Explorations Biochimiques Des Liquides de Ponction
Explorations Biochimiques Des Liquides de Ponction
Explorations Biochimiques Des Liquides de Ponction
Hanachi
I. Introduction et Définition
Une ponction est un acte technique médical qui consiste à prélever un liquide
d’épanchement (en vue de l’analyser ou de l'évacuer le plus souvent). Il s'agit d'un acte
simple généralement réalisé sous anesthésie locale pour le confort du patient.
- le liquide d’ascite,
- le liquide pleural,
- le liquide synovial,
- le liquide péricardique
o Technique
– Verser 2 ml de solution de Rivalta dans le tube à centrifuger.
– Ajouter une par une, 3 gouttes de liquide pleural/ascite.
– Pour faciliter la lecture, placer une surface sombre derrière le tube.
o Résultats
– Si la goutte se dissout instantanément et que la solution reste limpide : test de
Rivalta négatif transsudat.
– Si la goutte conservera sa forme, reste attachée à la surface ou flotte lentement vers
le bas du tube (comme une méduse) : test de Rivalta positif Exsudat.
L’étude biochimique des liquides d’épanchements complète l’examen cytobactériologique
de ces liquides.
Explorations biochimiques des liquides de ponction Dr S. Hanachi
1. Rappel
La plèvre est une séreuse formée de 2 feuillets (viscéral entourant le poumon et pariétal qui
tapisse la face profonde de la cavité thoracique). Ces deux feuillets délimitent entre eux une
cavité pleurale (ou espace pleural) où circule le liquide pleural. A l’état physiologique, le
liquide pleural (10 à 20 ml), de composition similaire au plasma, mais plus pauvre en
protéines (< 15 g/L) permet le glissement des deux feuillets pleuraux l’un contre l’autre. Il
est essentiellement produit par la plèvre pariétale (costale, diaphragmatique et
médiastinale) et est en permanence résorbé par les pores « stomas »lymphatiques situés
entre les cellules mésothéliales de la plèvre pariétale et médiastinale.
6. Complications
• Complications majeures :
- pneumothorax,
- hémopneumothorax,
- lésion d’organes
• Complications mineures :
- douleur,
- toux persistante,
- ponction blanche
7. Analyse du liquide pleural
L’analyse du liquide pleural sert avant tout à distinguer les transsudats des exsudats dont
l’enquête étiologique est fondamentalement différente.
NB
Un seul critère suffit pour que le diagnostic d’exsudat soit retenu.
On distingue donc les transsudats (plèvre saine, liquide clair, taux de protides bas, LDH
basse) et les exsudats (plèvre pathologique, liquide d’aspect variable, taux de protides
élevé, LDH élevée)
c. Examens biologiques de 2ème intention doivent être réalisés sur le liquide
ponctionné en fonction de l’orientation clinique et de l’aspect macroscopique du
liquide
• pH pleural
o En cas d’épanchement pleural fébrile, s’il n’est pas typiquement purulent, ne contient
pas de germe à l’examen direct ou en culture, un pH pleural < à 7,20 justifierait pour
certains le recours au drainage thoracique (discuté)
o Un pH < 7,20 et/ou une glycopleurie basse < 0.6 g/l sont associes aux pleurésies
parapneumoniques compliquées, nécessitant un drainage pleural.
o Le pH et la glycopleurie sont également bas en cas de tuberculose pleurale, de
polyarthrite rhumatoïde, d’épanchement malin.
• Amylase pleurale
Son élévation (amylopleurie/amylasémie > 1) survient en cas de problème pancréatique ou
œsophagien (fistule ou rupture de l’œsophage) ou cancer.
• Glucose pleural
Un taux de glucose dans le liquide pleural abaissé, inférieur à 0,6 g/l (3,33 mmol/l)
s’observe en cas d’épanchements purulents ou parapneumoniques, néoplasiques,
tuberculeux, ou liés à une polyarthrite rhumatoïde
• Triglycérides surtout si liquide lactescent
o un taux supérieur à 1,1 g/l (1,2 mmol/l) affirme le diagnostic de chylothorax
• Taux d’adénosine désaminase (ADA) > 40 Ul/l dans le liquide pleural (enzyme
nécessaire à la maturation et à la différentiation des cellules lymphoïdes) est en faveur
d’une pleurésie tuberculeuse.
• Dosage de l’acide hyaluronique (polymère de haut poids moléculaire appartenant
à la famille des glycosaminoglycannes. Il est constitué d'unités disaccharidiques répétitives
formées d'acide D-glucuronique et de N-acétyl-D-glucosamine et reliées entre elles par des
liaisons de type β1–4.) : élevé en cas de suspicion de mésothéliome. Le seuil de
significativité de l'acide hyaluronique pleural est compris entre 50 et 100 mg/l. Une valeur
supérieure associée à un taux faible d'antigène carcino-embryonnaire est en faveur d’un
mésothéliome pleural.
• Recherche d’Anticorps Anti Nucléaires en cas de lupus érythémateux disséminé ;
• Taux de facteurs rhumatoïdes en cas de polyarthrite rhumatoïde ;
• Fraction C3 du complément : effondrée dans les pleurésies rhumatoïdes.
• Autres marqueurs.
Le diagnostic différentiel entre mésothéliomes et adénocarcinomes métastatiques de la
plèvre reste parfois difficile et nécessite l'utilisation de nouveaux marqueurs caractéristiques
de l'une ou de l'autre forme tumorale (calrétinine, thrombomoduline, CD44H pour le
mésothéliome, Ber-EP4, CEA, MOC 31 pour les adénocarcinomes). Rechercher la
cytokératines CK20 dans l'ensemble des cellules tumorales indique la présence d'une
carcinose pleurale métastatique et exclut pratiquement le mésothéliome. La constellation
CK20+/CK7-, toujours absente dans le mésothéliome, paraît typique des métastases de
l'adénocarcinome colorectal.
2. Indications
3. Technique
Le patient est positionné en décubitus dorsal. Le point de ponction se situe au niveau du
tiers externe de la ligne reliant l’ombilic à l’épine iliaque antéro-supérieure gauche (fig). Il
faut éviter les vaisseaux et ne pas insérer l’aiguille trop près d’une cicatrice abdominale,
l’intestin pouvant être fixé à la paroi par une bride.
4. Aspect macroscopique
Liquide jaune citron, fluide, ne coagulant pas alors qu’un aspect laiteux orientera vers une
ascite chyleuse riche en triglycérides ou en chylomicrons. Une ascite spontanément
hémorragique est suspecte d’être carcinomateuse (tableau)
L’analyse du liquide d’ascite donne ainsi une orientation générale et des pistes étiologiques
qui sont résumées dans le tableau.
5. Analyse biochimique du liquide d’ascite
Il faut obligatoirement déterminer la concentration en protéines du liquide d’ascite. On
considère qu’une ascite est pauvre en protides pour des valeurs inférieures à 25 g/l qui
historiquement permettaient de différencier les transsudats des exsudats.
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- L’analyse de marqueurs tumoraux comme le CA125 ou le CA19–9 dans l’ascite n’ont pas
une sensibilité ou une spécificité suffisante pour pouvoir être recommandée.
6. Complications
- Hématome de la paroi abdominale
- Fuite du liquide d’ascite post ponction
- Hémopéritoines,
- Perforations intestinales par l’aiguille à ponction
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Conclusion
Le diagnostic de la cause d’une ascite non cirrhotique nécessite une approche globale du
patient en raison de la multiplicité des pathologies potentiellement responsables. L’analyse
du contexte de survenue et du liquide de ponction permet dans la majorité des cas
d’orienter le diagnostic. L’ascite dans ce cadre là n’est qu’un symptôme et le traitement de
la maladie causale est indispensable.
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1. Définition
Le liquide synovial remplit la cavité des articulations mobiles, il joue un rôle de lubrifiant et
un rôle nutritif pour le cartilage osseux. Un épanchement articulaire est l’accumulation
pathologique de liquide synovial dans la cavité articulaire.
2. Prélèvement
Les règles d’asepsie doivent être scrupuleusement respectées. Trois tubes pour les
analyses doivent être prélevés :
– cellularité (tube EDTA)
– cristaux (tube sans additif)
– culture et frottis avec coloration de Gram (tube stérile pour la bactériologie)
3. Contre-indications
• Infection ou dermatose au site de ponction : par crainte d’ensemencer l’articulation
avec les germes responsables de l’infection cutanée.
• Bactériémie suspectée : par crainte d’inoculer, par un saignement intra-articulaire, des
germes circulants à l’intérieur de l’articulation.
• Trouble de la coagulation (coagulopathie ou traitement anticoagulant)
• Matériel prothétique (osthéosynthèse, prothèse) : un avis spécialisé est requis. Une
infection prothétique est l’ultime complication ! La ponction doit être réalisée dans un
environnement chirurgical.
• Instabilité majeure de l’articulation (arthropathie neurogène, rupture ligamentaire).
• Suspicion de fracture intra-articulaire.
5. Composition
Le liquide synovial est composé d'un dialysât du sérum (électrolytes, glucose, 15 à 20 g/L
de protéines, de glycoprotéines et d'acide hyaluronique et de liquide interstitiel filtré du
plasma sanguin). Les sels minéraux et les petites molécules filtrent à travers ces cellules
vers la cavité articulaire, rejoignant les produits de sécrétion des synoviocytes pour former
le liquide synovial.
La composition en ions minéraux est voisine de celle du plasma et le taux de glucose est
égal à 2/3 de celui du plasma.
• L’acide hyaluronique est le constituant le plus remarquable ; présent à la concentration
élevée de 3 g/l. C’est lui qui confère son pouvoir lubrifiant au liquide synovial.
• Les protéines
Le taux de protéines totales est de l’ordre de 25 g/l. Ce sont les mêmes protéines que celles
du plasma mais leurs concentrations respectives sont différentes mais en fait tous les
constituants normaux du plasma sont présents à très faible concentration. Le liquide
synovial ne coagule pas normalement.
Autres examens
L’analyse chimique (protéines, glucose, lactate) n’apporte rien de plus et ne semble pas
utile au diagnostic.
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2. Causes
Les deux principales raisons de l’accumulation de liquide dans l’espace péricardique sont :
• Déséquilibre entre la pression dans les vaisseaux sanguins (qui pousse le liquide
hors de ceux-ci) et la quantité de protéines dans le sang (qui gardent le liquide dans les
vaisseaux sanguins). Le liquide qui s’accumule dans une telle situation est appelé un
« transsudat ». Les transsudats sont le plus souvent causés par une insuffisance cardiaque
congestive ou une cirrhose.
• Lésion ou inflammation du péricarde, auquel cas le liquide qui s’accumule est appelé
un « exsudat ». Toute infection, tumeur maligne (cancer métastatique, lymphome,
mésothéliome) ou maladie auto-immune peut entraîner la formation d’un exsudat.
3. Analyse biochimique
La première série de tests effectués sur un échantillon de liquide péricardique aide à
déterminer si le liquide est un transsudat ou un exsudat.
-Transsudat
Les transsudats sont le plus souvent causés par une insuffisance cardiaque congestive ou
une cirrhose. Le liquide montre les caractéristiques typiques suivantes :
• liquide clair
• Taux de protéines ou d’albumine faibles
• Numération cellulaire : peu de cellules présentes
- Exsudat
Les exsudats peuvent être causés par un éventail d’affections et de maladies. Les tests
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Références bibliographiques