Mohamad Ou Adamou
Mohamad Ou Adamou
Mohamad Ou Adamou
Présenté par
Mohamadou ADAMOU
Je remercie également Mme Catherine Edward GURGUENIAN pour son soutien ainsi que tous les
étudiants du Département Environnement.
Je remercie tous les professeurs associés de l’Université Senghor notamment Monsieur Louis Edouard
POUGET, Dr Guy MATEJKA, Dr Rim ABDEL HAMID pour le partage de connaissances pendant tout le
cursus universitaire.
Mes remerciements vont également à mes encadreurs, Docteur SANOGO Moussa Directeur adjoint de
l’hôpital du Point G et Mme MAIGA Fatoumata SOKONA, Responsable santé-environnement pour leurs
enseignements et la bonne collaboration.
Je remercie ma famille, mes parents et tous ceux qui m’ont, de loin ou de prés soutenu au cours de ces
deux (2) ans de formation à Alexandrie (Egypte).
i
Dédicace
ii
Résumé
Les déchets biomédicaux sont considérés comme des déchets dangereux par la loi 01 - 0201relative
aux pollutions aux nuisances. Le centre hospitalier universitaire (CHU) Gabriel Touré à l’image de tous
les centres de soins de santé est confronté à un problème de gestion de ses déchets. D’une part la
croissance démographique de la ville de Bamako et la généralisation des matériels à usage unique
conduisent à une augmentation de la quantité de déchets biomédicaux dans ce centre. D’autre part, les
mauvaises pratiques en matière de gestion de ces déchets observées constituent un obstacle à la
bonne marche du processus de gestion. La mauvaise gestion des déchets biomédicaux peut nuire à la
santé des travailleurs, aggraver l’état de santé des patients et contribuer à la détérioration du cadre de
vie des populations.
Cette étude se propose d’évaluer la gestion des déchets biomédicaux au centre hospitalier Gabriel
Touré de Bamako (Mali) à partir d’une étude descriptive des pratiques de cette gestion à l’aide d’un outil
d’évaluation rapide conçu par l’OMS. Les acteurs sont interviewés selon leur rôle dans le processus de
la gestion des déchets biomédicaux. Des informations essentielles sont recueillies auprès des
principaux acteurs de la gestion des déchets biomédicaux des différents services (ministère,
municipalité, hôpital) qui sont au nombre de vingt (20). Chaque acteur est choisi selon son niveau
d’implication dans le processus afin de comprendre la situation de la gestion des déchets biomédicaux
et obtenir des données aidant à la prise de décision au CHU Gabriel Touré.
La gestion des déchets biomédicaux au niveau du centre hospitalier universitaire Gabriel Touré, est
satisfaisante avec une moyenne globale de 32%. Toutefois, la situation de la formation du personnel est
problématique ainsi que celle du respect de la réglementation. La situation du tri des déchets est
critique selon une moyenne globale de 8% au CHU Gabriel Touré. L’étude a révélé des insuffisances
concernant la gestion des déchets spéciaux comme les placentas et les pièces anatomiques, qui
pourtant méritent une prise en charge particulière. En outre, l’hôpital n’est pas doté d’infrastructures
adéquates pour l’épuration des effluents issus des activités de soins.
Pour améliorer la situation actuelle de la gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré, des
recommandations ont été formulé à l’endroit des autorités du centre.
Mots clés
1
Loi N° 01 020 du 30 Mai 2001 relative aux pollutions et aux nuisances votée en république du Mali
iii
Abstract
Biomedical waste is consider as hazardous by the Law 01 - 020 on pollution nuisances. Central
University Hospital (CUH) Gabriel Touré in the image of all health care centers is facing one of its waste
management problem. On the one hand the population growth of the city of Bamako and generalization
of single-use devices lead to an increase in the quantity of biomedical waste in this center. On the other
hand, the bad practices in the management of these waste constituded an obstacle to the smooth
running of management processes. Poor management of biomedical waste can harm the health of
workers, worsen health status of patients and contribute to the deterioration of living conditions of
populations.
This study aims to evaluate the biomedical waste management at Gabriel Touré hospital in Bamako
(Mali) from a descriptive study of the practices of this management with a Rapid Assessment Tool
(RAT) designed by the WHO. The actors are interviewed by their role in the process of biomedical
waste management. Essential information is collected from key players in the biomedical waste
management of the various services (ministry, municipality, hospital) of which there are twenty (20).
Each actor is chosen according to its level of involvement in the process to understand the situation of
the biomedical waste management and obtain data to assist in decision making in CHU Gabriel Toure.
The management of biomedical waste at the university hospital Gabriel Touré is satisfactory with an
overall average of 32%. However, the situation of staff training is problematic as well as that of
compliance. The waste sorting situation is critical from a global average of 8% at the CHU Gabriel
Toure. The study revealed deficiencies regarding the management of hazardous waste such as
placentas and anatomical parts, which nevertheless deserve special care. In addition, the hospital does
not have adequate infrastructure for the purification of effluents from care activities.
To improve the current situation of biomedical waste management at the University Hospital Gabriel
Touré, recommendations were made to the place of the authorities of the center.
Keywords
Assessment, management, biomedical waste, Gabriel Touré Hospital in Bamako
iv
Liste des acronymes et abréviations utilisés
AN: Assemblée Nationale
BM : Banque Mondiale
Dép. : Département
MS : Ministère de la Santé
v
OER : Outil d’Evaluation Rapide
RM : République du Mali
vi
Table des matières
Contenu
Remerciements ........................................................................................................................................... i
Dédicace ....................................................................................................................................................ii
Résumé.....................................................................................................................................................iii
Abstract ..................................................................................................................................................... iv
Liste des acronymes et abréviations utilisés ...................................................................................................v
Introduction ................................................................................................................................................ 1
Chapitre 1 : Gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré et la démarche méthodologique
d’évaluation de cette gestion. ...................................................................................................................... 4
1.1 Gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré .............................................................. 4
2.1.1 Résumé des réponses aux questions des acteurs de l’administration du CHU Gabriel Touré, des
ministères, du GIE, de la voirie sur la gestion des DBM ........................................................................ 20
2.1.2 Résumé des réponses aux questionnaires de D sur la gestion des déchets biomédicaux au niveau
des départements du CHU Gabriel Touré ........................................................................................... 21
2.2 Réponses des questionnaires du module D sur quelques pratiques de la gestion des déchets
biomédicaux au niveau des départements du CHU Gabriel Touré ............................................................. 23
2.3 Résultats de l’évaluation de la gestion des déchets biomédicaux à l’Hôpital Gabriel Touré (avec le
Module E) ............................................................................................................................................ 30
Chapitre 3 : Commentaires et discussion des résultats obtenus au cours de l’évaluation de la gestion des déchets
biomédicaux au CHU Gabriel Touré. .......................................................................................................... 37
3.1 Commentaire de la méthodologie de recherche ........................................................................... 37
3.2 Production moyenne journalière de déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré ........................... 38
3.3 Pratiques de la gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré ...................................... 41
xi
3.3.1 Formation, sécurité du personnel et suivi de ces pratiques ....................................................... 41
3.3.2 Tri et la manipulation des déchets biomédicaux ....................................................................... 42
3.3.3 Fourniture en équipements de manipulation des déchets biomédicaux ...................................... 42
3.3.4 Stockage des déchets biomédicaux ....................................................................................... 43
3.3.5 Collecte et le transport des déchets biomédicaux .................................................................... 44
3.3.6 Traitement et l’élimination définitive des déchets biomédicaux .................................................. 45
3.3.7 Règlementation en matière de gestion des déchets biomédicaux (code de conduite, plan de gestion
et politique) de la gestion des déchets biomédicaux (GDBM) ................................................................ 46
3.3.8 Situation global de la gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré ......................... 46
Recommandations................................................................................................................................. 48
Conclusion ............................................................................................................................................. 49
Références bibliographiques ................................................................................................................. 51
Glossaire ................................................................................................................................................. 55
Liste des figures ....................................................................................................................................... 59
Liste des tableaux .................................................................................................................................. 59
Liste des annexes .................................................................................................................................... 59
xii
Introduction
Les pays africains font face à un accroissement de leur population. Avec une croissance de 3% en
moyenne, ils ont l’un des taux de croissance le plus élevé au monde (Nikiema, 2007). Cette croissance
démographique est à l’origine d’une urbanisation incontrôlée qui n’est pas sans effet sur
l’environnement dans lequel vivent les humains (Nikiema, 2007). Pour mesurer le niveau de
dégradation de l’environnement, il existe des indicateurs qui sont, les pollutions de l’air, de l’eau et du
sol. Parmi les polluants, les déchets constituent un des facteurs de pollution les plus importants en
milieu urbain en Afrique.
Avec un système de consommation basé sur l’économie linéaire2, les pays africains font face à un
problème de gestion de quantités importantes de déchets issues des activités quotidiennes. La
production en Afrique subsaharienne de déchets est estimée à environ 169 119 tonnes par jour
(Hoornweg et Bhada-Tata, 2012). Selon le rapport what a waste : A Global Review of Solid Waste
Management3, en 2025, la population urbaine de l’Afrique subsaharienne sera de 518 millions
d’habitants, la production de déchets par jour sera de 0,85kg par personne pour un total journalier de
441 840 tonnes (Hoornweg et Bhada-Tata, 2012).
A Bamako, une étude réalisée en 2006 par le ministère en charge de la santé et celui de
l’environnement a estimé la production des déchets ménagers à 813 600 m3 environ par an soit 2240
m3/jour. Cette production variait selon la taille des ménages et le niveau de vie des habitants (MS et
MEA, 2010). Les ménages à Bamako sont constitués de plusieurs foyers partageant ensemble les
produits de consommation. Par rapport à la gestion des déchets solides produits dans la ville de
Bamako il est révélé que seulement 60% des déchets ménagers produits par jour sont ramassés (MS
et MEA, 2010). A cela s’ajoute l’élimination des déchets produits dans les établissements de soins de
santé (MS et MEA, 2010). Cette élimination s’effectue le plus souvent dans des conditions peu
satisfaisantes au regard de l’environnement et de la santé publique. Contrairement aux déchets
2
Type d’économie ou modèle économique qui repose sur l’extraction des matières premières, la fabrication
des matières en biens consommables et rejet dans la nature des biens en fin de vie sans aucune valorisation
3
Rapport de la Banque Mondial sur la gestion des déchets solides dans le monde 2012
1
d’origine ménagère, les déchets produits dans les établissements de soins de santé appelés "déchets
biomédicaux" sont plus complexes car ils sont constitués d’un mélange de plusieurs types de déchets
dont certains sont dangereux pour l’homme et pour l’environnement. Ils sont classés par l’Organisation
des Nations Unies (ONU) parmi les déchets les plus dangereux après les déchets radioactifs de par leur
nature et leur composition (PNUE et OMS, 2005).
Selon la loi 010-20 du 30 Mai 2001 relative aux pollutions et aux nuisances au Mali, les déchets
biomédicaux sont des résidus solides, liquides et gazeux provenant des activités de soins médicaux, de
pharmacie et d’analyses biomédicales. Les activités de soins médicaux génèrent une quantité
importante de ces déchets. La production minimale nationale des déchets biomédicaux est estimée
environ à 585 tonnes par an soit 1603 kg par jour (DNS, 2004). Parmi les déchets biomédicaux, les
déchets contaminés représentent un gros risque pour la santé. Ils représentent 15% à 25% de
l’ensemble des DBM (OMS, 2005).
Les principaux producteurs de ces déchets sont les centres de santé publique et privé. Le Mali disposait
en 2009 de 993 centres de santé communautaire (CSCom), 59 centres de référence (CSREF), 12
établissements publics hospitaliers et le nombre des cliniques et cabinets privés était de 346 (MS et
BM, 2011). L’Etat a encouragé la création de ces structures pour faciliter l’accès aux soins de santé des
populations.
Le centre hospitalo-universitaire Gabriel Touré (CHU Gabriel Touré) de Bamako est l’un des plus
grands établissements de soins de santé du pays. Il reste l’un des établissements hospitaliers les plus
fréquentés grâce à sa proximité, situé au centre-ville de Bamako avec un total de 135 828 consultations
et 20 753 patients hospitalisés par an (MSHP, 2013).
Une étude transversale publiée par SANOGO et al (2007), estime à 30,5 kg la quantité journalière de
déchets biomédicaux solides produits au cours des activités de soins de santé soit une production
annuelle de 111 132 kg. Elle révèle qu’aucun traitement n’est effectué dans les 78% des cas et
confirme que 90% des agents de santé dudit établissement n’ont aucune notion sur le mode de
traitement des DBM (SANOGO et al, 2007). La production journalière de déchets biomédicaux liquides
dans les centres hospitalo-universitaires de Gabriel Touré et « Point G »4 est estimée à 17,16 ml/jour/lit
de patient, soit 0,02 m3 (NGANKEM et SANOGO, 2014).
Les déchets biomédicaux présentent beaucoup de risques dont ceux relatifs aux infections hospitalières
ou nosocomiales dans les centres hospitaliers (MS, 2006). Ils constituent en effet, un problème majeur
4
Un des centres hospitaliers universitaires de la ville de Bamako
2
de santé publique à cause de leur caractère dangereux et nocif pour l’homme et les écosystèmes.
Ainsi, ils doivent être gérés quotidiennement de manière efficace et durable.
La gestion des déchets biomédicaux a été décrite comme « un processus visant à garantir l’hygiène
des établissements de soins de santé et la sécurité du personnel et des populations. Elle regroupe un
ensemble d’activités : la planification et l’approvisionnement, la construction, la formation du personnel
et le comportement, l’utilisation correcte des outils de travail, le transport, l’utilisation de méthodes de
traitement adéquates et adaptées ainsi que l’évaluation» (Glance et BM, 2004, 1 p). Les agents de
santé sont appelés à respecter chaque jour quelques gestes importants pour mieux assurer une bonne
gestion de ses déchets, il s’agit de la réduction, la séparation, l’entreposage, le transport et le traitement
des déchets (USAID, 2011).
L’Hôpital Gabriel Touré dispose d’un système de gestion des DBM mais des limites pouvant
provoquées des impacts négatifs sur la santé humaine et environnementale sont remarquées. Dans ces
conditions, une gestion durable de ces déchets s’impose en vue de minimiser les risques qui sont des
risques indirects, maladies (respiratoires, cutanées) et des nuisances diverses (odeurs, moustiques) et
des risques professionnels directs (infectieux, traumatiques) (Arcenciel, 2006).
Considérant les enjeux liés à la gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré, il est
important de comprendre le processus de gestion des déchets dans ce centre. Ainsi, la question
principale qui se pose est de savoir : comment appréhender la gestion actuelle des déchets
biomédicaux au CHU Gabriel Gabriel Touré ?
Pour répondre à cette question, il nous a paru donc nécessaire d’effectuer une évaluation de la gestion
des déchets biomédicaux du CHU Gabriel Touré à travers une étude descriptive des pratiques de la
gestion de ces déchets afin d’aider à la prise de décision dans un contexte de croissance
démographique importante de la ville de Bamako. La collaboration avec les acteurs de la gestion des
déchets biomédicaux au cours de cette évaluation peut faciliter des échanges sur le sujet et permettre
lors des interviews de collecter assez d’informations capitales pour l’étude.
Ainsi, le présent mémoire est rédigé en trois (3) chapitres. Le premier chapitre porte sur la gestion des
déchets biomédicaux et la démarche méthodologique d’évaluation des déchets biomédicaux au CHU
Gabriel Touré. Nous avons dans le second chapitre la synthèse des résultats obtenus au cours des
enquêtes et enfin le dernier chapitre présente les commentaires et la discussion des résultats obtenus.
3
Chapitre 1 : Gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré et
la démarche méthodologique d’évaluation de cette gestion.
Dans la première partie de ce chapitre, est présenté le CHU Gabriel Touré, le cadre normatif et
institutionnel en matière de protection de l’environnement au Mali, quelques exemples de pratiques de
la gestion des déchets biomédicaux et la problématique actuelle de la gestion des déchets biomédicaux
au CHU Gabriel Touré. La deuxième partie concerne la méthode et outils utilisés pour la collecte des
informations, le choix des populations, l’échantillonnage et le traitement des données en vue d’atteindre
les objectifs fixés dans la problématique.
Erigé en établissement public à caractère administratif (EPA) par la Loi N° 92-024 AN-RM du 05
octobre 1992, il est devenu établissement public à caractère hospitalier (EPH) par la loi 02-050 du 22
juillet 2002.
Le centre hospitalier universitaire Gabriel Touré assure le diagnostic, le traitement et la surveillance des
malades, des blessés et des femmes enceintes en tenant compte des aspects psychologiques et
sociaux du patient. Il assure aussi, lorsque nécessaire, leur hébergement conformément à la loi
hospitalière N° 02050 - 2002. Il est composé de sept (7) départements conformément à la décision N°
0386/DGHT/2009, regroupés en vingt-sept (27) services. Il s’agit des :
4
- Département de chirurgie regroupant les services de, chirurgie générale, traumatologie et
orthopédie, Oto Rhino Laryngologie (ORL), l’urologie, neurochirurgie, chirurgie pédiatrique et de
médecine physique (Kinésithérapie).
- Département des services médicotechniques qui comprend les services de, laboratoire
d’analyses médicales, pharmacie.
Chaque département est dirigé par un Chef de département qui figure généralement parmi les
enseignants de rang A de la Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie (FMOS) ou de la Faculté de
Pharmacie (FAPH). L’hôpital dispose de 441 lits. Le nombre d’agents de santé travaillant à l’hôpital est
actuellement de 645 toutes catégories confondues dont 181 contractuels qui émargent sur les
ressources propres de l’hôpital (MSHP, 2013).
5
- La Convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux et le
contrôle des mouvements transfrontaliers et la gestion des déchets dangereux en Afrique.
- La Convention de Bale sur le contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets dangereux
et leur élimination (MEA et PNUE, 2006).
6
- Le décret N°90-355/P-RM du 08 août 1990, portant fixation de la liste des déchets toxiques et
des modalités d’application de la loi N°89-61/AN-RM.
C’est au niveau du Ministère de la Santé qu’un comité national de pilotage du plan de GDBM a été
créé, mais jusqu’à ce jour, il ne s’est jamais réuni. C’est la division hygiène publique et salubrité de la
direction nationale de la santé qui s’occupe des questions de gestion des déchets biomédicaux (GDBM)
au niveau dudit ministère (MEA et PNUE, 2006).
Les déchets biomédicaux au Mali connaissent une production croissante à l’instar des autres pays de la
sous-région. Ainsi, les dangers liés à ce type de déchets augmentent proportionnellement à la quantité
produite. Vu les circonstances sa gestion convenable et rationnelle doit être renforcée et suivie. Toute
inaction dans le cadre de la gestion des déchets biomédicaux conduit à la prolifération des risques
pollution diverses (Billau, 2008).
7
1.1.3 Classification des déchets de soins médicaux selon l’OMS
L’organisation mondiale de la santé classe les déchets de soins médicaux en plusieurs catégories.
La catégorie A qui est constitué des déchets de soins sans risque. Elle est répartie en A1 : déchets
recyclable, A2 déchets biodégradables, A3 : Autres déchets sans risque.
La catégorie B est constituée des déchets de soins médicaux nécessitant une attention particulière. Elle
est répartie en B1 : déchets anatomiques humains, B2 : déchets tranchants/piquants, B3 déchets
pharmaceutiques. Les déchets pharmaceutiques sont aussi repartis en B3.1 : déchets pharmaceutiques
non dangereux, B3.2 : déchets pharmaceutiques potentiellement dangereux, B3.3 : déchets
pharmaceutiques dangereux.
La catégorie B est également composée des déchets cytotoxiques (B4) et les sangs et fluides corporels
(B5).
La catégorie C est constituée des déchets de soins médicaux infectieux et hautement infectieux. Elle
est subdivisée en C1 : déchets infectieux et le C2 : déchets hautement infectieux.
La catégorie D regroupe les autres déchets dangereux et la catégorie E est constituée des déchets
radioactifs (PNUE et OMS, 2005).
La seconde étape consiste à mettre l’accent sur le tri à la source des déchets biomédicaux. Le tri
permet de séparer et rassembler les différents types de déchets selon leur caractéristique et niveau de
dangerosité.
La réalisation de la pratique du tri à la source dans les centres de soins hospitaliers permet de séparer
les déchets dangereux biologiques et chimiques (10% du lot des DBM) pour faciliter son traitement et
limiter les risques de contamination (Basel Action Network, 1999). Les déchets une fois triés, doivent
être séparés et collectés dans des récipients appropriés selon la nature et le type du déchet.
8
La collecte doit suivre un itinéraire spécifique à l’intérieur du centre de soins de santé afin de réduire les
risques de contamination lors des passages des chariots de transport de déchets à travers les aires de
passage non souillées (PNUE et OMS, 2005).
Les déchets régulièrement collectés doivent être régulièrement transportés vers un lieu de stockage
intermédiaire pour un prétraitement éventuel avant d’être enlevés et transportés encore vers un site de
traitement hors site. La zone de stockage sur site sert d’espace de transit pour les déchets où ils sont
temporairement entreposés avant enlèvement.
Les déchets biomédicaux dangereux (déchets d’activités de soins à risque infectieux, déchets
tranchants et piquants infectieux ou non) doivent toujours être entreposés séparément des autres types
de déchets pour éviter une contamination (PNUE et OMS, 2005).
Une des raisons pour étiqueter les sacs ou conteneurs des déchets biomédicaux est qu’en cas
d’accident lors du transport que des mesures soient prises immédiatement à l’aide des renseignements
inscrits sur l’étiquette du conteneur ou du sac. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) exige
l’utilisation d’un même système d’étiquetage standard dans les différentes structures pour mieux faciliter
l’identification des contenus des conteneurs (PNUE et OMS, 2005).
Le choix d’une technologie de traitement des déchets biomédicaux doit, permettre de minimiser les
impacts négatifs sur la santé des populations et être respectueux de l’environnement (MS et BM, 2011).
Il est démontré lorsqu’une personne est exposée très longtemps aux gaz dégagés lors d’une
incinération de déchets biomédicaux sans l’utilisation des mesures de protection adéquates, elle risque
d’être victime de maladies graves. Les gaz dégagés au cours de ce traitement à l’image de la dioxine
peuvent être à l’origine de maladies telles que le cancer et autres maladies respiratoires. (Fall, 2005).
9
Les cendres obtenues après traitement des déchets biomédicaux doivent être selon leur origine
éliminées soit par enfouissement soit transportées vers les décharges publiques. (MS et BM, 2011).
Les hôpitaux doivent se doter de plans et de politiques de gestion des déchets biomédicaux qui
intègrent la formation des employés ainsi que l’évaluation de toutes les pratiques dans ce domaine. La
formation doit concerner, les docteurs, les ingénieurs et techniciens de santé, les manœuvres, les
garçons de salle ainsi que les techniciens de surface (Basel Action Network, 1999).
Une inaction en matière de gestion des déchets biomédicaux ou une mauvaise gestion engendre aussi
des dommages économiques à travers la dégradation de l’environnement et la qualité de vie des
populations.
Risques pour le personnel : parmi les risques les plus fréquents pour le personnel des centres de soins
de santé, nous avons : les accidents d’exposition au sang, les piqures par aiguille et les coupures par
objets tranchants. Ces risques sont généralement responsables de maladies infectieuses tels que les
hépatites virales et le VIH/SIDA, les dermatoses, etc. Il est recommandé l’utilisation d’appareils
5
A l’intérieur de l’hôpital
10
extracteurs d’aiguilles pour séparation des aiguilles des seringues lors de la collecte. Cela pourrait
limiter aussi les risques de piqures (OMS, 2005).
Risques pour la population et l’environnement : Au niveau de la population, les enfants et les autres
récupérateurs trainants sur les dépotoirs sont les plus exposés aux risques infectieux.
Les pollutions apparentes de l’environnement causées par les déchets biomédicaux (les pollutions, de
l’aire, des eaux, et des sols) peuvent avoir des impacts indirects négatifs sur la vie des populations. La
production des gaz hautement nocifs, le mauvais enfouissement des déchets solides et le mauvais rejet
des effluents sont responsables de la prolifération de germes pathogènes dans l’environnement de
l’homme (OMS, 2005).
A travers cette synthèse bibliographique, tous les aspects permettant la compréhension du contexte de
la gestion des déchets biomédicaux ont été abordés. Les éléments d’informations théoriques sur le
sujet vont nous permettre de dégager deux hypothèses de recherche. Les hypothèses de recherche
sont :
Il est possible en interrogeant les principaux acteurs de la gestion des déchets biomédicaux, de décrire
les pratiques de leur gestion au CHU Gabriel Touré.
Il est possible en analysant les données recueillies auprès des intervenants le long de la chaine de
gestion des déchets biomédicaux, d’apprécier le niveau de mise en œuvre de chaque pratique de la
gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré.
En effet, avec un accroissement de 150 000 habitants par an de la ville de Bamako, le CHU Gabriel
Touré va accroitre instantanément son niveau de fréquentation dépassant ainsi les 135 828
11
consultations par an enregistrés en 2013 (MSHP, 2013). Une augmentation de la fréquentation du
centre va conduire forcement à une grande production de déchets biomédicaux dans ce centre
suscitant ainsi la question de sa gestion durable et harmonieuse. Les dispositifs permettant d’assurer
une meilleure gestion de ces déchets biomédicaux n’ont pas évolué à l’hôpital Gabriel Touré.
Sachant bien que le CHU Gabriel Touré est situé en plein centre-ville à proximité, de plusieurs anciens
quartiers, de centres de formation, de garnisons militaires, du marché le plus fréquenté de la ville, et de
certaines places publiques, toute prolifération d’éléments pathogènes due à une mauvaise gestion des
déchets pourrait nuire à la population.
Les pratiques de la gestion des déchets biomédicaux au cœur de la stratégie nationale de gestion de ce
type de déchets ne sont pas correctement effectuées au CHU Gabriel Touré. Parmi les pratiques
fortement mises en cause dans le processus de gestion des déchets biomédicaux, nous avons le tri qui
consiste à séparer les différents types de déchets produits à la source. Il n’existe presque pas et selon
SANOGO et al. (2007) il est réalisé seulement à 13% (par rapport au nombre de "oui" donné par les
unités en fonction du total des unités de soins) et se limitait à la séparation des déchets des activités de
soins de santé aux déchets assimilables aux ordures ménagères. Dans les unités de soins, les autres
pratiques dépendantes de la bonne réalisation du tri comme la collecte et le stockage, n’offrent pas une
satisfaction. Il est constaté que la situation de l’évacuation des déchets est problématique et seuls les
déchets anatomiques sont incinérés au point G, tandis que les autres sont transportés dans des
décharges sauvages à la périphérie de la ville de Bamako sans traitement quelconque (SANOGO et al,
2007).
Le mode de traitement le plus utilisé pour détruire les dangers liés à ce type de déchet par le CHU
Gabriel Touré est l’incinération. Beaucoup de chercheurs soutiennent ce mode de traitement à travers
différents arguments. Selon Sotamenou (2005), l’incinération permet l’élimination des déchets
dangereux en limitant les impacts sanitaires et environnementaux. Elle est efficace pour le traitement
des déchets médicaux biologiques. Elle n’est pas utilisée uniquement pour le traitement des déchets
biomédicaux, elle est aussi sollicitée dans le traitement des déchets urbains au niveau des décharges
puisqu’en réduisant la masse des déchets, elle réduit aussi très nettement l’espace requis par les
décharges (Rabl et Spadaro, 1998).
Toutefois, des limites ont été constatées sur plusieurs aspects du processus d’incinération et de
l’élimination des déchets biomédicaux au Mali. Il existe un problème de conformité des méthodes
utilisées et la législation environnementale nationale en matière d’utilisation des incinérateurs pour
l’élimination des déchets biomédicaux (MS et BM, 2004).
12
En plus, il existe un manque d’équipements appropriés pour la collecte et une absence d’un système
d’épuration des déchets liquides. Les fosses septiques servent de lieu de stockage des effluents. Les
dix-huit (18) des cent sept (107) agents de santé interviewés par NGANKEM et SANOGO, (2014) soit
16,8% ne savent pas qu’il existe une différence entre les conteneurs de déchets liquides et des déchets
solides.
Les déchets biomédicaux doivent être bien gérés pour limiter les risques significatifs, d’infections liés à
la contamination du personnel de soins médicaux par des agents pathogènes et d’accidents liés aux
blessures par objets piquants ou tranchants qui peuvent être graves selon les conditions.
« L’Organisation Mondiale de la Santé estimait qu’en 2000, les accidents avec les déchets piquants,
tranchants et coupants ont causé dans le monde 66 000 cas d’infections par le virus de l’hépatite B, 16
000 cas d’infection par celui de l’hépatite C et 200 à 5000 cas d’infections par le VIH chez le personnel
des structures de soins de santé » (CICR, 2011, Pp 19-161).
La mauvaise gestion des déchets biomédicaux à l’hôpital Gabriel Touré peut conduire à une
détérioration de l’état de santé des populations vivant proche de l’hôpital, soit à travers la pollution de
leur espace vital (l’environnement), soit à travers la contamination des visiteurs de patients hospitalisés.
A l’hôpital Gabriel Touré, le lien entre les maladies nosocomiales et la mauvaise gestion des déchets
biomédicaux n’a pas été directement établi à travers une étude. Cependant, le personnel et les
accompagnateurs ont évoqué plusieurs cas de dermatose et autres infections chez les manœuvres et
les accompagnateurs eux-mêmes.
Dans le contexte actuel, pour évaluer la gestion des déchets biomédicaux, il est important de trouver
une réponse à la question suivante : comment est effectuée la gestion des déchets biomédicaux au
CHU Gabriel Touré ?
Pour répondre à cette question un objectif général est fixé, il consiste à évaluer la gestion des déchets
biomédicaux au centre hospitalier universitaire Gabriel Touré de Bamako. Deux objectifs spécifiques
sont fixés à partir de l’objectif général. Le premier objectif spécifique est de décrire les pratiques de la
gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré et le deuxième consiste à apprécier le niveau
de mise en œuvre de ces pratiques au niveau du CHU Gabriel Touré.
Pour atteindre les objectifs une méthode et des outils ont été utilisés au cours de cette évaluation.
13
1.2.1 Méthode
Pour évaluer la gestion des déchets biomédicaux (GDBM) au CHU Gabriel Touré, nous avons réalisé
une description des pratiques de la GDBM avec un outil appelé « outil d’évaluation rapide » (rapid
assessment tools en Anglais). Les différents questionnaires (voire annexes) de cet outil ont permis de
recueillir des informations qui sont ensuite traitées dans des matrices et interprétées avec des modules
spécifiques du même outil. En outre, des informations collectées auprès des services spécialisés et
dans des documents en rapport avec la gestion des déchets en général et celle des déchets
biomédicaux en particulier, ont été mise à contribution pour mieux cerné la problématique de la gestion
des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré.
Pour cette étude, nous n’avons pas respecté le temps de collecte des données suggérée par l’OMS à
cause du temps insuffisant dont disposent les acteurs. Les interviews se faisaient donc selon la
disponibilité des agents dans les unités de soins. Les recherches se sont déroulées pendant trois mois
à compter du 28 mai jusqu’au 30 août 2014.
Pour s’assurer de façon appropriée de la bonne collecte et d’une meilleure analyse des données, l’outil
d’évaluation utilisé a été structuré en plusieurs parties selon un ordre logique. Le cadre de la structure
de l’outil va du niveau national (organisations, ministères) au niveau local (centre de soins de santé), et
du début de la filière de gestion des déchets biomédicaux (production des déchets) à la fin (élimination).
Le choix s’est porté sur le CHU Gabriel Touré pour cette étude à cause de sa taille, son caractère public
et sa proximité par rapport aux habitations des populations. Le CHU comprend sept (7) départements et
les recherches ont eu lieu dans ces départements. Les différents services de chaque département sont
considérés comme des unités de soins de santé productrices de déchets biomédicaux.
14
Les départements qui ont un nombre de lit supérieur à 90 représentent les « Grands ».
Les départements qui ont un nombre de lit entre 41 et 90 représentent les « Moyens ».
Les départements qui ont un nombre de lit entre 0 et 40 représentent les « Petits ».
Ainsi, nous avons désigné deux (2) grands, deux (2) moyens et trois (3) petits départements au CHU
Gabriel Touré.
Les grands départements sont : les départements de chirurgie (177 lits) et de pédiatrie (137 lits).
Les moyens départements sont : les départements de Médecine (67 lits) et de gynécologie (42 lits).
Les petits départements sont : les départements d’Anesthésie - réanimation – médecine d’urgence (18
lits), médicotechnique (0 lit) et l’imagerie (0 lit).
Le nombre total d’acteurs interviewés est de vingt (20) dont seize (16) de l’hôpital et quatre (4) des
services techniques et ministères impliqués dans la gestion des DBM. Les acteurs sont choisis selon
leur rôle et de façon aléatoire conformément aux modules. Le nombre de questionnaires remplis selon
le rôle de chaque acteur dans la gestion des DBM au CHU Gabriel Touré est de trente-neuf (39).
L’échantillon est composé de : cinq (5) médecins, quatre (4) ingénieurs sanitaires, un (1) technicien de
santé, deux (2) infirmiers, quatre (4) sages-femmes, un (1) agent des services de santé de l’armée, un
administrateur (1) de la municipalité du district de Bamako, un (1) responsable d’ONG chargé de
l’hygiène et l’assainissement au CHU et un (1) administrateur de service technique ministériel.
15
1.2.2.1 Collecte des données avec l’outil d’évaluation utilisé
L’outil d’évaluation dispose de plusieurs questionnaires ou modules et chaque module a été conçu en
fonction du type d’information à recueillir et du type d’acteur à interviewer. Les sujets et les questions
sont numérotés de manière à ce que les données puissent être facilement récupérées, analysées et
interprétées avec d’autres modules du même outil conçu pour l’occasion.
La collecte est effectuée en quatre étapes afin de garantir une procédure utile, réalisable, éthique et
exacte : la première étape avec le module "A", la deuxième étape avec les modules de "B", la troisième
étape avec le module "C" et la quatrième étape avec les modules de "D".
Les modules A, B 1-2, C, D 1-4 ont été utilisés pour mobiliser l’ensemble des parties concernées.
Le module "A" est conçu pour recueillir des informations au niveau des associations, ONG ou
Universités. Il a servi pour la collecte d’informations en rapport avec les activités du groupement
d’intérêts économiques (GIE) qui s’occupe du nettoyage, de la collecte et du stockage final des déchets
biomédicaux (DBM).
Les modules de "B" sont conçus pour recueillir des informations au niveau des Ministères (santé,
environnement, éducation). Les questionnaires de "B" ont permis aux interlocuteurs clés d’aider les
enquêteurs, en fournissant une idée complète de la façon dont fonctionne ou devrait fonctionner le
système sur le plan pratique, technique, financier et législatif.
Le module "C" est conçu pour la collecte des informations au niveau des autorités politiques
municipales/locales qui sont confrontées quotidiennement aux problèmes de gestion des déchets en
général. Elles peuvent fournir des informations intéressantes au sujet de la collecte des déchets, de leur
transport et de leur élimination, ainsi que sur les habitudes de recyclage éventuelles, etc.
Il a servi pour rassembler un ensemble d’informations sur la gestion des déchets de la ville auprès de
la direction de la voirie de la municipalité du district de Bamako.
Les questionnaires du Module "D" (au nombre de deux) sont créés pour recueillir des informations au
niveau, des administrateurs de l’hôpital, des infirmiers ou agents exécutants les activités de soins, des
16
responsables de la gestion des DBM et des personnes manipulant les DBM. Il permet de collecter
surtout les informations sur les pratiques de la gestion des déchets biomédicaux. Un questionnaire du
module D a permis également d’enregistrer des observations personnelles sur la gestion des DBM.
Le module D1 est le questionnaire utilisé pour interviewer les administrateurs de l’hôpital qui sont
souvent pris entre plusieurs demandes concurrentes (législation/moyens financiers limités à leur
disposition…). Ils sont bien placés pour nous donner une idée générale de la façon dont fonctionnent
les établissements de soins de santé et la façon dont la gestion des déchets biomédicaux (GDBM) est
assurée.
Le module D2 est le questionnaire utilisé pour la collecte d’informations au niveau des infirmiers ou
agents exécutants les activités de soins dans chaque département, ils sont les mieux placés pour
fournir des informations concernant la production et le tri des déchets.
Le module D3 est le questionnaire utilisé pour la collecte d’informations au niveau des responsables de
la gestion des DBM. Ils constituent la meilleure source d’informations concernant la collecte, le
transport, le traitement et l’élimination des DBM.
Le module D4 est le questionnaire de collecte d’informations au niveau des personnes manipulant les
DBM, ils permettent aux acteurs de fournir des informations intéressantes sur les pratiques en matière
de collecte, transport, traitement et élimination des déchets biomédicaux (sur place ou hors site).
Le module D5 représente le questionnaire utilisé pour les observations et les commentaires personnels,
cela permet des vérifications croisées des résultats de l’ensemble du personnel interviewé dans les
unités de soins de santé.
Les données recueillies sont de plusieurs types : [C]choix multiple ; [N] numériques (quantitatives) ; [Q]
qualitatives (allant de 1 à 5) ; Booléen [B] (oui/non) ; [T] texte. Cette méthode permet aux données
d’être plus complètes, concises et précises que possible.
Les réponses aux questions posées au niveau des ONG (module A), ministères (modules de B) et
autorités municipales (module C) sont saisies sur une feuille Excel, celles en forme de texte sont
résumées après les enquêtes sur le terrain.
17
Toutes les réponses aux questions de D1 à D5 de tous les départements sont saisies sur une feuille
Excel et les résultats sont transférés dans la matrice du tableau dénommée "contribution module D (D1
– D5) récapitulatif. Les résultats des questions des modules de "D" répondues sous la forme de texte
sont résumés.
Les résultats des modules de D : A partir des résultats résumés dans le tableau contribution module D,
un tableau dénommé "résultats modules D" est produit automatiquement. Ce sont des résultats qui
apparaissent sous forme de texte et sous forme de données quantitatives (en chiffres et/ou
pourcentage).
"Le module E": c’est un outil qui fournit les résultats de l’évaluation de la gestion des déchets
biomédicaux générés automatiquement par les résultats du tableau contribution D.
Un système de classification est créé dans l’outil E qui a pour but de donner un jeu d’indicateur sur la
situation (bonne/mauvaise) relative à la gestion des déchets biomédicaux (GDBM) par sujet abordé lors
des interviews (personnel, production des DBM, tri, …) dans les départements selon leur taille (grand,
moyen et petit).
La situation globale de la GDBM au niveau de l’hôpital Gabriel Touré est également résumée par le
logiciel.
Les données qui sont introduites dans le tableau contribution D sont automatiquement résumées (points
totaux) et calculées en fonction du pourcentage des départements (Dép.) visités pour donner un
nombre équivalent de point au niveau du CHU Gabriel Touré (points équivalents du CHU Gabriel
Touré).
Le pourcentage équivalent du CHU est calculé comme suit = Points équivalents du CHU Gabriel Touré/
(nombre total de département pour chaque catégorie de taille*nombre de questions sur le sujet abordé)
18
Les résultats des données (réponses module D) des départements et de l’enquêteur (observation
personnelle D5) sont pondérés à 50% dans le tableau du module E.
Cette pondération est faite dans le but d’obtenir un résultat réaliste que possible. Elle a été adoptée
selon la réalité observée sur le terrain et pour équilibrer le résultat généré par les données. Cependant
l’OMS donne la possibilité de pondérer les résultats uniquement soit à 100% ou soit 0% mais cette
possibilité influence l’appréciation des résultats. Les détails sont donnés dans le chapitre commentaires
et discussion des résultats obtenus lors de l’évaluation.
Une grille d’évaluation de la situation de la gestion des DBM en fonction des résultats du module E (en
pourcentage) est présentée comme suite :
Les questionnaires bien détaillés permettent de faciliter le travail sur le terrain en décrivant chacune de
ces pratiques et en rassemblant d’autres informations utiles. Toutes les informations sont donc
recueillies de façon ciblée auprès des acteurs dans chaque service pour être efficacement traitées par
les outils de traitement ci-dessus cités.
La grille permet d’évaluer la gestion des déchets biomédicaux à travers les pratiques au niveau des
différents départements du CHU Gabriel Touré.
Cette méthode et ces outils vont permettre à la description des pratiques de la gestion des déchets
biomédicaux qui, va conduire à l’évaluation de la gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel
Touré.
19
Chapitre 2 : Synthèse des résultats obtenus au cours des enquêtes sur
la gestion des déchets biomédicaux.
Ce chapitre synthèse des résultats, présente trois (3) catégories de résultats. Il s’agit pour la première
catégorie des résultats des modules A (ONG), B (ministères), C (autorités politiques municipales) et
quelques résultats des questionnaires du module D (acteurs du centre). La deuxième catégorie est celle
des réponses des questionnaires de D sur les pratiques de la gestion des déchets biomédicaux sous la
forme de figure et la troisième montre les résultats de l’évaluation globale des pratiques de la gestion
des déchets biomédicaux dans les différents départements obtenus avec le module E.
2.1 Résumés des réponses aux questions des acteurs des ministères, du GIE,
de la voirie et du CHU Gabriel Touré sur la gestion des DBM
Un ensemble d’informations pouvant contribué à la prise de décision dans le cadre de la gestion
rationnelle des déchets biomédicaux (DBM) à l’hôpital Gabriel Touré et même au-delà de ce centre de
soins de santé est obtenu à travers les interviews.
2.1.1 Résumé des réponses aux questions des acteurs de l’administration du CHU
Gabriel Touré, des ministères, du GIE, de la voirie sur la gestion des DBM
Les réponses obtenues auprès des administrateurs, des ministères et de l’hôpital Gabriel Touré ainsi
qu’auprès des services techniques, autorités municipales et autres acteurs ont révélées l’existence de
cadre règlementaire, de directives, des guides et des plans de gestion des DBM au Mali. Ces outils sont
mis à la disposition des agents de santé dans les différentes structures de santé du pays. L’hôpital
Gabriel Touré à l’image de ces structures, possède ces documents qui règlementent la gestion des
DBM. Cependant il n’existe pas de personnel disposé à contrôler leur application.
Selon les autorités municipales du district de Bamako, la gestion des DBM n’est pas prise en compte de
manière spécifique par les services techniques de la voirie, ils sont classés parmi les déchets
dangereux donc leur transport et leur élimination relèvent des services spécialisés. Les autorités
municipales décrivent une situation problématique concernant le stockage des DBM. Ils sont déversés
dans les dépotoirs destinés aux déchets ménagers au lieu d’être transporté dans un endroit spécifique
et éliminé conformément aux recommandations du guide national de gestion des déchets spéciaux.
Des relations de travail existent entre les services de la municipalité et les autres départements
ministériels en charge de l’hygiène et l’assainissement au Mali à travers différentes commissions.
20
ministère de la santé et de l’hygiène publique. Les centres de santé comme le CHU Gabriel Touré ne
disposent pas aussi de ce type de budget au niveau local selon les renseignements recueillis auprès
des acteurs. Le budget est destiné globalement à toutes les activités d’hygiène et l’assainissement des
structures de santé.
Le transport des DBM est effectué par des sociétés privées (GIE) à l’exception du transport des
placentas qui se fait par ambulance de l’hôpital vers une zone d’élimination. Les déchets ménagers sont
transportés hors site par la municipalité vers les décharges publiques à la périphérie de Bamako. Selon
nos interlocuteurs il n’existe pas des contrôleurs qui s’assurent de la bonne application des mesures de
transport des déchets. Ce qui engendre très souvent la création de dépotoirs anarchiques de tout genre
à travers la ville.
2.1.2 Résumé des réponses aux questionnaires de D sur la gestion des déchets
biomédicaux au niveau des départements du CHU Gabriel Touré
La capacité moyenne en lits de l’hôpital est estimée à 73 lits dont 157 lits dans les grands
départements, 55 dans les moyens départements et 8 dans les petits départements.
Le pourcentage d’application du système de codage par couleur est de 44% dans le centre Gabriel
Touré selon les interlocuteurs dont 100% dans les départements moyens. Et une (1) piqure d’aiguille en
moyenne est recensée pendant les activités de soins au cours des douze (12) derniers mois au sein de
l’Hôpital Gabriel Touré.
Les différents types des déchets biomédicaux produits dans les départements, toutes catégories
confondues (grand, moyen et petit) en pourcentage sont :
21
- 89% des réponses montre que des déchets généraux sont produits dans les départements au
CHU Gabriel Touré dont 100% dans les grands et moyens départements ;
- 11% des réponses montre que des déchets recyclables sont produits dans les départements au
CHU Gabriel Touré dont 0% dans les grands et les moyens départements ;
- 28% des réponses montre que des déchets radioactifs sont produits dans les départements au
CHU Gabriel Touré dont 50% dans les grands départements ;
- 72% des réponses montre que des déchets infectieux sont produits dans les départements au
CHU Gabriel Touré dont 100% dans les grands départements ;
- 100% des réponses montre que des déchets tranchants/piquants sont produits dans les
départements au CHU Gabriel Touré dont 100% dans tous les départements ;
- 56% des réponses montre que des déchets chimiques sont produits dans les départements au
CHU Gabriel Touré dont 100% dans les grands départements ;
- 89% des réponses montre que des déchets pharmaceutiques sont produits dans les
départements au CHU Gabriel Touré dont 100% dans les grands et moyens départements ;
- 61% des réponses montre que des déchets anatomiques sont produits dans les départements
au CHU Gabriel Touré dont 100% dans les moyens départements.
22
2.2 Réponses des questionnaires du module D sur quelques pratiques de la
gestion des déchets biomédicaux au niveau des départements du CHU
Gabriel Touré
Figure 1 : Résultat des questions sur la formation, la sécurité et le suivi de ces pratiques au niveau des
départements (Dép.)
51% 50%
47%
41%
Les bonnes pratiques des mesures de sécurité au travail, la formation et le suivi de ces pratiques sont
réalisées à 47% dans les départements selon les données recueillies. Ces pratiques sont plus visibles à
hauteur de 51% dans les grands départements suivies des petits départements et des moyens
départements.
Cependant, pour palier au problème de formation, certains services du CHU Gabriel Touré organisent
périodiquement des rencontres d’échange d’informations appelées "staff".
23
Figure 2 : Résultat des questions sur le tri et la manipulation des déchets biomédicaux au niveau des
départements (Dép.) du CHU Gabriel Touré
8%
Le tri et les bonnes techniques de manipulation des déchets biomédicaux (DBM) sont effectués à 8%
dans tous les départements selon les données recueillies. Le pourcentage de réalisation de ces
pratiques est de 5% au niveau des grands et moyens départements et à 13% au niveau des petits
départements selon les mêmes réponses données par les agents de santé.
Il existe selon les données dans tous les départements du CHU Gabriel Touré une grande négligence
du tri et une mauvaise manipulation des déchets biomédicaux. Un mélange est constaté dans les
poubelles des différents types de déchets. Pour des raisons sécuritaires, le tri est interdit une fois les
déchets biomédicaux collectés dans les récipients. Le fait que l’origine des déchets n’est pas définie, ils
sont déversés dans les conteneurs des déchets ménagers, ce qui explique la présence de tout type de
déchets dans ces conteneurs municipaux installés dans la cour de l’hôpital.
Les responsables de la gestion des déchets biomédicaux désignés par les chefs de services dans
certains départements ne disposent ni de moyens techniques et de protection ni de compétences en
matière de gestion des DBM pour résoudre le problème de mauvaise pratique du tri et de la
manipulation de ces déchets.
24
Figure 3 : Résultat des questions sur le stockage des déchets biomédicaux au niveau des
départements du CHU Gabriel Touré
50%
La moyenne globale des résultats prouve que la zone de stockage est particulière pour le stockage des
déchets biomédicaux (DBM) et n’est accessible qu’aux personnes autorisées. Le stockage des déchets
biomédicaux se fait de manière organisée.
C’est dans les moyens et petits départements (Dép.) que plus de renseignements en faveur d’un
meilleur stockage des déchets sont donnés selon les pourcentages suivis des grands départements
avec un pourcentage est de 50%.
Le stockage à l’hôpital Gabriel Touré consiste tout simplement à éloigner la boite ou la poubelle remplie
de l’aire de travail. Cela à cause de l’absence de site de dépôt temporaire. Dans les départements de
chirurgie et de pédiatrie, on observe des poubelles qui débordent et une partie de leur contenu se
retrouve tout autour des poubelles en rade sur le sol.
Dans la salle de plâtrage de la chirurgie, les poubelles sont entreposées approximativement à un (1)
mètre des tables de plâtrage et toujours débordantes dans les après-midi.
25
Figure 4 : Résultat des questions sur la collecte et le transport des déchets biomédicaux au niveau des
départements du CHU Gabriel Touré
56%
50% 50%
La moyenne globale des résultats qui est 56% montre que les déchets infectieux et non infectieux sont
collectés et transportés séparément. En outre, il ressort des échanges avec les agents que, certaines
techniques liées aux pratiques sont actuellement plus ou moins sûres. Le personnel des grands
départements et celui des petits départements ont répondu tous « oui » aux questions concernant la
bonne pratique de la collecte et du transport des déchets au CHU Gabriel Touré.
Le personnel qui enlève les déchets prend du retard avant de les récupérer au niveau des services et
de les transporter hors site pour le traitement. Les agents ont expliqué cette situation par le fait qu’il
existe une confusion concernant le partage des tâches entre les différents groupements d’intérêts
économiques (GIE) qui s’occupent de la gestion des déchets et l’assainissement du centre. Certaines
boites à aiguilles (boites de sécurité) restent stocker dans les salles pendant plus de trois (3) mois.
26
Figure 5 : Résultat des questions sur le traitement des déchets biomédicaux au niveau des
départements du CHU Gabriel Touré
50%
46%
45%
Taille des dép.
43%
Le système de traitement est opérationnel et la maintenance des dispositifs du traitement des déchets
est régulièrement effectuée à 46% en moyenne globale. Le fonctionnement de tous les aspects liés au
traitement des déchets biomédicaux (DBM) est apprécié de manière positive beaucoup plus dans les
moyens départements que dans les autres départements.
La question du traitement et de l’élimination des déchets biomédicaux n’a pas eu droit à beaucoup de
réponses à cause de l’ignorance du personnel de l’hôpital. Car le traitement se fait hors de Gabriel
Touré dans un autre centre hospitalier universitaire nommé Point G.
Une visite a été conduite sur le site du traitement. A l’issue de cette visite, il est constaté que le
traitement se fait à l’aide de deux (2) incinérateurs à soufflage naturel et électrique avec, une capacité
de 250 kg par heure chacun, un réservoir de 80 litres de gaz oïl chacun et avec une vanne pour le
contrôle de la qualité du combustible et une autre pour la qualité de l’air puis une hélice en aluminium.
Les incinérateurs disposent des deux (2) vannes dont l’une sert au contrôle de l’air et l’autre au contrôle
des combustibles.
27
Figure 6 : Résultat des questions sur la règlementation (code de conduite, plan de gestion, politique,…)
en matière de gestion des déchets biomédicaux au niveau des départements du CHU Gabriel Touré
Selon les données recueillies, il existe une règlementation sur les pratiques de gestion des déchets
biomédicaux appliquées à 36%.
Les agents affirment qu’ils n’ont jamais reçu de documentations sur la règlementation concernant la
gestion des déchets biomédicaux au Mali. C’est la raison de l’ignorance des politiques et codes de
conduites sur la gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré. Certains agents interviewés
disent que les autorités compétentes suivent régulièrement l’application de la règlementation sur la
gestion des déchets biomédicaux, même si, des outils pour la vulgarisation des textes et le suivi de
cette surveillance ne sont pas disponibles à leur niveau.
Le personnel est conscient que les activités de gestion des déchets biomédicaux doivent être
encadrées par les textes règlementaires reconnus par les acteurs afin de remédier à la mauvaise
gestion.
Malgré que le Mali soit l’un des pays de la sous-région les mieux outillés en matière de réglementation
sur la gestion de déchets biomédicaux, le problème reste sa vulgarisation à l’échelle locale et nationale.
28
Figure 7 : Résultat de notre opinion personnelle sur les pratiques de la gestion des déchets
biomédicaux au niveau des départements du CHU Gabriel Touré
Opinion personnelle
53%
40% 40%
27%
Taille des dép.
D’après l’appréciation personnelle des enqueteurs, le pourcentage relatif à l’exécution dans les
meilleures conditions des bonnes pratiques de la gestion des déchets biomédicaux est de 40%. C’est
au niveau des petits départements que ces pratiques sont mieux exécutées suivies des moyens
départements. Dans les grands départements les pratiques se sont pas bien exécutées par rapport aux
autres départements, ce qui explique le faible pourcentage (27%).
Cette observation personnelle sur les pratiques de la gestion des déchets biomédicaux est le résultat de
nos constats sur le terrain. Des visites de constations ont eu lieu dans les services de soins de santé
pour observer les gestes quotidiens des acteurs de la gestion des déchets biomédicaux. Des images
photos des installations ont été prises sur le terrain.
L’opinion personnelle va influencer les résultats des acteurs lors de l’évaluation de la situation de la
gestion des déchets biomédicaux dans les départements de l’hôpital Gabriel Touré.
29
2.3 Résultats de l’évaluation de la gestion des déchets biomédicaux à l’Hôpital
Gabriel Touré (avec le Module E)
Tableau I : Situation de la formation, la sécurité et le suivi des pratiques de la gestion des déchets
biomédicaux au CHU Gabriel Touré
L’évaluation s’est basée sur des questions clés de la gestion des déchets biomédicaux. Grâce aux
parties prenantes, un ensemble d’indicateurs sont collectés. Les résultats des questionnaires du
module de "D" et ceux de l’enquêteur sont pondérés à 50%. Un résultat verbal permet de décrire la
situation des pratiques de la gestion des déchets biomédicaux après évaluation.
Mais le problème au CHU Gabriel Touré se situe au niveau de l’absence de formateurs, d’équipements
et de financement pour assurer la formation et garantir la sécurité du personnel. Et comme mentionné
avant, toute défaillance du système de formation peut forcément avoir une répercussion sur les autres
pratiques en matière de gestion des déchets biomédicaux.
30
Tableau II : Situation du tri/manipulation des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré
Le tri étant un geste important dans le processus de gestion des déchets biomédicaux, son évaluation
contribue à apprécier la qualité de la gestion des déchets biomédicaux dans le CHU Gabriel Touré.
L’évaluation de cette pratique a démontré que la situation du tri et la manipulation des déchets
biomédicaux est critique au CHU Gabriel Touré avec un pourcentage pondéré de 8%. Cet état critique
est observé dans tous les départements à l’exception des petits départements où elle est
problématique. Cela s’explique par la rigueur dans le travail des techniciens dans les départements
concernés.
Par exemple, au laboratoire nous avons constaté que chaque technicien dispose de deux boites, une
boite de sécurité pour la collecte des aiguilles et lames souillées et d’une autre boite pour la collecte
des embouts souillés puis d’une petite poubelle pour la collecte des cotons et autres matériels à usage
unique souillés. Mais après le travail, le contenu de la boite contenant les embouts et le contenu de la
petite poubelle, sont déversés dans une même poubelle. Ce qui ne garantit pas le bon tri et la bonne
manipulation des déchets biomédicaux.
De même certains déchets liquides infectieux comme les liquides céphalorachidiens (LCR), le sang,
prélevés dans des tubes, les poches d’urines et autres restes de médicaments dangereux se retrouvent
dans les poubelles en grande quantité. Cette mauvaise pratique est constatée dans presque tous les
départements.
31
Tableau III : Situation du stockage des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré
Le résultat de l’évaluation montre que la situation du stockage des déchets biomédicaux au CHU
Gabriel Touré est satisfaisante avec une moyenne globale pondérée de 45%. Cette satisfaction est
constatée dans tous les départements de l’hôpital.
Les agents de soins de santé et les manœuvres malgré l’absence de lieux spécifiques aménagés au
niveau des services pour stocker les déchets biomédicaux arrivent à les entreposer, ce qui a permis à
ces agents de dire que la situation du stockage des déchets biomédicaux est satisfaisante lors des
enquêtes.
Dans tous les départements, le personnel soutient que les équipements de manipulation et de stockage
sont fournis de façon régulière aux services, ce qui lui permet d’assurer la collecte et le stockage dans
des zones ciblées au niveau des services. Cependant, selon les constats, les zones de stockage ne
sont pas appropriées pour l’entreposage temporaire de ces déchets.
En outre, l’hôpital dispose de trois (3) grands conteneurs à ordures métalliques dans lesquels sont
versés des déchets de tout genre. Aucun suivi n’est réalisé ni par les autorités de l’hôpital, ni par les
autorités de la municipalité en charge de l’enlèvement et du transport de ces conteneurs.
32
Tableau IV : Situation de la collecte et du transport des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré
Tous les déchets liquides ne sont pas transportés hors site, ils sont déversés dans les fosses à
l’exception de quelques solutions chimiques issues des activités du laboratoire, de l’imagerie médicale
et de la pharmacie qui sont très dangereux et pris en charge par le comité de destruction des produits
dangereux qui organise leur transport hors site vers des zones d’élimination.
33
Tableau V : Situation du traitement des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré
Le résultat de l’évaluation démontre que le traitement des déchets biomédicaux au niveau du CHU
Gabriel Touré est satisfaisant. L’hôpital utilise un bon système de traitement qui garantit la qualité du
traitement des déchets biomédicaux même si le dispositif est placé hors du centre.
Avec des résultats pondérés supérieurs à 30% obtenus dans tous les départements de l’hôpital, on
déduit une satisfaction de la situation du traitement des déchets biomédicaux dans tous ces
départements.
Il ressort de nos enquêtes que l’incinération est la technologie utilisée pour le traitement et son efficacité
est confirmée, par les agents de l’hôpital. C’est pour limiter tous risques de pollutions directe ou
indirecte que le traitement des déchets biomédicaux est délocalisé hors de l’hôpital.
En plus, la situation de l’élimination définitive et de la sécurisation de l’espace dédié à cette tâche est
satisfaisante. Un grand nombre des agents de soins de santé affirme que l’élimination est l’étape qui ne
présente aucun danger ni pour eux ni pour l’environnement.
34
Tableau VI : Situation de la réglementation sur la gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel
Touré
L’absence de structures qui aurait pour mission de vulgariser les textes et de s’assurer de leur maitrise
rend très difficile la situation du respect de la réglementation à l’hôpital Gabriel Touré de Bamako.
35
Tableau VII : Situation globale de la gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré
L’évaluation finale révèle une satisfaction de la situation de la gestion des déchets biomédicaux au
niveau du CHU Gabriel Touré. La moyenne globale pondérée est de 32%. Les grands départements
sont ceux qui enregistrent beaucoup de problèmes en matière de gestion des déchets biomédicaux
dans ce centre. Selon les mêmes résultats, les agents des petits départements assurent mieux la
gestion des déchets biomédicaux.
La qualité des informations fournies à travers les diverses formes par les parties prenantes du
processus de gestion des déchets biomédicaux de ce centre a permis l’évaluation de cette gestion.
L’utilisation de l’outil d’évaluation a favorisé un travail organisé et structuré. Elle a également démontré
des améliorations et des insuffisances concernant la gestion des déchets biomédicaux qui feront l’objet
de commentaires et discussions dans le chapitre suivant.
36
Chapitre 3 : Commentaires et discussion des résultats obtenus au
cours de l’évaluation de la gestion des déchets biomédicaux au CHU
Gabriel Touré.
Différents résultats de l’évaluation de la gestion des déchets biomédicaux sont brièvement commentés
puis discutés dans ce chapitre. Des données bibliographiques ont permis d’argumenter les discussions
sur chaque sujet commenté. Ils se sont généralement portés sur la méthodologie de recherche, les
caractéristiques des déchets et les pratiques de gestion des déchets biomédicaux.
L’outil d’évaluation rapide6 utilisé pour ce travail est à la source conçu pour une évaluation à une échelle
nationale (plusieurs établissements de soins de santé d’un pays donnée). Il a été adapté facilement
pour cette étude à un niveau local (CHU) grâce à une désignation simple du CHU Gabriel Touré au
niveau des modules comme une structure nationale implantée dans une localité donnée composé de
plusieurs établissements de soins (ici départements). Chaque département est identifié sur les modules
comme établissement de soins de santé et les services technico médicaux comme des unités de
productrices de déchets biomédicaux (DBM). Donc les résultats des enquêtes sont obtenus par
départements.
L’outil prend en compte tous les types de déchets et de toutes natures (liquide, solide) produits au CHU
Gabriel Touré de manière globale. Cela explique l’existence de questions qui englobent tous les
déchets biomédicaux.
La fourniture d’informations à travers des questionnaires qui ciblent les effluents générés par les
activités dans les services de façon spécifique pourrait sans doute permettre d’appréhender amplement
les questions de la collecte, du traitement des effluents et leur circuit vers une élimination finale.
La pondération à 50/50, est faite dans le but d’obtenir un résultat réaliste que possible en fonction de la
réalité observée sur le terrain. La pondération à 100% et celle de 0% ne prennent pas en compte à part
égale les données des enquêtes comme le propose l’OMS. La pondération à 100%, montre que les
6
Who & UNEP/SBS.HCWM-Rapid Assessment Tool (RAT) second edition 2011. Pages 52
37
résultats des questionnaires D1-4 influencent les résultats en déclarant la situation de la gestion des
déchets biomédicaux « bien ». La pondération à 0 %, montre que les données de l’opinion personnelle
des enquêteurs sont les seules à considérer et qui relèvent la situation de la gestion des DBM
problématique au CHU Gabriel Touré.
La grille d’évaluation de même que l’outil d’évaluation rapide ont été élaboré par les experts Mark
HATMEIER et Frank BOUVET à la demande de l’OMS selon les informations obtenues sur le site7 de
cette organisation. Des données scientifiques concernant le choix de l’écart entre les pourcentages ne
sont pas définies dans les textes de l’outil. Ce qui n’a pas permis de proposer d’autres grilles afin de
pouvoir discuter les résultats.
Les enquêtes ont fourni les différents types de déchets biomédicaux produits par jour dans les différents
départements de l’hôpital Gabriel Touré. Cependant le pesage des déchets biomédicaux par lit
d’hospitalisation donnerait des résultats plus fiables par rapport aux poids des déchets.
Les résultats obtenus concernant les poids en kilogramme (Kg) lors des interviews ne sont pas
représentatifs, car 98% des agents de santé ont affirmé ne pas connaitre le poids des DBM produits
dans leurs différentes unités car ils ne les pèsent pas.
Les agents de ramassage des poubelles ne pèsent pas non plus les déchets lors de la collecte et sont
incapable d’estimer le volume car ils utilisent différents poubelles et chariots pour la collecte. Et en plus,
les autorités administratives interviewées à ce sujet ne disposent pas aussi d’informations concernant le
poids des déchets biomédicaux.
Contrairement à cette étude SANOGO et collaborateurs, (2007), ont pu estimer la production journalière
des déchets solides du CHU Gabriel Touré à partir de pesées avec des équipements fournis par l’OMS
et une équipe de soutien financée par la même organisation pour cette étude. Cependant les
chercheurs ont pu obtenir les types de DBM produits à travers les questionnaires auprès du personnel.
La question qui a permis d’obtenir le résultat sur les types de déchets produits est : « quels sortes de
déchets sont produits dans les départements au CHU Gabriel Touré ? ». Les différents types de
7
http://www.healthcare-waste.org/resources/documents/
38
déchets produits par les départements du CHU Gabriel Touré selon les réponses des agents de soins
de santé sont ainsi détaillés dans le paragraphe suivent.
Des déchets tranchants/piquants sont produits dans les unités des soins de santé selon 100% des
réponses du personnel. Cela démontre l’utilisation importante et quotidienne de matériaux comme les
seringues, lames, bistouri et autres outils de chirurgie dans toutes les unités de soins de l’hôpital. Selon
les informations, les déchets tranchants/piquants exposés aux agents pathogènes deviennent des
déchets à risques infectieuses. Les déchets tranchants/piquants (infectieux ou non) et les autres
déchets infectieux sont considérés comme des déchets dangereux (Rushbrook, 2005).
Selon 72% des réponses du personnel des départements, des déchets à risques infectieux ou
infectieux sont produits dans les départements du CHU Gabriel Touré. L’étude de SANOGO et al.
(2007) a enregistré 65% de déchets infectieux solides produits soit 20 kg de la quantité pesée par jour.
Les déchets biomédicaux à risque infectieux sont constitués de matériels de pansements et de tissus
et/ou liquides biologiques, objets souillés (objets piquants/tranchants) par des agents pathogènes qui
sont générés dans tous les départements à travers les activités de soins et d’analyses médicales. Les
déchets infectieux sont produits aussi à l’état liquide. Une pesée ciblée des déchets liquides n’a pas
aussi été réalisée. Cependant, le volume de 12,60%, soit 2,6 litres par jour par lit actif est obtenu sur les
déchets liquides infectieux au niveau des deux grands hôpitaux (Gabriel Touré et Point G) de la ville par
GANKEM et SANOGO, (2014).
Ce type de déchet est considéré comme un déchet dangereux, mal géré il constitue une source de
prolifération de microorganismes responsables de maladies (nosocomiales et autres) graves. La voie de
transmission de microorganismes pathogènes à un patient ou un agent de santé à partir des déchets
reste inconnue de manière spécifique. Cependant, seules les blessures par objets piquants ou
coupants sont une voie de transmission infectieuse prouvée de nos jours (Rushbrook, 2005).
Les déchets généraux sont produits dans les départements selon 89% des réponses du personnel
dans les départements du Gabriel Touré. L’OMS estime que le pourcentage des déchets généraux
produits généralement dans les structures de santé se situe entre 75% – 90% des quantités
journalières produisent. Et ces déchets ne constituent aucun danger s’ils ne sont pas contaminés
(Rushbrook, 2005). Selon les résultats obtenus par GANKEM et SANOGO, (2014), la quantité de
déchets liquides assimilables aux effluents ménagers dans les hôpitaux du Point G et Gabriel Touré est
estimée à 15 litre par jour par lit soit 87,39% de la production.
39
Les déchets généraux de par leur composition (emballage, papier, reste d’aliments, et tous autres
objets assimilables aux ordures ménagères) ne sont pas dangereux. Cependant, les déchets généraux
produits par les patients atteints de maladies fortement contagieuses (telles que le choléra, la fièvre
typhoïde et le syndrome respiratoire aigu sévère) et qui sont habituellement placés en isolement
présente une exception (Rushbrook, 2005).
Il est produit des déchets pharmaceutiques au niveau des départements du CHU Gabriel Touré selon
89% des réponses du personnel. Ce type de déchets est beaucoup généré par les activités des grands
et moyens départements en moyenne vue leur nombre de patients en soins de santé. Ils sont issus de
la consommation et/ou de l’administration de médicaments pour les traitements curatif et préventif de
maladies d’une part et de l’autre part, constituent les médicaments périmés de la pharmacie. Les
déchets pharmaceutiques figurent sur la liste des déchets dangereux adaptée par décret N°07-
135/RPM (article 2) (Décret 07 – 137/PRM).
Il est produit des déchets anatomiques au niveau des départements du CHU Gabriel Touré selon 61%
des réponses obtenues auprès du personnel de ce centre. Ce type de déchets est produit en masse
dans les moyens départements (100% des cas) mais aussi dans les unités de soins de santé de
chirurgie. Il est constitué généralement de pièces anatomiques, placentas et autres tissus issus des
accouchements (en gynécologie). Ils peuvent être infectieux et facilement décomposables donc de ce
fait, ils méritent une attention particulière. Ils ne se mélangent pas avec les autres types de déchets
pour éviter toute contamination (Rushbrook, 2005).
Les déchets chimiques et radioactifs sont produits à faible quantité par rapport aux autres types de
déchets selon les informations recueillies. Ce type de déchets à Gabriel Touré est généré par le
laboratoire d’analyses médicales, la pharmacie et les unités d’oncologie. Avec l’avènement du
numérique, l’unité d’imagerie médicale qui avant produisait une grande quantité a diminué sa
production. Ils sont constitués, de solutions de réactifs ou colorants, de mercure, de résidus de
médicaments et autres produits de chimiothérapie, etc.
Les solutions désinfectantes font aussi partie des déchets chimiques à travers leur composition. Les
déchets chimiques et radioactifs font partie des types de déchets qu’un Hôpital ou tout autre centre de
santé doit examiner dans son processus d’évaluation et de planification à cause de leur agressivité et
l’absence de mesures adéquates pour leur élimination dans nos pays (Basal action network, 1999). Ils
sont considérés comme déchets dangereux par décret N°07-135/RPM fixant la liste des déchets
dangereux (Décret 07 – 137/PRM).
40
La majorité des agents de santé du CHU Gabriel Touré affirme que les déchets générés dans leurs
unités ne sont pas recyclables. Une minorité des agents, explique que certains objets comme les
papiers, bidon, bouteille et autres emballages non souillés sont recyclables. Cependant, les agents
confondent le recyclage aux termes réemploi et réutilisation.
L’insuffisance du niveau de connaissances des agents en matière de gestion des déchets biomédicaux
(GDBM) de manière générale et de sécurité au cours de la manipulation des déchets de façon
spécifique affectent la bonne gestion de ces déchets. Les résultats obtenus au cours de cette étude
corroborent les données obtenues lors d’une étude descriptive sur la gestion des déchets hospitaliers à
Gabriel Touré. Ces données révèlent que seul 16% du personnel du centre a reçu une formation. Et
qu’aucun agent d’entretien n’est formé dans le centre. Dans cette même étude l’auteur juge mauvaises
les connaissances et les pratiques des agents et que seul 32% observe une bonne pratique des
mesures de sécurité (SANOGO et al, 2007).
Les manœuvres et/ou agents de nettoyage sont moins formés en matière de GDBM, ils constituent une
couche très exposée aux risques de blessures ou de contamination quelconques. Une étude réalisée à
l’hôpital régional de Sikasso, estime que seulement 25% des manœuvres dudit centre ont bénéficié de
formations sur la GDBM (Keita, 2010).
Le service d’hygiène de l’hôpital qui a pour mission d’informer, former et sensibiliser les agents est
composé seulement de deux (2) personnes de niveau moyen de formation (techniciens d’hygiène
41
assainissement). Cette équipe n’est ni dynamique ni compétente pour s’assurer de la bonne pratique de
la gestion des DBM. La preuve est qu’aucune affiche de sensibilisation n’est visible au niveau des
unités de soins à l’exception du service d’Anesthésie-réanimation.
Au Centre hospitalier Gabriel Touré les déchets assimilables aux ordures ménagères telles que les
restes d’aliments produits par les accompagnateurs des malades sont déversés dans les mêmes
poubelles que les autres types de déchets (déchets d’activités de soins dangereux et non dangereux).
Le mélange des déchets constaté dans plusieurs unités, s’explique par l’ignorance des bons gestes par
le personnel, l’absence de sensibilisation mais aussi par le non-respect du système de codage par
couleur des poubelles.
Les codes couleur, représentent des signaux de différenciation des emballages ou poubelles de
déchets. Ce système de codage n’est pas respecté, selon les résultats obtenus, il est effectué à 44%
au CHU Gabriel Touré. Néanmoins, cette méthode de désignation spécifique des différentes poubelles
de collecte de DBM s’est légèrement améliorée. Ce changement pourrait s’expliquer par les efforts
consentis aussi peu qu’ils soient au cours de ces dernières années par les autorités administratives et
les partenaires dans la formation des agents sur la gestion des déchets biomédicaux. Une telle
formation a eu lieu à travers des manuels ou modules de formation (MS, 2006).
Les manœuvres des groupements d’intérêt économique (ONG) assurant le nettoyage, la collecte et le
transport sont les plus grands manipulateurs des déchets après le tri et doivent disposer d’équipement
pour cela.
42
Cependant, il est remarqué plusieurs insuffisances concernant la fourniture des poubelles appropriées.
Les poubelles de collecte des différents types de déchets à l’exception des déchets piquants et
tranchants sont des sceaux en plastique de même couleur (noir), d’où la difficulté pour les agents à
séparer convenablement les différents types de déchets. Certains ne disposent ni de couvercles ni de
plastiques poubelles à l’intérieur.
Dans les recommandations de l’OMS il est expliqué qu’en absence de couleurs, des signes et des
marques doivent être apposés aux récipients pour les différencier (Rushbrook, 2005). Et selon Ndiaye
et ses collaborateurs, (2012), dans les 86 services sur lesquels a porté son étude, le conditionnement
se faisait à l’aide de matériaux de récupération comme les anciennes bouteilles et des récipients en
plastique.
Au centre hospitalier universitaire du Point G, six (6) ouvriers sur quatorze (14) affirment avoir utilisés
des sceaux en plastique sans couvercle pour la collecte des déchets liquides au sein de l’hôpital
Gabriel Touré. Les même sceaux sont aussi utilisés pour les déchets solides (GANKEM et SANOGO,
2014). En outre, 66, 75% des agents interviewés au cours d’une enquête réalisée à l’hôpital régional de
Sikasso disent avoir utilisé des poubelles simples et des boites de sécurités sans couvercle (Keita,
2010).
Malgré la disponibilité des récipients de stockage des déchets, ils ne sont étanches que dans 13 cas
sur 37 et restent non couverts dans 27 cas sur 37 selon l’étude réalisée à l’hôpital Gabriel Touré.
(SANOGO et al, 2007). Ce qui montre que les équipements ne sont pas de bonne qualité. L’utilisation
des plastiques peut améliorer le conditionnement des déchets, ils sont beaucoup utilisés à l’hôpital
Gabriel Touré.
Il est important de souligner aussi que les sachets plastiques jouent un rôle important dans la
manipulation des déchets dangereux ou potentiellement dangereux. Ces sachets en plastique pour ces
types de déchets devraient être déposés dans des récipients à pédale placés en lieux indiqués
conformément aux recommandations de l’OMS (Rushbrook, 2005).
43
Selon les remarques sur le terrain, il y a une absence de zone de stockage intermédiaire dans les
départements, ce qui explique le stockage des déchets devant les salles de soins de santé dans les
couloirs de passage. Dans certains services, les conteneurs en carton des déchets piquants et
tranchants en contact de l’eau du nettoyage ou l’eau de pluie se déchirent et les aiguilles se retrouvent
hors des récipients. Les conteneurs de déchets piquant et tranchant infectieux ou non entreposés à
proximité des agents ou visiteurs peuvent représenter un danger important (OMS, 2005).
Ainsi, pour maintenir les déchets loin des patients et du personnel l’OMS soutient qu’ils soient placés
dans des zones de stockage local loin des aires de passage des personnes, idéalement dans des
conteneurs à roue de 240 litres (ou simulable) (Rushbrook, 2005).
Les médicaments périmés et certaines solutions chimiques sont récupérés et stocker à l’attente
d’élimination par une commission qui s’occupe de la destruction des déchets pharmaceutiques
obsolètes et qui ne se réuni que rarement.
Les déchets comme les placentas et les grosses pièces anatomiques sont récupérés et transportés
dans une ambulance de l’hôpital vers les cimetières où il existe des fosses pour leur enfouissement ou
au centre d’incinération à « sotuba »8.
Mais d’importantes insuffisances sont remarquées concernant l’enlèvement des déchets dans les lieux
d’entreposage. Les boites de sécurité pour déchets tranchant et piquant ne sont pas vite enlevées, une
fois remplies et stockées, elles peuvent faire trois (3) à cinq (5) semaines avant d’être enlevées. Au
laboratoire du CHU Gabriel Touré les déchets peuvent aller au-delà de deux mois souvent sans être
enlevés.
L’enlèvement des déchets biomédicaux doit se faire à des heures de collecte régulières, cela à partir
des lieux d’entreposage locaux dans les différents services de soins de santé. La création de circuits de
circulation séparés autour des départements appelé système d’accès du « propre » et du « sale » va
permettre un perfectionnement de la pratique (Rushbrook, 2005).
8
Quartier de la ville de Bamako
44
Selon une étude, l’absence de lieux d’entreposage intermédiaire des déchets solides provoquait un
mélange de déchets ménagers et biomédicaux en 33 points de stockage sur 37, en plus s’ajoute une
insatisfaction de l’évacuation des DBM (SANOGO et al. 2007).
L’incinération concerne les déchets piquants, tranchants, anatomiques, et autres déchets issus des
activités de soins médicaux à risque infectieux ou non infectieux. L’incinération est un moyen efficace
de traitement des DBM. Elle ne peut pas empêcher cependant des risques sanitaires avec la présence
dans l’air des dioxines et furanes qui proviennent de la combustion des plastiques contenant le PVC
utilisé dans l’emballage des médicaments (Basal action network, 1999).
L’incinérateur du CHU du Point G est géré par une équipe technique sous la direction de
l’administration de l’hôpital. Le CHU Gabriel Touré participe financièrement à l’entretien et au
fonctionnement du dispositif. Son emplacement et son utilisation respectent les recommandations
indiquées dans le plan national de gestion des de soins médicaux de l’OMS (PNUE et OMS, 2005).
L’enfouissement concerne les placentas et autres grosses pièces anatomiques dans des cimetières du
district de Bamako d’une part pour des raisons culturelle et religieuses et d’autre part à cause de la
difficulté de la manipulation de ce type de déchets.
Au CHU Gabriel Touré, les déchets ne sont pas prétraités avant tout traitement final. Alors que les DBM
hautement infectieux contenant des agents pathogènes responsables de contaminations et tous les
déchets issus des laboratoires d’analyses médicales devraient de préférence, être soumis à un
prétraitement par désinfection à l’autoclave avant d’être complètement traités par n’importe quelle
méthode (Rushbrook, 2005).
Les déchets biomédicaux liquides ne subissent pas de traitements particuliers. Une grande partie passe
dans le système de canalisation pour se retrouver dans des fosses septiques. Aucun système
d’épuration adéquat n’est mise en place dans le centre. Une partie est récupérée après remplissage
des fosses et déversée hors de la ville. Une grande quantité se retrouve dans le fleuve à travers les
collecteurs d’eaux usées.
45
Il est démontré que la composition physicochimique et biologique des déchets de cette nature les rend
plus complexes et dangereux. Même après traitement dans une station d’épuration, ils peuvent
présenter un risque sanitaire important (Hagenoer, 2010).
La majeure partie des agents ignore la règlementation concernant la GDBM et ne dispose pas de
documentation à ce sujet dans leurs unités, ce qui rend encore difficile l’application du code de conduite
et des recommandations du plan national de GDBM du pays.
Le comité de pilotage du plan de gestion des déchets biomédicaux garant du respect des textes
règlementaires ne s’est jamais réuni ; en plus, les responsabilités et les obligations des différentes
parties prenantes sont mal définies (MS et BM, 2011).
3.3.8 Situation global de la gestion des déchets biomédicaux au CHU Gabriel Touré
L’évaluation des pratiques de la gestion des déchets biomédicaux à l’hôpital Gabriel Touré révèle une
situation satisfaisante. Mais les problèmes liés à certains aspects demeurent, il s’agit :
- De l’absence de tri de séparation adéquat dans les unités de soins de santé provoquant un
mélange de déchets assimilables aux ordures ménagères et autres types de déchets dans les
poubelles.
Il est important de signaler de façon particulière que la gestion de type de déchets comme les placentas
nécessite une attention particulière. En effet en plus de l’absence d’un lieu adapté pour leur stockage,
les placentas pour des raisons socioculturelles sont souvent enlevés dans des conditions non
hygiéniques par les parents des patients pour des rituelles. Et malgré les mises en garde des autorités
46
sanitaires, cette pratique continue. Ce qui confirme que si les pratiques culturelles sont prises en
compte et encadrées dans le plan de gestion des déchets biomédicaux, cela permettrait de maitriser ce
phénomène susceptible de créer un problème de santé publique.
Il a été révélé que l’intégration des pratiques traditionnelles au cours de l’élaboration de plans de
gestion de problèmes environnementaux et en particulier ceux liés à la gestion des déchets de tout
genre peut aider à mieux organiser la gestion dans un cadre de développement durable (Merceron et
Yelkouni, 2011).
Les déchets biomédicaux liquides ne sont pas traités efficacement au CHU Gabriel Touré. Ils doivent
nécessairement bénéficier d’un système particulier de collecte et de traitement notamment s’ils
proviennent des laboratoires d’analyses ou des services de chimiothérapie comme cela est fait dans les
laboratoires d’analyses biomédicales à Abidjan où les risques d’infections sont réduits par stérilisation
dans des autoclaves (Coulibaly et al. 2010).
47
Recommandations
Il serait utile de créer un département de santé publique au niveau du CHU Gabriel Touré qui aurait
pour comme mission première d’organiser la gestion des déchets, de former et sensibiliser le personnel
sur les bonnes pratiques de gestion des déchets biomédicaux. Le département pourrait avoir pour
seconde mission qui est la réalisation de travaux de recherche. La recherche aura pour but d’élaborer
des techniques ou procédés pouvant être utiles pour assurer une meilleure gestion des déchets et lutter
contre les problèmes de santé public liés aux déchets.
Un projet d’éducation relatif à l’environnement basé sur la communication pour le changement de
comportement est proposé en annexe (annexe 1).
48
Conclusion
Les déchets biomédicaux sont constitués de déchets assimilables aux ordures ménagères ainsi qu’une
grande proportion de déchets à risques infectieux considérés comme dangereux. Toute exposition à ce
type de déchets peut provoquer des blessures ou des maladies chez les agents de santé. Dans
certains cas, les accompagnateurs et les populations vivant à proximité des centres de soins comme
l’hôpital Gabriel Touré, peuvent être exposés directement ou indirectement aux dangers de la mauvaise
gestion des déchets biomédicaux.
Avec une croissance démographique importante de la ville de Bamako, l’hôpital va augmenter son
niveau de fréquentation. L’accroissement de la fréquentation accrue est un facteur d’accroissement du
volume des déchets, lesquels du fait des mauvaises pratiques de gestion, risquent d’être mal géré.
Malgré les dispositions prises par les autorités maliennes pour améliorer la gestion des déchets
biomédicaux à l’hôpital Gabriel Touré, il existe des limites et des insuffisances dans la mise en œuvre
des pratiques de la gestion de ces déchets.
L’objectif général de cette étude consiste à évaluer la gestion des déchets biomédicaux avec un outil
d’évaluation conçu par l’OMS. L’évaluation fournit une visibilité et des indicateurs aux acteurs leur
permettant de combler les insuffisances dans la mise en œuvre des pratiques et par la même occasion
aider à une prise de décisions pour une gestion rationnelle et durable des déchets biomédicaux dans ce
centre.
Chaque acteur du système de gestion de ces déchets a fourni des renseignements en rapport avec son
rôle dans le processus. Les informations obtenues sur les pratiques au niveau des sept départements
de l’hôpital Gabriel Touré ont permis d’évaluer la situation de la gestion des déchets biomédicaux.
La gestion des déchets biomédicaux est satisfaisante selon la moyenne globale de 32% obtenue lors
de l’évaluation. Cependant, la situation du tri des différents types de déchets qui permet une réduction
des risques d’accidents et une prolifération de microorganismes pathogènes tout en garantissant une
bonne réalisation des autres pratiques est critique. La formation régulière du personnel (agents de
santé, manœuvre et autres techniciens) et le respect de la règlementation sont deux pratiques
49
négligées par le centre. L’absence de formation conduit à l’ignorance de la réglementation en vigueur
dans le domaine et désorganise la gestion des déchets biomédicaux à l’hôpital Gabriel Touré.
Au regard des résultats obtenus, les deux hypothèses de recherche formulées dans la partie
problématique sont confirmées.
Une légère amélioration est constatée concernant la gestion des déchets biomédicaux dans le CHU.
Cependant, la gestion spécifique de déchets spéciaux comme les placentas, les pièces anatomiques
issues des amputations et les effluents nécessite une amélioration.
50
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53
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54
Glossaire
Agent pathogène : Micro-organisme capable de provoquer une maladie
Charge de morbidité : coût sanitaire et socio-économique d’une pathologie donnée pour la société.
Codage par couleurs : désigne l’utilisation de différentes couleurs pour le stockage et/ou de leur
élimination. Le conteneur à déchets est un élément du conditionnement des déchets.
Conteneur de sécurisé : conteneur étanche anti perforation conçu pour recevoir les objets piquants et
tranchants en toute sécurité en vue de leur élimination et de leur destruction.
Conteneur pressurisé : conteneur (plein ou vide) contenant du liquide, du gaz ou des matériels en
poudre en sous pression.
Conteneur : Récipient dans lequel les déchets sont placés en vue de leur manipulation, transport, de
leur stockage et/ou de leur élimination. Le conteneur à déchets est un élément du conditionnement des
déchets.
Décharge hygiénique (enfouissement) : caractérisée par le dépôt contrôlé et organisé des déchets
recouverts ensuite régulièrement (quotidiennement) par le personnel présent sur le site. Un
aménagement approprié du site et un emplacement géologique favorable (permettant d’isoler les
déchets par rapport à l’environnement) sont indiqués.
Déchets biomédicaux radioactifs : déchets contenant des substances radioactives. Exemples : liquides
non utilisés issus de radiothérapie ou de la recherche en laboratoire, verre, emballage ou papier
absorbant contaminé, urine ou excréta de patients traités ou ayant subi des tests au moyen de
radionucléides non scellés, sources scellées).
Déchets chimiques : sont des déchets contenant des substances chimiques. Exemples : produits
chimiques de laboratoire ; révélateur pour films, désinfectants, produits périmés ou qui ne sont plus
nécessaires ; solvants et détergents.
Déchets cytotoxiques : Médicaments possédant une action destructive spécifique sur certaines cellules.
Exemple : déchets pharmaceutiques
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Déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) : rebuts des activités de soins de santé
dispensés à l’homme ou à l’animal pouvant présenter des risques de transmission d’agents infectieux à
l’homme. Il peut s’agir de matériels ou de rebuts de diagnostic, de traitement et de prévention,
d’activités visant à évaluer l’état de santé ou indication qui ont été en contact avec du sang ou ses
dérivés, des tissus, des liquides organiques ou des déchets provenant de salles d’isolement pour
maladies infectieuses. Exemples : Tissus, pansements, écouvillons et autres objets imprégnés de sang
(objets coupants ou tranchants, qu’ils soient contaminés ou non).
Déchets pharmaceutiques : sont des déchets contenant des produits pharmaceutiques (périmés, qui ne
sont plus nécessaires ; leurs conteneurs, ou des objets contaminés ou contenant des produits
pharmaceutiques).
Hépatite B : Hépatite provoquée par un virus et transmise par exposition au sang ou aux produits
sanguins ou au cours des rapports sexuels. Elle entraine une hépatite chronique et aigue. L’hépatite B
chronique peut entrainer une maladie hépatique, une cirrhose et un cancer du foie.
Hépatite C : Hépatite provoquée par un virus et transmise par exposition au sang ou aux produits
sanguins. L’hépatite C est généralement chronique et peut provoquer une cirrhose et un cancer du foie.
Impact : l’ensemble des répercussions (de quelque chose sur autre chose) qu’elles soient négatives ou
bénéfiques.
Incinération : est l’incinération maitrisée de déchets solides, liquides ou gazeux pour produire des gaz et
des résidus ne contenant que peu ou pas de matériels combustibles.
Moyenne globale : C’est la moyenne des pourcentages obtenus au niveau des grands, moyens et petits
département par rapport à la situation des pratiques de la gestion des déchets biomédicaux dans le
CHU Gabriel Touré.
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Objets piquants ou tranchants : Les objets piquants ou tranchants sont une sous-catégorie des déchets
biomédicaux infectieux qui comprennent les objets pouvant provoquer des blessures. Exemples :
aiguilles, scalpels, set de perfusion, couteaux, lames, verre brisés.
Pratiques : L’ensemble des activités et des règles permettant d’assurer une bonne gestion des déchets
biomédicaux.
Risque : Probabilité que les effets négatifs sur la santé humaine se produisent à la suite d’une
exposition à des agresseurs environnementaux d’origine chimique, physique ou biologique.
Sécurité des injections : injection qui ne nuit pas à la personne qui la reçoit et n’expose les agents de
santé à des risques ou ne se traduit pas par des déchets pouvant exposer les communautés à un
risque.
Seringue autobloquante : Seringue jetable spécialement modifiée, munie d’une aiguille fixe et dont le
piston se bloque automatiquement, la rendant inutilisable après une seule utilisation.
Seringue de sécurité : Seringue en plastique jetable modifiée, conçue pour que l’agent de soin de santé
puisse la bloquer de façon à ce que l’aiguille soit protégée et ne puisse être réutilisée.
Seringue jetable : seringue en plastique conçu pour un usage unique fonctionnant avec une aiguille
séparée en acier. Comme il n’existe pas de mécanisme pour empêcher la réutilisation, ce type de
seringue peut être utilisé plusieurs fois.
Seringue stérilisable : Seringue en plastique ou en verre munie d’une aiguille en acier. Ce type de
seringue est conçu pour être réutilisé après nettoyage et stérilisation approprié dans un stérilisateur en
vapeur ou un autoclave.
Stockage : Placement des déchets dans un lieu approprié ou l’isolément, la protection de la santé et
celle de l’environnement et un contrôle par l’homme (contrôle des rayonnements, contrôle d’accès, par
exemple) sont assurés. L’idée est que les déchets puissent ensuite être récupérés pour traitement et
conditionnement et/ou élimination (ou traitement des déchets radioactifs).
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Traitement : Toute méthode, technique ou procédé destiné à modifier les caractéristiques biologiques,
chimiques ou physiques des déchets pour réduire les dangers qu’ils présentent et faciliter ou réduire le
coût de leur élimination. L’objectif du traitement de base comprend la réduction du volume, la
désinfection, la neutralisation ou autres changements de composition destinés à réduire les risques, y
compris le traitement des déchets radioactifs pour retirer les radionucléides.
58
Liste des figures
Figure 1 : Résultat des questions sur la formation, la sécurité et le suivi de ces pratiques au niveau des
départements (Dép.) ................................................................................................................................. 23
Figure 2 : Résultat des questions sur le tri et la manipulation des déchets biomédicaux au niveau des
départements (Dép.) du CHU Gabriel Touré ............................................................................................... 24
Figure 3 : Résultat des questions sur le stockage des déchets biomédicaux au niveau des départements du CHU
Gabriel Touré ........................................................................................................................................... 25
Figure 4 : Résultat des questions sur la collecte et le transport des déchets biomédicaux au niveau des
départements du CHU Gabriel Touré ......................................................................................................... 26
Figure 5 : Résultat des questions sur le traitement des déchets biomédicaux au niveau des départements du
CHU Gabriel Touré ................................................................................................................................... 27
Figure 6 : Résultat des questions sur la règlementation (code de conduite, plan de gestion, politique,…) en
matière de gestion des déchets biomédicaux au niveau des départements du CHU Gabriel Touré................... 28
Figure 7 : Résultat de notre opinion personnelle sur les pratiques de la gestion des déchets biomédicaux au
niveau des départements du CHU Gabriel Touré ......................................................................................... 29
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Annexes
Annexe 1 : Proposition de projet pour l’amélioration de la gestion des DBM au CHU Gabriel Touré
INTRODUCTION
Les déchets biomédicaux sont des résidus solides, liquides et gazeux issus des activités des centres de
soins de santé destinés aux humains. Cependant, au Mali la gestion des déchets est problématique. La
gestion de ces déchets englobe les politiques, les plans, les codes et les procédures visant à intervenir
sur tous les aspects de la gestion des déchets, y compris les techniques de traitement et mesures
sécurité au travail (MS et DNS 2006).
Malgré ces efforts, les pratiques de la gestion ne sont pas faites de façon adéquate. Le travail consiste
à proposer un projet d’éducation relative à environnement pour un changement de comportements au
niveau d CHU Gabriel Touré qui a d’énormes problèmes de gestion de ses déchets biomédicaux.
- Contexte et justification
Le CHU Gabriel Touré est l’un des plus grands centres de soins de santé de Bamako (Mali). Il connait
depuis une dizaine d’années un problème de gestion des déchets biomédicaux produits à partir des
activités de soins médicaux, de laboratoire et de pharmacie. La mauvaise gestion de ces déchets est
responsable des pollutions diverses et aussi des nuisances multiples (MSHP, 2013). A cause du
caractère dangereux et nocif de ce type de déchets, les populations font de plus en plus face à un
problème majeur de santé publique et des problèmes environnementaux divers et complexes.
L’Etat a créé des institutions pour la mise en œuvre du plan de la gestion des déchets biomédicaux afin
de résoudre le problème. Cependant, la situation reste dramatique car les pratiques de gestion qui
consiste à trier, collecter, transporter et éliminer les déchets ne sont pas réalisées correctement. Les
différents agents manipulant les déchets n’ont pas assez de notions sur les pratiques de gestion des
déchets biomédicaux. Le problème s’explique par l’absence de formation et de sensibilisation.
Ainsi, dans la dynamique de créer un cadre pour une éducation relative à l’environnement (ErE) et
d’avoir une véritable vision, le CHU Gabriel Touré se propose d’aider à l’améliorer la gestion des
déchets biomédicaux à l’hôpital Gabriel Touré. Cette volonté se manifeste dans l’esprit de planification
et de collaboration entre les acteurs administratifs, éducatifs, et les groupements d’intérêts
économiques (prestataires privés qui participent à la gestion des déchets) qui œuvrent pour
l’amélioration de la gestion des déchets biomédicaux au niveau de l’hôpital.
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- Finalité
Un projet pilote d’éducation relative à l’environnement sera initié dans le but de renforcer les capacités
des agents de santé et d’autres acteurs locaux afin de réduire les risques liés à la mauvaise gestion des
biomédicaux.
- Objectif général
Contribuer à l’amélioration de la gestion des déchets biomédicaux à travers un projet d’éducation
relative à l’environnement au CHU Gabriel Touré.
Objectifs spécifiques
o Former des acteurs locaux (agents de santé, G.I.E) dans le domaine de l’éducation relative à
l’environnement sur les déchets biomédicaux ;
o Impliquer les agents de santé et les ouvriers à une meilleure gestion des déchets biomédicaux
par l’éducation relative à l’environnement ;
o Utiliser les techniques de l’IEC pour réaliser des séances de sensibilisations et de rencontres
de communications pour le changement des comportements des acteurs en matière de gestion
des déchets biomédicaux.
- Publique cible
Les agents de soins de santé, les ouvriers, le personnel des GIE (Groupements d’Intérêts
Economiques) qui interviennent dans le processus de gestion des déchets.
- Organisateur
L’organisateur principal le CHU Gabriel Touré de Bamako - Mali.
- Stratégies
Les stratégies à mettre en place sont les suivantes :
o La création d’un module de formation de formateurs sur la gestion des déchets biomédicaux.
Ce module doit prendre en compte les aspects règlementaires, les techniques de manipulation, de
collecte, de transport et d’élimination des différents types de déchets ;
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o Elaboration de code de bonnes pratiques de gestion des déchets biomédicaux. Ce code va
définir les règles de bonnes pratiques, les mesures d’hygiène et d’assainissement et les
mesures de sécurité au travail ;
- Plan stratégique
Ce projet a une durée de 12 mois à compter du 15 janvier 2016 au 15 janvier 2017. Les détails du plan
stratégique sont consignés dans le tableau suivant.
NB : les outils de formation sont testés et validés avant leur utilisation sur le terrain.
62
- Plan de communication pour le changement de comportements
Tableau 2: Mise en œuvre de la communication pour le changement de comportement sur terrain
++ : Très bon
NB : Tous les outils de communication sont déclarés très bons pour l’atteinte des objectifs. Ce sont des
outils de proximité, efficaces, claires, faciles à utiliser et à mémoriser. Ils répondent aux besoins du
public cible et pertinent en matière d’éducation relative à l’environnement.
- Evaluation de la mise en œuvre du projet
Le projet sera évalué tout au long du processus de mise en œuvre et suivant les différentes étapes.
Cette évaluation se fera à partir des indicateurs élaborés à cet effet depuis la phase de conception et de
63
la mise en œuvre de la démarche. Après chaque étape un rapport d’évaluation est produit pour
permettre dans certains cas d’orienter ou ajuster les imperfections constatées.
CONCLUSION
64
Annexe 2 : Autorisation d’investigation dans le CHU Gabriel Touré
65
Annexe 3 : Questionnaire (Module A) pour la personne responsable de l’ONG ou l’association acteur
de la GDBM
66
Annexe 4 : Questionnaire (Module B-1) s’adressant au responsable de la GDBM au Ministère de la
Santé
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Annexe 5 : Questionnaire (Module B-2) s’adressant à la personne responsable de la GDBM au
Ministère de l’Environnement et de l’assainissement
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Annexe 6 : Questionnaire (Module C) s’adressant à la personne responsable de la GDBM au niveau de
l’autorité municipale (La voirie)
69
Annexe 7 : Questionnaire (Module D-1) s’adressant à l’administration de l’hôpital : Gestion, finance,
législatif
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Annexe 8 : Questionnaire (Module D-2) s’adressant à la personne (ou les personnes) responsable (s)
de la GDBM dans un Département
71
Annexe 9 : Questionnaire (Module D-3) s’adressant à la personne (ou les personnes) responsable de
la sécurité du personnel dans un Département.
72
Annexe 10 : Questionnaire (Module D-4) s’adressant au (x)responsable (s) de la formation et du suivi
en matière de GDBM dans un Département.
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