Science and Trust G7 2019 FR
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Version de courtoisie
Science et confiance
Résumé et recommandations
Pour renforcer la confiance dans la science, nous recommandons une éducation scolaire faisant plus
de place à l'enseignement des méthodes scientifiques ; une meilleure diffusion de la science auprès
du public ; des modes de communication qui ne minimisent pas les doutes ou n'exagèrent pas les
promesses ; une exigence de rigueur et d'intégrité de la part des scientifiques ; une amélioration de
l'évaluation scientifique mettant en valeur la qualité et la pertinence des données; un meilleur dialogue
entre scientifiques, groupes sociaux et décideurs pour mieux éclairer les choix politiques concernant
les grands problèmes auxquels la société est confrontée.
Le rythme accéléré des changements technologiques et le besoin d'innovation pour relever les défis
à l'échelle des pays et du monde exigent une confiance accrue de la société dans la science. Il est
essentiel de trouver des moyens de maintenir et d'accroître la confiance dans la science. Ceci dépend
de la responsabilité de tous, scientifiques, éducateurs, médias et hommes politiques en maintenant
ou en établissant des relations de confiance entre la science et la société.
n Cultiver le dialogue, la confiance mutuelle et la confiance entre le public, la classe politique et les
scientifiques afin de s'assurer que les contributions scientifiques soient prises en considération lors
de l'élaboration des décisions politiques, en particulier pour les sujets à fort contenu scientifique.
n Veiller à ce que les principes fondamentaux d'éthique, d'intégrité et de responsabilité soient une
composante majeure de l'enseignement scientifique, afin d’accroître la sensibilisation à la
responsabilité scientifique, aux structures et aux politiques qui la sous-tendent. Veiller à ce que
l'évaluation par les pairs soit faite en se référant aux comités d'éthique de la recherche et à la
transparence concernant les conflits d'intérêts potentiels. Les manquements à l'éthique et à
l'intégrité de la recherche devraient être traités avec transparence et rigueur afin de s'assurer que
l'inconduite de quelques-uns ne discrédite pas l'ensemble des efforts de la communauté
scientifique.
n Veiller à ce que l'évaluation de la science soit fondée sur des critères de qualité, de reproductibilité,
d'originalité et de pertinence plutôt que sur un comptage du nombre de publications, de citations
ou l’utilisation des facteurs d'impact ou autres éléments bibliométriques afin éviter la course à la
publication qui diminue la valeur de la recherche scientifique et peut entraîner des atteintes à
l'intégrité scientifique.
Introduction
L'accumulation des connaissances, fondées sur des méthodes scientifiques, sur les êtres humains,
les sociétés et le monde qui nous entoure, a été l'un des moteurs de la vie humaine et une source
indéniable de progrès depuis des siècles. Le savoir scientifique, avec le développement de la
recherche et des technologies qui l'accompagnent, appartient au patrimoine de l'humanité et a
apporté de nombreux bénéfices à la société. Toutefois, au cours de ces derniers temps, on peut
observer une érosion apparente du niveau de confiance du public à l'égard de la science. Alors même
que la communauté mondiale est confrontée à des défis croissants, il est essentiel que soit maintenu
un niveau élevé de confiance dans la science. La science s'est récemment penchée sur des
questions majeures ayant de vastes répercussions sur les politiques et les intérêts économiques, et
il faut noter que le public et la classe politique n'ont pas toujours fait des choix fondés sur des
méthodes scientifiques.
La confiance dans la science ne doit pas être tenue pour acquise. Ainsi, la communauté scientifique,
de concert avec les éducateurs, les journalistes et les décideurs politiques, doit œuvrer pour renforcer
et maintenir une relation de confiance éclairée entre la science et la société.
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agences gouvernementales, alimenté par les médias et diffusé de manière quasi virale sur les
réseaux sociaux ; la production et la diffusion de "fausses nouvelles" qui alimentent les théories
conspiratrices sur Internet et par le canal d’autres moyens de communication. En outre, la méfiance
à l'égard de la science provient souvent de craintes mal fondées et d'une formation insuffisante au
raisonnement scientifique. Nos sociétés peuvent être tentées par une sorte de scepticisme et de
relativisme culturel qui affecte la science et la voix des scientifiques. En l'absence de pensée critique,
le doute sape la confiance de la société dans la science.
La science inclut elle-même une attitude critique qui admet que ce que nous savons à un moment
donné peut en soi être réfutable et révisable. Les scientifiques ne sont pas toujours suffisamment
prudents ou ne réussissent pas toujours à séparer la discussion des connaissances scientifiques de
leurs propres opinions politiques et sociales.
Le respect et le dialogue entre les scientifiques et les citoyens sont essentiels pour construire une
relation de confiance. L'ouverture des données scientifiques à l'accès du public est considérée
comme utile, à condition que celle-ci ne se fasse pas au détriment des bonnes pratiques de
publication. Les publications par des organisations et/ou institutions à but non lucratif et celles des
serveurs de pré-impression ("preprints") doivent être considérées comme de bonnes alternatives.
Une transparence accrue peut contribuer à accroître la confiance dans la science, ainsi que la
participation active des citoyens au développement du savoir scientifique (voir aussi la déclaration sur
la science citoyenne). Tous ces aspects doivent être pris en compte si l’on veut maintenir et renforcer
la confiance du public dans la science et la communauté scientifique.
L'éducation doit fournir à tous les jeunes une base de connaissances scientifiques. Elle doit
transmettre les valeurs de rigueur et d'intégrité inhérentes à la science, afin qu'ils puissent distinguer
ce qui émane des opinions et des croyances (venant parfois de scientifiques) de ce qui repose sur
des preuves scientifiques et une recherche rigoureuse. Pour évaluer correctement les faits
scientifiques et les risques technologiques, il est particulièrement important d'avoir des capacités de
raisonnement abstrait et numérique afin de comprendre des concepts difficiles à saisir telles que les
probabilités, les tendances non linéaires ou les généralisations non justifiées. Tout citoyen instruit
devrait être en mesure de comprendre les principes du raisonnement scientifique et de rejeter les
nouvelles fausses ou déformées qui sont colportées par des groupes au service d'intérêts ou de
croyances divers.
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Les citoyens devraient pouvoir compter sur l'intégrité et la fiabilité du monde scientifique et avoir
accès à une information rigoureuse et fiable. La confiance accordée à l'expertise scientifique dépend
de la qualité des experts, de leur objectivité et de la gestion appropriée des conflits d'intérêts.
La confiance dans la science est ébranlée par des publications dont l'examen par les pairs est limité
ou inexistant. Au cours des dernières années, profitant du faible coût et de la rapidité de l'édition
numérique, des revues électroniques de mauvaise qualité (examen par les pairs limité ou inexistant),
ou pire totalement hors des règles de l'édition scientifique, ont permis la publication de recherches
douteuses et ont dégradé la notion même de ce que doit être une publication scientifique. L'approche
de la science ouverte recommande que l'évaluation des scientifiques soit fondée sur une analyse
critique du contenu, de l'originalité et de la pertinence de leurs travaux plutôt que sur des paramètres
tels que le nombre d'articles publiés et le facteur d'impact des revues dans lesquelles ils apparaissent.
En résumé, les critères d'évaluation ne devraient pas reposer exclusivement sur des index
bibliométriques, mais plutôt sur la lecture attentive par les pairs d'une sélection d'articles choisis par
les chercheurs eux-mêmes. La confiance dans la science sera renforcée par l'amélioration de la
qualité des publications, le contrôle de la reproductibilité des résultats et la garantie que les
publications scientifiques ne sont pas biaisées du fait d’intérêts commerciaux ou idéologiques.
Le grand public suit l'actualité scientifique à travers différents types de médias tels que la télévision,
Internet et la presse. Il est essentiel de rappeler aux citoyens que le calendrier de la science peut être
long, que les découvertes et les progrès scientifiques ne sont pas toujours simples et qu’ils ne
peuvent pas être produits sur demande. L'élaboration de solutions aux problèmes actuels ne suit
pas un agenda préétabli mais découle souvent d'une recherche qui rompt avec les idées dites
établies. Le rôle des journalistes spécialisés et des médias en général est crucial et toute initiative
de leur part pour promouvoir ou améliorer la diffusion de connaissances scientifiquement valables
devrait être soutenue. En outre, des méthodes d'évaluation de la crédibilité des sources d'information
informelles (p. ex. pages Web et blogs) devraient être élaborées et les indicateurs de crédibilité de
ces sources devraient être documentés et rendus publiques.
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Les scientifiques et les hommes politiques travaillent à des échelles de temps différent, mais il est
important que les deux se concertent pour le bien de l'ensemble de la société dans l'élaboration de
politiques fondées sur la science. A tous les niveaux, aussi bien local qu’international, les scientifiques
ne devraient pas seulement être positionnés en tant qu'experts-conseils, mais être activement
associés aux processus de planification et de prise de décision. Ils peuvent fournir une vision à long
terme irremplaçable sur des sujets que la politique et l'élaboration des politiques ne considèrent
souvent qu'à court terme.
Faire passer le message que la science a un rôle crucial à jouer pour relever les défis
cruciaux auxquels l'humanité est confrontée
Les défis auxquels l'humanité est confrontée aujourd'hui sont de taille. Le monde dépend de plus en
plus de la science et de ses applications dans la vie quotidienne ainsi que dans ses perspectives à
long terme. L'absence de transition démographique dans de nombreux pays et l'augmentation de la
population mondiale qui en résulte posent des problèmes d'approvisionnement énergétique, de
disponibilité en eau, de menaces pour les écosystèmes marins et côtiers, d'extinction accélérée des
espèces affectant la biodiversité de la planète, de réchauffement climatique, de dégradation des sols
et de son impact sur la sécurité alimentaire qui ont été précisément décrits par des scientifiques. Les
chercheurs doivent avertir nos sociétés des mesures urgentes et nécessaires à prendre pour réduire
les risques prévus. Il ne sera possible de relever ces grands défis qu'en comprenant
systématiquement les options et leurs conséquences, en réalisant de nouveaux progrès scientifiques,
en accélérant les progrès technologiques, en innovant et en faisant preuve d'une volonté politique
pour les mettre en œuvre. Ces mesures sont d'autant plus importantes que la situation de l'homme
est aujourd'hui profondément différente de celle d'il y a plusieurs générations. Auparavant, les risques
et les avantages des développements technologiques étaient immédiatement évidents pour les
individus. De nos jours, de nombreux développements ont des conséquences lointaines et les risques
différés ne peuvent être appréhendés que par un raisonnement abstrait et une analyse des tendances
anticipées à partir de modèles scientifiques dont la pertinence doit être assurée.
Les questions abordées ici sont encore plus pertinentes et difficiles pour les pays en développement
qui n'ont peut-être pas la capacité de produire et d'utiliser des informations scientifiquement validées
et de déployer la technologie et le savoir-faire technique appropriés. Ces pays disposent d'un potentiel
scientifique et de ressources naturelles considérables mais n'ont pas tous les moyens pour les
développer. Les racines de la confiance et de la méfiance ont une dimension historique, ce qui rend
le renforcement des capacités locales d'une importance cruciale. Plus généralement, accroître
l'impact des sciences et renforcer la confiance ne pourront se faire dans ces pays que grâce à
l'éducation scientifique et au développement de compétences techniques que les parties prenantes
devraient être en mesure de définir, de mettre en œuvre et de s'approprier.
Conclusion
Le monde dépend de plus en plus de la science et de ses applications aussi bien dans la vie
quotidienne que dans ses perspectives à long terme. Bien que la confiance dans la science demeure
élevée, les défis à relever sont graves et évoluent rapidement. En particulier, les décideurs politiques
et les scientifiques doivent faire face à la désinformation qui se propage si facilement sur Internet. Les
décideurs et les scientifiques devraient établir entre eux des contacts réguliers et efficaces afin
d’assurer l'expertise nécessaire à l’analyse des problèmes et trouver des solutions aux principaux
défis d’aujourd’hui et de demain. Les scientifiques devraient accorder une priorité élevée à
l'établissement d'un véritable dialogue avec leurs concitoyens, au partage des progrès scientifiques
avec eux, à la compréhension des préoccupations et des priorités du public et à la discussion des
effets négatifs potentiels de la science et de la technologie. D'une manière générale, accroître la
confiance dans la science exige un effort d'éducation et d'engagement qui doit être conduit à tous les
niveaux pour améliorer la rationalité, la pensée critique, la connaissance des bénéfices attendus des
recherches scientifiques, mais aussi parfois celle des risques associés.