Aourid - Sciences Politique 2ème Partie

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Les Lumières et l’émancipation de l’Homme


Rappel: tous au 18ème siècle
Voltaire: 1694 - 1778
Rousseau: 1712 - 1778
Montesquieu: 1689 - 1755
Révolution française: 1789 - 1799

Polycopié Aourid:
Dans son ouvrage, « la philosophie des Lumières », Ernest Cassirer*, rappelle combien est fondatrice la
philosophie des Lumières qui incarne un tournant dans la vie intellectuelle. Le siècle des philosophes fit suite
à celui de la Renaissance au milieu du 15ème siècle, la Réforme religieuse au milieu du 16ème siècle, et à la
philosophie cartésienne au 17ème. Le 18ème siècle a vécu un mouvement d’une autre portée, qui va
s’inspirer des développements en sciences de la nature.

Pour Ernest Renan**, du moins dans son jeune âge, la philosophie des Lumières renvoie à l’âge adulte de
l’humanité. C’est au 18ème siècle que l’humanité « après avoir marché de longs siècles dans la nuit de
l’enfance, sans conscience d’elle-même, (…) a pris possession d’elle-même. » La révolution consacre « cet
âge adulte » où l’humanité sera gouvernée par la Raison. « C’est le moment correspondant à celui où
l’enfant conduit jusque là par les instincts spontanés, le caprice et la volonté des autres, se pose en
personne libre, morale et responsable de ses actes. »

*Ernst Cassirer fut un grand professeur d'histoire de la philosophie, avec des études sur la
Renaissance, sur Jean-Jacques Rousseau, sur les Lumières et sur Hegel. Ses ouvrages d'histoire de
la philosophie sont davantage consultés aujourd'hui que son œuvre philosophique originale.

**Dans son ouvrage Vie de Jésus, publié en 1863, Ernest Renan compare l'humanité à un enfant
qui grandit et accède à la maturité. Le 18e siècle, et en particulier la Révolution française,
marquent pour lui l'entrée de l'humanité dans l'âge adulte. C'est à cette époque que l'humanité
commence à s'affranchir des superstitions et des préjugés du passé, et qu'elle commence à
penser par elle-même.
Renan est un philosophe positiviste, et il croit que la Raison est le moteur du progrès. Il voit donc la
Révolution française comme une étape importante dans le développement de l'humanité, car
elle a permis à la Raison de triompher des forces obscurantistes. Cette conception de l'histoire est
typique de la philosophie des Lumières. Les philosophes des Lumières croyaient que l'humanité
était capable de progresser par la raison et la science. Ils voyaient la Révolution française
comme une manifestation de ce progrès, et ils espéraient que cette révolution conduirait à une
société plus juste et plus libre.

La philosophie des Lumières a donc marqué la marche humaine par ses idées sur la liberté de l’être
humain, son appel à l’égalité, et particulièrement par sa référence à la raison pour gérer les rapports des
hommes. La Raison finira par se suppléer à la tradition qui était le fondement de l’Ancien Régime.

A la base de cette révolution philosophique, il y avait une autre qui l’avait précédé qui allait lui paver la
voie : les exploits scientifiques qui finiront par structurer l’esprit. Les sciences s’étendent et s’affermissent au
point de fournir, non plus comme autrefois, sous Galilée ou Descartes des fragments de construction mais
un système, celui de Newton. C’est cet esprit qui va désormais habiter les promoteurs des idées nouvelles
sur la Raison, la liberté ou l’égalité. Ils étaient versés eux-mêmes dans les sciences physiques et naturelles.

La philosophie se détache désormais de la théologie, et les Encyclopédistes vont imprimer dans leurs
recherches ce nouvel esprit scientifique. Ni la prospérité, ni la décadence ni le despotisme, ni la liberté ne
sont des coups de dés amenés par les vicissitudes de la chance ou des coups de théâtre improvisés par
l’arbitre d’un homme, commentera Hippolyte Taine***, sur l’œuvre des Encyclopédistes, ces artisans de la
nouvelle philosophie.
***Philosophe, historien de l’art, écrivain, historien et critique littéraire français du 19e siècle (1828 -
1893). En 1863, il publie son Histoire de la littérature anglaise, en cinq volumes, ouvrage maintes fois
réédité. L’immense succès de son œuvre lui permet de vivre de sa plume, mais aussi d'être nommé
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professeur d'histoire de l'art et d'esthétique à l’École des Beaux-Arts en 1865 et à Saint-Cyr. Il est
même docteur en droit à Oxford (1871). Il est élu membre de l'Académie française en 1878.
Taine est connu surtout pour Les Origines de la France contemporaine (1875-1893). En effet, de
manière originale, en se plaçant dans une perspective longue, il s'intéresse aux causes de
la Révolution française. Il y dénonce notamment le fait que les institutions et lois instaurées par la
Révolution française sont artificielles et résultent de la violence et de choix idéologiques, telles que
les idées abstraites et rationalistes de Robespierre. La Révolution contredirait ainsi la construction, qui
selon lui doit être lente et naturelle, d'institutions politiques fortes et durables.

Jusqu’au 17ème siècle on n’arrivait pas à secouer la chape de l’Eglise et sa conception du monde. A la
base de cet édifice, il y avait la monarchie de droit divin. La Raison dans ce schéma n’était qu’un
subalterne au service de la religion et de la Monarchie. Bien loin de détruire, elle consolidait, puisque elle
n’était pas maîtresses mais serviteur. Les rôles finiront par s’intervertir, la tradition devient seconde et la
raison première, sous l’effet des idées nouvelles, mais aussi par les déficiences des structures qui incarnaient
la tradition, l’Eglise et la Monarchie. Les deux, dira Taine, « par leurs excès et leurs méfaits sous Louis 14,
démolissent pièce à pièce le fond de vénération héréditaire et d’obéissance filiale qui leur servait de base
et qui les soutenait dans une région supérieure, au-dessus de toute contestation et de tout examen. »

On devra d’ailleurs à Montesquieu cet examen critique de la Monarchie, d’abord par voie détournée
dans les « Lettres persanes » et puis, dans son œuvre monumentale « l’Esprit des lois ». Si dans « Les lettres
persanes », il se fait observateur, dans « l’Esprit des lois », il est analyste. Il est intéressant de s’arrêter sur le
jugement qu’il fait de Louis 14 adepte de la politique orientale, c'est-à-dire du despotisme et ses
extravagances. Ecoutons ce que dit Montesquieu sur Louis XIV dans les lettres persanes : « Il aime à gratifier
ceux qui le servent; mais il paye aussi libéralement les assiduités ou plutôt l’oisiveté de ses courtisans que les
campagnes laborieuses de ses capitaines. Souvent il préfère un homme qui le déshabille ou qui lui donne
la serviette lorsqu’il se met à table, à un autre qui lui prend des villes ou lui gagne des batailles. Il ne croit
pas que la grandeur souveraine doive être dans la distribution des grâces et, sans examiner si celui qu’il
comble de biens est homme de mérite, il croit que son choix va le rendre tel ».

HH: Cette citation est tirée de la lettre 11 des Lettres persanes de Montesquieu, publiées en 1721. Elle est
écrite par Usbek, l'un des deux voyageurs persans qui sont les protagonistes du roman. Dans cette lettre,
Usbek décrit le roi de France, Louis XIV, qu'il a rencontré à Paris. Il est surpris par la façon dont le roi
distribue ses faveurs. Louis XIV est généreux avec ses courtisans, même s'ils ne font pas grand-chose pour
lui. Il préfère souvent un courtisan qui s'occupe de ses besoins personnels à un capitaine qui lui a gagné
une bataille. Usbek critique cette attitude du roi. Il pense que le roi devrait récompenser le mérite, et
non l'oisiveté ou la flatterie. Il estime que le roi devrait choisir ses favoris en fonction de leurs
compétences et de leurs réalisations, et non en fonction de leur proximité ou de leur flatterie. La citation
que vous avez fournie est une critique de la monarchie absolue. Montesquieu montre que la monarchie
absolue peut être corrompue par la flatterie et l'arbitraire. Il suggère que le pouvoir royal devrait être
limité par la loi et par la constitution.

La Raison finira par bousculer la tradition. Condorcet dira dans son œuvre « Esquisse d’un tableau
historique de l’esprit humain » que les règles de la science naturelle sont opposables à l’Homme, en les
appliquant à « la morale, à la politique, à l’économie politique, on est parvenu à suivre dans les sciences
morales une marche presque aussi sûre que dans les sciences naturelles. C’est par elle qu’on a pu
découvrir les droits de l’Homme ».

Les mêmes règles inhérentes à la science de la nature sont applicables à la politique. On commence par
l’observation. On a tendance à oublier un grand encyclopédiste qui a opéré un regard froid sur l’Homme,
soustrait de toute emprise métaphysique, le baron d’Holbach**** quand il fait ce constat : « ..Nous ne
voyons sur la face du globe que des souverains injustes, incapables, amollis par le luxe, corrompus par la
flatterie, dépravés par la licence et l’impunité, dépourvus de talents, de mœurs et de vertus.. L’homme est
méchant, non parce qu’il est méchant, mais parce qu’on l’a rendu tel. » Il y a toute une panoplie de
règles, d’institutions pour assujettir l’homme, voire l’avilir. Il faut briser le carcan qui se pare de la tradition ou
de religion et que manipule « une poignée de fripons » selon l’expression d’Holbach..
****Paul Thiry, Baron d’Holbach (1723- 1789) est un
savant, encyclopédiste et philosophe matérialiste d’origine allemande et d’expression française.
En 1744, son oncle l'inscrit à la faculté de droit aux Pays-Bas. L'université, une des premières
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d'Europe, est protestante alors que le baron est catholique, ce qui suggère un esprit non
conformiste et une indifférence en matière de religion de la part de ce dernier. Paul-Henri étudie
le droit, mais aussi avec enthousiasme la physique, la médecine, la chimie et la métallurgie. Il
fréquente un petit cercle de jeunes britanniques fortunés destinés à de brillantes carrières dans les
lettres et la politique. Il s'y lie en particulier d'amitié avec John Wilkes, futur homme politique et
journaliste britannique, amitié qui durera toute sa vie.
Suivant une position habituelle chez les philosophes des Lumières, l'éducation est considérée
comme essentielle par d'Holbach. Elle l'est d'autant plus que l'éducation de son temps est
fortement dominée et influencée par l'Église. À ce titre, elle est orientée contre la science et la
raison. De ce fait, estime d'Holbach, quiconque « veut savoir quelque chose doit s'éduquer lui-
même ».

On pourrait établir l’ordre hiérarchique de la critique, en passant par Voltaire et Montesquieu qui relevaient
les carences de l’Ancien régime. Avec Holbach et Diderot, c’est l’attaque en coupe réglée, car l’Homme
ne peut s’émanciper qu’en brisant les entraves, d’abord celles de la religion et l’ordre qui lui était rattaché,
l’Eglise, et puis la Monarchie. Au 3ème niveau Rousseau qui parle aux peuples. Il parle pour ce qui l’interpelle
le plus : la justice. Ce que nous avons comme principes modernes de la politique, nous le devons à
Rousseau : Le contrat social au lieu et place de la tradition, la volonté générale, au lieu du droit divin.
1- Voltaire et Montesquieu
2- Holbach et Diderot
3- Rousseau

Le jeune Rousseau fit son entrée dans le monde des lettres par son opuscule « Discours sur l’origine de
l’inégalité ». A la base de l’injustice, il y a la propriété : « Le premier, dira-t-il, qui ayant enclos un terrain,
s’avisa de dire ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la
société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés
au genre humain celui qui, arrachant le pieux et comblant le fossé, eût crié à ses semblables ; Gardez-
vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdu si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est
à personne. »

Grande révolution de la pensée qui marquera le 19ème siècle et balisera la voie aux idées socialistes.
Rousseau est en effet le lien entre la philosophie des Lumières et la pensée socialiste (Rousseau n'a pas
développé une théorie socialiste complète, mais ses idées ont inspiré les socialistes ultérieurs. Il est donc
considéré comme un lien entre la philosophie des Lumières et la pensée socialiste.). On retrouve déjà les
prémices de l’analyse marxiste, dans cette analyse de Rousseau où l’autorité publique est l’instrument des
puissants et non celui de la justice, dans son « discours de l’économie politique » : « Tous les avantages de
la société ne sont-ils pas pour les puissants et les plus riches ? Tous les emplois lucratifs ne sont-ils pas remplis
par eux seuls ? Et l’autorité publique n’est-elle pas en leur faveur ? »

Il y a un contrat inique (un contrat où la partie saine d’esprit prend avantage de la partie atteinte
d’aliénation mentale) qui met des entraves au faible et donne plus de force au riche. Le seul souci des rois
est l’expansion, leur penchant naturel est le despotisme. Les beaux mots ne sont que prétexte : « les mots
bien public, bonheur des sujets, gloire de la nation, si lourdement employés dans les édits publics,
n’annoncent jamais que des ordres funestes, et le peuple gémit d’avance, quand ses maîtres lui parlent
de leurs soins paternels. » Ces beaux mots, c’est exactement ce que Marx appellera l’idéologie..

La nouvelle philosophie des Lumières retira toute autorité à la tradition, à la religion, et à la monarchie. La
tradition non seulement est fausse, mais elle est l’antichambre de l’oppression. La nouvelle philosophie des
Lumières pavera la voie à un homme nouveau et à une société nouvelle fondatrice de valeurs universelles.

Explication HH:
Contexte: L’auteur rappelle que la philosophie des Lumières a été précédée par la Renaissance, la
Réforme protestante et la philosophie cartésienne. Ces mouvements ont contribué à saper le pouvoir de
l'Église et à promouvoir l'idée de la raison humaine. L'auteur souligne ensuite que la philosophie des
Lumières a été caractérisée par son insistance sur la raison, la liberté et l'égalité. Ces idées ont été
développées par des philosophes comme Voltaire, Montesquieu, Rousseau et Diderot.
La philosophie des Lumières a contribué à l'émancipation de l'homme de plusieurs manières:
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- Tout d'abord, elle a permis aux gens de remettre en question l'autorité de la tradition et de la religion.
- Ensuite, elle a promu l'idée que les hommes sont libres et égaux en droits. La liberté, selon les Lumières,
est le droit de l'homme à vivre sa vie comme il l'entend, sans interférence de l'État ou de la religion.
- Aussi, elle a inspiré les révolutions américaines et françaises, qui ont contribué à instaurer des
gouvernements démocratiques et des sociétés plus égalitaires.

L'auteur souligne que la philosophie des Lumières a contribué à saper les structures de pouvoir inégalitaires
qui existaient dans l'Ancien Régime. Les Lumières ont promu l'idée que les hommes, quel que soit leur rang
social, sont égaux en droits.

Notes de cours pour expliquer les Lumières - d’Aourid:

Diderot - Voltaire
On va passer de l’Angleterre à La France, le pays qui a vu l’émergence de cette séquence qui est les
Lumières. Les lumières vont poser les jalons de la pensée moderne. Tout ce qui va sortir est le résultat des
Lumières, même le socialisme. Les Lumières c’est l’âge adulte de l’humanité.

Lumière : pouvoir voir, pouvoir distinguer. Se définit par opposition à l’obscurantisme avec ses deux
oeillères: la monarchie et l’église. Qu’est ce qui empêche de voir? La tradition, alimentée par l’église et la
monarchie. C’est comme ça et pas autrement: on ne se pose pas de questions. Quel est l’élément
d’émancipation? La raison et la liberté. Une nouvelle philosophie est donc en train de naitre pour éclairer
le genre humain à travers deux éléments: la raison et la liberté.

La philosophie des Lumières a vu le jour grâce au travail d’un certain nombre d’hommes de lettres. Le mot
« intellectuels » n’existait pas encore. Diderot qui était anti-clérical, anti religion, va rassembler des hommes
de sciences et de lettres pour créer l’Encyclopédie. Il a demandé à des amis et connaissances de rédiger
des chapitres en expliquant les choses rationnellement, de manière scientifique. C’est cela la nouveauté:
même les faits sociaux peuvent s’expliquer rationnellement, le but étant d’établir une relation de cause à
effet.

Voltaire faisait partie de ces hommes qui ont contribué à l’Encyclopédie. En 1767 Voltaire écrit l’Ingénu, un
compte philosophique qui représente sa pensée. L’histoire raconte les aventures d’un Huron, un indien
d’Amérique qui arrive en France et découvre la civilisation Européenne. C’est une oeuvre importante de
la littérature des Lumières. Elle dénonce les préjugés, l’intolérance, et l’injustice de la société française du
18e siècle. L’Ingénu est un personnage naïf et innocent qui croit que tout ce qui arrive est voulu par Dieu. Il
est emprisonné pour avoir voulu défendre sa fiancée et il ne comprend pas pourquoi Dieu lui fait subir
cela. Son ami lui explique alors que la providence est un mystère et qu’il doit accepter sa destinée.
L’Ingénu accepte de se soumettre à la volonté de Dieu, mais il commence à douter de la providence
lorsqu’il voit les injustices et les malheurs qui affligent le monde. Il rencontre ensuite un philosophe qui lui
explique que la providence n’est pas une intervention directe de Dieu dans le monde mais une force
impersonnelle qui régit le monde selon des lois naturelles. L’Ingénu est convaincu. Il comprend que le
monde est un lieu complexe.

Voltaire croyait que l’obscurantisme, la superstition, l’intolérance et l’injustice étaient les principaux
obstacles au progrès de l’humanité. Il a écrit des pamphlets, des comptes philosophiques, des pièces de
théâtre et des poèmes dans lesquels il dénonce ces fléaux. Il a également utilisé son influence pour
soutenir les mouvements de réforme qui se développaient en Europe à son époque.

La phrase « Écrasez l’infâme! » est devenue un slogan célèbre qui incarne la volonté de voltaire de lutter
contre l’obscurantisme et l’intolérance.
- 1736: le fanatisme ou Molière. Dénonce le fanatisme religieux qui peut conduire à la violence et à la
persécution.
- 1759: Candide. Critique l’optimisme de Leibniz et montre que le monde est un lieu où le mal et la
souffrance sont omniprésents.
- 1763: traité sur la tolérance. Dénonce l’intolérance religieuse et appelle à la liberté de conscience.
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Jean Jacques Rousseau:


né en 1712 à Genève, mort à 66 ans en 1778 en France:
La société française n’était pas égalitaire. La société était compartimentée et se composait de la
noblesse, du clergé et du peuple. L’Idée maitresse de Rousseau était l’égalité.
Jean Jacques Rousseau va marquer la philosophie des Lumières de son empreinte. Il n’était pas Français,
mais de Genève en Suisse. Il a quitté Genève comme beaucoup de jeunes ambitieux pour aller à Paris se
faire connaitre, rencontrer des gens. Il avait connu la misère et a quitté Genève à pieds. Parmi les
personnes qu’il va rencontrer à Paris et qui va l’influencer, Diderot, très critique vis à vis de la monarchie et
de la religion. Diderot a été jeté pour cela en prison, Rousseau allait le voir par amitié et solidarité. Un jour
après sa visite, alors qu’il faisait chaud, Rousseau s’allongea sous un arbre pour lire le journal et tomba sur
l’annonce d’un concours de l’académie des sciences sur l’origine des inégalités. Rousseau avait 33 ans. Il
écrit donc un article sur l’origine des inégalités sociales et reçut le premier prix. Cette contribution va lui
ouvrir les portes, c’est sa date de naissance intellectuelle. Il sera reconnu. Dans ce traité il dit que l’origine
de l’inégalité est la propriété privée. Le jour où le 1er homme a dit ceci m’appartient, a créé la jalousie, les
coups bas, l’inégalité…Donc il faut mettre fin à la propriété. La première entrée en scène de ce jeune
Genevois était une réflexion sur l’inégalité sociale, une réflexion inspirée de Diderot.

Rousseau se fera connaitre également par le « contrat social ». Il pense à une structure avec la
souveraineté au peuple, qui exprimerait la volonté générale. Il considère que les humains ne sont pas
parfaits. Dans tous les cas de figure Rousseau pose les jalons d’une société idéale qui met en valeur la
volonté générale par la souveraineté populaire. Ce qui nous intéresse dans la pensée de Rousseau c’est
d’abord cette notion d’égalité, mais il y a un autre élément fondamental c’est créer un homme nouveau.
Il était conscient que la démocratie ne pourrait servir l’intérêt général que si elle était faite de Dieu. Il
faudrait que les hommes soient des dieux pour que la démocratie serve l’intérêt général, mais comme ce
n’est pas possible il faudra éduquer les masses. Il milite pour l’éducation qui est une pièce maitresse.

Les idées à retenir:


- L’égalité
- La source des inégalités c’est la propriété privée
- Le contrat social
- Éduquer les masses

Les 3 oeuvres majeures de Rousseau pour la philosophie des Lumières sont:


- Discours sur les sciences et les arts 1750: dans ce discours Rousseau critique les sciences et les arts qu’il
considère comme responsables de la corruption de la nature humaine. Il défend l’idée que l’homme est
naturellement bon et que la société le corrompt.
- Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les Hommes 1755: dans ce discours il explore
les origines de l’inégalité sociale. Il soutient que l’inégalité est le résultat de la corruption de la nature
humaine par la société.
- Du contrat social 1762: dans ce traité politique, Rousseau développe sa théorie du contrat social. Il
affirme que les hommes ont créé la société pour se protéger de la violence et de l’oppression. Il soutient
que la légitimité du gouvernement repose sur le consentement des gouvernés.

Ces penseurs de la Lumière étaient contre la noblesse parce qu’elle ne produisait rien. Les nobles étaient
riches et passaient leur temps à courtiser. C’est le peuple qui produisait. Voltaire était un homme aisé, il ne
ressentait donc pas ce besoin d’Égalité. Alors que Rousseau était un enfant du peuple qui n’avait pas
appris sur les bancs de l’université mais avait tout appris dans les masures, dans la vie.

HH: Quand Jean-Jacques Rousseau fut-il connu ?


Rousseau est devenu connu en 1750, avec la publication de son Discours sur les sciences et les arts. Ce
discours a remporté le prix de l'Académie de Dijon, et il a été un succès immédiat. Il a fait de Rousseau un
philosophe important, et il a contribué à diffuser les idées des Lumières.

HH: Était-il pour ou contre les Lumières ?


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Rousseau est un philosophe des Lumières, mais il est aussi un philosophe paradoxal. Il partage certaines des
idées des Lumières, telles que la défense de la liberté et de l'égalité. Cependant, il s'oppose à d'autres
idées des Lumières, telles que la confiance dans le progrès et la croyance que les sciences et les arts sont
des forces progressistes. Rousseau est un philosophe qui partage certaines des idées des Lumières, mais il
les critique également.

Exemples de ses idées compatibles avec les Lumières :


• La défense de la liberté individuelle : l'homme est né libre, et il ne doit pas être soumis à l'arbitraire
des gouvernants.
• La critique de l'inégalité sociale : l'inégalité est une invention humaine, contraire à la nature
humaine.
• La croyance en la perfectibilité humaine : l'homme est capable de perfectionnement moral et
intellectuel.
Exemples des idées de Rousseau qui sont critiques des Lumières :
• La critique des sciences et des arts : les sciences et les arts ont corrompu les mœurs.
• La critique de la confiance dans le progrès : le progrès ne va pas toujours dans le sens du bien.
• La critique de la civilisation : la civilisation a corrompu l’homme.

HH: L’égalité, fondement de la société politique


L'idée maîtresse de la pensée politique de Rousseau est l'égalité. Il affirme que l'homme est né libre et égal
en droits, et que la société politique doit être fondée sur ces principes. Dans son Discours sur l'origine et les
fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755), Rousseau montre que l'inégalité sociale est le résultat
de la corruption de la nature humaine par la société. Il soutient que l'homme est naturellement bon et
sociable, mais que la société le corrompt en l'incitant à la concurrence et à la possession.

HH: La souveraineté populaire


Rousseau définit la souveraineté comme le pouvoir suprême qui appartient au peuple. Il affirme que le
gouvernement ne peut être légitime que s'il est fondé sur le consentement du peuple. Dans son Du contrat
social (1762), Rousseau développe sa théorie du contrat social. Il soutient que les hommes ont créé la
société par un contrat social, dans lequel ils ont cédé une partie de leur liberté naturelle au gouvernement
en échange de sa protection.

HH: L’éducation, fondement de l'homme nouveau


Rousseau est convaincu que l'éducation est essentielle pour créer un homme nouveau, capable de vivre
dans une société juste et égalitaire. Dans son Émile ou De l'éducation (1762), Rousseau propose un
nouveau modèle d'éducation, qui vise à former un homme libre, autonome et moral.

HH: Influence de Rousseau


Les idées de Rousseau ont eu une influence considérable sur la Révolution française. Elles ont contribué à
la diffusion des idées d'égalité et de souveraineté populaire, qui ont été à la base de la Révolution. Les
idées de Rousseau ont également influencé le développement de la démocratie moderne. Elles ont
contribué à l'idée que la démocratie est un régime politique fondé sur l'égalité des droits et la souveraineté
du peuple.

HH: Le contrat social de Hobbes et de Rousseau


Les deux philosophes Thomas Hobbes et Jean-Jacques Rousseau ont développé des théories du contrat
social, mais leurs théories présentent des différences fondamentales.
- Hobbes: Dans son ouvrage Léviathan (1651), Hobbes décrit l'état de nature comme un état de guerre de
tous contre tous, dans lequel la vie est "solitaire, misérable, brutale et courte". Pour sortir de cet état de
guerre, les hommes concluent un contrat social, dans lequel ils cèdent tous leurs droits naturels à un
souverain absolu. Le souverain, qui représente le Léviathan, a le pouvoir de maintenir l'ordre et la sécurité
dans la société.
- Rousseau: Dans son ouvrage Du contrat social (1762), Rousseau décrit l'état de nature comme un état de
liberté et d'égalité, dans lequel les hommes sont libres et autonomes. Cependant, la société corrompt la
nature humaine et conduit à l'inégalité. Pour sortir de cet état d'inégalité, les hommes concluent un
contrat social, dans lequel ils cèdent une partie de leur liberté naturelle au gouvernement, en échange de
sa protection et de sa justice. Le gouvernement, qui représente la volonté générale, doit être fondé sur le
consentement du peuple et doit agir dans l'intérêt de tous les citoyens.
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Les principales différences entre les deux théories


• La nature de l'état de nature : Hobbes décrit l'état de nature comme un état de guerre, tandis
que Rousseau le décrit comme un état de liberté et d'égalité.
• Le rôle du gouvernement : Pour Hobbes, le gouvernement doit être absolu pour maintenir l'ordre et
la sécurité. Pour Rousseau, le gouvernement doit être fondé sur le consentement du peuple et doit
agir dans l'intérêt de tous les citoyens.

HH: L’influence de Rousseau sur Robespierre


Les idées de Rousseau ont eu une influence considérable sur la Révolution française, et notamment sur
Robespierre. Robespierre était un ardent défenseur de la souveraineté populaire et de l'égalité. Il a été
inspiré par la théorie du contrat social de Rousseau, qui affirme que le gouvernement doit être fondé sur le
consentement du peuple et doit agir dans l'intérêt de tous les citoyens.
Robespierre a appliqué les idées de Rousseau dans sa pratique politique. Il a défendu la création d'une
république démocratique, dans laquelle le peuple serait souverain. Il a également soutenu la mise en
place de politiques sociales visant à garantir l'égalité des droits et des chances pour tous.
Exemples concrets de l'influence de Rousseau sur Robespierre:
•La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, adoptée par l'Assemblée nationale constituante en
1789, est fortement inspirée par les idées de Rousseau sur l'égalité et la souveraineté populaire.
•La Constitution de 1793, qui a été rédigée sous la présidence de Robespierre, établit une république
démocratique dans laquelle le peuple est souverain.
•Les mesures sociales prises par Robespierre, telles que la suppression de l'esclavage et la mise en place
d'un système de secours public, visaient à garantir l'égalité des droits et des chances pour tous.

Jean-Jacques Rousseau, Voltaire et Montesquieu sont trois des philosophes les plus importants des
Lumières. Ils ont tous contribué à diffuser les idées de la raison, de la liberté et de l'égalité. Cependant, leurs
idées présentent également des différences importantes.
✦ Rousseau est un philosophe politique qui a développé une théorie du contrat social. Il affirme que les
hommes ont créé la société par un contrat social, dans lequel ils ont cédé une partie de leur liberté
naturelle au gouvernement en échange de sa protection et de sa justice. Rousseau est un défenseur de
la souveraineté populaire et de l'égalité. Il pense que le gouvernement doit être fondé sur le
consentement du peuple et doit agir dans l'intérêt de tous les citoyens.
✦ Voltaire est un philosophe des Lumières qui a défendu la liberté de pensée et d'expression. Il est un
critique de la religion et de l'absolutisme. Voltaire est un défenseur des droits de l'homme et de la
tolérance. Il pense que tous les hommes sont égaux en droits et en dignité.
✦ Montesquieu est un philosophe politique qui a développé la théorie de la séparation des pouvoirs. Il
affirme que le gouvernement doit être divisé en trois branches - le législatif, l'exécutif et le judiciaire - afin
de prévenir la tyrannie. Montesquieu est un défenseur de la liberté politique et de la démocratie. Il
pense que le gouvernement doit être fondé sur le consentement du peuple et doit agir dans l'intérêt de
la nation.

Comparaison des idées de Rousseau, Voltaire et Montesquieu
Idée Rousseau Voltaire Montesquieu
Nature L'homme est naturellement L'homme est naturellement bon, L'homme est naturellement bon,
humaine bon et sociable, mais mais la religion et l'absolutisme mais il peut être corrompu
la société le corrompt. le corrompent. par le pouvoir.
État de État de liberté et d'égalité. État de guerre de tous État de nature sauvage
nature contre tous. et primitif.
Contrat Les hommes concluent Le gouvernement doit Le gouvernement doit
social un contrat social pour sortir être fondé sur le être divisé en trois branches
de l'état de nature et créer consentement du pour prévenir la tyrannie.
la société. peuple.
Société République démocratique État laïque et tolérant. État qui protège les droits
idéale fondée sur la souveraineté de l'homme et la liberté
populaire. politique.
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HH: Influence des idées de Rousseau, Voltaire et Montesquieu


Les idées de Rousseau ont été particulièrement influentes sur la Révolution française. Elles ont contribué à
la diffusion des idées d'égalité et de souveraineté populaire, qui ont été à la base de la Révolution.
Les idées de Voltaire ont été influentes sur le développement des droits de l'homme et de la tolérance. Elles
ont contribué à l'abolition de l'esclavage et à la promotion de la liberté de pensée et d'expression.
Les idées de Montesquieu ont été influentes sur le développement de la démocratie moderne. Elles ont
contribué à la promotion de la séparation des pouvoirs et de la protection des droits de l'homme.

Montesquieu (1689 - 1755)


ou les lois de l’esprit
Pour Raymond Aron, Montesquieu n’était pas seulement un précurseur de la sociologie mais un de ses
fondateurs. Il y a chez ce juriste du 17ème siècle, d’entrée de jeu, dans « Considérations sur les causes de la
grandeur et de la décadence des Romains », un parfum d’approche scientifique. Au-delà du chaos
apparent, il y a des causes profondes qui expliquent le déroulement des événements : « Ce n’est pas la
fortune (= le hasard) qui domine le monde. (…) Il y a des causes générales, soit morales, soit physiques qui
agissent dans chaque monarchie, l’élèvent, la maintiennent ou la précipitent. Tous les accidents sont
soumis à ces causes. » La même idée sur la détermination des faits sociaux, on la trouve dans l’ouvrage
célèbre « l’Esprit des lois », sur l’analyse qui a été faite sur les lois. « J’ai examiné les hommes et j’ai cru que
dans cette infinie diversité des lois et des mœurs, ils n’étaient pas uniquement conduits par leur fantaisie. »

Partant de ce déterminisme social, Montesquieu s’est penché dans « l’Esprit des lois » sur l’analyse des
différentes formes de gouvernement. On aura à constater, que là, il puise du référentiel d’Aristote sur les
différentes Constitutions ou la nature des gouvernements et les principes qui leur président. La nature du
gouvernement est déterminée par le nombre des détenteurs de la souveraineté, le principe qui lui préside
par le sentiment qui anime les détenteurs du Pouvoir : « Je suppose trois définitions ou plutôt trois faits ; l’un
que le gouvernement républicain est celui où le peuple en corps ou seulement une partie du peuple a la
souveraine puissance ; le monarchique celui où un seul gouverne, mais des lois fixes et établies, au lieu que
dans le despotisme, un seul sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices. »

La nature du gouvernement ne dépend pas seulement du nombre des détenteurs de la puissance


souveraine (le Pouvoir), mais aussi du mode de l’exercice de celle-ci. Dans la monarchie et dans le
despotisme, un seul gouverne: lorsqu’un monarque gouverne selon des lois fixes et établies, le despote lui,
gouverne sans lois et sans règles.

La nature du sentiment politique est un des éléments qui distinguent les différents gouvernements, il assure
la stabilité et la prospérité. D’après Montesquieu, il y a trois sentiments politiques fondamentaux, propres à
chaque système. La République dépend de la vertu, la monarchie de l’honneur et le despotisme de la
crainte.

La vertu de la République n’est pas une vertu morale mais une vertu proprement politique. C’est le respect
des lois et le dévouement de l’individu à la collectivité. On pourrait dire dans un jargon contemporain, la
prévalence de l’intérêt général et du service public. L’honneur est, philosophiquement parlant, un honneur
faux. C’est le respect par chacun de ce qu’il doit à son rang. On a ici tout le contraire de l’égalité et de
l’esprit de renoncement à soi-même par amour de la patrie et de l’Etat. Chaque catégorie sociale se
préfère aux autres et s’oppose aux autres, en réclamant des privilèges pour elle-même. Cet assemblage
d’intérêts opposés de castes serait fatal pour une République, mais fait le bonheur de la monarchie. Il la
fait marcher, car paradoxalement, en travaillant pour soi, on travaille pour le bien commun : « Dans les
monarchies la politique fait faire de grandes choses avec le moins de vertu qu’elle peut. (…) Le
gouvernement monarchique suppose des prééminences des rangs, et même une noblesse d’origine. La
nature de l’honneur est de demander des préférences et des distinctions. L’ambition est pernicieuse dans
une république. Elle a de bons effets dans la monarchie. »

Quant au principe du gouvernement despotique, c’est la crainte. L’honneur, qui a ses lois et ses règles et
qui ne saurait plier, y serait dangereux. La vertu n’y est point nécessaire. Si, devant le despote, les sujets
sont tous égaux, c’est dans le néant, parce qu’ils ne sont « rien ». Il ravale ses sujets au rang de « bêtes »
obéissantes, dressées à filer doux par peur des coups.
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Le système républicain est différent du système monarchique, l’un est égalitaire et l’autre ne l’est pas.
Pourtant les deux systèmes ont en commun la modération et la conformité aux lois. Quant au despotisme, il
incarne le mal politique absolu, parce qu’il ne laisse de place qu’à une seule personne qui règne sur les
autres par la peur. Il n’est d’autre limite au despotisme que la religion.

Par ailleurs, Montesquieu reconnaît que les systèmes républicains et monarchiques peuvent dégénérer, se
corrompre. Quand la vertu pour une république cesse, dès que l’Etat n’est plus aimé pour lui-même, mais
pour ses avantages qu’on peut en tirer, dès que le trésor public devient le patrimoine des particuliers, dès
qu’on veut être libre contre les lois au lieu d’être libre avec elle, et que chaque citoyen est « comme un
esclave échappé de la maison de son maître », alors l’Etat est perdu, la République devient une dépouille,
sa force n’est plus que le pouvoir de quelques-uns.

Les monarchies ont une tendance générale à se transformer en despotisme. On retient la fameuse phrase
de Montesquieu : « toutes les monarchies vont se perdre dans le despotisme, comme les fleuves dans la
mer. ». Elles deviennent despotiques quand elles perdent le respect des rangs, de la noblesse, des corps
intermédiaires. Faute de ces corps, le pouvoir d’un seul perd toute modération. Cette dérive a un prix,
c’est la monarchie elle-même. Ecoutons cette analyse de Montesquieu sur les monarchies, l’une tirée d’un
auteur chinois et l’autre tirée de sa propre observation du cas français :
« Ce qui perdit les dynasties de Tsin et de Souï, c’est qu’au lieu de se borner comme les anciens à une
inspection générale, seule digne du souverain, les princes voulurent tout gouverner par eux-mêmes ». Et
d’ajouter, sous couvert de généralité : « La monarchie se perd, lorsqu’un prince croit qu’il montre plus sa
puissance en changeant l’ordre des choses qu’en le suivant, lorsqu’il ôte les fonctions naturelles des uns
pour les donner arbitrairement aux autres, et lorsqu’il est plus amoureux de ses fantaisies que ses volontés.
La monarchie se perd lorsque le prince, rapportant tout uniquement à lui, appelle l’Etat à sa capitale, la
capitale à sa cour, et la cour à sa seule personne ».

Notes, Aourid avec HH:


Montesquieu va marquer la pensée universelle sur le plan politique et juridique. C’était un juriste Girondin,
Bordelais. Il était très critique de la monarchie et de Louis 14.

HH. Biographie de Montesquieu


Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, né le 18 janvier 1689 à La Brède
(Guyenne, près de Bordeaux) et mort le 10 février 1755 à Paris, est un penseur politique, précurseur de la
sociologie, philosophe et écrivain français des Lumières.
Montesquieu est issu d'une famille noble de la noblesse de robe. Il étudie le droit à l'université de Bordeaux,
puis devient avocat. Il entreprend des études de droits à Bordeaux puis Paris; ses parents le destinent alors
à une carrière de parlementaire. Dans la capitale, il rencontre les milieux savants et lettrés, mais, très
attaché à sa terre et à sa région, il revint à Bordeaux, où, devenu noble de robe, il prend la charge de
conseiller au parlement. En 1716, son oncle lui légua sa charge de président à mortier au parlement de
Bordeaux. Il faut savoir que les magistrats qui composent cette assemblée échappent à la nomination et à
la révocation royale : c'est donc une force de résistance à la monarchie absolue.

En 1715, il épouse Jeanne de Lartigue, protestante : cette union démontre une grande ouverture d'esprit
de la part du couple, sachant que l'Edit de Nantes qui accordait la liberté de culte aux protestants a été
révoqué en 1685 par Louis XIV.

De 1728 à 1731, il se rend en Hongrie, en Italie, en Hollande, en Angleterre, où il demeure plus d'un an. Tous
ces voyages sont le prétexte d'une observation de la géographie, de l'économie, des mœurs et des
coutumes politiques dans les pays européens. De retour chez lui, Montesquieu se consacra à l'étude de
l'histoire et pendant encore quatorze années, il compose et remanie l'œuvre de toute sa vie. De l'esprit des
lois qui paraitra en 1748. Il meurt en 1755 à 66 ans.

Montesquieu est un homme de lettres et un homme politique engagé. Il est un fervent défenseur de la
liberté et de la justice. Il est également un critique de l'absolutisme et de l'intolérance religieuse.
Les principales œuvres de Montesquieu
•Les lettres persanes (1721) : Dans cet ouvrage, Montesquieu imagine trois jeunes Perses qui viennent à
Paris pour la première fois. Ces jeunes hommes, qui sont des étrangers, observent la société française avec
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un regard critique. Ils s'étonnent notamment de la monarchie absolue, qu'ils jugent tyrannique et
corrompue.
•De l'esprit des lois (1748) : Dans cet ouvrage, Montesquieu développe sa théorie de la séparation des
pouvoirs. Il affirme que le gouvernement doit être divisé en trois branches - le législatif, l'exécutif et le
judiciaire - afin de prévenir la tyrannie.
•Le siècle de Louis XIV (1751) : Dans cet ouvrage, Montesquieu retrace le règne de Louis XIV. Il analyse les
causes de la grandeur de la France sous ce roi, mais également les causes de son déclin.
Les idées de Montesquieu ont eu une influence considérable sur la pensée politique et juridique moderne.
Sa théorie de la séparation des pouvoirs est notamment à la base des constitutions de nombreux pays,
dont les États-Unis. Montesquieu est également considéré comme un précurseur de la sociologie. Il a été
l'un des premiers à étudier la société de manière scientifique, en analysant ses institutions et ses lois.

Aourid: Dans sa jeunesse il va oser critiquer la monarchie, de manière littéraire, à travers « Lettres
Persanes ». Les Lettres persanes sont un roman épistolaire de Montesquieu rassemblant
la correspondance fictive échangée entre deux voyageurs persans, Usbek et Rica, et leurs amis respectifs
restés en Perse. Leur séjour à l’étranger dure neuf ans.
En effet, il a imaginé 2 jeunes perses qui viennent à Paris pour la 1ère fois. Usbek utilise le calendrier de
l’hégire dans des lettres qu’il envoie à un ami fictif, et dans lesquelles il écrit ses impressions sur Paris. Le roi
se considère comme étant le Roi Soleil, il monopolise tous les pouvoirs, se désintéresse de la chose
publique, concède des largesses à des courtisans, ne daigne pas recevoir un militaire qui a gagné la
guerre.
Le roman est publié au printemps 1721 à Amsterdam, et Montesquieu, par prudence, n’avoue pas qu’il en
est l’auteur. Selon lui, le recueil est anonyme, et il se présente comme simple éditeur, ce qui lui permet de
critiquer la société française de l'époque sans risquer la censure. La dimension orientale des Lettres
persanes s'inscrit dans une mode pour l'exotisme, avec en 1717, la publication des Mille et Une Nuits par
Antoine Galland. De ce fait, le roman abonde en notations pittoresques, comme par exemple, les dates,
référées au calendrier musulman, ou encore la lutte des eunuques pour le pouvoir. En fait, le choix de
Montesquieu pour cette forme s'inscrit dans une stratégie de séduction du lecteur avec des lettres
orientales assez plaisantes et faciles à lire mais surtout, faussement candides.
La principale source de critique politique est bien sûr le roi, Louis XIV. Usbek trace un portrait de lui peu
flatteur : à la fois avare et dépensier, lucide et aveugle mais surtout absolu, distribuant des récompenses ou
blâmant de façon aléatoire. De plus Usbek refuse le despotisme et critique la monarchie de droit divin qui
met en place un roi tel "un soleil qui porte partout la chaleur et la vie" en mettant Dieu au centre des
affaires politiques.

Les moyens de la satire: en connaissance de la censure qui s'exerçait à l'époque, Montesquieu était en
droit de prendre quelques précautions lui permettant de critiquer ouvertement le 18ème siècle.
• L'anonymatD'une part, Montesquieu a préféré publier son roman à Amsterdam sans nom d'auteur.
D'autre part, on remarque la suppression des noms et leur remplacement par des périphrases du type :
"le chef des chrétiens" pour désigner le pape ou encore "le prince" pour désigner Louis XIV.
• Un regard étranger et une mise à distanceLe fait que deux persans voyageant en France portent un
jugement sur la société française participe de la fausse naïveté du roman avec le pittoresque de
l’Orient. Voltaire reprendra le même procédé vingt ans plus tard avec Zadig ou Candide.
• Le duo Usbek-RicaChaque épistolier possède son ton, sa personnalité permettant alors au lecteur de
choisir quel regard il préfère, les deux personnages se partageant la critique.

Un idéal politique
• L'idéal parlementaire anglais. Au cours du roman, Montesquieu passe en revue différents types de
pouvoirs. La monarchie est selon Usbek "un état violent qui dégénère toujours en despotisme". (lettre
131). Montesquieu parlementaire prône une séparation des pouvoirs et le type de régime qui s'en
rapproche le plus semble être la monarchie parlementaire des Anglais, d'autant plus que Montesquieu
avait passé plus d'un an et demi en Angleterre à comparer les lois, les institutions à celles de France.
• Un idéal de justice. L'idéal de justice pour Montesquieu est une justice indépendante qui ne serait pas
divine : "Quand il n'y aurait pas de Dieu nous devrions toujours aimer la justice". Selon Montesquieu, la
justice est "éternelle et ne dépend point des conventions humaines" (lettre 83).
Pour conclure, il faut souligner qu'à la parution de l'ouvrage, Montesquieu sera accueilli dans tous les salons
et clubs parisiens où l'on prépare l'esprit de la révolution, et ce malgré sa précaution de faire paraître
anonymement son œuvre. En 1728, il sera élu à l'Académie Française.
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Ce qui nous intéresse chez Montesquieu davantage, car sa pensée a mûri, c’est L’Esprit des lois. On va s’y
attarder car il contient la quintessence de la pensée de Montesquieu. Le père fondateur de la sociologie
serait Montesquieu, qui a pris un peu le chemin d’Aristote.
- Nous avons le gouvernement d’un seul, le tyran. Il ne peut pas y avoir de tyrannie sans un sentiment
général de peur: la peur étant le meilleur auxiliaire d’un tyran. Le système tyrannique repose sur le
nivellement: quand quelqu’un émerge on lui coupe la tête, il faut qu’il soit comme les autres. On ramène
les individus à une certaine égalité. Le système tyrannique est le propre des empires, comme chez les
chinois, les turques et les Arabes. C’est un système tyrannique despotique. Il ouvre une parenthèse sur les
Ottomans. Ce n’est pas le tyran qui exerce le pouvoir. Le pouvoir est exercé en son nom par le grand Vizir.
-la 2ème catégorie est la monarchie. C’est toujours un homme qui gouverne, mais il gouverne avec les
autres, pas tout seul. Il y a un corps, il n’y a pas que le roi. Le système de la monarchie repose sur l’honneur
et en principe le roi devrait respecter les différentes catégories d’hommes. Il n’y a pas d’Égalité dans ce
système. On le retrouve dans les États nations. Ce n’est pas la même grandeur qu’un empire, mais il y a
une nation, une langue…comme l’Espagne et l’Angleterre.
-Le 3ème système est la République. C’est un système électif et dont les configurations géographiques sont
plutôt minimes, exemple la république de Florence, la république de Venise, et qui repose sur la vertu
républicaine, ce n’est pas la vertu des moeurs. La vertu républicaine c’est de dire ne pas toucher aux
deniers de l’État, et agir au profit de l’intérêt général. La vertu républicaine n’a donc rien à voir avec la
vertu morale. C’est ce sentiment qu’on retrouve par exemple en France dans la vie privée des politiques.
Ex Mitterand: tout le monde savait qu’il avait des maitresses, mais c’est quelqu’un qui n’a jamais touché
aux deniers publics.

Mais Montesquieu dit :


- le système tyrannique reste tyrannique. Il est condamné, il repose sur l’égalité, avec la religion pour seul
antidote.
- Le système monarchique : les monarchies ont tendance à devenir des tyrannies. C’est dans la nature
des choses. Il transmet cette idée quand il parle de la monarchie chinoise, alors qu’il était critique de la
monarchie française. Il est de la nature du fleuve de se déverser dans l’océan.
- La République aussi peut dégénérer.
Donc on a une approche scientifique. Une répartition du pouvoir selon plusieurs catégories. L’idée
maitresse de Montesquieu : les monarchies ont tendance à devenir des tyrannies.

Voilà grosso modo les idées de la philosophie des Lumières, qui vont marquer les esprits et provoquer la
révolution française. On retrouvera dans le slogan de la révolution: liberté, égalité. Et on retrouvera la
séparation des pouvoirs telle que concoctée par Montesquieu. La révolution française est la fille naturelle
de la philosophie des Lumières, qui ont aussi poussé à la révolution Américaine. Les français vont
combattre aux côtés des Américains. La constitution Américaine commence par un terme qui n’existait
pas avant: nous le peuple. We the people. Alors qu’avant on parlait de la grâce divine.

La trahison des idéaux de la révolution


et les prémices du socialisme
Notes du 6 décembre 2023:

Audio 1. Partie 1: le socialisme


Les idées des Lumières vont influer sur le cours des choses et conduire à la Révolution française de 1789, qui
porte haut les valeurs de la liberté et de l'égalité, ainsi que la notion de citoyen, proclamée par la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Rappelons-nous ce que nous avons appris sur Jean
Jacques Rousseau et son Contrat social, dans lequel il affirme que l'homme est né libre et qu'il est le seul
légitime à s’auto-gouverner. Cette philosophie a marqué l'action politique de l’époque. La Révolution
française aspire à libérer le genre humain de la tyrannie et de la discrimination, et se veut universelle.
Cependant, comme toutes les révolutions, elle connaît une phase de chaos. La Terreur, incarnée par
Robespierre, est une période de violence et de désordre qui ouvre la voie à Napoléon 1er. Ce dernier, par
un coup d'État, s'accapare le pouvoir et se déclare proconsul (premier consul, premier gouvernant). Pour
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se donner une légitimité, il se veut le vecteur des idées des Lumières, qu'il veut faire rayonner en Europe et
au-delà.

HH: C’est Napoléon Ier qui fait un coup d'État après la Terreur. Le coup d'État du 18 brumaire an VIII (9
novembre 1799) marque la fin du Directoire et de la Révolution française, et le début du Consulat.
Napoléon était un général militaire qui a connu un succès considérable pendant la Révolution française. Il
était devenu un héros national. En 1799, la France était un pays en crise. Le Directoire, le gouvernement de
l'époque, était inefficace et corrompu. La Terreur, une période de violence et de répression, avait pris fin,
mais la France était encore divisée politiquement. Napoléon a vu l'opportunité de prendre le pouvoir et de
stabiliser la France. Il a formé une alliance avec Emmanuel-Joseph Sieyès, un politicien qui aspirait à une
nouvelle constitution.

Le 18 brumaire, Napoléon et ses partisans ont pris d'assaut le Conseil des Cinq-Cents, l'une des deux
chambres du gouvernement français. Ils ont ensuite forcé le Conseil des Anciens, l'autre chambre du
gouvernement, à voter pour une nouvelle constitution qui donnait à Napoléon un pouvoir considérable.
Napoléon est devenu le Premier consul de la France, et il a rapidement consolidé son pouvoir. Il a
réorganisé le gouvernement, réformé l'armée et rétabli l'ordre en France. Le coup d'État du 18 brumaire a
été un événement majeur dans l'histoire de la France. Il a marqué la fin de la Révolution française et le
début de l'Empire français.

Note: Non, Napoléon Bonaparte n'admirait pas Hegel. Il était plutôt méfiant des philosophes et de leurs
idées. Napoléon était un homme d'action, plus intéressé par les résultats que par les idées. Il croyait que la
philosophie était une distraction qui pouvait détourner les gens de leurs objectifs.

C’est Hegel qui admirait Napoléon. Il voyait Napoléon comme une incarnation de l'esprit du temps, le
Zeitgeist. Il croyait que Napoléon était un grand homme d'État et un chef militaire, et qu'il jouait un rôle
important dans le développement de l’histoire. Dans son ouvrage "Phénoménologie de l'esprit", Hegel écrit
que Napoléon est "l'être absolu qui se manifeste dans l'histoire". Il affirme que Napoléon est un génie qui
incarne la volonté de l’humanité. Hegel a également admiré Napoléon pour sa capacité à surmonter les
obstacles. Il voyait Napoléon comme un homme qui était capable de réaliser de grandes choses, malgré
les difficultés. Dans son ouvrage "Philosophie de l'histoire", Hegel écrit que Napoléon est "un homme de
volonté, qui a pu réaliser ses objectifs malgré les obstacles". Il affirme que Napoléon est un modèle pour
tous ceux qui aspirent à la grandeur.

L'admiration de Hegel pour Napoléon a été critiquée par certains. Certains critiques ont affirmé que Hegel
était un idéologue qui a glorifié Napoléon sans tenir compte de ses crimes. D'autres critiques ont affirmé
que Hegel était un opportuniste qui a soutenu Napoléon parce qu'il pensait qu'il était un instrument du
progrès. Cependant, l'admiration de Hegel pour Napoléon est restée une caractéristique importante de sa
pensée. Elle montre que Hegel était un philosophe qui était fasciné par le pouvoir et la transformation.

Aourid: La révolution a sombré dans la dictature. (Napoléon est allé en Égypte : expédition d’Égypte en
1798. Et dans cette expédition il voulait apporter la lumière et aussi quelque chose qui va révolutionner le
monde arabe qui était en léthargie: l’imprimerie.

HH: La campagne d'Égypte de Napoléon 1er est une campagne militaire qui a eu lieu de 1798 à 1801. Elle
a été menée par le général Bonaparte, qui était alors le Premier consul de la France. La campagne a été
motivée par plusieurs facteurs, notamment :
•La volonté de couper la route des Indes à la Grande-Bretagne, qui était alors l'ennemie de la France.
•Le désir de s'emparer des richesses de l'Égypte, qui était alors une province de l'Empire Ottoman.
•Le souhait de diffuser les idées de la Révolution française dans le monde arabe.
L'expédition française a débuté le 1er juillet 1798, lorsque Bonaparte et son armée ont débarqué à
Alexandrie. Ils ont rapidement remporté une victoire à la bataille des Pyramides, le 21 juillet.
Cependant, les Français ont ensuite rencontré des difficultés. Ils ont été vaincus par les Ottomans à la
bataille de Marengo, le 25 juillet 1800. Ils ont également été confrontés à des révoltes locales en Égypte.
En fin de compte, les Français ont été contraints de quitter l'Égypte. Ils ont signé le traité d'Alexandrie le 2
septembre 1801, qui a mis fin à la campagne.
Les résultats de la campagne d'Égypte ont été mitigés. D'une part, la campagne a échoué à atteindre ses
objectifs militaires. Les Français n'ont pas réussi à couper la route des Indes à la Grande-Bretagne, et ils ont
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été obligés de quitter l’Égypte. D'autre part, la campagne a eu des effets positifs sur la France. Elle a
permis à Bonaparte de renforcer son pouvoir et sa popularité. Elle a également contribué à diffuser les
idées de la Révolution française dans le monde arabe. Les conséquences de la campagne d'Égypte ont
été durables. Elle a marqué le début de l'influence française en Égypte, qui a duré jusqu'au début du 20e
siècle. Elle a également contribué à l'émergence de l'Égypte moderne. Les réalisations scientifiques de la
campagne d'Égypte ont été considérables. Les Français ont découvert de nombreux trésors de l'Égypte
antique, notamment les pierres de Rosette, qui ont permis de déchiffrer les hiéroglyphes. Ils ont également
mené des recherches dans des domaines tels que l'archéologie, l'histoire et la géographie.

Aourid : Napoléon 3 qui se donnait une légitimé en étant le porte parole de la philosophie des Lumières,
s’est mu in fine en dictateur. Il a été la cause de plusieurs guerres, les pays principaux La GB et la prusse se
sont coalisées contre lui et vont le défaire dans la bataille de Waterloo en 1815.

HH: Napoléon III, né Charles-Louis Napoléon Bonaparte le 20 avril 1808 à Paris et mort le 9 janvier 1873 à
Chislehurst, est le neveu de Napoléon Ier. Il est le troisième et dernier empereur des Français, de 1852 à
1870.
Napoléon III est un homme politique ambitieux. Il est également un admirateur de son oncle, Napoléon Ier.
Il rêve de rétablir l'Empire français et de restaurer la gloire de la France.
En 1848, Napoléon III participe à la révolution française. Il est élu président de la Deuxième République
française en décembre 1848. En 1851, Napoléon III organise un coup d'État et se proclame empereur des
Français. Il rétablit l'Empire français et prend le nom de Napoléon III. Son règne est marqué par une grande
prospérité économique. Il encourage le développement de l'industrie et des chemins de fer. Il construit
également de nombreux monuments, dont la gare du Nord et l'Opéra Garnier.
Napoléon III est également un homme de guerre. Il mène plusieurs campagnes militaires, notamment la
guerre de Crimée (1853-1856), la guerre d'Italie (1859) et la guerre franco-prussienne (1870-1871). La guerre
franco-prussienne est un désastre pour la France. Napoléon III est capturé par les Prussiens à la bataille de
Sedan le 2 septembre 1870. La défaite de la France entraîne la chute de l'Empire. Napoléon III est contraint
d'abdiquer le 4 septembre 1870. Il s'exile en Angleterre, où il meurt en 1873.
Napoléon III est une figure controversée. Il est considéré par certains comme un grand empereur qui a
rendu la France prospère et puissante. Il est considéré par d'autres comme un dictateur qui a mené la
France à la défaite.

La pensée de Napoléon III est un mélange de conservatisme, de nationalisme et de libéralisme. Sur le plan
conservateur, Napoléon III est un défenseur de l'ordre et de la stabilité. Il s'oppose aux révolutions et aux
mouvements radicaux. Il souhaite maintenir l'ordre social et politique existant. Sur le plan nationaliste,
Napoléon III est un fervent patriote. Il souhaite restaurer la grandeur de la France et faire de la France une
grande puissance mondiale. Il mène plusieurs campagnes militaires, notamment la guerre de Crimée, la
guerre d'Italie et la guerre franco-prussienne. Sur le plan libéral, Napoléon III est un partisan du progrès. Il
encourage le développement de l'industrie et des chemins de fer. Il amnistie les républicains et accorde
une certaine liberté de presse. La pensée de Napoléon III est exprimée dans ses écrits, notamment dans
son ouvrage L'extinction du paupérisme, publié en 1844. Dans cet ouvrage, Napoléon III propose un plan
pour résoudre le problème du paupérisme en France. Il propose notamment de développer l'éducation,
de créer des emplois et de fournir des aides sociales aux plus pauvres. La pensée de Napoléon III a eu une
influence importante sur la France du XIXe siècle. Elle a contribué au développement de l'industrie et de
l'économie française, ainsi qu'à la modernisation de la société française.

Napoléon III a réussi à stabiliser la France après la révolution de 1848. Il a également encouragé le
développement économique et social de la France. Cependant, il a également restreint les libertés civiles
et a mené des guerres coûteuses.

Aourid: Mais au delà des faits historiques, la grande révolution n’a pas apporté la justice. La bourgeoisie qui
a remplacé l’aristocratie s’est muée en classe oppressante. La misère régnait parmi les paysans et les
ouvriers. Cette situation de misère va être à l’origine d’une nouvelle pensée qui va appeler à une forme de
solidarité. Saint Simon* va créer le socialisme. Il ne s’agissait pas de créer la richesse, mais de la partager.
C’est pour ça que Saint Simon va reprendre une maxime chrétienne, vous connaissez certainement
« aimez-vous les uns les autres », Saint Simon va dire « aidez-vous les uns les autres ». C’est pour ça que le
socialisme est un avatar, une nouvelle forme de du christianisme. Saint Simon va forger une nouvelle
pensée fondée sur la solidarité, beaucoup plus que sur l’égalité. Il faut changer la nature des couches les
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plus précaires, les ouvriers et les paysans. Et pour cela il est fondamental d’investir dans deux champs:
l’économie (pour créer la richesse) mais aussi l’éducation, parce qu’on doit élever le niveau des couches
très précarisées.
*Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon, né et mort à Paris à 64 ans (1760-1825), est un
philosophe, économiste et militaire français, fondateur du saint-simonisme. Ses idées ont eu une
postérité et une influence sur la plupart des idéologies du 19e siècle. Philanthrope et philosophe
de l'industrialisme, il est le penseur de la société industrielle française, qui était en train de
supplanter la société d’Ancien Régime, à la fin du siècle des Lumières. L'économiste André Piettre
le décrit par la formule : « le dernier des gentilshommes et le premier des socialistes ».

Dans cette grande entreprise qu’est le socialisme, et dans socialisme il y a le mot solidarité, l’oeuvre de
transformation de société devrait revenir aux savants. Il est considéré le père spirituel de ce qu’on appelle
aujourd’hui les technocrates. Le terme qu’il avait utilisé à l’époque c’était les savants, qui devaient avoir la
charge de mener le changement. Avant c’était les militaires, les prêtres, mais dans la nouvelle phase ce
sont les savants, les techniciens, qui devraient mener le changement. Pour lui les savants sont la pièce
maitresse de tout système. Il donnait cet exemple: si en France meurent 50 nobles, ducs ou archiducs, ou
50 princes, ou 50 riches, ce serait certainement une tragédie humaine, une tragédie pour la famille, mais
cela n’affectera pas la France. Mais si par malheur la France perd 50 premiers ingénieurs, 50 premiers
médecins ou 50 premiers musiciens eh bien ce serait une tragédie pour la France. l’économie et le prestige
de la France seraient affectés. La richesse des nations repose sur cette catégorie de savants, cette élite, et
il est tout à fait normal que le pouvoir revienne aux savants. Et cette pensée va créer un courant qui
s’appelle le Saint Simonisme. C’est aussi le première pensée à avoir voulu relever le niveau des femmes,
elles ne travaillaient pas, n’avaient pas accès à l’éducation…les saint simoniens vont s’installer en Égypte
pour s’y établir. Et si on parle de renaissance de l’Égypte c’est en grande partie grâce aux saints simoniens.
Pour la petite histoire, saint Simon vivait en concubinage avec une femme. Sa maitresse avait un enfant:
Auguste Comte. C’était donc son fils par adoption. Leurs relations vont se détériorer par la suite mais ce fils
sera marqué par la pensée de Saint Simon.

HH: Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon, est considéré comme le père du socialisme
utopique. Il a développé une théorie sociale qui repose sur l'idée que la société devrait être
dirigée par une élite de savants et de techniciens. Saint-Simon était convaincu que les savants et
les techniciens étaient les seuls à pouvoir comprendre les complexités de la société moderne et à
trouver des solutions aux problèmes sociaux. Il estimait que les nobles, les prêtres et les militaires,
qui avaient dirigé la société dans le passé, étaient incapables de répondre aux défis du monde
moderne. Saint-Simon a illustré son point de vue par un exemple. Il a affirmé que si la France
perdait 50 nobles, cela n'aurait qu'un impact limité sur la société. En revanche, si la France
perdait 50 ingénieurs, cela aurait un impact majeur sur l'économie et le prestige du pays. Les
idées de Saint-Simon ont eu une influence importante sur le développement du socialisme. Elles
ont été reprises par d'autres penseurs socialistes, tels que Auguste Comte et Karl Marx.

Cette nouvelle pensée portée par saint Simon va avoir des adeptes. Il faudra que les rapports sociaux
soient fondés sur la solidarité. Le terme socialisme n’existait pas avant saint Simon. Il a créé aussi un autre
terme: l’intellectuel. Intellectuel n’a pas été forgé par Zola mais bien par Saint Simon.

Saint-Simon a eu un grand nombre d'adeptes, notamment des intellectuels, des artistes et des
hommes politiques. Ses idées ont contribué à la formation du socialisme, qui est un mouvement
politique et social qui vise à créer une société plus juste et plus égalitaire. Le terme "socialisme" a
été utilisé pour la première fois par Saint-Simon dans son ouvrage "L'Industrie" publié en 1816. Il a
utilisé ce terme pour désigner un système social dans lequel les moyens de production sont
détenus et contrôlés par la communauté. Saint-Simon a également utilisé le terme "intellectuel"
pour désigner les personnes qui exercent une activité intellectuelle, notamment les savants, les
artistes et les écrivains. Il a estimé que les intellectuels avaient un rôle important à jouer dans la
transformation de la société. Il était convaincu que les rapports sociaux devraient être fondés sur
la coopération et l'entraide, plutôt que sur la concurrence et l’exploitation. Le terme "intellectuel"
a été utilisé pour la première fois par Saint-Simon dans son ouvrage "L'Industrie". Émile Zola a utilisé
ce terme pour désigner les écrivains engagés dans la défense des causes sociales, mais il n'a pas
été le premier à utiliser ce terme.
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Parmi ses adeptes, un certain Charles Fourrier (1772-1837). Fourrier commence par une observation. À
l’image de l’expérience de Newton avec la pomme et la loi de l’attraction, Fourrier va avoir une
révélation: il était au marché et il voyait le prix des pommes, il s’est rendu sur le lieu de la production et le
prix coutait le dixième. C’est à dire que le prix de vente a été multiplié par 10. Celui qui devrait engrenger
les bénéfices c’est l’agriculteur mais voilà que l’agriculteur qui a fait tout le travail ne bénéficie que d’un
maigre bénéfice. Pour parer à cette injustice il faut que les ouvriers et les paysans s’organisent, pour avoir
le bénéfice de leur labeur. Car en fin de compte ils se font voler par les intermédiaires. Il a été donc à
l’origine non pas seulement d’une constatation mais d’une action pour réduire les injustices. Il a été à la
tête d’une certaine tentative d’organiser les ouvriers et les paysans. Pour cela il a créé les phalanstères,
c’est comme un regroupement, une forme de communauté ou de collectivité, ils vivaient ensemble,
travaillaient, élevaient leurs enfants ensemble et bien sûr tiraient bénéfice de ce qu’ils produisaient. Les
enfants sont élevés dans des crèches. Charles Fourier est considéré comme le père de la crèche moderne.
Il a été le premier à proposer la création de crèches collectives, où les enfants seraient pris en charge par
des professionnels qualifiés. Il pensait que les crèches étaient essentielles pour libérer les femmes de la
charge de la garde des enfants et leur permettre de travailler ou de poursuivre leurs études. Fourier a
décrit sa vision des crèches dans son ouvrage "Le Nouveau Monde Industriel et Sociétaire" publié en 1829. Il
a proposé que les crèches soient situées au sein des phalanstères, des communautés agricoles et
industrielles autogérées qu'il avait imaginées. Les crèches seraient ouvertes aux enfants de tous âges, et
elles seraient dirigées par des "éducateurs passionnés ». Les premières crèches collectives ont été créées
en France au début du 19e siècle, et elles se sont rapidement répandues dans d'autres pays.

Charles Fourier était un penseur visionnaire qui avait une vision globale du monde. Il était convaincu que le
développement économique et social du monde était interdépendant. Fourier a été l'un des premiers à
proposer la création de canaux dans le désert de Suez et de Panama. Il estimait que ces projets seraient
essentiels pour le développement du commerce international et pour la prospérité des nations. Fourier
était également un pionnier de l'agriculture dans les zones arides. Il a proposé des techniques d'irrigation
innovantes qui ont permis de cultiver des terres qui étaient auparavant considérées comme incultivables.
Les idées de Fourier sur les canaux et l'agriculture dans les zones arides ont été reprises par d'autres
penseurs et ont finalement été mises en œuvre. Le canal de Suez a été ouvert en 1869, et le canal de
Panama en 1914. Les techniques d'irrigation de Fourier ont également été adoptées par de nombreux
pays, notamment le goutte à goutte. Fourier a donc marqué l'humanité par ses idées avant-gardistes, qui
ont contribué au développement du monde.

Charles Fourier était un disciple de Saint-Simon, et il a développé une théorie sociale qui s'inspire des
idées de son maître. Il est considéré comme l'un des fondateurs du socialisme utopique. Il est né à
Besançon en France en 1772. Il est mort à Paris en 1837. Il est considéré comme l'un des fondateurs
du socialisme utopique. Fourier est né dans une famille aisée. Il a reçu une éducation classique, mais
il a rapidement abandonné ses études pour se consacrer à la réflexion sociale. Il a été influencé par
les idées de Jean-Jacques Rousseau, qui prônait un retour à la nature et à la simplicité.
Fourier a été inspiré par son observation de la société industrielle, qu'il considérait comme injuste et
inefficace. Il a constaté que les ouvriers et les paysans étaient exploités par les capitalistes, et qu'ils
ne bénéficiaient pas des fruits de leur travail.
Pour résoudre ce problème, Fourier a proposé de créer des phalanstères, qui sont des communautés
agricoles et industrielles autogérées. Dans les phalanstères, les ouvriers et les paysans travailleraient
ensemble et partageraient les bénéfices de leur travail.

Fourier a développé une théorie sociale complexe, qui repose sur les principes suivants :
•L'harmonie universelle : Fourier croyait que l'univers est régi par des lois d'harmonie. Il pensait que
ces lois pouvaient être appliquées à la société pour créer un monde plus juste et plus égalitaire.
•La passion : Fourier estimait que les passions humaines sont des forces positives qui peuvent être
utilisées pour le bien. Il pensait que les phalanstères permettraient aux gens de satisfaire leurs
passions de manière harmonieuse.
•La variété : Fourier croyait que la diversité est essentielle à l'harmonie. Il pensait que les phalanstères
devraient accueillir des gens de tous les milieux sociaux, de tous les âges et de toutes les origines.

Les idées de Fourier ont été reprises par d'autres penseurs socialistes, tels que Karl Marx. Elles ont
également eu une influence sur le développement du capitalisme, notamment dans le domaine du
développement international et de l'agriculture.
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Il faudra également dire un mot d’une grande figure de la pensée socialiste: Louis Blanc. Concepteur de
la révolution de 1848. Il considérait qu’il fallait dissoudre l’État. L’État n’avait pas lieu d’être. l’État avec son
appareil répressif, police, impôts,…n’a pas lieu d’être. Malheureusement pour Louis Blanc le gouvernement
révolutionnaire sera destitué en juin 1848 par une contre révolution et n’aura duré que quelques mois.
Ceux qui ont été derrière cette révolution seront traqués. C’est une séquence très importante parce qu’en
fin de compte elle aura marqué un jeune penseur qui fera parler de lui qui était témoin de cette révolution,
un certain Karl Marx. Marx était en France lors de la révolution de 1848 et la contre révolution ou coup
d’État mené par Napoléon III.

Louis Blanc est un penseur socialiste français né en 1811 et mort en 1882. Il est considéré comme
l'un des fondateurs du socialisme utopique. Blanc a été un acteur important de la Révolution de
1848. Il a été nommé ministre du Travail et de l'Instruction publique dans le gouvernement
provisoire de la Seconde République. Dans cette fonction, il a proposé la création de
"phalanstères", des communautés agricoles et industrielles autogérées. Blanc était un fervent
partisan de la démocratie directe. Il estimait que le peuple devait être directement impliqué
dans la prise de décision politique. Il était également un défenseur de l'égalité sociale. Il pensait
que tous les êtres humains étaient égaux et qu'ils devaient avoir les mêmes droits et les mêmes
opportunités. Les idées de Blanc ont été influencées par les idées de Charles Fourier, qu'il a
rencontré en 1831. Il a également été influencé par les idées de Jean-Jacques Rousseau, qui
prônait un retour à la nature et à la simplicité. La Révolution de 1848 a été un échec pour Blanc.
Le gouvernement provisoire a été destitué en juin 1848 par une contre-révolution. Blanc a été
contraint de s'exiler en Angleterre. Cependant, l'échec de la Révolution de 1848 n'a pas
empêché les idées de Blanc de se diffuser. Elles ont eu une influence importante sur le
développement du socialisme. En particulier, les idées de Blanc ont marqué un jeune penseur
allemand qui était témoin de la Révolution de 1848 : Karl Marx. Marx était en France lors de la
Révolution et de la contre-révolution. Il a été profondément impressionné par les événements qu'il
a vécus. Les idées de Blanc ont contribué à la formation de la pensée marxiste. Marx a repris
certaines des idées de Blanc, notamment l'idée de démocratie directe et l'idée d'égalité sociale.
En conclusion, Louis Blanc est une figure importante de l'histoire du socialisme. Ses idées ont eu
une influence durable sur le développement du socialisme, notamment sur la pensée marxiste.

Voici quelques précisions sur les affirmations contenues dans le texte :

- Louis Blanc considérait qu'il fallait dissoudre l'État. Il estimait que l'État était un instrument
d'oppression au service des classes dominantes. Il pensait que l'État devait être remplacé par
une société autogérée par le peuple.
- Le gouvernement révolutionnaire de 1848 a été destitué en juin 1848 par une contre-révolution.
La contre-révolution a été menée par les forces conservatrices, qui craignaient que la
révolution ne conduise à un changement radical de la société.
- Ceux qui ont été derrière la révolution de 1848 ont été traqués. De nombreux révolutionnaires
ont été arrêtés, condamnés à mort ou contraints à l’exil.
- La Révolution de 1848 a marqué Karl Marx. Marx a été profondément impressionné par les
événements qu'il a vécus. Il a estimé que la révolution avait montré la nécessité d'une
révolution socialiste pour créer une société plus juste et plus égalitaire.

Je dirai un dernier mot sur la pensée socialiste, un certain Proudhon, et qui considérait que tant qu’il y aura
propriété il y aura injustice. Pour lui la propriété c’est du vol.

Pierre-Joseph Proudhon est un philosophe, économiste, journaliste, polémiste et homme politique


français né le 15 janvier 1809 à Besançon et mort le 19 janvier 1865 à Paris. Il est considéré comme
l'un des fondateurs du socialisme libertaire et du mutualisme.
Proudhon est né dans une famille ouvrière. Il a reçu une éducation classique, mais il a rapidement
abandonné ses études pour se consacrer à la réflexion sociale. Il a été influencé par les idées de
Jean-Jacques Rousseau, qui prônait un retour à la nature et à la simplicité, et par les idées de
Charles Fourier, qui a proposé la création de phalanstères, des communautés agricoles et
industrielles autogérées.
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Proudhon a été un critique virulent du capitalisme. Il estimait que le capitalisme était un système
d'exploitation qui conduisait à la pauvreté et à l'injustice. Il a proposé une alternative au capitalisme,
qu'il a appelé le mutualisme.
Le mutualisme est un système économique dans lequel les moyens de production sont détenus et
contrôlés par les travailleurs eux-mêmes. Les travailleurs coopèrent entre eux pour produire des biens
et des services. Les produits sont ensuite distribués équitablement entre les travailleurs.
Proudhon a développé ses idées dans de nombreux ouvrages, dont "Qu'est-ce que la propriété ? ou
Recherches sur le principe du droit et du gouvernement" (1840), "Système des contradictions
économiques ou Philosophie de la misère" (1846), et "Justice dans la révolution et dans
l'Église" (1858).

Les idées de Proudhon ont eu une influence importante sur le développement du socialisme. Elles
ont été reprises par d'autres penseurs socialistes, tels que Mikhail Bakunin et Kropotkine.
Voici quelques-unes des idées les plus importantes de Proudhon :
•Le principe de l'association : Proudhon estimait que les travailleurs devaient s'associer entre eux
pour produire des biens et des services. Il pensait que l'association était la seule façon de garantir
une juste répartition des richesses.
•Le principe de la propriété personnelle : Proudhon distinguait la propriété personnelle, qui est
nécessaire à la liberté individuelle, de la propriété privée, qui est un instrument d'exploitation. Il
pensait que la propriété privée devait être abolie.
•Le principe de la justice : Proudhon estimait que la justice était le fondement de toute société. Il
pensait que la justice devait être fondée sur l'égalité et la solidarité.
Proudhon est une figure importante de l'histoire du socialisme. Ses idées ont eu une influence durable
sur le développement du socialisme, notamment sur le socialisme libertaire.

Le socialisme libertaire est un courant de pensée politique qui vise à établir une société égalitaire et
coopérative, par l'abolition de l'État et de la propriété privée des moyens de production et des
institutions financières, et fondée au contraire sur l'autogestion politique et économique, la solidarité
et la responsabilité individuelle. Le socialisme libertaire regroupe un ensemble de philosophies
politiques qui visent à établir une société libre de toute hiérarchie politique, sociale et économique –
une société d'où toute institution coercitive, répressive, autoritaire ou violente soit exclue, et dans
laquelle toute personne aurait un accès libre et égal à toutes les ressources d'information et de
production – ou encore une société dans laquelle de telles institutions seraient réduites au minimum.
Les socialistes libertaires sont opposés à l'État, qu'ils considèrent comme un instrument d'oppression
au service des classes dominantes. Ils estiment que l'État est nécessaire à la protection des intérêts
des propriétaires et des capitalistes, et qu'il empêche les travailleurs de s'organiser librement et de
prendre en main leur propre destin. Les socialistes libertaires sont également opposés à la propriété
privée des moyens de production, qu'ils considèrent comme un instrument d'exploitation. Ils estiment
que les moyens de production devraient être détenus et contrôlés par les travailleurs eux-mêmes,
afin que les fruits du travail soient distribués équitablement entre tous. Les socialistes libertaires
défendent une société basée sur l'autogestion politique et économique. Ils estiment que les
travailleurs doivent être libres de s'organiser librement et de prendre en main leur propre destin. Ils
prônent la création de structures économiques et politiques décentralisées, gérées par les travailleurs
eux-mêmes. Les socialistes libertaires défendent également des valeurs telles que la solidarité, la
responsabilité individuelle et l'égalité. Ils estiment que les individus doivent être libres de s'épanouir et
de développer leur plein potentiel. Ils prônent une société dans laquelle tous les individus sont traités
avec respect et dignité, indépendamment de leur race, de leur religion, de leur sexe ou de leur
orientation sexuelle. Les principaux penseurs du socialisme libertaire sont Pierre-Joseph Proudhon,
Mikhail Bakunin, Piotr Kropotkine, Élisée Reclus, Emma Goldman et Murray Bookchin. Le socialisme
libertaire a eu une influence importante sur le développement du mouvement ouvrier et du
mouvement anarchiste. Il a également influencé d'autres mouvements sociaux, tels que le
mouvement coopératif, le mouvement syndicaliste et le mouvement écologiste. Aujourd'hui, le
socialisme libertaire est un courant de pensée important dans le monde entier. Il est représenté par
de nombreux partis politiques, syndicats et organisations sociales.

Donc voila une nouvelle pensée qui va avoir lieu, à la suite des dysfonctionnements de la bourgeoisie.
Cette grande révolution avait promis de mettre fin à l’injustice et voilà que les injustices continuent.
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Aourid aimerait nous référer à un grand texte de la littérature française, celui de Victor Hugo, le 3ème
tome des Misérables. 1832 il y aura des émeutes et des barricades à Paris contre l’injustice… Des insurgés
vont considérer que la révolution de 1789 leur a été volée. La même chose va être vécue par un certain
nombre de ceux qui croyaient aux idéaux de la révolution française. C’est un excellent texte sur le plan
sociologique et scientifiques, et montre comment les idéaux de la révolution française ont été trahis.
Gavroche qui sautillait en disant c’est la faute à voltaire c’est la faute à rousseau.
Cette chanson que chante Gavroche dans Les Misérables de Victor Hugo est une expression de
sa colère et de sa frustration face à l'injustice sociale et politique qui règne en France en 1832.
Gavroche est un enfant des rues, et il a grandi dans la pauvreté et la violence. Il a vu de ses
propres yeux comment les pauvres sont exploités par les riches, et comment les libertés
individuelles sont bafouées par le gouvernement. Dans cette chanson, Gavroche accuse Voltaire
et Rousseau d'être responsables de la situation actuelle. Gavroche estime que Voltaire et
Rousseau ont inspiré les idéaux de la Révolution française, mais que ces idéaux n'ont pas été
réalisés. Il est en colère contre ces deux philosophes, car il pense qu'ils ont créé des attentes qui
n'ont pas été satisfaites. La chanson de Gavroche est une critique de la société française du 19e
siècle. Elle montre que les idéaux de la Révolution française n'ont pas été pleinement réalisés, et
qu'il reste encore beaucoup à faire pour créer une société plus juste et plus égalitaire. Voici une
analyse plus détaillée de la chanson :
•Les premiers vers de la chanson mettent en scène Gavroche, un enfant des rues qui est en
colère et frustré. Il est tombé par terre, et il se demande pourquoi il est dans cette situation. Il
accuse Voltaire et Rousseau d'être responsables de son malheur.
•Les deuxième et troisième vers développent l'idée que Voltaire et Rousseau sont responsables de
la situation actuelle. Gavroche dit que Voltaire a fait tomber les rois, et que Rousseau a fait
tomber les nobles. Il estime que ces deux philosophes ont créé des attentes qui n'ont pas été
satisfaites.
•Les quatrième et cinquième vers expriment la colère de Gavroche. Il dit qu'il n'est pas notaire, et
qu'il n'a pas de père ni de mère. Il est un enfant des rues, et il est exploité par les riches.
•Les sixième et septième vers concluent la chanson. Gavroche dit que la faute à Voltaire et
Rousseau, il est dans la misère. Il est un symbole de la souffrance des pauvres, et il appelle à la
révolte contre l'injustice.
La chanson de Gavroche est une chanson puissante qui a marqué l'imaginaire collectif. Elle est
un cri de colère contre l'injustice sociale et politique.

Le socialisme ne se voulait pas une alternative aux idéaux de la révolution française. Le socialisme se
voulait être un correctif aux idées de la philosophie des Lumières. Ce contexte va préparer à une nouvelle
pensée: la sociologie. Essayer de comprendre les phénomènes sociaux de manière rationnelle. Les
Hommes de science. Expliquer une situation et les moyens de dépasser une situation.

On va retrouver ces idées chez Karl Marx. Marx a fait une synthèse, ce n’est pas rien. On va retrouver les
idées de Karl Marx chez ses précurseurs. Marx considérait que la propriété était à l’origine des injustices.
L’idée revenait à Proudhon. L’organisation des ouvriers on l’a vu chez Fourrier. Il n’a pas eu une pensée ex
nihilo (càd en partant de rien). Le véritable créateur du socialisme est bien saint Simon, c’est d’ailleurs lui
qui a forgé le terme socialisme qui n’existait pas avant. Avec Karl Marx on va parler de socialisme
scientifique. Marx n’est pas le fondateur du socialisme non, mais il va apporter une nouvelle couche, le
socialisme scientifique. Ce n’est pas les idées générales et généreuses, aimez vous les uns les autres, aidez
vous les uns les autres, mais réfléchir aux moyens d’arriver à la justice sociale.

Le socialisme est un courant de pensée politique et économique qui vise à établir une société plus
juste et plus égalitaire, fondée sur la propriété collective des moyens de production et sur la
répartition équitable des richesses. Les idéaux de la Révolution française, tels que la liberté, l'égalité
et la fraternité, ont été une source d'inspiration pour les premiers socialistes. Cependant, ils ont
également été critiques de ces idéaux, qu'ils jugeaient insuffisants pour résoudre les problèmes
sociaux de l’époque. Les socialistes ont estimé que les idéaux de la Révolution française n'étaient
pas appliqués de manière équitable. Ils ont souligné que la liberté et l'égalité n'étaient pas encore
accessibles aux travailleurs, qui étaient exploités par les propriétaires des moyens de production. Les
socialistes ont également critiqué la philosophie des Lumières, qui prônait la raison et la science. Ils
ont estimé que la philosophie des Lumières avait conduit à un développement économique et
social qui avait profité aux classes dominantes, mais qui avait aggravé la situation des travailleurs.
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Dans ce contexte, le socialisme est apparu comme une nouvelle pensée qui visait à corriger les
injustices de la société. Les socialistes ont proposé des solutions concrètes pour améliorer la situation
des travailleurs, telles que la propriété collective des moyens de production, l'organisation des
ouvriers et la redistribution des richesses. Karl Marx est l'un des penseurs socialistes les plus importants.
Il a développé une théorie du socialisme appelée socialisme scientifique. Marx a estimé que le
socialisme n'était pas une simple aspiration morale, mais qu'il était une nécessité historique. Il a
montré que le capitalisme était un système d'exploitation qui conduisait inévitablement à la
révolution socialiste. Marx a repris les idées de ses prédécesseurs, tels que Proudhon et Fourier. Il a
cependant apporté une nouvelle dimension à la pensée socialiste en la fondant sur une analyse
scientifique de la société. Le socialisme scientifique de Marx a eu une influence considérable sur le
développement du socialisme. Il a inspiré de nombreux mouvements ouvriers et révolutionnaires, et il
continue à être une source d'inspiration pour les socialistes du monde entier.

Partie 2: la sociologie
Auguste Comte.

Dans ce contexte marqué par les injustices sociales, il va y avoir une grande figure qui va émerger et qui
va marquer la pensée universelle. Cette figure c’est ce jeune garçon élevé dans le sillage de saint Simon,
dont la mère était la maitresse de saint Simon, et qui explique la parenté intellectuelle d’Auguste Comte
avec Saint Simon. Et l’oeuvre de Comte c’est d’appliquer l’approche scientifique au phénomènes sociaux.
On applique une approche scientifique aux phénomènes de la nature, c’est ce qu’on appelle la
physique, la chimie. Et on dégage les règles. Et donc pour Auguste comte il est possible de dégager des
règles sur les phénomènes sociaux, càd qu’on peut analyser la société de manière scientifique. Et il va
forger un terme pour rendre compte de cette nouvelle science c’est la sociologie. Ce terme n’existait pas
avant auguste Comte. Sociologie veut dire la science des sociétés humaines.
"socio" vient du latin "socius", qui signifie "associé" ou "compagnon". Le mot "logie" vient du grec
"logos", qui signifie "étude" ou « discours ». Ainsi, la sociologie est l'étude des sociétés humaines.
Elle s'intéresse aux relations sociales, aux institutions sociales, aux cultures et aux valeurs sociales.

Et il va commencer par quelques constatations sur l’évolution des sociétés: ceux qui mènent le monde ce
sont les industriels, parce qu’ils créent la richesse, et les savants parce qu’ils créent le savoir. Avant ce qui
gérait le monde c’était les militaires qui allaient à la conquête et c’était la seule manière d’obtenir la
richesse, et les religieux. Au 19e siècle la donne a changé au profit des industriels et des savants, au
détriment des militaires et des religieux. Il y aura encore quelques survivances de l’omniprésence des
religieux et militaires mais à terme ils seront remplacés. Les militaires étaient indispensables pour avoir la
richesse (on allait en Amérique latine pour chercher l’or, et en Afrique pour les esclaves). Les choses ont
changé. On n’obtient plus la richesse à travers la guerre des hommes contre les hommes, mais la guerre
des hommes contre la nature. Même la guerre va changer.
Si la misère des ouvriers continue, pour Auguste comte cette misère va finir par se résorber, c’est tout
simplement un problème d’organisation mais à terme ce dysfonctionnement entre les riches et les pauvres
va disparaitre. Entre la bourgeoisie et les prolétaires c’est un problème de mauvaise gestion. Ce n’est pas
quelque chose de structurelle. Cette contradiction va être résorbée. Voilà les grandes idées :
1- On peut aborder les phénomènes sociaux de manière scientifique à l’image de la nature.
2- L’observation de la société à montré un changement au terme duquel les militaires et les religieux sont
en train de perdre du terrain.
3- Il y a certes des survivances des dysfonctionnements, mais ils sont appelés à disparaitre.

La deuxième chose dans l’oeuvre d’Auguste Comte c’est dans son livre « Cours de philosophie positive ».
La philosophie positive deviendra sociologie. Il n’avait pas encore forgé le terme sociologie. l’humanité est
passée par 3 phases. c’est ce qu’on appelle la loi des 3 états.
- La première phase l’humanité était à l’âge de l’enfance. L’être humain expliquait les phénomènes
sociaux en les comparant à l’être humain. S’il y a un orage c’est parce que les dieux sont mécontents.
S’il y a un orage c’est une dispute entre tel dieu et tel dieu. On croyait en des dieux qui ressemblaient à
des humains saufs qu’ils étaient immortels. C’est l’âge théologique à l’image de ce qu’on retrouve dans
la mythologie grecque. L’être humain invoque des entités abstraites. Il n’y a pas un dieu mais des dieux
qui se chamaillent entre eux.
- Le deuxième état : On n’explique plus les choses par les caprices des dieux, mais par la volonté d’une
force abstraite: Dieu.
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- 3ème étape: l’être humain explique les phénomène sociaux par une approche scientifique et positive.
S’il y a orage c’est parce que il y a des nuages et une pluie positive et une pluie négative. Il y a une
causalité, une relation de cause à effet, c’est ce qu’on appelle une approche positive. Et dans cette
approche on rentre dans une phase de maturité.

Sauf que la sociologie est une science à part. On ne peut pas prétendre à la précision des sciences
exactes comme la science physique, celles ci sont des sciences analytiques. Avec la science sociologique
on est proches de la biologie, il y a une interactions entre les éléments. Il faut prendre un élément dans son
contexte global.

C’est la même chose pour le corps social. Auguste comte parle de corps social. Pour le corps social, si un
organe est malade cela affecte tout le corps. Exemple, le problème de l’éducation doit être étudié dans
son environnement, on doit tenir compte du revenu des familles, du niveau de vie des parents, de la
distance par rapport à l’école…il y a d’autres éléments qui interagissent. C’est une science mais on ne
peut pas prétendre à l’exactitude comme les sciences naturelles.

In fine cette nouvelle science repose sur trois éléments:


- Le savoir: il faut connaitre, mais scientifiquement. Un savoir scientifique.
- Le savoir scientifique devrait nous permettre d’anticiper, nous aider à prévoir ce qui pourrait se passer,
sinon cela n’a aucun sens. Le but de cette nouvelle science est de savoir, prévoir, mais aussi
- Mais aussi pourvoir, càd changer (améliorer, éviter…).
SAVOIR, PRÉVOIR, POURVOIR

C’est une grande séquence de la pensée humaine et on va retrouver l’influence de Comte sur la pensée
de Karl Marx. Rappelez vous que Auguste Comte c’est celui qui a forgé le terme sociologie. Ce terme
n’existait pas avant lui. Pareil, le terme socialisme n’existait pas avant Saint Simon. Il y a une parenté
intellectuelle avec st Simon et Auguste comte. Le socialisme venait en correctif au libéralisme qui a profité
aux riches, qui n’a pas réduit la misère. Mais là au lieu d’incantations et de grandes idées on est dans une
approche scientifique. Pourquoi Auguste Comte a une approche scientifique? Il était polytechnicien, il
était ingénieur de formation, c’est fondamental. Il pensait pouvoir appliquer la même approche sur les
phénomènes sociaux. Il voyait la création de richesse, les chemins de fer, il y avait des dysfonctionnements,
des gens qui étaient pauvres et qui mouraient de faim…une approche scientifique parce que l’humanité a
atteint l’âge de raison. C’est comme l’être humain qui passera l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte.

La pensée de comte va marquer les migrants au Brésil. D’ailleurs les brésiliens dans leur slogan on croit au
progrès. Dans leur hymne national ils réfèrent à auguste comte. Même les couleurs reprennent sa pensée.
Comte a marqué l’expérience universelle.

Audio 2
Karl Marx était un universaliste. Ici ce qui nous intéresse c’est sa pensée sociologique. Contexte pour
comprendre l’homme: c’était la synthèse de plusieurs écoles: l’école philosophique allemande, il était
marqué par la philosophie de Hegel. Il a vécu en France donc il a vécu ses tourments, la révolution de
1848, marqué par saint Simon, Blanc, Proudhon, Comte.
Son expérience et son exil en GB. Il va s’établir à Londres et va être marqué par la pensée économique. Il
va écrire un livre remarquable le capital. Pensée politique française et économique anglaise.
Opuscule va connaitre une grande renommée : « le manifeste communiste ». L’humanité est une série de
luttes de classes, entre oppressants et oppressés. Il a introduit un nouveau concept: la lutte de classes,
c’est ce qui permet à l’histoire de marcher.
Deuxième élément c’est cette expérience française avec l’échec de la révolution. Il a vu Louis Blanc qui
prônait la dissolution de l’État. La coalition bourgeoise incarnée par Napoléon III.

Marx va apporter des correctifs. Il reprendra l’idée de Blanc de dissolution de l’État. La démocratie est un
piège donc il est contre le suffrage universel. La propriété devrait être collective. Le déterminisme
historique par l’économie. L’importance du facteur économique. Si vous pensez d’une certaine manière,
c’est parce que votre pensée est le fruit de votre contexte social et condition matérielle.
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Troisième élément: il dit que le dysfonctionnement n’est pas passager mais structurel. La bourgeoisie donne
une partie des bénéfices aux prolétaires mais retient toute la valeur ajoutée. Le bénéfice n’est pas distribué
équitablement. Les ouvriers ne doivent pas crever, mais il ne faudrait pas qu’ils s’enrichissent. Les prolétaires
seront toujours maintenus en état de précarité.

Il faut que les prolétaires soient propriétaires des moyens de production. La propriété doit être collective.
Karl Marx a cette phrase célèbre: il ne suffit pas d’interpréter le monde mais de le changer. Il faut la lier à la
phrase de auguste comte: savoir, prévoir, pourvoir.

3 idées pour marquer la 2e partie du 19e siècle:


- la lutte des classes
- l’importance de l’élément économique
- Le rôle des philosophes pour changer le monde

Marx a pris la méthode dialectique de Hegel. Thèse, antithèse, synthèse. Il a écrit un petit pamphlet: le 18
brumaire. c’est une analyse de la contre révolution, la prise du pouvoir par napoléon III (neveu de
Napoléon). On avait volé la révolution aux ouvriers et paysans avec ce coup d’état.
- les humains sont marqués par leur Histoire. Ils sont marqués par les Mânes et les mannes.
- Les sociétés n’invoquent l’histoire que quand elles ont une angoisse du présent.
- l’histoire commence par une tragédie, et se termine par une farce. Napoléon I était une tragédie au
sens grec - passionnel - et elle se répète sous forme de farce avec Napoléon III.

Polycopié
Quand on lit les misérables de Victor Hugo, on est édifié sur l’état de décrépitude des petites gens, le
sentiment de rancœur qui déchire les intellectuels. Comment donc l’idéal de la révolution n’a-t-il pas libéré
le genre humain ? C’est sur les décombres de la misère des paysans et des ouvriers, qu’une nouvelle
pensée, le socialisme, va émerger qui appellera d’abord à des sentiments humains de solidarité, et qui, au
fil du temps, va évoluer vers une réorganisation des institutions sociales, et va culminer, par l’application de
l’esprit scientifique aux rapports sociaux. Il est fondamental avant de nous pencher sur la pensée de Marx,
d’aborder les prémices du socialisme scientifique, avec Saint Simon. La pensée de Saint-Simon est un
chaînon fondamental qui prépare à la fois à la pensée d’Auguste Comte, le fils spirituel de Saint-Simon, et
à la théorie des trois états que Marx va reprendre dans sa théorie du déterminisme historique.

Il y a incontestablement un lien entre la pensée de Saint-Simon et le christianisme. Il disait: « Aimez-vous les


uns les autres, et aidez vous les uns les autres ». Cet élan humaniste, mêlé de mysticisme, devait se fonder
sur une approche rationnelle pour comprendre les forces sociales et économiques. C’est à ce titre qu’on
le considère comme un précurseur de la sociologie. Le but qu’il s’assigne est « l’amélioration morale,
intellectuelle et physique de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre. » Pour y parvenir, il fallait stimuler
l’économie et l’instruction publique. Saint-Simon mit l’accent sur le développement économique qu’il lia à
la politique assimilée à la « science de la production ». Dans les deux activités, intrinsèquement liées, il jeta
son dévolu sur les savants qui devraient être les inspirateurs des industriels. Saint Simon n’était pas dans une
conception romantique de l’égalité des individus comme cela ressortait des idéaux de la révolution
française, mais d’un autre concept qui finira par se frayer la voie, et imprimer les idéaux français, celui de
la fraternité. Ce sentiment devrait couvrir les prolétaires mais aussi les femmes.

Les idées de Saint-Simon imprimèrent un courant de pensée appelé le saint-simonisme dont le trait
marquant était l’élitisme, mais il enrôla nombre de polytechniciens, d’ingénieurs, de financiers. On y trouve
même les prémices de ce que d’aucuns appellent « une idéologie technocratique ». L’un des disciples de
Saint-Simon, qui va donner un lustre à sa pensée, est Auguste Comte qu’on va retrouver plus tard.

Les idées de solidarité qui sont la matrice du socialisme et celle de la réorganisation sociale vont de pair.
Charles Fourrier (1772-1837) part d’un constat, celui de la désorganisation sociale. A l’instar de Newton, il
part d’une pomme pour dégager une loi. A Paris, il avait vu un jour des pommes vendues sur le marché
cent fois le prix qu’elles étaient payées sur le lieu de production. «Je commençai à soupçonner un
désordre fondamental dans le mécanisme industriel», devait-il dire. Il voua le commerce aux gémonies,
responsables de tous les dysfonctionnements. L’harmonie devait remplacer l’antagonisme de l’activité
industrielle, et la coopération se substituer à la concurrence aveugle. Fourrier ne cherchait pas à améliorer
l’homme, mais à le libérer. Il fallait le dégager des carcans qui le tenaillaient.
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Une autre grande idée de Fourrier était de prodiguer un enseignement professionnel utile plutôt qu’une
formation théorique classique. Il mena une expérience pilote d’un phalanstère (association de travailleurs)
d’une exploitation agricole, un collège d’Oxford, un réfectoire, des salles communes, une bibliothèque,
avec des ateliers et des espaces privées. Ce qui est fondamental dans l’expérience de Fourrier, c’est que
les individus souscriraient au projet, et recevraient en contre partie une part des bénéfices. Il ne voulait pas
renverser le capitalisme, mais plutôt le dépasser et le réconcilier avec le socialisme. Il n’était pas contre la
propriété. Dans le phalanstère, il n’y pas de salariés, et partant pas de prolétariat. La concurrence céderait
la place à l’association. Dans l’échafaudage de Fourrier, le gouvernement serait aboli.
Fourrier envisageait la création d’armées industrielles où les jeunes, au lieu de faire la guerre,
consacreraient leur trop plein d’énergies à la réalisation de travaux publics, imaginant le percement de
l’isthme de Suez et du canal de Panama ainsi que l’irrigation du désert du Sahara.
Les idées de Fourrier eurent plus de succès que celles de Saint-Simon. Des expériences s’en inspirèrent
ailleurs qu’en France. Le roman de Zola, Le Travail (1901) décrit une communauté fouriériste, et le roman
Les Misères des enfants trouvés (1851) d’Eugène Sue décrit une communauté réelle. George Sorel écrit en
1895 « Neuf Français sur dix qui s’intéressent aux problèmes sociaux sont des fouriéristes partiels ou
illogiques ».

Louis Blanc, grande figure de la révolution de 1848, dont il s’est fait l’idéologue dans un opuscule « Histoire
de la révolution de 1848 », reprend les idées de Saint-Simon sur l’organisation du travail, en y ajoutant deux
grandes idées qui le mettront en désaccord avec une nouvelle génération de socialistes : le rôle central
de l’Etat et le suffrage universel. L’échec de la révolution de 1848 déteint sur Blanc, et on verra combien
Marx s’évertuera à construire son édifice intellectuel sur les décombres de la pensée de Louis Blanc, en
attaquant à la fois l’Etat et le suffrage universel.

Il est fondamental de s’arrêter sur Proudhon (1809-1865) qui marqua la pensée socialiste en France et au-
delà. Il était en lice avec Marx dans l’Internationale Socialiste, mais c’est ce dernier qui aura le sacre des
socialistes et sa pensée éclipsera celle de Proudhon.
Elevé dans la tradition cléricale, Proudhon finit par s’en séparer pour épouser les vues de Fourrier qui le
marqua profondément. Il ne fut jamais admis par la société parisienne, et c’est certainement ce refus qui
aiguisa son rejet des ordres et fit de lui ce qu’il allait devenir, un anarchiste. Il dit de lui-même : « j’espérais
trouver refuge dans quelque emploi commercial honorable, mais partout on me repousse comme un
pestiféré ». Mais au-delà de la trajectoire de l’homme et de ses déboires, il incarne le socialisme français, et
comme le dit l’historien britannique Theodore Zeldin : le mélange de radicalisme et de conservatisme qui
imprègne la pensée de Proudhon est très significatif, car il éclaire également les ambiguïtés futures du
socialisme français. ( T. Zeldin, colère et politique, histoire des passions françaises, T 4, p 148)
Il ne présenta pas d’alternative, et face à Marx dont le cursus académique le prédisposait à un solide
échafaudage, il ne fit pas le poids. Il resta prisonnier d’une approche analytique avec un brin d’angélisme.
Il s’assignait le rôle « d’élargir l’horizon du peuple et lui frayer des voies nouvelles ». Il dénonçait les faiblesses
de la société de son temps bien plus qu’il n’offrait de solution de rechange. Proudhon révélait les
contradictions du monde, mais n’avait aucun espoir de les résoudre en une synthèse, disait de lui Zeldin. Il
doit sa notoriété à sa déclaration « la propriété, c’est le vol ». Il s’attira à la fois l’ire de l’Eglise qui
considérait la propriété comme l’émanation de l’institution divine, et celle de la bourgeoisie. Il voulait
abolir l’argent dans les relations sociales pour une nouvelle réorganisation des relations économiques. A
l’instar de Saint-Simon, il voulait que l’administration des choses remplaçât celle des hommes.

Ce que l’Histoire retient de lui, c’est son anarchisme, c'est-à-dire son refus de toute autorité, celle de
l’Eglise, mais aussi celle de l’Etat. Il était un pourfendeur de l’Etat centralisé et appelait pour une fédération
souple des communes et des cantons. Il rejetait le Contrat social de Rousseau, fondement de l’Etat, où on
renonce à une part de sa liberté. Il critiquait âprement la démocratie, le suffrage universel, la violence et la
révolution. Mais, il n’était pas pour autant nihiliste, car sa pensée a servi de base de départ à celle de
Marx. Il annonça l’aube d’une ère nouvelle où la classe ouvrière prendrait conscience de son identité
propre et se démarquerait de la bourgeoisie. Il y a là les prémices d’un Parti du Prolétariat. Les ouvriers
devraient œuvrer à la transformation de l’économie, dit Proudhon dans un manifeste rédigé en 1864. Pour
se démarquer de l’échec de la révolution de 1848, Proudhon ne prône pas la prise du pouvoir de l’Etat
centralisé, mais son abolition.

HH :La révolution française, qui avait promis l'égalité et la fraternité, n'a pas réussi à améliorer la condition
des classes populaires. Au 19e siècle, les paysans et les ouvriers sont toujours pauvres, exploités et
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marginalisés. Dans ce contexte, une nouvelle pensée, le socialisme, commence à se développer. Les
socialistes dénoncent l'injustice du système capitaliste, qui repose sur l'exploitation du travail par le capital.
Ils proposent des alternatives, qui vont de la réforme sociale à la révolution. Le socialisme est une réponse
à l'échec de la révolution française. Il est une tentative de créer une société plus juste et plus égalitaire.

Saint-Simon: 1760-1825
• Saint-Simon est né dans une famille aristocratique. Il a été témoin de la révolution française et de
ses conséquences. Il a été marqué par la misère des classes populaires et par l'incapacité de la
révolution à résoudre leurs problèmes.
• Saint-Simon est un homme de science et de progrès. Il croit que la science et la technologie
peuvent résoudre les problèmes sociaux. Il propose une réorganisation de la société, basée sur la
collaboration entre les savants et les industriels. Saint-Simon est un visionnaire, mais ses idées sont
souvent jugées irréalistes. Il propose, par exemple, la création d'un gouvernement mondial dirigé
par une élite de savants et d'industriels.

Fourrier: 1772-1837
• Fourrier est né dans une famille modeste. Il a été marqué par la misère des classes populaires et
par l'incapacité du système capitaliste à les satisfaire.
• Fourrier est un visionnaire qui imagine une société utopique, basée sur la coopération et
l'harmonie. Il propose la création des phalanstères, des communautés socialistes où chacun
travaille et vit selon ses capacités et ses besoins. Fourrier est un homme généreux et idéaliste. Il
croit que la société idéale peut être créée par la volonté humaine. Cependant, ses idées sont
également jugées irréalistes. Il propose, par exemple, la création d'une société où tout le monde
serait heureux et satisfait.

Louis Blanc: 1811-1882


• Blanc est né dans une famille bourgeoise. Il a été marqué par la révolution de 1830 et par la misère
des classes populaires.
• Blanc est un partisan de l'intervention de l'État pour améliorer les conditions de vie des travailleurs.
Il propose la création de "nationalisations" des moyens de production, afin que les travailleurs
puissent contrôler leur propre travail. Blanc est un homme pragmatique. Il croit que la société
idéale ne peut être créée que par étapes. Il propose, par exemple, la création de coopératives
ouvrières.

Proudhon: 1809-1865
• Proudhon est né dans une famille modeste. Il a été marqué par la misère des classes populaires et
par l'incapacité du système capitaliste à les satisfaire.
• Proudhon est un anarchiste qui rejette l'État et la propriété privée. Il propose une société basée sur
la liberté et la justice sociale. Proudhon est un penseur original et profond. Il a influencé de
nombreux autres socialistes, notamment Marx. Cependant, ses idées sont souvent jugées difficiles
à mettre en pratique. Il propose, par exemple, la disparition de l'État par l'abolition de la propriété
privée.

Les fondateurs de la sociologie moderne

Nous sommes au début du 19ème siècle, avec les déceptions qu’avaient occasionnées la révolution
française quant à l’émancipation de l’individu, l’emprise de la bourgeoisie, la marche forcée de la
machination, mais aussi de l’exploitation de l’Homme. Des penseurs se sont penchés sur cette société
capitaliste et industrielle non seulement pour en saisir les ressorts, mais surtout pour l’amender. Il ne s’agit
pas d’expliquer le monde comme dirait Marx, mais de le changer. Auguste Comte, son prédécesseur ne
dira pas autre chose.

Auguste Comte : On doit à ce polytechnicien de formation, le terme même de sociologie qu’il aura forgé
en étudiant les sociétés industrielles. Appliquant l’approche scientifique à la société, il assigne à l’étude de
la politique le but de «faire marcher l’espèce humaine suivant une loi aussi nécessaire, quoique plus
modifiable, que celle de la gravitation ».
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Dans ses premiers ouvrages, rassemblés dans « opuscules de philosophies sociales » (1820-1826), Comte
part du constat suivant : une certaine société, survivance du moyen âge et caractérisée par les deux
adjectifs, théologique et militaire est en train de mourir. Une autre société scientifique et industrielle est en
train de naître. La façon de penser, caractéristique de l’âge moderne, est celle des savants, qui sont en
train de remplacer les prêtres. De même, les industriels sont en train de prendre la place des militaires. A
partir du moment où les hommes pensent scientifiquement, l’activité majeure des collectivités cesse d’être
la guerre des hommes les uns contre les autres, mais devient la lutte des hommes avec la nature, ou
encore l’exploitation rationnelle des ressources naturelles.

Comte tire la conclusion que la réforme sociale a pour condition fondamentale une réforme intellectuelle.
Les hasards d’une révolution ou la violence ne permettent pas la réorganisation de la société en crise. Il
faut pour cela une synthèse des sciences et la création d’une politique positive. ( Cf : Aron, in les étapes de
la pensée sociologique).

La contradiction entre société industrielle et survivance d’une pensée théologique est appelée à
disparaître et le rôle de l’étude des mécanismes de la société (le terme de sociologie n’a pas été encore
forgé) est non seulement de comprendre ses ressorts mais surtout à accélérer l’accomplissement de la
société scientifique.

L’œuvre fondamentale de comte est « Cours de Philosophie Positive », où il a élaboré sa fameuse théorie
des trois états, les trois phases de l’évolution de l’esprit humain :
-Le 1er état par lequel l’esprit humain explique les phénomènes en les attribuant à des êtres ou à
des forces comparables à l’homme lui-même (l’âge théologique).
-Le 2ème état, l’homme invoque des entités abstraites (l’âge métaphysique)
-Le 3ème état, l’homme se borne à observer les phénomènes et à fixer les liaisons régulières qui
peuvent exister entre eux, soit à un moment donné, soit dans le temps (l’âge positif).

L’étude de la société, ou la sociologie, devrait se conformer à l’approche scientifique conformément à


l’évolution de l’esprit humain, à l’âge positif. Comte, en étudiant les sciences, établit une distinction entre
les sciences de la nature inorganique, physique et chimie, qui sont analytiques en ce sens qu’elles
établissent des lois entre des phénomènes isolés. En revanche, en biologie, il est impossible d’expliquer un
organe ou une fonction si l’on ne considère pas l’être vivant tout entier. Si l’on voulait découper
arbitrairement et artificiellement un élément d’un être vivant, on n’aurait plus en face de soi que de la
matière morte. Cette idée du primat du tout sur l’élément doit être transposée en sociologie. Il est
impossible de comprendre l’état d’un phénomène social particulier si on ne le replace pas dans le tout
social. De même qu’il faudra le placer dans son contexte historique.

Dans le « Cours de philosophie positive » se trouve fondée la science nouvelle, la sociologie, qui met
l’accent sur la priorité du tout sur l’élément et de la synthèse sur l’analyse. Cette nouvelle science, la
sociologie détermine non seulement ce qui a été et ce qui est, mais ce qui sera, au sens de la nécessité du
déterminisme. Et c’est en ce sens que Comte se pare de l’attribut d’homme de science et de réformateur,
car la nouvelle science devra porter des solutions à la crise du monde moderne. Et c’est pour cela qu’il
met l’accent sur l’organisation, le management dirons nous aujourd’hui. La contradiction entre ouvriers et
entrepreneurs est secondaire. Elle est l’expression d’une mauvaise organisation que la société industrielle
finira par corriger par des réformes.

Karl Marx

Avec Marx ce n’est pas un pays qu’on explore, avec des frontières déterminées, mais un continent, avec
des balises des fois, mais souvent des contrées inexplorées, périlleuses. Marx a beaucoup écrit et a touché
à plusieurs disciplines, de la philosophie il a muté à la sociologie, pour camper dans l’économie politique. Il
est tour à tour pamphlétaire, philosophe, journaliste, sociologue, homme de science, ou du moins c’est
comme cela qu’il se présentait dans sa dernière œuvre, le Capital. Ce qui rend la tâche difficile, c’est que
Marx a marqué les mouvements politiques pour la 2ème partie du XIXème siècle, et au nom de sa vulgate
une nouvelle idéologie régentait, à partir de la Révolution d’Octobre 1917, une bonne partie du globe et
se présentait comme l’alternative à l’ordre capitaliste voué, selon la même vulgate, au dépérissement. Or
que faire de Marx, quand l’ordre alternatif s’est écroulé avec la chute du mur de Berlin? Doit-on jeter
l’enfant (Marx) avec l’eau du bain (marxisme) ? Marx peut-il encore nous être utile? Marx était le premier à
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avoir analysé en profondeur les contradictions du système capitaliste, et nombre de ses analyses
demeurent pertinentes.

Dans la sphère qui nous intéresse, la sociologie, on ne peut compartimenter l’œuvre, car si Marx se penche
sur la société pour en dégager les règles, il réfère à l’économie. C’est donc une sociologie particulière. On
ne peut comprendre la société moderne sans se référer au fonctionnement du système économique. On
ne peut séparer la compréhension du présent de la prévision de l’avenir et de la volonté d’action.

Analyse socio-économique du capitalisme


A l’image d’Auguste Comte, Marx a décelé la contradiction qui frappe le système capitaliste, mais chez
Comte, la contradiction est entre les sociétés du passé, féodales, militaires, et du celles moderne,
industrielles et scientifiques. La contradiction entre patrons et ouvriers est mineure. Or pour Marx, la
contradiction entre ouvriers (prolétaires) et capitalistes, est majeure, elle est même l’essence du système
capitaliste. Cet antagonisme qu’il s’efforcera d’expliciter porte les germes de destruction du système
capitaliste. L’action de l’homme politique précipitera cette destruction, inscrite dans la logique des choses
ou le matérialisme historique.

Jeune, Marx, dans « le Manifeste communiste » a décelé la contradiction qui a ponctué la marche de
l’histoire, en faisant de celle-ci une lutte continue des classes. C’est cette lutte qui est le moteur de
l’Histoire.
« L’Histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes. Homme libre et
esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot,
oppresseurs et opprimés, se sont trouvés en constante opposition; ils ont mené une lutte sans
répit, tantôt déguisée, tantôt ouverte, qui chaque fois finissait soit par une transformation
révolutionnaire de la société tout entière, soit par la ruine des diverses classes en lutte. »

Le système capitaliste, maqué par la domination de la bourgeoisie, n’échappe par à cette règle de luttes
de classes. En analysant le système capitaliste, Marx y entrevoit les contradictions principales :

- La contradiction entre les forces et les rapports de production. La bourgeoisie crée sans cesse des
moyens de production plus puissants, mais les rapports de production, càd les rapports de propriété et
des revenus, ne se transforment pas au même rythme. Le régime capitaliste est capable de produire de
plus en plus. Or en dépit de cet accroissement des richesses, la misère reste le lot du plus grand
nombre. La croissance des moyens de production, au lieu de se traduire en relèvement des conditions
de niveau de vie des ouvriers se traduit par un double processus de prolétarisation et de paupérisation
- La 2ème contradiction liée à la 1ère, est que la progression des richesses de la bourgeoisie et
l’augmentation de la misère du prolétariat crée une crise révolutionnaire. Le prolétariat qui constitue
l’immense majorité de la population finira par constituer une classe - une unité sociale - aspirant à la
prise du pouvoir et à la transformation des rapports sociaux. La révolution du prolétariat différera en
nature de toutes les révolutions du passé, car elle sera la révolution de la majorité au profit de tous.

Dans son livre « Contribution à la critique de l’économie », il se fait plus explicite sur ce qu’on appelle
communément le primat de l’économie, ou son déterminisme sur les rapports sociaux :
« Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie
sociale, politique et intellectuelle. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur
existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. A un certain
degré de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en collision
avec les rapports de production existants ».

On peut paraphraser Marx en disant que les individus entrent dans des rapports déterminés, nécessaires,
qui sont indépendants de leur volonté. Il y a des rapports sociaux qui s’imposent aux individus, abstraction
faite de leurs préférences. De même que dans toute société, il y a la base économique, ou l’infrastructure,
constituée par les forces et les rapports de production, il y a la superstructure constituée par les institutions
juridiques et politiques en même temps que les idéologies en places. La contradiction entre forces de
production et rapports de production finit, par le truchement de la lutte des classes à bousculer l’ordre
existant.
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Dans cette vision des rapports sociaux, la philosophie, ou la pensée, n’a pas pour but d’expliquer le monde
mais de le changer. On doit à Marx la phrase : «Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde et de
différentes manières, mais il s’agit désormais de le transformer. »

La politique entre élites, héros et masses


La sociologie en tant que discipline autonome

La réflexion sur la société politique s’est développée au XIXème siècle en marge d’autres préoccupations
telles l’histoire, la philosophie, voire la philosophie du droit, comme chez Montesquieu. A la fin du XIXème et
au début du XXème siècle, la sociologie, et partant la sociologie politique aura tendance à s’autonomiser.
Elle sera concomitante à l’âge d’or de l’Europe, avec l’idée sous- jacente du progrès et l’évolution linéaire
de l’aventure humaine. La première guerre mondiale aura raison de cette vision messianique et angélique.
Les tenants de cette vision auront néanmoins marqué la discipline de sociologie, qui a gagné avec eux ses
lettres de noblesses. On fait référence ici à Emile Durkheim, Vilfred Pareto, et Max Weber.

Mais depuis la fin de la WWI, la sociologie connaîtra une mutation du côté de l’Amérique, avec une
nouvelle approche empirique qui remplacera l’approche historique européenne. Talcott Parsons, qui aura
marqué la sociologie américaine réserve à trois sociologues fondateurs, Durkheim, Pareto et Max Weber
son livre "The structure of Social Action" en mettant en exergue la parenté des trois systèmes
d’interprétation conceptuelle de la conduite humaine. Ils sont, ce que nous pourrons appeler des
classiques. On pourrait déceler chez eux le même souci d’explication scientifique de la société moderne.
En sibylline, on peut reconnaître la crise latente de ce monde « désenchanté », pour reprendre l’expression
de Max Weber, un monde scientifique qui se fait par opposition à la religion, mais l’homme peut-il vivre
sans religion ?

Durkheim : On fera référence ici à son ouvrage « de la division du travail social », qui est une véritable
réflexion sur le rapport des individus à la collectivité, le thème central de la sociologie. Durkheim pose les
questions suivantes : Comment une collectivité d’individus peut-elle constituer une société ? Comment
peuvent-ils réaliser un consensus, condition préalable pour une existence sociale ? Pour répondre à ces
questions, Durkheim distingue entre deux solidarités:
- Une solidarité mécanique ou une solidarité par similitude. Les individus diffèrent peu les uns les
autres. Il éprouvent les mêmes sentiments et adhérent aux mêmes valeurs.
- Une solidarité organique où le consensus résulte par la différentiation. Les individus ne sont plus
semblables, mais différents. C’est parce qu’ils sont différents que le consensus se réalise.

Les deux formes de solidarité correspondent, dans la pensée de Durkheim, à deux formes extrêmes
d’organisation sociale. L’opposition entre ces deux formes se combine avec l’opposition entre les sociétés
segmentaires et les sociétés où apparaît la division moderne du travail. En un sens, une société à solidarité
mécanique est une société segmentaire. Dans le vocabulaire de Durkheim, un segment désigne un
groupe social dans lequel les individus sont étroitement intégrés. Mais le segment est aussi un groupe
localement situé, relativement isolé des autres et menant une vie propre (Voir l’analyse de John Waterbury,
sur le système politique marocain, et sa référence à la segmentarité actualisée chez Gellener).
Quant à la division du travail à laquelle fait allusion Durkheim, propre des sociétés modernes, elle se
distingue de la division du travail chez les économistes, dans la mesure où la division du travail chez
Durkheim est un phénomène social qui renvoie à la différentiation des individus, qui résulte de la
désintégration de la solidarité mécanique. Autrement dit, la division du travail économique résulte de la
division ou différentiation sociale. Dans les deux cas de solidarités, l’individu n’est pas historiquement
premier et résulte d’un développement historique consécutif à sa prise conscience de lui-même.

Une société, avions nous dit, tient par ce que Durkheim appelle la conscience collective, un des concepts
fondamentaux de son échafaudage intellectuel. Il la définit par « l’ensemble des croyances et des
sentiments communs à la moyenne des membres d’une société ». Elle n’existe pas par les sentiments et les
croyances présentes dans les consciences individuelles, mais elle n’en est pas moins distincte.
« Elle n’a pas pour substrat un organe unique, elle est par définition, diffuse dans toute
l’étendue de la société, mais elle n’en pas moins des caractères spécifiques qui en font
une réalité distincte. (..) Elle est donc toute autre chose que les consciences particulières,
quoiqu’elle ne soit réalisée que chez les individus. » (cf : De la Division du travail social)
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Dans les sociétés où domine la solidarité mécanique, la conscience collective couvre la plus grande partie
des consciences individuelles. Dans les sociétés où apparaît la différenciation des individus chacun est libre
de croire, de vouloir et d’agir selon ses préférences propres.

Dans les sociétés à solidarité mécanique, la plus grande partie de l’existence est commandée par des
impératifs et des interdits sociaux, de même que la sphère de cette conscience et les impératifs et interdits
qu’elle couvre est extensive. En revanche, lorsque règne la solidarité organique, on constate une réduction
de la sphère d’existence que couvre la conscience collective, un affaiblissement des réactions collectives
contre la violation des interdits et surtout une marge plus grande d’interprétation individuelle des impératifs
sociaux.

In fine, chez Durkheim, et c’est l’idée centrale de son œuvre, l’individu naît de la société et non la société
des individus. La sociologie, est c’est l’une des idées maîtresses de Durkheim, se définit par la priorité du
tout sur les parties et l’irréductibilité de l’ensemble social à l’addition des éléments.

Dans le livre qui porte le titre « le suicide », Durkheim se penche sur un des phénomènes qui marquent le
développement des sociétés modernes, le suicide. Ce qui a attiré son attention c’est l’augmentation du
taux de suicide dans les sociétés modernes. Pour Durkheim, le suicide est un phénomène social normal, qui
relève de la psychanalyse, mais le taux est un phénomène qui relève de la sociologie. Ce qu’il faut retenir
de cet ouvrage, est que le suicide est l’expression pathologique de la désintégration sociale de l’individu
face à la société :
- Durkheim utilise des statistiques et initie, ce faisant, l’approche sociologique.
- L’expression de cette désintégration est ce que Durkheim appelle, l’anomie, l’absence de
normes, suite à de grands bouleversements économiques de la société, et aussi à la
désintégration de la vie de l’individu suite au divorce. Autrement dit, les suicides sont des
phénomènes individuels dont les causes sont essentiellement sociales….

On abordera sommairement les idées fortes de son livre « les formes élémentaires de la vie religieuse » où il
a dégagé une théorie générale de la religion à partir de l’analyse des institutions religieuses les plus simples
et les plus primitives.
Une société qui détermine et favorise l’épanouissement de l’individualisme et du rationalisme, a besoin
comme toute société, de croyances communes, qui ne peuvent plus être fournies par la religion
traditionnelle qui ne répond pas aux exigences de l’esprit scientifique. On arrive à une conclusion qui
résume la philosophie de Durkheim : la religion n’est que la transfiguration de la société. Les hommes, à
travers les différentes formes de religion n’ont adoré autre chose que la réalité collective, et partant, la
science de la religion révèle la possibilité de reconstituer les croyances nécessaires au consensus, ou pour
reprendre l’analyse de Raymond Aron : « la science, en découvrant la réalité profonde de toutes les
religions, ne crée pas une religion, mais elle donne confiance dans la capacité des sociétés de se donner
à chaque époque les dieux dont elle a besoin. Les intérêts religieux, dira Durkheim, ne sont que la forme
symbolique d’intérêts sociaux et moraux ». Il serait donc illusoire de croire, comme avait essayé de le faire
Auguste Comte de créer une religion individuelle. La religion est une création collective.

Pareto

On pourrait schématiquement articuler la pensée de Pareto autour de deux axes :


- La théorie des résidus et des dérivations,
- La théorie des élites.

La théorie des résidus des dérivations


C’est l’idée centrale de Pareto qui servira à comprendre sa théorie sur les élites. Dans les comportements
humains, ou plutôt les phénomènes de société, il y a les résidus qui sont les sentiments ou l’expression de
ces sentiments inscrits dans la nature humaine, et puis, d’un autre côté, il y a les dérivations qui sont les
systèmes intellectuels de justification par lesquels les individus camouflent leurs passions ou donnent une
apparence de rationalité à des propositions ou à des conduites qu’ils n’ont pas. Si l’homme se conduit
rarement de manière logique, il veut toujours faire croire à ses semblables qu’il se conduit ainsi. La
classification des résidus est une analyse théorique de la nature humaine. Ces résidus sont de l’ordre de six
classes, mais on ne retiendra en matière d’analyse politique que les deux premières :
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- la 1ère est celle de « l’instinct des combinaisons »,


- la 2ème « la persistance des agrégats »,
- la 3ème « le besoin de manifester des sentiments par des actes extérieurs »,
- la 4ème est celle « des résidus en rapport avec la sociabilité »,
- le 5ème s’appelle « intégrité de l’individu et de ses dépendances »,
- la 6ème « les résidus sexuels ».

La 1ère classe de résidus est constituée par les résidus correspondant à l’instinct des combinaisons. Il renvoie
à la tendance à établir des relations entre les idées et les choses, à raisonner bien ou mal. Il comporte ce
que Pareto appelle « le besoin de développement logique ». Il est à l’origine des progrès intellectuels de
l’humanité, du développement de l’intelligence et de la civilisation. Les sociétés les plus brillantes, qui ne
sont pas nécessairement les plus morales, sont celles où les résidus de la 1ère classe sont en abondance.
Athènes du Ve siècle avant notre ère, la France du début du XXème siècle sont, d’après Pareto, des sociétés
comblées de résidus de la 1ère classe. Il y avait moins de résidus de la 1ère classe à Sparte et dans la Prusse
du XVIIIème siècle.

La 2ème classe est la persistance des agrégats qui est l’antinomique de la 1ère. La 1ère est mue par un désir
de changement, la 2ème s’installe dans l’inertie et maintient les combinaisons déjà formées.

Il est fondamental de s’arrêter sur l’analyse que donne Pareto aux changements qui s’opèrent suite à des
révolutions. Elles ne portent que sur les personnes et les idées au nom desquelles ceux- ci gouvernent et
éventuellement l’organisation des pouvoirs publics, que les mœurs, les croyances ou les religions.. Les
transformations violentes voulues par les hommes politiques se heurtent à la résistance des résidus de la
2ème classe.

2- Les dérivations sont les éléments variables de l’ensemble constitué par la conduite humaine et son
accompagnement verbal. Elles sont l’équivalent de l’idéologie et de théorie justificative. Ce sont les
moyens divers, particulièrement à travers le discours, par lesquels les individus et les groupes donnent une
logique apparente à ce qui n’en a pas, ou pas autant que les acteurs voudraient le faire croire.
Pareto reconnaît que les dérivations, par simple affirmation, ou argument d’autorité, ou la référence à un
principe ont un caractère non-logique, mais reconnaît par la même occasion que les hommes politiques
ne peuvent se conformer à des considérations logiques, ce ne serait ni possible ni efficace. C’est à ce titre
que la répétition en politique a plus d’effet que la valeur logico-expérimentale.

La théorie des élites

Pareto part du postulat de l’hétérogénéité des sociétés, et parmi ces expressions, la distinction entre la
masse des individus gouvernés et un petit nombre d’individus qui dominent et qu’il appelle l’élite. Si dans la
sociologie de Marx, la distinction des classes est fondamentale, dans la sociologie de Pareto celle des
masses et de l’élite est décisive. Il y a chez Pareto une définition large de l’élite et une autre restrictive. La
définition large considère comme faisant partie de l’élite le petit nombre des individus qui, chacun dans sa
sphère d’activité ont réussi et sont arrivés à un échelon élevé de la hiérarchie professionnelle. Quant à la
définition restrictive, conforme à son objet d’analyse, elle concerne l’élite gouvernante. Celle-ci est
subdivisée en une élite gouvernementale, et une autre non-gouvernementale, ou contre élite.

L’élite politique se caractérise par ses dons, et par son recours à deux moyens, la force et la ruse. Elle arrive
à tromper la masse par la force ou par la ruse, en laissant entendre qu’elle agit pour le bien du grand
nombre. Cette distinction des deux moyens de gouvernement, la force et la ruse, est la transposition de
l’opposition que fait Machiavel entre les lions et les renards. Les élites politiques se divisent en deux familles
dont l’une pourrait être appelée celle des lions, car elle marque une préférence pour la brutalité, et
l’autre, celle des renards, parce qu’elle incline à la subtilité. Les renards recourent à la ruse et la subtilité et
s’efforcent de maintenir leur pouvoir par la propagande et les combinaisons politico-financières. Les lions
sont ceux qui recourent à la force.

Sans récuser donc l’idée de luttes de classes chère à Marx, Pareto penche plutôt pour une lutte entre élites
et masses, sur fond de luttes de classes. A supposer même qu’il n’y ait plus de contradiction entre le travail
et le capital, les élites continueront, càd qu’on aboutira à une élite qui gouvernera au nom de la dictature
du Prolétariat. C’est toujours l’avènement des aristocrates, ou pour reprendre l’expression de Pareto :
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« l’histoire des sociétés humaines est en grande partie l’histoire de la succession des aristocraties ». L’histoire
des sociétés est donc celles de la succession des minorités privilégiées qui se forment, luttent pour le
pouvoir, en profitent, puis tombent en décadence, pour être remplacées par d’autres minorités.

« Ce phénomène des élites qui, par un mouvement incessant de circulation, surgissent des couches
inférieures de la société, montent dans les couches supérieures, s’y épanouissent et ensuite tombent
en décadence, sont anéanties, disparaissent, est un des principaux de l’histoire, et il est
indispensable d’en tenir compte pour comprendre les grands mouvements sociaux. » (le système
des socialistes, T1, p 24)

Ce mouvement de circulation des élites est expliqué par Raymond Aron dans ces termes :
« ..Au bout de quelques générations, les aristocraties perdent de leur vitalité ou de leur capacité
d’utiliser la force. On ne gouverne pas les hommes, dirait volontiers Pareto, sans une certaine
propension à la violence, encore qu’il ne faille pas confondre la force et la violence qui, dit Pareto,
accompagne souvent la faiblesse. Généralement, les petits fils ou les arrières petits fils de ceux qui
ont conquis le pouvoir, ont profité dès leur naissance d’une situation privilégiée. Ils se consacrent aux
combinaisons intellectuelles, parfois aux jouissances supérieures de la civilisation et de l’art, mais
deviennent ainsi incapables de l’action qu’exige l’ordre social. Selon la philosophie de Pareto, ce
sont souvent les aristocraties devenues les plus modérées et, par suite les plus supportables pour les
peuples, qui victimes de leurs faiblesses, sont emportés par une révolte et remplacées par une élite
violente. La noblesse française de la fin du 18e siècle était épuisée. Elle adhérait à une philosophie
humanitaire, savait jouir de l’existence, encourageait les idées libérales. Elle a péri sur l’échafaud. »
(Aron : les étapes de la pensée sociologique).

Comment s’opère cette circulation ? Aron l’explique :


« Il ne peut pas y avoir d’harmonie durable entre les dons des individus et les positions sociales que
ceux-ci occupent. (…) Les lois de l’hérédité sont elles que l’on ne peut compter que les fils de ceux
qui étaient doués pour commander seront doués eux aussi. Il y a dans l’élite, à chaque moment, des
individus qui ne méritent pas d’en faire partie, et dans la masse, des individus qui ont les qualités pour
appartenir à l’élite. (..) Toute élite qui trouve en face d’elle, dans la masse, une minorité qui serait
digne d’appartenir au petit nombre des dirigeants, a le choix entre deux procédés, qu’elle peut
employer simultanément en des proportions variables : éliminer les candidats à l’élite, qui sont
évidemment des révolutionnaires, ou les absorber. Ce dernier procédé est évidement le plus humain
et aussi peut-être le plus efficace, càd le plus à éviter les révolutions. L’élite qui a déployé le plus de
virtuosité dans la méthode d’absorption des révolutionnaires potentiels est l’élite anglaise qui depuis
plusieurs siècles a ouvert ses portes à quelques uns des plus doués de ceux qui n’étaient pas nés
dans la classe privilégiée. L’élimination comporte différents procédés. Le plus humain est l’exil.(..) Le
procédé inhumain est l’élimination. » (ibid)

Résumons ainsi la théorie de la circulation des élites. Quand une élite a été longtemps au pouvoir, elle
souffre d’un excès de résidus de la 1ère classe. Elle devient trop intellectuelle et répugne à employer les
moyens de force, et de ce fait elle devient même vulnérable. L’équilibre social, càd la situation qui réduit
les risques de révolution, suppose un certain degré d’abondance des résidus de la 1ère classe dans l’élite,
et une abondance plus grande des résidus dans de la 2ème classe dans la masse, ou pour reprendre
l’expression de Pareto « il faut de la religion pour le peuple, et de l’intelligence aux gouvernants ».

Max Weber
On a souvent pris Max Weber pour l’anti-Marx, pour avoir inversé l’ordre marxiste sur l’influence de la
superstructure sur la superstructure, et à avoir plutôt privilégié les phénomènes culturels sur le
développement économique. La thèse de Weber sur l’influence de l’éthique protestante sur le
développement capitaliste prend la thèse marxiste par l’envers. Tous ceux qui ne se retrouvaient pas dans
la thèse marxiste, ou qui la rejetaient pour des raisons idéologiques retrouvaient dans Max Weber une
source d’inspiration. Cette image de marque ne peut éclipser l’homme de science qui s’est penché sur
l’analyse de phénomènes sociaux avec le regard froid de l’homme de science pour comprendre ce
phénomène qui devait l’interpeller, inhérent aux temps modernes, la rationalité. Max Weber part par la
distinction de quatre types d’action :
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- L’action rationnelle par rapport à un but, est celle où on conçoit le but et on mobilise les
moyens pour y parvenir. Elle est l’action de l’ingénieur qui construit un pont, du général qui veut
remporter la victoire.
- L’action rationnelle par rapport à une valeur,
- L’action affective ou émotionnelle, dictée par l’état de conscience ou l’humeur du moment.
- Et enfin l’action traditionnelle.

Le trait marquant des temps modernes est la rationalisation. Le sociologue ne se borne pas à rendre
intelligible le système de croyances et de conduite des collectivités, il veut établir comment les choses se
sont passées, comment une certaine manière de croire détermine une certaine manière d’agir, comment
une certaine organisation de la politique influe sur l’organisation de l’économie. En d’autres termes, les
sciences sociologiques veulent expliquer causalement, en même temps qu’interpréter de manière
compréhensive. C’est à ce titre qu’on se pose la question, qui est le fondement de la thèse de Weber :
dans quelles mesure les conceptions religieuses ont-elle influé sur le comportement économique des
diverses sociétés.

On a souvent affirmé que Weber s’était efforcé de réfuter le matérialisme historique et d’expliquer le
comportement économique par les religions au lieu de postuler que les religions étaient la superstructure
d’une société. En fait, la pensée de Weber est plus nuancée, car ce qu’il voulait démontrer était que les
conduites des hommes ne sont intelligibles que dans le cadre d’une conception générale que les
hommes se sont faits de l’existence. Les dogmes religieux et leur interprétation font partie de cette vision
du monde. A la base du capitalisme, il y a une vision du monde qui a un soubassement religieux.

Le capitalisme se définit par l’existence d’entreprises dont le but est de faire le maximum de profit et dont
le moyen est l’organisation rationnelle du travail et de la production. C’est la jonction du désir de profit et
de la discipline rationnelle qui constitue historiquement le trait singulier du capitalisme. Des individus avides
d’argent, il y en a eu dans toutes les sociétés, mais ce qui est propre aux sociétés capitalistes c’est que
cette propension à se faire de l’argent ne se fait pas par la conquête, la spéculation ou l’aventure mais
par la discipline et la science. Elle est recherche de la rentabilité :
« Les particularités du capitalisme occidental n’ont reçu leur signification moderne que par leur
association avec l’organisation capitaliste du travail. (..) Dans une histoire universelle de la
civilisation, le problème central ne sera pas pour nous le développement de l’activité capitaliste
en tant que telle, différente de forme suivant les civilisations : ici aventurière, ailleurs mercantile, ou
orientée vers la guerre, la politique, l’administration ; mais bien plutôt le développement du
capitalisme d’entreprise bourgeoise, avec son organisation rationnelle du travail libre. »

Le trait marquant du capitalisme est la recherche du profit sur la base d’une rationalité bureaucratique
donc. La bureaucratie n’est certes pas une singularité occidentale. D’autres civilisations l’avaient connue,
l’Egypte ancienne, l’Empire chinois, l’Eglise catholique romaine, mais le trait marquant de la bureaucratie
occidentale, disons moderne, est la spécialisation sur une base rationnelle et impersonnelle. La
rationalisation bureaucratique est le trait marquant des sociétés modernes, et en cela Max Weber diffère
de Karl Marx, car celle-ci quel que soit le statut de la propriété et les modes de production, se poursuivra.

A la base du capitalisme, avec ses traits qui le distinguent d’autres expériences, comme nous venons de le
voir, une certaine façon de voir le monde, qui a elle-même un substrat spirituel. Le capitalisme est décliné
de la conception calviniste, elle-même dérivée du protestantisme. Nous mettons l’accent sur deux idées
propres à cette conception calviniste :
- L’homme, qu’il doive être sauvé ou damné, a pour devoir de travailler à la gloire de Dieu et de créer
le Royaume de Dieu sur terre.
- Les choses terrestres, la nature humaine, la chair, appartiennent à l’ordre du péché et de la mort, et le
salut ne peut être pour l’homme qu’un don totalement gratuit de la grâce divine.

Une vision religieuse de cet ordre exclut tout mysticisme. Cette conception est aussi antiritualiste et incline
la conscience vers la reconnaissance d’un ordre naturel que la science peut et doit explorer. Elle est
favorable à la science et contraire à toute forme d’idolâtrie. Elle contribue à «ce processus de
désenchantement du monde qui a débuté avec les prophéties du judaïsme ancien, qui de concert avec
la pensée scientifique grecque, rejetait tous les moyens magiques d’atteindre au salut comme autant de
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superstition et de sacrilège ». Max Weber suggère que certaines sectes calvinistes ont fini par trouver le
succès économique, la preuve du choix de Dieu.

Dans un monde rationnel et une société compartimentée, l’individu est condamné à être un homme de
métier, appelé à accomplir une fonction sociale étroite à l’intérieur d’ensembles vastes et anonymes, sans
cette possibilité d’épanouissement total de la personnalité qui était concevables à d’autres époques. Est-
ce donc le tribut à la modernité ?

Notes de cours de Aourid


Notes écrites, il faut réécouter l’audio
Nous allons voir 3 grands noms de la sociologie moderne, fondateurs d’une nouvelle pensée. Fin du 19eme
siècle tous les 3 sont morts au début du 20e siècle.

Le 1er en terme de chronologie est Emile Durkheim, un juriste Français.


HH: David Émile Durkheim né le 15 avril 1858 à Épinal et mort le 15 novembre 1917 à Paris, est un sociologue
français considéré comme l'un des fondateurs de la sociologie moderne. En effet, si celle-ci doit son nom à
Auguste Comte à partir de 1848, c’est grâce à Durkheim et à l'École qu'il formera autour de la revue
L’Année sociologique (1898) que la sociologie française a connu une forte impulsion à la fin du 10e siècle
et au début du 20e. Formé à l'école du positivisme, Durkheim définit le « fait social » comme une entité sui
generis (voir section Sociologie), c'est-à-dire pour lui en tant que totalité non réductible à la somme de ses
parties. Cette définition lui permet de dissocier l'individuel du collectif et le social du psychologique, et de
fonder logiquement les conditions de possibilité d'une action contraignante de la société sur les individus.
« Extériorité, étendue et contrainte caractérisent le fait social » : cette thèse fit de lui le véritable fondateur
de la sociologie en tant que discipline autonome et scientifique. Durkheim est à l'origine de plusieurs
termes qui sont aujourd'hui très répandus, comme anomie et conscience collective. L'apport de Durkheim
à la sociologie est fondamental, puisque sa méthode, ses principes et ses études exemplaires, comme
celle sur le suicide ou la religion, constituent toujours les bases de la sociologie moderne. Toutefois, l'apport
de son oeuvre va bien au-delà de cette discipline et touche presque toutes les disciplines dans les
sciences humaines, dont l'anthropologie, la philosophie, l'économie, la linguistique, et l'histoire.

La société française de l’époque est une société agricole mais en voie d’industrialisation. Tout commence
par la société, l’individu est une conséquence. Or une société comme une maison a besoin de ciment, un
joint qui regroupe les briques, la conscience collective. Il y a dans chaque société une forme de
conscience collective qui leur permet de vivre ensemble. Mais il y a des sociétés où cela se fait de
manière mécanique comme dans les sociétés tribales, exemple la tribu de Z3ir. Mais les sociétés modernes
ont un autre lien, un lien organique. Exemple: je vis à Rabat, il n’est pas dit que je doive avoir des relations
avec les gens de Rabat

Durkheim nous dit que dans les sociétés primaires où la conscience collective détermine la majorité de la
vie. Dans une société tribale l’espace intime est restreint. La conscience collective envahit tout l’espace et
réduit l’espace individuel. Exemple vous vivez dans une tribu X vous savez qu’il y a un code moral ex il ne
faut pas voler ni avoir des relations hors mariage…votre individualité est restreinte dans une société
primaire.

Vous vivez à Rabat et vous êtes architecte. Votre appartenance est organique, vous l’avez choisie. Voter
appartenance est au corps des architectes. Que vous fassiez Ramadan ou noble corps d’architecte n’a
pas d’emprise sur vous.

Durkheim a observé l’évolution de la société française: un taux très élevé de suicide. Le taux a augmenté.
Si le suicide ne relève pas de la sociologie mais de la psychologie, le phénomène est devenu sociologique
par la récurrence du nombre. Durkheim est allé à l’hôpital pour avoir des informations sur les suicidés. c’est
la 1ère fois que nous avons une approche statistique. Les sociétés occidentales ont un problème avec la
conscience collective. Ils n’ont plus ce lien qui les regroupe. Donc généralement les sociétés qui passent
d’un ordre à l’autre il y a absence de règles. Durkheim l’appelle Anomie (nomos = règle) ces sociétés
deviennent fragiles. L’anomie c’est l’absence de règles ou de conscience collective. Le suicide est
l’expression d’une anomie. La société a fait une mutation et était en mal de règles. Parmi les phénomènes
sur lesquels s’est penché Durkheim c’est la religion. Toutes les sociétés reposent sur la religion.
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Contrairement à Karl Marx qui considérait la religion comme l’opium du peuple, Durkheim dit qu’il n’y a
pas de société sans religion. La religion est l’expression de cette conscience collective. Le nationalisme est
une forme de religion, il y a un dogme et un rituel. (Dogme = on croit en qqchose)
Chaque religion repose sur un dogme, un rituel et des règles d’éthique. Honorer une religion c’est honorer
sa propre société. Il n’a pas de société sans religion.
l’idéologie est une forme moderne de religion. Le consumérisme ou le phénomène des stars est une forme
de religion. Le foot est une forme de religion. En latin religion : lien, relier les membres d’une société.

A retenir:
- Différence d’appartenance:
- Mécanique, que vous ne choisissez pas
- Organique, que vous choisissez
- La société est première et l’individu est la conséquence de la société.
Dénominateur commun d’un groupe c’est la conscience collective. Sans elle la société devient objet de
turbulences. Au Maroc on est dans une phase transitoire. Suicide, violences, criminalité…nous sommes
dans une forme d’anomie. Sur le plan démographique le Maroc n’Est plus une société rurale. Ex
rescencement 1971, 70% des marocains vivaient dans les campagnes. Maintenant la société marocaine
est citadine.

HH: La Théorie de la religion de Durkheim


Définition de la religion
Durkheim consacre Les formes élémentaires de la vie religieuse à une étude de la religion. En le faisant, il
propose d'étudier la religion comme fait social. Suivant sa méthode, il définit la religion ainsi : « Une religion
est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées,
interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous
ceux qui y adhèrent. »

Durkheim évite le mot Dieu dans sa définition, préférant le concept d'objet sacré. Les objets sacrés sont au
coeur de toute religion, mais ils ne font pas nécessairement allusion à une force surnaturelle. Des objets
physiques, comme une plume, un drapeau, une croix, ou une pierre, peuvent être infusés de ce pouvoir
collectif et ainsi servir comme représentations physiques de l'objet sacré d'une société, devenant sacré
dans cette manière.

Cette définition contient également les concepts de sacré, église, rites, et communauté morale que nous
voyons dans sa définition de la religion. Il est aussi important de noter l'importance du social dans sa
définition de la religion. Effectivement, Durkheim lutte contre des interprétations animistes ou naturalistes
de la religion. Les animistes trouvent l'origine de la religion dans les phénomènes psychologiques, comme
les rêves. Les naturalistes trouvent l'origine de la religion dans la tentative d'expliquer les événements
naturels (orages, tremblements de terre) par des forces surnaturelles. Durkheim argumente que ces
interprétations sont apprises socialement, et ne sont que le résultat d'une religion déjà établie, pas sa
cause. Pour réfuter la thèse naturaliste, Durkheim note également que la foi à la religion se maintient,
même quand la religion exprime les forces naturelles d'une manière erronée, ou, bien quand elle est
contredite par les faits naturels. La cause de la religion doit donc se trouver ailleurs.

Les origines et le fonctionnement de la religion


D'après Durkheim, la religion trouve ses origines dans des forces sociales qui sont toujours présentes dans
une communauté. Il ne s'agit pas, donc, de chercher l'origine ultime de la religion (une question
métaphysique inutile selon lui), mais de chercher comment ces forces sociales peuvent se traduire par la
forme concrète qui est la religion. Selon Durkheim, ces forces sociales se concrétisent dans des moments
de ce qu'il nomme « effervescence collective ». Ces moments arrivent quand tous les individus d'un groupe
sont rassemblés pour communiquer « dans une même pensée et dans une même action ». « Une fois les
individus assemblés il se dégage de leur rapprochement une sorte d’électricité qui les transporte vite à un
degré extraordinaire d’exaltation ». Durkheim appelle cette énergie « mana ». On peut voir aujourd'hui
cette force mana dans les stades de football ou lors des réunions nationales politiques. Ensuite, pour que la
société puisse prendre conscience de cette force mana, il faut qu'elle soit projetée sur un objet extérieur,
matériel. Comme il dit, « La force religieuse n’est que le sentiment que la collectivité inspire à ses membres,
mais projeté hors des consciences qui l’éprouvent, et objectivé. Pour s’objectiver, il se fixe sur un objet qui
devient ainsi sacré ». Ainsi, la société devient consciente de soi, de sa propre unité, et une religion est née.
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Il est important de comprendre que le symbole religieux ne fait qu’hypostasier* la force de la société, et le
pouvoir de la société coule à travers l'objet sacré. Cette force est réelle, souligne Durkheim, et donc,
même si le dogme ou la doctrine de la religion sont faux, l'expérience religieuse est fondée sur une force
physique, une sorte d'électricité que nous ne pouvons pas écarter comme une simple illusion. L'énergie
collective dégagée pendant ces moments d'effervescence doit être ranimée pour que la religion
maintienne sa force parmi ses adhérents. C'est pour cette raison qu'il y a tellement de rites religieux ou
d'autres cérémonies collectives. Si la société n'arrive pas à accomplir ces rites, elle risque de mourir. Ces
rites sont, donc, d'ordre primaire pour la société. Tous les groupes humains ont une religion, ce qui mène
Durkheim à dire que la religion est une caractéristique de la condition humaine. Autrement dit, aussi
longtemps que l'homme se trouve rassemblé en groupe, il va se former une religion d'une certaine forme.

*Dans le contexte de la religion, hypostasier signifie conférer une existence réelle à une idée ou à un concept.
Dans la phrase que vous citez, l'auteur suggère que les symboles religieux ne sont pas des réalités en soi,
mais qu'ils sont plutôt des représentations de la force de la société. Le pouvoir de la société est donc
transféré au symbole, qui devient une sorte de médiateur entre la société et les individus. Par exemple, une
croix chrétienne est un symbole religieux qui représente la mort et la résurrection de Jésus-Christ.
Cependant, la croix n'est pas en soi une réalité divine. Elle est simplement une représentation de la force
de la religion chrétienne. Le pouvoir de la religion chrétienne est donc transféré à la croix, qui devient un
objet sacré.

La mort des dieux


« Les anciens dieux vieillissent ou meurent, et d’autres ne sont pas nés. »— Durkheim, Les formes
élémentaires de la vie religieuse.

Dans presque toute l'oeuvre de Durkheim, une des thématiques les plus importantes est celle du malaise
dont la société occidentale a souffert aux 19e et 20e siècles. Il note, déjà dans De la division du travail
social les transformations majeures et rapides qui ont marqué la société européenne depuis plus d'un
siècle. Cela inclut non seulement la montée de la science moderne, mais aussi l'industrialisation,
l'urbanisation de la population et des transformations dans la communication et le transport (chemins de
fer, téléphone, machine à vapeur, etc.) qui arrivent à rendre la population beaucoup plus mobile. Cela
donne à la modernité des conditions de vie radicalement différentes de celles qui précédaient. Ces
transformations mènent, suivant Durkheim, à « un affaiblissement de toutes les traditions ». Il indique que la
religion chrétienne ne tient plus la société occidentale en forme et que la vie moderne dépasse de loin la
doctrine du christianisme. Il dit ainsi : « Les grandes choses du passé, celles qui enthousiasmaient nos pères,
n'excitent plus chez nous la même ardeur, soit parce qu'elles sont entrées dans l'usage commun au point
de nous devenir inconscientes, soit parce qu'elles ne répondent plus à nos aspirations actuelles ; et
cependant, il ne s'est encore rien fait qui les remplace. Nous ne pouvons plus nous passionner pour les
principes au nom desquels le christianisme recommandait aux maîtres de traiter humainement leurs
esclaves, et, d'autre part, l'idée qu'il se fait de l'égalité et de la fraternité humaine nous paraît aujourd'hui
laisser trop de place à d'injustes inégalités. » Les normes, la moralité, et la métaphysique chrétiennes n'ont
plus de sens et ne nous inspirent plus. Il s'agit, alors, d'une crise de moralité importante, dont d'autres
auteurs (comme Nietzsche, par exemple) parlent. Cette situation laisse la société sans centre fixe, sans
autorité, et dans un état de désagrégation. Elle est vulnérable à un taux de suicide plus élevé, un
individualisme sans freins, et à un sentiment plus aigu d'anomie, ou de nihilisme, dans lequel « les règles
traditionnelles ont perdu leur autorité ».

Montée de l'individualisme : le culte de l’individu


Durkheim voit dans la mort des anciens dieux l'avènement de nouvelles formes de vie religieuse. Durant le
18e et 19e siècles, la société occidentale connaissait une forte division du travail, la croissance des villes,
l'industrialisation, ce qui a eu l’effet d'individualiser de plus en plus la population. Cette individualisation,
que Durkheim nomme « le culte de l'individu », a comme objet sacré (son dieu) l’individu.
Important pour le concept d'individu de Durkheim, c'est que « c'est celui de Kant et de Rousseau, celui des
spiritualistes, celui que la Déclaration des droits de l'homme a tenté, plus ou moins heureusement, de
traduire en formules ». Durkheim explique, « Ce culte de l'homme a pour premier dogme l'autonomie de la
raison et pour premier rite le libre examen ». On trouve donc déjà, dans le culte de l'individu selon
Durkheim, plusieurs caractéristiques d'une religion : objet sacré, communauté morale, cosmologie.
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HH: La Moralité

La « Structure » de la moralité
Durkheim définit la moralité comme « un système de règles de conduite ». D'abord, Durkheim note un
élément obligatoire dans la morale. Il existe une certaine norme morale préétablie à laquelle nous devons
nous conformer. Ensuite, il y a un élément désiré dans la morale. Le fait que la moralité est désirée est aussi
important que sa nature obligatoire. L'individu se soumet volontiers au code moral et croit qu'il sert le bien
en le faisant. Cependant, pour pouvoir accomplir ce double mouvement, la moralité doit être bien fondée
aux yeux de ceux à qui elle parle. D'après Durkheim, cette autorité morale se trouve au sein de la religion
d'une société. C'est elle seulement qui a les ressources, le respect et le pouvoir, afin d'être à la fois
obligatoire et objet de désir, de bien commun. L'objet sacré d'une société, donc, peut être considéré
comme représentant visible de l'idéal moral d'une société.

Le Changement moral
La théorie morale de Durkheim n'indique pas que la moralité est réfractaire à tout changement. Quelle
peut être l'origine de ces changements ? Selon Durkheim, une modification rapide au sein d'une société
peut provoquer un ébranlement profond de l’organisme social tout entier, et donc de sa conscience
collective. Cela peut se traduire également dans une déséquilibration de la morale d'une société. On peut
voir, donc, qu'en fait un ensemble de « courants moraux » traversent continuellement les sociétés, ce qui
permet l’émergence de nouvelles organisations sociales et également de différentes formes de moralité.
Encore plus, la déviance sociale peut être à l'origine d'un changement de la morale : « L’existence d'une
criminalité avait une utilité généralement indirecte et quelquefois directe; indirecte, parce que le crime ne
pourrait cesser d'être que si la conscience collective s'imposait aux consciences individuelles avec une
autorité tellement inéluctable que toute transformation morale serait rendue impossible ; directe, en ce
que parfois, mais parfois seulement, le criminel a été un précurseur de la morale à venir ». La théorie de
morale de Durkheim laisse, donc, largement place pour le libre arbitre et l'autonomie individuelle.

Déviance morale
Durkheim dit que la déviance morale, voire la criminalité, est un phénomène social normal. Il voyait trois
effets possibles sur la société. D'abord, la déviance peut provoquer le changement social. Elle peut
souligner des problèmes sociétaux et provoquer un changement d'avis de la population générale. Ensuite,
la déviance peut également amener une société à punir le déviant, et donc à défendre les normes
existantes. Dans ce sens la déviance sert à renforcer l'ordre moral en place. Enfin, Durkheim dit que la
déviance peut entrainer une plus grande solidarité parmi la partie de la population affectée par la
déviance.

Morale civique et démocratie


La démocratie directe fut critiquée par Émile Durkheim puisqu'elle nie essentiellement le rôle distinct de
l'État par rapport à la société. Toute société se doit pour lui d'être dirigée par une minorité consciente et
réflective de la pensée irréfléchie de la masse. En ce sens, la démocratie est relative au niveau de
conscience qu'a l'État de la société (par la communication qu'il entretient avec elle) et à l'étendue de la
diffusion de cette conscience dans le corps social (les domaines de la société non reconnus ou ignorés par
l'État étant par définition « inconscients »). Ainsi, la pensée gouvernementale ne devrait pas se confondre
avec la volonté des gouvernés : l’État n'est pas un résumé de la pensée populaire, mais bien un organe
distinct qui surajoute à cette pensée instinctive une pensée plus méditée. Au même titre que le système
nerveux central pour l'organisme vivant, il relève de la plus haute concentration réflective du corps social
et a le devoir de le diriger de manière la plus rationnelle possible (comprendre en ce sens la plus bénéfique
pour l’ensemble).

Si l'État est trop près de la multitude, il sera alors absorbé par elle et il sera impossible qu'elle ne fasse pas la
loi. Au contraire, si l'État se détache trop de la population, la communication sera coupée et l'appareil
gouvernemental agira essentiellement en tant qu’oppresseur. Durkheim prône donc la mise en place de
« groupes secondaires » (territoriaux ou corporatifs) qui agiraient en tant qu'intermédiaires entre la
population et l'État de manière à empêcher la multitude d'imposer sa volonté à l'État tout en la protégeant
contre l'attitude oppressive de ce dernier. Il s'agirait finalement d’établir le plus de communication possible
entre l'État et la société afin de s'assurer que chacun des groupes qui la compose soit reconnu et
représenté. La démocratie pourrait alors s'exercer de manière directe entre la population et ces groupes,
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ainsi qu'entre ces groupes et l’État, mais la relation entre la multitude des individus qui composent la
société et l'état serait essentiellement indirecte.

Un modèle de groupe secondaire est la corporation sous le royaume de France. Durkheim constate que,
après avoir été supprimées lors de la Révolution Française, elles se sont reconstituées d'elles-mêmes
pendant la révolution industrielle. Cela montre, selon lui, qu'elles correspondent à un besoin profond, qui
n'est pas seulement économique, mais qu'elles sont en harmonie avec les nouvelles conditions sociales
aussi bien qu'avec les anciennes ; elles répondent à un besoin moral. Elles ont fondé, à l'époque
médiévale, le trait d'union de la bourgeoisie, donc de la commune urbaine. À partir de là, elles servent de
cadre élémentaire à tout le système de société au début du 20e siècle.

Le lien social
La lecture de Durkheim est intéressante pour un autre point : son étude sur ce qu'il appellera le lien social. Il
y a deux interprétations, une qui se voit dans les textes du jeune Durkheim qui se présente comme
« solidarité mécanique » ou « organique » et une deuxième qui se voit dans les textes plus avancés et qui
est ancrée dans la religion. Cela est dû au fait que Durkheim reconnaissait de plus en plus l'importance de
la religion pour une société, au point où il publie, en 1912, Les Formes élémentaires de la vie religieuse, un
livre consacré à la religion et à ses effets sur la société. Un lien social n'exclut pas forcément l’autre.
Durkheim développe aussi l'idée, dans Le Suicide, La Division du Travail social, ou même dans Les Formes
élémentaires de la vie religieuse que le lien social peut être sujet à des dysfonctionnements. Ainsi une
division du travail trop poussée, trop spécialisée, peut entraîner l'isolement. Une crise du lien social peut
alors apparaître si l'isolement l'emporte sur la solidarité et le partage de quelque chose en commun.

Solidarité mécanique et Solidarité organique


Témoin de la naissance de la société industrielle, Durkheim se pose la question de savoir comment
s'unissent les hommes dans une société qui s'individualise de plus en plus. Dans son livre, La Division du
travail social, Durkheim définit ainsi l'évolution de la solidarité : les sociétés traditionnelles passées se
fondaient sur une solidarité mécanique impliquant des comportements collectifs et des activités de
production faiblement différenciés. Cette solidarité reposait sur la proximité, la ressemblance et le partage
d'une histoire et de valeurs communes aux communautés humaines. Mais cette solidarité doit laisser place
à une solidarité devenue organique pour s'imposer dans nos sociétés modernes. Cette solidarité se définit
par l'interdépendance et la complémentarité (c'est-à-dire que la société fabrique un système de parties
spécialisées dont toutes sont nécessaires pour le fonctionnement de la société - par exemple sans le
fermier il n'y a pas de boulanger ni de supermarché, sans le supermarché ou le boulanger, la nourriture du
fermier n'arrive pas à la population qui en a besoin, etc.) qu'impose la société moderne aux êtres humains.
Celle-ci s'étant mise en place avec la division du travail social produit par la forte densité démographique
du pays et l'avance de la technologie. La division du travail se produit parce qu'avec la division du travail
social, les individus ne se ressemblent plus, ne vivant plus dans le même lieu et ayant tous des travaux
différents. La division du travail social semble alors créer pour Durkheim un lien d'interdépendance, une
fonction sociale, entre les êtres humains. Paradoxalement, la société est sauvée par ce qui la met en
danger, la diversité de la population.

Le Suicide
Le Suicide, publié en 1897, est une étude sociologique empirique où Émile Durkheim met en oeuvre les
principes méthodologiques qu'il a préalablement définis dans Les Règles de la méthode sociologique.
Dans cet ouvrage, il défend l’idée selon laquelle le suicide est un fait social à part entière — il exerce sur les
individus un pouvoir coercitif et extérieur — et, à ce titre, peut être analysé par la sociologie. Ce
phénomène, dont on pourrait penser de prime abord qu'il est déterminé par des raisons relevant de
l'intime, du psychologique, est également éclairé par des causes sociales, des déterminants sociaux. La
statistique montre en effet que le suicide est un phénomène social normal : c'est un phénomène
majoritaire et régulier que l'on retrouve dans la plupart des sociétés et, au sein de chaque société, les taux
de suicide évoluent relativement peu. « Ce qu'expriment ces données statistiques, c'est la tendance au
suicide dont chaque société est collectivement affligée ». Durkheim va d'abord s'attacher à dégager les
causes du suicide et ensuite proposer une typologie des suicides, selon leurs causes.
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Critiques
Le changement social ?
Durkheim est souvent rejeté en tant que penseur incapable de penser le changement. On l’associe
souvent avec un structuralisme rigide et figé. Ces critiques sont loin d'être valables. Non seulement
Durkheim est capable de penser le changement social, mais le changement social est au coeur de son
projet sociologique, voire philosophique. Son oeuvre contient une théorie du changement social ainsi que
plusieurs analyses dynamiques importantes de la société occidentale.

D'abord, selon Durkheim il y a deux facteurs principaux qui causent le changement social : la croissance
de la population et la technologie, surtout les technologies de la communication et du transport. Ces deux
éléments influent sur la manière dont les individus d'une société interagissent en augmentant les relations
intra-sociales. Le changement social « progresse donc d'autant plus qu'il y a plus d’individus qui sont
suffisamment en contact pour pouvoir agir et réagir les uns sur les autres ». Durkheim appelle le taux auquel
ces relations sont cultivées « la densité morale ou dynamique de la société ». Avec une augmentation de
la densité morale d'une société vient plus de compétition pour des ressources, ce qui fait que les individus
spécialisent leur travail pour mitiger cette compétition. Il en résulte ce que Durkheim appelle « la division du
travail ». Quand les sociétés se développent, les individus vont de la solidarité mécanique à la solidarité
organique, une transformation qui est analysée plus haut. Durkheim consacre la majorité de son oeuvre,
De la division du travail social, à une analyse des effets de la division du travail sur la société occidentale,
incluant la transformation de l'Europe d'une société féodale à échelle régionale, à une société moderne,
industrialisée, et internationale. Ces changements aux niveaux économique et matériel ont un effet aussi
sur la conscience collective de la société. La population devient de plus en plus individualisée, on voit la
montée de la science moderne, le christianisme devient de moins en moins pertinent et est remplacé par
le culte de l'individu. En effet, il y a toute une gamme de transformations dans l'occident analysées par
Durkheim, concernant la moralité, la religion, l'économie, la technologie, le concept de soi, le savoir, etc.,
et cela non seulement dans son premier grand livre, mais aussi dans Le Suicide, Les Formes élémentaires de
la vie religieuses, et dans plusieurs articles le long de sa carrière.

Le crime
Une des affirmations de Durkheim a suscité l'incompréhension chez ses contemporains : dans Les règles de
la méthode sociologique, il expose que le crime est présent dans toutes les sociétés (normalité de fait) et
qu'il est "lié aux conditions fondamentales de toute vie sociale" (normalité de droit). En plus d'être
nécessaire, et donc normal, il a aussi une utilité (ce n’est pas l'utilité d'un fait social qui fait sa normalité : "s'il
est vrai que tout ce qui est normal est utile, à moins d'être nécessaire, il est faux que tout ce qui est utile soit
normal"). Un fait social est normal pour un type social déterminé, considéré à une phase déterminée de
son développement, quand il se produit dans la moyenne des sociétés de cette espèce, considérées à la
phase correspondante de leur évolution. Bien qu'il soit non-conforme aux normes sociales, il est présent
dans toutes les sociétés, ce qui fait de lui un phénomène normal. De plus, « le tort qu'il fait à la société est
annulé par la peine, si elle fonctionne régulièrement ». Il est donc possible de juger le bon fonctionnement
d'une société selon la répression exercée sur les crimes. Disciple et collaborateur de Durkheim, Paul
Fauconnet a développé une stimulante analyse sociologique de la responsabilité pénale, qui prolonge les
analyses durkheimiennes de la fonction sociale du crime ; il en souligne notamment la dimension
sacrificielle.
Le crime est normal
Dans son ouvrage Les règles de la méthode sociologique, Émile Durkheim affirme que le crime est un
fait social, c'est-à-dire un phénomène qui se produit dans la société et qui est influencé par les
normes et les valeurs sociales.
Durkheim soutient que le crime est normal dans deux sens.
• En premier lieu, le crime est normal de fait, car il est présent dans toutes les sociétés.
Durkheim observe que, dans toutes les sociétés, il existe des personnes qui commettent des
actes qui sont considérés comme des crimes.
• En second lieu, le crime est normal de droit, car il est lié aux conditions fondamentales de
toute vie sociale. Durkheim explique que le crime est nécessaire pour définir les normes et les
valeurs sociales. En effet, le crime permet de mettre en évidence ce qui est acceptable et
ce qui ne l'est pas.
L'utilité du crime
Durkheim va plus loin en affirmant que le crime n'est pas seulement normal, mais qu'il a également
une utilité. Il explique que le crime permet de renforcer la cohésion sociale. En effet, le crime suscite
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la réaction de la société, qui se mobilise pour le punir. Cette réaction collective renforce le sentiment
d'appartenance des individus à la société.
Le crime comme sacrifice
Le disciple et collaborateur de Durkheim, Paul Fauconnet, a développé une analyse sociologique
de la responsabilité pénale qui prolonge les analyses durkheimiennes de la fonction sociale du
crime. Fauconnet souligne notamment la dimension sacrificielle du crime. Selon Fauconnet, le crime
est un sacrifice que la société fait à elle-même. Le criminel est une victime sacrificielle qui permet à
la société de se purifier et de se régénérer.

Critique épistémologique
Bien que Durkheim ait cherché à fournir des explications sociologiques aux phénomènes qu'il étudiait et
qu'il ait fortement réussi dans sa démarche, à un endroit il a failli à sa propre logique. Dans le cas de son
étude sur Le Suicide, Durkheim a écrit que si les femmes se suicidaient moins que les hommes, après un
deuil ou un divorce, cela était dû à une différence naturelle qui impliquait selon lui un comportement plus
instinctif : « Mais cette conséquence du divorce est spéciale à l'homme ; elle n'atteint pas l'épouse. En
effet, les besoins sexuels de la femme ont un caractère moins mental, parce que d'une manière générale
sa vie mentale est moins développée. Ils sont plus immédiatement en rapport avec les exigences de
l'organisme, les suivent plus qu'ils ne les devancent et y trouvent par conséquent un frein efficace. Parce
que la femme est un être plus instinctif que l'homme, pour trouver le calme et la paix, elle n'a qu'à suivre
ses instincts. Une réglementation sociale aussi étroite que celle du mariage et, surtout, du mariage
monogame ne lui est donc pas nécessaire. » Ce type de thèses, courantes à l'époque, sur la différence
des sexes quant à l'instinct et l'intelligence a été réfuté par certains critiques car il contrevient aux
connaissances actuelles.

P
areto, un italien

Un grand nom qui a révolutionné la sociologie, un ingénieur, un polytechnicien. L’Italie a énormément


contribué au développement de la science politique. Pareto est une séquence très importante avec la
théorie des Élites.
Sa mère était française et donc il connaissait la langue française. Comme il était italien il était marqué par
la pensée de Machiavel. Le prince, être renard pour déjouer les pièges des lions, et lion pour …
Pour Pareto il ne s’agit pas du prince mais des politiques. Deux catégories: les gens malins et les gens qui
ont la force.
l’Élite avec un grand E qu’il différenciait de l’élite. Les personnes ayant réussi dans leurs domaines . Ce qui
l’intéresse c’est l’Élite politique qui gouverne. En arabe assafoua, au singulier.
Pareto dit que les Élites politiques se différencient de 2 manières:
- l’instinct des combinaisons: de combine. L’instinct d’intelligence et de pensée. On peut le comprendre
par « intelligence ». Athène est le modèle où l’Élite était brillante. Et pas très loin, à Sparte, il y avait la
force.
En france, sous louis 14, la société était brillante (Voltaire, Diderot, Rousseau, Montesquieu…). L’Élite était
intelligence. Par contre la société de la Prusse, l’Allemagne, était marquée par la force, presque le
m^me modèle que chez Machiavel.
- La persistance des agrégats: une société avec une Élite brillante finit par se ramollir, car leurs enfants
n’ont pas forcément les mêmes aptitudes et n’arrivent pas à résister à une contre Élite. Pour éviter que la
révolution se fasse de manière violente, il faut que l’Élite ne soit pas fermée. Il faut une circulation des
Élites.
Exemple du Maroc: circulation des Élites, un modèle réussi. La quête pour l’indépendance, l’Élite
intelligence formée par l’Istiqlal. Mais après l’indépendance le vrai pouvoir était aux mains des militaires. Ils
ne voulaient pas partager le pouvoir avec l’UNFP. Rapport conflictuel.
Pour Pareto l’histoire est faite par les Élites. L’Histoire est le cimetière des Élites.

M
ax Weber

Est considéré comme l’anti Karl Marx. Karl nous dit que c’est l’infrastructure qui détermine
Max Weber nous dit non ce n’est pas vrai. C’est le contraire. C’est notre vision du monde qui détermine
notre condition matérielle.
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Au début il y a la notion de vision du Monde, c’est le terme allemand qui est retenu: Weiltschauung.
Monde vision. Déterminé les conditions matérielles.
Il commence par une observation. Livre classique l’Éthique protestante. Dans ce livre, Max Weber qui était
philosophe et qui est devenu sociologue, regardait la société allemande: ceux qui réussissent sont les
protestants. Il y a une éthique chez les protestants qui fait qu’ils ne rejettent pas la matière. Il faut gagner
de l’argent, ce n’est pas une mauvaise chose l’argent. Cela a créé le capitalisme. En travaillant dur les
protestants adoraient Dieu. Ce faisant ils sont devenus riches. Ils ont créé le capitalisme: un système qui
permet de s’enrichir par une approche et une gestion rationnelles.
Avant la révolution industrielle, on devenait riche par la guerre et les conquêtes. Pareil les arabes sont
devenus riches par la domination et la conquête.
Le mot que va utiliser Weber c’est la bureaucratie. Qui n’est pas qqchose de négatif. Elle repose sur la
spécialisation. Ce n’était pas un mot péjoratif. La bureaucratie permet qu’on devienne plus performants.
MAIS il y a un prix: désenchantement du monde ==> perdre ses illusions.

Un monde sans mystère, perdre toutes ses illusions. La science, la modernité…nous expliquent le monde
mais il devient sans mystère. La modernité nous permet de comprendre le monde mais il perd son mystère.

Livre à lire: la sociologie des religions.

Pour Max Weber, une religion n’est pas que les Écritures. Ce qui fait la religion c’est l’interprétation.
Ex: la langue ce n’est pas le dictionnaire, c’est ce qui se produit comme texte.
Un voile théocratique. Une religion repose sur l’archétype : le trait saillant.

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