Support TS - CH7 - L2etL3
Support TS - CH7 - L2etL3
Support TS - CH7 - L2etL3
Échantillonnage et reconstruction
des signaux analogiques
Dans ce chapitre, les approches temporelle et fréquentielle de l’échantillonnage sont
analysées en détail de manière à bien mettre en évidence le recouvrement spectral
qui conduit au théorème de Shannon.
Puis, les effets de la quantification, la notion de rapport signal sur bruit (SNR) sont
étudiés de manière à conduire au meilleur choix d’un filtre anti-repliement.
5.1. Introduction
La plupart des signaux que l’on doit traiter et analyser tels que la parole, les si-
gnaux biologiques, sismiques, radars, audio ou vidéo sont analogiques par nature.
C’est-à-dire qu’ils sont fonction d’une variable continue, le temps, et qu’eux-mêmes
varient de manière continue. Ces signaux peuvent être traités analogiquement à
l’aide de filtres par exemple. Les signaux d’entrée et de sortie sont alors analogiques
(figure 5.1).
171
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
Te CAN
La figure 5.3 présente les éléments qui interviennent lors du traitement numérique
d’un signal analogique. On y trouve un filtre antirecouvrement (on verra plus loin
sa raison d’être), un échantillonneur commandé par une horloge de période Te , un
quantificateur Q, un processeur numérique µP, un convertisseur N–A et un filtre de
lissage.
172
5.2. Analyse temporelle
Temps
continu discret
x(t) xe(t=nTe)
A
(a) N (b)
t t
Amplitude
Q
xq(t) xq[n]
Te
Signal numérique maintenu Signal numérique
discrète
N
A
(d) (c)
t n
Question
1. Tracez la caractéristique du convertisseur et les graphes x(t) et xq [n].
2. Quelles valeurs obtiendra-t-on pour xe [n], xq [n] et q[n].
173
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
n 0 1 2 3 4 5 6 7 8
xe [n] 1.000 0.6065 0.3679 0.2231 0.1353 0.0821 0.0498 0.0302 0.0183
xq [n] 1.00 0.60 0.36 0.22 0.14 0.08 0.04 0.04 0.02
q[n] 50 30 18 11 7 4 2 2 1
q [n] % 0.00 –1.08 –2.15 –1.39 +3.47 –2.56 –19.7 +32.5 +9.29
q
xq 1
254 5.08
(a) 0.7
(b)
0.6
0.5
3 0.06
0.4
2 0.04
0.3
1 0.02
0.2
x
0 0.1
0.01
0.03
0.05
5.11
0 [V]
5.09
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
3
temps [sec] x 10
La fonction ainsi obtenue est une suite d’impulsions de Dirac dont la surface est
modulée par le signal x(t). Bien entendu, il s’agit là d’un modèle mathématique
facilitant l’analyse de l’échantillonnage et qui, d’un point de vue pratique, donne
heureusement des résultats pas trop différents de ce que l’on obtient avec un échan-
tillonneur réel.
174
5.3. Analyse fréquentielle
x(t)
δTe(t)
1
t
Te
Si on veut respecter la forme du signal, il est important d’avoir des impulsions suffi-
samment proches les unes des autres. Dans le cas contraire, il n’est plus possible de
voir les variations les plus rapides du signal à traiter. Ceci conduit à une ambiguı̈té,
car rien n’exclut que les points échantillonnés du signal A puissent appartenir à un
autre signal B contenant des fréquences plus élevées (figure 5.7).
x(t)
B
Te
175
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
Nous venons de voir que l’échantillonnage d’un signal analogique est modélisé dans
l’espace temps par la multiplication du signal x(t) par un peigne temporel de Dirac
δTe (t). Or, on sait qu’à une multiplication temporelle correspond, dans l’espace des
fréquences, une convolution fréquentielle entre le spectre X(jf ) du signal x(t) et
celui du peigne de Dirac D(jf ) :
xe (t) = x(t) · δTe (t) ⇔ Xe (jf ) = X(jf ) ⊗ D(jf ) (5.2)
δTe(t)
1
t
0 Te
D(jf) = 1 δ fe(f)
Te
1/Te
f
0 fe
Propriété Le spectre d’un peigne temporel de Dirac δTe (t) de période Te est un
peigne fréquentiel de Dirac δfe (f ) de période fe = 1/Te et d’amplitude 1/Te .
où D(jk) représente les coefficients de Fourier de δTe (t) qui valent :
1 +Te /2 1 0+
Z Z
1
D(jk) ≡ δ(t) exp (−j2π kfe t) dt = δ(t) · 1 · dt =
Te −Te /2 Te 0− Te
Ce qui, en terme de transformation de Fourier, s’écrit également
1
D(jf ) = δf (f ) (5.3)
Te e
et donne un peigne fréquentiel de Dirac. Une représentation graphique en est donnée
à la figure 5.8.
176
5.4. Recouvrement spectral
Ce résultat très important montre que le spectre d’un signal échantillonné est la
somme d’une répétition périodique du spectre du signal analogique X(jf ) (figure
5.9) et que la période de ce spectre est égale à la fréquence d’échantillonnage fe .
x(t) X(f)
t f
xe(t) Xe(f)
Te t f
-fe +fe
177
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
0.5
−0.5
−1
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
temps [ms]
0.5
0.4
0.3
|X (jf)|
e
0.2
0.1
devient trop petite. La figure 5.11 illustre cette situation dans les domaines tempo-
rel et spectral. En réduisant la fréquence d’échantillonnage, on diminue la distance
entre les spectres qui, pour finir, se recouvrent. Cette superposition correspond à la
somme des spectres qui conduit à une déformation irrécupérable du spectre initial :
il n’est plus possible de reconstituer le signal x(t) à partir du spectre ainsi obtenu.
Il est donc important de ne pas oublier que l’échantillonnage d’un signal n’est pas
une opération aussi anodine qu’elle paraı̂t. Si la période d’échantillonnage est trop
petite, cela peut modifier gravement le signal temporel perçu après échantillonnage.
Comme le montre la figure 5.12, une sinusoı̈de de fréquence élevée peut être perçue
comme un signal de fréquence beaucoup plus faible.
Le recouvrement spectral illustré par les figures 5.11 et 5.13 peut également être
interprété comme un repliement du spectre autour de fe /2. Cette fréquence par-
ticulièrement importante fN = fe /2 porte le nom de fréquence de Nyquist et elle
délimite le domaine d’analyse compris entre ±fe /2. Ainsi que le montre la figure
5.13, les valeurs obtenues par superposition des spectres peuvent appartenir aussi
bien à une sinusoı̈de de 2 kHz qu’à celle de 6, 10 ou 14 kHz. Ce qui fait que si
l’on n’y prend pas garde, la fréquence réelle 6 kHz est perçue comme un signal
basse-fréquence de 2 kHz. Tout se passe comme si les signaux de fréquences 6, 10
ou 14 kHz étaient perçus comme un seul signal de fréquence 2 kHz.
En analysant la figure 5.13, on voit que les raies spectrales apparentes dues à
l’échantillonnage se situent en
fapp = ±m fe ± fk , m 6= 0 (5.5)
et que, si la fréquence d’échantillonnage n’est pas assez élevée, elles peuvent se
retrouver dans la bande de base −fe /2 < f < +fe /2.
Un exemple de repliement spectral bien connu est le phénomène observé au ci-
néma lorsqu’un chariot équipé de roues à rayons se déplace. La scène filmée est
178
5.4. Recouvrement spectral
x(t) X(f)
t f
xe(t) Xe(f)
Te t f
-fe +fe
xe(t) Xe,k(f)
Te t
-fe
Te t f
-fe +fe
0.5
−0.5
−1
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
179
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
16k
X(f)
-16k
14k
12k
10k
fe = 8k
-8k
4 8 f
-6k 6k -6 -2 2 6 [kHz]
Questions
1. Dessinez la fonction x(t) et les points échantillonnés x(t = nTe ).
2. Calculez la fréquence apparente fapp du signal x[n] = x(t = nTe ).
3. Dessinez la sinusoı̈de basse-fréquence passant par les points échantillonnés.
4. Calculez et dessinez le spectre du signal échantillonné.
Réponses Les courbes demandées sont calculées et dessinées avec Matlab à l’aide
des commandes ci-dessous :
180
5.4. Recouvrement spectral
0.5
x(t), x(n Te)
−0.5
−1
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
temps [ms]
0.5
0.4
0.3
|Xe(jf)|
0.2
0.1
−15 −10 −f −5 0 5 +f 10 15
e e
fréquence [kHz]
% signal apparent
fapp = fo - fe;
xta = sin (2*pi * tt * fapp);
% échantillonnage de x(t)
tn = 0:Te:tmax;
xn = sin (2*pi * tn/To);
% traçage dans le domaine temporel
subplot(2,1,1);
h1 = plot (tt, xt); grid;
set(h1,’LineWidth’,2); hold on;
plot(tn, xn, ’o’, tt, xta, ’-’);
xlabel (’temps [sec]’);
Le spectre original et sa répétition font apparaı̂tre des raies se trouvant aux fré-
quences suivantes :
181
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
k = 1, m = 0, 1, 2, 3 0 1 2 3 ...
+m fe ± f0 ±5 +3, +13 +11, +21 +19, +29 ...
−m fe ± f0 ±5 –3, –13 –11, –21 –19, –29 ...
Considérons un signal carré de période T0 = 1 [ms] dont on sait que son spectre
est constitué de raies situées en tous les multiples impairs de la fondamentale f0 =
1 [kHz]. Ce signal est échantillonné à la fréquence fe = 12.8 [kHz].
Comme le rapport entre fe = 12.8 [kHz] et f0 = 1 [kHz] n’est pas entier ; le re-
couvrement spectral fait apparaı̂tre de manière évidente des raies parasites en des
fréquences inattendues (figure 5.15). Ces raies apparentes se situent en
fapp = ±m · fe ± k · f0
En ne considérant que les premiers spectres latéraux (m = ±1), on peut calculer les
fréquences apparentes suivantes
m = ±1, k = 1, · · · 1 3 5 7 9 11 13 15 17
+12.8+(· · · ) +13.8 +15.8 +17.8 +19.8 +21.8 +23.8 +25.8 +27.8 +29.8 ···
+12.8 – (· · · ) +11.8 +9.8 +7.8 +5.8 +3.8 +1.8 –0.2 –2.2 –4.2 ···
–12.8+(· · · ) –11.8 –9.8 –7.8 –5.8 –3.8 –1.8 +0.2 +2.2 +4.2 ···
–12.8 – (· · · ) –13.8 –15.8 –17.8 –19.8 –21.8 –23.8 –25.8 –27.8 –29.8 ···
Les valeurs mises en gras correspondent aux fréquences apparentes que l’on retrouve
dans la bande de base comprise entre 0 et fN = fe /2 = 6.4 [kHz].
182
5.4. Recouvrement spectral
0.5
x(t)
−0.5
−1
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
temps [ms]
−10 3
5
|X(jf)| [dB]
7
−20 7 9
9 11
11 13
13
−30
−40
0 2 4 6 8 10 12 14
fréquence [kHz]
183
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
1
x(t), xe(t)
0.5
0
−2.5 −2 −1.5 −1 −0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5
0.2
X(jf)
0.1
0
−20 −15 −10 −5 0 5 10 15 20
0.3
X(j(f ± kfe))
0.2
0.1
0
−20 −15 −10 −5 0 5 10 15 20
0.3
0.2
Xe(jf)
−f /2 +f /2
e e
0.1
0
−20 −15 −10 −5 0 5 10 15 20
t, f
184
5.4. Recouvrement spectral
% spectre de xt (analogique)
duree = max(tt)-min(tt)+dt;
fmax = 1/dt; df = 1/duree;
ff = -fmax/2:df:fmax/2-df;
Xjf = fftshift(fft(xt))/length(xt);
Xf = abs(Xjf);
% spectre de xn
fe = 1/Te; Nfft = length(xn);
dfe = fe/Nfft;
ffe = -fe/2:dfe:fe/2-dfe;
Xejf = fftshift(fft(xn))/Nfft;
% graphes
subplot(4,1,1);
plot(tt,xt,tn,xn,’.’);
subplot(4,1,2);
stem(ff,Xf,’k.’); hold on;
plot(ff,abs(Xjfth));
subplot(4,1,3);
stem(ff,Xf,’k.’); hold on;
stem(ff-fe,Xf,’b.’);
stem(ff+fe,Xf,’r.’);
subplot(4,1,4);
stem(ffe,abs(Xejf),’.’); hold on;
plot(ff,abs(Xjfth));
185
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
1
x(t)
0.8 x[n]
0.6
0.4
0.2
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
temps [sec] x 10
−3
−4
x 10
2
X(f)
1.5
Xe(f)
0.5
0
−10 −8 −6 −4 −2 0 2 4 6 8 10
fréquence [kHz]
186
5.5. Théorème de l’échantillonnage
La méthode la plus simple pour calculer Xe (jf ) consiste à utiliser Matlab. Dans le
calcul qui suit, on notera que pour des raisons d’échelle, la période d’échantillonnage
n’est pas prise en compte dans le calcul des spectres.
% parametres
A = 10.0; tau = 0.2e-3;
fc = 1/(2*pi*tau);
Te = tau/2; fe = 1/Te;
% repetition spectrale
% spectre original
Xf0 = A*tau ./ (1 + j*2*pi * f*tau)
% spectres dus à ±fe
Xfp1 = A*tau ./ (1 + j*2*pi * (f + fe)*tau);
Xfm1 = A*tau ./ (1 + j*2*pi * (f - fe)*tau);
% spectres dus à ±2fe
Xfp2 = A*tau ./ (1 + j*2*pi * (f + 2*fe)*tau);
Xfm2 = A*tau ./ (1 + j*2*pi * (f - 2*fe)*tau);
% spectre résultant
Xfe = Xf0 + Xfm1 + Xfp1 + Xfm2 + Xfp2
Xfem = abs (Xfe)
>> Xfem = 0.2031e-3 0.1415e-3
% erreurs relatives
erreurs = (Xfem - abs(Xf0)) ./ abs(Xf0)
>> erreurs = 0.0157 0.0008
187
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
5.5.2. Exemple
Donnée Considérons un signal x(t), à spectre constant dans une large bande de
fréquence que l’on filtre passe-bas avec un filtre de Butterworth d’ordre m = 6 et
de fréquence de coupure fc = 1 [kHz].
Dans ce qui suit, on souhaite estimer la valeur de la fréquence d’échantillonnage fe
nécessaire pour que l’effet du recouvrement spectral à la fréquence de coupure fc
soit inférieur à 1%.
188
5.5. Théorème de l’échantillonnage
−10
−20
−30
Module [dB]
m=4 m=4
−40
−50
m=6 m=6
−60
−70
m=8 m=8
−80
−90
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
fréquence [fe]
0
0.707
−10 H(f−fe)
H(f)
−20
H(f) [dB]
−30
−40
1/141
−50
−60
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
fréquence [Hz]
Ne considérant que le premier spectre latéral, l’effet du recouvrement est décrit par
la réponse fréquentielle centrée en +fe :
1 1
Hf e (f ) = H(f − fe ) = r 12 = 141 lorsque f = fc
f −fe
1 + fc
189
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
On a donc :
12 12
fc − fe fe − fc
1+ =1+ = 1412 = 2 · 104
fc fc
De cette équation, on tire :
1/12
fe = 1 + 2 · 104 fc
= 3.28 fc = 3.28 [kHz]
190
5.6. Quantification d’un signal échantillonné
Par exemple, si l’on considère un CAN 4 bits travaillant entre ±8 [V], on aura
2 · 8 [V] 1
∆CAN = 16 [V] Q= = 1.00 [V] EQ = 0.50 [V] RCAN =
24 16
En observant attentivement la figure 5.20, on voit que le domaine de conversion
s’étend plus précisément de Umin = −8−0.5 = −8.5 [V] à Umax = +8−0.5 = 7.5 [V].
Ce qui donne bien évidemment ∆CAN = 16 [V].
10
original
codage
8 erreur
2
Sortie codée
−2
−4
−6
−8
−10
−10 −8 −6 −4 −2 0 2 4 6 8 10
Tension d’entrée
191
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
10
original
codage
8 bruit
2
Amplitude
−2
−4
−6
−8
−10
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2
temps
Si le pas de quantification est beaucoup plus petit que l’amplitude du signal x(t),
on peut raisonnablement admettre que le signal d’erreur est constitué de segments
de droite compris entre ±Q/2 et de durée variable ∆t (figure 5.21). L’équation
décrivant ce signal d’erreur élémentaire s’écrit alors :
Q ∆t ∆t
e(t) = t pour − ≤t≤+
∆t 2 2
et sa puissance moyenne vaut :
Z +∆t/2
1
PQ = e2 (t) dt
∆t −∆t/2
Z 2
+∆t/2
1 Q
= t dt
∆t −∆t/2 ∆t
2 3
1 Q 1 ∆t
= 2
∆t ∆t 3 2
Ce qui donne finalement le résultat bien connu pour une distribution statistique
uniforme :
EQ2 Q2
PQ = = (5.12)
3 12
La valeur ainsi obtenue est une estimation de la puissance du bruit de quantification
suffisante pour la plupart des cas réels. Si l’on exprime cette puissance par rapport
au nombre de bits du convertisseur, on obtient :
2 2
1 2 Umax Umax
PQ = = √
12 2n 2n 3
192
5.6. Quantification d’un signal échantillonné
SN RdB ≡ 20 log(SN R)
Xef f
= (n − 1) 20 log(2) + 10 log(12) + 20 log
Umax
d’où :
Xef f
SN RdB = 6 n + 4.8 dB + 20 log < 6 n + 4.8 dB (5.16)
Umax
On voit ainsi que le rapport signal sur bruit d’un convertisseur A-N dépend de
son domaine de conversion et de la valeur efficace du signal. Comme l’amplitude
de celui-ci ne doit pas dépasser le domaine du convertisseur si l’on veut éviter des
saturations, on voit que le SNR sera toujours inférieur à 6n + 4.8 dB.
Dans le cas particulier où le signal analogique est une sinusoı̈de d’amplitude égale
à la tension maximum Umax du convertisseur A–N, on a :
Umax 1
Xef f = √ = √ 2n−1 Q
2 2
193
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
Le rapport signal sur bruit maximum que l’on peut avoir après quantification vaut
alors : √
Xef f 2n−1 Q/ 2 √ n−1
SN Rmax = = √ = 6 2
Qef f Q/ 12
Exprimé en dB, ce rapport devient :
SN Rmax, dB ≡ 20 log(SN R)
= (n − 1) 20 log(2) + 10 log(6)
' 6 (n − 1) + 7.8 dB
d’où
SN Rmax, dB ' 6 n + 1.8 dB si A = Umax (5.17)
Il est important de se rappeler que ce résultat n’est valable que pour une sinusoı̈de
dont l’amplitude couvre toute la plage du convertisseur A–N et qu’il représente le
SNR maximum possible pour un convertisseur donné.
Ainsi, pour un convertisseur 8 bits, le rapport signal sur bruit maximum vaut
environ 50 dB. Ceci est suffisant pour la plupart des applications industrielles, mais
pas du tout en haute-fidélité où l’on désire un rapport d’au moins 96 dB. Dans ce
cas, 16 bits sont nécessaires avec un convertisseur d’excellente linéarité.
Dans le cas plus général où l’amplitude A du signal sinusoı̈dal est inférieure à Umax ,
on aura :
Umax
SN RdB ' 6 n + 1.8 dB − 20 log A ≤ Umax (5.18)
A
Dans le cas particulier où le signal analogique est un triangle d’amplitude égale à la
tension maximum Umax du convertisseur A–N, on montre aisément (voir exercices)
que le rapport signal sur bruit obtenu après quantification vaut au maximum :
SN Rmax, dB = 6 n si A = Umax (5.19)
Dans le cas plus général où l’amplitude A du signal triangulaire est inférieure à
Umax , on aura :
Umax
SN RdB ' 6 n − 20 log A ≤ Umax (5.20)
A
Dans le cas où l’on peut admettre que la distribution statistique d’un signal quel-
conque est gaussienne, on montre que le risque de dépassement du domaine de
conversion est inférieur à
Umax
5% si Xef f ≤
2
Umax
0.3% si Xef f ≤
3
194
5.6. Quantification d’un signal échantillonné
Umax
SN Rmax, dB = 6 n + 4.8 dB − 20 log 3 = 6 n − 4.7 dB si Xef f =
3
Dans ce cas, plus général que celui du signal sinusoı̈dal, on voit que le rapport signal
sur bruit ne dépassera pas 43 dB pour un convertisseur 8 bits. Une illustration de
la quantification de trois signaux types est donnée dans la figure 5.22.
0 0 0
−1 −1 −1
0 0.5 1 0 0.5 1 0 0.5 1
temps temps temps
1 1 1
Quantification 4 bits
0 0 0
−1 −1 −1
0 0.5 1 0 0.5 1 0 0.5 1
SNR = 26 dB 24 dB 19 dB
theor
nef f = n − 1
195
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
0 0
−5 −5
1 1
0.5 0.5
x(t), yq,NL(t)
x(t), yq(t)
0 0
−0.5 −0.5
−1 −1
−1 −0.5 0 0.5 1 −1 −0.5 0 0.5 1
temps temps
5.6.6. Conclusion
Les situations que l’on vient d’analyser peuvent se résumer dans le tableau 5.1.
De celui-ci, on notera que de manière générale, une conversion A–N réelle peut
difficilement fournir un rapport signal sur bruit supérieur à 6(n − 1) dB même si
196
5.7. Choix d’un filtre et de la fréquence d’échantillonnage
Comme nous venons de le voir, le traitement numérique des signaux introduit des
erreurs dont on peut estimer la valeur. Celles-ci ne seront acceptables que si elles
ne dépassent pas des limites psycho-physiologiques généralement connues.
En téléphonie par exemple, il est important et suffisant que les locuteurs puissent
se reconnaı̂tre au son de leurs voix. Comme les fréquences fondamentales présentes
dans les voix humaines dépassent rarement 1 kHz, on admet qu’une bande passante
de 4 kHz est suffisante pour laisser passer les harmoniques nécessaires. Cette bande
passante permet de fixer la fréquence d’échantillonnage utilisée en téléphonie nu-
mérique à 8 kHz. De plus, de manière à ce que la voix numérisée ne soit pas trop
“granulaire”, une dynamique de 50 dB est demandée : des convertisseurs 8 bits sont
généralement acceptés.
En audio de haute qualité, les limites que l’on souhaite atteindre sont fixées par les
capacités de l’oreille humaine ; la dynamique et la bande passante demandées sont
donc bien plus élevées qu’en téléphonie. Ainsi, pour reproduire la qualité sonore
d’une salle de concert, on exige une bande passante de 20 kHz et une dynamique
de plus de 80 dB car cela correspond au rapport entre le volume sonore d’un grand
orchestre et le bruit de fond d’une salle silencieuse.
197
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
198
5.8. Reconstruction du signal
2
amplitude
−2
−4
−6
−8
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
temps
199
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
0.5
−0.5
−3 −2 −1 0 1 2 3
0.5
−0.5
−3 −2 −1 0 1 2 3
0.5
−0.5
−3 −2 −1 0 1 2 3
temps [Te]
Une comparaison entre les résultats fournis par l’interpolateur d’ordre zéro et l’in-
terpolateur idéal peut être faite en observant les reconstructions illustrées à la figure
5.26. Comme le signal original possède une discontinuité, cela conduit à un effet de
Gibbs assez prononcé. Dans le cas d’un signal sans discontinuité échantillonné assez
rapidement, la reconstruction est presque parfaite.
200
5.8. Reconstruction du signal
0.8
0.6
0.4
0.2
−0.2
0 50 100 150 200 250 300
Interpolateur idéal
1.2
0.8
0.6
0.4
0.2
−0.2
0 50 100 150 200 250 300
temps
sin (π f Te )
H(jf ) = Te exp (−jπ f Te ) (5.29)
(π f Te )
Sa représentation bien connue est rappelée à la figure 5.28. Pour comparaison, on y
a superposé en traitillé la réponse fréquentielle d’un interpolateur idéal. On notera
que le CNA agit comme un filtre passe-bas entre 0 et fe /2 et qu’il sera bon d’en
tenir compte lors de la reconstruction du signal analogique.
201
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
0.8
0.6
δ (t)
0.4
0.2
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5
0.8
0.6
h(t)
0.4
0.2
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5
temps [Te]
Te x 1
CNA
0.8 idéal
module
0.6
0.4
0.2
0
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5
fréquence [fe]
0.5
phase / π
−0.5
−1
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5
fréquence [fe]
202
5.9. Analyse qualitative d’une chaı̂ne A-N – N-A
On peut se rapprocher d’un signal analogique plus habituel en éliminant les escaliers
du signal xs (t) créé par le CNA. Pour cela, on fait suivre le convertisseur d’un filtre
passe-bas, dit de reconstruction ou de lissage. La bande passante de celui-ci doit
être suffisante pour laisser passer l’information contenue dans la bande de base du
signal numérique. Comme celui-ci s’étend de 0 à fe /2, les filtres antirecouvrement
et de reconstruction sont généralement les mêmes.
La figure 5.30 montre le signal x0 (t) échantillonné sans filtrage préalable et son
spectre. On y voit en particulier combien le spectre d’amplitude Xe (f ) résultant
s’éloigne du spectre original X0 (f ).
La figure 5.32 montre le signal échantillonné et son spectre ainsi que celui du blo-
queur d’ordre 0 qui n’est autre que le premier lobe de la fonction sinus cardinal. Il
est bien clair que ce spectre, qui est aussi la réponse fréquentielle du bloqueur, va
modifier le spectre du signal y[n] appliqué au CNA.
203
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
0.2 1.2
Signal x0(t) Spectre de x0(t)
1
0.15
0.8
0.1
0.6
0.05
0.4
X0(f)
0
0.2
−0.05 0
0 10 20 30 40 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
0.2 1.2
Signal x[n] Spectre de x[n]
0.15 1
0.8
0.1
0.6
0.05
0.4 Xe(f)
0 0.2
−0.05 0
0 10 20 30 40 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
temps [Te] fréquence [fe]
0.2 1.2
Signal filtré x(t) Spectres
1
0.15
0.8
0.1
0.6
0.05 FAR
0.4
0
0.2
X(f) X0(f)
−0.05 0
0 10 20 30 40 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
0.2 1.2
Signal x[n] Spectre Xe(f)
0.15 1
0.8
0.1
0.6
0.05
0.4
0 0.2 X0(f)
−0.05 0
0 10 20 30 40 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
temps [Te] fréquence [fe]
204
5.9. Analyse qualitative d’une chaı̂ne A-N – N-A
0.2 1.2
Signal y[n] Spectre de y[n]
1
0.15
0.8
0.1
0.6
0.05
0.4
0 Y(f)
0.2
−0.05 0
0 10 20 30 40 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
1.2 1.2
Bloqueur Spectre du bloqueur
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
B(f)
0.4 0.4
0.2 0.2
0
0
0 1 2 3 4 5 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
temps [Te] fréquence [fe]
0.2 1.2
Signal ys(t)
1
0.15
0.8
0.1
0.6
0.05
0.4
0 Ys(f) = Y(f) B(f)
0.2
0.05 0
0 10 20 30 40 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
0.2 1.2
Signal y(t) Spectres
0.15 1
0.8
0.1
0.6
0.05 FL
0.4
0 0.2
Y(f) X(f)
0.05 0
0 10 20 30 40 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
temps [Te] fréquence [fe]
205
5. Échantillonnage et reconstruction des signaux analogiques
206