RAÏ, Musique

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RAÏ, musique

Table des matières


1. Auteur
2. Médias
3. Introduction
4. Essor du raï
5. Expansion du raï
6. Pour citer l’article
7. Classification
8. Articles liés

AUTEUR
Eugène LLEDO : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore

Apparu dans les années 1970 en Algérie, le raï devient rapidement la musique populaire
dominante parmi les jeunes du Maghreb. Il s'inspire de diverses sources : le rock, les
musiques orientales et rurales. Son développement est indissociable de l'apparition de la
cassette audio.

En France, on a coutume de désigner par le vocable raï (qui signifie, en arabe, « l'opinion »)
l'ensemble des musiques algériennes populaires et électriques. Cette généralisation est
abusive, car le raï, musique moderne d'Oran et de l'ouest de l'Algérie, constitue un genre à
part entière, nettement distinct d'autres formes musicales algériennes, comme la chanson
kabyle, illustrée par Idir ou Lounès Matoub.

Essor du raï
Parmi les diverses sources qui ont alimenté le raï, retenons le melhoun, souvent porté par
des accompagnements bédouins traditionnels (tambours sur cadre, percussions guellal*,
flûtes droites en roseau) ; cette poésie chantée qui avait fini par subir l'influence de la
musique orientale populaire égyptienne va servir de réservoir thématique principal au raï.

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Khaled
Le chanteur algérien Khaled en concert en 2010 lors d'un festival de musique du monde dans la ville de
Dun Laoghaire en Irlande.

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C'est dans un contexte d'ébullition musicale que, dans les années 1970, l'Algérien Khaled
(Khaled Hadj-Brahim), un jeune chanteur et instrumentiste touche-à-tout, s'inspire des
groupes pop marocains en vogue Jil Jilala et Nass El Ghiwane pour opérer la rencontre
entre la tradition orientale arabophone, la musique berbère et le rock. Dans les années 1980,
s'opposant aux musiques que l'on peut écouter dans le cercle familial – chaabi algérois et
malouf constantinois –, le raï d'Oran va utiliser des textes parfois crus sur des
orchestrations mêlant la guitare électrique, l'accordéon et la darabukka (percussion en
gobelet). L'existence d'un circuit de cabarets et de discothèques à Oran et dans sa région
facilite la diffusion de ce « pop raï », qui aborde des sujets souvent tabous – le sexe libre,
l'alcool – et se détache de la musique traditionnelle des cheikh* et des cheikhate*. Le boom
de la cassette audio analogique, les nombreuses occasions sociales (mariages...) et l'arrivée
sur le marché d'instruments polyvalents et de prix abordable vont favoriser l'essor rapide
d'une musique populaire métisse, souvent perçue comme un champ de liberté au sein d'une
société largement islamisée et dominée par la caste des militaires. Les premiers synthétiseurs
et claviers associés aux boîtes à rythmes permettent aux petites formations de compléter le
support rythmique des percussions traditionnelles.

Le son du raï subit également l'influence du rock (les accompagnateurs sont souvent
d'anciens rockers), de la soul et du reggae, cette dernière musique étant extrêmement
populaire en Algérie dès la fin des année 1970. Par ailleurs, celle qui sera une des références
majeures des chebs (« jeunes »), Cheikha Djenia, a beaucoup écouté la musique populaire
égyptienne, celle de Farid el Atrache, notamment.

1985 est l'année de la consécration pour Khaled, qui fait sa première apparition à la
télévision algérienne malgré les réticences des autorités. Dans un autre registre, Houari
Benchenet, plus respectueux de la tradition, refuse l'esthétique des chebs et leur vibrato
appuyé. De son côté, Bouteldja Belkacem, qui avait perpétué les airs des cheikhate mais
aussi des meddahate*, introduit la trompette et raconte des histoires du quotidien.

Expansion du raï
De l'autre coté de la Méditerranée, alors que s'amorce la vague de la world music, dont Paris
est l'épicentre, le festival de Bobigny de 1986 donne le départ de la médiatisation du
phénomène raï. La chanteuse Chaba Fadela s'y produit après une éclipse : en 1983, elle y
avait interprété son succès N'sal fik (« Tu es à moi »), avec son mari Cheb Sahraoui,
chanteur aux mélismes* rappelant le flamenco. L'influence arabo-andalouse est encore plus
sensible dans le chant de Cheb Hamid, un interprète qui se situe dans la plus pure tradition
des artistes semi-professionnels du bled.

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Lounès Matoub
Né en 1956, le poète et chanteur berbère Lounès Matoub, chantre de la laïcité et de la culture kabyle, est
enlevé par le Groupe islamique armé le 25 septembre 1994. Libéré quinze jours plus tard, il sera
assassiné le 25 juin 1998, vraisemblablement par un commando d'intégristes. Il...

Les années 1990 sont marquées en Algérie par des événements sanglants qui touchent les
musiciens : le chanteur de « raï love » Cheb Hasni et le poète berbère Lounès Matoub sont
assassinés, le premier le 29 septembre 1994, le second le 25 juin 1998.

Par ailleurs, l'absence de gestion collective du droit d'auteur en Algérie et le système de


création des œuvres fondé sur le retraitement d'un matériaux mélodique et textuel
traditionnel posent le problème de la réelle originalité des chansons. Cela se traduit par des
conflits entre artistes au sujet de la paternité des œuvres, un phénomène courant dans les
musiques populaires (le rock and roll ou la musique africaine moderne en fournissent
d'autres exemples). L'expansion du raï hors de l'Algérie sera également longtemps freinée
par le mode de diffusion des boutiques du quartier parisien de Barbès, qui lèse les artistes :
pas de droit d'auteur, pas de versement proportionnel aux ventes.

En 1992, l'album Didi de Khaled est produit par une major, Barclay, et fait danser les jeunes
de toute origine, ce qui sort cette musique de son cadre communautaire. La musique des
cabarets oranais s'est, au passage, largement adaptée aux oreilles occidentales, même si
l'ancien cheb redécouvre les racines arabo-andalouses de sa musique. Les rythmes à 6/8
(marocains ou égyptiens) et 4/4 dédoublés laissent la place à des boucles de batterie

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échantillonnées qui rappellent le hip-hop. Les arrangements programmés à l'aide


d'ordinateurs remplacent le charme désuet des synthétiseurs bons marché qui dialoguaient
avec la voix dans le prélude (stirba*).

Cheb Mami, qui avait commencé en touchant la jeunesse algérienne dorée, opte pour une
production à l'américaine et finit par enregistrer un duo avec Sting (ex-membre du groupe
de rock-pop The Police).

Devant les difficultés qu'ils éprouvent à se voir reconnaître le statut de musicien dans leur
pays, pour fuir la violence et les luttes fratricides, beaucoup d'artistes algériens vont
s'installer en France, à l'image du multi-instrumentiste Mohamed Margni, sans doute
l'arrangeur le plus créatif de sa génération.

Cheikha Rimitti, une ancienne danseuse et chanteuse itinérante dont le répertoire a été
largement pillé par les chanteurs de raï, perpétue l'héritage d'une musique de Bédouin
adaptée au cabaret mais toujours en marge des structures sociales.

En France, suivant les traces du groupe précurseur Raïna Raï, d'autres artistes travaillent
dans des directions personnelles qui s'éloignent du style oranais. Rachid Taha, ancien
membre du groupe lyonnais de rock orientalisé Carte de Séjour, habille sa voix et ses
rythmes chaabi de sonorités électroniques ; Youssef et son Orchestre national de Barbès
tentent la fusion entre les rythmes du Maghreb et la musique improvisée ; Faudel touche un
large public en utilisant parfois le français, alors que le chanteur d'origine berbère
Takfarinas est attiré par la dance music. Même le rap en arrive à intégrer des sons orientaux
(Tonton du bled, par le groupe 113).
— Eugène LLEDO

POUR CITER L’ARTICLE

« RAÏ, musique ». Dans Encyclopædia Universalis [en ligne]. Consulté le 8 avril 2023 sur http://
www.universalis-edu.com/encyclopedie/rai-musique/
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