Ordinateur Et Activité Expérimentale en Physique, Exemples de Mécanique

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ORDINATEUR ET ACTIVITÉ EXPÉRIMENTALE


EN PHYSIQUE, EXEMPLES DE MÉCANIQUE

F.-M. BLONDEL, J.-C. LE TOUZÉ, N. SALAMÉ

L'informatique entretient des relations privilégiées avec les


disciplines expérimentales depuis l'invention de l'ordinateur. Les
premières machines ont été développées pour les besoins de calcul dans
le domaine scientifique. Un peu plus tard, les mini-ordinateurs sont
intervenus dans le contrôle d'expériences complexes et le traitement de
masses importantes de données. Quant aux micro-ordinateurs, ils sont
devenus les outils quotidiens des chercheurs et des techniciens dans la
majeure partie des laboratoires.
Quels avantages peut-il y avoir à utiliser un micro-ordinateur pour
faire des expériences et ces avantages sont-ils transposables dans
l'enseignement ?

ORDINATEUR AU SERVICE DE L'EXPÉRIMENTATION

L'utilisation simultanée d'un ordinateur et d'un ou plusieurs


dispositifs expérimentaux enrichit notablement les possibilités de présen-
tation d'expériences ou de manipulations pratiques offertes dans le cadre
scolaire.
Les fonctions principales qui peuvent être envisagées avec
l'ordinateur dans une activité expérimentale sont (1) :
– la mesure directe de certaines grandeurs temps, tension, intensité,
pression, température...
– la visualisation immédiate des résultats de la mesure,
– le calcul de grandeurs dérivées, comme l'énergie, ou des
transformations opérées sur les grandeurs mesurées,
– la représentation graphique des valeurs directes ou des valeurs
transformées ou dérivées,
– le stockage des mesures en vue d'une analyse ultérieure,
– l'interprétation statistique d'un grand nombre de mesures.
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Les avantages fonctionnels de l'ordinateur permettent d'envisager


une modification du travail des élèves et une autre répartition de
l'activité entre le professeur et les élèves. En particulier, dans le cadre
horaire habituel, on peut espérer accélérer et améliorer le processus
mesurage-calcul-représentation au bénéfice de l'analyse des données et
de l'interprétation des résultats.

EXPÉRIENCES DE MÉCANIQUE

Le dispositif expérimental que nous avons développé pour l'étude


du mouvement sur un axe utilise des cellules photoélectriques couplées
directement à un micro-ordinateur. L'horloge interne du micro-ordina-
teur permet une mesure des temps avec une grande précision (inférieure
à 50 microsecondes). Avec des couples de cellules suffisamment
rapprochés, il est possible d'obtenir ainsi une mesure indirecte de la
vitesse instantanée d'un ou de plusieurs mobiles.
Les expériences proposées avec ce matériel concernent l'intro-
duction et l'étude de la quantité de mouvement en classe de seconde et
l'étude cinématique et énergétique de la chute libre et du mouvement sur
un plan incliné en classes de première et de terminale. Le même
ensemble matériel et logiciel peut être manipulé par le professeur ou par
l'élève.

QUANTITÉ DE MOUVEMENT

L'introduction de la dynamique en classe de seconde se fait à partir


des données recueillies sur la table ou le banc à coussin d'air. Avec un
matériel traditionnel, les seules données connues sont les positions à des
instants fixés, d'un ou de deux mobiles en mouvement.
Les logiciels que nous avons conçus pour l'étude de, la quantité de
mouvement sont regroupés en trois parties qui correspondent à trois
phases de cet enseignement.

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1 - Mesure des vitesses lors d'un éclatement


Les fonctions disponibles sont :
– la mesure des dates d'occultation des capteurs,
– la visualisation du diagramme des temps et des durées du passage
des mobiles devant les capteurs,
– le calcul et la visualisation des vitesses,
– la mémorisation des résultats de chacun des éclatements en
fonction des masses utilisées.

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Cette partie correspond à la phase d'observation du phénomène et


de mesure des seules grandeurs qui y sont associées : vitesse et masse.

2 - ANALYSE STATISTIQUE DES RÉSULTATS DE MESURE

Les fonctions disponibles sont les suivantes :


– l'affichage des vitesses et de leur rapport,
– la représentation graphique dans le plan,
– le calcul et la représentation de la droite de régression,
– la visualisation de différents histogrammes du rapport des vitesses
histogrammes de classes fixes ou histogrammes de classes
variables en isopopulation,
– le calcul de la moyenne et de l'écart-type,
– l'élimination des mesures aberrantes.

Cette analyse statistique peut se faire sur les différents résultats


accumulés lors des expériences d'éclatements avec des masses
différentes.
En fait, ce logiciel d'analyse est un outil statistique assez général
et peut servir également pour l'étude de la variation de deux grandeurs
corrélées quelconques.
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3 - Vitesse et quantité de mouvement lors d'un choc


Les fonctions présentes dans cette partie sont :
– -la mesure de dates et le calcul des vitesses avant et après le choc,
– -la représentation des vecteurs vitesse,
– -la représentation des vecteurs quantité de mouvement,
– -à la demande, la composition des vecteurs vitesse ou la
composition des vecteurs quantité de mouvement.

Ces dernières compositions sont faites par une animation des


différents vecteurs qui met en évidence la méthode graphique de
composition.
Toutes les configurations de chocs sont possibles : chocs mous ou
chocs élastiques, avec masses différentes, avec un mobile à l'arrêt, avec
vitesses initiales opposées ou dans le même sens. Cette phase correspond
à la mise en évidence de la conservation de la quantité de mouvement.

CHUTE LIBRE

Habituellement l'étude de la chute libre se fait à partir du recueil


expérimental du temps mis par une bille pour parcourir des distances
connues. Avec le matériel que nous utilisons, il est possible d'obtenir
également la vitesse instantanée pour chaque position des capteurs.

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La première fonction du logiciel correspond à la mesure des dates


de passage et des vitesses de la bille pour différentes positions des
capteurs le long de la chute.
La deuxième fournit les représentations graphiques de la position
en fonction du temps, de la vitesse en fonction du temps et de la vitesse
en fonction de la position. La régression de la vitesse en fonction du
temps est calculée pour obtenir l'accélération. De plus, les variations
d'énergie potentielle et d'énergie cinétique sont calculées et représentées
graphiquement l'une en fonction de l'autre.

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PLAN INCLINÉ

L'étude cinématique du mouvement d'un mobile sur un plan


incliné est analogue à celle de la chute libre. Le dispositif matériel que
nous utilisons est le même, le mobile se déplaçant sur le banc à coussin
d'air incliné.
Le logiciel possède les mêmes fonctions mais à cette différence près
toutes les représentations graphiques sont disponibles en même temps
que la mesure. Ceci permet de vérifier graphiquement que la dernière
mesure est en accord avec les précédentes, et de choisir la valeur des
paramètres pour la prochaine expérience (position des capteurs et
hauteur de l'inclinaison) en fonction des résultats déjà obtenus. Ainsi
l'interprétation des données expérimentales peut-elle être menée en
même temps que l'expérience.

NATURE DES LOGICIELS

Les logiciels décrits ci-dessus n'imposent pas de démarche


pédagogique particulière et laissent à l'enseignant le libre choix entre
différentes progressions dans la conduite de l'expérience ou l'analyse des
résultats.
Toutes les fonctions sont accessibles sous forme de menus ou
d'options et les possibilités offertes sont en général largement
supérieures à ce qui est effectivement utilisable pendant une séance de
cours ou de travaux pratiques.
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La particularité de cette approche réside plutôt dans les aides


didactiques qui sont offertes en complément des calculs et des
représentations habituels. Par exemple, dans l'examen des vitesses
obtenues dans les éclatements, les dernières mesures sont de couleur
différente pour que leur intégration dans l'ensemble des données
enregistrées soit plus visible sur la représentation graphique. Dans le
même esprit, la composition des vecteurs quantité de mouvement est
faite par une animation qui explicite la méthode graphique de
composition de deux vecteurs. Sur les représentations graphiques du
mouvement d'une bille en chute libre, on peut également tracer la droite
qui joint le premier point au dernier point de mesure pour mettre en
évidence la non-linéarité de la relation entre z et t.

PROPOSITION D'INSERTION DANS L'ENSEIGNEMENT

Une première expérimentation pédagogique de ces outils a été


menée dans quatre lycées (une douzaine de classes environ). Elle a porté
principalement sur l'enseignement de la quantité de mouvement et a
permis d'en tirer des propositions d'insertion dans l'enseignement.
L'étude de la quantité de mouvement se fait le plus souvent en
.utilisant la table à coussin d'air. Après une ou deux expériences
collectives de chocs ou d'éclatements, le travail des élèves en travaux
pratiques consiste à mesurer et à tracer les vecteurs vitesse à différentes
étapes de l'enregistrement, puis à en interpréter les évolutions.
L'utilisation de l'ordinateur permet de proposer une démarche
différente qui s'appuie sur la facilité d'obtention d'un plus grand nombre
de résultats de meilleure précision.
Dans un premier temps, les élèves font tour à tour des expériences
d'éclatements en travaux pratiques. Les données sont enregistrées et
chaque groupe d'élèves peut commencer un travail d'interprétation
individuel. Ensuite, les données enregistrées sont agrégées à celles des
groupes de T.P. précédents. on dispose alors d'un volume de résultats
suffisant pour se livrer en classe à un travail collectif d'analyse
statistique et d'interprétation pour introduire la notion de quantité de
mouvement. Au besoin, une ou deux expériences complémentaires
peuvent être faites par l'enseignant pour confirmer certaines hypothèses.
Dans un deuxième temps, des expériences de chocs sont faites par
l'enseignant dans des conditions variées, de la situation la plus simple
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(choc mou avec un mobile à l'arrêt) à la plus complexe (choc élastique


avec vitesses quelconques), pour vérifier la conservation de la quantité de
mouvement et par conséquent l'intérêt de cette notion.
Les établissements ne possédant en général qu'un seul banc à
coussin d'air et un seul ordinateur pour les T.P., l'utilisation de
l'ensemble est toujours collective. C'est bien sûr le cas pour l'analyse
statistique puisqu'elle est menée à partir des résultats de toute la classe.
Cependant, il est préférable de laisser les élèves manipuler le plus
possible, principalement pour les éclatements afin qu'ils puissent
observer en détail le déroulement de l'expérience et, par conséquent,
mieux comprendre les causes possibles de variation d'une expérience à
l'autre.

CONCLUSION

Les outils informatiques favorisent une transformation du rôle de


l'expérimentation dans l'enseignement de la physique. Ils permettent
d'adopter une démarche plus inductive, ou les notions et les relations qui
les lient dans certaines conditions sont mises en évidence à partir des
résultats expérimentaux. Cependant, cette attitude n'est possible que si
l'on accorde une place suffisante à l'apprentissage de, l'interprétation des
représentations graphiques et des méthodes statistiques.
Ce travail a bénéficié de la collaboration de G. Bourdin,
J. Carbonnet, F. Filippi, L. Poulizac, P. Rivière et M. Tarizzo.

F.-M. BLONDEL, J.-C. LE TOUZÉ, N. SALAMÉ,


Institut National de Recherche Pédagogique
Informatique et Enseignement
Groupe Sciences Physiques

(1) SCHWOB M., BLONDEL F.M., Du laboratoire à la salle de cours utilisation


de l'ordinateur en sciences physiques in Ordinateurs en Physique-Chimie,
p. 9-39.
DUREY A., Avec des micro-ordinateurs, faire des sciences physiques d'abord,
5èmes journées sur l'Éducation Scientifique, Chamonix 1983, p. 583-588.

Voir aussi :
Journées Informatique et Pédagogie des Sciences Physiques, Poitiers, 1-2 octobre
84 et Nancy, 21-22 avril 86.

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