Sara, 8
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ISSN : 2509-0097
VOL.4 (2) 2019 (PP.144-156)
http://revues.imist.ma/?journal=RAM
Le mobile marketing au service des causes sociales : Une étude empirique en contexte
camerounais
Mbiadjo Fandio Faustine MIMOSETTE a
a
Faculté des sciences économiques et de gestion, Université de Ngaoundéré, Cameroun
Résumé
L’utilisation croissante du téléphone mobile par les populations du monde entier, de même que les
nombreuses possibilités offertes par ce dernier dans le domaine marketing ont fait de celui-ci un puissant outil de
communication utilisé à des fins tant commerciales que sociales. Dans le contexte camerounais, le téléphone
mobile est progressivement utilisé dans les campagnes de communication pour la transmission des informations
à caractère social. Cette recherche a donc pour objet d’identifier les antécédents à l’adoption du mobile
marketing par les promoteurs des causes sociales pour la transmission des informations à caractère social. Notre
analyse s’appuie sur une enquête auprès de 66 promoteurs des causes sociales au moyen d’un questionnaire pour
mettre en évidence l’existence des relations significatives entre la facilité d’utilisation perçue, l’importance des
objectifs poursuivis, l’utilité perçue et l’adoption du mobile marketing par les promoteurs des causes sociales.
Mots clés : adoption, innovation technologique, mobile marketing, promoteurs des causes sociales.
Abstract
The growing use of mobile phones by people around the world, as well as the many opportunities
offered by the latter in the marketing field have made it a powerful communication tool used for both
commercial and social information. In the Cameroonian context, the mobile phone is gradually used in
advertising campaigns for the transmission of social information. This research therefore aims to identify the
background to the adoption of mobile marketing by advocates of social causes for the transmission of social
information and their perceived impact on the behavior of target populations. Our analysis is based on a survey
of 66 advocates of social causes through a questionnaire that identifies the extent of different backgrounds. Our
results confirm the existence of a significant relationship between perceived ease of use, the importance of the
objectives pursued, the perceived usefulness and adoption of mobile marketing by advocates of social causes. In
addition, the variance analysis was used to highlight the effectiveness of this channel on the population behavior
change.
Key words: adoption, technological innovation, mobile marketing, advocates of social causes.
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1. Introduction
En l’espace d’une vingtaine d’années, l’usage des services de communication mobile a connu un essor
exceptionnel qui a entrainé des mutations considérables aussi bien dans les techniques d’organisation de la
production que dans les stratégies de communication des organisations. Aussi, le rapport d’Ericsson en 2014
indiquait-il que le nombre d’abonnements mobiles dans le monde à la fin du premier trimestre 2014 avait atteint
6,8 milliards ; soit environ 93% de la population mondiale. Dans le même ordre d’idée et concernant le
Cameroun, l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) a estimé qu’en (2008), le taux de pénétration
du téléphone mobile était d’environ 32,6% contre 0,7% en 2002. Ce taux s’est considérablement accru d’après
le directeur général de l’ART (agence de régulation des télécommunications) et est estimé à 71% en 2016. Cette
forte pénétration du téléphone mobile dans la population camerounaise lui donne un statut d’outil incontournable
de communication. D’ailleurs, le mobile est considéré comme l’un des produits les plus en résonance avec les
tendances profondes de la société dans la mesure où il permet un accès à l’information en temps réel quel que
soit l’endroit où se trouve le consommateur (Alord et Dirringer, 2000). Ceci renforce l’enjeu de ce canal pour la
transmission de divers formats d’information à des cibles variés, de sorte que les professionnels du marketing le
considèrent dorénavant comme une alternative crédible à envisager pour toute campagne de communication.
Cet enjeu est d’autant plus important que le contexte camerounais est marqué par les préoccupations
grandissantes de santé publique et de protection de l’environnement. En effet, de telles préoccupations sont
devenues si prégnantes que les administrations publiques, les collectivités locales et les organisations non
gouvernementales pilotent des projets visant à sensibiliser les populations cibles n’ayant parfois pour seul
équipement d’accès à la communication média que l’appareil de téléphone mobile, sur les comportements à
risque et les bonnes pratiques à adopter. En raison donc de la forte pénétration du téléphone mobile dans la
population, le mobile marketing entre progressivement dans le mix de communication des promoteurs des causes
sociales au Cameroun. C’est ainsi que plusieurs abonnés des opérateurs de la téléphonie mobile ont été exposés
par le moyen de leurs appareils de téléphone mobile aux messages tels que : « Chers clients, faites vacciner vos
enfants de 0 à 11 mois contre tuberculose, polio, fièvre jaune, diphtérie, rougeole, tétanos » (message de
MTN envoyé en date du 25/04/2002) ; « Chers parents, internet est une merveille mais il regorge de pièges
dangereux. Alors protégeons nos enfants des dangers du cyberespace » (message envoyé à plusieurs abonnés
Orange en date du 20/05/2009) ; « protégez-vous et votre famille. Rappelez-vous de dormir sous une
moustiquaire imprégnée chaque nuit. KO Palu/Orange/Minsanté » (message envoyé à plusieurs abonnés
Orange en date du 21/04/2015).
Bien que le mobile marketing impacte déjà progressivement sur la vie des camerounais, il n’en demeure pas
moins qu’il est encore au stage d’innovation dans un tel contexte, tout autant que le marketing social. Par
conséquent, il est pertinent de comprendre son adoption dans ce contexte social. Cette adoption est le processus
par lequel une nouveauté existante devient partie intégrante de la culture et des comportements de l’individu ou
du groupe qui l’accepte. Ce faisant, notre recherche porte sur l’adoption du mobile marketing qui englobe
l’acceptation et l’utilisation effective du mobile marketing dans les différentes campagnes de communication et
de sensibilisation faites par les acteurs du marketing social. Nous nous inscrivons ainsi dans la perspective de
Lapointe (1999) qui considère que l’adoption est un concept qui englobe à la fois l’acceptation, l’essai,
l’utilisation et l’internalisation d’une technologie.
A cet égard, plusieurs travaux ont analysé l’acceptabilité du mobile marketing et des services mobiles par le
consommateur (Bauer et al., 2005 ; Dickinger et al., 2004 ; Gauzente, 2008, Tsang et al, 2004). Ceux qui se sont
intéressés à l’adoption du mobile marketing suivant la perspective émettrice c’est-à-dire celle des annonceurs, se
sont focalisés sur la communication commerciale des entreprises et ont mis en évidence des facteurs tant
internes qu’externes qui influencent cette adoption notamment : les facteurs managériaux, organisationnels,
technologiques, environnementaux et culturels. C’est ainsi que Okazaki (2005), Okazaki et Taylor (2008) en se
basant sur différents facteurs environnementaux et managériaux ont expliqué l’intention d’adoption du mobile
marketing (spécialement le sms publicitaire) par les firmes en Europe. La présente recherche s’inscrit dans une
telle perspective en analysant l’adoption du mobile marketing par les promoteurs des causes sociales et par
conséquent dans le champ du marketing social. Ce faisant, l’objet de cette recherche est d’analyser les
antécédents de l’adoption du mobile marketing par les promoteurs des causes sociales. La question à la quelle
répond cette recherche est celle de savoir : quels sont les facteurs qui expliquent significativement l’adoption du
mobile marketing par les acteurs du marketing social ?
Pour répondre à une telle question, nous présentons successivement le cadre conceptuel de cette étude, la
démarche adoptée pour l’étude empirique, les résultats obtenus et les discussions qu’ils suscitent.
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a. Le mobile marketing
Le mobile marketing comme toute réalité émergente, pose le problème de définition et de caractérisation,
de compréhension des orientations qu’en donnent les praticiens et des différents acteurs participants au processus
de conception et d’envoi des messages.
Il existe plusieurs services ou outils qu’offrent de nos jours les acteurs de la téléphonie mobile à leurs utilisateurs
en fonction des avancés de la technologie de traitement et de transmission de l’information. Toutefois, deux
services ou outils sont les plus connus et les plus usités dans le cadre du mobile marketing. Il s’agit
essentiellement du Short Message Service (SMS) et du Multimedia Message Service (MMS). Alors que le
premier outil ne concerne que le message texte, le deuxième ajoute de la valeur communicative en intégrant le
son et l’image. Evidemment, la majorité de la population n’est équipée que d’appareils téléphoniques donc les
caractéristiques technologiques ne permettent d’émettre et de recevoir que les SMS. C’est pour cette raison que
le SMS qui par ailleurs offre une taille (espace) limitée à 160 caractères, reste le principal outil du mobile
marketing comme le souligne (Gauzente, 2008). Ce constat fait à cette époque du contexte occidental peut avoir
évolué de manière significative, mais reste bien pertinent à l’heure actuelle pour le Cameroun. Dans tous les cas,
l’envoi des SMS ou MMS nécessite des activités et processus dans lesquels les ressources sont déployées afin de
créer de la valeur.
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ii. Les acteurs intervenant dans le processus de conception et d’envoi des messages
via le SMS
Différents acteurs interviennent dans le processus qui va de la création, à l’envoi et à la réception du message par
les populations. Ces différents acteurs constituent ceux que nous avons identifiés dans notre travail comme les
acteurs-émetteurs d’une campagne de sensibilisation par le biais du canal mobile. Il est toutefois important de
noter que l’accès à l’utilisateur final varie en fonction des pays et ceci dépend fortement de la manière dont le
réseau mobile est structuré comme l’ont souligné Alvarez et al. (2009).
A partir de différentes enquêtes exploratoires que nous avons menées, nous pouvons ressortir la chaîne de
valeur1 suivante dans le cadre des acteurs-émetteurs qui interviennent au Cameroun dans le processus d’envoi
des messages sociaux aux populations.
Figure 1 : schéma récapitulatif de la chaîne de valeur du mobile marketing dans le cadre de la transmission
des messages sociaux au Cameroun
Les initiateurs de campagne sont généralement les ONG et les ministères. Les campagnes sont lancées en raison
d’événements spécifiques ou dans le cadre d’un plan annuel de différentes activités. Le partenariat entre les
initiateurs de campagne et les entreprises de téléphonie mobile leur permet d’utiliser ces dernières comme
courroie de transmission des messages préalablement conçus. Ainsi, les initiateurs de campagne se chargent de la
conception des messages et les entreprises de téléphonie mobile de la transmission et la diffusion de ces derniers.
La dernière catégorie d’acteurs est constituée des populations cibles des messages, c’est-à-dire les récepteurs de
ceux-ci.
Ainsi dans le domaine commercial, les travaux ont porté sur l’usage et l’adoption du SMS publicitaire. Okazaki
et Taylor (2008) dans leur étude ont identifié les facteurs qui sont liés à l’intention managériale d’utiliser ce
canal par les firmes multinationales implantées en Europe. Ils ont à cet effet identifié quatre facteurs : la capacité
de construction de l’image de marque, la capacité à utiliser le marketing basé sur la localisation, la réceptivité
perçue du SMS publicitaire par les consommateurs et la perception de l’infrastructure technologique. Dans le
même ordre d’idées, plusieurs constructions théoriques principalement développées en psychologie et en
sociologie (Venkatesh et al., 2003) ont été élaborées pour expliquer l’adoption des innovations ou des
technologies. Toutefois, presque toutes les modélisations du phénomène d’adoption de l’innovation font
référence aux théories élaborées par Rogers (1995 ; 2003) ; lesquelles ont non seulement décrit le processus
d’adoption en mettant en évidence ses différentes phases et les profils d’adopteurs correspondants, mais surtout
1
La chaîne de valeur telle que présentée ci-dessous est spécifique au domaine social. S’agissant du
domaine commercial, deux acteurs en plus font leur apparition. Il s’agit des entreprises à valeur ajoutée qui
vendent à des entreprises les fichiers clients en fonction des besoins de leur campagne de communication et les
agences marketing chargées de la conception du message à transmettre. Au Cameroun, très peu d’entreprises ont
recours à ce mode de communication pour l’instant.
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identifié les déterminants de ce processus. L’on est dès lors en droit de se demander si ces facteurs peuvent être
étendus au marketing social et spécifiquement dans le contexte africain.
Partant de cette littérature et en nous basant d’une part sur les déterminants d’ordre managérial, technologique et
environnemental et d’autre part sur une enquête exploratoire que nous avons mené, nous avons pu identifier les
antécédents présentés ci-dessous de l’adoption du mobile marketing par les promoteurs des causes sociales.
Comme, l’atteinte de cet objectif de sensibilisation est un moyen d’évaluation par les paires des actions des
managers, ils vont très probablement choisir le moyen de communication efficace, c’est-à-dire celui qui permet
de toucher une grande tranche de la population cible, si ce n’est la totalité de cette cible. Or, le changement des
habitudes et des styles de vie des populations a contribué à la limitation de l’effet des canaux traditionnels de
communication et l’utilisation croissante du téléphone mobile confère à ce canal de communication une audience
plus élevée, d’autant plus qu’ il est utilisé par pratiquement tout le monde. Bien plus, il permet un meilleur
ciblage et un message reçu peut être conservé longtemps et relu autant de fois que le souhaite la personne l’ayant
reçu. Ce qui est une gage d’efficacité communicationnelle toute chose égale par ailleurs de sorte que le mobile
marketing serait incontournable dans le marketing social (Bates, 2011). C’est aussi, ce qui aurait conduit Carter
(2008) à dire que l’utilisation du mobile marketing permet aux marketers de mieux communiquer avec des
groupes spécifiques de consommateurs et ce d’autant plus qu’il y possibilité d’interactivité. Sur la base de ces
arguments, nous postulons que :
H1 : L’importance de l’objectif poursuivi par les campagnes de sensibilisation influence positivement
l’adoption du mobile marketing par les promoteurs des causes sociales au Cameroun.
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Le coût financier induit par une campagne de mobile marketing est également un aspect important de l’adoption
de ce canal par les entreprises. Leppäniemi et Karjaluoto (2005) ont démontré l’avantage financier d’utiliser le
sms comme moyen de communication dans une campagne de mobile marketing, car celui-ci est moins cher que
les autres moyens de communication directe. Mirbagheri et Hejazinia (2010) allant dans le même sens ont relevé
que les campagnes de mobile marketing ont relativement un coût bas et sont rentables. Le sms a une grande
influence et son coût est inférieur à celui des autres médias (Keshtgary et Khajehpour, 2011). Étant donné sa
facilité d’utilisation et son coût faible, il n’est pas surprenant que celui-ci connaisse une utilisation sans cesse
croissante comme l’ont relevé Radder et al. (2010). Nous pouvons donc relever que cet avantage ne peut qu’être
apprécié par les promoteurs des causes sociales, d’où notre troisième hypothèse :
H3 : Les avantages financiers perçus de l’utilisation du mobile marketing influencent positivement son
adoption par les promoteurs des causes sociales comme canal de transmission des informations à caractère
social.
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H5 : La perception de la réceptivité des messages sociaux par les utilisateurs de téléphone mobile
camerounais influence positivement l’adoption du mobile marketing par les promoteurs des causes
sociales.
Cette section nous a permis de clarifier les concepts mobilisés dans cette étude et surtout de construire, un
ensemble cohérent d’hypothèses nous permettant d’expliquer l’adoption du mobile marketing dans le contexte
du marketing social. Il convient dès lors de décliner les choix méthodologiques que nous avons opérés pour
tester les hypothèses ainsi formulées.
3. Méthodologie de la recherche
Plusieurs choix sont généralement opérés lorsqu’on veut passer de la sphère théorique à la sphère empirique
d’une recherche. Le premier niveau de choix concerne le mode d’investigation du phénomène étudié et on a
grosso modo à en arbitrer entre l’observation, l’enquête et l’expérimentation. Nous avons dans le cadre de cette
étude retenu l’enquête par sondage. Ce faisant, nous allons exposer nos choix en ce qui concerne la mesure des
variables et l’échantillonnage car ils ont un impact sur la validité des résultats.
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La présentation des résultats de l’étude va ensuite s’articuler en deux points : la présentation des
facteurs issus de l’analyse en composantes principales d’une part et la présentation des résultats suite à la
régression logistique binomiale d’autre part.
L’hypothèse H4 selon laquelle l’adoption du mobile marketing par les promoteurs des causes sociales
est positivement associée à la perception de l’amélioration de leur image de marque auprès de la cible n’est pas
validée. Ce résultat contraire à celui obtenu dans le domaine commercial (Okazaki et Taylor, 2008) peut
s’expliquer par le fait que la majorité des promoteurs des causes sociales ne recherchent aucune considération
particulière, car ils ne sont pas là pour se positionner par rapport à la vente d’un quelconque produit, mais bien
par rapport aux idées qu’ils défendent et aux messages qu’ils souhaitent faire passer. Ainsi, dans la conception
populaire par exemple, Unicef renvoie à l’aide en général que ce soit aux personnes malades ou aux réfugiés, à la
lutte pour les enfants malades ; WWF renvoie à la lutte pour la protection de l’environnement ; KO Palu renvoie
à la lutte contre le paludisme au Cameroun. Ainsi donc, à chaque ONG sont associées les idées défendues par
celle-ci.
La dernière hypothèse qui mettait en relation la perception de la réceptivité des messages sociaux par les
utilisateurs de téléphone mobile camerounais et l’adoption du mobile marketing par les promoteurs des causes
sociales est validée. En effet, malgré le fait que la réticence perçue a une influence négative sur l’adoption du
mobile marketing par les promoteurs des causes sociales, il n’en demeure pas moins que l’utilité perçue de ces
messages par les populations cibles est de nature à booster leur adoption de l’ordre de 15,172. Ces résultats
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démontrent que l’utilité perçue par les utilisateurs est un déterminant important de l’adoption du mobile
marketing par les promoteurs des causes sociales au Cameroun. Ces résultats renforcent le bien-fondé de l’idée
avancée par Merisavo et al. (2007) selon laquelle l’utilité d’un message liée à sa valeur informative, à la
pertinence et à l’aide qu’il apporte est de nature à susciter un intérêt chez les utilisateurs. Ces propos sont
également soutenus par Milne et Gordon (1993) qui ont émis l’idée selon laquelle les consommateurs veulent
recevoir des messages qui soient adaptés à leur intérêt, ils préfèrent de ce fait recevoir des messages qui sont
pertinents. Allant dans le même sens, Gold et al. (2010) ont relevé que les consommateurs aimaient recevoir des
messages de promotion de la santé via sms, car ils ont trouvé ce moyen de communication plus informant.
Conclusion
Cette étude a pour but d’identifier les antécédents à l’adoption du mobile marketing. A cet effet, cinq
variables ont été identifiées et classées en huit facteurs à l’issue des ACP. Il s’agit de : l’importance de l’objectif
poursuivi, la facilité d’utilisation perçue, la praticité perçue du canal mobile, les avantages financiers perçus,
l’amélioration perçue de l’image de marque à travers ses deux facteurs (CPACO et CPMCO), et la réceptivité
perçue des populations cibles.
Il ressort tout d’abord de cette recherche que l’adoption du mobile marketing par les promoteurs des
causes sociales dans la transmission des messages à caractère social est principalement influencée par
l’importance des objectifs poursuivis, la facilité d’utilisation perçue et l’utilité perçue par les populations cibles.
Les résultats statistiquement significatifs obtenus visent donc à contribuer à l'avancement des connaissances
théoriques sur le processus d'adoption du mobile marketing du point de vue des acteurs-émetteurs en intégrant
dans la relation de nouveaux concepts tels que la réceptivité perçue et l’importance des objectifs poursuivis.
L’intérêt de cette recherche consiste donc à améliorer la connaissance sur les facteurs explicatifs du
comportement des annonceurs (notamment sociaux) face au mobile marketing. Elle souligne de fait la spécificité
du mobile marketing dans le contexte social.
Ainsi, la manière de présenter le message et son contenu influencent leur perception par le récepteur. De
plus, ce canal de communication interactif aide les individus à prêter plus d’attention au message et de retenir
une plus grande quantité d’informations.
Cette recherche se positionne comme un outil de sensibilisation des différentes catégories de
promoteurs de causes sociales aux pratiques de mobile marketing. Les acteurs-émetteurs doivent donc prendre en
compte plusieurs facteurs tant environnementaux, managériaux, technologiques qu’organisationnels dans la
décision d’utiliser de manière régulière ce canal de communication dans leur campagne de communication. De
plus, cette recherche met en avant l’importance d’améliorer les stratégies de communication en y intégrant le
canal mobile qui offre de nombreuses opportunités et qui a en plus un impact considérable sur l’attention et la
rétention du message transmis. Ce résultat est d’autant plus renforcé par les notes sur le développement du
digital en Afrique faites en 2017 par « We are social ». Il en ressort que le digital en Afrique n’a que peu
progressé en 2017 car moins d’une personne sur 3 à accès à internet en Afrique aujourd’hui.
Cette recherche n’est cependant pas exempte de limites. La première limite est d’ordre conceptuel et
tient au fait d’avoir limité l’analyse uniquement au domaine social. La deuxième limite est liée au fait que cette
recherche est construite sur la perception et donc pour une part sur le jugement des différents répondants. Ce qui
induit une certaine subjectivité.
Ces limites, loin de remettre en question les résultats de la présente recherche, permettent au contraire
d’ouvrir des pistes de recherches futures. Tout d’abord, les résultats mis en avant dans le contexte camerounais
doivent être étudiés dans d’autres contextes afin de pouvoir ressortir un modèle standard d’adoption suivant la
perspective émettrice. Mais plus encore, ils doivent être élargis au domaine commercial afin de faire une analyse
comparative entre les domaines commercial et social. Enfin, il s’agira d’approfondir dans le cadre d’une analyse
longitudinale la double relation (antécédent et conséquence) entre l’adoption du mobile marketing par les
promoteurs des causes sociales et l’adoption perçue d’un nouveau comportement par les populations.
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