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2022 Tiana Rizipisci SHS 16 TI Art pp100-108

Ce document décrit la rizipisciculture comme un modèle durable d'agriculture-élevage qui permet d'augmenter les rendements rizicoles de 10 à 20% en cultivant du poisson dans les rizières. Une expérience a été menée pour déterminer la surface optimale de canaux-refuges pour les poissons, et les résultats montrent que 2% de surface refuge est aussi efficace que 10%, permettant de réduire l'emprise au sol sans diminution de rendement.

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Jessica RAHARIMALALA
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2022 Tiana Rizipisci SHS 16 TI Art pp100-108

Ce document décrit la rizipisciculture comme un modèle durable d'agriculture-élevage qui permet d'augmenter les rendements rizicoles de 10 à 20% en cultivant du poisson dans les rizières. Une expérience a été menée pour déterminer la surface optimale de canaux-refuges pour les poissons, et les résultats montrent que 2% de surface refuge est aussi efficace que 10%, permettant de réduire l'emprise au sol sans diminution de rendement.

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RECHERCHES

POUR
LE DEVELOPPEMENT

Série Sciences de l’Homme


et de la Société

N°16-2022
Antananarivo - Madagascar

Ministère de l’Enseignement Supérieur


et de la Recherche Scientifique

ISSN 1022 – 8691

1
RECHERCHES
POUR
LE DEVELOPPEMENT
Série Sciences de l’Homme et de la Société
N°16

2022

1
RECHERCHES
POUR
LE DEVELOPPEMENT
Série
Sciences de l’Homme et de la Société
N° 16
1er semestre 2022

Membres du Comité de lecture :

- Pr RAMIARISON Claudine
- Pr RAKOTOARIVELO Marie Laure
- Pr ANDRIAMPARANY Marius
- Dr RAHAINGO-RAZAFIMBELO Marcelline
- Dr RAHARIJAONA Nivoniaina Fahendrena

Ce numéro a été édité avec le concours de


Université d’Antananarivo
et
Centre d’Information et de Documentation
Scientifique et Technique

Toute correspondance concernant les publications


RECHERCHES POUR LE DEVELOPPEMENT
doit être adressée au :
Centre d’Information et de Documentation
Scientifique et Technique
BP 6224 – Email : edition.cidst@gmail.com
Antananarivo - Madagascar
ISSN 1022-8691

2
SOMMAIRE

Contamination fécale de l’eau de puits en périphérie d’Antananarivo :


Cas de trois Fokontany de la commune rurale d’Ampanefy
RAZANADRASOA Vololonome Bodomalala, RASOARAHONA Jean 5

La promotion de l’environnement à travers de l’actualisation de soi


sous l’influence de l’arrêté n°90/CUF/CAB-20
TSIZAHANY Blaise Elysé, RAZARANIAINA Jean Claude 21

Les femmes vannières et le développement : cas du district de Vohibato


LALAONDRAINY Fanjanirina Samuëline, RASOAMALALAVAO Claire,
RASAMOELINA Henri 29

Artisanal mining and sustainable development : case of Ambondromifehy


TONGALAZA Julina Harisoa, RANDIMBIHARISON Guy A,
RASAMOELINA Henri 41

Particularité de la diaconie au sein de la société Malagasy


RAKOTOVELOMANANTSOA Fenonirina Alain, ANDRIAMBININTSOA
RANAIVOSON Tojonirina, RAHARIMALALA Laurence Eliane 51

Prise en compte des normes dans les comportements


RAMAROZAKA Tokimahery, MÜLLER Jean-Pierre,
RAKOTONIRAINY Hasina Lalaina 71

Formation et sensibilisation à l’entrepreunariat


RATOVOSOA Jeannet Olivier, RAKOTONDRAVAO Zoelisoa Hanitra,
SAHOLIARIMANANA Andrianaly 83

La rizipisciculture : un modèle agroécologique durable, innovant et efficient


sur les Hautes-Terres de Madagascar
RANDRIAMIHANTA Tiana Herimanana, ANDRIAMANIRAKA Harilala,
BELIERES Jean-François, RANDRIANARISON Narilala,
MORTILLARO Jean-Michel 99

Les enjeux socio-économiques de la création d’entreprise, l’entrepreneuriat au


troisième arrondissement – Commune Urbaine d’Antananarivo
ANDRIAMIHAJA Salohy Alicia 109

Les principales causes de la diminution du cheptel bovin à Madagascar


RASOANOMENJANAHARY Auldine, RAZAFINARIVO Tsirinirina Donnah,
MICHELLE Reine Lucie, RAZANANORO Erline, MINIMINY Noélin,
RATOVONJANAHARY Faniry Solofo, RAPATSALAHY Sabine,
RAKOTOMANANA Olga Rachel, MAMINIAINA Olivier Fridolin 123

3
Vérité des prix des carburants : quels enjeux pour l’économie Malagasy ?
RATSIMBAZAFY Vololoniaina Bakoliarisoa 135

L’évolution de la politique monétaire à Madagascar sous l’impulsion


de Joé Rabeantoandro
HORACE Gatien, MAHADIMBY Julie, RAZAFINDRAIBE Solo Nirina J. 145

Influence de la culture nationale sur l’engagement entrepreneurial


des opérateurs Malagasy
RAKOTOMALALA Claudia Fanja, ANDRIANARIZAKA Marc Tiana,
ANDRIANARIZAKA Hantatiana H., ANDRIANALY Saholiarimanana 169

Ethique sociale biblique et protestante face à la pauvreté à Madagascar


RASAMOELINA Tantely Nirina, RAKOTOZAFY Micaël 197

Employabilité, éducation et langues à Madagascar : enjeux, défis


et perspectives
HANTAVOLOLONA Cynthia, BARISON Richard, KANOSO Morady 211

Devenir d’un centre national de documentation : cas du CIDST


à Madagascar
ANDRIAMPARANY Louis Marius, RAKOTOARIVELO Marie-Laure 231

La cohérence du cadre réglementaire et la gestion de l’espace littoral


de la ville de Morondava-Madagascar
RANDRIANARIVELO Guybertho, ANDRIAMITANTSOA Tolojanahary,
ANDRIAMPENITRA Serge, RAVALISON James 271

Ressemblance entre mots Hebreu et mots Betsileo arindrano


Région Haute Matsiatra
ANDRIAMBAHINY Maminiaina 289

4
LA RIZIPISCICULTURE : UN MODELE AGROECOLOGIQUE
DURABLE, INNOVANT ET EFFICIENT SUR LES HAUTES-TERRES
DE MADAGASCAR

par

RANDRIAMIHANTA Tiana Herimanana(1), ANDRIAMANIRAKA Harilala(1),


BELIERES Jean-François(2), RANDRIANARISON Narilala(1),
MORTILLARO Jean-Michel(2)

(1) Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, Université d’Antananarivo, Madagascar


(2) Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD)-FOFIFA,
Antananarivo, Madagascar

RESUME
La rizipisciculture est, d’une part, un modèle agro-écologique durable et,
d’autre part, une forme d’intégration agriculture – élevage efficiente. Sur une même
superficie de rizière, la production de poissons s’ajoute à celle du riz, avec une
augmentation du rendement rizicole de l’ordre de 10 à 20%. La culture riz – poisson
contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à la lutte contre la pauvreté car
elle constitue une activité génératrice de revenus. Comme le riz est la base de
l’alimentation à Madagascar, les rizipisciculteurs Malagasy sont avant tout des
riziculteurs. Ils donnent plus d’importance à la riziculture qu’à la pisciculture. Le
présent travail de recherche a comme objectif de déterminer la surface la plus
efficiente des canaux-refuges nécessaires à la survie des carpes communes. Une
expérimentation a été menée dans 6 parcelles élémentaires appartenant à un paysan à
Tsiafahy-Antananarivo avec un dispositif en bloc avec 3 répétitions. L'expérience
compare l’efficience du canal refuge - "modèle FAO" correspondant à 10% de la
surface de la parcelle avec des trous refuges de 2 m de diamètre et 50 cm de
profondeur occupant 2% de la surface cultivable. Les résultats ont montré que
l'amélioration du rendement en riz a largement compensé les 10% de surface utilisée
pour le canal refuge à poissons. Les rendements correspondant aux échantillons ont
donné un rendement moyen de 1,47 ± 0,28 t/ha qui était cohérent avec la récolte
globale de 1,44 t/ha (525 kg sur 3638 m²). Les deux traitements avec 10% de canaux
refuges ou 2% de trous ont donné exactement les mêmes rendements, respectivement
de 1,47 ± 0,32 t/ha et de 1,47 ± 0,27 t/ha. Cependant, la différence de surface
cultivable, compte tenu de la surface perdue par le refuge dans les deux traitements
(10 ou 2 %), a fourni un delta de 11 kg dans la production (c'est-à-dire 2 % de la
production totale ; 256 kg sur 1752 m² pour la parcelle avec canal de refuge et 267
99
kg sur 1886 m² pour la parcelle avec trous de refuge). Comme il n’y a pas de
différence significative entre les deux traitements, le modèle de canal refuge de la
FAO de 10% peut être réduit à 2% de surface totale. Ces résultats obtenus
constituent un grand pas pour le développement de la rizipiscicuture auprès des
rizipisciculteurs Malagasy.

Mots-clés: Aménagements, Refuge, Riz, rizière, Poisson, Carpe

ABSTRACT
Rice-fish farming is on the one hand a sustainable agro-ecological model and on
the other hand an efficient form of agriculture-livestock integration. On the same
area of rice field, fish production is added to that of rice production with an increase
in rice yield of around 10 to 20%. Rice-fish farming contributes to food and
nutritional security and to the fight against poverty, as it is an income-generating
activity. As rice is the staple food in Madagascar, Malagasy rice-fish farmers are
primarily rice farmers. They give more importance to rice farming than to fish
farming. The objective of this research is to determine the most efficient surface area
of refuge canals required for the survival of common carp. An experiment was
conducted in 6 elementary plots belonging to a farmer in Tsiafahy Antananarivo
with a block design with 3 replications. The experiment compares the efficiency of
the FAO model refuge channel corresponding to 10% of the plot area with refuge
holes of 2 m in diameter and 50 cm deep occupying 2% of the cultivable area. The
results showed that rice plants grew without significant difference at the 5% level for
both treatments. The improvement in rice yield more than compensated for the 10%
of area used for the fish refuge channel. Yields from the samples averaged 1.47 ±
0.28 t/ha, which was consistent with the overall harvest of 1.44 t/ha (525 kg on 3638
m²). The two treatments with 10% refuge channels or 2% holes gave exactly the
same yields of 1.47 ± 0.32 t/ha and 1.47 ± 0.27 t/ha, respectively. However, the
difference in cultivable area, i.e., taking into account the area lost to refuge in the
two treatments (10 or 2%), provided a delta of 11 kg in production (i.e., 2% of total
production; 256 kg on 1752 m² for the plot with refuge channel and 267 kg on 1886
m² for the plot with refuge holes). Since there was no significant difference between
the two treatments, the FAO refuge channel model of 10% can be reduced to 2% of
total area. These results represent a major step forward for the development of rice-
fish system in Madagascar.

Key-words: Refuge, Rice, Paddy field, Fish, Carp

100
INTRODUCTION
La rizipisciculture, système apparu en Asie, se définit comme l’association de la
culture du riz submergé avec l’élevage de poisson dans un même champ et au même
moment (Halwart et Gupta, 2010). Ce système a été considéré comme étant une
solution envisageable pour lutter contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté,
notamment pour les exploitations à surfaces limitées (APDRA, 2016). En effet, la
rizipisciculture permet une meilleure valorisation d’espace et de ressources. Le riz et
le poisson obtenus peuvent être autoconsommés ou également vendus pour en tirer
des revenus. L’émergence de l’agriculture conventionnelle a diminué l’intérêt des
producteurs pour ce système au niveau international mais avec l’arrivée de l’ère des
pratiques agroécologiques et la prise de conscience des rôles importants tenus par la
rizipisciculture face à l’insécurité alimentaire et la pauvreté, ce système est devenu
l’objet de plusieurs projets de recherche et développement. Dans un pays en voie
développement comme Madagascar où le riz est l’aliment de base de la population et
également la plante la plus cultivée, la rizipisciculture a été un sujet vulgarisé auprès
des paysans. Pour garantir le fonctionnement de ce système, une bonne maîtrise
d’eau et un réaménagement de la rizière sont à effectuer. Cela consiste à creuser des
refuges pour les poissons (Halwart et Gupta, 2010). Le modèle de la FAO vulgarisé
porte sur des canaux-refuges au sein de la parcelle, qui représentent 10% de la
surface totale. Or, la majorité des paysans est réticente par rapport à cette pratique
car, selon eux, la diminution de la surface occupée par le riz peut provoquer la
baisse de la production, malgré le fait que la rizipisciculture permet une
augmentation de 10% à 20% du rendement. En effet, les rizipisciculteurs donnent
plus d’importance à la production rizicole qu’à celle piscicole. Pour résoudre cette
problématique, la perspective de diminuer le pourcentage de surface totale occupée
par les refuges a été étudiée, ceci en remplaçant les canaux-refuges par des trous-
refuges (2% de la surface totale). L’objectif de ce travail de recherche est donc de
déterminer la surface des refuges la plus efficiente pour ce système.

MATERIELS ET METHODES
L’expérimentation a été menée sur les parcelles d’un paysan. Le site est localisé
dans le fokontany d’Ambohibolona (19°03’41.8''S, 47°36’36.3''E), dans la commune
de Tsiafahy, district d’Antananarivo Antsimondrano, région Analamanga. La zone se
trouve sur les Hautes-Terres à une altitude supérieure à 1300 m (Abe, 1984 cité dans
Paradis, 2017), bénéficiant d’un climat de type tropical avec deux saisons bien
distinctes : la saison chaude et pluvieuse qui s’étend de novembre à avril et la saison
fraiche et sèche, de mai à octobre16. La pluviométrie annuelle moyenne est de 901

16
Dural, 1994 cité dans Paradis, 2017
101
mm et la température moyenne de 17,6°C (Méteoblue, 2017, Cité dans Paradis,
2017). En général, les sols de la région d’Analamanga sont de type ferralitique brun
rouge ou brun jaune, avec une teneur en matière organique faible. La texture des sols
des parcelles analysés est de type sablo-argileux.
Le facteur étudié est le pourcentage de surface occupée par les refuges selon
deux modalités : 10% de surface occupée par les refuges (canaux-refuges) ; et 2% de
surface occupée par les refuges (trous-refuges). Les canaux-refuges mesurent 1 m de
profondeur et 0.5 m de largeur. Quant aux trous-refuges, ils ont 2 m de diamètre et
0,8 m de profondeur. Chaque traitement est répété 3 fois. Un dispositif en bloc a été
installé sur une superficie de 3638 m2, divisé en 6 parcelles élémentaires. La variété
cultivée est le « vary botry », et le poisson élevé, la carpe (Cyprinus carpio) et le
tilapia (Oreochromis niloticus).

Figure 1 : Plan du dispositif expérimental


L’itinéraire technique est composé des pratiques culturales habituellement
effectuées par les paysans, à savoir : le labour, le hersage, le semis, le repiquage, le
sarclage, et la récolte en fin de campagne. Le semis sur la pépinière a été fait le 17
octobre, les parcelles aménagées le 24 novembre, repiqué le 28 novembre et
empoissonné le 20 décembre 2019 avec une densité de 25 alevins/are.
Les critères mesurés sont la hauteur des plants de riz (cm), le nombre de talles
par pied, le poids moyen des grains par pied (g/pied), le rendement en nombre de
poissons (nombre/ha), le rendement en poids de carpe (kg/ha), le rendement en poids
de tilapia (kg/ha), et le rendement en riz (t/ha). La hauteur du riz et le nombre de
talles par pied sont mesurés sur 5 pieds pris au hasard dans chaque parcelle
élémentaire, ceci, effectué au cours de trois dates : 26/03/2020 ; 01/04/2020 ; et
04/04/2020. Pour les valeurs des rendements et le poids des grains par pied, ils sont
mesurés à la récolte. Une comparaison des valeurs de chaque critère par traitement a
été faite par l’intermédiaire de tests de Student.
102
RESULTATS
Dans la rizipisciculture, il y a deux éléments importants que le rizipisciculteur
se doit d’observer : le rendement du riz et la production en poissons.
Caractéristiques de la production rizicole
Par rapport au rendement du riz et ses composantes (hauteur du riz, nombre de
talles par pied et poids moyen des grains par m2), aucune différence significative ne
fut observée entre le trou-refuge et le canal-refuge. Le rendement moyen est de 1,47
t/ha. Le canal-refuge, consacrant 10% de la surface cultivée, permet d’obtenir une
variation de rendement plus large de 320 kg/ha contre seulement 240 kg/ha pour le
trou-refuge de 2% de la surface cultivée (cf. Figure 2). Le pourcentage de surface
consacré pour le refuge des poissons n’affecte ainsi en rien le rendement du riz.
L’effet se présente plutôt du côté de la production en poissons.

Figure 2 : Box-plot de la variation du rendement de riz selon les traitements

Caractéristiques de la production piscicole


D’abord concernant le rendement en nombre de poissons (tilapia et carpes), les
parcelles avec les canaux refuges présentent un effectif supérieur par rapport aux
parcelles avec les trous refuges (p. value=0,04). Effectivement, les canaux refuges de
10% de la surface ont permis de contenir en moyenne 445 ± 34 poissons contre
seulement 264 ± 53 poissons dans les trous refuges (cf. Figure 3). Augmenter la
surface destinée au refuge des poissons permet ainsi d’optimiser le rendement en
nombre de poissons avec un avantage de 68% en passant de 2% à 10% de la surface
consacrée.

103
Figure 3 : Variation du rendement en nombre de poissons (carpes et tilapia) selon
les traitements
Ensuite, pris séparément, les résultats des rendements en kg des carpes et des
tilapias n’ont permis de favoriser ni l’un ni l’autre des deux traitements. Pourtant, le
rendement en carpes est particulièrement condensé avec une tendance élevée dans le
traitement à canal-refuge par rapport au traitement à trou-refuge où la répartition est
plus large (cf. Figure 4). Le canal-refuge permet donc d’obtenir de manière plus sûre
un rendement en carpe plus élevé de 48,8 ± 4,3 kg par rapport au trou-refuge.

Figure 4 : Box-plot de la variation du rendement en poids de carpes produites

104
Quant au rendement en tilapia, ce sont les valeurs obtenues avec le trou-refuge
qui sont plus condensées avec une tendance relativement faible par rapport au canal-
refuge où la variation s’étale largement (cf. Figure Error! Reference source not
found.5). Le trou-refuge est donc moins performant en rendement en tilapia avec
10,9 ± 5,44 kg par rapport au canal-refuge.

Figure 5 : Box-plot de la variation des rendements en tilapia


Ainsi, le canal-refuge présente une performance plus élevée par rapport au trou-
refuge et cette distinction se fait surtout observer au niveau de la production
piscicole. Au niveau de la production rizicole, la surface élevée consacrée au refuge
avec le canal-refuge ne menace pas du tout cette production.

DISCUSSIONS
Concernant la performance du riz, le système rizipiscicole peut augmenter le
rendement en riz jusqu’à 20% (Duanfu, 1995). L’introduction de poisson dans la
rizière améliore la fertilité du milieu aquatique (Lightfoot et al., 1992). Les poissons
peuvent favoriser la disponibilité d’éléments minéraux, notamment l’azote et le
phosphore en consommant des débris organiques ou d’organismes vivants dans
l’eau. C’est ensuite leurs déjections qui participent à la fertilisation du sol. D’après
les observations de Xieping et al. (1995), les parcelles en rizipisciculture nécessitent
23% d’engrais organique et inorganique en moins que les parcelles en monoculture
de riz. De plus, des recherches ont montré que l’empoissonnement de la rizière peut
aider à combattre les adventices et certains ravageurs du riz (Sinhababu et al.,
2013) ; (Aminur Rahman et al., 2016). L’amélioration de la croissance et du
développement du riz peut être associée à la disponibilité d’éléments nutritifs et à la
baisse de la compétition avec les ennemis de la culture.

105
Les résultats montrent que le pourcentage de surface occupée par les refuges n’a
pas d’effet significatif sur la hauteur du riz, le nombre de talles par pied, le poids de
grains par pied et le rendement. L’itinéraire technique utilisé sur toutes les parcelles
est la même ; ainsi, les deux traitements (2% et 10%) ont donc les mêmes effets sur
le riz. Le principal critère affecté par le traitement est le rendement en poisson. Cette
égalité de rendement en riz pourrait s’expliquer par un nombre de pieds plus élevé
sur les parcelles à 2% de surface de refuge. Quant au traitement à 10% de surface de
refuge, la diminution du nombre de pieds par unité de surface pourrait avoir été
compensée par une meilleure fertilité du sol permis par la densité élevée de poisson.
En effet, malgré l’absence de différence significative entre les rendements des deux
traitements, la répartition des valeurs du traitement « canaux-refuges (10%) » montre
une plus grande dispersion des valeurs à la hausse. Néanmoins, l’existence d’un seuil
d’efficacité du système rizipiscicole est à suggérer, celui-ci se définit par la densité
de la population de poissons présents dans la parcelle. Les travaux de Rahman, A.
M. M., et al. (2020) ont montré une meilleure performance du riz avec une densité
d’alevins de 1,6 à 2,4 par m2 comparé à une densité de 0,8 alevin/m2. En outre, les
résultats de Billah, Md M, et al. (2020) indiquent que l’utilisation d’une densité de 6
poissons/m2 donne de meilleurs rendements que des densités de 4 ou 8 poissons/m2.
Concernant le rendement en poisson, les résultats obtenus indiquent un meilleur
développement des poissons dans les parcelles à 10% de surface de refuge et un
rendement en carpe plus élevé mais sans différence significative. Ces résultats
peuvent être expliqués par la disponibilité de ressources nutritives pour les poissons,
la présence d’environnement vivable et la capacité d’adaptation des espèces au
milieu cultivé. Le taux de survie des poissons peut atteindre 60% lorsqu’un
aménagement est réalisé correctement (FAO, 1992). Les résultats ont montré une
différence significative du nombre de poissons par hectare selon le traitement, avec
une valeur moyenne plus élevée sur le traitement « canaux-refuges (10%) ». Ceci
prouve que l’aménagement en canaux-refuges favorise mieux la survie des poissons.
La présence d’une plus grande surface de refuge ne limite pas les déplacements et la
disponibilité des nutriments pour les poissons, notamment en cas de diminution du
niveau d’eau (Chapman et Fernando, 1994). Une plus grande surface de refuge peut
donc favoriser la diminution de la compétition pour l’espace et pour les ressources
nutritives, expliquant ainsi le nombre de poissons plus élevé sur les parcelles à 10%
de surface de refuges.
Concernant la différence au niveau de la diversité, les carpes et les tilapias
présentent des capacités d’adaptation différentes, ce qui explique le rendement
sensiblement plus faible en tilapia. Les carpes peuvent s’adapter à une variation de
température importante (amplitude de 4 à 40°C). Elles supportent des eaux pauvres

106
en oxygène, boueuses et peuvent consommer une grande variété d’aliments (FAO,
1992). Cependant, l’âge de la maturité est tardif (Dural, 1994). Le tilapia est une
espèce qui se reproduit facilement, avec un taux de croissance métabolique supérieur
et un gain de poids plus rapide que la carpe (Frei et Becker, 2005a). Cela dit, le poids
moyen demeure relativement faible, de plus, il est sensible au froid. Une température
minimale de 20°C est requise pour son bon développement, ce qui en fait une espèce
peu intéressante sur des altitudes supérieures à 1200 m (FAO, 1995).

CONCLUSION
La présente étude a permis d’identifier les effets de la diminution du
pourcentage de surface occupée par les refuges sur la performance du riz et le
rendement en poisson. Deux options ont été considérées, à savoir : les canaux-
refuges classiques occupant 10% de la surface totale et les trous-refuges occupant
2% de la surface totale. L’expérimentation a été menée à Tsiafahy chez un
rizipisciculteur. Les résultats ont montré que la proportion des surfaces prises par les
refuges influe principalement sur la population de poissons introduits.
L’augmentation des refuges de 2% à 10% favorise la survie des poissons et leur
permet de se développer acceptablement. Les valeurs des rendements en poids
montrent de meilleures performances piscicoles lorsque le traitement est à 10% de
surface de refuge, cependant les différences ne sont pas significatives. Les tests de
Student effectués sur la hauteur du riz, le nombre de talles, le poids des grains par
pied et le rendement en riz ont tous abouti à des p-values > 0,05. Ces résultats
indiquent que les traitements n’ont eu aucun effet significatif sur la croissance et le
développement du riz. Ainsi donc, la diminution du pourcentage de surface occupée
par les refuges à 2% ne crée aucune diminution de la production en riz. Cela dit, face
à ces résultats, l’existence d’un seuil d’efficacité du système rizipiscicole est à
envisager. En bref, la surface occupée par les refuges proposés par la FAO (10%)
peut donc être réduite à 2%. Il s’agit d’une avancée dans les recherches sur la
rizipisciculture qui va améliorer les chances d’adoption de ce système par les
paysans.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1) Abe, Y. (1984). Le riz et la riziculture à Madagascar. Centre National de
Recherches Scientifiques. Paris, p. 232.
2) APDRA. (2016). L’innovation piscicole pour satisfaire les besoins alimentaires-
rapport des activités. 42 p.
3) Billah, Md M., Uddin, Md. K, Samad, Mohd Y.A., Hassan, Mohd Z. B., Anwar,
Md. P., Abu H., Kamal, M., Shahjahan, M., Abdulla-Al-Asif. (2020). Effects of

107
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hautes plateaux malgaches - Mythe ou réalité. 59 p. Montpellier: CNEARC
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http://www.fao.org/3/contents/688b9039-0eeb-5d1d-a4f3-
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12) Rahman, A. M. M., Anwar, M. P., Hasan, A. K., Jyoti, A. N., Shahjahan, M.,
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