MONGE S Bastien

L’assurance
dommages-
ouvrage
Colloque « expertise, conciliation & médiation », le vendredi 17 mai 2019

L’assurance dommages-ouvrage
1 Définitions - généralités
- Les textes:
Article 1792 du code civil
Article L 242-1 du code des assurances
Les clauses types : Annexe 2 à l’article A 243-1 du code des assurances
- Assurance de chose.
Objectif : indemnisation rapide et complète de la victime de dommages de nature
décennale.
- Assurance obligatoire
• Clé de voute du système d’assurance obligatoire dit « à double détente » :
priorité à la réparation rapide des dommages par pré financement avant toute
recherche des responsabilités.

• La Dommage ouvrage (DO) est obligatoire selon les conditions

de l’article L242-1 du code des assurances. Le propriétaire doit
souscrire avant l’ouverture de chantier une assurance garantissant
en dehors de toute recherche de responsabilités, le paiement de la
totalité des travaux de réparation des dommages de la nature de
ceux dont sont responsables les constructeurs au sens des
articles 1792 et suivants du code civil .

2 Assujettis à l’obligation et bénéficiaires de l’assurance DO
• Les assujettis à l’obligation d’assurance DO

Article L 242-1 : propriétaire, vendeur, mandataire du propriétaire
Article L 242-2 : promoteur immobilier
• Les non assujettis

• L’Etat
• Les personnes morales de droit public (sauf habitation)
• Les personnes morales de droit privé qualifiées de « grands
risques ». CA sup à 12,8 M€, bilan sup à 6,2 M€, plus de 250
personnes (sauf habitation)
• Les personnes morales de droit privé dans le cadre d’un PPP avec
l’Etat et ses établissements (sauf habitation)

3 Assujettis à l’obligation et bénéficiaires de l’assurance DO
• les bénéficiaires de l’assurance dommages-ouvrage

Le propriétaire de l’ouvrage au moment du paiement de l’indemnité, sauf clause
contraire.
( Cass. 3e civ. 15 sept 2016. 15-21630)
Cas particuliers : le crédit-bail; la copropriété

4 Point de départ et durée de la garantie DO
• Point de départ : un principe et 2 exceptions. L 242-1
Principe : après l’expiration du délai de la GPA, soit 1 an après la

réception.
Exceptions sous certaines conditions :

- avant réception : indemnisation des travaux de réparation des
dommages de nature décennale si MED suivie de la résiliation du
marché de l’entrepreneur pour inexécution de ses obligations.
- en première année de GPA : indemnisation des travaux de

réparation des dommages de nature décennale après MED de
l’entrepreneur par LRAR restée infructueuse. (clauses-types
annexe II)

4 Point de départ et durée de la garantie DO
• Durée de la garantie
La garantie prend fin à l’expiration du délai de 10 ans à compter de la réception.

vocation à couvrir les dommages de nature décennale survenus dans le délai de
dix ans.
(définition du sinistre dans les clauses-types : survenance de dommages ayant
pour effet d’entrainer la garantie)
Mais la garantie DO peut être mise en jeu dans le délai de deux ans à compter de la
connaissance du sinistre survenu dans le délai décennal. (prescription biennale :
L114-1 du code des assurances)
Durée 10… +2

5 Objet de la garantie
La construction assurée : la construction faisant l’objet du

contrat
Définition de l’ouvrage assuré : les travaux neufs et les ouvrages

existants totalement incorporés dans l’ouvrage neuf.
Tous les travaux qui ont fait l’objet de la perception d’une prime

6 Nature des dommages garantis
• La garantie obligatoire des dommages dits de nature décennale
Dommages de la nature « physique » de ceux relevant de la responsabilité décennale.

(L 242-1 et clauses-types)
Ceux compromettant la solidité de l’ouvrage ou le rendant impropre à sa destination.
-avant réception, conditions
-pendant le délai de GPA, conditions
-au-delà du délai de GPA
Cas particuliers :
Dommages de nature décennale consécutifs à une absence d’ouvrage: prise en
charge des travaux non prévus s’ils sont nécessaires à la réparation des
dommages. Position ferme de la jurisprudence.
Prise en charge des dommages affectant les existants totalement incorporés dans
l’ouvrage neuf depuis l’ordonnance du 8 juin 2005.

7 les garanties facultatives
1) Dommages affectant les éléments d’équipement dissociables :

garantie de bon fonctionnement. (art 1792-3 du code civil)
- nature de la garantie, point de départ et durée.
- champ d’application : les seuls éléments d’équipement destinés
à fonctionner, conformément à la jurisprudence de la Cour de
cassation.
2) Dommages immatériels
- définition, nature et durée de la garantie,
3) Dommages aux existants non incorporés dans l’ouvrage neuf.

- définition des existants,
- étendue et durée de la garantie ( selon la Convention de sept
2005 entre l’Etat, les assureurs et maitres d’ouvrage)

8 Montant de la garantie
• Garantie obligatoire sans plafond pour les constructions destinées

à l’habitation. (clauses-types révisées 2009. Arrêté du 19/11/2009)
• Garantie obligatoire plafonnée dans le secteur « hors habitation »
au coût total de construction déclaré aux CP du contrat, et dans la
limite de 150M€ si l’opération dépasse cette somme.
• Illégalité de la franchise en garantie obligatoire
• En garantie facultative :
Licéité du plafond de garantie
Licéité de la franchise

9 Destination de l’indemnité, une dérogation au principe indemnitaire.
Obligation d’affectation de l’indemnité à la réparation des

dommages.
Jurisprudence de la Cour de cassation Civ. 3e 17 déc. 2003. Au visa

de L 242-1 code des assurances
Sanction possible : l’action en répétition de l’indû

10 Exclusions de garantie autorisées.
Clauses types :
- Effets de l’usure normale, du défaut d’entretien ou de l’usage
anormal,
- Effets de la cause étrangère :
Fait du maître d’ouvrage
Fait du tiers
Force majeure

Les délais en DO?
• J réception de la déclaration
• J+10 : Assureur a 10j pour signifier à l’assuré que la déclaration est
incomplète et donc n’est pas constituée (n° contrat, adresse du
risque, …)
• J+15 : offre d’indemnité à 1800 € max (sans désignation d’expert) ou
refus de garantie si manifestement pas de garantie
• J+60 : pour notifier sa décision quant à la mise en jeu des garanties
prévues au contrat
• J+90 : pour présenter une offre d’indemnité et communiquer le rapport
de l’expert
• J+90+135 : dans le cas d’une difficulté exceptionnelle, pour présenter
une offre d’indemnité
• L’assureur a 15 j pour verser l’indemnité après l’acceptation

Les délais en DO
• Délai de 60 J à compter de la réception de la déclaration de sinistre

pour notifier à l’assuré sa décision quant au principe de la mise en
jeu de la garantie (sanction en cas de non-respect : garantie
acquise). L’expert dépose avant cette notification le « rapport
préliminaire »
• En cas d’acceptation de cette garantie, l’offre d’indemnité doit être
présentée dans les 90 J
• Dans le cas de difficultés exceptionnelles dues à la nature ou
l’importance du sinistre, l’assureur peut proposer (lorsqu’il notifie son
accord de principe) la fixation d’un délai supplémentaire qui ne peut
excéder 135 J, soit un total de 225J (sanction en cas de non-
respect : le bénéficiaire peut engager les travaux). L’expert dépose
avant cette offre d’indemnité le « rapport d’expertise »

Règlement de l’indemnité
En cas d’acceptation de l’assuré

L 242.1 règlement dans les quinze jours
En cas de désaccord de l’assuré

Clauses types : avance au moins égale aux ¾ de
l’offre indemnitaire

Le recours de l’assureur dommages-
ouvrage.
• Recours subrogatoire en application de l’article L 121-12 du code des assurances.
• Deuxième détente du système d’assurance DO
• 1er outil : l’opposabilité des opérations d’expertise amiable

Clauses types B 1° b, et jurisprudence bien établie depuis un arrêt du 17
janvier 1990 (civ.1ere)
Importance du respect du contradictoire pour l’exercice des recours
Respect des formalités prescrites par les clauses types : convocations et
consultations pour avis
Rapport complémentaire fournissant les éléments propres à étayer les
recours (remplacé en pratique par les éléments fournis en
parallèle aux rapports préliminaire et d’expertise)
Obligations de l’assuré, clauses types A4°b et c (accès aux lieux du
sinistre, autoriser les investigations,…)
• 2eme outil : la présomption de responsabilité des constructeurs. L’assureur DO

bénéficie de la présomption de responsabilité édictée par
l’article 1792 du code civil.
• Point de vigilance : la prescription de l’action (expiration du délai de 10 ans pour la

RCD et 2 ans pour la GBF)
Le recours de l’assureur dommages-
ouvrage.
L’assurance DO est une assurance de préfinancement, mais il existe
des « angles morts »
• Garantie DO avant réception : l’assureur DO ne peut pas engager

de recours sur le fondement des articles 1792 et suivants
(mais un recours à l’encontre des constructeurs sur le fondement de
la RC de droit commun reste possible).
• Dommage survenu dans le délai de 10 ans mais déclaré à

l’assureur DO après l’expiration du délai de 10 ans : plus de
recours à l’encontre des constructeurs.
(sauf l’éventuel recours contre l’assuré, dont la faute aurait privé
l’assureur DO du bénéfice de la subrogation L 121-12 al 2)

Obligations de l’expert DO
• Les opérations de l’expert revêtent un caractère contradictoire vis-à-vis

de l’assuré (qui peut se faire assister).
• Obligation de l’expert : consulter pour avis assuré, intervenants et

assureurs chaque fois que l’expert l’estime nécessaire et
impérativement avant dépôt des 2 rapports.
• Possibilité, en cas de contestation de l’assuré, du versement du 3/4

du montant des dommages (avance forfaitaire) et de notifier sa
position définitive au vu du rapport complémentaire.

La Convention CRAC
Objectifs
• réduire le coût de gestion des sinistres relevant de la loi du 4

janvier 1978
• assurer le règlement rapide et équitable des sinistres entre les

sociétés adhérentes en accélérant le remboursement de l’assureur
DO

La Convention CRAC
Les principes de la convention CRAC
• Convention CRAC : principe de l’expert pour compte commun

(expert sur la liste des experts CRAC)
• Assureur DO exerce son recours contre les assureurs de

responsabilité sous déduction du TM (1600 €) mais incluant 50% des
honoraires et frais d’expertise
• La convocation des constructeurs, sous-traitants est interruptrice de

la prescription à l’égard des assureurs

La Convention CRAC
Mission de l’expert commun
• Mission plus étendue que celle résultant des clauses types DO
• Mission conforme aux clauses types DO : établissement, dans le respect des délais auxquels
l’assureur DO est soumis, des rapports préliminaire, d’expertise et complémentaire
• Respect du principe du contradictoire (convocations, consultations pour avis, envoi des

rapports)
• Missions complémentaires : établir et déposer en même temps un dossier commun

d’instruction (DCI) à l’intention de tous les assureurs concernés
• Le DCI doit permettre à tous les assureurs concernés (DO et responsabilités) de régler leur
dossier.
• Proposer un partage de responsabilités entre les différents intervenants et établir la

fiche d’application du barème de la Convention

La Convention CRAC
Les seuils de la convention CRAC
• Si l’indemnité est < 1600 € (ticket modérateur : TM), l’assureur DO

ne présente pas de recours
• Si l’indemnité est comprise entre 1600 € et 135 000 euros, l’expert

DO intervient pour compte commun avec recours sur les assureurs
RCD
• Avenant n°1 :
• procédure accélérée si le sinistre est < 1 600 €, rapport unique à
déposer avant 60J
• procédure contradictoire si le sinistre est > 135 000 €
• Économiste de la construction si coût > 25.000 €

La Convention CRAC
Barème CRAC et Recours

• L’expert DO doit permettre le recours de l’assureur DO sur les
assureurs de responsabilité et pour ce faire doit :
• - proposer un partage de responsabilités à l’ensemble des assureurs
sur la base de son analyse contractuelle et technique
• - déterminer le cas barême de préfinancement
• Les critères de préfinancement sont répartis à partir d’un fichier des

pathologies classé en 20 fiches techniques.
• Il s’agit d’une ventilation forfaitaire en vue du préfinancement des

dommages à verser par l’assureur DO.
• La codification fait référence à des critères sur la base d’une cause

technique et de son imputabilité (acteur concerné) :

La Convention CRAC
Démarche en vue de déterminer le cas barême de préfinancement
Conception
• Conception générale (imputabilité maîtrise d’œuvre)
• Conception calculs (imputabilité bureau d’études)
• Conception adaptation pour exécution (imputabilité entreprise)
Exécution
• Incident isolé d’exécution (entreprise)
• Incident généralisé d’exécution décelable
• Incident généralisé d’exécution non décelable
Matériaux ou procédés
• EPERS (1792-4 du code Civil, « conçu et produit pour satisfaire en
état de service, à des exigences précises et déterminées à l’avance »)
• Non EPERS

La Convention CRAC
Barème CRAC

Gestion des sinistres
Pièces nécessaires en vue de l’expertise
• Eléments indispensables
• Déclaration d’ouverture du chantier ou date de démarrage des travaux
(pour vérifier si l’assureur est bien identifié)
• Procès-verbal de réception, ou la date supposée de la réception (
réception tacite)
• Date d’apparition des désordres (souvent différente de la date
déclarée)
• Pièces contractuelles (CCTP, devis, factures…)
• Pièces nécessaires à la compréhension du dossier (plans, CR de
chantier, échanges…)
• Existence d’un sous traitant, d’un maître d’œuvre
• Cas particulier : litige installation de chauffage : étude thermique,
notice des équipements

Rappels en vue de l’expertise
Bon à savoir
• Les conventions ( CRAC, convention relative à l’expertise amiable et

contradictoire) entre assureurs ne sont pas opposables aux assurés.
• Le non respect des délais légaux entraînent une sanction sur la

garantie et la prise en charge
• Pour s’exonérer de 1792 du CC, l’entrepreneur doit prouver la cause

étrangère (règle valable pour l’expert DO ou RCD)

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