Poèmes: Wallace Stevens
Poèmes: Wallace Stevens
Poèmes: Wallace Stevens
Liberté
Poèmes
Wallace Stevens
Michel Beaulieu
Volume 43, numéro 3 (253), septembre 2001
URI : https://id.erudit.org/iderudit/32766ac
Éditeur(s)
Collectif Liberté
ISSN
0024-2020 (imprimé)
1923-0915 (numérique)
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Fabliau de Floride
La barque de phosphore
Sur la plage de palmiers.
109
Une autre femme en pleurs
Chasse le malheur
De ton cœur trop amer.
Que le chagrin ne pourra adoucir.
Te laisse
Avec celui dont nul fantasme ne surgit,
Et tu es transpercée par une mort.
110
De l'apparence des choses
I
Dans ma pièce, le monde dépasse ma compréhension ;
Mais lorsque je marche je vois qu'il est fait de trois ou
quatre
collines et un nuage.
Il
De mon balcon, je contemple l'air jaune.
Lisant là où j'ai écrit,
« Le printemps ressemble à une belle qui se dénude ».
111
Les rideaux de la maison du métaphysicien
112
Le thé au palais de Hoon
113
Six paysages révélateurs
I
En Chine
Un vieil homme s'assoit
À l'ombre d'un pin.
Il voit un pied-d'alouette,
Bleu et blanc.
Bouger dans le vent,
À la limite de l'ombre.
Sa barbe bouge dans le vent.
Le pin bouge dans le vent.
Ainsi l'eau s'écoule
Au-dessus des mauvaises herbes.
Il
La nuit est de la couleur
D'un bras de femme :
Nuit, la femelle.
Obscure,
Parfumée et souple.
Se dissimule.
Une mare d'eau brille,
Comme un bracelet
Secoué pendant une danse.
Ill
Je me suis mesuré
À un grand arbre.
Je trouve que je suis beaucoup plus grand.
Puisque j'arrive parfaitement à atteindre le soleil
De mon regard ;
114
Et que je parviens à atteindre le rivage de la mer
Avec mes oreilles.
Malgré tout, je déteste
la façon qu'ont les fourmis
D'entrer et de sortir de mon ombre.
IV
Lorsque mon rêve était à proximité de la lune,
Les plis blancs de sa robe
Étaient remplis de lumière jaune.
Les plantes de ses pieds
Rougeoyaient.
Ses cheveux étaient remplis
Par certaines cristallisations bleues
Issues d'étoiles
Peu éloignées.
V
Ni l'ensemble des couteaux des réverbères.
Ni les ciseaux des rues infinies,
Ni les maillets des coupoles
Et des grandes tours.
Ne peuvent sculpter
Ce qu'une seule étoile peut sculpter
De sa lumière traversant les feuilles de vigne.
115
VI
Les rationalistes, portant des chapeaux carrés.
Pensent à l'intérieur de pièces carrées.
En regardant le plancher.
En regardant le plafond.
Ils se limitent
Aux triangles à angles droits.
S'ils essaient les rhomboïdes,
Les cônes, les lignes sinueuses, les ellipses -
Comme, par exemple, l'ellipse de la demi-lune
Les rationalistes porteraient des sombreros.
116
Théorie
IV
Treize manières de regarder un étoumeau
I
Parmi vingt montagnes enneigées,
L'œil de l'étourneau était
La seule chose en mouvement.
Il
J'étais partagé par trois désirs.
Comme un arbre
Dans lequel il y a trois étourneaux.
Ill
L'étourneau tournoyait dans les vents automnaux.
C'était un petit rôle d'une pantomime.
IV
Un homme et une femme
Font un.
Un homme et une femme et un étourneau
Font un.
V
Je ne sais ce que je préfère entre
La beauté des modulations
Ou la beauté des insinuations.
Le sifflement de l'étourneau
Ou l'après-chant.
118
VI
Les glaçons remplissaient la large fenêtre
De verroteries barbares.
L'ombre de l'étourneau
La traversait de long en large.
L'humeur
Traçait dans l'ombre
Une cause incompréhensible.
VII
Ô hommes minces de Haddam,
Pourquoi imaginez-vous des oiseaux ors ?
Ne voyez-vous pas la façon qu'ont les étourneaux
De circuler aux pieds des femmes qui vous entourent ?
VIII
Je connais des accents nobles
Et de lucides et inéluctables rythmes ;
Mais je sais également
Que l'étourneau est impliqué
Dans ce que je connais.
IX
Lorsque l'étourneau disparut de notre champ de vision,
Il laissa une marque à la marge
De l'un des nombreux cercles.
X
À la vue des étourneaux
Volant dans une lumière verte.
Même les putes de l'euphonie
Pousseraient des cris aigus.
119
XI
Il traversait le Connecticut
Dans un carrosse de verre.
À un moment une crainte le transperça.
En ce qu'il confondait
L'ombre de son équipage
Avec des étourneaux.
XII
La rivière s'écoule.
L'étourneau doit être en vol.
XIII
C'était le soir tout l'après-midi.
Il neigeait
Et bientôt il neigerait.
L'étourneau se percha
Sur les branches du cèdre.
120
Dieu est bon. C'est une belle nuit
121
Débris de la vie et de l'esprit
122
La maison était silencieuse et le monde était calme
123
Lebensweisheitspielerei
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