Manuel Sur Les Enquêtes de La Corruption
Manuel Sur Les Enquêtes de La Corruption
Manuel Sur Les Enquêtes de La Corruption
2018
Au service
de peuples
et des nations
OFFICE DES NATIONS UNIES CONTRE LA DROGUE ET LE CRIME
Vienne
2018
PRÉFACE
La corruption constitue un obstacle majeur au développement durable. Le coût de la corruption ne
se résume pas à un simple détournement de ressources de leur but légitime. La corruption corrompt
le tissu social, affaiblit l'État de droit, altère la confiance placée dans le gouvernement, réduit la qualité
de vie de la population et constitue un terreau pour la montée de la criminalité organisée, du
terrorisme et de l'extrémisme violent.
L'adoption du Programme de développement durable à l'horizon 2030 a constitué une avancée
majeure, les États Membres ayant expressément pris conscience de la nécessité de promouvoir la
transparence, la responsabilisation et l'intégrité au service du développement durable. L'objectif de
développement durable no 16, assorti de ses cibles (réduire la corruption, mettre en place des
institutions efficaces, responsables et transparentes ; faire en sorte que le dynamisme, l’ouverture, la
participation et la représentation caractérisent la prise de décisions ; renforcer l’accès à l’information),
n'est pas seulement l'expression d'attentes fortes et nobles concernant la construction de sociétés
justes, pacifiques et inclusives, mais aussi une condition importante à la concrétisation de l’ensemble
des objectifs de développement durable.
L'année 2018 marque le quinzième anniversaire de l'adoption de la Convention des Nations Unies
contre la corruption. En septembre 2018, la Convention a atteint une ratification quasi universelle,
avec 186 Parties. Instrument global de lutte contre la corruption unique au monde, elle vise un large
éventail d'infractions de corruption et fournit des normes internationales aux États Membres afin
d'orienter les réformes qu'ils mènent.
Malgré l’accomplissement de ces importants progrès, la prévalence de la corruption demeure élevée
dans de nombreux pays, ce qui témoigne de la difficulté à prévenir et à combattre cette pratique. On
ne dispose pas de connaissances suffisantes pour comprendre et mesurer ce phénomène. La
corruption interagit avec de nombreux facteurs politiques, économiques, sociaux et culturels, si bien
que son caractère multidimensionnel et caché en fait un problème complexe à mesurer.
En l'absence de méthodes ou de normes établies au niveau international qui permettent de mesurer
les indicateurs 16.5.1 et 16.5.2 relatifs aux objectifs de développement durable, rares sont les États
Membres qui ont recueilli des données sur les indicateurs de la corruption contenus dans le
Programme 2030. Ils ont toutefois été nombreux à solliciter des orientations et des méthodes
normalisées à l'appui des efforts qu'ils déploient.
Le Manuel sur les enquêtes de corruption : directives méthodologiques pour la mesure de la pratique
des pots-de-vin et d'autres formes de corruption à l’aide d’enquêtes par sondage vise à combler cette
lacune.
Le manuel a été élaboré par l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime en partenariat
avec le Programme des Nations Unies pour le développement. Il fournit des orientations détaillées
sur la mesure de la corruption, allant de la planification à l'analyse et à la diffusion des résultats, et
contribue ainsi à l'élaboration de politiques fondées sur des données probantes ainsi qu’à la
conception et à l'évaluation de réformes stratégiques visant à éliminer les risques de corruption.
3
Nous invitons les États Membres, les partenaires donateurs, les organisations de la société civile, les
milieux universitaires et toutes les parties prenantes à se servir de ce manuel pour suivre les progrès
réalisés dans la lutte contre la corruption et atteindre les objectifs de développement durable dans
l'intérêt de tous, partout dans le monde.
4
REMERCIEMENTS
Le Manuel sur les enquêtes de corruption est le fruit d'une initiative menée conjointement par l'Office
des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) et le Centre d'excellence ONUDC-INEGI de statistiques sur la gouvernance,
la criminalité, la victimisation et la justice. Il a été établi par le Groupe de l'élaboration et de la diffusion
des données du Service de la recherche et de l'analyse des tendances qui relève de la Division de
l’analyse des politiques et des relations publiques de l'ONUDC, sous la supervision de Jean-Luc
Lemahieu, Directeur de la Division, et d'Angela Me, Chef du Service de la recherche et de l'analyse
des tendances.
Angela Me, Enrico Bisogno (Chef du Groupe de l'élaboration et de la diffusion des données), Salomé
Flores Sierra (Coordinatrice du Centre d'excellence ONUDC-INEGI), Michael Jandl (Groupe de
l'élaboration et de la diffusion des données), Anga Timilsina (PNUD), Jennifer Sarvary-Bradford
(ONUDC), Giulia Mugellini (Centre d'excellence ONUDC-INEGI), Roberto Murguía (Centre
d'excellence ONUDC-INEGI) et Sarika Dewan (Groupe de l'élaboration et de la diffusion des données).
Le présent manuel a été réalisé avec le soutien de l’équipe spéciale chargée de la mesure de la corruption :
5
lutte contre la corruption du PNUD, qui ont apporté leur compétences et leurs précieuses
contributions à l'élaboration de ce document et appuyé les travaux de l'équipe spéciale chargée de
la mesure de la corruption, de même que la publication du présent manuel.
Tous commentaires sur le présent manuel seront les bienvenus. Ils pourront être adressés à :
6
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE....................................................................................................................................................................................... 3
REMERCIEMENTS ...................................................................................................................................................................... 5
TABLE DES MATIÈRES .............................................................................................................................................................. 7
GLOSSAIRE .................................................................................................................................................................................. 9
COMMENT UTILISER CE MANUEL ...................................................................................................................................... 11
I. MESURE DE LA CORRUPTION : GÉNÉRALITÉS ET CONTEXTE ........................................................................ 17
1. Cadre international de mesure de la corruption........................................................................................ 17
2. Principales méthodes de mesure de la corruption .................................................................................. 20
3. Avantages et inconvénients des enquêtes par sondage pour mesurer la corruption....................27
II. COMMENT RÉALISER UNE ENQUÊTE SUR LA CORRUPTION........................................................................ 33
1. Pourquoi mesurer la corruption au niveau national ? ............................................................................. 33
2. Garantir l'appropriation nationale et la qualité des enquêtes .............................................................. 34
3. Planifier le budget d’une enquête sur la corruption .................................................................................37
4. Avantages et inconvénients des enquêtes spécialisées et des modules intégrés .......................... 40
5. Établir les buts et objectifs de l'enquête...................................................................................................... 42
6. Bien choisir le mode d'enquête ..................................................................................................................... 46
7. Éléments à prendre en considération concernant l'échantillonnage.................................................. 49
8. Concevoir le questionnaire : l’ordre des questions et des sections .................................................... 53
9. Établir la confiance avec les répondants ......................................................................................................57
10. Sélection et formation des enquêteurs........................................................................................................ 60
11. Garantir la confidentialité des données recueillies .................................................................................... 61
12. Tests cognitifs ...................................................................................................................................................... 64
13. Enquête pilote ..................................................................................................................................................... 66
III. ENQUÊTES SUR LA CORRUPTION AUPRÈS DE LA POPULATION ................................................................. 71
1. Buts et objectifs de l'enquête .......................................................................................................................... 71
2. Questions relatives aux méthodes d'échantillonnage et à la collecte de données .........................72
3. Conception du questionnaire ..........................................................................................................................78
4. Analyse .................................................................................................................................................................. 94
IV. ENQUÊTES SUR LA CORRUPTION AUPRÈS DES ENTREPRISES .................................................................... 103
1. Buts et objectifs de l'enquête ........................................................................................................................ 103
2. Questions relatives aux méthodes d'échantillonnage et à la collecte de données ....................... 104
3. Conception du questionnaire ........................................................................................................................ 113
4. Analyse ................................................................................................................................................................. 129
ANNEXES ................................................................................................................................................................................. 137
7
GLOSSAIRE
Corruption active d’agents publics nationaux − fait de promettre, d’offrir ou d’accorder à un agent
public, directement ou indirectement, un avantage indu, pour lui-même ou pour une autre personne
ou entité, afin qu’il accomplisse ou s’abstienne d’accomplir un acte dans l’exercice de ses fonctions
officielles1.
Entretien en ligne assisté par ordinateur − entretien au cours duquel les répondants, pourvus d’un
nom d'utilisateur et d’un mot de passe personnels, remplissent un questionnaire en ligne.
Entretien individuel assisté par ordinateur − entretien en face à face au cours duquel l’enquêteur saisit
les réponses dans un ordinateur (au lieu d'utiliser du papier et un crayon).
Entretien téléphonique assisté par ordinateur − entretien téléphonique au cours duquel l'enquêteur
saisit directement les réponses dans un ordinateur.
Secteur informel – ensemble d’entreprises individuelles appartenant à des ménages qui produisent,
au moins en partie, pour le marché, mais dont le dont le nombre d’employés est inférieur à un certain
seuil, ou qui ne sont pas enregistrées dans le cadre prévu par la législation nationale2.
Corruption passive d’agents publics nationaux − fait pour un agent public de solliciter ou d’accepter,
directement ou indirectement, un avantage indu, pour lui-même ou pour une autre personne ou
entité, afin d’accomplir ou de s’abstenir d’accomplir un acte dans l’exercice de ses fonctions officielles3.
Entretien papier-crayon − entretien en face à face au cours duquel l'enquêteur écrit les réponses sur
un questionnaire papier.
Secteur privé − ce secteur désigne généralement le secteur des entreprises, qui comprend toutes les
firmes, organismes et institutions dont l’activité première est la production marchande de biens ou
de services (autres que d’enseignement supérieur) en vue de leur vente au public, à un prix qui
correspond à la réalité économique, ainsi que les institutions privées sans but lucratif principalement
au service de ces entreprises4.
Agent public − toute personne qui détient un mandat législatif, exécutif, administratif ou judiciaire
d’un État Partie, qu’elle ait été nommée ou élue, à titre permanent ou temporaire, qu’elle soit
rémunérée ou non rémunérée, et quel que soit son niveau hiérarchique ; toute autre personne qui
exerce une fonction publique, y compris pour un organisme public ou une entreprise publique, ou
qui fournit un service public, tels que ces termes sont définis dans le droit interne de l’État Partie et
appliqués dans la branche pertinente du droit de cet État ; toute autre personne définie comme
« agent public » dans le droit interne d’un État Partie5.
1
Article 15, Convention des Nations Unies contre la corruption (Nations Unies, New York, 2004). Disponible à l’adresse suivante :
www.unodc.org/documents/treaties/UNCAC/Publications/Convention/08-50027_F.pdf.
2
Bureau international du Travail (BIT), Résolution concernant les statistiques de l'emploi dans le secteur informel adoptée par la
quinzième Conférence internationale des statisticiens du travail, par. 5 (1993).
3
Article 15, Convention contre la corruption.
4
Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Manuel de Frascati : méthode type proposée pour les
enquêtes sur la recherche et le développement expérimental (Paris, 2002).
5
Article 2, Convention contre la corruption.
9
Secteur public − secteur des administrations publiques et de toutes les entités publiques, y compris
la banque centrale6.
Secteur − terme général utilisé pour décrire un groupe d’établissements engagés dans des types
d’activités économiques similaires. Il peut s’agir de la subdivision d’une activité économique − comme
dans le cas du « secteur de l’extraction de charbon » − d’un groupe d’activités économiques − comme
dans le cas du « secteur des services » − ou d’une coupe transversale d’un groupe d’activités
économiques − comme dans le cas du « secteur informel »7.
6
OCDE, Measuring Public Employment in OECD Countries: Sources, Methods and Results (Paris, 1997).
7
BIT, Fonds monétaire international (FMI), OCDE, Eurostat, Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU),
Banque mondiale, Manuel de l'indice des prix à la production : Théorie et pratique (FMI, Washington, 2004).
10
COMMENT UTILISER CE MANUEL
Le Manuel sur les enquêtes de corruption a pour principal objectif de fournir aux pays des directives
méthodologiques et opérationnelles sur l’élaboration et la mise en œuvre d’enquêtes par sondage,
réalisées tant auprès de la population que des entreprises, afin de mesurer la prévalence de la pratique
des pots-de-vin8 au niveau national et de recueillir d'autres informations pertinentes sur la corruption.
Il vise en particulier à aider les pays à mesurer les progrès qu'ils accomplissent en vue d'atteindre la
cible 16.5 associée aux objectifs de développement durable (réduire nettement la corruption et la
pratique des pots-de-vin sous toutes leurs formes). Le manuel, qui met en lumière l'importance que
revêt la production d'informations statistiques sur la corruption fondées sur l'expérience, donne une
description des avantages et des inconvénients que présentent les différentes méthodes de mesure
de la pratique des pots-de-vin et d’autres formes de corruption.
Conçu comme un outil destiné à ceux qui souhaitent comprendre et analyser la corruption sur une
base scientifique, le Manuel sur les enquêtes de corruption s'adresse principalement aux organismes
nationaux de statistique, aux services de lutte contre la corruption, aux autorités nationales
compétentes, aux centres de recherche, aux organisations non gouvernementales et aux entités du
secteur privé. Il ne traite pas des questions générales de méthodologie liées aux enquêtes par
sondage, qui font l’objet de divers instruments et normes techniques produits par la communauté
internationale ces dernières décennies9. Les informations qu'il contient visent plutôt à orienter les
autorités nationales désireuses de réaliser des enquêtes par sondage sur la corruption, depuis la phase
de planification jusqu'à l'analyse et la diffusion des résultats.
Dans le présent manuel, le terme « corruption » est employé dans le contexte de l'obtention ou de
l'utilisation d'informations sur un certain nombre de sujets utiles au suivi et à l'analyse de la corruption
en général. L'expression « pratique des pots-de-vin » renvoie, quant à elle, à la mesure de cette forme
particulière de corruption, qui repose sur une méthodologie établie et fondée sur l'expérience.
Les questions méthodologiques qui concernent les enquêtes par sondage sur la pratique des pots-
de-vin menées auprès de la population et celles menées auprès des entreprises sont examinées
séparément. En outre, les directives fournies portent sur la façon de mener des enquêtes sur un certain
nombre d'aspects liés à la pratique des pots-de-vin (tels que les ressorts de la pratique des pots-de-
vin, les secteurs et les agents concernés ainsi que le signalement des faits de versement de pots-de-
vin aux autorités), ce qui peut aider à mieux comprendre la corruption et, partant, à renforcer la lutte
contre ce phénomène.
Le présent manuel, qui se veut pratique et adapté aux utilisateurs qui mènent des enquêtes sur la
corruption tant auprès de la population que des entreprises, est divisé en quatre parties :
8
Les définitions de la corruption d’agents publics nationaux, de la corruption d’agents publics étrangers et de fonctionnaires
d’organisations internationales publiques, ainsi que de la corruption dans le secteur privé figurent aux articles 15, 16 et 21 de la
Convention contre la corruption. Ces dispositions servent également de fondement à la définition de la corruption énoncée dans la
Classification internationale des infractions à des fins statistiques comme suit : « [f]ait de promettre, d’offrir ou d’accorder à un
agent public ou à un individu qui dirige une entité du secteur privé ou travaille pour une telle entité ou fait pour cet agent ou cet
individu de solliciter ou d’accepter, directement ou indirectement, un avantage indu, afin qu’il accomplisse ou s’abstienne
d’accomplir un acte dans l’exercice de ses fonctions officielles ».
9
Voir, à l’annexe IV du présent manuel, la liste des directives méthodologiques internationales sur les enquêtes par sondage.
11
Structure du Manuel sur les enquêtes relatives à la corruption
12
La PARTIE IV fournit des directives méthodologiques spécifiques aux enquêtes sur la corruption
menées auprès des entreprises. Elle présente les objectifs de mesure de la corruption qui touche les
entreprises et porte sur l’échantillonnage, la collecte de données, la conception du questionnaire et
les principaux sujets à traiter dans une enquête sur la corruption menée auprès des entreprises. Les
utilisateurs qui souhaitent mesurer la corruption au moyen d’enquêtes par sondage menées auprès
des entreprises devraient se reporter aux directives fournies dans les parties II et IV.
Structure du Manuel sur les enquêtes de corruption
13
1
MESURE DE LA CORRUPTION :
GÉNÉRALITÉS ET CONTEXTE
I. MESURE DE LA CORRUPTION :
GÉNÉRALITÉS ET CONTEXTE
La corruption est un phénomène complexe et en constante évolution. Perpétrée par divers acteurs,
elle peut prendre différentes formes, compromettre les structures politiques, sociales, culturelles,
institutionnelles et organisationnelles, nuire aux politiques économiques et structurelles, et influer sur
de nombreux aspects de la vie quotidienne.
La face cachée et collusoire de la corruption est souvent un obstacle à l’analyse approfondie de
l'ampleur et de la nature de ce phénomène. Afin de combattre plus efficacement la corruption, il faut
comprendre ses différentes manifestations et s’employer à en mesurer régulièrement l'occurrence sur
une base scientifique.
L'élaboration de politiques visant à prévenir et à combattre la corruption fondées sur des données
probantes permet de tenir le public informé des tendances et des caractéristiques de la corruption et
de renforcer le contrôle exercé par les gouvernements. Cette section présente les principales initiatives
menées au niveau international pour mesurer la corruption.
10
Résolution 70/1 de l’Assemblée générale, Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030,
A/RES/70/1, 21 octobre 2015.
17
Les cinq piliers du Programme 2030, y compris les cibles et indicateurs en matière de
corruption
Pour remédier à cette situation, plusieurs organismes internationaux ont été désignés responsables
d'indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable afin d’apporter des orientations et un
appui concernant la mise en œuvre du cadre d'indicateurs, au moyen des mesures suivantes11 :
Recueillir des données auprès des pays dans le cadre des mandats existants et au moyen de
mécanismes de communication de l’information, rassembler des données comparables à
11
Rapport du Groupe d’experts des Nations Unies et de l’extérieur chargé des indicateurs relatifs aux objectifs de développement
durable (E/CN.3/2017/2*).
18
l’échelle internationale par la consultation de systèmes statistiques nationaux, produire des
agrégats régionaux et mondiaux et les mettre à disposition aux fins de la communication
d’informations à l’échelle internationale
Favoriser le respect des normes arrêtées sur le plan international et coordonner les travaux avec
ceux des systèmes statistiques nationaux, des organismes internationaux compétents et des
parties prenantes en faveur de l’élaboration d’indicateurs
Renforcer les capacités statistiques nationales et concourir à ce que les normes arrêtées sur le
plan international soient adoptées plus largement
Contribuer aux rapports annuels sur la réalisation des objectifs de développement durable, et
appuyer ainsi les processus de suivi et d’examen
Établir des partenariats avec d'autres organismes internationaux afin de promouvoir
l'élaboration d'indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable
La cible 16.5 associée aux objectifs de développement durable engage les États à « réduire nettement
la corruption et la pratique des pots-de-vin sous toutes leurs formes12 » et les indicateurs statistiques
16.5.1 et 16.5.2 ont été choisis pour suivre les progrès accomplis dans la réalisation de cette cible au
niveau international. L'ONUDC a été désigné responsable des indicateurs 16.5.1 et (conjointement
avec la Banque mondiale) 16.5.2. Le présent manuel fournit des orientations et un soutien spécifiques
aux fins de la production de ces deux indicateurs13.
L'estimation de la prévalence de la pratique des pots-de-vin présente un intérêt à long terme car elle
fournit aux États Membres une base de référence et un outil de mesure. Dans le présent manuel, ce
paramètre constitue un point de départ et sert à mesurer, lorsque cela est possible, les
comportements, les expériences et les perceptions qui ont trait à la corruption, tout ce qui, en fin de
compte, a une incidence sur la réalisation effective de l’ensemble des objectifs de développement
durable.
12
E/CN.3/2016/2/Rev.1, p. 64.
13
Pour de plus amples informations sur les organismes responsables des indicateurs de développement durable, voir :
https://unstats.un.org/sdgs/metadata/.
14
Nations Unies, Recueil des traités, vol. 2349.
15
Disponible à l’adresse suivante : www.unodc.org/unodc/fr/corruption/ratification-status.html.
19
fournir, le cas échéant, des exemples d'application de ces mesures (notamment des affaires judiciaires)
et des statistiques disponibles.
Le secrétariat du Mécanisme d'examen de l'application estime que, parmi les États ayant mené à bien
leur processus d’examen, plus de 85 % ont adopté ou modifié des lois pour être mieux en phase avec
la Convention. On notera qu'aucun État ne s'était mis pleinement en conformité avec la Convention,
étant donné que tous ont reçu des recommandations de leurs pairs sur la manière de renforcer encore
leurs cadres juridiques, institutionnels et opérationnels en vue de combattre et de prévenir la
corruption. L'une des principales recommandations a été d'améliorer la collecte de données et de
statistiques, si bien que, pour de nombreux pays, l'examen a donné lieu à l'élaboration de statistiques
sur la corruption.
L'article 61 de la Convention relatif à la collecte, l'échange et l'analyse d’informations sur la corruption,
prévoit la nécessité d’analyser les tendances de la corruption ainsi que les circonstances dans
lesquelles les infractions de corruption sont commises. L'accent est mis sur le développement et la
mise en commun de statistiques, de connaissances analytiques et d'informations sur la corruption, en
vue de produire des définitions, normes et méthodes communes, et des informations sur les pratiques
les mieux à même de prévenir et de combattre la corruption. En outre, l’article prévoit qu’il faut assurer
le suivi des politiques et des mesures concrètes de lutte contre la corruption et évaluer leur mise en
œuvre et leur efficacité. La Convention ne fournit pas une définition de la corruption. Au contraire, la
Convention reconnaît plusieurs infractions de corruption et invite donc les États à incriminer les actes
suivants :
Corruption (active et passive) d’agents publics nationaux (article 15)
Corruption d’agents publics étrangers et de fonctionnaires d’organisations internationales
publiques (article 16)
Soustraction, détournement ou autre usage illicite de biens par un agent public (article 17)
Trafic d’influence (article 18)
Abus de fonctions (article 19)
Enrichissement illicite (article 20)
Corruption dans le secteur privé (article 21)
Soustraction de biens dans le secteur privé (article 22)
Blanchiment du produit du crime (article 23)
Recel (article 24)
Entrave au bon fonctionnement de la justice (article 25)
20
d'évaluation. Les principales méthodes indirectes utilisées à ce jour pour évaluer la corruption, au
niveau tant national qu'international, sont les suivantes :
Les évaluations d’experts − selon cette méthode, on demande à un groupe donné d’évaluer
les tendances et les caractéristiques de la corruption dans un pays ou groupe de pays donné.
Il s’agit de recueillir des informations récapitulatives auprès d’un groupe choisi de personnes
qui connaissent bien le sujet de l’enquête. Dans le contexte de la corruption, de telles méthodes
ont servi à évaluer l'intégrité, la gouvernance et la compétitivité.
Les indices composites − cette méthode consiste à fusionner diverses données statistiques en
un seul indicateur16. Elle est souvent utilisée pour quantifier de manière succincte des concepts
pluridimensionnels ou rassembler des données issues de différentes sources. Au cours des
dernières décennies, un certain nombre d'indices composites sur la corruption et thèmes
connexes ont été proposés. Bien que ces indices puissent, en principe, être produits à partir de
mesures fondées sur des données factuelles, ils s’appuient surtout sur les données provenant
d'évaluations d'experts et d'enquêtes de perception. En ce qui concerne la corruption, les
indices composites comprennent également des indicateurs supplétifs (par exemple
l'indépendance judiciaire, la liberté de la presse et la charge administrative), qui fournissent
davantage une évaluation du risque qu'une mesure du niveau réel du phénomène.
Ces 20 dernières années, plusieurs évaluations indirectes de la corruption ont été réalisées (dont
l’indice de perception de la corruption de Transparency International, l’indicateur du contrôle de la
corruption de la Banque mondiale et l’indice d’intégrité de Global Integrity)17. Les résultats de ces
évaluations ont souvent beaucoup attiré l’attention des médias, des responsables politiques et du
public. Ils ont permis de promouvoir la lutte contre la corruption et de placer ce sujet sur le devant
de la scène internationale.
Les évaluations qui s’appuient sur des méthodes indirectes présentent toutefois d’importants points
faibles quant à leur validité et leur pertinence. La mise au point d'évaluations d'experts et de mesures
d'indicateurs composites repose sur un certain nombre d'hypothèses subjectives, telles que la
sélection des variables ou des sources et la détermination de l'algorithme utilisé pour regrouper des
données hétérogènes. Qui plus est, les méthodes indirectes ne peuvent pas servir à produire des
données ventilées ou des informations détaillées sur la corruption nécessaires à l’élaboration des
politiques.
Une autre particularité importante concernant la mesure de la corruption est de savoir si les méthodes
reposent sur des indicateurs de la perception ou de l'expérience de la corruption :
Les indicateurs basés sur la perception reposent sur les opinions et les perceptions subjectives
des niveaux de corruption parmi les citoyens, les représentants des entreprises, les
fonctionnaires ou d'autres parties prenantes dans un pays donné, y compris des groupes choisis
d'experts.
Les indicateurs basés sur l'expérience tentent de mesurer l'expérience personnelle réelle de la
corruption. À l'aide d'outils de mesure basés sur l'expérience, on demande aux citoyens ou aux
entreprises s'ils ont versé un pot-de-vin ou s'ils ont été exposés à d'autres formes de corruption.
16
OCDE et Centre commun de recherche de la Commission européenne, Handbook on Constructing Composite Indicators:
Methodology and User Guide (2008).
17
ONUDC, « Quantitative approaches to assess and describe corruption and the role of UNODC in supporting countries in
performing such assessments », document d’information établi par le Secrétariat, CAC/COSP/2009/CRP.2 (2009).
21
Si l'opinion publique est utile pour comprendre le ressenti de la population sur un sujet donné, elle
ne doit pas être utilisée au sujet de la corruption comme un indicateur supplétif des niveaux réels de
corruption. Les opinions individuelles sur un sujet donné sont influencées par plusieurs facteurs18, 19
et on ne peut pas partir du principe que la perception de la corruption repose exclusivement sur
l'expérience de la corruption20.
Principales méthodes de mesure de la corruption
Les inconvénients que présentent les méthodes indirectes d’évaluation de la corruption peuvent être
surmontés par différentes méthodes directes, qui permettent de recueillir des informations factuelles
à l’aide de procédures statistiques normalisées :
Les données administratives sont des données officielles sur les cas de corruption signalés
provenant de diverses sources (police, procureurs, tribunaux, organismes de lutte contre la
corruption).
Les enquêtes par sondage permettent de recueillir des données d’expérience directement
auprès d’un échantillon représentatif d’une population donnée, comme les ménages ou les
entreprises.
Le « chiffre noir » de la corruption, c’est-à-dire la part des pots-de-vin non signalés aux institutions
de justice pénale ou non détectés par celles-ci, est très élevé. En effet, les victimes ou témoins d'actes
de corruption sont généralement moins disposés à effectuer un signalement que les victimes ou
témoins d’autres types d’infractions. Les résultats d'enquêtes récentes menées à l’échelle nationale
indiquent que le niveau de signalement aux autorités compétentes des cas de versement de pots-de-
vin n'est, en moyenne, que de 12 % dans les États membres de l'Union européenne21 et qu’il est bien
18
James P. Lynch, « Problems and promise of victimization surveys for cross-national research », Crime and Justice, vol. 34, n° 1
(Chicago, University of Chicago Press, 2006).
19
Gregory J. Howard et Tony R. Smith, « Understanding cross-national variations of crime rates in Europe and North America »,
Crime and Criminal Justice in Europe and North America: 1995-1997, n° 40 (Helsinki, Institut européen pour la prévention du crime
et la lutte contre la délinquance, 2003), p. 23 à 70.
20
Pour plus d’informations, voir PNUD, Users' Guide to Measuring Corruption and Anti-Corruption (2015).
21
Commission européenne, Special Eurobarometer 397 Corruption Report, Wave EB79.1 – TNS Opinion & Social (2014).
22
inférieur à 10 % dans d'autres pays d'Europe, d'Afrique et d'Asie22. Les données relatives aux cas de
corruption signalés doivent donc être interprétées avec prudence car elles peuvent livrer davantage
d'informations sur les activités de lutte contre la corruption menées par les systèmes de justice pénale
que sur l'ampleur réelle du phénomène.
En définitive, le recours à des méthodes directes sur l'expérience de la corruption est l’approche la
plus fiable pour produire des informations détaillées sur la corruption nécessaires à l'élaboration des
politiques (par exemple pour définir les domaines exposés à la corruption, les procédures ou les
postes à risque, et pour suivre l’évolution de la situation). L'élaboration de politiques et la prise de
décisions fondées sur des données factuelles restent essentielles pour s'attaquer aux diverses formes
de corruption et aux obstacles qu'elles représentent23. Dans ce contexte, le recours à des enquêtes
par sondage qui reposent sur des méthodes solides et transparentes, et testées et soutenues au
niveau international, peut produire d’importants indicateurs sur l’ampleur et la prévalence des
pratiques de corruption.
22
ONUDC, Corruption in Afghanistan: Bribery as Reported by the Victims (Vienne, 2013) ; ONUDC, Corruption and Integrity
Challenges in the Public Sector of Iraq: An Evidence-based Study (Vienne, 2013) ; ONUDC, Corruption in Nigeria. Bribery: Public
Experience and Response (Vienne, 2017) ; ONUDC, Corruption in the western Balkans: Bribery as Experienced by the Population
(Vienne, 2011).
23
Sandra M. Nutley, Isabel Walter et Huw T. O. Davies, Using Evidence: How Research Can Inform Public Services (Policy Press,
University of Bristol, 2007).
23
La portée décisionnelle des enquêtes de corruption
Les enquêtes sur la corruption fondées sur l'expérience sont particulièrement utiles lorsqu’il s’agit
de concevoir et de mettre en œuvre des politiques de lutte contre la corruption qui reposent sur
des données factuelles, car elles permettent de déterminer de manière systématique et approfondie
où et comment s’exerce la pratique des pots-de-vin. On sait que les données basées sur les cas de
corruption, qui sont loin d'être systématiquement signalés, peuvent donner une fausse image de la
corruption car elles traduisent davantage l'intensité des activités menées par la justice pénale et les
organismes de lutte contre la corruption que l'ampleur réelle du phénomène. Par exemple, les cas
de corruption détectés dans le secteur de la santé peuvent conduire à un contrôle plus minutieux
de la part des institutions de justice pénale et à la détection d'un plus grand nombre de cas dans ce
secteur. En revanche, le faible nombre ou l'absence de cas détectés dans le secteur de l'éducation
peut entraîner une diminution des activités consacrées aux enquêtes de corruption dans ce secteur.
Des enquêtes approfondies sur l'expérience de la pratique des pots-de-vin peuvent fournir des
informations précises et complètes. Par exemple, les données sur la prévalence de la pratique des
pots-de-vin ventilées par catégories d'agent public donnent une indication du risque réel posé par
cette pratique lorsque les citoyens ont affaire à différents types d'agents publics, ce qui permet de
savoir où concentrer les activités et les mesures de lutte contre la corruption. Comme le montrent
les enquêtes menées dans différents pays, les taux de prévalence et, partant, les priorités en matière
de lutte contre la corruption, varient considérablement d'un secteur à l'autre de l'administration
publique. Par exemple, alors que le taux de prévalence est plus élevé au Nigéria qu'en Albanie pour
la quasi-totalité des types d'agents publics, la probabilité d’avoir à verser un pot-de-vin aux
médecins et au personnel infirmier du système de santé publique est nettement plus élevée en
Albanie qu'au Nigéria.
Prévalence de la pratique des pots-de-vin, par type d’agent public recevant
le pot-de-vin, Albanie (2010) et Nigéria (2016)
0% 10% 20% 30% 40% 50%
Source : ONUDC, Corruption in the western Balkans: Bribery as Experienced by the Population (Vienne, 2011) ;
ONUDC, Corruption in Nigeria – Bribery: Public Experience and Response (Vienne, 2017).
24
Les taux de prévalence de la pratique des pots-de-vin peuvent également évoluer au fil du temps.
En effet, les enquêtes sur la corruption sont plus utiles si elles sont renouvelées à intervalles réguliers,
ce qui permet de suivre les changements survenus dans des domaines particuliers. À titre d'exemple,
il ressort de deux enquêtes sur la corruption menées en Afghanistan en 2009 et 2012 que le taux de
prévalence est resté relativement constant pour la plupart des types d'agents publics, qu'il a
nettement diminué dans le cas des agents de police et qu'il a augmenté pour les militaires, les agents
du fisc, le personnel infirmier et paramédical ainsi que les enseignants. Ces informations peuvent
servir à évaluer l'efficacité des mesures de lutte contre la corruption mises en place entre les
enquêtes.
Prévalence de la pratique des pots-de-vin, par type d’agent public recevant le pot-de-vin,
Afghanistan (2009 et 2012)
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%
Source : ONUDC, Corruption in Afghanistan: Bribery as Reported by the Victims (Vienne, 2013).
Les enquêtes de corruption peuvent également fournir des indications sur les modalités et l'objectif
de la pratique des pots-de-vin, qui sont particulièrement utiles lorsqu'il s'agit de déterminer
comment améliorer la prestation des services publics de sorte qu’il y ait moins de possibilités de
commettre des actes de corruption. Par exemple, lorsque les données sur la pratique des pots-de-
vin montrent qu'une grande partie des pots-de-vin sont versés dans le but d'accélérer les procédures
administratives, l'introduction de systèmes transparents de suivi du lancement et de l'achèvement
des procédures administratives pourrait réduire les occasions de soutirer des pots-de-vin. En outre,
lorsqu'une grande partie des pots-de-vin sont versés afin de se soustraire au paiement d'une
amende, l'introduction de systèmes de suivi des fonctionnaires et des procédures en cause peut
contribuer à réduire la pratique des pots-de-vin.
Pourcentage de pots-de-vin versés, par principal objectif de versement,
pour certains pays (2010)
0% 10% 20% 30% 40%
Source : ONUDC, Corruption in the western Balkans: Bribery as Experienced by the Population (Vienne, 2011).
25
On constate aussi que les enquêtes sur la corruption sont également utiles pour évaluer la réaction
des personnes ayant versé des pots-de-vin à des fonctionnaires. On remarque que dans tous les
pays, seul un petit nombre de versements de pots-de-vin sont effectivement signalés aux autorités
compétentes. Par exemple, il ressort des enquêtes de corruption soutenues par l’ONUDC ces
dernières années que la part des personnes ayant versé des pots-de-vin et signalé ces faits aux
autorités compétentes était toujours inférieure à 5 %. Suivre l'évolution de ce pourcentage au fil du
temps peut permettre de savoir si les efforts faits par les organismes de lutte contre la corruption
pour encourager le signalement des faits de corruption ont porté leurs fruits. On peut obtenir des
informations supplémentaires en examinant les raisons pour lesquelles les pots-de-vin ne sont pas
signalés et les conséquences qui découlent du signalement des pots-de-vin. Le faible nombre de
personnes ayant signalé aux autorités avoir versé un pot-de-vin indiquent en majorité qu'il n’y a
aucun suivi, ce qui prouve bien que les organismes de lutte contre la corruption doivent mettre en
place un système de gestion des cas plus efficace et plus transparent. En outre, lorsque les données
montrent qu'une part importante des personnes qui signalent des actes de corruption subissent par
la suite des conséquences négatives, il faut améliorer les dispositifs de protection des lanceurs
d'alerte.
Source : ONUDC, Corruption in Nigeria – Bribery: Public Experience and Response (Vienne, 2017).
26
3. Avantages et inconvénients des enquêtes par sondage pour
mesurer la corruption
Les premières enquêtes par sondage sur la corruption réalisées dans les années 1990 portaient
principalement sur la perception des pratiques de corruption24. Elles ont, par la suite, été élargies de
façon à mesurer l'expérience de la pratique des pots-de-vin. L'Enquête internationale sur les victimes
de la criminalité25, programme international visant à mesurer l'expérience directe des victimes de la
criminalité, comprenait également une section destinée à mesurer l'expérience de la pratique des
pots-de-vin au niveau de la population. Les données générées par les enquêtes de la Banque
mondiale sur l'expérience de la pratique des pots-de-vin dans les entreprises (Enterprise Surveys26 et
Business Enterprise Economic Surveys) sont considérées comme les plus complètes. Autre nouveauté,
des « modules de gouvernance » ont été intégrés aux enquêtes 1-2-327 menées auprès des citoyens
dans les capitales d'Afrique de l'Ouest et des pays andins28. Depuis, le nombre d'enquêtes nationales
et internationales qui mesurent ce type d'expérience a considérablement augmenté car de plus en
plus de pays étudient ce phénomène au moyen d'enquêtes spécialisées sur la corruption ou de
modules intégrés à des enquêtes sur la victimisation ou la gouvernance29.
Un examen complet des enquêtes par sondage menées en matière de corruption par le Centre
d'excellence ONUDC-INEGI de statistiques sur la gouvernance, la criminalité, la victimisation et la
justice a permis d’établir qu’ entre 1993 et 2016, 113 enquêtes avaient été élaborées au niveau national
ou international30. Grâce à ce vaste corpus d'expériences, les méthodes d'enquêtes par sondage sur
la corruption ont pu être progressivement améliorées. Plus de la moitié des enquêtes (53 %) avaient
pour objet de recueillir principalement des informations sur la corruption, un quart (27 %)
comportaient quelques questions sur la corruption mais visaient surtout à évaluer la gouvernance et
l'intégrité, tandis que la part restante (20 %) était constituée d'enquêtes de victimisation intégrant un
module sur la corruption. Au total, 92 enquêtes visaient à mesurer l'expérience de la corruption, tandis
que 21 se limitaient à la perception de la corruption.
Avantages
Si les enquêtes par sondage semblent être une méthode avantageuse pour mesurer la corruption,
c’est sans doute parce qu’elles sont couramment utilisées et, partant, qu’elles peuvent s'appuyer, dès
lors qu’elles sont bien appliquées, sur une base théorique solide et une longue expérience
universitaire et institutionnelle. L'avantage fondamental de cette approche est qu'elle permet de
calculer des estimations des indicateurs d'intérêt au moyen de méthodes transparentes et de mesurer
leur précision.
24
Sandra Sequeira, « Chapter 6 - Advances in measuring corruption in the field », New Advances in Experimental Research on
Corruption, vol. 15 (Londres, Emerald Books, 2012).
25
Disponible à l’adresse suivante : www.unicri.it/services/library_documentation/publications/icvs/.
26
Disponible à l’adresse suivante : www.enterprisesurveys.org/data.
27
Disponible à l’adresse suivante : www.jstor.org/stable/41508450.
28
Voir Javier Herrera, Mireille Razafindrakoto et François Roubaud, « Governance, democracy and poverty reduction: Lessons
drawn from household surveys in sub-Saharan Africa and Latin America », International Statistical Review, vol. 75, n° 1 (International
Statistical Institute, 2007), p. 70 à 95.
29
Centre d'excellence ONUDC-INEGI de statistiques sur la gouvernance, la criminalité, la victimisation et la justice, Critical Review of
Existing Practices to Measure the Experience of Corruption (à paraître, Mexique, 2018).
30
Ibid.
27
Les enquêtes sur la corruption permettent d'interroger directement les personnes qui ont été
confrontées à la corruption. Il est ainsi possible de recueillir des informations sur la variable d’intérêt
(telle que l'expérience de la pratique des pots-de-vin) ainsi que sur plusieurs caractéristiques,
comportements et phénomènes qui y sont associés. Par exemple, des informations détaillées sur les
personnes concernées (la personne qui corrompt et la personne corrompue) et sur leur
environnement démographique, social et économique peuvent permettre de déterminer si les
caractéristiques propres aux ménages, individus, entreprises ou pays augmentent ou réduisent le
risque de corruption.
En outre, en demandant des informations sur le type d'agent public ou d'entité privée concernés
(notamment les agents des douanes, de police, des impôts ou du fisc ainsi que les fonctionnaires de
justice), sur la situation ou la procédure administrative ou commerciale au cours de laquelle le pot-
de-vin a été sollicité ou accordé (par exemple l'attribution de marchés publics, le dédouanement de
marchandises et l'obtention de permis de construire) ou sur la raison pour laquelle le pot-de-vin a
été sollicité (par exemple l'accélération d’une procédure et l'obtention d'un avantage par rapport aux
autres participants à un appel d'offres), on peut acquérir une connaissance approfondie du
mécanisme de la pratique des pots-de-vin. Tous ces éléments sont essentiels pour comprendre les
causes de la corruption et les vulnérabilités à ce phénomène et, partant, pour obtenir des informations
pratiques et utiles à l'élaboration de politiques.
Les enquêtes sur la corruption présentent un autre avantage important : elles permettent de pallier
le problème de la sous-estimation des statistiques administratives sur la criminalité. Étant donné que
les enquêtes par sondage créent un climat propice en garantissant l’anonymat des répondants, ceux-
ci sont plus enclins à faire part de leurs expériences. Dès lors qu’elles sont bien appliquées, les
enquêtes sur la corruption peuvent même produire des estimations du « chiffre noir » de la pratique
des pots-de-vin.
En plus de remédier aux problèmes de sous-estimation, les enquêtes par sondage permettent de
comparer les données, ce qui est indispensable pour suivre les tendances et évaluer les mesures de
lutte contre la corruption. Elles permettent également de cibler différentes populations (par exemple
les particuliers, les entreprises et les fonctionnaires), ce qui est primordial pour comprendre comment
les types de corruption et les risques varient d’un acteur à l’autre. Bien que le présent manuel porte
principalement sur la population et les entreprises, d'autres groupes cibles peuvent être envisagés,
tels que les agents publics, les usagers des services publics et les entreprises participant à des appels
d’offre publics. Les données recueillies au moyen d'enquêtes par sondage réalisées auprès de
populations cibles permettent de décrire le phénomène étudié, sa dynamique et ses mécanismes par
rapport à divers sous-groupes de population qui présentent un intérêt particulier, par exemple les
groupes vulnérables ou exposés à la corruption.
Enfin, les enquêtes par sondage permettent de recueillir des données au niveau microéconomique et
de les analyser au niveau de ventilation le plus élevé : l'infraction et sa victime31. La collecte de données
au niveau des individus permet d’éviter l’« erreur écologique », qui se produit lorsque les
comportements individuels sont expliqués exclusivement à partir de données recueillies à un niveau
agrégé. En outre, la diffusion de micro-données, dans le respect de la législation régissant la
31
Neuman, W. Lawrence et Ronald J. Berger, « Competing perspectives on cross-national crime: an evaluation of theory and
evidence », The Sociological Quarterly, vol. 29, n° 2 (1988), p. 281 à 313 ; James P. Lynch, « Secondary analysis of international crime
Survey Data: Experiences of crime and crime control », publié sous la direction d’Anna Alvazzi del Frate, Ugljesa Zvekic et Jan van
Dijk (Rome, Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice, 1993) ; James P. Lynch, « Problems
and promise of victimization surveys for cross-national research », Crime and Justice, vol. 34, n° 1 (The University of Chicago Press,
2006).
28
protection de la vie privée, peut favoriser les travaux de recherche et d'analyse consacrés aux
caractéristiques et aux tendances de la corruption.
Inconvénients
La critique la plus courante faite au sujet des enquêtes sur la corruption concerne le biais de
désirabilité sociale, à savoir la réticence à admettre un comportement socialement indésirable. La
corruption étant considérée comme un problème socialement indésirable, les pots-de-vin déclarés
sont sans doute en deçà de la réalité car les personnes interrogées peuvent avoir peur ou honte
d'admettre qu'elles en ont fait l'expérience. Ce biais, qui varie d’une population à l’autre (par exemple
les entreprises peuvent être plus soucieuses que les ménages de préserver leur image), est également
influencé par le fait que la personne interrogée ait ou non tiré profit de la corruption et par sa
perception du caractère préjudiciable ou justifié de ses actes32. La non-divulgation peut poser des
problèmes particuliers lorsque la valeur du pot-de-vin est très élevée ; c’est pourquoi on considère
que les enquêtes ne fournissent pas de résultats précis lorsque les cas de corruption portent sur des
sommes élevées ou des biens de grande valeur. Toutefois, il ressort d’enquêtes réalisées auprès de
ménages et d’entreprises que des enquêtes bien conçues peuvent également permettre de recueillir
des informations sur les cas de versement de pots-de-vin portant sur des montants importants. Ce
problème peut être partiellement résolu si l’on choisit des techniques de sondage qui permettent de
maximiser la confidentialité des réponses. Des travaux de recherche ont toutefois montré qu'il était
difficile de maîtriser pleinement le biais de désirabilité sociale33.
Les enquêtes sur la corruption peuvent présenter d'autres inconvénients, notamment le biais de
déclaration. Comme dans toutes les enquêtes où les informations sont directement obtenues auprès
de celles et ceux qui les détiennent, deux problèmes majeurs peuvent avoir une incidence sur
l'exactitude des réponses fournies par les personnes interrogées : 1) une mauvaise compréhension de
la question ; 2) l'incapacité à se souvenir de la bonne réponse. Le premier est fortement lié au fait que
la criminalité et la corruption sont des constructions sociales et que leur perception et leur
interprétation peuvent varier d'un citoyen à l'autre, en particulier dans le cas des infractions pour
lesquelles la dimension culturelle influence fortement la perception34. Ces aspects peuvent toutefois
être maîtrisés grâce à un questionnaire bien conçu, qui comprennent des sections spécialement
consacrées à la « lutte contre les préjugés culturels35 » et des questions bien formulées. Le deuxième
concerne la perte de mémoire et les faux souvenirs36. La perte de mémoire est due à un déclin de la
mémoire des répondants37, tandis que les faux souvenirs sont dus à l'« effet de télescopage38 ».
32
Ibid, p.152.
Stefanie Gosen et Ulrich Wagner, « Social desirability in survey research: Can the list experiment provide the truth? » (Philipps-
33
James P. Lynch, « Secondary analysis of international crime survey data: Experiences of crime and crime control » ; Gregory J.
34
Howard et Tony R. Smith, « Understanding cross-national variations of crime rates in Europe and North America ».
35
Pour de plus amples informations sur ces techniques, voir Jan van Dijk, John van Kesteren et Paul Smit, Criminal Victimisation in
International Perspective. Key findings from the 2004-2005 ICVS and EU ICS, 10.15496/publikation-6621 (2007), p. 10 et 11.
36
Susan Rose-Ackerman, « Corruption », The Encyclopedia of Public Choice (2003), p. 67 à 76 ; Wesley G. Skogan, « Citizen reporting
of crime: some national panel data », Criminology, vol. 13, n° 4 (1976), p. 535 à 549.
37
Le déclin de la mémoire se produit lorsque les gens oublient des événements anodins ou anciens.
38
L'« effet de télescopage » se produit lorsque les répondants ont des difficultés à situer avec précision des événements dans la
période de référence concernée (par exemple, les 12 derniers mois). Le télescopage vers l'avant se rapporte à des événements dont
le répondant pense qu’ils se sont produits plus tard et qui lui semblent plus récents qu'ils ne le sont réellement, tandis que le
télescopage vers l'arrière désigne des événements qui semblent plus éloignés qu'ils ne le sont réellement. Par conséquent, certains
29
Compte tenu du coût engendré par les enquêtes par sondage, il est essentiel que cette méthode
s’inscrive dans la durée. Comme pour toute enquête par sondage, le coût dépend de plusieurs
facteurs (taille d'échantillon, portée de l'enquête, type de méthode de collecte des données, etc.) et
il y a généralement un lien direct entre le coût de l'enquête et la qualité globale. Pour résoudre ce
problème, il peut s'avérer utile d'intégrer de courts modules sur la corruption39 dans les enquêtes par
sondage qui existent déjà au niveau national, plutôt que de mettre au point des enquêtes spécialisées.
Tableau 1 : Avantages et inconvénients des enquêtes par sondage
Avantages Inconvénients
Utilisation d’une méthode et de données factuelles Répercussions de la non-divulgation due au refus
objectives d'admettre un comportement socialement indésirable
et illégal
Mise à disposition d’informations détaillées sur les Risque de biais de divulgation
actes de corruption (par exemple l'agent public
concerné ; quand et comment)
Obtention d’informations pratiques et utiles à Problèmes de durabilité liés aux coûts
l’élaboration de politiques
Résolution des problèmes de sous-estimation des
statistiques administratives
Lorsque l'on utilise des enquêtes par sondage, il est important de connaître les avantages et les
inconvénients que présente cette méthode pour mesurer la corruption. De nombreuses difficultés
(par exemple, les répercussions de la non-divulgation, les coûts économiques élevés et la viabilité à
long terme) peuvent être surmontées grâce à une planification méthodologique rigoureuse,
notamment en ce qui concerne le plan de sondage, la conception du questionnaire, l'ordre des
questions et le choix du mode d'enquête. L'objectif du présent manuel est donc de fournir des
directives méthodologiques sur les enquêtes de corruption qui permettent de maximiser les
avantages de cette méthode et d'en réduire au minimum les inconvénients. Il convient toutefois de
noter que les enquêtes sur la corruption ne peuvent pas, à elles seules, venir combler les besoins
d'informations sur la corruption. D'autres méthodes et outils de mesure sont nécessaires pour
produire des informations quantitatives sur des phénomènes tels que des cas de corruption
impliquant des sommes élevées ou des biens de grande valeur et le détournement de biens publics.
Des travaux de recherche méthodologique sur ces sujets sont en cours et il est à espérer que l'on
puisse bientôt produire des mesures basées sur l'expérience de ces formes de corruption.
événements qui devraient être inclus peuvent se trouver exclus, tandis que d'autres événements qui devraient être exclus peuvent se
trouver inclus ; ONUDC et CEE-ONU, Manuel sur les enquêtes de victimisation (Genève, 2010), p. 47 ; Manual Martin Killias, Marcelo F.
Aebi et André Kuhn, Précis de criminologie, 3e édition (Berne, 2012).
39
Pour de plus amples informations, voir Javier Herrera, Mireille Razafindrakoto et François Roubaud, « Governance, democracy
and poverty reduction: Lessons drawn from household surveys in sub-Saharan Africa and Latin America », International Statistical
Review, vol. 75, n° 1 (International Statistical Institute, 2007), p. 70 à 95.
30
2
COMMENT RÉALISER UNE
ENQUÊTE SUR LA CORRUPTION
II. COMMENT RÉALISER UNE ENQUÊTE SUR
LA CORRUPTION
1. Pourquoi mesurer la corruption au niveau national ?
Contrairement à d'autres infractions pénales, la corruption est directement liée aux fonctions et aux
pouvoirs conférés aux fonctionnaires. Outre les défis méthodologiques que pose la mesure d'un
phénomène aussi complexe que la corruption, des conflits d'intérêts peuvent survenir lorsque des
organismes publics se livrent à un tel exercice. Il est donc important de connaître les atouts et les
avantages que présentent les enquêtes de corruption lorsque l'on se lance dans une telle démarche.
Il est indispensable de recueillir des données fiables, globales et comparables sur la corruption au
niveau national pour suivre les tendances et comprendre les caractéristiques et les causes de la
corruption. Les enquêtes sur la corruption, qui viennent compléter d'autres évaluations et examens,
tels que ceux réalisés dans le cadre du Mécanisme d'examen de l'application de la Convention contre
la corruption, peuvent fournir des indications utiles, basées sur l'expérience du public et l'efficacité
des mesures et politiques nationales de lutte contre la corruption. Il est important de mesurer la
corruption au niveau national pour quatre raisons principales :
Administration et transparence − les autorités nationales se doivent de suivre l'ampleur et les
tendances de certains phénomènes et de mettre ces informations à la disposition de tous afin
que la population et d'autres parties prenantes soient informées. Il s’agit pour cela de produire
des données en vue de se conformer aux exigences de surveillance au niveau international,
comme dans le cas, par exemple, du mécanisme établi pour suivre les progrès accomplis dans
la réalisation des objectifs de développement durable.
Planification et évaluation − il s'agit d'établir un ensemble de procédures en vue d'atteindre les
objectifs futurs. La planification consiste à cartographier et à concevoir des politiques publiques
destinées à lutter contre la corruption grâce à l’analyse de données pratiques recueillies au
niveau national. Les informations rassemblées au moyen d'enquêtes sur la corruption fondées
sur l'expérience peuvent également fournir des indicateurs supplémentaires utiles pour évaluer
l'efficacité des mesures et des politiques de lutte contre la corruption.
Travaux de recherche et analyse des politiques − les enquêtes peuvent produire des données
complètes et de qualité pour mieux comprendre les facteurs sociaux, économiques et politiques
qui favorisent la corruption. Dans une certaine mesure, elles peuvent également contribuer à
analyser les effets des changements apportés aux mesures et politiques de lutte contre la
corruption. Les enquêtes sur la corruption soutiennent la mise en place d'un corpus de
publications scientifiques sur la corruption, au niveau tant national qu'international, qui peut
faciliter la production de stratégies détaillées visant à réduire la corruption.
Sensibilisation − il est primordial d'informer les institutions publiques et les citoyens sur
l'ampleur réelle de la corruption et sur ses différentes formes, car cela permet de déterminer
les domaines de vulnérabilité et de mettre en évidence les progrès réalisés, ainsi que d'apporter
des données factuelles scientifiques dans des débats portant sur un sujet très sensible.
D'une manière générale, l'élaboration d’outils fiables de mesure de la corruption peut permettre
d’améliorer le bien-être de la société et le fonctionnement de l'économie. Par exemple, avoir une idée
claire et précise du niveau de corruption dans les procédures administratives permet de mieux évaluer
ses répercussions économiques. Une analyse fiable des tendances de la corruption et de la manière
dont les initiatives de lutte contre la corruption traitent ce problème peut conduire à une
33
augmentation des investissements internationaux. Améliorer la transparence et obtenir des
informations sur la prévalence de la corruption peut également contribuer à promouvoir la confiance
dans les institutions et à mieux cibler les organismes et les procédures les plus problématiques. Des
interventions ciblées peuvent ainsi être adaptées aux besoins particuliers de chaque secteur de
l'administration publique.
Dans ce contexte, le recours à des méthodes solides et transparentes, qui ont été testées et
encouragées au niveau international, garantit la production de résultats précieux et contribue à
résoudre les problèmes de fiabilité. L'implication des autorités nationales de statistique dans la phase
de conception de l'enquête et de collecte des données contribue également à assurer la qualité des
données40.
Une décision importante à prendre lors de la planification des enquêtes sur la corruption concerne
leur fréquence. Une enquête sur la corruption menée ponctuellement fournira des indications
importantes sur l'ampleur, la nature et les caractéristiques de la corruption à un moment précis, tandis
que la réalisation à intervalle régulier d'enquêtes comparables présente l’avantage de pouvoir
mesurer les tendances au fil du temps. Si la décision de laisser un intervalle plus ou moins long entre
chaque série d'enquêtes dépend à la fois de la nécessité de disposer de données actualisées et des
ressources disponibles, il est toutefois conseillé de réaliser des enquêtes à intervalles réguliers pour
suivre l’évolution des tendances au fil du temps, évaluer les mesures de lutte contre la corruption et
prendre sans tarder les mesures correctives qui s’imposent. Compte tenu de l'évolution constante de
la corruption, il est recommandé de réaliser des enquêtes au moins tous les trois ans afin de répondre
aux exigences de suivi des tendances de la corruption établies dans le cadre des objectifs de
développement durable.
40
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation ; « Quantitative approaches to assess and describe corruption and the role
of UNODC in supporting countries in performing such assessments », document d’information établi par le Secrétariat,
(novembre 2009).
41
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation ; Centre d'excellence ONUDC-INEGI de statistiques sur la gouvernance, la
criminalité, la victimisation et la justice, Critical Review of Existing Practices to Measure the Experience of Corruption (à paraître,
Mexique, 2018).
42
Résolution 70/1 de l’Assemblée générale, Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030,
A/RES/70/1, 21 octobre 2015.
43
Résolution 68/261 de l’Assemblée générale, Principes fondamentaux de la statistique officielle, A/RES/68/261, 3 mars 2014.
34
pratiques qui garantissent l'indépendance professionnelle, l'impartialité, la confidentialité, la
transparence et la qualité des statistiques fournies par les organismes nationaux compétents. En outre,
ces organismes disposent généralement des infrastructures et des compétences permettant de mener,
sur de longues périodes, des enquêtes de corruption à intervalles réguliers, ce qui est indispensable
pour suivre les progrès accomplis dans la réalisation de la cible 16.5.
Toutefois, les enquêtes de corruption mises en œuvre par les organismes nationaux de statistique
peuvent également comporter certains risques, qu'il convient d'anticiper afin d'en limiter les
éventuelles conséquences. Bien que ces organismes jouissent généralement d'un statut garantissant
leur indépendance professionnelle, avec des degrés d'autonomie qui varient selon le cadre
réglementaire national, ils appartiennent néanmoins à l’État, ce qui peut avoir un effet, réel ou perçu,
sur les procédures d'enquête et les résultats statistiques. Ce risque, qui pèse sur l'ensemble des
activités et travaux réalisés par les organismes nationaux de statistique, s’accroît dans le cas des
enquêtes de corruption qui portent sur une activité illégale mettant en cause des agents publics. Plus
particulièrement, même dans les enquêtes bien structurées et réalisées conformément aux Principes
fondamentaux de la statistique officielle, les répondants peuvent être tentés de fournir un faux
témoignage de leur expérience lorsqu’ils ont l’impression de dénoncer un acte illicite à un organisme
public plutôt que de participer à une activité statistique. En outre, estimant qu'un organisme public
se trouve en situation de conflit d’intérêts lorsqu’il produit des données sur l'intégrité des
fonctionnaires, les utilisateurs de données peuvent être amenés à douter de la crédibilité des résultats
de l'enquête.
Certains organismes nationaux et centres de recherche chargés de mener des enquêtes sur la
corruption peuvent connaître des difficultés de ce type, mais les organismes nationaux de statistique
ou d’autres organes relevant du cadre national de statistique devraient tout mettre en œuvre pour
garantir la qualité de l'enquête, la transparence de leurs activités et l'intégrité de leurs résultats. Par
exemple, une bonne pratique, qui a été adoptée dans un certain nombre de cas, consiste à créer un
comité national consultatif ou technique chargé de superviser l'élaboration et la mise en œuvre d'une
enquête sur la corruption. Ce dispositif national permet d’assurer la participation des principaux
acteurs nationaux (par exemple les ministères d'exécution, les organismes de lutte contre la corruption,
le système judiciaire, le milieu universitaire, les experts et les organisations non gouvernementales),
de renforcer l'appropriation nationale et d’accroître la qualité et la transparence des activités
d'enquête. Le cas échéant, il peut s'avérer utile d'établir un partenariat avec des organisations
régionales ou internationales pour bénéficier d'un soutien technique, améliorer la transparence du
processus, promouvoir le respect des meilleures pratiques internationales et favoriser l'intégrité et la
qualité des données.
35
Dispositifs nationaux mis en place afin de réaliser des enquêtes sur la
corruption
Mémorandum d'accord de 2016 entre l'Institut national italien de statistique (ISTAT) et
l'organisme national italien de lutte contre la corruption (ANAC)
Afin de renforcer la collaboration et les synergies institutionnelles au service de la population, l'ANAC
et l'ISTAT ont signé un mémorandum d'accord en 2016 visant à faciliter l'échange de connaissances,
de données, de méthodes analytiques et de pratiques optimales, ainsi qu’à améliorer la connaissance
du phénomène de la corruption et des questions connexes. Au titre de ce mémorandum, les deux
organismes s’emploient à favoriser l'intégrité, la transparence et la prévention de la corruption dans
le pays.
Cette collaboration a pour but de créer une base de connaissances sur la corruption au moyen
d'enquêtes fondées sur la perception et l’expérience de la population et du secteur privé. À cette fin,
les deux organismes sont convenus de réaliser des initiatives conjointes, de procéder régulièrement
à des consultations, des formations et des échanges de personnel, de mettre en œuvre des stratégies
de communication et de diffusion et de mettre à disposition leurs informations, leurs méthodologies,
leurs expériences et leurs bonnes pratiques, en conformité avec la législation en vigueur sur le secret
statistique et les dispositions relatives au traitement des données personnelles à des fins statistiques.
Comité directeur national de l'enquête 2017 intitulée Corruption in Nigeria – Bribery: Public
Experience and Response
En 2017, l'enquête sur l’expérience de la pratique des pots-de-vin menée auprès de la population au
Nigéria par l'ONUDC et le Bureau national des statistiques a conduit à la création du Comité directeur
national chargé de mener des discussions et des consultations en vue de l'adoption et de la mise en
œuvre du projet. Le Comité était composé de 14 organismes compétents, dont les principaux
organismes de lutte contre la corruption du pays, les forces de police et le pouvoir judiciaire.
En outre, le Comité technique national, composé des meilleurs experts du Comité directeur national,
a supervisé la méthodologie et la mise en œuvre de l'enquête.
Enquête nationale sur la corruption lancée par l'Instance centrale marocaine de prévention de
la corruption
Créée en 2007, à la suite de la ratification de la Convention contre la corruption par le Maroc,
l'Instance centrale de prévention de la corruption est chargée de coordonner, superviser et évaluer
les politiques nationales de prévention et de lutte contre la corruption.
En 2013, le Gouvernement marocain a amorcé l'élaboration d'une stratégie nationale de lutte contre
la corruption et, par la suite, l'Instance a lancé la première enquête nationale sur la corruption auprès
des ménages. Une approche participative efficace a été adoptée grâce à la mobilisation des
principales parties prenantes, notamment plusieurs ministères et organismes publics, des
organisations de la société civile, des organismes d'audit et de contrôle, des représentants du secteur
privé et des organisations internationales.
La méthodologie de la première enquête a été conçue en coopération avec la Direction de la
statistique et avec l'assistance technique du PNUD. L'enquête a permis à l'Instance de concevoir des
indicateurs propres au Maroc qui ont été adoptés dans la stratégie nationale de lutte contre la
corruption. Mis à jour régulièrement, les indicateurs servent d'outils objectifs pour évaluer les efforts
nationaux de lutte contre la corruption. L'Instance prévoit maintenant de mettre en œuvre un
36
programme d'enquêtes sur la corruption, tant auprès de la population que des entreprises, qui
permettra également de produire des données et des indicateurs conformes aux normes
internationales et au cadre des objectifs de développement durable.
National Anti-Corruption Behaviour Survey, Indonésie
En 2012, le Gouvernement indonésien a publié l'instruction présidentielle n° 55/2012 relative à la
stratégie nationale visant à prévenir et à éliminer la corruption (Nastra CPE), dont la vision à long
terme pour 2012-2025 est de bâtir une nation qui rejette la corruption et repose sur un système de
valeurs culturelles garant de l’intégrité.
Statistics Indonesia (BPS), qui est l'organisme national de statistique, a été chargé, conjointement
avec Bappenas, l'organisme national de planification, de mesurer le cinquième indicateur de Nastra
CPE, qui met l’accent sur l'éducation et la culture pour lutter contre la corruption. À cette fin, il mène
une enquête intitulée Anti-Corruption Behaviour Survey qui vise à recueillir l’opinion et l'expérience
de la population sur l’expérience de la pratique des pots-de-vin.
Plusieurs parties prenantes relevant d'organismes publics (BPS, Bappenas, Commission de lutte
contre la corruption, etc.), des organisations de la société civile (Transparency International
Indonesia, Indonesia Corruption Watch, etc.) et du milieu universitaire ont participé à l'élaboration
de l'enquête, BPS étant chargé de la méthodologie et de la collecte sur le terrain.
Les résultats obtenus au moyen de l'enquête servent de base de référence pour évaluer la mise en
œuvre des activités visant à prévenir et à éliminer la corruption et, plus largement, du plan national
de développement à moyen terme 2015-2019, instrument de planification globale à l’échelle du pays.
37
L’entretien en ligne permet de réaliser des économies plus importantes que par voie postale.
Outre le processus principal de collecte des données et le travail sur le terrain, il faut également
tenir compte du coût de présentation de l'enquête par voie postale, courrier électronique ou
téléphone.
Dans la mesure où le coût des facteurs susmentionnés varie en fonction de l'infrastructure disponible
dans chaque pays (l'externalisation est généralement plus coûteuse que l'utilisation d'une
infrastructure interne), il est difficile d'établir une moyenne pour chacun d'entre eux. Toutefois, un
ensemble détaillé d'éléments à prendre en considération lors de l'estimation du coût d'une enquête
sur la corruption est proposé ci-dessous :
1. Gestion du projet
Gestion de l'enquête
Réunions avec les acteurs concernés
Services administratifs
2. Planification de l'enquête
Analyse de la situation et concertation avec les acteurs concernés
Élaboration d'un plan de travail détaillé
Publicité/sensibilisation
3. Plan de sondage et échantillonnage
Élaboration d'un plan d'échantillonnage
Échantillonnage pour l'enquête pilote et les tests cognitifs
Échantillonnage pour l'enquête principale
Suivi et assurance qualité de la mise en œuvre du plan de sondage
4. Questionnaire
Élaboration du questionnaire
Mise en place et programmation d'une base de données relative au questionnaire
Présentation du questionnaire selon la méthode de collecte des données44
Contrôle de la qualité du questionnaire
Mise à jour du questionnaire sur la base d'entretiens cognitifs
Traduction du questionnaire dans toutes les langues locales, si nécessaire
5. Mise en œuvre de l'enquête45
Tests cognitifs et enquête pilote46
Recrutement et formation des enquêteurs
Travail sur le terrain
Assurance de la qualité du travail sur le terrain
44
Entretien individuel assisté par ordinateur ; entretien téléphonique assisté par ordinateur ; entretien en ligne assisté par
ordinateur ; entretien papier-crayon.
45
Le budget consacré à cette tâche (procédures et mise en œuvre de l'enquête) varie largement en fonction du type de méthode
de collecte des données choisi pour l'enquête.
46
L'enquête pilote intitulée Multipurpose Survey on Households (ISTAT, 2016), qui comprenait un module sur la corruption, a coûté
environ 50 000 euros pour un total de 1 000 entretiens téléphoniques assurés par une entreprise extérieure.
38
6. Traitement et vérification des données
Programmation et vérification du questionnaire
Édition des données
Validation et pondération des données
Création de la base de données
7. Produits de données et rapports
Compilation de données annotées issues des tests cognitifs
Base de données finale validée et pondérée
Dictionnaire des codes
Rapport méthodologique
Rapport final
Diffusion des résultats
8. Évaluation
Évaluation
Rapport d'évaluation sur les procédures, produits et résultats de l'enquête
Le tableau 2 présente des données sur le budget alloué aux différentes étapes de la mise en œuvre
de l'enquête (élaboration, exécution, analyse/diffusion et évaluation) telles qu'elles ont été réalisées
dans un certain nombre de pays. À l'évidence, la majorité des fonds sont absorbés par les aspects
opérationnels de l'enquête (enquêteurs, matériel, traitement et autres dispositifs), qui génèrent
effectivement les données. Si une enquête est réalisée à intervalles réguliers, la phase d'élaboration
pourrait coûter, proportionnellement, bien moins cher que d'autres activités. Il est recommandé de
réserver une petite partie des ressources à l'évaluation des processus, des produits et des résultats de
l'enquête, en particulier s'il est envisagé de mener à nouveau l'enquête à l’avenir. Cette démarche
permet de renforcer la responsabilisation, tout en améliorant les processus et en évitant des
problèmes ultérieurs.
Le tableau 2 donne également un aperçu de la taille d'échantillon, du mode d'enquête et du coût
approximatif de chaque entretien réalisé dans le cadre des enquêtes sur la corruption menés auprès
des ménages dans les Balkans occidentaux 47 , au Mexique 48 , au Nigéria 49 et en Italie 50 . Malgré
l'utilisation du même mode d'enquête (entretiens individuels en face à face assistés par ordinateur),
le coût approximatif de chaque entretien varie et ne dépend pas de la taille d'échantillon ou de la
cible géographique (nationale ou régionale). Bien que de multiples facteurs expliquent les différences
de coûts de chaque entretien, la part allouée aux différentes composantes du budget reste à peu près
la même.
47
ONUDC, Corruption in the western Balkans: Bribery as Experienced by the Population (Vienne, 2011).
48
INEGI, National Survey of Quality and Governmental Impact (ENCIG). Disponible à l’adresse suivante :
http://en.www.inegi.org.mx/proyectos/enchogares/regulares/encig/2017/.
49
ONUDC, Corruption in Nigeria – Bribery: public experience and response (Vienne, 2017).
50
ISTAT, Multipurpose Survey on Households: Safety of citizens 2015-2016.
39
Tableau 2 : Vue d'ensemble des allocations budgétaires et de certaines caractéristiques de
diverses enquêtes sur la corruption menées auprès de la population*
Élaboration 9% 9% 22 % 10 %
Exécution 75 % 74 % 67 % 81 %
Analyse et diffusion 12 % 9% 4% 7%
Évaluation 4% 8% 7% 2%
Entretiens individuels
Entretiens Entretiens assistés par
Entretiens
individuels individuels ordinateur/
Mode d'enquête individuels assistés
assistés par assistés par entretiens
par ordinateur
ordinateur ordinateur téléphoniques assistés
par ordinateur
* Le budget alloué pour couvrir les coûts d'exécution des quatre enquêtes est basé sur différents critères comptables.
Il est présenté à titre purement indicatif et les comparaisons doivent être réalisées avec prudence.
a) Enquêtes spécialisées
Des enquêtes spécialisées sur la corruption permettent de traiter en profondeur la corruption et les
questions connexes (perception et acceptabilité des pratiques de corruption, et sensibilisation et
efficacité des organismes de lutte contre la corruption).
40
Avantages :
Il est possible de traiter tous les aspects du problème au moyen de questions détaillées portant
sur l'expérience et la perception de la corruption ainsi que sur les caractéristiques des cas les
plus récents ou les plus graves
Les résultats sont plus précis car il est possible de consacrer davantage de ressources à la
sélection des personnes qui ont eu affaire à des agents publics ou ont été exposées à des cas
de corruption, contrairement aux enquêtes qui ne portent pas exclusivement sur cette question
Les répondants peuvent se concentrer sur un sujet principal et en venir progressivement aux
questions essentielles sur l'expérience de la corruption ; cette méthode peut contribuer à
réduire les pertes de mémoire
D'autres sujets connexes peuvent être traités, tels que les caractéristiques des services ou
procédures, l'acceptabilité des pratiques de corruption.
Une méthode peut être spécialement conçue pour les besoins de l'enquête
Inconvénients :
b) Modules intégrés
Un module intégré comprend un ensemble de questions sur l'expérience de la pratique des pots-de-
vin et le type d'agent public concerné. Les modules sur la corruption sont généralement intégrés à
des enquêtes qui portent sur des questions connexes, telles que la criminalité en général, la
gouvernance, certains aspects de la vie quotidienne, l'intégrité des institutions publiques et
l'environnement commercial, entre autres.
Avantages :
Une grande partie du temps et des coûts correspondants à la conception et à la collecte des
données est absorbée par l'enquête principale (par exemple le plan de sondage et le coût du
travail sur le terrain)
En limitant le nombre de questions posées on peut réduire la charge qui pèse sur les
répondants
Il est possible de relier à des sujets connexes les données recueillies sur la même population
dans le cadre de l'enquête principale (par exemple la qualité de vie et la qualité des services
publics)
Une enquête principale bien conçue sur le plan financier permet de garantir la collecte de
données relatives à la corruption sur le long terme
Inconvénients :
Les questions portant sur la corruption et le suivi des cas les plus récents ou les plus graves sont
limitées de manière à couvrir d'autres sujets
Le changement de sujet au sein d'une même enquête peut avoir un effet sur l'attitude et l'attention
du répondant et, partant, sur la précision des réponses. En outre, les « effets de contexte », causés
41
par l’introduction d'un sujet dans une enquête multithématique, peut influencer les réponses
données sur un autre sujet
Le module doit s’adapter à la méthode de l'enquête principale, ce qui peut empêcher le recours
à tel ou tel mode d'enquête ou plan de sondage mieux adapté aux objectifs d'une enquête sur la
corruption
Les enquêteurs ne sont pas formés pour traiter des questions sensibles telles que la corruption
51
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation.
42
la population cible (individus ou entreprises, par exemple) et de la méthode. Lors de la planification
d'une enquête sur la corruption, les organismes nationaux de statistique, en particulier, devraient
également prendre en considération d'autres utilisateurs et parties prenantes.
Les objectifs de l'enquête traduisent les buts de l'enquête en concepts plus précis et plus concrets. Ils
permettent également de préciser les résultats statistiques de l'enquête et de veiller à ce que la
conception de la méthode tienne compte des objectifs généraux de l'enquête et des besoins des
utilisateurs en matière de données.
Une enquête menée à l'appui de la réalisation des objectifs de développement durable au niveau
national pourrait avoir les buts et objectifs suivants :
Buts de l'enquête − produire des données en vue d'évaluer la prévalence de la pratique des
pots-de-vin, les secteurs et les groupes de population les plus vulnérables ainsi que les mesures
prises par l'État pour lutter contre la corruption
Objectifs de l'enquête :
o Comprendre la prévalence de la pratique des pots-de-vin dans l'univers sélectionné
o Examiner la prévalence de la pratique des pots-de-vin selon les groupes de population
(entité géographique, âge, sexe, revenus, etc.) ou selon les caractéristiques des entreprises
(secteur économique, taille, etc.)
o Étudier le mode opératoire et la « mécanique » de la pratique des pots-de-vin
o Estimer le coût de la pratique des pots-de-vin pour les particuliers ou les entreprises
o Évaluer la probabilité qu'un cas de versement de pots-de-vin soit signalé aux autorités
compétentes
o Recenser les obstacles au signalement de cas de versement de pots-de-vin aux autorités
compétentes
Étant donné que dans le cadre du Programme 2030, les pays ont été invités à produire un certain
nombre d'indicateurs sur plusieurs sujets, ces indicateurs peuvent parfois être liés entre eux (par
exemple la corruption et la satisfaction des citoyens à l'égard des services publics). Si tel est le cas, il
est recommandé d'envisager de regrouper, au sein d'une même enquête, des indicateurs relatifs aux
objectifs de développement durable portant sur des sujets semblables (par exemple, l'indicateur 16.6.2
sur la proportion de la population dont les dernières expériences avec les services publics ont été
satisfaisantes).
Outre le but central et les objectifs connexes proposés, les pays peuvent décider de s'attaquer à
d'autres objectifs afin de répondre à des besoins nationaux particuliers. Par exemple, une enquête
nationale par sondage portant sur la pratique des pots-de-vin dans le secteur public pourrait
également comporter des questions permettant d'analyser l'expérience de la pratique des pots-de-
vin dans le secteur privé.
Genre et corruption
Les résultats de plusieurs enquêtes nationales sur la corruption, y compris celles soutenues par
l'ONUDC, montrent que les hommes et les femmes perçoivent, vivent et subissent la corruption de
manière différente.
De telles différences peuvent s'expliquer par le décalage qui existe entre la participation des hommes
et des femmes à la vie publique et privée. Comme les femmes s'occupent généralement au premier
chef des enfants et des personnes âgées, elles sont plus exposées que les hommes à la corruption
dans leurs interactions quotidiennes avec l’administration scolaire, le système sanitaire et les services
publics. Il est également intéressant de déterminer si le type et le montant des pots-de-vin sollicités
varie en fonction du sexe de l'agent public ou de la personne qui est investie du pouvoira.
43
La dimension de genre dans la corruption étant encore peu connue, il est indispensable de produire
des données sur la corruption qui tiennent compte du genre afin de faciliter l'élaboration de
politiques fondées sur des données factuelles et de méthodes de lutte contre la corruption qui
tiennent compte du genre. Les méthodes indirectes servant à mesurer la corruption ne permettent
pas de produire les données factuelles nécessaires à la formulation de mesures stratégiques tenant
compte du genre. Seules les enquêtes par sondage peuvent donc traduire avec précision cette
dimension lors de la collecte de données.
La perspective de genre devrait être intégrée dans les enquêtes sur la corruption au cours des phases
suivantes :
Conception du questionnaire − intégrer les questions et la perspective de genre dans les objectifs
de l'enquête et dans la planification et la conception du questionnaire. Il s'agit notamment d'intégrer
des questions tenant compte du genre et de ventiler toutes les questions pertinentes par sexe dans
l'enquête. À titre d'exemple, il est possible de renseigner le sexe des répondants et des agents
publics, de veiller à ce que la liste des agents publics et des procédures administratives tienne
compte des expériences des hommes et des femmes lorsqu’ils ont affaire à l'administration publique,
de pouvoir préciser si les pots-de-vin sont versés sous la forme de services ou de faveurs sexuelles,
et de renseigner le sexe de la personne représentant l'entreprise et la fonction qu’elle occupe.
Choix du plan d'échantillonnage − veiller à ce que le plan d'échantillonnage permette de produire
des statistiques fiables et suffisamment détaillées tant pour les hommes que pour les femmes et de
les ventiler selon d'autres caractéristiques nécessaires à une analyse pertinente tenant compte du
genre.
Formation des enquêteurs et du personnel − s’attaquer aux problèmes de mesure et de stéréotypes
liés au genre ainsi qu’à la manière de traiter les questions sensibles ; la sélection et la formation des
enquêteurs sont importantes pour obtenir des données fiables sur le genre. Lors de la sélection des
enquêteurs, la diversité de genre est encouragée.
Déroulement de l'entretien − les personnes interrogées devraient être choisies au hasard et la
confidentialité devrait être assurée au cours de l’entretien (c'est-à-dire qu'aucun autre membre du
ménage ne devrait être présent pendant l'entretien).
Travaux d’analyse – il convient d’analyser systématiquement les différences entre les genres pour
chaque indicateur de l'expérience et de la perception de la corruption. Par exemple, afin d’élaborer
des politiques de lutte contre la corruption qui tiennent compte du genre, il convient de recenser
les secteurs et les procédures auxquels les hommes et les femmes sont exposés de manière
différente, en fonction du type d'agent public ou de la procédure, et les différentes attitudes des
hommes et des femmes en ce qui concerne le signalement des faits de corruption et les éventuelles
autorités anticorruption, la confiance et la perception du gouvernement.
On trouvera ci-après trois exemples d'analyses liées au genre effectuées à partir d’enquêtes de
corruption menées en Afghanistan, au Nigéria et dans les Balkans occidentaux, au cours de
différentes années. Comme le montrent les graphiques, la prévalence de la pratique des pots-de-
vin est souvent sensiblement différente parmi les hommes et les femmes interrogés. Par exemple,
les hommes versent bien plus souvent des pots-de-vin que les femmes lorsqu'ils ont affaire à des
agents de police au Nigéria et dans les Balkans occidentaux (mais pas en Afghanistan). En revanche,
il est plus probable que les femmes versent des pots-de-vin lorsqu'elles ont affaire à des infirmières
et à des médecins en Afghanistan et dans les Balkans occidentaux (mais pas au Nigéria).
44
Prévalence de la pratique des pots-de-vin, par sexe et certains types d’agents publics,
région des Balkans occidentaux (2010)
Source : ONUDC, Corruption in the western Balkans: Bribery as Experienced by the Population (Vienne, 2011)
Prévalence de la pratique des pots-de-vin, par sexe et certains types d’agents publics,
Afghanistan (2012)
Juges 50.3%
47.5%
45.3%
Enseignants des écoles/universités 57.6%
Source : ONUDC, Corruption in Afghanistan: Bribery as Reported by the Victims (Vienne, 2013).
Prévalence de la pratique des pots-de-vin, par sexe et certains types d’agents publics,
Nigéria (2016)
Juges/magistrats/procureurs 30.3%
34.7%
Agents d’immatriculation des voitures/ 30.0%
des permis de conduire 25.3%
Homme
Agents des impôts/du fisc 28.1% Femmes
26.0%
Source : ONUDC, Corruption in Nigeria − Bribery: Public Experience and Response (Vienne, 2017).
a PNUD, Seeing Beyond the State: Grassroots Women's Perspectives on Corruption and Anti-Corruption (2012).
45
6. Bien choisir le mode d'enquête
a) Aperçu des modes d'enquête et des méthodes de saisie des données
Le mode d'enquête détermine quelle technique, parmi celles indiquées ci-après, sera utilisée pour
interroger la population cible de l'enquête :
Entretiens en face à face
Entretiens téléphoniques
Entretiens auto-administrés (par exemple enquêtes postales et enquêtes assistées par
ordinateur)
Les deux premières techniques supposent un contact direct entre les enquêteurs et les répondants
pendant toute la durée de l'enquête, tandis que la troisième permet aux répondants de répondre
directement aux questions de l'enquête sans interagir avec l'enquêteur.
L'avènement des technologies de l'information a élargi l'éventail des modes de sondage, notamment
avec l’introduction des entretiens assistés par ordinateur. Ces techniques facilitent le déroulement de
l'entretien grâce à des logiciels informatiques qui permettent de personnaliser le contenu du
questionnaire en fonction des réponses fournies. Il n’y a pas besoin de saisir les données de l'enquête
séparément. Ces techniques permettent également d'incorporer des séries de questions plus
complexes que dans un questionnaire papier52. Pour chaque mode d'enquête, il existe différentes
méthodes de saisie des données :
Méthodes d'entretiens en face à face :
o Entretien individuel assisté par ordinateur − l'entretien a lieu en personne et
l'enquêteur enregistre les réponses sur un ordinateur (au lieu d'utiliser du papier et
un crayon).
o Entretien papier-crayon − l'entretien a lieu en face à face et l'enquêteur écrit les
réponses sur un questionnaire papier.
Méthodes d'entretiens téléphoniques :
o Entretien téléphonique assisté par ordinateur − l'entretien est mené au téléphone par
un enquêteur qui saisit les réponses directement sur l'ordinateur53.
Méthodes d’entretiens auto-administrés :
o Entretien en ligne assisté par ordinateur − les personnes interrogées répondent à un
questionnaire en ligne, pourvues d’un nom d'utilisateur et d’un mot de passe
personnels.
En pratique, les distinctions entre les modes d'enquête peuvent être floues. Par exemple, il est possible
qu'un entretien ait lieu en face à face mais que la personne interrogée réponde directement via une
tablette ou un smartphone. Un entretien en ligne peut être assisté par un système audio, et les
entretiens téléphoniques peuvent également faire appel à l'enregistrement automatique, amenant les
répondants à taper leurs réponses à l'aide d'un clavier.
52
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation.
53
Ibid.
46
Le mode d'enquête est un élément important de la réalisation d'enquêtes sur la corruption, car il peut
avoir une incidence directe ou indirecte sur les données et leur exactitude. En particulier, trois types
d’incidences devraient être pris en compte lors du choix du mode d'enquête par sondage :
1. Erreur de couverture
L'erreur de couverture se produit lorsque la base de sondage n'est pas représentative de la population
cible, et exclut certains éléments de la cible (sous-dénombrement) ou inclut des éléments extérieurs
à la cible (surdénombrement). Les imperfections de la base de sondage telles que le sous-
dénombrement (par exemple, lorsque la liste des adresses ne comprend pas les nouveaux logements)
et le sur-dénombrement (par exemple, lorsque la liste des personnes comprend des personnes
décédées ou ayant déménagé) sont susceptibles d’introduire un biais ou de diminuer la fiabilité des
estimations de l'enquête et d'augmenter les coûts de collecte des données. Les enquêtes en ligne et
par téléphone souffrent toutes deux d'un sous-dénombrement de la population, tandis que les
entretiens en face à face présentent généralement une couverture plus complète54.
Il existe deux principales formes de non-réponse : 1) la non-réponse dite totale, lorsque l'unité
échantillonnée (individus ou entreprises) ne peut être interrogée car elle ne peut pas participer à
l'enquête, elle refuse d'y participer ou elle ne peut pas être contactée ; 2) la non-réponse dite partielle,
lorsque le questionnaire n'est que partiellement rempli55.
Le taux de non-réponse total résulte principalement du refus de participer et de l'impossibilité
d'établir le contact. L'impossibilité d'établir le contact peut, par exemple, s'expliquer par la difficulté à
joindre l'unité échantillonnée, que ce soit par téléphone ou au domicile. Le refus de participer, en
revanche, est généralement dû au manque de temps, au désintérêt porté au sujet de l'enquête, à la
méfiance à l'égard de l'objectif de l'enquête et au doute quant à l'anonymat56.
Lorsque les personnes sélectionnées ne répondent pas à l'enquête, les résultats peuvent comporter
un biais dans certaines circonstances, car les caractéristiques du groupe de répondants et de non-
répondants sont souvent différentes et peuvent présenter des schémas dissemblables par rapport à
la variable d’intérêt (par exemple la prévalence de différentes formes de corruption). Ce biais est
extrêmement difficile à corriger lors de la phase d'estimation, et son ampleur est directement liée au
taux de non-réponse.
Les enquêtes existantes sur la corruption, contenues dans le répertoire des outils de mesures de la
corruption du Centre d'excellence ONUDC-INEGI, enregistrent, en moyenne, des taux de réponse
plus élevés lors des entretiens en face à face (entre 65 % et 95 %) et des entretiens téléphoniques
assistés par ordinateur (entre 14 % et 81 %), que lors des entretiens en ligne assistés par ordinateur
(entre 14 % et 27 %)57. Il est probable que le contact direct (par téléphone ou en personne) avec un
enquêteur explique en partie cette différence. Il apparaît toutefois que des méthodes de collecte de
données plus impersonnelles peuvent améliorer les taux de non-réponse partielle pour des questions
54
Bart Buelens et al., « Disentangling mode-specific selection and measurement bias », document de synthèse (La Haye, Statistics
Netherlands, 2012).
55
James P. Lynch, « Problems and promise of victimization surveys for cross-national research » ; ONUDC-CEE, Manuel sur les
enquêtes de victimisation.
56
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation.
57
Pour plus d’exemples, voir James P. Lynch, « Problems and promise of victimization surveys for cross-national research » et Jan
van Dijk et al., Final Report on the Study on Crime Victimization (Tilburg University, 2010).
47
sensibles, comme dans le cas de la consommation de drogues illicites 58 , du tabagisme chez les
adolescents59 et des avortements60.
3. Erreur de mesure
Le type de mode d'enquête a non seulement une influence sur la participation des unités
échantillonnées à une enquête, mais aussi sur la probabilité que les personnes interrogées rendent
compte de leur expérience de la corruption. Par exemple, grâce au dialogue qui s’instaure lors d’un
entretien en face à face, la stimulation de la mémoire des répondants sera plus efficace que dans le
cas d’une enquête auto-administrée. Les enquêtes téléphoniques semblent avoir peu d'effet sur la
divulgation, contrairement aux entretiens effectués en personne61. Toutefois, les procédures auto-
administrées semblent favoriser la divulgation sur les questions sensibles, contrairement aux
entretiens en face à face 62 . En effet, la présence d'un enquêteur peut dissuader les personnes
interrogées de faire part de leur expérience de la corruption, une question jugée très sensible et
socialement indésirable.
Le biais de désirabilité sociale se produit lorsque les personnes interrogées préfèrent donner des
réponses socialement acceptables63. Les répondants peuvent avoir peur ou honte de divulguer leur
expérience, en particulier lorsque les répondants sont en face à face ou parlent directement avec un
enquêteur, ce qui explique que les pots-de-vin déclarés sont sans doute en deçà de la réalité.
L'absence d'enquêteur, en revanche, réduit l'interaction sociale et la tendance des répondants à tenir
compte des normes sociales.
58
William S. Aquilino, « Interview mode effects in surveys of drug and alcohol use: a field experiment », Public Opinion Quarterly,
vol. 58 (Oxford University Press, 1994), William S. Aquilino et L.A. LoScuito, « Effect of interview mode on self-reported drug use »,
Public Opinion Quarterly, vol. 54 (Oxford University Press, 1990) ; Susan Schober et al., « Effects of mode administration on
reporting on drug use in the NLS ».
59
Angela Brittingham, Roger Tourangeau et Ward Kay, « Reports of smoking in a national survey », Annals of Epidemiology, vol. 8.
(American College of Epidemiology, 1998).
60
Lessler, J. T. et O’Reilly J.M., « Mode of interview and reporting of sensitive issues: design and implementation of audio computer-
assisted self-interviewing » (1997) ; London, K. et Williams L., « A comparison of abortion underreporting in an in-person interview
and self-administered questionnaire » (1990).
61
James P. Lynch, « Problems and promise of victimization surveys for cross-national research ».
62
Pat Mayhew et al., The 1992 British Crime Survey, étude n° 132 (Londres, Home Office Research and Planning Unit, 1992) ;
Catriona Mirrlees-Black, Domestic Violence: Findings from a New British Crime Survey Self-completion Questionnaire, A Research,
Development and Statistics Directorate Report (Londres, Home Office, 1999 ; James P. Lynch, « Problems and promise of
victimization surveys for cross-national research ».
63
Voir également, Bart Buelens et al., « Disentangling mode-specific selection and measurement bias » ; Dillman et al., Internet,
Mail, and Mixed-Mode Surveys: The Tailored Design Method, 3e édition, Wiley 2009 ; Edith de Leeuw, « To mix or not to mix data
collection modes in surveys », Journal of Official Statistics, vol. 21, n° 2. (2005) ; Allyson L. Holbrook, Melanie C. Green et Jon A.
Krosnick, « Telephone versus face-to-face interviewing of national probability samples with long questionnaires: comparisons of
respondent satisficing and social desirability response bias », Public Opinion Quarterly, vol. 67, n° 1, (Oxford Academic, 2003), p. 79
à 125.
48
pertinent, différents modes d'enquête pourraient être mis à l'essai au stade pilote afin d'étudier les
effets possibles sur la mesure de la pratique des pots-de-vin, qui est la principale variable d'intérêt.
L’entretien en face à face (format électronique ou papier) réduit au minimum l'effet de couverture,
qui permet d'obtenir des taux de réponse plus élevés qu’avec d’autres modes d'enquête (entre 65 %
et 95 %)64. Il favorise la maîtrise de la situation et la souplesse. Cependant, il est chronophage et
coûteux et peut accentuer l'effet de mesure à cause du biais de désirabilité sociale susceptible
d'influencer la divulgation de l'expérience de corruption.
L’entretien téléphonique assisté par ordinateur permet une bonne maîtrise de la situation et s’avère
moins coûteux que les entretiens en face à face. Toutefois, l'utilisation croissante des téléphones
portables (en particulier chez les jeunes) pose des difficultés pour établir un échantillon aléatoire à
partir de numéros de téléphone fixe, ce qui entraîne un sous-dénombrement et la non-réponse.
L’entretien en ligne assisté par ordinateur, qui est particulièrement efficace dans le cas d'infractions
sensibles, telles que la corruption, permet d'obtenir des taux de signalement élevés à moindre coût.
Selon une vaste enquête sur la victimisation menée aux Pays-Bas, les niveaux de victimisation sont
plus élevés dans le cas des entretiens en ligne assistés par ordinateur que d'autres modes65. D'après
van Dijk et al., cela pourrait s'expliquer par : 1) un biais des participants causé par la non-réponse car
ceux qui ont répondu étaient davantage touchés par la corruption ; et 2) un véritable « effet de
méthode » faisant que l'entretien en ligne conduit en quelque sorte à plus de réponses, sans doute
parce que les répondants ne se sentent pas sous la coupe d'un enquêteur66. Même si la non-réponse
reste un problème, l'augmentation de la couverture et de l'utilisation d'internet permettront d'obtenir
de meilleurs résultats à l'avenir. Des tests approfondis seraient nécessaires avant que l’entretien en
ligne puisse être utilisé comme mode d'entretien unique ou partiel d'une enquête de victimisation67.
Les modes mixtes séquentiels (par exemple un entretien téléphonique ou en face à face pour établir
le premier contact, présenter l'enquête et effectuer une sélection, et un entretien en ligne pour
interroger uniquement les personnes qui ont eu affaire à la corruption) peuvent favoriser la réduction
des coûts de l'enquête et son adaptation aux besoins d'une population cible donnée. Tout
changement de mode de collecte des données peut toutefois d'entraîner une perte d'échantillon (par
exemple, les personnes interrogées abandonnent l’entretien lors du passage de l'entretien
téléphonique ou en face à face à l'entretien en ligne)68.
64
Centre d'excellence ONUDC-INEGI, Repository of Corruption Measurement Tools (site Web en construction).
65
Jan van Dijk et al., Final Report on the Study on Crime Victimization.
66
Ibid, p. 26 et 27.
67
Jan van Dijk et al., Final Report on the Study on Crime Victimization.
Pour le choix précis et le biais de mesure des enquêtes en mode mixte sur la victimisation, voir Bart Buelens et al., « Disentangling
68
49
taille d'échantillon des enquêtes générales 69 . Pour un examen plus détaillé des méthodes
d'échantillonnage et de collecte de données, voir la partie III du présent manuel concernant les
enquêtes sur les ménages au sein de la population et voir la partie IV concernant les enquêtes sur les
entreprises ciblant le secteur économique.
a) Plan de sondage
Il existe deux grandes catégories de plans de sondage : les échantillons probabilistes et les
échantillons non probabilistes. Les premiers, qui sont basés sur la théorie des probabilités, permettent
de recueillir des informations représentatives à partir d'unités d'échantillonnage, et donc de faire des
inférences sur l'ensemble de la population cible. Les échantillons non probabilistes fournissent des
données qui ne sont pas nécessairement représentatives de l'ensemble d'une population.
La méthode probabiliste la plus simple de sélection d'un échantillon est l'« échantillonnage aléatoire
simple », dans lequel chaque unité d'échantillonnage a la même probabilité d'être sélectionnée. Si
cette méthode se distingue par sa simplicité et son impartialité, elle présente néanmoins plusieurs
inconvénients par rapport à d'autres méthodes : son coût très élevé car l'échantillon peut être réparti
sur l'ensemble d'un territoire national, et la faible qualité de l'échantillon car certains groupes cibles
peuvent être sous-représentés.
À titre d’exemple, si une population est composée de 100 hommes et 100 femmes, un échantillon
aléatoire simple de 60 personnes tiré de cette population pourrait aboutir à la sélection de
60 hommes, ou encore de 55 hommes et 5 femmes. La sous-représentation des femmes dans de tels
échantillons produirait des estimations peu fiables au sujet de la population féminine et pourrait
également avoir des répercussions sur les estimations concernant l'ensemble de la population. Par
exemple, si la prévalence de la pratique des pots-de-vin est généralement plus faible chez les femmes
que chez les hommes, l'estimation de cet indicateur pour l'ensemble de la population calculée sur la
base de cet échantillon sera probablement supérieure à la valeur réelle.
Par conséquent, d'autres méthodes, telles que l'« échantillonnage aléatoire stratifié », consistant à
diviser la base de sondage en différentes strates et à sélectionner un échantillon aléatoire70 à partir
de chaque strate, sont mieux adaptées aux enquêtes sur la corruption ciblant la population et les
entreprises. Si cette méthode d'échantillonnage présente de nombreux avantages, tels que la
représentation adéquate des groupes définis comme des strates, elle repose également sur l'existence
d'une base de sondage complexe dans laquelle figurent de nombreuses informations
supplémentaires nécessaires à la formation des strates, ce qui peut augmenter le coût de création de
cette base.
Dans l'exemple susmentionné, si la population est stratifiée par genre, on peut sélectionner un
échantillon aléatoire de 30 hommes et 30 femmes, ce qui permet d'obtenir une bonne représentation
de chaque groupe. Étant donné que les deux groupes présentent des caractéristiques différentes en
matière de corruption, cet échantillon donnera probablement lieu à une estimation moins variable.
Les plans d'échantillonnage ci-après sont aussi parmi les plus courants :
L’échantillonnage en grappes consiste à diviser la population en sous-groupes (grappes), à
sélectionner un échantillon aléatoire de ces grappes et à interroger toutes les unités présentes
à l’intérieur de chaque grappe sélectionnée.
69
Pour une liste des publications sur les lignes directrices internationales relatives à la conduite d'enquêtes par sondage, voir
l'annexe IV du présent manuel.
70
À l'intérieur de chaque strate, l'échantillon aléatoire peut être sélectionné au moyen d'un échantillonnage aléatoire simple ou
d'autres méthodes probabilistes.
50
L’échantillonnage à plusieurs degrés consiste à sélectionner un échantillon en deux ou plusieurs
degrés successifs. Un exemple classique d'échantillonnage à plusieurs degrés consiste à tirer
un échantillon aléatoire de régions ou zones géographiques, puis un échantillon systématique
de logements dans chaque région à un second degré.
b) Erreur d'échantillonnage
Les enquêtes comportent deux types d'erreurs : les erreurs d'échantillonnage et les erreurs non dues
à l'échantillonnage. Les erreurs d'échantillonnage sont causées par l'incertitude liée au fait que des
conclusions tirées sur l'ensemble de la population sont extrapolées à partir d’un échantillon. Les
erreurs non dues à l'échantillonnage surviennent pour des raisons sans rapport avec l'échantillonnage,
comme par exemple lorsque le répondant fournit des informations erronées. Dans les enquêtes sur
la corruption, ce type d'erreurs peut avoir des conséquences importantes compte tenu de la nature
sensible des informations recueillies.
Contrairement aux erreurs non dues à l'échantillonnage, les erreurs d'échantillonnage sont
quantifiables et sont directement liées au plan de sondage et à la taille de l'échantillon. On entend
par « effet du plan de sondage » (DEFF) le rapport entre la variance d'échantillonnage d'un estimateur
selon un plan de sondage donné et la variance d'échantillonnage d'un estimateur selon un
échantillonnage aléatoire simple, pour une taille d'échantillon donnée. Cet indicateur permet de
mesurer l'efficacité d'une stratégie d'échantillonnage donnée, et son utilisation est recommandée
pour évaluer un plan d'échantillonnage, sous réserve que des fonds et des ressources soient
disponibles.
L'échantillonnage stratifié est une méthode souvent plébiscitée car l'effet du plan de sondage peut
être inférieur à 1 (un) dans certaines circonstances, à savoir lorsque les variables de stratification sont
corrélées aux variables d'intérêt. Dans le contexte d'une enquête sur la corruption, cela impliquerait
que certaines strates (par exemple les zones géographiques) présentent une prévalence sensiblement
plus élevée ou plus faible d'actes de corruption, tels que le versement de pots-de-vin. Dans le cas de
stratégies d'échantillonnage en grappes ou à plusieurs degrés, l'effet du plan de sondage est souvent
supérieur à 1 (un), mais le coût de la taille d’un échantillon donné est généralement inférieur à celui
de l'échantillonnage aléatoire stratifié.
c) Taille de l’échantillon
La taille idéale de l'échantillon 71 pour une enquête sur la corruption, ainsi que pour d'autres
phénomènes sociaux rares (comme la criminalité), dépend de plusieurs facteurs, notamment :
La rareté du phénomène étudié – en général, la prévalence de la pratique des pots-de-vin est
l'un des principaux indicateurs utilisés dans les enquêtes sur la corruption. Elle devrait donc être
prise en compte dans le calcul de la taille de l'échantillon. Comme il s'agit d'un phénomène
relativement rare par rapport à d'autres enjeux sociaux, seul un faible pourcentage de
l'échantillon en aura fait l'expérience au cours de la période de référence. Les échantillons
doivent être suffisamment importants pour produire des estimations fiables de la prévalence
de la pratique des pots-de-vin.
Taux de réponse attendu – si un taux de réponse élevé est attendu, on peut utiliser un
échantillon initial plus petit que si un taux de réponse plus faible était attendu, avec le même
nombre d'entretiens. Le taux de réponse attendu peut être calculé à l'aide de diverses
techniques, y compris des tests pilotes, des expériences antérieures ou l'expérience tirée
71
Il s'agit ici de l'échantillon initial et non de l'échantillon final de répondants.
51
d'autres enquêtes similaires72. Les taux de réponse aux enquêtes sur la corruption varient selon
les pays et les méthodes de collecte de données.
Précision des estimations – la notion de précision renvoie à la variabilité des estimations, qui
est largement influencée par le plan de sondage et peut être mesurée par l'effet du plan de
sondage. Alors que les échantillons stratifiés purs présentent généralement un effet du plan de
sondage inférieur à un, les échantillons stratifiés à plusieurs degrés présentent souvent des
variances plus importantes, si bien qu'il faut augmenter la taille des échantillons pour obtenir
le même niveau de précision des estimations.
Marge d'erreur et niveau de confiance souhaités – la marge d'erreur souhaitée dans les
estimations produites par l'enquête influence également la taille de l'échantillon. Par exemple,
si l'un des principaux objectifs de l'enquête est de mesurer les variations annuelles du taux de
pots-de-vin versés, il faut choisir le degré de variation du taux de pots-de-vin versés qui sera
accepté comme une variation réelle. Plus l'intervalle de confiance souhaité est étroit, pour un
niveau de confiance donné, plus la taille de l'échantillon doit être importante.
Ressources disponibles – le montant des ressources financières et d’autres types de ressources
disponibles aux fins de l'enquête a une forte incidence sur le choix de la taille de l'échantillon.
Où :
z = valeur de distribution normale dans les tableaux statistiques pour une confiance préétablie
(par exemple, 1,96 pour 95 %)
̂ = estimation de la proportion d'intérêt (par exemple la prévalence des pots-de-vin versés)
DEFF = effet du plan de sondage associé au plan d'échantillonnage
e = marge d'erreur maximale attendue (à savoir un intervalle de confiance de ( ̂ ± ))
r = taux de réponse minimum attendu
Il se peut qu'une partie de ces informations ne soit pas disponible avant la réalisation de
l'enquête. Afin d'obtenir des estimations fiables de ̂ , DEFF et r, il est recommandé de mener
une enquête pilote. À défaut, des données d'expérience tirées de précédentes enquêtes
semblables, et d'autres études menées dans le pays (ou dans des pays comparables), pourraient
constituer des sources d'informations fiables.
En particulier, l'effet du plan de sondage pour une partie de la population peut être calculé
facilement, car la variance d'échantillonnage associée pour l'échantillonnage aléatoire simple
est d'environ ̂ (1- ̂ )/n. Les valeurs de p ̂ et de n utilisées dans cette formule devrait provenir de
l'enquête pilote ou d'une précédente expérience au cours de laquelle une estimation de ces
paramètres a été faite.
72
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation.
52
Le mode d'enquête, la méthode de collecte des données et le plan de sondage ont une
incidence sur le coût de l'échantillonnage par unité. Il convient de trouver un compromis entre
ces facteurs, la taille d'échantillon souhaitée et les fonds disponibles.
Lors du choix de la taille de l'échantillon, il peut être judicieux de prendre également en compte
plusieurs variables ou indicateurs ainsi que la précision attendue de ces estimations. Même si le
principal indicateur des enquêtes sur la corruption est généralement la prévalence de la pratique des
pots-de-vin, le pays peut également vouloir prendre en compte la prévalence d'autres actes de
corruption, ou la taille moyenne des pots-de-vin 73 . Dans ce cas, plusieurs calculs de la taille de
l'échantillon pourraient être effectués simultanément et la plus grande taille d'échantillon calculée
(c'est-à-dire le maximum) devrait être choisie afin de répondre à toutes les exigences de précision de
l'ensemble des estimations examinées. Il est également important de déterminer pour quelles
variables de ventilation les estimations doivent être produites ; par exemple, si des estimations sont
nécessaires au niveau infranational, la taille d'échantillon souhaitée doit être calculée pour chaque
unité géographique. La décision concernant la taille finale de l'échantillon devrait être prise en
fonction des ressources disponibles.
73
Pour calculer la taille de l'échantillon en tenant compte des moyennes ou des totaux (et non des proportions), Statistique Canada
(2003) fournit une autre formule, disponible à l'adresse suivante : www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/12-587-x/12-587-x2003001-
eng.pdf?st=uR2Fh0u4.
74
James P. Lynch, « Problems and promise of victimization surveys for cross-national research » ; Roger Tourangeau, Cognitive
Aspects of Survey Methodology: Building a Bridge Between Disciplines, Report of the Advanced Research Seminar on Cognitive
Sciences and Survey Methods (Washington. National Academy Press, 1984) ; Fritz Strack et Leonard L. Martin, « Thinking, Judging,
and communicating: a process account of context effects in attitude surveys », Social Information Processing and Survey
Methodology (1987), p. 123 à 148 ; Norbert Schwarz et Hans-J. Hippler, « Subsequent questions may Influence answers to preceding
questions in mail surveys », Public Opinion Quarterly, vol. 59, n° 1 (Oxford University Press, 1995) ; Seymour Sudman, Norman N.
Bradburn et Norbert Schwarz, Thinking About Answers: The Application of Cognitive Processes to Survey Methodology (San Francisco,
Jossey-Bass, 1996).
75
Sue-Ming Yang et Joshua C. Hinkle, « Issues in survey design: using surveys of victimization and of crime as examples »,
Handbook of Survey Methodology for the Social Sciences (New York, Springer, 2012) p. 443 à 462.
53
la partie IV du présent manuel. La présente section traite de l'effet d'« ordre des questions » (ou effet
de contexte) :
Il ressort de nombreuses publications que l'ordre des questions influence les réponses des personnes
interrogées et, partant, les résultats de l'enquête76. En particulier, les questions qui sont placées au
début d'un questionnaire peuvent influencer les réponses données aux questions suivantes. Le
mécanisme de l'effet d'ordre des questions a été décrit principalement comme une chaîne de
processus cognitifs et mémoriels : si les personnes interrogées ont déjà répondu à une question sur
un sujet semblable, ce jugement antérieur, déjà utilisé une fois et maintenant stocké dans la mémoire
à court terme, prévaudra sur les autres informations présentes dans la mémoire à long terme et
influencera la réponse fournie à cette nouvelle question77.
D'autre part, les questionnaires sont souvent conçus de manière à introduire progressivement des
sujets potentiellement gênants, à l'aide de questions permettant de faciliter la compréhension par le
répondant et de stimuler sa mémoire78. Cette stratégie vise à produire un effet d'« échauffement »,
qui laisse le temps à l'enquêteur d'établir un climat de confiance et de respect avec les répondants,
et à ces derniers de se familiariser avec le contenu du questionnaire. L'effet d'« échauffement »
concerne également les cas où la question initiale renforce les réponses données aux questions
suivantes79.
Dans le cas des enquêtes sur la corruption, il s'agit principalement d'établir la position optimale des
séries de questions sur l'attitude envers la corruption et la connaissance de ce phénomène, ainsi que
sur l'expérience de la pratique des pots-de-vin. En ce qui concerne les enquêtes de victimisation,
certains travaux de recherche ont démontré l'influence de l'ordre des questions sur les expériences
de victimisation divulguées par les répondants. Selon les résultats de l'enquête intitulée National
Crime Victimization Survey menée aux États-Unis80, lorsqu'une question sur la crainte de la criminalité
était posée avant l'entretien de sélection, la probabilité qu'un cas de victimisation soit divulgué
augmentait considérablement 81 . Cela s’explique par l’« effet d'échauffement » provoqué par les
questions complémentaires posées sur la peur de la criminalité et qui ont ravivé le souvenir des actes
criminels82 ». D'autres travaux de recherche menés sur l'ordre des questions et la perception de la
sécurité83 n'ont pas permis d'établir que l'ordre des questions sur l'expérience de victimisation ou la
perception de la sécurité avaient un effet particulier sur le niveau de sécurité perçu.
76
Ibid.
77
Ibid, p. 452.
78
En outre, une brève introduction sur les questions les plus sensibles, laissant entendre qu'une telle expérience peut arriver à tous
et à tout moment, peut aider la personne interrogée à se sentir plus libre de répondre à la question, ce qui accroît la probabilité de
réponse et de divulgation (ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation).
79
Sue-Ming Yang et Joshua C. Hinkle, « Issues in survey design: using surveys of victimization and of crime as examples », p. 443 à
462 ; James P. Lynch, « Review: clarifying divergent estimates of rape from two national surveys », The Public Opinion Quarterly,
vol. 60, n° 3, (Oxford University Press, 1996), p. 410 à 430.
80
Disponible à l’adresse suivante : www.bjs.gov/index.cfm?ty=dcdetail&iid=245.
81
Linda R. Murphy et Charles D. Cowan, « Effects of bounding on telescoping in the National Crime Survey », National Crime Study:
Working Papers (Ministère de la justice des États-Unis, 1976) ; C. Gibson et al., « Interaction of survey questions as it related to
interviewer-respondent bias: proceedings of the section on survey research methods » (Washington, American Statistical
Association, 1978).
82
James P. Lynch, « Review: clarifying divergent estimates of rape from two national surveys », p.421.
83
Sue-Ming Yang et Laura Wyckoff, « Perceptions of safety and victimization: does survey construction affect perceptions? »,
Journal of Experimental Criminology (2010).
54
Il ressort des travaux de recherche menés sur les enquêtes de victimisation que l'ordre des questions
doit être établi avec soin et qu’il doit être constant d'une enquête à l'autre pour maintenir la
comparabilité des résultats. En outre, compte tenu des résultats de ces travaux et du fait que les
enquêtes sur la corruption sont principalement axées sur la divulgation de l’expérience de la pratique
des pots-de-vin et la mesure de sa prévalence, il semble préférable que les premiers sujets soient liés
aux attitudes, à la perception et à la compréhension de la corruption ainsi qu'à la qualité des services
publics et à l'accès à ceux-ci, ce qui peut permettre de préparer le terrain pour les questions portant
sur l’expérience de la pratique des pots-de-vin. Dans tous les cas, le recours à une enquête pilote et
à des tests cognitifs peut contribuer à mieux quantifier les effets de l'ordre des questions.
55
Incidence possible de l'ordre des questions sur la mesure de l'expérience et
de la perception de la criminalité : une expérimentation faite par l'INEGI
Mexique
Lors de l'élaboration de l'enquête intitulée National Survey of Victimization and Perception of Public
Security (ENVIPE) au Mexique, l'INEGI a mené des enquêtes pilotes afin d'évaluer l'effet possible du
changement de l'ordre des sections sur la perception de la sécurité et l'expérience de la victimisation.
Deux échantillons aléatoires ont été définis et deux structures différentes de questionnaire leur ont
été appliquées : s’agissant du premier échantillon, la section sur la victimisation a été placée avant la
section sur la perception de la sécurité ; s’agissant du second, l'ordre a été inversé.
Pourcentage de victimes de certaines infractions dans deux enquêtes pilotes menées dans le cadre
de l'élaboration d'ENVIPE (2015)
Enquête pilote 1
Enquête pilote 2
Infractions Victimisation avant
Perception avant victimisation
perception
1
Désigne des vols autres que le vol qualifié, le vol de véhicules et de pièces détachées ainsi que le cambriolage résidentiel.
2
Comprend des infractions telles que l'enlèvement ou l'enlèvement express, les infractions sexuelles et d'autres actes
délictuels.
Source : Direction générale de la gouvernance et des statistiques sur la criminalité et la justice (INEGI).
Les données indiquent qu'il existe sans doute un effet d'ordre des questions et que, dans presque
tous les cas, l'expérience de la victimisation (mesurée par le pourcentage de répondants qui ont été
victimes) est plus importante lorsque la section sur la perception de la sécurité précède la section sur
l'expérience de la victimisation. En particulier, l'« effet d'échauffement » est plus important pour les
infractions qui sont associées à un degré élevé de complexité (comme dans le cas de la fraude et des
menaces) ou à un fort impact émotionnel (comme l'enlèvement et la violence sexuelle).
Il semble que le fait de placer la section sur la perception de la sécurité avant la section sur
l'expérience de la victimisation contribue à créer un climat de confiance entre l'enquêteur et
l'enquêté, ainsi qu'à aider ce dernier à se concentrer sur le sujet examiné.
56
9. Établir la confiance avec les répondants
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les personnes interrogées peuvent ne pas vouloir
participer à une enquête ou ne pas répondre à des questions en toute honnêteté. Certaines peuvent
être réticentes à admettre un comportement socialement indésirable ou craindre d'être tenues pour
responsables de la commission d'une infraction. D'autres peuvent avoir des doutes quant à
l'anonymat ou à la confidentialité, ou éprouver de l'indifférence à l'idée de participer à une enquête.
Lorsque les enquêtes portent sur des sujets sensibles tels que la corruption, les questions peuvent
susciter de fortes émotions, ce qui peut conduire à être sur la défensive, à refuser de répondre ou à
fournir de fausses réponses. Il est donc essentiel que les organismes chargés de mener des enquêtes
sur la corruption ou des enquêtes qui intègrent des modules sur la corruption instaurent avec les
personnes interrogées le meilleur climat de confiance possible.
Les éléments ci-après permettent d'établir un rapport et un climat de confiance avec les répondants :
a) Lettre de présentation
Il convient de présenter l'enquête bien avant la mise en œuvre du questionnaire. Une lettre de
présentation est généralement envoyée par l'organisme de coordination (par exemple, l'organisme
national de statistique), qui doit également mentionner le soutien éventuellement apporté par
d'autres organismes publics (par exemple le Ministère de l'intérieur ou de la justice, le service national
de lutte contre la corruption, l'Union européenne et les Nations Unies) afin d'améliorer l'image de
l'enquête menée et de rassurer les répondants. Cette lettre devrait fournir les informations suivantes :
Les organismes qui coordonnent et soutiennent l'enquête
L'objectif et l'importance de l'enquête
Le type et la durée approximative de l'entretien
Le nombre de ménages ou d’entreprises échantillonnées aux fins de l'enquête et la manière
dont les répondants ont été sélectionnés
Les critères d'identification de la personne au sein du ménage ou de l'entreprise qui devrait
répondre au questionnaire
L'utilisation des données recueillies et l'anonymat, le respect de la vie privée et le secret
statistique
Dans la lettre ou le paragraphe d'introduction du questionnaire décrivant la portée de l'enquête, il
convient d'éviter les termes et les tournures qui pourraient dissuader les répondants de participer. Il
s’agit plutôt de transmettre un message positif sur l'importance que revêt l'enquête pour améliorer
les politiques. Par exemple, on peut préciser que l'objectif de l'enquête est d'examiner la qualité et le
niveau d'intégrité des services publics. L'annexe IV du présent manuel contient des exemples de
paragraphes de présentation utilisés dans les enquêtes nationales sur la corruption menées auprès
de la population et des entreprises.
84
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation.
57
enquêtes générales de victimisation, les réponses ont tendance à être plus précises si les questions
les plus délicates ne sont pas posées trop tôt au cours de l'entretien.
De plus, les questions ne doivent pas stigmatiser, accuser ou désigner les répondants comme les
principaux auteurs de l'acte de corruption en cause, mais plutôt les poser en victimes du système.
c) Rôle de l'enquêteur
Il appartient à l'enquêteur de nouer une conversation ouverte et participative. Comme pour la plupart
des activités statistiques, une formation adéquate est essentielle pour enseigner aux enquêteurs à
établir un rapport efficace avec les répondants (sans dépasser leurs limites personnelles et sans qu'ils
se sentent trop exposés).
Voici quelques principes de base que l’enquêteur doit connaître afin d'instaurer une relation de
confiance avec les répondants :
L'enquêteur devrait veiller à avoir un aspect soigné et paraître amical, se montrant à la fois
sérieux, ouvert et à l'écoute.
Lorsqu'il rencontre le répondant, l'enquêteur devrait :
o Le saluer aimablement et se présenter
o Indiquer son nom, l'organisme pour lequel il travaille et le but de sa visite
o Présenter les objectifs de l'enquête, avec des explications susceptibles de répondre à
ses attentes (par exemple sur la manière dont les résultats permettront d'améliorer
les politiques de lutte contre la corruption)
o Décrire brièvement le cadre institutionnel dans lequel s’inscrit l’enquête
o Expliquer clairement le principe du secret statistique et préciser que les données
recueillies ne seront utilisées qu'à des fins purement statistiques sans aucune autre
forme de diffusion ultérieure
o Fournir un numéro d’assistance téléphonique où il pourra contacter une personne de
l'organisme responsable afin de dissiper tout doute persistant
L'enquêteur devrait faire preuve d'intérêt, avoir de l'assurance et garder son indépendance
pendant toute la durée de l'entretien.
Lorsqu'il constate que le répondant est déstabilisé ou mal à l'aise, l'enquêteur devrait réaffirmer
et souligner que les informations fournies serviront l'intérêt général (y compris les répondants
eux-mêmes).
L'enquêteur devrait également éviter d'utiliser des mots complexes, des termes techniques et
une syntaxe compliquée.
L'enquêteur ne devrait en aucun cas porter de jugement ou faire preuve de complaisance à
l'égard des personnes interrogées, de leurs réponses et de leurs pratiques.
L'enquêteur devrait respecter et garantir les normes culturelles de la communauté à laquelle la
personne interrogée appartient et éviter tout comportement qui pourrait être interprété
comme une atteinte à ses croyances ou caractéristiques personnelles. Par exemple, les
enquêtes ne sauraient être réalisées les jours de culte, et le respect des normes adéquates dans
les rapports avec les personnes interrogées s'impose.
Tout commentaire sur les réponses fournies par les personnes interrogées est à bannir ; une
expression neutre est d'autant plus importante lorsque l'on sollicite des réponses sur des
expériences de corruption et des comportements connexes.
58
Quelques précisions sur la confidentialité
Les propositions formulées dans la présente section sont des recommandations de base sur le
comportement à adopter avec les répondants lors d'un entretien. Il est également important
que les enquêteurs insistent sur le caractère privé et confidentiel des informations fournies.
La confidentialité est un élément fondamental qui oblige les organismes à protéger les
informations fournies par les personnes interrogéesa et constitue le fondement de la confiance.
Les organismes responsables doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que
les résultats produits par les projets statistiques officiels ne permettent pas d'identifier les
répondants. Par conséquent, les enquêteurs doivent comprendre, promouvoir et expliquer
pleinement cette obligation tout au long des entretiens.
Conformément à la législation de chaque État Membre, les organismes nationaux de statistique
peuvent même être tenus juridiquement de protéger les informations obtenues à des fins
statistiques, conformément aux Principes fondamentaux de la statistique officielle. Afin de
promouvoir davantage la confiance dans ces organismes, il est important d'informer les
répondants de cette responsabilité (voir la section sur les responsabilités des enquêteurs en
matière de confidentialité).
a ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation, p. 71.
59
10. Sélection et formation des enquêteurs
Compte tenu du rôle déterminant dévolu à l'enquêteur dans le cycle de l'enquête, une attention
particulière devrait être accordée au recrutement et à la formation de l'équipe d'enquêteurs. Un
enquêteur peut autant améliorer la qualité des données qu'introduire un biais, et par son
comportement et son professionnalisme, il peut éviter que les répondants fournissent des
informations erronées85. Seuls les enquêteurs formés et expérimentés devraient pouvoir entrer en
contact avec d’éventuels répondants. Les notions de base à connaître lors de la sélection et de la
formation de ces enquêteurs sont présentées dans les sections suivantes.
85
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation, p. 48.
60
Le programme de formation doit être spécialement conçu en fonction de la méthodologie de
l'enquête, de la taille de l'échantillon et des ressources disponibles. On trouvera dans la figure ci-
après une liste des thèmes de base à traiter.
Principaux thèmes à traiter dans la formation des enquêteurs
Il convient de noter que la formation devrait être poursuivie pendant toute la phase de collecte des
données de l'enquête, y compris à l’intention des enquêteurs remplaçants qui seront recrutés une fois
que l'enquête aura commencé. Cela facilitera la mise en œuvre de formations et de mesures
correctives afin que les enquêteurs puissent être soutenus dans des aspects tels que la formulation
des questions. Cela contribuera également à apaiser les situations susceptibles de générer du stress
et à prévenir l'épuisement des enquêteurs.
86
Jan van Dijk et al., Final Report on the Study on Crime Victimization.
61
Étant donné que les informations recueillies dans les enquêtes sur la corruption peuvent comporter
des données sur des infractions pénales précédemment commises, il est primordial que les
enquêteurs et les organismes responsables garantissent la confidentialité.
87
Ibid.
88
Dans certains pays, la question peut s'avérer encore plus complexe car toute personne ayant connaissance de la commission
d'une infraction (comme la corruption active ou passive) se doit de la signaler aux autorités compétentes et tout manquement à
cette règle peut constituer une infraction. En pareil cas, des dispositions législatives particulières doivent protéger la confidentialité
des entretiens.
62
o Une description des éventuels bénéfices attendus et une explication sur l'importance
de donner des réponses honnêtes
o Une explication sur la manière dont l'anonymat ou la confidentialité des données
seront assurés
o La fourniture des coordonnées de la personne à contacter (au sein de l'organisme
responsable) pour toute question
Clarification interne et externe de la manière dont la confidentialité doit être assurée – les
organismes sont responsables de la protection des informations qui leur sont librement
fournies. Il convient d'expliquer clairement aux répondants les normes juridiques qui définissent
cette responsabilité. De même, toute personne ayant accès à des informations privées au sein
de l'organisme doit également être informée de sa responsabilité professionnelle.
Nécessité d’éviter de causer du tort aux répondants pendant les entretiens – bien que cela soit
peu probable dans le cas d'enquêtes axées sur la corruption, il est toujours possible que les
questions et les procédures d'enquête causent un préjudice physique, émotionnel ou
psychologique aux personnes interrogées. La corruption étant un sujet sensible, les personnes
interrogées peuvent ressentir un certain malaise, voire souffrir un traumatisme, lorsqu'elles se
remémorent leur expérience. Les questions doivent donc être préalablement testées afin
qu'elles ne soient pas perçues comme intrusives, embarrassantes ou même compromettantes.
Prévention de l'identification des répondants – un tort peut également être causé lorsque des
fuites d’informations conduisent à l'identification d'un répondant. Ainsi, pour éviter que les
réponses d'une personne interrogée ne soient rendues publiques, l'organisme responsable
devrait veiller à adopter des protocoles destinés à protéger les informations fournies par les
répondants, supprimer les identificateurs contenus dans les réponses aux enquêtes, stocker les
informations en toute sécurité, crypter les fichiers et communiquer les données89. Plusieurs
méthodes peuvent être utilisées à cette fin, mais en général, les organismes devraient s'efforcer
de garantir la confidentialité des informations, de protéger toute donnée pouvant être utilisée
pour identifier des répondants ou des cas concrets, de brouiller les identifiants et d'examiner
les valeurs aberrantes pour les variables clés. Dans les cas où les données d'enquête sont mises
à la disposition des chercheurs, il convient de mettre en place des procédures particulières afin
de garantir l'anonymat complet des répondants.
Adhésion à des méthodes professionnelles et scientifiques – les organismes responsables
devraient adhérer à des procédures scientifiques et à des normes internationales qui
garantissent non seulement la validité des données, mais aussi l'utilisation correcte de ces
données à des fins statistiques. À cette fin, ils doivent élaborer des lignes directrices et des
codes de déontologie particuliers qui garantissent la confidentialité des données individuelles
et leur utilisation à des fins purement statistiques, comme prévu dans les Principes
fondamentaux de la statistique officielle90.
Recours à des contrôleurs indépendants – la participation d'observateurs indépendants aux
opérations d'enquête pourrait renforcer l'intégrité. Ces observateurs devraient vérifier si les
mesures de confidentialité ont été appliquées de manière cohérente et fournir une évaluation
écrite.
89
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation.
90
Principes fondamentaux de la statistique officielle [A/RES/68/261]. Disponible à l’adresse suivante :
https://unstats.un.org/unsd/dnss/gp/FP-New-F.pdf.
63
Garantir la confidentialité des données d'enquête : l’expérience de l’ISTAT
Conformément au décret législatif 312/89, l’ISTAT est tenu au secret statistique. Les données
recueillies lors des enquêtes sont utilisées à des fins purement statistiques et peuvent être
communiquées à d'autres institutions ou personnes (y compris aux services de justice pénale) à
condition d’être traitées et publiées sous forme de tableaux exempts de toute référence à un
individu. Toujours en vertu de ce décret (paragraphe 2 de l’article 7), la personne interrogée
doit être informée de ces droits et peut décider si elle souhaite répondre aux questions
« sensibles » qui figurent dans les différentes parties des questionnaires. Conformément au
décret législatif 196/2003 régissant la protection de la vie privée, l'ISTAT est le seul organisme
responsable du traitement des données. On trouvera ci-après un exemple de la manière dont
les enquêteurs ont informé les répondants des clauses de confidentialité :
« Comme les années précédentes, nous menons une enquête sur la sécurité des citoyens et
votre participation est très importante. Naturellement, toutes vos réponses seront traitées de
manière strictement confidentielle et les données recueillies seront analysées de sorte qu'il sera
impossible de divulguer des informations sur les participants ».
<< Mention légale obligatoire >>
« Permettez-moi de vous informer que, conformément à la loi sur la confidentialité des
données, toutes les informations fournies seront utilisées à des fins purement statistiques, dans
le respect absolu de l'anonymat ».
91
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation, p. 133.
64
Les tests cognitifs peuvent être utiles pour tester certains aspects du questionnaire, voire la méthode
de l'enquête. Par exemple, il peut être nécessaire de vérifier la validité des questions filtres ou la durée
de la période de référence.
Il est très important de procéder à des tests cognitifs lors de l'élaboration d'une enquête, à plus forte
raison lorsque celle-ci porte sur un sujet aussi sensible et complexe que la corruption. Ce type de test
est fondamental pour déterminer si les personnes interrogées comprennent bien les questions sur
l’expérience de la pratique des pots-de-vin.
65
Contact avec les services du secteur public et privé – résultats des tests cognitifs
a) Les répondants ont bien compris les questions. La seule difficulté était que, pour éviter que
des réponses ne correspondant pas à la période de référence soient données, les enquêteurs
ont dû rappeler aux répondants que la période de référence correspondait aux 12 mois
précédant l'entretien.
b) La notion de « contact » avec des fonctionnaires a fait l'objet d'interprétations cohérentes, la
plupart des répondants associant ce contact à une situation où une demande de pot-de-vin
était susceptible de se produire. Les répondants ont bien compris les catégories de réponses.
c) Les personnes interrogées qui n'ont eu aucun contact pendant la période de référence ont
compris la signification du terme « contact » dès la lecture de la liste des choix. Par
conséquent, la plupart des réponses « non » étaient fondées sur une bonne compréhension
de la question. Chaque exemple donné par les répondants était basé sur leur expérience ou
sur celle d'un ami proche, d'un voisin ou d'un parent.
Expérience de la pratique des pots-de-vin avec des agents publics – résultats des tests cognitifs
a) La corruption n'est pas un sujet hautement délicat et les personnes interrogées ont bien
compris la question. Les catégories de réponses binaires n'ont pas posé de problème.
b) La seule difficulté a été que, bien que la question n'ait pas été répétée, certains répondants
ont eu du mal à comprendre la notion de contrepartie. Certaines personnes interrogées ont
considéré que ces contreparties constituaient des pots-de-vin, alors que d’autres ont estimé le
contraire.
66
Lors de l'élaboration d'une enquête pilote, afin de veiller à ce que les diverses méthodes de contact
soient testées, il est plus important de sélectionner les typologies de répondants que de choisir des
unités d'échantillonnage représentatives de l'ensemble de la population concernée92. Cela permettra
de repérer les éventuels biais ou problèmes de représentativité de la population cible : par exemple,
l'enquête pilote devrait inclure des groupes de population au sein desquels il pourrait être difficile de
contacter ou d'interroger des personnes (comme les membres de groupes minoritaires)93.
92
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation.
93
Ibid, p. 135.
67
S’agissant de la réalisation d'enquêtes pilotes sur la corruption, il faudrait veiller tout particulièrement
à tester les aspects suivants :
La pertinence des questions de l'enquête qui visent à mesurer l'expérience et la perception de
la pratique des pots-de-vin
La terminologie employée pour définir la pratique des pots-de-vin doit permettre d'éviter le
biais de désirabilité sociale, de renforcer la confiance avec les personnes interrogées et de faire
en sorte que tous les types de répondants interrogés aient la même compréhension du
phénomène examiné
La nécessité de traiter les pratiques ou situations particulières qui prévalent dans le pays
L’exhaustivité de la liste des agents et services publics à inclure dans les questions sur la pratique
des pots-de-vin
L’exhaustivité de la liste des secteurs économiques inclus dans les questions sur la pratique des
pots-de-vin
La possibilité d'enquêter sur certaines formes de corruption telles que le népotisme, le
favoritisme et l'achat de votes
L’acceptabilité du questionnaire et la fiabilité des réponses
Le mode d'enquête le mieux adapté au thème de la désirabilité sociale
La nécessité de disposer d'un ensemble de questions de contrôle pour vérifier la fiabilité des
réponses
La nécessité d'impliquer certaines parties prenantes ou organismes publics pour accroître la
fiabilité
La nécessité d'annoncer le lancement de l'enquête par des circuits institutionnels ou non
institutionnels spéciaux afin d'augmenter le taux de réponse
68
3
ENQUÊTES SUR LA CORRUPTION
AUPRÈS DE LA POPULATION
III. ENQUÊTES SUR LA CORRUPTION AUPRÈS
DE LA POPULATION
La deuxième partie du présent manuel portait sur des questions d’ordre général concernant
l'élaboration d'enquêtes par sondage sur la corruption. Dans la présente partie, on trouvera des
propositions concrètes pour définir les objectifs, les résultats statistiques et les conditions nécessaires
à la réalisation d’enquêtes par sondage auprès de la population.
94
Conformément aux objectifs de développement durable, les enquêtes nationales sur la corruption menées auprès de la
population devraient permettre de ventiler la prévalence de la pratique des pots-de-vin, au minimum, par type d'agent public ainsi
que par âge, sexe, niveau de revenu et niveau d'éducation des personnes qui versent les pots-de-vin. En outre, les pays sont
encouragés à adapter les catégories et critères de ventilation en fonction de leurs propres besoins.
71
accomplis dans la réalisation de la cible 16.5. En outre, elles permettent de produire, par exemple, des
données sur la prévalence des pots-de-vin ventilée par zones géographiques et par types d'agents
publics.
On trouvera dans les sections ci-après de plus amples informations sur les questions liées à
l’échantillonnage, à la conception des questionnaires et à la formulation des questions, qui sont
traitées dans le cadre des enquêtes de corruption menées auprès des ménages.
a Dans la Classification internationale des infractions à des fins statistiques, la corruption est définie comme suit : « Fait de
promettre, d’offrir ou d’accorder à un agent public ou à un individu qui dirige une entité du secteur privé ou travaille pour
une telle entité ou fait pour cet agent ou cet individu de solliciter ou d’accepter, directement ou indirectement, un avantage
indu, afin qu’il accomplisse ou s’abstienne d’accomplir un acte dans l’exercice de ses fonctions officielles ». Cette définition
est basée sur la définition de la corruption d'agents publics nationaux, de la corruption d'agents publics étrangers et de
fonctionnaires d'organisations internationales, et de la corruption dans le secteur privé, qui figure dans la Convention
contre la corruption (articles 15, 16 et 21).
b Métadonnées concernant les indicateurs mondiaux proposés aux fins de l'examen du Programme 2030 ; métadonnées
72
La population cible d’une enquête est la population au sujet de laquelle on souhaite obtenir des
informations 95 . Dans une enquête sur la corruption menée auprès de la population, il s’agit
généralement d’un groupe d'âge particulier résidant dans le pays en question. Il peut être également
utile de recueillir des données ventilées par sous-groupes de population en fonction du sexe, de l'âge
ou de la situation géographique.
S’agissant des limites d'âge de la population cible, on a observé différentes pratiques d’un pays à
l’autre. Si des seuils sont habituellement établis (généralement 15-18 ans), il n’y a en revanche pas
toujours de plafond. Le tableau ci-après montre les tranches d'âge de population cible établies dans
plusieurs enquêtes sur la corruption menées auprès de la population ces dernières années :
Tableau 3 : Tranches d'âge des populations cibles établies dans les enquêtes sur la corruption
menées récemment auprès de la population
Sous réserve des besoins propres à chaque pays, les échantillons devraient comprendre des citoyens
âgés de 18 ans et plus de manière à assurer la comparaison des résultats avec des initiatives existantes
et la représentativité en fonction de l'âge, du sexe et de la situation géographique, car les niveaux et
types de corruption peuvent varier en fonction du groupe de population. Chaque pays peut envisager
d'abaisser le seuil d'âge en conformité avec sa législation nationale.
La base de sondage se définit à partir d’un ensemble de documents sources (par exemple, les registres
démographiques ou électoraux) sur la base desquels l'échantillon est sélectionné. En d'autres termes,
95
Statistics Canada (2003). Disponible à l’adresse suivante : www150.statcan.gc.ca/n1/fr/pub/12-587-x/12-587-x2003001-
eng.pdf?st=uR2Fh0u4.
73
elle se fonde sur la liste des unités et des informations connexes qui permettent de choisir, au sein de
la population cible, les individus à interroger dans le cadre de l'enquête96.
Il est tout aussi important de bien sélectionner la base de sondage que de bien définir la population
cible, car base de sondage et population cible sont intimement liées : en effet, bien que la base de
sondage soit sélectionnée en fonction de la population cible, c’est elle qui définit en fin de compte la
population visée par l'enquête.
Il est possible d’exclure de la base de sondage certaines parties de la population, notamment les
personnes qui vivent dans des cadres institutionnels tels que les hôpitaux et les prisons, ou d’y inclure
des zones auxquelles il est impossible (ou trop coûteux) d'accéder en raison d’obstacles
géographiques. Dans ce cas, il faut exclure de la population cible ces sous-groupes de population
lors de la phase de conception. On veillera tout particulièrement à éviter d'introduire d'éventuels biais
lorsque l'on exclut de la base de sondage des groupes de population dont le risque d'exposition à la
corruption est différent de celui des groupes inclus dans la base de sondage.
Dans le cas des enquêtes menées par téléphone notamment, cela pourrait poser un problème majeur
car les ménages disposant d'un téléphone fixe présentent généralement des caractéristiques
différentes de ceux qui possèdent uniquement un téléphone mobile ou qui ne figurent pas dans
l’annuaire téléphonique. En outre, dans le cas des enquêtes en face à face, une liste d'adresses
obsolète qui ne prendrait pas en compte les nouveaux logements pourrait fausser la base de sondage.
Dans ces deux cas, la base de sondage n'est pas représentative de l'ensemble de la population et
certains groupes exposés à la corruption pourraient s’en trouver exclus.
En général, il est possible d’obtenir une bonne base de sondage pour une enquête de corruption
menée auprès de la population grâce au dernier recensement démographique. Afin que les bases de
sondage soient aussi actuelles, complètes et précises que possible pour éviter un sous-
dénombrement de la population cible et d’éventuels biais, il est recommandé de fonder les enquêtes
de corruption sur le recensement le plus récent.
b) Unité d'échantillonnage
L'unité d'échantillonnage de dernier degré désigne la plus petite unité de l'échantillon sélectionné.
Dans les enquêtes menées auprès de la population, il s'agit de l'individu. Dans les enquêtes sur la
corruption, il arrive souvent que la base de sondage ne comprenne pas de liste d'unités
d'échantillonnage de dernier degré, mais plutôt des unités d'échantillonnage intermédiaires telles que
les ménages.
Si certains pots-de-vin sont versés pour le compte du ménage (règlement des factures de services
publics), il arrive aussi qu'un membre du ménage verse un pot-de-vin pour le compte d’un autre
membre du ménage (par exemple à des enseignants ou à des professionnels de la santé) ; dans ce
type de cas, on peut estimer que l'unité de référence et, partant, l'unité d'échantillonnage, est le
ménage. Toutefois, cela peut poser des problèmes de sous-estimation car il est possible que le
membre du ménage sélectionné pour répondre à l'enquête ne dispose pas de tous les éléments
d'informations sur chaque interaction produite entre les membres du ménage et des agents publics
et sur chaque pot-de-vin versé. Afin de garantir la fiabilité des résultats, il est recommandé d'utiliser
les individus comme unité d'échantillonnage. Cela peut toutefois entraîner une augmentation des
coûts, compte tenu de la nécessité d'effectuer plusieurs visites pour interroger le répondant
sélectionné au hasard.
96
Nations Unies, Guide pratique pour la conception d’enquêtes sur les ménages, Études méthodologiques, Série F, n° 98, (New York,
2008), p. 75.
74
c) Mode d'enquête
Dans une enquête sur la corruption, le choix de la méthode de collecte des données (mode d'enquête)
joue un rôle important car il peut avoir un effet sur la volonté des personnes interrogées de divulguer
leur expérience de la corruption et d'autres sujets traités dans le cadre de l'enquête. Le choix de telle
ou telle méthode de collecte de données a des répercussions sur les erreurs de mesure (telles que les
biais de désirabilité sociale), le taux de réponse à l'enquête et les biais de non-réponse.
Comme pour d'autres enquêtes sur des sujets sensibles (par exemple les violences faites aux femmes
ou la consommation de drogues illicites), le choix de la méthode de collecte des données doit tenir
compte des pratiques couramment utilisées dans le pays ainsi que des compétences et des ressources
disponibles, notamment des différents types de bases de sondage disponibles. Dans la mesure du
possible, divers modes d'enquête devraient être testés lors de la phase pilote.
d) Plan de sondage
Les enquêtes sur la corruption menées auprès des ménages ont souvent recours à l'« échantillonnage
stratifié », mais d'autres méthodes d'échantillonnage sont également très répandues, comme
l'« échantillonnage en grappes », l'« échantillonnage proportionnel à la taille » et l'« échantillonnage
75
à plusieurs degrés ». On trouvera de plus amples informations sur ces méthodes dans le Guide
pratique des Nations Unies pour la conception d’enquêtes sur les ménages97.
Le tableau ci-après met en exergue les plans de sondage utilisés lors d’enquêtes sur la corruption
menées dans différents pays :
Tableau 4 : Plan de sondage de diverses enquêtes sur la corruption
National Survey of
Stratification par conglomérats afin de garantir la représentativité
Quality and
Mexique infranationale. Un répondant par ménage a été sélectionné de manière
Governmental
aléatoire.
Impact (2015)
Module sur la
corruption intégré Deux bases de sondage, deux plans de sondage. Échantillonnage
dans l’Enquête stratifié pour les ménages disposant d'une ligne téléphonique fixe
Italie Multipurpose Survey (entretiens téléphoniques : 85 % de l'échantillon). Échantillonnage
on Households: stratifié par commune pour les ménages sans ligne téléphonique fixe
Safety of Citizens (entretiens en face à face : 15 % de l'échantillon).
(2015-2016)
97
Nations Unies, Guide pratique pour la conception d’enquêtes sur les ménages, Études méthodologiques, Série F, n° 98, (New York,
2008) ; ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation.
www.siec.gob.pa/index.php?option=com_phocadownload&view=category&id=16&Itemid=239.
76
e) Taille d’échantillon
De nombreuses enquêtes sur la corruption menées auprès des ménages visent à obtenir des
estimations fiables pour certains groupes de population (par exemple en fonction du sexe et de la
région infranationale), ce qui pose des contraintes supplémentaires pour le calcul de la taille de
l'échantillon. Lorsque ces variables sont utilisées pour stratifier l'échantillon, il est possible d’influencer
la taille de l'échantillon et, partant, la précision des estimations pour les sous-populations concernées.
Plusieurs méthodes permettent de répartir de manière optimale un échantillon entre plusieurs strates
ou de calculer les tailles d'échantillon nécessaires à chaque strate99.
1. La méthode des anniversaires – le membre du ménage dont l'anniversaire est le plus proche de
la date de l'entretien est choisi pour répondre à l’enquête
2. La méthode Kish – chaque membre d'un ménage qui remplit les critères se voit attribuer une
combinaison unique de chiffres, qui sont placés dans une grille de sélection et choisis au hasard
en fonction de leur place dans cette grille
Le recours à d'autres critères pour sélectionner les répondants au sein d'un ménage, tels que le
« chef » ou le membre le plus âgé du ménage, est à exclure. De même, il faut éviter d'autres pratiques
qui consistent à interroger tous les membres du ménage ou un membre sur l'expérience de tous les
membres du ménage, car ces méthodes peuvent provoquer des effets de regroupement, imposer
une charge inutile aux répondants et fausser les réponses.
99
Pour une vue d’ensemble de ces méthodes, voir Statistics Canada (2003). Disponible à l’adresse suivante :
https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/12-587-x/12-587-x2003001-eng.pdf?st=uR2Fh0u4.
77
Calcul de la taille de l'échantillon : l'exemple de l'enquête intitulée National
Survey of Quality and Governmental Impact, Mexique
Le plan de sondage de l'enquête comprend un échantillon stratifié par conglomérats à trois degrés,
dans lequel l'unité de sélection de dernier degré est une personne âgée de 18 ans et plus.
L'échantillon a été conçu de manière à fournir des résultats fiables au niveau du pays, des États et
des villes de plus de 100 000 habitants.
La prévalence de la pratique des pots-de-vin étant inconnue, différentes possibilités ont été
envisagées pour calculer la taille de l'échantillon lors de la première vague de l'enquête. Comme on
estime que la prévalence du vol est similaire à celle de la corruption au Mexique, il a été décidé
d'utiliser la prévalence du vol comme variable de substitution. Dans les pays où aucune enquête de
victimisation préalable n'est disponible, il faut impérativement procéder à un exercice pilote.
À l’aide de la formule de calcul de la taille d'échantillon (voir encadré intitulé « Quelques précisions
sur la confidentialité ») et compte tenu d'un niveau de confiance de 90 %, d'une erreur relative
maximale prévue de 15 %, d'un effet de plan de sondage de 1,47, d'un taux de réponse de 85 % et
de proportions comprises entre 10,4 % et 17,2 % selon les États mexicains, on a obtenu des tailles
d'échantillon allant de 1 000 à 1 800 ménages.
Concernant les États pour lesquels la proportion était plus proche de 10,4 %, la taille de l'échantillon
requis était plus proche de 1 800, comme le montre la formule suivante :
De même, s'agissant des États pour lesquels la proportion était plus élevée et plus proche de 17,2 %,
la taille de l'échantillon requis était plus petite, soit environ 1 000 ménages :
Au niveau national, cela représentait 38 000 ménages, soit une taille d'échantillon permettant
d'estimer des proportions de seulement 0,5 % selon les mêmes paramètres d'erreur relative
maximale prévue, de niveau de confiance, d'effet du plan de sondage et de taux de non-réponse.
3. Conception du questionnaire
Dans une enquête par sondage, les informations que l'on cherche à obtenir doivent se traduire par
des questions à poser aux répondants. Il faut procéder avec soin à la sélection des questions, à leur
78
formulation claire et concise et à l'élaboration d'une structure de questionnaire logique, car ces
éléments peuvent influencer considérablement les réponses fournies100.
Basée sur l'expérience obtenue à partir de nombreuses enquêtes de corruption menées dans plusieurs
pays à travers le monde, la présente section vise à traiter les questions susmentionnées, grâce à des
suggestions sur les principaux sujets à couvrir et sur la manière de formuler les questions sensibles
sur l'expérience de la pratique des pots-de-vin.
Cet ensemble de questions comprend généralement des informations sur l'accès des citoyens aux
services de base et la qualité de ces services (tels que la santé et l'éducation) et sur leur perception
de l'adéquation et de l'efficacité des services publics101. Comme il est largement admis que la
corruption, sous quelque forme que ce soit, nuit à l'efficacité des services publics et porte atteinte
à la perception qu'ont les citoyens de ces services et à l'évaluation qu'ils en font102, il est possible
d’inclure une série de questions sur la satisfaction des citoyens à l'égard des services publics afin
d’évaluer ce lien.
Dans cette série de questions, les personnes interrogées sont généralement invitées à sélectionner
dans une liste les pratiques qu'elles assimilent à de la corruption. On constate ainsi que la façon
dont les pratiques sont comprises et acceptées varie d'un pays à l'autre et d'un groupe de
population à l'autre (par exemple selon le sexe et l'âge). Cette série de questions est également
utile pour vérifier s'il existe un lien entre les attitudes à l'égard de la corruption et l'expérience de
la pratique des pots-de-vin.
Il convient d'évaluer le niveau de confiance accordé aux organismes publics, notamment les
services de détection et de répression et le système de justice pénale, afin de mieux comprendre
si et comment la perception et la pratique de la corruption influent sur ce niveau de confiance. En
effet, il a été démontré que celui-ci variait en fonction de la perception du niveau de corruption
100
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation ; James P. Lynch, « Problems and promise of victimization surveys for
cross-national research » ; Roger Tourangeau, Cognitive Aspects of Survey Methodology: Building a Bridge Between Disciplines ; Fritz
Strack et Leonard L. Martin, « Thinking, Judging and communicating: a process account of context effects in attitude surveys » ;
Norbert Schwarz et Hans-J. Hippler, « Subsequent questions may Influence answers to preceding questions in mail surveys » ;
Seymour Sudman, Norman N. Bradburn et Norbert Schwarz, Thinking About Answers: The Application of Cognitive Processes to
Survey Methodology.
101
Banque mondiale, « Citizen report card surveys – a note on the concept and methodology, Social Development Notes –
Participation & Civic Engagement, note n° 91 (2004). Disponible à l’adresse suivante :
https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/11277/286010CRC0SD0note09101public1.pdf?sequence=1&isAllowe
d=y .
102
Heungsik Park et John Blenkinsop, « The roles of transparency and trust in the relationship between corruption and citizen
satisfaction », International Review of Administrative Sciences (2011), p. 254 à 274 ; Alberto Vannucci, « Three paradigms for the
analysis of corruption », Labour & Law Issues, vol. 1, n° 2 (2015) p. 1 à 31.
79
de ces organismes103. Cette série de questions va de pair avec celle portant sur la perception de la
corruption au sein des différents organismes.
Bien que la mesure de l'expérience de la corruption soit principalement axée sur la pratique des
pots-de-vin, la mesure de la perception de la corruption peut, quant à elle, reposer sur un éventail
plus large d'attitudes et de croyances (par exemple les conflits d'intérêts, l'abus de pouvoir et le
détournement de fonds publics). Il importe aussi d'inclure des questions sur la perception de la
corruption afin d’examiner le lien entre l'expérience directe de la corruption et la perception
générale de ses tendances et de son ampleur. En tout état de cause, ces questions permettent
d'en savoir plus sur l'expérience de la corruption, sans en connaitre l’ampleur réelle.
Ces questions doivent permettre de mieux comprendre dans quelle mesure la population est
consciente de l'action menée par les organismes de lutte contre la corruption et quelle est la
perception de l'efficacité de chacun de ces organismes. On peut également ajouter des questions
plus précises sur l'engagement et les efforts du gouvernement dans la lutte contre la corruption.
Expérience de la pratique des pots-de-vin dans le cadre de rapports avec des agents publics
f) Cas de versement de pots-de-vin dans le cadre de rapports avec des agents publics
Cette section représente la partie centrale du questionnaire. L'objectif de cette série de questions
est de recenser tous les cas de versement de pots-de-vin auxquels ont été confrontés les citoyens
qui ont eu au moins une fois affaire à un agent public au cours de la période de référence. Ces
questions permettent de mesurer la prévalence et la fréquence de la pratique des pots-de-vin
dans le secteur public.
h) Mesures prises par les personnes ayant versé des pots-de-vin dans le cadre de rapports avec
des agents publics
Dans cette série de question, on cherche à savoir si un cas de versement de pots-de-vin a été
signalé aux autorités compétentes et, s'il ne l'a pas été, d'en connaître le motif ou le résultat, et le
niveau de satisfaction à l'égard des mesures prises par les autorités compétentes. Ces informations
sont importantes pour comprendre si les mesures prises par la justice pénale en vue de combattre
la pratique des pots-de-vin sont efficaces.
103
Stephen D. Morris, « Corruption and trust: theoretical considerations and evidence from Mexico », réunion de la Midwestern
Political Science Association, Chicago, Illinois (2008) ; Heungsik Park et John Blenkinsop, « The roles of transparency and trust in the
relationship between corruption and citizen satisfaction ».
80
Expérience de la pratique des pots-de-vin dans le cadre de rapports avec des employés du secteur
privé
i) Cas de versement de pots-de-vin dans le cadre de rapports avec des employés du secteur
privé
L'objectif de cette série de questions est de recenser tous les cas de versement de pots-de-vin
auxquels ont été confrontés les citoyens qui ont eu affaire au moins une fois à un employé du
secteur privé au cours de la période de référence. Ces questions permettent de mesurer la
prévalence et la fréquence de la pratique des pots-de-vin dans le secteur privé.
k) Mesures prises par les personnes ayant versé des pots-de-vin dans le cadre de rapports avec
des employés du secteur privé
Dans cette série de question, on cherche à savoir si un cas de versement de pots-de-vin a été
signalé aux autorités compétentes et, s'il ne l'a pas été, d'en connaître le motif ou le résultat,
et le niveau de satisfaction à l'égard des mesures prises par les autorités compétentes. Ces
informations sont importantes pour comprendre si les mesures prises par la justice pénale en
vue de combattre la pratique des pots-de-vin dans le secteur privé sont efficaces.
l) Népotisme et favoritisme
Partout dans le monde, les organismes publics constituent le premier employeur. Bien qu'elle soit
généralement réglementée de manière à garantir la transparence, la procédure de recrutement
accorde une latitude plus ou moins grande aux personnes chargée de sélectionner le personnel.
Conformément aux principes, réglementations et pratiques optimales en vigueur au niveau
national, les nouveaux employés devraient être choisis sur la base de critères tels que les
compétences et l’expérience, mais il est souvent indiqué que d'autres facteurs, tels que le
népotisme et le favoritisme, jouent un rôle. La collecte d'informations sur la pratique du népotisme
et du favoritisme peut contribuer à mesurer la prévalence de la corruption, notamment en ce qui
concerne le recrutement dans le secteur public.
m) Achats de votes
Le code électoral, qui régit notamment les campagnes électorales, le financement des partis et
l'accès aux médias est un aspect essentiel de toute démocratie. Compte tenu de l'importance et
du caractère sensible de tous ces sujets, les pays adoptent des législations rigoureuses afin de
garantir des élections équitables et transparentes. À cet égard, la Convention contre la corruption
invite les pays à définir des critères de candidature à des fonctions publiques et à améliorer la
transparence du financement des candidatures et, le cas échéant, des partis politiques. Dans ce
contexte, en demandant aux citoyens si leurs votes ont été achetés, on peut examiner un aspect
concret lié à l'intégrité et à la transparence du processus électoral.
81
Caractéristiques sociodémographiques des répondants
Il convient de recueillir des informations générales sur les personnes interrogées en vue de
recenser les groupes de population particulièrement vulnérables à la pratique des pots-de-vin et
de déterminer quels facteurs sont susceptibles de les protéger contre la corruption. Outre les
informations classiques sur le statut socio-économique et démographique des personnes
interrogées, telles que le sexe, l'âge, l'état civil, la citoyenneté, le lieu de naissance, le niveau
d'éducation, la situation professionnelle et le niveau de revenu, on peut envisager de recueillir des
informations sur d'autres aspects, tels que l'appartenance ethnique, l'origine migratoire et le
handicap. Il est possible d’étudier certains facteurs de risque et de protection sur la base
d’informations recueillies sur certaines conditions, telles que l'exposition aux médias, les réseaux
sociaux et la maîtrise des outils numériques.
Évaluation
o) Évaluation de l’entretien
Cette partie du questionnaire doit être remplie par l’enquêteur en vue de garder une trace du
déroulement de l'entretien et de ses principales caractéristiques (par exemple la durée, la langue
employée, le fait d’avoir rempli ou non le questionnaire et les raisons pour lesquelles il n’a pas été
rempli).
Tableau 5 : Propositions de sujets à traiter dans les enquêtes spécialisées et les modules intégrés
sur la corruption
Sensibilisation à la
Sélection, à partir d'une
corruption et
liste, de pratiques
acceptabilité/caractère
assimilées à de la
!
sensible de certaines
corruption
pratiques
82
Facilité à divulguer une
éventuelle pratique de
corruption à sa famille, à !
ses amis ou à des
connaissances
Connaissance et
efficacité des
organismes et services !
de lutte contre la
corruption
Nombre de pots‐de‐vin
Cas de versement de
versés, par type d'agent !!
public
pots‐de‐vin dans le
cadre de rapports avec
Pots‐de‐vin sollicités par
des agents publics
des agents publics mais non
versés, par type d'agent
!! !!
public
Pots‐de‐vin offerts à un
agent public mais non
acceptés, par type d'agent
!
pots-de-vin dans le secteur public
public
Expérience de la pratique des
83
Utilité retirée du versement
du pot‐de‐vin
!
Interaction avec des
employés
!
Pots‐de‐vin
versés/accordés, par type !
d'employé
Incidence des pots‐de‐vin
versés, par type d'employé
!
Expérience de la Pots‐de‐vin sollicités par
pratique des pots‐de‐ des employés mais non !
vin dans le cadre de versés, par type d'employé
rapports avec des Pots‐de‐vin offerts à des
employés du secteur employés mais non
privé acceptés, par type
!
d'employé
Expérience de la pratique des pots-de-vin dans le secteur privé
Expérience indirecte de la
corruption (concernant des
personnes proches du
répondant telles que des !
parents, des amis, des
collègues de travail et des
voisins)
Type d'employé impliqué
dans le cas le plus récent
!
Sexe de l'employé impliqué
dans le cas le plus récent
!
Informations sur le cas Type de service privé pour
de versement de pots‐ lequel le pot‐de‐vin a été !
de‐vin le plus récent versé
dans le secteur privé
Objet du pot‐de‐vin
Moment où le pot‐de‐vin a
été versé
!
Coût du pot‐de‐vin !
Signalement aux autorités
compétentes
!
Résultat du signalement !
Raison pour laquelle le
Mesures prises par les versement du pot‐de‐vin !
personnes ayant versé n’a pas été signalé
des pots‐de‐vin dans le Satisfaction du travail
cadre de rapports avec
des employés du
effectué par les autorités !
compétentes
secteur privé
Conséquences négatives
liées au fait de ne pas avoir !
versé le pot‐de‐vin sollicité
Utilité retirée du versement
du pot‐de‐vin
!
Expérience et connaissance
d’autres formes
Népotisme et
de corruption
de cas de népotisme et de !
Expérience
favoritisme
favoritisme
Expérience du répondant
Achats de vote ou d'un autre membre du !
ménage
84
Type d'élection (nationale
ou municipale)
!
sociodémographiques des Âge, sexe, niveau
d'éducation, situation
d’emploi, citoyenneté, lieu !! !!
Caractéristiques
de naissance, niveau de
répondants
Caractéristiques revenu
sociales et Appartenance ethnique,
démographiques des origine migratoire, situation !
répondants de handicap
Exposition aux médias et
aux réseaux sociaux, et
maîtrise des outils
!
numériques
Durée de l’entretien !
Langue employée !
Évaluation
Évaluation de
Questionnaire rempli ou
l’entretien
non !
Raison pour laquelle il n’a
pas été rempli !
Légende :
!! Sujets qui devraient être traités dans une enquête spécialisée et dans un module d'enquête sur la corruption.
! Sujets pouvant être traités dans une enquête consacrée à la corruption, sous réserve de la disponibilité des
ressources et des priorités nationales.
Sujets à traiter pour calculer l'indicateur 16.5.1.
Les métadonnées des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable sont publiées dans le répertoire de la Division
104
85
Le calcul de l'indicateur 16.5.1 comporte trois tâches essentielles et autant de questions
correspondantes :
1. Repérer les répondants qui ont eu, au moins une fois, affaire à un agent public pendant la
période de référence de l'enquête
2. Repérer les répondants qui ont versé, au moins une fois, un pot-de-vin au cours de la
période de référence de l'enquête
3. Repérer les répondants à qui un agent public a demandé qu’un pot-de-vin lui soit versé
mais qui ne l'ont pas fait
Chaque question devrait énoncer tous les éléments qui définissent l’acte en question afin d'inciter les
répondants à se remémorer des cas réunissant tous ces éléments105. On trouvera dans les sections ci-
après des conseils pour formuler ces trois questions.
Question 1 :
Au cours des 12 derniers mois, avez-vous eu affaire, y compris par un intermédiaire, à l'un des agents
publics suivants ?
105
James P. Lynch, « Problems and promise of victimization surveys for cross-national research ».
86
Traitement dissocié des agents publics et des procédures administratives – le questionnaire
comporte d'une part des questions qui placent le répondant comme bénéficiaire ou usager des
procédures et des services publics, et d'autre part des questions qui mesurent son interaction avec
des agents publics génériques ou spécifiques.
Traitement fusionné des agents publics et des procédures administratives – les questions renvoient
à une liste de fonctions ou d'organismes publics ainsi que de procédures ou de services publics. Ce
type de question ne fait pas de distinction entre les individus et les services.
Cet examen a montré que, parmi les 20 enquêtes qui comprenaient une question filtre axée sur les
agents publics (34 %), 5 comportaient des questions de relance visant à déterminer au cours de quel
type de procédure ou de service ces agents avaient été corrompus. Dix-sept autres enquêtes (29 %)
comportaient une question filtre axée sur les services publics, dont une comprenait des questions
de relance visant à déterminer quel type d'agent public avait sollicité un pot-de-vin au cours de ces
procédures. Huit enquêtes (14 %) comportaient des questions filtres ou des sections qui dissociaient
les agents publics et les services publics, tandis que six enquêtes (10 %) comportaient des questions
filtres renvoyant simultanément aux fonctions administratives et aux procédures publiques.
Sujet principal des questions filtres figurant dans les enquêtes sur la corruption menées auprès de
la population
Agents publics
12%
Il s'agit d'une question filtre qui vise à déterminer quelles sont les personnes au sein de la population
qui ont affaire à des agents publics ou à des services publics et qui, par conséquent, s’exposent à la
pratique des pots-de-vin. Cette question vient également préciser le sujet général de l'entretien sur
lequel les répondants doivent focaliser leur attention afin de mieux se souvenir des cas pertinents.
On peut interroger les répondants sur leurs rapports récents avec l'administration publique sous deux
principaux angles : 1) les interactions avec certains types d'agents publics ; 2) le traitement de certaines
procédures administratives.
Dans une enquête sur la corruption menée auprès de la population, il est préférable d'utiliser une
question filtre axée sur les agents publics, car cela permet de couvrir plus largement les expériences
de versement des pots-de-vin des citoyens. En effet, les interactions avec les agents publics n'ont pas
toujours lieu dans le cadre d'une procédure (il peut s'agir, par exemple, d'agents de police ou
d'enseignants). En outre, il semble que les citoyens se souviennent plus facilement des interactions et
des rapports établis avec des personnes (en l'occurrence, des agents publics) que de faits liés à des
procédures.
87
Par conséquent, lors de la conception d'une question filtre visant à repérer les répondants qui ont eu
affaire à des agents publics, il est indispensable de fournir une liste des différentes catégories d'agents
publics. Cela permet également de préciser sur quel type d'agent l’effort de mémorisation doit porter
et d’améliorer la comparabilité.
Les principales catégories d'agents publics énumérées ci-après ont été élaborées à partir d'enquêtes
nationales et régionales sur la corruption. Elles ne sauraient constituer une liste exhaustive mais plutôt
une liste de base à compléter en fonction des catégories présentant un intérêt pour tel ou tel pays.
Tableau 6 : Liste type d'agents publics pouvant figurer dans le questionnaire d'enquête
!! Principaux types d'agents publics qui devraient figurer dans les questionnaires d'enquête pour assurer la
comparabilité des données.
! Autres types d'agents publics pouvant figurer dans les questionnaires d'enquête, en fonction du contexte national.
88
Il est important de préciser que par « interaction » on entend toute implication, même minimale, d'un
agent public dans la procédure ou l’affaire intéressant le répondant. Par exemple, se limiter à
demander où se trouve un bureau ne saurait être considéré comme une interaction, mais se
renseigner sur les étapes à suivre dans une procédure administrative constitue bien une interaction.
Comme indiqué dans la question susmentionnée, l’interaction peut avoir lieu aussi bien directement
que par un intermédiaire.
Question 2:
Parmi toutes les fois où vous avez eu affaire à un fonctionnaire ou à un agent public au cours des
12 derniers mois : vous est-il arrivé d’avoir à donner, y compris par un intermédiaire, un cadeau, une
contrepartie ou une somme d'argent (en sus du montant officiel) ?
La formulation de la question sur l'expérience de la pratique des pots-de-vin est fondamentale car
elle doit à la fois être très précise et favoriser une réponse exacte qui réduise au minimum les effets
possibles du déclin de la mémoire et du biais de désirabilité sociale. La formulation proposée de la
question répond à ces objectifs car elle tient compte des aspects suivants :
1. Afin de réduire au minimum les problèmes de stigmatisation et de désirabilité sociales, la question sur
l'expérience de la pratique des pots-de-vin doit être formulée de sorte que la personne interrogée ait
le sentiment d’avoir été obligée de payer un pot-de-vin. Une phrase du type « Avez-vous dû verser
une somme d'argent supplémentaire » va dans ce sens.
2. Le terme « pot-de-vin » devrait être évité ; seules des expressions désignant un échange d'argent, de
biens ou de services devraient être employées. Cette méthode accroît la probabilité que des
répondants qui craignent de signaler un acte socialement indésirable divulguent leur expérience en la
matière. En outre, il est préférable d'appliquer cette méthode car, souvent, les personnes interrogées
ne considèrent pas leur expérience comme une forme de corruption.
3. La période de référence devrait être clairement définie : on estime généralement qu'une période de
12 mois est un bon compromis entre le coût (des périodes de référence courtes nécessitent plus
d’entretiens sur le terrain par an) et la précision des estimations (plus la période de référence est
longue, plus les souvenirs sont incomplets). Définir clairement la date de début et de fin de la période
de référence peut contribuer à réduire l'« effet de télescopage », à savoir les difficultés qu’ont les
répondants à situer avec précision les faits dans la période de référence donnée.
Question 3 :
Au cours des 12 derniers mois, est-il arrivé qu'un agent public vous demande, directement ou
indirectement, de lui donner un cadeau, une contrepartie ou une somme d'argent supplémentaire dans
le cadre d’une affaire ou d’une procédure liée à ses fonctions, mais que vous ne lui ayez rien donné ?
Cette question permet de détecter les cas où un pot-de-vin a été sollicité mais n'a pas été versé.
Malgré le refus, de tels faits sont aussi assimilés à de la corruption, comme le prévoit la définition106.
S’agissant du calcul de l'indicateur 16.5.1, les informations recueillies au moyen des questions 1, 2 et 3
devraient être harmonisées afin de produire des données comparables. Le tableau met en exergue
les éléments d’information à retenir afin d’assurer la comparabilité de l'indicateur et le suivi de
l’objectif de développement durable.
106
Les définitions de la corruption d’agents publics nationaux, de la corruption d’agents publics étrangers et de fonctionnaires
d’organisations internationales publiques, et de la corruption dans le secteur privé figurent aux articles 15, 16 et 21 de la Convention
contre la corruption.
89
Tableau 7 : Éléments clés du calcul de l'indicateur 16.5.1
Il s'agit des personnes qui ont été confrontées à des cas de corruption
Agents publics lorsqu'elles ont eu affaire à des agents publics figurant dans la liste de base du
tableau 6 (niveau de priorité !!) 108
107
Si la tranche d'âge de la population cible est plus large, les personnes exclues de cette tranche d'âge ne devraient pas entrer
dans le calcul de l'indicateur 16.5.1, de manière à garantir la comparabilité des données et le suivi de l'objectif de développement
durable.
108
Les autres agents publics susceptibles de figurer dans les questions filtres initiales ne doivent pas entrer dans le calcul de
l'indicateur 16.5.1, de manière à garantir la comparabilité des données et le suivi de l'objectif de développement durable.
109
Certaines questions de relance peuvent également être posées sur le cas le plus grave afin d'obtenir une vision plus complète
des pots-de-vin supérieurs à la moyenne. La collecte d’informations sur le cas le plus grave devrait venir s’ajouter à la collecte
d’informations sur le cas le plus récent.
90
Sur la base des enquêtes de corruption réalisées, le tableau ci-après met en exergue les principaux
types de relances portant sur la pratique des pots-de-vin.
Tableau 8 : Liste proposée de questions de relance portant sur le cas de versement de pots-de-
vin le plus récent (expérience de la pratique des pots-de-vin)
Pourriez-vous me dire au
Date du cas cours de quel mois le cas le Mois et année
plus récent s'est produit ?
91
Sujet Exemple de question Catégories de réponses
92
Sujet Exemple de question Catégories de réponses
1. Police
2. Service de lutte contre la corruption
3. Commission chargée de traiter les plaintes du
Organismes officiels À quel organisme officiel public
auxquels le cas a été l'avez-vous signalé ? 4. Service/organisme où travaille l'agent public qui a
signalé sollicité le pot-de-vin
5. Autre organisme
6. Aucun organisme officiel
7. Ne sais pas
1. Médias
À quel autre organisme 2. Organisation internationale
Autre organisme non
non officiel l'avez-vous 3. Organisation non gouvernementale
officiel auquel le cas
signalé ? 4. Autre organisme
a été signalé
5. Aucun autre organisme
6. Ne sais pas
93
4. Analyse
L'analyse des résultats issus des données recueillies est le meilleur moyen d'obtenir des informations
complètes et pratiques à l'appui de l'élaboration des politiques. L'organisme chargé de mener une
enquête sur la corruption auprès de la population doit être conscient de la pertinence et de l'utilité
des informations et doit savoir interpréter les résultats analytiques qui seront obtenus à partir des
données recueillies. Par conséquent, l'analyse des données doit être réalisée compte tenu du but de
l'enquête et doit, en fin de compte, fournir des indications claires et objectives sur la prévalence et les
tendances de la pratique des pots-de-vin à laquelle la population est confrontée.
Résumé
Le résumé est essentiel pour présenter les principales conclusions de l'étude à un ensemble
d'utilisateurs désireux d'utiliser ces informations en vue d’élaborer des mesures de lutte contre la
corruption. S’il est important, c’est aussi parce qu’il constitue souvent la principale source
d'information sur laquelle les médias s’appuient pour diffuser les résultats de l'enquête. Un résumé
bien rédigé et soigneusement édité peut donc largement contribuer à l’efficacité et, au final, à la
qualité du rapport d'enquête.
Un bon résumé doit livrer les principales conclusions du rapport dans un style clair et concis et être
rédigé dans un langage simple et accessible qui puisse être compris par des non-spécialistes et repris
tel quel par les médias. L'inclusion d'infographies illustratives et de tableaux simples qui résument de
manière didactique des données quantitatives complexes met en valeur les aspects essentiels et
facilite la compréhension.
Introduction
Une brève introduction devrait fournir des informations de base concernant l'enquête sur la
corruption, telles que la période examinée, la taille de l'échantillon, les organismes d'exécution
participants et la méthode générale employée pour mesurer la pratique des pots-de-vin et d'autres
formes de corruption au cours de l'enquête. L'introduction peut également faire référence à l'annexe
méthodologique qui contient les détails techniques de l'enquête.
110
Les rapports complets sont disponibles à l'adresse suivante : www.unodc.org/unodc/fr/data-and-analysis/corruption.html.
94
Ampleur de la pratique des pots-de-vin
Le premier chapitre de fond du rapport devrait contenir les principales conclusions tirées sur l'ampleur
de la pratique des pots-de-vin et présenter les principaux indicateurs utilisés : la prévalence et la
fréquence du versement de pots-de-vin. L'analyse peut renvoyer au taux de prévalence total, aux taux
nationaux et infranationaux ou à la prévalence dans le temps et présenter les résultats sous forme de
texte, de chiffres et de cartes. La fréquence du versement de pots-de-vin (nombre moyen de pots-
de-vin versés) peut être indiquée dans la même section. Lorsque les données d’au moins deux
enquêtes sont disponibles, les comparaisons des tendances (à tous les niveaux géographiques) sont
particulièrement pertinentes.
Pour illustrer l'incertitude statistique due à l'erreur d'échantillonnage dans les estimations de l'enquête,
il peut s’avérer utile de fournir les taux de prévalence et la fréquence avec leurs intervalles de confiance.
Si des informations ont également été recueillies sur l'expérience de la pratique des pots-de-vin dans
le cadre d’interactions avec des employés du secteur privé, une section de ce chapitre pourrait
présenter les indicateurs correspondants, notamment la comparaison de ce type de corruption avec
celle pratiquée dans le cadre d’interactions avec des agents publics.
S'agissant des enquêtes qui ont également permis de recueillir des informations sur la perception de
la corruption par la population, la présente section pourrait présenter les principaux résultats et,
lorsque cela est possible et pertinent, comparer les données fondées sur l'expérience avec celles
fondées sur les perceptions et les attitudes.
Indicateurs proposés :
Prévalence des pots-de-vin versés par des citoyens qui ont affaire à des agents publics
Fréquence des pots-de-vin versés par des citoyens qui ont affaire à des agents publics (nombre
moyen de pots-de-vin versés à des agents publics au cours de la période de référence)
Prévalence des pots-de-vin versés par des citoyens qui ont affaire à des employés du secteur
privé
Fréquence des pots-de-vin versés par des citoyens qui ont affaire à des employés du secteur
privé (nombre moyen de pots-de-vin versés à des employés du secteur privé au cours de la
période de référence)
95
d'analyse peut être associé aux autres variables susmentionnées (par exemple, les zones
géographiques, l'objectif, la forme et les modalités). En général, plus la taille de l'échantillon de
l'enquête est importante, plus l'analyse et la présentation des résultats (qui revêtent un intérêt
statistique) seront précises.
Indicateurs proposés :
Type de procédures administratives au cours ou au titre desquelles des pots-de-vin ont été
versés
Répartition en pourcentage des pots-de-vin versés en fonction du moment, de l’objectif, etc.
Montant moyen des pots-de-vin versés en espèces à des agents publics
Type d'avantage indu accordé ou versé (argent, cadeau, faveur, service)
Montant moyen des pots-de-vin versés en espèces à des employés du secteur privé
96
personnes qui versent des pots-de-vin (par exemple en fonction du niveau de revenu, de la situation
professionnelle ou de l’activité exercée) peut renseigner utilement sur la nature de la corruption ainsi
que sur les sous-groupes de la population qui subissent une charge disproportionnée de versements
de pots-de-vin ou font un usage disproportionné de ces versements dans le cadre de certains services
publics.
Indicateurs proposés :
Prévalence des pots-de-vin versés à des agents publics, ventilée par sexe, âge, niveau de revenu
et niveau d'éducation de la personne ayant versé le pot-de-vin
Prévalence des pots-de-vin versés à des agents publics, ventilée par type d'agent public ayant
reçu le pot-de-vin et par caractéristiques de la personne ayant versé le pot-de-vin
Prévalence des pots-de-vin versés à des employés du secteur privé, ventilée par sexe, âge,
niveau de revenu et niveau d'éducation de la personne ayant versé le pot-de-vin
Part des pots-de-vin versés à des employés du secteur privé, ventilée par type d'employé du
secteur privé ayant reçu le pot-de-vin
97
Annexe méthodologique
Dans la dernière partie du rapport, il convient de donner des informations détaillées présentant un
intérêt pour les spécialistes et les citoyens concernés afin d’approfondir les aspects techniques de
l'enquête. Il s'agit notamment d'informations utiles pour évaluer l'enquête, notamment sur la
méthode d'échantillonnage, la conception et la mise au point de l'instrument d'enquête, le mode
d'enquête, les résultats de l'enquête pilote, le plan de sondage et la procédure de pondération, la
formation des enquêteurs, le contrôle de la qualité, les versions linguistiques, le travail sur le terrain,
la saisie et le nettoyage des données ainsi que le calcul des indicateurs. Des tableaux et des graphiques
détaillés portant sur les régions ou les sous-régions (par exemple, les États) où l'enquête a été menée
pourront figurer dans d'autres sections de l'annexe.
Les aspects ci-après devraient être pris en compte lors de la publication et de la diffusion des résultats :
Clarté des résultats – les résultats d'une enquête sur la corruption devraient traduire fidèlement
les données dans un style clair, concis et cohérent, de manière à faciliter l’accès de tous les
utilisateurs finaux et à favoriser le processus décisionnel. L'accent doit être mis sur les
indicateurs fondés sur l'expérience et les indicateurs relatifs aux objectifs de développement
durable.
Utilisation des circuits de diffusion classiques et basés sur le Web – en plus de l'élaboration du
rapport analytique et du dossier de presse (communiqué de presse et sélection de résultats et
98
de graphiques), il est important de préparer une campagne adéquate sur les médias sociaux et
d'informer les praticiens, experts et chercheurs compétents.
Transparence de la méthode – la méthode employée dans la conception et la mise en œuvre
de l’enquête doit figurer en toute transparence dans la publication. Les données issues de
l'enquête inspirent davantage confiance si des informations adéquates sont présentées de
manière à faciliter l'interprétation des résultats.
Publication des microdonnées – la publication des microdonnées est une mesure de
transparence qui renforce la confiance dans les résultats de l'enquête. Tous les utilisateurs
finaux devraient pouvoir accéder aux données en même temps et l'organisme responsable
devrait veiller à ce que les données ne soient pas publiées au préalable.
99
4
ENQUÊTES SUR LA CORRUPTION
AUPRÈS DES ENTREPRISES
IV. ENQUÊTES SUR LA CORRUPTION AUPRÈS
DES ENTREPRISES
La troisième partie du présent manuel fournissait des propositions concrètes pour définir les objectifs,
les résultats statistiques et les conditions nécessaires à la réalisation d’enquêtes par sondage auprès
de la population. Dans la présente partie, ces propositions concernent les enquêtes par sondage
auprès des entreprises.
103
Exemple de buts et d'objectifs visés par les enquêtes sur la corruption
menées auprès des entreprises
But – il s’agit de suivre l’évolution de l’ampleur et des caractéristiques de la pratique des pots-de-
vin dans les rapports entre les entreprises et les agents publics.
Objectif – les enquêtes par sondage sur la corruption menées auprès des entreprises devraient avoir
pour principal objectif de produire des données sur la prévalence des pots-de-vin versés par les
entreprises qui ont affaire à des agents publics. Afin de répondre aux besoins de travaux de
recherches propres à chaque pays, d'autres objectifs peuvent être envisagés, tels que la prévalence
de la pratique des pots-de-vin parmi les employés du secteur privé.
Définition et application du concept – l'indicateur 16.5.2 porte sur des formes de corruption plus
facilement mesurables (le fait de verser et de solliciter des pots-de-vin) et limite le champ
d'application au secteur publica. Il concerne le type d’actes de corruption auxquels les entreprises
sont confrontées lorsqu’elles ont affaire à l'administration publique ou à des agents publics.
Ventilation recommandée – les enquêtes nationales sur la corruption menées auprès des entreprises
devraient permettre de ventiler la prévalence de la pratique des pots-de-vin par type d'agent public,
secteur d'activité et taille de l'entreprise.
En plus de ces catégories de ventilation, d'autres critères peuvent être élaborés au niveau national.
a Métadonnées concernant les indicateurs mondiaux proposés aux fins de l'examen du Programme 2030 ; métadonnées
On trouvera dans les sections ci-après de plus amples informations sur les questions liées notamment
à l’échantillonnage, à la conception du questionnaire et à la formulation des questions, qui sont
traitées dans le cadre de modules intégrés et d’enquêtes spécialisées sur la corruption menées auprès
des entreprises.
104
Comme l'expérience de la pratique des pots-de-vin peut varier considérablement d'un secteur
économique à l'autre, il est important d'inclure le plus grand nombre de secteurs possible dans la
population cible. Par exemple, d'après Special Eurobarometer 374 : Corruption, la pratique des pots-
de-vin est la plus répandue dans les secteurs de la construction et du bâtiment (6 %), de l'ingénierie
et de l'électronique, et des véhicules motorisés (5 %) 111 . Dans l'enquête pilote The Crime Against
Business in Europe: a Pilot Survey112, elle était plus répandue parmi les entreprises des secteurs du
commerce de gros et de détail, de la construction, ainsi que du transport et de l'entreposage. Des
résultats semblables ont été enregistrés dans l'enquête de l’ONUDC intitulée Business, Corruption and
Crime in the western Balkans113 où la prévalence de la pratique des pots-de-vin était la plus élevée
dans le secteur du bâtiment et de la construction (12,2 %), du commerce de gros et de détail (10,3 %),
ainsi que du transport et du stockage (9,9 %).
Compte tenu de ce qui précède et de l'expérience acquise dans l'utilisation de populations cibles dans
les enquêtes sur la corruption menées auprès des entreprises par des organisations internationales, il
est recommandé de prendre en compte l'ensemble des secteurs économiques de base ci-après dans
la population cible de ce type d’enquêtes114 :
Activités de fabrication (C)
Production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et climatisation (D)
Distribution d’eau ; réseau d’assainissement ; gestion des déchets et remise en état (E)
Construction (F)
Commerce de gros et de détail, réparation de véhicules automobiles et de motocycles (G)
Transport et entreposage (H)
Activités d’hébergement et de restauration (I)
Information et communication (J)
Afin de garantir la cohérence et la comparabilité des résultats, il est recommandé d’inclure les secteurs
susmentionnés dans la population cible des enquêtes sur la corruption menées auprès des entreprises.
En ce qui concerne la taille des entreprises à prendre en compte dans la population cible, il est
fréquent d'exclure les entreprises de très petite taille. Par exemple, plusieurs enquêtes nationales
excluent de leurs échantillons les entreprises individuelles ou les entreprises basées dans des locaux
résidentiels115.
Commission européenne, 2014, « 2.3 How corrupt are politicians at national, regional or local level? » dans Businesses’ Attitudes
111
Towards Corruption in the EU, Flash Eurobarometer 373 – TNS Political & Social (2014), p. 30.
112
Commission européenne, Gallup and Transcrime, « 2.2.3 Relevance of each type of crime in the different economic sectors », The
Crime Against Businesses in Europe: a Pilot Survey (2012).
113
ONUDC, Business, Corruption and Crime in the western Balkans: the Impact of Bribery and Other Crime on Private Enterprise
(Vienne, 2013), p. 1.
114
Nomenclature fondée sur : Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat de l’ONU, Classification
internationale type, par industrie, de toutes les branches d'activité économique (CITI), Rév. 4 (2008). Disponible à l’adresse suivante :
https://unstats.un.org/unsd/publication/seriesm/seriesm_4rev4e.pdf.
115
Par exemple, Home Office, Business Crime Scoping Exercise - Methodological work to consider the scope and feasibility of a new
survey to measure commercial victimization (2010) ; Swiss Business Crime Survey ; Italian Business Crime Survey ; European Business
Crime Survey ; International Crime against Business Survey, Chine, et National Survey on Business Victimization, Mexique.
105
Tableau 9 : Secteurs économiques visés par les enquêtes sur la corruption menées auprès des
entreprises et élaborées par des organisations internationales
Classification du
Enquête Organisation secteur Secteurs ciblés
économique
NACE, Rév. 2
Activités de fabrication ; production et
Catégories C, D, E, distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et
Business, F, G, H, I climatisation ; distribution d’eau ; réseau
Corruption and d’assainissement ; gestion des déchets et
ONUDC Les catégories C, D remise en état (C, D, E) ; construction (F) ;
Crime in the
et E sont commerce de gros et de détail, réparation de
western Balkans véhicules automobiles et de motocycles (G) ;
regroupées en une
aux fins du transport et entreposage (H) ; activités
d’hébergement et de restauration (I)
signalement
116
NACE est l'acronyme de « Nomenclature statistique des activités économiques dans l'Union européenne », qui est une
classification propres aux régions. Cette nomenclature est fondée sur la Classification internationale type, par industrie, de toutes
les branches d'activité économique (CITI) et comporte les mêmes rubriques aux niveaux les plus élevés ; elle est toutefois plus
détaillée aux niveaux inférieurs, en raison des caractéristiques de l'Union européenne. L'utilisation de la même structure générale
permet une comparabilité internationale globale.
106
Tableau 10 : Taille des entreprises visées par les enquêtes sur la corruption menées auprès des
entreprises et élaborées par des organisations internationales
Petite 5 à 19 employés
Petite 10 à 49 employés
Business, Corruption and
ONUDC
Crime in the western Balkans
Moyenne 50 à 249 employés
Petite 10 à 49 employés
The Crime Against Business in Commission européenne,
Europe: a Pilot Survey Gallup and Transcrime Moyenne 50 à 249 employés
Lors de la planification d'une enquête sur la corruption dans les entreprises, la population cible doit,
dans la mesure du possible, comprendre des entreprises de toutes tailles, qui peuvent être ventilées
selon les catégories suivantes :
Micro = jusqu’à 9 employés
Petite = 10 à 49 employés
Moyenne = 50 à 249 employés
Grande = 250 employés et plus
Les organismes nationaux de statistique tiennent généralement des registres centralisés contenant
des informations de base sur les entreprises et entités commerciales. Ces registres, qui sont
généralement le sous-produit des registres fiscaux ou administratifs gérés par les autorités nationales,
sont souvent utilisés comme bases de sondage pour les enquêtes menées auprès des entreprises. En
outre, un certain nombre d'entreprises tiennent des bases de données commerciales qui peuvent être
utilisées comme bases de sondage. Cependant, leur coût élevé est l'un de leurs principaux
inconvénients.
107
La corruption et le secteur informel
En général, les bases d'échantillonnage et les populations cibles correspondantes des enquêtes
menées dans le secteur privé n’incluent pas le secteur informel. Cela s'applique également aux
enquêtes sur la corruption menées auprès des entreprises, ce qui signifie que l'expérience de la
pratique des pots-de-vin des entités économiques informelles n'est pas prise en compte dans ces
enquêtes.
Les entreprises informelles sont tantôt plus vulnérables à certains actes de corruption (par exemple,
lorsqu'elles ont affaire aux services de détection et de répression pour non-respect du cadre
réglementaire), tantôt moins exposées à d'autres formes de corruption car elles sont moins visibles
pour certains organismes. L'étude des caractéristiques et de la dynamique de la corruption qui
touche ce secteur de l'économie permettrait de mieux comprendre la corruption au sein des
entreprises, en particulier dans les pays en développement où le secteur informel peut représenter
une part importante de l'ensemble de l'économie.
Dans les pays où le secteur informel occupe une large place, on peut envisager de mener une activité
supplémentaire de manière à prendre en compte le secteur informel comme population cible
supplémentaire. À cette fin, étant donné qu’en général les bases de sondage des enquêtes menées
auprès des entreprises n’incluent pas les entités informelles, il convient d'adopter une autre
méthode. Une méthode possible consiste à intégrer un module spécialisé afin de repérer les entités
du secteur informel lors d’une enquête menée auprès des ménages : lorsqu'un individu qui fait partie
de la population active (par exemple, tout individu ayant travaillé au moins une heure au cours de
la semaine de référence) se déclare auto-entrepreneur ou propriétaire d'une unité dont les
conditions la rattachent au secteur informel (critère de taille ou de non-enregistrement), le
questionnaire sur la corruption des entreprises est appliqué à cette unité informellea.
Les enquêtes 1-2-3, menées par Développement, Institutions et Mondialisation, sont un exemple
d'enquêtes fondées sur cette approche. Le premier questionnaire permet de repérer les ménages
qui ont une entreprise informelle et le second de recueillir des informations sur ces entreprises. Entre
2001 et 2004, un module sur les nombreuses dimensions de la pauvreté, de la gouvernance et de la
démocratie a été ajouté à l'enquête et mis en œuvre dans sept capitales d'Afrique de l'Ouest (Bénin,
Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo) et à Madagascarb. Ce module comprend
également des questions sur l'expérience et la perception de la pratique des pots-de-vinc. Toutefois,
la démarche adoptée dans le cadre des enquêtes 1-2-3 présente certaines limites ; par exemple, sans
une base d'échantillonnage appropriée, il y a peu de chances de pouvoir prendre en compte toutes
les activités informelles de manière probabiliste, en particulier dans le cas d'activités marginales ou
géographiquement concentrées.
a François Roubaud, Fiscaliser le Secteur Informel : Est-ce Souhaitable, Est-ce Possible ? Projet MADIO (1997) p. 85 ;
Organisation internationale du travail, Mesurer l’informalité : Manuel statistique sur le secteur informel et l’emploi informel
(Genève, 2013).
b Mireille Razafindrakoto et François Roubaud, « Les multiples facettes de la pauvreté dans un pays en
développement. Le cas de la capitale malgache », Economie et statistique, n° 383-385 (2005), p. 131 à 155.
c Javier Herrera, Mireille Razafindrakoto et François Roubaud, « Governance, democracy and poverty reduction:
lessons drawn from households in sub-Saharan Africa and Latin America », International Statistical Review,
vol. 75, n° 1 (2007), p. 70 à 95.
108
b) Unité d'échantillonnage
Les unités d'échantillonnage des enquêtes menées auprès des entreprises sont généralement des
« établissements commerciaux individuels »117 ou des « entités commerciales ».118 Selon les données
d'expériences recueillies dans le répertoire des outils de mesures de la corruption du Centre
d'excellence ONUDC-INEGI, la grande majorité des enquêtes sur la corruption dans les entreprises
utilisent l'établissement commercial comme unité d'enquête 119 . Cette méthode est également
privilégiée dans les enquêtes de victimisation des entreprises parce que les infractions pénales
classiques telles que le vol, le vol qualifié et la fraude sont souvent perpétrées au niveau local et qu'il
est important de déterminer le lieu exact où elles se produisent ; il peut être difficile pour les grandes
entreprises de fournir des informations sur les actes criminels commis dans l'ensemble de leurs
établissements120.
Le type d'unité d'échantillonnage est souvent déterminé par l'unité utilisée dans les bases de sondage
disponibles dans le pays. L'utilisation fréquente d'établissements comme unités d'échantillonnage est
souvent basée sur les objectifs de plusieurs enquêtes menées auprès des entreprises, qui portent sur
des questions liées à la production, à la main-d'œuvre et à la productivité ainsi que sur la manière
dont celles-ci sont liées à l'environnement commercial au niveau local.
Comme la corruption est liée au type de transaction ou de procédure commerciale, certains actes
sont plus susceptibles de se produire au niveau du siège (par exemple, les déclarations fiscales étant
traitées au siège, tout acte de corruption connexe se produira à ce niveau), tandis que d'autres sont
plus susceptibles de se produire au niveau des établissements (par exemple, les demandes de services
publics). Si l'unité d'échantillonnage est l'établissement, tant le siège que les unités commerciales
situées ailleurs ont une probabilité d'être sélectionnées, tandis que si l'unité d'échantillonnage est
l'entité commerciale, les établissements dépendants sont exclus de l'enquête.
L'utilisation d'établissements comme unités d'échantillonnage permet, en principe, d'obtenir des
informations plus complètes et plus précises sur les cas de corruption, tandis que l'utilisation d'entités
commerciales comme unités d'échantillonnage permet de se concentrer davantage sur les
procédures et les transactions commerciales qui ont lieu au niveau du siège. Le choix de l'unité
d'échantillonnage dépend principalement du type d'informations disponibles dans les registres du
commerce. Dans certains pays, seuls les registres au niveau des entreprises sont disponibles (c'est-à-
dire que la base de données ne contient qu'une seule entrée pour une entreprise comptant plusieurs
établissements), tandis que dans d'autres, seules les listes d'établissements sont disponibles
(généralement à partir d'un recensement des entreprises). Néanmoins, il convient de rappeler que la
grande majorité des entreprises, en particulier les petites entreprises, n'ont qu'un seul établissement
D’après le Département des affaires économiques et sociales, Classification internationale type, par industrie, de toutes les
117
branches d'activité économique (CITI), Rév. 4 (2008), « L’établissement se définit comme une entreprise ou une partie d’une
entreprise qui est située en un seul lieu et où s’exerce une seule activité de production (non auxiliaire) ou dont la principale activité
de production représente la majeure partie de la valeur ajoutée ».
118
Ibid. « Une entreprise est un opérateur économique autonome du point de vue de la prise de décisions financières et
d’investissement, et qui a l’autorité et la responsabilité en matière d’affectation de ressources pour la production de biens et de
services. Elle peut exercer une ou plusieurs activités de production ».
119
Une exception est l'enquête menée par l'ONUDC, Business, Corruption and Crime in the western Balkans: the Impact of Bribery
and Other Crime on Private Enterprise, qui ciblait les entités commerciales (définies comme une entreprise et ses éléments
constitutifs situés dans un seul ou plusieurs lieux) car les bases de sondage disponibles au niveau national ne comprenaient pas
d'informations sur les unités locales commerciales.
120
ONUDC-CEE, Manuel sur les enquêtes de victimisation.
109
et sont donc représentées de la même manière dans la base de sondage, quelle que soit l'unité
d'échantillonnage adoptée.
c) Mode d'enquête
Le mode d'enquête revêt également une grande importance dans les enquêtes sur la corruption
menées auprès des entreprises. Le risque d'atteinte à la réputation et la crainte de représailles ou de
conséquences juridiques peuvent avoir une incidence sur le type d'informations divulguées au cours
de l'enquête. Le choix du mode d'enquête doit donc être évalué très soigneusement au stade de la
planification et il convient de prendre dûment en considération celui qui respecte le plus la vie privée
des personnes interrogées.
D'après une étude menée par le Centre d'excellence ONUDC-INEGI, le mode d'enquête qui
prédomine est l'entretien en face à face (46 % des cas), suivi par les entretiens en ligne auto-
administrés (27 % des cas) et les entretiens par téléphone (22 % des cas). Le recours aux
questionnaires en ligne est assez courant, surtout si on le compare aux pratiques utilisées dans les
enquêtes sur la corruption menées au sein de la population. Ce mode d'enquête est plus fréquent car
il respecte davantage la vie privée des répondants (leurs réponses étant directement enregistrées par
l'outil en ligne) et offre une certaine souplesse puisqu’ils peuvent remplir le questionnaire où et quand
ils le souhaitent.
Malgré ces avantages, l'entretien en ligne peut entraîner un biais d'auto-sélection, car le taux de
réponse est nettement inférieur à celui enregistré dans les entretiens en face à face ou par téléphone,
les répondants peuvent avoir un profil très différents des autres personnes échantillonnées qui n'ont
pas participé à l'enquête. Les études réalisées ont montré que les participants qui préféraient les
enquêtes en ligne aux questionnaires papier-crayon, par exemple, se distinguaient de leurs
homologues par un certain nombre d'aspects sociodémographiques121. Cela peut avoir une influence
sur l'exposition à l'expérience de la corruption ainsi que sur la probabilité de la signaler.
Le choix de la méthode d'entretien doit être soigneusement évalué en fonction du contexte social et
technologique dans lequel l'enquête est menée. Dans la mesure du possible, différents modes
d'enquête devraient être testés au cours de la phase pilote afin d'évaluer les effets qu'ils pourraient
avoir sur les résultats de l'enquête122.
Andreas Mayr et al., « Web-based data collection yielded an additional response bias − but had no direct effect on outcome
121
110
Exemples de méthodes de collecte de données utilisées dans le cadre
d’enquêtes nationales sur la corruption menées auprès des entreprises
Au Mexique, l'enquête intitulée National Survey on Business Victimization (ENVE), qui est réalisée
par l'INEGI tous les deux ans depuis 2012, comprend une série de questions sur l'expérience de la
pratique des pots-de-vin des entreprises avec le secteur public. Elle a été réalisée par l'INEGI auprès
d'un large éventail d'entreprises au moyen d'entretiens en face à face. Cette méthode de collecte
des données, qui présentait l'avantage de garantir un taux de réponse élevé, a essentiellement été
choisie dans le but d'obtenir la confiance et la coopération des entreprises. L'excellente réputation
de l'INEGI, qui est considéré comme un organisme fiable au Mexique, a été l'un des facteurs clés
ayant permis de convaincre les entreprises de répondre à des questions hautement sensibles sur
leur expérience de la corruption.
Dans le cadre de l'enquête de 2012, intitulée Business, Corruption and Crime in the western Balkans,
coordonnée par l'ONUDC et réalisée par les organismes nationaux de statistiques et des centres de
recherche de sept pays ou zones de cette région, la collecte de donnée a été effectuée lors
d'entretiens en face à face, soit au moyen de questionnaires papier-crayon, soit à l'aide d'appareils
portatifs. Comme le questionnaire était exactement le même dans les deux cas, une comparaison
des deux méthodes de collecte de données a permis de recueillir des informations précieuses sur
les différents instruments. En Bosnie-Herzégovine et en Croatie, les enquêteurs ont utilisé des
appareils portatifs pour enregistrer les données recueillies lors des entretiens en face à face, tandis
que dans les cinq autres pays ou régions des Balkans occidentaux, les enquêteurs ont utilisé une
méthode papier traditionnelle. Avec 36,1 minutes, la durée totale des entretiens papier-crayon
(n=9 243) était 12 % plus longue que la durée totale des entretiens en face à face (32,2 minutes,
n=3 505). Cela signifie que lorsque l’on contrôle le flux du questionnaire grâce à un logiciel
spécialement conçu, l'utilisation des questionnaires informatisés permet de réduire
considérablement la durée des entretiens. En outre, les entretiens en face à face permettent de
gagner encore plus de temps puisqu'on ne saisit pas les données manuellement comme dans le cas
des questionnaires papier, qui sont normalement accompagnés de contrôles de cohérence
supplémentaires. En outre, les contrôles logiques effectués au stade de la saisie des données
pendant les entretiens en face à face permettent d'effectuer des vérification directement auprès des
personnes interrogées et de garantir des réponses de meilleure qualité qu'avec les questionnaires
papier.
123
Centre d'excellence ONUDC-INEGI, répertoire des outils de mesures de la corruption.
111
En fonction des ressources disponibles et des besoins d'informations, différents niveaux de ventilation
des trois critères peuvent être utilisés. Par exemple, dans Entreprise Survey, la Banque mondiale utilise
différents degrés de ventilation pour la stratification sectorielle en fonction de la taille de l'économie.
Les économies de très petite tailles sont stratifiées en deux macro-secteurs seulement (industrie
manufacturière et services) tandis que, dans les économies de plus grande taille, le secteur
manufacturier est ventilé en un certain nombre de sous-secteurs et le secteur des services comprend
le commerce de détail et d'autres services.
Dans le cas des enquêtes sur la corruption ciblant les entreprises, la taille de l'échantillon doit être
choisie en fonction de la précision souhaitée des estimations de l'enquête, ainsi que du temps et des
ressources financières disponibles pour la réalisation de l'enquête. En outre, la taille de l'échantillon
dépend du type et du nombre de critères de ventilation pour lesquels des estimations doivent être
produites séparément, tels que le secteur économique, la taille de l'entreprise et la région
géographique.
Par exemple, l'enquête intitulée Italian Business Crime Survey (2008)124, menée en Italie, a exigé un
échantillon important car il fallait obtenir des estimations au niveau régional et, dans certains
domaines, au niveau provincial. Dans l'enquête suisse intitulée Swiss Business Crime Survey (2010) 125,
la taille de l'échantillon était également relativement importante car il fallait obtenir des estimations
pour les quatre régions linguistiques (allemand, français, italien et romanche). De même, au Mexique,
dans le cadre de l'enquête intitulée National Survey on Business Victimization (ENVE), l'INEGI a
sélectionné un échantillon d'environ 34 000 unités économiques afin de produire des estimations par
secteur (industrie, commerce et services) et par taille d'entreprise (micro, petite, moyenne et grande).
En revanche, les enquêtes menées auprès des entreprises au niveau international reposent souvent
sur des échantillons nettement plus petits car l'objectif principal est de produire des estimations au
niveau national uniquement.
124
Le résumé est disponible à l’adresse suivante : www.transcrime.it/wp-content/uploads/2014/02/Executive-summary-Report-
16.pdf.
125
Les principales conclusions sont disponibles à l’adresse suivante :
www.unisg.ch/en/wissen/newsroom/aktuell/rssnews/forschung-lehre/2014/april/swissbusinesscrimesurvey-29april2014.
112
Selon le répertoire des outils de mesures de la corruption du Centre d'excellence ONUDC-INEGI, les
postes occupés par les répondants au sein de l'entreprise varient considérablement. Par exemple,
dans le cadre de l'enquête intitulée International Crime against Business Survey menée en Chine en
2005-2006, plus de la moitié des personnes interrogées occupaient des postes de direction (22,8 %
étaient propriétaires, directeurs généraux ou chefs d'entreprise ; 17,1 % étaient directeurs
d'établissement et 12,6 % occupaient différents postes de direction, tels que directeur financier ou
directeur de production), tandis que les autres personnes interrogées étaient des employés
ordinaires126. Dans l'enquête intitulée Swiss International Corruption Survey,127 41 % des personnes
interrogées étaient des présidents-directeurs généraux, des directeurs ou des cadres de l'entreprise
échantillonnée, 38 % étaient des propriétaires ou des actionnaires importants et 9 % étaient des
directeurs financiers128. Environ 47 % des personnes interrogées dans le cadre de l'enquête intitulée
Business, Corruption and Crime in the western Balkans, menée en 2012, étaient des propriétaires ou
des actionnaires importants, 24 % étaient des présidents-directeurs généraux, des directeurs ou des
cadres, 14 % étaient des responsables des services financiers, 4 % étaient des responsables des
ressources humaines et 3 % étaient des juristes de haut rang des entités commerciales sélectionnées.
3. Conception du questionnaire
Dans une enquête par sondage, les informations que l'on cherche à obtenir doivent se traduire par
des questions à poser aux répondants. Il faut donc procéder avec soin à la sélection des questions, à
leur formulation claire et concise et à l'élaboration d'une structure de questionnaire logique, car le
type de questions posées, la manière dont elles sont formulées et l'ordre dans lequel elles sont
présentées peuvent influencer considérablement les réponses fournies129.
Basée sur la pratique et l'expérience d’enquêtes sur la corruption menées auprès d’entreprises dans
plusieurs pays à travers le monde, la présente section vise à traiter les questions susmentionnées,
grâce à des suggestions sur les principaux sujets à couvrir et sur la manière de formuler les questions
sensibles sur l'expérience de la pratique des pots-de-vin.
Cet ensemble de questions comprend généralement des informations sur l'accès des entreprises
aux services de base et la qualité de ces services (tels que l'obtention de services publics et le
126
Roderic G. Broadhurst et al., « Business and the risk of crime in China », British Journal of Criminology (2011).
www.alexandria.unisg.ch/252622/1/REPORT_SICS_Final_The%20Swiss%20international%20Corruption%20survey.pdf.
Martin Killias et Giang Ly Isenring, « A survey on business crime in Switzerland: on the difficulties of field research” (University of
128
Zurich, 2011).
James P. Lynch, « Problems and promise of victimization surveys for cross-national research » ; Roger Tourangeau, Cognitive
129
Aspects of Survey Methodology: Building a Bridge Between Disciplines; Fritz Strack et Leonard L. Martin, « Thinking, Judging, and
communicating: a process account of context effects in attitude surveys » ; Norbert Schwarz et Hans-J. Hippler, « Subsequent
questions may influence answers to preceding questions in mail surveys » ; Seymour Sudman, Norman N. Bradburn et Norbert
Schwarz, Thinking About Answers: The Application of Cognitive Processes to Survey Methodology.
113
dédouanement des marchandises) et sur leur expérience de l'adéquation et de l'efficacité des
services publics. Comme il est largement admis que la corruption, sous quelque forme que ce soit,
nuit à l'efficacité des services publics et porte atteinte à l’opinion qu'ont les entreprises de ces
services et à l'évaluation qu'ils en font130, il est possible d’inclure une série de questions sur la
satisfaction des entreprises à l'égard des services publics afin d’évaluer ce lien.
Cette série de questions est utile pour comprendre dans quelle mesure la façon dont les pratiques
de corruption sont perçues et acceptées varie et quelle distinction font les entreprises entre la
corruption, les paiements dits de facilitation et de simples cadeaux131. En outre, elle permet de
déterminer si les différentes attitudes à l'égard de la corruption ont un effet sur la propension des
entreprises à verser des pots-de-vin.
Il convient d'évaluer le niveau de confiance accordé aux organismes publics, notamment les
services de détection et de répression et le système de justice pénale, afin de mieux comprendre
si et comment la perception et la pratique de la corruption influent sur ce niveau de confiance132.
Bien que la mesure de l'expérience de la corruption soit principalement axée sur la pratique des
pots-de-vin, la mesure de la perception de la corruption peut, quant à elle, reposer sur un éventail
plus large d'attitudes et de croyances (par exemple les conflits d'intérêts, l'abus de pouvoir et le
détournement de fonds publics). Il importe aussi d'inclure des questions sur la perception de la
corruption afin d’examiner le lien entre l'expérience directe de la corruption et la perception
générale de ses tendances et de son ampleur. En tout état de cause, ces questions permettent
d'en savoir plus sur l'expérience de la corruption, sans en connaître l’ampleur réelle.
Ce type de question permet aux entreprises d'indiquer dans quelle mesure une liste d'obstacles
les dissuade d'exercer leur activité. Il peut s'agir notamment d'une fiscalité élevée et complexe, de
la réglementation du travail, de l'instabilité politique, de la criminalité et de l’insécurité. Ce type de
question est utile pour déterminer si et dans quelle mesure la corruption est considérée comme
un obstacle à l'activité économique par rapport à d'autres obstacles.
Ces questions doivent permettre de mieux comprendre dans quelle mesure les entreprises sont
conscientes de l'action menée par les organismes de lutte contre la corruption et quelle est la
perception de l'efficacité de chacun de ces organismes.
130
Heungsik Park et John Blenkinsop, « The roles of transparency and trust in the relationship between corruption and citizen
satisfaction » ; Alberto Vannucci, « Three paradigms for the analysis of corruption ».
131
Par exemple, la question ci-après est posée dans le Flash Eurobarometer 374 : recevoir un cadeau en contrepartie d'une faveur
peut être une marque d'estime et de gentillesse, mais peut aussi être considéré comme un pot-de-vin. Si un agent public reçoit de
l'argent, un cadeau ou un service, à partir de quelle valeur considéreriez-vous qu'il s'agit d'un pot-de-vin ?
132
Stephen D. Morris, « Corruption and trust: theoretical considerations and evidence from Mexico » ; Heungsik Park et John
Blenkinsop, « The roles of transparency and trust in the relationship between corruption and citizen satisfaction ».
114
Expérience de la pratique des pots-de-vin dans le cadre de rapports avec des agents publics
g) Cas de versement de pots-de-vin dans le cadre de rapports avec des agents publics
Cette section représente la partie centrale du questionnaire. L'objectif de cette série de questions
est de recenser tous les cas de versement de pots-de-vin auxquels ont été confrontées les
entreprises qui ont eu affaire à un agent public dans le cadre d'une procédure donnée (par
exemple dédouaner des marchandises, demander un permis de construire et obtenir une
autorisation) au cours de la période de référence. Ces questions permettent de mesurer la
prévalence et la fréquence de la pratique des pots-de-vin dans les entreprises qui ont affaire à des
agents publics.
h) Caractéristiques et circonstances des cas de versement des pots-de-vin dans le cadre de rapports
avec des agents publics
i) Mesures prises par les personnes ayant versé des pots-de-vin dans le cadre de rapports avec des
agents publics
Dans cette série de question, on cherche à savoir si un cas de versement de pots-de-vin a été
signalé aux autorités compétentes et, s'il ne l'a pas été, d'en connaître le motif ou le résultat, et le
niveau de satisfaction à l'égard des mesures prises par les autorités compétentes. Ces informations
sont importantes pour comprendre si les mesures prises par le système de justice pénale et
d'autres organismes officiels en vue de combattre la pratique des pots-de-vin dans le secteur
public sont efficaces et efficientes.
Compte tenu du risque élevé de corruption dans les procédures de passation de marchés publics,
il est possible d'inclure une série de questions visant à recenser les cas de versement de pots-de-
vin qui surviennent lors de la passation de marchés publics.
Expérience de la pratique des pots-de-vin dans le cadre de rapports avec des employés du secteur
privé
k) Cas de versement de pots-de-vin dans le cadre de rapports avec des employés du secteur privé
Les entreprises peuvent avoir besoin d’entrer en contact avec d'autres entreprises du secteur privé
pour obtenir ou effectuer une transaction commerciale donnée. Dans cette section, on cherche à
mesurer les expériences de la pratique des pots-de-vin qui ont pu se produire lors de telles
transactions. L'objectif de cette série de questions est de recenser tous les cas de versement de
pots-de-vin auxquels ont été confrontées les entreprises qui ont eu affaire à un employé d'une
autre entreprise du secteur privé dans le cadre d'une procédure donnée au cours de la période
de référence.
115
En approfondissant l’examen du dernier cas de versement de pots-de-vin auquel les personnes
interrogées ont été confrontées, il est possible de recueillir des informations supplémentaires sur
ses caractéristiques (par exemple le type d’employé, le sexe de l'employé et le montant versé).
Cette série de questions permet d'analyser des informations supplémentaires afin de mieux
comprendre les complexités de la pratique des pots-de-vin dans le secteur privé et d’élaborer des
politiques fondées sur des données factuelles.
m) Mesures prises par les personnes ayant versé des pots-de-vin dans le cadre de rapports avec des
employés du secteur privé
Dans cette série de question, on cherche à savoir si un cas de versement de pots-de-vin a été
signalé aux autorités compétentes et, s'il ne l'a pas été, d'en connaître le motif ou le résultat, et le
niveau de satisfaction à l'égard des mesures prises par les autorités compétentes. Ces informations
sont importantes pour comprendre si les mesures prises par la justice pénale en vue de combattre
la pratique des pots-de-vin dans le secteur privé sont efficaces.
Il convient également de recueillir des informations générales sur le répondant à l'enquête, telles
que sa fonction et la durée de son engagement dans l'entreprise.
Évaluation
p) Évaluation de l’entretien
Cette partie du questionnaire doit être remplie par l’enquêteur en vue de garder une trace du
déroulement de l'entretien et de ses principales caractéristiques (par exemple la durée, la langue
employée, le fait d’avoir rempli ou non le questionnaire et les raisons pour lesquelles il n’a pas été
rempli).
116
Tableau 11 : Propositions de sujets à traiter dans les enquêtes spécialisées et les modules intégrés
sur la corruption
Niveau de
Niveau de priorité priorité de
Informations particulières sur de traitement traitement
Section Sujet
chaque sujet dans une enquête dans un
spécialisée module
intégré
Accès aux services Accès aux différents services
publics et évaluation de publics !
la qualité et de l'intégrité
Satisfaction à l'égard des différents
de ces services
services publics !
Sensibilisation à la
Évaluation des différences de
corruption et
perception de la corruption
Sensibilisation à la corruption, confiance dans les institutions et perception de la corruption
acceptabilité/caractère
sensible de certaines Acceptabilité de certaines
pratiques pratiques auxquelles se livrent les !
agents publics ou qui surviennent
dans le cadre d'interactions avec
eux
Perception des
Évaluation de la perception des
obstacles à l’activité
obstacles à l'activité commerciale !
commerciale
Connaissance et
efficacité des
organismes et services !
de lutte contre la
corruption
117
Cas de versement de Participation à des
pots-de-vin dans le transactions/procédures avec le
cadre de rapports avec secteur public, par type de
! !!
des agents publics procédure
118
Expérience de la Participation à un appel d'offres
Expérience de la pratique des pots-de-vin dans la passation de pratique des pots-de- public ou à une procédure de
vin dans la passation de passation de marché public au !
marchés publics cours d'une période de référence
donnée
Type de pot-de-vin !
Type de service pour lequel le
pot-de-vin a été versé !
Objet du pot-de-vin !
Moment où le pot-de-vin a été
versé !
119
Coût du pot-de-vin !
Mesures prises par la Signalement aux autorités
personne ayant versé un compétentes !
pot-de-vin à la suite de
l’expérience de Résultat du signalement !
corruption la plus
Raison pour laquelle il n’a pas été
récente
signalé !
Satisfaction du travail effectué par
les autorités compétentes !
Conséquences négatives liées au
fait de ne pas avoir versé le pot- !
de-vin sollicité
!! !!
commercial et du représentant
Nombre d’employés
Langue employée
Légende :
!! Sujets qui devraient être traités dans une enquête spécialisée et dans un module d'enquête sur la corruption.
! Sujets pouvant être traités dans une enquête consacrée à la corruption, sous réserve de la disponibilité des
ressources et des priorités nationales.
Sujets à traiter pour calculer l'indicateur 16.5.2.
120
précision des réponses133. Lors de l'élaboration du questionnaire d’une enquête, il convient d’adapter
la formulation en fonction d'un certain nombre d'aspects, tels que le style général, la durée et le mode
de collecte des données. En outre, dans chaque pays, la formulation exacte devra tenir compte du
sens donné aux termes dans la langue ou les langues nationales et de leur emploi (ou acception) dans
divers contextes culturels.
L'indicateur 16.5.2 est défini comme suit : « Proportion d’entreprises ayant eu au moins une fois affaire
à un agent public auquel elles ont versé un pot-de-vin ou qui leur a demandé un pot-de-vin au cours
des 12 mois précédents ».
Le calcul de l'indicateur 16.5.2 comporte trois tâches essentielles et autant de questions
correspondantes :
1. Repérer les entreprises qui ont eu affaire au secteur public pour effectuer certaines
procédures pendant la période de référence de l'enquête
2. Repérer les entreprises qui ont versé, au moins une fois, un pot-de-vin au cours de la période
de référence de l'enquête
3. Repérer les entreprises auxquelles un agent public a demandé qu’un pot-de-vin lui soit versé
mais qui ne l'ont pas fait
Chaque question devrait énoncer tous les éléments qui définissent l’acte en question afin d'inciter les
répondants à se remémorer des cas réunissant tous ces éléments134. On trouvera dans les sections ci-
après des conseils pour formuler ces trois questions.
Question 1 :
Au cours des 12 derniers mois, votre entreprise a-t-elle eu affaire, y compris par un intermédiaire, à un
agent public, dans le cadre de l’une des procédures administratives ci-après ?
Il s'agit d'une question filtre qui sert à déterminer quelles sont les entreprises qui ont affaire à des
agents publics afin d’accéder à des services publics et qui, par conséquent, s’exposent à la pratique
des pots-de-vin. Cette question vient également préciser le sujet général de l'entretien sur lequel les
répondant doivent focaliser leur attention afin de mieux se souvenir des cas pertinents.
On peut interroger les répondants sur leurs rapports récents avec l'administration publique sous deux
principaux angles : 1) les interactions avec certains types d'agents publics ; 2) le traitement de
procédures administratives.
Les deux méthodes présentent des avantages et des inconvénients : en utilisant la question filtre sur
les interactions avec certains types d'agents publics, il peut être plus facile pour les répondants de se
souvenir d'expériences personnelles de rencontre ou de discussion qu'ils ont eues avec certains types
d'agents plutôt que d'autres ; en outre, certains types d'interactions avec certains types d'agents, tels
que les policiers, les enseignants ou les professionnels de la santé, peuvent avoir lieu en dehors du
contexte des procédures administratives formelles. Toutefois, dans une enquête sur l'expérience de
la pratique des pots-de-vin dans les entreprises, l'utilisation d'une question filtre axée sur les
procédures administratives est plus adaptée car elle reflète les interactions réelles entre deux entités
(entreprises et administration publique), tandis qu'une question filtre axée sur les interactions avec les
agents publics est mieux adaptée lorsqu'il s'agit d'identifier les interactions entre deux personnes (le
Les métadonnées des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable sont publiées dans le répertoire de la Division
133
121
répondant et l'agent public). En outre, cette approche devrait aider les répondants à se souvenir des
procédures effectuées par leur entreprise au cours de la période de référence.
Par conséquent, lors de la conception d'une question filtre visant à repérer les entreprises qui ont eu
affaire au secteur public, il est indispensable de fournir une liste complète des procédures
administratives. Une liste type permet de préciser la nature des transactions à prendre en compte et
d’améliorer la comparabilité des données. La liste de procédures figurant ci-après a été élaborée à
partir d'enquêtes nationales et régionales sur la corruption. Elle ne saurait constituer une liste
restrictive mais plutôt une liste de catégories à compléter sur la base des réglementations et pratiques
nationales.
Tableau 12 : Liste type de procédures administratives pouvant figurer dans le questionnaire
d'enquête
Niveau de
Procédure administrative
priorité
Procédures relatives à la santé/sécurité des travailleurs (y compris les inspections sur site) !!
Procédures relatives aux questions de santé/sécurité/environnement hors site !!
Demandes de contrats de services publics ou de raccordements au réseau (électricité, !!
gaz, eau, assainissement, etc.)
!! Principales procédures administratives qui devraient figurer dans les questionnaires d'enquête pour assurer la
comparabilité des données.
! Autres procédures administratives pouvant figurer dans les questionnaires d'enquête, en fonction du contexte
national.
122
Comparaison de la sélection des répondants ayant eu affaire à des agents
publics, par type d’agent public et de procédure administrative
Dans le cadre de l'enquête de l'ONUDC intitulée Businesses, Corruption and Crime in the western
Balkans (2013), deux versions différentes du questionnaire d'enquête ont été mises à l'essai afin
d'évaluer les différences de sélection des répondants qui ont eu affaire à des agents publics, ventilés
par type d'agent public ou par type de procédure administrative. Si les deux versions portaient sur
la prévalence de la pratique des pots-de-vin dans les entreprises qui ont eu affaire à l'administration
publique pendant la période de référence, la première fournissait aux répondants une liste de types
d'agents publics, et la deuxième, une liste de procédures.
Les résultats de ces deux exercices pilotes sont présentés ci-dessous et montrent des différences
dans la prévalence de la pratique des pots-de-vin. La mesure de la prévalence de la pratique des
pots-de-vin par type de procédure a donné des résultats plus précis et plus facilement exploitables
que par type de fonctionnaire, car ils ont permis de mettre en évidence les procédures les plus
vulnérables à la corruption. En outre, cette série de questions filtres a aidé les personnes interrogées
à mieux se souvenir des faits qui se sont produits.
Prévalence de la pratique des pots-de-vin parmi les entreprises ayant eu affaire à des
agents publics, par type d'agent public (Balkans occidentaux, 2013)
Agents des douanes 16%
Agents du cadastre 11%
Autre type d’agent public 10%
Agents municipaux/régionaux 10%
Agents d’inspection 8%
Agents de police 6%
Représentants élus municipaux ou provinciaux 5%
Agents des services publics 5%
Agents des impôts/du fisc 5%
Juges/procureurs 4%
Agents de l’organisme/ministère chargé de la protection sociale 2%
Députés, membres du gouvernement 0%
0% 5% 10% 15% 20%
Source : ONUDC.
Prévalence de la pratique des pots-de-vin parmi les entreprises ayant eu affaire à des
agents publics, par type de procédure administrative (Balkans occidentaux, 2013)
Raccordement au réseau
Obtention de marchés publics sans appel d’offres
Autorisation auprès d’un organisme public
Délivrance de permis de construire
Procédures juridiques
Dédouanement de marchandises
Obtention de marchés publics avec appel d’offres
Inspections des locaux de l’entreprise
Gestion de la réglementation liée au travail
Traitement des déclarations fiscales
Source : ONUDC.
123
Question 2 :
S’agissant de [la procédure mentionnée], au cours des 12 derniers mois, est-il arrivé à votre entreprise
d’avoir à donner, y compris par un intermédiaire, à un agent public impliqué dans ces procédures, un
cadeau, une contrepartie ou une somme d'argent (en sus du montant officiel) ?
La formulation de la question sur l'expérience de la pratique des pots-de-vin est fondamentale car
elle doit à la fois être très précise et favoriser une réponse exacte qui réduise au minimum les effets
possibles du déclin de la mémoire et du biais de désirabilité sociale. La formulation proposée de la
question doit tenir compte des aspects suivants :
Afin de réduire au minimum les problèmes de stigmatisation et de désirabilité sociales, la
question sur l'expérience de la pratique des pots-de-vin doit être formulée de sorte que la
personne interrogée ait le sentiment d’avoir été obligée de payer un pot-de-vin. Une phrase
du type « Avez-vous dû verser une somme d'argent supplémentaire » va dans ce sens.
Le terme générique « pot-de-vin » devrait être évité ; seules des termes désignant un échange
d'argent, de biens ou de services devraient être employés. Cette méthode accroît la probabilité
que des répondants qui craignent de signaler un acte socialement indésirable divulguent leur
expérience en la matière. En outre, il est préférable d'appliquer cette méthode car, souvent, les
personnes interrogées ne considèrent pas leur expérience comme une forme de corruption.
La période de référence devrait être clairement définie : on estime généralement qu'une
période de 12 mois est un bon compromis entre le coût (des périodes de référence courtes
nécessitent plus d’entretiens sur le terrain par an) et la précision des estimations (plus la période
de référence est longue, plus les souvenirs sont incomplets). Définir clairement la date de début
et de fin de la période de référence peut contribuer à réduire l'« effet de télescopage », à savoir
les difficultés qu’ont les répondants à situer avec précision les faits dans la période de référence
donnée.
Question 3 :
Au cours des 12 derniers mois, est-il arrivé qu'un agent public demande, directement ou indirectement,
à votre entreprise de lui donner un cadeau, une contrepartie ou une somme d'argent supplémentaire
dans le cadre d’une affaire ou d’une procédure liée à ses fonctions, mais que rien ne lui ait été donné ?
Cette question permet de détecter les cas où un pot-de-vin a été sollicité mais n'a pas été versé.
Malgré le refus, de tels faits sont aussi assimilés à de la corruption, comme le prévoit la définition135.
S’agissant du calcul de l'indicateur 16.5.2, les informations recueillies au moyen des questions 1, 2 et
3 devraient être harmonisées afin de produire des données comparables. Le tableau met en exergue
les éléments d’information à retenir afin d’assurer la comparabilité de l'indicateur et le suivi de
l’objectif de développement durable.
Article 15, Convention contre la corruption (Nations Unies, New York, 2004). Disponible à l’adresse suivante :
135
www.unodc.org/documents/treaties/UNCAC/Publications/Convention/08-50026_E.pdf.
124
Tableau 13 : Éléments clés du calcul de l'indicateur 16.5.2
Il s'agit des entreprises qui ont été confrontées à des cas de versement de pots-
Procédure administrative de-vin lorsqu'elles ont eu affaire à des agents publics dans le cadre des procédures
figurant dans la liste de base du tableau 12 (niveau de priorité !!)
136
Afin de garantir la comparabilité des données et le suivi de l'objectif de développement durable, si des entreprises appartenant à
d’autres secteurs sont comprises dans la population cible, elles ne devraient pas être prises en compte dans le calcul de l'indicateur
de développement durable 16.5.2.
137
Certaines questions de relance peuvent également être posées sur le cas le plus grave afin d'obtenir une vision plus complète
des pots-de-vin supérieurs à la moyenne. La collecte d’informations sur le cas le plus grave devrait venir s’ajouter à la collecte
d’informations sur le cas le plus récent.
125
de la demande de pot-de-vin, le type de pot-de-vin et sa valeur économique. Tous ces éléments
caractérisent les mécanismes de la pratique des pots-de-vin et produisent des informations qui
peuvent directement servir à élaborer des politiques fondées sur des données factuelles et ciblant,
par exemple, les procédures particulièrement vulnérables à ce type de pratique, les organismes
compétents, les réglementations applicables et les coûts. Les relances peuvent également porter sur
le moment exact où le versement de pots-de-vin a eu lieu, afin d'exclure les cas qui se sont produits
en dehors de la période de référence. Avec ce type de question, il y a moins de risque de téléscopage
de la part des répondants avec des cas survenus en dehors de la période de référence138.
Sur la base des enquêtes de corruption réalisées, le tableau ci-après met en exergue les principaux
types de relances portant sur la pratique des pots-de-vin.
Tableau 14 : Liste proposée de questions de relance portant sur le cas de versement de pots-de-
vin le plus récent (expérience de la pratique des pots-de-vin)
Pourriez-vous me dire au
Date du cas cours de quel mois le cas le Mois et année
plus récent s'est produit ?
2. Procureurs ; juges/magistrats
138
James P. Lynch, « Review: clarifying divergent estimates of rape from two national surveys », p. 416.
126
Sujet Exemple de question Catégories de réponse
une somme d’argent 3. Ne sais pas
supplémentaire ou un
cadeau, quel était le sexe
de l'agent public qui l'a
reçu ?
7. Ne sais pas
À combien évalueriez-vous
Valeur économique du
approximativement le coût
cadeau/de la somme Veuillez exprimer la valeur en [devise nationale]
de ce
d'argent/des faveurs
versement/cadeau/service ?
9. Ne sais pas
127
Sujet Exemple de question Catégories de réponse
1. Police
7. Ne sais pas
1. Médias
2. Organisation internationale
Autre organisme non À quel autre organisme 3. Organisation non gouvernementale
officiel auquel le cas a non officiel l'avez-vous
été signalé signalé ? 4. Autre organisme
6. Ne sais pas
128
Sujet Exemple de question Catégories de réponse
6. Autre
9. Autre raison
4. Analyse
L'analyse des résultats issus des données recueillies est le meilleur moyen d'obtenir des informations
complètes et pratiques à l'appui de l'élaboration des politiques. L'organisme chargé de mener une
enquête sur la corruption auprès des entreprises doit être conscient de la pertinence et de l'utilité des
informations et doit savoir interpréter les résultats analytiques qui seront obtenus à partir des données
recueillies. Par conséquent, l'analyse des données doit être réalisée compte tenu du but de l'enquête
et doit, en fin de compte, fournir des indications claires et objectives sur la prévalence et les tendances
de la pratique des pots-de-vin à laquelle les entreprises sont confrontées.
a) Rédaction d'un rapport d'enquête sur la corruption menée auprès des entreprises
Sur la base des données recueillies et en mettant en évidence les indicateurs et variables clés
nécessaires pour étayer les analyses pertinentes pour les politiques, un modèle générique de
structuration et de rédaction de rapports est présenté dans cette section. Le plan ci-après, qui
129
comprend des éléments essentiels et des propositions sur le type d'analyse à mener, devrait être
adapté ou complété en fonction des besoins d'informations nationaux ou régionaux de manière à
exploiter pleinement les données recueillies.
Résumé
Le résumé est essentiel pour présenter les principales conclusions de l'étude à un ensemble
d'utilisateurs désireux d'utiliser ces informations en vue d’élaborer des mesures de lutte contre la
corruption. S’il est important, c’est aussi parce qu’il constitue souvent la principale source
d'informations sur laquelle les médias s’appuient pour diffuser les résultats de l'enquête. Un résumé
bien rédigé et soigneusement édité peut donc largement contribuer à l’efficacité et, au final, à la
qualité du rapport d'enquête.
Un bon résumé doit livrer les principales conclusions du rapport dans un style clair et concis et être
rédigé dans un langage simple et accessible qui puisse être compris par des non-spécialistes et repris
tel quel par les médias. L'inclusion d'infographies illustratives et de tableaux simples qui résument de
manière didactique des données quantitatives complexes met en valeur les aspects essentiels et
facilite la compréhension.
Introduction
Une brève introduction devrait fournir des informations de base concernant l'enquête sur la
corruption, telles que la période examinée, la taille de l'échantillon, les organismes d'exécution
participants et la méthode générale employée pour mesurer la pratique des pots-de-vin et d'autres
formes de corruption au cours de l'enquête. L'introduction peut également faire référence à l'annexe
méthodologique qui contient les détails techniques de l'enquête.
130
Fréquence des pots-de-vin versés par des entreprises qui ont affaire à des agents publics
(nombre moyen de pots-de-vin versés par des entreprises à des agents publics au cours de la
période de référence)
Prévalence des pots-de-vin versés par des entreprises qui ont affaire à des employés du secteur
privé
Fréquence des pots-de-vin versés par des entreprises qui ont affaire à des employés du secteur
privé (nombre moyen de pots-de-vin versés à des employés du secteur privé au cours de la
période de référence)
131
d’autres critères (par exemple l'objet du versement). La plupart des critères énoncés à la section
précédente (En quoi consiste la pratique des pots-de-vin ?) peuvent être utiles pour réaliser une
analyse plus fine en fonction du type de procédure, à condition que la taille de l'échantillon soit
suffisante pour produire des estimations pertinentes.
Le versement de pots-de-vin à des employés d'autres entreprises du secteur privé (corruption entre
entreprises) devrait être analysée séparément.
Indicateurs proposés :
Prévalence des pots-de-vin versés par des entreprises, par type de procédure pour laquelle le
pot-de-vin a été versé/sollicité
Prévalence des pots-de-vin versés par des entreprises, par type d'agent public
Prévalence des pots-de-vin versés, par type de service privé (par exemple demande de
raccordement à l'électricité ou à l'eau et demande de prêt).
132
Indicateurs proposés :
Taux de signalement aux autorités compétentes (par exemple la police et les organismes de
lutte contre la corruption) des pots-de-vin versés à des agents publics
Taux de signalement aux autorités compétentes (par exemple la police et les organismes de
lutte contre la corruption) ) des pots-de-vin versés à des employés du secteur privé
Annexe méthodologique
Dans la dernière partie du rapport, il convient de donner des informations détaillées sur les aspects
techniques de l'enquête. Il s'agit notamment d'informations utiles pour évaluer l'enquête, notamment
sur la méthode d'échantillonnage, la conception et la mise au point de l'instrument d'enquête, le
mode d'enquête, les résultats de l'enquête pilote, le plan de sondage et la procédure de pondération,
la formation des enquêteurs, le contrôle de la qualité, les versions linguistiques, le travail sur le terrain,
la saisie et le nettoyage des données ainsi que le calcul des indicateurs. Des tableaux et des graphiques
détaillés présentant un intérêt pour les régions ou les sous-régions (par exemple, les états) où
l'enquête a été menée pourront figurer dans d'autres sections de l'annexe. Dans le cadre d'une
enquête sur la corruption menée auprès des entreprises, il peut être particulièrement intéressant de
fournir des informations économiques de base sur la structure et les résultats de l'économie ou de
divers secteurs économiques au cours de la période à l'étude.
133
Diffusion de l'enquête intitulée National Survey of Quality and
Governmental Impact (Mexique)
La stratégie de diffusion de cette enquête couvre un grand nombre de domaines. Tout d'abord,
l'organisme responsable, l'INEGI, envoie une synthèse des résultats nationaux au réseau de
contacts du sous-système national d'information sur le gouvernement, la sécurité publique et
la justice. Ensuite, il produit des synthèses pour chaque état mexicain et les communique aux
autorités locales. Par la suite, il établit des rapports thématiques à l'intention des ministères
fédéraux (santé, administration fiscale et sécurité publique, entre autres). Ces résultats
thématiques sont présentés par le Président de l'INEGI lors de réunions à huis clos avec les
ministres concernés, dans l'espoir que les informations enrichiront leurs programmes
d'amélioration de la gestion. Enfin, une synthèse générale des résultats est fournie aux médias,
l'équipe responsable étant chargée d'expliquer les résultats afin d'éviter un usage incorrect ou
une interprétation erronée. Les documents et le communiqué de presse correspondants sont
publiés simultanément le même jour.
Les aspects ci-après devraient être pris en compte lors de la publication et de la diffusion des résultats :
Clarté des résultats – les résultats d'une enquête sur la corruption devraient traduire fidèlement
les données dans un style clair, concis et cohérent, de manière à faciliter l’accès de tous les
utilisateurs finaux et à favoriser le processus décisionnel. L'accent doit être mis sur les
indicateurs fondés sur l'expérience et les indicateurs relatifs aux objectifs de développement
durable.
Utilisation des circuits de diffusion classiques et basés sur le Web – en plus de l'élaboration du
rapport analytique et du dossier de presse (communiqué de presse et sélection de résultats et
de graphiques), il est important de préparer une campagne adéquate sur les médias sociaux et
d'informer les praticiens, experts et chercheurs compétents.
Transparence de la méthode – la méthode employée dans la conception et la mise en œuvre
de l’enquête doit figurer en toute transparence dans la publication. Les données issues de
l'enquête inspirent davantage confiance si des informations adéquates sont présentées de
manière à faciliter l'interprétation des résultats.
Publication des microdonnées – la publication des microdonnées est une mesure de
transparence qui renforce la confiance dans les résultats de l'enquête. Tous les utilisateurs
finaux devraient pouvoir accéder aux données en même temps et l'organisme responsable
devrait veiller à ce que les données ne soient pas publiées au préalable.
134
ANNEXES
ANNEXES
ANNEXE I
Exemple de questionnaire conçu pour les enquêtes sur la corruption menées auprès
de la population (sélection de questions clés)
1. Logement 1 2 3
2. Soins de santé 1 2 3
3. Conflit religieux 1 2 3
5. Instabilité politique 1 2 3
6. Criminalité et insécurité 1 2 3
7. Chômage 1 2 3
8. Éducation 1 2 3
9. Corruption 1 2 3
137
1.2 Quelle est votre opinion sur les pratiques suivantes ? Sont-elles toujours acceptables, habituellement acceptables, parfois
acceptables ou pas acceptables ? (Veuillez sélectionner une réponse par ligne)
Habituellem
Toujours Parfois Pas
Pratiques ent
acceptable acceptable acceptable
acceptable
1.3 Selon vous, quelle est la fréquence de ces pratiques parmi les agents publics ? Pensez-vous qu'elles sont très fréquentes,
assez fréquentes, pas très fréquentes mais pas inhabituelles ou qu'elles ne se produisent jamais ? (Veuillez sélectionner une
réponse par ligne)
1.4 Selon vous, quelle est la fréquence de ces pratiques parmi les employés du secteur privé ? Pensez-vous qu'elles sont très
fréquentes, assez fréquentes, pas très fréquentes mais pas inhabituelles ou qu'elles ne se produisent jamais ? (Veuillez sélectionner
une réponse par ligne)
138
2. Influencer l'attribution de marchés publics à des
amis ou à des membres de la famille dans le 1 2 3 4 5
secteur privé
3. Demander de l'argent ou des cadeaux pour son
1 2 3 4 5
propre bénéfice plutôt que pour celui de l'entreprise
1.5 Selon vous, quelle est la fréquence de ces pratiques parmi les représentants/politiques élus ? Pensez-vous qu'elles sont très
fréquentes, assez fréquentes, pas très fréquentes mais pas inhabituelles ou qu'elles ne se produisent jamais ? (Veuillez sélectionner
une réponse par ligne)
1.6 Depuis trois ans, pensez-vous que le niveau global de Augmenté Resté stable Diminué
la corruption de [PAYS] a augmenté ou diminué ?
(Veuillez sélectionner une seule réponse) 1 2 3
1.7 En général, les niveaux de corruption d’un pays varient d'un secteur à un autre. Selon vous, quelle est la fréquence actuelle des
pratiques de corruption dans les organismes suivants ? Pensez-vous qu'elles sont très fréquentes, assez fréquentes, pas très
fréquentes mais pas inhabituelles ou qu'elles ne se produisent jamais ? (Veuillez sélectionner une réponse par ligne)
Pas très
Ne se
Très Assez fréquentes Ne sais
Organismes produisent
fréquentes fréquentes mais pas pas
jamais
inhabituelles
1. Parlement 1 2 3 4 5
139
2. Autorités fédérales 1 2 3 4 5
3. Autorités nationales 1 2 3 4 5
4. Autorités locales 1 2 3 4 5
5. Tribunaux/Cours de justice 1 2 3 4 5
6. 6 Police 1 2 3 4 5
7 Forces armées 1 2 3 4 5
10 Service de l’immigration 1 2 3 4 5
12 Hôpitaux publics 1 2 3 4 5
14 Service du cadastre 1 2 3 4 5
140
2. EXPÉRIENCE DES SERVICES PUBLICS
D1. Au cours des 12 derniers mois D2. Pensez maintenant au <TYPE D3. Pensez maintenant au <TYPE D4. Pensez maintenant au <TYPE
(depuis mois/ANNÉE), avez-vous D'AGENT PUBLIC> : D'AGENT PUBLIC> : D'AGENT PUBLIC > :
eu affaire, y compris par un
intermédiaire, à l'un des agents Au cours des 12 derniers mois Au cours des 12 derniers mois Pourriez-vous me dire au cours de
publics suivants ? (depuis mois/ANNÉE) : vous est-il (depuis mois/ANNÉE) : combien de quel mois cela s'est produit la
arrivé d’avoir à lui donner, y compris fois est-il arrivé qu'un cadeau, une dernière fois ?
<< ENQ. : Si « oui », allez à D2 par un intermédiaire, un cadeau, contrepartie ou une somme d’argent
au titre du même point. Si une contrepartie ou une somme supplémentaire lui ait été donné ? << ENQ. : Inscrivez
« non », passez au point suivant d'argent supplémentaire (en sus du mois/ANNÉE ; si l'événement
de la liste >> montant exact des frais officiels) ? << ENQ. : Inscrivez le nombre ci- s'est produit il y a plus de
dessous et passez à D4 >> 12 mois, choisissez l'option
(Veuillez sélectionner une réponse << ENQ. : Si « oui », allez à D3 « L'événement s'est produit il y a
par ligne) au titre du même point. Si plus de 12 mois » et revenez à
« non », passez au point suivant D1/D2/D3 au titre du même point
de la liste D1 >> afin d'apporter les corrections ;
puis passez au point suivant de la
liste D1 >>
Agents publics D1 D2 D3 D4
1. Agents de police 1 2 1 2
2. Juges/magistrats 1 2 1 2
3. Procureurs 1 2 1 2
141
17. Personnel des ambassades/consulats de pays étrangers 1 2 1 2
<<ENQUÊTEUR : Si au moins une réponse D2 est « OUI », passez à D5, sinon allez à D18>>
D5 La dernière fois que vous avez dû donner une somme d'argent Reportez ici le numéro
supplémentaire ou un cadeau (si cet acte est le plus récent), à quel correspondant de la liste D1
type d'agent public l'avez-vous donné ? (voir la liste D1)
D6 La dernière fois que vous avez dû donner une somme d'argent Homme...1, Femme...2,
supplémentaire ou un cadeau, quel était le sexe de l’agent public qui Ne sais pas (NE PAS LIRE)...3
l'a reçu ?
D7 La dernière fois que vous avez dû donner une somme d'argent
supplémentaire ou un cadeau (si cet acte est le plus récent), qu’avez- Oui Non
vous donné ? (Veuillez sélectionner toutes les réponses pertinentes)
A Des aliments et des boissons 1 2
B Des objets de valeur (or, bijoux, téléphones, etc.) ou d'autres biens 1 2
C Une somme d’argent (veuillez préciser le montant : I_I_I_I_I_I_I_I_I
1 2
DEVISE)
D Un service ou une faveur 1 2
E Ne sais pas (NE PAS LIRE) 1 2
D7B <<ENQ. : Seulement si l'option C « une somme 1. Oui, il s'agissait du montant le plus élevé
d'argent » est sélectionnée, posez la relance 2. Non, le montant le plus élevé était : I_I_I_I_I_I_I_I_I
suivante>> 3. Non, mais je ne me souviens pas du montant exact
Et s'agissait-il du montant le plus élevé que 99. Ne sais pas
vous ayez versé à un agent public au cours des
12 derniers mois ?
(Choisissez une seule réponse)
N° Question Réponse
D8 La dernière fois que vous avez dû donner une somme d'argent supplémentaire ou un cadeau,
veuillez indiquer le service que vous cherchiez à obtenir :
(Veuillez d'abord lire la liste complète des réponses possibles, puis sélectionner une seule réponse)
a Certificat ou document administratif (carte d'identité, passeport, acte de naissance, etc.) 1.
b Autorisation ou permis administratif (permis de conduire, permis de construire, etc.) 2.
c Visite, intervention ou examen médical 3.
d Certificat de bonne santé/condition physique 4.
e Examen dans une université publique ou résultats dans une école publique 5.
f Admission dans un établissement scolaire public 6.
g Demande d'emploi dans un organisme/service public 7.
h Promotion au sein d’un organisme/service public 8.
142
i Contrat/marché public 9.
j Services publics (électricité, eau, assainissement, etc.) 10.
k Déclaration ou exonération fiscale 11.
l Importation/exportation de biens 12.
m Autre 13.
n Ne sais pas (NE PAS LIRE) 14.
N° Question Réponse
D9 La dernière fois que vous avez dû donner une somme d’argent supplémentaire ou un cadeau, quel
était le principal but recherché ?
(Veuillez d'abord lire la liste complète des réponses possibles, puis sélectionner une seule réponse)
a Accélérer une procédure 1.
b Faire aboutir une procédure (autrement la procédure n'aboutirait pas) 2.
c Éviter le paiement d’une amende 3.
d Bénéficier d’un traitement de faveur (par exemple améliorer des résultats, réduire des impôts et
4.
augmenter des allocations)
e Obtenir des informations sur une procédure (où aller, à qui s'adresser, etc.) 5.
f Témoigner de sa reconnaissance pour le service fourni 6.
g Sans but précis (il est préférable d'entretenir de bons rapports) 7.
h Ne sais pas (NE PAS LIRE) 8.
D10 La dernière fois que vous avez dû donner une somme d’argent supplémentaire ou un cadeau,
comment avez-vous compris ce qui était attendu de vous ?
(Veuillez d'abord lire la liste complète des réponses possibles, puis sélectionner une seule réponse)
a Demande directe de l'agent public 1.
b Demande indirecte de l’agent public 2.
c Demande de versement supplémentaire par un tiers 3.
d Personne ne l'a demandé, je l'ai fait pour faciliter/accélérer la procédure 4.
e Ne sais pas (NE PAS LIRE) 5.
D11 La dernière fois que vous avez dû donner Avant la fourniture du service
une somme d’argent supplémentaire ou un Après la fourniture du service
cadeau, à quel moment précis avez-vous En même temps que la fourniture du service
donné le cadeau/l'argent ? En partie avant et après la fourniture du service
(Veuillez sélectionner une seule réponse) Ne sais pas (NE PAS LIRE)
D12 La dernière fois que vous avez dû donner Pour une activité/procédure qui me concernait
une somme d’argent supplémentaire ou un personnellement
143
cadeau, pour quelle raison avez-vous eu Pour une activité/procédure liée à un autre membre
affaire à l’agent public ? de ma famille
Pour une activité/procédure liée à mon
(Veuillez sélectionner une seule réponse)
travail/entreprise
Pour des raisons professionnelles et
personnelles/familiales
Ne sais pas (NE PAS LIRE)
Police 1 2
D14 À quel organisme officiel avez-vous fait le
signalement ? Service de lutte contre la corruption 1 2
Organisme chargé de traiter les plaintes du 1 2
(Veuillez sélectionner toutes les réponses
public/Ombudsman 1 2
pertinentes)
Organisme où travaille l'agent public qui a sollicité le 1 2
pot-de-vin
1 2
Autre organisme
Aucun organisme officiel 1 2
Ne sais pas (NE PAS LIRE)
Médias 1 2
D15 À quel autre organisme non officiel avez-
vous fait le signalement ? Organisation internationale 1 2
Organisation non gouvernementale 1 2
(Veuillez sélectionner toutes les réponses
Autre organisme 1 2
pertinentes)
Aucun autre organisme 1 2
Ne sais pas (NE PAS LIRE) 1 2
D17 Dans la négative, pourquoi n'avez-vous pas C'est une pratique courante, pourquoi devrais-je la
fait le signalement ? signaler ?
C'est inutile, personne ne s'en soucierait
(Veuillez d'abord lire la liste complète des
réponses possibles, puis sélectionner une seule Je ne sais pas à qui le signaler
réponse - en cas de doute, choisissez la raison Je sais à qui le signaler, mais c'est trop loin
144
principale pour laquelle vous n'avez pas fait le J’ai peur des conséquences négatives à mon égard
signalement) Je ne l'ai pas signalé car j'ai tiré un avantage du
versement effectué/cadeau offert
Je ne l'ai pas signalé car j'ai effectué le
versement/offert le cadeau en signe de
reconnaissance
Je ne l'ai pas signalé car je ne voulais pas engager
de frais supplémentaires
Autre raison
Ne sais pas (NE PAS LIRE)
D19 La dernière fois que cela s'est produit, quel Reportez ici le numéro correspondant de la liste D1
type d'agent public vous a demandé de lui
donner de l'argent ou un cadeau que vous
n'avez pas donné ?
D20 La dernière fois qu'un agent public vous a J'ai subi des conséquences négatives
demandé de l'argent ou un cadeau et que Il n'y a pas eu de conséquences négatives
vous ne lui avez rien donné, quelle a été la On ignore encore quelles seront les conséquences
conséquence ? Ne sais pas (NE PAS LIRE)
(Veuillez d'abord lire la liste complète des
réponses possibles, puis sélectionner une seule
réponse)
D22 La dernière fois que cela s'est produit, à Reportez ici le numéro correspondant de la liste D1
quel agent public avez-vous offert une
somme d'argent supplémentaire ou un
cadeau qui a été refusé ?
145
D24 La dernière fois qu'un autre membre de Reportez ici le numéro correspondant de la liste D1
votre ménage a dû donner à un agent public
un cadeau ou une somme d'argent
supplémentaire, de quel type d'agent
s'agissait-il ?
(Veuillez sélectionner une seule réponse)
146
3. EXPÉRIENCE DE LA PRATIQUE DES POTS-DE-VIN AVEC LE SECTEUR PRIVÉ
D26a. Au cours des 12 derniers D26b. Pensez maintenant à D26c. Pensez maintenant à D27. Pensez maintenant à
mois (depuis mois/ANNÉE), l’<employé> : l’<employé>: l’<employé>:
avez-vous eu affaire, y compris
Au cours des 12 derniers mois Au cours des 12 derniers mois Pourriez-vous me dire au cours
par un intermédiaire, à l'une
(depuis mois/ANNÉE) : vous (depuis mois/ANNÉE) : de quel mois cela s'est produit
des personnes suivantes en
est-il arrivé d’avoir à lui donner, combien de fois est-il arrivé la dernière fois ?
tant qu'employée d'une
y compris par un intermédiaire, qu'un cadeau, une contrepartie
ENTREPRISE DU SECTEUR << ENQ. : Inscrivez
un cadeau, une contrepartie ou ou une somme d’argent
PRIVÉ ? (mois/ANNÉE) ; si
une somme d'argent supplémentaire lui ait été
l'événement s'est produit il y
<< ENQ. : Si « oui » allez à supplémentaire (en sus du donné ?
a plus de 12 mois, choisissez
D.26b au titre du même point. montant exact des frais
<< ENQ. : Inscrivez le l'option « L'événement s'est
Si « non », passez au point officiels) ?
nombre ci-dessous et passez produit il y a plus de
suivant de la liste >>
<< ENQ. : Si « oui », allez à à D27>> 12 mois » et revenez à
(Veuillez sélectionner une D26c au titre du même point. D26a/b/c au titre du même
réponse par ligne) Si « non », passez au point point afin d'apporter les
suivant de la liste D26a >> corrections ; puis passez au
point suivant de la liste
D26a.>>
<< ENQUÊTEUR : Si au moins une réponse de D26b est « OUI », passez à D28, sinon allez à D30 >>
147
D29 La dernière fois que vous avez dû donner une somme d’argent Oui
supplémentaire ou un cadeau, l'avez-vous signalé à un organisme Non
officiel ou à un organisme non officiel (par exemple police, bureau Ne sais pas (NE PAS LIRE)
du Procureur et organisme de lutte contre la corruption) ?
D30 À votre connaissance, un autre membre de votre ménage a-t-il Oui
donné, au cours des 12 derniers mois (depuis mai 2015), à toute Non
personne qui dirige une entreprise du secteur privé, ou qui travaille Ne sais pas (NE PAS LIRE)
pour une telle entreprise, un cadeau ou une somme d'argent
supplémentaire (en sus du montant exact des frais officiels) ?
4. AUTRES PRATIQUES
Népotisme et favoritisme dans le cadre de recrutements
D31 Je voudrais maintenant vous poser quelques questions sur Oui, moi-même
l'emploi. Avez-vous, ou un autre membre de votre ménage, postulé Oui, un membre du ménage
à un emploi dans le secteur public au moins une fois au cours des Oui, un membre du ménage et moi-même
trois dernières années (depuis mois/ANNÉE) ? Non (allez à la section suivante)
Ne sais pas (NE PAS LIRE) (allez à la
section suivante)
D33 Avez-vous, ou un membre de votre ménage, dû donner une somme Oui (allez à la section suivante)
supplémentaire ou faire un cadeau à quelqu'un afin de faciliter le Non (allez à la section suivante)
recrutement ? Ne sais pas (NE PAS LIRE) (allez à la
section suivante)
D34 Pourquoi pensez-vous que vous ou le Quelqu'un qui répondait mieux aux exigences du poste l’a
membre de votre ménage n'avez pas obtenu
obtenu le poste ? Quelqu'un a obtenu le poste car il a un ami ou un membre de
sa famille au sein du bureau
(Veuillez d'abord lire la liste complète des Quelqu'un a obtenu le poste moyennant le versement d'une
réponses possibles, puis sélectionner une somme d'argent
seule réponse) Pour cause de discrimination en raison de la langue, de la
religion, de la tribu ou de l'origine ethnique
Sans objet
Ne sais pas (NE PAS LIRE)
Achat de vote
148
A Vous-même 1 2 3
B Un autre membre de votre ménage 1 2 3
D36 Et avant la dernière élection municipale, vous a-t-on demandé de voter pour
quelqu'un ou pour un parti politique en échange d'une faveur, d'argent ou Ne sais pas
Oui Non
(NE PAS LIRE)
de biens ? (Veuillez sélectionner une réponse par ligne)
A Vous-même 1 2 3
B Un autre membre de votre ménage 1 2 3
5. SIGNALEMENT À L’AVENIR
D37. Si, à l'avenir, vous deviez signaler un cas où l'on vous a demandé de donner une somme d'argent supplémentaire ou un
cadeau à un agent public, à qui le signaleriez-vous ?
(Veuillez d’abord lire la liste complète des réponses possibles, puis sélectionner jusqu'à trois éléments, du plus important au moins important)
En deuxième En
Je le signalerais à En premier
troisième
B Police 1 2 3
E Journalistes/médias 1 2 3
I Je ne le signalerais à personne 1
149
ANNEXE II
Exemple de questionnaire conçu pour les enquêtes sur la corruption menées auprès
des entreprises (sélection de questions clés)
1.1 À votre avis, dans quelle mesure chacun des éléments énumérés ci-après représente-t-il un obstacle à la bonne marche des
affaires dans votre pays ? ENQ. : LIRE : veuillez sélectionner une réponse par ligne.
Impôts élevés 1 2 3 9
Réglementation du travail 1 2 3 9
Fluctuation monétaire 1 2 3 9
Obstacles au commerce 1 2 3 9
Corruption 1 2 3 9
Instabilité politique 1 2 3 9
1.2 Au cours des 12 derniers mois (depuis MOIS/ANNÉE), avez-vous renoncé à faire un investissement important par crainte de la
criminalité ?
1. Oui
2. Non
9. (NE PAS LIRE) Ne sais pas/s.o.
1.3 Êtes-vous satisfait du travail effectué par la police pour contrôler et prévenir la criminalité dans la ou les zones où votre
entreprise est implantée ? ENQ. : LIRE : une seule réponse.
150
1.4 Pourquoi n'êtes-vous pas satisfait du travail de la police ? << Jusqu'à trois réponses possibles >>
<<ENQUÊTEUR>> LIRE : Dans cette section, je vais vous poser quelques questions sur des situations dans lesquelles vous-même, ou
tout représentant de votre entreprise, pourriez avoir eu affaire à des agents publics ou à des fonctionnaires.
Pas très
Ne se
Très Assez fréquent Ne sais
Procédures administratives produit
fréquent fréquent mais pas pas/s.o.
jamais
inhabituel
151
2.1.2 Au cours des 12 derniers mois (depuis MOIS/ANNÉE), avez-vous renoncé à faire un investissement important par crainte de
devoir donner un cadeau, une contrepartie ou une somme d'argent supplémentaire pour obtenir les services ou les permis
nécessaires ?
1. Oui
2. Non
9. (NE PAS LIRE) Ne sais pas/s.o.
2.1.3 (facultatif) Les pratiques ci-après sont répandues dans de nombreux pays et les opinions à leur sujet varient d'une personne
à l'autre : quelle est votre opinion personnelle à leur sujet ? (Veuillez sélectionner une réponse par ligne)
2.
1. Toujours 3. Parfois 4. Pas Ne sais
Habituellement
acceptable acceptable acceptable pas/s.o.
acceptable
2.2.1 Au cours des 12 derniers 2.2.2 Si OUI allez à 2.2.1 : 2.2.3 Si OUI allez à 2.2.2 : Au 2.2.4 Pensez maintenant au
mois (depuis MOIS/ANNÉE), Pensez maintenant au <TYPE cours des 12 derniers mois <TYPE DE PROCÉDURE
votre entreprise a-t-elle eu DE PROCÉDURE (depuis MOIS/ANNÉE), ADMINISTRATIVE> :
affaire à un AGENT PUBLIC, y ADMINISTRATIVE>. Au cours combien de fois un cadeau, une
Pouvez-vous me dire au cours
compris par un intermédiaire, des 12 derniers mois (depuis contrepartie ou une somme
de quel mois cela s'est produit
pour l'une des procédures MOIS/ANNÉE), votre entreprise d'argent supplémentaire ont-ils
la dernière fois ?
administratives suivantes ? a-t-elle dû donner, y compris été donnés ?
(Veuillez sélectionner une par un intermédiaire, un << ENQ. : Inscrivez
réponse par ligne) cadeau, une contrepartie ou (mois/ANNÉE) ; si
une somme d'argent l'événement s'est produit il y
supplémentaire (en sus du a plus de 12 mois,
montant exact des frais choisissez l'option
officiels) à l'agent public ou au « L'événement s'est produit
fonctionnaire chargé il y a plus de 12 mois » et
d'administrer la procédure ? revenez ensuite aux
questions précédentes au
titre du même point afin
d'apporter les corrections ;
puis passez au point
suivant de la liste 2.2.1 >>
152
Interactions avec un agent public dans le 2.2.1 2.2.2 2.2.3 2.2.4
cadre d'une procédure administrative :
<<ENQUÊTEUR : Si au moins une réponse à la question 2.2.2 est « OUI », passez à 2.2.5, sinon allez à la section suivante>>
153
La dernière fois que votre entreprise a dû donner un cadeau, une contrepartie ou une somme d'argent supplémentaire à
des agents publics ou à des fonctionnaires, de quelle procédure administrative s'agissait-il ? (Sélectionnez une réponse
dans la liste 2.2.1 et inscrivez le numéro ci-dessous).
La dernière fois que votre entreprise a dû donner un cadeau, une contrepartie ou une somme d'argent supplémentaire à un
fonctionnaire ou agent public, vous souvenez-vous du type d'agent public ou fonctionnaire qui l'a sollicité ? (Une seule
réponse)
1. Agents de police
2. Agents municipaux ou provinciaux
3. Agents des douanes
4. Agents du cadastre
5. Agents des impôts/du fisc
6. Agents des services publics (électricité, téléphone, etc.)
7. Agents de l’organisme/ministère chargé de la protection sociale (retraites, allocations, etc.)
8. Agents d'inspection (santé, sécurité, incendie, travail, etc.)
9. Représentants élus municipaux ou provinciaux (maires, conseillers municipaux, etc.)
10. Juges/procureurs
11. Députés/membres du gouvernement
12. Autorités sanitaires
13. Autres agents publics/fonctionnaires
999. (NE PAS LIRE) Ne sais pas/s.o.
Dans quel but principal le cadeau, la contrepartie ou la somme d'argent supplémentaire ont-ils été donnés ? (Une seule
réponse)
154
Comment avez-vous compris ce qui était attendu de vous ? (Une seule réponse)
Ce cas a-t-il été signalé par votre entreprise à un organisme/service officiel (par exemple la police, le bureau du Procureur
ou l’organisme de lutte contre la corruption) ou à un organisme non officiel ? (Une seule réponse)
1. Police
2. Bureau du Procureur
3. Organisme de lutte contre la corruption
4. Assistance téléphonique anticorruption
5. Organisme/service où travaille l'agent qui a sollicité le pot-de-vin
6. Autre service
9. (NE PAS LIRE) Ne sais pas/s.o.
À quel autre organisme non officiel a-t-il été signalé ? (Une seule réponse)
1. Médias
2. Organisation internationale
3. Organisation non gouvernementale
4. Autre organisme
9. (NE PAS LIRE) Ne sais pas/s.o.
155
2. Le problème a été résolu de manière informelle et l'argent ou le cadeau nous a été rendu (allez à 2.2.16)
3. On nous a conseillé de ne pas procéder au signalement (allez à 2.2.16)
4. Aucune suite n'a été donnée à notre signalement (allez à 2.2.16)
5. Mon entreprise a subi des représailles ou des conséquences négatives en rapport avec le signalement (allez à 2.2.16)
9. (NE PAS LIRE) Ne sais pas/s.o. (allez à 2.2.16)
1. Il est courant de verser de l'argent ou de donner des cadeaux aux agents publics, il n'y a pas besoin de le signaler
2. C'est inutile, personne ne s'en soucierait
3. Il était difficile de savoir à qui le signaler
4. Par crainte de représailles
5. L’entreprise a tiré un avantage de l’argent/cadeau/contrepartie donnés
6. L’argent, le cadeau ou la contrepartie ont été donnés en signe de reconnaissance
7. Autre raison
9. (NE PAS LIRE) Ne sais pas/s.o.
Au cours des 12 derniers mois (depuis MOIS/ANNÉE), est-il arrivé qu'un agent public ou fonctionnaire demande,
directement ou indirectement, à votre entreprise un cadeau, une contrepartie ou une somme d'argent supplémentaire, mais
que rien ne lui ait été donné ? (Une seule réponse)
La dernière fois qu'un cadeau, une contrepartie ou une somme d'argent supplémentaire a été demandé à votre entreprise,
mais que rien n'a été donné, au cours de quelle procédure administrative cela s'est-il produit ?
I_I_I Veuillez reporter le code utilisé dans la liste ci-jointe (voir 2.2.1)
<<ENQUÊTEUR>> LIRE : Dans cette section, je vais vous poser quelques questions sur des situations dans lesquelles vous-même, ou
tout représentant de votre entreprise, pourriez avoir eu affaire à des représentants d'autres entreprises privées.
2.3.1 Au cours des 12 derniers mois (depuis MOIS/ANNÉE), est-il arrivé que votre entreprise ait dû donner, y compris par un
intermédiaire, un cadeau, une contrepartie ou une somme d'argent supplémentaire à toute personne qui gère une entreprise
du secteur privé ou qui travaille pour une telle entreprise, quelle que soit sa fonction, afin d’obtenir une prestation
commerciale (enq. : en sus du montant normal de la prestation) ?
156
2.3.2 La dernière fois que votre entreprise a dû donner un cadeau, une contrepartie ou une somme d'argent supplémentaire à
toute personne qui dirige une entreprise du secteur privé ou qui travaille pour une telle entreprise, quel en était le but ? (Une
seule réponse)
2.3.3 La dernière fois que votre entreprise a dû donner un cadeau, une contrepartie ou une somme d'argent supplémentaire à
toute personne qui dirige une entreprise du secteur privé ou qui travaille pour une telle entreprise, que leur a-t-on donné ?
(Veuillez sélectionner toutes les réponses pertinentes)
2.3.4 Comment a-t-on compris ce qui était attendu ? (Une seule réponse)
2.3.5 À quel moment précis a-t-il été donné ? (Une seule réponse)
157
2.3.6 Ce cas a-t-il été signalé par votre entreprise à un organisme/service officiel (par exemple la police, le bureau du Procureur ou
l’organisme de lutte contre la corruption) ou à un organisme non officiel ? (Une seule réponse)
1. Police
2. Bureau du Procureur
3. Organisme de lutte contre la corruption
4. Assistance téléphonique anticorruption
5. À un supérieur hiérarchique de la personne ayant sollicité le pot-de-vin
6. Autre service
9. (NE PAS LIRE) Ne sais pas/s.o
2.3.8 À quel autre organisme non officiel a-t-il été signalé ? (Une seule réponse)
1. Médias
2. Organisation internationale
3. Organisation non gouvernementale
4. Autre organisme
9. (NE PAS LIRE) Ne sais pas/s.o
2.3.10 Pourquoi le signalement n’a-t-il pas été fait ? (Une seule réponse)
1. Il est courant de donner de l'argent ou des cadeaux, il n'y a pas besoin de le signaler
2. C'est inutile, personne ne s'en soucierait
3. Il était difficile de savoir à qui le signaler
4. Par crainte de représailles
5. L’entreprise a tiré un avantage de l’argent, du cadeau ou de la contrepartie donnés
6. L’argent, le cadeau ou la contrepartie ont été donnés en signe de reconnaissance
7. Autre raison
9. (NE PAS LIRE) Ne sais pas/s.o.
158
ANNEXE III
Exemples de textes introductifs utilisés dans les enquêtes et les modules sur la
corruption
Textes introductifs utilisés dans les enquêtes sur la corruption menées auprès de la population
1. L'enquête intitulée Anti-Corruption Behaviour Survey, menée en 2015 par Statistics Indonesia (BPS), a été présentée
comme suit :
Notre Gouvernement continuera à améliorer la qualité des services publics. Toutefois, il reste encore de
nombreuses lacunes à combler. BPS est chargé de mener l'enquête Anti-Corruption Behaviour Survey de 2015,
afin de recueillir votre avis sur les améliorations à apporter aux services publics à l'avenir. Nous vous prions de
répondre aux questions ci-après en vous fondant sur votre compréhension, vos connaissances et votre
expérience. Nous garantissons la confidentialité de votre identité et de vos réponses.
2. L'enquête intitulée Corruption in Nigeria – Bribery : Public Experience and Response survey, menée au Nigéria par
l'ONUDC et le Bureau national des statistiques, a été présentée comme suit :
Cette enquête est menée conjointement par l'ONU et le Bureau national des statistiques du Nigéria. Elle vise à
recueillir des informations sur votre expérience et votre satisfaction concernant l'utilisation des services publics
et privés et sur l'intégrité des agents publics. Il y aura également quelques questions sur votre expérience, en
tant que victimes, de certaines formes de criminalité et sur votre expérience du système judiciaire et la
confiance que vous lui accordez. Financée par l'Union européenne, cette enquête aidera le Gouvernement,
avec le soutien de partenaires internationaux, à renforcer la qualité et l'intégrité des organismes publics et
privés et à améliorer l'accès au système judiciaire.
Veuillez répondre à chaque question en fonction de vos connaissances et de votre expérience. Il n'y a pas de
bonnes ou de mauvaises réponses. Vos commentaires formulés en toute sincérité nous permettront
d’améliorer la prestation des organismes publics et privés.
Le présent questionnaire ne contient aucune information qui pourrait permettre d'identifier les personnes
interrogées, vous resterez donc anonyme. Les réponses au questionnaire seront traitées de manière
confidentielle et feront l'objet d'un traitement statistique. Les résultats ne seront publiés que sous la forme de
tableaux statistiques.
Puis-je commencer l'entretien maintenant ? 1) Oui/ 2) Non.
Texte introductif utilisé dans le cas d’un module sur la corruption intégré à une enquête menée
auprès des entreprises
L'enquête intitulée National Survey on Businesses Victimization (2016) vise à mesurer la victimisation des entités
économiques au Mexique. L'INEGI présente le questionnaire dans un paragraphe introductif comme suit :
Confidentialité et obligation - conformément aux dispositions de la loi sur le système national d'information
statistique et géographique en vigueur :
Article 37 : Au sens de la présente loi, les données fournies à des fins statistiques par les informateurs du système
aux unités sont strictement confidentielles et ne sont en aucun cas utilisées à des fins autres que statistiques.
Article 38 : Les données et informations que les informateurs du système fournissent à des fins statistiques et qui
proviennent de sources administratives seront traitées dans le respect des principes de confidentialité et de réserve,
ce qui signifie qu'elles ne pourront en aucun cas être divulguées sous forme enregistrée ou individualisée, ni servir
de preuve devant les autorités judiciaires ou administratives, y compris le Procureur, à l'intérieur ou en dehors d'un
tribunal.
159
Article 45 : Les informateurs du système sont tenus de fournir, avec exactitude et en temps utile, les données et les
informations demandées par les autorités compétentes à des fins de statistiques, de recensement et de
représentation géographique, et de les justifier.
Tous les services liés à ce questionnaire sont gratuits.
Texte introductif utilisé dans les enquêtes sur la corruption menées auprès des entreprises
1. L'enquête intitulée Business, Corruption and Crime in the western Balkans survey, réalisée par l'ONUDC en 2012, dans
le cadre d’entretiens individuels assistés par ordinateur et d'entretiens papier-crayon, a été présentée comme suit :
Bonjour/Bonsoir, je travaille comme enquêteur pour <NOM DE L'ORGANISME>. Nous menons une enquête
par sondage sur la sécurité, la criminalité et la corruption dans les entreprises de <NOM DU PAYS>. Votre
entreprise a été sélectionnée au hasard dans <NOM DE L'ÉCHANTILLON> et vous faites partie des <N>
entreprises qui seront interrogées à <NOM DU PAYS>.
Menée dans le cadre d'un projet de l'ONU, cette enquête vise à recueillir les opinions et les expériences des
entreprises sur les questions de sécurité, de criminalité et de corruption. L'objectif des travaux de recherche
est de recueillir des informations qui aideront les entreprises à améliorer leur niveau de sécurité et à prévenir
la criminalité et la corruption.
Cet entretien ne vous prendra pas beaucoup de temps. (ENQ. : si on vous demande combien de temps durera
l'entretien, indiquez une fourchette de 20 à 30 minutes).
Puis-je m'adresser à la personne responsable de la gestion de cette entité commerciale ?
2. L'enquête intitulée The Swiss International Corruption Survey, menée par Universität St. Gallen dans le cadre
d’entretiens en ligne assistés par ordinateur, a été présentée comme suit :
160
Nous apprécions sincèrement votre collaboration et vous remercions du temps que vous consacrez à cette
étude. Nous vous tiendrons informés des résultats de notre projet et nous vous ferons part des principales
conclusions de cette enquête.
Pour de plus amples informations, n'hésitez pas à contacter mes collaborateurs dont les coordonnées figurent
ci-dessous.
Cordialement.
161
ANNEXE IV
Directives méthodologiques et documents parus au niveau international sur les
enquêtes par sondage
Titre URL
162