Livre Blanc Gazeification Hydrothermale
Livre Blanc Gazeification Hydrothermale
Livre Blanc Gazeification Hydrothermale
GAZÉIFICATION HYDROTHERMALE
LIVRE BLANC
Remerciements
De sincères et chaleureux remerciements aux membres du Groupe de Travail Gazéification Hydrothermale
ayant participé à la révision du présent document, leurs apports furent précieux pour faire de ce livre
blanc un document de référence sur la Gazéification Hydrothermale !
Janvier 2023
L I V R E B L A N C GA Z É I F I CAT I O N H Y D ROT H E R M A L E
Préambule
Ce livre blanc a été élaboré par le Groupe de Travail national Gazéification Hydrothermale dans l’objectif
de présenter
• les principaux caractéristiques et atouts de ce nouveau procédé innovant de traitement et de valo-
risation des déchets organiques,
• un état de l’art des avancées technologiques de la Gazéification Hydrothermale pour son
industrialisation,
• les gisements adressables à la technologie et son potentiel de production de gaz injectable dans le
réseau,
• les enjeux environnementaux et économiques associés.
In fine, ce document a pour vocation d’apporter la base de connaissances nécessaire à l’État français,
aux institutions, porteurs de projets, collectivités territoriales et locales, bureaux d’étude et de conseils
et à l’ensemble des autres parties prenantes impactées par les enjeux d’énergie, de déchets, de décar-
bonation et de développement durable. L’objectif est de réussir à bâtir un cadre de soutien adapté à
l’émergence de cette nouvelle filière en France, à l’image d’autres filières de production de gaz renouve-
lable et bas-carbone existantes.
Une telle démarche nécessite de disposer de solutions adaptées et rapidement déployables. Les récentes
avancées techniques et scientifiques rendent possibles à court terme de mettre à disposition des terri-
toires et des industriels de nouveaux outils permettant de répondre efficacement aux enjeux nationaux.
Ainsi, la Gazéification Hydrothermale apparait comme étant une des technologies les plus efficaces pour
la valorisation de nombreux déchets organiques et la production de gaz renouvelable et bas-carbone
tout en permettant la destruction des micropolluants, la valorisation de minéraux d’intérêt agricole, de
métaux et la préservation de la ressource eau. Les premières études indiquent également un poten-
tiel important de la Gazéification Hydrothermale en lien avec les nombreuses externalités positives
attendues et son intégration facilitée dans des boucles d’économie circulaire. Par ailleurs, du fait de ses
capacités en matière de dépollution et de maîtrise des flux sortants, la technologie permet de garantir
un maximum de sécurité sur les plans sanitaires et environnementaux.
Posant une première pierre pour structurer et aider le développement de la filière en France, ce premier
livre blanc a été élaboré pour permettre de partager avec les pouvoirs publics, collectivités locales et
territoriales, industriels, agriculteurs et l’ensemble des acteurs des domaines de l’énergie, des déchets
et du traitement d’eau, les connaissances élémentaires nécessaires pour appréhender au mieux la
Gazéification Hydrothermale dans son ensemble.
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Le Groupe de Travail Gazéification Hydrothermale, auteur de ce livre, a été créé en mars 2021. Fin 2022,
il constitue avec une cinquantaine d’acteurs publics et privés la filière française en couvrant toute la
chaîne de valeur de la technologie. Son objectif est de développer, structurer cette filière innovante et
de faciliter son implantation industrielle dans le paysage énergétique français. Dans cette optique, deux
premiers industriels français, Leroux et Lotz Technologies et VINCI Environnement, se sont positionnés
fin 2021 pour porter la technologie de Gazéification Hydrothermale et accompagner son industrialisa-
tion dans les territoires français puis à l’étranger.
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Résumé exécutif
L
e présent document est le résultat d’un travail collectif impulsé par le Groupe de Travail national
« Gazéification Hydrothermale » (GT Gazéification Hydrothermale) visant la mise en place d’une
filière industrielle française pour la technologie à horizon 2025. Il propose des orientations straté-
giques de filière en termes techniques, économique, et environnementaux tout en fédérant un ensemble
de collectivités territoriales, d’industriels et d’agriculteurs français s’y rattachant : gestion et traitement
des déchets organiques et d’eaux usées, filières de production industrielle (agroalimentaire, manufactu-
rière, production d’énergie, production de fertilisants…) et agricole.
Ce groupe de travail national a été officiellement lancé en mars 2021 lors du salon Bio360 à Nantes,
donnant à cette solution technologique un rayonnement important au sein des filières de production de
gaz renouvelable et bas-carbone et des filières du traitement et de la valorisation des déchets. Démarré
à 27 membres, le collectif d’acteurs composant le groupe de travail – réunissant fin 2022 presque 50
membres – cherche à faire émerger et industrialiser la Gazéification Hydrothermale en France. Il couvre
aujourd’hui une majeure partie de la chaîne de valeur et comprend : des développeurs de la technolo-
gies, des producteurs de gaz renouvelable et bas-carbone des sociétés de traitements et de valorisation
de déchets, des utilisateurs, des équipementiers, des associations professionnelles, des industriels, des
bureaux d’études et de conseil, des gestionnaires de réseaux de gaz, des laboratoires de recherche et
des collectivités locales.
Vous trouverez la liste des membres ci-après (décembre 2022) : GRTgaz, GRDF, AFG, AFRY, AMORCE,
Agence de l’Eau Loire-Bretagne, Arol Energy, Artelia Industrie, Bioeconomy For Change, BiogazVallée,
Cerema Ouest, Clever Values, CARENE (Agglomération de Saint-Nazaire), Chambre d’Agriculture Pays
de la Loire, CEA Liten, Engie Lab, DG Skid, Gazfio, IMT Mines Albi, Inéris, Inovertis, Khimod, Leroux&Lotz
Technologies, Naldeo, Naskeo, Nevezus, N01zet, Prodeval, GreenMac, Banzo, GreenConsult, S3D, Saur, Suez,
SIEL (Territoire d’Energie Loire), SETEC, SER, Sofresid, Tereos, Tenerrdis, Top Industrie, TreaTech, Voltigital,
Veolia, VINCI Environnement, Yélé Consulting.
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Executive summary
T
his document is the result of a collective work initiated by the National Working Group “Hydrothermal
Gasification” aimed at setting up a French industrial sector by 2025. It puts forward strategic
directions for this sector in regards to economic, technical and environmental aspects by bringing
together a group of local authorities, industries and French agricultural producers. Its activities consist
of waste and wastewater management and treatment companies, industrial production sectors (food
industry, manufacturing, energy production, fertilizer industry, etc.) and the agricultural sector.
It was officially launched in March 2021 during the Bio360 conference in Nantes, giving this techni-
cal solution a significant influence in the domain of renewable and low-carbon gas production, waste
treatment and recovery. From 27 members to over 50 members since 2022, the collective of actors com-
posing the working group supports the emergence and industrialization of Hydrothermal Gasification.
Today, it covers a most of the value chain : developers, producers of renewable and low-carbon gases,
waste treatment and recovery companies, users, equipment manufacturers, associations, industrial
actors, engineering consultancies, gas network managers, research laboratories and local authorities.
The list of members is as follows (updated on september 30, 2022): GRTgaz, GRDF, AFG, AFRY, CEA
Liten, Engie Lab, AMORCE, Agence de l’Eau Loire-Bretagne, Artelia Industrie, Bioeconomy For Change,
Cerema Ouest, Clever Values, Inéris, CARENE (Agglomération de Saint-Nazaire), Chambre d’Agriculture
Pays de la Loire, DG Skid, Gazfio, Leroux&Lotz Technologies, IMT Mines Albi, Inovertis, Khimod, Naldeo,
Naskeo, Nevezus, N01zet, Prodeval, Arol Energy, GreenMac, Banzo, GreenConsult, S3D, Saur, Suez, SIEL
(Territoire d’Energie Loire), SER, Sofresid, Tereos, Tenerrdis, Top Industrie, TreaTech, Voltigital, Veolia, VINCI
Environnement, Yélé Consulting.
The main goal of this working group is to support the organisation of the sector on a national level by
2025, and growing it to a European level with the collaboration of foreign actors. In general, the wor-
king group aims to contribute to the objectives of the energetic transition, the ecological transition and
the circular economy.
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SOMMAIRE
01
GAZÉIFICATION HYDROTHERMALE : GÉNÉRALITÉS ET
CONTEXTE
1.1 Une technologie de traitement et de valorisation de déchets
produisant des gaz renouvelable et bas-carbone 19
1.2 Contexte et enjeux environnementaux et énergétiques 24
1.3 L’état de développement de la technologie en Europe 25
1.4 État de développement de la filière Gazéification
Hydrothermale française 26
02
PRÉSENTATION DE LA GAZÉIFICATION HYDROTHERMALE
2.1 Introduction à la technologie 31
2.2 Le prétraitement des intrants 33
2.3 Mise sous pression de l’intrant et montée en température 33
2.4 Le séparateur de sels 34
2.5 Les deux grandes familles du procédé de Gazéification
Hydrothermale 35
2.6 La séparation des flux gazeux, liquides et de l’azote en aval du
gazéifieur 38
2.7 Les avantages de la Gazéification Hydrothermale 40
03
POTENTIEL DE PRODUCTION DE GAZ RENOUVELABLE ET
BAS-CARBONE
3.1 La Gazéification Hydrothermale, une solution de valorisation
pour certains déchets 45
3.2 Un potentiel de production de gaz renouvelable et
bas-carbone d’au moins 63 TWh en 2050 47
04
MATURITÉ DE LA TECHNOLOGIE ET PANORAMA DES
PROJETS EUROPÉENS
4.1 Les développeurs de la technologie Gazéification
Hydrothermale en Europe 53
4.2 Les développeurs européens (hors France) 53
4.3 Les développeurs privés 58
4.4 Les développeurs français 60
4.5 Les principaux défis spécifiques à relever pour réussir
le passage à l’échelle industrielle 63
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SOMMAIRE
05
UNE TECHNOLOGIE AU CŒUR DE L’ÉCONOMIE
CIRCULAIRE
5.1 Un modèle d’économie circulaire au profit des territoires 69
5.2 Des voies de valorisation intéressantes aux impacts positifs 73
06
MODÈLE D’AFFAIRE
DE LA TECHNOLOGIE ET POTENTIEL ÉCONOMIQUE
6.1 Évaluation des coûts CAPEX et OPEX de la technologie 80
6.2 Un modèle d’affaire évolutif dans le temps 84
6.3 Avec des perspectives de développement dynamiques 88
07
CONCLUSION & PERSPECTIVES
RÉFÉRENCES P.99
15
16
01
GAZÉIFICATION
HYDROTHERMALE :
GÉNÉRALITÉS ET CONTEXTE
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L
a Gazéification Hydrothermale est un pro- • Nombreux déchets et effluents des industries
cédé de conversion thermochimique à agroalimentaires ;
haute pression (210 à 350 bar) et à haute
• Boues issues de stations d’épuration d’eaux
température (360 à 700 °C) s’adressant tout par-
usées urbaines et industrielles ;
ticulièrement aux déchets organiques contenant
ou étant mélangeables à de l’eau. Cette dernière • Boues de dragage et curage ;
est le réactif indispensable pour créer les condi- • Nombreux déchets organiques et effluents
tions opératoires spécifiques et nécessaires à la urbains issus de déchets ménagers (fraction
technologie. Elles permettent autant, en base, la organique), d’activités tertiaires (restauration…)
production de gaz (méthane et dihydrogène) que et des biodéchets ;
la destruction de polluants et pathogènes (virus,
bactéries, organismes pathogènes, résidus médica- • Les digestats issus d’installations de méthani-
menteux, etc.) tout en préservant la ressource eau sation en cas de contraintes d’épandage.
et les composants minéraux valorisables (métaux, Mais aussi bon nombre de déchets d’origine fos-
phosphore, azote, etc.) contenus dans l’intrant et sile (tels que les plastiques plus ou moins souillés,
en limitant les déchets ultimes (exemple de cer- les solvants, huiles, déchets d’industries chimiques
tains métaux lourds) au strict minimum. et pétrochimiques…) et dont certains peuvent être
solides et secs, souvent issus d’activités indus-
Parmi les déchets organiques visés, la Gazéification trielles, non recyclés ou recyclables en l’état et
Hydrothermale cible tout d’abord ceux d’origine finissant de ce fait dans des installations d’inci-
biogénique (certains pouvant être mélangés ou nération, avec ou sans valorisation d’énergie, voire
pollués à des déchets d’origine fossilea), contenant en enfouissement ou même en décharge avec les
en base de l’eau comme de : risques de pollution (air, sol, eau) associés.
a
Exemple : emballages de plastique ou d’autres déchets chimiques d’origine fossile ou d’hydrocarbures
Pompe haute
pression 210 à 350 bar
Gazéifieur
360 à 700 °C Méthane de synthèse
(avec catalyse ou à
haute température)
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Figure 2 : Positionnement de la Gazéification Hydrothermale pour le traitement des déchets organiques ± humides (source :
Cerema / GRTgaz). (* Déchets contenant de l’eau ou secs mais permettant un apport d’eau).
a
MS = Matière Sèche
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• Tout autre déchet humide qui ne respecte quantités limitées, à l’inverse du gaz renou-
pas les critères d’innocuité agronomique per- velable et bas-carbone qui l’est facilement
mettant un retour au sol (présence élevée dans les réseaux de gaz et ceci pendant toute
d’éléments-traces-métalliques, de micro plas- l’année ;
tiquesa, de pathogènes…).
• La combustion à très haute température
(> 1000 °C) génère des gaz très polluants
Ce recours à l’incinération (combustion) avec et toxiques nécessitant des traitements
ou sans valorisation énergétique est probléma- très onéreux pour minimiser l’impact sur
tique à plusieurs niveaux et peut être évité par la l’environnement ;
Gazéification Hydrothermale car :
• L’incinération détruit la majeure partie des res-
• L’intrant humide doit être déshydraté et séché sources contenues dans l’intrant et rend leur
en amont de sa combustion consommant donc valorisation quasi impossible.
une part non négligeable de l’énergie qu’il
apporte à la combustion [2] ; • Le coût de traitement par incinération est très
élevé, pouvant aller à plusieurs centaines d’eu-
• La valorisation de la chaleur est très variable ros par tonne.
selon la saison et elle n’est stockable qu’en
Elle se présente comme une alternative aux autres La Gazéification Hydrothermale peut également
technologies de conversion en gaz renouvelable et s’intégrer en aval des autres filières, par exemple
bas-carbone en traitant le déchet ou le mélange d’une installation :
de déchets organiques plus ou moins humides.
• de méthanisation : en sortie d’un méthaniseur,
La Gazéification Hydrothermale réduit drastique-
elle est capable de valoriser des digestats
ment la part des déchets ultimes (supérieur d’un
a
La technologie Gazéification Hydrothermale permet de convertir les microplastiques en gaz riche en méthane. Cf partie
gisements.
b
Un déchet ultime – selon la loi du 13/07/92 – est un déchet qui n’est plus susceptible d’être traité dans des conditions
techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de son caractère
polluant ou dangereux
c
CxHy = hydrocarbures plus élevés que le méthane (éthane, butane, propane) injectables dans le réseau gaz
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Tableau 1 : Positionnement de la Gazéification Hydrothermale par rapport aux filières gaz renouvelable et bas-carbone
(GRTgaz).
Maturité (2022)
Procédé de conversion/
Filières Intrants valorisés (avec injection
Spécificités
réseau gaz)
Déchets organiques
Méthanisation
fermentescibles Digestion anaérobie
(par voie humide TRL 9
(mélangeables sous condition, Conversion carbone :
ou voie sèche) Industrielle
non pollués et hygiénisés le cas moyenne (40 à 60 %)
échéant)
Conversion thermochimique à TRL 6 à 9
Déchets organiques solides
haute température En fonction du procédé
Pyrogazéification d’origine biogénique ou fossile
(850 à 1500 °C) ; Démonstrateurs industriels :
(différents procédés) (lignocellulosiques, CSR, pneus…)
Conversion carbone : élevée Projet Gaya (F),
± pollués
(> 80 %) Gobigas (S)
TRL 6/9
Électrolyse de l’eau +
Eau + Électricité renouvelable Démonstrateurs industriels :
Power-to-Méthane méthanation
(ou bas-carbone) Jupiter 1000 (F) et
(H2 + CO2 → CH4)
de nombreux projets en Europe.
TRL 5/9*
Plusieurs pilotes, un démonstra-
Déchets organiques d’origine Conversion thermochimique teur et une unité industrielle
Gazéification biogénique ou fossile conte- (210 à 350 bar + 360 à 700 °C) en Europe (voir chapitre 5).
Hydrothermale nant – ou étant mélangeables Conversion carbone : *
La 1ère installation industrielle au
à – de l’eau entre 85 et 99 % monde portée par SCW Systems
sera mise en service d’ici fin
2022.
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Figure 3 : Potentiel de valorisation des boues d’épuration par la Gazéification Hydrothermale (Source : GRTgaz/Cerema).
> être portée à un niveau potable, après sépa- Ces externalités ainsi que de nombreuses autres
ration de l’azote et d’éventuels besoins de seront détaillées au chapitre 5 de ce livre blanc.
filtration ultime ;
De ce fait, la Gazéification Hydrothermale apparaît
• Assurer un rôle de dépollution des intrants comme un outil d’économie circulaire de premier
par la destruction de l’ensemble des composés plan au service des territoires. La figure suivante
organiques complexes (résidus médicamenteux (Figure 3) présente un exemple de pistes de valo-
et autres micropolluants) et des microor- risation potentielles lors du traitement des boues
ganismes pathogènes ne résistant pas à la de stations d’épuration par une installation de
combinaison des conditions à haute pression et Gazéification Hydrothermale.
haute température ;
Dans cet exemple :
• Produire un résidu de CO2 de pureté minimale
► Le méthane de synthèse généré est valorisé
supérieure à 98 % pouvant servir à alimenter
par injection dans le réseau de transport ou
de nombreuses valorisations : production de
de distribution de gaz ou localement pour un
biostimulants via la production de microalgues,
usage « mobilité bioGNV décarbonée »,
transformation en carbone solide couvrant des
besoins très diversifiés et de nombreux pro- ► L’eau résiduelle est réutilisée pour l’irrigation
cédés industriels y compris agroalimentaires des champs agricoles ou de parcs au niveau
utilisant du CO2 après purification ultime ; local,
• Récupérer, séparer et revaloriser des métaux ► Les métaux (métaux rares, métaux lourds, etc.)
potentiellement présents dans les déchets trai- sont valorisés dans l’industrie en substitution
tés ayant une valeur économique importante de ressources non durables.
soit par leur quantité récupérée (fer, aluminium, ► Le phosphore, le potassium et l’azote sont
cuivre, etc.) soit par leur rareté. Ce dernier point valorisés en tant que fertilisants dans l’agri-
sera possible sous condition qu’une technologie culture destinée à l’alimentation humaine et
de séparation et de revalorisation économi- animale.
quement viable existe. Dans le cas contraire,
ces résidus pourraient être adressés à la filière
ciment.
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E
n 2021, la Commission européenne confirme des consommations finales brutes d’énergie
son ambition d’atteindre la neutralité carbone (sobriété, efficacité énergétique), l’augmentation
avec la publication du paquet climat « Fit for de la part des EnR, la préservation des ressources
55 » qui fixe les objectifs de réduction d’émissions et une meilleure valorisation des déchets.
nettes de GES à 55 % en 2030 par rapport à leur
niveau de 1990 et veut faire de l’Europe le pre- La Gazéification Hydrothermale, dotée de ses très
mier continent climatiquement neutre à horizon nombreux atouts, permet d’apporter à terme une
2050 [3]. contribution non négligeable à ces lois et leurs
objectifs. En plus de ses capacités de produc-
Afin de respecter l’Accord de Paris et les politiques tion d’énergies renouvelables ou bas-carbone, la
européennes, la France dispose elle aussi d’un Gazéification Hydrothermale permet de traiter et
cadre législatif ambitieux avec les Lois « Énergie– dépolluer efficacement des déchets organiques
Climat » (2019) puis « Climat et Résilience » pouvant être mal, peu ou pas valorisés aujourd’hui
(2021) et la Loi de transition Énergétique pour la en offrant une meilleure alternative à l’inciné-
Croissance Verte (LTECV, 2015) dont l’objectif est ration et l’enfouissement, tout en favorisant une
de diminuer de 40 % les émissions de GES d’ici valorisation locale des co-produits qu’elle génère
2030 et de les diviser par quatre à horizon 2050. (eau, azote, minéraux, métaux, gaz renouvelable et
bas-carbone). La Gazéification Hydrothermale per-
Parallèlement, la Loi « AGEC (Anti-gaspillage pour met ainsi de contribuer vertueusement aux efforts
une Économie Circulaire) » de février 2020, est de lutte contre le réchauffement climatique, à la
présentée comme une priorité pour la France pour baisse des émissions de GES et du gaspillage des
permettre une croissance verte et durable, et vient ressources tout en participant activement à la
renforcer les lois précédemment citées. En effet, la transition énergétique et au renforcement de l’au-
décarbonation des territoires nécessite d’agir sur tonomie énergétique française.
l’ensemble des chaînes de valeur : la diminution
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n Europe, les premiers développements de la de production d’énergie en Europe, la nouvelle
technologie ont été menés par le Karlsruhe filière Gazéification Hydrothermale devra s’ins-
Institut of Technology (KIT) en Allemagne crire dans la logique de l’écosystème français
avec un projet pilote inauguré en 2004, deve- actuel dont les orientations évoluent et ont ten-
nant la première installation préindustrielle de ce dance à s’approcher (à travers des mises à jour
type au monde. Il a fallu ensuite attendre 10 ans de directives européennes) à celles déjà en place
pour que des projets de taille équivalente voient chez nos homologues européens. Ainsi de nou-
le jour au Japon et aux États-Unis, complétés par velles contraintes réglementaires, par exemple
d’autres projets européens aux Pays-Bas, en Suisse sur le respect des niveaux de polluants acceptés
avec le Paul-Scherrer-Institut (PSI), en Espagne et pour l’épandage de boues de STEU et de digestats
en France (CEA) depuis 2014. Au niveau scienti- en sortie de méthanisation, vont finir par ouvrir
fique, le KIT et le PSI, suivis de près par le CEA, des gisements potentiels vers la Gazéification
ont permis d’établir les bases scientifiques et Hydrothermale, seule à même de pouvoir les trai-
technologiques de la Gazéification Hydrothermale ter et valoriser à l’avenir.
en Europe devenant ainsi les leaders du dévelop-
pement scientifique de la technologie au niveau Sur la question du retour au sol du carbone
mondial. Depuis 2015, différentes installations prédestinant les résidus de certaines technolo-
pilotes privées ont vu progressivement le jour à gies comme la méthanisation, la Gazéification
travers l’Europe, à un rythme plus soutenu mon- Hydrothermale doit être regardée comme alter-
trant l’intérêt du secteur pour cette technologie de native dans les situations de contraintes sur
traitement et valorisation de déchets, avec notam- l’épandage du digestat. Idem pour la question des
ment l’implication des sociétés SCW Systems voies alternatives de valorisation de matières des
ou TreaTech, représentant chacune les leaders biodéchets organiques. À ce titre, l’émergence de
de leur famille de technologie (SCW Systems : la Gazéification Hydrothermale en Suisse et aux
Gazéification Hydrothermale à haute tempéra- Pays-Bas, dans des contextes différents, mérite
ture ; TreaTech : Gazéification Hydrothermale avec d’être a minima prise en compte afin de bénéficier
catalyse) en Europe et même au niveau mondial. de leurs Retours d’Expériences (REX) nécessaires
au développement d’une filière française et euro-
Le contexte français présentant de nombreuses péenne durable.
spécificités en matière de gestion des déchets et
Le modèle Allemand
L’Allemagne a été le pionnier de la Gazéification d’autres développeurs scientifiques et industriels
Hydrothermale en Europe, avec la mise en œuvre en Europe à se positionner sur la technologie et a
de l’installation pilote VERENA du KIT en 2004. permis de nouer des collaborations scientifiques
Cette usine pilote scientifique préindustrielle fructueuses, notamment avec des acteurs de pre-
traitant jusqu’à 100 kg/h d’intrant, pouvant fonc- mier rang hollandais et suisse (collaboration
tionner à une température maximum de 700 °C avec le PSI pour tester avec succès son premier
avec des rendements gaz élevés (> 90 %), a été séparateur de sel à une taille industrielle, voir
élaborée pour traiter tout un tas de déchets en paragraphe suivant).
démarrant avec des résidus de la production de
bière, des boues de STEU, des déchets industriels,
etc. La réussite de ce premier projet a inspiré
a
Méthanation : autre nom donné par la filière gaz au « Power-to-Gas ».
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ga z é i f i cat i o n h y d rot h e r m a l e : g é n é r a l i t é s e t c o n t e x t e
Le modèle Suisse
En Suisse, la Gazéification Hydrothermale a été mono-incinération) permet, à ce jour, de traiter
identifiée depuis ses premiers pas au début des les boues et leurs digestats et à terme de récu-
années 2000 comme une technologie promet- pérer également le phosphore contenu dans les
teuse méritant le soutien du Ministère fédérale cendres de boues. La Gazéification Hydrothermale,
de l’Energie qui cherchait une solution alter- grâce à sa capacité à précipiter les sels minéraux
native à l’incinération des boues de STEU. En (phosphore en particulier) en amont du réacteur
effet, depuis 2006, l’épandage des boues ou des (voir partie 4), devient alors une alternative cré-
digestats de boues issues de STEU est interdit, dible, y compris à titre économique (voir partie 6).
obligeant les gestionnaires à sécher et incinérer En effet par comparaison, l’incinération des boues
la totalité de ces résidus. A cette contrainte se est énergétiquement inefficace : pour des intrants
rajoutera, à partir de 2026, l’obligation de récupé- contenant une majorité d’eau a son rendement
rer le phosphore dans les boues et leurs digestats. énergétique global est nul.
Seule l’incinération (et plus particulièrement la
L
e développement de la technologie 50 partenaires (académiques, développeurs,
Gazéification Hydrothermale en France a gaziers…) en 2023, a pour vocation de soutenir
commencé au début des années 2010 avec le développement de la technologie. Il appuie la
des premiers travaux et publications scientifiques constitution d’une véritable filière en facilitant
d’un certain nombre d’acteurs académiques, tel la collaboration entre ses acteurs et en alimen-
que les Mines IMT d’Albi, spécialiste des technolo- tant les réflexions des pouvoirs publics visant
gies hydrothermales, l’INP de Grenoble et d’autres la mise en œuvre de mécanismes de soutien et
acteurs académiques comme le CEA Liten qui de réglementations adaptés à la technologie
dispose en 2022 du seul prototype Gazéification Gazéification Hydrothermale. Le nombre croissant
Hydrothermale (10 kg/h) en France. d’acteurs de la demande (industries, collectivités,
etc.) reflète le besoin d’un développement rapide
Le Groupe de Travail Gazéification Hydrothermale de la technologie en France et sa pertinence pour
lancé officiellement en 2021, fort de presque traiter des problématiques actuelles et futures
a
Le PSI et TreaTech disposent d’une unité pilote d’une capacité de 100 kg/h (voir 4.2.2). Le séparateur de sels minéraux permet
de récupérer la quasi-totalité du phosphore. Celui-ci est ensuite peut être ensuite transformé en acide phosphorique ou fer-
tilisant (par ex. struvite).
b
MWth : Méga watt thermique.
26
L I V R E B L A N C GA Z É I F I CAT I O N H Y D ROT H E R M A L E
ga z é i f i cat i o n h y d rot h e r m a l e : g é n é r a l i t é s e t c o n t e x t e
a
CARENE : Communauté d’Agglomération de la Région Nazairienne et de l’Estuaire
27
L I V R E B L A N C GA Z É I F I CAT I O N H Y D ROT H E R M A L E
ga z é i f i cat i o n h y d rot h e r m a l e : g é n é r a l i t é s e t c o n t e x t e
pérennes (injection dans le réseau gaz, garan- du Groupe de Travail Gazéification Hydrothermale
ties d’origine, fiscalité, dérogation administrative estiment qu’à l’horizon 2030 un objectif d’une
facilitant sa mise en œuvre…) pour lancer et capacité de production annuelle de gaz injectable
sécuriser les premiers projets de taille indus- de 2 TWhPCS/an est tout à fait atteignable avec
trielle pour la production de biométhane ou de des mécanismes de soutien adaptés. La filière
méthane de synthèse bas-carbone utilisant la Gazéification Hydrothermale serait ainsi capable
technologie Gazéification Hydrothermale, de contribuer à l’objectif global de l’ensemble
des filières visant une production annuelle de gaz
• Définition d’un cadre réglementaire propre à la renouvelable et bas-carbone de 60 TWh/an à cet
technologie pour éviter la mise en place d’ac- même horizon. Elle participera ainsi activement à
tions injustifiées au regard du fonctionnement un meilleur traitement local d’un grand nombre
intrinsèque de la technologie (pas de combus- de déchets mal, pas, ou insuffisamment valorisés.
tion, pas d’odeurs, pas d’hygiénisation, pas de Elle contribuera égalmenent à la décarbonation
rejets atmosphériques…) et de préférence par la de nombreux secteurs d’activités, à l’autonomie
création d’une rubrique ICPE propre à la tech- énergétique du pays et de ses territoires 'et enfin à
nologie Gazéification Hydrothermale. un mix de 100 % gaz renouvelable et bas-carbone
dans les réseaux de gaz français et européens tout
Enfin, la capacité de développement des entre- en favorisant le respect d’une approche d’écono-
prises françaises investissant dans cette mie circulaire.
technologie innovante (cœur de procédé et
briques amont et aval) serait nettement améliorée
si un cadre de soutien public adapté existait (par
exemple un élargissement des prêts sans garantie
de Bpifrance). Il serait notamment nécessaire pour
faciliter le passage d’un TRL (Technology Readiness
Level) 5/6 à 8/9, une étape indispensable avant
toute industrialisation d’une nouvelle technologie.
Si des financements européens existent, il serait
pertinent de les décliner au niveau national pour
soutenir les demandes de financement, notam-
ment lors de passage de niveaux de TRL de la
technologie où le besoin de financement est rela-
tivement important (> 5 à 10 M€/entreprise). Créer
des financements déclinés à différentes échelles
(nationale, régionale, locale) faciliterait le déve-
loppement de la technologie et son implantation
au sein des territoires. Les compétiteurs étrangers
les plus avancés comme SCW Systems et TreaTech
ont pu avancer bien plus vite que d’autres dans
le développement de la technologie Gazéification
Hydrothermale. Une des raisons était la présence
des soutiens financiers appropriés venant aussi
bien du secteur public que privé. En Suisse, par
exemple, chaque entreprise peut économiser des
impôts en investissant la somme due dans le capi-
tal de startups ou d’entreprises innovantes avec
l’opportunité d’en tirer potentiellement profit à
terme.
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02
PRÉSENTATION DE
LA GAZÉIFICATION
HYDROTHERMALE
29
30
L I V R E B L A N C GA Z É I F I CAT I O N H Y D ROT H E R M A L E
P r é s e n tat i o n d e l a Ga z é i f i cat i o n H y d rot h e r m a l e
L
a Gazéification Hydrothermale est une tech-
nologie de conversion thermochimique
de déchets organiques en gaz de synthèse
(mélange principalement constitué de méthane
(CH4), d’hydrogène (H2) et de gaz carbonique (CO2).
Elle fait partie d’une large famille de technolo-
gies dites « hydrothermales » utilisant toutes l’eau
comme milieu réactionnel et fonctionnant sans
oxydant. Ces dernières se distinguent en fonction
du niveau de pression et température en-dessous
ou au-dessus du point critique de l’eau (374 °C,
+ 221 bar). Leur point commun est de permettre
la conversion de la partie organique issue du
déchet en différents produits valorisables. Parmi
ces technologies, la Gazéification Hydrothermale
est considérée comme la plus noble du fait des
nombreuses possibilités qu’elle peut offrir en
matière de valorisation du déchet et de produc-
tion d’énergie. Figure 4 : Diagramme de phases (pression/température) de
l’eau (Source : Cerema / GRTgaz).
Principe de fonctionnement de la
Gazéification Hydrothermale
Le principe de fonctionnement de la Gazéification effluents organiques ne contenant pas d’eau et
Hydrothermale repose sur la présence d’eau dans dont le diamètre des particules ne dépasse pas
des conditions de haute pression et de haute tem- quelques millimètres.
pérature dites « supercritiques ». Dans cet état, à
proximité et au-delà du point critique (Figure 4), La technologie permet ainsi le traitement d’une
l’eau présente une grande réactivité et permet très grande variété de déchets et effluents orga-
en particulier de craquer les molécules carbo- niques, seuls ou en mélange, qu’ils soient d’origine
nées et de précipiter les éléments inorganiques. biogénique (le plus souvent) ou fossile.
Dans la nature, de telles conditions peuvent être
réunies en grande profondeur comme dans la Plusieurs paramètres doivent être respectés pour
croûte terrestre ou dans les océans à proximité qu’un déchet organique puisse être converti par
des dorsales océaniques au niveau des cheminées gazéification hydrothermale. En effet, l’intrant doit
hydrothermales. être pompable (fluidité et granulométrie compa-
tibles avec la pompe) et suffisamment énergétique
Dans le cas de la gazéification hydrothermale, pour permettre sa transformation en gaz renouve-
l’eau est apportée par défaut à travers l’intrant lable et bas-carbone.
ou artificiellement en direct dans le réacteur de
gazéification. C’est le cas pour des déchets ou
31
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P r é s e n tat i o n d e l a Ga z é i f i cat i o n H y d r ot h e r m a l e
a
Siccité : Taux de Matière Sèche dans la Matière Brute (% MS/MB).
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P r é s e n tat i o n d e l a Ga z é i f i cat i o n H y d rot h e r m a l e
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P r é s e n tat i o n d e l a Ga z é i f i cat i o n H y d r ot h e r m a l e
a
La France, comme tous les autres pays européens, dépend des imports de phosphore fossile essentiellement issu de mines
au Maroc ou en Russie. L’agriculture intensive en consomme beaucoup notamment via l’utilisation d’engrais artificiels. La
Gazéification Hydrothermale peut être un moyen très efficace de récupérer la quasi-totalité de ce phosphore qui se retrouve
plus particulièrement dans certains intrants comme les boues de STEU et de dragage qu’elle transforme (voir cas « Suisse »
1.3)
b
www.phosphorusplatform.eu
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P r é s e n tat i o n d e l a Ga z é i f i cat i o n H y d rot h e r m a l e
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P r é s e n tat i o n d e l a Ga z é i f i cat i o n H y d r ot h e r m a l e
CxHy = mélange d’Éthane (C2H6), Propane (C3H8) et/ ou Butane (C4H10) : se retrouve aussi dans le gaz naturel
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P r é s e n tat i o n d e l a Ga z é i f i cat i o n H y d rot h e r m a l e
TRAITEMENT
Déchets industriels VALORISATION DES GAZ
DU SYNGAZ
hors IAA (ex : liqueur
noir, graisses, etc.) • Épuration
Injection au réseau
INTÉGRATION • Méthanation
Déchets urbains ÉNERGÉTIQUE
• Co-injection d’hydrogène
Apport thermique Stations GNV / H2
Biodéchets initial
Maintien en
Plastiques température Autoconsommation
Montée en pression
Figure 5 : Schéma de la chaîne de valeur de la Gazéification Hydrothermale, GT Gazéification Hydrothermale, 2021 (Source :
Cerema / GRTgaz).
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P r é s e n tat i o n d e l a Ga z é i f i cat i o n H y d r ot h e r m a l e
Lié au fait que le temps de séjour du fluide car- • D’un côté, le « gaz de synthèse » à haute pression
boné dans le gazéifieur est relativement court, doté de la quasi-totalité du méthane, hydrogène
sa conversion en gaz de synthèse n’est pas totale et des autres hydrocarbures potentiels (CxHy) et
préservant ainsi en sortie du gazéifieur un reli- d’une fraction du gaz carbonique ;
quat liquide. Il est essentiellement composé
d’eau, d’azote et d’éventuels autres composants • Et de l’autre côté, le « résidu liquide » chargé
devant être séparés du flux gazeux, tous encore principalement en ammonium et d’éventuelles
à l’état supercritique. Afin de pouvoir exploiter le traces d’autres éléments. Cette phase est égale-
gaz de synthèse en aval, il faut le séparer de la ment saturée en gaz carbonique et peut contenir
part liquide à travers un séparateur gaz – liquide, quelques traces d’hydrogène et de méthane.
appelé aussi flash, pour récupérer :
Pour pouvoir être rendu conforme à une injection 2. La méthanation : représente la voie par défaut
dans le réseau, le « gaz de synthèse » doit être pour la technologie « à haute température ». Il
traité en aval, à travers différentes voies de trai- s’agit d’une réaction chimique ou biochimique
tement de gaz possibles dont les performances et permettant la synthèse de méthane à partir de
l’adaptabilité varient en fonction de la composi- monoxyde de carbone (CO) et/ou du dioxyde de
tion du gaz de synthèse à traiter. carbone (CO2) avec du dihydrogène (H2). Trois
technologies de méthanation sont aujourd’hui
A la base, il existe deux grandes familles poten- envisageables :
tielles de traitement du gaz de synthèse qui, pour
des raisons d’efficacité énergétique, devraient a. La méthanation catalytique : la réaction
fonctionner à relativement haute pression (80 à recherchée est favorisée à l’aide d’un cata-
120 bar) pour permettre une injection du méthane lyseur, le plus souvent à base de nickel. Ce
de synthèsea, par simple détente dans les réseaux dernier, sensible à la présence de soufre qui
de gaz de moyenne et haute pression (16 à provoque une diminution de son efficience
67,7 bar) : et de sa durée de vie, doit être protégé en
amont par un procédé de désulfuration
1. L’épuration : Cette technique représente la permettant l’abattement de toute pré-
voie par défaut pour la technologie « avec sence éventuelle de sulfure d’hydrogène
catalyse ». Elle s’appuie principalement sur (H 2S). Cette réaction étant exothermique
la séparation membranaire pour isoler le (environ 200 °C), la chaleur produite peut
méthane (CH 4) d’un côté et de l’hydrogène être valorisée dans le procédé afin d’amé-
(H 2) et du gaz carbonique (CO 2) de l’autre. liorer son rendement énergétique global.
Le gaz de synthèse ne contenant en règle
L’épuration peut être également utilisée générale pas assez d’hydrogène pour faire
pour séparer le gaz de synthèse issu d’une réagir tout le CO2 qu’il contient, le CO2 rési-
Gazéification Hydrothermale à « haute tempé- duel doit être séparé (procédé membranaire)
rature » si l’objectif est d’injecter le méthane et du gaz de synthèse avant injection.
les éventuels hydrocarbures plus élevés (CXHY)
dans le réseau gaz naturel tout en valorisant b. La méthanation biologique : cette techno-
séparément l’hydrogène. logie de méthanation fonctionne selon les
mêmes règles chimiques que celle à cata-
lyse avec la différence que les réactions sont
de nature biochimique. Elles sont mises en
œuvre avec l’aide de différentes souches
a
gaz traité conforme à la norme gaz naturel
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P r é s e n tat i o n d e l a Ga z é i f i cat i o n H y d rot h e r m a l e
a
Uniquement pour la technologie Gazéification Hydrothermale catalytique.
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P r é s e n tat i o n d e l a Ga z é i f i cat i o n H y d r ot h e r m a l e
L
a Gazéification Hydrothermale présente ► Le recyclage des éléments minéraux, de l’azote
un certain nombre d’avantages spécifiques, et des métaux contenus dans le déchet
comme présenté ci-dessous (Figure 6) :
La Gazéification Hydrothermale entre pleinement
Ces atouts font de la Gazéification Hydrothermale dans l’économie circulaire dans le sens où la res-
une alternative pertinente au traitement classique source « eau » est préservée, « lavée » de tout type
et à la gestion actuelle de certains déchets au sein de pathogènes, virus ou encore microplastiques
des territoires, permettant le développement de contenus dans l’intrant. Elle permet également
boucles d’économie circulaire locales. Les avan- le recyclage des minéraux (phosphore, potassium,
tages suivants peuvent être cités : azote…) pouvant potentiellement servir, après
transformation, en tant que fertilisants.
► Aucun besoin de séchage des déchets orga-
niques humides valorisés La récupération et la séparation d’une éventuelle
présence de métaux se trouvant notamment dans
Comme le procédé Gazéification Hydrothermale de nombreux déchets industriels est également un
est capable de valoriser des déchets organiques atout précieux car certains de ces métaux, par leur
de relativement faible concentration en matière quantité ou par leur rareté (cherté), peuvent géné-
sèche (≈ 15 à 20 % a minima), il ne requiert pas rer des économies supplémentaires intéressantes.
de processus de déshydratation pouvant consom-
mer des quantités importantes d’énergie. Ceci ► Un design compact et modulaire
contraste avec des technologies de déshydrata-
tion mécanique ou thermique nécessaires pour La Gazéification Hydrothermale réalise la conver-
rendre un déchet combustible (par exemple pour sion en gaz en quelques minutes dans une
l’incinération). L’apport énergétique nécessaire ne installation très compacte où les échangeurs de
pouvant être compensé par la valeur énergétique chaleur prennent le plus de place. Le choix de
récupérée après la combustion de l’intrant, rend la modularité d’une installation de Gazéification
cette combinaison de technologies particulière- Hydrothermale, définissant la capacité de trai-
ment inefficace et coûteuse. tement maximale par module à un niveau de
4 – 6 t/h est lié à la volonté des développeurs de
De plus, à l’intérieur du procédé Gazéification maîtriser au mieux les coûts de certains de leurs
Hydrothermale, une fois les étapes de séparation sous-équipements. En effet le coût de ces der-
des composants inorganiques et de gazéification niers peut fortement augmenter avec la taille des
effectuées, le fluide gaz – liquide supercritique en pièces devant durablement faire face à la haute
sortie dispose toujours d’un niveau de température pression et température. Un effet de standardisa-
élevé. L’art des développeurs de la technologie tion de ces modules se traduit par une certaine
Gazéification Hydrothermale se situe notamment flexibilité d’adaptation et une maîtrise des coûts
dans le bon dimensionnement des échangeurs de de la conception à la réalisation. De plus, en phase
chaleur permettant de transférer un maximum de d’exploitation, la modularité de la Gazéification
la chaleur contenue dans le fluide vers l’intrant Hydrothermale permet une plus grande adapta-
qui rentre à travers la pompe haute pression dans bilité de l’unité en fonction des fluctuations des
le système Gazéification Hydrothermale. Des ren- tonnages de déchets devant être traités.
dements de transfert de chaleur de plus de 85 %
ont déjà été démontrés par des développeurs.
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P r é s e n tat i o n d e l a Ga z é i f i cat i o n H y d rot h e r m a l e
Suppression de traitement
thermique des intrants
41
42
03
POTENTIEL DE PRODUCTION
DE GAZ RENOUVELABLE
ET BAS-CARBONE
43
44
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Pot e n t i e l d e p ro d u ct i o n d e ga z r e n o u v e l a b l e e t b as - ca r b o n e
L’
évaluation du potentiel de production de En effet, avec la montée en puissance de la métha-
gaz renouvelable et bas-carbone par la nisation dont les digestats, le résidu ultime, ne
Gazéification Hydrothermale a été réalisée peuvent tous être valorisés localement dans
à travers l’estimation du potentiel de mobilisa- l’agriculture, les quantités citées sont amenées
tion de certains déchets à l’horizon 2050. Il s’agit à encore augmenter dans les années à venir. De
de déchets identifiés comme adressables à la même, parmi les déchets adressables de nature
technologie qui en grande partie sont de nature non biogénique, l’estimation est probablement
organique et d’origine biogénique ou non. La sous-évaluée. Ces derniers étant principalement
liste de ces intrants s’allonge au fur et à mesure issus des activités industrielles et notamment des
du temps et des avancées techniques de la secteurs de la chimie et de la pétrochimie, peu de
technologie. données sont disponibles. De plus, les volumes
concernés sont d’autant plus importants que ces
Au total, une quantité annuelle de déchets orga- industriels génèrent autant leurs propres déchets
niques globale adressable à la gazéification que des produits qui deviennent, une fois utilisés
hydrothermale est estimée à plus de 400 mil- ou consommés, également des déchets (exemple
lions de tonnes dont environ 150 millions de emballage en plastique).
tonnes sont estimées mobilisables. Cependant, ces
masses sont probablement amenées à augmenter.
100 %
80 %
60 %
40 %
20 %
0%
1997
2007
1981
1985
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2018
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L I V R E B L A N C GA Z É I F I CAT I O N H Y D ROT H E R M A L E
Pot e n t i e l d e p ro d u ct i o n d e ga z r e n o u v e l a b l e e t b as - ca r b o n e
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L I V R E B L A N C GA Z É I F I CAT I O N H Y D ROT H E R M A L E
Pot e n t i e l d e p ro d u ct i o n d e ga z r e n o u v e l a b l e e t b as - ca r b o n e
Limites de l’exercice
En France, il est très difficile d’obtenir des données gazéification hydrothermale ayant besoin d’un
et une estimation précise des volumes de déchets certain nombre de détails pour son évaluation
organiques publiquement accessibles ainsi que la comme le taux en matière sèche et matière orga-
répartition des différents types de gisements de nique du tonnage brut affiché, il est difficile de
déchets et des matières organiques d’intérêt sur présenter avec précision les véritables volumes
le territoire. Il existe cependant quelques bases existants et adressables pouvant être convertis en
de données publiques et publications disponibles gaz avec la technologie. Par exemple, les volumes
sur lesquelles le Groupe de Travail Gazéification de déchets de l’industrie pétrochimique sont
Hydrothermale s’est appuyé pour identifier les introuvables. Il n’est ainsi pas surprenant qu’il soit
gisements accessibles et mobilisables et ainsi parfois quasiment impossible de connaître la part
calculer le potentiel de production de gaz de la fossile dans certains déchets organiques géné-
filière. Afin de pouvoir présenter les chiffres les rés par un certain nombre d’acteurs du secteur
plus globaux et cohérents possibles, le Groupe de industriel.
Travail Gazéification Hydrothermale s’est concen-
tré sur les 18 gisements de déchets organiques Les principales ressources utilisées lors de cette
d’origine biogénique représentant les plus grands étude sont principalement issues de bases de don-
volumes et étant les mieux renseignés dans des nées « Open data », d’études publiques et de sources
bases de données (Figure 9). privées provenant des filières elles-mêmes :
► Bases de données publiques : assainissement.
Ce sont notamment les déchets organiques
developpement-durable.gouv.fr, Insee, Agreste,
d’origine industrielle qui sont peu documentés
etc.
et qui présentent des imprécisions ne permet-
tant pas leur bonne exploitation statistique. La
a
Pour définir ce potentiel, le Groupe de Travail Gazéification Hydrothermale s’est appuyé sur les travaux présentés dans l’étude
de Louw et al.,(2014), qui indique que PCSgaz(kWh/kgbiomasse) ≈ 90 % x PCSbiomasse(kWh/kgbiomasse). Par mesure conservatoire et pour
coller plus sincèrement aux premiers tests expérimentaux réalisés sur des pilotes, un taux de conversion de 85 % a finalement
été retenu par le Groupe de Travail Gazéification Hydrothermale pour effectuer les calculs de conversion.
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Pot e n t i e l d e p ro d u ct i o n d e ga z r e n o u v e l a b l e e t b as - ca r b o n e
5,5
Co-produits de biodiesel | priorité 2
Pour
Lisiers* | priorité 3
148 Mt mobilisées
Fientes* | priorité 3
Fumiers* | priorité 3
Figure 9 : Estimation de la production de gaz injectable par GH pour les 18 intrants majeurs d’origine biogénique à horizon
2050 (63,2 TWh/an) – *estimation en 2050.
Hauts-de-
France
8,3
Normandie
5,2 Île-de-France Grand Est
2,5 6,8
Bretagne
6,2
10 TWhPCS/an
Pays de la Loire
Centre-Val
7,9 Bourgogne
de Loire
Franche-Comté
3,3
3,4
Nouvelle-Aquitaine
9,6 Auvergne-Rhône-Alpes
5,6
0 TWhPCS/an
Occitanie Provence-Alpes-
Côte d’azur
4,1
1,9
Figure 10 : Estimation de la production par région de gaz injectable par GH en 2050 (63,2 TWh/an).
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L I V R E B L A N C GA Z É I F I CAT I O N H Y D ROT H E R M A L E
Pot e n t i e l d e p ro d u ct i o n d e ga z r e n o u v e l a b l e e t b as - ca r b o n e
► Rapports et publications : Enquête Réséda sur d’évolutions probables de certains volumes pro-
les gisements et la valorisation des co-pro- jetés par certains experts (exemple : données
duits issus de l’agro-industrie [11], évaluation de Solagro prévoyant une baisse notable des
des ressources agricoles et agroalimentaires gisements d’effluents d’élevage à horizon 2050
de l’ONRB [12], études ADEME [13][14], Cerema versus 2018, déjà intégrée dans l’étude d’ENEA
[15] et autres publications scientifiques [16] Consulting).
[17].
Cette première approche souligne donc, dans le
Du fait des impressions parfois existantes liées aux cas du scénario réaliste, un potentiel de produc-
différents types de sources de données utilisées, les tion de gaz d’environ 63 TWh/an d’ici à 2050 via
résultats présentés sont semi-quantitatifs et n’ont la Gazéification Hydrothermale, en comptant la
pas vocation à estimer et présenter de manières mobilisation d’effluents d’élevages et certains
précise et définitive le potentiel de production déchets organiques dont l’origine n’est pas sys-
de gaz par la filière Gazéification Hydrothermale tématiquement d’origine biogénique à 100 %
à horizon 2050. Le travail fourni, résumé dans la (pollués par la présence de déchets d’origine fos-
Figure 9 et la Figure 10, se comprend comme une sile comme des plastiques ou issues de certaines
estimation le plus proche possible s’appuyant activités industrielles spécifiques (chimie)).
sur les meilleures informations disponibles à ce
jour et tenant compte aussi bien que possible
a
20 % des boues sont actuellement incinérées en France.
b
Équivalent-Habitant
49
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Pot e n t i e l d e p ro d u ct i o n d e ga z r e n o u v e l a b l e e t b as - ca r b o n e
contraintes telles que les régions Sud, Bretagne, leur valorisation énergétique (hors graisses en
Hauts-de-France, Grand-Est et Île-de-France. biocarburants). La Gazéification Hydrothermale
> Potentiel de production de gaz renouvelable pourrait apporter avec la récupération de rési-
et bas-carbone 2050 : 20,8 TWh/an dus solides (minéraux) et liquide (eau) une
valorisation bien supérieure à l’incinération
• Vinasses et drêches (betteraves, céréales) issues (aujourd’hui le seul traitement autorisé), tout
de distilleries : générées sur une bonne dizaine en supprimant tout risque sanitaire à travers
de sites de production en France, les indus- le couple hautes pression et température. La
triels concernés cherchent à valoriser mieux ces technologie pourrait également être utilisée
intrants qu’à travers l’épandage offrant peu de comme alternative de valorisation pour les
valeur agronomique au sol. sous-produits animaux de catégorie 2 présen-
> Potentiel de production de gaz renouvelable tant un risque moins important pour la santé
et bas-carbone 2050 : 1,3 TWh/an publique et étant autorisés à être valorisés en
vue d’autres utilisations que l’alimentation des
• Sous-produits animaux (carcasses animales animaux (lisier et fumier par exemple).
d’abattoirs) : La réglementation contraignante
sur l’utilisation et la valorisation des sous-pro- > Potentiel de production de gaz renouvelable
duits animaux de catégorie 1a limite aujourd’hui et bas-carbone 2050 : 1,5 TWh/an
Les gisements « priorité 2 & 3 » sont aujourd’hui > Potentiel de production de gaz renouvelable
valorisés à 100 % mais disposent de voies de et bas-carbone 2050 : 5,6 TWh/an
valorisation évolutives, ce qui permettrait d’en-
visager la mobilisation de ces derniers pour la Enfin et comme évoqué dans la partie précédente,
Gazéification Hydrothermale selon le contexte si certains gisements agricoles disposent de voies
local : de valorisation énergétiques aujourd’hui, leur
concentration et l’évolution des réglementations
• Pulpes de betteraves sucrières : aujourd’hui amèneront à les considérer comme potentiel d’in-
valorisées surtout en alimentation animaleb trants pour la Gazéification Hydrothermale :
et méthanisation, les sucriers confrontés à la
baisse des cheptels cherchent des valorisa- • Effluents agricoles d’élevages : aujourd’hui
tions alternatives avec une production de sucre valorisés par épandage direct ou après métha-
devant rester plutôt stable. nisation, la concentration locale des volumesc
se heurte à des difficultés de valorisation et
> Potentiel de production de gaz renouvelable
d’excédents d’azote dans certaines régions
et bas-carbone 2050 : 3,5 TWh/an
(Bretagne, Pays-de-Loire, etc.)
• Autres intrants (marcs de raisins, biodéchets,
> Potentiel de production de gaz renouvelable
déchets de fruits et légumes, co-produits de
et bas-carbone 2050 : 16,6 TWh/an
biodiesel et liqueur noire) : ces types de déchets
souvent générés dans des lieux spécifiques ont
souvent déjà une voie de valorisation existante.
La Gazéification Hydrothermale peut appor-
ter, en fonction du contexte local, une solution
alternative avec une plus-value technico-éco-
nomique globale encore améliorée pour les
parties prenantes.
a
Le règlement européen (CE) n°1069/2009 classe en catégorie 1 les sous-produits animaux présentant un risque important
pour la santé publique : risques d’EST (Encéphalopathies Spongiformes Transmissibles), de MRS (Matériels à Risque Spécifiés),
risques de présence de substance interdite ou d’un contaminant pour l’environnement, risque sanitaire émergent...
b
50 % en pulpes surpressées valorisées pendant la récolte et 50 % en pulpes déshydratées le long de l’année.
c
Le potentiel total tient compte d’une baisse importante du cheptel global d’ici 2050.
50
04
MATURITÉ DE LA
TECHNOLOGIE ET
PANORAMA DES
PROJETS EUROPÉENS
4.5 Les principaux défis spécifiques à relever pour réussir le passage à l’échelle
industrielle 63
4.5.1 Optimiser la récupération et la gestion de la chaleur dans le procédé 63
4.5.2 Assurer au mieux la séparation de la matière inorganique (sels minéraux et métaux) pour
faciliter la gazéification de la matière organique 65
4.5.3 Optimiser le choix des alliages métalliques en fonction de la localisation des contraintes
mécaniques et des risques de corrosion 65
4.5.4 Optimiser la conversion du carbone : définir les bons paramètres opératoires 66
4.5.5 Optimiser la récupération des sortants : définir les bons paramètres opératoires 66
51
52
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M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
L
es premières expériences de procédés hydro- ses efforts sur la maîtrise de la liquéfaction hydro-
thermaux ont été menées en 1913 avec la thermale, s’est intéressé au développement d’une
carbonisation hydrothermale de cellulose solution de gazéification hydrothermale intégrant
pour obtenir un matériau similaire au charbon. un catalyseur dans le gazéifieur. Tous ces travaux
Des travaux sur ces procédés ont également sont venus nourrir la réflexion des chercheurs du
été menés dans les années 1970 et 1980 par le Karlsruhe Institute of Technology (KIT) qui ont été
Pittsburgh Energy Research Center (USA), la Royal les premiers au monde à réaliser un projet pilote
Institute of Technology à Stockholm (S) ou encore préindustriel à haute température en 2004. Son
à l’université de Toronto (CA). De manière générale équivalent suisse, le Paul Scherrer Institut, a repris
la recherche dans les procédés hydrothermaux un peu plus tard les travaux du PNNL sur la gazéi-
s’est accélérée depuis le milieu des années 2000. fication hydrothermale avec catalyse intégrée puis
a amélioré le procédé pour prendre finalement
Concernant la Gazéification Hydrothermale, c’est le leadership de cette famille de technologie. Au
au MIT (Massachusetts Institute of Technology), Japon, plusieurs acteurs comme les Universités de
institut de recherche et université très réputée Tokyo, Hiroshima et Osaka ont également travaillé
des États-Unis, qu’on rapporte la première expé- en parallèle sur le développement de la gazéifi-
rience avec cette technologie convertissant de cation hydrothermale avec catalyse. Aujourd’hui,
la biomasse [18] . À la suite de cette première il existe plus d’une dizaine de développeurs de
approche, le PNNL (Pacific Northwest National la technologie issus du monde académique et, de
Laboratory – Californie) et l’université de Hawaï se plus en plus, du secteur industriel dont en particu-
sont penchés sur la question, testant notamment la lier en Europe.
conversion à hautes températures. Le PNNL, suite à
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L I V R E B L A N C GA Z É I F I CAT I O N H Y D ROT H E R M A L E
M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
VINCI Environnement
• Coopération avec Genifuel Montoir-de-Bretagne (44)
• 1 projet pilote ou démons- Projet de démonstrateur GHAMa
trateur d’ici 2025 en France
(Transfert de technologie)
Grenoble (38)
CEA Liten Prototype du
CEA Liten
• 1 Prototype
• Développement d’un pilote
d’ici 2025.
Figure 11 : Carte des développeurs actuels en Europe et dans le monde (situation à mi-2022) (Source Cerema & GRTgaz).
depuis sa création en 2004 (détails du pilote pré- haute pression (300 bar ici). L’énergie thermique
sentés Tableau 4). nécessaire au préchauffage de l’intrant jusqu’à
l’atteinte des conditions supercritiques (au moins
Dans le pilote VERENA, nous retrouvons déjà réa- 360 °C) est captée au moyen d’un échangeur de
lisé le principe de fonctionnement de base qui chaleur qui récupère lui-même son énergie du
est toujours valable dans n’importe quelle autre flux sortant du gazéifieur en le refroidissant. Après
évolution de la technologie jusqu’à aujourd’hui : un passage dans un séparateur de sel (cyclone),
l’intrant prétraité si besoin (ex. : broyage) est l’intrant allégé de sa charge minérale est gazéifié
comprimé lors de son injection dans le système à une température d’environ 600 °C. Le préchauf-
passant ainsi de la pression atmosphérique à la feur et le réacteur de gazéification sont alimentés
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en chaleur par des gaz chauds issus d’une chau- Tableau 4 : Carte d’identité du pilote Verena via données
dière. Dans le gazéifieur se forme principalement publiques.
du méthane, de l’hydrogène et du dioxyde de Nom du projet VERENA
carbone. Porteur du projet / Karlsruhe Institute of tech-
partenaires nology (KIT)
Le succès du pilote VERENA a permis plusieurs Localisation Karlsruhe, Allemagne
collaborations académiques et industrielles du
Année de MES 2004
KIT avec différents partenaires. Parmi les princi-
pales collaborations sont à citer celle avec le PSI Capacité maximale 100 kg/h, 20 %MS
(Paul Scherrer Institut en Suisse) pour tester son TRL 5
1er séparateur de sel vertical à taille industrielle Haute température avec
et surtout celles avec deux des trois principaux Type de technologie séparateur de sel par sépa-
développeurs aux Pays-Bas, Pro Biomass B.V et ration cyclone intégré
Bright-Circular, ce dernier à travers l’université Conditions opératoires 600–700 °C, 250–300 bar
de Delft. Le 3 ème développeur hollandais, SCW
Boues STEU, ensilage de
Systems, le plus avancé aujourd’hui, a réalisé maïs, méthanol, glycérol…
ses différentes étapes de développement de la Intrants
plus d’une dizaine d’intrants
technologie (prototype (10 kg/h), démonstra- différents
teur (2 t/h et maintenant installation industrielle Valorisation du gaz Bouteilles hautes pression
(16 t/h)) sans le moindre appui académique. À ce Non (élimination sur une
jour, chacune des trois entreprises néerlandaises Valorisation des co-produits
STEU)
citées ainsi que le PSI ont tous au moins déve-
Coûts de réalisation 2 M€*
loppé et réalisé une installation pilote (entre 50
et 110 kg/h) ou un démonstrateur (2 t/h). *Valeur 2004 - Webinaire : NEW R&D ADVANCES IN
HYDROTHERMAL GASIFICATION FOR BIOFUEL PRODUCTION
2021 (https://vimeo.com/510267625).
55
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M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
Ce projet pilote est censé également apporter Conditions opératoires 400–450 °C, 250–280 bar
une réponse à la nouvelle réglementation natio-
nale applicable à partir de 2026 en Suisse qui Boues et digestats de boues
imposera la récupération maximale du phosphore Intrants
de STEU
des boues de STEU à tous leurs exploitants. À ce
titre, PSI et TreaTech travaillent avec des parte- Valorisation du gaz Non, torchère
naires pour identifier et rendre industrialisable Des recherches sont en
un procédé technico-économique valable de Valorisation des co-produits cours pour valoriser le
récupération, transformation et revalorisation du phosphore
phosphore en un produit commercialisable. Coûts de réalisation CAPEX : 2 M€
Figure 12 : Photo du PSI de l’installation « Hydropilot » installée en 2020 à Villigen (CH) en collaboration avec TreaTech
(source : M. Fischer, Paul Scherrer Institute, 2020).
56
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M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
La technologie développée autant par PSI Tableau 6 : Exemple de flux massiques pour une unité
que TreaTech se base sur la Gazéification commerciale de Gazéification Hydrothermale catalytique de
6 t/h (Source : TreaTech).
Hydrothermale avec catalyse intégrée dont la par-
ticularité est d’abaisser la température de réaction Intrants Produits, coproduits et effluents
dans le réacteur à environ 400 °C et de générer
un syngaz particulièrement riche en méthane Gaz renouvelable 17 %m
(jusqu’à 70 % sans ajout artificiel d’hydrogène).
Phosphore 0,4 %m
Matière sèche
Le déchet introduit dans le pilote est tout d’abord 20 %m Ammonium ≈ 20 g/l
comprimé à 280 bar et ensuite préchauffé à tra- Matière organique recyclé dans
vers un échangeur de chaleur à environ 360 °C 1 %m
le procédé
permettant de valoriser au mieux la chaleur
Déchets ultimes 7 %m
résiduelle du réacteur de gazéification et de limi-
ter les pertes du système au strict minimum. Le Eau recyclée dans le procédé 11 %m
Eau 80 %m
séparateur de sels est chauffé à environ 450 °C Eau de procédé 62 %m
et accueille en premier l’intrant pour séparer les
composants solides (minéraux, métaux) du flux
carboné visé pour la Gazéification Hydrothermale. taux de récupération de phosphore et d’ammo-
Après un passage dans un capteur de soufre lui nium supérieur à 80 %.
retirant définitivement toute trace de soufre nui-
sible pour le fonctionnement du catalyseur, le flux Le tableau ci-dessous (Tableau 6) montre un
carboné rentre dans le réacteur de gazéification exemple de répartition des sous-produits issus de
catalytique pour être transformé en un mélange la Gazéification Hydrothermale catalytique d’une
de syngaz et d’eau résiduelle contenant prin- unité commerciale de 6 t/h traitant des boues
cipalement de l’azote (ammonium). Après une digérées.
séparation des deux phases gazeuse et liquide
en sortie, on obtient un syngaz toujours à haute
pression contenant principalement du méthane
(CH4 ≤ 70 %), de l’hydrogène (H2 : 0 à 10 %) et du
gaz carbonique (CO2 : 30 à 35 %). Le rendement
de conversion du carbone atteint entre 85 et
99 % selon la complexité du type d’intrant ou de
mélange d’intrant valorisé. Par ailleurs, plus de
98 % du carbone organique total (COT) contenu
dans les boues d’épuration est dégradé avec un
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M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
S
CW Systems est à ce jour la société au monde Tableau 7 : Carte d’identité du projet SCW Systems.
la plus avancée de la technologie avec la
Nom du projet Usine d’Alkmaar 1
mise en service courant 2021 de sa première
installation industrielle. Elle sait traiter en continu Porteur du projet Société projet commun entre SCW
(≈ 7 500 à 8 000 h/an) jusqu’à 16 t/h d’intrants et / partenaires Systems et Gasunie New Energy
totalise une puissance installée d’environ 20 MW Localisation Alkmaar, Pays Bas
thermique (dépendant du type d’intrant / mélange
Année de MES Avant fin 2022
d’intrants et de sa concentration). La photo ci-après
illustre les installations actuelles (Figure 14) et le Capacité
16 t/h (4 modules de 4 t/h), 20 MWth
Tableau 7 leurs détails. maximale
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M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
d’un TRL 6 à 8). Fin 2018, les premiers tests de Enfin SCW Systems ne s’arrête pas là dans ses
démarrage ont été mis en œuvre. En décembre ambitions et sa feuille de route pour les pro-
2019, le projet de SCW Systems est devenu le chaines années est dense :
premier projet Gazéification Hydrothermale
au monde ayant réussi une injection d’un gaz • D’ici 2024/2025, mise en œuvre de deux autres
conforme dans le réseau de Gasunie, l’équiva- projets Gazéification Hydrothermale de 40 MWth
lent de GRTgaz au Pays-Bas. Durant la phase de chacun totalisant une puissance de 100 MWth
test et d’optimisation le démonstrateur a vécu avec une capacité de production de gaz d’en-
plusieurs phases d’amélioration testant autant viron 0,5 TWh/an. Le projet Alkmaar2A a déjà
la conversion de différents intrants avec l’injec- été approuvé par l’État hollandais en 2020 et
tion d’un gaz conforme dans le réseau que la devrait être réalisé pour 2024 au plus tard.
résistance des matériaux mis en œuvre. Sur une
partie du démonstrateur le choix des alliages a En parallèle, SCW Systems a déjà lancé le dévelop-
été repris et remplacé par des matériaux plus pement d’autres sites en plus de celui d’Alkmaar
résistants ayant finalement donné satisfaction qui cumulera une puissance installée de 100 MWth
après une nouvelle phase de tests approfondis. d’ici 2025 : l’entreprise vise en particulier des sites
industriels proches des grands ports néerlan-
• Dès 2018, SCW Systems a déposé un 1er pro-
dais intéressés par une meilleure valorisation de
jet Gazéification Hydrothermale à vocation
leurs déchets. D’ici 2030, elle veut ainsi dévelop-
industrielle (Alkmaar 1, capacité de traitement :
per une puissance thermique globale installée de
16 t/h (20 MWth), voir tableau 7) dans le cadre
650 MWth dans les grands ports de Rotterdam et
de l’appel à projet annuel de l’État néerlandais
d’Eemshaven (proche de la frontière allemande).
finançant des projets d’expérimentation de pro-
Ensemble, avec les installations sur le site d’Alk-
duction d’énergies renouvelables. SCW Systems
maar, SCW Systems projette à cet même horizon
a ainsi obtenu pour son projet une rémuné-
d’atteindre un parc d’installations industrielles
ration garantie sur 12 ans découpée à travers
totalisant en base une capacité globale de pro-
l’obtention d’une subvention de 55 €/MWhPCS
duction de gaz injectable d’au moins 10 TWh/an
et d’un prix de vente du gaz injecté de 20 €/
aux Pays-Bas et d’environ 40 TWh/ an dans toute
MWhPCS. Devant fonctionner en continu, le projet
l’Europe. Pour précision, le gouvernement néer-
Alkmaar 1 de SCW Systems peut ainsi espérer
landais table sur une production nationale de gaz
atteindre une rémunération globale d’environ
renouvelable et bas-carbone minimale à partir de
112 M€ sur la durée du contrat.
Gazéification Hydrothermale de 11,2 TWh en 2030
Jouant sur la massification des installations avec assurant ainsi 57 % de la production globale de
le souhait de développer des projets de plusieurs gaz renouvelable et bas-carbone visée en 2030b.
dizaines voire centaines de mégawatt par site,
SCW Systems mise également sur la minéralisa- À noter que SCW Systems ayant rendu public que
tion du CO2 en excès : elle a développé et breveté très peu de détails, l’essentiel des informations
un procédé spécifique le transformant dans une ci-dessus est issu du rapport « BTG openbaar ein-
poudre de carbonea. Sa valorisation intéresse des drapport vergassing 11 maart 2021 » [20] complétées
industriels des secteurs du ciment, du papier… par des informations oralement communiquées
aussi pour son éligibilité à l’obtention de crédit par le directeur du développement commercial de
carbone. SCW Systems.
a
Projet COCOMINE-2 (https://www.kansenvoorwest2.nl/en/projecten/cocomine-2).
b
Kamerbrief Routekaart Groen Gas (archive parlement néerlandais, consulté le 12/01/2022)
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M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
finale d’un démonstrateur sachant traiter 1 t/h de Tableau 8 : Carte d’identité du projet SUPERSLUDGE.
boues a été développée jusqu’en 2016.
Nom du projet SUPERSLUDGE
ProBiomass / Agences de l’eau « Aa en
Pour des raisons économiques, il a été décidé de Porteur du projet
Maas » et « Dommel », Entreprises SNB
construire d’abord une installation pilote pré- / partenaires
et Glaesum
industrielle de 150 kg/h à petit budget (0,7 M€),
Localisation Pays Bas
chose faite dès début 2018 avec le lancement
d’une phase de prise en main du pilote. Cette Année de MES 2018
phase fut suivie de deux années de tests d’exploi- Capacité
150 kg/h, ≥ 17 % MS
tation destinés à optimiser le procédé. L’objectif maximale
était de statuer sur une base de conception TRL 6
finale permettant de lancer la réalisation du pro- Type de
Non catalytique
jet démonstrateur 1 t/h comme ultime étape de technologie
développement de leur procédé. Conditions
650 °C, 350 bar
opératoires
Concernant la séparation des sels, le consortium a Intrants Boues de STEU
utilisé un séparateur cyclone dont la gestion a été Non (torchère) +
modifiée pour optimiser la séparation des sels et Collaboration R&D avec la société
limiter ainsi la perte de matière organique dans Valorisation du MicrobEnergy (All) rachetée depuis par
le flux destiné à être transformé en gaz dans le gaz HZ-Innova (Suisse) sur un concept de
gazéifieur [20]. traitement du syngaz par méthanation
biologique.
En France, le CEA LITEN à Grenoble s’intéresse température avec un développement propre ayant
depuis le début des années 2010 à la tech- abouti à la mise en œuvre en 2016 d’un 1er pro-
nologie Gazéification Hydrothermale à haute totype sachant traiter en continu jusqu’à 10 kg/h
a
Présentation de la société Pro-Biomass envoyée à GRTgaz, données publiques mais présentation confidentielle ne pouvant
être jointe à cette étude.
60
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M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
d’intrants. En 2019, la conception d’une installa- Tableau 9 : Carte d’identité du prototype Gaseau.
tion pilote traitant environ 100 kg/h a été initiée
Nom du projet GASEAU
dans le cadre du projet Cométha en collaboration
avec VINCI Environnementa. Depuis, le prototype Porteur du projet
CEA LITEN
/ partenaires
a été remplacé par un nouveau, de taille iden-
tique, bénéficiant des travaux d’amélioration dans Localisation Grenoble, France
la conception du procédé. Au printemps 2022, le Année de MES 2016/ 2021
CEA et GRDF se sont associés pour dynamiser et Capacité 10 kg/h, 10 %
finaliser les travaux de développement du pro- maximale (prototype en continu)
cédé Gazéification Hydrothermale dans le but de TRL 4
réaliser au plus tôt, avec un industriel intéressé, le Type de
projet pilote préindustriel visé. Haute température
technologie
Conditions
Le prototype GASEAU est un réacteur d’étude avec opératoires
600 à 700 °C, 250 à 300 bar
fonctionnement en continu, sur des plages de
Boues et digestats de boues de STEU,
débits allant de 1 à 10 kg/h maximum. L’énergie Intrants
liqueur noire, micro-algues…
thermique nécessaire au procédé est apportée par Valorisation du
l’extérieur avec un chauffage électrique sans récu- Non (torché)
gaz
pération de chaleur.
Valorisation des
Non
co-produits
La séparation des inorganiques se fait par effet
Coûts de
gravitaire en bas à l’intérieur du gazéifieur, via la réalisation
N.C
présence d’une zone froide pour piéger ces der-
niers. Le CEA a testé plus d’une dizaine d’intrants,
comme des liqueurs noires, algues, digestats, ou sans séparateur de sels dédié), la corrosion et
boues et digestats de boues, vinasses… la tenue mécanique des équipements, la bonne
conversion du carbone contenu dans la matière
Selon le CEA les principaux verrous technolo- organique et enfin la valorisation des sortants
giques à lever pour développer la Gazéification (eau riche en ammonium et des solides comme
Hydrothermale sont la gestion de l’énergie (et la des minéraux et métaux).
récupération de chaleur), la gestion des sels (avec
a
Cométha Matinée Technique – 21 spet. 2018 (https://www.syctom-paris.fr/fileadmin/mediatheque/documentation/cometha/
Cometha_Dossier-information.pdf)
61
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M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
l’oxydation hydrothermale (OHT) deux nouvelles L’ambition de Leroux & Lotz Technologies est de
technologies innovantes pour différents types déployer cette technologie avec une première
de marchés aussi bien en France qu’à l’étran- commercialisation à partir de 2025/2026 grâce
ger. Dans sa stratégie d’innovation, le pas n’était au retour d’expérience acquis dans le cadre du
pas loin pour que l’entreprise s’intéresse à la projet de démonstration GHAMa. Au même titre
Gazéification Hydrothermale ce qui a été fait en que pour les autres technologies, Leroux & Lotz
s’associant dès 2019 au 1 er projet de démons- Technologies se positionne avec la Gazéification
tration GHAMa (2 t/h, ≈ 2 MWth) à Saint-Nazaire Hydrothermale comme fournisseur d’équipement
d’abord en tant qu’intégrateur de la technologie de la brique « cœur du procédé » clé en main
Gazéification Hydrothermale. Fin 2021, Leroux visant en particulier des tailles d’installations trai-
& Lotz Technologies a décidé d’aller encore plus tant entre 4 et 8 t/h de déchets organiques issus
loin en lançant le développement de sa propre d’activités gérées par des collectivités territoriales
technologie (Gazéification Hydrothermale haute (STEU, déchets ménagers, biodéchets), industriels
température) en signant un partenariat avec le KIT et agriculteurs.
en Allemagne, le 1er développeur scientifique de la
technologie en Europe (voir chapitre 4.2.1).
62
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M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
différents : la première installation fonctionne et STEU en Floride). Les installations sont mon-
depuis 2017 sur des algues ; parmi celles en cours tées en container ce qui les rend facilement
de développement, GENIFUEL travaille aussi transportables d’un site à l’autre permettant de
sur d’autres intrants comme différents types de démultiplier les expériences avec différents pros-
boues de station d’épuration (STEU de Vancouver pects et intrants (Figure 16).
T
ous les développeurs de la technologie • Maîtriser au mieux la séparation des solides
doivent faire face aux conditions opéra- (sels minéraux, métaux…) ;
toires très spécifiques (supercritiques) de la
• Optimiser le taux de conversion du carbone
Gazéification Hydrothermale. Plusieurs défis tech-
pour chaque type ou mélange d’intrants ;
nologiques sont ainsi à relever par chacun afin de
développer et industrialiser la technologie : • Optimiser la récupération des sortants (gazeux,
liquides et solides).
• Optimiser les apports et la gestion de l’énergie
thermique dans le procédé ;
• Maîtriser au mieux la corrosion et la tenue
mécanique des matériaux ;
63
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M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
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M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
Un certain nombre d’intrants de la Gazéification parois. Ces sels posent des problèmes de bou-
Hydrothermale dont les boues de station d’épu- chage/agglomération dans les réacteurs.
ration en sont un parfait exemple, contenant une
fraction importante de matière minérale dissoute Trois solutions permettent de remédier aux pro-
ou non dans l’eau. En conditions supercritiques, la blèmes de bouchage et d’agglomération dans les
solubilité de ces minéraux diminue drastiquement réacteurs :
et ces derniers précipitent dans l’eau. D’après la
1. Éliminer les sels en amont du réacteur par
littérature, on distingue deux types de sels :
exemple par un traitement chimique.
• Les sels de type 1 caractérisés par l’existence
2. Gérer les sels par la mise en œuvre d’un sépara-
d’une phase liquide dense au-delà du point cri-
teur de sels en amont du réacteur (technologie
tique de l’eau. Ces sels ne posent, en principe,
TreaTech)
aucun problème.
3. Gérer les sels par la mise en œuvre d’une
• Les sels de type 2 caractérisés par leur précipi- séparation par cyclone en amont du réacteur
tation quand on s’approche du point critique de (technologie KIT).
l’eau. Ils forment une phase « collante » sur les
La tenue mécanique des réacteurs sous les condi- corrosion due à l’agressivité de l’eau supercritique
tions supercritiques (température supérieure à et des minéraux contenus dans l’intrant.
500 degrés) est impactée par le phénomène de
65
L I V R E B L A N C GA Z É I F I CAT I O N H Y D ROT H E R M A L E
M at u r i t é d e l a t e c h n o lo g i e e t pa n o r a m a d e s p r o j e ts e u r o p é e n s
À noter qu’il est intéressant de passer par une (par exemple au travers d’une paroi), la partie
phase de test longue durée de ces échantillons externe du réacteur sera plus chaude que la res-
d’alliage afin de trouver ceux qui seront adaptés source à l’intérieur de celui-ci. Cette différence de
pour la conception de réacteurs dotés d’une capa- température va créer des contraintes mécaniques
cité de traitement supérieure. importantes pouvant limiter la durée de vie du
réacteur. D’autre part, si le chauffage s’opère à
Pour établir la réaction le procédé Gazéification l’intérieur du réacteur par oxydation d’une partie
Hydrothermale, il faut apporter de l’énergie à la de l’intrant, le rendement énergétique peut être
ressource. En chauffant par l’extérieur la ressource affecté.
66
05
UNE TECHNOLOGIE AU
CŒUR DE L’ÉCONOMIE
CIRCULAIRE
67
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L
a filière Gazéification Hydrothermale pro- augmentant encore la valorisation globale d’un
pose un modèle industriel basé sur la intrant donné.
transformation thermochimique d’un large
panel d’intrants en différents co-produits qui sont En s’appuyant sur ces atouts, elle cherche à s’inté-
autant que possible à valoriser à l’échelle du ter- grer dans une bio-économie locale qui, renforcée
ritoire. Produisant en base un gaz renouvelable par le déploiement d’unités compactes et modu-
ou bas-carbone plus ou moins riche en méthane laires, peut faire émerger de nombreuses autres
et hydrogène, la technologie permet en plus la externalités positives.
récupération des résidus solides et liquides qui,
après transformation, deviennent des co-produits
a
Norme : la composition du gaz injecté doit être conforme à la norme gaz naturel du réseau de gaz.
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Tableau 10 : Synthèse des procédés de valorisation du CO2 en fonction des puretés minimales requises, de la maturité des
technologies de valorisation et de la quantité de produits issues de l'utilisation d'une tonne de CO2 (source GRTgaz).
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est assurée par le gaz de synthèse produit directe- carbonique avec de l’olivine, un minéral commun,
ment par la Gazéification Hydrothermale. pour permettre sa conversion en carbone solide.
En le baptisant « Clean-up », SCW Systems est en
En Europe, les deux développeurs de la techno- train d’en faire un produit et une marque commer-
logie de gazéification hydrothermale, TreaTech et ciale : une 1ère réalisation à taille industrielle a été
SCW Systems, se sont penchés sur la question de lancée en 2022 sur le site d’Alkmaar pour capter
la valorisation du gaz carbonique résiduel avec au moins 10 000 tonnes de CO2/an. Cet exemple
des résultats intéressants. SCW Systems a déve- témoigne de l’effet d’accélérateur que le soutien
loppé, dans le cadre du projet CoCoMine a, un européen peut apporter à ces filières et aux tech-
procédé de minéralisation faisant réagir le gaz nologies de valorisation associées
La production d’hydrogène décarboné est forte- Après avoir séparé la production d’hydrogène du
ment soutenue et attendue en Europe ainsi qu’en flux gazeux initial, elle peut être valorisée plus ou
France pour soutenir la transition énergétique et moins directement en fonction de sa pureté et de
répondre aux objectifs de neutralité carbone. La la tolérance de l’équipement d’usage choisi.
Gazéification Hydrothermale permet de produire
un gaz de synthèse plus ou moins riche en hydro- Cette capacité versatile de la Gazéification
gène (pourcentage volumique de 0 à 50 %) en Hydrothermale permet d’orienter sa production
fonction de la famille de procédé et d’un certain gazeuse vers un taux plus ou moins riche en
nombre de paramètres de la technologie choisie. méthane ou en hydrogène. De ce fait, les futurs
porteurs de projet pourront adapter leur produc-
tion selon les besoins du marché.
b) Les métaux
En fonction de la composition des déchets orga- (métaux rares) ou au contraire par leur volume
niques traités, il est possible de trouver parmi les relativement importante (fer, aluminium…).
minéraux un certain nombre de métaux. Certains
déchets notamment issus d’activités industrielles Une publication conjointe Inrae, INSA, Deep,
peuvent contenir des métaux précieux ou d’une Agence de l’eau Rhône méditerranée et Reseed [22]
valeur économique importante par leur rareté a présenté le potentiel économique des différents
a
Minéralisation continue du CO2 pour émissions négatives.
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Tableau 11 : Métaux intéressants pour la récupération pour chaque matrice (concentration) (Varennes E. et al., 2020).
Tableau 12 : Classement des métaux par potentiel financier sur une base d’un million d’EH (Varennes E. et al., 2020).
>106 €/an >105 €/an >104 €/an >103 €/an <103 €/an
soit 1 €/EH.an soit 1 €/EH.an soit 1 €/EH.an soit 1 €/EH.an soit 1 €/EH.an
métaux que l’on peut retrouver couramment dans métaux rapportés à la taille (Équivalent-Habitant –
les eaux usées domestiques (Tableau 11). EH) de l’installation.
L’azote est dilué sous forme d’ammonium (NH4+) d’investigation depuis la publication du décret du
dans l’eau de procédé récupéré à basse pression 10 mars 2022 relatif aux usages et conditions de
(≈ 5 à 10 bar) en sortie du séparateur gaz-liquide. réutilisation des eaux usées traitées.
Selon le type d’intrant valorisé, les deux résidus
peuvent représenter ensemble jusqu’à 75 à 80 % L’azote, et encore plus sous forme d’ammonium,
de la masse sortante résiduelle du procédé. est un élément essentiel de la croissance de tous
les végétaux et fait partie de la composition de
L’azote, une fois séparé de l’eau par une tech- nombreux engrais. Les coûts de fertilisation et des
nologie adaptée (stripping membranaire par engrais azotés ayant augmentés conjoncturelle-
exemple) permet l’obtention d’une eau purifiée. ment, disposer d’une capacité d’approvisionnement
Cette dernière peut même être valorisée sans locale d’azote d’origine biogénique sera un atout
épuration de l’azote dans la filière microalgues pour tous les acteurs de la chaîne de valeur.
ou en irriguant des sols agricoles. Des projets de
REUT (Réutilisation des Eaux Usées Traitées) sont
également possibles et pourraient faire l’objet
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U n e t e c h n o lo g i e au c œ u r d e l ’ é c o n o m i e c i r c u l a i r e
d) Conclusion
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Environnement Énergie
• Captage et recyclage des • Renforcer l’indépendance énergé-
minéraux et de l’azote (éviter tique en produisant une énergie
l’importation et boucler les locale, pilotable et stockable
cycles biogéochimiques) • Production continue d’un
• Pour les stations de
• Pas d'émission de polluants traitement des eaux gaz renouvelable et bas-car-
atmosphériques issus du procédé usées (STEU), la GH bone (méthane + H2)
• Capacité de traitement et de peut devenir une brique • Production d’énergie supprimant
réduction des déchets ultimes d’optimisation globale toutes les contraintes biolo-
• Production d’engrais permettant • Conversion des giques, sanitaires et climatiques
la limitation des risques d’eutro- microparticules • Rendement énergétique
phisation des eaux, d’acidification plastiques en gaz élevé : de 75 à 85 %
des sols et la pollution d’air • Gaz facilement stockable
• Destruction des micropolluants et transportable dans le
organiques et des pathogènes réseau gaz existant
• Récupération des eaux (irrigation) • Temps de conversion très
• Faible besoin de surface au sol rapide (1 à 10 min)
• Isolement des métaux lourds • Améliorer l’efficacité éner-
pour limiter leur impact gétique en utilisant la haute
environnemental et faci- pression du gaz produit pour
liter leur récupération l’injection dans le réseau
• Décarbonation des territoires Conversion élevée du carbone • Coût compétitif du gaz renouve-
(réduction des GES) (> 90 %) lable et bas-carbone produit
• Solution alternative à l’inciné- Unité GH mutualisable entre • Amélioration du bilan
ration ou à l’enfouissement divers producteurs de déchets énergétique locale
permettant le traitement d’une
• Réduction des impacts environne- grande diversité d’intrants • Production potentielle d’H2
mentaux « hors GES » (bruit, odeur, en plus du méthane : usages
logistique...) par le traitement local industriels et mobilité
des déchets et résidus organiques
• Potentiel de récupération
• Boucler les cycles biogéo- de Chaleur fatale
chimiques des territoires Économie
• Valorisation maîtrisée des • Diminution nette des coûts
co-produits dans la filière « bio- des traitements des dé-
fertilisant / amendement »
chets (dont les ultimes)
• Valorisation couplée du CO2 à • Génération de bénéfices
travers d’autres procédés bio- socio-économiques complé-
logiques et thermochimiques tant la chaîne de valeur locale
(minéralisation, électrolyse...)
(emploi durable, nouveaux
• Valorisation des résidus carbonés savoir-faire et activités)
issus d'autres technologies (mé- » Création d’emplois durables
thanisation, pyrogazéification...) » Création de savoir-faire local
• Valorisation possible de » Création d’activités nouvelles
friches industrielles (production locale de co-pro-
duits valorisables dans l’indus-
• Solution modulaire, trie, l’agriculture et le tertiaire)
flexible et compacte » Amélioration de la balance
commerciale (flux d’énergie,
de matière, de déchets... )
• Amélioration de la traçabi-
lité (économie circulaire)
Figure 17 : Exemple d'externalités positives et de bénéfices liées à une installation de Gazéification Hydrothermale (GH) à
l'interface des enjeux environnementaux, d'énergie et d'économie (source : GT GH).
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76
06
MODÈLE D’AFFAIRE
DE LA TECHNOLOGIE ET
POTENTIEL ÉCONOMIQUE
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B
ien que le principe scientifique de la l’appartenance à l’une ou l’autre des deux familles
« gazéification en eau supercritique ou de la technologie Gazéification Hydrothermale
hydrothermale » ne soit pas nouveau a, il (avec catalyse et à haute température).
fallait attendre jusqu’en 2004 pour que la techno-
logie passe le premier pas vers un fonctionnement De même, au-delà de l’analyse des coûts complets
en continu et une future industrialisation : la mise de la technologie (projet global), le calcul des
en service de la 1ère installation pilote au monde, revenus potentiels générés par un projet a dû se
le projet VERENA (100 kg/h) du Karlsruhe Institut limiter, pour le moment, à la seule rémunération
of Technology (KIT) en Allemagne ! du gaz injecté.
Depuis 2010, de nombreux autres pilotes pré- Une valeur économique supplémentaire pourrait
industriels et, encore plus tard, de premiers être générée, selon le type de déchets valorisés,
démonstrateurs quasi industriels (Osaka Gas par exemple à travers le service rendu lié au trai-
(J), SCW Systems (NL), Genifuel (USA)…) ont été tement des déchets et/ou la possibilité de pouvoir
réalisés et ont fait beaucoup avancer le dévelop- revaloriser les résidus liquides et solides récupé-
pement de la technologie, avec catalyse comme à rés. Ces exemples de revenus peuvent être plus ou
haute température. moins importants et, souvent, sont peu communs
aux autres technologies de production de gaz
Enfin, plus récemment, tirés par les développeurs renouvelable et bas-carbone. Il n’est pas aisé de
privés s’intéressant activement à la technologie les évaluer dans leur globalité, une approche au
depuis une dizaine d’années, le sujet est en train cas par cas est préférable tout en tenant compte
de franchir le cap du niveau industriel : avec la de la situation de référence qui peut générer un
mise en service commerciale prévue début 2023 impact plus ou moins important sur la rentabilité
du 1er projet industriel au monde, appelé « Alkmaar d’un projet donné.
1 » (20 MWth), le développeur SCW Systems (NL)
crée la preuve. Pour la société, il s’agit du début
d’une série de trois projets consécutifs (avec
« Alkmaar 2A et 2B », chacun de 40 MWth) prévus
d’être installés sur le même site d’ici fin 2025. Les
premiers éléments disponibles indiquent qu’à
partir d’une rémunération du gaz injecté d’envi-
ron 75 € / MWhPCS (tient compte des niveaux de
prix fixés entre 2018 et 2020), les deux premiers
des trois projets visés devraient être capables
de couvrir leurs coûts (CAPEX et OPEX) sur une
durée globale d’exploitation de 12 ans. À ce jour,
il est encore trop tôt pour disposer d’un REX glo-
bal suffisant pour construire un véritable modèle
d’affaire et estimer un potentiel économique pré-
cis de la technologie. Toutefois, il est possible d’en
définir une 1ère base et les grandes lignes de l’évo-
lution potentielle du futur marché Gazéification
Hydrothermale en France.
a
Premières publications de recherche au MIT dans les années 1970, https://bit.ly/3OR897r.
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(stations d’épuration des plus grandes aggloméra- y avoir aussi en France un certain nombre de très
tions telles que Paris, Marseille, Lyon… et grands grands projets de Gazéification Hydrothermale
sites industriels) et à la présence de très grandes pouvant atteindre une puissance installée de 40
quantités de déchets (> 25 000 tMS/an), il pourrait MWth et plus par projet et site.
6.1.1 CAPEX
Les chiffrages de CAPEX récupérés entendent bien 14
souvent des périmètres un peu différents rendant 12
Malgré l’incertitude sur laquelle se place les Dans le sens inverse, en augmentant la capa-
acteurs de la filière Gazéification Hydrothermale, cité de traitement d’une installation, on constate
il est néanmoins possible de tracer une première d’abord une baisse moins sensible des coûts d’en-
courbe des coûts d’investissements (CAPEX) en viron 5,5 à 4 M€/t/h traité en passant de 2 à 4 t/h
fonction de la capacité de traitement de l’ins- et ensuite une évolution de manière linéaire des
tallation visée, intégrant les deux familles de coûts se rapprochant d’un seuil bas tangentiel de
technologie (avec catalyse ou à haute température) 2 M€ par t/h traité jusqu’à des capacités de traite-
et s’appuyant sur les sources disponibles (données ment très élevées (> 14 t/h).
bibliographiques, publication scientifiques, etc.),
des premiers estimatifs de projets industriels de En variant les types de déchets traités, il a été
certains développeurs et des chiffres récupérés constaté que le seuil de rentabilité potentielle
sur les tous premiers projets industriels en phase d’une installation ne dépend pas que de sa taille
de réalisation ou de démarrage. mais aussi, pour une partie non négligeable,
du type de déchet ou de mélange de déchets
On remarque ainsi qu’unitairement, en partant converti. Ainsi, plus le déchet organique est doté
dans la figure 19 ci-dessus à gauche du seuil d’une siccité élevée (≥ 20 % MS), d’un contenu en
« 2 t/h » (symbolisé par la ligne rouge pointillée), carbone élevé dans la matière sèche et ainsi d’un
les coûts CAPEX montent de manière exponen- pouvoir calorifique important (>> 20 MJ/kg MS),
tielle (allant d’environ 5,5 à 13 M€ par t/h traité) avec une consommation énergétique du système
pour des tailles d’installations avec des capaci- qui reste constante à débit brut inchangé, plus le
tés de traitement de déchets inférieures à 2 t/h. débit de gaz généré en sortie sera important. En
Une installation Gazéification Hydrothermale conséquence, plus le contenu énergétique d’un
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intrant et ainsi sa production de gaz donné sont Pour les très grands projets traitant des déchets
élevés, plus bas est situé le seuil de rentabilité les plus riches énergétiquement, il semble à terme
d’une installation de gazéification hydrothermale. possible de s’approcher d’un ratio de CAPEX d‘en-
Par exemple, une usine traitant 4 t/h de boues de viron 1 M€ par t/h.
STEU urbaines de relativement faible contenu
énergétique peut être moins rentable qu’une Le rapport néerlandais « BTG – État de l’art et pers-
usine traitant un déchet riche énergétiquement pectives sur la gazéification aux Pays-Bas, Mars
d’une usine de 2 t/h. 2021 » [20] semble confirmer les estimations réali-
sées en France affichant un ratio de coûts (CAPEX)
En partant d’une rémunération du gaz injecté par MW gaz injecté d’environ ≈ 1,5 M€/MWCH pour 4
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plusieurs projets. Hormis dans les tous premiers • La maintenance des équipements, en particu-
projets, il n’est pas prévu d’avoir du personnel lier ceux soumis à la haute pression et relative
spécifique à la technologie sur le site). haute température.
• Des consommables, comme par exemple, pour
• L’énergie à apporter au procédé (principalement la Gazéification Hydrothermale avec catalyse,
de la chaleur pour la montée en température au le remplacement de la charge du catalyseur
démarrage et, au-delà, pour assurer la tempéra- (sachant que 75 % du catalyseur est récupéré).
ture de consigne dans le gazéifieur, le pompage
de l’intrant contenant de l’eau est par contre • Des coûts administratifs.
peu énergivore). • Les coûts de financement du CAPEX du projet.
Administration
Dépréciation
Entretien
OPEX [-]
Produits chimiques
Figure 19 : OPEX pour les différents scénarios. La vente de chaleur et d’électricité grâce au biogaz généré par la Gazéification
Hydrothermale à travers une cogénération (scénario 2a) permet de diminuer sensiblement les OPEX.
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P
ar sa capacité à traiter et valoriser complè- et des solutions technologiques implique qu’il n’y
tement le déchet organique, la Gazéification ait pas un modèle d’affaires mais plusieurs selon
Hydrothermale permet d’éviter des coûts des critères multiples, dont les besoins spéci-
de traitement ultérieurs comme l’incinération ou fiques des acteurs de la demande. Par ailleurs la
l’enfouissement, de produire un gaz renouvelable Gazéification Hydrothermale s’intégrant égale-
et bas-carbone injectable et de récupérer une ment dans de nombreuses thématiques connexes
grande quantité d’eau, d’azote, sels minéraux et (décarbonation, autonomie énergétique, etc.), les
même métaux. variables qui viennent impacter son modèle d’af-
faire sont multiples et évolutives.
S’appuyant sur ces atouts, la Gazéification
Hydrothermale peut adresser différents secteurs, Ces modèles d’affaires aux multiples inducteurs
des industries agroalimentaires aux collectivi- peuvent s’appuyer sur plusieurs leviers de rému-
tés, afin de proposer une solution pertinente et nération, tels que la vente du gaz renouvelable et
économique pour leurs déchets et la production bas-carbone ou la valorisation des co-produits.
d’énergie renouvelable. La diversité des intrants
a
Fourchette de valeurs théoriques car ce tarif est amené à diminuer chaque année de 2 % mais l’inflation étant importante au
S1 2022, cela pourrait réévaluer les coûts à la hausse.
b
Décret n° 2022-640 du 25 avril 2022
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L’injection de méthane de synthèse bénéficie du mécanisme introduit dans la loi climat rési-
même système de garantie d’origine que le bio- lience « les contrats d’expérimentations ».
méthane en vertu du décret 2021–1273 du 30 Ces contrats ont été introduits par le décret
septembre 2021 mais sans le système de tarif 2021–1280 du 1er octobre 2021 et des appels
de rachat associé. à projets devraient être mis en place dans les
mois à venir. La mise en œuvre rapide de ces
Pour obtenir un complément de rémunération
contrats permettrait de donner de la visibilité
au gaz produit, les porteurs de projet de ces
aux porteurs de projets et faciliterait le déve-
nouvelles filières pourront utilisés un nouveau
loppement de la filière.
L’estimation de la rémunération du gaz produit par positionnant à 110 € du MWhPCS grâce à l’effet
une installation de Gazéification Hydrothermale d’apprentissage, des gains d’échelle, de standardi-
est complexe car elle implique de nombreux sation et de progrès technologiques.
facteurs.
À titre d’exemple les premiers projets de
Dans le cas de la Gazéification Hydrothermale, le Gazéification Hydrothermale aux Pays-Bas sont
niveau de soutien public attendu pour la rému- d’ores et déjà compétitifs avec un niveau de rému-
nération du gaz se situera dans la fourchette de nération du gaz à hauteur de 75 €/MWh.
prix de la méthanisation. Cela dépendra de la
taille et du type d’intrant traité. Une fois les pre- La compétitivité des projets hollandais par rap-
miers projets sortis de terre, la filière Gazéification port au biométhane injecté en France est illustrée
Hydrothermale pourrait envisager à moyen dans le tableau page suivante (Tableau 13).
terme une baisse des coûts de production en se
18,6 MWth
2018 Alkmaar 1 55 €/MWh 20 €/MWh 75 €/MWh
(4 modules de 4 t/h)
i) Récupération du phosphore
La récupération du phosphore est un enjeu majeur environ 5 € [24]. La valeur marchande du produit
pour l'Europe qui dépend quasi totalement de phosphoré primaire peut être utilisée comme une
l'importation de phosphore fossile a nécessaire autre valeur comparative. Pour l’acide phospho-
à assurer sa sécurité alimentaire. De ce fait, la rique, elle est de l’ordre de 2 à 3 €/kg P.
récupération de cette ressource critique mais
abondante dans beaucoup de nos déchets est Toutefois, comme on l’a vu plus haut, les prix
aujourd'hui une nécessité. actuels de récupération du phosphore sont plus
élevés que le prix actuel du marché. Néanmoins,
Dans le cadre de cette étude, une première piste il faut tenir compte de la durabilité du phosphore
de valorisation du phosphore s’appuie sur une recyclé par rapport au phosphore conventionnel
étude de marché exhaustive réalisée par le can- issu de l’exploitation minière.
ton de Zürich en Suisse. Celle-ci a montré que
chaque kilogramme de phosphore récupéré à
partir des cendres de boues d’épuration coûte
a
En Europe, l'unique mine de phosphates en activité est exploitée par Yara, en Finlande. Les principaux producteurs sont la
Chine, le Maroc, les USA et la Russie.
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d) Valorisation du CO2
Comme indiqué précédemment, l’un des résultats appelé « Power-to-Gas », est aujourd’hui déjà dispo-
les plus prometteurs est l’utilisation du flux de CO2 nible au niveau commercial, le principal obstacle
concentré en combinaison avec de l’hydrogène étant la disponibilité de flux de CO2 concentrés et
renouvelable, ce qui fait de ce procédé une solu- d’hydrogène renouvelable rentables. Une installa-
tion de stockage d’énergie pour l’énergie solaire et tion commerciale est en service dans une station
éolienne renouvelable. Ce procédé, communément d’épuration des eaux usées en Suissea.
Tableau 14 : Coût d’élimination des boues d’épuration selon la filière de traitement (AMORCE).
Filière Coût (tMB)* Répartition
a
https://www.cng-mobility.ch/fr/article/la-technologie-power-to-gas-remporte-le-watt-dor-2020/
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Le Tableau 14 indique qu’à la tonne, le cout d’éli- être compétitive par rapport aux filières les moins
mination des boues se situe entre 23 € pour de onéreuses comme le compostage, toujours dans
l’épandage (35 % des volumes) et jusqu’à 150 € le respect des besoins du sol en amendement de
pour de l’incinération (≈ 26 % des volumes) [27]. La matières organiques.
Gazéification Hydrothermale pourra donc capter
une large part des volumes dont les coûts suppor- De plus, comme indiqué dans le cas Suisse pré-
tés par les collectivités sont aujourd’hui les plus senté ci-dessus, la Gazéification Hydrothermale
élevés. pourra à l’avenir devenir le mode de traitement
privilégié des effluents arrivants directement sur
La valeur économique du traitement de déchet le site de traitement, moyennant un pré-traitement
par la Gazéification Hydrothermale est donc le largement limité par rapport aux nombreuses
coût évité pour les collectivités d’une dépense étapes des installations actuelles (bassins de
largement réduite dans les filières de valori- clarification, épaississement à l’aide d’adjuvants
sation actuelle. À terme, la filière Gazéification chimiques, centrifugation…) fortement consom-
Hydrothermale devra démontrer sa capacité à matrice d’énergie et de consommables.
L
a filière gaz représentée par GRTgaz, GRDF, 4. À la fin de la prochaine période de la PPE, en
France Gaz Renouvelables, le Groupe de 2033, la filière devrait avoir réussi la mise en
Travail Gazéification Hydrothermale et les œuvre opérationnelle d’environ 140 projets
clubs Biogaz, Pyrogazéification et Power-to-Gas injectant au moins 6,8 TWhPCS/an de gaz dans
de l’ATEE a publié dans le cadre des discussions le réseau.
sur la SFECa un document d’analyse soulignant
un potentiel de production estimée à 320 TWh/ Cette ambition nécessite que des mécanismes de
an de gaz renouvelable et bas-carbone en 2050 soutien sous forme de contrats d’expérimentation
pour contribuer à la trajectoire de décarbonation tenant compte des spécificités de la filière et de
française. Dans ce potentiel au moins 50 TWh/an la technologie de gazéification hydrothermale
proviennent de la Gazéification Hydrothermale, viennent appuyer le démarrage des premiers pro-
chiffre qui pourrait même monter bien au-delà si jets industriels en 2026.
on oriente bien davantage de quantités de gise-
ments de déchets organiques vers la Gazéification Ces premières orientations soulignent par ail-
Hydrothermale (à l’exemple des effluents d’éle- leurs l’importance du foisonnement de projets de
vage non épandables localement). tailles variables démarrant avec des puissances
thermiques moyennes situés à 4,5 MWth par pro-
Afin d’arriver à cet objectif ambitieux, le Groupe jet et visant en priorité le traitement de déchets
de Travail Gazéification Hydrothermale a émis un industriels et urbains dont les coûts de traitement
premier scénario définissant la trajectoire d’évolu- de référence sont jugés trop élevés. Puis, avec la
tion annuelle pour les futurs projets industriels de diminution des coûts liés à l’amélioration de la
Gazéification Hydrothermale en France injectant technologie et de la production des modules en
leur production dans le réseau de gaz : série, la mise en œuvre de projets plus consé-
quents traitant une diversité de déchets plus
1. Un démarrage commercial des tous premiers importante peut être envisagée. La puissance
projets dès 2026. thermique moyenne des nouveaux projets pour-
rait augmenter ainsi à 6 MWth par projet à partir
2. Une bonne vingtaine de projets lancés d’ici fin de 2030. Ils seront complétés par un ou plusieurs
2028 cumulant une capacité potentielle de pro- très grands projets par an pouvant atteindre des
duction annuelle de 1 TWh/an de gaz injectable. puissances thermiques unitaires allant jusqu’à 40
MWth et plus par projet.
3. En 2030, une bonne soixantaine de projets
seraient en route injectant au moins 2 TWh/an
dans le réseau.
a
Stratégie Française pour l’Énergie et le Climat
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M o d è l e d ’ a f fa i r e d e l a t e c h n o lo g i e e t pot e n t i e l é c o n o m i q u e
a
PEG : Point d'Échange de gaz
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07
CONCLUSION &
PERSPECTIVES
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C o n c lu s i o n & p e r s p e ct i v e s
É
laboré à partir de l’ensemble des retours 4. une bien meilleure capacité d’adaptation aux
d’expériences et des données aujourd’hui futures contraintes environnementales dont les
disponibles, ce livre blanc synthétise les prin- exigences montent sans cesse.
cipales caractéristiques techniques, atouts et le
potentiel attendu à 2050 pour la technologie de En effet, capable de traiter des déchets orga-
Gazéification Hydrothermale. niques complexes, seuls ou mélangés à d’autres,
la Gazéification Hydrothermale pourrait devenir
Positionnement assez rapidement un outil de valorisation des
déchets puissant, compact, relativement écono-
En premier lieu, elle se positionne comme une mique et rapide à mettre en œuvre servant les
alternative vertueuse à l’incinération et à l’enfouis- intérêts aussi bien d’acteurs économiques publics
sement pour de nombreux déchets organiques et privés générant ou gérant des déchets et cher-
aujourd’hui peu, pas ou mal valorisés. En effet, la chant une alternative performante aux solutions
capacité de la technologie à produire très effi- existantes.
cacement des gaz renouvelables et bas-carbone
tout en permettant la récupération et revalorisa- État des lieux et atouts
tion potentielle des co-produits eau, minéraux et
métaux, place la Gazéification Hydrothermale au En termes de développement, la forte dynamique
centre des enjeux des territoires en matière d’in- européenne et plus particulièrement Néerlandaise
dépendance énergétique, d’économie circulaire et et Suisse, a permis l’émergence des premiers
de limitation du changement climatique. démonstrateurs industriels et une structuration de
cette nouvelle filière. En France, deux industriels
Elle s’adresse aujourd’hui non seulement au se sont positionnés sur la technologie (Leroux &
traitement et la valorisation de très nombreux Lotz Technologies et VINCI Environnement) et de
déchets organiques d’origine urbain ou agricole nombreux acteurs académiques, institutionnels
mais, de plus en plus, aussi à des déchets issus et privés travaillent aujourd’hui ensemble pour
de nombreux secteurs industriels qui sont, pour accompagner au mieux la filière française.
partie, pas seulement d’origine biogénique. La
Gazéification Hydrothermale est depuis 2022 très Sur le plan technologique, la Gazéification
recherchée par un nombre croissant d’industriels Hydrothermale se distingue des autres procédés
issus notamment des secteurs de la chimie et de traitement des déchets par son principe de
pétrochimie : ils voient dans la technologie une fonctionnement reposant sur le pouvoir de l’eau
alternative intéressante apportant des effets posi- supercritique (374 °C et 221 bar). En effet, ces
tifs cumulés dont : conditions physico-chimiques particulières vont
permettre, avec des prétraitements de l’intrant
1. Une capacité de traitement améliorée de leurs réduits au strict minimum, une valorisation opti-
déchets organiques pouvant être contaminés, au misée de toute la matière organique contenue
moins en partie, par différents composés orga- dans le déchet afin de permettre :
niques (hydrocarbures, plastiques, etc.) générant
• la production de gaz renouvelable et bas-car-
des coûts élevés dans les filières de traitement
bone injectables ou utilisables localement
existantes,
(mobilité et autoconsommation) profitant d’un
taux de conversion particulièrement élevé
2. une simplification des procédures administra-
(entre 85 et 99%) du carbone en gaz,
tives actuelles jugées complexes ou laborieuses
liées à l’obligation de traitement de leurs Tout en récupérant et préservant
déchets dans des incinérateurs nationaux voire
• de l’azote et des minéraux essentiels (phosphore
étrangers en cas d’absence de moyens de traite-
et potassium) pour la fabrication potentielle de
ment adaptés en France,
fertilisants (N, P, K) et
3. une piste de décarbonation intéressante dans • des métaux en quantité et/ou en valeur écono-
le cadre de leurs activités et la possibilité de mique plus ou moins importante.
transformer leurs déchets en ressources abais-
sant globalement leur coût de traitement à De plus, la quasi-totalité des polluants organiques
travers leur valorisation bien plus complète. (pesticides, détergents, résidus médicamenteux,
microorganismes pathogènes, etc.) et l’éventuelle
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L I V R E B L A N C GA Z É I F I CAT I O N H Y D ROT H E R M A L E
C o n c lu s i o n & p e r s p e ct i v e s
présence de microplastiques sont détruits et/ou contribuer à la mise au point d’unités industrielles
convertis en gaz. Egalement, de nombreuses autres opérationnelles et performantes dès 2026. Ces
externalités positives en lien avec l’ensemble de premiers démonstrateurs auront pour objectif de
la chaîne de valeur sont à attendre générant des construire des Analyses de Cycle de Vie (ACV), des
impacts positifs et durables sur l’emploi, l’émer- modèles économiques viables et de valider les
gence de nouvelles filières de valorisation des nombreuses optimisations techniques en cours de
co-produits, de synergies industrielles, etc. développement.
Enfin, la technologie présente de nombreux Dans l’objectif commun de viser et de rendre pos-
autres atouts lui permettant une intégration faci- sible à 2050 l’atteinte des objectifs nationaux
litée dans de nombreuses configurations : temps en matière de décarbonation, de souveraineté
de conversion globale ne durant que quelques énergétique et de développement de l’écono-
minutes, installation très compacte (besoin de mie circulaire, le Groupe de Travail Gazéification
surface au sol très faible), technologie modulaire, Hydrothermale confirme pouvoir atteindre
absence de pollutions atmosphériques et très un potentiel de production de gaz renouve-
faibles nuisances sonore et olfactive pour ne citer lable et bas-carbone issu de la Gazéification
que les plus importants. Hydrothermale estimé à au moins 50 TWh/ an à
cet horizon. Cette capacité couvrirait environ 15 %
Potentiel de production de gaz de la production globale de gaz renouvelable et
renouvelable et bas-carbone bas-carbone (320 TWh/an) estimée par la filière
gazière.
Une première projection limitée à une vingtaine
de familles d’intrants biogéniques disponibles Pour atteindre cet objectif, plusieurs jalons à court
en quantité importante révèle un potentiel de et moyen terme ont été définis :
production, avec des hypothèses de mobilisation
• D’ici 2026 : le montage, la réalisation et la mise
prudentes, estimé à au moins 63 TWh/an d’ici
en fonctionnement commercial des premiers
2050 (uniquement 50 TWh/ an ont été retenus).
projets industriels.
Néanmoins, sachant que certains déchets indus- • D’ici 2030 : la production et l’injection d’au
triels étant au moins pour partie d’origine fossile moins 2 TWh/an de gaz renouvelable et bas
n’ont pas été comptabilisés et que les évolu- carbone dans le réseau de gaz avec environ
tions réglementaires concernant le retour au 60 projets de gazéification hydrothermale en
sol de certains déchets pourraient évoluer dans fonctionnement.
un futur proche, de nouveaux gisements pour la • D’ici 2033 : la production et l’injection d‘au
Gazéification Hydrothermale pourraient rapi- moins 6,8 TWh/an de gaz renouvelable et bas
dement devenir mobilisables en France pour carbone dans le réseau de gaz avec environ
augmenter encore l’estimation de son potentiel de 140 projets de gazéification hydrothermale en
production de gaz injectable. fonctionnement.
92
projets industriels permettant de limiter au mieux Enfin, parmi les objectifs de travail visés par le
leurs risques. Groupe de Travail Gazéification Hydrothermale
représentant les acteurs de la filière en France, ses
Le soutien public devrait être complété par la membres prévoient que leurs demandes de sou-
mise en œuvre d’autres dispositifs, dont l’absence tien précédemment citées fassent l’objet d’études
a déjà été identifiée par la filière comme freinant spécifiques. Celles-ci auront notamment pour but
voire empêchant le développement potentiel de de mettre à disposition au plus tôt des pouvoirs
la technologie et l'implication des acteurs enga- publics les éléments nécessaires permettant de :
gés dans son émergence en France, comme :
• lever ces verrous et d’accompagner au mieux le
• un financement public adapté au montage lancement des premiers projets industriels et
financier de démonstrateurs industriels permet-
• de prendre en compte la Gazéification
tant aux deux ou trois développeurs français de
Hydrothermale dans les prochains textes légaux
la technologie de réaliser l’étape indispensable
(SFEC, PPE…) afin que son potentiel soit pleine-
d’optimisation de leur technologie en amont de
ment pris en compte dans la future feuille de
leur commercialisation finale ;
route énergétique française et lui permettre de
• une diversité de mécanismes de soutien pour la contribuer à l’atteinte de la neutralité carbone à
rémunération des gaz renouvelables et bas-car- horizon 2050.
bone injectables (ex : Biogas Purchase agreement,
certificats d’origine pour la production de gaz
renouvelable ou bas-carbone, contrats d’expé-
rimentation méthane de synthèse adaptés à la
filière, etc.) ;
• un cadre administratif réglementaire ICPE
(Installations Classée pour la Protection de
l’Environnement) adapté à la typologie du pro-
cédé et facilitant la mise en œuvre des projets
industriels ;
• des dispositifs financiers spécifiques permet-
tant d’accompagner les efforts de recherche et
développement des industriels investis dans la
technologie de gazéification hydrothermale et
leur permettre d’égaliser avec leurs homologues
étrangers. Ces soutiens peuvent être également
nécessaires pour le développement de briques
technologiques situées en amont (exemple :
prétraitements) ou en aval (traitements du
syngas de synthèse pour le rendre conforme
à l’injection, procédés de transformation des
résidus solides et liquides en produits commer-
cialisables, procédé de valorisation durable du
CO2 ou de décarbonation…).
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LISTE DES FIGURES,
TABLEAUX, RÉFÉRENCES
ET ABRÉVIATIONS
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Figure 7 : Évolution de la destination finale des boues de STEU aux Pays-Bas depuis 1981 (source : clo.nl)...... 45
Figure 8 : Difficulté d’épandages sur les terres agricoles en France (source : ValorMap)............................ 46
Figure 9 : Estimation de la production de gaz injectable par GH pour les 18 intrants majeurs d’origine
biogénique à horizon 2050 (63,2 TWh/an) – *estimation en 2050. ....................................... 48
Figure 10 : Estimation de la production par région de gaz injectable par GH en 2050 (63,2 TWh/an)............. 48
Figure 11 : Carte des développeurs actuels en Europe et dans le monde (situation à mi-2022)
(Source Cerema & GRTgaz)................................................................................. 54
Figure 12 : Photo du PSI de l’installation « Hydropilot » installée en 2020 à Villigen (CH) en collaboration
avec TreaTech (source : M. Fischer, Paul Scherrer Institute, 2020)......................................... 56
Figure 15 : Démonstrateur d’oxydation hydrothermale réalisée par Leroux & Lotz Technologies
dans le cadre du projet Leanships H2020................................................................. 61
Figure 18 : Évolution du coût d’investissement (M€/ t/h) d’un projet Gazéification Hydrothermale en fonction de
sa capacité de traitement de déchets.. . ................................................................... 81
Figure 19 : OPEX pour les différents scénarios. La vente de chaleur et d’électricité grâce au biogaz généré par la
Gazéification Hydrothermale à travers une cogénération (scénario 2a) permet de diminuer sensible-
ment les OPEX.. . ........................................................................................... 83
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Tableau 6 : Exemple de flux massiques pour une unité commerciale de Gazéification Hydrothermale
catalytique de 6 t/h (Source : TreaTech).................................................................. 57
Tableau 10 : Synthèse des procédés de valorisation du CO2 en fonction des puretés minimales requises, de la
maturité des technologies de valorisation et de la quantité de produits issues de l'utilisation d'une
tonne de CO2 (source GRTgaz)............................................................................ 70
Tableau 12 : Classement des métaux par potentiel financier sur une base d’un million d’EH
(Varennes E. et al., 2020)................................................................................. 72
Tableau 14 : Coût d’élimination des boues d’épuration selon la filière de traitement (AMORCE)................... 86
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