Braeckman Voutsinos-Svilarich
Braeckman Voutsinos-Svilarich
Braeckman Voutsinos-Svilarich
Bettina BRAECKMAN
Pauline VOUTSINOS-SVILARICH Mai 2009
UNIVERSITE PAUL SABATIER
FACULTE DE MEDECINE TOULOUSE-RANGUEIL
INSTITUT DE FORMATION EN PSYCHOMOTRICITE
Bettina BRAECKMAN
Pauline VOUTSINOS-SVILARICH Mai 2009
REMERCIEMENTS
Merci à Régis Soppelsa, notre maître de mémoire, pour ses conseils et le temps qu’il nous a
consacré.
Merci à Nathalie Noack, Eric Aubert, Sandy Mucke et Nathalie Levêque pour leur
collaboration et leur disponibilité.
Merci à Jean-Michel Albaret pour le temps qu’il a consacré à l’analyse statistique de nos
résultats.
Merci aux collèges Louise Michel de L’Isle Jourdain, au collège d’Arsonval à Saint Germain
Les Belles ainsi qu’au collège Donzelot à Limoges pour leur accueil.
Merci à tous les collégiens ainsi qu’à leurs parents d’avoir accepté de participer à notre
étude.
Merci à nos familles pour le soutien qu’elles nous ont apporté tout au long de cette année.
SOMMAIRE
INTRODUCTION ………………………………………………………………………………. 5
ETUDE THEORIQUE…………………………………………………………………………. 7
I. L’ECRITURE......................................................................................................... 7
A. DEFINITION .............................................................................................................. 7
B. L’EVOLUTION DE L’ECRITURE...............................................................................16
1) Du CP au CE2 .............................................................................................. 16
2) Du CM1 au CM2 ........................................................................................... 16
3) La phase de régulation : de 10 à 12 ans ......................................................... 17
4) L’âge adulte ................................................................................................. 17
5) L’écriture chez le collégien............................................................................. 17
1
B. EPIDEMIOLOGIE .....................................................................................................20
C. ETIOLOGIES............................................................................................................21
D. CLASSIFICATIONS..................................................................................................21
1) Selon les aspects linguistiques et psychomoteurs, Gaddes et Edgell 1994 ......... 21
2) Selon les caractéristiques cinématiques, Mojet 1991........................................ 22
3) Selon les troubles associés, Sandler (1992) .................................................... 22
4) Selon les modèles neuropsychologiques......................................................... 23
a. La dysgraphie linguistique .......................................................................... 23
b. La dysgraphie spatiale ............................................................................... 23
c. La dysgraphie motrice ............................................................................... 24
B. EVALUATION DE LA LISIBILITE..............................................................................31
1) Test Of Legible Handwriting ........................................................................... 31
2) Autres mesures ............................................................................................ 31
C. EVALUATION DE LA VITESSE................................................................................31
1) Echelle E de De Ajuriaguerra ......................................................................... 32
2) Le BHK ........................................................................................................ 32
3) Autres mesures ............................................................................................ 32
2
D. EVALUATION CLINIQUE .........................................................................................33
1) Evaluation de la posture et des mouvements................................................... 33
2) Evaluation de l’atteinte .................................................................................. 33
ETUDE PRATIQUE……………………………………………………….…………………... 39
B. MATERIEL................................................................................................................44
C. CONSIGNES ............................................................................................................44
3
b. Score à la nouvelle correction .................................................................... 48
2) Vitesse, niveau scolaire et sexe ..................................................................... 49
3) Analyse par critère ........................................................................................ 51
V. DISCUSSION ...................................................................................................... 63
A. POPULATION GENERALE ......................................................................................63
1) Le score total ............................................................................................... 63
2) Les critères .................................................................................................. 64
3) La différence sexuelle ................................................................................... 64
4) Le facteur classe .......................................................................................... 65
C. REMARQUES...........................................................................................................67
CONCLUSION……………………………………………………………………………………68
BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………………. 69
4
INTRODUCTION
A l’heure où les enfants passent des heures sur leur ordinateur, l’écriture semble en
voie de disparition. Or les enfants passent encore entre 30 et 60% de leur temps à écrire1.
En effet, à l’école, l’écriture est omniprésente et nécessite d’être de plus en plus rapide pour
répondre aux exigences qui augmentent avec les niveaux scolaires (quantité croissante
d’éléments à écrire et à savoir). De plus, la lisibilité de l’écriture peut influencer l’évaluation
d’un devoir par les professeurs et la perception de l’enfant sur ses capacités à composer des
textes2. Les capacités d’écriture d’un enfant peuvent aussi affecter le temps qui lui est
nécessaire pour finir un devoir, ses compétences de prise de notes et la vitesse avec
laquelle il va écrire3.
Le dépistage des enfants en difficulté d’écriture est donc important. En effet, les
troubles de l’écriture toucheraient 5 à 20 % de la population scolaire. De plus, les
perturbations de l’écriture sont très variables dans leur sévérité, leur nature et leur durée.
Elles vont de la simple erreur de substitution de lettres jusqu’à l’incapacité totale à écrire4.
La difficulté dans l’acte d’écrire est donc un handicap à la scolarité et peut devenir un
handicap social5. Les pathologies de l’écriture doivent être reconnues afin d’éviter un échec
scolaire pour cause de lenteur ou d’un manque de lisibilité. Or, si plusieurs études et des
outils existent sur l’évaluation de l’écriture dans les classes de primaire, il n’en est pas de
même pour les enfants scolarisés en classes de collège.
1
MILLER, MISSUINA, MACNAB, MALLOY-MILLER, PALATAJKO (2001) in DI BRINA C., NIELS R.,
OVERVELDE A., LEVI G., HULSTINJ W. (2008), « Dynamic time warping: A new method in the study of poor
handwrinting » in Human movement science n°27 , p.242-255.
2
SWEEDLER-BROWN (1992) in GUET E. (2008), Evaluation de l’écriture chez le collégien: observation de la
vitesse d’écriture, Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Psychomotricité, Toulouse.
3
GRAHAM, WEINTRAUB (1996) in GUET E. (2008), Evaluation de l’écriture chez le collégien: observation de la
vitesse d’écriture, Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Psychomotricité, Toulouse.
4
MAC CARTHY, WARRINGTON (1994), in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle
d’évaluation rapide de l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA.
5
DEUEL (1995), in ZESIGER P., DEONNA T., MAYOR C. “L’acquisition de l’écriture“ in Enfance n°3 , Paris, p.
296.
5
L’objectif du mémoire présenté ici sera d’essayer de créer une échelle d’évaluation
rapide de l’écriture chez le collégien. Ce test devra permettre le dépistage de la dysgraphie.
Nous avons choisi de nous appuyer sur un test déjà existant pour les classes de
primaire : le BHK de HAMSTRA-BLETZ et BLÖTE, adapté à la population française en 2003
par CHARLES, SOPPELSA et ALBARET. Ce test consiste en la copie d’un texte pendant
cinq minutes. Cette copie est corrigée en fonction de treize critères et de la vitesse d’écriture.
Le BHK allie de bonnes qualités métriques à une passation aisée et rapide. La correction,
même si elle nécessite un temps d’apprentissage, est facile et relativement objective. De
plus, cette échelle permet de joindre une évaluation des aspects qualitatifs aux aspects
quantitatifs.
Le but de notre étude sera donc de proposer une nouvelle correction à la copie de
cinq minutes du texte du BHK utilisée dans les classes de primaire.
Dans une partie théorique, nous exposerons quelques rappels et mises à jour
concernant l’écriture, son évolution, sa pathologie et son évaluation. Puis nous présenterons
les résultats des mémoires effectués en vue de l’obtention du diplôme d’état de
psychomotricité sur lesquels notre étude s’est appuyée, c’est à dire :
- GUET E. (2008), Evaluation de l’écriture au collège : observation de la vitesse
d’écriture,
- BROUSSE DE GERSIGNY A. (2008), Evaluation de l’écriture chez le collégien :
caractéristiques qualitatives.
6
ETUDE THEORIQUE
I. L’ECRITURE
A. DEFINITION
D’un point de vue linguistique, l’écriture est un système de communication entre les
individus au moyen de signes visibles. L’écriture remplit donc deux fonctions principales :
elle permet de s’affranchir d’une part des contraintes spatiales et d’autre part des contraintes
temporelles1.
D’un point de vue cognitif, l’écriture est une transcription du langage oral en un
langage écrit ; il s’agit d’un encodage dont la plus petite échelle est le passage du phonème
(le son) au graphème (la lettre écrite)2.
En effet, écrire consiste à produire des séquences de symboles graphiques (les
lettres) en obéissant à des règles conventionnelles (lignes horizontales et parallèles allant de
la gauche vers la droite et du haut vers le bas pour le français). L’acte d’écrire est donc
soumis à des contraintes de production de symboles reconnaissables et lisibles pour tous et
à des contraintes d’agencement spatial permettant l’organisation et la lisibilité du texte3.
D’un point de vue moteur, les mouvements d’écriture sont planifiés pour suivre une
trajectoire spatiale et laisser une trace de celle-ci dans la perception visuelle.
L’écriture est donc un acte complexe qui implique une appartenance à un code
commun, une maîtrise corporelle et tonique, un bon développement perceptif visuel, une
mémoire de travail conséquente, de l’attention, une succession d’actes ordonnés dans le
temps et dans l’espace et la mise en jeu de fonctions cognitives supérieures.
1
ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale, Paris : PUF, p.245
2
VAN GALEN in BENOIT C., SOPPELSA R. (1996), « Mise en pratique de l’analyse neuropsychologique de
l’écriture dans la rééducation » in Evolutions psychomotrices volume 8 n°33 , Paris, p.121
3
ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale, Paris : PUF, p.245
7
B. CARACTERISTIQUES DE L’ECRITURE
1) Les invariants
Quelle que soit la partie du corps utilisée pour écrire, l’écriture garde les mêmes
caractéristiques. On peut en déduire que le schéma moteur est abstrait : il n’est pas
spécifique aux effecteurs. L’écriture est donc une tâche caractérisée par un haut niveau
d’équivalence motrice, elle ne perd pas ses caractéristiques.
b. L’isochronie
1
ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale, Paris : PUF,
p.192-202.
2
VIVIANI, SCHNEIDER (1991) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et
développementale, Paris : PUF, p.197-198.
3
WRIGHT in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale, Paris :
PUF, p.92-93.
8
L’isochronie est une caractéristique présente très précocement dans le
développement de l’écriture et elle augmente avec l’âge. A 12 ans, les valeurs sont
inférieures mais proches de celles des adultes : les compensations de vitesse que les
adultes mettent en place sont plus efficaces. De plus, les adultes écrivent spontanément à
un niveau proche des limites de leur système moteur (les variations volontaires sont moins
importantes)1.
c. L’homothétie temporelle
d. L’homothétie spatiale
La variabilité spatiale diminue avec l’âge, ce qui permet de supposer une amélioration
de la représentation spatiale interne du mouvement (amélioration de la qualité avec l’âge et
la pratique) et une diminution du bruit neuromoteur (diminution des distorsions) en parallèle
avec une augmentation de la vitesse d’exécution5.
1
ZESIGER (1992) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et
développementale, Paris : PUF, p.196-197.
2
ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale, Paris : PUF, p.94-
97.
3
VIVIANI, SCHNEIDER (1991) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et
développementale, Paris : PUF, p.198-201.
4
BENOIT C., SOPPELSA R. (1996), « Mise en pratique de l’analyse neuropsychologique de l’écriture dans la
rééducation » in Evolutions psychomotrices volume 8 n°33 , Paris, p.122.
5
ZESIGER (1992) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et
développementale, Paris : PUF, p.198-201.
9
e. L’isogonie
L’isogonie est un principe déjà présent chez les enfants de 8 ans, des valeurs
proches de celles des adultes sont obtenues dès l’âge de 11 ans2.
a. Effet de position
La forme, la taille et la vitesse d’exécution d’une lettre peuvent être influencées par la
lettre suivante (l’effet d’anticipation affecte le trait descendant) et, dans une moindre mesure,
par la lettre précédente (l’effet consécutif ou résiduel affecte les traits ascendants et
descendants ainsi que la sélection des allographes)3. De plus, on note une diminution du
temps d’écriture des lettres vers la fin des mots. Le tampon graphémique rétrécirait d’une
unité chaque fois qu’un graphème (une lettre) est traité par les processus inférieurs. La
charge globale du traitement diminuerait donc progressivement permettant une utilisation
plus performante du système de production de l’écriture4.
La familiarité des tracés ou des lettres à produire induit une diminution importante du
temps de latence et d'initiation de la réponse écrite.
1
ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale, Paris : PUF,
p.103-105.
2
ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale, Paris : PUF,
p.201-202.
3
DARDOUR A. (2005), Evaluations et prises en charge des troubles de l’écriture, Mémoire présenté en vue de
l’obtention du Diplôme d’Etat de psychomotricité, Toulouse, p.14.
4
VAN GALEN (1990) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et
développementale, Paris : PUF, p.124-125.
10
Les digrammes ou les trigrammes (ensemble de 2 ou 3 lettres) connus sont écrits
plus rapidement, surtout s’ils sont en fin de mot1. L’apprentissage permet d’augmenter la
taille de l’unité à traiter et de préparer plus précocement la production des segments
suivants2.
Ce phénomène est plus important chez les adultes, mais existe aussi chez les
enfants de 8 à 12 ans.
La complexité des lettres, quant à elle, induit un effet sur la durée de préparation au
mouvement graphique et sur la distance optimale d'espacement3.
1
ZESIGER (1993) in DARDOUR A. (2005), Evaluations et prises en charge des troubles de l’écriture, Mémoire
présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de psychomotricité, Toulouse, p.14.
2
PORTIER, VAN GALEN, MEULENBROEK (1990) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive,
neuropsychologique et développementale, Paris : PUF, p.125-126.
3
VAN GALEN et al. (1986) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et
développementale, Paris : PUF, p.126.
11
Chez l’adulte, le sexe et la latéralité peuvent aussi influencer dans une certaine
mesure la trace écrite mais les résultats des études sont peu significatifs1.
Chez l’enfant, la latéralité manuelle semble avoir peu d’influence sur l’écriture alors
que le facteur sexe montre une différence en faveur des filles pour la lisibilité et la fréquence.
Le développement de l’écriture des filles aurait 6 à 12 mois d’avance par rapport à celui des
garçons2. Cependant toutes les études ne retrouvent pas cette différence significative entre
les sexes.
1
ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale, Paris : PUF,
p.122-123.
2
ZIVIANI (1984) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale,
Paris : PUF, p.202-203.
3
VAN GALEN (1991) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et
développementale, Paris : PUF, p.116-118.
12
Ce modèle est modulaire, c'est-à-dire que chaque sous-système traite l'information
indépendamment des autres et donne ses résultats à la partie directement inférieure qui la
traite à son tour. Les processus linguistiques traitent l’information en premier ; ils seraient
communs aux diverses modalités de production du langage écrit1.
1
ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale, Paris : PUF, p.66.
2
CARAMAZZA, MICELI (1989) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et
développementale, Paris : PUF, p.28-33.
13
Selon le modèle d’ELLIS (1988), le buffer allographique vient après le niveau
graphémique. Le buffer allographique définit le style de l’écriture : minuscule/majuscule (la
casse de la lettre) ; script/cursif et la forme spécifique de la lettre selon le répertoire
personnel de la personne (en effet, de nombreux scripteurs utilisent plusieurs variantes pour
produire une même lettre appartenant à la même casse et au même style d’écriture). Le
système allographique est un système de spécification des codes physiques de la future
transcription écrite de la lettre. Il gère les différentes façons dont une même lettre peut être
écrite. Ces représentations seraient de nature spatiale1. Les allographes d’un graphème sont
toutes les formes que peut prendre celui-ci, tout en restant lisible2.
Dès lors que la sélection des caractéristiques internes de la future lettre a lieu, les
programmes moteurs sont sélectionnés. Deux types d'informations seraient spécifiés dans la
représentation centrale du mouvement : la forme de la lettre à produire et l'ordre dans lequel
les traits doivent être exécutés.
1
VAN GALEN (1991) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et
développementale, Paris : PUF, p.116-118.
2
ELLIS (1988) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale,
Paris : PUF, p.66-67.
3
PICK, TEULINGS (1983) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et
développementale, Paris : PUF, p.116-118.
4
ELLIS (1988) in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale,
Paris : PUF, p.66-67.
14
Plus récemment, ZESIGER (2003) a complété le modèle de VAN GALEN. Il a établi
un modèle représentant les types de capacités et de connaissances requises dans
l’apprentissage de l’écriture, les niveaux de représentation traités et les fonctions des
afférences perceptives1.
A. LES PREREQUIS
L’écriture est une activité abstraite qui nécessite un certain niveau intellectuel mais
aussi une disponibilité émotionnelle. Ainsi la croissance de l'écriture reflète le développement
global de l'enfant que ce soit au niveau psychomoteur, intellectuel et même affectif et social.
1
ZESIGER P. (2003), « Acquisition et troubles de l’écriture » in Enfance 2003/1 Volume 55, p.56-64.
15
B. L’EVOLUTION DE L’ECRITURE
1) Du CP au CE2
Durant les trois premières années d’instruction, du CP au CE2, on observe une nette
amélioration sur la majeure partie des indices mesurés. Cette période correspond au stade
pré-calligraphique. La durée de production et la dysfluence des mouvements diminuent, de
même que le nombre et la durée des pauses. La taille des productions et la pression sur
l’instrument scripteur diminuent également très sensiblement. De manière générale, la
variabilité des productions tend également à diminuer, en particulier dans le domaine spatial.
Ces divers changements témoigneraient de l’élaboration d’une représentation interne du
mouvement qui se modifie sur le plan quantitatif (changement de la taille des unités) et
qualitatif (caractère plus stable du programme moteur). Il y a donc une transition progressive
d’une stratégie de contrôle principalement rétroactive vers une stratégie plus proactive.
2) Du CM1 au CM2
Entre 9 et 10 ans, c’est à dire entre le CM1 et le CM2, on assisterait à une phase
intermédiaire : la durée, la dysfluence et le nombre de pauses continuent à décroître de
manière significative. Cela indiquerait une amélioration de la représentation centrale du
mouvement et une augmentation de la taille des unités programmées. Les capacités de
l’enfant à traiter simultanément l’exécution et la réalisation des mouvements continuent à
s’affiner (diminution du nombre de pauses). Par contre, la longueur de la trajectoire ainsi que
la durée des pauses se stabilisent à des niveaux qui sont déjà comparables à ceux de
l’adulte. Le changement le plus remarquable est la forte augmentation de la vitesse moyenne
qui entraîne un déclin temporaire de la précision, de la stabilité spatiale des tracés et une
augmentation de la pression sur l’instrument scripteur. Cette période correspondrait au stade
calligraphique.
16
3) La phase de régulation : de 10 à 12 ans
4) L’âge adulte
Entre les enfants de 11-12 ans et les adultes, on observe diverses modifications qui
vont dans le sens d’un gain d’efficience, d’automatisation et d’économie. La durée, la
dysfluence et le nombre de pauses diminuent alors que les vitesses maximales et moyennes
augmentent. Les structures temporelle et spatiale des productions de l’adulte sont plus
variables que chez les enfants de 11 à 12 ans. Cela signifierait que le maintien strict des
rapports invariants n’est pas une stratégie optimale dans la recherche d’une plus grande
efficience. Le sujet tenterait alors de trouver le compromis optimal entre les contraintes
« centrales » relatives au but de l’écriture et les contraintes « périphériques » visant à
réaliser la tâche avec un coût minimal. On peut aussi considérer que la performance des
sujets adultes est davantage dépendante des processus de préparation des lettres et des
traits à venir qui sont simultanés à l’exécution d’une autre partie de la production. En effet le
traitement simultané d’informations différentes représente une charge considérable pour le
système cognitif. Cette charge entraînerait des fluctuations dans les divers niveaux de la
programmation et de l’exécution des mouvements d’écriture.
1
BANG (1959), ZIVIANI (1984) in CHARLES M. (2001), Adaptation et étalonnage du test d’écriture le BHK,
Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Psychomotricité, Toulouse, p. 28.
17
Cette évolution par paliers permet de suggérer que le stade dit calligraphique (en fin
des années de primaire) est totalement maîtrisé en CM1-CM2 puisque la vitesse devient
constante. Cependant le niveau scolaire et la fluidité de la pensée exigent une augmentation
de la vitesse d’écriture. Or, la production du stade calligraphique ne peut subir l’accélération
nécessaire. Ainsi on observe une simplification des formes des lettres et une modification
des liens entre elles (qui peuvent être supprimés)1. Les mouvements sont plus fluides et les
courbes de vitesse montrent moins de variations2.
Une comparaison de l’écriture d’un enfant de 11 ans à celle d’un adulte montre des
différences. Ceci met en évidence qu’il existe des processus d’évolution de l’écriture après
l’apprentissage fait au primaire.
A. DEFINITION
Dans le DSM IV, les difficultés d’écriture sont considérées soit comme un signe de
trouble de l’expression écrite, soit comme un signe de trouble de l’acquisition de la
coordination.
1
WEINERT, SIMMONS, ESSING (1996) et WING, WATTS, SHARMA (1991) in CHARLES M. (2001),
Adaptation et étalonnage du test d’écriture le BHK, Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de
Psychomotricité, Toulouse, p. 27.
2
ALBARET JM., SANTAMARIA M. (1996), Utilisation des digitaliseurs dans l’étude des caractéristiques motrices
de l’écriture, Evolutions psychomotrices volume 8 n°33 , p.115.
3
GRAHAM, WEINTRAUB, BERNINGER, SCHAFER (1998), « Developpement of Handwriting Speed and
Legibility in grades 1-9 » in BROUSSE DE GERSIGNY (2008), Evaluation de l’écriture chez le collégien :
caractéristique quantitatives, Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Psychomotricité,
Toulouse.
18
Ce signe est défini selon trois critères1 :
- les capacités d’expression écrite, évaluées par des tests, sont nettement inférieures
au niveau escompté compte tenu de l’âge chronologique du sujet, de son niveau
intellectuel et d’un enseignement approprié à son âge ;
- la perturbation décrite ci-dessus interfère de façon significative avec la réussite
scolaire ou les activités de la vie courante qui font appel à l’écriture ;
- s’il existe un déficit sensoriel, les difficultés d’expression écrite dépassent celles
habituellement associées à celui-ci.
1
DSM IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (1996), Masson, Paris.
2
AUZIAS M. in BALAGUER M., MUGNIER E. (2007), Les troubles de l’écriture en orthophonie : proposition d’un
protocole d’évaluation et axes de prise en charge, Mémoire présenté en vue de l’obtention du Certificat de
Capacité d’Orthophonie, Toulouse, p. 38.
3
HAMSTRA-BLETZ, BLÖTE (1993), in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle
d’évaluation rapide de l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p.8.
4
MARCIE, HECAEN (1989) in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle d’évaluation
rapide de l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p.7.
5
CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle d’évaluation rapide de l’écriture chez
l’enfant, Paris : ECPA, p. 8.
19
- les dysgraphies non spécifiques qui renvoient à différentes étiologies dont elles ne
sont qu’une expression : déficience intellectuelle, carence affective, absentéisme
scolaire ou entraînement réduit.
Le point commun des enfants ayant des troubles de l'écriture serait la variabilité de
leurs performances dans les domaines spatial, temporel et cinématique.
B. EPIDEMIOLOGIE
Le « sex-ratio » présente un rapport d’une fille dysgraphique pour trois garçons, les
garçons étant moins matures et moins rapides à tous les âges2.
Pour ce qui est de la latéralité, les gauchers ne sont pas plus atteints que les
droitiers.
La dysgraphie handicape gravement les enfants qui en sont atteints durant toute leur
scolarité et même au cours de leur vie d’adulte.
1
SCHOEMAKER (1993) in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle d’évaluation
rapide de l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p.10.
2
HAMSTRA-BLETZ, BLÖTE (1993), in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle
d’évaluation rapide de l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p.11.
3
MIYAHARA (1990), in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle d’évaluation rapide
de l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p.7.
4
O’HARE, BROWN (1989), in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle d’évaluation
rapide de l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p.7.
20
C. ETIOLOGIES
En dehors des causes, la négligence du problème entraîne une baisse d'intérêt pour
les tâches scolaires, de l'anxiété, de l'évitement et des sentiments négatifs sur l'activité elle-
même et sur l'enfant en général.
D. CLASSIFICATIONS
Les troubles de l’écriture sont très hétérogènes, les classifications qui en découlent
sont donc très diverses en fonction des critères que les auteurs privilégient.
21
- les troubles syntaxiques : difficultés à écrire des réponses grammaticalement
correctes à une question alors que l’expression orale ne souffre pas d’une telle
difficulté,
- la répugnance à écrire.
L’intérêt de cette classification est d’aider à orienter vers le type de rééducation nécessaire.
Cet auteur propose une classification en quatre groupes à partir d’une analyse en
cluster sur 99 enfants dysgraphiques de 9 à 15 ans2 :
- la dysgraphie avec des troubles linguistiques et des troubles de la motricité fine : on
remarque notamment une dysorthographie, une mémoire immédiate perturbée, un
retard dans l’apprentissage de la lecture et une agnosie digitale ;
- la dysgraphie avec des déficits visuo-spatiaux : on note une altération de la lecture et
une organisation spatiale de l’écriture perturbée ;
- la dysgraphie avec des troubles de l’attention et de la mémoire : on note une lecture
altérée, une dysorthographie, une mémoire perturbée notamment sur le versant
visuel, une inattention et une impulsivité ;
1
MOJET (1991), in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle d’évaluation rapide de
l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p.8.
2
SANDLER (1992), in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle d’évaluation rapide
de l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p.10.
22
- la dysgraphie avec des troubles séquentiels : on note une dyscalculie, des capacités
orthographiques altérées, une agnosie digitale et des troubles des mouvements
séquentiels des doigts. Au WISC, le quotient intellectuel performance (QIP) est
supérieur au quotient intellectuel verbal (QIV).
a. La dysgraphie linguistique
b. La dysgraphie spatiale
1
BENOIT C., SOPPELSA R. (1996), « Mise en pratique de l’analyse neuropsychologique de l’écriture dans la
rééducation » in Evolutions psychomotrices volume 8 n°33 , Paris, p.123.
2
LE ROUX Y. (2005), Apprentissage de l’écriture et psychomotricité, collection Psychomotricité, Marseille : Solal,
P.104.
23
c. La dysgraphie motrice
DEUEL (1994) parle de « dysgraphie liée à une maladresse motrice » : elle comporte
un défaut de lisibilité de l’écriture et la vitesse d’oscillation digitale des écrivains est
anormale1.
Il existe des dysgraphies mixtes combinant des atteintes à plusieurs niveaux des
modèles théoriques.
1
DEUEL (1994) in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle d’évaluation rapide de
l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p.10.
2
WANN, JONES (1986) ; ROSENBLUM, PARUSH, WEISS (2003) et ZESIGER (2003) in VINTER, ZESIGER
(2009), L’écriture chez l’enfant: apprentissage, troubles et évaluation, p. 25.
24
2) Un déficit d’exécution ou de coordination motrice
3) Un défaut d’automatisation
Les mauvais écrivains utilisent plus le feedback visuel lors de la production des
mouvements d’écriture, ce qui entraîne des mouvements plus discontinus3. Ces enfants se
situent donc plutôt sur un mode de contrôle rétroactif. L’absence de prépondérance du
contrôle proactif pourrait être un signe de difficulté dans le sens où l’automatisation ne se
mettrait pas en place.
De plus, au niveau de la production, les groupes de lettres tels que « ent », « elle »,
« tre » (très courants en langue française) sont dissociés alors qu’ils devraient ne dépendre
que d'un seul programme moteur.
4) Un travail brouillon
1
WING (1979) in VINTER, ZESIGER (2009), L’écriture chez l’enfant: apprentissage, troubles et évaluation, p 25.
2
VAN GALEN, PORTIER, SMITS-ENGELSMAN, SHOMAKER (1993) in VINTER, ZESIGER (2009), L’écriture
chez l’enfant: apprentissage, troubles et évaluation p. 25.
3
WANN (1986), in ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale,
Paris : PUF, p.207.
4
ALBARET (1995) et WANN (1986) in DARDOUR A. (2005), Evaluations et prises en charge des troubles de
l’écriture, Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Psychomotricité, Toulouse, p.18.
25
IV. LES MOYENS D’EVALUATION DE L’ECRITURE
Les tablettes graphiques offrent la possibilité d’analyser ces deux aspects à la fois
par l’enregistrement des déplacements d’un stylo sur une surface lisse1. Elles fournissent
des données spatiales (trajectoire, hauteur et largeur des lettres, régularité des courbures),
temporelles (temps de réaction, durée de mouvement, durée des pauses), cinématiques
(vitesse, caractère continu ou discontinu de la production graphique), dynamiques
(accélération). La pression exercée sur le stylo peut également être mesurée.
Les méthodes qui seront présentées par la suite portent uniquement sur les
caractéristiques du produit final qui peuvent se décomposer de la façon suivante : la qualité
de l’écriture, sa lisibilité et enfin sa vitesse de production.
A. EVALUATION DE LA QUALITE
a. L’échelle E
Elle est utilisée pour les enfants de 6 à 11 ans. L’épreuve la plus fréquemment
proposée consiste à faire écrire une phrase pendant une minute à vitesse normale puis à
vitesse accélérée. Cette échelle se divise en deux parties et comporte au total 30 items qui
permettent de déterminer un âge graphique.
1
ALBARET J.M., SANTAMARIA M. (1996), Utilisation des digitaliseurs dans l’étude des caractéristiques motrices
de l’écriture, Evolutions psychomotrices, volume 8 n°33, p.115.
26
b. L’échelle D
Cette liste a été élaborée par ALSTON afin d’aider les enseignants à identifier les
difficultés d’écriture chez leurs élèves. Elle comporte 23 items mais cette liste possède une
faible validité et demande à être affinée.
Cette échelle a été établie par PHELPS et AL.. Elle mesure la fluence et la qualité de
l’écriture cursive des enfants du CE2 à la 4ème. L’épreuve consiste à copier un texte
contenant toutes les lettres de l’alphabet.
27
Ce test, qui s’inspire des échelles D et E de DE AJURIAGUERRA (1964), comprend
13 critères évaluant la qualité ainsi qu’une mesure de la vitesse d’écriture (en nombre de
lettres écrites en 5 minutes). Il est sensible au développement de l’enfant durant les classes
primaires et aux différences entres les écritures dysgraphiques et non dysgraphiques.
Ce test ayant constitué le pilier de notre étude, nous allons donc le présenter en détails.
a. Passation
L’épreuve consiste à copier un texte pendant 5 minutes, à une vitesse dite normale
ou habituelle, sur une feuille blanche de format A4. Le texte à copier (cf. annexe 1) est
composé de sept paragraphes de taille de police décroissante et de difficulté croissante (le
premier paragraphe ne contient que des mots monosyllabiques qui sont rencontrés au CP
puis le texte se complexifie progressivement).
b. Qualités métriques
1
CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle d’évaluation rapide de l’écriture chez
l’enfant, Paris : ECPA, p. 61-62.
2
HAMSTRA-BLETZ, BLÖTE (1993) in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle
d’évaluation rapide de l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p. 62.
28
c. Cotation
Lors d’une hésitation, il faut coter 0 sauf pour l’item 9 (manque de différences entre
les lettres troncs et les lettres non troncs) où l’on cotera 1 en cas d’hésitation.
Lorsqu’il y a des doutes quant au critère pour lequel la lettre est défectueuse (par
exemple entre le critère 10 : distorsion des lettres et le critère 11 : forme de lettres
ambiguës), il faut noter 1 point dans l’un ou l’autre des critères mais pas dans les deux.
Les majuscules ne sont pas prises en compte, sauf pour le critère 2 : inclinaison de la
marge vers la droite.
Critère 1 : Ecriture grande : on utilise l’aide à la correction C. La cotation se fait sur tout le
texte copié (au moins les cinq premières lignes). Les notes vont de 1 à 5 points. Il faut
mesurer la taille moyenne des lettres troncs (a, c, e, i, m, n, o, r, s, u, v, w, x). Si l’écriture est
très changeante, on fait une moyenne. On attribue le nombre de points selon le tableau :
≤ 3 mm 4 mm 5 mm 6 mm 7 mm 8 mm ≥ 9 mm
0 1 2 3 4 5 5
Critère 5 : Ecriture chaotique : on cote 0 ou 1 pour chaque ligne. On note 1 pour les traces
non fluides : les liens trop longs entre les lettres, les angles aigus…
Critère 6 : Liens interrompus entre les lettres : on cote 0 ou 1 pour chaque phrase. Cet
item concerne les changements de direction, les grossissements de la trace, les excès ou
les absences d’espaces là où il n’y a pas lieu. Dans ces cas on note 1.
Critère 7 : Télescopages : on cote 0 ou 1 pour chaque ligne. On note 1 pour les lettres qui
se superposent ou qui se cognent.
Critère 8 : Variations dans les hauteurs des lettres troncs : on utilise l’aide à la correction
D. On cote 0 ou 1 pour chaque ligne. Il faut déterminer quelle est la plus petite et quelle est
la plus grande lettre tronc (a, c, e, i, m, n, o, r, s, u, v, w, x) de la ligne. On ne prend pas en
compte les majuscules. On met la plus petite lettre tronc au niveau de la ligne la plus petite :
si la lettre tronc la plus grande dépasse la ligne la plus large alors on cote 1.
Critère 9 : Hauteur relative incorrecte des différentes sortes de lettres : on utilise l’aide à
la correction E. On cote 0 ou 1 pour chaque ligne. On cote 1 si les lettres troncs (a, c, e, i, m,
n, o, r, s, u, v, w, x) sont de la même taille que les lettres non troncs (b, d, f, h, j, k, l, p, q, t, y,
z). En cas de doute on cote 1.
Critère 11 : Formes de lettres ambiguës : on cote 0 ou 1 pour chaque phrase. Cet item
concerne les lettres qui peuvent être mal interprétées, sont inachevées ou trop complètes.
30
Les transparents « aide à la correction » sont placés en annexes 2 et 3.
B. EVALUATION DE LA LISIBILITE
Le TOLH, créé par LARSEN et HAMMIL dans les années 80, mesure la lisibilité de
l’écriture des enfants du CE1 à la Terminale. Il est demandé aux enfants d’écrire de trois
façons différentes (script, italique et cursif) à partir d’une image adaptée au niveau scolaire.
La lisibilité de l’enfant est notée de 1 à 9 en fonction du temps mis par l’évaluateur pour lire
le texte écrit.
Les valeurs métriques de ce test sont insuffisantes et en font un outil peu utilisé par
les professionnels. De plus, il n’est disponible qu’en anglais.
2) Autres mesures
Mc LAUGHIN, MABEE, BRYAN et REITER (1987) ont observé la lisibilité de mots isolés
écrits par des adolescents américains. Un mot est considéré comme lisible s’il est lu sans
temps de latence. Sur cette étude, la corrélation entre les correcteurs sur les copies les plus
difficilement lisibles s’est révélée élevée.
C. EVALUATION DE LA VITESSE
La vitesse d’écriture se mesure en nombre de lettres écrites par minute. Elle est
dépendante du type tâche effectuée (dictée, copie, écriture libre) et des instructions données
par l’examinateur (écrire à vitesse normale ou écrire le plus vite possible).
31
Les résultats obtenus dans différents pays sont hétérogènes, ce qui peut s’expliquer
par des divergences dans les méthodes éducatives mais également par les protocoles
d’évaluation.
1) Echelle E de DE AJURIAGUERRA
Elle est utilisée en France chez les enfants de 6 à 11 ans qui doivent écrire la même
phrase pendant une minute, tout d’abord à vitesse normale puis en vitesse rapide sur papier
non ligné. Les enfants de 6 à 8 ans doivent recopier la phrase écrite sous forme cursive
contrairement aux plus grands pour lesquels celle-ci est dictée.
L’avantage de ce test est qu’il est de passation rapide et permet une comparaison
entre les deux vitesses d’écriture. Un étalonnage existe pour les classes du CP au CM2.
2) Le BHK
Cet outil comporte à la fois une échelle de qualité et une échelle de vitesse. Il mesure
le nombre de caractères copiés à allure normale pendant 5 minutes sur papier non ligné. Un
étalonnage français existe pour les classes du CP au CM2.
3) Autres mesures
SASSOON2, quant à lui, s’est intéressé à des enfants américains scolarisés en classes
de CP, CE2 et de 3ème à qui il a demandé d’ écrire le plus vite possible une phrase familière
puis une phrase inhabituelle sur un papier ligné durant 2 minutes.
1
ZIVIANI in CHARLES M. (2001), Adaptation et étalonnage du test d’écriture le BHK, Mémoire présenté en vue
de l’obtention du Diplôme d’Etat de Psychomotricité, Toulouse, p. 46.
2
SASSOON in CHARLES M. (2001), Adaptation et étalonnage du test d’écriture le BHK, Mémoire présenté en
vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Psychomotricité, Toulouse, p. 46.
32
D. EVALUATION CLINIQUE
2) Evaluation de l’atteinte
Cette méthode fait appel à la notion de programme moteur. L’écriture est alors
envisagée comme le produit d’une succession d’étapes cognitives.
Le trouble peut donc être défini par le type d’atteinte, comme nous l’avons décrit auparavant
dans le chapitre E « Caractéristiques des écritures dysgraphiques ». L’analyse du type
d’erreurs produites permet de définir le niveau d’atteinte.
Certains auteurs jugent que l’unique évaluation de l’écriture est insuffisante et qu’il
est nécessaire de la compléter par des tests perceptivo-moteurs mesurant les processus
sous-jacents. Les plus évalués sont le contrôle visuo-moteur, le contrôle de la motricité fine
des doigts ainsi que la finesse de la reconnaissance kinesthésique.
Les tests standardisés habituellement utilisés sont le test de BENDER (BENDER
1946), le BRUNINKS-OSERETSKY (BRUNINKS 1978), le LINCOLN OSERETSKY (ROGÉ
1984), le test de sensibilité kinesthésique (LAZLO & BAIR 1985) et le test kinesthésique de
AYRES (AYRES 1972).
33
Notre étude fait suite à leurs mémoires effectués en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de
psychomotricité :
- GUET E. (2008), Evaluation de l’écriture au collège : observation de la vitesse
d’écriture,
- BROUSSE DE GERSIGNY A. (2008), Evaluation de l’écriture chez le collégien :
caractéristiques qualitatives,
Nous reprendrons ici les conclusions issues de leurs travaux, car ceux-ci ont
constitué le point de départ de notre mémoire. Nous verrons dans un premier temps les
informations apportées par l’étude sur la vitesse d’écriture, puis nous nous intéresserons aux
données qualitatives, et enfin nous reprendrons les remarques plus générales qu’elles ont pu
faire.
Pour ce qui est de l’étude sur la vitesse, Elise GUET a conclu qu’il existait une
influence des facteurs sexe et classe mais pas d’interaction entre ces deux derniers. Ses
observations montrent une augmentation de la vitesse au cours du collège avec l’existence
d’un palier entre la 4ème et la 3ème. En outre, celle-ci augmenterait de façon importante entre
le CM2 et la 6ème et serait à l’origine des modifications qualitatives de l’écriture au collège, les
enfants passant d’une calligraphie dite infantile au stade post-calligraphique où ils vont
personnaliser leur écriture.
34
B. ETUDE SUR LA QUALITE
Une analyse par critère a montré qu’il n’existait pas d’effet de la classe sur les
critères 2 (inclinaison de la marge vers la droite), 4 (mots serrés), 9 (hauteur relative
incorrecte des différentes sortes de lettres), 10 (distorsion des lettres) et 11 (formes de
lettres ambiguës). Cependant, d’autres critères montrent une évolution au cours du collège :
- le critère 1 :écriture grande, évolue en augmentant entre la 5ème et la 3ème ;
- le critère 3 : lignes non planes, évolue entre la 6ème et la 3ème avec des lignes de plus
en plus planes ;
- le critère 5 : écriture chaotique, ne montre pas d’évolution durant les premières
années mais une diminution notable peut être observée en 3ème avec une trace plus
fluide ;
- le critère 6 : liens interrompus entre les lettres, augmente en 5ème, classe où
l’écriture mixte devient majoritaire ;
- le critère 7 : télescopages, augmente brutalement en 5ème avant de diminuer
légèrement en 4ème et 3ème ;
- le critère 8 : variations dans les hauteurs des lettres troncs, diminue en 5ème puis
se maintient par la suite, ce qui pourrait être le signe d’une meilleure maîtrise motrice
et d’une automatisation de l’écriture ;
- le critère 11 : formes de lettres ambiguës, augmente en 5ème, se stabilise en 4ème
puis diminue en 3ème ;
- le critère 13 : mauvaise trace écrite, hésitations et tremblements, diminue
progressivement.
Il faut noter qu’aucune différence n’a été retrouvée entre les 5ème et les 4ème sur
chacun de ces critères, ce qui laisse envisager l’existence de trois groupes d’évolution au
collège : 6ème, 5ème et 4ème, puis 3ème.
35
Suite à ses conclusions, A. BROUSSE DE GERSIGNY a proposé de nouveaux
critères de correction :
- la micrographie : une écriture dont les lettres troncs ne dépassent pas 1,5 mm ;
- la présence d’une marge à moins de 5 mm du bord de la feuille ;
- la modification de l’alignement des lignes ;
- la variation de l’espace entre les mots sur une même ligne ;
- la présence de lignes ascendantes ou descendantes ;
- des espaces trop importants entre les lettres d’un même mot ;
- la variation de l’inclinaison des lettres ;
- la variation de la forme d’une même lettre tronc située au même endroit dans deux
mots différents.
C. REMARQUES GENERALES
L’expérience de ces auteurs a montré que le BHK était facilement adaptable à une
passation collective mais que la population qu’elles avaient recrutée était trop limitée. Elles
concluent donc qu’il est nécessaire d’effectuer des passations de test en dehors de Toulouse
afin de compléter l’échantillon et de se rapprocher de la population générale.
Suite à ces résultats, nous voyons donc que le BHK tel qu’il est appliqué aux élèves
de primaire n’est pas valide pour les collégiens.
Notre étude va donc consister en l’adaptation du BHK primaire pour les élèves du collège en
nous appuyant sur les résultats cités précédemment.
Les objectifs de notre travail sont :
- de compléter l’échantillonnage afin d’obtenir 50 élèves par sexe et donc 100 élèves
par classe et de le rendre plus conforme à la population française ;
- de créer une nouvelle correction qui permette le dépistage de la dysgraphie chez le
collégien ;
- de valider cette nouvelle correction.
36
ETUDE PRATIQUE
Nous avons essayé de regrouper dans notre partie théorique tous les éléments qui
nous semblent pertinents pour émettre des hypothèses sur les processus mis en jeu dans
l’écriture du collégien et sur les caractéristiques de la dysgraphie à ces âges.
Dans un premier temps, à partir des apports théoriques énoncés ci dessus, nous
présenterons notre proposition de cotation dont le but est de permettre le dépistage de la
dysgraphie chez le collégien. Dans un second temps, nous présenterons l’analyse statistique
consécutive à l’administration de notre nouvelle correction à un échantillon de collégiens.
Enfin, nous discuterons des résultats issus de notre étude.
Nous avons demandé à des experts en écriture (cinq psychomotriciens) de trier les
copies de l’étalonnage en distinguant les meilleurs écrivains des écrivains normaux et
dysgraphiques. Puis, à partir des apports théoriques, nous avons effectué un examen
clinique des copies dysgraphiques et des meilleures copies issues de l’échantillon de E.
GUET et A. BROUSSE DE GERSIGNY afin d’en extraire des critères de correction qui
permettraient de distinguer les sujets dysgraphiques de la population normale.
A. APPORTS THEORIQUES
La création d’une échelle analytique pour évaluer l’écriture nécessite une définition
précise des caractéristiques à observer, l’examen de leur pertinence dans le dépistage de la
dysgraphie et la détermination du nombre de critères nécessaires au diagnostic.
La partie théorique nous permet d’extraire différentes informations que nous allons
reprendre ici.
37
Les invariants de l’écriture s’améliorent de façon non monotone avec l’avancée en
âge, certains étant mesurés comme proches des valeurs adultes dès 11-12 ans. Nous
supposons donc qu’un des processus qui se déroule dans les classes de collège est la
consolidation de ces invariants, ce qui correspondrait à une automatisation des mouvements
d’écriture.
Plusieurs études ont été effectuées pour évaluer la pertinence des critères dans les
échelles de dépistage de la dysgraphie.
1
ELLIS (1988) in ZESIGER P. (1995), Ecrire: approches cognitive ,neuropsychologique et développementale,
Paris : PUF, p.66-67.
38
FISCHER1 (1969) a analysé vingt-cinq caractéristiques classiquement utilisées dans les
évaluations et il n’a retenu que cinq critères qui seraient significatifs dont la taille et
l’inclinaison des lettres.
MOJET2 (1991) a sélectionné les quatorze items les plus utilisés dans les vingt
meilleures échelles éditées aux Etats-Unis et en Europe. Suite à une analyse factorielle, il a
extrait quatre facteurs :
- Facteur 1 : représente les aspects calligraphiques associant la régularité de la forme
de la lettre, la régularité de la distance entre les lettres, l’alignement et la
reconnaissance des lettres ;
- Facteur 2 : implique les variables de la vitesse ;
- Facteur 3 : associe la pression sur l’instrument scripteur et la rectitude de la ligne ;
- Facteur 4 : inclut la régularité de l’espace entre les mots.
HENDERSON2 (1982) montre que les mauvais scripteurs ont des difficultés dans la
formation, la taille, les obliques des lettres et l’alignement ainsi que la distance entre les
lettres au sein d’un mot.
3) Proposition de critères
1
FISCHER (1969) ; MOJET (1991) ; HENDERSON (1982) in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M.
(2003), BHK: Echelle d’évaluation rapide de l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p.12.
2
(1969) ; MOJET (1991) ; HENDERSON (1982) in CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK:
Echelle d’évaluation rapide de l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA, p.12.
39
- la dysfluence pourrait être observée à l’aide de la fréquence des levers de stylo mais
cette mesure serait faussée car la majorité des élèves de 6ème et de 5ème passe du
style d’écriture cursif à un style script ou mixte, ce qui entraîne une forte
augmentation des levers de stylo.
- la régularité dans la hauteur des lettres ;
- l’automatisation de digrammes ou de trigrammes très utilisés en français ;
- le respect de la proportion entre les différentes sortes de lettres (entre le « e » et le
« l » par exemple) ;
- la pression sur l’instrument scripteur, mais cette observation ne peut pas être
objective ni quantifiable par la simple analyse de la trace.
40
Par souci de commodité, nous les appellerons « deuxième paragraphe ».
Le score obtenu en additionnant la somme des dix critères retenus sera un score de
dégradation, c’est à dire que plus la note est élevée moins la qualité de l’écriture est bonne.
Critère 8 : Variations dans les hauteurs des lettres troncs : ce critère s’applique au
deuxième paragraphe. On cote 0 ou 1 pour chaque ligne. On prend l’aide à la correction B. Il
faut déterminer quelle est la plus petite et quelle est la plus grande lettre tronc de la ligne (a,
c, e, i, m, n, o, r, s, u, v, w, x). On ne prend pas en compte les majuscules. On met la plus
petite lettre tronc au niveau de la ligne la plus fine : si la lettre tronc la plus grande dépasse
la ligne supérieure grasse alors on note 1.
41
2) Nouveaux critères
Critère 14 : Marge et alignement des phrases : la cotation se fait sur tout le texte. Ce
critère comprend deux sous parties :
1. La marge à droite doit être d’au moins 5 mm. On prend l’aide à la correction C. Si
l’enfant a écrit une ligne ou plus à moins de 5 mm du bord de la feuille on cote 1.
2. On mesure la modification de l’alignement des lignes. On utilise l’aide à la correction
C. On aligne le trait en gras entre la première lettre du texte (le « i » de « Il ») et la
première lettre de la dernière ligne écrite. On cote 0, 1, 2, 3 en fonction du décalage
de la ligne que celui-ci soit vers la droite ou vers la gauche.
42
Critère 17 : Stabilité des mots : la cotation se fait sur le deuxième paragraphe. On utilise
l’aide à la correction D. On mesure la longueur des mots « eau », « une », « grande » et
« femme » et on regarde si la longueur de ces mots reste constante.
NB : On compare le mot « eau » entre le premier et le deuxième paragraphe. On compare la
longueur du mot « une » trois fois. La tolérance est d’un millimètre au plus. Si les mêmes
mots ne sont pas de la même longueur on cote 1 point par mot de longueur différente.
Critère 18 : Stabilité des lettres troncs : la cotation se fait sur le deuxième paragraphe. On
utilise l’aide à la correction B. On mesure la taille du « a » du mot « eau » et on regarde si
tous les « a » du paragraphe ont la même taille. Il n’y a pas de marge de tolérance. On cote
1 point par ligne où il y a un « a » ou plus qui a une taille différente (supérieure ou inférieure).
Critère 19 : Stabilité des lettres non troncs : la cotation se fait sur le deuxième
paragraphe. On utilise l’aide à la correction E. On regarde l’orientation du « t » de « venait » :
soit le « t » est à droite, soit à gauche soit sur la ligne verticale. On regarde si tous les « t »
de chaque ligne ont la même orientation. Si ce n’est pas le cas, on cote 1 point par ligne.
Nous supposons que le processus d’automatisation pourrait être mesuré à partir des
critères suivants :
- la stabilité du pattern moteur serait représentée par les critères 8 (variations dans les
hauteurs des lettres troncs), 18 (stabilité des lettres troncs) et 19 (stabilité des lettres
non troncs) ;
- l’augmentation de la taille des unités traitées serait mesurée par la mesure des mots
« une » et « eau » du critère 17 (stabilité des mots) ;
- l’augmentation de l’invariance spatiale serait observée par la mesure des mots
« femme » et « grande » dans le critère 17 (stabilité des mots).
- les critères 9 (hauteur relative incorrecte des différentes sortes de lettres) et 11
(formes de lettres ambiguës) seraient plus représentatifs d’une difficulté à
automatiser l’écriture.
43
Nous avons administré cette nouvelle cotation à un échantillon de population dite
normale. Voici le protocole que nous avons suivi.
II. PROTOCOLE
A. CONDITIONS
Nous avons corrigé les copies supplémentaires avec la cotation du BHK telle qu’elle
se fait dans les classes primaires, les résultats de l’analyse statistique sont placés en annexe
5.
B. MATERIEL
C. CONSIGNES
La feuille blanche et le texte à recopier sont distribués face cachée. Les consignes
suivantes sont données à la classe entière.
44
« Vous n’avez besoin de rien sur votre table sauf un crayon avec lequel vous écrivez
habituellement mais pas de crayon à papier. Ne prenez ni gomme, ni effaceur, ni règle. Si
vous faites une erreur ce n’est pas grave, vous pourrez la barrer.
Je vous ai distribué une feuille blanche et une avec un texte. Quand je vous le dirai vous
retournerez le texte et vous commencerez à le recopier sur la feuille blanche.
Vous ne commencerez à recopier que lorsque je vous donnerai le signal de départ.
Vous devrez écrire comme d’habitude (ni trop beau, ni trop laid), au même rythme que
d’habitude. Ne vous arrêtez pas, essayez d’écrire de façon continue pendant 5 minutes.
Vous commencerez par la ligne du texte en haut et à gauche « Il fait très beau ».
Vous devez respecter les retours à la ligne. (Donner un exemple)
Si une ligne est trop longue, vous pouvez revenir à la ligne sans oublier de respecter les
retours à la ligne. (Donner un exemple)
Si vous arrivez à la fin de la feuille, vous la retournerez pour continuer à écrire au verso. Puis
si vous avez écrit sur les deux côtés de la feuille, vous en prenez une nouvelle.
Quand je vous demanderai d’arrêter d’écrire, vous poserez votre crayon même si vous
n’avez pas fini d’écrire un mot.
Est-ce que vous avez des questions ?
Vous êtes prêts ? On y va : recopiez le texte. »
« Vous allez poser votre crayon même si vous êtes en train d’écrire un mot, ce n’est pas
grave. »
Tout d’abord nous allons comparer la cotation du BHK telle qu’elle est pratiquée dans
les classes primaires à la nouvelle cotation (les deux systèmes de cotation sont appliqués
sur le 2ème paragraphe). Nous chercherons à voir si notre proposition d’évaluation de
l’écriture chez le collégien est plus sensible et plus discriminative au niveau de l’évolution de
classe en classe.
Pour comparer le BHK à la nouvelle cotation, nous avons corrigé 121 copies avec les
deux échelles.
45
A. PRESENTATION DE L’ECHANTILLON
L’étude a été réalisée auprès de quatre collèges : le collège privé Saint Joseph à
Toulouse (52 élèves), le collège public d’Arsonval à Saint Germain Les Belles (87) (12
élèves), le collège public Donzelot à Limoges (87) (19 élèves) et le collège public Louise
Michel à L’Isle Jourdain (32) (38 élèves).
1) Effectif
46
3) Dominance latérale
B. ANALYSE STATISTIQUE
Des analyses de variance ont été réalisées à l’aide du logiciel SPSS, selon un plan 2
x 4 (sexes x classes) pour chacune des variables. Nous présenterons dans les chapitres
suivants les résultats les plus pertinents.
a. Score au BHK
La variable dépendante du score total au BHK ne montre pas d’effet significatif pour
le facteur classe : F (3,113) = 2,410 ; p = 0,071 ni pour le facteur sexe : F (1,113) = 0,067 ;
p = 0,797.
Nombre de Déviation
Moyenne
sujets standard
3ème 30 11,53 3,421
4ème 30 13,5 4,337
5ème 31 12,23 3,905
6ème 30 14 4,386
47
Score total au BHK en fonction de la classe
21
19
17
15
13
11
5
6ème 5ème 4ème 3ème
Nombre de Déviation
Moyenne
sujets standard
3ème 30 11,4 4,36
4ème 30 13,47 5,582
5ème 31 13,29 3,466
6ème 30 15,07 4,813
48
Score total à la nouvelle correction en fonction de la classe
21
19
17
15
13
11
5
6ème 5ème 4ème 3ème
49
Nombre de Déviation
Sexe Moyenne
sujets standard
3ème Garçons 15 428,53 105,454
Filles 15 461,4 51,3
Total 30 444,97 83,177
4ème Garçons 15 373,2 58,488
Filles 15 466,8 40,756
Total 30 420 68,696
5ème Garçons 15 342,73 61,394
Filles 16 362,75 49,982
Total 31 353,06 55,78
6ème Garçons 15 353,27 68,676
Filles 15 341,33 65,382
Total 30 347,3 66,162
550
500
450
400
350
300
250
200
6ème 5ème 4ème 3ème
filles garçons
On voit que les filles écrivent plus vite que les garçons, sauf en 6ème.
50
3) Analyse par critère
4,5
3,5
2,5
1,5
0,5
6ème 5ème 4ème 3ème
2,5
1,5
0,5
0
6ème 5ème 4ème 3ème
51
Critère 9 : Hauteur relative incorrecte des différentes sortes de lettres
La variable dépendante du score au critère 9 ne montre pas d’effet significatif pour le
facteur classe : F (3, 113) = 0,700 ; p = 0,554 ni pour le facteur sexe : F (1, 113) = 0,138 ;
p = 0,711.
2,5
1,5
0,5
-0,5
6ème 5ème 4ème 3ème
filles garçons
52
Critère 14 : Marge et alignement des phrases
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
-0,5
-1
6ème 5ème 4ème 3ème
filles garçons
3,5
2,5
1,5
0,5
0
6ème 5ème 4ème 3ème
53
Critère 16 : L’espace intermots
La variable dépendante du score au critère 16 ne montre pas d’effet significatif pour
le facteur classe : F (3, 113) = 1,443 ; p = 0,234 ni pour le facteur sexe : F (1, 113) = 0,075 ;
p = 0,784.
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
-0,5
-1
6ème 5ème 4ème 3ème
filles garçons
54
IV. VALIDATION PATHOLOGIQUE
Les résultats précédents n’ayant pas mis en évidence d’effet significatif du facteur
sexe, nous avons donc regroupé les deux sexes dans cette étude.
L’évaluation clinique de nos copies par des experts nous a permis de les classer en
trois groupes :
- les sujets non dysgraphiques (D0);
- les sujets dysgraphiques pour lesquels au moins deux experts sur quatre sont en
accord (D2) ;
- les sujets dysgraphiques pour lesquels au moins trois examinateurs sur quatre sont en
accord (D3).
D0 D2 D3
Nombre de sujets 100 19 12
Il y a 13 garçons et 6 filles dans le groupe D2, 10 garçons et 2 filles dans le groupe D3.
1) Analyse générale
L’analyse à mesures répétées montre que la vitesse ne permet pas de différencier les
groupes entre eux. F(2,128) = 2,521 ; p = 0,085.
Cependant nous voyons que le score au BHK et le score à la nouvelle correction
discriminent tous les deux les groupes : respectivement F (2,128) = 25,930 ; p < 0,0001 et F
(2,128) = 29,638 ; p < 0,0001. L’analyse à posteriori de TUKEY montre que le score au BHK
et le score à la nouvelle correction permettent de différencier chacun des trois groupes entre
eux. Ci-dessous sont présentés les moyennes et écarts-types obtenus par chacun des trois
groupes au BHK et à la nouvelle correction.
55
Moyenne et écart type au BHK
Nombre de Déviation
Moyenne
sujets standard
D0 100 12,51 3,813
D2 19 17,95 3,597
D3 12 21,67 5,069
30
25
20
15
10
5
D0 D2 D3
Nombre de Déviation
Moyenne
sujets standard
D0 100 12,87 4,182
D2 19 18,21 4,65
D3 12 22,5 5,584
56
Moyenne et écart type à la nouvelle correction
30
25
20
15
10
5
D0 D2 D3
57
Critère 3 : Lignes non planes
1
D0 D2 D3
-1
D0 D2 D3
58
Critère 10 : Distorsion de lettres
-1
D0 D2 D3
-1
D0 D2 D3
59
Critère 12 : Lettres retouchées
-1
D0 D2 D3
-1
D0 D2 D3
60
Critère 15 : Espace interlignes
0
D0 D2 D3
-1
D0 D2 D3
61
Critère 17 : Stabilité des mots
0
D0 D2 D3
0
D0 D2 D3
62
Critère 19 : Stabilité des lettres non troncs
-1
D0 D2 D3
V. DISCUSSION
A. POPULATION GENERALE
1) Le score total
63
2) Les critères
3) La différence sexuelle
Nous avons vu que l’écriture dans les classes primaires est sensible au facteur sexe
alors que l’écriture chez l’adulte ne l’est pas. Parmi les critères qui sont sensibles au sexe,
on voit que la différence filles/garçons est en général assez faible en classe de 3ème. Nous
supposons donc qu’avec l’avancée en âge la sensibilité au facteur sexe diminue. Ce
processus semble engagé dès le collège.
Les filles écrivent plus vite que les garçons, sauf en classe de 6ème, pour une qualité
d’écriture similaire.
Elles produisent moins de lettres ambiguës (critère 11) à tous les âges, la plus faible
différence sexuelle se situant aux alentours de la 4ème, la plus grande en 6ème. Elles montrent
une plus grande stabilité dans la formation des lettres dans toutes les classes, l’écart entre
les sexes étant le plus important en 4ème et le moins en 5ème.
Cependant, les filles ont une plus grande difficulté à tenir la marge à tous les âges, la
moyenne est similaire chez les deux sexes en 5ème, la différence étant la plus significative en
4ème.
De manière générale, les filles montrent une évolution en dents de scie avec de
brusques augmentations ou diminutions au niveau des scores. Les garçons montrent une
évolution plus régulière. L’automatisation ne se ferait donc pas au même moment. L’écart
entre les sexes semble évoluer : il est ressemblant entre les classes de 6ème et de 3ème .
64
En classe de 5ème , il n’y a pratiquement pas d’écart entre les sexes alors que la différence
est maximale en 4ème , hormis pour le critère 3 (lignes non planes) qui évolue à l’exact
inverse.
Cela permet d’émettre l’hypothèse que la règle « les filles sont meilleures que les
garçons en écriture » est de moins en moins valable durant les classes de collège. Le
développement de l’écriture chez ces deux groupes ne suivrait pas le même schéma. Les
augmentations et diminutions successives de la différence entre les filles et les garçons
seraient le signe de l’harmonisation des capacités d’écriture entre les sexes.
4) Le facteur classe
Nous remarquons que la différence au score total est significative seulement entre les
classes de 6ème et de 3ème. Selon les critères, les scores en 5ème sont meilleurs ou moins
bons qu’en 4ème alors que les scores en 6ème sont toujours moins bons qu’en 3ème. Un
processus original aurait donc lieu entre les classes de 5ème et de 4ème.
Chez les garçons, la vitesse et la qualité d’écriture sont relativement stables entre la
5ème et la 4ème. Les composantes spatiales extrinsèques à l’écriture se stabilisent ou
s’améliorent : Critères 3 (lignes non planes), 14 (marge et alignement des phrases),15
(espace inter-ligne). Les critères soulignant l’automatisation de l’écriture se dégradent : 8
(variation dans la hauteur des lettres troncs), 11 (formes de lettres ambiguës), 18 (stabilité
des lettres troncs).
65
Pour le score total à la nouvelle correction, les moyennes en classe de 5ème et de 4ème
sont similaires alors que la vitesse augmente entre ces deux classes. Cela veut dire que le
gain de vitesse se fait au détriment de la qualité. En effet, les critères 8 (variation dans la
hauteur des lettres troncs), 11 (formes de lettres ambiguës) et 14 (marge et alignement des
phrases) se dégradent.
66
D’autre part, les critères permettant de séparer les sujets dysgraphiques des sujets
atteints de dysgraphie sévère, nous les appellerons « critères aggravants », parmi lesquels :
- Le critère 12 (lettres retouchées),
- Le critère 13 (mauvaise trace écrite, hésitations et tremblements),
- Le critère 15 (espace interlignes),
- Le critère 16 (espace intermots),
- Le critère 17 (stabilité des mots),
- Le critère 19 (stabilité des lettres non troncs).
Nous voyons donc que la majorité des critères aggravants proviennent de la nouvelle
cotation alors que la majorité des facteurs généraux sont issus du BHK. Les critères du BHK
et de la nouvelle correction sont donc différents, ils ne mesurent pas la même chose.
C. REMARQUES
Nos experts étant des psychomotriciens, il faut envisager une influence sur le tri des
copies par la connaissance des critères du BHK primaire.
D’autre part, le BHK est un test de copie. Or au collège, l’activité d’écriture se fait
plus en rapport avec la dictée et la composition qu’avec la copie. Il serait peut-être plus
pertinent de corriger un texte composé ou dicté qu’un texte recopié ; la comparaison d’une
copie et d’une composition pourrait être aussi intéressante.
67
CONCLUSION
68
BIBLIOGRAPHIE
ALBARET J.M., SANTAMARIA M. (1996), Utilisation des digitaliseurs dans l’étude des
caractéristiques motrices de l’écriture, Evolutions psychomotrices volume 8 n°33 , Paris.
CHARLES M., SOPPELSA R., ALBARET J.-M. (2003), BHK: Echelle d’évaluation rapide de
l’écriture chez l’enfant, Paris : ECPA.
DI BRINA C., NIELS R., OVERVELDE A., LEVI G., HULSTINJ W. (2008), « Dynamic time
warping: A new method in the study of poor handwrinting » in Human movement science
n°27 .
DSM IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (1996), Masson, Paris.
69
ZESIGER P. (1995), Ecrire : approches cognitive, neuropsychologique et développementale,
Paris : PUF.
ZESIGER P., DEONNA T., MAYOR C. “L’acquisition de l’écriture“ in Enfance n°3 , Paris.
70
LISTE DES ANNEXES
71
ANNEXE 1
ANNEXE 2
ANNEXE 3
ANNEXE 4
Nombre de caractères
Je suis bien
16 20 24
Je vois de l’eau
26 30 32 37
où elle va
54 58 60
Cette femme, qui était grande et belle, devait être une amie. Elle
174 180 188 194 202 208 212 220 224
lui avait pris la main, et je les voyais aller vers une place:
227 232 236 243 250 256 261 265 268 274
en même
695 699
ANNEXE 5
Nom du collège :
Année de naissance :
2000 1999 1998 1997 1996 1995
1994 1993 1992 1991 1990 1989
Classe :
6ème 5ème 4ème 3ème
Latéralité :
Droitier(ère) Gaucher(ère)
Depuis quelques années, les études et les publications sur l’écriture se sont
multipliées. Cela a permis des avancées tant au niveau thérapeutique qu’à celui de
l’évaluation. Or, on constate que si les âges des classes primaire et l’âge adulte ont été
assez bien exploré, il n’en est pas de même pour l’adolescence.
Après avoir présenté des travaux effectués récemment, nous proposerons une
nouvelle échelle d’évaluation rapide de l’écriture pour le collégien.
La passation de ce test original a permis d’augmenter les données sur l’écriture du
collégien et sur sa pathologie.
ABSTRACT
For a few years, studies and publications on handwriting have been on the increase.
So, great medical advances and a breakthrough in methods of assessment have been made
in this field. But, if the children and adults’ abilities have been explored, the same isn’t true
for teenagers.
We will first describe some academic and experimental works and then we will submit
a new scale to quickly assess the secondary schoolboys’ and girls’ handwriting.
We gave many adolescents this original test and so we have collected a lot of pieces
of informations, facts and data on the secondary schoolboys and girls’ handwriting and on
their pathology.