Chapitre 1

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Chapitre 1.

Le Rôle d'un Architecte

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Partie 1 : Théorie et contexte

Chapitre 1.1 : Le Rôle d'un Architecte

Chapitre 1.1 : Le Rôle d'un Architecte

L’architecte dans la société

Le rôle évolutif de l’architecte

Types de pratique ou d’activité professionnelle

Architectes au service d’une administration ou d’une institution publique (secteur public)

Architectes dans l’enseignement et la recherche

Architectes en construction et développement immobilier

Architectes au sein d’organisations non gouvernementales

Architectes comme membres de panels d’examen de design

Architectes comme témoins experts indépendants

Autres rôles des architectes

Références

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L’architecte dans la société

Le rôle de l’architecte a évolué au fil des siècles et couvre maintenant un éventail de plus en plus
large de tâches et de responsabilités. Aujourd’hui, l’architecte est généralement le principal
prestataire des services professionnels de conception, chargé de coordonner divers intervenants aux
étapes de la planification, de la conception et de la construction des bâtiments. Les changements
technologiques et sociologiques, au même titre que la mondialisation croissante, ont des incidences
sur le mode d’exercice de l’architecture. Les architectes continuent toutefois de façonner notre
environnement bâti, car leur formation, leur expérience et leur statut de professionnel réglementé
leur permettent de concevoir des bâtiments de tous types. Leur travail a des répercussions majeures
sur l’activité humaine et la planète; par voie de conséquence, ils ont une responsabilité énorme
envers leurs concitoyens et envers l’environnement. Les architectes ajoutent de la valeur à
l’environnement bâti : ils le conçoivent et c’est là leur principale contribution et leur plus grand
impact à cet égard, mais ils ont aussi la compétence pour coordonner et superviser des projets
jusqu’à leur achèvement, dans les limites des calendriers et des budgets établis.

Le rôle évolutif de l’architecte


Défis et opportunités pour les architectes au 21e siècle

Traditionnellement, l’architecte était considéré comme un professionnel ayant des connaissances


générales dans de nombreuses disciplines de la conception, de la construction, de l’entretien et de la
modification des bâtiments. Au fil du temps, les progrès technologiques, la redistribution de la
population et la croissance des villes ont modifié l’environnement bâti et les attentes en ce domaine.
Les responsabilités des architectes ont également évolué, au fur et à mesure de l’ajout de différentes
disciplines nécessaires à la chaîne d’approvisionnement conception-construction-exploitation. Le rôle
de l’architecte dans la société a évolué avec ces changements et continue d’ailleurs d’évoluer.

Aujourd’hui, l’architecte doit avoir les compétences nécessaires pour synthétiser, intégrer et
coordonner les diverses parties d’un projet en un tout composite. Il ne suffit pas de satisfaire à des
exigences fonctionnelles et de sécurité; il faut aussi contribuer à la création d’un environnement
harmonieux, attrayant et durable. Comme on leur pose de plus en plus de questions pointues sur des
sujets précis, les architectes ont de plus en plus tendance à se spécialiser pour faire face à des
problématiques, des exigences ou des contextes complexes. Parmi ces domaines de spécialisation,
mentionnons certains aspects de la planification et de la programmation, la réglementation du
bâtiment, la conception, la production, la gestion, la durabilité, la surveillance de chantier ou la
construction. L’architecte peut donc se spécialiser dans un type de bâtiment en particulier, ou
obtenir un agrément dans certaines spécialités comme le code du bâtiment, l’enveloppe du
bâtiment, la gérance de projet, la conception durable ou la conservation du patrimoine. Toutefois, le
maintien d’une expertise générale dans tous les aspects de la profession demeure un facteur
déterminant de la bonne santé de l’architecture, en plus de renforcer la crédibilité de la profession
aux yeux du public. Par ailleurs, l’architecte a également la responsabilité éthique de transmettre ses
connaissances et ses compétences par l’enseignement, le mentorat et l’embauche et la formation de
la prochaine génération d’architectes.

La pratique de l’architecture est liée à bien d’autres disciplines du design, y compris les nombreuses
disciplines de l’ingénierie, l’architecture de paysage, les études sociologiques et urbanistiques et l’art
public. Dans la tâche complexe de coordonner les nombreux spécialistes qui participent à un projet,
les architectes exercent un rôle et acquièrent des compétences uniques. Leur vision holistique de
l’environnement bâti leur a permis d’assumer divers rôles stratégiques dans la société. Que ce soit
dans des rôles de facilitation, de collaboration ou de communication, les architectes sont amenés à
répondre aux besoins d’un nombre croissant de parties prenantes et à exprimer leurs points de vue
et leurs souhaits sur la façon de façonner l’environnement bâti et sur son impact à l’échelle locale et
mondiale.

L’expansion des champs d’exercice de l’architecture et les nouvelles frontières offrent des
perspectives très intéressantes aux architectes, notamment dans les domaines suivants :

planification stratégique et programmation d’installations à l’étape des études préconceptuelles;

conception inclusive;

conception durable;
revitalisation de bâtiments existants (entretien, amélioration de la sécurité des personnes et de la
sécurité incendie, réutilisation, nouvel usage, conservation du patrimoine);

design urbain et renouvellement;

nouveaux modes de réalisation de projets, comme les processus de conception intégrée;

nouvelles technologies et nouveaux outils de communication;

mondialisation de la pratique.

Planification stratégique et programmation d’installations à l’étape des études préconceptuelles

Les projets institutionnels et les projets d’infrastructures sont de plus en plus complexes et de grande
envergure en raison du nombre d’intervenants en cause, et leur réalisation s’étend souvent sur
plusieurs années, la mise en œuvre et la construction se faisant par étapes. L’architecte peut
contribuer à la planification générale de ces projets ou à la programmation détaillée d’une
installation donnée.

Conception inclusive

L’Inclusive Design Research Centre définit la conception inclusive comme suit :

« Une conception qui tient compte de toute la diversité humaine en ce qui concerne les capacités, la
langue, la culture, le genre, l’âge et les autres formes de différence humaine. » [Traduction]

Inclusive Design Research Centre – Université de l’ÉADO.

Historiquement, l’accessibilité se limitait à l’adaptation pour les personnes handicapées. La


conception inclusive va au-delà de l’accessibilité et tient compte des besoins de toutes les personnes
en matière d’équité, de fonctionnalité, de sécurité, de genre, de culture et de religion. L’architecte
doit prôner la conception inclusive afin que ses bâtiments reflètent et intègrent les valeurs, les
préoccupations et les besoins particuliers d’une société diversifiée. La conception inclusive tient
compte du fait que les personnes qui occupent les bâtiments proviennent de milieux culturels
différents, sont de différentes tailles et présentent un large éventail de capacités physiques et
sensorielles. La reconnaissance de cette diversité se traduira par la conception de bâtiments inclusifs
dans la plus grande mesure possible.
Les nouvelles tendances en matière de conception inclusive reconnaissent que les fauteuils roulants
et autres appareils d’aide à la mobilité sont aussi diversifiés que les personnes qui les utilisent et
qu’ils nécessitent donc plus d’espace que ce que prévoient les codes et les normes; les bâtiments
peuvent être conçus pour être mieux adaptés aux besoins des personnes malvoyantes et de celles
qui ont des handicaps cachés, comme des limitations de force ou d’endurance; ils doivent aussi offrir
un même niveau de sécurité à toutes les personnes présentes dans un bâtiment lors d’une situation
d’urgence.

Développement durable

Les bâtiments sont la réponse de la société à la croissance démographique, à l’urbanisation et à


l’économie de l’aménagement des terres, en plus de leur fonction de tout temps de loger les êtres
humains. La construction et l’exploitation conventionnelles des bâtiments produisent des émissions
de gaz à effet de serre. Les bâtiments contribuent donc au changement climatique, ce qui donne aux
architectes une occasion et une responsabilité de modifier leurs pratiques pour éviter, par exemple,
que les bâtiments qu’ils conçoivent :

contribuent à l’effet d’îlot de chaleur et aux maladies liées au stress thermique dans les populations
urbaines;

détruisent l’habitat de la flore et de la faune locales;

augmentent les débits des crues de pointe et contribuent aux inondations en milieu urbain;

épuisent inutilement les ressources naturelles, y compris l’eau potable;

deviennent rapidement invivables en cas de pannes d’électricité, en été ou en hiver.

La notion de développement durable se définit de bien des façons selon les différents points de vue.
Comme l’intérêt pour ce domaine augmente à un rythme exponentiel et que divers programmes de
certification de bâtiment « vert » sont à la disposition des propriétaires de bâtiments, il est important
de s’entendre sur une définition commune pour faciliter la communication et la compréhension.
Voici donc la définition du développement durable établie par les Nations Unies :

« Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs. »

Les enveloppes des bâtiments et leurs systèmes mécaniques et électriques ont des durées de vie
beaucoup plus longues que celles d’autres biens matériels. C’est donc dire que l’occasion d’améliorer
la piètre performance d’un bâtiment existant ne se présente pas souvent et peut même se présenter
seulement pour une génération humaine sur deux. L’inefficacité de ces bâtiments et les émissions de
gaz à effet de serre ou autres perturbations environnementales qui en découlent peuvent inciter les
clients ou le grand public à exiger des bâtiments plus performants que ceux qui sont construits selon
les méthodes conventionnelles.

L’attention que porte le client de l’architecte à ces questions est déterminante pour que l’architecte
puisse mettre en œuvre des mesures d’adaptation ou d’atténuation en matière de changement
climatique. Nombre de ces mesures n’ont aucune conséquence regrettable en ce sens qu’elles
n’entraînent aucune augmentation du coût de construction et qu’elles peuvent être intégrées aux
pratiques de conception sans requérir une attention directe du client. Par contre, bien d’autres
conditions dans les systèmes étroitement liés de la planification de l’utilisation des sols, de la
planification et de l’accès aux transports, du financement du projet et du développement immobilier
nécessitent une discussion avec le client dès l’étape des études préconceptuelles d’un projet.

On sait depuis longtemps que la consommation d’énergie annuelle (et les émissions qui s’ensuivent)
du navettage entre le domicile et l’immeuble de bureaux peut être supérieure à la consommation
d’énergie annuelle du bâtiment lui-même. Comme l’emplacement d’un projet est déjà déterminé
dans le programme du client, il est rare que l’on tienne compte des mesures usuelles pour atténuer
les effets d’un emplacement défavorable. Il faut donc adopter une approche différente. Par exemple,
en portant une attention particulière à la conception du microclimat, on peut s’éloigner des solutions
génériques tout en identifiant et en développant des conditions latentes d’un emplacement
défavorable pour produire une expérience unique et précieuse. L’appariement ou l’ajout d’éléments
au programme d’une installation pour tenir compte des conditions difficiles d’un emplacement
donné est une technique qui ajoute de la valeur à cet emplacement. La compréhension du potentiel
de durabilité d’un site peut favoriser des solutions de conception plus efficaces à d’autres égards,
notamment en matière de financement et de coûts d’assurance.

La conception durable et régénérative offre des possibilités d’innovation et de solutions


collaboratives dans les processus de conception tout autant que dans les résultats. On ne peut nier
qu’au cours des prochaines années la réponse de la conception architecturale aux facteurs
déterminants dans les micro-environnements et les macro-environnements sera un aspect
fondamental de sa réussite.

Revitalisation de bâtiments existants

Pour bien des architectes, les mandats portant sur des bâtiments existants représentent un volume
de travail important, qu’il s’agisse de rénovations mineures ou de transformations complètes, du
maintien de l’usage existant ou de la conversion pour de nouveaux usages. Ces projets peuvent aller
au-delà des simples rénovations pour revitaliser complètement l’aspect et la performance d’un
bâtiment existant. Dans ce contexte, les bâtiments existants comprennent tous les types de
bâtiments existants, même ceux qui sont considérés comme étant patrimoniaux (plus de 40 ans),
mais sans être officiellement désignés comme tels. Il se peut qu’un bâtiment existant ne soit pas
désigné malgré son importance architecturale et culturelle. Il faut donc porter attention aux
incidences des modifications. Cela pose un défi pour que la fonction suive la forme. Il faut aussi tenir
compte des incidences sur la conception, la structure et l’enveloppe du bâtiment, l’environnement,
ainsi que l’intégration dans la collectivité. On s’attend aujourd’hui à ce que les bâtiments soient plus
éconergétiques et plus durables (pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et tirer parti
des infrastructures existantes et de l’énergie intrinsèque). L’architecte doit donc comprendre les
technologies, les usages antérieurs et les performances du bâtiment existant pour déterminer
comment le rénover pour atteindre le meilleur équilibre entre les objectifs de performance et de
durabilité et la satisfaction des intérêts de la communauté locale.

L’architecte peut entreprendre tous les aspects du projet au sein de sa firme, mais il devra souvent
s’adjoindre les services de spécialistes autres que les ingénieurs en structure, mécanique et
électricité pour apporter une expertise additionnelle. Parmi ceux-ci, mentionnons les experts
culturels, les professionnels du patrimoine et les historiens du bâtiment, ainsi que les professionnels
ayant une expertise dans l’enveloppe du bâtiment, les matériaux de construction, la durabilité,
l’environnement, la modélisation énergétique, les commandes du bâtiment, la mise en service du
bâtiment, la protection contre les incendies, etc.

Design urbain et renouvellement

Les architectes sont souvent engagés pour effectuer des études de plans directeurs et
d’intensification urbaine et d’autres études sur le potentiel d’aménagement ou de renouvellement
de propriétés urbaines et rurales. Grâce à leurs connaissances de la conception et de la mise en
œuvre architecturales et des exigences spatiales particulières de certaines formes et typologies de
bâtiments, les architectes qui participent au design urbain apportent de la crédibilité à l’adéquation
physique et à la faisabilité pratique du nouveau tissu bâti. Les architectes ont également la formation
pour tenir compte du contexte et des relations entre les façades des bâtiments et les rues
environnantes et les ressources des espaces publics. De plus, ils peuvent fournir des conseils et une
expertise spécifiques sur le potentiel de renouvellement de bâtiments et de structures existants dans
un cadre urbain élargi. Habitués à coordonner les apports de consultants de diverses disciplines, les
architectes sont d’une grande utilité en tant que responsables d’équipes de conception
multidisciplinaires complexes souvent engagées pour fournir des études de design urbain. Enfin,
comme on leur demande souvent d’interpréter des directives de design urbain dans la conception de
projets d’architecture, les architectes peuvent apporter une contribution significative à la rédaction
des directives de design urbain ou d’autres documents qui visent à influencer la conception de nos
villes.

Nouveaux modes de réalisation des projets

Les clients et les gouvernements sont constamment à la recherche de nouveaux modes de réalisation
des projets susceptibles de donner lieu à de nouvelles formes de financement et à des modes de
conception et de construction plus efficients. Face au réchauffement climatique et dans l’objectif de
réduire la consommation d’énergie, il faut accroître considérablement la performance énergétique
des bâtiments. Ce besoin a fait naître de nouveaux modes de réalisation des projets.
Ces nouveaux modes de réalisation des projets ont modifié la relation professionnelle
qu’entretiennent les architectes avec leurs clients, les utilisateurs des bâtiments et les autres
intervenants dans l’industrie de la construction. Des modes de réalisation comme le design-
construction et les partenariats public-privé (PPP) font en sorte que l’architecte est engagé par un
constructeur ou une entité financière et non plus directement par le maître de l’ouvrage ou les
utilisateurs du bâtiment. D’autres modes de réalisation, comme la réalisation de projet intégrée,
exigent une plus grande rentabilité et des délais plus courts pour la production des documents. Cela
peut entraîner un risque et une responsabilité accrus pour l’architecte, ce qui met l’architecte et les
parties prenantes du projet au défi d’équilibrer les risques et les récompenses du paysage évolutif de
la réalisation des projets. Les modes de réalisation des projets évoluent et les architectes doivent
s’adapter en tenant compte de leur responsabilité dans la prestation des services sans jamais oublier
la protection de l’intérêt public.

D’autre part, les architectes peuvent jouer un rôle déterminant dans les processus de conception
intégrée en tenant habilement compte des divers besoins et objectifs de multiples parties prenantes,
y compris les groupes de clients multipartites, les autres professionnels et experts de l’équipe de
conception et la collectivité élargie. Le mode de réalisation de projet intégrée modifie les relations
entre l’architecte et les autres parties prenantes du projet, notamment le maître de l’ouvrage, le
constructeur et les membres de l’équipe de conception. Il peut inciter l’architecte à adopter un
nouveau modèle d’affaires. Ces divers modes de réalisation des projets présentent donc des défis
pour la pratique de l’architecture, mais ils offrent également des opportunités, l’architecte pouvant
assumer les rôles d’intégrateur, d’architecte de la conformité ou d’architecte-conseiller.

Voir aussi le chapitre 4.1 – Modes de réalisation des programmes de conception-construction.

Nouvelles technologies et nouveaux outils et modes de communication

La MDB, l’automatisation et la visualisation avancée comptent parmi les innovations qui continuent
de transformer la pratique de l’architecture. La MDB ou modélisation des données du bâtiment est
ce qu’on appelle la BIM ou Building Information Modelling en anglais. Toutefois, l’acronyme BIM
renvoie aussi à la Building Information Management ou gestion des données du bâtiment, selon le
contexte et l’objectif de l’auteur d’une publication particulière. Les logiciels de modélisation et de
simulation qui aident les architectes dans l’analyse de l’éclairage ou de la résistance thermique, dans
la création d’images en trois dimensions ou dans la préparation d’estimations de coûts plus précises
se sont répandus. Certains d’entre eux sont même désormais accessibles à quiconque, ce qui a pour
effet d’augmenter les exigences et les attentes des clients. Certaines firmes qui n’ont pas accès à ces
nouvelles technologies peuvent sous-traiter des parties de leur travail. Le rôle historique de
l’architecte qui consiste à rassembler, traiter et synthétiser des informations et à utiliser des
techniques de présentation pour communiquer une solution est de plus en plus influencé par le choix
de nouvelles options de format.
La MDB est un outil de plus en plus répandu pour le processus de conception intégrée des bâtiments
et comme outil de communication qui favorise la coordination avec les experts-conseils, les
constructeurs et les fabricants de composantes. Certaines organisations du secteur public exigent
maintenant que tous les projets soient réalisés en utilisant la MDB.

La MDB exige non seulement des changements dans la technologie d’une firme, mais aussi, et
surtout, des changements dans les processus d’affaires, d’opération et de projet. L’intégration des
processus de conception dans la chaîne d’approvisionnement conception-construction-exploitation
oblige à repenser les relations contractuelles, la culture organisationnelle et la redistribution des
efforts au sein d’une firme.

Voir le chapitre 5.6 – Gestion des données du bâtiment pour un supplément d’information sur ces
sujets.

Mondialisation de la pratique

La taille des firmes d’architectes varie, allant du praticien qui exerce à titre individuel aux grandes
sociétés. L’éventail des projets qu’ils réalisent varie aussi considérablement. La profession comprend
des firmes ayant plusieurs bureaux, au pays et à l’étranger. Les projets peuvent être exécutés par des
groupes de ressources multinationaux ou des accords de partenariat.

Les petites firmes peuvent former des consortiums pour combiner des forces particulières afin de
présenter des offres de services pour des contrats ou des projets plus importants nécessitant une
expertise spécifique. Leur collaboration peut être établie pour un seul projet ou mise en place sur des
périodes plus longues pour diverses entreprises. Cette mondialisation pose de nouveaux défis aux
architectes qui doivent s’adapter à des pratiques, des cultures, des environnements politiques, des
réglementations, des normes de construction, des codes de sécurité des travailleurs et de nouveaux
marchés différents, et faire face à une concurrence accrue sur le marché canadien de la part de
firmes locales et internationales.

Types de pratique ou d’activité professionnelle

Les architectes travaillent dans divers contextes professionnels, notamment :

en bureau de pratique privée;

au sein de sociétés (secteur privé);

dans la fonction publique et les institutions publiques (secteur public)


en enseignement et en recherche;

en construction et en développement immobilier;

au sein d’organisations non gouvernementales;

comme membres de jurys;

comme témoins experts indépendants.

Ils peuvent également travailler dans une combinaison de ces situations à condition qu’ils ne soient
pas en conflit d’intérêts.

Responsabilité professionnelle

La responsabilité de l’architecte ne se limite pas au client, mais s’étend aux autres professionnels, à
la profession d’architecte elle-même et à la société dans son ensemble. Le degré de responsabilité
qu’un architecte est prêt à accepter détermine sa manière d’exercer l’architecture. L’architecte
employé ou salarié a moins de responsabilités directes à l’égard du client de son employeur, alors
que l’architecte qui est propriétaire unique de sa firme assume la totalité de la responsabilité.
L’architecte qui exerce en société partage cette responsabilité. La responsabilité de l’architecte varie
en fonction de son ou de ses rôles.

Voir aussi le chapitre 1.3 – Conduite professionnelle et déontologie, pour un supplément


d’information sur les obligations et responsabilités professionnelles.

Architectes en pratique privée

« La pratique de l’architecture est le lieu où l’éthos et les circonstances s’affrontent et où les objectifs
individuels et professionnels se combinent avec les budgets, les échéanciers, les compétences,
l’organisation, le pouvoir, le contexte et les règlements. » [Traduction]

Cuff

Les architectes qui travaillent en bureau de pratique privée peuvent être :

des employés salariés d’autres architectes;

des entrepreneurs indépendants fournissant des services à d’autres architectes;

des spécialistes dans divers domaines comme la gérance de projet, le code du bâtiment, l’enveloppe
du bâtiment, la conception durable, la préservation des bâtiments et la rédaction de devis
Les architectes qui travaillent à leur compte peuvent être :

des propriétaires uniques de leur cabinet;

en société avec d’autres architectes ou avec des ingénieurs;

des administrateurs ou des actionnaires d’une société d’architecture.

Les architectes en pratique privée qui travaillent à leur compte doivent maintenir une expertise dans
deux domaines distincts :

la prestation des services d’architecture;

l’exploitation et la gestion d’un bureau, y compris la gestion de personnel.

Voir également le chapitre 3.1 – Démarrage et structure d’une firme d’architecture. L’architecte en
pratique privée accepte la responsabilité des projets d’architecture qu’il entreprend.

Voir également le chapitre 3.6 – Ressources humaines qui traite des employés et des entrepreneurs
indépendants dans les professions du design.

Architectes au service d’une société autre qu’une firme d’architectes (secteur privé)

Beaucoup de grandes sociétés ou d’institutions qui ne pratiquent pas l’architecture comptent des
architectes parmi les membres de leur personnel. Par exemple, nombre de grandes entreprises
emploient des architectes dans leurs services immobiliers, de conception, de construction et de
gestion d’installations. L’architecte qui travaille pour une telle entreprise n’en a pas moins
l’obligation de se conformer aux exigences de son ordre provincial ou territorial en matière de
pratique de la profession et d’utilisation du sceau. Dans certains cas, ces architectes fournissent à
leur employeur toute la gamme des services professionnels. Dans d’autres cas, ils ne font que gérer
la conception et la construction en sélectionnant les architectes et les ingénieurs et en coordonnant
la prestation des services d’architecture en tant que représentant de leur employeur.

Les architectes qui travaillent en entreprise offrent fréquemment les services suivants :

sélection de l’emplacement;

planification de projets;

programmation;

sélection des experts-conseils;

négociation des contrats;


administration du contrat de construction;

gestion et entretien des installations.

Architectes au service d’une administration ou d’une institution publique (secteur public)

L’architecte peut aussi travailler dans la fonction publique, que ce soit à l’échelle fédérale,
provinciale, territoriale ou municipale, ou encore pour une institution publique. Les fonctionnaires ne
sont généralement pas tenus de souscrire de l’assurance responsabilité professionnelle, mais ils
demeurent néanmoins pleinement et personnellement responsables de leur travail.

Souvent, les universités et les hôpitaux ont besoin d’une expertise interne pour la gestion et
l’expansion de leurs bâtiments et de leurs équipements. Les occasions d’emploi dans le secteur
gouvernemental ou institutionnel comprennent des postes de type technique, administratif ou
stratégique. Les gouvernements de tous les ordres construisent et financent des projets de
construction; ils réglementent également l’environnement bâti.

Les architectes peuvent jouer divers rôles au sein des administrations publiques. Ces rôles peuvent
exiger des compétences avancées dans la gestion et l’engagement des parties prenantes, les
négociations et l’établissement de relations interpersonnelles. Les compétences en communication
deviennent primordiales lorsqu’il faut traiter avec un large éventail de parties prenantes, comme le
grand public, des fonctionnaires, d’autres architectes, les entrepreneurs des promoteurs, d’autres
directions au sein leurs ministères, des fonctionnaires d’autres ministères ou d’une autre
administration, des sous-ministres, des représentants du Conseil du Trésor, des politiciens et des
représentants des médias.

Comme bien des décisions concernant l’environnement bâti sont prises dans l’arène politique,
certains architectes orientent leurs activités du côté :

des divers ordres de gouvernement;

des commissions scolaires;

des associations professionnelles ou du milieu des affaires.

Les architectes du secteur public et institutionnel ont l’obligation de maintenir une inscription «
professionnelle » auprès d’un ordre d’architectes provincial ou territorial. Outre le fait de travailler
dans un contexte différent, l’absence ou l’expiration du permis d’exercice peut créer une distance
entre le « professionnel » du gouvernement et les autres architectes et peut entraîner un
affaiblissement de ses connaissances professionnelles. Inversement, le manque de familiarité avec
les opérations gouvernementales de la part des architectes exerçant en pratique privée peut
entraîner des malentendus lors de la prestation de services dans ce contexte.
Gouvernement fédéral

Au niveau fédéral, les architectes travaillent :

comme employés de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), du ministère de la


Défense nationale (MDN), de Construction de Défense Canada (CDC) et de plusieurs autres
ministères fédéraux;

comme architectes spécialistes de la préservation des bâtiments auprès du Bureau d’examen des
édifices fédéraux et du patrimoine et de Parcs Canada, les gardiens des lieux et des bâtiments
historiques nationaux;

comme chercheurs dans des agences fédérales comme la Société canadienne d’hypothèques et de
logement (SCHL) et l’Institut de recherche en construction (IRC) du Conseil national de recherches
(CNR);

comme représentants techniques ou dans divers postes reliés à l’élaboration de politiques


concernant l’environnement bâti ou les codes du bâtiment.

Gouvernements provinciaux ou territoriaux

Au niveau des provinces et des territoires, les architectes travaillent :

comme employés de divers ministères, sociétés de la Couronne et organismes reliés à


l’environnement bâti (éducation, travaux publics et services gouvernementaux, habitation,
urbanisme, tourisme, santé, codes et réglementations du bâtiment, culture et patrimoine);

comme chercheurs et techniciens;

dans des postes reliés à l’élaboration de politiques pour le gouvernement provincial ou territorial.

Municipalités

À l’échelle municipale, les architectes travaillent comme :

inspecteurs en bâtiment et examinateurs de plans;

administrateurs et concepteurs au sein des services municipaux d’urbanisme, spécialisés dans les
études d’occupation des sols, le zonage, le design urbain et la préservation des ouvrages
patrimoniaux.

Architectes dans l’enseignement et la recherche


Les architectes peuvent poursuivre une carrière en enseignement dans les écoles universitaires
d’architecture ou les établissements collégiaux d’enseignement du design et de la construction, ou
dans la recherche dans toutes sortes de milieux. Les écoles universitaires d’architecture du Canada
ont du personnel enseignant à plein temps et à temps partiel en plus d’accueillir des professeures ou
professeurs invités. Voir aussi la

« Liste : Écoles universitaires d’architecture du Canada qui offrent un programme agréé » dans le
chapitre 1.5 – Admission à la profession.

Certains architectes qui enseignent font également de la recherche. Bien des architectes enseignent
également dans divers collèges communautaires, écoles techniques ou cégeps (collèges
d’enseignement général et professionnel, au Québec), qui forment des technologues en architecture,
des designers d’intérieur et des techniciens dans diverses branches de l’industrie de la construction.
Les écoles d’architecture peuvent également inviter des architectes praticiens à agir comme mentors,
tuteurs ou membres d’un jury pour commenter les projets étudiants (critiques).

Les architectes peuvent aussi travailler en recherche fondamentale ou appliquée. Il existe des
occasions d’emploi dans divers organismes gouvernementaux et universités, ainsi que chez des
fabricants de produits de construction et certains instituts de recherche spécialisés.

Architectes en construction et développement immobilier

On voit de plus en plus de personnes ayant une formation en architecture s’orienter directement
dans l’industrie de la construction ou le développement immobilier. En tant que designers,
planificatrices et gestionnaires, elles peuvent apporter d’importantes compétences à ce secteur de
l’économie. Les carrières suivantes sont à leur portée :

promoteur immobilier;

gérant de construction;

entrepreneur;

design-constructeur;

agent immobilier.

Les promoteurs ont souvent leur propre personnel chargé de la planification et de la coordination
des experts-conseils dans la prestation des services de conception et nombre d’entrepreneurs
travaillent en mode design-construction et engagent directement les architectes. Les architectes qui
possèdent des compétences dans les domaines suivants peuvent avoir un profil particulièrement
intéressant pour les constructeurs et les promoteurs :

marketing;
études de faisabilité économique;

résolutions de problèmes conceptuels;

conformité aux codes du bâtiment;

planification des travaux de construction;

estimation et examen des budgets des projets;

administration des contrats de construction.

Les architectes occupent parfois des postes de direction dans le processus de développement et de
construction; en fait, le nombre de firmes de design-construction dirigées par des architectes est en
hausse, particulièrement aux États-Unis.

Les architectes doivent vérifier auprès de leur ordre d’architectes provincial ou territorial si les
services qu’ils fournissent et les rôles qu’ils assument dans une firme de design-construction sont
conformes aux règlements.

Architectes au sein d’organisations non gouvernementales

Les architectes peuvent travailler pour des organisations non gouvernementales (ONG) impliquées
dans l’aide d’urgence, la coopération et le développement (ex. : Architecture sans frontières), ainsi
que pour des groupes de défense liés, entre autres, à la pratique professionnelle (ex. : Institut royal
d’architecture du Canada (IRAC), ordres d’architectes provinciaux ou territoriaux), à la conception
durable (ex. : Conseil du bâtiment durable du Canada, BREEAM, Passive House), ou à la conservation
du patrimoine (ex. : ICOMOS, APTi, Fiducie nationale du Canada, Fiducie du patrimoine ontarien,
Heritage Toronto, Action patrimoine, Héritage Montréal, Association québécoise pour le patrimoine
industriel (AQPI), etc.).

Les architectes impliqués dans ces organisations peuvent élaborer des règlements, politiques, cadres,
meilleures pratiques ou lignes directrices de conception provenant de diverses sources (reliées à la
santé, aux hypersensibilités environnementales, aux aspects juridiques, à la recherche), ainsi que des
cours de formation, des programmes de sensibilisation du public et des visites de sites. Ces activités
offrent des possibilités de partager les connaissances et les expériences, d’orienter la profession, de
réseauter et d’exercer un impact positif sur la société.

Architectes comme membres de panels d’examen de design

Les architectes peuvent jouer un rôle officiel dans divers panels publics d’examen de design ou
comités consultatifs sur la planification municipale ou la préservation du patrimoine. Ils peuvent
aussi agir comme membres d’un jury d’attribution de prix en architecture (ex. : Médailles du
gouverneur général en architecture, Prix d’excellence de Canadian Architect, programmes de prix des
ordres et associations d’architectes provinciaux et territoriaux).

Architectes comme témoins experts indépendants

Les architectes peuvent aussi agir en qualité de témoin expert lorsque les défaillances d’un bâtiment
ou d’un projet ont donné lieu à une médiation, un arbitrage ou un litige. La complexité croissante des
technologies du bâtiment, les attentes toujours plus élevées de nombreuses parties prenantes des
secteurs de la conception, de la construction et de l’exploitation des bâtiments, et une tendance
croissante à l’égard de l’aversion au risque et du transfert des risques ont donné aux architectes
ayant des compétences spécialisées des occasions d’apporter des éclaircissements dans les
processus de résolution des différends.

Voir également le chapitre 3.10 – Autres services fournis par un architecte, Annexe A – L’architecte
comme témoin expert pour un supplément d’information.

Autres rôles des architectes

Une formation en architecture est souvent utile dans beaucoup d’autres secteurs d’activité. Au-delà
de l’architecture, il est possible de faire carrière dans des domaines tels que le design, l’urbanisme et
la construction et la prestation de services-conseils spécialisés. De nouvelles occasions de carrière
s’offrent aux architectes qui désirent poursuivre des études dans des professions connexes et devenir
des spécialistes dotés d’un bagage dans diverses disciplines telles que :

architecture et ingénierie;

architecture, urbanisme et design urbain;

architecture et droit;

architecture et administration des affaires;

architecture et planification d’installation;

design informatique;

spécialisation des données;

gestion de l’information numérique;

gestion des modèles de la MDB;

gestion de l’intégration;

consultation en durabilité;
modélisation énergétique;

gestion de projets ou représentation de clients;

conception d’environnements informatiques virtuels;

médiation et arbitrage;

enquêtes scientifiques.

Consulter la page « Devenir architecte » du site Web de l’IRAC pour une liste d’emplois non
traditionnels offerts aux architectes. (https://raic.org/fr/raic/devenir-architecte).

Références

CUFF, Dana. Architecture: The Story of Practice, Boston, MA, Massachusetts Institute of Technology
Press, 1991.

FARRELL, Terry. « The Farrell Review of Architecture and the Built Environment », The Farrell Review,
2017, www.farrellreview.co.uk/download, consulté le 11 septembre 2020.

INCLUSIVE DESIGN RESEARCH CENTRE – OCAD UNIVERSITY. What is Inclusive Design,


https://idrc.ocadu.ca/about-the-idrc/49-resources/online-resources/articles-and-papers/443-
whatisinclusivedesign, consulté le 11 septembre 2020.

LEWIS, Roger K. Architect? A Candid Guide to the Profession, édition révisée, Cambridge, MA,
Massachusetts Institute of Technology Press, 1998.

NORTHWEST TERRITORIES ASSOCIATION OF ARCHITECTS. Toolkit for Building Projects: From Concept
to Construction, 2014, http://nwtaa.ca/files/docs/nwtaa-toolkit-for-building-projects-web.pdf,
consulté le 11 septembre 2020.

ORDRE DES ARCHITECTES DU QUÉBEC. Livre blanc pour une politique québécoise de l’architecture,
mars 2019, www.oaq.com/fileadmin/Fichiers/Publications_OAQ/Memoires_Prises_position/LIV-
PQA-20180410.pdf, consulté le 11 septembre 2020.

ORDRE DES ARCHITECTES DU QUÉBEC. Référentiel de compétences lié à l’exercice de la profession


d’architecte au Québec, mai 2017,

https://www.oaq.com/wp-content/uploads/2020/02/Referentiel_competences_2018.pdf, consulté
le 11 septembre 2020.
ROYAL INSTITUTE OF BRITISH ARCHITECTS. Guide to Using the RIBA Plan of Work 2013, London, RIBA
Publishing, 2013.

T 1-844-856-RAIC | mcpa@raic.org

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