Frances Assimil
Frances Assimil
Frances Assimil
Au magasin
S’il vous plaît, madame, est-ce qu’il est cher, ce chapeau ?
Non, il n’est pas cher. Il coûte quarante francs.
Bon. Et... Où sont les gants ?
Les gants sont là-bas. Vous voyez ?
Ah, merci... Mais, est-ce qu’ils sont en laine ?
Non, ils ne sont pas en laine, ils sont en nylon.
Bon. Euh... est-ce qu’il est cinq heures ?
Comment? Ah! Est-ce que vous attendez votre mari, par hasard?
Oui, c’est ça... et... il pleut dehors...
Alors, non, madame...Il n'est pas cinq heures!
Est-ce que...? Est-ce qu'il...? Est-ce qu'il est cinq heures?
Au café
Messieurs, vous désirez ?
Deux cafés, s’il vous plaît, et deux croissants chauds.
Alors, vous êtes anglais? - Oui, je suis de London, pardon, Londres.
Mais vous parlez bien le français. – Merci, vous êtes gentil.
Nous, Français, nous sommes tous gentils !
(Le garçon à une autre table:)
Pardon messieurs, voici les cafés et les tartines beurrées.
Et alors ? Où sont les croissants ?
Excusez-moi, messieurs... – Et dépêchez-vous !
(A notre table:)
Alors, vous êtes sûr qu’ils sont toujours gentils?
Au café
Alors, commandons :
Deux tartines beurrées, s'il vous plaît, et deux cafés chauds !
Trois bières allemandes et un verre de vin blanc.
(Au tabac)
Trois paquets de cigarettes brunes, s’il vous plaît, et un cigare hollandais !
C’est tout ?
Non ; est-ce que vous avez un briquet rouge ?
Non monsieur. Excusez-moi.
(Dans la rue)
Pardon monsieur. Est-ce que vous avez du feu, s’il vous plaît ?
Non, je ne fume pas.
Alors, moi non plus !
Je ne fume pas ; est-ce que vous fumez ?
Les achats
Bonjour, monsieur Lefèvre. Comment ça va ?
Bien, merci, et vous ? – Ça va, merci.
Est-ce que vous avez du beurre ? – Oui, bien sûr.
Alors, une livre de beurre. Est-ce que vous avez du fromage italien ?
Du parmesan ? Non, je n’ai pas de fromage italien. – Dommage !
Eh bien, donnez-moi du fromage ordinaire.
Mais, Monsieur Lefèvre, nous n’avons pas de fromage ordinaire en France.
Nous avons un fromage pour chaque jour de l’année !
Alors, donnez-moi le fromage d’aujourd’hui !
Une visite
Bonjour mademoiselle, est-ce que votre père est à la maison ?
Non, monsieur ; il est au bureau.
Vous voulez parler à ma mère ?
Non, ne la dérangez pas.
À quelle heure est-ce qu’il rentre normalement ?
Oh, pas avant huit heures.
Vous voulez l’adresse de son bureau ?
S’il vous plaît. – Attendez, je la cherche.
Voilà. Sept rue Marbeuf, dans le huitième.
Merci beaucoup, mademoiselle. Au revoir.
De rien, monsieur. Au revoir.
A quelle heure... ? Il est huit heures. "Est-ce que vous avez l'heure s'il vous
plaît ?"
Très simple!
Ce monsieur s’appelle Henri Laforge et cette dame est sa femme.
Ils sont à la mairie pour chercher une carte d’identité pour leur fils, Jean.
Cet enfant, il a quel âge ? – Il a huit ans, monsieur.
Et il s’appelle Laforge ? Est-ce qu'il est votre enfant ? – Oui monsieur.
Bien. Et il habite chez vous ? – Mais évidemment ! Il a huit ans !
D’accord. Je fais mon travail, c’est tout.
Est-ce que vous avez le formulaire B-52 ?
Oui monsieur, nous l’avons. – Et l’imprimé A-65 ?
Ça aussi, nous l’avons. – Ah bon ? Mais est-ce que vous avez son extrait de
naissance ?
Bien sûr. Nous avons même une photo.
Très bien. Alors je vous fais la carte. Voilà. Ça fait cent vingt francs.
Zut ! J’ai oublié mon portefeuille !
Un peu de révision
A quelle heure est le film ce soir ? -A huit heures et demie.
Et qu'est-ce que c'est ? - C'est un film espagnol.
Et c'est bien ? -Je ne sais pas, je ne connais pas le metteur en scène.
Ah bon ? Alors, qu'est-ce qu'il y a à la radio ?
Rien d’intéressant. -Bon, je vais lire un roman !
Un jour, à Lyon, un jeune homme monte dans un bus
et commence à mâcher du chewing-gum.
Il y a une vieille dame assise en face.
Elle regarde le jeune pendant cinq minutes et elle dit :
C'est inutile d'articuler comme ça, jeune homme,
je suis complètement sourde !
La belle musique
Est-ce que vous aimez cette chanteuse ?
Bof , elle a une assez belle voix. . .
mais je trouve que ses chansons sont idiotes ;
les paroles sont bêtes et la musique est triste.
De toute façon , j'aime seulement la musique classique.
Vous n'aimez pas du tout la musique moderne ?
Si, mais seulement quand les chansons sont intelligentes et belles.
Qui aimez-vous par exemple ?-J'aime bien Coco et les Clowns .
Une affiche dans la vitrine d'un magasin :
Nous cherchons un vendeur : jeune ou vieux ; plein temps ou temps partiel ;
expérimenté ou débutant.
Et, en-dessous, au crayon : "Mort ou vivant".
Petites annonces
Recherche jeune fille pour garder mes enfants le soir.
Téléphoner le matin au 20.31.56
Je vends un canapé et deux fauteuils modernes. Prix à débattre.
A louer. Petit studio. Calme et clair. Salle de bains.
Ecrire à Mme DELAYE, 3 boulevard Malesherbes, Paris huitième.
Bonjour Madame. Je vous appelle au sujet de votre annonce.
Très bien. Comment vous appelez-vous ?
Je m'appelle Martine Lenoir, Madame.
Et quel âge avez-vous , Martine ?
J'ai quatorze ans, Madame.
Oh, mais vous êtes beaucoup trop jeune !
Je suis désolée . Au revoir.
Des achats...!
Bonjour, madame. Je cherche un piège à rats . Vous en avez un ?
Bien sûr, monsieur. Attendez une minute, je vais en apporter un.
Dépêchez-vous , madame. J’ai un train à prendre.
Un train ? Oh, monsieur, je suis désolée,
je n'ai pas un modèle assez grand !
Un douanier arrête un voyageur à la sortie de la douane :
Bonjour monsieur. Ouvrez votre sac, s'il vous plaît.
Le voyageur ouvre son sac. . .qui est plein de diamants.
Ces diamants sont pour mes lapins, dit le voyageur.
Pour vos lapins, vous dites ? s'exclame le douanier.
Parfaitement. S'ils ne veulent pas de diamants, ils n'auront rien à manger !
Au téléphone
Allô ? . . . Oui, c'est moi. Qui est à l'appareil ?
. . Ah, bonjour Sophie. . . Bien, et vous ? . . . Oh, quel dommage !
J'espère que ce n'est pas grave....Heureusement .
Jacques ?.....oh, il va assez bien, mais il a beaucoup de travail en ce moment.
. . .Des vacances ? Ne me faites pas rire ! Nous n'avons pas assez d'argent. Et
vous ?
... Comme tout le monde...Avec plaisir. Quand ? Samedi prochain ?
Attendez, je vais voir. Ne quittez pas.
Non, samedi , ma mère vient dîner à la maison.
Dimanche ? Je pense que nous sommes libres. Oui, dimanche est parfait.
A huit heures. D'accord. Soignez-vous ! Merci. Au revoir.
Au téléphone
Allô, Anne-Marie ? . . C'est Sophie. Comment allez-vous ?
Moi, j'ai la grippe...Non, ce n'est pas trop grave.
Et comment va Jacques ? ...Vous prenez des vacances bientôt ?
Non, malheureusement, ça coûte trop cher.
Dites-moi, est-ce que vous voulez venir dîner un soir ?
Disons samedi prochain . . . Tant pis . Eh bien, dimanche ?... Ça vous va ?
Parfait. Venez vers huit heures. Pas trop tôt.
...Oui, oui. Je prends beaucoup de médicaments, beaucoup trop !
Allez , dites bonjour à Jacques pour moi.
Je vous embrasse . Au revoir. A dimanche.
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Questions ridicules
Lequel est le plus lourd : un kilo de plomb ou un kilo de plumes ?
Ben, un kilo de plomb, bien sûr.
Le plomb est plus lourd aue les plumes !
Mais non ! un kilo, c'est un kilo. Ils ont le même poids .
Qu'est- ce que vous pensez de mon nouveau petit ami ?
Il est sans doute plus intelligent que le dernier,
et il est plus beau et plus gentil aussi.
Mais...il a un petit défaut : il bégaie
Oui, d'accord, mais seulement quand il parle !
Alors ma chérie , j'ai deux pommes.
Laquelle voulez-vous ?-La plus grosse.
La galerie d'art
Un vieux colonel fait le tour d'une galerie avec un guide.
Il s'arrête devant un tableau et il déclare :
Celui-ci c'est un Monet. Je le reconnais .
Timidement, le guide dit : -Vous vous trompez , mon colonel,
celui-ci est un Seurat, celui-là est un Monet.
Oui, bien sûr, dit le connaisseur, un peu gêné .
Il s'arrête devant une statue ; tout de suite , il dit :
Très bien : cette statue est un Degas !
Pas du tout , mon colonel ; celle-ci est un Rodin.
D'accord, mais regardez-moi ça : c'est certainement un Picasso.
Eh bien non, mon colonel ; celui-là, c'est un miroir!
celui-ci ; celui-là ; celle-ci ; celle-là.
Un argument valable
Vous n'avez pas un franc pour moi, monsieur ?
Un franc ? Bien sûr que non !
Oh monsieur, je n'ai rien, je n'ai pas d'argent,
je n'ai pas de maison et je n'ai plus d'amis.
Je n'ai plus qu'une chose au monde. -Quoi ?
Ce petit revolver ; alors, vous n'avez toujours pas franc ?
A la fortune du pot
Je vous ai invité à dfner, mon cher ami, mais regardez :
je n'ai plus rien dans mon garde-manger ;
plus de sucre, plus de pain, plus de riz, plus de biscuits,
plus de conserves . . .tenez . .si . . il y a quelque chose :
une énorme toile d'araignée ! Bon appétit !
Chers parents,
Me voilà - enfin - en vacances dans le Midi .
J'ai fait beaucoup de choses et j'ai rencontré plein de gens.
Avant hier, j'ai visité la Camargue. Quelle merveille !
J'ai même essayé de monter à cheval...
Hélas ! Le résultat n'était pas brillant !
Hier, j'ai téléphoné à oncle Jacques, qui vous embrasse,
et aussi j'ai acheté plein de cadeaux pour vous.
Malheureusement, j'ai oublié d'apporter mon appareil de photo.
J'ai emprunté celui de Michel, mais il n'a pas marché.
Donc, j'ai acheté des cartes postales ; c'est mieux que rien.
Les vacances arrivent à leur fin : je pars après-demain.
Je sais que cette lettre n'est pas très longue
mais au moins, ça prouve que j'ai pensé à vous.
Je vous embrasse bien fort. Votre fils Paul.
R.S.V.P.
Et maintenant, quelques questions : Où est Paul ?
Qu'est-ce qu'il a fait avant-hier ?
Est-ce qu'il a visité Montpellier ?
A qui est ce qu'il a téléphoné ?
Est-ce-qu'il a pris des photos ? Pourquoi pas ?
Qu'est-ce qu'il a essayé de faire en Camargue ?
Quand est-ce que les vacances se termihent ?
Quelle dure journée aujourd'hui au bureau !
Nous avons travaillé comme quatre.
Vous devez être épuisé!
Pas tellement . Nous sommes huit au bureau !
J'ai téléphoné ; il a acheté ; nous avons oublié
Un entretien d'embauche
Eh bien, Monsieur Neveu, vous voulez travailler pour nous ?
Oui, ç'est ça. Je n'ai pas d'emploi actuellement .
Alors racontez-moi ce que vous avez déjà fait.
Oh, j'ai fait beaucoup de métiers dans ma vie.
J'ai conduit des camions, j'ai joué du piano dans un cabaret . . .
Oui, très intéressant, mais est-ce que vous avez travaillé dans la haute-couture ?
Ben, en quelque sorte . Mais j'ai aussi construit des maisons ,
j'ai vendu des glaces aux Esquimaux. . .
Sans doute. Mais dans la haute-couture ?
Vous tenez absolument à le savoir ? -Bien sûr !
Eh bien, quand j'étais en prison, j'ai repassé des chemises !
Encore le passé !
Regardez ce que j'ai trouvé ! Un billet de cent francs !
Ça alors ! J'en ai justement perdu un!
Est-ce que vous avez vu le nouveau film de Godard ?
Non, j'ai voulu le voir mais je n’ai pas encore eu le temps.
Qu'est-ce qu'il y a ? Le cafard ?
Oui ; ce matin, j'ai reçu ma feuille d'impôts ;
hier, j'ai reçu deux factures, un relevé d'électricité
et mon relevé de banque : je n'ai pas le sou .
Est-ce qu'ils ont fini leur repas ? Je veux débarrasser la table.
Ils ont commencé il y a deux heures à peu près
mais ils n'ont pas encore pris le dessert.
Gustave Eiffel est né en mil huit cent trente deux -1832-, à Dijon.
Il est devenu ingénieur très jeune.
Il a toujours voulu construire quelque chose d'extraordinaire,
donc il est venu à Paris en mil huit cent quatre-vingt-six -1886-
pour la Grande Exposition, où sa tour a gagné le premier prix
La construction a commencé en mil huit cent quatre - vingt - sept-1887- et a duré
deux ans.
La tour est construite en fer et mesure trois cent vingt mètres de haut .
Il y a trois étages et une antenne de télévision tout en haut.
Heureusement, depuis mil neuf cent soixante-cinq -1965- il y a un ascenseur
électrique.
Mais en mil neuf cent vingt - trois, -1923- un journaliste est descendu du
troisième étage en bicyclette !
La tour a coûté six millions et demi de francs à construire
et elle appartient maintenant à la ville de Paris.
Gustave Eiffel est mort en mil neuf cent vingt-trois -1923-.
Anne, est-ce que c'est vrai que les Français aiment bien manger ?
Mais oui. Cela fait partie de nos qualités (ou de nos défauts !) ;
mais pourquoi tu me poses cette question ?
Avant de venir en France, tout le monde m'a dit :
“Ah, vous verrez, en France, on manqe bien ;
vous mangerez des spécialités, des produits frais,
vous goûterez à des "petits vins de pays" et tout et tout ".
Mais ça fait trois jours que je suis ici
et, aux Champs Elysées, par exemple, je n'ai vu que
des restaurants à hamburgers ou des pizzerias ... pas très typiques !
Oui, mais le prix du mètre carré est tellement élevé là
que seuls les restaurants "industriels" sont rentables.
Mais ne t’en tais pas, mon touriste affamé.
Demain, je t'emmènerai dans un vrai restaurant français.
Le docteur Leblond est non seulement médecin, mais un peu psychiatre aussi.
Un jour, un homme entre dans son cabinet
en se plaignant de maux de tête affreux.
Alors, dit le docteur, ça dure depuis combien de temps ?
Oh, depuis que je suis au monde. Enfin, depuis quelques années.
Et vous avez mal maintenant ? -Oh que oui, docteur.
J'ai bigrement mal depuis . . oh, depuis dix minutes.
Qu'est-ce que vous faites comme travail - Je suis guitariste de rock.
Et où habitez-vous ?
J'habite à côté de l'aéroport d'Orly depuis cinq ou six ans.
Le docteur a compris depuis longtemps. Il se lève
et va à un placard d'où il sort une énorme scie.
Bon, on va examiner votre cerveau, pour voir.
Ce n'est pas la peine, docteur, je me sens mieux depuis deux minutes. Au revoir !
Cette course cycliste célèbre a beaucoup changé depuis sa création en mil neuf cent
trois.
A cette époque,le Tour ne comptait que six étapes
tandis qu'aujourd'hui, il en compte plus de vingt.
Aussi, à son origine, le Tour ne quittait pas la France alors que
de nos jours, les coureurs, se rendent en Espagne, en Belgique et aux Pays-Bas .
L'année dernière, cent cinquante participants venus de partout ont couru.
Le Belge, Robet, a porté le maillot jaune pendant dix jours de suite,
et le Français Moutet l'a porté pendant quinze jours ;
il ne l'a perdu qu'une fois, lors d' une étape contre la montre.
La dernière étape - l'entrée triomphale dans Paris - était très excitante:
le Français et le Belge se sont disputés la première place pendant douze
kilomètres ;
quand le Français a crevé et a dû s'arrêter.
Ainsi, le Tour de France a été gagné par un Belge.
Le Savoir-faire
Dans son compartiment de chemin de fer, M. Cachan attend le départ.
Dès que le train démarre, il sort un cigare et il l'allume.
Un des passagers dans le compartiment lui dit : — Je vous prie d'éteindre ce
cigare.
Vous êtes dans un compartiment non-fumeurs. Sinon, j'aopellerai le contrôleur.
Appelez qui vous voudrez , répond Mr Cachan. Fâché, l'homme part à la recherche du
contrôleur.
Il le trouve, et les deux reviennent dans le compartiment.
Le contrôleur est sur le point de parler, quand Mr Cachan lui coupe la parole .
Je vous prie de demander son billet à Monsieur.
Le voyageur tend son billet et le contrôleur s'exclame :
Mais vous voyagez en première classe avec un billet de seconde !
Venez avec moi. Vous aurez une amende !
Quand ils sont partis, un autre passager demande à Mr C. :
Dites-moi, comment avez-vous su que l’autre n'était pas en règle ?
C'était facile. Son billet dépassait de sa poche
et j'ai vu qu'il avait la même couleur que le mien !
Les Français — selon eux — sont des gens débrouillards , indisciplinés, cultivés.
Les Anglais sont "fair-play" , un peu froids et pragmatiques.
Les Allemands sont disciplinés, mélomanes, martiaux.
Ce sont là des stéréotypes qui influencent notre façon de penser,
mais aussi notre façon de parler. Nous disons, par exemple,
“filer à l’anglaise” pour "partir discrètement” ;
Quelqu'un qui a trop bu est "saoul comme un Polonais".
Une personne que l'on attaque systématiquement est "une tête de Turc"!
Si l'on ne gagne pas beaucoup d'argent on dit "ce n'est pas le Pérou" !
Et si l'on parle mal le Français - ce qui n'est point votre cas -
on dit qu'on parle comme une "vache espagnole".
L'Allemagne est faite pour y voyager ;
l'Italie pour y séjourner,
L'Angleterre pour y penser
et la France pour y vivre" (D'Alembert)
Aujourd'hui et demain nous verrons des expressions pratiques qui vous aideront en
voyage.
D'abord, des expressions de politesse (dont vous connaissez déjà un bon nombre) :
Excusez-moi de vous déranger... Pouvez-vous me dire .. ?
Je voudrais savoir .,. Pourriez-vous m'aider ... ?
C'est très gentil ... Vous êtes bien aimable ...
Merci beaucoup — Je vous en prie(ou - De rien).
Est-ce que cette place est prise ? Est-ce que ça vous gêne si ... ?
Allez-y. Ça ne fait rien. C'est sans importance. Ce n'est pas grave.
Je ne l'ai pas fait exprès . Je suis désolé. Excusez-moi.
Bon appétit ! Ça a l'air très bon . C'était délicieux.
Pardon ? Voulez-vous répéter s'il vous plaît ? Je n'ai pas entendu.
Mes amitiés à votre femme / votre mari. Au revoir. Bon retour.
On ne peut pas être poli tout le temps cependant ...
Allez-vous en ! Fichez-moi la paix ! Taisez-vous !
Nous voici à la fin de notre livre, mais non pas à la fin du voyage.
Il ne faut pas que vous vous arrêtiez maintenant.
Bien entendu, vous ne parlez pas encore le français comme un Parisien-né,
mais vous êtes capables de comprendre une conversation
et de vous faire comprendre dans les circonstances usuelles de la vie quotidienne.
Reprenez le livre tous les jours et feuilletez-le. Choisissez une leçon,
réécoutez les enregistrements et continuez à faire la deuxième vague.
Il y a des points de grammaire, d'expression et de vocabulaire que nous n'avons pas
encore vus.
Ainsi nous vous donnons rendez-vous dans notre deuxième tome : "La pratique du
français",
où nous continuerons ensemble notre découverte de cette langue française
que vous avez apprise "sans peine".
Ce qui n'est pas clair n'est pas français (Rivarol)
Vous avez ce livre entre les mains et vous vous demandez s'il est pour vous ;
alors, tournez le dos au vendeur un instant et écoutez ce dialogue :
Que voulez-vous dire par « la pratique du français » ?
Je vous vois venir, vous ! Dites, parlez-vous français ?
Mais oui. Du moins, je me fais comprendre. Je peux dire ce que je veux et les
autres...
Vous voulez dire que vos interlocuteurs vous comprennent. — Pardon ?
Donc, ce livre est en effet pour vous. Vous avez de bonnes bases grammaticales
et un vocabulaire assez riche, mais il vous manque le « petit quelque chose ».
Le petit quoi ? — Le petit quelque chose qui fait que vous vivez la langue ;
vous connaissez ses particularités de style, ses humeurs,
ses « trucs » ; vous savez que la langue est le reflet du pays et des gens qui la
parlent.
Bref, vous avez besoin de la pratique.
C’est bien plus que les textes ; c’est un voyage à travers la France et le français
que nous ferons ensemble.
Alors, on y va ? Mais d'abord, voyons ce que l'avenir nous réserve...
Bélier : Vous avez bien travaillé mais vous avez encore des choses à apprendre.
Vous ferez de grands progrès en travaillant tous les jours.
Taureau : Vous êtes en train de vivre une période difficile, mais quand vous
finirez ce livre
tout ira bien. Le 21 novembre sera un bon jour pour vous.
Gémeaux : Malgré quelques difficultés au départ, vous pourrez désormais vous
débrouiller partout.
Apprenez vos verbes irréguliers !
Cancer : Si vous y passiez un peu plus de temps, vous pourriez apprendre plus vite.
Ne vendez pas votre voiture à un homme aux cheveux noirs,
Lion : Il ne faut pas que vous preniez votre étude trop sérieusement. C’est un
plaisir et une distraction.
De quel signe du zodiaque êtes-vous? — Vous plaisantez !
Nous, les Scorpions, nous ne croyons pas à ces choses-là !
Nous allons suivre l’histoire de deux jeunes gens dans leur vie de tous les jours :
nous verrons leurs préoccupations et leurs plaisirs
et de cette façon, nous saurons peut-être mieux comment on vit aujourd’hui en
France.
Place aux dames ! Voici Anne-Marie ; elle a vingt-deux ans et elle est agent de
voyages.
Elle travaille à Paris, avenue de l’Opéra et habite la banlieue ouest.
Elle est passionnée de musique et adore le cinéma.
Et voici Laurent; ce jeune homme de vingt ans est en deuxième année de Lettres à la
Sorbonne.
Ils se connaissent depuis six mois.
Ils se sont rencontrés par hasard, au Quartier Latin,
mais leur première rencontre n'a pas été très romantique.
Ecoutons plutôt la version d'Anne-Marie.
Comme dans toutes les grandes villes un peu partout, Paris connaît des problèmes de
circulation,
surtout aux heures de pointe.
On a beau dire que les Français sont individualistes,
cela n'empêche qu’ils ont tendance à prendre leurs voitures...
tous en même temps et souvent pour aller au même endroit !
Le résultat s'appelle « embouteillages » ou « bouchons ».
Pour rouler à Paris, il faut des nerfs solides, une vieille « bagnole » et beaucoup
de patience.
F.I.P. Il est quinze heures ; voici le point sur la circulation :
On roule encore très mal sur les périphériques et tous les grands boulevards sont
bloqués ;
quant à la rue de Rivoli, on a tendance à y prendre racine.
Un conseil : si vous devez sortir, prenez le métro !
Que fait-on quand on a envie de sortir le soir et qu’on ne sait pas où aller?
Eh bien, on regarde dans le journal ou encore dans une revue spécialisée, comme «
Paris-rama ».
« En exclusivité cette semaine : Jean Au- mont dans « L’épouvantail ».
Pour cinéphiles, reprise de: « Der blaue Engel » avec Marlène Dietrich. En V.O.
Nouveauté : un film écrit et réalisé par Michel Vion : « Vive le Roi ».
Ce film, drôle et tendre, a déjà battu tous les records d'entrées dans les salles
parisiennes. »
Si l’on n’a pas envie d’aller au cinéma, on peut choisir dans la rubrique « Autres
spectacles et manifestations ».
II y a de très bonnes pièces de théâtre, ou encore le café-théâtre ou bien les
chansonniers ;
mais si l’on trouve qu’il y a trop de choix, on peut simplement
flâner sur les Champs-Elysées et regarder les queues devant les cinémas !
Tu as vu le dernier Duffaut ? — Non, pas encore.
On y va ? — Quoi, maintenant? C'est trop tard !
Il est huit heures moins dix. On a encore dix minutes avant la séance.
J'avais dix-huit ans et je venais de finir l'école ; je n'avais pas envie d’aller à
l’Université.
Je connaissais des gens que j’avais rencontrés en vacances à La Baule,
et qui travaillaient dans une agence de voyages à Paris.
Ils venaient de mon pays, mais ils étaient partis pour Paris deux ans auparavant.
Je ne trouvais pas d'emploi au Havre et je ne voulais pas y rester.
Mes amis m'avaient dit que je pouvais trouver du travail avec eux.
J'avais économisé de l’argent en travaillant le week-end comme caissière dans un
supermarché,
donc j'ai décidé de tenter ma chance.
J'ai demandé à mes parents la permission de partir ;
ils avaient compris depuis longtemps que je voulais m'en aller
donc, malgré leur inquiétude, ils ont accepté.
Alors, j’ai fait mes valises et... me voilà ; je suis ici depuis quatre ans
et je m'y plais beaucoup. Et vous ?
Voilà ; cela vous fait deux cent cinquante francs. Comment-voulez-vous régler ? En
espèces ?
Non, par chèque s'il vous plaît. — Bien. Avez-vous une pièce d’identité ?
Voici mon permis de conduire. A l'ordre de qui dois-je mettre le chèque ?
Oh, laissez-le en blanc ; nous avons un tampon.
(Vu dans un café) Nous avons un accord avec la banque.
Ils ne servent pas de vin, et nous n'acceptons pas les chèques.
Je croyais qu’il avait du mal à boucler ses fins de mois
mais voilà qu’il m'achète pour quatre cents francs de marchandises et il me règle
en espèces !
II n'y a pas eu un hold-up ces jours- ci ?
Les traites arrivent à échéance à la fin de la semaine ;
peut-on faire un virement sur notre compte courant ?
Il vaut mieux, sinon nous allons signer des chèques en bois !
Je ne veux pas de vos cartes de crédit ici.
Je veux être payé rubis sur l'ongle.
L’argent, c'est comme les femmes; il faut s’en occuper un peu.
sinon, il va faire le bonheur de quelqu’un d'autre !
A l'aéroport
Air France annonce le départ de son vol AF 809 à destination de Copenhague.
Embarquement immédiat à la porte numéro quatre.
A la porte
Mesdames, messieurs, nous allons procéder à rembarquement.
Veuillez ne plus fumer et présenter vos cartes d'accès à bord à l’hôtesse.
Dans l'avion
Bienvenue à bord de cet Airbus d’Air France. Nous allons décoller dans quelques
instants.
Veuillez vérifier que la tablette et le dossier de votre siège sont relevés
et éteindre votre cigarette jusqu'à l’extinction du signal lumineux.
En vol
Voici votre plateau-repas, monsieur. Désirez-vous boire quelque chose ?
Je prendrais bien un jus de fruit. Un jus de pamplemousse.
Combien vous dois-je? — C’est offert, monsieur. — Merci bien !
Nous allons procéder à la distribution des cartes de débarquement
pour tous les passagers qui ne sont pas ressortissants de la C.E.E.
Mesdames, messieurs, nous allons bientôt atterrir. Veuillez éteindre vos cigarettes
et ne plus fumer jusqu'à ce que vous soyez à l'intérieur de l'aérogare.
Nous venons d’atterrir à Copenhague où l’heure locale est seize heures vingt.
Nous espérons que vous avez passé un agréable moment en notre compagnie
et nous souhaitons vous revoir bientôt sur nos lignes. Au revoir.
Michelle et Claude devaient déjeuner ensemble mais Claude fait envoyer ce mot :
Chère Michelle, j'ai enfin trouvé du travail : je commence aujourd’hui même,
alors je doute que je puisse me libérer pour déjeuner avec toi et j'en suis désolé.
mais ce n'est que partie remise. Je t’embrasse. Claude.
Michelle lui envoie la réponse suivante :
Mon cher Claude, que je suis contente pour toi !
Bien sûr, je suis désolée que tu ne puisses pas venir,
j'avais plein de choses à te raconter mais, comme tu dis,
ça sera pour un autre jour. C’est dommage que nous ne nous voyions pas
mais je te félicite et je te dis à bientôt. Michelle.
Un journaliste de la télévision s'entretient avec un député.
Je regrette, Monsieur le Député, mais je comprends mal votre comportement et votre
logique :
je suis étonné que vous ayez voté contre un projet de loi
visant à la modernisation des écoles maternelles et primaires
et voilà que, deux mois plus tard, vous votez des crédits importants
pour l’amélioration de la vie à l'intérieur des prisons. Etonnant, n'est-ce pas?
Mais pas le moins du monde, répond l'homme politique,
je suis même surpris que vous n'y ayez pas songé :
c'est simplement qu'il n'y a aucune chance que je retourne à l’école...
Lisons les notes que Laurent a prises pendant un cours d'histoire sur la Révolution
française :
« Hiver 1789 : mauvaises récoltes, chômage, froid exceptionnel — et le trésor royal
vide.
Le roi Louis XVI va réunir les Etats Généraux (il y a trois « états », avec 300
députés chacun
pour la noblesse et le clergé, et 600 pour les paysans et les bourgeois :
on appelle ce dernier état « Le Tiers Etat »).
Les Etats discutent sans résultat, les députés du Tiers état se séparent des autres
en juin 1789.
Ils se proclament « Assemblée Nationale » ; le roi s'y oppose d'abord mais finit
par accepter.
Avec l’accord de Louis, ils forment l'Assemblée Constituante. Le 9 juillet, la
monarchie absolue n’existe plus.
Mais Louis veut se venger. Le 11 juillet, il rappelle ses troupes à Paris
et il renvoie le ministre Necker.
Les Parisiens son furieux; ils se rassemblent pour donner l’assaut à la Bastille.
Ils l’attaquent, libèrent les prisonniers et le gouverneur est décapité.
Le roi reprend Necker, accepte la cocarde bleu, blanc, rouge.
En octobre, la foule va à pied jusqu’à Versailles et force Louis à venir résider à
Paris.
L’Ancien Régime est terminé. »
Laurent veut vérifier ses notes, aussi il prend un livre d’histoire et l’ouvre au
chapitre correspondant :
La situation en cet hiver de 1789 était catastrophique ;
le chômage et les mauvaises récoltes, aggravés par un froid exceptionnel, sapaient
le moral du peuple.
Le roi Louis XVI réunit alors les Etats Généraux ; ces trois assemblées
comptaient 300 députés chacune pour le clergé et la noblesse,
et 600 pour la bourgeoisie et les paysans : le Tiers état.
Les Etats discutèrent des réformes mais sans résultat et, en juin 1789,
les députés du Tiers état se séparèrent des autres.
Ils se proclamèrent « Assemblée Nationale ». Le roi s’y opposa mais dut finir par
accepter.
Avec l’accord de Louis, les députés formèrent l'Assemblée Constituante et, le 9
juillet,
la monarchie absolue cessa d’exister.
Mais Louis voulait se venger de son humiliation: le 11 juillet, il rappela ses
troupes à Paris
et il renvoya Necker. le ministre qui lui avait conseillé la modération.
Les Parisiens furent excédés ; la foule se rassembla place Royale et se dirigea
vers la forteresse de la Bastille,
où elle donna l’assaut; les prisonniers furent libérés et le gouverneur, de Launay,
fut décapité.
Louis, ému par la violence, reprit Necker et accepta la cocarde tricolore.
En octobre, la foule se rendit à pied au palais de Versailles « chercher le
boulanger, la boulangère et le petit mitron ».
Louis dut venir habiter la capitale ; l'Ancien Régime n'existait plus.
Nous vous avions promis de visiter quelques régions de France. Eh bien, pour notre
premier voyage, allons en Bretagne.
Cette péninsule, située au Nord-Ouest de la France, lui fut rattachée en 1491.
Cette année-là, la duchesse Anne de Bretagne épousa le roi de France, Charles VIII,
puis, plus tard, Louis XII.
Elle apporta la Bretagne en dot ; ce fut un cadeau magnifique.
Terre relativement pauvre, mais splendide, de landes et de granit, peuplée de
Celtes ombrageux et romantiques,
la Bretagne est surtout un pays de marins. Ils furent corsaires, pirates,
découvreurs,
ils restent parmi les meilleurs pêcheurs du monde.
Qu’ils soient des champs - artichauts, oignons, choux-fleurs -, ou de bord de mer -
pêche et tourisme-,
les Bretons sont fiers et secrets, se réfugiant volontiers dans le particularisme
de leur langue et de leur culture.
Assez réservés, si vous savez les comprendre et les apprivoiser, vous vous en ferez
des amis fidèles, joyeux, mais... susceptibles !
Tous les Bretons emploient le français dans la vie quotidienne.
Voici, cependant, deux mots bretons utiles qui vous procureront un petit succès à
coup sûr : Démad déoc'h (Bonjours à vous) et Kénavo (au revoir).
J'ai des problèmes, vous savez. Je suis non seulement myope mais daltonien ;
en plus j’ai une calvitie avancée (c'est pourquoi je porte une perruque).
Malgré des consultations hebdomadaires chez un spécialiste, ça ne s’améliore pas.
La dernière fois, il m'a défendu de boire du café lyophilisé !
En conduisant par temps neigeux, n'oubliez pas de regarder souvent dans le
rétroviseur
et de rétrograder avant de freiner ; cela vous évitera des accrochages.
Tu parles d'une distraction ! Nous devons sortir ce week-end
et j'ai le choix entre un concours hippique,
une exposition d'horticulture ou une exposition canine.
Faites attention ! L'eau dans les trains n’est pas potable.
J’ai acheté un service de couteaux en acier inoxydable.
La police a relevé des empreintes digitales sur les lieux du crime.
C'est un pays qui doit se situer quelque part en Afrique australe.
Tous ces mots peuvent vous paraître bien compliqués
mais ne vous en faites pas : rappelez- vous ce qu'on dit :
« Ce n’est qu'une question de mots. Il n'y en a jamais eu d'autres en France. »
Dans chaque langue, il existe des mots qui désignent des choses ou des coutumes
propes à chaque pays et pour lesquels il n’y a pas toujours d’équivalent. Regardez
ces phrases :
Présentez-vous à la mairie avec votre carte d'identité, votre livret de famille et
un extrait de casier judiciaire.
Pour téléphoner, faut-il des jetons ou des pièces ?
N'oublie pas de t’arrêter à la charcuterie en revenant ; il nous faut des
cochonnailles pour ce soir.
Pour acheter la vignette de votre voiture, vous devez vous rendre dans un bureau de
tabac
avec la carte grise de votre véhicule.
Pouvez-vous mettre un peu de chauffage ? Je suis frileux.
L’entreprise sera fermée le vendredi 22 ; les employés font le pont.
Surtout ne va pas voir ce dentiste; il prend très cher et il n’est pas
conventionné.
Il ne gagne pas gros. Il est payé au SMIC,
mais il fait des économies à la maison ; c'est un bricoleur-nè.
Désirez-vous prendre l'apéritif? — Non, merci. — Alors nous passerons tout de suite
au hors-d’oeuvre.
Nous connaissons bien ce verbe faire ; mais nous allons en apprendre d’autres
utilisations. Lisez plutôt :
Quand il fait beau, Paul se lève tôt et va faire un tennis au parc à côté.
Après avoir fait sa toilette, il se fait un café et il s’en va.
Comme il fait un peu frais aujourd'hui, Paul prend sa voiture .
pour faire les deux kilomètres jusqu’aux courts de tennis.
Malheureusement, aujourd’hui il y a beaucoup de monde et Paul n’a pas fait de
réservation.
II va voir le préposé qui, lui, fait le sourd et ne répond pas.
Alors Paul n'a qu'à attendre - il n’y a rien à faire.
Enfin il peut jouer. Il fait un bon match et rentre chez lui, content.
Sa femme l’attend à la porte. Elle fait la tête.
Fais-moi plaisir, chéri, lui dit-elle. La prochaine fois,
ne pars pas sans avoir fait un peu de ménage.
Jacques Prévert ne fut pas seulement un poète sublime ; il avait un sens de
l'humour très développé,
voici un de ses conseils : Si quelqu’un vous dit : « Je me tue à vous dire... »
laissez-le faire !
Nous avons surpris cette conversation entre deux boxeurs à propos d'un ami.
Dis donc! Tu sais que Bébert a fait fortune et a pris sa retraite.
Quoi, Bébert? Ce grand bon à rien qui ne faisait que perdre ? Il était toujours K
O. ! Ne me fais pas rire.
C’est bien lui. Il a fait graver des slogans publicitaires sur les semelles de ses
chaussures !
Ne range pas la lettre de Michel. Ta fille ne l’a pas encore lue
Je la lui ferai lire demain ; je l'ai fait lire à tout le monde sauf à elle.
A propos, quelle heure est-il ? — Qu’est- ce qu’elle a, ta montre. ?
Je ne sais pas. Je l’ai fait réparer, mais elle ne marche toujours pas.
Jean-Jacques fait installer une piscine dans son salon, tu sais ?
Mais il n'aime pas nager. Il est vraiment sot, ce garçon !
Du tout! C’est beaucoup moins cher que de faire réparer le toit.
Et connaissez-vous ce joli jeu de mots du grand gourmet Curnonsky ?
II a dit que le bifteck peut être de la viande que les restaurateurs font cuire
ou du cuir que les restaurateurs font viande !
Les sigles et les initiales sont très usités en français parlé et écrit ; regardez
ces exemples :
II a une belle situation ; il est P.-D.G. d’une grosse société qui s'appelle SO-
FACOM S.A.
Aux abords de la ville, il y avait des cités d’H.L.M. et de tristes villes-
dortoirs.
Zut ! Il y a la grève des P.T.T. Le télégramme n'arrivera jamais à temps.
Le taxi l’a déposée devant la gare S.N.C.F. deux minutes avant que le train ne
parte.
Seul le S.M. I.C. n'est pas touché par le blocage des prix et des salaires.
La RATP annonce l’ouverture d'une nouvelle ligne R.E.R. entre Châtelet et Roissy.
Les négociations P.S.-P.C. sont arrivées aujourd'hui au point mort, un porte-parole
du P.S. l'a fait savoir.
Après les émeutes de la semaine dernière. le ministre des DOM-TOM est arrivé ce
matin dans l'île
où une compagnie de C.R.S. est déjà en place.
Monsieur Richard vous appelle en P.C.V. de Bordeaux ; acceptez-vous de payer ?
Visites des égouts de Paris. R.V. à 10 heures, pont de l'Alma.
A partir de certains sigles, nous fabriquons même des noms.
Bien qu’il soit smicard, il n'est pas syndiqué, mais son grand-père est cègétiste
depuis belle lurette.
Un énarque est un homme qui utilise plus de mots qu’il ne faut
pour en dire plus long qu'il ne sait.
Le dossier qui défraye la chronique cette semaine est celui du débat à l'Assemblée
sur le budget.
Monsieur Salin, député de la Marne, a accusé le gouvernement d’avoir mis la charrue
avant les boeufs avec les nouvelles mesures contre le chômage.
Le ministre, a-t-il dit, a voulu dorer la pilule en annonçant de nouvelles
indemnités,
mais ce sont les contribuables qui en feront les frais.
Le premier projet gouvernemental est tombé à l'eau, faute de préparation et
maintenant nous attendons impatiemment des solutions concrètes
Je sais bien, a continué le député, que les parlementaires ont du pain sur la
planche mais, après tout,
n’est-ce pas pour cela qu’ils ont été élus ?
Ses remarques, semble-t-il, on fait mouche car c’est le ministre du Budget lui-même
qui étonné, a répondu :
Monsieur le député, vos critiques à notre égard sont quelque peu tirées par les
cheveux et manquent d'honnêteté.
On vous pose une question et vous, vous sautez du coq à l’âne pour éviter de donner
des réponses exactes, n’est-ce pas vrai ?
Car, vous le savez pertinemment, c’est le gouvernement qui veille au grain,
c’est votre gouvernement qui vous fera sortir de l’ornière
et c’est pour cela que je dis aux Françaises et aux Français de soutenir le
gouvernement dans son action. Il faut nous soutenir !
Mais, monsieur le Ministre, n’avez-vous pas oublié le dicton qui dit
qu'un gouvernement que l’on soutient est un gouvernement qui tombe ?
Décidément, nos amis Laurent et Anne- Marie n'ont pas de chance ! Ou peut-être
Laurent aime-t-il se plaindre.
Toujours est-il qu'ils s'en allèrent en vacances dans un grand hôtel sur la Côte-
d’Azur
où ils restèrent trois semaines. Quand ils furent repartis, Laurent adressa cette
lettre au directeur de l'établissement :
Monsieur le Directeur. Je voudrais vous faire part des conditions dans lesquelles
s’est déroulé notre séjour dans votre hôtel.
D'abord, j'ai fait une réservation par lettre pour une chambre double avec salle de
bains ;
quand mon amie et moi. nous sommes arrivés, on nous a dit qu'on n'avait pas reçu la
lettre et qu'il ne restait que des chambres simples.
Nous avons dû accepter, mais ces chambres -exiguës de surcroît- se trouvaient à
côté de la cage de l'ascenseur.
Pis encore, les portes ne fermaient pas à clé.
Quant à la cuisine gastronomique dont vous vous enorgueillissiez dans votre
brochure,
il suffit de dire que les prestations apportées ne valaient même pas ce que l’on
peut trouver dans des restaurants self-service.
Le sous-directeur, à qui je me suis adressé, nous a accordé une réduction sur le
prix des chambres
mais il n'en reste pas moins que nous avons payé fort cher pour un désastre !
J'espère que vous jugerez bon de me dédommager et, dans cette attente, je vous prie
d’agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mes sentiments distingués.
Dès qu’il eut pris connaissance des commentaires de Laurent, le directeur envoya la
réponse suivante :
Monsieur, suite à votre courrier du 20 courant, je me suis renseigné auprès de mes
èmployés
et il semble qu’il y a eu effectivement quelques difficultés.
Entre autres, notre Chef de cuisine était malade et son remplaçant n’était pas
encore rodé.
Je vous envoie avec la présente un chèque de trois cents francs et j’espère, malgré
ces incidents, vous revoir dans notre établissement.
Je vous prie d’agréer. Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués.
Comme quoi, tout est bien qui finit bien.
Les Français ont une longue tradition humoristique qui remonte aux oeuvres
paillardes de Rabelais
et qui a continué au fil des années pour produire des esprits tels qu'Alphonse
Allais ou Sacha Guitry
pour ne citer que deux des plus sémillants. Allais était un spécialiste de l'humour
noir
(l’argent aide à supporter la pauvreté) et de l’observation pointue, par exemple :
« Plus les galets ont roulé, plus ils sont polis. Pour les conducteurs, c’est le
contraire... »
Guitry maniait un humour corrosif, souvent aux dépens de la femme.
II disait : « Le meilleur moyen de faire tourner la tête à une femme, c'est de lui
dire qu elle a un beau profil ».
Mais il était aussi un peu philosophe dans son genre : quelqu’un qui peut dire :
« Quand on donne un baiser à quelqu’un, c’est qu’on a envie d’être embrassé soi-
même »
est sans doute moins cynique qu'il n’en a l’air.
La littérature française est parsemée d’auteurs humoristiques et l’un des plus
grands plaisirs qu’il y a à parler une langue
est de pouvoir rire avec les gens du pays... et à la fin, faire quelque
plaisanterie soi-même.
Mais cet humour ne se borne pas aux belles lettres, il est présent aussi dans la
vie quotidienne.
Tout amusant qu'il est, il comporte toujours une pointe de réalisme qui lui est
propre.
J’ai entendu un jour le propos d'un plombier qui répondait à une cliente qui
chantait les louanges de la vie parisienne.
II lui répliqua : « Paris, c’est la seule ville en France où on est réveillé par le
bruit des oiseaux qui toussent ».
Ou bien cette enseigne qui orne la plupart des cafés se trouvant devant les
cimetières :
« Quoi qu'on dise, quoi qu’on fasse, on est mieux ici qu’en face » !
Parfois on rit jaune, mais au moins on rit.
Sous un beau soleil printanier un touriste anglais s’assit à une terrasse de café,
commanda un thé et se mit à lire son journal.
Quelques minutes plus tard, le garçon lui apporta la consommation ; l’Anglais
s'apprêtait à la boire quand il se rendit compte
qu’un insecte flottait à la surface. Il héla le serveur : « Garçon, s'il vous
plaît, fit-il avec un fort accent,
il y a un mouche dans mon thé ! » Un Français assis à une table voisine, voulut
aider l'étranger qui semblait ignorer la langue de Racine.
II se pencha, tapota l'Anglais sur l’épaule et lui dit : « Monsieur, je vous prie
de m’excuser, mais c'est une mouche ».
L'autre était éberlué. Il regarda son voisin d’un air admiratif et s'exclama : «
Monsieur, quelle vue extraordinaire ! »
II s’agit là, bien sûr, d'une plaisanterie, mais vous qui parlez bien le français,
vous vous rendez compte de l’importance des genres.
Certes, vous ne croyez plus que « l’ascenseur » est féminin mais c'est d’autant
plus important
qu’il y a des mots qui changent de sens selon qu’ils sont au masculin ou au
féminin.
Vous en connaissez déjà certains, mais regardez bien les exemples suivants :
Passez-moi le mode d'emploi pour le lave-vaisselle, MAIS : Elle suit toujours la
mode pour s'habiller.
Elle ne craint pas la mort, MAIS : L'accident a fait un mort et deux blessés.
II a un beau physique, MAIS : La physique nucléaire est la science de l’avenir.
Ils habitent une grande tour Place d’Italie à Paris, MAIS : Qui a gagné le Tour de
France cette année ?
Ces moules sont-elles fraîches? MAIS: Elle a besoin d'un moule à tarte pour faire
le gâteau.
Donnez-moi une livre de betteraves, MAIS : Son nouveau livre vient de paraître.
Vous voyez que ce n’est pas bien compliqué — il faut simplement faire un petit peu
attention.
As-tu entendu la nouvelle? Jean-Pierre s'est marié avec une Anglaise !
Parle-t-elle français ? — Oui, elle a fait d'énormes progrès depuis deux mois.
Et elle a une chance inouïe : c'est son mari qui lui fait la cuisine. Une bonne
cuisine française !
Mais comment cela se fait-il ? Autrefois, il brûlait même les oeufs au plat!
Je vais te donner un conseil : ton mari ferait pareil si tu avais fait comme elle.
— Ah bon ?
Oui. Le premier soir elle lui a dit : Viens, chéri, je vais te faire bouillir un
steak. Et depuis lors... !
J'ai un travail pour toi. Peux-tu déplacer ce meuble pour le mettre derrière la
porte ?
N’éteins pas la télévision après les informations: je voudrais voir la météo.
A quoi bon ? Tu sais bien que, quoi qu'ils disent, il fera un temps de chien ce
weekend.
Quelle belle chanson ! — Oui, c’est une vieille poésie française mais sur une
musique très moderne.
Il a un comportement bizarre depuis quelque temps, notre Michel. Il doit travailler
trop.
Tu sais, il essaie de gagner plus d'argent que sa femme n'en dépense.
La scène était bien sinistre. Dans la cuisine d'un pavillon vétuste, un homme était
affalé sur la table, mort.
Un revolver était à côté de sa main. Il y avait en plus un couvert, une assiette et
une salière renversée.
Le sergent de police faisait son rapport à un inspecteur en civil : « Il s’agit
d'un certain Paul Houssard, âgé de cinquante ans.
II était peintre, mais sans grande réussite, d’après ce que j’ai pu apprendre.
Il y a deux mois environ, il a eu une crise cardiaque et il s’est retiré dans cette
maison.
J’en ai conclu qu'il n’avait plus de raison de vivre ; il s’est fait un dernier
repas et ensuite, il s'est donné la mort.
Mourir comme ça, quelle horreur! Qu'en pensez-vous, monsieur l'inspecteur?»
Les deux policiers étaient en manches de chemise car il faisait une chaleur
torride.
C'est la seule hypothèse que vous ayez pu retenir? répondit l'inspecteur. Peut-
être y a-t-il des indices que vous avez négligés.
Bien qu’il ait été dans la misère pendant longtemps une galerie venait de lui
commander vingt tableaux.
Regardons cette pièce à présent. Voyons voir, un couvert.
II s'approcha de l'évier où il trouva une assiette, un verre et une fourchette
propres.
Regardez; ici on a jeté les restes du repas, mais il n'y a pas trop longtemps, vu
la chaleur.
Là-dessus, j’ai une théorie, dit le sergent. C'était un homme méticuleux et il ne
voulait pas laisser sa maison sale.
Pensez-vous ! Il débarrasse la table, fait la vaisselle et ensuite il se tire une
balle dans le crâne ?
Quelles que fussent ses habitudes, il ne serait pas allé jusqu'à ce point.
Non, regardez bien. Il avait invité quelqu'un à déjeuner et c'est cet invité qui
l’a tué !
Ensuite, il a voulu effacer les traces de sa visite. Non, il ne s'agit pas d'un
suicide... mais d’un meurtre !
Comment l'inspecteur a-t-il pu déduire la présence d'une autre personne? Relisez
les indices. (Vous trouverez la solution à la leçon 49 !)
Que savons-nous de cette langue que nous parlons tous les jours ? Quelles sont ses
origines, d'où viennent sa grammaire et ses mots ?
Pendant les premiers siècles, après Jésus-Christ, les envahisseurs romains, les
colons et les marchands apportèrent une langue latine
bien différente de celle des poètes et penseurs de l’Empire romain, étant plus
populaire.
Elle supplanta petit à petit les langues régionales gauloises et devint le gallo-
romain.
Plus tard, vers le X'* siècle, on retrouve deux groupes de langues à peu près
séparés par le cours de la Loire :
la langue d’oc dans le sud du pays et la langue d’oil dans le nord, ces deux mots
correspondant aux différentes façons de dire « oui ».
Lentement mais sûrement, ce fut la langue d’oil - celle parlée en Ile-de- France et
par la famille royale qui prit le dessus.
Mais le français n’était pas encore fixé, il n’y avait pas d’orthographe
officielle, le même mot étant orthographié de plusieurs façons.
Enfin, au XVI* siècle. Malherbe vint ; ce poète et auteur commença l'oeuvre de la
fixation de la langue.
Un autre grand événement fut la fondation de l’Académie Française en 1635: le
français était en train de devenir la langue que nous connaissons aujourd’hui.
Justement, on parle aujourd’hui d'une « crise du français », d’invasion de mots
étrangers :
il n'en est rien, sinon peut-être un manque de souplesse de la part de ceux qui
décident de ce qui est « bon » et de ce qui est « mauvais ».
Cette langue qui fut celle. des cours royales étrangères reste de nos jours celle
de la diplomatie, de la mode, de la cuisine, des arts... certains diraient de
l'amour !
Elle est précise, juste et claire - un auteur célèbre a écrit : ce qui n’est pas
clair n'est pas français,
mais elle est aussi une langue littéraire magnifique, souple et sensuelle. Nous
allons vous présenter quelques-uns des meilleurs auteurs avec des extraits de leur
oeuvre.
Victor Hugo fut la plus grande figure de la littérature française du XIX" siècle :
son oeuvre était très diversifiée — romans, drames, poésie,
et il réussit dans tous ces genres, étant un homme à la fois politique, populaire
et le témoin de son temps.
Sa vie oscillait entre la gloire publique et la tragédie personnelle — et tout fut
reflétée dans une production artistique prodigieuse.
Hugo naquit à Besançon en 1802 et eut une enfance heureuse. Il effectua plusieurs
séjours à l'étranger — en Italie et en Espagne — en suivant son père qui était
général ét comte de l’Empire.
II montra très jeune non seulement sa vocation littéraire mais aussi cette vision
de l'homme et de l’artiste qui allait diriger sa vie.
« Je veux être Châteaubriand ou rien ! » écrivit-il en 1816.
Deux années plus tard, il publia son premier roman dont le succès convainquit son
père de son talent alors que celui- ci le destinait à une carrière académique.
En 1819. avec ses frères, il fonda un journal et, en même temps, il tomba amoureux
d'Adèle Foucher, qu’il épousa en 1823.
Sa carrière de poète débuta la même année, et il publia deux autres romans. C’était
l'époque du schisme entre le classicisme et le romantisme.
Hugo se déclara d'abord conciliateur entre ces deux tendances, mais il était en
fait plus tourné vers le romantisme.
Entre 1827 et 1830, il publia trois pièces de théâtre dont la dernière — Hernani —
provoqua une vraie bataille entre le monde littéraire traditionnel et une nouvelle
vague de jeunes écrivains.
Ces derniers, en soutenant la pièce, en assurèrent le succès et, enfin, le triomphe
du romantisme et de l'art nouveau.
Hugo commença alors à connaître la gloire artistique — et le drame personnel — ;
son salon était devenu le rendez- vous du « Tout Paris » littéraire,
mais sa femme Adèle commença à avoir une liaison avec l’auteur — et l'ami d'Hugo —
Sainte-Beuve.
Hugo, à son tour, s’éprit de Juliette Drouet, qui devint sa maîtresse et sa
compagne fidèle.
Ce fut à cette époque qu’il écrivit l’un de ses chefs-d'oeuvre : Notre-Dame de
Paris.
Sa vie — toujours partagée entre la célébrité et la souffrance — connut une
nouvelle tragédie en 1843 lorsque le premier de ses quatre enfants— Léopoldine— se
noya dans un accident de bâteau.
Peut-être fut-ce à cause de cette perte cruelle qu'il se lança dans la vie
politique.
Nommé pair de France en 1845, il combattit en libéral pour les droits des peuples.
Il essaya de soulever le peuple de Paris contre le prince Louis-Napoléon
mais en vain, et, craignant l'arrestation, il fuit le pays en décembre 1851.
Hugo l'exilé, d’abord à Bruxelles, se réfugia enfin dans les îles anglo-normandes ;
du haut des falaises de Guernesey, il put contempler les côtes de France
et il ressentit le besoin de s’expliquer — de se venger.
II publia une série de pamphlets et d'écrits sur la situation politique dans son
pays — et c’est à Guernesey aussi
qu’il acheva son roman peut-être le plus célèbre : Les Misérables.
En 1870, Victor Hugo put regagner Paris, mais la tristesse guettait toujours son
bonheur : sa femme mourut en 1868 et son fils, Charles, trois ans après.
Toujours actif en littérature et en politique, F^ugo décéda en 1885, écrivain du
siècle et écho de son époque.
« Ce siècle est à la barre et je suis son témoin ».
(Gavroche, panier à la main, va chercher des munitions sur les cadavres gisant
devant la barricade - en pleine vue des soldats.)
« Il rampait à plat ventre, galopait à quatre pattes, prenait son panier aux dents,
se tordait, glissait, serpentait d’un mort à l’autre
et vidait la giberne ou la cartouchière comme un singe ouvre une noix.
De la barricade, dont il était encore assez près, on n’osait lui crier de revenir,
de peur d’appeler l’attention sur lui.
A force d'aller en avant, il parvint au point où le brouillard de la fusillade
devenait transparent.
si bien que les tirailleurs, massés à l’angle de la rue, se montrèrent soudainement
quelque chose qui remuait dans la fumée.
Au moment où Gavroche débarrassait de ses cartouches un sergent gisant près d'une
borne, une balle frappa le cadavre.
Fichtre ! fit Gavroche. Voilà qu’on me tue mes morts.
Une deuxième balle fit étinceler le pavé à côté de lui. Une troisième renversa son
panier. Gavroche regarda et vit que cela venait des tirailleurs de la banlieue.
II se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches,
l'oeil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et chanta :
« On est laid à Nanterre, c’est la faute à Voltaire. Et bête à Palaiseau, c’est la
faute à Rousseau. »
Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui
en étaient tombées, et, avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre
giberne.
Là, une quatrième balle le manqua encore. Gavroche chanta [...]. Cela continua
ainsi quelque temps.
Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la
fusillade. Il avait l’air de s'amuser beaucoup [...]. On le visait sans succès, on
le manquait toujours.
II se couchait, puis se redressait, s’effaçait dans un coin de porte, puis
bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la
mitraille par des pieds de nez. [...]
La barricade tremblait; lui, il chantait. Ce n'était pas un enfant, ce n’était pas
un homme ; c’était un étrange gamin fée. [...]
Les balles couraient après lui, il était plus leste qu'elles. Il jouait on ne sait
quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort.
Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par
atteindre l’enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s’affaissa.
Toute la barricade poussa un cri ; mais Gavroche n'était tombé que pour se
redresser ; [...] un long filet de sang rayait son visage,
il éleva ses deux bras en l'air, regarda du côté d'où était venu le coup, et se mit
à chanter :
« Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire. Le nez dans le ruisseau,
c’est la faute à... »
II n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l’arrêta court. Cette fois, il
s’abattit la face contre le pavé et ne remua plus.
Cette petite grande âme venait de s'envoler ».
On dit que les fous construisent des châteaux en Espagne, que les névrosés les
habitent -et que les psychiatres encaissent les loyers.
Honoré de Balzac -sans doute l'un des plus grands romanciers de tous les temps- a
créé un univers imaginaire tellement complet
qu’il devait l'habiter de plus en plus -laissant au monde réel les soucis d'argent
qui le hantaient continuellement-,
jusqu'au moment où cet univers « balzacien » devint sa réalité quotidienne et qu'il
y mourut, nous laissant une peinture des moeurs hors pair.
Honoré de Balzac naquit à Tours dans la dernière année du XVIIIe siècle et monta à
Paris en 1814 pour y faire ses études.
il travailla chez un avocat et étudia le Droit mais, en même temps, il suivit les
cours à la Sorbonne et obtint l'autorisation de ses parents
de tenter sa chance comme écrivain. Installé dans sa mansarde parisienne, Balzac
s'acharna à écrire une tragédie -qui ne connut aucun succès.
Ce fut alors que, pour gagner sa vie, il entra en collaboration avec un autre
écrivain pour écrire des romans d'aventures « à succès ».
Un tournant dans sa vie. qui devait marquer son avenir et sa façon de percevoir le
monde, intervint en 1825 lorsqu'il se lança dans les affaires.
Après s'être associé avec un libraire, il acheta une imprimerie ; il fréquenta
alors le milieu des éditeurs, des journalistes et des écrivains,
fréquentation dont il allait tirer profit dans ses futurs romans ; mais entretemps,
son imprimerie fit faillite et Balzac contracta de lourdes dettes.
Pour rembourser les cent mille francs qu'il devait, il se plongea dans la rédaction
de romans et en « sortit » une dizaine en cinq ans.
II essaya tous les styles et ses efforts prodigieux aboutirent à deux chefs-
d'oeuvre : Eugénie Grandet et Le Père Goriot.
De là, il se mit à créer tout un monde autour des personnages de ses romans et
ainsi à peindre une toile morale et sociale
qu’il baptisa « La Comédie Humaine ». Sa production était extraordinaire- il
écrivit, en plus d'une dizaine de romans, de nombreuses pièces de théâtre.
II s'était épris d'une Polonaise, Madame Hanska, à qui il rendit visite plusieurs
fois à l'étranger et qu’il épousa en 1850.
Mais Balzac s’était épuisé ; il buvait des quantités de café, et avait ruiné sa vue
en travaillant à la chandelle.
II mourut en 1851 ; son monde imaginaire s’était tellement emparé de lui que, sur
son lit de mort,
il réclama le médecin Horace Bianchon pour le sauver -mais ce docteur n'était qu'un
personnage d'un de ses romans.
Le père Goriot, riche bourgeois, a marié ses filles et reste maintenant seul dans
la pension de famille de Madame Vau- quer ;
ses enfants l'ont délaissé, ne lui rendant visite que pour demander de l'argent -et
il se sacrifie toujours pour elles.
Vers la fin de la troisième année, le père Goriot réduisit encore ses dépenses, en
montant au troisième étage et en se mettant à quarante-cinq francs de pension par
mois.
II se passa de tabac, congédia son perruquier et ne mit plus de poudre. [...]
Sa physionomie, que des chagrins secrets avaient insensiblement rendue plus triste
de jour en jour, semblait la plus désolée
de toutes celles qui garnissaient la table [de la pension].
Quand son trousseau fut usé. il s’acheta du calicot pour remplacer son beau linge.
Ses diamants, sa tabatière d’or, sa chaîne, ses bijoux disparurent un à un.
II devint progressivement maigre ; ses mollets tombèrent ; sa figure, bouffie par
le contentement d’un bonheur bourgeois se vida démesurément.
Durant la quatrième année de son établissement rue Neuve-Sainte-Geneviève, il ne se
ressemblait plus. Le bon vermi- celier de soixante-deux ans,
qui ne paraissait pas en avoir quarante [...], qui avait quelque chose de jeune
dans le sourire, semblait être un septuagénaire hébété, vacillant, blafard.
Ses yeux bleus, si vivaces, prirent des teintes ternes et gris-de-fer, ils avaient
pâli, ne larmoyaient plus, et leur bordure rouge semblait pleurer du sang.
Aux uns il faisait horreur; aux autres il faisait pitié. [...]
Un soir, après le dîner. Madame Vauquer lui ayant dit en manière de raillerie : «
Eh bien, elles ne viennent donc plus vous voir, vos filles ? »
en mettant en doute sa paternité, le père Goriot tressaillit comme si son hôtesse
l’eut piqué avec un fer.
Elles viennent quelquefois, répondit-il d'une voix émue. — Ah ! ah ! vous les voyez
encore quelquefois ? s'écrièrent les étudiants. Bravo, père Goriot !
Mais le vieillard n'entendit pas les plaisanteries que sa réponse lui attirait ; il
était retombé dans un état méditatif
que ceux qui l'observaient superficiellement prenaient pour un engourdissement
sénile, dû à son défaut d’intelligence.
Voilà que notre tour de France se poursuit ; nous nous sentons un peu las de toute
cette bousculade: où irons-nous?
Si on vous parle de Saint-Tropez, Cannes, Nice, Menton ou Monte-Carlo, vous direz :
— Riviera !
En France, nous appelons cette région la « Côte d’Azur » — car la mer et le ciel y
sont (presque) toujours bleus.
La Côte d'Azur, c’est une certaine idée des vacances : soleil, plages, palmiers,
palaces, luxe, animation !
En été, c'est une assez bonne approximation de la Tour de Babel - une tour très,
très peuplée !
Des millions d’« estivants » font du coude à coude, se disputant deux mètres carrés
de sable ou une table de restaurant.
- Stop ! C'en est déjà trop ! D'accord, c’est très beau mais cette foule
grouillante me fatigue !
- Oui, mais pendant, ce temps, à une dizaine de kilomètres à l’intérieur des
terres, des lacs sauvages,
des auberges fraîches et accueillantes vous attendent : c’est la calme Provence.
La vraie Provence, pour qui la connaît, c’est un repas dans une de ces auberges,
à une table tranquille, à l’extérieur; l’ombre d’un figuier, d'un platane ou d’un
olivier vous abritera du soleil...
Vous commencerez, bien entendu, par un pastis et, après un long, frais et délicieux
repas.
vous ferez une petite partie de pétanque entre amis, non ?
Ensuite, comme ce sacré soleil vous aura « ensuqué » vous irez faire une petite
sieste
que bercera le chant de quelques cigales amicales. Ça ira comme programme? - Es un
programme que fai veni l'aigo a la bouco !
Aussi, là-bas, les gens prennent leur temps ; tellement il fait beau, à quoi bon se
presser ?
Assis à une table de restaurant en Provence. un client interpelle le serveur —
Garçon ! Voulez-vous venir goûter à ma bouillabaisse ?
— Mais, Monsieur, je n’ai pas le temps : j'ai deux clients à servir. Mais l'autre
ne se décourage pas et, pendant une demi- heure,
par intervalles, il répète sa demande : — Garçon, venez goûter à ma bouillabaisse !
— Mais il est fada ! dit le garçon.
Bon, d’accord, j’arrive ! Il s’asseoit à la table, passe la serviette autour du
cou. Il approche l'assiette et demande:
— Alors, la cuiller, où est la cuiller? A quoi le client répond : — Ah !
Le Quai d'Orsay a fait savoir ce matin que l'archéologue français arrêté en Ni- mie
avait été entendu par les autorités
et sera remis en liberté à la fin du mois. Plusieurs associations de droits de
l'homme avaient émis des protestations auprès du gouvernement nimien.
D'après les dernières statistiques publiées par l'INSEE ce matin, l'indice de la
hausse des prix est de zéro virgule neuf pour cent pour ce mois-ci,
alors que le chômage serait en baisse, avec deux virgule six pour cent de moins
pour les quatre derniers mois en données corrigées.
Conseil des Ministres demain à l'Elysée, le Président de la République se
prononcera sur un éventuel remaniement au sein du Cabinet
et sur la question que tout le monde se pose : y aura-t-il un changement d’occupant
à Matignon ?
Le sport maintenant, au Parc des Princes, où se jouent depuis bientôt cinquante
minutes les huitièmes de finale de la Coupe d’Europe
entre le Paris St-Germain et l'équipe belge d'Anvers.
A la mi-temps, la marque était d'un but partout. Vous vous souviendrez que, lors de
leur dernière rencontre, les deux équipes ont fait match nul.
Un mot du temps pour demain, qui sera maussade un peu partout sur le pays, avec des
averses et le mistral et la tramontane dans le Midi.
Attention aux risques de brouillard sur les côtes et dans le bassin parisien.
Ce journal est maintenant terminé. Nous vous donnons rendez-vous pour une dernière
page d’actualités à vingt-trois heures.
Bonsoir à toutes et à tous.
Un journaliste de la télévision effectuait un reportage « sur le vif » sur des
familles nombreuses.
II arrêtait des gens dans la rue en leur demandant combien d'enfants ils avaient.
II fut étonné quand une jolie dame lui répondit : — Dix.
— Dix, mais c’est extraordinaire; et depuis combien de temps êtes-vous mariée ? —
Depuis douze ans.
— Mais pourquoi avez-vous arrêté? — C’est très simple : nous nous sommes acheté une
télévision !
Notre tour des régions de France tire à sa fin ; nous allons aujourd’hui vers l’est
pour visiter l'Alsace et La Lorraine.
Ces deux régions ont été longtemps un symbole patriotique pour le Français moyen :
Pendant près d’un siècle, elles ont été l’un des enjeux des terribles guerres
franco-allemandes, puis mondiales.
Annexées à l'Empire allemand en 1871, elles furent à nouveau rattachées à la France
en novembre 1919.
Réoccupées pendant la deuxième guerre, elles durent attendre la Libération de 1944
pour enfin, être rendues françaises.
Temps révolus, heureusement ! De nos jours ces deux provinces sont régulièrement
envahies par des Allemands, certes,
mais des Allemands touristes, souriants et amicaux ; et si l’on garde un mauvais
souvenir,
cela se traduit plutôt par des boutades, tel ce touriste d'Outre-Rhin qui demanda,
à un autochtone, en regardant un ciel gris et nuageux au-dessus de Strasbourg,
s’il faisait toujours un temps aussi maussade en Alsace ; à quoi la réponse fut : —
Pas du tout !
Ces nuages sont des emballages vides qui reviennent de chez vous !
On y parle français, mais aussi des langues régionales comme l’Elsasser, très
influencées par la langue allemande.
Strasbourg -capitale de l'Alsace- a une vocation européenne (le Conseil de l’Europe
y siège).
L'Alsace est un pays typique de vignobles et de chasses, d'industries et -vous vous
en serez doutés- de gastronomie !
La Lorraine, elle, est plus tournée vers l'industrie: mines de fer, de charbon,
aciéries.
Sans oublier l’art : cristalleries d'une renommée mondiale (Baccarat et St-Louis)
et la merveilleuse place Stanislas à Nancy.
qui, à elle seule, «vaut le voyage» comme dirait un guide touristique célèbre !
Régions au particularisme développé, attachantes et souriantes, l’Alsace et la
Lorraine vous attendent !
Dans nos extraits littéraires jusqu’à présent, nous nous sommes cantonnés au XIX,J
siècle ; le problème, quand on parle des auteurs de notre temps,
n’est pas qui citer, mais qui omettre ! Va- t-on passer sous silence Anatole
France, Paul Claudel, André Gide, Paul Valéry ?
Qui oserait passer à côté d’un André Malraux ou d'un Jean-Paul Sartre ?
Non, nous avons tranché ; nous allons vous présenter un auteur qui eut peut- être
la plus grande influence sur le roman contemporain.
C’était un homme maladif, qui passa beaucoup de sa vie sur un lit de malade et qui
écrivait l’histoire de sa vie intérieure
en essayant d’échapper au temps : Marcel Proust.
Sa vaste oeuvre « A la Recherche du Temps Perdu » fut inspirée par un petit
incident, désormais célèbre...
— [...]Un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais
froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé.
Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de
ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines,
qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille St-Jacques.
Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un
triste lendemain,
je portai à mes lèvres une cuillerée de thé où j’avais laissé s’amollir un morceau
de madeleine.
Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes de gâteau toucha mon palais,
je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi.
Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m'avait
aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes.
ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère
l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse
ou plutôt, cette essence n’était pas en moi, elle était moi.
J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu venir cette
puissante joie ? Je sentais qu elle était liée au goût du thé et du gâteau,
mais qu’elle les dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature.
D'où venait-qlle? Que signifiait-elle? Où l’appréhender ?
Tout n’a qu’un temps - et nous voilà à la dernière leçon. Si nous pouvons nous
permettre de remanier une phrase célèbre.
nous avons gagné la bataille, pas la guerre !
Effectivement, nous avons vaincu l'accord du participe passé et nous nous sommes
tirés d’affaire avec le passé simple et le passé antérieur.
La petite escarmouche avec le participe présent s’est bien passée (on peut passer
sous silence la rixe avec les adjectifs),
et nous avons sagement contourné les embuscades tendues par l’imparfait du
subjonctif.
Mais, sérieusement, apprendre une langue n'est point une série de batailles ; il y
a des difficultés qu'il faut surmonter, certes,
mais cela ne fait qu’ajouter à notre plaisir quand nous pouvons lire des pages
d'Hugo ou de Proust
en savourant les nuances, les finesses, les richesses de leur langage et de leur
pensée.
Vous avez approfondi vos connaissances . non seulement de la grammaire et de la
syntaxe,
mais surtout de ce que représente une langue : le pays qui l’a bercée et les gens
qui la parlent,
et n’est-ce pas le but de toute étude linguistique
de pouvoir communiquer avec d’autres? D’autant que les Français aiment à parler et
admirent celui qui s'exprime bien.
D’après l’avis d’un éminent Anglais, si Dieu redescendait sur terre, tous les
peuples se mettraient à genoux,
excepté les Français, qui diraient: — Alors, vous êtes là ? Il était grand temps !
On va pouvoir discuter un peu !
Ne mettez pas ce livre de côté ; relisez- le un peu tous les jours,
mais nous espérons que vous vous sentez prêts à lire des romans, des journaux en
français,
à écouter la radio, à aller voir des films, à voyager - et ce n’est pas uniquement
en France que cette langue vous sera utile - elle est utilisée
en Suisse, en Belgique, au Québec et Montréal, dans certains pays d'Afrique,
ainsi que partout où se trouvent les gens qui aiment l'esprit, les discussions, la
culture - même la cuisine -,
et dont vous faites désormais partie grâce à votre bonne pratique du français.