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Charles Baudelaire, Commentaire Composé, L’alchimie De La Douleur

Pour Kénitra Prostef Pirireis 0601562679


L’alchimie de la douleur est l’un des célèbres poèmes de Baudelaire dans 1
son recueil « les fleurs du mal ». Dans ce recueil, le poète exprime son désespoir
envers la vie des Hommes et en même temps son acceptation de ses conditions
d’une manière progressive où il se montre acquiesçant et résignant petit à petit à
ce Mal mêlé aux douceurs des fleurs et leur splendeur. Le recueil fait sa parution
en 1857 et marque la littérature poétique de la deuxième moitié du XXème
siècle. Baudelaire est reconnu par son symbolisme poétique et son style dadaïste
et surréaliste. Deux notions, plutôt philosophiques que poétiques, Baudelaire
développe-t-il dans cette œuvre : le spleen et la douleur de la vie d’un côté et
l’idéal, une notion philosophique qui veut que tout soit « au mieux dans le
meilleur des mondes possible » comme disait Voltaire dans son « optimiste ».

La question qui nous tente alors dans notre approche de ce sonnet en


octosyllabes sera celle qui porte sur le tiraillement du poète entre ces deux
forces : le spleen et l’idéal : comment donc et avec quels procédés poétiques
nous transmet-il l’image du poète partagé par ces deux principes vitaux qui ont
marqué la plupart de son œuvre poétique ? Sur quels supports historiques ou
philosophiques dans la littérature se base-t-il pour montrer ce conflit que subit
l’humain dans sa vie répartie alternativement entre les Fleurs et Les Maux ? Et
le poète est-il capable de franchir par sa poésie les frontières créées par ce
tiraillement ?

Notre approche sera donc axée sur trois points où l’on traitera en premier
lieu : la double considération de la vie du poète entre le sublime et le sordide et
les procédés poétiques déployés pour démontrer ces deux aspects assortis dans
un texte symbolique. En deuxième lieu, les aspects symboliques qui rend le
poème capable de bien refléter ces deux dimensions. Et en troisième lieu, nous
montrerons lequel des deux aspects vitaux ce poème appartient-il le plus : spleen
ou idéal.
Charles Baudelaire, Commentaire Composé, L’alchimie De La Douleur
Pour Kénitra Prostef Pirireis 0601562679
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Le poème que nous entreprenons de commenter est un sonnet composé de


deux quatrains suivis de deux tercets. D’après une première lecture, on a déjà
l’impression qu’il s’agit clairement d’un conflit traditionnel alternant bien et
mal, bonheur et malheur. Cette double articulation de la vie du poète se
manifeste nettement dans le doublement de pronoms « l’un » pour signifier le
bonheur, et « l’autre » se rattachant au malheur. Cette pronominalisation sans
antécédence marque le début du poème avec la présence d’un autre pronom de
discours « toi » qui réfère à la nature en N majuscule. L’emploi du présent par
le poète fait que ce constat soit une réalité scientifique, celle qui veut que
l’homme soit en perpétuelle alternance entre la passion et le bonheur d’un côté
et la peine et la tristesse d’un autre. : « L’un t’éclaire avec sa splendeur, l’autre
en toi met son deuil, Nature ! » (v1.2).

Cet effet de personnification qui marque une apostrophe intentionnée de


la part du poète montre la valeur que donne le poète au pouvoir de la Nature :
« l’un t’éclaire avec sa splendeur, l’autre en toi met son deuil, Nature ! » (v1.2).
cette appellation de la nature évoque l’être divin que représente celle-ci pour le
poète, celui qui soit le tout puissant envers lui et qui fait de lui de sorte qu’il soit
heureux ou malheureux. Et par réciprocité, cette Nature reçoit les soins qu’elle
apporte à l’individu, car c’est elle que celui-là éclaire avec ses passions ou y met
son deuil et ses peines.

Cette double dimension de la vie ne va pas sans que le poète déploie les
mots nécessaires pour répondre à cette fatalité vitale. Ainsi on constate deux
champs lexicaux omniprésent au long du poème, celui du bonheur passionné
(éclaire, ardeur, Vie…) et celui de la peine et de la tristesse (deuil, sépulture,
triste…)
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Pour Kénitra Prostef Pirireis 0601562679
Ce mélange d’émotions entretenu par Baudelaire fait de sorte que le 3
lecteur de ce poème médite raisonnablement sur la présence du Bien et du Mal
dans sa vie où il est toujours tiraillé de travers.

Se rapportant au titre du poème : « l’alchimie », science de transformer


par effet magique les objets en d’autres matériaux, le poème laisse le lecteur
plonger dans le monde mythique égyptien et grec. L’évocation du dieu Hermès,
l’un des divinités du Mont d’Olympes dont le pouvoir est de donner la chance
par pouvoir magique, et qui, selon le mythe, a donné le pouvoir alchimique à
Midas de transformer en or tout ce qu’il touche, chose qui a privé ce roi de
Virginie de vivre sa vie, voire de mourir à cause de ce don divin, car il ne
pouvait même pas manger puisque sa nourriture se transforme en or elle-même
dès qu’il la touche. Le poète, en citant ces deux noms, symbolise le pouvoir de
la nature à donner les moyens de vivre aux humains à travers cette divinité
mythologique. (Hermès inconnu qui m’assistes » (v5) mais fait allusion au
pouvoir de changer sa poésie en douleur : « par toi je change l’or en fer » (v9).

Ces deux vers sont marqués par l’apostrophe de « Hermès » et le


déplacement du complément du moyen « par toi » pour marquer le symbolisme
du pouvoir de la nature représentée dans la divinité grecque et pour dévaloriser
la personne du poète symbolisée par l’évocation de Midas. « tu me rends l’égal
de Midas »(v7)

Et toujours en évoquant Hermès symbolisant la puissance de la nature et


de la vie, le poète choisit de renforcer cet aspect divin de la Nature en employant
des pronoms relatifs ayant comme antécédent « Hermès », suivis du pronom de
la première personne du singulier marquant la personne du poète et par
déduction la personne du genre humain. « Hermès, inconnu qui m’assistes et qui
toujours m’intimidas »(v5.6) mais cette suite de qualités attribuées à Hermès qui
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représente les conditions de vie humaine, est suivie par le septième vers qui 4
réfute ces qualités à cause de leur défaut représenté par le fait que ce pouvoir
donné par Hermès fait en sorte que le poète transforme l’or en fer. « Par toi je
change l’or en fer » (v9)

La relecture de ce poème en entier fait remarquer la présence des thèmes


favoris de Baudelaire : le spleen et l’idéal. L’emploi pesant des termes tels que
deuil(v2), sépulture (v3), triste(v8)… ne fait pas à lui seul l’emprise de cette
thématique de spleen sur l’ensemble du poème mais reflète avec le sens final
dans les deux tercets la triomphe du spleen dans le poème représentée d’une part
par l’aspect morbide ambivalent dans le poème, et , d’une autre part par le
partage du poète entre la vie et la mort, le bien et le mal qui se termine en
enfer «le premier tercet)(v9.10.11)

Etant au terme de notre traversée du poème « l’alchimie de Baudelaire »,


il est à dire que ce poème laisse une impression de captation des sensations de
spleen, de douleur et de tristesse invisibles sur le cœur du lecteur. C’est un texte
qui promet au début le mélange de sensation et d sentiments, mais à travers
l’évocation d’un mythe reconnu par tout le monde, le poète réfute cette
hypothèse au terme de son poème et ne laisse régner que l’atmosphère de spleen
sur l’esprit du lecteur.

Alors, qu’en dirait-on des autres poèmes de Baudelaire comme celui de


« au lecteur » ou « correspondance » qui appartiennent au même recueil et qui
font partie de la même section à savoir « spleen et idéal » ?

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