Transportintermodaleurope
Transportintermodaleurope
Transportintermodaleurope
DE
L’OBSERVATOIRE
TRANSPORTS / EUROPE
Dossier n°7
L'Observatoire des politiques et des stratégies de transport en Europe inscrit chaque année
quelques thèmes prioritaires à son programme de travail, sur proposition de la section
permanente du CNT. Les principaux résultats des réflexions qui en découlent sont diffusés
dans le bulletin Transports/Europe, distribué sous une forme imprimée à tous ses abonnés et
également disponible et téléchargeable, en français et en anglais, sur le site Internet du CNT :
www.cnt.fr.
Toutefois le bulletin, pour rester bref et aisément lisible, ne saurait reprendre toute la richesse
d'information des contributions dont il se nourrit. C'est pour mettre ce matériau à la
disposition de tous les utilisateurs qui en auront l'usage (que ce soit dans un cadre
professionnel, politique ou académique) que sont constitués les Dossiers de l'Observatoire. Ils
rassemblent les travaux des experts de l'OPSTE, en se contentant d'en unifier autant que
possible la présentation mais sans en altérer le contenu ni en modifier le statut : il s'agit bien
d'informations recueillies par des spécialistes indépendants, s'exprimant à titre personnel.
Chaque expert de l’OPSTE a fait l’analyse d’un pays d’Europe et le texte intégral de cette
contribution est reproduit ci-après. Cette suite de dossiers est précédée d’un cadrage
quantitatif et qualitatif embrassant toute l’Europe : chaque pays est partie prenante à cet
ensemble. Quelques conclusions générales s’en dégagent :
Ces remarques valent aussi pour la Commission européenne, dont les ressources ne sont pas
toujours à la hauteur des ambitions avancées. Mais son rôle n'est pas seulement financier, et la
promotion de la normalisation comme de l'interopérabilité montrent l'importance des facteurs
techniques et organisationnels, en même temps que budgétaires et réglementaires. La
comparaison (le "benchmarking"), la diffusion des bonnes pratiques peuvent avoir un effet
bénéfique auquel ce panorama entend contribuer.
De ce tableau contrasté, on peut retenir enfin que le transport intermodal n'est qu'une solution
spécifique, parmi bien d'autres, aux problèmes que les pouvoirs publics et les acteurs
économiques se posent sur l'avenir du transport. Le transport intermodal, qu'il marie la route à
la mer, au rail ou au fleuve, ne saurait être mis en œuvre dans n'importe quelles conditions et
n'importe où. Il faut au contraire concentrer les efforts sur les cas où il a le plus de chance de
montrer son efficacité technique et commerciale et sa rentabilité socio-économique sinon
financière.
Peut-il pour autant se passer des pouvoirs publics, d'un soutien politique ? Ainsi, une aide
publique au lancement des nouveaux services, pour traverser une inévitable période
d'apprentissage, est le plus souvent nécessaire. Cependant, tous les soutiens publics ne
prennent pas une forme monétaire et n'ont pas un coût budgétaire. Par exemple, l'interdiction
faite aux poids lourds de circuler la nuit en Suisse ne coûte rien au budget de l'Etat fédéral ni
des cantons, elle a pourtant un effet sur la répartition modale du fret. Il en allait naguère de
même des "Écopoints" autrichiens. Il est des exemples inverses de mesures sans coût
budgétaire et défavorables aux solutions intermodales : avec l'élargissement de l'Union à dix
nouveaux membres, si la libéralisation du marché du transport routier s'opère sans
harmonisation simultanée des conditions de concurrence, elle pèsera sur les prix routiers, ce
dont s'alarment les organisations professionnelles routières françaises, et restreindra par
conséquent le champ de compétitivité du transport intermodal.
Michel Savy
Christine Aubriot
ALLEMAGNE........................................................................................................................ 16
1. Le trafic ....................................................................................................................... 16
1.1 L’évolution et la part du transport intermodal dans le transport total.................. 16
1.2 Les principaux axes géographiques des flux........................................................ 26
1.3 Les types de marchandises concernées et le « potentiel de trafic combinable »........ 27
2. Les opérateurs ............................................................................................................ 28
2.1 Les principaux opérateurs .................................................................................... 28
2.2 Analyse de la stratégie des principaux acteurs, les modes de commercialisation du
service et les niveaux d’intégration de la chaîne.............................................................. 36
3. Les terminaux ............................................................................................................. 38
Les principaux « chantiers » ou sites intermodaux .......................................................... 38
4. Succès et échecs : analyse........................................................................................... 39
4.1 Analyse de trois expériences réussies ........................................................................ 39
4.2 Analyse de l’échec d’un projet initialement prometteur ............................................ 43
5. Les aides ...................................................................................................................... 44
5.1 Les aspects financiers et les coûts du transport combiné ........................................... 44
5.2 Le rôle des politiques de soutien dans le développement du transport combiné ....... 45
5.3 Les subventions à l’investissement pour certains équipements ................................. 47
6. Les perspectives .......................................................................................................... 49
6.1 Les projets ou propositions en cours .......................................................................... 49
6.2 Les perspectives du transport intermodal................................................................... 50
BELGIQUE............................................................................................................................. 51
1. Le rôle des différents facteurs dans le choix modal ................................................ 51
1.1 Les coûts directs : analyse des élasticités............................................................. 51
1.2 Les coûts logistiques ............................................................................................ 56
1.3 Les facteurs qualitatifs ......................................................................................... 58
2. Les opérateurs ............................................................................................................ 59
3. Les terminaux ............................................................................................................. 61
4. Les obstacles au transport combiné.......................................................................... 64
5. La politique de financement ...................................................................................... 65
ESPAGNE ............................................................................................................................... 66
1. Le trafic ........................................................................................................................... 66
1.1 L’évolution du transport intermodal .................................................................... 66
1.2 Analyse de l’évolution des trafics : ............................................................................ 67
2. Les opérateurs ................................................................................................................ 69
2.1 Les principaux opérateurs intermodaux ..................................................................... 69
2.2 Les autres opérateurs de transport combiné ............................................................... 69
3. Les terminaux et les dessertes portuaires .................................................................... 70
4. Les forces et les faiblesses du transport combiné ........................................................ 71
5. Politiques de soutien et perspectives............................................................................. 72
5.1 Le rôle des politiques de soutien au transport intermodal.......................................... 72
5.2 Les perspectives du transport intermodal................................................................... 73
FRANCE .................................................................................................................................... 75
1. Le trafic ....................................................................................................................... 75
1.1 L’évolution préoccupante des trafics de transport combiné................................. 75
Cette évaluation globale appelle toutefois quelques nuances : d'une part, il est de nombreuses
liaisons entre bassins économiques européens où cette solution de transport n'est pas offerte
sur le marché ; d'autre part, elle n'est techniquement et économiquement pertinente que pour
de longues distances, alors que la plus grosse part des transports s'effectue à courte distance et
donc par la route (quelque 57 % des tonnages terrestres en Europe sont acheminés à l'intérieur
d'un rayon de 50 km !) ; enfin, sur les corridors où il est utilisé intensivement, le transport
intermodal représente une part non négligeable du transport total, de l'ordre de 30 % sur l'axe
Nord-Sud entre le delta du Rhin et la plaine du Po : ce qui n'est pas marginal et allège d'autant
un transport routier mal supporté dans les espaces sensibles que sont les vallées alpines.
60
50
40
% du flux total (t)
30 t
20
10
0
0-49 50-149 150-499 > 500
distance (km)
Source : EU Energy and Transport in Figures, Statistical pocketbook 2001, European Commission, 2001.
Le transport intermodal, quelles que soient les techniques qu'il met en œuvre, n'a donc pas
vocation à assurer la couverture générale du territoire. C'est un marché limité à des segments
précis : il doit relier des bassins d'activité suffisamment puissants pour engendrer des
a) Volume de transport
Sur longue période, on constate une croissance d'ensemble du transport intermodal en Europe
au long des années 1990, mais cette croissance globale est actuellement enrayée : le système
est en crise.
Trafic transport com biné des réseaux ferroviaires de l'UE (15) + Suisse
(1991 à 2003) en m illions de tonnes - UIC
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Source : UIC
L'évolution est toutefois très différente d'un pays à l'autre, avec aujourd'hui la stagnation
de l’Autriche, de l’Espagne ou de la Belgique, les progrès de l’Allemagne - mais qui n’a pas
encore retrouvé son niveau maximum de 1994 - et de l'Italie qui est désormais le deuxième
pays de l'Union pour ce type de transport, enfin la baisse du transport rail-route en France et
en Suisse.
Allemagne
35
Autriche
30
France
25
Belgique
20
Suisse
15
Royaume-
10 Uni
Espagne
5
Pays-Bas
0
Suède
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Source : UIC
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Source : CEMT
b) Types de transport
60 000 000
50 000 000
total
20 000 000
10 000 000
0
1998 1999 2000 2001 2002 2003
Source : UIRR
c) Opérateurs
L'entrée sur le marché de nouveaux opérateurs n'a pas eu l'effet dynamique espéré, et les
opérateurs historiques (Kombiverkehr, Hupac, Cemat, Ökombi) jouent toujours le rôle
principal, tandis que la coopérative internationale ICF est en retrait.
1
On calcule le volume de transport en ramenant tous les types d'unités de transport
(conteneurs, caisses mobiles, semi-remorques) à un nombre équivalent de conteneurs ISO de
vingt pieds, les "Equivalents Vingt Pieds".
On notera l’évolution discordante des opérateurs français (baisse de 22% sur 4 ans), comparée
à la progression de l’ensemble des autres opérateurs de + 27% (CEMAT + 66%).
d) Difficultés et perspectives
Le transport intermodal bute sur de réelles difficultés. Les opérateurs sont généralement sous-
capitalisés ou en déficit, peu à même d'investir et de développer une activité peu rentable. La
structure des coûts est souvent mal connue, l'affectation des recettes commerciales et des
subventions publiques à la couverture des divers postes de charges, entre les infrastructures, la
traction, la fourniture des wagons et des unités de transport, les chantiers de transbordement,
la manutention, les achats de matière, etc. n'est pas claire. La justification du transport
intermodal est plus souvent socio-économique (tenant compte des coûts externes) que
financière (la rentabilité pour les opérateurs), et par exemple l'autoroute ferroviaire ne peut
vivre sans d'importantes subventions.
Les règles d'exploitation de la voie ferrée, tant pour la tarification que pour l'affectation des
sillons entre les divers types de trafic et d'opérateurs, posent un problème supplémentaire. La
succession des directives européennes, depuis 1991, montre la difficulté à réformer et faire
progresser le système. Les chargeurs reprochent enfin au fer et au transport rail-route son
manque de ponctualité. En termes commerciaux, on sait que les clients déçus par les
défaillances du système n'y reviennent pas volontiers.
La réussite dans certains pays ou sur certaines lignes montre que les solutions intermodales
peuvent trouver en Europe les conditions de leur succès.
Parmi les scénarios d'avenir, on peut envisager la concentration des moyens sur les corridors
à fort potentiel. Qu'en est-il de la notion de réseau, réunissant les corridors en un ensemble
organisé ? La question est controversée, car les trains navettes sur des corridors marqués par
une demande massive et stable sont des réussites techniques et commerciales, à la différence
des trains blocs ouverts et a fortiori des systèmes en "hub and spokes", rationnellement
séduisants mais concrètement coûteux et fragiles. En matière de produits transportés, il faut
viser des produits relativement peu sensibles au temps d'acheminement (jour A – jour B
constituant la performance la plus élevée accessible) et en charges complètes (l'association du
transport intermodal et du groupage s'avère difficile).
Cette observation a été établie en 1997. Depuis, le développement des navettes et l’abandon
des hub ferroviaires a concentré le trafic sur les axes les plus chargés (Nord – Sud).
1400
1200
1000
Coût de structure
800
Manutention
600
Route
400
Rail
200
0
te
e
al
al
ut
od
od
ou
o
m
rm
-r
t-r
ut
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u
te
to
to
nt
in
i
ct
l
ta
ct
l
ta
ire
To
ire
To
D
D
En revanche, une réforme profonde du transport intermodal, portant sur l'ensemble de ses
composantes et s'inspirant du modèle des axes lourds dédiés au fret des réseaux américains,
permettrait une diminution radicale de ses coûts directs qui le remettrait pleinement dans le
marché.
1200
1000
Coût de structure
800
Manutention
600 Route
Rail
400
200
0
Intermodal Tout-route
Cette analyse générale est étayée mais aussi nuancée par l'analyse des situations nationales,
qui donnent des exemples d'échecs et de réussites dont l'ensemble des pays peut tirer la leçon.
1. Le trafic
2
Le transport combiné est souvent considéré comme un transport intermodal mis au service d'une politique de
transport, visant à réduire au strict nécessaire le transport routier en lui substituant, sur une large part du trajet
total, le rail, le fleuve ou la mer.
Il faut savoir que le volume de transport fluvial est la somme du poids brut des
marchandises transportées (c'est-à-dire le poids net des marchandises et leur emballage) et du
poids à vide des unités de chargement (qu’elles soient transportées vides ou chargées). En
revanche, la statistique du transport ferroviaire considère le poids brut du fret transporté plus
le poids à vide des unités de chargement transportées. Pour une meilleure comparaison avec
les autres modes de transport, il faut donc y ajouter le poids à vide des unités transportées
chargées même si celui-ci ne peut qu’être estimé. Le volume de transport maritime comprend
seulement le poids brut des marchandises transportées. Le poids à vide des unités de
chargement peut être calculé grâce à la multiplication du nombre de différents types d’unités
par leur poids moyen respectif.
Les chiffres présentés dans les tableaux suivants se référent à la période de 1995 à
2002, excepté le transport ferroviaire qui est envisagé à partir de 1996. Une comparaison entre
les différents modes de transport n’est possible que pour 2002, année pour laquelle les chiffres
en question ont été complétés pour remédier aux problèmes méthodologiques mentionnés plus
haut.
• Le transport ferroviaire
Les tableaux suivants se réfèrent au transport de fret (en unités de chargement)
effectué par la Deutsche Bahn. Les volumes transportés présentés dans ces documents
considèrent le poids brut des marchandises acheminées et le poids à vide des unités de
chargement transportées vides.
Tableau 3 : Evolution du transport combiné par rail par rapport au trafic ferroviaire total 1996-2002
Volumes de transport (en millions de tonnes)
Année
Total Dont en unités de chargement part en %
1996 307,8 30,8 10,0
1997 316,0 33,9 10,7
1998 305,7 34,2 11,2
1999 287,3 33,1 11,5
2000 294,2 34,3 11,5
2001 288,2 34,7 12,0
2002 285,4 33,4 11,7
Source : Tableau 1, in: Reim (2004), p. 66
3
BMVBW (2001), p. 14
Tableau 4 : Evolution du transport combiné par rail, selon le type de trafic, de 1996-2002
Volumes de transport (en millions de tonnes)
Transport en conteneurs, en caisses mobiles ou en véhicules routiers
Année
International
Total National Transit
Total Exportation Importation
1996 30,8 11,9 16,0 8,6 7,4 2,9
1997 33,9 13,0 17,8 9,6 8,2 3,1
1998 34,2 12,8 17,9 9,8 8,1 3,5
1999 33,1 12,1 18,0 9,7 8,3 3,0
2000 34,3 12,0 18,8 10,4 8,4 3,5
2001 34,7 11,4 20,0 11,4 8,6 3,3
2002 33,4 11,1 19,1 10,8 8,3 3,2
Source : Tableau 1, in: Reim (2004), p. 66
Tableau 5 : Evolution de la part du transport combiné par rail dans le trafic ferroviaire total,
selon le type de trafic, de 1996-2002
Volumes de transport (en millions de tonnes)
National International Transit
Année
dont le transport dont le transport dont le transport
Total Total Total
combiné (en %) combiné (en %) combiné (en %)
1996 223,9 5,3 75,0 21,3 9,0 32,2
1997 225,7 5,8 81,1 21,9 9,2 33,7
1998 211,4 6,1 84,4 21,2 9,9 35,4
1999 196,1 6,2 81,9 22,0 9,3 32,3
2000 193,6 6,2 90,1 22,6 10,5 33,3
2001 189,6 6,0 88,4 22,6 10,2 32,4
2002 189,3 5,8 85,4 22,4 10,7 29,9
Source : Tableau 1, in: Reim (2004), p. 66
La structure du transport combiné rail/route est précisée dans les deux tableaux
suivants.
Tableau 7 : Le transport combiné par rail en 2002 – selon le nombre d’unités de chargement
Volumes de transport (en 1000 unités de chargement)
Unités chargées Unités vides
Type de trafic
Conteneurs, Véhicules Conteneurs, Véhicules
Total Total
caisses mobiles routiers caisses mobiles routiers
Trafic national 854 826 29 306 302 3
Trafic international 1168 846 322 150 145 5
Trafic de transit 220 215 5 49 49 0
Total 2242 1887 355 505 497 8
Source : Tableau 2, in: Reim (2004), p. 67
Afin de permettre une comparaison avec les autres modes de transport, le tableau 8
présente, en plus du poids du fret, le poids des unités de chargement. On s’aperçoit que ces
dernières représentent à elles seules 30 % du volume total transporté. Si l’on considère en plus
du poids brut du fret le poids de l’ensemble des unités de chargement, on obtient un volume
total du transport combiné par rail de 45,3 millions de tonnes pour l’année 2002. Ce chiffre
est nettement supérieur à celui affiché dans les statistiques précédentes (+ 35 %).
• Le transport fluvial
Les volumes de transport présentés dans les tableaux suivants se réfèrent au poids des
marchandises transportées (y compris l’emballage) ajouté à celui des unités de chargement.
Tableau 9: Evolution du transport combiné par voie d’eau, par rapport au trafic fluvial total 1995-2002
Volumes de transport (en millions de tonnes)
Année
Total Dont en conteneurs Part en %
1995 237,9 6,6 2,8
1996 227,0 7,4 3,3
1997 233,5 8,6 3,7
1998 236,4 9,1 3,8
1999 229,1 10,3 4,5
2000 242,2 12,1 5,0
2001 236,1 12,4 5,3
2002 231,7 13,4 5,8
Source : Tableau 3, in: Reim (2004), p. 68
Le tableau 9 montre que le volume du transport fluvial par conteneurs a doublé entre
1995 et 2002 (+ 104 %), tandis que le volume total du transport fluvial est resté à peu près
fiable (malgré quelques fluctuations). Ainsi, la part du transport combiné est passée de 2,8 %
à 5,8 % durant cette période.
Tableau 10: Evolution du transport combiné par voie d’eau, selon le type de trafic, de 1995-2002
Volumes de transport en conteneurs (en millions de tonnes)
Année International
Total National Transit
Total Exportation Importation
1995 6,6 0,6 5,3 3,2 2,1 0,7
1996 7,4 0,6 5,9 3,6 2,3 0,9
1997 8,6 0,6 7,0 4,3 2,7 1,0
1998 9,1 0,4 7,4 4,4 3,0 1,3
1999 10,2 0,6 8,3 5,2 3,1 1,3
2000 12,1 0,8 9,4 6,0 3,4 1,9
2001 12,4 0,9 9,7 6,3 3,4 1,8
2002 13,4 1,0 10,7 7,2 3,5 1,7
Source : Tableau 3, in: Reim (2004), p. 68
Tableau 11 : Evolution de la part du transport combiné par voie d’eau, dans le trafic fluvial total,
selon le type de trafic, de 1995-2002
Volumes de transport (en millions de tonnes)
National International Transit
Année
dont transport dont transport dont transport
Total Total Total
combiné (en %) combiné (en %) combiné (en %)
1995 72,3 0,8 146,4 3,6 19,1 3,7
1996 66,7 0,9 142,0 4,2 18,3 4,9
1997 65,0 0,9 149,1 4,7 19,3 5,2
1998 63,9 0,6 151,4 4,9 21,0 6,2
1999 62,7 1,0 145,3 5,7 21,1 6,2
2000 60,9 1,3 158,1 5,9 23,3 8,2
2001 57,0 1,6 154,4 6,3 24,7 7,3
2002 55,8 1,8 150,9 7,1 25,0 6,8
Source : Tableau 3, in: Reim (2004), p. 68
En observant le tableau 12 on constate que les conteneurs de 30 pieds sont très rares.
Les conteneurs de 20 pieds et de 40 pieds représentent la moitié des trafics nationaux,
internationaux et de transit. Le problème des transports à vides est relativement important car
il concerne 34 % des EVP transportés. Comme dans le transport combiné par rail, la part des
conteneurs transportés vides est nettement plus élevée au niveau du trafic national (46 %) que
du trafic international (33 %) ou en transit (34 %).
• Le transport maritime
Dans le cas du transport maritime, il faut considérer que le transport de fret en
conteneurs ou en véhicules (camions, wagons de chemins de fer, remorques etc.) n’est pas
exclusivement du transport intermodal puisqu’il inclut aussi les conteneurs transbordés
provenant d’autres navires. De plus, la statistique du transport maritime ne considère que le
poids brut des marchandises transportées.
Pour une meilleure cohérence avec les données relatives aux autres modes de
transport, le tableau 16 présente le poids à vide des unités de chargement , pour l’année 2002.
94,9 millions de tonnes (en unités de chargement) ont été transportées dont 71 millions
en conteneurs et 23,9 millions par des véhicules. Si l’on considère en plus du poids du fret
transporté (94,9 millions de tonnes en 2002) le poids à vide des conteneurs chargés (14,8
millions de tonnes) et vides (2,6 millions de tonnes) ainsi que celui des véhicules vides et
chargés (18,2 millions de tonnes), on obtient un volume total de 130,5 millions de tonnes
transportées par voie maritime, en unités de chargement. Après avoir corrigé les différences
méthodologiques, le volume total du trafic maritime en unités de chargement est bien plus
élevé (+ 38 %) que le taux présenté par les statistiques du transport maritime pour l’année
2002.
Etant donné que le transport maritime ne peut que remplacer le transport routier dans
le cas où il s’agirait du transport côtier ou de courte distance (short sea shipping), il serait
intéressant d’approfondir l’analyse de ces trafics. Toutefois, les données statistiques
disponibles sont insuffisantes. Afin d’encourager le transfert de fret de la route vers ce mode
de transport, le ShortSeaShipping Promotion Center (SPC) a été fondé en juillet 2001.4
Depuis, le SPC a aidé à réaliser 19 projets en conseillant les entreprises qui souhaitent
réorganiser leurs transports en utilisant ce mode. La réalisation de ces projets a permis de
transférer environ 44 millions de tonnes km de la route vers l’intermodal.
4
Le ministère des transports (BMVBW) a publié un premier rapport sur le travail du ShortSeaShipping
Promotion Center en mai 2004.
En raison de ces difficultés, les chiffres suivants ne sont cités qu’avec l’objectif de
donner une vue d’ensemble du transport intermodal. Le tableau 17 compare le transport en
unités de chargement (différencié entre caisses mobiles d’une part et conteneurs d’autre part)
au trafic routier de fret total.
En direction est-ouest, les transports avec la Pologne, les Etats baltes, la République
tchèque, la Hongrie et la Russie se développent. Entre l’Allemagne et la Pologne, les
transports sont effectués surtout en conteneurs et en caisses mobiles par rail/route avec des
trains complets et des groupes de trains réguliers. Jusqu’en 1998, entre 90 000 à 100 000 EVP
ont été transportés chaque année entre les deux pays, avec une tendance à la hausse. En
revanche, depuis 1999, on constate un recul du volume de transport combiné tandis que le
5
BMVBW (2001), p. 15
L’autoroute ferroviaire existe depuis 1994 mais seulement pour les trafics
internationaux. Malgré les coûts élevés, elle représente une bonne alternative pour les trafics
transalpins. En Suisse, elle est favorisée par la fixation de redevances élevées aux les poids
lourds. Il y a un avantage remarquable : le temps de trajet est compté comme un temps de
repos pour le chauffeur. Dans les trafics entre l’Allemagne et la République tchèque,
l’autoroute ferroviaire est favorisée par le manque d’infrastructures routières. En 2003,
environ 93 000 camions ont transités par l’autoroute ferroviaire entre Dresde et
Lovosice (République tchèque).8 Depuis la suppression des formalités douanières le 1er mai
2004 (suite à l’adhésion du pays à l’Union européenne) le chargement a diminué de10 %. Ce
dernier ne s’est pas amélioré malgré une baisse importante des tarifs et avec une réduction de
la fréquence. C’est pour cette raison que la ligne a été supprimée en juin 2004.9
En principe, le transport côtier est très prometteur pour les relations de l’Europe du
Nord/Nord-Est vers la Péninsule ibérique et pour les relations Est-Ouest. En conséquence,
l’Institut für Seeverkehrswirtschaft und Logistik (ISL Brême) a analysé le potentiel du
transfert de fret de la route vers le transport maritime, dans la Mer baltique, à partir des
importations et des exportations entre l’Allemagne et les Etats riverains de la Mer baltique,
ainsi que de la concurrence entre les différents modes de transport pour ces trafics.11
Une autre étude s’est intéressée aux échanges avec la Russie ; elle souligne que le
potentiel du trafic combiné semble assez élevé.12 Il est favorisé par la structure des
marchandises des importations et des exportations : 90 % du volume transporté (en tonnes) à
6
BMVBW (2001), p. 16
7
BMVBW (2001), p. 16
8
BMBVW (2001), p. 23-24
9
Aus für RoLa Dresden – Lovosice, www.eurailpress.com/news/news.php3?id=7393, 08/06/2004
10
PLANCO Consulting (1998)
11
ISL (2002)
12
Hansmann (2002)
2. Les opérateurs
• Stinnes Intermodal
Stinnes Intermodal s’appelait jusqu’au 1er septembre 2003 « DB Cargo ». En 2002,
elle a acheminé 2 174 trains complets par semaine en transport combiné en Europe, dont 466
trains pour le transport national. 365 Logistikzüge13 ont circulé exclusivement pour des grands
chargeurs industriels et 1 343 trains pour le transport international. Parmi ces derniers, 434
trains ont été utilisés dans le cadre de l’autoroute ferroviaire, 203 trains pour des trafics de
transit non accompagnés et 365 trains seulement dans les trafics non accompagnés avec
l’Italie. De plus, environ 1 000 trains non complets ont circulé, tous les jours. En 2002, onze
opérateurs du transport combiné et de nombreuses sociétés de service ont investi dans la DB
Cargo.
Ces dernières années, Stinnes Intermodal/DB Cargo a révisé son offre de transport
combiné. A l’avenir, Stinnes Intermodal attend une croissance de ce mode surtout grâce à des
partenariats plus proches d’autres opérateurs du transport combiné et grâce à une amélioration
de sa qualité de service et de celle de ses partenaires. Toutefois, Stinnes Intermodal considère
que les infrastructures ont, sur quelques sillons, des goulets d’étranglement empêchant une
croissance plus importante de ce mode. Stinnes Intermodal (comme DB Cargo avant) offre
directement un service de transport combiné ou par l’intermédiaire de ses filiales.
• Kombiverkehr :
La société a été créée en 1969 à Francfort par des opérateurs de transport routier.
Depuis janvier 2002, elle coopère avec la Deutsche Bahn. Stinnes Intermodal a même une
participation de 50 % dans Kombiverkehr, alors que l’autre moitié du capital provient
13
« trains logistiques »
Les chiffres publiés par l’UIRR montrent que la Kombiverkehr se concentre sur les
trafics en caisses mobiles tandis que les semi-remorques sont d’une moindre importance car
ils représentent seulement 1/8 du trafic international et 1/10 du trafic national de l’opérateur.
Tableau 19 : Structure du trafic par mode de conditionnement et par type de trafic, en 2003
International National
Semi-remorques 49 150 12 % 16 924 10 %
Caisses 264 738 64 % 154 172 90 %
Route roulante 98 108 24 % - -
Total 411 996 100 % 171 096 100 %
Source : Statistiques annuelles de l’UIRR 2003
700000
600000
500000
400000
300000
200000
100000
0
94
95
96
97
98
99
00
01
02
03
19
19
19
19
19
19
20
20
20
20
14
Un envoi correspond à la capacité de transport d'un camion sur la route (= 2,3 EVP).
15
www.kombiverkehr.de/unternehmen/index-daten.html, 16/07/2004
95
96
97
98
99
00
01
02
03
94
95
96
97
98
99
00
01
02
03
19
19
19
19
19
19
20
20
20
20
19
19
19
19
19
19
20
20
20
20
Tonnage Tonnes km Envois Envois nationaux Envois internationaux
16
www.kombiverkehr.de/leistungen/index-inter-angebot.html, 16/07/2004
17
SGKV (2002), p. 20-21
• Eurogate Intermodal :
Eurogate Intermodal, une filiale du groupe Eurogate, consacre son activité à la
desserte des ports maritimes. En 2002, elle a transporté environ 286 000 EVP (ce chiffre
prend en compte le volume transporté pour boxXpress.de).
• BoxXpress.de :
La société boxXpress.de a été fondée par European Rail Shuttle B.V., Eurogate
Intermodal GmbH et NetLog Netzwerk-Logistik GmbH pour le transport de conteneurs et
desservir les ports maritimes allemands. Depuis juin 2000, boxXpress.de exploite un réseau
de trains complets. En 2002, son volume de transport a été estimé à 130 000 EVP. Avec
environ 2 millions de kilomètres de lignes, boxXpress.de est le client le plus important de la
DB Netz AG. BoxXpress.de relie quotidiennement les ports de Hambourg et de Bremerhaven
à travers un point de transbordement (à Gemünden) avec Munich, Augsbourg, Stuttgart/
Kornwestheim et Nuremberg.18 Son système a une capacité totale de 720 EVP par jour, du
lundi au vendredi.19
18
www.boxxpress.de, 16/07/2004
19
boxXpress verdoppelt Kapazitäten, www.mylogistics.net/de/news/themen/key/news31740/jsp, 22/07/2002
En juin et juillet 2002, d’autres terminaux de transport combiné ont été reliés avec le
système comme Bitterfeld (emplacement de RBB Regiobahn Bitterfeld GmbH, filiale de
Connex), Schwarzheide (où se trouve l’usine de BASF)21 et le port intérieur de Riesa.22
Pourtant, ces trois liaisons ont été supprimées à la fin mars 2003, faute de charge. Pour les
mêmes raisons, la desserte du terminal de Germersheim a également été supprimée (en
octobre 2002). En revanche, depuis mars 2003, NeCoSS dessert trois fois par semaine le
centre de distribution d’IKEA à Erfurt.
Depuis septembre 2003, NeCoSS fait circuler cinq fois par semaine des trains directs
de Brême via Dortmund et Duisburg à Stuttgart/Kornwestheim et de Brême via Schweinfurt à
Nuremberg. Pour les clients de Stuttgart, l’arrêt à Duisburg permet une meilleure desserte des
ports de Rotterdam, Amsterdam et Anvers. A Brême, tous les trains sont raccordés
directement au Neutral Triangle Train (NTT 2000) qui circule entre Brême et plusieurs
terminaux de conteneurs à Hambourg et à Bremerhaven. De plus, un autre train dessert trois
fois par semaine la plate-forme logistique d’Erfurt. 23
20
Neues Zugsystem NeCoSS geht an den Start, www.mylogistics.net/de/news/themen/key/news26531/jsp,
04/03/2004
21
Güterfernverkehrssystem NeCoSS wird weiter ausgebaut,
www.mylogistics.net/de/news/themen/key/news29825/jsp, 04/06/2002
22
NeCoSS bindet dritten ostdeutschen Hafen an, www.mylogistics.net/de/news/themen/key/news31889/jsp,
24/07/2002
23
NeCoSS ab 1. September mit mehr Direktverbindungen,
www.mylogistics.net/de/news/themen/key/news48542/jsp, 28/08/2003
• Polzug :
L’entreprise Polzug a été fondée par HHLA, Deutsche Bahn et PKP (la société de
chemin de fer polonaise). Elle assure la desserte des ports maritimes de Bremerhaven et
Hambourg en reliant par des trains complets sept terminaux intérieurs en Pologne
(Pruszkow/Varsovie, Gadki/Posen, Slawkow/Katowice, Breslau, Danzig, Gleiwitz et Lodz).
A partir de ces terminaux, Polzug dessert des centres économiques dans d’autres pays de
l’Europe de l’Est et en Géorgie, en Azerbaïdjan, en Arménie et en Asie centrale. Polzug
propose toutes les prestations habituelles autour des conteneurs, y compris les transports
routiers en amont et en aval du transport ferroviaire. Elle assure le transport ferroviaire
transfrontalier, stocke des conteneurs, et si nécessaire, elle se charge de la réparation et de
l'entretien des conteneurs ainsi que de leur location. En 2002, environ 67 000 EVP ont été
transportés par Polzug.25 Parmi les plus importants produits d'exportation, en provenance de la
Pologne par l'intermédiaire des ports de Brême, figurent la viande, les matières plastiques, les
produits en cuivre, les marchandises de forge, les machines tandis que parmi les produits
d’importation les fruits méditerranéens et tropicaux, le café, le bois de construction, les
vêtements, les produits électroniques ainsi que les automobiles sont les plus importants.26
• Metrans :
En 2002, environ 100 000 EVP ont été transportés entre Hambourg et Prague et 30
000 EVP entre Bremerhaven et Prague.27
En plus des entreprises citées plus haut, d’autres opérateurs et sociétés de chemin de
fer pratiquent le transport combiné :
RAG Bahn und Hafen organise des transports de marchandises en vrac secs et
liquides, conformément à la réglementation relative aux produits dangereux. L’opérateur
effectue également des transports de marchandises conventionnels et de conteneurs en
s’appuyant sur son réseau ferré particulier d’une longueur de 286 km et en intégrant les
réseaux d’autres transporteurs ferroviaires, dont celui de la Deutsche Bahn. Le nombre de ses
clients s’élève à 50. En 2002, RAG Bahn und Hafen a réalisé 787,4 millions de tonnes
kilomètres et un chiffre d’affaires de 36,9 millions d’€.30
Connex Cargo Logistics est la filiale de Connex spécialisée dans le transport de marchandises.
En Allemagne, elle est représentée par douze filiales : NeCoSS (qui a fait l’objet d’une
présentation) BCB (Bayerische CargoBahn GmbH), FVE (Farge-Vegesacker Eisenbahn
27
SGKV (2002), p. 22
28
SGKV (2002), p. 23
29
Rail4chem Eisenbahnverkehrsgesellschaft mbH, 3 Jahre erfolgreich am Markt und auf der Schiene, Essen,
2004, 12 pages
30
www.rag-logistik.de/portraet/dport103.htm, 16/07/2004
Railog est un groupe d’entreprises qui a été fondé par Stinnes AG et Deutsche Bahn
AG en 2001. En 2002, Railog Deutschland a réalisé un chiffre d’affaires de 45 millions d’€. Il
s’est imposé comme prestataire logistique en intégrant le transport ferroviaire pour des
relations entre l’Allemagne du Nord/du Sud et l’Italie, en desservant les terminaux du
transport combiné à Bâle, Brême, Dörpen, Ludwigshafen, Munich et Nuremberg,
Domodossola, Milan/Busto Arsizio et Vérone. Parmi les produits transportés figurent les
produits blancs et bruns, les produits alimentaires, les meubles, le papier, l’acier et d’autres
métaux. Railog récupère et distribue les caisses mobiles et les conteneurs directement chez les
clients, par camion. En 2001 et en 2002, sa seule activité a permis de transférer environ 20
000 camions sur le rail.
D’autres opérateurs tels que RTT/IKEA Rail et ABX Logistics travaillent dans le
domaine des biens de consommation. DLC/HUPAC organisent des transports pour desservir
les ports de la mer du Nord. SRC (Swiss Rail Cargo)/Shortlines effectuent des liaisons sur
l’axe Italie–Suisse–Allemagne–Pays-Bas. MarCo a été fondée par la DB Cargo et Contship
Italia, en 2002, pour exploiter l’axe Italie-Suisse-Allemagne. NVAG (Nordfriesische
Verkehrsbetriebe AG) concentre son activité sur l’Allemagne du Nord.
Il faut également citer la coopération avec les entreprises ferroviaires qui sont
responsables de la traction et qui conduisent les trains. Puisque la Deutsche Bahn a souvent
fait circuler des trains à ses propres risques, on remarque qu’elle cherche, depuis quelques
années, à se prémunir contre des difficultés économiques en vendant de plus en plus souvent
des trains entiers ou des systèmes de trains. La Deutsche Bahn détient même une part
importante du capital de la société Kombiverkehr, qui achète des trains en bloc auprès de la
Deutsche Bahn et qui les commercialise indépendamment. On constate aussi que les
opérateurs, suite à l’ouverture du réseau ferroviaire à d’autres entreprises, ont commencé à
former leurs propres sociétés de transport ferroviaire dans le but d’assurer eux-mêmes la
traction. Même si ces entreprises ferroviaires privées sont encore au début de leur
développement, ceci signifie pour la société des chemins de fer nationale une augmentation de
la pression concurrentielle. Elle devrait l’inciter à veiller sur la qualité de ses propres
prestations.
En outre, la coopération entre les opérateurs s’est énormément développée. Elle est
surtout nécessaire pour les transports internationaux. Ces derniers sont organisés et
commercialisés, selon les axes, par les deux ou trois opérateurs concernés, de terminal à
terminal. La coordination est fixée par des accords bi- et trilatéraux ainsi que par le biais de
groupes de travail. En principe, les opérateurs achètent en commun les capacités ferroviaires
qu’ils commercialisent ensemble. Chacun des opérateurs est responsable du traitement de sa
part « nationale ». Ces dernières années, les opérateurs sont de plus en plus tenus à coopérer
entre eux, coopération nécessaire pour équilibrer les risques économiques desquels se
décharge, par exemple, la Deutsche Bahn sur les opérateurs en leur vendant des trains entiers
en bloc, et en leur laissant le risque de commercialiser ces capacités. Aujourd’hui, la
collaboration entre opérateurs comprend aussi l’échange de capacités.
3. Les terminaux
32
Bahn ordnet Betriebsführung von Umschlagbahnhöfen neu,
www.mylogistics.net/de/news/themen/key/news37777/jsp, 16/12/2002
33
La DUSS a été fondée en 1982 par la Deutsche Bahn, Transfracht et Deutsche Gesellschaft für kombinierten
Güterverkehr mbH pour exploiter, planifier et construire des terminaux du transport combiné rail/route et des
installations du transbordement utilisées dans le transport par route roulante.
Terminal DUSS
Autoroute ferroviaire
La Deutsche Bahn semble avoir reconnu que le transport combiné est un segment de
marché très important. La restructuration de la DUSS devrait permettre une réduction du
nombre d’interfaces et faciliter l’utilisation des installations. Par la suite, les relations des
partenaires seront réorganisées. Jusqu’à présent, la DB Netz AG et Kombiverkehr GmbH &
Co. KG détenaient chacune 50 % des parts de la société. Désormais, la DB Cargo y aura une
participation. La part de la DB Netz AG s’élève aujourd’hui à 75 % et celles de DB Cargo
(Stinnes Intermodal) et de Kombiverkehr à 12,5 % chacune. Il est prévu de garder tous les
emplacements de gares de transbordement et de poursuivre les projets d'investissement. En
2003, la DUSS a réalisé, avec ses 430 employés, un chiffre d’affaires de 24 millions d’€.34
34
www.duss-terminal.de, 16/07/2004
Pour mieux commercialiser ses prestations, Transfracht différencie ses tarifs. Ils sont
variables. Le prix prend en compte la relation, le volume de transport, l’exclusivité et la durée
du contrat. Aussi, il existe une offre last minute (réservation pendant les dernières 24 h avant
le départ, lorsque les capacités sont encore disponibles) ainsi qu’une offre stand-by (où le
client laisse à Transfracht la flexibilité de choisir l’heure exacte de départ des conteneurs au
35
Klotz (2004a), p. 7
36
Klotz (2004a), p. 7
37
Klotz (2004a), p. 7
38
SGKV (2002), p. 21
Au début des années 1990, le principe mis en place était de couvrir tout le territoire
national par des terminaux de transport combiné, tandis qu’aujourd’hui on préfère se
concentrer sur les trafics importants (cette tendance à la concentration s’observe, d’ailleurs,
aussi dans d’autres pays comme en France). Ce changement résulte de problèmes qui se sont
révélés au cours de ces dernières années. Compte tenu de la nécessité de construire
rapidement un réseau de terminaux de transport intermodal, à l’époque, la Deutsche Bahn
avait préféré utiliser ses propres terrains afin d’éviter les longues procédures administratives.
Toutefois, certains terminaux construits ou élargis situés à proximité des centres villes posent
plusieurs problèmes : le bruit, la concentration des transports le matin et le soir et le manque
d’espace pour leur agrandissement. Aussi les terminaux confrontés à de tels problèmes ne
pourront pas faire face aux exigences croissantes du transport intermodal.43 Pour cette raison,
une partie des premiers terminaux construits a déjà été fermée (comme Munich-Arnulfstrasse,
Mannheim R-Bahnhof).
Selon une enquête menée auprès des sociétés de développement des plates-formes
logistiques, les coûts d’investissement par terminal varient entre 3 et 40 millions d’€ et
s’élèvent en moyenne à 13 millions d’€. Au printemps 2000, le degré d’utilisation moyen était
de 53 %. Il a varié entre 25 % et 93 %, ce qui montre bien que quelques terminaux n’ont pas
encore réussi à attirer une demande suffisante.44 Il est difficile de trouver des chiffres récents
sur le degré de chargement des terminaux. Il est vrai que certains d’entre eux, comme celui de
Brême II, fonctionnent très bien. Depuis la fondation de cette plate-forme logistique en 1985
et jusqu’en 2000, environ 175 millions d’€ ont été investis. 69 firmes employant 3 000
personnes se sont installées autour du terminal privé du transport combiné. Mais, dans
d’autres cas, on s’interroge sur la justification réelle des investissements et on se demande
s’ils pourraient un jour être rentabilisés.
42
Nestler; Nobel (2003)
43
Seidelmann (2002), p. 302-303
44
ISL (2000), Tableau 5-22, p. 5-26
45
BMVBW (2001), p. 30
5. Les aides
En ce qui concerne le transport combiné par voie d’eau, une étude a analysé pour deux
liaisons (deux bateaux différents et un chargement mixte de conteneurs et de caisses mobiles),
les avantages économiques par rapport à un transport routier.51 Dans ces hypothèses, les coûts
du transport combiné par voie d’eau (en incluant l’acheminement par camion et le
transbordement des unités de chargement) sont nettement supérieurs à ceux du transport
46
BMVBW (2001), p. 30
47
ISL (2000), chapitre 2.2.
48
Wilcke (2003), p. 158
49
Schulz (2002), p. 147
50
ISL (2000), tableau 5-22, p. 5-26
51
Il s’agit des relations Emmerich–Ludwigshafen et Rotterdam–Basel, en supposant un degré de chargement de
70 %. Pour plus de détails concernant les bateaux et le chargement ainsi que les calculs et les résultats: Renner
(2003), p. 43-45.
En août 1997, l’Etat a accordé environ 83 millions d’€ à la Deutsche Bahn pour le
financement de six autres gares de transbordement du transport combiné :
Des terminaux construits par des opérateurs privés (ce qui est particulièrement le cas
dans le transport fluvial) peuvent être financés jusqu’à 80 %, selon les principes et les
conditions définies par la « Directive sur le financement de terminaux de transbordement du
transport combiné »54. Une première version de la directive est mise en vigueur depuis 1998,
grâce à laquelle environ 183 millions d’€ ont été accordés pour financer 32 projets. Par la
réalisation de ces projets, on attend un transfert annuel de 9 millions de tonnes de fret de la
52
BMVBW (2001), p. 31
53
BMVBW (2001), p. 32
54
Richtlinie zur Förderung von Umschlaganlagen des Kombinierten Verkehrs
55
Schulz (2002), p. 147
56
BMVBW (2001), p. 32
57
Schulz (2004), p. 3
58
Richtlinie zur Förderung des Neu- und Ausbaus sowie der Reaktivierung von privaten Gleisanschlüssen
La durée du programme est fixée à cinq ans, 32 millions d’€ lui sont attribués chaque
année. Le ministère des transports attend un transfert d’environ 40 millions de tonnes ou de
10 milliards de tonnes kilomètres, par an, de la route vers le rail.
Les aides au démarrage seront attribuées pour une durée maximale de trois ans et pour
un taux maximum de 30 % des frais opérationnels d’un nouveau service. Ces frais
comprennent :
― le prix du loyer, les frais de leasing et les charges d’amortissement pour des unités de
chargement intermodales (du montant des coûts supplémentaires) et pour des véhicules
sur rails, des bateaux de navigation intérieure et des navires maritimes ;
― les coûts pour l’utilisation des infrastructures ferroviaires et de la navigation
intérieure/maritime ;
― les coûts pour l’usage commercial de solutions et de systèmes logistiques innovants du
traitement de l'information ;
― les frais pour la formation du personnel relatif à un projet et à la diffusion des résultats du
projet ;
― les dépenses pour des mesures visant à informer les utilisateurs potentiels sur de nouvelles
offres du transport combiné ;
― les coûts d’exploitation directement liés à la réalisation d’un service (personnel,
maintenance, moyens de consommation courante).
59
Richtlinie zur Förderung neuer Verkehre im Kombinierten Verkehr auf Schiene und Wasserstraße
De plus, d’autres mesures en faveur du transport combiné ont été prises telles que :
― le développement et l’agrandissement des plates-formes logistiques
― le développement de réseaux nationaux et internationaux par des opérateurs du
transport combiné
― des investissements pour améliorer la qualité du transport ferroviaire
― des investissements dans les infrastructures du transport fluvial, par exemple,
pour éviter des problèmes résultant de la hauteur insuffisante des ponts qui
empêche de stocker des conteneurs sur deux ou trois étages.
― le développement de normes techniques, par exemple, pour remédier à un grand
obstacle au développement du transport combiné par voie d’eau liée au fait que les
caisses mobiles (surtout celles utilisées dans les transports intérieurs) ne soient pas
empilables.61 Une étude a été réalisée avec comme objectif d’évaluer le potentiel
du marché des caisses mobiles empilables, dans le transport fluvial, et d’organiser
une période d’essai.62
6. Les perspectives
La situation actuelle est caractérisée par une concurrence forte dans le transport
routier, profitable aux chargeurs. Cette forte concurrence a des conséquences néfastes pour les
trafics combinés. C’est pourquoi la mise en œuvre d’une politique de soutien s’avère difficile.
Son succès dépendra de la volonté et de l’engagement de tous les acteurs, qu’ils soient des
entreprises industrielles et commerciales en tant que chargeurs, des opérateurs du transport
intermodal ou des entreprises ferroviaires en tant que tractionnaires. Une mesure importante
semble être prise par le ministère des transports en prévoyant le remboursement des
subventions payées en cas d’échec d’un projet financé par l’Etat, ou même en reliant les aides
financières au transfert de trafic (c'est-à-dire une subvention en fonction du nombre de tonnes
ou de tonnes kilomètres transférées). Cette mesure renvoie à un aspect qui a été peut-être trop
longtemps négligé : la responsabilité de tous les participants en tant qu’entrepreneurs.
Les élasticités obtenues par GTM proviennent de simulations élaborées avec un modèle
des réseaux multi-modaux européens de transport de marchandises avec différents paramètres
de coût et avec les dix catégories de marchandises NST-R. Les réseaux belges (très denses)
des chemins de fer, des routes et des voies navigables sont insérés dans les réseaux
correspondant de l’Europe occidentale (moins denses) de la Scandinavie à l’Espagne, de
l’Italie et de la Grèce. Ils constituent un système d’information géographique (SIG) opéré par
un software NODUS65 développé par Jourquin (1995), qui prend en compte séparément
chaque opération de transport (chargement, déchargement, transit, transfert, etc.) et son coût
par l’entremise d’arcs virtuels. Il permet une analyse approfondie par simulation de
l’intermodalité et des substitutions des modes. Dans le cas présent, les dix matrices d’origines
et destinations sont composées de tous les flux domestiques de la Belgique, des importations
et exportations en provenance et à destination de l’Europe occidentale, ainsi que des flux de
transit à travers le pays.
Les simulations réalisées pour différents niveaux de coûts permettent de calculer des
élasticités directes et croisées de la demande de transport par rapport à son coût. Les
élasticités présentées ici se rapportent uniquement aux flux réalisés sur le territoire belge.
Cependant, elles tiennent compte de l’accessibilité de tous les réseaux aux origines et
destinations en Europe occidentale.
Ces élasticités ne sont pas calculées par des méthodes économétriques habituelles mais
par des simulations qui optimisent les choix de modes et des accès à un réseau. Les
affectations des flux sur le réseau qui en résultent peuvent être considérées comme des
demandes pour les divers modes et moyens de transport selon deux hypothèses : que les
expéditeurs minimisent leurs coûts généralisés, et que les tarifs proprement dits (non connus)
sont en relation étroite avec les coûts des opérations de transport, du moins à la marge pour
65
Voir aussi Jourquin and Beuthe (1996), et Jourquin (1998), le rapport D5 du programme de recherche
TERMINET de la Commission Européenne.
Les élasticités croisées indiquent que les modes sont substituables dans tous les cas,
mais elles ne sont pas toutes symétriques : celles du rail sont plus grandes que celles de la
route et de la navigation intérieure, tandis que ces dernières sont plus grandes que celles de la
route. Ainsi, la demande du rail apparaît plus sensible aux variations des coûts des autres
modes. Précisons, par ailleurs, que les variations du temps de transport n’ont qu’un faible
impact sur la demande. Ceci s’explique par le fait que seul le coût financier du temps de
transport est pris en compte, non sans impact sur la chaîne logistique complète des firmes.
Les élasticités des différentes marchandises varient beaucoup pour les raisons
exposées ci-dessus. Pour la route, la plus élevée est celle des produits pétroliers (3)
transportés sur de courtes distances, un marché où le transport par voie d’eau est compétitif,
comme le montre sa forte élasticité croisée par rapport à la route. La plus petite élasticité de la
route est celle des carburants solides (2) sur de longues distances, pour lesquelles le camion
n’est pas du tout compétitif. Par conséquent, les élasticités croisées correspondantes sont
toutes nulles (à deux décimales). Sur ce marché, le fer et la navigation se concurrencent,
comme l’indiquent leurs fortes élasticités.
La demande la plus élastique pour le rail est celle des produits agricoles et du bétail
(0), dont la part de marché est très petite, tandis que celle des engrais (7) sur courtes distances
est la moins élastique en dépit d’une part de marché assez faible. En fait, le rail est assez
compétitif sur ces marchés.
Quant à la navigation intérieure, l’élasticité des produits sidérurgiques (5) est la plus
forte, car il y a une réelle possibilité de substitution avec le chemin de fer pour les transports
entre les sites sidérurgiques et les ports ; ceci est révélé par les élasticités importantes entre
ces deux modes sur les courtes distances. En revanche, l’élasticité des produits agricoles et du
bétail (0) est très faible pour la navigation intérieure ; ceci n’est pas surprenant car ce mode ne
convient pas pour ce type de transport. Cependant, l’élasticité par rapport aux engrais sur de
longues distances est encore plus petite.
Il n’est pas sans intérêt de comparer ces résultats à ceux obtenus par une autre étude,
plus ancienne. Une analyse des séries temporelles des tonnes-kilomètres réalisées sur la
période 1970 - 1989 avait permis d’estimer les élasticités des demandes de transport par
• La première catégorie de coûts varie, à l’évidence, avec les conditions du transport, c’est-
à-dire la nature de la marchandise, le mode choisi, les opérations de
chargement/déchargement nécessaires, etc. Etant donné ces circonstances, ces coûts
dépendent de la marchandise transportée, notamment de sa valeur et de sa nature (produit
frais, dangereux, etc.). Sur une base annuelle, ils sont généralement proportionnels au
volume d’un envoi et au nombre d’expéditions sur une année.
• Le coût financier des marchandises durant le transport dépend de la valeur du fret, du taux
d’intérêt et du temps de transport. On peut combiner ce coût avec celui de la perte de
valeur d’un bien durant l’acheminement.
• Le stockage au point de livraison est le plus souvent cyclique, puisque les compagnies
passent normalement des commandes qui satisfont leurs besoins pour une certaine période
(sauf dans le cas de livraisons en ‘just-in-time’). Ainsi, les stocks doivent suivre un cycle,
augmentant au moment de la livraison et décroissant progressivement jusqu’à l’arrivée de
la livraison suivante. Lorsque la marchandise est utilisée à un rythme constant, le niveau
de stock correspond donc à une série de triangles rectangles. Le coût de ce stockage est
alors égal à la moitié du coût de garder en stock la valeur d’une livraison. Ce coût dépend
donc de la valeur unitaire du bien, du taux d’intérêt et des autres coûts associés à ce stock
(assurance, espace occupé, etc.). Plus le volume de livraison est faible, plus le coût du
stock cyclique est réduit.
• Un stock supplémentaire de sécurité est aussi nécessaire car la demande ou l’utilisation
peut très bien être irrégulière, de même que les délais de livraison. Le niveau de ce stock
dépend de la demande ou du processus de production au lieu de livraison, du niveau de
risque d’inventaire insuffisant que l’on est prêt à prendre et/ou de la politique de
marketing adoptée. Il varie aussi selon le mode ou du moyen de transport utilisé. Tout
comme le stock cyclique, il est fonction de la valeur du bien, du taux d’intérêt et du coût
d’assurance.
• A tous ces éléments qui sont relatifs au transport vers le destinataire, on peut encore
ajouter l’équivalent des coûts du stock cyclique et du stock de sécurité au lieu d’origine,
qui dépendent essentiellement du processus de production et des mêmes facteurs cités ci-
dessus.
Il est clair qu’en ne considérant que les coûts du transport proprement dit, la route ne
peut concurrencer la voie navigable. Toutefois sur la base de ces données il est possible de
calculer le coût logistique total :
On observe ainsi que, pour ce transport, la solution de la voie navigable est moins
avantageuse à cause des coûts logistiques supplémentaires. Ces coûts résultent de la valeur
assez élevée de ces marchandises, de la taille substantiellement plus grande des expéditions
par bateau (ce qui augmente le volume du stock cyclique), ainsi que de la durée de transport
qui accroît non seulement le coût du stock en transit mais aussi celui du stock de sécurité.
En revanche, si la valeur de la marchandise est inférieure ou égale à 50 €, la voie
navigable est de 17% moins chère que le transport routier. En fait, les coûts des deux modes
seraient égaux dans ce cas, pour une valeur de 550 €.
Comme mentionné ci-dessus, la taille des expéditions importe aussi, de sorte que le
choix du moyen de transport et de sa capacité (par exemple un grand ou un petit bateau) peut
faire une différence.
Les coûts ‘ fixes’, bien sûr, jouent également un rôle, car ils comprennent, entre autres,
le coût de l’infrastructure nécessaire et de son équipement, ainsi que les autres coûts de
transbordement. Dans le cas particulier étudié par Vernimmen et Witlox (2003), si le
destinataire n’avait pu bénéficier d’une subvention accordée par le programme 80/20 de la
Région Flamande pour les frais d’infrastructure, le coût ‘fixe’ aurait été augmenté de 0,47 €
par tonne. En général, les coûts de transbordement d’un mode à l’autre constituent un
66
Pour des analyses empiriques sur cette problématique, voir, notamment, Beuthe et al., 2001 (pour le cas de la Belgique),
ainsi que Arnold et al., 2003 (pour le cas de l’Espagne).
2. Les opérateurs
La plus grande partie du transport intermodal rail-route belge est réalisée par trois
compagnies : TRW, Interferry Boats (IFB) et Intercontenair-Interfrigo (ICF).
IFB est un opérateur contrôlé par les Chemins de fer belges (SNCB), qui possèdent
89% du capital. Il collabore étroitement avec B-Cargo, la branche marchandises de la SNCB.
Il gère quatre terminaux de chemin de fer à Anvers, celui de Renory à Liège, ainsi que le Dry
Port Muizen, et la plaque tournante du réseau ferré « North European Network (NEN) », dont
il est un partenaire important. Ses terminaux ont manutentionné 400 000 unités en 2002. A
côté de ses activités traditionnelles de transport de vrac, IFB a décidé de se spécialiser dans le
transport de conteneurs sur courtes et moyennes distances. IFB organise 8 000 trains par an,
qui ont transporté, en 2002, 1.500.000 tonnes de fret conventionnel et 400 000 TEU. De plus,
680.000 UTI ont été transportés par des partenaires comme CNC, TRW, etc.
Les principaux hubs du NEN sont Anvers, Duisburg et Lyon, tandis que Rotterdam,
Dourges et Marseille sont des hubs régionaux. Ce réseau est complété par des terminaux à
Athus, Mouscron, Charleroi, Dunkerque, Zeebrugge, Born et Liège. Le réseau assure aussi
des transports réguliers vers Manchester et Birmingham. L’ensemble est organisé autour du
terminal central de Muizen (près de Malines) où les trains sont triés et assemblés. Un trafic
important est réalisé par des trains-bloc qui font la navette entre Zeebrugge et Anvers, ainsi
qu’entre Anvers et Rotterdam pour acheminer et répartir les conteneurs qui sont chargés ou
déchargés des bateaux qui ne s’arrêtent qu’à un port. Ce trafic est assez bien équilibré entre
les ports, ce qui est favorable à l’exploitation des navettes ferroviaires. Notons cependant
qu’une partie de ce trafic entre ports est également assurée par barges et par route. Le réseau
NEN est spécialisé dans le transport de conteneurs maritimes.
Aussi, IFB vient de lancer sous le nom de NARCOM une série de navettes
quotidiennes directes entre le nouveau « main hub » d’Anvers et les terminaux ferroviaires de
3. Les terminaux
Voici la liste des principaux terminaux belges. Les gares de marchandises ainsi que les
centres de distribution routiers ne sont pas inclus.
• Haven Genk
Terminal tri-modal, il est situé sur le canal Albert, au nord de Liège. Il dispose de 1 000 m de
dock et de 500 m de quai, ainsi que d’une surface de 40 ha. Il assure un transport quotidien
par barges vers Anvers, et deux fois par semaine vers Rotterdam. Par chemin de fer, il
propose tous les jours une liaison vers l’Italie et une navette vers Zeebrugge, ainsi que trois
départs par semaine vers Metz-Sablon. Le terminal traite les conteneurs (66.000 TEU, dont la
moitié par la voie navigable) mais aussi le vrac (principalement du charbon et des minerais
pour l’industrie sidérurgique locale). Il est équipé d’un « gantry crane » (portique) de 50
tonnes et de trois « reach stackers » (chariots élévateurs). Il se développe également en centre
logistique intégré.
• WCT-Terminal à Meerhout
C’est un terminal privé, bi-modal route/voie navigable, situé à 50 km d’Anvers sur le canal
Albert. Il dispose d’un quai de 350 m de long, et occupe une surface totale de 35 ha. Sa
capacité est de 200 000 TEU. En 2003, il a traité 135 000 TEU. Il propose six départs par
semaine vers Anvers et trois vers Rotterdam. Une liaison avec le rail est envisagée.
• Garocentre
Situé près de La Louvière, Garocentre est une plate-forme routière qui doit bientôt devenir un
terminal route/voie navigable. Une liaison ferroviaire est également à l’étude.
• Terminal de Athus
Terminal de Athus est situé à l’extrémité sud de la Belgique, à proximité de l’Allemagne, de
la France et du Grand Duché de Luxembourg. Ce terminal rail/route est spécialisé dans la
redistribution de conteneurs dans un rayon de 300 km. Il est en liaison quotidienne avec
Anvers.
• Terminal de Châtelet
Il est en liaison ferroviaire quotidienne avec Anvers. Situé près de Charleroi sur la Sambre, il
est actuellement exploité en terminal tri-modal. Il reçoit environ 1 000 conteneurs par mois.
Pour le rail, il faut mentionner une série de facteurs qui augmentent les temps de transport et
réduisent la fiabilité du transport ferroviaire :
- la priorité accordée au transport de passagers ;
- l’allocation non-exclusive des locomotives et des conducteurs au transport de
marchandises ;
- les grèves qui désorganisent les chaînes logistiques ;
- les distances parfois courtes en transport national ;
- les standards techniques différents sur les divers réseaux (écartement, électricité,
communication, conventions opérationnelles) qui imposent des ajustements, des
changements de locomotives et de conducteurs aux frontières ;
- les gabarits des tunnels et la hauteur des caténaires, qui empêchent d’embarquer des
conteneurs sur deux niveaux ;
- les wagons qui ne sont pas toujours bien adaptés aux conteneurs et aux caisses mobiles ;
- les voies et quais qui limitent la longueur des trains ;
- les changements de conducteurs imposés par des règles l’emploi de la main-d’œuvre ;
- l’absence de rentabilité des transports sur courte distance en l’absence de flux très
significatifs ;
- les opérations de triage des wagons;
- la gestion non-autonome du secteur de marchandises par les chemins de fer ;
- l’absence de suivi télématique des envois durant le transport ;
- la mauvaise intégration dans les chaînes logistiques ;
- la culture des chemins de fer comme service public avec une obligation de moyens mais
pas de performance ou de résultats (absence d’esprit commercial et de service pour la
clientèle, coopération difficile avec les autres modes).
5. La politique de financement
En Belgique, il n’y avait pratiquement aucune politique destinée à promouvoir le
transport intermodal. A partir de 1998, la Région Flamande a mis en place une politique de
subventions pour la construction de quais le long des voies d’eau. Ce programme de
partenariat public-privé prévoit que la Région Flamande finance 80% de l’infrastructure,
tandis que le partenaire privé paye le solde. La superstructure nécessaire à l’exploitation
(grues, hangars, etc.) doit être financée par le partenaire privé. Au total, la participation de la
Région est limitée à 50% de l’investissement total. Le partenaire privé peut utiliser le quai
contre une redevance67. Il doit par ailleurs garantir un tonnage minimum transporté par barge.
La Région Flamande reste propriétaire du quai. Ce programme connaît un succès important
auprès de l’industrie si bien qu’en mars 2004, 92 demandes avaient été approuvées
correspondant à un trafic potentiel de 100 millions de tonnes en dix ans, alors que le tonnage
total chargé et déchargé sur le réseau flamand en 2002 était de 34 millions de tonnes. En
février 2004, 37 quais étaient déjà en service (Le Lloyd, 27 mars 2004).
En revanche, la Région Flamande prend entièrement à sa charge les investissements
d’accès maritimes des ports, notamment ceux des écluses nécessaires. Elle a également réduit
substantiellement (90%) les droits de navigation fluviale depuis 2004.
Elle s’efforce par ailleurs d’élaborer un plan de développement de terminaux et de
plate-formes tri-modales, qui seraient favorables à l’établissement de centres de distribution
européens. Toutefois, aucune stratégie n’est encore bien définie, même si divers
investissements soutenus par les pouvoirs publics sont réalisés. Dans le cadre d’un
programme « Objectif 1 » de l’Union européenne visant à développer la province du Hainaut,
il a ainsi été décidé de soutenir le raccordement de Garocentre (une plate-forme autoroutière
près de Mons), à la voie d’eau ainsi qu’au chemin de fer. Un soutien a aussi été attribué au
terminal tri-modal de Châtelet, près de Charleroi.
Récemment, le gouvernement fédéral a accordé une aide forfaitaire de 30 millions
d’euros à la SNCB, pour soutenir le transport intermodal.
67
Redevance de 0,02 Euro par tonne dans un cas étudié par Vernimmen et Witlox (2003).
1. Le trafic
140,0
120,0
100,0
Route
Mds tkm
Rail
80,0
Conduites
Maritime domestique
60,0
40,0
20,0
0,0
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
00
01
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
20
20
Le transport intermodal n’a pas encore fait l’objet d’une enquête spécifique. Seul
l’opérateur ferroviaire RENFE distingue le transport de conteneurs acheminés par ses trains
(graphique 3). Ces données sont comparées à la somme des trafics ferroviaire et routier
(graphique 2). On observe que le trafic ferroviaire conteneurisé représente entre 2,5 et 3,5%
du transport terrestre.
3,5%
3,0%
2,5%
2,0%
1,5%
1,0%
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
8000
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Graphique 4. Répartition du transport ferroviaire combiné (par conteneurs), par type de trafic
(en milliers de tonnes), de 1995-2003
9000
8000
7000
6000
I nt ér i eur
4000 M ar i t i me
3000
2000
1000
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
12000
10000
8000
Cai sses
4000
2000
0
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Source : UIRR.
Source : RENFE
Source : RENFE.
L’étude de la Fundación Cetmo, réalisée en 1999, reprend une analyse SWOT, des
points forts et des points faibles, des opportunités et des risques du développement du
transport combiné rail-route en Espagne. Elle présente les résultats suivants :
Une étude réalisée en 2002, dans le cadre du projet Road to Rail69, propose cinq
mesures afin de faciliter le transfert des marchandises de la route vers le fer :
68
Cette association, au sein de la patronale ASTIC, regroupe 24 entreprises de transport routier utilisant le
transport combiné.
69
Generalitat de Catalunya, DG Ports i Transports : Estudi de possibles trasbalsaments de mercaderies de
la carretera al ferrocarril a Catalunya, février 2002, réalisé par T&E.
Conclusion
Après avoir connu une forte croissance entre 1993 et 1997 (+64% de t.km), le
transport combiné français a un trafic irrégulier, une évolution qui le distingue de ses pays
voisins. Après avoir réalisé un maximum de 14 milliards de tonnes-kilomètres, le trafic est
retombé à 11 milliards de tonnes-kilomètres en 2003 et risque de passer sous le seuil des 10
millions en 2004. Ce document a pour objet de chercher à comprendre les freins qui
ralentissent le système national et de faire le bilan des actions entreprises ces dernières
années, en faveur de cette technique de transport. Les réflexions développées se sont inspirées
d’études approfondies. Elles s’efforcent de justifier ce diagnostic de blocage dont rendent
compte les statistiques70. Elles ont été complétées par divers entretiens et une revue de presse
importante.
1. Le trafic
70
voir bibliographie. Pour les analyses les plus détaillées, on peut renvoyer au document du Commissariat
Général du plan, rapport Matheu (déc. 2003) et au rapport d’étude pour l’Adème réalisé par Jonction (Cret-Log).
71
Chiffres avancés dans le rapport Matheu. Un calcul à partir des données brutes du Ministère de transports pour
les trafics donne pour 2002 4,75% pour le transport combiné avec les oléoducs et 5,2% sans, soit une évaluation
plus importante que celle du rapport.
1,46
1,36
1,26 Cemat
CNC
1,16
Hupac
1,06 Kombiverkher
Novatrans
0,96
Okombi
0,86 moyenne
0,76
0,66
1998 1999 2000 2001 2002
La structure des trafics peut expliquer une partie de cette évolution. Le trafic français
est réalisé à 40% sur le territoire national (alors que l’évolution est plus favorable à
l’international). L’autoroute ferroviaire reste embryonnaire alors qu’elle représenterait près de
20% des trafics du TC dans le reste de l’Europe. Par ailleurs, le développement du trafic
portuaire de conteneurs a connu une croissance plus faible que dans les autres ports européens
concurrents, trafics pour lesquels la part de la traction terrestre ferroviaire est sous-
représentée. L’évolution globale des tonnages cache enfin un profond renouvellement de la
clientèle (surtout du fait de quelques gros chargeurs) : il y a quelques années, le tiers du trafic
était assuré par la messagerie, cette clientèle représente aujourd’hui moins de 15% des
transports effectués.
Perçu d’abord comme une crise de croissance, le retournement s’est vite mué en crise
durable. Plusieurs causes peuvent être avancées :
- la crise conjoncturelle du secteur avec des effets de dégradation amplifiés ;
- la forte diminution des aides de l’Etat conduisant à un ajustement – l’assainissement
du marché s’inscrit dans un changement de la politique fret de la SNCF ;
- au-delà de ces évolutions, les experts évoquent des blocages structurels, qui, s’ils
n’avaient en leur temps pas empêché la croissance des trafics, l’avaient affectée de
manière sensible.
72
Rapport Jonction pour l’Ademe
73
La baisse du tonnage ne se traduit pas forcément sur la CA, ainsi pour 2003, la SNCF a connu une baisse de
8% en tonnage pour un CA constant.
Les flux internationaux se réalisent dans les échanges avec Italie, en dépit des services
très médiocres, d’une très faible évolution des échanges transalpins et malgré la longue
fermeture du tunnel du Mont-Blanc. Le percement du tunnel sous la Manche a dans un
premier temps eu un effet bénéfique sur les trafics avec le Royaume-Uni (405 Mtkm réalisés
en 2000). Mais il a été fortement perturbé dans son évolution en 2000 (migrations
clandestines à Calais) ce qui place finalement ce pays au même niveau que l’Espagne (474
Mtkm)74.
Le marché du TC est très segmenté, chaque relation étant un segment qui connaît des
évolutions très différenciées selon les échanges et la qualité de service. Une approche à partir
d’indicateurs globaux peut masquer de fortes progressions.
74
Pour plus de détail sur les trafics, on peut se reporter au rapport Matheu p.30 et suiv.
3.1 CNC
La CNC évolue beaucoup plus que les autres opérateurs sur un marché essentiellement
national. Après avoir connu une belle progression au cours des années 1990, elle est
aujourd’hui confrontée à de graves difficultés. La filiale de la SNCF a été particulièrement
touchée par le recul des trafics, lié à un tri sévère de sa clientèle pour en écarter les clients non
rentables. La situation semble alarmante à tel point que, dans la presse, on a pu évoquer le
rachat de son activité de conteneurs maritimes (oct. 2004). Ses liens avec la SNCF sont
étroits, tant pour l’héritage historique des nombreux chantiers que pour la restructuration
menée parallèlement à la recomposition du plan de transport de Fret SNCF. La CNC reste
discrète quant à ses statistiques qui ne sont pas accessibles. Une demande a été adressée à la
direction parisienne qui est restée sans réponse. La CNC disposait de nombreuses
implantations régionales et a opéré une sérieuse réduction territoriale de son offre en fermant
14 des 31 chantiers qu’elle gérait jusqu’en 2003.
CA UTI Résultats
2000
2001
2002 215 ME 608 000
2003 187 ME -8 ME
(Source : site Internet de l’entreprise, oct. 2004).
L’offre de TC a donc opéré une simplification sur quelques artères du réseau. Les
analystes parlent du «réseau squelette ». La philosophie qui prévaut pour le fret ferroviaire
semble s’appliquer ici aussi. Seuls les pôles économiques ayant une masse critique suffisante
sont encore reliés. Toutefois, l’organisation du plan de transport peut sembler atypique avec le
rôle du point nodal d’Ile de France qui accueille 19 liaisons pour seulement cinq liaisons
directes. Il faut en conclure que même avec ce recentrage, la CNC n’atteint pas les volumes
suffisants pour assurer plus de trafic. Le point nodal voit transiter plus de la moitié du trafic
(55% en 2003), à quoi s’ajoutent certains envois confiés par Novatrans. Les liaisons par trains
désignés comme « company’s train » correspondent à des trains complets affrétés par les
grands armateurs maritimes.
3.2 Novatrans
Cette entreprise de ferroutage est d’abord orientée vers le marché du transport routier
(230 clients routiers). 53% de son capital est détenu par des entreprises routières et 47% par
les acteurs ferroviaires (essentiellement SNCF Participations). Elle gère une vingtaine de
terminaux parfois conjointement avec la CNC. L’entreprise semble maintenir globalement son
trafic et conserve ses implantations. Localement, elle a été contrainte de réduire son offre
géographique qui reposait sur celle de la CNC, via le point nodal d’Ile de France.
3.3 Froidcombi
Froidcombi est une entreprise de transport combiné sous température dirigée qui
assure des liaisons à destination de Rungis depuis Avignon à travers Valenton (140km/h) et
3.4 Transfesa
Filiale de la RENFE, Transfesa est présente sur le chantier de Dourges pour assurer du
TC vers l’Espagne et entre la France et la Slovénie. Elle a effectué 33100 envois, en 2002.
Du fait des deux analyses très contrastées entre les chiffres avancés par la SNCF et les
récriminations des chargeurs, ne faut-il pas voir la différence entre la mise à disposition en
Même s’il porte en priorité sur le fret conventionnel, le Plan Véron de restructuration a
des impacts directs sur le TC. On peut noter que le plan de redressement de la CNC mis en
place fin 2003 coïncide avec la mise en œuvre du Plan Véron. Ainsi, certains chantiers « non
rentables » ont été fermés pour assurer la massification de l’activité sur quelques pôles
majeurs, parmi lesquels Orléans, Mulhouse, Nancy et les ports de Rouen, Dunkerque et de
Nantes. La SNCF s’inspire de la stratégie d’autres réseaux nationaux (Canada) qui ont
privilégié les « trains blocs » sur des distances supérieures à 600 km, trajets pertinents pour le
TC. Pour répondre à la recherche de massification, CNC et Novatrans ont réduit de 25% le
nombre de leurs trains, au premier semestre 2004, pour améliorer leurs coefficients de
remplissage. Les tractions partagées semblent avoir été abandonnées et l’amélioration du taux
de remplissage passe par la suppression de certaines liaisons. Une offre réduite doit assurer la
fiabilité et des prix compétitifs. Paradoxalement, cette politique a trouvé un assentiment
auprès des chargeurs du Groupement National du Transport Combiné.
Source : Le Rail avril 2004 (d’après une étude de la DAEI d’Alain Sauvant)
Une politique des prix, qui tend à écarter les trafics non rentables pour une
augmentation en moyenne de 4%, peut être un ajustement important (ce qui semble être le cas
pour le TC) puisque certains ont fait état d’une hausse à deux chiffres dans la presse. Pourtant,
selon une étude de la DAEI (A. Sauvant), le transport combiné serait rentable alors que les
wagons isolés seraient fortement déficitaires. Par ailleurs, en 2003, la SNCF a mis en place
une structure en principe dédiée au transport combiné : l’Entité de production et
d’optimisation du combiné, dont le centre de pilotage se trouve en gare de Lyon. Cette
structure gère 117 locomotives dédiées, avec le personnel de conduite correspondant, pour
80% des circulations nationales. Elle recherche un meilleur roulement des conducteurs et
dispose d’un suivi des circulations. La régularité (pour les trains concernés) atteint 91% sur le
parcours principal. Toutefois, la pratique du partage de moyens semble avoir la « vie
longue », ce qui peut conduire à des dysfonctionnements du service. La SNCF comme
tractionnaire se propose de « revenir au marché ». Elle rompt en cela la logique précédente
qui reposait sur les subventions de ce service public.
Aujourd’hui alors que les subventions directes et leur gestion lui échappent, la SNCF
se repositionne pour le TC sur certains pôles. Sur le trafic TC, la SNCF perdrait 140 millions
d’€ (hors résultat de sa filiale CNC dont le résultat d’exploitation –13ME) sur 250 millions
d’€ de CA. Elle réclame une augmentation des aides publiques, qui ne s’élèvent à présent qu’à
17 millions d’€. Elle refuse de remplir le rôle qui lui était implicitement assigné par l’Etat au
titre d’un service public. Comme pour le transport régional de voyageurs, la SNCF souhaite
Tous ces documents ont apporté des éclairages intéressants. Le rapport Matheu
(2003), outre son actualité, a l’avantage de faire le point sur les aides accordées au TC depuis
dix ans et de chiffrer leur efficacité. L’évaluation comparative et empirique prend toute sa
valeur dans la mesure où la puissance publique semble avoir mené une politique de soutien
tous azimuts comme si elle avait eu du mal à cerner le vrai levier de développement de ce
mode. 95% des aides ont été attribuées à la SNCF, sans qu’il y ait toutefois eu des résultats
probants.
75
Premières conventions entre Etat et opérateurs de transport combiné : premier versement base de 15 Euro le
« coup de pince » (manoeuvre chargement ou déchargement).Doit recevoir approbation de l’UE. Remplace aide
au TC qui était versée à la SNCF pour subvention des tractions des trains de TC (pleins ou vides). Aide versée
aux opérateurs (CNC, Novatrans) selon nombre d’unités multimodales (caisses mobiles ou conteneurs mises sur
train), exclusion des trafics de transit. Opérateurs assument risques liés à la commercialisation des trains et des
tractions achetées à la SNCF sur base forfaitaire.
L’argumentation d’une telle ambition est paradoxale. D’une part TLF l’imagine
comme une amélioration de la compétitivité des entreprises françaises de transport par rapport
à la concurrence étrangère. D’autre part, elle se base sur la technique du Modalohr et d’une
très large autonomie de gestion tant du personnel que du matériel. Si les études semblent ne
s’intéresser aujourd’hui qu’à la vallée du Rhône, voire à l’axe Lorraine-Languedoc, la
réflexion rejoint aussi celle de Lohr envisageant ainsi de mettre en place un réseau national
de ferroutage. Peut-être faut-il comprendre cela comme une anticipation de la libéralisation du
fret ferroviaire, en 2007. Cependant, pourquoi TLF qui appelait cette libéralisation de ses
vœux, soutient-il une telle démarche ? Est-ce l’aveu que la concurrence ne peut répondre à
toutes les exigences du transport ou la séduction d’un système neuf dédié et libéré des acteurs
historiques de la SNCF ?
Schéma maximal d’un réseau d’autoroute ferroviaire défendu par Philippe Essig, ancien directeur de la SNCF de
1985 à 1988, aujourd’hui conseiller de Modalor (novembre 2003, LVR, p.24).
500
400 TOTAL
en 1000 EVP
Rhin
300
Nord
200 Seine
100 Rhône
0
96
97
98
99
00
01
02
19
19
19
19
20
20
20
Evolution des trafics sur les fleuves français, de 1996-2002, en 1000 EVP
Cette évolution conduit à relancer les études pour accompagner un tel développement.
VNF, le SNL et la CURLY (Communauté Urbaine de Lyon) cherchent à redistribuer les
activités portuaires lyonnaises "coincées" en Centre-Ville et à mieux organiser l’éclatement
sur plusieurs sites. Le port de Marseille a développé un terminal de conteneurs dédié au
fluvial (2002) qui pourra traiter 115 000 EVP d’ici 2010. Se pose alors le problème de
l’articulation des logiques centrées sur Paris pour le combiné rail-route (Gevrey) et le
combiné voies d’eau-rail (Pagny).
Le dynamisme de la Seine fait écho à celui du Sud-Est. La voie fluviale semble offrir
de meilleures perspectives que le rail. Autour de Logiseine, le GIE composé par les terminaux
de la Normandie (30%), Paris Terminal (30%) et Compagnie Fluviale de Transport (CFT)
40%, trois voyages hebdomadaires sont offerts entre Paris et l’estuaire de la Seine, soit 38400
EVP (2% du trafic du port du Havre). L’essentiel est traité à Gennevilliers : Paris Terminal
(fondé par le Port Autonome de Paris et CCI IdF) a ensuite été ouvert à la CNC et à
l’opérateur fluvial CFT, aux ports du Havre et de Rouen.
On peut aussi rappeler que pour des ports moyens, la voie d’eau est le seul recours
possible à un transport de masse, au moment où la CNC ferme les lignes traitant moins de 10
000 EVP par an.
7. Conclusion
Alors que le trafic routier ne cesse de croître, le trafic combiné enregistre depuis
plusieurs années un recul constant. D’abord envisagé comme une crise de croissance, cette
tendance s’est avérée être plus profonde, intimement liée à l’évolution du fret ferroviaire. La
qualité médiocre des prestations est avancée en partie par les chargeurs. La refonte des plans
de transport et le renchérissement tarifaire qui cherche à remettre la SNCF dans le marché
accélèrent encore la tendance par une refonte complète des services sacrifiant les trafics non
rentables, parmi lesquels de nombreuses relations de TC. Ce retournement est aussi dû au
désengagement massif de l’Etat qui a réduit ses aides. Les promesses volontaristes de
rééquilibrage sur le long terme n’ont pu être tenues. La situation s’est encore aggravée dans
un contexte de crise sociale larvée qui pénalise le transport ferroviaire. L’omniprésente SNCF
paie et fait payer aujourd’hui les sous-investissements d’hier dans le fret et son contrôle de
tous les rouages de l’offre. Les incertitudes sociales des réformes européennes des chemins de
fer alourdissent encore une situation déjà très pesante. Certains chargeurs qui ont tenté de
jouer le jeu se sont retirés, laissant parfois au TC les trafics les moins intéressants, c’est-à-dire
les moins sensibles. La traction ferroviaire dans le TC se heurte à la question des économies
Pourtant, l’un des éléments centraux de l’évolution des trafics combinés est le transit,
que les politiques publiques ignorent encore largement et sur lesquelles elles semblent avoir
peu de prises. Il s’agit alors de comprendre pourquoi l’isthme français est contourné. Au fond,
le trafic combiné français ne souffre-t-il pas de l’absence d’une vision véritablement
européenne ? Les acteurs internationaux n’investissent pas dans le territoire national pour y
organiser des trafics de longue distance. Bien au contraire ils le contournent sciemment. Le
point de contact privilégié de Metz avec Intercontainer est fermé depuis 2004. Les opérateurs
français de poids, Novatrans et CNC, restent à l’écart des alliances européennes. La
recomposition s’opère sur des bases nationales aussi bien pour les acteurs, l’organisation de la
desserte que dans les projets d’autoroute ferroviaire de type Modalohr.
1. Le trafic
1.2. Le trafic
Comme dans les autres pays, la connaissance statistique du transport intermodal se
heurte à une difficulté de base : les statistiques de transport sont conçues dans une logique
modale. Ainsi, on peut suivre les flux jusqu'aux terminaux ferroviaires ou les ports maritimes,
mais on connaît mal les flux routiers en amont et en aval.
Le transport intermodal grec est donc principalement maritime. Cependant, bien que
les armateurs grecs détiennent 17,8 % de la flotte mondiale et assurent 18,6% du tonnage
mondial, le transport intérieur pour la desserte des îles en Ro-Ro ou le SSS méditerannéen ne
constitue qu'une part très faible de leur activité.
Parmi les 750 ports du pays, le trafic maritime conventionnel (vrac, marchandises
générales, etc) s’organise autour de 12 ports d’intérêt national dont les ports du Pirée et de
Salonique ont un rôle prédominant. Le trafic de frêt conteneurisé (Lo-Lo) est organisé presque
Tableau 1. Trafic de conteneurs des principaux ports grecs (en TEU, 2004)
Import/
Port Transit Transshipment TEU TEU TEU
Export
(total chargés) (vides) total
Le Pirée 464.019 790.727 1.254.746 286.817 1.541.563
Thessaloniki 175.044 50.954 24.643 250.641 85.455 336.096
Heraklion 17.088 19.123 36.211
Volos 8.143 2.818 10.961
Source: Hellenic Ports Association.
Les guerres successives dans différentes régions de l'ex-Yougoslavie, depuis la fin des
années 1980, ont fait se détourner une partie considérable du trafic international du fret vers
l'axe Adriatique, entre la Grèce et l'Italie. Les armateurs ont rapidement profité de ce
détournement "obligé". D’importants investissements dans la flotte assurant le transport sur
l'axe Adriatique ont beaucoup amélioré la qualité de service (fréquence, vitesse, capacité,
confort, fiabilité, etc). Ces évolutions géopolitiques expliquent, en partie, le trafic rail-route
très limité sur l’axe Grèce-Balkans-Europe Centrale, et les chemins de fer auront beaucoup de
difficultés à regagner ces segments du marché.
Le trafic sur l’axe Adriatique est du trafic Ro-Ro entre les ports de Patras et
Igoumenitsa et les ports Italiens. Le trafic est présenté dans le tableau ci dessous :
Tableau 2. Trafic Ro-Ro entre Grèce et Italie (en nombre de camions, données 2003)
Patras-ports Italiens 304.979
Igoumenitsa-ports Italiens 75.730
Total 380.709
Source: Hellenic Ports Association.
Depuis 1990, le trafic sur l’axe Adriatique a très fortement augmenté. Par exemple, le
trafic du port de Patras a progressé de plus 350 % depuis 1991 (79 139 camions en 1991).
Du côté italien, les ports de Brindisi et Bari concentrent plus de 50% de ce trafic. Le
reste est réparti entre les ports d’Ancone, Venise, Trieste et Monfalcone.
2. Les opérateurs
Les opérations sur les terminaux maritimes sont assurées par les services portuaires
correspondants, qui ont actuellement le statut de Société Anonyme.
Il faut aussi noter le rôle des ports de Patras et Igoumenitsa, comme “portes” ouest du
pays, orientés sur le corridor Adriatique. Le port de Patras attire le trafic à destination ou en
provenance de la Grèce du Sud et de la métropole d’Athènes. En même temps, Patras assure
plus de la moitié du trafic maritime de passagers en Grèce. Igoumenitsa attire le trafic de la
Grèce du Nord, ainsi qu’une part importante du trafic entre la Turquie, la Bulgarie et l’Europe
de l’Ouest.
Enfin, le transport intermodal pourrait tirer des avantages d’une synergie éventuelle
des politiques européenne et nationale du transport. A titre d’exemple, l’harmonisation des
poids maximaux autorisés sur route dans les différents pays ou la prise en compte des coûts
externes de la route pourrait créer un nouveau rapport de concurrence entre la route et
l’intermodal.
1. Le trafic
Les difficultés majeures de la collecte de données sont liées à la pluralité des acteurs qui
s’est instaurée depuis la libéralisation du marché et la séparation entre la gestion de
l’infrastructure et l’exploitation du réseau. Avant 2002, le segment «caisses mobiles et semi-
remorques» était exploité par un seul opérateur dans chaque pays (Novatrans en France,
Kombiverkehr en Allemagne, Hupac en Suisse, Oekombi en Autriche, Kombidan en
Danemark etc.). Seule l’Italie faisait exception puisque depuis les années 1970, un opérateur
privé, Ambrogio Trasporti, fait circuler des trains de caisses mobiles pour le trafic
international entre la Belgique et l’Espagne. Il était déjà propriétaire de wagons, de chantiers
et d’outils de manutention.
A l’inverse, dans le segment des conteneurs maritimes, il y a toujours eu une pluralité
d’acteurs en trafic national et international. Le monopole de Intercontainer-Interfrigo a pris fin
au début des années 1990. Cependant, la pluralité des opérateurs au niveau national n’avait
pas encore touché le monopole de la traction détenu par l’opérateur historique, qui n’avait
aucun mal à transmettre les informations. Actuellement, la difficulté de la collecte de ces
données s’est accrue par le fait qu’elles soient jugées «sensibles», confidentielles à cause de la
concurrence.
Dans les statistiques disponibles sur le transport intermodal par rail, on distingue deux
grandes catégories :
- le transport rail-route de caisses mobiles, de semi-remorques et de camions avec
conducteur (Autoroute Ferroviaire) ;
- le transport de conteneurs maritimes.
Pour la première catégorie, les données des sociétés de l’Union International Rail
Route (UIRR) comptabilisent les «envois» correspondant à 2,3 TEU. Toutefois, les
compagnies ferroviaires utilisent aussi l’unité «train» acheminé. Il est plus approprié d’utiliser
des unités statistiques en volumes que des unités en poids (tonnes ou tonnes-kilomètres).
Etant donné que dans les deux cas il est impossible de connaître la nature de la marchandise
transportée, il est préférable de se concentrer sur la productivité du transport en distinguant les
UTI pleins des vides.
Dans la catégorie des conteneurs maritimes, il y a moins de confusion car on ne
s’exprime qu’en TEU.
Pour l’année 2002, les données disponibles sont complètes. Le trafic international total
s’est chiffré à 52 millions de tonnes, avec moins de 4 millions de tonnes de wagons vides. Le
trafic à l’export a représenté 31% du trafic (15 millions de tonnes) et celui de l’import 69%
(33 millions de tonnes).
400
352
350
300
250 216
Série1
200
Série2
150
100 84
36 22
50
0
D - CH Benelux F - GB Skandi Est - Au
Série1
Série2 352 216 84 36 22
2000 2003
import 579.855 593.587
export 589.150 600.055
Source : Trenitalia
import export
Tot UTI 366.216 373.523
vides 18.476 106.460
Tot TEU 568.767 622.876
export import
Tot UTI 122.624 115.954
vides 39.822 18.242
Tot TEU 190.633 185.072
source: Trenitalia
Pour ce qui concerne Intercontainer, en 2002, ses liaisons avec l’Italie étaient les plus
importantes, en TEU transportés.
Tableau 3 : Flux du trafic Intercontainer par pays, en 2002 (en milliers de TEU)
En 2002, le total du trafic européen effectué par Intercontainer s’est élevé à 581.990
TEU. Durant cette même année, ERS a déclaré avoir transporté 363 000 TEU, en Europe.
L’ordre de grandeur laisse percevoir le rapport de force entre ces deux opérateurs.
Intercontainer est actuellement en situation difficile du fait du manque de soutien de la part de
ses actionnaires, les compagnies ferroviaires européennes (DB. SNCF, SNCB, Ferrovie dello
Stato etc.). Au contraire, ERS a une croissance constante depuis dix ans. Les clients de ERS
Ports TEU
Genes 1.605.000
La Spezia 1.006.000
Livourne 592.000
Naples 433.000
Salerno 417.000
Gioia Tauro* 127.000
Ravenna 160.000
Venise 283.000
Trieste 120.000
*Gioia Tauro a chargé-dechargé 3.000.000 de TEU mais seulement 127.000 étaient O/D Italie. En 2003 est entré
en service le deuxième port de transhipment de Taranto (500.000 TEU).
2. Les acteurs
Pendant 35 ans, jusqu’en 2002, les principaux acteurs du segment «caisses mobiles et
semi-remorques» étaient :
- les opérateurs de transport combiné (Cemat, Hupac, Novatrans etc.) ;
- les compagnies ferroviaires (SNCF, SNCB, DB, SBB, Trenitalia etc.) ;
- MTO, transitaires, transporteurs routier etc. (qui peuvent être aussi des actionnaires des
opérateurs de transport combiné) ;
La réaction des Allemands ne s’est pas faite attendre. Stinnes avait déjà beaucoup
investi (30% du capital de BLS) dans la société suisse qui contrôle l’axe du Loetschberg en
Les réglements d’application n’ont pas encore été rédigés et ils peuvent devenir un autre
élement de faiblesse de Trenitalia. Celle-ci n’exploitera plus en exclusivité le réseau de
2001 203.549
2002 190.858
2003 196.944
Selon les acteurs, la reprise en 2003 (confirmée par le premier semestre 2004), est due
à l’amélioration du service de Trenitalia et au succès de la réorganisation du réseau logistique
(la recomposition des trains pour la Sicile à Marcianise, près de Naples). Cette reprise
s’explique surtout par la promesse (que le gouvernement n’a pas encore réussi à tenir) de
dépenser les subventions déjà approuvées par l’Union européenne.
A présent, la situation de Cemat risque de devenir très critique parce que la nouvelle
direction des « Ferrovie dello Stato » a annoncé une forte augmentation des prix de la traction
pour le transport combiné.
En juin 2004, le chef (PDG) des « Ferrovie dello Stato », M. Cimoli, a été remplacé par
M. Catania, ancien PDG de IBM Italie. En septembre 2004, M. Smeriglio, PDG de TNT Italie
et Président de Confetra, est devenu Directeur de Trenitalia Cargo. En octobre 2004, le
nouveau PDG de Trenitalia, M. Testore, ancien PDG de Fiat Auto, a pris ses fonctions. De
fait, les trois niveaux hiérarchiques (FS Holding, Trenitalia, Direction Fret) ont été modifiés.
Aucun d’entre ces nouveaux responsables n’est issu du secteur du chemin de fer. Le nouveau
logo de la Division Fret sera Trenitalia Global Logistics.
La nouvelle ligne ferroviaire de Betuwe dédiée au fret devrait être mise en service en
2006. Cependant, les problèmes relatifs à son exploitation se sont multipliés. Récemment, une
Commission d’enquête parlementaire a convoqué toutes les parties prenantes (y compris les
ministres des transports responsables et le Premier ministre de l’époque) pour s’expliquer sur
les nombreux surcoûts générés depuis la prise de décision de construction cette ligne, et sur la
procédure suivie. Déjà, le Parlement avait émis des doutes quant aux prévisions de trafic.
Désormais, il craint de devoir être confronté à un gouffre financier.
Un autre problème auquel sont confrontés les opérateurs est le choix d’une
électrification aux normes européennes de 25 000 V et du système de sécurité ERTMS.
L’électrification à 25 000 V est diffèrent des systèmes actuels néerlandais et allemand. Ce
choix impliquera l’usage de locomotives tricourant pour pouvoir opérer aux Pays-Bas et en
Allemagne. Pour des raisons de protection de l’environnement, les locomotives diesel
n’auront pas accès à la nouvelle ligne.
Selon une rumeur, le port de Rotterdam se verrait dévolu de gérer l’exploitation de la
ligne. Aucune décision n’a encore été prise sur le sujet.
Un accord a été conclu entre les Pays-Bas et l’Allemagne pour préserver du côté
allemand le réseau entre Emmerich à la frontière et la Ruhr, afin de résoudre les problèmes de
congestion.
La ministre des transports a promis au Parlement d’étudier la possibilité d’employer la
capacité disponible pour le transport de voyageurs. Toutefois, deux limites sont à considérer :
la première est que la ligne ne dessert pas les villes ; la seconde est que les conditions de
sécurité pour les services de voyageurs ne sont pas satisfaisantes dans les tunnels.
2. Les acteurs
Si l’on replace la construction de la ligne de Betuwe dans une perspective tripartite, on
comprend un peu mieux les atermoiements.
Le premier acteur est le Port de Rotterdam. Pour cet acteur, le port a une stratégie
historique de croissance d’où la nécessité à long terme d’une telle ligne. De plus, elle doit
permettre de mieux capter de nouveaux marchés compte tenu du fait que de nombreux
partenaires étrangers ont recours au transport ferroviaire.
Ces trois acteurs ont donc des intérêts différents ce qui explique en partie les
incompréhensions et les divergences d’approche qui resurgissent régulièrement.
Les estimations plus réalistes chiffrent à150 trains par jour le trafic du port de
Rotterdam vers la Ruhr et au-delà, en Europe centrale et dans le sud du continent. Rotterdam
voit donc sa position dominante renforcée et a une croissance garantie pour l’avenir. Le rôle
des Pays-Bas en tant que mainport de la grande Europe est assuré. En décembre 2004, le port
de Rotterdam et Pro Rail ont offert à la ministre des transports leur plan d’exploitation de la
ligne, le « Business case Exploitatie Betuweroute ». Ce document (confidentiel) présente des
données prospectives réalistes car il prend en compte les besoins des clients potentiels de la
ligne, plus particulièrement ceux du secteur des conteneurs, des minerais et du charbon, de
l’automobile et des matières dangereuses. Sur cette base, les deux entreprises sont prêtes à
fournir un capital de départ à une société d’exploitation qui reste encore à créer.
Un autre consortium devrait être créé : TowRail, qui regroupe plusieurs grandes
entreprises (Volker Wessels Stevin, les entreprises allemandes Vossloh et HSM et la branche
néerlandaise de Siemens). TowRail devrait exploiter la ligne et rentabiliser son exploitation en
2012, soit cinq années après son ouverture. Selon les auteurs, cet objectif est réalisable grâce à
une réduction de 20 à 30% des coûts d’exploitation par rapport aux normes actuelles.
Cependant, la participation de TowRail dépend de la décision de la ministre sur la procédure
qui sera finalement adoptée.
Importations Exportations
Marchandises maritimes maritimes
0 Produits agricoles
2.37 0.70
1 Produits alimentaires
9.58 3.18
2 Combustibles minéraux solides
23.41 0.88
3 Pétrole brut
95.39 0.62
4 Minerais et résidus métalliques
37.63 4.08
5 Métallurgie
3.51 1.01
6 Matériaux de construction
5.24 1.48
7 engrais
0.25 0.21
8 Produits chimiques
11.97 7.55
9 Produits manufacturés
39.76 48.29
10 Produits pétroliers
25.87 11.90
Total 254.99 79.90
Le rôle de Rotterdam en tant que « port mondial » n’est plus à démontrer. 64% du
trafic d’importation provient du monde entier. A l’exportation, en revanche, ce trafic ne
représente que à 43% des tonnages. Une partie de ce trafic est du feedering, trafic difficile à
mesurer du fait du manque de statistiques. Il est estimé à environ 14 millions de tonnes. Le
tableau ci-dessous présente les pays ou groupes de pays partenaires du port.
76
Voir rapport “Analyse maritieme goederenstromen in de Hamburg – Le Havre range”, novembre 2004
Importations Exportations
Partenaire maritimes maritimes
EU 15 31.52 40.37
CEEC 12 10.71 1.21
Reste Europe 7.48 2.84
Russie 7.22 0.83
Amérique du Nord 16.36 9.31
Amérique du Sud 36.39 2.33
Afrique 17.23 2.25
Japon 1.83 2.36
Moyen Orient 0.19 0.28
Autres Asie 20.81 16.77
Australie et Nouvelle Zélande 9.78 0.65
Reste monde/inconnu 0.08 0.08
Total 159.60 79.28
On observe que les trafics maritimes des ports néerlandais avec le continent européen
sont constitués de produits de base ou énergétiques. Toutefois, soulignons les flux
relativement importants d’exportation vers la France et l’Espagne. N’est-ce pas là un signe
encourageant pour les futures autoroutes de la mer ?
Tableau 3 : Importations et exportations maritimes des ports néerlandais, vers et à destination des
pays partenaire, en 2002, pétrole brut exclu, (millions de tonnes)
Importations Exportations
maritimes maritimes
France 2,7 5,4
Belgique et Luxemburg 0,2 0,7
Pays-Bas 0,3 0,3
Allemagne 2,3 4,3
Italie 1,1 0,8
Royaume-Uni 23,1 27,9
Irlande 2,5 3,4
Danemark 0,6 1,0
Grèce 0,8 0,6
Portugal 1,6 1,8
Espagne 3,3 4,6
Islande 0,5 0,3
Norvège 10,0 2,2
Suède 3,7 2,8
Finlande 3,2 2,2
Pologne 1,7 0,7
Roumanie 0,0 0,1
Bulgarie 0,2 0,0
Russie 11,3 0,0
Ukraine 0,8 1,3
Estonie 6,3 0,0
Lettonie 4,9 0,1
Lituanie 2,2 0,3
Slovénie 0,0 0,2
Croatie 0,0 0,1
Rép. serbe et Monténégro 0,0 0,0
Turquie 1,2 1,7
Total 84,6 62,6
Importations Exportations
Modalité maritimes maritimes
Origine ou destination région
portuaire 20,97 23,20
Reste arrière-pays (national et
international)
Route 33,51 20,46
Rail 11,08 4,19
Navigation fluviale 80,14 20,87
Total 145,70 68,73
D’un autre côté, on s’aperçoit que les Pays-Bas sont concernés par les traversées
alpines par exemple, l’un des bastions du trafic ferroviaire de longue distance généré par
Rotterdam. Le trafic fluvial dépend largement de l’accessibilité du réseau. Rotterdam est le
port qui domine dans toutes les régions allemandes qui permettent d’accéder au réseau fluvial.
Les deux cartes ci-dessous illustrent le rôle de Rotterdam dans son hinterland. Elles
présentent les données en tonnes transportées par région, à l’importation et à l’exportation,
tous les modes de transport étant ici confondus (route + rail + navigation fluviale).
De telles cartes présentant le trafic selon les différents modes existent aussi. Elles
mettent en évidence l’acheminement du port de Rotterdam vers l’arrière-pays par chacun des
modes de transport. Par exemple, on constate que les marchandises à destination de la région
Rhône-Alpes sont acheminées par la route. La route est le mode le plus employé pour
effectuer les courtes distances et transporter le fret vers l’Allemagne. On assiste à une hausse
de son trafic dans les années 1990 et à un allongement des distances parcourues. Ce
phénomène a permis au port de Rotterdam d’étendre sa zone d’influence, le sillon central du
Rhin et de la Meuse étant solidement tenu par le fluvial, dont la zone d’influence s’étire
jusqu’au Nord et à l’Est de la France.
On peut dire que les trois modes de transport (route, rail et fluvial) se complètent
harmonieusement. Il est intéressant de se demander où la ligne de Betuwe va puiser son
trafic : de la route ? du fluvial ? de la croissance économique ? des marchés portuaires
existants ? La situation actuelle fait apparaître un transport ferroviaire coincé entre les
marchés des ports belges et allemands. Pour la ligne de Betuwe, la croissance de la congestion
routière pourrait être une opportunité pour augmenter son trafic. Reste à savoir si les autres
ports européens sont dans la même situation.
1.1 Définitions
Le transport intermodal en Pologne est une activité économique assez limitée tant
à cause du manque de demande des chargeurs que de la politique des transports orientée vers
la résolution d’autres problèmes difficiles (tels que la dégradation de l’état technique du
réseau routier, la lenteur de la construction des autoroutes, l’adaptation au système
réglementaire de l’UE, la stagnation des réformes ferroviaires, etc.).
Ce rapport basé sur des informations et des statistiques officielles assez fragmentées
(trop pauvres pour faire une analyse exhaustive), s’appuie aussi sur les estimations et les
analyses de l’auteur77. Malgré l’intérêt figurant dans les documents officiels de la politique
gouvernementale polonaise, ce mode de transport ne fait ni l’objet d’investissements
significatifs, ni l’objet d’évaluations ou d’études sérieuses78. Dans les statistiques officielles,79
les données concernant le transport intermodal sont très synthétiques et ne présentent de
chiffres que pour les années postérieures à 1992, voire même à 1998. Les publications
officielles par la GUS (bureau national des statistiques) des rapports d’activité des transports
décrivent les transports intermodaux de manière imprécise, sans donner aucune explication.
En pratique, pour la GUS, tous les transports ferroviaires de grands conteneurs sont
synonymes du transport intermodal80, alors qu’en fait, il y a des transports de conteneurs
réalisés par le transport ferroviaire, sans que les pré et post acheminements soient réalisés par
la route (environ 10% des trafics ferroviaires de conteneurs). Dans le cas du transport routier,
la GUS se limite aux publications des transports de conteneurs pour compte d’autrui réalisés
par les entreprises de plus de neuf salariés. En réalité, la plupart des opérations
initiales/terminales dans les chaînes rail-route sont réalisées par le transport routier pour
compte propre (l’industrie et le commerce) et par les entreprises de transport routier de
marchandises (TRM) pour compte d’autrui de moins de neuf salariés (environ 70%). Ces
dérnières opérations, n’étant pas décrites par les statistiques officielles, peuvent être
appréciées seulement par des estimations.
Dans le système de transport polonais, l’intermodalité joue un rôle marginal et ses
formes sont très simples, il se limite à l’utilisation des conteneurs et des palettes, si on
considère ces dernières comme des unités de transport intermodal, avec un trafic ferroviaire
de caisses mobiles et de semi-remorques marginal. Les statistiques disponibles ne décrivent
pas de vraies chaînes de transport, elles montrent surtout les quantités des conteneurs
transportés par fer ou par route, séparement. Ces opérations sont majoritairement
„intramodales”, et non „intermodales”. Les conteneurs sont souvent transportés de „porte à
porte” par camion ou par train, sans recourir à des modes complémentaires et à des plates-
77
L’auteur réalise les recherches sur l’économie des transport dans la Chaire d’Analyse Comparatives des
Systèmes de Transport de l’Université de Gdansk (Pologne).
78
Une expértise la plus récente (Octobre 2004) réalisée par L.Mindur et J.Wronka pour le Ministère
d’Infrastructure est basée seulement sur les données statistiques officielles de la GUS, sans aucune estimation
des opération initiales/finales par route ou des estimations des transports routiers pour compte propre.
79
GUS – Bureau National de Statistique.
80
Ce mélange des notions est perceptible dans la publication de la GUS de 2004 «Transport – wyniki
działalności» (Transports – résultats d’activité), où dans le tableau 12(24) on ajoute le sous-titre «transport
intermodal», sans expliquer dans le « notes méthodologique » cette notion.
81
Terminologie en transports combinés. UN/ECE-CEMT-CE. Nations Unies, New York et Genève 2001.
82
Dans l’UE-15 en 2001 ce pourcentage n’était que de 13,1% du nombre des tonnes-km terrestres de 4
modes. Voir : Energy & Transport in figures. 2003 tbl. 3.4.3:
http://europa.eu.int/comm/dgs/energy_transport/figures/pocketbook/doc/etif_2003_down4.xls
Taux
(conteneurs grands et petits): 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
1992-2003
Total transports ferroviaires de 201.7 214.2 214.7 225.3 223.5 227.0 206.4 186.8 187.2 166.9 222.9 241.6 1.65%
marchandises, en millions de tonnes
Total transports ferroviaires de
marchandises, en milliards de 57.8 64.4 65.8 69.1 68.3 68.7 61.8 55.5 54.4 47.9 47.8 49.6 -1.38%
tonnes-km
Total transports ferroviaires de
421 690 1029 952 1321 1604 1853 1544 1791 1708 1976 2062 15.54%
conteneurs, en milliers de tonnes
Transports ferroviaires
internationaux de conteneurs en 291 431 583 587 749 864 1677 1425 1639 1554 1889 1988 19.08%
milliers de tonnes, dont :
- conteneurs portuaires 139 173 176 252 310 377 512 556 575 641 741 979 19.45%
- conteneurs terrestres 20 72 167 106 161 181 602 467 572 458 625 623 36.67%
Transports ferroviaires intérieurs de
130 259 446 365 572 740 176 119 152 154 87 74 -4.96%
conteneurs, en milliers de tonnes
Total transports ferroviaires de
conteneurs, en millions de tonnes- 157 301 503 451 569 668 850 706 796 733 840 824 16.25%
km
Transports ferroviaires
internationaux de conteneurs en 134 212 318 346 397 449 797 666 743 677 802 803 17.71%
millions de tonnes-km, dont:
- conteneurs portuaires 60 66 102 97 106 115 107 91 74 83 66 55 -0.77%
- conteneurs terrestres 12 32 51 51 63 69 232 160 219 179 230 170 26.91%
Transports ferroviaires intérieurs de
conteneurs, en millions de tonnes- 24 89 185 105 172 219 53 40 53 56 38 21 -0.99%
km
Distance moyenne des transports
374 436 489 473 431 417 459 457 445 429 425 400 0.62%
ferroviaires de conteneurs en km
Distance moyenne des transports
ferroviaires internationaux de 459 491 546 589 530 520 475 467 453 435 425 404 -1.15%
conteneurs en km, dont:
- conteneurs portuaires 466 537 605 625 586 571 550 526 507 471 465 428 -0.76%
Distance moyenne des transports
ferroviaires intérieurs de conteneurs 184 344 414 287 300 296 302 339 351 363 433 288 4.17%
en km
Incidence en % des conteneurs dans
le nombre de tonnes transportées par 0.21 0.32 0.48 0.42 0.59 0.71 0.90 0.83 0.96 1.02 0.89 0.85 13.66%
rail
Incidence en % de conteneurs dans
le nombre des tonnes-km effectuées 0.27 0.47 0.76 0.65 0.83 0.97 1.38 1.27 1.46 1.53 1.76 1.66 17.88%
par rail
Incidence en % des conteneurs dans
le nombre des tonnes des transports 0.52 0.68 0.81 0.71 0.98 1.08 2.14 2.10 2.25 2.28 2.70 2.62 15.81%
internationaux par rail
Incidence en % des conteneurs dans
le nombre des tonnes-km 0.61 0.78 1.02 1.01 1.30 1.40 2.62 2.52 2.72 2.74 3.15 3.01 15.59%
internationaux effectuées par rail
Note: depuis 2002 les statistiques du volume des transports ferroviaires contiennent les opérations effectuées
tant par le Groupe PKP que par les autres opérateurs ferroviaires possédant une licence (le Groupe PKP en
2003 a transporté 161,8 millions de tonnes en réalisant 47,4 milliards des tonnes-kilométres).
Source: Transport – wyniki działalności (résultats d’activité). GUS. Varsovie 1993-2003 et base de données
statistiques de la Chaire d’Analyse Comparative des Systèmes de Transport de l’Université de Gdansk
Taux
1998 1999 2000 2001 2002 2003
1998-2003
Transports totaux (conteneurs avec fret+vides)
- milliers de pièces 161.1 124.5 131.8 121.7 141.7 156.8 -0.54%
- milliers de tonnes 1790.2 1521.4 1770.2 1693.7 1969.5 2056.2 2.81%
- milliers de TEU 236.8 189.6 196.3 174.1 203.6 234.0 -0.24%
dont: a) conteneurs avec fret:
- milliers de pièces 102.3 79.6 85.2 79.7 91.9 94.6 -1.54%
- milliers de tonnes 1605.3 1371.2 1622.6 1563.7 1813.6 1859.2 2.98%
- milliers de TEU 150.7 122.3 128.6 114.5 132.9 143.1 -1.03%
dont: b) conteneurs vides
- milliers de pièces 58.8 44.8 46.6 42.0 49.8 62.2 1.11%
- milliers de tonnes 184.9 150.2 147.5 130.0 156.0 196.9 1.27%
- milliers de TEU 86.1 67.2 67.7 59.6 70.8 90.9 1.09%
dont selon le type de trafic (avec fret et vides):
- à l'étranger en milliers de pièces 43.7 37.6 37.3 32.8 44.1 56.2 5.15%
- de l'étranger en milliers de pièces 55.6 43.7 43.8 39.6 53.3 66.4 3.61%
- transit en milliers de pièces 39.7 24.3 28.0 27.8 31.8 23.7 -9.75%
- intérieurs en milliers de pièces 22.1 18.9 22.6 21.5 12.4 10.5 -13.89%
TOTAL, trafic international en milliers de
138.9 105.6 109.2 100.2 129.3 146.3 1.03%
pièces
Trafic TOTAL en milliers de pièces
161.1 124.5 131.8 121.7 141.7 156.8 -0.54%
(international+intérieur)
- à l'étranger en milliers de tonnes 386.4 396.4 436.8 413.6 535.6 701.6 12.67%
- de l'étranger en milliers de tonnes 727.6 626.6 708.5 683.9 831.7 900.6 4.36%
- transit en milliers de tonnes 563.3 401.9 491.5 455.9 522.6 386.0 -7.28%
- intérieurs en milliers de tonnes 112.9 96.5 133.4 140.2 79.7 67.9 -9.66%
TOTAL, trafic international en milliers de
1677.3 1424.9 1636.8 1553.5 1889.9 1988.2 3.46%
tonnes
TOTAL en milliers de tonnes
1790.2 1521.4 1770.2 1693.7 1969.5 2056.2 2.81%
(international+intérieur)
- à l'étranger en milliers de TEU 67.1 60.2 57.1 47.5 65.2 85.0 4.85%
- de l'étranger en milliers de TEU 84.6 69.5 68.6 59.8 80.6 103.4 4.09%
- transit en milliers de TEU 52.7 31.8 36.5 35.3 39.3 29.6 -10.89%
- intérieurs en milliers de TEU 32.5 28.1 34.1 31.5 18.5 16.0 -13.22%
TOTAL, trafic international en milliers de
204.3 161.4 162.2 142.6 185.1 218.0 1.30%
TEU
TOTAL en milliers de TEU 236.8 189.6 196.3 174.1 203.6 234.0 -0.24%
(international+intérieur)
Source: Transport – wyniki działalności (résultats d’activité). GUS. Varsovie 1993-2004
Tableau 3 Evolution des transports ferroviaires des remorques et des caisses mobiles
en Pologne, de 1998-2003
1998 1999 2000 2001 2002 2003 RATE 1998-
2003
Avec fret en millers de pièces 14.1 14.2 20.1 17.8 13.6 7.3 -12.3%
Vides en milliers de pièсes 9.7 11.5 15.5 11.9 9.4 4.1 -15.8%
TOTAL en milliers de pièсes 23.8 25.7 35.6 29.8 23.1 11.4 -13.6%
Avec fret en milliers de tonnes 190.4 168.8 224.8 225.7 196.6 162.8 -3.1%
Vides en milliers de tonnes 44.7 55.9 73.4 52.8 48.9 28.9 -8.4%
TOTAL en milliers de tonnes 235.2 224.6 298.2 278.6 245.5 191.7 -4.0%
Distance moyenne en km 522.7 514.0 498.7 479.0 467.1 444.3 -3.2%
Millions de tonnes-kilomètres 122.9 115.5 148.7 133.4 114.7 85.2 -7.1%
Source: Transport – wyniki działalności (résultats d’activité). GUS. Varsovie 1993-2004
83
En Pologne pratiquement il n’existe pas de transport fluvial de conteneurs
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Taux
1992-2003
Transbordements totaux en milliers de 44341 50495 52475 49320 48993 50985 50996 49679 47871 47754 48966 51885 1.44%
tonnes
Transbordements dans le port Gdynia 6286 7759 8055 7739 8661 9088 8016 7775 8397 8360 9349 9797 4.12%
en milliers de tonnes
Transbordements totaux en 986 1108 1208 1400 1619 1819 2107 2063 1972 2124 2230 2685 9.54%
conteneurs en milliers de tonnes,
dont:
- port de Gdynia 901 1051 1141 1329 1560 1784 2043 1914 1639 1801 1881 2307 8.92%
- exportations et importations 716 643 784 1077 1135 1360 1553 1594 1561 1625 1815 2249 10.96%
polonaises
- transit 270 465 424 323 484 460 554 469 411 499 415 436 4.46%
Transbordement totaux des 80 87 93 104 116 124 187 208 225 259 292 353 14.49%
conteneurs avec fret et vides en
milliers de TEU
dont: port de Gdynia 68 78 81 92 104 119 179 191 188 219 252 309 14.73%
dont: port de Gdynia (données de la 97 115 122 141 156 177 213 191 188 217 248 n.d. n.d.
Baltic Container Terminal)
Transbordements totaux des 54 58 64 75 85 95 144 158 169 191 218 269 15.81%
conteneurs avec fret en milliers de
TEU
dont: port de Gdynia 50 55 61 73 82 93 141 147 143 162 187 235 15.15%
Transbordements totaux des 26 29 29 29 31 30 43 50 57 68 74 84 11.18%
conteneurs vides en milliers de TEU
dont: port de Gdynia 18 23 20 19 22 26 38 44 45 57 66 74 13.51%
Importations des conteneurs avec fret 37 40 42 49 54 62 81 101 106 124 138 169 14.77%
et vides en milliers de TEU
Exportations des conteneurs avec fret 43 47 51 55 61 63 107 107 119 135 154 184 14.24%
et vides en milliers de TEU
TOTAL: transbordements 80 87 93 104 116 124 187 208 225 259 292 353 14.49%
portuaires de conteneurs (milliers de
TEU)
Incidence en % des conteneurs dans 2.22 2.19 2.30 2.84 3.30 3.57 4.13 4.15 4.12 4.45 4.55 5.18 7.98%
les tranbordements portuaires totaux
en tonnes
Incidence en % des conteneurs dans 14.33 13.55 14.17 17.17 18.01 19.63 25.49 24.61 19.52 21.54 20.11 23.55 4.62%
les tranbordements en tonnes dans le
port Gdynia
Source: Transport – wyniki działalności. GUS. Varsovie 1993-2003.
La desserte terrestre des ports maritimes polonais est effectuée par quatre modes de
transport différents : le rail (69%),la route (9%), la navigation fluviale (5%) et les conduites
(17%). Dans le trafic de conteneurs, c’est la route qui domine en assurant l’acheminement de
65% de tonnes en provenance et à destination du Port de Gdynia et 82% des liaisons avec le
Port Szczecin-Swinoujscie.
Les conteneurs constituent une part assez modeste dans l’activité des ports maritimes
polonais, seulement 5,2%, en 2003. La situation du Port de Gdynia est meilleure, car la part
du trafic de conteneurs est de 24%. La figure 19 illustre le rôle des conteneurs dans les
84
Seule la Direction Générale des Routes Nationales et Autoroutes (GDDKiA) réalise tous les 5 ans le
recensement du trafic sur le réseau routier national.
La Société PKP Cargo S.A. appartient depuis 2001 au Groupe PKP en assurant 85%
des transports ferroviaires de marchandises (avec plus de 600 clients stables). En 2002, les
transports intermodaux ont acheminé 2 220 000 tonnes (une croissance de 16,6% par rapport à
2001). La société propose une desserte diversifiée pour les différentes unités : conteneurs,
remorques et caisses mobiles. Dans les stations frontalières de l’Est, on assure les
tranbordements et le stockage de marchandises85. La figure 23 présente le stock
d’infrastructures intermodales de cette société.
85
Voir : http://www.pkp-cargo.pl/html/oferta.htm
86
Voir : http://www.polzug.de/html/pl/inhalt.html
87
Voir : http://www.bct.gdynia.pl
88
Voir : http://www.spedcont.com.pl/en/index.htm
89
Statistiques annuelles de l’UIRR 1998-2002.
Conclusion
En Pologne, le transport intermodal joue un rôle dans le système de transport national
beaucoup plus modeste que dans les pays de l’UE-15. Son développement est freiné par une
domination très forte de la route sur le marché du transport. Les transporteurs routiers sont
très déterminés à défendre leur position et leurs intérêts, en baissant les prix de transport de
« porte-à-porte ». Une bonne perspective est néanmoins perceptible dans le transport
intermodal en passant par les ports maritimes polonais.
90
Voir : http://www.dctgdansk.iriswaypoint.com/site/index.asp
1. Le trafic
Source: DfT, Transport Statistics Great Britain 2004, Table 4.1. voir: www.dft.gov.uk
Pour le trafic ferroviaire intermodal, les données officielles distinguent deux types de
trafic : le trafic "international" en transit par le tunnel sous la Manche sur des wagons de EWS
International, et le trafic"intermodal domestique", constitué principalement de mouvements de
conteneurs à destination et en provenance des ports (tableau 1). Ce trafic intermodal ne
représente que le quart du trafic du fer. Le fret ferroviaire intermodal ne constitue que 2% du
trafic du fret total (en tonnes-km).
91
Conseil national de l'évaluation. Commissariat général du plan. Evaluation des politiques publiques en faveur
du transport combiné rail-route [rapport Matheu] (décembre 2003), p.217.
Les chiffres en termes absolus sur le trafic intermodal (tableau 3) sont difficiles à
interpréter. Par exemple, on ne s'attend pas à ce que le trajet d’un conteneur vers le terminal
ferroviaire soit aussi long qu'un trajet routier à destination d’un port. Cependant, en termes
relatifs (par rapport au combiné mer-route) il est clair que le fret intermodal rail-route
(combiné) a enregistré la plus forte croissance entre 1993 et 2000. Il a ensuite stagné, surtout
son trafic de caisses mobiles. Aux dires de quelques entreprises de logistique, les
dysfonctionnements des chemins de fer entre 2000 et 2002 les ont incitées à réemployer la
route, par exemple en quittant le port de Tilbury (proche de Londres). Les chiffres sur le trafic
de conteneurs multimodaux mer-route laissent penser qu'un important 'potentiel combinable'
mer-rail existe encore.
92
Derrick Potter, Potter Group, www.pottergroup.co.uk, February 2004.
93
SRA News, 8 Sept 2003, 30 May 2003.
Le trafic côtier ou par voie d'eau est assimilable au transport combiné si le trajet sur
l'eau remplace un trajet routier. Le trafic intra-insulaire (entre deux ports anglais par
exemple), n'est pas négligeable. En ayant transporté 40 millions de tonnes (soit 34 milliard de
t.km), il représente quatre fois le poids acheminé par le ferroviaire intermodal, soit la moitié
du trafic fret ferroviaire total (88 millions de tonnes).
Tableau 5. Transport côtier des marchandises (intra-GB – transport des îles exclu), en 2002
Thames 0.14 0.26 0.01 0.04 0.30 0.03 0.17 0.01 0.03 0.99
Sussex 1.58 0.00 0.19 0.11 0.11 0.25 0.03 0.02 0.07 2.36
NW 0.40 0.33 0.91 2.08 0.52 0.05 0.08 0.13 0.06 4.56
Wales
Lancs. 0.39 0.06 0.09 0.05 0.11 0.12 0.03 0.03 0.09 0.97
West 1.96 0.08 0.21 0.15 0.03 0.09 0.24 0.17 0.04 0.01 2.98
Scot.
East 2.22 2.77 0.02 1.90 1.65 1.51 0.44 1.52 0.26 12.29
Scot.
NE 0.34 2.43 0.01 3.46 1.13 0.62 4.76 0.07 0.23 13.05
Engl.
Humber 0.59 0.02 0.24 0.04 0.14 0.02 0.01 1.18 0.30 0.26 0.29 3.09
94
Il semble que 20% à 25% des mouvements de conteneurs au RU s'agissent de transbordements de/vers
l'étranger DfT, Focus on Ports (2000) p.25
Les trajets les plus fréquents sont ceux réalisés entre 200 et 300 km (25% des tonnes
transportées). Les parcours de 700-800 km (pour les carburants) et de 1300-1500 km
représentent aussi des parts importantes.95
Le transport de fret est aussi assuré par la voie d'eau sur onze rivières et canaux, mais
les volumes ne sont pas importants, sauf pour le Tamise (19 millions de tonnes, 770 millions
de tonnes- km, en 2002). Le trafic de fret transporté dans des unités de transport intermodal a
la croissance la plus rapide (+ 60% en six ans).96
95
DfT, Waterborne Freight in the United Kingdom 2002 (2003).
96
DfT, Waterborne Freight in the United Kingdom 2002 (2003).
Source : Carte de la SRA, Building a Better Railway (2000). NB : les lignes en gras ont été ajoutées par nos
soins, à partir des données des opérateurs de fret.
La carte des principaux terminaux desservis par Freightliner, EWS Intermodal, EWS
International, GB Railfreight, Direct Rail Service ou Advenza (figure 5) reflète bien cette
histoire. Elle a été modifiée plus récemment par la croissance du trafic en conteneurs, dont les
plus grands ports sont Felixstowe (330 000 conteneurs rail-route par an), Southampton (les
chemins de fers assurent un tiers du marché de fret entre ce port et le West Midlands),
Tilbury, Liverpool et Thamesport-Grain.
Il semble qu’il n’y ait pas de statistiques récentes disponibles sur l'orientation
géographique du trafic intermodal par le Tunnel (en trains complets). La dernière enquête
"régulière"(lancée tous les six à dix ans) a été réalisée en 1996, lorsque le niveau de trafic
était similaire à celui d’aujourd'hui, bien que sa composition ait été modifiée depuis (par
exemple, le transport de voitures destinées à l'exportation et à l’importation a été reporté sur le
mode maritime, à la suite du problème des migrants clandestins et suite aux
dysfonctionnements des chemins de fer britanniques).
3. Les acteurs
Sous la présidence de Alistair Morton (connu pour ses efforts fournis à Eurotunnel), la
SRA élabore en 2001 sa "Freight Strategy",97 "la seule vraie stratégie" de la SRA selon le
président du groupe consultatif du secteur, Rail Freight Group (composé des opérateurs de
trains, de terminaux, d’entreprises de logistiques, de chargeurs, de constructeurs de trains...).98
La Freight Strategy de 2001 concerne trois enjeux : le réseau, les plates- formes, les
finances. L'intermodal est vu non seulement comme un secteur "traditionnel" du marché, mais
aussi comme un moyen capable de transporter "les marchandises diverses" au plus proche du
centre-ville.
- Pour le réseau, la SRA annonce un programme d'investissement, afin d'améliorer la fiabilité
et la capacité du réseau et prévoit d’augmenter le gabarit sur les voies entre les grandes
agglomérations, les ports et le tunnel sous la Manche.
- En ce qui concerne les plates- formes, la SRA estime qu'il faudrait augmenter la capacité des
ports, des terminaux et des entrepôts à l'intérieur du pays. Elle mentionne tout spécialement le
besoin d'entrepôts dans le sud-est autour de Londres, à construire pour traiter les conteneurs.
- Enfin, sur le plan financier, il faudra distinguer trois catégories d’aide publique :
L'investissement direct dans le réseau d’infrastructure ;
L’attribution de subventions aux opérateurs : la traditionnelle subvention à
l'équipement intermodal (Freight Facilities Grants scheme) et la subvention accordée
au péage (Track Access Grants) seront remplacées par une nouvelle aide ciblée sur le
trafic intermodal (Company Neutral Revenue Support) (cf. ci-dessous);
Enfin, un soutien financier (sous forme d’investissement, de prêts) sera accordé au
développement de plates-formes multimodales, multi-usages (à la charge de plusieurs
opérateurs ferroviaires).
97
SRA, Rail Freight Strategy, May 2001.
www.sra.gov.uk/sra/publications/consult_docs/2001_05_03/freight_strategy.pdf
98
Tony Berkeley, Rail Freight Group News, 54, Sept 2004, p.2. www.rfg.org.uk
99
SRA, Freight Progress, 2003, p.6.
Freightliner Intermodal livre 100 millions de conteneurs (TEU) par an, assure
l’acheminement de 100 trains par jour dont une quinzaine en provenance de Felixstowe.
L'opérateur transporte 22% des conteneurs maritimes adaptés au transport intérieur qui
transitent par les ports britanniques (figure 5). Par ailleurs, il assure des services de fret
ferroviaire intermodal dans une vingtaine de terminaux :
- Felixstowe, Liverpool-Seaforth, Southampton, Thamesport et Tilbury sont ses principaux
terminaux portuaires maritimes et fluviaux ;
- Barking, Birmingham, Cardiff, Cleveland, Coatbridge, Crewe, Leeds et Liverpool- Garston
sont ses propres terminaux à l'intérieur du pays ;
- Daventry, Doncaster, Grangemouth, Hams Hall, Liverpool-Widnes, Manchester-Barton et
Wakefield sont des terminaux ou des plates-formes de logistique gérés par d'autres
entreprises.
L'objectif de Freightliner est d’augmenter son trafic de fret de 80% en dix ans, tout
comme le plan décennal du transport de l'Etat au niveau national. Depuis sa privatisation,
Freightliner a fourni de nombreux efforts pour améliorer la qualité de ses prestations. Après la
modernisation de son équipement et de ses procédures, Freightliner a rendu disponible 99%
de ses wagons, et a fiabilisé ses horaires de livraison à 98%. Depuis peu, ce dernier indicateur
est désormais de 97% (il reste encore meilleur que celui des autres opérateurs britanniques).
Parmi ses clients, on retrouve Maersk Sealand (Felixstowe-Birmingham), P&O Nedlloyd (en
contrat pour trois ans sur quatre ports), Hanjin, OOCL (en contrat pour dix ans entre
Southampton et Manchester).
100
www. freightliner.co.uk.: News Release 30015, 21 July 2003.
* EWS
EWS est le principal opérateur de fret ferroviaire en Grande Bretagne avec100
millions de tonnes de fret ferroviaire transportés par an, 1500 trains acheminés par jour. La
plupart de son trafic est constitué de marchandise pondéreuse. Fondée à partir de l'ancienne
filiale du vrac du BR, elle a diversifié son activité en proposant d'autres services. La filiale
EWS International assure le service européen en passant par le tunnel sous la Manche.
Intermodal Express a été créée il y a trois ans.
EWS International fait circuler des trains par le tunnel tous les jours, sauf le lundi, au
départ de cinq terminaux britanniques vers plusieurs destinations européennes: Somain (F),
Muizen (B), Köln (D), Milan, Novara, Piacenza , Bari (I), et Silla-Valencia (E).
En plus de ces problèmes de tunnel, EWS semble avoir perdu une part de ses services.
Par exemple, elle n'offre plus de liaison vers Perpignan. En revanche, depuis octobre 2003,
EWS et Transfesa proposent ensemble un service quotidien entre Silla et Willesden à toute
entreprise souhaitant faire n’importe quel envoi, même celui d’une seule caisse mobile, en 40
heures.102
101
EWS, Customer First, 8, Feb 2001.
102
www.railfreightonline.co.uk/news/articles/ 2 Oct.2003.
DRS et Malcolm transportent aussi des marchandises de ASDA entre Felixstowe (dans
le sud-est) et Grangemouth (près d'Edimbourg) et Aberdeen (dans le nord-est de l'Ecosse). Sur
le trajet de 800 km entre Felixstowe et la grande surface de ASDA à Aberdeen, seuls 35 km
sont effectués par la route.
* GB Railfreight
GB Railfreight est le premier opérateur de fret ferroviaire britannique né après la
privatisation. Cette société fait à présent partie de First Group (opérateur de trains de
voyageurs). Etant le nouvel opérateur, elle a dû rechercher une nouvelle clientèle. Sa stratégie
est d'offrir aux clients, qui ne sont pas des chargeurs habituels de Freightliner ou de EWS, un
service de fret intermodal entre le port de Felixstowe et les terminaux à l'intérieur du pays.
Ainsi, on s’aperçoit que les grandes surfaces comme ASDA utilisent plus d'un
opérateur de fret ferroviaire (ce qui n'est pas le cas pour leurs transports routiers puisqu’elles
passent des contrats à moyen terme avec l’une des plus grandes entreprises de logistique).
GB Railfreight n'était que le deuxième opérateur ferroviaire à desservir le port de
Felixstowe (premier port britannique pour le nombre de conteneurs traités), où Freightliner
possédait le monopole. Son premier service s’est créé en février 2002, dans le cadre du projet
Medite pour l'entreprise Mediterranean Shipping Co (deuxième usager du Felixstowe), en
partenariat avec le port de Felixstowe, l'opérateur de terminaux Potter Group, et la banque
* Advenza
Advenza Freight Limited est une entreprise créée récemment dont la seule activité se
limite à présent à assurer un service de palettes entre le terminal EWS à Willesden (au nord de
Londres) et Mossend (plate-forme située près de Glasgow). Elle projette d'ajouter d'autres
terminaux. En avril 2002, elle a été approuvée comme opérateur ferroviaire, et le 25 avril
2004 elle a commencé son service "Freight Bus ».
105
http://www.gbrailfreight.com/track.html
106
Rail Freight Group News, 54, sept 2004.
107
www.freightbus.co.uk/ et www.advenza.com
• Les intermédiaires
Il y a une dizaine d'intermédiaires importants, dont les activités sont assez diverses.
Voici quelques exemples, classés selon leur ancienneté :
Dans son discours prononcé pour le compte de Rail Freight Group (association des
entreprises du secteur), Derrick Potter souligne le contraste de service entre la livraison à
Liverpool - Knowsley par les chemins de fer (en retard quinze fois en trois ans) et la livraison
par la route dans la même ville, dont la congestion est si variable qu'un camion arrive toujours
en avance ou en retard. Il constate que le fret ferroviaire peut être compétitif sur des trajets
relativements courts de 580 km, comme en témoignent les correspondances Selby-
Immingham et Ely- Londres, assurées par EWS pour les clients de Potter Group.108
* Peter D. Stirling
Peter D. Stirling est le propriétaire et l’opérateur de Mossend Rail Terminal, créé par
sa famille il y a 130 ans. C'est le plus grand terminal de fret ferroviaire d’Ecosse. C’est un
important centre d'opérations de EWS pour son trafic entre l’Ecosse et le nord de l'Angleterre.
L'Euroterminal de EWS est implanté de l'autre coté de la rue (Freightliner, en revanche, utilise
Coatbridge à quelques kilomètres plus au nord, un peu mieux situé sur le réseau routier, vers
Edinburgh). Stirling a investi 4,5 millions d’euros à Mossend (dont 3 millions d’euros d’aide
publique) pour ajouter à ses capacités intermodales 900m de voies de garage, 17 000 m² de
chaussées et des engins de manutention. Tous ces services, y compris ceux à "valeur ajoutée",
sont ouverts 24h/24, 7j/7.109
108
www.pottergroup.co.uk, feb. 2004 , 16 juin 200
109
Rail Freight Group News,52, mai 2004
110
Exel devrait acheter T&B en dec. 2004.
* Simon Group
Simon Group est un opérateur de transport et de logistique. Son trafic intermodal est
composé de produits liquides et gazeux, transportés en Grande-Bretagne et en Europe par
chemin de fer. Toutes ses plates- formes comprennent un terminal ferroviaire ou sont à même
d'organiser la distribution ferroviaire par un terminal de proximité. Par ailleurs, récemment, le
Groupe a beaucoup investi dans son terminal à Immingham (desservi par EWS Intermodal)
afin de faciliter le chargement des trains.
* Malcolm Group
Malcolm Group est une compagnie familiale écossaise, cotée en Bourse (170 millions
d'euros de chiffre d’affaires). Elle est la plus grande entreprise de TRM d’Ecosse. Elle
travaille principalement avec DRS, un opérateur de fret traditionnel écossais. Elle exploite son
propre terminal de fret à Grangemouth. Elle fait acheminer par DRS des boissons (telles que
le whisky), des marchandises pour les grandes surfaces (Safeway, IKEA, ASDA). Son chiffre
d'affaires augmente de 20% par an, mais la croissance de ses bénéfices stagne à 5% par an, un
signe de la difficulté du métier.
* TDG
En 2001, TDG, grande entreprise de logistique, a créé un nouveau terminal à
Grangemouth. En 1999, le ministère des transports a accordé une aide (FFG) de 15 millions
d'euros à TDG, à une époque où les terminaux intermodaux étaient insuffisants sur la côte est
de l'Ecosse. Le terminal a été conçu pour répondre aux besoins de "gestion de flux" de ses
clients. Il est équipé d'un "overhead gantry crane",un grue de 45 tonnes capable de traiter tous
les conteneurs de type ISO. Parmi les services à valeur ajoutée, le "dépotage", le nettoyage de
caisses et l'inspection de conteneurs sont assurés. Mais on propose aussi d’autres services sur
le site : le stockage des conteneurs, des entrepôts, des véhicules de livraison.111
Cette année, un trafic sept fois supérieur à celui de l’année précédente a été réalisé par
le terminal de ABP Connect. Environ 95% des trains partent à l'heure prévue (on ne signale
pas l'heure d'arrivée…).112 Ce terminal est non seulement intermodal (il traite aussi le vrac et
des wagons d'automobiles par le système ro-ro) mais c’est aussi un terminal qui a un trafic qui
transite par le tunnel sous la Manche. De plus, Freightliner et GB Railfreight y assurent des
services intermodaux tous les jours ouvrables, depuis Felixstowe. ABP et Freightliner ont
conclu un nouveau contrat de deux ans, au printemps 2004, et ABP annonce qu'elle va
111
www.scotland.gov.uk/news/2000/03/se0801.asp
112
Rail Freight Group News, 54, sept 2004.
En Angleterre cette aide n'a plus de crédits depuis deux ans. En janvier 2003,
l'allocation a été suspendue du jour au lendemain (sans pour autant porter atteinte aux projets
déjà adoptés), afin de consacrer plus de ressources au trafic de voyageurs.
En Ecosse, le gouvernement écossais propose pour l’année 2004- 2005, une enveloppe
de 2 millions d'euros. Par ailleurs, il se déclare prêt à allouer des crédits supplémentaires si de
bons projets lui sont présentés. Avec ces fonds écossais, le Mossend Rail Terminal (Glasgow)
au centre de l’Ecosse, a été agrandi et modernisé avec une très haute sécurité. Il est à nouveau
ouvert depuis avril 2004. Le terminal appartient à une entreprise familiale, Peter Stirling,
depuis 130 ans. Celui-ci a reçu 2,7 millions d’euros en FFG du gouvernement écossais, pour
lui permettre de réduire de 500 000 les camions/km sur la route.
113
www.hamshall.bham.org.uk/ Rail Freight Group News, 52, mai 2004.
114
SRA, Freight Progress, 2003, p.12.
Tableau 8 montre que l'aide FFG soutien aussi bien le fret côtier que la voie d'eau.
Cependant le montant varie beaucoup d'une année à l’autre, du fait du manque de
propositions.
Tableau 8. Projets de transport côtier ou sur voie d'eau ayant bénéficié d’une subvention
No. de projets - 3 4 7 7 6
Montant de l'aide - 17 6 7 5 3
(millions d’euros)
Camion km - 2094 13 0.5 20 4
supprimés sur 10 ans
(millions)
Source : DfT, Waterborne Freight 2002, Tableau 5.3.
En 2001-2002, les 21 offres d'aide TAG effectuées par la SRA ont toutes été acceptées
par les opérateurs, soit 20 à EWS et une seule à DRS. Le montant total s’est chiffré à 12
millions d'euros. On évalue à 220 millions les "camion -kilomètres évités" sur les routes
britanniques.115 En 2002-2003 (huit premiers mois avant la suspension du régime), la SRA a
fait quinze offres : treize à EWS, deux à GB Railfreight, pour un montant de 8 millions
d'euros (pour 59 millions de camion -kilomètres évités). Sur la même période, la SRA a
dépensé 30 millions d'euros en aides TAG, déjà approuvées.116
En janvier 2003, la TAG a été suspendue "à titre temporaire". Les propositions de
projets qui ne sont pas éligibles pour la nouvelle aide, CNRS comme ceux qui concernent le
trafic non-conteneurisé (ciment, fer...), devraient en principe être maintenues.
Le montant de l'allocation dépend de l'unité intermodale (qui peut ainsi être une
composante d’un train de fret «mixte»). Afin d'inciter une plus grande concurrence entre les
opérateurs de fret et pour proposer une meilleure offre de services aux clients, ce montant ne
dépend pas de l’opérateur. La SRA paie la subvention au responsable du risque financier qui
est généralement l'opérateur ferroviaire.
Toutefois, les résultats ne sont pas excellents dans la mesure où ce projet n’est qu’une
partie d'une stratégie beaucoup plus ambitieuse, élaborée en 2001 (cf. section 3.2). Suite à de
graves problèmes financiers et politiques (non liés au fret ferroviaire) survenus en 2001-2002,
ces projets d'infrastructure ont été redimensionnés.
117
SRA, Company Neutral Revenue Support, Feb. 2004. voir www.sra.gov.uk;
www.railfreightonline.co.uk/news/articles/n82.
Le projet F2N, tel qu’il est actuellement conçu et mis en œuvre, progresse en plusieurs
phases :
- Entre le port de Tilbury et Londres, les travaux sont achevés. Le tronçon a été mis en service
en juin 2004. Le Port de Tilbury a récemment commencé ses envois de "grandes boîtes" sur
les wagons standards à Garston (Liverpool) et Coatbridge (Glasgow).118
- La route de détournement de Londres, depuis les ports de Felixstowe et de Harwich, en
passant par Ipswich à Londres a été achevée en octobre 2004. Les travaux ont été longs car il
a fallu creuser un tunnel sous Ipswich. Afin d’accélérer les travaux, Network Rail a fermé les
lignes pendant le mois d'août.
- Pour permettre à Hams Hall de traiter les grands conteneurs au terminal de Freightliner (au
centre de Birmingham), un tronçon a été aménagé entre Nuneaton et Birmingham. Il a été
achevé le 24 août 2004. Il a fallu reconstruire un pont et élargir les voies d’un autre port, dans
une zone urbanisée.
118
www.railfreightonline.co.uk/news/articles/n82
Depuis 1992, le permis de construire d'un tel projet d'équipement doit être obtenu par
voie parlementaire, soit par le vote d’une loi privée, soit par celui d’une loi mixte. L'objet de
la loi est privé mais le projet de loi est décidé par le gouvernement. En 2003, Central Railway
a demandé au ministre des transports de voter une telle loi, en 1996, les parlementaires s’étant
déjà prononcés contre une première version de ce projet, à cause du phénomène NIMBY.
Dans les débats à la chambre des communes, 90% des députés ont approuvé l'objectif « fret
sur rail » mais ils refusent de faire traverser chez eux ces trains "bruyants", ou de perdre les
grandes randonnées qui suivent l'ancien parcours de Central Railway.
En juin 2004, le ministre a annoncé que le gouvernement refuse de voter cette loi. Les
lettres de soutien ne sont pas des garanties très fiables. Si l'Etat s'implique dans les procédures
législatives, tout le monde va croire qu'il s'implique aussi dans le projet. Les demandes de
dédommagement vont donc se multiplier si le projet tourne mal. La compagnie déclare qu'elle
119
Central Railway, Le projet: questions et réponses (2003) www.central-railway.co.uk.
Les raisons du refus du projet des pouvoirs publics ne sont pas claires. C’est sans
doute à cause des nombreuses difficultés induites mais d'autres projets sont aussi complexes
et pourtant, de temps en temps, ils aboutissent. En 2001, une analyse très synthétique a été
rédigée dans un rapport pour la SRA par les cabinets Oscar Faber et Mouchel Consulting.120
Bien que Central Railway ait modifié certains aspects de son projet (relatifs aux questions
environnementales et au bruit), ou ait répondu, expertises à l'appui, que quelques pierres
d'achoppement n'existent pas, les atouts et les problèmes listés par Oscar Faber et Mouchel
Consulting sont encore d’actualité.
Le projet est plus simple que d'autres schémas de style "piggy back". Il ne nécessite
pas de camions, de wagons, ou d’équipements spéciaux. Il s’agit d’un système de 'ro-ro'
simple aux terminaux, facilité par un plus grand gabarit. Central Railway envisage de
construire des terminaux intermodaux dans quatre régions, y compris dans le Grand Londres,
où de telles infrastructures manquent sérieusement.
Les experts estiment que les objectifs du projet sont crédibles : le marché visé existe
bel et bien. Ils correspondent aux attentes des ministres, de la SRA, et aux déclarations de
Railtrack (bien que Railtrack refuse de prendre en considération le projet). Ils correspondent
aussi aux objectifs des planifications de transports aux échelles municipales et régionales.
Cependant, les collectivités ne s’accordent pas toujours quant aux moyens pour les mettre en
oeuvre (problèmes du phénomène NIMBY et groupes de pression locaux).
Malgré le fait que Central Railway présente ce projet comme une ligne de fret
aménagée sur un ancien tracé, libre actuellement, les choses ne sont pas si simples. Quelques
tronçons sont partagés avec le service de voyageurs (cf. figure 8), surtout celui où une ligne
de banlieue londonienne réutilise l'ancien tracé. Actuellement, il y a assez de place pour les
deux services mais l'opérateur de trains de voyageurs envisage de développer les liaisons et
préfère préserver la ligne. On distingue deux autres problèmes identiques : lorsque l’autoroute
principale est construite à proximité de l'ancienne ligne, ou une nouvelle section suivrait la
grande rocade M25. On voit bien que le fret ferroviaire n'est pas considéré comme prioritaire.
A plusieurs endroits, la nouvelle ligne traverserait d'autres voies. Bien que dans
l’ensemble, la construction des lignes semble réalisable (selon les cabinets Oscar Faber et
Mouchel Consulting), l'hypothèse que fait Central Railway de pouvoir commander ces
bifurcations et les tronçons partagés avec d'autres services se heurte sérieusement au système
d'opérabilité du réseau britannique.
Au-delà de l’aspect technique, il doit y avoir le problème que Central Railway n'a pas
encore trouvé le moment opportun. Jusqu'à 1993, les ministres favorisaient la concurrence sur
les voies. Il était donc impossible de construire, de posséder et d’exploiter seul une voie.
Depuis c'est la privatisation la plus rapide et la plus simple possible qui est recherchée. Depuis
1997, le parti au pouvoir cherche la re-nationalisation et non pas la privatisation de nouvelles
lignes. Les conseils de Oscar Faber et de Mouchel Consulting soulignent l’étrangeté de ce cas.
La SRA et le ministère des transports doivent faire en sorte que Central Railway se
sente plus à l'aise dans ses discussions avec les participants (stakeholders) importants du
projet (le réseau ferré, la SRA, le ministère).
La SRA et le ministère sont responsables de l’animation de ce débat. Ils doivent
s’intéresser aux enjeux et ne plus se contenter de réagir aux propositions de Central Railway.
Ce ne sont pas des conseils habituellement proposés ouvertement aux ministres.
6. Les perspectives
Compte tenu des prospectives sur le fret, SRA a programmé une série de projets
destinés à faire face à ces problèmes. En effet, le trafic conteneurisé devrait poursuivre sa
croissance alors que le trafic ferroviaire en vrac devrait rester stable. Pour les paquets express,
le fer serait en concurrence avec le fret aérien. Donc, il conviendrait de se focaliser sur le
trafic "unitarisé" et multimodal, c'est-à-dire, davantage de terminaux intermodaux, et agrandir
certaines parties du réseau afin de traiter les conteneurs de 2.9m/9'6".
121
SRA, Strategic Plan 2003, p.57.
122
SRA, Strategic Plan 2003, p.58.
• Le trafic de conteneurs
Dans le cadre des hypothèses économiques sur le trafic routier et la congestion routière
actuelle, NERA estime que la croissance du trafic de conteneurs va se poursuivre dans la
prochaine décennie. Ces conclusions s’appuient sur les prévisions des opérateurs portuaires.
Selon celles-ci, le trafic de conteneurs va occuper une plus grande part du transport
ferroviaire, sur des trajets de moyenne distance.
Un rapport sur le secteur pétrolier (rédigé par Arup pour le compte de la SRA),124
explique que le trafic ferroviaire de produits pétroliers est actuellement en déclin parce que les
grandes entreprises pétrolières s’arrangent pour ne pas transporter leurs produits. Le marché
domestique fonctionne non seulement avec les pipelines mais surtout, par les échanges
"virtuels" de produits entre les différentes entreprises (Terminal BP livre aux stations-essence
123
National Economic Research Associates (NERA), Economic Analysis of the Freight Market, Report to the
Office of the Rail Regulator (janv 2000). Voir sur le site de l'ORR. www.rail-reg.gov.uk.
124
SRA, Petroleum and Petroleun Products: Market Study Summary Report, août 2004. sra.gov.uk
Cette étude ne prend pas en compte les limites imposées au trafic de conteneurs par la
capacité du réseau ferroviaire, soit par le nombre de sillons, soit par le gabarit. Actuellement,
un conteneur sur trois ou quatre qui transite par les ports britanniques est de 9'6". Ils seront un
sur deux avant 2010. C'est la raison pour laquelle la SRA a proposé et financé le projet F2N.
La situation est urgente car dans le transport de fret intermodal (au moins au Royaume-Uni)
les contrats de plus d'un an se font rares. Pour soutenir la croissance sans faille du secteur
intermodal (pour le mode de transport le plus prometteur), il faudrait adopter le conteneur de
9'6".125
Il est assez difficile d'expliquer convenablement ce faible trafic actuel. Pour la baisse
de trafic de 2001-2002, on distingue trois causes principales. On évalue à 45 millions d'euros
les pertes de l'industrie du fret ferroviaire subies jusqu'en juillet 2002. Un nombre
considérable d'emplois a été perdu chez les opérateurs de lignes ferroviaires ou de terminaux.
Quelques entreprises ont dû quitter le secteur. Par exemple, des chargeurs ont passé des
contrats de longue durée avec les entreprises de transport routier et les ferries pour l'import
/export de voitures.
En septembre 2004, l'association représentant le secteur, Rail Freight Group, a fait une
évaluation approximative. Globalement, un trafic de 2 millions de tonnes passe actuellement
par le tunnel (en trains complets). Ceci représente 2,5% du marché "potentiel", au lieu de 11%
de ce marché en Grande-Bretagne (soit les marchandises normalement transportées par des
gros camions), et 15% du marché français (d'après le Rail Freight Group). En d'autres termes,
il faut se demander pourquoi tous les ans, 15 millions de tonnes ne transitent pas par le tunnel.
Le Rail Freight Group espère vivement que le gouvernement britannique décide de prolonger
le minimum de charge utile (36 millions d'euros par an) qu'il octroie à Eurotunnel, car si EWS
refuse d'attribuer ce financement, ce sera le fin de ce trafic.127
• Le secteur automobile
Une étude sur le secteur automobile vient d'être lancée par Symonds Group et le
Centre for Automotive Research de l'université de Cardiff, pour le compte de la SRA.128 Ces
125
SRA, Freight Progress, 2003.
126
NERA, Economic Analysis of the Freight Market (2000). www.rail-reg.gov.uk.
127
Rail Freight Group News, 52, mai 2004; 54, sept 2004.
128
SRA, Automotive Market Study: Summary Report, August 2004. www.sra.gov.uk
Les véhicules exportés pourraient être transportés par chemin de fer car il s'agit d'un
trafic important et direct, entre le lieu de fabrication et un port. La contrainte majeure est le
manque d'embranchement vers les usines. Cependant, quelques projets se développent dont
celui de l'amélioration de la voie entre la plate-forme Hams Hall proche de Birmingham et le
West Coast Main Line qui se concrétise.
L'importation de véhicules par le mode maritime n'offre pas les mêmes perspectives.
Les destinations sont nombreuses et il faut charger les voitures quelque part, normalement aux
ports, car ils sont souvent proches des grandes villes dans ce pays "insulaire". En revanche, la
traversée par le tunnel s'avère plus efficace car les distances parcourues sont plus longues et il
n'y a pas besoin d'un chargement/ déchargement aux côtes. Dans ce cas, la contrainte est celle
de la qualité de la prestation : le manque de fiabilité et de flexibilité d'un service qui transite
par plusieurs pays. La mise en œuvre des directives européennes devrait améliorer les
performances, mais, d'après cette étude, il faudra attendre la fin de la décennie pour ressentir
la différence.
Les pièces automobiles (telles que les moteurs) empruntent quelquefois le train, mais
sont normalement acheminés par des wagons spéciaux, dont l'équipement et la manutention
sont plus coûteux que le transport routier. Aussi, la fiabilité et la flexibilité sont des éléments
très importants. Cependant, les pièces importées pourraient en principe voyager en
conteneurs, dans des trains mixtes, ce qui améliorerait la flexibilité de l'offre ferroviaire.
129
SRA, General Freight Market Study: Summary Report (Aug 2004). www.sra.gov.uk
Pour les ingénieurs spécialistes du secteur, l'obstacle le plus important est le manque
de plates-formes intermodales dans la région où les trafics routier et ferroviaire sont les plus
denses. Le site Internet de "Rail Freight on Line" (site élaboré par des entreprises de
logistique intermodale, soutenues par la SRA) offre aux entreprises de logistique une base de
données par région, sur des plates-formes et des entrepôts situés à proximité des terminaux.131
Dans le sud-est et le sud-ouest de l’Angleterre il n'y en a aucun.
En 2003, la SRA propose une politique plus interventionniste dans son soutien aux
plates-formes proches de Londres et d'autres grandes agglomérations.132 Elle n'a pas eu la
chance de la mettre en œuvre car depuis le début de l’année 2004, il est clair que ses jours
sont comptés. Sa dissolution est prévue pour 2005. La SRA vient néanmoins de publier
précipitamment un "livre vert" (document qui sert de base de consultation) sur la politique
relative au gabarit, "Gauging Policy". L’un des principaux buts recherchés est de mieux
identifier "les véhicules qui sont en mesure de rouler sur les différentes sections", afin de
choisir plus rapidement et plus efficacement les itinéraires alternatifs, et d'identifier les
goulots d’étranglement (les courtes sections "coincées" entre des quais sous un pont). Il doit
rendre plus aisée l’identification des travaux modestes à réaliser sur l'infrastructure pour
permettre d’éviter l’utilisation de trains plus petits, ou encore, pour ce qui nous concerne,
faciliter le transport de grands conteneurs ou de caisses mobiles.
130
Rail Freight Group, Policy Paper no.39, 5 fév 2001. www.rfg.org.uk
131
www.railfreightonline.co.uk
132
SRA, Freight Progress, 2003, p.19.
En ce qui concerne le fret, la SRA, en collaboration avec les opérateurs et les usagers,
propose un réseau de fret intermodal (9'6" x 2.5, 2.55 ou 2.6 m) avec quatre niveaux
prioritaires parmi lesquels figurent les voies déjà agrandies à ce gabarit et les voies dont les
valeurs bénéfices- coûts sont déjà acceptées. Cependant, les fonds manquent et deux niveaux
d’itinéraires jugés intéressants et utiles, dont le financement n'a pas été établi jusqu'à présent.
La publication de cette carte (susceptible de subir des modifications après consultation)
pourrait :
- rassurer les opérateurs et les chargeurs quant à la disponibilité de ces itinéraires à long
terme;
Par ces questions posées aux lecteurs, la SRA rappelle toutes les difficultés de
l'intermodal :
1. Etes-vous d'accord sur l'idée de définir un réseau de fret intermodal, agrandi à 9'6", et sur la
publication des investissements reconnus comme prioritaires, bien que les fonds afférents ne
soient pas disponibles actuellement ?
2. Où se trouve le point d'équilibre entre [le coût de] l'agrandissement de gabarit sur les axes
de diversion et la perte de vos sillons habituels lorsque Network Rail fait des travaux
essentiels pendant la nuit ?
3. Etes-vous d'accord de laisser tomber l'objectif du gabarit idéal, W12 (9'6" x 2.6 m), pour le
remplacer par un nouveau gabarit, W11 (9'6" x 2.55 ou 9' x 2.6 m), ce qui laisse passer la
plupart de conteneurs pour un coût beaucoup moins cher ?
133
www.sra.gov.uk/news/2004/11/gauging_policy
Le transport intermodal est perçu non seulement comme une alternative au transport
routier mais aussi comme un moyen pour desservir les ports. Il peut être à la fois maritime et
ferroviaire. C’est un moyen de transport approprié pour relier les ports par des liaisons
terrestres de longue distance (le pays mesure 2 000 km du Nord au Sud).
Une part considérable du trafic intermodal d’export-import (surtout des caisses
mobiles et des conteneurs) passe par les nombreux ferries à destination de la Finlande, des
Pays baltes, de la Pologne, de l’Allemagne, du Danemark, de l’Angleterre etc.
1. Le trafic
Le partage modal suédois est assez atypique en Europe, puisque les 90 milliards sont
réalisés à 22 % par le fer, à 36 % par la mer et à 42 % seulement pour la route.
Le nombre de TEU transportés par Railcombi entre 1993-2003 a évolué de 300 000 à
475 000 TEU, soit une augmentation de 60 % en dix ans.
Import Export
Part en % Part en %
1996 4,0 7,3
1999 3,9 8,5
2002 4,1 10,5
Le principal port pour le trafic international est Gotheborg, qui traite 70 % des
conteneurs et qui accueille également des ferries. Les ports les plus importants pour les trafics
des ferries sont Trelleborg (tourné vers l’Europe via Allemagne), Helsingborg (tourné vers
l’Europe via le Danemark) et Stockholm (tourné vers le bassin baltique, la Finlande et les
pays baltes).
2. Les opérateurs
Aux termes de la réforme ferroviaire, l'État, sous la tutelle de l’Administration natio-
nale des voies ferrées, est responsables des infrastructures, y compris des terminaux. Les
opérateurs sont responsables des services. La division fret de SJ (l'entreprise ferroviaire
historique) a été transformée en une société anonyme, Green Cargo, et est restée une
entreprise publique. L’ancien membre de l’UIRR, SWE-Combi, n’a effectué aucune activité
depuis 2003.
Le principal opérateur est Rail Kombi. Depuis 2002, la filiale du norvégien Cargo Net
détient 55% des parts de cette entreprise alors que Green Cargo conserve une participation de
45 %. Cet opérateur commercialise des transports de « chantier à chantier » à des
transporteurs routiers. Les parcours internationaux sont effectués en coopération avec les
opérateurs HUPAC et Kombiverkehr. L’entreprise a transporté 475 000 TEU, en 2003. Son
trafic a eu une croissance de 60 %, ces dix dernières années. Green Cargo vend un transport
de « porte à porte » aux chargeurs.
Les tendances d'évolution du transport intermodal sont positives, avec une croissance
de 8 % par an pour les ferries. On constate que les chargeurs lui portent un certain intérêt,
mais les transitaires refusent de prendre des risques en mettant en place leur propre système.
La « guerre historique » entre le camion et le wagon complet a rendu le développement des
transports intermodaux très difficile.
Les principales activités de transport intermodal sont effectuées par le combiné rail-
route à travers les Alpes. Deux facteurs expliquent cette prédominance. Tout d’abord, la taille
relativement modeste du pays (220 km sur 350 km) est synonyme de courtes distances, sur
lesquelles il n’est généralement pas rentable d’acheminer les marchandises de manière
intermodale (le seuil de rentabilité est à peu près à 500 km). Par ailleurs, l’absence de
véritable façade maritime limite la nécessité de transbordement maritime-terrestre (le port de
Bâle est un cas particulier qui sera évoqué plus loin). Ces caractéristiques territoriales sont les
principales raisons pour lesquelles les politiques concernant le transport combiné sont
systématiquement liées à la question du trafic transalpin. Les données statistiques
correspondent à cette orientation.
1. Le trafic
Les flux nationaux sont essentiellement effectués sur le plateau, donc en direction Est-
Ouest, tandis que le transit domine sur l’axe Nord-Sud et que les importations et les
exportations se font de manière radiale, entre les grandes villes suisses et les pays limitrophes.
Ce principe est aussi utilisé par Cargo Domino pour effectuer le trafic transalpin via le
St-Gothard. Cargo Domino achemine des boissons et d’autres marchandises pour de grands
distributeurs ainsi que des pièces de rechange pour l’industrie automobile134.
134
Source : METZ, 2004
Les figures ci-dessous illustrent cette prédominance du ferroviaire pour le trafic transalpin.
135
Volume total transbordé : 8 à 9 millions de tonnes, par an.
Sur les deux axes du St-Gothard et du Lötschberg-Simplon, «l’autoroute ferroviaire» prend en charge les
camions – avec véhicule moteur, chargement et chauffeur. Les véhicules d’une hauteur supérieure à 4 m sont
embarqués sur des trains spéciaux dotés de wagons porteurs à plancher surbaissé. Ces derniers passent par le
Lötschberg-Simplon grâce à des extensions de gabarit, surtout dans les tunnels, et par le St-Gothard grâce à une
nouvelle génération de wagons à plancher encore plus surbaissé. Actuellement, diverses relations à travers les
Alpes suisses sont proposées dans chaque direction :
L’autoroute ferroviaire est empruntée par de grands transporteurs actifs à l’échelle européenne, car ceux-ci y
voient un moyen d’optimiser le déploiement de leur flotte et de leurs chauffeurs. Elle est également utilisée par
de nombreuses petites entreprises, pour l’essentiel installées dans le sud. L’autoroute ferroviaire fonctionne
principalement la nuit et le week-end. Le trajet à bord des voitures d’accompagnement, avec compartiments
restauration, détente et couchette, est considéré comme un temps de repos pour les chauffeurs.
Dans le cadre de sa politique de transfert du trafic, l’Office fédéral des transports a procédé, en 1998, à un appel
d’offres européen pour établir une autoroute roulante entre Fribourg-en-Brisgau et Novare. Le marché a été
136
remporté par RAlpin SA .
Le prix, pour l’acheminement d’un ensemble attelé de 40 tonnes entre Fribourg-en-Brisgau et Novare sur un
parcours de 414 kilomètres, varie entre 380 et 505 euros, en fonction du lieu de départ. Le transfert du trafic
étant un enjeu politique qui prime sur la pleine couverture des coûts, la Confédération verse une indemnité
dégressive qui s’élève en moyenne à 500 euros, par transport effectué.
En 2003, RAlpin a acheminé 56 300 ensembles attelés (charge de 85 %) entre Fribourg-en-Brisgau et Novare,
alors que Hupac a transporté 20 895 véhicules, en passant par le St-Gothard.
2. Les opérateurs
S’inspirant largement des directives européennes, la Suisse applique depuis le 1er
janvier 1999 le principe du libre accès au réseau, prévu dans le premier paquet ferroviaire.
Pour ce faire la Confédération a concrétisé la séparation comptable et organisationnelle entre
l’exploitation du réseau et la gestion de l’infrastructure. Cette disposition, et bien d’autres
(comme la transformation de l’entreprise nationale en une société anonyme, détenue par
l’Etat), ont mis du temps pour apporter leurs premiers résultats. Désormais, plusieurs
entreprises concurrencent les CFF.
• CFF Cargo
Les CFF restent l’acteur le plus important du marché. En 2003, le transport combiné
(TCNA et CR) a représenté environ 15 % des tonnes de marchandises transportées par
136
RAlpin SA est une filiale de CFF Cargo(30%), Hupac (30%), BLS Cargo(30%) et Trenitalia Cargo(10%).
• BLS Cargo
En 2002, BLS Cargo s’est allié à DB Cargo (aujourd’hui Railion Deutschland) en lui
cédant 20% de son capital-action. L’entreprise a connu une croissance très importante ces
dernières années et détient aujourd’hui environ 12% des parts de marché dans le trafic de
marchandises. BLS Cargo se concentre sur les offres de trains complets et de trafic combiné
(TCNA et CR). Environ 90% de ces offres sont du trafic international et la majeure partie
passe par l’axe Lötschberg-Simplon et par le Gothard, depuis mai 2003137.
• Rail4chem transalpin
Depuis février 2004, cette entreprise est autorisée à accéder au réseau suisse. Elle
possède trois locomotives et a réservé cinq sillons par semaine entre Bâle et Chiasso.
• TX Logistik Basel
Cette société est une filiale de TX Logistik (Cologne) et de Trenitalia Cargo. En mai
2004, l’entreprise a reçu l’autorisation d’exploiter le réseau de l’Office fédéral des transports.
TX Logistik loue des locomotives polycourants pour l’Allemagne et la Suisse. Les
mécaniciens ont été formés par le MEV. Trois liaisons hebdomadaires sont actuellement
assurées entre Mannheim, Zürich et Melzo. Les trains transportent principalement des
conteneurs139.
137
Source : METZ, 2004
138
METZ, 2004
139
METZ, 2004
• Hupac
Avec près de 400 000 expéditions, soit 7 millions de tonnes transportées chaque
année, Hupac fait partie des plus importantes entreprises d’Europe. Elle propose des navettes
sur le réseau, les Shuttle Net, ainsi que des trains complets pour les conteneurs, les caisses
mobiles et les semi-remorques. Hupac assure également un service d’autoroute ferroviaire par
le Gothard. L’entreprise achète l’ensemble de la prestation ferroviaire. Traditionnellement,
elle travaillait avec les CFF, l’un des fondateurs d’Hupac (l’opérateur possède encore 28% du
capital). Désormais, la compagnie a commencé à mettre les tractionnaires en concurrence
pour diminuer ses coûts. Par exemple, en été 2004, Hupac a lancé un appel d’offres pour ses
trains transitant par la Suisse. CFF Cargo et BLS Cargo (Stinnes DB) ont remporté l’essentiel
des lots (cf. contribution sur l’Italie, S. Bolongna). Le terminal principal de l’opérateur est
situé à Busto Arsizio.
• Hangartner
Depuis le printemps 2004, Hangartner AG, entreprise de transport et de logistique
basée à Aarau, fait circuler des trains complets combinés, entre Rostock et son terminal, trois
fois par semaine. Les convois de trafic combiné sont complétés par des wagons
conventionnels transportant de l’acier en provenance de Suède. Dans l’axe Sud-Nord, ces
trains acheminent du vin et des produits alimentaires. Ces trains mixtes prouvent la viabilité
de la mise en relation du transport combiné avec le transport par wagons isolés.
Filiale du conglomérat Stinnes (ancienne DB Cargo), le groupe Hangartner est une
entreprise de transports internationaux présente dans neuf pays européens à travers 18
succursales. Hangartner fait figure de leader sur les liaisons entre les pays nordiques,
l’Allemagne et l’Italie. En 2004, elle a assuré 60 000 acheminements. Hangartner affrète
quelque 3000 trains complets par an au départ de Hambourg ou de Rostock, à destination de
l’Italie. Le groupe possède environ 2 400 superstructures amovibles et 300 remorques
adaptées au trafic combiné140.
140
Source : METZ, 2004
141
Source : METZ, 2004
Coûts par unité de transport intermodal (distance principale : 500km sur voie ferrée), en fonction des
distances routières d’approvisionnement/livraison (10-100 km).
Coûts de transbordement
Deux constats :
1) la prise en charge des marchandises par la route, sans compter le transbordement
(environ 80€), génère un surcoût de plus de 30% par rapport au rail seul, ce qui plaide
clairement en faveur des voies de raccordement évoquées précédemment ;
2) l’importance de la RPLP (redevance poids lourds) n’est pas très significative pour de
telles distances en trafic routier : non seulement les 30 premiers kilomètres
d’acheminement sont exemptés des taxes, mais aussi, l’ensemble des taxes relatives à
la distance ne dépasse pas 65€ (CHF 100.-) pour 100 km de transport routier.
142
Cette distance de 500 km est « typique » dans le sens où les professionnels estiment qu’elle constitue le seuil
à partir duquel il est potentiellement rentable d’effectuer des transports par rail (ou combiné).
• L’objectif politique
Le principal trafic de transit est celui de l’axe transalpin. Ce dernier fait donc l’objet
d’une attention particulière du gouvernement. L’objectif déclaré de la politique suisse des
transports transalpins est de stabiliser le trafic routier à environ 650 000 passages par an, alors
qu’il avait atteint plus d’1,4 million de passages, en 2000.
Il faut savoir que la principale infrastructure de passage transalpin est le tunnel du
Gothard, qui ne dispose que d’un tube, avec une piste dans chaque sens. Or, l’adoption de
l’Initiative des Alpes de 1994 a fait inscrire dans la Constitution fédérale que la Confédération
ne devait pas développer de nouvelles infrastructures routières transalpines, ce qui exclut
l’augmentation de la capacité du Gothard. Dans ces conditions, l’objectif de 650 000 camions
à travers les Alpes permet surtout d’établir un équilibre entre les voitures et les camions, pour
une meilleure sécurité.
Les sondages ont par ailleurs révélé que le tonnage transporté a été plus élevé. Ce gain
de productivité143 est lié à l’autorisation de circulation des camions de 34 tonnes (plus un
certain quota de camions de 40 tonnes) sur le territoire, ainsi qu’à l’entrée en vigueur dès
2001 de la redevance poids lourds (RPLP) qui taxe tous les camions de plus de 3,5 tonnes,
même s’ils circulent à vide.
143
« Gain de productivité » relatif tout de même car il va de pair avec un coût de production globalement plus
élevé dû à la nouvelle taxation (RPLP).
Ces sommes sont fixées par l'arrêté fédéral de 1999, qui alloue 1,9 milliard d’€ (2,85
milliards CHF) sur dix ans pour promouvoir le transport ferroviaire de marchandises. Ce
montant ne comprend pas les aides à l'investissement pour les terminaux. Ces aides sont
versées aux tractionnaires (CFF et BLS) et/ou aux opérateurs (Hupac, CFF, BLS, etc.), selon
les cas. La Confédération accorde des prêts sans intérêt pour l’achat de matériel roulant
ferroviaire (mais pas pour le routier).
• Investissements en infrastructures
Le principal programme d’investissement en infrastructures du combiné est celui de la
réalisation de Nouvelles Lignes Ferroviaires Alpines (NLFA). Celles-ci impliquent en premier
144
Pour le transit nord-sud, il s’agit de CFF et BLS.
Par exemple : un convoi (EURO 2) d’un poids total de 30 tonnes = 75,6 centimes par kilomètre parcouru.
145
Cf. -par exemple- Ricco Maggi qui estime des valeurs monétaires pour la ponctualité et les compare aux tarifs
(voir www.nfp41.ch).
Source : Bundesamt für Raumentwicklung (2004): Aktualisierung der verkehrlichen Auswirkungen von LSVA und 40t-Limite.
La qualité s’est globalement améliorée en 2003-2004, mais le point de départ laissait une
bonne marge de manœuvre. En effet, malgré toute l’attention accordée au tronçon Nord-Sud,
environ la moitié des convois de marchandises qui y circulent arrivent avec un retard d’une
demi-heure146 au moins.
Les retards supérieurs à une heure oscillent entre 30 et 40 % (selon les périodes). Plus
de 10% ont plus de 6 heures de retard et 6 à 9% dépassent même les 12 heures de retard.
On ne peut donc pas compter sur le rail pour les marchandises devant arriver à destination à
une heure précise. A titre de comparaison, les chances d’événement à la roulette russe sont de
17% (ou 14% avec un sept-coups). Or, elles suffisent à faire percevoir ce jeu comme
dangereux. Les professionnels qui estiment l’enjeu important préfèrent se tourner vers des
alternatives mieux adaptées à leur profil de risque, tandis que les autres disparaissent au fil du
temps.
146
Les statistiques disponibles ne donnent malheureusement pas plus de détail : cette fourchette laisse supposer
que, pour les enquêteurs, la différence entre 0 minute et une demi-heure n’est pas substantielle. Elle
correspondrait donc aux usages du secteur.
147
La galerie a été creusée de manière à permettre de doubler ultérieurement les voies, si nécessaire.
148
Différentes petites réalisations, telle la boucle de liaison prévue à hauteur de Sesto Calende -qui créera une
double voie virtuelle de 44 kilomètres entre Laveno et Gallarate à proximité des terminaux de Hupac et
Ambrogio- auront un impact considérable sur les capacités de combiné transalpin.
149
Source: OFT, swisstraffic-online.ch, juin 2004.
• Terminaux et gateways
La construction et l’extension des terminaux sont soutenues par l’Office fédéral des
transports (OFT), afin de stimuler le transfert du trafic. Ce soutien fédéral se manifeste
également à travers le cofinancement de matériel du transport combiné ferroviaire150.
Parmi les projets RTE initiés par l’Union européenne, deux concernent la Suisse : l’extension
de l’accès Karlsruhe–Bâle, qui facilite l’accès au réseau suisse, et le tunnel de base du
Brenner en concurrence avec celui du St-Gothard.
On estime que la ligne Betuwe (ouverture prévue en 2007), qui reliera Rotterdam avec
les ports situés à l’intérieur du continent, devrait renforcer sensiblement le transfert de
transport de conteneurs vers le fer. Ses effets se feront également ressentir sur le trafic
transalpin, passage obligé des échanges Europe-Italie.
Pour simplifier la manutention, on cherche à transporter le fret ferroviaire en
provenance et à destination de d’embranchements de particuliers. Dans les faits, pratiquement
90 % du fret ferroviaire conventionnel et du TC intérieur ou d’import-export circule par ces
voies de raccordement. Par conséquent, le degré d’équipement des zones industrielles en
voies de raccordement influence très clairement les choix modaux des entreprises.
Aussi, la loi oblige les collectivités à desservir les zones industrielles mais,
contrairement aux accès routiers, les voies de raccordement sont considérées comme des
équipements appartenant aux entreprises et, par conséquent, elles sont construites et
entretenues sur une base strictement privée. Les éventuelles réalisations peuvent toutefois,
dans certains cas, être subventionnées par le gouvernement à partir des fonds provenant des
taxes sur les carburants.
Les perspectives sont toutefois relativement mauvaises car la pression pour réaliser des
économies se généralise dans tout le pays et remet en question ce type d’investissement dont
les retombées financières ne sont pas immédiates. Par exemple, les cantons de St-Gall et de
Zurich ont récemment supprimé les aides officielles apportées à la réalisation de voies de
raccordement privées.
150
Cofinancement d’appareils de chargement et de transbordement (grues, chargeurs frontaux, chariots
élévateurs), d’engins de traction pour la manoeuvre, de wagons porteurs, de ponts interchangeables et de caisses
mobiles. Voir www.litra.ch, rubrique «Transfert du trafic».
La subvention du prix du sillon (SPS) concerne actuellement autant le trafic par wagon
complet (TWC) que le trafic combiné. Tel ne sera pas le cas dans le futur car dès 2008, donc
dès que la taxe RPLP atteindra son montant maximal153, seul le transport combiné continuera
à recevoir ces subventions. Cette décision s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle le trafic par
wagon complet peut être exploité de manière rentable, ce qui n’est pas le cas du combiné.
La RPLP
Dans son rapport sur la RPLP (ARE LSVA, 2004), l’administration fédérale prévoit
une forte réduction du trafic routier de transit, dès l’ouverture sans restriction aux 40 tonnes
151
CF. Perspectives GVF (SGZZ 1995).
152
Dimensions : Nord-Sud : 220 km, Est-Ouest: 350 km.
153
Cela correspond aussi au moment de l’ouverture du tunnel de base du Loetschberg.
Prévisions de prestations du transport routier en transit : report sur le rail, mais avec effet
relativement modéré sur le trafic total.
On suppose donc qu’il y aura un gain de productivité (ouverture aux 40 tonnes dès
2005) ainsi qu’un trafic de contournement.
Conclusions
Les différentes formes de soutien au rail ont permis d’arrêter la chute des prestations
du transport ferroviaire. Mais, d’une part, le transport routier augmente plus rapidement que le
rail et, d’autre part, l’augmentation du fret ferroviaire concerne presque seulement le combiné.
Ce dernier est certes plus fortement subventionné, mais il est aussi question de supprimer vers
2007 le soutien au transport par wagons complets.
154
Transit total : environ 30 millions de tonnes/an.
155
77987 TEU en 2003, croissance de 7,5 % entre 2002 et 2003.
France
Les chantiers de transport intermodal les plus intéressants en France
Carte de localisation des principaux chantiers de TC en France mai 2004 (source Ministère
des Transports). La restructuration récente du plan de transport du fret SNCF a conduit au
regroupement d’activités sur certains centres et à la fermeture de nombreux autres (par ex.
fermeture du chantier CNC de Nancy, Mulhouse, Orléans).
Le choix des chantiers de transport combiné retenus cherche à illustrer aussi bien le
dynamisme et le potentiel des trafics que l’originalité de la gestion du site.
Rail Kombi
Les Axes Majeurs
Le Nord,
Nord
Sud
Cabotage maritime :
Transport par mer entre deux ports : le port de chargement (ou d’embarquement) et le port de
déchargement (ou de débarquement) situés dans le même pays, quel que soit le pays
d’immatriculation du navire.
Conteneur (Container) :
Terme générique employé pour une boîte conçue pour le transport de marchandises,
suffisamment solide pour un usage répété, généralement empilable et dotée d’éléments
permettant le transfert entre modes. Conteneur ISO : conteneur maritime aux normes
internationales.
Empotage/dépotage (Stuffing/stripping) :
Opération de chargement ou de déchargement de marchandises à l’intérieur d’une UTI.
Envoi (consignment) :
Marchandises couvertes par un seul contrat de transport.
EVP (TEU) :
Equivalent Vingt Pieds. Unité de mesure correspondant à un conteneur ISO de 20 pieds de
long (6,10 m), employée pour exprimer des capacités ou des flux de transport.
Logistique (Logistics) :
Processus de conception et de gestion de la chaîne d’approvisionnement dans le sens le plus
large.
Palette (Pallet) :
Plate-forme, généralement en bois, permettant une manutention plus facile des marchandises.
Les dimensions normalisées les plus utilisées en Europe sont 1000 mm x 1200 mm (ISO) et
800 mm x 1200 mm (CEN).
Terminal (terminal) :
Lieu équipé pour le transbordement et le stockage des UTI.
Transbordement (transhipment) :
Mouvements des UTI d’un moyen de transport à un autre.
Transport intermodal :
Acheminement d’une marchandise utilisant deux modes de transport ou plus, mais dans la
même unité de chargement ou le même véhicule routier, et sans empotage ni dépotage.
Allemagne
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Conseil fédéral aux commissions parlementaires, DETEC, Berne.
Si la vocation politique du Conseil National des Transports est évidemment nationale, la base
de référence sur laquelle il s'appuie ne saurait se borner aux frontières de la France.
L'économie du transport – les mouvements de personnes et de marchandises, l'activité des
opérateurs – est déjà d'envergure européenne et parfois mondiale. Quant aux politiques
nationales de transport, elles sont largement entraînées par les politiques communautaires,
décidées par les États membres à travers les Conseils des ministres de l'Union, ou doivent du
moins leur être compatibles. C'est à l'échelle de l'Europe que s'élabore la cohérence de la
politique et de l'économie du transport.
C'est pour mieux prendre en compte la montée en puissance des politiques communautaires et
l'internationalisation du marché des utilisateurs et des entreprises de transport que le CNT a
décidé de se doter d'un dispositif permanent d'observation du transport à l'échelle européenne,
l’"Observatoire des politiques et des stratégies de transport en Europe".
Il s'agit d'un dispositif léger, fondé sur la participation d'experts indépendants (choisis intuitu
personae) et travaillant dans les principaux pays de l'Europe occidentale. Le réseau se charge,
d'une part, d'explorer les thèmes prioritaires retenus après l'avis de la section permanente du
CNT et, d'autre part, d'établir périodiquement une "chronique des événements marquants"
permettant une vision à la fois synthétique et comparative des évolutions du système de
transport en Europe, dans toutes ses dimensions.
Le réseau des experts de l'OPSTE se compose actuellement de :
- Michel Beuthe, Facultés Universitaires Catholiques de Mons (Belgique)
- Antoine Beyer, Université Louis Pasteur, Strasbourg (France)
- Sergio Bologna, Progetrasporti, Milan (Italie)
- Jan Burnewicz, Université de Gdansk, (Pologne)
- Mme June Burnham, Middlesex University, Londres (Royaume Uni)
- Bertil Carstam, consultant, Stockholm (Suède)
- Tristan Chevroulet, Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse)
- Rafael Gimenez i Capdevila, Institut d'études territoriales de Catalogne, Barcelone
(Espagne)
- Mme Catharina Horn, Université technique de Dresde (Allemagne)
- Séraphin Kapros, Université de la mer Egée, Chios (Grèce)
- Fernando Nunes da Silva, Université technique de Lisbonne (Portugal)
- Philippe Tardieu, NEA, Rijswijk (Pays Bas)
L'observatoire édite périodiquement un bulletin, Transports/Europe, disponible en français et
en anglais sur le site Internet du CNT : www.cnt.fr
La direction et l'animation de l'Observatoire sont assurés par Michel Savy, professeur à
l'Université Paris 12 – Val de Marne et Christine Aubriot, chargée de mission au CNT.
***
Michel Beuthe
Facultés Universitaires Catholiques de Mons
Groupe Transport et mobilité
151 Chaussée de Binche
7000 Mons (Belgique)
Téléphone : 00.32.65.32.32.96
Fax : 00.32.65.31.56.91
e-mail : michel.beuthe@message.fucam.ac.be
Antoine Beyer
Université de Strasbourg Louis Pasteur
3 Rue de l’Argonne
67 000 Strasbourg (France)
Téléphone : 03.90.24.09.69
e-mail : beyer@lorraine.u-strasbg.fr
Sergio Bologna
Progetrasporti Associati
Via Casale 7
20144 Milano (Italie)
Téléphone : 00.39.02.58.10.51.43
Fax : 00.39.02.89.42.85.05
e-mail : Progetrasporti@iol.it
June Burnham
6 Herdford Road
Digswell Welwyn
Herts AL6ODE (Royaume-Uni
Téléphone-Fax : 00.44.(0).14 38 71 51 11
e-mail : J.Burnham@binternet.com
Bertil Carstam
B Consoy
Grevgatan 37
11453 Stockholm (Suède)
Téléphone : 00.46.70.71.97.412
e-mail : bertil.carstam@attglobal.net
Catharina Horn
Technische Universität Dresden
Lehrstuhl für BWL, insb. Verkehrsbetriebslehre u. Logistik
D-01062 Dresden (Allemagne)
Téléphone : 00.49.35.12.81.57.71
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Seraphin Kapros
Université de la mer Egée
2A rue Korais
82100 Kios (Grèce)
Téléphone : 00.30.16.83.10.94
e-mail : skapros@stt.aegean.gr
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