Haiti HRR 2019 Fre Final
Haiti HRR 2019 Fre Final
Haiti HRR 2019 Fre Final
RÉSUMÉ ANALYTIQUE
Parmi les violations significatives des droits de l’homme, il a été signalé des
allégations d’exécutions extrajudiciaires commises par la police, le recours
excessif à la force par la police, des détentions préventives prolongées et
arbitraires, des conditions de détention dures et délétères, un appareil judiciaire
soumis à la corruption et aux influences extérieures, des agressions physiques à
l’encontre des journalistes, la corruption et l’impunité généralisées, des crimes
impliquant de la violence ou des menaces de violence ciblant les personnes en
situation de handicaps physiques, mentaux et de troubles du développement, ainsi
que la violence et la discrimination fondée sur le sexe et le genre.
Des sources crédibles ont accusé la police d'être impliquée dans des exécutions
arbitraires ou extrajudiciaires. Selon des organisations locales de défense des droits
de l’homme, quelque 16 à 22 manifestants ont été victimes d’exécutions
extrajudiciaires perpétrées par la PNH durant des manifestations contre le
gouvernement et la corruption, entre septembre et novembre. Certaines de ces
allégations ont débouché sur des sanctions disciplinaires et administratives mais il
n’a pas été fait état de procédures pénales.
les violences. Publiée le 23 avril, une enquête menée par la Direction centrale de la
police judiciaire (DCPJ) mettait Monchéry et Duplan en cause pour la planification
et la participation aux événements ainsi qu’à la commission d’assassinats, de vols à
main armée, de viols et d'extorsion. La DCPJ a recommandé que des mandats
d’arrêt soient émis à leur encontre. Le juge d’instruction dirigeant l’enquête sur ces
assassinats a émis une interdiction de voyager à l’encontre de Monchéry et de
Duplan en juillet. Ces derniers ont été limogés de leurs postes en septembre. En
novembre, ni les responsables du gouvernement ni les anciens agents de la PNH
impliqués dans ces massacres n’avaient été arrêtés ou mis en accusation pour leur
rôle dans toutes ces violences.
Des organisations locales de la société civile ont rapporté des attaques armées dans
le quartier de Bel Air à Port-au-Prince du 4 au 7 novembre, qui ont fait entre quatre
et 15 morts. Selon la RNDDH, c’est le 6 novembre qui a connu le plus grand
nombre de morts, avec 13 personnes tuées dans l’incendie criminel d’une maison
du quartier. Des comptes rendus de la RNDDH et de l’ONG Fondasyon Je Klere
impliquaient les autorités gouvernementales, la BOID, l’Unité départementale de
maintien de l’ordre de la PNH et l’ancien agent de la PNH, Jimmy Cherizier (aussi
impliqué dans les massacres de La Saline) dans la planification de ces actes de
violence et y avaient participé. En décembre, le bureau du procureur de Port-au-
Prince attendait les conclusions de l’enquête de la DCPJ avant d’entamer des
poursuites.
PNH avaient été tués entre janvier et novembre, par rapport à 17 en 2018. Elles ont
fait valoir que de nombreux gangs entretenaient des liens étroits avec les élites
politiques et économiques qui leur évitaient d’être arrêtés et poursuivis en justice.
En février, le président Moïse a réactivé la Commission nationale de désarmement,
de démantèlement et de réinsertion dans le but d’en finir avec les gangs armés.
b. Disparitions
Il n’a pas été fait état de disparitions causées par les autorités gouvernementales ou
en leur nom.
Selon le Bureau intégré de l’ONU en Haïti (BINUH), 53 personnes ont été tuées et
112 blessées au cours de manifestations antigouvernementales entre le
15 septembre et le 19 novembre, 22 des 53 morts et 55 des 112 blessés étant
imputables à la PNH.
Les conditions dans les prisons et les centres de détention à travers le pays sont
délétères en raison de leur surpeuplement, de leur mauvais entretien et de leur
insalubrité. La MINUJUSTH a rapporté que les prisons et les centres de détention
connaissaient un taux d’occupation de 348 %.
structures de fortune, parfois pour de longues durées, sans les enregistrer auprès de
la DAP.
Il existe des dispositions particulières pour les contrevenants mineurs. Les mineurs
âgés de moins de 13 ans ne sont pas tenus responsables de leurs actes. Jusqu’à
l’âge de 16 ans, les enfants ne peuvent être détenus dans des prisons pour adultes
ou partager une cellule avec des adultes. Les délinquants juvéniles (de moins de
18 ans) sont placés dans des centres de réinsertion dans le but de leur faire
réintégrer la société avec succès. Il existait deux centres de réinsertion, tous deux à
Port-au-Prince, appelés Centres de réinsertion des mineurs en conflit avec la loi
(CERMICOL), qui accueillaient les mineurs jusqu’à l’âge de 18 ans.
En août, les services pénitentiaires, les Nations Unies et les organisations locales
de défense des droits de l’homme ont remarqué une baisse appréciable du nombre
de décès en détention. Le Groupe de l'administration pénitentiaire de l’ONU a fait
état de 45 décès en détention d’août 2018 à janvier 2019 et de 19 entre le 1er mars
et le 15 mai, soit un taux de mortalité de 8,56 pour 1 000 détenus, en baisse par
rapport aux 12,9 relevés dans son rapport antérieur. Health Through Walls a
rapporté que c’est l’anémie causée par la malnutrition qui a été responsable de la
majorité des décès pendant l’année. Les causes de décès exactes étaient difficiles à
déterminer avec certitude car les autorités gouvernementales n’effectuaient pas
régulièrement d’autopsies des détenus décédés. En 2017, le gouvernement a créé
une commission chargée d’enquêter sur les décès imputables aux conditions
carcérales mais, au mois de septembre, cette commission n’avait pas publié ses
conclusions.
La loi interdit les arrestations et les détentions arbitraires mais ne prévoit pas le
droit pour toute personne de contester la légalité de son arrestation ou de sa
détention au tribunal. La Constitution prévoit qu’une personne ne peut être arrêtée
par les autorités que si elle est appréhendée au cours de la commission d’un crime
ou sur la base d’un mandat délivré par un fonctionnaire légalement compétent,
comme un juge de paix ou un magistrat. Les autorités doivent présenter le détenu à
un juge dans les 48 heures qui suivent son arrestation. En emprisonnant
Des groupes haïtiens de défense des droits de l'homme ont rapporté que des
détenus demeuraient souvent incarcérés après avoir purgé leur peine en raison des
difficultés à obtenir l’ordonnance de libération du parquet.
Tandis que les pouvoirs publics reconnaissaient généralement le droit d’un prévenu
de se voir assister par un avocat, la plupart des personnes détenues n'avaient pas les
moyens de payer un avocat privé. En octobre 2018, l’Assemblée nationale a adopté
une loi, que le président Moïse a entérinée, qui instaure un programme national
d’assistance légale chargé d’apporter une aide gratuite aux accusés et aux victimes
de crimes qui ne peuvent pas payer les services d’un avocat. Au 31 juillet, les
pouvoirs publics avaient organisé des ateliers dans cinq juridictions pour
sensibiliser les principales parties prenantes aux dispositions de cette loi. En
novembre, le gouvernement n’avait pas encore voté une loi de financement de ce
programme ni nommé les cinq membres du Conseil national d'Assistance légale
(CNAL) chargés d’en superviser la bonne exécution.
tenaient pas compte du grand nombre de personnes retenues dans les postes de
police à travers le pays plus longtemps que la première période maximale de
détention prévue, qui est de 48 heures.
La loi prévoit un système judiciaire indépendant mais, dans les faits, les hauts
responsables des pouvoirs exécutif et législatif ont exercé une influence
appréciable sur le fonctionnement du pouvoir judiciaire et des forces de l'ordre.
Des ONG haïtiennes et internationales ont critiqué à maintes reprises le
gouvernement, l'accusant de chercher à instrumentaliser les fonctionnaires de la
justice. Étant donné que les commissaires du gouvernement nommés par l’exécutif
pouvaient empêcher les juges de prendre connaissance d’une affaire, ces derniers
subissaient moins de pressions directes de la part de l’exécutif lorsqu’ils prenaient
des décisions. Toutefois, les organisations de la société civile ont rapporté que les
juges craignaient souvent de rendre des décisions allant à l’encontre de personnes
influentes par inquiétude pour leur propre sécurité.
juges par crainte de subir des représailles voire même de perdre leur poste. La
MINUJUSTH a fait savoir que la performance du CSPJ était diminuée du fait
d’une division des fonctions peu claire avec le ministère de la Justice et de la
Sécurité publique, de contraintes budgétaires et de l’ingérence d’autres
administrations du gouvernement.
La loi ne répartit pas clairement les responsabilités des enquêtes criminelles, qui
sont divisées entre la police, les juges de paix, les procureurs et les juges
d'instruction. C’est pourquoi les autorités n’interrogeaient souvent pas les témoins,
ne terminaient pas les enquêtes, ne préparaient pas les dossiers de façon exhaustive
ou ne pratiquaient pas d’autopsies. Tandis que la loi accorde aux juges d'instruction
deux mois pour demander des compléments d’information sur les dossiers, ils ne le
faisaient souvent pas et classaient la procédure ou ne bouclaient pas leurs dossiers
dans le délai prescrit de deux mois. Ce phénomène a entraîné la détention
préventive prolongée de nombreux détenus.
La loi exige que les 18 circonscriptions du pays doivent convoquer des procès
devant jury ou sans jury deux fois par an, habituellement en juillet et décembre,
pour ceux impliquant des crimes majeurs commis avec violence. Lors d’un procès
devant jury, le tribunal est habilité à décider de reporter l’audience à la prochaine
session pour n’importe quel motif, souvent en raison de l’indisponibilité des
témoins. Lorsque cela se produit, les prévenus retournent en prison jusqu’à la
prochaine session du procès devant jury. Des groupes de défense des droits de
l’homme ont mis en évidence les mauvais traitements infligés aux prévenus durant
les procès au pénal et affirmé que, dans certaines juridictions, ceux-ci passaient
toute la journée sans boire ni manger.
professionnelle à plein temps hors des tribunaux, bien que la Constitution interdise
aux juges d’occuper tout autre type d’emploi à l’exception de l’enseignement.
Dans de nombreuses communes, surtout en milieu rural, des membres élus des
Conseils d’administration des sections communales se substituaient aux juges
d’État et s'arrogeaient des pouvoirs d’arrestation, de détention et de signification de
Des dossiers concernant des atteintes aux droits de l’homme peuvent être soumis
par des particuliers ou des organisations au moyen de pétitions déposées devant la
Commission interaméricaine des droits de l'homme qui, à son tour, peut décider de
renvoyer celles-ci à la Cour interaméricaine des droits de l'homme.
Restitution de biens
La loi interdit de tels actes et il n’a pas été fait état de non-respect de ces
interdictions par le gouvernement.
Les pouvoirs publics n'ont pas restreint ni perturbé l'accès à internet ou encore
censuré de contenus en ligne, et il n'a pas été signalé de façon crédible que le
gouvernement surveillait les communications privées en ligne sans disposer d’une
autorisation légale appropriée.
Aux termes de la Constitution, les citoyens ont un droit presque illimité de réunion
pacifique. Si elle doit être prévenue à l’avance de ce que des réunions sont prévues,
la police ne peut pas les empêcher d’avoir lieu. Selon la RNDDH, quelque
40 personnes auraient été tuées et 82 blessées pendant les violentes manifestations
contre la corruption et le gouvernement en février. Le rapport de cette organisation
n’attribuait pas la responsabilité de ces morts et blessés à la PNH et il soulignait
aussi que 20 policiers faisaient partie des blessés. La RNDDH a affirmé que les
policiers de la PNH étaient responsables de la mort de quatre manifestants tués
pendant les manifestations antigouvernementales en juin.
c. Liberté de religion
Sans objet.
g. Personnes apatrides
La loi garantit aux citoyens le droit de choisir leur gouvernement lors d’élections
régulières libres et équitables tenues au scrutin secret et fondées sur le suffrage
universel et égal.
Corruption : La Constitution prévoit que c’est au Sénat (en lieu et place du système
judiciaire) de poursuivre en justice les hauts responsables et les parlementaires
En novembre 2018, des inconnus ont tiré de nombreuses balles sur le domicile et la
voiture de Dieunel Lumérant, juge en chef chargé d’un dossier de trafic d’armes
impliquant le chef de la sécurité du palais présidentiel, Vladimir Paraison. En
janvier, craignant pour sa sécurité, le juge Lumérant a fui le pays.
Déclaration de situation financière : La loi exige que tous les hauts responsables du
gouvernement fassent une déclaration de patrimoine dans les 90 jours qui suivent
leur entrée en fonction et leur départ du gouvernement. Les responsables du
gouvernement ont déclaré que cette exigence n’était pas toujours respectée. Il n'y a
pas d'obligation de déclaration à mi-parcours ou régulière pendant le mandat de ces
En avril, les pouvoirs publics ont collaboré avec un consultant financé par la
MINUJUSTH pour élaborer un Plan d’action national sur les Droits de l’Homme
afin de mettre en œuvre les recommandations du Conseil des droits de l’homme
des Nations Unies.
La chambre des Députés est dotée d’une commission Justice, Droits humains et
Défense et le Sénat une commission Justice, Sécurité et Défense, dont la mission
couvre également les questions de droits de l'homme.
Femmes
Viol et violences familiales : La loi interdit le viol des hommes et des femmes,
mais elle ne reconnaît pas le viol conjugal comme un crime. Le viol est puni d’une
peine minimale de 10 ans de travaux forcés. En cas de viol collectif, la peine
maximale se convertit en travaux forcés à perpétuité. Les peines prononcées dans
la réalité étaient souvent moins lourdes. Le Code pénal excuse un époux qui tue
son épouse, son amant, ou les deux pris en flagrant délit d’adultère à son domicile.
Cependant, une épouse qui tue son époux dans des circonstances semblables
encourt des poursuites judiciaires.
Le droit ne reconnaît pas la violence familiale contre des adultes comme un crime
à part entière. Des groupes de défense des droits des femmes et des droits de
l’homme en général ont rapporté que la violence familiale contre les femmes
demeurait courante. Des juges ont souvent libéré des suspects arrêtés pour violence
familiale et viol.
En juillet, le juge Jean-Baptiste Louis Jean a acquitté le pasteur Onold Petit, accusé
du viol d’une adolescente de 14 ans, en dépit des preuves fournies par le test ADN
confirmant qu’il était le père de l’enfant conçu lors du viol. L’OPC est intervenu
dans cette affaire, citant les accusations de corruption et d’irrégularités, et appelé le
CSPJ à intervenir. En juillet, ce dernier a mis en disponibilité le juge Jean en
attendant la décision du tribunal disciplinaire, et il a été fait appel du verdict dans
l’affaire du viol. Les organisations de la société civile ont continué de dénoncer le
laxisme avec lequel les cas d’agressions sexuelles sont traités dans le département
de la Grand’Anse, faisant remarquer qu’il y avait 118 affaires en cours. Le
représentant de l’OPC de la Grand’Anse aurait reçu des menaces de la part des
responsables gouvernementaux, notamment du sénateur Jean Rigaud Bélizaire, qui
accusait l’OPC de s’immiscer dans le processus judiciaire.
Aux termes de la loi, les hommes et les femmes bénéficient des mêmes protections
pour leur participation à l'économie du pays. Toutefois, dans les faits, les femmes
se sont heurtées à des obstacles pour accéder aux intrants économiques, trouver les
garanties pour obtenir des prêts, obtenir les informations concernant les
programmes de prêts, ainsi qu’à d’autres ressources.
Enfants
immédiatement. L’inscription des naissances à l’état civil est gratuite jusqu’à l’âge
de deux ans. Environ 30 % des enfants âgés d’un an à cinq ans n’avaient ni acte de
naissance ni autre document officiel d'identité. Les enfants nés dans les
communautés rurales étaient moins susceptibles d'avoir des papiers d’identité que
ceux nés en milieu urbain.
Maltraitance d'enfants : La loi interdit la violence familiale contre les mineurs. Les
pouvoirs publics n’étaient pas dotés d'un cadre légal approprié pour appuyer ou
faire appliquer les mécanismes existants afin de promouvoir pleinement les droits
et le bien-être des enfants. Toutefois, ils ont enregistré quelques progrès dabs
l’officialisation des dispositifs de protection destinés aux enfants.
Mariage précoce et mariage forcé : L’âge légal du mariage est de 18 ans. Aucune
donnée n’était disponible au sujet du mariage précoce et du mariage forcé, mais le
mariage des enfants et le mariage forcé ne constituaient pas des coutumes
répandues.
La MINUJUSTH a déclaré que la PNH avait enquêtait sur 136 cas de violences
sexuelles et fondées sur le genre entre janvier et juin. Parmi les 140 victimes
concernées par ces affaires, 57 étaient des filles mineures et huit des garçons
mineurs. Plusieurs organisations de la société civile ont rapporté que les enfants en
situation de pauvreté étaient souvent victimes d'exploitation et d’abus sexuels.
Selon ces groupes, ils étaient souvent contraints de se prostituer ou d’avoir des
rapports sexuels monnayés pour financer des besoins essentiels comme le paiement
de dépenses liées à l’instruction. Le recrutement des enfants à des fins
d’exploitation sexuelle et de pornographie est illégal mais l’Organisation des
Nations Unies a signalé que des bandes criminelles recrutaient des enfants âgés de
10 ans à peine.
Antisémitisme
Les défenseurs locaux des droits des handicapés ont continué d’indiquer que les
personnes en situation de handicap étaient confrontées à d’importants obstacles
pour voter. Elles rencontraient également des difficultés pour obtenir leur carte
d’identité nationale, nécessaire pour voter, l’Office national d’identification n’étant
pas accessible pour les personnes porteuses de handicap.
Les organisations de défense des droits des personnes en situation de handicap ont
rapporté que Village of Hope, une communauté pour les malentendants située à
Lévèque dans le département de l’Ouest, avait été victime de cambriolages à
répétition et d’expulsion forcée perpétrée par des criminels. Les activistes locaux
ont dit que les autorités gouvernementales, bien que connaissant la situation, n’ont
pris aucune mesure pour protéger cette communauté.
Des militants des droits des personnes en situation de handicap ont déclaré que les
services sociaux à leur disposition n’étaient pas adaptés et que ces personnes
rencontraient des difficultés significatives pour obtenir des soins médicaux de
qualité. Les hôpitaux et les dispensaires de Port-au-Prince n’avaient souvent pas
assez d’espace, de ressources humaines ou de financements publics pour soigner
les personnes en situation de handicap.
Aucun rapport n’a fait état d’agents de police qui auraient effectivement perpétré
ou approuvé des actes de violence contre des personnes LGBTI. Quelques groupes
représentant les personnes LGBTI ont affirmé que les responsables de la PNH et de
l’appareil judiciaire n'étaient pas toujours enclins à documenter les allégations
d'exactions à l'encontre des personnes LGBTI ou à enquêter à leur sujet. Les
instructeurs de l'académie de la PNH ont enseigné aux agents de police à respecter
les droits de tous les civils sans exception. Le programme d’études des nouvelles
recrues prévoyait spécifiquement une formation sur les crimes le plus souvent
commis contre la communauté LGBTI. De ce fait, des personnalités de la société
civile ont constaté une amélioration notable des efforts déployés par l’unité de
police de proximité et celle de Lutte contre la violence fondée sur le sexe pour
prendre en compte les besoins de la communauté LGBTI.
L’Unité de lutte contre les crimes sexuels et sexistes de la PNH était toujours en
sous-effectif. Elle comptait deux antennes, l’une à Fort-National et l’autre à
Delmas 33. Les agents de la PNH qui avaient reçu une formation sur la violence
sexuelle et sexiste ont été affectés dans les 10 départements que compte le pays
pour faire office de représentants régionaux dans ce domaine. Ces agents
entretenaient des liens très ténus avec l'unité de tutelle à Port-au-Prince.
La loi fixe et régit les relations de travail. Elle autorise certains travailleurs, à
l’exception des fonctionnaires du secteur public, à constituer des syndicats de leur
choix, à y adhérer et à faire grève, avec des restrictions. Elle prévoit aussi les
négociations collectives et stipule que les employeurs doivent signer une
convention collective avec un syndicat si celui-ci représente au moins les deux
tiers des travailleurs et en fait la demande. Les grèves sont légales à condition,
entre autres, qu'elles soient soutenues par au moins un tiers des employés d'une
entreprise commerciale. La loi interdit le licenciement de salariés aux motifs de
leurs activités syndicales mais on ignore si l’employeur risque une amende chaque
fois qu’il est en infraction avec cette disposition. L’employeur est tenu de
réintégrer les travailleurs licenciés pour des motifs illégaux, y compris pour
militantisme syndical. L’article 251 fixe des amendes très faibles pour les
licenciements pour activités syndicales et ne prévoit pas la réintégration au travail
à titre de réparations.
La loi limite certains droits des travailleurs. Tout syndicat doit obtenir une
autorisation préalable auprès des autorités nationales pour être reconnu. La loi
limite le droit légal de grève à quatre catégories : faire grève en restant à son poste,
faire grève sans quitter l’entreprise, débrayer en quittant l'entreprise et faire grève
en solidarité avec une autre grève. Les travailleurs des services d’utilité publique et
les employés de sociétés publiques ne sont pas autorisés à faire grève. Par service
d'utilité publique, la loi entend celui qui est assuré par des travailleurs qui « ne
peuvent suspendre leurs activités sans causer des dommages graves […] à la santé
des individus et à la sécurité publique ». Un préavis de 48 heures est obligatoire
pour tous les mouvements de grève, et ces derniers ne doivent pas dépasser une
journée. Certains groupes ont été autorisés à faire grève malgré ces restrictions en
étant présents sur le lieu de travail tout en refusant de travailler. Une partie à une
grève peut faire une demande d’arbitrage obligatoire pour interrompre la grève. La
loi ne couvre pas les travailleurs indépendants ou ceux qui travaillent dans
l'économie informelle.
portée devant le tribunal du travail. Dans le cas d’un conflit du travail, le ministère
mène l’enquête sur la nature et les causes du différend, puis tente d’encourager un
règlement. Faute de solution convenue par les parties, le différend est déféré au
tribunal.
Les sanctions prévues en cas de violations n’étaient pas suffisamment fortes pour
être dissuasives et les autorités ne les ont ni appliquées ni perçues. Au cours de
l'année, le gouvernement a exigé de certaines usines qu'elles remédient aux
infractions au Code du travail, notamment à celles concernant la liberté
d’association. Le gouvernement n’a pas veillé efficacement à l’application de la
loi.
Il a été signalé des cas de travail forcé ou obligatoire, notamment chez les enfants
domestiques, ou restaveks (voir la section 7.c.). Les enfants étaient vulnérables au
travail forcé dans les centres d'hébergement et de soins privés parrainés par les
ONG, dans le bâtiment, l’agriculture, la pêche, le travail domestique et le
commerce ambulant. D’autres enfants exposés au travail forcé étaient ceux
déplacés à l’intérieur du pays, notamment par l’ouragan Matthew, les membres de
familles dirigées par une femme, monoparentales ou nombreuses ainsi et les jeunes
LGBTI devenus sans domicile fixe, rejetés par leur famille et la société (voir la
section 7.c.).
Les pires formes de travail des enfants, notamment le travail forcé, ont continué de
constituer un problème grave et endémique, surtout dans le travail domestique.
Dans le secteur du travail domestique, aucune sanction légale n'est prévue en cas
d'emploi de mineurs. La loi exige que les employeurs paient les travailleurs
domestiques de plus de 15 ans, mais ils utilisent le fait qu’ils sont nourris et logés
en guise de rémunération non réglementaire pour les moins de 15 ans qu’ils
emploient.
Les enfants qui travaillaient dans la rue étaient exposés à une multitude de dangers,
dont les intempéries, les accidents de la route et la criminalité. Les restaveks
abandonnés et fugueurs (voir ci-dessous) constituaient un pourcentage appréciable
des enfants des rues. Bon nombre de ces enfants étaient exploités par des gangs de
criminels à des fins de prostitution ou de criminalité de rue, tandis que d’autres
devenaient vendeurs ambulants ou mendiants.
L’âge minimum requis pour être employé dans les entreprises industrielles,
agricoles ou commerciales est fixé à 16 ans. L’âge minimum d’admission à
l’emploi ne s’applique pas au travail réalisé sans contrat de travail. Les enfants
âgés de 12 ans ou plus sont autorisés à travailler jusqu'à trois heures par jour en
dehors des heures d'école dans des entreprises familiales et sous la supervision du
ministère des Affaires sociales et du Travail. La loi permet aux mineurs de 14 ans
et plus d'être engagés comme apprentis pour un maximum de 25 heures par
semaine tant qu’ils n’ont pas 16 ans. La loi stipule qu’il est illégal d’employer des
mineurs de moins de 16 ans mais on ignorait si cette disposition en remplaçait
d’autres plus anciennes instaurant des exonérations dans certains secteurs énoncés
précédemment. Qui plus est, on ignorait s’il existait un âge minimum pour
travailler comme domestique.
La loi interdit à tout mineur âgé de moins de 15 ans d’effectuer des travaux
susceptibles d’être dangereux, qui entravent son éducation ou nuisent à sa santé et
son développement sur le plan physique, mental, spirituel, moral ou social, ce qui
comprend l’emploi d’enfants pour des activités criminelles. La loi interdit aux
mineurs de travailler dans des conditions dangereuses ou périlleuses comme
l’extraction minière, le bâtiment ou les services d'assainissement ; et elle interdit le
travail de nuit dans les entreprises industrielles pour les mineurs âgés de moins de
18 ans. La loi multiplie par deux les sanctions en cas d'emploi de mineurs pour du
Les jeunes âgés de 15 à 18 ans qui cherchent un emploi doivent obtenir une
autorisation de travailler auprès du ministère des Affaires sociales et du Travail
sauf s'ils sont employés comme travailleurs domestiques. La loi prévoit des
sanctions en cas de non-respect des procédures, notamment la non-obtention d'une
autorisation pour employer des mineurs de 15 à 18 ans mais elle ne prévoit aucune
sanction pour l'emploi d'enfants. Les sanctions ne suffisaient pas pour protéger les
enfants de l’exploitation par le travail. Le gouvernement n’a pas veillé
efficacement à l’application de la loi.
La BPM est chargée d’enquêter sur les crimes commis à l’encontre des enfants.
Elle a renvoyé les cas d’enfants exploités et victimes de sévices à l’IBESR et aux
ONG partenaires pour la prestation de services sociaux. Elle a autorité pour
intervenir en cas d’accusations d’exactions et pour interpeler les personnes
dénoncées comme exploitant les enfants domestiques. La BPM n’a pas enquêté sur
les cas de restaveks parce qu’il n’existe aucune sanction légale imposable aux
personnes qui exploitaient les enfants se trouvant dans cette situation. Il n’existe
pas de loi prévoyant des mesures de protection précises pour les victimes de la
traite d'enfants.
Les pouvoirs publics ont pris quelques mesures pour faire appliquer les lois au
moyen de dispositifs administratifs, notamment par l'intermédiaire du ministère à
la Condition féminine et aux Droits des femmes et du Bureau du Secrétariat d’État
à l’Intégration des Personnes handicapées (SEIPH). Dans le secteur privé,
plusieurs industries, parmi lesquelles les transports publics et le bâtiment, qui
avaient été dominées par des hommes, ont commencé à recruter des femmes en
rémunérant celles-ci à égalité avec les hommes. En dépit de ces améliorations, la
discrimination fondée sur le genre demeurait un problème majeur. Il n’y a pas eu
d’étude ou de rapport des pouvoirs publics au sujet des atteintes commises dans le
travail. Lors de la dernière évaluation menée sur 28 usines entre avril 2018 et mars
2019 par le programme BWH, une usine a été verbalisée pour non-conformité avec
les règles contre la discrimination fondée sur le genre. Après l’évaluation, l’usine
concernée a licencié l’auteur de ces actes.
La loi, connue sous le nom de loi 3-8, structure et réglemente le travail sur une
période de 24 heures répartie en trois tranches de 8 heures chacune. Elle fixe la
journée de travail normale à huit heures et la semaine de travail à 48 heures pour
les secteurs industriel, commercial, agricole et touristique ainsi que pour les
services publics du domaine public ou privé. La loi 3-8 abrogeait de nombreuses
dispositions du Code du travail, y compris celles concernant le temps de travail, le
paiement des heures supplémentaires, la journée de repos hebdomadaire et
quelques jours de congés payés chaque année. Selon le médiateur pour les affaires
industrielles, la loi 3-8 avait besoin d’être plus largement diffusée pour en garantir
l’application.
La loi établit des règles minimales de santé et de sécurité et elle stipule des
exigences en matière de santé et de sécurité des travailleurs, y compris les règles
concernant la présence d’infirmiers dans chaque usine, les soins médicaux
disponibles et les bilans de santé annuels. Elle permet aux salariés de notifier leur
employeur de tout manquement ou de situation susceptible de mettre en péril leur
santé ou leur sécurité ainsi que de faire appel au ministère ou encore à la police si
l'employeur ne rectifie pas la situation. Les normes en matière d'hygiène et de
sécurité sur le lieu de travail sont adéquates pour les principales industries mais
elles n’ont pas toujours été appliquées.
Peu de cas de non-conformité aux dispositions sur les heures supplémentaires dans
les usines de confection ont été signalés. Dans son 18e Rapport de synthèse
biannuel, le programme BWH a déterminé que la plupart des entreprises avaient au
moins un problème de non-conformité lié à l’état de préparation pour les cas
d'urgence, aux horaires de travail ou à la manipulation de substances chimiques
dangereuses. Les directions et délégués syndicaux des usines des parcs industriels
de Caracol et métropolitain ont pris part à des ateliers organisés par le programme
BWH pour promouvoir le dialogue entre la direction et les salariés, le
renforcement des compétences et l’amélioration des conditions de travail.