Cours L3 FC Faillite Et Réglement Judiciare

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Module : faillite et règlement judiciaire

Niveau : L3 FC sections A et B
Présentée par : Mme HASSAINI

Premier chapitre
Les différentes procédures permettant l’ouverture du règlement
judiciaire ou de la faillite
La cessation de paiement, qui est la conséquence du fait que le commerçant ne
peu pas faire face au paiement de ses dettes, ne suffit pas pour dire que tel ou tel
commerçant est admis en règlement ou déclaré en faillite. Ces derniers ne résultent
que d’un jugement déclaratif prononcé par le juge (voir l’article 225 du code du
commerce) sur la base d’une demande qui lui a été adressé par les parties (le débiteur
ou le créancier).

Selon les dispositions du code de commerce, la demande du prononcé du


règlement judiciaire ou de la faillite que les parties adressent au juge se fait selon le
cas par 3 voies : il s’agit de la déclaration de cessation de paiement, de la convocation
du débiteur devant le tribunal et de la saisine d’office.

Première section : la déclaration de cessation de paiement

La déclaration dont il est question ici est faite par le débiteur, c'est-à-dire la
personne commerçante qui a cessé ses paiements. Selon l’article 2015 du code de
commerce, ladite déclaration doit être faite dans un délai de 15 jours a compter de la
date de cessation de paiement, ce qui laisse a supposer que le débiteur est tenu de
préciser la date de sa cessation de paiement dans la déclaration. La déclaration de
cessation est faite devant la section commerciale du tribunal.

Le débiteur doit joindre a sa déclaration de cessation de paiements les


documents comptables liés a son commerce et ce pour permettre au tribunal de
vérifier la régularité de la comptabilité tenue par ce dernier. Il s’agit, selon l’article
2018 des documents suivant :

1- Le bilan
2- Le compte d’exploitation général
3- Le compte des résultats ainsi que l’état des engagements hors bilan du dernier
exercice
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4- Un état de situation
5- L’état des engagements hors bilan
6- L’état chiffré des créances et des dettes avec l’indication des noms et
domiciles des créanciers, accompagné d’un état passif et actif des suretés.
7- L’inventaire sommaire des biens de l’entreprise
8- La liste des associées avec l’indication de leurs noms et domiciles, s’il s’agit
d’une société comportant des associés solidairement responsables des dettes de
la société.

Deuxième section : la convocation du débiteur devant le tribunal

Conformément a l’article 216 du code de commerce, cette deuxième voie est


mise en œuvre par les créanciers de la personne qui a cessé ses paiements, c'est-à-
dire les personnes auxquelles le débiteur doit une somme d’argent. La convocation
du débiteur se fait également devant la section commerciale du tribunal.

Troisième section : la saisine d’office

La saisine d’office est prévue par l’article 216 alinéa 2 du code de commerce.
Elle consiste dans le fait pour le juge d’être au courant de la cessation sans qu’il ne
soit saisi par les parties (le débiteur et le créancier). En réalité, le juge ne peut pas
être au courant de la cessation de paiement qu’après la déclaration de cessation de
paiement ou la convocation du débiteur.

Exceptions liées a la prolongation du délai de la mise en œuvre des procédures


d’ouverture du règlement judiciaire ou de la faillite

Le délai de 15 jours, accordé au parties pour saisir le juge, est porté a une (1)
année dans les cas suivant :

1- En cas de décès du débiteur :

Lorsqu’un commerçant est commerçant est mort en état de cessation de


paiement, la mise en œuvre des différentes voies de l’ouverture de la faillite et du
règlement judiciaire doit être faite dans un délai d’un (1) an à compter de la date du
décès du débiteur. A signaler qu’en cas de décès du débiteur, la première voie (la
déclaration de cessation) est faite par les héritiers du débiteur (article 219 du code de
commerce).

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2- En cas de la radiation du débiteur du registre de commerce :

En vertu de l’article 220 du code de commerce, le règlement judiciaire ou la


faillite d’un débiteur radié de registre de commerce peut être demandé dans délai
d’un (1) an a compter a partir de la date de radiation.

3- Le cas de l’associé solidaire qui s’est retiré de la société :

Le règlement judiciaire ou la faillite d’un associé solidaire qui s’est retiré de la


société, c'est-à-dire celui d’une SNC ou de la SCS peut être demandé dans un délai
d’un an (1) à compter de la date de la mention de retraite (le fait de se retiré) au
registre de commerce.

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Deuxième chapitre
Le jugement prononçant le règlement judiciaire ou la faillite
Première section : le contenu du jugement prononcé a l’encontre du débiteur

Le tribunal fixe la date de la cessation de paiement, et prononcé soit la faillite,


soit le règlement judiciaire.

Sous section 1 : la fixation de la date de la cessation des paiements

Pour la fixation de la date de cessation de paiement, le juge peut retenir celle


fixée par le débiteur dans sa déclaration de cessation des paiements. Mais, lorsque
l’analyse des documents comptables joints a la déclaration de cessation de paiement
révèle que la date de cessation fixée par le débiteur dans sa déclaration n’est pas
réelle (c'est-à-dire lorsque la date de cessation est fixée frauduleusement) le juge
procède a sa modification.

A signaler par ailleurs que conformément à l’article 233 du code de commerce,


les parties (le débiteur et les créanciers) peuvent adresser au juge des demandes
tendant à faire fixer la cessation des paiements à une date autre que celle qui résulte
du jugement prononçant le règlement judiciaire ou la faillite. Toute fois, de telles
demandes ne sont pas recevables après l’arrêté définitif de l’état des créances (ca
veut dire après la détermination des créances admises).

N.B : cas particuliers

a- le cas où la date des cessations des paiements n’est pas déterminée dans le
jugement :

Selon l’article 222 alinéa 2, si le jugement ne détermine pas la date de la


cessation des paiements, celle-ci est réputée avoir lieu a la date du jugement qui la
constate. Exemple : la date de la cessation des paiements d’une société admise en
règlement judiciaire ou déclarée en faillite par un jugement rendu le 19 mars 2020 est
réputée avoir lieu a la même date de ce jugement, c'est-à-dire le 19 mars 2020.

b- la date de la cessation des paiements de dirigeant d’une société :

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Aux termes de l’article 224 du code de commerce, la date de la cessation des
paiements du gérant a l’origine de l’exploitation déficitaire qui a conduit a la
cessation des paiements de la société est celle fixée par le jugement prononçant le
règlement judiciaire ou la faillite de ladite société.

Sous-section 2 : le prononcé du règlement judiciaire

Le règlement judiciaire est une faveur qui doit être accordée au débiteur dans les
cas suivants :

a- Lorsque le débiteur a fait sa déclaration de la cessation des paiements dans les 15


jours qui suivent la cessation effective des paiements, et lorsqu’il satisfait a
l’obligation de joindre a la déclaration de cessation de paiement les documents
comptables déjà cités.

b- Lorsque le règlement judiciaire est sollicité par les créanciers.

c- Lorsque le débiteur est une société a capitaux étatique (EPIC).

Sous section 3 : le prononcé de la faillite ou la faillite inéluctable

Conformément a l’article 226 alinéa 2 du code de commerce, la faillite doit être


prononcée juste après l’examen des documents joints a la demande de cessation des
paiements et ce dans les cas suivants :

a- Lorsque le débiteur ne déclare pas sa cessation des paiements dans le délai de 15


jours suivant celle-ci.

b- Lorsque le débiteur ne satisfait pas a l’obligation de joindre a la déclaration de


cessation de paiements les documents liés à la comptabilité et dans le cas où le
débiteur ne justifie pas le fait de ne pas fournir l’un de ces documents (article 218
code du commerce).

c- Si le débiteur a exercé sa profession contrairement a une interdiction prévue par la


loi.

d- S’il a soustrait sa comptabilité, détourné ou dissimulé une partie de son actif ou


s’il s’est frauduleusement reconnu débiteur de sommes qu’il ne devait pas.

e- S’il n’a pas tenu une comptabilité conforme aux usages de sa profession.

Sous section 4 : la possibilité du prononcé de la faillite et du règlement judiciaire


a l’encontre du dirigeant d’une personne morale

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Conformément à l’article 224 du code de commerce, et sans préjudice de la
faillite et du règlement judicaire qui peuvent être prononcés a l’égard de la personne
morale, la faillite et le règlement judiciaire peuvent être prononcés a l’encontre du
dirigeant d’une personne morale qui a :

a- Masquer ses agissements sous le couvert de la personne morale, ou qui a fait des
actes de commerce dans un intérêt personnel, ou dispose des biens sociaux
comme des biens propres.
b- Poursuivi abusivement dans son intérêt personnel une exploitation déficitaire qui
ne pouvait conduire qu’a la cessation des paiements de la personne morale.

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Troisième chapitre
Les organes de la faillite et du règlement judiciaire
Il s’agit là des différends acteurs chargés de la mise en œuvre de la procédure de
la faillite et du règlement judiciaire, à savoir le juge commissaire, le syndic et les
contrôleurs.

Première section : le juge commissaire

En vertu de l’article 235 du code de commerce, le juge commissaire est un


magistrat désigné au début de chaque année judiciaire par ordonnance du président de
la cour, sur proposition du président du tribunal. Il est chargé spécialement de
surveiller et de contrôler les opérations et la gestion de la faillite ou du règlement
judiciaire.

Selon le même article, le juge commissaire recueille tout les éléments


d’information qui lui paraissent utiles ; il peut notamment entendre le débiteur failli
ou admis en règlement judiciaire, ses commis et employés, ses créanciers et toute
autre personne.

Au moment de l’accomplissement de ses missions, le juge commissaire peut


prendre des ordonnances qu’il dépose immédiatement au greffe du tribunal. De telles
ordonnances n’échappent pas a la contestation. Elles sont susceptibles de recours par
voie d’opposition.

Deuxième section : le syndic

Le syndic est désigné par le juge commissaire. Il a pour mission de désintéresser


les créanciers et de dresser un plan de sauvetage de la personne commerçante en
difficulté. Pour mener a bien sa mission, il doit connaitre la situation du débiteur sur
le plan comptable et financier.

Troisième section les contrôleurs

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Ils ont pour mission de vérifier la comptabilité et l’état de situation présenté par
le débiteur et d’assister le juge commissaire dans sa mission de surveillance des
opérations du syndic.

Le ou les contrôleurs sont nommés parmi les créanciers par une ordonnance
prise par le juge commissaire et ils sont révoqués dans les mêmes formes sur avis de
la majorité des créanciers. A souligner que les contrôleurs exercent leurs fonctions a
titre gratuit.

Quatrième chapitre
La gestion des biens du débiteur
On distingue ici deux cas de figure : l’administration des biens du débiteur en
cas de faillite et en cas de règlement judiciaire.

Première section : la gestion des biens du débiteur en cas de faillite

En cas de prononcé de la faillite, le débiteur est complètement dessaisi de


l’administration de son entreprise. Dans ce cas de figure, la gestion des biens du
débiteur est assignée au syndic.

A ce titre et en vertu de l’article 268 du code de commerce, le syndic procède


avec l’autorisation du juge commissaire a la vente des objets soumis a dépérissement
ou a dépréciation imminente. Il procède également au recouvrement des créances et
assure la continuation de l’exploitation si elle est autorisée.

Le juge judiciaire peut également autoriser le syndic à procéder à la vente aux


enchères publiques des autres objets mobilier et immobilier et cela après avoir
entendu ou appelé le débiteur par lettre recommandée, c’est ce que prévoit l’article
269 du code de commerce.

Deuxième section : la gestion des biens du débiteur en cas de règlement


judiciaire

Si le débiteur est admis en règlement judiciaire, il demeure partiellement gér ant


de ses biens. Ainsi et conformément a l’article 273 du code de commerce, le débiteur
peut avec l’assistance du syndic, faire tous les actes conservatoires et procéder au
recouvrement des effets et créance exigible, vendre les objets soumis a dépérissement
prochain ou a dépréciation imminente ou dispendieux a conserver (les objets
dispendieux a conserver sont les objets qui exigent de grandes dépenses pour leurs

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conservation). Concernant les autres actes que le débiteur ne pas accomplir après la
date de cessation de paiement, voir les articles 273 a 276 du code de commerce.

Le même article ajoute que si le débiteur refuse d’accomplir les actes visés a
l’article 273 ci-dessus, le syndic peut les accomplir, mais cela est subordonné a
l’autorisation que lui accorde le juge commissaire.

La continuation de l’exploitation

L’article 277 du code de commerce dispose que dans le cas de règlement


judiciaire, le débiteur peut avec l’assistance du syndic et l’autorisation du juge
commissaire, continuer l’exploitation de son entreprise industrielle et commerciale.

Mais en cas de faillite, l’exploitation du fond de commerce à la diligence (l’aide)


du syndic ne peut être autorisée que par le tribunal, sur le rapport du juge
commissaire, si l’intérêt public ou celui des créanciers l’exige impérieusement.

Cinquième chapitre
Des solutions de la faillite et règlement judiciaire

Le règlement judiciaire peut déboucher, soit sur des solutions positives à


savoir : le concordat et l’extinction du passif, soit sur des solutions négatives :
insuffisance d’actif et la conversion du règlement judiciaire en faillite.

Première section : le concordat

Aux termes de l’article 317 alinéa 4 du code de commerce, le concordat est un


arrangement entre le débiteur et ses créanciers en vertu duquel ceux ci lui consentent
des délais de paiement (ils lui accordent la prorogation du délai de paiement), ou une
remise partielle de sa dette. Le concordat peut également stipuler un paiement
échelonné des dettes.

Le concordat ne s’établit que par le concours de la majorité en nombre des


créanciers admis définitivement ou par provision (provisoirement) et représentant les
deux tiers du montant total de leurs créances.
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Les effets du concordat :

Après l’homologation du concordat (par le tribunal), les fonctions du syndic


cessent. Par conséquent le débiteur recouvre la libre administration et disposition de
ses biens.

La résolution et l’annulation du concordat :

En cas d’inexécution par le débiteur des conditions du concordat, la résolution


peut être poursuivie devant le tribunal qui l’a homologué. Le concordat est annulé en
cas de dol (manœuvres frauduleuses, tromperies, mensonges…) résultant d’une
dissimulation d’actif ou d’une exagération du passif (le fait pour le débiteur de se
reconnaitre débiteur de sommes qu’il ne devait pas).

Deuxième section : la clôture pour extinction du passif

En vertu de l’article 357 du code de commerce, le tribunal prononce même


d’office la clôture de la procédure et ce lorsqu’il n’existe plus de passif exigible ou
lorsque le syndic dispose de deniers suffisants. A signaler que le jugement de clôture
pour extinction du passif met définitivement fin a la procédure en rétablissant le
débiteur dans tous ses droits et en le déchargeant de toutes les déchéances qui avaient
pu le frappé. Ledit jugement emporte mainlevée de l’hypothèque de la masse.

Troisième section : la clôture pour insuffisance d’actif

Si a quelque époque que ce soit, le cours des opérations de la faillite ou de


règlement judiciaire se trouve arrêtés pour insuffisance de l’actif, le tribunal peut sur
le rapport du juge commissaire même d’office prononcer la clôture de la procédure.
Le jugement fait recouvrer a chaque créancier l’exercice individuelle de ses actions
(article 355 du code de commerce).

Quatrième section : la conversion du règlement judiciaire en faillite

A- Conversion obligatoire :

A toute époque, le tribunal convertit le règlement judiciaire en faillite par un


jugement rendu en audience d’office ou sur demande, soit du syndic, soit des
créanciers sur rapport du juge commissaire (art 336) et ce dans les cas suivant (art
337) :

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1- Si le débiteur est condamné pour banqueroute frauduleuse.
2- Si le concordat est annulé.
3- S’il est constaté que le débiteur se trouve dans l’un des cas prévus dans l’article
226 précité.

B- Conversion facultative :

Conformément a l’article 338 du code de commerce, le tribunal peut pronocer la


faillite :

1- Si le débiteur ne propose pas ou n’obtient pas de concordat.


2- Si le concordat est résolu.
3- Si le débiteur est condamné pour banqueroute simple.
4- Si, dans l’intention de retarder la constatation de la cession de ses paiements, le
débiteur a fait des achats pour revendre au-dessous du cours. Si dans la même
intention il a employé des moyens ruineux pour se procurer des fonds.
5- Si ses dépenses personnelles ou les dépenses de son commerce sont jugés
excessives.
6- S’il a consommé des sommes élevées dans des opérations de pur hasard.
7- Si depuis la cessation des ses paiements ou dans les 15 jours précédant, il a
consenti l’un des actes inopposables a la masse des créanciers cités a l’article
247 précité.
8- S’il a contracté pour le compte d’autrui, sans recevoir des valeurs en échange.
9- S’il a commis dans l’exploitation de son commerce des actes de mauvaise foi
ou des imprudences inexécutable.

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