Soublin, Gwendoline - Pig Boy 1986-2358
Soublin, Gwendoline - Pig Boy 1986-2358
Soublin, Gwendoline - Pig Boy 1986-2358
1986-2358
Gwendoline Soublin
Ce texte a été écrit avec le soutien de la Sala Beckett de Barcelone - Obrador d'Estiu, 2016
Lauréat des Journées des Auteurs de Lyon, 2017
Publication automne-hiver 2017 par les Éditions Espaces 34
1
…
L'histoire dont tu es le héros commence un lundi 2 septembre 1986. La sage-femme te tire des
cuisses de ta mère et déjà il faut choisir.
Choix numéro 2, tu t'endors. Tes parents, Sophie et Fabien Bouquet, sont à la tête d'une exploitation
agricole. Ils possèdent un troupeau de cent-quarante-trois porcs en Bretagne, à trente kilomètres de
Saint-Brieuc. L'exploitation n'est plus familiale, elle s'est industrialisée depuis que ton père a
modernisé ses machines en 1973. Tes premiers pas ont une odeur d'intérieur de poulailler, un
mélange humide de fiente, de plumes et de grains si frais qu'ils sentent le plastique. Ton premier
paysage s'appelle un champ. Infini. Et dedans tu cours. Tu tombes aussi, à l'intérieur de la porcherie.
Tu observes les cochons, fasciné. Ils passent leurs journées dans des enclos fermés. Ils ne verront la
lumière du jour, la vraie, qu'à l'occasion de leur départ pour l'abattoir. C'est ce que ton père
t'explique. Et toi tu cours.
Rodéo. Pour ta famille, il n'y a pas de vacances au ski et pas de jour férié. La vie de tes parents,
c'est lever 6 heures, coucher 22h, 7 jour sur 7. La seule entorse au planning advient en décembre. Le
vote final a lieu à 23h48.
Ta mère soupire. Ton père attribue des notes : beauté, résistance physique, gestation, coût à l'année.
Il a de l'expérience pour évaluer les bêtes. Cela fait bondir ta mère. Et ton père se marre. Il
l'embrasse, sur la bouche. Le soir même, Miss France sitôt couronnée devant l'Éternel, tu entends
leur lit couiner. Et c'est un chant d'amour aussi haché que le cri des poules qu'on égorge à la glotte,
et qui ne s'éteint qu'à la faveur d'un sommeil écrasant. Tu penses à Miss Bretagne, et tu t'endors toi
aussi, enfant béni par une déesse télévisuelle. Dans l'histoire dont tu es le héros, tes parents font
l'amour souvent. Ils multiplient les tentatives. Mais tu restes le seul fils. Le seul espoir. Le seul
choix. Après toi, il n'y a que des fausses couches. Un médecin apprendra à ta mère qu'elle a respiré
trop de pesticides. Ses ovaires sont pourris. Alors très tôt, tu dois te positionner.
Tu es bon élève. Mais l'école Sainte-Geneviève de Saint-Brieuc ne t'intéresse pas. Tu ne seras pas
vétérinaire comme te le conseille ton institutrice, Madame Rouget. Non toi, tu choisis 1. Tu veux
poursuivre le long récit unissant tes ancêtres à leur territoire. Tu es le seul. Tu es l'espoir. Tu es le
seul choix.Tu veux être le maître d'un unique troupeau. Faire fleurir l'industrie agricole française. Et
gagner des médailles, comme ton père, au concours général du salon de l'Agriculture. Premier prix
du meilleur porc blanc de l'ouest en 1994. Le diplôme est accroché au-dessus de ton lit. Tous les
soirs tu l'embrasses comme un Saint-Graal. Toi le héros, tu es le seul. Tu es l'espoir. Tu vas te battre.
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Mais pour toi pas question de cochons. Non. Tu auras des vaches. Des vaches de l'Ouest. Des pies
rouge des plaines. Larges de flanc et fières. Tu seras cow-boy. Pas exploitant agricole. Cow-boy
from the West. C'est ton choix depuis que tu as vu La Rivière Rouge à la télévision.
Tu t'imagines en mode John Wayne, guerrier-éleveur plutôt que mouflet, ta main sur ton gun et
l'oeil bleu perçant, prêt à défendre corps et âme ton troupeau que tu mènes d'une main de fer de
l'état du Texas à celui du Missouri, pour le sauver du rabais et le vendre à prix d'or. POM POM !
Une poule est à terre. POM POM ! Tu écrases d'un revers de botte le noyau d'un abricot. POM
POM ! Tu fixes ta mère des yeux et POM ! tu la sauves d'un dindon égaré.
Dans l'histoire dont tu es le héros, tu es pressé. Tu grandis en accéléré. Pas le temps. Tu bifurques
très tôt vers un CAP Agricole. Tes parents ont besoin de toi. As-tu vraiment le choix ? Tu travailles
en dehors de tes heures de cours sur l'exploitation. Matin, midi, soir. Ton père te montre.Tu
regardes, tu refais, tu apprends. Quand le camion de l'abattoir arrive, tu es obligé de donner des
coups de pieds aux bêtes pour qu'elles acceptent d'y monter. Avec le stress, elles paniquent. Ces
jours-là, les dîners sont silencieux. La soupe amère. Tu te souviens de la première fois que tu
saignes un porc. C'est un mâle bourguignon qui pèse dans les deux cent kilos. Un nerveux. Un
excité. D'un coup de dent, il pourrait te fracturer le poignet. Il se balance au bout d'une corde et toi
le couteau à la main tu te prépares à la saignée. Avec, vous ferez des boudins. Tu adores ça.
Tu fais semblant. Puis tu vomis. La semaine qui suit, tu cognes un lycéen. Tu es un cow-boy. Quand
tes parents te demandent pourquoi tu t'es battu, tu réponds qu'il t'avait traité de truie. Au porc
suivant, tu te concentres. Tu es un cow-boy. Tu ne vomiras pas.
Heureusement il y a les dimanches. Rares mais doux. Depuis toujours, tu les aimes ces dimanches
chômés quand les paysans du coin se réunissent autour du méchoui dans la cour de la famille Roux.
C'est beau tous ces adultes ivres, heureux car en berne, de cette vie d'esclave où ils ont perdu
jusqu'au goût du repos. « Les vacances à quoi bon, je ne saurais pas quoi en faire ! » ils disent,
faussement goguenards en s'envoyant de l'alcool de prune qui leur brûle l'estomac. Et toi, avec
d'autres jeunes, vous sifflez les fonds de bouteille et volez des poches de vin que vous buvez
perchés en haut des granges de foin, et tout cet acide de raisin qui vous remonte le long du gosier,
ça vous fait rire, ça vous fait philosopher.
Dans l'histoire dont tu es le héros, tu conduis le tracteur de ton père comme on monte à cheval. Tes
paroles sont des répliques de film. Tu es le fils. Le fils de la terre. Le cow-boy qui bataille contre les
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hivers rigoureux où maïs et bêtes tombent malades – et toi tu les sauves. Tu es ce héros qui défie du
regard les acheteurs de la grande distribution. POM POM ! Tu leur vends des bœufs à prix d'or. Tu
as dix-mille bêtes. Tu es un pionnier. Tu as l'aplomb des futurs grands de l'Ouest. Devant ton miroir,
tu tues l'ennemi et tu siffles un air inquiétant. Tu as dix-sept ans.
Mathilde jolie, Mathilde la voisine aux fossettes : joue gauche et tempe droite. Quand elle rit, il y a
des éclairs qui lui sortent des yeux et toi, cowboy, tu ne répliques par aucun gun. Mathilde,
Mathilde, que tu emmènes en boîte de nuit une fois, avec d'autres copains. Tu as mis un polo
Lacoste, tu t'es parfumé. Tu es un cow-boy. Mathilde qui danse et sa bretelle qui descend le long de
son épaule moite sur le beat d'une musique déjà oubliée. Mathilde qui flirte avec un serveur.
Mathilde, Mathilde. Mathilde qui part étudier à Quimper en fac de lettres. Qui ne te touche pas. À
laquelle tu penses lorsque le besoin devient pressant de se soulager de trop d'amour. « Plutôt crever
que d'épouser un péquenaud ! » répètent les filles du coin. Fuir vite et loin, et surtout ne pas
embrasser des ploucs puant le crottin et la paille. Ça ne donne que des attardés.
1- NE PLUS Y PENSER
2- Y PENSER TOUT LE TEMPS
Mais ton père se pend. Tu as vingt-neuf ans. C'est toi qui le décroche du plafond de la cave. Un mot
est là qui dit « Je n'en peux plus, pardon » C'est la crise du porc en 2014. Le cours tombe à 1,08
euros le kilo. Dans l'histoire dont tu es le héros tu hérites d'une exploitation porcine endettée. Tu
remets à plus tard l'achat de tes santiags. Comme pour le premier porc, tu ne pleures pas. À peine
ton père enterré, tu te remets au travail.
Depuis plusieurs années, l'exploitation est exsangue. Les demandes de la PAC incessantes. Tu dois
rembourser presque 200 000 euros de prêts, factures et autres investissements. La justice envoie des
huissiers chez vous. La banque réclame des garanties. Tu dois trouver des solutions, seul. Sinon ce
sera la liquidation. Tu mets les bouchées double. Le tribunal de Brest accepte de geler tes dettes et
les étale sur dix ans. Tu enquilles chaque jour, et chaque jour le cours du porc chute davantage. 1,06
euros le kilo. 1,02. 0,96. 0,91. Tu vends des dizaines de porcs à perte, juste pour t'en débarrasser.
Les agriculteurs manifestent dans les rues de France. Ils déversent des carcasses de cochon devant
le ministère de l'agriculture. Ils brûlent des milliers de boîte de jambon PERTA sur les Champs-
Élysées. Balancent des saucissons à la tête des CRS. NOUS NE SOMMES PAS DES PORCS. Tu
regardes la télé. NOUS NE SOMMES PAS DES ANIMAUX. Tu éteins la télé. Tu n'as pas de temps
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à perdre. Tu es un cow-boy. Tu as un territoire à gérer, des bêtes à mener. Tu jettes le diplôme du
salon de l'agriculture 1994 à la poubelle. Tu peux faire mieux que ton père. Ta mère te supplie de
prendre quelques jours de repos. Mais tu peines à rembourser vos dettes. En avril, les huissiers
reviennent à la charge.
Tu mets tes oeillères pour oublier qu'il y a une autre vie possible.
Tu continues.
Alors ne pas se déconcentrer, nourrir les porcs, vacciner les porcs, inséminer les truies, aller au
tribunal, remplir la paperasse pour les aides de la PAC, limer les dents des porcelets, réparer les
enclos, récolter le maïs, surveiller la météo, faire une demande de RSA, commander des tourteaux
de soja, remuer les champs, sevrer les porcelets, verser les pesticides, ne pas faire honte à ton
héritage. Si on t'accuse d'être un mauvais exploitant, tu ne perdras pas l'appétit. Tu ne feras pas une
grève de la faim. Tu ne prendras pas des antidépresseurs. Personne ne sait que ton père s'est suicidé.
Vous avez parlé d'un arrêt cardiaque. Parlé d'un surmenage. Parlé de ses problèmes de sommeil des
derniers temps. Puis plus parlé du tout. Car dans l'histoire dont ton père était le héros, il n'y a pas eu
de défaite, juste un accident. Toi tu continues. Tu t'arraches à l'ordinaire. Tu crées ta propre légende.
Tu te lèves à 4h, tu te couches à minuit, sept jour sur sept, et sans dimanche chômé. Toujours seul.
C'est toi qui fait la loi parmi les cochons. Tu as trente-deux ans et tu en fais cinquante. Tu te
masturbes en regardant des films sur Porntube – et la première fois que tu fais l'amour avec une
femme, tu penses lorsque tu éjacules qu'il ne faut pas que tu oublies d'inséminer tes truies le
lendemain car elles sont en chaleur. Tu n'as pas le temps. Un jour Mathilde te rend visite.
Finalement elle s'est mariée à un éleveur de volailles. Elle te dit qu'elle est désolée pour ton père.
Ta mère meurt en septembre. Tu demandes à ce que l'enterrement soit bref. Ce jour-là, le camion de
l'abattoir doit passer et tu ne peux pas changer la date. Le prêtre fait un office de dix minutes. Tu
retournes au travail.
Tu l'es, ça ne fait aucun doute. Regarde-toi dans le miroir ! Ton visage est marqué par la fatigue – ça
te rend beau. Car dans l'histoire dont tu es le héros, tu es un cow-boy que les plus hautes autorités
ne peuvent abattre. On veut ta peau, hors-la-loi d'un système en pleine explosion. WANTED. Tu te
tiens prêt. La prochaine fois, ça va partir.
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2- DROIT DANS LA VÔTRE
Dans l'histoire dont tu es le héros, un matin tu veux mourir. Tu écris un mot. Tu le ratures une fois.
Deux fois. Tu t'excuses. Tu te demandes auprès de qui tu t'excuses. Tu te demandes si le voisin
connaît ton nom. Tu te sens seul. Et personne à qui adresser ton mot d'adieu. À part tes porcs
analphabètes. Tu chiffonnes le mot. Tu ranges la corde dans un tiroir. Tu bois un café.
En 2024, le cours du porc stagne à 85 centimes d'euros. Tes porcs ont faim. Tu leur donnes deux
fois moins de maïs par jour. Tu rationnes les tourteaux de soja. Ils deviennent cannibales. Ils se
jettent les uns sur les autres et se dévorent les oreilles. Se mordent le ventre. Des mâles tentent de
boire aux tétines des cochettes. Ils oublient qu'elles sont vierges. Tu es obligé d'abattre les plus
violents. Tu ne vomis plus. Tu as vingt-deux porcs. Dans les fermes-usines, il y en a mille. Les
petites exploitations coulent. À trente kilomètres de chez toi, un jeune exploitant se menotte à un
tracteur en marche. Il meurt écrasé. Son histoire fait la une pendant deux semaines. Tu refuses d'être
interviewé par la presse locale.
Tu écoutes la musique d'Il était une fois dans l'Ouest en boucle sur des hauts-parleurs dans la
porcherie. Ça calme les bêtes. Ça te calme. Et dans l'Ouest, l'harmonica résonne.
Depuis quelques jours, tu as quarante ans, tu en fais soixante, tu t'assoies dans tes champs et tu
regardes le soleil se lever sur un nouvel horizon. C'est beau et sanguin, presque de la couleur d'une
peau d'orange, ce matin flambant sur cette terre à toi. Toi, le cow-boy de l'Ouest. Tu ne croyais pas
qu'une vie entière pouvait se réduire à une exploitation et un lit. Tu ne sais plus qui tu es.
Tu te demandes si la viande de porc dévaluée indique ta propre dévaluation. Si toute bête est
homme ou l'inverse. La nuit tu ne voyages pas aux Antilles. Dans tes rêves, pas de coco punch
vahiné puisque même la nuit, cow-boy, c'est le cours du porc qui diminue. Et toi, ni 1 ni 2, un
rouage dans un robot – une articulation qui fourre la viande à la bouche de ceux qui, chaque
dimanche, se réunissent autour du barbecue, douze euros le kilos de saucisses, quand toi avec pas
même un salaire tu manges le soja de tes cochons. Tu rêves la nuit qu'ils te saignent les Leclerc les
Carrefours les Cochonou les PERTA derrière les portes aseptisées de leurs abattoirs cliniques – et tu
pisses le sang et eux ils dansent dessous – ils claquent des pieds sous la pluie grenade – et le cours
de l'homme chute encore. On te soldera en pâté pour chat. Et demain les hommes mangeront des
souches de viande clonées. Ce sera bien d'être enfin libres. Out of the system.
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Depuis plusieurs semaines, tu ne lis plus ton courrier. Pas davantage tes mails. Tu passes tes
journées à regarder le vent brosser la luzerne de tes champs. Tu ne nourris plus tes porcs. Tu
enterres les cadavres dans ton potager. Tes tomates sont rouge sang. Tes salades montent au ciel.
1- VOTER À DROITE
2- VOTER À GAUCHE
Tu pourrais te convertir au bio. Redresser la barre d'abord. Oui. D'abord. Tu es si fatigué. Tu dors
toute la journée.
Le livreur est sympa. Vous tombez d'accord. Miss Guadeloupe était la plus belle. Il te demande si tu
as un problème de fosse sceptique. « Ça pue la mort ici ! » Tu ris.
Elles sont belles. Avec leur éperon en forme d'étoile dorée. Tu es beau. Tu dresses le menton. Un
jour, tu découvres un courrier scotché sur la porte de ta maison. Trop de lettres sous le paillasson.
Les huissiers saisiront l'exploitation demain. WANTED. Ta tête est mise à prix. Comment s'en
échapper ?
10h03. Jeudi 27 mars 2026. Tu crapotes sur une sans-filtre. Tu tousses un peu. Mal rasé. Une truie a
mis bas dans la nuit. Tu appelles le plus petit, rose et excité, Montgomery. Les porcs sont calmes.
Morricone résonne. Montgomery tête sa mère. 10h08. Tu es calme aussi. Les huissiers arrivent. Ils
sont là. Ils sont trois. Trois et une Peugeot. Tu sors de la porcherie. Tu les regardes, de loin.
Dans l'histoire dont tu es le héros, l'héroïsme se mesure à l'audace du geste final, pas aux discours.
Coup de colt qui tire plus vite que son ombre et ne laisse pas au rival le temps de signer le récit en
lieu et place du protagoniste. Le premier qui tire, c'est celui qui gagne. Superbe. Tu portes ta main
au ralenti le long de ta hanche droite. C'est une feinte. Tu te grattes. Les huissiers s'approchent. Ils
sentent le chèvrefeuille. Tu te tiens prêt. Tu plisses tes yeux. Tu esquives une mouche d'un
mouvement de tête. Tu fais sonner le fer de tes santiags sur le gravier. L'harmonica résonne. Ta
langue claque contre ta lèvre sèche. Personne ne t'enlèvera ta conclusion.
7
Tu es prêt. Depuis toujours. Tu jettes ta sans-filtre dans l'essence. Cow-boy. Tu envoies le générique
sur ta FIN. Tout devient or. Et Miss Bretagne applaudit.
8
...
Il est 20h02
Nous sommes en live
depuis San Francisco, California
et connectés aux satellites Britney, Christina et Céline
pour un nouveau partage de données historiques
en translive sur
9
passé du statut de porcelet-star PERTA PERTA
COPAINS COMME COCHONS à celui d'icône
internationale «He inspired me for my new
collection ». Preuve vivante de la bonne coopération
des hommes avec les cochons, PIG BOY est un
ambassadeur de la paix des espèces autant qu'un
artiste respecté. « Au nom de PIG BOY qui n'a pas les
mots pour le dire, je vous remercie pour cet award du
meilleur acteur » Un destin exceptionnel. Jusqu'à la
date du 2 décembre. Où tout bascule. « C'est la chute
d'une icône » « Nous sommes en live, revivez
l'arrestation de PIG BOY » « PIG BOY doit être jugé
pour cet acte scandaleux » « Que ce porc retourne
dans sa ferme ! » Brûlant, le sujet excite tous les
débats. « Voulons-nous d'un monde où les cochons
sont si égaux aux hommes qu'ils mangent dans nos
assiettes et se marient à nos femmes ? » La crise est
mondiale. Le procès déterminant. Le monde pourra-t-il
supporter la trahison du porc ? Quel sort réservera-t-il
à son cochon le plus humain ? PIG BOY est-il un frère
ou un traître ? La réponse dans
10
Ce soir notre accusateur
tiré au sort parmi plus de 76 674 321 translivers
est
NATACHA GOURLAND
Et à la direction du translive
fidèle depuis 23 épisodes
la Présidente Shanon diplômée de Berkeley
mère de Shoshanna et Elia
Il a beaucoup maigri
Le voilà
PIG BOY est méconnaissable
Ses flancs sont bandés
Une puce électrique lui administre par intermittence
un flash de morphine et de camomille
De son groin suinte une fine coulée
de sang ?
« À la date du 2 décembre, PIG BOY, Ruiiiiii ruiiiiiiii ruiiiiiiii âgé de 8 ans, né à Plourin-lès-
Morlaix en France, de mère matricule DX9876 et de père lot 432AA78, Ruiiiii ruiiiiiiii a été trouvé
dans le même lit que Miss KATSUE MATUMATO, I love animals, dans la ville de Tokyo. Dépêché
par l'entreprise PERTA pour participer à la signature d'un important contrat avec la filiale japonaise
de la grande distribution AEON, la star internationale PIG BOY a été présentée au PDG d'AEON,
HAYAO BUSHI, le 2 décembre vers 18h. Après signature dudit contrat et photographies de presse,
MAXIME GUIMARCH, PDG de l'entreprise PERTA, et PIG BOY sont invités par HAYAO
BUSHI dans le restaurant cinq étoiles Totuo sur Kabuto street. Il est 21h03. PIG BOY dîne d'un bol
de riz et de sushis au maquereau sauce sésame. À 22h46, PIG BOY regagne sa chambre à l'hôtel
Blue dream de Tokyo, escorté par son garde du corps, HOWARD MOUSSEF. PIG BOY était
fatigué, je lui ai frotté les flancs avec de l'eau froide, j'ai mis du foin dans la baignoire et je l'ai
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laissé, je suis descendu au bar boire un Mojito. À 23h52, HOWARD MOUSSEF regagne sa
chambre, annexe à celle de PIG BOY. Il se déshabille, se lave les dents. C'est alors qu'il entend des
cris provenir de la chambre du cochon. Ruiiiiiiiiiii Ruiiiiiiiiiiiiiiiiiiii. HOWARD MOUSSEF sort de
sa chambre, la 84, frappe plusieurs fois à la porte 86, celle de PIG BOY. Il est 23h58. Oh oh oh
ooooooooooohhhhh Il ouvre la porte de la chambre 86 avec son badge. Ruiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii. À
23h59, HOWARD MOUSSEF découvre Miss KATSUE MATUMATO couchée sur le porc PIG
BOY en plein coït vaginal. L'analyse médicale révèlera que le rapport a duré 14 minutes 52
secondes et qu'il y a également eu pénétration anale. Miss KATSUE MATUMATO portait des
traces de morsures sur l'avant-bras gauche. Le médecin a révélé des bleus sur le porc PIG BOY
ainsi qu'une élongation musculaire à sa patte arrière droite. Elle bougeait sur lui d'avant en arrière,
j'ai failli m'évanouir. À 0h07, Miss KATSUE MATUMATO a été prise en charge par les services
d'urgence de la ville de Tokyo. I'm fine, don't touch me ! Depuis l'incident, PIG BOY refuse de
s'exprimer. Il a été incarcéré au zoo de Tokyo le 3 décembre. Des auditions sont actuellement en
cours pour déterminer si PIG BOY avait déjà eu des relations sexuelles avec d'autres femmes avant
sa nuit avec Miss KATSUE MATUMATO. Depuis la date du 4 décembre, la société PERTA,
employeuse et tutrice de PIG BOY, poursuit ledit PIG BOY en association avec NATION NEWS
pour TRAHISON AUX MOEURS HUMAINES, DÉLIT D'IDENTITÉ PORCINE et
USURPATION D'ESPÈCE. Il encourt la peine capitale. »
12
spécialiste des porcs. « Oh in the middle west of... » ….................................................
.....................................................
Lola.Jivera a été bloquée par le .....................................................
modérateur .....................................................
Tao Wong : Concernant la morphologie d'un porc, nos études anatomiques se recoupent sur trois
points indiscutables. 1/un porc possède un groin 2/un porc possède une queue en tire-bouchon 3/un
porc a des dents. Au delà de ces considérations, nous pouvons affirmer que le porc fait l'objet de
vifs débats dans la communauté des scientifiques et qu'à la question PIG BOY est-il un détraqué
sexuel, nous ne pouvons répondre que par un vote.
Maître Spare : Chers translivers, Présidente Shanon et flux continu, j'oppose un non like à ce vote
et demande le commentaire de Miss Katsue MATUMATO à propos de cette première conclusion de
l'expert.
Présidente Shanon : Je like.
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apparaissait dans sa première …...................................................
pub PERTA, pour le jambon Truelove_austria : Katsue jte ......................................................
chiffonné. Il courait courait comprends jsuis en like avec ......................................................
courait dans un champ quasi mon hamster depuis 6 ans jle ......................................................
fluo, et au milieu de ce champ caresse on s'embrasse jle mets …...................................................
une femme, une femme lui entre mes cuisses il me lèche la ......................................................
ouvrait grands les bras et il se chatte c'est bon on s'aime et
......................................................
fourrait-calait sous son aisselle, personne mdonne autant d'amour
......................................................
avec un air happy et dessous ke lui les hommes sont méchants
c'était écrit « Entre toi et moi pa mon hamster nécoute pas les …...................................................
c'est plus qu'une histoire de gens ki te critik ces desjaloux ......................................................
tradition ». J'avais pensé : oui- ......................................................
smiley-heureux. J'avais pensé, Pat : Hello ! Sa va ? ......................................................
c'est le sens. Parce qu'en général, …...................................................
c'est quoi le sens de tout ça ? Je Bird89 : Pourquoi le modérateur ......................................................
veux dire : le sens des flux dans bloque pas Truelove_austria : ......................................................
ce monde ? PIG BOY, il était c'est pervers ! PROCÈS pour ......................................................
tout rose et tellement smiley- Truelove_austria ! …...................................................
wahou. Et ici les hommes sont si ......................................................
laids et ils ne courent pas Babo : mon conseil est, si miss ......................................................
jusqu'aux bras d'une femme qui Matumato veut bien écouter son ......................................................
en les entourant englobe avec aîné, de ne pas confondre Dieu et …...................................................
elle l'infini, qui avec elle étreint les hommes car Dieu a donné
......................................................
tout l'amour sans match. J'ai créé aux hommes le paradis et le
......................................................
un groupe PIG BOY. Des paradis est beau AMEN et ici-
transliveuses m'ont rejointe et bas c'est l'enfer mais nous ......................................................
nous avons pu le suivre oeuvrons pour le …...................................................
précisément lors de tous ses ......................................................
déplacements en virtual-live. Le modérateur a bloqué Babo ......................................................
Nous avons échantillonné ses ......................................................
données. Nous avons scanné son …...................................................
karma. Nous avons collectionné PrincessCha : Hello ! Où on peut ......................................................
ses zap. Taggé ses vidéos. voir le livereplay de la semaine ….................................................
Transfusé ses réactions dans nos dernière ? .....................................................
casques 12-D, alors nous avons
pu le toucher. J'organisais des En raison d'un flux très
soirées en translive où toutes, de important de commentaires, le SMS : EN RAISON D'UN
Berlin à Tokyo, nous nous translive est momentanément FLUX TRÈS IMPORTANT DE
regroupions et nous masturbions bloqué COMMENTAIRES LE
en regardant des virtualporno TRANSLIVE EST
qu'une transliveuse dont c'était le VAS-Y MOMENTANÉMENT
job avait créés pour nous. Il VAS-Y BRANLE-TOI SUR BLOQUÉ
suffisait de choisir l'espace de MOI
jeu : une publicité PERTA, une VAS-Y VAS-Y VAS-Y
grange bretonne, un salon ou sa ENFONCE-MOI TES CORNES
propre chambre. J'ai joui mille VAS-Y FOUS-MOI TON DARD SMS : FAISONS CESSER LA
fois en m'imaginant être cette DANS LA BOUCHE ET LOI SPECISTE ! FREE PIG
femme, les bras grands ouverts, TÉTONNE-MOI VAS-Y BOY !
sur cette pelouse verte. J'ai
smiley-désiré longtemps un ALERTE ALERTE VIRTUAL
14
moment comme celui-là où les VIRUS ALERTE ALERTE CE
corps s'élanceraient sans match PROGRAMME CONTIENT SMS : FUCK ME FUCK ME
ni playlive. J'ai découvert que le DES LIVE CENSURÉS PIG FUCK ME WHENEVER
sens des choses ne pouvait m'êtreNATION NEWS DÉCLINE YOU NEED
donné qu'au contact d'un cochon. TOUTE RESPONSABILITÉ
Car il vit outlive. Alors quand ALERTE ALERTE PORNO-
PIG BOY est passé par Tokyo en ATTAQUE ALERTE
décembre, j'ai pensé qu'il était PROTÉGEZ VOS ENFANTS
temps enfin de le rencontrer et ALERTE ALERTE ALERTE
de partager ce sens des flux avec
lui, lui qui est smiley-innocent
de toutes les représentations du
SMS : NATION NEWS
monde. De toutes les idées qu'on
BLOQUE
a de lui. Lui qui ne connaît
MOMENTANÉMENT VOTRE
d'autre point de vue que ses yeux
SMARTPHONE MERCI DE
et d'autre commentaire que
PATIENTER.
l'électricité courant entre ses
synapses. Il est vrai. Il me
bouleverse. Il est vrai.
PERTA PERTA
TOI ET MOI ALLONGÉS DANS UN PRÉ
MAIN DANS LA MAIN
COPAINS COMME COCHONS
PERTA C'EST ENTRE TOI ET MOI
UNE HISTOIRE DE TRADITION
Vlak.gogo : Bonsoir. Bonsoir à tous. Nous ici, association des bouchers de la région Bretagne, nous
ne sommes pas d'accord pour qu'un cochon baise nos femmes. Nous ici ça fait des siècles qu'on
maintient les traditions et les traditions c'est simple : un cochon c'est un cochon. Un cochon c'est
dans l'assiette. Ça ne tourne pas la comédie, ça ne fait pas des contrats, ni rien. Ça ne danse pas. Et
ça n'épouse pas nos filles. Un cochon c'est dans l'assiette. Et ça respecte ça, un cochon. Car un
cochon veut ce qu'il y a de mieux pour lui. Et le mieux, c'est d'être ce qu'on est. Sans prétention.
Présidente Shanon : Monsieur PIG BOY, qu'avez-vous à répondre à Vlak.gogo ?
Pig boy :....
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Pour la traduction instantanée
Slidez sur l'interface PROCÈS
options TRADUCPIG
Choisissez votre langue maternelle
Choisissez langue PORC
CONCLUSION N°2 – PIG BOY EST UN COCHON QUI RESTE DANS L'ASSIETTE
16
Colonel Vasseau : Alerte à tous les translivers ! En tant que représentant de la sécurité
transnationale et face à l'intrusion dans ce live de cyber-terroristes, en ma qualité de colonel et père
de quatre beaux enfants, je dois vous apprendre que nous sommes proches d'une Guerre Mondiale.
RÉVÉLATION
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France, printemps. Il y a 30 ans. L'Amérique a son
Texas. La France a sa Bretagne. Il étais une fois un
agriculteur, THÉODORE BOUQUET. Il a quarante-cinq
ans. Il croule sous les dettes. C'est un éleveur de
cochons contrarié. Il rêvait d'élever des vaches. Pauvre
THEODORE. Il fait une dépression, une grave
dépression. Ses cochons sont à l'abandon. Il fnit par se
suicider. Il brûle sa ferme lors de l'ultime visite des
huissiers. Il est enterré dans la fosse commune du
village. This is the end pour THEODORE. On sauve
quelques cochons amaigris des fammes. L'un d'eux est
brûlé mais encore vigoureux. C'est un ancien colosse
d'une vieille race bourguignonne. Un paysan du coin le
rachète pour quelques euros. Il l'accouple avec une
femelle. Et de fl en aiguille, de génération en
génération, de main en main, l'un des arrière-petite-fls
de ce cochon survivant se retrouve entre les mains de
Monsieur GUIMARCH, PDG de PERTA, qui l'adopte et
emmène aux États-Unis. Seul survivant d'une lignée qui
avait failli s'éteindre trente ans plus tôt, PIG BOY
devient une star internationale
Colonel Vasseau : Nous faisons face à un acte terroriste ! La révolte d'un seul porc contre l'assassin
Théodore Bouquet qui a brûlé les ancêtres de PIG BOY ! Ce cochon veut mélanger ses gênes aux
nôtres, donner des enfants porcins à nos femmes, les violer dans des hôtels sordides, il veut
modifier l'espèce humaine pour se venger des hommes et faire de nous des porcs. Je réclame
l'exécution capitale immédiate pour cet individu dangereux. Je réclame la mort de PIG BOY !
18
Le translive est ouvert
19
veine dans mon cou. je un porc pour autant ? Cela me …...................................................
Présidente Shanon : Maître - donne-t-il le droit de faire ......................................................
Maître Spare : Je peux l'amour avec une truie ? ......................................................
banalement continuer à parler et Répondez-moi ! ......................................................
banalement vous m'écouterez. …...................................................
Dans ce monde banal. Ou tout Julianna : Ça buggue ce soir ......................................................
est devenu banal. Même la mort.
......................................................
En translive. Et pourtant - Anony : PUTAIN !
......................................................
Présidente Shanon : Maître,
vous êtes éliminée. ValUk9 : sa devi1 intéressant …...................................................
Maître Spare : Je peux m'ouvrir enf1 ......................................................
une autre veine. Regardez ! ......................................................
Voilà. Ça coule. Et si je veux Idrissa : whatwhatwhat, je pense ......................................................
faire l'amour avec un porc. Alors que chacun peut faire l'amour …...................................................
oui. C'est banal. Je peux. Et je avec qui il veut. Du moment qu'il ......................................................
veux pouvoir. Car dans un y a consentement. Je ne ......................................................
monde sans plus de règles et où comprends pas pourquoi on fait ......................................................
tout est banal. Et possible. Dans toute une histoire de cette …...................................................
ce monde banal où je suis affaire ! FREE PIG BOY ! ......................................................
l'équivalent de Dieu. Je peux. ......................................................
Banalement. Baiser. Un porc. Et Najat-look : Ce cochon a été ......................................................
donner au monde. Banalement. violé. Ce cochon a le DROIT de …...................................................
Un nouveau Dieu. Je peux. parler !
......................................................
Saigner. En translive. Et tout
......................................................
devient vrai. È!Ç !: Je vais m'évanouir.
Présidente Shanon : Oulah : Dégueu... ......................................................
Translivers, transliveuses, merci Jacob-london : Rejoignez le …...................................................
de tenir vos enfants éloignés du translive STOP. Faisons cesser ......................................................
translive. Merci de slider vers ces translives ! ......................................................
l'interface publicitaire. ......................................................
Aïchoui : je n'ai pas eu mes …...................................................
règles depuis 4 jours est-ce que ......................................................
je suis enceinte ? répondez-moi ......................................................
Un spectateur : Mon sang est vrai ! Regardez-moi ! Regardez comme ça coule de ma gorge !
20
CESSER. .....................................................
Un spectateur : Rouge rouge CECI EST UN MESSAGE DE .....................................................
mon sang ! L'HÉBERGEUR. NOUS .....................................................
FAISONS FACE À UNE .....................................................
C'EST ENTRE VAGUE DE SUICIDE EN .....................................................
TOI ET PERTA MOI LIVE. MERCI DE SLIDER .....................................................
UNE HISTOIRE DE VERS L'INTERFACE ….................................................
PERTA COMME UNE PERTA. MERCI DE NE PAS .....................................................
COCHON QUITTER. .....................................................
Orientalgirl : Je suis vraie. .....................................................
DE
Headinstars : IT HAS TO STOP. .....................................................
DE
Yassi : Il faut que cela cesse. Je SMS : MERCI DE RESTER
ne veux plus ça. VIVANTS
Un spectateur 2 : Je suis un Danilo : Je refuse un monde
porc saignant ! banal. Je veux du vrai. Nous
voulons du vrai. PIG BOY est
DE vrai. Je refuse qu'un translive
TRADITION décide de la vérité unique. Que
HISTOIRE coule ma veine. Que saigne la
vérité !
(Flash)
Un vigile : Levez vos mains ! Levez vos mains ! Tous. Madame là-bas !
Une vigile : Merci de ne plus bouger pendant que la sécurité intervient. Le translive va reprendre.
Un vigile : Levez les mains.
Une vigile : Merci de ne pas vous opposer à cette intervention. Le cas contraire nous nous verrions
dans l'obligation de vous bloquer.
Un vigile : Pour des raisons de sécurité, les lumières de la salle vont être coupées. Le processeur du
translive réactivé. Merci de rester assis.
Une vigile : Des caméra infrarouges vous protègent. Gardez les mains en l'air.
Un vigile : Merci de répondre OUI lorsque vous entendrez votre nom.
(Noir)
21
Une vigile : Monsieur (nom de famille) ? (…) Madame (…) ? (…) Monsieur... ? (…) Monsieur
(... ) ? (…) Madame (…) ? (…) Monsieur... ? (…)Monsieur (... ) ? (…) Madame (…) ? (…)
Monsieur... ? (…)Monsieur (... ) ? (…) Madame (…) ? (…) Monsieur... ? (…)...
(Lumière)
PRÉCÉDÉMENT
22
Présidente Shanon : Pourquoi ce silence, PIG BOY ?
Pig boy :...
Présidente Shanon : Personne n'est votre ennemi, ici.
Pig boy :...
Présidente Shanon : Pourquoi vous considérer comme l'égal de l'homme ?
Pig boy :...
Présidente Shanon : Qu'est-ce qui vous fait croire que vous êtes le bienvenu dans nos familles ?
Pig boy :...
Présidente Shanon : Pourquoi poussez-vous les hommes au suicide ?
Pig boy :...
Présidente Shanon : Pourquoi violez-vous nos femmes ?
Pig boy :...
Présidente Shanon : Si vous êtes une personne, répondez. Si vous êtes un homme, répondez. Si
vous êtes autre chose qu'un porc, répondez.
Pig boy :...
Présidente Shanon : Croyez-vous être plus puissant que l'homme ?
Pig boy :...
Présidente Shanon : Qui êtes-vous, PIG BOY ?
Maxime Guimarch : Bonsoir. Good evening. Buenas tardes. Je m'appelle Maxime Guimarch. J'ai
trente-huit ans. Je suis né en Bretagne, en France. Je suis mariée à Yelena Kristova, ma femme que
j'aime depuis que j'ai dix-huit ans. Ensemble, nous avons eu quatre beaux enfants : Maxime Jr, Eva,
Tom et Max. Les voici lors de nos dernières vacances à Porto Rico [mer turquoise – quatre enfants
– une glace coule pistache sur des doigts bronzés]. Je réclame aujourd'hui votre attention pendant
quelques minutes. Elles me seront précieuses pour vous exposer ce qui ne doit plus être tu sous
peine d'infliger au monde un coup si rude qu'il ne s'en relèverait pas [fin du monde – le berger est
brûlé vif – le soleil crache une flamme vive]. Si j'ai demandé à prendre la parole aujourd'hui devant
vous, ce n'est pas en ma qualité de PDG de l'entreprise PERTA [logo – marque déposée]. Je ne suis
23
pas ici pour défendre mes intérêts ni ceux de ma multinationale. Je pense que nous devons
envisager demain sans verser dans aucun dogme ni en nous formatant à une quelconque
architecture de pensée connue. Oui, mon entreprise nourrit des millions de personnes [fête des
voisins – le rôti de porc fond sur la langue – chips pour les gosses]. Oui, mon entreprise offre du
travail à des milliers d'autres [l'esprit d'équipe – copains comme cochons]. Oui, je gagne un salaire
mensuel 563 fois supérieur au vôtre [classement]. Oui, j'ai été à l'école à Genève [le lac Léman – un
jour d'été] et j'ai fini major de ma business school [diplôme]. Oui, je suis cet homme-là [Maxime
Guimarch], admiré tout autant que méprisé. Un enfant du système. Mais enfant du peuple, aussi
[pêche à la crevette – cinq ans et demi – il montre son seau à papa - fierté]. Je suis Maxime
Guimarch, né de Marie Roux et Roger Guimarch, à Morlaix-France [c'est Noël – on dit Ouistiti].
Ma mère, Marie Roux, était secrétaire dans une usine de textile, Armor Lux [logo – marque
déposée]. Mon père, Roger Guimarch, employé agricole dans une ferme-usine de 1600 bovins [parc
à bestiaux – pis lactés]. Je suis le fils enraciné à sa Bretagne natale [gwenn ha du] mais je suis
également le fils qui trahit – le fils prodigue, parti aux États-Unis pour ne jamais revenir [image
finale – Modern Times]. C'est donc en ma qualité de monstre social que je me tourne vers vous
aujourd'hui sous le regard bienveillant de mes défunts parents qui, j'en suis sûr, de là-haut [ciel
bleu], me soutiendront tant que je leur rendrai ce qu'ils m'ont toujours donné : la force d'être digne
[Maxime Guimarch]. Dignes nous pouvons tous l'être. Puisqu'aucun arbre généalogique ne
justifiera jamais du pedigree d'un homme [Carl Lewis]. Si je prends la parole aujourd'hui, c'est en
ma qualité de père, d'époux et de fils. Car oui, je suis aussi cet homme-là [Maxime Guimarch -
sourire]. Pas seulement un patron classé au top 50 des hommes les plus fortunés de la planète. Vous
et moi, nous nous ressemblons plus que vous ne le pensez [mains liées – couleurs du monde]. Oui,
cela m'importe de savoir dans quel monde mes enfants grandiront [une forêt – la nuit – la lune en
croissant], quel avenir nous leur offrirons [tsunami – un garçon se noie], quelles possibles nous leur
donnerons en héritage [grand-mère – elle sent bon la rose - mamie]. Oui, je suis comme vous. Oui,
je ne veux pas faire honte à mes parents, figures courageuses à laquelle la vie n'a presque rien
donné d'autre qu'une mortelle fatigue [corps harassé – souffle court – poids des ans qui fait plier en
dessous des genoux], auquel le progrès n'a rien donné non plus que cancer de la peau [crâne blanc],
sciatique aigüe [schéma - dos] et perte progressive de la vue [carré noir]. Ma mère [Marie Roux],
Marie Roux, est morte sans rien voir [carré noir]. Heureusement ses mains, elles, savaient caresser.
Et c'est à pleines paumes qu'elle a rencontré ses petits-enfants, sans jamais voir pourtant le bleu
profond caché dans leur iris [mains - Maxime Jr] [mains - Eva] [mains - Tom] [mains - Max]. J'ai
des désirs simples, comme vous. Oui, je veux manger une dinde à Noël avec ma femme [four
fumant – comment rentrer la bête dedans ?] partir au soleil en plein hiver [cocotier – punch -
vahiné], prendre le temps de respirer le bon air des Cévennes [Mont Lozère], m'amuser [casque
DH14], rire à Disneyland Resort [Minnie – Dingo – Cendrillon envoie un baiser] et être entouré par
ma famille, toujours, dans les moments difficiles [famille Guimarch]. Puisqu'ils viendront. Nous en
vivrons tous. Chacun porte sa peine, et nous avons bien assez d'une seule vie pour lutter contre la
mort d'un proche [urne funéraire], nous battre contre la maladie [les longs sanglots des violons de
l'automne], nous évertuer à donner toujours le meilleur de nous-même [sportif à prothèse bionique
– il double un aveugle]. Alors pourquoi perdre notre temps avec un porc [PIG BOY – publicité
pelouse] ? Mérite-t-il vraiment tout ce battage [PIG BOY – photocall 1] [PIG BOY – photocall 2]
[PIG BOY – photocall 3] [PIG BOY – photocall 4] ? Notre attention ne devrait-elle pas plutôt se
tourner vers l'homme ? L'homme n'est-il pas ce qui nous réunit tous [bébé – nu] ? Ce procès me
rend sceptique. Sceptique sur notre capacité commune à envisager un homme meilleur. Sceptique
sur ce que nous souhaitons vraiment pour les générations suivantes [point d'interrogation]. Oui, Pig
Boy a été mon employé pendant dix ans [PIG BOY – signature contrat - flash]. Oui, Pig Boy a été
comme un frère pour moi [PIG BOY – étreinte]. Oui, j'aime Pig Boy. Et pourtant, Pig Boy, lui, ne
m'aime pas [PIG BOY – dos tourné]. Il ne nous aime pas. Il ne nous aimera jamais. Pourquoi
devrais-je l'aimer en retour ? Pourquoi m'offre-t-il au regard de ma fraternité son ingratitude la plus
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amorale [PIG BOY – photocall 4] ? La réponse est simple. Pourquoi ? Parce qu'il est un porc
[boue]. Pas un homme. Un porc [détritus]. Il ne mérite pas notre attention. Nous nous sommes
trompés. L'homme ne devrait se consacrer qu'à l'homme. Chérir les siens, préserver l'espèce, la
prolonger : voilà ce que chacun devrait faire et ça, seulement. L'homme ne devrait être fidèle qu'au
seul vœu de son créateur [ciel bleu] : lui ressembler, du mieux qu'il peut, pour être pardonné. Et
pour cela, il convient de se battre. Il convient de progresser [sportif – saut haut - par dessus barre
olympique]. Il convient de ne jamais oublier d'où nous venons [bébé – nu – il dort sur le ventre de
sa mère] et qui nous sommes pour enfin avoir la dignité de clamer : je vaux mieux, nous valons,
vous valez tellement plus que ce que vous ne pensez. Vous le savez, n'est-ce pas ? Alors si nous y
travaillons vraiment, avec l'ardeur de la modestie, alors je sais que nous y parviendrons [lumière].
Nous avons déjà beaucoup fait. Tout recule : les maladies, la mort, l'espace, cette réalité
[statistiques Institranslive]. Si nous oeuvrons sous l'oeil du Puissant [ciel bleu] alors nos péchés
seront excusés [soldat en sang – yeux fermés]. Croyez-moi. Notre médiocrité, pardonnée
[bourrelet]. Notre faiblesse, pardonnée [face au ravin – comment sauter ?]. Notre orgueil, pardonné
[Marilyn Monroe – sourire plus grand que face]. Notre indifférence, pardonnée [sans-abri endormi
– le pas pressé d'un trader]. Notre désœuvrement, pardonné [obèse – frites au ketchup – un peu de
mayo]. Tout sera pardonné. Oui, je souhaite la paix, l'amour et la douceur [des marguerites – un
pré]. Oui, je suis aussi cet homme-là [Maxime Guimarch - prière]. Mais très sincèrement, juste
entre vous et moi, n'êtes-vous pas ces hommes-là aussi [marche contre la guerre] [Miss Monde – un
baiser pour un sidaïque] [un chinois et un australien – fou rire] [Armstrong – un petit pas pour
l'homme] Vous l'êtes. Assurément. Je le sais. Je vous connais. Je vous sens. Proches. Si proches de
moi. PERTA [logo – marque déposée] vous nourrit depuis si longtemps. Je sais tout de vos
habitudes, de vos fantasmes [soleil couchant] [amoureux – un baiser long et beau] [je vole]
[chaton – chiot – l'embarras du choix] [90-60-90] [pluie de riz – les mariés dessous] [maison au
vert] [un cheese-cake – un doigt dedans] [hamac face à la mer]. Je sais. Nous n'avons plus de
temps à perdre. Je prends conscience qu'il ne faut plus reculer. Il s'agit enfin de faire un pas,
d'avancer enfin. Ne plus reculer. Avoir du courage. Le courage. Ce pas je le fais pour vous ce soir.
En toute conscience. Devant vous. Pour vous. Avec vous. Mes amis, je vous annonce, mes frères,
mes sœurs, mes alliés, mes parents, je vous annonce, mes camarades, mes semblables, nous qui
sommes si intimement connectés, je vous annonce, mon peuple, que désormais l'entreprise PERTA
[logo – marque déposée] se consacrera exclusivement à la recherche pour l'amélioration de
l'homme par l'homme [mains liées – couleurs du monde]. Je vous annonce que PERTA [logo –
marque déposée] met dès maintenant à disposition de l'ensemble de la communauté scientifique et
de la famille humaine l'intégralité de ses porcs d'élevage [porcs d'élevage], de ses laboratoires
[microscope] , de ses usines de transformation [salami haut de gamme] , de ses champs [plaine
verte]. Notre analogie génétique avec les cochons est avérée [comparaison ADN cochon – ADN
homme]. Il ne faut plus reculer. Il faut se doubler sur la route de nos angoisses [Le Cri - Munch].
Avoir confiance en notre capacité à créer ce qu'il y a de plus beau pour notre race [pyramide
d'Égypte]. Il faut remplacer les pièces rouillées. Augmenter nos fonctionnalités. Le porc est au
service de l'homme tout comme l'homme est au service de Dieu [ciel bleu]. Je propose d'étendre
notre gamme à toutes les espèces. J'appelle mes confrères et consoeurs des multinationales
CARGILL [logo – marque déposée], APPLE [logo- marque déposée], AEON [logo – marque
déposée], CHICKYPAN [logo – marque déposée] et tous les autres, à se joindre à ce projet. Qui n'a
pas rêvé un jour de vivre sans tombe [cosmos] ? De posséder en lui les ressources musculaires d'un
bœuf [Atlas porte le monde] ? D'être sans autre angoisse que celle du temps qui ne passe plus
[horloge sans aiguille] ? De déléguer enfin les fonctions secondaires de nos corps à des organismes
plus adaptés afin de les préserver de l'usure. Imaginez ! [une truie accouche d'un bébé – c'est un
bébé d'homme]. Les cellules animales nous complètent. Les microtechnologies nous suppléent.
« Tout est possible à celui qui croit » a dit Marc, verset 9-23. Nous aurons des poumons neufs, du
sang nouveau, nous serons puissants. Nous nous consoliderons et chacun pourra déterminer
25
libéralement ce qu'il est, veut être, sera [carré blanc]. Sans souffrance [rond blanc]. Sans
catastrophe [triangle blanc]. Nous serons réconciliés [mains liées – couleurs du monde]. Et nos
enfants auront la vie qu'ils méritent : illimitée, zen, adéquate. Éternelle. [saut d'enfants – les tee-
shirts gonflés de vent – dent blanches – corps élastiques] Qu'est-ce qu'une tranche de jambon en
comparaison de ce miracle incroyable : celui de la grâce divine [ciel bleu] ? Celui de l'éternité ? Je
rêve que la médiocrité naturelle s'incline enfin et baise les pieds d'un homme si grand qu'il
ombragera la lumière. Ainsi serons-Nous. Ma mission sera complète. Et alors oui, je serai cet
homme – enfin : l'Homme. [l'homme de Vitruve] Merci à tous. [smiley - joie]
PERTA PERTA
INFINITA
PERTA PERTA
L'ÉTERNITÉ À PORTÉE DE MOI
Présidente Shanon : Monsieur PIG BOY, dans un souci d'impartialité, il vous est attribué 1 minute
et 06 seconde de parole libre. À la fin de ce temps, nous procèderons au vote. La sentence sera
rendue puis exécutée en translive. Le décompte va commencer. Accusé, nous vous écoutons.
Pig boy : ................................................................................................................................................
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SMS : PIG BOY EST-IL COUPABLE ? RÉPONDEZ 1 : OUI.
RÉPONDEZ 2 : NON. RÉPONDEZ 3 : JE M'EN REMETS AUX
TRANSLIVERS.
Le final
dans un instant
intense
émouvant
percutant
dans
* APRÈS LE VERDICT *
PERTA PERTA
INFINITA
PERTA PERTA
L'ÉTERNITÉ À PORTÉE DE MOI
28
procès, je tenais à rappeler que avec sa tête de pervers ….................................................
sa médiatisation ne doit en nuitétoilée : ne votez pas 1 votez ….................................................
aucune façon faire ombrage au 2 PIG BOY EST INNOCENT ! ….................................................
sérieux et à la nécessité de notre White : Est-il possible de ….................................................
débat. En tant que procureur de récupérer le cadavre ? Ce soir : ….................................................
la Nation, il est important pour merguez party ! ….................................................
moi de réaffirmer l'importance Cat-U : Votez 1 ! ….................................................
d'un procès équitable et qui Mercure : Gros bisous à Jon, ta ….................................................
entend se détourner des a priori sœur pour toujours, Nadia ….................................................
et des raccourcis trop aisés. Le prousti : retrouvez-nous sur le ….................................................
lieu du show est juste, marché de Plouermel large ….................................................
exemplaire et fait symptôme variété de saucissons noix cumin ….................................................
d'une planète en bonne santé. poivre sec demi-sec bleu de ….................................................
Nous devons tous rester vigilants Bresse à côté de l'église ….................................................
et n'écouter ni la haine ni la Ni-an : 2 !!!!!!!!!!!!!!!!!!! ….................................................
méchanceté, ni la crainte ni la Francky : Le cochon est l'animal ….................................................
colère, et je vous rappelle que le plus proche de l'homme. Si ….................................................
l'accusé est présumé innocent et l'homme tue le cochon alors ….................................................
que le doute doit lui profiter. l'homme se tue un peu lui-même. ….................................................
Vous avez décidé suivant votre Quel pardon Dieu nous ….................................................
âme et conscience et suivant accordera-t-il ? ….................................................
votre intime conviction, avec Mariama.gui : Est-il possible de ….................................................
l'impartialité et la fermeté qui revoir l'épisode 52 ? ….................................................
conviennent à des êtres humains OOOO : Je vote 1. PAS DE ….................................................
probes et libres. Nous sommes PORC ! ….................................................
prêts pour le résultat. Koolchenu : Putain je vais ….................................................
encore pleurer ce soir:-) ….................................................
Nat° : suspense suspense ! Moi ….................................................
je vote 1 ! ….................................................
29
Luigi Perole : Scelgo la vita. Scelgo PIG BOY !
Présidente Shanon : Vous êtes éliminé.
Luigi Perole : Ma -
5 4 3 2 1
Quel sera son destin ?
30
Adieu Adieu
Présidente Shanon : Par les pouvoirs qui me sont conférés par PROCÈS, je déclare Monsieur PIG
BOY coupable de TRAHISON AUX MOEURS HUMAINES, d'USURPATION D'ESPÈCE et de
DÉLIT D'IDENTITÉ PORCINE. Monsieur PIG BOY, vous êtes condamné à la sentence capitale.
Vous serez revêtu d'une veste, d'un pantalon et d'une cravate puis exécuté en translive. Pendu haut
et court puis brûlé jusqu'à la poussière. Cette condamnation prend effet immédiatement. À titre
préventif et en guise d'exemple, la totalité des porcs cliniques, industriels et domestiques seront
dans l'obligation de regarder la vidéo de l'exécution dans les 90 prochains jours ouvrables. Le
replay sera disponible pendant 674 jours, période au bout de laquelle il sera archivé dans le cloud et
classé sans suite.
Il se balance
Il est pendu
Pig Boy est mort
Il sourit ?
Retrouvez en replay
31
la vidéo complète de la crémation du pendu
! EXECUT PIG
Slidez dans PROCÈS
et gagnez des casques DH15 !
À la semaine prochaine
pour un nouvel épisode en translive de
Merci
32
...
Vu.
(…)
(…)
(…)
Au bout du couloir blanc. Pousser la porte EXIT. Elle bâille au vent. S'ouvre sans effort. Comme si
c'était prévu. Derrière la porte le soleil se couche bientôt. La fraîcheur du soir doucement. Va venir.
Pose tien-pied sur sol. L'humide sol. Tien-corps avance. Frisson court le long épine mienne-dorsale.
J'y suis.
(…)
Dehors.
(…)
Jamais vu le jour avant. Moi. Interdit. Toujours dedans. Toujours brûlure mien-œil. Tel qu'aveugle.
Toujours du blanc-blanc-ampoule dans mien-box. Blanc néon d'aveugle dans mien-box fermé. Moi
dedans depuis toujours. Depuis que né. C'est la première fois dehors. La première fois la lumière
vraie. J'ai peur. Tremble le mien-ventre.
Pas de peur tien-cul. Pas péter tien-cul. Le soleil se couche bientôt. Attends que la nuit arrive. Pour
te cacher dedans.
Attends.
(…)
Couche-toi là tien-corps.
33
C'est quoi ?
Froid.
Vas-y tien-corps couche-toi dedans ça.
(…)
Attends.
(…)
La nuit.
(…)
Inspire.
(...)
Patiente.
(...)
Expire.
(…)
(…)
(…)
Mien-corps pète.
Me presse moi. J'ai que la nuit pour filer devant.
S'enfuir. Tien-corps doit s'enfuir.
Je laisse EXIT. Pas de retour en arrière.
Avance vers nuit forestière.
Tu l'as rêvée.
Avance vers elle. Laisse derrière le couloir blanc.
Avance.
Échappe-toi.
La nuit forestière est au bout.
(…)
34
Stop.
(…)
J'entends.
C'est un.
Bruit.
Sol dur.
Sens mienne-narine. L'odeur bitume. Là. Il sent le tien-nez. Différente l'odeur là qu'il sent là. Lèche
le sol tienne-langue. Goût du bitume. Acide. Tu recraches. Tien-ventre se tord. Non non. Giclée
merde-tienne sort de tien-cul. L'odeur de la peur maintenant dégouline sur tienne-peau. Tu la sens.
La frayeur qu'ils-eux t'attrapent.
(...)
Dur.
Tien-corps ne sait pas. Marcher.
Jamais fait ça.
La liberté dans monde-leur.
(…)
Le lune éclaire les buildings. Jamais vu tien-œil ça. La hauteur. Ça - la grandeur. Les buildings.
Un jour dans tien-box tu as vu en tête : building.
Comme une vision. La première vision.
Les buildings : construction hautes et solides.
Hautes habitations des villes où ils-eux vivent.
(…)
Dans box-tien les murs étaient bas. Tout petit l'espace du box-tien blanc dans la clinique. Et toi
grosse masse dedans. Au moins 356 kilogrammes – données médicales du Cloud. Pas de place pour
pied avant droit. Pas pour pied avant gauche. Pas pour tous les pieds. Juste station debout possible.
Pas de marche dans box-tien. Et mal articulations. Cuisses enflées. Mal tien-corps. Croûtes aux
mollets. Je sentais l'odeur du sang aussi. Te rappelle toi. L'odeur du sang. Fer métal le sang sur
tienne-langue. Rien que sentir l'odeur tu avais le goût à la bouche. Sang des femelles égorgées près
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du box-tien. Le-leur sang à elles aux femelles indésirables partout. En flaques. Cause : pas de place
pour toutes. Cause : pas besoin d'elles. Cause : pas assez efficaces. Cause : trop âgées pour mettre
bas. Ils-eux alors les tuaient les mamans obsolètes. Ils-eux sont les patrons. Ils-eux veulent
rentabilité. Ils-eux veulent belle portée. Sitôt petits-miens délivrés sitôt ils-eux injectent une
nouvelle portée. Quinze petits-miens minimum par femelle par portée. Mien-ventre a fait vingt-
deux maxi une fois. Je suis rentable. Moi la championne.
STOP.
J'avance.
J'avance.
J'avance.
(…)
Pense pas.
Avance.
(…)
Merde-tienne sent.
(…)
Je voudrais dévorer mien-corps. J'ai faim. Je voudrais manger ma-mienne chair 356 kilogrammes.
Avant ils-eux mangeaient chair-nôtre. Maintenant ils-eux disent que chair-nôtre est maladie. Chair-
nôtre prohibée. Poison. Mienne-tête comprend pas alors pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi mien-
ventre porte les-leurs enfants alors ? Pourquoi mien-corps doit supporter des étrangers dans mon
utérus si mienne-chair infectée par la mort en virus ? Pourquoi petits bébés humains grandissent
dans mon corps de truie ? Pourquoi pas dans leurs ventre à ils-eux ?
(…)
Aigu.
J'entends.
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Le vent ?
Il y a quelqu'un ?
(…)
(…)
Je sais qu'ils vont lancer la traque. Bientôt. Sais que peu de temps.
Moi porteuse n°78654. Tatouage inscrit sur couenne-mienne-peau.
Je suis à eux.
Inspire.
(…)
(...)
J'ai vu en rêve. La nuit. La forêt. Et dedans les arbres et la terre. Hauts. Plus encore hauts que
buildings. Vus en rêve le trou pour mes-miens. Trou de feuilles chaud. Berceau dans la nuit. Où je
mettrai bas. Je poserai mien-corps sur mes-miens pour empêcher le gel d'eux. Au chaud. Mienne-
bouche chantera le chant harmonica pour bercer mes-miens. Nous serons famille-nôtre. Au milieu
des bois. Nous courrons avec pieds-nôtres dans buissons ardents.
(…)
Pour moins de peur ma bouche parle. Elle parlait aussi dans clinique quand. Quand ils-eux faisaient
le boulot. Jamais vu ils-eux. Juste senti leurs mains dans vagin-mien. Tirer mes-miens récalcitrants.
Sensation de leurs mains glacées dans mien-corps. Ce moment-là mienne-tête parlait aussi. Pour
pas penser. Oublier. Pour me distraire des cris. Pour pas sentir la peur.
(…)
Les autres femelles disent qu'ils-eux n'élèvent pas les bébés. Elles disent que les bébés ont tête de
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cochon et sang d'homme. Les autres femelles disent qu'ils-eux prennent les organes des nouveaux-
nés sortis de nous. Et remplacent leurs cœurs avec, leurs poumons avec. Idem avec les reins le reste.
Ils-eux vident les bébés-chimères de leurs organes pour se remettre à jour. Juste de la peau molle
mes-miens après la découpe. Juste des déchets à sang mêlé. Et ils-eux remis à neuf avec les organes
des à-peine-nés. Ce ne sont pas des bébés d'homme mes-miens. Juste du stock.
(…)
(…)
Mienne-tête-maman ne sait plus. Quoi penser. Ne sait pas. S'exprimer. Sais juste le mur dans son
box. Sais que le sang que les cris. Sais que les jours identiques.
(…)
Il paraît que.
Avant.
Il y avait des porcs dans la forêt.
Des truies idem que moi.
Il paraît il y a longtemps nous étions. Des milliers. Dans la forêt.
Il paraît corps-nôtres mangeaient les champignons.
(…)
Mal miennes-pattes.
Le bitume devient mou.
Tien-corps s'enfonce dans boue.
Cela rappelle à tienne-tête comme un flash.
D'avant.
Ton corps baignait dans la boue. Avec musique harmonica.
(…)
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Mien-corps pisse.
Mien-nez sent les fleurs.
Ici ?
Quelles fleurs ? Ce sont. Des fleurs. Mon corps sait ça.
À ma bouche c'est sucré.
(…)
Des pi-ssen-lits ?
(…)
Mes-miens.
Je ne devrais pas. Parler. Vous parler. Dieu ne donne pas mémoire ni parole aux truies. Dieu parle
aux espèces supérieures. Ce qui n'est pas parfait est exterminé.
(…)
Alors je.
Réfléchis.
Je pense.
Le Dieu là-haut m'a choisie comme son futur. Telle Miss Beauté. Oui Miss Beauté. J'ai eu une
vision. Les Miss Beauté des siècles passées avec la couronne sur la tête. Top de la race de l'espèce
humaine. Les Miss Beauté élues par Dieu en direct dans l'écran. Dieu a dit : L'homme est un bel
animal. Moi aussi. Voilà pourquoi la porte. Voilà pourquoi la nuit.
(…)
Tais-toi.
Tu ne sais rien.
(…)
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Un hibou.
(…)
(…)
Cela sent.
(…)
(…)
Dilatation.
(...)
(…)
Allez.
(…)
Mes-miens.
Nous sommes les suivants. Je veux dire.
C'est inscrit. Je le sais.
Pig.
Et Boy.
En un.
Font l'espèce neuve.
Mes-miens. Il ne faudra pas craindre. Pas craindre la maman-vôtre-truie. Pas craindre mon groin
gros. Ma queue tordue. Nous sommes une famille.
(…)
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J'ai mal.
(…)
RUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
(…)
Je vois.
(…)
(…)
J'y suis.
(…)
RUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
(…)
J'avance.
(…)
(…)
Je rêve.
Je dois.
Rêver.
Loutres. Crapauds. Rhinocéros. Baleines.
Ils dansent.
Ils m'accueillent.
Dans le jour éclatant.
Là-bas.
(...)
Ma gorge gratte.
(…)
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Je vois.
(…)
(…)
Flambe.
(…)
(…)
Calme.
Petits-miens.
Je. Pousse.
Je. Dois.
Pousser.
(…)
Nous. Sommes élus mes-miens. Nous. Sommes parfaits. Mes tétines vous nourriront vous-
prochains-dieux à la nuit forestière. Sans qu'ils-eux vous découpent. Dieu a dit : L'homme est
supérieur. C'est. Faux. Nous. Sommes supérieurs. La forêt abritera. Notre amour. Nous. Fusionnés.
La paix dans nos cellules. Nous. Mes-miens. Nous tous ensemble groin-nez pattes-cornes-crinière-
jambes-index à la. Nuit. Des nuits. Forestières parmi les animaux multiples. Ils seront là aussi les
lions. Fusionnés brebis. Les corbeaux-autruches. Les ours-scarabées. Les marguerites-louves les
chiens-croco les peupliers-ruisseaux les antilopes. -Coq. Nous tous. Nous accouplés sans. Box.
Nous cochons-homme parmi la faune immense. Nous sommes l'ultime songe pacifique.
(…)
RUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
(…)
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Je pousse.
(…)
Encore.
Ma peau se cloque.
(…)
J'entends l'harmonica.
Chante l'harmonica.
(…)
Encore.
(...)
(…)
Je suis l'élue.
(…)
(...)
Approche.
Et prends patience.
(…)
La nuit ne sera plus très longue avant que le soleil ne fonde enfin nous.
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…
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