Prevention Chutes Hauteur
Prevention Chutes Hauteur
Prevention Chutes Hauteur
SOMMAIRE :
INTRODUCTION
IV. FORMATION
Bibliographie :
Vocabulaire technique :
Dispositif d’ancrage : Elément ou série d’éléments ou de composants comportant un point
d’ancrage ou des points d’ancrage.
Point d’ancrage : Elément auquel un équipement de protection individuelle peut être attaché
après installation du dispositif d’ancrage.
Ancre structurelle : Un (ou plusieurs) élément(s) fixé(s) à demeure sur une structure, auquel
(auxquels) il est possible d’attacher un dispositif d’ancrage ou un équipement de protection
individuelle.
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INTRODUCTION
Qu’il s’agisse d’un dépannage urgent de courte durée (remédier à une fuite, faire une reprise
d’étanchéité, nettoyer des gouttières, démousser une toiture, installer une antenne parabolique,
etc.) ou d’une tâche planifiée de plus grande ampleur ou faite de manière répétée (installer des
panneaux ou un chauffe-eau solaires, assurer leur maintenance, poser / remplacer des tôles de
couverture, etc.), toutes ces interventions impliquent d’accéder et de travailler à des hauteurs de
dénivelé plus ou moins conséquentes.
Bien que la prévention des chutes de hauteur soit avant tout une affaire de protection collective, le
recours à la protection individuelle est toutefois autorisé en cas d’impossibilité technique (chantier
difficile d’accès par exemple) et/ou lorsque la durée prévue d’exécution des travaux n’excède pas
une journée.
Malheureusement, force est de constater que très souvent les dispositifs d’ancrage et les lignes
de vie misent en œuvre pour les travaux en hauteur ne sont pas conformes et ne sont pas
installés correctement.
C’est pourquoi notre service « Prévention des Risques Professionnels » a souhaité rédiger un
guide spécifique sur cette thématique afin de donner aux chefs d’établissement et aux utilisateurs
les « outils » nécessaires pour la mise en œuvre d’un système d’arrêt des chutes efficace et sûr
car, repellons-le, le risque de chute de hauteur est un risque majeur au travail et reste à l’origine
chaque année d’accidents du travail graves voire mortels.
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V. LES DIFFERENTES CLASSES DE DISPOSITIFS D’ANCRAGE
Un point d’ancrage est un dispositif de sécurité qui assure une protection individuelle permanente
ou temporaire sur un chantier de travail en hauteur et est un élément essentiel de tout système de
protection contre les chutes.
Le dispositif d’ancrage peut être fixé sur différents types de bâtiments : toitures plates, toits pentus,
des acrotères, des façades, des poutres en béton, … ou sur des structures industrielles telle que
des acier IPN, IPE, HEA, UPN, des machines, des voies de cheminement de ponts roulants, des
éoliennes, etc.
Il peut être utilisé en retenue contre les chutes, c’est-à-dire interdire l’accès à une zone
dangereuse, mais peut également être utilisé en arrêt de chute.
NB : Le travail en retenue
Un point d’ancrage peut servir pour assurer une restriction d’accès. Il n’a, dans ce cas, pas vocation
à atténuer l’effet d’une chute lorsqu’elle se produit mais à empêcher l’accès d’une personne dans
une zone où une chute de hauteur pourrait se produire.
Quel que soit son type, il doit impérativement être sûr et résistant, sa capacité à arrêter puis à
retenir un opérateur en cas de chute étant primordiale. Selon la configuration de la zone
d’intervention et les contraintes liées à l’environnement, un modèle approprié sera choisi fixe ou
mobile, flexible ou rigide, etc.
Les dispositifs d’ancrage sont visés par la norme EN 795 qui en distingue 5 classes :
Pour les classes A, C et D qui sont dispositifs d’ancrage permanents, le fabricant est tenu de
justifier d’une « attestation de conformité » délivrée de préférence par un organisme notifié.
Les dispositifs de classe B et E bénéficient d’une certification « CE » dès lors qu’ils sont considérés
comme des EPI (source recommandation CNAMTS R430 - juillet 2007).
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I.1. EN 795 A : ANCRAGES FIXES ET STRUCTURELS :
Fixés le temps d’une tâche à réaliser, voire durablement, ces systèmes d’ancrage structurel
permettre de connecter un système d’arrêt des chutes ou de retenue.
Les ancrages fixes sont généralement les plus faciles à utiliser et à trouver : Ils peuvent être
installés sur des surfaces horizontales, verticales et inclinées telles que les toits, les murs, les
colonnes, les éoliennes, les barrages hydrauliques, les ponts, les zones en hauteur nécessitant
des inspections régulières, etc.
Les données techniques fournies par le fabricant du dispositif d’ancrage et celles visant l’ancre
structurelle associée permettent selon la structure d’accueil rencontrée (béton, maçonnerie creuse,
métal, bois, etc.) d’opter pour le type de fixation requis. Il peut s’agir d’une cheville mécanique ou
à scellement chimique, d’une liaison par bridage ou boulonnage traversant, etc.
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Quels exemples de solutions :
Les travaux temporaires requièrent des systèmes antichute horizontaux transportables, légers,
faciles à utiliser et pouvant être déplacés d’un endroit à l’autre. Les ancrages temporaires et
transportables nécessitent le marquage CE et sont considérés comme des EPI.
Point d’ancrage transportable pour béton Barre d’ancrage sur porte / fenêtre
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Système d’Ancrage Mobile (SYAM) Point d’ancrage mobile adaptable sur parapet
Une ligne de vie est un support quasi horizontal (moins de 15% de pente) constitué d’un câble
d’assurage fixé à des ancres fixes entre lesquelles le point d’attache de l’EPI coulisse pour
permettre à un opérateur de se déplacer.
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Elle peut être permanente ou temporaire et être en sangle, en câble, en corde :
Outre la matière choisie, le nombre maximum d’utilisateurs doit également être un élément
déterminant dans le choix d’une ligne de vie.
Une brochure intitulée « SP1100 Janvier 2016 » rédigée par la CARSAT Rhône-Alpes
traite spécifiquement de l’installation et l’utilisation d’une ligne de vie permanente sur les
ouvrages existants.
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I.4. EN 795 D : LES RAILS D’ASSURAGE RIGIDES HORIZONTAUX :
Fabriqués en aluminium, Ils offrent une plus grande résistance à la corrosion et à l'abrasion. Ils
sont fortement recommandés lorsque la hauteur de chute depuis la surface de travail est réduite
ou lorsqu'ils sont utilisés simultanément par un grand nombre d'utilisateurs.
Les ancrages à « corps mort » ou à contrepoids sont faciles à installer et à déplacer. Ils sont utilisés
sur des surfaces horizontales telles que les terrasses et les toits plats. Le mécanisme consiste en
une série de poids placés sur une surface plane à laquelle le travailleur est connecté afin de pouvoir
se déplacer de manière sûre et sécurisée sur toute la surface.
(1) (2)
Sur la photo 2, les ancrages autoportants permettent l’installation sans perçage, d’une ligne de vie
temporaire autonome conforme à la classe C de la norme EN795.
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VI. Choisir son point d’ancrage et l’installer correctement
Choisir un point d’ancrage ce n’est pas juste sélectionner l’objet solide le plus proche auquel on
peut attacher sa longe. Comprendre les forces auxquelles les points d’ancrage doivent résister, le
type de point d’ancrage auquel votre longe peut être attachée en toute sécurité et le type de travaux
que vous allez devoir exécuter sont tous des éléments essentiels de la sélection d’un point
d’ancrage approprié. Trop de gens prennent cela pour acquis et estiment que le simple fait d’être
« attaché » à quelque chose est suffisamment sûr.
Malheureusement, bon nombre d’accidents surviennent lorsque des personnes sont attachées à
des points d’ancrage qui ne sont pas assez résistant, ou lorsque que le point d’ancrage n’est pas
utilisé correctement.
Dans un système d’arrêt des chutes, l’ancrage est un élément fondamental. La détermination de
l’endroit où ce dernier va être localisé va permettre d’agir sur les facteurs influençant les effets
d’une chute. En particulier la sévérité d’une chute dépendra :
• De la hauteur de la chute libre (la réglementation impose que la hauteur de chute libre soit
inférieure à un mètre en absence d’absorbeur d’énergie)
• De la quantité d’énergie absorbée par le système de liaison (sans absorption, une chute de
plus de 2 m pourra être fatale)
• De la nature des obstacles rencontrés pendant la chute et après par effet pendulaire.
Fc : force du choc
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Le point d’ancrage devra être proche de l’alignement du corps afin de limiter les effets
pendulaires, il convient de veiller à conserver un angle entre le système antichute et le point
d’ancrage, inférieur à 30°.
Enfin, il sera positionné à une hauteur suffisante pour prévenir tout contact avec des obstacles
dépassant du sol au moment de la chute : notion de tirant d’air
NB : L’absorbeur d’énergie :
La capacité d’absorption de l’énergie par un corps humain arrêté dans sa chute par une corde
seule est limitée. C’est pourquoi, il faut utiliser des absorbeurs d’énergie.
Lors de l’arrêt d’une chute de 4 mètres, un corps de 100 kg est soumis à une force de 22 kN
(environ 2,2 tonnes) ce qui peut avoir des conséquences fatales évidentes.
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Les absorbeurs d’énergie conformes aux normes européennes « EN » réduisent la force de choc
à un niveau acceptable pour le corps humain, soit 6 kN (environ 600 kg)
Après avoir déterminé le type de dispositif d’ancrage nécessaire à la réalisation de la tâche et pris
en compte les différentes notions décrites ci-dessus (facteur de chute, tirant d’air, etc.), pour
bénéficier d’une installation fiable, le respect de certaines règles s’impose :
- Qu’ils soient provisoires ou installés à demeure, ne recourir qu’à des dispositifs d’ancrage
normalisé (cf. chapitre I.),
- Pour ceux dont la fixation requiert l’association d’une ancre structurelle (cheville
mécanique, cheville à scellement, etc.), opter pour des fabricants spécialisés et bénéficiant
d’un agrément technique au niveau européen,
- S’appuyer sur les fiches techniques proposés par le fabriquant des ancres structurelles
pour faire le choix correspondant aux applications souhaitées et offrant les charges de
service requises,
- Pour rappel : un point d’ancrage doit au moins résister à une charge de 1 000 DaN (1
tonne).
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Exemple d’instructions données par un fabricant d’ancre structurelle :
Dans le même ordre, ci-après les informations techniques détaillées fournies par les fabricants de
dispositifs d’ancrage pour permettre une fixation optimale :
Seules les lignes de vie temporaires seront abordées dans ce chapitre car des brochures
spécifiques existent pour les lignes de vie permanentes (cf. chapitre III.2).
Afin de garantir la fiabilité du système, il convient de se référer aux prescriptions du fabricant qui
définira les modalités d’installation, d’utilisation de la ligne de vie temporaire horizontale et la
résistance des ancrages.
Exemple d’installation d’une ligne de vie (Source : site KRATOS SAFETY – ligne de vie
temporaire FA 60 007 00)
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La notice technique du fabricant précise également la flèche de la ligne de vie à prendre en
considération en cas de chute qui viendra en sus du tirant d’air requis.
Exemple– ligne de vie temporaire FA 60 007 00 (Source : site KRATOS SAFETY)
Attention à prendre en compte le tirant d’air du système antichute utilisé, le tirant d’air utile sera
donc la somme de la flèche de la ligne de vie + le tirant d’air du système antichute
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II.4. CAS PARTICULIER DES DISPOSITIFS D’ANCRAGE NON CONVENTIONNELS
Une pratique locale courante consiste à intégrer, pour l’installation d’une ligne de vie provisoire,
des composants de fabrication artisanale notamment les potelets d’ancrage (cf. exemples ci-après)
afin de s’adapter aux configurations des chantiers.
Pour autant, en configurations spécifiques et dès lors qu’aucun potelet d’ancrage normalisé
manufacturé ne se prêterait à l’application souhaitée, et que l’utilisation de dispositif de protection
collectif type nacelle ou échafaudages se révélerait impossible ou trop complexe.
L’intégration d’un composant non conventionnel pourrait à titre exceptionnel être toléré à la
condition qu’une note de calcul par un bureau d’études ou qu’un rapport d’essai par un bureau
technique garantisse sa résistance.
Le Code du Travail métropolitain prévoit que lorsqu’il est fait usage d’un système d’arrêt des
chutes, l’employeur doit préciser dans une notice, les points d’ancrage, les dispositifs d’amarrage
et les modalités d’utilisation de l’équipement de protection individuelle
Bien que cette disposition ne soit pas retranscrite telle quelle dans la réglementation calédonienne,
il convient de rappeler que l’employeur a une obligation de résultat en matière de sécurité et qu’il
doit donner les instructions appropriées aux travailleurs (cf. les principes généraux de prévention).
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VII. TEST, ESSAIS ET VERIFICATIONS
Pour rappel, article 5 de la Délibération n° 207 du 7 août 2012 relative à la santé sécurité sur les
chantiers de bâtiment :
Le maître d'ouvrage et le coordonnateur santé sécurité mettent en œuvre, pendant la phase de
conception, d'étude et d'élaboration du projet, les principes généraux de prévention énoncés
dans l'article Lp. 261-2 du code du travail.
Ces principes sont pris en compte notamment lors des choix architecturaux et techniques ainsi
que dans l'organisation du chantier, en vue :
- de permettre la planification de l'exécution des différents travaux ou phases de travail se
déroulant simultanément ou successivement ;
- de prévoir la durée de ces phases ;
- de faciliter les interventions ultérieures sur l'ouvrage.
Pour autant, le recours à un équipement individuel de protection contre les chutes de hauteur peut
être envisagé à titre complémentaire, à la condition que les dispositifs permettant sa mise en œuvre
soient intégrés dès la conception de l’ouvrage et répondent à certaines exigences pratiques.
C’est le cas des points d’ancrage fixes isolés ou des lignes de vie horizontales installées
durablement sur des ouvrages existants. Ils sont appropriés dans le cadre d’interventions
spécifiques et récurrentes du type nettoyage de vitres, maintenance d’équipements, etc.
Plutôt respecté dans les ouvrages de tailles conséquentes, immeuble d’habitation collective,
bâtiments industriels, etc. ce principe censé favoriser la prévention des chutes de hauteur, n’est
en revanche quasiment pas appliqué dans les constructions de moindre ampleur, à l’image des
constructions pavillonnaires.
Pour les points d’ancrage permanents (classes A, C et D), la lecture du DIUO (dossier des
interventions ultérieures sur l’ouvrage), s’il existe, permettra d’obtenir des informations sur leur
utilisation. Il faudra alors s’assurer que les dispositifs ont été vérifiés depuis moins d’un an par une
personne compétente.
On peut distinguer ainsi les lignes de vie constituées d’un câble fixé à des potelets et d’un
coulisseau mobile sur lequel l’opérateur vient se connecter. Certaines sont munies de témoins de
sollicitation. Il s’agit de fusibles qui font apparaître que la ligne de vie a été fortement sollicitée
(suite à une chute, par exemple) et qu’elle doit être vérifiée.
Pour le point d’ancrage, il convient de surveiller les éventuelles traces de corrosion et s’assurer
qu’il n’est pas détérioré…
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III.3 LES DISPOSITIFS D’ANCRAGE CREES SUR LE CHANTIER
Deux possibilités :
- Soit l’ancrage est constitué d’une sangle qui vient entourer un support suffisamment résistant ;
dans ce cas, l’avis d’une personne compétente permet de justifier a priori de la bonne tenue du
support, en cas de sollicitation. Il faudra ensuite vérifier, sur le chantier, que le support est « sain
». S’il s’agit d’une pièce de bois par exemple, il faut veiller à ce qu’elle ne soit pas fendue. S’il s’agit
de métal, surveiller la rouille, et s’il s’agit de béton, regarder les éventuelles fissures. Enfin, le
contact de la sangle avec le support doit être observé avec la plus grande vigilance. En effet, le
frottement d’une sangle textile sous tension sur une arête vive conduit très rapidement à la
coupure. Il existe de nombreuses solutions techniques pour s’en prémunir comme l’utilisation d’une
étrope en câble, d’un protecteur sur l’angle…
- Soit l’ancrage est un dispositif fixé sur le support, comme par exemple, un crochet fixé sur un
chevron ou un goujon mécanique fixé dans le béton. Là encore, il convient de respecter
scrupuleusement la notice du produit utilisé et de vérifier la résistance du support.
Dans sa brochure dédiée aux interventions sur toiture, l’OPPBTP rappelle que tout ancrage fixe
doit être testé systématiquement :
- En cas de scellement dans la maçonnerie, le poseur devra effectuer un essai de traction
sous 500 daN pendant 15 secondes.
- Pour tous les assemblages mécaniques, le poseur devra respecter la notice d’instructions
ou de pose du fabricant, notamment le couple de serrage.
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VIII. FORMATION
La réglementation précise que les interventions en hauteur doivent être effectuées par des
personnes ayant reçu une formation adéquate et spécifique à l’utilisation des EPI contre les chutes
de hauteur, comprenant un entraînement au port de l’équipement et éventuellement une formation
aux interventions de secours et de mise en sécurité.
Concevoir, implanter, installer et contrôler une installation contre les chutes de hauteur ne
s’improvise pas.
C’est pourquoi il est primordial de former le personnel à l’installation des systèmes antichute,
maitrisant les techniques d’ancrage, de scellement, d’assemblage et disposant de l’outillage requis.
Les thèmes suivants doivent à minima être aborder lors des formations « EPI antichute » :
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Bibliographie :
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