SÉGNOU Étienne. Le Nationalisme Camerounais..
SÉGNOU Étienne. Le Nationalisme Camerounais..
SÉGNOU Étienne. Le Nationalisme Camerounais..
Résumé
Des pays colonisés du monde ayant connu une guerre d’indépendance, le Cameroun est le seul
dont la guerre reste aujourd’hui cachée méconnue, mal connue et même inconnue. La guerre
d’indépendance du Cameroun a duré seize ans et a causé plusieurs centaines de milliers de morts
chez les populations camerounaises. Elle opposa la France aux nationalistes camerounais sur la
question de l’indépendance du Cameroun. Cette guerre est depuis lors niée par les autorités
françaises et camerounaises. Hors mis la guerre d’indépendance, le Cameroun a connu de
nombreuses autres luttes nationalistes avant la période de son indépendance. Quelle est la place
de ce long passé nationaliste dans les programmes et les manuels d’histoire du système éducatif
camerounais ? Telle est préoccupation centrale de la présente communication. Les résultats
montrent que le nationalisme camerounais est largement dévalorisé dans lesdits programmes
et manuels d’histoire. Les enjeux de cette dévalorisation sont idéologiques, politiques,
économiques et socioculturels.
Mots clés
Introduction
1 L’indépendance du Cameroun français a eu lieu le 1er janvier 1960 et sa réunification avec le Cameroun
britannique a eu lieu le 1er octobre 1961.
2 Union de Populations du Cameroun. Le plus vieux parti politique du Cameroun créé en 1948 à Douala et qui
ensuite3. Ce qui enfanta une longue guerre entre la France et les nationalistes de l’UPC. Cette
guerre dura seize ans (1955 – 1971)4 et causa plusieurs centaines de milliers de morts du
côté camerounais. Ce conflit fut l’un des plus importants menés par l’armée française sur le
continent africain, après celui de l’Algérie. Mais à la différence de la guerre d’Algérie, la guerre
d’indépendance du Cameroun est largement méconnue tant par la communauté
internationale que par les Français et même les jeunes Camerounais. Cela parce qu’elle fut
soigneusement cachée durant son déroulement, et évacuée plus tard de la mémoire collective
camerounaise. Comment donc les programmes et manuels d’histoire du Cameroun traitent‐
ils le passé nationaliste de ce pays ? L’hypothèse du présent travail est la suivante : en raison
des enjeux politiques, économiques et socioculturels, le nationalisme camerounais est dévalorisé
dans les programmes et manuels d’histoire. Par conséquent, la place qui lui y est accordée ne
peut permettre à la jeunesse camerounaise de posséder une connaissance suffisante de ce
nationalisme afin d’avoir une plus grande conscience de son identité culturelle. Pour le vérifier,
nous avons mené une étude qualitative et quantitative desdits programmes et manuels afin
d’analyser le traitement qui y est réservé au passé nationaliste du Cameroun. Ensuite, nous
avons étudié l’impact que ce traitement a sur le niveau de connaissance que les jeunes
scolaires ont de ce passé. Enfin, nous avons dégagé les enjeux que cache le type de traitement
alloué à ce passé dans les outils pédagogiques d’histoire du Cameroun.
Avant toute chose, il importe d’abord de retracer, ne serait‐ce que brièvement, l’histoire du
nationalisme camerounais ; ce qui permettra de mieux cerner la profondeur de la
problématique de la présente recherche, ainsi que ses enjeux.
Les secondes luttes des Camerounais contre la domination étrangère furent les résistances
qu’ils menèrent contre la pénétration et la conquête coloniale allemande. Mais ces résistances
furent vaincues et le territoire camerounais conquis par l’Allemagne qui y institua un système
3 Pour plus d’information sur l’histoire des luttes de libération nationale au Cameroun, lire principalement Richard
Joseph, Le mouvement nationaliste au Cameroun, Paris, Karthala ; Achille Mbembé, (1996), La naissance du maquis
dans le Sud‐Cameroun, Paris, Karthala, 1984, 414 p. ; Ferdinand Chindji‐Kouleu, Histoire cachée du Cameroun,
Yaoundé, Saagraph, 2006, 352 p. ; Daniel Abwa, Cameroun : histoire d’un nationalisme (1884‐1961), Yaoundé, Clé.
2010, 412 p. ; Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de
la Françafrique 1948‐1971, Paris, La Découverte, 2011, coll. « Cahiers libres ». 744 p.
4 La première guerre d’indépendance est allée de 1955 à 1960 et a opposé la France aux nationalistes tandis que
la seconde est allée de 1960 à 1971 et a opposé l’État camerounais, soutenu par l’État français et l’armée française,
aux nationalistes.
5 Pour plus de détails, lire Verkijika G. Fanso, « Commerce et hégémonie sur la côte du Cameroun (1879‐1887) »,
dans Martin Z. Njeuma, dir., Histoire du Cameroun (XIXe s. – début XXe s.), Paris, L’Harmattan, 1989, p. 99‐133.
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SÉGNOU, Étienne. « Le nationalisme camerounais dans le programmes et manuels d’histoire : réalités et enjeux ».
HistoireEngagee.ca (16 avril 2014), [en ligne]. http://histoireengagee.ca/?p=4178.
URL : http://www.un.org/fr/documents/charter/chap12.shtml.
10 Cette répression de mai 1955 est plus connue sous le nom des émeutes de mai 1955. Elle toucha de nombreuses
villes dans le Sud du Cameroun où les Camerounais manifestaient massivement pour revendiquer l’indépendance
de leur pays.
11 En fait, au départ, l’UPC n’avait pas prévu mener ses revendications par la voie des armes, mais pacifiquement.
C’est l’intransigeance et la brutalité de l’administration coloniale française qui l’accula à la guerre. Toutes les
sources le confirment aujourd’hui, dont la plus récente est l’ouvrage de Thomas Deltombe, Manuel Domergue,
Jacob Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre… Ces auteurs expliquent en effet que, dans une proclamation commune datée
du 22 avril 1955, l’UPC réaffirmait sa volonté d’acquérir l’indépendance du Cameroun sans qu’une « seule goutte
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SÉGNOU, Étienne. « Le nationalisme camerounais dans le programmes et manuels d’histoire : réalités et enjeux ».
HistoireEngagee.ca (16 avril 2014), [en ligne]. http://histoireengagee.ca/?p=4178.
une longue guerre entre les deux protagonistes ; guerre qui dura seize ans et causa des
centaines de milliers de morts civiles au Cameroun.
Par ailleurs, la France avait, parallèlement à son projet d’élimination des nationalistes, signé
des accords de coopération et de défense avec les Camerounais qu’elle avait soigneusement
sélectionnés et installés au pouvoir au Cameroun14. Ces accords avaient permis à l’armée
française de poursuivre son intervention militaire au Cameroun contre les combattants de
l’UPC jusqu’en 1964, c’est‐à‐dire quatre ans après l’indépendance15. Et durant ses
interventions militaires au Cameroun, l’armée française a commis de nombreuses atrocités
contre les populations civiles, cela en raison de l’emploi des techniques de guerre employées
en Indochine et en Algérie (regroupement des populations, massacres, propagandes,
bombardements aériens, Napalm16. En outre, ces accords avaient permis à la France de
maintenir son contrôle et sa domination absolue sur le Cameroun malgré l’accession de ce
de sang » ne soit versée (p. 179). Lire aussi Daniel Yagnye Tom, L’UPC face au marasme camerounais, Paris,
L’Harmattan, 2004, p. 39.
12 Pierre Messmer, Les blancs s’en vont. Récit de la décolonisation, Paris, Albin Michel, 2000, p. 115.
13 En ce qui concerne le caractère répressif et dictatorial du régime d’Ahmadou Ahidjo, l’ouvrage de Thomas
Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre… donne assez de détails dans la quatrième
partie de l’ouvrage intitulée « Une dictature françafricaine », principalement dans les chapitres 26 (Le dictateur
s’installe (1961‐1963), p. 481‐501), 29 (Soumission des esprits et « croisades antiterroristes » (1962‐1964)
p. 541‐557) et 30 (À l’ombre du parti unique (1965‐1966) p. 558‐580). Dans ces chapitres, il est fait étalage de
l’existence au Cameroun de « La chasse aux “subversifs” », des « Centres secrets d’“internement administratif” et de
“rééducation civique” », des « camps de regroupement », de politique de terreur : « exécutions publiques, massacres
collectifs, têtes coupées, torture,… », D’encouragement à la « délation », institution des « confessions publiques », de
l’endoctrinement, du « lavage de cerveau » et du « bourrage des crânes »…
14 Ibid., p. 14‐16.
15 Les premiers accords de coopération et de défense entre la France et Cameroun avaient été signés dès le 30
décembre 1958. Accords provisoires au départ, ils sont devenus définitifs par la suite par leur renouvellement en
1959, 1960, 1961 et 1962, et même dans les années 1970.
16 Pour le cas précis de l’emploi du Napalm, la question reste encore objet à polémique. Il existe des témoignages
de Camerounais attestant de leur utilisation (regarder le film documentaire de Gaëlle Le Roy et Valérie Osou,
(2008), Cameroun, autopsie d’une indépendance). Mais les sources scientifiques sont prudentes et n’en parlent
qu’au conditionnel. C’est le cas de l’historien militaire Gabriel Périès, parlant des opérations de bombardements
aériens menés au Cameroun, qui affirme, dans le film documentaire ci‐dessus cité, ceci : « Ces opérations, en ce qui
concerne le Cameroun, auraient impliqué l’emploi du napalm… ». Lire aussi Thomas Deltombe, Manuel Domergue,
Jacob Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre…, p. 420‐422.
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pays à l’indépendance. Par la suite, ils ont servi de modèle à la décolonisation des autres
territoires d’Afrique noire francophone ; et par conséquent, ont servi de base à
l’institutionnalisation du néocolonialisme français dans ces territoires.
Cela dit, le Cameroun est détenteur d’une très longue histoire nationaliste. Mais, étonnement,
cette histoire est frappée d’un oubli volontaire et involontaire assez remarquable. Très peu
d’ouvrages en parlent. Même l’ouvrage d’Yves Benot, Massacres coloniaux (2005), consacré
pourtant à l’étude des atrocités humaines commises par la France dans ses anciens territoires
coloniaux, ne cite pas le cas du Cameroun. La plupart des productions (ouvrages,
documentaires…) de chercheurs présentent toujours la décolonisation de l’Afrique noire
francophone comme ayant été pacifique, sans préciser l’exception du Cameroun. Le seul
ouvrage à ce jour qui traite, avec assez de détails, de la grande et longue lutte belliqueuse des
Camerounais pour leur indépendance est l’ouvrage de Thomas Deltombe, Manuel Domergue,
Jacob Tatsitsa, (2011), Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique 1948‐
1971. Alors, quelle est l’incidence de cet oubli dans les enseignements d’histoire au
Cameroun ? Quelle est la place du passé nationaliste du Cameroun dans les programmes et
les manuels d’histoire de ce pays ?
Ainsi, afin de connaitre la place réservée aux nationalistes camerounais dans l’histoire
officielle du Cameroun, ainsi qu’à la lutte qu’ils ont menée pour la libération de leur pays du
joug colonial, nous avons fait une étude quantitative et qualitative des programmes et
manuels d’histoire en vigueur au Cameroun dans l’enseignement primaire, secondaire et
supérieur.
Étude quantitative
Jusqu’ici, le Cameroun n’a connu que deux programmes d’histoire dans l’enseignement
secondaire général. Le premier date de 1963 et a été modifié fondamentalement en 1990
pour laisser la place au second qui est encore en vigueur aujourd’hui. Dans le premier
programme d’histoire, la place du nationalisme camerounais était inexistante. Sur les 249
leçons qu’il comportait, aucune ne portait sur le passé nationaliste du Cameroun, ni même
sur l’histoire du Cameroun. Pour ce qui est du programme de 1990, la situation a un peu
évolué bien que le NC (Nationalisme camerounais) y soit encore assez largement marginalisé.
Toutefois, nous étudierons ici les programmes des trois ordres d’enseignement : primaire,
secondaire et supérieur.
En ce qui concerne les programmes de l’enseignement primaire, ceux étudiés dans le présent
travail datent de 2004. Voici les résultats obtenus :
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Pour ce qui est de l’enseignement secondaire général, les résultats sont les suivants :
Il ressort du tableau et du graphique ci‐dessus que sur 164 leçons d’histoire enseignées de la
Sixième en Terminale, 32 sont consacrées à l’histoire du Cameroun (19,5 %). Les 132 autres
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leçons (80,5 %) sont consacrées à l’histoire des autres pays d’Afrique et à celle des pays du
reste du monde. Par contre, sur les 164 leçons, seules 2 sont consacrées explicitement à
l’étude du nationalisme camerounais, soit 1,82 % des leçons. Que dire des programmes de
l’enseignement supérieur ?
Dans l’enseignement supérieur, nous avons étudié, à titre illustratif, le programme d’histoire
en vigueur depuis 2008 au département d’histoire de l’université de Douala ; puisque chaque
université au Cameroun a son programme propre. Le choix porté sur l’université de Douala
est lié au fait que c’est l’université à laquelle nous appartenons, et ce choix n’est qu’à titre
illustratif dans traitement du cas de l’enseignement supérieur. Ici, le nationalisme
camerounais apparait seulement de façon implicite dans les programmes.
Ainsi, de la première année à la huitième année, les programmes comportent 65 matières. Sur
ces 65 matières, 6 renvoient à l’étude de l’histoire du Cameroun, soit 9,23 % des matières,
tandis que sur l’ensemble de toutes les 65 matières, une seule leçon se rapporte au NC, soit
un taux de représentativité de 1,5 %. Mais cette leçon unique ne se rapporte au NC que de
façon implicite. Elle est en effet intitulée « La décolonisation du Cameroun ». Ce qui est vague,
car on peut seulement supposer que la lutte des nationalistes pour la décolonisation du
Cameroun et la longue guerre qu’elle a entrainée pourraient être abordées par l’enseignant.
Pour tout dire, sur la base de cette étude quantitative des programmes d’histoire qui vient
d’être opérée dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur, trois constats peuvent
être tirés :
1. Les programmes d’histoire au Cameroun sont encore assez extravertis. Autrement
dit, on enseigne plus l’histoire des autres pays que celle du Cameroun.
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2. La place du nationalisme camerounais dans ces programmes est très marginale d’un
point de vue quantitatif.
3. Plus on évolue dans le parcours scolaire (du primaire au supérieur), moins le
nationalisme camerounais est présent dans les programmes.
Étude qualitative
L’étude qualitative des programmes d’histoire a laissé paraitre que ce n’est que de façon
implicite que le NC apparait dans certaines leçons desdits programmes. En d’autres termes,
c’est au regard de l’intitulé de ces leçons que l’on peut s’imaginer que le NC pourrait être
abordé par l’enseignant.
Par exemple, en classe de Terminale, une leçon d’histoire est intitulée « le Cameroun de
l’autonomie interne à l’indépendance (1956‐1960) ». Ce titre est assez vague et par
conséquent, ne contraint pas l’enseignant à aborder la lutte de l’UPC pour l’indépendance. Qui
plus est, le programme n’est pas un programme par objectifs. Le tableau ci‐dessous montre
clairement le caractère vague des programmes dans l’enseignement secondaire par exemple :
Tableau 4 : intitulés des cours consacrés explicitement et implicitement au NC dans les programmes
d’histoire de l’enseignement secondaire général
3ème – Les résistances à la pénétration européenne au Cameroun (Les résistances sur la côte ; Les
résistances à l’intérieur)
– Les mouvements nationalistes en Afrique (le cas du Nigéria et du Kenya ; le cas de la Guinée, du
Moyen‐Congo et du Tchad)
Au regard du tableau ci‐dessus, on constate que trois cours sont consacrés explicitement, de
par leurs intitulés, au nationalisme camerounais : « La pénétration européenne à l’intérieur du
Cameroun et la réaction des populations autochtones », « Les résistances à la pénétration
européenne au Cameroun » et « Les conquêtes et les résistances au Cameroun ». À la lecture de
ces titres, on se rend à l’évidence immédiatement qu’il s’agit d’étudier les luttes des
Camerounais contre la domination étrangère. Toutefois, il faut préciser qu’il ne s’agit que des
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luttes s’étant exprimées durant la période coloniale allemande. Celles s’étant déroulées
durant la période coloniale française et britannique sont quasi absentes, remplacées
simplement par des titres vagues. C’est le cas de l’intitulé suivant : Le Cameroun de
l’autonomie interne à l’indépendance (1956‐1960). Le NC apparait dans cet intitulé
uniquement de façon implicite, c’est‐à‐dire que l’on ne peut que supposer que ce nationalisme
pourrait être abordé par l’enseignant pendant le cours. En plus d’être vague, ce cours ne
possède aucun objectif devant préciser l’orientation qu’il doit prendre. L’enseignant peut
donc faire son cours en occultant plus ou moins l’étude de l’UPC et de ses acteurs. Par ailleurs,
le cours consacré à l’étude des mouvements nationalistes en Afrique (Les mouvements
nationalistes en Afrique) indique de prendre pour exemple le cas de quelques pays d’Afrique
noire (Nigéria, Kenya, Guinée, Moyen‐Congo, Tchad), mais le cas du Cameroun avec l’UPC n’est
pas mentionné comme cas de figure à prendre. Il y a donc une volonté d’occulter le NC.
Ainsi, tant dans les manuels que dans les programmes d’histoire, le nationalisme
camerounais est largement dévalorisé. Quelle est l’incidence d’une telle situation sur le
niveau de connaissance des jeunes scolaires au sujet de l’histoire du NC ?
Impact
L’impact de cet état de fait sur le niveau de connaissance des jeunes scolaires camerounais
est considérable. Selon l’enquête que nous avons menée auprès des 200 élèves, les élèves
entretiennent une méconnaissance de l’histoire du NC ; et le taux de cette méconnaissance
oscille autour de 70 %. Pour le savoir, nous leur avons posé des questions (un questionnaire
de 64 questions fermées et semi‐fermées) portant sur l’histoire du NC. Il s’agissait des élèves
de quatre établissements scolaires de la ville de Douala (Lycée de Nylon Brazzaville, Lycée
technique de Koumassi, Collège Alfred Saker et le Collège polyvalent Suzanna), âgés entre 15
et 25 ans, des deux sexes (100 filles et 100 garçons). Le tableau ci‐dessous présente, à titre
illustratif, les réponses données à 21 des 64 questions posées aux 200 élèves en ce qui
concerne le nationalisme s’étant exprimé durant la lutte pour l’indépendance.
Tableau 5 : état des connaissances des élèves au sujet de la lutte des Camerounais pour l’indépendance
17Il est aujourd’hui scientifiquement établi que ce n’est pas l’UPC qui a été à l’origine du déclenchement des
émeutes de mai 1955, mais que c’est bien le Gouverneur français de l’époque, Roland Pré. Ce dernier avait été
envoyé au Cameroun avec pour mission principale d’éradiquer l’UPC. À ce sujet, voir Ibid, p. 149‐177.
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l’indépendance du
Cameroun
Comme on peut le voir dans le tableau ci‐dessus, le niveau de connaissance des élèves au sujet
de la lutte pour l’indépendance au Cameroun est très faible. Sur 21 questions posées, seules
cinq ont obtenu des réponses exactes venant de plus de la moitié des 200 élèves interrogés,
soit 23,8 % des questions posées (questions 1, 2, 13, 16 et 17). Par contre, ceux qui ont un
peu plus de connaissances sur le NC ainsi que sur des faits qui ne sont pas enseignés à l’école
(par exemple la guerre d’indépendance), puisent ces connaissances dans les programmes
télévisés (émissions sur l’histoire du Cameroun), dans les journaux et les documentaires
vendus en bordure des rues, et dans les livres hors du programme officiel. Autrement dit,
dans les sources secondaires d’apprentissage. Le tableau et le graphique ci‐dessous
présentent la représentativité de ces sources secondaires d’apprentissage de l’histoire du NC
chez les 200 jeunes scolaires interrogés :
Tableau 6 : les sources secondaires d’apprentissage de l’histoire du Cameroun chez les jeunes scolaires
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Du tableau ci‐dessus, il apparait que 187 jeunes sur 200 interrogés, soit 93,5 %, ont des
sources secondaires d’apprentissage de l’histoire du Cameroun. Et du graphique ci‐dessus,
s’observent clairement les deux principales sources secondaires d’apprentissage de l’histoire
du NC : la télévision en premier (en rouge) et les journaux et documentaires en second (en
vers).
On comprend donc pourquoi les élèves peuvent avoir des connaissances sur certains points
du NC qui ne sont pas enseignés en milieu scolaire. Cela parce que, d’après la sociologie de
l’éducation, dans les sociétés modernes, « l’école ne détient plus le monopole de la diffusion des
connaissances. La télévision et les journaux s’en sont mêlés » (Quivy R., Campenhoudt L. V.,
1995, P. p. 89‐90).
Par ailleurs, les questions posées aux 200 élèves ont aussi évalué la connaissance visuelle
qu’ils ont des acteurs de l’histoire du NC. Ils devaient identifier sur les photos qui leur ont été
présentées, les visages des personnages historiques qu’ils connaissaient. Voici les résultats :
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Tableau 7 : état des connaissances visuelles des élèves au sujet des acteurs de l’histoire du nationalisme
camerounais
3. Charles 200
65 (32,5 %) 3 (1,5 %) 34 (17 %) 98 (49 %)
ATANGANA
5. Ahmadou 200
133 (66,5 %) 9 (4,5 %) 12 (6 %) 46 (23 %)
AHIDJO
6. André‐ 200
111
Marie 37 (18,5 %) 2 (1 %) 50 (25 %)
(55,5 %)
MBIDA
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18 C’est ce qui est écrit dans le préambule des programmes d’histoire de l’enseignement secondaire général.
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des « citoyens patriotes, éclairés, fiers de leur identité19… » Comment peut‐on vouloir faire des
jeunes camerounais des patriotes tout en leur cachant la vie des Camerounais qui ont posé
des actes patriotiques en luttant pour l’indépendance de leur pays ? En fait, les programmes
et manuels d’histoire ne présentent qu’une seule version de l’histoire politique du Cameroun
et cette version occulte la lutte des nationalistes.
Cadre théorique
Pour mieux comprendre cette situation, il importe d’abord d’envisager une explication
théorique qui est la suivante : Au moment des indépendances des pays soumis au joug
colonial des grandes puissances occidentales, ces dernières ont institué un nouveau système
de rapport de domination qui leur permit de continuer à garder la main mise sur les matières
premières de ces pays comme ce fut le cas durant la période coloniale, cela avec la complicité
des dirigeants locaux (théorie du néocolonialisme, Kwamé Nkrumah, 1973). Pour éviter que
les populations autochtones ne se révoltent face à cette reconduction du système colonial, la
violence symbolique est utilisée à travers l’institution dans tous les domaines de la vie
nationale (politique, économique, social, culturel, éducatif, etc.) des mécanismes subtils de
domination. Ces mécanismes visent la réification de la conscience de ces populations, ce qui
permet de mieux les manipuler. L’ensemble de ces mécanismes subtils — pour ce qui est des
rapports postcoloniaux entre la France et ses anciennes colonies africaines dont le Cameroun
— a pour nom « Françafrique » (théorie de la Françafrique, François‐Xavier Verschave, 2004).
Au Cameroun, l’État s’est même donné pour mission, pendant plus de trente ans, d’être le seul
rédacteur de l’histoire du Cameroun afin que les Camerounais ne sachent de l’histoire de leur
pays que ce que l’État a décidé qu’ils doivent savoir21 (théorie de l’État‐historien, Achille
Mbembé, 1989). À partir du présent cadre théorique, peuvent se dégager les enjeux.
19 Lire les états généraux de l’éducation, établis en 1998, et fixant les objectifs de l’école au Cameroun.
20 Amilcar Cabral, cité par Jean Ziegler, Mains basses sur l’Afrique, Paris, Seuil, 1980, p. 215.
21 Pendant une longue période au Cameroun (des années 1960 jusqu’au début des années1990), il était interdit,
même dans un cadre scientifique et de recherche, de parler de l’histoire du Cameroun et de ses acteurs,
principalement en ce qui concerne la période de la décolonisation. Lire le témoignage d’Achille Mbembé « L’État‐
historien », dabs Ruben Um Nyobé, Écrits sous maquis, Paris, L’Harmattan, 1989, p. 9‐42.
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Enjeux
Nos recherches — à travers des interviews réalisées auprès des chercheurs, enseignants,
inspecteurs pédagogiques et hommes politiques — nous ont permis d’avoir des éléments de
réponse à la question du pourquoi de l’absence quasi totale de NC dans l’enseignement de
l’histoire au Cameroun. En effet, la mémoire nationaliste du Cameroun renferme des enjeux
non seulement aux yeux de l’État camerounais, mais aussi aux yeux de l’État français. Car ces
deux États ont coopéré à la répression des revendications indépendantistes menées par les
nationalistes camerounais, et coopèrent encore, depuis 196022, à la définition du contenu des
programmes et des manuels d’enseignement du Cameroun. Cela dit, ces enjeux — au regard
de ce qui est ressorti des interviews que nous avons menées sur la question23 — se résument
ainsi : l’histoire du nationalisme camerounais renferme des vérités qui, si elles étaient
révélées à la jeunesse camerounaise, pourraient ébranler les fondements de l’État
camerounais et ceux de la domination française au Cameroun. En d’autres mots, relater cette
histoire serait faire un procès aux États camerounais et français. Pourquoi ?
Si donc les jeunes scolaires sont suffisamment imprégnés de ces faits historiques à l’école, ils
pourraient s’interroger sur la légitimité de ceux qui sont au pouvoir au Cameroun depuis
1960 et qui se disent être les « pères fondateurs » du Cameroun moderne ainsi que les
« artisans » de l’indépendance du Cameroun. En d’autres termes, ils réaliseraient que c’est
ceux qui n’ont pas lutté pour l’indépendance qui sont au pouvoir depuis 1960. Cela pourrait
expliquer les craintes des gouvernants camerounais, et justifier l’occultation et la falsification
du passé nationaliste du Cameroun.
Du côté de l’État français, l’enjeu est lié à l’image de la France dans le monde. Cela à cause de
la façon dont la France réprima les revendications indépendantistes au Cameroun. Elle usa
en effet — selon l’historiographie récente (films documentaires, ouvrages) —, de tous les
22 Le Cameroun acquit son indépendance le 1er janvier 1960 et signa de nombreux accords de coopération avec la
France sur pratiquement tous les plans de la vie nationale, dont sur le plan de l’éducation et celui de la culture.
23 Dans le but de comprendre, entre autres, les enjeux de la dévalorisation du nationalisme camerounais dans les
programmes et manuels d’histoire, nous avons interviewé des responsables et agents du système éducatif
camerounais (Inspecteurs pédagogiques, Inspecteurs généraux d’enseignement, enseignants…) des hommes
politiques, des politologues… À ces interviews, a été ajoutée la recherche documentaire visant à lire ce que les
autres chercheurs ont déjà dit sur la question.
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SÉGNOU, Étienne. « Le nationalisme camerounais dans le programmes et manuels d’histoire : réalités et enjeux ».
HistoireEngagee.ca (16 avril 2014), [en ligne]. http://histoireengagee.ca/?p=4178.
moyens possibles pour anéantir politiquement et militairement l’UPC et ses partisans. Tandis
que l’armée française disposait des armes de guerre modernes (chars d’assaut, avions,
bombardiers, artillerie…), les combattants camerounais ne disposaient, pour se défendre, que
des machettes, des gourdins, des fusils de chasse… C’est ainsi que plusieurs centaines de
milliers de Camerounais (civils et combattants) furent massacrés par l’armée française24. La
France ne voudrait donc pas que l’on sache qu’elle fit la guerre à un pays africain avec des
armes sophistiquées, mais surtout à des Noirs quasiment désarmés ; et, qui plus est, dans un
territoire qui n’était pas sa colonie. Ainsi, officiellement, pour la France, il ne s’est rien passé
au Cameroun. Cette position de la France a été réitérée en mai 2009 lors de la visite du
Premier ministre français au Cameroun, François Fillon. Il affirmait alors ceci : « Je dénie
absolument que des forces françaises aient participé en quoi que ce soit à des assassinats au
Cameroun. Tout cela c’est de la pure invention25. »
Quoi qu’il en soit, au sujet de cet enjeu lié à l’image de la France, Ferdinant Chindji‐
Kouleu26 donne plus d’explications :
« La France a fait une guerre en cachette. Les Français ont caché ce qui se passait par honte.
Ils étaient gênés que le monde apprenne qu’ils font une guerre contre des Noirs. À l’époque,
on considérait les Noirs comme des sous‐hommes. C’était une guerre inégale et la France qui
venait de perdre en Indochine, a voulu l’étouffer par tous les moyens. Il y a eu des massacres
incroyables. Or, dans beaucoup de documents, on ne parle pas de guerre, mais de
“mouvements”, “d’actions”… Bref, c’est difficile pour la France d’assumer qu’elle a déployé de
l’artillerie lourde contre des gens armés de machette, de gourdin et de pistolets de petit
calibre27 […] »
24 Une polémique existe encore sur le nombre de morts que causa la guerre d’indépendance au Cameroun. Lire
pour savoir Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre…, p. 20‐26. Cependant,
il reste que les victimes ont été très nombreuses.
25 Propos de François Fillon, Premier Ministre du gouvernement français, répondant aux questions des
journalistes lors de la conférence de presse donnée à l’IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun)
à Yaoundé, le jeudi 21 mai 2009. Extrait du site de François Fillon, sur le lien : http://www.blog‐fillon.com/article‐
31879495.html
26 Enseignant‐chercheur aujourd’hui en retraite, Ferdinant Chindji‐Kouleu a le titre Professeur des Universités. Il
beaucoup travaillé sur l’histoire du Cameroun et est l’auteur de l’ouvrage Histoire cachée du Cameroun (2006).
Aussi, il a été un témoin direct de la guerre d’indépendance du Cameroun puisqu’il a été enrôlé de force dans les
rangs de la branche armée de l’UPC, appelée à l’époque ALNK (Armée de Libération Nationale du Kamerun).
27 Extrait d’une interview de Ferdinand Chindji‐Kouleu, dans le quotidien privé camerounais La Nouvelle
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camerounaises de tout ce qui s’est effectivement passé, ce qui pourrait entrainer des
révoltes, des soulèvements populaires, des insurrections, bref, des révolutions contre
l’ordre de domination existant.
Au plan culturel, l’enjeu se situe au niveau de la France uniquement : la perpétuation
de la destruction de l’identité historique des Camerounais, ce qui entraine l’aliénation
culturelle et empêche par conséquent l’éclosion d’une conscience alternative au sein
des masses camerounaises.
Comme recommandations, nous avons proposé de revoir le contenu des programmes et des
manuels d’histoire en revalorisant la place du nationalisme camerounais ; c’est‐à‐dire en lui
donnant plus de visibilité quantitativement et qualitativement, et plus de légitimité. Car
vouloir bâtir un pays tout en oubliant ceux qui ont lutté pour sa libération c’est se lancer dans
une entreprise impossible. Et comme le disait Elie Wiesel, « un peuple sans mémoire est un
peuple sans avenir29 ».
Conclusion
Voilà donc la quintessence du travail de recherche que nous avons mené sur la question de la
place du nationalisme camerounais dans les programmes et manuels d’histoire. Jusqu’ici
aucun véritable travail scientifique, du moins à notre connaissance, n’avait encore été mené
sur cette problématique. Des travaux semblables ont été menés, mais en France, sur la place
de la colonisation et de la décolonisation dans les enseignements français. Les résultats ont
abouti à la même conclusion : même en France, il y a une volonté d’occulter les méfaits du
passé colonial français30. En d’autres termes, la France aussi a un problème avec son passé
colonial qui la hante, et qu’elle a par conséquent du mal à assumer31. Car ce passé colonial
renferme de nombreux massacres et atteintes aux droits de l’Homme, principalement pour
ce qui est de ses ex‐colonies d’Afrique32. Donc en définitive, l’intérêt du présent travail est
qu’il pose les premiers jalons scientifiques devant aider et guider les recherches futures sur
la question de l’enseignement de l’histoire du nationalisme camerounais dans les écoles et les
universités du Cameroun.
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Sociales », no 107, 224 p.
française au prisme de l’héritage colonial, Paris, La Découverte, 2006, coll. « Essais », no 232, 322 p.
32 Lire Yves Benot, Massacres coloniaux, 1944‐1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies françaises,
Paris, La Découverte, 2005, coll. « La Découverte Poche/Sciences Humaines et Sociales », no 107, 224 p.
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SÉGNOU, Étienne. « Le nationalisme camerounais dans le programmes et manuels d’histoire : réalités et enjeux ».
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MBEMBE, Achille. La naissance du maquis dans le Sud‐Cameroun. Paris, Karthala, 1996, coll.
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