Wrembicki 35271300 2021

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"Le réemploi vers une architecture durable"

Wrembicki, Oscar

ABSTRACT

Alors qu’une prise de conscience générale s’est opérée, nous commençons tous à réaliser que le
fonctionnement de notre société de surconsommation n’est plus un modèle pérenne. L’extraction des
matières premières et la production de déchet mènent inévitablement à l’épuisement total des ressources
naturelles. Aujourd’hui, l’industrie et le secteur de la construction sont les principaux consommateurs
de ressources ainsi que les plus importants producteurs de déchets. Depuis des siècles la pratique
du réemploi dans le domaine de la construction est une pratique courante, mais dès le début de
l’industrialisation, ce modèle de valorisation de la matière a laissé place à une production industrielle
des matériaux devant répondre à l’évolution constante des performances ainsi qu’à l’augmentation des
besoins du secteur de la construction. Aujourd’hui, suite à la prise de conscience collective des enjeux du
développement durable, la pratique du réemploi reprend de l’ampleur. Pour cela ma réflexion s’est tournée
vers la question du réemploi des déchets ce qui a déterminé mon choix de sujet. L’architecte est amené à
devenir le déconstructeur de demain pour ainsi mieux reconstruire avec ce qui est déjà là. Il est appelé ne
plus considérer le bâtiment comme un nouvel élément dans la ville mais plutôt comme une continuité de
l’existant. J’ai eu l’opportunité à travers ce travail d’essayer de répondre aux enjeux écologiques auxquels
peuvent correspondre un projet d’architecture. Il me semble ...

CITE THIS VERSION

Wrembicki, Oscar. Le réemploi vers une architecture durable. Faculté d'architecture, ingénierie
architecturale, urbanisme, Université catholique de Louvain, 2021. Prom. : Pauporté, Elie ; Scialpi, Giulia.
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:30759

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Available at: http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:30759 [Downloaded 2024/04/14 at 12:01:37 ]


LE RÉEMPLOI VERS UNE ARCHITECTURE DURABLE

Mémoire présenté par


Oscar Wrembicki
en vue de l’obtention
du diplôme d’architecte

Promoteur :
Elie Pauporté

Expert de mémoire :
Jan Hearens

Co-promoteurs :
Pierre Accarain
Eric Van Overstraeten
Daniel Otero Pena
Lucas Sgambi

Faculté d’architecture,
d’ingénierie architecturale
et d’urbanisme
UCL LOCI Tournai

Année académique :
2020 - 2021
REMERCIEMENTS

Je souhaite adresser mes remerciements a toutes les personnes


qui m’ont aidé dans la réalisation de ce travail de fin d’étude.

En premier lieu, je remercie Mr Elie Pauporté, mon promoteur,


pour ses conseils et son soutien tout au long de ce travail, ainsi
que Mme Giulia Scialpi qui s’est joint a cette aventure.

Je remercie mon expert externe Jan Hearens pour son apport


de connaissance et son expertise.

Je remercie également mes co-promoteurs Pierre Accarain, Eric


Van Overstraeten, Daniel Otero Pena et Lucas Sgambi qui m’ont
suivie dans le cadre de l’atelier 1,618 pour leur encadrement
tout au long de l’année ainsi que leur partage de connaissance.

J’adresse toute ma gratitude à mes parents et à ma famille pour


leur soutien durant toutes mes années d’études et le temps
qu’ils ont consacrés aux relectures et correction de ce travail
de fin d’études.

Merci à mes camarades d’atelier ainsi que mes amis pour leur
encouragement, leur présence et leur soutien.
Nous vivons une époque où l’environnement de notre planète
dont nous dépendons ne s’est jamais aussi rapidement modifié.
Nous sommes dans une période où l’influence de l‘homme a
provoqué le déséquilibre de plusieurs milliers d’années d’équi-
libres environnementaux. De nombreuses études scientifiques
exposent les taux des ruptures d’équilibre touchant ainsi les
océans, l’atmosphère ainsi que la partie supérieure de la croûte
terrestre.

Il est possible d’identifier les fondements de notre système so-


cial et économique qui serait à la base de cette crise environne-
mentale, mais les remettre en cause s’avère être plus difficile.
Les révolutions industrielles en Europe ont nettement amélioré
le confort matériel des populations en pleine croissance en se
reposant sur une consommation croissante des ressources ma-
térielles telles que les minéraux, les métaux, la biomasse, les
animaux et l’énergie fossile. Aujourd’hui nos dernières forêts
primaires disparaissent et la plupart de nos déchets plastiques
finissent dans les océans. Depuis les années 1970 le dévelop-
pement durable s’impose suite à une prise de conscience des
limites de notre planète à long terme, ce qu’exprime la notion
de la finitude écologique de la Terre.

Nous sommes en transition écologique, mais nous n’avons ja-


mais autant produit de déchet par habitant. Au cours du XXè
siècle, nous sommes entrés dans une société de consommation
de masse. Tous les jours, chacun d’entre nous ignore combien
il génère de kilogrammes de déchets liés aux processus de fa-
1
Production de déchets par brications de ces produits ainsi qu’à leur transport. En 2018 en
secteur en Belgique 2018 : Belgique, chaque habitant aura produit 428kg de déchet mé-
Construction, Ménage et nager, 3050kg de déchets industriels et 1987kg de déchets de
industrie / Population de la construction.
Belgique en 2018
Le secteur de la construction est l’un des plus gros consomma-
https://statbel.fgov.be/fr/
teurs de matière première et d’énergie. Aujourd’hui les tech-
t h e m e s /e nv i ro n n e m e nt / niques et les matériaux connaissent un renouvellement plus
dechets-et-pollution/produc- faible comparé à l’industrie de grande consommation propo-
tion-de-dechets sant des produits de courte durée de vie sous obsolescence
Ménage : 418kgs en 2019 programmée rapide.

6
AVANT PROPOS

D’après STATBEL, en une vingtaine d’année en Belgique, l’in-


dustrie des matériaux de construction et celui des produits de
grande consommation ont vu leur production de déchets dou-
bler.

Au contraire d’autres secteurs comme celui des ménages, de 2


Production de déchet 2018
l’agriculture et des services qui ont vu leurs productions divisées : Construction : 22.6 millions
en deux. En 2018, les secteurs de la construction et de l’indus- de tonnes Industrie : 34,7
trie ont produit 57 millions de tonnes de déchets sur un total de millions de tonnes. STATBEL
67 millions de tonnes de déchets produit en Belgique. Réduire
https://statbel.fgov.be/fr/themes/
nos besoins énergétiques dans le domaine de la construction
est devenu primordiale environnement/dechets-et-pol-
lution/production-de-dechets#-
« Le domaine de la construction représente 40% de l’énergie figures
totale utilisée dans l’Union Européenne et quasiment le quart
des émissions de gaz à effet de serre.3 » 3
Philippe Lefèvre - L’énergie
grise, la face cachée de la
D’un point de vue écologique, le réemploi aurait pour but de construction.
diminuer les déchets du secteur de la construction ainsi que de https://www.construction21.
soulager l’exploitation des ressources naturelles. Le réemploi org/france/articles/h/lener-
aurait aussi pour avantage de stimuler l’économie à travers la gie-grise-la-face-cachee-de-
création d’emplois, peu ou pas délocalisable, tout en favorisant
la-construction.html
la réinsertion professionnelle.

Le réemploi se distingue du recyclage : ce dernier implique une


transformation importante des déchets de construction. Les
procédés techniques de recyclage, qui seront détaillés par la
suite, ont tous pour objectif le principe du retour à la matière
première et à la réintroduction dans un cycle de production. Au
contraire du réemploi, ce traitement ne permet pas de conser-
ver l’intégrité des déchets ainsi que l’énergie grise produite lors
de leur fabrication.

Le réemploi des matériaux se présente comme une réponse aux


problématiques évoquées précédemment. L’architecte tient un
rôle important dans l’avenir de cette pratique ainsi que celui
des déchets. C’est pour ces raisons que je souhaite m’impliquer
dans cette démarche en plein essor.

7
SOMMAIRE

Remerciement 5
Avant propos 6
Introduction 13

PARTIE I : LE DÉCHET COMME RESSOURCE NON EXPLOITÉE

I Les notions autour du déchet 23

I.1 Introduction
I.2 Définition de la notion de déchets
I.3 Catégorisation des déchets
I.4 Phase de production
I.4.1 Préproduction
I.4.2 Sous-produit
I.4.3 Post-Production
I.5 Nature des déchets 35
I.5.1 Déchets Inertes
1. Déchets d’excavation
2. Déchets de Verre
I.5.2 Déchets dangereux
I.5.3 Déchets non dangereux non inertes
1. Déchets métalliques
2. Déchets plastiques
3. Déchets de bois

II Hiérarchie des modes de traitement 61

II.1 Décharge
II.2 Incinération
II.3 Valorisation organique
II.3.1 Méthanisation
II.3.2 Compostage
II.4 Recyclage
II.5 Réutilisation
II.6 Prévention
PARTIE II : ETAT DES LIEUX DU RÉEMPLOI 83

I Contexte historique du réemploi 85

I.1 Introduction

I.2 Démolition et récupération



I.3 Le basculement des pratiques

II Les pratiques du réemploi 93

II.1 Les acteurs

II.1.1 Autoconstruction
II.1.2 Le marché des antiquités

II.2 Les limites et opportunités 103

II.2.1 Labélisation et exigences de garantie


II.2.2 Les limites du réemploi
II.2.3 Le réemploi comme créateur d’emplois

II.3 Les perspectives 122

II.3.1 Points critiques et circularité


II.3.2 Passeport Matériaux et Building Information Model
II.3.3 Désassemblage et déconstruction
PARTIE III : ENVISAGER LE DÉVELOPPEMENT DU RÉEMPLOI À TOURNAI

I Eléments de contexte 135

I.1 Contexte socio-économique Tournaisien


I.2 Héritage industriel de Tournai
I.3 Réseaux de transport

II Potentiel de réemploi à Tournai 151

II.1 L’habitat Tournaisien comme gisement de matériaux secondaires


II.2 Les entreprises de fabrication Tournaisiennes comme gisement de
matériaux secondaire.

III Le site de projet 169

III.1 La reconversion d’un site hospitalier


III.2 Le projet dans son quartier
PARTIE IV : UNE PLATEFORME DE RÉEMPLOI ET UN PÔLE SOCIAL À TOURNAI

I Site 177

I.1 Les bâtiments hospitaliers 181

I.2 Le projet 188

I.2.1 L’étape de déconstruction


I.2.2 La reconversion des espaces extérieurs
I.2.3 La mixité du programme
I.2.4 Intention

I.3 Programme 203



I.3.1 La filière du réemploi
I.3.2 Les ateliers
I.3.3 Espace de stockage et d’exposition des matériaux
I.3.4 Pôle social

Conclusion
Bibliographie
Iconographie
12
INTRODUCTION

13
14
INTRODUCTION

Illustration
Image de drone en Afrique du
Sud, a Makause : Une colon-
nie tentaculaire de baraques
surpeuplées construit sur une
Depuis le début du XXè siècle, notre société a connu mine d’or abandonnée face a
un développement sans précédents et sans véritablement me- une banlieue riche
surer les conséquences de l‘évolution de son mode de vie. La
mondialisation a créé une accélération des échanges avec le
reste du monde.

« Aujourd’hui, 80% des ressources naturelles sont consommées


par 20% de la population.4 » L’accroissement des inégalités dans 4
Pourquoi le développement
le monde engendre un écart entre des zones de très grande durable est essentiel au-
richesse et de très grande pauvreté. jourd’hui ? - mtaterre.fr
https://www.mtaterre.fr/dos-
siers/le-developpement-du-
D’ici 2100 la population mondiale aura dépassé les 10 milliards rable/cest-quoi-le-developpe-
d’individus. Les sociétés humaines en transition réagissent mais ment-durable
encore d’une façon insuffisante pour s’adapter à ces situations
et repenser l’ensemble de leurs activités. Le développement
durable est une notion consacrée par le rapport Brundtland,
publié en 1987 lors de la Commission Mondiale sur l’Environ-
nement et le Développement de L’ONU. Ce rapport définit cette
nécessité de transition et de changement dont nous avons be-
soin ainsi que notre planète, dans un monde plus équitable et
respectueux de l’environnement.

« Le développement durable est un mode de développement 5


Définition du développe-
qui répond aux besoins des générations présentes sans com- ment durable. Rapport Brun-
promettre la capacité des générations futures de répondre aux dtland sur le site du Minis-
leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de tère des Affaires étrangères
« besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des
plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité https://fr.wikipedia.org/wiki/
et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre Rapport_Brundtland#cite_
organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement note-1
à répondre aux besoins actuels et à venir.5 »

15
16
INTRODUCTION

Illustration
De la production à la déstruc-
tion des bâtiments

Nous vivons aujourd’hui dans un système économique


basé sur le principe de l’expiration des ressources naturelles à
des fins de production et induisant inévitablement la fabrica-
tion de déchet.

Une décharge est devenue un lieu commun et représentatif de


notre style de vie moderne suite à la réussite économique de
nos sociétés dans l’inconsidération du processus linéaire de la
production industrielles des déchets. Ces lieux peuvent être à
proximité des agglomérations urbaines mais aussi situé dans
d’autres pays, comme par exemple avec le plus gros produit
d’exportation des Etats Unis vers la Chine, celui de la poubelle.

« Chaque année, dans le monde est produit 1,3 milliard de 6


Buidling from waste :
tonnes de déchets. Cette production devrait augmenter de 2.2 recovered materials in archi-
millions de tonnes en 2025 et la Chine représentera bientôt la tecture and construction. p 7
moitié de la production de déchets solides dans le monde.6 » Par Dirk E. Hebel - Marta Wis-
niewska - Felix Heisel

Concernant l’exportation des déchets à travers le


monde, les pays qui en génère le plus, sont traditionnellement
considérés comme les plus gros pollueurs. Mais en réalité ils
pourraient être considérés comme ceux possédant un grand
potentiel de ressources offrant la possibilité de restituer les ma-
tières premières investies lors de la fabrication d’un produit.

17
18
INTRODUCTION

Illustration
1
Les décharges sauvages, un
scandale à ciel ouvert.

2
Le business des marchands de
Le marché du déchet représente une véritable éco- sable
nomie mais dans de nombreux pays s’est formée également
une économie mafieuse autour du pillage des ressources et
l’enfouissement illégal des déchets dangereux. Tant que tous
les pays ne considéreront pas l'ensemble des déchets comme
une ressource, ces problèmes persisteront. Il s’agit de prendre
conscience maintenant à plus grande échelle des conséquences
involontaires de l’activité industrielle du secteur du bâtiment
d’aujourd’hui, en particulier concernant la surexploitation illé-
gale des ressources naturelle.

Le Maroc et l’Inde sont un exemple de pillage des ressources


par une véritable surexploitation du sable qui accélère ma-
lencontreusement l’érosion et le recul des plages. Il existe au-
jourd’hui une pénurie globale du sable dans le monde, ce ma-
tériau faisant partie intégrante de nombreux produits de la vie
de tous les jours.

« Pour le bâtiment seul, deux-tiers des constructions sur la pla- 7


HIAULT Richard,
nète sont constituées de béton, et deux-tiers de ce béton est La guerre mondiale du sable
constitué de sable. La Chine durant ces 4 dernières années a est déclarée.
consommé autant de sable que les Etats-Unis en un siècle.7 »
https://controverses.minesparis.psl.
eu/public/promo15/promo15_G5/
Après l’eau, le béton est la substance la plus utilisée sur la pla- www.controverses-minesparistech-1.
nète. Il amplifie les perturbations climatiques en étanchéifiant fr/_groupe5/un-point-dentree-dans-
le sol tout en provoquant de la pollution et l’épuisement des une-problematique-mondiale/la-res-
ressources naturelles. Comme alternatives à la bétonisation, source-sable-dans-le-monde-vers-le-
des matériaux plus écologiques peuvent être utilisés tel que le puisement/index.html#note2
bois, la terre et la paille.

19
Pourquoi le béton reste le matériau le plus utilisé, quand nous
avons connaissance à la fois de son impact écologique et d’al-
ternatives existantes telles des techniques plus anciennes sont
en concordance avec nos enjeux écologique ?

Nous vivons une époque où notre conscience écologique se


transforme et vise à être en symbiose avec l’environnement, la
gestion et l’organisation du territoire, de nos villes et de l’archi-
tecture doivent suivre ce même exemple.

Pour mon travail de fin d’études, j’aborde la notion de réemploi


qui est en concordance avec le contexte écologique de notre
époque. Il est essentiel de considérer l’importance du cycle des
matériaux, du début jusqu’à la fin de leur vie et de voir le bâti-
ment comme une filière de ressources matérielles. Le réemploi
désigne ici la récupération des éléments de construction lors
des chantiers de transformation ou de démolition en vue de
nouveaux usages. À travers ce travail, je souhaite répondre à
plusieurs questions :

En quoi le réemploi serait une solution pour l’architecture de de-


main ? Pourquoi cette pratique serait adaptée aux enjeux de notre
époque au sein de nos villes et de nos territoires ? En quoi et com-
ment le « déchet » serait une matière première exploitable dans le
domaine de la construction ?

Dans un premier temps j’aborderai la question du « déchet ».


Dans un deuxième temps, je souhaite faire un état des lieux du
réemploi. Dans un troisième temps, il sera question d’aborder
la pratique du réemploi au sein de la ville de Tournai. La der-
nière partie de ce mémoire sera consacrée à la mise en pratique
de ces idées par l’élaboration d’un projet d’architecture.

20
INTRODUCTION

21
22
PARTIE I : LE DÉCHET COMME RESSOURCE NON EXPLOITÉE

I Les notions autour du déchet

I.1 Introduction
I.2 Définition de la notion de déchets
I.3 Catégorisation des déchets
I.4 Phase de production
I.4.1 Préproduction
I.4.2 Sous-produit
I.4.3 Post-Production
I.5 Nature des déchets
I.5.1 Déchets inertes
1. Déchets d’excavation
2. Déchets de Verre
I.5.2 Déchets dangereux
I.5.3 Déchets non dangereux non inertes
1. Déchets métalliques
2. Déchets plastiques
3. Déchets de bois

II Hiérarchie des modes de traitement

II.1 Décharge
II.2 Incinération
II.3 Valorisation organique
II.3.1 Méthanisation
II.3.2 Compostage
II.4 Recyclage
II.5 Réutilisation
II.6 Prévention
24
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration

I.1 Introduction

Dans cette première partie, je souhaite définir plu-


sieurs notions en lien avec la question du déchet. Il s’agira d’ex-
poser les solutions et les problématiques du système actuel
concernant le traitement des déchets et plus particulièrement
ceux du secteur de la construction. Ces notions sont définies
pour la plupart dans la directive 2008/98 CE du parlement Eu-
ropéen du conseil du 19 novembre 2008 relative aux déchets
et servant actuellement de cadre législatif aux opérations de
traitement.

Cette directive relève directement de l’Union Européenne mais


son application est sous la responsabilité de chaque Etat. Il est
nécessaire de clarifier et définir plus précisément certaines no-
tions afin de faciliter leur application pour que l’ensemble des
déchets soit traité dans le respect de l’environnement et de la
santé humaine. Précédemment les différentes directives de-
puis la loi de 1975 définissant la notion de déchet, ont démon-
trées un certain besoin d’évolution de leur champ d’application
comme avec la loi de 1992, précisant cette définition en y ajou-
tant d’autres notions tel que les déchets ultimes et spéciaux fai-
sant suite aux évolutions techniques et économiques.

Ce travail constant apporté aux directives a pour objectif d’amé-


liorer la prévention contre la production des déchets et ainsi
prendre en compte tout le cycle de vie des produits et des
matières et plus seulement la dernière phase, celle du déchet.
Cette approche consiste à renforcer la valeur économique des
déchets grâce à une stratégie de traitement mettant en place
une politique de pollueur-payeur afin de fixer un coût pour l’éli-
mination des déchets produits. Cette politique vise à réduire
l’utilisation des ressources naturelles et favoriser le traitement
hiérarchique des déchets. La prévention contre la production
de déchet reste la première priorité dans la gestion des dé-
chets. Dans un deuxième temps, la meilleure solution écolo-
gique serait de favoriser le réemploi et le recyclage plutôt que
la valorisation énergétique et l’élimination des déchets.

25
I.2 Définition de la notion de déchet

La première définition de la notion du déchet fût pu-


bliée dans loi du 15 juillet 1975 par l’agence de la transition éco-
logique Française : « Tout résidu d’un processus de production,
de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau,
produit, plus généralement tout bien meuble abandonné ou que
8
Article L.541-1-1 son détenteur destine à l’abandon.8 »
du Code de l’environnement :
Première définition du déchet En 1992, cette définition s’est vue complétée par la notion de
- Legifrance.fr - https://www. déchet ultime : « Un déchet, résultant ou non d’un traitement
legifrance.gouv.fr/codes/article_ d’un déchet, qui n’est plus susceptible d’être traité dans des
lc/LEGIARTI000042176087/ conditions techniques et économique du moment, notamment
par extraction de la part valorisable ou par réduction de son
9
Loi du 13 juillet 1992 caractère polluant ou dangereux.9» En 1998, elle fût précisée
Définition d’un déchet ultime dans le sens où : « les déchets ultimes sont les déchets dont on a
Ademe.fr extrait la part récupérable ainsi que les divers éléments polluants
10 comme les piles et accumulateurs.10 »
Circulaire DGS/DH 98/249
du 20 avril 1998
Ademe.fr D’après l’article 3 de la dernière directive européenne en 2008,
la notion de déchet est définie par : « Toute substance ou tout
objet dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obli-
11
Dernière définition d’un dé- gation de se défaire.11» Chacun des déchets est définit par un
chet. Directive 2008/98/CE statut juridique permettant d’appliquer une méthode de ges-
du parlement européen et du tion adaptée à ses caractéristiques et d’assurer avec précau-
conseil.19 novembre 2008 : tions le bon déroulement des étapes de collecte, de transport,
Relative aux déchets et de valorisation et d’élimination, afin d’en limiter les risques
abrogeant certaines direc- pour la santé publique et l’environnement.
tives.
https://eur-lex.europa.eu/ Certains déchets peuvent être encore utiles et porteurs d’une
legal-content/FR/TXT/HT- valeur, leur permettant de quitter le statut de déchet. Cette der-
ML/?uri=CELEX:32008L0098 nière définition révèle que ce statut ne dépend pas de l’état de
cet objet qui pourrait s’avérer inutilisable, défectueux ou même
dangereux. Il s’agit plutôt d’une intention de son détenteur à
son égard, considérant cet objet comme déchu de son utilité
par une décision subjective et non par une observation objec-
tive, en ne prenant pas en compte les qualités de l’objet.

26
I Les notions autour du déchet PARTIE I

I.3 Catégorisation des déchets

Il n’existe pas vraiment de définition pouvant convenir


à toutes les situations qu’un déchet peut représenter car il en
existe une grande variété pouvant être classé suivant différents
critères tels que les différents types de producteurs, leur nature
et dangerosité et le secteur de production. D’autres paramètres
peuvent être pris en compte, comme la zone géographique
d’un déchet, depuis quand il existe et les besoins du moment,
permettant de préciser son statut.

Les producteurs de déchets se distinguent en fonction


de leur phase de production, il peut s’agir de préproduction ou
de postproduction. La classification des propriétés d’un déchet
s’effectue suivant trois catégories, la première concerne les dé-
chets dangereux et présentant des risques environnementaux
et sanitaire associés à leur manipulation, la deuxième concerne
les déchets organiques non dangereux comme les biodéchets
et le bois, la troisième catégorie est celle des déchets inertes
ne subissant aucune modification physique, chimique ou biolo-
gique importante. Il s’agit principalement de déchets du secteur
du bâtiment et des travaux publics.

Le dernier critère concerne les différents secteurs de production


de ces déchets, les trois principaux secteurs sont la construc-
tion, l’industrie et l’agriculture. Cette classification permet de
distinguer les réglementation à appliquer pour leur traitement
suivant les capacités du producteur et les risques de manipu-
lation.

27
28
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
1
Chutes et produits connexe :
Ecorce - Plaquettes
Sciure - Dosses
2
Chute neuves de fer
I.4 Phase de production 3
Recyclage textile

Il existe deux types de production de déchet se ré-


alisant à des phases différentes du cycle de vie d’un produit.
La pré-production concerne l’étape précédant la production
d’un produit, ce sont des déchets issus lors de la fabrication
d’un objet. Il s’agit particulièrement de déchet industriel dit
de pré-consommation. La seconde catégorie concerne ceux
de post-production, ce sont des déchets produits lors de la
consommation d’un objet à la fin de son cycle de vie dit de
post-consommation. Elle concerne en particulier les déchets
ménagers issus des produits de grande consommation.

I.4.1 Préproduction

Les déchets de pré-consommation ont l’avantage


d’avoir une production régulière et facilement prévisible, ils ne
sont pas directement considérés comme des déchets, mais plu-
tôt comme des sous-produits encore utilisables pour une se-
conde fonction. De nombreux résidus sont générés dans les
processus de production et de transformation tel que les chutes
de fabrications textiles, la sciure de bois, les métaux, le verre. Il
peut s’agir aussi de produits rappelés par l’entreprise mais aussi
de déchets liés au fonctionnement d’une entreprise comme par
exemple les vêtements de protection sur une chaine de mon-
tage.

29
I.4.2 Sous-produit

La directive adoptée par le Parlement Européen de


2008, propose une définition de la notion de « sous-produits » à
l’article 5.

« Une substance ou un objet issu d’un processus de production


dont le but premier n’est pas la production dudit bien ne peut
être considéré comme un sous-produit et non comme un déchet
(…) que si les conditions suivantes sont remplies

1. L’utilisation ultérieure de la substance ou de l’objet


est certaine ;

2. La substance ou l’objet peut être utilisé directe


ment sans traitement supplémentaire autre
que les pratiques industrielles courante ;

3. La substance ou l’objet est produit en faisant partie


intégrante d’un processus de production

4. L’utilisation ultérieure est légale, c’est-à-dire que la


substance ou l’objet répond à toutes les prescriptions
pertinentes relatives au produit, à l’environnement et
à la protection de la santé prévues pour l’utilisation
spécifique et n’aura pas d’incidences globales nocives
12
Définition d’un sous-pro- pour l’environnement ou la santé humaine.12 »
duit. Directive 2008/98/CE
du parlement européen et du
conseil.19 novembre 2008 :
Article 5
-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/
HTML/?uri=CELEX:32008L0098

30
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration

Cette notion permet aussi de répondre à la question


de la valeur d’un déchet. L’article 6 définit la notion de fin du
statut de déchet. Il s’agit du moment où certain déchet lors-
qu’ils ont subi une opération de valorisation ou de recyclage
peuvent répondre à des critères spécifiques :

1. « La substance ou l’objet est couramment utilisé à


des fins spécifiques.

2. Il existe un marché ou une demande pour une telle


substance ou un tel objet

3. La substance ou l’objet remplit les exigences tech


niques aux fins spécifiques et respecte la législation et
les normes applicables aux produits

4. L’utilisation de la substance ou de l’objet n’aura pas


d’effets globaux nocifs pour l’environnement ou la
santé humaine.13 » 13
Fin de statut d’un déchet.
Directive 2008/98/CE du
parlement européen et du
Ces critères spécifiques permettent de créer une li- conseil.19 novembre 2008
mite à la pollution ainsi qu’aux effets environnementaux de la Article 6
production de ces objets. Ces deux notions représentent une https://eur-lex.europa.eu/
avancée vers la simplification des procédures administratives legal-content/FR/TXT/HT-
des producteurs et gestionnaires de déchets de construction ML/?uri=CELEX:32008L0098
car généralement les méthodes de traitement par valorisation
se présentent comme des processus compliqués.

31
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
Des déchets en plastiques en
Malaisie arrivés de France,
d’Espagne ou encore des
Etats-Unis.
I.4.3 - Post-production

« Étape du cycle de vie d’un produit qui se situe après sa consom- 14


Fiche terminologique
mation finale et où celui-ci est récupéré pour être recyclé dans la
Définition : Postconsommation
fabrication d’un autre produit ou pour être envoyé dans un site
Office québécois de la langue
d’enfouissement sanitaire, un dépotoir ou à l’incinération.14 »
française.
http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/
Aujourd’hui, la problématique des déchets de post-consomma-
ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=8358375
tion est largement politisée lors d’actions de prévention avec
le développement d’un marché conséquent autour des enjeux
du triage et de la collecte de ces déchets. Il reste toutefois diffi-
cile d’appliquer des méthodes similaires, comme ils sont moins
prévisibles en quantité et en nature que les déchets industriels.

Il existe aussi des problèmes de contamination entre ces dé-


chets, ce qui complique ou rend impossible leur traitement. Ac-
tuellement, chaque personne produit environs un kilogramme
de déchet de post consommation par jour, sans être conscient
des déchets industriels engendrés par la fabrication de ses pro-
duits de consommation.

« On estime qu’un Européen consommerait ainsi environ 50


tonnes de ressources, dont une petite fraction seulement termine
entre les mains du consommateur sous forme de produit.15 » 15
Définition «déchets cachés»
La politique des déchets :
Consommation durable.
belgium.be
https://www.belgium.be/fr/
environnement/consomma-
tion_durable/dechets

33
34
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
1
Déchets d’extraction de la
pierre bleue de Wallonie

2
Les chantiers de démo-
I.5 Nature des déchets lition, une mine pour les
producteurs de matériaux de
construction
Les déchets se divisent en différentes catégories
suivant leur nature : ceux dangereux ou non pour la santé
humaine et l’environnement. Un autre critère est celui de leur
origine ou de leur producteur. Ils peuvent provenir des sec-
teurs ménagers, industriel ou du service public. Leurs collectes
s’effectuent différemment selon qu’ils soient mélangés entre
eux ou bien déjà séparés.

Le secteur de la construction et de l’industrie extrac-


tive sont les principaux producteurs de déchets dans le monde.
Plus de la moitié de leurs déchets sont considérés comme des
inertes qui souvent sont mélangés entre eux. Il existe aussi
d’autres catégories de déchets comme les déchets organiques
et les dangereux qui nécessitent des traitements particuliers
pour en limiter l’impact.

Dans le domaine de la construction, la démolition est la princi-


pale source de déchet du bâtiment et d’après le questionnaire
commun Eurostat 2000 sur l’état de l’environnement, les dé-
chets de démolition sont définis par :

« Déchets de démolition et de construction : gravats et autres


décombres provenant de la construction, de la démolition, de la
rénovation ou de la reconstruction de bâtiment, en surface ou en
sous-sol. Consiste principalement en matériaux de construction et
en terre, y compris les terres d’excavation. Comprend les déchets
de toute origines et de tous les secteurs d’activité économique.16 » 16
Définition : Déchets de dé-
molition et de construction
Questionnaire commun OCDE/
Eurostat 2000 sur l’état de l’en-
vironnement.
EuropéenPortaildouanes.eu
https://www.tarifdouanier.eu/
info/abreviations/635

35
36
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
Répartition des déchets du
bâtiment

D’après l’étude réalisée par la Fédération Française du bâtiment


en 2014, sur près de 40 millions de tonnes de déchets produit
par le secteur du bâtiment, 90% proviennent du secteur de la
déconstruction, de la réhabilitation et du terrassement et seu-
lement 7% proviennent du secteur des constructions neuves.

Les déchets inertes représentent 72% de l’ensemble, c’est une


part importante du gisement de déchet de construction. La par-
tie des déchets non dangereux est plus petite, elle représente
26% du gisement et les 2% restant sont des déchets dangereux.
La nature des déchets varie selon le type de travaux, la situation
géographique, l’âge et la typologie du bâtiment ainsi que la na-
ture de ses composant.

Les matériaux provenant des chantiers de constructions consti-


tuent un excédent de matériaux neufs se présentant souvent en
faible quantité. L’évolution des techniques et des matériaux de
construction permettent de moins en moins de faciliter la sépa-
ration des matériaux des éléments de construction et produit
inévitablement de nouveaux déchets.

37
38
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
Déchets inerte : Béton, enro-
bé bitumeux, parpaing, tuiles,
briques, pierres naturels

I.5.1 Déchets inertes

La commission européenne a permis de clarifier la définition


de notion de déchet inerte dans l’article 2 de la directive de
1999/31:

« Des déchets qui ne subissent aucune modification physique,


chimique ou biologique importante. Les déchets inertes ne se
décomposent pas, ne brûlent pas et ne produisent aucune autre
réaction physique ou chimique, ne sont pas biodégradables et
ne détériorent pas d’autres matières avec lesquelles ils entrent
en contact, d’une manière susceptible d’entraîner une pollution
de l’environnement ou de nuire à la santé humaine.17 » 17
Définition d’un déchet
inerte : Directive 2008/98/CE
Les déchets inertes sont principalement des matières minérales du parlement européen et du
produits par le secteur de la construction, en particulier celui conseil.19 novembre 2008 -
des travaux publics et du bâtiment mais aussi celui de l’industrie Article 2
extractive et de la fabrication des matériaux de construction. https://eur-lex.europa.eu/
legal-content/FR/TXT/HT-
Dans cette catégorie sont compris les matériaux comme les ML/?uri=CELEX:32008L0098
briques, le béton, les pierres, les tuiles, la céramique, le verre et
la terre d’excavation non polluée.

Le réemploi offre des possibilités intéressantes concernant cer-


tains matériaux de construction et de terrassement.
Le recyclage du béton par concassage permet de l’utiliser à nou-
veau pour le nivellement d’un site de démolition en constituant
une solution de matériaux alternatifs aux granulats de carrière.

39
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
Où terminent les déchets
inertes ?

Aujourd’hui les déchets inertes tiennent une place importante


dans le secteur du recyclage et de la valorisation de la matière,
le réemploi permet de préserver l’énergie grise du cycle de vie
des matériaux de construction.

D’après le diagramme, la pierre et la terre d’excavation non pol-


luée représentent la plus grande partie de réutilisation des dé-
chets inertes au sein du site de production, à l’aide de méthode
de concassage et de criblage.

Ces déchets peuvent aussi servir pour les travaux de terras-


sement sur d’autres sites de construction, ainsi que pour des
travaux routiers en substitut de granulat naturel. Le béton et
les gravats sont également recyclés et utilisés en sous couche
routière ainsi que comme matière à remblai pour les carrières.

Dans cette filière, environs deux tiers des déchets inertes sont
valorisés. Il est inévitable d’en avoir une certaine quantité, car
ils ne peuvent pas être totalement envoyés dans un centre de
stockage spécialisé. Dans le cas d’une entreprise en démolition
pratiquant du concassage, il est possible de réutiliser directe-
ment ces granulats à l’aide de leur propre centrale à béton.

41
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
Travaux de terrassement

1 - Déchets d’excavation

Les terres d’excavation sont une autre catégorie appar-


tenant aux déchets inertes. Ces matériaux de terrassement sont
composés de terre et de granulat, en particulier des limons, du
loess, de l’argile, des gravas limoneux et des gravats. D’après la
directive européenne de 2008 :

« Le statut de déchet des sol non pollués et autres matériaux


géologiques naturels excavés qui sont utilisés dans d’autres
sites que celui de leur excavation devrait être apprécié confor-
mément à la définition des déchets et aux dispositions concer-
nant les sous-produits ou le statut de fin de qualité de déchet au
titre de la présente directive.18»
18
Définition statut des terres
excavées
L’article 2 précise que les terres non excavées ainsi Directive 2008/98/CE du
que celles réutilisées sur le même site ne sont pas considé- parlement europréen et du
rées comme appartenant au statut de déchet. Il s’agit donc conseil.19 novembre 2008 :
de considérer toutes terres excavées polluées ou non comme Article 11
un déchet soumis à une législation dès sa sortie d’un site. De- http://terrass.brgm.fr/utilisa-
puis 2018, la Belgique a imposé des certificats, dont celui du tion/faq/article/quel-est-le-
contrôle de qualité du sol ainsi que celui de la traçabilité de son statut-des-terres
transport depuis son site de production. Suivant les quantités
extraites, il sera nécessaire d’avoir les deux certificats dans le
cas d’une grosse excavation. De plus si le site se trouve sur une
zone suspectée d’être polluée d’après le plan des sols, des frais
supplémentaires seront impliqués au coût du chantier. Il existe
différentes possibilités pour ces déchets : être employés pour la
modification d’un relief mais aussi être envoyés dans un centre
de regroupement pour être stockés en attendant d’avoir une af-
fectation ou bien dans un centre de traitement pour être dépol-
lués ou non afin d’être réutilisables. Il peut s’agir par exemple
de terre provenant d’une zone industrielle devant être utilisée
pour une zone résidentielle.

43
44
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
1
Stockage du verre
2
Débris de verre plat
3
Calcin

2 - Déchets de verre

Pour rappel, le verre est composé principalement de trois ma-


tières premières : la silice (sable), le calcaire et le carbonate de
sodium. Tout au long du processus de production, de nombreux
flux d’énergies et de matières ont un impact environnemental
important. Actuellement il existe deux types de verre qui se
différencient par leurs méthodes de recyclage. Le premier est
celui des verres creux que nous utilisons au quotidien pour nos
produits alimentaire et qui connait un système de boucle fer-
mée, consistant à la refonte infinie du verre.

Le deuxième type est celui des verres plats principalement


destinés au secteur de la construction. Il a été très rapidement
décliné en plusieurs autres types de verre plus résistants tel
que le verre feuilleté offrant d’avantage de sécurité lors d’une
rupture. Un autre type de verre renforcé devenu très courant
aujourd’hui est celui du verre trempé, encore plus résistant
et sécurisé, mais il est un frein pour le réemploi, sa découpe
est impossible. Une fois le verre brisé, il est impossible de le
considérer comme réutilisable. Les déchets de verre sont ap-
pelés Calcin et sont considérés comme faisant partie de la ca-
tégorie des déchets inertes. Il constitue avant tout une matière
première moins énergivore pour du verre recyclé permettant
de réduire l’impact de l‘extraction et du transport des matières
premières.

« La fabrication d’une tonne de verre nécessite : 700kg de sable


de bonne qualité, 289 kg de calcaire, 230 kg de carbonate de
soude, 30 kg d’additifs divers et une température de fusion de
1500 degrés. Quant au recyclage d’une tonne de verre, il néces-
site 1 tonne de calcin et une température de 1000 degrés.19 » 19
Données industriel. Tableau
périodique du verre. L’élé-
mentarium.fr
https://www.lelementarium.
fr/product/verres/

45
46
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
Jurgen Hiel (vendeur Opalis) a
en permanence plus de 1000
fenêtres et portes en stock,
dont la grande majorité sont
Dans le secteur de la construction, le verre représente 80% du en double vitrage, avec un
poids total du châssis. Lorsqu’il est assemblé à d’autres maté- cadre en PVC et, dans une
riaux, il se présente comme un frein pour le recyclage en plus moindre mesure, en bois.
d’être décliné en une série de matériaux de différentes natures
tel que le pvc, le bois et l’aluminium.

Aujourd’hui, l’innovation des techniques et des normes de


construction accélère le processus de remplacement des fe-
nêtres anciennes souvent porteuses d’un intérêt patrimonial.
Chaque année en France c’est près de neuf millions de fenêtres
qui proviennent des chantiers de démolition et de réhabilita-
tion. Il existe plusieurs techniques pour conserver des châssis
dans le cas d’une rénovation, elles permettent d’améliorer les
performances à travers différents procédés tels que le calfeu-
trage, le survitrage, le remplacement par un double vitrage ou
bien la plus efficace thermiquement, la pose d’un châssis sup-
plémentaire du coté intérieur.

Actuellement, le triage des différentes qualités de châssis et le


réemploi des fenêtres en fin de vie est une pratique inexistante
ou très peu répandue, elle peut être envisagée dans une mise
en œuvre pour des aménagements intérieurs, la restauration
de bâtiments patrimoniaux, des espaces non chauffés ou bien
pour un usage plus marginal comme pour la fabrication d’une
serre avec des châssis de récupération.

En réalité la déconstruction trop agressive des anciens châssis


ne permet pas de conserver intégralement leur structure, ces
éléments finissent souvent en centre de recyclage et de valo-
risation énergétique, le bois présente peu d’impact écologique
au contraire du PVC qui demande un traitement plus méticu-
leux.

47
48
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
1
Amiante
2
Destination des DIB

I.5.2 - Déchets dangereux

Ces déchets présentent des risques importants pour la


santé humaine et l’environnement, ils nécessitent d’être traités
avec précaution : ils contiennent des quantités variables d’élé-
ments toxiques et dangereux qui ne doivent pas se mélanger.
Leurs traitements ont comme priorité de diminuer leur quanti-
té et leur nocivité. L’article R.541-8 du code de l’environnement
définit les différentes formes qu’ils peuvent avoir, notamment
avec des déchets organiques, minéraux ou gazeux provenant
des secteurs ménagers, des collectivités et des industries. Les
quantités sont variables et peuvent être de nature électro-
nique ou de produits phytosanitaires et peuvent provenir des
chantiers de construction, de réhabilitation ou de démolition,
il s’agit en particulier des déchets d’amiante et de plomb. Des
méthodes spécifiques sont mises en place pour avoir une traça-
bilité de ces déchets, depuis la collecte jusqu’aux traitements.

I.5.3 - Déchets non dangereux non inertes

Les déchets non dangereux non inertes sont classés


suivant leur origine, leur nature et leur mode de traitement
après avoir été réduits au maximum. Cette catégorie est classée
suivant différent type de déchets : la première concerne ceux
recyclables utilisés comme substitution à une matière première
dans un cycle de production, des métaux industriels, du bois et
le plastique qui est généralement valorisé énergétiquement.
La deuxième typologie concerne les déchets organiques com-
posés de matière biodégradable issue des espaces verts, des
ménages et de l’industrie agroalimentaire. Il existe différents
procédés afin d’éviter cette production de déchet comme la
mise en compostage servant d’engrais avec l’épandage sur des
terres agricoles, mais aussi pour de la valorisation énergétique
avec la méthanisation. Ces déchets sont répartis en différentes
catégories comme les biodéchets ménagers et industriels ain-
si que les sous-produits animaux et les boues d’épuration des
eaux usées.

49
50
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
1
Tournure de fer
2
HMS
3
Chute d’oxycoupage
4
Fer de poutrelles
1. Déchets métalliques 5
Acier inoxydable
6
Laiton/Cuivre jaune
Le minerai de fer est l’un des principaux métaux utilisé
aujourd’hui. Il représente près de 60% du secteur de la sidérur-
gie, son mode de production et de transformation se différencie
de celui des éléments de ferrailles moins énergivores. L’acier est
un matériau composé de fer et de carbone et ses caractéris-
tiques en font un des matériaux les plus recyclés.

Malgré l’absence de perte de qualité sur plusieurs cycles et la


place importante des aciers recyclés dans la production de nou-
veaux produits, il n’y a pas assez de matière première pour ré-
pondre à la demande mondiale. Il est présent dans des produits
à courte durée de vie comme les automobiles mais aussi dans
les produits de longue durée de vie comme la structure d’un
bâtiment.Les éléments de ferrailles se divisent en plusieurs
catégories. En sidérurgie et en fonderie les chutes internes et
neuves sont directement réutilisées et les vieilles ferrailles en
fin de vie ont le statut de déchet de post-consommation.

Depuis la directive européenne de 2008, les déchets métalliques


ne sont plus considérés comme des déchets grâce au dévelop-
pement du recyclage et aux avantages des matières premières
secondaires tel que le fer, l’acier, l’aluminium et les alliages de
métaux. Leur traitement consiste à un démantèlement, une
transformation et un triage avant d‘être envoyé en fonderie.
Lorsqu’il s’agit d'éléments composés de plusieurs matériaux dif-
ficilement séparables, ce mélange appauvrit la qualité de l’acier
recyclé et nécessite l’ajout d’un meilleur acier pour compenser
cette perte de qualité. La valeur des matériaux hybrides et des
matériaux perdus ne sont pas le seul problème, le sous-cyclage
augmente aussi la contamination de la biosphère. En général
les métaux des éléments de construction maintiennent leur
qualité de cycle en cycle dans des proportions très favorables.

51
Dans le secteur de la construction, les déchets métalliques re-
présentent une partie plus infime des déchets et sont relati-
vement peu présent sur le marché du réemploi. En raison de
la nature et des caractéristiques de l’acier, ces matériaux sont
facilement revendus aux collecteurs qui les acheminent vers les
filières de recyclage.

Le recyclage des métaux reste un processus moins couteux


pour l’industrie que la transformation de minerai de fer. Bien
que l’acier soit un des matériaux les plus recyclés sans perte de
qualité et d’ajout de matière première, la demande mondiale
est toujours supérieure aux quantités disponibles et ne permet
pas d’éviter l’extraction du minerai de fer.

« Il est recyclé à plus de 62% en Europe, ce qui en fait actuelle-


ment le matériau avec le meilleur taux de réutilisation. Dans la
construction par exemple, le taux de recyclage de l'acier est par-
ticulièrement élevé : il atteint 65-70% pour les armatures béton
19
Selon l'aciériste ArcelorMit- et monte jusqu'à 98% pour les poutrelles.19 »
tal - Les ferrailles, nouvelle
ère du recyclage de l’acier On trouve généralement sur le marché du réemploi des élé-
https://www.actu-environ- ments de déstockage industriels dont toute sorte de profilés
nement.com/ae/dossiers/ de dimensions variables, des caillebotis métalliques ainsi que
matieres-recyclees/recy- des hangars industriels complètement démontés. Ce dernier
clage-ferrailles.php exemple de réutilisation de bâtiments entiers n’est pas très ré-
pandu en Belgique, au contraire des Pays Bas qui pratiquent la
réutilisation des serres horticoles professionnelles.

Une série de mesures seront nécessaires pour utiliser ces élé-


ments qui dépendront aussi de l’échelle du projet et des nou-
veaux usages attribués. Il s’agira aussi d’adapter la conception
I Les notions autour du déchet PARTIE I

de ces matériaux de réemploi vers un usage déclassé comme


pour une structure secondaire ou pour un usage non structurel.
Lors des chantiers de démontage ou de démolition, les diffé-
rents métaux ferreux et non ferreux seront séparés ainsi que
les autres déchets d’une autre nature. Ces déchets métalliques
représentent un bon exemple de ce que peut prendre en valeur
un déchet.

Aujourd’hui de nombreux acteurs occupent le marché des mé-


taux, entre les industries, les centres de recyclage, les ferrail-
leurs mais aussi un nombre important de personne vivant de la
récupération. Cette prise de valeur de ces déchets a créé inévi-
tablement un phénomène de récupération et de reventes illé-
gales des métaux, en particulier le cuivre présent sur les voies
ferrées, dans les industries ou sur la voie publique.

2. Les plastiques

Les matériaux plastiques n’ont pas toujours été autant présents


qu’aujourd’hui dans le secteur du bâtiment, qui est actuelle-
ment le deuxième plus gros consommateur de plastique après
l’industrie du conditionnement. Autrefois les éléments plas-
tiques n’étaient pas forcément visibles car ils étaient utilisés
seulement dans le domaine des canalisations, des revêtements
de sol, des câbles et des profilées. Aujourd’hui, le développe-
ment de ce secteur s’est poursuivi dans d’autres applications
comme le bardage, l’isolation, les châssis de fenêtre et l’équi-
pement intérieur.

53
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
Projet Mundo-1 par B-archi-
tecten. Anvers. 2018. Intégra-
tion de 119 mètres courants
de cloisons de réemploi, livrés
Même si le poids des déchets plastiques reste négligeable com- par Rotor. 87m de cloisons vi-
paré à l’ensemble des déchets du bâtiment, son utilisation a trées, 26 portes, 7m de cloi-
doublé en une vingtaine d’année en particulier dans le domaine sons pleines
des canalisations et des gaines techniques grâce à son faible
prix, sa légèreté, sa souplesse et sa durée de vie estimée à plus
de 100 ans.

Ces caractéristiques se présentent comme un atout pour le


réemploi dans le cas où il est possible de les récupérer. L’équi-
pement intérieur d’un bâtiment est également une source de
matériaux plastiques, les portes et les parois amovibles sont
encore très peu récupérées malgré leurs capacités techniques
d’adaptation au démontage et au remontage ainsi qu’à leur
longue durée de vie, face à un phénomène de renouvellement
toujours plus rapide de ce type d’aménagement.

En réalité ce secteur se prête exclusivement aux produits neufs


puisque le réemploi de ces éléments présente des difficultés
d’adaptations de par leurs dimensions et leurs raccords spé-
cifiques en plus des difficultés d’estimations de performances
acoustiques et de résistance au feu. C’est également le même
problème pour les châssis de fenêtre qui doivent répondre à
des exigences thermiques et d’étanchéité qui sont sensible-
ment plus strictes.

Ils proviennent généralement de la déconstruction de bâti-


ments assez récents, des surplus de production mais aussi dans
certains cas d’une erreur de communication sur les dimensions
requises lors d’un projet, provoquant l’inutilisation d’un lot
entier de châssis. Lors de la conception, il sera nécessaire de
s’adapter aux dimensions irrégulières de ces éléments de qua-
lité à très bas prix.

55
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
Où termine les déchets du
bois ?

3. Le bois

Il existe trois catégories de bois. La première (classe A) des bois


non traités, il s’agit en particulier de la déclinaison de sous-pro-
duits de bois brut et sans peinture comme les palettes, les
caisses et les tambours pour câble. La seconde catégorie (classe
B) et concerne les bois faiblement traités comme par exemple
les portes, le bois de coffrage usé, les panneaux, les vieux
meubles et les bois d’œuvre. La dernière (classe C) désigne les
bois traités avec des produits dangereux comme avec la créo-
sote pour les poteaux téléphonique ou les éléments autoclavés
composés de sels métalliques.

Aujourd’hui, la consommation et la demande en bois est en


constante augmentation, le recyclage des déchets ainsi que
l’exploitation forestière ne répond plus à la demande des in-
dustries du bois et du papier, ainsi que celles du secteur de la
valorisation énergétique et du bois de chauffage ménager. La
directive européenne ne permet pas encore de changer le sta-
tut des sous-produits issus de l’industrie de transformation du
bois, sachant que la moitié d’une grume est destinée à deve-
nir un déchet sous forme de résidus comme de l’écorce, de la
sciure et des plaquettes de bois.

Cette matière est valorisée dans 57% des cas, elle peut servir
à la réparation de palettes, mais aussi être sous forme de ma-
tière première pour la fabrication de panneaux de particules,
de pâte à papier ou même être utilisés en agriculture et dans le
nettoyage et le dégraissage. La valorisation énergétique repré-
sente 22% des cas et concerne les bois les moins dangereux et
dont les caractéristiques varient trop pour être valorisées au-
trement. Les résidus d’incinération trouvent une utilité en tant
que fertilisant pour l’agriculture. L’élimination des déchets re-
présente 21% des cas et concerne les bois dangereux non valo-
risables, ils peuvent être sortis des centres de stockage en étant
réutilisé avec précaution.

57
I Les notions autour du déchet PARTIE I

Illustration
1
Europort : revendeur d’an-
cienne poutres et poteaux en
bois.

Pour le réemploi des matériaux, il est essentiel de savoir esti- 2


De Groene Poort : Reven-
mer les performances requises pour une nouvelle application. deur de portes, châssis de
Le bois a la particularité d’avoir un langage universel lui per- fenêtres, bardade et lambris
mettant de garantir sa conformité aux exigences de sécurité en bois.
européenne. Le symbole CE est une première garantie contre
les contrefaçons en Europe. Il est suivi ensuite de différentes
lettres et chiffre permettant de connaitre l’essence du bois, son
domaine d’application et ses performances de contraintes en
flexion.

Les matériaux en bois du gros œuvre et de l’enveloppe du bâti-


ment se distinguent entre des pièces performantes, présentant
un avantage écologique et économique ou alors, il peut s’agir
de bois anciens avec des formes plus spécifiques et porteurs
d’une valeur patrimoniale. Ces matériaux du réemploi pro-
viennent d’anciennes habitations, de sites industriels, agricoles
et maritimes. Ils peuvent être transformés par le revendeur afin
d’être adaptés en d’autres matériaux tel que du plancher, du
bardage, des escaliers ou du mobilier. Ces processus tel que le
recalibrage, le sciage et la finition induisent inévitablement un
coût supplémentaire lors de la revente.

Les éléments de finition tel que les panneaux et les lattes en bois
supportent difficilement une remise en état mais représentent
un produit à très bas prix et n’est pas visible dans le bâtiment.
Le réemploi du parquet est propice dans le cas où le démontage
et le remontage est possible, sa valeur varie suivant l’essence et
son âge. Suite à l’augmentation de la demande, la pratique du
vieillissement artificiel du bois est rentrée en concurrence avec
les bois anciens de réemploi.

59
60
II Hiérarchie des modes de traitement PARTIE I

Illustration
Echelle de lansink

II Hiérarchie des modes de traitement

Lorsqu’une matière acquiert le statut de déchet, elle intègre


le système hiérarchique du traitement des déchets. L’échelle
de Lansink propose une classification qui a pour objectif d’at-
teindre le principe d’économie circulaire des ressources, à l’aide
d’un système pyramidal proposant l’application d’une taxation
des déchets les plus nocifs pour la santé humaine et l’environ-
nement. L’élimination et la valorisation énergétique des dé-
chets sont les traitements les plus nocifs et correspondent à la
notion de downcycling : « procédé par lequel on transforme un
déchet matériel ou un produit inutile en un nouveau matériau
ou un produit, de qualité ou de valeur moindre.20 » 20
Définition Downcycling
Guide Bâtiment Durable.brussels
Les autres catégories de traitement comme la réutilisation et https://www.guidebatimentdu-
la prévention appartiennent à la notion de Upcycling : « le sur- rable.brussels/fr/downcycling.
cyclage est l’action de récupérer des matériaux ou des produits html?IDC=1521&IDD=8274
dont on n’a plus l’usage afin de les transformer en matériaux ou
produit de qualité ou d’utilité supérieure. Il s’agit donc d’un re-
cyclage « par le haut».21 » Le recyclage peut également corres- 21
Définition Upcyling
pondre dans certains cas à ces deux notions différentes. Dans le Upcycling & récupération
domaine de la construction, le recyclage et la valorisation des https://lacaravanepasse.eu/
matières et énergétique sont les pratiques les plus répandues, upcycling-recuperation/
le réemploi des matériaux appartient au marché de seconde
main et il est encore considéré comme compliqué à appliquer
sur le marché professionnel de la construction.

61
62
II Hiérarchie des modes de traitement PARTIE I

Illustration
Installation technique d’un
centre d’enfouissement (CET)
Trajet du lixiviat

II.1 Décharge

La notion d’élimination dans la hiérarchie du traitement des dé-


chets correspond avant tout au besoin de se débarrasser du dé-
chet à moindre coût sans envisager une possible réutilisation.
Le cas le plus fréquent est celui de la mise en décharge dans
des infrastructures élaborées de façon à protéger le sol avec
des membranes bitumeuses. Aujourd’hui en Belgique, ces dé-
charges sont appelées des centres d’enfouissement technique.
Ce sont des lieux de stockage pour les déchets ni recyclages,
ni valorisables dans des conditions écologiquement et écono-
mique acceptables. Ce traitement constitue le dernier recours,
ce n’est pas une solution durable comme ils perdurent dans le
temps et correspondent à la notion de déchet ultime énoncée
au début de ce chapitre.

La fermentation des déchets produit inévitablement du mé-


thane qui par ses caractéristiques, présente des risques d’explo-
sion et de combustion. Il est donc nécessaire de mettre en place
un circuit de récupération. Le dépôt sauvage en pleine nature
de ces déchets constitue un autre processus encore répandu
aujourd’hui. Ce processus illégal engendre la dégradation des
paysages par l’occupation des sols, la pollution visuelle et olfac-
tive. La fermentation des déchets contamine inévitablement le
sol et les eaux souterraines. Le film documentaire Super Trash
est un exemple illustrant les problèmes de cette méthode de
traitement des déchets. Les décharges à ciel ouvert contiennent
généralement une quantité anormale de déchet dangereux et
libèrent dans la nature le lixiviat, ce jus toxique issus de la fer-
mentation des déchets.

63
64
II Hiérarchie des modes de traitement PARTIE I

Illustration
1
Valorisation énergétique
2
Mâchefer

II.2 Incinération

Ce traitement consiste à brûler les déchets dans un


incinérateur. Du moment où il est associé à un système de
récupération d’énergie, ce processus prend le nom de valo-
risation énergétique. C’est une solution pour les déchets ne
pouvant être recyclés ou valorisés sous forme de matière. Ce
traitement permet de récupérer l’énergie consommée lors de
la production de ces déchets.

L’énergie produite lors de la combustion des déchets libère


de la chaleur pouvant alimenter par exemple dans le secteur
industriel une cimenterie ou bien un système de chauffage
urbain ou d’électricité. Ce traitement produit inévitablement
des résidus sous forme de fumées et de poussières qui sont
traitées par un processus de lavage et de filtration pour en
extraire les polluants avant d’être relâchés dans l’atmosphère.

Une autre forme de résidus cette fois ci solides appe-


lés mâchefers sont de nature incombustible et sont constitués
de métaux, de minéraux et de composés organique pouvant
être recyclés et utilisés comme remblais.

« Une tonne de déchets incinérés produit généralement 230 à 250


kgs de mâchefers, 25 à 50 kgs de résidus solides issus de l’épuration
des fumées, 20 à 25gks de métaux ferreux, 0.5 à 1.5 kgs de métaux
non ferreux ; ainsi que d’autres cendres et résidus.22 » 22
Les ferrailles, nouvelle ère
du recyclage de l’acier
Actuenvironnement.com
https://www.actu-environ-
nement.com/ae/dossiers/
matieres-recyclees/recy-
clage-ferrailles.php

65
66
II Hiérarchie des modes de traitement PARTIE I

Illustration
Méthanisation

II.3 Valorisation organique

Ce traitement des déchets correspond à une des catégories du


recyclage dit « organique » et concerne la catégorie des bio-
déchets qui sont de nature biodégradable. Ils peuvent prove-
nir des espaces verts, des déchets alimentaires ménagers, des
commerces, de l’industrie agroalimentaire et de l’agriculture.
Cette catégorie comprend aussi les sous-produits animaux, ain-
si que des boues d’épuration. Actuellement il existe deux filières
différentes pour valoriser ces déchets, celle de la méthanisation
et celle du compostage. Elles se différencient dans un premier
temps par la taille de leur infrastructure. Pour être performant,
la première filière nécessite l’installation d’un grand complexe
industriel au contraire de la deuxième qui vise à réduire sa taille
pour être facilement employable localement.

II.3.1 Méthanisation

Un méthaniseur est une cuve souple et fermée dans laquelle


la matière organique est fermentée à l’aide de bactéries pri-
vée d’oxygène (anaérobie) sous une chaleur élevée à près de
40 degrés. Ce traitement permet de transformer la matière
en biogaz tout en produisant des résidus sous le nom de di-
gestat. La quantité de gaz produite varie suivant la nature des
déchets, tandis que celle des résidus reste inchangée. Ce gaz
permet d’alimenter directement un réseau ou, en étant brulé,
de produire de l’énergie ou de la chaleur, tandis les volumes
important de digestat sont en partie utilisés comme fertilisant
pour les terres agricoles ou envoyés en compostage pour éviter
d’éventuels accidents de pollution.

67
68
II Hiérarchie des modes de traitement PARTIE I

Illustration
Compostage industriel

II.3.2 Compostage

Le compostage est défini par la dégradation des ma-


tières organiques à l’aide de bactéries et de champignons en
présence d’oxygène et d’humidité, cette pratique est privilégiée
à la méthanisation car elle suit le cycle naturel des matières or-
ganique tout en produisant un compost frais servant de fertili-
sant pour l’agriculture. Tout au long du processus, les bactéries
consomment de l’oxygène et dans le cas d’un mauvais mélange,
se forment des poches de gaz de méthane et de souffre pou-
vant être écologiquement dangereux. Pour cette raison, la mise
en décharge de ces déchets va être interdite et la taille des com-
postages sera réduit pour limiter les risques.

La méthanisation se présente comme une solution


vers l’indépendance énergétique ainsi que la réduction des be-
soins en fertilisant, mais encore une fois les déchets ménagers
n’ont pas une teneur énergétique assez importante comparés
aux déchets de l’agriculture. En revanche, le compostage se
présente comme une solution plus simple et efficace pour ces
déchets ainsi que plus abordable qu’un centre de méthanisation.
Dans les deux cas des nuisances olfactives existent. Un métha-
niseur nécessite une quantité importante de matière pour que
l’opération soit rentable, ce qui implique un stockage conséquent
de déchet autour de l’infrastructure et donc inévitablement des
odeurs. En revanche dans le cas d’un compostage, si le mélange
est bien réalisé, il peut y avoir un équilibre de la matière ne déga-
geant pas de mauvaise odeur.

69
70
II Hiérarchie des modes de traitement PARTIE I

Illustration
Fonctionnement technique ou
scientique de fabrication de bio gaz
Première et seconde génération

II.4 Le Recyclage

D’après l’article 3 de la directive de 2008, le recyclage


est défini par : « Toute opération de valorisation par laquelle
les déchets sont retraités en produits, matières ou substances
aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins. Cela inclut
le retraitement des matières organiques, mais n’inclut pas la
valorisation énergétique, la conversion pour l’utilisation comme
combustible ou pour les opérations de remblayage. 23 » 23
Définition du recyclage.
Directive 2008/98/CE du
Le recyclage est un traitement des déchets consistant à la « parlement europréen et du
réintroduction des matériaux qui en sont issus dans le cycle conseil.19 novembre 2008 :
de production d’autres produits équivalent ou différents.24 » Il Article 3
existe trois catégories de techniques de recyclage, le traitement -lex.europa.eu/legal-content/
mécanique, chimique et organique. Le recyclage organique a FR/TXT/HTML/?uri=CE-
déjà été évoqué en partie avec le compostage et la méthanisa- LEX:32008L0098
tion. Il manque à cette catégorie une autre source d’énergie re- 24
Autre définition du recy-
nouvelable : les biocarburants de première génération qui sont clage. Futura-sciences.com
aujourd’hui produit industriellement. Il s’agit du bioéthanol https://www.futura-sciences.
produit par la transformation du sucre des végétaux en alcool com/planete/definitions/
par fermentation, ainsi que le biodiesel qui est produit par la developpement-durable-re-
réaction de l’huile avec de l’alcool dans un catalyseur. cyclage-5774/

Ces biocarburants sont en concurrence avec la production de


produits de la chaîne alimentaire car ils utilisent des matières
premières pouvant servir d’alimentation pour les humains et les
animaux. En revanche, les huiles utilisées peuvent être usagées
et suivre un cycle de régénération pour être réemployées dans
la fabrication de biodiesel:

« toute opération de recyclage permettant de produire des 25


Définition régénération
huiles de base par un raffinage d'huiles usagées, impliquant no- des huiles usagées. Directive
tamment l'extraction des contaminants, des produits d'oxyda- 2008/98/CE du parlement
tion et des additifs contenus dans ces huiles.25 » europréen et du conseil.19
novembre 2008 : Article 3
-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/
HTML/?uri=CELEX:32008L0098

71
Arrivage privés
Arrivages recyparcs

Arrivage privés

1. Préparation matière première


2. Introduction du solvant
3. Dissolution
4. Récupération du matériau
secondaire pour revalorisation
5. Additif
6. Précipitation par introduction
de la vapeur d’eau
7. Séchage et tamisage
8. Traitement des effluents aqueux
9. Emballage du «PVC précipité»

72
II Hiérarchie des modes de traitement PARTIE I

Illustration
1
Recyclage dechets inertes
2
Recyclage chimique

Le traitement mécanique consiste à la transformation


par broyage des éléments pour obtenir des matières premières
secondaires qui n’ont pas subi de modification chimique. Par
exemple, les déchets inertes tels que le béton peuvent être
broyés et transformés en granulats réutilisables pour des fon-
dations de bâtiment.

Le traitement chimique désigne un ensemble de pro-


cessus modifiant la structure chimique comme c’est le cas des
déchets plastiques par exemple. Les molécules de la structure
chimique sont converties afin d’être utilisées pour de nouvelles
réactions chimiques. Ce traitement permet aux déchets plas-
tiques non recyclables par traitement mécanique d’éviter la
mise en décharge.

« L’exemple le plus commun de recyclage chimique en Europe


est pour l’instant, l’utilisation de déchets plastiques dans les
hauts-fourneaux : les plastiques y sont convertis en gaz de
synthèse et remplacent le coke, le charbon, ou le gaz naturel
comme agent de réduction permettant de transformer le mine-
rai de fer et les autres métaux oxydés en métaux purs.26 » 26
Recyclage chimique.
Plasticseurope.org
https://www.plasticseurope.
org/fr/focus-areas/circular-eco-
nomy/zero-plastics-landfill/
recycling-and-energy-recovery

73
Upcycling Recycling Downcycling

74
II Hiérarchie des modes de traitement PARTIE I

Illustration
1
Upcycling : Vers le haut
2
Recycling
3
Downcycling : Vers le bas

Il existe deux types de recyclage. Celui en boucle fer-


mée désignant une matière recyclée utilisée pour un usage
identique sans modification fonctionnelle et le recyclage en
boucle ouverte où la matière est utilisée pour une autre applica-
tion. Ce traitement peut correspondre à la fois au downcycling
et au upcycling, il requière une source importante d’énergie et
après plusieurs cycles de vie, se produit une perte de qualité
de la matière première, destinée à la fabrication de produit de
qualité et d’application secondaire. Comme par exemple avec
le cas de briques de construction en plastique recyclé, pouvant
être utilisées pour un usage non structurel.

« Les propriétés matérielles de ce plastique recyclé étant alté-


rées (son élasticité, sa transparence et sa résistance à la trac-
tion), des additifs chimiques ou minéraux sont fréquemment
introduits pour atteindre la qualité de performance souhai-
tée. Par conséquent, il arrive que les plastiques « sous-cyclés »
contiennent d’avantage d’additif que du plastique « vierge ».27 » 27
Citation de William Mcdo-
nough/ Michael Braungard
Le recyclage offre une opportunité aux matériaux mis Cradle to cradle :
au rebut mais ce traitement ne constitue pas une solution mi- Creer et recycler à l’infini
racle. Le Upcycling est une pratique de récupération de maté- p. 84
riaux et de produits en fin de vie consistant à les détourner de
leur fonction initiale pour créer un nouveau produit avec une
valeur ajoutée en termes de qualité ou de fonctionnalité. Cette
pratique s’inscrit dans un principe économique et écologique,
d’une approche circulaire et créative réduisant le gaspillage et
la production de déchet. C’est un recyclage par le haut visant
à faire quitter le statut de déchet d’un objet, il est accessible à
tous et demande peu d’énergie mais cette pratique ne connaît pas
encore d’industrialisation.

75
Upcycling
Matière première

Réemploi éléments

Récolter Compostage
Matière première Déchet

Exploitation minière Transport Production Transport Construction Utilisation Déconstruction Transport Triage Enfouissement
Matières premières Elements Immeuble ou démolition déchets Déchet Incinération

76
II Hiérarchie des modes de traitement PARTIE I

Illustration
Circuit de la matière et des
éléments de construction

II.5 La Réutilisation

D’après la directive européenne de 2008, la préparation en vue


du réemploi est définie par :

« Toute opération par laquelle des produits ou des composants


qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un
usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus.28 » 28
Définition du réemploi et
de Préparation en vue du
Pour la préparation vers le réemploi, il est nécessaire de passer réemploi. Directive 2008/98/
par plusieurs étapes afin d’évaluer le statut de l’objet en com- CE du parlement européen et
mencent par un simple contrôle visuel, puis par le tri des déchets du conseil.19 novembre 2008
dangereux, jusqu'à la réparation et la retouche du matériau. : Article 3
-lex.europa.eu/legal-content/FR/
« Toute opération de contrôle, de nettoyage ou de réparation en TXT/HTML/?uri=CELEX:32008L0098
vue de la valorisation, par laquelle des produits ou des composants
de produits qui sont devenus des déchets sont préparés de manière
à être réutilisés sans autre opération de prétraitement.29 » 29
Idem

Le réemploi d’un élément de construction dépend des circons-


tances évoquées lors de la sous partie sur la catégorisation des
déchets. Ce processus consiste à la récupération d’un objet,
avec ou sans réparation préalable pour lui donner une seconde
vie. Dans la deuxième partie sur le réemploi il sera expliqué
pourquoi l’usage déclassé des matériaux est parfois nécessaire
pour des raisons de sécurité structurelle et de simplification des
garanties de performance des matériaux de construction.

77
78
II Hiérarchie des modes de traitement PARTIE I

Illustration
1
Campagne de sensibilisation
contre les déchets
2
Initiative Océan

II.6 La prévention

L’article 3 de la directive Européenne définit la notion de pré-


vention par « des mesures prises avant qu’une substance, une
matière ou un produit ne devienne un déchet et réduisant :

a) La quantité de déchets, y compris par l'intermé


diaire du réemploi ou de la prolongation de la durée
de vie des produits

b) Les effets nocifs des déchets produits sur l'environ


nement et la santé humaine ; ou

c) La teneur en substances nocives des matières et


produits 30» 30
Définition de Prévention.
Directive 2008/98/CE du
Il s’agit autrement dit d’éviter de produire un déchet. On dis- parlement européen et du
tingue deux types de prévention, l’une quantitative qui s’inté- conseil.19 novembre 2008 :
resse à la diminution des quantités de déchet produit, l’autre Article 3
est qualitative, elle permet de diminuer la dangerosité des dé- -lex.europa.eu/legal-content/FR/
chets en utilisant par exemple des produits plus écologiques. La TXT/HTML/?uri=CELEX:32008L0098
prévention comprend aussi la notion de réemploi de par l’utili-
sation de produit de secondes mains.

« Un déchet qui n’existe pas n’aura pas d’impact sur l’environ-


nement.31» 31
Prévention.
Gestion des déchets, qui fait
Aujourd’hui la prévention tient une place importance dans la quoi ? Magazine antigaspi et
conscience environnementale citoyenne. L’action politique la antidéchets. Magde.be
plus commune que nous connaissons est celle de la lutte contre https://magde.be/dossiers/
les emballages industriels afin d’en diminuer les quantités et gestion-des-dechets-qui-fait-
d’améliorer leur gestion. quoi/

79
Les différents traitements de déchets ne permettent
plus de répondre entièrement à la question du cycle de consom-
mation des matières premières, jusqu'à aujourd’hui la crois-
sance économique a toujours été liée à la croissance matérielle
et donc à une extraction des ressources toujours plus intensive.

Quelle serait la solution pour rendre possible ce découplage


dans un contexte économique actuel difficile à transformer ?

« En conséquence, la croissance économique ne doit pas être


confondue avec le développement, car elle n’implique pas forcé-
ment une amélioration du bien-être, si l’activité économique sur
laquelle elle se fonde privilégie des marchandises qui dégradent
la qualité de vie d’une partie de la population (un exemple clas-
32
Effet rebond : croissance sique étant celui de la production d’armes).32»
et développement, décrois-
sance : tout comprendre. Aujourd’hui, la croissance de nos sociétés est deve-
Croissance et développement nue un élément principal. Il est devenu facile de croire que
ne sont pas synonymes. Arte. les progrès technologiques sont une solution pour une crois-
tv : sance plus respectueuse de l’environnement. Mais en réalité
https://info.arte.tv/fr/effet-re- l’innovation est un leurre, l’effet rebond permet d’illustrer les
bond-croissance-et-developpe- limites de la politique de prévention actuelle en désignant le
ment-decroissance-tout-com- phénomène par lequel l’amélioration des technologies permet
prendre d’obtenir une meilleure qualité de production du produit. Ce
processus engendre une augmentation de la consommation
des matières premières et correspond au paradoxe de Wil-
liam Jevons. Dans son ouvrage “The Coal Question” de 1865,
il constate que malgré l’amélioration technique du rendement
des machines, la consommation globale de charbon ne cesse
d’augmenter. L’amélioration du rendement et la consommation
des ressources ne se présente pas comme une solution pour
résoudre les problèmes de fond.

80
II Hiérarchie des modes de traitement PARTIE I

L’effet rebond se définit aussi par : « Une augmentation de la


consommation d’un produit ou service dû à une réduction de
son prix de revient.33 »
33
Définition effet rebond (8)
Point d’efficacité sans sobrié-
L’innovation constante pousse à supprimer les limites té. Mieux vaut débondir que
de l’augmentation de la consommation. La notion de temps s’est rebondir. Décroissance.org :
étendue à ce concept. L’amélioration de la vitesse des trans- http://www.decroissance.org/
ports, censée faire économiser du temps, produit un effet re- francois/recherche/articles/effi-
bond provoquant inévitablement l’accroissement des distances cacite.pdf
parcourues, ne faisant plus gagner de temps. L’effet rebond au
final est défini par l’augmentation de la consommation liée à la
réduction de ce qui limite l’utilisation d’une technologie.

Débondir correspondrait à la notion de décroissance s’ins-


crivant dans le concept de sauvegarde de l’avenir de la pla-
nète pour les générations futures ainsi que la réduction de la
consommation vers une production de nécessité. Ces condi-
tions transformeraient nos modes de vie, de manière à réduire
l’impact écologique. De façon générale, toutes les activités
qui prennent du temps, qui demande un certain effort ou qui
coûtent cher pour atteindre une bonne qualité de produit, sont
les meilleurs moyens pour éviter le rebond. Si les quotas d’ex-
traction de toutes les ressources naturelles étaient limités, ceci
provoquerait une augmentation des prix.

L’effet rebond n’est pas un principe inattendu des industriels,


il est voulu afin d’augmenter les ventes et les profits par aug-
mentation de la demande. L’innovation s’est toujours focalisée
sur les produits et les services, mais elle pourrait laisser place à
une nouvelle innovation, vers la réduction de notre consomma-
tion. Une nouvelle économie pourrait être basée plutôt sur l’en-
traide, la convivialité, l’achat des produits de secondes mains,
faire réparer son électroménager, la réponse à d’autres besoins
et non pas ceux créés par la publicité et la mode.

81
82
PARTIE II : ETAT DES LIEUX DU RÉEMPLOI

I Contexte historique du réemploi

I.1 Introduction
I.2 Démolition et récupération
I.3 Le basculement des pratiques

II Les pratiques du réemploi

II.1 Les acteurs


II.1.1 Autoconstruction
II.1.2 Le marché des antiquités
II.1.3 Les professionnels du remploi : le réseau Opalis
II.2 Les limites et opportunités
II.2.1 Labélisation et exigences de garantie
II.2.2 Les limites du réemploi
II.2.3 Le réemploi comme créateur d’emplois
II.3 Les perspectives
II.3.1 Points critiques et circularité
II.3.2 Passeport Matériaux et Building Information Model
II.3.3 Désassemblage et déconstruction

83
84
I Contexte historique du réemploi PARTIE II

Illustration
1
Arc de Constantin à Rome
2
Datation des reliefs de l’arc

I Contexte historique du réemploi

I.1 Introduction

Le réemploi des matériaux de construction existe de-


puis des siècles, cette pratique était omniprésente dans le sec-
teur du bâtiment dès l’Empire Romain. L’emploi des matériaux
locaux permettait d’éviter des transports sur de longues dis-
tances, ce qui prenait du temps (le transport étant dépendant
de sources d’énergies humaines et animales). La préservation
et la restauration des bâtiments étaient primordiales, mais en
cas de dommages irréparables, ils étaient considérés comme
des gisements de matériaux pouvant être démantelés facile-
ment en vue d’être réutilisés grâce à des matériaux basiques
facilement adaptables à de nouveaux usages.

« Les spolia, également appelés remplois ou réemplois, dé-


signent la réutilisation de matériaux (notamment des colonnes,
des chapiteaux et des plaques de marbre) ainsi que d’œuvres
d’art de monument déjà existants comme matériaux de
construction dans un nouvel édifice soit pour des raisons idéolo-
giques, soit pour des considérations purement économiques. De
façon plus large, ce phénomène d’appropriation désigne éga-
lement l’utilisation d’œuvres d’art ou de pièces de monuments
étrangers prise à l’ennemi pour embellir la ville du vainqueur en
les intégrant dans de nouveaux ensembles.34 »
34
Définition de Spolia
wikipedia.org :
On peut constater que sur les monuments anciens, https://fr.wikipedia.org/wiki/
comme l’arc de Constantin à Rome construit en 315 apr. J-C, des Spolia
fragments de bâtiments religieux sont issus des conquêtes et
du pillage des monuments religieux, des ennemis de l’Empire
Romain. Ne pouvant récupérer les bâtiments entièrement, la
réutilisation de ce patrimoine mobile s’étend sur plusieurs vies
de bâtiment. Jusqu’au début de l’industrialisation du secteur du
bâtiment au 20ème siècle, ces pratiques étaient encore très ré-
pandues.

85
86
I Contexte historique du réemploi PARTIE II

Illustration
1
Placards émis en 1778 pour
la démolition de plusieurs
dépendances du Palais Cou-
denberg.
I.1.1 Démolition et récupération
2
Un autre exemple : Les
restes de la cathédrale
C’est à la fin du 17è siècle en Belgique, que la pratique Saint-Lambert servant de
du réemploi devient plus officielle et particulièrement lors des source de pierre de taille.
ventes publiques concernant les travaux d’aménagement du Liège en 1802
Parc et de la Place Royale de Bruxelles. Ces ventes aux enchères
étaient annoncées d’une façon très simple, sous forme d’une
petite annonce synthétique placardée en ville.

Cette vente comprenait une série de lots d’éléments, comme


des camions, des arbres à abattre, des matériaux déjà prêts à
être réutilisés et des bâtiments en vue d’être démantelés pour
en tirer une marge de bénéfice important lors de la revente des
matériaux pour le compte du commanditaire.

Avant le démantèlement des fortifications des villes belges, les


murailles étaient considérées comme un second gisement de
matériaux de construction où chacun se servait librement. C’est
un exemple d’économie circulaire très locale, car les matériaux
prélevés étaient généralement retrouvés lors de la démolition
des anciennes habitations à proximité.

87
88
I Contexte historique du réemploi PARTIE II

Illustration
1
Entrée du l’entrepôt d’Achille
Picart. Le fronton « de l’hor-
loge» proviens du chantier de
démolition du Palais des Tui-
Au 19è siècle, c’est à Paris sous le vaste projet de leries.
réaménagement de Haussmann qu’un nombre important
d’emplois se sont développés autour du réemploi grâce à un 2
Démolition de l’ancien Pa-
taux important de récupération et de revente de matériaux de lais de Justice de Bruxelles. Le
construction. C’est près de 30 000 bâtiments qui ont été détruits chantier a duré deux ans.
sous la responsabilité d’Achille Picart, ce qui permit l’apparition
d’un nouveau métier, se situant entre le statut d’entrepreneur
en démolition et le revendeur de matériaux de construction et
d’antiquités. Une des particularités de sa réussite était sa rapi-
dité pour réaliser des chantiers de déconstruction en un temps
record, en mettant en place une organisation de démantèle-
ment et d’évacuation très stricte.

Ce modèle d’organisation s’est ensuite reproduit


quelques années plus tard et particulièrement lors du chantier
de démolition de l’ancien Palais de Justice de Bruxelles. Tra-
ditionnellement, la pratique du démantèlement s’effectue du
haut vers le bas, laissant tomber ou déplaçant avec précautions
les matériaux venant d’être extraits et qui sont ensuite soigneu-
sement triés. Les assemblages d’éléments comme les escaliers
et les châssis étaient démontés entièrement pour être réutilisés
le plus facilement possible.

A cette époque, les phases d’un chantier étaient beau-


coup plus longues qu’aujourd’hui car c’était aussi le lieu de
stockage, de transformation et de préparation pour la vente des
matériaux de construction. L’aménagement des chantiers en
magasin de revente de matériaux était une pratique courante
et rentable, le prix des matériaux dépassant celui du déman-
tèlement. Les premières innovations d’après-guerre ont permis
de soutenir la pratique du réemploi, en particulier grâce aux ca-
mions qui ont facilité le transport et la circulation des matériaux
tout en n’étant plus dépendant des sources d’énergie humaine
et animale.

89
90
I Contexte historique du réemploi PARTIE II

Illustration
1
New York vers 1910. Halls de
la Gare Pennsylvania

2
Chantier de démolition de
I.1.3 Le basculement des pratiques la gare. Epoque à laquelle de
nombreux autres bâtiments
remarques du début du XXe
Le début de l’industrialisation au 20è siècle a produit siècle à New York furent sa-
des changements considérables dans le secteur du bâtiment, crifiés comme la gare de
notamment à cause de l’accélération de la pression foncière, Pennsylvanie, pour laisser
limitant d’avantage le temps disponible lors des chantiers de place au One liberty Plaza,
déconstruction. Les matériaux de réemploi ont vu leur prix chu- proche aujourd’hui du World
ter, ne permettant plus de financer le démantèlement des bâti- Trade Center
ments et augmentant le coût du chantier. La réduction de l’es-
pace disponible est devenue problématique pour les espaces
de remise en état et de vente ainsi que pour l’évacuation des
matériaux.

C’est aux Etats-Unis, et plus particulièrement à New York, qu’une


accélération de la démolition de masse s’est produite. Le temps
est devenu un indicateur pénalisant ou avantageant financiè-
rement l’entrepreneur en démolition. Des nouvelles méthodes
toujours plus rapides sont apparues, provoquant l’obsolescence
de nombreux bâtiments encore en état, avec des moyens tou-
jours plus mécanisés comme la boule de démolition. En dix ans,
les entrepreneurs ont arrêté de financer le démantèlement des
bâtiments pour laisser place aux matériaux neufs.

Ce changement radical dans la pratique du réemploi


fût aussi influencé par la hausse des salaires des travailleurs,
ne permettant donc plus de perdre du temps et de l’argent à
récupérer des matériaux. Ces nouvelles méthodes et outils
de démolition ont eu comme effet de réduire l’offre d’emplois
comme dans beaucoup d’autres secteurs industriels. Malgré ce
basculement des pratiques dont fait partie l’abandon du tri des
débris, le réemploi sous toutes ses formes n’a pas compléte-
ment disparu.

91
92
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
Maison serre du quartier
autogéré de la baraque de
Louvain-la-neuve en Belgique

II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui

Depuis le début du 20ème siècle, le réemploi des ma-


tériaux de construction est une pratique moins courante mais
pas totalement abandonnée Le chapitre précédent présentait
les différentes raisons de ce basculement dans le secteur de la
construction. Aujourd’hui, la pratique du réemploi perdure dans
différents milieux en faisant face à de nombreux défis pour être
réintégrée dans les habitudes du secteur de la construction.

II.1 Les acteurs

II.1.1 L’autoconstruction

La professionnalisation du secteur de la construc-


tion est un phénomène relativement récent comparé à l’au-
toconstruction qui a toujours était une pratique courante et
très répandue dans les milieux ruraux. Les professionnels de
la construction sont apparus dès la formation des premières
grandes villes et ils sont devenus indispensables lors de l’in-
dustrialisation du secteur de construction et de l’évolution
des normes.L’autoconstruction ne cherche pas seulement à
atteindre des performances énergétiques et des exigences en-
vironnementales, elle permet également de construire autre-
ment, comme par exemple avec des méthodes plus écologiques
n’étant pas encore pratiquées professionnellement.

93
94
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
Depuis 15 ans, le festival
d’architecture Bellastock ras-
semble quelques centaines
d’étudiants qui pendant
La dimension sociale de cette pratique peut être assi- quatre jours conçoivent,
milée à la notion de chantier participatif et regroupe différents construisent, habitent et dé-
acteurs distincts comme des artisans, des accompagnateurs construisent une ville éphé-
et des autoconstructeurs. Elle dépasse le cadre de la presta- mère dans une atmosphère
tion d’un service, c’est avant tout construire une relation et festive.
transmettre une expérience, il arrive souvent que ces acteurs
tiennent un double rôle dans l’économie sociale et solidaire. 1
Festival Bellastock 2017 « La
ville des terres », à l’Actlab,
Dans toutes les situations, il y a aura toujours une Île-Saint-Denis
offre professionnelle permettant d’assurer une présence, un
savoir-faire et un partage de connaissances. Les autoconstruc- 2
Festival Bellastock 2019 «
teurs peuvent être motivés par l’aspect traditionnel de cette Melting Botte », Chemin de
pratique mais c’est aussi une question de nécessité, celle du halage, Évry-Courcouronnes
besoin physiologique de s’abriter comme par exemple avec la
formation des bidonvilles.

C’est également un besoin économique lorsque les


prix des services professionnels et de l’immobilier sont trop éle-
vés. Cette pratique est une réponse quand on désire construire
une architecture plus personnelle en maitrisant le choix des
matériaux et en privilégiant des produits sains et écologiques et
de s’écarter du modèle des logements génériques, peu convain-
cant et trop cher. Les besoins d’un autoconstructeur peuvent en
résumé correspondre à la notion d’autonomie, d’économie et
de qualité.

Aujourd’hui l’insécurité de l’emploi est un facteur dé-


terminant concernant des capacités financières moins impor-
tantes. Cet équilibre favorise la pratique de l’autoconstruction
ainsi que le développement de compétences. Dans le passé la
communication de l’offre et de la demande en matériaux de
réemploi s’effectuait oralement ou par écrit sous forme de pe-
tites annonces en ville ou dans les journaux.

95
96
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
1
Autoconstructions du
quartier autoproclamé :
« ville libre de Christiania ».
Copenhague,Danemark
Aujourd’hui, suite à l’évolution de la société et à la
virtualisation des modes de communication, un marché virtuel 3
Quartier construit sur le ter-
s’est développé dans le but de faciliter ces échanges et per- rain d’une ancienne caserne.
mettre des flux importants et de plus longues distances.L’au- C’est une communauté in-
toconstruction est un moyen de critiquer le système industriel tentionnelle autogérée entre
actuel suite à une prise de conscience global des impacts envi- septembre 1971 et juin 2013.
ronnementaux des modes de production et de surconsomma-
tion.
La ville libre de Christiania à Copenhague au Dane-
mark existe depuis 1971 et c’est un exemple d’application d’une
contreculture se mettant en retrait par rapport aux modes de
distributions conventionnels et en privilégiant le développe-
ment de nouveaux processus d’échanges hors de l’économie du
marché. Les habitations de cette communauté indépendante
en marge de la société ont été construites à l’aide de matériaux
de récupération considérés comme des déchets mais porteur
d’une histoire et d’un certain caractère.

Ce réemploi est une réponse au gaspillage des res-


sources naturelles et à l’esthétisme impersonnel et répétitif des
matériaux neufs de construction. L’aspect exceptionnel et ex-
périmental de ce projet a permis qu’il soit reconnu et approuvé
par les autorités compétentes, en leur permettant de se réap-
proprier le terrain foncier pour lutter contre la privatisation et
la hausse des prix de l’immobilier en ville.

97
98
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
1
Revendeur d’antiquité Ar-
duinen Hoekje

2
Revendeur Medussa. His-
II.1.2 Le marché des antiquités toric antique materials and
collectibles

Depuis l’existence du démolisseur et antiquaire Achille


Picart, le secteur des antiquités architecturales est resté stable
et aujourd’hui en Belgique près de la moitié des revendeurs
proposent cette catégorie d’éléments de construction car elle
suscite toujours un intérêt constant où le réemploi est apprécié.
Ces antiquités ont comme particularité d’être produit artisana-
lement en offrant une grande diversité de formes et un intérêt
esthétique dû à l’altération naturelle des matériaux.

Avec le temps, leur valeur augmente et ils peuvent subir des


transformations tout en conservant leur prix initial. L’intérêt
historique de ces antiquités a maintes fois été défendu par des
associations militant pour la préservation de ce patrimoine ar-
chitectural, elles sont ensuite devenues pour la plupart des en-
treprises spécialisées ayant pour mission de les récupérer avant
leur démolition. Ces actions ont eu comme effet de ralentir les
processus de démolition, ainsi que de développer la mise en cir-
culation de ces éléments face à l’augmentation de la demande,
tout en encourageant une tendance à la conservation des élé-
ments les plus remarquables dans de futurs projets.

Face à la raréfaction de l’offre, la pratique du vieillissement ar-


tificiel des matériaux neufs s’est répandue au point de rentrer
en concurrence avec les éléments anciens, tout en offrant un
flux d’approvisionnement constant et une garantie de perfor-
mances. Généralement les revendeurs possèdent plusieurs ca-
tégories de matériaux : des plus courant et contemporains sont
les briques, des éléments de voiries, le bois, les radiateurs et
les structures acier. Certains se spécialisent dans une catégo-
rie pour avoir la capacité de répondre à des demandes de plus
grande ampleur venant des professionnels de la construction.

99
100
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
Carte du réseaux d’entre-
prises Opalis présente en
France, en Belgique et au
Pays-Bas.
II.1.3 Les professionnels du remploi : le réseau Opalis

Le réseau Opalis a été créé entre autres par l’associa-


tion Rotor qui travaille depuis 2005 sur la question du réem-
ploi à travers des projets très variés touchant à la conception
d’aménagements à partir de matériaux de réemploi mais aussi
à la réalisation d’études prospectives, d’expositions, de réalisa-
tions en collaboration avec différents acteurs de la construc-
tion. Leurs premières recherches sur le questionnement d’un
potentiel nouvel usage d’un matériau visaient les produits finis
industriels ainsi que les chutes et les ratés de fabrication. Rapi-
dement l’association s’est intéressée au monde des déchets de
la construction et de démolition.

En participation avec l’association Bellastock, l’objectif


du site Opalis est de faciliter l’accès à des matériaux de réem-
ploi dans des projets de construction et de rénovation. Le site
est avant tout un annuaire des revendeurs de matériaux pro-
posant également d’autres services tel que la déconstruction,
le nettoyage, le recalibrage ainsi qu’avec leur expertise, des
conseils permettant de concrétiser d’une façon réaliste la mise
en œuvre des matériaux de réemploi. Les revendeurs peuvent
fournir aussi toutes documentations sur les matériaux les plus
courants, comme des informations sur les caractéristiques tech-
niques, les disponibilités de matériaux, la fréquence d’approvi-
sionnement et l’estimation des prix. Opalis est un outil permet-
tant une réelle communication entre les différents acteurs du
secteur de la construction tels que les entreprises, les magasins
de matériaux, de bricolage, les revendeurs, les décharges, les
centre de tri, de recyclage et les zones industrielles. Ces acteurs
ont un rôle à jouer dans la mise en place et le développement
du réemploi sur le territoire. Ce support permet de territoriali-
ser les ressources de seconde main et de connecter les acteurs.

101
102
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
1
Panneaux de bois cerclés et
anciennes planches d’écha-
faudages. Entreprise Van Ha-
meren Houthandel
II.2 Les limites et opportunités
2
Matériaux de réemploi en
bois : Poutres, poteaux en
II.2.1 Labélisation et exigences de garanties bois, bardage, lambris et par-
quets. Entreprise Van Hame-
ren Houthandel
La dimension écologique du réemploi n’a pas tou-
jours été un argument mis en avant pour la préservation des
matériaux toujours en état de servir. Elle relève avant tout de
bon sens au contraire du gaspillage des ressources. Une des
premières certifications écologiques consistait à quantifier les
émissions de CO2 épargnées grâce au réemploi d’élément de
construction, ensuite des entreprises en démolition ont cher-
chés à utiliser les efforts investis pour trouver des solutions
adéquates aux déchets. La création du label FSC Forest Stewar-
dship Council a permis d’offrir des garanties sur l’origine du bois
provenant d’une gestion durable des ressources ainsi que sur
l’amélioration des conditions de travail lors des différentes opé-
rations de transformation, ces garanties représentent un véri-
table avantage concurrentiel.

Une autre évolution du secteur du réemploi est celle


de la spécialisation en revente de sous-produits industriels. De-
puis quelques années on peut trouver des panneaux de bois
cerclés d’acier ayant servis au séchage des blocs de ciment dans
des usines de production, au bout de multiples usages, ces
panneaux sont altérés et envoyés vers le marché secondaire.
Dans la construction, ils peuvent servir pour des planchers
de terrasses ou même de parois intérieures mais la demande
de ces produits a augmenté au fil du temps au point d’obliger
les revendeurs à s’approvisionner toujours plus loin. Un autre
sous-produit est celui des planches en bois des échafaudages
avant l’apparition des systèmes modulaires. C’est un matériau

103
104
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
1
Panneaux en Douglas au bar
Mother. Les panneaux de
type «steenschot» placé par
José Bati sur une surface de
à très bas prix, très résistant et adapté au climat extérieur. Ces 280m2. 2014 Lille, France
produits sont souvent considérés comme marginaux auprès des Conception : NU architectuu-
professionnels du bâtiment à cause de leur apparence, de leur ratelier
méthode de pose et de leur prix trop approximatif. Bien que les https://opalis.eu/fr/projets/
matériaux de réemploi connaissent des difficultés pour intégrer panneaux-en-douglas-au-bar-
le marché professionnel des matériaux de construction, en réa- mother
lité il s’agira de répondre aux mêmes exigences contractuelles,
juridiques et professionnelles que les produits neufs. 2
Liander, Grandes ambitions
pour un projet manifeste
Aujourd’hui, de nombreux projets d’architecture sont Matériaux de réemploi déjà
conçus pour répondre à des enjeux environnementaux mais ils sur site : Planches de bois de
ne contiennent encore que très peu d’éléments de réemploi. démolition utilisées comme
L’échelle d’un chantier est un facteur déterminant pour la ré- bardage. Porte en bois tran-
utilisation d’éléments de construction. Sur les chantiers de sofrmées en bancs.Plateaux
petite taille, la proximité des différents acteurs instaure plus de bureau réutilisés comme
facilement une relation de confiance ce qui permet de rendre cloisons de séparation. 2015,
l’usage de ces matériaux plus simple et de résoudre plus facile- Duiven, Pays-Bas. Conception :
ment les éventuels problèmes. En revanche, sur les chantiers RAU architects
de plus grande ampleur comme ceux d’un marché public, les https://opalis.eu/fr/projets/
contraintes administratives sont plus lourdes pour le réemploi liander
et il est possible que les différents acteurs ne s’accordent pas
une confiance mutuelle, provoquant une certaine distanciation
entre les différents corps de métiers et intervenants.

Une des premières exigences pour réintégrer le mar-


ché professionnel du bâtiment consiste à garantir la stabilité
de l’offre en matériaux dans le temps, il s’agit de s’assurer que
ceux-ci seront encore disponibles depuis la phase de concep-
tion et jusqu'à la réalisation de l’ouvrage, cette période peut
s’échelonner sur plusieurs années. La production industrielle
garantit un approvisionnement constant des matériaux tandis
que le réemploi est plus irrégulier et dépend des chantiers de
démolition, la stabilité de l’offre des revendeurs est difficile

105
106
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
1
Les différentes étapes de la
pratique du réemploi dans le
projet Zinneke à Bruxelles.
Réalisé par Ouest architec-
à assurer car la disponibilité des matériaux est relativement ture.
courte. Un entreposage plus conséquent permet de pouvoir
répondre à des projets de plus grande ampleur et d’une du- 2
Fiches de relevé de la des-
rée plus importante. Les revendeurs de briques par exemple cription des matériaux in situ.
peuvent atteindre des capacités similaires à la production de
produits neufs, mais ce surstockage induit inévitablement des
frais supplémentaires qui se répercute sur le prix des matériaux
revendus. Une solution à ce problème consiste à se procurer les
matériaux avant le début d’un projet, la conception sera réali-
sée avec des matériaux déjà disponibles.

Puis, dans un deuxième temps, une autre exigence à


atteindre consiste à être capable de donner les caractéristiques
techniques d’un matériau de construction. En temps normal,
les produits industriels sont vendus avec une documentation
technique détaillant leurs performances. Au contraire pour les
matériaux de récupération, il est plus compliqué d’estimer leurs
performances d’origine, ce qui rend difficile leur utiliser. Définir
l’usage d’un matériau permet de connaître les performances
qu’il doit atteindre, différentes techniques permettront d’éva-
luer ces caractéristiques.

Les attentes ne sont pas identiques entre par exemple un pro-


duit de finition ayant des exigences esthétiques facilement
évaluable visuellement et un élément de structure qui par pré-
caution aura un usage déclassé permettant de réduire le tra-
vail d’évaluation des performances. Lors d’une rénovation où
on souhaite préserver des éléments de construction, il sera
possible de réaliser une série de tests pouvant amener au rem-
placement de certaines pièces pour atteindre des exigences
suffisantes. Dans certains cas, il est possible de retrouver la do-
cumentation technique d’origine de ces produits, tout en véri-
fiant si leurs performances n’ont pas été altérées avec le temps.
Ce travail peut être réalisé par les revendeurs pour fournir une
documentation technique à leurs matériaux connaissant un ap-
provisionnement constant.

107
Dépose et repose sur site Fourniture et pose Mise en oeuvre de
de matériaux issus matériaux acquis par le
des filières stables maître d’ouvrage
du marché du
réemploi

108
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
1
Espace de stockage et d’ex-
position des différents maté-
riaux et élément de construc-
tion présente sur le site du
Enfin dans un troisième temps, fournir les garanties Projet Zinneke, a Bruxelles.
nécessaires est primordial pour assurer la transmission de res-
ponsabilité entre les différents acteurs du bâtiment. Lors de 2
Palette de matériaux de
l’apparition d’un problème, la responsabilité d’un des interve- réemploi associés aux fiches
nants sera engagée et il sera examiné s’il s’agit d’un produit technique : caractéristiques
défectueux provenant du revendeur, d’un choix inadapté de et méthodes d’application.
l’architecte ou bien d’une mauvaise mise en œuvre de l’entre-
preneur. Avoir en connaissance des propriétés d’un matériau de
réemploi permet de faciliter cet examen en cas de problème.

Mais lorsque cela n’est pas possible, les revendeurs ont mis au
point différentes alternatives de garanties pour assurer que le
démantèlement de ces matériaux soit réalisé dans les règles de
l’art sur des bâtiments sains, en assurant la complétude de leurs
lots de matériaux ayant été soigneusement triés et inspectés
visuellement. Ces garanties permettent en général de palier à
l’absence de fiche technique tout en dispensant une mise en
œuvre correcte. Suivant le type de produit, des transformations
et une remise en état peuvent garantir les caractéristiques es-
sentielles de leur produit comme par exemple un radiateur en
fonte, qui sera démonté, décapé et son étanchéité testée pour
en garantir le bon fonctionnement. L’évolution de ce secteur
ainsi que les différents profils de revendeurs permettent de se
questionner sur la réintégration de ces matériaux sur le marché
professionnel du bâtiment.

Aujourd’hui cette pratique redevient envisageable


dans certains postes d’un projet comme elle permet de ré-
pondre à des exigences similaires aux produits neufs sans poser
de problème de mise en œuvre. Le retour du réemploi dans les
habitudes du secteur de la construction permettra de stabiliser
l’offre en matériaux mais aussi de transformer le secteur de la
construction actuel aux spécificités de cette pratique.

109
110
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
Quelques étapes d’un
processus de réemploi.
Démontage du revêtement
de sol et de mur encore en
II.2.2 Les limites du réemploi bon état. Le tri s’éffectue sur
palette en fonciton des di-
mensions. Ils sont prêt à être
La pratique du réemploi connaît un certain nombre de transportés vers un nouvel
limites. Les bâtiments sont considérés comme un assemblage usage ou dans un entrepôt.
complexe d’éléments et de matériaux de construction. Ils ne
sont pas conçus initialement dans le but d’être adapté dans
le temps lors d’un réaménagement, d’une transformation ou
même lors de la déconstruction du bâtiment en fin de vie. Tout
au long de la vie d’un bâtiment, chacune des modifications ap-
portées entrainera inévitablement une production de déchets
qui sera par la suite difficilement valorisable. Actuellement les
bâtiments sont démolis avant même d’atteindre un seuil d’ob-
solescence technique ou de sécurité.

Le renouvellement d’un bâtiment est principalement causé par


l’évolution des réglementations et des nouvelles exigences de
performances ainsi que l’évolution technologique du secteur de
la construction et la détérioration physique d’un bâtiment. L’oc-
cupant tient aussi un rôle important concernant la dépréciation
d’un bâtiment. Les caractéristiques et la qualité architecturale
sont deux facteurs qui priment sur l’âge d’un bâtiment.

En effet la qualité de construction est importante pour conser-


ver sa valeur immobilière et ainsi diminuer les besoins d’adap-
tations par rénovation ou par démolition. Pour conserver plus
longtemps cette valeur et ainsi éviter l’obsolescence fonction-
nelle d’un bâtiment, il s’agirait de prévoir une certaine flexibilité
de conception dans le but d’améliorer l’adaptabilité de la struc-
ture, du système constructif et de l’aménagement intérieur, en
fonction de l’évolution des besoins des usagers.

111
112
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
Le pavillon du bonheur pro-
visoir : Un pavillon éphémère
légé et surprenant, s’ins-
talle en face de l’Atomium à
À l’inverse de la volonté de vouloir préserver long- Bruxelles. Erigé avec 40 000
temps un bâtiment, une conception de courte durée de vie bacs de bière selon un prin-
permettrait de développer les capacités de désassemblage cipe constructif qui en fait un
et de réassemblage d’un bâtiment dans un autre lieu et ain- bâtiment universel et démon-
si diminuer la consommation de matière première et réduire tagne. Exposition et spéctacle
la production de déchet, tout en prenant en compte le cycle en 2008.
de vie des matériaux. Cette pratique permettrait également de
considérer ces bâtiments comme des gisements de matériaux, Architecte : Shin Bogdan
qui par principe seraient composés de différentes couches dis- Hagiwara, Thierry Decuypere,
tinctes l’une de l’autre. Jom Aram Bihain.

Ces strates indépendantes de différentes durées de vie per-


mettraient de faciliter le remplacement et la récupération des
matériaux sans endommager l’ensemble du bâtiment. Comme
par exemple, une structure en béton d’un bâtiment permet de
préserver une certaine indépendance des éléments de façade
et de finition intérieure. Les caractéristiques des composants
d’un bâtiment et les modes d’assemblages sont des facteurs
primordiaux pour faciliter la pratique du réemploi, un dimen-
sionnement standardisé et des connexions réversibles facilite-
raient également le démantèlement, la récupération et l’emploi
d’un système constructif à un autre.

L’analyse du cycle de vie d’un matériau de réemploi


prend en compte plusieurs critères dont celui des flux entrant
et sortant tout au long de sa vie. Les flux entrants sont les ma-
tières premières et l’énergie consommées pour production
de ce matériau. Les flux sortants désignent la pollution et les
déchets émis pendant la fabrication mais aussi celle du trans-
port entre les différentes étapes de distribution, d’utilisation,
de collecte et d’élimination. La durée de vie d’un bâtiment est

113
114
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
Principe du layering de
Stewart Brand :
Site, structure, enveloppe,
système, aménagement spa-
difficile à estimer mais celle des matériaux dont il est constitué, tial, mobilier. L’épaisseur du
peuvent avoir une durée de vie allant de 5 à 50 ans tout en pré- trait est proportionnel à la
sentant diverses applications de réutilisation. Pour estimer la durée de vie moyenne
durée d’un matériau, il faut tenir compte de différents facteurs
comme la qualité de ce produit, sa conception, sa qualité de
mise en œuvre et son environnement et de son usage.

Le principe du Layering illustré par Stewart Brant pro-


pose une hiérarchisation des différentes couches d’un bâtiment
en fonction de leur durée de vie, l’épaisseur du trait de chaque
layer. Elle est proportionnelle à son temps d’utilisation, ce qui
permet de faire une distinction entre les éléments de longue et
de courte durée. Cette superposition permet de passer à travers
le cycle de vie des bâtiments sans avoir à changer l’ensemble de
la composition. Le mobilier est la couche à la plus courte du-
rée de vie, elle permet aux occupants de s’approprier les lieux,
elle est conçue pour être facilement remplaçable malgré son
potentiel important de réemploi. Au contraire la structure est
un élément pouvant durer plusieurs centaines d’années et sa
durée de vie ne dépend pas des attentes des occupants.

Il devient essentiel dans la conception d’un bâtiment de prévoir


une distinction entre ces éléments de différentes durées de vie
et d’éviter les techniques de construction pouvant provoquer
une production de déchet, comme par exemple avec le fait de
placer du câblage électrique dans les murs. Cette préoccupation
de distinction est née lors de l’arrivée des logiques industrielles
des composants de construction, dans le but de construire plus
vite et en plus grand nombre, mais le caractère spécifique de
chaque habitation est devenu un critère secondaire, loin der-
rière les considérations techniques et économiques.

115
II.2.3 Le réemploi comme créateur d’emplois.

Le réemploi ne présente pas seulement des avantages


environnementaux, il permet aussi de créer de l’emploi grâce à
une demande importante en main d’œuvre lors des chantiers
de déconstruction. On reproche souvent à cette pratique de ne
pas pouvoir maximiser les bénéfices dans un contexte où l’éner-
gie fossile est moins couteuse que l’énergie humaine. Mais au-
jourd’hui c’est une qualité que de pouvoir diminuer l’impact en-
vironnemental du secteur du bâtiment tout en proposant une
réponse face à un taux important d’inoccupations.

Historiquement, l’économie de la Belgique était basée princi-


palement sur l’extraction de matière première dans des bas-
sins carriers, lui permettant de commercialiser de nombreux
matériaux de construction. Malgré la forte mécanisation de ce
secteur d’activités, la demande en main d’œuvre était toujours
importante grâce à la production artisanale de certains produits
comme les pavés belges, qui étaient autrefois taillés à la main.

Aujourd’hui, les granulats ont remplacé cette produc-


tion suite à la hausse des salaires et à la désindustrialisation qui,
en trente ans, a fait disparaître près de la moitié des emplois
manufacturiers. Cette perte du nombre d’emplois est causée
par la délocalisation toujours plus lointaine des entreprises, au
départ en périphérie des villes et aujourd’hui avec la baisse du
coût des transports. Elle s’implante dans des pays où la main
d’œuvre est moins chère. Depuis ce moment, le taux de chô-
mage augmente et se sont les personnes en manque de forma-
tion et de qualification qui font face à une professionnalisation
des secteurs d’activités, voués à offrir des services de haut ni-
veau de compétences requérant de longues études.

116
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Aujourd’hui en Belgique, l’économie circulaire est


mise en avant à travers le développement de diverses formes
de circularité, envisageant le retour du secteur manufacturier
dans les activités de production dans le but de substituer l’éner-
gie par la main d’œuvre. Des guides et des actions sont mis en
place afin de faciliter le développement du réemploi dans un
principe de relocalisation de la production de plus-value en Bel-
gique. Le réemploi et les chantiers de déconstruction sont en
revanche des activités difficilement délocalisables. Ils offrent
l’avantage de diminuer les besoins en matières premières ainsi
que la production de déchet.

« La proposition de Stahel de substituer l’énergie par la main-


d’œuvre est tout à fait applicable dans l’opposition entre la dé-
molition classique et la déconstruction. Le ration 1 : 7 est sou-
vent mentionnée pour décrire cette différence. Il signifie qu’à
chantier d’égale importante, la déconstruction implique à peu
près 7 fois plus de main-d’œuvre que la démolition. Ce ratio
s’explique par l’importance part de mécanisation dans la démo-
lition non séléctive, laquelle mobilise par conséquent beaucoup
moins d’ouvrier.35 » 35
Citation du livre Décon-
struction et réemploi :
Des entreprises d’économie sociale fournissent sou- Comment faire circuler les
vent la main d’oeuvre requise pour ce type d’intervention. Le éléments de circulation.
réemploi et l’économie sociale ont comme point commun de Michael Ghyoot, Lionel
ne pas viser la maximisation de leurs bénéfices. Les sociétés à Devlieger, Lionel Billiet, André
finalité sociale obtiennent des aides fiscales ainsi que des sub- Warnier, Rotor.
sides dont elles sont dépendantes pour leur bon fonctionne- Remplacer l’énergie par la
ment en échange d’activités communautaires utiles à la société main d’oeuvre p.78
mais non rentables normalement. L’association Les Petits Rien
en Belgique est un exemple d’association sans but lucratif assu-
rant des activités de collecte, de tri et de vente d’objet divers de
seconde main.

117
118
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
Projets sociaux des Petits
Riens : Mise a disposition de
logements sociaux de tran-
sion pour familles mono-
Elle propose de la réinsertion professionnelle en finan- parentales sans solution dé-
çant des actions sociales de lutte contre la pauvreté et l’exclu- centes de logement.
sion sociale. Un autre exemple plus spécifique au secteur de
la construction est celui de Retrival, une société coopérative à Projet alliant autonomie et
finalité sociale, elle permet aux ouvriers touchés par l’arrêt des lieux communautaire :
usines d’accéder à des formations consistant à la mission du dé- La structure permettra d’ac-
sassemblage des bâtiments en vue d’appliquer un système de cueillir les familles dans 16 lo-
collecte et de triage à la source. gements individuels. Certains
seront modulaire grâce à une
Ces différentes étapes de travail ont pour but de privilégier le chambre flottante pour être
réemploi et l’upcycling ainsi que de permettre une revente di- flexible à la taille des familles.
recte des matériaux sur site de déconstruction. Les acteurs de
l’économie sociale dans le domaine d’une filière de réemploi 4 studios simples
pourront s’occuper de certaines étapes de travail comme le 6 studios avec espaces nuit
nettoyage et le reconditionnement en atelier. En revanche ce 4 appartements une chambre
secteur présente des spécificités lors des phases de travail, il 2 appartements à deux chambres
nécessite un meilleur encadrement des travailleurs par des arti-
sans qualifiés car cela peut avoir un impact sur la rentabilité des
opérations, cette prise en charge est plus facilement réalisable
dans des ateliers.

La dépendance de l’économie sociale aux aides fiscales


et aux subsides est un point primordial à questionner pour le
développement d’une filière du réemploi dans un contexte
où le modèle de rentabilité économique pose des problèmes
sociaux et environnementaux. Cette filière ne devra pas être
déléguée entièrement à l’économie sociale et aux associations
caritative afin d’éviter de tomber dans une marginalisation et
ainsi avoir une influence dans le secteur de la construction en
faisant coexister ces deux économies.

119
120
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
Travail minutieux de récupé-
ration des carreaux de carre-
lage réalisé par une équipe
de Rotor Déconstruction
Après le constat sur le potentiel de développement
des métiers du réemploi pouvant offrir des opportunités d’em-
plois aux personnes peu qualifiées issues de classe sociale dé-
favorisée, il apparaît comme essentiel de proposer des forma-
tions dans le domaine de la déconstruction et du réemploi pour
informer des risques éventuels et des conditions de travail de
ce métier. Comme dans d’autres secteurs, des situations sur
chantier ou en atelier peuvent s’avérer dangereuse ou pénible.
Certains postes de travail peuvent être de nature répétitive et
peu stimulante pour les travailleurs, comme par exemple le dé-
clouage des poutres en bois.

Il est primordial pour donner du sens à leur travail


de permettre aux ouvriers d’avoir une mobilité entre les dif-
férents postes et ainsi participer à un processus plus complet.
Les formations auront pour objectif de former des ouvriers po-
lyvalents pouvant assurer plusieurs rôles au sein de la filière.
L’entreprise Rotor déconstruction à Bruxelles est un exemple de
filière du réemploi mettant en avant certaines caractéristiques
à atteindre par les travailleurs, en particulier celle de la ques-
tion de l’autonomie pour une meilleure efficacité de travail,
bien que la plupart des taches se résume à de la manutention.
Par définition chaque bâtiment est unique, il est primordial de
correctement analyser sa composition et son système construc-
tif afin dans estimer les méthodes adéquates pour un démantè-
lement en toute sécurité.

Des tests pourront être réalisés sur des échantillons


pour adapter les outils et techniques de démontage, d’embal-
lage et de manutention. En général, les systèmes structurels et
constructifs restent les mêmes mais ils sont déclinés en de mul-
tiples variantes qui devront être correctement analysés pour
déterminer le système d’assemblage des éléments de construc-
tion. Savoir improviser est une qualité face à des situations

121
inattendues pouvant s’avérer dangereuse. Suivant la nature des
matériaux, il sera primordial d’avoir des ouvriers rigoureux et
organisés capable de toucher à tout et dont la curiosité sera
attisée par la complexité d’un bâtiment. Les caractéristiques
requises pour les chantiers de déconstruction n’évoquent pas
celles nécessaires à la récupération des matériaux, il s’agira es-
sentiellement de compétences en manutention face à la ges-
tion d’un stock important, de reconditionnement mais aussi de
documentation, de promotion et de revente sur le marché du
réemploi. C’est un travail laborieux de trouver une place adé-
quate à ces matériaux si on souhaite respecter une logique de
vente en circuit court géographiquement restreint.

II.3 Les perspectives

II.3.1 Points critiques et circularité

La pratique du réemploi apparaît comme une réponse


efficace face aux enjeux écologiques de notre époque et au
phénomène de surconsommation des ressources naturelle
de notre société. Dès le début de l’industrialisation au 20ème
siècle, la production de déchet et le gaspillage étaient des pra-
tiques répandues et soutenues par un discours faisant passer le
réemploi et la réparation des biens comme des pratiques secon-
daires, nuisant au productivisme et au consumérisme. Malgré
un nombre important de débats et de critiques depuis le Rap-
port Meadows sur les limites à la croissance, publié par le Club
de Rome en 1972, l’économie d’aujourd’hui est encore basée

122
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

sur l’extraction croissante de ressources face à l’augmentation


des besoins en matière première des industries. L’extractivisme
produit inévitablement de nombreux dommages environne-
mentaux et sociaux et tend à l’épuisement total des ressources
naturelles. L’existence des décharges est le résultat d’une multi-
plication de la production des déchets par l’industrie et de l’as-
pect dispersif de l’économie matérielle, les déchets suivent une
direction linéaire vers les différents types de traitements devant
remédier aux problèmes de saturation des décharges et à leur
réintégration dans de nouveaux matériaux.

Aujourd’hui, le recyclage est une des pratiques les plus


répandues dans l’économie circulaire et elle est considérée
comme une solution respectueuse de l’environnement malgré
le coté énergivore des opérations de concassage des matériaux
inertes comme la brique, la pierre ou le carrelage. Ces maté-
riaux une fois récupérés individuellement peuvent atteindre des
prix intéressants, au contraire des granulats recyclés quasiment
gratuits à cause de la forte concurrence dans ce secteur. Cet
exemple permet de souligner les avantages que représentent
le démantèlement et le triage des matériaux pour le réemploi
face à l’extraction des ressources et à la production de déchet.

À l’inverse le recyclage diminue seulement la quantité de dé-


chets. Ce type de traitement ne permet pas de répondre en-
tièrement aux défis actuels de la gestion des ressources ma-
térielles. Le réemploi tend à conserver un matériau avant qu’il
ne soit considéré comme un déchet, cette pratique peut être
assimilée à de la prévention qui correspond aussi à la notion
de circularité de la matière. Un démontage soigneux permet
de trouver un nouvel usage à des matériaux avant qu’ils ne

123
124
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
Cortesía de Gonzalo De la
Parra : Le BIM (Building In-
formation Modeling) est une
méthodologie qui permet aux
soient considérés comme des déchets. Cette pratique tend à architectes de créer des simu-
ne plus être considérée comme un traitement de déchet mais lations de conception numé-
plutôt une méthode de préservation en maintenant les maté- rique pour gérer toutes les
riaux en circulation. Elle est cruciale pour conserver la valeur informations associées à un
des éléments de construction ainsi que générer de l’emploi tout projet architectural.
en soulageant l’extraction des ressources naturelles ainsi que
lutter contre le réchauffement climatique et à la réduction des
gaz à effet de serre. Le réemploi permet aussi d’épargner des
matériaux destinés à être valorisés énergiquement bien que
cette pratique comporte aussi des impacts environnementaux
générés par le transport mais aussi par la production de déchet
lors du démontage des matériaux, de leur nettoyage et de leur
emballage.

II.3.2 Passeport Matériaux et Building information Model.

Dans l’économie circulaire, un bâtiment est considéré


comme un gisement de matériaux secondaires et plus seule-
ment comme un consommateur de matière première et d’éner-
gie ou comme un émetteur de polluant et de déchet. À l’échelle
du territoire, l’ensemble de ces gisements représente une ré-
serve importante de matériaux pouvant servir à la limitation
des besoins d’importation en matériaux neufs.

Si le désassemblage était intégré dès la conception d’un bâti-


ment, cela lui redonnerait une valeur positive tout en donnant
une raison et une facilité pour récupérer ses composants pen-
dant ou à la fin de son cycle de vie. Certains outils comme le
BIM et le passeport matériaux permettent d’évaluer les quanti-
tés et la qualité des matériaux de construction présents dans le
gisement urbain et ainsi définir à quel moment ils seront dispo-
nibles pour être réemployés dans un nouveau bâtiment.

125
126
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
Bardage Trespa Meteon,
modélisé avec Revit.
Il est important de clarifier la
différence entre le BIM et des
Pour cela, il est nécessaire de les identifier et de les programmes tel que Revit. Le
documenter dans le but de regrouper et partager sur une plate- BIM est un système de travail
forme en ligne toutes les informations utiles lors du cycle de tandis que Revit est un logiciel
vie des matériaux. Ce rassemblement d’informations prend la compatible. Les deux se com-
forme d’un passeport des matériaux, pouvant amener à devoir plètent.
tester leur sécurité dans le but d’assurer leur réemploi dans
une construction neuve.

En Belgique, les outils Ecolizer et TOTEM (Tool to Op-


timise the Total Environnemental impact of Materials ) ont été
développés dans le but d’évaluer les performances environ-
nementales d’un bâtiment en se basant sur l’analyse du cycle
de vie de ses matériaux. La certification délivrée par TOTEM
permet de reconnaître la durabilité environnementale des bâ-
timents tout au long de leur cycle de vie, en cadrant les phases
de conception et de mise en œuvre, dans le but d’atteindre
de hautes performances tout en répondant aux enjeux écolo-
giques. La technologie BIM est un autre outil fonctionnant sous
la forme d’une modélisation 3D intelligente d’un projet, elle
permet d’optimiser toutes les étapes d’un projet en facilitant
la communication et la collaboration entre tous les acteurs.
Ses possibilités de conception permettent de mieux visualiser
ainsi que simuler l’ensemble des phases d’un projet, tout en
réduisant la perte d’information. Cette technologie améliore
l’efficacité des constructions en réalisant des économies et en
réduisant le coût des erreurs d’exécution.

Pour considérer les bâtiments comme des gisements de ma-


tériaux réutilisables, leur adaptabilité dépendra de la réversi-
bilité de l’assemblage des éléments de construction. En réalité
il est courant qu’ils ne soient pas réutilisés, non pas pour une
question de performance mais plutôt parce qu’elles concernent
l’offre et la demande sur un territoire et dans un délai limité.

127
Afin d’augmenter le potentiel de réemploi des matériaux en
fin de vie, l’utilisation de matériau de haute qualité et la spé-
cificité des procédés constructif sont susceptible d’augmenter
les coûts de construction dans un contexte où un bâtiment cir-
culaire de qualité doit avoir le même prix qu’un bâtiment tra-
ditionnel. L’habitat résidentiel devrait s’adapter à l’évolution
familiale et au vieillissement des personnes en proposant une
adaptation spatiale spécifique et une mise en évidence des ac-
cès. Les bâtiments d’une autre fonction peuvent dès la concep-
tion être dimensionnés pour accueillir d’autres programmes et
fonctionnalités.

On peut comme par exemple, surdimensionner la fondation


d’un bâtiment pour prévoir d’éventuelles extensions. L’utilisa-
tion d’un système structurel du type poteaux poutres permet
le démantèlement d’éléments sans toucher à l’intégrité struc-
turelle d’un bâtiment. Pour faciliter toute reconversion et per-
mettre une certaine variation des programmes sans impacter
la structure, il est possible d’augmenter les capacités de charge
des trois premiers étages. L’enveloppe indépendante de la
structure pourra s’adapter aux partitions spatiales du bâtiment
à l’aide d’éléments de façade modulaire. Cette partition inté-
rieure pourra être composée d’éléments démontables et réu-
tilisables, elle sera conçue pour permettre des ajustements et
privilégier la multifonctionnalité, tout en offrant de plus grands
espaces du type plan libre.

128
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

II.2.3 Désassemblage et déconstruction

Une construction circulaire est définie par les capaci-


tés d’un bâtiment à offrir la possibilité d’accès et de démontage
de ces composants lorsqu’il est nécessaire de les entretenir, de
les réparer ou de les remplacer en fin de vie. Ce principe de
déconstruction réduit la production de déchet et facilite leur
traitement quand l’accès aux matériaux et aux fixations est pri-
vilégié.

Il est préférable d’avoir un minimum de typologie différente


de composants et de fixations en favorisant l’utilisation de
techniques d’assemblage sans fixation ou réversible. La mani-
pulation des éléments serait facilitée en privilégiant l’emploi
de composant de nature modulaire pouvant être préfabriqué
et monté avec des outils simples. Ces caractéristiques auront
aussi comme effet de réduire le temps de montage et de dé-
montage des bâtiments tout en fournissant les informations
requises pour un désassemblage dans les règles sous la forme
d’un guide incluant la documentation complète des matériaux,
des composants et des modes d’assemblage.

129
130
II Les pratiques du réemploi d’aujourd’hui PARTIE II

Illustration
Grands principes de la
conception en vue du chan-
gement. Privilégier les assem-
blages réservsibles au colles
On distingue aujourd’hui deux modes d’assemblage des maté- et au garder aussi distinctes
riaux de construction, sec ou humide, ils prennent leur sens lors que possible les différentes
de la pratique du désassemblage. couche.

L’assemblage sec est défini par l’absence de liquide


dans la mise en œuvre, il peut se réaliser d’une façon directe
comme par exemple avec un plancher flottant, un système de
clipsage, d’emboitage ou de tressage. La technique par assem-
blage indirect concerne tout élément de fixations comme les
clous, les vis, les boulons et les plaques de fixation. L’accès à
ces fixations dans un bâtiment est primordial pour réaliser cor-
rectement un désassemblage et pour faciliter le démontage. Le
vissage et le boulonnage sera privilégié plutôt que le clouage.
Ces éléments de fixations sont définis comme étant autonomes
et indépendants des composants qu’ils associent et facilitent
leur dissociabilité. Ils peuvent être mis en œuvre par préfabri-
cation et ainsi être montés sur site plus rapidement.

L’assemblage humide ou chimique est défini par la pré-


sence de liquide intervenant dans la mise en œuvre, il est de na-
ture indirecte comme une seconde matière intervient pour fixer
les éléments entre eux, il peut s’agir d’eau, de colle, de mortier
ou de terre. Cet assemblage peut être considéré comme une fu-
sion des éléments avec par exemple le cas du coulage du béton
sur des armatures d’acier ou même le soudage de métaux. Le
temps de mise en œuvre est relativement plus long sur site et il
est dépendant des conditions météorologiques pour le séchage
des éléments. C’est une méthode moins flexible, elle complique
également la récupération des composants liés entre eux et de-
mande plus de travail et d’énergie lors de la séparation, ce qui
provoque couramment des dégâts.

131
132
PARTIE III

Partie III : Envisager le développement du réemploi à Tournai

I Eléments de contexte

I.1 Contexte socio-économique Tournaisien


I.2 Héritage industriel de Tournai
I.3 Réseaux de transport

II Potentiel de réemploi à Tournai

II.1 L’habitat Tournaisien comme gisement de matériaux secondaires


II.2 Les entreprises de fabrication Tournaisiennes comme gisement de matériaux
secondaire.

III Le site de projet

III.1 La reconversion d’un site hospitalier


III.2 Le projet dans son quartier
134
I Eléments de contexte PARTIE III

Illustration
Carte Opalis Territoires

I Eléments de contexte

La ville de Tournai fait partie de l’Eurométropole


Lille-Courtrai-Tournai, un groupement européen de coopéra-
tion territoriale cherchant à favoriser les liens transfrontaliers
entre un ensemble de 157 communes française et belge. C’est
un projet de territoire mêlant tourisme, biodiversité, économie,
transport, loisir et ressource regroupant un peu plus de deux
millions d’habitants sur un territoire caractérisé par un déve-
loppement urbain constant, mais surtout du fait des villes de
Courtai et Lille, plus dynamiques que Tournai.

D’après la carte Opalis, qui dresse l’inventaire des en-


treprises dédiées au réemploi en France, Pays Bas et Belgique,
on peut constater que la région de Tournai est dépourvue d’un
réseau local d’entreprises actives dans ce secteur, à l’inverse de
ses voisines de l’Eurométropole, Courtrai et la métropole Lil-
loise. Un des objectifs de mon projet serait de combler ce vide
en renforçant le réseau du réemploi dans la région de Tournai,
tout en prenant en compte les domaines d’activités des entre-
prises existantes reprises par Opalis sur un rayon de 100 km
autour de Tournai. Les différentes catégories déjà présentes à
proximité permettent de s’intéresser à des matériaux n’étant
pas encore assez répandus pour répondre à la demande ac-
tuelle.

Dans cette perspective, la ville de Tournai, au cœur de


laquelle est implanté le projet que je souhaite développer, pré-
sente plusieurs défis et opportunités en matière de réemploi,
liés à son contexte socio-économique, à son passé industriel et
à sa situation sur les réseaux de transport.

135
136LES DIFFÉRENTS REVENDEURS DE MATÉRIAUX DE RÉEMPLOI AUTOUR DU TOURNAISIS
Spécialités :

Bois - Antiquité

Cheminés - Structure acier

Tuile - Pierre de taille

Isolant

137
138
I Eléments de contexte PARTIE III

Illustration
1
Grande place lors de la pro-
cession triomphale en 1906
: elle fut trop petite pour
accueillir les participants
I.1 Contexte socio-économique Tournaisien
2
Marché au fleur en 1910 au
quai Dumain, Tournai.
En 1900 la population du Tournaisis était estimée à 155
000 habitants. Peu de temps après, un déclin démographique
et un phénomène récurrent de vieillissement de sa population
s’est amorcé en s’amplifiant au fil des années. Ainsi, en 1968, la
ville ne comptait plus que 68.000 habitants.

Ce déclin était directement lié à celui d’un manque de concen-


tration industrielle provoqué par l’importance du secteur agri-
cole. Près de 40% des communes n’avaient aucune entreprise
industrielle. Ce phénomène de sous industrialisation a provo-
qué un manque important d’emplois ne pouvant être comblé
par les entreprises du Tournaisis, de taille petites et moyennes,
obligeant ainsi les habitants à chercher du travail dans d’autres
régions.

Malgré les flux quotidiens des travailleurs, cette situation pro-


voque inévitablement une augmentation du chômage touchant
toutes les catégories de travailleurs, qualifiés ou non, du sec-
teur du bâtiment et autres.

Ce qui a amplifié ce problème de sous industrialisation est la


fuite de la population la plus fortunée, impliquant une perte
d’acteurs importants pour le développement de la région qui
auraient pu la faire sortir de son état de sous industrialisa-
tion. Parallèlement aux problèmes liés à l’emploi, le Tournaisis
souffre d’un problème de qualité de l’habitat.

139
140
I Eléments de contexte PARTIE III

Illustration
1
Relevé en plan des bâtiments
abandonnés, inoccupés et in-
salubre

En 2019 on comptait 69 370 habitants pour 36 536


logements sur la commune. Dans sa globalité, l’habitat est vé-
tuste et les logements sont généralement sous-équipés, plus
de la moitié datant d’avant 1946 et seulement 10% de 1982 à
2001. Malgré la construction de nouveaux logements, la ville de
Tournai a identifié et taxé plus de 200 immeubles vides en 2017.

Cette situation a amené le collectif « droit au logement à Tour-


nai » à faire un constat à propos de l’inadéquation entre le
manque de logement disponibles à des prix décents et le parc
immobilier existant.

Ce manque qualitatif a contribué à renforcer l’exode des habi-


tants vers des régions disposant d’une meilleure offre d’emplois
et de logements de meilleure qualité. Ainsi, au contraire des
grandes villes connaissant la plupart du temps un phénomène
de gentrification, la ville de Tournai connaît un effet de paupé-
risation consistant au départ des classes les plus aisées vers la
périphérie de Tournai.

Afin de palier à ce problème, la ville de Tournai mène une po- 36


Service Logement et salu-
litique volontariste. Aujourd’hui, elle soutient les initiatives de brité de Tournai
projets d’achats groupés ainsi que la création d’entreprises à (https://www.tournai.be/ser-
finalité sociale dans le domaine de l’amélioration de l’habitat, vices-aux-citoyens/services-com-
dans le but de lutter contre le délabrement des bâtiments. munaux-2/logement-et-salubrite.
html).
Elle a également renforcé les missions de son service logement
et salubrité Depuis quelques années, un véritable combat a lieu
contre les marchands de sommeil. Le bourgmestre a signé de
nombreux arrêtés d’inhabilité pour une série de bâtiment dans
le centre de Tournai visant à faire réagir les propriétaires des
lieux, afin de réaliser des rénovations ou la revente de leurs pro-
priétés, mais une certaine minorité refuse encore la décision de
la ville.

141
142
I Eléments de contexte PARTIE III

Illustration
1
Situé proche de la périphé-
rie de Tournai. Les bâtiments
emblématique de l’ancienne
cimenterie Delwart seront
préservés pour une réconver-
sion en un projet immobilier
: 39 appartements, 3 lofts
et un centre d’aide aux per-
sonnes souffrant d’handicap.
L’enjeu est à la fois de disposer de logements de qua-
lité et de redynamiser le centre-ville, en considérant que la Architecte : Atelier d’architec-
rénovation du bâti existant suffirait à répondre à la demande ture de Meunier-Westrade.
globale de logement et est à privilégier car permettant de dimi-
nuer l’empreinte écologique du secteur de la construction.

Privilégier l’aménagement de logements collectifs ne nécessi-


tant pas de lourds travaux pour les propriétaires, permettrait
de répondre au manque actuel de logements sociaux. Ainsi, le
mouvement politique « Ensemble ! » propose le projet « com-
munity land trust » dans le but de lutter contre la gestion ac-
tuelle du CPAS de Tournai possédant un large patrimoine im-
mobilier mais appliquant une logique de vente des bâtiments
inoccupés à des prix réduits pour ainsi combler son déficit bud-
gétaire.

Il est proposé de remédier à ce problème en séparant la valeur


foncière de celle du bâti pour privilégier l’accès aux jeunes à
la propriété et la restauration rapide et à faible coût du logis
Tournaisien. Cette proposition permettrait de redynamiser le
centre-ville tout en conservant le patrimoine existant avec une
vocation sociale.

143
144
I Eléments de contexte PARTIE III

Illustration
1
Le calcaire affleure dans le
Pays blanc, est naît le bastion
d’Antoing se trouvant autre-
fois sur le centre commercial
I.2 Héritage industriel de Tournai d’aujourd’hui des Bastions.
Pour les moellons nécessaire,
la carrière des Bastions est
En 1968, le paysage de Tournai est marqué par la toute proche.
silhouette des usines et des fumées sortant des cheminées,
concentrant l’activité industrielle de la région en contraste avec 2
Construction des silos en-
les vastes campagnes l’entourant. Son importance industrielle core existant aujourd’hui. La
ne peut être négligée car elle représente 25% de la production structure est prête mais la
du ciment et 70% de la production de concassés calcaire de Bel- passerelle depuis la carrière
gique. L’industrie de la pierre représente une des principales ac- vers l’usine manque encore.
tivités à Tournai malgré la demande moins importante en main 1925
d’œuvre comparée à l’industrie du textile.

L’exploitation de la pierre calcaire pour la fabrication des


concassés et du ciment présente un fort taux de mécanisation
en plus d’être dans les mains de sociétés de taille internatio-
nales. Cependant, cette activité reste primordiale car c’est la
seule à ce moment-là à posséder une industrie moderne. La
pierre de Tournai fait l’objet d’une exploitation depuis l’Antiqui-
té : les Romains l’utilisaient pour consolider leurs routes et elle
fût utilisée au cours du Moyen Age pour la construction de la
cathédrale de la ville. Mais ce n’est qu’au XIXe siècle que son
extraction va prendre une très grande ampleur, au point que ce
bassin carrier de 2000 ha a pris à cette époque le nom popu-
laire de Pays Blanc, du fait de la poussière émise par les fours à
chaux et les cimenteries quand l’exploitation battait son plein et
recouvrait le paysage d’une fine pellicule blanche.

C’est au XXe siècle que la production de chaux hydraulique et


de ciment Portland artificiel a provoqué l’abandon de diffé-
rentes fabrications comme par exemple la taille artisanale de la
pierre. C’est le ciment Portland qui est resté la seule fabrication
de ces entreprises cimentières.

145
146
I Eléments de contexte PARTIE III

Illustration
1
Localisation du Pays Blanc
2
Plan de situations des princi-
pales carrières

L’Escaut est considéré comme la colonne vertébrale


du Pays Blanc, il le traverse sur toute sa longueur et depuis
l’Antiquité, il permet le développement de toutes les activités
visant à l’exploitation des ressources du gisement géologique
de faible profondeur. Ce fleuve a ainsi permis très tôt le trans-
port de ces matières premières impossible à transporter par la
terre avant l’industrialisation.

Le Pays Blanc, au contour approximatif, englobe l’ensemble des


installations des entreprises qui existaient sur la dalle calcaire
autour de Tournai et Antoing. Aujourd’hui cette délimitation
est devenue obsolète car les activités d’extraction sont quasi-
ment toutes terminées et il est prévu de creuser bien au-delà
de ces limites. Il reste quatre des 36 sociétés datant de 1914 et
les groupes internationaux ont succédés aux entreprises fami-
liales quasi artisanales. Ainsi, c’est la société CBB qui exploite
actuellement ce qui est la plus grande carrière calcaire d’Eu-
rope, située sur la droite du triangle. Si à la grande époque, le
nombre de travailleurs s’élevait à près de 6500 ouvriers, il ne
reste aujourd’hui plus que 1100 travailleurs.

On peut observer à proximité de la périphérie de Tournai les


vestiges de ce passé industriel, celui des anciens bassins car-
riers comme par exemple la carrière de l’Orient. Cette carrière
est actuellement inondée et sert d’espace touristique en plus
d’être classée Natura 2000, faisant d’elle un site de préserva-
tion de la biodiversité. D’autres carrières proches de Tournai
accueillent diverses activités comme de la plongé, la pêche et
le tourisme. Dans d’autres cas les carrières peuvent être com-
blées pour l’aménagement d’espaces ouverts ou sportifs, mais
aussi être utilisés comme centre d’enfouissement technique
pour les déchets. Le cas de la carrière de L’Orient est intéressant
car historiquement les matières premières étaient acheminées
jusqu’aux Silos à ciment des Bastions, bâtiment emblématique
de la ville.

147
148
I Eléments de contexte PARTIE III

Illustration
Cartes fluviales de Belgiques
et des voies navigables euro-
péennes

I.3 Réseaux de transport

Depuis la révolution industrielle, la baisse constante du


prix des transports a engendré une augmentation des distances
parcourues ainsi qu’un impact écologique plus important des
modes de transport de marchandises. En 2007, dans le cadre
de Grenelle Environnement, il était question de développer des
transports de marchandises plus propres qui avaient été délais-
sés par le passé tel que le fret fluvial et ferroviaire. D’un point
de vue écologique et énergétique, le transport fluvial est trois
plus efficace que le transport routier et émet deux à quatre fois
moins de CO2. En 2020, l’utilisation de ces modes de transport
a doublé, permettant ainsi la diminution d’utilisation de pas
moins de 500 000 camions.

La filière du réemploi des matériaux de construction


implique le transport et le déplacement de volumes et de poids
importants. Afin de limiter l’impact environnemental, l’utilisa-
tion du transport fluvial est à privilégier, permettant de déve-
lopper un réseau entre les espaces de construction ainsi qu’une
nouvelle méthode de circulation des matériaux avec des émis-
sions carbone moindres.

Or, Tournai et sa région sont traversées par l’Escaut, un


fleuve européen de 355 kilomètres qui traverse la France, la Bel-
gique et les Pays Bas avant de se jeter en mer du Nord. Depuis le
Moyen-Âge, il contribue au développement de plusieurs villes
telles que Cambrai, Valenciennes, Gand et Anvers et il connaît
un nombre important d’aménagement pour favoriser ses acti-
vités commerciales. De plus, l’Escaut est pleinement intégré au
réseau de voies navigables belge qui, avec plus de 1500km, est 37
Le réseau des voies flu-
l’un des plus denses d’Europe et considéré comme un carrefour viales :
fluvial Européen permettant l’accès à nombreux grands ports Navigation intérieure en
Belgique.
maritimes et centres économiques. Il répond depuis longtemps ITB.be ( Institut pour le trans-
à une multitude de fonctions de différents secteurs et industrie. port par batellerie a.s.b.l
https://www.itb-info.be/fr/
gp_apercu-statistique_164.
aspx

149
150
II Potentiel de réemploi à Tournai PARTIE III

Illustration
L’habitat Tournaisien comme
gisement de matériaux et de
la pratique du réemploi

Son développement a permis de faciliter l’exportation


de nombreux produits de construction de l’industrie extractive
qui était au 19è siècle un des principaux secteurs de l’économie
belge, ainsi que l’importation de nombreux biens de consom-
mation. Notons cependant que l’Escaut n’est pas qu’une voie
navigable. Il est aussi une source de matières premières, d’es-
paces publics et de lieux de biodiversité et paysagés. En té-
moigne la mise en place, par le Parc bleu du projet de l’Euromé-
tropole, d’une trame verte et bleue le long de l’Escaut dans le
but de lutter contre la perte de biodiversité causée par la frag-
mentation du territoire de l’activité humaine. Cet espace public
continu et ouvert, est propice aux promenades, aux rencontres
et favorise l’accès aux pistes cyclables.

II Potentiel de remploi à Tournai

II.1 L’habitat Tournaisien comme gisement de matériaux se-


condaires

Tournai compte un taux important de bâtiments inoc-


cupés, abandonnés ou insalubres. Ces bâtiments peuvent être
considérés en tout ou partie comme gisement urbain représen-
tant une source rapide d’apport et de réemploi des matériaux
secondaires. La ville de Tournai est également depuis quelque
décennie en constant renouvellement de son patrimoine im-
mobilier avec nombreux chantiers en cours qui sont une autre
source d’approvisionnement des matériaux secondaires. Une
des principales idées du réemploi est de considérer la ville
comme une accumulation de matières pouvant être réem-
ployées. Un gisement urbain est une source durable de maté-
riaux secondaires stockés dans toutes les différentes typologies

151
152
II Potentiel de réemploi à Tournai PARTIE III

Illustration
Gisement urbain ( Vert )
Site ( Gris )
Habitat insalubre, inoccupé et
chantiers 2021 ( Noir )
de bâtiments présents dans la ville. On peut y trouver des simi- Réseaux : Fluvial ( Bleu )
litudes avec l’exploitation et la gestion d’une carrière dont on Ferroviaire ( Violet )
extrait les matières premières, à la différence qu’il s’agit non Ravel ( Vert )
d’extraire mais de récupérer et remettre en circulation des ma- Axes principaux ( Rouge )
tériaux inutilisés mais dont la valeur a été préservée. Axes secondaires ( Orange )

La ville est également le support de nombreux flux


de matières qu’elle assimile et rejette. Une réorganisation est
nécessaire pour trouver de nouveaux usages aux matériaux
sortant et ainsi limiter les pertes, la production de déchet et la
dépendance aux matières premières. Ces visions participent à
l’évolution du rapport actuel à l’existant ainsi qu’au développe-
ment de l’économie circulaire.

Cependant la nature des matériaux présents dans une ville


peut être très hétérogène, ce qui rend difficile l'anticipation des
flux sortants. Plusieurs solutions sont possibles pour estimer la
composition de ces flux. Une première consisterait à analyser
les flux n’étant pas encore ressortis de la ville. Une deuxième
méthode serait d’étudier les flux entrant lors de l’expansion
d’une ville. Une autre approche consisterait en l’analyse des dif-
férentes typologies de bâtiment tout en évaluant leur compo-
sition, ce qui permettrait d’établir une estimation de la réserve
urbaine. Ce dernier travail de classification est conséquent mais
offre des résultats précis au regard des autres méthodes. L’ab-
sence de documentation est également un facteur de compli-
cation pour réaliser des estimations. Dans un autre cas de fi-
gure, les revendeurs de matériaux s’intéressent plutôt aux flux
récurrents qu’ils arrivent à estimer avec leur expérience des
chantiers de déconstruction. Ils se spécialisent ensuite dans les
catégories des éléments suffisamment systématiques afin d’as-
surer une stabilité de l’offre.

153
154
II Potentiel de réemploi à Tournai PARTIE III

Illustration
Démantelement :

1
Décloutage du bois en vue
d’un réemploi.
Le gisement urbain des matériaux secondaires peut
aussi être très dispersé du fait de la présence de nombreux pro- 2
Démontage des faux pla-
priétaires différents et demandant donc un travail conséquent fonds.
de négociation. Pour remédier à ce problème, les rassembler
autour d’un accord commun pourrait encourager la pratique du
réemploi sur l’ensemble du patrimoine immobilier. La spécifici-
té de ce type de gisement urbain est d’être difficile à quantifier,
avec une source d’approvisionnement variable et souvent ins-
table au contraire de l’industrie extractive qui elle, fonctionne
sans interruption avec un roulement d’équipes permanent et
met en place rapidement des installations industrielles mécani-
sées.

Par contre, comparé à un chantier de démolition convention-


nel, l’un des avantages de la déconstruction sélective propre
au réemploi est lié à une réduction des nuisances imposées à
l’environnement et particulièrement au voisinage. L’utilisation
de moins de machine et de plus de main d’œuvre y est privi-
légiée, ce qui a pour conséquence de diminuer les bruits, les
poussières et pollution.

La filière de réemploi qui sera mise en place dans ce


projet aura pour but d’apporter aux ouvriers les connaissances
nécessaires au démantèlement des bâtiments et à la prépara-
tion des matériaux secondaires. Le projet hébergera une sorte
de plateforme prenant en charge les différents flux entrants et
sortants de matériaux de la ville. Un pôle de formation aura
pour objectif de privilégier la réinsertion socio-professionnelle
tout en étant le support des flux entrant et sortant des travail-
leurs du réemploi à Tournai.

155
156
II Potentiel de réemploi à Tournai PARTIE III

Illustration
Entrepots de deux reven-
deurs du réseau Opalis

Dans cette filière, la pratique du réemploi des éléments de


construction demande des volumes importants de stockage
mais également des espaces conséquents pouvant accueillir
les différentes opérations de manutention et de remise en état.
Ce stockage aura aussi comme fonction de présenter les diffé-
rents produits disponibles aux acheteurs potentiels. La locali-
sation idéale d’une telle filière aura tout intérêt à être urbaine
ou périurbaine afin de faciliter et raccourcir les temps de dé-
placements entre les sites de déconstruction, le dépôt et les
chantiers de remise en œuvre. Cet emplacement aura comme
effet d’augmenter la visibilité de cette filière auprès des ache-
teurs même si en réalité le prix du foncier rend difficile une telle
implantation.

Aujourd’hui le fonctionnement du mode économique des re-


vendeurs de matériaux secondaire, suit une logique d’écré-
mage des stocks en se focalisant en particulier sur des maté-
riaux de valeur, comme ceux de haute finition, artisanaux et les
antiquités.

157
158
II Potentiel de réemploi à Tournai PARTIE III

Illustration
Entreprises de la zone indus-
trielle de Tournais :
1. DAPSENS SOYER SA
2. LECOT SA
II.2 Les entreprises de fabrication tournaisiennes comme gise- 3. WATTIAUX TOURNAI
ment des matériaux secondaires 4. GEDIAT THIEBAUT
5. FERUTIL
6. D.B ALUMINIUM
Une seconde source d’approvisionnement pour une fi-
7.TOURNAI BETON SA
lière du réemploi se situe dans les entreprises de fabrication et 8. TRANSLOMAT THIEBAUT
de vente de matériaux de construction des alentours de Tour- 9.DEVOS EDDY CONSTRUCTION
nai. Des quantités parfois importantes de matériaux sont mises 10. VITRERIE TOURNAISIENNE
11. MORLIGHEM MENUISERIE
au rebut. Ces matériaux neufs peuvent également correspondre
12. NICO CHAUFFAGE SPRL
aux dernières exigences des normes du secteur de la construc- 13. PIERRE & SOL
tion. Dans les alentours de Tournai, il existe 17 entreprises de 14. MENUISERIE CHARPENTIER
construction spécialisées ou non dans plusieurs catégories de 15. DOUTERLOIGNE NV
16. PORT DE VAULX ( ANTOING )
matériaux et de services. Elles couvrent l’ensemble des phases
17. ACL TOURNAI
de la réalisation d’un bâtiment mais représentent une source
de matériaux relativement irrégulière. Les matériaux mis au re-
but sont généralement des erreurs de commandes ou de fabri-
cation.

Un exemple illustre l’intérêt des matériaux de rebut : l’ASBL


Croisade Pauvreté Belgium. Le directeur témoigne de l’ampleur
de cette récupération de matériaux neuf :

« Leur entrepôt de 2300 mètres carré, situé en périphérie de 38


Le réemploi au service des
Namur, est constamment plein à craquer. Y sont amassés des plus démunis. ASBL croisade
centaines de châssis neufs dont les fabricants se débarrassent pauvreté Belgium. Namur
parce qu’une erreur de dimension ou de coloris ne permet plus Rotordb.org
de les écouler. Chez Croisade Pauvreté, on peut se les procurer https://rotordb.org/en/sto-
pour 15% du prix neuf, à condition de disposer de temps et d’un ries/zone-deconstruire-petit-
mètre ruban.38 » tour-dhorizon-du-reemploi-
et-de-la-deconstruction

159
160
II Potentiel de réemploi à Tournai PARTIE III

Illustration

161
162
II Potentiel de réemploi à Tournai PARTIE III

Illustration
Zone industrielle d’Antoing

A ce premier réseau d’entreprises viennent s’ajouter


différentes autres sources de matériaux et partenaires poten-
tiels. Ainsi, les carrières situées entre Tournai et Antoing re-
présentent également une source constante de matériaux de
construction et de sous-produit industriel.

Cinq firmes se partagent ces carrières dont trois pour la pro-


duction de concassés, une clinkerie et une cimenterie. L’indus-
trie cimentière fonctionne généralement par co-incinération
avec des déchets pouvant également présenter un potentiel de
réemploi et donc être épargnés de l’incinération.

163
164
II Potentiel de réemploi à Tournai PARTIE III

Illustration
Au port autonome de Pecq,
un nouveau centre de recy-
clage du plâtre viens d’ouvrir.
Replic ( Recyclage du plâtre
Les centres de recyclage des déchets de construction à destination des industries
peuvent également être des sources importantes de matériaux cimentières )
de réemploi. Le premier est situé à proximité de la zone indus-
trielle du Pays Blanc au bord de l’Escaut.

Le centre Recyhoc propose le recyclage et la valori-


sation des déchets inertes de construction. La création de ce
centre tient d’une volonté de constituer un réseau de centres
fixe de recyclage de déchet inerte en Wallonie.

Pour la filière de réemploi, ce centre est une solution à proximi-


té pour le traitement des déchets inertes non réemployables, il
propose actuellement différentes gammes de granulat de quali-
té, faisant l’objet d’un label de confiance et qui permet ainsi de
répondre aux problèmes de saturation dû à une accumulation
trop importante de déchets.

Le second, Replic, vient d’être construit au bord de


l’Escaut à Pecq, à quelques kilomètres de Tournai. Il s’agit d’un
nouveau centre de recyclage pour les déchets du plâtre. Cette
construction récente est destinée à favoriser le développement
de l’économie circulaire en Wallonie picarde et c’est encore une
fois une solution à courte distance pour une catégorie de dé-
chet ne trouvant pas auparavant de traitement adéquat pour
être valorisé. Initialement ces déchets étaient envoyés de-
puis les recyparcs en centre d’enfouissement. Aujourd’hui ils
peuvent être recyclés à l’infini.

165
166
II Potentiel de réemploi à Tournai PARTIE III

Illustration
Projet de Recypark à
Anderlecht par Rotor
Réutilisation de la structure

Ces recyparcs constituent eux-mêmes des sources de maté-


riaux potentielles. Leur création vient d’une volonté de lutter
contre les dépôts sauvages de déchets, il en existe actuelle-
ment trois dans Tournai et ils sont des outils efficaces de triage
à la source et de collecte des déchets en vue d’un recyclage
ou d’une élimination. Tous les types de déchets sont acceptés
et ces centres peuvent également être considérés comme une
source de matériaux secondaires.

Enfin, Ecofer est une société à Tournai spécialisée dans la col-


lecte et le recyclage des métaux, c’est un acteur local permet-
tant le traitement d’une autre catégorie de matériaux dans le
cas où ils ne sont pas réutilisables. C’est également une source
de revenus lors de la revente de ces déchets.

167
168
III Le site de projet Tournai PARTIE III

Illustration
Bing Map

III Le site de projet

III.1 La reconversion d’un site hospitalier

Le site d’étude choisi pour l’implantation du projet d’une filière


de réemploi et d’un pôle social à Tournai, est l’ancien hôpital
de la Dorcas, situé en périphérie de la ville et au bord de l’Es-
caut. La fermeture de cet hôpital date de 2006, suite au ras-
semblement de l’ensemble des services du centre hospitalier
de la Wallonie picarde, vers un nouveau site, celui de l’Union de
Tournai. Depuis cet abandon et l’absence pendant des années
d’un acheteur potentiel, cet ensemble de bâtiments font face
à de nombreux vols de matériaux, en particulier le cuivre des
câbles électriques. C’est également un lieu de squattage et de
saccage des éléments de construction.

Les cinq bâtiments se situent sur la dernière friche industrielle


de Tournai, ils sont idéalement localisés grâce à leur accès di-
rect aux voies routières et fluviales ainsi qu’aux voies lentes
cyclo-piétonne. De plus, ils sont à proximité de la zone com-
merciale des Bastions et de la halte nautique. Ce projet de
reconversion aura pour objectif d’offrir de nouveaux espaces
répondant à la volonté locale de requalification de ce site dé-
saffecté mais également de répondre à une volonté régionale
de reconstruire « la ville sur la ville avec une densification adap-
tée39». En lien direct avec l’ancien hôpital, l’internat nursing de 39
Tournai, le nouveau projet
la Dorcas est encore en activité. Il est un lieu de vie et d’études immobilier sur le chancre du
d’environs 150 élèves et également un lieu de restauration. site Dorcas.
L’enjeu du projet sera de redynamiser ce quartier, en amélio- RTBF.be
rant la qualité des espaces extérieur et ainsi préserver et amé- https://www.rtbf.be/info/
liorer le cadre de vie des internes. regions/detail_tournai-le-
nouveau-projet-immobilier-
sur-le-chancre-du-site-dor-
cas?id=10674750

169
170
III Le site de projet Tournai PARTIE III

Illustration
1. Nursing et internat de la
Dorcas

2. Centre de recherche Terre


En face de l’hôpital se trouvent les anciens silos des Bastions qui et Pierre
est un bâtiment emblématique du passé de l’activité extractive
industrielle de Tournai. Initialement il était directement relié 3. Site industriel des anciens
mécaniquement à la carrière de l’Orient, il est un exemple de Ateliers Louis Carton
cette industrie s’implantant au plus proche des centres ville,
comme c’est encore le cas dans la ville d’Antoing. 4. Les anciens silos des
Bastions
Sur le reste de cette friche industriel se trouvent les anciens
ateliers Louis Carton créés en 1878, il s’agissait d’un des fleu- 5. Centre commercial des
rons de l’industrie Tournaisienne spécialisé dans la fabrication Bastions
des équipements de différents secteurs de l’industrie lourde,
avec près de 120 travailleurs à cette époque. Suite à la baisse
d’activité de l’industrie extractive, l’entreprise fût fermée en
2016 et avec le temps, une reconfiguration s’est produite pour
accueillir d’autres activités, comme des entreprises de tech-
nologie de l’information, de la médecine du travail, un bureau
d’architecture et d’urbanisme et enfin un centre de recherche
et de développement.

Ce centre de recherche et de développement date de 1994 et


est spécialisé dans le traitement et la valorisation de matières
solides tels que les minerais, les sous-produits industriels et les
déchets de post-consommation. Il propose également diffé-
rents services aux entreprises cherchant à s’améliorer dans le
domaine des matériaux et de l’environnement. Ce centre s’ins-
crit dans un principe d’économie circulaire en cherchant à créer
de nouvelle matière première à partir de sous-produit grâce au
développement de solution techniques innovantes et rentables
pour l’industrie.

171
172
III Le site de projet Tournai PARTIE III

Illustration
1
Le premier technopôle
d’économie circulaire de
Wallonie Picarde, un écosys-
tème catalyseur
3.3.2 Le projet dans son quartier
2
Projet des futurs espaces pu-
blics et cheminements de la
friche industrielle. Répartition
Le centre Terre et Pierre représente un tiers de l’ensemble du du programme intérieur.
terrain des ateliers Louis Carton. Concernant la partie désaffec-
tée, l’intercommunale de développement économique IDETA Sources 1-2 : Atelier d’archi-
vient de racheter l’ensemble du site. Cette agence de dévelop- tecture DR(EA)2M, Maudes
pement territoriale souhaite s’appuyer sur l’expertise du centre Gilles, IDETA, Guillaume Fran-
de recherche et investir sur son réseau actuel de partenaires cart.
afin d’y développer un lieu emblématique de l’économie circu-
laire et urbaine en Wallonie. Ce projet vise à développer une
série d’activité comme par exemple, l’écologie industrielle,
l’écoconception, l’économie de la fonctionnalité, le réemploi, la
réparation. Ces différents acteurs auront comme rôle d’accélé-
rer la transition vers un modèle économie plus durable.

« La reconversion de ce site industriel désaffecté s’inscrit dans


une logique écologique et environnementale prônée par la Wal-
lonie, souligne Anne-Marie Goemaere, responsable communi-
cation d’Ideta. Le Gouvernement wallon a en effet adopté une
politique d’assainissement pour répondre à la raréfaction ac-
tuelle des terres industrielles et stopper l’urbanisation décidée à
l’horizon 2050. La nouvelle activité de cette zone de 8 hectares
renforcera les infrastructures économiques de la région, mais
donnera aussi un nouveau souffle à ce quartier situé à l’entrée
de la ville de Tournai. 40» 40
Tournai : le site des Ateliers
Louis Carton va être reconver-
ti par Ideta
https://www.dhnet.be/re-
gions/tournai-ath-mouscron/
tournai-le-site-des-atelirs-
louis-carton-va-etre-recon-
v e r t i - p a r- i d e ta - 5 ffd 7 9 c -
8d8ad5844d168e197

173
174
III Le site de projet Tournai PARTIE III

Illustration
1
Grands principes d’amé-
nagement. Principe de pré-
servation de la structure,
Centre d’entreprise et halls
La proposition de mutualiser le sol de cette friche industriel industriels, jardins-patios et
entre les différents acteurs aurait pour vocation de renforcer les verrières. Espace ouvert sur
synergies de développement de transition vers une économie l’Escaut. Création d’une cou-
circulaire. Ce partage du sol privilégierait un libre échange de lée verte.
service, de savoir-faire et d’expérience qui aurait comme effet
dans la filière de réemploi de faire évoluer les techniques de Sources 1 : Atelier d’archi-
déconstruction, de remise en état et de réemploi des matériaux tecture DR(EA)2M, Maudes
secondaires. Gilles, IDETA, Guillaume Fran-
cart.
Ces échanges participeront aussi à l’évolution des recherches
sur les matériaux et les sous-produits du centre Terre et Pierre.
Les laboratoires du centre de recherche auront également les
capacités de réaliser des tests sur des matériaux très peu docu-
mentés de la filière et ainsi mesurer leurs performances pour
qu’ils puissent réintégrer le marché de l’économie matérielle.
Cette mutualisation développera des liens entre ces différents
acteurs afin de les rendre complémentaires entre eux et faciliter
les flux de matières et de travailleurs sur l’ensemble de la friche
industrielle. D’autres espaces hors du domaine professionnel
pourront être profitables à l’ensemble des acteurs comme par
exemple des espaces verts, des espaces de restaurations et de
bars, qui seront également ouverts à l’ensemble du quartier.

Entre la filière et le centre de recherche se situe un ancien es-


pace de manutention où se trouvait il y a encore peu de temps
deux ponts roulants. Cet espace servira de liaison entre les sites
mais par l’envergure de cette zone, elle pourra également ser-
vir de lieu de stockage et de manutention des déchets inertes
disposés en vrac. Les anciens ponts roulants auraient pu avoir
un rôle à jouer dans la gestion du stockage de cette catégorie
de matériaux.

175
176
PARTIE IV : UNE PLATEFORME DE RÉEMPLOI ET UN PÔLE SOCIAL À TOURNAI

I Site

I.1 Les bâtiments hospitaliers

I.2 Le projet

I.2.1 L’étape de déconstruction


I.2.2 La reconversion des espaces extérieurs
I.2.3 La mixité du programme
I.2.4 Intention

I.3 Programme

I.3.1 La filière du réemploi
I.3.2 Espace de stockage et d’exposition des matériaux
I.3.3 Les ateliers
I.3.4 Pôle social

177
178
I Le site PARTIE IV

Illustration
1. Bloc médecine
2. Ancienne clinique
3. Bloc chirurgie
4. Extension chirurgie
I. Le Site 5. Bloc administratif

Le site de la Dorcas est composé de six bâtiments dont un,


indépendant de l’hôpital, celui de l’internat. Les cinq autres
bâtiments hospitaliers se différencient distinctement par leur
fonction ainsi que leur époque de construction (1960 à 2006).
Plusieurs sociétés d’architectures et des architectes indépen-
dant se sont succédés pour élaborer les bâtiments (la socié-
té d’architecte Hoet+Mine et l’architecte urbaniste Jacques
Bruyère).

La surface totale intérieure est équivalente à 15 000 mètres car-


rés, quatre des cinq bâtiments ont été conçus avec une struc-
ture en béton. Il y a actuellement un dénivelé non négligeable
sur la largeur et la longueur du site. Depuis la route du côté
de la prison et jusqu’au chemin de halage au bord de l’Escaut,
le dénivelé est d’environ 7 mètres. Sur la longueur du site, les
deux espaces extérieurs séparés par le bâtiment au centre ont
une différence de niveau d’environ trois mètres.

179
180
I Le site PARTIE IV

Illustration
1
R+3 : Chambres

2
RDC : Hall des consultations

I.1 Les bâtiments hospitaliers 3


RDC : Salle d’hydrothérapie

Le premier bâtiment en rapport avec l’internat est


anciennement le bloc médecine. Au sous-sol se trouvent les
réserves, les archives et les locaux techniques, au rez-de-chaus-
sée, il y a les anciennes salles de kinésithérapie, de physiothéra-
pie, d’hydrothérapie ainsi que le hall d’entrée de l’hôpital avec
des salles de consultation et les urgences. Les trois étages de ce
bâtiment étaient destinés à accueillir 90 lits de l’unité de méde-
cine. Ce bâtiment est construit avec une structure et un revête-
ment de façade en béton.

Le deuxième bâtiment est une ancienne clinique, elle


fût réorganisée pour accueillir de nouveaux départements tels
que les espaces d’imageries médicales et la morgue au sous-sol
de l’hôpital. Le rez-de-chaussée et les étages étaient destinés
aux vestiaires du personnel et à une partie de l’administration.
Il est composé d’une structure en béton avec un revêtement de
façade en brique.

181
182
I Le site PARTIE IV

Illustration
1
Vue du pont

2
R+2 : Chambres psychatrie

3
R-1 : Salle d’opération

Le troisième bâtiment (à proximité de l’Escaut) et


l’entrée du hall du bloc médecine, est composé au sous-sol de
plusieurs salles d’opérations ouvertes sur le fleuve. Au rez-de-
chaussée, d’une unité de psychiatrie et aux étages 60 lits de
l’unité de chirurgie. Son modèle structurel en poteaux poutres
treillis en acier n’est plus autorisé depuis 1967, on peut donc
estimer que ce bâtiment est le plus ancien du site. Ce bâtiment
est également construit avec une façade vitrée indépendante
du système structurel.

183
184
I Le site PARTIE IV

Illustration
1
RDC : Hall d’accueil

2-3
R+2 : Espace technique

Le quatrième bâtiment est une extension du troisième,


c’est le bâtiment le plus moderne du site, il date de 2006. On
peut y trouver des salles d’opérations et chambres supplémen-
taires ainsi qu’un important espace technique accueillant les
systèmes de chauffage et de ventilation. Son système structurel
est en béton et son revêtement de façade est en brique, il ne
nécessitera pas de lourde réhabilitation en vue d’atteindre les
normes de performances énergétiques.

185
186
I Le site PARTIE IV

Illustration
1
Vue depuis le parking

2
R+1 : uisine de l’hôpital

3
R+5 : Espace technique

Le cinquième bâtiment est indépendant des autres sauf au


sous-sol. C’est anciennement le bâtiment administratif de l’hô-
pital accueillant les cuisines, les laboratoires d’analyse et de re-
cherche ainsi que d’importants espaces techniques en sous-sol
et en toiture. Sa structure est en béton et il est composé d’une
façade vitrée. Ce bâtiment est également semi enterré d’un
côté et connaît une différence de niveau de 3 mètres entre les
deux espaces extérieurs.

187
188
II Le projet PARTIE IV

I.2 Le projet

I.2.1 L’étape de déconstruction

Dans un premier temps, le projet consistera à déconstruire les


bâtiments dans le but de les réhabiliter en d’autres fonctions,
la structure des bâtiments sera donc préservée et modifiée à
certains endroits. Les matériaux démantelés pourront ainsi être
réemployés au sein du site ou mis à disposition dans le stock
de la filière pour être revendus où utilisés dans les ateliers d’ex-
périmentation. Cela permettra de conserver l’énergie grise des
matériaux, ainsi que celle qui aurait été utilisée lors d’une dé-
molition et ainsi réduire la production de déchets du chantier.

La déconstruction des bâtiments du site pose un certain nombre


de contraintes. La première concerne le plus vieux bâtiment,
celui avec une structure poteaux poutres treillis en acier. En
1967 l’incendie du centre commercial l’Innovation à Bruxelles
avait provoqué l’arrêt de construction de ce type de structure.
Pour remédier à ce problème de sécurité incendie, la structure
acier sera recouverte d’une peinture anti-incendie lui permet-
tant d’améliorer sa résistance au feu. Un système Sprinkler sera
également installé en tant que système fixe d’extinction à eau
dans le cas d’un début d’incendie. Ce type de structure est éga-
lement propice à permettre un démantèlement partiel du sol
des étages, ce qui aura comme effet d’alléger la charge totale
appliquée sur la structure. Ce bâtiment sera ainsi apte à offrir
différentes possibilités de reconversion dans le futur.

Une deuxième contrainte concerne le cas des châssis de fe-


nêtres sur l’ensemble du site, qui ne sont plus aux normes ther-
miques de construction. Leur démantèlement et remplacement
seront nécessaires pour les parties des bâtiments devant être
isolés et chauffés. Le réemploi sur site de ces châssis secondaire
pourra être réalisé dans le cas de parois intérieures vitrées ainsi
que pour des espaces non chauffés. Ces châssis pourront égale-
ment trouver un autre usage en dehors du site pour la création
de jardin d’hiver ou de serres agricoles chez des particuliers.

189
190
I Le projet PARTIE IV

Illustration
1
Cour de l’internat
2
Déconstruction ( orange )
3
Modification,
rajout d’élements de
I.2.2 La reconversion des espaces extérieurs construction ( rouge )
4
Place en contrebas ( violet )

La particularité du site est qu’il est composé de trois grands es-


paces extérieurs. Le premier est en rapport avec l’internat, le
deuxième entre deux bâtiments du site et le troisième, le plus
grand, est en rapport avec le reste de la friche industrielle.

Le premier espace extérieur entre l’internat et le premier bâti-


ment du site est anciennement l’entrée des urgences. Depuis
la fermeture de l’hôpital, cet espace est occupé par la cour de
détente des étudiants. L’enjeu sera de venir redynamiser ce lieu
en intégrant le projet à l’internat. Le premier bâtiment sera re-
converti en logements sociaux. Dans un premier temps il s’agira
de déconstruire l’ancienne clinique pour créer un espace pu-
blic traversant et s’ouvrant sur la rue sur l’Escaut ainsi que sur
la place et le chemin de halage en contre bas. Cet espace tra-
versant sera composé d’une série d’espaces verts paysagés, à
la fois végétaux et minéraux propices à la détente ainsi qu’aux
activités familiales et sportives. Cette ouverture sur le fleuve
prendra la forme d’une esplanade à la suite des jardins.

Cet espace traversant aura pour but d’offrir de l’espace supplé-


mentaire aux étudiants de l’internat et permettre différentes
activités en créant une cohésion entre les activités du pôle so-
cial et celles de l’internat. L’aménagement d’une terrasse sera
réalisé dans le but d’offrir un espace extérieur de restauration
pour les étudiants mais également afin d’avoir un espace inter-
médiaire entre les jardins publics et l’entrée de l’internat.

La place en contre bas est un renfoncement du bâti suivant le


linéaire du fleuve et emprunte la même logique d’aménage-
ment des espaces de terrasses du centre-ville. Elle sera desti-
née à être également redynamisée par un aménagement de
terrasse en lien avec le restaurant et le bar du site afin d’en faire
un lieu vivant privilégiant les rencontres ainsi que des activités
en tout genre. Cet espace sera également un lieu d’arrêt et de
rendez-vous des personnes empruntant le chemin de halage.

191
192
I Le projet PARTIE IV

Illustration
1
Deuxième espace extérieur

2
Une partie du troisième
espace extérieur
Le deuxième espace extérieur est situé entre les futurs loge-
ments sociaux et un des bâtiments de la filière de réemploi. La 3
Violet : ouverture sur la
déconstruction du hall d’entrée de l’hôpital permettra d’agran- friche
dir cet espace qui aura pour vocation d’être un espace intermé-
diaire entre les activités du pôle social et celles de la filière de
réemploi.

Ce lieu de nature minérale sera directement connecté aux es-


paces verts et sportifs afin d’offrir davantage de place suivant
l’ampleur des activités. Il servira également d’espace sur lequel
les ateliers d’expérimentation pourront s’étendre tout en of-
frant un accès direct pour s’approvisionner dans les stocks de
matériaux.

Le troisième espace extérieur destiné à la filière de réemploi


aura comme fonction d’accueillir les différents flux de maté-
riaux tout en étant un lieu de stockage et d’exposition. Il y a
actuellement deux petits bâtiments abandonnés qui seront
déconstruits ainsi qu’un mur de soutènement qui sera modi-
fié dans le but de gagner de l’espace. L’enjeu sera d’ouvrir cet
espace sur le reste de la friche industrielle pour permettre une
mutualisation des différents acteurs de l’économie circulaire et
ainsi gagner en espace pour accueillir des quantités plus impor-
tantes de déchets inertes.

193
I.2.3 La mixité du programme

Le projet aura comme ambition d’intégrer diverses fonctions au


sein d’un même site, ce lieu dans la ville offrira des activités
industrielles de production ainsi que des activités sociales por-
tant sur l’accès au logement, sur la réinsertion socio-profession-
nelle ainsi que sur l’accès à des activités culturelles et de loisirs.
L’ensemble de ces activités aura comme ambition de créer de
nouvelles synergies autour de ces deux différents domaines
ainsi qu’autour des différents acteurs de la friche industrielle.
Ce projet se distinguera en deux grandes parties, celle du pôle
social en relation avec l’internat et celle de la filière de réemploi
en lien avec la friche industrielle, en particulier avec le centre
de recherche et la future zone d’activité d’économie circulaire.

Ce projet à comme objectif la création d’une plateforme de


réemploi s’occupant de la gestion des matériaux secondaires
ainsi que sur leurs mises en place sur l’ensemble des futurs pro-
jets de la région. Cette structure locale aura comme ambition
de résoudre le problème de l’offre et de la demande en maté-
riaux de réemploi tout offrant un lieu dans la ville possédant
des capacités de stockage importantes ainsi que des capacités
de réhabilitation des matériaux en vue de leur réintégration
dans les circuits de l’économie matérielle. Ce couplage avec
un pôle social aura comme effet de répondre aux besoins de
la situation socio-économique de Tournai afin de lutter contre
le phénomène actuel de pauvreté et d’exclusion sociale car il
n’existe pas encore suffisamment de structures pouvant ré-
pondre à l’ampleur de ce problème.

194
I Le projet PARTIE IV

L’ambition du réemploi rejoint également cette idée de partici-


per à la construction d’une société plus juste et solidaire, grâce
à une organisation efficiente appuyée sur des valeurs positives
au niveau social sociétal et environnemental. Ce pôle aura pour
but d’offrir l’accès à des logements sociaux pour des familles
vivant dans la précarité.

Il sera également proposé des formations professionnelles en


vue de l’obtention d’un certificat d’habileté et d’un contrat de
travail au sein de la filière de réemploi pour les personnes dans
le besoin. Ce programme aura également comme effet de sensi-
biliser la population à la situation sociale et environnemental de
la ville, tout en ouvrant le dialogue entre les acteurs du réem-
ploi, de la construction et les particuliers. Des espaces de for-
mations et d’ateliers d’initiation et de création encourageront
le travail en groupe pour privilégier de nouvelles rencontres et
ainsi permettre de sensibiliser les futurs acteurs du réemploi à
ne plus considérer cette pratique comme marginale mais bien
comme une des architectures de demain.

Ces lieux seront ouverts aux innovations et aux nouveaux


moyens de procéder, de construire et de vivre. Il ne sera pas
qu’un projet dédié aux acteurs de la construction mais bien un
lieu participant à la vie de quartier grâce à différents espaces
publics (restauration, de bar, de bibliothèque, de logements et
d’atelier d’initiation) contribuant à la mixité des usagers et des
usages. Les liens en contexte avec l’internat, le centre de re-
cherche, les habitants du quartier et les activités au bord de
l’Escaut participeront également à favoriser cette mixité.

195
196
I Le projet PARTIE IV

Illustration
1
Vue depuis le pont sur la
place aménagée

2
RDC Vue depuis la nouvelle
I.2.4 Intention terrasse de l’internat sur les
jardins

Dans le projet, côté filière de réemploi, les éléments program- 3


RDC Cour intermédiaire
matiques seront les espaces de chargement et de décharge- entre la filière et le pôle social
ment des matériaux, les différents lieux de stockage intérieur
et extérieur, les ateliers de remise en état ainsi que les espaces
d’expositions, de vente et de recherche.

Le pôle social sera constitué de la bibliothèque, des logements


sociaux, des espaces de formation en lien avec ceux de remise
en état, des espaces de restauration et de bar, ainsi que les es-
paces d’ateliers en lien avec l’espace public : Les jardins, la cour
centrale ainsi que la place au bord de l’Escaut.

Une première volonté déjà énoncée précédemment concerne


la création des différents espaces de vie extérieure propice à
attirer le public vers le projet et particulièrement au niveau de
la coulée verte connectant l’internat et le pôle social depuis la
rue jusqu’au chemin de halage.

197
198
I Le projet PARTIE IV

Illustration
1
R - 1 Vue depuis une péniche
en train d’être déchargée
grâce au pont roulant

Une seconde volonté consistera à venir connecter la filière de 2


Principe de renforcement de
réemploi aux réseaux fluviaux et routiers à l’aide d’un pont rou- la structure acier du bâtiment
lant. La mise en place de ce système de manutention rendra supportant le porte à faux du
possible l’accès aux cales des péniches ainsi qu’aux remorques pont roulant pour atteindre la
des camions, tout en n’ayant aucune emprise au sol pouvant péniche.
gêner les flux des ouvriers et des machines de manutention.

Ce pont roulant desservira également les zones de dépôt et de


départ ainsi que les espaces de stockage. En temps normal, la
largeur du chemin de halage à cet endroit de l’Escaut ne per-
mettrait pas l’installation d’un système efficace pour charger ou
décharger les péniches comme sur une zone industrielle.

Ce pont roulant sera dans le projet comme une colonne de


distribution, il sera fixé sur la structure de deux bâtiments dif-
férents. Le premier bâtiment anciennement administratif est
perpendiculaire à l’Escaut. Il subira une transformation visant à
enlever les différents niveaux d’étages afin de fixer la structure
du pont roulant suffisamment en hauteur. Sur le deuxième bâ-
timent parallèle à l’Escaut, une transformation plus importante
consistera à en déconstruire une partie afin de laisser passer le
pont roulant.

Son système structurel en acier est en effet propice à cette in-


tervention. Le dernier étage du bâtiment sera préservé dans
le but de venir y fixer sur sa structure, celle du pont roulant,
permettant ainsi d’atteindre une portée suffisante pour accéder
aux péniches. Pour rendre possible l’installation et l’usage de
ce pont roulant, il sera nécessaire de venir renforcer ce dernier
étage afin qu’il supporte les charges supplémentaires d’exploi-
tation.

199
200
201
202
I Le projet PARTIE IV

I.3 Programme

I.3.1 La filière du remploi

Dans une filière de réemploi, les fonctions logistiques sont


primordiales afin de gérer correctement la gestion d’un stock
complexe et hétérogène qui est d’ailleurs constamment en
mouvement. Il doit y avoir également une bonne coordination
des transports pour gérer les arrivées et les départs irréguliers
de marchandises provenant du réseau fluvial et routier. Le pont
roulant facilitera et permettra de décharger plus rapidement
une partie des matériaux vers les zones de dépôts, et seront
ensuite acheminés vers le triage, l’enregistrement puis distri-
bués vers les différents ateliers de réhabilitation.

Les fonctions techniques de la filière de réemploi seront as-


surées par les différents ateliers de réhabilitation. Il s’agira de
réparer et de remettre en état les produits ainsi que de recher-
cher et préparer leur documentation technique. Ces ateliers se
trouvent majoritairement dans le bâtiment le plus récent du
site, ils se distinguent en fonction de la catégorie de matériaux
ou d’éléments de construction qu’ils traitent ainsi qu’en fonc-
tion de leur caractéristique (poids, taille et les outils de travail).
Les éléments lourds seront plutôt valorisés au rez de chaussées
ainsi qu’au premier étage et ceux de trop grande taille seront
remis en état à l’extérieur du bâtiment. Les étages supérieurs
accueilleront des ateliers avec des matériaux plus légers et de
plus petites envergures qui seront accessibles par plusieurs es-
caliers et ascenseurs.

203
204
205
206
I Le projet PARTIE IV

Illustration
1
RDC Vue depuis le pont sur
la place aménagée

2
R - 1 Espace de dépôt entre
I.3.2 Espace de stockage et d’exposition des matériaux le chemin de halage, les es-
paces de remise en état et de
stockage.
La capacité de stockage du site est répartie en deux parties,
l’une se trouve dans le sous-sol du projet et l’autre en extérieur
et à l’intérieur du bâtiment du pont roulant.

Ces espaces en surface ont une seconde fonction consistant à


exposer les matériaux aux clients potentiels, allant des acteurs
de la construction jusqu’au particuliers. Cette exposition per-
met d’exposer les différents matériaux disponibles et aussi d’in-
former les visiteurs des possibilités de mise en œuvre pour leur
futur chantier, celui-ci pouvant être potentiellement lié à une
déconstruction et donc à un nouvel apport de matériaux.

207
208
209
210
I Le projet PARTIE IV

Illustration
1
R+3 Passerelle entre les ate-
liers du dernier étage.
2
Espaces de formations

I.3.3 Les ateliers

Le rez-de-chaussée de ce bâtiment sera destiné à un espace


consacré aux matériaux inertes présentant un potentiel de ré-
utilisation. À l’image d’une briqueterie de réemploi, cet espace
fonctionnerait en double hauteur et sera alimenté par des tapis
roulant, provenant du dépôt de matériaux inertes et permet-
tant également de faciliter le travail de manutention, de tri,
de reconditionnement et d’emballage, avant d’être envoyé en
zone de stockage.

L’étage supérieur sera réservé aux éléments de construction


comme les radiateurs, chaudière et système technique de
chauffage et de refroidissement. Au-dessus seront installées
les fonctions documentaires et commerciales de la filière. L’es-
pace de documentation aura comme but, de photographier
et décrire les produits ainsi que de faire des recherches pour
constituer des archives. La fonction commerciale aura comme
vocation d’accompagner le client dans ses choix tout en pro-
posant des simulations, des esquisses d’usages possible et de
traiter la gestion des commandes, la facturation et le suivi de
comptabilité.

Le dernier étage du bâtiment communicant avec celui en struc-


ture acier, sera donc un espace occupant toute la longueur des
deux bâtiments. Cet espace sera partitionné entre ceux de for-
mation, ceux de réhabilitation des produits du bois, des sani-
taires, de la plomberie, du mobilier, des châssis de fenêtres et
de l’électricité.

211
R+1
212
1. CHAMBRES DES ETUDIANTS
2. CHAMBRES DES APPARTEMENTS FAMILIAUX
3. ESPACE DE FORMATIONS
4. ESPACE DE TRAVAIL SUR LE BOIS, SANITAIRE, PLOMBERIE
5. ESPACE DE TRAVAIL SUR LE BOIS ET MOBILIER
6. ESPACE DE TRAVAIL SUR L’ELECTRICITÉ ET CHASSIS DE FENÊTRE

213
214
I Le projet PARTIE IV

Illustration
1
RDC Mezzanine du premier
espace d’atelier.

2
RDC Vue depuis l’entrée d’un
I.3.4 Pôle social des ateliers polyvalents.

Ateliers polyvalents

Au rez-de-chaussée du bâtiment entre l’espace de jardin et la


cour intermédiaire, se trouvent les espaces d’ateliers en double
hauteur, dont un des deux avec une mezzanine. Ces ateliers
ont la particularité d’être polyvalents et de pouvoir accueillir
diverses activités en lien ou non avec le réemploi. Il peut s’agir
d’activités culturelles : expositions, événement, ateliers artis-
tiques ou de recherches autour d’une thématique. Ces espaces
sont semi privés, ils restent ouverts à toute personne proposant
un projet temporaire enrichissant.

Logements

Il y a sept logements sociaux qui se trouvent au-dessus des ate-


liers, leur accès est en lien avec la bibliothèque et leurs espaces
de vie donnent sur les espaces jardins et la cour intermédiaire.
Ces logements seront destinés à accueillir des familles dans le
besoin. Chacun des appartements sera agencé sur deux niveaux
et organisé en espace de vie et en espace de nuit à l’étage. Le
salon, la cuisine et l’entrée s’agenceront, avec un jeu de niveau
sol différent, autour d’un module servant de salle de bain. À
l’étage se trouveront quatre chambres, pouvant accueillir une
famille de huit personnes.

215
216
I Le projet PARTIE IV

Illustration
1
R - 1 : Espace de restaura-
tion, vu sur le bar ainsi que
sur les différents étages

Le bâtiment en structure d’acier situé au long de l’Escaut est le 2


Idem
lieu d’accès et de distribution vers les autres espaces du pôle so-
cial. Il existe deux entrées à différents niveaux. L’une se trouve 3
RDC Hall d’entrée coté jardin
au sous-sol, au bord du chemin de halage, la seconde est au
niveau supérieur devant les jardins et l’esplanade, elle donne
ainsi accès au hall d’entrée. La particularité de ce bâtiment est
la communication verticale entre tous les espaces des différents
niveaux, depuis le sous-sol jusqu'au troisième étage.

Restauration et bar

L’espace de bar et de restauration sont des espaces semi-en-


terrés, s’ouvrant partiellement sur l’Escaut et le chemin de
halage. L’espace de bar est en relation avec la place au bord
du fleuve, qui fera l’objet d’un aménagement de terrasse et de
végétations. Elle sera également un lieu partagé avec l’espace
de restauration se trouvant en continuité du bar. Entre ces deux
espaces, se trouve un des accès du bâtiment et un système de
distribution. L’espace de restauration sera aménagé sur deux
niveaux, la partie au rez-de-chaussée sera en lien direct avec le
hall d’entrée.

217
218
I Le projet PARTIE IV

Illustration
1
R + 1 : Passerelle de la biblio-
thèque reliant les différentes
salles. Escalier amenant aux
bureaux individuels
Bibliothèque
2
Idem

À l’étage supérieur se trouve la bibliothèque qui sera également 3


R+3 Espace reliant les ate-
agencée sur deux niveaux. Elle est en lien direct avec l’accès aux liers et les salles pédagogique.
logements et elle sera composée de différents espaces jouant
avec la structure du bâtiment. Ils seront organisés en cellules
de différentes tailles reliées entre elles par des passerelles don-
nant sur le hall et le reste des espaces du bâtiment. Ces espaces
seront à la fois des salles de travail pouvant accueillir plusieurs
personnes mais également des plus petits espaces tel que des
bureaux personnels jouant avec la structure. La particularité de
ces cellules sera de pouvoir s’isoler phonétiquement du reste
du bâtiment.

Espaces de formation

Installé au dernier étage, les différents espaces de formation


sont en relation directe avec les ateliers de travail, avec égale-
ment le système de cellules, en continuité de la bibliothèque.
Chacune correspond à une famille différente de matériaux ou
de domaines de construction. Cette proximité des futurs ou-
vriers avec les ateliers permettra de faciliter les rencontres et
les échanges avec les équipes professionnelles.

219
CONCLUSION
Pendant des siècles, le réemploi des matériaux de construction
était prédominant dans le processus de création architectu-
rale. Depuis seulement une centaine d’années, cette pratique
n’est plus considérée comme courante, elle est également vue
comme un frein dans la logique industrielle de production/
consommation. L’industrie est devenue avec le temps le seul
moyen de répondre à l’évolution des matériaux ainsi qu’à l’am-
pleur de l’activité du secteur de la construction. Il doit être
essentiel de simplifier la composition des matériaux comme
c’était le cas avant l’ère industrielle, car aujourd’hui leur com-
plexité rend le processus de séparation des composants en fin
de vie difficile et produit inévitablement des déchets préjudi-
ciables à la société.

Aujourd’hui, on constate un attrait du réemploi toujours dans


un contexte industriel visant à répondre aux enjeux environne-
mentaux de notre époque, en particulier par rapport à l’épuise-
ment des ressources naturelles et donc à la surconsommation.
Cette prise de conscience collective sur les enjeux du dévelop-
pement durable amène à la conclusion que cette pratique est
destinée à prendre de l’ampleur dans un avenir immédiat. Pour
cela ma réflexion s’est tournée vers la question du réemploi des
déchets ce qui a déterminé mon choix de sujet.

Ce travail de fin d’études m’a permis de découvrir les méthodes


et les outils propices au traitement des déchets ainsi qu’à leur
réemploi afin d’en montrer les possibilités, les opportunités et
les limites. En partant d’un point de vue général sur la problé-
matique du déchet, j’ai essayé d’exposer la complexité des pra-
tiques actuelles de lutte contre leur surproduction. Aujourd’hui
la pratique du réemploi des éléments de construction rede-
vient d’actualité de part différents projets et expérience dans
le monde. De nouveaux réseaux d’acteurs se forment autour de
petits groupes de travail évoluant par la suite vers la création de

222
plateformes de réemploi. Les connaissances dans ce domaine
évoluent en permanence grâce aux professionnels mais égale-
ment par les recherches des étudiants, qui par leurs nombres,
forment une certaine synergie encourageant une transition
vers l’économie circulaire et l’architecture durable. Bien que le
réemploi soit différent des méthodes traditionnelles de concep-
tion et de construction, cette pratique présente des opportu-
nités d’intégration pouvant ainsi faire évoluer le secteur de la
construction. L’architecte n’est pas le seul à pouvoir privilégier
la pratique du réemploi, cela relève de l’ensemble des prota-
gonistes du secteur de la construction et bien que le réemploi
demande à chacun une certaine adaptation, cette pratique est
propice à faire apparaître de nouveaux acteurs et métiers.

L’architecte est amené à devenir aussi le déconstructeur pour


ainsi mieux reconstruire avec ce qui est déjà là. Rassembler
ces deux phases « déconstruction/reconstruction » permet de
fonctionner dans un système de boucle, où la déconstruction
demande plus d’importance et de temps. Actuellement il est
difficile de mettre en place ce système comme les délais de
chantier de démolition sont trop courts et que les normes de
construction ne valorisent pas les innovations architecturales.

Aujourd’hui l’architecte doit intervenir en amont pour le choix


des matériaux afin d’analyser leur potentiel de réutilisation
et ainsi agir directement dans la mise en valeur, voire dans la
sauvegarde d’un patrimoine architectural, en récupérant les
matériaux et éléments porteur d’une valeur historique. Pour
être clair, les législations actuelles ou encore inexistantes ne
doivent pas consister un frein à l’architecte dans sa motivation
à pratiquer le réemploi. Il est essentiel de ne plus considérer le
bâtiment comme un nouvel élément dans la ville mais plutôt
comme une continuité de l’existant.

J’ai eu l’occasion à travers de ce travail d’essayer de répondre

223
224
aux enjeux écologiques auquel peut répondre un projet d’ar-
chitecture. Il m’a semblé important que ces connaissances en
déconstruction et en réemploi de l’existant soient de nouveau
considérées comme des pratiques courantes, enseignées aux
acteurs de la construction mais également encouragées par les
autorités compétentes. À ce stade, on peut constater qu’au-
jourd’hui la ville n’est pas un lieu adapté à la pratique du réem-
ploi, elle ne répond également pas aux enjeux environnemen-
taux de notre époque car son fonctionnement linéaire reste
figé. À l’exception des centres de traitements de déchet (n’étant
pas dans les villes) qui ne peuvent pas répondre entièrement
à l’ampleur du problème des déchets, il n’existe pas véritable-
ment de lieu dans la ville offrant des capacités suffisantes de
stockage pour emmagasiner les matériaux secondaires et ainsi
limiter les besoins en matière première importées. Une filière
de réemploi se présenterait comme une alternative locale au
flux sortant de la ville, mais surtout offrait un accès aux ma-
tériaux locaux des villes permettant ainsi de diminuer l’impact
du transport tout en privilégiant les rencontres et échanges. Il
paraît important dès aujourd’hui de faire l’effort d’intégrer le
réemploi au processus de conception et de construction d’un
projet pour que cette pratique redevienne courante dans notre
société.

À tous les acteurs et intervenants du secteur d’en prendre


conscience, mais aussi et surtout d’en avoir la volonté.

225
BIBLIOGRAPHIE

Livres

RAHBI Pierre, Vers la sobriété heureuse


BABEL, Une collection de livres de poche.
Diffusion : Actes Sud 2013

BIHOUIX Philippe, L’Âge des Low Tech :


Vers une civilisation techniquement soutenable.
Anthropocène Seuil – www.seuil.com - 2014

DONOUGH William/ BRAUNGART Michael


Cradle to Cradle. Créer et recycler à l’infini. Collection manifes-
tô, alternatives

HEBEL. Dirk E – WISNIEWSKA Marta H – HEISEL Felix,


Building from waste, Recovered materials in architecture and
construction

GHYOOT Michaël, DEVLIEGER Lionel, BILLIET Lionel, WARNIER


André, Rotor. Déconstruction et réemploi. Comment faire cir-
culer les éléments de construction. Presses polytechniques et
universitaire romandes. 2018

228
ETUDES ET RAPPORTS SUR LE REEMPLOI

GHYOOT Michaël, Travail de fin d’études Master 2 juin 2009,


Promoteur DECUYPERE Thierry. Aperçu des pratiques de réuti-
lisation des déchets dans la construction, Possibilités, opportu-
nités et limite.

GHYOOT Michaël ( aspirant du FRS-FNRS ), Thèse présentée en


vue de l’obtention du grade académique de Docteur en Art de
bâtir et urbanisme, sous la direction du professeur GENARD
Jean – Louis
Le conception et les matériaux de construction : Eléments de
réflexion pour une reconfiguration des circuits de l’économie
matérielle par les pratiques architectures contemporaines.
2013-2014

JANSSENS Benoît, PATRIS Cécile ( Ressources asbl )


HALLET Anne-Sophie, ARGELES Aymé ( Confédération construc-
tion Wallonne )
Avec le soutien de la Wallonie, direction de la politique des
déchets, Bruxelles Environnement, dans le cadre de l’Alliance
Emploi – Environnement
Guide du réemploi/ réutilisation des matériaux de construction

OPALIS, document réalisé par Rotor ASBL pour le compte de


l’IBGE, 26 novembre 2012
Rapport final : Projet d’activation des filières de réemploi des
matériaux de construction en région de Bruxelles-capitale

Réalisé dans le cadre de la Guidance Technologique en Eco-


construction et Développement Durable en Région Bruxel-
loise. INNOVATION PAPER : Construire circulaire, Vers une éco-
nomie circulaire dans la construction

BILLET Lionel, Rotor. Réemploi de matériaux – Une perspec-


tive historique. Formation bâtiment durable, printemps 2021
Bruxelles environnement.

Brochure publiée par la Division Energie, Air, Climat et Bâti-


ment durables de Bruxelles Environnement, dans le cadre du
Programme Régional en Economie Circulaire. Le secteur de la
construction à Bruxelles, Constat et perspective vers une éco-
nomie circulaire

229
SITOGRAPHIE

1 STABEL : Production de déchets par secteur en Belgique 2018


: Construction, Ménage et industrie / Population de la Belgique
en 2018 https://statbel.fgov.be/fr/themes/environnement/
dechets-et-pollution/production-de-dechets
Ménage : 418kgs en 2019

2 STABEL : Production de déchet 2018 : Construction : 22.6 mil-


lions de tonnes Industrie : 34,7 millions de tonnes.
htt p s : / /stat b e l .fgo v. b e / f r / t h e m e s /e nv i ro n n e m e nt /
dechets-et-pollution/production-de-dechets#figures

3 LEFÈVRE Philippe - L’énergie grise, la face cachée de la


construction.https://www.construction21.org/france/ar-
ticles/h/lenergie-grise-la-face-cachee-de-la-construction.html

4 MTATERRE : Pourquoi le développement durable est essentiel


aujourd’hui ? https://www.mtaterre.fr/dossiers/le-developpe-
ment-durable/cest-quoi-le-developpement-durable

5 Définition du développement durable. Rapport Brundtland


sur le site du Ministère des Affaires étrangères
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Brundtland#cite_note-1

6 HEBEL. Dirk E – WISNIEWSKA Marta H – HEISEL Felix, Buil-


ding from waste, Recovered materials in architecture and
construction. Page 7

7 HIAULT Richard, La guerre mondiale du sable est déclarée.


https://controverses.minesparis.psl.eu/public/promo15/pro-
mo15_G5/www.controverses-minesparistech-1.fr/_groupe5/
un-point-dentree-dans-une-problematique-mondiale/la-res-
source-sable-dans-le-monde-vers-lepuisement/index.ht-
ml#note2

8 LEGIFRANCE : Article L.541-1-1


Du Code de l’environnement : Première définition du déchet
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIAR-
TI000042176087/

9 ADEME, Loi du 13 juillet 1992 - Définition d’un déchet ultime

10 ADEME, Circulaire DGS/DH 98/249 du 20 avril 1998

230
11 DIRECTIVE 2008/98/CE du parlement européen et du
conseil.19 novembre 2008 : Relative aux déchets et abrogeant
certaines directives : Dernières définitions d’un déchet.
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?u-
ri=CELEX:32008L0098

12 DIRECTIVE 2008/98/CE du parlement européen et du


conseil.19 novembre 2008 : Définition d’un sous-produit - Ar-
ticle 5

13 DIRECTIVE 2008/98/CE du parlement europréen et du


conseil.19 novembre 2008 : Fin de statut d’un déchet - Fin
de statut d’un déchet- Article 6 https://eur-lex.europa.eu/le-
gal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:32008L0098

14 FICHE TERMINOLOGIQUE , Définition : Postconsomma-


tion Office québécois de la langue française.
http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=8358375

15 BELGIUM : Définition «déchets cachés»


La politique des déchets : Consommation durable
https://www.belgium.be/fr/environnement/consommation_
durable/dechets

16 EUROPÉENPORTAILDOUANES : Définition : Déchets de


démolition et de construction. Questionnaire commun OCDE/
Eurostat 2000 sur l’état de l’environnement.https://www.ta-
rifdouanier.eu/info/abreviations/635

17 DIRECTIVE 2008/98/CE du parlement européen et du


conseil.19 novembre 2008 - Définition d’un déchet inerte.
Article 2 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HT-
ML/?uri=CELEX:32008L0098

18 DIRECTIVE 2008/98/CE du parlement europréen et du


conseil.19 novembre 2008 : Définition statut des terres exca-
vées - Article 11 http://terrass.brgm.fr/utilisation/faq/article/
quel-est-le-statut-des-terres

19 L’ÉLÉMENTARIUM : Données industriel. Tableau périodique


du verre. L’élémentarium.fr
https://www.lelementarium.fr/product/verres/

20 Guide Bâtiment Durable.brussels : Définition Downcycling


Guide Bâtiment Durable.brussels
https://www.guidebatimentdurable.brussels/fr/downcycling.
html?IDC=1521&IDD=8274

231
21 UPCYCLING & RÉCUPÉRATION : Définition Upcyling
https://lacaravanepasse.eu/upcycling-recuperation/

22 ACTUENVIRONNEMENT : Les ferrailles, nouvelle ère du re-


cyclage de l’acier
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/ma-
tieres-recyclees/recyclage-ferrailles.php

23. DIRECTIVE 2008/98/CE du parlement europréen et du


conseil.19 novembre 2008 : Définition du recyclage Article 3

24 FUTURA-SCIENCES : Autre définition du recyclage.


https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/deve-
loppement-durable-recyclage-5774/

25 DIRECTIVE 2008/98/CE du parlement europréen et du


conseil.19 novembre 2008 : Définition régénération des huiles
usagées - Article 3

26 PLASTICSEUROPE : Recyclage chimique.


https://www.plasticseurope.org/fr/focus-areas/circular-eco-
nomy/zero-plastics-landfill/recycling-and-energy-recovery

27 Citation de WILLIAM MCDONOUGH/


MICHAEL BRAUNGARD
Cradle to cradle : Creer et recycler à l’infini p. 84

28. DIRECTIVE 2008/98/CE du parlement européen et du


conseil.19 novembre 2008 : Définition du réemploi et de Prépa-
ration en vue du réemploi - Article 3

29 Idem

30. DIRECTIVE 2008/98/CE du parlement européen et du


conseil.19 novembre 2008 : Définition de Prévention Article 3

31 MAGDE : Prévention Gestion des déchets, qui fait quoi ?


Magazine antigaspi et antidéchets.
https://magde.be/dossiers/gestion-des-dechets-qui-fait-quoi/

32 ARTE : Effet rebond, croissance et développement, décrois-


sance : tout comprendre.
Croissance et développement ne sont pas synonymes.
https://info.arte.tv/fr/effet-rebond-croissance-et-developpe-
ment-decroissance-tout-comprendre

232
33 DÉCROISSANCE : Définition effet rebond (8) Point d’effica-
cité sans sobriété. Mieux vaut débondir que rebondir. http://
www.decroissance.org/francois/recherche/articles/efficacite.
pdf

34 WIKIPEDIA : Définition de Spolia


https://fr.wikipedia.org/wiki/Spolia

35 GHYOOT Michaël, DEVLIEGER Lionel, BILLIET Lionel, WAR-


NIER André, Rotor
Déconstruction et réemploi. Comment faire circuler les élé-
ments de construction.
Presses polytechniques et universitaire romandes. 2018
Citation : Remplacer l’énergie par la main d’oeuvre p.78

36 SERVICE LOGEMENT ET SALUBRITÉ DE TOURNAI


(https://www.tournai.be/services-aux-citoyens/services-com-
munaux-2/logement-et-salubrite.html).

37 ITB : Le réseau des voies fluviales :


Navigation intérieure en Belgique.( Institut pour le transport
par batellerie a.s.b.l)
https://www.itb-info.be/fr/gp_apercu-statistique_164.aspx

38 ROTOR : Le réemploi au service des plus démunis. ASBL


croisade pauvreté Belgium. Namur
https://rotordb.org/en/stories/zone-deconstruire-petit-tour-
dhorizon-du-reemploi-et-de-la-deconstruction

39 RTBF : Tournai, le nouveau projet immobilier sur le chancre


du site Dorcas.
https://www.rtbf.be/info/regions/detail_tournai-le-nouveau-
projet-immobilier-sur-le-chancre-du-site-dorcas?id=10674750

40 DHNET : Tournai : le site des Ateliers Louis Carton va être


reconverti par Ideta
https://www.dhnet.be/regions/tournai-ath-mouscron/tournai-
le-site-des-atelirs-louis-carton-va-etre-reconverti-par-ideta-
5ffd79c8d8ad5844d168e197

233
ICONOGRAPHIE

Les documents dont la source n’est pas citée ci-dessous ont été
réalisés par l’auteur.

P13 Encore Heureux : l’architecte comme commissaire –


Exposition 1973 : Désolé, plus d’essence au Centre Canadien
D’architecture.
https://strabic.fr/Encore-Heureux-Matiere-Grise-L-archi-
tecte-comme-commissaire

P14 MILLER Johny Photographie


«Primerose vs Makause, Afrique du Sud. A Makause, une co-
lonie tentaculaire de baraques surpeuplées construites sur une
mine d'or abandonnée, quelques 30'000 habitants font face aux
rues verdoyantes et aux maisons gracieuses de Primrose, une
banlieue riche de Johannesburg.» 2016

https://www.illustre.ch/photos/inegalites-vues-ciel

P16 De la production à la destruction des bâtiments


Image du cours de matérialité & éco-conception de Bruxelles
2019 - LBARC206 – Moodle.be UCL

P18 Hébdo Logo : Les décharges sauvages, un scandale à


ciel ouvert. Décharge sauvage du plateau de l’Arbois, à proxi-
mité immédiate de la gare TGV d’Aix. Cyril Marcilhacy/Pour
la Croix L’Hebdo « Des parpaings, des miettes de béton, des
tuyaux de PVC et des gravats divers… Dans le sud de la France,
sur le bord des routes et dans des terrains isolés, les décharges
sauvages sont devenues un paysage habituel. Un véritable
fléau dû à la cupidité de certains entrepreneurs et à l’inaction
des pouvoirs publics. »

https://www.la-croix.com/France/decharges-sauvages-scan-
dale-ciel-ouvert-2020-02-21-1201079739

Le Business des marchands de sable en Afrique


https://www.rfi.fr/fr/afrique/20130604-le-business-mar-
chands-sable

P22 Décharge sauvage


https://www.capital.fr/entreprises-marches/un-pionnier-du-
bitcoin-cherche-sa-fortune-dans-une-decharge-1260745

234
P29 Scierie msf ( promotions du mois, chute de scie-
rie) Dosse en bois http://scierie-msf.fr/index.php/fr/promo-
tion-du-mois

Chutes neuves de fer industrie : Jansengroup.com – Recycling


group https://jansengroup.com/fr/ce-que-nous-faisons/mate-
riaux-ferreux/chutes-neuves-de-fer/

Déchets de tissus : https://blog.pollutec.com/recyclage-textile/

Les produits connexes : Ecorce, plaquettes, sciure


Groupe Ducerf – Expert du bois depuis 1885 – Produits du bois
https://www.ducerf.com/produits/produits-connexes

P32 Déchet plastique : Letemps.ch

« Des déchets en plastiques en Malaisie arrivés de France, d’Es-


pagne ou encore des Etats-Unis. Article : La Chine n’est plus la
poubelle du monde et le recyclage mondial des déchets est en
plein chaos. »
https://www.letemps.ch/monde/chine-nest-plus-poubelle-
monde-recyclage-mondial-dechets-plein-chaos

P34 Déchet d’extraction de carrière, Extraction et sciage


de la pierre bleue de Wallonie
h t t p s : / / w w w. p i e r r e b l e u e d e w a l l o n i e . b e / e x t r a c -
tion-pierre-bleue/

Les chantiers de démolition, une mine pour les pro-


ducteurs de matériaux de construction – geo.fr
https://www.geo.fr/environnement/les-chantiers-de-de-
molition-une-mine-pour-les-producteurs-de-materiaux-de-
construction-195850

P36 Gestion des déchets du bâtiment : trouver des solu-


tions au besoin de chaque chantier
https://www.groupegaronne.fr/gestion-dechets-du-batiment-
solutions-au-besoin-de-chaque-chantier/

235
P40 Catégorie de déchets inertes :

Béton : Stanker.fr – Elimination des débris de béton et de re-


cyclage. https://stanker.fr/2019/08/07/elimination-des-de-
bris-de-beton-et-recyclage/
Enrobé bitumeux : VALORI MAT
http://www.valorimat.fr/materiaux-valorisables/enrobe/
Parpaing : PAPREC GROUP – Déchet de parpaing stockés pour
être recyclés
https://www.pinterest.fr/pin/379709812309140722/
Tuiles : https://www.recyclage-recuperation.fr/?p=50288
Briques : brick fight : https://decorexpro.com/kirpich/boj/
Pierre naturel :
https://www.pinterest.fr/pin/153826143512123671/

P40 Où vont les déchets inertes ?


h t t p s : / / w w w. e c o d ro p . n e t / w p - c o n t e n t /
uploads/2017/05/schema-dechets-inertes-ecodrop.png

P42 Terrassement : Terrassement avec brise-roche


https://www.m-habitat.fr/preparer-son-projet/prepara-
tion-du-terrain/terrassement-avec-brise-roche-3996_A

P44 Calcin : https://www.solover.fr/calcin/


Verre : https://www.reiling.eu/en/flat-glass

Stockage du verre : https://fr.123rf.com/photo_76912640_


image-de-d%C3%A9chets-de-d%C3%A9chets-de-ciment-pour-
recyclage-dans-l-industrie-verre-cass%C3%A9-recycl%C3%A9.
html

P46 Châssis revendeur :


https://opalis.eu/fr/materiaux/chassis-de-fenetres

P48 Déchets d’amiante


https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/
que-faire-nos-dechets-amiante-limousin-1761485.html

Déchet non dangereux et non inertes :


https://www.ecodrop.net/dechets-non-dangereux-valorisa-
tion-recyclage-dib-dnd/

P50 déchets métallique : https://jansengroup.com/fr/ce-que-


nous-faisons/

236
P54 Projet d’architecture de réemploi Munto-A :
https://opalis.eu/fr/projets/mundo

P56 Traitement du bois : https://www.groupegaronne.fr/


gestion-dechets-du-batiment-solutions-au-besoin-de-chaque-
chantier/

P58 Revendeur de bois du réseaux Opalis


Bois poutre : https://opalis.eu/fr/revendeurs/europort
https://opalis.eu/fr/revendeurs/de-groene-poort

P60 Echelle de lansink : https://www.iew.be/


dechets-il-y-a-valorisation-et-valorisation/

P62 Décharge / Techniques du centre d’enfouissement :


L’installation de stockage des déchets non dangereux
https://www.valor3e.fr/les-dechets-traites/dechets-mena-
gers-residuels-nos-equipements/

P64 Résidus d’Incinération : mâchefer


https://jansengroup.com/fr/ce-que-nous-faisons/

Valorisation energétique
https://www.entrepose.com/fr/vinci-environnement-2/notre-
savoir-faire/valorisation-energetique-2/

P66 Méthanisation
https://www.entrepose.com/fr/vinci-environnement-2/notre-
savoir-faire/methanisation/

P68 Compostage industriel : Fonctionnement de la plate-


forme de compostage de déchets vert de Chézy
https://www.jpt-enviro.fr/le-compostage/

P70 Filière actuelle de biogaz et Futur filière de biogaz :


Fonctionnement technique ou scientifique
https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedago-
gique/biocarburant

P72 Recycle des déchets inertes


https://www.idelux.be/fr/le-concassage-des-inertes.ht-
ml?IDC=2661&IDD=25311

237
Recyclage chimique
https://www.google.com/search?q=recyclage%20%20
chimique&tbm=isch&hl=fr&tbs=rimg:CfNlc60mr8TbY-
VI25r2_1iPNa&client=firefox-b-ab&sa=X&ved=0CBsQuII-
BahcKEwjAgpfIofHwAhUAAAAAHQAAAAAQCw&biw=2042&bi-
h=1422#imgrc=aubqLRanaUf-KM&imgdii=82VzrSavxNtjvM

P74 Up-Re-Down;cycling
https://fr.linkedin.com/pulse/recyclage-en-boucle-fer-
m%C3%A9e-upcycling-dowcycling-quelle-sophie-bon-
nier?trk=read_related_article-card_title

P76 Mieke Vandenbroucke - Circuit de la matière et des


éléments de construction
Conférence ARAHO Projet Z – 10/03/2019

P78 Campagne de Sensibilisation contre les déchets :


https://lareclame.fr/lespresidents/realisations/cam-
pagne-print-5

Initiative Océan : http://www.lemague.net/dyn/spip.php?-


page=imprimer&id_article=8418

P81 Projet Raumlabor de bain public : https://raumlabor.


net/bathing-culture/

P84 Arc constantin : https://klimtlover.wordpress.com/7-


the-roman-empire/193-337-ce-late-empire-art/

Détail frise : http://deruinesetdor.over-blog.com/2017/02/arc-


de-constantin.html

P86 Placards émis en 1778 pour la démolition de plu-


sieurs dépendances du Palais Coudenberg :
https://environnement.brussels/sites/default/files/user_files/
pres-210318-reem-1-5-hist-fr_0.pdf

Un autre exemple : Les restes de la cathédrale Saint-Lambert


servant de source de pierre de taille. Liège en 1802
https://environnement.brussels/sites/default/files/user_files/
pres-210318-reem-1-5-hist-fr_0.pdf

P88 Entrée du l’entrepôt d’Achille Picart. Le fronton « de


l’horloge» proviens du chantier de démolition du Palais des
Tuileries. :
https://environnement.brussels/sites/default/files/user_files/
pres-210318-reem-1-5-hist-fr_0.pdf

238
Démolition de l’ancien Palais de Justice de Bruxelles. Le chan-
tier a duré deux ans.
https://environnement.brussels/sites/default/files/user_files/
pres-210318-reem-1-5-hist-fr_0.pdf

P90 Interieur intact Gare Pennsylvania


https://viewing.nyc/stunning-vintage-photographs-of-the-ori-
ginal-pennsylvania-station/

Chantier de démolition de la gare :


https://www.pinterest.com/pin/139259813450994385/

P92 Maison du quartier de la baraque


https://www.iew.be/la-baraque-louvain-la-neuve-une-autre-
maniere-de-faire-la-ville/

P94 Projet participatif Bellastock


https://topophile.net/savoir/festival-bellastock-conce-
voir-construire-habiter-deconstruire/

P96 Maison toiture végétale : Photo de voyage à Copen-


hague 2015

Maison au bord de l’eau : https://adfilmfest.com/


site/films_seoul_storage2017/8966

Plan de Christiania – CopenHague- Danemark


https://www.kelsey-morrow.com/agro

P99 Antiquité :
https://opalis.eu/fr/revendeurs/het-arduinen-hoekje

Antiquité : https://opalis.eu/fr/revendeurs/medussa

P100 Carte Opalis : https://opalis.eu/fr/revendeurs/carte

P102 Revendeurs Opalis Châssis


https://opalis.eu/fr/revendeurs/van-hameren-houthandel

P104 Projets de mise en œuvre de sous produit industriel


https://opalis.eu/fr/projets/panneaux-en-douglas-au-bar-mo-
ther
https://opalis.eu/fr/projets/liander

239
P106 Powerpoint conférence AHARO – Diapo présente par
Ouest Architecte pour Zinneke.
https://docs.google.com/presentation/d/1zIrTB3XTcGVXs-
2RAiF1eMWbzOVxLQ--8eWKnfwqnud4/edit#slide=id.
g61874c7079_1_56

P108 Powerpoint conférence AHARO – Diapo présenté par


Ouest Architecte pour Zinneke.

P110 Démontage : Powerpoint conférence AHARO – Diapo


présente par Ouest Architecte pour Zinneke. Source Rotor
construction https://rotordb.org/en/projects/rotor-dc-reuse-
made-easy

P112 Pavillon éphèmère : https://www.shsh.be/en/


home/0/1/BONHEUR-PROVISOIRE

P114 Layering Brant. PDF : https://www.cstc.be/home-


page/download.cfm?dtype=services&doc=BuildingCircular_
fr.pdf&lang=fr

P118 Maison parenté : https://petitsriens.be/wp-content/


uploads/2019/12/MaisonParente%CC%81-FR.pdf

P120 Photo Demantelement carreaux : https://archicree.


com/actualites/reemploi-larchitecte-part-a-chasse-aux-mate-
riaux/

P124 Axonométrie BIM


https://www.archdaily.com/888727/what-is-bim-and-why-
does-it-seem-to-be-fundamental-in-the-current-architectural-
design

P126 Modélisation

https://www.archdaily.com/888727/what-is-bim-and-why-
does-it-seem-to-be-fundamental-in-the-current-architectural-
design

Revit : https://www.archdaily.com/888727/what-is-bim-and-
why-does-it-seem-to-be-fundamental-in-the-current-architec-
tural-design

P130 Source livre Rotor page 143 Déconstruction et réem-


ploi

240
P132 Google map.com

P135 Opalis.be

P138 Tournai marché au fleur


https://www.lavenir.net/cnt/dmf20180326_01145745/
le-tournai-d-avant-1911-le-renouveau-du-marche-aux-
fleurs?pid=3711375

Grande place de Tournai :


https://www.lavenir.net/cnt/dmf20201217_01538404/le-tour-
nai-d-avant-apotheose-finale-pour-le-congres-eucharistique

P143 Ancienne cimenterie delwart :


https://www.lalibre.be/regions/hainaut/la-30e-nuit-de-l-archi-
534d5b293570d35ee3eec3ee

Projet Cimenterie Meunier :


https://www.notele.be/it18-media73042-exclusif-le-projet-im-
mobilier-sur-le-site-de-l-ancienne-cimenterie-delwart-a-recu-
le-feu-vert-de-la-region-wallonne.html

P144 Construction des Bastions en 1910


https://www.lavenir.net/cnt/dmf20160411_00809570/c-est-
louis-xiv-qui-crea-les-bastions-a-tournai

Structure des silos


https://www.lavenir.net/cnt/dmf20180416_01155571/
le-tournai-d-avant-les-bastions-la-pierre-fut-sa-richesse-
1?pid=3744864

P146 Carte localisation du Pays blanc :


http://www.famawiwi.com/site_2011/wp-content/
uploads/2013/05/TFE-GS-red.pdf

P148 Carte fluvial :


http://voies-hydrauliques.wallonie.be/opencms/opencms/fr/
promotion/divers/carto.html
http://voies-hydrauliques.wallonie.be/opencms/opencms/fr/
promotion/divers/carto.html?xt=prt

P154 Chantiers Rotor de déconstruction de bâtiment


https://www.lemoniteur.fr/mediatheque/6/7/5/002103576.
jpg
https://reset.vlaanderen/wp-content/uploads/2018/07/Ro-
tor-Deconstruction-e1531227841633.jpg

241
P156 Entrepot stockage :
https://opalis.eu/fr/node/1370
https://opalis.eu/fr/revendeurs/rotor-deconstruction

P162 Carriere d’antoing :


https://static.lavenir.net/Assets/Images_Upload/
Actu24/2014/06/30/DSC_0428.JPG?maxheight=475&-
maxwidth=633&scale=both (2)

http://kairospeniche.canalblog.com/ar-
chives/2008/09/07/10496393.html

P164 Replic Centre de recyclage du platre : https://www.


circubuild.be/fr/actualite/replic-un-centre-de-recyclage-du-
platre-unique-en-europe/

P166 Recyparc Rotor : https://rotordb.org/fr/projects/recy-


park-anderlecht

P168 Bing Map

P172 Sources 1-2 : Atelier d’architecture DR(EA)2M,


Maudes Gilles, IDETA, Guillaume Francart.

P174 Sources 1-2 : Atelier d’architecture DR(EA)2M,


Maudes Gilles, IDETA, Guillaume Francart.

242
Mémoire présenté par
Oscar Wrembicki
en vue de l’obtention
du diplôme d’architecte

Promoteur :
Elie Pauporté

Expert de mémoire :
Jan Hearens

Co-promoteurs :
Pierre Accarain
Eric Van Overstraeten
Daniel Otero Pena
Lucas Sgambi

Faculté d’architecture,
d’ingénierie architecturale
et d’urbanisme
UCL LOCI Tournai

Année académique :
2020 - 2021
Merci pour votre lecture
Oscar Wrembicki

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