %. Ce résultat traduit une
contraction économique plus modérée que prévu en Russie en 2022 (estimée à –2,2 % contre
–3,4 % prévus), suivie d’une croissance légèrement positive en 2023. Compte tenu du prix
plafond actuel du pétrole fixé par le Groupe des Sept, les volumes d’exportation de pétrole brut
russe ne devraient pas être affectés de manière significative, la Russie continuant de réorienter
ses échanges commerciaux des pays qui appliquent des sanctions vers les pays qui n’en
appliquent pas.
• Les pays d’Amérique latine et des Caraïbes devraient enregistrer une baisse de leur croissance de
3,9 % en 2022 à 1,8 % en 2023, avec une révision à la hausse pour 2023 de 0,1 point de
pourcentage depuis octobre. La révision des prévisions reflète des hausses de 0,2 point de
pourcentage pour le Brésil et de 0,5 point de pourcentage pour le Mexique, grâce à une résistance
inattendue de la demande intérieure, à une croissance plus prononcée que prévu dans les
principaux pays partenaires commerciaux et, au Brésil, à un soutien budgétaire plus conséquent
que prévu. La croissance dans cette région devrait atteindre 2,1 % en 2024, mais avec une
révision à la baisse de 0,3 point de pourcentage, en raison du durcissement des conditions
financières, de la baisse des prix des produits de base exportés et des perspectives de croissance
plus faible des partenaires commerciaux.
• Selon les prévisions, la croissance au Moyen-Orient et en Asie centrale devrait passer de 5,3 % en
2022 à 3,2 % en 2023, avec une révision à la baisse de 0,4 point de pourcentage depuis octobre,
principalement attribuable à un ralentissement plus marqué que prévu de la croissance en Arabie
saoudite, qui passe de 8,7 % en 2022 (supérieure aux prévisions de 1,1 point de pourcentage) à
2,6 % en 2023, avec une révision négative de 1,1 point de pourcentage. La révision à la baisse
pour 2023 reflète principalement la diminution de la production de pétrole, conformément à un
accord conclu par l’OPEP+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole, y compris la Russie
et d’autres exportateurs de pétrole non membres de l’OPEP), tandis que la croissance hors
pétrole devrait rester robuste.
• En Afrique subsaharienne, la croissance devrait rester modérée, à 3,8 % en 2023, compte tenu des
retombées prolongées de la pandémie de COVID-19, avec toutefois une modeste révision à la
hausse depuis octobre, avant de passer à 4,1 % en 2024. La légère révision à la hausse pour
2023 (0,1 point de pourcentage) reflète la progression de la croissance du Nigéria en 2023, grâce
aux mesures prises pour résoudre les problèmes d’insécurité dans le secteur pétrolier. En
revanche, en Afrique du Sud, après un rebond lié à la réouverture du pays en 2022 après la
pandémie de COVID-19, la croissance prévue est réduite de plus de moitié en 2023, à 1,2 %, en
raison du recul de la demande extérieure, des pénuries d’électricité et des contraintes
structurelles.
Dans les pays avancés, l’inflation annuelle moyenne devrait passer de 7,3 % en 2022 à 4,6 % en 2023 et
à 2,6 % en 2024, ce qui reste supérieur à l’objectif dans plusieurs cas. Dans les pays émergents et les pays
en développement, l’inflation annuelle attendue diminuera de 9,9 % en 2022 à 8,1 % en 2023 et à 5,5 %
en 2024, soit un niveau supérieur à la moyenne de 4,9 % enregistrée avant la pandémie (2017–19).
Dans les pays en développement à faible revenu, l’inflation devrait reculer de 14,2 % en 2022 à 8,6 % en
2024, un niveau encore élevé, mais proche de la moyenne observée avant la pandémie.
Facteurs haussiers — Les chances de révision à la hausse des prévisions comprennent des résultats plus
favorables que prévu en matière de dépenses intérieures, comme au troisième trimestre de 2022, ce
qui, toutefois, augmenterait encore l’inflation. Cependant, il est possible d’envisager un scénario
optimiste, avec une inflation plus faible que prévu et un resserrement monétaire moins marqué :
• Impulsion par la demande comprimée : Alimentée par l’excédent d’épargne privée engendré par le
soutien budgétaire pendant la pandémie et, dans de nombreux cas, par une pénurie persistante
Risques à la baisse — De nombreux aléas continuent de peser sur les perspectives mondiales,
menaçant de réduire la croissance et, dans un certain nombre de cas, d’aggraver l’inflation :
• Essoufflement de la reprise en Chine : Avec des niveaux d’immunité de la population encore faibles
et des capacités hospitalières insuffisantes, surtout en dehors des grandes zones urbaines, des
répercussions graves de la crise sanitaire pourraient entraver la reprise. La détérioration de la
crise du marché immobilier reste un facteur de vulnérabilité majeur, avec des risques de faillites
généralisées des promoteurs qui peuvent menacer la stabilité du secteur financier. Les effets de
contagion sur le reste du monde se manifesteraient principalement par une baisse de la
demande et la possibilité de nouvelles perturbations de la chaîne d’approvisionnement.
• Escalade de la guerre en Ukraine : Une escalade de la guerre en Ukraine est un élément majeur de
vulnérabilité, en particulier pour l’Europe et les pays à faible revenu. Ayant stocké suffisamment
de gaz pour prévenir toute pénurie cet hiver, l’Europe bénéficie de prix du gaz plus bas que
prévu. Cependant, avec des flux très réduits en provenance de Russie, il sera difficile de
renouveler les stocks avant l’hiver prochain, en particulier s’il fait très froid et que la demande
d’énergie de la Chine augmente, provoquant une flambée des prix. Une éventuelle
augmentation des prix des denrées alimentaires, dans le cas d’un échec de l’extension de
l’Initiative céréalière de la mer Noire, accentuerait la pression sur les pays à faible revenu qui
subissent une insécurité alimentaire et qui disposent d’une marge budgétaire limitée pour en
atténuer l’impact sur les ménages et les entreprises. Une hausse des prix des denrées
alimentaires et des carburants pourrait accroître les troubles sociaux.
• Surendettement : Depuis octobre, les écarts de taux souverains des pays émergents et des pays en
développement ont légèrement diminué sous l’effet d’un assouplissement des conditions
financières mondiales (encadré 1) et de la dépréciation du dollar. Il est estimé qu’environ 15 %
des pays à faible revenu sont en situation de surendettement, que 45 % présentent un risque
élevé de surendettement et qu’environ 25 % des pays émergents présentent aussi un risque
élevé. La combinaison de niveaux d’endettement élevés dus à la pandémie, d’un fléchissement
de la croissance et de la hausse des coûts d’emprunt exacerbe la vulnérabilité de ces pays, en
particulier ceux qui ont des besoins considérables de financement en dollar à court terme.
1Voir « Geo-Economic Fragmentation and the Future of Multilateralism », dans la Note de réflexion 2023/001 des
services du FMI.
Rétablir la viabilité de la dette : Le ralentissement de la croissance et la hausse des coûts d’emprunt ont
entraîné une augmentation des ratios d’endettement public de plusieurs pays. En cas de niveau de
dette insoutenable, une restructuration ou un reprofilage précoce, intégrés à un train de réformes
(notamment un assainissement budgétaire et des réformes de l’offre pour favoriser la croissance),
peuvent permettre d’éviter des ajustements ultérieurs plus contraignants.
Soutenir les groupes les plus vulnérables : La flambée des prix mondiaux de l’énergie et des denrées
alimentaires a provoqué une crise liée au coût de la vie. Les pouvoirs publics ont réagi rapidement en
soutenant les ménages et les entreprises, ce qui a permis d’amortir les effets sur la croissance et,
parfois, de limiter la répercussion des prix de l’énergie sur l’inflation globale, grâce au contrôle des
prix. Les mesures temporaires et à grande échelle qui ont été adoptées coûtent de plus en plus cher
et devraient être abandonnées au profit d’approches ciblées. Maintenir le signal de prix de l’énergie
incitera à réduire la consommation énergétique et limitera les risques de pénurie. Un ciblage peut être
réalisé par le biais de filets de sécurité sociale, tels que des transferts au comptant aux ménages
éligibles, sur la base du revenu ou de la démographie, ou par des transferts via les compagnies
d’électricité, sur la base de la consommation d’énergie passée. Les subventions devraient être
temporaires et compensées par des mesures génératrices de recettes, notamment des taxes de
solidarité ponctuelles sur les ménages à haut revenu et les entreprises, le cas échéant.
Améliorer l’offre : Les interventions sur l’offre pourraient porter sur les principaux facteurs structurels
qui entravent la croissance, notamment le pouvoir de marché, la recherche de rente, la rigidité de la
réglementation et de la planification et l’inefficacité de l’éducation. Elles permettraient de renforcer
la résilience, de réduire les goulets d’étranglement et d’atténuer les pressions sur les prix. Une
impulsion concertée en faveur des investissements tout au long de la chaîne d’approvisionnement
des technologies d’énergie verte renforcerait la sécurité énergétique et contribuerait à accélérer la
transition écologique.
Renforcer la coopération multilatérale — Il est urgent de prendre des mesures pour limiter les risques liés à
la fragmentation géopolitique et pour assurer la coopération dans les domaines fondamentaux
d’intérêt commun :
• Endiguer la pandémie : Un effort de coordination mondiale est nécessaire pour éliminer les goulets
d’étranglement dans la distribution de vaccins et de traitements dans le monde. Le soutien
public au développement de nouvelles technologies vaccinales et à la recherche de réponses
systématiques aux futures épidémies reste également essentiel.
• S’attaquer au surendettement : Des avancées ont été observées pour les pays qui ont demandé un
traitement de leur dette au titre du cadre commun du Groupe des Vingt, mais il faudra passer à
la vitesse supérieure. Des mécanismes devraient être également convenus pour résoudre le
problème de la dette d’un cercle plus large de pays, y compris les pays à revenu intermédiaire
qui ne sont pas éligibles au titre du cadre commun. Les créanciers non membres du Club de
Paris et les créanciers privés ont un rôle crucial à jouer pour garantir des processus de
résolution de la dette coordonnés, efficaces et rapides.
• Renforcer le commerce mondial : Le renforcement du système commercial mondial permettrait de
réduire les risques liés à la fragmentation du commerce. Pour ce faire, il convient de lever les
restrictions sur les exportations de denrées alimentaires et d’autres produits essentiels tels que
les médicaments, de renforcer les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans
des domaines essentiels tels que les subventions agricoles et industrielles, de conclure et de
mettre en œuvre de nouveaux accords fondés sur l’OMC et de rétablir pleinement le système de
règlement des différends de l’OMC.
• Utiliser le dispositif mondial de sécurité financière : Face aux chocs en série qui frappent l’économie
mondiale, il convient d’utiliser le dispositif mondial de sécurité financière dans toute sa mesure,
notamment en recourant de manière volontariste aux accords financiers à titre de précaution du
FMI et en canalisant l’aide de la communauté internationale vers les pays à faible revenu
confrontés aux chocs.
• Accélérer la transition écologique : Des mesures d’atténuation crédibles doivent être mises en œuvre
rapidement pour atteindre les objectifs des États dans la lutte contre le changement climatique.
Une coordination internationale sur la tarification du carbone ou des stratégies équivalentes
permettrait d’accélérer la décarbonation. Une coopération mondiale est nécessaire pour
renforcer la résilience aux chocs climatiques, notamment en apportant une aide aux pays
vulnérables.
repli bien plus rapide et plus prononcé des taux par rapport –1
–2
aux prévisions d’octobre (graphique 1.2). En conséquence,
–3
les rendements obligataires mondiaux ont récemment 2006
06 08
08 10 12 14
14 16
16 18 20
20 22
diminué, les écarts de taux des entreprises se sont resserrés Sources : Bloomberg, L.P. ; Haver Analytics ; sources de
et les marchés des actions ont rebondi. Cela étant, il est données nationales ; calculs des services du FMI.
Note : GFSR = Rapport sur la stabilité financière dans le
probable que les banques centrales continueront à resserrer monde.
Europe.
1 1
Toutefois, les risques à la hausse pour l’inflation demeurent. Oct. Avril Oct. Déc. Déc. Oct. Avril Oct. Déc. Déc.
22 23 23 24 26 22 23 23 24 26
Malgré la récente atténuation de l’inflation globale, l’inflation
hors énergie et alimentation reste obstinément élevée dans Sources : Bloomberg Finance L.P. ; calculs des services
du FMI.
la plupart des régions, la pénurie de main-d’œuvre persiste, Note : GFSR = Rapport sur la stabilité financière dans le
monde.
les effets de la guerre menée par la Russie en Ukraine
continuent de se faire sentir sur les prix de l’énergie et les
chaînes d’approvisionnement pourraient à nouveau subir des perturbations. Un nouveau
durcissement des conditions financières sera probablement nécessaire pour maîtriser ces risques.
Dans le cas contraire, les banques centrales devront peut-être relever à nouveau les taux directeurs
afin d’atteindre les objectifs en matière d’inflation.
Le climat de tension lié aux risques croissants de récession et aux incertitudes de la politique
monétaire a provoqué une forte volatilité des marchés. Si bon nombre de banques centrales des
pays avancés ont atténué la hausse des taux, elles ont néanmoins déclaré de façon explicite qu’elles
seront amenées à maintenir plus longtemps des taux plus élevés pour contenir l’inflation. Les actifs à
risque pourraient enregistrer une baisse notable en cas de nouvelle contraction des bénéfices ou si
les investisseurs réévaluent leurs perspectives en matière de politique monétaire sur la base des
La volatilité des marchés financiers devrait rester élevée et pourrait être exacerbée par la faible
liquidité des marchés. Pour certaines classes d’actifs (comme les bons du Trésor américain), la
liquidité s’est détériorée jusqu’aux niveaux les plus bas de mars 2020 durant la pandémie de
COVID-19. Compte tenu du processus de réduction du bilan des banques centrales (resserrement
quantitatif) en cours, la situation de la liquidité des marchés devrait rester délicate.